N°46 BULLETIN 2016

L'Arboretum au Pays du Soleil Levant Sommaire

02 Le billet du président Pierre-Alain Blanc 03 La recherche de fonds : une mission de tous les jours Pascal Sigg

Dossier thématique 04 Engelbert Kaempfer, premier descripteur de la fore japonaise Michel Damblant 06 Le Japon : pays de la foraison éternelle Franck Sadrin 08 Randonnée sur les Chemins de Shikoku, au Japon Sophie Le Berre 12 Un jardin japonais au Jardin botanique de Genève Nicolas Freyre 15 La forêt japonaise de l’Arboretum Sylvain Meier 21 Un pèlerinage foral Luc Weibel 22 Sumo et bonsaï Jean-François Robert 25 L’Arbre aux quarante Andreas Fink 26 Prunus japonica sphaerica E.-A. Carrière 28 Nouvelles maladies fongiques d’espèces ligneuses identifées à Genève François Lefort

Rapport administratif et fnancier 31 Procès-verbal de l'Assemblée générale 2015 Jean-Pierre Jotterand 33 Rapport fnancier de la FAVA 34 Rapport fnancier de l’AAVA 36 Rapport d’activité du domaine Pascal Sigg 37 Rapport d’activité de l'Arbrespace Christophe Reymond 38 Bibliothèque suisse de dendrologie Raymond Tripod 40 Rapport d'activité du Musée du Bois Daniel Formigoni 41 Le comité de l'AAVA 2015

Divers 43 A la découverte de l'aménagement hydroélectrique de SEFA 44 Regard de Jules Renard sur les arbres Jean-François Robert

Editeur Association de l’Arboretum national du Vallon de l’Aubonne Rédaction Luc Wunderli, Pascal Sigg, Raymond Tripod, Jean-François Robert Graphisme C4 global communication Impression Imprimé en Suisse Publicité Association de l'Arboretum national du Vallon de l'Aubonne, [email protected]

ISSN 2296-9721

1 Le billet du président La recherche de fonds : Année 2015 une mission de tous les jours

L’agenda 2015 quitte la poche intérieure de mon veston et, avant de gagner une place méritée dans ma bibliothèque, il me permet d’écrire quelques épisodes de cette quatrième année de présidence.

Sept comités pour une année de dialogue, d’amitié et de consolidation entre les membres. Six manifestations, dont deux points forts : soit une Fête d’Automne record, qui connut une telle affuence que notre équipe de bénévoles se trouva dépassée par le succès. Et un Repas de Soutien regroupant les trois qualités in- dispensables à une réussite, à savoir : nonante personnes, enthousiastes et géné- reuses, une Société des Potes-au-feu garantissant un repas de grande qualité pour une modeste somme. Et enfn, le groupe théâtral aubonnois les Ephémères, propo- sant une animation appréciée de tous. Au-delà de ces treize moments associatifs, vingt-cinq séances dans toutes les directions m’ont permis de rencontrer de nom- breuses personnalités souhaitant s’associer à la vie de notre Arboretum.

Des sociétés pour des appuis fnanciers, des délégations du Grand Conseil Vaudois, de l’Offce du Tourisme, de la Télévision Suisse Romande, de nouveaux Bénévoles, des projets dans divers domaines, la préparation de l’exposition du Musée de ce printemps 2016 et l’avancement des travaux de la grande aventure Signalétique 2015-2017.

Notre équipe de professionnels, groupée autour de notre directeur Pascal Sigg, assume la bonne marche de notre Association. Et je tiens à les remercier très sincèrement. Une reconnaissance particulière va à Christophe Reymond qui nous a quitté fn décembre 2015 pour prendre la direction du Parc du Signal de Bougy. Sa saison d’organisation de séminaires a été un très grand succès et il part au sommet d’un pic. Je lui souhaite beaucoup de satisfaction dans son nouveau déf. Les classes d’écoliers vaudois et genevois continuent à découvrir notre site sous la conduite de nos guides soutenues par la Fondation Bata Program’s Children. Etant donné la fréquentation en augmentation pour cette 3e année, l’appui fnancier sera reconduit en 2016. Je referme cet agenda 2015 en remerciant du fond du cœur toutes celles et ceux qui nous offrent de leur temps, des sourires, des encourage- ments et des soutiens de toutes provenances et en toute générosité.

Pierre-Alain Blanc Président

2 La recherche de fonds : une mission de tous les jours

Soit pour le comité, soit pour le directeur de l’Arboretum, la quête de fonds demeure un engagement quotidien. Le budget ordinaire est non seulement as- suré par un chiffre d’affaires propre, mais aussi par les cotisations et les dons des membres, la participation du Canton de Vaud et des communes environnantes, et encore par des fondations et des mécènes. Dès son origine, l’Arboretum a pu se développer grâce à des opportunités ou des recherches de fonds ciblées. Ces apports fnanciers d’origines diverses ont peu à peu assuré l’Arboretum d’une réputation fatteuse, et cela bien au-delà des frontières.

Pour mémoire, je rappelle que le bilan 2014 a été bouclé par une très bonne nouvelle ! En effet, un généreux don de la Loterie Romande permet de lancer le chantier de la signalétique dans l’ensemble du domaine. Autre surprise, 2015 s’achève à l’identique : le budget Signalétique est bouclé ! Une aubaine qui per- met d’achever ce projet d’ici fn 2017. Rappelons que cette réalisation est particu- lièrement importante pour le développement de l’Arboretum.

Christophe Reymond a quitté le Vallon pour de nouveaux horizons à fn 2015. Doté d’une forte personnalité, il a su développer avec enthousiasme les nombreuses activités de l’Arbrespace. Quelle que soit sa prochaine destination, nous sommes certains qu’il saura apporter avec bonheur son savoir-faire et son expérience.

Une page est tournée. Un nouveau responsable de l’animation a été nommé. Ces prochaines années, toute l’équipe va tenter d’enrichir l’offre des animations, tout en privilégiant les liens directs avec les fondamentaux de l’Arboretum. L’objectif étant de renforcer l’identité du lieu : un site d’interprétation de l’arbre, de la forêt et de la nature.

L’Arboretum au Pays du Soleil-Levant, tel est le thème de cette année A l'origine, le Japon était couvert de forêts. Aujourd'hui encore, les deux tiers du territoire sont formés de vastes étendues boisées. Différentes raisons – climatiques, géographiques ou géologiques expliquent l'existence d'un écosystème riche et préservé. D'où cette admiration et ce respect des Japonais pour leurs forêts. Forêts notamment constituées de conifères auxquels se mêlent d'autres espèces variant selon les régions. Le Japon compte même deux fois plus d'espèces d'arbres que l'ensemble de l'Europe.

Vous l’avez compris, il s’agit de montrer ici l’importance – ou l’infuence – de la fore japonaise, voire est-asiatique, dans l’assortiment des végétaux que l’on trouve en Europe, et plus particulièrement dans les collections de l’Arboretum.

Pascal Sigg Directeur

3 Engelbert Kaempfer Auteur de la première description de la fore japonaise (1651-1716) Michel Damblant

Engelbert Kaempfer, médecin de la Compa- gnie néerlandaise des Indes, il a été le premier européen à étudier la civilisation du Pays du Soleil-Levant. Il a égale- ment fait connaître de nombreux végétaux du Japon.

Michel Damblant, présentant son livre devant un Camellia japonica

Un voyageur étonnant Le livre de Kaempfer Flora Japonica, acquérir quelques-uns pour les emme- Médecin et naturaliste, écrivain et an- constitue le plus ancien inventaire de ner en Hollande. Fort aimablement, on thropologue, il parcourt la Russie, plantes japonaises; dans lequel sont lui a offert plusieurs pieds qu’il s’est l’Iran, l’Inde, l’Asie du Sud-Est et le mentionnés pour la première fois le empressé de mettre en culture aux Japon entre 1683 et 1693. Ses récits Ginkgo biloba, le mélèze japonais, le Pays-Bas, dans les jardins de la constituent de véritables enquêtes, soja et l’hortensia. Kaempfer respecte Compagnie néerlandaise des Indes. loin des clichés habituels. Son ouvrage, leurs noms locaux : Sijo, Ansai, Adsiki, Quelques années plus tard, on s’aper- Amoenitatum Exoticarum ( Particularités ceux-ci seront rebaptisés en latin par cevra que les feuilles récoltées et pré- d’ailleurs, 1712 ), révèle, entre autres, Linné et ses disciples, comme bien parées selon les méthodes décrites les conceptions de la médecine orien- d’autres espèces, dont Carl Peter par Kaempfer eurent pour résultat une tale. On y trouve des descriptions de Thunberg rapportera des spécimens infusion insipide, sans rapport avec le thérapies totalement obscures pour un demi-siècle plus tard. Kaempfer ré- thé. On en déduira que les Japonais les Occidentaux : l’acupuncture et la vèle au monde occidental que le thé avaient aimablement offert des Camellia moxibustion. Engelbert Kaempfer, est une infusion de feuilles de camé- japonica, impropres à la préparation reste la référence pour ce qui concerne lias. Ayant compris que les feuilles ve- du thé et, non pas les Camelias de la culture et la civilisation du Japon. Et naient d’un arbuste local, il demande Chine ( Camellia sinensis ) pourtant pourtant, aucun de ses récits n’a été à ses hôtes japonais de pouvoir en cultivés depuis longtemps au Japon. réédité au XXe siècle. Nicolas Bouvier ( Genève 1929 – 1998 ), autre écrivain voyageur, diplômé de littérature, a su retrouver les ouvrages de Kaempfer et le cite très souvent dans son premier livre sur le Japon, Chroniques japonaises. Dès le début de l’ouvrage, il y fait ré- férence : « Kaempfer ajoute que dans cette mythologie, il ne trouve “rien qui puisse satisfaire les questions des cu- rieux relatives à l’essence et à la nature des dieux...” ».

Portrait d'Engelbert Kaempfer par M. Damblant

4 Les Occidentaux parviendront à contour- ner le monopole asiatique du thé en Engelbert Kaempfer 1848, au moment où le Britannique Auteur de la première description de la fore japonaise (1651-1716) Robert Fortune découvre en Chine les Michel Damblant plantations de Camellia sinensis. Il achè- tera illégalement quelques milliers de jeunes qui seront cultivés en Inde.

Quand Linné commencera son clas- sement des plantes pour Systemae Naturae en 1735, il sera impression- né par les collectes de Kaempfer. Il dédiera à ce dernier le nom de plu- sieurs plantes, tels les Iris kaempferi. Philibert Commerson a confrmé ce choix : « Je revendique avec chaleur le nom Kaempferi qui est plus ancien et une statue élevée aux mérites d’un des plus célèbres et des plus éclairés voyageurs, le seul par lequel nous connaissions la botanique du Japon. » Son Histoire du Japon ( 1727 ) permet aux Occidentaux d’obtenir des infor- mations sur un pays qui cultive le secret. On y trouve, entre autres, la première publication de l’alphabet japonais. Les étrangers n’avaient pas le droit de fouler le sol du Japon et les seuls habi- lités à y faire du commerce, les agents de la Compagnie néerlandaise des In- des, résidaient sur l’île artifcielle de Deshima au sud de Nagasaki. A noter que Kaempfer a pu se sous- traire de l’interdiction faite aux étran- gers de voyager au Japon du fait Ambiance japonaise au jardin Albert Khan à Boulogne près de Paris d’avoir servi de guide au directeur de la Compagnie hollandaise auprès du Shogun résidant à Eddo (Tokyo). C’est pendant ce voyage qu’il échappe plus belles plantes et des plus belles au cortège officiel et qu’il a l’occa- fleurs du pays. Un clair ruisseau les sion de réaliser de nombreux des- traversait et faisait un agréable mur- sins de plantes. De plus, il rencontre mure, il était couvert d’espace en l’Empereur ainsi que des médecins, espace de petits ponts qui servaient lettrés et philosophes. Kaempfer est tous ensemble d'ornement, de com- revenu riche de découvertes anthro- munication pour parcourir les diffé- pologiques et botaniques. rentes parties du jardin. »

Les Occidentaux découvrent le style du jardin japonais par le récit de Kaempfer « Un petit jardin de plaisance comme Iris kaempferi, iris de Kaempfer, en miniature disposé avec beau- Iris ensata ou iris japonais : coup d’art à la manière du Japon et s’élève à un mètre, originaire du avec toute la régularité que le peu Japon mais aussi des régions hima- d’espace pouvait le permettre. Les layennes. Floraison dans les tons allées en sont couvertes très propre- bleus, violet-pourpre ou blanc en ment d’un sable blanchâtre. Plusieurs début d’été, longues fnes feuilles Ce texte reprend des éléments du livre Le tour du monde rubanées, soleil ou mi-ombre et plantes rares et des arbres élevés dans son jardin qui fait revivre 62 personnages associés à par art à un grand degré de perfec- autant de plantes qu’ils ont découvertes ou fait connaître. sol frais ( berges de plan d’eau ). Il tion où l’on a entrelacé les branches. Les plus grands découvreurs de plantes du Japon, outre résiste au froid jusqu’à -20°C. Les Engelbert Kaempfer, ont été Carl Peter Thunberg ( 1743- Japonais lui confèrent le pouvoir Des pierres curieuses ornent les car- 1828 ) et Philipp von Siebold ( 1796-1866 ). reaux du jardin. Mais ce qu’il y avait d’éloigner le mal sous toutes ses de plus agréable à l’œil était un rang Michel Damblant est paysagiste et créateur du Jardin formes, raison suffsante pour le Eden du voyageur à Belle-île-en-Mer (Morbihan). planter près de la maison. de petites collines où l’on avait imité Passionné par l’histoire des plantes, il a publié Le tour du la nature; elles étaient couvertes des monde dans son jardin aux Éditions Géorama en 2014.

5 Le Japon : pays de la foraison éternelle Franck Sadrin

Si le Pays du Soleil-Levant est surtout connu pour les superbes foraisons printanières et estivales, dès la fn mars et jusqu’en été s’enchaînent des spec- tacles grandioses. Citons notamment le « O Hanami » avec les cerisiers à feurs, les Prunus x yedoensis ‘Somei Yoshino’ à Tokyo, qui enchantent l’air de leur parfum d’amande lorsque volent les pé- tales de leurs feurs fugaces. Viennent ensuite les différents de Prunus serrulata sur la côte Sud, jusqu’à l’Ouest vers Kyoto, avec leur foraison tantôt simple ou double, blanche ou rose, ils sont appelés aussi « Sato-zakura » soit « Cerisiers de village ». Apparaissent ensuite les pommiers à feurs comme le Malus foribunda, les Rhododendron, les cornouillers à feurs, les magnolias ( le parfum capiteux du Magnolia sieboldii embaume les forêts ). N’oublions pas toutes les foraisons d’été, par exemple Prunus campanulata les Iris ensata qui ornent les bords des bassins, puis différentes espèces et variétés d’Hydrangea, pour ne citer qui bien souvent produisent des feurs On peut mentionner chez les ceri- qu’eux dans les nombreux jardins d’ex- au printemps, puis remontantes en au- siers dits alpins, qui proviennent des ception que compte l’archipel nippon. tomne ou en hiver. pentes montagneuses entre 1'500 m et 2'300 m d’altitude, le Prunus incisa Mais ne mentionner ici que ce que l’on Ces croisements ont été réalisés à par- ‘Praecox’ qui, outre une foraison pré- connaît le mieux, que ce soit par les pu- tir de plantes sauvages, des espèces coce, comme son nom latin l’indique, blicités des agences touristiques ou à la types, qui présentaient des florai- a pour particularité de feurir réguliè- lecture d’ouvrages traitant de la culture sons précoces. Le plus souvent du fait rement à partir de novembre et une japonaise, c’est oublier le raffnement qu’elles provenaient de zones où l’al- bonne partie de l’hiver hors période extrême que seul le Japon a su cultiver titude était assez élevée, les ramenant de gel. Enfn, chez les cerisiers subtro- au fl des siècles. Il en va de même pour par la suite en culture de plaine, accé- picaux, le Prunus campanulata, nommé la botanique. lérant ainsi leur processus de foraison. « Kan-hi-zakura » en japonais, ce qui Soit du fait qu’elles étaient issues de indique que sa foraison est hivernale Ainsi, les jardiniers japonais ont-ils cher- zones subtropicales où la foraison se et de couleur rose intense, presque ché à obtenir des feurs en dehors des trouvait naturellement décalée par rouge. Il n’est pas rustique dans nos cli- périodes communes de foraison, soit rapport aux zones dites de climat mats et sa nature subtropicale fait que en automne et en hiver. Pour ce faire, ils tempéré. Les hybridations d’espèces ses feurs s’ouvrent en février, simulta- ont créé, à l’aide d’hybridations succes- alpines ou peu rustiques allaient don- nément avec le débourrement de son sives, de nouvelles espèces de plantes ner des plantes dont nous commen- feuillage. Cependant, il a lui aussi été çons seulement à entrevoir l’étendue hybridé, et l’on peut désormais trouver ces dernières années. des cultivars dont la rusticité atteint Parmi ces dernières, nous pouvons ci- -20°C. Il existe aussi de nombreux ce- ter, des plus connues aux plus rares, risiers à feurir de décembre à février, chez les cerisiers par exemple : Prunus tel « Kobuku-zakura », ou encore les x subhirtella ‘Autumnalis’, du croi- « Kawazu-zakura » dont on fête la forai- sement entre le Prunus subhirtella, et son en plein cœur de l’hiver ( Préfecture le Prunus incisa, appelé au Japon « Ju- de Shizuoka ). gatsu-zakura » ou « Cerisier du dixième mois » puisqu’il débute sa seconde foraison à partir du dixième mois lu- naire, celle-ci se poursuivant une partie de l’hiver, s’il est suffsamment doux. Prunus incisa 'Praecox'

6 La pivoine arbustive De même, pour d’autres plantes Le Japon : pays de la foraison éternelle comme les pivoines, on retrouve des Franck Sadrin végétaux aux foraisons tout à fait sur- prenantes. A noter que les pivoines arbustives sont cultivées depuis la nuit des temps au Japon. Elles auraient été importées de Chine entre 700 et 730 de notre ère. Dans ce pays, on les appelle « Botan », une trans- cription du chinois « Mudan ». Dans la préfecture de Shimane se trouve un jardin où l’on sélectionne les pivoines en croisant les variétés les plus précoces ou les plus forifères, prin- Pivoines d'hiver, photo Jardin Yuushien cipalement des variétés de l’espèce Paeonia suffruticosa. De cette opéra- tion sont issues ce que l’on nomme les « Fuyu Botan » ou « Pivoines arbustives Chimonanthus praecox 'Maruyama' de l’hiver ». Il en existe cependant deux sortes bien distinctes : celles nommées « Fuyu Botan » sont généralement des variétés précoces qui, forcées en serre, Lorsque les foraisons hivernales sont Le Japon est sans aucun doute l’un des sont sorties au moment où des bou- parfumées, on atteint le comble du pays où la beauté et la richesse de la tons foraux sont formés de façon à raffnement, ne serait-ce que pour les fore ont toujours été mis en évidence. s’ouvrir en octobre ou en novembre. compositions forales dont les japonais Les recherches des jardiniers japonais C’est à ce moment que les visiteurs sont particulièrement fers. Il s’agit en en matière d’horticulture ont toujours viennent contempler les jardins, soit effet d’inviter la Nature à l’intérieur repoussé les limites de la Nature. Et en automne ou au début de l’hiver. des maisons. Nous terminerons donc ce, pour une part peut-être, dans un Les pivoines de l’autre catégorie, que cet article en évoquant les douces but lucratif. Mais avant tout avec pour l’on peut distinguer des précédentes fragrances des Prunus mume et des but une forme de perfection. La feur par l’absence quasi totale de feuillage Chimonanthus, des Camellia ou autres ultime, celle qui reste éternelle… en hiver, sont appelées « Kan Botan » Viburnum. Eux aussi font partie de ces ou encore « Pivoines du froid ». Ce arbres ou arbustes aux feurs hivernales sont bien elles les reines des neiges, et des collections entières leur sont puisqu’elles feurissent au printemps parfois consacrées puisque l’on re- mais aussi en hiver, même lorsque la cense, par exemple, des centaines de neige pourrait abîmer leurs feurs dé- cultivars pour le Prunus mume, l’abrico- licatement protégées des rigueurs du tier japonais ou « Ume ». froid par de petites huttes en bambou confectionnées par des jardiniers.

Abricotier du Japon – Prunus mume Prunus x kobuku 'Zakura'

7 Randonnée sur les Chemins de Shikoku Sophie Le Berre

Il y a près de vingt ans, alors que je En novembre 2015, le gouvernement de Kagawa et l’entretien par une as- travaillais comme coordinatrice des japonais m’a sélectionnée, avec onze sociation locale de bénévoles. Il court relations internationales1 pour le dépar- autres anciens participants étrangers une jolie histoire autour de cet arbre, tement de Kagawa, sur l’île de Shikoku, il du programme J.E.T.1 pour effectuer dont on dit qu’il aurait environ 700 ans. me fut demandé de traduire, en fran- un « retour au pays » dans la collec- En effet, en 1923 ( Taishô 12 ), lors de la çais et en anglais, les guides de randon- tivité territoriale qui nous avait ac- construction du chemin de fer et de la née des Chemins de Shikoku. Bien que cueilli quelques années auparavant. gare, il fut question de l’abattre, mais grande amatrice de randonnée et ayant En échange, il nous était demandé l’opposition des villageois en décida déjà expérimenté quelques itinéraires de proposer un projet permettant la autrement. Effectivement, selon les autour de Tokyo au début des années 90, promotion de notre ancienne collec- croyances de la religion première du je n’avais pas encore entendu parler, tivité d’accueil. Il me parut donc na- Japon, le shintoïsme, certains arbres à l’époque, de ces sentiers balisés et turel d’organiser une randonnée sur sont censés accueillir et abriter les es- gérés par le Ministère de l’aménage- les Chemins de Shikoku afn de faire prits divins et le Machilus thunbergii ment du territoire, des transports et le lien avec ma mission passée et de en fait partie. Les habitants du village, du tourisme. En effet, 1'545 kilomètres remettre en lumière ces sentiers balisés craignant la colère des esprits divins, de sentiers permettent de découvrir le qui, il faut le dire, restent méconnus du s’opposèrent donc vaillamment à son patrimoine naturel, bâti et culturel des peuple japonais et des étrangers. abattage et une série d’accidents d’ori- quatre départements de l’île de Shikoku gine inconnue leur donnèrent gain de et d’aller à la rencontre des habitants. Les Japonais ont pour habitude de cause. C’est un arbre remarquable par Ces sentiers empruntent parfois ceux recenser les arbres remarquables et sa taille ( 13 m ), la circonférence de son du pèlerinage bouddhique des 88 de les faire protéger par la ville, le dé- tronc ( 5,5 m ) et le port, magnifque, temples de Shikoku, mais leur objec- partement ou même le pays. La ran- de ses branches, soutenues par des tif est différent et ils nous permettent donnée de dix kilomètres que nous étais. La zone de distribution naturelle de comprendre ce qu’est le satoyama, avons effectuée le 12 novembre dans de cet arbre persistant s’étend de l’île cette zone rurale habitée, cultivée, les environs de Takamatsu, m’a permis principale de Honshû jusqu’à l’archipel en lisière de forêts profondes, qui de découvrir un magnifque Machilus des Ryukyu, à l’extrême sud du Japon, constitue l’âme du Japon et qui est le thunbergii Siebold & Zucc. ( Lauraceae, dans les zones de climat tempéré et le théâtre de traditions culturelles, folklo- nom japonais tabunoki ), dont la pro- long du littoral. L’écorce du Machilus riques encore très marquées. tection est assurée par le département thunbergii, riche en tannins, est utili- sée comme teinture végétale, notam- ment pour la confection des étoffes de soie de l’île de Hachijo2 et ce, de- puis l’époque Edo. De plus, les feuilles et l’écorce présentant des propriétés visqueuses, elles sont également uti- lisées comme liant dans la confection de l’encens japonais. Quant au bois seul, il est utilisé pour la construction et l’ébénisterie. C’est un arbre qui est planté dans les zones tempérées, comme arbre d’alignement en ville ou dans les parcs.

Nous nous remettons en route, dé- couvrant un paysage de campagne ja- ponaise parsemé ici et là de retenues d’eau, de rizières à sec, de hameaux parsemés de vieilles fermes japonaises, de vergers de kakis et de mandariniers, de petits cimetières adossés à des col- lines, de haies de Camellia sasanqua entourant les maisons ainsi que de forêts de bambous. Machilus thunbergii dans les environs de Takamatsu 1. Dans le cadre du programme J.E.T. ( Exchange and Teaching Programme), fnancé par le gouvernement japonais.

2. Ile située dans l’archipel d’Izu, au large de Tokyo.

8 Assez rapidement, nous tombons sur de vieilles pierres tombales, érodées par le temps et je remarque qu’un feuil- lage de Pueraria montana var. lobata ( Willd. ) Sanjappa & Pradeep ( Legu- minosae, Syn. Pueraria lobata ( Willd. ) Ohwi ) est en train de les recouvrir. Cela me rappelle l’arrivée à l’aéroport international de Narita, au nord-est de Tokyo, car le touriste qui empruntera le bus limousine pour atteindre la capi- tale, remarquera que cette plante grim- pante à tiges ligneuses, appelée kuzu en japonais, est en train d’envahir tous les bois et terrains en friche qui longent la route. Il s'agit d’une liane plus que vivace, que l'on trouve au Japon depuis l'île de Hokkaido jusqu'à l'île de Kyushu et Okinawa, mais également en Corée, en Chine et dans le sud-est asiatique, dans les zones tempérées et chaudes, et qui colonisent très rapidement le bord des routes en lisière de forêt et les Pierres tombales envahies de Kuzu, Pueraria montana var. lobata endroits délaissés par l’homme.

Les feuilles sont caduques, composées C’est une plante désormais considé- tressée. Les lianes étaient alors régu- et trifoliées ; les grappes de feurs, de rée comme invasive, qui fgure dans lièrement coupées, entretenues et leur couleur pourpre, s'épanouissent au la liste des cent plantes envahissantes développement était limité, contenu, Japon du mois d'août au mois de sep- exogènes de l'UICN, ce qui est le cas ce qui n’est malheureusement plus le tembre, en épis dressés, dégageant aux Etats-Unis où elle a été introduite cas aujourd'hui. Autre tradition, qui un parfum douceâtre attirant de nom- au XIXe siècle et s'est naturalisée dans remonte à l’époque Heian ( 794-1185 ), breux insectes. La liane épaissit d'an- certaines régions, provoquant d’im- rappelle que la liane était bouillie et née en année, jusqu'à devenir ligneuse. portants dégâts. Mais c’était autrefois fermentée pour en extraire les fbres ; Elle se répand sur le sol, sur les arbres une plante utile dans les campagnes puis les fbres étaient tissées pour qu'elle recouvre jusqu'à les étouffer, sa japonaises, où elle était cultivée sur les confectionner des tissus appelés ku- croissance est incroyable, voire terri- broussailles et près des rizières. En ef- zu-fu. Aujourd'hui, le kuzu-fu sert d'ha- fante. Les racines, charnues, peuvent fet, les gens des campagnes utilisaient billage sur les fusuma ( parois coulis- atteindre jusqu'à deux mètres de lon- les lianes pour les travaux des champs, santes ) et sur les murs. A noter qu’il est gueur et de 10 à 20 cm de diamètre. pour nourrir le bétail et pour fabri- également utilisé pour la fabrication de Chaque pied peut émettre jusqu'à quer des objets de la vie quotidienne, petits objets de la vie courante, comme 30 tiges ; la vivacité et le potentiel de comme des paniers notamment ; la des porte-cartes, des sacs et autres ac- survie de cette plante sont étonnants. liane de kuzu était coupée, séchée puis cessoires décoratifs. Mais c’est surtout une plante médicinale, encore utilisée aujourd’hui. En effet, la racine séchée du kuzu fait partie de la pharmacopée japonaise, sous le nom de kakkon, et possède des propriétés sudorifques et antalgiques ; elle réchauffe le corps, favorise la circulation sanguine. C'est également le remède des familles ja- ponaises pour lutter contre les refroi- dissements, un état fébrile, le rhume et les maux liés à la digestion. Des études récentes présentent également des résultats encourageants pour le traite- ment de la ménopause, de l'ostéopo- rose, du diabète, du cancer du sein, de l'utérus et de la prostate. L'amidon extrait de la racine de kuzu est ap- pelé kuzu-ko en japonais ; il est utilisé comme ingrédient de base pour les gâteaux japonais et comme épaissis- sant. C’est donc une plante de tous les superlatifs, qui est également l’une des sept plantes d’automne du Japon. Campagne japonaise

9 Nandina domestica dessiné par le lettré Ôoka Unpô en 1821

Un peu plus loin, alors que nous appro- Japon. Les feurs, de couleur jaune chons de la forêt, nous nous arrêtons pâle à blanche, s’épanouissent de juin pour observer un glabra à juillet et sont placées au-dessus des ( Thunb.) Nakai ( ), ar- rameaux, à la différence de l’ borant de magnifques fruits rouges, crenata, par exemple. Il existe égale- dont le nom japonais est senryô, qui ment une variété à fruits jaunes, nom- signife « mille ryô3 ». C’est la raison mée kiminosenryô en japonais. pour laquelle le , tout Juste à côté du Sarcandra glabra se comme l’ ( Thunb. ) trouve une autre plante porte-bon- Blume ( jûryô en japonais, « dix ryô » ) heur, le Nandina domestica Thunb. et l’ Sims ( manryô en ( Berberidaceae ), que nous connais- japonais, « dix mille ryô » ) sont tradi- sons davantage. Son nom japonais est tionnellement considérés comme des nanten, mais il est originaire de Chine, Nandina domestica plantes porte-bonheur que l’on offre d’où il est arrivé, comme beaucoup de à la nouvelle année car, en plus d’être plantes médicinales, en même temps le bonheur ». Raison pour laquelle ces des plantes persistantes, elles ont pour que l’introduction du bouddhisme, soit deux plantes sont largement repré- particularité commune de porter, à à partir du Ve et VIe siècle, au Japon. Il sentées sur les bougies et les objets cette période de l’année, d’éclatantes s’est naturalisé peu à peu dans l’ouest de décoration en vente au passage fructifcations rouges, signes de chance du Japon, sur les îles de Shikoku et d’une nouvelle année. Il est générale- et de bonheur. C’est la raison pour la- de Kyûshû. Selon la croyance popu- ment planté dans les jardins de style quelle le Sarcandra glabra est couram- laire, il est recommandé de planter un japonais et utilisé pour la confection ment utilisé pour des arrangements Nandina domestica à l’endroit de la des kokedama4, des bonsaïs et des foraux japonais ( ikebana ) et dans les « porte des démons » ( kimon ), c’est à arrangements floraux traditionnels. couronnes végétales de fn d’année, dire dans la direction nord-est, consi- Depuis quelques années, je m’inté- en potées et dans les jardins de style dérée comme néfaste, car on attribue resse de près à l’histoire, très riche, japonais. C’est un petit arbuste, de 70 au Nandina domestica le pouvoir de de l’horticulture japonaise à l’époque à 100 cm de hauteur, qui pousse dans « détourner le mal ». Toujours selon les d’Edo ( 1603-1868 ) et il s’avère que le les sous-bois, en lisière de forêt, dans croyances populaires, planté en asso- Nandina domestica, à l’image de bien les zones tempérées chaudes depuis ciation avec l’Adonis ramosa Franch. d’autres plantes5, a fait l’objet d’un le sud de la région du Kantô ( région ( Ranunculaceae ) le Nandina domes- travail de sélection et d’amélioration de Tokyo ) jusqu'à l’extrême sud du tica « détourne le malheur et apporte variétale extrêmement sophistiqué.

10 En effet, les pépiniéristes de l’époque En poursuivant notre randonnée sur Clerodendrum trichotonum Thunb. ont créé des variétés de taille plus les Chemins de Shikoku, nous consta- ( Lamiaceae ), dont le nom japonais, petite, avec des formes et des coloris tons que, les habitants des différents kusagi, signife littéralement « arbre de feuillages divers, souvent très fns hameaux traversés, protègent leurs malodorant »; ce qui est le cas lorsque et éloignés de la plante botanique, potagers et leurs cultures des sangliers l’on froisse ses feuilles, longues de comme nous pouvons le constater sur à l’aide de flets dressés le long des 10 à 20 cm. On le voit, à l’état natu- la planche ci-contre, dessinée par le champs, et parfois même au milieu de rel, depuis l’île de Hokkaidô, au nord, lettré Ôoka Unpô ( 1765-1848 ) en 1821 la route, dans les endroits les plus recu- jusqu’à l’extrême sud du Japon, en li- ( Bunsei 4 ). C’est la raison pour laquelle lés. Il semble que des permis de chasse sière de forêt, le long des chemins et ces variétés horticoles, développées à et l’installation de pièges aient été au- des terrains abandonnés. C’est un petit l’époque Edo, sont désignées comme torisés par le département pour limiter arbre caduc de deux à huit mètres de « plantes classiques » et portent le nom le nombre de sangliers, qui semblent hauteur, dont les feurs, en panicules japonais de kinshi-nanten, c’est-à-dire être une grande préoccupation pour de couleur blanche, s’épanouissent « Nandina domestica fl de brocart » les agriculteurs. au Japon en plein cœur de l’été. Cet ( ou fl de soie ). Certains producteurs Alors que nous nous rapprochons arbre est remarquable à la foraison et japonais, désireux de sauvegarder ce du sanctuaire de Kotohiragû, terme lors de la fructifcation avec de somp- patrimoine horticole, continuent de de notre randonnée, nous nous ar- tueux calices rouges, qui entourent produire ces variétés anciennes. rêtons pour admirer un magnifque une petite baie bleue. On observe des variantes selon les régions du Japon avec, par exemple, une variété escu- lentum ( shôrô-kusagi en japonais ) dans le sud des îles de Shikoku, Kyushu et à Okinawa, qui a pour particularité de porter des feuilles plus longues et moins odorantes. D’après un ouvrage japonais traitant des plantes sauvages comestibles, il semble que les feuilles du Clerodendrum trichotonum soient consommées, après avoir été blanchies dans l’eau bouillante salée, puis rincées à l’eau froide, comme le seraient, par exemple, des feuilles d’épinard. Satisfaite d’avoir proposé cette pre- mière randonnée sur les Chemins de Shikoku, j’ai décidé de reprendre la tra- duction des guides et d’organiser des voyages, pour de petits groupes, afn de découvrir la campagne japonaise et d’aller, par exemple, sur les traces du célèbre botaniste Makino Tomitarô, originaire du département de Kôchi, Sarcandra glabra sur l’île de Shikoku.

Sophie Le Berre Spécialiste de l’histoire de l’horticulture japonaise (www.sophieleberre.fr, http://lesjardinsdesanuki.blogspot.fr)

3. Le ryô est le nom d’une ancienne pièce de monnaie en or du Japon, pré-Meiji.

4. Le kokedama désigne un végétal planté et poussant dans une boule de mousse.

5. De nombreuses plantes ont fait l’objet d’un travail de sélection et d’amélioration variétale au Japon à cette époque. Citons notamment les camélias, érables, chrysanthèmes, ipomées, cerisiers, iris, œillets, lotus et pivoines. Clerodendrum trichotomum

11 Un jardin japonais au Jardin botanique de Genève Nicolas Freyre

Aux Conservatoire et Jardin botaniques (CJB) de la Ville de Genève, l’année 2015 a été marquée et rythmée par une riche exposition tempo- raire intitulée Plantes et Spiritualités. Plusieurs lieux ont été aménagés pour illustrer le lien entre le monde végétal et spirituel, mettre en valeur l’usage des plantes dans les différents rituels et traditions en lien avec le divin. Parmi les thématiques abordées, une large place a été octroyée aux jardins d’inspiration asiatique. C’est dans ce cadre précis que nous avons dessiné et réalisé un jardin japonais, qui a naturellement trouvé sa place et qui y restera de manière permanente. En collaboration avec l’Espace Fusterie, nous avons également installé temporairement un Jardin sec ( ou Jardin zen ) à l’intérieur du temple.

Jardin zen, asiatique ou japonais ? L’histoire d’un nouveau jardin autour duquel est agencé le jardin. Ces Notre réalisation s’apparente à un jar- L’idée d’un jardin japonais aux CJB est deux réalisations sont l’œuvre de notre din japonais, même si il n’en respecte un projet de longue date. C’est un vé- menuisier et de son savoir-faire, inspi- pas toutes les règles architecturales ritable travail d’équipe qui a permis de ré de la tradition orientale. L’ensemble à la lettre. Sans prétendre en donner le concrétiser, faisant appel aux compé- est entouré d’une palissade de bam- une défnition précise, le jardin japonais tences très diverses de nos jardiniers. bous donnant l’impression d’entrer s’articule autour de plusieurs éléments Naturel, bordé par une allée de glycines dans l’intimité d’un autre monde… Un incontournables, empreints d’une forte et surplombé par un ensemble de rési- chemin de gravier et de pas japonais symbolique. C’est avant tout un espace neux élancés vers le ciel. Les premiers permet de circuler autour d’un paysage clos, intime, qui invite au calme et au mouvements de terre ont débuté à minéral, dont la blancheur contraste à recueillement. Le jardin japonais fgure l’automne 2014, pour ouvrir et dégager merveille avec la végétation environ- très souvent la captation d’un paysage, l’espace occupé par une ancienne ro- nante. Quelques objets symboliques il symbolise la miniaturisation d’un caille. À cette même période s’effectue jalonnent le parcours, tels que des espace naturel avec raffnement et déli- la restauration d’un ruisseau et la créa- dalles rondes et gravées, des lanternes catesse. Situé dans un magnifque écrin, tion d’un bassin dans la partie basse et des vasques en granit. Un petit banc l’entrée est marquée par un tori ( porte ) du futur jardin. Après cinq mois de de bois invite le visiteur à s’arrêter, à que le visiteur franchit avec humilité. travaux d’aménagements et de plan- respirer profondément, à s’imprégner Si l’Occident accorde de l’importance tations, le nouveau jardin japonais des du calme de ce lieu d’exception. Un à la vue, le jardin oriental est généra- CJB ouvre ses portes au mois de mai silence rythmé par les mouvements lement silencieux, bercé par le mur- lors de l’inauguration de l’exposition de l’eau se fauflant entre les pierres, mure de l’eau qui s’écoule en cascade. annuelle. Le visiteur est accueilli par un achevant son parcours dans un bassin L’eau, symbole de purifcation est par- tori rougeoyant, qui préfgure le temple végétalisé. fois calme ( bassin, étang ), parfois en mouvement ( ruisseau ). Dans les jardins secs, c’est le sable ratissé qui fgure l’élément eau. Le minéral est toujours présent. Sous des formes différentes. La pierre naturelle, patinée et ancienne, apporte un effet scénique incontour- nable. Toujours en nombre impair pour éviter la symétrie, les rochers irrégu- liers symbolisent la montagne sacrée. La beauté de la pierre à l’état brut contraste avec la régularité du sable ou des graviers qui l’entourent, mis en mouvement par le passage répété du râteau. Enfn, le végétal marque les sai- sons de l’ensemble. La foraison printa- nière des cerisiers, les couleurs autom- nales des érables, la structure hivernale des résineux souvent taillés en nuages ( niwaki ) offrent au visiteur une beauté ininterrompue tout au long de l’année.

12 Un jardin japonais au Jardin botanique de Genève Nicolas Freyre

De belles plantes Les plantes ont été choisies avec l’inten- tion de présenter les principaux végé- taux symboliques d’un jardin asiatique. Le cerisier du Japon ( Prunus serrulata ) illumine l’espace de sa foraison printa- nière, laissant les honneurs automnaux aux emblématiques érables ( Acer ja- ponicum, Acer palmatum ) avec toute la palette de couleurs de feuillage, de l’orange au pourpre. Avant l’arrivée de l’hiver, c’est la foraison tardive du Ca- melia ( Camellia sasanqua ) qui attire l’œil du visiteur. Une vaste tourbière accueille plusieurs spécimens de la famille des Ericaceae ( Enkianthus campanulatus, Rhododendron calendulaceum, R. kiu- sianum, R. radicans, Arbutus unedo, A. andrachne ) ainsi qu’un certain nombre de cornouillers. Les incontournables bambous sont également présentés en toile de fond du jardin ( Phyllostachys viridis, Phyllostachys bambusoides ). Plusieurs particularités viennent magni- fer l’ensemble, comme Edgeworthia papyrifera, originaire du Japon, et dont la foraison jaune et parfumée est remar- quable à la sortie de l’hiver. Enfn, un Références genévrier taillé en nuages ( Juniperus x Pigeat J.-P., L’esprit du Japon dans nos jardins, Ulmer, pftzeriana ) vient souligner un peu plus Paris, 2006, 168pp. Nitschke G., Le jardin japonais, Taschen, Köln, 2007, la tradition japonaise, qui utilise souvent 240pp. ce type de végétaux appelés niwaki. Infos pratiques Le jardin japonais des CJB est ouvert toute l’année Nicolas Freyre de 8h à 19h30 ( avril-octobre ) et de 9h30 à 17h Jardinier-chef ( novembre-mars ). L’entrée est gratuite.

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'  && %#"%&   .$ -     *     &$"$()))"$( La forêt japonaise de l’Arboretum Sylvain Meier

Une genèse par étapes. La curiosité semble bien être le moteur de cette aventure. La rencontre de Louis Cornuz professeur de dendrologie à l’Ecole d’horticulture de Châtelaine, puis à Lullier, à l’occasion du rempo- tage de plants forestiers destinés aux essais de conversion de taillis à une époque où ceux-ci avaient perdu toute valeur économique, est à l’origine de la découverte de l’Arboretum à ses débuts (1972-1973).

Louis eut tôt fait de me convaincre de participer aux journées de plantation de la commission de dendrologie de la Société genevoise d’horticulture, le doigt dans l’engrenage… Ingénieur forestier de formation et curieux des arbres d’ailleurs, j’ai depuis longtemps été intéressé à mieux les connaître dans leur milieu naturel. Le tout début ? Peut-être ma tournée des Etats-Unis en bus Greyhound alors que je n’avais que 18 ans ! Un mois fou, pour fnalement faire le tour de ce pays gigantesque et avoir l’occasion de découvrir les sé- quoias géants, en chair et en os ! Un choc autant qu’un émerveillement.

Huit ans plus tard, je me lance dans Secteur tempéré-chaud, première partie du projet débuté il y a 25 ans l’installation d’une forêt du nord-ouest de l’Amérique, l’écotype Oregon- Washington ! ( 1976 ) Toujours en quête L’araucaria ne m’est donc pas tout Avec tout ça, un pays éminemment fo- de nouveaux arbres dans leur milieu à fait étranger, mais c’est tout autre restier avec une couverture forestière naturel, je profte de la saison « morte » chose lorsqu‘il forme des forêts ou de 70 % contre un quart pour la Suisse d’un jeune ingénieur forestier indépen- tapisse les basses pentes d’un volcan. d’alors ( actuellement un tiers ). dant ( arrière-automne et hiver ) pour dé- Une première surprise dans les Andes Une lettre d’introduction de Monsieur couvrir l’autre hémisphère et bénéfcier chiliennes, la présence d’un populage, Villaret, professeur de botanique de là-bas de conditions estivales ! Le Chili ici le Caltha sagitatta. l’Université de Lausanne et membre et l’Argentine paraissent particulière- fondateur de l’Arboretum, facilite ment intéressants pour un coup d’essai Pourquoi une forêt japonaise ? Les rai- mes contacts avec les institutions. Ce qui se révélera une parfaite réussite. sons de ce choix ? Elles sont multiples. premier voyage au Japon ( 1979 ), un Durant mes études, je me suis frotté à pays forestier développé, très bien Dépaysement complet avec la décou- la phytosociologie et à l’occasion d’une organisé en matière de recherche fo- verte d’une nouvelle fore, celle de visite chez mon frère à Londres, je fais restière, doit me permettre de mieux Gondwana… Pas grand-chose de com- un saut chez Foyles, la plus grande li- connaître quelques spécialités par- mun avec ce que nous connaissons ici, brairie du monde, paraît-il ! mi les résineux endémiques ( qui mis à part – peut-être – les Nothofagus n’existent qu’au Japon ). Chez nous, les qui, pour certains, rappellent nos hêtres. Au rayon des arbres, je tombe sur une plantations de douglas ( Pseudotsuga Je retrouve dans les Andes un arbre fore du Japon en anglais. Un survol menziesii ) sont alors en plein essor. plus familier que je connais du parc de accessible de la végétation du Japon, Nous utilisons du douglas en prove- la Colline à Nyon, occupé aujourd’hui avec un chapitre consacré aux forêts. nance de l’Ouest de l’Amérique du par l’UEFA, il s’agit de l’araucaria. Un Parallèlement, il faut bien admettre Nord. Le Japon a aussi son douglas peu mes débuts en « dendrologie », que le niveau de développement du ( Pseudotsuga japonica, Togasawara ) puisque c’est aussi dans ce parc que j’ai pays, sa taille ( 2/3 de la France ) et qui est réduit à quelques peuplements. fait connaissance, lors des promenades ses conditions générales sont plus Il n’a apparemment jamais été « do- dominicales, avec l’oranger des osages proches de celles que nous connais- mestiqué » et fgure aujourd’hui sur la ( Maclura pomifera ) et le kaki ou pla- sons que de celles qui prévalent alors liste rouge des espèces en danger de queminier ( Diospyros kaki ), arbre em- en Chine, qui serait également très in- l’UICN. blématique du Japon ! téressante pour la richesse de sa fore.

15 Autre spécialité nippone : les forêts de cryptoméria ( Cryptomeria japonica ) ou « cèdre » du Japon.

L’histoire forestière japonaise rappelle beaucoup la nôtre, avec des forêts res- tées naturelles, des forêts réservées ( à ban ), des forêts de chênes, ou encore de hêtres traitées en taillis et destinées à fournir du charbon de bois. Depuis la fn du 1er siècle, le cryptoméria ( un cou- sin des séquoias ) a remplacé à bien des endroits la forêt autochtone, ou plutôt une forêt déjà largement transformée par l’activité de l’homme sous forme de plantations, un peu à l’image de ce qui a été fait ici avec l’épicéa. Au Ja- pon également, les choses changent. Très progressivement le cryptoméria voit sa place diminuer. Le retour à une forêt plus naturelle est en cours, bien que la naturalité soit parfois diffcile à (r)établir sur la base des rares indices Groupe de cèdres du Japon traité dans le mode Kitayama disponibles.

La troisième espèce résineuse sus- des écorces servant à la couverture des aujourd’hui une réalité, à l’exception citant mon intérêt se trouve être le toits ( nombreuses couches superpo- d’une toute dernière parcelle… Jean- Thujopsis ( 1979 ). Une essence mono- sées ), des chevrons pour les toitures, des Paul Dégletagne, notre ancien gérant, typique, l’unique du genre et connue perches et des poteaux également très a joué un rôle déterminant durant sous le nom de Hiba. Il existe sous utilisés en construction traditionnelle. toute cette phase de démarrage. Les deux formes au Japon. La variété du premières plantations ont pu être ef- nord de l’archipel, Thujopsis dolobrata La forêt japonaise de l’Arboretum pré- fectuées au début des années 90. Il var. hondai, est une variété arbores- sente quelques cryptoméria traités de s’agit, entre autres, des cryptomérias cente utilisée en production fores- cette manière. Tous ces traitements qui dominent le secteur et qui ont été tière. L’arbre fournit un bois blanc très forestiers, associés à l’utilisation mul- plantés avec une forte délégation de odorant, utilisé pour la fabrication des tiple du milieu par le monde paysan CRIFOR ( défunte Chambre Romande fenêtres coulissantes des maisons tra- ( Satoyama ), ont profondément mar- des Ingénieurs Forestiers ). ditionnelles. L’autre variété, Thujopsis qué le paysage japonais parfois idyl- dolobrata var. dolobrata, n’atteint pas lique… mais pas partout non plus ! Petit à petit la production des plants les mêmes dimensions et joue plutôt nécessaires s’est développée, avec un rôle d’accompagnement dans cer- De ce premier voyage, qui m’a éga- d’une part le concours de l’Ecole taines forêts du centre de Honshu. J’ai lement conduit sur l’île de Yakushima d’horticulture de Lullier ( MM. Louis pu découvrir sa culture et son mode pour y découvrir le cryptoméria dans Cornuz, puis Dominique Verdel ) qui a de traitement dans la région de la pé- son milieu naturel et dans des dimen- cultivé ou fourni certaines plantes et les ninsule de Noto, côté Mer du Japon, à sions impressionnantes, je suis revenu jardins botaniques de Suisse Romande. la hauteur de Tokyo. Cette essence est avec quelques arbres. Passablement de La collaboration avec les Conservatoire généralement multipliée par boutu- semences en provenance d’instituts de et Jardin botaniques de Genève, qui rage, bien que le semis soit également recherche forestière ont suivi en 1980 nous a donné accès aux Index Seminum possible. Certains cultivars forestiers et d’une certaine manière, un nouveau qu’il reçoit du Japon a été particulière- ont été sélectionnés avec le temps. Le projet de forêt : un « écotype » japonais. ment fructueuse. mode de traitement étant soit régu- lier, soit irrégulier, de type jardinatoire Un rêve, un peu fou au départ, a len- Les Index Seminum sont des catalo- ( tiges étagées, distribuées à l’échelle tement pris forme. Le projet de cette gues que s’échangent les Jardins de petites surfaces ). Une sylviculture réalisation a fnalement été soumis à la botaniques du monde entier. Les jardins intensive accompagnée d’élagages Commission Technique, qui l’a approu- récoltent des semences, les docu- réguliers. A noter que la sylviculture vé à la fn des années 80. mentent le mieux possible et préparent traditionnelle du cryptoméria, telle Le projet existait, son périmètre avait un catalogue remis à leurs correspon- qu’elle est pratiquée au nord de Kyoto été choisi pour offrir le maximum de dants. Cette contribution a été très utile ( Kitayama ), vise également à produire diversité et mettre en valeur un nou- pour débuter la collection et tester cer- toute une série d’éléments utilisés en veau secteur du vallon. Quelques arbres taines espèces peu familières. A noter construction traditionnelle. Une sylvi- attendaient dans la pépinière, mais il que dans un tel projet, où la maîtrise du culture sophistiquée, pratiquée par des restait encore à acquérir progressive- sol n’est pas acquise dès le départ, il fermiers forestiers, permet d’obtenir ment l’entier du périmètre. Chose faite n’est pas toujours facile de synchroniser

16 la production des plantes de manière du canton de Neuchâtel nous a rejoint des Jardins botaniques de Niigata et à ce qu’elles soient disponibles au pour une journée d’appui annuelle. En Kochi, ainsi que d’autres instituts de re- bon moment… cas de nécessité, un certain nombre de cherche forestière régionaux. bénévoles occasionnels sont disposés L’essentiel des plants constituant la à nous prêter-main forte. Sans les bé- La production des plants à partir de forêt japonaise a été produit par nos névoles, cette réalisation n’aurait pas semences se fait ensuite selon un pro- soins, à partir de semences. Un proces- été possible. Il reste quelques places cessus qui s’étale sur plusieurs années sus exigeant, qui apporte une valeur pour de nouveaux bénévoles, qu’on se à partir de la récolte ! Certaines graines certaine à la présente collection. le dise. Un petit essai est toujours pos- ne germent qu’après une année. Le dé- sible et bienvenu. veloppement initial est également très Le projet proposé vise à mettre en place variable d’une espèce à l’autre, et les différents types forestiers en s’appuyant Autre soutien important : celui de la dangers omniprésents ( fontes de se- sur la description qui en a été faite dans Fondation Franklinia également fonda- mis, limaces, escargots, souris et autres les publications phytosociologiques mental, car il garantit depuis bientôt dix volatiles toujours intéressés ), sans ou- ( description de la composition de forêts ans la sécurité du fnancement des opé- blier les aléas climatiques. Une atten- typiques comme les hêtraies, chênaies, rations. C’est grâce à cette généreuse tion de tous les instants, du début du frênaies, aulnaies et autres formations contribution que nous avons pu ac- processus à la plante bien installée qui résineuses ou mixtes ). Au Japon la mé- quérir le solde des terrains, aménager a trouvé son emplacement et se déve- thode européenne, développée par un cheminement qui traverse toute la loppe, à la plus grande satisfaction de Braun-Blanquet, a été reprise par Akiro forêt, permettant une découverte dans tous les intervenants. Miyawaki et adaptée à son contexte d’excellentes conditions. La possibilité est-asiatique. Une approche qui nous de retourner régulièrement au Japon Nous espérons qu’avec le temps, la est familière et qui facilite les parallèles. pour récolter les semences nécessaires collection pourra intéresser aussi bien Dans les grandes lignes, le Japon oc- à la réalisation des différents secteurs, les chercheurs d’ici que du Japon. cupe les zones dites tempérée froide, et mieux connaître les conditions et qui correspondent à nos conditions, milieux dans lesquelles se développent Le développement de la maladie res- et tempérée chaude. Au niveau de la toutes ces forêts n’est possible qu’à ponsable du dépérissement du frêne, plaine, la césure se situe juste au-dessus l’aide de cette contribution. chalarose du frêne, ( Chalara fraxinea ) a de Tokyo. pu être suivi par l’EPFZ, dans nos condi- Cette connaissance du terrain per- tions, sur des espèces de frêne japo- Dans nos conditions, seules les forêts met également de mieux apprécier la naises côtoyant le frêne indigène. Un de la zone tempérée froide sont en plasticité de certaines espèces ou, au premier exemple de l’utilité que peut principe à l’abri des aléas climatiques contraire, leurs exigences spécifques présenter une telle forêt. ( grands froids ! ). Quelques essences diffciles à estimer d’une autre manière. de la zone désignée comme zone de Ces visites se font essentiellement dans La forêt japonaise de l’Arboretum transition semblent encore aptes à le cadre des forêts d’enseignement de éveille de plus en plus la curiosité des se développer, avec un certain risque l’Université de Tokyo, le réseau de sta- visiteurs. Le circuit mis en place doit en- cependant. Parmi les essences intro- tions de recherches du FFPRI ( Forestry core stimuler l’intérêt pour cette réali- duites en provenance de la zone tem- and Forest Product Research Institute ), sation. Pour le public, le monde végétal pérée chaude, il faut noter que ces plantes ne sont généralement pas ou peu rustiques, avant d’avoir atteint une taille de 1.5 à 2.0 m. Passé ce stade, la rusticité est pourtant meilleure. Le réchauffement climatique, et les der- nières années chaudes que nous avons connues, nous aident certainement. Actuellement, le projet se développe de manière très satisfaisante, grâce à l’équipe des bénévoles du mardi qui soutient son développement par une contribution régulière très appréciée.

Mis à part cette équipe de base, nous avons pu compter par le passé sur l’équipe forestière de Genève qui proftait de l’occasion pour faire dé- couvrir l’Arboretum et la richesse des essences à ses apprentis. La Ville de Lausanne met également à disposi- tion une équipe forestière qui nous apporte fdèlement son concours. Un groupe d’ingénieurs forestiers retraités Sur les traces du Sciadopitys, Koyamaki, avec le FFPRI Kiso-Fukushima, automne 2008

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Jaques Perrot ∙ Vigneron-encaveur ∙ Tél et Fax 021 807 30 31 ∙ 1165 Allaman www.vins-verex.ch japonais caractérisé avant tout par la foraison des cerisiers et les couleurs d’automne. Le programme culturel gra- vitant autour de cette réalisation doit permettre de mieux la faire connaître et apprécier.

Cette belle réalisation a été naugurée dans le cadre des manifestations de la célébration du 150e anniversaire des re- lations diplomatiques entre la Suisse et le Japon le 14 septembre 2014.

De chaleureux remerciements à tous ceux qui ont participé ou qui parti- cipent de près ou de loin à cette réa- lisation.

Pour assurer le développement de la Forêt japonaise de l’Arboretum, nous L'hiver sur la forêt japonaise cherchons encore un soutien pour la construction d’une passerelle enjam- bant l’Aubonne, d’une Maison de thé, la mise en place d’un Tori et la création du Jardin japonais qui devraient venir compléter cet aménagement.

En résumé, un projet ambitieux encore loin d’être achevé.

Au plaisir de vous rencontrer lors de l’une ou l’autre des visites et manifesta- tions ou/et de vous accueillir à titre de bénévole.

Sylvain Meier, ing. forestier EPFZ

Quelques points forts de « L’ année japonaise » à l’Arboretum

Courant avril : « Hanami », Fête des cerisiers avec le Cercle Suisse Japon 1 2 Mi-juin : « Fête japonaise »

Mi-juillet : stage de teinture végétale japonaise avec Betty de Paris

Début septembre : visite dominicale dans le cadre des 3 4 visites de l’Arboretum : « Prémices automnales »

1 Edgeworthia chrysantha 'Red Dragon' Mi-octobre : 2 visite « Couleurs automnales » dans Magnolia pseudokobus le cadre de l’automne de la culture 3 Quercus dentata japonaise du Consulat du Japon 4 Sorbus commixta var. wilfordii à Genève 5 Liriope spicata 5

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Il y a quelques années, j’avais lu le roman de Yasunari Kawabata intitulé Kyôto. Les premières pages du livre nous présentent une jeune flle qui voue la plus vive attention à un érable voisin du magasin où elle travaille, et plus exactement à une cavité dans le tronc de cet arbre, permettant la forai- son d’une touffe de violettes. Ce hors- d’œuvre floral introduit un épisode plus typiquement japonais. Un ami de la jeune vendeuse lui téléphone « pour l’inviter à aller voir les cerisiers du sanc- tuaire shintô de Heian Jingu. Un de ses amis étudiants, lui dit-il, lui avait appris que c’était la pleine foraison. »

Se déplacer spécialement pour aller voir des cerisiers en feurs… La suite du roman nous apprend qu’il ne s’agit pas seulement de l’aimable fantaisie d’un jeune homme qui a trouvé ce moyen Un verger de cerisiers en feurs élégant de faire sa cour à l’élue de son cœur. Au Japon, des foules se livrent à fois frappé par la beauté du site de de ces arbres jusque dans les casernes, cette espèce de pèlerinage qui marque Saconnex d’Arve – selon le nom exact pour stimuler l’ardeur guerrière des façon tangible le début du printemps. que prononçait mon père, et que l’écri- conscrits. On offrait naguère des bou- teau officiel a simplifié aujourd’hui quets de ces feurs aux aviateurs par- Cette lecture m’a rappelé un souvenir en « Saconnex d’Arve » – lieu-dit de la tant pour des missions suicidaires… personnel. Quand j’étais enfant, mes commune de Plan-les-Ouates, dans le parents avaient l’habitude de se rendre canton de Genève. J’ai pris l’habitude Allons… Ce terrain est glissant, et je ne chaque année à un endroit de la cam- de m’y rendre chaque année, autant suis pas sûr que, la prochaine fois que pagne genevoise où, disaient-ils, on que possible, car l’épisode foral ne j’irai de nouveau à Saconnex d’Arve, je peut découvrir d’immenses vergers pa- dure pas très longtemps, et il faut me sentirai en complète communion rés de la blancheur des feurs de cerisier. tomber « au bon moment » si l’on veut avec les pèlerins japonais. A l’époque je n’y attachais pas grande le découvrir dans tout son éclat. Ce importance, et je ne crois pas que mes faisant, il me plaisait de me rattacher parents m’aient proposé de les accom- en idée au grand rite qu’observent, à pagner dans ce déplacement qui, me l’autre bout du monde, nos amis ja- semble-t-il, avait quelque chose d’un ponais. Différence, me disais-je, entre rite secret, réservé à quelques initiés. Il deux hémisphères. Ici, personne ne se faut dire qu’ils étaient tous les deux bo- soucie de ce spectacle magnifque. Là- tanistes; ils savaient que leur goût pour bas, un peuple entier communie dans la nature végétale n’était pas partagé cette découverte chaque année renou- par tous. Ils vivaient dans un monde qui velée d’une merveille de la nature… – même en zone urbaine – se composait essentiellement de plantes et d’arbres Etais-je devenu, sur les traces de dont ils connaissaient la localisation. Il Nicolas Bouvier, un discret spectateur n’est pas impossible que d’autres lieux, des coutumes ancestrales de l’Empire au moment d’autres foraisons, aient du Soleil levant ? Ces derniers temps, également requis leur attention. je l’avoue, mon idylle a été quelque peu troublée. J’ai appris que là-bas, Il reste que l’éclosion des fleurs de la dévotion aux feurs de cerisier n’est cerisier avait dû germer dans mon pas seulement l’expression d’un délicat esprit, puisque bien des années après, sentiment poétique. Cette coutume a quand je pris l’habitude de sillonner le pris depuis le dix-neuvième siècle un canton à bicyclette, je fus plus d’une tour nationaliste, suscitant la plantation

21 Sumo et bonsaï Jean-François Robert

Le Japon n’est pas facile à saisir. Si Le karaté tout d’abord est originaire neige, alors que celles du saule, toutes nous avons choisi pour en parler de du Nord de la Chine, où il était connu de souplesse, se redressaient sans juxtaposer sumo, un art martial tradi- vers l’an 500 déjà. De là, il s’exporte et dommage, eut l’idée de développer tionnel, et bonsaï, ces arbres nains, se développe sur l’île d’Okinawa qui se une technique d’auto-défense utilisant ferté du foyer, c’est qu’ils caracté- trouve au sud du Japon, dont elle était le poids de l’adversaire pour le maîtri- risent ensemble l’esprit de ce pays, alors indépendante, et qui entretenait ser. ( Version japonaise et inattendue écartelé entre les arts martiaux et la des contacts réguliers avec la Chine de la fable de Jean de la Fontaine : contemplation de la nature. Sumo : jusqu’à son annexion par le Japon au Le chêne et le roseau.) l’homme surdimensionné et bonsaï, XVIIe siècle. Cette discipline dont le l’arbre miniaturisé. Contradiction… en nom signife “ la voie de la main vide Le sumo enfn, qui est un sport ja- apparence seulement, car le Japon est ( ou nue ) “ soit l’art de se défendre ponais de lutte qui signife “ frapper un pays de violence, une violence maî- main nues, fut adoptée par le Japon. mutuellement “ et qui doit se prati- trisée et contrôlée, et simultanément quer par des hommes nourris spéci- de méditation shintoïste devant l’arbre Le ju-jitsu, qui signife “ art doux, ou fquement pour devenir obèses. Il est vénérable dans sa petite dimension ! vérité douce“, se distingue du ju-jut- mentionné en 712 déjà et fait partie Contraste entre la guerre et la séréni- su qui est “ l’art de la souplesse“. Ces d’un rituel religieux shintoïste des- té, entre le tatami des arts martiaux et deux disciplines furent confondues par tiné à honorer les dieux et à obtenir l’infni du paysage sur lequel s’ouvrent les Occidentaux à la fn du XIXe siècle. de bonnes récoltes. Le sumo devra en permanence les torii, ces portes en Elles consistent à éviter l’attaque fron- remplir par la suite des objectifs mi- forme de pi de l’alphabet grec, sans tale d’un adversaire plus fort que soi, litaires pour immobiliser l’adversaire, vantaux, ouvertes à tous vents et qui cela sans lui opposer de force brutale, notamment lors de la guerre contre devaient aussi délimiter une aire sa- mais en utilisant celle de l’attaquant les invasions Mongoles. Puis, avec le crée de l’espace profane. ( pour le terrasser ). L’origine de cette shogunat Tokugawa, en 1603, la paix discipline purement japonaise est ap- étant rétablie dans le pays réunifé, les Peut-être n’est-il pas inutile de rappe- parue en 792, en même temps que combats de sumo, présentés par des ler ici quelles sont les caractéristiques les samouraïs. La légende veut qu’un professionnels, ne servent plus guère quasi philosophiques des principaux sage, observant les branches d’un qu’à divertir les classes bourgeoises. arts de combat japonais ! chêne se brisant sous le poids de la Dès le XVIIIe siècle, le sumo sera dé- crété sport national.

Le bonsaï : Bonsaï est un nom japonais dérivé du chinois “ pinyin “ qui signife “ planter ou prendre soin de plantes en pot “. En Chine, le mot pinyin s’est transformé en “ penjing “, qui signi- fe “ paysage en pot “, car les Chinois ajoutaient souvent un rocher dans ce jardin de poupée, alors que les Japo- nais donnaient la préférence à l’arbre seul, le bonsaï. Les bonsaïs ont été introduits de Chine au Japon pendant la période dite “ Heian “, soit entre 794 et 1192, très probablement en même temps que le bouddhisme. Ils cherchent à évoquer en miniature la puissance du vieil arbre séculaire avec sa structure tourmen- tée, ses moignons de branches, ses blessures, les gerçures de son écorce et les torsions de ses fbres. Assimilés à des œuvres d’art, les bonsaïs, objets de contemplation et de médita- tion, symbolisent l’éternité et l’harmo- nie entre l’homme et la nature mais également la puissance secrète qui émane des vieux arbres. De facto, les bonsaïs étaient aussi symbole de gran-

22 deur pour les seigneurs et les nobles de la cour. Actuellement, les bonsaïs séculaires sont considérés comme patrimoine national et, à ce titre, ne peuvent quitter le Japon. Ainsi, au Japon, l’arbre dont la taille a été réduite, mais qui incarne la du- rée, est-il simultanément emblème de force, rejoignant par là le sens et le symbolisme des arts martiaux. Mi- niaturisé, l’arbre règne dans le salon, objet de vénération, et entretient la médiation des résidents dans la quié- tude du foyer.

Mais il y avait aussi l’arbre de plein vent, celui des jardins japonais, les- quels plantent aussi leurs racines dans les relations anciennes avec la Chine. Ils ne sont pas à considérer comme des jardins d’agrément, mais visités comme lieux de contempla- tion, conçus comme de véritables ta- bleaux vivants. L’arbre y valorise les plans d’eau, les ponts arqués qui les enjambent, le jeu plastique des col- lines et des vallonnements… L’arbre devient acteur et porteur de beauté gratuite dans un décor de rêve. Hanami, fête des cerisiers du Cercle Suisse Japon à l'Arboretum, avril 2010

Autre manifestation chère aux Japo- On note aussi que l’arbre ne joue pas le En guise de conclusion, nous nous nais : la Fête des cerisiers en fleurs. même rôle dans la peinture japonaise contenterons de remarquer qu’en Chine, Une manifestation liée plus à la fleur que dans la peinture chinoise, bien l’arbre et son symbolisme constituent qu’à l’arbre lui-même. Elle remonte que le Japon soit tributaire de la Chine une partie quasi obligée des tableaux. au VIIIe siècle, originaire d’Okinawa, dans le domaine pictural aussi. Mais la Alors qu’au Japon, si la peinture ne leur elle est devenue une fête nationale peinture japonaise se confna, durant réserve pas une place d’honneur, l’arbre au XVIIe siècle. La fête correspond à des siècles, dans le portrait des saints lui-même est un tableau. Il règne dans la période de l’année, en mars-avril, et des empereurs. Ce n’est qu’à partir ces jardins japonais où il façonne le pay- où il fallait planter le riz. Aujourd’hui, du XVIe siècle que le paysage fait son sage, lui donne sa dimension cosmique, elle n’est plus qu’une simple fête de apparition, modestement d’abord. Par invitant à la contemplation et à la médi- printemps, un lieu où le peuple va la suite, les sujets de nature deviennent tation. A quoi s’ajoute la présence tu- pique-niquer en admirant la florai- plus fréquents, notamment à partir du télaire des bonsaïs dont les formes à la son, symbole de renouveau. XVIIIe siècle. Les arbres le plus souvent fois tourmentées et gracieuses invitent représentés sont les pins, les érables, au rêve. les cerisiers, ( avec ou sans feurs ), ain- si que les saules. Les bambous éga- lement, rejoignant la sensibilité des maîtres chinois. Parmi les éléments de prédilection, les peintres japonais choisissent les paysages enneigés qui mettent en valeur la structure graphique des arbres dénudés. Il va sans dire que le cerisier occupe une place de choix, tant pour sa silhouette hiéroglyphique que pour ses rameaux feuris.

23 Le jARDIN comme nulle part ailleurs

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Désolé de voir des variétés anciennes Du point de vue physiologique, cette disparaître, Sam van Aken, professeur création chimérique reste évidem- d’art à l’Université de Syracuse, ac- ment diffcile à optimiser pour la quiert en 2008 un verger expérimental complémentarité des greffons et des de l’Etat de New-York, délaissé faute porte-greffes. De plus, le temps, le de moyens suffsants. travail et les soins exigés pour la créa- tion de cet arbre, le rendent pratique- Ayant grandi dans une ferme en ment inutilisable pour une agriculture Pennsylvanie, il décide de créer un de production. Arbre aux 40 fruits. Pour ce faire, il greffe différentes variétés de fruits à L’artiste est conscient que sa création noyau : pêches, prunes, abricots, nec- "ne va pas régler le problème de la tarines, cerises et même amandes. faim dans le monde". Elle est, entre "L'idée étant de réunir un verger en- autres, une métaphore de la mondia- tier sur un seul arbre", déclare-t-il au lisation et du multiculturalisme. Sam Business Insider. van Aken espère qu'elle permettra d'attirer l’attention du public sur l’im- C’est ainsi qu’après avoir sélectionné pact des grandes monocultures et des plus de 250 variétés de son verger, dont méthodes de production industrielles certaines atteignaient 200 ans, et étu- qui font perdre la diversité dans notre dié leur calendrier de foraison, il s’est production alimentaire et accélèrent mis à construire son arbre, branche la disparition des variétés anciennes, après branche. Il greffe ensuite les dif- héritées et natives, qui n'ont pas d'in- férents types d'arbres fruitiers les uns térêt immédiat pour l'agriculture. sur les autres, par une technique de greffe d’œil (chip-budding). Partant d’un porte-greffe de deux ans, sur lequel il a initialement implanté une vingtaine de greffons, il greffe ensuite les autres variétés afn d’obtenir son Arbre aux 40 fruits, et cela au terme de cinq ans de croissance.

Sam van Aken a actuellement réalisé 16 Arbres aux 40 fruits plantés dans divers musées de New York, du Massa- chussetts et du New Jersey.

Inspirée des tableaux de Monnet, la démarche de Sam van Aken est avant tout artistique. C’est au moment de la foraison que la magie opère : des feurs dans différents camaïeux de rouges, roses, blancs ou violets ap- paraissent sur les branches. Ces feurs laissent ensuite la place à de multiples fruits en été. Une même branche peut, par la suite, accueillir des pêches, des prunes et des abricots.

Illustration de l'artiste Sam Van Aken (Source : www.samvanaken.com)

25 Prunus japonica sphaerica

Prunus japonica sphaerica Cet article est tiré de la Revue Horticole ( éditée par la d’un rouge foncé vineux. Chair Nous ne pouvons le dire ; dans tous Librairie Agricole de la Maison Rustique – Paris, 1890 ). Cet ouvrage est propriété de la Bibliothèque Suisse de aqueuse, à jus rouge, abondant, les cas la chose mérite d’être ten- Dendrologie – Arboretum du Vallon de l'Aubonne. mucilagineux, sucré, légèrement aci- tée, ce que nous ne manquerons pas dulé. Noyau ovale-arrondi, à peine de faire. légèrement mucronulé, à surface Arbuste de bonne vigueur, pouvant unie. Maturité vers le milieu d’août. Obtenu par nous, il y a une dou- atteindre 80 centimètres à 1 mètre zaine d’années, le Prunus japonica de hauteur, ne formant jamais de Multiplication – On la fait par bouture sphaerica, en plein terre depuis cette tiges, mais un large buisson arrondi. et par drageons qui repoussent du époque, forme un buisson vigoureux Branches très-nombreuses, dressées, pied, et aussi de boutures comme cela et très-rustique, qui jamais ne souffre efflées, ténues, à écorce gris-roux, a lieu pour les Prunus sinensis et japo- du froid. Chaque année il se couvre rouge sur les bourgeons. Feuilles, nica. On le multiplie aussi par la greffe de feurs auxquelles succèdent des lors du premier développement, sur Myrobolan, sur lequel il pousse fruits, à l’aide desquels on peut le étroitement ovales, sensiblement bien, mais ne vit pas longtemps. multiplier, moyen que nous recom- rougeâtres. Fleurs paraissant en Issu du Prunus japonica, dont il a les mandons comme pouvant donner des même temps que les feuilles, parfois principaux caractères, avec la vigueur variétés, mais nous paraît peu propre même avant celle-ci, excessivement plus grande, cette variété ne peut, à conserver le type pur. abondantes, réunies en nombreux dans aucun cas, s’élever à tige. fascicules. Boutons rose vif, réunis Pourrait-on, de ce type particulier et si E.-A. Carrière en sortes de glomérules et cachant distinct, obtenir des sortes à gros fruits presque complètement les rameaux. se rapprochant des Prunus domestica ?

Fleurs pédonculées, rose clair, di- versement nuancées et formant, par ce fait, des contrastes constamment variables suivant l’état de foraison. Etamines petites, nombreuses, à an- thères courtement ovales.

Cette description peut donner une idée de la plante à l’époque de sa foraison, qui arrive dans la première quinzaine d’avril. A ce moment, l’ar- buste disparaît sous une masse de feurs d’un très-joli effet, rose clair, scintillant.

Les caractères de pleine saison sont les suivants : Rameaux ténus, maigres, à écorce d’un vert gris un peu roux cuivré. Feuilles très-rapprochées, courte- ment ovales, promptement atté- nuées aux deux bouts, plus rarement acuminées en une pointe cuspidée au sommet, alternes, subdistiques par renversement, très courtement pétiolées subsessiles ( 2 milimètres ). Limbe très-mince, d’une nature sèche, très-sensiblement nervé, surtout en dessous, d’un vert clair luisant en dessus, très-fnement denté, à dents aiguës. Fruits mutiques ou courte- ment mucronulés, d’environ 12 milli- mètres de diamètre, sur un pédoncule de 10 – 15 millimètres de longueur, subsphériques ou un peu plus hauts que larges. Pédoncule ténu, d’environ 12 millimètres. Peau unie, luisante, Nouvelles maladies fongiques d’espèces ligneuses identifées à Genève Bastien Cochard, Sabrina Pasche, Martine Hänzi, Pegah Pelleteret, Julien Crovadore, François Lefort

Dans le cadre des acti- Cryptostroma corticale, agent de Par la suite, le mycélium va se déve- la maladie de la suie de l’érable lopper sous l’écorce et le liber, créant vités de l’Observatoire L’agent de la suie de l’érable est un des chancres qui, en éclatant, font ap- champignon ascomycète de la famille paraître des plaques poudreuses de cantonal des maladies des Xylariaceae découvert et isolé pour spores noires. Les symptômes appa- la première fois en 1899 sur un érable raissent plusieurs mois après l’infec- des plantes ornemen- champêtre nord-américain ( Ellis & tion initiale. Des rameaux de la cime Everhart 1889 ). Nommé Cryptostroma dessèchent, des chancres apparaissent tales, plusieurs espèces corticale ( Ellis & Everh.) P.H. Greg. & sur l’écorce du tronc, puis l’écorce se de champignons pa- S. Waller, seul le stade anamorphe en détache en plaques dévoilant une suie est connu. Il a été récemment démon- noire ( Photos 2 et 3 ). Dans le cas de thogènes inhabituelles tré, par phylogénie moléculaire, que Genève détecté en 2014, des prélè- cette espèce appartient au genre vements dans l’aubier à la tarière de ont été identifées à Biscogniauxia. Ce champignon pré- Presler et des fragments d’écorce ont sente aussi un problème de santé hu- été mis en culture. Permettant ainsi Genève sur des arbres maine car ses spores, très allergéniques, d’isoler le champignon dont l’identi- causent des pneumopathies allergiques té a été révélée par génétique molé- dépérissants. chez l’humain, pouvant conduire à des culaire confrmée. A noter que deux troubles respiratoires graves chez cer- autres cas ont été observés en 2015 taines personnes. Ce qui implique que à Genève. Nous présentons ici quelques espèces des mesures de protection doivent être provoquant des maladies peu connues prises lors de l’abattage de sujets ma- en Suisse. Pathogènes latents déjà, lades. Souvent observé en zone urbaine présents comme endophytes ou patho- en Europe, surtout après la canicule gènes opportunistes émergents, révé- de 2003, il a été identifé en montagne lés par le réchauffement climatique, de en Italie en 2015. nombreuses questions quant à la nature de ces pathogènes et sur le risque posé Cette maladie ne semble pas être épi- au patrimoine arboré sont en suspens. démique, mais apparaît sur des sujets Il est néanmoins nécessaire de mieux déjà affaiblis par des stress abiotiques, connaître les causes et caractéristiques notamment suite à des périodes de de ces nouvelles maladies, afn de les fortes chaleurs et de sécheresse. Les circonscrire. Durant l’été 2014, un cas de spores, dispersées par le vent, colo- 2 suie de l’érable sur un érable champêtre nisent les arbres par le biais de bles- ( Acer campestre ) dû à Cryptostroma sures et le champignon va dès lors se corticale et deux cas de chancre cytos- développer en profondeur dans les poréen sur des peupliers euraméricains tissus de l’arbre. En réponse à l’infec- (Populus x euroamericana ) dû à Cytospora tion, l’hôte va cloisonner les zones chrysosperma furent identifés généti- atteintes et sécréter des métabolites quement pour la première fois sur le secondaires au niveau des parois cellu- territoire genevois. Dans les deux cas laires, provoquant une coloration verte les arbres présentaient des signes de jaunâtre de l’aubier, visible lors d’une dépérissement très avancés, tels que coupe transversale du tronc ( Photo 1 ). desquamation de l’écorce et plaques de suie noire dans le cas de l’érable, efflo- chement de l’écorce et coloration noire du bois sur plusieurs branches charpen- tières sur les peupliers. Pour la première fois, des chancres de l’écorce dus à Gnomoniopsis smithogilvi ont été ob- servés sur châtaignier. Enfn Geosmithia langdonii et deux autres espèces incon- nues de Geosmithia ont été isolées d’un orme dépérissant. 1 3

28 Cytospora chrysosperma, agent forestières et en espaces verts. Des Gnomoniopsis smithogilvyi. Déjà connu du chancre du peuplier échantillons prélevés en 2014 sur deux pour provoquer la pourriture des châ- Cytospora chrysosperma ( forme sexuée peupliers et un érable symptomatique taignes notamment en Suisse, en France, Valsa sordida ) est un champignon ont permis d’isoler ce champignon en en Australie, en Nouvelle-Zélande et en ascomycète de la famille des Valsaceae, culture pure et de l’identifer par géné- Italie, il n’avait encore jamais été obser- considéré comme saprophyte ou pa- tique moléculaire. vé comme responsable du chancre mis à thogène opportuniste et lié au dépé- part récemment en Inde. La dissémina- rissement d’arbres du genre Populus tion de ce pathogène représente donc principalement. Ce parasite de faiblesse Gnomoniopsis smithogilvyi, un nouveau déf pour la lutte phytosani- attaque principalement des arbres déjà responsable de la pourriture de taire, notamment en matière d’objectifs affaiblis par des stress liés à de mau- la châtaigne et de chancre du de sélection, puisque les variétés dési- vaises conditions pédoclimatiques, des châtaignier rées devront présenter une résistance attaques répétées de ravageurs ou de Dans le cadre d’une étude visant à tester à la fois à Cryphonectria parasitica mais pathogènes foliaires, mais également une méthode de lutte biologique pré- également à Gnomoniopsis smithogilvyi. suite à des blessures mal cicatrisées. ventive contre Cryphonectria parasitica, Après germination des spores sur une l’agent du chancre du châtaignier, il est lésion de l’arbre, le mycélium se déve- apparu que le matériel végétal destiné loppe sous l’écorce. Durant l’hiver, les aux expérimentations était naturelle- pycnides vont apparaître sur le tronc ou ment infecté par un autre pathogène. les branches infectées. Elles renferment Des châtaigniers, greffés en pots et culti- un nombre important de conidies dont vés sous serre à Cadenazzo, ainsi que la viabilité est de plusieurs mois. Ces des scions provenant d’un châtaignier pycnides de couleur grise noirâtre, ap- non greffé et évoluant en chambre cli- paraissent en grand nombre sur la partie matique à Genève, ont tous présenté infectée de l’arbre et, dès que les condi- des symptômes très similaires à ceux tions climatiques sont favorables ( hygro- provoqués par C. parasitica (Photo 5). métrie élevée ), des cirrhes jaune orange En effet, les symptômes provoqués par à orange vif émis par les pycnides, li- ce champignon induisent l’apparition de bèrent les spores disséminées alors par pycnides et de stromas jaunes à oran- le vent et la pluie. A l’abattage, l’aubier gés sur le tronc et les branches. A ma- révèle une teinte brune rougeâtre virant turité, les pycnides libèrent des cirrhes sur le noir, ainsi qu’une texture humide. de même couleur portant les conidies. Au dernier stade de la maladie, l’écorce Cependant, lors de cette étude, au lieu se dessèche et se craquelle en s’efflo- du jaune orangé habituel, les pycnides chant et le bois prend une teinte noirâtre observées étaient rouges orangées, les ( Photo 4 ). Sur peuplier, cette maladie stromas gris, et les cirrhes de couleur est relativement virulente. En effet, entre crème à beige (Photo 5). L’application l’infection primaire et la mort de l’hôte, du Postulat de Koch (Photo 6), le sé- la durée est de deux à cinq ans. Cette quençage de plusieurs gènes et une maladie a peu d’incidence économique analyse morphologique ont permis de en peuplement naturel mais elle peut démontrer que l’agent responsable cependant être agressive en pépinières de ces symptômes était le champignon

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Pour en savoir plus : 1. Cochard B., Crovadore J., Bovigny P.-Y., Chablais R., Lefort F. 2015. First report of Cryptostroma corticale causing sooty bark disease in Acer sp. in Canton Ge- neva, Switzerland. New Disease Report 31,:8. [http:// dx.doi.org/10.5197/j.2044-0588.2015.031.008]

2. Pasche S, Calmin G, Auderset G, Crovadore J, Pelleteret P, Mauch-Mani B, Barja F, Paul B, Jermini M, Lefort F. 2016. Assessment of chestnut canker symp- toms showed unexpected evidence for Gnomoniopsis smithogilvyi prevalence in Castanea sativa shoots in Switzerland. Fungal genetics and biology 87:9-21 doi:10.1016/j.fgb.2016.01.002

3. Cochard B., Lefort F. 2016. Cas de suie de l’érable et de chancre du peuplier dans le canton de Genève. 8 Schweizerische Zeitschrift für Forstwesen (sous presse)

31 Procès-verbal de l'Assemblée générale 2015 Jean-Pierre Jotterand

Assemblée générale du 14 juin 2015 Un changement intervient à la tête de gustatives et culturelles sont annon- la commission technique. Alexandre cées pour la saison 2016. La situation Aperçu des sujets abordés Monod remplace Dominique Verdel fnancière de l’Association reste ten- et/ou traités. qui souhaite être déchargé de la fonc- due. Des apports financiers par des Cinquante, tel était le nombre de tion présidentielle. Hommage lui est sponsors et des mécènes sont indis- personnes présentes aux débats de rendu. Au sujet de la gestion du do- pensables pour assurer l’équilibre des l’Assemblée et que le Président maine, le nouveau président relève comptes. La difficulté réside dans Pierre-Alain Blanc s’est plu à accueillir en substance : de nombreuses coupes le fait que les donateurs potentiels chaleureusement. Il salue plus parti- de bois et la plantation de diverses hésitent à fnancer l’exploitation du culièrement la présence de Madame espèces d’arbres, l'aménagement de domaine, le « ménage » comme on Sandrine Verado, municipale à Allaman, nouveaux emplacements pour les ro- dit communément. Ceux-ci préfèrent seule représentante des autorités siers, l’amélioration et l'extension de fnancer des projets concrets, assu- communales, par ailleurs retenues par nouveaux sentiers. La création d’un rant ainsi une publicité indirecte pour l’Assemblée générale des communes nouveau cheminement dans la forêt leur entreprise. Or, les cotisations des vaudoises, et de Monsieur Jean-François japonaise fait l’objet d’une fête ho- membres et les subventions – can- Métraux, Inspecteur cantonal des fo- norée par la présence du Consul du tonales et communales, ainsi que le rêts, qui porte un intérêt marqué pour Japon. L’important travail fourni par bénéfce cumulé des diverses mani- les multiples activités de l’Arboretum. Roger Corbaz pour la remise en valeur festations, ne suffsent pas à couvrir des variétés anciennes de fruits sera ce type de dépenses. Il est donc très Il fallait que cela fût dit d’emblée par complété par l’introduction d’une es- important de trouver de nouvelles res- le Président dans son intervention pèce ancienne provenant de la région sources. C’est pourquoi le comité a parce que cette réalité est vitale pour bâloise. Elle présente la particularité mandaté un institut spécialisé dans la le bon fonctionnement de l’Arboretum : de résister aux maladies. Cette dé- recherche de fonds. Nous attendons l’ambiance générale est excellente couverte permettra d’alimenter la re- avec impatience le résultat de cette entre le personnel du terrain ( salariés cherche en vue de proposer au marché démarche. Pour l’exercice 2014, le et bénévoles ), les collaboratrices et des produits sans apport chimique. compte d’exploitation fut négatif à les collaborateurs administratifs et de raison de Fr. 1'789.92. la logistique, y compris celles et ceux Après une léthargie provoquée par la qui interviennent sporadiquement en remise en état des locaux en 2014, Cette assemblée, relativement courte, fonction des événements. C’est donc le Musée du Bois s’éveille à nouveau. fut paradoxalement, le reflet d’une avec reconnaissance qu’ils furent re- Un conservateur entre en fonction en organisation qui fonctionne bien. La merciés. Puis il enchaîna en relatant la janvier 2015 au taux de travail de 25 %. restructuration du management est visite de notre site par une délégation Daniel Formigoni bénéficie d’une pleinement opérationnelle, et soulage du Conseil d’Etat à l’occasion de la solide formation dans les domaines de facto le comité qui peut, désormais, sortie annuelle de notre gouvernement, touchant au bois ( menuisier-ébéniste, réserver plus de temps à la réfexion cette année dans le district de Morges. luthier et archetier ). Il est très atta- stratégique. ché à la mise en valeur de l'outillage La communication, plus précisément servant à la fabrication des objets ainsi la qualité de celle-ci, et la détermi- que pour les objets domestiques eux- nation précise des récepteurs exige mêmes. A noter qu’une exposition de une attention soutenue pour la mise cuillères en bois est d’ores et déjà en au point d’une stratégie souple, sans préparation. cesse adaptée à l’évolution des mo- des et des besoins. Dans cette pers- De nombreux événements organisés pective, des collaborations furent par le secteur Arbrespace ont émaillé nécessaires, notamment avec l’Offce l’exercice en revue. Nous les énumé- de tourisme de Morges et les écoles rons succinctement : la Fête du prin- vaudoises, voire avec d’autres régions temps, l’inauguration du sentier de la romandes. Enfn, les statuts de l’Asso- forêt japonaise, les Thés dansants, la ciation furent revisités pour mieux Fête de l’automne, les activités péda- défnir les buts et alléger la structure gogiques, les brunchs familiaux, les ( suppression du Bureau et diminution mariages et les séminaires d’entre- du nombre des membres du comité ). prises. Les thés dansants mis à part – ils Cette opération résulte de la réorgani- furent supprimés par la suite – toutes sation en profondeur réalisée en 2014 ces prestations rencontrèrent un et évoquée dans le précédent Bulletin. franc succès. Enfn, des nouveautés

32 Procès-verbal de l'Assemblée générale 2015 Rapport fnancier de la FAVA Jean-Pierre Jotterand Fondation de l’Arboretum du Vallon de l’Aubonne Bilan au 31 décembre 2014

BILAN en CHF ACTIF 31.12.2014 31.12.2013 PASSIF 31.12.2014 31.12.2013

Actif circulant Fonds étrangers Liquidités Dettes à long terme BCV T 971.16.46 23’272.60 24’301.75 CEA hypothèque 76.502.352.84.1 200’000.00 - CEA 38.855.067.455.1 - 409’760.97 CEA 76.502.352.750.7 4’147.60 - Total fonds étrangers 200’000.00 - 27’420.20 434’062.72 Autres créances Fonds propres Débiteur AAVA - - Réserves Impôt anticipé à récupérer 78.36 2.55 Fonds projet Franklinia 8’000.00 8’000.00 78.36 2.55 Fonds « musée et ancienne ferme » - 409’760.97 8’000.00 417’760.97 Total actif circulant 27’498.56 434’065.27

Capital Actif immobilisé Capital au 1er janvier 1’471’969.70 1’471’983.86 Immobilisations corporelles Résultat de l’exercice -1’568.56 -14.16 Terrains & immeubles 7’576’000.00 7’576’000.00 1’470’401.14 1’471’969.70 Fonds d’amortissement -6’140’000.00 -6’140’000.00 1’436’000.00 1’436’000.00 Total fonds propres 1’478’401.14 1’889’730.67

Rénovation maison des chênes 19’665.40 19’665.40 TOTAL DU PASSIF 1’678’401.14 1’889’730.67 Rénovation ferme de Plan 195’237.18 - 214’902.58 19’665.40

Total actif immobilisé 1’650’902.58 1’455’665.40

TOTAL DE L’ACTIF 1’678’401.14 1’889’730.67

PROFITS ET PERTES EN CHF PRODUITS Ex. 2014 Ex. 2013 CHARGES Ex. 2014 Ex. 2013

Produits Charges Participation de l'AAVA - - Intérêts et frais bancaires 18.67 24.02 Intérêts hypothécaires 754.52 - Dons Autres frais 1’012.00 - Dons - 309’704.42 Amortis. travaux ancienne ferme 409’760.97 - Contributions de l’AAVA - 100’000.00 Attribution au Fonds entretien bât. - - - 409’704.42 Att. Fonds « musée et anc. ferme » - 409’760.97 411’546.16 409’784.99 Autres produits Dissol. Fonds musée et anc. ferme 409’760.97 - Produits fnanciers 216.63 66.41 TOTAL DES CHARGES 411’546.16 409’784.99 409’977.60 66.41 Résultat de l’exercice -1’568.56 -14.16 TOTAL DES PRODUITS 409’977.60 409’770.83 409’977.60 409’770.83

33 Rapport fnancier de l’ AAVA Association de l’Arboretum national du Vallon de l’Aubonne Bilan au 31 décembre 2014

BILAN en CHF

ACTIF 31.12.2014 31.12.2013 PASSIF 31.12.2014 31.12.2013

Actif circulant Fonds étrangers Liquidités Dettes résultant d’achats Caisses 86.90 2’067.15 et de prestations PostFinance 15’780.22 64’314.47 Créanciers - 8’526.72 Banques 480’687.50 371’111.90 496’554.62 437’493.52 Provisions à court terme Passifs transitoires 4’345.40 5’080.00 Autres créances Débiteurs 20’000.00 - Total fonds étrangers 4’345.40 13’606.72 Impôt anticipé à récupérer 1’114.01 586.26 21’114.01 586.26 Fonds propres Réserves Total actif circulant 517’668.63 438’079.78 Réserve projet signalétique 22’000.00 22’000.00 Atlas Pomologie 13’880.00 13’880.00 Actif immobilisé Signalétique - Loterie Romande 116’000.00 - Immobilisations corporelles Musée du Bois - 16’759.91 Véhicules & machines 1.00 1.00 Chaîne des Chênes 25’000.00 25’000.00 Bibliothèque de dendrologie 7’962.26 7’962.26 Total actif immobilisé 1.00 1.00 Franklinia 101’314.80 101’314.80 TOTAL DE L’ACTIF 517’669.63 438’080.78 MAVA Promotion - 8’600.00 Provision renouvel. machines/véhic. 45'000.00 45'000.00 331’157.06 240’516.97

Capital Capital reporté 183’957.09 183’140.06 Résultat de l’exercice -1’789.92 817.03 182’167.17 183’957.09

Total fonds propres 513’324.23 424’474.06

TOTAL DU PASSIF 517’669.63 407’180.43

34 PROFITS ET PERTES EN CHF

PRODUITS Ex. 2014 Ex. 2013 CHARGES Ex. 2014 Ex. 2013

Chiffre d’affaires résultant Charges de personnel des ventes et des prestations Salaires & charges sociales 589’548.20 597’082.80 Location Arbrespace 46’135.00 58’629.55 Manifestation Arbrespace 8’215.00 13’265.00 Autres charges d’exploitation Boutique 26’883.20 27’534.75 Exploitation Arbrespace 198’806.19 143’908.81 Buvette 212’415.78 132’497.00 Exploitation Arboretum 70’575.03 67’900.46 Accueil 4’069.70 3’810.00 Autres charges d’exploitation 112’323.02 91’361.22 Recettes de l’Arboretum 38’969.90 26’373.40 381’704.24 303’170.49 Musée du bois 1’155.00 9’508.00 Bibliothèque de dendrologie 7’583.99 9’424.21 Infrastructures 345’427.57 281’041.91 Projets sponsorisés 103’849.80 47’451.50 Autres aménagements 349.70 5’796.75 Dons & cotisations 104’199.50 53’248.25 Cotisations 71’485.00 79’870.00 Dons des membres 52’210.05 40’937.05 Investissements Autres dons et legs 14’801.10 1’146.10 Achat machines et véhicules 10’300.00 16’565.00 138’496.15 121’953.15 Contribution en faveur de la FAVA 100.00 104’940.90 10’400.00 121’505.90 Subventions & participations Aide fnancière du Canton de Vaud 200’000.00 200’000.00 Attributions aux réserves Partenariat SEFA 40’000.00 40’000.00 Franklinia - 74’100.00 Partenariat Caisse d’Epargne 5’000.00 5’000.00 Projet signalétique - 22’000.00 Partenariat avec les communes 21’712.50 25’550.50 P. signalétique - Lot. Romande 116’000.00 - Péréquation communes 35’000.00 35’000.00 Bibliothèque de dendrologie - 828.49 Projets sponsorisés 254’300.00 337’188.35 Renouvellement machines/véhic. - 45’000.00 Loterie Romande - signalétique 116’000.00 - 116’000.00 141’928.49 Projet PAN-OFAG - 31’268.50 Subventions Forêts - 9’988.25 TOTAL DES CHARGES 1’201’851.94 1’216’935.93 672’012.50 683’995.60 Résultat de l’exercice -1’789.92 817.03 Autres produits 1’200’062.02 1’217’752.96 Produits fnanciers 1’533.09 1’727.75 Recettes de l’AAVA 15’016.40 17’621.50 Remboursements des assurances 2’216.45 - 18’765.94 19’349.25

Prélèvement sur les réserves affectées Animation - 50’000.00 MAVA solde CGA - 54’994.00 MAVA Promotion 8’600.00 - Musée du Bois 16’759.91 6’419.05 25’359.91 111’413.05

TOTAL DES PRODUITS 1’200’062.02 1’217’752.96

35 Rapport d’activité du domaine Pascal Sigg

Entretien de la forêt Entretien du Parc L’année a commencé par le travail en Dès la période des travaux forestiers tante dans le développement futur de forêt. Les travaux de coupes se sont terminée, l’entretien et le développe- l’Arboretum et pour la valorisation des concentrés essentiellement du côté ment du parc a repris. Dans la collec- collections auprès du public. de la commune de Saint-Livres, aux tion des bouleaux, un important travail abords de la forêt japonaise. Ce sont de drainage a été entrepris pour as- Durant l’été caniculaire de cette année près de 200 m3 de bois qui sont abat- sainir la collection. Ensuite avec l’aide 2015, qui restera certainement dans tus et valorisés en bois de service pour de la Commission de dendrologie de les mémoires comme celui de 2003, les résineux et en bois de chauffage la Société genevoise d’horticulture, un l’arrosage a été indispensable pour pour les feuillus. nouveau massif de Rhododendrons a que survivent certaines collections : été planté en pleine terre, sans adjonc- hortensias, cornouillers à feurs, peu Les équipes forestières des arrondis- tion particulière de terre de bruyère. habitués à ces conditions extrêmes. La sements 6, 11 et 16 sont venues effec- En effet, le sol y est naturellement croissance de l’herbe et, par consé- tuer des journées de travail bienvenu acide et dépourvu de calcaire actif. quent, la récolte des foins et regains, dans les forêts de l’Arboretum. Elles a évidemment été perturbée par la ont notamment participé à l’entretien La pose des nouveaux panneaux mar- sécheresse. de la forêt nord-américaine et à la quant les multiples accès à l’Arbore- sécurisation de certains sentiers. tum, ainsi que les plans et panneaux A l’automne, une fois la fraîcheur et d’informations, a bien occupé l’équipe l’humidité revenues, des nouvelles Une équipe du Centre de formation durant la saison. Déjà commencé en plantations ont été effectuées dans professionnelle forestière du Mont- 2014, la rénovation et la création de la collection des pruniers à feurs afn sur-Lausanne est venue effectuer des nouveaux sentiers a été terminée afn de renouveler certaines espèces et travaux de sylviculture le long des que les visiteurs puissent aller plus fa- variétés dépérissantes et en ame- plantations forestières, sur la nouvelle cilement à la rencontre des arbres. Ces ner de nouvelles. Et lorsque le repos conduite du barrage de la SEFA. travaux marquent une étape impor- de végétation était bien marqué, on a poursuivi le renouvellement des collections des rosiers botaniques en arrachant certains massifs, tout en sau- vegardant certaines espèces rares et diffciles à retrouver.

Renforcement d'une pente suite à un affaissement du terrain dans le secteur des marronniers

Plantation du massif de Rhododendron dans les bouleaux

36 Rapport d'activité de l'Arbrespace Christophe Reymond

Début de saison sur les chapeaux Le succès n'a pas été pas au ren- Le repas de soutien ne serait pas s’il de roues dez-vous des Swissdays, découvertes n’y avait pas la tombola du président. Avec une vingtaine de séminaires et Nature et dimanches gourmands. Ces Non contente de donner un rythme activités avant le 5 avril 2015, l’année a animations ne seront pas renouvelées. joyeux à cette soirée, elle est une commencé de manière intensive. Plus manne importante. Tous les billets ont de 1100 personnes ont été accueillies Activités enfants été vendus et les lots emportés. de janvier à début avril. Les activités sponsorisées par la Fon- dation Bata Children’s Program per- Une belle histoire de Potes, près de Fête du printemps et mettent d’accueillir plus de mille enfants 40 personnes ont participé à l’orga- fête d’automne chaque année. Janine Pittet et ses nisation et veillé au bon déroulement La fête du printemps représente tradi- guides se donnent beaucoup de peine de ce repas de soutien. Mille mercis à tionnellement le départ offciel de la afn d’émerveiller ces enfants et elles tous, Potes Au Feu, Ephémères, nos saison. Celle-ci aura été très sympa- y parviennent magnifquement bien. fdèles bénévoles et à toute l’équipe thique, avec une belle fréquentation, de l’Arboretum. les expositions et les activités ont sus- Repas de soutien cité un bel intérêt, tout comme les ma- Ce fut une belle réussite ! Les Potes au Au revoir lakoffs et les traditionnelles saucisses. Feu d’Aubonne ont mitonné un repas Je quitte mes fonctions de gérant de exceptionnel. Saumon, crème de cé- l’Arbrespace le 31 décembre 2015 La fête d’automne nous réservera la leri, magret de canard dont ils ont le pour de nouvelles aventures, un nou- plus belle surprise de l’année. Une secret, une cuillère de vacherin Mont veau déf. foule importante s’est déplacée prof- d’Or précédant les oranges aux épices tant d’une magnifque météo. Et nos orientales. Merci à tous les Potes Au Je quitte une équipe que j’aime pro- visiteurs ont été comblés par les activi- Feu d’Aubonne pour nous avoir servi fondément, mais je ne serai pas as- tés telles que le jus de pommes pressé un tel repas de gala… bénévolement. sez loin des yeux pour être loin du sur place, l’exposition de fruits anciens cœur. Merci à Jean-Jacques Roch et et l’atelier bougies pour les enfants. Et les épices ce n’est pas ce qui va son comité de l’époque de m’avoir manquer au repas de soutien, car les engagé, merci à Pierre-Alain Blanc Fête japonaise Ephémères, célèbre troupe théâtrale et le comité actuel de m’avoir donné Le succès de la fête est grandissant. d’Aubonne, a assuré le côté piquant envie de continuer. Merci à tous de Les tambours, le tir à l’arc, la céré- mais raffiné de cette soirée, grâce m’avoir permis d’évoluer. Je poursuis monie du thé, etc ont de plus en plus aux chansons de la Revue. Merci à la la carrière logique d’un métier qui d’adeptes. Tout comme le Hanami, troupe des Ephémères d’avoir répondu me passionne. accompagné des cœurs japonais de présent avec brio à notre invitation. Genève et Lausanne.

Brunch et activités du dimanche Star incontestée de l’activité domi- nicale, le brunch est indétrônable. Environ 600 personnes ont profté des buffets chauds et froids, sucrés et salés des 7 brunch de la saison. Si celui de la Fête des Mères a rapide- ment été complet, mon coup de cœur va au brunch de Noël, car les regards que portent les enfants au Père Noël sont magiques. A noter que Jacques Veillard porte extrêmement bien le costume rouge et blanc, auquel il a fallu lui ajouter un coussin afn d’ob- tenir la bedaine, certes inacceptable au golf mais nécessaire au Père Noël. Arrivée triomphante, comte de son cru et distribution de cadeaux à tous les enfants, un magnifque souvenir.

Plantation du massif de Rhododendron dans les bouleaux

37 Bibliothèque suisse de dendrologie Raymond Tripod

Rapport d’activité 2015 La cadence hebdomadaire de la pré- sentation d’un ouvrage sur la page A la différence des années écoulées, d’accueil du site nous permet de main- ce compte rendu ne s’étend pas sur les tenir une bonne fréquentation variant aspects organisationnels de la biblio- de 700 à 2’000 visites mensuelles pour thèque, ni sur les diverses tâches exécu- un total de 108’770 pages ouvertes. tées par les aides bénévoles. Les précé- dents rapports en ont fait état, le lecteur Evolution de la collection des livres pouvant facilement s’y rapporter. 120 ouvrages complètent des thèmes, soit 72 nouvelles éditions, 18 occa- Une fois franchie l’importante étape du sions et 30 livres sélectionnés parmi rattrapage de la saisie des résumés des les dons. 2’515 livres en langue fran- nombreux livres acquis ou reçus, on çaise, 759 en allemand, 643 en anglais passe en revue les titres des ouvrages et 92 dans des langues diverses, tous des groupes de matières peu pourvus. consultables, refètent la collection. Ils orientent la recherche des achats propres à combler des lacunes ou à Par principe, la bibliothèque n’acquiert enrichir des thèmes. Pour l’essentiel, pas de livres anciens, mais il arrive que c’est l’inventaire des ‘Arbres, plantes, des personnes sensibles et acquises à feurs, fruits subtropicaux et tropicaux ’ notre action demandent refuge pour qui a été complété par des publications des publications de valeur qu’ils ont de niveaux scientifques, déclinant de longtemps conservées. C’est ainsi que, nombreuses descriptions dotées d’ico- pour une modique somme, un bel nographie pour les plantes ligneuses exemplaire de ‘Baum-Albums’ ‘Arbres de l’Amazonie, de l’Amérique du Sud de la Suisse’ de l’ingénieur forestier ainsi que du Sud-Est de l’Asie. Johann Wilhelm Coaz, a été exception- nellement acquis. Il s’agit d’un cartable La disponibilité temporelle du rap- de grande dimension, protégeant 25 porteur ayant été limitée durant cet planches phototypiques de reproduc- exercice, ce dernier s’est surtout limité tions de photographies prises d'après à des tâches de validations de saisies, nature. Autrefois, les arbres ne jouis- d’interventions cosmétiques au niveau saient pas d'une protection spéciale de la base de données, de sélections et fort du constat de l'abattage de l'un et de formatage de coupures de presse ou l'autre des géants du pays à des réunies par la précédente direction de fns mercantiles, le Département fédé- l’Arboretum. Le volume des livres de ral de l'intérieur ft publier cet ouvrage seconde main a été allégé, limité à 60 en 1896. Les textes encouragent les ci- cagettes format B4, correspondant à toyens de l'époque à les découvrir et l’espace disponible pour leur range- tentent de sensibiliser la population en ment. Le prix de vente de chaque unité faveur de leur préservation. Cette ac- a été recalculé, en se référant à l’évolu- quisition a entraîné la fabrication d’un tion du marché. meuble mobile destiné à réunir les ou- vrages exceptionnels, jusque-là entre- Le site www.livresbsd.ch posés à plat, près du plafond ! Ne rien laisser au hasard dans le conte- nu de la base de données, éliminer des Les dons de livres ’coquilles’, supprimer d’éventuelles Dans des arrivages spontanés de près double références, munir des titres de 120 livres de toutes sortes, trente d’ouvrages non disponibles par des ont été sélectionnés, les doublons et éditions reçues ou acquises d’occa- une part du solde intégrés à la réserve sion, tout comme d’ajouter les achats, des occasions qui s’est vu privé d’un saisir les articles ou de documents in- volume équivalent. fuence le nombre des références. Au 31 décembre, résultant des plus et des moins, le compteur indiquait le chiffre de 16’330.

38 Les périodiques Les articles La vente-échange des doublons des pu- Le nombre d’articles référencés ne blications annuelles des Contributions s'élève qu'à 96, le désir de prolonger de la Société allemande à la dendro- immédiatement l’élan de l’année pré- logie s’est terminée au cours du prin- cédente n’ayant pas pu être engagé. temps. Dans ce genre d’entreprise tout intervenant espère une affaire… Echapper La correspondance à quelque marchandage tient du mi- Elle régresse sensiblement. Elle est racle. La patience est donc de mise ! désormais entièrement remplacée par Toutefois, les différents mouvements se la correspondance électronique. Le sont fnalement achevés par la récupé- cas échéant, on effectue un envoi de ration de 14 éditions en parfait état, une photocopies. vente de 11 exemplaires pour un mon- tant de 205,75 CHF, dont il faut déduire Les ventes de doublons et les frais d’envoi. de livres non retenus Trois livres professionnels proposés Et, tout par hasard, notre initiative nous à un collectionneur ont rapporté le a mis le doigt sur la reliure d’une réim- montant de 155.–, les Contributions pression des huit premières éditions allemandes à la dendrologie citées – de 1892 à 1900 ! Nous possédons plus haut 205.75, la vente à la Fête de aujourd’hui 92 des 100 éditions parues printemps 114.–, celle à l’automne et nous disposons encore de 28 exem- 291.–, à quoi s’ajoute la somme de plaires pour relancer une semblable 304.– encaissée par la boutique durant opération dans quelques années ! la saison. Soit un total de 1069.75 CHF.

Par ailleurs, un don important nous a Les bénévoles de la bibliothèque permis d’augmenter de 32 exemplaires Le soussigné constate, avec plaisir et la collection des reliures annuelles, reconnaissance, qu’il peut toujours illustrées de belles reproductions d’aqua- s’appuyer sur un effectif de 13 volon- relles de la Société nationale d’hor- taires, fonctionnant régulièrement ticulture de France. Là aussi, nous ou ponctuellement, en fonction de la disposons d’un lot important de dou- demande. blons nous permettant d’effectuer des échanges. Qu’ils soient vivement remerciés pour leur aimable collaboration, leur com- La diffculté d’obtenir les livraisons pétence et leur disponibilité. des éditions de l’Enzyklopädie der Holzgewächse chez un intermédiaire disposant des périodiques spécialisés, nous a conduit à rompre notre abonne- ment pour le transférer chez l’éditeur.

Le bulletin de l’arboriculture biologique, arbres haute-tige et noyers du Centre de compétence en cultures spéciales (CCCS) a cessé sa publication. La tâche de vulgarisation arboricole et arbo- ricole biologique à été déléguée à l’Union fruitière lémanique, privilégiant Nous rappelons que les dons de livres les informations par Internet. peuvent être déposés à l’Arboretum ou pris en charge sur appel du responsable : Le nombre de périodiques actifs de la Tél. 022 341 01 93 ou bibliothèque a donc passé à 29 titres. [email protected]

39 Le Musée du Bois Daniel Formigoni

Depuis le mois de février 2015, je peux années quarante en parfait état, une du bois, tout en faisant bénéfcier le affrmer que j’ai la chance d’occuper le collection de règles courbes en bois, musée de l’expérience et de la connais- poste de conservateur du Musée du les fonds d’un atelier de luthier, une sance de ces artisans trop souvent ca- Bois. C’est sans la moindre hésitation broie, et divers autres objets domes- chés du public. Nous sommes heureux que j’ai rassemblé – et envoyé – mon tiques en bois. L’ensemble est remar- de pouvoir annoncer que le musée a dossier. L’offre répondait à une passion quable et digne d’intérêt. reçu près de 20'000 CHF pour la réalisa- datant de mon enfance. Le bois, le tra- tion de ce projet. vail du bois et les métiers du bois ont De plus, l’image et le rayonnement de toujours constitué une source de plaisir. l’institution s’est accrue par le déve- A partir de la clôture de la saison, le Au fl des années, sont venus se gref- loppement des échanges interdiscipli- principal objectif du Musée aura été la fer des intérêts nouveaux, notamment naires. En Suisse comme à l’étranger, mise en place des structures permet- celui pour la muséologie, ses multiples que ce soit en lien avec la muséologie tant la bonne marche de la prochaine applications et sa mission. A quinze ou plus généralement avec les secteurs exposition temporaire qui ouvrira ses ans, je me lance avec enthousiasme du bois, le musée a tissé des liens avec portes au printemps 2016. Celle-ci est dans une formation de luthier sur vio- de nombreux artisans et institutions. le fruit d'un travail de collaboration lons, violes, guitares et luths. Par la Liens fondamentaux pour la pérenni- avec les préteurs et le conservateur. suite, j’apprends le métier d’ébéniste té et le développement à long terme. à l’Ecole des métiers de Lausanne. La Ainsi, des contacts ont été établis Pour conclure, nous pouvons faire état fortune souriant aux audacieux, j’ai pu avec le Jardin botanique de Neuchâtel d'un bilan très positif. En un an, le entreprendre – et achever – une forma- autour de leurs collections d’outils. Musée du Bois a connu des avancées tion d’archetier en France et au Cana- D’autres liens, et non des moindre, importantes, voire décisives. Oeuvrons da. Suit un cursus universitaire de cinq ont été établis avec le Laboratoire de pour que l’année à venir soit encore ans, à Genève et Montréal, qui me per- dendrochronologie de Neuchâtel pour plus riche en échanges et en création met de me familiariser avec le métier de futurs projets communs. Enfn, des que l’année écoulée. Dans cette pers- d’historien de l’art et de musicologie. relations ont vu le jour entre le Musée pective, nous misons évidemment sur Tout en pratiquant la lutherie et l’archè- et la conservatrice de l’Arboretum de l’exposition temporaire et son rayon- terie, j’ai le privilège de travailler pour Limbe ( Cameroun ) ainsi qu’avec le nement : trois journées de stage de le Musée du Bois. Musée dont la voca- Laboratoire de recherche de la cité de sculpture sur cuillère destinées au pu- tion est avant tout la conservation et la musique à Paris. blic, qui seront dirigées par des pro- le développement de cette merveilleuse fessionnels. Nous attendons un grand matière et de ses métiers. De nombreux étudiants en histoire de succès de ces événements. L’impor- l’art ou en muséologie ont démarché tance du projet de résidence devrait, La réouverture du Musée du Bois en auprès du musée dans le cadre de divers espérons-le, très vite engendrer une 2015 a été marquée par plusieurs évé- travaux de recherche. Ce qui inscrit le forte énergie d’échange, de créativité nements importants. Mentionnons avant musée dans une synergie et une recon- et de culture. tout la rénovation complète de l’espace naissance scientifque. muséal du bâtiment durant l’année 2014. Cette étape a supposé un démontage Cette année est aussi marquée par puis une remise en place des objets. l’admission du musée par l’ICOM (In- Opération qui a permis une légère ré- ternational Council of Museums), ce organisation du parcours permanent, qui l’inscrit comme institution reconnue ainsi qu’une sélection partielle parmi les par ses paires internationaux. 2015 a objets. En outre, le musée n’a pas été aussi été une année de projets, et donc en mesure de présenter, selon la cou- de dossiers divers pour les activités à tume, une exposition temporaire. La venir et qui fera, espérons-le, de 2016 réouverture au printemps 2015 a connu une année riche en changements et en un véritable succès ! On a constaté une innovations. Le plus important de ces sensible augmentation du nombre de projets est la mise en place d’un musée visiteurs. Et les dons ont triplé en re- de résidence. C’est-à-dire, un musée gard des années précédentes. Nous où des artisans seraient accueillis par tenons à remercier ici les visiteurs et l’institution. Dans le cadre de leurs les bénévoles. Le développement du projets professionnels, les résidents fe- musée s’est manifesté par plusieurs ront ainsi profter les visiteurs de leurs activités dont les nouvelles acquisitions connaissances et de leurs pratiques en font partie. En effet, le musée a reçu in situ. De plus, leurs travaux pourront durant cette année, de nombreux ob- être l’objet d’expositions temporaires. jets destinés à la conservation. Citons, Ce qui permet de contribuer à la pré- en particulier, un magnifque tour des servation et à la diffusion des métiers

40 Le comité de l'AAVA 2015

Les membres du comité de l’AAVA 2015 • BEER Roger ingénieur forestier, Genève • BERTHOLET Jean-Daniel municipal, Bière • BLANC Pierre-Alain président AAVA - FAVA - Comité, Aubonne • BLEULER Hannes EPFL, Buchillon • BORBOEN Didier municipal, Saint-Livres • CHEVALLAZ Philippe syndic, Montherod • CORBAZ Roger Dr ès sciences, Prangins • GISLER Christian Place d’armes, Bière • JOLY André ancien inspecteur cantonal des forêts du canton de Genève, Nyon • JOTTERAND Jean-Pierre secrétaire de l’AAVA et de la FAVA, Aubonne • MEIER Sylvain ingénieur forestier EPFZ, Nyon • MERMILLOD Georges horticulteur, Marchissy • MEYLAN Yves enseignant à l’École d’horticulture de Lullier, Aubonne • MODOUX Albert architecte-paysagiste, Romanel-sur-Lausanne • MULLER Eric municipal, Aubonne • TRIPOD Raymond vice-président de l’AAVA et de la FAVA ; ancien jardinier-chef du Jardin botanique de Genève, Vernier • VEILLARD Jacques ancien directeur de la Fondation Pré Vert du Signal de Bougy, Echandens • VERDEL Dominique ancien enseignant à l’École d’horticulture de Lullier, Neydens (F) • ZIMMERMANN Daniel ancien inspecteur cantonal des forêts du canton de Vaud, La Conversion

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À la découverte de l’aménagement hydroélectrique de SEFA

La balade de six kilomètres débute au cœur de l’Arboretum du Vallon de l’Aubonne. Parmi la riche et grande variété d’arbres et d’arbustes et à quelques centaines de mètres en amont du centre d’accueil de l'Arboretum, se trouve un barrage qui constitue la pre- mière partie de l'aménagement hy- droélectrique sur l’Aubonne. Construit QUELQUES CHIFFRES au milieu des années 50, il a donné naissance à un charmant petit lac ( alti- CENTRALES PLAN-DESSOUS LA VAUX tude : 558 m ) qui fait le bonheur des pêcheurs. Une échelle à poissons per- Turbines 3 Francis + 1 Pelton 1 Kaplan (axial S) met aux truites de remonter le courant Production annuelle en kWh 28'000’0000 10'000'000 pour aller frayer le long du cours d’eau. Par ailleurs, les castors proftent d’une marre aménagée à leur intention. CONDUITE D’AMENÉE Longueur en m 3'100 2'100 Un sentier pédestre qui serpente sur la Diamètre intérieur en m 2 2 rive droite de l’Aubonne, permet d’ar- Débit en m3/s 10 10 river sur la centrale de Plan-Dessous construite en 1895. La modernité est pourtant bien là puisqu’en 1999-2000, BARRAGE les équipements de la centrale ont été Hauteur en m 9 entièrement changés et une nouvelle 3 conduite d'amenée a été posée. Volume total en m 63’500

En poursuivant la promenade le long sur les cabanons centenaires de la L’énergie produite par l’Aménagement de l’Aubonne, toujours en direction de poudrerie d’Aubonne, le promeneur hydroélectrique de SEFA permet de la rive droite de la rivière, il faut tra- traversera la rivière, longera le moulin couvrir de manière renouvelable près verser la route communale, emprunter avant d’arriver sur le site de la centrale de la moitié de la consommation des un chemin qui domine les pâturages de La Vaux, troisième et dernier mail- huit communes de son réseau : Allaman, marécageux avant de parcourir un lon des installations hydroélectriques Aubonne, Bière, Bougy-Villars, Etoy, kilomètre de pré. Après un coup d’œil de SEFA réalisé entre 2006 et 2008. Féchy, Montherod et Saint-Livres.

SEFA Actrice importante de la région, SEFA propose également des prestations dans le domaine des installations in- térieures, du multimédia et du gaz. Fondée en 1895 pour alimenter en électricité le tramway reliant Allaman, Aubonne et Gimel, son activité connut un essor signifcatif dans le courant du XXème siècle pour répondre à l’émergence des autres applications de l’électricité.

Infographie de l’Aménagement hydroélectrique

Groupes « Turbine-alternateur » principaux à la centrale de Plan-Dessous

43 Regard de Jules Renard sur les arbres Jean-François Robert

Jules Renard, un écrivain français C’est ce forilège sur l’arbre, puisé dans Un arbre qui se hausse au milieu des autres quelque peu oublié, au mieux connu les arcanes de son « Journal », que nous pour voir par-dessus le bois. comme étant l’auteur de son fameux vous proposons de déguster mainte- Les feuilles s’offrent à la pluie comme des langues. “Poil de Carotte“. La plupart du temps, nant, à petites golées gourmandes : les connaissances s’arrêtent là. Aus- Les arbres, d’abord immobiles, anxieux, Les buissons semblaient saouls de soleil, s’agi- si n’est-il pas superfu de fournir ici s’agitent bientôt de joie sous la bonne pluie taient d’un air indisposé et vomissaient de désaltérante. quelques renseignements complémen- l’aubépine, écume blanche. taires pour mieux situer le personnage. Il y a des arbres qui se dandinent. Et les arbres tendaient la froide lune eucharis- tique au bout de leurs branches. Né à Châlons du Maine en 1864, il La branche, un doigt qui se tend aux oiseaux. meurt à Paris en 1910 à l’âge de 46 ans Les arbres moutons de la forêt. La branche nue est une fronde qui lance un d’une artériosclérose. Il obtint la Légion oiseau. d’honneur en 1900, devint conseiller Le vent passe dans les feuilles sa main invisible. Un arbre avec de la mousse sous les branches municipal, puis maire de sa commune, A la campagne : Les marronniers se sont gar- comme un vieux soldat. Chitry, en 1904. Puis il fut élu à l’Aca- nis de bourgeons achetés chez le confseur. démie Goncourt en 1907, soit trois ans Des feuilles sont fraîches comme de petites Cerisiers. Brassards de feurs à toutes les langues; d’autres ont un air vieillot, ridées branches. avant sa mort. comme des fronts de nouveau-nés; mais les branches des plus hauts arbres sont encore L’arbre me jette une feuille sur l’épaule et se Jules Renard est un écrivain, certes, fnes comme des cheveux. Les feurs des poi- remet à rêver. et un auteur dramatique, mais aussi et riers sont toutes prêtes pour aller au mariage. surtout, un poète, un poète de la na- Les feuilles jacassent comme des petites flles Dans le bois, les sapins font bande à part, la veille des vacances : l’arbre va leur donner ture et du quotidien. Il a 23 ans lors- comme des prêtres. congé. qu’il commence son “Journal “ qu’il conduira sans défaillances jusqu’à L’arbre. Son ombre lui fait une queue de paon Des arbres taillés qui n’ont que les os et la peau. qui ouvre et ferme ses yeux de soleil, selon sa disparition. que le vent agite leurs paupières, les feuilles. Je comprends l’arbre, il ne raisonne pas.

Il y consigne mille réfexions sur le Un saule coiffé comme Alphonse Daudet. Les feuilles fuient comme si une corneille leur avait crié, du haut de l’arbre : « Voilà l’hiver. » théâtre surtout, sur les pièces qui Arbres d’hiver, dessinés à la plume. Le mar- sont à l’affche, sur les auteurs qu’il ronnier dresse ses baïonnettes. Le saule aux Le bout de la branche accompagne un peu malmène souvent sans complaisance. cheveux secs est tout ébouriffé. l’oiseau qui s’envole. Sa causticité était du reste redoutée Les arbres se passent l’un à l’autre le vent, qui de ses confrères. Mais il quitte sou- Les arbres dont les bourgeons sourient déjà, est leur âme. et, demain, éclateront de rire. vent le monde littéraire et les salons mondains pour philosopher sur la vie, L’arbre fait traverser la route à son ombre. Un de ces arbres vilainement taillé par l’homme, souvent avec un humour qui peut être comme un mendiant avec tous ses moignons, Toiles d’araignées : les fées ont laissé leur cerveau et qu’on ne voudrait pas rencontrer au coin grinçant. Par ailleurs, il parle avec aux buissons. d’un bois. saveur de ce qu’il voit et observe dans la campagne, sur son chemin, au L’arbre n’a jamais pu faire faire à son ombre un Automne. Tous les arbres ont l’air de grosses Jardin des Plantes où il se rend par- tour complet autour de lui. poules faisanes. fois ( probablement avec ses enfants ). Les feuilles remuent comme les lèvres d’un Peupliers en automne : deux ou trois rangs de Et il le dit avec une élégance raffnée. Il enfant qui ne sait pas sa leçon et qui a l’air de chandeliers qui ne s’éteignent ni jour ni nuit. est le poète de l’immédiat, de la vision chercher ce qu’il va dire. spontanée, de l’instantané… Il voit, Un vieil arbre en feurs, presque en cheveux Les feuilles des marronniers se sont fermées blancs. et jaillit avec une spontanéité décon- en boutons gommés et passent l’hiver dans certante une vérité première, ou une leurs cocons. Tous les chênes sont historiques, mais quelques- image toute de fraîcheur à propos uns ne s’en vantent pas. L’oiseau, ce fruit nomade de l’arbre. des animaux de la ferme qu’il décrit d’un mot souvent qui est le trait sans Le sureau et tous ses petits chapeaux de feurs. Dans son « Journal », en juillet 1899, pardon du caricaturiste, des animaux Jules Renard rappelle les propos du parc zoologique aussi, de la lune, Le bourgeon va bientôt ouvrir ses ailes. que lui adressait un ami : « J’ai cru du vent, de l’eau et de ses refets, de L’arbre est un animal paralysé. d’abord que le talent chez vous était l’arbre. une longue patience, mais c’est bien Les arbres se tordent les branches. plus spontané. Seulement, au lieu de L’arbuste voudrait être déjà assez grand pour la page abondante, c’est la ligne que avoir un nid. vous trouvez, les trois mots. Il y a chez vous telle petite phrase qui fait l’effet Tous les marronniers ont ouvert leurs feuilles d’un volume. » comme des petites ombrelles d’un soir.

Arbres si bas que les feuilles peuvent caresser C’est tellement vrai ! leur ombre, par terre.

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