André Larquié président Brigitte Marger directeur général Pour le deuxième volet de sa carte blanche, l’altiste allemande Tabea Zimmermann vendredi a sélectionné, pour la cité de la musique, les pages de la musique de chambre 10 novembre - 20h Zoltán Kodály qui lui sont chères et les interprétera avec ses amis musiciens. Comme la sai- salle des concerts Sérénade, pour deux violons et alto, op 12 son passée, elle illustre, avec la générosité qui lui est coutumière, ce qu’elle allegramente/sostenuto ma non troppo, lento ma non entend par « musique de chambre », c’est à dire « une identification collective à troppo, vivo une œuvre, sans hiérarchie aucune ». durée : 20 minutes

Isabelle Faust, Daniel Sepec, violons Thomas Riebl, alto

Antonin Dvorák Quintette à cordes, en mi bémol majeur, op 97 allegro non tanto, scherzo, larghetto, allegro giusto durée : 30 minutes

Isabelle Faust, Daniel Sepec, violons Tabea Zimmermann, Thomas Riebl, altos Eric Couturier, violoncelle

entracte

Frank Bridge Lament, pour deux altos durée : 9 minutes

Tabea Zimmermann, Thomas Riebl, altos

Johannes Brahms Sextuor à cordes n° 1, en si bémol majeur, op 18 allegro ma non troppo, andante ma moderato, scherzo (allegro molto), poco allegretto e grazioso durée : 35 minutes

Daniel Sepec, Isabelle Faust, violons Tabea Zimmermann, Agathe Blondel, altos Jean-Guihen Queyras, Eric Couturier, violoncelles Ces concerts sont enregistrés par Radio France et seront diffusés sur France Musiques. carte blanche à Tabea Zimmermann carte blanche à Tabea Zimmermann

Zoltán Kodály Pédagogue, ethnomusicologue, organisateur infati- de la musique de chambre, le Quintette op 97 évolue Sérénade, gable de la vie musicale, Kodály jouit dans son pays dans des couleurs ambiguës, où la nostalgie affleure pour deux violons et alto, d’une reconnaissance et d’une notoriété qui ont mal- souvent sous les passages enjoués – des harmonies op 12 heureusement peu passé les frontières de la Hongrie. mineures viennent fréquemment ombrer les tonalités La faute en est certainement due au barrage de la majeures. C'est d'airs américains que l'œuvre s'ins- langue hongroise, élément crucial dans une œuvre pire, en particulier de chansons et de danses essentiellement vocale ; elle tient également à l’évo- indiennes. On ne trouve dans l'œuvre aucune de ces lution stylistique très restreinte de Kodály, en regard de danses tchèques, au premier chef la frénétique furiant, son ami Bartók, et à la récupération qu’opéra de son dont Dvorák était si friand ; on reconnaîtra même œuvre le gouvernement communiste d’après-guerre dans le scherzo les accents d'une square dance. (bien qu’il se soit dressé vigoureusement contre le Pourtant, la Bohême n'est jamais bien loin, recon- régime), faisant de lui, à son corps défendant, le chef naissable dans les rythmes autant que dans les tour- de file d’une clique d’épigones. Pourtant, Kodály est nures de certaines mélodies. Et la partition distille, loin du compositeur académique et folklorique qu’on particulièrement dans l'épisode central du scherzo imagine trop souvent : pour preuve pour l’éblouis- et dans le thème et variations (troisième mouvement), sante floraison de musique de chambre qui, au une mélancolie et une nostalgie très proches de la moment de la Première Guerre, assura sa renommée dumka, cette rêverie passionnée qu’illustra Dvorák à internationale. Sans atteindre la portée des sonates maintes reprises. pour violoncelle (l’instrument fétiche de Kodály), la Sérénade op 12 (1920) vint cependant clore cette Frank Bridge Si le nom de Frank Bridge (1879-1941) est aujour- série avec une originalité qui fit l’admiration de Bartók. Lament d’hui connu hors d’Angleterre, c’est avant tout grâce Particulièrement séduit par les sonorités fantoma- à son unique élève, Benjamin Britten. Enthousiasmé tiques du finale, ce dernier releva en outre l’usage dans son enfance par le poème symphonique The très personnel fait par Kodály de la tonalité, la richesse Sea (La Mer), Britten rendit plus tard hommage à son de l’invention mélodique et la concentration de l’écri- professeur dans ses Variations sur un thème de Frank ture : des domaines où, bien sûr, il devait avancer Bridge pour orchestre à cordes. Comme celles d’Elgar, plus loin encore… qu’il suit d’une petite génération, et de Vaughan Williams, son aîné de sept ans, la réputation interna- Antonin Dvorák Comme la Symphonie « du Nouveau Monde », le tionale de Bridge souffrit de son insularité. Outre- Quintette à cordes, Quatuor à cordes n° 12 et la Sonatine pour violon et Manche, cependant, ce fut un musicien très respecté, en mi bémol majeur, piano, le Quintette op 97 appartient aux œuvres amé- même si sa notoriété connut quelques baisses de op 97 ricaines de Dvorák. Le compositeur tchèque avait régime : on comprit mal son changement radical de accepté la direction de l'école de musique fondée à style, dans les années vingt, lorsqu’il se rapprocha New York par une mécène, Mrs. Thurber, qui voulait de l’École de Vienne et plus particulièrement de Berg. faire de lui le fondateur d'une école de composition Et sa mort, au début de la guerre, fut suivie d’un pur- américaine. Dvorák se trouvait alors au faîte de sa gatoire de deux décennies. maturité artistique et de sa gloire internationale, bien Fils d’un chef d’orchestre de music-hall, il exerça très loin de ses débuts confidentiels, quand Brahms le jeune ses talents de violoniste au sein des ensembles prit sous son aile et fit publier ses Danses slaves. dirigés par son père. Après une solide formation au Comme tant de ses œuvres, surtout dans le domaine Royal College of Music, il gagna sa vie comme pro-

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fesseur, comme chef d’orchestre et comme cham- l'Op 18 (1860) rencontra un succès franc et immé- briste, au sein de l’illustre Quatuor Joachim (où il rem- diat. Le jeune compositeur s'y montre pleinement plaça l’altiste, Wirth, en 1906), puis de l’English String maître de l'équilibre instrumental et formel. L'œuvre Quartet. Son œuvre de musique de chambre s’af- s'organise autour du deuxième mouvement, thème firme comme la plus importante en Angleterre avant et variations ample et passionné où, comme dans les Tippett, et c’est en ce domaine que Bridge, compo- autres mouvements, le lyrisme le dispute à la géné- siteur pointilleux qui écrivait lentement, se montra le rosité de l’inspiration. Dans les quatre mouvements, plus prolifique. La plupart de ces pièces appartien- les phrases s'appuient fermement sur la tonique et nent à sa première période créatrice, encore tonale et la dominante, prennent leur élan grâce à de vigou- romantique, traversées le plus souvent d’une mélan- reuses anacrouses : tout y respire l'enthousiasme et colie dont le Lament pour deux altos (1912) témoigne la joie de vivre. avec une grâce particulière. Contemporaine de deux partitions majeures, le Quintette pour piano et cordes Claire Delamarche en ré mineur et le Sextuor à cordes en mi bémol, cette courte page n’a certes ni leur ambition, ni leur audace chromatique, annonçant le Bridge futur. A quelques accords près, cette pièce posthume (éditée en 1981 par le catalogueur de Bridge, Paul Hindmarsh) demeure sagement dans le cadre d’une tonalité bien établie. L’expression se concentre sur ce lyrisme moiré qui sied si bien à l’alto ; en fin connaisseur de l’instrument, Bridge en explore magni- fiquement les ressources.

Johannes Brahms Dans une production qui fait la part belle au piano et Sextuor à cordes n° 1, à l'orchestre, la musique de chambre de Brahms tient en si bémol majeur, une place centrale : vingt-quatre œuvres au total, du op 18 duo au sextuor, dont la composition s'échelonne sur plus de quarante ans. Ces partitions, Brahms leur apporta un soin tout particulier. Elles avancent souvent par deux, comme si le compositeur, qui n'abordait chaque genre qu'une fois sûr d'en maîtriser tous les paramètres, avait alors besoin de frapper deux coups pour assurer sa victoire. Car certaines de ces pages naquirent au terme de véritables combats, surtout celles pour cordes seules, où Brahms ne pouvait s'as- seoir sur sa maîtrise du piano. Les deux sextuors à cordes profitèrent cependant d'une fougue juvénile pour voir le jour en quelques semaines. Aussi direct et robuste que son compère est tourmenté et ambigu,

6| cité de la musique notes de programme | 7 carte blanche à Tabea Zimmermann samedi Wolfgang Amadeus De 1787, ce Quintette est remarquable par l’extrême 11 novembre - 20h Mozart qualité de chacun de ses mouvements mais surtout salle des concerts Quintette à cordes n° 3, en sol mineur, K 516 Quintette à cordes pour l’extraordinaire périple qu’il propose à l’auditeur. allegro, menuetto (allegretto), adagio ma non troppo, adagio en sol mineur, K 516 L’allegro initial est plein de fièvre. Une pulsation inquiète durée : 35 minutes le parcourt de bout en bout – on l’entend même quand elle n’est pas jouée. Le mouvement est troué Daniel Sepec, Isabelle Faust, violons de ruptures – à chaque instant tout semble être remis Thomas Riebl, Tabea Zimmermann, altos en cause. Mozart sait y fractionner son effectif, don- Jean-Guihen Queyras, violoncelle nant souvent la parole aux voix individuelles, de telle sorte que les instruments semblent indéfiniment écha- fauder les tronçons d’un thème qu’il faudrait assem- Arnold Schoenberg bler pour qu’une cohérence lumineuse s’en dégage. Trio à cordes, op 45 durée : 20 minutes Le menuet qui suit n’apporte pas plus de certitude. Il n’a évidemment rien de galant, hérissé qu’il est de Isabelle Faust, violon silences ou d’accords violemment accentués. En son Tabea Zimmermann, alto centre, le trio, console l’intranquilité ressentie, dans Jean-Guihen Queyras, violoncelle le même temps qu’il lui donne, par contraste, un relief saisissant. L’adagio apparaît alors comme le som- entracte met de l’œuvre, habité de désolation. Les sourdines dont les cordes sont munies soulignent l’impalpable de cette musique. Et ce n’est pas tant l’économie Märchenbilder pour alto et piano, op 113 des moyens mis en jeu dans cette musique qui sur- Nicht schnell, Lebhaft, Rasch, Langsam mit melancholi- prend que tout ce qui semble en être retranché. Enfin schem Ausdruck le dernier mouvement ne dissipera pas cette impres- durée : 15 minutes sion. Parce que tout d’abord il est précédé d’un ada- gio où s’entend le renoncement, et qu’il se produit Tabea Zimmermann, alto par un allegro dont la joie, trop tardive semble-t-il, se Pierre-Laurent Aimard, piano drape plutôt d’insouciance, obéissant à un réflexe naturel de pudeur devant l’ampleur de la confession qui vient d’être faite. Arnold Schoenberg Kammersymphonie, op 9 (arrangement d’Anton Arnold Schoenberg Réalisée en un peu plus d’un mois, en 1946, la com- Webern pour quatuor à cordes et piano) Trio à cordes, op 45 position du Trio à cordes fut motivée par un événe- durée : 22 minutes ment traumatisant, précisément relaté par Schoenberg lui-même. Victime d’un arrêt cardiaque, le composi- Daniel Sepec, Isabelle Faust, violons teur expérimenta dans sa chair l’état de mort clinique. Thomas Riebl, alto L’œuvre rend compte du processus qui le conduisit Eric Couturier, violoncelle du néant à la vie mais elle n’épouse pas, note après Pierre-Laurent Aimard, piano note, les contours de ce périple, comme l’avaient fait des partitions romantiques à programme – dans un

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sens presque inverse, Du Berceau jusqu’à la Tombe rée, même retenue (pas vite, indique Schumann), le de Liszt ou la Symphonie fantastique par exemple. Elle ton quelque peu mélancolique, entre ballade et ber- sublime cette expérience, ou pour reprendre un terme ceuse. Tout semble s’animer dans le deuxième mou- du compositeur dans le titre de ses œuvres à forte vement. Le compositeur y exploite largement le connotation autobiographique aussi, elle la « transfi- spectre de l’alto, depuis ses graves (qui donneront gure ». Ce trio témoigne du « combat » pour la survie, au discours son allure bondissante quand ils seront de la « lutte » engagée contre les forces de mort – des joués sur deux cordes) jusqu’à ses aigus traités dans mots bien schoenbergiens depuis L’Echelle de Jacob. de petits motifs tourbillonnants. Le troisième mouve- Il est fait de cinq mouvements plutôt brefs et ment (rapide n’est alors qu’une traduction approxi- « fébriles » (sans jouer sur le mot) qui font alterner une mative de rasch) est d’essence fantastique. Cette quantité considérable de moments contrastés. Ceci page brève – plus fulguration que miniature – est par- se marque dans tous les aspects du vocabulaire courue de tremblements, où l’alto fait merveille à employé : allures, violentes ou calmes, informations cause de son timbre presque rêche. L’œuvre s’achève surabondantes ou raréfiées au contraire, modes de jeu sur ce qui pourrait encore passer pour une berceuse diversifiés à l’extrême... Plus que tout, c’est la variété si cette page terriblement mélancolique n’ignorait le du style qui surprend. Parti d’une utilisation stricte réconfort. A cet égard, les dernières secondes de la des principes sériels, Schoenberg « modère » sou- partition sont exemplaires : un petit sursaut qui sonne vent ceux-ci – on le lui reprocha – jusqu’à faire appa- comme trois points de suspension. raître sous le procédé orthodoxe qu’il inventa d’évidentes réminiscences tonales – dans le lyrisme Arnold Schoenberg La transcription que fit Webern entre 1922 et 1923 tendre ou passionné de certains traits, dans des har- Kammersymphonie, op 9 de la Symphonie de chambre op 9 de Schoenberg monies presque consonnantes sur de calmes balan- pourrait finalement relever du paradoxe. L’original cements. « O alter Duft », comme disait Pierrot ? Le date de 1906 et fut écrit pour un ensemble de quinze tiraillement ressenti par Schoenberg tout au long de solistes. C’est bien la qualité proprement orchestrale, sa vie entre l’ancien et le moderne prend encore ici réalisée à partir d’un effectif de chambre élargi où une tout autre valeur. On dit en effet qu’à l’instant de néanmoins chaque partie a son importance, que nous la mort chacun voit défiler rapidement tout le film de apprécions aujourd’hui et qui confère à l’œuvre sa sa vie... place d’importance dans l’Histoire de la musique et des idées. Comment alors transcrire – et réduire de Robert Schumann Dans l’Opus 113 de 1851, Schumann exploite avec deux tiers l’effectif – sans altérer le sens de l’œuvre ? Märchenbilder, un rare bonheur les spécificités timbriques de l’alto. Notons d’abord que ce sont nos réflexes puristes de pour alto et piano, op 113 L’instrument lui semble particulièrement bien désigné «modernes » qui nous font réagir de cette manière, pour évoquer le monde perdu de l’enfance, et on le ayant assimilé les théories d’authenticité venues du retrouvera deux ans plus tard dans l’opus 132, courant baroque ; que les compositeurs de la Märchenerzählungen, l’une des pages ultimes du Seconde École viennoise ne pensaient pas ainsi, qui compositeur, habitée elle aussi par les contes de fées. ont avant tout favorisé la diffusion des œuvres, compte C’est la simplicité de la texture et de la phrase qui tenu des moyens dont ils disposaient. Ainsi cette frappent dans le premier mouvement, où toujours transcription fut-elle réalisée à des fins qu’on pour- l’accompagnement pianistique reste discret autant rait dire utilitaires, pour compléter les programmes que simple. La forme est tournoyante, l’allure modé- où serait donné Pierrot lunaire. C’est ce qui explique

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le choix de la formation retenue – piano, flûte, clari- dimanche nette, violon et violoncelle, ou dans une version alter- 12 novembre - 16h30 native, piano et quatuor à cordes. salle des concerts Concerto brandebourgeois n° 6, en si bémol majeur, Des cinq instruments voulus par Webern, le piano BWV 1051 durée : 20 minutes est le seul qui soit absent de l’original schoenbergien. concert-atelier allegro, adagio ma non troppo, allegro On doit écouter comment le transcripteur justement veut éviter qu’il comble les « vides » induits par la Tabea Zimmermann, Aïda-Carmen Soana*, altos « disparition » de onze instruments solistes sur qua- Jean-Guihen Queyras, Pauline Bartissol*, torze ! Il y parvient souvent, là où un apprenti-com- Thomas Duran*, violoncelles positeur serait tenté d’abuser du clavier. La Nolwenn Le Dauphin*, contrebasse transcription de Webern révèle magnifiquement l’ar- Mathieu Dupouy*, clavecin chitecture de la partition de Schoenberg, ses articu- lations, son squelette – tout ce que l’original lui-même cache sous la luxuriance de son orchestration. Plus George Benjamin essentiel, elle en préserve toute la « sauvagerie », Upon silence, pour mezzo-soprano et cordes dans le cadre d’un effectif somme toute convention- (voir traduction page 17) durée : 9 minutes nel, et elle maintient de bout en bout l’extraordinaire trépidation d’idées qui caractérise cet original ainsi Renato Rivolta, direction que ses qualités foncièrement narratives. Susan Bickley, mezzo-soprano Tabea Zimmermann, Aïda-Carmen Soana*, altos Dominique Druhen Jean-Guihen Queyras, Pauline Bartissol*, Thomas Duran*, violoncelles Nolwenn Le Dauphin*, Esther Brayer*, contre- basses

Paul Hindemith Des Todes Tod, op 23a (voir traduction page 18) Gesicht von Tod und Elend, Gottes Tod, Des Todes Tod durée : 15 minutes

Susan Bickley, mezzo-soprano Tabea Zimmermann, Aïda-Carmen Soana*, altos Jean-Guihen Queyras, Thomas Duran*, violoncelles

* étudiants du Conservatoire de

coproduction cité de la musique, Conservatoire de Paris

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Johann Sebastian Bach Parmi les six Concertos brandebourgeois (dédiés en aux cordes au début de la partition et malgré les chan- Concerto 1721 au margrave Christian Ludwig de Brandebourg, gements fréquents de tempo. La voix énonce les brandebourgeois n° 6, d’où leur appellation de « concertos brandebourgeois »), degrés harmoniques que les instruments disent ou BWV 1051 le Concerto n° 6 se caractérise par un effectif très par- suggèrent. La deuxième section est plus dramatique, ticulier (deux altos, deux violes de gambe, violoncelle, la trame plus sujette aux ruptures, les cordes plus indi- contrebasse et basse continue), privilégiant ainsi les vidualisées. L’ultime section donne l’avantage au lyrisme teintes graves et sombres que les Allemands avaient et au recueillement. Plusieurs raisons l’expliquent. Partie toujours affectionnées depuis le XVIIe siècle ; mais il fait d’un tempo lent, la voix s’adonne plus volontiers aux- aussi référence à l’ancienne formule des concertos véni- mélismes et à la vocalisation de chaque syllabe ; l’effectif tens de la famille Gabrieli (dialogue « concertant » entre des cordes gagne parallèlement en amplitude et en deux groupes instrumentaux). Le début du premier force orchestrales par le jeu d’un contrepoint délibé- mouvement témoigne de cette référence, avec ses har- rément fouillé, avant de se raréfier jusqu’au silence. monies pulsées faisant miroiter de longs accords. Le Enfin, et ceci n’est pas la moindre des raisons, le refrain, reste du mouvement se construit en alternance de ritour- dont les deux mots donnent son titre à l’œuvre, prend nelles (tutti) et de passages solistes (ici d’esprit nettement une place de plus en plus considérable à sa troisième contrapuntiques). L’adagio allège le tissu orchestral pour apparition, en durée et en signification. laisser libre cours à trois solistes (deux altos et violoncelle) sur des formules imitatives. L’allegro final emprunte le Paul Hindemith Des Todes Tod fut écrit en trois jours, du 6 au 8 janvier rythme d’une gigue à l’italienne non fuguée, avec un Des Todes Tod 1922, dans une « urgence » que l’audition du cycle accompagnement simple combiné au principe de varia- confirmera. Cette concentration dans l’effort – « tech- tion (tutti varié par des passages solistes). nique » que le compositeur mit au point pour réagir aux débordements post-wagnériens – garantit l’extrême Emmanuel Hondré expressivité de la partition. Toute l’attention de Hindemith s’est portée sur la clarté du texte qui est chanté. Rien ne George Benjamin C’est en 1990 que George Benjamin écrivit Upon doit nous en distraire. Pour ce faire, le compositeur Upon silence Silence, pour voix de mezzo et cinq violes. L’année sui- réclame de la voix une grande amplitude : depuis des vante, à l’initative de l’Opéra de la Bastille, il en fit une stations dans le grave où elle épouse l’effectif instru- autre version, pour deux altos, trois violoncelles et deux mental, bien particulier, jusqu’à des acmés dans l’aigu contrebasses. (L’accroissement du nombre de musi- sur des mots signifiants. Dans le premier poème, les ciens vient, selon le compositeur, du fait que les violes quatre cordes – comme quatre voix d’un choral – pro- possèdent cinq cordes contrairement aux instruments longent ou soutiennent le chant, mais n’interfèrent jamais « modernes » qui n’en ont que quatre.) L’œuvre suit très avec son propos. Le deuxième poème joue sur l’alter- fidèlement un magnifique poème de Yeats comportant nance puis sur la réunion des altos et des violoncelles trois refrains (dédiés à Jules César avant une bataille, pour rythmer l’énonciation vocale, plus préservée que Hélène à Sparte et Michel-Ange peignant la Sixtine) et un jamais par la simplicité de ces interventions qui font que couplet où l’image d’une araignée d’eau glissant sur les ce morceau s’apparente à une chanson. Dans le dernier flots évoque la méditation qui s’empare de ces trois per- mouvement, la voix est dénudée. Seul un alto lui répond, sonnages à l’un des instants cruciaux de leur vie. d’abord comme une ombre puis comme bourdon. La première section (un couplet et un refrain) privilégie la fluidité du discours, malgré quelques éclats rageurs D. D.

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Long-Legged Fly L’Araignée d’eau Gesicht von Tod und Elend Visage de mort et de misère

That civilisation may not sink, Pour que la civilisation In einer Dämmrung, nah vor Morgenrot, Dans la pénombre, peu avant l’aurore, Its great battle lost, Ne sombre pas, sa bataille Ging ich im feuchten Dunste durch das Land, j’allais par la campagne dans l’humide brume, Quiet the dog, tether the pony Perdue, apaise l’angoisse Tau meine Krone, Nebel das Gewand, la rosée ma couronne, le brouillard mon habit, To a distant post; Du chien, et lie le poney Wegweiser in mir meine arge Not. ma terrible détresse me guidant du dedans. Our master Caesar is in the tent A un piquet à distance Where the maps are spread; Notre maître César est là, Sie führte mich an einer Erdkluft Rand, Elle me conduisit au bord d’un gouffre His eyes fixed upon nothing, Sous sa tente, au milieu des cartes, In deren Tiefen brütete der Tod, où, dans les profondeurs, couvait la mort A hand under his head. Les yeux fixés sur le vide Aus deren Tiefe, dunkelrot umloht, et dont, des profondeurs, cernée de flammes pourpres, Like a long-legged fly upon the stream Et le menton sur le poing. Schöpfte das Elend Schmerzen Hand um Hand. la misère puisait, par poignées, des souffrances. His mind moves upon silence. Comme l’araignée d’eau sur l’eau, Und Tod und Elend mühten sich vor Tag, Et mort et misère s’efforçaient, avant le jour, Son esprit va le silence. Um neu zu rüsten die bestimmten Qualen, de remettre toujours à neuf ces tortures particulières, So wie der Fluch auf mir und allen lag. comme la malédiction était sur moi et sur tous. That the topless towers be burnt Pour que brûlent ces tours plus hautes And men recall that face, Que le ciel, mais que les hommes Und ich ging weinend in den ersten Strahlen Et j’allai, pleurant, dans les premiers rayons Move most gently if move you must N’oublient pas ce visage, bouge Der Sonne, weh, die nicht verlöschen mag, du soleil, hélas, qui ne peut pas s’éteindre, In this lonely place. Doucement si bouger tu dois Und ging, mein Teil der großen Schuld zu zahlen. et m’en allai payer ma part de la grande dette. She thinks, part woman, three parts a child, Dans ce lieu qui est solitaire. That nobody looks; her feet Un peu femme, trois quarts enfant, Practise a tinker shuffle Elle pense : « nul ne regarde », Gottes Tod La Mort de Dieu Picked up on a street. Et remue le pied, comme font Like a long-legged fly upon the stream Les gitans dansant dans les rues. Seid still, ihr Vögelein Silence, petits oiseaux His mind moves upon silence. Comme l’araignée d’eau sur l’eau, In dem dunkeln Wald! dans la sombre forêt ! Son esprit va le silence. Ihr Bienen, tragt jetzt nicht mehr ein Abeilles, ne récoltez plus Und schweiget euren Schall! et faites taire votre bruit ! That girls at puberty may find Pour que les filles pubères Die Welt soll stille stehen, Le monde doit s’immobiliser, The first Adam in their thought, Trouvent l’Adam qu’elles rêvent, Denn Gott ist entschlafen: car Dieu s’est endormi : Shut the door of the Pope’s chapel, Ferme la chapelle du Pape, Man hört den leisen Atem deutlich gehen. On entend nettement le doux souffle qui s’exhale. Keep those children out. Tiens ces enfants à l’écart. There on that scaffolding reclines Car là, sur l’échafaudage, Gott ist des Sinnes müd, Dieu est lassé du sens, Michael Angelo. C’est Michel-Ange, couché, Ganz in die Welt getaucht, tout plongé dans le monde With no more sound than the mice make Qui sans plus de bruit que souris Worin er verglüht, en qui il se consume, His hand moves to and fro. A des mains qui vont et qui viennent. Seinen Atem aushaucht rend son dernier soupir Like a long-legged fly upon the stream Comme l’araignée d’eau sur l’eau, Und das große Auge schließt: et ferme son grand œil : His mind moves upon silence. Son esprit va le silence. Gott will auch leben und sterben, Dieu veut lui aussi vivre et mourir, Drum er sich ein uns gießt. aussi se déverse-t-il en nous. William Butler Yeats (1865-1939) traduit de l’anglais par Yves Bonnefoy (éditions Hermann-Gallimard) Wir empfangen dich, du Fluß, Nous t’accueillons, ô fleuve, Mit unsrer offnen Brust, en notre poitrine ouverte, Wir schwimmen armbreit in dir liebem Guß, nous nageons par brassées en toi, flot chéri, Goldstrom der Lust, courant doré du plaisir Worin wir müssen sein dans lequel il nous faut être Und in deinen Tod sterben, et nous mourons dans ta mort, Ertrinken als in Wein! nous nous y noyons comme dans du vin !

Nun gib uns deine Hand, Donne-nous donc ta main, Ziehe uns zu dir, tire-nous jusqu'à toi, Sei als wir, uns zum süßen Tand, sois comme nous, pour nous douce vanité, O du der Wesen Zier, ô parure des êtres, du Todes Preis und Wesens Thron, prix de la mort et trône de l’être, und aller Seelen Sonne, soleil de toutes les âmes, und Lebenslohn! et salaire de la vie !

16 | cité de la musique notes de programme | 17 carte blanche à Tabea Zimmermann carte blanche à Tabea Zimmermann

Des Todes Tod La Mort de la mort biographies Tabea Zimmermann aux Prooms de Londres Der Tod ist müde worden, La mort est devenue lasse, fait partie des rares instru- avec l’Orchestre sympho- Er strecket sich zur Ruh elle s’étend pour se reposer mentistes de la jeune nique de la BBC et In einem Sommergarten, dans un jardin d’été, génération qui se sont fait Bernard Haitink. Elle a été Die Blumen wachsen ob ihm zu. les fleurs poussent, se fermant sur elle. Sie wachsen hoch empor, Elles poussent très haut, un nom sur la scène soliste sous la direction Aus seinen Elfenbeinern montant de ses jambes d’ivoire internationale comme de chefs tels que Sir Colin Leuchten die frühen Astern vor. luisent les précoces asters. soliste et comme cham- Davis, Michael Gielen, Der Tod liegt ausgestrecket, La mort est étendue de tout son long, briste. Ses partenaires Nikolaus Harnoncourt, Die Blumen steigen auf: les fleurs s’élèvent : favoris sont Gidon Dmitri Kitaenko, Horst Mit Rosenrot bedecket recouverte de rouge rose Kremer, Pamela Franck, Stein, Emmanuel Krivine Endet er seinen Lauf. elle finit son cours. Die Knochen bleichen ganz, Les os pâlissent tout à fait, Thomas Zehetmair, et Yuri Temirkanov. En Verwesen und verwelken pourrissent et se fanent Steven Isserlis, Christian France, Tabea Bei aller Sonnen Mittagsglanz. sous l’éclat de tous les soleils au zénith. Ivaldi, Hartmut Höll, Zimmermann s’est pro- Der Tod wird lauter Leben, La mort devient pleine de vie, Heinrich Schiff et Heinz duite avec l’Orchestre de Er steigt erneut empor, à nouveau elle se lève, Holliger. Elle s’est pro- Picardie, l’Orchestre Ein Knabe, blumenumgeben, enfant entouré de fleurs duite dans de très national de Lille, Aus den roten Asterblättern vor. qui surgit des rouges pétales d’aster, Er geht und leuchtet schön. marche et brille avec beauté. nombreux festivals : l’Orchestre philharmo- Alle Menschen sind gestorben! Tous les hommes sont morts ! Prades, Schleswig- nique de Radio France, Sein Haar fliegt golgog schön im Föhn! Ses cheveux volent, d’un bel or, dans le vent chaud ! Holstein, Lockenhaus, l’Orchestre national de Eduard Reinacher traduction française Hélène Ménissier Marlboro, Kuhmo... et Lyon et l’Orchestre phil- dans toutes les grandes harmonique de séries de concerts en Strasbourg. Elle a donné Europe, Amérique, Japon des récitals à Paris et Israël. Elle a beaucoup (Théâtre des Champs- collaboré avec le pianiste Elysées, Théâtre de la Hartmut Höll (récitals et Ville), Lyon, Rouen, enregistrements). Elle Clermont-Ferrand, s’est produite avec Strasbourg, Metz, l’Orchestre philharmo- Nantes... et participé au nique de Berlin et Festival de la Grange de Bernard Haitink, le Meslay. Outre le répertoire Gewandhaus et Kurt classique de l’alto, Tabea Masur, et l’Orchestre Zimmermann affectionne symphonique de tout particulièrement la Jérusalem et David musique contemporaine. Shallon. Elle a aussi fait György Ligeti lui a dédié ses début aux USA avec une Sonate pour alto solo l’Orchestre symphonique qu’elle a donnée en pre- de Houston avec mière mondiale au Christoph Eschenbach, et printemps 1994, puis

18 | cité de la musique notes de programme | 19 carte blanche à Tabea Zimmermann carte blanche à Tabea Zimmermann pour le Festival Isabelle Faust concert avec de nom- ment aux festivals de Bad orchestre de Jörg il a été le soliste invité du d’Automne à Paris (en compte aujourd'hui parmi breux orchestres de Kissingen, Berlin, Widmann, qui lui est Chamber Orchestra of création française) en les artistes les plus impor- renom tels que la Schleswig-Holstein, MDR dédié, et créera en 2001 Europe avec Claudio novembre de la même tantes de la nouvelle Philharmonie de Musiksommer, Leipzig, le Concerto pour violon et Abbado. En 1991, il a année. Elle a enregistré génération en Europe. Hambourg sous la direc- Lockenhaus, Colmar, aux orchestre de remporté le Prix de la pour Emi avec l’Orchestre L'excellence de sa tech- tion de Sir Yehudi « Musicades » de Lyon, à avec l'Orchestre de la Société Mozart au cin- symphonique de nique ainsi que la Menuhin ; les orchestres Delft et Sarasota en Radio de Münich. Isabelle quième Concours Jérusalem une œuvre de sensibilité particulière de symphoniques des radios Floride. Ses partenaires Faust joue un Stradivarius international de Salzbourg Mark Kopytman. Son son jeu alliée à une de Stuttgart, Cologne, habituels sont Ewa « Belle au bois dormant » à Wiesbaden. Entre 1993 répertoire comprend grande maturité sont Leipzig, Hanovre et Kupiec, Florent Boffard, de 1704, prêté par la et 1996, il a enseigné à la aussi des œuvres de appréciées autant du Saarbrücken ; les Bruno Canino, Pierre- L-Bank Baden- Musikhochschule de Goehr, Penderecki, Rihm public que du monde orchestres de chambre Laurent Aimard, Leonard Würtemberg. Francfort. et Schnittke. En juin musical. Elle reçoit ses de Munich, Stuttgart et Hokanson, Nikolaj 1997, elle a donné (en premières leçons de vio- Heilbronn ; la Lugansky (piano), Norbert Daniel Sepec Thomas Riebl création mondiale) le lon à l'âge de cinq ans et Kammerphilharmonie de Brainin, Joseph est né à Francfort et a est membre du Wiener Concerto pour alto poursuit ses études avec Brême, la Sinfonietta de Silverstein, Salvatore étudié avec Dieter Vorholz Streich Sextett depuis d’Alexandre Goehr à et Stockholm ainsi que des Accardo (violon), Tabea dans cette ville, ainsi 1981. Il a étudié en Aldeburgh (Angleterre). Denes Zsigmondy. En orchestres en Angleterre, Zimmermann, Bruno qu’avec Gerhard Schulz à Autriche, à Vienne, En juillet, elle a reçu le 1987, elle remporte, à en Hollande, en Espagne Giuranna (alto), Natalia Vienne. Il a également auprès de Siegfried Prix international de quinze ans, le Premier et en Italie. Ses tournées Gutman, Clemens Hagen suivi les cours publics de Führlinger avant de l’Academia Musicale prix du Concours interna- l'ont menée dans plu- et Boris Pergamenschikov Sándor Végh et du chan- rejoindre Peter Schidlof et Chigiana (comme aupara- tional Leopold-Mozart à sieurs pays d'Europe, en (violoncelle). Récemment, teur . Il a reçu Sándor Végh à Londres. Il vant Gidon Kremer, Augsburg. En 1990, le Israël et au Japon. Elle fit Isabelle Faust s'est pro- le soutien de la a remporté de nombreux Anne-Sophie Mutter, Prix de la culture « Premio ses débuts aux Etats- duite à Berlin, Stuttgart, Studienstiftung des deut- prix dans les concours Krystian Zimerman, etc.). Quadrivio » de la ville de Unis en 1995 avec le Münich, Londres, schen Volkes et de la internationaux (Munich, Elle a enregistré pour Emi, Rovigo lui est décerné Concerto n° 1 pour violon Bruxelles, Zürich et Milan, Fondation Alban-Berg de Budapest…). En 1982, il Deutsche Grammophon, pour la qualité de son tra- de Paganini avec ainsi qu’au Japon avec Vienne. Il est actuellement obtient le Premier prix à la Philips et Teldec. Tabea vail et elle obtient, en l'Orchestre symphonique des concerts à Tokyo et chef de pupitre de la Naumburg Competition Zimmermann a étudié 1993, le « Premio de l'Utah sous la direction Osaka. En mai 1999, elle Deuschephilharmonie de de New York, ainsi que le d’abord avec Ulrich Koch Paganini » de Gênes, de Joseph Silverstein et a joué à Paris la Brême. Outre cette acti- Ernst Wallfisch Memorial puis avec Sándor Végh. remis pour la première remporta également un Symphonie concertante vité permanente, il se Award. Il est régulière- Elle a remporté les fois à une Allemande. Le succès unanime dans le de Mozart avec Tabea produit régulièrement ment invité par les Premiers prix des prestigieux prix Concerto de Dvorák à Zimmermann et la comme soliste et comme orchestres suivants : concours internationaux Gramophone « Young l'invitation du Netherland Camerata de Salzbourg, chambriste. Il travaille Chicago Symphony, de Genève (1982), de Artist of the Year » est Philharmonic Orchestra et participé en septembre aussi avec la Wiener Orchestre symphonique Paris (1983) où elle reçut décerné à Isabelle Faust au Concertgebouw à la Carte Blanche Akademie (dir. Martin de Vienne, Royal l’alto Vatelot qu’elle joue en 1997 pour son premier d'Amsterdam. confiée à la même Tabea Haselbröck) et la Liverpool Philharmonic, aujourd’hui, et de disque, consacré aux Passionnée de musique Zimmermann. En 1999, Deutsche Orchestre de la Radio Budapest (1984). Sonates de Béla Bartók. de chambre, Isabelle elle créa à Varsovie Kammerphilharmonie (dir. bavaroise, Orchestre de la La violoniste se produit en Faust participe régulière- Sirenen pour violon et Frans Brüggen). En 1995, Radio d’Helsinki ; sous la

20 | cité de la musique notes de programme | 21 carte blanche à Tabea Zimmermann carte blanche à Tabea Zimmermann baguette de chefs tels international d'Helsinki le de Roland Pidoux et Jean Loriod, il vit dès l’âge de Laurent Aimard effectuera Hochschule de Cologne, que Claudio Abbado, récompensent également. Mouillère. Il forme ensuite 12 ans dans l’entourage de nombreuses créations le Conservatoire royal de Horst Stein, Edo de Jean-Guihen Queyras a un duo avec le pianiste d’ dont il et jouera un rôle important La Haye, le Conservatoire Waart, Andrew Davies et participé à de nombreux Laurent Wagschal et étu- deviendra l’un des émi- dans le cadre des national supérieur de Sylvain Cambreling. festivals en Europe et aux die auprès de Christian nents spécialistes. Il musiques nouvelles. Lyon, l’Académie de Comme chambriste, il a Etats-Unis, et s'est pro- Ivaldi et Amy Flammer en complète sa formation P. Boulez (dont il est Budapest, etc. En outre, travaillé avec Jessye duit en soliste avec, cycle de perfectionnement musicale à Londres proche et qu’il joue fré- une présence active dans Norman, Heinz Holliger, notamment, l'Orchestre dans la même institution. Il auprès de l’élève de quemment), les cours d’étés l’a amené Sabine Meyer, András de la Radio de Munich, obtient le Premier prix et Schnabel, Maria Curcio, K. Stockhausen, à enseigner à Avignon Schiff, Oleg Maisenberg, l'Orchestre de la Radio de le Prix spécial au puis à Budapest où il ira G. Kurtág, mais aussi les (Centre Acanthes), Kyoto, Gidon Kremer, Thomas Bâle, l'Orchestre philhar- Concours de Trapani rechercher les précieux jeunes compositeurs Como et Szombathély. Zehetmair, Tabea monique de (Sicile), le Troisième prix conseils de György (comme George Benjamin Soucieux de la formation Zimmermann et Boris Radio-France, la au Concours de Florence, Kurtág. Puis il suivra, pen- et Marco Stroppa) font du public, il réalise des Pergamenschikov… ou Philharmonie morave et le Second prix au dant quatre ans, les partie des nombreux séries de concerts com- avec des ensembles sous la direction de Lord Concours de Trieste. En séminaires d’analyse compositeurs avec les- mentés où il présente comme le Hagen Quartet Yehudi Menuhin. Membre 1995, il est nommé à musicale sur la musique quels il a entretenu une lui-même des œuvres du et le Juilliard Quartet. Il de l'Ensemble l’Orchestre de Paris, avant de Boulez à l’Ircam. Le relation privilégiée et dont XXe siècle afin de rendre est actuellement profes- Intercontemporain depuis d’obtenir le poste de troi- Premier prix du Concours il créera les œuvres. ces styles plus familiers à seur à l’Université Mozart 1990, il a enregistré le sième soliste à l’Orchestre international Olivier- Depuis le milieu des l’auditeur. Ainsi, au cours de Salzbourg et donne Concerto pour violoncelle national de France. Il est Messiaen marque, en années 1980, une chance de la saison 1994-1995, il des master-classes en de György Ligeti sous la lauréat de la Fondation 1973, le début de sa car- exceptionnelle lui a permis a présenté, à Lyon et à Europe et aux États-Unis. direction de Pierre Boulez Natexis-Banque populaire rière internationale. Il se de devenir très proche de Paris, un panorama du chez Deutsche depuis 1999 (avec produira dès lors sur tous György Ligeti, au point de piano au XXe siècle Jean-Guihen Queyras Grammophon ainsi que Laurent Wagschal), et les continents, sous la le jouer de façon quasi incluant 24 œuvres de Né à Montréal en 1967, les Trois Suites pour vio- poursuit avec ce dernier baguette de chefs tels permanente, de créer et styles différents en huit Jean-Guihen Queyras a loncelle seul de Benjamin une carrière de soliste. En P. Boulez, S. Ozawa, de se voir dédicacer plu- concerts-lectures. Il se fait ses études musicales Britten chez Harmonia- octobre 2000, il a été Z. Mehta, S. Celibidache, sieurs de ses Etudes pour produit dorénavant dans à Lyon, Fribourg Mundi. Il est membre du admis comme violoncel- C. von Dohnányi, piano. Pierre-Laurent le monde entier, avec les (Allemagne) et New York. Quatuor à cordes de liste super-soliste à D. Barenboim, Ch. Dutoit, Aimard considère comme plus grands orchestres et Il remporte le Prix du l’Ensemble l’Orchestre de Bordeaux. P. Eötvös, H. Zender, etc. indispensable de mener, les chefs les plus presti- « Meilleur Jeune Espoir » Intercontemporain. Il joue un violoncelle Frank A l’invitation de Pierre parallèlement aux activités gieux, ainsi qu’en récital et au Concours Ravatin et un archet Boulez, il devient, à l’âge de concertiste, celles de en musique de chambre Rostropovitch et le Eric Couturier Georges Tepho. de 19 ans, pianiste-soliste pédagogue : il enseigne la dans les salles les plus Troisième prix au Né le 12 septembre 1972 de l’Ensemble musique de chambre au importantes. Il a récem- Concours de Munich. La à Danang (Viêtnam), il Pierre-Laurent Aimard Intercontemporain en Conservatoire de Paris et ment collaboré avec la Fondation de la Vocation, obtient les Premiers prix à Né à Lyon en 1957, il fait cours de formation. Au le piano à la Hochschule Philharmonie de Berlin, le la Fondation Maurice- l’unanimité de violoncelle ses études musicales au sein de cette formation für Musik de Cologne. Il a Chamber Orchestra of Ravel, la Fondation et de musique de Conservatoire de Paris où dont il sera membre pen- été invité à donner des Europe et le NDR de Parke-Davis en chambre au Conservatoire il reçoit quatre Premiers dant 18 ans, ou Meisterkurse par des insti- Hambourg, l’Orchestre de Allemagne et le Concours de Paris dans les classes prix. Elève d’Yvonne indépendamment, Pierre- tutions comme la Chambre de la Radio

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Néerlandaise, ainsi Conservatoire de Paris, 2000, Premier Grand prix Pierre Boulez, David ORT de Florence, (pour le Glyndebourne qu’avec le Boston dans la classe de Bruno du Concours international Robertson, Markus Stenz, orchestre La Fenice de Festival Opera), Kabanicha Symphony, le Cleveland Pasquier, puis est admise de musique française de George Benjamin, Mark Venise, Orchestre national dans Katia Kabanova, Orchestra et le en cycle de perfectionne- Guérande en 1996 et Forster et Arturo Tamayo. de Porto et Orchestre de Donna Elvira dans Don Birmingham ment de musique de Premier prix du Concours Il intervient dans de nom- Radio France. En 1996- Giovanni, Nan dans New Contemporary Music chambre. Elle étudie international de Sonates breuses saisons 1998, il est chef-assistant Year, Irene dans Theodora Group. En récital, il se fait ensuite avec Tabea de Vierzon en 1997. musicales et festivals tels de l’Ensemble (pour le Glyndebourne entendre, par exemple, à Zimmermman à la Ars Musica Bruxelles, Intercontemporain à touring Opera), Feodor Cleveland, Chicago, Hochschule de Francfort, Renato Rivolta Vitasaari Finland, CDMC Paris. Il collabore égale- dans Boris Godounov Vienne, Amsterdam, en cycle de virtuosité. La a poursuivi en parallèle Madrid, Concertgebouw ment avec le (pour le Royal Opera Francfort, Berlin, jeune altiste se produit des études de philoso- d’Amsterdam, Biennale Conservatoire de Paris House de Covent Hambourg. Pour la réou- avec diverses formations phie, d’humanisme et de de Venise, Wien Modern pour des productions Garden), Dorabella dans verture du Châtelet à en France et à l’étranger, violon, flûte, composition au Musikverein, Fondation d’orchestres, des enregis- Così fan tutte, la Seconde Paris, durant la saison notamment avec et direction d’orchestre au Gulbenkian à Lisbonne, trements et des Dame dans La Flûte 1999-2000, Pierre- l’Ensemble Conservatoire de Milan. Radio France à Paris, séminaires de direction. Il enchantée, Andromaque Laurent Aimard a été Intercontemporain, Ses principaux profes- Festival Musica à enseigne la musique de dans King Priam, chargé d’une programma- l’Opéra de Paris... Elle est seurs ont été Sándor Strasbourg, Archipel à chambre (moderne et Kurfurstin dans Le Prince tion spéciale et originale : l’invitée de différents festi- Végh (pour la musique de Genève, Grame à Lyon, contemporaine) au de Hombourg et Meg six « ateliers-concerts » vals (Allemagne, Bulgarie, chambre au Salzburger Festival Milano Musica, Conservatoire de Musique Page dans Falstaff (pour comprenant chacun une Chypre, Italie, France : la Mozarteum), Franco Festival Berio à la Scala, de la ville de Milan. l’English National Opera). œuvre du XXe siècle pour Roque d’Anthéron, les Donatoni et Péter Eötvös. Festival Présences, De surcroît, Susan Bickley piano et ensemble instru- Rencontres musicales de Il enrichit sa carrière d’in- Centre Georges Susan Bickley incarne Kabanicha à mental associée à des Haute-Provence, le terprète par quinze ans Pompidou, Ircam, BBC Née à Liverpool, elle étu- l’Opéra de Paris, Octave genres tout aussi variés Musée d’Orsay...) et se d’expérience comme Londres et Edimbourgh... die la musique à la City dans Le Chevalier à la que la musique ancienne, produit régulièrement en musicien d’orchestre avec Il dirige les meilleurs University de Londres et à Rose pour le Hong Kong la musique ethnique, la direct sur France les meilleurs orchestres ensembles internationaux, la Guildhall School où elle Festival, Hérode dans « musique des rues », et Musiques. Lauréate des italiens (tels que la Scala, tels que l’Ensemble remporte une Médaille Salomé pour le San le cinéma. Concours internationaux l’Orchestre de la Radio de Intercontemporain, d’or de chant. Elle fait ses Francisco Opera, la d’alto Lionel-Tertis Turin, la Fenice de Venise) l’Ensemble Modern, débuts à l’Opéra jouant le Sorcière dans Dido et Agathe Blondel (Angleterre), Maurice- et musicien chambriste. l’Itinéraire, 2e2m, rôle de Proserpina dans Aeneas, La Comtesse Admise en 1990, à l’âge Vieux en 2000, Premio Ensuite, Renato Rivolta se Klangforum Wien, Nieuw l’Orfeo de Monterverdi au Geschwitz dans Lulu pour de 16 ans au Valentino Bucchi de Rome consacre à la direction Ensemble d’Amsterdam, Maggio Musicale de l’Opéra des Flandres ; elle Conservatoire de Lyon, en 1997, et Premier prix d’orchestre avec un inté- Nederlands Blazers, Ex Florence. Elle interprète joue aussi Kostelnicka elle y obtient le Premier du Concours international rêt particulier pour la Novo, Edgar Varèse, Florence Pike dans Albert pour le New Israeli Opera, prix d’alto et y poursuit Jean-Françaix en 1998, musique contemporaine. Endymion Ensemble Herring, Marcellina dans Clytemestre dans ses études en cycle de Agathe Blondel est égale- Depuis 1989, il collabore London, Israel Les Noces de Figaro, Agamemnon de Laman perfectionnement en ment Premier prix du avec Péter Eötvös, au Contemporary Players, Kostelnicka dans Jenufa, au Holland Festival en 1994. Elle intègre en 1996 Concours international de début en tant qu’élève, Musica Nova Tel Aviv, Hippolyte dans Le Songe 1997, Penelope dans Le le cycle de perfectionne- Musique de Chambre puis en tant qu’assistant. Kammerensemble Neue d’une nuit d’été, Mrs Retour d’Ulysse avec The ment d’alto du Vittorio-Gui à Florence en Il travaille également avec Musik Berlin, orchestre Sedlley dans Peter Grimes Sixteen à Lisbonne et

24 | cité de la musique notes de programme | 25 carte blanche à Tabea Zimmermann carte blanche à Tabea Zimmermann

Ottavia dans Nicholas Maw, le Requiem d’alto au Conservatoire de Musikfestival, et plusieurs Thomas Duran L’Incoronazione di Poppea Canticles de Stravinsky Paris, dans la classe de fois aux Berliner obtient le Diplôme de avec le Purcell Quartet au aux BBC Proms, la Messe Gérard Caussé. Elle a par- Festwochen où elle a col- Formation supérieure de Japon. Récemment, Solennelle de Beethoven ticipé à des master- laboré avec Natalia violoncelle avec mention Susan Bickley a chanté avec les Arts Florissants à classes de niveau interna- Gutman, Kolja Blacher, très bien au Conservatoire Baba the Turk dans le Vienne et à Paris. Elle se tional (Wolfram Christ, Rainer Kussmaul, Wolfram de Paris en 2000 dans la Rake’s Progress au produit avec les chefs Thomas Riebl, Caren Christ et Georg Faust. classe de Philippe Muller. Festival de Glyndebourne, d’orchestres suivants : Tuttle, Bob Vernon...) et a Depuis plusieurs années, Juno dans Semele à Andrew Davis, Gennadi réussi de nombreux elle joue en duo avec le Nolwenn Le Dauphin l’English National Opera et Rozhdesvensky, Nicolas concours ; elle reçoit pianiste Stephan Kiefer. est en deuxième année de Ghost dans The Last McGegan, Paul notamment le Prix Elle a fondé le Aida Piano contrebasse dans la clas- Supper de Birtwistle (à McCreesh, Mark Stennebrüggen de Quartett ainsi qu’un duo se de Jean-Paul Celea au Glyndebourne et au Wigglesworth, Oliver l’Académie Carl-Flesch de alto/violoncelle. En avril Conservatoire de Paris. Straatsoper Unter den Knussen, William Christie Baden-Baden. Depuis 2000, elle joue la Sinfonia Linden de Berlin sous la et Robert King. 1997, elle est boursière du Concertante de Mozart au Jean-Baptiste Sagnier direction de Daniel Prochainement, elle est gouvernement allemand, Osterfestspiele Luzern est en quatrième année Barenboim). Elle reçoit de invitée au Festival de et reçoit, sur la recom- avec le violoniste Renaud de contrebasse dans la nombreux engagements Glyndebourne, à l’English mandation de Claudio Capuçon. Aïda-Carmen classe de Jean-Paul Celea avec les orchestres tels National Opera, au Teatro Abbado une bourse de Soanea joue sur un alto au Conservatoire de Paris. que le London Symphony, Carlo Felice de Gênes ; l’état du Schleswig- Mario del Bussetto du le Philharmonia Orchestra, elle sera aussi en concert Holstein, en tant que XVIIe siècle, qui lui a été Mathieu Dupouy le London Philharmonic, le avec le Scottish Chamber membre de l’Orchestre généreusement prêté par obtient le Prix de clavecin Hallé Orchestra, la BBC Orchestra et les Gabrieli des Jeunes Gustav- la Deutsche Stiftung avec mention très bien et Symphony, l’Orchestra of Consort and players. Mahler (dont elle est le Musikleben. En septembre à l’unanimité en 2000 the Age of Enlightenment, premier alto depuis 1997). 2000, elle a été finaliste au dans la classe de le London Sinfonietta, Aïda-Carmen Soanea Au sein de cet orchestre, Concours international de Christophe Rousset. Il est Sinfonia 21, le Nash est née à Lassy en elle joue sous la direction l’ARD de Munich. actuellement en cycle de Ensemble, les Saint Roumanie. Sa famille part de grands chefs comme perfectionnement au James Baroque Players, pour l’Allemagne en 1987. Abbado, Boulez, Byshkov, Pauline Bartissol Conservatoire de Paris. Les Arts Florissants et Elle étudie avec Barbara Fisher... et dans les plus obtient le Diplôme de l’Ensemble Westphal à la Hochschule importants centres musi- Formation supérieure de Intercontemporain ; elle a für Musik Lübeck. A partir caux d’Europe et violoncelle avec mention technique aussi donné des récitals de 1995, elle est l’élève d’Amérique du Nord très bien au régie générale avec le Quatuor Allegri, le de Kim Kashkashian, (Tanglewood, Salzbourg, Conservatoire de Paris en Didier Belkacem Quatuor Brodsky et d’abord à Freiburg puis à Londres...). En tant que 1999 dans la classe de régie plateau Fretwork. En concert, elle la Hochschule für Musik soliste, elle se produit aux Philippe Muller. Elle est Pierre Mondon a notamment interprété le Hanns Eisler Berlin, où elle Musikfestspiele actuellement en première régie lumières Requiem de Ligeti au obtient son diplôme en Sanssouci, Festival année de pédagogie. Valérie Giffon Festival de Salzbourg, 1999. Elle entre alors en Mecklenburg- régie son Scenes and Arias de cycle de perfectionnement Vorpommern, Rheingau Gérard Police

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