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Séquences La revue de cinéma

Dirty Hany mouture Nineties In the Line of fire (Sur la ligne de feu) Louis Goyette

Number 165, July–August 1993

URI: https://id.erudit.org/iderudit/50069ac

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Publisher(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)

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Cite this review Goyette, L. (1993). Review of [Dirty Hany mouture Nineties / In the Line of fire (Sur la ligne de feu)]. Séquences, (165), 42–43.

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Dirty Hany mouture Nineties

eux et celles qui se sont pressés L'intrigue du film, assez riche en La succession de péripéties qu'on devant les salles de cinéma pour voir rebondissements, demeure simple à la retrouve à l'intérieur de In the Line of le tout dernier film mettant en vedette base. Frank Horrigan, agent des Fire évoque inévitablement l'intrigue n'ont certes pas été services secrets américains, est de Dirty Harry. Dans chacun des déçus. Mouture nineties du mythique tourmenté par un mystérieux deux films, Eastwood y incarne une c Dirty Harry, In the Line of Fire est un psychopathe qui l'informe qu'il sorte de justicier qui devra faire thriller d'une remarquable efficacité. assassinera prochainement le cavalier seul s'il désire mettre fin à ses L'Allemand , président des États-Unis. Horrigan, sur obsessions. De plus, les noms des signataire du claustrophobe , qui pèse une culpabilité maladive (il protagonistes incarnés par la vedette prouve avec ce nouveau film, qu'il était garde du corps de Kennedy au pourraient être aisément confondus: maîtrise à la perfection le thriller moment de son assassinat), fera tout Harry Callahan/Frank Horrigan, hollywoodien, avec tout ce que cela en son pouvoir pour retracer Eastwood ayant pris de l'âge, Frank comporte de scènes de poursuites et l'éventuel assassin afin de l'empêcher Horrigan est heureusement beaucoup d'effets-chocs. de commettre son meurtre. plus attachant qu'Harry Callahan.

42 Séquences Au delà de ces similitudes loin la scène d'ouverture de Vertigo. Le vous étonnez donc pas de voir briller d'être fortuites, la conception du vilain réalisateur Petersen l'a reprise presque un sigle étoile plus ou moins familier à dans chaque film respectif mérite intégralement en se permettant la toute fin du générique. qu'on s'y arrête. Scorpio, dans Dirty toutefois de l'allonger grâce au Harry, personnifiait un psychotique montage, question de prolonger le Louis Goyette qui choisissait la révolte pour mettre plaisir jubilatoire du spectateur- fin à ses frustrations. La psychose cinéphile. La seconde, où Eastwood vécue par Mitch Leary, le vilain de In offre de secourir Malkovich suspendu IN THE LINE OF FIRE (Sur la ligne de feu) - the Line of Fire, pourrait être du dans le vide, est une référence à peine Réal.: Wolfgang Petersen — Scén.: — Phot.: John Bailey — Mont.: Anne V. Coates même ordre: concepteur doué, on lui voilée à la finale de Saboteur. — Mus.: — Dec: Jann K. vole ses idées, son mariage est un Amateurs de citations cinéphiliaques, Engel — Cost.: Erica Edell Phillips — Int.: Clint échec et son passage dans l'armée délectez-vous! Hitchcock reste Eastwood (Frank Horrigan), John Malkovich (Mitch Leary), (Lilly Raines), John aura un sérieux effet sur sa condition probablement l'un des réalisateurs les Mahoney (Sam Campagna), Fred Dalton psychologique. Rajoutons finalement plus cités et les multiples hommages Thompson (Harry Sargent), Dylan McDermott que l'on pourrait voir dans le rendus à son Vertigo sont maintenant (Al D'Andréa), Gary Cole (Bill Watts) — Prod.: Jeff Apple — États-Unis — 1993 — 123 minutes personnage de Mitch Leary un choses d'usage pour tout thriller qui se — Dist.: Columbia. homosexuel qui s'assume difficilement respecte. comme en témoigne la scène où il The Story of Qiu ju engouffre dans sa bouche le revolver Du point de vue idéologique, In que Horrigan pointe dans sa direction. the Line of Fire et son scénariste Jeff Zhang Yimou, qui aura 50 ans en Certains dialogues échangés au Maguire (JFK) semblent davantage l'an 2000, s'avère sans contredit l'un téléphone entre Horrigan et Leary s'être ralliés à une certaine neutralité. des plus importants cinéastes de cette pourraient d'ailleurs être interprétés Ici et là, le scénariste a cru bon fin de siècle. Photographe, scénariste, comme autant d'allusions aux derniers aménager quelques répliques parolier, directeur photo pour Chen instants d'un couple sur le point de cinglantes, afin de rappeler que le Kaige et aussi acteur, il est une grande rompre. gouvernement américain n'est pas vedette en Chine, alors que ses films y exempt de tout blâme. On se permet sont officiellement interdits. Il y avait longtemps qu'on avait vu alors de courtes allusions à quelques Qu'importe, Sorgho rouge (1987) a au cinéma un vilain interprété avec épisodes peu glorieux de l'ère remporté l'Ours d'or à Berlin et son autant de conviction. Privilégiant républicaine. Mais il faut dernier film, The Story of Qiu Ju d'abord les gros plans extrêmes des contrebalancer cela. Dans cette (1992), le Lion d'or de Venise. Ju Dou yeux et de la bouche de John optique (et c'était à prévoir), Horrigan (1990) et Raise the Red Lantern (1991) Malkovich, la caméra dévoile sauvera in extremis la vie du président ont également ravi les spectateurs et progressivement le visage du des États-Unis, sorte de bouffon critiques du monde entier. comédien: un candide sourire cède la rappelant étrangement Georges Bush. Zhang Yimou est un artiste place à une moue vengeresse tandis Acclamé par le peuple, Horrigan aura fascinant parce qu'il utilise habilement qu'une expression amusée se droit aux remerciements en règle du une palette des plus diversifiées. Mis à transforme tout à coup en petit regard président avec, en supplément, un part l'omniprésence de sa muse et par en dessous qui en dit beaucoup petit tour de limousine. compagne, Gong Li, dans tous ses sur le caractère psychotique de Mitch films, chacun de ses nouveaux longs Leary. Malkovich joue à merveille de Même si Horrigan semble regretter métrages diffère du précédent. Il passe la mobilité de son visage et compose une lointaine époque où son pays se ainsi du cinéma épique au drame l'un des personnages les plus portait assez bien, l'iconographie du intimiste et s'en tient à une esthétique terrifiants qu'on ait vu au cinéma ces film offre tout de même une image plutôt néo-réaliste. Pour The Story of dernières années, rappelant à maints idyllique de l'Amérique, où les Qiu Ju, il a séjourné huit mois dans un égards le Jack Torrence de Nicholson célèbres monuments de Washington petit village de la province de Shanxi, dans The Shining. apparaissent tels de véritables joyaux à l'ouest de Pékin. Avec son équipe et architecturaux, tantôt illuminés par de ses quatre acteurs professionnels (les In the Line of Fire contient sa part romantiques couchés de soleil, tantôt autres étant des gens recrutés sur de nostalgie cinéphilique et renferme accompagnés par le vol gracieux place), il s'est mêlé à la foule en également deux scènes mémorables d'oiseaux migrateurs. Éloge d'une cachant très souvent micro et caméra, qui sont autant de références à Amérique dont on tente de redorer le afin de mieux coller à la réalité Hitchcock. La première, où Eastwood blason, In the Line of Fire est paysanne. poursuit Malkovich sur les toits de également, on l'aura compris, l'éloge Le début du film fait d'ailleurs Washington, renvoie explicitement à des services secrets américains. Ne penser à l'oeuvre néo-réaliste par

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