Renforcer la démocratie canadienne

IRPP choixVol. 14, no 17, novembre 2008 ISSN 0711-0685 www.irpp.org

La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 conjoncture ou tendance ?

Éric Bélanger Richard Nadeau ondé en 1972, l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) est un organisme F canadien, indépendant et sans but lucratif. L’IRPP cherche à améliorer les politiques publiques canadiennes en encourageant la recherche, en mettant de l’avant de nouvelles perspectives et en suscitant des débats qui contribueront au processus décisionnel en matière de politiques publiques et qui rehausseront la qualité des décisions que prennent les gouvernements, les citoyens, les institutions et les organismes canadiens.

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ounded in 1972, the Institute for Research on Public Policy is an independent, national, F nonprofit organization. IRPP seeks to improve public policy in Canada by Ce document a été produit sous la direction de Geneviève Bouchard, directrice de recherche à generating research, providing insight and sparking l’IRPP. La révision linguistique a été effectuée debate that will contribute to the public policy par Gilles McMillan et la correction d’épreuves decision-making process and strengthen the quality of par Jean Bernard. La mise en page a été réalisée par Chantal Létourneau, et la direction artistique the public policy decisions made by Canadian a été confiée à Schumacher Design. Imprimé par governments, citizens, institutions and organizations. AGL Graphiques.

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Pour citer ce document :

Bélanger, Éric, et Richard Nadeau, 2008, « La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 : conjoncture ou tendance ? », Choix IRPP, Les opinions exprimées dans ce document sont celles des auteurs. vol. 14, no 17. Elles ne représentent pas nécessairement celles de l'IRPP ou celles de son conseil d'administration. Notices biographiques

Éric Bélanger est professeur adjoint au département de science politique de l’Université McGill et mem- bre du Centre interuniversitaire pour l’étude de la citoyenneté démocratique. Ses recherches portent sur la politique canadienne et québécoise, les partis poli- tiques, l’opinion publique et les comportements élec- toraux. Ses travaux ont été publiés dans de nombreuses revues de la discipline, dont Comparative Political Studies, Political Research Quarterly, Electoral Studies, Publius: The Journal of Federalism, European Journal of Political Research et la Revue canadienne de science politique. Il a également codirigé l’ouvrage collectif Le Parti libéral : enquête sur les réalisations du gouvernement Charest (Presses de l’Université Laval, 2006).

Richard Nadeau est professeur titulaire au département de science politique de l’Université de Montréal et membre du Centre interuniversitaire pour l’étude de la citoyenneté démocratique. Il est directeur de recherche à la Chaire d’études politiques et économiques américaines de l’Université de Montréal et a été membre de l’Étude sur l’élection canadienne (ÉÉC) pendant plusieurs années. Spécialiste du comportement électoral, de l’opinion publique et de la communication politique, il a publié dans de nombreuses revues, dont American Political Science Review, American Journal of Political Science, Journal of Politics et British Journal of Political Science. Son expertise à titre de consultant a été requise par de très nombreux orga- nismes, entreprises et ministères au Québec, au Canada et à l’étranger. Il a notamment été conseiller du Remerciements ministre du Québec et consultant pour Élections Canada, le Directeur général des élections du Québec, le Nous remercions Geneviève Bouchard, Leslie Seidle, ministère du Conseil exécutif du Québec, le Bureau du Robert Young et deux évaluateurs anonymes pour leurs Conseil privé, CBC, Radio-Canada, la Commission sur commentaires sur une version préliminaire de le déséquilibre fiscal, Droits et Démocratie, Hydro- ce texte présentée au congrès annuel de l’Association Québec et Léger Marketing. Ses services ont également canadienne de science politique (Université de la été retenus à titre d’expert par la Mission internationale Colombie-Britannique, juin 2008). Nous remercions d’évaluation des élections en Haïti (MIÉÉH). également Angelo Elias, Hugo Lavallée et Jessica Trisko pour leur aide à la recherche. Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 D Geneviève Bouchard Directrice derecherche/ResearchDirector Canadian Democracy canadienne /Strengthening Renforcer ladémocratie public alienationaccelerateunduly. strengthened beforedisengagementfrompoliticsand legitimacy ofoursystemgovernmentcanbe tem. Inproposingreforms,thefocusisonhow of thedemocraticlacunaeinCanada'spoliticalsys- Canadian Democracyresearchprogramexploressome tion lagbehindthedemand.TheStrengthening most parttheavenuesprovidedforpublicparticipa- have beenimplementedinthiscountry, butforthe Canada andinternationally. Somemodestreforms S population vis-à-visdelapolitique. contrer ledésengagementdeplusenmarquéla légitimité denotresystèmegouvernementpour s'intéressant parlefaitmêmeauxmoyensd'affermirla réformes quiamélioreraientlaparticipationpublique, démocratiques dusystèmecanadienetproposedes gramme derechercheexaminecertainesdeslacunes fisantes auregarddelademandeexprimée.Cepro- étendre cetteparticipationrestentlargementinsuf- œuvre dansnotrepays,lesmesuresenvisagéespour élargie. Siquelquesmodestesréformesontétémisesen appels enfaveurd'uneparticipationdémocratique for increaseddemocraticparticipation,bothin and changingsocialvalueshavepromptedcalls ince the1960s,increasedlevelsofeducation ont suscitéauCanadacommeailleursdes d'éducation etl'évolutiondesvaleurssociales epuis lesannées1960,lerelèvementduniveau 6Résumé Summary 36 Références 35 Notes 32 Annexes 31 Discussionetconclusion 21 18 Table desmatières Lesdéterminantsdel’appui auxtierspartis L’élection québécoisedu26mars2007 9 Facteursexplicatifsde l’appuiauxtierspartis 6 Introduction 4 3 2 La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 conjoncture ou tendance ?

Éric Bélanger et Richard Nadeau Introduction amné e ir atsa ubcàléeto e20 ojntr utnac ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007

es motivations des électeurs à l’occasion des élec- tions provinciales au Québec ont été peu étudiées L depuis un quart de siècle. Quelques études menées à l’aide de données agrégées mettent en lumière certains aspects du comportement électoral des Québécois (notamment l’impact des nouveaux leaders ou de la conjoncture économique ; voir Guérin et Nadeau 1995 ; Nadeau et Bélanger 1999) et établissent les assises régionales des principaux partis politiques du Québec (voir Allan et Vengroff 2004 et Drouilly 2007). Les analyses approfondies visant à expliquer le choix des électeurs lors des élections provinciales au Québec restent toutefois très rares — l’étude de Pinard (2003) constituant une exception. Le fossé est parti- culièrement frappant entre la richesse des analyses sur l’électorat canadien (p. ex. Nevitte et al. 2000 ; Blais et al. 2002) et le nombre très limité d’études effectuées à l’aide de microdonnées permettant de comprendre les choix électoraux lors des scrutins québécois. La présente enquête — la plus complète menée sur le comportement des électeurs québécois au cours des dernières décennies — vise à combler en partie cette lacune, en renouant avec la tradition des grandes études électorales au Québec (Lemieux, Gilbert et Blais 1970 ; Crête 1984). Elle est constituée de trois com- posantes : un sondage fondé sur un questionnaire étof- fé administré peu après l’élection de 2007 au Québec auprès de plus de 2 000 électeurs, l’utilisation du mo- dèle d’explication dit des « blocs récursifs1 » et l’emploi de techniques statistiques appropriées. Les résultats présentés ici permettent de tracer le pro- fil des clientèles électorales des cinq principaux partis lors de l’élection provinciale de 2007 au Québec. Ce por- trait d’ensemble, utile en soi, sert de toile de fond à une interrogation plus spécifique sur l’appui aux tiers partis,

3 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 partis provinciauxauCanada vers unemeilleurecompréhensiondel’appuiauxtiers cois menéen2007 permetdefaireunpremierpas eux. L’analyse denotresondagepostélectoralquébé- de quelquestierspartistoutenlescomparantentre recherche permettantd’analyserl’expériencerécente ces lacunesrésidedansl’emploid’undevisde n’examinent qu’unseulpartiàlafois.Lasolution ce phénomèneestlimitée,carlaplupartdesétudes plus, laméthodologieemployéeàcejourpourétudier la questionnationale, leursopinionssurles princi- leurs perceptions quantàl’interventionétatique età caractéristiques sociodémographiques desindividus, :les ment l’influencesurlevote des facteurssuivants libéral duQuébec(PLQ).Nous analysonssuccessive- des grandspartis,leParti québécois(PQ)etle Parti solidaire) entreeuxetparrapportauxsupporteurs électorats destierspartis(ADQ,Parti vert,Québec en relieflessimilitudesetdifférencesentre clientèles despartislorsduscrutinde2007 mettant dernière partie,nousprésentonsuneanalysedes déterminants del’appuiauxtierspartis.Danscette ;unexamendes provinciale de2007 auQuébec ;unemiseencontextedel’élection aux tierspartis des étudessurlesfacteurspouvantexpliquerl’appui Canada, parexemple, sontpresqueinexistantes études quantitativessurlestierspartisprovinciauxau étude dépassedonclesfrontièresduQuébec.Les ties occidentalescontemporaines.L’intérêt denotre au Canada,maisaussidanslaplupartdesdémocra- des systèmesdepartis,nonseulementauQuébecet comprendre lessourcesdelafragmentationaccrue leur récenteprogression,afindepermettremieux l’influence desdifférentsfacteursayantcontribuéà n’a pasencoreréussiàprendrelepouvoir. tique constituedonctoujoursuntiersparti,puisqu’elle Bretagne) c’est lecas,parexemple, duParti libéraldeGrande- formé degouvernementdepuistrèslongtempscomme parti majeuroutraditionnel(àmoinsqu’iln’aitpas déjà forméungouvernementestconsidérécomme voir (Pinard1973,p.455).Àl’opposé,toutpartiayant une alternativenonencoremiseàl’épreuvedupou- réussi àêtreélueetquireste,auxyeuxdesélecteurs, »estdéfinicommeuneformationquin’ajamais parti tiers voir letableau1,page8).Danscetteétude,un« ; ce scrutin(autotal38p.100 duvoteàcetteélection solidaire (QS)etleParti vertduQuébec(PVQ)lorsde soit l’Action démocratiqueduQuébec(ADQ), etxecmrn ri rne ate :unerevue Le textecomprendtroisgrandesparties Ce questionnementsurlestierspartisviseàétablir 2 . Selonnotredéfinition,l’Action démocra- 4 . 3 . De L’approche laplusanciennemet l’accentsurcertains partis ontsuggérétroispistes d’explication. ? Wattenberg 2000) partis ailleursdanslemonde (Dalton,McAllisteret les facteursquiexpliqueraient lamontéedestiers des causespropresauCanadaourepose-t-ilaussisur ?Peut-on l’attribuerà nant, destierspartisauCanada Bélanger 2007a). Britannique (pourunexamendescriptifrécent,voir Party etduParti vertdelaColombie- tique duQuébec,del’Alberta Alliance,du au niveauprovincialsontceuxdel’Action démocra- fédérale. Lescaslesplusrécentsdepartisémergents du Blocquébécoisillustrecephénomènesurlascène L’émergence du Parti créditiste,duParti réformisteet dienne depuislaSecondeGuerremondiale. naître uncertainsuccèssurlascèneélectoralecana- Canada, etplusieursd’entreeuxontréussiàcon- telles barrières,lestierspartissontnombreuxau dépenses électoralesrembourséesparl’État.Malgréde un certainpourcentageduvoteafindevoirleurs ment politique,quileurimposentsouventd’obtenir derniers sontaussitouchésparlesrèglesdefinance- généralement lestierspartis(Cairns1968).Ces bre desiègesobtenus,unphénomènequipénalise sions importantesentrelenombredevotesetnom- uninominal àuntourutiliséaupayscréedesdistor- Robertson 1985).Par exemple, lesystèmedescrutin défavorisent lesnouveauxpartis(Harmelet »qui barrièresàl’entrée comprend denombreuses« dans lamesureoùlecontexteinstitutionnelcanadien casion d’élections.Cettesituationestsurprenante que 20d’entreeuxontprésentédescandidatsàl’oc- fédéraux ontétéenregistrésparÉlectionsCanada,et 1972 et2006,untotalde48nouveauxpartis Lucardie (2007, p.283)rapporteparexemple qu’entre L de l’appuiauxtierspartis Facteurs explicatifs étaient encompétitionlorsdecettecampagne. raisonnables) etleurappréciationdesdiverschefsqui ture économiqueetlanotiondesaccommodements paux enjeuxdel’élection2007 (dontlaconjonc- Les étudessurl’appuiélectoral reçuparlestiers Comment expliquercesuccès,sommetouteéton- etaplr«tespri »(Lipset1990). tierspartis peut appeler« fédéral queprovincial,foisonnedecel’on e systèmepolitiquecanadien,auxniveauxtant 4 facteurs institutionnels, notamment le mode de ces institutions et la perception qu’ils ont du fonction- scrutin, qui favorisent ou défavorisent l’émergence nement de celles-ci (Orren 1997). La confiance politique électorale de nouveaux partis (p. ex. Duverger 1951 ; constitue ainsi une forme de soutien diffus, une atti- Müller-Rommel 1996). Lipset (1990) conclut de la lec- tude favorable qui peut aider les citoyens à accepter ou ture de ces travaux que l’environnement institution- à tolérer ce qu’ils perçoivent comme un mauvais fonc- nel canadien, notamment en raison du mode de tionnement ou une sous-performance du système et de scrutin uninominal qui y prévaut, n’est guère favo- ses institutions (Easton 1965 ; Gamson 1968). En con- rable à l’implantation durable de nouveaux partis. séquence, la confiance politique est à distinguer d’une Cette conclusion doit bien sûr être revue et simple opinion à l’endroit de la taille de l’appareil gou- nuancée. Le mode de scrutin en usage au Canada vernemental : une attitude de méfiance est beaucoup désavantage certes les tiers partis, mais la diversité plus liée au désir d’avoir un gouvernement plus fiable, sociologique du pays, couplée à sa structure fédérale, compétent, honnête et digne de confiance, qu’à un constituent des facteurs qui jouent dans le sens souhait de réduire la taille du gouvernement (Citrin et inverse. Dans la foulée des travaux pionniers de al. 1975). De nombreuses études observent un déclin

Pinard (1971), ceux de Bélanger (2004a) et de important de la confiance politique depuis les années ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 Lucardie (2007) mettent en lumière l’importance des 1960 tant aux États-Unis que dans la plupart des griefs régionaux dans le succès des tiers partis. De démocraties établies (p. ex. Nye, Zelikow et King 1997 ; nombreuses études européennes montrent aussi que Norris 1999 ; Pharr et Putnam 2000 ; Hibbing et Theiss- la présence de plusieurs paliers de gouvernement Morse 2001 ; Dalton 2004). Cette désaffection traduit favorise l’émergence de nouvelles formations poli- beaucoup plus une insatisfaction et un malaise qu’une tiques (Harmel et Robertson 1985 ; Willey 1998 ; hostilité irrationnelle envers le fonctionnement du sys- Gerring 2005). Un cadre explicatif du phénomène des tème. Elle repose sur une évaluation plus ou moins tiers partis dans les provinces canadiennes doit tenir systématique de la performance des institutions gou- compte de ces facteurs, qui suggèrent, en dernière vernementales et des partis en place. analyse, que le succès des petits partis au Canada Bélanger (2004b) et Bélanger et Nadeau (2005) mon- n’est peut-être pas aussi paradoxal qu’il n’y paraît à trent que les nouveaux partis sont parfois en mesure de première vue (Cairns 1968). canaliser ce malaise à leur profit (voir aussi Certains auteurs ont récemment suggéré que les Hetherington 1999 ; Peterson et Wrighton 1998 ; changements au plan des valeurs et des conditions Canovan 1999 ; Dalton et Weldon 2005 ; Bélanger et socioéconomiques peuvent expliquer la montée des Aarts 2006). Un vote pour un tiers parti peut ainsi être nouveaux partis, notamment des partis verts et de conceptualisé comme constituant, pour l’électeur dé- droite radicale en Europe (Kitschelt 1995 ; Golder sabusé, une voie d’action potentiellement plus efficace 2003 ; Inglehart 1998 ; van der Brug, Fennema et Tillie que l’abstention pour améliorer une situation politique 2000 ; Norris 2005). Ces changements auraient con- insatisfaisante et des institutions démocratiques jugées tribué à mettre à l’avant-scène des enjeux comme l’en- décevantes (Hirschman 1970 ; Kang 2004). vironnement, l’immigration et les questions morales, Bien qu’il soit raisonnable de penser que les enjeux qui ne recoupent pas le clivage traditionnel entre la émergents et le malaise démocratique constituent gauche et la droite, créant ainsi un nouvel espace deux facteurs importants dans le succès des tiers par- idéologique propice à l’émergence de nouveaux partis. tis, il n’y a pas de consensus sur ce sujet. Certains Cette approche rappelle la nécessité de tenir compte du avancent que l’appui aux nouveaux partis s’explique rôle des enjeux, et notamment de l’émergence de nou- d’abord et avant tout par leurs positions sur des veaux enjeux, pour expliquer le succès des tiers partis. enjeux émergents occupant une place importante dans Un cadre explicatif visant à rendre compte des succès l’ordre du jour politique, et que le cynisme n’a rien à des petits partis dans les provinces canadiennes doit voir avec cet appui (Koch 2003 ; van der Brug 2003). tenir compte de cette dimension. Pour d’autres, le malaise démocratique constitue une Un aspect important de ces changements de attitude politique distincte susceptible d’exercer une valeurs paraît être la montée du cynisme envers le influence importante sur le choix des électeurs, au système politique. La confiance politique repose sur même titre que le positionnement des partis sur les une évaluation globale des institutions gouvernemen- enjeux (Craig 1979 ; Hetherington 1998 ; Peterson tales, fondée sur la correspondance, ou l’écart, entre et Wrighton 1998 ; Chanley, Rudolph et Rahn 2001 ; les attentes des citoyens quant à la performance de Bélanger et Aarts 2006).

5 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 aux partislorsdecescrutin. de façonplusapprofondieles déterminantsdel’appui prendre lecontextedecetteélection,avantd’étudier présentons d’aborddesélémentspermettantdecom- lors del’électionquébécoisemars2007. Nous clientèles destierspartisettraditionnels nels faceauxenjeuxpolitiquesémergents. tionnement despartistraditionnelsetnontradition- des variablesidéologiques,liéesnotammentauposi- davantage àexpliquerl’appuiauxtierspartispar cratiques, alorsquelestravauxétrangerscherchent cynisme enverslapolitiqueetlesinstitutionsdémo- sur lesfacteursd’expressiondegriefs,dontle tiers partis.Lesétudescanadiennesmettentl’accent question desfacteursquidéterminentl’appuiaux apportent desréponsesquelquepeudifférentesàla constater quelesspécialistescanadiensetétrangers tiers partisdusystème(voiraussiPinard2003). traditionnels pouvaittoutdemêmebénéficieraux blesse concomitanteduleadershipàlatêtedespartis passager surlesintentionsdevote,maisquelafai- qu’en général,l’imagedeschefsn’auraitqu’uneffet cas québécois,NadeauetBélanger(1999)ontavancé été contestée(vanderBrugetMughan2007). Dansle des partispopulistesdedroiteeuropéensarécemment »pourexpliquerlessuccès attraitpersonnel duchef « faut toutefoisnoterquel’importancedelavariable ; Taggart 2000).Il traditionnels (p.ex.Gagnon1981 celui-ci, plusgrandequecelledeschefspartis charisme deleurchef,oudumoinsàlapopularité que lesuccèsdestierspartisestsouventliéau devant l’émergenced’unecompétitionaccrue. tenir comptedelaréactiondespartistraditionnels modèle explicatifdel’appuiauxtierspartisdoitdonc que lesautresapprochesparaissentleurprêter. Un currents, adoptentrarementlecomportementpassif traditionnels, menacésparl’arrivéedenouveauxcon- (voir aussiHiranoetSnyder2007). Eneffet,lespartis vorisant l’ascensionetledéclindesnouveauxpartis traditionnels dansladynamiquefavorisantoudéfa- Meguid, cesexplicationsnégligentlerôledespartis sociologique duphénomènedestierspartis.D’après souligne leslimitesdesapprochesinstitutionnelleet L’ensemble decespistesguidenotreétudedes Cette brèverevuedelalittératurepermet Dans lamêmelignée,certainstravauxsoutiennent Enfin, dansunouvragerécent,Meguid(2008) tous lesautres partis, à34p.100, soitquelquespoints faveur duPQétaientpassées de 50p.100, loindevant prise deBernardLandry),les intentions devoteen PQ ennovembre2005(àlasuite deladémissionsur- dernier. Depuisl’électiond’André Boisclairàlatêtedu marqué unautresigned’évolution positivepource satisfaction àl’égarddugouvernementCharesta cois, AndréBoisclair, étaitincapable de canaliserl’in- premier mandat. coïncidait enoutreavecl’échéancenormaledeson s’était ouvertepourlatenued’élections,ouverturequi ont indiquéaugouvernementCharestqu’unefenêtre de 20p.100 enregistréauprintemps 2005.Cessignes 100, enhausseparrapportaucreuxhistorique p. 43 2003 —lasatisfactiondesQuébécoissechiffrantà maintenant àsonplushautniveaudepuisnovembre peu élevée,avaitlégèrementaugmenté,etsesituait vernement Charest,bienquedemeurantrelativement CROP démontraitquelasatisfactionàl’égarddugou- mière foisdepuisnovembre2004.Deplus,lesondage les devantssurleParti québécois,etce,pourlapre- La Presse le deuxième,menéparlafirmeCROPetpubliédans lisé parlafirmeLégerMarketing pour : aussibien lepremiersondage,réa- 30 janvier2007 publication simultanéededeuxsondagesd’opinionle tion n’étaitpassimauvaisepourleslibéraux. Charest, certainsindiceslaissaientcroirequelasitua- le déclenchementdesélectionsparpremierministre surprise. Pourtant, durantlessemainesquiontprécédé du Québecen2007 n’apasvraimentconstituéune server unemajoritédesiègesàl’Assemblée nationale contexte, lefaitquePLQaitétéincapabledecon- de 2003(Pétry, BélangeretImbeau2006).Dansce engagements électorauxformuléslorsdelacampagne alléguait queleslibérauxn’avaientpasrespectéleurs que parlespartisd’oppositionetjournalistes.On premières années,exprimésautantparlapopulation niveaux d’insatisfactiontrèsélevésdurantlestrois Charest aétécontroversé.Ilcaractérisépardes libéral sortant.Lepremiermandatdugouvernement un gouvernementminoritaire,dirigéparleParti L du 26mars2007 L’élection québécoise La confirmationquelenouveauchefduParti québé- Les premierssignesd’espoirpourlePLQontétéla fois depuis1878,lesélecteursquébécoisontélu marquants danslamesureoù,pourpremière es résultatsdecetteélectionprovincialeontété , démontraientqueleslibérauxavaientpris 6 Le Devoir , que derrière les libéraux (à 37 p. 100)5. Le déclin des inten- de ce parti a résulté de la fusion de l’Union des forces tions de vote en faveur du PQ pouvait aussi être en par- progressistes (UFP) et du mouvement politique Option tie attribué à la diminution des appuis à la souveraineté citoyenne de Françoise David. du Québec, survenue à la suite de l’élection du gou- La première semaine de la campagne porte surtout vernement conservateur de Stephen Harper sur la scène sur le bilan du gouvernement Charest. Le PQ et l’ADQ fédérale, en janvier 2006. Le chef conservateur avait accusent alors le gouvernement sortant d’avoir violé fait des gains importants au Québec, remportant l’une de ses promesses les plus importantes, soit celle 10 sièges et promettant de pratiquer un « fédéralisme d’améliorer le système de santé du Québec. L’ADQ se d’ouverture » qui soit plus près des intérêts et des aspi- déclare favorable à une certaine forme de privatisation rations du Québec (Bélanger et Nadeau 2006). du système de santé, mais le parti met surtout l’accent Finalement, le débat autour de la notion des « accom- sur sa propre priorité, à savoir les familles du Québec. modements raisonnables », qui semblait devenir une Mario Dumont promet, entre autres, une allocation de épine au pied du Parti libéral, s’est apaisé au cours du 100 dollars par enfant par semaine à chaque famille, et mois de février 2007. Un an plus tôt, en mars 2006, la propose d’abolir les commissions scolaires. Le PQ

Cour suprême du Canada avait tranché en faveur d’un annonce de son côté son intention, une fois élu, de ren- ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 jeune immigrant de religion sikhe, qui réclamait le droit verser l’une des décisions les plus impopulaires du gou- de porter le kirpan à l’école (Perreault 2006). Ce juge- vernement Charest, soit la vente à des intérêts privés ment, et la mise au jour d’autres cas d’« accommode- d’une partie du parc national du Mont-Orford. ments », avait suscité de nombreux débats qui avaient Durant la deuxième semaine de la campagne, l’at- gagné en intensité dans les mois suivants6. En novembre tention se tourne vers la question constitutionnelle. 2006, le chef de l’Action démocratique, Mario Dumont, André Boisclair présente son programme électoral, dans est entré à son tour dans le débat en émettant de lequel il est annoncé que le PQ s’engage, une fois élu, à sérieuses réserves sur ces accommodements et en criti- tenir un référendum sur la souveraineté du Québec « le quant le gouvernement Charest pour son inaction dans plus tôt possible durant son premier mandat ». Les ce dossier (Dutrisac 2006). Le débat a culminé à la fin du libéraux ne perdent pas de temps et dénoncent cet mois de janvier 2007, lorsque La Presse a rapporté que engagement en soutenant que la tenue d’un troisième le conseil municipal d’Hérouxville (un village situé près référendum n’est pas dans l’intérêt des Québécois. de Shawinigan, en Mauricie) venait d’adopter un « code Mario Dumont dénonce lui aussi l’« obsession » de conduite » destiné aux immigrants désireux de référendaire des péquistes et propose plutôt d’accroître s’établir dans le village, et qui les enjoignait de se con- l’autonomie du Québec à l’intérieur de la fédération former aux valeurs laïques du Québec (Gagnon 2007). canadienne. La position autonomiste de l’ADQ amène Mario Dumont a alors déclaré que le code d’Hérouxville Jean Charest à prétendre que Mario Dumont n’est rien était « un cri du cœur » qui devait être entendu. Le de moins qu’un séparatiste dans le placard, rappelant sondage Léger Marketing du 30 janvier a alors démontré aux électeurs que le chef de l’ADQ s’est rangé du côté une augmentation significative des intentions de vote en du « oui » lors du référendum de 1995. faveur de l’ADQ, désormais à 24 p. 100 par rapport à L’ADQ commence lentement à recevoir plus d’atten- 11 p. 100 un an auparavant. Seulement deux semaines tion de la part des partis adverses de même que des avant le déclenchement des élections, le premier minis- médias. Depuis le début de la campagne, plusieurs candi- tre Charest a finalement répondu à la crise en créant la dats adéquistes ont formulé des commentaires controver- commission Bouchard-Taylor, chargée de faire la sés sur la réglementation des armes à feu, les conditions lumière sur les cas d’accommodements raisonnables, de travail des femmes et les immigrants, ainsi que sur dans l’espoir que cette dernière puisse calmer le jeu l’homosexualité d’André Boisclair. On apprend aussi (Robitaille 2007). qu’un candidat adéquiste a un dossier criminel. Sur une La campagne électorale débute officiellement le base presque quotidienne, Dumont doit défendre ses can- 21 février 2007. Cinq partis politiques principaux sont didats ou s’écarter de leurs déclarations, et il finit par dans la course. En plus du Parti libéral, du Parti renvoyer deux d’entre eux. En dépit de ces problèmes, de québécois et de l’Action démocratique, qui présentent nouveaux sondages publiés à la mi-campagne indiquent des candidats dans les 125 circonscriptions du que l’ADQ poursuit sur sa lancée, que le parti est main- Québec, le Parti vert présente 108 candidats7, et tenant au coude à coude avec le PQ, et qu’il menace Québec solidaire — un parti de gauche créé en février même l’avance dont jouissait le Parti libéral. Charest et 2006 — en présente 123. Rappelons que la fondation Boisclair commencent alors à attaquer Dumont. Ils

7 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 vateurs 2007. Àlafindudébat,plupartdesobser- chefs destroispartisprincipauxalieule13mars capable deformerungouvernementcrédible. l’ADQ serésumeàsonchef,etqu’ellen’estpasunparti stratégie consisteenfaitàpersuaderlesélecteursque idées sontirréalistesparcequetropcoûteuses.La son équipeettententdefaireladémonstrationqueses montrent dudoigtlemanquedecrédibilitéapparent par lebudgetfédéral.Le19mars,gouvernement de coalitionaveclePQ(ouPLQ,dureste). et rejettetoutepossibilitédeformerungouvernement situation minoritaire.MarioDumontridiculisel’idée, réitère sapromessedetenirunréférendum,mêmeen abordent laquestionouvertement.AndréBoisclair affaiblirait leQuébec,lesdeuxautreschefsdeparti bilité enaffirmantqu’ungouvernementminoritaire Alors queJeanCharestsehâtederejetercettepossi- l’élection possibled’ungouvernementminoritaire. suivant ledébatdonnelieuàdesspéculationssur de l’électionapprochantàgrandspas,lasemaine Montréal l’automneprécédent. l’effondrement d’unviaducdanslarégionde Québec, etqu’ilestparconséquentresponsablede dans l’entretiendesinfrastructuresautoroutièresdu que legouvernementafaitpreuvedenégligence documents administratifsquidémontrent,selonlui, vernement Charestenexhibantàlacamérades tente desusciterlaméfianceenverslegou- largement decôté.Pour sapart,MarioDumont cation) etenlaissantlaquestionréférendaire mettant del’avantsespriorités(notammentl’édu- Boisclair seressaisitquelquepeulorsdudébaten Après undébutdecampagnedifficile,André ment auxattaquesdesesadversairessursonbilan. a faitmauvaisefigure,nerépondantquemolle- at ubci 324 843 48-9 -28 0 -4,8 -12,9 +3,5 +37 36 48 0 +12,6 28,4 33,1 3,9 41 45 76 30,8 0 33,2 46,0 4 0,4 Source :Directeurgénéral desélectionsduQuébec(DGEQ)(http://www.electionsquebec.qc.ca). Parti libéralduQuébec 18,2 Parti québécois Union desforcesprogressistes/ Parti vertduQuébec Action démocratiqueduQuébec Résultats desélectionsde2003et2007 auQuébec Tableau 1 Un débattéléviséauquelnesontinvitésqueles La dernièresemainedelacampagneestdominée ubcsldie110360+, 0 +2,5 0 3,6 0 1,1 Québec solidaire Dumont étanttoujourssurunemontéeetlejour 8 sont d’accordpourdirequeJeanCharesty oe()Sèe oe()Sèe oe()Sièges Vote (%) Sièges Vote (%) Sièges Vote (%) 0320 Différence 2007 2003 (voir letableau1).LepartideMarioDumont,confiné 100 danslepremiercasetde 4 à41 dansl’autre p. 31 culaire parrapportàl’électionprécédente,de18 ses appuisetsadéputationaugmenterdefaçonspecta- ment lafortepousséedel’Action démocratique,quivoit siège) lejourdel’élection(voirtableau1). récoltent environ4p.100 duvotechacun(maisaucun partis, QuébecsolidaireetleParti vertduQuébec,ils provinciale de1970. Encequiatraitauxdeuxautres finit troisième,sapireperformancedepuisl’élection en nombredevotesqu’ensièges.LePQ une pluralitédesièges.L’ADQ finitdeuxièmeaussibien urnes lelundi26mars.Leslibérauxsontréélusavec gouvernement majoritaire.LesQuébécoisvontaux sans douteinsuffisantepourassurerlaformationd’un paux partis,leslibérauxconservantunelégèreavance, que lacourseesttoujoursserréeentrelestroisprinci- personnes àl’intérieurmêmeduPLQ(Chouinard2007). par BoisclairetDumont,demêmequecertaines cois. LapromessedeCharestestrapidementcritiquée à l’originedesproblèmesdusystèmedesantéquébé- la partdugouvernementfédéralétaitenbonnepartie pendant desannéesquelemanquedefinancement versée, étantdonnéqueleslibérauxavaientrépété pour baisserlesimpôts.Cettepromesses’avèrecontro- utilisera 700 millionsdedollarscenouvelargent jour suivant,JeanCharestannonceque,s’ilestréélu,il électorale provincialeavecledépôtdesonbudget.Le Harper quis’est,seloneux,immiscédanslacampagne budget, ilscritiquenttouslesdeuxlepremierministre cois etleBlocquébécoissemontrentfavorablesàce sur unepériodededeuxans.MêmesileParti québé- recevoir 3,6milliardsdedollarsennouveauxtransferts dans cettefouléequelegouvernementduQuébecva stantiellement lestransfertsauxprovinces.Ilannonce »enaugmentantsub- déséquilibrefiscal question du« Harper présentesonbudgetetprétendavoirrégléla Le résultatleplusmarquantdel’électionestévidem- Les dernierssondagesdelacampagneindiquent 8 depuis 13 ans à un rôle plutôt secondaire à l’Assemblée 2007 ; Bélanger 2007b), il n’en demeure pas moins que nationale, acquiert le statut d’opposition officielle. Le la progression constante de l’ADQ à chaque élection Parti québécois poursuit sa descente dans la faveur des (passant de 6 p. 100 du vote en 1994 à 12 p. 100 en électeurs — ininterrompue depuis 1994 (malgré sa vic- 1998, à 18 p. 100 en 2003 et à 31 p. 100 en 2007) et les toire en 1998) — et devient le deuxième parti d’opposi- niveaux de popularité spectaculaires qu’il a obtenus tion. Au-delà de ces évolutions, remarquables en soi, dans le passé (plus de 40 p. 100 d’appuis à quelques deux autres résultats sont à souligner. Le premier est la mois de l’élection de 2003) confèrent au cas de l’ADQ chute importante des appuis au PLQ entre les élections un intérêt particulier, non seulement d’un point de vue de 2003 et de 2007 (de 46 à 33 p. 100). Il faut remonter empirique, mais aussi dans la perspective plus large de aux élections de 1973 et de 1976 pour assister à un tel la dynamique politique au Québec et au Canada. recul du soutien au Parti libéral (de 55 à 33 p. 100). Nos analyses des déterminants des choix électoraux D’autre part, le score obtenu par le PLQ est le plus à l’élection provinciale québécoise de 2007 se basent sur faible qu’ait obtenu cette formation politique en un siè- les données d’un sondage réalisé immédiatement après cle. Un autre résultat de cette élection a fait l’objet de la campagne électorale par la firme Léger Marketing9. peu de commentaires : la stagnation de la participation Deux échantillons (Web et téléphonique) ont été com- ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 électorale. En dépit de la montée de l’ADQ, de l’émer- binés dans ce sondage. La collecte de données de la por- gence de Québec solidaire, de la présence accrue du tion Web a été réalisée du 5 au 11 avril 2007 auprès de Parti vert et du caractère très serré du scrutin (un fac- 1 172 Québécois et Québécoises, sélectionnés de façon teur qui favorise habituellement une hausse de la par- aléatoire à partir du panel Internet de Léger Marketing, ticipation), la participation s’est à peine maintenue représentatif de la population québécoise et comptant au-dessus de la barre des 70 p. 100 (71,2 contre plus de 150 000 membres au Québec10. La collecte de 70,5 p. 100 en 2003). Ces dernières observations sug- données de la portion téléphonique a été menée du 4 au gèrent deux choses : que la montée des tiers partis en 15 avril 2007 auprès de 1 003 Québécois et Québécoises, 2007 n’est pas le résultat d’une forte mobilisation qui à partir du centre d’appels montréalais de la firme. La aurait mené aux urnes de nouveaux électeurs et, marge d’erreur pour les résultats d’ensemble du sondage surtout, qu’elle s’est produite au détriment d’un des (n = 2175) est de ±2,3 p. 100, 19 fois sur 20. Toutes les deux partis traditionnels, le Parti libéral. analyses présentées dans cette étude ont été effectuées à partir des données pondérées11. Les résultats de ce sondage sont analysés de manière Les déterminants de l’appui à répondre, dans l’ordre, aux trois questions suivantes : aux tiers partis 1. Quel est le profil des électeurs ayant appuyé les tiers partis en général et l’Action démocratique en otre analyse du comportement électoral se particulier ? concentre sur les cas de l’Action démocra- 2. Quels sont les valeurs et les positionnements N tique, de Québec solidaire et du Parti vert, qui idéologiques des électeurs des nouveaux partis ont récolté ensemble 38,3 p. 100 du vote lors de l’élec- (Action démocratique, Québec solidaire et Parti vert) tion du 26 mars 2007. L’étude de la clientèle de l’ADQ, au Québec ? en particulier, est intéressante pour plusieurs raisons. 3. Comment les enjeux électoraux et la popularité des Les conditions dans lesquelles ce parti est né et s’est chefs ont-ils joué dans la montée des tiers partis lors développé présentent des similitudes intéressantes de l’élection de 2007 ? avec la poussée créditiste de 1962 au Québec (Drouilly Les analyses sont menées en deux temps. Nous répon- 2003). Le cas adéquiste est également pertinent dans dons d’abord à ces questions de façon plus descriptive. la mesure où certains ont avancé que la montée de ce Nous réexaminons ensuite les réponses obtenues à l’aide parti allait entraîner une transformation profonde du d’un modèle multivarié dans lequel l’impact des dif- système politique québécois. Selon cette hypothèse, le férents déterminants du vote, sociodémographiques, Parti québécois pourrait, à plus ou moins long terme, idéologiques ou contextuels (chefs et enjeux) sont exa- céder progressivement sa place à l’ADQ comme minés successivement. Il s’agit du modèle des blocs deuxième grand parti politique au Québec (Pinard récursifs (Miller et Shanks 1996 ; Blais et al. 2002) qui 2003 ; Allan et Vengroff 2004 ; Drouilly 2007). Même introduit un à un des blocs de variables explicatives. Le si cette conjecture peut paraître prématurée (Tanguay modèle A renferme ainsi les variables de type socio- démographique, le modèle B, les variables de valeurs et

9 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 L’électeur de Québec solidaireprésentede soncôtéles celle despartis écologistesdeplusieurspays. moins pratiquante,présente destraitscommunsavec exemple, plusscolarisée, urbaine,unpeuplusriche, émergents ounon.Laclientèle duParti vertpar partis qu’ellessoutiennent,que cespartissoient tèles électoralesreflèteassezbienlesorientationsdes préliminaires. Lapremièreestqueleprofildesclien- plus fortunéspourautant. ceux duParti vertetdeQuébecsolidaire), sansêtre larisés queceuxdel’ADQ (maisunpeumoinsque électeurs libérauxde2007 sontégalementplussco- trés danscertainesrégions(Outaouais,Montréal),les variables deperceptiondespartisetchefs liées auxenjeuxpolitiques,etlemodèleD,les d’orientations idéologiques,lemodèleC,lesvariables phones l’électeur libéralresteleplustypé.Moinsfranco- cois qu’àceluidel’électeuradéquiste.Leprofil lidaire, ressembledavantageàceluiduParti québé- tiers partis,surtoutceluidesélecteursdeQuébecso- Mario Dumont.Enfait,leprofildespartisans jeunes etmoinspratiquantsquelespartisansde Montréal, plusscolarisés,moinsfortunés,unpeu électeurs deQuébecsolidairesontplusconcentrésà se retrouventdavantageenmilieuurbain.Les significativement plusscolarisés,moinspratiquantset verts sontplusanglophones,unpeujeunes, avoir peudechosesencommun.Lesélecteursdes l’ADQ, deQuébec solidaireetduParti vertparaissent des partisansautrestierspartis.Lesélecteursde Dumont necorrespondpas,defaçongénérale,àcelui miers chiffres,queleprofildel’électeurMario que chezlesélecteursdesautrespartis. moins élevéquechezleslibéraux,maisplusintense se caractériseparunniveaudepratiquereligieuse femmes n’estpasmarquédansl’électoratdel’ADQ, qui la Capitale-Nationale.L’écart entreleshommeset Montérégie) oulesrégionsduCentre-du-Québecde montréalaise (Laval,Lanaudière,Laurentideset d’âge moyen,moinsscolariséetilhabitelacouronne :ilestfrancophone, adéquiste ressortassezclairement 2 fournitdesélémentsderéponse.Leprofill’électeur comme leParti québécoisetleParti libéral?Letableau distinguent-ils desclientèlespartistraditionnels Québec solidaireetduParti vert,etenquoise Qui sontlespartisansdel’Action démocratique,de La clientèledestierspartis Ces observationsnécessitentquelquesremarques Il estdoncpossibledeconclure,auvucespre- 13 , plusâgés,davantagepratiquants,concen- 12 . que seulslesigne (directiondelarelation)et leniveau Parti québécois(A3)et duParti libéral (A4). Ilestànoter celles duParti vert(A1),deQuébecsolidaire(A2), du démocratique (quiconstituela catégoriederéférence)à variée permettantdecomparer laclientèledel’Action résultats d’uneanalysederégression logistiquemulti- A1 àA4présentésl’annexe A.Cestableauxoffrentles ?Laréponsesetrouvedanslestableaux observations question plusloin. torat duParti québécois. Nousreviendronssurcette Parti vert,s’expliqueraitpardesdéfections dansl’élec- cée deQuébecsolidaireet,dansunemoindremesure,du libéral queduParti québécois,etqu’unepartiedelaper- ont étéenregistrésdavantageaudétrimentduParti l’ADQ en2007, contrairementauxélectionsprécédentes, principaux partisauQuébecsuggèrentquelesgainsde La proximité etlesdifférences entrelesclientèlesdes pour lesautrespartis,maisparcequ’ill’estdavantage. pas parcequ’ilestmoinspratiquant,commec’estlecas L’électeur libéral estdifférentdupartisanadéquiste,non différentes. Lecasdelapratiquereligieuseestfrappant. démarque aussideceluil’ADQ, maispourdesraisons sante, leprofildel’électeurlibéralmars2007 se cois qu’auxpartisansdeMarioDumont.Donnéeintéres- Québec ressemblentdavantageàceluiduParti québé- et, dansunemoindremesure,celuiduParti vertdu centre gauche.Encesens,l’électoratdeQuébecsolidaire Québec solidaireleprofildelaclientèled’unparti habituels d’uneclientèleécologisteetlespartisansde parti decentredroit,celuiduParti vertprésentelestraits L’électorat del’ADQ ressembleglobalementàceluid’un David ouceluideScottMcKay(chefduPVQen2007). férents deceuxquiontappuyélepartiFrançoise paraissent s’appuyersurunélectoratplusjeune. Québec solidaireet,plusencore,leParti vertqui en quelquesorte.Cesontsurtoutlespartiscomme politique québécoise,paraîts’êtreinstitutionnalisée présente depuisunequinzained’annéessurlascène aussi Tanguay 2007). Cetteformationpolitique, porté parlesnouvellesgénérationsd’électeurs(voir parti deMarioDumontn’estplusnécessairement tableau 2).Cetteobservationpermetd’avancerquele tions politiques,ycomprisceuxdel’ADQ (voirle Parti vertsontplusjeunesqueceuxdesautresforma- religieuse. LesélecteursdeQuébecsolidaireetdu conformisme parunfaibleniveaudepratique significativement moinsfortunéetaffichesonnon- gauche. Ilvitenmilieuurbain,estplusscolarisé, traits attendusdelaclientèled’unpartiplusà L’analyse multivariéeconfirme-t-elleglobalementces Les électeursdeMarioDumontsontdoncassezdif- 10 de signification statistique (indiqué par des astérisques) sur la variable dépendante transformée par un ratio loga- des coefficients de régression présentés dans ces rithmique. C’est pourquoi nous présentons plus loin dans tableaux sont directement interprétables ; la valeur en cette section une interprétation plus précise de cet effet en soi des coefficients ne l’est pas, car elle exprime l’effet nous basant sur le changement de probabilités calculé à

Tableau 2 La composition des clientèles électorales au Québec en 2007

ADQ PVQ QS PQ PLQ

Francophones % 96,2 66,2 93,6 97,5 68,4 Vote (%) 35,1 4,8 5,2 34,8 20,0

Femmes % 48,3 46,4 48,0 50,4 51,8 Vote (%) 30,9 6,0 4,6 31,5 27,0 amné e ir atsa ubcàléeto e20 ojntr utnac ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 18-34 ans % 28,0 43,9 35,6 33,7 19,7 Vote (%) 30,6 9,8 6,0 36,4 17,3

35-54 ans % 47,7 40,3 48,6 39,6 38,1 Vote (%) 35,9 6,2 5,6 29,4 23,0

55 ans et plus % 24,3 15,8 15,9 26,8 42,3 Vote (%) 26,9 3,6 2,7 29,3 37,6

Éducation (université) % 35,4 65,2 57,6 43,9 53,5 Vote (%) 24,8 9,3 6,1 29,7 30,1

Revenu (60 000 $ et plus) % 48,7 49,5 34,9 43,7 45,9 Vote (%) 34,1 7,0 4,0 29,7 25,2

Pratique religieuse (élevée)1 % 47,1 34,6 34,6 37,3 59,5 Vote (%) 32,6 4,9 3,7 25,3 33,5

Montréal % 9,0 49,9 33,4 17,9 28,6 Vote (%) 13,9 15,6 7,8 26,9 35,8

Couronne2 % 44,5 23,1 21,4 39,1 33,5 Vote (%) 37,7 4,0 2,7 32,4 23,2

Outaouais % 2,2 7,5 7,1 3,7 5,8 Vote (%) 17,1 11,6 8,2 27,3 35,8

Québec3 % 20,0 7,6 8,7 11,6 11,5 Vote (%) 46,0 3,6 3,0 26,0 21,5

Centre-du-Québec4 % 13,3 9,3 12,6 13,8 9,6 Vote (%) 34,7 4,9 5,0 35,1 20,3

Périphérie5 % 10,9 2,6 16,9 14,0 11,1 Vote (%) 29,7 1,4 7,0 37,3 24,7

1 Va à la messe une ou deux fois par année ou plus. 2 Laval, Lanaudière, Laurentides et Montérégie (régions métropolitaines de recensement et autres). 3 Québec et Chaudière-Appalaches (régions métropolitaines de recensement et autres). 4 Y compris Mauricie et Estrie. 5 Bas-Saint-Laurent, Saguenay/Lac-Saint-Jean, Abitibi/Témiscamingue, Côte-Nord et Gaspésie.

11 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 (de sacatégorieminimaleà sa catégoriemaximale) lorsque l’onfaitvarierlescatégoriesd’unevariable voter pourchacundespartisindividuellement, interprétés commel’augmentationdelaprobabilité A). Lescoefficientsdecestableauxpeuventêtre conomiques surlevotedefaçonplusdirecte(modèle d’examiner l’impactdesdéterminantssocioé- québécois auraientappuyéQuébecsolidaireen2007. profit del’ADQ, etqueplusieurspartisansduParti nombre significatifdelibérauxauraientfaitdéfectionau l’ADQ etlePLQ,entreQSPQ)suggèrentqu’un clientèles etcellesdespartisplustraditionnels(entre Québec solidaire)etlessimilaritésentrecesmêmes entre lesclientèlesdestierspartis(ADQ,Parti vertet libéral) ressortentégalement.Autotal,lesdifférences (quoique plusfaiblequecelledesélecteursduParti de mêmequeleurpratiquereligieuseplusintense dans lacouronnemontréalaiseetleCentre-du-Québec, d’appuyer unautrepartiquel’ADQ. Leurconcentration ayant toujoursuneffetpositifetsignificatifsurlechoix » scolarité adéquistes ressortclairement,lavariable« politiques. Leniveaud’éducationplusfaibledes avec l’orientationplusàgauchedecesdeuxformations Québec solidaireetduParti québécoisparaîtcompatible au plandel’âge).Lerevenuplusfaibledesélecteurs autres partisnesontpasstatistiquementsignificatives partis (ànoterquelesdifférencesentrel’ADQ etles oppose laclientèlelibérale,plusâgée,àcelledesautres ».Leseulclivagefondésurl’âgeestceluiqui féministe « David, àlatêted’unpartiquis’estdéfinicomme compte tenudelaprésenced’unchefféminin,Françoise des modèles)estàlafoisclaireetpeut-êtresurprenante, »n’étantstatistiquementsignificatifdansaucun femme « L’absence d’un cratique, deQuébecsolidaireetduParti québécois. férences notablesentrelespartisansdel’Action démo- à l’ADQ). Encequiconcernelalangue,ilyapeudedif- rangs duParti libéraletduParti vert(comparativement présence plusmarquéedesnon-francophonesdansles quatre tableaux).Unepremièreconstatationestla tableau desclientèlespartisanesen2007 (modèleAdes chacune dessectionssuivantes. B5 enannexe). Nousprocédonsdelamêmefaçondans partir descoefficientsderégression(voirtableauxB1à tats derégression obtenusauxtableauxA1 àA4. (B4) etl’Action démocratique(B5),àpartirdesrésul- lidaire (B2),leParti québécois (B3),leParti libéral individuellement pourleParti vert(B1),Québec so- Les changementsdeprobabilité sontainsicalculés Les tableauxB1àB5del’annexe Bpermettent Un examendecescoefficientspermetbrosserun gender gap (l’effet delavariable 14 . Parti québécois) partie desariveSudetlapériphérieduQuébecpourle l’Outaouais pourleParti libéral,l’EstdeMontréal,une dans différentesrégionsduQuébec(Montréalet représentants detroispartisayantchacunleursassises configuration del’Assemblée nationale,forméeparles territoire expliqueàlafoismontéedecepartiet est unaspectfondamentaldel’élection2007. Ce adéquiste (régiondeQuébecetcouronneMontréal) du voteressortclairement.L’émergence d’unterritoire trois autrespartis.Finalement,ladimensionrégionale vatisme moralpourl’ADQ) etàdiminuerl’appuiaux ment ;voiraussi,àlasectionsuivante,leconser- PLQ etàl’ADQ (haussede18et3points,respective- tribuant demanièreimportanteàaugmenterl’appuiau de lapratiquereligieuseestégalementévident,con- choix d’appuyerl’ADQ (baissede26points).L’impact aussi jouerunrôleimportant,maisinverse,dansle 4 points)estégalementmarqué.Lascolaritésemble solidaire (haussede8points)etauParti vert(haussede plus âgés).L’impact del’éducationsurl’appuiàQuébec pour lePLQentrelesrépondantsplusjeuneset points depourcentagelaprobabilitévoter 41 nant importantdel’appuiauParti libéral(haussede (baisse de9points).L’âge estégalementundétermi- les francophones),maiségalementpourverts centage danslaprobabilitédevoterpourcepartichez du votepourleslibéraux(baissede45pointspour- francophone) entraînenonseulementunediminution noter quelefaitd’êtrefrancophone(plutôtnon décisif quiinfluenceleurschoix.Ilestintéressantde veraineté duQuébec, sursonsentimentd’identifica- répondant lors d’unéventuelréférendumsur lasou- est construiteàpartirdequestions surlevotedu l’annexe A.L’échelle portantsurla questionnationale ces différentesdimensionsest présentéeendétailà le conservatismemoraletmalaisedémocratique. :laquestionnationale,lerôledel’État, tisans auQuébec importantes quiontcontribuéàstructurerleschoixpar- clientèles partisanesàl’égarddequatredimensions ont étéconstruitesafind’établirlepositionnementdes idéologiques decesélectorats.Àcettefin,cinqéchelles maintenant denouspenchersurlesorientations cratique, deQuébecsolidaireetduParti vert.Ilconvient attardant enparticulierauxpartisansdel’Action démo- clientèles desprincipauxpartisduQuébec,ennous Nous avonstracé,àlasectionprécédente,leprofildes Valeurs etorientationsidéologiques La langued’usagedesélecteursestunfacteur La constructiondeséchelles utilisées pourmesurer 12 15 . tion au Québec et au Canada, sur sa propre façon de sur l’avenir politique du Québec. Le Parti libéral se situe, se définir en tant que fédéraliste ou souverainiste (ou sans surprise, le plus près du pôle canadien et fédéraliste le refus de ces étiquettes), de même que sur son appui (avec un score de 0,66), suivi du Parti vert (0,52) et de à d’éventuels transferts de pouvoirs du gouvernement l’Action démocratique, qui occupe une position mitoyenne fédéral à celui du Québec. L’échelle sur le rôle de l’État sur cette échelle (0,43), très proche de la position moyenne comprend une série d’énoncés amenant les répondants de l’ensemble des électeurs (0,42). Le Parti québécois, sans à se prononcer sur ce que devrait être l’action du gou- surprise également, se situe à l’opposé du pôle fédéraliste vernement en diverses circonstances et à évaluer l’ef- (score de 0,15), un positionnement proche de celui des ficacité du secteur public par rapport au secteur privé électeurs de Québec solidaire (0,20). Les clientèles des trois dans un certain nombre de domaines. Un second indi- partis émergents au Québec, l’ADQ, Québec solidaire et le cateur sert à mesurer cette dimension. Il est construit à Parti vert, se caractérisent par leurs divergences plutôt que partir des évaluations de deux groupes souvent perçus par leurs similitudes sur la question du statut politique du comme étant antagonistes, le patronat et les syndicats. Québec. Les partisans de Québec solidaire sont proches de Le conservatisme moral des répondants est mesuré à la position souverainiste du Parti québécois, les électeurs l’aide d’une série d’indicateurs sur les valeurs du Parti vert se caractérisent par un positionnement plutôt ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 religieuses, l’adhésion aux valeurs familiales tradition- fédéraliste, à mi-chemin entre l’Action démocratique et le nelles et l’approbation des mariages entre conjoints de Parti libéral, et le parti de Mario Dumont occupe le centre même sexe. Finalement, la mesure du malaise démo- de l’échiquier en se réclamant de l’étiquette de parti cratique est composée d’indicateurs basés sur les per- autonomiste. ceptions qu’ont les électeurs de la sensibilité des Les différences entre les tiers partis ressortent aussi gouvernements à leurs besoins (external efficacy) et au sujet du rôle de l’État. Les électeurs les plus inter- inclut aussi leur évaluation d’ensemble du fonction- ventionnistes sont ceux de Québec solidaire (score de nement de la démocratie au Québec16. 0,30), et ceux qui le sont le moins sont les partisans de Le tableau 3 présente le positionnement moyen de l’Action démocratique (0,48). Entre ces extrémités l’ensemble des électeurs et des clientèles des cinq logent les électeurs du Parti libéral (0,39), dont la posi- principaux partis du Québec sur les différentes tion est proche de celle de l’ensemble des électeurs sur échelles. Celles-ci vont de 0 à 1, la valeur 1 signifi- cette question (0,41). Les électeurs du Parti québécois et ant, selon les cas, une position fédéraliste, une posi- du Parti vert (0,35) occupent de leur côté une position à tion conservatrice en matière économique, une mi-chemin entre celle des électeurs de Québec solidaire position plus favorable au patronat qu’aux syndicats et du Parti libéral. (dans cette échelle, la valeur de 0,5 correspond à une L’échelle opposant l’interventionnisme au laisser-faire position également favorable aux deux groupes), un économique ne paraît pas très discriminante à propos des conservatisme moral plus appuyé et un malaise positions des clientèles, un résultat déjà observé dans le démocratique plus intense, la valeur de 0 renvoyant à passé pour les élections québécoises (voir Nadeau, Guérin des positions inverses (souverainisme, intervention- et Martin 1995). Il semble donc opportun d’ajouter un nisme, appui aux syndicats, libéralisme culturel et autre indicateur, plus simple et direct, pour mesurer le fort sentiment de confiance envers le fonctionnement conservatisme économique des électeurs. Cet indicateur des institutions démocratiques au Québec)17. mesure simplement la différence entre l’évaluation des L’échelle présentant la plus grande amplitude quant milieux d’affaires et des syndicats (sur une échelle initiale aux positions des clientèles électorales est celle qui porte allant de 0 à 100, où 100 signifie une évaluation très

Tableau 3 Les positions politiques et idéologiques des clientèles électorales au Québec en 2007

Tous1 ADQ PVQ QS PQ PLQ

Question nationale 0,42 0,43 0,52 0,20 0,15 0,66 Rôle de l’État 0,41 0,48 0,35 0,30 0,35 0,39 Patronat et syndicats 0,60 0,65 0,58 0,46 0,53 0,66 Conservatisme moral 0,49 0,52 0,40 0,32 0,42 0,57 Malaise démocratique 0,65 0,72 0,68 0,66 0,63 0,59

Note : Toutes les variables sont présentées suivant des échelles allant de 0 à 1 (voir annexe A). 1 Ensemble des répondants.

13 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 oiiu :leur niveaudeconfianceenvers lefonction- politique d’une dimension importantedeladynamique partis exprimentdesopinions convergentesàpropos émergents auQuébec.Celadit, lesélectoratsdeces différences marquéesentreles électoratsdespartis questions morales(0,49). la positionmoyennedesélecteursquébécoissurles de laquestionnationale,elleserapprocheleplus moyenne desélecteursdel’ADQ. Commedanslecas :laposition ces deuxduos.Autredonnéeintéressante Parti vertsesituantgénéralementàmi-cheminentre gauche, oùcohabitentlePQetQuébecsolidaire, social), lamêmeconfigurationsereproduisantà dent verslepôleduconservatisme(économiqueet l’ADQ, soitunparti traditionneletuntiersparti,ten- des partisansduPLQ(0,57).Faitintéressant,leet (0,32), maistoutdemêmemoinsprononcéquecelui du Parti vert(0,40)et,surtout,deQuébecsolidaire (score de0,52)queceluidesélecteursduPQ(0,42), térisent parunconservatismemoralplusappuyé tie cetteattente.Lespartisansdel’ADQ secarac- le conservatismemoraldesélecteursconfirmeenpar- clientèles électoralesàpartird’uneéchellemesurant valeurs familialestraditionnelles.Uneanalysedes le mariageentreconjointsdemêmesexe etles conservatisme surlesquestionscommel’avortement, Les électeursdel’ADQ secaractériseraientparleur ;Boily2008). économique etsocial(p.ex.Piotte2003 nait uncourantdepenséeconservateur, àlafois formation deFrançoiseDavid,ressortentnouveau. la proximité plusgrandeentreleParti québécoisetla solidaire (plusfavorablesauxsyndicats),demêmeque Parti vert(plusfavorablesaupatronat)etdeQuébec 0,65 etde0,66).Lesdifférencesentrelesélecteursdu même quecelledesélecteursduParti libéral(scoresde l’Action démocratique,plusàdroite,seconfirme,de nuancent lesprécédentsrésultats.Lapositionde (environ 0,20),maislesrésultatsobservésrenforcentet peu prèslamêmequesurcelledel’interventionnisme le patronat.L’amplitude observéesurcetteéchelleestà péquistes, affichantuneattitudeplusfavorableenvers (0,46), touslesautresgroupes,ycomprisélecteurs Québec solidairesontplusfavorablesauxsyndicats parmi lesclientèlesélectorales.Seulsélecteursde l’ensemble delapopulation(moyenne0,60)ou positive quecelledessyndicats,cesoitdans échelle. Lepremierestquel’imagedupatronatplus Deux constatsressortentdesrésultatsobtenussurcette positive d’ungroupeet0unepositiontrèsdéfavorable). Les résultatsfontressortirjusqu’à maintenantdes Certains observateursontavancéquel’ADQ incar- du PLQsedémarquent parunconservatisme moralplus :lesélecteursdel’ADQ et de ladimension desvaleurs dèle B).Unedynamiquesemblable seconfirmeàpropos ; mo- démarque lesélecteursdel’ADQ deceuxduPLQ négatifs etsignificatifsàl’exception de celuiqui »danslestableauxA1àA4 sont tous Patsynd riable « adéquistes surcettequestion(lescoefficientsdelava- tion delaconvergencedéjàobservéedeslibérauxet syndicats) exercent lemêmetyped’impact,àl’excep- Les sentimentsenverslesgroupessociaux(patronatet »,modèleB). État A1 àA4correspondantlavariable« coefficients, tousnégatifsetsignificatifs,destableaux bilité devoterpourtoutautrepartiquel’ADQ (voirles cette questionréduisantdefaçonsignificativelaproba- quant aurôledel’État,unepositionconservatricesur Dumont campentrésolumentàdroitedel’échiquier aussi clairementdesrésultats.LesélecteursdeMario dèle B).Leconservatismedespartisansdel’ADQ ressort non significatifpourlesvertsdansletableauA1,mo- place mitoyennesurcettequestion(voirlecoefficient -5,42 etde-2,94),leParti vertetl’ADQ occupantune Parti québécoisetdeQuébecsolidaire(coefficients constitue unecaractéristiquecommunedesélecteursdu ;lesoutienàl’optionsouverainiste régression de3,70) tisans duParti libéralressortclairement(coefficientde criminante. L’orientation nettementfédéralistedespar- question nationaleconstitueladimensionplusdis- orientations politiquessurlechoixdesélecteurs.La A4, modèleB)fontclairementressortirl’impactdeces fonctionnement deladémocratieauQuébec. différentes serejoindredansunecritiquecommunedu groupes d’électeursauxorientationspolitiquesassez par exemple, ilestquandmêmeintéressantdevoirdes ticulièrement sensiblesàlaréformedumodedescrutin électeurs deQuébecsolidaireetduParti vertétantpar- politiques puissentvarierselonlesclientèles, les sourcesdel’insatisfactionenversinstitutions (scores respectifsde0,72,0,66et0,68).Bienque Québec solidaireetduParti vertparaissentserejoindre tique oùlespartisansdel’Action démocratique,de cette échelleestqu’ils’agitdelaseuleorientationpoli- Parti libéral).Maisladonnéeintéressanteàproposde (scores de0,63et0,59pourleParti québécoisetle général, etdupartigouvernementalenparticulier prononcé chezlespartisansdespartistraditionnelsen s’y attendre,ceniveaudemalaiseestunpeumoins clientèles partisanes(voirtableau3).Commeonpeut que cesentimentestrépandudansl’ensembledes le malaisedémocratiquedesélecteursmontred’abord nement desinstitutionspolitiques.L’échelle mesurant Les résultatsdel’analysemultivariée(tableauxA1à 14 appuyé que celui des autres formations, sauf le Parti Les facteurs de court terme : vert (voir les coefficients négatifs et significatifs asso- les enjeux et les chefs ciés à la variable « Cmoral » pour tous les contrastes de Les résultats présentés jusqu’à maintenant montrent l’exis- partis sauf dans les cas PLQ/ADQ et PVQ/ADQ). tence de clientèles électorales variées au Québec, suscepti- Les données examinées plus haut laissaient entendre bles d’être attirées par des partis politiques présentant des que l’insatisfaction envers le fonctionnement des institu- orientations conformes à leurs préférences. Une question tions politiques constituait un des rares traits communs se pose toutefois. Comment expliquer que ces clientèles, des clientèles des tiers partis au Québec. L’analyse multi- ou du moins une partie d’entre elles, aient conclu lors de variée confirme cette conclusion préliminaire. Les résul- la dernière élection au Québec que leurs intérêts seraient tats montrent que la perte de confiance envers les mieux défendus par un parti émergent plutôt que par un institutions politiques a contribué à favoriser l’ADQ aux parti établi ? La réponse à cette question se trouve peut- dépens des partis traditionnels, comme le PQ et le PLQ être du côté des déterminants de court terme des choix (coefficients de -2,01 et de -2,96, respectivement dans électoraux : les enjeux et l’image des chefs. les tableaux A3 et A4, modèle B). La donnée la plus Nous examinons d’abord l’impact des enjeux avant marquante reste toutefois le fait que la variable du de nous tourner vers celui des chefs. Deux types de ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 cynisme politique constitue un déterminant commun questions sont utilisés pour mesurer l’effet des enjeux menant les électeurs à appuyer des partis aussi différents sur le vote. Des questions fermées sont employées pour que l’ADQ, le Parti vert et Québec solidaire. L’analyse de mesurer la position des répondants sur trois enjeux qui régression montre que le fait de ressentir ce type d’insa- ont été importants au cours de cette campagne élec- tisfaction envers le fonctionnement de la démocratie au torale (voir la deuxième partie de cette étude) : la situa- Québec ne distingue pas de façon significative les tion économique (pour une revue des nombreuses électeurs de Mario Dumont, de Françoise David et de études ayant montré l’impact de la conjoncture Scott McKay, les coefficients pour les contrastes économique sur l’appui au gouvernement sortant, voir QS/ADQ et PVQ/ADQ n’étant pas statistiquement signi- Lewis-Beck et Stegmaier 2007), la promesse du Parti ficatifs (voir les tableaux A1 à A4, modèle B). québécois de tenir un référendum « le plus tôt possible » L’impact de la variable « malaise démocratique » est lors d’un premier mandat et la question des « accom- d’ailleurs confirmé lorsque les coefficients de régression modements raisonnables ». Une question ouverte, sont transformés pour être interprétés en termes de demandant aux répondants de déterminer l’enjeu le plus changement dans la probabilité de voter pour un parti important selon eux lors de l’élection, sera aussi utilisée. (tableaux B1 à B5, modèle B). L’effet du malaise démo- L’évaluation de la situation économique par les cratique est positif sur la probabilité d’appuyer chacun Québécois était plutôt mitigée au moment de l’élection de des trois partis émergents, et négatif sur celle de voter 2007 (58 p. 100 des répondants estimaient que la situation pour le PQ et pour le PLQ. La différence entre l’ADQ et économique était restée la même depuis un an ; 13 p. 100 le PLQ est la plus frappante (hausse de 44 points pour le la croyaient meilleure et 29 p. 100 l’estimaient moins premier, baisse de 33 points pour le deuxième). Le bonne). De nombreuses études ont montré que cette vari- malaise démocratique a un effet plus important sur able touche surtout la popularité des gouvernements sor- l’appui à l’ADQ que sur l’appui à QS et au PVQ mais il tants, et nous nous attendons donc à ce que son impact ne faudrait pas sous-estimer son effet sur le soutien à soit particulièrement significatif pour le Parti libéral. Selon Québec solidaire (4 points) et au Parti vert (1 point), notre enquête, la promesse du Parti québécois de tenir un compte tenu du petit bassin d’appuis pour ces deux référendum rapidement n’obtenait le soutien que de partis. En d’autres termes, les trois partis bénéficient du 24 p. 100 des Québécois au moment des élections. Compte malaise, mais à leurs échelles d’appuis respectives. tenu des orientations idéologiques des clientèles parti- L’ensemble des résultats montre que les électeurs à sanes, l’impact attendu de cette variable aurait dû être la fois conservateurs et cyniques ont déserté un parti particulièrement marqué pour les électeurs péquistes et traditionnel, le PLQ, et choisi massivement l’ADQ. Les libéraux. L’opposition ferme de Mario Dumont à cette idée électeurs progressistes et insatisfaits, moins nombreux, laisse croire également que cette variable a contribué à ont déserté un autre parti traditionnel, le PQ, pour démarquer de façon nette les électeurs du PQ et de l’ADQ. appuyer Québec solidaire. Finalement, les électeurs Finalement, les positions quasi souverainiste des électeurs préoccupés des questions environnementales, plus dis- de Québec solidaire et plutôt fédéraliste des verts sug- parates quant à leurs orientations politiques, ont gèrent que cet engagement démarque davantage les parti- choisi un parti à enjeu unique, le Parti vert du Québec. sans de l’ADQ du premier parti que du second.

15 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 libéraux à mi-cheminentrecesdeuxpositions(45p.100 des Parti vert),lesélectoratsdespartistraditionnelssesituant autres tierspartis(29p.100 pourQuébecsolidaireetle 100 chezlesélecteurs des p. portion tombeàmoinsde30 100), cettepro- p. fortement d’accordavecceténoncé(58 Alors queprèsdetroisadéquistessurcinqsedisent tient comptedesdifférentesopinionssurcettequestion. de clivagespartisansasseznetssurcetenjeu,lorsquel’on avis. Cesmêmesdonnéesmontrentpourtantl’existence de huitQuébécoissurdix(81 p.100) partageaientcet largement répanduaumomentdel’élection,puisqueplus accommodements auraientététroppoussésétaittrès tableau 4montrentquelesentimentselonlequelces »Lesdonnéesdu les minoritésculturellesauQuébec. années, noussommesalléstroploinpouraccommoder Durantlesdernières :« désaccord avecl’énoncésuivant plutôt d’accord,endésaccord,oufortement Celle-ci leurdemandaits’ilsétaientfortementd’accord, étude pourmesurerl’opiniondesrépondantsàcesujet. attention particulière.Unequestionestutiliséedanscette certains enjeuxetaidentàcomprendrecommentles tableaux A1àA4(modèleC)confirmentl’impactde n’ont pasdéterminéd’enjeuplusimportant). de l’élection(environlequartdesrépondants,26p.100, 100) commeenjeuprincipallors p. du changement(9,5 du Québec(7p.100), del’environnement(6,5p.100) et la santé(21 p.100), del’éducation(5p.100), dustatut pondant auxpersonnesayantindiquélesquestionsde nous avonscréécinqvariablesdichotomiquescorres- des principauxenjeuxsurl’appuiauxpartispolitiques, marquante desréponsesfournies.Afindetesterl’impact La dispersiondesréponsesestl’autrecaractéristique quoique dansuneproportionsignificativementmoindre. moment del’électionétait,commeen2003,lasanté, L’enjeu leplusimportant auxyeuxdesélecteursau l’enjeu leplusimportantontréservédessurprises. d’accord aveccetteproposition). oaeete éacr 11 27 16 45 4 37 13 46 9 40 24 29 5 36 20 29 35 5 1 58 34 12 5 47 1 Note :Opinionsrelatives àl’énoncé:«Durantlesdernièresannées, noussommesalléstroploinpouraccommoder lesminorités Totalement endésaccord Plutôt endésaccord Plutôt d’accord Fortement d’accord L'enjeu desaccommodementsraisonnableslorsdel'élection de2007 auQuébec(enpourcentage) Tableau 4 Ensemble desrépondants. L’enjeu desaccommodementsraisonnablesmériteune Les résultatsdel’analysemultivariéeprésentésaux Les donnéescolligéespourunequestionouvertesur 18 et 46p.100 despéquistessedisantfortement Tous 1 D V SP PLQ PQ QS PVQ ADQ variables, confirmentlesmêmesinterprétations. probabilité d’appuyerunpartiselonlescatégoriesdes B5 (modèleC),danslesquelslescoefficientsmesurentla souveraineté duQuébec.LesdonnéesdestableauxB1à peu empressésparlatenued’unautreréférendumsur soutien d’électeursnationalistes(voiresouverainistes) des troispartisémergentsauQuébec),etabénéficiédu changement estunemotivationcommuneauxélecteurs autres tierspartis,cequisuggèrequelebesoinde que cettevariablenesertpasàdémarquerl’ADQ des la populationfaceauxpartistraditionnels(ilestànoter tique, finalement,aprofitédudésirdechangementdans »autableauA1).L’Action démocra- Impenvir variable « résultats (voirlecoefficientimportant2,63,associéàla à enjeuuniqueduParti vertressorttrèsclairementdes dans unemesuremoindre(tableauA4).Lestatutdeparti libéraux ontaussigagnédesappuissurl’éducation, vilégié parAndréBoisclair(tableauA3),maisles chez lesélecteursintéressésparl’éducation,l’enjeupri- A4, modèleC).LeParti québécoisamarquédespoints question desaccommodementsraisonnables(tableau les électeursavidesdechangementetpréoccupésparla 2003, del’enjeulasantéetaperduduterrainchez intéressants. LeParti libéraln’apasprofité,commeen ouverte fournissentdescomplémentsd’information statistiquement significatifs). ;deuxdescoefficientssont tableaux A1àA4,modèleC quatre coefficientsnégatifsassociésàcettevariableaux que faceàQuébecsolidaireetauParti vert(voirles avoir favorisél’ADQ, tantfaceauxpartistraditionnels C). L’enjeu desaccommodementsraisonnablesparaît ;tableauA3,modèle variable pourlecontrastePQ/ADQ dans lacourse(voirlecoefficientnégatifdemême l’ADQ audétrimentduprincipalpartisouverainiste ;tableauA4)etafavorisélesoutien à » Référendum « au PLQ(coefficientpositifdelavariable tenue d’unréférendumrapidementaaugmentél’appui favorisé leParti libéral(tableauA4).L’opposition àla évaluations positivesdel’économieontlargement partis émergentsauQuébecontpuentirerprofit.Des Les variablesconstruitesàpartirdelaquestion 16 culturellesauQuébec. » L’appui aux tiers partis lors de l’élection de 2007 thermomètre allant de 0 à 100 souligne la domination semble pouvoir s’expliquer en partie par la nature des de Mario Dumont sur les autres leaders lors de l’élection enjeux débattus. L’intérêt croissant pour les questions de 2007. Son score moyen était de 18 points au-dessus environnementales a fourni un bassin d’électeurs de celui du premier ministre et du chef de l’opposition potentiels au Parti vert, et peut-être durable. La ques- au moment de cette élection. Sa domination s’exerçait tion des accommodements raisonnables a favorisé également aux dépens des chefs des autres tiers partis, l’ADQ. Des électeurs de sensibilité nationaliste, et qui souffraient à la fois d’évaluations assez mitigées et plutôt conservateurs, ont préféré les solutions plus d’une faible notoriété (les pourcentages de répondants modérées (l’autonomisme) et plus immédiates (une incapables (ou ayant refusé) d’évaluer Scott McKay et position ferme sur les accommodements raisonnables) Françoise David, étaient respectivement de 51 et de de l’ADQ au radicalisme du PQ incarné par sa propo- 39 p. 100 ; les mêmes pourcentages pour les chefs du sition de tenue rapide d’un référendum. PQ, du PLQ et de l’ADQ étaient de 7, 5 et 6 p. 100). Le positionnement des partis sur les enjeux ne suf- Les autres données du tableau 5 complètent ce por- fit cependant pas à rendre pleinement compte des trait. Elles portent sur des aspects plus spécifiques de facteurs de court terme ayant favorisé la montée des l’image des chefs, soit la perception de leur compétence, ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 tiers partis, et notamment de l’ADQ. L’image des chefs de leur honnêteté et de leur empathie en 2007. Les résul- paraît aussi avoir joué un rôle important, surtout si tats sont parlants. Mario Dumont était perçu, très nette- l’on tient compte de la relative insatisfaction des ment, comme le chef le plus honnête et le plus près des électeurs envers le gouvernement Charest. Un pareil gens. Jean Charest, tout de même talonné par Mario contexte aurait dû favoriser le Parti québécois. Or, Dumont, était perçu par une pluralité d’électeurs comme cette formation politique s’est avérée incapable de le chef le plus compétent pour diriger le Québec. canaliser ce mécontentement. L’impopularité des Françoise David, chef d’un parti de gauche, récoltait un chefs des deux partis traditionnels a constitué une certain succès d’estime, comme le montre les pourcent- donnée importante lors de l’élection de 2007 et sem- ages d’électeurs la croyant honnête et, surtout, proche des ble avoir eu un double effet. Le peu d’attrait du chef gens. Scott McKay, chef du Parti vert, est resté une péquiste, André Boisclair, a d’abord empêché son énigme pour une grande majorité d’électeurs, ce qui parti de récolter le soutien des électeurs mécontents, aurait pu porter un tort plus grand à un parti autre que le ouvrant ainsi la porte à l’ADQ. L’impopularité com- sien, le Parti vert étant un parti à enjeu unique dont le mune des chefs du PQ et du PLQ a contribué de son simple nom constitue, chez beaucoup d’électeurs, la moti- côté à diminuer l’attrait pour les deux partis tradi- vation première pour l’appuyer. Cela dit, c’est la faible tionnels (voir Nadeau et Bélanger 1999 au sujet de popularité d’André Boisclair qui est frappante. Dirigeant cette dynamique), contribuant ainsi à augmenter l’ap- l’opposition officielle et affrontant un gouvernement pétit pour le changement dans la population et à impopulaire, le chef péquiste n’est pas parvenu à imposer amener une grande variété d’électeurs — progres- une image claire quant à la nature du leadership qu’il sistes, conservateurs et écologistes — à se tourner vers aurait pu exercer à titre de premier ministre. d’autres véhicules pour exprimer leur mécontente- L’analyse multivariée permet de mesurer l’impact de ment ou leurs préoccupations. l’image des chefs sur les choix électoraux en contrôlant Les données du tableau 5 sur l’image des chefs pour l’ensemble des autres facteurs, y compris l’identifi- apportent de l’eau au moulin à cette interprétation. La cation partisane des électeurs (voir les tableaux A1 à A4, moyenne des évaluations des chefs de parti sur un modèle D). La variable « Chef » est construite à partir des

Tableau 5 L'image des chefs lors de l'élection de 2007 au Québec

Thermomètre1 Compétent(e) Honnête Près des gens Image2 (moyenne) (%) (%) (%) (moyenne)

Mario Dumont 55 27 40 57 41 Scott McKay 36 1 4 2 2 Françoise David 38 4 10 11 8 Jean Charest 37 36 10 7 17 André Boisclair 37 13 13 9 12

1 Évaluation globale des chefs sur une échelle allant de 0 à 100. 2 Moyenne des caractéristiques spécifiques (compétent, honnête, près des gens).

17 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 et àsetournerversdenouveauxvéhiculespolitiques. trices ouécologistes)àdélaisserlespartistraditionnels des clientèlesparticulières(progressistes,conserva- référendum rapidement,cesévaluationsontpoussé populaire duParti québécoisausujet delatenued’un accommodements raisonnablesetàlapromessepeu pour l’environnement,àlacontroverseausujetdes Combinées àlapréoccupationcroissantedesélecteurs glissement verslestierspartislorsdel’élection. de FrançoiseDavidsemblentdoncavoirfacilitéle ders. LapopularitédeMarioDumontetlapersonnalité un avantagenetduchefdel’ADQ surlesautreslea- que ladistributiondecettevariable(tableau5)montre »sontimportantsetd’autantplussignificatifs Chef « chacun despartisenlice.Leseffetsdelavariable pact desévaluationschefssurlechoixd’appuyer firment lesrésultatsprécédents.Ellesmontrentl’im- l’autre decespartis. pas exercé d’impactsurladécisiond’appuyerl’unou était telquelapopularitérespectivedeleurchefn’a l’éloignement idéologiqueentrecesdeuxformations électeurs deQuébecsolidairelaissecroireque d’André Boisclair. L’absence d’effetDumontchezles vernement libéraletsceptiquesàl’égardduleadership toire auxélecteursprogressistesmécontentsdugou- suggère quecepartidecentregaucheaservid’exu- mité desclientèlesduPQetdeQuébecsolidaire, Françoise Davidfaitressortirunefoisdepluslaproxi- ment intéressants.Lecoefficientpositifliéàl’imagede résultats concernantl’appuiauPQsontparticulière- catif quedanslecasducontrastePQ/ADQ).Les ble del’imageduchefl’ADQ, l’effetn’étantsignifi- libéral (voirlescoefficientsnégatifsassociésàlavaria- soutirer desvoixàlafoisauParti québécoisetauParti la popularitédeMarioDumontapermisàsonparti (voir lestableauxA1àA4,modèleD),onconstateque Françoise DavidetdeScottMcKay. sur l’évaluationglobale(àl’aided’unthermomètre)de pourcentage élevédenon-réponseàlaquestionportant leaders (compétence,honnêteté,empathie)enraisondu réponses obtenuesauxtroisquestionssurlestraitsdes L Discussion etconclusion Les donnéesdestableauxB1àB5(modèleD)con- En examinantlesrésultatsdel’analysemultivariée Québec. Outre lespartisansdesdeuxgrandes l’existence declientèlesélectorales variéesau es résultatsdenotreétudeont misenlumière Ce choixs’explique. D’abordparlamotivation pre- plus ouvertàleurs yeuxàlacauseenvironnementale. les vertsplutôtqued’appuyer lepartitraditionnel des partisenplace,ontchoisi en2007 devoterpour »québécois,peu enchantés écologistes tiers parti.Les« ce facteurajouédemanière différentepourchaque gent mais,contrairementàladésaffectionpolitique, aussi poussélesélecteursàvoterpourunpartiémer- dominé parleParti québécoisetleParti libéral. envers lefonctionnementdujeupolitiqueauQuébec, tirant notammentsasourcedansl’insatisfaction Québec en2007, soitunevolonté dechangement commun expliquantlamontéedestierspartisau critère, onpeutaffirmerquec’estlàl’uniquetrait au Parti vert,toutesproportionsgardées.Selonce autant àl’Action démocratique,à Québec solidaireet analyses, cedernierfacteurauraitbénéficiétout les tierspartisontexploitéavecprofit.D’aprèsnos tionnels etalimentéunevolontédechangementque tents anourriladésaffectionenverslespartistradi- une solutionderechangepourlesélecteursmécon- Le faitqueleParti québécoisn’aitpasparuconstituer du gouvernementaconstituéunélémentdéclencheur. prononcé chezlespartistraditionnels.Lebilanmitigé été leseulfacteurayantprovoquéunreculaussi auprès d’unélectoratplusciblé. David a,dansunemoindremesure,jouélemêmerôle atout décisifpourl’ADQ. LapersonnalitédeFrançoise autres chefsdanslafaveurpopulaire,aconstituéun Dumont, enfaitsatrèsnettedominationsurles défections partisanes.LapopularitédeMario Boisclair ontcrééunenvironnementpropiceaux libéral etl’impopularitédeJeanCharestd’André avoir joué.L’insatisfaction enverslegouvernement son defacteurs,courtetlongterme,paraît Unecombinai- ? ampleur lorsdesélectionsde2007 détachées despartistraditionnelsavecunetelle a soutenuQuébecsolidaire. marquée àgaucheetfavorablelasouveraineté,qui croissance, quiaappuyéleParti vert,etuneclientèle ment. Unélectoratécologiste,quipourraitêtreen d’importance numériquemoindreapparaissentégale- trice etdetendancenationaliste.Deuxautresgroupes démocratique duQuébec,estd’orientationconserva- plus important,quiasoutenumassivementl’Action clairement dansl’électoratquébécois.Lecourantle Parti libéral,troisautrescourantssedessinentassez formations traditionnelles,leParti québécoisetle La montéedecertainsenjeuxàl’avant-scènea La popularitédeMarioDumontn’atoutefoispas Comment expliquerquecesclientèlessesoient 18 mière de ces électeurs : l’environnement. Cela s’ex- ment été le produit de nombreuses défections chez les plique aussi par les autres grandes orientations qu’ils libéraux. La chose ne doit pas surprendre compte tenu de partagent. L’électorat vert est plus anglophone et la la proximité de ces deux électorats sur les questions position médiane de sa clientèle est nettement plus économiques et sociales. L’impopularité de Jean Charest fédéraliste et un peu plus conservatrice que celle de et de son gouvernement, la place de l’ADQ sur l’échiquier Québec solidaire. Le choix de ce dernier parti, malgré politique, la popularité de Mario Dumont et le position- la profession de foi du parti de Françoise David en nement de son parti sur la question des accommodements faveur de l’environnement, aurait été difficile. Il en est raisonnables ont fourni des passerelles supplémentaires de même en ce qui a trait à l’appui à l’ADQ, qui n’a facilitant la migration d’un électorat conservateur, et de pas manifesté beaucoup de ferveur environnementale sensibilité nationaliste, du PLQ vers l’ADQ. lors de l’élection de 2007. Le Parti québécois, dirigé Les défections du PQ en faveur de l’ADQ, moindres par un ancien ministre de l’Environnement, ne paraît en 2007, existent néanmoins, comme le montrent pas non plus avoir connu beaucoup de succès auprès notamment les succès de ce parti dans la couronne de cet électorat écologiste, malgré des appels écolo- montréalaise, terreau traditionnel du PQ. Nos analyses gistes (y compris le logo du PQ, dans lequel on a sub- montrent que la promesse de tenir un référendum rapi- ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 stitué le vert au rouge). Phénomène radicalement dement, combinée aux positions de l’ADQ sur les nouveau au Québec, le vote vert paraît susceptible de accommodements raisonnables et à son positionnement rallier durablement un certain segment de l’électorat. « autonomiste », a contribué à accroître l’appui au parti L’appui à Québec solidaire peut s’expliquer dans de Mario Dumont. les mêmes termes. Cette formation politique loge sur Malgré les limites d’une telle mesure, il aurait été le flanc gauche du PQ et elle est formée d’électeurs utile d’inclure dans la présente enquête une question un peu moins souverainistes et un peu plus progres- sur le vote des répondants à l’élection de 2003 afin sistes que le partisan péquiste médian. Il était donc d’avoir une meilleure idée des déplacements d’un parti naturel que cette frange de l’électorat, peu enchantée à l’autre au cours des dernières années19. Notre enquête par le PQ (et même encline à croire à un glissement inclut toutefois un élément d’information intéressant. Il vers la droite du parti sous la direction d’André s’agit d’une question demandant aux répondants quel Boisclair), mais souverainiste et ancrée à gauche, jette aurait été leur deuxième choix. Les réponses obtenues, son dévolu sur Québec solidaire. présentées au tableau 6, sont éclairantes. On peut La progression de l’Action démocratique reste d’abord observer que l’ADQ constitue le deuxième évidemment le phénomène marquant (mais pas néces- choix d’une pluralité d’électeurs, soit 38 p. 100, une sairement durable) de la dernière élection au Québec. donnée qui souligne l’ampleur de sa poussée à l’élec- Plusieurs facteurs l’expliquent. Certains remontent à tion de mars 2007. La provenance de ces deuxièmes l’origine du parti de Mario Dumont, créé au lendemain choix est encore plus révélatrice. Pas moins de 76 p. des échecs de l’accord de Meech et du référendum sur 100 des électeurs du PLQ auraient opté pour l’ADQ Charlottetown. L’ADQ a toujours eu l’ambition de pro- comme deuxième option. Cette proportion reste élevée poser une troisième voie, entre le fédéralisme affirmé chez les partisans du PQ, 50 p. 100, un pourcentage du PLQ et la position souverainiste du PQ. L’ADQ a pro- tout de même en retrait par rapport aux scrutins précé- gressé à chaque élection depuis 1994, en enregistrant dents (voir Nadeau et Léger 1998). L’attrait moindre de des gains plus importants au détriment du PQ que du l’ADQ chez les électeurs de Québec solidaire et du Parti PLQ. Sa montée lors de l’élection de 2007 a manifeste- vert (21 et 31 p. 100 respectivement) met une fois de

Tableau 6 Deuxième choix des répondants lors de l'élection de 2007 au Québec (en pourcentage)

Vote rapporté PLQ PQ ADQ PVQ QS

Parti libéral du Québec — 9 76 13 2 Parti québécois 8 — 50 19 23 Action démocratique du Québec 38 41 — 17 4 Parti vert du Québec 21 21 31 — 27 Québec solidaire 3 48 21 28 —

Ensemble des répondants 16 19 38 16 11

Note : Chaque rangée totalise 100 %.

19 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 indice parmid’autresdecettedynamique de lapopularitépersonnelleMarioDumontestun Québec fournitunepartiedel’explication.Lachute l’opposition officielleàl’Assemblée nationaledu vante del’ADQ etdesonchefàlatête ?Laperformancedéce- quer unepareilleévolution par leParti vertetQuébecsolidaire.Commentexpli- chute coïncideaveclemaintiendesappuisrécoltés tantes lorsderécentesélectionspartielles.Cette dans lessondagesetqu’elleasubidespertesimpor- moisaprèscescrutin,alorsquel’ADQ areculé 18 question seposeavecd’autantplusdepertinence ?La l’élection demars2007 seront-ilsdurables des tierspartis.End’autresmots,lesrésultatsde l’autre soulèvelaquestiondepérennitédessuccès tion peut-être,lesrangsduPLQ. les nouvellesrecruesayantdéserté,letempsd’uneélec- :lesplusanciensvenantsurtoutduPQet de transfuges l’électorat adéquiste,maintenantformédedeuxtypes provenance duPLQatransformélacompositionde en 2007. L’arrivée massivedenouvellesadhésionsen nées dutableau6montrentqueleschosesontchangé majoritairement lePQ(NadeauetLéger1998).Lesdon- ième choixdesélecteursdeMarioDumontétaittrès plus éclairante.Lorsdesscrutinsprécédents,ledeux- parmi lesélecteursdel’Action démocratiqueestencore deuxième choix.Ladistributiondecesmêmesréponses 100) comme p. québécois (48p.100) etleParti vert(28 partis lesplusàgauchesurl’échiquierpolitique,leParti :lestroisquartsdesesélecteursoptantpour ressort L’orientation àgauchedespartisansdeQuébecsolidaire unie parunthèmeunique,l’environnement. électeurs desvertsillustrel’hétérogénéitéd’uneclientèle Très éclatée,ladistributiondeceschoixchezles électeurs despartisémergentsestégalementrévélatrice. ces tierspartisàl’occasiondel’élection2007. plus enévidenceladistanceidéologiquequisépare terrain perdu au profitdel’ADQ. Deson côté,le défenseur dela spécificitéquébécoise,une partiedu PQ sembleêtreparvenuàrécupérer, àtitrede la protectiondelanguefrançaise. Cefaisant,le »pourassurer nouvelleloi101 en promettantune« abandonnant lapromessede tenirunréférendumet façon marquéesonpositionnementpolitiqueen a changédechefdepuiscescrutin.Ilmodifié tive généralesurcettequestion).LeParti québécois de mars2007 (voirMeguid2008pouruneperspec- partis traditionnelsàlasuitedeleurreculélectoral ième explicationtientpeut-êtreàlaréactiondes La mobilitédesélecteursquébécoisd’unpartià La distributiondesdeuxièmeschoixchezles 20 . Ladeux- le systèmepolitiquequébécois. années pourseprépareràses nouvellesfonctionsdans Mario Dumontauraitalorspu bénéficierdeplusieurs mode descrutindavantageproportionnel,leparti l’a étéauxlendemainsdel’élection2007. Avec un passage àl’oppositionofficiellemoinsdifficilequ’ilne période derodage,quiauraitcertainementrendule vantagé l’ADQ. Eneffet,ilaprivésadéputationd’une aussi conclurequecemêmemodedescrutinadésa- l’opposition officielle.Maisparadoxalement, onpeut l’espace d’uneseuleélection,àfairedecetiersparti minal enplaceauQuébec,aurontcontribué, de conjoncture,combinésaumodescrutinunino- des alternativestraditionnelles. électeurs déçusoudésabusésdurégimepolitiqueet image lesrendhautementattrayantsauprèsdes représentation différentsdespartistraditionnels.Cette négligeables enseprésentantcommedesvéhiculesde sont aussienmesuredemobiliserdesappuisnon idées etleurspositionssurdesenjeuxprécis.Maisils importants chezlesélectoratsquipartagentleurs spécifique leurpermettantderallierdesappuis partis, lestierspartisoccupentunenicheidéologique cratique ressentiauseindel’électorat.Commetous orientations politiques,maisaussidumalaisedémo- conclure quelestierspartisontbénéficiédeleurs élection québécoisede2007 nouspermettoutefoisde ? dans lesdifférentssegmentsdel’électoratquébécois en mesuredemaintenirourenforcerleurssoutiens stratégiques despartispolitiquesauQuébec.Seront-ils sant d’observerlesprochainesmanœuvres pourrait aussichangerladonne.Ilseradoncintéres- cause del’environnementouàdesenjeuxsociaux, l’autre desgrandspartis,depersonnalitésliéesàla de faireéliredesdéputés.Lerecrutement,parl’unou refuser d’appuyerunpartin’ayantguèredechances vote gaspillé.Celui-ciinciteratoujoursdesélecteursà dépend deleurcapacitérépondreàl’argumentdu Quant àl’avenirduParti vertetdeQuébecsolidaire,il par lespartistraditionnelsdepuisl’électionde2007. dépend doncdesaréactionauxajustementseffectués performance dugouvernement,etdesonchef. électeurs évaluentdefaçonrelativementpositivela minoritaire sanssuscitertropdevagues.Eneffet,les Parti libéralaréussiàdirigerungouvernement Dans lecasparticulierdel’ADQ, cesdeuxéléments Notre étudeducomportementélectoralàcette L’avenir del’Action démocratiqueduQuébec 20 Annexe A Estimations des déterminants du vote

Description des variables

Français 1 si la langue parlée le plus souvent à la maison est le français, 0 autrement.

Âge Âge en centième (échelle allant de 0,18 à 0,88).

Femme 1 si femme, 0 si homme.

Scolarité Échelle en 10 points ramenée entre 0 et 1.

Revenu Échelle en 10 points ramenée entre 0 et 1.

Qcentre 1 si Québec (RMR ou autres), Mauricie, Chaudière-Appalaches (RMR ou autres) ou Centre-du-Québec ; 0 autrement. amné e ir atsa ubcàléeto e20 ojntr utnac ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 Lvcouronne 1 si Laval, Lanaudière (RMR ou autres), Laurentides (RMR ou autres), Montérégie (RMR ou autres) ; 0 autrement.

Prelg 0 si ne va presque jamais à la messe, 0,25 si une ou deux fois par année, 0,50 si une fois par mois, 0,75 si deux fois par mois, et 1 si chaque semaine ou plus souvent.

Qnat Échelle 0-1 tenant compte de l’identité, canadienne ou québécoise (q18), de l’intention de vote référendaire (q19 et q20), du fait de se considérer comme fédéraliste ou souverainiste (q48), et de la répartition des pouvoirs entre les provinces et le fédéral (q49). Moyenne = 0,42 ; écart-type = 0,29.

État Échelle 0-1 tenant compte du niveau d’accord avec les énoncés : « Au total, ce serait une bonne chose de privatiser Hydro-Québec » (q50) ; « Pour améliorer le système de santé au Québec, il faudrait avoir davantage recours au secteur privé » (q51) ; « Sans l'action du gouvernement, il y aurait beaucoup plus de pauvreté dans nos sociétés » (q52) ; et « Sans l'action du gouvernement, l'environnement serait beaucoup moins bien protégé » (q53). Moyenne = 0,41 ; écart-type = 0,19.

Patsynd Échelle ramenée entre 0 et 1 résultant de la différence entre le thermomètre « entreprises » (q65) et le thermomètre « syndicats » (q64). Moyenne = 0,60 ; écart-type = 0,17. Un score plus près de 1 = davantage en faveur des entreprises, alors qu’un score plus près de 0 = davantage en faveur des syndicats.

Cmoral Échelle 0-1 tenant compte de la position sur le mariage entre personnes de même sexe (q66), et du niveau d’accord avec les énoncés : « Notre société se porterait mieux si les gens pratiquaient leur religion plus régulièrement » (q67) et « Il y aurait beaucoup moins de problèmes au Québec si on accordait plus d'importance aux valeurs familiales traditionnelles » (q68). Moyenne = 0,49 ; écart-type = 0,27.

Mdem Échelle 0-1 tenant compte du niveau d’accord avec les énoncés : « Je ne crois pas que les gouvernements se soucient beaucoup de ce que les gens comme moi pensent » (q21) et « Ceux qui sont élus au Parlement perdent vite contact avec les gens » (q22) ; de la confiance qu’ont les gens dans les gouvernements pour faire ce qui doit être fait (q23) ; de ce que les gens pensent à propos du niveau de gaspillage au gouvernement (q24) ; de l’opinion des gens à propos de l’honnêteté des dirigeants (q25) ; de la tendance des gouvernements à favoriser certaines personnes (q26) ; et de la satisfaction envers la démocratie (q27). Moyenne = 0,65 ; écart-type = 0,20.

Ecn Perceptions à l’égard de l’évolution rétrospective des conditions économiques, en trois points : 0, 0,5 et 1.

Référendum Opinion à propos de l’idée de tenir un référendum sur la souveraineté (q35a), entre 0 et 1.

Accommodements Niveau d’accord avec l’énoncé (q69) : « Durant les dernières années, nous sommes allés trop loin pour accommoder les minorités culturelles au Québec », entre 0 et 1.

Impsanté, Impéduc, 1 si la santé, l’éducation, le statut du Québec, l’environnement ou le changement a été nommé comme l’enjeu le plus Impsouv, Impenvir, important lors de cette élection dans une question ouverte ; 0 autrement. Impchang

PidPLQ, PidADQ, PidPQ, 1 si identification au PLQ, à l’ADQ, au PQ, à QS ou au PVQ ; 0 autrement. PidQS, PidPVQ

Charest, Boisclair, Dumont, Composé à partir de trois questions demandant de nommer le chef le plus compétent (q44), le plus honnête (q45) et le David, McKay plus proche des gens (q46). Variable en 4 points (0, 0,33, 0,67 et 1) selon que le chef en question ait été mentionné aucune, une, deux, ou toutes les fois.

21 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 ** dm-,6-,8-1,09 -2,15* 1,10 -1,21 -1,57 -0,08 -0,19 -1,36* 0,57 -2,38** 0,74 -1,49 -0,92 -1,10** -0,08 2,35 0,17 * Note :Lesvariablessontdécritesaudébutdel’annexeA. -0,96 -1,27 -1,06 Pseudo -2,51** -2,71** -0,11 0,43 0,54 2,92 -1,06** Charest -0,97** 1,01 Boisclair 0,19 -0,01 David McKay -1,07 Dumont -2,24** PidPLQ PidPQ 3,41** 0,24 -1,22** -1,15** PidQS PidPVQ 1,07 0,07 -1,23 PidADQ -1,19* Impchang -2,41** Impenvir Impsouv 4,56** -1,44** -1,32** 0,22 Impéduc Impsanté 1,72** Accommodements -1,57 -0,05 Référendum Ecn -2,15** Mdem 0,68 Cmoral Patsynd État Qnat Prelg Lvcouronne Qcentre Revenu Scolarité Femme Âge Français Constante lors del'élection2007 auQuébec(analysederégressionmultinomiale) Estimation desdéterminantsduvotepourleParti vertduQuébecparrapportàl'ADQ Tableau A1 N ,5;testsbilatéraux. 0,05 ,1;testsbilatéraux. 0,01 R 2 oèeAMdl oèeCModèleD Modèle C Modèle B Modèle A 9 2 0 1383 1400 1420 1 490 ,103 ,10,63 0,41 0,33 0,11 22 06 -0,73 0,44 -0,78 -0,84 -1,25* -0,63 -0,31 -0,90 -0,58 -0,65 ,3*2,02** 1,33 1,13 2,63** 1,20 1,33 -1,57* -1,13 -1,50* -2,24** 0,53 0,10 1,43 2,48* 0,55 3,50** Tableau A2 Estimation des déterminants du vote pour Québec solidaire par rapport à l'ADQ lors de l'élection de 2007 au Québec (analyse de régression multinomiale)

Modèle A Modèle B Modèle C Modèle D

Constante -1,81* 6,38** 7,10** 2,01

Français 0,21 -1,26* -1,03 0,80 Âge -0,49 -0,87 -0,12 -0,17 Femme -0,04 -0,03 -0,13 -0,42 Scolarité 2,78** 0,93 0,79 -0,46 Revenu -1,37** -1,15** -0,98 -0,46 Qcentre -1,77** -1,76** -1,63** -1,74* Lvcouronne -1,41** -1,52** -1,52** -1,19* Prelg -1,06* 0,03 -0,27 -0,22

Qnat -2,94** -2,71** -0,63 État -3,48** -3,39** 0,50 Patsynd -5,24** -5,20** -3,81* ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 Cmoral -2,37** -2,21** -0,20 Mdem 0,56 1,05 0,18

Ecn -0,18 0,66 Référendum -0,86 -0,64 Accommodements -1,72** -0,68 Impsanté -0,01 -0,62 Impéduc 1,74* 0,75 Impsouv -1,51 -0,95 Impenvir 1,53** 0,40 Impchang -0,49 -1,58*

PidADQ -2,71* PidPVQ -0,14 PidQS 3,82** PidPQ -0,18 PidPLQ — Dumont -1,72 McKay -0,60 David 4,93** Boisclair 1,15 Charest -0,42

Pseudo R2 0,11 0,33 0,41 0,63 N 1 490 1 420 1 400 1 383

Note : Les variables sont décrites au début de l’annexe A. La variable PidPLQ a été retirée de l’analyse afin d’obtenir les probabilités correspondant au modèle D. * 0,05 ; tests bilatéraux. ** 0,01 ; tests bilatéraux.

23 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 ** dm-,1*-,2*-1,59* -1,34* -0,37 -0,19 -2,76** 0,80 -1,42** -1,14** -2,48** -1,43* -4,70** -0,08 1,35 -0,90** -0,79** 0,13 * -1,84** Note :Lesvariablessontdécritesaudébutdel’annexeA. 0,13 -2,01** 1,43* -1,07** Pseudo -2,50** -1,96** -5,42** 3,05* -1,08** -0,36 Charest -0,77** 1,18 0,10 Boisclair -0,75 David McKay 0,35 -0,39 Dumont PidPLQ PidPQ 6,40** -1,08** -0,87** PidQS -0,27 PidPVQ 0,18 -0,86 0,14 PidADQ -0,65** -0,55 Impchang Impenvir Impsouv -1,14** 7,00** -0,70** Impéduc -0,53* Impsanté 0,86** 0,55 Accommodements -0,01 Référendum Ecn 0,69 Mdem Cmoral -0,49 Patsynd État Qnat Prelg Lvcouronne Qcentre Revenu Scolarité Femme Âge Français Constante lors del'élection2007 auQuébec(analysederégressionmultinomiale) Estimation desdéterminantsduvotepourleParti québécoisparrapportàl'ADQ Tableau A3 N 0,05 ;testsbilatéraux. ,1;testsbilatéraux. 0,01 R 2 oèeAMdl oèeCModèleD Modèle C Modèle B Modèle A 9 2 0 1383 1400 1420 1 490 ,103 ,10,63 0,41 0,33 0,11 24 05*-0,72* -0,60 -0,10 -0,56* -0,67 -0,88** ,00,26 0,94 1,42 -0,06 0,29 0,70 1,52** 2,32** 0,15 0,26 -1,42 -0,26 -1,58** -0,59 -2,46** 2,66** 1,91* 1,08** 2,08 0,93 Tableau A4 Estimation des déterminants du vote pour le Parti libéral du Québec par rapport à l'ADQ lors de l'élection de 2007 au Québec (analyse de régression multinomiale)

Modèle A Modèle B Modèle C Modèle D

Constante -0,49 0,34 -1,31 3,05*

Français -2,10** -1,73** -1,11** 0,43 Âge 3,25** 3,62** 3,67** 2,30* Femme 0,15 0,32 0,52** 0,60* Scolarité 1,10** 0,47 0,08 0,07 Revenu 0,16 -0,12 -0,36 -0,57 Qcentre -0,78** -0,99** -1,25** -0,81* Lvcouronne -0,61** -0,53** -0,61** -0,38 Prelg 0,56* 0,32 0,32 0,62

Qnat 3,70** 3,23** 2,04** État -1,84** -1,76** 0,04 Patsynd 0,13 -0,02 -0,12 ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 Cmoral -0,48 -0,29 0,03 Mdem -2,96** -2,28** -0,93

Ecn 2,16** 1,30** Référendum 1,05* 0,38 Accommodements -0,85* -1,15* Impsanté -0,05 -0,34 Impéduc 1,59** 0,59 Impsouv 1,70** 1,00 Impenvir -0,44 -0,37 Impchang -1,40** -1,77**

PidADQ -2,52** PidPVQ 1,55 PidQS 0,53 PidPQ -0,34 PidPLQ 1,73** Dumont -0,96 McKay 0,53 David 0,92 Boisclair 0,87 Charest 2,89**

Pseudo R2 0,11 0,33 0,41 0,63 N 1 490 1 420 1 400 1 383

Note : Les variables sont décrites au début de l’annexe A. * 0,05 ; tests bilatéraux. ** 0,01 ; tests bilatéraux.

25 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 des déterminantssurlevote Estimations del’impact Annexe B dm00 ,3-0,02 -0,09 -0,07 -0,06 0,06 0,03 -0,03 -0,05 -0,06 -0,03 0,04 0,03 -0,03 -0,04 0,02 0,06 0,00 0,01 -0,05 -0,03 -0,03 Note :Lesvariablessontdécritesaudébutdel’annexeA. -0,07 -0,11 0,03 -0,02 -0,03 0,02 Charest 0,06 Boisclair -0,03 -0,01 David McKay -0,06 -0,19 Dumont PidPLQ -0,04 PidPQ 0,02 -0,04 PidQS 0,07 PidPVQ -0,08 -0,00 PidADQ -0,04 Impchang -0,18 Impenvir Impsouv -0,03 -0,03 0,02 Impéduc Impsanté 0,04 Accommodements -0,07 -0,00 Référendum Ecn -0,09 Mdem Cmoral Patsynd État Qnat Prelg Lvcouronne Qcentre Revenu Scolarité Femme Âge Français lors del'élection2007 auQuébec Estimation del'impactdifférentesvariablessurlaprobabilitévoterpourleParti vertduQuébec Tableau B1 oèeAMdl oèeCModèleD Modèle C Modèle B Modèle A 26 00 -0,01 0,02 0,03 -0,02 -0,06 -0,08 -0,01 -0,01 -0,02 -0,03 -0,02 -0,06 ,90,23 0,05 0,29 0,01 -0,02 -0,04 -0,05 -0,06 -0,08 -0,02 -0,05 0,02 0,33 0,39 Tableau B2 Estimation de l'impact de différentes variables sur la probabilité de voter pour Québec solidaire lors de l'élection de 2007 au Québec

Modèle A Modèle B Modèle C Modèle D

Français 0,03 -0,01 -0,01 0,01 Âge -0,04 -0,03 -0,02 -0,01 Femme -0,00 -0,00 -0,01 -0,01 Scolarité 0,08 0,03 0,02 0,00 Revenu -0,05 -0,03 -0,02 -0,01 Qcentre -0,04 -0,03 -0,02 -0,02 Lvcouronne -0,03 -0,03 -0,02 -0,01 Prelg -0,03 -0,00 -0,01 -0,01

Qnat -0,03 -0,02 -0,01 État -0,06 -0,04 0,01 Patsynd -0,28 -0,26 -0,13 Cmoral -0,06 -0,04 0,00 Mdem 0,04 0,04 0,01 ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007

Ecn -0,01 0,01 Référendum -0,02 -0,01 Accommodements -0,04 -0,00 Impsanté -0,00 -0,01 Impéduc 0,01 -0,00 Impsouv -0,03 -0,02 Impenvir 0,03 0,00 Impchang -0,01 -0,01

PidADQ -0,02 PidPVQ -0,01 PidQS 0,17 PidPQ -0,01 PidPLQ – Dumont -0,02 McKay -0,01 David 0,36 Boisclair -0,00 Charest -0,02

Note : Les variables sont décrites au début de l’annexe A. La variable PidPLQ a été retirée de l’analyse afin d’obtenir les probabilités correspondant au modèle D.

27 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 dm-,6-,4-0,23 -0,22 -0,02 -0,05 -0,53 0,13 -0,14 -0,18 -0,32 -0,15 -0,12 -0,12 -0,73 0,01 -0,38 0,06 -0,01 0,03 0,20 -0,16 -0,14 :Lesvariablessontdécritesaudébutdel’annexeA. Note -0,28 -0,18 -0,13 -0,10 -0,75 -0,06 Charest -0,18 Boisclair 0,01 -0,00 David 0,06 0,06 McKay Dumont PidPLQ -0,12 PidPQ -0,11 -0,04 PidQS -0,21 PidPVQ 0,01 -0,09 PidADQ -0,15 0,08 Impchang Impenvir Impsouv -0,14 -0,07 Impéduc -0,11 Impsanté 0,05 Accommodements -0,09 -0,01 Référendum Ecn 0,28 Mdem Cmoral Patsynd État Qnat Prelg Lvcouronne Qcentre Revenu Scolarité Femme Âge Français lors del'élection2007 auQuébec Estimation del'impactdifférentesvariablessurlaprobabilitévoterpourleParti québécois Tableau B3 oèeAMdl oèeCModèleD Modèle C Modèle B Modèle A 28 00 -0,07 -0,03 -0,02 -0,00 -0,05 -0,06 -0,22 -0,06 ,2-0,01 0,09 0,26 -0,00 0,02 0,18 0,36 0,04 -0,32 -0,15 -0,23 -0,19 -0,09 -0,27 0,53 0,33 0,27 0,43 Tableau B4 Estimation de l'impact de différentes variables sur la probabilité de voter pour le Parti libéral du Québec lors de l'élection de 2007 au Québec

Modèle A Modèle B Modèle C Modèle D

Français -0,45 -0,20 -0,10 0,02 Âge 0,41 0,43 0,36 0,19 Femme 0,03 0,04 0,07 0,08 Scolarité 0,09 0,09 0,04 0,11 Revenu 0,08 -0,00 -0,04 -0,09 Qcentre -0,03 -0,08 -0,10 -0,07 Lvcouronne -0,03 -0,02 -0,04 -0,01 Prelg 0,18 0,04 0,05 0,05

Qnat 0,74 0,66 0,46 État -0,11 -0,09 0,03 Patsynd 0,17 0,12 0,02 Cmoral 0,00 0,03 0,10 Mdem -0,33 -0,25 -0,04 ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007

Ecn 0,33 0,21 Référendum 0,17 0,07 Accommodements -0,07 -0,16 Impsanté -0,01 -0,05 Impéduc -0,02 -0,03 Impsouv 0,15 0,09 Impenvir -0,12 -0,10 Impchang -0,12 -0,17

PidADQ -0,20 PidPVQ 0,05 PidQS -0,09 PidPQ -0,10 PidPLQ 0,40 Dumont -0,05 McKay 0,00 David -0,02 Boisclair -0,08 Charest 0,65

Note : Les variables sont décrites au début de l’annexe A.

29 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 dm04 ,30,29 0,22 0,06 0,09 0,02 0,33 -0,16 0,23 0,51 0,21 0,33 0,16 0,05 0,06 0,24 -0,31 -0,08 0,44 -0,02 -0,18 0,23 0,52 0,28 :Lesvariablessontdécritesaudébutdel’annexeA. 0,19 0,39 Note 0,07 0,02 Charest 0,06 Boisclair -0,32 -0,05 David -0,05 0,23 McKay Dumont PidPLQ 0,27 0,20 PidPQ 0,05 PidQS 0,03 PidPVQ -0,23 -0,05 PidADQ 0,03 0,31 Impchang Impenvir 0,25 Impsouv 0,18 0,06 Impéduc Impsanté -0,26 Accommodements -0,22 -0,01 Référendum Ecn 0,22 Mdem Cmoral Patsynd État Qnat Prelg Lvcouronne Qcentre Revenu Scolarité Femme Âge Français Québec lorsdel'élection2007 auQuébec Estimation del'impactdifférentesvariablessurlaprobabilitévoterpourl’Action démocratiquedu Tableau B5 oèeAMdl oèeCModèleD Modèle C Modèle B Modèle A 30 02 -0,12 -0,23 -0,25 0,02 -0,13 -0,22 -0,31 -0,38 -0,01 -0,20 ,90,25 0,20 0,01 0,19 0,19 0,09 -0,31 -0,40 -0,33 -0,19 -0,13 -0,09 -0,32 -0,36 0,32 0,52 Notes l’échantillon total). C’est la raison principale pour laque- 1 Nous nous appuyons dans ce texte sur l’idée que cer- lle ceux-ci ont été placés avec les répondants anglo- tains déterminants se situent plus en amont que phones. Cela dit, on peut noter que le comportement d’autres dans la décision de voter pour un parti. Les électoral des allophones semble plus diversifié que celui variables sociodémographiques, par exemple, des anglophones (voir aussi Gagné et Langlois 2005). Les précéderaient à l’image des chefs ; on analyse ainsi des données du tableau suivant permettent d’observer que la blocs distincts de variables qui s’enchaînent l’un après domination du PLQ et la percée du Parti vert est mani- l’autre (sur cette question, voir Miller et Shanks 1996 ; feste dans les deux groupes linguistiques, mais que les Blais et al. 2002). allophones semblent moins réfractaires aux partis sou- 2 Bien sûr, la notion de parti « traditionnel » n’est pas verainistes comme en témoigne le score combiné du PQ sans équivoque. Néanmoins, l’adoption d’une défini- et de Québec solidaire dans ce groupe (20 p. 100 contre tion plus formelle, basée par exemple sur des critères 3 p. 100 chez les anglophones) : quantitatifs comme le nombre de suffrages ou de PLQ PQ ADQ PVQ QS sièges remportés par le parti, demeure tout aussi pro- blématique (voir Laurent 1997) et ne rend pas com- Anglophones (10 p. 100 71 3 11 15 0 plètement justice à la notion de tiers parti qui nous de l’échantillon)

intéresse dans cette étude. Allophones (5,3 p. 100 51 13 6 22 7 ?, par Éric Bélanger et Richard Nadeau : conjoncture ou tendance La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 3 Pour des études qualitatives récentes, mais portant sur de l’échantillon) le seul cas du parti Confederation of Regions au Nouveau-Brunswick, voir Martin (1998) et Belkhodja 14 La probabilité étant exprimée sur une échelle allant de 0 (1999). à 1 (tableaux B1 à B5). 4 Une étude sur le soutien reçu par les tiers partis 15 Compte tenu de la petite taille des sous-échantillons ontariens, lors de l’élection d’octobre 2007, est égale- régionaux, nous avons limité les variables régionales au ment en cours. nombre de deux, soit Laval et la couronne montréalaise 5 D’après les chiffres de CROP. (Lvcouronne), et une vaste région allant de la Capitale- 6 Ces exemples incluent notamment la communauté Nationale au Bas-du-Fleuve (Qcentre). Diverses autres juive hassidique de Montréal qui demanda à ce que les définitions des régions ont été examinées sans produire fenêtres d’un YMCA jouxtant une école leur appar- de résultats probants. C’est au tableau B5 que ces deux tenant soient givrées afin que leurs enfants ne voient variables régionales ont l’effet positif le plus fort sur le pas les femmes s’entraînant, et des étudiants musul- vote, avec des hausses de 18 et de 25 points, respective- mans de l’École de technologie supérieure de Montréal ment, dans l’appui à l’ADQ. qui requirent une salle de prière dans leur école. 16 Le coefficient alpha qui mesure la force de la relation 7 Le Parti vert n’avait présenté que 37 candidats aux entre les variables qui composent un indice est élevé élections provinciales précédentes de 2003. pour les échelles portant sur la question nationale (0,80) 8 Voir, par exemple, Marissal (2007) et David (2007). et le malaise démocratique (0,76), et modéré pour 9 Le questionnaire de ce sondage a été entièrement l’échelle de conservatisme moral (0,59). Le coefficient rédigé par les deux auteurs, en collaboration avec Jean alpha pour l’échelle sur le rôle de l’État est faible (0,35), Crête, Laura Stephenson et Brian Tanguay. Les cinq ce qui nous a amenés à utiliser un second indicateur chercheurs remercient le Conseil de recherche en pour mesurer le conservatisme économique des répon- sciences humaines du Canada de même que l’Institut dants, soit la différence entre les évaluations des milieux de recherche en politiques publiques pour avoir d’affaires et des syndicats (Patsynd). financé ce sondage. 17 On peut déjà noter ici que la variable de malaise démo- 10 L’échantillon Web de départ a été stratifié selon le cratique semble mesurer une dimension très différente de sexe, l’âge et la langue maternelle, de façon à redresser celle que mesurent les variables de positionnements certains déséquilibres entre la population d’internautes idéologiques, la corrélation entre le malaise et ces autres et la population générale. variables étant en général très faible (le coefficient de 11 La pondération a été faite selon le sexe, l’âge, la langue corrélation le plus élevé, de seulement 0,23, est obtenu maternelle et la région de résidence, de façon à rendre les entre le malaise et le rôle de l’État). échantillons représentatifs de l’ensemble de la population 18 Le nombre de partisans libéraux se disant fortement du Québec (selon les données de Statistique Canada, d’accord avec l’énoncé sur les accommodements recensement de 2001). La pondération a été appliquée dis- raisonnables peut surprendre, compte tenu que cette tinctement sur chacun des deux échantillons. clientèle est formée en bonne partie d’électeurs non fran- 12 La méthode d’estimation employée est la régression cophones. Ce nombre relativement élevé est surtout logistique multinomiale. Quant aux propriétés de cette attribuable aux libéraux francophones (52 p. 100 étaient technique d’estimation, voir Greene (2007). fortement d’accord), mais il est à noter que les libéraux 13 Il est difficile de procéder à une analyse statistique allophones se sont tout de même montrés fortement fouillée du comportement des électeurs allophones d’accord à 45 p. 100, alors que les libéraux anglophones compte tenu du petit nombre de répondants allophones n’étaient fortement d’accord avec l’énoncé qu’à dans le sondage (115 cas, environ 5,3 p. 100 de 27 p. 100. Cette répartition des opinions entre les trois

31 Choix IRPP, vol. 14, no 17, novembre 2008 aoa,Mrae,19,«TrustthePeople! Populism and Canovan, Margaret,1999,« TheElectoralSystemandtheParty Cairns, AlanC.,1968,« Boily, Frédéric,2008, Blais, André,ElisabethGidengil,RichardNadeauetNeil Ladimensionpopulistede Belkhodja, Chedly, 1999,« 0 DanslesondageCROPd’octobre2008,seulement 20 Unsondageenpanelauraitétéidéaldecepoint 19 ———---, ———---, éagr rc tRcadNda,20,«Political Trust Bélanger, Éric,etRichardNadeau,2005,« ExplainingtheRiseof Bélanger, Éric,etKeesAarts,2006,« Références ———---, 200 ———---, ———---, TheRiseofThirdParties inthe1993 Bélanger, Éric,2004a,« TheChanging Allan, JamesP., etRichardVengroff, 2004,« ———---, 2007b, « Un Un « 2007b, ———---, vol. 47,p.2-16. », the TwoFacesofDemocracy science politique », System inCanada1921-1965 Québec, Pressesdel’Université Laval. :entrepopulismeetdémocratie tique duQuébec Peterborough, BroadviewPress. Sense oftheVote inthe2000CanadianElection Nevitte, 2002, p. 293-315. 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he Quebec provincial election of 2007 was unusual in several respects. The Liberal Party won with only 33 T percent of the votes and 48 seats, closely followed by Action démocratique du Québec (ADQ), with 31 percent of The authors find that the issues under debate during the vote and 41 seats, and the Parti québécois (PQ), which the 2007 election also pushed the voters toward emerging had 28 percent of the vote and 36 seats. For the first time parties, but this factor played out differently for each of since 1878 Quebecers elected a , and the third parties. Quebec greens, disappointed with tradi- Mario Dumont’s ADQ became the official opposition in the tional parties, chose to vote for the Green Party rather National Assembly, relegating the PQ to third place. than support the traditional party that was most open to These results raise new questions about the evolution the environment. The Green electorate tends to be of party preferences in Quebec. To more clearly grasp the English-speaking, more federalist and a little more con- implications of the 2007 election, our information about servative than those who voted for Québec solidaire. In Quebecers’ electoral behaviour needs to be updated. Éric addition, the ADQ did not demonstrate much environ- Bélanger and Richard Nadeau’s study is based on a sur- mental fervour during the election. Support for Québec vey of over 2,000 citizens immediately after the election. solidaire was based on other factors. This party found The authors present an exhaustive portrait of the profile favour with the left wing of the PQ and is made up of and motivation of the supporters of Quebec’s five main voters who are a little less sovereignist and a little more political parties. The study helps answer an important progressive than the average péquiste. question about the results of the 2007 election, namely: According to Éric Bélanger and Richard Nadeau, many Are voters for third parties (the ADQ, Québec solidaire factors explain the growth of the ADQ. While most of its and the Green Party of Quebec) different from those who gains since 1994 were largely made to the detriment of voted for the two major parties (the Liberals and the PQ), the PQ, the ADQ’s rise in 2007 was the result of numerous and if so, how are they different? defections from the Liberals. This is primarily due to the The study reveals that three new party constituencies similarity of the two electorates on economic and social have emerged among the Quebec electorate, in addition to issues. But, at the time, the unpopularity of Jean Charest those of the two main parties. The largest, which over- and his government, the popularity of Mario Dumont, whelmingly supported the ADQ, is conservative in orienta- and the ADQ’s position on reasonable accommodation tion and nationalist in leaning. Two other smaller groups provided other bridges that facilitated the movement of a have also emerged: a green electorate — which may be conservative nationalist electorate from the Liberal Party growing — supported the Green Party, and a leftist, sover- to the ADQ. Although defections from the PQ to the ADQ eignist constituency supported Québec solidaire. were fewer in 2007, they were still apparent. The PQ’s Why did these groups break off from the traditional promise to hold a quick referendum, combined with the parties during the 2007 election? The authors suggest that ADQ’s position on reasonable accommodation and its a combination of short- and long-term factors appears to “autonomist” stand also contributed to the increased sup- have played a part. The Liberal government’s mixed track port for Mario Dumont’s party. record was a key element, as was the PQ’s inability to Having drawn a portrait of the voters and analyzed the provide an alternative for all the malcontents, largely due factors favouring vote shifts from traditional parties to to the unpopularity of its leader. These factors bred disaf- third parties in the 2007 election, the authors conclude by fection with the two major parties and fostered a desire examining the sustainability of third-party success in for change that the new parties were able to exploit. Quebec. While the ADQ reaped more benefit from this than Québec solidaire and the Green Party, political disaffec- tion is a common thread explaining the rise of third par- ties in Quebec in 2007.

35 La montée des tiers partis au Québec à l'élection de 2007 Résumé conjoncture ou tendance ? Éric Bélanger et Richard Nadeau

’élection provinciale québécoise de 2007 a été excep- té une volonté de changement que les tiers partis ont su tionnelle à plus d’un titre. Le Parti libéral du Québec exploiter. Même si l’ADQ a bénéficié de ce facteur plus que L (PLQ) a remporté celle-ci avec seulement 33 p. 100 Québec solidaire et le Parti vert, la volonté de changement des voix et 48 sièges, talonné par l’Action démocratique du demeure un trait commun expliquant une partie de la Québec (ADQ), avec 31 p. 100 du vote et 41 sièges, et le montée des tiers partis au Québec en 2007. Parti québécois (PQ), qui a obtenu 28 p. 100 des voix et Les auteurs expliquent également que les enjeux débat- 36 sièges. C’est la première fois depuis 1878 que les tus ont aussi poussé les électeurs à voter pour un parti Québécois élisent un gouvernement minoritaire. L’Action émergent, mais ce facteur a joué de manière différente démocratique du Québec de Mario Dumont est alors de- pour chacun des tiers partis. Les « écologistes » québécois venue l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, déçus des partis traditionnels ont choisi de voter pour le reléguant le Parti québécois au rang de troisième parti. Parti vert plutôt que d’appuyer le parti traditionnel le plus De tels résultats soulèvent des questions à propos de ouvert à la cause environnementale. L’électorat vert est l’évolution des préférences partisanes au Québec. Pour plus anglophone, nettement plus fédéraliste et un peu plus mieux comprendre les résultats et les implications de conservateur que celui de Québec solidaire, et l’ADQ n’a l’élection de 2007, il est nécessaire de mettre à jour nos pas manifesté beaucoup de ferveur environnementale lors connaissances sur le comportement électoral des de l’élection. L’appui à Québec solidaire repose sur d’autres Québécois. L’étude d’Éric Bélanger et de Richard Nadeau facteurs. Ce parti loge sur le flanc gauche du PQ et est repose sur les données d’un sondage mené auprès de plus formé d’électeurs un peu moins souverainistes et un peu de 2 000 citoyens immédiatement après la dernière élec- plus progressistes que le partisan péquiste médian. Il était tion provinciale. Les auteurs tracent un portrait exhaustif naturel que des électeurs, peu enchantés du PQ, mais sou- du profil et des motivations des clientèles des cinq princi- verainistes et ancrés à gauche, jettent leur dévolu sur pales formations politiques du Québec. Ce qui permet de Québec solidaire. répondre à une question pertinente quant au résultat du Selon Éric Bélanger et Richard Nadeau, plusieurs fac- scrutin de 2007, à savoir : est-ce que les électeurs des teurs expliquent la progression de l’ADQ. Alors que depuis tiers partis (ADQ, Québec solidaire, Parti vert du Québec) 1994 les gains adéquistes se sont surtout faits au détriment se distinguent de ceux des deux partis traditionnels (PLQ, du PQ, la montée de l’ADQ en 2007 a été le produit de PQ) et, si oui, de quelle façon le font-ils ? nombreuses défections chez les libéraux. Cela est d’abord Cette étude révèle que, outre les partisans des deux dû à la proximité de ces deux électorats sur les questions grandes formations traditionnelles (PLQ et PQ), trois économiques et sociales. Mais l’impopularité de Jean autres courants se dessinent dans l’électorat québécois. Le Charest et de son gouvernement, la popularité de Mario plus important, qui a soutenu massivement l’ADQ, est Dumont et le positionnement de son parti à propos de la d’orientation conservatrice et de tendance nationaliste. question des accommodements raisonnables ont constitué Deux autres groupes d’importance moindre apparaissent d’autres passerelles facilitant la migration d’un électorat également : un électorat écologiste — qui pourrait être en conservateur, et de sensibilité nationaliste, du PLQ vers croissance — a appuyé le Parti vert, et une clientèle mar- l’ADQ. Les défections du PQ en faveur de l’ADQ, moindres quée à gauche et favorable à la souveraineté a soutenu en 2007, n’ont pas été inexistantes. La promesse du PQ de Québec solidaire. tenir un référendum rapidement, combinée aux positions Comment expliquer que ces clientèles se soient de l’ADQ sur les accommodements raisonnables et à son détachées des partis traditionnels lors des élections de positionnement « autonomiste », a également contribué à 2007 ? Les auteurs expliquent qu’une combinaison de fac- accroître l’appui au parti de Mario Dumont. Après avoir teurs, de court et de long terme, paraît avoir joué. Le bilan fait le portrait des électeurs et l’analyse des facteurs qui ont mitigé du gouvernement du PLQ a constitué un élément favorisé le déplacement des votes des partis traditionnels déclencheur. Le fait que le PQ, en raison notamment de vers les tiers partis, les auteurs concluent cette étude en l’impopularité de son chef, n’ait pas constitué une solution examinant la question de la pérennité des succès des tiers de rechange pour les mécontents a nourri la désaffection à partis au Québec. l’endroit des deux partis traditionnels au Québec et alimen-

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