34 VOILE Samedi 2 janvier 2016 Le Télégramme

Trophée Jules-Verne. Idec Sport Joyon : « Là, ça devient délicat... »

Bien qu’il ait réussi à Moi qui navigue beaucoup en soli- réduire son retard sur le taire, je savais que ce serait un point important pour un tel défi. détenteur actuel du Ce n’est pas simple de réussir à Trophée Jules-Verne souder une équipe mais je pensais (700 milles, hier soir) et que plus elle serait petite, plus ce serait facile d’être proche car cela qu’il continue de limite la hiérarchie. Le pari est s’accrocher, l’équipage réussi car nous avons tous la d’« Idec Sport » ne se même façon de voir les choses. Nous sommes très à l’écoute les berce plus d’illusions uns des autres, nous échangeons pour le record. Interview facilement nos expériences. En sans langue de bois de tant que skipper, c’est satisfai- . sant pour moi d’avoir un bateau heureux car, en général, un bateau heureux marche plus vite.

> Quel regard portez-vous sur la trajectoire de « Spin- drift 2 » ? Nous avons essayé de faire notre route sans trop nous obséder par sa taille ou du fait qu’il est plus rapide que nous. Au final, comme il s’est assez vite retrouvé devant nous, bien qu’il soit parti deux heures après, il est vrai que nous n’avons pas pu nous empêcher de regarder sa trajectoire. Il a un peu été une sorte d’aiguillon pour Francis Joyon et l’équipage d’ « Idec nous sur ce tour du monde. Sport » ont franchi l’équateur, hier, à 17 h 56, après 40 jours, 14 heures et > En cas d’échec, êtes-vous 53 minutes de course. prêt à repartir à l’assaut de ce record ? Photo Pierrick Contin/Idec Nous ne l’avons pas encore vrai- > Les choses semblent se cor- C’est dur à admettre d’autant cette fois, cela n’a été le cas que environ 1/5e de chance de le ment formulé, d’autant que cela ser pour le record, surtout qu’au cap Horn, il était encore moins d’un tiers du temps. Le hic, battre mais nous y avons été de dépend de tout un tas de conjonc- avec « Spindrift 2 » qui est très accessible. Nous étions alors c’est que l’Atlantique Sud s’est bon cœur car c’est un challenge tures mais je pense que nous devant vous. Dans quel état complètement dans les temps. vraiment montré très cruel avec particulièrement beau et moti- serions tous partants pour reten- d’esprit êtes-vous ? Là, objectivement, ça devient déli- nous. C’est ainsi et je ne dois pas vant. Nous savions qu’il existait ter le coup assez vite. Ce Trophée Pour être honnêtes, nous avons cat. me plaindre car la mer, jus- le risque de ne pas réussir à le Jules-Verne est un très grand chal- pris un vrai coup de mou quand qu’alors, m’a souvent fait des battre et nous étions prêts à l’as- lenge. Et, s’il nous échappe, ce nous nous sommes fait prendre > Vous, le roi des circumnavi- cadeaux. De plus, il est normal sumer. sera de peu. Alors oui, je pense dans les calmes, la semaine der- gations express en solitaire, que, parfois, l’on se heurte à des que nous aurions tous très envie nière, au large de l’Argentine. À que pensez-vous de la météo difficultés. Ce record du Trophée > Un mot sur vos cinq équi- et hâte d’y retourner. ce moment-là, nous avons claire- de ce tour en équipage ? Jules-Verne est un record difficile piers… ment vu nos espoirs s’envoler. À mon sens, elle a vraiment été à atteindre, un peu comme l’est Alex Pella, Boris Herman, Bernard P. V. (7 Oceans) Depuis, nous rattrapons un peu atypique. Lors de mes expé- mon record du tour du monde en Stamm, Gwénolé Gahinet (qui a de notre retard mais nous savons riences passées, j’ai surtout eu solitaire. La preuve, plusieurs ten- fêté ses 32 ans, hier) et Clément t Le point, hier à 19 h qu’établir le record aujourd’hui des vents d’ouest assez soutenus tatives ont échoué. Avant de par- Surtel sont des gens extraordi- Idec Sport : 700 milles de retard est un challenge plus que difficile. dans l’Indien et le Pacifique. Or, tir, nous savions que nous avions naires, dotés d’un très bon esprit. Spindrift 2 : 327 milles de retard.

La boucle d’oreille du cap-hornier... Spindrift 2 À bord du maxi- « Idec Sport », le Suisse Bernard Stamm et l’Espagnol Alex Pella (ci-contre) Chabagny : « La météo décidera » ne manquent jamais une occasion de mettre l’ambiance. Si, pour Idec Sport (lire ci-dessus), Le jour de l’an, ils ont offert un les choses semblent plutôt mal cadeau d’anniversaire très particu- engagées, à bord de « Spindrift 2 », lier à Gwénolé Gahinet, récent cap- l’espoir de s’emparer du Trophée hornier qui a maintenant le droit de Jules-Verne existe bel et bien. En « pisser au vent » et de porter une mer, Yann Guichard et son équipage boucle d’oreille. y croient. À terre, Thierry Chabagny, détenteur du record avec l’équipage L’anniversaire de de « » en 2012, Gwénolé Gahinet suit de près la progression de « Spin- sur www.letelegramme.fr drift 2 ». Au point de faire tourner des routages chaque jour. « Le Tro- phée Jules-Verne m’avait beaucoup A L’ÉCOUTE plus. Ça a marqué ma carrière. Et puis, j’ai des copains à bord de Sydney - Hobart. Monocoque SMA. "Spindrift 2" qui est la même plate- « Courrier du Léon » Récupération en cours forme que "Banque Populaire V" donc je trouve intéressant de compa- deuxième au général ! Si Paul Meilhat se remet tout dou- rer ». aient les nerfs solides à bord. C’est s’annonce musclée. « Ça va être Sur la Sydney-Hobart, il faut attendre cement de ces blessures occasion- la météo qui décidera de leur sort ». chaud mais ils ont encore une les arrivées des derniers bateaux nées lors d’une manœuvre pen- Avoir les nerfs solides Selon lui, tout se jouera entre chance de battre notre record ». pour connaître le classement défini- dant la Transat BtoB, son mono- Chez lui à Névez, le skipper du Figa- dimanche soir et mardi. La phase cri- Pour battre le record (45 jours tif, en temps compensé. coque, lui, n’a toujours pas été ro « Gédimat » a allumé Adrena, tique, c’est le positionnement du 13 h 42’ 53’’), « Spindrift » doit cou- Du coup, l’équipage du JPK 10.80 récupéré. Après plusieurs échecs logiciel de routage à la cartographie fameux anticyclone des Açores qui per la ligne d’arrivée à Ouessant « Team Courrier du Léon », mené par liés aux mauvaises conditions intégrée et reliée au GPS, qui per- leur barre la route. « Soit ils avant le 6 janvier à 17 h 43’ 51’’. Géry Trenteseaux et composé, entre météo, l’équipe technique de SMA met, en fonction des caractéris- mettent 10 heures de moins, soit ils « Pour que le record soit battu, il autres, de Jean-Pierre Kelbert et du a lancé, le dernier jour de l’année tiques du bateau et des fichiers arrivent 10 heures trop tard. Enfin faut qu’il y ait une minute d’écart Figariste Alexis Loison - arrivé en 36e 2015, deux nouvelles tentatives, météo, de donner la route optimale ça, c’est aujourd’hui. Demain, ça entre le temps de référence et le position en temps réel, termine depuis le sud-ouest de l’Irlande, où entre deux points. aura peut-être changé… » nouveau chrono », explique Claude deuxième du classement général en le 60 pieds dérive non loin des « C’est vraiment tendu pour eux, Breton, président du WSSRC, l’ins- temps compensé, et premier en côtes… À bord d’un voilier de 15 m, explique Chabagny. Jeudi, mon rou- Avant mercredi à 17 h 43’ 51’’ tance chargée d’officialiser les IRC 4. une première équipe a quitté Brest, tage leur donnait 20 heures Seule certitude, le trimaran noir et records à la voile. Une deuxième belle performance jeudi matin, pour rejoindre l’Ir- d’avance sur la ligne d’arrivée et or bouclera son Jules-Verne dans la Donc avant mercredi prochain à après leur victoire dans la Fastnet lande. La seconde se trouve à bord aujourd’hui (hier), ils rateraient le baston. Avec des vents de sud-ouest 17 h 43’ 51’’. Tic-tac, tic-tac… Race, puis une première place au clas- d’un remorqueur, depuis le port de record d’une dizaine d’heures (ci- de l’ordre de 40 nœuds, l’arrivée sement général du RORC en 2015. Fenit. contre). Il va vraiment falloir qu’ils par l’ouest sur les côtes bretonnes Philippe Eliès