Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne et du nord-est de la France, 16, 2018

Vitis rupestris Scheele et ses principaux hybrides, contribution à leur caractérisation

par Gilles André, Max André et Tierry Lacombe

Gilles André, 4 rue du Presbytère, F-25580 Athose – Les Premiers Sapins Courriel : [email protected] Max André, 2 chemin de la Chapelle, F-25580 Échevannes Courriel : [email protected] Thierry Lacombe, INRA - UMR 1334 AGAP - Équipe Diversité, Adaptation et Amélioration de la Vigne (DAAV), 2 place Viala, bât.21, F- 34060 Montpellier Courriel : [email protected]

Résumé – Après un rappel des différentes étapes de l’introduction en France, comme porte-greffe, de rupestris Scheele, nous décrivons ce taxon et, de manière générique, ses principaux hybrides essentiellement primaires présents à l’état naturalisé en Franche-Comté et dans quelques autres régions françaises : × V. rupestris, Vitis berlandieri × V. rupestris, × V. rupestris et Vitis acerifolia × V. rupestris. Une iconographie est proposée ainsi qu’une clé dichotomique de détermination.

Mots-clés : , Vitis riparia × V. rupestris, Vitis berlandieri × V. rupestris, Vitis vinifera × V. rupestris, Vitis acerifolia × V. rupestris, Vitis rupestris ‘Rupestris du Lot’, porte-greffe, vigne post-culturale, Franche- Comté.

Abstract – After recalling the different stages of the introduction in France, as , of Vitis rupestris Scheele, we describe this taxon and generically its main and essentially primary hybrids present in a natularized state in Franche-Comté and in a few other French regions : Vitis riparia × V. rupestris, Vitis berlandieri × V. rupestris, Vitis vinifera × V. rupestris et Vitis acerifolia × V. rupestris. An iconography is proposed as well as a dichotomous key of determination.

Keywords : Vitis rupestris, Vitis riparia × V. rupestris, Vitis berlandieri × V. rupestris, Vitis vinifera × V. rupestris, Vitis acerifolia × V. rupestris, Vitis rupestris ‘Rupestris du Lot’, rootstock, post-cultural grapevine, Franche-Comté.

ette synthèse, qui fait correspondent très majoritaire- prise en compte de caractéristiques suite à deux articles l’un ment à des porte-grefes échap- propres à chaque hybride. concernant Vitis riparia pés d’anciennes cultures. Nous ne Cet article devrait permettre leur CMichaux (André & André, 2017) traiterons pas les centaines d’hy- identifcation par des botanistes inté- brides interspécifques complexes1 et l’autre s.l. (André ressés par le genre Vitis et contri- qui comportent une ascendance V. et al, 2018a), a pour objectif de buer à expliciter, dans Flora Gallica, rupestris et qui peuvent se rencon- proposer une description détail- les items Vitis rupestris, V. riparia × trer dans les friches post-culturales, lée de Vitis rupestris Scheele et de V. rupestris et certains hydrides de mais dont la morphologie générale ses principaux hybrides essentiel- V. berlandieri 2 et de V. acerifolia3 lement primaires à partir d’exem- diverge nettement du taxon étudié et dont l’identifcation nécessite la 2. = V. cinerea (Engelm.) Millardet var. helleri (L.H. plaires naturalisés rencontrés en Bailey) M.O. Moore. Franche-Comté et dans quelques 1. Hybrides ternaires puis quaternaires et enfn des 3. Cette espèce est classiquement appelée Vitis longii hybrides comportant jusqu’à six espèces dans leur Prince par les ampélographes (voir Moore, 1991 ; autres régions françaises. Ceux-ci ascendance. Moore & Wen, 2016).

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(Tison et al., 2014 ; Tison & de Klein et al., 2018) : elles valident V. cinerea. Vitis aestivalis se révé- Foucault, 2014). Les indications la proximité génétique entre Vitis lera insufsamment tolérante. Ce de répartition des taxons sont pure- rupestris, Vitis riparia et Vitis ace- savant démontra que la résistance ment indicatives, fonction de pros- rifolia, au sein de l’un des trois la plus élevée se rencontrait avec pections réalisées depuis 2016 dans principaux clades qui regroupent les espèces pures, non hybridées quelques régions viticoles. la vingtaine d’espèces américaines, (Millardet, 1885). Comme nous l’avons déjà souli- et montrent que leur séparation Pour mener ces études Millardet ft gné, la grande majorité des vignes aurait été récente (fn du Pliocène). venir des kilogrammes de pépins échappées des cultures en Europe Cette série est caractérisée par des de ces espèces7, indiquant même, sont issues d’espèces américaines bourgeonnements fermés à demi- dans sa correspondance avec ou d’hybrides américains (améri- fermés (les très jeunes feuilles George Engelmann de Saint-Louis cano-américains) ou encore d’hy- entourent complètement l’apex (Missouri), qu’il aurait besoin d’hec- brides américano-européens. Ces du jeune rameau) et une absence tolitres de graines pour ces essais… taxons ont joué et jouent encore un de villosité ou villosité formée par En 1879, il indiqua la tolérance très rôle essentiel dans le maintien de des poils dressés avec éventuelle- élevée de V. rupestris au phylloxéra, la européenne et mon- ment seulement quelques rares cette dernière espèce pouvant rem- diale suite aux diférentes crises poils couchés sur l’extrémité des placer efcacement V. riparia dans sanitaires de la deuxième moitié jeunes rameaux et sur les nervures e les sols un peu chlorosants (Millardet, du XIX siècle. 6 au revers des jeunes feuilles . Les 1879 & 1885). Ce retard dans l’utili- stipules sont grandes, généralement sation des ‘Rupestris’ comme porte- Position taxonomique supérieures à 3 mm. L’épaisseur du grefe tient peut-être au botaniste de Vitis rupestris diaphragme nodal ne dépasse géné- français Jules Émile Planchon qui, ralement pas 1 mm et les grains lors de sa mission en Amérique Scheele, 1848, Linnaea, de raisin ont une taille inférieure 21 (5) : 591. en 1873, voyait dans V. rupestris à 12 mm (Moore, 1991, légère- une « espèce qui mériterait d’être ment modifé). Le genre Vitis comprend deux sous- introduite dans les jardins à titre genres ; le sous-genre Muscadinia de curiosité » (Planchon, 1875), Planchon (2n = 40, deux espèces4) Origine des Vitis expression reprise dans une lettre des zones chaudes et humides d’Amé- rupestris Scheele de Millardet à Engelmann en 1876. rique du Nord et le sous-genre Vitis 5 présents en Europe Insistons donc sur le fait que l’in- (2n = 38, plus de 70 espèces). En troduction de Vitis rupestris en son sein, trois ensembles géogra- L’introduction de cette espèce amé - Europe ne s’est pas faite, dans un phiques principaux s’individua- ricaine en Europe est directement premier temps, sous forme de sélec- lisent : les vignes américaines, les liée à la crise sanitaire qui a touché tions particulières de cette espèce. vignes européennes et les vignes le vignoble français puis européen Ce n’est que très progressivement asiatiques. à partir du milieu du XIXe siècle. qu’un petit nombre de variétés déf- Les vignes du sous-genre Vitis, toutes Il faudra attendre les études minu- nies auront la faveur des vignerons interfertiles, sont habituellement tieuses d’Alexis Millardet, à partir et seront fnalement les seules mul- regroupées en un certain nombre de 1877, à Bordeaux, pour montrer tipliées par bouturage. La consul- de séries : Vitis rupestris appartient que seules quelques espèces améri- tation de la documentation écrite à la série Ripariae (Munson, 1909 ; caines présentaient une résistance conservée à l’Unité Expérimentale Galet, 1988 ; Moore, 1991) qui ou une forte tolérance aux attaques du Domaine de Vassal, hébergeant comprend Vitis acerifolia Raf. (= V. du puceron (Daktulosphaira viti- le Centre de Ressources Biologiques longii Prince), V. riparia Michaux foliae Fitch) responsable du phyl- de la Vigne de l’INRA (Marseillan- et Vitis rupestris Scheele. Les études loxéra (Pouget, 2015) : Vitis ripa- plage8), est particulièrement inté- phylogénétiques récentes confr- ria, V. rupestris, V. cordifolia, et ressante pour illustrer la débauche ment cette interprétation (Miller 6. Il est classiquement admis que la série Ripariae ne d’énergie et l’enthousiasme enga- et al., 2013 ; Wan et al., 2013 ; comporte pas de poils laineux mais une observation approfondie montre qu’ils peuvent exister mais le plus 7. Depuis au moins 1876 selon la correspondance 4. Muscadinia rotundifolia et M. popenoei. souvent de manière fugace chez V. rupestris (voir par avec Engelmann (https://www.biodiversitylibrary.org). 5. Anciennement Euvitis. exemple, Ma et al., 2016 ; nos obs.). 8. www.montpellier.inra.fr/vassal.

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gés par des pépiniéristes et des – ‘Rupestris Mission’, sélectionné tés de V. rupestris. Il est toutefois vignerons pour trouver le porte- par Viala, variété mâle ; vrai qu’en 1959, on comptait pra- grefe miracle. tiquement 400 000 ha de vignes – ‘Rupestris du Lot’ également grefées sur ’Rupestris du Lot’, À titre d’exemples on citera les culti- appelé ‘Rupestris phénomène’ (et soit 40% des plantations fran- vars suivants : ‘Rupestris St George’ aux ÉtatsUnis çaises (Galet, 1988). On appré- et dans d’autres pays anglophones) – ‘Rupestris Martin’, variété mâle, ciait sa grande vigueur, son adap- du fait de sa vigueur exceptionnelle, tation aux sols pauvres et sa résis- introduite du Texas en 1874 ; variété mâle repérée dans un semis tance à la chlorose supérieure à celle de Vitis rupestris, importé des États- des autres porte-grefes connus à – ‘Rupestris Ganzin’, variété mâle, Unis, à Montferrier dans l’Hérault cette époque. introduite en 1874 ; par Sijas en 1879 (fgure 1). Ce porte-grefe, avec six clones agréés, fait toujours partie des 30 À partir du début du XXe siècle, ce – ‘Rupestris Alphonse de Serres’, variétés de porte-grefes inscrites au dernier cultivar fut de très loin le variété femelle ; Catalogue national (Coll., 2007). plus propagé d’où, trop souvent, une tendance à voir dans la seule Ce sont toutes ces variétés, issues – ‘Rupestris Fort-Worth n°1, 2, 3’, variété ‘Rupestris du Lot’ la mor- de semis ou de boutures, que l’on variétés mâles ou variété femelle ; phologie type de V. rupestris. Nous peut encore rencontrer dans d’an- verrons qu’elle présente pourtant ciennes parcelles viticoles et éga- – ‘Rupestris métallique’, variété des caractères ampélographiques lement dans des milieux naturels mâle ; particuliers parmi les autres varié- ouverts, cette espèce se propageant

Figure 1 : contribution de Vitis rupestris Scheele dans la composition génétique des principaux porte-greffes français (d’après Galet, 1988 ; PlantGrape, 2011). Entre parenthèses les variétés qui ne font pas partie du Catalogue national actuel.

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très facilement par reproduction Moore, 1991 ; Pap et al., 2015 ; présence d’un support ; cela est végétative. Il n’est pas exclu non NatureServe, 2014) pour tenir peut-être accentué par la faiblesse plus que des semis soient le fruit compte de la variabilité intraspé- des vrilles courtes intermittentes10 d’hybridations naturelles entre des cifque du taxon. L’observation des généralement bifdes (moins de 12 variétés initiales mâles et femelles collections vivantes de Vitis rupes- cm de long) qui deviennent rapi- présentes dans les lots de semences tris ainsi que les précieuses informa- dement caduques et qui parfois propagés. tions de terrain des ampélographes sont absentes de la partie infé- En fonction des qualités des sols, les conservées à l’INRA de Vassal (P. rieure des rameaux. Ce port parti- Truel en particulier) nous ont été vignerons avaient donc à leur dis- culier fait rapidement repérer l’es- e également particulièrement utiles. position, dès la fn du XIX siècle, pèce au bord d’une ancienne par- une série de porte-grefes qui per- La description proposée tient compte celle viticole. mettaient la reconstitution des de la grande variabilité de Vitis Les rameaux de l’année sont légè- vignobles, sauf dans les sols très cal- rupestris et n’est pas centrée sur une caires où des échecs de replantation variété particulière. Il faut en efet rement anguleux vers l’extrémité persistaient (ex. « terres blanches » tenir compte que la plupart des pre- puis nettement arrondis à quelques en Charentes). miers Vitis rupestris introduits en décimètres de l’apex. Ils sont très Il faudra attendre quelques années Europe ont été obtenus par semis rapidement rouge-violacé, lisses, avec l’avènement d’une autre vigne de graines venues des États-Unis. glabres ou légèrement parcourus de poils laineux prostrés à l’extré- américaine, Vitis berlandieri, pour Vitis rupestris est une espèce vivace mité qui disparaissent le plus sou- apporter une solution défnitive aux au port typiquement buissonnant porte-grefes adaptés aux sols très en raison de sarments dressés den- vent au cours de la saison puis ils calcaires. Cette espèce, étant très sément ramifés qui peuvent parfois virent au brun à l’aoûtement et sont difcile à bouturer, sera propagée s’étaler, favorisant ainsi l’enracine- alors nettement striés. L’écorce per- sous la forme d’hybrides dont les ment de nouvelles tiges (fgure 2). siste longtemps sur les sarments, se boutures s’enracinent plus facile- Il se constitue ainsi un massif qui détachant par plaques. La moelle ment, par exemple Vitis berlan- peut devenir relativement impo- est de couleur brune, interrom- dieri × V. rupestris pour rester dans sant. Elle monte très rarement à pue par des diaphragmes nodaux le cadre de cet article. plus de 2 m de hauteur même en de moins de 1 mm de diamètre. Finalement, cet ensemble de porte- de Vitis rupestris d’une excellente facture. (https:// 10. Deux vrilles consécutives puis absence de vrille au grefes permettra de reconstituer la explore.recolnat.org/search/botanique). nœud suivant. Type : 2/0/2/0/2/. viticulture européenne.

Caractéristiques de Vitis rupestris

Description morphologique Les données présentées ici incluent nos propres observations de terrain, complétées par des informations issues de la littérature (Millardet 1885 ; Viala & Vermorel, 1902- 1909 ; Ravaz, 1902 ; Munson, 1909 ; Bailey, 1934 ; Cosmo et al., 1958 ; Galet, 1988 & 2000) ; nous avons également utilisé les informa- tions des auteurs qui décrivent V. 9 rupestris in situ (Planchon, 1875 ; M. André

9. L’herbier Planchon, consultable sur le site du Mu- Figure 2 : Vitis rupestris au port buissonnant. seum de Paris, comporte un grand nombre de variétés

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Les nœuds sont peu proéminents, pales sont également observables moins de 7 cm), coriaces, lustrées, non glauques et ne forment jamais sur certains exemplaires11. sont typiquement réniformes, la un anneau rougeâtre. Les mérithalles largeur du limbe étant très souvent sont courts (9-11 cm). Les feuilles adultes petites à très supérieure à sa longueur, entières petites (moins de 10 cm, souvent et avec présence éventuelle d’épau- Le bourgeonnement est fermé à lements dus aux nervures latérales demi-fermé, totalement glabre 11. Voir : http://people.missouristate.edu/LaszloKo- vacs/grapescans.htm in Pap et al., 2015 ; site Ampe- qui peuvent être plus longues que dans la variété ‘Rupestris du Lot’, lobase de l’Inra à Bordeaux : https://www.bordeaux. inra.fr/ampelobase ; nos observations. la nervure principale (fgure 5) ; les mais quelques rares poils dressés et/ou laineux peuvent être obser- vés dans plusieurs autres variétés (fgures 3 et 4). Les jeunes feuilles très brillantes, typiquement pliées en V le long de la nervure principale, sont bron- zées à cuivrées, glabres ou très légèrement couvertes sur les ner- vures de la face inférieure du limbe de quelques poils dressés (poils simples uni- ou pluricellulaires) et/ou laineux (poils aplatis et tor- sadés) (Cosmo et al., 1958 ; Ma et al., 2016) ; des toufes de poils aux intersections des nervures princi- M. André

Figure 3 : bourgeonnement fermé de Vitis rupestris ‘Rupestris du Lot’. M. André M. André

Figure 4 : jeune feuille cuivrée de Vitis Figure 5 : feuille adulte de Vitis rupestris, face supérieure. rupestris.

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sinus latéraux sont très peu marqués, La plante est dioïque mais dans cylindrique (moins de 10 cm de souvent absents. La couleur vert- la nature la reproduction semble long) souvent avec moins de 25 bleuâtre est caractéristique. Elles essentiellement végétative (Pap petites baies noires légèrement prui- gardent longtemps un limbe plié et al., 2015). Chez les individus nées de 8-11 mm de diamètre, à en gouttière sur la nervure princi- femelles, l’inforescence est lâche, saveur herbacée, plutôt désagréable. pale, d’autant plus important que le temps est sec. Les deux faces du limbe sont généralement entière- ment glabres (notamment pour la variété ‘Rupestris du Lot’) mais chez certains individus quelques poils dressés peuvent persister sur les nervures ou à l’aisselle des ner- vures principales de la face infé- rieure (fgures 6 et 7) (Ardenghi et al.,2014 ; Ma et al., 2016 ; Vasquèz & Alonso, 2017 ; nos observations). Les nervures sont rouge vif à leur base. Les nervures latérales sont nettement enfoncées dans le paren- chyme à la face inférieure du limbe contrairement à la nervure principale. Le sinus pétiolaire est ouvert à très ouvert, typiquement en accolade dans la variété ‘Rupestris du Lot’. Pour d’autres individus il peut être en V très ouvert voir en U ouvert ; M. André l’observation de populations autoch- tones de Vitis rupestris est très ins- Figure 6 : feuille adulte de Vitis rupestris, face inférieure. tructive sur la variabilité de la forme des feuilles chez cette espèce (Pap et al., 2015). Les dents sont peu nombreuses, très larges à la base, peu saillantes, généralement à bords rectilignes ou légèrement convexes et mucro- nées, antrorses12, celles des nervures principales étant souvent nettement plus acuminées. Le pétiole glabre est rose-violacé vif à très légèrement pubescent ou à quelques poils laineux pros- trés, nettement moins long que le limbe (généralement demi-lon- gueur du limbe). Les stipules sont grandes, transparentes et de 3 à 6,5 mm de long.

12. La présence de dents légèrement falciformes peut M. André correspondre à des hybrides Vitis acerifolia × Vitis riparia, ou bien à des symptômes de la maladie virale du Figure 7 : feuille adulte à poils dressés de Vitis rupestris, face inférieure. court-noué qui s’extériorisent beaucoup sur cette espèce.

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Les pépins sont de couleur brun Sensibilités aux maladies En Europe, la distribution des V. clair et de 5-6 mm de long. rupestris acclimatés est corrélée à Vitis rupestris est peu sujet aux mala- l’extension du vignoble à la fn Comme l’ont bien remarqué les dies cryptogamiques sauf l’anthrac- du XIXe siècle et dans la première anciens auteurs (Ravaz, 1902), cette nose. Par contre il est sensible au moitié du XXe siècle où cette espèce espèce présente une large variabi- phylloxéra gallicole (générations utilisée comme porte-grefe (sous lité et ils ont suggéré que certaines aériennes du puceron), les galles diférentes variétés) a rencontré un variétés introduites en Europe prenant une belle teinte rouge, immense succès dans de nombreux pourraient être d’origine hybride. mais il est très peu sensible au phyl- pays. Elle est signalée en milieu natu- loxéra radicicole (générations sou- rel notamment en Espagne (Laguna Dans son milieu naturel américain, terraines). Ces caractéristiques sont Lumbreras, 2003a ; Vasquèz & Vitis rupestris s’hybride en efet avec intéressantes à prendre en compte Alonso, 2017) en Italie (Ardenghi les espèces sympatriques, V. ripa- pour la détermination. ria et V. cinerea (Pap et al., 2015). et al., 2014) et en France (Tison et al., 2014 ; Tison & de Foucault, Un hybride avec Vitis candicans Répartition (= Vitis mustangensis Buckley) est 2014) où cette espèce est considérée également décrit, Vitis ×champi- L’espèce était autrefois abondante comme une relique culturale fré- nii Planchon. dans son aire de répartition natu- quente. L’atlas en ligne de la fédéra- relle à travers les états du Maryland, tion des Conservatoires Botaniques Iconographie complémen- de Pennsylvanie, de Virginie, du Nationaux l’indique essentiellement taire : https://photos.app.goo.gl/ Kentucky, du Tennessee, de l’In- dans le Midi de la France. i7LhYZnTr3LuAY2v8 diana, de l’Illinois, du Missouri, En Franche-Comté, l’espèce est lar- de l’Arkansas, de l’Oklahoma et gement présente dans les trois dépar- Phénologie du Texas (Munson, 1909). Mais tements viticoles historiques (Jura, Les V. rupestris ont un débourre- aujourd’hui Vitis rupestris est en Doubs et Haute-Saône) au voisi- ment précoce mais toutefois moins régression sévère et désignée comme nage direct des anciennes parcelles, que les V. riparia. Comme nous « en péril » ou « gravement en où le taxon a servi de porte-grefe avons pu le constater en Franche- péril » dans de nombreux états pendant la dernière partie du XIXe Comté, la foraison parfois exubé- (Pap et al., 2015 ; NatureServe, et une bonne partie du XXe siècle. 2018). Elle se rencontre également rante du cultivar ‘Rupestris du Lot’ Nous avons été surpris d’observer commence quand se termine celle en Californie mais comme étant le résultat de son introduction en 2017 dans une vieille parcelle du ‘Riparia Gloire de Montpellier’ encore exploitée proche de Salins- (V. riparia) : en 2016, pleine fo- comme porte-grefe. Selon Pap et al. (2015), aucune autre espèce de les-Bains (Jura) un très vieux pied de raison le 10 juin pour V. riparia ‘Rupestris du Lot’ qui était encore et seulement 5% à 30% de feurs vignes d’Amérique du Nord n’est autant menacée. Les populations utilisé par le vigneron pour s’ap- épanouies pour V. rupestris le 22 provisionner en boutures. Il préfé- juin (fgure 8). de Vitis rupestris continuent d’être présentes sur le plateau d’Ozark au rait ce porte-grefe à tous les porte- Missouri et en Arkansas et dans grefes « modernes » car les pieds les monts Ouachita en Oklahoma grefés avaient, selon lui, une bien (Moore, 1991 ; Pap et al., 1015), meilleure longévité… Les ‘Rupestris’ bien qu’elles aient récemment été sont souvent associés, dans ces désignées « vulnérables » dans ces anciennes parcelles, à d’autres porte- régions par ‘Nature Conservation’. grefes ou à des hybrides produc- Il est classiquement admis que ce teurs directs (HPD) introduits en sont les perturbations anthropiques même temps ou plus tardivement liées à son biotope qui sont respon- dans les vignobles : Vitis riparia, sables de ce déclin : modifcation de Vitis riparia × Vitis rupestris, Vitis la dynamique naturelle des cours berlandieri × Vitis riparia, Vitis d’eau, activités de loisirs et pollu- labrusca × Vitis riparia, etc. M. André tions diverses. Il est particulièrement fréquent dans tout le Midi de la France Figure 8 : feur mâle de Vitis rupestris.

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où il côtoie notamment d’autres etc.) (Morano & Walker, 1995 ; Pap lés (costés) chez ces derniers. Pour porte-grefes issus de Vitis rupes- et al., 2015 ; NatureServe, 2018). les V. riparia × V. rupestris, le port tris : les hybrides Richter qui sont En France, comme dans les autres est moins buissonnant, les feuilles des Vitis berlandieri × Vitis rupes- pays européens, cette espèce est une adultes sont plus grandes, moins tris et des porte-grefes Vitis vinifera réniformes, un sinus pétiolaire net- 13 relique culturale : elle se rencontre × Vitis rupestris . En Ardèche du sud, sur les talus routiers, les murets, les tement en V ou en U, parfois limité il est accompagné également de ces murgers et les friches liées à d’an- par les nervures et un limbe davan- autres porte-grefes auxquels il faut ciens vignobles mais toujours dans tage involuté que nettement plié ajouter les porte-grefes (et produc- de bonnes conditions lumineuses en gouttière le long de la nervure teurs directs) issus notamment de où la concurrence n’est pas trop principale pour les feuilles adultes. Vitis aestivalis. forte. Nous l’avons trouvé une fois Nous l’avons encore rencontré dans le dans un milieu qui peut ressembler Principaux hybrides vignoble champenois, département de à son écologie d’origine : lit d’un primaires susceptibles l’Aube, en compagnie de porte-grefes cours d’eau asséché en été, sur des Vitis riparia, Vitis vinifera × Vitis rupes- bancs sableux stabilisés proches de d’être observés à l’état tris, Vitis riparia × Vitis rupestris et Vitis l’embouchure de la Strutta (Saint- naturalisé en Franche- berlandieri × Vitis riparia. Florent, Corse) en compagnie de Comté et dans d’autres Noté régulièrement en Corse où Pistacia lentiscus L.. Pour autant, régions françaises cette espèce était déjà signalée par nous ne pensons pas qu’il s’agit Lambinon & Dardaine dès 2006 de germinations spontanées mais Les hybrides (porte-grefes (Lambinon & Dardaine, 2006) et plutôt de boutures issues de pieds- et producteurs directs) échappés plus récemment par Jean-Marc Tison mères du vignoble de Patrimonio des cultures, sont largement domi- notamment des variétés femelles situé en amont et transportés par la nants dans les Vitis naturalisés ; ils e (Tison, 2015 ; Tison, comm. pers.). rivière. En Italie, ce taxon est consi- témoignent depuis la fn du XIX déré comme présentant un caractère siècle des eforts constants des invasif (Ardenghi & Cauzzi, 2015). Écologie vignerons européens pour adap- ter leur production aux nouvelles Vitis rupestris est une espèce hélio- Risques de confusion techniques culturales, aux adapta- phile qui, contrairement à beaucoup tions indispensables à la nature des Vitis rupestris est bien caractéri- d’autres espèces de Vitis, ne supporte sols, à la résistance aux parasites et sée par son port buissonnant, ses pas la concurrence de la strate arbus- aux demandes du marché. tive haute ou arborescente. feuilles réniformes toujours pliées en gouttière, son bourgeonnement Nous énumérons ici les diférents Aux États-Unis, elle colonise les fermé à demi-fermé et sa villosité taxons que nous avons pu repérer berges caillouteuses et les lits assé- nulle ou très faible, notamment l’ab- depuis quelques années dans cer- chés, de nature moyennement cal- sence quasi-totale de poils couchés. taines régions viticoles françaises. caire, des rivières et ruisseaux dont En Espagne, Laguna Lumbreras le débit est très variable. Au prin- Toutefois, les exemplaires (varié- (2003a et b, 2004 & 2005) et temps, elle supporte régulière- tés), plus rares, qui présentent une Vasquèz & Alonso (2017) précisent ment des inondations temporaires très faible villosité, un sinus pétio- les taxons de Vitis rupestris et ses et, en été, elle doit faire face à des laire non en accolade mais en V, hybrides rencontrés sur le territoire sécheresses prolongées même si ces peuvent être confondus principale- espagnol. Nos observations sont racines doivent pouvoir bénéfcier ment avec les hybrides Vitis riparia très voisines de ces auteurs. Pour en profondeur d’écoulements gra- × Vitis rupestris et les hybrides Vitis l’Italie, on consultera les travaux vitaires. Elle côtoie essentiellement berlandieri × Vitis rupestris, notam- de Ardenghi et al., (2014 & 2015). des plantes herbacées et des jeunes ment certains hybrides de Richter arbres ou arbustes à port buisson- fréquents dans le Midi de la France. Un certain nombre d’auteurs ont nant (Salix caroliniana Michx, Ulmus Pour les V. berlandieri × V. rupes- choisi de nommer ces hybrides alata Michx, Platanus occidentalis L., tris on s’intéressera au bourgeon- (nothotaxons) mais, d’une manière nement demi-ouvert qui comporte générale, ces dénominations posent des poils couchés assez nombreux problème dans la mesure où les 13. Voir également les commentaires de Nicolas Crou- et des rameaux typiquement côte- zet pour les Bouches-du-Rhône (Crouzet et al., 2009). diagnoses ne représentent pas la

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variabilité réelle du taxon, étant Description : elle tient compte de Le bourgeonnement globuleux, construites, le plus souvent, à partir l’ensemble des porte-grefes post- fermé, aplati, brillant, est glabre d’un hybride artifciel connu qui culturaux identifés15 avec une bonne ou avec une densité moyenne de porte déjà un nom de cultivar. Nous certitude, des principaux cultivars poils dressés mais pratiquement sans préférons donc conserver la for- recensés dans l’inventaire cadastral poils laineux et de couleur verte à mule d’hybridité et la nomination par département des années 1960 et cuivrée sans liseré carminé. Il peut des cultivars quand ils sont connus. de la bibliographie ampélographique. être légèrement en crosse marquant Le port est intermédiaire entre le l’infuence de Vitis riparia. Les hybrides V. riparia × V. port rampant de Vitis riparia et le Les jeunes feuilles, pliées en gout- rupestris 14 (fgures 9 à 11) port buissonnant de Vitis rupestris, tière (infuence de V. rupestris), sont Les premiers hybrides ‘Riparia × ces hybrides ne grimpant jamais très brillantes et typiquement bron- Rupestris’ naturels introduits en très haut dans la canopée des arbres. zées ou cuivrées avec des stipules France étaient originaires de l’Okla- bien développées (fgure 9). homa, et étudiés par Hermann Les feuilles adultes cunéiformes à Jaeger (Galet, 1988). Ils furent 15. ‘3306 C’, ‘3309 C’, ‘101.14 Mgt’. réniformes, entières, sont de taille rapidement éliminés du fait de leur faible résistance aux sols calcaires. En France, les hybrideurs souhai- taient proposer aux vignerons des porte-grefes qui alliaient les qua- lités des deux parents. Plusieurs dizaines de porte-grefes furent ainsi proposés à la vente mais seulement un petit nombre fut réel- lement propagé dans les vignobles et donc susceptible d’être retrouvé comme relique culturale. L’ i d e n t i fcation de ces hybrides pri - maires n’est pas toujours simple du M. André fait que les hybrideurs ont utilisé des variétés diférentes des parents Figure 9 : jeune feuille de V. riparia x V. rupestris. pour réaliser leurs croisements. Deux variétés sont encore propa- gées et inscrites au Catalogue natio- nal (‘3309 C’ et ‘101-14 MGt’). Il est probable également que des exemplaires présents dans les ripi- sylves et gravières du Sud de la France soient le résultat d’une hybri- dation naturelle entre Vitis ripa- ria (notamment variétés femelles comme ‘Riparia Grand Glabre’ ou ‘Riparia tomenteux’) et Vitis rupes- tris (dont des variétés mâles comme ‘Rupestris du Lot’) (Tison & de Foucault 2014, légèrement modifé). M. André

14. = Vitis ×instabilis Ardenghi, Galasso, Banfi & Figure 10 : feuille adulte de V. riparia x V. rupestris. Lastrucci, pro parte.

43 Vitis rupestris Scheele et ses principaux hybrides, contribution à leur caractérisation.

petite à moyenne (inférieure à 14 de couleur verte à violacée. Les sar- 14 MGt’ 7270 ha et le ‘3306 C’, à cm), souvent un peu plus longues ments sont de couleur rouge vio- rameaux pubescents, 1 325 ha pour que larges, trilobées, à sinus pétio- lacé ou brun jaunâtre. ne citer que les principaux (Galet, laire en forme de V ouvert ou plus Comme les parents, ces hybrides 1988). Nous les avons rencontrés rarement de U. Dans quelques varié- sont généralement dioïques18 ; pour dans tous les vignobles prospectés tés le sinus pétiolaire peut être à base (Franche-Comté, Ain, Champagne, 16 les hybrides femelles, les grappes dégarni ; on notera la présence sont petites et portent de petites Midi, Corse) témoignant ainsi de des trois dents terminales typique baies rondes, bleu noire, nette- leur très grande résistance aux mala- de V. riparia (fgure 10). Le limbe ment acidulées. dies ; ils doivent être encore pré- peut être mince ou coriace et bril- sents dans tous les autres vignobles. lant (type V. rupestris) et plus ou Ces hybrides se multiplient facile- Comme indiqué, certaines stations moins involuté, infuences simul- ment par boutures. sont probablement le fruit d’hybri- tanées de V. riparia et V. rupestris. La résistance au phylloxéra radici- dations naturelles. Les nervures principales présentent cole est élevée mais on peut observer Cultivars rencontrés : ‘3309 C’, très souvent une pigmentation des galles rougeâtres sur les feuilles. ‘101-14 MGt’ et ‘3306 C’ (une seule anthocyanique à la base. Le des- La résistance aux attaques cryptoga- fois dans le vignoble champenois). sous du limbe peut être glabre ou miques est très bonne et on remar- muni de poils dressés sur les ner- Risques de confusion : avec Vitis quera facilement ces porte-grefes vures et à l’intersection des nervures rupestris (voir cette espèce) et avec dans une vigne abandonnée et principales ou encore totalement des porte-grefes plus complexes grefée sur ce type d’hybrides : les pubescent. La marge est pourvue mais beaucoup moins difusés que cépages encore présents sont ché- de dents aiguës à ogivales de lon- ceux évoqués ici. tifs, couverts de taches de mildiou gueur moyenne (jusqu’à 8 mm). et/ou d’oïdium, les porte-grefes Les pétioles sont courts, glabres Les hybrides V. berlandieri restant pratiquement indemnes. ou pubescents. × V. rupestris19 (fgures 12 à Iconographie complémen- 15) taire : https://photos.app.goo.gl/ BCrHmuk9Y9zwunu5A Ces porte-grefes sont pratiquement tous des hybrides artifciels20, pro- Habitat : hybrides héliophiles pagés surtout à partir de 1920 pour se rencontrant fréquemment au obtenir des porte-grefes vigoureux, bord des routes et des chemins, résistant au calcaire et s’enracinant dans les haies et les broussailles bien (Galet, 1988). et les vignobles abandonnés mais également dans les parties enso- Ils sont également très nombreux leillées des ripisylves. En France, mais seulement quelques-uns ont 21 ils ne dédaignent pas les sols cal- fait (et font encore ) l’objet d’une M. André caires. Ces hybrides peuvent pré- commercialisation importante. La senter un caractère nettement inva- description proposée ne tient compte Figure 11 : rameau pubescent de V. sif (Brunel & Tison, 2005 ; Arrigo que de ces principales variétés mais riparia x V. rupestris, cv ‘3306 C’. & Arnold, 2007). une assez grande variabilité des carac- tères ampélographiques existe du Les rameaux, semi-érigés, peu angu- Distribution : ce sont certaine- fait que des variétés diférentes de leux à arrondis, sont presque tota- ment les porte-grefes les plus pré- V. berlandieri et de V. rupestris ont lement glabres à très pubescents17 sents, à l’état naturalisé, en France été utilisées par les hybrideurs fran- (veloutés) selon les porte-grefes notamment en raison de leur très çais (Richter, Millardet, Couderc, rencontrés (fgure 11). Les entre- grande difusion pendant la pre- nœuds, de longueur moyenne mière moitié du XXe siècle. En 19. = Vitis ×ruggerii Ardenghi, Galasso, Banf & Las- (12-13 cm) à nœuds efacés avec 1959, le cultivar ‘3309 C’ occupait trucci, pro parte. parfois quelques poils dressés, sont près de 160 000 ha, la variété ‘101- 20. Parmi les hybrides supposés naturels, citons le ‘Vivet 15’ et le ‘17-37 Millardet et de Grasset’, ce dernier, un 16. Limité par les nervures, notamment le ‘2A Paulsen’, peu propagé en Italie. un peu propagé. 18. Certains pieds mâles vigoureux peuvent parfois 21. Les ‘99 Richter’, ‘110 Richter’, ‘1103 Paulsen’, 17. Infuence du cultivar ‘Riparia tomenteux’ comme produire quelques grappes, le pistil n’ayant pas avorté ‘1147 Paulsen’, et ‘140 Ruggeri’ sont inscrits au Cata- parent femelle. (Galet, 1988). logue national.

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etc.) et italiens (Paulsen, Ruggeri, Grimaldi, etc.). Description : le port de ces hybrides est érigé, buissonnant à faiblement grimpant (nettement moins que les hybrides V. berlandieri × V. riparia). Le bourgeonnement est demi-ouvert à ouvert, dressé, à villosité faible et constitué de poils laineux avec, assez souvent, un liseré carminé au bord au printemps (infuence de V. berlandieri) (fgure 12). Les jeunes feuilles sont générale- ment brillantes et bronzées à très rouges suivant les cultivars et net- tement pliées en gouttière le long de la nervure principale.

Les feuilles adultes, petites à M. André moyennes, entières22, de 5 à 10 cm de longueur (inférieure à 14 Figure 12 : bourgeonnement demi-ouvert de V. berlandieri × V. rupestris. cm), sont orbiculaires, orbiculo- réniformes ou réniformes et cor- dées à la base (fgure 13). Le sinus pétiolaire est ouvert en U ou en accolade, parfois limité par les ner- vures près du point pétiolaire chez certains cultivars (exemple ‘1103 Paulsen’23). Les dents sont courtes à moyennes, à côtés presque recti- lignes ou le plus souvent ogivales à mucron marqué. Le limbe est sou- vent lisse, brillant à presque mat, épais, avec des refets bleutés, par- fois légèrement bullé à ondulé sur les bords et plié en gouttière ou seu- M. André lement involuté vers la face supé- Figure 13 : feuille adulte de V. berlandieri × V. rupestris. rieure. La densité des poils dressés et couchés à la face inférieure des Suivant les cultivars les rameaux feuilles est généralement très faible peuvent être glabres à pubescents voire nulle ce qui peut induire à des et typiquement côtelés (fgure 14) confusions avec des variétés de Vitis (infuence de V. berlandieri). Très rupestris. Les nervures présentent souvent, les nœuds présentent une chez certaines variétés (exemple coloration violette, les entre-nœuds variétés de Richter) une pigmen- étant de couleur verte ou rouge vio- tation anthocyanique importante. lacé. Les vrilles sont de type inter- mittent, souvent bifurquées.

Les sarments, souvent brun-gris, M. André 22. Un hybride possède des feuilles trilobées surtout à la base des rameaux, le ‘57 Richter’. sont nettement striés. Figure 14 : rameau costé de V. 23. Iconographie complémentaire : https://photos.app. berlandieri × V. rupestris. goo.gl/SZECkmRFkXCQbMvt7

45 Vitis rupestris Scheele et ses principaux hybrides, contribution à leur caractérisation.

tance au phylloxéra et aux mala- dies cryptogamiques et qualité très moyenne des vins produits (Galet, 1988). Pour autant, du fait de la très grande variété des cépages de Vitis vinifera présents, les hybrideurs ont créé des centaines d’hybrides, espérant inventer le cépage-hybride parfait ! Ils servirent ensuite à créer des hybrides plus complexes en les croisant avec des V. vinifera pour améliorer les qualités œnologiques des vins produits.

M. André Il n’est donc pas très facile de pro- poser une diagnose qui prend en Figure 15 : galles phylloxériques folaires. compte l’ensemble des combinai- sons possibles ; nous ne retiendrons Ces hybrides sont dioïques, les la propriété de retarder la maturité que celles qui sont susceptibles de cultivars les plus fréquents étant de leurs grefes ; ils ont donc été se rencontrer naturalisées ou au mâles (feurs physiologiquement moins propagés dans les régions voisinage des vignobles. mâles). Pour les variétés femelles, septentrionales (Galet, 1998). Aucun de ces hybrides n’a été retenu les grappes sont petites avec de Cultivars rencontrés : ‘99 Richter’ et dans le catalogue ofciel des porte- très petits grains ronds, noir bleuté. ‘110 Richter’, ‘140 Ruggeri’, ‘1103 grefes français. Toutefois le Grézot La tolérance au phylloxéra radi- Paulsen’ mais il en existe certaine- 1, autorisé, est issu d’un semis du cicole est très bonne, les feuilles ment d’autres que nous n’avons pu ‘1202 C’ (Vitis vinifera × Vitis rupes- étant toutefois concernées par les identifer avec certitude. tris) selon les analyses génétiques galles phylloxériques (fgure 15). Risques de confusion : ces hybrides réalisées par l’Inra de Montpellier Les hybrides Vitis berlandieri × V. peuvent être confondus avec Vitis et peut facilement être confondu rupestris sont par ailleurs résistants rupestris (voir cette espèce) et avec avec ces hybrides primaires. au mildiou. des porte-grefes plus complexes Iconographie complémen- mais beaucoup moins difusés que taire : https://photos.app.goo.gl/ ceux évoqués ici. FVzqzx1tnPrvL6Ay6 Habitat : hybrides héliophiles ren- Les hybrides V. vinifera × V. contrés sur les talus herbeux au rupestris24 (fgures 16 à 18) bord des routes et des chemins, le Ce sont donc des hybrides améri- long de fossés et surtout dans les cano-européens. anciennes parcelles viticoles seule- ment partiellement envahies par la Ces hybrides, tous artifciels, ont été végétation arbustive ou arborescente. créés à partir de 1882 pour consti- Dans ce cas souvent en compagnie tuer des porte-grefes vigoureux et/ d’autres porte-grefes : V. rupestris ou des hybrides producteurs directs ‘Rupestris du Lot’, des « Berlandieri permettant d’obtenir une récolte × Riparia » et des hybrides produc- satisfaisante (infuence de V. vini- teurs directs. fera) et une certaine résistance aux maladies (infuence de V. rupes- Distribution : pour notre part uni- tris). Ces hybrides furent en réa- quement rencontrés dans le Midi de lité très décevants : mauvaise résis- M. André la France et en Ardèche. Pour l’ins- tant, non notés en Franche-Comté 24. = Vitis ×hispanica F. M. Vázquez & García Alonso Figure 16 : bourgeonnement de V. nothosp. nov., pro parte. Précisons que l’individu vinifera × V. rupestris. et en Champagne. Ces hybrides ont femelle est Vitis vinifera d’où l’écriture proposée ici.

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Description : le port est souvent geâtre chez de nombreuses varié- Suivant les sélections réalisées, les érigé sur des souches vigoureuses. tés. Les dents sont généralement pieds sont mâles, femelles ou herma- Le bourgeonnement est demi-ouvert anguleuses, celles de l’extrémité des phrodites. Quand elles existent, les partiellement couvert de poils lai- nervures principales souvent plus grappes sont petites, cylindriques et neux dont l’importance est fonc- eflées mais parfois les dents sont portent de petites baies sphériques tion de la villosité du cépage utilisé de type ogival. Le pétiole est sou- noires (pour le ‘1202 C’). lors du croisement, mais le bour- vent de teinte rougeâtre, parsemé La présence d’attaques de mildiou geonnement n’est jamais totale- de quelques poils laineux. ou d’oïdium, surtout en année plu- ment blanchâtre en raison de l’in- Les rameaux sont anguleux ou costés vieuse, est également une bonne indi- fuence de V. rupestris (fgure 16). (côtelés), avec quelques poils lai- cation sur la présence de Vitis vini- Des poils dressés peuvent être éga- neux à l’extrémité mais assez rapi- fera dans la composition génétique. lement présents sur les nervures des dement glabres à nœuds saillants et très jeunes feuilles. Iconographie complémentaire : bourgeons assez volumineux. Les https://photos.app.goo.gl/jxAEd- Les jeunes feuilles sont très sou- vrilles sont discontinues, fréquem- GprAxcdg8im8 vent bronzées à cuivrées, en gout- ment bifurquées. tière, brillantes. Habitat : hybrides rencontrés à la limite des anciennes parcelles viti- Les feuilles adultes sont bien mar- coles, utilisant des arbustes comme quées par l’infuence de V. vinifera : support ou dans des haies le long feuille petite à moyenne, orbiculaire des chemins d’exploitation viticoles ou orbiculo-réniforme, entière à fai- et toujours dans des endroits rela- blement trilobée, rarement 5-lobée tivement ensoleillés. avec un sinus pétiolaire assez typi- quement fermé (en V ou en lyre, Distribution : pour notre part, infuence de V. vinifera). Très sou- hybrides rencontrés dans les trois vent à l’automne, ces feuilles rou- départements franc-comtois, en gissent partiellement ce qui distin- Champagne (Aube), en Ardèche, guera facilement ces hybrides de la dans le Midi de la France (Hérault) quasi-totalité des hybrides améri- et en Corse. Comme ces porte- cano-américains qui ne rougissent grefes ont été assez largement uti- jamais (fgure 17). Le limbe est sou- lisés sur le territoire national on vent partiellement involuté et avec doit pouvoir les rencontrer dans des poils dressés et/ou prostrés très d’autres vignobles. peu denses sur les nervures à la face Cultivars rencontrés : ‘1202 C’ et

inférieure et parfois à l’intersection M. André probablement des hybrides ‘Aramon des nervures principales (fgure Rupestris Ganzin’ dont il existe plu- 18). La base des nervures est rou- Figure 18 : feuille adulte de V. vinifera × V. rupestris, face inférieure. sieurs variétés (ARG n°1, n°2, n°9, etc.). De nombreux autres cultivars sont susceptibles d’être rencontrés comme l’‘Alicante Terras n°20’ qui occupait pratiquement 6000 ha en 1958 (Galet, 1988). Risques de confusion : ces hybrides ne sont pas très faciles à identifer et peuvent surtout être confondus avec des HPD dont l’un des parents est un hybride ‘Vinifera × Rupestris’ et avec des porte-grefes plus com-

M. André plexes : Vitis riparia × (vinifera × rupestris)25, Vitis riparia × (cordi- Figure 17 : feuille adulte de V. vinifera × V. rupestris.

25. Nous pensons particulièrement au ‘4010 Castel’

47 Vitis rupestris Scheele et ses principaux hybrides, contribution à leur caractérisation.

folia × rupestris)26 ou encore Vitis (acerifolia × riparia) × rupestris27. Enfn, le risque de confusion avec la lambrusque sauvage autochtone Vitis vinifera subsp. sylvestris est important notamment quand la feuille des hybrides est petite et le sinus pétiolaire relativement ouvert. Comme ces hybrides, cette espèce dioïque rougit assez généralement à l’automne. On notera la forme particulière du

sinus pétiolaire, la présence de poils M. André prostrés dans le bourgeonnement demi-ouvert et le limbe partielle- Figure 19 : Vitis acerifolia (= Vitis longii). ment plié dans les jeunes feuilles souvent rougeâtres. Le limbe rougissant très souvent à l’automne, l’existence de gros bourgeons et la présence d’attaques cryptogamiques sont des bons cri- tères pour rejeter l’hypothèse d’hy- brides américano-américains. Les grappes, quand elles existent, sont petites. On soupçonnera Vitis vini- fera subsp. sylvestris lorsque l’exem- plaire est rencontré en ripisylve ou dans des forêts climaciques instal- lées sur éboulis avec un port très M. André M. André volubile (André et al., 2018b). Figure 20 : feuille adulte de V. acerifolia Figure 21 : feuille adulte de V. acerifolia × V. rupestris. × V. rupestris, face supérieure. Les hybrides V. acerifolia × celles viticoles riches en chlorures et vrées et couvertes de poils dressés, V. rupestris (= V. longii × V. furent surtout utilisés jusque dans peu denses, sur les nervures et le rupestris) (fgures 19 à 22) les années 1960. Des combinai- limbe à la face inférieure. Les feuilles Ce sont des porte-grefes hybrides sons génétiques un peu plus com- adultes souvent réniformes, invo- américano-américains où les repré- plexes ont été réalisées en associant lutées présentent un sinus pétio- sentants du cultivar ‘Solonis’ de trois espèces américaines comme le laire très ouvert, semblable à celui Vitis longii ont très souvent joué cv ‘216-3 Castel’ (Vitis (acerifolia de certains cultivars de Vitis rupes- le rôle de mère (fgure 19). Cette × riparia) × Vitis rupestris), porte- tris (fgure 20). Elles sont de taille espèce a été croisée avec diverses grefe autorisé en France mais qui petite ou petite à moyenne et pos- autres espèces américaines dont occupe actuellement moins de 10 sèdent des dents falciformes dont Vitis riparia et Vitis rupestris. Les ha (Coll., 2007). certaines sont typiquement falci- porte-grefe qui en ont résulté Description : le port de ces hybrides formes ou crochues (infuence de étaient recommandés pour les par- est érigé ou demi-érigé, buissonnant Vitis acerifolia) (fgure 21). La face à faiblement grimpant. Le bour- supérieure comporte des lignes de et ‘196-17 Castel’, toujours autorisés en France et qui geonnement est demi-ouvert avec poils dressés très courts sur les ner- ont été un peu difusés : surtout Languedoc-Roussillon vures principales et la face inférieure et Aquitaine. une faible densité de poils couchés. 26. Le ‘44-53 Malègue’, encore autorisé en France Les jeunes feuilles, pliées en gout- présente une pilosité séteuse sur les (3000 ha concernés) : principalement Midi de la France, nervures et sur le limbe (fgure 22). Rhône-Alpes. tière, sont brillantes, légèrement cui- 27. Le ‘216-3 Castel’, porte-grefe autorisé en France. Le pétiole, de couleur rose-violacé,

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On ne les confondra pas avec les autres hybrides de Vitis rupes- tris par la présence de dents falci- formes ou crochues, notamment à l’extrémité des nervures princi- pales de feuilles réniformes. Vitis acerifolia cv ‘Solonis’ possède des dents très longues, eflées et sou- vent crochues, avec une densité moyenne à forte de poils laineux sur la face adaxiale du limbe ; ses hybrides avec V. riparia ont sou- vent une morphologie foliaire de type Riparia28.

M. André Autres hybrides primaires

Figure 22 : feuille adulte de V. acerifolia × V. rupestris, face inférieure. de Vitis rupestris Scheele Vitis rupestris a fait également l’objet est recouvert de poils dressés et lai- ciennes parcelles viticoles dans des de croisements artifciels avec Vitis neux. Les rameaux arrondis sont endroits bien éclairés. cordifolia Michaux. Des hybrides généralement faiblement pigmen- Distribution : pour notre part, naturels avec Vitis aestivalis var. lin- tés sauf vers les extrémités et avec hybride rencontré en Champagne cecumii (Buckley) Munson (= Vitis quelques poils laineux épars. Les (Aube). Ces porte-grefes doivent lincecumii Buckley) ont été égale- vrilles sont fnes. Les bourgeons pouvoir être observés dans les friches ment sélectionnés, le plus connu des sarments sont couleur châtain viticoles situées le long des littoraux. étant le ‘70 Jaeger’ qui a servi de et coniques. parent à des hybrideurs français. Cultivar rencontré : le ‘216-3 Castel’, Certains hybrides producteurs issus Les hybrides les plus répandus sont considéré longtemps comme un de ces croisements primaires ont de sexe mâle. hybride primaire entre Vitis aceri- eu une assez large difusion mais Ces porte-grefes présentent une folia et Vitis rupestris, serait d’après leur description sort du cadre du bonne tolérance au phylloxéra radi- les notes de l’hybrideur un croise- présent article. cicole et aux principales maladies ment entre un porte-grefe Vitis Vitis ×champinii Planchon est égale- cryptogamiques. (acerifolia × riparia) et Vitis rupes- tris ‘Rupestris du Lot’. ment un hybride naturel avec Vitis Iconographie complémen- candicans Englem. ex Gray (= Vitis taire : https://photos.app.goo.gl/ Risques de confusion : ces hybrides mustangensis Buckley), envoyée par JdZWvbJhixEs2P5P7 ressemblent un peu à Vitis rupestris. erreur en Europe dans un lot de Habitat : hybrides rencontrés sur On les distinguera toutefois facile- Vitis rupestris (Galet, 1988). les talus routiers au voisinage d’an- ment par les poils laineux présents dans le bourgeonnement et la vil- 28. Principal cultivar rencontré le cv ‘1616 C’ à grandes losité des feuilles adultes. feuilles cunéiformes.

Clé de détermination de Vitis rupestris et de ses principaux hybrides primaires naturalisés en France

Abréviations utilisées : L : longueur du limbe ou d’une dent ; l : largeur du limbe ou d’une dent. 1a- Plante non volubile (< 2 m) à port buissonnant, entre-nœuds courts (≤ 11 cm) à feuilles adultes, petites (L < 10 cm), réniformes vert-bleu brillantes, pratiquement entièrement glabres (quelques rares poils dressés et/ ou prostrés à l’insertion des nervures sur le revers des très jeunes feuilles et à l’extrémité des jeunes rameaux), fortement pliées en gouttière et à sinus pétiolaire très ouvert ; dents antrorses larges et aigues. Rameau tou- jours de section arrondie. Plante dioïque.

49 Vitis rupestris Scheele et ses principaux hybrides, contribution à leur caractérisation.

Vitis rupestris Scheele

1b- Plante partiellement volubile à port buissonnant, à feuilles réniformes, orbiculo-réniformes, ou orbi- culaires avec présence d’une nette villosité séteuse et/ou laineuse ; jeunes feuilles pliées en gouttière et sinus pétiolaire plus fermé (en U, en V ou en lyre) ; rameau souvent à contour anguleux ou costé. Plante dioïque ou hermaphrodite.

Hybrides primaires de Vitis rupestris 2

1c- Vitis n’ayant pas ces caractéristiques.

Autres Vitis

2a- Plante réunissant majoritairement ces caractères : bourgeonnement généralement fermé pratiquement sans poils laineux, uniquement quelques poils dressés, présents souvent également à l’intersection des ner- vures principales à la face abaxiale ; limbe foliaire (L < à 14 cm) rappelant souvent Vitis riparia, sinus pétio- laire en V ou en U, dents aigues (L > l) ; jeunes feuilles bronzées à cuivrées rappelant Vitis rupestris ; rameau non costé parfois entièrement pubescent. Plante dioïque.

Hybrides Vitis riparia × Vitis rupestris

2b-Bourgeonnement demi-ouvert avec présence de poils laineux prostrés, présents également sur les ner- vures des jeunes feuilles à la face inférieure.

3

3a-Feuilles adultes entières, petites, à dents étroites (souvent L > 2 l), acuminées en partie falciformes ou crochues notamment à l’extrémité des nervures principales. Hybrides peu sensibles au phylloxéra gallicole ; bonne résistance aux maladies cryptogamiques (mildiou). Absence de rougissement automnal. Plante dioïque.

Hybrides Vitis acerifolia × Vitis rupestris

3b- Feuilles adultes à dents aiguës ou ogivales non falciformes.

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4a- Plante réunissant majoritairement ces caractères : feuilles adultes entières, petites à moyennes, sinus pétiolaire ouvert en V, en U ou en lyre, parfois à base dégarnie ; forte pigmentation anthocyanique des ner- vures ; dents peu proéminentes larges à la base (souvent l ≥ 2L) sauf celles des lobes supérieurs. Rameau à contour costé, souvent avec des nœuds de couleur rouge violacé et parfois pubescents. Hybrides sensibles au phylloxéra gallicole ; résistance élevée aux maladies cryptogamiques (mildiou) ; absence de rougissement automnal. Plante dioïque.

Hybrides Vitis berlandieri × Vitis rupestris

4b-Feuilles adultes entières ou lobées, petites à moyennes, sinus pétiolaire bien marqué, souvent assez fermé ; dents aiguës ou ogivales, bien marquées ; rameau à contour costé ou non et à bourgeons coniques. Rougissement automnal fréquent et présence d’attaques fongiques (mildiou). Plante dioïque ou hermaphrodite.

Hybrides Vitis vinifera × Vitis rupestris

50 Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne et du nord-est de la France, 16, 2018

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