N˚ 167 Gratuit
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
OLARI S Science-fiction et fantastique S Le volet en ligne Lectures 209 N. Spehner, P.-A. Côté et R. Bozzetto Écrits sur l’imaginaire 215 N. Spehner Sci-néma 226 C. Sauvé et H. Morin L’ANTHOLOGIE PERMANENTE N˚ 167 DES LITTÉRATURES DE L ’IMAGINAIRE Gratuit Abonnez-vous ! Abonnement (toutes taxes incluses): Québec: 29,72 $ (26,33 + TPS + TVQ) Canada: 29,72 $ (28,30 + TPS) États-Unis: 29,72 $US Europe (surface): 35 € Europe (avion): 38 € Autre (surface): 46 $CAN Autre (avion): 52 $CAN Nous acceptons les chèques et mandats en dollars canadiens, américains et en euros seulement. On peut aussi payer par Internet avec Visa ou Mastercard. Toutes les informations nécessaires sur notre site: http://www.revue-solaris.com Par la poste, une seule adresse: Solaris, C.P. 85700, Succ. Beauport, Québec (Québec) Canada G1E 6Y6 Courriel: Téléphone: Fax: [email protected] (418) 837-2098 (418) 523-6228 Nom: Adresse: Courriel ou téléphone : Veuillez commencer mon abonnement avec le numéro: Solaris est une revue publiée quatre fois par année par les Publications bénévoles des littératures de l’imaginaire du Québec. Fondée en 1974 par Norbert Spehner, Solaris est la première revue de science-fiction et de fantastique en français en Amérique du Nord. Ces pages sont offertes gratuitement. Elles constituent le Supplément en ligne du numéro 167 de la revue Solaris. Toute reproduction – à l’exclusion d’une impression unique en vue de joindre ce supplément au numéro 167 de Solaris –, est strictement interdite à moins d’entente spécifique avec les auteurs et la rédaction. Les collaborateurs sont responsables de leurs opinions qui ne reflètent pas nécessairement celles de la rédaction. Date de mise en ligne: juin 2008 © Solaris et les auteurs Jacques Sadoul que quelques mots dans un des C’est dans la poche ! nombreux cocktails qui rythment ce Paris, J’ai lu, 2007, 285 p. genre de congrès. Puis je l’ai revu à Pour fêter leur cinquantième année Montréal, quelques années plus tard, alors que j’étais éditeur de d’existence (je me souviens parfaite- Solaris. Nous avions participé à ment de leurs premiers volumes, pas une rencontre-causerie à l’Université très sexy à vrai dire…), les éditions de Montréal et nous avions été les J’ai lu ont réédité dans une version invités de l’éminent et redoutable augmentée de « révélations jailu- professeur Darko Suvin, qui à cette siennes » les mémoires de Jacques époque présidait aux destinées de Sadoul, d’abord parues chez Brage- Science Fiction Studies. J’avais lonne (2006), et intitulées C’est dans trouvé Sadoul éminemment sympa- la poche ! Dire que j’ai dévoré ce thique et j’avais particulièrement petit bouquin est un euphémisme. apprécié son remarquable sens de J’ai rencontré Jacques Sadoul une l’humour. première fois à la convention mon- C’est ce personnage pince-sans- diale Torcon 2, qui s’est tenue à rire que l’on retrouve dans ces mé- Toronto en 1973. Dans le chaos gé- moires qui sont tout sauf formelles. néral, nous n’avions guère échangé Le bouquin fourmille d’anecdotes juteuses, de remarques critiques et judicieuses sur toutes sortes de choses et de gens. On y apprend toute l’histoire de la maison, la nais- sance des diverses collections dont la fameuse collection de science- fiction qui fut une des meilleures du genre et qui m’a fait découvrir des tas de merveilles. Sadoul y raconte ses bons coups, mais aussi quelques échecs retentissants. On y croise des personnages hauts en couleurs comme Harlan Ellison, toujours aussi prétentieux, agressif et détestable, Van Vogt le bizarre, la princière Barbara Cartland, Stephen King, Gotlib et plusieurs autres. Chaque 210 SOLARIS 167 chapitre, ou plutôt chaque épisode monsieur de l’édition française qui de la saga est précédé d’une sorte de a permis à des millions de lecteurs palmarès où Sadoul nous rappelle de découvrir des trésors. quels films, quelles bandes dessinées, Merci Maître Jacques, et bonne quels livres marquants… sont ap- retraite! [NR] parus cette année-là. Il n’y a qu’à la rubrique « sports » qu’il ne men- Frank Schätzing tionne rien, étant d’avis que depuis Abysses l’avènement du dopage, il n’y a plus Paris, Presses de la Cité, 2008, 886 p. d’événement sportif digne de ce Publié en Allemagne sous le titre nom! En quoi il n’a pas tort! original Der Schwarm, le formidable Ce qui m’a le plus surpris et déçu, roman de Frank Schätzing a d’abord c’est d’apprendre par Sadoul, bien été traduit en français avec le titre placé pour le constater, que le mépris L’Essaim (France Loisirs, 2007) avant et les préjugés contre les genres po- d’être repris par Les Presses de la Cité pulaires étaient toujours bien ancrés avec ce nouveau titre, Abysses, qui, dans le milieu culturel français. pour l’amateur de SF pur et dur, ren- Certaines de ses anecdotes m’ont voie inévitablement au film Abyss quelque peu défrisé, moi qui croyais de James Cameron avec lequel il naïvement qu’on avait dépassé le stade primaire du mépris. Que nenni, partage une certaine thématique semble-t-il… Plus ça change, plus (les personnages du roman font c’est pareil. Heureusement qu’il y a quelques allusions à ce film, et pour eu, qu’il y aura et qu’il y a encore et cause…). toujours des types comme Sadoul Présenté par l’éditeur français qui, contre vent et marées, mettent comme un « thriller écologique », à la disposition d’un très vaste public Abysses est en fait un roman de des ouvrages populaires, autrement science-fiction qui a remporté le plus intéressants que les élucu- grand prix de la SF allemande en brations onanistement nombriliques des écrivains dits « sérieux », c’est-à- dire margueritedurassement en- nuyeux et prétentieux. Et pour les jeunes amateurs de science-fiction, les néophytes qui croient tout savoir mais n’ont pas encore de poil au menton, je rappelle que Jacques Sadoul est aussi l’auteur d’une Histoire de la science-fic- tion moderne qui fait toujours autorité en la matière. Dans les pages centrales de ses mémoires, on dé- couvrira avec plaisir quelques photos et des couvertures de livres qui rap- pellent le parcours de ce grand SOLARIS 167 211 2005 et d’autres distinctions bien quelqu’un, quelque chose, une intel- méritées, ce livre s’étant déjà vendu ligence, qui se trouve au fond des à plus de trois millions d’exemplaires océans, a décidé de supprimer les en Europe. Quoique n’étant plus un humains qui menacent leur environ- grand lecteur de science-fiction nement et celui de la planète. depuis belle lurette (pour cause de Une course contre la montre s’en- saturation!), je ne déteste pas à l’oc- gage pour entrer en contact avec casion m’aventurer dans les œuvres « l’ennemi » et résoudre la crise. de ces quelques écrivains que je Malheureusement, si des savants considère être les véritables héritiers pleins de bonne volonté songent à de Jules Verne. Pas toujours reconnus une résolution pacifique de la crise, par les fans purs et durs, les Bernard les militaires, dirigés par une certaine Werber, Michael Crichton, Douglas Judith Li, ont un tout autre agenda. Preston et autres Frank Schätzing La collision est inévitable et précipite savent pourtant conjuguer avec brio le lecteur dans une finale hollywoo- ce qui était la marque de commerce dienne pleine de bruit et de fureur… de Verne : instruire et distraire. À J’ai dévoré ces quelque neuf cents cet effet, Abysses est certainement pages passionnantes avec le plus ce que j’ai lu de plus passionnant. grand intérêt. C’est une histoire Pourtant, le scénario est convenu et solidement documentée qui, par colle parfaitement à la recette du moments, demande beaucoup de roman ou du film catastrophe qui a concentration au lecteur à cause de déjà fait ses preuves. toute l’information scientifique qui Première étape oblige, il se passe nous est donnée. Mais c’est là toute des faits inexpliqués, étranges, in- la force de ce roman terrifiant : il quiétants : des bancs de méduses est extrêmement réaliste, bien do- toxiques envahissent les plages de cumenté, bref plausible malgré l’Europe, des baleines attaquent les quelques passages plus roma- bateaux remplis de touristes au nesques : Schätzing n’hésite pas à Canada (les malheureux précipités sacrifier quelques personnages-clés dans la mer servent ensuite de petit dans des circonstances atroces, et il déjeuner à des bandes d’épaulards sait entretenir un véritable suspense enragés), des millions de vers malgré les exposés théoriques né- étranges s’agglutinent au large de cessaires à la bonne compréhension la Norvège, etc. Dans ces différentes des événements. Les clins d’œil à la régions du globe, des scientifiques science-fiction sont fréquents, no- s’inquiètent de ces phénomènes tamment à des films comme Abyss jusqu’au moment où un tsunami ou Le Jour d’après dont on retrouve monstrueux vient ravager les côtes certains éléments (la menace au de l’Europe. Une opération d’urgence fond des mers, l’influence du Gulf est montée sous l’égide des Nations Stream sur le climat, etc.). Unies et des États-Unis et un groupe Un bon gros roman de hard de scientifiques, formé des princi- science tout à fait passionnant, avec paux personnages du roman, est en prime une conscience écologique chargé de résoudre le « problème »: qui n’est pas de la frime, et une 212 SOLARIS 167 sévère mise en garde contre les en- virtuelle, constate qu’on colporte nemis de la planète : attention, le sur lui des histoires dont il ne se compte à rebours est commencé… souvient pas.