Opéra national de Bordeaux

Alessandro Scarlatti

La Vergine dei dolori

Oratorio à quatre voix d'après La Vergine addolorata Crée à Salerno en 1717

Musique c/'Alessandro Scarlatti

Les étoles des hôtesses d'accueil ont été offertes par Petrusse, 41 rue des remparts, Bordeaux.

Production Teatro San Carlo de Naples

Bordeaux Juillet 2008

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Cellule Développement commercial Grand-Théâtre de Bordeaux - BP 95 - 33025 Bordeaux cedex Tél. 05 56 00 85 67 / Fax. 05 56 00 85 70 La Vergine dei dolori

Direction musicale Alessandrini Mise en scène Ingrid von Wantoch Rekowski Décors Nicola Rubertelli Costumes Christophe Pidré Réalisation lumières Mario d'Angio

San Giovanni Anna Simboli Maria Sara Mingardo Nicodemo Romina Basso Onia Daniele Zanfardino

Concerto Italiano Violons, Mauro Lopes - Valerio Losito - Laura Mirri - Alberto Caponi Nicholas Robinson - Prisca Amori - Cabriele Politi Altos, Ettore Belli - Cabriele Spadino Violoncelles, Luca Peverini - Matteo Scarpelli Contrebasse, Silvia Muci Flûte, recorder et violon, Pietro Meldolesi Trompette, Jonathan Pia Hautbois, Andrea Mion Orgue, Ignazio Schifani Théorbe, Ugo Di Giovanni

Avec la collaboration des acteurs de la Manufacture de Lausanne (Haute Ecole de Suisse Romande) Mélanie Bauer, Liza Baumann, Emilie Bobillot, Alain Borek, Ludovic Chazaud, Baptiste Coustenoble, Marion Duval, Baptiste Gillieron, Stella Giuliani, Aurore Jecker, Aline Papin, Camille Mermet, Ludovic Payet, Lucie Rausis, Lola Riccaboni, Cédric Simon

Assistante mise en scène Edith Bertholet Assistant musical Ignazio Schifani Stagiaire Manolo Sellati Régie générale Bernard Auzimour Maquillage Annie Lay-Bardon

Spectacle en italien surtitré en français

Grand-Théâtre Première le 9 juillet 2008

Durée totale du spectacle : 2 h environ avec un entracte de 20 mn L'ESSENTIEL

Enguerrand Quarton, Pietà, vers 14SS, provenant de Villeneuve-lès-Avignon.

LE COMPOSITEUR : ALESSANDRO SCARLATTI (1660-1725) Peut-être élève de Carissimi, Alessandro Scarlatti est maître de chapelle de la Reine Christine de Suède à Rome, du Vice-Roi de Naples et de Ferdinand III de Toscane. Son œuvre abondante se plie aux styles les plus divers en fonction des époques et des villes où il séjourne. Elle s'oriente essentiellement vers la scène pour laquelle on dénombre une centaine d'opéras dont G// Equivoqui nett'amore (1679), Telemaco (1718), Griselda (1721 ) également des cantates profanes, des oratorios, des messes, des motets et aussi de la musique instrumentale (sinfonias, concertos, pièces pour clavecin...). Restées pour la plupart manuscrites, ses oeuvres ne furent redécouvertes — et ne le sont encore que partiellement — qu'au XX'siècle.

.t LE GENRE : L'ORATORIO Pièce musicale et vocale sur un sujet sacré, l'oratorio est une cantate de vastes dimensions à plusieurs voix. Il se distingue de celle-ci par son caractère dramatique à la manière d'une sorte d'opéra sacré sans mise en scène mais aussi par le rôle dévolu à l'orchestre. L'oratorio tire son origine des drames liturgiques interprétés dans les églises au Moyen Age et des Passions et Mystères qui se jouaient sur le parvis des cathédrales notamment à Pâques au XV' siècle. Au XVI' siècle, la forme de l'oratorio voit le jour avec le soutien, en 1600, d'Emilio de'Cavalieri (1550-1602) — proche de la congrégation de l'Oratoire fondée par Saint Philippe de Neri (1515-1594) —, qui donne naissance au premier oratorio La Rappresentazione di anima e di corpo à l'Oratorio de Santa Maria in Vallicella à Rome dont il prendra le nom. Au cours du XVIIe siècle, Giacomo Carissimi (1605-1674) avec Jephté (1649) lui donne une dimension dramatique par l'introduction d'un récitant. Dans son sillage, Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) en France avec ses Histoires sacrées mais surtout Georg Friedrich Haendel (1685-1759) avec Le Messie (1741 ), Judas Maccabeus (1747) confirment l'oratorio comme un genre musical majeur de la période baroque qui connaît son apogée entre le XVII' et le XVIII' siècle.

L'ŒUVRE L'oratorio de Scarlatti La Vergine dei dolori a été composé en 1717 au moment où le compositeur est en pleine maturité créatrice. Cette pièce est également connue sous les titres La Vergine addolorata et II Dolore di Maria Vergine. Ce « mélodrame spirituel » comporte des éléments narratifs et contemplatifs mais ne possède ni choeur, ni récitant. Les quatre personnages et les procédés narratifs développent ainsi un caractère théâtral manifeste. La Vierge, Saint Jean, Nicodème le disciple et Onia le grand Prêtre nous content les sept douleurs ou les sept glaives de la Vierge : la prophétie de Siméon, la fuite en Egypte, la perte de Jésus à Jérusalem, la rencontre de Jésus sur le chemin du Calvaire, la crucifixion, la descente de croix, la mise au tombeau.

LA CRÉATION La représentation scénique de La Vergine dei dolori imaginée par Ingrid von Wantoch Rekowski a eu lieu au Teatro San Carlo de Naples en février 2003. Le metteur en scène confronte l'oratorio de Scarlatti, centrée sur l'affect de la douleur, à l'œuvre du peintre napolitain Francesco Solimena (1657-1747) à la manière d'un tableau vivant lui permettant : « de donner un centre de gravité différent de l'ordinaire [...] l'intérieur (l'espace des chanteurs) et l'extérieur du tableau (le cadre animé par des personnages tirés des peintures de Solimena) sont interdépendants. Sans le tableau, le cadre n'aurait pas de sens, mais sans le cadre, le tableau n'aurait pas la même intensité. » La musique redécouverte par , spécialiste du répertoire baroque et interprétée par son Concerto Italiano, confère à l'oeuvre une intensité empreinte d'émotion. La Vergine dei dolori, Théâtre de , 2007. Synopsis

Première partie

Après la trahison de Judas, Saint Jean cherche à fuir pour ne pas voir le martyre infligé au Christ et les souffrances à venir de Marie. De son côté, la Vierge pressent quelque malheur. Quand Saint Jean lui annonce l'arrestation de son fils, la révolte, la douleur et les pleurs l'envahissent...

Arrivent le prêtre hébreu Onia et Nicodème, un pharisien devenu l'un des premiers disciples du Christ, et qui prend sa défense face au docteur de la loi.

Marie implore la pitié d'Onia, Saint Jean soutient l'innocence de Jésus, mais cela ne fait qu'accroître la colère et la cruauté du prêtre. Nicodème part pour intercéder encore en faveur de Jésus. Marie et Saint Jean restent seuls à se lamenter...

Deuxième partie

Nicodème revient sans avoir pu convaincre les autorités d'épargner

Jésus. Saint Jean exhorte la Vierge à se montrer forte dans l'épreuve qui l'attend. Elle demande à revoir son fils et suit en larmes sa montée au Calvaire, sa crucifixion.

Quand le soleil se voile au moment de sa mort, Onia reconnaît l'innocence et la puissance du Christ. Nicodème détache Jésus de la croix, puis c'est la mise au tombeau. Marie serre une dernière fois contre elle ce fils adoré tandis que Saint Jean et Nicodème annoncent sa résurrection.

Argument reproduit avec l'aimable autorisation du Théâtre de La Monnaie de Bruxelles. Alessandro Scarlatti. Edouard Muller-Moor Alessandro Scarlatti

Alessandro Scarlatti définit, en son entière originalité, le génie napolitain au moment de son plus grand éclat.

Naples donc. Depuis Adam de la Halle, auteur du premier opéra- comique (et sans doute avant lui déjà), la musique y était pratiquée avec ardeur et toujours avec cette prédilection pour les divertissements profanes qui devait faire de Naples le berceau des formes populaires polyphoniques de la

Renaissance, puis, au XVIII' siècle, de l'opéra bu/fa. En outre, et cela dès la première moitié du XVIe siècle, Naples possédait de remarquables écoles de musique : le Conservatorio di Santa Maria di Loreto, le Conservatorio Delia Pietà de' Turchini, celui que l'on appelait Dei poveri di Cesù Cristo, enfin le Conservatorio di Sant'Onofrio. Ces quatre institutions dont Murât devait consacrer la fusion en

1809 en un Collegio reale di Musica étaient à l'époque d'Alessandro Scarlatti des sortes d'hospices où les enfants qui faisaient preuve de dispositions particulières pour la musique recevaient un enseignement très poussé.

C'est sans doute au Conservatorio Delia Pietà de' Turchini que le jeune

Alessandro reçut sa première éducation musicale, puisque ses biographes nous apprennent que, né en 1660 à Palerme (et non à Naples ou à Trapani comme on l'a affirmé successivement), il fut l'élève de Francesco Provenzale. Or on sait que

Provenzale enseigna dans cette institution dont il était directeur entre les années

1669 et 1704. Selon Fétis, Alessandro Scarlatti aurait également étudié à Parme.

Plus certainement, ainsi que l'affirme Quantz, Alessandro reçut à Rome l'enseignement de Carissimi qui l'initia au contrepoint. C'est dans tous les cas

à Rome que Scarlatti donne en 1679 son premier opéra L'Errore innocente.

L'année suivante, la reine Christine de Suède qui, depuis son abdication, s'était

retirée dans la Ville Eternelle, fait représenter dans son palais L'Onnesta

netl'amore et décerne à son auteur le titre de maître de chapelle qu'il portera

jusqu'en 1684. De ce millésime date l'opéra Pompeo dédié au marquis de Carpio,

puis viendront un oratorio I dolori di Maria sempre vergine écrit à l'intention de

la Congrégation des Sept Douleurs, et Teodora, opéra où pour la première fois

apparaît le forme spécifiquement napolitaine de Varia da capo.

En 1688, Scarlatti est nommé maître de chapelle et professeur au

Conservatorio di Santa Maria di Loreto. Cinq ans plus tard, il est appelé au poste

de maître de la chapelle royale de Naples. C'est dans cette ville mis à part un

séjour à Rome entre 1703 et 1708, que Scarlatti finira sa carrière assumant les

plus hautes fonctions qu'un musicien puisse espérer et recevant les honneurs les

plus grands. Devenu directeur de la musique du cardinal Ottoboni, décoré par

lui de l'ordre des Chevaliers de l'Eperon d'or, il enseigne dans les principales

écoles de musique de Naples, formant cette pléiade de musiciens que l'on

appelle l'Ecole napolitaine et qu'illustrèrent ses élèves personnels : Logroscino,

Durante, Hasse.

Alessandro Scarlatti fut d'une fécondité extraordinaire. En 1715, il

avait écrit cent dix opéras. Une douzaine d'autres devaient encore voir le jour

avant sa mort survenue le 24 octobre 1725. Si l'on ajoute à ce bagage déjà

énorme les quelque deux cents messes et les innombrables cantates et oratorios

qui constituent l'oeuvre sacrée de Scarlatti, on peut être tenté de le soupçonner

d'avoir produit hâtivement et d'avoir usé de procédés expéditifs de composition.

La très faible proportion de ses ouvrages que la publication nous permet de

connaître ne justifie en rien ces soupçons. Une fois faite la part de convention

inhérente au style de l'opéra italien, quel qu'il soit, on ne peut que s'incliner

devant la fraîcheur de l'inspiration et la finesse du détail qui caractérise l'art

d'Alessandro. Dans Tigrane, il use de la division des parties dans l'orchestre, ce

qui n'est certes pas le fait d'un homme porté à bâcler son ouvrage. La partition [...]

.10 retrouvée à Lyon du Martyre de Sainte Ursule est un chef-d'œuvre de finesse et de transparence. La polyphonie volontiers nombreuse des messes n'est pas moins significative à cet égard.

Auteur fécond, Alessandro Scarlatti fut donc un génie de grande race. Continuant l'œuvre de son maître Provenzale, il a porté à son suprême degré de perfection l'idéal napolitain de l'opéra, idéal qui subordonne à la beauté formelle et purement musicale de l'aria les impératifs de l'expression dramatique ou discursive et qui rejette délibérément dans le champ déterminé du récitatif tout ce qui pourrait attenter à la plasticité de l'arabesque vocale.

Texte extrait de : LACROIX, Jean, Les Musiciens célèbres, Paris, Editions d'art Lucien Mazenot, 1946.

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La Vergine dei dolori, Théâtre de La Monnaie de Bruxelles, 2007.

m 12 Ingrid von Wantoch Rekowski Entretien : Un tableau vivant

Ingrid von Wantoch Rekowski développe depuis 1994 un théâtre

polyphonique et pluridisciplinaire. Un théâtre d'images et de sons, de sensations et de situations en métamorphose constante, où les interprètes, chœur de solistes,

travaillés au corps par les passions humaines, en révèlent les humeurs tragi-comiques,

à partir d'une musique, d'un texte ou d'un tableau. L'oratorio de Scarlatti lui propose une recherche artistique complémentaire...

Qu'est-ce qui vous a attiré dans cette œuvre a priori non scénique ?

Justement le fait qu'elle n'était pas destinée au théâtre ! C'était

l'occasion d'inventer un autre type de représentation qui ne redise pas ce que la

musique raconte déjà. La résistance, l'impossibilité poussent à chercher, à explorer

d'autres logiques, à changer les habitudes. Cela dit, moi qui aime la polyphonie,

j'ai mis un peu de temps à entrer dans cette musique au canevas très structuré,

alternant le récitatif et l'aria, la plupart du temps en solo. Mais les œuvres

religieuses sont d'une grande puissance, et celle-ci est vocalement très intense

— tant au niveau de l'exigence musicale que de l'interprétation dramatique. La

variété des timbres aigus (soprano, , ténor) ajoute à cette intensité.

La Vergine dei dolori est centrée sur un seul affect — la douleur —

perçu et rendu selon toutes sortes d'angles différents ; il s'agissait donc de mettre

des accents dans cette longue déploration, sans illustrer, sans imiter l'émotion,

mais en donnant une sensation physique de la peine, de la colère, de l'angoisse,

.13 du désespoir... J'ai cherché un langage scénique qui amplifie la partition et évite

le trop-plein d'informations.

Pour votre mise en scène, on vous a proposé d'associer à

l'oratorio de Scarlatti l'œuvre picturale de son contemporain, le napolitain

Francesco Solimena...

Cette confrontation a été le point de départ de ma recherche

scénique. La picturalité se conjuguait bien à la vivacité de l'interprétation musicale

de l'œuvre. Je travaillais à l'époque avec des acteurs sur un cycle intitulé

Métamorphoses (Métamorphoses nocturnes, Rubens Metamorfoses et

Métamorphoses d'Avila) qui explorait la théâtralité de la peinture. Parallèlement, j'avais mené plusieurs expériences avec des chanteurs où j'avais tenté de mettre

en place d'autres mécanismes de travail pour développer leur présence physique

et leur grammaire gestuelle sans pour autant les distraire de leur chant. Le jeu des

chanteurs doit se baser sur la force et la concentration qui se dégagent de leur

corps quand ils sont habités par la musique, sans la parasiter.

La proposition de travailler sur le peintre Solimena a fait naître l'idée

d'un autre type de présence théâtrale, inspiré par la peinture. Encadrer ce tableau

vivant limitait fort l'espace de chant et de jeu mais il permettait de le cerner

d'autant mieux et de lui donner un centre de gravité différent de l'ordinaire. Dans

ma démarche, je pense très vite à l'espace, car la relation à l'espace est

déterminante pour l'interprète. Sa structuration crée les jeux de force et de

tensions sur le plateau.

L'intérieur et l'extérieur de ce tableau vivant s'animent de

manière différente... Pourquoi ?

À l'intérieur du cadre — lieu des chanteurs —, j'ai développé une

grammaire gestuelle puisée dans l'iconographie religieuse relative à la Vierge,

pour donner un caractère à chacun des quatre personnages, en veillant à ce qu'il

. 114 ne soit pas purement formel tout en restant dans l'intériorité, la retenue, pour garder l'esprit du sacré et de la déploration. L'effet noir et blanc créé par les lumières et les costumes (une même base de tailleur noir contemporain qui cite de manière allusive un drapé, un voile, une coupe plus féminine ou masculine) renforce cette atmosphère de tragédie emblématique.

Quant aux personnages (servante, ange, soldat, figure mythologique...) qui animent le cadre, ils sont tirés des peintures de Solimena, et ne sont pas que des figurants — même s'ils sont mêlés à quelques mannequins pour jouer de l'illusion baroque ! J'ai travaillé avec des acteurs- danseurs capables de développer une présence vivante et « jouante » dans la contrainte d'un espace limité et en étant à l'écoute de la musique. Même dans cette configuration de cadre, j'essaie de considérer le tout comme une polyphonie, sans premier ou second rôle. Car l'intérieur et l'extérieur du tableau sont interdépendants. Sans le tableau, le cadre n'aurait pas de sens, mais sans le cadre, le tableau n'aurait pas la même intensité. Pour moi, le jeu n'est fort que lorsque des puissances se confrontent.

Les personnages du cadre traversent toutes sortes d'états

émotionnels, comme les chanteurs ; ils forment un chœur, tantôt à distance ou en contraste avec les quatre rôles centraux, tantôt en empathie avec eux : ils reprennent et amplifient les gestes de souffrance de la Vierge, ils évoquent une descente de croix... Dans cette logique du contraste baroque, j'aimerais pour cette reprise développer davantage le contrepoint ironique, proposer des clins d'œil subtils mais grinçants qui rompent l'harmonie de cette déploration religieuse et l'esthétique du tableau, qui ouvrent davantage de brèches sur les profondeurs inquiétantes et contradictoires des passions...

Entretien réalisé par Isabelle Dumont pour La Monnaie Magazine, Théâtre de La Monnaie de Bruxelles, avril 2007.

.15 La Vergine dei dolori, Théâtre de La Monnaie de Bruxelles, 2007.

Œuvres de Francesco Solimena.

« Je t'embrasse, fils aimé. Ah, si seulement je pouvais à jamais te tenir serré sur mon sein pour réconforter ma peine. » Marie, mère de Dieu

m 18 LIVRET

PREMIÈRE PARTIE Mon esprit est inquiet. Je sais que, tel un doux agneau, il est Symphonie entouré d'ennemis courroucés et cruels sans la moindre pitié. Je frémis, je me glace, je crains SAINT JEAN et souvent mon âme oppressée de Où courir, où aller, où me cacher, douleur moi, disciple malheureux se parle en ces termes : d'un maître trahi. Quel antre sauvage et solitaire Où est mon Fils ? Que fait-il ? me cachera dans son sein ténébreux Où est ma joie, mon trésor ? pour soustraire à ma vue le spectacle Ah, monstres avides et cruels, cruel qui ne songent jamais de la mort barbare d'un homme Dieu. qu'à le lacérer et le saigner Et ne pas voir défaillir, en proie à la en actes et en pensée. douleur, sa Mère affligée SAINT JEAN qui ignore encore quel carnage sanglant C'est par un disciple infidèle, un peuple impitoyable fera de son par le traître Judas, illustre fils. que mon Seigneur fut livré aux mains de ses ennemis barbares. Dans les ravins et les grottes profondes, MARIE je fuirai cette lumière abominable Ah I Tigre, ah ! Monstre ingrat, et cet air saturé d'horreur. Monstre d'enfer et de cruauté. Ô Terre, cache-moi dans ton sein, accueille mon âme affligée SAINT JEAN et soustrais-moi à une douleur si Bardé de lourdes chaînes, intense. il fut conduit chez Caïphe, chez Anne, méprisé, raillé, cible et jouet MARIE de la foule malfaisante et avide Quelle nouvelle souffrance de son précieux sang innocent. mon cœur, tel un devin, m'annonce-t-il Je tairai les vils opprobres dans mon sein palpitant ? et les horribles calomnies Loin de mon Jésus je ne trouve pas la dont il est accusé. paix.

. 9 Enfin, ô mère affligée, et ne trouve aucun rempart ou conseil mon maître, ton illustre fils, à opposer à un tel malheur. gît exposé au cruel danger d'une mort infâme. MARIE Fils, je te perds, ô mon Fils. MARIE Ah I sans toi de noir se voile le jour Voici le glaive acéré qui me paraît ceint d'une sombre de souffrance et de douleur horreur. voué, selon la prédiction Où que je tourne mon regard, que m'a faite le vieux Siméon, tout me semble souffrance, martyre et à déchirer un jour douleur. mon cœur aimant. La vallée, la plaine, le mont, Déjà les dires se confirment le ciel et les éléments et de l'âpre tourment se présentent comme l'objet de mes qui envahit mon âme, lamentations. je sens l'épée. Voici que retentit la trompette funeste Dans son faible murmure, et que déjà se rassemblent en mon le ruisseau dit : sein « Viens pleurer avec moi. » pour un combat inhumain Le rossignol au cri plaintif les souffrances, les angoisses, le accompagne martyre et la douleur. mes tristes soupirs. Voici venir hélas, les larmes fatales auxquelles il ne peut échapper SAINT JEAN car déjà je contemple l'aspect cruel Mère, retiens tes larmes. du tourment qui pénètre mon cœur. Peut-être le Ciel le sauvera-t-il d'un grand péril, [SAINT JEAN par ailleurs ton chagrin ne pourra le Mes yeux furent les témoins sauver. malheureux du récit que je t'ai fait, MARIE et je suis venu te révéler, hélas, le fait Ah, je ne peux m'empêcher de pleurer cruel à nouveau. que le soleil de la justice s'est couché. Fils, mon cher fils, mon doux gage, je t'ai sauvé en fuyant, affligée et en MARIE larmes, Pauvre de moi, que dois-je faire ? lorsque le courroux barbare Qui m'aidera ? Qui me conseillera ?] d'Hérode, cruel et sombre tyran qui craignait pour son règne, SAINT JEAN voulut plonger l'inique fer dans ton L'esprit en proie à une telle angoisse sang innocent est hélas paralysé, stupéfait, et qu'il répandit au sol

.20 les membres des fils de Rachel. NICODÈME Pourquoi donc ne puis-je à présent Ouvre les yeux sur la vérité te soustraire aux mains impitoyables et ne te laisse pas aveugler d'un peuple cruel par l'erreur commune. et te sauver une fois encore en fuyant en Egypte ? ONIA Ta pensée est vaine, SAINT JEAN tu te fatigues en vain Moi aussi avec mon sang... à le défendre inutilement. Mais voici venir, avec le prêtre Onia, le sage Nicodème. MARIE Peut-être tente-t-il par de douces paroles Quels sentiments d'humanité d'apaiser la colère qui bout dans le puis-je espérer cœur des Hébreux. d'un cœur si méchant et cruel ?

NICODÈME SAINT JEAN De quel méfait un homme aussi juste Peut-être se calmera-t-il. s'est-il montré coupable Carde espoir, peut-être, qui sait. pour que vous réclamiez sa mort avec autant de passion ? MARIE Une telle soif d'un sang aussi pur et Je ne l'espère pas, non, non. innocent brûle-t-elle donc dans vos poitrines ? NICODÈME Et tu qualifies de séducteur ONIA celui qui par des actes admirables De grâce, arrête, ô Nicodème, ce apaise des foules agitées ? discours insensé. Qui ressuscite les morts ? Si tu le défends ici imprudemment, Qui chasse les esprits malins ? Et tu te rends complice de son crime. soigne, guérit Et de plus, trompé une fois encore de tous leurs maux les vivants qui par ce vil séducteur de notre peuple, souffrent ? tu cherches à innocenter un Celui qui arrête et régit les éléments ? coupable ? ONIA MARIE Ces artifices ne poussèrent-ils pas Ah, propos sacrilèges, oh cruels le peuple imprudent, induit dans une discours. folle erreur, à donner le titre de Roi à un imposteur ? SAINT JEAN Ciel, tu l'entends ? Tu le tolères et ne NICODÈME le foudroies point ? Celui que tu nommes le peuple imprudent

.21 a reconnu son Maître mieux que toi. ONIA Ô, Prêtres juifs, Je ne puis faire grand-chose quel brouillard épouvantable pour celui que tu nommes ton fils. vous empêche de voir la réalité ? Et quand bien même je le pourrais, je Ne reconnaissez-vous pas votre ne le ferais pas : Messie ? le respect de la loi, l'honneur de Moïse, l'honneur de Dieu Cet homme est l'illustre fils de David, m'incitent aujourd'hui le Sauveur de son peuple, à obtenir que soit punie tant espéré, l'indigne et exécrable audace tant attendu. de celui qui tente d'annuler nos rites Et toi, aveugle nation juive, ancestraux, scélérate Judée, de détruire la foi juive, tu veux déraciner un si beau lis. de se proclamer fils de Dieu, de se Tu le trahis, le railles, prétendre Roi ! et le traites de séducteur. Ne pas punir l'infâme et l'impie MARIE relève du délit et non de la pitié. Permets, Jean, que je parle, peut-être La juste déstruction de ton fils mes larmes et mes soupirs est requise par la loi, le monde et Dieu. pourront-ils éveiller en cet homme la Sauver un homme malfaisant compassion. est une injustice et une impiété. Onia, Seigneur, permets, s'il est permis à une femme seule et affligée de parler MARIE humblement. Seigneur, ce que l'on reproche Ecoute mes prières à mon pauvre Fils et ces larmes ruisselantes est loin d'être vrai, et sous le poids de qui m'inondent le visage et le sein. la calomnie, Entends les sanglots qui me brisent la l'innocent est écrasé et offensé. voix. À tes pieds, j'implore la pitié, la SAINT JEAN miséricorde. Moi qui fus toujours présent dans sa vie ONIA tout à fait innocente, je puis en parler. Qui es-tu, femme, que demandes-tu ? [Que le ciel me soit témoin lorsque je dis que jamais l'ombre NICODÈME de la moindre faute n'a entaché C'est la Mère affligée et tourmentée la pureté de cette âme. du prisonnier Jésus ; Si la piété du Fils ne te touche pas, NICODÈME ah, puissent au moins les pleurs d'une Je peux le confirmer. Mère t'émouvoir I

.22 SAINT JEAN Il vaut mieux que je parte pour tenter, Humble, doux, bienveillant et si je le puis, d'aider mon Seigneur. profondément pieux, totalement voué à honorer le Père, SAINT JEAN s'il est un bienfait qu'il n'a pas réalisé Dieu accordera son aide que le disent les aveugles, les sourds et à la pieuse pensée, à la noble les défunts entreprise. qui reçurent la lumière, la santé, l'ouïe et la vie.] NICODÈME Vierge, adieu. ONIA Tais-toi, jeune fou trompé à ton tour Retiens tes larmes, par ce faiseur de sortilèges. réfrène tes soupirs, Et si je ne déverse pas sur toi car peut-être la colère qui bout en moi, reviendrai-je promptement c'est que je pardonne à ton jeune âge porteur d'une bonne nouvelle. et que j'attends seulement Que les âpres tourments d'arracher entièrement la racine s'apaisent coupable pour ta consolation. du mal qui peut infecter toute la Judée. Je ferai tout ce [Privé de son Berger, le troupeau se qui est en mon pouvoir. dispersera.] Je ferai en sorte que l'on condamne SAINT JEAN l'infâme Père du Ciel, regarde de grâce à une mort bien méritée et à de cruels ton Fils bien-aimé. supplices. Prends pitié et fais en sorte qu'une armée MARIE, SAINT JEAN (à deux) d'esprits ailés et immortels descende Hélas, quels cruels propos ! aussitôt soustraire son Seigneur à tant de ONIA maux. Insuffle, ô ciel, dans mon sein la colère, l'indignation et la cruauté. MARIE Réveille mes sens afin que je puisse Ah, Jean, Jean, éveiller, dans le cœur le Père veut la mort de mon fils Jésus : de la foule, la haine et la fureur. ainsi en a décidé la volonté divine. Afin qu'elle demande que soit puni C'est la volonté du Père et le Fils l'audacieux qui se prétend fils de Dieu. l'exécute.

NICODÈME SAINT JEAN Vierge, il est vain de pleurer. Tes funestes paroles Il est inutile pour moi de pleurer ici avec toi. ajoutent encore plus de souffrances à

.23 mes tourments ; DEUXIÈME PARTIE et la douleur qui entame ta constance, je ne puis la consoler que par mes pleurs. NICODÈME [MARIE Marie, Jean, Pleurons, oui, pleurons. mes arguments sont demeurés vains, Jean, il ne nous reste que les larmes, et mes prières vaines ainsi que toute et si elles pouvaient adoucir mon action, immense peine, et mon cruel destin et le sort ingrat je cesserais de pleurer pour éviter une veulent vaine consolation.] que l'auteur de la vie aille à la mort sans aide ni réconfort. SAINT JEAN Tu pleures, MARIE et tes larmes sont justes, ô Vierge, Il n'y a plus rien à espérer, Jean, tu as et ta douleur est juste. entendu... Mais moi je pleure aussi car je perds mon Dieu. SAINT JEAN Et la douleur qui m'afflige Ah, je n'ai que trop entendu et hélas et me transperce le cœur trop compris est plus grande en moi. et j'aimerais être totalement aveugle pour ne pas voir un si cruel carnage. MARIE Toi, Mère, tu devras faire preuve Je pleure et mon cœur d'une noble et unique constance me semble déjà trop étroit car des peines et des souffrances plus pour contenir une telle douleur. grandes t'attendent. Mais la douleur qui t'afflige et me transperce le cœur Endure avec persévérance est plus grande encore. car une âme forte montre sa vaillance dans l'adversité. Tu as assez de courage pour supporter tous les martyres, toutes les souffrances.

MARIE L'âme est prête à endurer peines et souffrances, mais mon cœur, ceint d'une frêle enveloppe,

.24 ne peut en faire autant ni servir à MARIE grand-chose. Dites-moi, vous qui compatissez avec pitié à mon chagrin parmi toutes SAINT JEAN ces angoisses Dis-moi, cher compagnon, déjà devenues les cruels tyrans de ma à quelle manifestation extrême de douleur : cruauté pourra-t-on interdire à une mère leur colère a-t-elle entraîné les Juifs ? de voir son fils bien-aimé avant qu'il ne meure ? NICODÈME Après tant d'outrages, de tourments et ONIA de railleries, Voici, ô Jérusalem, après tant de durs et cruels coups de la couronne qui ceint le front de ton fléaux Roi, et après avoir été transpercé d'épines la pourpre qui le revêt, acérées, et voici, là-haut, sur le Mont Calvaire, mon Jésus a été condamné à mort, le trône infâme qui lui est destiné. à être cloué sur la croix, C'est là le Capitale des fous furieux. par l'inique Pilate. Que cette trompette qui résonne [SAINT JEAN appelle les foules les plus arrogantes Face à une nouvelle aussi atroce à contempler le triomphe de leur Roi. mon cœur privé de souffle défaille. Abattu, il est enfin tombé, celui qui rêvait de bâtir sur la fraude, NICODÈME celui qui a voulu détruire notre foi. Jean, la douleur qui me transperce égale sans doute la tienne, Femme, qui que tu sois, tu te trompes : je ne pourrais te le dire. ce n'est pas moi, Ô Mère affligée, quel sera donc ton c'est son crime audacieux et sacrilège martyre qui le tue. si le mien est si grand ?] Ah, dolente Marie, NICODÈME tu es une mer de douleur, moi je ne Et tu imagines encore des délits suis qu'un ruisseau. face à l'innocence même ? Cette injuste sentence Non, tu n'es pas seule à pleurer, qui le condamne à mort malheureuse mère, dirigera contre vous la colère du Ciel, le Ciel et les éléments et son sang innocent répandu sur la pleurent à présent avec nous terre sur tes immenses tourments, criera vengeance contre vous. mais il n'existe pas de douleur comparable à la tienne.

.25 ONIA SAINT JEAN Qu'il retombe, oui, que son sang Tu dois être de pierre, ô mon cœur, retombe si tu ne te brises pas en mille sur nous et sur nos fils. morceaux. à la vue d'un spectacle aussi cruel. MARIE Oui, son sang retombera sur vous MARIE et sur le monde, mais Tu vas à la mort, Fils, et moi je reste ici. pour laver vos fautes et apporter Fils, tu vas à la mort la vie et une nouvelle innocence au... et je m'en viens mourir aussi (Ici, la trompette joue une note seule, car tu ne dois pas être seul à mourir. d'abord fort puis de plus en plus Et quand tu expireras, faiblement.) je rendrai l'âme avec toi sous l'emprise d'une telle douleur. SAINT JEAN Hélas, la trompette funeste [NICODÈME me remplit le cœur d'horreur et de Marie, je ne puis minimiser douleur ; ta peine et ses souffrances. hélas, Mère, regarde, Mère, Que le Père éternel donne à ton cœur sous quel énorme poids ton fils la force de te laisser vivre malgré la gémit, tourmenté, hélas, quelle douleur, douleur.] hélas, cruel tourment ! SAINT JEAN MARIE 0 Vierge pieuse, nous ne pouvons Et je te vois à présent, Fils innocent, donner d'autre dans un état si misérable. réconfort à ta peine que de pleurer Hélas, je te reconnais à peine, avec toi languissant, exsangue et cruellement et faire écho à tes pleurs par nos transpercé larmes. d'épines acérées, affligé et misérable, MARIE tu asperges le sol de ton sang La douleur que je montre n'est rien, et, privé de forces et sans aide, tu ne comparée à la douleur que j'éprouve. peux soutenir le bois vigoureux MARIE sur ton dos sensible, Si vous pouviez voir mon cœur, car le poids est trop lourd et trop dur vous verriez quelle souffrance infinie ainsi, vacillant, me transperce l'âme et le cœur. à chaque instant tu pourrais tomber mort. SAINT JEAN Je peux te réconforter de mes larmes amères, mais je ne peux

.26 t'aider NICODÈME car nous aussi nous perdons tout. J'entends Jésus dire d'une voix aimante à Jean « Voici ta mère », NICODÈME et « Femme, » dit-il, « quant à toi, voici Je ne peux que pleurer ton Fils ». tant mon âme est égarée car nous aussi nous perdons tout. SAINT JEAN Oui, mon Seigneur, oui, j'accepte les ONIA dernières volontés À présent que le Nazaréen coupable de ton Saint Amour, qui me est arrivé sur le mont, réconfortent il étend les mains sur le tronc dur et m'angoissent à la fois car tes peines où elles sont aussitôt transpercées de deviennent ma souffrance. clous plus durs encore. Voici qu'il se dresse dans l'air et qu'on NICODÈME le place Aux nobles mains du Père Céleste, entre deux bandits qui méritent à présent que l'œuvre de son amour également la mort. est achevée, Sur la tête du Nazaréen, je vois écrit baissant la tête vers la Terre rachetée, le sort qui justifie sa peine, il recommande l'Esprit. et mes yeux lisent avec plaisir Et voici, hélas, ô souffrance, voici qu'il « Jésus de Nazareth Roi des Juifs ». est mort, que Jésus est mort, ô peuple, peuple ingrat.] [MARIE Hélas, douloureux spectacle, hélas, MARIE cruelle souffrance. Fils, mon fils Jésus, mon fils bien-aimé, tu es mort dans de tels tourments, de SAINT JEAN telles souffrances, Haletant et assoiffé, il demande et moi pourtant je vis et j'espère. que l'on désaltère quelque peu ses Hélas je me sens défaillir, lèvres desséchées. je voudrais mourir et ne le puis même pas. NICODÈME Mais toi, depuis le Ciel, Père immortel, Mais pour tout rafraîchissement, la aide-moi horde cruelle lui tend du fiel. à endurer cet âpre et cruel tourment.

ONIA ONIA À présent que tu t'es glorifié d'avoir Quel mouvement soudain détruit le temple de Dieu, et d'en secoue la terre sur son axe ? rebâtir un ensuite Quelle prodigieuse éclipse si tu as pu sauver les autres, sauve-toi couvre le Soleil d'un manteau funeste ? toi même. Le monde semble éprouver

.27 un immense chagrin à la mort de cet SAINT JEAN, NICODÈME homme. Je t'adore, noble Seigneur, mort seulement par amour pour nous, Le sol tremble sous nos pieds, et qui pour nous a tant voulu souffrir. je vois le Soleil drapé d'horreur, mais quel Soleil ? Je ne le vois plus. MARIE Un voile sombre et ténébreux Je t'embrasse, fils aimé. couvre le Ciel. Ah, si seulement je pouvais à jamais Peut-être est-ce un signe de douleur te tenir serré sur mon sein puisque Jésus était innocent. pour réconforter ma peine.

NICODÈME SAINT JEAN, NICODÈME Mais à présent que du bois douloureux Par ce sang que tu as versé, les membres sacrés ont été ôtés, voici que l'âme coupable que l'on donne une digne sépulture au se libère de la faute dans laquelle elle corps aimé. gisait et qu'à ta mort elle renaît. SAINT JEAN Oui, allons respectueusement embrasser ces plaies Traduction : Katarina Cavanna par lesquelles fut versé le sang pour sauver l'homme.

[MARIE À tous mes nombreux martyres, à mes âpres souffrances s'ajoute encore enfin le fait de le serrer mort contre mon sein, et de laver de mes larmes sa dépouille sanglante et lacérée. Fils, Fils, c'est pour mon cœur le comble de la souffrance, qu'après t'avoir mis au monde, c'est encore à moi qu'il revient de t'ensevelir dans la tombe.]

MARIE Je t'embrasse, ô visage aimé qui faisait ma joie, te voici éteint et devenu mon martyre.

Les coupures effectuées dans le livret pour cette production sont signalées par des

.28 BIOGRAPHIES DES ARTISTES

Rinaldo Alessandrini avec lequel il participe à la série de concerts direction musicale d'inauguration du nouvel auditorium de la ville. Il dirige également Artaserse de Hasse au Teatro di Lugo di Claveciniste, organiste et Romagna, Le Nozze di Figaro de Mozart au Welsh virtuose du pianoforte, National , Zaide de Mozart au Festival Mozart de fondateur et directeur du La Coruna (saison 2000-2001). Lors de la saison groupe Concerto Italiano, 2002-2003, il dirige Ciulio Cesare de Haendel dans Rinaldo Alessandrini une nouvelle production de Luca Ronconi au Teatro travaille depuis plus de dix- Real de Madrid, au Norske Opera et au Teatro huit ans sur l'interprétation Comunale de Bologne, puis Amadigi de Haendel au de la musique ancienne. Dans ses choix dé répertoire, Festival d'Edimbourg et au Teatro San Carlo de Naples, comme soliste ou pour l'ensemble Concerto Italiano, il Il Trionfo del tempo e del disinganno de Haendel au privilégie la production italienne en essayant de Queen Elisabeth Hall à Londres. retrouver dans ses interprétations tous les caractères Parmi ses récents engagements, la direction de la du cantabile et l'expressivité vivante et mobile propre nouvelle production du Couronnement de Poppée de au style italien du XVIIe et du XVIIIe siècle. Comme Monteverdi au Liceo de Salamanque lors de l'été 2005. claveciniste soliste, il a été invité à participer à des En 2006 il a dirigé II Barbiere di Siviglia de Paisiello au festivals dans le monde entier, aux Etats-Unis, au Théâtre de La Monnaie de Bruxelles, Il Ritorno d'Ulisse Canada, au Japon et en Europe. Il s'est aussi produit en in Patria de Monteverdi au Welsh National Opera, La duo avec d'autres solistes, notamment Sara Mingardo. Clemenza di Tito au Norske Opera et une réprise de La Il est régulièrement invité à diriger des orchestres Vergine dei dolori au Théâtre de La Monnaie en avril comme celui du Maggio Musicale Fiorentino, de la Rai 2007. de Rome, de l'Orchestre Symphonique de la Ville de Ses futurs engagements comme chef d'orchestre le Grenade, ainsi que les Detroit Symphony Orchestra, conduiront au Théâtre de l'Opéra de Lisbonne pour La Orchestra Regionale délia Toscana, Scottish Chamber Clemenza di Tito mais aussi à diriger les trois opéras de orchestra, Northern Symphonia, Orchestra of the Age Monteverdi à de Milan dans la mise en scène of the Enlightenment, Boston Haendel Haydn Society, de Bob Wilson. Freiburger Barockorchester, Orchestre de l'Opéra de Après avoir enregistré pour Arcana, Astrée, Harmonia Lyon, Orchestre du Théâtre de La Monnaie (Bruxelles). Mundi France, il enregistre désormais en exclusivité Il a également dirigé Semele de Haendel (Festival de pour Opus 111 -Naïve. Ses enregistrements Spoleto), Catone di Utica de Vinci (Teatro Lugo de comprennent des œuvres de compositeurs tant italiens Ravenna), Le Couronnement de Poppée de Monteverdi que de l'école allemande (Bach et ses contemporains) (Opéra de Francfort, Welsh National Opera, Teatro Valli et ont reçu un Grand Prix du Disque et le Prix de la de Reggio Emilia, Teatro Comunale di Bologna, Opéra Critique Discographique Allemande. du Rhin) mais aussi l'Orchestre du Théâtre de l'Opéra En 2003, il est fait Chevalier dans l'ordre des Arts et de Rome auprès de l'Accademia Filarmonica Romana des Lettres. Il est Accademique à la Filarmonica Romana. dans L'Isola disabitata de N. Jommelli. Au Théâtre Il est également l'auteur d'une monographie sur Rendano de Cosenza, il a dirigé Olimpiade de Vivaldi, La Monteverdi publiée en France par Actes Sud et Serva Padrona de Pergolèse (Freiburg Konzerthaus). Au responsable éditorial pour Baerenreiter de l'édition de Barcelone, lors de la saison 1998/1999, il a critique des oeuvres de Monteverdi. dirigé Alcina de G.F. Haendel avec l'Orchestre du Liceu

.29 Ingrid Christophe Pidré von Wantoch Rekowski costumes mise en scène Styliste, Christophe Pidré cumule des expériences Franco- allemande, Ingrid professionnelles dans le monde de la mode, du cinéma von Wantoch Rekowski est du théâtre et de l'opéra. née en 1967. Elle étudie la A l'opéra, il débute comme assistant du costumier peinture, le piano, la Jorge Jara. Depuis, ils collaborent tous deux sur les \ danse aux Etats-Unis et la productions de Don Pasquale, La Cenerentola, Lady mise en scène à l'INSAS à Macbeth de Mzensk et Der fliegende Hollander. Pour Bruxelles. Elle se forme notamment avec Eugenio Ingrid von Wantoch Rekowski, il créé les costumes de Barba, BobA Wilson, Georges Aperghis, Trisha Brown, Cena Furiosa, Ein geistliches Bankett, La chose effroyable Francois Combeau, Sonja Kehler, Alexei Levinski, dans l'oreille de V, La Vergine dei dolori et Le Tango des Alfredo Arias, Dario Fo et Anatoli Vassiliev. Centaures. En 1994, elle fonde la Compagnie Lucilia Caesar et Christophe Pidré a également conçu les costumes de réunit autour d'elle un noyau d'acteurs. Avec cette Lara de José Besprosvany et ceux de Sarah in vitro de cellule-laboratoire, elle poursuit ses recherches Bernard Eylenbosch. théâtrales qui s'articulent autour de la théâtralité du chœur, du langage polyglotte et de la peinture. A partir de ce matériau pluridisciplinaire, elle invente un Mario d'Angio théâtre polyphonique des passions humaines. Par réalisation lumières ailleurs, elle donne des cours d'interprétation dramatique à l'INSAS et à la Manufacture à Lausanne, Né à Naples en 1959, et collabore régulièrement avec d'autres équipes et Mario d'Angio est diplômé institutions. Depuis 2005, elle est artiste associée au de l'Ecole Industrielle et Théâtre National à Bruxelles. devient expert électrotech­ nicien et chef technicien. Très tôt, il collabore à dif­ Nicola Rubertelli férents travaux à Naples décors qui lui permettent de se rapprocher de l'univers du théâ­ atre où il acquiert une grande expérience. Nicola Rubertelli étudie la En 1980, il rencontre Beppe Barra qui l'invite à intégrer scénographie à sa compagnie théâtrale et, de cette collaboration, l'Académie des Beaux- naissent diverses productions données en Italie mais Arts de Naples. Très aussi sur la scène des meilleurs théâtres européens, dans jeune, il commence à des villes prestigieuses comme Paris (où sont y travailler au Teatro San représentés en un mois trois spectacles de culture Carlo de Naples. Au cours napolitaine), Barcelone, Lyon, Genève, Lille, Nice, de sa longue carrière, il a collaboré avec de très Strasbourg, Bruges... ainsi qu'en Amérique (New York) nombreux théâtres et maisons d'opéras en Italie et en Inde (Bombay). Il travaille à des productions de (Stabile di Roma, Opéra de Rome, Piccolo Teatro de culture napolitaine, dans le registre du théâtre Milan, Arènes de Vérone...). édouardien, avec des metteurs en scène comme Mario Depuis 1962, il travaille dans le domaine de l'opéra Scarpetta ainsi qu'à des productions de cinéma qui lui avec des metteurs en scène tels que Roberto de permettent d'approfondir sa connaissance des Simone, Antonio Calenda, Pupi Avati et Mario éclairages ; il participe en outre à des expositions sur le Monicelli et, depuis 1963, il se consacre aussi au théâtre, les costumes, les masques, les maquettes, théâtre parlé avec Gennaro Magliulo, ainsi qu'avec De utilisant la lumière dans sa dimension esthétique. Il Simoni et Calenda. prend part à divers festivals : Il due mondi di Taormina, On lui doit également des décors pour le cinéma et la Il Premio Troisi, Il Festival delle ville vesuviane, Il Festival télévision aux côtés de metteurs en scène comme città spetacollo di Benevento et, en France, au Festival de Sandro Sequi, Maurizion Scaparro et Luca Ronconi. Montpellier. Depuis les années 1990, il travaille au Nicolas Rubertelli signe un grand nombre Théâtre San Carlo de Naples et, en 2003, participe à la d'expositions (seul ou avec d'autres artistes) en Italie production de La Vergine dei dolori, rencontre Ingrid von et à l'étranger. Depuis 1966, il est chargé de la Wantoch Rekowski et collabore à la réalisation des direction technique du Teatro San Carlo de Naples. lumières du spectacle à Salamanque (2003), Bruxelles (2007) et aujourd'hui Bordeaux.

.30 Anna Simboli Sara Mingardo San Giovanni (soprano) Maria (contralto)

Après un diplôme de chant Sara Mingardo est réguliè­ lyrique et de chant didacti­ rement invitée par les plus que au Conservatoire Boito prestigieuses maisons de Parme et un diplôme en d'opéras et institutions musique vocale de cham­ lyriques italiennes et bre au Conservatoire L. internationales sous la Cherubini de Florence, direction de chefs tels que Anna Simboli se perfectionne dans le domaine du Lied Claudio Abbado, Rinaldo Alessandrini, Ivor Bolton, avec Liliana Poli et Leonardo de Lisi et travaille le réper­ Riccardo Chailly, Myung Whun-Chung, Paul Daniel, Sir toire lyrique avec William Matteuzzi. Colin Davis, john Eliot Gardiner, Marc Minkowski, Interprète appréciée du répertoire baroque et classique, Jeffrey Tate et collabore avec les plus prestigieux elle développe une intense activité de concert comme orchestres du monde : Monteverdi Choir and soliste, en formation de chambre et dans les rôles Orchestra, Orchestre Philharmonique de Berlin, d'opéras, en Italie et à l'étranger (France, Espagne, Concerto Italiano, Academia Montis Regalis, London Suisse, Autriche, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Symphony Orchestra, Boston Symphony Orchestra, Hollande, Royaume Uni, Etats-Unis, Canada, Argentine, Orchestre National de France, Les Musiciens du Louvre Brésil, République Tchèque, Suède, Danemark, Norvège) et Les Talens Lyriques. sous la direction de Rinaldo Alessandrini (Concerto Son répertoire d'opéra comprend des œuvres majeures Italiano), Diego Fasolis (RTSI Lugano), Jordi Savall, du répertoire de Gluck (Orfeo ed Euridice, Le Cinesi), Bruce Dickey (Concerto Palatino), Martin Gester, René Monteverdi (L'Incoronazione di Poppea, L'Orfeo), Clemencic, Kristian Jarvi (Orchestre de la RAI de Turin), Haendel (Rinaldo, , Il Trionfo del tempo e del Francesco Moi (Accademia degli Invaghiti)... disinganno, Acis, Galatée et Polyphème, Orlando, Son répertoire embrasse Monteverdi, Haendel, Vivaldi, , Elias), Vivaldi (, Juditha triumphans), Bach, Mozart, jusqu'à la période romantique et Rossini (Il Barbiere di Siviglia, La Pietra del paragone, contemporaine. Ermione, , Il Viaggio a Reims), Verdi Elle participe à d'importants festivals et chante dans les (Rigoletto, , Otello), ainsi que des œuvres comme principaux théâtres italiens, européens et américains : VOrione de Cavalli, La Betulia liberata de Mozart, Anna Teatro Colon de Buenos Aires (Argentine), Théâtre Bolena de Donizetti, La Straniera et de Municipal de Sao Paolo (Brésil), Cité de la Musique Bellini, Das Paradis und die Péri de Schumann, , (Paris), Vredenburg d'Utrecht (Hollande), Usher Hall Béatrice et Benedict ainsi que Roméo et Juliette de Berlioz, d'Edimbourg, Queen Elizabeth Hall de Londres, Lingot Gianni Schicchi de Puccini, Un segreto d'importanza de de Turin, Théâtre à l'Échelle de Milan, l'Oratoire des Rendine, Moses und Aron de Schônberg, A Midsummer Gonfalone de Rome, Auditorium RAI de Turin, Théâtre night's dream et The Rape of Lucretia de Britten, Le Ponchielli de Cremone, Salle Pasteur-Le Corum Martyre de Saint-Sébastien de Debussy, Pulcinella de Montpellier (France), Palau de la musique Catalane de Stravinsky, L'Enfant et les sortilèges de Ravel. Barcelone (Espagne), Teatro Municipal de Cijôn Sara Mingardo a récemment effectué la prise de rôle de (Espagne), Théâtre Lycée de Salamanque (Espagne), Néris dans l'opéra Médée de Cherubini. Elle est Théâtre Auditorio de Cuenca (Espagne), Grand-Théâtre également apparue dans Ariodante (Polinesso) au Liceu de Bordeaux (France), Konzertsaal Lucerna (Suisse), de Barcelone, dans Giulio Cesare (Cornelia) au Festival Théâtre Olympique de Rome, Théâtre Donizetti de de Glyndebourne, dans La Sonnambula (Teresa) et à Bergame, Théâtre Bibiena de Mantoue, Théâtre Carlo l'Opéra de Lyon dans L'Orfeo de Monteverdi sous la Felice de Genova, Théâtre National de Bruxelles, Parque direction de Rinaldo Alessandrini. de la Musique de Rome... Sara Mingardo s'est également produite en concert Elle enregistre pour différents labels (Opuslll - Naive, dans la Deuxième Symphonie de Mahler, La Rhapsodie Naxos, Tactus, Cantus, Arts, Symphpnia, Stradivarius, op 53 de Brahms, La Passion selon Saint-Matthieu de Amadeus...) mais aussi pour des émissions radios et Bach, dans de nombreuses Cantates, et télévisées telles que la RAI Radio3, RTSI Suisse italienne, dans La Petite Messe Solennelle de Rossini, La Missa BBC Grande-Bretagne, ORF Autriche, VTL Belgique, RN Solemnis de Beethoven, le de Mozart, Le Messie Hollande... de Haendel, les Stabat Mater de Pergolèse et Dvorak.

-31 Romina Basso, Daniele Zanfardino Nicodemo (mezzo-soprano) Onia (ténor)

Née à Gorizia (Italie), Daniele Zanfardino est né à Romina Basso étudie au Acerra (Italie) en 1978 et Conservatoire B. Marcello étudie l'interprétation de Venise et obtient un scénique et la technique diplôme de Littérature vocale avec Virgilio Profeta. italienne à l'université de Il est finaliste et gagnant Trieste. Elle participe à des d'importants concours dont masterclasses avec Peter Maag et Regina Resnik, Lle Mattia Battistini de Rieti. Rockwell Blake et Claudio Desderi. Elio Battaglia et Au début de sa carrière, il interprète le Conte Almaviva Claudio Strudthoff, spécialisés dans les répertoires dans II Barbiere di Siviglia à Rieti, Cosenza, Osimo, baroque et rossinien. Elle remporte plusieurs Teramo et Campobasse, Alfredo dans La Traviata à Rieti compétitions nationales et internationales (Rogger, et Cosenza. Il se produit également dans de Seghizzi, Palma d'Oro, Citta' di Conegliano, Modena nombreuses œuvres de Paisiello dont Le Due Contesse, Musica, Toti dal Monte, As.Li.Co. et le Placido Domingo Il Duello comico et Mosè in Egitto au Festival Martina Operalia). Franca sous la direction de Giuliano Carella, L'Italiana in Elle se produit régulièrement en Italie et en Autriche au Algeri dans le rôle de Lindoro à Osimo et est invité par Wiener Konzerthaus, en Belgique au Théâtre de La l'Académie Rossini de Pesaro pour chanter Libenskof Monnaie, au Palais des Beaux Arts ; en France au Festival dans II Viaggio a Reims puis II Trionfo delle belle de Pavese d'Avignon, à La Folle Journée de Nantes et au Festival au Festival Rossini. Radio France à Montpellier ; en Allemagne au Miincher Parmi ses engagements notons le rôle d'Albazar dans II Filarmonie ; en Angleterre au Festival de Glyndebourne, Turco in Italia au Teatro Marruccino di Chieti, sous la au Barbican Centre ; en Espagne au Palau de la Musica direction de Marzio Conti, Don Narciso dans de Valencia, à l'Auditorium Nacional de Madrid, à la I'Llccellatrice au Théâtre Charles Le Roi de Bruxelles, Sociedad Filarmonica de Bilbao, au Baroque Festival de Ruiz dans II Trovatore au Teatro San Carlo de Naples, Santiago de Compostela ; en Hollande, à Utrecht, au sous la direction de Gabriele Ferro, Il Cappello di Paglia Early Music Festival, en Hongrie au Budapest Istituto di Firenze à Salerno puis II Signor Bruschino à Ancône Italiano di Cultura mais aussi au Japon à Kobe et Tokyo ; sous la direction de Manlio Benzi. en Australie au Melbourne International Arts Festival. Elle Il s'est récemment produit dans le rôle de Siebel dans collabore avec des formations de chambre telles que II Faust à Novara, dans Paolino dans II Matrimonio segreto Quartettone, Concerto Italiano, Europa Galante, Il (enregistré en DVD) et dans les rôles de Belfiore dans Complesso Barocco, Venice Baroque Orchestra, Il Viaggio a Reims toujours à Chieti. Il s'est également Cosarara, Ricercar Consort, Orchestra of The Age of produit dans La Scala di seta au di Enlightenment et Miincher Rundfunkorchester. Palermo dans les deux rôles de Dormont et Dorville Elle chante sous la direction de chefs tels que Peter ainsi que dans Llncoronazione di Poppea sous la direction Maag (Faust), Marcello Viotti (L'Italiana in Algeri), Jordi de Rinaldo Alessandrini à Beaune, Oslo, Salamanque et Savall (L'Orfeo, Madrigaux guerriers et amoureux), Alan Rome. Lors de la saison 2005-2006, il participe à la Curtis (Lotario, Rodelinda), Rinaldo Alessandrini (La production d'il Viaggio a Reims dans le rôle de Belfiore Vergine dei dolori), Fabio Biondi (La Santissima Annunziata, et Llncoronazione di Poppea au Théâtre Royal de la Bajazet), Philippe Pierlot (Il Ritorno d'Ulisse in patria, Dido Monnaie de Bruxelles, L'Incoronazione di Poppea à la and Aeneas), Andrea Marcon (Andromeda Liberata, Staatsoper Unter den Linden de Berlin, Il Ritorno Atenaide, L'Olimpiade, Messe en la mineur), Daniele Gatti d'Ulisse in patria au Grand Théâtre de Genève et dans (Manon Lescaut), Alain Guingal (Dialogues des Carmélites), La Cambiale di matrimonio au Festival Rossini dans le rôle Vladimir Jurowski et Sir Charles Mackerras (Die de Wildbald. Lors de la saison 2006-2007, il débute Zauberflôte), Tiziano Severini (Cinevra di Scozia, Requiem dans rôle de Treviso dans Falstaff, dans La Vergine dei K 626), Ottavio Dantone (Le Comte Ory, Ascanio in Alba), dolori au Théâtre National de Bruxelles et à la Cité de la Paolo Arrivabeni (Tancredi). Musique à Paris et a pris part à une représentation de Elle enregistre notamment pour la RAI et Radio Tre Suite, La Cenerentola à l'Opéra de Philadelphie. BR Bavarian Radio Classique, la BBC3, Australian ABC, Ses futurs engagements incluent une production d'il ORF1 en direct du Konzerthaus de Vienne, Radio France, Turco in Italia au Festival Rossini, à Pesaro et La Scala di Arte et ARVO (Hollande). Elle enregistre pour Deutsche seta au Musikfestspiele de Potsdam. Grammophon Motezuma de Vivaldi avec un ensemble baroque sous la direction d'Alan Curtis.

•32 Concerto Italiano

Introduisant des critères révolutionnaires dans l'exécution de la musique vocale italienne des XVIIe et XVIII' siècles, le Concerto Italiano s'est imposé à l'attention de la critique et du public. Ses interprétations de madrigaux, ceux de Claudio Monteverdi notamment, sont aujourd'hui considérés comme des versions de référence. L'ensemble est formé d'un groupe de chanteurs et d'un orchestre d'instruments à cordes. Son répertoire s'est progressivement étendu depuis les grands madrigaux concertato du Huitième livre de Claudio Monteverdi aux opéras, oratorios, cantates, motets et à la musique instrumentale italienne. Le Concerto Italiano s'est produit dans de nombreuses villes : Utrecht (Oude Muziek Festival), Rotterdam (De Doelen, De Singel), Anvers et Leuven (Flandern Festival), Londres (Luflhansa Festival, Queen Elizabeth Hall), Edimbourg, Aldeburgh, Glasgow, Vienne (Konzerthaus), Craz (Styriarte), Amsterdam (Concertgebouw), Bruxelles (Festival de Wallonie, Flandern Festival, Société Philharmonique), Barcelone (Festival de Musica Antigua, Palau de la Musica), Valencia, Bilbao, Sevilla, San Sebastian, Salamanque, Santander, Oslo (Chamber Music Festival), Bergen, Trondheim, Vantaa, Turku, Paris (Cité de la Musique, Théâtre de la Ville, Theatre des Champs-Elysées), Beaune, Lyon, Montpellier (Festival de Radio France), Metz (Arsenal), Ambronay, Saintes, La Chaise-Dieu, Cologne (Conservatoire et WDR), Stuttgart, Darmstadt, Rome (Accademia di Santa Cecilia, Accademia Filarmonica Romana), Milan (Musica e poesia a San Maurizio), Ravenne, Turin, Spoleto (Festival dei Due Mondi), Palerme, Istanbul, Tel-Aviv, Jérusalem, Varsovie, Krakow, Buenos Aires (Teatro Colon), Rio de Janeiro (Teatro S. Paolo), New York (Metropolitan Museum, Lincoln Center), Washington (Library of Congress) et Tokyo. Le Concerto Italiano enregistre en exclusivité pour Opus 111 - Naïve. Le nombre de distinctions et de récompenses octroyées à l'ensemble par la critique discographique pour ses enregistrements est impressionnant et comprend cinq Gramophone Awards : 1994, 1998, 2002, 2004 et 2006 (il s'agit aussi de l'unique groupe italien récompensé avec 3 nominations en 1998 et du meilleur disque dans la catégorie « baroque instrumental » en 2004). L'ensemble a reçu aussi deux Grands Prix du Disque, deux Prix de la Critique Discographique Allemande, le Premio Cini, cinq prix au Midem de Cannes et le Disque de l'Année 1998 et 2005, le Disco dell'Anno pour le magazine Amadeus en 1998, le Choc de l'année du Monde de la Musique en 1999. Le Concerto Italiano a reçu aussi le Premio Abbiati 2002 pour pour sa brillante carrière. Parmi ses dernières productions se trouvent Theodora de Haendel exécutée à Salamanca et Bilbao, La Vergine dei dolori de Alessandro Scarlatti à Naples, les Vespri Solenni perla Festa dell'Assunzione délia Vergine de Vivaldi à Sienne et Ambronay, Amadigi de Haendel à Rome, les Vêpres de Monteverdi, les Concertos Brandebourgeois en Italie, Espagne et Amérique du Sud, L'Incoronazione de Poppea de Monteverdi au Teatro Liceo de Salamanca, les Vêpres de San Marco à Milan, Saint-Denis, Edimbourg et au Festival de la Chaise- Dieu. En 2007, pour célébrer le 400' anniversaire de la première répresentation de L'Orfeo de Monteverdi, le Concerto Italiano se produit en tournée en Italie, Belgique, Espagne, à l'Accademia Chigiana de Sienne et au . Il participe également au Festival d'Edimbourg dans cinq concerts montéverdiens.

.33 CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA RÉGIE PERSONNALISÉE DE L'OPÉRA NATIONAL DE BORDEAUX

Représentants de la Ville de Bordeaux Représentants de l'Etat Dominique DUCASSOU. Président François BROUAT Sarah BROMBERC, Vice-présidente Patrick LE DAUPHIN-DUBOURG

Stephan DELAUX Représentant du Conseil régional d'Aquitaine Laurence DESSERTINE Françoise CARTRON Jean-Michel PEREZ Anne WALRYCK

OPERA NATIONAL DE BORDEAUX Thierry FOUQUET, Directeur

Charles JUDDE Gérard LION Isabelle MASSET Kwamé RYAN Directeur Directeur adjoint Directrice adjointe Directeur artistique et musical de la danse administratif et financier artistique de l'ONBA

DIRECTION ARTISTIQUE Alain BONNEAU Service et atelier accessoires Atelier couture Michel COMES Etienne BOULLIER NN Arme-Hélène BRIÈRE-BRARD Jean-Michel MORLAAS Johannes HAIDER Peter SCHULER Chantai MOREAU Alain MERKES Laurent CAMINADE Serge DELHOUME Marc JAUDARD Corinne DONADEO Bernait) AUZIMOUR Fabrice DOURCADOU Manuel MUNOZ Josiane GAUZET Alexandre BOIS Bruno OUVRARD Danielle RAFFENEAU Corinne RUIZ Gabrielle CAYROLLAVIALE Richard CARTIER Jean-Paul GERBAUD Pascal CASTERA Atelier déco-costumes Virginie BARDY Fernando GARCIA Service sonorisation Chantai CRAFFOUILLERE Éric DALMAY Sébastien LAPOUJADE Lionel SOULARD Myriam ROBITAILUÉ Fabrice LEBRETON Chauffeurs Gilles MARTIN Service costumes Anyl ABOUDARAM Jean-Jacques MEDAN habillement perruques Jean-Claude CASSIN Jean-Marc FONTANA Yann MORIN Francis PROUST Marie-Christine GORCE Geoffrey STYLES Francis ROS Hervé RAMOND Christian SAUVEAU Jeanine DELANNOY DIRECTION TECHNIQUE Tom VAN LEEUWEN Joëlle HENRIC Services intérieurs Josiane ROSSI Ciulio ACHILLI Abdelkader EL BAZZOUNI Sécurité et travaux Catherine TRICARD Susan CAPDEQUI Service électrique Bernard GARRAN Michaël LACROIX Atelier décors Marc PINAUD Samuel OLIVEIRA NN Claude GRACIET Philippe ROSSI NN Luc VALEIX Service entrée des artistes Pierre CARO Patrick CHAPOUIL Yves ALLEMAND Thierry ACHARD Laurent DELEBARRE Hervé CONSTANT Serge CARCAUZON Monique DUCLOS Marie-Josèphe Jean ORRETEGUY Ludovic NOGUES DUBERTRAND Éric VERGEZ Philippe DUPONT Lydia PESCAGLINI Cathy CASSIAN Pascal GUIRAUD Serge PRATS Corinne RENARD Christophe CHATONNET Carlos GONZALEZ Manuel RAMOS Vincent DAGNEAU Dorothée JANZER Maurice RATEL Service machinerie Patrice MALAVAL Gérard LAPERLE Jean-Marc VASQUEZ Emmanuel MANDEMENT Axel NUNEZ FALCETO Dominique VASQUEZ Julien PINTO Patrick VERGNAUD Jean-Pierre BEAU Sauveur RICCI DIRECTION DES PUBLICS DIRECTION DES Entretien et nettoyage ET DU DEVELOPPEMENT RESSOURCES HUMAINES

Guy DARNICHE Anne-Sophie Michèle TISON Howard BOUYXOU BRANDAUSE Violette BELARD DU Christine CASSAT Béatrice OLIVEIRA PLANTYS Valérie DOOR Marie-Christine FOSSAT Valérie HIBA Communication Alain GRAFFOUILLERE Marie MARY Laurent CROIZIER Véronique GRUMEL Jean-François MERCIER Delphine RABA Marie-Madelaine OROSZ Camille GIRARD Anne-Marie PRZYBYLSKI Marion MAISONNAVE ORCHESTRE NATIONAL Marie-Hélène SICARD BORDEAUX AQUITAINE Anne-Sylvie MENUT

Marie-Ange RAPITEAU Kwamé RYAN DIRECTION ADMINISTRATIVE André SIOT ET FINANCIERE Administration des salles / développement des publics Chantai BOENTE-SUAREZ Sylvie GALAN Didier HONNO Nathalie PETIT Alain ROCHE Stéphanie PRIVAT Laurent DREANIC Gervaise CARBONNIER Danièle FERRON-RAOUL Corinne CAZENAVE Régie comptable Karine FOURRÉ Pascal COLIN Sonia KOSZYCZARZ Pierre-Alain ROUDIER Corinne AUGUIN Jocelyne LALLOZ Didier SIMON Gilbert TURLAN Muriel BARRERE Catherine LILLET Bertrand TASTET Françoise DUVERNEUIL Jean-François VACELLIER Jean-Pierre SANCHEZ Développement commercial BALLET DE L'OPÉRA Service finances Sophie CAPBERN NATIONAL DE BORDEAUX

Philippe BOUBILA Sophie LABORIE Charles JUDE Joséphine BROTO-BENAC Éric QUILLERÉ Martine MAUCHAMP-FAUX Action culturelle / médiation Fabienne LAGRANGE Hélène VINTRAUD Courses,reprographie, Michèle TENIER courrier Aurore SALLABERRY Leo SMEKAL Jean-Pierre TENIER Éric CORONADO Jean-Pierre LAVIELLE Océane DRÉANIC Martine PICOT-STEVENS Jean-Pascal ROY (Prog. jeune public) CHŒUR DE L'OPÉRA Informatique Evelyne BRU (Rectorat) NATIONAL DE BORDEAUX

Édouard BUDO Jacques BLANC

Céline DA COSTA Marchés publics Martine MARCUZ Jean-Marc MARTINEZ Lidia BREIDENSTEIN -DROZ-BARTHOLET Philippe MOLINIÉ 02.9(^00? -OOG

Table des matières

L'Essentiel p. 4

Synopsis p. 7

EDOUARD MULLER-MOOR Alessandro Scarlatti p. 9

INGRID VON WANTOCH REKOWSKI Entretien : Un tableau vivant p. 13

Livret p. 19

Biographies des artistes p. 29

L'Opéra National de Bordeaux tient à remercier le Théâtre de La Monnaie de Bruxelles pour l'utilisation des textes du programme et pour sa précieuse collaboration.

Éditeur responsable : Opéra National de Bordeaux - 05 56 00 85 20 - N°' Opéra National de Bordeaux : 331559-T1 331560-T2 331561 -T3

Rédaction, réalisation, iconographie et maquette : Direction des Publics et du Développement, Département Communication : Camille Girard, Marion Maisonnave, Anne-Sylvie Menut, Marie-Ange Rapiteau, sous la direction de Laurent Croizier, avec la collaboratior de Béatrice Oliveira.

Impression, compogravure : Imprimerie Sammarcelli.

Crédits photographiques : Johann Jacobs - La Monnaie 2007 (couv. et pp. 6, 12, 16 et 17) — Collection Laurent Croizier (p. 8) — D.R. (pp. 4 et 18)

Contact presse : Canal com 05 56 79 70 53 - [email protected]

Juillet 2008 LA VERGINE DEI DOLORI

Opéra National de Bordeaux

:arlatti | créé en 1717

Grand-Théâtre Juillet 2008

n° 7 Saison 07/08 prix : 8€ OYSTER PERPETUAL LADY-DATEJUST PEARLMASTER

Sans l'incroyable maîtrise technique dissimulée à l'intérieur de son boîtier, la Lady-Datejust Pearlmaster ne serait qu'un magnifique bijou. Elle représente la quintessence de l'harmonie grâce à un choix subtil de matériaux parmi les plus nobles, de pierres précieuses et de cadrans rivalisant de séduction. Robuste et parfaitement étanche, mais aussi gracieuse et raffinée, la Lady-Datejust Pearlmaster est tout simplement irrésistible. ROLEX.COM MORNIER HORLOGER-JOAILLIER 1, RUE SAINTE-CATHERINE - BORDEAUX - TÉL. : 05 56 44 82 83