L RAYON DANS LE BROUILLARD Ouvrages parus dans la même Collection Voir pages 6 et 159 la

A. DE CHATEAUBRIANT CLAUDE ANET 12. M. des Lourdines (Prix Goncourt). 64. La Rive d'Asie. 235. La réponse du Seigneur. 107. L'Amour en Russie. GASTON CHERAU JACQUES BAINVILLE 20. Le flambeau des Riffault. 84. Jaco et Lori. 57. Le Monstre. JEAN BALDE 78. L'Egarée sur la Route. 162. La Survivante. 98. Valentine Pacquault (1). 181. L'Arène Brûlante. 99. Valentine Pacquault (2). 277. La touffe de gui. 130. Monseigneur voyage. VICKI BAUM 192. Fra Camboulive. 285. Lac-aux-Dames. 227. Celui du bois Jacqueline. EMILE BAUMANN 266. La volupté du mal. 132. Job le Prédestiné. 289. La maison du quai. GABRIEL CHEVALLIER TRISTAN BERNARD 274. Clochemerle. 127. Les Moyens du Bord. 291. Clarisse Vernon. LOUIS BERTRAND COLETTE 249. Philippe II. 2. La Maison de Claudine. PRINCESSE BIBESCO 6. Les Vrilles de la Vigne. 259. Les huit paradis. 69. Le Blé en Herbe. BINET-VALMER 90. L'Envers du Music-Hall. 136. Le Désir. 104. Le Voyage égoïste. 157. La Femme qui travaille. 119. La Naissance du Jour. RENE BOYLESVE 131. La Seconde. 16. Souvenirs du jardin détruit. 189. Ces Plaisirs... 32. Les nouvelles leçons d'amour dans 216. Sido. un parc. 224. La Chatte. CHARLES BRAIBANT 290. Duo. 238. Le roi dert (I). 310. Prisons et Paradis. 239. Le roi dort (II). F. DE CROISSET PAUL BRULAT 67. La Féerie cinghalaise. 309. L'âme errante. 143. Nous avons fait un beau Voyage. FRANCIS CARCO 236. La Dame de Malacca (tome I). 7. Les innocents. 287. La Dame de Malacca (tome II). 103. Au Coin des Rues. L. DAUDET 150. Perversité. 124. Un Jour d'orage. 228. Le roman de François Villon. 135. Le Sang de la Nuit. 250. Prisons de femmes. MAURICE DEKOBRA 223. Le Sphinx a parlé. 284. Paname. LUCIE DELARUE-MARDRUS LOUIS-FERDINAND CELINE 11. Le Pain blanc. 226 et 226 bis. Voyage au bout de la nuit. 23. La Mère et le Fils. BLAISE CENDRARS 59. Graine au Vent. 120. L'Or. 91. Le beau Baiser. ANDRE CHAMSON 110. La Petite fille comme ça. 105. Les Hommes de la Route. 139. Rédalga. 160. Roux le Bandit. 158. Anatole. 209. Héritages. 171. Hortensia dégénéré. 234. L'Auberge de l'Abîme. 198. L'Ange et les Pervers. LOUIS CHARBONNEAU 218. L'autre Enfant. 114. Mambu et son amour. 237. François et la liberté. JACQUES CHARDONNE 275. L'enfant au coq. 159. Les Varais. 288. L'hermine passant. 185. L'Epithalame. 313. La Girl. 199. Claire. 214. Eva. 50. Jeanne d'Arc (Prix Fémina). 256. L'Amour du Prochain. 93. La Fayette. Pour paraître le 15 Juin prochain : PIERRE VILLETARD TONIA, MON AMOUR ROMAN INÉDIT Dessins de MIRANDE gravés sur bois par HERMINE MAYÉRAS EDMOND JALOUX de l'Académie française LE RAYON DANS LE BROUILLARD

Bois originaux de CLAUDE ESCHOLIER

Collection bi-mensuelle paraissant le 1 et le 15 J. FERENCZI ET FILS. ÉDITEURS 9. rue Antoine-Chantin, Paris (XIV MCMXXXIX Ouvrages parus dans la même Collection : (suite)

A. DEMAISON MARION GILBERT 92. Diato. 53. Le Joug (Prix Northeliffe). 133. Le Livre des Bêtes Qu'on appelle sau- JEAN GIONO vages. 203. Jean le Bleu. 164. Les Oiseaux d'ébène. 193. La Comédie animale. 278.213. UnLe serpentde Baumugnes. d'étoiles. 220. Le Pacha de Tombouctou. JEAN GIRAUDOUX 301. D'autres bêtes qu'on appelle sauvages. 76. Provinciales. PIERRE DOMINIQUE 2 43. Simon le pathétique. 144. Notre-Dame de la Sagesse. 265. Aventures de Jérôme Bardini. 184. La Proie de Vénus. 303. Eglantine. GEORGES DUHAMEL CHARLES LE GOFFIC 153. Le Prince Jaffar. 112. La Payse. 178. La Pierre d'Horeb. GUILLOUX 215. Les Plaisirs et les Jeux. 273. La Maison du Peuple. 229. Le club des Lyonnais. GYP 244. Tel qu'en lui-même... 122. Le Chambard. 254. Querelles de famille. 137. Le Coup du Lapin. 280. Les hommes abandonnés. 175. Le Monde à côté. MARC ELDER LOUIS HEMON 15. La Maison du Pas Périlleux. 40. Battling Malone. 30. La Passion de Vincent Vingeame. LEON HENNIQUE 118. Jacques et Jean. 180. Minnie Brandon. 130. La Belle Eugénie. PHILIPPE HERIAT 161. Les Dames Pirouette. 222. L'Araignée du matin. 186. Jacques Cassard. 236. L'Innocent. 262. La Bourrine. ABEL HERMANT 8. Les noces vénitiennes. 3. Dansons la Trompeuse. 51. L'Aube ardente. 44. Cantegril (). 58. La Journée brève. 95. Quand on conspire. 77. Le Crépuscule tragique. 151. La Nuit. 102. Camille aux Cheveux courts. 203. Mahmadou Fofana. 134. Les Epaves. 302. Le sel de la terre. CHARLES-HENRY HIRSCH JEAN D'ESME 46. La Grande Capricieuse. 24. L'âme de la Brousse. 101. Mimi Bigoudis. EDOUARD ESTAUNIE 245. L'Homme aux Sangliers. 10. Solitudes. 282. Les Rouchard. 22. L'Empreinte. EDMOND JALOUX 29. L'infirme aux matns de lumière. 4. L'amour de Cécile Fougères. 37. L'Ascension de M. Baslèvre. 17. La fête nocturne. 47. Un simple. 54. Bonne-Dame. 121.169. L'AgonieLe Démon de de l'Amour. la vie. 63. La Vie secrète (Prix Fémina). 251. Sous les oliviers de Bohême. 72. L'Appel de la Route. 263. Le jeune homme au masque. 100. Le Ferment. 307. Le roman inachevé. 129. Les Choses volent. RENE JOUGLET GENEVIEVE FAUCONNIER 255. Claude (Prix Fémina). 283. Le jardinier d'Argenteuil, HENRI FAUCONNIER JOSEPH JOLINON 167. Malaisie (Prix Goncourt). 149. Le Joueur de balle. ROBERT FRANCIS 264. Dame de Lyon. 246. La Grange aux trois belles (tome I). JACQUES DE LACRETELLE 247. La Grange aux trois belles (tome II). 258. Le Demi-Dieu. 305. La maison de verre. MARIUS-ARY LEBLOND J.-J. FRAPPA 87. L'Ophélia.GEORGES LECOMTE 146. Le Fils de M. Poirier. 31. La lumière retrouvée. 172. Les Vieux bergers. 123. Le Mort saisit le Vif. 177. Les Forces d'amour. 70. Les Allongés (Prix Fémina). 83. Le Retour dans la Vie. 85. Grand-Louis l'Innocent (Prix Fémina. 111. La Grand'Rue. 96. Le Poste sur la Dune. 147. La Femme chez les Garçons. 221. Hélier fils des bois. 191. L'Initiatrice aux mains vides. 297. La Rivière Solitaire. 261. Les démons de la solitude. 306. Pêcheurs de Gaspésie. M. GENEVOIX LEON LEMONNIER 36. La Joie. 201. L'Amour interdit. 45. Raboliot (Prix Goncourt). ANDRE LICHTENBERGER 128. Les mains vides. 9. Rédemption. 187. La boite à pêche. 35. Père. CHARLES GENIAUX 125. Le Cœur de Lolotte. 197. Le Choc des Races. 252. Des voix dans la nuit. JOSE GERMAIN 315. La main de sang. 5. Pour Genièvre. ALFRED MACHARD 168. Ma Poupette Chérie. 142. Coquecigrole. 281. Le chemin de New-York. 211. Le Royaume dans la Mansarde.

A EDOUARD ESTAUNIË.

I Quand Mlle Ellapéroumal était seule, son visage, qui, dans l'animation de la causerie, exprimait un empressement joyeux et un peu enfantin, se contractait au lieu de se détendre et perdait, pour revêtir une sévé- rité douloureuse, cet air d'innocence qui lui était particulier. Ces expressions se succé- daient si rapidement qu'elles semblaient pro- venir de deux êtres distincts, dont l'un était plus vieux que l'autre et s'effaçait parfois devant lui. Dans l'atmosphère quotidienne, lorsque circulait un souffle plus tonique, on voyait jaillir de sa chrysalide brumeuse une se- conde Sophiana — une Sophiana qui avait foi dans la vie et pour qui l'amour n'était pas seulement un mot que l'on lit dans les livres. Ce visage de Mlle Ellapéroumal était tout près d'être beau mais il ne l'était pas ; il aurait fallu pour qu'il le devînt que ses con- tours fussent moins anguleux ; plus fraîche et pulpeuse, sa peau. Cependant, ses yeux montraient, nageant dans une sclérotique d'un blanc légèrement teinté, cet iris d'un brun noir, velouté, mélancolique, affectueux et soumis, qui donne tant d'émotion au re- gard du nylgaut et de certaines antilopes. Mlle Ellapéroumal avait, comme celles-ci, je ne sais quoi de farouche, de furtif et de réservé, — mais il sortait de cette pudeur presque sauvage de grands courants de ten- dresse qui venaient à vous et vous remuaient comme le cri d'appel d'une femme qui se noie. Elle ne se plaignait pourtant de rien, et quand on s'approchait d'elle, sa figure tout entière se mettait à sourire, comme si on lui apportait justement ce qu'elle cherchait depuis toujours, ce rendez-vous avec l'allé- gresse, dont l'un de ses deux visages avouait cruellement la nostalgie. Du moins, telle était la Sophiana Ellapé- roumal que l'on voyait chez M. François du Chenez ; l'autre, on ne la connaissait pas... L'autre demeurait onze mois par an dans une maison ancienne de Clermont-Ferrand où elle servait de dame de compagnie, d'in- tendante, d'infirmière et de souffre-douleurs à une vieille cousine rhumatisante qui se fai- sait des rentes sur le ciel avec sa charité. Quand juin venait, Mme de Scitivers pas- sait quelques semaines chez son fils, qui pos- sédait un château près de Sedan, et Mlle Ella- péroumal, ayant gagné ses vacances, accou- rait les prendre à Louveciennes, auprès de M. François du Chenez, qui avait été le meil- leur ami de ses parents, au temps où ceux-ci vivaient encore avec éclat, dans cette opu- lence extravagance qui les avait ruinés. Lorsque les hôtes de M. du Chenez s'appro- chaient de Mlle Ellapéroumal et qu'ils la voyaient s'épanouir sous leurs regards, ils se doutaient bien que jamais elle ne rayon- nait ainsi, enfermée dans l'austère maison de lave de Clermont-Ferrand, qui s'ouvrait sur une place déserte. Aussi lui parlaient-ils avec insouciance, afin que ce sourire naïf et un peu tendu, qui avait quelque chose de guindé, comme une fleur poussée en serre, ne cessât pas trop vite de découvrir les dents, ni de modeler doucement une joue qui man- quait de mollesse. Mais celui des amis de M. du Chenez qui se plaisait le plus à ce sou- rire, c'était Maurice Dieudé. Bien que Maurice Dieudé, à ce moment, dépassât à peine la cinquantaine, le travail et les chagrins l'avaient précocement vieilli; et bien que Mlle Ellapéroumal eût bientôt trente-deux ans, il la traitait encore en petite fille. Peut-être avait-il fait un si long et si cruel voyage dans l'âme humaine qu'il avait raison de se croire un vieillard. Il avait par- fois l'illusion de laisser tomber sur ses inter- locuteurs des paroles lourdes de la sagesse et de l'expérience de plusieurs siècles, car il avait traversé une grande souffrance, et les années avaient eu beau rouler depuis lors leur cours limoneux, cette souffrance durait toujours. Cependant, Maurice Dieudé avait obtenu de la vie ce qu'on a coutume d'appeler ses avantages matériels. Après une jeunesse dif- ficile et obscure, il connaissait, sinon la gloire, du moins une certaine renommée. Il avait écrit quelques beaux livres en même temps vrais et allégoriques, dont il pouvait espérer qu'ils garderaient son nom de périr, du moins quelques années après sa mort ; quelques-uns d'entre eux, l' Enlèvement d'Europe, le Rêve et la Vie d'une femme, les Dédaignées, n'étaient pas oubliés. Beaucoup de ses confrères enviaient Dieudé d'avoir, à force de labeur, gagné une situation qu'ils n'avaient pas et qu'ils croyaient due à leur paresse. Mais il n'en tirait aucune vanité ; la destinée lui avait enlevé le seul bien auquel il eût attaché un prix : tout le reste lui parais- sait dérisoire, il travaillait parce que le travail était un dérivatif à son chagrin et parce que son dernier plaisir était d'inven- ter et de faire vivre des êtres, des êtres pareils à ceux qu'il connaissait, mais auxquels il demandait d'exprimer ces grandes vérités révélatrices que ceux qu'il connaissait n'exprimaient jamais, peut-être par pudeur, peut-être aussi parce qu'ils n'en possédaient pas le secret intime. Ainsi était- il exact et plus près de la réalité que la réa- lité elle-même. Grand et maigre, d'une extrême gaucherie de manières et fort distrait, Maurice Dieudé, s'était voûté à force de se pencher sur son bureau ; son teint avait pris à la longue cette couleur plombée des hommes qui ne vivent pas assez au grand air. Ses cheveux, déjà blancs, mais épais et touffus, avec de gran- des mèches révoltées, étaient rejetés en arrière. Son visage entièrement rasé mon- trait une bonhomie souriante et mélancoli- que, tempérée de malice; mais ses yeux d'un bleu très clair, derrière leurs lunettes à bran- ches d'or, gardaient le plus souvent une expression anxieuse et préoccupée. Parfois, leur douceur un peu hagarde se transformait en une dureté inexplicable, quand ils ne se fixaient pas sur l'un des familiers de l'écri- vain. Maurice Dieudé semblait toujours ail- leurs, très loin, dans un de ces laboratoires mystérieux, où, distillant dans un alambic, l'essence de centaines d'existences, les ro- manciers essaient comme les alchimistes d'autrefois, de retrouver les secrets de la vie et d'en communiquer le mouvement à des hommes faits de mots. Ce soir-là, assis sur un banc, dans le grand parc de Louveciennes, Maurice Dieudé, plus distrait encore que d'habitude, n'entendit pas venir Mlle Ellapéroumal, qui avançait sous les arbres et s'arrêta à quelques mètres de lui, hésitant à lui parler. Elle finit par s'as- seoir par terre en attendant qu'il l'aperçut. De temps en temps, elle allongeait le bras, cueillait un brin d'herbe et le suçait en si- lence. Le soir venait, et avec lui, sa paix rapide. Mlle Ellapéroumal éprouvait une impression de détente ; il lui semblait qu'elle avait fini d'attendre, qu'elle se reposait pour longtemps. Elle soupira d'aise. Elle était comme ces gens, qui, bousculés, malmenés depuis des mois dans une grande ville hale- tante, sont jetés par un train, un jour de juillet, près d'une maison de crème battue, devant un bout de mare chatoyante, entre un groupe de poiriers et une rose trémière qui hisse son pavillon. Il montait des profon- deurs de son être des bouffées de bonheur. Elle voyait devant elle une vie sans début, ni fin, une éternité de recueillement. La terre, à travers un réseau de fibres végétales, lui envoyait sa rauque exhalaison. Elle ne s'en- tendait plus penser, ni même sentir; elle était comme une route ouverte, une route ano- nyme, que l'Esprit du monde parcourait. A la fin, Mlle Ellapéroumal éprouva les fourmillements d'une crampe ; elle voulut changer de place ; le bruissement de sa robe réveilla l'attention de Maurice Dieudé, et, au moment ou il la regarda, la jeune fille tenta de se lever, mais son pied s'embarrassa dans l'ourlet de sa jupe et elle tomba à quatre pat- tes. Elle rougit de confusion, tandis que l'écrivain la considérait avec surprise, comme si, dans la nouveauté de ses mouve- ments, elle eût fait paraître à ses yeux une créature à laquelle il n'eût jamais pensé, une créature presque animale. Sophiana, honteuse, s'était rassise, s'ap- puyant de la main dans l'herbe ; elle vit que sa jupe découvrait une de ses jambes, une jambe nerveuse et pure, dont le mollet com- mençait très haut ; au-dessus du genou, tremblait une bande de chair, couleur de fleur. Maurice Dieudé parut confus ; il ache- vait de découvrir que Sophiana était une femme, et non cette amie sans sexe, qu'il aimait, mais qu'il traitait en enfant. Sa phy- sionomie anxieuse révéla à la jeune fille la liberté de sa toilette. Elle tira sa jupe avec impatience. A ce moment, Maurice Dieudé lui tendit la main, elle la saisit et se ramassant sur les jarrets, d'un bond, fut debout. — Voilà ce que je ne peux plus faire, dit- il en souriant. — Oh maître ! quelle coquetterie ! Pour- quoi voulez-vous toujours vous vieillir ? — D'abord, Sophiana, je vous l'ai déjà dit vingt fois, ne m'appelez plus maître... Maître de quoi ? Pas de ma vie, ni de ma mort, bien sûr ! Appelez-moi Maurice, appelez-moi M. Dieudé, appelez-moi du nom que vous voudrez, mais ne me donnez pas ce titre ridi- cule ! Pensez donc, j'ai été l'ami de votre père, j'ai connu votre mère enfant, et vous me traitez comme les jeunes gens qui me ren- dent visite pour me demander un service... — C'est vrai, vous me l'avez déjà dit... Mais c'est plus fort que moi. Je ne vois pas en vous l'ami de ma famille, je vois l'auteur des Dé- daignées, l'auteur des Architectures humai- nes, l'homme qui m'a aidée à vivre pendant les heures sinistres de ma vie, et il me sem- ble que vous êtes vraiment mon maître. Non, croyez-le, je ne vous appelle pas ainsi pour faire comme ces jeunes gens qui vont vous voir. Pour moi ce n'est pas une vaine for- mule de politesse, c'est... c'est une réalité... Sophiana rougit de nouveau comme si elle en avait trop dit, et Maurice Dieudé, intimidé aussi par cette explosion de sincérité, ôta ses lunettes et en essuya soigneusement les verres. Ils étaient assis sur le banc, côte à côte, tandis que le ciel au-dessus des arbres s'éva- « LE LIVRE MODERNE ILLUSTRÉ » EST TIRÉ SUR PAPIER DE LUXE ET IMPRIMÉ SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE MODERNE 177, route de Châtillon, à Montrouge. LE VINGT-CINQ MAI MIL NEUF CENT TRENTE-NEUF

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