SANDRALE THOMAS

De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti (Chansolme): analyse et impact d`une stratégie de lutte

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l`Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en Économie Rurale pour l`obtention du grade de Maître ès sciences (M.Sc.)

DÉPARTEMENT D`ÉCONOMIE AGROALIMENTAIRE ET DES SCIENCES DE LA CONSOMMATION FACULTÉ DES SCIENCES DE L`AGRICULTURE ET DE L`ALIMENTATION UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2012

© Sandrale THOMAS, 2012

RÉSUMÉ

Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités génératrices de revenu, KOFAVAC, sur les conditions de vie de celles-ci. L`analyse des résultats de l`enquête menée auprès des femmes révèle que la pauvreté touche à toutes les dimensions de leur vie. Les déterminants de la pauvreté sont à la fois des facteurs liés aux caractéristiques sociodémographiques et économiques de la femme et de son ménage : la taille du ménage, le nombre d`enfants qui sont à l`école, le nombre d`adultes sans profession et qui ne mènent aucune activité rémunératrice et le niveau de dotation du ménage en actifs terre et animaux d`élevage. L`impossibilité de satisfaire les besoins du ménage est perçue par les femmes comme étant le premier signe de pauvreté et le facteur déterminant de leur incapacité à rester dans le système crédit/épargne KOFAVAC. L`impact de KOFAVAC, comme apporteur d`un revenu supplémentaire est très faible. Mais son apport en termes de contribution à la satisfaction des besoins d`alimentation et de scolarisation des enfants est reconnu par les femmes. Aussi, la création d`emplois et la scolarisation gratuite figurent parmi les actions prioritaires que l`État haïtien doit entreprendre à Chansolme pour une amélioration des conditions de vie de la population selon les femmes. De même, la recherche de nouvelles activités génératrices de revenus, l`aide pour le logement, la transformation de nouveaux produits et la recherche de nouveaux marchés sont proposées par les femmes en vue d`un meilleur appui de KOFAVAC.

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ABSTRACT

This study analyses the multidimensional poverty of the women in and the impact of a resourcefulness generating activities of income, KOFAVAC, on the living conditions of those. The analytic results of the survey carried out near the women reveal that poverty affects all the dimensions of their life. The determinants of poverty are at the same time factors related to the socio-demographic and economic characteristics of the women life and her household: the size of the household, the number of children who are not attended school, the number of adults without profession and which do not undertake any gainful activity and the level of staffing off land and animals breeding. The impossibility of satisfying the needs for the household is perceived by the women as being the first sign of poverty and the factor determinant of their incapacity to remain in the system credit/saving KOFAVAC. The impact of KOFAVAC, as bearing an additional income is very weak; its support in terms of contribution to the satisfaction of the needs of food and schooling for the children is recognized by the women. Therefore, the creation of jobs and free education appear among the priority actions that the Haitian Government must undertake in Chansolme for improvement of the conditions of the population according to women's. In the same way, the search of new generating activities of incomes, assistance for housing, transformation of new products and the search for new markets are proposed by women for a better support of KOFAVAC.

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AVANT-PROPOS

Je voudrais remercier Dieu de m`avoir accordé la santé et la force nécessaires dans la poursuite des études et la rédaction de ce mémoire. Je veux aussi exprimer toute ma gratitude à la Congrégation des Filles de la Sagesse qui m`a autorisée et encouragée à poursuivre ces études et qui n`a jamais manqué de me soutenir dans mon désir d`acquérir de nouvelles compétences pour continuer à remplir la mission de la Congrégation : révéler l`amour de la Sagesse aux plus petits. Je témoigne toute ma reconnaissance à chacune des Filles de la Sagesse des Provinces canadienne et haïtienne qui m`a aidée d`une manière ou d`une autre, durant tout le cycle d`études.

Mes sincères remerciements vont à l`endroit de l`Agence Canadienne de Développement International (ACDI) qui a financé les études, ainsi qu`aux membres du personnel de Programme Canadien de Bourses de la Francophonie (PCBF) qui m`ont apporté l`appui moral et matériel nécessaire tout au long de la formation, couronnée par la rédaction de ce mémoire. Sans ce financement et ce support, il me serait impossible d`effectuer ces études au Canada.

Je tiens surtout à remercier M. Michel MORISSET, qui m`a guidée généreusement et parfaitement dans la réalisation de ce mémoire et tout au long du cycle d`études, particulièrement durant les moments difficiles de mon cheminement. Votre disponibilité pour lire et relire mes nombreuses pages, me conseiller et orienter cette recherche est grandement appréciée. Je vous demeure infiniment reconnaissante.

Je remercie M. Daniel-Mercier GOUIN de m`avoir apporté son appui moral dans la poursuite des études et la réalisation de ce mémoire.

J`exprime ma profonde gratitude aux femmes KOFAVAC qui m`ont ouvert la porte de leurs foyers et surtout celle de leurs cœurs pour que je sois témoin du dur combat qu`elles mènent avec leurs familles pour la vie.

Je tiens aussi à remercier mes parents, ma sœur et mes frères, particulièrement mon frère Gandy Thomas, qui m`ont accompagnée à distance durant ce temps d`études. Je veux aussi remercier tous les étudiants à la maîtrise en économie rurale que j`ai côtoyés et qui m`ont conseillée et encouragée dans la rédaction du mémoire.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ...... i

ABSTRACT ...... ii

AVANT-PROPOS ...... iii

TABLE DES MATIÈRES ...... iv

LISTE DES TABLEAUX ...... vii

LISTE DES GRAPHIQUES ...... x

LISTE DES FIGURES ...... xii

LISTE DES ACRONYMES ...... xiii

INTRODUCTION...... 1

CHAPITRE I.. PRÉSENTATION DES PRINCIPALES DONNÉES SOCIO- ÉCONOMIQUES D`HAÏTI...... 5 1..1 LA SIITUATIION PHYSIIQUE D``HAÏÏTII...... 5 1..2 LES IINDIICATEURS SOCIIODÉMOGRAPHIIQUES...... 5 1..2..1 La rrurralliitté de lla popullattiion ...... 6 1..2..2 L’’accès à lla scollarriissattiion ett ll``allphabéttiisattiion ...... 8 1..2..3 L’’accès à ll’’alliimenttattiion...... 9 1..2..4 L``accès aux soiins de santté ...... 10 1..2..5 L``accès aux serrviices de base ...... 10 1..3 LES IINDIICATEURS SOCIIOÉCONOMIIQUES ...... 10 1..3..1 Les sectteurrs d``acttiiviittés économiiques générrattrriices de rrevenus...... 11

CHAPITRE II.. ORGANISATION DU SYSTÈME D`ACTIVITÉS DES FEMMES KOFAVAC ...... 33 2..1 LA DESCRIIPTIION DU SYSTÈME KOFAVAC ...... 33 2..1..1 L``orriigiine ett ll``objjecttiiff de KOFAVAC...... 33 2..1..2 Les prriinciipes ffondatteurrs de KOFAVAC ...... 33 2..1..3 Les deux piilliierrs d``acttiiviittés économiiques de KOFAVAC...... 34 2..2 L``ORGANIISATIION DES ACTIIVIITÉS...... 34 2..2..1 La prroducttiion ...... 34 2..2..2 Le crrédiitt/éparrgne...... 35 2..3 L``OBJJECTIIF GÉNÉRAL ...... 35 2..3..1 Les objjecttiiffs spéciiffiiques...... 35

CHAPITRE III.. PAUVRETÉ : lle concept,, lles détermiinants et lles stratégiies de llutte ...... 36 3..1 IINTRODUCTIION...... 36

iv

3..2 LE CONCEPT «PAUVRETÉ» ...... 37 3..2..1 La diimensiion économiique de lla pauvrretté...... 37 3..2..2 La diimensiion sociialle de lla pauvrretté...... 41 3..2..3 La diimensiion polliittiique de lla pauvrretté ...... 41 3..2..4 L``apprroche mullttiidiimenssiionnelllle de lla pauvrretté...... 42 3..2..5 La pauvrretté sellon ll``apprroche des iinégalliittés ...... 42 3..3 LES DÉTERMIINANTS DE LA PAUVRETÉ...... 43 3..3..1 Liiens enttrre lles détterrmiinantts de lla pauvrretté ett lla pauvrretté mullttiidiimensiionnelllle………………………………..46 3..4 LES STRATÉGIIES MIICRO DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ ...... 47 3..4..1..1 La consttrructtiion ett lle dévelloppementt de llacs colllliinaiirres...... 49 3..4..1..2 Les miicrro--enttrreprriises de ttrransfforrmattiion agrroalliimenttaiirre ...... 50 3..4..1..3 L``appuii à lla prroducttiion ett à lla ttrransfforrmattiion du llaiitt ((lles llaiitterriies Lètt Agogo)) ...... 52 3..4..1..4 Le dévelloppementt ett lla consttrructtiion de ffourrs sollaiirres...... 54 3..4..1..5 Le prrojjett d``associiattiion de culltturre du rriiciin ett de harriicott au Brrésiill ...... 56

CHAPITRE IV.. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE……………………………………58 4..1 LES PRIINCIIPAUX IINSTRUMENTS DE COLLECTE DE DONNÉES SUR LA PAUVRETÉ ET LEURS LIIMIITES...... 58 4..1..1 Les Enquêttes surr lle budgett ett lla consommattiion des ménages ((EBCM))...... 58 4..1..2 Le Questtiionnaiirre uniiffiié surr lles iindiicatteurrs de base de biien--êttrre ((QUIIBB)) ...... 59 4..1..3 Les Métthodes surr lles besoiins ffondamenttaux iinsattiisffaiitts ((MBFII))...... 59 4..1..4 L``Outtiill d``évalluattiion de lla pauvrretté du Grroupe consullttattiiff pourr assiistterr lles pauvrres ((CGAP))...... 60 4..2 LA MÉTHODOLOGIIE PROPREMENT DIITE DE L’’ETUDE...... 60 4..2..1 La natturre de ll’’éttude...... 60 4..2..2 Les parrttiiciipantts à ll’’éttude ...... 62 4..2..3 Les modalliittés de lla collllectte des données...... 62 4..2..4 Le choiix ett lla descrriipttiion des varriiablles ett des iindiicatteurrs rrettenus ...... 65 4..2..5 Le choiix des diimensiions de lla viie des ffemmes ett déffiiniittiion du niiveau de pauvrretté dans chaque domaiine ...... 68 4..2..6 Les varriiablles en lliien avec lles perrcepttiions des ffemmes surr lla pauvrretté ett lleurrs condiittiions de viie ...... 69 4..3 L``ANALYSE DES DONNÉES...... 71 4..3..1 Le cadrre d’’anallyse...... 71 4..3..2 L’’anallyse du questtiionnaiirre...... 71 4..3..3 L``anallyse des enttrrevues semii--sttrructturrées ...... 72

CHAPITRE V.. ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS : Le portraiit des diifférents ménages et de lleur siituatiion...... 73 5..1 LA CARACTÉRIISATIION DES FEMMES ...... 73 5..2 L``ÉVALUATIION DU NIIVEAU DE PAUVRETÉ DES FEMMES ET DE LEURS MÉNAGES ...... 86 5..2..1 L``éducattiion...... 86 5..2..2 L``alliimenttattiion...... 91 5..2..3 Le llogementt...... 95 5..2..4 La santté ...... 99 5..2..5 L``eau de boiisson ett ll``assaiiniissementt ...... 100 5..2..6 Le rrevenu du ménage ...... 102 5..3 LES PRIINCIIPALES DÉPENSES DES MÉNAGES ...... 112 5..3..1 Les dépenses d``alliimenttattiion du ménage ...... 112 5..3..2 Les dépenses de scollarriisattiion des enffantts...... 115 5..4 LA SYNTHESE DU CHAPIITRE ...... 118

v

CHAPITRE VI.. ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS : Les perceptiions des ménages sur lla pauvreté et ll`iimpact de lla stratégiie KOFAVAC ...... 119 6..1 L``ÉTUDE DES PERCEPTIIONS DES FEMMES...... 119 6..1..1 La perrcepttiion de lla rriichesse ...... 119 6..1..2 La perrcepttiion de lla pauvrretté ...... 120 6..1..3 La perrcepttiion de lla ffemme de sa prroprre siittuattiion ...... 122 6..1..4 La perrcepttiion de lla ffemme de son aveniirr ...... 124 6..1..5 Les acttiions prriiorriittaiirres de ll``Éttatt à Chansollme ...... 126 6..2 L``ANALYSE DE L``IIMPACT DE KOFAVAC ...... 128 6..2..1 La sattiisffacttiion des ffemmes ...... 128 6..2..2 L``iimpactt surr lles condiittiions de viie des ffemmes ett de lleurrs ménages ...... 129 6..2..2..1 L’’uttiilliisattiion du rrevenu ...... 129 6..2..3 L``iimpactt surr lle pllan sociiall...... 132 6..2..4 Déffaiillllance dans lle systtème crrédiitt/éparrgne KOFAVAC...... 133 6..2..5 Les prroposiittiions pourr un meiilllleurr appuii aux ffemmes ...... 135 6..3 LA SYNTHÈSE DU CHAPIITRE ...... 138

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ...... 139

LES LIMITES DE L`ÉTUDE...... 144

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES...... 145

ANNEXE A.. RÉSULTATS DES TESTS STATISTIQUES ...... 156

ANNEXE B.. QUESTIONNAIRE D`ENQUÊTE ...... 159

ANNEXE C.. GRILLE D`ENTREVUE SEMI-STRUCTURÉE AVEC LES NOTABLES DE CHANSOLME ...... 172

ANNEXE D.. GRILLE D`ENTREVUE INDIVIDUELLE AVEC LES PERSONNES QUI APPUIENT KOFAVAC ...... 173

vi

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1..1 Popullattiion par sectteur de résiidence,, Haïïttii,, de 1950 à 2010 ...... 8

Tablleau 1..2 Terres arablles en % des tterres ett tterres agriicolles en % des tterres arablles,, Haïïttii,, de 1961 à 2000 ...... 16

Tablleau 1..3 Formes ttradiittiionnelllles de crédiitt,, Haïïttii ...... 20

Tablleau 1..4 Exporttattiions en ttonnes méttriiques,, Haïïttii,, de 1961 à 2008...... 25

Tablleau 1..5 Exporttattiions en miilllliiers US$,, Haïïttii,, de 1961 à 2008...... 25

Tablleau 1..6 Importtattiions de produiitts agriicolles,, Haïïttii,, miilllliiers de US$,, de 1961 à 2008 ...... 29

Tablleau 3..1 Déttermiinantts de lla pauvretté,, diivers pays du ...... 43

Tablleau 4..1 Modalliittés de collllectte des données ...... 65

Tablleau 4..2 Variiablles ett iindiicatteurs de caracttériisattiion des femmes ...... 67

Tableau 4.3 Dimensions/indicateurs et niveaux retenus ...... 69

Tablleau 4..4 Variiablles ett iindiicatteurs d`anallyse de ll`iimpactt de KOFAVAC ...... 70

Tablleau 5..1 Présence d`un conjjoiintt ...... 73

Tablleau 5..2 Âge de lla femme ett du conjjoiintt ...... 74

Tablleau 5..3 Taiilllle du ménage ...... 74

Tablleau 5..4 Présence d`adullttes au seiin du ménage ...... 74

Tablleau 4..5 Nombre d`enfantts du ménage ...... 75

Tablleau 4..6 Âge moyen des enfantts du ménage ...... 75

Tablleau 5..7 Liien de parentté des enfantts avec lla femme...... 76

Tablleau 5..8 Nombre d`enfantts de lla femme ...... 76

Tablleau 5..9 Résumé des caracttériisttiiques des ménages ...... 76

Tablleau 5..10 Liieu de naiissance de lla femme ett du conjjoiintt...... 77

Tablleau 5..11 Résullttatts du ttestt de T :: Degré de scollariisattiion*nombre d`enfantts ...... 77

Tablleau 5..12 Temps consacré à ll`acttiiviitté priinciipalle ...... 80

vii

Tablleau 5..13 Taiilllle des parcelllles explloiittées en mode de propriiétté...... 82

Tablleau 5..14 Auttres modes de ttenure des tterres...... 82

Tablleau 5..15 Explloiittattiion de parcelllles iirriiguées ...... 82

Tablleau 5..16 Appréciiattiion du degré de riichesse des ménages en acttiif tterre...... 83

Tablleau 5..17 Possessiion d`aniimaux ...... 84

Tablleau 5..18 Possessiion d`acttiif aniimall ...... 84

Tablleau 5..19 Possessiion d`acttiif aniimall en équiivallentt boviin ...... 85

Tablleau 5..20 Degré de scollariisattiion de lla femme ett du conjjoiintt ...... 86

Tablleau 5..21 Résullttatts des ttestts de T ...... 88

Tablleau 5..22 Âge de ll`enfantt au CEP...... 90

Tablleau 5..23 Repas jjournalliiers serviis par lle ménage ...... 92

Tablleau 5..24 Variiablles en corréllattiion avec «Le nombre de repas par jjour»...... 93

Tablleau 5..25 Sttattutt de jjouiissance de ll`habiittatt ...... 95

Tablleau 5..26 Taiilllle du llogementt des ménages ...... 96

Tablleau 5..27 Densiitté d`occupattiion du llogementt...... 97

Tablleau 5..28 Niiveau de viie par rapportt au llogementt ...... 98

Tablleau 5..29 Variiablles en corréllattiion avec lle «niiveau de viie en ttermes de llogementt»...... 98

Tablleau 5..30 Cas de malladiie nécessiittantt des soiins d`un centtre hospiittalliier ...... 99

Tableau 5.31 Fréquentation d`un hospitalier...... 99

Tablleau 5..32 Source d`approviisiionnementt en eau de boiisson ...... 100

Tablleau 5..33 Possessiion d`une iinsttallllattiion saniittaiire ...... 101

Tablleau 5..34 Niiveau de revenu de lla femme...... 103

Tablleau 5..35 Récepttiion d`un ttransfertt d`argentt de ll`exttériieur,, de jjanviier à jjuiillllett 2011 ...... 105

Tablleau 5..36 Monttantt des ttransfertts reçus de ll`exttériieur,, de jjanviier à jjuiillllett 2011 ...... 106

Tablleau 5..37 Variiablles corréllées avec «lle monttantt ttottall des ttransfertts reçus de ll`exttériieur » . 106

viii

Tablleau 5..38 L`endettttementt des ménages ...... 106

Tablleau 5..39 Monttantt nécessaiire esttiimé en gourde pour lles repas//jjour//ménage ...... 113

Tablleau 5..40 Monttantt nécessaiire esttiimé pour serviir lle pettiitt déjjeuner//jjour//ménage ...... 113

Tablleau 5..41 Monttantt nécessaiire esttiimé pour serviir lle repas priinciipall//jjour//ménage ...... 113

Tablleau 5..42 Monttantt nécessaiire esttiimé pour serviir lle souper//jjour//ménage ...... 113

Tablleau 5..43 Monttantt nécessaiire esttiimé pour lles ttroiis repas//jjour//ménage ...... 114

Tablleau 5..44 Monttantt nécessaiire esttiimé pour lles ttroiis repas//jjour//personne ...... 114

Tablleau 5..45 Variiablles corréllées avec «ll`argentt pour lles ttroiis repas//jjour//ménage»...... 115

Tablleau 5..46 Fraiis annuells moyens de scollariisattiion d`un enfantt par ménage ...... 115

Tablleau 5..47 Dépense annuelllle moyenne ttottalle de scollariisattiion d`un enfantt ...... 116

Tablleau 5..48 Dépense annuelllle ttottalle de scollariisattiion des enfantts quii sontt à ll`écolle ...... 116

Tablleau 6..1 Siignes de lla riichesse perçus par lles femmes ...... 119

Tablleau 6..2 Priinciipalles causes ayantt conduiitt à lla pauvretté ...... 123

Tablleau 6..3 Acttiions priioriittaiires de ll`Éttatt pour lla commune de Chansollme ...... 126

Tablleau 6..4 Priioriitté des ménages en cas d`une augmenttattiion de revenu ...... 127

Tablleau 6..5 Uttiilliisattiions du revenu KOFAVAC ...... 129

Tablleau 6..6 A une épargne KOFAVAC ...... 130

Tablleau 6..7 Investtiissementt de ll`épargne KOFAVAC...... 131

Tablleau 6..8 Raiisons de défaiillllance dans lle systtème KOFAVAC ...... 134

Tablleau 6..9 Variiablles en corréllattiion avec lla «Défaiillllance dans lle systtème»...... 135

Tablleau 6..10 Serviices proposés par lles femmes...... 136

Tablleau 6..11 Piisttes d`acttiions proposées par lles PA ...... 136

Tablleau 6..12 Acttiions sellon lles femmes (F),, lles nottablles (N) ett lles PA* ...... 137

ix

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphiique 1..1 Popullattiion,, Haïïttii,, de 1960 à 2010 ...... 6

Graphiique 1..2 Popullattiions urbaiine ett ruralle,, Haïïttii,, de 1950 à 2010 ...... 8

Graphiique 1..3 Poiids des sectteurs d`acttiiviitté dans lle PIB,, Haïïttii,, de 1989 à 2010 ...... 11

Graphiique 1..4 PIB (PPA),, Haïïttii,, de 1980 à 2008 ...... 12

Graphiique 1..5 PIB par habiittantt (PPA),, Haïïttii,, de 1980 à 2008 ...... 13

Graphiique 1..6 Popullattiion économiiquementt acttiive dans ll`agriiculltture ett partt dans lla popullattiion ttottalle économiiquementt acttiive,, Haïïttii,, de 1994 à 2007 ...... 14

Graphiique 1..7 Évolluttiion du PIB agriicolle//habiittantt,, Haïïttii ett Républliique Domiiniicaiine,, de 1994 à 2006...... 15

Graphiique 1..8 Producttiion céréalliière,, Haïïttii,, de 1961 à 2008 ...... 21

Graphiique 1..9 Importtattiion de riiz des Éttatts-Uniis (riiz bllanchii ett décorttiiqué),, Haïïttii,, de 1961 à 2008...... 22

Graphiique 1..10 Rendementt en maïïs,, ttroiis pays,, de 1961 à 2009 ...... 23

Graphiique 1..11 Rendementt en riiz,, ttroiis pays,, de 1961 à 2009 ...... 23

Graphiique 1..12 Rendementts moyens,, diivers pays,, en 2009...... 24

Graphiique 5..1 Acttiiviitté économiique priinciipalle de lla femme...... 79

Graphiique 5..2 Acttiiviitté économiique priinciipalle du conjjoiintt ...... 80

Graphiique 5..3 Superfiiciies ttottalles explloiittées par lles ménages ...... 81

Graphiique 5..4 Rellattiion enttre ll`âge de lla femme ett son degré de scollariisattiion ...... 87

Graphiique 5..5 Enfantts du ménage quii sontt à ll`écolle...... 89

Graphiique 5..6 Nombre de jjours sans lle repas priinciipall au cours d`un moiis ...... 92

Graphique 5.7 Satisfaction du besoin «alimentation» ...... 94

Graphiique 5..8 Revenu moyen hebdomadaiire nett du pettiitt commerce ...... 103

Graphiique 5..9 Sources d`empruntt des femmes ...... 107

Graphiique 5..10 Esttiimattiion des partts de dépenses nécessaiires couverttes par lle revenu ttottall nett du ménage ...... 109

x

Graphiique 5..11 Esttiimattiion des partts de dépenses nécessaiires couverttes par lles ttransfertts d`argentt ...... 110

Graphiique 5..12 Esttiimattiion du revenu miiniimum jjournalliier nécessaiire pour faiire viivre normallementt lle ménage ...... 111

Graphiique 6..1 Priinciipaux siignes de riichesse perçus ...... 120

Graphiique 6..2 Priinciipaux siignes de pauvretté perçus ...... 121

Graphiique 6..3 Percepttiion de lla femme de son aveniir...... 125

Graphiique 6..4 Appréciiattiion de lla conttriibuttiion «amélliiorattiion des besoiins» ...... 130

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LISTE DES FIGURES

Fiigure 1..1 Cartte géographiique,, Haïïttii...... 7

Fiigure 1..2 Représenttattiion schémattiique du ciircuiitt de commerciialliisattiion des produiitts viivriiers,, fruiitts ett llégumes,, Haïïttii ...... 27

xii

LISTE DES ACRONYMES

ASDI Agence Suédoise de Coopération Internationale au Développement

BAC Bureau Agricole Communal

BID Banque Interaméricaine de Développement

BM Banque Mondiale

BME Bureau des Mines et de l`Énergie

CCI Cadre de Coopération Intérimaire

CE Commission Européenne

CEPALC Commission Économique des Nations-Unies pour l`Amérique Latine et la Caraïbe

CGAP Groupe Consultatif pour Assister les Pauvres

CNRA Conseil National de la Réforme Administrative

DSNCRP Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté

DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

DSRP-I Document de Stratégie Intérimaire de Réduction de la Pauvreté

EBCM Enquêtes sur le Budget et la Consommation des Ménages

ECVH Enquêtes sur les Conditions de vie en Haïti

EFA/CAP École Fondamentale d’Application / Centre d’Appui Pédagogique

EMMUS Enquête sur la Mortalité, la Morbidité et l’Utilisation des Services

FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

FASCH Faculté des Sciences Humaines

FMI Fonds Monétaire International

IDH Indicateur du Développement Humain

IHSI Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique

xiii

IHRAD Institut Haïtien de Recherche Appliquée et de Développement

IMF Institution de Micro finance

INARA Institut National de Réforme Agraire

IPM Indicateur de Pauvreté Multidimensionnelle

INAGHEI Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales

MARNDR Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural

MDE Ministère de l’Environnement

MEF Ministère de l’Économie et des Finances

MENFP Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation professionnelle

MPCE Ministère de la Planification et de la Coopération Externe

MTPTC Ministère des Travaux publics, Transports et Communications

MSPP Ministère de la Santé Publique et de la Population

OIT Organisation International du Travail

NU Nations Unies

ONG Organisation Non Gouvernementale

PNIA Plan National d’Investissement agricole

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PPA Parité de Pouvoir d`Achat

PVD Pays en Voie de Développement

QUIBB Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Base de Bien-être

SNA-EPT Stratégie nationale d’Action pour l’Éducation pour Tous

UNEP United Nations Environment Program

USAID Agence Américaine pour le Développement International

xiv

INTRODUCTION

La pauvreté est une situation qui perdure en Haïti, revêtant ainsi un caractère chronique et progressif. Les statistiques ne cessent de révéler la détérioration des conditions de vie de la population. De plus, un nombre imposant de rapports, de travaux, aussi bien analytiques qu’empiriques, et d’ouvrages ont été élaborés sur la pauvreté en Haïti. Il y a de quoi se demander, en quoi, pourquoi et comment a-t-on péché dans la lutte contre la pauvreté en Haïti et qui a péché ? Dans le rapport sur le développement humain 2011 du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) intitulé : «Durabilité et équité : un meilleure avenir pour tous», Haïti est classé 158e sur 187 pays évalués sur l`indice de développement humain (IDH). Une évolution positive d`un point par rapport à 2010 est obtenue (PNUD. 2011).

D`autres indicateurs d`analyse de la pauvreté monétaire en Haïti disponibles, calculés sur la base de trois enquêtes, les deux «Enquêtes sur le budget et la consommation des ménages» (EBCM) de 1986-87 et de 1999-2000 et l`Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH) réalisée en 2001, révèlent que sur une population de 8,1 millions d’habitants, 56 % (4,4 M de personnes) vivent avec des revenus moyens en dessous de la ligne de pauvreté extrême de 1 US$ en parité de pouvoir d`achat (PPA) par personne par jour et 71 %, soit près de 6,2 millions, en dessous de la ligne de pauvreté générale de 2 US$. Sur 10 personnes, environ 7,6 étaient considérées pauvres, ne disposant pas de 2 US$ PPA par jour. L`incidence de la pauvreté extrême est de 23 % dans l`aire métropolitaine, 57 % dans les autres milieux urbains et 67 % dans le milieu rural (DSNCRP. Nov. 2007. p.31). En 2005, il y a 88 % de la population rurale qui vit avec moins de 2 US$ par jour (MEF/MPCE/IHSI. 2005). En fait, le rapport final sur les dix communes phares de 2010 relève que 64 % des ménages consacrent la plus grande partie de leur revenu à l`alimentation (MPCE. Janvier 2010). De fait, ces chiffres permettent de se rendre compte de la faiblesse de l’économie du pays et de l’appauvrissement de la population. Cependant, la pauvreté ne se caractérise pas uniquement par une unique dimension monétaire ; elle est aussi de nature multidimensionnelle touchant à la réalité économique, sociale et politique qui affecte les conditions de vie d`un groupe de personnes ou d`un individu de la population d`un pays donné et vivant dans un milieu spécifique. Or, les femmes haïtiennes, bien qu’elles représentent le pilier de l’économie, sont parmi les catégories les plus vulnérables. Victimes de toutes sortes de violence, d’exploitation et d’oppression dues aux inégalités de genre, elles sont souvent seules à faire vivre

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une famille entière. En effet, 50 % des ménages urbains et 33 % de ceux en milieu rural ont à leur tête une femme (MSPP. Juin 2002. p.3). Ces études ont localisé des poches de pauvreté en Haïti, dont le milieu rural. En effet, 49,6 % de la population rurale vit de l’agriculture, principale activité économique du pays. On relate que cette activité est pratiquée par 2 488 000 personnes en 2008, et l`Organisation des Nations Unies pour l`alimentation et l`agriculture (FAO) estime que le produit intérieur brut (PIB) agricole est évalué à seulement 171 $ PPA en $ international constant 2000. Plusieurs causes expliquent la situation pitoyable de l’agriculture haïtienne. Parmi les principales, on peut citer la taille très réduite des parcelles exploitées, les conditions climatiques défavorables, l’inaccessibilité à l’eau d’irrigation, l’érosion et la baisse de fertilité des sols, la détérioration génétique des semences, les outils agricoles rudimentaires, l`absence et l`insuffisance de crédit agricole et de subventions publiques du secteur, la faiblesse des infrastructures, le manque de formation technique des agriculteurs, l’absence de service de conseil et de vulgarisation agricole et la concurrence déloyale dans le commerce international (MARNDR-PNIA. 2010-2016).

Dans ce contexte, en vue d’atteindre leurs objectifs soit de consommation, de capitalisation ou de transformation de l’appareil de production, les ménages haïtiens pauvres vivant en milieu rural vont mettre en place un ensemble de mécanismes parmi lesquels, le petit commerce effectué essentiellement par des femmes. Le petit commerce est un phénomène qui s`accentue de plus en plus en Haïti. Or, depuis le rapport 2000 du PNUD et de la Banque mondiale (BM), les pays en développement, et notamment Haïti, n’ont pas cessé d’élaborer des Documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP). De nombreux acteurs, organisations non gouvernementales (ONG), organisations étatiques, religieuses, communautaires et internationales, présentes en Haïti, mènent des actions pour renverser la tendance. Pourtant 10 ans plus tard, le PNUD publie un nouveau rapport soulignant que, malgré les progrès substantiels dans bien des aspects du développement humain dans plusieurs pays, la pauvreté s`est aggravée dans le monde : le nombre de pauvres, particulièrement dans les pays du Sud, a augmenté. Toutefois, le même rapport a pris soin de relater que le développement est avant tout et fondamentalement une question de personnes (PNUD. 2010. p.1). De cette manière, une étude de plus sur la pauvreté doit être orientée vers des actions concrètes à mener pour faire reculer la pauvreté au sein d’une population spécifique, d`autant plus qu`améliorer les conditions de vie des Intouchables en Inde

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requiert d`autres exigences que celles de réduire la pauvreté des habitants des bidonvilles de Sao Paolo au Brésil ou des petits paysans sans terre de la Vallée de l` en Haïti.

Si effectivement la pauvreté est avant tout une question de personnes qui vivent dans un milieu spécifique, il semble qu’on ignore qui sont les pauvres, leurs places et leurs rôles ainsi que la diversité des situations dans lesquelles se trouve chaque groupe spécifique de ménages ; le mode de fonctionnement qu`ils privilégient et comment ils vivent concrètement. Ce n`est qu`à partir de cela qu`on parviendra effectivement à dégager des modèles particuliers adaptés qui permettront de trouver les stratégies efficaces, adéquates et appropriées, capables d’influencer positivement ou de transformer le système de pauvreté. À notre avis, il s’agit d’une étape déterminante qui pourrait aider à raisonner le mode d’intervention et les actions de développement durable dans un milieu donné car on ne peut pas aider véritablement une personne à sortir de la misère si on ne la connaît même pas.

Dans ce mémoire, l`étude est menée sur un groupe spécifique, les Femmes KOFAVAC (cf. Chapitre II). Elle tente de définir : Qui sont ces femmes pauvres et pourquoi elles le sont ? Quels sont les mécanismes ou stratégies qu’elles privilégient en vue de survivre ou qui pourraient les aider à améliorer leurs conditions de vie? Elle se fera à l’aide d`outils appropriés prenant en compte surtout leurs perceptions de la pauvreté et de leurs conditions de vie. Les résultats devraient contribuer au débat sur la recherche de stratégies d`intensification, de diversification et d`organisation durables, opérantes et efficaces d’activités qui augmenteraient effectivement leurs revenus tout en renforçant leurs conditions d`existence et de travail.

Le rapport est structuré de cette manière. Le premier chapitre est consacré à la présentation générale des principales données socio-économiques et agricoles d’Haïti. Ce chapitre permettra de faire le portait des catégories pauvres d`Haïti. Le deuxième chapitre présente une description de la stratégie KOFAVAC dont nous mesurons l`impact sur les conditions de vie de ses membres. Ensuite, seront présentés la question de recherche et les objectifs de la recherche.

Le troisième chapitre présente une revue de littérature sur le concept de «pauvreté», ses déterminants et les stratégies de lutte contre celle-ci dans laquelle nous dégagerons un cadre théorique des déterminants de la pauvreté de ces femmes. Le quatrième décrit la méthodologie de collecte et d`analyse des données, notamment l’enquête et les entrevues semi-dirigées auprès des femmes et des personnes qui appuient KOFAVAC.

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Les deux derniers chapitres discutent des résultats de la recherche. Au chapitre cinquième sont exposées les caractéristiques sociodémographiques et économiques des ménages des femmes, puis au sixième, les perceptions des femmes sur leur niveau de pauvreté et l’impact de KOFAVAC sur l`amélioration de leurs conditions de vie.

La conclusion rapportera certaines recommandations dans la perspective d’une meilleure connaissance de la situation socioéconomique des femmes haïtiennes et d`une amélioration des conditions de vie des plus pauvres. En dernier lieu, sont présentées les limites de l`étude.

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CHAPITRE I.. PRÉSENTATION DES PRINCIPALES DONNÉES SOCIO- ÉCONOMIQUES D`HAÏTI

1..1 LA SITUATION PHYSIQUE D``HAÏTI

Haïti occupe la partie de l`Ile partagée avec la République Dominicaine et couvre une superficie de 27 750 km, dont les trois quarts environ sont montagneux. Le climat est tropical et le pays connaît deux saisons, une pluvieuse, de mai à novembre, variable selon les régions et une autre, sèche. Certaines régions connaissent des périodes de sécheresse de plus de six mois. Généralement, la saison pluvieuse est caractérisée par des pluies torrentielles et parfois des ouragans cycloniques. De plus, Haïti est placé dans une zone de forte sismicité due au mouvement des plaques tectoniques. Le bilan très lourd du séisme du 12 janvier 2010 peut en témoigner. En plus de cela, le pays connaît un grave processus de dégradation de son environnement physique. La couverture forestière est estimée à moins de 2 % actuellement. Chaque année, environ 15 millions de m3 de sol s’en vont irréversiblement à la mer du fait de l’érosion provoquée par l`abattage annuel de 50 millions d’arbres, dont 17 millions servent à fabriquer du charbon de bois. La consommation annuelle de charbon de bois varie entre 250 et 280 mille tonnes et couvre 72 % des besoins énergétiques du pays alors qu’elle est de 9 % en Amérique Centrale et dans la Caraïbe, 3 % en Amérique du sud et de 1 % en Amérique du Nord (BME/ÉDH. Juin 2008). Ceci fait d’Haïti un cas aberrant en Amérique par sa vulnérabilité écologique.

1..2 LES INDICATEURS SOCIODÉMOGRAPHIQUES

La population d’Haïti est estimée à 10 millions d`habitants en 20101, ce qui démontre une forte pression sur la terre. La densité est de 364 habitants par km2. En 2003, Selon le dernier recensement, la population était de 8 millions (IHSI. 2005). Ainsi, le pays connaît un taux élevé de croissance démographique. Sur une période de 7 ans, le taux d`accroissement est de 17,1 %. En outre, le taux de natalité brut est encore élevé, 26,5‰ en 2010 bien qu`on observe une tendance à la baisse depuis plusieurs décennies. En 1980 et 2000, il était respectivement de 41,8 et 31,1‰. En République Dominicaine, ce taux

1 http://www.populationdata.net/index2.php?option=pays&pid=85&nom=haiti 5

est de 21,8‰ en 2010. À Cuba, il est de 10,1‰ (Perspective Monde. 2011). La population haïtienne présente une structure jeune. Les trois quarts de la population sont âgés de moins de 40 ans. La population de 0 à 14 ans représente 36,3 % de la population. Les adolescentes et adolescents de 15-19 ans représentent près de 11,0 % et les jeunes adultes de 20-24 ans, environ 8,0 %. Globalement, les Haïtiens de 15-24 ans sont environ 1,5 millions et représentent près de 19 % de la population. Les personnes âgées de plus de 60 ans sont moins de 10,0 % et celles de plus de 85 ans, moins de 1,0 % de la population (IHSI. 2007).

Graphiique 1..1 Popullatiion,, Haïïtii,, de 1960 à 2010

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10

8

6

4

Habitants Habitants en millions 2

0

Source : Perspective Monde - Université de Sherbrooke. 2011. La Banque Mondiale, [en ligne]. http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

En 2008, l`espérance de vie à la naissance de la population haïtienne était de 61 ans. On observe une amélioration de cet indicateur au fil des années. En effet, de 1960 à 2006, l`espérance de vie de la population haïtienne est passée de 42 à 60 ans. Toutefois, elle demeure encore faible par rapport à celle des populations de la Caraïbe. En 2006, l’espérance de vie en République Dominicaine est de 72 ans (Perspective Monde. 2011).

1..2..1 La ruralliité de lla popullatiion

En 2010, la population urbaine (50,4 %) est presqu´à parité avec celle rurale (49,6 %), mais la population qui a migré en ville, vit dans des situations souvent pires qu’en milieu

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rural. Jusqu’en 1982, Haïti était essentiellement un pays rural car presque 80,0 % de sa population y vivaient. Cependant de 1982 à 2003, la population rurale a chuté de manière spectaculaire, passant ainsi, de 79,4 % à 59,6 %. Depuis, elle ne cesse de chuter. Le tableau 1.1 fait remarquer cette forte migration de la population des régions rurales vers les régions urbaines et ceci, à cause des inégalités socioéconomiques flagrantes dont est victime le milieu rural haïtien. Ainsi, Haïti est en train de devenir un pays urbain avec tous les problèmes d’urbanisation qui y sont liés, contrairement à la réalité qui a existé durant deux siècles environ. Mais en fait, c’est le département de l’Ouest qui absorbe de plus en plus de gens. En 2010, on estime que 4 millions de personnes environ vivent dans le département de l`Ouest par rapport à 3,3 millions en 2003. Or, en 2010, sur ces 4 millions de personnes vivant dans l`Ouest, 2,5 millions habitent la région métropolitaine incluant les communes environnantes : Cité Soleil, Carrefour, Delmas, Pétion-Ville, Croix-des-Bouquets et . Ainsi, la région métropolitaine héberge le quart (24,7 %) de la population totale et environ la moitié de la population urbaine (49,0 %) du pays (IHSI, 2003 et estimation en 2010).

Fiigure 1..1 Carte géographiique,, Haïïtii

Chansolme

Source : http://www.baraderes.com/album/cartehaiti.html

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Tablleau 1..1 Popullatiion par secteur de résiidence,, Haïïtii,, de 1950 à 2010 Secteurs de 1950 1971 1982 2003 20102 résidence Effectif % Effectif % Effectif % Effectif % Effectif % Urbain 377 355 12,2 880 551 20,3 1 042 102 20,6 3 204 965 40,4 5 097 298 50,4 Rural 2 719 265 87,8 3 449 440 79,7 4 011 089 79,4 4 724 083 59,5 5 016 387 49,6 Total 3 097 220 100 4 329 991 100 5 053 191 100 7 929 048 100 10 113 685 100 Source : IHSI, Recueil de statistiques sociales, vol. 1 : 19 et Recensement de 2002, Résultats préliminaires et estimation de la population en 2010 Graphiique 1..2 Popullatiions urbaiine et ruralle,, Haïïtii,, de 1950 à 2010

6

5

4

3

2

Habitants Habitants en millions 1

0 1950 1971 1982 2003 2010 Urbaine 377 355 880 551 1 042 102 3 204 965 5 097 298 Rurale 2 719 265 3 449 440 4 011 089 4 724 083 5 016 387 Source : IHSI, Recueil de statistiques sociales, vol. 1 : 19 et Recensement de 2002, Résultats préliminaires

1..2..2 L’accès à lla scollariisatiion et ll`allphabétiisatiion

Le degré d’alphabétisme de la population de dix ans et plus est de 61 % à l’échelle du pays. Il est plus élevé chez les hommes que les femmes : 63,8 % contre 58,3 %. Or, près de 40,0 % de la population de 10 ans et plus ne savent ni lire ni écrire (IHSI, 2003). Cependant, cet indicateur est de loin meilleur en milieu urbain qu’en milieu rural (80,5 % contre 47,1 %). Les écoles publiques ne couvrent que 20,0 % de la demande totale de l'éducation de base. Ainsi, l`offre scolaire est inadéquate à tous les niveaux d`enseignement. On compte 23 sections communales qui n’ont aucune école et 145 qui n’ont pas d’école publique (DSNCRP. Nov. 2007. p. 63). Sur l’ensemble de la population âgée de 5 ans et plus, 37,4 % n’ont aucun niveau de scolarisation, 35,2 % ont atteint le niveau primaire, 21,5 % le niveau secondaire et la proportion des personnes ayant le

2 C`est la population estimée par Perspective Monde à partir des cinq données précédentes selon un mode de régression linéaire simple. http://perspective.usherbrooke.ca 8

niveau universitaire n’est que de 1,1 % (1,4 % d’hommes par rapport à 0,7 % de femmes).

Le taux net de fréquentation au primaire entre 2003 et 2008 est de 48,0 % chez les hommes et de 52,0 % chez les femmes alors qu`il est de 89,0 % en République Dominicaine. Par contre, au secondaire, le taux net de fréquentation est encore plus faible en Haïti. Il est de 18,0 % chez les hommes et légèrement supérieur chez les femmes, 21,0 %.

Mis à part le manque d`écoles, d’autres contraintes paralysent le système éducatif en Haïti, notamment l'exclusion et les déficiences structurelles importantes. Parmi les principales, on peut nommer le faible niveau de formation des enseignants, 20,0 % seulement des enseignants du primaire sont formés, et les frais de scolarité élevés par rapport aux revenus des ménages, environ 40,0 % des revenus des ménages à faible revenu (SNA-EPT. 2007. pp. 19-20).

1..2..3 L’accès à ll’alliimentatiion

Au plan nutritionnel et sanitaire, la situation est catastrophique en Haïti. La dernière Enquête sur la mortalité, la morbidité et l`utilisation des services (EMMUS III) citée par le DSNCRP de 2007, établissait les taux respectifs de 23,8 % et de 9,1 % pour les formes de malnutrition chronique et aigüe. L`étude tenait à relater que la situation est deux fois plus grave en milieu rural que dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince car à peine 9,6 % des chefs de ménages indépendants agricoles disent satisfaire leurs besoins alimentaires (DSNCRP. Nov. 2007. p. 33). L’état des carences en micronutriments contribue à aggraver la situation : 61,0 % des moins de 5 ans et 46,0 % des femmes sont atteints d’anémie. Un tiers des enfants de moins de 5 ans présente une carence en vitamine A. (DSNCRP. Nov. 2007. p. 83). La disponibilité journalière per capita de calories est évaluée autour de 1 700 calories par jour. Ainsi, elle ne permet de satisfaire que 76 % des besoins estimés à 2 240 calories par personne et par jour. La consommation moyenne de protéines est d’environ 41 grammes contre les 60 grammes par jour recommandés par la FAO. Les besoins à combler en protéines animales sont estimés à 23 kilogrammes par habitant (Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA). Nov. 2007).

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1..2..4 L`accès aux soiins de santé

Le taux de mortalité maternelle atteint 523 pour 100 000 et le taux de mortalité infantile 80‰ entre 1999 et 2000. Les infections respiratoires aigües (grippe, pneumonie), la malnutrition ainsi que la diarrhée et la gastro-entérite infectieuse sont parmi les premières causes de décès des enfants. Il existe 49 hôpitaux, 99 centres de santé et 405 dispensaires recensés par le Ministère de la santé publique et de la population (MSPP), mais seulement 1,2 médecin, 1,3 infirmière et 2,7 auxiliaires sont disponibles pour chaque groupe de 10 000 habitants. Or, 73,0 % des médecins et 67,0 % des infirmières travaillent dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, alors qu’environ 50,0 % de la population vit en milieu rural (MPCE/PNUD/FACSH. Avril 2005). Ainsi, la grande majorité de la population n`a pas accès aux soins de santé.

1..2..5 L`accès aux serviices de base

Les services de base, eau, électricité, routes et communications à travers le pays sont déficients. La couverture limitée des besoins en eau potable de la population aggrave les problèmes de santé. Les taux de couverture sont estimés à 54,0 % à Port-au-Prince, 46,0 % dans les villes secondaires, 46,0 % en milieu rural. De plus, les systèmes d’eau potable du milieu rural mis en place dans les années 80 se dégradent, faute d’entretien (DSNCRP. Nov. 2007. p. 39). Le réseau routier du pays se caractérise par une faible proportion de routes revêtues, moins de 20,0 %, essentiellement concentrées sur le réseau primaire (MTPTC. 2004. p. 13). Le défi est de taille dans les transports et communication du pays puisque les routes construites ne relient que les principales villes à Port-au- Prince. Ainsi, les régions rurales demeurent enclavées, ne bénéficiant presque pas d`ouvrages de franchissement des rivières et des ravins. Le transport maritime et aérien est peu développé et très mal organisé. On peut conclure que les disparités entre milieux rural et urbain en termes d`accès aux services de base sont très fortes.

1..3 LES INDICATEURS SOCIOÉCONOMIQUES

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1..3..1 Les secteurs d`actiiviités économiiques génératriices de revenus

L`agriculture/élevage/pêche et le commerce, surtout de détail mais aussi de gros, constituent les deux pivots de l`économie rurale haïtienne. La répartition de la population active dans les trois secteurs économiques à la fin de l`année 1997, a été évaluée de la manière suivante : le primaire, 76 % d'hommes et 57 % de femmes, le secondaire, 9 % d'hommes et 8 % de femmes et le tertiaire, 15 % d'hommes et 35 % de femmes3.

Cependant, environ 50 % des actifs occupés dont 93,3 % en milieu rural, se concentrent dans la branche «Agriculture, sylviculture, élevage, chasse et pêche», dominée surtout par les hommes. Le secteur «Commerce de gros et de détail», dominé surtout par les femmes, vient en second rang avec une proportion de 25,3 %. Indépendamment du milieu de résidence, les femmes restent majoritaires dans la branche, avec 69,2 % en milieu urbain et 88,0 % en milieu rural. Toutefois, la part relative de l`agriculture au PIB diminue de plus en plus au profit du secteur des services. Mais il faut souligner la particularité du secteur des services, de plus en plus dominé par l`informel (Lamaute-Brisson, Nathalie. 2001). En 1989-90, le secteur agricole contribuait à 36,0 % du PIB alors qu`en 2009, sa part a chuté à 24,0 %. Le graphique suivant permet de faire le constat.

Graphiique 1..3 Poiids des secteurs d`actiiviité dans lle PIB,, Haïïtii,, de 1989 à 2010 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

Agiculture Industries Services

Source : IHSI, Direction des Statistiques Économiques. Unité des Comptes Nationaux

3 http://www.haiticulture.ch/Haiti.html 11

Le PIB décroît lui aussi. En 2008, le PIB en PPA est de 10 638 millions $ (dollar international constant 2000) alors qu`en 1980, il était de 12 136 millions $, ce qui montre sa baisse durant la période considérée. Par contre, il y a eu une légère hausse en 2008 par rapport à 2005.

Graphiique 1..4 PIB (PPA),, Haïïtii,, de 1980 à 2008 14

12

10

8

6

4

2 Md $ international $ 2000 international constant Md

0 1980 1985 1990 2000 2005 2008

PIB en PPA

Source : Perspective Monde-Université de Sherbrooke, 2011 / Banque Mondiale, [en ligne]. http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

Ainsi, on comprend que la chute du PIB national entraîne aussi le PIB par habitant. En 2008, il était de 1 087,7 $ (Dollar international constant 2000 en PPA) contre 2 132,7 $ en 1980, soit une chute d`environ la moitié (49 %). Soulignons que le PIB par habitant en PPA de la République Dominicaine en 2008 (8 217,4 $) est d`environ 7,55 fois supérieur à celui des Haïtiens. Le graphique 1.5 permet de suivre l’évolution du PIB national.

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Graphiique 1..5 PIB par habiitant (PPA),, Haïïtii,, de 1980 à 2008 2500

2000

1500

1000

$ international constant 2000 500

0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2006 2007 2008 PIB/habitant 2132,71807,21637,71155,71190,21067,81075,11092,91087,7 Source : Perspective Monde-Université de Sherbrooke, 2011 / Banque Mondiale, [en ligne]. http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

1..3..1..1 Le sectteur agriicolle

Le plan d’investissement agricole (PIA) 2010-2012 du MARNDR, relate que les systèmes de production/consommation en zone rurale sont généralement caractérisés par une haute intensité de main-d’œuvre et un niveau élevé d`autoconsommation, mais par contre, par un faible niveau des rendements agronomiques, d’investissement en intrants agricoles et de revenu agricole (PNIA-Annexe 5).

La maiin-d`œuvre agriicolle

La population économiquement active dans l`agriculture croît. De 1994 à 1996, elle était de 1 814 000. En 2005, elle a cru à 2 149 000. Selon la même source, elle est estimée à 2 224 000 en 2007 (FAO. Statistical yearbook. 2009). Cependant, sa part dans la population totale économiquement active diminue. En 1994-96, elle était estimée à 67 %. En 2007, elle est évaluée à 60 %. Le graphique 1.6 illustre ce fait.

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Graphiique 1..6 Popullatiion économiiquement actiive dans ll`agriicullture et part dans lla popullatiion totalle économiiquement actiive,, Haïïtii,, de 1994 à 2007

Source : FAO. Statistical yearbook, 2009

Or, les ruraux représentent 80 % de la population économiquement active dans l`agriculture (Batenbaum. FAO. 2011). Mais les jeunes de 25-35 ans ne sont plus attirés par les travaux agricoles qu’ils considèrent moins valorisants. Ils préfèrent l’exode vers les régions urbaines de l’intérieur du pays d’abord et ensuite vers Port-au-Prince. Certains effectuent des séjours temporaires en République dominicaine avant d’immigrer vers les États-Unis d’Amérique (FAO. Sept. 2010).

Bien que l`agriculture représente la principale activité économique d`environ 60 % des haïtiens, le PIB agricole par habitant, d`ailleurs très faible, ne cesse de chuter. Il était de 200 US$ (constant 2000) en 1994-96. En 2006, il a diminué à 171 US$. Par contre, en République Dominicaine, il est en croissance. Il est de 2 175 US$ en 2006, soit 12,72 fois supérieur à celui d`Haïti. Ainsi, le poids du secteur agricole haïtien devient de plus en faible dans l`économie. En 2006, il est estimé à 950 millions US$ (constants 2000), et représentait le quart du PIB total, soit 24,8 %. Alors qu`en 1994-96, il était de 29,0 %. En République Dominicaine, le PIB agricole croit sans cesse mais ne représente que 11,2 % du PIB total en 2006. D`autres secteurs de l`économie, le tourisme et l`industrie y

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apportent une contribution plus importante que l`agriculture. Le graphique 1.7 permet de comparer les deux pays.

Graphiique 1..7 Évollutiion du PIB agriicolle//habiitant,, Haïïtii et Républliique Domiiniicaiine,, de 1994 à 2006 2500

2000

1500

1000 US$ US$ constant 2000 500

0 1994-1996 1999-2001 2004 2005 2006

Haïti République Dominicaine

Source : FAO. Statistical yearbook, 2007-2008

Les iintrants agriicolles

L`accès à lla terre

Il y a une forte pression sur les terres agricoles en Haïti. Les terres arables4 ne représentent que 28,3 % de la superficie totale du pays, soit 900 000 hectares en 2006 ; mais, seulement 57,7 % sont effectivement cultivées (FAO. 2007). Le rapport 2006 des Nations-Unies sur les pays moins avancés estiment qu`en 1994, 30 à 50 % de la population haïtienne étaient sur des terres fragiles (PNUD. 2006) Selon des données préliminaires du Recensement général de l’agriculture 2010 rendues disponibles par le MARNDR/FAO, l’agriculture est pratiquée par un peu plus d’un million d’exploitations agricoles disposant en moyenne de moins de 1,5 ha divisé en plusieurs parcelles. Les plaines occupent seulement 550 000 hectares, mais la forte demande alimentaire pousse

4 Les terres arables sont définies comme étant les zones qui se prêtent à la culture par la qualité des sols et la présence d`eau (pluie ou irrigation). Elles comprennent aussi des zones qui sont boisées ou des zones humides qui sont protégées et non disponibles pour l`agriculture. 15

les agriculteurs à cultiver environ 420 000 hectares des terres marginales inaptes à la production agricole.

L’insécurité foncière qui est présente partout à travers le pays, est causée par plusieurs facteurs notamment l’extension des surfaces en indivision, la non-légalisation des transactions foncières, l’aliénation du foncier en fermage, l’appropriation de surfaces importantes par des absentéistes et l’attribution de terres en métayage (FAO. Sept. 2010) Doura, quant à lui, relate que dans l`agriculture haïtienne, les cultures de subsistance sont prédominantes avec 84 % des terres cultivées sur pente dans des petites exploitations de moins de 0,5 carreau (1 carreau = 1,29 ha) (Doura, 2001. Tome 1. p. 67). On estime à 600 000, le nombre de paysans haïtiens, qui n`ont pas accès à la terre (Louidor. Janvier 2007). En effet, en 2007, il y avait environ 1 million d’exploitations agricoles en Haïti, mais leur taille moyenne n`est que de 1,5 hectare (PNIA. 2010). Laraque a souligné le phénomène d`atomisation de la terre en Haïti. Les portions parcellaires de 1,29 ha ou moins, qui étaient de l`ordre de 39 % en 1950, ont atteint 71 % en 1971 ; et 45 % des parcelles étaient d`une taille inférieure à 0,3 ha (Laraque. 1987. p.22). Compte tenu de la croissance démographique rapide en Haïti, de la situation d`appauvrissement de la population et des règles de succession de la famille élargie sur la tenure en zone rurale, on est porté facilement à croire que le pourcentage de fermes de moins de 0,3 ha, rapporté par Laraque, est sans doute en croissance. Ainsi, l'accès aux terres agricoles est un critère important de classification des pauvres ruraux qui permet de distinguer les cultivateurs, qui ont accès à la terre en tant que petits propriétaires ou fermiers, des non-cultivateurs ou travailleurs sans terre, non qualifiés (Jules. 2006).

Tablleau 1..2 Terres arablles en % des terres et terres agriicolles en % des terres arablles,, Haïïtii,, de 1961 à 2000 Années Terres arables en % Terres agricoles en % 1961 32,7 60,2 1970 32,7 61,8 1980 28,3 58,0 1990 28,3 57,9 2000 28,3 57,7 Source : Perspective Monde- Université de Sherbrooke, La Banque Mondiale, http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

Généralement, ceux qui exploitent la terre ne sont pas légalement des propriétaires. Cela pourrait ne pas constituer une entrave dans la mesure où les conditions de tenure étaient

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favorables à la rentabilité des investissements. Or, le mode de gestion est informel. Il existe des reçus d'acquisition du terrain pour 19 % seulement des parcelles rurales (Ibrahim. 12 mai 2010). Le Plan national d`investissement agricole de 2003 (PNIA. 2003) relate que la tenure foncière est caractérisée par l`absence de formalisation des transactions foncières :

[…] Bien que le Code Civil stipule que l`enregistrement des transactions foncières et des titres de propriété doit être effectué, dans la plupart des cas, ni les transactions portant sur les acquisitions foncières ni les changements de propriétaires à la suite d`héritage, ne sont respectés. Un tiers des parcelles rurales d`Haïti ne sont pas enregistrées et 19 % ont seulement le reçu d`acquisition du terrain comme preuve d`acquisition du terrain. Environ 75 % des contrats fonciers du pays suivent les normes et les accords traditionnels.

L`accès à ll`eau d’iirriigatiion

En 2000, la quasi-totalité de l`eau douce du pays était affectée à l`agriculture, soit 93,9 %. L`industrie et les usages domestiques consomment respectivement 1,0 % et 5,1 % (PNUD. 2006). Or, même avec cette utilisation maximale de l`eau en agriculture, on constate depuis 1994, une stagnation des superficies irriguées du pays. De 1994 à 2006, il y a seulement 92 000 ha qui sont irrigués alors que le pays dispose d`un potentiel de 900 000 hectares de terres arables. En République Dominicaine, 223 000 hectares étaient irrigués en 2004 (FAO. 2007). Toutefois, si la superficie aménagée en Haïti est de 92 000 hectares, il n`y en a que 80 000 qui sont effectivement irrigués au moyen de 250 systèmes d`irrigation (PNIA. 2007). Les principales causes de l`inefficacité du système d`irrigation sont la détérioration des infrastructures lors des cyclones périodiques, le manque d`entretien et la mauvaise gestion, la faible implication des usagers, la dégradation des bassins versants entraînant une augmentation du potentiel érosif des crues et l`insuffisance d`investissements.

S`il n`y a que 3,3 % des terres qui sont irrigués, les pauvres comptent presqu`entièrement sur la pluie pour cultiver leurs parcelles. Durant la période 1971-1980, le pays recevait en moyenne 1 407 mm de pluie annuellement contre 1 223 mm en 2002. On pourrait croire que c`est une quantité d`eau suffisante pour le pays. Or, on observe une grande variabilité

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de régime pluviométrique sur l`ensemble du territoire. En effet, la pluviométrie varie de 400 à 4 000 mm selon la région. Certaines régions sont largement déficitaires.

L`accès aux outiills,, engraiis,, pestiiciides et semences

Le niveau de mécanisation de l`agriculture haïtienne est extrêmement faible. Il existe 0,2 tracteur par 1 000 hectares de terre arable en 2006 (FAO. 2007). De fait, l`outillage de base généralement utilisé par les agriculteurs consiste en une machette, une houe, une pioche et une pelle. Il y a environ 30 % des paysans haïtiens qui ne les possèdent même pas et 30 % de ceux qui en ont, l`ont acheté depuis 4 ans (Doura. 2001. p. 40). De l`avis de Marc, il faut entre 300 et 600 heures de travail à la houe pour préparer un hectare de terre alors qu’une charrue permet de labourer cette même superficie 5 à 15 fois plus vite et un tracteur 100 fois davantage (Marc. Mai 1997. p.16). Mazoyer souligne qu`un tiers des agriculteurs des pays sous-développés sont encore munis d`un outillage rudimentaire, privés de semences améliorées, d`engrais et de produits de traitement, mal dotés en terre et mal situés. Par contre, les agriculteurs des pays développés bien équipés ont une productivité brute jusqu`à 100 fois supérieures à celle des pays sous-développés (Mazoyer. 2001. p.2). De telles situations compromettent les rendements et par le fait même, les revenus et la sécurité alimentaire des ménages.

L`utilisation de produits phytosanitaires et de fertilisants par les agriculteurs haïtiens est insignifiante par rapport aux autres régions de la Caraïbe. Seuls certains grands agriculteurs, particulièrement de la Vallée de l`Artibonite, principale région rizicole du pays, et d`autres régions pratiquant le maraîchage, utilisent des fertilisants et des pesticides. Toutefois, les quantités utilisées sont très faibles par rapport aux besoins potentiels des plantes. De plus, les doses sont appliquées sans aucune analyse préalable des sols. En outre, la production maraîchère est de plus en plus consommatrice d`engrais et de produits phytosanitaires. On relate malheureusement un usage inapproprié des doses et des types de pesticides, ce qui a sans doute un impact négatif sur l`environnement et très probablement sur la sécurité alimentaire.

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Les semences des cultures vivrières utilisées par les agriculteurs proviennent soit de leur production ou sont achetées au marché rural. Or, les mauvaises conditions de conservation, la dégénérescence du matériel génétique, le coût élevé à cause de la pénurie au moment de la saison agricole ainsi que le manque de moyens financiers des agriculteurs, limitent grandement les rendements agricoles obtenus en Haïti.

L`accès au crédiit agriicolle

L`offre de financement rural est assuré par le Bureau de Crédit agricole (BCA) créé en 1959. Cette institution représente le principal outil de financement du secteur agricole. Cependant, le montant annuel des prêts à la production agricole accordé par la BCA est estimé 15 millions de gourdes (375 000 US$) (MARNDR). Cette offre de crédit agricole est insignifiante par rapport à la demande. De plus, ce ne sont pas les petits agriculteurs qui ont accès à ces prêts. En plus du BCA, l`offre de crédit en milieu rural est assurée par les institutions de microfinance (IMF non-coopératifs). Cependant, seulement 90 millions de gourdes par année (2 250 000 US$), ce qui représente 20 % du portefeuille de ces institutions, sont affectées au secteur agricole. Or, en 2008, les pertes de récolte importantes occasionnant des difficultés de remboursement des agriculteurs, ont contraint les institutions financières à ne plus intervenir sur le marché des prêts agricoles. Augustin décrit en ces termes la microfinance haïtienne : «En fait, la microfinance pratiquée en Haïti est faite sur une approche de rentabilité. Elle favorise certaines entreprises par rapport à d'autres. Malheureusement, ce sont les plus pauvres des pauvres qui n'en bénéficient pas, contrairement à la finalité première de cet instrument financier dont les vertus ont été mises en relief par la Grameen Bank» (Augustin. 2008).

Ainsi, pour faire face à cette carence de crédit dans le milieu rural, particulièrement dans le secteur agricole, les paysans ont généralement recours à trois formes traditionnelles de crédit : l`usure, les avances sur récolte et les prêts de semences. Les circonstances et les conditions de ces types de crédit sont nettement désavantageuses pour les paysans.

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Tablleau 1..3 Formes tradiitiionnelllles de crédiit,, Haïïtii Forme Circonstances Conditions Urgences (maladies et 240 à 300 % ou 20-25 % par mois mortalité) Aucune garantie exigée formellement, cependant l`usurier Usure Petit commerce prend sa décision à partir des avoirs du demandeur (propriété, bétail, récolte potentielle) Rentrée des classes Le capital est avancé en espèces mais le remboursement se Urgences fait en nature sur la base d`un prix de 50 à 60 % inférieur au Avances sur prix du marché, d`où un taux propre d`intérêt de 150 à 200 % récolte pour une durée de trois mois. Besoin de semences Une marmite5 (5 livres) est avancée pour 2 à 3 marmites Prêts de pour emblaver les livrées après 5 mois : 30 % par mois (soit 360 % l`an) semences parcelles Remboursement en nature Source : Mission d`identification, VIII FED agricole, Haïti, 1998 : 5

1..3..1..2 La producttiion agriicolle

Les cultures vivrières, maïs, riz et sorgho, haricot ainsi que les tubercules, patate douce, manioc et igname, sont les principales cultures du pays. Ces produits constituent la base de l`alimentation haïtienne. En 1970, la production nationale céréalière a connu un pic de 530 milliers de tonnes. Depuis, elle n`a fait que chuter jusqu`en 2000 où elle a cru, mais sans atteindre le niveau antérieur. En 2001, la production céréalière du pays a chuté à nouveau. Par contre, une légère croissance s`observe sans pour autant atteindre la production de l`année 2000. Cette situation a pour conséquence une croissance des importations de céréales, particulièrement le riz et ce, au détriment des agriculteurs.

5 La marmite est une mesure de capacité utilisée sur l`étendue du territoire. On distingue la grande et la petite marmite. La grande marmite, l`équivalent de 5 livres, est utilisée pour vendre presque tous les produits qu`ils soient agricoles, alimentaires ou autres. La petite vaut 1 livre. http://www.haiti-reference.com/economie/mesures.html. 20

Graphiique 1..8 Productiion céréalliière,, Haïïtii,, de 1961 à 2008 600

500

400

300

200 TM TM en milliers 100

0

1961 1970 1980 1990 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2008

Maïs Riz sorgho Total

Source : FAO, 2010

Environ 80 % du riz consommé est importé des États-Unis. En 2008, les importations provenant des États-Unis (riz blanchi et riz décortiqué) ont atteint un volume total de 318 493 TM au coût de 237 millions US$ contre 16 200 tonnes en 1980 pour 6,8 millions US$ (FAOSTAT, 2010). Ainsi, Haïti est devenu fortement dépendant du marché du riz américain. Or, on sait que le prix à la production du riz aux États-Unis est nettement inférieur à celui en Haïti. De plus, les producteurs américains sont fortement subventionnés alors que ceux d`Haïti ne le sont pas, ce qui ne fait que plonger dans la pauvreté les 130 000 producteurs de riz du pays, dont 90 000 dans la Vallée de l'Artibonite (Agro Presse. Janvier 2009). Cette situation est due, en grande partie, aux tarifs douaniers qui chutèrent de 35 % à 3 % en 1994-95.

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Graphiique 1..9 Importatiion de riiz des États-Uniis (riiz bllanchii et décortiiqué),, Haïïtii,, de 1961 à 2008 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 1961 1970 1980 1990 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

K TM M US$ courant

Sources : FAO, 2010 et compilation de l`auteure

Les rendements faiiblles

La situation décrite antérieurement a un impact direct sur les rendements obtenus. De fait, en plus de stagner, les rendements sont très faibles. Les rendements en maïs restent pratiquement en dessous de 1 000 kg/ha et ceux en riz ont du mal à dépasser le seuil de 2 000 kg/ha. Pourtant, des pays de la zone obtiennent des rendements supérieurs. Or, les rendements en riz et en maïs du pays étaient supérieurs à ceux de Cuba au cours de la décennie 1960-70, soit 1 718,1 kg/ha et 1036,3 kg/ha contre 923,8 et 1 379,3 kg/ha à Cuba. Maintenant, ils sont inférieurs. En 2009, le rendement en maïs de Cuba est le double de celui d`Haïti. Celui de riz de la République Dominicaine en 2008 est plus que le double d`Haïti. Les rendements en tubercules, patate douce et manioc, puis en arachides non décortiquées sont très faibles aussi par rapport à ceux d`autres pays de la zone. Les graphiques 1.10, 1.11 et 1.12 illustrent ce fait.

Vu ces rendements aussi faibles et la taille des parcelles mises en valeur, les petits paysans doivent avoir de réelles et graves difficultés à nourrir et faire vivre leurs familles, tels qu`ils l`ont exprimé dans l`ECVH de 2001.

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Graphiique 1..10 Rendement en maïïs,, troiis pays,, de 1961 à 2009 3000

2500

2000

1500 kg/ha

1000

500

0 1961 1970 1980 1990 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Cuba Haïti Rép. Dominicaine

Source : FAO, 2010

Graphiique 1..11 Rendement en riiz,, troiis pays,, de 1961 à 2009 6000

5000

4000

3000 kg/ha

2000

1000

0 1961 1970 1980 1990 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Cuba Haïti Rép. Dominicaine

Source : FAO, 2010

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Graphiique 1..12 Rendements moyens,, diivers pays,, en 2009 16 14 12

10

8 TM/ha 6 4 2 0 Brésil Cuba Haïti Rép. Dominicaine

Arachides non décortiquées Manioc Haricots secs Patates douces

Source : FAO, 2012

1..3..1..3 Les acttiiviittés agro--iindusttriielllles ett lla diisttriibuttiion

L’accès au marché d`exportatiion

Toutes les activités agro-industrielles concernent principalement la transformation des fruits, du café, du cacao, de l`arachide et du manioc. Les secteurs du café et du cacao sont les secteurs traditionnels de transformation en Haïti. Toutefois, les exportations de café vert qui se chiffraient à 24 979 tonnes en 1980 se sont réduites à 1 008 tonnes en 2008. Les petits paysans, n`ayant plus d`impact sur le prix du café, ont quasiment abandonné la production au profit des denrées vivrières. Un petit volume de café torréfié est exporté. En 2003, il était de 14 tonnes. Puis, il a chuté à deux ou trois tonnes les années suivantes (FAO. 2010).

C`est la filière de la mangue qui est en train de se développer. Selon les sources consultées, la filière mangue semble se substituer à la filière café. Le marché de la Floride (USA) est très favorable non seulement à cause de sa proximité avec Haïti, mais surtout à cause de la population importante d`immigrants haïtiens. La production de mangues en Haïti oscille entre 200 000 à 400 000 tonnes métriques par an. Ainsi, les exportations de mangues sont passées de 47 tonnes en 1961 à 10 266 en 2006. De 1980 à 2008, l`apport de cette filière à l'économie haïtienne est passé de 1,0 à 8,2 millions US$.

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Cependant, les petits paysans sans terre ne sont pas les principaux bénéficiaires de cette filière. Vu l`état de déforestation du pays, une politique de reboisement et d`intensification de la production de mangues pourrait être une stratégie de réduction de la pauvreté en Haïti.

La filière des huiles essentielles6 comporte 4 exportateurs et a connu un déclin au cours des décennies 1990 et 2000. À partir de 2006, il semble qu`il y a une certaine relance des exportations. On présente aux tableaux ci-dessous les exportations de ces produits en tonnes métriques et en milliers US$. Notons que les exportations totales provenant de ce secteur d'activités ont généré, en 2008, un revenu de 40,7 millions US$.

Tablleau 1..4 Exportatiions en tonnes métriiques,, Haïïtii,, de 1961 à 2008 Produits 1961 1970 1980 1990 2000 2002 2004 2006 2007 2008 Bananes 153 396 0 0 0 0 2 0 0 0 Café vert 16 658 16 187 24 979 9 400 4 800 2 426 1 882 1 246 1 246 1 008 Café torréfié N N N N 8 9 3 2 2 14 Fèves de cacao 878 1 697 2 337 900 3 300 4 237 3 653 3 917 3 834 5 231 Huiles essentielles 166 206 242 50 90 115 106 123 126 127 Mangues 47 397 3 229 8 000 10 200 8 380 8 065 10 266 8 408 8 208 Boissons * 29 108 108 140 140 149 205 208 190 279 * : Boissons alcoolisées distillées N : Donnée non disponible Source : FAO, 2010

Tablleau 1..5 Exportatiions en miilllliiers US$,, Haïïtii,, de 1961 à 2008 Produits 1961 1970 1980 1990 2000 2002 2004 2006 2007 2008 Bananes 9 34 14 0 0 0 1 0 0 0 Café vert 12 119 15 241 90 876 15 350 9 600 3 094 3 296 3 632 3 206 3 042 Café torréfié N N N N 47 44 8 9 7 59 Fèves de cacao 365 1 067 4 524 1 850 2 600 5 029 4 476 4 631 5 758 10 143 Huiles essentielles 1 474 2 658 5 806 2 180 4 700 4 931 7 975 11 115 15 478 18 487 Mangues 4 83 1 060 4 800 9 800 4 910 6 690 7 722 6 652 7 325 Boissons * 30 64 265 500 700 682 992 1 099 1 083 1 605 * : Boissons alcoolisées distillées N : Donnée non disponible Source : FAO, 2010

L’accès au marché llocall

La filière des produits agro-alimentaires pour le marché local (café, confiture, beurre d`arachide) regroupe cinq ou six industriels formels.

On a pu observer durant les dix à quinze dernières années, l`émergence de coopératives et de réseaux de coopératives de producteurs de café, la fédération des associations caféières

6 Les huiles essentielles en Haïti sont les huiles de vétiver, d`amyris, de limette et de bigarade. http://www.unctad.org/trade_env/test1/meetings/haiti/MARCHE%20INTERNATIONAL%20DES%20HUILES%20ES SENTIELLES%20ET%20POSITIONNEMENT%20D%92HAITIrev.pdf 25

natives (FACN) et le réseau des coopératives caféières de la région du nord (RECOCARNO) qui exportent le café vert sur le marché mondial du marché équitable. D`autres initiatives émergent, telles des associations d`éleveurs, des coopératives de femmes qui sont impliquées dans la transformation de fruits frais et de beurre d`arachide, mais particulièrement pour le marché local. Ces initiatives naissantes sont, pour la plupart, à l`état artisanal et gérées par des membres ayant très peu de formation en gestion des micro-entreprises et en fonctionnement des marchés. Cependant, les sources consultées ne permettent pas de connaître exactement la taille de ces micro-entreprises, leur production totale, leur chiffre d`affaires, les coûts de production et les marges de bénéfices réalisés.

Malheureusement, le secteur agroalimentaire qui pourrait constituer un atout pour le relèvement de l`économie nationale fait face à un certain nombre de contraintes tant pour le marché local que pour celui d`exportation: le très mauvais état des routes, les infrastructures portuaires désuètes et coûteuses, l`alimentation énergétique déficiente et coûteuse, le caractère aléatoire de l`offre agricole du pays, la difficulté d`assurer un approvisionnement régulier, l`absence de normes de standardisation et de systèmes de contrôle de qualité, l`absence d`accès à des informations fiables sur les prix et les marchés, le manque voire l`absence de contrôle des producteurs sur les prix des produits récoltés, les prix élevés des matériaux de conditionnement et d`emballage importés et la faible compétitivité des productions locales par rapport aux produits provenant des marchés étrangers, notamment de la République Dominicaine et des États-Unis.

La commerciialliisatiion des produiits viivriiers,, fruiits et llégumes

Il est quelque chose de particulier en Haïti que la littérature fait émerger depuis plusieurs décennies jusqu`à nos jours: l'ampleur, l'omniprésence et la dominance de la femme haïtienne dans la commercialisation interne des produits agricoles. Ces femmes sont appelées «Madan Sara». Celle-ci est une revendeuse détaillante, un personnage central qui assure la commercialisation de la quasi-totalité de la production agricole du pays, fruits et légumes ainsi que produits vivriers. Le commerce intérieur des vivres est affaire de femmes. Cette activité est la principale source de revenus des femmes de milieux ruraux aussi bien qu’urbains.

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En fait, il s’agit d’un circuit très complexe qui part de la collecte en milieu rural pour se terminer dans tous les recoins des villes du pays. La marge de profit atteindrait près de 25 % à 35 % de la valeur des produits et le prix perçu par le producteur pourrait se situer entre 35 % et 75 % du prix payé par le consommateur (Doura, F. 2001.Tome 2. p. 72). En 1991, la répartition du revenu de la commercialisation des produits vivriers entre les différents intermédiaires était estimée ainsi : Dépôt : 1 %, Camion : 5-7 % ; Madan Sara : 25-35 % ; Producteurs : 55-75 % en considérant que la «Madan Sara» assure les frais de transport et d’entreposage ainsi que d’autres coûts versés à d’autres intermédiaires tout au long du circuit (Paysans, Systèmes et Crise. Tome 2. 1993. p. 123). Ainsi, le circuit de commercialisation peut être schématisé comme suit :

Fiigure 1..2 Représentatiion schématiique du ciircuiit de commerciialliisatiion des produiits viivriiers,, fruiits et llégumes,, Haïïtii

Consommatteur

MADAN SARA PRODUCTEUR Grossiste Consommatteur Grossiste

Grossiistte Déttaiillllant

Consommateur Consommateur

Cette fonction de commercialisation et de distribution des produits vivriers, n’étant pas sous le contrôle de l’oligarchie foncière et agro-exportatrice comme pour les denrées traditionnelles d’exportation telles le café et le cacao, pourrait s’assimiler à une forme d’autonomie de la paysannerie haïtienne et à un élément dynamique de survie de celle-ci. Cependant, le système fait face à une contrainte majeure, les mauvaises conditions de transport et de conditionnement qui occasionnent des pertes considérables, car les produits sont transportés en vrac ou dans des paniers d’osier ne garantissant aucune protection dans les camions. Les pertes peuvent être totales dans le cas des fruits et

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légumes qui sont, comme nous le savons, des produits très périssables. Ces contraintes évoquées ainsi que les frais élevés du transport et les nombreux intermédiaires contribuent à la hausse des prix des denrées alimentaires dans les zones urbaines et les grandes villes.

Un soutien à cette activité, non seulement en financement des investissements mais surtout en termes d`organisation du marché incluant le transport et l`entreposage, pourrait être une stratégie efficace de lutte contre la pauvreté en Haïti par la réduction des pertes. Les femmes du secteur méritent d`être entendues sur le sujet.

1..3..1..4 L’’éllevage

En milieu rural haïtien, l’élevage est une activité associée à l’agriculture et il y joue essentiellement un rôle d`épargne. Les élevages caprin et de volaille sont prédominants. Depuis l’éradication de la peste porcine africaine dans le pays en 1983, l’élevage porcin a cessé de jouer son rôle d`épargne dans l`économie paysanne. Les espèces actuelles sont jugées très exigeantes et moins rustiques par les paysans. Ainsi, il y a environ un million de petites exploitations agricoles familiales en Haïti dont 80 % de ces exploitations élèvent un total de quatre millions de volailles, 65 % des exploitations élèvent des chèvres (2,5 millions de caprins), 55 % élèvent du gros bétail (1,5 million de bovins dont environ 45 % de vaches adultes) et 35 % détiennent au total près d`un million de porcs (PNIA/MARNDR. Mars 2010). Enfin, l’élevage des ânes, des mules et des chevaux fournit aujourd’hui encore le principal moyen de transport des produits agricoles en milieu rural puisque les voies routières sont soit inexistantes ou en très mauvais état. Cette production satisfait à plus de 90 % la demande nationale en volailles, qualifiées de rustiques, en viande de petits ruminants et de bœuf, et permet l’exportation annuelle de cinquante mille caprins (2 millions US$) vers la République Dominicaine, en plus des bovins et des volailles rustiques (PNIA/MARNDR. Mars 2010). La production ne peut, par contre, satisfaire la demande nationale en produits laitiers, en œufs et en découpes de viande de volaille industrielle. Les importations d’œufs de la République Dominicaine et des découpes de moindre qualité (ailes, pattes, cuisses, gésiers) de volailles, puis des pattes et queues de porcs de la Floride (USA) sont importantes.

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Tablleau 1..6 Importatiions de produiits agriicolles,, Haïïtii,, miilllliiers de US$,, de 1961 à 2008 Produits 1961 1970 1980 1990 2005 2008 Œufs en coquille 0 2 113 160 230 619 Volaille 0 2 117 80 16 080 26 541 Porc 17 8 77 500 2 151 4 054 Source : FAOSTAT. 2010

Malgré son rôle d’épargne et les opportunités qu’il offre, l’élevage fait face à de nombreuses contraintes telles la faible disponibilité en fourrages, en intrants, l’accès limité aux soins vétérinaires, aux crédits, etc. À ces difficultés, il faut ajouter la consanguinité et les prix élevés des aliments concentrés importés de la République Dominicaine pour les élevages porcins et avicoles. De même, les maladies parasitaires et les zoonoses telles la rage et le charbon bactéridien présents dans le pays depuis plusieurs décennies provoquent des pertes considérables et constituent un danger pour la santé humaine.

1..3..1..5 La pêche ett ll’’aquaculltture

Avec ses 1 535 km de côte, la pêche génère des revenus, mais très faibles, à ceux qui la pratiquent. Le secteur est composé de 50 000 petits pêcheurs et pisciculteurs qui produisent environ 16 000 tonnes de poissons annuellement, dont seulement 400 tonnes/an à partir de l’aquaculture. La production totale de poissons est estimée à 30 millions US$. Les principales espèces sont les langoustes, les crevettes, les crabes, le lambi et les poissons. Le pays importe annuellement environ 12 000 tonnes de poissons d’une valeur de 10 millions US$. La consommation annuelle per capita de poisson est de 2,5 kg. Elle est très faible par rapport à celle de la Jamaïque, soit 17 kg.

Le nombre annuel de pêches est de 150 par canot et la production journalière moyenne est de quatre kilogrammes. Généralement, il y a deux pêcheurs par canot. Le prix moyen à la plage au débarquement est de 2 US$ par kg. Ainsi, les revenus annuels par canot seraient de 1 200 US$. Ils sont répartis entre le propriétaire du canot (33 %), le propriétaire des engins de pêche (33 %) et l’équipage (33 %). Il existe très peu d’association de pêcheurs (PNIA. Annexe 4). Dans la majorité des cas, les pêcheurs ne sont pas propriétaires des canaux et des filets. Comparativement à la Jamaïque, Cuba, la République Dominicaine, les Bahamas et d’autres Iles de la Caraïbe, la pêche est loin 29

d’être pleinement exploitée en Haïti. Les deux principales contraintes sont les types et la taille des embarcations. Les petits canots à voile empêchent l’exploitation des ressources éloignées des côtes. Le manque d’infrastructures pour la commercialisation, particulièrement l’électricité, la pollution par les boues et les matières plastiques (sachets d’eau et bouteilles d’eau et de jus) sont aussi une entrave au secteur.

1..3..1..6 Le sectteur iinfformell

En milieu rural haïtien, après l`agriculture, c`est le secteur informel qui est le principal pourvoyeur d`emploi. À bien observer, il s’agit plutôt d’une situation de sous-emploi de la population, comme c’est le cas dans les pays où les revenus sont très faibles et où il n’y a pas de système de protection sociale. Les différentes formes de chômage en Haïti équivalent à un taux de chômage ouvert de 55 à 60 % de la population active (CEPALC. Août 2005). En réalité, ce n`est pas tant l`informel qui est un phénomène nouveau en Haïti, mais bien sa prédominance à travers tout le pays, en milieu rural aussi bien qu’urbain.

L’emploi informel est fortement associé aux femmes. Ces dernières comptaient pour 61,8 % de l`effectif par rapport à 38,2 % pour les hommes en 1997 (Lamaute-Brisson, 2001). Les facteurs qui contribuent à l`émergence et à la prédominance des activités informelles en Haïti sont l`affaiblissement de l`État et l`échec des politiques publiques de développement, la croissance démographique et l`exode rural qui ont amené des formes nouvelles de relations sociales et de recomposition de l`espace. Les facteurs macroéconomiques et politiques expliquent le développement anarchique du secteur (Lucien, 29 novembre 2008).

Il s`avère nécessaire de souligner quatre éléments qui, à notre avis, semblent constituer une nouveauté dans le secteur informel en Haïti.

1) L`absence de local pour exercer l`activité économique. Environ 32,2 % des agents du secteur informel étaient localisés sur la voie publique et 46,6 % à domicile ; 9,5 % chez les clients et 4,9 % dans les marchés publics. Ces types de localisation montrent de manière claire la précarité de l`informel. Les rues, les places publiques et tout espace inoccupé deviennent des marchés bruyants et insalubres, vu la défaillance des

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services de ramassage des ordures et la croissance exponentielle des vendeurs et acheteurs. 2) La dominance commerciale. Le commerce de détail et la restauration en plein air sur le trottoir dominent la sphère commerciale. En 1997, le commerce et la restauration composaient 57,6 % de l`informel (Lamaute-Brisson. 2001). La littérature sur le secteur informel du pays relate que le fonds de démarrage des petits commerces peut provenir du financement endogène, soit exogène ou des deux à la fois. Mais il convient de mentionner que ces fonds sont généralement très faibles. Ils peuvent être de moins de 250 gourdes (6,25 US$). Le financement endogène peut ainsi découler de la solidarité des membres de la famille en Haïti ou à l’étranger (USA, Canada, les Bahamas, etc.) sous forme de dons ou de prêts ; de l`épargne personnelle, jeux de hasard, vente d’un animal, etc. Le financement exogène résulte de diverses sources, excluant les banques commerciales. Il regroupe surtout les tontines (Sol, Sabotay), les usuriers et les prêteurs sur gage, les caisses populaires, les Mutuelles de solidarité et le Crédit-fournisseur. 3) La nature et l`origine des produits commercialisés. La majorité des produits commercialisés ne sont pas produits en Haïti. Ils sont importés soit des États-Unis, de la Chine et de la République Dominicaine. Ce sont des denrées alimentaires, riz, haricot, huile, œufs, etc. et des vêtements et des chaussures usés provenant des États- Unis ou à l`état neuf confectionnés en Chine, à Panama ou à Curaçao, des jouets ou des articles électroménagers fabriqués en Chine. Ces produits contribuent grandement à affaiblir l`économie nationale car ils se vendent à des prix inférieurs à ceux produits localement et dans la plupart des cas, ils sont soit subventionnés ou fabriqués à des coûts plus bas. Ainsi, de même que le riz importé a détruit la riziculture haïtienne, les vêtements et chaussures usagés des États-Unis et ceux neufs de la Chine, ont contribué à appauvrir les petits cordonniers, les tailleurs et couturières du pays. 4) Finalement, vient la question des faibles revenus. L`informel se caractérise par une très forte concentration dans les tranches de revenu assez proches du salaire minimum légal de 36 gourdes en 1997. (Lamaute-Brisson. 2001. p. 66). Cependant, vu la hausse du dollar et le déclin de l`économie, une bonne tranche des agents économiques de l`informel ont des revenus très au-dessous du salaire minimum actuel de 150 gourdes.

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En définitive, le monde rural notamment les femmes, semble être abandonné à son sort et il est de plus en plus vulnérable à la pauvreté. L’agriculture ne lui permet pas de vivre. Le secteur tertiaire dominé par l`informel qui se développe de plus en plus en Haïti parviendra-t-il, à faire reculer la pauvreté en Haïti ? N`est-il pas avant tout une simple stratégie de survie de la population ? Les agents de l`informel ne sont-ils pas des victimes d`un système socio-économique qui n`a pas su promouvoir des conditions favorables au développement du pays et mettre en place des politiques adéquates et égalitaires d`éducation, de santé, de création d`emplois, etc. ?

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CHAPITRE II.. ORGANISATION DU SYSTÈME D`ACTIVITÉS DES FEMMES KOFAVAC

2..1 LA DESCRIPTION DU SYSTÈME KOFAVAC

Cette partie de l`étude présente une description de la stratégie KOFAVAC nécessaire à l’analyse de son impact sur les conditions de vie de ses membres.

2..1..1 L`oriigiine et ll`objectiif de KOFAVAC

KOFAVAC est une organisation associative née en 2004 qui avait réuni une vingtaine de femmes. Un an plus tard, le nombre de femmes est passé à 42. Actuellement, elles sont au nombre de 38. Il ne s`agit pas d`un mouvement mis en œuvre au bénéfice des femmes, mais plutôt d`une organisation solidaire créée par et avec les femmes elles-mêmes. Ainsi, les femmes en sont partie prenante. Le mouvement associatif baptisé KOFAVAC7 (Konbit Fanm Vanyan Chansòl), est mis en place dans le but de rechercher avec ces femmes quelles sont les actions qu`elles pourraient entreprendre ensemble compte tenu des atouts dont elles disposent, ceux la région et des contraintes auxquelles elles font face. Les contraintes sont à la fois d`ordre socio-économiques et culturels. Elles concernent aussi bien l`environnement interne qu`externe. L`organisation vise surtout l`implication à la fois personnelle et collective dans la recherche et la mise en œuvre de stratégies appropriées aux problèmes confrontés. Ces problèmes ne sont pas uniquement d`ordre économique. Ils regroupent les difficultés d`ordre humain, social, religieux, culturel et évidemment économique.

2..1..2 Les priinciipes fondateurs de KOFAVAC

Ce mouvement de solidarité s`enracine dans des principes fondamentaux que les femmes ont elles-mêmes privilégiés et ont du même coup tenu de respecter. Il repose aussi sur des valeurs qu`elles considèrent essentielles dans leur propre culture, leur vie et la vie communautaire ou associative. L`appartenance à la mutuelle de solidarité ne dépend pas de la contribution monétaire apportée mais fondamentalement de la participation physique et active à toutes les activités du groupe. Aucune cotisation monétaire n`a été

7 Le sens de KOFAVAC en français est organisation associative et solidaire des femmes vaillantes de Chansolme. 33

demandée. L`appartenance au corps par sa présence régulière et active aux activités est la seule exigée. Ainsi, un temps important est accordé lors des rencontres au renforcement et à la consolidation de ces éléments importants que sont la solidarité et l`entraide, la participation, le respect de soi, des autres et des règles, le sens d`appartenance à un corps, l`honnêteté et l`intégrité, la justice, la bonne gestion du bien commun, la distribution équitable des richesses entre les membres, le respect de l`environnement, le respect des connaissances et des expériences des membres, etc. Cette démarche privilégiée est un processus d`intégration et d`appropriation d`un autre mode d`organisation sociale et économique locale, condition indispensable à sa survie.

2..1..3 Les deux piilliiers d`actiiviités économiiques de KOFAVAC

Deux principales activités en vue de renforcer le revenu des femmes sont menées au sein de KOFAVAC. D`abord, il y a l`activité de transformation et de commercialisation denrées agricoles. Les principaux produits de KOFAVAC sont le beurre d`arachide, des confitures et des gelées de fruits vu l`abondance de fruits dans la région et la production d`arachide à Chansolme. Cette activité leur permet d`obtenir un bénéfice réparti équitablement entre elles. Un local a été construit mais est inachevé.

Le système épargne/crédit est la seconde activité. Des prêts sont accordés aux femmes pour démarrer ou renforcer le petit commerce. Le montant des prêts est généralement de 2 500 gourdes, mais peut augmenter dépendamment de la capacité de remboursement de a femme vérifiée par la régularité. La durée du prêt est de 5 mois. Cependant, à chaque remboursement mensuel, les femmes sont incitées à épargner un montant variant de 25 à 100 gourdes, dépendamment de la situation de chacune. Ainsi, même s`il n`existe aucun intérêt sur le prêt, ce montant à épargner est obligatoire à chaque remboursement. Le bénéfice de la production de beurre d`arachide et autres ainsi que ces montants mensuels constituent une épargne pour chacune des femmes.

2..2 L``ORGANISATION DES ACTIVITÉS 2..2..1 La productiion

Les femmes sont réparties dans deux groupes de travail. L`un travaille le mercredi et l`autre, le jeudi. Ainsi, elles travaillent un jour par semaine. Différentes équipes sont

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constituées pour l`achat des matières premières, la présence des membres et d`autres activités liées à la production. L`une des personnes appuyant KOFAVAC joue le rôle de trésorière.

2..2..2 Le crédiit//épargne

Au terme de chaque campagne de production, généralement il y en a deux, l`une des personnes qui appuient les femmes (PA) effectue le contrôle en tenant compte des dépenses effectuées qui sont comptabilisées. Le bénéfice réparti équitablement va constituer l`épargne de chacune. Pour ce qui est des prêts, aucune garantie n`est exigée et toutes les femmes y ont accès. Le remboursement des prêts s`effectue tous les mois, mais dépend de la disponibilité de la PA. Celles qui ne parviennent pas à rembourser sont déclarées défaillantes, mais continuent de faire partie de KOFAVAC en participant aux activités de production qui leur permettent d`obtenir le même bénéfice que les autres. Toutefois, elles n`ont plus accès au crédit. Les retraits s`effectuent soit le jour du contrôle de la production, du remboursement ou d`un nouveau prêt ou un autre jour en cas de besoin.

Dans un tel contexte, comment dégager les déterminants de la pauvreté chez ces femmes et comment est-ce qu’elles appréhendent et expriment leurs situations de pauvreté ? Quel est l’impact de la stratégie KOFAVAC sur leurs conditions de vie ? Pour tenter de répondre à ces questions soulevées, l’étude se fixe les objectifs suivants :

2..3 L``OBJECTIF GÉNÉRAL

Analyser la pauvreté multidimensionnelle des femmes de KOFAVAC

2..3..1 Les objectiifs spéciifiiques

 Identifier les déterminants de la pauvreté chez ce groupe de femmes et évaluer leur niveau de pauvreté multidimensionnelle  Examiner leurs perceptions sur la pauvreté, leurs conditions de vie et sur les stratégies de lutte contre la pauvreté  Analyser l’impact du système d`activités KOFAVAC sur l’amélioration de leurs conditions de vie.

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CHAPITRE III.. PAUVRETÉ : lle concept,, lles détermiinants et lles stratégiies de llutte

3..1 INTRODUCTION

Pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des pauvres, il est nécessaire avant tout de comprendre et à mieux cerner ce qu`est la pauvreté. En effet, ce concept qu`est la pauvreté est appréhendé de différentes manières. Ainsi, dans cette section du mémoire, nous nous sommes penchées sur les principales approches de la pauvreté qui nous aideront à mieux saisir quels sont les aspects et les dimensions à retenir en vue de caractériser adéquatement les ménages KOFAVAC. Étant donné qu`au cours de ces vingt dernières années, un certain nombre d`études en Haïti et dans plusieurs pays du sud ont été effectuées de manière à repérer les différents facteurs pouvant influer sur la pauvreté de diverses catégories d`une population donnée, nous allons passer en revue ces recherches capables de nous orienter dans le choix et la détermination des indicateurs à retenir dans le cadre de notre étude. Or, étudier la pauvreté ne consiste pas uniquement à présenter leur portrait socio-économique mais aussi et surtout à rechercher dans quelle mesure cette connaissance peut conduire à trouver les stratégies les mieux appropriées et les plus efficaces capables de les aider à améliorer leurs conditions de vie pour sortir de la pauvreté.

Aussi, dans ce chapitre nous avons exposé quelques stratégies de lutte contre ce fléau en Haïti et dans d`autres pays du sud au cours des deux dernières décennies. La stratégie KOFAVAC ne figure pas dans ce chapitre car elle est déjà présentée au deuxième chapitre du mémoire. La liste de stratégies présentée n`est pas exhaustive dans la mesure où notre étude ne porte pas sur une analyse des stratégies de lutte contre la pauvreté en Haïti. Ces trois dimensions, à savoir le concept, les déterminants et les stratégies ainsi que les liens existant entre eux, forment le cadre conceptuel de l`étude sur lequel nous nous sommes appuyées pour atteindre les objectifs spécifiques de l`étude présentés au second chapitre du mémoire.

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3..2 LE CONCEPT «PAUVRETÉ»

L`absence ou l`insuffisance de revenu, la famine, la sous-nutrition, l’inaccessibilité à l`eau potable et aux soins de santé, l`analphabétisme, la privation des droits civiques et politiques, la faiblesse des liens sociaux, etc. de plus d`un milliard de personnes dans le monde et particulièrement dans les pays du Sud, interpellent chercheurs, économistes, gouvernements, organismes nationaux et internationaux. Tous s`accordent pour dire qu`il s`agit d`une situation de pauvreté. Toutefois, une certaine difficulté demeure, celle d`identifier la personne pauvre ainsi que les mesures concrètes et efficaces capables de l’aider à s’en sortir puisqu`il n`y a pas unanimité concernant la ou les dimensions à prendre en compte pour considérer si elle l`est ou ne l`est pas.

3..2..1 La diimensiion économiique de lla pauvreté

Les différentes approches de la dimension économique de la pauvreté peuvent être regroupées en deux grandes familles, à savoir l`approche monétaire et celle non- monétaire.

3..2..1..1 L``approche monéttaiire

L`approche monétaire ou utilitariste fut le fondement pendant des années de la mesure et de l`analyse de la pauvreté. L`utilitarisme est une approche «Welfarist», selon laquelle la seule information pertinente pour évaluer le bien-être est celle fournie par l'ensemble des fonctions d'utilité individuelles dont le bien-être est une fonction croissante (Fusco. 2005. p. 21). Ainsi, la pauvreté monétaire résulte essentiellement d`un manque de revenus monétaires et de ressources matérielles nécessaires pour satisfaire ses besoins (Vérez. 2007. p. 12 ; Destremau et Pierre. 2002. p. 42). Outre l`insuffisance de revenu, souligne Vérez, la pauvreté monétaire peut être encore liée à des conditions économiques et sociales irréversibles : sans emploi, emploi précaire, revenus aléatoires, licenciement, surendettement (Vérez. 2007. p. 15). De ce point de vue, la pauvreté touche un nouveau groupe de travailleurs qui, quoiqu`ayant un emploi, ne gagnent pas un revenu adéquat leur permettant de subvenir à leurs besoins essentiels.

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Les lliimiites de ll`approche

Cette approche, dont les instigateurs sont la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, continue d`exister et d`être la plus répandue dans la littérature. Pourtant, elle fait l`objet de plusieurs critiques. Certains contestent sa vision réductrice fondée sur l’observation du niveau et de l’évolution du revenu par habitant, qui ne tient pas compte de l’accès aux services sociaux et de l’impact des biens publics sur le bien-être (Sen Amatya. 2003. p. 95 ; Bossert, Walter ; Satya R, Chakravarty et Conchita, D’Ambrosio. 2009). Destremau et Pierre soulignent qu`un indicateur défini à partir d`un certain niveau de revenu surestime la pauvreté puisque dans les pays moins avancés, les revenus non- monétaires importants de l`autoconsommation ne sont toujours pris en compte (Destremau et Pierre. 2002. p. 43). De plus, l`indicateur donne une mesure incomplète de la pauvreté en ne privilégiant que le marché alors qu`il peut exister des externalités positives ou négatives produites par l`État ou les industries qui ne sont pas prises en compte (Destremau et Pierre. 2002. p. 43). Finalement, une augmentation du revenu ne se traduit pas obligatoirement par une amélioration des conditions de vie et par un meilleur accès aux services sociaux de base tels la santé, l`éducation et l`eau potable (Aho, Larivière, et Martin. 1997. p. 14). Dans un autre ordre d`idée, Bertin et Leyle relatent que le seul critère monétaire ne permet pas de capter l`essentiel des privations dont sont victimes les individus et les ménages, telles la précarité des parcours de vie, la marginalité et l`exclusion en termes de droits à la santé, à l`éducation et à la propriété foncière et qui peuvent contribuer à affecter leurs conditions de vie (Bertin et Leyle. 2007). Coudouel et ses collaborateurs rejoignent Bertin et Leyle en affirmant que la pauvreté n'est pas seulement liée au manque de revenu ou à une insuffisance de consommation, mais aussi à des performances insuffisantes en matière de santé, d'alimentation et d'alphabétisation, à des déficiences de relations sociales, à l'insécurité, à une faible estime de soi-même et à un sentiment d'impuissance (Coudouel et al. 2002. p.7). De même, en termes de flux, l`approche fait l`objet de critiques importantes. Ainsi, dans la mesure où les pauvres possèdent un patrimoine, un logement ou encore des instruments de travail, ces derniers peuvent se révéler insuffisants pour satisfaire leurs besoins. Dans ce cas, les pauvres peuvent être définis par leur «manque» de patrimoine suffisant en termes de logement (logement insalubre), de santé, d`éducation (capital

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humain) pour accéder à certains emplois, et de capital pour investir dans une activité économique (Destremau et Pierre. 2002. p. 44). Hourriez et Legris abondent dans le même sens en disant que si le revenu disponible monétaire est nécessaire, l`approche conduit à ignorer un paramètre important qu`est le patrimoine. Ces auteurs lancent une autre critique quant à l`aspect temporaire du revenu évalué sur une base annuelle qui ne permet pas de se rendre compte de la durabilité de la pauvreté (Hourriez et Legris. 1998. p. 35).

Malgré ces limites, Vérez relate que l`analyse de la pauvreté monétaire est encore utile pour identifier le fossé entre la croissance et le développement, a fortiori si on mesure simultanément la pauvreté humaine. Ainsi, l`analyse de la pauvreté humaine est nécessaire et complémentaire à celle de la pauvreté monétaire (Vérez. 2007. pp. 63 et 81).

3..2..1..2 L``approche non monéttaiire

L`approche non monétaire diffère de l`approche «utilitariste» ou «welfariste» de la pauvreté parce qu’elle met en lumière l’aspect multidimensionnel de la pauvreté. Elle est perçue de deux manières, l`approche des besoins de base et celle des «potentialités» ou «capacités».

L`approche sellon lles besoiins essentiiells ou fondamentaux

Selon cette école, ce n`est ni l`utilité, ni les habiletés ou les capacités qui manquent. La «chose» manquante dans la vie des pauvres est un ensemble de biens et services spécifiquement identifiés et perçus comme rencontrant les besoins de base de tous les êtres humains. Ils sont dits «de base» car leur satisfaction est considérée comme un préalable à l'atteinte d'une certaine qualité de vie; ils ne sont pas perçus comme contribuant nécessairement au bien-être (Asselin et Dauphin. 2000). Cependant, même s’il n`y a pas consensus quant à la définition et à la détermination des «besoins essentiels», citant tout de même Stewart, les besoins essentiels sont «les biens et services minima à la réalisation d’une vie décente », et «les quantités minima de choses telles que la nourriture, l’habillement, le logement, l’eau et les installations sanitaires qui sont nécessaires à la prévention d’une mauvaise santé ou la malnutrition» (Stewart. 1995). Azoulay et Dillon relatent que cette approche fait de la pauvreté un concept multidimensionnel qui exclut

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toute tentative de réduire le phénomène à la consommation totale d`un individu ou d`un ménage (Azoulay et Dillon. 1993. p. 21).

Les lliimiites de ll`approche

La tendance à l`homogénéisation des besoins de la part des pays capitalistes développés à partir de leur propre histoire est une limite à l`approche (Destremau et Pierre. 2002. p. 71). Le manque de pédagogie par son approche dévalorisante qui pointe du doigt ce qui manque, ce que les paysans ne savent pas faire en est une autre (Reconsidérer le Développement-BC et IF - Janvier 2006). Le fait que la priorité soit accordée à la satisfaction des besoins matériels avant ceux non quantifiables ou immatériels, comme les besoins de spiritualité, les besoins psychologiques d`être heureux, d`être respecté et reconnu et ceux de sécurité, etc. réduit l’approche (Bertin. 2000). Sen, quant à lui, considère que l`approche en termes de besoins essentiels fait du pauvre un simple réceptacle de la provision des besoins essentiels (Sen. 2003). D`un autre point de vue, l’approche ne permet pas de saisir si l`absence d`un bien est une renonciation par commodité ou par évolution des goûts, ou une privation involontaire (Vérez. 2007. p. 17).

L`approche par lles potentiialliités ou lles capaciités

Pour cette école dont le principal chef est Amartya Sen, «la chose» qui manque n’est ni l’utilité, ni la satisfaction de besoins de base, mais les habiletés ou capacités humaines (Asselin et Dauphin. 2000). Ainsi, est pauvre une personne qui n'a pas les capacités/le pouvoir d'atteindre un ensemble de fonctionnements. De cette manière, l`approche par les capacités va au-delà de ce qu`implique le niveau de subsistance ou les besoins essentiels, pour s`inscrire sans ambigüité dans le champ d`une réflexion sur la justice sociale, l`égalité et les inégalités (Destremau et Pierre 2002. p. 73). Ainsi, deux types d`espaces sont considérés par cette approche : l`espace des fonctionnements (fonctionnement potentiels et capabilités) et celui des réalisations (fonctionnements accomplis). Les fonctionnements pertinents peuvent varier de choses aussi élémentaires que d`être nourri de façon adéquate, d`être en bonne santé, d`éviter les risques évitables de morbidité et de mortalité prématurée, jusqu`à des réalisations plus complexes telles qu`être heureux, avoir du respect pour soi-même, prendre part à la vie de la communauté, etc.

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Les criitiiques de ll`approche

On note deux critiques majeures à l`approche de Sen. D`abord, la question des inégalités des fonctionnements qui n`est pas résolue par celui-ci car deux personnes possédant les mêmes biens peuvent ne pas réaliser les mêmes fonctionnements, ni en quantité équivalente vu que la conversion des biens en fonctionnements dépend aussi de facteurs exogènes. Apparaît dès lors une inégalité dans les fins (fonctionnements) et non dans les moyens (les biens essentiels). La seconde critique qui est de Stewart, mais cité par Bertin, souligne une ambigüité lors de la mise en œuvre de l`exercice de valorisation. Le choix entre les deux alternatives, fonctionnements accomplis ou libertés de choix, dépend de l`exercice d`évaluation des situations (Bertin. 2006. pp. 11-12).

3..2..2 La diimensiion sociialle de lla pauvreté

Le PNUD est l`instigateur de cette approche. Pour Totte, étant donné que les êtres humains ne sont pas seulement des moyens de production, mais la justification ultime de la croissance, les capacités humaines sont un moyen non seulement d`accroître la production économique, mais aussi d`amener un développement et un changement social (Totte. 2003. p. 59). Selon Vérez, la pauvreté sociale est perçue comme une détérioration des liens qui attachent l`individu à une communauté. Elle s`apparente à l`isolement subi (plus que désiré), à la solitude involontaire, à l`exclusion et à la marginalisation (Vérez. 2007. p. 16). Sous cet angle, la notion de «capital social» est au centre de la dimension sociale de la pauvreté. Le «capital social», selon Putman, recouvre tous les aspects de la vie collective, telle la participation, la confiance et la réciprocité qui rendent la communauté plus productive mais aussi plus démocratique (Putman. 2000). Ainsi, apparaît la nécessité de mesurer la distance qui peut séparer un individu isolé de la société dans laquelle il vit, a fortiori si les mécanismes de solidarité et/ou de redistribution des revenus sont limités ou inexistants (Vérez. 2007. p. 84).

3..2..3 La diimensiion polliitiique de lla pauvreté

La pauvreté politique résulte d`une privation des droits civiques et de l`impossibilité politique, syndicale, culturelle de défendre sa situation économique et sociale (Marniesse.1999. p. 5). Toutefois, la vision de la pauvreté en termes d`exclusion est

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encore embryonnaire dans l`analyse des situations de déprivation dans les pays du Sud (Totte. 2003).

3..2..4 L`approche mulltiidiimensiionnelllle de lla pauvreté

Se basant sur la complexité de la pauvreté, ces dernières années, plus d’un se mettent d`accord pour prendre en compte différentes facettes et non une seule en vue de mieux la comprendre et agir pour la réduire. Le Rapport 2010 du PNUD sur le développement humain, écrit vingt ans après le premier, rappelle que tout comme le développement, la pauvreté est multidimensionnelle et ne se limite pas à un revenu inadéquat. La mauvaise santé et la mauvaise alimentation, le manque d’instruction et de compétences, les moyens d’existence inadéquats, les mauvaises conditions de logement, l`exclusion sociale et le manque de participation sont autant de facettes à considérer. Le Rapport estime qu’un tiers environ de la population de 104 pays, soit près de 1,75 milliard d’individus, souffrent de pauvreté multidimensionnelle8. Malgré tout, les économistes n’ont pas encore atteint un consensus sur les dimensions qui importent, ni sur la question de savoir comment décider de celles qui importent (Bertin et Leyle. 2007).

3..2..5 La pauvreté sellon ll`approche des iinégalliités

La pauvreté est aussi approchée en termes d`inégalités. Le lien entre pauvreté et inégalités monétaires est clairement démontré dans le cas monétaire (Destremau et Salama. 2002. pp. 59-60). Vérez relate que si les notions de pauvreté et d’inégalités sont différentes, elles n`en sont pas moins intimement liées. Ainsi, les disparités dans les chances de vie qui déterminent les perspectives permettant d`échapper à la pauvreté et les inégalités en matière de nutrition, de logement, d`éducation, de santé, des droits politiques sont nombreuses (Vérez. 2007. p. 27). Sen y voit aussi un lien très fort, mais il ne s`agit pas des inégalités en matière de revenus et des niveaux de consommation, mais autant en matière des capacités à y accéder (Ibid. p. 27). De ces points de vue, on peut associer aux trois manifestations de la pauvreté les mêmes formes d`inégalités, à savoir l`inégalité monétaire, l`inégalité des conditions de vie et l`inégalité des capacités (Marniesse. 1999. p. 5). D`autres formes d`inégalités sociales et de pouvoir, telles celles

8 PNUD. Rapport 2010 sur le développement humain. pp. 112 et 115. 42

de genre peuvent engendrer les premières et bien d`autres comme celles d`accès au foncier, au crédit, etc. (Bourdet et al. 2010).

3..3 LES DÉTERMINANTS DE LA PAUVRETÉ Depuis les rapports 2000 du PNUD et de la BM sur le développement humain, plusieurs pays en développement ont réalisé des études sur les facteurs explicatifs de la pauvreté ou qui ont une incidence sur celle-ci, autrement dit ses déterminants. Ces derniers tiennent compte à la fois des facteurs économiques, démographiques et sociaux et sont obtenus à partir de divers types d’enquêtes auprès des ménages. Il en ressort que la taille élevée des ménages, le faible niveau d’instruction et le manque d’accès aux soins de santé, le fait de vivre en milieu rural et tous les manques qui en découlent (faibles accès aux soins de santé, à l`eau potable et à l`électricité, la dépendance à l`agriculture peu rentable) sont des dénominateurs communs d`après la littérature consultée. Le tableau suivant présente la synthèse de ces déterminants.

Tablleau 3..1 Détermiinants de lla pauvreté,, diivers pays du Sud Pays Déterminants de la pauvreté Source Amérique La non possession d’actifs aussi bien humains que matériels en Mistiaen, Johan A. et Latine9 particulier la terre et la faible productivité de ces actifs - la Alberto,Valdés. 2000. Pauvreté faible scolarisation et l’éducation de mauvaise qualité - la baisse rurale en Amérique Latine : ou l’inexistence d’emploi non agricole pour la population rurale Tendances récentes et nouveaux - le manque de mobilité de la population rurale en raison du enjeux. faible degré de formation et même parfois des caractéristiques ethniques et des barrières linguistiques - l’inaccessibilité aux prestations et programmes sociaux Burkina Faso Le milieu rural - le faible niveau d’instruction du chef de PNUD-MÉD-Direction générale ménage - les ménages de chef polygame - la taille élevée du de l’INSD-CNCS. Février 2005. ménage - le chef de ménage non salarié et inactif - les ménages Analyse des déterminants de la dont le chef est agriculteur et pratique surtout la culture du pauvreté dans la boucle du coton - l’âge élevé du chef de ménage - le nombre élevé de Mouhoun. personnes par pièce - la non disponibilité d’électricité, de charrue, d’animaux de traits et le faible accès à l’eau, aux soins de santé et au marché des biens

9 Cette étude concerne ces pays suivants : Brésil, Chili, Colombie, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Paraguay et Pérou 43

Pays Déterminants de la pauvreté Source Inde La malnutrition des enfants et des adultes - l’appartenance à une Radhakrishna, R. et al., 2007, caste inférieure ou pauvre (les intouchables) - les ouvriers Estimation and determinants of agricoles sans terre (les ménages dans les zones rurales dont les chronic poverty in India: an chefs sont des salariés sans terre constituaient 30 % de tous les alternative approach ménages pauvres) - les travailleurs occasionnels - la taille réduite des exploitations agricoles et la mauvaise qualité de la terre (terre sèche non irriguée) Madagascar Les ménages vivant de l’agriculture (revenus faibles de la Dorosh, Paul et al., 1998. branche agricole) - les ménages sans niveau d’éducation et sans Structure et facteurs qualifications - les salaires faibles (salariés des autres ménages déterminants de la pauvreté à ou aides familiales) - La non fréquentation scolaire - les Madagascar. Cornell Food and ménages gérés par des femmes - la faible dotation en biens de Nutrition Policy Program - production (surtout les terres irriguées et la main d’œuvre Institut National de la adulte) - le faible niveau de productivité de ces facteurs de Statistique (INSTAT). production Mali Le milieu de vie du ménage (particulièrement le milieu rural) - Backiny-Yetna, Prospère et al., le sexe du chef de ménage (dans les campagnes, un chef de Septembre 2009, Tendances, ménage masculin a un niveau de vie de l’ordre de 53 % profil et déterminants de la supérieur à celui de son homologue féminin) - la charge pauvreté au Mali de 2001 à démographique (une personne supplémentaire accroît la 2006, Perspective Afrique, Vol. pauvreté) - l’analphabétisme ou la faible éducation du chef du 1-3, Article 6, No. 4 : pp. 1-24. ménage (l’éducation du chef de ménage ou de la conjointe n’a d’effet, en termes de réduction de la pauvreté, qu’ à partir du secondaire) - les agriculteurs qui pratiquent la culture du coton - la taille réduite des exploitations agricoles - l’inactivité du chef du ménage (chômage) - le faible réseau social du ménage Maroc Les ménages de grande taille, citadins ou ruraux - les ménages Zarra, Youssef, Mai 2005, dirigés par un divorcé, ou ceux de plus de trois enfants - les Pauvretés et mesures : Cas du conditions non confortables de logement et de santé - le faible Maroc. Rapport de recherche niveau de solarisation et de formation professionnelle du chef de présenté en vue de l`obtention ménage - les ménages dont le seul gagne-pain est l’agriculture de maîtrise en sciences économiques. Université de Montréal.

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Pays Déterminants de la pauvreté Source Niger La taille élevée du ménage (la présence d’un individu Institut National de la supplémentaire contribue à faire baisser le bien-être du ménage) Statistique- INS-Niger, - le faible niveau d’éducation du chef du ménage Tendances, profil et déterminants de la pauvreté au Les ménages dirigés par une femme - les ruraux vivant de Niger de 2005 à 2008. l’agriculture - les ménages dont le chef est polygame - les Noufou, Insa, 2007, Les célibataires et les personnes jamais mariées - les ménages ne déterminants de la pauvreté en possédant pas le gros bétail milieu rural du Niger. Mémoire de fin d`études, Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Sénégal L’absence ou l’insuffisance de revenu - l’accès difficile à Ministère de l`Économie et des l’éducation et aux soins de santé - la malnutrition Le Finances (MÉF) - Unité de déficit en services énergétiques et en approvisionnement en eau Coordination et de Suivi de la Politique Économique (UCSPE). DSRP du Sénégal. Rwanda Le niveau d’éducation faible - la grande taille des ménages - la Javan, Bizimana Mutimura, superficie cultivée réduite - la petite taille ou l’inexistence du 2004, Les déterminants de la cheptel - l’âge avancé du chef de ménage - l’agriculture pauvreté en milieu rural au comme unique occupation du chef de ménage Rwanda: analyse par l’approche microéconomique. Haïti Le milieu de résidence du ménage (milieu rural et à l’extérieur Siméon, Alex et Dorothée de Port-au-Prince) - la taille élevée du ménage (7 à 9 personnes) Boccanfuso, Avril 2006. - le statut socioprofessionnel du chef de ménage (les chômeurs) Dynamique de la pauvreté en Haïti et ses déterminants. GRÉDI - Université de Sherbrooke Les ménages dont le principal apporteur est une femme, CCI-HAITI, 2003, Cadre de particulièrement en milieu urbain - le faible niveau d’éducation Coopération Intérimaire. La ou l’absence de tout bagage scolaire - le nombre de personnes pauvreté en Haïti: ampleur, qui ne travaillent pas dans le ménage - l’inactivité du principal déterminants et perceptions apporteur de ressources- l’insertion dans l’emploi peu rémunérateur du principal apporteur - la dépendance des ménages du milieu agricole des revenus agricoles - la faible productivité des activités agricoles - le manque d’activités génératrices de revenus ou d’emplois rémunérés - être issu d’une famille pauvre et subir une pauvreté chronique - l’absence

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Pays Déterminants de la pauvreté Source Haïti (suite) d’encadrement des agents économiques et plus particulièrement des paysans

Le milieu rural - les ménages ayant une femme comme principal DSNCRP 2008-2010, Nov. apporteur - l’inaccessibilité à l’éducation et aux services de base 2007 - le chômage et l’inactivité des ménages

Ces facteurs explicatifs de la pauvreté des populations des divers pays recensés montrent que la pauvreté frappe davantage les ruraux même si elle est de plus en plus croissante dans les villes à cause de l’exode rural. Parmi les ruraux, elle touche surtout ceux qui ne vivent que de l’agriculture, les travailleurs mal rémunérés et ceux qui sont mal dotés en facteurs de production et qui ne sont pas ou faiblement scolarisés et surtout les femmes.

3..3..1 Liiens entre lles détermiinants et lles facteurs mulltiidiimensiionnells de lla pauvreté

L`analyse de ces déterminants révèle des liens avec les facteurs multidimensionnels de la pauvreté, à savoir le revenu et les moyens d`existence inadéquats, la mauvaise santé, le manque d`instruction et de compétences, les mauvaises conditions de logement, l`exclusion sociale et le manque de participation.

En effet, tous les pays étudiés, exceptés le Maroc et le Niger, font état de l’insuffisance ou de l’absence de revenu du chef de ménage. Cette situation résulte essentiellement du faible revenu de la branche agricole, du manque d’activités génératrices de revenus et d’emplois rémunérés dans le milieu rural.

De même, tous les cas présentés relèvent de diverses manières que l`inadéquation des moyens d`existence a une incidence sur la pauvreté. Ils ont évoqué la faible dotation en biens de production ou la non possession d`actifs. Pour certains pays, ces actifs sont essentiellement la terre (ménages sans terre et taille réduite des parcelles cultivées) et les animaux (absence de cheptel ou de gros bétail). Pour d`autres, ils englobent aussi les autres moyens de production tels l`eau, l`électricité et les animaux de traits. La faible productivité de ces actifs et l`existence d`un unique gagne-pain en milieu rural, l`agriculture, montrent aussi l`inadéquation des moyens d`existence des populations étudiées. Un autre aspect de la pauvreté multidimensionnelle figure parmi les éléments

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qui ont une incidence sur la pauvreté de tous les pays, à l`exception de l`Inde. Il s`agit du manque d`instruction et de formation professionnelle. Cet aspect est relaté en termes d`un manque ou en termes d`inaccessibilité (faible niveau de scolarisation et de formation professionnelle, analphabétisme et inaccessibilité à l`éducation). Il convient de relater que ce manque d`instruction qui engendre la pauvreté au sein du ménage concerne principalement le chef de ménage.

Il ressort aussi que cet aspect de la pauvreté multidimensionnelle, à savoir, l’exclusion sociale, n’est pas signalé, comme déterminant de la pauvreté de tous les pays cités par l’étude. Ainsi, il constitue par le fait même un facteur manquant qui nécessiterait d’être approfondi ou étudié. Dans les quatre pays de l’Amérique Latine concernés les barrières linguistiques et l’inaccessibilité aux prestations et programmes sociaux influent sur la pauvreté. L’Inde fait état de l’appartenance à une caste inférieure. Le Mali évoque le faible réseau social du ménage et Haïti le fait d’être issu d’une famille pauvre.

Somme toute, les déterminants de la pauvreté de la plupart des pays cités par l’étude sont en lein avec la pauvreté multidimensionnelle. Il demeure que certaines dimensions, telles l`exclusion sociale et le manque de participation, sont moins présentes dans certains pays que dans d’autres ou ont échappé à l’analyse des chercheurs. De ce fait, dans le cadre de notre étude, notamment pour l’enquête de terrain, mous avons retenu des déterminants de la pauvreté non seulement en lien avec les caractéristiques sociodémographiques du ménage mais aussi avec ceux qui prennent an compte la pluri dimensionnalité de la pauvreté, y compris la dimension sociale. Les déterminants retenus seront clairement exposés au quatrième chapitre qui traite de la méthodologie de collecte des données de l’étude.

3..4 LES STRATÉGIES MICRO DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

Les réponses à la pauvreté sont aussi vieilles que la pauvreté au sein de la population haïtienne. Cependant, comme il est décrit dans les pages précédentes, la pauvreté continue de faire son chemin en Haïti. La problématique de lutte contre la pauvreté est étudiée sous différentes formes par les politiques publiques, soit en termes d’inclusion sociale, d’emploi, de protection sociale et du développement urbain et rural. Plusieurs plans et documents ont été élaborés au fil des années, financés par des Organisations

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internationales bailleurs de fonds, dont le PNUD, l’USAID, la BM et la FMI. Le dernier document recensé est le DSNCRP de 2007.

Les stratégies de réduction de la pauvreté en Haïti de ce Document en lien avec les déterminants de la pauvreté en termes d`accès à l`éducation sont axées sur la réorganisation de l`offre scolaire en faveur des élèves pauvres, la requalification des enseignants et des directeurs d`école, l`encadrement adéquat des écoles, des élèves et des parents, l`amélioration de la coordination des opérateurs du secteur éducatif et en dernier lieu, l`accroissement des ressources publiques au secteur (DSNCRP. 2007. pp. 63-67). Les lignes d`actions en termes d`accessibilité aux soins de santé concernent la remise en état des hôpitaux départementaux de référence, la réhabilitation et la construction de centres de santé avec lits, la réhabilitation d’hôpitaux spécialisés, la construction d’un centre de radiothérapie et la poursuite de l’implantation de centres de diagnostic intégré (p. 70). Dans le domaine agricole, les grandes lignes d`actions visent la promotion d`une agriculture durable et d`une meilleure gestion du foncier, la modernisation des infrastructures rurales, la promotion de la pêche et de l`aquaculture, la relance vigoureuse de l`agro-transformation, la promotion d`une nouvelle stratégie de commercialisation, le renforcement des structures d`appui à la production et le financement de l`agriculture, notamment l`octroi de crédits agricoles (pp. 53-57).

3..4..1 Les stratégiies de llutte retenues

Vu que la lutte contre la pauvreté consiste à agir sur ses différentes dimensions qui d`ailleurs sont interdépendantes et à déterminer les facteurs les plus pertinents capables d`améliorer les conditions de vie des pauvres, notre revue de littérature entreprend la recension de certaines stratégies concrètes, d`une certaine manière innovatrices, qui ont été, sont ou pourraient être mises en place à travers les différents départements d`Haïti, en lien avec la création de nouvelles opportunités d`augmenter les revenus des populations rurales pauvres, et la sécurité alimentaire en Haïti, ou d`arrêter la désertification due en grande partie à la coupe des arbres pour la fabrication du charbon, principale source d`énergie pour la cuisson des aliments. Ces stratégies sont nées ou mises en place en Amérique Latine, en Afrique ou en Asie, au sein de populations aussi

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pauvres que celle d`Haïti. Il s`avère important de relater que la stratégie KOFAVAC que nous analysons est déjà présentée au second chapitre du mémoire.

3..4..1..1 La constructiion et lle dévelloppement de llacs colllliinaiires

Depuis 1990, dans une zone marquée par six mois successifs de sécheresse du département du Centre, se sont construits 50 retenues collinaires. Ce projet est conduit par une Congrégation religieuse d`origine haïtienne, les Petites sœurs et les Petits frères de l`Incarnation (La Croix, 10 oct. 2009). Ces lacs collinaires permettent principalement l`accès à l`eau à la population pour les besoins d`irrigation et pour les animaux, le développement de la pisciculture et des cultures maraîchères. La production piscicole englobe des variétés de Tilapia et différentes espèces de carpes. Environ 93 000 tonnes de poissons sont produits annuellement et sur une base purement extensive dans les montagnes d'Haïti où sont disposés 142 lacs collinaires (Le Nouvelliste. 4 mai 2011).

Ces deux principales activités (pisciculture et maraîchage) visent l`augmentation des revenus des paysans de la zone et l`amélioration de la diète alimentaire de la population qui fait face le plus souvent à une pénurie de matières protéiques et de légumes durant les six mois de sécheresse. Chaque lac est exploité par une association de paysans. En 30 ans, 50 lacs ont été construits dans la zone. La construction de 150 autres est prévue. Un autre volet est en cours : la construction d`une usine de potabilisation de l`eau des lacs collinaires en vue de fournir de l`eau à la population rurale dépourvue d`eau saine.

En Afrique du Nord et du Proche-Orient (Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, etc.), des milliers de petits barrages ou lacs collinaires de captage d`eau de pluie ou de fonte des neige ont été aménagés sur des terres en pente. Ces lacs ont un impact considérable sur le développement local et le bien-être des populations car ils servent soit au bétail des tribus nomades, soit pour l`irrigation de vergers, à la pisciculture et même au développement du tourisme, et sans compter les effets bénéfiques au plan environnemental. La conclusion d`une étude relate les impacts positifs si l`on préserve la qualité de l`eau en faisant attention aux effluents possibles générés par une agglomération ou un élevage industriel. Généralement implantés dans des milieux ruraux à faible concentration humaine, les petits barrages sont de petites zones humides qui contribuent à

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la diversité biologique et plus particulièrement à la protection des oiseaux et au développement d'espèces aquaphiles10.

En Tunisie, la même source souligne que l'usage de l’eau permet d'introduire de nouvelles spéculations très rentables (notamment le maraîchage et l'arboriculture] dont la marge brute peut atteindre dix fois celle de la céréaliculture traditionnelle extensive. Cette exploitation de l’eau des lacs collinaires est à l'origine de la création d'un supplément de revenu annuel important qui se traduit par l'amélioration de l'habitat et une spéculation foncière sur les terres jouxtant les lacs (Ibid. p. 83).

3..4..1..1..1 Liiens de lla stratégiie avec lla pauvreté mulltiidiimensiionnelllle et lles détermiinants de lla pauvreté

Cette stratégie de lutte contre la pauvreté en visant ce triple objectif : améliorer la santé et les conditions de vie, assurer l`autonomie des populations en ressources en eau et créer une activité industrielle de production et de maintenance d`équipements de traitement des eaux, est en lien avec deux éléments fondamentaux de la pauvreté multidimensionnelle. Ces derniers sont : l`amélioration des conditions d`existence de la population (accès à l`eau et accès une alimentation plus riche en éléments protéiques, meilleur cadre physique de vie par l`augmentation et la protection de la diversité biologique) et l`augmentation des revenus qui par ricochet, entraîne l`amélioration des conditions de logement. Ainsi, cette stratégie travaille sur ces déterminants de la pauvreté en Haïti : le manque d`activités génératrices de revenus en milieu rural et la faible productivité des activités agricoles. Toutefois, la dimension sociale de la pauvreté n`est pas explicite. Il n`est pas mentionné si cette stratégie contribue à réduire l`exclusion sociale et toutes formes de discrimination sociale au sein de la population touchée.

3..4..1..2 Les miicro-entrepriises de transformatiion agroalliimentaiire

Depuis une vingtaine d`années, un nouveau champ d`actions s`est développé en Haïti, les petites entreprises de transformation agroalimentaires. Ces petites entreprises visent les communautés rurales et particulièrement les femmes organisées en association ou en

10 Sécheresse. 2004. Petits barrages et lacs collinaires, aménagements originaux de conservation des eaux et de protection des infrastructures aval : exemples des petits barrages en Afrique du Nord et au Proche-Orient. 15(1):78-86. http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers10-02/010033568.Pdf.

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coopératives. On peut citer plusieurs ONG et d`autres institutions actives sur le terrain qui appuient ces initiatives. Les principales filières développées sont celles des fruits (confiture, gelée, fruits séchés), des céréales et tubercules (production de farine de maïs, riz, patate douce, arbre véritable, etc.) et le lait avec la création de mini laiteries de lait de vache. Ces stratégies se sont développées à travers tout le pays et dans tous les départements. À titre d`exemple, citons le cas des unités de transformation du lait de la Coopérative de Belle-Anse (Sud-Est) d`Haïti. «Le lieu d'implantation de ces unités de transformation du lait de vache est en fonction de l'importance particulière accordée à leurs habitants à pratiquer l'élevage de bovins laitiers. Elles ont été référées par un système de diagnostic d'élevage réalisé par la Coordination des Organisations pour le Développement de l`Arrondissement de Belle-Anse (CODAB) avec la population locale pour étudier la faisabilité et la viabilité des projets avec une forte participation des femmes. Les travaux de construction de la mini-laiterie localisée dans la sixième Section Communale de Pichon sont achevés depuis la fin de l'année 2008. Sa gestion est attribuée par la CODAB au Mouvement des Femmes de l'Arrondissement de Belle-Anse (MOFAB), sous le contrôle particulier de l'Association des Femmes de Pichon» (Jean- Baptiste Anthony. 2008). L`auteur poursuit que l`appui à la création des mini-laiteries de transformation peut être qualifié comme la mise en place de PME permettant la création d`emplois permanents par la valorisation des ressources locales.

Dans la Province de «Esmeraldas» du littoral nord de l`Équateur, notamment dans les cantons de Rioverde et d`Atacames, une association née en 2004 regroupe plus de 400 producteurs de cacao, hommes et femmes, des communes rurales. Le projet vise l`augmentation de la production, la promotion de la haute et fine qualité des produits transformés à partir du cacao par le renforcement de la capacité technique et organisationnelle, l`établissement de groupements communautaires et la mise en place d`équipes chargées de la production. Conscient que les communautés organisées peuvent mieux résoudre leurs difficultés socioéconomiques, ce projet vise à consolider un système de production axé sur la bonne qualité des produits et qui revalorise les savoirs et

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pratiques traditionnelles afro qui se perdent. Ce projet contribue à accroître le prix des produits et par ricochet, entraîne l`augmentation des revenus des producteurs11.

3..4..1..2..1 Liiens de lla stratégiie avec lla pauvreté mulltiidiimensiionnelllle et lles détermiinants de lla pauvreté

Il existe un lien clairement défini entre la mise en place des micro-entreprises de transformation agroalimentaire et deux aspects de la pauvreté multidimensionnelle. Ces liens concernent en premier lieu l`inclusion sociale à travers l`organisation sociale des femmes et leur meilleure participation à la vie et au développement de leur milieu. La valorisation des savoir-faire locaux contribue aussi largement à améliorer l`aspect social de la pauvreté. Un autre aspect pris en compte par cette stratégie est l`amélioration des conditions d`existence en augmentant l`offre alimentaire et en améliorant la valeur nutritive des aliments. Le troisième aspect mis en évidence est l`augmentation des revenus des producteurs et transformateurs. Du même coup, cette stratégie travaille sur l`exclusion sociale particulièrement des femmes ainsi que sur le manque d`activités génératrices de revenu en milieu rural. En effet, il est relaté que cet accroissement du revenu aide les communautés à mieux résoudre leurs difficultés socioéconomiques sans pour autant les préciser. Ces difficultés peuvent être l`inaccessibilité aux soins de santé, le manque d`instruction et de compétences et les mauvaises conditions de logement qui sont des dimensions de la pauvreté sur lesquels on pourrait agir si on veut véritablement améliorer les conditions de vie des pauvres.

3..4..1..3 L`appuii à lla productiion et à lla transformatiion du llaiit (lles llaiitteriies Lètt Agogo)

Un programme baptisé «Lèt Agogo», du lait à profusion, visant l`organisation et la structuration de la production de lait, sa transformation et sa commercialisation, est en train de se développer en Haïti. Son but est de valoriser le lait local, c`est-à-dire augmenter les volumes transformés et accroître la valeur ajoutée des produits finaux et par ricochet, augmenter les revenus des producteurs. Rappelons que le lait est le deuxième produit d`importation du pays après le riz, pour une valeur annuelle de 45 millions US$. En Haïti, on trouve plus de 500 000 vaches réparties chez environ 250 000

11 Fundación Activos Culturales Afro (ACUA). Asociación de Productores de Cacao de Acatames y Rioverde (APROCA) http://www.programaacua.org/page/productores-de-cacao-ecuador. 52

familles paysannes12. Or, le potentiel de production de lait du pays est évalué à 145 000 tonnes par an, à comparer avec le niveau actuel de consommation, de l’ordre de 130 000 tonnes. Ainsi, le potentiel existe pour que les produits laitiers locaux puissent satisfaire la demande du marché domestique, d’autant plus que l’analyse des prix montre que les produits à base de lait local sont compétitifs par rapport aux produits similaires. Cependant, la production de lait n’atteint actuellement que 45 000 tonnes par an13.

L`originalité de cette stratégie innovante créée en 2000 par Veterimed, une ONG haïtienne, repose sur l´alliance des paysans-producteurs avec de petits épargnants qui se sont lancés dans le petit entreprenariat et les techniciens du développement rural alors que le secteur privé se retirait du secteur de la transformation du lait. La grande majorité des laiteries se sont montées, dans ce programme, en dehors d’un schéma traditionnel dans la mesure où elles n’ont pas bénéficié de financements externes mais de fonds de petits épargnants. D`autres services sont offerts en vue d`aider les éleveurs : des campagnes de vaccination et de contrôle de parasites, de formation en gestion des pâturages améliorés plus productifs, d`octroi de petits crédits à la consommation, etc. La création de ce réseau de micro laiteries où les paysans peuvent vendre leur lait, garantit ainsi à ces derniers un revenu plus stable. Agronome et Vétérinaire Sans Frontières (AVSF) coopère avec Veterimed.

Les données en 2007 sont très prometteuses. Une laiterie type de 65 gallons par jour produit environ 1 000 bouteilles de 10 onces de lait (ration individuelle). Ainsi elle pourrait fournir une ration quotidienne à 1 350 enfants, cinq jours par semaine pendant 10 mois. Elle serait approvisionnée par une centaine de paysans possédant une à dix vaches. Les revenus annuels provenant du lait varient entre 7 800 à 104 000 HTG par famille. Chaque laiterie emploie une dizaine de personnes et permet à une autre dizaine de vendeurs de lait d’avoir des revenus stables. La richesse produite est de plus de cinq millions de gourdes annuellement distribuées sous forme de paiement de lait (1 352 000 HTG), salaires, bénéfices sur les ventes au niveau de la laiterie (580 000 HTG) et marges de plus d’un million de gourdes au niveau du réseau de distribution). La mise en place

12 Le Nouvelliste. Haïti : le lait en Haïti. http://www.lenouvelliste.com/articleforprint.php? PubID =1& Article ID=87051 13 Projet d`appui à la production et à la transformation du lait en Haïti. http://www.veterimed.org.ht/ Developpement_du_reseau_Let_%20Agogo.htm# _ftnref1. 53

d’une laiterie coûte environ 3 600 000 HTG comprenant construction, équipement et un véhicule à être partagé entre trois laiteries. La mise en place de 50 laiteries coûterait 3 585 000 US$, soit environ 179 millions HTG, alors que ces 50 laiteries peuvent générer plus de 270 millions HTG de richesse chaque année, soit deux fois l’investissement initial.

À la fin de l`année 2010, le lait produit par environ 600 éleveurs dans treize communautés du pays14 est absorbé par des unités de transformation rentables, qui produisent chacune entre 250 et 600 litres par jour de yaourt et/ou lait stérilisé de qualité reconnue. 2 093 personnes ont bénéficié d’un appui à la commercialisation du lait des éleveurs membres du réseau Let Agogo dans les laiteries (AVSF. Soutien des réseaux de laiteries locales haïtiennes. www.avsf.org).

3..4..1..3..1 Liiens de lla stratégiie avec lla pauvreté mulltiidiimensiionnelllle et lles détermiinants de lla pauvreté

À travers son objectif de créer de la valeur ajoutée en vue d`augmenter les revenus faibles des producteurs, cette stratégie travaille sur l`un des déterminants de la pauvreté en Haïti qui est le manque d`activités génératrices de revenu, surtout dans le milieu rural. De même, en regroupant différents acteurs, organisations de paysans, petits épargnants et techniciens de développement, ce projet tente d`apporter une réponse au manque de participation qui est l`un des aspects du concept «pauvreté multidimensionnelle».

3..4..1..4 Le dévelloppement et lla constructiion de fours sollaiires

Au Chili, un programme de «Fours Solaires» lancé par le PNUD, le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et l’UE, en partenariat avec le gouvernement chilien, est en cours dans une région rurale montagneuse et semi-désertique nommée Coquimbo. Personne ne peut nier l`impact considérable d`une telle stratégie dans la lutte contre la déforestation et de plus, dans l`amélioration du bien-être des populations et de création d`emplois dans un pays dans la mesure où la technique est appropriée et diffusée jusqu`à son exploitation à des fins commerciales.

14 et Terrier Rouge (Nord), Bon Repos, et limonade (Ouest), (Sud), Cap -Rouge, et Forêt des Pins (Sud-est), et (Artibonite), (Nord`Est), (Centre). Cette laiterie a été inaugurée en janvier 2011. La laiterie de (Ouest) n`est plus fonctionnelle. 54

La source relate que de nos jours, les habitants de cette région du Chili vivent mieux, sans crainte d’un lendemain sans pain, grâce à ce projet qui a stimulé chez eux un véritable esprit d’entreprenariat, de solidarité sociale et aussi de bons reflexes en vue de la protection de l’environnement.

En Bolivie, ce même projet est en cours, permettant de mettre le soleil au service du développement15. Ces stratégies sont mises en œuvre aussi en Argentine et au Pérou.

En Haïti, par le passé, plusieurs ONG avaient expérimenté le projet. Les mêmes acteurs internationaux qui ont œuvré à la réussite de ce projet au Chili pourraient former un vrai partenariat avec l’État Haïtien à travers la faculté des Sciences, la faculté d’Agronomie, les écoles techniques, les organisations de la société Civile, sous les conseils et la supervision des experts internationaux, voire chiliens, des ingénieurs et techniciens haïtiens pour développer des modèles de fours solaires performants et adaptés aux conditions économiques et culturelles des populations pauvres, pour la cuisson des aliments en remplacement du charbon de bois. Mis à part les fours pour la cuisson des aliments, d`autres types pourraient être créés pour cuire la poterie et le pain, fondre le métal, etc. Ce projet contribuerait à promouvoir une industrie de fours solaires et parvenir enfin à arrêter le déboisement du pays. Ces industries de fabrication de fours solaires créeront de nouveaux emplois à travers le pays.

3..4..1..4..1 Liiens de lla stratégiie avec lla pauvreté mulltiidiimensiionnelllle et lles détermiinants de lla pauvreté

Le fait qu`en Amérique Latine ce projet contribue à la création d`emplois et l`amélioration du bien-être des collectivités concernées (appropriation de la technique à des fins commerciales, diminution ou ralentissement de la déforestation), il semble apporter une solution à deux des caractéristiques de la pauvreté prises en compte par l`approche de la pauvreté multidimensionnelle. Ainsi, cette stratégie travaille en même temps sur deux déterminants majeurs de la pauvreté en Amérique Latine, à savoir, les moyens d`existence inadéquats et la baisse ou l`inexistence d`emploi non agricole en milieu rural.

15 Cuiseurs solaires en Bolivie - compensation carbone. http://www.actioncarbone.org/projet.php?typ=co2&id=24 55

3..4..1..5 Le projet d`associiatiion de cullture du riiciin et de hariicot au Brésiill

Un projet innovant de lutte contre la pauvreté dans les zones arides du Brésil, particulièrement dans la forêt sèche de Caatinga, associe la culture du ricin et de haricot, denrée alimentaire traditionnelle16. Le ricin (Ricinus communis) est une plante résistante à la sécheresse qui permet la production de biogaz. Ce projet contribue à la diversification des cultures, à l`augmentation des revenus et à la garantie des denrées alimentaires. La source rapporte que le bilan est positif malgré certaines réserves.

En Haïti, le ricin pousse très bien dans les zones arides et désertiques. L`huile fabriquée de manière artisanale appelée aussi huile de «Palma christi» est utilisée à des fins thérapeutiques et cosmétiques en Haïti (massage du corps, pousse des cheveux, etc.). L`intensification de cette culture dans les milieux arides pourra donner naissance à une industrie de biogaz ou d`huile utilisée dans la composition de peinture ou de lubrifiants. Le tourteau de ricin peut être utilisé comme engrais organique en horticulture et comme répulsif contre les rongeurs. Cela pourrait à la fois favoriser le reboisement de ces régions désertiques, créer des emplois en milieu rural et augmenter les revenus des populations.

3..4..1..5..1 Liiens de lla stratégiie avec lla pauvreté mulltiidiimensiionnelllle et lles détermiinants de lla pauvreté

Cette stratégie travaille sur deux des déterminants de la pauvreté en Amérique Latine, les faibles revenus et la faible productivité des actifs. En contribuant à une diversification des cultures, le projet permet aussi un meilleur accès à l`alimentation et apporte ainsi une solution à cette caractéristique de la pauvreté multidimensionnelle : les moyens d`existence inadéquats.

3..4..2 Synthèse des stratégiies et lliiens avec lla pauvreté mulltiidiimensiionnelllle

Toutes les stratégies évoquées tentent d`apporter une réponse au problème crucial de manque de revenu qui engendre la pauvreté des ménages et des populations. Toutes, elles cherchent aussi à améliorer les moyens d`existence inadéquats des personnes et communautés pauvres. Cependant, aucune de ces stratégies ne semble apporter une

16 Brésil : une aide au «parent pauvre». Un programme national contre la désertification http://www.desertifikation.de/ bmz-cd013/BIN/BRESIL.HTM. 56

réponse directe sur le manque d`instruction et de compétences, les mauvaises conditions de logement et l`exclusion sociale. Il appert que la recherche de solutions visant à faire reculer la pauvreté en améliorant les conditions de vie d`une personne ou d`une collectivité ne parvient pas encore à embrasser toutes les dimensions de la pauvreté dans une meilleure, dynamique et efficace synchronisation des stratégies diversifiées et complexes, mais inter reliées.

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CHAPITRE IV.. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

Dans ce chapitre sont décrits les sources de données, la méthode d`analyse et les instruments appropriés. Nous avons exposé spécifiquement la nature de la recherche, les participantes à l’étude et les techniques de collecte et d’analyse des données. Mais, avant cette description, nous avons présenté une revue des principaux instruments de collecte des données ainsi que les indicateurs développés dans les études sur la pauvreté qui nous guideront dans l`élaboration d`un outil pertinent et adapté nous permettant de répondre aux questions de recherche tout en tenant compte des caractéristiques multidimensionnelles de la pauvreté : Qui sont ces femmes de KOFAVAC et quel est leur niveau de pauvreté ? Quelles sont les perceptions et les représentations que ces femmes se font de leurs conditions de vie? Comment les stratégies qui sont à leur portée, les aident-elles réellement à améliorer leurs conditions de vie ?

4..1 LES PRINCIPAUX INSTRUMENTS DE COLLECTE DE DONNÉES SUR LA PAUVRETÉ ET LEURS LIMITES

Généralement, pour évaluer la pauvreté et caractériser l’état de pauvreté d’une population, plusieurs outils de collecte de données sont développés, selon la littérature consultée. Toutefois, certains sont moins bien connus que d`autres. Puisque dans notre étude, il s’agit de définir qui sont effectivement les ménages des Femmes de Konbit Fanm Vanyan Chansòl (KOFAVAC), nous passons en revue ces outils qui ont décrit dans le passé la population haïtienne ou qui pourront nous être utiles dans le cadre de cette recherche.

4..1..1 Les Enquêtes sur lle budget et lla consommatiion des ménages (EBCM)

S`appuyant sur le concept de l`utilité monétaire du bien-être, les Enquêtes sur le budget et la consommation sont les pionnières des enquêtes socio-économiques auprès des ménages. Généralement, elles visent à estimer la consommation des ménages et à connaître la structure de celle-ci à l’aide d’un indicateur universellement reconnu (Verneuil. Juin 1983. p.63 ; Aho et al. 1997. p. 29). En Haïti, la première EBCM date de 1948. Son objectif premier était d’élaborer un indice des prix à la consommation. Deux autres suivirent en 1976 et 1986-1987. La dernière réalisée en 1999-2000 s`était fixé

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comme objectif parmi d`autres, de fournir des données sur les caractéristiques démographiques et socioéconomiques de la population haïtienne permettant des analyses poussées pour la prise de décision à tous les niveaux17. La lourdeur et la complexité tant au niveau de la collecte que du traitement et de l`analyse des données et les coûts très élevés ont été relatés comme des contraintes majeures de l`outil.

4..1..2 Le Questiionnaiire uniifiié sur lles iindiicateurs de base de biien-être (QUIBB)

Cette méthode est à la fois récente et expérimentale dans certains pays d`Afrique. Elle n`a pas été utilisée en Haïti. La pauvreté est analysée en termes d`accès aux services sociaux, de leurs satisfaction et d`état de réalisation de certains indicateurs de bien-être. Cet outil s`appuie davantage sur l`approche des capacités que sur celle des besoins essentiels.

Le questionnaire permet de collecter, outre des informations sur les caractéristiques des ménages, celles permettant de mesurer l'accès, l'utilisation et le degré de satisfaction en matière de services sociaux. La saisie des données est rapide à l`aide d`un scanner et la possibilité d`y intégrer le module sur le revenu et la consommation est possible. Par contre, il ne permet pas de mesurer le recul ou le progrès de la pauvreté. L`administration du questionnaire est impossible en une seule visite et un rappel après un an est nécessaire pour toutes les composantes de la consommation. Le coût élevé du logiciel TELEFORM est aussi une autre contrainte (PNUD/DSBE-Niger. 2007).

4..1..3 Les Méthodes sur lles besoiins fondamentaux iinsatiisfaiits (MBFI)

Cet outil, porté sur les conditions de vie, repose sur la définition des besoins essentiels et leurs composantes, la sélection des variables et des indicateurs exprimant le degré de satisfaction de chaque besoin, la fixation d’un niveau minimum pour chaque indicateur au dessous duquel l`individu ou le ménage ne satisfait pas le besoin en question et la classification selon un ou plusieurs besoins non satisfaits (Peltre-Wurtz. 2004. p.65). Cette méthode a été privilégiée pour établir la carte nationale de pauvreté de plusieurs PVD, dont celle d`Haïti, élaborée en 2004. Cette méthode favorise une perception structurelle de la pauvreté en permettant d`identifier des personnes ou groupes de personnes qui connaissent une situation de pauvreté de génération en génération (Carte de

17 République d’Haïti. MEF/IHSI. http://www.ihsi.ht/produit_enq_resultats_ebcm_pres.htm 59

la pauvreté d`Haïti, version 2004. p.23). La simplicité du questionnaire, son administration rapide et l`analyse simple des données sont des atouts. Cependant des inconvénients quant au nombre d`indicateurs à retenir, aux exigences variables d`un milieu à un autre, aux variables individuelles de la pauvreté (la faiblesse d`un équipement scolaire ou l`absence d`un dispensaire proche peut ne pas rendre forcément pauvre), aux possibilités de comparer la pauvreté entre pays (les indicateurs sont réduits car il faut les mêmes) et au degré de gravité de la pauvreté, sont relatés (Ibid. p. 65).

4..1..4 L`Outiill d`évalluatiion de lla pauvreté du Groupe consulltatiif pour assiister lles pauvres (CGAP)

Conçu et développé par le CGAP et l`IFPRI (International Food Policy Research Institute), il cherche à prendre en compte plusieurs dimensions de la pauvreté telles les ressources humaines, l`habitat, la sécurité alimentaire et la vulnérabilité, d`autres actifs et l`accès aux services. Il est utilisé pour évaluer le niveau de pauvreté des clients de la microfinance (Henry et al. 2003). La méthode est très rigoureuse, objective et permet d`évaluer le degré de pénétration d`une institution de microfinance dans une population pauvre. Par contre, elle reste limitée pour des fins de comparaison de niveau de vie à l`échelle régionale, nationale ou internationale. D’après les études que nous avons recensées, il semble que l’outil n’a jamais été utilisé en Haïti.

4..2 LA MÉTHODOLOGIE PROPREMENT DITE DE L’’ÉTUDE

La présentation et l`analyse des outils de collecte présentées dans la partie précédente nous a aidées dans le choix des dimensions de la pauvreté à retenir et l`élaboration du questionnaire d`enquête, principal outil de collecte des données de l`étude. Les sections 4.2.3 et 4.2.4 exposent ces éléments qui tiennent compte à la fois de la pluri dimensionnalité de la pauvreté et des déterminants de la pauvreté en Haïti.

4..2..1 La nature de ll’étude

L’étude est une recherche de terrain qui implique un contact personnel avec les sujets concernés principalement par le biais d’entretiens produisant des données qui, analysées, sont capables de répondre adéquatement à nos deux questions de recherche. La recherche se subdivise en deux parties : l`enquête qualitative et l`enquête quantitative. 60

4..2..1..1 La parttiie qualliittattiive de ll``enquêtte

L`Écuyer définit la méthode qualitative comme une «méthode qui consiste à décrire les particularités spécifiques des différents éléments regroupés sous chacune des catégories et qui se dégagent en sus des seules significations quantitatives» (L`Écuyer. 1990, p. 107). Ainsi, la partie qualitative de l`enquête a aidé à collecter d`abord des données pertinentes touchant les différentes dimensions de vie des femmes de KOFAVAC et de leurs familles (conjoint, enfants et autres personnes partageant le même toit et la plupart des repas) et qui caractérisent leur niveau de vie et leur situation de pauvreté. Puis, d’autres données ont permis d`appréhender des informations sur le fonctionnement et l`évolution du système d`activités potentielles de KOFAVAC, à savoir, la production/transformation/prêt et épargne/petit commerce et ses effets sur les membres et le milieu de Chansolme. L`exigence que s`impose ce travail, est une analyse centrée sur la recherche de signification du matériel analysé. L`Écuyer affirme que l`essence de la signification du phénomène étudié réside dans la nature, la spécificité même des contenus du matériel étudié (Ibid. p. 31).

La méthode qualitative est privilégiée parce que nous sommes intéressées à l’expérience subjective des femmes dans leurs transactions avec leur environnement en vue de cerner la signification qu’elles attribuent à leurs situations, aux stratégies de lutte contre la pauvreté qui les touchent et qu`elles privilégient et à leurs combats pour améliorer par elles-mêmes leurs conditions d’existence. La méthode qualitative offre à ces femmes haïtiennes issues d’un milieu rural, une occasion unique de parler de leur expérience et de leur lutte pour la survie, de révéler elles-mêmes leur identité et comment elles perçoivent leur situation de pauvreté. Les explications des femmes nous ont aidées aider à mieux comprendre qui elles sont, en vue de mieux cibler les actions capables de transformer leur quotidien.

4..2..1..1 La parttiie quanttiittattiive de ll``enquêtte

L’analyse quantitative se focalise sur l’expérience mesurée, rendue objective par la mesure, de plusieurs individus dans leurs transactions avec l’environnement (Pinard. 2004). Pour caractériser la population de femmes et leurs ménages et identifier les déterminants de la pauvreté, en conformité avec le premier objectif de la recherche, nous

61

avons réalisé une analyse descriptive des données. La manière de procéder à cette analyse est décrite ultérieurement.

4..2..2 Les partiiciipants à ll’étude

Les participantes de notre étude sont essentiellement les Femmes membres de KOFAVAC. Elles sont au nombre de 38. Les femmes haïtiennes, dont 38 % sont chefs de ménage en milieu rural et 49 % en milieu urbain (Casselli et al. 2006. p. 330) jouent un rôle-clé dans l’économie et la société du pays. Au sein de leurs familles, elles assurent la surveillance et la survie (Jean-Baptiste et al. 2005) en se débattant tous les jours pour satisfaire leurs besoins et ceux de leurs enfants. Au cours des deux dernières décennies, puisqu’elles se trouvent parmi les deux tiers de la population haïtienne pauvre18, elles sont la population cible de plusieurs ONG et institutions financières, visant ainsi l’amélioration de leurs conditions de vie. Six autres personnes, notables, femmes et hommes résidents depuis au moins 10 ans à Chansolme, seront recrutées pour des entrevues individuelles et deux autres qui appuient KOFAVAC.

4..2..3 Les modalliités de lla collllecte des données

En vue de parvenir à collecter les informations pertinentes capables de répondre aux questions de recherche, deux techniques de collecte de données ont été utilisées : l’enquête proprement dite et l’entrevue individuelle semi-structurée.

4..2..3..1 L’’enquêtte

L’enquête est réalisée par des entrevues individuelles auprès des Femmes. Étant donné qu`en Haïti les travaux sur la pauvreté ont toujours mis en évidence les relations existant entre la pauvreté et les variables touchant les dimensions démographique, mais aussi humaine, sociale et économique, la collecte des données sera effectuée au moyen d’une enquête auprès des femmes et leurs ménages (enfants et/ou conjoint), en prenant en compte ces dimensions. Le but de l`enquête est de collecter auprès des parties prenantes, des données relatives d’abord à leur identité sociodémographique, humaine et économique ; au fonctionnement de KOFAVAC et à son apport dans l’amélioration de

18 Ministère de la Condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF)/PNUD, 2000. p. 3. 62

leur condition de vie. Les entrevues individuelles ont été réalisées au domicile des participantes et cela a permis d’observer aussi directement certaines variables, entre autres, celles liées au logement et aux conditions sanitaires.

Le questionnaire19 est le principal instrument privilégié par cette technique de collecte de données. La première partie a été rédigée en vue de définir l`identité des Femmes de KOFAVAC. Ainsi, cinq grands groupes de thèmes ont été traités, à savoir les caractéristiques sociodémographiques des femmes et de leurs ménages ; les actifs du ménage ou l`accès aux ressources productives; les revenus et leurs sources ainsi que les dépenses de consommation et finalement l`endettement du ménage. La seconde partie du questionnaire est construit en vue d`apprécier le degré de pauvreté multidimensionnelle des femmes et de leurs ménages. Ainsi, huit dimensions de la pauvreté sont retenues. Des indicateurs appropriés ont permis de les mesurer et à partir d`un seuil établi, on a apprécié le degré de pauvreté de la population concernée. La troisième partie a pour objectif de recueillir les perceptions des femmes sur leurs conditions de vie et d`avoir leurs points de vue sur les stratégies mises en œuvre, entre autres, KOFAVAC. Des indicateurs subjectifs bien que rejetés par certains outils comme le CGAP, pour savoir le degré de satisfaction ou insatisfaction par rapport à KOFAVAC et sur les pistes d’amélioration qu’elles proposent sont retenus. Les données recueillies à travers ce questionnaire ont permis de caractériser ces femmes en termes de pauvreté, d`apprécier leur niveau de pauvreté et de cerner les effets de KOFAVAC sur leur vie. Certaines parties des entrevues ont été enregistrées en accord avec les femmes.

Le questionnaire rédigé en français a été traduit par la suite en créole, langue maternelle des femmes. C’est la version créole qui leur a été administrée. La chercheure a conduit elle-même l`enquête.

Les deux premières entrevues réalisées auprès des femmes ont servi de pré-test. Le pré- test a pour but de vérifier si la formulation des questions est claire, appropriée et leur interprétation cohérente (Combessie. 2003). Il aide aussi à identifier les réponses imprévues qui n’entrent pas dans les catégories de réponses prédéterminées. Ce qui

19 Le questionnaire est présenté en annexe B. 63

permet d’apporter des correctifs nécessaires au questionnaire et de mieux l’adapter aux conditions des participantes avant de procéder à l’enquête véritable.

4..2..3..2 L’’enttrevue iindiiviiduelllle semii--sttructturée

Dans le cadre de l’étude, une première série de deux entrevues individuelles20 s’adresse aux personnes qui appuient KOFAVAC. Il nous semble pertinent que ces personnes soient en mesure de nous livrer leur point de vue sur les effets de KOFAVAC sur la vie des Femmes et le milieu de Chansolme, ses points faibles et ses points forts ainsi que leurs suggestions dans la mise en œuvre de nouvelles stratégies pour améliorer le système KOFAVAC et le bien-être de ses membres. Les entrevues ont été réalisées à l’aide d’une grille et les propos recueillis enregistrés sur consentement des concernés.

Une seconde série d`entrevues individuelles21 semi-structurées visent les notables de Chansolme, hommes et femmes, capables de donner leurs opinions sur les Femmes et sur l’impact de KOFAVAC tant sur le milieu de Chansolme que sur les femmes elles-mêmes. Ces entrevues ont permis de compléter l`analyse du fonctionnement de KOFAVAC et de ses apports sur les diverses dimensions de la vie des femmes. L`entrevue individuelle semi-structurée est un type d’outil dont le but est de collecter un maximum d’informations pertinentes concernant une politique donnée (Combessie. 2007). Les données qualitatives recueillies pour être analysées ont été retranscrites sous forme de verbatim, en conservant l’authenticité des propos des participants. Les modalités de collecte de données sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

20 La grille d`entrevue auprès des personnes qui appuient KOFAVAC est en annexe D. 21 La grille d`entrevue auprès des notables de Chansolme est en annexe C.

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Tablleau 4..1 Modalliités de collllecte des données Modalités et références Parties prenantes Principales dimensions retenues Validation d’auteurs Sociodémographiques Accès aux ressources productives Revenus du ménage et sources Dépenses (alimentaires, de scolarisation des enfants et logement) Pré-test 38 femmes Accès aux services de base Enquête (Combessie. membres de Perceptions sur la pauvreté (Combessie . 2007) auprès des KOFAVAC Perceptions sur les stratégies de lutte 2007) deux premières Satisfaction/insatisfaction comme membre femmes de KOFAVAC Utilisations de l’épargne Difficultés majeures de rester dans le système crédit/épargne KOFAVAC

6 notables ou Opinions générales sur KOFAVAC personnes Points forts et Points faibles

Entrevues ressources de Pistes d’amélioration individuelles Chansolme Suggestions pour l’avenir semi- structurées Effets de KOFAVAC sur le milieu de (Marmoz. Chansolme et sur les femmes 2 personnes qui 2001 ; Participation des membres appuient Combessie. Fonctionnement/organisation: KOFAVAC d’août 2007) forces et faiblesses 2009 à juillet 2011 Niveau de bénéfices obtenus Pistes d’amélioration

4..2..4 Le choiix et lla descriiptiion des variiablles et des iindiicateurs retenus

La revue des différents instruments de collecte des données et la présentation de leurs limites nous éclairent dans le choix des dimensions de la pauvreté retenues permettant de répondre à nos deux questions de recherche : comment dégager les déterminants de la pauvreté chez ces femmes et comment est-ce qu’elles appréhendent et expriment leurs situations de pauvreté ? Quel est l’impact de la stratégie KOFAVAC sur leurs conditions de vie ? Étant donné que d`après le QUIBB, les indicateurs des besoins de base sont utilisés en termes de capacités, nous nous sommes basées sur ce type d`outil pour collecter des données sur les actifs ou les possessions des ménages, ressources productives permettant de générer un revenu. Dans la mesure où pour produire, il faut des facteurs des productions, et que la production obtenue permet de faire des acquisitions permettant

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d’améliorer son niveau de vie, nous avons observé les actifs, c’est-à-dire le capital physique de la population à l’étude. Dans la mesure où ces biens sont précaires ou inexistants, nous avons cherché à saisir les problèmes et les difficultés d`accès de ces ménages à ces ressources. Ainsi, le questionnaire de notre étude comporte un module «possessions ou ressources productives» des ménages.

Malgré les critiques nombreuses de l`indicateur revenu, un module sur la consommation et les revenus du ménage sera étudié en vue de connaître les activités rémunératrices et la structure des dépenses de la population à l’étude. En effet, l’un des déterminants de la pauvreté recensé souligne le manque d’activités génératrices de revenus ou d’emplois rémunérés et la faible productivité des activités agricoles. À notre avis, dans la mesure où les biens et services d’un pays ne sont fournis gratuitement, le revenu est un élément indispensable permettant de les acquérir. De plus, les conditions dans lesquelles ce revenu est réalisé, sa nature et le niveau de revenu minimum mensuel attendu pour mener une vie décente et l’objectif visé par ces femmes seront pris en compte dans l’étude en vue de voir dans quel type d’activité l’impact sur la réduction de la pauvreté est plus fortement ressenti selon ces femmes.

Dans le contexte d`Haïti, pour analyser le niveau de pauvreté monétaire, les dépenses de consommation sont retenues comme indicateurs pour les raisons suivantes. En premier lieu, les flux de dépenses sont beaucoup plus réguliers et donc plus facilement appréciables que les revenus. En second lieu, l`expérience montre que les ménages qui se livrent à des activités informelles se souviennent mieux de leurs dépenses que de leurs revenus. Ensuite, les dépenses de consommation mettent en évidence non seulement le fait de disposer du pouvoir d`achat, mais surtout celui d`accéder réellement aux biens et services. Nous avons retenu deux grands groupes de variables : les variables sociodémographiques et celles économiques.

Les variables sociodémographiques retenues sont :  Le genre du chef de ménage ;  Le lieu de naissance du chef de ménage ;

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 La structure familiale (femme mariée, femme vivant dans le «plaçage», femme seule ou monoparentale) ;  La structure sociodémographique du ménage (la taille du ménage, le nombre de chômeurs ou de personnes inactives, le nombre d`enfants de moins de 15 ans, le niveau de scolarisation des membres du ménage).

Les variables économiques qui seront étudiées sont :  Les actifs/biens possédés ;  Les sources de revenus et les revenus;  Les dépenses de consommation (alimentation, scolarisation, habillement et logement) ;  L’endettement.

Tablleau 4..2 Variiablles et iindiicateurs de caractériisatiion des femmes Caractéristiques sociodémographiques et économiques Variable Indicateur Le genre du chef de Présence d’un conjoint ménage Le statut migratoire Native/natif de Chansolme - migrant-e définitif/définitive La structure familiale Statut matrimonial de la femme La scolarisation des Niveau scolaire du chef de ménage et de la femme membres du ménage Statut professionnel du chef de ménage et de la femme Nombre moyen d’années d’études des 17 ans et moins Niveau de scolarisation des membres de 18 ans et plus La structure Nombre d`adultes et d`enfants du ménage sociodémographique Ratio enfants /taille du ménage du ménage Nombre d`adultes inactifs (18 ans et plus) Nombre de personnes invalides/handicapées Actifs Variable Indicateur Terre Sans terre (oui/non) Superficie agricoles exploitées en carreau (la taille des terres) Qualité du terrain/position du terrain (plaine/pente) Valeur marchande du terrain Mode de tenure des parcelles : propriété/fermage/métayage Accès à l`irrigation : superficies irriguées/non irriguées Animaux Nombre/type/valeur des animaux Variable Indicateur Revenu agricole Sources de revenu agricole (cultures vivrières/bétail) Montant du revenu annuel Ratio du revenu agricole par rapport au revenu global Revenu non agricole Sources de revenu non agricole Montant du revenu non agricole

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Caractéristiques sociodémographiques et économiques Variable Indicateur Transferts en argent Valeur des dons en argent d`amis, de voisins ou de parents Ratio des transferts dans le revenu global Dépenses de consommation Variable Indicateur Scolarisation des Dépenses annuelles totales de scolarisation des enfants enfants Part des dépenses de scolarisation dans le revenu total Alimentation Montant nécessaire estimé pour les trois repas quotidiens Montant nécessaire estimé pour un repas principal de base ou ordinaire Part des dépenses d`alimentation dans le revenu Endettement Variable Indicateur Endettement Somme due à une institution financière formelle Somme due à des prêteurs privés/commerçants Somme due à des amis et/ou des membres de la famille

4..2..5 Le choiix des diimensiions de lla viie des femmes et défiiniitiion du niiveau de pauvreté dans chaque domaiine

Pour approcher le niveau de pauvreté des femmes, nous sommes portées à considérer différentes dimensions de leur vie, vu que la pauvreté a de multiples facettes et se présente sous différentes formes. Ainsi, nous avons fait choix de huit dimensions de la pauvreté. Ces dernières sont basées sur les principales dimensions qui sont recensées dans la littérature pour définir la pauvreté d`une population donnée et qui sont reconnues par les institutions internationales. Un indicateur est retenu pour chacune de ces dimensions de la pauvreté ainsi qu`un seuil de privation à analyser dans chaque domaine. Le seuil est une valeur absolue qui fixe la limite, de façon relativement arbitraire, entre pauvres et non pauvres selon la capacité ou non à pouvoir consommer en quantité suffisante un panier de biens et services établi de manière normative. Dans la détermination du niveau de pauvreté dans la dimension logement, on définira un ménage de référence. Un ménage se retrouvant dans une situation pire que le ménage de référence, se trouve confronté à la pauvreté.

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Tableau 4.3 Dimensions/indicateurs et niveaux retenus Dimension Indicateur Niveau Monétaire Revenu monétaire des activités menées Revenu monétaire annuel < 22 260 gourdes, revenu monétaire annuel moyen excluant l`autoconsommation et le troc (ECVH, 2001) Éducation E : Fréquentation et progrès Enfant : Ne va pas ou > 2 ans retardé F : Nombre d’années d’études Adulte : N’a pas achevé le CM1 Alimentation Difficultés à satisfaire les besoins de Le repas principal manque au plus trois nourriture jours par mois Santé Utilisation des services de santé en cas En cas de maladie, avoir accès rarement à de maladie un centre de santé Eau de boisson et Type d`approvisionnement (source, Boit directement l`eau de source ou du assainissement rivière, fontaine publique, eau courante robinet à l`intérieur de la maison, eau traitée) ; Ne possède pas une latrine sur le lieu de lieu d`aisance (WC, latrine, etc.) résidence Logement Statut d`occupation du logement (propriétaire avec titre de propriétaire, aucun titre de propriété, loyer, fermage, logé gratuitement) Analyse de correspondances multiples & Taille du logement (nombre de pièces) ménage de référence Solidité du logement (matériau des murs, de la toiture et du parquet, etc.) Densité du logement (Nombre de personnes dans une pièce) Autonomie de la Activité rémunératrice autre qu`agricole A une épargne personnelle Femme menée

4..2..6 Les variiablles en lliien avec lles perceptiions des femmes sur lla pauvreté et lleurs condiitiions de viie L`étude s’intéresse aussi à saisir la perception des femmes sur la pauvreté et leurs conditions de vie et à avoir leur point de vue sur les stratégies de lutte contre la pauvreté mises en œuvre à Chansolme, entre autres, KOFAVAC. Cette partie de l`analyse est importante dans la mesure où le manque d’écoute des personnes pauvres dans la formulation des stratégies de lutte contre la pauvreté est sans doute l’une des causes des échecs ou l’un des points faibles des politiques. Cette approche qui consiste à connaître la propre appréciation d`un ménage de son niveau de vie et des stratégies mises en œuvre est complémentaire à l`approche antérieure dont le principe est de demander à un ménage son niveau de revenu ou de consommation. La pauvreté des femmes a été étudiée à partir de ces indicateurs subjectifs :  La perception générale de la pauvreté;

 Les signes ou les principales manifestations de la pauvreté et de la richesse perçus ;

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 La perception de leur niveau de pauvreté.

Les indicateurs subjectifs portant sur les stratégies de lutte contre la pauvreté porteront sur :  Les stratégies perçues comme celles pouvant améliorer les conditions de vie à Chansolme  Les stratégies prioritaires et efficaces retenus par les Femmes

4..2..7 Variiablles de ll`anallyse d`iimpact de KOFAVAC

Nous nous sommes basées sur l`outil d`évaluation de la pauvreté du CGAP pour identifier les besoins en crédit des femmes. La question du financement est un problème majeur au sein de la population haïtienne. L’un des déterminants de la pauvreté en Haïti est l’absence d’encadrement des agents économiques et particulièrement des paysans. Or, le crédit est un outil privilégié dans la lutte contre la pauvreté dans la mesure où il permet de financer des activités génératrices de revenus capables de faire vivre décemment un ménage. Toutefois, le crédit mérite d’être accompagné par une série d’autres mesures. En abordant le crédit, nous avons cherché à mesurer l`impact du système d`activité de KOFAVAC sur l`amélioration des conditions de vie des femmes et de leur ménage. Les variables et les indicateurs spécifiques sont présentés au tableau suivant.

Tablleau 4..4 Variiablles et iindiicateurs d`anallyse de ll`iimpact de KOFAVAC Variable Indicateur Apport KOFAVAC Le montant des bénéfices obtenus de décembre 2010 à juin 2011 Montant épargné provenant de KOFAVAC Utilisation du revenu KOFAVAC Utilisation de l`épargne KOFAVAC Appréciation Perception de la satisfaction ou de l`insatisfaction Défaillance dans le système Défaillance dans le système crédit/épargne /commerce Causes/facteurs responsables de la défaillance Capital social Participation à une ou des organisations/associations avant et après l’intégration de KOFAVAC Capacité de prise en charge de soi Capacité de prise de décision au sein du ménage Capacité d`autonomie

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4..3 L``ANALYSE DES DONNÉES

Les données collectées au cours de l’étude sont traitées de manière à répondre aux questions de la recherche.

4..3..1 Le cadre d’anallyse

Le cadre conceptuel de notre recherche s’est appuyé sur les facteurs explicatifs de la pauvreté en Haïti à partir de deux sources (Siméon et Boccanfuso. Avril 2006 ; CCI- Haïti. 2003). Ce cadre a servi dans la grille d’analyse. En effet, la pauvreté des femmes de KOFAVAC est influencée par un ensemble de caractéristiques intrinsèques et par des facteurs socioéconomiques et des éléments de l`environnement externe que nous avons cherché à capter à partir d’informations recueillies auprès d`elles. Nous avons tenu compte des relations multiples et des interdépendances qui existent entre les dimensions de pauvreté des femmes.

4..3..2 L’anallyse du questiionnaiire

Les données du questionnaire ont été codifiées puis traitées au moyen du logiciel SPSS. Ensuite, il y a eu une réorganisation du matériel en fonction des besoins de l`analyse pour atteindre les objectifs de l`étude.

Nous avons produit au moyen de SPSS des statistiques descriptives pour variables qualitatives et quantitatives permettant de déterminer les fréquences et les pourcentages par catégorie d`une variable en vue de caractériser les femmes. Des histogrammes sont créés en vue de donner une vue d`ensemble de la situation décrite par les variables.

L`identification des différences de caractéristiques sociodémographiques et économiques entre les femmes ou les ménages aidera à comprendre en quoi les femmes diffèrent en termes de niveau de pauvreté. Ces différences sont déterminées à l`aide de tests de T et de Khi-deux pour les tableaux croisés.

À l`intérieur des variables, sont créés des indicateurs de pauvreté en termes d`actifs possédés (terre et animaux d`élevage) et de logement permettant de mesurer ces deux aspects de la pauvreté relative des femmes. Pour identifier les variables les plus appropriées et les plus pertinentes explicatives des différences dans le niveau de pauvreté

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relative des ménages, nous avons effectué des tests de corrélation linéaires. Le niveau de signification est fixé à 0,05 ou moins.

4..3..3 L`anallyse des entrevues semii-structurées

Les enregistrements des entrevues auprès des notables et des personnes qui appuient KOFAVAC sont retranscrits sous forme de verbatim dans le but de garder l’authenticité des propos des participantes et participants à l’étude. Ensuite, l`analyse des verbatim est effectuée en vue de repérer les ressemblances et différences de points de vue entre les divers groupes. Ces divergences et convergences de points de vue et perceptions sont recherchées d`une part au niveau de l`impact de KOFAVAC sur la vie des femmes et d`autre part, sur les actions futures à mener en vue de mieux encadrer les femmes.

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CHAPITRE V.. ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS : Le portraiit des diifférents ménages et de lleur siituatiion

Dans cette première section de l`analyse des données et la discussion des résultats de l`étude, nous présentons le portrait des différents ménages KOFAVAC et de leur situation socio-économique.

5..1 LA CARACTÉRISATION DES FEMMES

La population étudiée est composée de 34 femmes. La première partie de l`analyse présente de façon détaillée les caractéristiques sociodémographiques puis économiques essentielles des ménages, permettant ainsi de répondre à notre première question de recherche, à savoir «identifier les déterminants de la pauvreté chez ce groupe de femmes et évaluer leur niveau de pauvreté multidimensionnelle».

5..1..1 Les caractériistiiques sociiodémographiiques

La présence d`un conjoiint

On compte 22 des 34 femmes qui ont un conjoint. Ainsi, environ le tiers des ménages (35,29 %) sont monoparentaux. Toutefois, le statut matrimonial des femmes ayant un conjoint diffère. La moitié vit en concubinage, appelé couramment en Haïti «plaçage» et l`autre, mariée.

Tablleau 5..1 Présence d`un conjoiint Réponse Nombre Pourcentage Oui 22 64,7 % Non 12 35,3 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

L`âge de lla femme et du conjoiint

L`âge moyen des femmes est de 42 ans alors que celui des conjoints est 47. En moyenne, les conjoints sont plus âgés. Le groupe majoritaire chez les conjoints est celui des plus de 50 ans (40,9 %) alors que chez les femmes, ce sont les 36-45 ans.

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Tablleau 5..2 Âge de lla femme et du conjoiint Nombre Pourcentage Tranche d`âge Femme Conjoint Femme Conjoint 20-35 6 3 17,6 % 13,6 % 36-45 17 5 50,0 % 22,7 % 46-50 6 5 17,6 % 22,7 % >50 5 9 14,6 % 40,9 % Total 34 22 100,0 % 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

La taiilllle du ménage La taille moyenne des ménages est de 7 personnes, mais varie de 3 à 14. Toutefois, les ménages de 4 à 6 personnes sont les plus courants. Rares sont les ménages de trois personnes.

Tablleau 5..3 Taiilllle du ménage Personnes Nombre Pourcentage 3 6 17,6 % 4-6 10 29,4 % 7-9 9 26,5 % ≥10 9 26,5 % Total 34 100,0 % Statistiques Moyenne 6,97 Mode 7 Minimum 3 Maximum 14 Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Le nombre d`adulltes du ménage

Les ménages sont composés d`un nombre moyen de 3,79 adultes. Les plus nombreux sont ceux de 3 à 5 (55,9 %). Toutefois, il y a des ménages d`un seul adulte, nommément la femme.

Tablleau 5..4 Présence d`adulltes au seiin du ménage Adultes Nombre Pourcentage 1 4 11,8 % 2 6 17,6 % 3-5 19 55,9 % 6-10 5 14,7 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

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Le nombre d`enfants présents dans lle ménage

Le nombre moyen d`enfants est d`environ 4 (3,78). Toutefois, on compte des ménages qui n`ont aucun enfant de 0 à 18 ans (11,8 %). Or, les ménages les plus courants sont ceux de 3 à 4 enfants (44,1 %).

Tablleau 4..5 Nombre d`enfants du ménage Enfants Nombre Pourcentage 0 4 11,8 % 1-2 8 23,5 % 3-4 15 44,1 % ≥ 5 7 20,6 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

L`âge moyen des enfants du ménage

L`âge des enfants du ménage varie de 2 jours à 18 ans. La moyenne est d`environ 10 ans (10,43). La tranche des 6 à 12 ans est majoritaire.

Tablleau 4..6 Âge moyen des enfants du ménage Tranche d`âge Nombre Pourcentage 0-5 2 6,7 % 6-12 20 66,6 % 13-18 8 26,7 % Total 30 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les enfants quii ne sont pas des fiills de lla femme

Tous les enfants du ménage ne sont pas fils et filles de la femme. On en compte 22 qui sont répartis dans 14 ménages. Le nombre de ces enfants au sein des ménages varie de 1 à 5. Parmi eux, le plus grand groupe est celui des neveux et nièces (12/22). Il est suivi par les petits fils (5/22). Il y a tout de même un enfant de service22.

22 Un enfant de service est un enfant âgé de 5 ans et plus, confié par des parents pauvres du milieu rural à une famille en ville en mesure de lui offrir un peu de nourriture et un toit, espérant ainsi lui assurer une vie plus décente. Cependant, dans la majorité des cas, cet enfant est sous-alimenté, ne reçoit aucune instruction et subit des violences physiques et sexuelles. C`est une pratique très ancienne en Haïti. Ces enfants en domesticité sont appelés « restavèk ». Ils sont souvent coupés de tout lien avec leur propre famille. 75

Tablleau 5..7 Liien de parenté des enfants avec lla femme Statut Nombre Pourcentage Petit fils/fille 5 22,7 % Frère/Sœur 2 9,1 % Neveu/Nièce 12 54,5 % Cousin 1 4,5 % Filleul 1 4,5 % Enfant de service 1 4,5 % Total 22 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les femmes sont mères de quatre enfants en moyenne, mais le nombre varie de 1 à 9. On retrouve des mères qui ont 7 à 9 enfants (11,8 %).

Tablleau 5..8 Nombre d`enfants de lla femme Enfants Nombre Pourcentage 1-2 11 32,4 % 3-4 9 26,5 % 5-6 10 29,4 % 7-9 4 11,8 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Tablleau 5..9 Résumé des caractériistiiques des ménages Quelques indicateurs sociodémographiques Âge moyen de la femme 42 ans Âge moyen du conjoint 47 ans Âge moyen des adultes 36 ans Âge moyen des enfants 10 ans Taille moyenne du ménage 7 Taille minimale du ménage 3 Taille maximale du ménage 14 Nombre moyen d`adultes/ménage 3,79 Nombre moyen d`enfants/ménage 3 Nombre moyen d`enfants de la femme 4 Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Le lliieu de naiissance de lla femme et du conjoiint

La majorité des conjoints (81,8 %) sont de la commune de Chansolme. Les hommes natifs d`une autre commune sont une minorité (4/22). On trouve un plus grand nombre de femmes déplacées, 32,4 % contre 18,2 % pour les conjoints.

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Tablleau 5..10 Liieu de naiissance de lla femme et du conjoiint Nombre Pourcentage Lieu Femme Conjoint Femme Conjoint Commune de Chansolme 23 18 67,6 % 81,8 % Autre commune/département 11 4 32,4 % 18,2 % Total 34 22 100,0 % 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Nous avons vérifié s`il y a une relation entre le nombre d`enfants de la femme et d`autres caractéristiques du ménage. Serait-ce les plus jeunes femmes? Ce qui serait normal. Est- ce que d`autres facteurs entrent en ligne de compte? De fait, le nombre d`enfants est corrélé significativement avec le niveau d`études de la femme (r=-0,435 et p=0,017), et son âge (r=0,436 et p=0,010). Ainsi, plus la femme est jeune, moins elle a d`enfants. Plus son niveau de scolarisation est faible, plus elle en a.

En effet, les résultats de tests de T pour observations indépendantes (t(21) =-2,16; p=0,042) confirment que les femmes de 25 à 35 ans ont significativement moins d`enfants (M.=2,17 enfants; É.T.=0,75 enfant) que celles âgées de 36 à 45 ans (M.=4 enfants; É.T.= 2 enfants). Il en est de même lorsque l`on compare ce même groupe avec les autres tranches plus âgées.

Les femmes qui n`ont pas été scolarisées ont significativement plus d`enfants que celles qui ont débuté les classes du secondaire (t(16)=2,88; p=0,011). Il ressort aussi que celles qui ont débuté les études primaires sans les achever ont significativement plus d`enfants que celles qui les ont achevées, puis commencé le secondaire (t(15)= 2,43; p=0,028).

Tablleau 5..11 Résulltats du test de T : Degré de scollariisatiion*nombre d`enfants Nombre d`enfants de la femme Degré de scolarisation de la femme N Moyenne Écart-type Sans scolarisation 11 4,73 2,10 Début des études primaires 10 4,60 2,41 Début des études secondaires 7 2,14 1,34 Source : Résultats des tests de T sur SPSS, 2011

Le niveau d`études de la femme et celui de son conjoint sont significativement corrélés avec le nombre d`enfants de la femme (r=-0,435 et p=0,010 ; r=-0,584 et p=0,004). Toutefois, le nombre d`enfants de la femme n`est pas corrélé significativement avec la présence d`un conjoint et son statut matrimonial. Que la femme soit mariée ou placée ou encore sans conjoint, cela n`affecte pas le nombre de ses enfants.

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Le nombre de personnes du ménage est corrélé significativement avec la possession d`animaux (r=0,346 et p=0,045). C`est une corrélation positive et moyenne. Ainsi, plus le ménage possède d`animaux, plus sa taille est élevée.

Le test de T (t(32)=-2,32 et p=0,033) confirme que la taille des ménages qui ne possèdent pas d`animaux (M=5,73 personnes; E.T.=3,15 personnes) est plus faible que celle des ménages qui en possèdent (M=7,95 personnes; E.T.=2,63 personnes).

Résumé Le nombre d`enfants de la femme est corrélé significativement et positivement avec son niveau de scolarisation et son âge. Il est aussi corrélé avec le niveau de scolarisation du conjoint. Ceci est normal et prévisible. La possession d`actifs, notamment animal, a un impact significatif sur la taille des ménages. Contrairement à ce qu`on pourrait prédire, la terre exploitée et possédée, le revenu net de la femme, la présence d`un conjoint et le statut matrimonial n`influent pas significativement sur le nombre d`enfants de la femme. L`âge et le lieu de naissance de la femme n`influent pas significativement sur le statut matrimonial de la femme. Les enfants de service continuent d`exister même au sein de cette population pauvre.

5..1..2 Les caractériistiiques économiiques du ménage

L`actiiviité économiique priinciipalle de lla femme et du conjoiint

Il y a 20,6 % (7/34) des femmes qui ne mènent aucune activité principale (AP). Parmi celles qui s`adonnent à une AP, 61,8 % effectuent un petit commerce de détail. Ainsi, l`AP des femmes est le petit commerce. Deux femmes estiment que leur AP est l`agriculture. En fait, elles effectuent aussi un petit commerce puisque l`agriculture n`est qu`une activité saisonnière. Une seule femme est «Madan Sara23». Aucune n`est salariée du secteur public ou privé.

Il y a 63,6 % (14/22) des conjoints qui sont agriculteurs. De ce fait, l`AP des conjoints est l`agriculture. Ceci est d`autant plus vrai puisque même ceux qui ont une autre AP,

23 La Madan « Sara » est une revendeuse détaillante qui assure la commercialisation de la quasi-totalité des produits vivriers, des fruits et légumes. Elle achète sur les marchés ruraux et dans les campagnes environnantes et va revendre dans les centres urbains. Elle est un maillon fort de la commercialisation des produits agricole en Haïti. 78

pratiquent l`agriculture. Ceux qui exercent un petit métier ne sont que six. Ils sont mécaniciens/chauffeurs et coiffeurs. Un conjoint est membre du petit personnel d`une université privée à Port-de-Paix et un autre assure la garde à l`hôpital de Port-de-Paix. Salarié de l`État, il a révélé n`avoir pas reçu son salaire depuis plus d`un an.

Graphiique 5..1 Actiiviité économiique priinciipalle de lla femme

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

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Graphiique 5..2 Actiiviité économiique priinciipalle du conjoiint

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête

Le temps consacré par lla femme à ll`AP

La majorité des femmes (15/28) consacrent un jour par semaine à l`AP, soit le mardi, jour de marché à Chansolme. Un quart l`exerce 5 jours et plus et parmi lesquelles se trouvent une couturière et deux vendeuses de lait et café, pain, beurre d`arachide et banane, menu du petit déjeuner traditionnel haïtien.

Tablleau 5..12 Temps consacré à ll`actiiviité priinciipalle Jours/semaine Nombre Pourcentage 1 15 53,6 % 2 2 7,1 % 3 4 14,3 % 5-7 7 25,0 % Total 28 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

On peut conclure que les femmes sont sous-employées puisque plus de la moitié n`exerce l`AP qu`un seul jour par semaine et 75 %, trois jours et moins. En effet, l`emploi informel que représente le petit commerce de la majorité des femmes ne les occupe que peu de temps durant une semaine. Mis à part le mardi, les autres jours de la semaine, les produits sont exposés devant la maison dans l`espoir qu`un client arrive.

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Les actiifs du ménage

La terre miise en valleur

Les ménages exploitent en moyenne 0,72 carreau de terre (1car=1,29 ha). Quatre ménages ne pratiquent pas l`agriculture. La taille des parcelles varie de 0,125 à 5 carreaux. Toutefois, un seul ménage exploite cinq carreaux. Parmi les 82,9 % qui mettent en valeur des terres agricoles, on s`aperçoit que la majorité (15/30) exploite moins d`un demi-carreau.

Graphiique 5..3 Superfiiciies totalles explloiitées par lles ménages

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Les terres explloiitées en mode de propriiété

La moyenne (0,11 car) des superficies exploitées en mode de propriété est six fois plus petite que la moyenne des terres exploitées (0,72 car). Plus de la moitié des ménages, (61,8 %) sont des sans-terres. Et parmi les propriétaires, 69,2 % (9/13) possèdent moins d`un quart de carreau. Un seul ménage possède plus d`un demi carreau.

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Tablleau 5..13 Taiilllle des parcelllles explloiitées en mode de propriiété Superficie en carreau Nombre Pourcentage 0 21 61,8 % ≤0,25 9 26,5 % 0,26-0,50 3 8,8 % >0,50 1 2,9 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les terres explloiitées en d`autres modes de tenure

Le fait de ne pas posséder sa terre ne signifie pas qu`on ne pratique pas l`agriculture. Parmi les 30 exploitants, il y en a qui sont fermiers, métayers et en situation d`indivision. Ils peuvent cumuler aussi 2 ou 3 types de tenure. La majorité des ménages sont en situation d`indivision (17/30). Les ménages qui parviennent à exploiter une parcelle en fermage sont moins nombreux (11/30).

Tablleau 5..14 Autres modes de tenure des terres Fermage Indivision Métayage Superficie en car Nombre % Nombre % Nombre % 0 19 63,3 % 13 43,3 % 17 56,7 % ≤0,25 5 16,7 % 10 33,4 % 6 20,0 % 0,26-0,50 4 13,3 % 4 13,3 % 4 13,3 % 0,51-1,00 1 3,3 % 2 6,7 % 2 6,7 % >1 1 3,3 % 1 3,3 % 1 3,3 % Total 30 100,0 % 30 100,0 % 30 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les parcelllles iirriiguées

La majorité des ménages (61,8 %) met en valeur des parcelles non irriguées, situées généralement en montagne. Parmi les exploitants d`une parcelle irriguée, 61,54 % (8/13) disposent de moins d`un demi carreau. Les superficies exploitées étant très faibles, il est tout à fait normal que la taille des parcelles irriguées le soit aussi.

Tablleau 5..15 Explloiitatiion de parcelllles iirriiguées Réponse Nombre Pourcentage Non 21 61,8 % Oui 13 38,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

La superficie totale exploitée par les ménages est corrélée significativement et fortement avec la présence d`un conjoint, variable prédite. Le coefficient de corrélation r est égal à

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0,549 et la valeur de p est de 0,001. Ainsi, un ménage avec un conjoint semble exploiter plus de terre qu`un ménage monoparental.

Le résultat du test de T s`avère statistiquement significatif (t(32)=-2,43 et p=0,021). Ainsi, les femmes sans conjoint exploitent significativement moins de terres (M= 0,22 car; É.T.=0,26 car) que celles qui en ont (M=1,00 car; É.T.=1,08 car). Par contre la superficie exploitée par les ménages n`est pas corrélée significativement avec ces variables prédites : l`âge des conjoints et des femmes et leur lieu de naissance.

Toutefois, le fait de posséder une parcelle agricole n`est corrélé significativement avec aucune de ces variables prédites : la présence d`un conjoint et son lieu d`origine, le statut matrimonial de la femme, le type d`activité économique menée soit par le conjoint et la femme ainsi que le niveau d`études de la femme et du conjoint et la taille du ménage.

Le niveau de richesse/pauvreté en termes de possession de la terre a été vérifié au moyen d`une variable synthétique créée en combinant quatre autres : «Exploite en mode de propriété un demi-carreau et plus», «Exploite au moins un demi-carreau et plus (tous les modes de faire-valoir compris», «Exploite une parcelle irriguée», «Exploite au moins une terre agricole». Les combinaisons permettent d`obtenir quatre classes : moyenne élevée (4 oui/4); moyenne faible (3 oui/4); pauvre (2 oui/4) et très pauvre (0-1 oui).

L`analyse de cet indicateur «Niveau de possession d`actif terre» permet d`observer que la majorité des ménages (47,1 %), se retrouve dans la classe très pauvre en ce qui a trait à la possession de l`actif terre. Ceux considérés moyens élevés sont une minorité (2/34). En additionnant les pauvres et très pauvres, on s`aperçoit que près des trois quarts (73,6 %) des ménages sont défavorisés par rapport à la possession de la terre, alors que 88,2 % (30/34) pratiquent l`agriculture et par le fait même, vivent à ses dépens.

Tablleau 5..16 Appréciiatiion du degré de riichesse des ménages en actiif terre Niveau Nombre Pourcentage Moyen élevé 2 5,9 % Moyen faible 7 20,6 % Pauvre 9 26,5 % Très pauvre 16 47,1 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

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Les animaux possédés

Il y a 41,2 % des ménages qui ne possèdent aucun animal d`élevage. C`est l`élevage caprin qui est prédominant et les ménages possèdent deux têtes en moyenne. Toutefois, 71,4 % de ménages qui possèdent des animaux ont plus de deux têtes et 42,0 %, de cinq à huit têtes.

Tablleau 5..17 Possessiion d`aniimaux Réponse Nombre Pourcentage Non 14 41,2 % Oui 20 58,8 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

L`élevage porcin est quasiment absent car seuls 5,9 % (2 ménages sur 34) possèdent un porc adulte et 8,8 % en possèdent deux. Quant à l`élevage bovin, 76,5 % des ménages n`en possèdent pas. Ceux qui en possèdent (8/34) ont d`une à trois têtes. Il y a trois ménages qui possèdent un cheval ou un âne, principal moyen de transport des denrées des parcelles à la résidence.

Tablleau 5..18 Possessiion d`actiif aniimall Bovin caprin Cheval/âne Tête Ménage Tête Ménage Tête Ménage 0 26 0 22 0 31 1 2 1 4 1 3 2 4 2 2 - - 3 2 5-12 6 - - Total 34 Total 34 Total 34 Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Le degré de richesse/pauvreté des ménages en termes de possession d`actif animal est étudié au moyen de l`indice «équivalent bovin24» créé.

Cet indicateur révèle que les ménages sont défavorisés en termes de possession d`animaux. Or, une des fonctions de l`élevage en Haïti est l`épargne. Ainsi, parmi les 58,8 % de ménages qui possèdent des animaux, on compte 40,0 % (8/20) qui n`ont pas l`équivalent d`un quart de tête de bovin. Ceux qui ont l`équivalent d`une tête et plus sont 45,0 % (9/20).

24 Sur la base de notre propre enquête sur les prix des animaux sur le marché de Chansolme les mardis 21 juillet et 11 août 2011, nous avons établi une échelle d`équivalence bovine. Ainsi, 1 cheval, 2 ânes, 10 caprins adultes, 4 porcs adultes et 80 poules représentent chacun l`équivalent d`une tête de bovin. 84

Tablleau 5..19 Possessiion d``acttiiff aniimall en équiivallentt boviin Équivalent tête de bovin Nombre Pourcentage 0 14 41,2 % <0,25 8 23,5 % 0,25-0,50 1 2,9 % 0,51-0,99 2 5,9 % 1-2 4 11,8 % >2 5 14,7 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Cet indicateur est significativement corrélé avec une des variables prédites, le nombre d`enfants à l`école privée (r=0,428 et p=0,012). Ainsi, plus le ménage possède d`animaux équivalent bovin, plus ses enfants sont à l`école privée. Par contre, il n`est pas en corrélation avec la présence d`un conjoint et son lieu de naissance, la taille du ménage, l`âge de la femme et son statut matrimonial.

Résumé L`AP de la femme est un petit commerce et celle du conjoint, l`agriculture. Ceci est confirmé par les études réalisées, notamment celles de Lamaute-Brisson (2001). «L`agriculture est pratiquée par 76,0 % d`hommes et le secteur commerce de gros et de détail concernent les femmes, dont 88,0 % en milieu rural». Les ménages ne sont pas bien dotés en actifs terre bien que ce soit l`agriculture qui est la principale source de revenu du conjoint. Les sans-terres représentent 61,8 % et ceux qui possèdent moins d`un quart de carreau, 26,5 %. Ainsi, ce fait est corroboré par les données de Doura qui révèlent que les petites exploitations de 0,5 carreau, sont prédominantes en Haïti (Doura, F. 2001) et de Laraque : les parcelles inférieures à 0,3 ha représentent 45,0 % des parcelles exploitées (Laraque. 1987) est aussi vrai pour les ménages KOFAVAC. L`élevage caprin est prédominant et cela est dû au fait que les caprins sont moins exigeants en termes de capital d`investissement et en ressources alimentaires. Les ménages sont défavorisés en actif animal bien que l`élevage joue encore le rôle d`épargne en milieu rural. En fait, il semble que c`était principalement du porc créole rustique qui assurait la fonction d`épargne. Or, depuis l`éradication de la peste porcine africaine en Haïti, l`élevage porcin a du mal à reprendre sa place. En effet, six ménages (17,6 %) possèdent seulement un ou deux porcs. Le principal handicap pour la revalorisation de l`élevage porcin est le coût des aliments, jugé trop élevé par les femmes.

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5..2 L``ÉVALUATION DU NIVEAU DE PAUVRETÉ DES FEMMES ET DE LEURS MÉNAGES

Pour répondre à notre première question de recherche, à savoir dégager les déterminants de la pauvreté des femmes et du coup atteindre le premier objectif de la recherche qui consiste à identifier les déterminants de la pauvreté des femmes et évaluer leur niveau de pauvreté, plusieurs dimensions ont été étudiées : la scolarisation, l`alimentation, le logement, la santé, l`eau de boisson et l`assainissement, le revenu et le niveau d`autonomie de la femme.

5..2..1 L`éducatiion

5..2..1..1 Le niiveau d``éttudes de lla ffemme ett du conjjoiintt

Aucune femme ni aucun conjoint n`a bouclé le secondaire, encore moins des études universitaires. Bien qu`il est vrai que la proportion de femmes non scolarisées est plus élevée (32,4 %) que celle des hommes (18,2 %), les femmes ont achevé leurs études primaires sensiblement dans la même proportion que les hommes et elles ont débuté leurs études secondaires dans une plus forte proportion (20,6 %).

Tablleau 5..20 Degré de scollariisatiion de lla femme et du conjoiint Niveau Nombre Pourcentage Femme Conjoint Femme Conjoint Pas de scolarisation 11 4 32,4 % 18,2 % Début d`études primaires 10 10 29,4 % 45,5 % Études primaires achevées 6 4 17,6 % 18,2 % Début d`études secondaires 7 4 20,6 % 18,2 % Total 34 22 100,0 % 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Ce fait semble refléter la supériorité de genre en Haïti. Aujourd`hui encore, comme le confirment les chiffres de l`IHSI, le degré d`alphabétisme des hommes est plus élevé (63,8 %) que celui les femmes (58,3 %) (IHSH, 2003). Ainsi, les femmes sont défavorisées en matière d`instruction par rapport à leurs conjoints car elles sont plus nombreuses à ne pas être scolarisées.

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L`évalluatiion du niiveau d`études des membres du ménage

Aucune des femmes âgées de 25 à 35 ans n`est analphabète. Les non scolarisées sont parmi les trois autres catégories d`âge plus élevées. Aucune de celles de 46 ans et plus n`a débuté les études secondaires. Celles qui ont achevé les études primaires et débuté le secondaire sont les 25 à 35 ans (42,9 %) et les 36 à 45 ans (57,1 %).

Graphiique 5..4 Rellatiion entre ll`âge de lla femme et son degré de scollariisatiion 90 80 70

60 50 40

Pourcentage 30 20 10 0 Pas de Début des Études primaires Début des scolarisation études primaires achevées études secondaires 25-35 ans 36-45 ans 46-50 ans >50ans

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Le niveau de scolarisation de la femme est fortement et significativement corrélé avec son âge (r=-0,569 et p=0,000). La corrélation est négative. Ainsi, plus la femme est âgée, plus son niveau de scolarisation est faible et vice-versa.

Le résultat d`un test de T pour observations indépendantes confirment que les femmes qui n`ont pas été scolarisées sont significativement plus âgées que celles qui ont achevé leur études primaires (t(15)=2,56, p=0,022) de même que celles qui ont entamé le secondaire (t(15)= 3,27, p=0,005).

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Tablleau 5..21 Résulltats des tests de T Âge des femmes Degré de scolarisation de la femme N Moyenne Écart-type Sans scolarisation 11 48,3 ans 8,1 ans Études primaires achevées 10 39,0 ans 4,6 ans Début des études secondaires 7 36,2 ans 5,3 ans Source : Résultats des tests de T sur SPSS, 2011

Ces résultats semblent confirmer un certain progrès en termes de scolarisation en Haïti, particulièrement des femmes. Les plus jeunes pourraient avoir complété plus d`années d`études que les plus âgées ou encore les filles sont de plus en plus scolarisées.

La variable, lieu de naissance, qui pourrait être en corrélation avec le niveau d`études de la femme et du conjoint ne l`est pas d`après le résultat du test de corrélation. Ainsi, que la femme soit du bourg de Chansolme ou d`une section communale, cela ne semble pas avoir une relation significative avec son niveau de scolarisation. Or, certaines études révèlent que le taux d`alphabétisme est meilleur en milieu urbain qu`en milieu rural (80,5 % contre 47,1 %). Et les écoles publiques ne couvrent que 20,0 % de la demande totale de l`éducation de base et 23 sections communales n`ont aucune école (DSNCRP. Nov. 2007. p. 63).

Les adulltes du ménage

Les adultes du ménage ne sont pas tous scolarisés. Il y a 50,0 % des ménages qui ont entre 1 à 4 adultes non scolarisés. Ce chiffre semble énorme d`autant plus que le nombre moyen d`adultes du ménage est de quatre personnes. Il y a 11,8 % de ménages qui n`ont aucun adulte ayant achevé le cycle primaire et 85,3 % qui n`en ont aucun qui a complété le secondaire.

Le degré d`allphabétiisme des adulltes

Le degré d`alphabétisme des adultes est apprécié en termes du nombre d`adultes non scolarisés par rapport au nombre total d`adultes du ménage. Parmi les ménages, on en compte un qui a tous ses membres (4/4) qui n`ont jamais été à l`école ; 29,4 % des ménages ont un tiers de leurs membres adultes non scolarisés.

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Les enfants du ménage

Tous les enfants en âge d`aller à l`école sont à l`école. Ainsi, la fréquentation scolaire est très élevée et la scolarisation des enfants est une priorité pour les ménages. Le nombre moyen d`enfants à l`école par ménage est de trois. On compte 14,7 % (5/34) des ménages qui n`ont aucun enfant en âge de scolarisation (0 à 18 ans). Cela ne veut pas dire pour autant que ces ménages n`ont pas de membres à l`école. Le plus grand groupe de ménages (44,1 %) a trois ou quatre membres à l`école.

Graphiique 5..5 Enfants du ménage quii sont à ll`écolle

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Si la fréquentation scolaire est bonne, par contre il s`observe un certain retard dans la scolarisation des enfants. Ce retard est de 3 à 5 ans pour plus de la moitié de l`échantillon.

L`étendue d`âge de l`enfant au CEP est de 12 à 17 ans. L`âge normal pour atteindre le CEP est de 12 ans. Or, sur un total de 17 enfants qui sont en 6e Année (année du CEP), il n`y en a qu`un seul (5,9 %) âgé de 12 ans. On en compte 29,4 % qui ont 13 et 14 ans et 64,7 % sont âgés de 15 à 18 ans.

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Tablleau 5..22 Âge de ll`enfant au CEP Tranche d`âge Nombre Pourcentage 12 1 5,9 % 13-14 5 29,4 % 15-18 11 64,7 % Total 17 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

La comparaison de l`âge moyen au CEP avec celui de 12 ans, reconnu officiellement par le MENFP comme l`âge normal au CEP à l`aide d`un test de T est hautement significative (t(17)=7 et p=0,000) : l`âge moyen des enfants au CEP est de 15 ans. Par conséquent, on peut confirmer l`hypothèse que l`âge moyen des enfants au certificat est significativement supérieur à 12 ans. D`où un retard scolaire de plus de trois ans des enfants.

Dans ce contexte, les enfants commencent le troisième cycle fondamental à l`âge où ils devraient finir le secondaire ou commencer l`université. De fait, on compte 44,1 % des ménages qui ont 1 à 3 adultes de 19 ans à 28 ans qui sont encore soit à l`école fondamentale ou au secondaire. Ainsi, ceci confirme que même les ménages qui n`ont pas d`enfants en âge d`aller à l`école (0 à 18 ans) ont des membres qui sont effectivement à l`école. En conséquence, ils sont à la charge des parents puisqu`ils ne travaillent pas.

Plusieurs ménages, soit 44,1 %, n`ont aucun enfant à l`école publique ou nationale de Chansolme. Ainsi, la grande majorité des enfants de ces femmes sont à l`école privée, soit à Chansolme ou ailleurs. Environ 58,8 % des femmes ont 1 à 3 enfants à l`école privée. On compte aussi 14,6 % qui ont leurs enfants à l`école à Port-de-Paix ou à Port- au-Prince.

Vu le coût relativement élevé de l`école privée par rapport à l`école publique, il serait intéressant de questionner ces femmes pour saisir la raison de leur choix. Serait-ce le manque de places à l`école nationale, la qualité de l`enseignement, l`irrégularité des enseignants ou d`autres facteurs, tels le sentiment d`infériorité de fréquenter une école nationale qu`il faudrait questionner? Notre étude n`avait pas pour objet de trouver une réponse à cette interrogation. Cependant, on sait que l`unique école nationale de Chansolme, comme partout ailleurs dans le pays, a une capacité d`accueil très réduite et la qualité de l`enseignement est jugée faible par plus d`un. En effet, une des sources

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consultées relatait que le faible niveau de formation des enseignants (20,0 % seulement des enseignants du primaire sont formés) et les frais de scolarité élevés par rapport au revenu des ménages sont les principales causes de paralysie du système éducatif (SNA-

EPT. 2007. pp. 19-20). Résumé Le niveau de scolarisation de la femme de KOFAVAC est faible car 32,4 % n`ont pas été scolarisées et de plus, il n`y a que 17,6 % (4/34) des femmes qui ont décroché leur CEP. Il y a 85,3 % de ménages qui n`ont aucun membre adulte qui a complété le secondaire, encore moins le cycle universitaire. Tous les enfants de la femme sont à l`école. Ainsi, il ne semble pas y avoir de discrimination de genre entre les enfants, ni aucune forme de favoritisme des garçons par rapport aux filles. Toutefois, la quasi-totalité des enfants est retardée en matière de scolarisation. On compte 94,1 % qui atteignent le CEP à plus de 12 ans, âge normal pour boucler le cycle primaire.

5..2..2 L`alliimentatiion

L`alimentation des ménages est étudiée par le nombre de repas servis au cours d`une journée et le nombre de fois où le repas principal manque au cours d`un mois.

5..2..2..1 Le nombre de repas serviis par jjour

La majorité des ménages (52,9 %) consomme deux repas quotidiens. Cependant, on compte 32,4 %, presque le tiers des ménages, qui ne servent qu`un seul repas par jour. Ceux qui ont trois repas sont minoritaires. Les propos d`une femme ne pouvant offrir qu`un seul repas à ses enfants sont explicites : «Je n`ai pas un homme dans la maison et j`ai des enfants sans papa. Leur papa est vivant, mais ne s`occupe pas d`eux. Comment puis-je les nourrir? Je n`ai pas un emploi et le petit commerce ne peut pas leur donner à manger25».

25 «Mwen pa gen yon mesye nan kay la epi yon bann timoun nan men ou san papa. Misye la men li pa fà anyen pou yo. Kòman ou vle pou m ba yo manje? Mwen pa gen yon travay ki rapòte ou kòb e ti komès pa ka ba timoun yo manje» (E-05).

91

Tablleau 5..23 Repas journalliiers serviis par lle ménage Nombre de repas/jour Nombre Pourcentage 1 11 32,4 % 2 18 52,9 % 3 5 14,7 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

5..2..2..2 Le nombre de jjours par moiis sans lle repas priinciipall

Un certain nombre de femmes ne parviennent pas à servir ne serait-ce que le repas principal tous les jours du mois. Il y en 29,4 % (10/34) qui l`ont tous les jours. Cependant 50 % (17/34) n`ont pas ce repas quatre jours et plus au cours d`un mois. En moyenne, le repas principal manque 3,85 jours par mois.

Graphiique 5..6 Nombre de jours sans lle repas priinciipall au cours d`un moiis

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Le «nombre de repas servis par jour» est significativement corrélé avec quatre autres variables : le nombre d`enfants présents dans le ménage, le revenu hebdomadaire net de l`AP de la femme, le fait d`avoir une épargne KOFAVAC et le nombre d`enfants à l`école privée à Chansolme. Ces corrélations sont toutes moyennes et positives. Ce qui était prévisible sauf pour les deux corrélations avec le nombre d`enfants. On aurait pensé à une corrélation négative, autrement dit les ménages qui ont un nombre élevé d`enfants serviraient moins de repas par jour. Toutefois, c`est la relation inverse. Plus il y a 92

d`enfants, plus le nombre de repas par jour augmente. Les enfants ne peuvent pas se priver de nourriture selon les propos des femmes26 : «Tout ce que tu possèdes est dépensé

pour la bouche des enfants. La bouche des enfants n`a pas de frein».

Tablleau 5..24 Variiablles en corréllatiion avec «Le nombre de repas par jour» Valeur et signe Niveau de du coefficient Nombre Variables signification de corrélation r d`observations 1. Revenu hebdomadaire net de l`AP de la femme 0,005** 0,516 28 2. Nombre d`enfants à l`école privée 0,011* 0,430 34 3. Nombre d`enfants présent dans le ménage 0,033* 0,367 34 4. A une épargne KOFAVAC 0, 038* 0,357 34 *Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) ** Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral) Source : Résultats des tests sur SPSS à partir de la base de données de l`enquête, 2011

Il appert que le revenu de l`AP des femmes est déterminant dans le nombre de repas servi par jour. Ainsi, les femmes qui gagnent 200 gourdes et moins par semaine servent significativement (t(10)=-2,24 et p=0,049) moins de repas par jour (M.=1,67; É.T.=0,52) que celles qui gagnent entre 1 000 et 1 500 gourdes par semaine (M.=2,33; É.T.=0,52). Il appert aussi que celles qui gagnent entre 250 et 350 gourdes offrent significativement (t(12)=-4,128 et p=0,001) moins de repas par jour (M.=1,25; É.T.=0,46) que celles qui gagnent entre 1 000 et 1 500 gourdes par semaine (M.=2,33; É.T.=0,52). Ainsi, plus le revenu hebdomadaire de la femme est élevé, plus elle est en mesure de mieux nourrir son ménage en lui offrant plus de repas journaliers.

Le degré de possession en actif animal influe sur le nombre de repas servis par jour. Il s`est avéré que les ménages ayant un niveau élevé en actif animal servent significativement (t(21)=3,59 et p=0,002) plus de repas par jour (M.=2,75; É.T.=0,50) que ceux estimés très pauvres (M.=1,58; É.T.=0,61).

Par contre, d`autres variables prédites telles la taille du ménage (nombre total de personnes et nombre d`enfants présents), le degré d`activité des adultes du ménage ainsi que la présence ou non d`un conjoint, n`ont aucun impact sur le nombre de repas servis au cours d`une journée par le ménage.

Un indicateur «Satisfaction du besoin alimentation du ménage» a été créé en combinant les deux variables étudiées «Nombre de jours sans le repas principal par mois et nombre

26 «Tout sa ou genyen se nan bouch timoun li pase. Bouch timoun pa gen fren» (E-12). 93

de repas servis par jour». L`analyse de celle-ci montre que la moitié (17/34) des ménages a un niveau faible et 26,5 % (9/34), très faible d`alimentation. Les ménages des deux catégories supérieures sont peu nombreux.

Graphique 5.7 Satisfaction du besoin «alimentation»

Source : Réalisé à partir des données d el`enquête, 2011

La force et la pertinence de cet indicateur de la pauvreté des ménages ont été testées par des tests de corrélation. Comme c`était prévisible et de manière significative, le degré de satisfaction de ce besoin est fortement et négativement corrélé avec le revenu principal de l`AP de la femme. Le coefficient de corrélation r est de -0,517 et le niveau de signification p de 0,005. Ainsi, plus le revenu de l`AP est faible, moins le degré de satisfaction est élevé.

La «satisfaction du besoin alimentation du ménage» est corrélée significativement et positivement aussi avec «le degré de dotation en actif animal», r=0,375 et p=0,029. Ainsi, plus le degré de dotation en actif animal est élevé, plus le degré de satisfaction alimentaire du ménage est élevé.

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Résumé La situation alimentaire des ménages est précaire. Les trois quarts d`entre eux sont concernés comme le soulignent les données du DSNCRP qui révèlent qu`à peine 9,6 % des chefs de ménage indépendants agricoles disent satisfaire leurs besoins alimentaires

(DSNCRP. Nov. 2007. p. 33).

5..2..3 Le llogement

5..2..3..1 Le sttattutt d``occupattiion

Il y a 47,1 % des ménages qui sont propriétaires de leur maison. Parmi les non propriétaires, il y a des locataires (29,4 %), des résidents d`une maison familiale en indivision (17,6 %) et une minorité qui a droit de jouissance, sous forme de don d`une ONG ou en étant l`hôte d`un ami. Ainsi, les non propriétaires sont majoritaires (52,9 %).

Tablleau 5..25 Statut de jouiissance de ll`habiitat Statut Nombre Pourcentage Propriétaire 16 47,1 % Locataire 10 29,4 % Habitation familiale/en indivision 6 17,6 % Autres 2 5,9 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

En Haïti, le fait de posséder sa maison, qu`elle soit grande ou petite, faite de matériaux peu ou très solides, est un signe de notoriété et de richesse. Cependant, environ 53 % des femmes (18/34) ne sont pas propriétaires de leurs résidences. Parmi les 16 propriétaires, il y a en 11 dont le conjoint est natif de Chansolme.

Une corrélation positive très forte et significative au seuil de p<0,0001 entre le type de propriété de la maison et le lieu de naissance du conjoint de la femme est observée (r=0,696 et p=0,000). Ainsi, on peut affirmer que le ménage dont le conjoint est natif de Chansolme a tendance à habiter sa propre maison.

5..2..3..2 L``éttatt du llogementt

On note que 79,4 % des ménages habitent une maison dont la toiture est en tôle ondulée et 5,9 % (2/34) habitent une maison avec une toiture en chaume. Il n`y a que 14,7 % (5/34) des ménages qui habitent une maison en béton. Or, en Haïti, la possession d`une

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maison avec une toiture en béton est un signe de richesse, à cause d`une part de la solidité en cas d`inondation et de pluies assez fréquentes, et d`autre part, du prix relativement élevé des matériaux fer et ciment par rapport à la tôle ondulée et à la chaume.

Le parquet des maisons est en terre (29,4 %) ou en ciment (70,6 %). Par contre, il n`y a aucune maison en carrelage de mosaïques ou céramiques. Pourtant, en Haïti, habiter une maison avec ce type parquet est un signe de richesse. La grande majorité des murs des maisons sont en bloc de ciment, mais on compte 23,5 % qui sont en bois ou en paille, matériaux moins solides.

Vu la situation, près de la moitié des ménages (48,5 %) estime que leur maison est inachevée. Les ménages qui avouent habiter une maison en mauvais état représentent 69,7 %; ceux qui avancent qu`elle est en très mauvais, 15,2 %. Il n`y a que 6,1 % qui jugent que leur résidence est en excellent état et 9,1 % en bon état.

5..2..3..3 La ttaiilllle du llogementt

Le nombre moyen de pièces par ménage est de trois. Toutefois, on recense 11,8 % de femmes qui résident dans une seule pièce. La grande majorité des ménages (41,1 %) résident dans deux et trois pièces. Toutefois, il y a un groupe important qui réside dans quatre à six pièces.

Tablleau 5..26 Taiilllle du llogement des ménages Nombre de pièces Nombre Pourcentage 1 4 11,8 % 2 -3 16 47,1 % 4-6 14 41,1 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Le nombre de pièces de la maison est significativement et positivement corrélé avec le nombre d`adultes (r=0,597 et p=0,000) et le nombre total de personnes du ménage (r=0,505 et p=0,002). Les corrélations sont fortes. Ainsi, c`est la taille générale du ménage ou sa composition en membres adultes qui conditionnent la taille du logement. Plus le nombre d`adultes et de personnes du ménage est élevé, plus le nombre de pièces augmente.

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5..2..3..4 La densiitté d``occupattiion du llogementt

Le plus grand groupe de ménages a deux personnes par pièce, alors que la superficie des pièces ne dépasse pas le plus souvent 12 m2. Par contre, 47,0 % de ménages ont trois à six personnes dans une même pièce.

Tablleau 5..27 Densiité d`occupatiion du llogement Personnes/pièce Nombre de ménages Pourcentage 1 7 20,6 % 2 11 32,4 % 3 8 23,5 % 4-6 8 23,5 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Toutefois, les tests statistiques n`indiquent aucune corrélation significative entre le mode de jouissance de la maison et sa taille (nombre de pièces), ni non plus entre le nombre de pièces de la maison et le statut matrimonial de la femme ainsi que son niveau de revenu. Ainsi, les propriétaires ne semblent pas avoir une maison plus grande que les autres catégories.

5..2..3..5 L``évalluattiion du llogementt ett lla diiscussiion

L`indicateur synthétique de fréquence créé en combinant les variables liées à l`habitat : «Possède sa maison», «Le matériau du toit est en béton», «Le matériau des murs est en blocs/pierres reliés avec du ciment», «Le matériau du sol est en ciment», «La maison possède au moins trois pièces» et «La densité est de moins de 3 personnes», a permis de mesurer le niveau de richesse des ménages. Quatre niveaux ont été retenus: bon (6 oui/6); moyen (4 oui-5 oui/6); pauvre (2-3 oui/6) et très pauvre (0-1 oui/6).

L`analyse de cet indicateur a permis de classer les ménages en quatre groupes. Les pauvres représentent le plus grand groupe, 44,1 %. Les «bons» sont très minimes. Les deux sous-groupes, «pauvre et très pauvre», constituent 60,0 % des ménages. Les moyens forment un groupe assez important (38,2 %).

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Tablleau 5..28 Niiveau de viie par rapport au llogement Niveau Nombre Pourcentage Bon 2 5,9 % Moyen 13 38,2 % Pauvre 15 44,1 % Très pauvre 4 11,8 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

La pertinence de l`indicateur dans l`identification du niveau de pauvreté relative des femmes, son niveau et le sens de sa corrélation avec plusieurs variables ordinales et d`échelle ont été testés.

Les résultats des tests révèlent une corrélation significative entre le niveau de vie des ménages selon les conditions de logement et quatre autres variables, comme c`était prévisible. Il est corrélé fortement et positivement avec le degré de possession en actifs productifs du ménage. Ainsi, plus le ménage possède d`actifs, plus il semble être bien logé. La note d`appréciation du logement est corrélée fortement et positivement aussi. Ainsi, plus le niveau de logement est élevé, plus la note d`appréciation est forte. De même, le nombre d`enfants du ménage qui sont à l`école à Port-de-Paix ou dans une ville autre, est corrélé moyennement, mais négativement. Dans ce cas, plus le ménage est mal logé, moins il a d`enfants à l`école à l`extérieur de Chansolme. Aussi, plus la femme est de la commune de Chansolme, mieux elle est logée. Les ménages mal logés remboursent plus difficilement leurs prêts. Par contre, le niveau de vie du ménage en termes de logement, n`est pas significativement corrélé avec d`autres variables prédites telles la présence d`un conjoint et son lieu de naissance, ainsi que le statut matrimonial de la femme ou le degré de scolarisation du ménage.

Tablleau 5..29 Variiablles en corréllatiion avec lle «niiveau de viie en termes de llogement» Valeur et signe Niveau de du coefficient de Nombre Variables signification corrélation d`observations 1. Note d`appréciation du logement 0,009** 0,447 33 2. Degré de richesse/pauvreté en actifs productifs 0,009** 0,438 34 3. Arrive à rembourser son prêt 0,045 -0,491 17 4. Nbre d`enfants à l`école à P-de-P ou autre ville 0,013* -0,422 34 5. Lieu de naissance de la femme 0,009** 0,442 34 *Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) **Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral) Source : Résultats des tests de corrélation sur SPSS avec les données de l`enquête, 2011

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Résumé Les conditions de logement des ménages apparaissent aussi hypothétiques que leur situation alimentaire. Les propriétaires représentent moins de la moitié (47,1%) et la majorité d`eux sont les ménages dont le conjoint est natif de Chansolme (11/16). Les ménages qui vivent dans une pièce sont très peu nombreuses (4). Par contre, le mauvais état de la maison, l`exigüité des pièces, la densité d`occupation élevée et l`absence de d`une installation sanitaire (latrine et eau courante) dénotent la mauvaise condition de logement des ménages KOFAVAC.

5..2..4 La santé

Plus de 82,3 % (28/34) des ménages ont confirmé avoir eu au moins un cas de maladie de janvier à juillet 2011 nécessitant un suivi médical ou une hospitalisation.

Tablleau 5..30 Cas de malladiie nécessiitant des soiins d`un centre hospiitalliier Réponse Nombre Pourcentage Oui 28 82,3 % Non 6 17,7 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Même si les cas de maladie nécessitant des soins hospitaliers sont fréquents, cela ne sous- entend pas que les ménages fréquentent automatiquement un centre hospitalier. Cela dépend de plusieurs facteurs. Ainsi, le degré d`utilisation des services de santé diffère d`un ménage à un autre. Plus de la moitié des femmes (53,0 %) fréquente toujours un centre hospitalier en cas de maladie d`un membre du ménage.

Tableau 5.31 Fréquentation d`un centre hospitalier Degré Nombre Pourcentage Rarement 10 29,4 % Souvent 6 17,6 % Toujours 18 53,0 % Total 34 100,0 % Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

L`accès aux soins de santé a été évalué par rapport au degré de fréquentation d`un centre hospitalier en cas de maladie. Le recours «rarement» à un centre de santé est le niveau retenu pour évaluer les ménages. Or, malgré la présence du Centre de santé de Chansolme et la proximité de l`hôpital de Port-de-Paix, il y a environ 30,0% des ménages

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qui affirment avoir recours rarement à un centre hospitalier. En fait, les femmes déplorent les coûts élevés des médicaments et des examens de laboratoire et la mauvaise qualité des services dans les hôpitaux publics. En effet, pour se faire soigner en Haïti, l`accessibilité doit être non seulement physique (présence d`un centre hospitalier), mais elle doit être surtout en termes de disponibilité (présence des agents de santé) et en termes monétaires (possession d`argent pour payer les frais de consultation, les analyses médicales et les médicaments). Ainsi, il est évident que les soins de santé pèsent lourdement sur le ménage à un point tel qu`ils sont considérés le quatrième besoin prioritaire qu`il souhaite satisfaire en cas d`une augmentation de revenu. De plus, l`accès gratuit aux soins de santé, la construction d`un hôpital sont au nombre des actions prioritaires que les femmes souhaitent que l`État haïtien entreprenne pour améliorer les conditions de vie de la population de Chansolme.

Les variables prédites, revenu hebdomadaire de l`AP de la femme, âge et niveau d`études de la femme n`influent pas sur son degré de fréquentation d`un centre hospitalier. Cependant, celui-ci est corrélé significativement et négativement avec la dotation en ressources animales (r=-0,444 et p=0,009). Ainsi, plus le ménage est pauvre en actif animal, moins son degré de fréquentation d`un centre de santé est élevé. En effet, la vente d`un animal est le premier recours d`un ménage en cas d`une difficulté dans la famille, décès, maladie, etc. Par conséquent, l`élevage continue d`assurer sa fonction d`assurance en milieu rural haïtien.

5..2..5 L`eau de boiisson et ll`assaiiniissement

Les ménages ont accès à l`eau de boisson par trois voies différentes. Toutefois, la plus utilisée est l`eau de source (73,5 %). Chansolme est privilégié en eau à cause de plusieurs sources et fontaines publiques qui existent27.

Tablleau 5..32 Source d`approviisiionnement en eau de boiisson Type Effectif Pourcentage Source 25 73,5 % Fontaine publique 1 3,0 % Robinet dans la cour 8 23,5 % Total 34 100,0 % Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

27 «Bondye ban nou dlo Chansòl» (E-10). 100

Les variables prédites, revenu de la femme et degré de possession en actifs n`ont pas d`impact significatif sur la source d`accès à l`eau de boisson.

Si Chansolme est bien coté en eau par rapport à d`autres communes du département «Dieu nous a donné de l`eau à Chansolme»28, la qualité de l`eau est variable. Après chaque pluie, elle devient boueuse. Or, aucun ménage n`a accès à l`eau traitée embouteillée et vendue. Deux usines de traitement d`eau existent à Port-de-Paix. Avant l`apparition de l`épidémie de choléra dans le pays en octobre 2010, tous les ménages buvaient directement l`eau de source ou du robinet. Mais, actuellement ils la traitent avec du chlore. Tous les ménages semblent être au même niveau quant à la qualité de l`eau consommée. Toutefois, la différence se pose par rapport à la distance pour aller chercher l`eau. Ainsi, ceux qui ont un robinet dans leur cour sont privilégiés par rapport à ceux qui ne l`ont pas. Une autre différence se situe par rapport au dosage lors du traitement de l`eau et à la difficulté d`approvisionnement en chlore, car tout bien a un coût.

Presque la moitié 47,1 % (16/34) des ménages habite une maison dépourvue d`une installation sanitaire. Aucun ménage ne dispose d`une toilette hygiénique.

Tablleau 5..33 Possessiion d`une iinstallllatiion saniitaiire Réponse Nombre Pourcentage Oui 18 52,9 % Non 16 47,1 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les femmes qui n`ont pas une latrine tiennent le cyclone Jeanne pour responsable. Les latrines ont été détruites par le cyclone Jeanne en 2004. Depuis, elles n`ont pas les moyens de les reconstruire. Une femme s`est exprimée en ces mots : «Le cyclone a détruit la latrine, mais le propriétaire de la maison ne l`a pas reconstruite». «Je ne peux pas reconstruire la latrine par manque d`argent29». Toutefois, au moment de réaliser l`enquête, l`ONG CARE a lancé un programme d`aide aux ménages de Chansolme pour reconstruire les latrines en fournissant, tôle, ciment, fer, planches et maçon. Le ménage contribue en pierre, eau et au forage. Plusieurs femmes bénéficient de ce projet.

28 Le taux de couverture en eau potable dans le milieu rural est de 46 %. 29 «Se siklòn Jan ki kraze latrin yo. Men mèt kay la poko rekonstwi l».(E-21). «Mwen pa rekonstwi latrin nan akoz lajan» (E-29). 101

La possession d`une latrine n`est pas corrélée significativement avec plusieurs variables prédites, tels le revenu de l`AP de la femme, les événements qui ont conduit à la pauvreté et le type de jouissance de sa maison. Cependant, elle l`est fortement et significativement avec le degré de possession en actif animal (r=-0,505 et p=0,002). Ainsi, plus le ménage est pauvre en actif animal, moins il peut habiter une maison avec une installation sanitaire.

Résumé L`accessibilité à un centre de santé ne représente pas une difficulté majeure pour ménages KOFAVAC. Par contre, la fréquentation se révèle souvent difficile et compromettante à cause des coûts estimés très élevés dans un système où les ménages ne bénéficient d`aucune assurance sociale. Le manque ou l`absence d`une installation sanitaire et la mauvaise qualité de l`eau semblent influer sur la santé des membres du ménage.

5..2..6 Le revenu du ménage

La principale source de revenu du conjoint est l`agriculture et celle de la femme est le petit commerce.

5..2..6..1 Le revenu agriicolle

Les ménages ne comptabilisent pas l`activité agricole. Ainsi, les données sur les revenus de l`agriculture n`ont pas pu être collectées. Toutefois, j`ai pu constater que l`agriculture reste une agriculture d`autoconsommation notamment pour les cultures vivrières. En effet, les femmes estiment que plus de 50,0 % des denrées récoltées sont destinées à l`autoconsommation. Les cultures de rente des ménages sont essentiellement la banane plantain, l`arachide, le taro et l`échalote dont la presque totalité est vendue. De plus, le manque de ressources financières lors de la saison de culture, les problèmes dus aux mauvaises conditions climatiques, particulièrement la sécheresse, les difficultés liées à l`irrigation et à l`accès aux intrants et au crédit agricole, la baisse de fertilité des sols et les pestes et maladies des parcelles, notamment l`infestation par les fourmis depuis 2 ans, sont cités par les femmes comme les principaux facteurs de la baisse de rendements et par

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ricochet du revenu agricole. À ces causes, nous ajoutons la taille très réduite des parcelles exploitées.

5..2..6..2 Le revenu du pettiitt commerce

Le revenu hebdomadaire des femmes de KOFAVAC varie entre moins de 150 à 1 200 gourdes. Parmi les 28 femmes qui ont un petit commerce (82,4 %), il y en a 21,4 % (6/28) qui estiment avoir un revenu net hebdomadaire de moins de 200 gourdes; ce qui signifie un revenu journalier de moins de 28,5 gourdes (environ 0,70 US$ cents). Il y en a aussi 21,4 % qui sont dans la tranche supérieure de 1 000 à 1 500 gourdes.

Graphiique 5..8 Revenu moyen hebdomadaiire net du petiit commerce

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

L`équivalent revenu journalier du petit commerce des femmes est calculé à partir de la moyenne des intervalles des tranches de revenu. Tablleau 5..34 Niiveau de revenu de lla femme Revenu net Revenu Revenu Pourcentage hebdomadaire Revenu moyen journalier en journalier de femmes gourde gourde gourde évalué en US$ 21,4 % ≤ 200 100,00 14,28 0,34 28,6 % 250-350 300,00 42,85 1,02 28,6 % 400-750 575,00 82,14 1,95 21,4 % 1 000-1 500 1 250,00 178,57 4,25 Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

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Ainsi, 21,8 % des femmes ont un revenu de moins de 50 cents par jour ; 28,6 % ont 1 dollar. De plus, plus des trois-quarts des femmes gagnent moins de 2 US$/jr de leur petit commerce. Celles qui ont quatre dollars et quelques cents représentent 21,4 %. Étant donné qu`un faible pourcentage de femmes (23,5 %) effectue une activité secondaire en dehors du petit commerce, on peut comprendre que pour les femmes sans conjoint, ce revenu représente le plus important revenu qu`elles gagnent. Les femmes qui mènent une seconde activité saisonnière (4/34) sont dans la majorité des cas, agente de sensibilisation de la population dans le cadre du choléra, mandataire dans un bureau de vote lors des élections, vendeuse d`eau pour le bétonnage de la rue principale de Chansolme, couturière ou lessiveuse.

Le revenu hebdomadaire net de l`AP de la femme n`est pas corrélé avec la présence d`un conjoint, le statut matrimonial et l`âge de la femme ainsi que son niveau d`études et le nombre de jours par semaine consacré à l`AP.

Un test de T comparant le revenu moyen annuel de l`activité principale des femmes au cas où celles-ci l`exerceraient 52 semaines avec la valeur critère de 22 260 gourdes (revenu monétaire annuel excluant l`autoconsommation et le troc estimé par l`ECVH défini comme seuil de pauvreté en 2001) confirme que ce revenu moyen des femmes qui s`élève à 26 557,14 gourdes n`est pas avérée significativement (t(27)=1,199, p=0,241) différent de 22 260 gourdes. Ainsi, en 2012, alors que l`inflation est à la hausse en Haïti, les femmes ont un revenu annuel égal à celui de 2001. L`indice des prix à la consommation de la fonction «Alimentation, boissons et tabac» en juillet 2011 était de 193,5 par rapport à 173,5 en juillet 2010. La variation annuelle est de 11,5 %. L`indice des prix à la consommation du poste «Loyer du logement, eau, énergie» a augmenté aussi. Il est passé de 193,5 en juillet 2010 à 216,5 en juillet 2011, accusant une variation annuelle de 12%30.

Les résultats des tests de Khi-deux et de corrélation ne révèlent aucune différence significative entre les revenus des femmes selon la présence d`un conjoint.

30 Banque de République d`Haïti. Note mensuelle d`inflation-Juillet 2011. http://www.brh.net/note_inflat0711.pdf 104

5..2..6..3 Les auttres apportts monéttaiires du ménage

Mis à part l`AP de la femme et les revenus agricoles (AP du conjoint) qui n`ont pas pu être estimés ni comptabilisés, les ménages ont deux autres entrées d`argent qui sont les dons sous forme de transferts de l`extérieur et les emprunts d`argent.

De janvier à juillet 2011, 47,1 % des ménages n`ont pas reçu d`argent de l`extérieur. Par contre, 52,9 % en ont reçu de trois pays : la République Dominicaine (1/18), les États- Unis d`Amérique (12/18) et les Bahamas (5/18). Le montant moyen des transferts est de 5 940 gourdes. Le montant minimal est de 1 000 et le maximal est 72 000 gourdes. Il faut relater que la nature de l`expéditeur a un impact sur le montant reçu. Plus l`expéditeur est un proche parent (conjoint, fils/fille, parents, frère/sœur), plus la valeur du transfert est élevée.

Tablleau 5..35 Réceptiion d`un transfert d`argent de ll`extériieur,, de jjanviier à jjuiillllett 2011 Réponse Nombre Pourcentage Non 16 47,1 % Oui 18 52,9 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Parmi les 18 ménages ayant reçu un transfert, il y en a un qui n`a pas précisé le montant reçu. Ainsi, le plus grand groupe de ménages (58,8 %) ont reçu entre 1 000 et 6 000 gourdes. La plus forte somme, 72 000 gourdes, est reçue par une seule femme de son Face à la situation de faiblesse ou d`insuffisance de revenu, les femmes combinent à la fois plusieurs stratégies de survie, dont la plus courante est le recours à l`emprunt. La majorité des femmes (88,2 %) se disent endettées. En effet, telle que prédite, la variable «montant total des transferts reçus de l`extérieur» est corrélée significativement et négativement avec la variable «A emprunté auprès d`un particulier, ami ou parent». Ainsi, plus la femme reçoit un faible montant d`argent de l`extérieur, plus il a recours à l`emprunt. Par contre, le montant total des transferts reçus de l`extérieur, n`est pas corrélé significativement avec d`autres variables analysées, notamment l`accumulation de richesse dans le cheptel et le nombre de jours sans le repas principal dans le ménage.

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Tablleau 5..36 Montant des transferts reçus de ll`extériieur,, de janviier à juiillllet 2011 Montant en gourde Effectif Pourcentage 1 000-2 500 4 23,5 % 2 501-6 000 6 35,3 % 6 001-10 000 2 11,8 % 10 001-25 000 4 23,5 % 72 000 1 5,9 % Total 17 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Tablleau 5..37 Variiablles corréllées avec «lle monttantt ttottall des ttransffertts reçus de ll``exttériieur » Niveau de Valeur et signe Nombre Variables signification de r d`observations 1. A emprunté auprès d`un particulier/ami 0,048* -0,342 34 2. Estimation de la possession en actif animal 0,554 -0,105 34 3. Possède des animaux 0,354 -0,164 34 4. Nombre de jours sans le repas principal 0,227 -0,213 34 * Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) Source : Résultats des tests sur SPSS à partir de la base de données de l`enquête

Tablleau 5..38 L`endettement des ménages Réponse Effectif Pourcentage Non 4 11,8 % Oui 30 88,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les sources d`emprunt varient d`un ménage à un autre et sont diverses. Toutefois, l`emprunt bancaire est très rare, sinon absent, chez les ménages. Le recours à l`emprunt usuraire (2/34) est aussi rare contrairement à ce qu`on pourrait penser. De fait, un seul ménage (2,9 %) a contracté un prêt bancaire et deux (5,9 %), un emprunt usuraire. Un même ménage peut cumuler plusieurs sources. Les trois sources les plus fréquentes sont les particuliers voisins et les petits/gros commerçants, les membres de la famille et les caisses populaires (CP). Les emprunts auprès des CP sont destinés à renforcer le petit commerce, et par conséquent, sont productifs. Les autres permettent surtout de nourrir les enfants, puis de les soigner. Le récit de deux femmes éclaire ce fait.31 «Que veux-tu qu`on fasse. Nous sommes obligées d`avoir recours à des emprunts pour donner à manger aux enfants et les amener à l`hôpital s`ils sont malades»; «Voici comment nous vivons :

31 «Kisa ou vle nou fè, nou oblije prete lajan, pou bay timoun manje epi tou mennen yo lopital si yo malad» (E-03). «Men kijan n ap viv : lè nou fin fè dèt nan achte gode manje pou timoun manje, nou bouche tout pòt kote pou nou frape, nou pa wè kisa pou nou fè ankò» (E-34).

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après avoir emprunté ici et là pour acheter à manger aux enfants, nous avons fermé toutes les portes et nous ne savons plus quoi faire».

Une autre stratégie fréquente est le recours à la vente d`un bien, généralement la literie ou la vaisselle. Il y a 44,1 % des femmes qui l’ont utilisée.

Graphiique 5..9 Sources d`emprunt des femmes

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Voisin/com Famille Caisse Usurier Banque merçant Populaire commerciale Non 56% 79% 79% 94% 97% Oui 44% 21% 21% 6% 3%

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête

Le montant des dettes des femmes varie de 750 à 25 000 gourdes. Les deux plus grands groupes de femmes doivent entre 2 000 à 6 999 gourdes et 15 000 gourdes et plus. Les montants de 10 000 gourdes et plus sont les crédits octroyés par les Caisses populaires. Depuis environ un an, une caisse populaire existe à Chansolme. En comparant le faible revenu annuel net de l`AP des femmes avec le montant des dettes, on se rend compte de la précarité de leur condition de vie.

Le test de T (t(14)=-2,18 et p=0,046) confirme que le montant de la dette des ménages moyennement pourvus en terre est significativement inférieur (M.=3 028,57 gourdes; É.T.=2 082,03 gourdes) à celui des ménages pauvres en terre (M.=9 933,33 gourdes; É.T.=8 100,30 gourdes). Ainsi, moins le ménage est doté en terre, plus il est endetté.

Il appert aussi que le montant de la dette des ménages qui ne possèdent aucun animal est significativement (t(32)=-2,21 et p=0,042) inférieur (M.=3 976,50 gourdes; É.T.=4 998,19 gourdes) à celui des ménages qui en possèdent (M.=8 857,78 gourdes;

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É.T.=7 530,34 gourdes). Il s`avère que les ménages qui ont zéro tête équivalent bovine ont significativement (t(14)=-4,098 et p=0,001) une dette inférieure (M.=3 976,50 gourdes; É.T.=4 998,19 gourdes) que ceux qui ont entre 0,5 et 1 tête équivalent bovine (M.=19 000,00 gourdes; É.T.=2 121,32 gourdes). De même, le montant de la dette des ménages possédant moins d`un quart de tête équivalent bovin est significativement (t(8)=-2,479 et p=0,038) inférieur (M.=3 976,50 gourdes; É.T.=4 998,19 gourdes) à celui des ménages qui ont entre la moitié et une tête équivalent bovin (M.=19 000,00 gourdes; É.T.=2 121,32 gourdes). Ainsi, plus le ménage est pourvu en bétail, plus il est endetté. Généralement en milieu rural haïtien, la possession de biens, notamment des animaux, est une assurance de la capacité de remboursement du débiteur.

D`autres variables prédites, telles la taille du ménage, le nombre d`enfants à l`école, la présence d`un conjoint ou le statut matrimonial de la femme, le niveau d`études et le fait de recevoir un transfert de l`étranger ainsi que le montant reçu, n`ont pas pourtant fait varier significativement le montant de la dette du ménage.

5..2..6..4 L``évalluattiion du revenu ttottall par lles ffemmes

Même si les femmes n`ont pas réussi à estimer le revenu total net de leurs ménages, elles parviennent à l`évaluer. Selon elles, le revenu total net est nettement insuffisant pour qu`il réponde à tous les besoins. Il n`y a qu`une seule femme qui estime que celui-ci peut couvrir tous ses besoins et une autre, 75 % des besoins. La majorité estime qu`il couvre 25 % et moins.

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Graphiique 5..10 Estiimatiion des parts de dépenses nécessaiires couvertes par lle revenu totall net du ménage

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Dans ce contexte, environ le quart des femmes estime que ce sont les transferts d`argent qui suppléent à leur faible revenu. Ainsi, 16,7 % estiment qu`elles parviennent à effectuer la moitié de leurs dépenses grâce aux transferts. La grande majorité des femmes, 55,5 % (10/18) estiment que les transferts aident à effectuer moins du quart des dépenses nécessaires du ménage.

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Graphiique 5..11 Estiimatiion des parts de dépenses nécessaiires couvertes par lles transferts d`argent

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Face à ce faible revenu, les femmes ont estimé le montant d`argent minimal journalier nécessaire pour faire vivre leurs ménages (satisfaction de tous les besoins). La fourchette de ce revenu journalier estimé est de 400 à 2 000 gourdes, environ 10 à 50 US$. La moyenne est de 980,58 gourdes.

En fait, le plus grand groupe de femmes, 38,2 % (13/34) estiment avoir besoin entre 700 et 1 000 gourdes chaque jour pour faire vivre normalement leur ménage. Elles sont suivies par une autre tranche, 23,5 % (9/34) estimant qu`il leur faut entre 1 000 à 1 500 gourdes. Une seule femme estime avoir besoin de 2 000 gourdes.

La borne supérieure du revenu journalier estimé par les femmes qui est de 2 000 gourdes, soit l`équivalent de 50 US$, paraît particulièrement élevée vu le contexte haïtien. Le revenu annuel serait de 18 250 US$. Cependant, un certain nombre de facteurs pourraient expliquer ce fait. On peut relever un certain nombre, tels le coût élevé de la vie particulièrement des produits de première nécessité, particulièrement les aliments, le prix élevé du loyer, le coût élevé de la scolarisation des enfants (peu d`écoles publiques), le

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coût élevé des soins de santé (absence d`assurance santé) et la taille élevée des ménages. Ce montant peut ne pas être surestimé dans la mesure où il doit couvrir tous les besoins du ménage (alimentation, eau, soins de santé, écolage des enfants, habillement, logement, etc.) pour que celui-ci mène une vie décente.

Graphiique 5..12 Estiimatiion du revenu miiniimum journalliier nécessaiire pour faiire viivre normallement lle ménage

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Certains facteurs prévisibles, tels la taille du ménage et le nombre d`adultes semblent influencer le revenu journalier minimum estimé nécessaire pour faire vivre convenablement le ménage. Les résultats du test de T pour observations indépendantes confirment que les ménages de plus petite taille (trois personnes) estiment avoir besoin significativement (t(13)=-2,269 et p=0,041) d`un revenu journalier nécessaire pour les faire vivre normalement plus petit (M.=666,66 gourdes; É.T.=258,19 gourdes) que ceux de 10 personnes et plus (M.=1 163,33 gourdes; É.T.=488,46 gourdes). Il ressort aussi que les ménages constitués d`un à deux adultes estiment avoir besoin significativement (t(14)=-2,353 et p=0,034) d`un revenu journalier minimum moins élevé (M.=920,00 gourdes; É.T.=293,63 gourdes) que ceux d`au moins six adultes (M.=1 361,66 gourdes; É.T.=463,48 gourdes).

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Résumé Même si l`agriculture demeure la principale activité économique des ménage en milieu rural, il existe un petit groupe de ménages KOFAVAC (4/34) qui ne la pratique. L`agriculture associée au petit commerce de détail représentent les deux principales sources de revenu interne du ménage. L`absence de comptabilité de l`activité agricole par les ménages n`a pas permis d`évaluer les revenus associés à celle-ci. Toutefois, vu la faible taille des parcelles cultivées et les conditions difficiles de leur mise en valeur, on peut affirmer que les revenus obtenus sont très faibles. Il en est de même du revenu du petit commerce, activité menée par la majorité des femmes. Ce fait est confirmé par les femmes qui attestent que la totalité leur revenu ne leur permet pas de couvrir tous les besoins les revenus du ménage. En effet, ce sont les transferts d`argent qui aident la plupart des ménages, bien que plus de la moitié affirment ne pas en recevoir. Face à cette situation, la totalité des ménages KOFAVAC ont du recourir à l`emprunt. Ainsi, la quasi-totalité des femmes sont endettées. La satisfaction de tous les besoins du ménage nécessite un montant journalier variant de 400 à 2 000 gourdes selon les femmes. Considérant le contexte haïtien, le revenu journalier de 2 000 gourdes (50 US$/jr) paraît exorbitant. Cependant, vu le coût élevé de la vie en Haïti et la taille élevé des ménages, cette somme pourrait révéler un certain réalisme des femmes, une aspiration profonde à mener une vie décente et un désir légitime de briser réellement le joug de la pauvreté.

5..3 LES PRINCIPALES DÉPENSES DES MÉNAGES

Deux des principales dépenses de consommation du ménage ont été étudiées : l`alimentation du ménage et la scolarisation des enfants.

5..3..1 Les dépenses d`alliimentatiion du ménage

Les ménages ne comptabilisent pas leurs dépenses alimentaires ni les denrées agricoles autoconsommées. Dans ce contexte, les dépenses d`alimentation ont été étudiées à partir d`une estimation de la femme au cas où elle devrait acheter tous les ingrédients en vue d`offrir les trois repas à son ménage. Le tableau suivant résume les montants nécessaires estimés par les femmes.

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Tablleau 5..39 Montant nécessaiire estiimé en gourde pour lles repas//jour//ménage Stattiisttiiques Pettiitt déjjeuner Repas priinciipall Souper Troiis repas Moyenne 236,0 459,4 149,4 845,0 Médiane 200,0 460,0 137,5 800,0 Minimum 100,0 250,0 75,0 450,0 Maximum 750,0 1 000,0 250,0 2 000,0 Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Le montant moyen nécessaire pour servir le petit déjeuner par jour et par ménage est 236 gourdes. Or, 21,4 % des femmes estiment avoir un avoir un revenu hebdomadaire net de moins de 200 gourdes.

Tablleau 5..40 Montant nécessaiire estiimé pour serviir lle petiit déjeuner//jour//ménage Montant en gourde Nombre Pourcentage 100-200 18 52,9 % 201-400 13 38,2 % 401-600 2 5,9 % >600 1 2,9 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

En ce qui a trait au repas principal, le plus important en quantité et en qualité de la journée, le montant moyen nécessaire par jour et par ménage est de 459 gourdes. On comte 85,3 % (29/34) des femmes qui estiment que 250 à 550 gourdes leur sont nécessaires. Par contre, 11,8 % estiment qu`il leur faut plus de 700 gourdes.

Tablleau 5..41 Montant nécessaiire estiimé pour serviir lle repas priinciipall//jour//ménage Montant en gourde Nombre Pourcentage 250-400 16 47,1 % 401-550 13 38,2 % 551-700 1 2,9 % >700 4 11,8 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Le montant moyen nécessaire pour le souper est estimé à 149 gourdes. Or, les femmes qui estiment avoir besoin de plus de 150 gourdes pour ce repas représentent 29,4 %.

Tablleau 5..42 Montant nécessaiire estiimé pour serviir lle souper//jour//ménage Montant en gourde Nombre Pourcentage 75-100 9 26,5 % 101-125 8 23,5 % 126-150 7 20,6 % >150 10 29,4 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

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L`évaluation des dépenses alimentaires est réalisée avec la variable «Montant total estimé pour les trois repas journaliers par ménage». La moyenne nécessaire est de 845 gourdes. Or, 78,6 % des femmes ont un revenu hebdomadaire de leur activité principale de moins de 750 gourdes. Le plus grand groupe de ménages (32,4 %) estime nécessaire entre 750 et 900 gourdes pour les trois repas. 23,5 % estiment nécessaire plus de 900 gourdes.

Tablleau 5..43 Montant nécessaiire estiimé pour lles troiis repas//jour//ménage Montant en gourde Nombre Pourcentage 450-550 7 20,6 % 551-750 8 23,5 % 751-900 11 32,4 % 901-1050 3 8,8 % >1050 5 14,7 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Le montant moyen des trois repas par personne et par jour a été calculé. Il varie de 64 à 330 gourdes. La moyenne est de 143,62 gourdes. Mais plus du tiers des ménages (38,2 %) estime avoir besoin de plus de 150 gourdes par personne par jour pour les trois repas.

Tablleau 5..44 Montant nécessaiire estiimé pour lles troiis repas//jour//personne Montant en gourde Nombre Pourcentage ≤ 75 5 14,7 % 76-100 7 20,6 % 101-125 5 14,7 % 126-150 4 11,8 % >150 13 38,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Telles que prédites, la taille du ménage sous ses différentes facettes (nombre total de personnes, nombre total d`enfants et nombre d`enfants à l`école) et le revenu hebdomadaire de l`AP de la femme sont corrélés positivement et significativement. Ainsi, plus la taille du ménage est grande et plus il y a d`enfants, plus l`argent estimé nécessaire pour fournir les trois repas est élevé. De même, plus la femme a un haut revenu, plus elle estime avoir besoin d`argent pour procurer à manger quotidiennement à son ménage.

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Tablleau 5..45 Variiablles corréllées avec «ll`argent pour lles troiis repas//jour//ménage» Valeur et signe Niveau de du coefficient Nombre Variables signification de corrélation r d`observations 1. Revenu hebdomadaire net de l`AP de la femme 0,007** 0,499 28 2. Nombre d`enfants du ménage qui sont à l`école 0,007** 0,456 34 3. Nombre d`enfants présents dans le ménage 0,011* 0,428 34 4. Nombre total de personnes du ménage 0,015* 0,415 34 * Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) ** Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral) Source : Résultats des tests sur SPSS à partir de la base de données de l`enquête

Le revenu moyen net hebdomadaire de l`AP de la femme, le petit commerce, est comparé au montant moyen d`argent estimé par la femme nécessaire pour procurer les trois repas journaliers au ménage (845 gourdes). Le résultat du test de T atteste significativement (p=0,000) que le revenu net hebdomadaire de l`AP de la femme est inférieur au montant journalier moyen estimé par la femme nécessaire pour servir les trois repas au ménage. Ainsi, le revenu net hebdomadaire de la femme ne peut même pas offrir les trois repas à son ménage, ne serait-ce qu`un seul jour.

5..3..2 Les dépenses de scollariisatiion des enfants

Les frais moyens annuels de scolarisation d`un enfant, incluant les frais obligatoires et l`écolage quand c`est le cas, varient de 300 à 7 820 gourdes selon les ménages. Le coût moyen est de 1 564 gourdes. La majorité des ménages (62,1 %), dépensent entre 1 000 et 2 000 gourdes. Les ménages qui vont au-delà de 2 000 gourdes ne sont que deux.

Tablleau 5..46 Fraiis annuells moyens de scollariisatiion d`un enfant par ménage Montant en gourde Nombre Pourcentage 300-500 5 17,2 % 501-1 000 4 13,8 % 1 001-2 000 18 62,1 % 2001-5 000 1 3,4 % >5 000 1 3,4 % Total 29 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Toutefois, il est important de relater que le coût annuel de scolarisation d`un enfant dépend du type et du lieu de l`école fréquentée. En effet, les frais scolaires des écoles nationales sont les plus faibles, mais uniformes. Par contre, ceux des établissements privés varient d`une école à une autre. Pour une même classe, ces frais peuvent être

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jusqu`à cinq fois plus élevés que ceux de l`école publique à Chansolme, selon les données collectées.

En ce qui a trait à la scolarisation d`un enfant, il n`y a pas que les frais obligatoires, mais aussi les dépenses en fournitures scolaires, uniforme et sac d`école. La moyenne annuelle de ces frais, 2 333 gourdes, est 1,5 fois plus élevée que celle d`écolage. Variant de 733 à 6 200 gourdes, en les additionnant aux frais de scolarité, le coût annuel total de scolarisation d`un enfant varie de 1 033 à 14 020 gourdes. Le plus grand groupe de femmes (44,8 %) dépensent entre 3 000 et 4 500 gourdes pour une année de scolarité d`un enfant.

Tablleau 5..47 Dépense annuelllle moyenne totalle de scollariisatiion d`un enfant Tranche d`argent en gourdes Nombre Pourcentage 1 000-2 999 8 27,6 % 3 000-4 500 13 44,8 % 4 501-8 300 7 24,1 % >8 300 1 3,4 % Total 29 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Ainsi, compte tenu du nombre d`enfants à l`école par ménage, la dépense totale pour scolariser tous les enfants au cours de l`année académique 2010-2011, paraît élevée. Elle varie de 2 750 à 70 100 gourdes. La moyenne est de 11 611 gourdes. Il y a 72,4 % des ménages qui sont en dessous de cette moyenne. Les autres sont au-dessus. Un unique ménage dépense plus de 20 000 gourdes. Il s`agit d`un cas isolé.

Tablleau 5..48 Dépense annuelllle totalle de scollariisatiion des enfants quii sont à ll`écolle Argent en gourdes Nombre Pourcentage 2 750-5 000 4 13,8 % 5 001-7 500 6 20,7 % 7 501-10 000 8 27,6 % 10 001-15 000 7 24,1 % 15 000-20 000 3 10,3 % >20 000 1 3,4 % Total 29 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les moyennes des dépenses entre les ménages ont été comparées avec plusieurs variables prédites. Il appert que le niveau de scolarisation de la femme influence ses dépenses annuelles pour scolariser un enfant. Il s`est avéré que les femmes qui n`ont pas été

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scolarisées dépensent significativement (t(12)=-2,369 et p=0,035) en moyenne moins d`argent (M.=2 921,97 gourdes; É.T.=987,28 gourdes) pour payer une année de scolarité d`un enfant que celles qui ont leur CEP ((M.=4 121,39 gourdes; É.T.=863,02 gourdes). Ainsi, plus le niveau d`éducation de la femme est élevé, plus elle dépense pour scolariser ses enfants.

Le nombre d`enfants de la femme influe aussi sur ses dépenses pour les scolariser. Il appert que les femmes qui ont trois ou quatre enfants dépensent significativement (t(8)=2,665; p=0,029) en moyenne plus d`argent (M.=3 891,61 gourdes; É.T.=835,33 gourdes) pour scolariser un enfant que celles qui ont sept à neuf enfants (M.=2 731,45 gourdes; É.T.=224,10 gourdes). Ainsi, moins la femme a d`enfants, plus elles dépensent pour scolariser un enfant, ce qui était attendu.

La dotation en terre a aussi un impact. Il appert que les ménages plus riches en terre dépensent significativement (t(13)=2,397 et p=0,032) plus pour la scolarisation d`un enfant (M.=8 610,00 gourdes; É.T.=7 650,89 gourdes), que ceux jugés très pauvres en actif terre (M.=3 740,00 gourdes; É.T.=1 694,11 gourdes). Par contre, le revenu de l`AP de la femme, comme on l`a prédit, n`a aucun impact sur les dépenses pour la scolarisation d`un enfant.

La «dépense moyenne de scolarisation d`un enfant du ménage» est significativement et négativement corrélée avec le «niveau de vie par rapport au logement» (r=-0,386 et p=0,038). Ainsi, plus le niveau de vie par rapport au logement est faible, plus la dépense moyenne de scolarisation d`un enfant est faible.

Résumé Les deux principales dépenses des ménages KOFAVAC sont celles d`alimentation et de scolarisation des enfants. Le montant moyen estimé capable de procurer au ménage les trois repas journaliers est de 845 gourdes (21 US$). Or, en 2001, on estimait qu’environ 6,2 millions d’haïtiens vivaient en dessous de la ligne de pauvreté générale de 2 US$/ jour (ECVH. 2001). Ce fait permet de comprendre combien les besoins alimentaires des ménages KOFAVAC sont loin d’être satisfaits d’autant plus que le revenu hebdomadaire net du petit commerce, principale activité génératrice de revenu, varie de 150 à 1 200 gourdes. Le coût annuel total de scolarisation d’un enfant est aussi élevé pour les

117

ménages et le plus grand groupe de ménages estiment avoir besoin de 3 000 à 4 500 gourdes. La scolarisation peut devenir une charge très pesante pour un ménage comptant plusieurs enfants. Rappelons que 42,1 % des femmes KOFAVAC ont 3-4 enfants et 20,6 % davantage.

5..4 LA SYNTHÈSE DU CHAPITRE

Cette première partie de l`analyse des résultats nous a permis de répondre à la première question de la recherche : comment dégager les déterminants de la pauvreté chez les femmes KOFAVAC ? Il ressort clairement que la pauvreté qui touche à la vie des ménages KOFAVAC est influencée par un ensemble de déterminants socioéconomiques retrouvés par les études réalisées en Haïti. Par contre, nous avons identifié aussi deux autres facteurs explicatifs de la pauvreté des ménages KOFAVAC, la présence d`un conjoint au sein du ménage et le statut matrimonial de la femme ainsi que le lieu de naissance de la femme et du conjoint, qui n`ont pas été relatés par ces études. Toutefois, l`une des trois études revues, a relaté que les ménages les plus pauvres en milieu urbain sont ceux dont le principal apporteur est une femme (CCI-Haïti. 2003). Le fait de spécifier cela ne signifie pas pour autant que la femme vit seule ou n`a pas de conjoint.

118

CHAPITRE VI.. ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS : Les perceptiions des ménages sur lla pauvreté et ll`iimpact de lla stratégiie KOFAVAC

Dans cette deuxième partie de l`analyse des résultats de l`étude, nous présentons les résultats de leurs perceptions de la pauvreté et l`analyse de l`impact de KOFAVAC sur les conditions de vie de ses membres.

6..1 L``ÉTUDE DES PERCEPTIONS DES FEMMES

Notre étude essaie non seulement de dégager les déterminants de la pauvreté chez les femmes, mais aussi de saisir les mots avec lesquels ces dernières expriment leurs situations. Ainsi, cette section présente l`analyse des perceptions des femmes sur la pauvreté/la richesse, leurs conditions de vie et les stratégies qu`elles pensent prioritaires en vue d`une amélioration de leurs conditions de vie.

6..1..1 La perceptiion de lla riichesse

Les femmes ont leur propre perception de la richesse. La synthèse des réponses aux trois principaux signes perçus de la richesse présentée au tableau suivant éclaire ce fait.

Tablleau 6..1 Siignes de lla riichesse perçus par lles femmes Activité Possède sa Possède beaucoup Peut satisfaire ses rapportant de maison, grande de terre et des besoins et ceux l`argent et bien meublée animaux de sa famille Signe N Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % 1er 34 19 55,9 % 7 20,6 % 5 14,7 % 0 0,0 % 2e 34 5 14,7 % 10 29,4 % 1 2,9 % 15 44,1 % 3e 34 4 11,8 % 4 11,8 % 4 11,8 % 17 50,0 % Total 28 82,4 % 21 61,8 % 9 29,4 % 35 94,1 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Ainsi, dès la première réponse, les femmes (55,9 %) perçoivent que le premier signe de la richesse est le fait d`avoir une activité, un emploi qui rapporte de l`argent capable de satisfaire adéquatement tous les besoins du ménage. Ainsi, selon ces femmes, l`emploi est premier, car il permet de gagner de l`argent, nécessaire pour vivre32 : «… Dans ce pays, si tu n`as pas d`argent, tu ne peux pas vivre et tu n`es rien». Puis, les réponses aux deux autres signes, placent la satisfaction adéquate de tous les besoins (alimentation,

32 «Si ou pa gen lajan nan peyi sa, ou pa ka viv e ou pa anyen»(E-29). 119

scolarisation, habillement, santé), et la possession d`actifs productifs (terre et animaux) aux premiers rangs. La possession de sa maison se détache des besoins à satisfaire pour constituer une catégorie distincte. Toutefois, il convient de relater que d`autres signes de richesse sont perçus aussi, même si ce n`est que par une seule femme : possession d`une voiture (1/34), a des parents à l`étranger (1/34) et peut voyager à l`étranger (1/34). Il est reconnu normal qu`une fois les besoins essentiels satisfaits, on accorde la priorité à d`autres besoins.

Graphiique 6..1 Priinciipaux siignes de riichesse perçus 60%

50%

40%

30%

20%

10%

0% Premier Second Troisième

Activité rapportant de l`argent Possession de sa maison Possession de terre et d`animaux Satisfaction de tous ses besoins

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

6..1..2 La perceptiion de lla pauvreté

Les réponses des femmes sur les «Signes perçus de la pauvreté» sont très claires. Relatées dans les trois groupes de signes, ce sont : l`impossibilité de satisfaire ses besoins, la non possession de sa maison et le fait de ne pas avoir un emploi. Une femme s`est exprimée en ces termes : «Quand tu ne peux pas manger, ni envoyer tes enfants à l`école ou les vêtir ou encore les soigner, n`es-tu pas un pauvre?33». Toutefois, il y a d`autres signes de la pauvreté perçus aussi : être orphelin (2/34), le manque de considération aux yeux de la société (2/34) et le manque ou l`absence de terres agricoles (2/34) et le fait de ne pas avoir un membre de sa famille à l`étranger (2/34). Ainsi, ne pas avoir un membre de la

33 «Lè ou pa manje, ou pa ka voye pitit ou lekòl, ou pa ka abiye pitit ou epi ou pa ka ale lopital lè ou malad, eske se pa yon pòv malere ou ye?» (E-12). 120

famille à l`étranger est un signe de pauvreté : «Oh! Tu n`as personne à l`étranger qui te tend la main34». Les principaux signes de la pauvreté perçus par les femmes sont illustrés par le graphique 4.14.

Graphiique 6..2 Priinciipaux siignes de pauvreté perçus 80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0% Premier Second Troisième

Ne peut pas subvenir à ses besoins Ne possède pas sa maison Ne travaille pas

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Le principal signe de pauvreté perçu par les femmes est surtout et avant tout l`insatisfaction des besoins (tous les besoins en général), puis la possession de sa maison. Cette perception corrobore tout à fait l`approche non monétaire de la pauvreté axée sur l`insatisfaction des besoins essentiels. Ensuite, vient l`un des moyens capables d`aider à se procurer de l`argent, l`emploi qui certainement permettra d`accéder aux biens et de satisfaire les besoins (approche monétaire). Le manque de considération évoqué par seulement deux femmes (5,8 %), en relation avec la dimension sociale de la pauvreté, où tout être humain a le désir d`être reconnu et intégré au sein de sa communauté, surprend un peu. Peut-on penser que les femmes, trop préoccupées par les besoins essentiels à satisfaire et les soucis de la vie ordinaire, n`accordent pas la priorité à l`intégration ou à la reconnaissance sociale ? Est-ce qu`au sein d`une société, d`une catégorie sociale et d`un pays différents, l`intérêt pour la reconnaissance sociale serait plus grand ou plus

34 «Adje! Ou pa gen pèsonn ki nan peyi etranje k ap lonje men ba ou» (E-9). 121

important? Pourtant, cet élément s`inscrit dans la ligne de la dimension sociale de la pauvreté dont le PNUD est l`instigateur.

Résumé La femme KOFAVAC classe le fait de mener une activité rapportant de l`argent comme le premier signe de richesse perçu. Le second est la possession de sa maison d`habitation. Par contre, la possession de terre et d`animaux est relayée à un niveau inférieur tant pour les signes de richesse que ceux de pauvreté perçus. Or, jadis en milieu rural haïtien, la possession de terre et d`animaux était considérée comme un signe majeur de richesse. Il y a un lien assez fort entre les signes de richesse et de pauvreté au point que les trois principaux signes de pauvreté perçus (ne peut pas subvenir à ses besoins, ne pas posséder sa maison et ne pas avoir un emploi) sont inclus, mais sous la forme affirmative, dans l`ensemble des principaux signes de la richesse (satisfaction de tous ses besoins, avoir un emploi, une activité rapportant de l`argent, posséder sa maison, posséder beaucoup de terre et d`animaux). Ainsi, selon la perception des femmes, la pauvreté est l`inverse de la richesse et vice-versa.

6..1..3 La perceptiion de lla femme de sa propre siituatiion

Après avoir caractérisé les ménages et évalué leur niveau de pauvreté à partir des données sociodémographiques et économiques, leurs perceptions sur leur situation de vie ont été analysées. Aucune des femmes ne se classe au rang des riches. La majorité (76,5 %) croit qu`elles sont plutôt pauvres. Il y aussi 11,7 % (4/34) qui estiment qu`elles sont parmi les très pauvres. Celles qui affirment faire partie de la classe moyenne, ne sont que 11,7 %. De cette manière, ce sont 90,0 % des femmes qui affirment être soit pauvres ou très pauvres.

Il existe une corrélation linéaire positive et forte (r=0,456 et p=0,007) entre la perception de la femme de sa situation et le nombre de jours sans le repas principal au cours d`un mois. Ainsi, moins le ménage peut se procurer le repas principal au cours d`un mois, plus la femme pense être dans une situation de pauvreté. Les propos d`une des femmes

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traduisent bien ce fait : «Oh! Je ne peux pas compter le nombre de jours où je n`ai pas mis la poêle sur le feu car la situation est difficile 35».

La perception de la femme de sa situation est corrélée positivement et significativement (r=0,396 et p=0,021) avec la variable prédite, «niveau de satisfaction du besoin alimentation». On peut conclure que plus le niveau de satisfaction du besoin «alimentation» est faible, plus le ménage perçoit négativement sa situation et se classe parmi les pauvres. Ainsi pour la femme KOFAVAC, le principal indice de pauvreté est l`incapacité de subvenir à ses besoins, notamment de nourrir sa famille.

Toutefois, la perception de la femme de sa situation n`est pas corrélée significativement avec le niveau d`études de la femme, le fait d`avoir un conjoint, le type d`activité économique mené ainsi que son statut matrimonial. Elle ne l`est pas non plus avec des variables prédites en rapport avec la taille du ménage (le nombre total de personnes, le nombre d`enfants du ménage et de la femme), la dotation en terre et animaux et le revenu de l`AP de la femme.

Or, selon les femmes, cette situation de pauvreté dans laquelle elles se trouvent est due à des causes particulières. Les 30 femmes qui se considèrent soit pauvres ou très pauvres évoquent quatre causes majeures qui les ont enfoncées dans la pauvreté: l`absence d`emplois à Chansolme, le cyclone Jeanne en 2004, le trop grand nombre d`enfants et les frais de scolarité trop élevés. Ces causes sont évoquées à la fois dans les trois questions posées. D`autres, telles les cas de maladie, la rupture avec le conjoint, la naissance dans une famille pauvre, la mort des parents et l`irresponsabilité de l`État sont aussi avancées au plus par trois femmes.

Tablleau 6..2 Priinciipalles causes ayant conduiit à lla pauvreté Manque/absence Cyclone Jeanne Trop d`enfants Frais de scolarité d`emplois en 2004 dans le ménage trop élevés Cause N Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % 1ère 34 8 26,7 % 9 30,0 % 5 16,7 % 0 0,0 % 2e 34 9 30,0 % 6 20,0 % 1 3,3 % 4 13,3 % 3e 34 6 20,0 % 5 16,7 % 1 3,3 % 0 0,0 % Total 23 76,7 % 20 66,7 % 7 29,4 % 4 13,3 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

35 «Woy! Mwen pa ka konte jou nou dife pa limen nan kay la paske bagay yo rèd» (E-01). 123

Les causes ou événements majeurs qui ont conduit à la pauvreté sont aussi en relation avec deux des quatre actions prioritaires que l`État devrait mener à Chansolme pour améliorer les conditions de vie de la population, la création d`emploi et la scolarité gratuite. Toutefois, il semblerait que le cyclone Jeanne qui a eu lieu, il y a sept ans, a fortement contribué à faire basculer les femmes dans la misère. Il avait causé d’importantes pertes en vies humaines et biens matériels : maisons démolies, plantations détruites, bétail emporté, système d’irrigation très endommagé. Les femmes en parlent comme si c`était hier : «J`ai tout perdu pendant le cyclone et jusqu`à présent, je ne peux même acheter mon lit car je l`avais perdu36».

6..1..4 La perceptiion de lla femme de son aveniir

Environ 50 % (17/34) pensent que leur situation de pauvreté s`améliorera dans les cinq prochaines années. Celles qui pensent que la situation de leurs ménages s`aggravera sont peu nombreuses (3/34) : «Je crois que la situation s`empirera car mon mari a trop d`enfants et deux foyers37». Par contre, le plus grand groupe de femmes (12/34) affirment ne pas savoir de quoi sera fait l`avenir de leurs ménages. Toutefois, qu`il s`agisse des femmes qui pensent que leur situation s`améliorera ou de celles qui ne peuvent pas prédire l`avenir, toutes comptent sur Dieu qui est Tout-Puissant et qui peut changer leur situation. Elles sont très positives et optimistes, convaincues que Dieu est le Maître de l`histoire. C`est cet appui sur Dieu qui conduit ces femmes à espérer contre toute espérance : «Nous croyons que notre situation sera meilleure, elle s`améliorera de toutes façons car nous sommes des enfants de Dieu». «Nous ne pouvons pas savoir comment sera notre situation parce que Dieu est bon. Nous comptons sur Lui38».

36 «Mwen pèdi tout sa m te genyen et jis kounye a mwen poko ka achete yon bon kabann pou m kouche. Sa m te genyen an mwen te pèdi l» (E-02). 37 «Mwen kwè bagay yo ap vin pi rèd paske mesye a gen twòp pitit epi responsab de kay» (E-22). 38 «Nou kwè bagay yo ap vin pi bon, l`ap amelyore kan menm paske se pitit Bondye nou ye» (E-28). Une autre : «Nou pa kapab di kijan sitiyasyon n`ap ye paske Bondye bon. Nou konte sou li» (E-11). 124

Graphiique 6..3 Perceptiion de lla femme de son aveniir

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Malgré cette confiance dans la Toute-puissance de Dieu qui peut changer positivement la situation, la «Perception de la femme de son avenir» est corrélée significativement et positivement avec le mode de propriété de l`habitat (r=0,478 et p=0.004), et le nombre d`adultes du ménage ayant appris une profession (r=0,347 et p=0,044). Plus la femme est propriétaire de son logement, plus elle pense que sa situation de pauvreté s`améliorera. De même, plus il y a de personnes au sein du ménage ayant appris une profession, plus la femme pense que sa situation de pauvreté s`améliorera. Ainsi, les variables corrélées à la perception de la femme de son avenir sont le mode de propriété du logement et le nombre de personnes sans profession et qui du coup, n`apportent aucun revenu au ménage. La perception de l`avenir n`est pas corrélée significativement avec aucune autre variable prédite, le nombre d`enfants qui sont à l`école, l`âge moyen des enfants et la possession d`actifs terre et animaux. Or, en Haïti, la tendance est de compter surtout sur les enfants pour l`amélioration future des conditions de vie de la famille. Les enfants sont les biens du malheureux, aime-t-on répéter.

Pour la quasi-totalité des femmes (32/34), l`avenir dépend aussi du renforcement du petit commerce. Quant aux deux autres, l`une pense que l`ouverture d`un restaurant peut grandement contribuer à améliorer la situation de son ménage et l`autre pense qu`un

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investissement dans l`élevage serait un bon moyen d`avoir de l`argent pour faire vivre sa famille. Ainsi, en dehors du petit commerce, il n`y a pas d`espoir. Cette quête de nouvelles conditions de vie peut-elle reposer uniquement sur le petit commerce de produits importés à 90 % ou la création d`emplois verrait-elle le jour en Haïti?

6..1..5 Les actiions priioriitaiires de ll`État à Chansollme

Les réponses des femmes à cette question sont diverses. Toutefois, elles se recoupent. En effet, selon les femmes, la création d`emplois, la scolarité, sous une forme ou une autre (scolarité gratuite, ouverture des classes du secondaire et d`une école professionnelle), la baisse du coût de la vie (baisse à proprement parler ou ouverture de magasins à bas prix pour les plus pauvres), les soins de santé gratuits devraient être les priorités de l`État à Chansolme. Toutefois, elles ont mentionné une autre action aussi bien nécessaire : l`aide à la construction ou la construction de logements sociaux (2/34).

Tablleau 6..3 Actiions priioriitaiires de ll`État pour lla commune de Chansollme Création Scolarisation Baisse du coût Soins de santé Prêts aux d`emplois gratuite de la vie assurance santé femmes Action N Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % 1ère 34 13 38,2 % 8 23,5 % 7 20,6 % 1 2,9 % 0 0,0 % 2e 32 8 25,0 % 14 43,8 % 6 18,8 % 1 2,9 % 2 6,2 % 3e 28 7 20,6 % 4 14,3 % 0 0,0 % 9 32,1 % 4 14,3 % Total 28 83,8 % 26 81,6 % 13 39,4 % 4 37,9 % 6 20,5 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les résultats des tests statistiques n`indiquent aucune corrélation significative de la variable «actions prioritaires de l`État» avec l`âge de la femme. Elle n`est pas non plus corrélée avec les variables prédites de dotation du ménage en actifs terre et animal.

Par contre, le premier groupe d`actions est corrélé significativement et négativement avec son niveau d`éducation (r=-0,372 et p=0,030) et avec le revenu journalier minimum estimé capable de faire vivre le ménage (r=-0,343 et p=0,047). Le second groupe d`actions est corrélé significativement avec la taille du ménage (r=0,348 et p=0,033) et le nombre de personnes inactives (0,474 et p=0,006).

Ainsi, la taille du ménage et le nombre de personnes inactives influent vraiment sur la vie du ménage et sur ses priorités et ses choix. Avoir une famille nombreuse et des membres qui n`apportent rien représentent un poids pour les femmes. Par conséquent, conscientes

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de la situation, elles pensent que le mieux que l`État haïtien puisse faire est la création d`emplois ou des prêts permettant de démarrer une petite entreprise, l`aide à la scolarisation des enfants et pour les soins de santé et la baisse du coût de la vie, surtout des produits alimentaires et de première nécessité.

Tablleau 6..4 Priioriité des ménages en cas d`une augmentatiion de revenu Logement Scolarisation Alimentation Soins de santé Besoin N Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % 1er 34 23 67,6 % 2 5,9 % 9 26,5 % 0 0,0 % 2e 34 3 8,8 % 15 44,1 % 3 8,8 % 6 17,6 % 3e 34 2 5,9 % 5 14,7 % 7 20,6 % 9 26,5 % Total 28 82,3 % 22 64,7 % 19 55,9 % 15 44,1 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Résumé Les trois quarts des femmes KOFAVAC (76,5 %) affirment qu`elles sont pauvres. On a observé à la fois une certaine incertitude et un certain optimisme quant à l`amélioration future de leurs conditions de pauvreté. Il y a 35 % des femmes qui ne savent pas si leur situation future se dégradera ou non et 50% qui croient qu’elle s’améliorera. Aussi, les femmes mentionnent que la création d`emplois, la scolarité et la baisse du coût de la vie devraient être les priorités de l`État à Chansolme pour une amélioration du niveau de vie. Bien qu`il n`existe pas de corrélation significative des actions prioritaires à entreprendre par l`État haïtien dans la commune de Chansolme avec les signes de richesse, il reste que le fait d`avoir un emploi stable ou de mener une activité rentable représente le second signe de richesse (82,4 %) perçu par les femmes, succédant à la capacité de satisfaire tous les besoins du ménage. De même, il y a un lien avec la première cause de la pauvreté qui est le manque d`emploi, Ainsi, en cas d`une augmentation de revenu, les femmes estiment par ordre de priorité, qu`elles chercheraient à satisfaire les besoins suivants : le logement (82,3 %), la scolarisation (64,7 %), l`alimentation (59,9 %) et les soins de santé (44,1 %).

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6..2 L``ANALYSE DE L``IMPACT DE KOFAVAC

Une des questions de l`étude est de vérifier l`impact de KOFAVAC sur les conditions de vie des femmes et de leurs ménages. Afin d`y parvenir, nous avons procédé d`abord à l`analyse de la satisfaction des femmes, puis à celle de l`impact de KOFAVAC proprement dit sous divers aspects : amélioration des besoins, résistance à la pauvreté, possibilité d`épargner, investissement et intégration sociale. Ensuite, la défaillance des femmes dans le système crédit/épargne est étudiée. En dernier lieu, nous avons étudié les propositions d`actions concrètes formulées tant par les femmes que par les personnes appuyant

KOFAVAC et les notables, pour que KOFAVAC parvienne à mieux remplir sa mission : améliorer les conditions de vie de ses membres.

6..2..1 La satiisfactiion des femmes

Sur la période d`octobre à mars 2011 (24 semaines), le bénéfice total par femme - de participer à KOFAVAC - est de 1 800 gourdes, soit l`équivalent d`un revenu hebdomadaire de 75 gourdes. À la question relative au degré de satisfaction par rapport à KOFAVAC, 61,7 % (21/34) des femmes affirment que la contribution est faible contre 32,3 % (11/34) qui l`estiment forte et 5,9 % (2/34), très faible.

Le principal facteur responsable de la faible contribution de KOFAVAC en termes de revenu, évoqué aussi bien par les femmes que par les personnes appuyant KOFAVAC, est la perte du client principal, les Frères des Écoles Chrétiennes, une Congrégation religieuse d`origine canadienne, présente à Port-de-Paix depuis plusieurs décennies. La majeure partie de la production de beurre d`arachide était absorbée par ce client en vue d`offrir un petit déjeuner aux élèves d`un de leur établissement scolaire. De ce fait, la plus grande difficulté actuelle de KOFAVAC est le marché d`écoulement. D`autres difficultés sont nommées par les PA. Une d`elle évoque les coûts de production très élevés à cause de la hausse du prix des arachides sur le marché de Chansolme et des prix élevés des bocaux : «…une autre difficulté est que les dépenses sont très élevées par rapport aux ventes à cause des prix de l`arachide, des bocaux et d`autres produits de conditionnement (étiquettes, encre pour imprimante, etc.) qui sont très élevés. Le recyclage des seaux de peinture et de beurre de cuisine est un moyen, mais ils ne sont pas jolis» (PA-02). En effet, des seaux en plastic sont récupérés, c`est-à-dire achetés sur le marché, permettant

128

ainsi de diminuer les coûts de production. L`autre PA, quant à elle, évoque d`autres facteurs inhérents aux femmes, tels leur manque de motivation pour aller s`approvisionner en matières premières dans les localités avoisinantes et leur incapacité à faire équipe, à travailler ensemble en vue du bien commun. De ce point de vue, un autre facteur important est l`irresponsabilité de plusieurs membres du groupe et le manque ou l`absence du sentiment d`appartenance.

6..2..2 L`iimpact sur lles condiitiions de viie des femmes et de lleurs ménages

L`impact est analysé en termes d`utilisation du revenu KOFAVAC. Le bénéfice généré par KOFAVAC et distribué équitablement à chacun des membres est généralement utilisé par ces derniers à des fins diverses.

6..2..2..1 L’’uttiilliisattiion du revenu

L`alimentation et le logement figurent parmi les réponses aux trois questions relatives à l`utilisation du revenu KOFAVAC. Toutefois, on se rend compte que le revenu KOFAVAC sert d`abord et avant tout à satisfaire les besoins d`alimentation du ménage et de scolarisation des enfants. Le tableau suivant présente ce fait.

Tablleau 6..5 Utiilliisatiions du revenu KOFAVAC Habitat Articles Remboursement Alimentation scolarisation Commerce mobilier de toilette de dettes 1ère 23,5 % 26,5 % 17,6 % 11,8 % 0,0 % 0,0 % 2e 23,3 % 20,0 % 0,0 % 16,7 % 23,3 % 0,0 % 3e 31,8 % 0,0 % 0,0 % 9,1 % 18,2 % 13,6 % Total 78,6 % 46,5 % 17,6 % 37,6 % 41,5 % 13,6 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

6..2..2..2 Les diifffférenttes fformes de conttriibuttiion de KOFAVAC

La contriibutiion à «ll`amélliioratiion des besoiins»

Pour apprécier l`impact de KOFAVAC, sur la base d`une échelle de 1 à 10, où 1 représente la plus faible contribution et 10 la plus forte, il a été demandé aux femmes d`estimer l`apport en attribuant une note dans la mesure où il contribue fortement ou faiblement à améliorer certains besoins de leurs ménages. La moyenne de 8,3, mais,

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environ 61,7 % (21/34) de femmes attribuent 10, le plus haut niveau d`appréciation. La plus faible note 4 est attribuée par 5,9 % de femmes (2/34).

Graphiique 6..4 Appréciiatiion de lla contriibutiion «amélliioratiion des besoiins»

Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Sur la même échelle de 1 à 10, environ 14 femmes octroient 10 à KOFAVAC estimant qu`il a contribué à les aider à faire face à la pauvreté. Presque la moitié (16/34) lui accorde entre 6 et 9. La moyenne est de 7,9.

La capacité de KOFAVAC à remplir la fonction d`épargne a été testée par le nombre de femmes possédant une épargne KOFAVAC. Moins du quart des femmes (23,5 %) parviennent à épargner leur revenu KOFAVAC. En effet, sur une échelle de 1 à 10, la note moyenne de contribution de KOFAVAC à l`épargne est très faible, 2,6.

Tablleau 6..6 A une épargne KOFAVAC Réponse Nombre Pourcentage Oui 8 23,5 % Non 26 76,5 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

La majorité de femmes (61,8 %) parviennent à investir le bénéfice de KOFAVAC, soit dans leur petit commerce soit dans l`achat d`un animal.

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Tablleau 6..7 Investiissement de ll`épargne KOFAVAC Réponse Nombre Pourcentage Oui 21 61,8 % Non 13 38,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Selon les femmes, le revenu KOFAVAC les aide d`abord et avant tout à satisfaire certains de leurs besoins de base. De cette manière, on comprend la raison pour laquelle la majorité (21/34) accorde 10 à ce niveau de contribution «Satisfaction des besoins». De plus, trois des six utilisations du revenu correspondent à trois des quatre besoins prioritaires que les femmes souhaitent satisfaire en cas d`une augmentation de revenu, à savoir l`alimentation, la scolarisation et le logement. Toutefois, quelques femmes parviennent à investir le bénéfice dans leur commerce. Vu que certaines femmes, quoique peu nombreuses, parviennent à avoir un certain montant épargné, on peut dire qu`elles acquièrent un certain degré d`autonomie ainsi qu`une capacité à faire face à des imprévus.

Les notables et les PA voient un apport positif de KOFAVAC. L`opinion de ces deux groupes de personnes sur l`impact de KOFAVAC sur la vie des femmes, considère l`apport monétaire, mais va au-delà de cet aspect. Le rôle de créateur d`emplois de KOFAVAC est évoqué par les notables car ils considèrent que certaines femmes qui ne travaillaient pas et qui, pourtant, ont plusieurs enfants à éduquer, parviennent à tirer un revenu, si faible soit-il : «Nous pouvons dire que c`est une très belle initiative parce que la majorité des femmes ne faisaient rien et elles ont plusieurs enfants à éduquer39». D`autres pensent que KOFAVAC redonne courage à ces femmes qui étaient mises à l`écart et humiliées.

Ainsi, KOFAVAC renforce les relations, les liens sociaux des femmes entre elles et avec le milieu. De fait, selon un notable, KOFAVAC rassemble, regroupe des femmes, les met ensemble pour qu` elles apprennent à réfléchir et à découvrir leurs problèmes spécifiques et travailler à trouver les solutions appropriées. Ce notable met l`accent sur le «être ensemble et faire ensemble». «Il est difficile d`améliorer les conditions de vie d`un

39 «Mwen kapab di se yon trè bèl inisyativ paske majorite medam yo pa tap fè anyen e yo gen plizyè pitit pou yo edike» (N-01). 131

individu pris isolément, mais ensemble il est plus facile car ils sont capables de découvrir leurs propres problèmes et de chercher des moyens de les résoudre40».

Cette opinion est partagée par l`une des PA. Elle croit que l`impact est très positif et pense aussi que c`est une bonne initiative de mettre ce groupe sur pied. Les raisons majeures qu`elle avance sont la mise en commun, le faire ensemble et l`autonomie. Selon elle, ces trois points constituent le pilier qui supporte KOFAVAC. La seconde PA abonde dans un autre sens en s`exprimant en ces termes : «Ainsi, ça les occupe un peu et quand elles viennent, elles ont déjà un espoir qu`elles vont avoir quelque chose pour subvenir à leurs besoins» (PA-02).

Toutefois, si les femmes semblent être insatisfaites vu le faible bénéfice qu`elles obtiennent de KOFAVAC, les deux responsables, quant à elles, font état d`un ensemble de difficultés rencontrées empêchant ainsi KOFAVAC de contribuer pleinement et efficacement à l`amélioration des conditions de vie des femmes. Certaines de ces difficultés viennent des femmes elles-mêmes qui, selon elles, ne comprennent pas très bien le sens du travail ensemble : «Elles ont de la difficulté à travailler ensemble. Or, ce sont celles qui travaillent très peu qui réclament beaucoup, davantage de bénéfices. La difficulté majeure est l`incapacité de travailler ensemble, de faire coopérative. S`il y a une chose sur laquelle il faudrait insister, c`est le bien fondé de travailler ensemble, le bien fondé d`une coopérative» (PA-01). La seconde responsable rejoint d`une certaine manière la première car elle affirme «Ce n`est pas un groupe qu`on doit laisser comme ça, sinon ça va tomber à la dérive, même s`il y a quelques unes qui prennent leur responsabilité à cœur. Mais la majorité ne comprennent pas qu`elles font partie d`un groupe, que nous avons donné notre mot, nous avons tant d`heures de travail à donner par jour et nous avons ça une fois par semaine, nous devons venir et fournir le temps nécessaire» (PA-02).

6..2..3 L`iimpact sur lle pllan sociiall

L`impact sur le plan social n`a pas pu être apprécié au moyen des deux questions de l`enquête. La première visait à demander si l`appartenance des femmes à des organisations ou mouvements sociaux datait d`avant ou d`après KOFAVAC et la

40«Li difisil pou pote yon chanjman pou amelyore lavi yon moun, men ansanm li pi fasil paske yo kapab dekouvri pwòp pwoblèm yo e chèche mwayen pou rezoud yo » (N-09). 132

deuxième question consistait à accorder une note d`appréciation à certaines dimensions sociales, telles le renforcement de l`autonomie ou de la prise de décision au sein du ménage. La première question ne pouvait pas permettre de vérifier l`impact social de KOFAVAC car 90 % des femmes faisaient partie d`un mouvement religieux bien avant d`être membre de KOFAVAC. En effet en Haïti, la religion continue de jouer un rôle important dans la vie des gens, particulièrement des plus pauvres. Les rencontres de prières régulières et même journalières renforcent les liens et permettent de vivre une certaine solidarité. Quant à la seconde question, les notions d`autonomie et capacité de prise de décision n`étaient pas bien comprises, malgré toutes les explications supplémentaires du chercheur. De plus, les familles monoparentales (12/34) ne font pas face à la difficulté de ne pas pouvoir décider au sein du ménage. Ce sont ces femmes qui portent seules la responsabilité de leurs ménages et par le fait même, décident. Toutefois, on peut dire que le fait que quelques femmes parviennent à épargner, accorde une certaine autonomie et même un certain pouvoir de décision.

Les notables estiment que KOFAVAC est un appui social pour les femmes. Un d`eux s`est exprimé en ces termes : «Socialement, c`est une bonne activité car elles célèbrent leur anniversaire de fondation et se réunissent pour échanger et travailler. Puis le mardi, elles vont acheter des arachides41». Les notables estiment aussi que KOFAVAC aide les femmes à tisser des relations plus solides entre elles et contribue au développement de l`esprit de solidarité et d`entraide.

6..2..4 Défaiillllance dans lle système crédiit//épargne KOFAVAC

Le système KOFAVAC, en plus de l`activité de production, accorde à ses membres des prêts pour démarrer une activité économique génératrice de revenu. Le montant minimum du crédit accordé est de 2 500 gourdes, mais peut atteindre 10 000 gourdes selon la capacité de remboursement de la femme. Les prêts sont accordés sans intérêt, mais les femmes sont obligées d`épargner une certaine valeur variant de 25 à 100 gourdes selon la situation de chacune. Or, il n`y a qu`une minorité de femmes (7/33) qui parviennent à rembourser leurs prêts. En juillet 2011, au moment de l`enquête, 8 femmes

41 Sosyalman se yon bon aktivité paske medam yo selebre anivèsè fondasyon yo, pou yo travay epi chita koze ansanm. Epi le madi, y al achte pistach (N-03). 133

avaient accès au crédit KOFAVAC. La majorité (78,8 %) a défailli dans le système. Une des femmes n`a jamais fait partie du système par peur de ne pas être en mesure de rembourser.

Les femmes ont évoqué les causes majeures qui les empêchent de rembourser normalement les prêts. Elles sont présentées dans le tableau 4.55.

Tablleau 6..8 Raiisons de défaiillllance dans lle système KOFAVAC Raisons évoquées Nbre Pourcentage Alimentation des enfants 6 23,1 % Scolarisation des enfants 6 23,1 % Soins de santé des enfants 6 23,1 % Irrégularité dans les remboursements due à l`absence de la responsable 3 11,5 % Peu d`entrées d`argents et beaucoup de besoins à satisfaire 2 7,7 % Non rentabilité du petit commerce 2 7,7 % Grossesse 1 2,9 % Total 26 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l`enquête, 2011

Les trois premières causes d`incapacité de rembourser les prêts mentionnées par les femmes sont liées à la satisfaction des besoins d`alimentation, de scolarisation et de soins de santé. En effet, il appert que la défaillance dans le système crédit/épargne est corrélée significativement avec les variables en lien avec la satisfaction du besoin alimentation du ménage, tel que nous l`avions prédit: le nombre de repas par jour, le nombre de jours sans le repas principal au cours d`un mois et évidemment la variable satisfaction de la fonction alimentaire. Ainsi, moins le ménage parvient à s`alimenter convenablement, plus sa défaillance dans le système est évidente. Moins il y a de repas journaliers et plus le repas principal manque, plus le risque de défaillance est élevé ; la corrélation avec ces deux facteurs étant négative. La défaillance dans le système est corrélée aussi significativement et positivement avec le mode de jouissance de la maison habitée. Les propriétaires de leurs résidences ont moins de risque de défaillance. L`âge de la femme est corrélé significativement et positivement. Ainsi, le risque de défaillir augmente avec l`âge. Par contre le conjoint, le statut matrimonial et la taille du ménage (nombre de personnes et d`enfants) n`ont aucun impact significatif sur la défaillance de la femme.

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Tablleau 6..9 Variiablles en corréllatiion avec lla «Défaiillllance dans lle système» Niveau de Valeur et signe du Variables signification coefficient de corrélation N 1. Âge de la femme 0,007** 0,459 33 2. Niveau de satisfaction du besoin alimentation 0,013* -0,426 33 3. Nombre de jours sans le repas principal 0,015* -0,421 33 4. Mode de propriété de la maison 0,026 0,387 33 5. Nombre de repas servis par jour 0,039* 0,361 33 * Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) * Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral) Source : Résultats des tests de corrélation sur SPSS avec les données de l`enquête, 2011

Les facteurs de défaillance des femmes dans le système crédit/épargne ont été abordés avec les PA. Les deux estiment que le manque de moyens de subsistance est une contrainte majeure pour les femmes : «Quand elles font un emprunt pour un petit commerce, l`argent ne sert pas seulement au petit commerce, mais elles y font des prélèvements surtout pour la nourriture des enfants et la satisfaction des besoins élémentaires. À mon avis, c`est cela qui constitue la difficulté majeure» (PA-01). «La première difficulté est le coût de la vie. Parfois si elles ont un petit commerce, au fur et à mesure qu`elles vendent quelque chose, c`est dans l`argent qu`elles prélèvent particulièrement pour nourrir la famille. Ainsi la première difficulté est la misère de la population» (PA-02). Ce qui rejoint les causes évoquées par les femmes elles-mêmes et les résultats des tests de corrélation.

Une PA a pensé à une technique qui pourrait aider à accroître la capacité de remboursement des femmes. Il s`agit de faire un don d`abord capable d`aider à subvenir aux besoins. «C`est très difficile, mais je dis ce que je pense. Vu la situation des personnes du milieu que je connais, si on dispose d`un prêt de 2 500 gourdes pour du commerce, ce qui pourrait les aider à garder cet argent-là, c`est de leur faire un cadeau pour pouvoir démarrer en vue de satisfaire les besoins de première nécessité. Ainsi, cette somme est donnée en vue de les empêcher de prélever du capital emprunté pour répondre aux besoins. Chaque mois, les exiger à rembourser. Là encore, il y a des personnes qui ne savent pas comment gérer. Il y en a qui vont réussir, et d`autres qui ne réussiront pas» (PA-01).

6..2..5 Les proposiitiions pour un meiilllleur appuii aux femmes

Les femmes souhaitent que KOFAVAC les encadre mieux. Elles ont proposé des services qui pourraient leur être offerts. En totalisant les réponses aux trois questions posées, en

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tête de liste se trouvent l`ouverture d`un magasin de gros, d`un atelier d`artisanat et de confection, la transformation de nouveaux produits et la recherche de nouveaux marchés, l`encadrement et finalement l`aide pour la construction de leur maison.

Tablleau 6..10 Serviices proposés par lles femmes Actions Nombre Pourcentage Magasin de gros de divers produits 18 52,9 % Atelier d`artisanat/de confection/de broderie 12 35,3 % Transformation de nouveaux produits 11 32,3 % Augmentation du montant des prêts 5 14,7 % Recherche de nouveaux clients/exportation 4 11,7 % Boutique de semences agricoles 3 8,8 % Aide pour la construction de logement 2 5,9 % Encadrement par une personne disponible et de poids 1 2,9 % Source : Réalisé à partir des données de l`enquête, 2011

Les notables ont eux-aussi proposé des actions pour que KOFAVAC parvienne à mieux encadrer ses membres. Ces propositions reposent sur ces piliers :

 Nouveaux membres /élargissement aux sections communales  Nouveaux marchés/nouveaux clients  Nouveaux produits à base de fruits ; des liqueurs, etc.  Nouvelles activités rentables  Formation des femmes  Organisation de foires/d`exposition  Recherche de financement/de fonds

Les PA, quant à elles, croient que l`avenir de KOFAVAC dépend de ces actions, classées dans deux groupes, les activités pratiques et les nouvelles activités rentables. Le tableau 4.58 présente ces actions.

Tablleau 6..11 Piistes d`actiions proposées par lles PA Actions pratiques Nouvelles activités Fonds plus important de roulement Stockage de denrées : échalotes, maïs, Étagères pour exposer les produits haricots… Femme vendeuse à temps plein Clôture de la propriété de KOFAVAC Boutiques de semences agricoles Personne de poids pour encadrer Comité de gestion formé de membres de KOFAVAC Élevage de pondeuses Formation des membres Transformation de nouveaux produits Nouveaux marchés/nouveaux clients Achat d`un véhicule pour l`approvisionnement en MP Installation des WC Source : Compilation des entrevues semi-dirigées avec les PA

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Les actions des trois groupes se recoupent. Certaines sont proposées à la fois par les trois groupes ou par deux. En effet, les actions visant à lutter contre la pauvreté nécessitent une prise de conscience de tout un chacun, une certaine organisation et formation ainsi que des moyens financiers. Le tableau 4.59 présente un récapitulatif des actions en relatant les points communs aux trois groupes.

Tablleau 6..12 Actiions sellon lles femmes (F),, lles notablles (N) et lles PA* Propositions d`actions F N PA Transformation et développement de nouveaux produits × × × Recherche de nouveaux marchés/clients × × × Mise en place de nouvelles activités rentables × × × Formation des femmes × × Recherche de financement × × Élargissement à de nouveaux membres /aux sections communales × × Encadrement par une personne disponible × × Ouverture d`une boutique de semences agricoles × × Aide à la construction de logement × Augmentation du montant des prêts × Organisation de foires, d`expositions × Mise en place d`un comité de gestion × Clôture de la propriété KOFAVAC × Installation des WC × Choix d`une femme vendeuse à temps plein × Mise en place d`étagères × Achat d`un véhicule × Élevage de pondeuses × *Personnes qui appuient KOFAVAC Source: Compilation des données de l`enquête et des entrevues, 2011

RÉSUMÉ Plus de la moitié des femmes (61,7 %) estiment l`apport de KOFAVAC en termes de revenu est faible. Néanmoins, il contribue à améliorer certains besoins du ménage, notamment l`alimentation et la scolarisation des enfants. En effet, ces deux dépenses représentent les plus fondamentales des ménages. Incapables de satisfaire les besoins élémentaires du ménage, les femmes font des prélèvements majeurs dans le fonds crédit/épargne KOFAVAC, rendant ainsi inéluctable la défaillance dans le système.

En ce qui a trait à la contribution de KOFAVAC au plan social, la seule possibilité d`épargner confère aux femmes une certaine autonomie. Il convient de relater que

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l`apport de KOFAVAC à partir des questions de l`enquête en termes d`intégration et reconnaissance au sein du village et d`une plus grande participation dans la prise de décision au sein du ménage n`a pas pu être clairement apprécié à partir des questions de l`enquête.

Les deux PA relèvent une certaine dégradation du capital social des femmes qui découle même de leur situation de pauvreté. Ainsi, la formation et la recherche de financement semblent être une priorité des encadreurs pour que KOFAVAC contribue pleinement à l`amélioration des conditions de vie des femmes. Cependant, ces deux pôles ne figurent pas parmi les priorités des femmes. Celles-ci perçoivent surtout et avant tout des actions capables d`augmenter leurs revenus.

6..3 LA SYNTHÈSE DU CHAPITRE

Cette partie de l`analyse a permis d`atteindre deux des trois objectifs spécifiques de l`étude qui visent d`abord l`examen des perceptions des femmes sur leur niveau de pauvreté, leurs conditions de vie et les stratégies pouvant les aider à sortir de la pauvreté et ensuite l`appréciation de l`impact de KOFAVAC. De ce fait, il y a un lien très fort entre les perceptions des femmes sur la pauvreté, leur situation socio-économiques et les moyens qu`elles privilégieraient en vue de satisfaire les besoins du ménage.

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Il est nécessaire de rappeler à la fin de l`étude l`objectif général qui est d`analyser la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti. La population étudiée est composée de 34 femmes appartenant à une Mutuelle de solidarité, KOFAVAC, fondée à Chansolme en janvier 2005. L`étude s`était fixée aussi des objectifs spécifiques, à savoir identifier les déterminants de la pauvreté chez ce groupe de femmes et évaluer leur niveau de pauvreté, examiner leurs perceptions sur la pauvreté, leurs conditions de vie et les stratégies de lutte contre la pauvreté et finalement analyser l`impact du système d`activités KOFAVAC sur l`amélioration de leurs conditions de vie.

Les analyses ont permis d`identifier ces caractéristiques sociodémographiques et économiques essentielles des femmes et de leurs ménages :

1) Les femmes ont un niveau de scolarisation très faible. Environ le tiers (32,4 %) est non scolarisé et aucune n`a bouclé le secondaire. Toutefois, les plus jeunes semblent avoir un niveau supérieur de scolarisation que celui des plus âgées. Les conjoints, quant à eux, sont plus nombreux à commencer leur scolarisation primaire que les femmes. 2) Les femmes sont mères de 3 enfants en moyenne. Leurs ménages sont composés d`environ 7 personnes (6,97). Tous les enfants en âge d`aller à l`école fréquentent une institution scolaire et ceci sans aucune discrimination de genre. Ainsi, les femmes investissent dans l`éducation de leurs enfants en vue d`assurer le revenu et le bien-être futur de ceux-ci. Toutefois, on a constaté que les enfants sont retardés en matière de scolarisation. La majorité atteint le CEP à un âge plus avancé que l`âge normal et certains à l`âge même où ils devraient terminer le secondaire. 3) La principale activité génératrice de revenu pour ces femmes est le petit commerce qu`elles effectuent. Le revenu hebdomadaire du petit commerce varie de 150 à 1 200 gourdes et peut à peine fournir un repas principal journalier au ménage. Pour les femmes chefs de ménage composant le tiers de l`échantillon, ce montant est le principal pour faire vivre le ménage. Que la femme ait un conjoint

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ou non, le revenu total du ménage est insuffisant pour faire vivre normalement le ménage. 4) Les femmes sont très faiblement dotées en actifs productifs : terre et animal. Le constat est pire que ce qu`on pouvait imaginer : 41,2 % des ménages des femmes ne possèdent pas l`équivalent d`une tête de bovin et 23,5 % en possèdent moins qu`un quart de tête. Plus de la moitié des ménages sont des sans-terres et parmi les propriétaires, un seul (2,9 %) possède plus d`un demi-carreau. 5) Le niveau d`endettement des femmes est très élevé.

La première conclusion qui se dégage de cette étude est celle-ci. Malgré les études effectuées et les nombreux documents officiels rédigés en vue de réduire la pauvreté, celle-ci est présente en Haïti et ne semble pas avoir reculé. La population étudiée est plus pauvre qu`on ne le pense. La taille moyenne des exploitations agricoles de 1,50 hectare en Haïti ne reflète pas la situation de ces ménages. Ils sont loin d`exploiter un demi hectare de terre. La pauvreté touchant à la vie de ces femmes est influencée par un ensemble de facteurs. Le premier groupe de déterminants de la pauvreté des femmes est constitué de facteurs liés aux caractéristiques sociodémographiques du ménage. Il s`agit du lieu de naissance de la femme et du conjoint, du statut matrimonial de la femme, du nombre total de personnes du ménages, du nombre total d`enfants du ménage et de la femme, du nombre total d`enfants qui sont à l`école privée et du nombre d`adultes du ménage ayant appris une profession. Le second groupe est lié aux caractéristiques économiques du ménage, à savoir le degré de possession en actifs terre et en animaux d`élevage, le mode de propriété du logement et le nombre d`adultes inactifs ou qui ne mènent aucune activité rapportant de l`argent.

La deuxième conclusion se situe par rapport au second objectif de l`étude qui concerne les perceptions des ménages sur leur niveau de pauvreté et les stratégies de lutte estimées capable de les aider à sortir de la pauvreté. D`une manière générale, la première partie de l`étude a identifié les facteurs explicatifs de la pauvreté des femmes. Cependant, les femmes ont leurs propres perceptions de leur situation et de la pauvreté ou de la richesse. Les pauvres sont des personnes qui réfléchissent et qui savent exactement ce qui peut les aider à sortir de la pauvreté. Il y a eu une cohérence et une objectivité évidente dans leurs réponses par rapport au choix des actions concrètes que l`État haïtien devrait mener à

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Chansolme. Aussi, l`implantation ou la mise en place d`un projet ou d`une stratégie de lutte à Chansolme ne devrait pas se faire sans la participation de cette population, et ce à toutes les étapes du projet, de l`étude de la faisabilité à la réalisation/suivi. Le temps de «faire pour les pauvres» semble être résolu.

Un second constat ressort de l`analyse des perceptions des femmes. Celles-ci sont conscientes qu`elles sont pauvres parce qu`elles se considèrent incapables de satisfaire leurs besoins et ceux de leurs ménages, notamment l`alimentation et la scolarisation des enfants. Cependant, consciente que la scolarisation des enfants est le moyen de sortir du cercle de la pauvreté, les femmes investissent beaucoup à ce niveau. Cependant, vu le taux d`emploi très faible du pays, cet investissement ne garantit pas nécessairement un meilleur avenir pour les enfants de ces femmes. Ainsi, les femmes estiment que la création d`emplois est la principale action urgente et prioritaire que l`État haïtien doit mener à Chansolme, dans la mesure où l`emploi seul peut garantir un revenu adéquat au ménage lui permettant d`augmenter son pouvoir d`achat en vue de satisfaire les besoins et de vivre décemment. Ces perceptions des femmes renforcent le premier constat, à savoir qu`elles ne demandent pas de l`aide alimentaire ou des dons, mais des possibilités de travailler pour gagner dignement leur vie. Cette place de premier plan accordée à l`emploi est justifiée par le fait que l`analyse des données détache une des femmes du groupe, bien qu`elle ne mène aucune activité économique. Sa situation semble être supérieure aux autres parce que son mari vivant en Haïti exerce une profession qui apporte un revenu suffisant et régulier au ménage. De ce fait, la satisfaction des besoins de base n`est plus pour elle une priorité. Ainsi, être riche pour cette femme, consiste à posséder sa voiture et à être en mesure de visiter d`autres pays. Ceci est conforme à la théorie qui soutient qu`une fois les besoins de base satisfaits, on pense à d`autres types de biens qui apporteront un niveau de satisfaction plus grand.

Un autre constat qui ressort de cette étude est par rapport à la possession de terre et d`animaux d`élevage. Ces deux actifs sont perçus comme un signe de richesse, mais de second rang. En effet, aucune des femmes n`a mentionné l`inaccessibilité à la terre ou le manque de terre comme facteur responsable de leur pauvreté. Ainsi, on se rend compte que même au sein d`une population rurale et vivant de l`agriculture, la terre est reléguée au second plan comme signe de richesse. Il serait intéressant de savoir si cela réfère à sa

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faible productivité ou à la perception du métier d`agriculteur en Haïti comme non valorisant. Ainsi, tout agent ou acteur qui croit nécessaire de mettre en place des actions de lutte contre la pauvreté axées sur le renforcement de l`agriculture familiale, se doit de se mettre à l`écoute des exploitants.

La troisième conclusion est en rapport avec les résultats de l`étude d`impact de KOFAVAC:

1) La stratégie KOFAVAC ne parvient pas à fournir à ces femmes un complément de revenu capable de les aider réellement à améliorer leurs conditions de vie. De fait, les coopératives de production qui se sont lancées ces dernières années dans la transformation agroalimentaire, ont pensé exploiter la matière première disponible et créer de la valeur ajoutée. Cependant, la réalité actuelle de KOFAVAC montre qu`il ne s`agit pas de produire uniquement, mais d`avoir un marché sûr garantissant la rentabilité des investissements. De plus, il s`agit de réduire les coûts de production et d`être compétitif. En effet, il existe beaucoup de micros entreprises de transformation agroalimentaire nées dans le pays au cours des 10 dernières, et elles transforment à peu près les mêmes produits. Ainsi, il est impératif de comprendre l`organisation du marché, les lois de l`offre et de la demande et parvenir à diversifier les produits et à améliorer leur qualité. D`un autre côté, l`état des routes est un frein à la croissance de ces initiatives. L`État se doit de travailler à améliorer les infrastructures routières pouvant aider à réduire le temps et les coûts de transport. 2) Les prêts octroyés pour le petit commerce sont détournés involontairement par les femmes. Le fait que le ménage fait face à un manque de revenu capable de satisfaire ses besoins primaires, le risque de défaillance dans le système devient plus grand. Ainsi, le microcrédit peut devenir un soutien efficace aux ménages et un outil de lutte contre la pauvreté au sein de ces ménages, si d`autres mesures d`accompagnement sont mises en place.

Ainsi, par rapport à ces résultats de l`étude, nous sommes amenées à formuler trois principales recommandations :

1) Vu qu`il existe très peu de données récentes sur le revenu net des ménages et principalement sur le revenu agricole des petits exploitants agricoles qui se fixe

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comme principal objectif l`approvisionnement de la famille en vivres alimentaires, il serait utile de réaliser une étude visant à établir un vrai compte d`exploitation et ainsi, déterminer les dépenses effectuées et les quantités produites et vendues pour connaître le revenu net agricole de ces derniers. Cela permettrait de mieux évaluer le niveau de pauvreté des petits exploitants agricoles. 2) Compte tenu que les femmes placent la scolarisation au premier rang de leurs besoins prioritaires et par le fait même, investissent beaucoup dans l`espoir d`une amélioration future de leur situation et de celle des enfants, il serait intéressant qu`on cherche à déterminer la qualité et la quantité de ressources allouées par ces femmes à leurs enfants par rapport aux résultats obtenus. 3) L`atteinte de l`objectif de KOFAVAC qui est l`amélioration des conditions de vie des femmes ne se réalisera pas sans ces facteurs : - La formation et la sensibilisation des femmes à l`auto-développement et à l`esprit coopératif, l`esprit d`équipe ; - La formation technique permettant l`acquisition de compétences en gestion et en organisation et le développement de l`esprit d`entrepreneuriat ; - La diversification des produits, la transformation de nouveaux produits pour lesquels il existe un marché.

Au terme de cette étude, nous sommes de plus en plus convaincues que la lutte contre la pauvreté en Haïti mérite d`être une des priorités du gouvernement haïtien. Cela nécessite un débat national qui placerait les pauvres eux-mêmes comme des acteurs à part entière. Les décisions et les actions doivent être pensées au niveau local et en fonction des ressources et des opportunités du milieu.

Ainsi, d`autres recherches pourraient être réalisées dans toutes les communes du pays, en milieu urbain aussi bien que rural, pour donner la parole aux pauvres en vue de connaître leurs besoins réels et trouver les stratégies les plus appropriées. La décentralisation à l`ordre du jour en Haïti depuis deux décennies environ est nécessaire pour l`atteinte de cet objectif : améliorer les conditions de vie en Haïti.

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LES LIMITES DE L`ÉTUDE

L`une des principales limites de l`étude est de ne pas pouvoir obtenir le revenu net issu de l`agriculture, principale activité des conjoints, et ainsi, analyser le revenu total du ménages. En effet, les femmes et les conjoints n`ont pas pu estimer ni les quantités récoltées, ni celles autoconsommées et vendues, car ils ne les comptabilisent jamais. Certains ont avoué perdre la récolte de l`année à cause de la sécheresse. D`autres ont affirmé que leurs parcelles était en plantation au moment de l`enquête. Il se pourrait aussi que certains n`aient pas voulu déclarer leur revenu net agricole, de peur de ne pas pouvoir obtenir les avantages d`un quelconque projet futur.

Aussi, ces données manquantes n`ont pas permis d`analyser la part des principales dépenses de consommation du ménage (alimentation, scolarisation des enfants, logement) dans le revenu total. Ainsi, toute l`analyse des dépenses de consommation est faite avec le revenu hebdomadaire net de l`AP de la femme. Une telle analyse a ses limites.

La seconde limite se situe dans l`analyse de l`impact social de KOFAVAC. Les deux variables n`avaient pas été clairement définies et identifiées en demandant aux femmes d`attribuer une note à KOFAVAC par rapport à certains aspects tels que l`autonomie, le renforcement de la capacité de décision au sein du ménage et l`insertion dans le milieu. Les notions d`autonomie et de capacité de prise de décision, quoique traduites en créole, puis expliquées, n`ont pas été bien comprises par les femmes. Ainsi, l`impact de KOFAVAC sur le plan social, n`a pas pu être réellement estimé par les femmes elles- mêmes.

L`analyse d`impact de KOFAVAC a reposé uniquement sur l`enquête auprès des femmes membres. Toutefois, il serait intéressant de faire une étude comparative avec d`autres femmes non membres de KOFAVAC, ce qui pourrait être envisagé dans une étude ultérieure.

Le manque d`intimité observé lors de l`enquête (enfants, conjoint et autres membres du ménage) pourrait apporter un certain biais dans les réponses quant au revenu réel de l`activité principale de la femme et la possession d`actifs du ménage. Ces effets peuvent diminuer la fiabilité des données collectées.

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ANNEXE A.. RÉSULTATS DES TESTS STATISTIQUES

Corrélations Nombre d`enfants de 3 Revenu moyen Nombre à 18 ans qui

Nombre de hebdomadaire d`enfants sont à l`école repas servis par net de l`AP de présents dans privée à A une épargne jour la femme le ménage Chansolme KOFAVAC Nombre de repas servis Corrélation de Pearson 1 ,516** ,367* ,430* ,357* par jour Sig. (bilatérale) ,005 ,033 ,011 ,038 N 34 28 34 34 34 Revenu moyen Corrélation de Pearson ,516** 1 ,105 ,545** ,169 hebdomadaire net de l`AP Sig. (bilatérale) ,005 ,597 ,003 ,391 de la femme N 28 28 28 28 28 Nombre d`enfants Corrélation de Pearson ,367* ,105 1 ,273 -,092 présents dans le ménage Sig. (bilatérale) ,033 ,597 ,118 ,606 N 34 28 34 34 34 Nombre d`enfants de 3 à Corrélation de Pearson ,430* ,545** ,273 1 ,016 18 ans qui sont à l`école Sig. (bilatérale) ,011 ,003 ,118 ,928 privée à Chansolme N 34 28 34 34 34 A une épargne Corrélation de Pearson ,357* ,169 -,092 ,016 1 KOFAVAC Sig. (bilatérale) ,038 ,391 ,606 ,928 N 34 28 34 34 34 **. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Corrélations Argent Nombre d'enfants de Nombre nécessaire Revenu moyen 3 à 18 ans vivant au d`enfants Nombre total

estimé pour hebdomadaire net de sein du ménage qui présents dans de personnes servir les 3 repas l`AP de la femme sont à l`école le ménage du ménage Argent nécessaire estimé Corrélation 1 ,499** ,456** ,428* ,415* pour servir les 3 repas de Pearson Sig. ,007 ,007 ,011 ,015

(bilatérale) N 34 28 34 34 34 Revenu moyen Corrélation ,499** 1 ,120 ,105 ,356 hebdomadaire net de de Pearson l`AP de la femme Sig. ,007 ,544 ,597 ,063

(bilatérale) N 28 28 28 28 28 Nombre d'enfants de 3 à Corrélation ,456** ,120 1 ,800** ,642** 18 ans vivant au sein du de Pearson ménage qui sont à Sig. ,007 ,544 ,000 ,000 l`école (bilatérale) N 34 28 34 34 34 Nombre d`enfants Corrélation ,428* ,105 ,800** 1 ,723** présents dans le ménage de Pearson Sig. ,011 ,597 ,000 ,000

(bilatérale) N 34 28 34 34 34

156

Nombre total de Corrélation ,415* ,356 ,642** ,723** 1 personnes du ménage de Pearson Sig. ,015 ,063 ,000 ,000

(bilatérale) N 34 28 34 34 34 **. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Corrélations Nombre d`enfants Niveau de Degré de de 3 à 18 ans qui vie par Note richesse en sont à l`école à Arrive à Lieu de rapport au d`appréciation de actifs Port-de-Paix ou rembourser naissance logement l`état de l`habitat productifs une autre ville le prêt Femme Niveau de vie par Corrélation 1 ,447** ,438** -,422* -,491* ,442** rapport au logement de Pearson Sig. ,009 ,009 ,013 ,045 ,009

(bilatérale) N 34 33 34 34 17 34 Note d`appréciation de Corrélation ,447** 1 ,385* -,284 -,067 ,266 l`état de l`habitat de Pearson Sig. ,009 ,027 ,110 ,800 ,134

(bilatérale) N 33 33 33 33 17 33 Degré de richesse en Corrélation ,438** ,385* 1 -,368* -,311 ,217 actifs productifs de Pearson Sig. ,009 ,027 ,032 ,225 ,219

(bilatérale) N 34 33 34 34 17 34 Nombre d`enfants de 3 Corrélation -,422* -,284 -,368* 1 ,326 -,076 à 18 ans qui sont à de Pearson l`école à Port-de-Paix Sig. ,013 ,110 ,032 ,202 ,669 ou une autre ville (bilatérale) N 34 33 34 34 17 34 Arrive à rembourser le Corrélation -,491* -,067 -,311 ,326 1 -,101 prêt de Pearson Sig. ,045 ,800 ,225 ,202 ,699

(bilatérale) N 17 17 17 17 17 17 Lieu de naissance Corrélation ,442** ,266 ,217 -,076 -,101 1 Femme de Pearson Sig. ,009 ,134 ,219 ,669 ,699

(bilatérale) N 34 33 34 34 17 34 **. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

157

Corrélations Nombre de jours Est encore dans le Niveau de sans le repas Nombre de

système crédit- Age Femme satisfaction de la principal durant un repas servis Mode de épargne KOFAVAC KOFAVAC fonction alimentaire mois par jour propriété Est encore dans le Corrélation 1 ,459** -,426* -,421* ,361* ,387* système crédit- de Pearson épargne KOFAVAC Sig. ,007 ,013 ,015 ,039 ,026

(bilatérale) N 33 33 33 33 33 33 Age Femme Corrélation ,459** 1 -,005 -,340* -,170 ,436** KOFAVAC de Pearson Sig. ,007 ,976 ,049 ,336 ,010

(bilatérale) N 33 34 34 34 34 34 Niveau de satisfaction Corrélation -,426* -,005 1 ,686** -,846** -,230 de la fonction de Pearson alimentaire Sig. ,013 ,976 ,000 ,000 ,191

(bilatérale) N 33 34 34 34 34 34 Nombre de jours sans Corrélation -,421* -,340* ,686** 1 -,390* -,321 le repas principal de Pearson durant un mois Sig. ,015 ,049 ,000 ,023 ,064

(bilatérale) N 33 34 34 34 34 34 Nombre de repas Corrélation ,361* -,170 -,846** -,390* 1 ,162 servis par jour de Pearson Sig. ,039 ,336 ,000 ,023 ,360

(bilatérale) N 33 34 34 34 34 34 Mode de propriété Corrélation ,387* ,436** -,230 -,321 ,162 1 de Pearson Sig. ,026 ,010 ,191 ,064 ,360

(bilatérale) N 33 34 34 34 34 34 **. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral). Corrélations Nombre d`enfants de la femme de Niveau d`études Niveau d`études

KOFAVAC de la femme du conjoint Nombre d`enfants de la femme de KOFAVAC Corrélation de 1 -,435* -,584** Pearson Sig. (bilatérale) ,010 ,004 N 34 34 22 Niveau d`études de la femme Corrélation de -,435* 1 ,545** Pearson Sig. (bilatérale) ,010 ,009 N 34 34 22 Niveau d`études du conjoint Corrélation de -,584** ,545** 1 Pearson Sig. (bilatérale) ,004 ,009 N 22 22 22 *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral). **. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

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ANNEXE B.. QUESTIONNAIRE D`ENQUÊTE

Partiie I : Caractériisatiion des femmes

Sectiion A : Profil sociodémographique du ménage (comprendre par ménage, l’ensemble des personnes qui dorment dans la même maison et qui prennent ensemble la plupart de leurs repas, surtout le repas principal)

A1.. Membres adulltes âgés de 18 ans et pllus et enfants de moiins de 18 ans quii travaiillllent Dernier Relation niveau Activité ID Nom Lieu Situation avec le chef d’étude principale de de ménage Genre Age atteint en cours naissance (A) (B) (C) (D) (E) 1 (Femme de Kofavac) 2 (Chef de ménage/conjoint) 3 4 5 6 7 8

(A) 1- placé avec conjoint vivant au sein du ménage, 2- marié, avec conjoint vivant au sein du ménage, 3- marié avec conjoint migrant, 4 -Femme seule ou monoparentale, 5- divorcée ou séparée, 6- célibataire, 7- veuf/veuve

(B) 1- fils/fille, 2- beau-fils/belle fille, 3- père/mère, 4- frère/sœur ; 5- grands-parents, 6- oncle/tante, 7- autre lien de parenté 8- autre sans lien de parenté

(C) 1 -Homme, 2- Femme

(D) 1- pas de scolarisation, 2- est alphabétisé en créole, 3- début études primaires, 4- études primaires complètes, 5- début études secondaires, 6- études secondaires complètes 7-école professionnelle, 8- Centre ménager, 9- études supérieures ou université

(E) 1- auto-emploi dans l’agriculture, 2- couture, 3- petit commerce, 4- étudiant, 5- travailleur salarié dans le secteur agricole, 6- à la recherche d’un emploi, 6- incapacité physique (handicap), 8- chômage 9- travailleur salarier dans le secteur public, 10- travailleur dans une entreprise privée, 10- servante/gardien, 12- aucune activité, 13- madan Sara, 14- lessiveuse

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A2.. Enfants du ménage de 0 à 17 ans à ll`écolle ou non,, maiis ne travaiillllent pas

Situation ID Nom par Coût Dépenses rapport à Est à Classe ou Lieu de Type école livres/sac la femme Age Genre l’école dernière l’école École /an uniformes (A) (B) (C) classe (D) (E) * ** 1 2 3 4 5 6 7 8 (A) 1- Fils/Fille, 2- Petit-fils/petite-fille, 3- Beau-fils/belle-fille (enfants du conjoint), 4- Frère/Sœurs 5- Neveu/Nièce 6- Autre parent, 7- Filleul/Filleule, 8- Enfant de service, 9- Autre (à spécifier) (B) 1- Garçon, 2- Fille (C) 1- Oui, 2- Non (D) 1- Chansolme, 2- Rosier, 3- Port-de-Paix, 4- Port-au-Prince, 5- autre que ces lieux (spécifiez-le) (E) 1- nationale, 2- presbytérale, 3- privée, 4- autre * Ces coûts incluent les frais obligatoires de scolarité et l’écolage mensuel. Ils sont en monnaie locale (la gourde). Ils sont indiqués pour chaque enfant qui est à l’école durant l’année académique 2010-2011. ** Ces dépenses effectuées pour l’année scolaire 2010-2011 incluent celles pour l’uniforme, la paire de chaussures, le sac d’école et les livres. Cette question doit être posée en présence du conjoint et des enfants, si ces derniers sont assez grands pour aider les parents dans les réponses.

Sectiion B.. Siituatiion économiique du ménage

B1.. Nombre et valleur des actiifs possédés par lle ménage de lla femme

Nombre Valleur de reventte au priix Espèces aniimalles de ttêttes Courantt du marché en gourdes 1. Bovins 2. Cochons adultes 3. Cabris, moutons 4. Volailles adultes 5. Chevaux et ânes Arbres ((ffruiittiiers,, chênes ett auttres)) Uniitté Esttiimattiion de lla producttiion//du boiiss en gourdes 6. Fruits 7. Planche et autres Outtiills agriicolles Unité Moyens de ttransportt Unité 8. Houe 17. Bicyclette 9. Machette 18. Motocyclette 10. Pioche 19. Voiture 11 Brouette 20. Autre 12. Autre (à spécifier) 21. Autre 13. 22. Autre

160

Outtiills de lla proffessiion du conjjoiintt Unité Appareiills ménagers//éllecttriiques Uniitté 14. 23. Radio 15. 24. Magnétoscope/Télévision 16. 25. Réfrigérateur 26. Cuisinière électrique ou à gaz * La valeur de revente du cheptel est une 27. Réchaud à charbon estimation par la femme selon le prix courant 29. Ventilateur sur le marché de Chansolme. 30. Génératrice 31. Autre

Terres agricoles Localisation Accès Terres exploitées Taille en Nbre d`années Plaine/Morne à l`irrigation carreau d`exploitation (A) (B) Terre possédée avec titre de propriété Terre en indivision (mineure) Terre en fermage Terre en métayage Autre mode de faire-valoir Superffiiciie ttottalle explloiittée en carreau (A) 1- Plaine, 2- Morne (B) 1- Oui, 2- Non

B..2 Rendements des culltures et revenus nets obtenus (juiillllet 2010 à juiillllet 2011)

Qtté Parcelllless Culltturess Semencess Dépenssess Quanttiitté auttocon Qtté Priix Priix Diimenssiion miissess en ((A)) Tottalless produiitte ssommée vendue uniittaiire ttottall en carreau valleur ((B)) * ((C)) * G G P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 PJachère Tottall

*Précisez l`unité de mesure (marmite, sac de 100 livres ou de 200 livres, macoute ou autres) (A) Le mode d`approvisionnement en semences 1- Réserve propre 2- Avance en gourde 3- Échange entre producteurs 4- Achat sur le marché 5- Don de l`État 6- Don d`une organisation 7- Don d`un particulier 8- Autre (B) Il s`agit des dépenses concernant : 1- Achat de semences 2- Frais de mise en place de la culture (sarclage, grattage, semis, etc.) 3- irrigation 5- autres. Elles incluent les dépenses agricoles globales. (C) La quantité autoconsommée peut être estimée soit dans une unité de mesure ou en pourcentage de la quantité produite.

161

B3.. Sources de revenus et lles revenus nets (juiillllet 2010 à juiillllet 2011) du ménage Auttres Femme membre de KOFAVAC Acttiiviitté Acttiiviitté Acttiiviitté revenus KOFAVAC 1 2 3 ((B)) Type d`activité Nombre d`années de pratique de l`activité Temps accordé à l`activité (A) Bénéfice net hebdomadaire en gourdes Bénéfice net mensuel en gourdes Revenu net de l`activité en gourdes** Auttres Cheff de ménage ((conjjoiintt)) Acttiiviitté Acttiiviitté Acttiiviitté revenus 1 2 3 ((B)) Type d`activité Nombre d`années de pratique de l`activité Temps accordé à l`activité (A) Bénéfice net hebdomadaire en gourdes Bénéfice net mensuel en gourdes Revenu net de l`activité en gourdes

Si l`une des activités est l`agriculture, ne rien noter concernant le bénéfice. **Revenu net de l`activité = revenu mensuel * 12 mois de l`année a. C`est une estimation du temps moyen consacré à l`activité en nombre de jours par année b. 1- Rente (foncière, immobilière) 2- Retraite ou pension 3-Vente d`animaux 4- Autre

B4.. Transferts reçus en gourdes par lle ménage et lleurs expédiiteurs Expédiitteurs De ll``iinttériieur De ll``éttranger ((A)) Monttantt en gourdes Monttantt en gourdes

Tottall en gourdess

(A) 1- Conjoint 2- Enfants 3- Père/Mère 4- Frère/sœur 5- Autres Parents 6- Amis

1.. Est-ce que l`ensemble ou la totalité des revenus que vous avez perçus excluant les revenus de transferts d`argent ou de produits alimentaires au cours des 12 derniers mois dans votre ménage vous ont permis de faire : Encerclez la lettre correspondant à votre réponse. a. toutes les dépenses nécessaires du ménage?

b. les trois quarts (75 %) des dépenses nécessaires du ménage?

c. la moitié (50 %) des dépenses nécessaires du ménage ?

d. le quart (25 %) des dépenses nécessaires du ménage?

e. moins de 25 % des dépenses nécessaires du ménage ?

162

2.. Est-ce le transfert reçu de l`étranger qui permet à votre ménage d`effectuer : Encerclez la lettre correspondant à votre réponse. a. la plus grande partie de ses dépenses nécessaires ? (Plus de 50 %) ?

b. la moitié (50 %) de ses dépenses nécessaires ?

c. le quart (25 %) de ses dépenses nécessaires ?

d. moins que le quart (25 %) de ses dépenses nécessaires ?

3.. À votre avis, quel est le revenu minimum (montant d`argent nécessaire) que vous auriez besoin pour répondre aux besoins de votre ménage?

a) Par jour Gourdes

b) Par semaine Gourdes

c) Par mois Gourdes

4.. Au cours des 12 derniers mois, pour faire toutes vos dépenses, est-ce que votre conjoint ou vous-même étiez dans l’obligation ……………….. : Encerclez la ou les lettres correspondant à votre réponse. a. d`emprunter auprès d’un usurier, d’une maison d’affaire (Bric à Brac) ?

b. de placer des biens chez le prêteur à gages (plann) ?

c. de vendre les biens du ménage (terre, lit, radio, etc.) ?

d. d`emprunter auprès de parents ou d’amis ?

e. de demander un don d`argent à un parent ou un ami ?

f. d`hypothéquer des biens (maison) ?

5.. Avez-vous des dettes ? /__/Oui /__/Non Si oui, auprès de qui ?

1) d`un particulier/usurier ? /__/Oui Montant ______gdes /__/Non

2) des membres de la famille /__/Oui Montant ______gdes /__/Non

3) d`amis/voisins /__/Oui Montant ______gdes /__/Non

4) d`une autre source______/__/Oui Montant ______gdes /__/Non

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Sectiion C.. Quellques diimensiions de lla pauvreté des femmes

C1.. Alliimentatiion

6.. Combien de repas prenez-vous par jour le plus souvent ? /__/1 /__/2 /__/3

7.. Qu`est-ce qui compose le plus souvent généralement ces repas que vous prenez?

a) Le repas principal ------b) Le repas du matin ------c) Le repas du soir ------

8.. Au cours des 3 derniers jours, vous est-il arrivé de ne pas pouvoir servir le repas principal ? /__/ Oui /__/Non Si oui, combien de fois cette situation est-elle survenue ces 4 dernières semaines ? /___/

9.. Combien d’argent vous faut-il pour acheter tous les ingrédients pour que tous les membres du ménage mangent à leur faim ?

a) du repas principal Gourdes/jour

b) du repas du matin Gourdes/jour

c) du repas du soir Gourdes/jour

C2.. Accès de lla femme au crédiit

10.. Avez-vous contracté cette année un prêt d`une Institution Financière ? /__/Oui /__/Non

11.. Si oui, quel est le montant emprunté? ______Le taux d`intérêt perçu ? ______

12.. Quelle est la garantie que vous avez présentée ? ------

13.. Quelle est la nature de l`activité pour laquelle le prêt est destiné ?/__/Commerce /__/Activité agricole /__/Élevage /__/Artisanat /__/Autre événement familial (1ère communion, mariage, funérailles, etc.).

/__/Écolage des enfants /__/Soins de santé /hospitalisation /__/Achat d`un autre bien (terre, maison)

14.. Est-ce que vous arrivez à rembourser normalement votre prêt ? /__/Oui /__/Non

164

C3.. Habiitat du ménage

15.. Combien de pièces compte la maison ? (Inclure les pièces à part situées sur la propriété si elles appartiennent au même ménage) /__/pièces

16.. De quel type de matériau, le toit de l`habitat principal est-il fait ?

/__/Paille /__/Tôle /__/Béton /__/Bâche plastic

17.. De quel matériau les murs extérieurs sont faits /__/Bâche plastic /__/Branches et brindilles

/__/Terre battue /__/Planche /__/Pierres liées avec des poutres en bois /__/Bois

/__/Pierres liées par du ciment avec des poutres de fer /__/Blocs/ciment

18.. Quel est le type de sol de l`habitat ?/__/Terre /__/Ciment /__/Planche /__/Céramique

19.. D`après les observations, sur une échelle de 1 à 5, 1 signifie excellent état et 5 très mauvais état, quel est l`état de l`habitat principal ? Encerclez le chiffre correspondant. 1 2 3 4 5 20.. Quel est le mode de jouissance de l`habitat ? /__/Propriétaire avec titre /__/Fermage

/__/Habitation familiale en indivision /__/Loyer /__/Autre

21.. Si la maison est louée, combien coûte le loyer (en gourdes) ? Gourdes/mois

22.. Dans le cas d`un contrat de fermage de la terre sur laquelle tu as construit la maison, quel est le nombre d`années du contrat et le montant payé ?

/__/1an Prix ______Gourdes /__/2 ans, Prix ______Gourdes

/__/5 ans, Prix ______Gourdes /__/10 ans, Prix ______Gourdes

C4.. Soiins de santé,, eau et assaiiniissement

23.. Est-ce qu`il y a eu des cas de maladies graves dans votre ménage exigeant une hospitalisation cette année ? /__/Oui /__/Non

24.. En cas de maladie grave, fréquentez-vous un centre de santé ou hospitalier ?

/__/Rarement /__/Toujours /__/Quelquefois /__/Souvent /__/Jamais

165

25.. Où trouvez-vous le plus souvent l`eau que vous buvez et celle pour faire à manger ?

/__/Eau de source traitée avec du chlore /__/Rivière /__/Source /__/Fontaine publique

/__/Robinet sur la cour /__/Eau de pluie /__/Eau traitée achetée /__/Robinet dans la maison

26.. De quel type d`installation sanitaire l`habitat est-il pourvu ? /__/Aucune installation

/__/Simple fosse dans la cour/le jardin /__/Latrines à fosse améliorée et ventilée

/__/Toilettes avec chasse d`eau /__/Latrine ordinaire /__/Autre, à spécifier ______

Partiie II.. Perceptiion des femmes sur lla pauvreté et lleurs condiitiions de viie

27.. D’après vous, quelles sont les trois (3) principales manifestations ou signes de la richesse ? ((Ne pas lliire lles réponses cii--dessous à ll``enquêttée,, maiis de préfférence notter lles siiennes quii serontt ensuiitte comparées à celllles quii y sontt dans lla lliistte)) a) Ne pas avoir de difficulté pour prendre trois repas tous les jours b) Avoir les moyens nécessaires pour prendre soin convenablement de sa famille c) Envoyer tous ses enfants en âge scolaire à l’école d) Etre propriétaire de sa maison e) Posséder un véhicule (une voiture) f) Posséder suffisamment de terres pour produire les vivres alimentaires pour la famille g) Posséder sa propre entreprise h) Pouvoir voyager à l’étranger seul ou avec les membres de sa famille i) Possède des terres j) Avoir une épargne à la Banque k) Recevoir de l’argent en provenance de parents ou d’amis vivant à l’étranger l) Financer la scolarisation de ses enfants à l’étranger m) Etre en mesure de satisfaire tous ses besoins et au-delà n) N`avoir pas besoin de s`endetter pour vivre ______

28.. Selon vous, quelles sont les trois (3) manifestations ou signes de la pauvreté ? ((ne pas lliire lles réponses cii--dessous à ll``enquêttée,, maiis de préfférence notter lles siiennes quii serontt ensuiitte comparées à celllles quii y sontt dans lla lliistte)) a) La personne ne peut pas nourrir les membres de son ménage et n’a pas assez de moyens pour manger à sa faim b) Le logement est trop petit et n’est pas en bon état (délabré, toiture troué, etc.) c) La personne ne peut pas aider ses parents ou ses amis d) La personne ne travaille pas ou n’entreprend aucune acticité économique e) Il n’y a pas assez de membres du ménage qui perçoivent des revenus d’activités f) La personne n’a pas assez d’argent pour avoir accès aux soins de santé pour elle et les membres de son ménage g) Les revenus sont irréguliers h) Les revenus sont très faibles i) La personne n’est pas en mesure d’envoyer tous ses enfants tout au long de l’année à l’école j) La personne ne peut pas se procurer tous ses vêtements

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k) Endettée, la personne ne peut pas honorer ses engagements ni récupérer les biens donnés en gage l) La personne ne bénéficie d’aucune reconnaissance sociale dans le quartier, le bourg ou la section communale m) La personne n’a aucun recours dans les situations difficiles n) La personne ne sait ni lire ni écrire o) La personne souffre physiquement et mentalement d`une incapacité pour travailler ou étudier ______

29.. Dans quelle catégorie, classeriez-vous votre ménage ? (Il faut lire toutes les catégories pour la femme) /__/ 1. Très riche (grand propriétaire terrien, bourgeois) 2. Un peu riche 3. Moyenne (plus ou moins riche / ni riche ni pauvre) 4. Un peu pauvre (si oui, allez à la question 30) 5. Très pauvre (Indigent/misérable) *allez à la question 30

30.. Est-ce que vous avez toujours été dans cette situation de pauvreté /de misère ? /__/ Oui /__/ Non (passer à la question 31) 31.. Si non, quels sont les trois (3) plus importants événements qui expliquent que vous soyez pauvre/indigente ? ((ne pas lliire lles réponses cii--dessous à ll``enquêttée,, maiis de préfférence notter lles siiennes quii serontt ensuiitte comparées à celllles quii y sontt dans lla lliistte)) a. Perte de votre emploi ou celui de votre conjoint et d`autres membre du ménage b. Maladie qui entraîne l`incapacité de travailler ou oblige à travailler moins c. Dépenses importantes pour cause de maladie d. Dépenses importantes/vente de biens-patrimoine pour cause de décès de l`un des membres de la famille e. Vente de biens-patrimoniaux pour payer le voyage (l`émigration) d`un membre de la famille à l`étranger f. Décès du principal apporteur de ressources du ménage (enfant, conjoint, ou autre membre de la famille, etc.) g. Divorce / séparation avec le conjoint h. Catastrophes naturelles (fortes pluies, inondation, cyclone de 2004, sécheresse) qui ont entraîné la Perte de biens importants (logement, bétail) et des récoltes i. Dépréciation de la gourde j. Forte augmentation des prix des produits de premières nécessité et de l`essence k. Insécurité /cambriolage l. Les animaux possédés sont morts m. Incendie n. Abattage des porcs créoles o. Faillite des coopératives (perte d`argent) ______

32.. Dans les cinq prochaines années, que pensez-vous de votre situation de pauvreté ? /__/ 1. Va beaucoup diminuer/ va beaucoup s`améliorer

167

2. Va un peu diminuer/ va un peu s`améliorer 3. Va rester stable 4. Va un peu s`aggraver 5. Va beaucoup s`aggraver

Pourquoi, selon vous ? ------

Partiie III.. Perceptiions des femmes

Sectiion D.. Stratégiies de llutte contre lla pauvreté en générall

33.. Si vous aviez une revendication à faire, quelles sont les trois (3) principales actions que vous jugez importantes et prioritaires que l`État haïtien doit mener le plus vite que possible pour améliorer les conditions de vie à Chansolme ? ((ne pas lliire lles réponses cii--dessous à ll``enquêttée,, maiis de préfférence notter lles siiennes quii serontt ensuiitte comparées à celllles quii y sontt dans lla lliistte))

1. Créer et développer des activités génératrices de revenus 2. Créer des emplois pour les jeunes 3. Appuyer les petites entreprises 4. Mise en place des mécanismes d’assurance-santé/maladie pour tous 5. Ouvrir les classes du secondaire avec des enseignants compétents 6. Ouvrir une école professionnelle (promouvoir la formation professionnelle) 7. Faciliter l’accès au crédit aux exploitations agricoles 8. Permettre aux plus pauvres d’obtenir de la terre et du crédit pour travailler la terre 9. Réduire l`inflation (la vie chère), surtout pour les produits de première nécessité 10. Construire des maisons pour les sans-abris (les victimes du cyclone de septembre 2004) 11. Mettre en place des plans de parrainage pour garantir la scolarisation des enfants 12. Construire les routes qui relient Chansolme aux sections communales et villes du département 13. Augmenter et améliorer la capacité du système d`irrigation 13. Faciliter l’accès des paysans aux moyens de conservation des produits agricoles 14. Alphabétiser les adultes 15. Améliorer les services de santé du dispensaire 16. Endiguer les Trois-Rivières pour empêcher les inondations répétées ______

34.. Si vous parveniez à avoir un montant d`argent à votre disposition, quels sont les trois problèmes prioritaires chercheriez-vous à résoudre ou les trois besoins que vous chercherez à satisfaire pour vous et votre ménage? 3 réponses à classer par ordre d`importance. /__/ /__/ /__/ 1er 2e 3e 1. Nourriture 2. Vêtements 3. Écolage des enfants 4. Logement

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5. Soins de santé 6. Autres ______

35.. Si vous obtenez une certaine somme d`argent, dans quelle activité économique allez-vous l`investir en vue d`améliorer votre condition de vie et celle de votre ménage ? ------Pourquoi ? ------

Sectiion E.. Système de productiion//épargne//crédiit//commerce de KOFAVAC et son iimpact

36.. Estimez-vous que KOFAVAC contribue à améliorer votre condition de vie ?

/__/Contribution très faible /__/Contribution faible /__/Contribue forte

/__/Contribution très forte /__/Ne contribue pas du tout

37.. Sur une échelle de 1 à 10 (1 signifie fortement en désaccord et 10 fortement en accord), pensez-vous que KOFAVAC vous a permis de réaliser les objectifs suivants ? Encerclez le chiffre correspondant à votre réponse. a) Améliorer certains besoins 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 b) Épargner 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 c) Investir 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 d) Prendre des décisions 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 e) Emprunter 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 f) Renforcer votre confiance 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 g) Exprimer vos opinions 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 h) Renforcer la confiance 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

des autres en vous i) Résister à la pauvreté 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

38.. Possédez-vous actuellement une épargne sur votre compte KOFAVAC ? /__/Oui /__/Non

39.. Avez-vous une épargne personnelle dans une Institution financière ? /__/Oui /__/Non

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40.. Le revenu ou bénéfice obtenu de KOFAVAC vous a-t- il permis d`investir ? /__/Oui /__/Non Si oui, quelle est la nature de l`investissement ? /__/ Activité agricole /__/Commerce

/__/Achat d`animaux /__/Achat d`outils agricoles /__/Achat de semences /__/Autre______

41.. Faites-vous encore partie du système de prêt/commerce de KOFAVAC ?

/__/Oui /__/Non

42.. Si votre réponse est non, à votre avis, quels sont les trois principaux facteurs qui vous ont empêché de rembourser le crédit KOFAVAC ? 1) ------2) ------3) ------

43.. Nommez les trois principales utilisations que vous faites généralement de ce revenu 1ère------2e ------3e ------

44.. Êtes-vous membre de ces organisations/associations ? Encerclez le ou les chiffres correspondant à votre/vos réponse (s). Puis, spécifiez si votre appartenance date avant KOFAVAC ou après en cochant dans la case appropriée. 1. Tontine (sol, sangl, sabotay) ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

2. ONG ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

3. Comité du quartier ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

4. Association ou comité de parents ?/__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

5. Comité de gestion de l`eau ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

6. Mouvement ou groupe religieux ?/__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

7. Association culturelle ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

8.. Groupement/organisation paysan-ne ?/__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

9.. Groupement de femmes (autre)?/__/Avant KOFAVAC /__/Après KOFAVAC

10.. Parti politique ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

11.. Autre ______/__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

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Mécaniismes d`amélliioratiion,, de transformatiion ou de changement

45.. Souhaitez-vous que KOFAVAC vous offre d`autres services/activités ? /__/Oui /__/ Non

46.. Si oui, nommez trois services ou activités que vous jugez à la fois importants et prioritaires que KOFAVAC pourrait vous fournir pour mieux vous encadrer.

1) ------2) ------3) ------

47.. Face à votre situation de pauvreté, quels sont les gestes que vous posez ou les stratégies que vous déployez afin de faire vivre votre ménage ? ------

Autres iinformatiions

Nom de la Femme : ______Lieu : ______Nom de l`enquêteur : ______Date de l`enquête : ______/ ______/ 2011

171

ANNEXE C.. GRILLE D`ENTREVUE SEMI-STRUCTURÉE AVEC LES NOTABLES DE CHANSOLME

Le système d`actiiviités de KOFAVAC : Productiion//Épargne//Crédiit

1. Vous connaissez certainement KOFAVAC qui fonctionne à Chansolme depuis sa création en janvier 2005. Quelle est votre opinion sur KOFAVAC ?

2. Pensez-vous que KOFAVAC a sa raison d`être à Chansolme ? Comment jugez- vous qu`il est apprécié par la population de Chansolme ? Est-ce que voyez des raisons à cela?

3. Que pensez-vous des produits de KOFAVAC (la qualité des produits) ?

Impacts sur lles femmes et lle miilliieu

4. Est-ce que vous pensez que KOFAVAC a aidé ses membres ? Comment percevez-vous cela ?

5. Qu`avez-vous remarqué dans la vie des femmes avec la création de KOFAVAC ?

6. Pensez-vous que KOFAVAC a apporté un changement à Chansolme et dans la vie de ses membres? Si oui, en quoi consiste ce changement ?

Conseiills pour ll`aveniir

7. Est-ce que vous voyez qu`il y a des choses qui pourraient aider KOFAVAC et les femmes à aller plus loin ? Voulez-vous nous parler de ces choses ?

8. Quels sont vos souhaits pour KOFAVAC et les femmes ?

9. Désirez-vous ajouter quelque chose par rapport à ce que l`on vient de dire ?

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ANNEXE D.. GRILLE D`ENTREVUE INDIVIDUELLE AVEC LES PERSONNES QUI APPUIENT KOFAVAC

1. Vous appuyez KOFAVAC depuis un certain temps, comment percevez-vous KOFAVAC?

2. Quelles sont les difficultés rencontrées dans l`accompagnement de KOFAVAC par rapport :

a) aux femmes ?

b) à l`activité de production ?

c) au système crédit/épargne ?

d) au marché d`écoulement des produits ?

3. Quels sont les facteurs qui empêchent aux femmes de rembourser leurs prêts ? Est-ce que vous avez perçu quelques facteurs responsables de l`incapacité des femmes à rembourser leurs prêts ?

4. D`après vous, qu`est-ce qui pourrait améliorer le système crédit/épargne/petit commerce ?

5. Pensez-vous que KOFAVAC a apporté une quelconque transformation dans la vie des femmes ? À quels niveaux percevez-vous cela ?

6. Comment voyez-vous l`avenir de KOFAVAC ? Quels sont les nouveaux défis ?

7. Pensez-vous que KOFAVAC peut continuer à exister sans l`appui des Filles de la Sagesse ?

8. Est-ce qu`une équipe à la tête de KOFAVAC serait une bonne chose ?

9. Ce système d`activités pourrait-il exister dans d`autres régions du pays ?

10. Est-ce que vous pensez à d`autres activités économiques en vue de mieux encadrer les femmes ?

11. Voulez-vous ajouter autre chose?

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