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Description des plantes du bailliage de Besançon, d'Antoine Denis Fumey Surgit odoratis fertilis herba jugis (La plante fertile s'élève des terres parfumées) Fumey apothicaire à Besançon Analyse du manuscrit

par Gilles André et Max André

Gilles André, 76 rue du Hurepoix, 91470 Limours Courriel : [email protected] Max André, 2 chemin de la Chapelle, 25580 Echevannes Courriel : [email protected]

Résumé – Cette fore manuscrite, rédigée par Antoine Denis Fumey, n’avait jamais fait l’objet d’une analyse de la part de botanistes. Apothicaire de Besançon, Fumey a concouru au titre du concours des arts de l'Académie de Besançon pour les années 1779 et 1780. Ce manuscrit constitue la toute première fore pré-linnéenne pour les environs de Besançon. Elle est riche de plus de 480 références de plantes sauvages ou cultivées. Elle témoigne de la biodiversité naturelle et agricole d’un secteur géographique restreint dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Ses données les plus pertinentes sont analysées et comparées aux données contemporaines.

Mots-clés : Antoine Denis Fumey, histoire botanique, fore, Besançon, , Franche-Comté.

Introduction à Besançon, MAGNIN1, (1923). Le document manuscrit de Fumey, Cette flore, concurrente de la flore plus facile à dépouiller que celui ette étude poursuit la série du bailliage de Gray de Galliotte de Galliotte, car beaucoup moins d’articles que nous avons (voir ANDRÉ G. & M., 2011) pour important en taille, 81 pages contre C publiés dans les Nouvelles le concours des arts de l’Académie de 500 environ, est aussi structuré plus Archives de la Flore jurassienne et Besançon en 1779 et 1780, n’avait simplement et d’allure plus abou- du nord-est de la France consacrés comme cette dernière, jamais été tie, mais son ambition et la richesse à l’histoire de la botanique franc- étudiée de manière approfondie de ses informations sont certaine- comtoise et basés sur l’étude de flores jusqu’à aujourd’hui. ment un peu moindres. Comme manuscrites inédites. Ce manuscrit, chez Galliotte, les espèces y sont que nous intitulerons « Description La similitude de présentation et d’ob- identifiées par une phrase latine, le des plantes du bailliage de Besançon » jet entre ces deux flores contempo- est conservé à la bibliothèque muni- raines, différant essentiellement sur plus souvent pré-linnéenne, puisée cipale de Besançon, dans le fonds de les ditions étudiées, nous fera adop- chez quelques anciens botanistes, l’Académie de la ville. Ce manus- ter le même type de plan d’étude Tournefort et les frères Bauhin prin- crit et son auteur, Fumey, n’étaient pour cette flore de la région bison- cipalement, et implique le même apparemment connus que de notre tine que celui adopté pour Flora long travail d’identification avec botaniste érudit Antoine Magnin Grayacensis. la nomenclature moderne, même (1848-1926) qui se contente d’en 1. Antoine Magnin avait cependant commencé à se s’il est partiellement facilité par signaler brièvement l’existence pencher sur l’identité de Fumey, livrant ses années des précisions complémentaires de naissance et de décès, 1739 et 1793, in MAGNIN dans son histoire de la botanique (1923). de Fumey à propos des fructifica-

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tions notamment et par les noms dans le Jura. Il est le fils d’Étienne 1772 et 1781 ; dès avril 1773 dans vernaculaires des plantes. Joseph Fumey, marchand chapelier, l’acte de naissance de leur fils Claude À l’image de la flore du bailliage de et d’Alexis Françoise Fragnier (écrit Antoine, nous apprenons qu’An- Gray de Galliotte cette flore de la également Frasnier ou Franier) ori- toine Denis est devenu maitre ginaire d’Arbois. Antoine Denis est région bisontine est la première his- apothicaire. le cinquième enfant de ce couple qui toriquement à traiter de cette dition en aura onze entre 1731 et 1752. Il décède à son domicile rue de et l’une des toutes premières pour Battant à Besançon le 11 janvier la Franche-Comté dans son ensem- Nous ne connaissons rien de ses 1793, âgé de 53 ans ; la déclaration ble. L’intérêt de certaines données années de jeunesse mais, sans en de décès est faite par Pierre Antoine botaniques, notamment l’ancien- avoir la preuve formelle, il est pro- Maire, 23 ans, élève en pharmacie bable qu’Antoine Denis suivra neté des stations observées, la plu- d’Antoine Denis Fumey, et futur ses études au collège réputé de la part bisontines mais pas seulement, pharmacien major militaire. notamment pour les taxons rares, ville de Poligny, tenu par les pères nous a convaincus de l’intérêt de capucins. Sur ses années bisontines, 1770- publier une sélection des principales Nous le retrouvons ensuite lors la 1793, en dehors de la rédaction, informations qu’elle contient. publication de son acte de mariage en 1779-1780, de ce mémoire de à Battant à Besançon le 26 février botanique consacré au bailliage de Aux yeux d’un botaniste, Besançon, 1772. Dans celui-ci nous y appre- Besançon, nous n’avons recueilli la ville elle-même avec ses jardins, nons qu’Antoine Denis Fumey est aucun autre élément concernant ses champs, ses vignes omniprésen- apothicaire, âgé alors de 32 ans, son activité botanique. Nommé tes, ses bords de cours d’eau, ses col- et demeure à Besançon depuis 22 maître apothicaire dans la cité lines environnantes et les commu- mois soit depuis le printemps 1770. impériale dès 1773, Antoine Denis nes alentours, le marais de Saône en Nous ne savons pas où il a suivi ses particulier, se révèlent à l’époque études d’apothicaire : il pourrait Fumey faisait partie d’une corpo- de Fumey, sous un jour bien dif- les avoir débuté à Poligny où un ration comprenant alors une dou- férent de celui sous lequel nous les autre apothicaire est connu dans zaine de confrères (12 en 1777, connaissons aujourd’hui : la diver- les années 1765 et peut-être est-il 14 en 1785) et régie par des règle- sité des espèces végétales naturel- venu se perfectionner où s’instal- ments spécifiques. Ainsi cette mai- les et cultivées alors présentes y est ler à Besançon. trise d’apothicaire s’obtenait alors après trois années de compagnon- alors incomparablement plus riche Il épouse demoiselle Anne Françoise nage, et les candidats étaient notam- et permet de mesurer l’ampleur de Lambert, originaire de Baume-les- l’évolution à la fois des paysages Dames, âgée de 26 ans, veuve en ment conduits sur le terrain pour végétaux et de la distribution des premières noces de Denis François la reconnaissance des plantes médi- plantes franc-comtoises en l’espace Boulangier, originaire de Villersexel, cinales et des simples (MAURAT & d’un peu plus de deux siècles. également apothicaire à Besançon. ROYER, ). Parmi les confrè- Le mariage est célébré après la publi- res contemporains de Fumey plu- cation des premiers bans et dispense sieurs se signalent par des mémoi- L’apothicaire Antoine des deux autres, la future épouse res adressés à l’Académie sur des Denis Fumey étant manifestement enceinte de leur sujets scientifiques divers alors première fille Marie Daniel qui naît que le Sieur apothicaire Sornet L’auteur de cette flore bisontine, le 28 mars 1772. Les deux époux nous est déjà connu comme pro- aujourd’hui totalement tombé ont rédigé un contrat de mariage fesseur de botanique herborisant dans l’oubli, nommé simplement la veille de leur mariage, contrat avec ses élèves aux alentours de Fumey par les académiciens qui qui nous apprend que la future Besançon et jusque sur le Mont jugent son travail ainsi que par épouse apporte des biens estimés d’Or, vendant des herbiers com- Antoine Magnin, est aussi resté à 1 600 livres, somme conséquente prenant une centurie ou un mille complètement ignoré de nos his- pour l’époque. de plantes séchées (voir ANDRÉ & toriens régionaux. Antoine Denis Fumey et son épouse ANDRÉ, ). Fumey a-t-il suivi Il s’agit d’Antoine Denis Fumey qui habitent rue de Battant à Besançon, les cours et herborisations de son naît le 28 octobre 1739 à Poligny et y auront huit enfants nés entre confrère Sornet ?

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En dehors de la botanique quel- manière d’en tirer le parti le plus futur chirurgien-major. Bien que ques documents laissent entrevoir avantageux pour l’amélioration des légèrement plus indulgent que le chez cet apothicaire un person- champs, des prels, ainsi que pour premier, le deuxième commentaire nage à l’esprit scientifique assez l’utilité des arts3 ». Fumey s’intéres- partage de nombreuses critiques éclectique et qui se rapproche à sait donc également à la géologie avec le premier : maitrise limitée une échelle plus modeste de ces et aux techniques agricoles. de la nomenclature de Tournefort, savants encyclopédistes d’avant la oubli de certaines plantes commu- Révolution française. Ainsi déjà dans nes, seulement 446 plantes décri- la seconde partie de son mémoire Contexte général tes pour le bailliage de Besançon, sur les plantes du Bailliage de de l’écriture de ce supplément sur les teintures très incomplet... Étonnamment Fumey, Besançon, intitulée « Des plantes manuscrit et cadre dans leur raport [sic] avec les Arts comme Galliotte d’ailleurs, sont et les moyens d’en tirer avantage », géographique cependant finalement récompen- Fumey décrit en détails différentes sés cette année-là d’un prix d’utilité Le concours des arts de l’académie teintures végétales, expérimentant publique se montant à 3 médailles de Besançon pour l’année 1779 lui-même la fabrication de certai- d’or de 200 livres de valeur cha- avait pour sujet : « La meilleure 6 nes d’entre elles, et montrant cer- cune . description des plantes de l’un taines connaissances aussi bien sur des Balliages4 [= bailliages] de la les réactions chimiques impliquées Comme nous l’avons déjà écrit pour province. » La « Description des que sur les processus physiques de Flora Grayacensis de Galliotte, alors plantes du bailliage de Besançon » réfraction de la lumière en jeu dans qu’aucune véritable flore régio- de Fumey, eut un seul manuscrit les couleurs. nale n’a encore été publiée à cette concurrent, celui du moine pré- époque pour toute la Franche-Comté, Le fameux savant Justin Girod de montré Galliotte consacré à la flore les deux académiciens examina- collabora, peu avant la du Pays de Gray. teurs, non botanistes eux-mêmes, Révolution, avec Fumey, auquel il Apparemment suite à de sérieuses se montrent très peu indulgents fit appel pour expérimenter, appa- critiques de l’académicien ano- envers cette flore des environs de remment avec succès, sur des mala- nyme ayant examiné les premiè- Besançon qui recèle, nous le ver- des bisontins atteints de maladies res versions de ces deux manuscrits rons, plusieurs observations fort vénériennes ou dartreuses un traite- en 1779, les qualifiant tous deux instructives et inédites. ment très original à base de chair ou de faibles ou incomplets, Galliotte Il s’agit de la rédaction de 1780 de liqueur extraite de lézards, trai- comme Fumey, soumirent à nou- du manuscrit de Fumey, la seule tement qu’avait découvert Girod veau chacun une nouvelle version conservée d’ailleurs, dont nous de Chantrans lors de son périple complétée de leurs manuscrits en parlerons dans la suite. chez les indigènes à St-Domingue 1780, année où le sujet du concours Fumey s’est fixé comme cadre géo- en 1782 (GENEVOY, ). À cette avait été reconduit. occasion Girod de Chantrans qua- graphique d’étude le bailliage de lifie Fumey d’« habile chimiste de Le fonds de l’académie conserve éga- Besançon (voir figure 1) et presque 5 Besançon2.» lement le commentaire de la ver- les 2/3 des localisations mentionnées sion soumise en 1780 par Fumey y sont effectivement situées, avec par Après la rédaction de son premier écrit par un deuxième académicien, importance décroissante, la région mémoire consacré à la botanique, le jeune Jean-François Tomassin, du marais de Saône (47 données en 1779, complété en 1780, Fumey 3. Fonds de l’Académie, BMB, Ms. 39, 28e volume : sur les communes de Saône et La soumettra en 1782 à l’Académie années 1774-1776, 1781-1784.- Arts, Éloquence Vèze), les communes de Montfaucon de Besançon, un second mémoire, et Histoire. 4. Le terme bailliage désigne, sous l’ancien régime, une (28), Arcier (25), les quartiers de couronné d’ailleurs, concourant entité territoriale, administrative, financière, juridique. Chailluz (25), Chaudanne (24) de pour le sujet suivant : « Indiquer La Franche-Comté de 1779 était alors divisée en une quinzaine de bailliages. Le bailliage de Besançon, de Besançon, la commune de les différentes espèces de marne qui superficie assez réduite, environ 500 km2, regroupait, (14)… Pour ces stations des envi- se trouvent en Franche-Comté, la en plus de Besançon, une centaine de communautés villageoises principalement situées au Sud de la cité, rons de Besançon, l’omniprésence 2. « Expériences faites sur les propriétés des lézards, appartenant au département actuel du Doubs (voir des territoires en vignes (37 cita- tant en chair qu’en liqueurs, dans le traitement des figure 1). maladies vénériennes et dartreuses », Justin Girod de 5. Les deux commentaires du manuscrit de Fumey 6. Gazette de santé de l’année 1780, publié par Joseph- Chantrans, 1787, Lausanne, 33 pages. figurent aux folios 229-251du Ms.41 de la BMB. Jacques Gardane, p. 4.

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Présentation générale du manuscrit

Le manuscrit d’Antoine Denis Fumey est conservé à la bibliothèque muni- cipale de Besançon, sous la cote Ms. 41, Vol. 30 : années 1777-1779. Arts, du fonds général de l’Acadé- mie de Besançon ; il y occupe les folios 530 à 570, de format 360 x 235 mm (voir figure 4). Fumey décrit son ouvrage comme composé de deux parties ; la pre- mière (folios 530-565) a pour objet « La description des plantes du bailliage de Besançon dans leur raport [sic] avec la médecine, et y ajoutant quelsques [sic] plantes des autres bailliages, nécessaires pour completter [sic] les classes et les sec- tions » et la seconde (folios 565- 570) « Les mêmes plantes dans leur raport [sic] avec les différens [sic] arts, et les moyens d’en tirer avan- tage ». Pour simplifier nous l’inti- tulerons « Description des plantes du bailliage de Besançon.» En haut de la première page et en bas de la dernière figure la devise de l’auteur : « Surgit odoratis fer- tilis herba jugis, Dodon Apoll.» Figure 1: limites du bailliage de Besançon en 1779 [La plante fertile s’élève des terres parfumées, auteur non identi- tions) est très significative de leur l’évidence, abondamment herbo- fié ?]. Fumey signe à la fin de son très grande emprise à l’époque de risé autour de Poligny même, sur manuscrit : « Fumey apothicaire à Fumey (voir figure 2 H.T.). le Mont Poupet, à La Châtelaine, Besançon ». Cependant Fumey, pour com- vers Grozon, Salins, Arbois, dans la Bresse (voir figure 3)... pléter dit-il les différentes classes Le manuscrit présente le plan sui- de plantes, déborde presque une Il nous offre donc une vision élar- vant : fois sur deux des limites « bison- gie de la diversité végétale sur un – Introduction (deux pages) ; tines » avec des stations réparties vaste secteur. Il nous indique ainsi un peu partout dans la province les localités qui étaient prospectées – Première partie : principe de clas- comtoise : localisations haut-saô- par les herboristes-apothicaires, à sification (6 pages), description des noises, haut-jurassiennes avec par son époque, pour vraisemblable- 22 classes de plantes (64 pages) ; exemple sept mentions du Mont ment faire des récoltes de plantes – Seconde partie (10 pages). d’Or, et surtout toute une grande médicinales. région autour de Poligny, la région Dans sa première partie, Fumey, natale de Fumey, qui représente à s’inspirant largement du principe de elle seule un cinquième de l’ensem- classification de Tournefort basé sur ble de ses localisations. Fumey a, à la fructification des plantes, décrit

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Figure 2 : plan de la ville et citadelle de Besançon, capitale de la Franche-Comté, 1786 (source : memoirevive. besancon.fr)

Figure 4 : extrait du manuscrit conservé à la BMB, Ms.41 Figure 3 : localisation des prospections de Fumey Max André

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476 plantes, rangées par classes et sés par Fumey, n’ont pu faire l’objet Myrtus communis, Prunus lauroce- par sections. Pour chacune d’en- d’une détermination précise. rasus, Prunus dulcis, Prunus arme- tre elles Fumey l’identifie par une Pour cet article, nous nous sommes niaca, Nerion oleander, Silybum phrase latine, tirée le plus souvent intéressés presque uniquement aux marianum, Helichrysum stoechas, de Tournefort ou d’un des frères espèces indigènes, subspontanées et Opuntia ficus-indica, Mirabilis jalapa, Bauhin, donne son nom vernacu- naturalisées. Seuls les taxons appor- Mandragora officinarum, Juniperus d’usage, puis son milieu et ses tant des informations intéressantes sabina, Ficus carica, Jasminum offi- localisations. Il précise enfin, en sur leur répartition géographique cinale, Punica granatum9. marge de son manuscrit, ses « qua- sont développés ici. lités » pour la médecine. Dans la seconde partie notre apothicaire Ce manuscrit apporte des élé- présente 18 plantes utilisées pour ments permettant de percevoir Liste et commentaires faire des teintures, détaillant pour avec davantage de pertinence la des taxons 7 certaines, comme pour la garance, notion d’aire d’occurrence histo- ses propres expériences. rique d’un taxon. Remarque préliminaire : nous sui- Comme la flore de Galliotte, la flore vrons pour chaque taxon de cette de Fumey nous permet également liste alphabétique l’ordre de pré- Informations générales de faire un point relativement précis sentation suivant : dénomination de la flore de Fumey sur l’apparition et la propagation latine valide actuelle ; informa- des espèces non indigènes considé- tions extraites de FERREZ (2013) : Fumey comme Galliotte s’est atta- rées aujourd’hui comme présentant indigénat10 en Franche-Comté, fré- ché à recenser l’ensemble des plan- un caractère invasif. quence11, rareté12, cotation UICN13, 14 tes à fleurs (indigènes, naturali- On peut relever seulement six taxons statut de protection ; nom(s) sées, subspontanées ou cultivées) faisant partie de la liste des espè- vernaculaire(s) du manuscrit de auxquelles il faut ajouter quelques ces invasives en Franche-Comté, Fumey ; localisation(s) de Fumey. rares fougères et mousses. parmi les groupes III et IV8 (voir Entre [ ] les noms couramment Il est manifeste que son travail est FERREZ, 2006) : Erigeron canadensis, admis aujourd’hui pour ces loca- influencé par sa formation d’apo- Datura stramonium, Galega officinalis, lisations15. Les données contem- thicaire. Certaines plantes banales Helianthus tuberosus, Robinia pseu- poraines sont extraites de la base ne sont pas présentes dans le cata- doacacia, Rhus typhina. Parmi cel- TAXA SBFC-CBNFC-ORI (liste des logue de Fumey ; l’absence de pro- les-ci, le robinier et la vergerette du contributeurs en fin d’article). priétés médicinales en est très cer- Canada sont les seuls déjà présents, tainement la cause. à l’époque de Fumey, en dehors des jardins, vergers et parcs. À bien des égards cette flore est 9. Le grenadier que nous cultivons et que nous expo- différente de celle du chanoine Les asters, renouées et impatientes sons seulement au soleil pendant [= tombant, couchant] Galliotte et un travail de synthèse exotiques sont inconnues et n’ont pas dans nos jardins. 10. I : indigène ; N : naturalisé ; O : occasionnel. reste à faire pour avoir, avec ces deux encore la notoriété d’aujourd’hui. 11. Calculée sur la base du nombre de carrés 5 x 5 auteurs, une vision assez complète km dans lequel est recensée l’espèce, divisé par le Enfin, on est frappé, à la lecture de nombre total de carrés pris en compte pour le calcul, de la flore de Franche-Comté au ce manuscrit, du nombre de plan- multiplié par cent. milieu du XVIIIe siècle. 12. CCC : extrêmement répandu (fréquence ≥ 90%) ; tes cultivées dans les jardins qui CC : très commun (≥ 50 % et < 90%) ; C : commun Ses localisations sont souvent assez nécessitent des conditions clima- (≥ 25 % et < 50%) ; AC : assez commun (≥ 12,5 % et < 25%) ; AR : assez rare (≥ 5 % et < 12,5%) ; RR : précises et complétées sommaire- tiques particulièrement clémentes : très rare (< 2%) ; RRR : exceptionnel; _ : fréquence non calculée. ment par la nature des terrains où 7. La zone d’occurrence (EOO) est définie comme la les plantes se développent. Fumey superficie délimitée par la ligne imaginaire continue 13. RE : taxon éteint à l’échelle régionale ; CR* : taxon la plus courte possible pouvant renfermer tous les sites présumé éteint à l’échelle régionale ; CR : taxon en énumère systématiquement les connus, déduits ou prévus de présence actuelle d’un danger critique d’extinction ; EN : taxon en danger ; taxon, à l’exclusion des individus erratiques (IUCN VU : taxon vulnérable ; NT : taxon quasi menacé ; principales propriétés médicina- France, 2011). LC : taxon de préoccupation mineure ; DD : taxon les attribuées à la plante. insuffisamment documenté. NA : évaluation UICN 8. Groupe III : espèces déjà très présentes dans la région ; non applicable ; NE : taxon non évalué. il n’est plus envisageable de les faire disparaître. En Nous avons pu identifier environ revanche, il convient de limiter leur expansion, en 14. N, protection nationale ; R, protection régionale. agissant de manière préventive. 15. L’orthographe du texte manuscrit de Fumey, sa 480 taxons dans ce manuscrit (voir Groupe IV : espèces potentiellement invasives. Limiter ponctuation, ont été modernisés, mais pas les noms annexe 1) ; quelques taxons, recen- la plantation dans les jardins. de lieu, laissés intacts.

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• Aconitum anthora L. (I ; 1.6 ; La plante est connue plus ancien- • Anemone sylvestris L. (I ; 88.0 ; RR ; LC ; R) ; l’anthora ; les terres nement de Franche-Comté comme CC ; LC) ; l’anémone sauvage ; les pierreuses froides des montagnes l’indique, avec une grande pré- terres sèches des rives du bois de de la Dole [La Dôle], du Jura sur cision, Jean Bauhin dans son Grammont [entre Beaucourt et les hauteurs de la Chapelle des Historia plantarum de 1651 : Montbouton, 90]. bois et les champs de Roche-jean « J’en ai dans le jardin de l’Ill E.C. Nous avons pris avec une certaine [], et depuis l’Aberge- de Montbéliard où il se multiplie, circonspection cette donnée même ment à . et il porte des chatons, il m’a été si GIROD DE CHANTRANS (1810) Les indications de Fumey sont apporté de Stuttgardt du jardin évoque d’une manière très vague sa précieuses car elles apportent des de l’Illustre Duc ; avant aussi mon présence en Franche-Comté. Il ne compléments intéressants aux illustre prince l’avait apporté depuis semble pas y avoir de doute pour données historiques déjà connues Pforzeim du Margrave de Bade. Fumey puisqu’il place dans son (ANDRÉ G. & M., 2010). La sta- J’en ai vu dans le jardin botani- ouvrage cette plante juste à côté tion de Rochejean est connue, très que du roi de Jean Robin à Paris : à d’Anemone pulsatilla c’est-à-dire anciennement, dès 1717. Strasbourg dans le jardin du méde- « Des herbes à fleur en rose [actino- morphe], dont le pistil[e] devient Aujourd’hui l’ensemble des localités cin Di Melchior Sebitz, à Stuttgardt un fruit, composé de plusieurs du département du Doubs, indi- dans le jardin du Duc un pharma- graines, ramassées en manière de quées par Fumey, ont disparu. cien remarquable enseigna com- ment le planter de manière judi- tête. » Nous avons bien sûr pensé à Anemone nemorosa mais pourquoi • Acorus calamus L. (N; 5.4 ; cieuse : Le Calamus doit être planté dans un sol humide et sablonneux indiquer une station à Grammont AR ; NA) ; le roseau odorant ; les alors que cette plante est d’une très et non éloigné de l’eau... » L’acore terres humides des environs de l’ab- grande banalité dans les environs est donc déjà cultivé dans quelques baye de Lure et de celle de Luxeul de Besançon. [Luxeuil]. jardins vers 1580-1610. L’anémone sylvestre est bien connue À la même époque, Galliotte n’in- Ajuga chamaepitys (L.) Schreber d’Alsace et du Jura suisse septen- dique pas cette plante dans la basse • (I ; 3.8 ; R ; NT) ; livette ; les terres trional. Les plus proches stations de vallée de la Saône. légères de la Veze [La Vèze] et des Grammont se situent à une tren- Il est très probable que le foyer ini- plaines de St Ferjeux. taine de kilomètres. tial de la propagation de cette plante Actuellement la plante n’est plus L’ancienne station de Grammont dans le bassin versant de la Saône se connue de ce secteur géographi- constituait peut-être la popula- situe autour de ces deux abbayes et tion la plus à l’ouest de ces popu- que et est devenue extrêmement Fumey nous permet d’avoir une idée lations de l’Est de la France. Une rare dans le département du Doubs. de la date du début de cette propaga- visite sur place, en 2013, ne nous PAILLOT et al. (1880) observe encore tion. Pour une approche historique a pas permis d’exclure la présence la plante au marais de Saône. de la répartition d’Acorus calamus de cette plante dans le passé, les dans le département de la Haute- milieux présents étant favorables à Saône, voir ANDRÉ (2005). • Anemone pulsatilla L. (I ; 4.5 ; la plante. L’anémone sylvestre est, R ; NT) ; la coquelourde ; les terres Soulignons qu’à cette époque, avant par ailleurs, connue de la Côte et sableuses de la Veze [La Vèze], Maur la Révolution, ces abbayes possé- arrière-Côte dijonnaise. [Morre], et Montfaucon. daient de vastes domaines, terres, bois, étangs qu’elles exploitaient Ces indications sont nouvelles, la • Antennaria dioica L. (I ; 4.6 ; ou faisaient exploiter. Fumey parle plante a totalement disparu des R ; NT) ; le pied de chat ; les terres des terres des abbayes et non pas pelouses sèches de ce petit chaî- arides de toutes nos montagnes, de leurs jardins. Très probablement, non jurassien ; pour le départe- dans les landes et à St Maximin Acorus calamus était-il cultivé dans ment du Doubs, elle se maintient [Foucherans]. des terrains humides particulière- uniquement sur les corniches cal- À l’époque de Fumey, l’antennaire ment favorables et il s’en est échappé caires de la vallée de la Loue et de dioïque est une plante très commune progressivement. ses affluents. qui fréquente encore les premiers

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plateaux du Doubs ce qui n’est plus gistiquées [= azotées] des cime- aucune donnée n’est recensée pour du tout le cas aujourd’hui. tières de Champagnole ba[illi]age ce secteur géographique. de Poligny. La plante semble également avoir • Aristolochia paucinervis Pomel ? L’absinthe est encore présente dans disparue rapidement du secteur du et A. rotunda L. ; l’aristoloche les localités où la plante a été culti- Poupet, puisque le botaniste Babey longue et l’aristoloche ronde. L’une vée, à grande échelle, au XIXe siècle. (1845), bon connaisseur de ce et l’autre espèce croissent dans Elle s’échappe aujourd’hui très rare- sommet, ne l’a jamais signalée. les terres grasses des territoires de ment des jardins où certaines per- Marnau [Marnoz], de pretin [Pretin], sonnes la perpétuent encore. • Atropa belladonna L. (I ; 16.6 ; des Angoulirons [quartier de Salins] AC ; LC) ; belladone ; les terres pier- du ba[illi]age de Salins. • Asperugo procumbens L. (O ; reuses incultes et un peu humi- À la même époque, en Haute- NC ; - ; NA) ; la rappette ; les terres des des bois de chailut [Chailluz], Saône, Galliotte observe également sèches des remparts de Besançon Salins, Arbois et Poligny. au moins une espèce d’aristoloche et de ses environs. La plante est toujours présente dans (A. clematitis L.). L’aristoloche longue, Une seule observation historique les secteurs cités par Fumey. espèce essentiellement méditerra- de cette messicole pour la Franche- néenne, n’a pratiquement jamais Comté avant cette donnée : Champ Ballota nigra L. subsp. foe- été signalée en Franche-Comté par • de mars à Belfort (PARISOT & tida (Vis.) Hayek (I ; 3.5 ; R ; LC) ; les anciens botanistes. GIROD DE POURCHOT, 1882). ballotte ; les terres pierreuses tant CHANTRANS (1810) l’indique tou- de l’enceinte que des environs de tefois sur les rochers vers la cime de Asplenium ceterach L. (I ; 16.1 ; Besançon. la montagne de Montfaucon, près • AC ; LC) ; le ceterach ; après les e de Besançon. BABEY (1845) com- À la fin du XIX siècle cette espèce rochers de Toraise [Toraise], Notre mente cette observation de cette des friches rudérales est encore Dame Dumont [Notre Dame du manière : « j’ai été deux fois sur cette commune partout, ce qui n’est Mont], de St Lotin [Saint-Lothain], sommité, à des époques assez éloi- plus le cas aujourd’hui où seules Miéry, ba[illi]age de Poligny. gnées (en 1815 et en 1837), pour la huit données sont consignées dans chercher, je n’ai pas été assez heu- Cette jolie fougère est encore connue la base TAXA pour le département reux pour la découvrir. » au moins des deux premières loca- du Doubs. Le taxon existe toujours lités citées par Fumey. sur Besançon. Ces deux espèces ont totalement disparu de Franche-Comté. La banalisation des milieux rudé- • Aster amellus L. (I ; 5.8 ; AR ; NT, ralisés aux abords des villes et vil- Armoriaca rusticana Gaertner N) ; l’œil de Christ ; les terres légè- lages ne permet plus, aujourd’hui, • res pierreuses de la Veze [La Vèze], et al. (N ; 2.6 ; R ; NA) ; le raifort à cette plante de se propager dura- Maur [Morre] et Montfaucon. sauvage ; les terres fertiles de nos blement. jardins, et naturellement les prai- L’aster amelle n’est plus connue ries humides d’Amancé [], de ce secteur géographique ; des • Berula erecta (Hudson) Coville Faverney et de Beaume les Dames populations importantes persis- (I ; 20.1 ; AC ; LC) ; la berne ; les ruis- [Baume-les-Dames]. tent uniquement dans la vallée de seaux de Challeze [Chalèze], d’Ar- L’espèce est encore présente dans la la Loue, dans les anciennes vignes cier, de la Moullière [Mouillère]. vallée du Doubs de Montbéliard à et cultures. L’espèce est, à l’heure actuelle, Besançon. Par contre, elle n’existe encore bien présente dans le sec- plus sur le plateau d’Amancey et • Astrantia major L. (I ; 12.1 ; AR ; teur de Besançon. dans le secteur de Faverney. LC) ; la sanicle femelle ; dans les bois de nos montagnes sur Poupet et • Bistorta officinalis Delarbre (I ; • Artemisia absinthium L. (I ; Montmahou []. 31.2 ; C ; LC) ; la bistorte ; les terres 2.2 ; R ; LC) ; la grande absinthe ; La grande astrance a été observée par froides des prairies du Fort Plane on la cultive dans nos jardins et elle BABEY (1845) à Nans-sous-Sainte- [Fort-du-Plasne], derrière le lacque croît naturellement dans les terres Anne, commune contiguë à celle des truites rouges [Lac-des-Rouges- pierreuses, murs, et celles phlo- de Montmahoux. Actuellement Truites], derrière la maison des Srs

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Barate [?], des prés de Foncine et de Montmahou [Montmahoux].

La renouée bistorte est toujours Max André présente dans toutes les localités indiquées par Fumey sauf celle de Montmahoux.

• Bunium bulbocastanum L. (I ; 2.1 ; R ; NT) ; la terre noix ; les terres fortes d’Amancé [Amancey], Polincourt [Polaincourt-et- Clairefontaine], Faverney et de toute cette partie du ba[illi]age de Vesoul jusqu’à la Champagne. Cette plante visiblement très com- mune du temps de Fumey est deve- nue excessivement rare, notamment en Haute-Saône où ne persiste qu’une station à Champlitte. Il n’existait pas de données histo- riques pour le plateau d’Amancey.

Artemisia absinthium

Bistorta offcinalis Max André

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• Bupleurum rotundifolium L. Le châtaignier n’est plus signalé de d’autres observations anciennes (I ; NC ; - ; RE) ; l’oreille de lièvre ; cette commune mais est présent [GIROD DE CHANTRANS (1810), les terres humides des prairies de sur la commune de Rioz, à moins GRENIER (1843)] mais malheu- Mouron [Montrond (39)], du d’une dizaine de kilomètres. reusement cette station n’a jamais Paquie [Le Pasquier] et de Groson Des recherches pourraient permet- pu être localisée. [Grozon] sous Poligny. tre de retrouver cette localité, d’im- Ces observations constituent les portants massifs forestiers étant • Cynoglossum officinale L. (I ; seules observations historiques sur toujours présents. 3.4 ; R ; LC) ; la langue de chien ; ces secteurs géographiques. les terres sablonneuses des bords des grandes routes de Besançon. La plante est considérée comme • Centaurea calcitrapa L. (I ; disparue de Franche-Comté. 0.3 ; RR ; EN) ; le chardon étoilé ; Cette plante est considérée comme les terres sablonneuses, pierreu- rare en Franche-Comté avec huit stations pour le Doubs dont Butomus umbellatus L. (I ; 9.9 ; ses des bords de la route de Dole • Besançon. AR ; LC ; R) ; le jonc fleuri ; les terres à Besançon, les alentours de St marécageuses de Saune [Saône] et Ferjeux, des Tilleroies [Tilleroyes], des étangs de la Bresse. des Chaprais et des revers de la • Cytisus scoparius (L.) Link (I ; Citadelle, et particulièrement des 19.5 ; AC ; LC) ; le genet commun ; les L’espèce est toujours bien pré- glacis de Charmont. terres pierreuses de toutes nos mon- sente dans les vallées du Doubs, tagnes et de la Veze [La Vèze]. de l’Ognon et de la Saône et dans Encore fort commun autour de les étangs de la Bresse jurassienne. Besançon d’après CONTEJEAN (1854) La plante est observée jusqu’en 1978 et GRENIER (1869). par Pierre Millet sur cette commune. Par contre le signalement de sa Des recherches permettraient peut- Une seule observation récente pour présence ancienne sur le marais être de retrouver quelques pieds de le département du Doubs, en 1997 de Saône est intéressante car elle cette jolie fabacée sur les placages à Montfaucon. constitue la seule donnée histori- siliceux de ce secteur. que sur ce territoire. Conium maculatum L. (I ; • Digitalis purpurea L. (I ; 11.0 ; 1.6 ; RR ; LC) ; la grande ciguë ; les • Calendula arvensis L. (O ; 0.2 ; AR ; LC) ; la digitale ; les terres pier- • terres ombrageuses des revers de la RRR ; NA) ; le souci des vignes ; tout reuses et ombrageuses des revers de Citadelle regardant Bregille ; on la notre vignoble en produit. à Besançon. cultive aussi dans nos jardins. La plante a totalement disparu Cette observation dans le sec- On peut penser que les observa- aujourd’hui du département du teur de Besançon peut apparaître tions de Fumey en dehors des jar- Doubs ; une seule station récente comme très curieuse mais notons dins correspondent à des indivi- pour la Franche-Comté à Oiselay- que GIROD DE CHANTRANS (1810) dus échappés. et-Grachaux (70). et BABEY (1845) citent également Aucune donnée contemporaine l’espèce aux environs de Beure. Il • Calluna vulgaris L. (I ; 46.3 ; C ; pour ce taxon dans ce secteur. s’agit, sans aucun doute, d’indivi- LC) ; la bruyère ; les terres sèches dus échappés de jardins. sablonneuses de Montfaucon, la Veze • Cyclamen purpurascens Miller [La Vèze] et Chaillu [Chailluz]. (I ; 2.7 ; R ; LC) ; pain de pourceau ; • Drosera rotundifolia L. (I ; 11.7 ; La callune est toujours présente les terres ombrageuses et un peu AR ; LC ; N) ; la rosée du soleil ; sur la commune de La Vèze mais humides des revers du Mont d’Or les terres marécageuses du marais semble avoir disparu des autres descendant à , des revers de Saune [Saône], du Paquier [Le localités. des montagnes de St Claude et des Pasquier] sur Poligny et des prai- bois de Champagnole, ba[illi]age ries de . • Castanea sativa Miller (I ; de Poligny. Pour le marais de Saône, cela corres- 11.3 ; AR ; LC) ; le châtaignier ; La plante est encore bien connue pond, bien sûr, à la première men- il y en croît dans les bois de l’ab- des secteurs de Champagnole et tion historique ; la plante n’avait pas baye de Belleveau [commune de Saint-Claude ; l’observation du été revue depuis MAGNIN (1893), Cirey (70)]. cyclamen au Mont d’Or confirme mais elle sera redécouverte par

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H. Maitre en août 1952 [COURTOT & MOREAU (1957)]. Aucune indi- cation contemporaine de ce taxon sur ce secteur. L’observation dans les terres maré- cageuses du Pasquier est très inté- ressante ; aucune autre citation his- torique n’y est signalée. On peut penser que cette plante a été trouvée dans les marais situés aujourd’hui sur les communes voisines (Latet et Moutoux). Le rossolis à feuilles rondes semble bien avoir disparu de ce premier plateau jurassien comme d’ailleurs de toutes les stations de basses altitudes du massif.

• Erysimum cheiri (L.) Crantz (N ; 2.1 ; R ; NA) ; le violier jaune ; les terres sablonneuses des murs des châteaux des rempar[t]s de Besançon.

Butomus umbellatus

Drosera rotundifolia Max André Gilles Bailly

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On est, chaque année, émerveillé Fumey n’indique aucune loca- 1886 avec cette citation : « l’exploi- de l’importante floraison des giro- lité pour le baillage de Besançon tation de la tourbière tend à le faire flées sur les murs et remparts de la et même pour le département du disparaître. » (MAGNIN & HETIER, citadelle de Besançon et de penser Doubs, uniquement des stations -). que cette population se perpétue, de sa région natale. Malheureusement cette prédiction à cet endroit, depuis plus de deux s’est avérée exacte… siècles et demi au moins renforce • Glaucium flavum Crantz (I ; ce sentiment. NC ; - ; RE) ; le pavot cornu ; les Hylotelephium telephium (L.) terres sablonneuses des Chaprais, • Ohba (I ; 27.3 ; C ; LC) ; la reprise ; Filipendula vulgaris Moench et des plaines de St Ferjeux. • les terres pierreuses des vignes de (I ; 14.7 ; AC ; LC) ; la filipendule ; Cette plante s’échappe très rarement Ragot, Mercurot [Mercureaux], et les terres ombrageuses de nos mon- durablement des jardins où elle est des vignes de la porte Malpas16 à la tagnes et du de Corne sur cultivée. Aucune autre donnée his- grande Calphe [La Grange-Calf = Arb[ois]. torique pour ce taxon dans les envi- Casamène à Besançon]. L’espèce est toujours présente dans rons de Besançon. les pelouses du bief de Corne. La plante est toujours présente dans Gratiola officinalis L. (I ; 4.5 ; la commune de Besançon et dans • les environs. • Foeniculum vulgare Miller (O ; R ; NT ; N) ; la gratiole ; les terres 0.8 ; RR ; NA) ; le fenouil commun ; humides du marais de Saune [Saône] on le cultive dans les jardins, et il et de la prairie de Marnay. • Hyoscyamus niger L. (I ; NC ; - ; RE) ; la jusquiame ; les terres pier- croît naturellement dans la côte Cette plante des prairies humi- reuses et sablonneuses des ruelles de Chaudane [Chaudanne] qui des s’est fortement raréfiée en des vignes qui sont entre la route de fait face au grand Champmars Franche-Comté depuis Fumey ; elle Marnay et St Fergeux et les terres [Chamars, aujourd’hui]. est toujours présente aujourd’hui sablonneuses de Scey-sur Saône. Encore aujourd’hui, le fenouil dans le secteur de Marnay (70) et commun s’échappe parfois des encore notée, en 1979, au marais Ce taxon a totalement disparu endroits cultivés. de Saône. des départements du Doubs et de Haute-Saône, les dernières obser- • Galega officinalis L. (N ; 8.6 ; • Heliotropium europaeum L. (O ; vations dans le secteur de Besançon AR ; NA) ; le galega ; dans les terres 0.8 ; RR ; NA) ; l’herbe aux verrues ; remontant à BABEY (1845) et à sablonneuses de Maure [Morre] les terres sablonneuses de Palente, RENAULD (1873) pour la vallée de et particulièrement dans celles de Roche [Roche-lez-Beaupré], Arcier, la Saône. Scey sur Saone [Scey-sur-Saône] et de la Veze [La Vèze]. Combeaufontaine. Ce taxon a disparu de la flore du • Hypericum androsaemum L. (I ; 0.3 ; RR ; EN) ; la toute-Sain[te] ; les Ce taxon n’est plus signalé sur ces département du Doubs, la der- terres rudes et pierreuses des bords communes mais est toujours bien nière observation, dans ce secteur, des chemins des Chaprais, des vignes présent en Franche-Comté. Cette remontant à Paillot (in GRENIER, de Ragot, et des Trois Chatés [Fort plante, naturalisée depuis bien long- ) à Besançon. temps, présente un caractère invasif Trois-Chatels, à Besançon]. qui nécessite une surveillance. On • Hydrocotyle vulgaris L. (I ; 2.9 ; Il n’existait pas de données his- peut faire remarquer que ces « foyers R ; LC ; R) ; l’écuelle d’eau ; les terres toriques pour le département du historiques » n’ont pas donné lieu à marécageuses de Saune [Saône] et Doubs. une propagation particulière dans Rhaon [39], ba[illi]age de Dole. ces secteurs géographiques. Cette plante a toujours été extrê- • Imperatoria ostruthium L. ; mement rare pour les départe- le benjoin français ; les terres éle- • Gentiana lutea L. (I ; 31.9 ; C ; ments du Doubs et du Jura. Ces vées des montagnes exposées au LC) ; la grande gentiane ; les terres deux observations sont d’autant soleil, de Foncine, de Chatelblanc arides et pierreuses des coteaux de plus intéressantes que la station et Mauré [Morez]. Lons-le-Saulnier, Poligny, Arbois du marais de Saône (tourbière de 16. La Porte Malpas verrouillait l’accès à Besançon et Salins. Morre) est confirmée par Hétier en côté Tarragnoz. Elle a été démolie en 1893.

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Cette plante a connu son heure ouest du département du Doubs incultes des champs et des prés et de gloire aux XVIIe-XVIIIe siècles et jusqu’à au nord-est. En des remparts de Besançon. où elle entrait dans la composi- 2007, une station a été découverte La coquelourde des jardins n’a pra- tion d’une des drogues les plus en sur la commune de Saône, appor- tiquement jamais été signalée his- vogue en Europe, l'orviétan. tant du crédit à cette observation toriquement en Franche-Comté ; il La plante pousse naturellement sur historique. existe toutefois une donnée contem- tous les massifs montagneux français poraine dans la base TAXA, commune sauf le Jura. Ces observations sont • Lavandula angustifolia Mill. (I ; d’, dans le Doubs. NC ; - ; EN) ; la lavande femelle ; les donc douteuses même si GIROD DE Cette plante s’échappe rarement terres fertiles de nos jardins. CHANTRANS (1810) l’indique éga- durablement des lieux cultivés. lement mais de manière très vague, Fumey signale également l’exis- « montagnes du Jura » ; faut-il ima- tence d’une autre espèce de lavande, • Lycopsis arvensis L. (I ; 3.7 ; R ; giner des cultures de cette plante apparemment naturelle, Lavandula LC) ; la buglosse. Les terres sableu- recherchée à la racine aromatique ? latifolia Medik., la grande lavande, ses des murs de Besançon et des Nous avons tendance à le penser dans les terres sèches élevées et villes de la province sur les bords puisque cette plante a été culti- exposées au soleil des montagnes des chemins. vée, pour ses propriétés vétérinai- du Mont d’Or, de et de La buglosse des champs, taxon consi- res, dans les fermes du Jura suisses Consolation. (PROST, 2000). déré comme rare en Franche-Comté, Cette observation n’est pas crédi- est actuellement toujours présente à Besançon dans des milieux for- Inula helenium L. (N ; 1.9 ; ble ; il y a certainement une inver- • tement anthropisés. RR ; NA) ; l’aunée ; les terres culti- sion à faire entre ces deux espèces, vées de nos jardins et particulière- L. latifolia s’échappant très rare- Marrubium vulgare L. (I ; NC ; - ; ment les terres grasses, humides, ment des jardins. • CR) ; ballotte ; les terres pierreuses des prairies arrosées par la Saône, Actuellement, on trouve rare- tant de l’enceinte que des environs de St Aubin [St Albin, commune ment L. angustifolia, naturalisée, de Besançon. de Scey-sur-Saône ?], de Montigny aux environs de Besançon dans le les Dames [Montigny-lès-Vesoul] Doubs et dans le Jura autour de Les dernières observations pour cette et de la Montallot [Montarlot-les- Salins (PROST, 2000). Une seule commune semblent être celles de Rioz] ba[illi]age de Vesoul. station récente a été signalée par GRENIER (1843) et la dernière cita- tion, pour la Franche-Comté, date À la même époque Galliotte l’indi- Y. Ferrez, à Montfleur dans le Jura du début du XXe dans le Territoire que dans les champs de Battrans. méridional. de Belfort. Six données récentes sont répertoriées Voir plus loin pour la présence de dans la base TAXA pour le 70. la lavande en Franche-Comté. • Menyanthes trifoliata L. (I ; La grande aunée, d’origine asiati- 17.6 ; AC ; LC) ; le trèfle d’eau ; les que, faisait partie des plantes ali- • Leonurus cardiaca L. (I ; 0.3 ; terres marécageuses du marais de mentaires et médicinales. Comme RR ; CR) ; l’agripaume ; les terres Saune [Saône] et de la prairie de aujourd’hui elle devait apparaître humides incultes exposées au soleil Marnais [Marnay]. de manière épisodique sur les bords des revers de la Citadelle. Cette espèce, typique des bas-marais des routes et dans les champs. L’espèce est en très forte régression tourbeux, a certainement très for- sur l’ensemble de la Franche-Comté, tement régressé dans le marais de • Iris foetidissima L. (I ; 5.1 ; AR ; n’existant plus que dans une localité Saône mais elle encore connue LC) ; le glayeul puant ; les terres du Territoire de Belfort. Les modi- d’une station sur la commune de marécageuses de Saune [Saône] et fications des pratiques agricoles et La Vèze. des rives du Doul [Doubs] sous les traitements chimiques l’auront L’observation de la localité de Beaume les Dames [Beaume-les- donc fait disparaître. Marnay est intéressante car elle Dames]. constitue la seule observation L’espèce est toujours bien présente, • Lychnis coronaria (L.) Desr.; la connue pour la moyenne et basse à basses altitudes, sur la partie coquelourde ; les terres cultivées et vallée de l’Ognon.

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• Meum athamanticum Jacq. (I ; naire ; les prairies vergers de la pro- On peut, bien sûr, avoir des doutes 7.2 ; AR ; NT) ; le meum ; aux mon- vince ou on le sème. de la présence passée, dans ce secteur, tagnes du Mont d’Or, du Grand À la fin du XVIIIe siècle on prati- d’une plante des pelouses sablon- veau [Grandvaux], de la Chatelaine que donc déjà des semis de cette neuses siliceuses, des sols remués, [La Châtelaine], de Poupet et de plante. On cultive également le des friches et des chemins « pous- Montmahou [Montmahoux]. sainfoin d’Espagne (Hedysarum siéreux » sur substrat acide mais l’existence de placages siliceux dans La plante est effectivement indi- coronarium L.). On comprend ce secteur n’exclut pas totalement quée historiquement du secteur facilement les difficultés taxono- cette possibilité. d’Arbois et de Salins (BABEY, 1845 ; miques que l’on rencontre avec ce MICHALET, 1864). Les localités de taxon aujourd’hui (taxon spontané, Osmunda regalis L. (I Montmahoux et du Grandvaux naturalisé). • ; 4.3 ; R ; sont nouvelles. LC ; R) ; l’osmonde ou fougère flo- rissante ; les terres marécageuses des Ophioglossum vulgatum L. (I ; Meum athamanticum est toujours • montagnes, de , , 8.5 ; AR ; LC) ; [absence de nom présent sur le Mont d’Or. du Paquier [Le Pasquier] ; il y en a vernaculaire] ; les terres humides quelques pieds au marais de Saune Cette plante s’est donc fortement et revers de la Brenne [Brême] e [Saône], et depuis Arcier en des- raréfiée depuis la fin du XVIII d’. siècle. cendant le canal jusqu’au moulin La plante n’est plus connue et à la source de Cuisance, rivière Muscari botryoides (L.) Mill. (I ; aujourd’hui de la vallée de la Brême d’Arbois. • mais une station récente a été trou- 1.6 ; RR ; VU ; R) ; l’ail de Chien ; Ce sont les premières et seules cita- vée dans la vallée de la Loue, à les terres pierreuses des revers de tions pour le secteur de Besançon Ornans. Montfaucon. et pour le Haut-Doubs. Nous ne pouvons affirmer avec • Oreoselinum nigrum Delarbre La station du marais de Saône certitude que la description de (= P. oreoselinum) (I ; 4.6 ; R ; NT) ; semble disparaître rapidement, Fumey correspond à cette espèce le grand persil de nos montagnes ; il elle n’est déjà plus observée par de muscari. croît sur le sommet de nos monta- PAILLOT (1880). Cela permet seulement d’affirmer gnes de Montmahou [Montmahoux], Par contre la station de la source qu’une espèce de muscari est pré- Poupet, Bief de Corne [Arbois et de la Cuisance est très certaine- sente dans les environs de Besançon La Châtelaine], et dans le revers de ment à mettre en relation avec la à la fin du XVIIIe siècle. Cette Montfaucon et de . découverte, en 2012, d’une station espèce est toujours présente dans Pour le Jura, l’espèce est toujours sur la commune d’Arbois et une le secteur de Besançon. présente au Bief de Corne ; pour le citation ancienne de GARNIER (in département du Doubs, le taxon MICHALET, 1864) sur cette même • Nicotiana tabacum L. ; le tabac ; est signalé à Besançon. Les autres commune. les terres fumées et cultivées de stations sont inédites avec aucune L’indication dans la vallée de l’An- Vorais [Voray]. observation récente. gillon (Le Pasquier) est également Cette plante, ainsi qu’une autre très intéressante, seule donnée his- variété à plus petite feuille, Nicotiana • Ornithopus perpusillus L. (I ; torique sur ce secteur. rustica L., sont encore signalées 3.5 ; R ; LC) ; le pied d’oiseau ; il jusqu’à nos jours, çà et là, plutôt croît dans toutes les plaines de nos • Parietaria judaica L. (I ; 1.4 ; en plaine, autour des habitations, montagnes, de la Veze [La Vèze], RR ; LC) ; la pariétaire ; les terres gra- échappées d’anciennes cultures, à Saune [Saône], et Naisé veleuses des murs des jardins des viel- l’état subspontané. [Naisey-les-Granges]. les masures de notre ba[illi]age. Voir ci-dessous pour la culture du Les seules observations historiques La base TAXA contient une seule tabac en Franche-Comté. disponibles pour le département du observation relativement récente Doubs datent de GRENIER (1843) pour ce taxon dans le départe- • Onobrychis viciifolia Scopoli sur Besançon. Aucune observation ment du Doubs. Galliotte signa- (I ; 40.3 ; C ; DD) ; le sainfoin ordi- récente pour ce département. lait ce taxon sur les murs du châ-

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teau de Pesmes où il est encore abondant. Max André • Petasites hybridus L. (I ; 26.0 ; C ; LC) ; l’herbe aux teigneux ; les terres incultes humides des rives de la Louë [Loue], depuis Monge Choix [] jusqu’à Ornans et sur les rives du Doul [Doubs] de Clerval à Beaume [Beaume- les-Dames]. Le taxon n’est plus noté sur ces deux secteurs des vallées de la Loue et du Doubs mais il est encore bien présent dans ces vallées.

• Physalis alkekengi L. (I ; 0.8 ; RR ; DD) ; le coquerel ; les terres pierreuses des ruelles du vigno- ble de Besançon et de ceux de la province.

Menyanthes trifoliata

Thalictrum favum

Cette évocation des ruelles pierreu- ses du vignoble de Besançon nous révèle bien sûr l’ancienneté de ces données botaniques mais égale- ment l’ampleur des changements depuis cette époque. Cette plante a été largement favori- sée par l’homme, notamment dans les vignes ; cet archéophyte est en très forte régression (ou disparu) sur l’ensemble de la Franche-Comté mais s’échappe parfois encore des jardins mais, dans ce cas, il s’agit de cultivars.

• Plantago maritima subsp. ser- pentina (All.) Archang. (I ; 1.6 ;

Max André RR ; NT ; R) ; l’herbe aux puces

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annuelle ; les terres des revers de La plante est certainement encore La transcription de l’ouvrage de Mont faucon [Montfaucon] et les à rechercher dans le bois d’Aglans Galliotte, écrit à la même époque terres fortes de Bonnay. et les bois environnants installés (ANDRÉ & ANDRÉ, 2011) apporte sur des chailles. Même si cette espèce n’a jamais été des informations complémentaires revue dans le secteur de Montfaucon, intéressantes. Il écrit : « la sponta- Reseda luteola L. (I cette observation est crédible en • ; 9.7 ; AR ; née et la cultivée n’auront jamais LC) ; l’herbe maure ; les terres gra- raison de plusieurs stations exis- ici les qualités de celle des Flandres veleuses des bords des chemins, des tant, encore aujourd’hui, dans un ou des Indes.» vieilles masures du ba[illi]age et des secteur proche (Tarcenay, Merey- remparts de Besançon. Les plus proches stations franc- sous-Montrond). comtoises autochtones concernent Du temps de Fumey, cette plante Il en est de même de la station le département du Jura, au niveau était certainement favorisée du de Bonnay puisque l’espèce est fait de ses propriétés médicinales de la bordure occidentale des pla- citée, en 1843, par GRENIER à et tinctoriales. teaux jurassiens (Saint-Amour, Ney). (à moins de 2 kilomètres La présence également de stations de Bonnay). • Robinia pseudoacacia L. (N ; en Côte-d’Or, au nord de Dijon, 58.1 ; CC ; NA) ; l’acacia ordinaire ; atteste de la possibilité de la pré- Primula lutea Vill. (I • ; 0.5 ; les terres pierreuses des bois des haies sence ancienne de R. peregrina dans RR ; VU ; N) ; oreille d’ours ; les du ba[illi]age, et des revers de Beure, le secteur de Besançon. terres pierreuses exposées au soleil Chaudane [Chaudanne], et de St des sommets du Mont d’Or et de Voir ci-dessous pour la culture de Leonard [St Léonard, Besançon] la garance en Franche-Comté. Poupet. jusqu’à Arcier. Ces deux localités sont inédites, celle Ces informations sont très inté- Rumex hydrolapathum Hudson du Poupet étant la seule donnée • ressantes car, à la même époque, (I ; 8.8 ; AR ; LC) ; la patience des pour le département du Jura. Galliotte signale, pour le secteur marais ; les terres marécageuses de Bourqueney dans sa florule du Mont de Gray, que ce taxon est unique- Saune [Saône], de Beaupré [Roche- Croz, signale cette belle primevère sur ment présent dans les jardins des lez-Beaupré] et du Pontot [Lieu- châteaux d’Oyrières et de Beaujeu ; le Suchet (environ 1840), sommet dit de La Vèze, au bord du marais l’acacia n’était encore qu’un arbre helvétique proche du Mont d’Or de Saône]. (ANDRÉ & ANDRÉ, 2009). d’ornement en Haute-Saône. La station de Saône est la seule cita- La confusion étant impossible, ces Rubia tinctorum L. et R. pere- tion connue pour le marais de Saône. informations modifient très sensi- • grina L. (I ; 1.3 ; RR ; LC) ; la Par contre, la plante existe toujours blement l’aire d’occurrence histo- garance ; les terres cultivées et fumées dans la basse vallée du Doubs dans rique de ce taxon qui a colonisé le de nos champs et naturellement le secteur évoqué par Fumey. massif jurassien par son côté sep- dans les terres pierreuses des revers tentrional. de Chaudane [Chaudanne] et de • Ruscus aculeatus L. (I ; 9.1 ; AR ; la Citadelle entre les deux portes LC) ; le Buis piquant, ou frelon ; Pyrola rotundifolia L. (I ; 5.4 ; • Notre Dame. les terres sablonneuses humides AR ; VU) ; la pirole ; les terres humi- Fumey semble évoquer la présence des et ombrageuses des bois de de Mont faucon [Montfaucon] et de deux taxons : un taxon cultivé Maur [Morre]. des bois de la province. (R. tinctorum) et un taxon natu- L’espèce est toujours présente dans Aucune donnée récente pour ce rellement présent dans des sec- secteur. HILLIER (1913) le note teurs thermophiles des environs le secteur de Montfaucon. encore pour le bois d’Aglans (com- de Besançon. Est-ce que ce der- mune de Besançon) et la plante s’est nier taxon correspond à des plan- • Samolus valerandi L. (I ; NC ; - ; maintenue jusque dans les années tes échappées anciennement des RE) ; le mouron d’eau ; les ruis- 1955 (base TAXA) dans une groi- cultures de garance ou bien à la seaux de fontaine argent [Fontaine sière, aujourd’hui disparue, sur la présence naturelle de la garance Argent, Besançon] et de la moulière commune de Saône. voyageuse (R. peregrina) ? [la Mouillère, Besançon].

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Il n’existe aucune autre observa- du cul de lampe de Consolation et La plante est toujours présente sur tion pour ce taxon sur ce secteur quelques tiges sur Poupet. ce secteur géographique sans tou- tefois avoir de données actuelles géographique. La saxifrage à feuilles rondes est pour les communes citées. Cette observation est donc à pren- toujours présente dans le cirque dre avec prudence comme semble de Consolation, observées en 2006, Sideritis hyssopifolia L. (I ; 3.2 ; l’évoquer l’un des examinateurs par G. Bailly (base TAXA). Elle est • R ; LC) ; le polium à fleur jaune ; de l’Académie de Besançon : « il également toujours observée sur le les fentes des rochers escarpées de dit qu’il a vu à la mouliere et dans massif du Grand Ballon, en Alsace. nos montagnes, de la Chatelaine le ruisseau de fontaine argent le Par contre, elle semble avoir dis- [La Châtelaine] et de Poupet. Samolus valerandi, mais il me per- paru totalement du Poupet. mettra bien d’en douter… » Belle observation de Fumey de cette • Scutellaria galericulata L. (I ; labiée qui occupe encore aujourd’hui • Sanicula europaea L. (I ; 28.3 ; 37.2 ; C ; LC) ; la toque ; les terres ce sommet isolé. C ; LC) ; la sanicle ; les terres ombra- humides du marais de Saune [Saône] Jean-François Prost la signale encore, geuses des bois de Maur [Morre], de et des prairies de Jussey jusqu’à en 1986 (base TAXA) sur le rebord la Marne [partie de Montferrand-le- Dole. occidental du Jura à Ladoye-sur- Château et d’Avane [Avanne]. La plante est toujours présente sur Seille mais la station de la Châtelaine Même si nous ne disposons pas de les secteurs indiqués par Fumey. semble avoir disparue. données contemporaines pour les Silybum marianum (L.) Gaertner communes citées, la sanicle d’Eu- Senecio doronicum L. (I ; 0.2 ; • • (N ; 0.5 ; RR ; NA) ; le chardon- rope est encore bien présente sur RRR ; EN) ; le doronic ; les terres marie ; les terres pierreuses des bois la dition. salées pierreuses exposées au soleil, de la grande route de Chatel Chalon des montagnes du Grand Vaux [Château-Chalon] à Poligny et de • Saponaria ocymoides L. (I ; 8.3 ; [Grandvaux], de la Dole [La Dôle], celles de Vaudrey à Dole. AR ; LC) ; le gazon d’olympe ; les et du Balon [Grand Ballon]. terres pierreuses exposées au soleil Cette plante s’échappe aujourd’hui Fumey semble relativement bien des revers de St Leonard [St-Léonard, très rarement des jardins où elle est connaître ce taxon puisqu’il le Besançon], Montfaucon et de Maur encore cultivée. [Morre]. signale de La Dôle où il est tou- jours présent. Ce sont les seules données histori- • Sorbus domestica L. (I ; 1.4 ; ques pour ces communes ; le taxon Cette plante est très rare aujourd’hui RR ; DD) ; le sorbier ; de nos vergers, est encore signalé aujourd’hui, à en Franche-Comté, signalée unique- particulièrement des jardins de Pin proximité immédiate, sur la com- ment des environs des Molunes et les Magny [Pin-lès-Magny]. mune de Besançon. de Lajoux, c’est-à-dire deux commu- Il est intéressant de remarquer que le nes en bordure du Grandvaux. Les sorbier était donc largement planté • Saxifraga granulata L. (I ; 3.2 ; informations de Fumey correspon- à cette époque, très certainement R ; NT ; R) ; la saxifrage ; les terres dent-elles à ces données contempo- pour la qualité de son bois et peut- pierreuses des revers d’Arcier. raines, difficile de l’affirmer ? Elles être aussi pour les cormes. attestent en tout cas de la présence Cette donnée est intéressante, la très ancienne de cette plante dans plante n’étant citée historiquement • Stachys germanica L. (I ; 1.8 ; ce secteur géographique. que du Haut-Doubs ; la saxifrage est RR ; DD) ; le stachys ; les terres bien connue, à basse altitude, des Pour le Grand Ballon, Fumey rudes et incultes et un peu éle- contreforts du massif de la Serre, observe peut-être Doronicum par- vées de Fontaine argent [Fontaine dans le département du Jura. dalianches L. Argent, Besançon], des bords de Mont faucon [Montfaucon], et de • Saxifraga rotundifolia L. (I ; • Serratula tinctoria L. (I ; 11.2 ; Beur [Beurre]. 6.7 ; AR ; LC) ; le geum ; les terres AR ; NT) ; la sarrette ; les terres Aucune donnée contemporaine pierreuses des montagnes escarpées humides de Maure [Morre] et n’est signalée dans ce secteur mais, du Balon [Grand Ballon], au fond d’Arcier. encore aujourd’hui, cette espèce

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s’échappe régulièrement des jardins La plante est devenue excessive- on en trouve des traces de sa culture où elle est toujours cultivée. ment rare sur l’ensemble de la dès la période celte ; protégée ensuite Franche-Comté. par Charlemagne, sa culture y péri- • Te u c r i u m s c o rd i u m L. (I ; 4.8 ; R ; clita jusqu’au XVIIe siècle. Le roi NT) ; le scordium ; les terres humi- • Vaccinium vitis-idaea L. (I ; 9.1 ; Louis XV et ses conseillers décidè- des du marais de Saune [Saône] et AR ; LC) ; le raisin d’ours ; les terres rent alors de tenter d’en relancer, des prairies de Marnay et du ba[illi] marécageuses du territoire de Frasne, de manière incitative, la culture age de Vesoul. ba[illi]age de Pontarlier, et des plai- sur notre sol. En 1756 un Arrêt du nes du bois de Moron [Montrond], Conseil d’Etat du Roi, « ordonne La plante est actuellement toujours ba[illi]age de Poligny. que ceux qui entreprendront de présente dans le marais de Saône cultiver des plantations de Garance Si nous pouvons valider facilement mais semble avoir disparu de la dans des marais... ne pourront pen- l’indication de Frasne où l’espèce commune de Marnay (70). dant vingt années être imposés à est encore aujourd’hui très com- la taille. » Talictrum flavum L. (I ; 8.5 ; mune, l’indication de la forêt de • Montrond surprend… En 1757, Duhamel du Monceau, AR ; LC) ; la grande rue des prés à botaniste et agronome, membre entre fleurs jaunes odorantes ; la prairie Verbascum blattaria L. (I ; 9.3 ; autre de l’Académie de Besançon, de Groson [Grozon]. • AR ; LC) ; l’herbe aux mites ; les publie des « Mémoires sur la garance BABEY (1845) l’indique également terres sablonneuses des bords des et sa culture » très remarquées. Le dans ce secteur aux Arsures. Aucune grandes routes et des landes du 20 février 1759 en séance de l’Aca- donnée contemporaine dans la base ba[illage] de Vesoul. démie de Besançon, son président, TAXA sur ce secteur géographique. Boquet de Courbouzon, présente Ce taxon a disparu du secteur (figure 9 H.T.) un «Travail sur des cultures nouvel- de Vesoul mais quelques stations les à introduire en Franche-Comté existent encore dans les environs (garance et pastel).» Le ministre et • Turritis glabra L. (I ; 7.5 ; AR ; de Gray. LC) ; l’herbe au tour ; les terres secrétaire d’état Bertin, chargé en particulier de l’agriculture, proposa pierreuses humides des bois de Xanthium strumarium L. (I ; • peu après à tous les intendants des Salins, Arbois, à la source de la 0.3 ; RR ; EN) ; la petite bardane ; provinces de France de les fournir Loüe [Loue], au val de l’abbaye de les terres grasses des cimetières de gratuitement en graines de garance, la grace de Dieu [La Grâce-Dieu] Bregile [Bregille] et des terres sablon- à charge pour eux de trouver dans et dans le viel [vieux] château de neuses des fossés de la route de leur province des cultivateurs prêts Rouland []. Besançon à Dole, depuis la Butte à à en faire l’essai de culture. Dans Chateau-Farine [Châteaufarine] et La plante est encore observée jusqu’en notre comté de Bourgogne c’est des fossés qui séparent les vignes des 1984 à la source de la Loue par l’intendant de Lacoré et son secré- prels de Veau [Prés de Vaux]. J.-F Prost (base TAXA). taire Ethis, qui dès février 1767 se Les autres stations sont inédites, La lampourde n’est plus observée chargent de contacter leurs diffé- e sans aucune observation contem- depuis le milieu du XIX siècle sur rents subdélégués devant fournir poraine. la commune de Besançon. Elle les amateurs locaux intéressés. Sur n’existe plus actuellement que l’ensemble de la Franche-Comté, dans le département du Jura, sec- Urtica urens L. (I ; 0.3 ; RR ; seules vingt personnes, des agricul- • teur dolois. EN) ; l’ortie grièche ; les terres incul- teurs ou plutôt des notables, pro- priétaires aisés pour la plupart, se tes sablonneuses, celles ensemen- disent prêtes à tenter l’aventure en cées de graminées de la province ; Culture de la garance proposant de cultiver des surfaces il y en a dans toutes les ruelles des allant de 1/4 de journal (environ 8 Chaprais, des Tilleroies [Tilleroyes] (Rubia tinctorum L.) ares) à 7 journaux (environ 2 ha). et St Ferjeu [Saint-Ferjeux]. La garance parait avoir été employée Curieusement les terrains propo- Cette espèce est encore observée, de toute antiquité en Orient, d’où sés sont aussi bien situés en plaine, à Besançon, en 1952 par Antonin elle est venue en Europe, en passant notamment sous forme d’étangs Tronchet (base TAXA) par la Grèce et l’Italie. En France, mis à sec, que dans la partie mon-

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tagneuse de notre province, comme nées auparavant. À notre connais- possédait donc un privilège d’ex- à Orgelet, Pontarlier, Morteau ou sance, les quelques rares stations ception pour cette culture. Chaux-les-Chatillon. Bertin fait un actuelles de garance de Franche- Géographiquement, les territoi- premier envoi global d’un sac de Comté, concernent la garance dite res concernés par cette culture en graines de 135 livres en avril 1767, sauvage ou voyageuse ou petite Franche-Comté ont toujours été suivi d’un deuxième envoi de 50 garance, soit Rubia peregrina L. très circonscrits. Quelques essais livres en juin 1769 ; il accompagne ponctuels de culture sont signalés ses envois de graines de copies de en 1725 dans la prévoté de Jonvelle l’ouvrage de Duhamel du Monceau Culture du tabac et ensuite jusque vers 1750 seuls pour faciliter leur mise en culture. (Nicotiana tabacum L.) quelques villages du bailliage de Malheureusement les résultats Vesoul sont concernés. Vers 1780, détaillés de ces essais ne nous sont C’est Christophe Colomb qui en la culture du tabac en Franche- pas parvenus à l’exception de quel- rencontrant les Amérindiens en Comté est toujours très limitée, ques rapports particuliers se plai- 1492 révèle le premier l’existence pratiquée par de petits paysans gnant de la faillite de leurs planta- du tabac. Rapporté ensuite dans sur des parcelles de quelques ares, tions pour cause d’inondation par les cours espagnoles et portugai- dans trois zones essentiellement : exemple ou d’hiver trop rude. Les ses, il n’est d’abord qu’une simple la région comprise entre Vesoul et graines fournies pour ces essais, sont curiosité botanique, utilisé comme Amance, le long de la moyenne non indigènes, dites « de Lisary », plante d’ornement, avant d’être vallée de l’Ognon entre Montbozon achetées auprès de turcs à Izmir promu médicament universel par et Marnay, et entre Besançon et au Levant. le médecin personnel de Philippe II cette même vallée de l’Ognon Ces quelques essais en Franche- d’Espagne. Introduit en France (FERRER, 2002). vers 1556 par un moine, André Comté furent apparemment peu La région de Gray, où Galliotte her- couronnés de succès et dès 1782, le Tevet, dans la région d’Angoulême, il parvient dans notre Comté de borise et ne signale pas cette plante, père Tiburce, célèbre académicien reste effectivement en dehors de bisontin, soumet à nouveau à l’aca- Bourgogne, très peu de temps après, vers 1565, grâce au conseiller ces zones, alors que celle de Voray, démie de cette ville un « Mémoire où Fumey l’observe, a longtemps sur la culture de la garance » préci- d’état de Philippe II, le cardinal de Granvelle, qui en fit pratiquer les fait partie des territoires favorables sant essayer de relancer et dévelop- dédiés à sa culture. per la culture de cette plante. Ainsi, premiers essais de culture. alors que dès les années 1760-1770, Le botaniste Conrad Gessner en Quelques rares botanistes franc-com- la culture de la garance a pris un donne une des premières descrip- tois signalent ensuite des traces de essor très important dans plusieurs tions en 1584 et Jean Bauhin en l’ancienne culture de cette plante : autres provinces, notamment dans cultive dans son jardin botanique BABEY (), en observe quel- le Comtat Venaissin et en Alsace, de Montbéliard. À l’échelle fran- ques pieds épars dans une vigne elle n’a pas réussi à se développer çaise, le tabac devint assez vite au à Salins, GRENIER (), çà et là commercialement dans la nôtre, XVIIe siècle une ressource économi- autour des habitations. probablement faute de terres et que non négligeable et fut cultivé en d’un climat appropriés. de nombreuses régions de France Culture [ou vestiges de Il est toutefois instructif de noter en particulier en Franche-Comté, qu’en 1779-1780, les deux bota- devenue définitivement française culture] de la lavande nistes Galliotte et Fumey semblent en 1678. (Lavandula angustifolia s’accorder pour décrire, aussi bien Sa culture, devenue monopole Mill.) dans la région de Gray que dans d’état depuis Colbert en 1674, fut celle de Besançon, à côté d’une de 1719 et jusqu’en 1791, prohi- La lavande, cultivée depuis tou- garance « spontanée » ou « natu- bée dans toute la France à l’excep- jours dans les jardins, a été histori- relle » (Rubia peregrina L.), une tion de la Franche-Comté, l’Ar- quement signalée par les botanistes garance cultivée (Rubia tinctorum tois, le Hainaut, le Cambrésis, la comtois, comme subspontanée ou L.) ; cette dernière est peut-être la Flandre et l’Alsace. À l’époque où naturalisée dans deux régions com- trace de ces essais de culture encou- Galliotte et Fumey rédigent leurs toises : d’une part sur les collines ragés et entrepris une dizaine d’an- flores (1779-1780), notre province entourant Besançon – Rosemont,

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Bregille et vers Tarragnoz – d’autre de la nature y avait semé en petite où nous ne disposions d’aucune part sur les collines environnant quantité. »17 donnée. Quelques espèces consti- Salins. Une autre station men- Les autres stations jurassiennes se tuent des premières citations pour tionnée aussi à Allonal, proche de situaient autour de Salins : « sur le le département du Doubs et pour St-Amour (39), paraît bien devoir penchant du fort Saint-André, du la Franche-Comté. son existence à la proximité d’un côté de la ville, au-dessous de l’er- ancien ermitage. mitage Saint-Jean; au-dessus des Liste des contributeurs La station du Rosemont, déjà men- rochers de Beauregard, vers Saint- tionnée par GIROD DE CHANTRANS Joseph ; les rochers au-dessus des de la base TAXA (1810), semble particulièrement vignes de Côte-Bas, en montant à Prés-Rond, du côté de Saint- Max André, Gilles Bailly, Eric Brugel, connue : Bavoux vient y chercher Tiébaud. » (BABEY, ). Martine et Michel Caillet, Pierre des graines vers 1855 (CONTEJEAN, Chaillet, Pascal Colin, François Toutes ces stations présentent la ) et CONTEJEAN (1881) déclare Dehondt, Tierry Fernez, Yorick même typologie : pelouses ou que « Lavandula vera (= L. angusti- Ferrez, François Gillet, Pascale rocailles exposées au midi ou à folia) couvre la montagne calcaire Guinchard, Julien Guyonneau, l’ouest, proches d’anciens vigno- de Rosemont ». Antoine Magnin Christophe Hennequin, Jacqueline bles et présentant une florule de semble avoir été un des derniers Herenger, Nadine Poletto, Yves type méridional. botanistes à l’observer vers 1918 Le Jean, Jean-François Prost, Jean lors d’herborisations avec ses élèves Michaux, Pierre Millet, Sylvain à la recherche de cette curiosité. Moncorgé, Claire Moreau, Gaëlle (POTTIER-ALAPETITE, 1943). Conclusion Nauche, Philippe Roveretto, Nicolas Simler, Guillaune Sourdril, Marc Un récit de 1803, légèrement posté- Ce manuscrit inédit du XVIIIe siècle Vuillemenot, Jean-Christophe rieur à Fumey, nous permet d’ima- apporte un tout premier regard Weidmann, Société des Naturalistes giner combien différent était alors sur la botanique des environs de de Saint-Claude. le milieu de ces collines bisontines, Besançon et même au-delà ; il faut où poussait la lavande : « Nous diri- attendre les travaux de Girod de geâmes nos pas vers la porte Notre- Chantrans, en 1810, pour avoir une nouvelle vision de la flore du Dame [vers Tarragnoz à la sortie de Bibliographie Besançon], qui conduit sur la route département du Doubs. Et ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard de Pontarlier. Après avoir marché que le Catalogue des plantes phané- ANDRÉ G. & M., 2010. Le Mont d’Or, un environ une demi-heure, nous rogames du département du Doubs, refuge de plantes rares connu dès le quittâmes le chemin pour gagner début du XVIIe siècle. Les Nouvelles du célèbre Charles Grenier, appor- à travers de riants vignobles, la Archives de la Flore Jurassienne, 10 : tera des informations très fiables sur 123-162. colline qui était à notre gauche, et la présence et la répartition géogra- dont nous côtoyions la base depuis ANDRÉ G. & M., 2011. Flora Grayacensis, phique des plantes. de François Galliotte. Analyse du notre sortie de Besançon. Parvenus L’importance des travaux de Fumey, manuscrit. Les Nouvelles Archives au sommet, nous nous assîmes au de la Flore Jurassienne et du nord- malgré certaines imprécisions et pied d’une petite éminence qui est de la France, 11 : 59-81. une vision largement centrée sur étendait jusque à nous son ombre ANDRÉ M., 2015. Contribution à la les plantes médicinales, méritait hospitalière et nous garantissait connaissance de la fore de la Haute- que l’on rende hommage à cet des rayons du soleil. Non loin de Saône et plus particulièrement des apothicaire-botaniste inconnu. Il hydrophytes. Nouvelles Archives de nous, un troupeau de chèvres et nous apporte des renseignements la Flore Jurassienne, 3 : 127-142. de moutons que gardait un jeune intéressants sur certaines plan- ANDRÉ M. & G., 2009. Florule descriptive berger et deux chiens, était dispersé tes qui font aujourd’hui l’objet du Mont Croz et de la vallée du sur le penchant de la colline ; on d’une attention particulière et sur Doubs située à ses fancs, ainsi que le voyait occupé à chercher parmi de la plaine du val de Mièges dans la présence historique de taxons les parties où elles l’avoisinent à les ronces et la triste bruyère, les dans des secteurs géographiques la distance d’environ deux à trois touffes parfumées de lavande et 17. « Sophie ou mon voyage à Besançon » par P. J. Sales, mille toises de sa base. Par Charles de romarin que la main sauvage volume 2, 1803, p. 23. Bourqueney, botaniste. Analyse

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critique. Les Nouvelles Archives de l’histoire naturelle du département Sources manuscrites la Flore Jurassienne, 7 : 17-40. du Doubs. 2 tomes, Paris, xxvi-303, 432 p. consultées BAUHIN J., 1651. Historia plantarum. Yverdon, vol. 2, p. 737. GRENIER C H., 1843. Catalogue des plantes – Bibliothèque municipale de phanérogames du département du BABEY, C.-M.-P., 1845. Flore jurassienne. Besançon,fonds de l’Académie : Doubs. Besançon, 72 p. Paris, 4 vol., xliv-456, 523, 500, Ms. 2 : BOQUET DE COURBOUZON 532 p. GRENIER CH., 1869. Flore de la chaîne jurassique. Besançon, 1 001 p. CL.-A., . Travail sur des cultures CONTEJEAN C H., 1854. Énumération des nouvelles à introduire en Franche- plantes vasculaires des environs de HENNEQUIN CH., 2012. Besançon en Comté (garance et pastel) : 8-11. Montbéliard. Besançon, 247 p. feurs, forule des collines bisontines. En Vadrouille, Baume-les-Dames, Ms. 39 et Ms. 41 (voir texte). CONTEJEAN CH., 1864. Notes sur 239 p. – Cartes et plans : quelques plantes nouvelles, rares ou critiques de la fore de Montbéliard. HILLIER L., 1913. Promenades Ge.c.Besançon.208.1 : Plan de Mém. Soc. Em. Montbéliard, 13 : bryologiques dans les Monts Jura. Besançon et de la citadelle de 265-278. Bull. Soc. Hist. Nat. Doubs, 24 : 1786. 1-164. CONTEJEAN CH., 1881. Géographie N.B. Ces manuscrits sont numé- botanique : infuence du terrain sur MAGNIN A., 1923. La botanique à risés et accessibles sur le site du la végétation. Paris, 143 p. Besançon de 1691 à 1920. Bulletin Patrimoine numérisé de Besançon : de la Société d’histoire naturelle du COURTOT Y., MOREAU R., 1957. http://culture.besancon.fr/. Doubs, 33 : 32-105. Contribution à l’étude des tourbières – Archives départementales du et Hauts-marais jurassiens. 1 - MAGNIN A., HETIER F., 1894-1897. Doubs : Remarques sur quelques plantes Observations sur la fore du Jura et rares ou critiques. Bull. Soc. bot. du Lyonnais. Besançon, 282 p. 1 C 1146 (garance) Fr., 104 : 530-533. MAURAT J.-P., ROYER J., 1997. DUHAMEL DU MONCEAU H. L., 1757. L’enseignement médical et Sources d’état civil Mémoires sur la garance et sa culture. pharmaceutique en Franche- Paris, 80 p. Comté : Dole-Besançon 1422-1997. Registres paroissiaux d’Arbois et de Besançon, 200 p. FERRER, A., 2002. Tabac, sel, indiennes… Poligny, numérisés sur le site des Douane et contrebande en Franche- MICHALET, E., 1864. Histoire naturelle du Archives départementales du Jura. e Comté au XVIII siècle. Vesoul, Jura et des départements voisins, t. II : Registres paroissiaux de Besançon : P.U.F.C., 366 p. Botanique. Paris, Lons-le-Saulnier, 400 p. Bibliothèque municipale de Besançon FERREZ Y., 2006. Défnition d’une et numérisés sur le site : http:// stratégie de lutte contre les espèces PAILLOT J., VENDRELY X., FLAGEY C., culture.besancon.fr/. invasives en Franche-Comté- RENAULD F., 1880. Florule du Marais Proposition d’une liste hiérarchisée, de Saône. Soc. Em. Doubs, V-5 : 12- CBNFC-ORI, DIREN Franche-Comté, 40 + 1carte. 32 p + annexes. PARISOT C., POURCHOT P.-L., 1882. Notice FERREZ Y. (COORD.), 2013. Inventaire de sur la fore des environs de Belfort. la fore vasculaire (Ptéridophytes Extrait des mémoires de la Société et Spermaphytes) de Franche- Belfortaine d’Émulation. Belfort, Comté. Indigénats, raretés, menaces, 111 p. protections. Les Nouvelles Archives POTTIER-ALAPETITE G., 1943. Recherches de la Flore Jurassienne, 11 : 5-49. phytosociologiques et historiques sur GARDANE J.-J., 1780. Gazette de santé la végétation du Jura central et sur contenant les découvertes utiles faites les origines de la fore jurassienne. en médecine, chirurgie, pharmacie, Tunis, p. 255. physique, chimie, botanique, histoire PROST J.-F., 2000. Catalogue des plantes naturelle etc., par une société de vasculaires de la chaîne jurassienne. médecins…, p. 4. Gap, 428 p. GENEVOY R., 1983. Les lézards RENAULD F., 1873. Aperçu phytostatique guérisseurs de Girod-Chantrans. sur le département de la Haute- Bull. Soc. archéol., hist. et artistique Saône, suivi d’un catalogue des Vieux Papier, fasc. 289, juill. 1983, plantes vasculaires et des mousses. 77-80. Paris, 398 p. GIROD DE CHANTRANS J., 1810. Essai sur la géographie physique, le climat et

37 Description des plantes du bailliage de Besançon, d'Antoine Denis Fumey. Analyse du manuscrit

Annexe 1 : liste des Asplenium ruta-muraria L. Dactylorhiza sp. Asplenium scolopendrium L. Daphne laureola L. plantes du manuscrit de Asplenium trichomanes L. ? Daucus carota L. Fumey Aster amellus L. Dianthus sp. Astragalus glycyphyllos L. ? Dioscorea communis (L.) Caddick & Un classement a été effectué en fonc- Astrantia major L. Wilkin tion des indications de Fumey : plan- Athyrium sp. ou Dryopteris sp. Dipsacus pilosus L. tes que l’on peut considérer comme Atropa belladonna L. Drosera rotundifolia L. indigènes ou naturalisées du temps Barbarea vulgaris R. Brown Dryopteris felix-mas (L.) Schott de Fumey, plantes cultivées (plan- Berberis vulgaris L. Echium vulgare L. Berula erecta (Huds.) Coville Elytrigia repens (L.) Nevski ? tes alimentaires, condimentaires, Betonica officinalis L. Epilobium angustifolium L. médicinales, plantes décoratives) Betula pendula Roth ? Epimedium sp. ? et plantes adventices ou subspon- Bidens tripartita L. Epipactis helleborine (L.) Crantz tanées à cette époque. Bistorta officinalis Delarbre Equisetum arvense L. Blitum bonus-henricus (L.) Rchb. Equisetum palustre L. ou E. fluviatile L. ? : plante non identifiée avec suffi- Bryonia cretica subsp. dioica (Jacq.) Erigeron canadensis L. samment de certitude ou manifes- Tutin Erucastrum sp. ou Diplotaxis sp. tement une erreur de détermination Bunium bulbocastanum L. Eryngium campestre L. Buphtalmus salicifolium L. Euonymus europea L. ou de localisation de Fumey. ou Inula salicina L. Eupatorium cannabinum L. Bupleurum rotundifolium L. Euphorbia sp. Butomus umbellatus L. Euphrasia sp. Plantes indigènes ou Buxus sempervirens L. Fagus sylvatica L. naturalisées : Calluna vulgaris (L.) Hull Filipendula ulmaria (L.) Maxim. Caltha palustris L. Filipendula vulgaris Moench Acer sp. Convolvulus sepium L. Fragaria vesca L. Achillea millefolium L. Campanula rapunculus L. Frangula dodonei Ard. subsp. dodonei Achillea ptarmica L. Campanula trachelium L. Fraxinus excelsior L. Aconitum anthora L. Capsella bursa-pastoris L. Galega officinalis L. Aegopodium podagraria L. Cardamine heptaphylla (Vill.) Schulz Galium aparine L. Aethusia cynapium L. Cardamine pratensis L. Galium mollugo L. Agrimonia eupatoria L. Carlina vulgaris L. Galium odoratum (L.) Scopoli Ajuga chamaepitys (L.) Schreber Castanea sativa Miller Galium verum L. Ajuga reptans L. Centaurea calcitrapa L. Genista tinctoria L. Alchemilla sp. Centaurea decipiens Tuill. Gentiana lutea L. Alliaria petiolata (M. Bieb.) Cavara Centaurea scabiosa L. Geranium columbinum L. & Grande Centaurea scabiosa subsp. alpestris Geranium robertianum L. Alnus glutinosa (L.) Gaertner Nyman ? Geum urbanum L. Althea officinalis L. Centaurium erythraea Rafn ? Glechoma hederacea L. Anemone pulsatilla L. Cerastium sp. ? Gratiola officinalis L. Anemone sylvestris L. Chenopodium vulvaria L. Hedera helix L. Angelica sylvestris L. Chondrilla juncea L. ? Helianthemum nummularium (L.) Antennaria dioica (L.) Gaertner Chrysosplenium oppositifolium L. ou Miller s.l. Anthyllis vulneraria s.l. C. alternifolium L. Helleborus foetidus L. Apium sp. Cichorium intybus L. Helosciadium nodiflorum (L.) Aquilegia vulgaris L. Circaea lutetiana L. W.D.K.J. Koch Arctium lappa L. Cirsium arvense (L.) Scopoli Heracleum sphondylium L. Argentina anserina (L.) Rydb. Cirsium eriophorum (L.) Scopoli Hippocrepis emerus (L.) Lassen Aristolochia paucinervis Pomel ? Clematitis vitalba L. ? Humulus lupulus L. Aristolochia rotunda L. Colchicum autumnale L. Hydrocotyle vulgaris L. Armoriaca rusticana Gaertner et al. Convallaria majalis L. Hyoscyamus niger L. Artemisia vulgaris L. Corylus avellana L. Hypericum sp. Arum maculatum L. Crataegus laevigata (Poiret) DC. Ilex aquifolium L. Aruncus dioicus (Walter) Fernald Cruciata laevipes Opiz Iris foetidissima L. Asarum europaeum L. Cyclamen purpurascens Miller Iris pseudacorus L. Asplenium ceterach L. Cytisus scoparius (L.) Link Jacobaea vulgaris Gaertn.

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Juglans regia L. Plantago maritima subsp. serpentina Seseli montanum L. ? Juniperus communis L. (All.) Archang. Sideritis hyssopifolia L. Kickxia spuria (L.) Dumort. ou K. elatine Plantago media L. Silene latifolia Poir. (L.) Dumort. Polygala sp. Silybum marianum (L.) Gaertner Lamium album L. Polygonatum multiflorum (L.) All. ou Sisymbrium officinale (L.) Scopoli Lapsana communis L. Polygonatum verticillatum (L.) All. Sisymbrium sp. Lathyrus sylvestris L. Polygonum aviculare L. ? Solanum dulcamara L. Lavandula latifolia Medik. ? Persicariamaculosa Gray Solidago virgaurea L. Leonurus cardiaca L. Polypodium vulgare L. Sonchus arvensis L. s.l. Lepidium sp. Polytrichum commune Hedw. ? Sonchus asper (L.) Hill Levisticum officinale Koch ? Polytrichum sp. Sonchus oleraceus L. Ligustrum vulgare L. Potentilla erecta (L.) Räuschel Spartium junceum L. Linaria vulgaris Miller Potentilla reptans L. Stachys sylvatica L. Lonicera sp. Poterium sanguisorba L. Stellaria media aggr. Lunaria annua L. Primula lutea Vill. Succisa pratensis Moench ? Lunaria rediviva L. Primula veris L. Symphytum officinale L. Lycopus europaeus L. Prunella vulgaris L. Tanacetum vulgare L. Lysimachia nummularia L. Pulmonaria sp. Taraxacum officinale L. s.l. Lysimachia vulgaris L. Pyrola rotundifolia L. Teucrium chamaedrys L. Lythrum salicaria L. Quercus sp. Teucrium scordium L. Malva alcea L. ? Ranunculus flammula L. Talictrum flavum L. Marchantsia polymorpha L. Ranunculus serpens Schrank ? Tlapsi arvense L. Matricaria discoidea DC. ? ou Matricaria Reseda lutea L. Tymus serpyllum s.l. chamomilla L. Reseda luteola L. Tilia sp. Melilotus officinalis (L.) Lam. ou Rhamnus cathartica L. Trifolium sp. M. altissimus Tuill. Ribes uva-crispa L. Turritis glabra L. Mentha longifolia (L.) Huds. ou Robinia pseudoacacia L. Tussilago farfara L. M. aquatica Rorippa palustris L. ? (L.) Besser Ulmus sp. Mentha x piperata L. ? Rosa canina L. s.l. Urtica dioica L. Menyanthes trifoliata L. Rubia peregrina L. Vaccinium myrtillus L. Meum athamanticum Jacq. Rubus fructicosus L. s.l. Vaccinium vitis-idaea L. Muscari botryoides (L.) Mill. ou Rumex acetosa L. Valeriana dioica L. Muscari sp. Rumex crispus L. ? Valeriana officinalis aggr. Myosotis sp. Rumex hydrolapathum Huds. Veratrum album L. Narcissus pseudonarcissus L. Ruscus aculeatus L. Verbascum sp. Nasturtium officinale R. Brown Salix sp. Verbena officinalis L. Neottia ovata (L.) Bluff. & Fingerh. Salvia pratensis L. Veronica beccabunga L. Nymphea alba L. Sambucus ebulus L. Veronica sp. Oenanthe sp.? Sambucus nigra L. Viburnum lantana L. Ononis spinosa L. s.l. Samolus valerandi L. Viburnum opulus Ophioglossum vulgatum L. Sanicula europaea L. L. Orchis sp. Saponaria ocymoides L. Vinca minor L. Oreoselinum nigrum Delarbre Saponaria officinalis L. Vincetoxicum hirundinaria Medik. Origanum vulgare L. Satureja sp. ou Clinopodium sp. Viola sp. Loncomelos pyrenaicum (L.) J. Holub Saxifraga granulata L. Zygophyllum fabago L.? Ornithopus perpusillus L. Saxifraga rotundifolia L. Osmunda regalis L. Scilla bifolia L. Oxalis acetosella L. Scrophularia nodosa L. Plantes des jardins et des Paris quadrifolia L. Scrophularia oblongifolia subsp. umbrosa cultures : Petasites hybridus (L.) Gaertner et al. (Dumort.) Gamisans ou Tysselinum palustre (L.) Hoffm. S. auriculata L. Acanthus mollis L. Phyteuma spicatum L. Scutellaria galericulata L. Allium ascalonicum L. Picea abies (L.) Karsten ? Sedum acre L. Allium cepa L. Pilosella officinarum Vaill. L. Sedum album L. Allium fistulosum L. Pimpinella saxifraga L. Senecio doronicum (L.) Allium porrum L. Plantago lanceolata L. Senecio vulgaris L. Allium sativa L. Plantago major L. Serratula tinctoria L. Allium schoenoprasum L.

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Aloe sp. Hedysarum coronarium L. Prunus laurocerasus L. Althea officinalis L. Helianthus annuus L. ? Prunus persica (L.) Batsch Amaranthus caudatus L. Helianthus tuberosus L. Punica granatum L. Amaranthus cruentus aggr. Helichrysum stoechas (L.) Moench Pyrus communis L. Anethum graveolens L. Helleborus niger L. Raphanus sativus L. Angelica archangelica L. Anemone hepatica L. Rheum rhabarbarum L. Anthriscus cerefolium (L.) Hoffmann Hesperis matronalis L. Rhus typhina L. Antirrhinum majus L. Hordeum vulgare L. s.l. Ribes nigrum L. Apium graveolens L. Hyssopus officinalis L. Ribes rubrum L. Armoriaca rusticana Gaertner et al. Impatiens balsamina L. Ribes uva-crispa L. cultivar ? Artemisia absinthium L. Imperatoria ostruthium L. ? Ricinus communis L. Artemisia dracunculus L. Iris germanica L. Rosa gallica L. Artemisia pontica L. Jasminum officinale L. Rosa moschata Herrm. Arundo donax L. ou Phragmites australis Juniperus sabina L. Rosmarinus officinalis L. (Cav.) Steud. Lactuca sp. 2 cultivars Rubia tinctorum L. Asparagus officinalis L. Laurus nobilis L. Rumex rugosus Campd. Asphodelus sp. Lavandula angustifolia Miller Rumex sanguineus L. ? Atriplex hortensis L. Lepidium sativum L. Ruta graveolens L. Beta vulgaris L. 2 cultivars Leucanthemum sp. Salvia officinalis L. Borago officinalis L. Lilium candidum L. Satureja hortensis L. ou S. montana L. Brassica oleracea Lilium Narcissus L. sp. ou sp. ? Secale cereale L. Brassica rapa L. Linum usitatissimum L. Sempervivum tectorum L. s.l. Calendula officinalis L. Malus pumila L. Silene coronaria (L.) Clairv. Capsicum annuum L. Mandragora officinarum L. Sinapis alba L. Cardiospermum corindum L. Medicago sativa L. Sinapis arvensis L. Carthamus tinctorius L. Melissa officinalis L. Sium sisarum L. Centaurea benedicta L. Mentha sp. Solanum tuberosum L. Chamaemelum nobile (L.) All. Mirabilis jalapa L. Sorbus domestica L. Cicer arietinum L. Molucella laevis Hudson Spinacia oleracea L. Cicer culinaris Medikus Momordica charancia L. Syringa vulgaris L. Citrus sinensis L. Morus alba L. Clinopodium acinos (L.) Kuntze Myrrhis odorata (L.) Scop. Tanacetum vulgare L. Cochlearia officinalis L. Narcissus pseudonarcissus L. (cultivar) Tymus vulgaris L. Coix lacryma-jobi L. Nepeta cataria L. Tragopogon porrifolius L. Conium maculatum L. Nerion oleander L. Triticum sp. Consolida ajacis (L.) Schur Nicotiana tabacum L. Tropaeolum majus L. Coriandrum sativum L. Ocimum basilicum L. Valeriana officinalis aggr. Crataegus germanica (L.) Kuntze Onobrychis viciifolia Scopoli Vicia sativa L. s.l. Cucumis melo L. Opuntia ficus-indica (L.) Miller Vicia faba L. Cucumis pepo L. Paeonia officinalis L. ? Vitis vinifera L. Cucumis sativus L. Panicum miliaceum L. Zea mays L. Cucurbita maxima Duchesne Panicum sp. Xeranthemum annuum L. Cydonia oblonga Miller Papaver somniferum L. Cynaria cardunculus subsp. cardunculus Passiflora caerulea L. Plantes adventices, Cynaria cardunculus subsp. scolymus Pastinaca sativa L. subspontanées : (L.) Beger Petroselinum crispum (Mill.) A. W. Hill Datura stramonium L. Phaseolus vulgaris L. Acorus calamus L. Daucus carota L. Pinus sp. Aethusia cynapium L. Dipsacus fullonum L. Pisum sativum s.l. Anthemis cotula L. Eruca sativa Miller Plantago coronopus L. Antirrhinum majus L. Erucastrum sp. Populus nigra L. Artemisia absinthium L. Euphorbia lathyris L. Portulaca tribuberculata Danin et al. L. Asperugo procumbens L. Fagopyrum esculentum Moench Prunus armeniaca L. Ballota nigra L. subsp. foetida (Vis.) Ficus carica L. Prunus avium L. Hayek Foeniculum vulgare Miller Prunus cerasus L. Buglossoides arvensis (L.) Johntson Fritillaria imperialis L. Prunus domestica L. Calendula arvensis L. Glycyrrhiza glabra L. Prunus dulcis (Mill.) Webb Centaurea segetum Hill

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Dysphania ambrosioides (L.) Mosyakin Isatis tinctoria L. Origanum vulgare L. & Clemants Kickxia spuria (L.) Dumort. ou K. elatine Papaver rhoeas L. Chelidonium majus L. (L.) Dumort Parietaria judaica L. Glebionis segetum (L.) Fourr. Lamium album L. Physalis alkekengi L. Conium maculatum L. Lapsana communis L. Scandix pecten-veneris L. Cynoglossum officinale L. Linaria vulgaris Miller Sempervivum tectorum L. s.l. Digitalis purpurea L. Lychnis coronaria (L.) Desr. Sideritis hirsuta L. ? Erysimum cheiri (L.) Crantz Lycopsis arvensis L. Silene coronaria (L.) Clairv. Euphorbia sp. Lysimachia arvensis (L.) U.Manns & Sinapis alba L. Foeniculum vulgare Miller Anderb. Stachys germanica L. Fumaria officinalis L. s.L. Lysimachia foemina (Mill.) U.Manns Glaucium flavum Crantz & Anderb. (ou forme bleue de Stachys recta L. ? Heliotropium europaeum L. L. arvensis) Tlapsi arvense L. Hylotelephium telephium (L.) Ohba Lycopsis arvensis L. Umbilicus rupestris (Salib.) Dandy ? Hyoscyamus niger L. Malva neglecta Wallr. Urtica urens L. Hypericum androsaemum L. Marrubium vulgare L. Valerianella locusta (L.) Laterr. Inula helenium L. Mercurialis annua L. Verbascum blattaria L. Iris germanica L. Nigella arvensis L. Xanthium strumarium L.

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