RAPPORT DE MISSION Éditions Poly-Monde limitées École Polytechnique de Montréal Département de génie industriel et de mathématiques C.P. 6079, succ. Centre-ville Montréal (Québec), Canada, H3C 3A7

Tél: 514.340.4735 Fax: 514.340.4173 [email protected] www.polychine.org

Conception graphique, typographie et montage: Sebastian Bulzak Couverture: Vincent Goineau Photographies: Sebastian Bulzak, Adam Korzekwa et Jean-Philippe Leboeuf Révision linguistique: Adam Korzekwa, Jean-Michel Laplante, Laura Lebel, Jean-Philippe Leboeuf, Loïc Reny, Jean-François Richard et Sebastian Bulzak Rédaction des textes: Le groupe Poly-Chine 2005

IMPRIMÉ AU CANADA RAPPORT DE LA MISSION INDUSTRIELLE EN CHINE POLY-CHINE 2005

poly-chine 2005

Table des matières

Commanditaires ...... 10 Participants ...... 12 Étudiants ...... 12 Accompagnateurs ...... 13

Première Partie

À propos de Poly-Monde et de Poly-Chine ...... 17 Présentation de la Chine ...... 18 La transition au capitalisme ...... 18 Un marathon de changements ...... 18 Deux mondes en Chine ...... 19 La nouvelle génération ...... 20 La complexité chinoise ...... 20 Itinéraire ...... 22 Beijing ...... 23 Xi’an, Shaanxi ...... 24 , ...... 25 Nanjing, Jiangsu ...... 26 Shanghai ...... 27 Le management de la transition en Chine ...... 28 Les grands projets chinois ...... 30 Le barrage des Trois Gorges sur le Yangtze ...... 30 Le programme spatial chinois ...... 32 Autres grands projets chinois ...... 33 Investissement Direct Étranger et marché chinois ...... 34 Bref historique politique ...... 34 D’un climat économique instable à une situation plus prospère pour les investisseurs étrangers ...... 35

5 rapport de mission

Impacts des IDE sur la Chine ...... 36 L’accession à l’OMC modifie le contexte ...... 37 Perspectives d’avenir ...... 37 La compétitivité chinoise ...... 38 Institutions ...... 38 Infrastructures physiques ...... 39 Système d’innovation ...... 39 Qualité du Gouvernement ...... 40 Capital humain et social ...... 40 Différences et Inégalités ...... 41 Différences entre les régions ...... 41 Les régions de l’Est ...... 42 Les régions de l’Ouest ...... 43 Différences sociales dans les régions ...... 43 Conséquences possibles ...... 44

Deuxième Partie

Biotechnologies et pharmaceutique ...... 47 Secteur des tests et diagnostics ...... 47 Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) ...... 48 Mirador DNA Design (Montréal) ...... 48 CapitalBio Corporation (Beijing) ...... 48 Adaltis (Shanghai) ...... 49 Secteur industriel des diagnostics ...... 50 Comparaison entre la Chine et le Canada ...... 50 Secteur pharmaceutique ...... 51 Galderma (Montréal) ...... 51 Tong Ren Tang (Beijing) ...... 51 Libang Pharmaceuticals (Xi’an) ...... 52 Jiaotong University Pharmaceuticals Group (Xi’an) ...... 52 Jinling Corporation Limited (Nanjing) ...... 52 Secteur pharmaceutique et modèles d’affaires dominants ...... 52 Analyse et comparaison entre la Chine et le Québec ...... 53 Informations aux entreprises songeant à un partenariat en Chine ...... 56 Secteur de la pétrochimie ...... 58

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Sinopec Corporation (Nanjing) ...... 58 Sinopec Jingling Company (Nanjing) ...... 58 Sinopec Yizheng Chemical Fiber (Nanjing) ...... 59 Technologies de l’information et des télécommunications .61 Systèmes d’information et logiciels ...... 61 Description du secteur ...... 61 Compétences et avantages ...... 62 Prospective ...... 63 Télécommunications ...... 63 Description du secteur ...... 63 Compétences et avantages ...... 65 Perspectives d’avenir ...... 66 Électronique ...... 67 Panda Electronics Group (Nanjing) ...... 67 Nanjing Sharp Electronics ...... 68 Compétences et avantages ...... 69 Perspectives d’avenir ...... 70 Transport ...... 71 Industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale ...... 71 Pratt & Whitney Canada (Longueuil) ...... 71 Bombardier Aéronautique – Centre de formation (Ville St-Laurent) ...... 72 Ameco (Beijing) ...... 73 Centre national de l’aviation de Yanliang (Xi’an) ...... 75 Shanghai Eastern Airlines Flight Training Co. (Shanghai) ...... 76 Industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale au Canada ...... 77 Industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale en Chine ...... 78 Croissance et tendances futures du marché chinois...... 78 Opportunités d’affaires pour les entreprises du Québec et du Canada relative- ment à ce secteur ...... 79 Comparaisons et analyses entre la Chine et le Canada ...... 79 Industrie du transport terrestre ...... 79 Naveco ...... 79 Dongfeng-Citroen ...... 80 Novabus ...... 80 Industrie du transport terrestre ...... 81 Marché des infrastructures de transports terrestres ...... 81 Le marché automobile ...... 81 Le faible coût chinois ...... 82 L’importance de l’État ...... 82 Visites communes ...... 83

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L’Ambassade du Canada et la délégation du Québec (Beijing) ...... 83 Wuhan Coca-Cola Co. Ltd ...... 83 L’industrie ...... 84 L’entreprise ...... 84 IRICO Color Display Devices (Xian) ...... 85 L’industrie ...... 85 L’entreprise ...... 86 Ministère de l’Éducation (Beijing) ...... 87 Coopération et échanges au niveau de l’éducation supérieure entre la Chine et le Canada ...... 87 Ministère des Sciences et de la Technologie (Beijing) ...... 88

Troisième Partie

Une stratégie pour la Chine ...... 93 Contexte, forces et faiblesses ...... 94 L’importance stratégique de la Chine pour le Québec et le Canada ...... 94 Faire face à la Chine ...... 95 Plan d’actions face à la Chine ...... 95 La sous-traitance et l’implantation en Chine ...... 96 Remerciements ...... 98

English Part

About Poly-Monde and Poly- ...... 105 Companies visited in Canada ...... 106 Biotechnologies and pharmaceutical sector ...... 106 Information technologies and telecommunications ...... 106 Transports sector ...... 107 Mass Production (Common visit) ...... 108 Environment sector (Common visit) ...... 108 Companies visited in China ...... 109 Biotechnologies and pharmaceutical sector ...... 109

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Information technologies and telecommunications sector ...... 111 Transports sector ...... 116 Mass Production (Common visits) ...... 117

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Commanditaires

10 poly-chine 2005

C o m p u t e r - A s s i s t e d O r t h o p e d i c S u r g e r y

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Participants

Étudiants

12 poly-chine 2005

En ordre, de gauche à droite, de haut en bas: - Émélie Beauchamp, Sebastian Bulzak, Alexandre Caron-Raymond, Jean-Christophe Damé - Cindy Dostie, Sophie Fallaha, Vincent Goineau, Adam Korzekwa - Jean-Michel Laplante, Laura Lebel, Jean-Philippe Leboeuf, Antoine Lemoine - Geneviève Plouffe, Philippe Razanakolona, Loïc Reny, Jean-François Richard - Julie Roch, Sabine Roussin, Mathieu Rondeau, Sue-Fun Jade Yee

Accompagnateurs

En ordre, de gauche à droite, de haut en bas: - Roger Miller, Zheng Jia Liu, Line Dubé - Ke Wu, Daniel Laporte, Michel Brûlé

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Première Partie La mission Le pays

poly-chine 2005

À propos de Poly-Monde et de Poly-Chine

«Quand la Chine s’éveillera... le monde tremblera». Cette citation de Napoléon est plus que jamais d’actualité puisque la Chine est certainement en plein éveil depuis la fin des années 1970. Si l’em- pire chinois ne figure pas déjà au premier rang des pays les plus compétitifs et puissants à l’échelle mondiale, le poids démographique de sa population et le rythme de croissance élevé de son éco- nomie le positionne comme l’un des principaux acteurs de la nouvelle économie. La Chine étant destinée à un avenir prometteur, il importe donc de comprendre les enjeux reliés à l’arrivée de ce géant sur les marchés internationaux. C’est donc avec le désir d’approfondir leurs connaissances et leur compréhension du pays que le groupe d’étudiants de l’École Polytechnique de Montréal, s’est envolé vers la Chine en mai dernier dans le cadre de la mission industrielle Poly-Chine 2005.

Depuis plus de quinze ans, les missions industrielles Poly-Monde de l’École Polytechnique ont permis à des centaines de futurs ingénieurs de se conscientiser face aux impacts de la mondiali- sation, de la concurrence internationale et à l’importance de l’innovation et de l’entrepreneurship dans les entreprises québécoises et canadiennes. Après avoir visité le Japon, l’Allemagne, la Scan- dinavie, l’Italie, le Royaume-Uni, la France, la Côte Ouest américaine, le Benelux, la Corée du Sud, l’Espagne, le Brésil et la Suisse, c’est dans la même optique que la seizième mission Poly- Monde s’est intéressée à la Chine, une première.

Cette dernière mission comptait vingt étudiants répartis à travers six orientations de génie diffé- rentes. En plus d’une analyse générale du contexte économique chinois, de visites universitaires et d’organismes gouvernementaux, trois grands secteurs industriels ont été étudiés plus spécifique- ment lors du séjour en Chine. Les membres de la mission se sont concentrés sur les principaux sec- teurs jugés comme des piliers de l’économie chinoise: Transports, Technologies de l’information et des télécommunications ainsi que Biotechnologies et pharmaceutique. En Chine, les entreprises visitées ont été sélectionnées à travers cinq importants centres économiques du nord et du centre du pays, soient Beijing, Xi’an, Wuhan, Nanjing et Shanghai. Afin d’effectuer une analyse compa- rative entre la Chine et le Québec, onze entreprises québécoises oeuvrant dans les mêmes secteurs d’activités ont également été visitées avant le grand départ pour la Chine.

De plus, les étudiants participant aux missions Poly-Monde doivent suivre les cours de Technolo- gies et Concurrence Internationale I et II dans le but d’acquérir les notions préalables à la compré- hension et à l’analyse des enjeux de la mondialisation sur les économies chinoise et canadienne. Ces cours sont donnés par M. Roger Miller, titulaire de la Chaire Jarislowsky en gestion de l’inno- vation à l’École Polytechnique de Montréal.

Ce rapport, résultat de plus d’une année de préparation et de travaux, a pour objectif principal de faire le constat de la situation industrielle canadienne, principalement au niveau du Québec, face au géant asiatique. De plus, le rapport de la mission Poly-Chine 2005 vise à mettre en relief les forces et les faiblesses de chacune de ces économies dans le but d’orienter et de stimuler les dis- cussions et les réflexions face à la Chine.

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Présentation de la Chine

Les statistiques qui prouvent le gigantisme de la Chine sont désormais bien connues de tous et les superlatifs ne manquent pas. Inutile de répéter ce que tous connaissent déjà. Malgré tout, une fois sur place, on ne peut s’empêcher d’être surpris par l’ampleur de tous ces phénomènes de croissan- ce et de mutation. C’est avec un orgueil infroissable que la Chine met les bouchées doubles pour montrer au monde entier qu’elle est à la hauteur de tous les défis. Par exemple, à l’aube des Jeux Olympiques, la date de 2008 revêt pour Beijing, la capitale chinoise, une importance toute particu- lière alors que le monde entier aura les yeux rivés sur la Chine. En vérité, ce dragon économique est une locomotive lancée à grande vitesse et on sait qu’on ne peut pas l’arrêter. Même si énormé- ment de choses ont étés dites déjà, tout reste à découvrir par soi-même. Les surprises se succèdent continuellement, rendant ainsi l’expérience chinoise très complexe, mais combien fascinante.

La transition au capitalisme

Depuis quelques années, les pays occidentaux s’alarment de la compétition féroce avec la Chine qui se traduit par des fermetures d’usines, des pertes d’emplois, etc. Malgré la vitesse fulgurante à laquelle les changements s’opèrent, ce n’est que depuis la mort de Mao Zedong en 1976 que le virage a été entamé avec un programme de réformes économiques frôlant le capitalisme. Les marchés se sont libéralisés petit à petit pour passer d’un État agraire à la puissance économique mondiale que nous observons ébahis aujourd’hui. Mais ne se méprenons pas, l’empire du milieu reste une république socialiste à parti unique, celui-là même qui contrôle la presse. L’État s’impose dans tous les domaines. Les compagnies étrangères s’en rendent compte lorsque les multiples ni- veaux de gouvernement s’en prennent à elles. En 2002, 25% des entreprises appartenaient à l’État, au moins en majorité. Dans celles-ci, le dernier mot revient au secrétaire du parti. Partout dans les usines sur le plancher de production, une plaque dorée, symbolique du parti, encourage les travailleurs dans leurs efforts. Sur les campus universitaires, appartenant au Ministère de l’Éduca- tion, l’accès Internet est limité à des sites nationaux seulement. On sait que plusieurs sites Internet ne sont simplement pas accessibles depuis la Chine. Une simple observation de la Chine permet de réaliser que la démocratie n’évolue pas au même rythme que l’économie et que les réalités des Chinois sont bien différentes des nôtres. Par exemple, ce qui surprend les Chinois au sujet du scandale des commandites au Canada, c’est notre entêtement à vouloir chercher des responsables et retrouver l’argent. En Chine, la gestion des fonds publics n’est pas la même, mais elle n’est pas hors contrôle pour autant. La culture d’affaires et le comportement des Chinois proviennent d’un empire millénaire, alors évidemment tout est bien plus complexe et les choses ne peuvent pas tou- tes évoluer à la vitesse grand V.

Un marathon de changements

Le boom économique auquel on assiste permet des investissements massifs. La Chine se dote de plusieurs infrastructures pour se moderniser et répondre aux besoins grandissants. Toutes les villes

18 poly-chine 2005 sont devenues des jardins de grues et on sait que cinquante villes chinoises sont plus populeuses que Montréal. Outre le nombre phénoménal de chantiers en cours (par exemple, 3000 à Beijing), les tours en construction exhibent des contreventements massifs, signe que l’on ne lésine pas sur les matériaux. Les constructions se font en un temps record vu qu’on y travaille 24h par jour, mais aussi parce qu’on se préoccupe moins des normes de sécurité. Les fils électriques pendent sur les trottoirs et on ne bloque pas la rue lorsqu’on refait l’asphalte ou fait tomber un poteau. Les villes sont transfigurées à une vitesse folle et les paysages urbains sont étirés en hauteur. Les vieux quartiers qui vont être rasés et remplacés par des tours que les plus fortunés peuvent habi- ter, sont au préalable bien cachés derrière des affiches publicitaires de plusieurs étages de haut. À Beijing, 80% des citoyens auront été relocalisés. Les habitants se font offrir une compensation avec l’obligation de s’installer ailleurs, là où ils peuvent se le permettre, parfois jusqu’à quarante kilomètres du centre-ville. Des travaux sont visibles partout, même au fond de la banlieue, même si tout semble délaissé de l’activité urbaine. À la campagne, en regardant par la fenêtre du train, on voit encore constamment des chantiers sortis de nulle part, ici c’est une nouvelle autoroute qui enjambe les rizières, là ce sont des voies ferrées que l’on ajoute. La croissance des villes appelle une croissance complète de toutes les infrastructures. Et à l’image des transports, le domaine de l’énergie compte aussi plusieurs chantiers pour répondre à un besoin qui dépasse les capacités de production actuelles. Cette pénurie d’énergie entraîne du délestage dans plusieurs zones indus- trielles de la côte Est. Plusieurs barrages hydroélectriques sont en chantier, dont le plus gros projet au monde: le barrage des Trois Gorges. En même temps, la Chine doit surmonter un autre grave problème: la pollution. Les centrales au charbon produisent la majorité de l’électricité et sont en partie responsables d’avoir rendu les villes si grises de saleté et empêchent de voir le soleil des jours durant. Voilà autant de morceaux du casse-tête qui occupe les dirigeants actuels. Tout change et tout reste à faire.

Deux mondes en Chine

Il suffit de faire une heure de train en dehors d’une grande ville pour apercevoir l’écart incroya- ble qui existe entre la Chine urbaine et rurale. Après avoir croisé des piétons qui possèdent des téléphones cellulaires plus avancés qu’en Amérique du Nord, on est frappé de voir des paysans travailler avec des outils de bois pour battre le blé ou labourer avec une charrue tirée par un buf- fle. En plus de ce retard terrible, la campagne compte 200 millions de chômeurs, soit 25% de sa population (contre 8% en ville). Les villes rassemblent 38% de la population nationale et sont principalement situées dans la partie Est du pays, là où est concentrée toute la richesse. Le phé- nomène d’exode rural est massif. On les appelle les «migrants», ces sans-papiers qui n’ont aucun droit mais qui viennent en ville en espérant se trouver du travail, généralement sur des chantiers de construction ou encore pour mendier. Ils sont 10 millions par an à faire ce pari. Les inégalités sociales sont bien visibles et sont criantes. Dans la rue, le riche en voiture a préséance sur le pauvre à pied, peu importe ce qu’en juge le feu de signalisation. Il n’y a pour ainsi dire pas de mesure de protection sociale et l’amélioration du niveau de vie va appeler des changements concrets dans ce domaine. Les tensions sociales se font déjà sentir et de rares manifestations commencent à appa- raître (mais elles disparaissent aussi vite avec la répression policière et le contrôle médiatique de l’État). L’écart de richesse est énorme en Chine. Il y a de grands risques d’instabilité sociale pour

19 rapport de mission

complexifier les défis du Régime. La classe moyenne compte 250 millions de personnes mais ce nombre suit la tendance exponentielle des statistiques chinoises. Déjà la classe moyenne vit dans un monde extrêmement différent de celui des moins fortunés. Ce sont des nouveaux riches qui goûtent à la consommation que la génération précédente ne pouvait pas même imaginer. Ils ont été trop longtemps privés et actuellement, les consommateurs veulent rattraper le temps perdu. Désormais, on pense aux loisirs, aux voyages, aux biens matériels. Même le marché des produits de luxe a connu une croissance incroyable avec des prix tout à fait occidentaux. Le marketing fait rêver «à l’occidentale» les consommateurs frénétiques de 16-26 ans. Et les shanghaiennes aussi rêvent d’occidentaux. Les chinois accordent beaucoup d’importance à l’image de marque. Ils ma- gasinent selon ce qu’ils voient et entendent mais ils prendront toujours le temps de magasiner soigneusement et de se renseigner longuement si nécessaire pour faire un bon choix. Les marques étant bien importantes, les villes regorgent d’affichages publicitaires aussi grands que possibles. Le capitalisme est très bien implanté si l’on en juge les comportements de consommation. Le senti- ment de privation des décennies précédentes pousse les citadins à agir avec empressement, comme si ce métro, ce taxi ou cette transaction était la dernière occasion. Une fois compris, on s’explique mieux certains comportements agressifs.

La nouvelle génération

Les jeunes adultes chinois sont ceux issus de la politique d’un enfant unique. Ceux là même qui connaîtront le débalancement démographique entre hommes et femmes. Ces jeunes ont un point en commun avec leurs prédécesseurs: ils sont de vaillants travailleurs. En effet, pour se frayer une place dans cet univers surpeuplé, il faut être très performant. Les places dans les universités sont limitées, alors dès leur plus jeune age, les enfants chinois dont les parents nourrissaient beaucoup d’ambitions à leur égard, ont suivi une éducation avec plusieurs compléments pour faire d’eux des candidats idéaux d’admission. Les étudiants d’élite vivent ensuite quelques peu à l’écart du monde de consommation et de loisir que s’offrent les autres. La compétition est féroce et il faut faire ses choix selon ses ambitions. D’un point de vue académique, on peut facilement remarquer que les étudiants chinois doivent mettre l’accent sur les connaissances théoriques, alors que comparative- ment à des étudiants québécois ils ont bien moins d’expériences de travail en équipe. Dans son en- semble, la nouvelle génération en Chine se veut contestataire. En effet, alors que le gouvernement décourage de pratiquer une religion, plusieurs jeunes s’en choisissent une (même si leurs parents sont athées) en geste symbolique de refus des valeurs du Régime et pour renverser les effets de la Révolution culturelle, en 1966 sous Mao Zedong, qui a brisé leurs parents, alors étudiants, en les envoyant à la campagne dans des «camps de rééducation». Pendants des décennies on n’exerçait pas d’esprit critique ou de jugements sur le parti. Les jeunes d’aujourd’hui, eux, rêvent de pouvoir voyager un jour à l’étranger et de réaliser des défis nouveaux.

La complexité chinoise

Les comportements des chinois proviennent de leur culture millénaire et rien n’est simple. Lors de rencontres formelles, le protocole est très important. On échange des cadeaux, on sert le thé. Il faut

20 poly-chine 2005 comprendre qu’un interlocuteur haut placé utilisera un traducteur même s’il maîtrise l’anglais et même si son collègue n’a que de piètres connaissances d’anglais. L’hospitalité est très impression- nante et très touchante, d’autant plus qu’elle contraste fort avec la loi de la jungle qui sévit dans la rue où on n’est qu’un anonyme. Les Chinois ont un très gros orgueil et ils sauront toujours appa- raître forts. Ils sont fiers de ce que leur nation est en train d’accomplir. Pour cela il leur tient à cœur d’apporter leur contribution afin de rendre la Chine encore plus forte. Ce qui déroute beaucoup un occidental qui arrive en Chine, c’est les contradictions avec lesquelles il faut savoir jouer, car c’est normal. On crée beaucoup de réglementations qui ne sont finalement pas respectées. De plus en Chine, on peut vous dire tout et son contraire sans gêne, c’est aussi normal.

La Cité Interdite à Beijing

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Itinéraire

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Beijing

Origine du nom: 北 (běi – nord) 京 (jīng – capitale): capital du nord Population: 14 560 000 Superficie: 16 808 km² PIB (2003): CNY 366,3 milliards Per capita: CNY 25 200

Horaire Lundi 9 mai Arrivée à Beijing Mardi 10 mai Visites culturelles: Place Tiananmen & la Cité Interdite Le Temple du Ciel Le Marché des Antiquités

Mercredi 11 mai Commune: Ministère de l’Éducation Biotechnologies: Capital Biotech Corporation

Jeudi 12 mai Communes: Ministère des Sciences et Technologies Ambassade du Canada à Beijing Bureau du Québec à Beijing

Vendredi 13 mai Technologies de l’information et des télécommunications: Censoft Datang Mobile Communication Equipment Biotechnologies: Tong Ren Tang Transports: Ameco

Samedi 14 mai Visites culturelles: Grande Muraille Palais d’Été

23 rapport de mission

Xi’an, Shaanxi

Origine du nom: 西 (hsi - occidentale) 安 (an - paix): paix occidentale Population: 7 850 000 Superficie: 9983 km² PIB (2003): CNY 219 milliards Per capita: CNY 27 893

Horaire Dimanche 15 mai Déplacement vers Xi’an Visites culturelles: Armée en Terre Cuite

Lundi 16 mai Commune: Xi’an Jiaotong University Biotechnologies: Xi’an Li Bang Pharmaceuticals Technologies de l’information et des télécommunications: Datang Telecom company Transports: Yan Liang Airplane company

Mardi 17 mai Communes: IRICO Biotechnologies: Jiaoda Pharmaceutical company Technologies de l’information et des télécommunications: Haitian Telecom Transports: Xi’an High Technology Zone (XHTZ)

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Wuhan, Hubei

Origine du nom: Provient du Wu de Wuchang et du Han de Hankou et Hanyang, trois villes qui sont devenues Wuhan Population: 8 310 000 Superficie: 8500 km2 PIB (2003): CNY 195 milliards Per capita: CNY 23 500

Horaire Mercredi 18 mai Arrivée à Yichang par le train de nuit Commune: Barrage des Trois Gorges

Jeudi 19 mai Commune: Coca-Cola Biotechnologies: Jian Min Medical Institute Technologies de l’information et des télécommunications: FiberHome Telecommunication Transports: Dongfeng Peugeot Citroen

Vendredi 20 mai Commune: Huazhong University of Science and Technology Biotechnologies: Wuhan Nami Technology Technologies de l’information et des télécommunications: Chang Fei Optical

25 rapport de mission

Nanjing, Jiangsu

Origine du nom: 南 (nán – south) 京 (jīng - capitale): capitale du sud Population: 6 400 000 Superficie: 6598 km² PIB (2003): CNY 191,0 milliards Per capita: CNY 33 050

Horaire Samedi 21 mai Déplacement vers Nanjing

Dimanche 22 mai Journée libre

Lundi 23 mai Commune: Southeast University Biotechnologies: Yizheng Chemical group Jing Ling Bio Medical Technologies de l’information et des télécommunications: Sharp Panda Electronic Transports: Iveco Nanjing Iron group

Mardi 24 mai Biotechnologies: Jing Ling Petrochemical (Sinopec) Déplacement vers Shanghai en après-midi

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Shanghai

Origine du nom: 上 (shàng – au-dessus) 海 (hǎi – mer): au-dessus de la mer Population: 17 110 000 Superficie: 6340,5 km² PIB (2003): CNY 625,1 milliards Per capita: CNY 36 500

Horaire Mercredi 25 mai Commune: Shanghai Jiotong University Transports: Shanghai China Eastern Airline Flight Training Center

Jeudi 26 mai Technologies de l’information et des télécommunications: Cadence Shanghai Pudong High-Speed Systems Design Center Biotechnologies: CP Adaltis

Vendredi 27 mai Technologies de l’information et des télécommunications: Shanghai Withub Joint-stock company

Samedi 28 mai Visite culturelle: Ville de Suzhou (Venise de l’Orient)

Dimanche 29 mai Journée libre

Lundi 30 mai Fin de la mission

27 rapport de mission

Le management de la transition en Chine

Il est bien connu que la Chine communiste possède un gouvernement très centralisateur. Toutefois, durant les dernières années, la Chine est tranquillement passé d’une économie communiste à une économie de marché planifiée.

Bien que les chefs du gouvernement chinois n’avaient probablement pas de modèle bien précis en tête pour accomplir la planification de cette transition, les réformes en Chine ont vraisemblable- ment suivi un chemin qui peut être expliqué par la théorie de l’innovation institutionnelle poussée par le gouvernement. Le système économique traditionnel était fait pour mobiliser les ressources afin de construire une stratégie déterminée pour répondre aux secteurs prioritaires. Cependant, son efficacité économique était relativement faible.

Par la suite, une fois que l’intégrité du système économique traditionnel chinois ait été brisé par l’introduction d’une certaine autonomie, les changements institutionnels se sont alors accéléré vers le remplacement du système traditionnel par un système économique de marché plus efficace.

Dans ce processus de transition, l’efficacité des entreprises d’État a été amélioré à travers une plus grande autonomie et parce qu’elles sont entrées en concurrence avec des entreprises privées dans leurs propres secteurs. Toutefois, malgré l’augmentation de l’efficacité des entreprises d’État, le dynamisme de l’économie est venu principalement de l’entrée rapide de nouvelles et plus petites entreprises privées. Les vieux mécanismes d’attribution du gouvernement sont alors devenus de plus en plus inutiles et ils ont graduellement été éliminé.

Cette transition a débuté il y a plusieurs années. Pendant le processus de réforme vers une écono- mie de marché planifiée, l’État, les entreprises et la population chinoise ont eu suffisamment de temps pour faire des ajustements au système économique. Malgré encore beaucoup d’inégalités, les réformes ont bénéficié à la majorité de la population car l’économie a maintenu une croissance soutenue durant tout le temps de la mise en place des nombreuses réformes.

Les transformations en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union Soviétique ont mis des pressions sur le gouvernement chinois afin de remplacer un système économique inefficace par un système plus efficace. Les petites sociétés privées ont rapidement émergé suite à la levée de l’interdiction des entreprises privées. Cependant, la privatisation de certaines grandes entreprises d’État a été beaucoup plus longue. Aujourd’hui encore, l’État chinois possède une participation majoritaire dans les grandes entreprises. Cependant, l’approche de la Chine n’a pas perturbé la production dans les secteurs encore contrôlés par l’État. Par conséquent, l’approche progressive de la Chine à reformer son économie a eu de grands effets positifs tout en évitant des coûts astronomiques.

L’exécution globale de l’approche progressive de la Chine dans sa transition à une économie de marché est relativement remarquable, mais la Chine a, à certains égards, payé le prix. Suite à certaines réformes, les arrangements institutionnels dans le système économique sont quelques fois devenus contradictoires. Avec une certaine incompatibilité institutionnelle, l’arrivée massives

28 poly-chine 2005 d’investisseurs et l’inflation sont devenus partie intégrante dans le processus de transition. Pour atténuer ces problèmes, le gouvernement recourt souvent à mesures administratives traditionnelles qui pourraient causer un ralentissement de sa croissance économique et retarder son développe- ment.

En outre, comme l’économie chinoise devient un marché plus mûr et davantage est intégré avec l’économie mondiale, il est essentiel pour la croissance de l’économie que la Chine établisse un système légal transparent afin de protéger les droits de propriété et encourager les innovations technologiques domestiques aussi bien que les investissements étrangers en Chine.

Pour être efficaces, les mesures de la réforme chinoise ont tenu des conditions initiales de l’éco- nomie et le gouvernement a exploité favorablement tous les facteurs internes et externes. La tran- sition en Chine qui s’est étirée sur de nombreuses années a été plutôt induite qu’imposée par les membres du gouvernement.

Pour cette transition majeure, en plus du maintien d’une certaine stabilité économique et politique, le gouvernement chinois a alloué plus d’autonomie à certaines unités de gestion afin d’améliorer la productivité. Le gouvernement chinois a également alloué de nouvelles ressources à des entre- prises privées et autonomes dans les secteurs d’État les moins productifs tout en maintenant des ressources pour les secteurs prioritaires qui sont encore sous le contrôle de l’État.

Une gare à Beijing

29 rapport de mission

Les grands projets chinois

Les grands projets sont un mode de développement important en Chine et un moyen privilégié par le gouvernement pour assurer une visibilité de la Chine à l’étranger ainsi que développer un sentiment de fierté du peuple chinois. En effet, les grands projets tels que le barrage des Trois Gor- ges et le programme spatial chinois, pour ne nommer que ceux-ci, sont une vitrine de la Chine à l’étranger. Ils démontrent la capacité technique, politique et financière de l’Empire du Milieu aux yeux des étrangers tout en démontrant aux Chinois la capacité de leur gouvernement à guider le pays vers une modernisation profitable à tous.

La brève présentation des grands projets chinois qui suit a pour but de dresser une image générale de ceux-ci et de permettre au lecteur de mesurer l’ampleur et l’envergure de ces projets. Seront plus particulièrement présentés: le pharaonique barrage des Trois Gorges sur le Yangtze que le groupe Poly-Chine a eu l’immense opportunité de visiter, ainsi que le programme spatial chinois. Suivra ensuite l’énumération d’une sélection de projets d’envergure, stratégiques, écologiques et d’infrastructures.

Le barrage des Trois Gorges sur le Yangtze

Déjà, au début du siècle, Sun Yat-sen, le père de la révolution chinoise, avait rêvé d’un ouvrage de génie sur le Yangtze. Depuis cette période, le projet de rendre navigable en amont le Long Fleuve et de fournir une source d’énergie indispensable au développement de la Chine a été évalué à quelques reprises mais tous ont reculé devant l’ampleur de la tâche. C’est seulement au lendemain du mouvement de 1989, alors que le régime était en pleine crise, que Li Peng et Jiang Zemin, res- pectivement premier ministre et secrétaire général du Parti communiste, ont fait adopter le projet du barrage des Trois Gorges.

Maîtriser les fleuves a toujours été en Chine un critère pour mesurer la qualité d’une dynastie. La symbolique du contrôle du plus long fleuve chinois ainsi que la volonté de réduire les risques d’inondations et de fournir une importante source d’électricité ont primé dans le cas des Trois Gor- ges sur les coûts, le déplacement de plus d’un million d’habitants et l’inondation d’une des régions les plus pittoresques de la Chine.

La construction du barrage des Trois Gorges a débuté peu de temps après que la décision de la construction eût été prise. Lors de notre visite au barrage des Trois Gorges, la salle des turbines de la rive gauche était déjà en fonctionnement avec douze turbines de 700 MW chacune, les déver- soirs étaient complétés et la salle des turbines de la rive droite était en construction.

Le barrage des Trois Gorges devrait être complété en 2009 et il s’agira alors du plus important barrage au monde quant à la puissance de production. Les vingt-six turbines du barrage auront une capacité totale de génération de 18 200 MW pour une production annuelle estimée de 84,7 TWh. Le barrage fournira la plus grande part de sa production à la Chine centrale et de l’Est, en rem-

30 poly-chine 2005 placement de 40 à 50 millions de tonnes de charbon par année. Pour fins de comparaison, Robert- Bourassa, le plus puissant barrage québécois, a une puissance installée de 5616 MW.

Le barrage des Trois Gorges est un ouvrage de type barrage poids en béton, la longueur totale de son axe est de 2310 mètres avec une hauteur maximale de 181 mètres. La capacité du réservoir sera de 39,3 milliards de m3.

Le barrage des Trois Gorges

Le projet permettra de faire passer la capacité de contrôle contre les inondations de la crue actuelle de dix ans à une crue de cent ans. Dans le cas d’une crue millénaire ou d’une crue comme celle de 1870, de nombreuses vies et dommages matériels pourront être épargnés. Le débit minimal en aval sera augmenté de 3000 m3/s à plus de 5000 m3/s, permettant ainsi d’améliorer la navigabilité du Yangtze et de permettre à des barges de 10 000 tonnes d’atteindre les ports de Chongqing. Les aménagements de navigation du barrage consistent en un ascenseur à navires de 120x18x3,5m3 pouvant accueillir des navires jusqu’à 3000 tonnes et d’écluses de cinq niveaux pour chaque direc- tion, dont les dimensions sont 280x34x5m3 pour une capacité de 10 000 tonnes.

La construction d’un barrage d’une telle taille a soulevé, en plus des problèmes classiques de sédi- mentation, le problème des tremblements de terre induits par le remplissage du réservoir. Des ana- lyses géologiques détaillées de la région ont permis de conclure que la croûte terrestre des environs est stable et qu’il n’y a pas d’historique géologique capable de produire de sérieux tremblements de terre induits par le réservoir. Néanmoins, on estime que l’intensité maximale d’un séisme induit serait de degré VI, sans danger pour la structure, conçue pour résister à des séismes de degré VII.

Les vingt-six turbine du barrage des Trois Gorges seront les plus grandes jamais construites. D’une capacité de 700 MW chacune, leur construction a été confiée à plusieurs entreprises, dont Alstom et ABB pour huit turbines et un joint venture de GE Canada, Voith et Siemens pour six autres. Plus

31 rapport de mission

de 30% du travail de manufacture des turbines sera sous-traité à des manufacturiers locaux avec transferts de technologies. La qualité de réalisation des turbines sera contrôlée par des spécialistes de EDF (Électricité de France).

La zone inondée par le barrage des Trois Gorges s’étendra sur 632 km2 et plus de 1,1 million de personnes devront être déplacées. Les coûts de relocalisation s’élèveront à 40 milliards de CNY, soit près de 45% du coût total du projet. Plus de 40% de la population de la région vivant de l’agri- culture, leur relocalisation sera plus difficile vue l’inondation de leurs terres arables. Un tiers de cette population sera relocalisée dans diverses provinces, plus de 60% des relocalisés continueront une production en agriculture tandis que le 40% restant devra profiter de nouvelles opportunités d’emploi. Un déficit en céréales est prévu dans la région, celui-ci sera comblé par différents arran- gements gouvernementaux.

Afin de satisfaire l’immense soif d’énergie de la Chine, dont la demande croît sensiblement au même rythme que l’économie du pays, même le plus grand barrage au monde ne suffira pas. Le gouvernement chinois a établi un plan selon lequel, afin de soutenir une croissance annuelle de 7% pour la première décade du 21e siècle, de nouvelles centrales d’une puissance totale de 250 millions de kW seront nécessaires. La capacité totale de génération électrique de la Chine passerait ainsi, en 2010, à 550 millions de kW. Le défi de satisfaire à un tel plan est immense.

Le programme spatial chinois

Malgré le fait que la Chine ait commencé à développer une fusée porteuse dès 1965, le programme spatial tel quel n’a été lancé qu’en 1992, avec une stratégie en trois étapes. Le premier pas a déjà été réalisé le 15 octobre 2003 avec l’envoi d’un premier homme dans l’espace, le deuxième con- siste à établir une station et un laboratoire spatial et le troisième sera l’alunissage.

Le gouvernement chinois a alloué un total de 18 milliards CNY dans son programme de vol habité jusqu’au moment du retour du vaisseau Shenzhou V.

Le succès du lancement de Shenzhou V démontre que le site de lancement des vaisseaux spatiaux de la Chine, construit en 1998, est devenu un des meilleurs du monde, avec une rampe capable de mettre en orbite une station spatiale de dix tonnes. Ce site permet l’assemblage vertical des com- posantes, le suivi automatique du lancement et le contrôle à distance avec les technologies les plus avancées, permettant ainsi à la Chine de lancer d’avantage de fusées avec plus de sécurité.

En premier lieu, selon Zhang Qingwei, directeur général du Groupe des sciences et des technolo- gies aérospatiales, la «Chine devra cependant développer des fusées porteuses plus économiques et fiables, développer et lancer une station spatiale, établir des infrastructures de service en orbite basse, coordonner les satellites appliqués et les stations spatiales de diverses orbites et les amener à jouer pleinement leur rôle pour poser une base technologique à l’exploration profonde de l’espace et fournir une plate-forme de fonctionnement».

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Autres grands projets chinois

Les deux projets majeurs présentés ci-dessus font partie des projets chinois de grande envergure les mieux connus. Néanmoins, le développement chinois se fait aussi par une multitude de projets dont l’échelle est imposante mais qui passent néanmoins plus inaperçus.

Parmi ces projets, il faut mentionner l’adduction d’eau du sud vers le nord qui sera un ouvrage stratégique destiné à résoudre les problèmes de pénuries d’eau dans le nord. Trois ouvrages d’ad- duction dévieront les eaux du Changjiang à partir de ses cours supérieur, moyen et inférieur princi- palement vers Beijing, Tianjin et la Chine du Nord où l’eau manque. La longueur d’adduction des ouvrages dépassera 2000 kilomètres de canaux et le volume d’adduction s’élèvera à 45 milliards de m3.

Les Chinois ont aussi un projet de reboisement et de protection des forêts. Sur les cinq dernières années, 82,4 milliards CNY ont été investis dans les régions de l’Ouest pour protéger des forêts naturelles, créer quatre-vingt-six réserves naturelles de l’État et faire passer le taux de couverture forestière de 9 à 12,5%.

Un autre projet d’ordre écologique est la réduction de la superficie des terres désertiques qui a per- mis ces cinq dernières années de faire perdre aux terres désertiques près de 38 000 km2.

Finalement, pour terminer une énumération qui pourrait s’allonger encore considérablement, du côté des grands projets en infrastructures de transport, les transports interrégionaux seront amé- liorés en construisant, notamment, une ligne à grande vitesse entre Beijing et Shanghai. La Chine planifie investir plus de vingt-quatre milliards de dollars dans la construction d’un total de 550 km de lignes de transport en commun dans les villes importantes d’ici 2025; l’objectif à long terme est fixé à 2000 kilomètres pour l’an 2050.

Pour la réalisation d’un grand nombre de ses projets d’envergure, la Chine ouvrira également son marché aux fournisseurs de services étrangers. Cependant, selon le Ministère des Affaires étran- gères et du Commerce international canadien, de nombreux obstacles se posent aux entreprises étrangères quand il vient à l’idée de participer à de tels projets. La Chine, comme d’autres pays en développement, ne dispose pas toujours des fonds nécessaires pour acheter des produits étrangers. Souvent, il est exigé des fournisseurs d’équipement qu’ils assurent le financement des exporta- tions, prennent des dispositions pour financer les projets ou effectuent les investissements directs nécessaires pour conclure la transaction. L’octroi de prêts à condition de faveur par des prêteurs étrangers empêche souvent les entreprises canadiennes de bénéficier de conditions équitables lors- qu’elles cherchent à obtenir des contrats dans le cadre de projets d’infrastructure. Même si ce sont des pratiques qui tendent à disparaître, elles empêchent souvent les entreprises canadiennes d’être concurrentielles pour les projets d’infrastructures.

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Investissement Direct Étranger et marché chinois

La grande réforme que connaît la Chine depuis 1978 a eu des impacts énormes sur le pays et ses habitants que ce soit aux niveaux technologique, économique, sociologique ou politique. Un des facteurs primordiaux dans le développement exceptionnel et rapide de la Chine est sans aucun doute l’arrivée massive de capitaux et de technologies étrangères via les investissements directs étrangers (IDE). Effectivement, favoriser les IDE constitue une des méthodes privilégiées par les pays en voie de développement pour stimuler le développement de leur économie et la Chine en est le parfait exemple. Mais quels sont réellement les motivations et les bénéfices qui ont poussé la Chine communiste à ouvrir ses frontières aux capitaux étrangers?

Ayant été isolée du reste du monde pendant le règne de Mao Zedong et la Révolution Culturelle, la Chine accusait à la fin des années 1970 un retard technologique important et l’arrivée d’IDE pouvait favoriser les transferts technologiques et un meilleur accès aux technologies étrangères. De plus, l’arrivée d’entreprises étrangères permettait la stimulation de la compétitivité du marché local, c’est-à-dire que pour survivre, les entreprises d’état chinoises se devaient d’améliorer leurs méthodes et leur productivité, en plus d’augmenter les standards de qualité de leurs produits. Tout ceci était envisageable par l’amélioration des établissements d’éducation et par l’acquisition et le développement de connaissances pratiques en gestion et au niveau technique. Finalement, un autre aspect important des IDE était l’entrée de devises étrangères dans le pays qui permettaient d’avoir un pouvoir réel dans l’économie mondiale.

Bref historique politique

Avec la réforme économique de 1978 menée par le nouveau dirigeant chinois Deng Xiaoping, on assiste au début de la libéralisation de la Chine, notamment par l’adoption de lois permettant l’ouverture des frontières chinoises aux entreprises et investisseurs étrangers. En 1979, le Parti communiste chinois adopte la Loi de la République Populaire de Chine sur les joint venture com- binant capitaux chinois et étrangers, ce qui donne donc aux investissements étrangers un statut légal. De plus, on assiste à l’ouverture des toutes premières Zones Économiques Spéciales à Shen- zhen, Zhuhai, Shantou et Xiamen, en plus de d’accorder une autonomie en matières d’échanges internationaux aux provinces de Guangdong et Fujian. De 1979 à 1986, cette ouverture se poursuit graduellement alors que de nouvelles Zones Économiques Spéciales sont créées un peu partout sur la côte est de la Chine afin de favoriser le développement économique des régions les plus impor- tantes des points de vue stratégique et politique.

En 1986, de nouveaux règlements plus favorables sont adoptés pour encourager les IDE entrants, spécialement les joint venture visant l’exportation de produits et les joint venture utilisant des tech- nologies avancées. Ainsi, les entreprises appartenant à des intérêts étrangers sont maintenant ac- ceptées et le Conseil d’État crée une provision d’argent qui permet d’offrir des réductions de taxes, une liberté accrue dans l’importation de matières premières et d’équipements, le droit d’échanger des capitaux étrangers entre entreprises, des procédures simplifiées pour l’obtention de licences,

34 poly-chine 2005 un accès privilégié aux services (eau potable, électricité, transports, etc.) et à des prêts bancaires de CNY sans intérêts, en plus de tentatives pour réduire l’interférence bureaucratique et les coûts non-justifiables. L’année 1986 marque donc une étape importante dans l’évolution de la politique chinoise en matière d’IDE puisqu’on met en place des mesures incitatives et proactives plutôt que simplement permissives. De plus, le Parti communiste chinois adopte la Loi de la République Populaire de Chine sur les entreprises opérées exclusivement par des capitaux étrangers qui lie ex- plicitement l’établissement d’entreprises étrangères au développement de l’économie nationale.

Au cours des années 1990, le gouvernement raffine graduellement sa politique et tente de lier la promotion des IDE à ses objectifs pour l’industrie domestique. En 1995, ces politiques et mesures incitatives se précisent alors que le Parti communiste chinois publie une série de directives visant à prioriser les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, des transports, des télécommunications, des matériaux bruts, des hautes technologies et des IDE qui tireraient profits des ressources naturelles riches et/ou du coût relativement faible de la main d’œuvre dans le centre et l’ouest du pays. De plus, on adopte également un système de classification des projets d’investissement qui vise à classifier ceux-ci en quatre catégories, soient les projets encouragés, les projets limités, les projets défendus et les projets permis. À cette époque, on assiste également au resserrement des procédu- res d’approbation de contrats et d’enregistrement d’entreprises étrangères, et à l’accentuation des pénalités pour non-respect de contrats. Toutes ces mesures caractérisent maintenant le contexte d’investissement en Chine.

D’un climat économique instable à une situation plus prospère pour les inves- tisseurs étrangers

Depuis plus de vingt ans, on remarque que le nombre de projets d’investissements étrangers a énormément augmenté et, à l’heure actuelle, la Chine est l’une des destinations les plus populaires pour les investisseurs. En 2004, ceux-ci ont contracté des investissements de plus de 150 milliards de dollars, soit une croissance de plus de 35% par rapport à l’année 2003. Que ce soit pour son marché en croissance phénoménale, ses innombrables opportunités d’affaires ou pour sa main d’œuvre abondante à bas prix, la Chine est souvent considérée à tort comme un paradis pour les investisseurs qui cherchent à faire fructifier leur argent. En effet, sur le total des contrats signés, on remarque à l’heure actuelle qu’environ la moitié de ces sommes sont réellement dépensées. Par contre, cette situation tend à s’améliorer depuis la fin des années 1980 alors que le climat écono- mique et politique du pays se stabilise graduellement, favorisant ainsi la réalisation des projets de plus grande envergure et présentant de plus grands risques.

Au niveau des sources de capitaux étrangers en Chine, on remarque également que les IDE pren- nent de plus en plus d’importance alors que l’environnement économique et politique se stabilise. En effet, la distribution de la provenance des capitaux a grandement changée avec les années; en 1979 les IDE représentaient seulement 4% des capitaux entrants alors qu’en 2000 ceux-ci con- tribuaient pour près de 70% du total des capitaux entrants en Chine. Au moment où la Chine a commencé à s’ouvrir au monde extérieur en 1978, le gouvernement chinois avait beaucoup de difficultés à attirer les IDE pour différentes raisons telles que les problèmes pour rapatrier les

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profits, les incertitudes quant à la propriété intellectuelle et la stabilité des lois, et les processus longs et complexes dus à la bureaucratie. Comme mentionné dans la section précédente, le Parti communiste chinois a réussi graduellement à diminuer l’impact de ces contraintes afin de rassurer les investisseurs étrangers et la situation semble maintenant devenir de plus en plus stable, spécia- lement depuis l’accession de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001. En 2003, les principaux investisseurs en Chine provenaient de Hong Kong, du Japon, de la Corée du Sud, de Taiwan, de Singapour, des États-Unis et d’Allemagne.

Impacts des IDE sur la Chine

Les entrées de capitaux étrangers en Chine ont été primordiales dans le développement du pays que ce soit au niveau des infrastructures, des transferts technologiques, de l’augmentation du niveau de vie, du développement des régions continentales ou de l’acquisition de connaissances. Ainsi, les impacts des IDE sont observables partout à travers le pays, qu’ils soient positifs ou négatifs.

Au niveau de l’économie, les IDE constituent une source de capitaux entrants de plus en plus importante qui permet la création d’emplois et l’augmentation des revenus des chinois, donc par le fait même la transformation des habitudes de consommation et l’amélioration de la qualité de vie d’un grand nombre de chinois. On constate qu’avec les années l’influence des capitaux étrangers sur le PIB de la Chine a fortement augmentée et qu’une partie du taux de croissance annuel phénoménal du pays est directement attribuable aux activités des entreprises étrangères en sol chinois. Au niveau industriel, les IDE permettent l’amélioration des connaissances techniques par un transfert technologique accru et l’accès à un niveau d’éducation supérieur. De plus, nous observons également une modification fondamentale de la structure industrielle alors que les en- treprises d’état peu productives cèdent le passage à des entreprises privées plus compétitives, tout ceci ayant pour effets d’augmenter la compétition sur les marchés domestiques et la performance industrielle des entreprises. À court et moyen termes, on pourrait même dire que la compétitivité des entreprises chinoises sur les marchés internationaux sera un impact direct des investissements étrangers massifs en Chine depuis la fin des années 1970 car, en plus d’avoir contribué aux impacts mentionnés précédemment, les entreprises étrangères sont à l’origine des activités commerciales chinoises au niveau international.

Par contre, il est également important de réaliser que l’arrivée des capitaux étrangers a eu et con- tinuera d’avoir des impacts négatifs sur la population et la société chinoise. En effet, l’arrivée des entreprises étrangères et le développement de l’économie du pays coïncident également avec l’apparition de classes sociales qui favorisent l’écart entre les pauvres et les riches et une disparité de plus en plus importante entre les régions de la côte est et les régions du centre et de l’ouest du pays, ce qui pourrait causer de graves problèmes politiques à court et moyen termes. De plus, ce développement engendre également de graves problèmes environnementaux qui devront être con- sidérés dans les prochaines années avant que la situation ne soit complètement hors de contrôle.

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L’accession à l’OMC modifie le contexte

Après 14 ans de négociations, la Chine a finalement fait son entrée parmi les pays membres de l’Organisation Mondiale du Commerce en décembre 2001 selon les principes de base voulant encourager la compétition, enrayer la discrimination et favoriser le commerce et les échanges. L’accession à l’OMC aura certainement un impact majeur sur les IDE entrants au pays alors que la Chine pourra augmenter considérablement son marché des exportations, réduire ou éliminer ses quotas d’exportations et accéder aux mécanismes de règlement de conflits de l’OMC avec les autres pays membres.

Par contre, la Chine devrait mettre en œuvre un certain nombre de changements afin de respecter l’entente de l’OMC, ce qui pourrait s’avérer difficile à certains égards. Effectivement, la Chine devra modifier considérablement le rôle interventionniste du Parti communiste chinois et ses lois afin de libéraliser et faciliter les échanges commerciaux. De plus, un certain nombre d’entreprises d’état devront maintenant faire face à la compétition provenant des firmes étrangères, notamment dans les secteurs des télécommunications, des banques et des compagnies d’assurance. Au niveau des droits et des taxes, le gouvernement chinois s’est également engagé à diminuer ses tarifs indus- triels moyens d’ici la fin de l’année 2005. Au niveau des activités d’importation et d’exportation, les entreprises étrangères auront maintenant le droit d’importer et d’exporter des marchandises sans passer par l’entremise d’entreprises d’état, elles pourront également distribuer librement leurs produits sur tout le territoire chinois en plus d’avoir le plein contrôle sur leurs réseaux de distri- bution. Finalement, parmi toutes les autres règles que devra respecter la Chine, notons également que toutes les organisations et entreprises devront se soumettre aux règles de l’OMC en matière de protection de la propriété intellectuelle.

Perspectives d’avenir

Évidemment, l’accession à l’OMC a, et continuera d’avoir, des impacts très importants sur l’en- vironnement des affaires en Chine et favorisera l’arrivée des investisseurs étrangers. Effective- ment, nous assisterons à l’implémentation de nouvelles réformes économiques et à la formation de nouvelles institutions pour améliorer l’environnement des affaires et respecter les exigences de l’OMC dans le but d’assurer la présence des capitaux étrangers en Chine à long terme. À l’heure actuelle, et ce malgré toutes les incertitudes, la confiance des investisseurs par rapport à la Chine semble inébranlable alors que le pays se situe loin en avance des États-Unis selon les plus récents indices de confiance en matière d’IDE provenant de la firme de consultants A.T. Kearney. Avec la libéralisation accrue de l’économie chinoise, on prévoit donc que la présence des multinationa- les en Chine deviendra de plus en plus importante tant et aussi longtemps que le marché chinois et la structure industrielle du pays présenteront des avantages intéressants pour les investisseurs étrangers. Il sera également intéressant d’observer l’influence de pays émergents comme l’Inde sur l’entrée de capitaux étrangers en Chine.

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La compétitivité chinoise

Est-ce que la Chine est compétitive dans les marchés mondiaux? Par sa grosseur, sa population et son industrialisation, où se trouve la Chine dans l’ensemble de la compétitivité mondiale?

Selon Micheal Porter, chercheur à l’Institut des stratégies et de la compétitivité de Harvard, la compétitivité d’une nation dépends de la capacité de ses industries à innover et à s’améliorer. Prin- cipalement, la compétitivité d’un pays résulte en son aptitude à produire des biens et des services compétitifs sur des marchés internationaux, tout en maintenant le revenu réel de ses habitants.

Dans cette prochaine section, nous verrons pourquoi la Chine n’est pas compétitive. Selon le rap- port de 2005-2006 sur la compétitivité mondiale, la Chine se retrouve en 49e position . Une chute de 3 points par rapport aux années précédentes. Cette faible compétitivité se résume par le manque d’institution et d’infrastructure physique, par le faible système d’innovation, par la lenteur du sys- tème gouvernemental et par un manque de capital humain et social.

Institutions

Les institutions de l’État jouent un rôle important dans l’amélioration de la compétitivité d’un pays. Elles permettent le développement de cadres et de règles dans le but de favoriser un milieu sain pour les affaires.

Ce facteur de la compétitivité se trouve à être un premier boulet pour la Chine. En effet, le pays a un important problème au niveau des droits de la propriété intellectuelle et de l’accord contrac- tuel. Depuis plusieurs années, ce pays asiatique travaille fort afin de mettre en place des moyens législatifs et institutionnels pour favoriser la protection de l’innovation. En effet, depuis 1963, les Chinois élaborent leur législation pour la protection des marques de fabrique. De plus, leurs efforts ont permis d’inscrire la Chine comme membre de la Convention de Madrid et de Paris favorisant ainsi la protection intellectuelle à l’intérieur du pays. Malgré tout, la Chine souffre encore d’une corruption, d’un manque d’éthique et d’un laxisme judiciaire. Ce qui est un problème important au niveau de la compétitivité. Selon le World Economic Forum, la corruption à l’intérieur d’un pays est l’un des facteurs qui touche le plus la compétitivité.

Tous ces problèmes qui freinent la compétitivité du pays proviennent principalement des moeurs d’affaires chinoises. En effet, le fonctionnement des relations d’affaires est très particulier. Con- trairement aux rencontres occidentales typiques, les Chinois usent de réseaux importants, nommés guanxi. Ces réseaux sont utilisés afin d’avoir des avantages concurrentiels. Dans la plupart des cas, ces avantages doivent se payer de différentes façons. Les guanxi facilitent donc les négociations mais les moyens utilisés pour y arriver favorisent la corruption.

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Infrastructures physiques

Un autre point important permettant de rendre un pays compétitif est les infrastructures de ce dernier. Le réseau routier et de transport, les sources d’énergie, l’approvisionnement en eau et un réseau de télécommunication fiable sont les infrastructures principales jouant un rôle majeur sur la compétitivité d’un pays.

Depuis maintenant plusieurs années, la Chine se trouve à développer de plus en plus son réseau de transport. Selon les prédictions, ce n’est qu’en 2010 que le réseau national de transport sera terminé. Plusieurs besoins seront comblés par l’expansion de ce service. Par exemple, il y aura l’accès à de nouvelles ressources naturelles, le lien avec les petites parties du pays et la diminu- tion des délais de livraison. Puisque ces besoins attendent encore aujourd’hui d’être répondus, la compétitivité du pays ne s’améliore pas. En effet, l’inaccessibilité de plusieurs régions de la Chine et la difficulté de sortir des grands centres ne permettent pas la naissance d’autres mouvements économiques.

Un deuxième point important au niveau des infrastructures est la pénurie d’énergie pour l’ensem- ble du pays. Avec la migration des habitants ruraux vers les grandes villes, le besoin en énergie ne fait qu’augmenter, pendant que les sources de production énergétique sont lentes à construire. Le pays a vu sa production nationale en énergie augmentée de 15 %. Avec cette augmentation, la Chine se trouve au 2e rang mondial des producteurs énergétiques. Ceci n’étant pourtant pas suffisant pour comblé les besoins. En effet, les statistiques de 2004 ont démontré qu’une pénurie énergétique a touché 24 provinces et régions, un record depuis 1978.

Les télécommunications ont réussi à bien pénétrer les centres urbains contrairement aux centres ruraux qui n’ont pas encore accès à ces moyens. Par exemple, le déploiement du réseau téléphoni- que à réussi à rejoindre 300 millions d’habitants en 2005. Malgré ce grand nombre d’abonnés, cela ne représente seulement que 23 % de la population totale. De plus, le gouvernement interdit tout investisseur étranger à devenir un opérateur du système, fermant ainsi la disponibilité au réseau. Le réseau de télécommunication n’est donc pas accessible pour tous.

Système d’innovation

Sous le signe de la compétitivité, l’étude du système d’innovation chinois se construit principale- ment au niveau de la diffusion des nouvelles technologies au sein du pays.

Dans le marché asiatique, la diffusion de certaines technologies est très lente. L’exemple de l’Inter- net exprime bien cette lenteur. D’une part, ce réseau a été ralenti par le contrôle gouvernemental. D’autre part, il a été atteint par les faibles ventes des équipements informatiques. Effectivement, le marché chinois n’a pas acquis les récents outils disponibles sur le marché. Présentement, il n’y a seulement que 27 % de la population qui possède l’accès Internet. Ce qui demeure très peu compa- rativement aux pays occidentaux. L’utilisation des mégas réseaux informatiques en Chine est très faible. Par contre, cette faiblesse démontre un potentiel de marché gigantesque.

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Qualité du Gouvernement

Le gouvernement chinois est en soi très complexe. Avec les différentes études qui ont été amenées sur le fonctionnement de la gouvernance chinoise, la plupart arrive à des conclusions nébuleuses. L’État chinois a toujours été quasi inconnu. Malgré ce manque d’information, il est facile de voir comment la structure gouvernementale de ce pays peut affecter la compétitivité. La complexité de l’organisation, les coûts importants qui y sont attachés et le manque de crédibilité sont les points les plus importants à ce sujet.

Avec un pays aussi grand, ce gouvernement s’est alourdi de plusieurs structures et organisations au cours de son histoire. Cette complexité bureaucratique est malheureusement l’héritage d’une Chine impériale et dictatrice. Avec un nombre de participant tournant autour de 30 000, la capacité décisionnelle est énorme et rend tous mouvements d’affaires très lents et ce, malgré les mesures de rationalisation établies sept ans auparavant.

“[Le gouvernement a été] périodiquement réduit par des mesures d’économie, rationalisé par des réformes administratives et par une professionnalisation du recrutement comme des carrières, mais pourtant unanimement accusé de lourdeur et d’inefficacité; décrié, et cependant doté de responsa- bilités croissantes dans la politique économique et sociale, un domaine qui ne cesse de gagner en importance. ” (Où va la Chine ?, Jean-Luc Domennach, p. 58-59)

Ce gigantesque contrôle politique chinois n’aide en rien à l’augmentation de la compétitivité mon- diale. De plus, ce gouvernement étant très lent, il entraîne aussi des coûts énormes pour le pays. Le système gouvernemental chinois est donc inefficace et agit directement sur le niveau de la compétitivité du pays.

Capital humain et social

Voici un dernier facteur important de la compétitivité, celui du capital humain et social. Un des facteurs qui affecte le plus la compétitivité est l’éducation moyenne du pays.

En effet, les Chinois souffrent d’un manque d’intérêt pour l’école. Présentement, il y a 5.6 % des Chinois venant de milieu urbain qui détiennent un diplôme de niveau collégial. Ce résultat est six fois plus faible pour les personnes en milieu ruraux. La Chine se doit donc d’agir rapidement sur son système d’éducation.

De plus, la capacité des universités chinoises étant limitée et la demande extrêmement élevée, l’accessibilité est très restreinte. En fait, les placements sont accordés seulement pour les plus doués, ceux dont les performances scolaires sont hors de l’ordinaire. La Chine a effectivement des étudiants extrêmement compétents, mais le nombre est restreint comparativement à la population nationale totale.

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Différences et Inégalités

Il va sans dire que la Chine est divisée par les grands écarts qui subsistent entre les plus nantis et les moins favorisés. Ces écarts peuvent être incroyablement marqués, passant du plus grand luxe aux problèmes de malnutrition et d’insalubrité. Cette disparité peut être observée autant entre les clas- ses sociales d’une même ville ou province, qu’entre deux régions distinctes. Dans cette section, les inégalités entre les régions chinoises seront d’abord traitées et suivra ensuite une description de la situation sociale à l’intérieur même des régions.

Différences entre les régions

Au premier coup d’œil, les différences entre les régions sont frappantes. Premièrement, au niveau du système d’éducation et de la scolarisation, on observe une importante disparité alors que la durée des études est de 10,25 années en moyenne dans l’Est par rapport à 3,5 années dans l’Ouest. De surcroît, cette disparité s’intensifie avec l’exode des gens plus éduqués des régions de l’Ouest vers les villes industrialisées et plus prospères de l’Est. Par contre, la situation n’est généralement pas meilleure dans les milieux urbains où le taux de chômage frôle dans certains cas les 20 % . Il en résulte inévitablement une offre de main d’œuvre qui croît constamment alors que les salaires demeurent bas et les conditions de travail laissent à désirer. D’autre part, les soins de santé dans les grands centres semblent être beaucoup plus accessibles que dans les régions rurales. En effet, on remarque que 70 % de la population chinoise vit en milieu rural alors que près de 80 % des budgets pour la santé sont dépensés dans les grandes agglomérations. Le gouvernement chinois est cons- cient de la situation difficile à l’extérieur des grandes agglomérations mais ne semble pas disposer des ressources nécessaires pour agir dans l’immédiat. Malgré tout, l’État continue d’exercer une pression financière non négligeable sur les régions moins nanties où près de 81,1 milliards sont perçus annuellement. De cette somme, on comprend que bien peu d’investissements sont faits pour améliorer le sort des régions éloignées de la côte Est. Cependant, le gouvernement a mis en place dans les dernières décennies plusieurs réformes et politiques afin de pallier aux grandes disparités qui subsistent entre les différentes économies régionales de la Chine.

Dans les années 1960, les régions de l’Est et plus spécialement du Nord-Est de la Chine avaient une avance économique et technique marquée sur les régions voisines. En partie pour limiter les dégâts d’un conflit potentiel avec les États-Unis, une politique de décentralisation des industries vers l’Ouest a été mise sur pied. Durant les années 1970, les efforts furent réorientés vers l’Est puisque les mesures prises précédemment s’étaient avérées inefficaces pour redresser l’Ouest du pays, à l’exception du sud de la province de Sichuan. Au cours des années 1980, la «Réforme des taxes et des prix» défavorisa davantage les provinces les plus pauvres. Bien entendu, en permettant aux provinces de conserver une partie des taxes perçues, le pouvoir de l’État d’aider les régions les plus pauvres était inévitablement réduit. Dans le même ordre d’idée, la fixation des prix a eu pour effet de diminuer le prix des matières premières à l’instar du prix des produits manufacturés. Conséquemment, les régions de l’Est furent avantagées une fois de plus puisque c’est dans cel- les-ci qu’on retrouve la majorité des industries manufacturières. Subséquemment, l’ouverture de

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certaines régions aux entreprises étrangères a eu pour effet d’avantager grandement les régions qui bénéficiaient de politiques d’ouverture favorables. Puisque les premières régions à s’ouvrir étaient situées à l’Est, elles furent une fois de plus privilégiées. Par la suite, plusieurs autres zones furent libéralisées, mais l’emplacement géographique et les attraits de l’Est demeuraient prédominants. Finalement, un autre projet fut mis sur pied en 1999 afin de diminuer les disparités entre les régions du pays. Ce projet, nommé «Western exploration and development strategy», mît l’emphase sur les régions de Chongqing, Gansu, Qinghai, Shaanxi, Sichuan, Ningxia, Tibet, , Yunnan et Guizhou, afin d’y investir massivement pour renforcer l’agriculture et les infrastructures en plus d’améliorer les services de santé et d’éducation. Malgré cette volonté de développer l’Ouest, il n’en demeure pas moins que les cinq principales provinces de l’Est, soient Guangdong, Jiangsu, Shandong, Zhejiang et Hubei, sont les plus riches tandis que les provinces plus à l’Ouest, soient Xizan, Ningxia, Qinghai, Hainan et Gansu, sont les plus pauvres.

Les régions de l’Est

Le delta de la rivière Yangtze est au centre du développement de la Chine et est en pleine expan- sion depuis les années 1990. Un des atouts majeurs de cette région est sans contredit Shanghai, quoique Zhejiang soit aussi une partie des plus importantes. En effet, cette métropole à l’allure d’une ville futuriste en donne bien l’impression. D’ailleurs, en 2002, Shanghai a pris la position de tête en ce qui a trait au PIB par habitant de tout le pays, atteignant parfois jusqu’à dix fois celui d’autres régions. Dans le même ordre d’idée, en 2003, Shanghai est clairement devenue le point central financier, commercial et logistique du pays. D’un autre côté, le PIB de la région dans son ensemble totalise environ le cinquième de celui de tout le pays. Ce qui démontre sans contredit la force économique de cette région, constituée de types d’industries très diversifiées, ainsi que d’investissements considérables en R&D. En effet, des usines de plusieurs secteurs différents s’y trouvent, tant chimiques, électroniques, textiles que de matières premières. Cependant, cette ré- gion est moins concentrée sur les produits de consommation directe. On peut donc affirmer que cette région en est une privilégiée.

En 1990, le Nord-Est se trouvant relativement près de la Russie, de la Corée et du Japon est devenu un point des plus importants relativement aux plans économiques du gouvernement central. Après avoir fait face à des problèmes d’inefficacité, plusieurs industries gouvernementales ont dû fermer leurs portes. Changeant de cap, cette région met donc l’emphase sur les entreprises de hautes tech- nologies effectuant de la recherche et développement. De plus, les investissements furent les plus importants du pays en 2002. Ceux-ci ce concentraient plus spécialement dans la région de Beijing. Les industries à faible et haute valeur ajoutée sont aussi très présentes, cependant, celles-ci sont plutôt distribuées à l’extérieur de Beijing. Dans un autre ordre d’idée, l’affluence d’un nombre im- portant de personnes désirant améliorer leur situation dans cette région devient un problème social non négligeable devenant un défi de plus à résoudre pour le gouvernement en place.

Le Sud-Est, la Rivière aux Perles, a largement profité des différentes réformes notamment celles des zones ouvertes, pour devenir une des régions les plus riches du pays. Tout d’abord, Guan- gdong, très avantagée par sa situation géographique et par sa proximité avec Hong Kong, plus

42 poly-chine 2005 particulièrement la ville de Shenzhen, a su profiter largement de son statut spécial de zone écono- mique. Si l’on exclut les municipalités, cette région s’est retrouvée au deuxième rang du PIB par habitant en 2002, après avoir occupé le septième rang en 1978. En effet, les importants investisse- ments étrangers ont mené au développement rapide d’un bon nombre d’industries de produits de consommation. Conséquemment, depuis le début des années 2000, la croissance du PIB affiche des taux environnant les 12%. Ce qui est très haut comparativement à la croissance qu’affiche la Chine dans son ensemble et l’ensemble des pays développés. De plus, il va sans dire que le delta de la Rivière aux Perles est un élément des plus importants pour la province, qui compte pour près de 80% de l’apport au PIB de la province Guangdong en 2002. Quand à Fujian, son développement fut moins impressionnant que dans le cas de ses deux provinces voisines Zhejiang et Guangdong, malgré l’obtention du même statut de zone économique spéciale. Cette situation peut être expli- quée par l’éloignement de Hong Kong qui est la source principale d’investissements étrangers dans Guangdong et, globalement, dans l’ensemble de la Chine.

Les régions de l’Ouest

En ce qui a trait à la région du Sud-Ouest, il paraît naturel d’examiner Chongqing en premier lieu. Chongqing, municipalité depuis 1997, fut au centre du projet «Western exploration and develop- ment strategy» mis sur pied en 1999. Ce projet semble avoir porté fruit puisque cette municipalité compte maintenant un bon nombre d’industries de hautes technologies, en plus d’avoir réussi à conserver les industries, principalement militaires, qui s’y trouvaient déjà. Quant à Sichuan, Gui- zhou, Yunnan et Guangxi, elles bénéficient d’une bonne réserve d’herbes médicinales, possèdent de beaux paysages qui attirent les touristes et ont leur part d’industries de biens de consommation. Cependant, une province se démarque indéniablement des autres, soit Sichuan. Cette dernière est la province la plus industrialisée de l’ouest. Elle bénéficie de plusieurs industries sur pied depuis longtemps, telle que le fer ou le charbon, mais aussi de plusieurs nouvelles manufactures de biens et de produits électroniques.

En comparaison avec le reste du pays, l’extrême Ouest couvre un territoire des plus étendus avec une petite proportion de la population et demeure très pauvre. Toutefois, le projet mis sur pied en 1999 pour aider l’Ouest a certainement apporté une aide considérable. En effet, quelques 25 milliards de USD ont été investis au début de l’année 2004 afin de créer des infrastructures, telles que des pipelines, des routes et des réseaux de télécommunication. Il est certain que ces nouveaux atouts peuvent aider à attirer l’investissement étranger.

La région qui se trouve entre la rivière Jaune et la rivière Yangtze à l’ouest de Shanghai fut pour le moins choyée par la nature. De par sa situation géographique, celle-ci se trouve à être la région d’agriculture par excellence de la Chine. Cependant, l’économie de la région repose en grande partie sur des industries, telles que la cigarette, les minéraux et la médecine chinoise.

Différences sociales dans les régions

En ce qui a trait à la situation à l’intérieur des villes ou des régions en soi, la situation est loin

43 rapport de mission

d’être homogène d’un individu à l’autre. Il paraît évident que les classes sociales tendent à être très éloignées simplement en constatant la faible présence de la classe moyenne. En effet, selon l’article «Classe moyenne: chacun veut en faire partie» de Li Jingyu paru dans l’édition hors série «la Chine des Chinois» de la revue Courrier internationale, seulement 4,1 % de la population de 16 à 70 ans ferait partie de cette classe. Dans le même ordre d’idée, dû à l’affluence très élevée des travailleurs migrants vers les grands centres, ceux-ci se placent dans une situation des plus précaire en rapport aux citadins. Les travailleurs migrants sont souvent victimes de discrimination sociale en plus de perdre une grande partie de leurs droits acquis tels que l’éducation de leurs enfants.

Conséquences possibles

Puisque le fossé ne cesse de se creuser entre les riches et les pauvres, ces derniers commencent à en avoir assez de cette situation injuste. La croissance économique rapide étant très loin d’avantager tous les chinois de façon égale, plusieurs actions ou affirmations tendent à laisser croire que les choses doivent changer afin qu’il n’y ait pas de soulèvement social contre cette injustice. Du coté des paysans, plusieurs rencontres ont eu lieu, certaines ayant des titres des plus évocateurs tels que: «Pour vivre, pour avoir des terres, pour prendre notre destin en main, paysans, faisons la révolu- tion!», ou encore: «Grand rassemblement de la conquête du droit à une vie nouvelle pour les pay- sans». Dans les villes, c’est un peu la même histoire, les salaires insuffisants, les conditions de vie et de travail exécrables ainsi que les retards dans le versement des salaires poussent les habitants à leurs limites. On a d’ailleurs pu constater plusieurs réactions en ce sens. Certains menacent de se jeter dans le vide du haut d’un immeuble ou encore de prendre des mesures de rétorsion alors que d’autres passent à l’action d’une façon bien plus triste et radicale comme on a pu le constater avec l’assassinat du milliardaire Li Haicang en 2003. Le problème n’est pas sans importance même si les idées présentées précédemment ne sont pas partagées pas la majorité des travailleurs. Il n’en reste pas moins une situation alarmante qu’il faudra observer de très près dans les années à venir.

44 Deuxième Partie Les secteurs industriels étudiés

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Biotechnologies et pharmaceutique

Les membres de la grappe industrielle Biotechnologies et pharmaceutique se sont principalement intéressés à trois sous-secteurs lors de leurs visites industrielles. Les entreprises visitées étaient actives dans les diagnostics et tests de dépistages, dans le secteur pharmaceutique ou celui de la pétrochimie. Les étudiants ont eu l’opportunité d’être reçu au Québec par l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), Galderma et Mirador DNA Design. En Chine, plus d’une dizaine d’entreprises en Chine ont été effectué. Les sections suivantes présenteront ces trois sous-secteurs de la grappe Biotechnologies et pharmaceutique. Les entreprises québécoises seront tout d’abord présentées. Suivront les compagnies chinoises. Seront dévoilés: le profil, la mission, les compéten- ces-clés et les avantages compétitifs des diverses entreprises visitées.

Secteur des tests et diagnostics

Descriptions des entreprises

Les entreprises québécoises seront tout d’abord présentées. Suivront les compagnies chinoises. Se- ront dévoilés: le profil, la mission, les compétences-clés et les avantages compétitifs des diverses entreprises visitées.

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Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM)

C’est en 1952 que le premier institut de recherche clinique voit le jour à Montréal. Il porte à l’épo- que le nom de Centre médical Claude-Bernard, et ce jusqu’en 1967. Ses débuts sont difficiles, mais son fondateur persiste et 53 ans plus tard, l’institut possède 30 unités de recherche et emploie 400 chercheurs et 231 étudiants. L’institut se concentre sur les approches et domaines suivants: l’immunologie, la virologie, le cancer, les sciences neurologiques, l’endocrinologie, le système cardiovasculaire, la biologie du développement, la thérapie moléculaire, la bioéthique, la signali- sation moléculaire et la recherche clinique. Les projets de recherches sont financés par des fonds privés et publics. L’IRCM permet à Montréal d’être un bastion de recherche reconnu à l’échelle internationale.

Mirador DNA Design (Montréal)

Fondée à Montréal en 1996, Mirador DNA Design est une petite entreprise qui développe et pro- duit à moindre coût des instruments de laboratoires destinés à la recherche et pour effectuer des analyses. Ses domaines d’expertises sont la génomique, la protéomique et le développement de nouveaux médicaments. La compagnie mise sur des coûts avantageux, la facilité d’utilisation et surtout l’unicité de ses produits pour se démarquer sur le marché. Elle est disponible pour des partenariats externes, bien que sa R&D relève de l’entreprise elle-même. Sa difficulté majeure est l’instabilité de ses investisseurs. Son réseau de distribution comprend une vingtaine de pays et elle étudie la possibilité de faire affaire avec Chi Sing, une entreprise chinoise offrant un service de moulage, et ainsi transférer une partie de sa production en Chine.

CapitalBio Corporation (Beijing)

Située dans le parc biotechnologique Zhongguancun Life Science Park à Beijing, CapitalBio partage un édifice ultramoderne de 260 000 pi2 avec sa société affiliée: le National Engineering Research Center for Beijing Biochip Technology. Avec ses trois filiales et compagnies portfolio (AVIVA Biosciences à San Diego (CA), Chip screen Bioscience à Shenzhen et Wandong Medical Equipement Co. à Beijing ), CapitalBio a développé des plates-formes technologiques innova- trices dans les domaines des biopuces, de la bioautomatisation et des biomatériaux. Elle détient d’ailleurs soixante à soixante-dix brevets dans ce domaine. Ses produits comme les scanneurs con- focaux LuxScanTM 10K, SmartArrayersTM, HLA typing system et autres puces en génomique et protéomique parcourent les marchés internationaux. Ses principaux clients sont des universités et centre de recherche en Chine, mais aussi au États-Unis et en Corée du Sud. CapitalBio est fière de devenir un chef de file dans plusieurs secteurs de recherches, notamment pour les tests de dépis- tage, les diagnostiques cliniques et la découverte de nouveaux médicaments.

L’entreprise est en fait un joint venture avec quatre universités (Tsinghua University, Huazhong University of Science and Technology, Chinese Academy of Medical Sciences et Military Aca- demy of Medical Sciences) et elle possède onze investisseurs principaux, provenant des milieux universitaires et de la recherche. Elle est d’ailleurs également un centre de formation ayant formé soixante et onze étudiants depuis quatre ans.

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La jeune équipe de CapitalBio où la moyenne d’âge des employés est inférieure à trente ans, tra- vaille pour la mener vers les sommets de son secteur d’expertise. Sa mission: devenir un chef de file dans le développement et la commercialisation de produits innovateurs, dans la découverte de médicaments, diagnostics cliniques et autres applications par le biais d’instruments, de logiciels, de puces et de services. Déjà, ses ventes annuelles totalisent 500 millions de CNY et elle a été nommée «Meilleure compagnie en biotechnologie» en 2001.

Ses compétences clés sont entre autres des logiciels pour le diagnostic du SRAS et autres infec- tions bactériennes, des bases de données destinées à des hôpitaux, des puces et micropuces pour l’automatisation du procédé de fabrication des médicaments et pour la chromatographie et l’élec- trophorèse et des instruments de préparation d’échantillons.

La compagnie affirme qu’elle doit sa renommée grandissante au support gouvernemental, à l’ex- pertise de son équipe et à ses relations étroites avec le milieu universitaire. Elle situe ses avantages compétitifs dans ses coûts avantageux, son unicité et l’intégration de ses produits.

Adaltis (Shanghai)

Adaltis est une compagnie internationale, elle oeuvre dans soixante pays et a déjà installé 4000 ins- truments de diagnostics in-vitro dont le siège social et la R&D se situent à Montréal. Elle consacre d’ailleurs 10% à sa R&D. La compagnie développe et commercialise des systèmes de diagnostics in-vitro et des réactifs pour détecter des infections virales et bactériennes, diagnostiquer des ma- ladies du systèmes immunitaires et mesurer des réponses hormonales (notamment en fertilité et pour la thyroïde).

Depuis 2002, Adaltis investit conjointement avec la compagnie de Hong Kong CITIC Pacific pour établir ses opérations en Chine. L’édifice de 14 400 m2 a été construit dans la région de Shanghai, dans le Zhangjiang HighTech Park, et répond aux standards internationaux cGMP et ISO 13400. Il est présentement en opération depuis juin 2005. Dorénavant elle pourra produire et vendre ses pro- duits en Chine. À pleine capacité, on estime qu’elle pourra confectionner 250 millions de tests par année. Pourquoi avoir choisi la Chine? À cause de son faible coût et de son marché grandissant.

Ses compétences clés sont des ensembles, des plates-formes de tests (trente à son actif déjà) pour dépister entre autre le VIH et 350 allergies. Elle vise d’ailleurs de produire au moins vingt nou- veaux diagnostics par année. Le marché d’Adaltis englobe des hôpitaux (20%), des centres de contrôle des infections, des banques de sang, des laboratoires de recherche. Elle a d’ailleurs fait l’acquisition de DCH Health Care, ce qui lui donnera l’exclusivité dans la distribution dans les hôpitaux.

Élue 12e plus importante entreprise au Canada en 2004 dans le palmarès Global Fortune 500, ses ventes internationales atteignent 60-70%. Elle cherche toutefois à inverser les proportions et ven- dre 60-70% de ses produits en Chine. Devant faire preuve d’une grande capacité d’adaptation vu les mutations constantes des infections, Adaltis croit que le succès réside dans le recrutement de gens experts, la construction d’une plate-forme de connaissance et dans l’acuité du sens du mar- ché.

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Secteur industriel des diagnostics

Avec l’avènement de la mondialisation et l’éclatement des frontières, le nombre de voyageurs transfrontaliers a considérablement augmenté. Comme on l’a vu avec la crise du SRAS , il est cru- cial de pouvoir dépister rapidement les infections et maladies contagieuses susceptibles de causer des pandémies incurables. De plus, les grandes épidémies comme le SIDA et autres MTS font des ravages qui ne semblent pas vouloir s’estomper. Ainsi, le secteur des diagnostics et tests de dé- pistage est loin d’être désuet. De plus, avec l’avancement des technologies, mettre en application les connaissances biotechnologiques devient possible. Avec une population dépassant le milliard d’habitants et dont 800 millions se trouvent en milieu urbain, il n’est pas surprenant que la Chine se lance dans ce secteur des biotechnologies. Par le fait même, la Chine est en voie de devenir le marché des diagnostics évoluant le plus rapidement au monde.

Les deux compagnies chinoises visitées étaient des joint venture qui avaient le support impor- tant du gouvernement chinois. Les compétiteurs sont principalement des compagnies américaines en biologie et biotechnologies. La compétition est si forte parfois, que les compagnies chinoises préfèrent se tourner vers des marchés émergents, où les normes ne sont pas aussi strictes et où la domination de certaines compagnies n’est pas encore établie. Elles misent sur la flexibilité, leur expertise et leurs faibles coûts pour percer dans des pays en développement.

Les principaux clients des entreprises en diagnostics sont les universités, les centres et laboratoires de recherches, les hôpitaux et banques de sang, les centres de contrôle des infections et mala- dies, les docteurs en cliniques privés. Ces partenaires d’affaires peuvent se situer autant en Chine qu’ailleurs sur la planète.

Les compagnies de ce secteur font face à plusieurs défis et menaces importantes. Parmi eux, on retrouve le risque de copie, le manque d’innovation, les apports insuffisants en recherche et déve- loppement, les infrastructures en biotechnologies incomplètes, le manque de ressources humaines pour l’industrialisation et la gestion des compagnies, un réseau de distribution incomplet, les lé- gislations sévères, la pression énorme de la compétition, la diligence raisonnable et la propriété intellectuelle.

Comparaison entre la Chine et le Canada

Bien que les deux pays possèdent la fine pointe de la technologie des diagnostics, le Canada possède plusieurs petites et moyennes entreprises dont leur financement et le capital de risque est souvent difficile à trouver. En Chine, l’économie chinoise comporte très peu de petites ou de moyennes entreprises, la majorité étant des entreprises d’État ou universitaires. La taille de l’en- treprise dans le domaine des biotechnologies représente des variations importantes en terme de développement.

Également, les valeurs et la culture sont différentes. Alors que les Québécois luttent pour trouver du financement, la Chine fait face à un tout autre problème. Certes le gouvernement communiste investit beaucoup dans le développement des technologies. Il ne parvient toutefois pas à surmonter

50 poly-chine 2005 l’intégrité défaillante de plusieurs dirigeants et surtout: il n’arrive pas à amener ses chercheurs à penser différemment.

Secteur pharmaceutique

Descriptions des entreprises

Galderma (Montréal)

Galderma est une entreprise pharmaceutique spécialisée dans la dermatologie. Elle appartient à parts égales à Nestlé et à L’Oréal. L’usine de Montréal se consacre à la production de crèmes, de gels, de lotions, de nettoyants et d’onguents. Une partie de ses produits sert au traitement des pro- blèmes dermatologiques, tels que le psoriasis ou la rosacée, alors que d’autres produits visent le marché de masse pour les soins de la peau.

La force de l’entreprise consiste à favoriser les activités de R&D tout en demeurant focalisé sur son secteur d’activité principal. Ces activités de recherche et développement s’effectuent dans trois centres spécialisés aux États-Unis, en France et au Japon. De plus, un des avantages concur- rentiels de l’entreprise est l’accès privilégié aux connaissances et à l’expertise de L’Oréal dans le domaine des soins de la peau, permettant ainsi un transfert important de connaissances. Au niveau de la concurrence, les principaux compétiteurs de Galderma sont Schering Plough, Johnson & Johnson, Laroche-Posay, GlaxoSmithKline, Novartis ainsi que les entreprises productrices de pro- duits dermatologiques génériques. Galderma est présente sur tous les continents et utilise diverses stratégies d’expansion de marché. Par exemple, lorsqu’elle a voulu percer le marché japonais, l’entreprise y a implanté un centre de R&D permettant ainsi de procéder à des tests cliniques sur le marché ciblé. Grâce à cette approche, Galderma a été en mesure d’adapter ses produits aux ca- ractéristiques dermatologiques des japonais en plus de développer une meilleure connaissance du marché pour le marketing des produits.

Tong Ren Tang (Beijing)

En affaires depuis 335 ans, Tong Ren Tang est la plus importante entreprise de médicaments tradi- tionnels chinois. Leur marché est principalement concentré en Chine ainsi que dans les différentes communautés chinoises à travers le monde. L’objectif premier de l’entreprise est de percer davan- tage le marché occidental mais les différentes mentalités constituent une barrière importante à la promotion des produits.

Un avantage concurrentiel important de l’entreprise provient du contrôle de ses matières premières puisqu’elle cultive elle-même les plantes et exploite elle-même les sites miniers nécessaires pour alimenter ses besoins pour la production. De plus, le contrôle de son approvisionnement lui permet d’éviter les pénuries de matières premières.

Tong Ren Tang possède plusieurs points de vente au Canada et a d’ailleurs implanté un siège social à Vancouver.

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Libang Pharmaceuticals (Xi’an)

Xi’an Libang Pharmaceuticals est une entreprise privée produisant des médicaments génériques. À l’heure actuelle, une dizaine de produits sont déjà commercialisés, dont des anesthésiants par injection, et des tests cliniques pour un traitement anti-cancer à base de liposomes sont actuelle- ment en cours. À cet effet, l’entreprise collabore avec UBC (University of British Columbia) pour l’avancement du projet. Le traitement anti-cancer de l’entreprise est déjà approuvé par la FDA (Food and Drug Administration aux États-Unis) et l’entreprise poursuit sa démarche d’accrédi- tation pour le reste de sa production. Présentement, le marché de Xi’an Libang Pharmaceuticals se concentre majoritairement en Chine et des démarches sont en cours pour étendre ce marché à l’Amérique du Sud.

Jiaotong University Pharmaceuticals Group (Xi’an)

Fondée en 2002, Jiaotong University Pharmaceuticals Group est associée à l’Université Jiaotong de Xi’an. L’entreprise se spécialise dans le domaine de la médecine traditionnelle (comprimés et capsules), tout en produisant quelques médicaments de composition chimique. Le Groupe ne fait pas de recherche à l’interne et son rôle principal est de développer et commercialiser les travaux de recherches effectués à l’Université Jiaotong de Xi’an. Les ventes annuelles de l’entreprise to- talisent 500 millions de CAD et son marché est principalement concentré en Chine. L’entreprise est également présente en Afrique où elle a notamment commercialisé des traitements contre le paludisme. Ceci constitue un premier pas vers une stratégie d’expansion du marché même si cette approche ne s’intègre que dans une vision stratégique à long terme. Jiaotong University Pharma- ceuticals Group bénéficie de la renommée de l’Université Jiaotong de Xi’an, de la qualité et la renommée de ses produits ainsi que d’une équipe de marketing performante pour distancer ses compétiteurs dans l’industrie pharmaceutique.

Jinling Corporation Limited (Nanjing)

Fondée en 1998, Jinling Corporation Limited est une entreprise pharmaceutique qui œuvre dans la médecine traditionnelle et de composition chimique. Leur offre de produits regroupe trente médi- caments visant principalement le marché chinois. Les médicaments se présentent sous différentes formes telles que des sirops, des injections et des comprimés. À court terme, aucune exportation n’est prévue puisque l’entreprise estime que le marché international est peu réceptif à l’égard des produits de médecine traditionnelle chinoise. Par conséquent, les démarches pour les certifications de GMP (Good Manufacturing Practices) internationales ne sont pas encore entamées. La recher- che et le développement s’effectuent en collaboration avec les universités dans une proportion de 50%.

Secteur pharmaceutique et modèles d’affaires dominants

L’industrie pharmaceutique en Chine est globalement composée de deux types d’entreprises. D’abord, les entreprises majoritairement financées par l’État, dont les moyens financiers sont très importants et qui sont généralement cotées en bourse. Ensuite, les entreprises privées, disposant généralement d’un capital réduit et dont les installations sont plus rudimentaires. Les entreprises de

52 poly-chine 2005 ce type sont davantage axées sur l’ingénierie inverse, c’est-à-dire que leurs ingénieurs s’efforcent de découvrir les composantes de certains produits pharmaceutiques déjà existants sur le marché pour ensuite produire et distribuer des produits équivalents. Sachant que la recherche et le dévelop- pement nécessitent des investissements très importants, il est prévisible que les entreprises ayant moins de ressources financières tentent de faire leur place dans l’industrie par des méthodes moins risquées, même si ces pratiques semblent moins traditionnelles d’un point de vue occidental.

Par ailleurs, depuis l’adhésion de la Chine à l’OMC, une tendance se profile de plus en plus pour respecter la propriété intellectuelle, incitant ainsi ces entreprises à envisager un investissement en R&D dans une perspective à court terme. En ce qui concerne les grandes entreprises supportées par l’État, il est fréquent d’observer une collaboration universitaire pour la R&D. Ainsi, les labo- ratoires universitaires peuvent mettre au point de nouveaux produits et ces entreprises se chargent de la transition vers la production industrielle et la commercialisation.

Analyse et comparaison entre la Chine et le Québec

Un des éléments qu’il a été possible de constater lors de la mission en Chine est l’effort fait par les entreprises pour donner une bonne image de leur industrie. En effet, la Chine a souvent été associée dans l’esprit des occidentaux à des images d’insalubrité et de saleté. Afin de rassurer l’Occident quant à la qualité de ses produits, la Chine mise donc sur une campagne d’image beau- coup plus sophistiquée que ce que l’on peut observer au Québec en ce qui a trait à la propreté et au respect des normes de qualité. Ce souci pour l’image débute à l’extérieur de l’entreprise avec une présence importante de verdure, de bâtiments neufs et imposants ainsi que des terrains minutieu- sement entretenus. À l’intérieur de l’entreprise, on retrouve des locaux administratifs spacieux et lumineux. Les visiteurs doivent ensuite se prêter à une mascarade consistant à revêtir des chaus- sons et combinaisons afin d’éviter toute contamination des produits. Toutefois, les visiteurs ont tôt fait de remarquer que les employés manipulant des produits ont eux-mêmes très peu d’équipement de protection (absence de gants, de lunettes, de couvre-têtes) et que les bâtiments n’ont pas été conçus pour prioriser la qualité de la fabrication. Ces observations permettent donc de faire divers constats. D’abord, davantage d’efforts sont investis dans l’image plutôt que dans le respect des normes internationales. Ensuite, la sécurité des employés n’est pas priorisée. De fait, en visitant les installations de production, il a souvent été possible de constater qu’ils n’étaient munis d’aucune protection les tenant à l’abri des produits dangereux qu’ils pouvaient manipuler. À cet effet, des risques d’erreur de manipulation sont possibles dû à la déficience de l’étiquetage et du rangement des produits.

Tout cela constitue un écart majeur avec l’industrie pharmaceutique québécoise, au sein de la- quelle la sécurité des employés, l’ergonomie et la conception des usines de fabrication sont scru- puleusement étudiées. En effet, les entreprises québécoises peuvent se voir retirer immédiatement leur licence suite à une inspection révélant des risques de contamination du produit. De plus, les retombées de la non-qualité sont très importantes. Dans le cas où un individu subit un préjudice pour avoir utilisé un produit contaminé, l’entreprise peut être poursuivie et y perdre sa réputation. Or, en Chine, les causes du préjudice ne seraient probablement pas identifiées, les citoyens n’en se- raient pas informés et les poursuites s’avèrent être rarissimes. Par ailleurs, la Chine n’est toujours

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pas dotée d’une entité efficace telle que la CSST pour assurer la sécurité des travailleurs, bien que les conditions de travail se soient certainement améliorées depuis les dix dernières années.

En ce qui concerne le travail des employés en Chine, nous avons constaté que ceux-ci sont presque toujours silencieux et isolés, favorisant ainsi la productivité. Bien entendu, nous n’avons rencontré aucune entreprise syndiquée. Cette façon de faire est bien différente des conditions de travail au Québec et ne considère pas la pertinence de l’esprit d’équipe, de l’initiative et du partage des idées. Au Québec, la plupart des entreprises se veulent plus enclines à écouter les idées et les opinions du personnel, favorisant le travail d’équipe afin d’exploiter le plein potentiel de ses employés. Ceci génère toutefois de nombreux périodes d’improductivité reliées aux conflits interpersonnels, aux discussions pour les consensus et au flânage, phénomènes très peu présents en Chine.

En dernier lieu, signalons que le Québec a entamé depuis plusieurs décennies une réflexion sur l’éthique dans le domaine médical et pharmaceutique, alors que la Chine n’en est pas encore là. Au Québec, des centres de bioéthiques tels que celui de l’IRCM tracent des balises, où du moins des pistes de réflexion en collaboration avec le gouvernement et les universités. Ceci permet aux entreprises de distinguer ce qui est socialement acceptable en matière de R&D et les oblige à réfléchir à ces questions éthiques. Toutefois, aucune des entreprises pharmaceutiques chinoises rencontrées n’avait entrepris de réflexion en ce sens. Les questions posées à ce sujet ont semblé les surprendre.

Informations aux entreprises songeant à un partenariat en Chine

Les craintes des entreprises occidentales face à l’ascension chinoise sont nombreuses. Plus parti- culièrement dans l’industrie pharmaceutique, elles sont inquiètes par les parts de marché de plus en plus importantes des entreprises de médicaments génériques. Ainsi, Galderma nous mentionnait qu’elle a des craintes face à l’avenir car les compagnies de médicaments génériques ne font pas de R&D, donc ne font pas d’investissements importants. Les investissements massifs en R&D sont donc uniquement faits par les entreprises de médicaments non-génériques. En effet, pour pouvoir réussir à se maintenir sur le marché et faire face à la force de production des entreprises généri- ques, les entreprises non-génériques doivent toujours rester à l’avant-garde des connaissances. Ainsi, en poursuivant avec l’exemple de Galderma, l’entreprise cherche donc à diminuer ses coûts de production et de gestion au plus bas possible, éventuellement au détriment des employés qué- bécois. La compagnie se trouve dans l’obligation d’agir de la sorte pour être à même de baisser ses prix et de pouvoir investir en R&D sans se placer dans une situation financière difficile. Plusieurs entreprises pharmaceutiques québécoises seraient par conséquent en faveur d’une loi obligeant les entreprises génériques à investir dans la recherche.

En ce qui a trait à la vision du marché occidental pour les industries de médecine traditionnelle chi- noise, la compagnie Jinling Corporation soutient que ce type de médecine est difficilement expor- table. La raison principale de cette assertion repose sur le manque de connaissances scientifiques sur les réels effets des ingrédients composants les produits. En effet, les médicaments traditionnels chinois sont issus de recettes ancestrales: ce sont des recettes conservées de génération en géné- ration qui ont peu à peu évolué au fil des ans. De plus, ce sont les effets combinés des ingrédients qui produisent des bienfaits pour la santé et aucun effort sérieux n’a jamais été fourni pour en

56 poly-chine 2005 comprendre les mécanismes d’action. La seconde raison qui nuit à l’exportation des médicaments traditionnels est que ceux-ci ne suivent pas l’approche occidentale de la médecine. En effet, ce sont des produits ayant un effet à long terme sur la santé: leur utilisation constitue une hygiène de vie et sont souvent utilisés en guise de prévention. C’est donc une approche de la médecine tout à fait différente de l’optique occidentale qui prône un effet rapide sinon instantané du médicament et qui ne s’inscrit pas dans une démarche globale de vie. Ceci laisse donc croire que les entreprises de médecine traditionnelle chinoise ne représentent pas une menace pour l’industrie pharmaceutique occidentale puisqu’elle s’inscrit dans une ligne de pensée différente. Il est fort peu probable qu’el- les puissent drainer vers ses produits toute la clientèle habituée aux médicaments occidentaux. À la rigueur, elles pourraient faire de la compétition aux entreprises d’homéopathie et de soins natu- rels. Un avantage compétitif des entreprises chinoises face aux entreprises canadiennes du même domaine serait alors le fait qu’elles produisent leurs propres matières premières.

L’intégrité des employés est un autre point qu’il est intéressant d’analyser dans ce rapport. Tel que mentionné par un dirigeant d’entreprise chinoise ayant fait ses études au Canada, le plus grand défi d’un gestionnaire en Chine est de gérer l’intégrité de ses employés et de son industrie car le système de valeurs sociales est différent. Des décennies de communisme ont emmuré les chinois dans un système où ils ne sont pas habitués à penser par eux-mêmes. Pendant plusieurs années, la créativité était synonyme de danger et a donc fait des chinois un peuple enfermé dans ses idées et peu habitué à développer son sens critique. Le juste retour du balancier les amène à penser qu’après des années d’exploitation par les occidentaux, ils sont maintenant en droit de tirer leur propre épingle du jeu. Ceci explique le fait que certaines pratiques pourraient sembler non intègres aux occidentaux.

Le non-respect de la propriété intellectuelle est un exemple de pratiques peu intègres. En effet, avec le foisonnement des entreprises de médicaments génériques, on ne peut nier que les chinois utilisent allègrement l’ingénierie inverse sans aucun respect pour les droits de brevets. L’industrie elle-même ne prend pas les devants pour s’engager dans des lois et règlements pour assurer la propriété intellectuelle. Depuis son adhésion à l’OMC, elle commence à le faire en réponse aux exigences de la communauté internationale. Toutefois, dans les faits, les efforts pour imposer des lois qui créent des restrictions dans leur ascension économique sont modestes.

Dans la suite de sa campagne pour assurer à son industrie une bonne image, le gouvernement chinois joue sur l’ambiguïté des termes. Il se permet d’utiliser un vocabulaire emprunté à des stan- dards occidentaux pour certifier sa production. Toutefois, la signification de ces termes représente un niveau de qualité différent. Par exemple, on retrouve le terme CGMP correspondant au Good Manufacturing Practices in China qui fait clairement référence au standard occidental des GMP. Or, les critères de qualité associés aux CGMP s’écartent substantiellement des critères occiden- taux et les chinois réussissent ainsi à se donner une crédibilité internationale par un simple jeu de langage. Par contre, il est important de préciser que certaines entreprises chinoises ont réellement atteint un niveau de certification conforme aux standards internationaux. Pour les entreprises cana- diennes qui souhaiteraient faire une association avec une entreprise chinoise, il serait donc impor- tant d’aller vérifier sur place à quoi correspondent les réels critères de qualité. Une première visite des installations pourrait s’avérer insuffisante puisque celle-ci risque de demeurer superficielle.

57 rapport de mission

Pour un visiteur étranger, plusieurs portes sont closes, mais à mesure que l’intérêt et le sérieux de la démarche d’affaire sont établis, les dirigeants sont plus enclins à la transparence. Il faut donc faire preuve de beaucoup de détermination pour obtenir un rendez-vous, une visite, un contrat, etc. Compte tenu de l’engouement actuel des entreprises désirant investir en Chine, les chinois se trouvent maintenant dans une situation où l’offre est supérieure à la demande. Ils connaissent leur valeur sur le marché international des affaires, ils profitent de leurs avantages compétitifs et, à compétences égales, feront affaire avec l’entreprise démontrant l’intérêt le plus soutenu. Après des années d’exploitation par l’Occident, ils sont dorénavant en position d’exiger que les investisseurs se plient à leur façon de faire des affaires et à leurs traditions. On assiste à un redressement de la fierté nationale qui avait été bafouée dans les dernières années.

Secteur de la pétrochimie

Descriptions des entreprises

Sinopec Corporation (Nanjing)

Sinopec Corporation a été mise sur pied le 28 février 2000 par China Petrochemical Corporation. Elle a été créée dans le but de développer un système d’entreprises modernes. Sinopec Group, ou China Petrochemical Corporation, est le seul initiateur de l’entreprise, il en est aussi l’investisseur exclusif. En effet, il s’agit d’une compagnie nationale désignée par l’État à titre d’organisation d’investissements. L’État en est d’ailleurs le principal actionnaire.

Sinopec Corporation s’est inspirée des modèles internationaux pour établir une structure qui re- joint les standards du pouvoir en entreprise. Son processus de décision est centralisé et l’adminis- tration est stratifiée de façon à déléguer l’autorité. De plus, certaines de ses opérations sont prises en charge par des unités spécialisées. En effet, Sinopec possède plus de quatre-vingt filiales répar- ties dans différentes catégories. Certaines lui appartiennent entièrement. D’autres filiales consti- tuent des unités ou des instituts de recherche. On y retrouve aussi des divisions spécialisées dans les champs pétroliers. Les filiales visitées, Sinopec Yizheng Chemical Fiber et Sinopec Jinling Company font parties des unités de raffinage et produits chimiques. La philosophie de l’entreprise se développe autour de la concurrence ouverte. La stratégie de développement de l’entreprise prévoit l’expansion des ressources et des marchés. Il vise la réduction des coûts en vue d’accroître la rentabilité. Ses investissements font préalablement l’objet d’études et sont réalisés avec grande prudence. L’objectif de la compagnie est de maximiser les profits et d’augmenter la valeur de retour de ses actions. Ses principes d’opérations sont: standardisation, discipline et intégrité. La compagnie cherche à rejoindre les rangs internationaux afin de devenir une multinationale compé- titive et distinguée.

Sinopec Jingling Company (Nanjing)

Sinopec Corporation et ses nombreuses divisions opèrent dans différents secteurs. Parmi ses filiales spécialisées dans le domaine du raffinage et des produits chimiques, on retrouve Sinopec Jinling Company, entreprise d’État établit en 2002. Cette entreprise possède l’un des plus larges comple-

58 poly-chine 2005 xes pétrochimiques en Chine. Cette entreprise d’État se spécialise dans le raffinage brut ainsi que dans l’élaboration et le marketing des produits pétrochimiques. Son emplacement géographique, situé près de Nanjing est hautement stratégique. Avec la rivière Yangtze au nord, les chemins de fer Shanghai-Beijing et Nanjing-Shanghai au sud ainsi qu’un port à l’est, elle peut s’assurer d’of- frir les meilleurs délais de livraison. Elle possède également son propre réseau de chemin de fer et des ports permettant le transport de l’huile brute ou d’huile traitée.

Sinopec Jinling Company gère les opérations de quarante différentes unités. On y retrouve notam- ment des unités de raffinage, des centrales thermique et des centrales produisant des fertilisants chimiques. Ainsi, l’entreprise peut offrir toute une gamme de produits variés, on compte plus de quarante différents produits vendus sous différentes marques. Ils sont destinés à des ventes loca- les et sont également distribués dans trente différents pays à travers le monde. Jinling Company couvre plusieurs continents dont l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Est, l’est de l’Asie ainsi que l’Océanie. Elle a également ses propres centres de R&D et de commerce, quatre au total. Ses ventes annuelles sont estimées de 10 millions à 50 millions USD. Elle est d’ailleurs reconnue par le State Statistics Bureau et le State Economic and Trade Commission comme étant l’une des dix plus grandes entreprises à s’être distinguée en matière de profits. Et ce, parmi 100 entreprises qui oeuvrent dans le développement industriel et technologique.

Afin de d’améliorer la qualité de ses produits, Jinling Company a créé un plan quinquennal. Des démarches seront réalisées pour optimiser l’unité existante de distillation atmosphérique sous vide. Une nouvelle unité servira au traitement du soufre importé du Moyen-Orient. Il planifie également la construction d’une usine de traitement des biogaz. Ainsi, la capacité de traitement du pétrole brut devrait atteindre 18 à 20 millions de tonnes par année. La qualité des produits dérivés du pétrole répondra aux standards EU III. L’unité devrait être en mesure de fournir la demande en pé- trole pour la province Jiangsu durant la période de cinq ans. L’accomplissement du projet est prévu pour 2006. Après quoi des efforts d’optimisation seront mis de l’avant pour accroître la production de composés chimiques afin de subvenir aux besoins de desservir la région de Nanjing.

Sinopec Yizheng Chemical Fiber (Nanjing)

Sinopec Yizheng Chemical Fiber est une entreprise détenue par Sinopec Corporation. Il s’agit de la plus grande base de production de fibres chimiques et de produits chimiques en Chine. Sa capacité en 2001 la projetait au quatrième rang à titre de grand fabricant de polyester dans le monde. Depuis sa création en 1982, cette division de Sinopec Corporation a introduit plusieurs équipements avan- cés et implanté plusieurs réformes technologiques et innovations. En 2000, elle obtient d’ailleurs sa certification de qualité ISO 9001.

Vers 1999, afin de relancer la demande et d’éviter le surplus d’approvisionnement, Yizheng Che- mical Fiber a entrepris une étude de marché pour accroître son réseau de ventes. Depuis, elle possède une unité d’approvisionnement à Chongquing, pour desservir la région du sud-ouest de la Chine. Cette stratégie a contribué à créer une valeur ajoutée et a permis d’accroître la vente de produits différenciés.

À l’avenir, Yizheng Chemical Fiber entreprend plusieurs démarches afin de mieux affronter les

59 rapport de mission

fluctuations du marché. Elle cherche à accroître son réseau de distribution régional et veux explo- rer des nouveaux marchés. Elle veut aussi préparer la mise en marché de ses futurs produits. La compagnie cherche à réduire le prix de vente de ses produits et vise l’amélioration du service à la vente. Elle veut mettre l’accent sur la promotion et peut-être se lancer dans la vente électronique. L’optimisation des procédés de traitement fait également partie de ses projets. De plus, elle offrira une formation dans la direction des affaires à l’intérieur de son unité à Kangqi. D’autre part, elle a l’intention de réduire le nombre de départements, ainsi que son effectif afin d’accroître la produc- tivité et de réduire les coûts.

Signalisation déroutante...

60 poly-chine 2005

Technologies de l’information et des télécommunications

Lors de leurs visites industrielles, la grappe industrielle Technologies de l’information et des té- lécommunications s’est concentrée particulièrement sur les trois sous-secteurs suivants: les systè- mes d’information et logiciels, l’électronique et les télécommunications. Les étudiants ont eu l’op- portunité de visiter trois multinationales au Québec: Matrox, Flextronics et Viasystems. En Chine, plus d’une dizaine de visites se sont déroulées. Les sections suivantes décriront ces secteurs, les compétences et avantages des firmes canadiennes et chinoises et les perspectives d’avenir pour ces secteurs ont pleine ébullition.

Systèmes d’information et logiciels

Description du secteur

Que pouvons-nous déduire du modèle des firmes oeuvrant dans les Systèmes d’informations (SI). Les statistiques en Amérique du nord annoncent que ce secteur bénéficie ces dernières années du meilleur taux de progression en informatique, avec un taux de croissance de 10 à 15%. Mais, est-ce la même tendance en Chine?

En Chine, comme dans la majeure partie des pays industrialisés, de plus en plus d’entreprises op- tent pour un système de gestion intégré de type ERP. Seul les grandes entreprises s’en intéressent,

61 rapport de mission

les PME et PMI ne sont pas concernées. Dans le cadre de la mission Poly-Chine 2005, il nous a été offert de rencontrer deux firmes chinoises qui œuvrent dans le domaine de l’ingénierie des pro- cessus informatiques: Censoft et Withub. Ce champ d’expertise en Chine est très récent et promet d’être très lucratif à court terme car la demande est forte et l’offre limitée. Serait-ce une oppor- tunité pour les entreprises étrangères? Pour proposer un système d’information à une entreprise chinoise, il faut comprendre que la réalité chinoise est très différente. Prenons l’exemple d’une soumission dans une industrie manufacturière. En Amérique, un groupe de consultants proposerait d’investir certainement dans un système d’information pour sauver des coûts de manutention, mais en Chine cette chasse à la main d’œuvre est ridicule! Le coût de la main d’oeuvre est près de dix moins élevé que la notre, alors que l’investissement reste sensiblement le même. Les véritables clients sont le gouvernement et les entreprises de services qui doivent gérer l’information de la plus grande population au monde.

L’entreprise Censoft émergea d’un joint venture entre Microsoft, Centek et Stone Group pour être aujourd’hui un chef de fil chinois en matière d’intégration informatique dans le domaine des banques et de l’industrie pétrochimique. Leur domaine d’expertise principal est le commerce élec- tronique, le business process management (BPM) et l’intégration multi-plateforme. Les méthodes de résolution de problèmes utilisées par cette entreprise sont exactement les mêmes que celles employées par les grandes firmes mondiales, telles que CGI, IBM, etc. Pour cause, la participation de Microsoft a aidé à la formation des employés d’une façon de faire occidentale. Censoft est une entreprise performante à bien des égards et sert de modèle pour plusieurs entreprises chinoises.

Un autre bon partenariat gagnant est la compagnie Cadence. Cette dernière produit et commercia- lise un système intégré dans le secteur du logiciel et la production de circuit imprimé. Après avoir implanté une division de R&D en Chine, cette entreprise américaine est devenu le leader en sol chinois dans la conception de circuits imprimés. Leur logiciel permet de réduire les coûts et le temps de R&D. L’entreprise a su travailler en étroite collaboration avec les entreprises locales et établir une relation privilégiée avec ses clients. L’autre compétiteur dans le domaine est Synopsis, moins présent sur le marché chinois. La stratégie de Cadence est de d’assurer sa position de leader en Asie, continuer de diffuser sa technologie au plan international et prétendre à un monopole dans ce domaine.

Les entreprises qui n’ont pas de collaboration étrangère paraissent beaucoup moins à l’aise dans le contexte actuel de la mondialisation, comme constaté avec Withub. À l’origine en 1998, l’entre- prise a été créé par l’université Jiaotong de Shanghai pour démontrer le savoir faire de l’université. Ses principaux clients sont le département de la justice et le service de police de Shanghai. Tous les projets sont proposés par le gouvernement. Aujourd’hui, l’entreprise avoue subir des pressions de la part du gouvernement et de ses clients car les profits ne sont pas au rendez-vous. Malgré tout, Withub conserve un appui important du gouvernement chinois.

Compétences et avantages

Dans ces entreprises, plus de 90% du personnel est local. Les analystes de ce domaine sont compé- tents, comprennent le modèle chinois et sont payés cinq fois moins cher. La majorité des employés ont entre 20 et 35 ans et le mode de recrutement d’un nouvel analyste ou programmeur se fait gé-

62 poly-chine 2005 néralement par l’embauche de stagiaires universitaires au grade de maîtrise ou doctorat. L’exem- ple de Censoft et Cadence met en évidence qu’une firme localisée en Chine restera le meilleur intermédiaire possible pour une entreprise chinoise qui souhaite des conseils. Un autre avantage à souligner, les entreprises qui disposent d’une expertise clés pour le développement de la Chine disposent d’appui fort du gouvernement chinois en les aidant dans leurs formalités administratives ou par des financements.

Prospective

Quoi qu’il en soit, une entreprise occidentale qui souhaite s’installer en Chine doit véritablement prendre conscience que même avec une avance technologique en système d’informations, elle peut se heurter à plusieurs difficultés majeures. Tout d’abord, la compréhension du modèle d’entreprise chinois qui n’est pas simple. La barrière de la langue est aussi un obstacle important; peu de gens parlent anglais. Alors comment peut-on répondre à un client si on ne le comprend pas? Il est évi- dent que pour faire affaire dans le domaine des SI en Chine, une entreprise étrangère doit travailler en partenariat avec une firme chinoise et ainsi développer le savoir faire chinois.

Et si les firmes de SI chinoises s’éveillaient et s’imposaient comme des géants planétaires, à l’instar de IBM, Oracle ou SAP? On peut donc supposer deux scénarios pour les compagnies de systèmes d’informations SI. Le premier est un scénario de statu quo. Si les conditions actuelles perdurent au cours des dix prochaines années, l’innovation restera le fait de quelques firmes internationales qui prendront progressivement le contrôle de firme locales. Les firmes chinoises resteront pour les grands joueurs, des clients mais aussi des cibles. Le deuxième scénario, plus équilibré, est celui où les grands joueurs continueraient à dominer, mais où les firmes locales deviendraient plus in- novatrices. Il est alors possible d’envisager une croissance rapide de ce domaine en Chine et une montée en puissance de champions locaux, qui pourraient ensuite s’épanouir à l’international.

Télécommunications

Description du secteur

Au niveau de l’industrie des télécommunications, en particulier pour la téléphonie cellulaire, le potentiel du marché chinois frappe au premier coup d’œil: un énorme bassin de population de 1,3 milliard d’habitants et une densité urbaine phénoménale avec plus de 70 agglomérations dépas- sant le million d’habitants. Cependant, il faut demeurer réaliste et bien comprendre qu’à l’heure actuelle, seuls les chinois les plus fortunés peuvent accéder à une telle technologie. En effet, sur la population totale de la Chine, on estime à environ 200 à 250 millions le nombre de personnes faisant partie à l’heure actuelle de la classe moyenne chinoise, avec une croissance anticipée à en- viron 500 millions de chinois d’ici 2020. Ainsi, le développement du marché chinois en matière de télécommunications dépend largement de la croissance de l’économie du pays et de la distribution des richesses à une plus grande partie de la population. À l’heure actuelle, le marché des télécom- munications sans-fil en Chine est tout de même très important et, en 2004, on comptait un total de 334 millions de téléphones mobiles, représentant un taux de pénétration d’environ 20%. Malgré ce taux de pénétration relativement faible, le nombre absolu de clients potentiels est très important et

63 rapport de mission

a contribué fortement à l’apparition de grands joueurs chinois dans le secteur des télécommunica- tions en plus d’attirer bon nombre d’entreprises étrangères.

Actuellement, les infrastructures des réseaux de télécommunications en Chine sont majoritaire- ment gérés par deux opérateurs appartenant à l’État: China Unicom et China Mobile. La présence de ces opérateurs permet de mettre en compétition sur le marché chinois les deux standards de deuxième génération, soient les technologies GSM et CDMA, en plus de développer un savoir- faire chinois. Bien conscient des impacts de la croissance du marché chinois sur l’industrie des télécommunications, le gouvernement chinois tente d’assurer le développement de ce secteur tout en exerçant un contrôle rigoureux pour faire respecter ses politiques et favoriser les entreprises chinoises.

Avec l’évolution des besoins du marché, l’industrie mondiale des télécommunications s’est en- tendue sur le développement d’un standard de 3e génération permettant le traitement d’une plus grande quantité d’informations. Bénéficiant d’une bande passante beaucoup plus importante, ce nouveau standard permettra d’offrir plusieurs nouveaux services, tels que la vidéo conférence ou vidéophone, le transfert de documents plus volumineux ou le positionnement géographique en temps réel. En ce moment, trois standards sont en compétition au niveau mondial: CDMA2000 (versions développées par Qualcomm et Ericsson), W-CDMA (développé par le European Tele- communications Standards Institute et NTT DoCoMo) et TD-SCDMA (développé par Datang Mobile, une entreprise chinoise). Dans le cadre de la mission Poly-Chine 2005, nous avons eu la chance de rencontrer Yang Guiliang, assistant président chez Datang Mobile et Dr. Li Shihe, ingé- nieur en chef chez Datang Mobile et inventeur du standard TD-SCDMA, afin de mieux compren- dre leur standard et leurs stratégies de développement. Selon Datang Mobile, le standard chinois se démarque par un retour sur investissement plus rapide, une robustesse accrue et un éventail de possibilités élargies par rapport aux deux autres standards de 3ème génération. Par contre, le développement d’un standard plus performant n’est pas synonyme de succès commercial. Dans un premier temps, TD-SCDMA n’est pas à un stade de développement aussi avancé que les stan- dards CDMA2000 et W-CDMA. De plus, l’adoption de nouveaux standards dépend largement des décisions gouvernementales sur l’attribution de licences aux opérateurs de réseaux. La principale stratégie de Datang Mobile consiste donc à offrir TD-SCDMA à un coût moindre par rapport à l’ensemble des autres standards et des autres générations de standards disponibles sur le marché. De plus, l’entreprise entend s’attaquer dans un premier temps au marché chinois pour viser, par la suite, un déploiement international une fois que le standard aura fait ses preuves en Chine. Au niveau du marché chinois, le succès du standard TD-SCDMA est pratiquement assuré vu la très grande coopération de Datang Mobile avec le gouvernement chinois. Au niveau international, le standard risque également de capter l’attention des grands opérateurs puisque des alliances entre Datang Mobile et des grands fabricants d’équipements sont mises en place depuis peu. En effet, Datang Mobile s’est récemment associé à Motorola, Samsung et Philips pour créer T3G en 2003, une compagnie développant des équipements et logiciels pour développer des réseaux sans-fil utilisant TD-SCDMA. De plus, l’entreprise bénéficie de l’appui de partenaires majeurs tels que Huawei, Lenovo, China Putian et Nortel Networks. Pour le marché du sans-fil de 3e génération en Chine, on prévoit une première vague d’environ 50 millions de nouveaux abonnés d’ici trois ans, ce qui bénéficiera sans doute à Datang Mobile et aux autres compagnies impliquées.

64 poly-chine 2005

Au niveau des équipements de télécommunications, certaines entreprises chinoises telles que Huawei, ZTE, TCL et Bird prennent une place de plus en plus importante en Chine ainsi que sur les marchés internationaux. Principalement actives en Chine et dans les pays du tiers-monde, Huawei et ZTE viennent toutefois de percer le marché des pays développés et ont vu en 2004 leurs ven- tes étrangères presque tripler par rapport aux années précédentes. En effet, ZTE a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires à l’étranger de 1,6 milliard de USD tandis que Huawei a vu passer ses ventes internationales à près de 2,3 milliards de USD, notamment grâce à un important contrat pour participer au développement du nouveau réseau 3G de British Telecom. Étant le premier con- trat attribué à un fabricant d’équipements de télécommunications par un important opérateur de réseau dans les pays développés, celui-ci témoigne clairement des naissances de puissantes mul- tinationales chinoises. En ce qui a trait à TCL et Bird, ces entreprises sont en féroce compétition avec des multinationales étrangères telles que Motorola, Nokia et Samsung dans le marché local des téléphones portables. De plus, Bird est également présent en Inde, en Russie et dans les pays d’Europe de l’Est en plus de s’être associé avec Siemens en 2004 pour attaquer le marché OEM de l’Europe de l’Ouest. Il semble cependant que cette stratégie n’ait pas fonctionné en raison des cul- tures d’entreprises différentes et de la popularité limitée de la marque Siemens dans ce secteur.

Mis à part les entreprises locales, le marché chinois représente également une mine d’or potentielle pour les entreprises étrangères qui tentent à l’heure actuelle de s’imposer en Chine. Parmi celles- ci, on remarque entre autre Motorola qui est un des plus grands investisseurs étrangers en Chine et qui possède dix-neuf centres de recherche et développement en territoire chinois, en plus d’usines de fabrication pour ses produits destinés à la Chine et aux marchés internationaux. En 2004, Moto- rola China était un des plus grands joueurs dans le marché des télécommunications en Chine avec des ventes évaluées à 7,7 milliards de USD. Sur le marché chinois, les principaux compétiteurs de Motorola China sont Nokia, Samsung, Bird et TCL pour le marché des téléphones portables et Ericsson, Huawei et ZTE pour les équipements de réseaux mobiles.

Compétences et avantages

Bien conscient de l’intérêt que portent les entreprises étrangères sur leur pays, spécialement depuis son entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001, le gouvernement chinois tente de garder le contrôle sur son économie pour assurer non seulement l’enrichissement du pays au niveau financier, mais aussi pour assurer le développement de connaissances propres à la Chine qui permettront à ses entreprises de performer face à leurs rivaux internationaux. Dans le sec- teur des télécommunications, les compagnies chinoises possèdent un avantage important sur les compagnies étrangères puisqu’il s’agit d’un domaine fortement régulé par le gouvernement. Au niveau des infrastructures de télécommunications, les grands réseaux sont entièrement opérés par des entreprises d’état qui contrôlent l’achat d’équipements, les services et les produits offerts aux clients. Ainsi, les compagnies étrangères se doivent d’établir des alliances en Chine, former des joint venture avec des compagnies chinoises ou encore investir largement pour développer des installations qui bénéficieront aux chinois si elles désirent réussir sur le marché chinois. De plus, les entreprises chinoises possèdent d’autres avantages majeurs tels que l’accessibilité à une main d’œuvre très qualifiée et abordable pour la recherche et le développement, une capacité de produire et de vendre à très bas prix, une connaissance très développée du marché chinois en plus d’un ap-

65 rapport de mission

pui important du gouvernement chinois. Tous ces avantages pourraient bénéficier aux entreprises chinoises et éventuellement leur permettre d’être de dangereux compétiteurs internationaux grâce à leurs bas prix.

Au niveau des entreprises de télécommunications qui s’installent en Chine, celles-ci bénéficient tout de même de plusieurs avantages qui pourraient leur permettre de réussir. Pour une entreprise étrangère, une présence en Chine peut être importante à trois différents niveaux, soit une présence pour s’approprier une part du marché chinois, une présence pour produire à moindres coûts dans un but d’exportation et une présence pour diminuer les coûts de développement en profitant d’une main d’œuvre qualifiée à bon prix. Par exemple, Motorola China possède plusieurs centres de re- cherche employant des universitaires chinois pour développer de nouveaux produits à plus faibles coûts en plus d’opérer des usines de production destinées au marché local, mais aussi en grande partie aux marchés internationaux. Cette présence en Chine est donc bénéfique puisqu’elle permet de diminuer les coûts de développement et de production en plus de s’accaparer une part du marché chinois. Du côté de Ericsson, l’entreprise est également très impliquée en Chine, notamment par le joint venture Beijing Ericsson Putian Mobile Communications Co. avec China Putian et Panda Electronics pour la production et la vente de téléphones mobiles dans le marché chinois. L’aide apportée à Ericsson par ses partenaires chinois au niveau de la compréhension du marché chinois est extrêmement bénéfique, mais n’est pas sans prix. Effectivement, tel que mentionné lors de notre rencontre avec Panda Electronics à Nanjing, les entreprises chinoises engagées dans des co- entreprises avec des firmes étrangères s’assurent un transfert de connaissances qui pourrait éven- tuellement leur permettre de concurrencer leurs alliers en Chine, d’augmenter leur compétitivité, d’apprendre des stratégies commerciales et processus d’affaires en plus de prendre de l’expansion grâce à leurs partenaires et l’image projetée par ceux-ci. Un autre avantage très important que les entreprises étrangères possèdent en Chine dans le secteur des télécommunications, spécialement pour la consommation de masse, est la renommée et la qualité de leurs marques de commerce. En effet, lorsqu’il achète, par exemple, un téléphone mobile, le consommateur chinois recherche de plus en plus la qualité et les marques reconnues pour montrer son prestige et son rang social. Les produits chinois n’ayant pas encore fait leurs marques, les entreprises étrangères ont donc accès à une part importante du marché.

Perspectives d’avenir

Avec la popularité grandissante de la technologie VoIP et l’arrivée prochaine des réseaux sans-fil de 3ème génération, le monde des télécommunications devraient subir d’importants changements dans les prochaines années. La Chine, étant en plein développement de ses infrastructures et avide de nouvelle technologie, sera probablement un terrain de jeu fort intéressant pour les entreprises de télécommunications. Plusieurs hypothèses peuvent être énoncée quant aux perspectives d’avenir dans le secteur des télécommunications en Chine.

Selon nos observations et rencontres, il semble évident que le standard TD-SCDMA connaîtra un certain succès en Chine. En effet, les compagnies chinoises étant impliquées dans le développe- ment du standard possède un appui important du gouvernement et seront probablement privilé- giées lors de la distribution de licences aux opérateurs chinois. Nortel Networks étant un partenaire

66 poly-chine 2005

important de Datang Mobile dans le développement d’équipement pour le nouveau standard, le succès de TD-SCDMA pourrait être intéressant pour l’entreprise canadienne. De plus, puisqu’on veut offrir TD-SCDMA à un prix moindre, il est également possible que le standard chinois soit implanté dans plusieurs autres régions du monde qui ne sont pas encore couvertes par un réseau de 3e génération ou qui recherchent une alternative aux systèmes déjà en place. Par contre, la ques- tion reste à savoir si les opérateurs étrangers seront intéressés à faire confiance à la technologie chinoise, mais les appuis de partenaires internationaux tels que Motorola, Nortel Networks, Sam- sung et Philips devraient grandement faciliter les choses et créer un climat de confiance chez les investisseurs potentiels. Si on regarde également le comportement du gouvernement chinois pour les télécommunications sans-fil de 2e génération, on remarque que celui-ci a créé deux entreprises d’états pour mettre en compétition les standards CMDA et GSM. Ainsi, on pourrait normalement s’attendre à voir la même chose se produire lors de l’implantation d’infrastructures de 3ème gé- nération. Cette plus grande diversité dans le secteur des télécommunications devrait permettre à plusieurs entreprises de pouvoir œuvrer en Chine.

Les entreprises chinoises progressant à un rythme très rapide, les règles du jeu en Chine, la pré- sence chinoise à l’extérieur de la Chine et la présence étrangère en Chine dans le secteur des télécommunications devraient changer considérablement d’ici quelques années. Effectivement, les avantages respectifs des firmes étrangères et chinoises risquent de perdre de leur importance avec la libéralisation de la Chine due à son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce et à l’amélioration des entreprises chinoises au niveau de la qualité des produits, de leurs stratégies et de leurs processus d’affaires. D’ici quelques années, le marché chinois des télécommunications risque de ressembler énormément au climat concurrentiel observé dans les pays occidentaux à l’heure actuelle. Il reste à savoir quel rôle le gouvernement jouera dans quelques années et si il sera toujours assez puissant pour avantager les entreprises chinoises comme il le fait actuellement.

Électronique

Panda Electronics Group (Nanjing)

Fondée en 1936, Panda Electronics Group Co. Ltd. est une grande entreprise chinoise dominant l’industrie électronique. Cette compagnie fait partie des 500 plus grandes compagnies chinoise depuis une quinzaine d’années et se place au 8e rang pour les entreprises chinoises oeuvrant dans le secteur de l’électronique. De plus, elle est également au coeur des entreprises de hautes techno- logies en électronique de la région Asie-Pacifique. À l’heure actuelle, la marque Panda est l’une des plus populaires en Chine.

Cette compagnie est composée de cinq laboratoires nationaux de R&D, une centre pour études post-doctorales et dix centres de recherches pour le développement de nouveaux produits. Elle em- ploie plus de 3000 techniciens et plus de 500 ingénieurs seniors et experts. De plus, China Panda travaille également en étroite collaboration avec des institutions de recherche et développement ainsi que des universités tant au niveau local qu’au niveau international. Les équipements de com- munication satellite Panda, le système de communication HF, les produits de communication mo- bile, les équipements électromécaniques, les produits reliés aux technologies de l’information, les

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téléviseurs couleurs et une variété de produits pour diverses petites applications sont maintenant utilisés dans plus de quatre-vingt millions de familles à travers une quarantaine de pays.

Depuis 1999, Panda Electronics Group met l’emphase sur la restructuration de ses atouts, ses compétences en affaires et ses produits mixtes dans le but de mieux intégrer ses avantages et ses habiletés. En 2003, le volume de vente de la compagnie était de 26,3 milliards de CNY avec des exportations frôlant les 930 millions USD.

Les trois principaux produits de Panda sont: les systèmes et équipements de communication («HF adaptative-frequency hopping transceiver», «wireless network adapter», station de base pour la communication mobile, téléphonie cellulaire), le domaine de la télévision (DVD, LCD TV, PDP TV, HDTV, télévision par satellite, serveur, modem, etc.) ainsi que les lignes de production-assem- blage (UPS).

De plus, pour assurer sa position de chef de file dans le marché électronique chinois, la compagnie a nettement augmenté son nombre de joint venture depuis quelques années. Les plus importants sont Nanjing Ericsson Panda Communications, Ltd. pour la communication mobile, Beijing Erics- son Putian Mobile Communications pour la fabrication et la vente de la téléphonie mobile, Nan- jing Sharp Electronics Company, Ltd. dans le domaine des écrans de télévision LCD et Nanjing LG Panda Electrical Appliance, Ltd. dans le domaine des électroménagers.

La satisfaction de leur clientèle demeure le critère final en ce qui concerne l’inspection de leurs produits et la compagnie est une des premières entreprises chinoises à promouvoir le contrôle de qualité totale. C’est donc depuis 1995 quelle adhère au système de qualité internationale ISO 9001 ainsi qu’aux certifications internationales de sécurité UL, FDA, FCC, SAA et CE, ce qui constitue une base solide pour assurer des produits de qualité. Avec un pareil système de qualité, elle reste compétitive au niveau global et envisage un développement intéressant.

Nanjing Sharp Electronics

Fondée en mars 1996 suite à une alliance en Sharp Electronics du Japon et China Panda, Nanjing Sharp Electronics Co. Ltd. oeuvre principalement dans la fabrication et la vente de télévisions LCD (notamment Aquos), de systèmes audio 1-bit, de caméras vidéo numériques, de projecteurs LCD, CRT TV et de systèmes audio analogiques. C’est en septembre 1998 que l’entreprise a été reconnue comme étant une entreprise de haute technologie. En décembre 1999, elle acquière sa certification internationale de qualité ISO 9001 ainsi que ISO 14001. Elle fait donc partie des six compagnies de Sharp China Group en Chine avec Shanghai Sharp Electronics, Shanghai Sharp Mold and Manufacturing Systems, Wuxi Sharp Electronics Components, Sharp Office Equipments (Changshu) et Sharp Microelectronics of China (Shanghai).

Aujourd’hui, le credo de la compagnie est «Sincérité, Créativité et Innovation» et lui permet de se distinguer à travers la forte concurrence internationale. Avec un regard axé sur le futur, elle se concentre désormais sur le développement de nouvelles technologies, l’exploration de la possibi- lité d’avancement infini et la croissance de ses stratégies de réseaux. De plus, la compagnie met un effort considérable dans la promotion de ses développements matériels, logiciels et des services

68 poly-chine 2005 qu’elle offre. Avec le marché qui guide sa vision et les clients qui en sont le noyau principal, Nan- jing Sharp Electronics met tous ses efforts pour fournir a ses clients des produits et des services de la plus haute qualité possible. Son but est de devenir le leader dans l’ère de l’information et gagner la satisfaction et l’appréciation de sa clientèle. Pour ce faire, la compagnie a ouvert plus de 100 centres de services après-vente en Chine qui sont tous basés sur une politique de réaction rapide, procédure simplifiée, perfection du service et satisfaction du client. De plus, elle organise régulièrement des cours spécialisés qui sont donnés par des experts japonais et chinois pour élever constamment le niveau de qualité du service à la clientèle.

De plus, depuis les dernières années, Sharp a rapidement été reconnu comme une entreprise dé- veloppant les produits de haute gamme en Chine, tout particulièrement grâce à sa filiale installée à Nanjing. Il faut cependant garder en tête que tout le développement technologique des produits haut de gamme de Sharp est encore effectué au Japon et que seulement la fabrication est sous-trai- tée à la co-entreprise chinoise. Au niveau de Sharp, les bénéfices envisagés par une telle alliance sont principalement la réduction des coûts de fabrication, la fabrication de produits destinés à l’exportation et l’accès au marché chinois. Dans le cas de China Panda, on considère plutôt cette alliance comme un moyen d’augmenter ses profits par la vente des produits Sharp sur les marchés chinois et internationaux.

Compétences et avantages

En matière d’électronique, les compétences et avantages des entreprises chinoises sont à l’heure actuelle relativement limitées. Afin de bien comprendre ce secteur, il faut diviser ces compétences en deux catégories distinctes: le potentiel technologique et le potentiel manufacturier.

Au niveau technologique, on remarque que les entreprises chinoises oeuvrant dans le secteur de l’électronique accusent un retard assez important au niveau de la qualité des produits et de l’image de ceux-ci. Effectivement, que ce soit sur les marchés chinois ou internationaux, les marques chi- noises n’ont pas encore réussies à s’établir comme étant synonymes de qualité et de fiabilité. À l’heure actuelle, certaines entreprises chinoises commencent de plus en plus à pouvoir se compa- rer avantageusement à des marques populaires japonaises ou occidentales, mais souffrent encore énormément de la mauvaise réputation des appareils développés en Chine par le passé. De plus, il ne faut pas également pas oublier le retard qu’accusent les ingénieurs, concepteurs et stratèges marketing chinois en matière de créativité et de compréhension des marchés. Voilà autant de fac- teurs qui permettent d’affirmer qu’en général les entreprises électroniques chinoises ne peuvent actuellement pas concurrencer les entreprises étrangères au niveau technologique.

Par contre, le réel avantage des chinois se situe au niveau du potentiel manufacturier. En effet, grâce à la quantité de main d’œuvre bon marché dont elle dispose, aux politiques favorables à l’établissement des entreprises étrangères en Chine et à l’exportation, la Chine s’est graduellement transformée en usine de production pour la majorité des entreprises oeuvrant dans le secteur de l’électronique. Ainsi, c’est à ce niveau que le réel avantage des entreprises chinoises peut être observé et c’est également grâce à des ententes avec des entreprises étrangères pour la fabrication de leurs produits que les entreprises chinoises entendent améliorer la qualité de leurs produits et élargir leurs marchés en dehors des frontières de la Chine.

69 rapport de mission

Perspectives d’avenir

À court terme, l’avantage des chinois au niveau de la fabrication des produits électroniques devrait continuer à se concrétiser par encore plus de relocalisations et d’ouvertures d’usines de fabrication électronique en Chine. Bien que les salaires et le niveau de vie semblent s’accroître dans certaines régions, plusieurs autres régions restent à développer et encore plusieurs dizaines de millions de travailleurs accepteront de travailler à bas prix dans ce secteur. Comme l’illustre le cas de China Panda et Sharp Electronics, on remarque que les entreprises chinoises sont généralement satisfai- tes de leur rôle de producteur alors que les entreprises étrangères sont réticentes à transférer leurs départements de développement en Chine pour des raisons de qualité et de gestion de leur pro- priété intellectuelle. Ces alliances, bénéfiques pour toutes les parties, devraient se poursuivre tant et aussi longtemps que les coûts de développement et de fabrication resteront compétitifs.

Par contre, au niveau des développements technologiques, les entreprises chinoises deviendront à moyen terme de plus en plus compétentes et les standards de qualité des produits augmenteront considérablement. D’ici quelques années, un nombre sans cesse grandissant de produits déve- loppés en Chine à meilleur prix feront sans doute leur apparition sur les marchés internationaux. Est-ce que des géants chinois comme China Panda auront la volonté de s’imposer en dehors de la Chine et sauront offrir des produits de grande qualité? Nul ne pourrait répondre véritablement à cette question. Au niveau de China Panda, la stratégie actuelle vise principalement à produire pour les entreprises étrangères et profiter des ventes de celles-ci pour croître. Au niveau du développe- ment des produits propres à l’entreprise, on peut constater qu’il reste énormément de travail à faire et d’obstacles à franchir avant de déloger les marques de renom telles que Sony, Panasonic, Sam- sung, etc., si on en juge par les alliances peu efficaces de China Panda pour développer les ventes de ses produits dans les pays d’Europe de l’Est et dans les pays en voie de développement.

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Transport

Les membres de la grappe industrielle Transports se sont principalement intéressés à deux sec- teurs de l’industrie lors de leurs visites industrielles. Les entreprises visitées étaient actives dans l’industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale ainsi que dans l’industrie du transport terrestre. Au Québec, Pratt & Whitney, NovaBus et Bombardier-Centre de formation des pilotes ont été les visites effectuées. Pour fin de comparaison, une dizaine de visites d’entreprises chinoises ont eu lieu. Les paragraphes suivants exposeront ces deux industries de la grappe Transports. L’industrie québécoise sera d’abord présentée, suivront les descriptions des entreprises visitées ainsi que les tendances futures du marché chinois et les opportunités d’affaires relativement à ce secteur.

Industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale

Descriptions des entreprises

Pratt & Whitney Canada (Longueuil)

Pratt & Whitney Canada est un des chefs de file de l’industrie aéronautique canadienne. C’est aujourd’hui un meneur mondial parmi les motoristes équipant les hélicoptères, les avions d’affai- res et les avions de transport régional.

Fondée en 1928 par l’homme d’affaires montréalais James Young, l’entreprise a débuté comme

71 rapport de mission

atelier de révision pour les moteurs Pratt & Whitney construits aux États-Unis et exploités au Canada. La société construit, en plus des moteurs d’aéronefs, des moteurs pour applications in- dustrielles. Elle possède des installations et des centres de services dans le monde entier. P&WC est une filiale de United Technologies Corporation, société de haute technologie de Hartford au Connecticut.

Sa mission consiste en la création de valeurs au travers les clients et le marketing. L’entreprise met un effort considérable sur le marketing, qui lui permet entre autres d’être apte à répondre aux demandes particulières des clients, en créant des produits sur mesure. De plus, le support à la clientèle est un facteur important quant à la satisfaction du client. C’est pourquoi P&WC a mis sur pied un groupe CAT (corrective action team) apte à répondre 24 heures sur 24, aux questions de ses divers clients.

La clientèle de Pratt & Whitney Canada détient le tiers du marché mondial des petits moteurs d’aviation. Les clients de P&WC sont essentiellement les petits avionneurs comme Cessna ainsi que des compagnies exploitant des petits avions et ayant besoin d’entretien ou de pièces de re- change. Les ventes de P&WC sont composées d’exportations à plus de 90%.

Ses principaux compétiteurs sont GE, Rolls Royce et Turbomeca. Ceux-ci se séparent presque entièrement les deux tiers du marché restants.

De nombreux avantages compétitifs et compétences-clés distinguent Pratt & Whitney Canada des autres entreprises dans le domaine de l’aéronautique. D’abord, c’est que le champ d’expertises est principalement centré sur les petits porteurs tels que les Cessna ou les hélicoptères. Cette concen- tration d’expertise permet ainsi d’assurer une meilleure connaissance du produit et de fournir une fiabilité accrue au produit. De plus, en concentrant sa production sur certains types de produits (turbopropulseur, turbomoteurs) à une gamme de puissances précises, P&WC obtient un avantage remarquable vis-à-vis de ses concurrents.

Depuis déjà quelques années P&WC diminue le nombre de ses fournisseurs et recherche de plus en plus des assembleurs pouvant lui fournir des composantes entières de ses moteurs prêtes à être installées. P&WC cherche ainsi à garder entièrement sous son contrôle seulement les opérations nécessitant la plus haute technologie. Les fournisseurs de P&WC doivent être accrédités, selon une certification des procédés propre à UTC.

Pratt & Whitney Canada est le premier investisseur en R&D dans l’industrie aérospatiale canadien- ne et le deuxième dans le secteur privé. L’entreprise dépense chaque année plus de 400 millions CAD dans la recherche et le développement. De plus, le travail conjoint entre Pratt & Whitney Canada et Pratt & Whitney Hartford permet un avancement technologique et une certaine consoli- dation des produits. Ce type de relation entraîne un second avantage face à la concurrence.

Bombardier Aéronautique – Centre de formation (Ville St-Laurent)

Bombardier Aéronautique, se trouve à être un chef de file mondial dans la construction, fabrication et prestation de services aéronautiques destinés aux marchés des avions d’affaires, régionaux et

72 poly-chine 2005 amphibies.

Fondée en 1942 par J.-Armand Bombardier, la société fabriquait des véhicules chenillés. En 1986, l’entreprise a fait le saut dans le monde de l’aéronautique avec l’acquisition de Canadair, principal avionneur canadien. Puis en 1989, une seconde société fut acquise par Bombardier, soit la société Short Brothers plc (Shorts) d’Irlande du Nord, fabricant d’avions civils militaires, de composants aéronautiques et de systèmes de défense.

Depuis, la compagnie a développé quinze nouveaux modèles au cours des quinze dernières années. Embauchant près de 26 000 personnes à travers le monde, Bombardier Aéronautique possède près de 25% du marché mondial au niveau des avions d’affaires.

La clientèle de Bombardier représente tous les porteurs d’avion d’affaires ou de transport régio- nal. Jusqu’à maintenant, l’entreprise se concentrait principalement sur la conception de petits et moyens aéronefs. Cependant, le choix de Bombardier dans son positionnement avec les nouveaux CRJ900 et la série C démontrent une orientation vers un marché de l’économie des vols régionaux et commerciaux basé sur une plus grande capacité de transport.

Les principaux compétiteurs de Bombardier Aéronautique au plan constructeur sont Airbus, Boeing et Embraer. Ces derniers ne détiennent pas de centre de formation et donnent le service d’entraî- nement des pilotes et techniciens à des compagnies spécialisées dans la formation telle que Flight Safety International.

L’avantage de fournir soi-même le service de formation se situe au niveau de l’intégration du service de formation dans la vie complète de l’avion et constitue un avantage compétitif pour l’en- treprise. Le centre d’entraînement de Bombardier Aéronautique se distingue par l’expertise qu’il offre. Il peut fournir une formation de pilotes sur des répliques exactes des systèmes d’avioniques utilisés dans les avions. De plus, la relative proximité du centre d’entraînement, du fabriquant de simulateurs et du site de construction des avions permet d’obtenir très rapidement un support spé- cifique et rapide en rapport à certaines questions techniques. Également, Bombardier se distingue par le grand nombre de simulateurs haut de gamme offert aux pilotes en formation. En effet, Bom- bardier possède plusieurs simulateurs de classe D sur place: l’entraînement sur ces simulateurs permet aux pilotes de prendre les commandes d’un avion avec passagers directement après leur entraînement, minimisant ainsi le temps d’apprentissage en vol.

Au niveau des fournisseurs, les simulateurs utilisés lors des diverses formations proviennent de CAE, chef de file au niveau de solutions de formation intégrées et des technologies de simula- tion.

Bombardier a investi plus de 3,5 milliards CAD en recherche et développement au Canada entre 1986, date de son entrée dans l’industrie, et 2003.

Ameco (Beijing)

Ameco, un joint venture entre Lufthansa (Allemagne) et Air China, est spécialisé en entretien

73 rapport de mission

d’aéronefs. Fondée il y a 15 ans, cette entreprise située aux abords de l’aéroport de Beijing, forme ses propres techniciens et offre ses services à plus de 50 compagnies aériennes autant nationales, qu’internationales. Ameco se distingue sur le plan international essentiellement par ses coûts et son portfolio d’aéronefs quasi universel, mais aussi pour sa rapidité de service.

Ameco est situé sur le terrain du Beijing Capital International Airport, Ameco succède à Beijing Aircraft Maintenance Base of Air China en tant qu’entreprise d’entretien d’aéronefs. Ameco fut fondée en août 1989 par un joint venture entre Air China (détenant 60%) et Lufthansa (détenant 40%) L’entente de 1989 avec Lufthansa n’avait au départ qu’une durée de quinze ans. À son échéance, il y a un an, elle fut prolongée pour les vingt-cinq prochaines années. La maintenance offerte par Ameco couvre pratiquement toute la flotte d’aéronefs de Boeing et Airbus. Au cours des quinze dernières années, Ameco a complété avec succès 900 inspections lourdes, peint 130 aéronefs et réparé plus de 2500 appareils. Depuis ses débuts, les revenus de Ameco ont dépassé les 1,5 milliards de USD.

Afin de réaliser sa mission, l’entreprise forme à l’aide de l’expertise chinoise et de la technologie allemande des techniciens en aéronautique pouvant faire face à tous les types d’aéronefs, tout en offrant un service de qualité supérieure.

Le principal client de Ameco est Air China, cependant il se trouve que plus de quarante transpor- teurs domestiques et plus de vingt transporteurs internationaux utilisent ses services. Du côté de ses compétiteurs, leur nombre ne cesse d’augmenter: plus il y a de compagnies d’aviation, plus il y a de compétiteurs car chacun de ceux-ci ont leur propre centre de réparation. Ironiquement, Air China se trouve être un des principaux clients et compétiteurs de Ameco.

La conjoncture entre la technologie allemande (Lufthansa) et les services asiatiques (Air China) posséder un hangar pouvant contenir quatre Boeing 747 à la fois, avoir un portfolio complet en terme de capacité à soutenir plusieurs types d’aéronefs, garantir des coûts moindres et être certi- fié par plusieurs administrations mondiales telles que: CAAC (Civil Aviation Administration of China), FAA (Federal Aviation Administration of United States), JAA (Joint Aviation Authorities of Europe) et ISO 9002, font de Ameco un compétiteur redoutable.

Ameco entretient d’excellentes relations avec ses fournisseurs et ses clients tels que Pratt & Whi- tney, Rolls Royce et General Electric. Chacun de ceux-ci a un représentant en permanence sur place.

Le principal établissement visité fut le centre de formation des futurs techniciens en aéronautique qui travailleront plus tard dans les hangars de Ameco. Pour maintenir leurs étudiants à l’affût des exigences nationales et internationales (CAAC, FAA, JAA) les ingénieurs et professeurs de Ameco se doivent d’être vigilants à tous changements de réglementation. Les divers problèmes reliés à la propriété intellectuelle mettent un frein aux efforts en R&D et en innovation. Étant un consommateur indirect des constructeurs aériens, ils n’ont pas accès à certaines informations pri- vilégiées. Cependant, l’alliance avec Lufthansa et Air China aide grandement.

Ameco a ses propres ingénieurs et forme ses propres techniciens dans son école de formation

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(unité visitée lors de la mission). Finalement, au niveau de leur politique environnementale, no- tons que l’atelier de peinture a été conçu pour rencontrer les demandes croissantes de qualité et de normes environnementales.

Centre national de l’aviation de Yanliang (Xi’an)

Situé au Nord-Est de Xi’an, le Centre national de l’aviation de Yanliang est un regroupement d’unités de recherche, d’écoles et de manufactures, liées au secteur de l’aviation. Il s’agit d’un des principaux centre de l’aviation chinoise: on y certifie avions et personnels. On y retrouve entre autres: Avic-1 Aircraft Designing Institute of China, Xi’an Aircraft Industry Group Company Li- mited et le China Flight Test Establishment.

Le Centre National de l’aviation de Yanliang est situé aux environs de l’une des 53 zones High- Tech de Chine. La base contribue à entre 25 et 50% des emplois de la zone. Né d’une relation avec les Russes dans les années 1950, le Centre Nation de l’aviation de Yanliang est devenu en moins de 50 ans le numéro un de la défense en Chine. L’ensemble de la production se fait sur place, du design à la fabrication.

Le marché de la base est principalement un marché national, c’est-à-dire une clientèle allant de quatre à une centaine de places. Cependant, une légère part d’aéronefs est exportée au Pakistan et au Moyen-Orient. Au cours des prochaines années, la demande chinoise sera sans cesse croissante. Pour répondre à cette demande, la construction de plus gros porteurs s’imposera.

Avec sa fabrication de petits et moyens porteurs, le Centre National de Yanliang constitue un com- pétiteur direct aux constructeurs tels que Bombardier et Embraer.

Faire partie d’une zone High-Tech constitue un avantage compétitif certain. Cela aide grandement, car tout est à proximité. Qu’il s’agisse des fournisseurs, des clients et même des employés qui ha- bitent dans la zone, tout est en place pour être fait sur place. C’est pourquoi le temps entre le début du design et la certification d’un aéronef est de trois ans.

Avoir des sources de financement fiables telles que des politiques gouvernementales, de l’aide aux industries faisant partie d’une zone High-Tech, de l’aide bancaire, etc. Elle bénéficie de plus d’un investissement direct du gouvernement chinois.

Les fournisseurs faisant eux-mêmes partie de la Base d’aviation, travaillent conjointement avec les diverses parties menant à la construction finale d’un aéronef.

Le présent marché national ne demande pas, selon eux, un effort en innovation au niveau de la construction d’aéronefs de plus de 100 places. Cependant, selon leurs efforts pour atteindre d’ici quelques années les divers objectifs du Centre, entre autres augmenter le niveau des technologies en aéronautique, augmenter le rendement général de la base et faire d’elle et de Xi’an un des plus importants centres de R&D au monde, le Centre National de l’aviation de Yanliang se doit d’inno- ver sur tous les points.

75 rapport de mission

À l’intérieur même de la High-Tech zone, se trouvent des universités formant des étudiants pour les diverses entreprises se trouvant dans la zone, entre autre celles du Centre National d’aviation de Yanliang. Parmi celles-ci l’on retrouve le Northwestern Polytechnical University, une institution clé de haut savoir en Chine, et le Air Force Engineering University, la plus prestigieuse institution d’aviation chinoise.

Shanghai Eastern Airlines Flight Training Co. (Shanghai)

Formée par China Eastern Airlines Flight Training et co-investie par le groupe China Eastern Air- line, Shanghai Easter Flight Training Co. est une entreprise dévouée à la formation de pilotes de l’aviation civile.

Fondée en 1987, Shanghai Eastern Flight Training est devenue au fil des ans une entreprise de for- mation fiable. Depuis, elle a formé plus de 30 000 pilotes aptes à conduire des MD-82, des A300 et des A320.

À l’aide du principe suivant: «strict procedure, strict standard, strict training» (Procédures Stric- tes, Standard Strict et Formation Stricte) le centre de formation a su former des pilotes hautement qualifiées pour diverses avionneurs asiatiques dès ses débuts.

Outre les pilotes provenant de China Eastern, les autres clients du Shanghai Eastern Flight Trai- ning proviennent des divers avionneurs chinois, tels que China Northern, China Northwest et Zhejiang Airlines. De plus, les pilotes de Hong Kong, Taiwan, Indonésie et même de Mongolie se font enseigner par l’entreprise de Shanghai.

Ce centre de formation comporte plusieurs compétiteurs, notamment ses principaux clients qui ont eux-mêmes un centre de formation. Ainsi dans les rangs de client/compétiteur on retrouve entre autres China Eastern, Air China et China Southern.

Jusqu’à maintenant, la compagnie possède des simulateurs complets pour les MD-82, A300 et les A320, sans compter les dispositifs de vol pour les A300 et A320. À l’aide de ceux-ci, divers types de formations s’offrent aux pilotes qu’il s’agisse d’une formation initiale, de transition, de classification pour un niveau supérieur de pilotage ou simplement une formation spécialisée aux pilotes fraîchement sortis des bancs d’école ou du collège militaire sur les connaissances de bases relatives au transport de passagers.

À l’exception de leurs salles de formation, le centre de formation comporte pas moins de six simu- lateurs de vols à l’intérieur même de ses murs. Ces derniers étant majoritairement fournis par CAE, sont constamment revus et mis à jour. Étant donné le lien direct entre le centre et ses principaux clients/compétiteurs/fournisseurs, les relations entre ces derniers sont excellentes.

L’entreprise possède une équipe de recherche et développement en matériel et logiciel informati- que. Depuis la formation de cette équipe, plusieurs matériels à usage didactique ont été dévelop- pés, tel que «Crew Resource Management» et «Emergency Existence Training». De plus, à l’aide de Airbus, la version mandarin du cours de pilotage du A320 a pu être complétée. Plusieurs docu-

76 poly-chine 2005 ments didactiques sont toujours en conception.

Industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale au Canada

Au Canada, l’industrie de l’aéronautique est présente d’est en ouest. En effet, les entreprises ap- partenant à ce type d’industrie participent de près ou de loin à la fabrication de composantes et ce, à la grandeur du pays. Ce type d’industrie canadienne produit des revenus annuels de plus de 20 milliards de dollars. À l’exclusion des lignes aériennes, elle emploie près de 80 000 personnes. L’industrie de l’aéronautique fournit des emplois de haute qualité, crée de la richesse et contribue au développement de l’économie, du savoir, de la connaissance et de la conquête des marchés mondiaux.

Sur la scène internationale, le Canada a sa place en tant que pays générateur de haute technologie. Montréal, plus particulièrement, se trouve parmi les plus importantes villes de l’aéronautique au monde, derrière Seattle et Toulouse. Le Canada, et surtout le Québec, occupe une position impor- tante à tous les niveaux, qu’il s’agisse de la fourniture d’équipements, de la fabrication de sous- ensembles (Bombardier, Messier-Dowty, Air Canada Service Techniques) de simulateurs de vols et service de formation (CAE) de moteurs et la maintenance de ceux-ci (Pratt & Whitney Canada), d’hélicoptères (Bell Helicopter) et plus encore. Pour compléter la boucle, le Canada est entre autres reconnu mondialement en tant que chef de file avec une fiche de sécurité aéronautique remarqua- ble qui repose sur une expertise importante dans tous les aspects de la formation aéronautique.

Le marché de l’aéronautique sera toujours présent mondialement. Cependant, tel qu’il a été res- senti suite aux attentats du 11 septembre 2001, le marché est fragile aux diverses menaces, tel que le terrorisme. Le prochain défi de l’industrie se fera sans doute ressentir au niveau des nombreuses restrictions environnementales allant sans cesse en augmentant et de l’épuisement des ressources naturelles de pétrole. Idéalement, si tout se poursuit convenablement, la demande sera croissante pour le futur proche et lointain.

Le rôle de l’État est très important; les deux piliers de gouvernements fournissent aux entreprises en aéronautique des subventions sous diverses formes: prêts à long terme, etc.

Au niveau de la clientèle et des compétiteurs, le marché de l’aéronautique canadien est tout autant national qu’international. Or, les divers clients et compétiteurs se retrouvent autant à l’intérieur même des frontières du Canada qu’à l’extérieur de celles-ci.

Les différences entre le marché canadien et celui des compétiteurs sont énormes. Le marché ca- nadien est largement privé tandis que le marché des concurrents étrangers, largement gouverne- mental, bénéficie d’importantes commandes du secteur public. Au Canada, les entreprises sont majoritairement civiles tandis que celui des concurrents, qui est majoritairement militaire, profite d’importantes contributions destinées au développement de technologies de pointe. Le marché ca- nadien est presque entièrement international, alors que les principaux concurrents du Canada sont solidement ancrés dans leurs propres marchés domestiques (très populeux), ce qui rend le Canada extrêmement dépendant du financement à l’exportation.

77 rapport de mission

Industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale en Chine

Le secteur aéronautique est apparu en Chine dans les années 1950. Depuis, il s’est beaucoup di- versifié dans les domaines militaire et civil. Présentement, l’industrie de l’aéronautique se trouve en pleine croissance. En terme de volume d’activité, le transport aérien possédait 1% de la totalité du volume chinois.

Pour le moment, les compagnies chinoises en aéronautique ne visent pas officiellement les marchés internationaux. Il s’agira cependant d’une éventualité à laquelle les divers compétiteurs mondiaux devront faire face d’ici quelques années. Autant au niveau national qu’international, plusieurs institutions et universités figurent en tête d’affiche de l’industrie aéronautique, par exemple: Avic I-II, BIAM (Beijing Institute of Aeronautical Material) SAST (Shanghai’s Academy of Science and Technologies) Beijing University of Aeronautics and Astronautics, Northwest Polytechnical University (Xi’an), Tsinghua University (Beijing) et Xi’an Jiatong University (Xi’an).

La population chinoise voyage de plus en plus, ne serait-ce qu’à l’intérieur du pays pour franchir les immenses distances séparant les diverses grandes villes, c’est pourquoi la demande nationale en aéronautique ne va qu’en augmentant. À l’approche des grands événements en Chine tels que les Jeux Olympiques de 2008 à Beijing et l’Exposition Internationale en 2010 à Shanghai, toutes les infrastructures sont repensées. Ainsi, l’on assiste à l’agrandissement de plusieurs aéroports, et même dans certains cas de construction d’un second aéroport.

À tous les niveaux, le rôle de l’État chinois est extrêmement présent dans l’industrie aéronauti- que.

Le marché principal des constructeurs chinois est surtout un marché national. Cependant certaines compagnies du Moyen-Orient se procurent les appareils construits en Chine.

Les compétiteurs au marché chinois proviennent de partout au monde. Qu’il s’agisse de Boeing, Airbus, Embraer ou Bombardier, chaque type d’aéronef chinois se voit confronté à une entité plus imposante du marché international.

Croissance et tendances futures du marché chinois

Pour satisfaire la demande croissante chinoise, il faudrait que d’ici vingt ans elle augmente sa flotte de plus de 1500 aéronefs. Selon les statistiques de l’Institut de l’Ingénierie du Système aéronauti- que de Chine (IISAC) le transport aérien en Chine a été de 85,7 milliards de kilomètres au début du millénaire, soit le 9e du monde. En augmentant la flotte aérienne, ce chiffre devrait normalement progresser de 8,5% par an pour atteindre 438,7 milliards de kilomètres en 2019. Avec un marché national grandissant et une spécialisation de l’industrie de l’aéronautique en Chine, nous verrons d’ici une quinzaine d’années certaines entreprises chinoises pourront compétitionner sérieusement avec les grands noms de l’industrie aéronautique, tels que Boeing et Airbus.

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Opportunités d’affaires pour les entreprises du Québec et du Canada relativement à ce secteur

Présentement et pour les années à venir, un joint venture est nécessaire pour s’introduire d’une fa- çon viable dans une industrie aéronautique très fermée en Chine. Certaines entreprises étrangères, notamment Pratt & Whitney Canada, ont déjà un pied à l’intérieur du pays avec une usine d’assem- blage située à Chengdu. Cependant, pour que les industries canadiennes soient plus aptes à faire face au marché mondial de l’aéronautique, il faudra un effort relatif de la part du gouvernement, notamment au niveau des exportations. Pour ce faire, il faudrait entre autres une augmentation de la capacité de financement d’EDC, joueur important des exportations canadiennes.

Comparaisons et analyses entre la Chine et le Canada

Le type d’industrie, privée pour le Canada et publique pour la Chine, joue un rôle très important dans les différences entre les deux pays, ne serait-ce qu’au niveau du financement. Le type de mar- ché visé joue de plus un rôle très important. Le Canada n’a pour sa part d’autre choix que de viser un marché international, comparativement à la Chine qui peut se satisfaire d’un marché national dans un proche futur. Au niveau de l’innovation, il va sans dire que le Canada est plus avancé que la Chine, dû aux exigences qu’impose un marché international. À l’inverse, l’industrie chinoise est bien moins influencée par les diverses menaces internationales, puisqu’elle est pratiquement auto suffisante.

Industrie du transport terrestre

Descriptions des entreprises

Naveco

Naveco est un partenariat 50-50 entre Iveco (Fiat, Italie) et Yuejin Motor Corp. (Chine). L’entre- prise a été fondée en 1995. Elle se spécialise dans la fabrication de camions légers et de moteurs diesel pour le marché chinois. Naveco est la première marque pour les véhicules de transports légers en Chine. Naveco produit environ 18 000 véhicules par année dans son usine de Nanjing, dans la province de Jiangsu, au rythme d’environ un nouveau véhicule à chaque deux minutes. Cette cadence est maintenue grâce à une armée de travailleurs efficaces et disciplinés, car l’auto- matisation de la chaîne de production est pratiquement inexistante. Malgré tout, le prix moyen des camions produits serait d’environ 120 000 yuan en 2005, soit environ 18 500 CAD.

Malgré sa production importante et sa position dominante en Chine, Naveco estime que ses véhi- cules ne sont pas particulièrement adaptés au marché Chinois (et asiatique en général), dérivant tous de modèles européens fabriqués par Iveco. Ses concurrents japonais et chinois (en particulier Transit, Japon) se positionnent mieux à cet égard, mais Naveco entend diversifier sa gamme de modèles pour mieux répondre au marché local.

79 rapport de mission

Dongfeng-Citroen

Fondée en 1992, Dongfeng Peugeot Citroën Automobile Company Ltd. (DPCA) est formée du partenariat entre Dongfeng Motor Corp. (Chine, 70%), PSA France (25%) et d’autres actionnaires (BNP Paribas, autres). La section Dongfeng-Citroën de la DPCA est une entreprise établie à Wu- han, dans la province de Hubei. L’entreprise est certifiée ISO9001 et ISO14000.

Cette entreprise possède une usine de production très peu automatisée. La chaîne de montage provient d’une usine Citroën européenne désuète de par le modèle fabriqué et la quasi-absence d’automatisation. La ligne de montage a donc été transférée à Wuhan où la main d’oeuvre est abondante et peu dispendieuse. Mis à part le convoyeur principal qui achemine la voiture d’une poste à l’autre, il a seulement été possible de voir un poste semi automatisé pour la pose des pare- brises et un poste automatisé pour les soudures par points de la carrosserie.

Le délai entre la fabrication et la livraison est d’environ deux semaines et on produit environ 540 voitures neuves par jour. La fabrication d’une seule voiture prend environ neuf heures.

Le principal marché de Dongfeng-Citroën est la Chine, où l’entreprise propose plusieurs modèles issus de la gamme européenne de Citroën, soit les Xsara, les Xsara Picasso, les Élysée, les C5 ainsi que les Fukang, modèle chinois adapté d’un ancien modèle Citroën.

Novabus

Fondée en 1993, cette entreprise alors nouvellement formée achète l’usine de fabrication de MCI à St-Eustache et relance les opérations manufacturières d’autobus urbains. Aujourd’hui connue pour ses autobus à planchers surbaissés, Novabus est présente sur le marché canadien, mais ses ventes sont principalement au Québec, l’ATUQ (Association des Transporteurs Urbains du Québec, re- groupant entre autre la STM, la STL et la RTC) est son principal client. L’entreprise est certifiée ISO9001:2000 et ISO14001.

Novabus concentre ses activités sur son modèle LFS à plancher surbaissé et développe de nou- veaux modèles d’autobus pour le transport suburbain et urbain, basés sur la plateforme du LFS.

Novabus adopte une stratégie qui met en valeur le service après-vente et l’adaptabilité de ses pro- duits, caractéristique importante pour ses clients. Des efforts de recherche et développement sont en cours: l’entreprise cherche notamment à développer un modèle d’autobus propulsé et articulé, en plus de voir au développement de solutions propres, par le biais de l’intégration d’un moteur hybride aux modèles actuels d’autobus. Malgré cela, la R&D constitue une petite part des efforts de NovaBus, ce qui pourrait placer l’entreprise derrière ses compétiteurs au niveau de l’innovation technologique.

Les forces de Novabus se situent donc aux niveaux suivants: le service après-vente, l’adaptabilité de ses modèles aux demandes des clients, la fiabilité des autobus et la formation des clients of- ferte.

80 poly-chine 2005

Industrie du transport terrestre

Le pays du vélo deviendra t-il le pays de l’auto? À elle seule, la Chine représente 60% de l’usage des vélos dans le monde en 2001, cependant cette tendance est à la baisse dans les grandes villes. La circulation automobile augmente à grand pas au détriment du vélo.

La Chine vit aujourd’hui une demande grandissante pour des systèmes de transports de personnes et de marchandises. D’un côté, les fabricants d’automobiles doivent produire de plus en plus de voitures pour satisfaire une demande croissante provenant de la classe moyenne; de l’autre, le transport des marchandises doit pouvoir subvenir aux besoins des entreprises manufacturières.

D’une part, cette croissance porte une pression grandissante sur les infrastructures du pays. D’autre part, elle stimule plusieurs marchés importants en Chine, soit principalement celui de l’automo- bile, mais aussi dans une moindre mesure, les transports en commun, la motocyclette, le vélo et le vélo électrique, car la circulation serait impossible si demain tous les Chinois se transportaient en voiture comme nous le faisons en Amérique du Nord.

Marché des infrastructures de transports terrestres

Le gouvernement chinois est actuellement à l’oeuvre pour mettre à niveau son infrastructure de transports routiers et ferroviaires. Cela se traduit par la construction de nombreuses autoroutes urbaines et interurbaines reliant les différents centres industriels. Le gouvernement doit effectuer ces mises à niveaux pour continuer à supporter la croissance du pays et pour rester concurrentiel, sachant que les coûts de logistique s’élèvent à environ 20% du prix d’un produit en Chine, alors que ces coûts sont d’environ 10% aux États-Unis.

De plus, les transports ferroviaires sont actuellement sub-optimaux car la plupart des lignes reliant les grands centres sont à une seule voie et les transports de passagers ont priorité sur les transports de marchandises, ce qui occasionne des délais importants au niveau du temps de livraison. Le gou- vernement est donc à doubler ces voies et à optimiser son réseau ferroviaire.

Des lignes à haute vitesse sont également à l’ordre du jour en Chine, notamment la liaison Beijing- Shanghai, qui constitue un des corridors les plus achalandés en Chine. Des lignes de train conven- tionnelles sont également développées pour lier les villes de l’ouest aux régions côtières, dans le cadre de la stratégie «Go West» du gouvernement central.

Le gouvernement travaille également à l’augmentation de la taille des réseaux de transport en commun. À ce sujet la Chine planifie la construction de 550 km de lignes de transport en commun dans les villes importantes d’ici 2025. Les villes qui bénéficieront des mises à niveau seront entre autres: Beijing, Shanghai, Tianjin, Guangzhou, Kunming, Chongqing, Nanjing, Chengdu, Qing- dao, Dalian, Shenyang, Shenzhen, Changchun, Harbin et Xi’an.

Le marché automobile

Le marché de l’automobile devrait atteindre 5 millions de véhicules vendus pour l’année 2005,

81 rapport de mission

dont 50% de ces véhicules seront des voitures. La valeur des véhicules produits devrait atteindre 15,7 milliards USD. En comparaison, il s’est vendu 1 625 050 voitures au Canada et 16 967 442 aux États-Unis, en 2003.

Le faible coût chinois

Les entreprises installées en Chine dans le secteur de l’automobile bénéficient, comme dans beau- coup de secteurs industriels, des faibles coûts de main d’oeuvre, ce qui leur permet de réduire les coûts de fabrication de façon substantielle.

Au niveau technologique, la Chine n’a cependant pas encore fait preuve d’une grande force en recherche et développement dans le secteur automobile: elle s’accapare les technologies dévelop- pées ailleurs dans le monde (États-Unis, Europe, Japon) par la mise en place de partenariats dans un échange de type «Market for Technology». Les modèles fabriqués en Chine sont principale- ment des modèles conçus à l’étranger, ou encore calqués sur des modèles étrangers.

L’industrie automobile est cependant un des grands piliers de l’économie chinoise selon le gou- vernement central: des avantages fiscaux sont donc alloués aux entreprises et des investissements importants sont donc faits au niveau des infrastructures routières du pays.

Le marché de l’exportation n’est pas encore une priorité pour les fabricants locaux: la croissance du marché chinois les amène d’abord à considérer le marché local. Malgré cette emphase sur la croissance interne, certains fabricants se lancent sur le marché international: Chery Automobile Co., entreprise de la province d’Anhui, exportera environ 250 000 véhicules par année en Améri- que du Nord dès 2007. Misant sur les faibles coûts, elle vise une percée significative sur le marché nord-américain, qui la placerait vis-à-vis Saturn ou Mercury en terme de ventes annuelles. Cette manoeuvre est supportée par des incitatifs fiscaux du gouvernement central et des gouvernements locaux, qui contrôlent en partie le fabricant.

L’importance de l’État

Il est important de noter que la plupart des entreprises chinoises étudiées sont contrôlées par l’état chinois (Dongfeng, Chery, Yuejin), ce qui les place en situation avantageuse au niveau des politi- ques fiscales et au niveau du financement. Elles incarnent généralement des exécutants de l’écono- mie planifiée chinoise et s’inscrivent dans des stratégies étatiques de commerce et d’industrie.

82 poly-chine 2005

Visites communes

L’Ambassade du Canada et la délégation du Québec (Beijing)

Le Canada entretient des relations étroites avec la Chine entre autres à travers l’Ambassade cana- dienne à Beijing, les Consulats Généraux du Canada à Shanghai, Hong Kong et Guangzhou ainsi que le Consulat du Canada à Chongqing. Depuis 1970, année de l’établissement des relations di- plomatiques entre les deux pays par Pierre Elliott Trudeau, les partenariats dans les domaines du commerce, de l’éducation et de la culture se sont multipliés.

Parmi les services offerts par les missions canadiennes en Chine, en plus des services consulaires, de Visas et d’immigration, il faut mentionner les services des Délégués commerciaux du Canada, ceux-ci faisant partie des 800 délégués commerciaux du Canada présents dans 140 emplacements à travers la planète. Les principaux services offerts par ces derniers sont des études de marché, du dépannage en cas de problème ainsi que la recherche de contacts clé et d’informations sur des en- treprises locales. Ces services, ainsi que d’autres aides disponibles dans les missions canadiennes en Chine, ont pour principaux buts d’aider les industries canadiennes à percer en Chine, d’appli- quer les politiques de commerce, de promouvoir l’investissement étranger au Canada ainsi que de collaborer à des transferts de technologie.

L’ambassade canadienne en Chine informe aussi sur les opportunités disponibles en Chine dans le domaine de la culture et de l’éducation. En effet, les artistes canadiens peuvent profiter de nombreux services dont l’évaluation du potentiel de projets ou de partenariats particuliers, l’iden- tification de contacts locaux clés, l’intervention en cas de problèmes, ainsi que des conseils dans le domaine des médias. Des subventions peuvent aussi être offertes aux groupes et aux particu- liers canadiens en vue de promouvoir la culture canadienne en Chine. Du côté de l’éducation, un domaine crucial de coopération Canada-Chine, les étudiants peuvent profiter d’échanges et de bourses d’étude. Depuis 1973, 394 universitaires chinois ont participé au programme d’échanges universitaires Canada-Chine pour des séjours entre quatre et douze mois.

Il est à noter que l’Ambassade canadienne à Beijing héberge aussi une délégation québécoise, chargée de la promotion particulière, tant économique que culturelle, du Québec en Chine. No- tre mission industrielle Poly-Chine a été reçue par l’Ambassade canadienne à Beijing le 12 mai 2005.

Wuhan Coca-Cola Co. Ltd

Chaque jour, plus d’un milliard de portions de produit Coca-Cola sont consommées à travers le monde. La marque dominante mondialement rejoint plus de 200 pays à travers divers marchés. Alors que Coca-Cola concentre principalement ses efforts sur un produit dont la formule est inva- riante, son succès dans chacun des marchés n’est pas le résultat d’une stratégie globale et uniforme

83 rapport de mission

mais d’un système fortement adaptable.

L’histoire de la compagnie en Chine débute après la première guerre mondiale mais prend son essor en 1979 lorsque Deng Xiaoping ouvre le pays sur les investissements étrangers. Coca-Cola devient alors la première compagnie américaine à y distribuer ses produits. Aujourd’hui, Coca- Cola compte sur le territoire chinois deux usines de production de concentrés situées à Shanghai et à Tianjin. Aussi, il y a vingt-quatre usines d’embouteillage principalement en joint venture avec les multinationales Swire Beverages et Kerry Group. La mission Poly-Chine a eu la chance de visiter les installations d’embouteillage situées à Wuhan, dans la province du Hubei.

L’industrie

Au cours des années 1970, l’industrie chinoise du breuvage est sous-développée et dépassée. Au niveau national, une seule marque de boisson gazeuse est distribuée tandis que le reste est comblé par le marché local. Le gouvernement joue un grand rôle dans le contrôle et l’approbation des in- vestissements étrangers. Comme la Chine est un marché complexe qui peut être considéré comme plusieurs marchés régionaux, peu de compagnies sont capables d’opérer au niveau national. Ce- pendant, le marché de boissons s’est rapidement modernisé et peut être pris en exemple par les autres industries.

Autour des joint venture pour l’embouteillage, il existe tout un réseau d’entreprises en amont et en aval. Pour produire et distribuer les boissons gazeuses, les embouteilleurs entretiennent un proces- sus de localisation avec les fournisseurs et les vendeurs. La chaîne de valeur du réseau s’étend du raffineur de sucre au vendeur au détail.

La plupart des chinois peuvent s’offrir occasionnellement des boissons gazeuses. Les produits de Coca-Cola atteignent environ 80% de la population. Malgré que les produits de Coca-Cola soient abordables et disponibles, les chinois n’ont pas l’habitude d’en consommer en aussi grand nombre que les américains. Les compagnies voient cependant des potentiels de croissance significatifs avec l’ouverture de nouveaux restaurants, bars et supermarchés dans les villes. La demande pour les boissons carbonisées et non carbonisées montre une certaine élasticité qui n’est pas surprenante compte tenu de la croissance des revenus.

L’entreprise

Au départ, les produits importés en Chine par Coca-Cola s’adressaient seulement aux étrangers. En 1980, la compagnie construit ses premières usines d’embouteillages et en donne les droits de propriété au gouvernement en échange de meilleures ventes et droits de distribution de sorte que les produits puissent être vendus aux chinois également. En plus de vendre internationalement les boissons comme Coca-Cola, Fanta et Sprite, la compagnie a développé des marques locales comme des boissons non carbonisées aux fruits, des produits laitiers et des thés chinois. Cette démarche innovatrice s’inscrit dans la ligne directrice prise par Coca-Cola qui est la suivante: «Penser local et agir local».

Pour Coca-Cola, l’établissement d’un réseau à l’échelle nationale et d’une forte position sur le

84 poly-chine 2005 marché a été rendu possible grâce à des stratégies à long terme consistant en la construction une in- frastructure à travers des partenariats avec le gouvernement chinois et les compagnies locales. Les joint venture sont courants et impliquent notamment Swire Beverages, Kerry Group, le ministère de l’industrie légère et l’organisme d’état China National Cereals, Oils, and Foodstuffs Import and Export Corporation (COFCO). Les infrastructures d’embouteillage sont le cœur de tout un réseau. En amont, on retrouve tout un ensemble de fournisseurs locaux qui inclue le matériel, les ingré- dients, l’équipement d’embouteillage et les services financiers. Les fournisseurs sont également répartis entre les joint venture et les firmes locales. Certaines sont des firmes émergentes tandis que d’autres sont des entreprises d’état bien établies ayant adopté de nouvelles technologies et de bons contrôles qualité. En aval, on trouve un réseau de distributeurs, de grossistes et de vendeurs au détail qui rejoignent tout le pays avec notamment un centre de vente dans toutes les villes de plus d’un million d’habitants. Afin de maintenir le contrôle sur la formulation de ses boissons de marque internationale, Coca-Cola produits les concentrés dans des usines, dont la propriété est strictement étrangère, à Shanghai et à Tianjin.

À ce jour, les investissements de Coca-Cola en Asie sont énormes. Dans le domaine des boissons gazeuses, la compagnie jouit d’avantages compétitifs comme la reconnaissance des marques et une expertise inégalée dans la production et la distribution. En Chine, les produits de Coca-Cola représentent plus de 30% des parts de marché et génèrent des ventes annuelles dépassant le mil- liard de dollars.

Le succès de la firme repose donc, selon plusieurs analystes, sur sa capacité à équilibrer la locali- sation de ses actions avec la maintenance d’une ligne de produits profitables. La Chine représente pour la compagnie, le septième plus grand marché. La grandeur du marché régional chinois est énorme et représente des bonnes opportunités pour les produits traditionnels et locaux de la firme. De plus, ce marché n’est pas encore venu à maturité. La complexité du réseau d’acteurs impli- qués dans l’industrie pose également de grands défis car celle-ci s’étend des joint venture entre entreprises internationales et locales à la participation des entreprises d’états. Les innovations au point de vue de la distribution des produits sur le territoire chinois influenceront le succès de la compagnie.

IRICO Color Display Devices (Xian)

IRICO Color Display Devices Co. Ltd. (CDDC) fait parti du groupe corporatif IRICO Group Corporation érigé par le conseil d’état chinois en 1989. Le regroupement compte une vingtaine de participants: entreprises, institut de recherches, filiales, holding et joint venture. En 1992, CDDC est approuvée par la commission de réforme du système économique de la province de Shaanxi. La compagnie s’établit alors dans la zone de développement high-tech de la ville de Xi’an. Elle produit plusieurs types de tubes d’image couleur. La mission Poly-Chine a eu la chance de visiter cette installation.

L’industrie

En 2002, IRICO réussit à se classer parmi les 100 plus grandes compagnies oeuvrant dans l’élec-

85 rapport de mission

tronique, les communications et les médias, classées sur une base du profit net. Sur le plan interna- tional, la compétition se joue entre plusieurs grands noms célèbres dont GE et IBM de l’Amérique, Hitachi et Toshiba du Japon, Samsung et LG de la Corée. Une douzaine d’entreprises chinoises réussissent à se glisser dans le top 500 de ce même palmarès: China Mobile, China Unicom, Haier Group, Legend Group, TCL, Shanghai SVA, Huawei Technologies, China Putian, Shenzhen Zhon- gxing Communication, BTD Co. Ltd., Shanghai Bell et Yaxin Electronics.

L’entreprise

Des 4100 employés de la compagnie, 93 % sont du personnel de production. On ne compte que vingt-sept membres dirigeants et 72 membres gestionnaires, le restant étant du personnel de servi- ces et des techniciens. Le volume de production n’a cessé de croire depuis la création de IRICO. L’année 2000 fut marquée par de vastes investissements visant l’introduction de trois nouvelles lignes de produits. La production a alors augmenté passant notamment de 3,8 millions d’unités produites à 6,6 millions en trois ans. La technologie de production et les équipements des quatre lignes de production ont été importés de la compagnie japonaise Toshiba. Les produits de CDDC ont tous passé les certifications nationales en matière de sécurité de la Chine, des États-unis, du Canada, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne. Ils ont également la certification ISO 9000 et ISO 14000. Les clients domestiques de IRICO sont principalement Changhong, TCL, Konka, Skyworth, Haier, Hisense et Xocero. Au niveau international, IRICO vend ses dispositifs d’écran couleur en Amérique, en Europe, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient, totalisant trente pays. Les parts de marché sont légèrement en baisse depuis 2001 où elles étaient de 13,3%.

Depuis sa fondation, IRICO compte sur l’appui et le support des membres dirigeants du Comité du parti central, du conseil d’état et des gouvernements locaux. Aussi, la culture d’entreprise est em- preinte de l’influence du parti central. La compagnie insiste sur ses principales forces de sa culture d’entreprise soit l’image de ses employés, leur santé, leur éducation et celle de leur famille. Ses principes de sécurité dictent que la personnalité et les habiletés d’une personne doivent être recon- nues et respectées pour toujours, que les valeurs des employés doivent également être respectées et que la sécurité est primordiale. Ainsi, la culture de la compagnie consiste à reconnaître et mettre à profit les talents de ces quelques 4000 employés.

Cinquième au monde dans sa catégorie en 2003, IRICO explique sa forte croissance par la restruc- turation de ses produits et le renforcement de sa gestion des produits. En effet, la réorganisation a permis de renforcir le cœur de l’entreprise afin de développer les marchés locaux et internationaux. Cette rénovation a permis d’attirer les plus importants investisseurs et d’éliminer les désavantages liés à son caractère privé.

Dans le futur, la compagnie songe à introduire la participation d’investisseurs étrangers stratégi- ques. Bien qu’elle soit cinquième au monde, la compagnie ne vend que le quart de sa production dans les marchées étrangers. Face aux compétiteurs qui possèdent des technologies hautement avancées, IRICO répond qu’elle étudie de nouveaux produits, innove dans la gestion de l’entre- prise, tente de développer ses propres propriétés intellectuelles.

86 poly-chine 2005

Ministère de l’Éducation (Beijing)

Coopération et échanges au niveau de l’éducation supérieure entre la Chine et le Canada

Le groupe Poly-Chine a eu l’occasion d’être reçu officiellement au siège du ministère de l’Édu- cation à Beijing. Nos hôtes, M. Jing Wei, directeur du département des échanges et coopérations internationales et M. Gao Runsheng, directeur au département des sciences et technologies du Ministère de l’Éduction de la République Populaire de Chine a entretenu le groupe au sujet de l’éducation en Chine ainsi que des différents échanges et collaborations avec le Canada dans ce domaine.

Pour la Chine, il existe actuellement deux stratégies dans le domaine de l’éducation. D’abord, les autorités veulent revigorer le pays à travers l’éducation et la science. Ensuite, les autorités désirent renforcer la Chine à travers des ressources humaines plus qualifiées.

Ces ressources humaines, ce sont des étudiants avec des habiletés d’innovation, des compétences en entrepreneurship, possédant une perspective globale, des connaissances de langues étrangères ainsi que des compétences transférables.

Quels sont les efforts mis de l’avant pour atteindre ces ambitieux objectifs? D’abord, le gouverne- ment entend établir des plateformes de coopération ainsi qu’améliorer les lois et les règlements au niveau de l’éducation. Également, le gouvernement chinois souhaite augmenter les échanges de haut niveau et les visites, la reconnaissance mutuelle des qualifications académiques aux program- mes universitaires et la promotion de l’enseignement des langues. Le gouvernement vise donc de favoriser la mobilité étudiante, la pédagogie de ses professeurs et améliorer leur matériel. Les pro- fesseurs ne sont pas en reste puisqu’ils pourront bénéficier de programme de mobilité ainsi que des collaborations en recherche. De plus, le gouvernement entend aider les universités à offrir des pro- grammes conjoints avec d’autres établissements ainsi que des programmes multi-disciplinaires.

Pour ce qui est des relations sino-canadiennes, l’accord «Canada-China Scholar Exchange Pro- gram» a été préalablement signé en 1973 par les Premiers Ministres Zhou Enlai et Pierre-Elliot Trudeau. Ce programme a été renouvelé à plusieurs reprises par la suite. Sous ce programme, les deux gouvernements ont échangé les bourses de frais scolarités et les collaborations de recherche dans l’étude des deux pays. Plus récemment, les échanges mutuels de visites éducationnelles dans les universités importantes entre les deux pays ont connu une augmentation considérable. Notre hôte au ministère de l’Éducation a souligné que le vice-ministre Zhao Qinping a dirigé une dé- légation au Canada en 2003 et qu’un autre vice-ministre, Yuan Guiren, a pour sa part dirigé une délégation au Canada l’année suivante.

Le Ministère de l’Éducation de la Chine a également signé des ententes particulières avec certaines provinces comme la Colombie-Britannique en 2003 et l’Alberta en 2004. Dans le cas du Québec, l’entente de compréhension mutuelle en éducation supérieure entre les gouvernements québécois et chinois date de 1980. En janvier 2005, lors de sa visite en Chine, le Premier ministre Paul Martin a signé une entente de collaborations scientifiques et de formation du personnel entre les départe-

87 rapport de mission

ments d’agriculture et d’agro-alimentaire des deux pays. Les principaux projets sont situés dans l’ouest de la Chine dans les villes de Yuan Zhou (Ning Xia), Xi Ji (Ning Xia), Tianquan (Sichuan), Kang Ding (Si Chuan), Shan Shan (Xin Jiang) et Aletai (Xin Jiang). Pour ces projets, la Chine et le Canada ont contribué à une hauteur de 12 millions CAD chacun.

Au niveau des échanges étudiants, le Canada est l’une des principales destinations des étudiants lorsqu’ils décident d’aller étudier à l’étranger. Parmi eux, 28% étaient inscrits à des études de maî- trise ou de doctorat, 46% au baccalauréat et 26% aux autres niveaux. C’est ce dernier niveau qui a connu la plus importance augmentation depuis les dernières années. Plusieurs sont revenus au Canada après la fin de leurs études.

Finalement, monsieur Wei a présenté les priorités du gouvernement chinois dans les programmes de coopérations et d’échanges avec le Canada. D’abord, envoyer les meilleurs étudiants chinois et les plus talentueux étudier au Canada afin qu’ils collaborent aux programmes d’études supérieu- res. Ensuite, travailler avec le Canada en investissant des fonds pour la recherche scientifique. La Chine entend également promouvoir une reconnaissance mutuelle des programmes académiques et des critères d’admission qui s’y rattachent et finalement, attirer davantage d’étudiants canadiens de grande qualité à aller étudier en Chine.

Ministère des Sciences et de la Technologie (Beijing)

Comme futur ingénieur, il était intéressant pour le groupe d’être reçu au Ministère des Sciences et de la Technologie. Nos hôtes Chinois ont profité de notre visite pour nous présenter les différents projets actuellement gérés par leur ministère.

C’est en 1998 que la commission d’État des Science et Technologies a officiellement pris le statut d’un véritable ministère, responsable des activités scientifiques et technologiques. Le ministère remplit plusieurs objectifs. D’abord, il formule des stratégies au niveau du pays concernant la science et la technologie et son développement aussi bien que des directives, des politiques, des lois et des règlements qui ont pour objectif d’accélérer le développement de l’économie et de la société chinoise. Également, ce ministère agit afin de favoriser la construction d’un système natio- nal scientifique et un système technologique d’innovation.

C’est également ce ministère qui supervise les lois sur les brevets, marques de commerce et mar- ques déposées, les contrats technologiques et les lois relatives au contrôle de la qualité en Chine.

Le ministère chinois, tout comme plusieurs autres ministères, fonctionne par programmes. Il y a d’abord, le Torch Program. Ce programme a pour objectif de guider le développement des hautes technologies nouvelles en Chine. Le but est de créer un environnement dynamique pour le déve- loppement d’industries de hautes technologies en établissant des zones de développement indus- triel à travers tout le pays.

Ces zones de développement industriel dédiées à la haute technologie ont plusieurs fonctions. D’abord, ce sont des bases pour le développement de nouvelles technologies et des sources de

88 poly-chine 2005 technologies de pointe et de nouveaux produits pour les industries traditionnelles. Ce sont égale- ment des lieux d’ouverture sur le monde et des zones expérimentales pour la combinaison entre la technologie et l’économie. Finalement, ces zones industrielles font la promotion des accomplisse- ments des innovations techniques.

Le Spark Program a pour objectif de soutenir plusieurs projets techniques qui utilisent des ressour- ces rurales et qui ont de petits besoins d’investissement. Le programme entend développer une sé- rie complète d’équipements appropriés pour les secteurs ruraux et les entreprises communautaires. Également, ce programme met sur pied des zones intensives de technologies qui sont des zones administratives dédiées au développement économique et régional des secteurs ruraux.

Le ministère gère également les grands projets de recherches scientifiques. Les mégaprojets de recherche en science réfèrent aux projets de grands calibres où une quantité importante d’inves- tissement est nécessaire afin de moderniser les instruments et les équipements clés à la recherche scientifique. Ce sont habituellement des projets multidisciplinaires pour faire des percées majeures mais aussi pour promouvoir le développement des différentes disciplines de l’ingénierie.

Au Ministère des Sciences et de la Technologie

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Troisième Partie Conclusion et Remerciements

poly-chine 2005

Une stratégie pour la Chine

L’impact de la Chine est maintenant bien réel, un impact rapide et frappant. Pourquoi faudrait-il réagir? Principalement parce que beaucoup d’emplois sont en jeu et nombreux sont les exemples d’entreprises québécoises et canadiennes qui en subissent déjà les effets. Certains analystes esti- ment que le Québec pourrait perdre 8000 emplois par année dont 5000 dans la région de Montréal. Et la tendance ne touche pas que les emplois non qualifiés, des ingénieurs et autres employés qualifiés pourraient faire les frais de la montée de la Chine. Actuellement, la Chine frappe de plein fouet le secteur manufacturier. Les secteurs les plus touchés sont ceux du textile et des produits manufacturés demandant de l’équipement peu technologiques mais d’autres secteurs pourraient être touchés...

Pudong, le très moderne quartier des affaires à Shanghai

93 rapport de mission

Contexte, forces et faiblesses

Pourquoi cette ascension économique de la Chine se passe-t-elle maintenant? Il faut comprendre que les réformes mises de l’avant pour les gouvernements chinois ont près de trente ans. Plus près de nous, plusieurs raisons expliquent le phénomène de la Chine. D’abord, il y a eu l’adhésion de la Chine à l’OMC en décembre 2000 qui a entraîné la disparition des dernières barrières tarifaires et certains quotas à l’importation. Également, les très faibles salaires de sa main-d’oeuvre nombreuse (sa population de 1,3 milliard de personnes lui fournit un bassin de travailleurs immense) ne sont pas un secret. De plus, la compétitivité de la Chine et la qualité des produits que ce pays fournit ne cessent de s’améliorer. Également, le maintien de la parité entre le dollar américain et sa mon- naie, le yuan, diminue artificiellement ses coûts de production. Finalement, la Chine a également entrepris depuis quelques années la diversification de son économie. Ce sont donc les principaux éléments récents qui expliquent la montée de la Chine et ses forces.

Cependant, les entreprises chinoises ont également certaines faiblesses. Comme le groupe Poly- Chine a pu le constater durant ses visites industrielles, l’organisation de la production est souvent déficiente. Également, la Chine fait actuellement face à d’importants problèmes énergétiques, la Chine est d’ailleurs le troisième importateur de pétrole au monde. Des carences sur le plan de la conception, du design de produits et de l’innovation pourraient nuire aux Chinois. Finalement, la Chine est loin; ce qui se traduit pour les entreprises par des délais de transport qui peuvent être très importants.

Au niveau macro-économique, le mystère demeure sur la période que la Chine pourra maintenir une croissance de 9%. Si cette croissance diminue, est-ce qu’elle se fera en douceur ou brus- quement? Également, le système bancaire chinois est souvent pointé du doigt comme l’une des faiblesses de son économie, les banques accumulant les prêts non remboursés et les dettes. Cette croissance économique et création de richesse ne se fait pas non plus sans tensions sociales entre les pauvres et les riches. Tout le monde veut profiter du développement économique des dernières années mais les différences entre les couches sociales s’accentuent. Malgré ses problèmes, les Chinois s’améliorent rapidement et investissent massivement dans plusieurs secteurs.

Devant la montée de la Chine, depuis quelques années, de nombreuses réactions ont été entendues. Des voix ont exigé des pressions sur le gouvernement chinois pour équilibrer la balance com- merciale et des tentatives protectionnistes ont été proposées et dans quelques cas appliquées. Les États-Unis et l’Union Européenne ont imposé des tarifs dans certaines industries comme le textile. Au Canada, l’industrie du vélo tente de faire pression sur le gouvernement. Au niveau monétaire, des pressions pour une appréciation de 20 à 40% de la devise chinoise ont récemment porté fruit, la Chine ayan cédé un petit peu en août 2005.

L’importance stratégique de la Chine pour le Québec et le Canada

La Chine est le pays le plus peuplé de la planète et son économie affiche la croissance la plus ra- pide (9,1% en 2004). Son importance stratégique est désormais non-négligeable. En 2003, elle a

94 poly-chine 2005 dépassé le Japon comme deuxième partenaire commercial du Canada. Si cette croissance devait se poursuivre, la Chine deviendrait la deuxième puissance économique mondiale d’ici dix ans. Actuellement sixième puissance économique du monde, premier pays pour les investissements directs étrangers (voir texte Investissement Direct Étranger et marché chinois) avec 53 milliards USD en investissements, soit la moitié des IDE en Asie. Maintenant le quatrième exportateur mon- dial avec un excédent commercial 30,5 milliards USD, la Chine est sans contredit une puissance économique mondiale.

Faire face à la Chine

Quels sont les signaux pour une entreprise que la menace chinoise la touche plus particulièrement? Les plus évidents sont: la consolidation du marché, des pertes de parts de marché, certains clients et acheteurs s’interrogent sur leurs approvisionnements, une forte pression à la baisse sur les prix, une fluctuation du prix des matières premières (la Chine en demande beaucoup), des produits qui se font copier, etc.

Pour certains secteurs, les risques sont plus faibles. Les entreprises qui fabriquent des produits spécialisés, hauts de gamme ou de niche avec une main-d’œuvre spécialisées, une clientèle solide et fidèle et peu de compétition chinoise doivent demeurer attentives au développement de la Chine mais ne sont pas, à priori, menacées. Pour d’autres entreprises, la Chine représentent un risque à étudier car elles ont des coûts de production reliés aux matières premières, des produits brevetés ou protégés par des quotas et la présence chinoise dans le marché est ne se fait que peu sentir. Pour les entreprises dont leurs produits sont à faible valeur ajoutée, elles ont une surcapacité de production et la présence chinoise sur le marché est de plus en plus importante se fait de plus en sentir, elles risquent d’être de se retrouver dans un état plus précaire. Finalement, des entreprises courent de grands risques si leurs produits sont facilement copiables, leur technologie accessible et leur main- d’œuvre peu qualifiée.

Plan d’actions face à la Chine

Puisque le phénomène de la montée de la Chine est nouveau et bouleversant, une stratégie dédiée n’est pas nécessairement dans les plans des entreprises. Elles n’ont pas toutes pris au sérieux la concurrence chinoise. D’abord, il ne faudrait pas simplement opter une stratégie qui ne consisterait qu’à résister à la montée de la Chine. Plusieurs entreprises sont désormais devant le fait accompli, d’autres sont déjà très vulnérables. Au Québec, il existe peu d’expertise sur le phénomène chinois que ce soit en formation pour les entreprises ou en consultation. Les entreprises se retrouvent sou- vent laissées à elle-même et ne savent pas dans quelle direction se lancer.

Il existe plusieurs modèles d’affaires possibles pour les entreprises québécoises et canadiennes. Dépendant des marchés dans lesquelles elles sont présentes, les entreprises québécoises ou cana- diennes devront s’activer et peut-être devoir collaborer avec des partenaires chinois afin de faire face à cette concurrence.

95 rapport de mission

Certaines entreprises ont les moyens d’être proactives et peuvent répondre à cette concurrence. Ces entreprises ont plusieurs options. D’abord, elles peuvent investir afin d’optimiser la produc- tion pour être plus concurrentielles. Elles ne doivent pas négliger les activités de R&D afin de pou- voir développer de nouveaux produits innovateurs. Elles peuvent également évoluer dans la chaîne de valeur, c’est-à-dire concevoir des produits à plus grande valeur ajoutée. Les entreprises doivent quitter progressivement les secteurs maîtrisés par la Chine pour lesquels leurs coûts sont imbatta- bles. De plus, elles pourraient tranquillement devenir moins généralistes et devenir des joueurs de niche en fabriquant des produits plus spécialisés. Finalement, des coalitions avec les entreprises de leur industrie et même avec leurs concurrents sont également envisageables afin de concentrer les forces. Afin d’en tirer profit, ces entreprises doivent collaborer. Cette collaboration peut se traduire par l’importation de composants ou des produits finis afin d’en faire l’assemblage au Canada ou plus drastiquement faire un transfert de technologie partiel à une entreprise chinoise.

La sous-traitance et l’implantation en Chine

L’adhésion de la Chine à l’OMC a aussi ses avantages pour les entreprises canadiennes. La Chine se doit maintenant d’être plus transparente, d’y régler ses différends commerciaux, de libéraliser ses échanges et d’ouvrir ses marchés locaux ce qui devrait favoriser la sous-traitance dans ce pays. Pour une entreprise qui désire sous-traiter sa production et certaines de ses activités, il est avant tout essentiel de bien connaître la Chine. Également, l’entreprise doit connaître ses compétiteurs, les forces et les faiblesses, de trouver le bon partenaire, négocier un bon prix, faire respecter délais et la qualité et tenir compte des conventions collectives.

Pour une entreprise qui décide de s’implanter en Chine ou d’y vendre ses produits, des scénarios d’implantations seront différents dépendamment de la situation de cette dernière. Dans le cas d’une entreprise commercialisant une machinerie ou technologie de pointe avec des marges élevées et aucun concurrent local, la stratégie idéale est la vente de ces produits par l’entremise d’un agent en Chine. S’il s’agit d’un produit fabriqué en grande quantité avec de faibles marges, l’entreprise devrait plutôt établir un accord de distribution et établir un entrepôt dans une zone de libre-échange afin de vendre son produit en monnaie locale. Si pour le fabricant canadien de produits, une ver- sion meilleure marché est offerte par des concurrents chinois, il devrait alors s’approvisionnement ou impartir en Chine une partie de sa production tout en faisant l’assemblage final et la commer- cialisation au Canada. Finalement, pour un produit ou une technologie de masse avec des marges de profits moyennes, l’entreprise devrait établir une usine en Chine par le biais d’une coentreprise ou d’une société étrangère en propriété exclusive afin d’accéder à la demande locale et créer une base d’exportation à faible coût.

Maintenant, voici quelques raisons pour lesquelles les entreprises exercent certaines de leurs acti- vités en Chine: le potentiel du marché avec l’arrivée d’une classe moyenne, une stratégie mondiale de l’entreprise, l’acquisition d’une position dominante sur le marché, pour répondre aux besoins de clients multinationaux en Chine et les faibles coûts d’exploitation. Les entreprises désirant vendre en Chine doivent cerner les marchés appelés à ce développer. Pour l’instant, 17% des ménages urbains (vingt-cinq millions d’habitants) ont des avoirs supérieurs à 54 000 CAD. Les Chinois

96 poly-chine 2005

épargnent pour le logement, les soins médicaux, l’achat d’une voiture et les services de télécom- munications (200 millions d’abonnés mobiles, augmentant au rythme de cinq millions par mois avec un taux de pénétration de 19%, atteignant 50% dans les grandes villes). Les autres secteurs en demande sont les technologies de pointe, la foresterie, les mines et minéraux, l’électricité, les transports et l’environnement.

Une fois la décision prise, l’implantation en Chine n’est pas nécessairement simple. Afin de s’im- planter en Chine et d’y développer un réseau, il existe plusieurs méthodes. Il y a les missions commerciales de groupe (Équipe Canada, Mission du gouvernement du Québec en octobre 2005) et l’aide des gouvernements provinciaux et fédéraux et de leurs agences. Ces ministères offrent d’ailleurs des conseils stratégiques, des renseignements sur les marchés, de la formation, de l’aide financière et la défense des intérêts commerciaux. Il ne faut pas négliger les regroupements d’ex- portateurs et chefs d’entreprises comme le Conseil commercial Canada-Chine.

Pour les entreprises qui veulent s’établir en Chine, il existe plusieurs défis reliés à l’exploitation locale à surmonter. Le manque de transparence, les obstacles à l’accès aux marchés, des problèmes de distribution, des difficultés linguistiques et les problèmes de qualité sont quelques exemples concrets. Également, de nombreux risquent commerciaux sont présents en Chine comme la perte des droits de propriété intellectuelle est certainement le risque le plus sensible. Afin de surmonter les obstacles commerciaux, les entreprises canadiennes doivent être concurrentielles sur le plan des prix et de la qualité, être prêtes à mener de longues négociations, déterminées à exploiter le marché à long terme et dotées d’une expérience des échanges internationaux. Au départ, il peut être utile d’établir une coentreprise ou une entreprise, une marque de produits et une production localisée.

Finalement, brasser des affaires en Chine n’est pas simple. Pour qui veut exporter en Chine, la question de la culture est tout aussi importante que le produit ou les services proposés. Qu’une entreprise envisage de se lancer sur le marché chinois ou qu’elle vienne de s’y établir, il est pri- mordial qu’elle soit au fait des subtilités de la culture chinoise. Les échanges ne seront que plus fructueux et agréables.

97 rapport de mission

Remerciements

L’équipe du projet Poly-Chine 2005 tient à remercier tous les donateurs et personnes ayant fourni de l’aide et sans qui la réalisation de ce projet n’aurait été possible. Nous vous sommes grandement reconnaissants. Merci à: Roger Miller et la Chaire Jarislowsky Camille Dagenais et Léo Scharry et au Fonds Dagenais Scharry Robert Papineau et la Direction de l’École Polytechnique de Montréal Bernard Lamarre et le Conseil d’administration de l’École Polytechnique de Montréal Isabelle Courville et Bell Canada Grandes Entreprises Élie Saheb et Hydro Québec CapiTech Klaus Triendl et SNC-Lavalin Jacques Bernier et le Fonds de la Solidarité FTQ Annick Laberge et Pratt & Whitney Michel Brûlé et MM Investissements Raymond Bachand et SECOR John W. Weaver et Abitibi-Consolidated Philippe Chevalier et Deloitte & Touche Louis Philippe Amiot et Orthosoft Les différents départements et services de l’École Polytechnique de Montréal: Département de génie informatique Département de génie civil, géologique et des mines Département de génie chimique Département de génie industriel Coopoly Service de reprographie Nos conférenciers qui ont si gentiment acceptés de venir partager leurs expériences de la Chi- ne Marie Quinty, Magazine PME Louis Duhamel, SECOR Christopher Thomson, Université de Montréal Maurice Marchon, Hautes Études Commerciales Pierre Bourque, Chef de l’Opposition, Ville de Montréal Yvon Cliche, Hydro-Québec Stéphane Fallecker, Ministère de Développement Économique et Régional Norman Sebil, avocat et consultant Luc Dupont, Exportation et développement Canada Les organismes suivants: Bureau des Relations Internationales de Polytechnique et sa directrice Line Dubé

98 poly-chine 2005

Association des diplômés de l’École Polytechnique de Montréal Service de recrutement de l’École Polytechnique de Montréal Fondation de Polytechnique Les organisateurs de la Collation des Grades annuelle de l’École Polytechnique de Montréal ADRIQ L’ensemble de ces députés de l’Assemblée nationale du Québec: Madame Michèle Lamquin-Éthier, Députée de Crémazie Monsieur Jean-Pierre Paquin, Député de Saint-Jean Monsieur Bernard Brodeur, Député de Shefford Madame Elsie Lefebvre, Députée de Laurier-Dorion Madame Julie Boulet, Ministre déléguée aux Transports et Députée de Laviolette Monsieur Jean Dubuc, Député de La Prairie Monsieur Michel Audet, Ministre des Finances et Député de Laporte Monsieur Philippe Couillard, Ministre de la Santé et des Services sociaux et Député de Mont- Royal Madame Lise Thériault, Ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles et Députée d’Anjou Monsieur William Cusano, Député de Viau Monsieur Henri-François Gautrin, Ministre délégué au gouvernement en ligne et Député de Verdun Nos hôtes qui nous ont reçu si chaleureusement lors de nos visites industrielles au Québec: Pratt & Whitney Canada Madame Johanne Beauchamp Monsieur Gilles Gélinas

Bombardier – Formation des pilotes Monsieur Cameron Fallow

Novabus Madame Julie Rémillard Monsieur Jean-François Labonté

Galderma Monsieur Jean-Michel Fachaux

Institut de Recherches Cliniques de Montréal Madame Johanne Langevin Dr Éric Cohen, directeur des affaires académiques Dr David J. Roy, directeur, Centre de bioéthique

Mirador – DNA Design Monsieur Pierre Sévigny

99 rapport de mission

Flextronics Madame Annie Labbé

Matrox Madame Sylvia Marsy

Viasystems Madame Lyne Demers

Centre d’Expertise en Matières Résiduelles Monsieur André P. Hébert

CAMCO Monsieur Sylvain Rodrigue

En Chine

Nos hôtes dans les universités qui nous ont si bien reçu: Tsinghua University, Beijing Yu Ming Yuan Yuan Hong Chen

Xi’an Jiaotong University, Xi’an Hao Liu

Huazhong University of Science and Technology, Wuhan Hou Can Yu Li

Southeast University, Nanjing Haijian He

Shanghai Jiotong University, Shanghai Jingshi Zhu

Nos hôtes qui nous ont reçu si chaleureusement lors de nos visites dans leurs entreprises: Beijing Ambassade du Canada à Beijing Ameco

100 poly-chine 2005

Bureau du Québec Capital Biotech Corporation Censoft Datang Mobile Communication Equipment Ministère de l’Éducation Ministère des Sciences et Technologies Tong Ren Tang Tsinghua University Science & Technology Park

Xi’an Datang Telecom company Haitian Telecom IRICO Jiaoda Pharmaceutical company Xi’an High Technology Zone (XHTZ) Xi’an Li Bang Pharmaceuticals Yan Liang Airplane company

Yichang Barrage de Trois-Gorges

Wuhan Chang Fei Optical Coca-Cola Dongfeng Peugeot Citroen FiberHome Telecommunication Jian Min Medical Institute Wuhan Nami Technology

Nanjing Iveco Jing Ling Bio Medical Jing Ling Petrochemical (Sinopec) Nanjing Iron group Panda Electronic Sharp Yizheng Chemical group

Shanghai Cadence Shanghai Pudong High-Speed Systems Design Center CP Adaltis Shanghai Eastern Flight Training Center Shanghai Withub Joint-stock company

101 rapport de mission

Ainsi que les personnes suivantes qui nous ont rendu d’innombrables services au cours de la réa- lisation du projet et que nous tenons à remercier cordialement: Alexandre Dubé Amélie Allard Assia Salmi Chantal Lizotte Claire Garneau Claude Benoît Daniel Laporte Dany Prudhomme Esther Caouette François Cartier Guylaine Gagner Izarra Thériault Jonathan Spino Line Dubé Marc Tremblay Marie-Paule Morin Maxime Jamaty Mélanie Lacroix Mélissa Mailhot Michel Brûlé Nicole Roy Normand Leboeuf Philippe Chevalier Roger Miller Xiao Fei Li Zheng Jia Liu Zhu Yong Tao

Et toutes les personnes ayant participé à nos nombreuses activités de financement.

Les meilleurs pour la fin!

Les deux personnes suivantes, à la générosité débordante, sans lesquelles cette mission n’aurait pu se concrétiser:

M. Roger Blais M. Ke Wu

102 English Part Mission Visited companies

poly-chine 2005

About Poly-Monde and Poly-China

Napoleon once said: “when China wakes…it will shake the world…” This saying surely comes into perspective in the world today, as China’s evolution took a drastic turn since 1970. If China does not stand among the most competitive and powerful countries of the world, its demographic importance and astounding economical growth make it nonetheless one of the major actors of the new global economy. China is definitely bonded to a promising future. It is thus essential to under- stand the stakes related to the entrance of this giant in the international market. With the desire to deepen their knowledge and comprehension of this fascinating country, a group of students from École Polytechnique de Montréal took off for China in May 2005 to fulfil the Poly-China 2005 industrial mission.

For more than fifteen year, the Poly-Monde industrial missions of École Polytechnique de Mon- tréal allowed hundreds of future engineers to raise their awareness on the impacts of globalisation and the international competition, and on the importance of innovation and entrepreneurship in en- terprises of Quebec and Canada. After Japan, Germany, Scandinavia, Italy, Great Britain, France, the American West Coast, the Benelux, South Korea, Spain, Brazil and Switzerland, the sixteenth Poly-Monde mission elected China.

This last mission united twenty students from six engineering fields. During their stay in China, the students pursued a general analysis of the economic situation, visited universities and government entities and studied particularly three main industrial sectors. Pillars of the Chinese economy, the transports, information and communication technologies, biotechnologies and pharmaceutical in- dustries were analysed in this project. In China, the visited enterprises were located in five impor- tant economical centres of Northern and Central China, namely Beijing, Xi’an, Wuhan, Nanjing and Shanghai. In order to compare the situations in China and Canada, eleven Quebec enterprises working in these fields were visited before the trip to China.

In addition, students taking part in the Poly-Monde missions need to follow two courses on tech- nologies and international competition to acquire the knowledge required to understand and anal- yse the stakes of globalisation on the Chinese and Canadian economies. The lectures are given by Mr. Roger Miller, professor at the Jarislowsky Chair on Technology and International Competition at École Polytechnique de Montréal.

This report, resulting from more than a year of preparation and work, presents the industrial situ- ation in Canada, mainly in Quebec, compared to the Asian giant. Furthermore, the Poly-China 2005 mission report emphasises on the strengths and weaknesses of the two economies, in order to inspire, shape and encourage discussions and thoughts on China.

105 rapport de mission

Companies visited in Canada

Biotechnologies and pharmaceutical sector

Galderma

Galderma is a pharmaceutical company specialised in dermatology. Nestlé and L’Oréal equally own this company. The Montreal plant produces creams, gels, lotions, cleansers and ointments. Some products are used to treat dermatological problems such as psoriasis and rosacea, while other skin care products are targeted to the mass population.

Institut de recherche clinique de Montréal (IRCM)

The first clinical research institute of Montreal was established in 1952 by Mr. Jacques Genest. Until 1967, it was named Centre Médical Claude-Bernard, after the famous physicist. In its first years, the institute lived hard times, but Mr Genest persevered. Fifty-three years later, the institute is composed of 30 research entities and employs 400 searchers and 231 students. The research activities include the following approaches and fields: immunology, virology, cancer, neurological science, endocrinology, cardiovascular system, biology of development, molecular therapy, bio- ethics, and clinical research. The research projects are financed by private and public entities. With the IRCM, Montreal has become a worldwide-recognised stronghold for research.

Mirador DNA Design

Established in Montreal in 1996, Mirador DNA Design is a small enterprise that develops and produces, at lower costs, laboratory instruments destined to research and analysis. Its fields of ex- pertise include genomics, proteomics and new drug development. The company relies on its attrac- tive costs, the simplicity of usage and especially the uniqueness of its products to carve its place into the markets. Mirador DNA Design performs its entire R&D in-house, but would also consider external research partnerships. Unsteady investors represent its major challenge. Its distribution network covers about twenty countries. The company is studying the possibility of a partnership with Chi Sing, a Chinese company offering a moulding service. Mirador DNA Design could then transfer a part of its production in China.

Information technologies and telecommunications

Matrox Electronic Systems Ltd

Matrox is a Canadian leader in the high technology industry. Established by Branko Matic and Lorne Trottier in 1976, the company now employs more than 1150 people worldwide, including about 900 at their head office in Dorval. It ranks among the world leaders on the technologies de- signing software and hardware solutions in the fields of Graphics, Video editing, Image processing

106 poly-chine 2005 and New business media markets. In addition to its main installations in Dorval where it develops 100% of its products and ensures part of its specialised production, Matrox has offices in France, England, Ireland, Germany and in China. Matrox contracts out to China the high volume lower technology production. Not listed on any stock exchange, Matrox does not publish yearly financial reports. Today, the products developed and offered by Matrox are used throughout the world. Multi screen graphic displays, high precision production quality control, medical imaging, editing and video production, real time processing of video images and military applications are among the main applications.

Flextronics Corporation

Based in Singapore, Flextronics is the most important supplier of Electronics manufacturing ser- vices (EMS).This enterprise offers innovative services for companies from various sectors such as automotive, industrial, medicine and technology. The firm’s activities revolve around design, integration, fabrication and logistics. For the 2005 fiscal year, Flextronics had revenue of USD 15.9 billion. This international enterprise is based in 30 countries on five continents. Flextron- ics provides customers complete services from design to production. To widen their expertise, Flextronics bought, in the last years, businesses such as the optical transmission equipment from Nortel. Flextronics is opting for a vertical integration to optimise their operations by lowering their costs and reducing their time to market.

Viasystems Canada

Viasystems offers a cost competitive, outsourcing solution for global manufacturers of high-value products that utilize an advanced electro-mechanical design. They support the entire lifecycle of a product, from design for manufacturing efficiency to prototyping to local market product launch and finally to low-cost, high-volume production. Their production facilities in North America and China can provide complex printed circuit boards, large-format backplanes, harness assemblies and enclosures. Theses sites are integrated so that programs can be launched in one region and readily expanded to other parts of the globe, providing the customer with faster time to market and the opportunity to achieve lower average unit production costs. Whatever the critical criteria of a program’s success Viasystems provides solutions without boundaries.

Transports sector

Bombardier Aerospace - Flight Training Center

Bombardier Aéronautique is a world leader in aeronautical service delivery and in aircraft design and manufacturing. Established in 1942 by Joseph-Armand Bombardier, the company was pro- ducing track vehicles. In 1986, the enterprise entered the world of aeronautics with the purchase of Canadair, the largest Canadian aircraft manufacturer. In 1989, Bombardier acquired Short Broth- ers plc (Shorts), a Northern Ireland company specialized in civil and military aircraft, aeronauti- cal components and defense systems. Since then, the company has developed fifteen new aircraft models. Employing about 26 000 people worldwide, Bombardier Aéronautique owns approxi-

107 rapport de mission

mately 25% of the world market in business aircrafts.

Novabus

Established in 1993, Novabus purchased almost immediately an MCI manufacturing plant in St- Eustache and relaunched the production of urban transit buses. Nowadays, Novabus is recognised on the Canadian market mainly for the manufacturing of full low floor buses. Most of its sales are in Quebec, the ATUQ (Association des Transporteurs Urbains du Québec, including the STM, STL and the RTC) being its main client. The enterprise is ISO9001:2000 and ISO14001 certified.

Mass Production (Common visit)

Camco

From its incorporation in 1977, Camco Inc. has become the largest Canadian manufacturer, mar- keter, exporter, and service provider of home appliances. The Company’s brands include such popular names as GE, Hotpoint, Moffat and McClary. Camco also produces and services private brands for major Canadian department stores. Camco has manufacturing facilities in Hamilton, Ontario and Montreal, Quebec, which produce ovens and ranges, refrigerators, dishwashers and dryers. Camco also has a service network, run from our Customer Service Centre in Moncton, New Brunswick, which supplies trained technicians for in-home service across Canada coast- to-coast. Camco’s mission is to be a North American leader in the manufacturing, marketing and servicing of home appliances. The company also put a heavy focus on quality to ensure customer satisfaction.

Environment sector (Common visit)

Centre d’expertise sur les matières résiduelles

An initiative of ICI Environnement, Réseau Environnement and the City of Montreal, the Centre d’expertise sur les matières résiduelles (CEMR - centre for waste expertise), located in the heart of the Saint-Michel environmental complex, is a leading-edge waste management project. The project originated out of the shared determination of its members to contribute to sustainable and responsible waste management. From a vast urban landfill site, the complex is being transformed into a green space for cultural, recreational and commercial use. This metamorphosis is made possible by the determination of neighbouring residents and the innovative technologies devised by companies represented in the Technology Showcase. The mission of the Centre d’expertise sur les matières résiduelles and its mission is to promote and publicize waste-management issues through the public release of information conveyed from a sustainable development viewpoint. The objective of the CEMR is to offer companies and organizations concrete ways to tackle the new challenges of waste management in their specific context and from a sustainable development viewpoint. Through its actions, the centre intends to become a leader and a worldwide focal point in the field of waste management.

108 poly-chine 2005

Companies visited in China

Biotechnologies and pharmaceutical sector

CapitalBio Corporation

Located in the Zhongguancun Life Science Park in Beijing, CapitalBio shares a 260 000 sq ft ul- tramodern building with its affiliated entity, the National Engineering Research Centre for Beijing Biochip Technology. With its three subsidiaries and portfolio companies, CapitalBio has devel- oped innovative technological platforms for: biochips, bioautomation and biomaterials. In fact, the company now owns between 60 to 70 patents related to theses fields. Its products, such as the LuxScanTM 10K confocal scanners, SmartArrayersTM, HLA typing system and other chips in genomics and proteomics are available for international markets. Its main clients are Chinese uni- versities and research centres, as well as research centres in South Korea and the United States.

CP Adaltis

Adaltis is an international company operating in sixty countries. The company has already in- stalled 4000 in-vitro diagnostics instruments worldwide. Its head office and R&D division are located in Montreal. The company invests about 10% of its revenues in R&D. Adaltis develops and commercialises in-vitro diagnostics systems and reagents to detect viral and bacterial infections, to diagnose immune system diseases and to measure the hormonal responses (notably for fertility and thyroid problems).

Tong Ren Tang

In operation for the last 335 years, Tong Ren Tang is the most important enterprise in the Tradi- tional Chinese Medicine field. Its market is mainly concentrated in China, as well as the Chinese communities worldwide. Tong Ren Tang’s main goal is to penetrate more and more the occidental market. The difference of mentalities is the main barrier for the promotion of its products.

Libang Pharmaceuticals

Xi’an Libang Pharmaceuticals is a private pharmaceutical company producing generics. Until now, about ten products have been commercialised, including injection anaesthetics. Clinical trials for a liposome based anti-cancer treatment are currently pursued. This latter project is in collabora- tion with University of British Columbia. The anti-cancer treatment has already been approved by the FDA (USA Food and Drug Administration). The enterprise would like to extend this accredita- tion to the rest of its production. At this time, the Xi’an Libang Pharmaceuticals market is mostly located in China. However, the company is working on reaching the South American market.

Jiaotong University Pharmaceuticals Group

109 rapport de mission

Established in 2002, Jiaotong University Pharmaceuticals Group is affiliated to Jiaotong Univer- sity in Xi’an. The enterprise is specialized in Traditional Chinese medicines, especially capsules and tablets. However, it produces chemical drugs as well. The Group in itself does not pursue research. Its main task is to develop and commercialise research projects realised at Jiaotong Uni- versity of Xi’an. The Group generated sales of CAD 500 million last year and its market is mainly concentrated in China.

Jinling Corporation Limited

Established in 1998, Jinling Corporation Limited is a pharmaceutical company working both in the Traditional Chinese medicine and the chemical drugs fields. It offers about thirty drugs in various forms, including syrups, tablets and injections. Its market covers mainly China. In the short-term, Jinling Corporation Limited is not planning to export, since the company judges that the interna- tional markets are unresponsive for Traditional Chinese medicines. Consequently, the procedures to obtain international cGMPs certifications have not been started. Half of the R&D is made in collaboration with universities.

Sinopec Corporation

Sinopec Corporation was established on February 28, 2000 by China Petrochemical Corporation. It was created in order to diversify the property structure, to succeed in a market economy and to establish a modern enterprise system. Sinopec Group or China Petrochemical Corporation is the only initiator and investor of the enterprise. In fact, this company is a state-owned enterprise des- ignated as an investment organisation. The State is the main shareholder.

Sinopec Jingling Company

Sinopec Jingling Company, a subsidiary of Sinopec Corporation, specialises in the petrochemical industry. Established in 2002, it is in fact one of the largest petrochemical complexes in China. This state-owned enterprise is specialised in crude oil refining, as well as in producing and market- ing petrochemical products. Based in Nanjing, its geographical location is very strategic. Circled by the Yangtze River (North), Shanghai-Beijing and Nanjing-Shanghai railroads (South), and a harbour in the east, it can offer very interesting shipping delays. It has also its own railroad and harbour to allow the transportation of crude and refined oil.

Sinopec Yizheng Chemical Fiber

Sinopec Yizheng Chemical Fiber is an enterprise owned by Sinopec Corporation. It is the largest producer of chemical fibers and chemicals in China. In 2001, it ranked 4th among the polyester fiber producers worldwide. Since its foundation in 1982, this Sinopec Corporation division has improved and modernised its equipments and pursued many innovative and technological reforms. It is ISO 9001 certified since 2000.

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Information technologies and telecommunications sector

Censoft

Censoft Co., Ltd., is a large scale software provider invested by Centek, Stone and Microsoft with registered capital of CNY 100 million.

As a leading company engaged in infrastructure platform software, Censoft has developed Cen- GRP (General Resources Management Platform). Adopting the technology of Smart Enterprise Suite (SES), advanced software technology in the world, CenGRP is the first software platform of this kind with intellectual property in China. Contenting three suites which are Enterprise Portal, Application Integration Suite and Data Integration Suite, CenGRP has been widely applied in the e-Government and enterprise information management, and praise by customer as “e-Workplace”. Under the guidance of Information Management through integration, and forming strategic al- liance with many software vendors as well as a lot of system integrators, Censoft is striving to become one of the top software giants in China, and to step in to the global IT market. So far, the company has established strategic partnerships with many famous international and domestic busi- nesses like Microsoft, Intel, IBM, HP, Cisco, Tibco, Lenovo, Huawei, Wellhope, UFsoft, Digital China, Kingdee, CETC and Pubinfo Company.

Datang Mobile Communications Equipment

Datang Mobile Communications Equipment Co., Ltd., registered and established in Beijing on February 8, 2002, is one of the core members of Datang Telecom Technology and Industry Group. The company headquarters in Beijing, with one subsidiary in Shanghai and one branch in Xi’an. Taking its excellent innovation and long-term accumulation, Datang Mobile is dedicated to the research and development of TD-SCDMA, a home grown international 3G standard. With the op- eration principle of “joint development, virtual manufacture and entrusted operation”, and on the basis of its self-own core intellectual property rights and the whole series products including infra- structure and terminal, Datang Mobile is committed to providing the total solution for customers in the area of public and private communication networks. Datang Mobile had been dedicated itself to becoming the leading company in the mobile communications field in China and all over the world through steady operation and fast growth by taking two resource advantages: technology innovation and industry capacity. Datang Mobile consolidated the best resources in research and development of mobile communications technology and the industrialization from China Acad- emy of Telecommunications Technology (CATT). Relying on the technology accumulation and regional advantage, the company executes the products development in Beijing, Shanghai and Xi’an with centralized management according to overall plan. While fully pushing the mass pro- duction of TD-SCDMA infrastructure and terminal products, the company licences the interim technology result and the intellectual property rights to maximize the value, develops the relevant extended technologies and the products to diversify the market, and continues its business in 2G mobile telecommunications, Broadband Wireless Access System and Value-added solution to keep a sustained market growth. Datang Mobile has an excellent and mature professional research and development team including many experts well known both in China and across the world. The

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management team of the company has rich experience and the skills in both technical and manag- ing area, who own not only unique insight to TD-SCDMA and the trend of future mobile com- munications development, but also the deep understanding and the mature operating experience to Chinese mobile market. With the mission of creating value to the customer through the advanced technology and excellent services, Datang Mobile is committed to providing the advanced, stable and various mobile communications products to meet the market demand based on the technology innovation. In the meanwhile, the company is also engaged in providing the leading diversified services to its customers, as well as making contributions to the persistent development of China’s communication industry and to the success of Chinese company in international market.

Datang Mobile has introduced the concept of IPD and adopted quality management systems such as ISO9000 and CMM. The company has set up a business operation system that is fast responsive to the market opportunities by reinforcing the quality and service, restructuring the organization and optimizing the resource allocation through process reengineering. Datang Mobile has been growing up into a market-oriented and high-tech enterprise with effective management through continuous reform and insistent improvement.

Haitian Antenna Technologies

Xi’an Haitian Antenna Technologies Co., Ltd. (XAHT) is a high-tech stock enterprise principally engaged in the research, development, production, sales, indoor distribution engineering, and wire- less communication network optimization of base station antennas and RF devices. With a capital of CNY 64.7 million and total asset of CNY 450 million, XAHT has about 500 employees and went to public in Hong Kong in November 2003. XAHT has a strong R&D team of 180 members and developed more than 400 models of mobile communication products such as GSM/CDMA base station antennas, 3G antennas, WLL/PHS base station antennas, repeaters, RF passive and active devices. XAHT also developed and produced many feature network optimization antennas including remote control electric down-tilt antennas, dual directional highway antennas, tower blind are covering antennas, and camouflage antennas. Smart antennas and Bluetooth technology products will be developed and put into market soon. Based on its steady product quality, sig- nificant product specifications, rich network optimization experience, top-level technical support, and complete wireless solutions, XAHT keeps its leading position in the communication industry. XAHT got the certificate of ISO 9001:2000 quality system and ISO 14001:1996 environment management system.

FiberHome Telecommunication Technologies

FiberHome is a major supplier of telecom infrastructure equipment in China. The company was formed in 1999 by Wuhan Academy of Posts and Telecommunications (WAPT), an R&D and teaching facility controlled by the MII, and several other companies. From the very beginning, FiberHome is vested by the government to develop optical cable and transmission equipment, which was heavily populated by foreign imports. FiberHome Networks, a subsidiary, has emerged as a strong player in networking equipment and FTTH deployment. FiberHome competes with Yangtze Optical Fibre and Cable (YOFC) in cable products and Huawei, ZTE in transmission equipment. Revenue for 2003 was 2.3 billion yuan (USD 282.5 million), profit CNY 42.4 million

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(USD 5.1 million). FiberHome, based in Wuhan, Hubei province, is a publicly traded company and is the 57th largest electronics company in China. FiberHome is one of the fast growing telecom equipment companies in China, mainly through its close affiliation with MII and operators. The company has a strong emphasis on R&D which helps it gain market positions in ASON (auto- matic switched optical network), ULH DWDM (ultra long-haul transmission), FTTH, as well as in emerging technologies like NGN and IPv6. In recent years, FiberHome has expanded its pres- ence to networking equipment especially data switches and routers, and sales of DWDM, SDH and optical fiber in some 20 countries. Most of FiberHome products are developed in-house with little assistance from foreign companies, which is often seen as a model for self reliance. FiberHome is also active in national and international standards development, such as CWDM, OADM, MSR (multiservice ring) (incorporated in ITU X.87). In October 2004, FiberHome announced “Fiber- Home Mobile,” a wholly owned subsidiary dedicated to 3G network equipment and sales. In June 2005, the company formed a joint venture with NEC called “Wuhan FiberHome Mobile Commu- nication Inc.” with 65% ownership. The new company is dedicated to R&D, production and sales of 3G network equipment.

Yangtze Optical Fibre and Cable

Yangtze Optical Fibre and Cable Co., Ltd., (YOFC) was jointly founded by the former Ministry of Posts and Telecommunications, Wuhan municipal government and Philips of the Netherlands in 1988, and now is being operated by China Telecommunications (Group) Corporation, Wuhan Changjiang Telecommunications Industrial Group Corporation Ltd. and Draka Holding N.V. of the Netherlands. YOFC is a high-tech cooperation dedicated to the manufacturing, research and development of optical fibre and cable products, which is the largest one of the kind in China at present. Being equipped with the state-of-the-art technologies, YOFC is able to offer customers a complete stock of fibre and cable products. Since the self-made fibre and cable products were firstly installed on China’s national cable backbone networks in 1992, YOFC has not only sup- plied products to all provinces in China but extended the markets to the USA, Japan, South Korea, Singapore, Thailand, Australia, Europe, Middle East, etc. YOFC has been serving a wide range of sectors including telecommunications, railways, power, CATV, civil aviation, petrochemical, highway, national defence and education. YOFC’s annual fibre capacity is 10 million kilometres and the annual cable capacity is 5 million fiber-kilometers. Facing new opportunities and chal- lenges in the new century, YOFC will continue to take the customers as the center and the technol- ogy as the guide, enlarge the production scale, endeavour to reduce the production cost, keep on exploiting market, attach more importance to the R&D, optimize the product structure and execute the rigorous quality management. YOFC wishes to provide more and better products to customers and make greater contribution to the communications industry in China and the world.

Sharp Electronics

NSEC is a joint venture sponsored by Nanjing Panda Electronics Co., Ltd., and Sharp Japan. Start- ing up in March 1996, the company is involved in the design, production and sales of color TV, LCD display and projector, home theatre, audio products, laser pick-ups, etc. It is also an important overseas base for Sharp Group to develop and manufacture high-tech AV products.

113 rapport de mission

Panda Electronics Group

Founded in 1936, Panda Electronics Group Company, Ltd., widely regarded as the cradle of Chi- na’s electronics industry, is a large and leading enterprise in China. The company has been entered into one of the top 500 largest enterprises for 15 consecutive years. It is one of the State core high tech enterprises and high tech electronics information enterprises in the Asian-Pacific region as well. Its trademark-“Panda” is the first famous trademark in electronics industry in China. The company has five state level engineering R&D laboratories, on post-doctoral working station and 10 research centers for developing new products. Panda brand satellite communication equipment, HF communication system, mobile communication products, electromechanical equipment, IT related products, color televisions and a variety of small appliance products have been entered into more than 40 countries and regions as well as 80 million households. In 1996, a great portion of the company restructured into a share-holding company - Nanjing Panda Electronics Group Company, Ltd., which is listed separately in Shanghai Stock Exchanges (A shares) and Hong Kong Stock Exchanges (H shares) the same year. Since 1999, the company has been focusing on the restructures of existing assets, business scope and product mix for the purpose of integrating all of its advantages of assets. It has also actively cooperated with the world top 500 enterprises and achieved remarkable progress in high-tech fields such as communications. It has established joint ventures in China with companies such as Ericsson, China Putian, Sharp, LG, Flextronics and Hitachi. In 2003, the company’s sales volume reached CNY 26.3 billion with export jumped up to USD 930 million. At present, the company is positioned on the list of 100 most powerful electronics information enterprises in China. Panda Electronics Group Company, Ltd., focusing on its global strategy with an eye to international and future market, is now approaching its target to build the company into first-rate domestic as well as the world-famous large electronics informa- tion enterprise.

Jiaoda Withub Information Industrial

Shanghai Jiaoda Withub Information Industrial Co., Ltd., is principally engaged in the devel- opment of business application solutions in China. One of its founders is Shanghai Jiao Tong University, a renowned tertiary education institution in China. The Group utilises the expertise and research capability of Shanghai Jiao Tong University in the information technology sector to develop its core technologies in business application solutions. The Group’s operations encompass the development and provision of business solutions on project basis, the development and sale of application system as off-the-shelf products and sale of distributed products, such as notebook computers and computer related products. Leveraging on its well-qualified and experienced team of research and development staff as well as its relationship with and on-going technological sup- port from Shanghai Jiao Tong University, the Group is well positioned to become a leading busi- ness application solutions developer in China.

Cadence Pudong High-Speed Systems Design Center

Cadence Design Systems is the world’s largest EDA technologies and engineering services compa- ny. Cadence helps its customers break through their challenges by providing leading edge electron- ic design solutions that speed advanced IC and system designs to volume production. Customers

114 poly-chine 2005 use Cadence software and hardware, methodologies, and services to design and verify advanced semiconductors, printed circuit boards and systems used in consumer electronics, networking and telecommunications equipment, and computer systems.

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Transports sector

Ameco

Ameco is a joint venture between Lufthansa (Germany) and Air China. It specialises in aircraft maintenance. Established fifteen years ago, this enterprise is located near the Beijing Airport. It trains its own technicians and offers services to more than fifty airlines, national and international. Ameco stands out essentially because of its profitable costs, its portfolio of aircrafts and its rapid- ity of service.

Yanliang National Aviation Centre

Located in the North-East of Xi’an, the Yanliang National Aviation Centre is a conjunction of research entities, schools and manufacturers related to the aviation sector. It is one of the main Chinese aviation centres. This centre trains people and certifies aircrafts. The centre includes: the Avic-1 Aircraft Designing Institute of China, the Xi’an Aircraft Industry Group Company Limited and the China Flight Test Establishment. The Yanliang National Aviation Centre is located close to one of the 53 High-tech zones of China and contributes to 25-50% of the jobs in the zone. Born from a partnership with Russia in the 1950s, the Yanliang National Aviation Centre has become in fifty years, the number one centre for defence in China. The entire production is made on-site, from the design to the fabrication.

Shanghai Eastern Airlines Flight Training Co.

Established in 1987 by China Eastern Airlines Flight Training and co-invested by the China East- ern Airline Group, Shanghai Easter Flight Training Co. is an enterprise devoted to the training of pilots in the civil aviation. Shanghai Eastern Flight Training has become a reliable training centre. Since its foundation, it has trained and qualified more than 30 000 pilots for MD-82, A300 and A320 aircrafts.

Naveco

Naveco is a 50-50 partnership between Iveco (Fiat, Italy) and Yuejin Motor Corp. (China). Es- tablished in 1995, the enterprise is specialised in the production of lightweight trucks and diesel engines for the Chinese market. Naveco is the leader for lightweight transport vehicles in China. It produces about 18 000 vehicles per year in its Nanjing plant, in the Jiangsu province, at a rhythm of one new vehicle every two minutes. This pace is maintained with an army of efficient and dis- ciplined workers, the production chain remaining practically not automated.

Dongfeng-Citroen

Established in 1992, Dongfeng Peugeot Citroën Automobile Company Ltd. (DPCA) was created by the partnership between Dongfeng Motor Corp. (Chine, 70%), PSA France (25%) and other shareholders (BNP Paribas, etc.). The Dongfeng-Citroën DPCA division is located in Wuhan, in the Hubei province. The enterprise is ISO9001 et ISO14000 certified.

116 poly-chine 2005

Mass Production (Common visits)

IRICO Color Display

IRICO Color Display Devices Co. Ltd. (CDDC) is part of the group IRICO Group Corporation set up by the Council of Chinese State in 1989. The regrouping counts various types of divisions: companies, institute of research, subsidiary companies, holding and joint ventures. In 1992, CDDC is approved by the Commission of Reform of the economic system of the province of Shaanxi. The company is established then in the development area high-tech town of Xi’an. The company produces several types of tubes of image color for television.

Coca-Cola

Each day, more than one billion portions of Coca-Cola products are consumed through the world. The dominant mark universally joined more than 200 countries through various markets. Whereas Coke concentrates mainly its efforts on one product whose formula is invariant, its success in each market is not the result of a total and uniform strategy but of a system strongly adaptable. The his- tory of the company in China begins after the first World War but takes its rise in 1979 when Deng Xiaoping opens the country on foreign investments. Coke becomes the first company of the United States to distribute is products in China. Today, Coke counts on Chinese territory two factories of production of concentrates located at Shanghai and in Tianjin. Also, there is twenty-four factories of congestion mainly in joint venture with the multinationals Swire Beverages and Kerry Group. The Poly-China mission was likely to visit the installations of congestion located at Wuhan, in the province of Hubei.

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