L'ILLUSTRATION JOURNAL UNIVERSEL

PRIX DU NUMÉRO : 7 S CENTIMES 43e ANNÉE. — VOL. LXXXV. — N° 2208. P R I X D’ABONNEMENT Collection mensuelle : 3 fr.— Volume semestriel : 1 8 fr. & DÉPARTlI;::;T3 : 3 m ois, 9 fr.; 6 mois, 18 fr.; un an, 36 fr. Les demandes d'abonnement doivent être affranchies et accom­ SAMEDI 20 JUIN 1885 pagnées d'un mandat-poste ou d'une valeur à vue sur Paris au ÉTRANGER : Pour tous les pays faisant partie de l’Union postale : nom du Directeur-Gérant. BUREAUX : 13, RUE ST-GEORGES, PARIS 3 mois, Il francs; 6 mois, 22 francs; un an, hh fran cs

L’AMIRAL COURBET D’après la photographie de M. Appert. Toutefois, il a un ennemi qui pourrait bien lui jouer du rapport de M. Mesureur sur la dénomination des voies quelque mauvais tour: c’est son manque de décision. publiques. Conformément aux observations de MM. Strauss Yoilà deux ou trois fois déjà que, par des hésitations et Gamard, le Conseil a repoussé par 42 voix contré 23, sur 65 votants, la proposition tendant à la révision des malencontreuses, il annule l’effet de ses succès. A pro­ noms de rues et à la suppression des noms de saints et de h i s t o i r e d e l a s e m a i n e pos des funérailles de Yic'or Hugo, s’il eût lui-même saintes. pris l’initiative de proposer le Panthéon, il se fut * * * acquis auprès des masses une popularité dont il aura peine à ressaisir l’occasion. Dans nos relations exté­ Le Journal officiel vient de publier les chiffres du com­ merce extérieur de la pendant les cinq premiers mois rieures, après s’être bien tenu — non sans succès — de l’année 188;. Ces chiffres, comparés à ceux de l’année Il fait bien chaud, il fait bien calme, il fait dans l’affaire du Bosphore, il vient de fléchir plus qu’il 1884, indiquent une amélioration notable dans notre situa­ bien sec; et la politique est tout juste ne faudrait dans l’affaire de Tunis. Cela ne lui fait pa', tion commerciale. Le chiffre total des importations est de comme le temps. quant à présent, grand tort, mais c’est de mauvais au­ très peu inférieur à celui de l’année dernière. Mais il se La paix est faite avec la Chine. C’est gure pour les difficultés à venir. décompose d’une façon toute différente. C’est ainsi que bien la paix, cette fois, et les signatures Quand je vous disais que cette affaire de Tunis ferait l’importation des matières premières a passé de 953,439,000 sont données. Mais, franchement, pour faire cette à 966,586,000, soit une augmentation de treize millions et quelque bruit, je ne pensais pas que l’explosion dût en que l’importation des produits fabriqués est descendue de paix-là, ce n’était pas la peine de se battre pendant être aussi immédiate. Or, depuis quelques jours, les quatorze mois, de dépenser cent cinquante millions, 258,363,000 à 245,212,000 soit une diminution de treize journaux en sont pleins. On s’accorde généralement à millions, qui correspond exactement à l’augmentation cons­ de faire tuer dix mille hommes et de faire mourir à la reconnaître que tout ne va pas pour le mieux dans no­ tatée sur l’entrée des matières premières. A l’exportation, peine l’amiral Courbet. tre royaume barbaresque. Les autorités françaises y la différence totale, au bénéfice de 1885, est de quarante Car cette paix qu’on vient de signer nous donne sont en plein conflit, un conflit à quatre, un conflit millions et demi. L’exportation des matières premières s’est tout juste ce que nous donnait le traité de Tien-Tsin croisé — comme un quadrille de lanciers — et la Tu­ élevée d’environ dix millions ; l’exportation des objets fa­ et trois millions de moins que ne nous accordaient les nisie goûte — sans grand plaisir, à ce qu’il semble — briqués est en augmentation de 36,319,000 fr. C’est un offres faites par la Chine avant notre débarquement à résultat particulièrement heureux et il faut espérer que les douceurs de l’anarchie. M. le ministre-résident cette amélioration se soutiendra. Ké-Lung. Yoilà ce qu’il nous en coûte pour avoir été Cambon est en guerre avec M. le général commandant * un peu trop pressés à Bac-Lé et pour avoir manqué de le corps d’occupation, M. Boulanger, lequel n’èst pas * * sang-froid et de mesure dans les négociations qui ont en paix avec la justice, représentée parle président du Grande-Bretagne. — La crise ministérielle. Le minis­ suivi. « Ces choses-là se paient » disait M. Ferry à la tribunal, M. Pontois, lequel, à son tour, est en parfait tère Gladstone, mis en minorité dans une question de Chambre. Eh ! bien, ce qui se paie le plus cher, ce désaccord avec M. le ministre-résident. D’ailleurs le finances, le 9 juin, a donné sa démission. On discutait en sont encore les fautes des ministres et l’aveuglement bey, Si-Ali, se fâche qu’on le tienne en tutelle par deuxième lecture le budget des recettes et, à ce propos, des Chambres. Nous venons d’en faire l’épreuve. trop serrée, et l'héritier présomptif, Taïeb—Bey, sé­ un amendement tendant à rejeter toute augmentation des La mort de l’amiral Courbet, plus encore que la paix questré comme un simple prévenu, réclame vainement droits sur les esprits et les bières, mais proposant une aug­ mentation correspondante sur les vins. avec la Chine, provoque ces réflexions médiocrement la permission de venir en France. Dès qu’il prend un flatteuses pour M. Ferry. Même, du premier coup, fiacre pour faire un tour de promenade, M. Cambon Les ministres repoussaient l’amendement, et M. Glads­ peut-être est-on allé plus loin que la juste mesure. met l’embargo sur les paquebots qui partent de la Gou- tone avait posé la question de cabinet. 264 voix contre lette. On le « réconcilie » sans qu’il le sache avec le 252 ont adopté l’amendement. Les conservateurs l’ont em­ Dans les couloirs de la Chambre ce n’a été qu’un cri porté grâce aux parnellistes qui ont voté avec eux. lorsqu’on a appris la nouvelle : « L’amira! est mort ? bey son frère, avec qui, d’ailleurs, il n’était pas le moins du monde brouillé, et on lui supprime, sans autre La reine a accepté la démission du ministre et a appelé Ah 1 c’est bien M. Ferry qui l'a tué! » le marquis de Salisbury à Balmoral, où elle se trouve en ce Sans doute, il y a quelque chose de vrai là-dedans; forme de procès, ses revenus et son traitement. De moment. Le marquis de Salisbury a accepté la mission de mais c’est pousser un peu loin la sévérité. Le fait est sorte qu’un de ces jours, on verra dans les rues de former le nouveau cabinet. que l’amiral Courbet, fatigué par une campagne péni­ Tunis l’héritier présomptif du trône faire le portefaix ble — ces mers de Chine sont si dures! — avait de­ pour avoir à déjeuner. C’est drôle comme un conte des Mille et une nuits. Mais c’est vraiment trop de fantaisie mandé son rappel après le bombardement de Fou- Suède et Norvège. — Le royaume de Norvège, qui Théou. L’expédition de Formose, pour plus d’une pour le sérieux du gouvernement français. possède son ministère particulier, n’était cependant pas bonne raison, ne lui plaisait pas. Le climat malsain, la admis jusqu’ici à prendre sa part d’influence dans la direc­ mer sournoise, les ports mauvais, les côtes sans abri, tion des affaires étrangères ; c’est le ministère suédois seul les défenses de l’ennemi redoutables, tout à Formose qui en était chargé. Cette inégalité de droits va cesser pro­ Sénat. — Séance du g juin : Commencement de la dis­ bablement. Le roi Oscar II vient de charger les ministres l’inquiétait. L’insuffisance de ses forces le condamnait cussion en première lecture de la loi sur les sociétés de de la justice des deux royaumes de préparer une loi addi­ à des échecs d’avance prévus et les dépêches qui lui secours mutuels. Discussion générale. Adoption de l’ar­ tionnelle à l’Acte d’union de 1815, d’après laquelle trois commandaient — pour des besoins parlementaires — ticle I er. membres du cabinet norvégien participeraient dorénavant des victoires à jour fixe achevaient de rendre meurtrière Séance du Il : Suite. — L’article 2, qui règle les condi­ à toutes les délibérations relatives aux affaires extérieures. une campagne que ses difficultés naturelles rendaient tions de formation imposées aux sociétés de secours mutuels Mais, d’après une disposition assez défectueuse de l’Acte déjà si pénible. est l’objet d’un long débat entre MM. Lenoël, Lacombe, d’union, la loi additionnelle adoptée et votée par les Cham­ En tout cas, la mort de l’amiral Courbet a produit de Marcère, deGavardie, Tolain, Griffe, Bérenger, auxquels bres respectives des deux royaumes n’entrera pas immé­ diatement en vigueur. En effet, en Suède et en Norvège, une impression très vive. La séance de la Chambre a MM. Léon Say, rapporteur, et Denormandie répondent au toute modification constitutionnelle doit être votée par deux été levée en signe de deuil et il est certain que des nom de la commission. M. Allain-Targé, ministre de l’in­ térieur, intervient également. Le Sénat renvoie l’article à législatures successives. Par suite de cette disposition, le funérailles splendides seront faites à l’amiral. la commission et la suite de la délibération est ajournée. projet une fois adopté sera mis de côté, et quand les Cham­ Puis, il y a un résultat politique dont il faut bien bres actuelles seront arrivées à l’expiration de leur mandat, Séance du 13 : Nouvelle discussion relative à l’article 2 il sera soumis de rechef aux nouvelles Chambres. C’est tenir compte : c’est le discrédit immédiat qui en rejail­ du projet concernant les sociétés de secours mutuels. Cette lit sur M. Ferry. alors seulement, après une deuxième adoption, que viendra discussion est tout aussi confuse que la première et le Sé­ la sanction royale suivie de la promulgation de la nouvelle Depuis trois semaines, les affaires de M. J. Ferry nat, de guerre lasse, renvoie la loi à la commission et la loi. Il s’écoulera ainsi environ quatre ans avant que la par­ vont mal. La débâcle a commencé par la déroute de retire de l’ordre du jour. — Première délibération de la ticipation directe de la Norvège aux affaires extérieures M. Lelièvre dans l’interpellation sur les désordres du proposition de loi sur les nullités de mariage et les modi­ devienne effective et légale. fications au régime de la séparation de corps. L’article Ier Père-Lachaise. Il est vrai que les ferrystes avaient * est renvoyé à la commission. * * bien fait tout ce qu’il fallait pour se mettre en mau­ vaise posture. Dès l’avènement de M. Brisson, ils T urquie. — Crète. Grâce à l’influence et aux bons of­ avaient montré leur dépit du pouvoir perdu, affiché la fices des consuls étrangers, l’effervescence de la population C hambre des députés. — Séances des 9 et Il juin : prétention de le reprendre presque tout de suite. C’é­ s’est calmée. Une entente est intervenue entre le gouverne­ Suite de la discussion de la loi sur le recrutement. Dans la ment et les délégués chrétiens, et l’Assemblée a repris ses tait là une maladresse. En effet, tout ministère qui séance du I l , le contre-projet de M. Reille sur la section travaux. débute a droit à sa lune de miel. On lui fait nécessai­ * relative aux dispenses est repoussé, ainsi qu’un amendement * * rement crédit pendant six semaines et, n’ayant pas de M. Freppel, tendant à exempter les séminaristes. — Au encore commis de fautes, il n’est p3s « renversable » commencement de la même séance, M. de Soubeyran a Nécrologie. — M. Houssard, ancien sénateur d’Indre- avant ce premier délai. adressé une question à M. de Freycinet, ministre des affaires et-Loire. Elu au corps législatif en 1867, comme candidat étrangères, sur le décret du gouvernement égyptien, en indépendant; réélu en 1869. Il fit partie du groupe des 116 Donc la tentative de M. Lelièvre, imprudente par date du 12 avril dernier, lequel autorise un prélèvement et vota contre la guerre. En 1871, député à l'Assemblée elle-même et rendue plus téméraire encore par l’in­ de 5 % sur le coupon du 15 avril et sur les coupons ulté­ nationale, votant avec le centre gauche, il passa au centre suffisance absolue de son auteur, fut une déroute com­ rieurs. Sur les représentations des puissances, le gouverne­ droit après le 24 mai 1873. Elu sénateur en 1876; non plète. ment égyptien avait promis de rapporter ce décret; mais réélu en 1879. Or, en politique et dans le monde parlementaire, le il n’en a rien fait. Après explications de M. de Freycinet, M. le général de Chabaud-Latour, sénateur inamovible, déclarées satisfaisantes par M. de Soubeyran, l’incident a courage n’est point obligatoire et la prudence est re­ né en 1804. Sorti de l’Ecole polytechnique dans le génie été clos. commandée par l’égoïsme électoral. Aussi, dès que en 1822; fut attaché aux travaux de fortifications de Paris; les cent cinquante « flottants » du centre virent la Séance du 13: Suite de la délibération sur le recrute­ Officier d’ordonnance du duc d’Orléans en Algérie; député en 1837, il siégea jusqu’en 1848 dans les rangs de la majo­ déroute des ferrystes, il leur vint un commencement ment de l’armée. La Chambre repousse un amendement de M. Freppel relatif aux dispenses en faveur des instituteurs rité. Général de brigade en 1853, de division en 185 7; mis de convictions radicales très marqué. L’échec de laïques et congréganistes et elle en adopte un de M. Reille dans le cadre de réserve en 1869, il reprit du service au M. Lelièvre leur ouvrit les yeux sur les fautes de aux termes duquel est dispensé du service militaire le frère moment du siège et fut maintenu depuis 1871 dans le cadre M. Ferry et la victoire de M. Brisson acheva de leur puîné d’une famille dont l’aîné est impotent. L’ensemble de d’activité sans limite d’âge. Membre de l’Assemblée natio­ démontrer que le salut delà France était dans le por­ l’article 19 est adopté. nale, représentant le Gard au centre droit, ministre de l’in­ térieur en 1874, sénateur inamovible en 1877. Grand-croix tefeuille de M. Brisson. Séance du 15 : A l’ouvèrture de la séance, le ministre de de la Légion d’honneur. Cette évolution naturelle, concordant avec la scis­ la marine annonce la mort de l’amiral Courbet, et demande sion dont j’ai déjà parlé entre les gambettistes et le que la Chambre lève immédiatement la séance en signe de Le vice-amiral Courbet. — Voir notre article Gravures. deuil. La question est mise aux voix et adoptée à l’unani­ centre gauche, a" définitivement consommé la dissolu­ Le prince Frédéric-Charles de Prusse. — Voir notre mité. tion de rex-maiorité ferrvste. Maintenant, le minis­ * article Gravures. tère actuel — sauf les grands imprévus — est absolu­ * * ment assuré de faire les élections. Et s’il les réussit, Conseil municipal de paris. — Dans sa séance du 12 il peut durer longtemps. juin, le Conseil municipal de Paris a discuté les conclusions François Coppée avait composé, pour ce numéro, Il est évident qu’on n’a pas saisi Pel en flagrant dé­ un bien joli sonnet étrangement encadré par ces ré­ lit d’empoisonnement mais on est, je pense, à peu près clames. Mais, au Iota!, il s’agissait de donner de l’ar­ certain, que les victimes sont mortes, bien mortes, COURRIER DE PARIS gent aux pauvres. Les amateurs d’annonces les payaient, intoxiquées et carbonisées, et cela peut être une rai­ et la plus belle prose du monde ne vaut pas, en pareil son de trouver que Pel ne mérite pas tout à fait le cas, une réclame bien soldée. prix Montyon. Coppée est toujours prêt, du reste, quand il s’agit Il faut reconnaître que le physique de Pel n’a pas de donner — pour rien — son talent à ceux qui le lui M. Perrichon, qui ne se préoccupe ni de peu contribué à sa condamnation. Le visage est si­ demandent. C’est le plus alerte des académiciens, la mort soudaine du prince Frédéric- nistre. M. Albert Bataille l’a comparé fort justement à comme M. Victor Duruy, que M. l’évêque Perr'aud Charles ni de la chute du cabinet Glads­ Méphistophélès, j’entends une sotte de Méphisto cari­ reçoit cette semaine en séance publique, en est le plus tone, M. Perrichon, patriote avant tout, catural. Supposez que l'horloger eût la figure paterne sculptural. C’est vrai : M. Duruy, historien des Ro­ est navré depuis dimanche. M. Perrichon et rougeaude d’un bon bourgeois du Pvlarais, il est bien mains, ressemble absolument à un buste romain. Il y ne digère pas la victoire du cheval anglais. Il est humi­ possible que certains membres du jury eussent hésité avait prédestination. Le profil de médaille antique du lié, M. Perrichon ! Il a encore dans les oreilles le bruit à prononcer le fameux oui, il est coupable ! savant professeur le condamnait à écrire un chef- des bouchons de champagne qui sautent et deshurrahs — Un scélérat, disait à ce propos, une dame écer­ d’œuvre. Balzac voyait la destinée des gens dans leurs qui éclatent. Célébrer sur la terre de France la victoire velée, devrait toujours avoir la précaution de choisir noms; on pourrait la déchiffrer aussi dans leur facies. d’un cheval britannique paraît un outrage à M. Perri­ un visage d’honnête homme! Elle aura été piquante, cette séance de l’Académie : chon. Mon Dieu, un journaliste — qui devrait, par état, un évêque recevant un ancien ministre de l’empire — Après tout, nous avons gagné onze fois le Grand éviter les naïvetés — n’a-t-il pas écrit, à propos de assez peu tendre aux idées du clergé ; Mgr Perraud, Prix, se dit-il, et eux neuf fois seulement et puis ce même Pel, au lendemain de la condamnation : après avoir été jadis l’élève de M. Duruy, lui faisant, par bonheur, ils ont le Soudan pour rabattre leur « Pel, après le verdict, a été ramené à la Concier­ en quelque sorte, la leçon sous la voûte de l’Académie! caquet ! La victoire de Paradox ne doit pas, j’espère, gerie. Il n’a rien voulu prendre. La nuit, seulement, il a On prétend même que la leçon, primitivement, était les consoler de la défaite de Gordon. goûté un peu de repos... » plus vive. L’évêque reprochait assez vivement à son Mais le bruit se répand que Gordon n’est pas mort Après cela, il n’y a rien à dire. ancien maître d’avoir, dans son histoire, parlé des et tout le beau calcul de compensations patriotiques de chrétiens trop sévèrement. M. Perrichon tomberait dans l’eau si, en effet, Gordon Et Sigurd? C’est un succès, Sigurd, à Paris, — J’en ai parlé selon ma conscience, a répondu comme à Bruxelles et comme à Lyon. La salle était était vivant. M. Victor Duruy. Est-il vivant ? Je n’en crois rien. Les Orientaux superbe. Une salle d’hiver en plein été, resplendis­ Et, sur son désir, l’évêque d’Autun a adouci le pas­ vont vite dans la fabrication des légendes et ils ont sante. Et ce n’est pas un mince mérite d’avoir, avec la sage de sa réponse qui avait semblé un peu dur à son eu tôt fait de ressusciter Gordon comme ils s’étaient poésie des Niebelungen, séduit, conquis des gens, de professeur d’autrefois. — malheureusement— empressés de l’occire. Rochefort jolies femmes surtout, dont la grande préoccupation Ce petit incident n’a pas été connu ou du moins on conseillait, l’autre jour, à Gordon, en supposant qu’il secrète était la toilette qu’elles arboreraient, à Long- n’en a point parlé et pourtant il était, ce me semble, fût vivant, de ne pas imiter le colonel Chabert, que champs, deux jours après. tout à l’éloge des deux académiciens : de M. Duruy quelques uns avaient pleuré et que personne ne voulait Ernest Reyer n’assistait pas à son succès. Il fumait qui ne transigeait pas sur les opinions émises et de sa cigarette chez des amis. On lui avait, la veille, plus reconnaître. Le pauvre et héroïque Gordon n’aura M. Perrault qui effaçait avec une courtoisie parfaite pas, hélas, à suivre le conseil du publiciste narquois coupé — ou voulu couper — des morceaux auxquels tout ce qui avait paru trop rude. il tenait, et on lui donnait pour raison que le spectacle par la bonne raison qu’il habite un pays cù on ne lit Cette réception une fois terminée, l’Académie s’oc­ plus les journaux et où tous les bruits de la terre sem­ finirait trop tard. Reyer s’était alors retiré et iî laissait cupera des élections futures. Il y a, pour succéder à blent (ce qu’ils sont) parfaitement indifférents. Sigurd, Hilda, Günther et ses autres héros braver le Edmond About, deux poètes sur les rangs, un roman­ public de la première. Il a été enlevé, ce public, et Ils étaient cependant curieux à lire, les journaux, cier et un homme politique. On assure que c’est au lendemain du Grand Prix! M. Perrichon y aurait voilà Reyer consolé du temps où un directeur de l’homme politique qui l’emportera. M. Léon Say, l’Opéra lui disait : appris que cette course, dont la valeur se montait à qui a écrit quelques brochures et prononcé quel­ 147,600 francs (quant aux paris, on ne les compte pas!) — Je la jouerai, votre Cigiie ! Je la jouerai ! Mais ques discours, battra, dit-on, M. de Bornier, M. Gus­ Emile Augier a déjà écrit une chose comme ça ! avait été courue en trois minutes vingt-cinq secondes! tave Droz et M. Eugène Manuel. C’est que M. Léon Bref, Sigurd, le Grand Prix, la Fête des Fleurs, la Près de cinquante mille francs gagnés par minute ! C’est Say est un homme considérable et que l’Académie réception de M. Duruy, voilà le grand roulement final assez coquet. tient autant de compte des titres personnels que des de la saison parisienne. Maintenant, à nos malles ! M. Perrichon aurait appris aussi, par les journaux, titres littéraires. Le maréchal de Saxe, comme on lui Aux eaux ! Aux champs! A Trouville! Au départ! que M. Brodrick-Cloete, le propriétaire de Paradox parlait pour la première fois de le faire académicien, En route!... Pas encore. Le Théâtre-Français donne, est un aimable homme d’une trentaine d’années « qui écrivait à un ami cette lettre demeurée célèbre : un peu tard, à mon avis, une Apothéose de Victor Hugo, ressemble énormément à M. Torrance. » Ce rensei­ « Ils veule m e faire accadémicien ; cela m’irè corne une gnement n’eût peut-être pas fixé définitivement M. Per­ très éloquemment écrite par un poète applaudi déjà, bague à un cha. » M. Paul Delair. On y entend, tour à tour, le Peuple, richon, qui connaît peu M. Torrance, mais enfin on M. Léon Say est un tout autre lettré, Dieu merci, est toujours content de savoir que quelqu’un, qu’on l’Océan, la France et l’Enfant louer et saluer le poète que Maurice de Saxe ! Il possède une des bibliothè­ de la pitié. Et, pendant qu’on applaudissait le nom n’a jamais vu, ressemble à une personne qu’on ne ques les plus précieuses de ce temps. Toutes ses ha­ verra jamais. d’Hugo, je revoyais par la pensée, Victor Hugo, là- rangues et tous ses écrits sont marqués au coin du bas, dans la loge du fond du théâtre, à la répétition C’est incroyable, le nombre de gens qui depuis meilleur style. Et, pour comble de fortune, voilà que générale du Ruy-Blas. dimanche nous disent : Victor Hugo vient de le choisir pour son exécuteur Il y avait dans la salle l’élite même de la littérature — Il a de la chance le propriétaire de Paradox! Il testamentaire, comme s’il le désignait ainsi, par une contemporaine, l’état-major de la France. Tout le l’a acheté du duc de Westminster, qui n’en voulait distinction posthume, aux suffrages de ses collègues. monde se leva. Victor Hugo, debout, saluait. Toutes plus, et il gagne avec lui trois cent mille francs en trois Au total, Victor Hugo aura vraisemblablement fait les mains battaient. C’est, je crois, un des hommages prix. Vous savez comment il s’appelle ? M. Brodrick- — par delà le tombeau— deux académiciens : M.Léon les plus discrets et les plus profonds qu’ait jamais Cloete. Say et M. Leconte de Lisle. reçu le poète. Et, avec un air parfaitement renseigné : Mais nous prophétisons là un peu au hasard et le Maintenant c’est la gloire, c’est l’acclamation, c’est — C’est un homme charmant. Il ressemble à M. Tor­ mieux est peut-être d’attendre les événements. l’apothéose, mais il n’est plus là ! rance ! Il aurait souri lui-même au vote du conseil muni­ Vive donc M. Brodrick-Cloete, qui ressemble à Un événement extraordinaire, c’est la cause, dé­ cipal de Privas qui vient de substituer son nom — rue M. Torrance, et Paradox, qui ressemble à Little-Duck. sormais célèbre, de l’horloger Pel. Pel, empoisonneur artiste et brûleur de cadavres, a de chauds partisans Victor Hugo à celui de rue Diane de Poitiers, et là-haut je suis certain qu’il s’en excuse auprès de la royale Le Grand Prix avait été précédé et suivi de la encore, des partisans presque aussi chauds que les maîtresse avec sa politesse ordinaire. Diane de Poi­ Fête des Fleurs. Jadis, le dimanche soir, le Grand Prix poêles où il faisait incinérer ses victimes. Croire à tiers dépossédée par Victor Hugo ! C’est charmant : une fois couru, on allait à Mabille, et les coups de l’honnêteté de Pel est pousser le paradoxe un peu loin. c’est l’épilogue du Roi s’amuse. poing patriotiques s’échangeaient, parfois sur un air Je sais bien que l’horloger, l’autre jour, avait ré­ de Métra, entre deux coupes de Cliquot ou de Rcede- ponse à tout : « On a trouvé du sang sur vos murs ! Hélas, M. Perrichon — dont je parlais, tout à rer. Cette année, on est allé au Bois de Boulogne —- C’est que je saignais du nez ! — Vous bouchiez l’heure, pourra constater, cette fo’s, un événement admirer la fête de nuit. Il avait fait un temps superbe, vos fenêtres avec vos tapis lorsque vous faisiez brûler plus attristant que la victoire de Paradox, c’est la mort les corps dans votre poêle. — C’est que je crains les et le soleil avait pris le parti des pauvres gens dont il de l’amiral Courbet. est souvent le seul feu réchauffant. La Fête des Fleurs, courants d’air qui donnent des névralgies ! » Oh ! il ne Les deuils continuent pour la France. Le marin inondée l’an dernier, a été ruisselante de lumière cette s’est pas démenti ! Pour être un homme fort, c’est un meurt en mer, à bord du navire-amiral, tué par la fois, et tout serait pour le mieux sans ce programme, homme fort ! Mais un homme fort peut être aussi un maladie comme par une balle. On a ouvert le Panthéon que j’ai acheté dans l’espoir d’y trouver des morceaux homme fort coupable et le jury a été de cet avis. Et aux gloires nationales. de littérature, et qu’on avait bourré de réclames in­ cela parait si étrange aujourd’hui, un jury qui a le Le soldat qui meurt pour le pays y entrera après le dustrielles et même du portrait d’un monsieur, fort courage de condamner, qu’il s’est trouvé des gens pour poète qui a chanté la patrie. joli homme, qui a fondé des palais qui n’existent pas crier à l’exagération. encore ! — En somme, a-t-os la preuve du crime? P erdican. LE PRINCE FRÉDÉRIC-CHARLES ran, revint en annonçant qu’il avait aperçu des débris de bâtiment, mais sans pouvoir Le prince Frédéric-Charles de Prusse est certifier qu’ils appartinssent au Renard. La mort le 15 juin à Klein-Glienicke, où il avait Turquoise et le Reindeer déclarèrent n’avoir été frappé la veille d’une attaque d’apoplexie. rien vu, et depuis, toutes les investigations Neveu de l’empereur d’Allemagne et fils du sont restées infructueuses. Les bâtiments prince Frédéric-Charles-Alexandre, il était français de l’Etat n’ont pas été plus heureux né en 1828 et, dès sa jeunesse, s’était voué à dans leurs recherches. D’autre part, sur la la carrière militaire. route des Indes à Aden, aucun bâtiment du Parvenu successivement aux plus hauts commerce n’a signalé le Renard qui se serait grades dans l’armée, il fut investi, en 1864, par conséquent trouvé dès les premiers mo­ du commandement de l’armée d’opération ments hors de la route suivie par les paque­ contre le Danemark et, en 1866, il lut placé bots et n’a pas pu, par suite, recevoir de à la tête du premier corps d’armée qui, au secours au large. début de la guerre austro-allemande, entra du côté de la Saxe.-sur le territoire autrichien. Le Renard était un aviso de première classe, C’est à la tête de ce corps d’armée qu’il rem­ portant 4 canons de 16 centimètres et un cer­ porta sur les Autrichiens la grande victoire tain nombre de Hotchkiss. La coque était en de Sadowa. bois. Il a été construit à Bordeaux, dans les chantiers de M Armand, d’après les plans du Pendant la guerre franco - allemande, le capitaine de frégate Beleguie. Commencé en prince Frédéric-Charles était investi du com­ 1864, le Renard fut mis à l’eau le 19 janvier mandement en chef de la deuxième armée 1866. Pour lui assurer une rapidité plus allemande. C’est lui qui investit Metz. Après grande, l’auteur des plans l’avait muni d’une la capitulation de Bazaine, il dirigea les opé­ sorte de taillemer de 7 mètres de long, assez rations de l’armée allemande sur la Loire. semblable à un gigantesque éperon,ce qui lui Le prince Frédéric-Charles était feld-maré- donnait un aspect assez bizarre. chal depuis le 28 octobre 1870 et inspecteur général de l’armée allemande. L’appareil moteur de 135 chevaux nomi­ naux, construit au Havre sur les plans de LA PERTE DE L’AVISO LE « RENARD » M. Mazeline, pouvait développer effectivement une force de 540 chevaux et imprimer au On est toujours sans nouvelles du Renard navire une vitesse moyenne de Il nœuds. Il et si, pendant les premiers jours, on a pu avait 68 mèt. de longueur sur 7 mèt. 80 à sa espérer que le navire avait fui devant le temps plus grande largeur. et avait gagné la haute mer, il est aujour­ Le Renard prit armement pour la première d’hui difficile de croire qu’il ait pu tenir aussi fois à Rochefort et c’est dans ce port qu’il a longtemps sans accoster et par conséquent été procédé à ses essais de recette. Il avait été sans faire connaître sa situation. désarmé à Toulon en 1880 et avait repris ar­ Cet aviso était parti d’Obock et se rendait mement en mars 1884 pour remplacer le à Aden quand il a été surpris en route par Desaix dans l’escadre d’évolutions. En dernier un véritable cyclone, très rare dans ces pa­ lieu il avait été détaché pour tenir station à rages. Le trajet entre ces deux villes étant Obock. seulement de 12 heures, on a commencé î L’équipage de cet aviso se composait de être inquiet sur le sort du bâtiment dès le 92 hommes et de 6 officiers et avait pour lendemain de son départ. Successivement tous commandant M. Peyrouton de Ladebat, ca­ les navires disponibles se mirent à sa recher­ pitaine de frégate, officier des plus distin­ che. Le navire de guerre anglais, le Cormo­ gués.

LE PRINCE FRÉDÉRIC-CHARLES D’après la photographie de MM. Reichard et Lindner, à Berlin.

L’AVISO « LE RENARD »

DISPARU DEPUIS LE 3 JUIN EN SE RENDANT D'OBOK A ADEN Et déjà, allongeant leurs ombres sur le chemin blanc de soleil...... DESSIN D’ÉMILE BAYARD

LA SUCCESSION CHARVET PAR JULES CLARETIE (Suite.)

O h! mais, vous êtes bien informé, mon — Croyez-vous ? voir. Je venais demander au marquis de Montbrun de cher. On voit que vous avez torturé ces — J’en suis certaine. Il y a des juges à Paris et des recevoir sa bru, entrant chez lui avec sa petite fille à pages comme on tordrait un linge pour hommes d’affaires à Londres. Vous invoquez la Loi ? Ya la main. Le marquis n’a pas daigné me recevoir. Et en exprimer l’eau... C’est un travail très pour la Loi 1 Et je me demande où vous trouverez un quant à son fils, voilà ce qu’il me répond ! Très bien. noble! digne tout à fait d’un gentilhomme, tribunal pour déclarer que la femme qui a donné une C’est la guerre. Mais la comtesse de Montbrun vous ne trouvez-vous pas?... Alors, vous en êtes bien sûr ? fille au comte de Montbrun n’est pas comtesse de fera savoir qu’c-lle n’est pas une aventurière, qu’elle a Je ne suis rien, rien du tout? Rien de rien? Une Montbrun, lorsque le comte lui a donné sa parole son droit et qu’elle entend le faire reconnaître et le étrangère ? Une passante ?... C’est votre opinion ? d’honneur devant un magistrat !... Au fait, ma fille! faire respecter ! Ce ne sera pas long ! — C’est ma certitude. Allez-vous me prouver aussi, le Code à la main, Elle alla à la sonnet1 e, dont elle tira le cordon vi­ — Et vous me déclarez cela le plus tranquillement qu’elle n’est pas à moi, ma fille ? Vous savez que je vement. du monde, en bon bourgeois qui règle ses comptes... n’ignore pas où elle est? dit Ellen en se plantant de­ Et comme Robert paraissait étonné, elle se mit à « Tenez, ma brave femme, voilà ce qui vous re­ vant Robert, qui s’était levé. rire d’un rire sec, nerveux, colère : vient!... » Rien!... Un salut. Bonjour, bonsoir. Tout Elle le regarda si étrangement, qu’il comprit tout le — Oh ! ce n’est pas au garçon que je„vais..faire mes est dit. C’est commode. C’est facile. C’est très gentil. danger de ce coup d’œil qui menaçait. confidences, rassurez-vous ! Mais j’ai hâte d’être à Ça n’a qu’un défaut : c’est que c’est impossible ! — Au surplus, dit-elle, j.v sais ce que je voulais sa­ Paris ! J’ai encore un train ! Elle avait regardé sa montre. A écouter Henriette, il oubliait presque de la re­ expression de regret qui vaguement ressemblait à Une femme de chambre entrait. garder et cependant Mme Herblay était assez jolie un reproche : — Ma note, une voiture, et descendez mon sac de pour retenir l’attention d’un jeune homme de goût, — Ah! madame, en disant cela, vous ne savez pas nuit. eût-il la cervelle encombrée par les harangues de Billy quelle plaie vous rouvrez en moi ! — Bien, madame. et les ressouvenirs des northistes et des foxistes. — Ah ! bah ? fit Henriette. Ellen se tourna vers M. de Montbrun et, le toisant Elle port ait, ce matin-là, une toilette crème, à den­ Le pauvre Emile avait tout à fait devant elle l’atti­ des pieds à la tête, ironique et la menace insolemment telles blanches et, autour de sa taille, une ceinture tude d’un soupirant à qui un aveu monte aux lèvres et aiguisée dans un petit sourire : russe, aux reflets moirés d’argent, qui semblait un qui tremble, et qui n’ose pas. — Vous, à bientôt, darling! serpent enroulé. Cette taille souple avait des ondula­ — Il y a une chose qui me navre, qui me torture, Et ce cher nom de tendresse entrait au cœur du tions d’une grâce fine d’almée arabe, mais naturelle. qui m’humilie... jeune homme comme une aiguille rougie au feu. Les petites mains, nerveuses, tenaient un livre qu’elles — Voulez-vous un verre d’eau ? interrompit Il descendit en même temps qu’Ellen. On ne trou­ tournaient, retournaient, dont elles jouaient comme Mme Herblay. vait pas de voiture. Un des garçons du Grand Monar­ d’un éventail. Et Ducasse regardait, à la fois, les mains, — Merci. Mais quanl je pense qu’à mon âge, à mon que avait emporté le sac de nuit de la jeune femme. qui étaient jolies, et le livre qui était sérieux : Darwin ! âge... Pitt... le grand Pitt!... — Soit, dit-elle. J’irai au railway a pied ! — Mais, je vous ai interrompue, fit Emile. Vous — O ui... enfin Pitt? Elle se retourna vers Robert, et avec son sourire lisiez Darwfin? — Pitt avait déjà prononcé ce fameux discours narquois : Henriette sourit. dont je vous entretenais tout à l’heure, et que moi, — Je ne vous demande pas de m’accompagner. — Je le relisais 1 moi... Dans la nuit, lorsqu’elle sortit avec le comte, la rue Ducasse glissa sur Darwin une opinion toute faite, Mme Herblay étudiait, avec une expression tout à était silencieuse, et Melun endormi ; les deux hommes —- un de ces mots qu’il portait sur lui, tout préparés, fait nouvelle, Emile Ducasse, à mesure qu’il pariait. qui les entrevirent, en sortant de la préfecture, pas­ pour les bonnes occasions— puis il profita de la pa­ Elle lui trouvait la voix nette, bien timbrée, le geste saient presque seuls devant l’hôtel fermé et, sous le renthèse pour glisser le nom de ce compatriote de sobre et l’aspect parlementaire 1 bec de gaz, Guénaut et Cappois, stupéfaits, regar­ Darwfin : le grand Pitt! — Oh ! dit-elle, vous êtes si jeune, M. Ducasse! dèrent Ellen qu’ils ne connaissaient pas. — Ah! quel homme! La France n’avait pas un — Si jeune, madame? Et c’est alors que leur œil, très fin, avait cru recon­ homme pareil ! Il avait tressailli comme si on l’eût insulté. Si jeune? naître une autre femme. — Ni la France, ni l’Angleterre, rectifia Mme Her­ Il regrettait de n’avoir pas une calvitie précoce pour Ellen, marchant très vite, s’enfonçait déjà dans la blay. excuser cette horrible jeunesse dont on osait l’accuser. nuit, vers les rues qui menaient à la gare et Robert, Emile était bien de cet avis. Mais, du moins,la Grande — Bah! interrompit Mme Herblay, un jour ou se rappelant ce qu’elle avait dit en parlant de Cyprienne, Bretagne savait honorer ses grands hommes. Le pre­ l’autre vous aurez votre moment à la tribune. rentrait à l’hôtel, écrivait en hâte une dépêche à Ro­ mier ministère de Pitt avait duré dix-sept ans. Dix-sept — Comme lui, oui, madame, et si jamais cette joie main Ruaud, à Villerville, et ordonnait à son domes­ ans, à la bonne heure ! II valait la peine alors d’accep­ m’est accordée!... tique de la porter au télégraphe, en toute hâte. ter un portefeuille ! Et lorsque Pitt était malade, oui, Il y avait, dans le regard ardent d’Emile, tout un Il ajouta : lorsqu’il était malade et revenait à la santé, Londres monde de périphrases futures et Mme Herblay com­ — Demain, nous irons à Fontainebleau. Vous avez illuminait comme s’il se fût agi d’une victoire ! Voilà mençait à trouver, en effet, que le vice-président de la vos cousins Debray à Avon, n’est-ce pas? un peuple 1 conférence Montesquieu, correctement boutonné dans — Oui, monsieur le comte. Et Ducasse s’exaltait. sa redingote, avait des allures d’homme d’Etat. Il res­ Ils se chargeraient bien de veiller sur un enfant? La motion d’un vote de funérailles publiques et d’un semblait à M. Molé, jeune. — Mais... oui, monsieur le comte. monument élevé à Pitt passait à la majorité de 288 voix — S’il avait du talent, cependant? songeait-elle... — Vous me conduirez chez eux ! contre 89, et la Chambre des Communes votait un L’égide que le pays cherchait, la fameuse égide, — Bien, monsieur le comte. million tout rond, quarante mille livres, pour payer les l’égide que tour à tour avaient tenue Javouillet et — Allez vite ! dettes de Pitt 1 Quel pays, madamei Et quel temps! Charvet et qui se trouvait, présentement, aux mains de VIII Et, là, tout à côté de cette jolie femme élégante et Verdier... la tutélaire égide, peut-être était-ce Emile qui le regardait doucement de ses grands yeuxnoirs,le Ducasse qui devait l’étendre sur la circonscription tout Mme Herblay, en attendant le commandant Verdier, entière... interrogeait depuis une demi-heure Emile Ducasse vice-président de la conférence Montesquieu s’exaltait Henriette avait remarqué avec quelle sûreté de sur les incidents de la veille, à la fête de Chailly. Le — pour qui? — pour cette séduction, ce sourire de coup d’œil Ducasse jugeait l’état des esprits. Ah! si jeune Pitt était enchanté. Il pouvait donner à la char­ femme, ces cheveux noirs et ces petites mains ? Pas le commandant Verdier possédait cette science parti­ mante femme un aperçu de ses idées politiques et de du tout. Mais pour Pitt, William Pitt, Billy! EfDucasse culière de la matière électoraleI Et elle ramenait Du­ la façon toute particulière dont il entendait la tactique récitait, commentait, détaillait le fameux discours de casse au récit des épisodes de la veille. électorale 1 Ah ! s’il avait, hier, été électeur seulement... Bihy sur la réforme électorale et racontait comment, Emile lui racontait l’histoire du boucher qui ne vou­ électeur dans la circonscription ! comme il eût jeté en parlant de cet homme universel, un fabricant de lait pas se compromettre, et il ajoutait : — l’expresfion lui appartenait — l’épée de son dis­ coton de Manchester disait,après lui avoir parlé : « On cours dans la balance de la discussion! croirait qu’il a passé sa vie dans une filature! » — Ah ! si vous aviez été là, madame ! — Alors, demandait Henriette, avec un peu d’in­ —Et dire, ajoutait Emile, que c’est la nouvelle de là — Moi. Comment, moi? quiétude, le commandant? bataille d’Austerlitz qui l’a accablé... qui l’a tuél — Eh ! parbleu, vous l’auriez séduit, ce boucher ! Ducasse hochait légèrement sa tête blonde. Il en arrivait presque à maudire Austerlitz qui II n’aurait plus hésité!... Je gage que vous feriez, — Oh! un digne homme... Un brave homme... Un tombait là sur le crâne du grand ministre et détruisait pour votre candidat, ce que la duchesse de Devons- charmant homme, le commandant'... Mais la manœuvre ses combinaisons. Austerlitz prenait tout à coup hire fit, un jour, pour le sien! d’une pièce d’artillerie ne ressemblait pas à la science pour Ducasse l’apparence d’un malheur public et Henriette s’était mise à rire. — Je sais que la duchesse de Devonshire proposa à d’une réunion politique!... Ce satané Garousse était Mme Herblay avait toutes les peines du monde à con­ « sur le terrain oratoire » un tacticien supérieur à Ver­ soler ce jeune homme, devenu brusquement pensif, de un boucher, justement, d’échanger le vote du tueur de dier. la perte de William Pitt. bœufs, contre un baiser qu’elle accorderait... C’est — Garousse? — Eh ! bien, quoi? Qu’est-ce que vous voulez, cela que vous voulez dire ? — Oui, madame, Garousse. monsieur Ducasse ? Il est mort, Pitt! Oui, il est mort ! — Oui, fit Emile. — Mais, prenez garde... Vous savez que c’est pour — Il serait stupéfiant, dit-elle, que ce Garousse Il faut en prendre son parti! Fox, et non pour votre ami Pitt, que la duchesse fai­ recueillît la succession Charvet... Mais c’est impos­ — Moi, madame? Mais je ne m’en consolerai ja­ sible ! mais 1 répondait Ducasse qui était sincère. sait voter ! Quoi qu’il en soit, vous avez raison 1 Je ferais l’impossible pour que notre candidat réussît !... Elle avait mis quelques secondes de réflexion entre Alors Henriette, qui souriait, comptait sur ses jolis la première phrase et la seconde et les yeux de Du­ doigts. Elle s’était levée, apercevant du fond de son salon, casse s’étaient imprégnés d’une certaine langueur at­ — Pitt... né en 1759... mort en 1806... Aujourd’hui, Verdier et sa nièce qui traversaient le jardin, ensoleillé tendrie, lorsqu’elle prononçait la succession Charvet. Les eh I que voulez-vous ? Il y a longtemps qu’il aurait déjà. regards d’un gourmet devant un plat fin, d’un amou­ disparu, aujourd’hui, même sans Austerlitz !... Il aurait — Le voici justement, dit-elle. reux contemplant l’objet adoré ont de ces tendresses cent vingt-cinq ans ! On ne s’imagine pas William Et, pendant que Ducasse se levait aussi, correct, touchantes. Pitt à cent vingt-cinq ans I poli, et regardant le commandant qui venait douce­ Et Mme Herblay mettait tant de grâce et comme Mais, au contraire, cette idée que, lui, Ducasse, ment, Mme Herblay enveloppa d’un coup d’œil le une harmonie tentatrice dans ces trois mots qui, aurait pu — car les centenaires après tout ne sont pas jeune parlementaire, hocha la tête et dit tout à coup : pour des profanes, eussent évoqué des idées funèbres des êtres fantastiques — vivre en même temps que — C'est peut-être dommage ! d’héritage tandis que, pour Ducasse, ils résumaient Pitt, coudoyer et saluer le grand Pitt, même à cent — Quoi donc, madame ? Qu’est-ce qui est dom­ toute une situation glorieuse, des ambitions tribu- vingt-cinq ans, rendait le jeune homme tout pâle et il mage? nitiennes, et une longue, longue suite de triomphes trouvait, décidément, terriblement vide le monde où — Rien. Mais je réfléchis... constatés par Y Officiel!... ne se rencontrait plus le fils de lord Chatam. Elle le regardait toujours, comme si elle eût passé L’honorable successeur de l'honorable M. Charvet! — Après tout, conclut Henriette, gentiment, si Pitt une inspection, puis elle ajouta : Emile entendait bruire la phrase — qui serait évidem­ est mort, faites-le revivre! — Vous étiez peut-être papable! Bah ! dit-elle ment dite au Palais Bourbon — et il n’y avait pas, au Emile eut sur son visage, diplomatiquement aima­ encore, ça viendra ! monde, de baisers de femme qui eussent, à ses oreillès, ble, une contraction involontaire et il ne put s’empê­ Et le jeune Ducasse retrouva en lui-même l’impres­ la douceur musicale de ce titre-là !... cher de répondre, après un petit soupir et avec une sion de triomphe et d’espoir de ses premiers succès aux examens, lorsque devant lui s’ouvrait toute une parler du passé, paisiblement, en fumant sa pipe avec le — Moi ? Tout et rien. perspective de plaidoiries et de harangues... Papable colonel. Tandis que maintenant... Et elle pensait à — C’est beaucoup et ce n’est pas assez! aujourd’hui !... Candidat demain peut être! toute la fatigue physique qui attendait Verdier, dans — Croyez-vous ? Il avait envie de porter à ses lèvres les petites mains un moment, sans compter les soucis... Henriette s’approchait, instinctivement curieuse de de Mme Herblay et de les baiser correctement. C ’est qu’il n’y avait pas une minute à perdre. ce que pouvaient se dire ces deux jeunes gens et, un Le déjeuner qui suivit fut rapide. Le commandant Mme Herblay dictait au commandant le programme peu intriguée, sans savoir pourquoi, elle demanda à Verdier n’avait pas très faim et il se sentait la gorge de la journée. De midi à deux heures, promenade à Gilberte si elle parlait de l’élection. serrée : les morceaux ne passaient pas. Tout à pied. Poignées de mains. Causeries familières. — — A peu près, dit la jeune fille. Mais ce qui est l’heure, il lui fallait encore aller au-devant de ses Quelques cigares distribués çà et là. Emile Ducasse certain, c’est que je serai très reconnaissante à M. Du­ électeurs faire parade de ses opinions et, avant de les emporterait; il se chargerait de ce soin particu­ casse s’il veut bien mettre son talent au service de sortir, rédiger décidément avec Médéric Charvet — lier. mon oncle ! qui allait venir — cette profession de foi qu’on devait — Oh! très important, les cigares! disait-il. Je — Eh ! mademoiselle, fit Emile en hochant la tête. afficher « pour emporter le morceau ! » connais des gens qui sont devenus ministres pour un Je le voudrais bien... Mais c’est impossible. Je ne suis pas électeur. C’est même assez ironique (il regardait Par la porte ouverte de la salie à manger, Verdier, cigare donné à propos, comme M. Laffitte est devenu Mme Herblay) je pourrais ici prendre la parole comme assis à côté de Mme Herblay, regardait avec une mé­ millionnaire pour une épingle ramassée en temps éligible... Comme électeur, cela m’est interdit! lancolie profonde ce jardin que criblait maintenant le voulu... Soignons le cigare ! Et il semblait être, tout à coup, devenu rêveur après soleil de midi, faisant étinceler, comme des fragments Après la connaissance faite avec les électeurs de avoir prononcé ce doux mot, harmonieux pour lui de verre, le sable chauffé des allées. Et, tout à l’heure, Dammarie, visite à la fabrique de dragées, sur la route comme un son de harpe éolienne : éligible ! par les villages, au bras de quelque Cappois influent, de Melun. Une apparition à Melun même. Une visite Mme Herblay disait tout bas à Gilberte : qui saluerait, çà et là, avec un sourire engageant, au Préfet. Retour à Dammarie. Dîner. Et, après le — Vous avez raison de lui recommander votre l’ombre des électeurs rencontrés, il faudrait aller, dîner, lecture de la profession de foi, devant un comité oncle! Très bon avocat, M. Ducasse! Vice-président aller, aller toujours, sous le soleil cru, à l’heure où, composé de Guénaut — opinion hardie — de Cappois de la conférence Montesqu+ieu ! dans le bourdonnement de la campagne ivre de lumière, — opinion modérée — et de Charvet, qui venait tout lorsque la chaleur fait comme une vapeur danser les exprès, en juge plutôt qu’en conseiller, en Mentor. Elle ajouta, avec son habitude de chercher le mot... atomes sur la terre criblée de rayons, quand le paysan — C’est de son âge ! dit Mme Herblay qui regar­ — Montesquieu, qui faisait de l’esprit sur les lois...ce s’endort, le ventre au soleil, la tête à l’ombre, — se dait Emile Ducasse involontairement. qui le distingue de ceux qui font des lois sans esprit ! Le commandant était prêt à partir. Il mettait et re­ reposant sous une haie, lui, il faudrait, suant et pei­ Allons! le pauvre commandant accomplirait point par mettait ses gants, se demandant ce qui était, en pareil nant, par les routes et bravant l’apoplexie, continuer point ce qui lui était ordonné! Il avait l’habitude de la cas, le plus convenable. M. Ducasse traita la question. à quêter, quémander les suffrages ! Et, comme y consigne. Rapportait à ce métier de candidat l’obéis­ Avoir des gants était plus poli, n’en avoir pas était mettant une intention ironique, Ducasse, tout en man­ sance passive du militaire. D’ailleurs, Fournerel, le car­ plus démocratique. geant, racontait les efforts de Garousse, sa tactique, rier, son ancien soldat, le piloterait à travers le pays — Tranchez la question, commandant, dit-il. N’en son remue-ménage éternel. Il allait partout, se mon­ où il était assez populaire et lui indiquerait les mettez qu’un ! trait partout, Garousse ! Il entrait dans les cabarets, portes où il pouvait frapper. Frapper aux portes ! La Il sourit, et regardant Mme Herblay trempait dans du vin vert sa lèvre sèche, buvait, par­ perspective de ce métier de solliciteur gâtait encore ce — Voilà de l’opportunisme ou je ne m’y connais lait, pérorait, grondait, tourbillonnait, tonnait. Une déjeuner, pour Verdier, et les affres de la veille ve­ pas ! fière canaille, mais un rude homme ! naient encore le prendre en pleine poitrine. Encore Henriette commençait à le trouver spirituel. Et Gilberte, l’œil inquiet, regardait son oncle tan­ les mêmes propos au fond des cabarets, les mêmes dis­ Elle accompagna Emile et le commandant jusqu’à dis que parlait le disciple du grand Pitt. cussions avec des électeurs parlant une langue qu’il la grille. Fournerel, endimanché, sanglé dans sa La jeune fille savait bien à quoi pensait le com­ ne comprenait pas! Qu’allait-il faire dans cette galère redingote, attendait Verdier, comme au port d’armes. mandant. Quelle tranquillité, à cette heure, dans la rue électorale ? Mansart où ils seraient maintenant si cette candida­ Un domestique vint annoncer à Mme Herblay que Ce Fournerel, grand diable sec comme un pendu ture... Ou plutôt, non, Verdier avait promis à sa Fournerel était arrivé. et fort comme un chêne, la face taillée à coups de nièce, depuis longtemps, d’aller passer une semaine à — Bon, dit Henriette. Commandant, maintenant, serpe, les doigts noueux comme des ceps de vigne, Versailles, pour se reposer. Et ils allaient accepter aux armes! Votre guide est prêt ! — Et bonne semblait farouche avec ses cheveux en broussaille, l’invitation d’un ancien compagnon d’autrefois, le vieux chance ! pleins de poudre de grès et ses moustaches noires; en colonel Bourgeois, retiré dans une petite maison, près Elle lui tendait cette petite main que, tout à l’heure, réalité c’était le plus doux des hommes, passionné du Parc, avec sa femme. Verdier avait toujours adoré contemplait Ducasse. seulement en politique et s’y mettant, comme au tra­ Versailles. Il songeait à s’y cloîtrer. Le calme de cette Emile, qui s’était levé en même temps que le com­ vail, de tout cœur, de tous bras, hardiment. ville vaste, traversée de coups de clairon, de sons de mandant, demanda à Gilberte : Il devait aller sur la cirquantaine. tambour, lui plaisait. Il aimait à y conduire Gilberte. — Vous ne nous accompagnez pas, mademoiselle? — Salut, mon commandant, dit-il en portant la Il revivait un peu de sa vie en regardant, à travers la Et Gilberte, le plus naturellement du monde : main à son front. Il avait ôté son chapeau de feutre. grille de la caserne, sur la place d’Armes, les soldats — Je le ferais volontiers, si je pouvais! — Nous allons avoir du coton, mon commandant. du génie faire l’exercice, ou, de l’autre côté, les tas — La politique doit vous intéresser, n’est-ce pas ? Garousse est à Dammarie! de boulets empilés, les prolonges d’artillerie, les acces­ — La politique? Non. Mais mon oncle, qui n’est — Ah! dit Verdier. soires de la guerre endormis là, paisibles et comme pas l'homme de ces représentations et qui va passer — Ohl il faut s’attendre à le rencontrer comme ça inutiles. Et partout, dans ses promenades, au bout de encore une journée pénible. jusqu’à la fin, dans nos jambes!... Il a tenu ce matin l’avenue de Sceaux où des artilleurs montaient éter­ — Oui, mais lorsqu’il sera élu, tout sera compensé!.. une réunion, à Melun, chez Carnetin, le monteur de nellement leur faction, devant les deux guérites du Vous serez fière d’être la nièce d’un homme qui gou­ bror.ze de la rue de la Juiverie... Monteur en bronze? Quartier, à l’horizon de l’avenue de Paris ou de l'ave­ verne son pays... Vous le conseillerez, vous le di­ plutôt un monteur de coups en bronze! Enfin! Quoi! nue de St-Cloud, il apercevait, se détachant solide­ rigerez. nous sommes là, mon commandant, et d’attaque ! ment, énorme masse blanche, sur le ciel clair des beaux — Moi? Il parlait, tout en marchant hors du château et Ver­ jours ou le ciel d’encre des journées d’orage, le Châ­ — Eh ! il ne serait pas mauvais que les femmes eus­ dier se retournait de temps à autre pour revoir Gil­ teau, ce château peuplé de fantômes, plein d’histoire, sent enfin une part au gouvernement... John Stuart berte et il la saluait encore, à chaque pas, comme s’il avec des salles rayonnantes de gloire et des corridors Mill est d’avis.... lui en eût coûté de s’éloigner d’elle. Ducasse trouvait tachés de sang. Le commandant l’aimait, ce château, Gilberte se mit à rire, d’un beau rire clair de jeune même le commandant passablement sentimental. Tant où, en quelques pas, il pouvait retrouver son histoire fille et, gaiement, elle demanda ce qu’elles en feraient, d’émotion pour une si petite aventure ! Des adieux vivante, rencontrer, jeunes, minces, avec leurs épau­ les femmes, de cette part-là, puisqu’elles ne savaient comme s’il s’agissait de faire le tour du monde! Pas lettes d’aides-de-camp, escaladant ou trouant les murs pas toujours se diriger elles-mêmes. du tout coulé dans le moule du great commoncr, le de Constantine, les maréchaux qui l’avaient com­ Et, sur ces lèvres sérieuses, comme attristées déjà bon commandant! mandé, les chefs qu’il avait suivis. Une odeur de pou­ par des souvenirs passés, ce rire franc, vraiment jeune, Et déjà, allongeant leurs ombres sur le chemin blar.c dre lui semblait emplir encore ces salles des guerres prenait pourtant un vague accent mélancolique. de soleil et poudreux comme une route d’Italie, le d’Afrique, de Crimée, d’Italie. Des uniformes démo­ Non, non, ces choses-là ne la regardaient pas. Elles candidat et son agent électoral traversaient le village dés et qu’il avait portés, semblaient flamboyer là, n’étaient pas faites pour elle. La politique — et Gil­ et arrivaient sur la place de la Mairie. dans des lumières de victoires. Verdier en sortait à la berte disait cela gaiement, sans y mettre de malice — Le bâtiment neuf de la mairie, s’élevait là, droit au fois heureux et navré, fier de tant de gloires lointaines, c’était bon pour Mme Herblay qui était une femme centre du village, près de l’église, l’ancienne abbaye anxieux des revanches futures, mais il y retournait, il supérieure... tout à fait supérieure. Mais pour le com­ du Lys, entre plusieurs rues qui venaient toutes abou­ y retournait souvent, attiré par l’amertume même de mun des mortelles, non ! tir en ce même centre comme autant de petites artères. ces images mélancoliques comme des feux évanouis,il y — Ce n’est pas cela qui me passionne ! dit-elle. La rue de Melun à gauche, à droite la rue de la Fon­ revenait et revenait sans cesse comme, éternellement, — Et... qu’est-ce qui vous passionne, vous, made­ taine où sur les cailloux courait gaiement une eau vire l’homme retournera aux épaves de sa vie, aux fan­ moiselle? demanda Emile. avec des lavandières penchées sur le courant clair, les tômes de sa jeunesse et aux spectres de ses amours. — Moi ? fit-elle encore, comme tout à l’heure. bras nus trempant le linge blanc dans le ruisselet. La Et, s’ils n’étaient pas venus à Dammarie, chez Elle le regarda bien en face, de ses beaux yeux rue de Farey, en face de la mairie, menait encore à un Mme Herblay, ils seraient, se disait Gilberte, avenue limpides, sans même avoir l’air de comprendre ce que bout de ruisseau, canalisé, et à une sente qui s’appe­ de la Reine, à Versailles, chez le colonel Bourgeois ! la question, un peu trop intime, avait de déplacé, et, lait la rue du Moulin. Autour de la façade rouge et Là, le brave homme d’oncle ne songerait à rien qu’à très franchement : blanche de la mairie, toute la vie de Dammarie se grou- THEATRE DE L'OPERA : « s i g u r d » , o p é r a e n 4 a c t e s , p a r m m c . d u l o c l e e t a . b l a u , m u s i q u e d e m . e . r e y e r La Walkyr'e délivrée pa Sigurd (acte II, 4e tableau). COUR D’ASSISES DE LA : l e p r o c è s p e l — a s p e c t d u p r é t o i r e Dessin d’après nature de M. Renouard. pait, débitants de vin, cafetiers, boulangers, vendeurs sent le plus ; ceux qu’on oublie diminuent, finissent nous pouvions étudier au microscope les tissus de nos d’épiceries, d’images et de jouets. Et voilà que, peu à même par s’atrophier. On pourrait juger des mœurs organes, nos muscles, nos nerfs, notre sang, notre peu, au bruit des pas et malgré le soleil tombant droit, d’une époque par la stature des individus. Quoique, moelle, et surtout la fermentation de chaque parcelle incandescent, sur la petite place, ces boutiques s’ou­ de nos jours, on puisse encore soutenir, avec une de notre cerveau, nous assisterions à un travail intime, vraisemblance apparente, que << la force prime le vraient, le cafetier appelant ses pratiques, tous ten­ permanent, faisant vibrer nuit et jour chaque point de droit », les esprits sont déjà assez avancés pour sentir notre être, depuis le moment de notre conception jus­ dant le cou vers le commandant, l’épicier venant voir que c’est là un axiome complètement faux. Le jour qu’à notre dernier soupir — et au-delà —, car l’âme aussi et quelques gens s’approchant en éteignant leur viendra où il n’y aura plus ni armées, ni guerres, où envolée, ce corps retourne, molécule par molécule, à pipe pour causer de près avec « le candidat de l’homme se sentira couvert de honte en voyant qu’il ne la nature terrestre, aux plantes, aux animaux et aux Mme Herblay. » travaille que pour nourrir des régiments, et où la hommes qui nous succèdent : rien ne se perd, rien ne On entendait, tout près de là, des détonations France, l'Europe, le monde entier délivré respirera se crée, nous sommes composés de la poussière de nos presque régulières, des coups de carabine tirés par librement en secouant et jetant au fumier ce manteau ancêtres, nos petits-fils le seront de la nôtre. des peintres de Barbizon dans un tir voisin, du côté de lèpre, de sottise et d’infamie qui s’appelle le budget Tout change, tout se métamorphose. de la guerre. de Chailly. L’univers est en création perpétuelle. Des ge­ Non, celui qui reviendrait sur la terre dans cent Comme Verdier traversait la place, un homme élé­ nèses de mondes s’allument actuellement dans les mille ans n’en reconnaîtrait plus l’humanité. Aucune cieux; des agonies s’éteignent autour des vieux soleils, gant, la barbe grise, et qui sortait d’une maison voi­ de nos langues n’aura subsisté : on parlera un tout et des cimetières de planètes défuntes circulent dans sine de l’église, s’arrêta pour regarder le commandant autre langage. Aucune de nos nations. Aucune de la profondeur des nuits étoilées. Les comètes vaga­ venant précisément vers lui. Un vieux petit bonhomme, nos capitales. Une civilisation brillante aura éclairé bondes qui gravitent de systèmes en systèmes sèment son compagnon, désignait Verdier en murmurant : l’Afrique centrale. L’Europe aura passé par-dessus sur leur passage les étoiles filantes, cendres de mondes « C’est le candidat républicain!... » l’Amérique, pour aller retrouver la Chine. L’atmos­ détruits, et le carbone, germe des organismes à venir. Et lorsque le commandant fut à deux pas de lui, phère sera sillonnée d’aéronefs supprimant les fron­ Toute planète a son enfance, sa jeunesse, son âge l’homme alors le salua d’un joli geste de galant homme tières et semant la liberté sur les Etats-Unis de l’Eu­ mûr, sa vieillesse, sa mort. Le jour viendra où le en disant, comme eût pu le faire un officier de Fon­ rope et de l’Asie. De nouvelles forces physiques et voyageur errant sur les rives de la Seine, de la Tamise, naturelles auront été conquises... et peut-être quelque du Tibre, du Danube, de l’Hudson, de la Néva, cher­ tenay : télégraphe photophonique nous fera-t-il converser chera la place où Paris, Londres, Rome, Vienne, — Commandant, enchanté de vous témoigner toute avec les habitants des planètes voisines. New-York, Saint-Pétersbourg auront pendant tant de mon estime avant de vous combattre de toutes mes La terre change sans cesse — lentement, car la vie siècles brillé, capitales de nations florissantes, comme forces ! est longue, — mais perpétuellement. Ici, la mer ronge l’archéologue cherche la place où Ninive, Babylone, Verdier, assez surpris, ôtait alors son chapeau et re­ les falaises et s’avance dans l’intérieur des terres ; Tyr, Sidon, Memphis, Ecbatane resplendissaient au­ gardait celui qui lui parlait. Il le reconnaissait vague­ là, au contraire, les fleuves charrient du sable, for­ trefois au sein de l’activité, du luxe et des plaisirs. ment. Il lui trouvait un air de ressemblance avec ment des deltas, des estuaires et voient avancer leurs Le jour viendra où l’humanité, plusieurs fois trans­ Henri IV. L’homme avait du Béarnais l’allure cava­ rives dans la mer ; les pluies et les vents font descen­ formée, descendra la courbe de son progrès, s’éteindra dre les montagnes dans les fleuves et dans l’Océan; lière, le retroussis de la moustache, mais, dans le re­ avec les derniers éléments vitaux de la planète, et les forces souterraines en soulèvent d’autres ; les vol­ s’endormira du dernier sommeil sur une terre désor­ gard, une mélancolie et, dans la voix, un charme cans détruisent et créent; les courants de la mer et de mais déserte et solitaire, où l’oiseau ne chantera plus, triste. l’atmosphère modifient les climats ; les saisons varient où la fleur ne fleurira plus, où l’eau ne coulera plus, — A qui ai-je l’honneur, monsieur?... périodiquement ; les plantes se transforment, non seu­ où le vent ne soufflera plus, où le blanc suaire des (A suivre). Ju les C la re tie . lement par la culture humaine, mais encore par les dernières neiges et des dernières glaces s’allongera variations de milieux ; les oiseaux des villes construi­ sinistrement depuis les pôles jusqu’à l’équateur. Et le sent aujourd’hui leurs nids avec les débris des manu­ soleil, notre grand, notre puissant, notre beau, notre factures; les cités humaines naissent, vivent et meurent; bon soleil, s’éteindra lui-même au centre de son sys­ LE ROMAN DE LA TERRE un mouvement prodigieux emporte toute chose en son tème. Nul tombeau, nulle pierre mortuaire, nulle épi­ (Suite). cours. En ces heures charmantes du soir où, sur le taphe ne marquera la place où l’humanité tout entière penchant des collines solitaires, nous fuyons les bruits aura vécu, la place où tant de nations puissantes, tant En fait, il y a , non seulement dans les du monde pour nous associer aux mystérieux specta­ de gloires, tant de travaux, tant de bonheurs et tant contrées sauvages, non seulement chez cles de la nature, à l’heure où le soleil vient de des­ de malheurs se seront succédé...... et cette place les tribus de l’Afrique centrale, chez les cendre dans son lit de pourpre et d’or, où le croissant même n’existe pas, car la Terre, depuis qu’elle existe, Samoyèdes ouïes habitants de la Terre de lunaire se détache, céleste nacelle, sur l’océan d’azur, emportée dans son tourbillon autour du soleil qui feu, mais encore chez les peuples civilisés, et où les premières étoiles s’allument dans l’infini, vogue lui-même avec tout son système parmi les des millions d’êtres humains qui ne pensent pas, qui alors il nous semble que tout est en repos, en repos étoiles, la terre où nous sommes n’est pas passée deux ne se sont jamais demandé pourquoi ils existent sur absolu, autour de nous, et que la nature commence à fois par le même chemin depuis qu’elle existe, et le la terre, qui ne s’intéressent à rien, ni à leurs propres s’endormir d’un profond sommeil ; cet aspect est trom­ sillage éthéré que nous venons de parcourir ensemble destinées, ni à l’histoire de l’humanité, ni à celle de la peur ; dans la nature, jamais de repos, toujours le tra­ depuis une heure, ce sillage de 26.500 lieues se re­ planète, qui ne savent pas où ils sont et ne s’en inquiè­ vail, le travail harmonieux, vivant et perpétuel ; la ferme derrière nous pour ne jamais, jamais se rouvrir tent pas, en un mot qui vivent absolument comme des terre semble immobile : elle nous emporte dans l’es­ devant nos pas. brutes. Les hommes qui pensent, qui existent par pace avec une vitesse de 26,500 lieues à l’heure ; onze La loi suprême du progrès régit tout, emporte tout. l’esprit, sont une minorité dans l’espèce. Leur nombre cent fois la vitesse des trains-éclairs ; la lune paraît Nous n’y songeons pas, mais nous marchons en avant néanmoins s’accroît de jour en jour. Le sentiment de arrêtée : elle nous suit dans notre cours autour du so­ avec rapidité, et loin de nous désoler en certaines la curiosité scientifique s’est éveillé et se développe. leil, et tourne autour de nous en raison de plus de époques de défaillance, nous devons être satisfaits du Le progrès qui s’est manifesté avec lenteur dans le mille mètres par seconde, en agissant à chaque instant chemin parcouru. Qu’est-ce que deux siècles, trois perfectionnement des sens et du cerveau de la série par son attraction pour déranger notre globe, le tirer siècles dans l’histoire ? C’est six, huit, dix générations ; animale se continue, et nous le voyons à l’œuvre dans en avant ou en arrière, produire les marées etc.; les c’est un jour. notre propre espèce, autrefois rude, grossière, bar­ étoiles nous paraissent fixes, chacune d’elles vogue L’histoire de la terre porte en elle-même le plus bare, aujourd’hui plus sensible, plus délicate, plus avec une rapidité vertigineuse, inconcevable, parcou­ magnifique, le plus éloquent témoignage en faveur de intellectuelle. L’homme change, plus rapidement peut- rant jusqu’à deux et trois cent mille lieues à l’heure ; la loi du progrès qui soit accessible à nos observations. être que nulle autre espèce. Celui qui reviendrait sur le soleil semble couché, il brille toujours, sans avoir Elle est en quelque sorte le progrès lui-même incarné la terre dans cent mille ans n’en reconnaîtrait plus jamais connu la nuit, s’enveloppe de flamboiements dans la vie, depuis le minéral jusqu’à l’homme. Notre l’humanité. intenses et lance incessamment autour de lui, avec ses planète a commencé par être une nébulosité informe, Déjà, si nous comparions aujourd’hui l’un des bou­ effluves de lumière et de chaleur, des explosions de qui graduellement s’est condensée en globe. Cette né­ levards de Paris, la salle de l’Opéra un soir de bril­ feu s’élevant à quatre et cinq cent mille kilomètres de bulosité gazeuse, d’une densité incomparablement plus lante représentation, une nuit de bal, un harmonieux hauteur et retombant en flammes d’incendie sur l’océan faible que l’air que nous respirons, cette immense concert, une séance de l’Institut, une armée en cam­ solaire qui toujours brûle ; le fleuve qui est à nos boule de vent, était formée d’un gaz sans doute primi­ pagne, etc., avec les réunions primitives de nos ancê­ pieds est calme comme un miroir, il coule, coule tou­ tivement homogène, plus léger que l’hydrogène même. tres de l’âge de pierre, nous ne pourrions nous em­ jours, ramenant sans cesse à l’Océan l’eau des pluies L’attraction mutuelle de toutes les molécules vers le pêcher de reconnaître un progrès manifeste en faveur qui toujours tombe, des nuages qui toujours se forment, centre, la condensation progressive qui en résulta, les de notre époque, non seulement au moral, mais encore des vapeurs de l’Océan qui toujours s’élèvent ; l’herbe frottements et la transformation de cette chute centri­ au physique. Ce ne sont plus les mêmes hommes ni sur laquelle nous sommes assis paraît n’être qu’un ta­ pète en chaleur, les premières combinaisons chimiques les mêmes femmes. L’élégance de l’esprit et celle du pis inerte : elle pousse, elle croît, elle grandit, et jour naissant de ce développement de calorique, l’influence corps se sont affinées. Les muscles sont moins forts, et nuit, sans un instant de repos, les molécules d’hy­ de l’électricité, l’action multiple et diverses des forces les nerfs sont plus développés. L’homme moderne est drogène, d’oxygène, d’acide carbonique, s’y combat­ de la nature dérivant en quelque sorte les unes des moins massif, moins rude ; insensiblement, le cerveau tent ou s’y combinent en une activité perpétuelle ; l’oi­ autres, amenèrent la formation des premières éléments, domine. La femme moderne est plus artiste, plus fine ; seau se tait dans les bois : sous le chaud duvet de la de l’hydrogène, de l’oxygène, de l’azote, du sodium, elle est aussi plus blanche, sa chevelure est plus lon­ couveuse, les œufs sont en vibration profonde et bien­ du fer, du calcium, du silicium, de l’aluminium, du gue et plus soyeuse, son regard est plus clair, sa main tôt les petits vont éclore ; et nous-mêmes, qui con - magnésium, et des divers autres minéraux, qui parais­ plus petite, son indolence plus voluptueuse. De temps templons en rêvant ce grand spectacle de la nature, sent tous formés géométriquement comme s’ils étaient à autre, des invasions barbares bouleversent tout et nous nous croyons en repos, et nous sommes portés à des multiples de l’élément primitif dont l’hydrogène arrêtent l’énervement. Mais ce n’est qu’un arrêt et un croire que pendant notre propre sommeil la nature se semble être la première condensation. Les espèces tourbillon. L’ensemble est emporté vers l’inconscient repose en nous : erreur, erreur profonde, notre cœur minérales se sont séparées successivement. désir du mieux, vers l’idéal, vers le rêve. On cherche. bat, envoyant à chaque battement la circulation du Ces mêmes substances qui constituaient notre pla­ Quoi ? Nul ne le sait. Mais on aspire, et l’aspiration sang jusqu’aux extrémités des artères, nos poumons nète primitive, lorsqu’elle brillait, étoile nébuleuse; entraîne l’humanité vers un état intellectuel toujours fonctionnent, régénérant sans cesse ce fluide d ev ie, cet oxygène, cet hydrogène, ce sodium qui brûlaient, plus avancé, jamais satisfait. Le crâne moule le cer­ les molécules constitutives de chaque millimètre de feux ardents, comme ils brûlent aujourd’hui dans les veau, et le corps moule l'esprit. ... notre corps se poussent, se juxtaposent, se marient, se flammes du soleil, se sont combinés d’une tout autre L’exercice des membies développe ceux qui agis­ chassent, se substituent sans un instant d’arrêt, et si façon après l’extinction de la terre comme étoile. Le feu est devenu l’eau. Physiquement, ce sont les extrê­ fidèle à ses promesses, et la Walkyrie, se transforme en na­ cela a un brio, un éclat qui enlève la salle. Le ballet qui mes ; chimiquement, c’est le même élément. L’Océan celle traînée par des cygnes. précède la fête nuptiale est un peu lourd ; bien traînante qui roule encore aujourd’hui ses flots tout autour du Cette première partie du poème appartient à la légende aussi est la scène qui le suit et qui finit le second acte. Le globe, est formé d’hydrogène, d’oxygène et de sodium. du Nord, que Wagner a traduite dans Siegfrid avec une quatrième a de réelles beautés, avec la rêverie douloureuse de la Walkyrie. Je crois qu’on a fait des coupures dans L’observateur de l’espace aurait pu voir notre pla- merveilleuse puissance. Le sujet a tenté de nouveau M. Reyer,qui l’a repris; c’était son droit. Je ne chercherai ce morceau auquel on a nui. Je n’aime pas le duo de Hilda nètre briller d’abord à l’état de pâle nébuleuse , et de Brunehilde, il manque de décision et d’action drama­ resplendir ensuite comme un soleil, devenir étoile pas à quelle école appartient M. Reyer; ces questions d’esthétique, ces discussions de système me laissent abso­ tique ; il est vrai qu’il a subi aussi quelques amputations, rouge, étoile sombre, étoile variable aux fluctuations lument tranquille. Je suis en face d’une œuvre; peu m’im­ mais le duo final de Sigurd et de la Walkyrie donne à d’éclat, et perdre insensiblement sa lumière et sa porte en vertu de quel droit de l’art elle existe ou elle l’œuvre de M. Reyer un couronnement merveilleux. Il est chaleur pour arriver à l’état dans lequel nous observons n’existe pas, il me suffit de savoir si elle m’a touché, si elle délicieux, exquis, ce duo : c’est un pur chef-d’œuvre ; il aujourd’hui Jupiter. m’a ému, si elle m’a enthousiasmé ou si elle m’a laissé in­ plane dans les plus hautes régions de l’idéal avec son charme, différent. Eh bien, je n’hésite pas à dire que dans Sigurd, sa tendresse, sa passion, avec toute la puissance de sa poé­ Déjà la terre tournait sur elle-même et autour du sie : il est d’un maître et d’un grand maître. soleil. Lorsque la température de l’éclosion fut abaissée, j’ai reconnu un maître. Est-ce donc que ces deux actes soient parfaits? Non. La visée du compositeur est toujours noble, Maintenant quel sera le sort decet opéra de Sigurd ? Je lorsque les vapeurs atmosphériques se condensèrent, toujours grande, mais sa pensée ne monte pas toujours aux lorsque la mer primitive s’étendit tout autour du globe, n’en sais rien. Les beautés supérieures qu’il renferme — hauteurs qu’elle voudrait atteindre; l’exécution le trahit par­ elles sont en grand nombre — triompheront-elles des len­ au sein des convulsions volcaniques de l’enfance ter­ fois, de là un peu de confusion et de lourdeur. Le nuage teurs de l’ouvrage et des habitudes musicales du public ?Je restre, parmi les déchirements de la foudre et les éclats était épais, je n’ai pas toujours vu l’étoile. l’espère. On a acclamé M. Reyer à la première représenta­ du tonnerre, dans les eaux tièdes et fécondes, les pre­ Je ne sais par quelle malencontreuse précaution, pour tion : ce succès continuera.L’ouvrage est monté d’une façon mières plantes, les premiers animaux, se formèrent gagner du temps, me dit-on, l’ouverture que nous avons si digne de lui, avec un grand luxe de décors, une grande par des combinaisons du carbone, semi-solides, semi- souvent applaudie dans les concerts, a été supprimée. Cela richesse de mise en scène. L’interprétation est hors ligne liquides, pâteuses, malléables, dociles, mobiles et chan­ nuit beaucoup à l’effet du premier acte, dont les propor­ et telle que nous n’en avons pas vue depuis longtemps à geantes. tions sont absolument dérangées. Le drame musical s’attaque notre Académie de musique. avec une sévérité monotone par les chœurs et par la scène Le rôle de la Walkyrie est joué par une jeune et belle (A suivre). C am ille Flam m arion. de Hilda et de sa nourrice Uta, malgré la ballade : « Je personne, Mme Caron. Mme Caron est grande, c’est une sais des secrets merveilleux », qui est d’un beau caractère. tragédienne au geste noble et vrai, à la physionomie mobile La scène des guerriers de Günther m’a laissé froid ; le qua­ et d’une grande expression; la voix est belle et bien tim­ tuor des envoyés d’Attila qui demandent la main de Hilda brée, elle a tout le charme, toute la séduction de la jeu­ pour leur maître, a de la tournure, mais l’entrée fulgurante nesse ; le succès de Mme Caron a été des plus vifs et sera de Sigurd au milieu de ses soldats est de l’effet le plus durable. Mme Bossman, qui nous arrive de Bruxelles où LES THÉATRES noble et le plus grand. La réplique de Günther est d’une elle avait chanté Hilda, a vaillamment soutenu ce rôle des déclamation superbe, et combien nous avons regretté de ne plus ingrats. La voix de Mlle Richard met en valeur pas trouver dans le final qui termine l’acte, dans le départ le personnage de la sorcière Scandinave Uta. Sigurd, à la conquête de la Walkyrie, cette explosion chevale­ c’est M. Sellier, un héros à la voix un peu faible, mais un resque que nous faisait espérer les scènes précédentes. amoureux qui donne aux situations musicales du quatrième Le tableau par lequel s’ouvre le second acte, la cérémonie acte toute leur chaleur, toute leur passion. C’est un rôle THÉATRE DE l ’Opéra : Sigurd, opéra en quatre actes, poème religieuse avec sa couleur sombre et farouche, est magis­ bien rude que celui du roi Günther, mais la magnifique voix de MM. Camille du Locle et Alfred Blau, musique de tral. Le chant du prêtre « Et toi, Fréjà, déesse de l’amour » de M. Lassalle sort triomphante de toutes ces difficultés. M. Ernest Reyer. est une des belles choses que nous ayons entendue. Il a une Nous avions entendu M. Gresse au Théâtre lyrique : l’Opéra se l’est attaché, l’acquisition est excellente. M. Gresse, qui Je ne cacherai pas à MM. du Locle et Alfred majesté, une grandeur incomparable; cela est vraiment su­ perbe à ce point que j’ai regret des critiques que j’ai à faire est bon comédien, fait Hagen : il a une superbe voix de basse, Blau que leur livret de Sigurd est d’une com­ homogène, bien timbrée, que le chanteur conduit avec un préhension difficile. Avec de la bonne volonté de cette œuvre de Sigurd et il me semble, au souvenir de quelques morceaux, que je commets envers elle une ingra­ remarquable talent et qui sonne comme une fanfare dans la et de la persévérance on parvient à le saisir, marche triomphale du troisième acte. mais il faut le piocher. Je sais bien qu’il est titude. La phrase du grand prêtre « Et celui-là plus pur que M. Savigny. né de la mythologie Scandinave qui, comme l’aube d’un beau jour » est d’un beau dessin musical, ainsi toutes les mythologies du reste, n’est pas illuminée d’une que celle de Sigurd « Quand Brunehilde sera dans ton clarté bien vive, mais mon esprit qui se retrouverait encore palais ». Le panache brillant, éclatant manque dans lé mor­ à travers les épopées nationales du Nord, se perd juste au ceau d’adieu des trois guerriers. La force est perdue aussi NOTES ET IMPRESSIONS moment où l’imagination personnelle des librettistes se dans le chant de Sigurd arrivant sur le Folkranger, mais substitue à celle des vieux poètes populaires du Rhin et de son rêve d’amour qui reporte sa pensée sur Hilda est déli­ Les soldats, les provisions, la sincérité font la force d’un l’Issel. Cela commence héroïquement avec l’envolée des cieux. A notre avis, le compositeur est resté au-dessous de empire. légendes aux larges envergures et finit avec les procédés la situation dans ce combat du guerrier contre les esprits En cas d’absolue nécessité, renoncez aux soldats; ordinaires à nos auteurs d’opéras. Peut-être était-il utile, qui défendent le château de la Walkyrie. C’est de la féerie, Renoncez même aux provisions ; pour notre goût français, de prendre des précautions avec mais de la féerie à laquelle la musique devait prêter toute sa Conservez précieusement la sincérité. puissance. Cette magie, nous l’avons cherchée en vain. les Niebelungen ; je n’en disconviens pas, mais il y a dans Les soldats meurent, les provisions s’épuisent, la sincé­ ce Sigurd un Edda complaisant à nos habitudes théâtrales, La scène du palais enchanté ne nous a pas donné non rité reste. un Saïga à la portée du public parisien qui a douté par plus ce que nous attendions de M. Reyer. Ne soyons pas Confucius. trop de son intelligence et qui pour être plus clair s’est injuste pourtant et applaudissons avec tout le public le ré­ * * * compromis dans des subtilités dramatiques. veil de Brunehilde « Salut, splendeur du jour ». L’esprit révolutionnaire est fatal aux grandeurs qu’il élève Le dieu Odin a chassé de son ciel la Walkyrie Brunehilde Là finit l’épopée; ce qui suit n’est plus qu’un arran­ comme à celles qu’il renverse. pour avoir désobéi à ses ordres et a condamné la déesse gement des librettistes. Sigurd, la visière baissée, s’est exilée à dormir dans un palais inaccessible, défendu par les Guizot. donné pour Günther. Brunehilde l’a cru complaisamment * * * Elfes, par les Kobolds, environné de flammes et de monstres sur sa parole et lui a remis sa ceinture comme gage d’un dévorants jusqu’à ce qu’un guerrier soit assez courageux amour éternel. Günther, mettant à profit ce mensonge de Le peuple fête les chagrins comme les bonheurs, et la pour venir la délivrer: Encore faut-il que ce chevalier sans son ami, réclame la Walkyrie pour son épouse. Malgré répétition ne le fatigue jamais. peur soit sans reproches. Odin exige que celui-là « plus pur V. Cherbuliez. quelques soupçons qui l’agitent, la déesse exilée, obéissant * que l’aube d’un beau jour », vierge de corps et d’âme, n’ait aux ordres célestes, va donc partager le trône du roi des * * jamais subi le joug féminin. Il s’en présentera, gardez-vous Burgondes, tandis que Sigurd, pour prix de ses exploits, Quand on souffre, on voit toujours un rapprochement d’en douter. Günther, le roi des Burgondes, devenu amou­ vient demander la main de Hilda à Günther. Brunehilde en reux sans la connaître de la Walkyrie est prêt à tenter entre l’agitation de son être et le bouleversement de la unissant la main des deux fiancés est frappée comme d’un nature. l’aventure. Les trompettes sonnent ; elles annoncent l’arri­ coup de foudre. Le soleil s’est obscurci, le tonnerre a vée dans le burg de Günther d’un guerrier à l’armure écla­ Albert Delpit. éclaté, le ciel avertit la déesse qu’elle est trompée. Bru­ * * * tante. Il a nom Sigurd, il est fils du roi Sigemond, c’est le nehilde entrevoit la vérité, trop tard ; le mariage de la héros invincible. Il est entré menaçant, en ennemi, mais ses Walkyrie avec Günther est consommé. On a beau faire, on ne pourra pas écraser tous les hon­ colères se sont calmées à la vue d’Hilda, la sœur du roi Günther. Uta a versé au chevalier un breuvage qui l’a Brunehilde est maintenant pensive, mélancolique, en proie nêtes gens. enflammé d’amour pour Hilda. à l’horrible tourment du doute; elle sent qu’elle aime Sigurd. Jules Claretie. * * * Au récit qu’on lui fait de l’histoire de Brunehilde, le En vérité ce chevalier déloyal n’est pas digne d’elle. Les voilà prêt à aller conquérir la Walkyrie, à la remettre aux choses vont plus loin. Hilda est devenue la femme de Sigurd ; Avoir la réputation d’une mauvaise langue sert à deux mains de Günther, à une condition : le roi des Burgondes son époux, qui bavarde trop, lui a raconté comment il a fins: à se procurer des ennemis et à dîner en ville. délivré la Walkyrie pour le compte de Günther et lui fait Ph. Gerfaut. reconnaissant lui donnera la main de sa sœur. Le pacte est * conclu et les trois guerriers, Sigurd, Günther, Hagen, présent de la ceinture que la déesse lui a donné pour prix * * trois compagnons de périls et de gloire, entreprennent cette de ses exploits. Hilda jouit de son triomphe et insulte Brunehilde par cette confidence. Ce sont là de bien petits La toilette est le style des femmes; la variété est le pré­ œuvre de délivrance. Ils vont vers l’Islande ; ils se dirigent cepte qu’elles observent le mieux. vers cette forêt sacrée où le grand prêtre d’Odin fait les sacri­ moyens dramatiques qui amènent ce résultat des plus inat­ tendus que la Walkyrie, qui devrait mépriser Sigurd, est plus F. Sauvage. fices divins à Fréja, la déesse de ramour. Ils lui demandent * le cor magique qui doit conjurer l'armée des esprits invisi­ que jamais amoureuse de lui. Que voulez-vous? Le cœur * * bles qui veillent autour du palais de la Walkyrie endormie des femmes et les livrets d’opéra sont incompréhensibles. Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre et dont les sons répétés par trois fois ont le pouvoir de Nous touchons au sombre dénouement. Sigurd a oublié Hilda; Brunehilde ne se souvient plus de Günther et voilà à se laisser apprendre beaucoup de choses par des gens qui faire tomber tous les obstacles. Le grand prêtre, dont la les ignorent. science divine pénètre dans l’âme humaine et qui n’a qu’une le guerrier et la déesse ardemment amoureux l’un de l’autre. confiance médiocre dans Günther et son ami Hagen, remet Le roi Günther se fâche; c’est son droit : il est le mari; il le cor aux mains de l’immaculé Sigurd ; le guerrier, armé veut se venger de Sigurd, mais Hagen prévient la vengeance du talisman, s’avance vers le Folkranger, le champ des du maître et frappe traîtreusement par derrière Sigurd. Le On ne dit quelquefois trop de mal des hommes que pour morts. Son épée fulgurante met en fuite les esprits infer­ héros, blessé à mort, tombe à côté de la Walkyrie qui avoir eu une idée trop haute de l’homme. naux; le lac, au milieu duquel s’élève le château de la Wal­ expire du même coup qui a frappé celui auquel sa vie était kyrie, est en feu : Sigurd se jette à travers les flammes, la enchaînée. muraille s’écroule et la salle du palais magique apparaît. Le talent du maître a relevé ces situations médiocrement Un poste élevé est comme un piédestal : il faut que celui Brunehilde s’éveille, regarde avec ravissement son sauveur dramatiques. Le duo entre Brunehilde et Günther, avec ses qui l’occupe soit, comme les statues, plus grand que na­ et, après l’avoir remercié avec amour d’avoir rompu les belles phrases « Je suis Günther, prince du Rhin » avec les ture, pour ne pas paraître trop petit. charmes de sa prison, elle s’endort dans les bras de Sigurd réponses passionnées de la Walkyrie « Je suis à toi, Gün­ G.-M. Valtour. qui place son épée nue entre elle et lui. Le palais s’englou­ ther » est une des meilleures pages de la partition. La mar­ tit alors dans le lac, et le lit qui porte le chaste guerrier, che triomphale, que conduit la voix de Hagen, est superbe, PEL Dessin d’après nature de M. Renouard.

MISE A L’EAU DU NOUVEAU CUIRASSE LE « REQUIN », A BORDEAUX, LE 13 JUIN — LE NAVIRE A FLOT D’après une photographie de M. Terpereau. l' effondrement de l' escalier du palais de ju stic e l’escalier après l' accident

LA CATASTROPHE DE THIERS : l' enterrement des victimes Ephrussi; Beaumesnil, au comte de Vauvi- sous ce titre a pour but de combler cette définitive. La tâche était ardue ; mais elle neux, troisième. lacune et de nous présenter l’histoire de avait de quoi tenter un artiste soucieux de Nous avons eu à nos défaites de cette an­ Part sous forme de biographies d’artistes, ri­ précision, comme j’imagine volontiers que née la très glorieuse consolation d’un complet SPORT ET HIGH LIFE chement illustrées. M. Eugène Müntz, le sa­ doit être un graveur. Ajoutons qu’un intérêt succès dans la grande Course internationale vant conservateur de l’Ecole des Beaux-Arts, plus grave que la marche plus ou moins heu­ de haies qui s’est courue à Auteuil la semaine à qui nous devons déjà l’intéressante Biblio­ reuse d e là conversation a préoccupé M.Brac­ dernière, prix de 20,000 fr., dans lequel les thèque internationale de l'Art, était admira­ quemond dans son étude, à savoir quelle est quatre chevaux français ont battu tous les blement désigné pour diriger cette collection. la quantité et la qualité de dessin nécessaire SPORT HIPPIQUE chevaux anglais au milieu des acclamations Autour delui nous verrons groupés à titre de aux diverses situations où la vie jette chacun de la foule. La place nous manque pour les collaborateurs MM. de Baudot, Henri de de nous, quand l’uniformité de l’enseigne­ Courses au Bois de Boulogne. — Le Grand détails, nous devons nous borner à une indi­ Chennevières, Collignon, vicomte Delaborde, ment des arts règne en principe par suite de Prix de Paris. cation sommaire du résultat. L’écurie du Bos G. Duplessis, Georges Lafenestre, Paul Mantz, l’arbitraire inconsistance des mots. L. P. Paradox a gagné comme il a voulu, et Re­ a vu ses deux représentants, Newmarket et de Montaiglon, Louis de Ronchaud, Charles luisant a néanmoins fait une très bonne Jupiter prendre la première et la seconde Yriarte, etc., etc. L’éditeur s’est, assuré, Le meuble, par Alfred de Champeaux course, piloté par Rolfe, mais il n’y a pas eu place. North Pôle, au baron Finot, chargé de comme on voit, les plus sérieux éléments de 1 vol. in-12, (Quantin éditeur). Depuis que lutte. Le cheval anglais, en entrant dans la 70 kil. est arrivé troisième à dix longueurs. succès. Le premier volume est consacré à le goût,et quelquefois même la manie de l’a­ ligne droite, se tenait légèrement en arrière Agenda, au comte de Nieuil, est arrivé qua­ Donatello, qui, suivant l’opinion de Benve- meublement dit de style, a envahi cette partie de Reluisant, qui tenait la tête depuis le dé­ trième. Ensuite les anglais, Lottie, Boléro, nuto Cellini, était « avec le merveilleux du public qui peut se permettre d’avoir des part et qui commençait à faiblir. Devant les Hardware, Grecian Bend, Freney, Wavelet, Michel-Ange l’un des deux plus grands meubles pour ne s’en pas servir, un guide tribunes, Archer n’a eu qu’à rendre la main Prince Edward et Roquefort. Ce dernier est hommes qui aient existé depuis l’antiquité qui lui montrât les bons chemins et l’empê­ pour permettre à son cheval de s’élancer et tombé à une haie. jusqu’à nos jours ». Malgré cette haute affir­ chât de s’engouer du vieux, pour cela seul de se placer, en quelques foulées, une lon­ — Le prix de l’Aubépine, 2,500 fr., che­ mation, Donatello longtemps oublié, dédaigné, qu’il est vieux, était devenu nécessaire. M. de gueur devant Reluisant. Cette victoire de vaux de 4 ans, gagné par Rinaldo, à M. F. avait à peine été l’objet d’une étude d’en­ Champeaux sera désormais, avec Jacque­ Paradox, prévue par tout le betting, n’a pas Robinson ; Parlementaire, au baron Finot, 2e; semble. Il avait presque autant besoin d’une mart, le mentor du collectionneur de meu­ été acclamée. Le train a été de moyenne vi­ Fortuné II, 3e. réhabilitation que d’une histoire. C’est bles. La première partie de l’ouvrage qui tesse, la course ayant duré 3 minutes 25 se­ Le prix de Bretagne. — Steeple-chase M. Müntz qui a écrit l’une en proclamant parait aujourd’hui, et qui aura bientôt une condes 2/5. Le prix a rapporté 135,500 fr. 4.000 fr. chevaux de quatre ans et au-dessus l’autre. Appuyé sur les documents nouveaux suite, comprend l’histoire du meuble depuis à M.Brodrick-Cloete dont l’écurie, de fonda­ dist 3,000 m. gagné de trois longueurs par et servi par une méthode sûre, le critique a l’antiquité jusqu’à et y compris la Renais­ tion récente, a remporté en Angleterre les Merlin Il à M. A. Khan; Skye à M. F. Ro­ fait revivre l’homme et l’artiste en caractéri­ sance. La manière dont les Phéniciens, les Grecs, les Hébreux faisaient leur lit peut Deux milleguinées et le Grand Prix d’Epsom. binson, deuxième; Matador à M. Guinebert, sant son génie. n’être pas dénuée d’intérêt, mais il faut recon­ Le départ ne s’est pas fait sans difficulté, la troisième. — Prix Mortemart, steeple-chase Une illustration brillante de cinquante naître que la chaise curule et le triclinium piste se trouvant envahie par les curieux ; les handicap 5.000 fr. pour chevaux de 4 ans et dessins, encadrés dans une typographie élé­ ont fait leur temps; aussi l’auteur passe-t-il agents, assistés par des gardes à cheval, ont au-dessus, dist. 4,100 m. Entraîneur àM.R. gante, complète cette première biographie. vite pour arriver au moyen-âge. Les plus mis près d’une demi-heure à dégager le par­ Hennessy. — Prix de la Tamise, prix spé­ L. P. nombreux spécimens de l’art de cette époque cours. Il faisait une chaleur torride et la foule cial, steeple chase, 3,500 tr. chevaux de Bibliothèque artistique moderne : Servitude appartiennent à l’ameublement religieux ; était compacte, tant sur les gradins qu’aux 4 ans et au-dessus, 3,000 m. gagné par et grandeur militaires, par Alfred de Vigny. ceux qui nous restent nous donnent bien lieu abords des tribunes et tout le long de la lisière Boissy à M. Andrews devant Ardente au ba­ 1 vol. in-8°. (Librairie des Bibliophiles). — de regretter ceux que tant de causes variées du Bois, où le spectacle des groupes assis à ron Finot et La Barbée à M. Guinebert. Rien n’appelle l’édition de luxe, telle que la l’ombre des taillis était assurément un des ont détruits et que cite M. de Champeaux ; Le lendemain, vendredi 12, c’était le jour comprennent les éditeurs de la librairie des côtés curieux de la fête; nos braves Parisiens Bibliophiles, c’est-à-dire élégante, sobre,dis­ il est bon de faire remarquer ici qu’il ne s’en s’épongeaien't d’une main, et de l’autre se des drags ; l’assistance était aussi nombreuse est pas tenu au meuble meublant, mais qu’il qu’élégante, le défilé a été fort applaudi, le tinguée, impeccable au point de vue typo­ versaient de larges rasades. graphique, rien n’appelle, disons-nous, cette a compris dans le plan de son ouvrage, le Arrivons au détail des courses. On a dé­ sport a été des plus brillants. North Pôle, au meuble immeuble, tel que les clôtures, pla­ baron Finot, a gagné le prix des drags devant édition, comme le délicat chef-d’œuvre d’Al­ buté par le prix d’Armenonville. 300ofr.pour fred de Vigny. Servitude et Grandeur mili­ fonds, lambris, etc., et en général tout le chevaux de 3 ans et au-dessus: 3 ans 5 2 kil.; Nickel II au comte de Nicolay et Carmélite; travail du bois. c’est une performance d’autant plus méritoire taires a tous les droits pour figurer dans une 4 ans 62 k. Tous les chevaux à vendre pour collection où l’on se propose de réunir les L’art de la Renaissance nous a laissé des 1500 fr. distance 2400 m. Révélation gagne que le cheval avait eu, deux jours aupara­ exemples plus civils; la partie qui lui est vant, à fournir une course très sévère.— Par­ meilleurs contes et romans contemporains. facilement devant Farabole et Diligence. Cette étude dramatisée vient cinquième après consacrée est la plus intéressante : M. de Le prix d’Ispahan, 10,000 fr. pour che­ lementaire, de la même écurie, a obtenu le Champeaux a cherché à établir une classi­ prix du Rendez-vous devant Silencieuse et le Capitaine Fracasse, Une page d’amour, vaux de 3 ans et au-dessus : 3 ans52 k.1/2 ; les Contes choisis d’Alphonse Daudet et le fication dans les œuvres de cette époque, et 4 ans 63 kil.; 5 ans et au-dessus, 06 k. 1/2. Infidèle. — Le prix de la Vénerie, steeple- il est parvenu, sinon à fixer les limites des dif­ chase pour gentlemen riders, a été pour La Roi des montagnes d’Edmond About. Il n’est Les chevaux n’ayant jamais gagné un prix de pas douteux qu’au point de vue du mérite et férentes écoles françaises, du moins à déter­ 10000 fr. ni une course en Angleterre reçoi­ Barbée a M. Guinebert. Dans cette épreuve, miner des centres de production dont l’in­ la chute de Tromperie a été fatale à M. Ané, de la valeur littéraire elle n’occupe le pre­ vent à 3 ans 3 kil. ; à 4 ans 4 kil. i]2 à 5 ans et mier rang. Des œuvres d’Alfred de Vigny fluence s’est plus ou moins élargie en raison au-dessus 6 kil. Ceux n’ayant jamais gagné sportsman très aimé et estimé, qui est mort de l’habileté de l’ouvrier ou de l’impulsion samedi à l’hôpital Beaujon des suites de ses c’est peut-être, avec ses poésies, celle qui qu’un prix de 4000 fr. reçoivent à 3 ans 6 k., vieillira le moins. Le texte en a été colla­ donnée soit par un artiste, soit par une réu­ à 4 ans 7 k. 1/2, à 5 ans et au-dessus 10 k. blessures. — Le prix de l’Ombrage a été nion de praticiens délicats. L’ouvrage de pour Barrière à M. R. Hennessy. Le vain­ tionné sur le manuscrit original à l’aide Distance 2400 m. Despote à M.de la Charme duquel on a pu corriger les fautes qui M. de Champeaux comptera certainement a battu facilement Diaprée à M. P. Donon queur a été racheté 9.200 fr. par son pro­ parmi les plus complets de la Bibliothèque de priétaire. avaient échappé dans les éditions précédentes. La Bultée à M. Lefèvre et Fra-Diavolo à M. Julien Le Blant a fait pour cette œuvre si l’Enseignement des Beaux-Arts, si habilement M. Aumont. Quand nous aurons rendu compte, aussi dirigée par M. Jules Comte. L. P. brièvement que possible, des courses du jeudi attachante de merveilleux dessins qui en Prix de la Ville de Paris (handicap) 6000 fr. rendent admirablement l’esprit et qui ont été donnés par le Conseil municipal pour chevaux et du samedi sur l’Hippodrome deLongcbamps, nous aurons liquidé cette semaine hippique gravés avec beaucoup de finesse par M.Cham- FAITS DIVERS entiers, hongres et juments de 3 ans et au- pollion. L. P. dessus, de toute espèce et de tout pays. Dis­ si chargée,dont l’animation peut donner l’idée Exploration de la perte du Rhône. — du progrès que le Sport a accompli en France tance 3200 m. Gêrant-du-Bac à H. Jennings Jules Bastien-Lepage, l’homme et l'artiste On vient d’établir à Genève un barrage qui, en un demi siècle. Il y avait jeudi au pro­ a devancé d’une encolure, Tipster au comte par M. André Theuriet, 1 vol. petit in-i8 pendant quelques jours, a fait baisser consi­ de Ribeaucourt; 30 à deux longueurs, Nar­ gramme le Prix du Pré Catelan 3,000 fr. dérablement les eaux du Rhône. M. Lossiei 3 ans, 2.000 m. Tyrolien à M. Aumont a été (Charpentier). — Cette charmante étude sera ghilé à M. E. de la Charme. fort goûtée des admirateurs du pauvre Bas- en a profité pour explorer de vastes cavités devant Florestan et Bellac ; la bête a été Grand Prix de Paris 100,000 fr. donnés tien-Lepage, si brusquement enlevé à l’art et situées dans la perte du Rhône, au-dessous moitié par la Ville de Paris et moitié par les achetée 10,055 fr.55 par le comte de Berteux. du pont de Lucé. — Le prix de la Muette 3,000 fr., 2,c00 m. à ses amis. M. André Theuriet était de ceux- cinq grandes Compagnies de chemins de fer ci et ce n’est pas sans intérêt que l’on suit Ces cavités sont remplies de troncs de sa­ 1 Faucille, à M. Michel Ephrussi, 2 Josiane pour poulains entiers et pouliches de toute l’aimable poète et romancier dans ses appré­ pins et d’une quantité d’autres objets flot­ espèce et de tout pays nés en 1882. Entrée à M. Lupin ; 3 Sabine à M. Walter. — Le tants, qui doivent s’être accumulés en cet en­ prix Seymour, 10,000 fr. 3 ans. 2,400 m. ciations sur l’artiste et sur l’homme. Nous 1000 fr., forfait 600 fr. ; 100 fr. seulement n’oserions pas prétendre que le public n’ait droit depuis fort longtemps. Ce fait, joint à Gagné de deux longueurs par Plaisanterie à s’il a été déclaré à Paris ou à Londres le pas témoigné d’un engouement quelque peu l’immobilité complète de l’eau, constatée par M. H. Bouy devant Barberine 2, Rigoletto 3 vendredi i«r mai avant minuit. Le second exagéré à l’endroit du jeune peintre, c’est un un sondage jusqu’à 16 mètres de profondeur, etMondain4. — Prix deDeauville—10,000 fr. reçoit 10,000 fr. et le troisième 5000 fr. sur peu la maladie de notre temps de manquer prouve que ces trous ne doivent pas être ou­ pour chevaux de 3 ans, 2,400 m. Un match les entrées. Poids 55 kil. Distance 300 m. de mesure. Mais du petit livre de M. A. verts en aval. L’eau et les objets qu’elle y entre Présent Times et Fra-Diavolo. Le pou­ environ. Trois cent un chevaux avaient payé Theuriet se dégage une bien sympathique entraîne peuvent y entrer en amont, mais ne lain de M. Lefèvre a gagné de quatre lon­ forfait avant le Ier mai et 27 chevaux avant figure d’artiste que l’on se prend à aimer peuvent plus eh sortir. gueurs facilement. — Le Prix de la Porte le 'o juin. Ontcouru : Present-Times àM. C.- sans l’avoir connue et qui ne laisse que des Il est donc probable que le courant même Maillot, 3,000 fr. 3 ans, 1,600 m. 1 AliBey J. Lefèvre, monté par Kearney; Extra à M. P. regrets. du fleuve doit passer à une grande profondeur à M. de la Charme; 2 La Bultée, 3 Sourire. Donon, monté par R. Bundy; The Condor, à Un portrait et un autographe accompagnent pour remonter ensuite à sa sortie de la perte M. J. -L .de F. Martin monté par H unt er; Paradox Le samedi : Prix du mont Valérien gagné le petit volume. L. P. du Rhône. à M. Brodrick-Cloete,monté par F. Archer; La­ par Duchesse 8/1 au comte de Morny; le prix Conservation des œufs. — Pour conser­ pin au duc de Castries monté par Bridgeland ; de l’Eté gagné par Despote battant Richelieu; Du dessin et de la couleur, par M. Brac- ver les œufs, il faut empêcher l’air de les pé­ Reluisant au marquis de Bouthillier monté le prix de la Néva gagné par Lavandière à quemond, 1 vol. in-18 (Charpentier, éd.) — nétrer. Il suffit donc de détruire la porosité de par Rolfe et Barberine,à M. Michel Ephrussi, M. battant Gérant du Bac; Qui de hous, au cours de ses lectures ou de la coquille en l’enveloppant d’une couche pro­ monté par Carlyle. 1. Paradox une longueur le prix de Meudon a été pour Martin Pé­ ses entretiens sur l’art, ne s’est aperçu pour tectrice. Ainsi, on peut recouvrir les œuts devant Reluisant 2°; Present-Times 3e à trois cheur II battant Dur-à-Cuire et Bichette; le s’en plaindre, non seulement du vague des d’une couche de cire, dé matières grasses, de longueurs; Lapin 4e à une encolure. Les der­ prix de Ferrières a été pour le Sceptre au expressions, mais des diverses attributions gomme arabique, de plâtre, et les rouler en­ niers Extra, The Condor et Barberine. baron de Schickler battant don Gigadas et de sens données aux principaux termes em­ suite dans du charbon de bois pulvérisé, en Prix Vaublanc 6000 fr. pour chevaux de Mondain. Le prix d’Argenteuil a été pour ployés dans les beaux-arts. Et quand, pour ayant soin de les placer finalement la pointe 3 ans et au-dessus. 3 ans, 52 k. l|2; 4 ans et C /ioàM . H. Delamarre battant Yvrande. nous éclairer, nous avons eu recours aux en bas. au-dessus 62 k. Le gagnant à vendre pour dictionnaires, qu’avons-nous trouvé? Absence S t-H ubert. On peut encore les mettre dans un mélange 25000 fr. Distance 2200 m.gagné facilement d’indication significative, erreur de définition, de sel et de charbon, dans de la farine, dans de deux longueurs par Kersage, à M. Hawes confusion des idées... La définition des termes battant Le Nôtre au comte-de Morny et Féli- des cendres, etc., ou bien les plonger pendant BIBLIOGRAPHIE du langage des arts n’existe donc véritable­ quinze jours dans de l’eau de chaux. cia, à M. J. Prat. Les derniers Azur et Ri- ment pas encore ; dans ce domaine nous som­ On les conserve aussi, paraît-il, fort long­ goletto. Les artistes célèbres. Donatello, parM. Eu­ mes en pleine incertitude ; la technique flotte temps, en les maintenant dans une dissolution Prix du duc d’Aoste. — 6,000 fr. pour gène Müntz. 1 vol. gr. in-8° (Librairie de dans l’indéfini. M. Bracquemond a pensé d’acide salycilique. chevaux de 3 ans et au-dessus, n’ayant pas l’Art, J. Rouam, éditeur.) — Il n’existe pas qu’il était bien nécessaire de fixer cette techni­ gagné en 1885 un prix de 10,000 fr. 3 ans, encore en France de publication destinée à que. Peintre et graveur, il nous semble avoir N ettoyage des bouteilles. — Voici, d’a­ 54 kil,; 4 ans, 63 kil.: 5 ans et au-dessus, répandre des connaissances esthétiques un serré d’assez près les choses définies, et sur près la Nature, une recette pour nettoyer les 65 kil. Yvrande, à M. A. Lupin, l’a emporté peu précises par la voie de l’histoire. La bien des points nous ne sommes pas éloignés bouteilles. Il suffit d’y introduire quelques d’une courte tête sur Richelieu, à M. Michel I collection que la librairie de l’Art entreprend de croire qu’il a trouvé la formule exacte et morceaux de papier coupés menus, un frag- ment de journal par exemple, puis de verser Vichy, 15 juin. — Voici le moment où, T C D D A I M Q à Paris' r- Fontaine-au- AVIS. —- Évitez les épidémies en buvant de l’eau dans la bouteille et d’agiter forte­ le Grand Prix couru, les Parisiens se disper­ 2 I tr U iA In O Roi, 16 et 18, à adj8 en l’eau de Saint-Galmier source Badoit, l’Eau ment. La crasse ne résiste pas à ce simple seront dans les villes d’eaux. Ils seront pré­ 2 lots, s.r i ench. ch. des not. de Paris, 7 juillet de table sans rivale 1 — Expéditions : douze lavage. cédés à Vichy par une brillante société fran­ 85. N° 16, C8 404 m, 60 env. M.à p. 64.736 fr. N° 18, O 472 m, 86 env. M. à p. 75,637 fr. 60. millions de bouteilles par an. — Exiger le A la campagne, on peut se servir de la pa­ çaise et étrangère. S’ad.à M8B iesta, not.,rue Louis-le-Grand, IX. cachet vert et sur l’étiquette la signature riétaire. Cette herbe a la propriété de net­ Le Casino donnera, pendant la saison, plu­ A. Badoit. — Dix médailles aux Expositions. toyer les objets en verre, en fer-blanc, zinc sieurs solennités dramatiques et lyriques. il II A lO H M à Paris, rue des 4-Fils, 5. Rev. ou poterie. Sarah Bernhardt jouera Théodora; Faure IVI n lu U 1134.150 fr- M. à p. 400 000 fr. A Le Solitaire Amusant. — 263 comb. chantera Guillaume Tell et la Favorite. adi. s. l’ench, ch. des not. de Paris, le 23 juin et fig. 3 fr. 3 édit. 323 comb. méthode pour Les pressentiments chez les animaux. Depuis longtemps on n’avait vu une pareille 1885. S’ad. à MeB Trousselle, Bd Bonne-Nou­ comb. îjfr. 75 val. poste. DEVEAU CARLIER Pendant les derniers tremblements deterre affluence de buveurs. velle,23 et Persil,n.,r.Pasquier,34|dép.del’enc. Cateau (Nord). Le prosp. est adressé franco. qui ont eu lieu récemment en Espagne, on a constaté particulièrement la panique subite CHEMIN DE FER DU NORD Maison à \ / FDHMCGCRev. 12.540 fr. LE VIN DE G- SEGUIN est le dont ont été saisis tous les animaux des lo­ Paris 7,r. y L. Il U IN L u t M.àp. i7o.ooofr tonique par excellence ; il réveille l’appétit et Les relations entre Paris et Bruxelles sont A adj. s 1 ench. cb.des not. de Paris, 30 juin 85 calités menacées, un quart d’heure environ facilite les digestions; il convient à tous les assurées par quatre services d’express dans S’ad. à M® Bezanson, n. à Patis,3, r. du Louvre ayant toute trépidation du sol, et alors chaque sens : tempéraments affaiblis; Paris, 378, rue Saint- qu’aucun habitant n’avait encore rien ressenti. Honoré. Les départs de Paris ont lieu à 7 h. 30 du Etudes de Me Maurice Bremard, avoué à Les animaux domestiques, pris d’une teireur matin, 3 h. 50, 6 h. 20 et 10 h. 45 du soir; folle, ont rompu leurs entraves et se sont Paris, Bd Haussmann, 41, et de Me Eugène et les arrivées à Bruxelles à 1 h .5 8 jio h .2 7 , Richard, avoué à Paris, rue de la Chaussée- M CP CB FOUGUES, g u é r i t enfuis à travers la campagne ou les rues des Il h. 32 du soir et 5 h. 16 du matin. d’Antin, 3S. S L C Ü C i l ESTOMAC, INTESTINS, VESSIE villes. Des faits de ce genre s’étaient déjà Les départs de Bruxelles sont fixés à 7 h. 30 VENTE au Palais de Justice, à Paris souvent produits précédemment dans des cir­ le samedi 4 juillet 1885 9 h. 15 du matin, 1 h. 20 du soir et minuit Marques a» petite vérole, «wur. ridas,taoiiasP. constances analogues. et les arrivées à Paris à midi 33, 4 h. 58, laiilfig.il jim», éor. 41, USRIS, iManijlnifS.-at-K. 7 h. 14 du soir et 6 h. 10 du matin. aune PROPRIÉTÉ t PARIS Influence du magnétisme sur le déve­ rue Blaache, 15 et rue de Clicny, 16. EAU D’HOUBIGANT, U pim appréolée pour la TOILETTE. loppement de l ’œuf. — Le professeur Mag- Les billets d’aller et retour entre Paris et Connue sous le nom de Skating et ensuite de gocani, de Home, a étudié l’action du magné­ Anvers, qui sont ordinairement valables pen­ Palace Theatre. TOPIQUE UNIQUE dant quatre jours sont, à l’occasion de l’expo­ Cont 4.177 m. 62 env. M. à pr. 2.500.000 fr. CORICIDE russe INCOMPARABLE tisme sur le développement de l’œuf.D’après S’adresser aux dits Mfs Bremard tt Richard, le résultat de ses curieuses expériences, qu’il sition universelle d’Anvers, rendus valables guérissant sans douleur PfjDC DTITïk' avoués. et empêchant la ratonr des u U l\0 AUX I I l JJü vient de communiquer à 1 ’Accademia reale pendant huit jours. Les billets délivrés le sa­ medi ou le dimanche sont valables jusqu’au FI. acc. 2 fr. — Poste 2 fr. ÎO. dei Lincei, l’action de l’aimant retarderait le M A I O H M rues Chauchat, 23, Lafayette, 42 RUS BERGàRX, î6, PARIS développement de l’embryon dans l’œuf, et deuxième lundi suivant. Le prix de ces billets est de 62 fr. 95 en IVI M IU U I l et Le Peletier, 34' (à l’angle de le retard serait proportionnel à la force de ces 3 rues). Rev. br. 42 300 fr. M.àp. 500.000 fr. gnéi ‘rapid'Hal'1 de peau,du Sang l’aimant et à la durée de l’aimantation. ire classe, et de 47 fr. 30 en deuxième T T D D A IM rue Fontaine, 16 bis. Cont. I à9 h.onèor.55,r.Crenéta,Paris classe. et I L R ilM 111 338 m. M. à p. 80.000 fr A Une ancienne mitrailleuse. — Les mi­ adjr sr i ench., ch. des not. de Paris, le 30 juin trailleuses, sur lesquelles on comptait tant Par suite de l’organisation d’un nouveau 1885, parM® SEGOND, not. 7, rue Laffite. INSECTICIDE GALZY en France au début de la guerre de 1870, train rapide entre Berlin et St-Pétersbourg, Destruction infaillible des punaises, M A I OH M * Paris,r du Fg Poissonnière,47, ont été abandonnées et sont remplacées au­ la durée totale du trajet entre Paris et Saint- puces, poux, mouches, cousins, cafards, mites, Pétersbourg, par le chemin de fer du Nord, IVI Al OU IN c® 220 m. R 14.630 fr. M . à pr. jourd’hui par les petits canons Hotshkiss. 150.000 fr. A adjrsr 1 ench ch.desnot.de Paris, fourmis, chenilles, charançons, etc. Avant la mitrailleuse,on ne connaissait guère est abrégée de 6 heures dans le sens de Paris 23 juin 1885. S’ad. aux not. à Paris, Camille Le kilog, 12 fr., 100 gr. par poste, I fr. 9$. que les machines infernales des régicides, vers St-Pétersbourg, et de 12 heures dans le Tolu et MÉGRET,r.Richelieu, 45,dép. de l’enc. Fabrique : 51, cours d’herbouville, LTON. composées de plusieurs canons de fusils ac­ sens de Saint-Pétersbourg vers Paris. couplés. Mais voici que l’origine de ces en­ En partant de Paris à 7 h. 30 du matin, M A lOHM campagne, à la Garenne de SANS AVOIR EN SAIN LES FONDS on arrive à Berlin le lendemain à 7 h. 28 du I0TIC1 (UW ITI— lerirt n Directeur des gins serait beaucoup plus ancienne. On vient, iV InlÛ U Il Colombes, rue du Château, 31, Ceabiialieu de Besnei inr Drinelpei prdeie paraît-il, de découvrir dans les environs de matin, et à St-Pétersbourg le 3e jour à 8 h. avec cour, jardin, écuries et remises. A adj1 sr 1 3 O 5 0 °!c S,rue des Bons-Enfants ,p a r i s Chalon-sur-Saône, une mitrailleuse qdi date­ 40 m. du soir. ench. ch. des not. de Paris, 23 min 1885.M. à p. 28.000 fr. S’ad. à M8 Vandercruse, 2, rue des rait de 1665. Elle se compose d’un bouclier La durée du trajet est donc de 61 h. 10. oh m i Halles et M8 Leclerc, not. rue St-Martin, 88. n i ! S g y I (B S ). La plus purgative en fer très épais, légèrement bombé, et percé, En partant de St-Pétersbourg à 10 h. 50 rULLn A des eaux minérales. dans sa partie centrale, de vingt-cinq trous, du matin, on arrive à Berlin le lendemain à 8 h. 10 du soir, et à Paris le 3e jour à A H ION s' i ench., ch. des not. de Paris, le formant cinq lignes. Ces trous livrent passage n U J 30 juin 1885, de I Di A !0 0NS à à vingt-cinq tubes en bronze, qui ont une 7 h. 14 du soir. i18 rue Jeanne d’Arc, 97, IVI M IO Paris, LOTION longueur de 8 centimètres et qui sont fixés, La durée du trajet est donc de 56 h. 24. Rev. br. 6.805 fr- M .àp . 90 coo fr. 28 Bd de la en arrière du bouclier, à un coffre en bronze. Gare, 129. Rev.br. 7.920 fr. M. à p. 140 000 fr. Cinq batteries à silex, attachées à ce coffre, Guide pratique des opérations de transfert 3fl Bd de la Gare, 131 Rev br. 7.260 fr. M. à p. SULPHOLINE servent à mettre le feu à chacun des cinq et instruction sur le contentieux des titres, par 130.000 fr. 48 Bd de la Gare, 133. Rev. brut, POUR LA GUÉRISON DES SALARIES DE LA PEAD tubes placés sur la même rangée. L’appareil M. C. Bailliot, avocat, chef des Transferts et 12.620 fr. M. à pr. 165.000 fr. S’ad. aux not. Elle rend la peau douce, souple, claire et saine. du Grand-Livre au chemin de fer d’Orléans, M88 Hocquet, rue de Flandre, 20, et Segond, tout entier repose sur un trépied à pivot sus­ rue Laffite, 7, dépositaire de l’enchère. Prix, 3 fr. (A fr. franco) Roberts et C°, 5, me de la Paix. ceptible d’un mouvement horizontal et d’un 1 vol. Prix : 12 francs. Un supplément à cet ouvrage vient de pa­ mouvement vertical. raître, contenant les lois et les décisions ju­ USINES RATTIER Traitement de l ’asthme par la pyridine. diciaires survenues depuis 1873, 1 vol.Prix: .. R. VILLE-L’ÉVÊQUEiïrS à BEZONS (Seine-et-Oise) ur ne 5 francs. — Les deux volumes demandés en S Ê . Maison à Paris et jardin à bâtir. Cont. P R O P R IÉ T É d e l a — On distingue deux sortes d’asthmes : 630 m. Rev. br. 19.150 fr. M. à p. 260 000 fr. l’un affecte surtout le poumon, l’autre le même temps 15 francs. Adresser les demandes à la librairie Chaix Q T .nC M IQ II7) et me Pierre cœur. Le traitement varie naturellement sui­ . 0 U L M 10 Lescot, 24. C® 595 m Société générale des Téléphones vant le siège de la maladie. rue Bergère, 20, Paris, en y joignant le R R. act. 25.800 fr. et en 1890, 29.800 fr. montant en un mandat sur la poste ou un Mise à prix : 300.000 francs. Emploi général do Caontchonc et delà Gutta-Percha D’après M. le professeur Germain Sée, la chèque sur Paris. seule médication curative de l’asthme névro- Fils et cables électrique s, tuyaux s» R, GRENËLLE RevCone tHL d’eau, de gaz et d’acides. Tissus im­ pulmonaire est Yiodothérapie ou traitement MAISON de I A p | | H (st.de Suèvreset Mise à prix : 50.000 francs. etc. par l’iode. On arrive à guérir ainsi la plu­ campagne à LA II U C de Mer, ligne de P U A T C A I I à Montigny-les-Cor- perméables, Courroies, Clapets, part des malades par l’ioduration du poumon T ours) près Blois en face le château de Chambord. 4° U M M I L H U meilles, st. d’Herblay S’ADRESSER POUR PRIX ET ECHANTILLONS et du système nerveux. Vastes com., jardin, bois, vignes. Cont. 3 h. 56 a (S.-et-O.). Parc, bois et dépes. Cont. 12 h. env. PARIS, 4, rue d’Aboukir, PARIS Quelques personnes, ne pouvant pas sup­ clos de murs. M. à p 25 000 fr- A adj1 sr I ench. M .à p . 200.000 fr. A adjr sr 1 ench., ch. des ch. des not. de Paris, le 7 juillet 1885. S’ad. à not. de Paris, le 7 juillet 1885. S'adresser à Me porter ce traitement, font usage de cigarettes M8 Dauchez, not., quai de la Tournelle, 37. BREUILLAUD, not.. rue St-Martin, 333. Seul Remede n i ] T U IÇ I r Gafrison de papiers nitrés. En analysant ces cigarettes contre Ii " n I FilOlLrapiiledes M. le professeur Sée a trouvé qu’elles doivent Toux opiniâtres. Oppressions, Le « nain antfrhuniaf Ismal de üiack » et Bronchites chroniques,Catarrhes, toutes leur action à une substance basique, A D jrfifife tfe MAISON les Frictions de « Solution d’Essences de Pin Engorgements pulmonaires. la pyridine, qui se développe par la combus­ à Paris, r. Montmartre, 77 (213 m). R. 18 750 fr. d’Autriche» constituent la médication la plus- FLACON, 3 FR. FRANCO POSTE tion de certaines plantes et de certains alca­ M. à p. 225.000 fr. (Sur tracé rue du Louvre). infaillible des itlmnia Usines, Goutte et Scia­ 1 0 3 , RUE DE REGNES, PARIS aison et jardin, à Paris-Passy, 37, rue de la tique. — Envoi franco de Brochure explicative. Et dans les Pharmacies. loïdes. Tour (759 m). Rev. 3.400 fr. M. à p. 60.000 fr. Nombreuses guérisons de maladea S’adr. Pharm. d’ANTIN, 49, av. d’Antin, Paris. ayant tout essayé sans résultats. La pyridine exerce une action très sensi­ S’ad.M aux not. MeB Legay, rue St-Lazare,82, et ble sur l’organisme. Elle diminue le pouvoir L. Gira rdïN, rue Richelieu, 43, dép. de l’ench. réflexe et l’impre-sionnabilité du centre res­ Etude de M8 Cham petier de R ibes, avoué piratoire et du système nerveux. Des injec­ à Paris, rue de la Grange-Batelière, 6. tions de pyridine font tomber graduellement Vente au Palais de Justice à Paris, LES BAINS & THERMES D’AIX-LA-CHAPELLE la tension du sang dans les artères. le 4 juillet 1885, en six lots. Résidence et séjour de prédilection connus de Charlemagne, situation admirable dans Le meilleur mode d’emploi consiste dans une délicieuse vallée à proximité immédiate des frontières de la Belgique et de la Hollande, l’aspiration de vapeurs de pyridine mélangées d’une MAISON. rue'de Grenelle, 174. offre au baigneur, outre les charmes des environs, tous les agréments d’une grande ville. à l’air d’une chambre close. Cette substance Mise à prix : 230.000 fr. Ses bains chauds, de renommée ancienne à cause de leur efficacité supérieure contre pénètre ainsi rapidement dans le sang, et les 1°, 3° Q I\(l A IQHM Q sisesà Paris’ r de les rhumatismes, les affections de la goutte, les paralysies, les maladies de la moelle e t 4 ° d e 0 IVIAIOUINO l’Arrivée, 14,16,20. malades éprouvent aussitôt une diminution Le n° 14, Mise à prix : 160.000 francs. épinière, etc., etc., sont alimentés par les thermes qui déjà célèbres du temps des Romains notable de l’oppression, sans que pour cela Le n° 16 — 140.000 — et utilisés par ces derniers sous le nom de aquœ grani (45-550 c.) et renfermant outre le le cœur cesse d’être calme et de battre régu­ Le n° 20 — 140.000 — chlorure de sodium et beaucoup d’autres sels différentes combinaisons sulfureuses; se lièrement. Généralement, à' la suite de ces 5° et 6° et Vil I I A Q sises à Cabourg, Cal­ distinguent avantageusement, pris en bain ou en boisson, par leur contenu en bicarbonate de inhalations, le sommeil revient, le sifflement de deux V I LLAU vados (non louées . soude d’autres sources sulfureuses du même genre. Huit hôtels de bains municipaux des mieux de la poitrine diminue ou disparaît, et le La villa Medici, Mise à prix : 20.000 fr. aménagés sont ouverts pendant toute l’année et arrangés aussi pour les cures d’hiver dont La villa des Sorbiers, Mise à p. 10.000 fr. murmure respiratoire finit par se réta­ Obligation pour l’adjudicataire du sixième lot le succès est dû en grande partie à l’extrême douceur du climat et la situation abritée de blir. de prendre le mobilier garnissant la villa des cette contrée. M. le professeur Sée cite plusieurs cas de Sorbiers, en sus de son prix. Bains de bassin, bains de vapeur, application spèciale des douches et unique en guérison complète par le traitement à la pyri­ S’adresser à M8 Champetier de Ribes, Rouy Allemagne. Massage à l’intérieur et en dehors dés bains. Inhalations. Beaucoup de dine. Chez quelques malades, l’amélioration et Thiébault, avoués à Paris, et M8 Georges médecins renommés. Expédition de l’eau des thermes. Concerts, 3 fois par jour, concerts est restée stationnaire après plusieurs jours Robin, notaire à Paris. de symphonie et chœurs exécutés avec le concours des solistes les plus en vogue; théâtre, bals d’été, réunions, fêtes champêtres, courses de chevaux. Superbes promenades, parcs d’inhalations et il a fallu recourir alors au Maison et jardin D H IQ n° 8U9' arr.) C8428m. traitement ioduré. Parmi les personnes guéries, à Paris, rue des DU 10 env. M àpr. 30 000 fr. et jardins d’agrément. Excursions aux alentours, le grand„Veen et les Ardennes ainsi qu’en plusieurs étaient atteintes d’asthme car­ A adj. s. 1 ench ch.des not.de Paris, 7 juillet 85, Belgique et en Hollande. Fréquence 1884 : 23,000 baigneurs et visiteurs. Prospectus par diaque. par M8 MÉGRET, notaire, 45, rue Richelieu. l'Administration commerciale des Bains. esprits invisibles de l’enfer d’Odin. La nuée des fantômes dience, s’écroulant sous le poids de la foule qui le surchar­ tourbillonne autour de Sigurd, dont l’épée se livre passage geait, attirée par une affaire qui passionnait vivement l’opi­ à travers ces ennemis. Le lac bouillonne, et dans une tem­ nion publique. pête de feu, ses eaux se changent en flammes. Le glaive de NOS GRAVURES Sigurd flamboie au milieu du fracas des éléments. Le guer­ Le Palais de Justice de Thiers, qui n’a rien d’intéressant, rier marche vainqueur de ces épreuves. La muraille du est situé place Saint-Genest, sur laquelle il ouvre par trois château s’est écroulée et le héros est entré dans le palais portes vitrées. Ces portes franchies on se tiouve dans la magique. La Walkyrie s’est réveillée à l’appel de Sigurd. salle des Pas-Perdus d’où, par deux couloirs situés à droite Le triomphe du guerrier est accompli. Aussitôt le palais et à gauche, on arrive aux escaliers dont nous venons de L’AMIRAL COURBET s’engloutit dans le lac. Le lit qui porte Sigurd et Brune­ parler. Ces escaliers, et principalement celui qui s’est hilde s’est transformé en nacelle de cristal, il flotte à la sur­ écroulé, étaient très mal construits. Les marches en pierre, La France vient de faire une grande perte dans face du lac, traîné par des cygnes. Le paysage a perdu son très larges, scellées d’un côté dans le mur, s’appuyaient la personne de l’amiral Courbet, un de nos aspect lugubre ; une douce lumière l’éclaire et les Nixes, l’une sur l’autre, l’extrémité opposée, pourvue d’une rampe marins les plus remarquables, et dont le nom les Elfes et les Kobolds saluent la délivrance de la Walky­ en fer, ne reposant sur aucun support. Une marche man­ restera attaché à la conquête du Tonkin. La rie. C’est ce splendide décor que représente notre gravure. quant, tout devait forcément c+rouler, on le voit, et c’est ce nouvelle de sa mort a produit une vive et pro­ qui est arrivé. fonde émotion dans le pays où tous les yeux étaient fixés l’affaire pel Nous donnons ci-dessous le profil de l’escalier. sur lui, où tous les cœurs avaient battu en présence de ses faits d’armes et où il avait inspiré à chacun une absolue con­ Nous ne retracerons pas ici, même en les résumant, les fiance. débats de l’affaire Pel, que tout le monde a lus dans les journaux quotidiens. Bornons-nous à quelques explications L’amiral Courbet était né à Abbeville en 1827. Il sortit sur les deux dessins que nous avons consacrés à cette cause de l’Ecole polytechnique, dans la marine, en 1849, et dès désormais célèbre. L’un d’eux représente l’aspect du pré­ le début de son service attira l’attention de ses chefs par toire, encombré par les pièces à conviction, bocaux, éprou­ ses aptitudes. Enseigne de vaisseau en 1852, il fit un long vettes, ustensiles de chimie, disposés sur une table. En voyage autour du monde sur la corvette la Capricieuse, fut arrière de cette table étaient placés deux poêles, dont l’un promu au choix lieutenant de vaisseau en 1856 et attaché avait été saisi au domicile de Pel et l’autre construit par au vaisseau-école le Suffren. Capitaine de frégate en 1866 ordre des experts, sur un modèle exactement semblable, et capitaine de vaisseau en 1873, il fut successivement chef pour démontrer la possibilité d’y incinérer un cadavre. Sur d’état-major de la division cuirassée du Nord, commandée ce poêle un paquet oblong, ficelé et scellé, contenant des par l’amiral de Dompierre d’Hornoy ; chef d’état-major de linges et autres pièces à conviction. l’eecadre d’évolutions, commandée par le même amiral d’abord, puis par l’amiral Cloué. Le portrait de Pel, dessiné à l’audience, reproduit exac­ tement la physionomie étrange du condamné. Après cette longue campagne sur mer, le gouvernement D’une maigreur véritablement phénoménale, Pel res­ l’appelait à la tête de l’administration de la Nouvelle- semble à un de ces personnages fantastiques créés par l’ima­ Calédonie ; il y était encore lorsqu’il fut promu contre- gination macabre d’Hoffmann. amiral en 1880 et il ne rentra en France qu’en 1882 pour prendre aussitôt le commandement d’une division navale Placé au banc de la presse, tout à côté de celui de l’ac­ d’expériences et étudier les nouveaux types de bâtiments. cusé, notre collaborateur Renouard put étudier à loisir A peine avait-il pris la mer qu’on apprit la mort du com­ cette physionomie extraordinaire, sans parvenir à surprendre mandant Rivière ; aussitôt le gouvernement lui confia le une trace d’émotion sur cette face immobile de squelette commandement en chet de la division navale du Tonkin. vivant. « La peau, nous dit-il, est tellement collée aux os, 450 personnes au moins l’avaient envahi, attendant l’ou­ qu’il ne reste littéralement plus de muscles capables de verture des portes du prétoire, situé au deuxième étage. Ici commence cette glorieuse campagne qui releva devant donner au visage une expression. Au moment du verdict, le monde le prestige de nos armes. L’amiral Courbet, parti Impatientes d’une attente assez longue, ces personnes trépi­ je l’observai attentivement, curieux de savoir si cette im­ gnaient en cadence et ces trépignements produisaient des d’Alger sur le Bayard, arriva au Tonkin en juillet 1883 et passibilité ne se démentirait pas. Un soubresaut des épaules, aussitôt jugea nécessaire d’agir sur Hué pour mettre fin à oscillations qui augmentaient d’intensité au (ur et à mesure une exclamation étouffée, un imperceptible mouvement de qu’elles se rapprochaient de la rampe. Ajoutons que, le long l’hostilité de la cour d’Annam. Après avoir enlevé, en août, la bouche, ébauche de ce rictus des condamnés à mort que les forts de Thuan-An, il imposait un traité à la cour de de cette rampe, grimpaient extérieurement nombre d’en­ connaissent bien les habitués de la Cour d’assises, voilà fants. Soudain, un horrible craquement se fait entendre, Hué. Cette affaire terminée, il repartit pour le Tonkin, où tout ce que je pus constater et encore tout cela fut si in­ bientôt il remplaça le général Bouët comme commandant puis un bruit sourd mêlé de cris perçants. Deux étages de saisissable que je fus probablement seul à pouvoir le re­ l’escalier venaient de s’écrouler, entraînant dans leur chute en chef de l’armée de terre. L’amiral Courbet s’établit à marquer. » Hanoï, enleva Son-Tay en décembre et se préparait à mar­ les malheureux qu’ils supportaient. cher sur Bac-Ninh lorsqu’arriva le général Millot, chargé LE NOUVEAU CUIRASSÉ LE « REQUIN » On voit d’ici l’horrible spectacle, que représente un de de conduire les opérations. nos dessins : en bas, un effroyable entassement de pierres Le garde-côtes cuirassé le Requin, construit pour le et de corps humains sanglants, en partie broyés, d’autres L’affaire de Bac-Lé ouvrit un nouveau champ à l’activité gouvernement français par la Société anonyme des Chantiers sains et saufs, miraculeusement, mais comme paralysés et de l’amiral, qui réunit alors sous son commandement les et ateliers de la Gironde, a été lancé samedi dernier, 13 juin, suant d’horreur; dans la cage de l’escalier, des malheureux escadres des mers de Chine et du Tonkin. On sait quelle à six heures et demie du matin. énergie il déploya dans la rivière le Min, le bombardement accrochés aux saillies, appelant à l’aide. Il y en avait six, de l’arsenal de Fou-Tchéou et la destruction de nombreux Le lancement s’est effectué dans les meilleures conditions, nous dit notre dessinateur, serrés les uns contre les autres ouvrages chinois. avec un entrain remarquable et un succès complet. Le sur un fragment de dalle resté intact au premier étage. Conseil d’administration de la Société était représenté par Ailleurs, c’était un homme suspendu par les mains à un L’amiral dirigea ensuite ses forces sur Kélung et, avec son président, M. le vicomte de Bondy, et MM. Mercet et tronçon de marche, avec un enfant cramponné à ses jambes, des effectifs insignifiants, réussit, grâce à l’habileté des me­ Tandonnet, administrateurs. Toutes les autorités et les tous deux pendant dans le vide. En résumé, cent cinquante sures prises, à enlever le port et la ville à l’armée chinoise notabilités de Bordeaux étaient venues assister à cette blessés et vingt-quatre morts, dont les obsèques ont eu lieu qui avait pu se jeter dans Formose. Quelques semaines après émouvante opération, la première de ce genre menée à le surlendemain. Un de nos dessins est consacré à cette l’occupation de Kélung, l’infatigable officier pénétrait dans bien dans le port de Bordeaux. lugubre cérémonie. la rivière de Ning-Po et y détruisait deux des plus impor­ L’armement deces navires consiste en deux canons de 34 tants navires de l’escadre chinoise. Enfin, quelques jours Les corps sont arrivés, vers dix heures, sur la place de centimètres,montés sur des plate-formes tournantes protégées même avant la signature des préliminaires de paix, il cou­ la Mairie. Le cortège s’est formé et dirigé vers l’église par des tours cuirassées. La membrure du Requin est en ronnait cette admirable campagne de stratégie navale par la dans l’ordre suivant : Un piquet de gendarmerie, le tribu­ acier et son bordé est en fer. Sa longueur extrême est de prise du port de Makung et l’occupation des îles Pesca- nal civil, les avocats et les avoués, le tribunal de commerce, 84 m. 80. Sa largeur totale, au-dessous de la cuirasse est dores. le préfet et le sous-préfet, le premier président, le procu­ de 18 m .,et son tirant d’eau moyen, en charge, de 7 m. 20, reur général, les vingt-trois cercueils portés par dix-neuf C’est là que, le il juin, épuisé par les fatigues de la rude correspondant à un déplacement total de 7,200 tonneaux. campagne qu’il avait menée depuis un an et demi, il est voitures ou mieux des charrettes et suivis chacun de la Les flancs du Requin sont protégés par une cuirasse dont famille de la victime qu’il contenait, le conseil municipal, mort à bord du cuirassé le Bayard, qui portait son pavillon l’épaisseur à la flottaison atteint 50 centimètres. de commandement. les fonctionnaires, les Sociétés chorales et de gymnastique, Le pont principal est recouvert dans toute son étendue les cercles, les professeurs et les élèves du collège et des SIGURD d’une cuirasse de 3 centimètres d’épaisseur, et le revête­ écoles laïques, la Société de secours mutuels et une foule ment des tours a 45 centimètres. Le poids total dé la cui­ immense. Notre article des Théâtres a rendu compte de Sigurd rasse est de 2,700 tonneaux, et celui delà coque et de ses La cérémonie a eu lieu à l’église de St-Genest. Après avec tout le soin que commandait cette œuvre importante, accessoires de 2,000 tonneaux. une des plus remarquables que l’Opéra ait jouée depuis l’office religieux, on s’est rendu au cimetière où les cer­ tantôt vingt ans. Le lecteur de l'Illustration a été. mis au Ce navire doit réaliser aux essais une vitesse de 14 nœuds. cueils ont été déposés dans une longue fosse creusée d’avance courant dans ses moindres détails de ce poème lyrique Son appareil moteur consiste en deux machines indépen­ pour les recevoir. dantes, à haute pression et du système compound, dévelop­ emprunté en sa première partie aux légendes du Nord et Notre troisième dessin montre l’état des décombres après pant ensemble une force qui peut atteindre six mille chevaux. qui a pour sujet la délivrance de la Walkyrie Brunehilde la catastrophe : des marches renversées ou brisées, la Il est pourvu de tubes lance torpilles, d’appareils pour le par le guerrier Sigurd, le fils du roi Sigemond. Par l’ordre rampe de fer tordue, des objets sans forme et sans nom, chargement des canons, d’un cabestan à vapeur, de machines du Dieu Odin, la Walkyrie est condamnée à la mort du d’autres conservés intacts; ainsi un petit panier d'enfant, un électriques, en un mot de tous les perfectionnements usités sommeil dans un palais magique, jusqu’à ce qu’un héros, bas qu’une femme tricotait, les aiguilles encore à leur place aujourd’hui sur les navires de combat. l’âme vierge de tout amour terrestre, vienne la délivrer. Il puis des lambeaux de vêtements, des chaussures, des cha­ aut que le héros qui doit tenter une pareille aventure soit LA CATASTROPHE DE THIERS peaux et partout, partout du sang. doué d’un courage surnaturel, que sa cuirasse et son bou­ clier soient couverts d’un triple airain, que son épée soit Nos lecteurs connaissent la déplorable catastrophe arrivée invisible comme lui, car le palais où dort la Walkyrie s’é­ la semaine dernière dans la très industrielle et très pitto­ Aug. Marc, Directeur-Gérant. lève au milieu d’un lac, dont les bords sont défendus par resque petite ville de Thiers (Puy-de-Dôme) : un des les Nornes, les Nixes, les Elfes, les Kobolds et tous les escaliers du Palais de Justice, conduisant aux salles d’au­ Imp.del'Illustration, A. Marc, 13, rue St-Georges, Paris.