Le Roc de Murviel raconté aux collégiens / 2 Christian Giusti

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Christian Giusti. Le Roc de Murviel raconté aux collégiens / 2. Los Rocaires, 2016, Bulletin de liaison du centre de ressources de , Volume 22. ￿hal-01386400￿

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Rocaires GÉOLOGIE LE ROC DE MURVIEL raconté aux collégiens / 2

los rocaires n° 21 12 ans le précédent article (Ro- caires n° 21), nous avons vu que le Roc de Murviel [1] est Dconstitué de calcaires bruns-rou- geâtres à Productus [5], des roches sédimentaires qui se sont dépo- sées dans une mer chaude et peu profonde au début du Carbonifère, la cinquième période de l’ère Pri- maire. Mais pourquoi ces calcaires sont-ils aujourd’hui en relief dans le paysage ? Pour comprendre le relief du Roc de Murviel, il faut être capable de le situer dans deux repères com- plémentaires, qui coexistent dans le paysage géographique visible, mais qui n’ont pas du tout la même topographique et géomorpholo- significationgique actuel avec : d’une ses « part, creux l’espace » (val- lées comme celle du Rieu Paders) et ses « bosses » (collines comme le Roc de Murviel) ; d’autre part, l’espace des structures géolo- giques (comme les « écailles » de Cabrières) héritées de l’antique chaîne varisque. Cette chaîne de montagne autrefois haute et puis- sante n’existe plus en tant qu’en- semble géologique unitaire, tel que sur la carte paléogéographique1 millions d’années [2]. Sur une carte degéographique la fin du Carbonifère actuelle il, lesy a ves300- tiges de la chaîne hercynienne comme le Massif Central[3] français (MCF) s’observent à l’état de frag- ments éparpillés à la manière d’un [1] (page précédente) Vestiges du rempart protohistorique du Roc de Murviel, puzzle. C’est l’étude de chacune vue prise en direction du nord, sommet 480 des pièces du puzzle et la mise milaire mais de taille plus petite, et à l’arrière-plan (photo Guilhem Beugnon) en œuvre des concepts de la tec- ainsi de suite. Une série comporte [2] La chaîne varisque ou hercynienne tonique des plaques qui ont per- à la fin du Carbonifère (source : Société Géologique et Minéralogique mis aux géologues structuralistes pour les grandes séries, jusqu’à de Bretagne/SGMB ; document communiqué de proposer par assemblage une 5, 7 ou 10 poupées et peut aller, par P. Jégouzo, Université Rennes 1) reconstitution plausible de ce que aux matriochkas avec une série de [3] Le puzzle hercynien européen aujourd’hui. 64 figurines. Maintenant, jouons[4], Les massifs hercyniens (en rouge), avec le la chaîne varisque a dû être au mo- Massif Central français (MCF) et la Montagne ment de l’orogenèse hercynienne. - Noire du Sud de la France (MNSF). Noter que septrisque « poupées (1), Puzzle géologiques » hercynien euro - ni la péninsule ibérique, ni le bloc corso-sarde MASSIF CENTRAL FRANÇAIS depéen taille (2), décroissante Massif Central : Chaîne français va n’occupent leur position actuelle. (source : Société Géologique et Minéralogique ET MONTAGNE NOIRE de Bretagne/SGMB, modifié ; document DU SUD DE LA FRANCE communiqué par P. Jégouzo, Université Rennes 1) (MCF) (3), Montagne Noire du Sud Les matriochkas ou « poupées deCabrières la France (6), (MNSF) Roc de (4), Murviel Nappes (7). du VersantLa série de Sud la (NVS)colonne (5), de Écaillesgauche est de en bois de tilleul ou de bouleau, adaptée à la géologie des environs russesde taille » sontdécroissante, des figurines placées peintes, les de Vailhan, et la dernière poupée pourrait aussi bien s’appeler plus grande poupée s’ouvre en « unesdeux à horizontalement, l’intérieur des autres révélant : la Redonde » que « Roc de ainsi à l’int - Murviel Roc du Cayla». Mais » ou si, « par Roque los rocaires n° 21érieur une figurine si 13 Taille et rang Série adaptée aux environs de Vailhan Autres exemples de même rang (Hérault, France) et de même niveau scalaire Poupée 1 Chaîne varisque

Poupée 2 Puzzle hercynien européen Puzzle hercynien nord-américain

Poupée 3 Massif Central français Massif Armoricain

Poupée 4 Montagne Noire du Sud de la France Limousin

Poupée 5 Nappes du Versant Sud Versant Nord / Zone Axiale

Poupée 6 Écailles de Cabrières Nappe du Minervois…

Poupée 7 Roc de Murviel Roc du Cayla, Roque Redonde… exemple, la troisième poupée s’ap- cette faille ?), et l’âge des reliefs [4] Emboîtement d’objets géologiques pelait « Massif Armoricain », cela (de quand date ce plateau ?). Les de taille décroissante, à la façon des « poupées russes » ou matriochkas. 3 changerait obligatoirement le nom terrains avec leurs roches et leurs Mais, à la différence des matriochkas, des quatre poupées suivantes. fossiles ou leurs minéraux carac- chacune des poupées géologiques Du fait de la dislocation de la Pangée téristiques, et les structures avec est différente de la précédente ou de la suivante : la comparaison avec – le super-continent qui réunissait leurs plis et leur schistosité ou leur les poupées russes ne vaut que pour fracturation, ont une durée de vie, l’emboîtement. suivie de l’ouverture de l’océan At- une rémanence bien supérieure à Gondwana,lantique et de Laurentia la convergence et Baltica – puis de la collision des plaques Afrique- montagnes hercyniennes ont dis- Eurasie, entraînant la formation celle des reliefs : ainsi, alors que les- de nouvelles chaînes de montagne duites à l’état de plaine d’érosion, comme les Alpes ou les Pyrénées, parude nombreux à la fin detémoins l’ère Primaire, des terrains ré les restes de la chaîne varisque et des structures varisques restent sont aujourd’hui dispersés en plu- observables dans plusieurs ré- sieurs sous-ensembles. Certains se gions d’Europe et d’Amérique du - due est de croire que les reliefs trouventUnis et du en AmériqueCanada. D’autres du Nord sont : les Nord.actuels Mais du uneMassif erreur Central assez seraient répan [5] Calcaire à Productus de la colline Appalachessitués en Europe dans l’Estoccidentale, des États- où de Roque Redonde, Vailhan ils forment le « puzzle hercynien ». roches qui les constituent sont an- (coll. CREDD, photo Guilhem Beugnon) En fait, les terrains varisques sont «ciennes vieux »4. parceIl est quevrai laque, majorité à l’excep des- tantôt incorporés aux chaînes du tion des sédiments secondaires des cycle alpin2, tantôt masqués sous Causses, des sédiments tertiaires les empilements de couches des des fossés tectoniques comme la bassins sédimentaires comme le Limagne, ou des formations volca- Bassin de Paris ou le Bassin d’Aqui- niques plio-quaternaires de nom- taine, et retrouvés par forages à breuses régions, de l’Auvergne au plusieurs centaines de mètres en Languedoc, le Massif Cen- profondeur, tantôt au contraire tral français montre largement exposés au niveau surtout des roches d’ensembles régionaux appelés datant de l’ère « massifs anciens » (par exemple primaire, et plu- le Massif armoricain) parce qu’ils sieurs datations sont constitués de roches autrefois ont révélé en dif- dites « d’ancienne consolidation » férents points la (on dit aujourd’hui des roches de présence de maté- l’ère Primaire, ou plus anciennes). riaux encore plus an- Il est très important de bien faire la ciens. Mais les formes du différence entre l’âge des terrains relief telles que nous les (de quand date cette roche ?), l’âge observons se sont développées des structures (de quand date bien plus récemment, pour l’essen-

14 los rocaires n° 21 tiel au cours de deux périodes situées dans le troi- Ces constructions se sont développées sur une plate- forme continentale sous-marine de faible profon- Quaternaire. Au Roc de Murviel comme dans tout le deur, qui recevait par les rivières venues des terres sièmeMassif étageCentral, de àla la « seuleMaison-Terre » : exception dele raresNéogène secteurs et le où des formes fossiles [6] pourraient éventuellement « terrigènes »). Pour ce qui concerne le terme de jouer un rôle par exhumation5, et sous réserve que émergées des sédiments détritiques fins (sédiments- certaines structures héritées du cycle varisque ont pu ponctuellement être réactivées au cours du cycle « flysch »,Il a été utilisé il est d’abordd’origine dans suisse les et Alpes vient pour du verbe désigner alle alpin, les terrains sont anciens mais les reliefs sont manddes sédiments « flissen »,terrigènes qui signifie alternativement « glisser » (ou sableux « fluer »).et jeunes. argileux, déposés en milieu marin, et qui, après trans-

LES « ÉCAILLES DE CABRIÈRES » : son aspect caractéristique de « mille-feuille » formé LE TOP DE LA COMPLEXITÉ formationde couches du alternativement sédiment en roche, gréseuses donnent (les sables)au flysch et STRUCTURALE schisteuses (les argiles)7. Déposés dans des bassins Le Roc de Murviel, de même que Roque Redonde ou profonds juste avant le plissement alpin, et plissés le Roc du Cayla, appartiennent à l’unité géologique avec la surrection de la chaîne alpine, ces ensembles sédimentaires sont souvent épais de plusieurs cen- individualisée pendant la structuration de la chaîne - ditevarisque des «au Écailles Carbonifère, de Cabrières après le ».dépôt Cette des unité calcaires s’est du à d’autres chaînes de montagnes, en particulier à Productus du Carbonifère inférieur (Serpukhovien, tainesdans les de Pyrénées mètres. Le et terme dans deles flysch montagnes a ensuite basques été éten [7], pour désigner des sédiments analogues. Dans la Mon-

330 Ma), et avant le dépôt des terrains houillers de des sédiments schisto-gréseux, notés h2b sur la carte Neffiès et de du Carbonifère supérieur- tagne Noire du Sud de la France, « flysche, dans »lesquels s’applique sont à (Stéphanien, 300 Ma). Cependant, cet intervalle de emballés les éléments de calcaires à Productus [8]8. 30chaîne millions varisque d’années européenne, (Ma) ne lesconcerne événements que la orogé Mon- géologique de France à 1/50 000 - tagneniques Noire se sont du déroulés Sud de la sur France un laps car, de à l’échelletemps quatre de la gues9 Auet à début ses relations des années avec 1980, les calcaires une équipe à Productus de trois des géolo en- Carbonifère6. virons s’est de Cabrières. intéressée Leur au mode modèle de formationest basé, à du l’échelle flysch fois plus long (120 à 130 Ma), du Silurien à la fin du- locale sur les relations entre la plateforme littorale où fale des calcaires à Productus, et dire aussi quelques se déposent les calcaires récifaux et le bassin profond Nous devons maintenant revenir sur la nature réci sont emballés. Pour l’essentiel, les calcaires de la For- mation de Roque Redonde et ceux de la Formation mots du « flysch », la roche dans laquelle ces calcaires où se superposent[6] Discordance dules Trias couches sur le Cambrien du au flysch, Pont du Diable,à l’échelle dans du Roc de Murviel correspondent à des calcaires la vallée de la Mare : une fenêtre ouverte sur la « surface post-her- construits (bioconstructions) par des coraux en cynienne » ou plaine d’érosion pré-triasique. La coupe montre position de vie l’intérêt géomorphologique des discordances : les couches de base du Trias (roches datant du début de l’ère secondaire) (biohermes). reposent avec une inclinaison de quelques degrés sur les plis hercyniens tronqués affectant ici des couches du Cambrien (roches datant du début de l’ère primaire). La forme fossile n’est visible qu’en coupe, dans la tranchée routière : elle ne joue aucun rôle dans le relief actuel. (photo Christian Giusti, prise le 25 août 2014 en bordure de la D 922 à l’ouest de Bédarieux)

los rocaires n° 21 15 régionale sur la cinématique du couple plateforme/ bassin par rapport à la mise en place de l’ensemble des nappes du Versant Sud [9]. D’après les observations de terrain , la sédimen- tation des calcaires du Roc de Murviel10 se termine assez brutalement par un épisode gréseux, inter- prété comme le signal du début de la tectogenèse11 les deux schémas de W. Engel et alii, on suppose que varisquejuste avant en le Montagne commencement Noire. Commedu plissement, le montrent voire dans les premiers moments de celui-ci, des terres émergées de faible relief étaient bordées par une mer peu profonde où se développaient des construc- la mer une charge minime de sédiments terrigènes tionsargilo-gréseux récifales dequi, plateforme à la faveur :du une canyon rivière ébréchant amenait leà rebord de la plateforme littorale, allaient se déposer au fond du bassin de sédimentation. L’interférence des phénomènes sédimentaires et des processus tec- toniques permet de comprendre que des lambeaux et des blocs de calcaires récifaux détachés de la pla- teforme littorale dominant le bassin aient pu arriver au fond de celui-ci, tantôt par avalanche chenalisée le long du canyon, tantôt par glissement sur la pente raide du talus continental [9]. Les structures géologiques complexes observables 12 [7] Flysch de l’Éocène (Yprésien) à Zumaia, ont Pays Basque, Espagne été acquises au cours du cycle varisque. Le « Versant (photo Christian Giusti, prise le 6 juin 2016) dans la Montagne Noire du Sud de la France - riées , autrement dit, de terrains très déformés, qui Sud »ne s’observent13 est constitué plus d’un du toutempilement dans leur de position nappes d’orichar- gine. La complexité de ce domaine, entrevue par le géologue Jules Bergeron au début du XXe siècle avec - [8] Extrait de la carte géologique de France à 1/50 000e, rens-Cabrières » , n’a été comprise que grâce aux feuille « Pézenas », n° 1015, 1981, © BRGM, Orléans Dans le Viséen h2b, le flysch est en gris et les calcaires àProductus sont le concept de « Nappe de recouvrement de Lau en violet. Le point rouge indique Vailhan, le point vert le Roc de Murviel. [10]

16 los rocaires n° 21 [9] Le modèle de sédimentation plate-forme/bassin du flanc normal de la nappe Peyroux-Cabrières à vergence sud, selon W. Engel, R. Feist et W. Franke (1980-1981) En haut : bassin où se déposent les sédiments argilo-gréseux du flysch, et où arrivent par avalanche chenalisée ou par glissement sur la pente raide du talus continental des lambeaux et des blocs de calcaires récifaux détachés de la plateforme littorale dominant le bassin. En marron, calcaires récifaux en position de vie. En gris, calcaires récifaux entraînés au fond du bassin. À gauche : la nappe Peyroux-Cabrières avance sur la nappe des Monts de Faugères : la limite « plate-forme/bassin » située sur le flanc normal de la nappe la plus élevée de la pile correspond au talus continental

[10] La « Nappe de recouvrement de Laurens-Cabrières », selon Jules Bergeron (1899) (« Étude des terrains paléozoïques et de la tectonique de la Montagne Noire », Bulletin de la Société géologique de France, 3e série, XVII, 1899, p. 617-678)

los rocaires n° 21 17 recherches d’un autre géologue, Bernard Gèze, le premier à avoir montré la généralité des phéno- mènes de charriages en Minervois, dans les Monts de , dans les Monts de Faugères, et dans les [11]. Dans le modèle de Bernard Gèze, « Écailles de Cabrières » censées provenir d’une contrée lesméridionale, Nappes du et Versant donc Sudavoir étaient pro- gressé du sud en direction du nord. Mais cette vision, fondée sur des arguments d’ordre stratigra- phiques et paléogéographiques, a -

été remplacée entre la fin des an- néestentrionale, 1950 et avec le débutmise en des place années des 1970nappes par du celle nord d’une en direction origine sep du sud15. Cette interprétation repose sur des arguments macro-tecto- niques (nappe du Mont Peyroux), micro-tectoniques (schistosité), minéralogiques (cristallinité de l’illite, singularité de l’unité Pey- roux-Cabrières) et sédimentolo- giques (glissement de lentilles et de blocs isolés de calcaires à Pro- ductus dans le bassin de sédimen- région de Vailhan et les reliefs du tationRoc de du Murviel, flysch deargilo-gréseux). Roque Redonde La ou du Roc du Cayla appartiennent donc à l’un des domaines les plus complexes que l’on puisse ima- giner au plan géologique, celui comment toutes ces structures, desaprès « Écailles avoir été de niveléesCabrières au ». cours Mais des typologies généralistes). Mais [11] Les nappes du Versant Sud de la Montagne de la longue phase d’érosion qui a il faut se souvenir que l’âge est un Noire, selon Bernard Gèze (1949). Les « Écailles de Cabrières » sont dans le coin suivi le cycle tectonique varisque, autre facteur de différenciation, inférieur droit du bloc-diagramme. s’expriment-elles à nouveau dans - (« Étude géologique de la Montagne Noire et des le relief actuel ? cités cognitives et les capacités Cévennes méridionales », Mémoires de la Société géologique de France, XXIX, p. 62, 1949) enphysiques. ce sens qu’ilD’autre influence part, illes y capaa les DES RELIEFS visiteurs qui ont l’expérience de la [12] Deux plans remarquables : le Causse de Gelly devant la « Table » du Caroux. Au premier plan, DE FORMATION RÉCENTE pratique (randonner de façon ré- Roque Redonde : massif de calcaires à Productus Au sud-est de Vailhan, la route de gulière, être capable de s’orienter, exploité en carrière savoir lire une carte, connaître des (photo Guilhem Beugnon, depuis le p.c. 218, - route de Neffiès, en direction de l’Ouest) marquable sur le paysage, caracté- Neffièsrisé par procure les restes un d’une point carrière de vue re et roches, sol, relief), et ceux qui ont par des formes du relief [12]. Dans éléments du milieu : faune, flore, sa thèse sur la valorisation du géo- de Vailhan, familiers de ce paysage 16 a l’expérienceoù ils ont leurs du lieuhabitudes : les habitants et dont montré que les observateurs se ils connaissent les particularités patrimoine,classent entre S. spécialistes Martin (2012) et non- et histoires locales, ne peuvent pas spécialistes, ceux-ci comprenant le le voir de la même façon que des sous-groupe des « boulimiques de touristes de passage. En règle gé- culture », aux attentes différentes nérale, les « locaux » sont les plus du sous-groupe des « occasionnels susceptibles d’apprendre et les et curieux » (le « grand public » plus attentifs à la médiation, car

18 los rocaires n° 21 moins distraits par un environne- du cycle alpin) prend tout son sens. tures des schistes viséens à toutes  En deuxième lecture, c’est la pla- les échelles. Ces plans d’érosion, point essentiel est ici de bien com- néité de certaines formes qui inter- d’extension locale ou régionale, mentprendre nouveau que le continuum (Martin, 2012). topogra Le- pelle le regard, ainsi que leur éta- trouvent leur explication non pas phique est comme un palimpseste gement altitudinal dans l’espace dans la nature ou l’architecture du qui, du point de vue du géomor- substratum rocheux mais dans la phologue, juxtapose des formes de plateau basaltique dominant loca- longue histoire du développement nature très différentes. topographiquelement d’une centaine actuel : rigiditéde mètres du subaérien des formes du relief.  En première lecture, les élé- le fond de la vallée de la Peyne,  En troisième lecture, la carrière ments de nature géologique sont de Roque Redonde, ouverte au armature de gneiss, dominant ré- sud-est de Vailhan dans un beau la coulée basaltique du Causse de « Tablegionalement » culminante de près dud’un Caroux millier à volume de calcaires à Productus, lesGelly, plus présentée évidents dans dans le le précédent paysage : de mètres le fond de la vallée de montre que la force anthropique, numéro de Los Rocaires, coiffe le par les puissants moyens méca- le Jaur. Ces deux « plans » appar- niques qu’elle mobilise, est en de taillis, dans lequel les îlots de l’Orbtiennent au pointà la depremière confluence (Caroux) avec flyschcalcaires argilo-gréseux à Productus forment recouvert des et à la troisième série (Causse de ici un modeste relief en creux lié tâches gris clair moins végétali- Gelly) d’une séquence de formes- mesureà l’exploitation de produire de la roche des reliefspour la : sées immédiatement perceptibles types qui en comprend quatre, de construction du barrage des Oli- à tout observateur un peu familier la plus anciennne à la plus récente. vettes au cours des années 1986- des données locales. Ces formes Cette séquence a été établie sur le 198819. Mais, à l’échelle du globe, terrain par cartographie de proche parce qu’elles trouvent l’essentiel en proche à la faveur de travaux dude reliefleur explication sont dites «dans structurales » tel ou tel conduits au cours des années 1986- selon des mesures réalisées à la fin trait de la nature (lithologie) ou [13] La séquence des formes-types dans de la disposition (tectonique) des Central, du seuil du Lauragais aux le Sud du Massif Central (France) depuis le 2002Cévennes dans et tout des leCausses Sud du majeurs Massif sommet du Grand Glauzy : panorama (haut) 17 et schéma interprétatif (bas). géologique explique une large par- au Bas-Languedoc . Comme cela (photo Christian Giusti, 18 mars 2008, depuis le p.c. volumestie du relief. de roches Mais depuis : la structure quand sera expliqué un peu plus loin, ces 229 en direction de l’Ouest et du Nord-Ouest) ces formes structurales sont-elles formes ne s’expliquent pas par la visibles dans le paysage ? C’est ici structure géologique, mais tendent que la distinction entre âge des - plan topographique subhorizontal nifère, ère Primaire ; venues basal- aude contrairela surface à du s’en Caroux affranchir recoupe : le roches (flysch et calcaires : Carbo les structures plissées des gneiss, de même que le plan incliné du tiques : Pléistocène, ère Tertiaire), 18, âgede Cabrières)des structures et (cycleâge des varisque : reliefs équivalent latéral du Causse de Nappes du Versant Sud, Écailles « grandGelly, recoupe glacis de les » diverses struc-

(phases Néogène et Quaternaire Caroux et Avant-Monts depuis le sommet du Grand Glauzy M3T : Moulin de Faugères, Les Trois Tours

los rocaires n° 21 19 du XXe siècle , l’érosion anthro-  La surface de piedmont (SP) est pique liée aux20 seules pratiques la forme majeure à l’échelle régio- secteur situé au nord de Faugères ; nale, tant comme repère spatial presque autant que la masse dé- (III)les basaltes les topographies se sont mis dites en place « fini- ; que comme jalon géohistorique. agricolesplacée par pèse les agents70 giga-tonnes d’érosion (Gt), dits néogènes » (TFN), sur lesquelles Du Plateau de (Saint- « naturels » (cours d’eau, glaciers, ultérieures, liées au creusement Chinian) au Plo de Laurier (Avant- dynamiques éoliennes, processus (IV)récent enfin, des les rivières formes et de au dissection perche- Causse au nord de Bédarieux) et littoraux et de versant), en réa- ment des coulées basaltiques par du Plateau de Montfranc (Ségala lité de plus en plus transformés inversion du relief. au nord de Lacaune) au Plateau -  La surface fondamentale (SF) de Montredon-Labessonié (à l’est maines. Tous domaines confondus est ainsi nommée parce qu’elle de Castres) jusqu’en Albigeois, elle ou(agriculture, influencés parimmobilier, les activités routes hu constitue l’élément le plus ancien ceinture presque sans solution de et autoroutes, mines et carrières), de la séquence des formes-types 23à continuité l’ensemble des hautes les agents d’érosion anthropique l’échelle régionale, mais de nom- terres, à l’intérieur desquelles elle breuses inconnues demeurent s’insinue en direction des amonts les agents non-anthropiques, et il quant à son origine, par dériva- sous la forme de « topographies pèsentest désormais 100 Gt, acquis contre que 75 Gtle pourphé- tions successives (resurfacing) de emboîtées » (TE) sous le plan de nomène a commencé dès le début la plaine d’érosion post-varisque. la surface fondamentale (SF). Dans Elle subsiste largement à la sur- notre région, la surface de pied- ans, voire plus tôt21. face du Plateau de l’Agout (Caroux, mont s’observe autour du Mont Pourde l’Holocène avoir une il vuey a environcomplète 12 de 000 la Espinouse, Somail), ainsi que, plus Ban et passe aux Trois Tours au localement, dans les Monts de de gagner le point de vue du Grand Marcou [15] et du Haut-Dourdou 22 séquenceGlauzy (229 des formes-types, m) . De ce il suffitsom- (chaînon du Merdelou). Au sud de Nord [14]de LaFaugères, surface fondamentale dominant (SF) basculée d’une la grande zone de faille Mazamet- au revers des Avant-Monts de Faugères. le plateau culminant[13] du Caroux, qui Tantajo24, on l’observe encore sous Présence de terra rossa à pisolithes ferrugi- neux piégée dans les calcaires dévoniens metest un remarquable élément de s’observent la surface fon: (I)- la forme d’un unique plan incliné (photos Christian Giusti, avril 2002, depuis le Pic de basculé vers le nord au revers des la Coquillade (696 m) en direction du Nord-Est) piedmont (SP), bien visible dans le Avant-Monts de Faugères [14]. damentale (SF) ; (II) la surface de

Coupe du Plo de Lavit depuis la Coquillade PL : Plo de Lavit, LD : La Dentiliade ; PT : Pic de Tantajo

20 los rocaires n° 21 centaine de mètres le plan du Mas d’Anglès (sillons appalachiens) et [15] (page précédente) Tréaucat, qui est l’homologue du Carte de la séquence des formes-types Causse de Gelly. Alors que la sur- Pradelles-Cabardès). Aux marges dans le Sud du Massif Central (France). (document établi par J. Désiré (2006), face fondamentale (SF) s’était éla- endes Montagne hautes terres Noire du («massif plaine ancien, » de Université de Picardie, d’après maquette borée au nord du front pyrénéen toutes ces topographies emboîtées de C. Giusti (2002)) en fonction d’un niveau de base des amonts passent à l’aval à de (1a), haute surface [HS] et (1b) relief résiduel culminant associé. (2a), surface fondamentale [SF] océanique unique, les volumes de véritables plans d’érosion formant et (2b) reliefs résiduels associés. (3a), topographies relief du domaine sud-centralien la surface de piedmont. La coupe emboîtées [TE] des amonts et surface de piedmont [SP], d’âge présumé « miocène », conservée (3b) ou commencent à partir du rifting de Bourg Saint-Bernard à l’est de dégradée (3c) sur les formations carbonatées de oligo-aquitanien25 à évoluer en Toulouse et celle des marbrières l’Avant-Causse. (4), topographies présumées « fini- néogènes » [TFN]. (5), limite basale de la couverture fonction d’un niveau de base de de Laurens au nord de Béziers per- sédimentaire post-paléozoïque. (6), formes de style l’érosion dédoublé, atlantique et mettent de penser que cette géné- appalachien. (7), escarpement majeur composite, de faille et d’érosion, lié à la faille des Monts de méditerranéen. L’hypothèse d’un ration des formes (TE-SP) aurait Lacaune (i.e. faille de détachement de l’Espinouse) soulèvement régional de quelques - au nord, ou à l’accident Pic de Nore – Pic de Tantajo ciser plus, mais qui ne semble pas au sud. (8), grès et conglomérats du Courbezou, hectomètres du sud du Massif cen- d’âge crétacé ou paléogène. (9), calcaires lutétiens tral (Causses compris), compliqué unpouvoir âge « dépassermiocène »,vers difficile le haut à pré la des Martels. (10), formation oligocène d’. base du Miocène supérieur (Torto- (11), molasse miocène du Bas-Languedoc. (12), de jeux de blocs basculés de taille limite schématique de la ria messinienne de réduite sur la bordure languedo- nien), avant la crise de salinité du l’Orb. (13), sables et graviers plio-pléistocènes (« - Messinien (Messinian Salinity Cri- cailloutis villafranchiens » Auct.). (14), terra rossa à 26 pisolithes ferrugineux. (15), formations effusives sis, MSC) . de l’Escandorgue et principaux points d’émission. dans les Avant-Monts (alvéoles),  (16), failles principales. (17), topographie, altitudes cienne, suffit à expliquer les em En contrebas de cette surface- en mètres. (18), inclinaison : de la plaine d’érosion boîtementssur l’Avant-Causse de formes (aplanisse observés - : repère sont apparus d’autres post-varisque entre Bédarieux et Lamalou-les-Bains ments partiels), sur les Causses [16] ; de SF au revers des Monts de Faugères (au sud de plans, plus récents , mais anté- Lamalou-les-Bains). (couloirs d’érosion évoluant en rieurs à l’encaissement des val- longs poljés, type Rogues), dans lées actuelles, comme la Peyne en les Monts de Lacaune (formes de contrebas du Causse de Gelly. L’ex- [16] La surface de piedmont (SP) du Plo dégradation lente du Haut-Vernou- de Laurier sur l’Avant-Causse dominant les topographies fini-néogènes (TFN) du Plan de bre), dans les Monts de Marcou, Carlencas à l’Est de Bédarieux. du Haut-Dourdou, sur le Plateau pressionpour tenir de compte « topographies de la variété fini-des (photo Christian Giusti, avril 2002, depuis le Pic de néogènes » (TFN) a été proposée Tantajo (517 m) en direction du Nord-Est)

Escandorgue, Avant-Causse et Plan de Carlencas depuis le Pic de Tantajo

22 los rocaires n° 21 dispositifs second lieu, de prendre en compte du sud de l’Escandorgue, étudiées une pente minimale (de l’ordre de par P. Ambert: vallées27, couloirs pré-basaltiques d’érosion pré-basaltiques de la Peyne et de secteurs où les topographies em- la Boyne, plan infra-basaltique de 0,4boîtées à 0,6 (TE) % ?) passent notamment à de véritables dans les Carlencas, grand glacis d’ablation plans de piedmont (SP) du type de Caussiniojouls, du Bois de Fouis- Plo de Laurier ou Mont Ban-Mou- seau au sud de Laurens jusqu’à la lin de Faugères. Dans ces condi- butte de Montplo- au tions, l’altitude des formes « mio- sud de Saint-Chinian, par Autignac et le château de Coujan [15]. Le de la surrection depuis l’époque de témoignage des retombées volca- cènes »leur façonnement donnera la et valeur de leur globale para- niques ou des coulées de laves, et chèvement, avant la crise de sali- - nité messinienne vers le début du tions fossilisent (cailloutis « mio- Tortonien. Cet événement est un despliocène formes » fluvialesau Bois quede Fouisseau,ces forma de Montplo), illustre une morpho- épisode survenu entre 5,3 et 5,7 « alluvionsgenèse saccadée, anciennes avec »deux de la phases butte Ma,pour soit certains une durée auteurs). de 400 Les 000 vallées ans (voireen V et de les seulement canyons présents 100 000 hors ans d’âge essentiellement Pliocène, de l’aire de l’eustatisme messi- tectoniquespostérieure deau soulèvement parachèvement : l’une nien (Tarn, Jonte, Trévezel,31 Dour- des formes « miocènes », topogra- bie), invitent à relativiser le mo- phies emboîtées des amonts (TE) dèle du regretté Georges Clauzon, et surface de piedmont (SP), mais et à minorer le rôle morphogéné- antérieure aux basaltes de l’Escan- tique du phénomène dans la sculp- ture des vallées. Inscrites dans le âges sont compris entre 1,9 et 1,4 même bourrelet montagneux, les dorgueMa28 ; l’autre et du Lodévois,d’âge essentiellement où 90% des gorges des réseaux du Tarn ou du Quaternaire29, postérieure à la Lot sur le versant atlantique, de mise en place des basaltes, dans un l’Orb, de l’Hérault (y compris la contexte compressif depuis un laps reculée de la Lergue en Lodévois) . Dans ou des rivières cévenoles (Gard, les Avant-Monts et sur le piedmont30 Ardèche) sur le versant méditerra- decomposite temps difficile contigu, à préciserl’emboîtement néen, relèvent d’une logique com- mune, qui, vu l’ampleur du creu- sement, ne peut être que d’ordre des(SP) topographiesprésente toutefois « fini-néogènes » de notables tectonique. Comme le montrent (TFN) dans la surface de piedmont de mètres au plus entre le plan la séquence des formes-types, la différences d’énergie : une centaine lessurrection séries II majeure,(TE-SP) etl’incision III (TFN) des de rivières et le développement des formes du relief sont pour l’essen- « miocèneMas Tréaucat » du Moulinet de Coujan-Autide Faugères- [17] Matériel protohistorique (SP) et le plan « fini-néogène » du du Roc de Murviel (de haut en bas) l’est de Bédarieux, où le Plo de Lau- et quaternaires dans le Sud du Monnaies de Marseille gnac-Fouisseau (TFN) ; 200 m à tielMassif des Central phénomènes. fini-néogènes a. Obole à la tête casquée, En résumé, les32 roches du Roc de inédite en Languedoc, -440/-410 [16] b. Obole MASSALIW/M, -425/-400 rier (SP) domine de 190 m le plan. (photos Michel Py, coll. Daniel Bernado) Aude Carlencascontraire (TFN),de la surfaceoù le plancher fonda- formées plutôt au début du Car- Fibule latérienne à pied terminé par un mentaledes basaltes (SF) se qui,tient partout vers 420 où m elle Murviel,bonifère. calcaires La genèse et desflysch, structures se sont bouton mouluré, replié sur l’arc, subsiste, peut être géométrique- plissées, écaillées et charriées est IVe s. av. J.-C., l. 47,5 mm ment assimilée à un plan dont on un peu postérieure, contempo- (photos Michel Feugère, coll. Ghislain Bagan) Céramique non tournée (locale) : négligera par convention la pente raine des épisodes varisques de la décors à impression et à incision initiale, l’usage de la topographie (photos Guilhem Beugnon, coll. Ghislain Bagan) a fortiori celle des phase d’érosion initiée au Stépha- finnien du (dépôts Carbonifère. houillers), Puis unepoursuivie longue « miocènecomme marqueur » ( de la déforma- au Permien et jusqu’au début du topographiestion impose davantage « fini-néogènes de précau »)- Trias, aboutit au nivellement des reliefs de la chaîne varisque, facilité les altitudes du plancher des topo- par un probable phénomène d’ef- tionsgraphies : en emboîtées premier TE lieu, dans d’utiliser SF ; en fondrement gravitaire. La plaine los rocaires n° 21 23 d’érosion post-varisque entame d’érosion s’emboîtent en contrebas alors une longue phase d’évolution du plan de la surface fondamentale protohistorique du Roc de Murviel subaérienne, sauf dans les secteurs (SF). Ces topographies emboîtées ganisées[17-19]. : en témoigne l’oppidum (TE) passent à l’aval et en périphé- Les ordres de grandeur montrent Causses », où se déposent des ter- rie des amonts à un plan d’érosion la différence entre le temps de subsidentsrains sédimentaires comme lejurassiques « golfe des et crétacés. Dans les secteurs restés de piedmont (SP). L’essentiel de à l’air libre, l’érosion subaérienne d’importancela mise en altitude régionale est acquis: la surface pos- la(roches Terre primaires et celui deset chaîne Humains va - : se poursuit, ce qui explique que térieurement, au Pliocène (avant 330 000 000 à 300 000 000 ans- l’on puisse observer aujourd’hui les épanchements basaltiques du dans le paysage des granites et système de l’Escandorgue), puis risque), 3 000 000 ans (reliefs ac des gneiss structurés à plusieurs au Quaternaire (après ces mêmes tuelsétablissements plio-quaternaires), humains 2connus). 400 ans, kilomètres de profondeur lors de épanchements). Les reliefs actuelle- soit moins de 3 000 ans (premiers Christian Giusti la tectogenèse varisque. Lors des ment visibles dans les paysages du Professeur de géomorphologie et de sciences épisodes distensifs de l’Oligocène versant languedocien sont donc le de l’environnement, Paris-Sorbonne Université et du début du Miocène (Aquita- résultat d’une morphogenèse sac- [email protected] nien), un jeu de bloc de quelques cadée progressivement accélérée. centaines de mètres de hauteurs Si l’on quitte le temps de la Terre entraîne l’apparition des premiers pour revenir à celui des Humains, volumes nettement en saillie au- dessus d’un niveau de base de Bronze et au durant l’ensemble de l’érosion pour la première fois ill’âge est du établi Fer qu’à(Xe – la II fine s. de av. l’âge J.-C.) du, dédoublé, atlantique et méditerra- certains de ces reliefs ont servi de33 néen. Dans les amonts, des couloirs support aux premières sociétés or- [18] Le Roc de Murviel (aquarelle de Pascale Soulas)

24 los rocaires n° 21 Notes 1. Les cartes géographiques représentent la répar- pionniers de Jules Bergeron à la fin du 19e siècle, vestiges d’une « haute surface » (HS). tition actuelle des terres et des mers. Les cartes d’étendre ce nom à l’ensemble des terrains anciens 24. Demange M., Jamet P. (1986), L’accident majeur paléogéographiques sont des reconstitutions de ce de l’extrémité sud du Massif Central français. Mazamet-Tantajo (Montagne noire) : décrochement qu’était cette répartition au cours des temps géolo- 13. Une nappe de charriage, ou nappe de recouvre- tardi-hercynien et faille inverse pyrénéenne. Géolo- giques. La consultation d’atlas paléogéographiques ment, est un ensemble de terrains allochtones qui gie de la France, 3, 273-280. invite à l’exploration du temps le plus profond de a été déplacé sur une distance de quelques kilo- 25. C’est en liaison avec cet épisode géodynamique la planète Terre. Voir par exemple : http://www. mètres à plusieurs dizaines de kilomètres, venant diachrone que s’effectue la rotation anti-horaire du scotese.com/earth.htm [consulté le 6 août 2016]. recouvrir un ensemble autochtone, dont il était très bloc corso-sarde, ainsi que la formation des fossés 2. Par exemple, les massifs du Mont-Blanc et des éloigné à l’origine. Sur l’œuvre de Marcel Bertrand et demi-fossés languedociens et cévenols. Aiguilles Rouges dans les Alpes du Nord, le massif et la formulation de la théorie des « nappes de 26. https://en.wikipedia.org/wiki/Messinian_sali- de l’Argentera-Mercantour dans les Alpes du Sud, le recouvrement », voir la conférence de M. Durand- nity_crisis [consulté le 17 août 2016]. Delga en décembre 2007 : http://www.annales.org/ massif du Canigou dans les Pyrénées. 27. Ambert P., Boven A., Leroy S., Lövlie R., Seret G. archives/cofrhigeo/bertrand-dd.html [consulté le 3. Comme le « Causse de Gelly », présenté dans le (1990), Révision chronostratigraphique de la sé- 11 août 2016]. numéro 21 de Los Rocaires, p. 18-24. quence paléobotanique de Bernasso (Escandorgue, 4. Un excellent aperçu des roches du Massif Cen- 14. Bernard Gèze distinguait les nappes du premier Midi de la France). C. R. Acad. Sci., Paris, 311, II, 413- tral est donné par les 45 méga-échantillons du genre ou « nappe-pli couché », des nappes du deu- 418. Géoscope, situé sur l’aire de la Lozère (A75, sortie xième genre ou « nappe-écaille », correspondant 28. J. Gastaud, R. Campredon, G. Féraud (1983). Les 32). Cartes didactiques et textes explicatifs ont été à l’exagération d’un pli-faille sans flanc inverse systèmes filoniens des Causses et du Bas Langue- conçus par deux géologues, Jean-Pierre Couturié conservé. doc (Sud de la France) : géochronologie, relations et Bernard Laugier. Les panneaux en lave émaillée 15. Dans une série d’articles parus en 1982 et 1983, avec les paléocontraintes. Bull. Soc. géol. France, 7, ont été réalisés par l’entreprise Signaloc. La main- le géographe et géomorphologue Claude Klein a 25, 737-746. tenance du site est assurée par le Département repris l’hypothèse d’une origine méridionale des 29. En 2009, la base du Quaternaire est pas- de la Lozère. Voir : https://www.flickr.com/photos/ nappes du Versant Sud de la Montagne Noire, mais sée de 1,8 Ma à 2,56 Ma. Voir P.L. Gibbard et M.J. xian_geo/albums/72157664010885156 [consulté à partir de données nouvelles, et d’arguments dif- Head (2010) : http://www.stratigraphy.org/GSSP/ le 6 août 2016]. férents de ceux invoqués par Bernard Gèze. Pour Quaternary&Pleistocene.pdf [consulté le 17 août 5. L’expression « formes fossiles » se dit de formes du Klein, la nappe du Nord-Minervois correspond à la 2016]. partie occidentale de la nappe de Pardailhan, dont relief qui ont été enfouies, et qui sont ou pourraient 30. P.F. Lucente , L. Margheriti, C. Piromallo, G. Bar- la nappe de Faugères forme la partie orientale. Le être exhumées par l’érosion. Les carrières (front de ruol (2006). Seismic anisotropy reveals the long retournement des structures de la nappe de Par- taille), les talus routiers et les tranchées ferroviaires route of the slab through the western-central Medi- dailhan novo sensu est imputé à la mise en place permettent assez souvent d’observer en coupe de terranean mantle. Earth Planetary Science Letters, d’une grande nappe listrique à vergence nord, dont telles formes fossiles, qui sont également visibles 241, 517-529. Voir: http://www.gm.univ-montp2.fr/ les vestiges s’observent autour de Caunes-Miner- mais plus difficilement sur des affleurements -natu PERSO/barruol/publis/Lucente_medit_EPSL2006. vois, de St-Martial dans les Monts de Pardailhan, et rels : versants de vallée, falaises marines, escarpe- pdf [consulté le 17 août 2016]. dans la région de Laurens-Cabrières. ments. Formes fossiles et discordances géologiques 31. Les mouvements eustatiques (eustatische Bewe- 16. Valoriser le géopatrimoine par la médiation peuvent être associées, mais le fait n’est pas systéma- gungen, Suess, 1888), positifs (remontée) ou néga- indirecte et la visualisation des objets géomorpho- tique : certaines discordances n’ont pas d’expression tifs (abaissement), sont les mouvements propres du logiques ; voir : http://igd.unil.ch/www/geovi- géomorphologique (figure 6). niveau des mers et des océans. On distingue l’eus- sions/41/Geovisions_41_small.pdf [consulté le 13 6. Voir M. Faure (2011) : https://www.univ-orleans. tatisme global, lié aux modalités de la tectonique août 2016]. fr/sites/default/files/OSUC/documents/chaine_va- des plaques ; l’évapo-eustatisme, dont la crise de risque_france.pdf [consulté le 7 août 2016]. 17. Le Sud du Massif Central (France). Implications salinité messinienne est l’exemple-type ; le glacio- 7. Cet aspect est assez délicat à observer dans les morphogénétiques de l’activation d’une marge pas- eustatisme, lié aux rythmes climatiques plio-pléis- Alpes, où les déformations ont été souvent très sive. Approche épistémologique et naturaliste. Doc- tocènes. Voir la mise au point de C. Klein (1999), intenses, avec des phénomènes d’écrasement, torat, Université de Perpignan Via Domitia (2002), Henri Baulig (1877-1962). Sa contribution à l’enrichis- d’écaillage, de dilacération. Par comparaison, le 2 volumes. Les conclusions de cette étude ont sement de la géomorphologie régionale. Paris, édi- flysch basque, bien que plissé, apparaît sensible- été résumées dans « Asymétrie topographique tions Ophrys, pp. 37-68. ment moins déformé, avec des structures sédimen- et morphogénétique dans le Sud du Massif Cen- 32. V. Olivetti, V. Godard, O. Bellier, ASTER Team taires mieux conservées. tral (France) », BAGF-Géographies (2008) : https:// (2016), Cenozoic rejuvenation events of Massif Cen- hal.archives-ouvertes.fr/hal-00567262/document 8. Carte établie et notice rédigée par R. Feist, G. Ber- tral topography (France): Insights from cosmogenic [consulté le 13 août 2016]. ger et P. Freytet (1981). denudation rates and river profiles.Earth Planetary 18. J.-C. Bousquet (2016), in : Los Rocaires, 21, p. 5-7 ; 9. W. Engel, R. Feist & W. Franke (1980-1981), Le Car- Science Letters, 444, 179-191. ce plan incliné fait partie de la quatrième série. bonifère anté-stéphanien de la Montagne Noire : 33. G. Bagan, Voyage dans la Protohistoire à tra- rapports entre mise en place des nappes et sédi- 19. Méthode du béton compacté au rouleau (BCR), vers les vallées de la Boyne et de la Thongue, Los mentation, Bulletin du BRGM, 1, 4, 341-389, avec in : Le barrage des Olivettes, Vailhan. Dossier du Rocaires, n°14 : http://www.crpe-vailhan.org/docu- carte géologique à 1/25 000 hors-texte. Voir aussi CREDD : http://www.crpe-vailhan.org/documents/ ments/ressources/rocaires_14.pdf. R. Feist et J. Galtier (1985), Découverte de flores ressources/barrage.pdf [consulté le 14 août 2016]. d’âge namurien probable dans le flysch à olistolites 20. R.L.B. Hooke (2000), On the history of humans as de Cabrières (Hérault). C.R. Acad. Sci., Paris, 300, II, geomorphic agents. Geology, 28. 207-212. 21. B. Wilkinson (2005), Human as geologic agents: 10. É. Poty, M. Aretz, L. Barchy (2002), Stratigraphie a deep-time perspective. Geology, 33. Neboit R. et sédimentologie des « calcaires à Productus » du (2010), L’homme et l’érosion. Clermont-Ferrand, Carbonifère inférieur de la Montagne Noire (Mas- Presses de l’Université Blaise-Pascal. sif Central, France), C.R. Géosciences, 334, 843-848. 22. Voir le panorama en ligne sous : https://www. Voir aussi M. Aretz (2016), The Kulm Facies of the flickr.com/photos/xian_geo/3293851771/ Montagne Noire (Mississippian, southern France), in/album-72157613850776451/ [consulté le Geologica Belgica, 19/1-2 : http://popups.ulg. 14 août 2016]. Alors que Roque Redonde et le ac.be/1374-8505/index.php?id=5164 [consulté le Grand Glauzy sont sur la commune de Vailhan, le 11 août 2016]. Roc de Murviel se tient sur la commune voisine de 11. La tectogenèse est le développement des struc- Montesquieu. tures tectoniques à toutes les échelles. 23. Au Pic de Nore, au sud de Lacaune (Montalet), 12. Alors que les géographes réservent le nom dans les Monts du Haut-Dourdou (Merdelou) et [19] Galet aménagé de « Montagne Noire » au petit massif situé entre dans les Monts de Marcou, il arrive que les vestiges en polissoir découvert Castres et Carcassonne, culminant au Pic de Nore, de la surface fondamentale (SF) soient surmontés sur le Roc de Murviel, Ø 65 mm les géologues ont pris l’habitude, depuis les travaux par des replats topographiques bien caractérisés, (photo Guilhem Beugnon, coll. Ghislain Bagan) los rocaires n° 21 25