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Kostadinov avait provoqué le déclic en 1993

La France profite de sa richesse multidimensionnelle

La France a appris de ses erreurs. Un certain 17 novembre 1993, Emil Kostadinov avait fait très mal à l’équipe de France. La Bulgarie venait de marquer le troisième but au lors de la dernière journée des éliminatoires de la Coupe du monde 1994, organisée par les USA. L’équipe de France n’ira pas au Mondial, qui précède celui qu’elle devait organiser quatre ans plus tard. Pourtant, la génération emmenée par Gérard Houillet était composée de joueurs très doués. Cet énorme échec avait provoqué le déclic dans le football français. Aimé Jacquet avait pris le relais et il avait cinq ans pour recomposer une équipe que rares étaient les optimistes de la voir refaire surface. Première action, il avait révolutionné l’effectif des Bleus en mettant sur le carreau des joueurs de grande qualité, à l’image de Roche (26 ans), Ginola (26 ans), Cantona (27 ans), Sauzée (28 ans), Papin (30 ans)… remplacés par des éléments jeunes et talentueux emmenés par Zidane, Thuram, Lebœuf, Vieira, Pirès, Henry, Trezeguet… tout en gardant une ossature composée de Lama, Blanc, Desailly, Petit, Deschamps, Lizarazu, Djorkaeff. Les Français ont compris qu’il fallait puiser dans sa richesse ethnique et c’est à partir de là que l’équipe de France Black, Blanc, Beur est née. Peut-on reprocher quoi que ce soit aux dirigeants français ? Bien sûr que non et les résultats sont là puisque la France est un des ténors du sport en général à travers le monde, pas uniquement en football. Le France est championne du monde en handball chez les dames et chez les hommes, en volley-ball ; des champions du monde en athlétisme, en boxe et bien d’autres sports individuels ainsi que des parcours extraordinaires en basket-ball, au rugby. Depuis la fameuse élimination face à la Bulgarie en 1993, la France a refait surface et de quelle manière. Elle a joué 3 finales de Coupe du monde (deux victoires et une défaite) et 2 finales de Coupe d'Europe (une victoire et une défaite). Et ce n’est pas tout. Sur le banc de touche, le technicien français a la cote, et les exemples de Zidane, trois fois vainqueur de l’UEFA Champions League (dans le cercle fermé de Paisley et Ancelotti), Deschamps, vainqueur de la Coupe du monde en tant que joueur et sélectionneur (dans le cercle de Zagallo et Beckenbauer), Rudi Garcia, finaliste de l'Europa League avec l’O Marseille, sans oublier Wenger et autres. Les joueurs français sont très recherchés par les clubs et ce n’est pas par hasard de retrouver trois joueurs (Mbappé, Pogba, Griezmann) dans le top ten des plus chers au monde. Et ce n’est pas tout, la France forme des joueurs pour différentes sélections mondiales et si elle s’amusait à demander des indemnités de formation, la FFF deviendrait incontestablement la plus riche. La finalité dans l’histoire, c’est qu’il y a eu un énorme travail effectué. Même s’il a été énormément critiqué, a vécu la même situation que son aîné Aimé Jacquet. Didier Deschamps est plus que détendu. Malgré des débats très houleux, il a mis au placard des joueurs que beaucoup de sélectionneurs auraient pris, à l’image de Benzema, Lacazette, Digne ou encore Rabiot. “Pour arriver à ça, les choix les plus importants sont ceux de la liste. Choisir les 23, évidemment ce sont des footballeurs qui ont des qualités, mais ce sont des choix d’hommes pour construire un groupe”, a-t-il dit. Étrangement, c’est ce que disait Jacquet lorsqu’il avait pris la décision de se passer des services de Ginola et Cantona, deux énormes joueurs de l’époque, alors qu’ils n’avaient pas atteint la trentaine. Ce collectif a du répondant sur le terrain où il n’y a pas place aux individualités. “Le football a évolué. Antoine (Griezmann), au-delà de toutes ses qualités, a beaucoup d’humilité aussi. Il sait très bien qu’il existe à travers un collectif. Oui, le collectif est une chose primordiale. Mais il y a des joueurs, des individualités qui ont fait la différence. Évidemment, on peut parler d’Antoine (Griezmann), de Kylian (Mbappé), de Paul (Pogba), de Raphaël (Varane), Samuel (Umtiti), etc. Mais dans la façon de construire cette équipe, le bien-vivre ensemble était important”, a-t-il expliqué. Finalement, ce n’est pas sorcier d’être champion du monde. Malik A.