LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

LE FEUILLETON ALEXANDRE GRANDEUR OU DÉCADENCE DES INTELLECTUELS? DE PIERRE LEPAPE VIALATTE Le débat sur le dernier livre de Régis Debray L’« Histoire de la langue page V pages VI et VII française » poursuit son aventure en explorant les années 1945-2000 STEFAN ZWEIG REBECCA WEST page II page IV a Au sommaire : page III Black Le romancier afro-américain John Edgar Wideman invente une nouvelle texture littéraire dynamite en décolonisant

de rencontre. La silhouette est cel- la langue de la culture le d’un adolescent vêtu de noir, chaussures de sport, pantalon, dominante blouson et jusqu’au bonnet de laine perché au-dessus des – celle des Blancs oreilles. John Edgar Wideman, qui donne des cours à l’université u lieu de poser des du Massachusetts, est aussi un man, où des voix s’enchevêtrent bombes, au lieu de lancer des pier- New-Yorkais à temps partiel. dans des phrases extraordinaire- resA ou de se coucher en travers C’est donc dans un quelconque ment fluides et musicales, puise à des routes, au lieu de s’enchaîner restaurant rouge et clinquant de la source de l’enfance. «La aux arbres, John Edgar Wideman la 57e Rue que le voilà picorant meilleure écriture est celle qui par- Rebecca West. écrit des livres. Des romans, vrai- des calamars frits, au fond d’une vient à récupérer – au sens prous- ment ? Les livres sont-ils jamais grande assiette. Saisissant délica- tien – ce langage constitué de mou- parvenus à faire tomber les injus- tement les mets du bout des vements et d’odeurs autant que de tices ou à libérer les opprimés ? doigts, Wideman évoque le quar- mots. Ce langage, le plus authenti- Pas en un seul jour, certes, mais tier noir de Pittsburgh, la ville de que pour un individu, qui commen- au bout du compte, peut-être. Du Pennsylvanie où il a passé son ce à prendre forme dans les bras moins, après que l’écho de leurs enfance et une partie de sa jeu- de votre mère, lorsqu’elle vous tient phrases aura fait son chemin nesse. « Mon pays natal, mais éga- contre elle, vous berce, vous chante dans les esprits – surtout si la lement mon lieu de naissance ima- des comptines. » L’image du nour- musique même de ces phrases ginaire », dit-il. Cet endroit nom- risson, qui « sait que le monde dis- résonne comme une forme de mé Homewood, le romancier en a paraît quand il ferme les yeux », JEAN-CHRISTIAN BOURCART/RAPHO subversion. fait le décor de plusieurs de ses revient à diverses reprises dans Tel est, en tout cas, l’espoir de récits. Et aussi celui d’une malé- son dernier roman. premières pages, volontairement le aussi, plus lointaine, de John langage que pour mieux en élabo- John Edgar Wideman, auteur afro- diction que Wideman a expéri- Pour espérer retrouver ces sen- déconcertantes (« c’est une sorte Africa, le leader assassiné du grou- rer un autre, merveilleux de pléni- américain lancé dans une extraor- mentée dans sa propre chair. Car sations très anciennes, l’écrivain de contrat avec le lecteur, affirme pe de rebelles décimé par la poli- tude et de liberté. dinaire entreprise de décolonisa- là-bas, les garçons meurent par doit retourner encore et encore l’écrivain. Une manière de lui ce de Philadelphie, en 1985 (évé- tion du langage. Mieux qu’un dizaines, tués pour rien – comme aux lieux symboliques de la prime dire : attention, il ne va pas suffire nement qui figurait déjà dans L’In- (1) Gallimard, 1994, 1996 et 1998. épais bâton de dynamite, ses tex- les fils de Kossima, la narratrice enfance, éliminer les réflexes de rester passivement assis sur cendie de Philadelphie). John Afri- (2) éditions Jacques Bertoin, 1990. tes font voler en éclats les frontiè- de Deux villes. Comme aussi les inculqués par l’école, gratter les votre derrière, on n’est pas au ca n’est plus, mais il parle encore, res d’une langue imposée par la enfants de ceux qui venaient con- couches d’académisme et de McDo. Il va falloir danser avec dans un livre envahi de fantômes. e Yves-Charles Grandjeat vient de culture dominante – celle des culture imposée. moi, me répondre »), des voix sur- L’absence est un personnage écra- consacrer une étude à l’œuvre de Blancs. Deux villes, son cinquième « Ecrire n’a pas de gissent, s’emmêlent et se répon- sant de ce roman où règne l’idée John Edgar Wideman (Belin, « Voix livre, s’inscrit pleinement dans la Raphaëlle Rérolle sens, si l’on n’arrive dent, de chapitre en chapitre. Cel- de chute et de désolation, mais américaines »). logique brûlante et hautement pas à transmettre cela le de Kossima, la femme blessée aussi de résurrection par l’esprit politique qui était aussi celle de sulter Reuben, le petit avocat bos- à ses lecteurs. C’est pour cette rai- qui refuse de se laisser embar- et les sens. M. Mallory, le photo- DEUX VILLES Reuben,deL’Incendie de Philadel- su. Comme le fils de John Edgar son que mes livres reviennent sans quer dans un nouvel amour, celle graphe acharné à saisir ce qui ne (Two Cities) Vialatte. La fin phie ou du Massacre du bétail, ses Wideman lui-même, emprisonné cesse à Pittsburgh et à Philadel- de Robert, le quinquagénaire ama- se voit pas, dit ainsi que nous de John Edgar Wideman. précédents romans (1). Et cela en pour meurtre à l’âge de seize ans, phie, les villes où j’ai appris à sentir teur de basket, celle de Martin « devons prendre le risque de per- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) demeurant un magnifique mor- mort en détention. Et, d’une cer- et à parler ma langue originelle, Mallory, le vieux photographe dre ce que nous voyons si nous vou- par Jean-Pierre Richard, ceau de littérature et de passion. taine façon, comme le frère du explique le romancier. Ce langage qui peut être envisagé comme lons vraiment le voir ». John Edgar Gallimard, « Du monde entier », Récompensé à deux reprises par romancier, mort socialement lors- est un outil. Si vous apprenez à une métaphore de l’écrivain. Cel- Wideman, lui, n’a « perdu » son 278p.,145F(22,10¤). le prestigieux PEN/Faulkner qu’il fut emprisonné à vie. Le dia- vous en servir, il ne vous connecte Award, John Edgar Wideman est logue avec ce frère avait donné pas seulement avec le passé, mais sans doute l’un des écrivains les lieu à un livre bouleversant, vous ouvre sur l’avenir. D’une cer- plus originaux et les plus doués publié en français sous le titre taine façon, il vous fait grandir. » de sa génération. Suis-je le gardien de mon frère ? La nouvelle texture littéraire Cet espoir de libération par le (2) Un ouvrage qui coïncidait inventée par Wideman à partir de texte a ses limites, ses failles, ses avec une crise de conscience ces impressions premières est heures creuses. En exergue de aiguë de la part d’un auteur long- une manière d’« utiliser toutes les son nouveau roman, John Edgar temps pris entre deux cultures. ressources de la langue», dit-il, Wideman a inscrit un nom, gravé Issu d’une famille noire très de « rendre les différentes parties sur le papier comme sur une pier- modeste, John Edgar Wideman du discours conscientes d’elles- re tombale : «OMAR était aussi un élève brillant et un mêmes ». Donc, de déstabiliser le WIDEMAN/ 1971-1992 ». Puis la champion de basket-ball. En inté- langage courant, normatif, préten- phrase suivante, triste et solennel- grant l’université de Philadelphie, dument supérieur. « La tradition le : « In memoriam/ Nous n’avons à la fin de ses études secondaires, afro-américaine a engendré un lan- pas fait l’effort suffisant. » Qui il se retrouva dans une situation gage secret, qui multipliait les était-il, ce jeune mort dont l’om- « traumatisante » et relativement codes afin d’exclure les Européens. bre invite le lecteur à pénétrer douloureuse. « Je me suis senti soli- Ce besoin n’a d’ailleurs pas dispa- dans un cimetière ? «Undemes taire et complètement déplacé. ru. Moi, je ne veux pas être un mes- neveux qui a été tué dans un com- Dans le hall de l’université, j’étais sager et je vais d’ailleurs contre le bat de rue », explique l’auteur, la plupart du temps le seul Noir au secret, la réserve, en publiant mes dont l’œuvre est jonchée des milieu des Blancs. Au bout d’une livres. Mais j’essaie cependant de des intellectuels ? cadavres de ces « jeunes Noirs » semaine, je suis rentré chez moi conserver les caractéristiques de ce qui « s’abattent entre eux »,com- très déprimé, avec l’intention de ne discours. » Et de participer à me le proclamait rageusement le plus y retourner. » Il y retourna. l’émancipation des Afro-Améri- prologue du Massacre du bétail. Mais avec, en germe, la révolte cains, même s’il se désole d’être Grand, mince, athlétique encore qui devait aboutir à une recher- inaccessible à une large majorité pour ses presque soixante ans, che littéraire orientée vers le mon- d’entre eux. l’homme est entré d’un air con- de de ses frères, celui de sa « lan- Le résultat de cette recherche, traint dans le hall du grand hôtel gue originelle ». Car l’écriture si tel qu’il se manifeste dans Deux new-yorkais choisi comme point particulière de John Edgar Wide- villes, est époustouflant. Passé les www.lemonde.fr 56e ANNÉE – Nº 17384 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Jacques Chirac s’explique b Les affaires, l’Europe, la Corse, le calendrier électoral au menu de l’intervention du président b En pleine polémique sur les marchés truqués d’Ile-de-France, le chef de l’Etat s’exprime sur le financement occulte des partis et la corruption

LES DÉCISIONS contestées du sommet européen de Nice, le pro- jet de statut de la Corse sur lequel il ne s’est jamais exprimé, la volon- té de Lionel Jospin d’inverser le calendrier électoral de 2002 pour faire passer la présidentielle avant RUTH WALZ les législatives. Et surtout les affai- res à propos desquelles, selon tous THÉÂTRE PAUL BUCK/AFP les sondages, les Français le pres- L’ÉPILOGUE DU FEUILLETON AMÉRICAIN sent de s’expliquer. C’est sur ce dos- sier, notamment le système de « Faust », e financement de partis par les mar- W. Bush, 43 président des Etats-Unis chés truqués des lycées d’Ile-de- France, que l’intervention de Jac- l’intégrale AU TERME de cinq semaines depuis plus d’un siècle à accéder à ques Chirac, jeudi dans le Journal d’une bataille politico-juridique la Maison Blanche sans avoir obte- de 20 heures de TF1, était le plus A Berlin, Peter Stein présente l’intégra- sans précédent dans l’histoire du nu la majorité des suffrages populai- attendue. Son entourage admet le du Faust de Goethe. Vingt et une pays, le vice-président Albert Gore res. S’adressant au pays, peu après que son jugement sur le témoigna- heures d’un spectacle marathon répar- a reconnu, mercredi 13 décembre, l’allocution de son adversaire démo- ge posthume de Jean-Claude Méry ties sur deux jours pour une œuvre la victoire à l’élection présidentielle crate, M. Bush a assuré qu’il s’effor- qui le mettait en cause – « abraca- réputée injouable. Aboutissement de du républicain George W. Bush. Le cerait d’être un président de conci- dabrantesque », avait-il dit –, est gouverneur du Texas devient le qua- liation et s’attacherait à panser les largement dépassé. Les Français douze ans d’efforts pour le metteur en rante-troisièmeprésident des Etats- plaies laissées par une bataille politi- attendent du président qu’il s’expli- scène allemand, le pari est réussi grâce, Unis. Le fils de l’ancien président que particulièrement dure. que sur le rôle tenu par la Mairie de en particulier, à Bruno Ganz (en photo George Bush prêtera serment le Paris, au moment où il la dirigeait, avec Corinna Kirchhoff en Hélène de b 6 janvier avant de s’installer à la Lire pages 2, 3, 4 et 20, dans l’organisation d’un système Affaires : la partie la plus attendue de l’intervention p. 8 et 9 Troie) qui s’est laissé convaincre de Maison Blanche deux semaines notre éditorial page 19 de financement occulte de partis b La démission du procureur général Alexandre Benmakhlouf p. 9 jouer le rôle-titre. Le comédien sait ren- plus tard. Agé de cinquante quatre et la chronique politiques, le RPR en premier lieu, b Calendrier électoral : l’analyse de Jérôme Jaffré p. 19 ans, il est le premier président de Pierre Georges page 39 mais aussi le PS et l’ex-PR. b Statut de la Corse : le chef de l’Etat sort d’un long silence p. 39 dre l’allemand musical. p. 34 et 35 Nouvelles mesures L’étrange douceur de notre automne indien qui fait gonfler les rivières QUELLE est donc cette drôle de saison qui plus à s’écouler et à s’infiltrer, ce qui entraîne est simple. Le déferlement de dépressions, anti-vache folle voit reverdir une végétation prête à hiberner, localement des inondations » encore aggravées habituel en automne, n’a été interrompu par fondre la neige et gonfler les rivières ? Un sur les côtes sud de la Bretagne lorsqu’elles se aucun intermède anticyclonique. La tentation S’EXPRIMANT lors de la clô- étrange automne indien s’est installé ces der- combinent à de fortes marées. Les températu- est donc grande, alors qu’on s’apprête à com- a ture des Etats généraux de nières semaines de la France à la Scandinavie. res aussi atteignent des niveaux surprenants. mémorer les deux tempêtes de décembre 1999 l’alimentation, mercredi 13 décem- Météo France prévoit un rafraîchissement « On a enregistré un pic de douceur extraordi- et que vient de s’achever à La Haye la conféren- bre, Lionel Jospin a annoncé la mise dans les prochains jours, mais pas l’arrivée du naire dans la nuit du 7 au 8 décembre », remar- ce sur le réchauffement climatique, de relier

en place, dès janvier 2001, d’un dépis- vrai froid. Il s’agirait plutôt d’un retour aux que Patrick Galois : 17 ˚C à Paris, 19 ˚C à l’épisode actuel à la hausse des températures D.R. tage systématique des bovins de plus fameuses « valeurs saisonnières » que le ther- Angers et Poitiers, et 21 ˚C à Chambéry et Gre- annoncée par les climatologues. JEUX de trente mois entrant dans la chaîne momètre a pris pour habitude d’ignorer. « Pas noble, alors qu’à cette époque, sur la région « Les modèles climatiques prévoient que la alimentaire. Estimant que les « chif- tant par les valeurs absolues atteintes que par la nord, la moyenne des températures diurnes fri- ligne de partage entre fonte et enneigement va fres en augmentation ne signifient pas persistance du phénomène », résume Patrick se les 4 ˚C ! Certaines villes de l’est, comme remonter. Il est aussi certain qu’on s’attend à Des millions que la sécurité et la qualité de l’alimen- Galois, prévisionniste à Météo France. Reims, Langres et… Berlin, n’ont toujours pas l’avenir à une plus grande fréquence de périodes tation se dégradent » mais « que l’on Le total des précipitations d’octobre et de observé la plus petite gelée. Du jamais-vu. douces », confirme Hervé Le Treut, du labora- pour tous détecte mieux », le premier ministre a novembre établit le « record absolu » du demi- L’une des conséquences immédiates de toire de météorologie dynamique de l’Institut évoqué la construction d’un « modè- siècle. Deux à trois fois plus que la normale sur cette chaleur est l’absence de neige sur les Vos- Pierre-Simon-Laplace (IPSL). Mais il ajoute Tout le monde va pouvoir jouer à le alimentaire », « où l’alimentation la majeure partie du pays. Et même quatre fois ges et le Massif Central, sa fonte sur les Préal- aussitôt que « l’épisode que nous traversons est, « Qui veut gagner des millions ? » n’est pas un marché formaté par une dans les Alpes-Maritimes. Nice, qui a reçu pes et le Jura. A contrario, les Alpes ont enregis- d’un point de vue climatique, très limité dans le grâce au jeu de société qui s’inspire de logique industrielle ». Selon la revue 690 mm de précipitations en deux mois, pulvé- tré de fortes chutes à la mi-octobre. Dans la temps. Il faut donc se garder d’en faire une la célèbre émission de TF 1. Il en coûte- Nature, parue jeudi 14 décembre, au rise la cote atteinte en 1951 (488,8 mm d’eau). Vanoise, l’Oisans et la haute Maurienne, l’en- manifestation du réchauffement ». On manque ra 399 francs, et l’on ne gagnera pas moins cent animaux contaminés Au nord, Boulogne a essuyé 501 mm de pluie, neigement reste très excédentaire, au-dessus encore de statistiques sur ce sujet pour tran- d’argent. L’émission emblématique de seraient entrés, en France, en 2000, contre 308 en 1997. Les pluviomètres du parc de 1 600 mètres. « Cela préfigure peut-être cher. Mais il s’agit peut-être d’un avant-goût dans la chaîne alimentaire. Montsouris à Paris ont recueilli 228,4 mm l’évolution de l’enneigement au siècle pro- de la douceur automnale de la France de 2050. la croissance économique et de l’ar- d’eau. Quinze millimètres de plus qu’à l’autom- chain », avance Patrick Galois. gent facile trouve ainsi sa version Lire page 22 ne 1966. « Les sols sont saturés. L’eau n’arrive Pour l’heure, l’explication météorologique Hervé Morin familiale. p. 32 L’art Europe, la fin à l’école du « jardin à la française » C’EST DE NICE, et sous prési- avec le Portugal et l’Espagne. La dence française, qu’il faudra dans France a toujours été soucieuse l’avenir dater la disparition d’une d’équilibrer l’extension de l’Union certaine Europe, la fin d’un mode européenne vers le nord ou vers d’organisation et de pensée de la l’est par l’arrivée de nouveaux politique européenne. L’Europe ne membres ou de nouveaux candi- D.R. sera plus désormais ce « jardin à la dats issus du sud. Elle a même pen- ENQUÊTE française » que définissait naguère sé, à un moment du premier sep- un conseiller de l’ancien chance- tennat de François Mitterrand, lier Helmut Kohl, pour bien mar- que le « socialisme méditerra- Le faux espion JACK LANG quer que le Marché commun puis néen » ferait contrepoids à la la Communauté européenne démocratie chrétienne. En vain. de la DST LE MINISTRE de l’éducation avaient été conçus à Paris et Paradoxalement, l’arrivée d’un Alexis de Gosson de Varennes, quatre- nationale a présenté, jeudi 14 dé- construits selon les principes de président italien à la tête de la cembre, un plan de cinq ans pour le l’administration française. Pour Commission de Bruxelles a donné vingt-trois ans, vit chichement à Nice développement des arts et de la comprendre l’Europe, « il faut être une tournure plus anglo-saxonne entouré d’archives et de souvenirs. culture à l’école. Jack Lang prévoit ou génial ou français », a coutume aux autorités communautaires. Ex-diplomate français en poste en Alle- 20 000 classes à « projets artistiques de dire Madeleine Albright. Les Les fonctionnaires britanniques magne de 1945 à 1974, il a été soup- et culturels », en septembre 2001, partenaires de la France le déplo- peuvent rivaliser avec leurs collè- çonné par la DST d’être un espion des dans l’enseignement primaire. raient mais s’en accommodaient. gues français dans la connaissance pays de l’Est, ce qui a brisé sa carrière. Il Ce temps est passé. Et le Conseil des dossiers ; la langue anglaise se bat vainement pour obtenir sa réha- Lire page 12 européen de Nice marque à bien gagne du terrain au fur et à mesu- des égards un point de rupture. re qu’arrivent de nouveaux Etats bilitation alors que le directeur de la Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, Certes, il y a déjà quelques membres ; l’organisation interne DST de l’époque admet l’« insuffi- 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; années que la France et ses fonc- de l’administration communautai- sance » des « faits relevés ». p. 17 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- tionnaires ne font plus la loi à re est en train d’être réformée par gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Bruxelles ou à Strasbourg. L’hégé- le vice-président Neil Kinnock, un Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International...... 2 Tableau de bord ...... 26 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; monie française a été entamée dès ancien de la gauche travailliste, Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 8 Aujourd’hui ...... 29 le premier élargissement de la qui, après avoir dirigé le parti, sem- Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société...... 12 Météorologie-Jeux...... 33 Communauté à la Grande-Breta- ble s’être rallié au libéralisme du Régions ...... 15 Culture ...... 34 gne, en 1972, et le processus s’est New Labour. Carnet...... 16 Guide culturel ...... 36 accéléré avec les élargissements Horizons ...... 17 Kiosque ...... 37 successifs, bien que Paris ait pen- Daniel Vernet Entreprises...... 22 Abonnements ...... 37 dant quelque temps entretenu l’il- Communication...... 25 Radio-Télévision ...... 38 lusion d’une solidarité « latine » Lire la suite page 19 LeMonde Job: WMQ1512--0002-0 WAS LMQ1512-2 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0260 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

ÉTATS-UNIS Le 43e président des Etats- d’être leur prochain chef d’Etat. b HUIT candidat démocrate, a reconnu sa défaite nouvelle administration, le président élu Unis sera le 20 janvier George W. Bush. Le ANS après l’élection de Bill Clinton, un au lendemain de la décision de la Cour su- devrait faire appel à des personnes expéri- gouverneur du Texas, âgé de 54 ans, a re- membre de la famille Bush revient à la Mai- prême des Etats-Unis et lancé un appel à mentées qui ont fait leurs preuves dans mercié, mercredi soir 13 décembre, les son Blanche et les républicains contrôlent l’unité des Américains derrière celui qui fut l’administration de George Bush père. (Lire Américains pour le « grand privilège » l’ensemble des pouvoirs. b AL GORE, le son adversaire. b POUR CONSTITUER sa aussi notre éditorial page 19.) George W. Bush entrera à la Maison Blanche le 20 janvier 2001 Al Gore s’est finalement plié à la décision de la Cour suprême des Etats-Unis et a reconnu sa défaite. Les grands électeurs se réuniront le 18 décembre pour désigner le nouveau président, qui a promis de réconcilier les Américains WASHINGTON mocrate. Dick Cheney, le futur campagne bien plus que des appels développé un programme qu’il voit des impôts d’une manière « éten- celui prononcé par son père après de notre correspondant vice-président, devait recevoir jeu- à l’unité contredits dans les faits. comme « l’essence du conservatisme due, juste et fiscalement respon- sa défaite au Sénat en 1970, n’a pas Le passage de l’ère Clinton-Gore di les clés des bureaux officiels mis C’est à quoi il s’est appliqué en li- compassionnel qui sera le fondement sable », politique étrangère biparti- failli à la tradition, parlant avec une à celle de George W. Bush, le pre- à la disposition de l’équipe de tran- sant son discours. de [son] administration ». Et il a sane et prise en compte de émotion et quelques touches d’hu- mier président du 3e millénaire, sition. Dans la meilleure tradition de tendu la main vers un électorat « certains des problèmes les plus mour que l’Amérique ne lui s’est effectué en un peu plus d’une « W » avait du mal à dissimuler l’unanimisme cher aux Américains, noir qui l’a rejeté encore plus mas- profonds de notre société, individu connaissait pas. Il a fait tout ce que heure, mercredi 13 décembre, au sa jubilation après cinq semaines il a retourné à Al Gore l’hommage sivement qu’aucun candidat répu- par individu », par le biais d’orga- cet exercice exigeait de lui : re- lendemain de la décision de la Cour d’émotions intenses et un succès à que celui-ci venait de lui rendre, blicain et qui a l’impression de nismes privés plus que par l’aide connaître sa défaite et appeler ses suprême donnant la victoire au l’arraché obtenu devant les tribu- confirmant que les deux hommes s’être fait voler son vote par les publique. Enfin, après avoir de- amis à s’unir derrière le vainqueur gouverneur du Texas, une des plus naux plus que dans les urnes, avec allaient se rencontrer mardi pro- manœuvres du camp républicain. mandé à ses compatriotes de prier et à oublier leur rancœur. Au point controversées de l’histoire. Mais, 338 000 voix de moins qu’Al Gore. chain à Washington. « Nous avons pour l’Amérique, pour lui et pour que l’on aurait pu avoir l’impres- cette fois, le ton était différent : Une telle défaite victorieuse, obte- eu de vifs désaccords. Et, à la fin, SIX OBJECTIFS Al Gore, il a conclu : « Je n’ai pas sion que s’il avait parlé de la sorte d’un bureau de la Maison Blanche, nue par le truchement des grands nous avons trouvé un consensus Mais un discours de futur pré- été élu pour servir un parti, mais la dans la campagne l’issue aurait été Al Gore a reconnu de bonne grâce électeurs dans ce système à deux constructif. C’est une expérience que sident n’est plus un discours de nation (...). Que vous ayez voté pour inversée. Al Gore ne s’est pas la victoire de son rival à 21 heures, tours, ne s’était pas vue depuis je porterai toujours avec moi, un candidat, et « W » a remanié son moi ou non, je ferai de mon mieux comporté comme les républicains et ce dernier en a peu après remer- celle de Benjamin Harrison en exemple que je suivrai toujours », a- programme pour tenir compte des pour servir vos intérêts et je travaille- n’avaient cessé de le caricaturer : cié le vaincu. Le président élu 1888. Ayant senti le vent du boulet, t-il déclaré. Optimiste sur un nouvelles circonstances et dévoilé rai à mériter votre respect. » après avoir tout fait pour que tous – c’est désormais son titre jusqu’à ayant sans doute même cru un bref « changement de ton à Washington six objectifs pour « unir et inspirer On a coutume de dire que le dis- les votes de Floride soient comptés, son intronisation le 20 janvier – moment, à la fin de la semaine der- DC », la capitale fédérale jusque-là les citoyens américains » : remise en cours d’un candidat battu est le il a rendu les armes avec dignité. s’est pour la première fois adressé nière, qu’il pouvait perdre, M. Bush vouée aux gémonies, sur le « désir ordre de l’enseignement public, ré- plus important – et le plus difficile Mais il n’a pas abandonné les prin- à la nation de la tribune de la se devait de s’élever au-dessus de de réconciliation et d’unité de l’Amé- forme du système des retraites et – de sa carrière. Al Gore, qui se cipes pour lesquels il s’était battu. Chambre du Texas, à majorité dé- l’esprit partisan qui a caractérisé sa rique », le prochain 43e président a de la protection sociale, réduction souvient encore avec émotion de « Se battre », ce verbe a marqué son discours comme il avait été le leitmotiv de sa campagne. « Je n’ai Pas de politique à la Cour suprême ? qu’un seul regret, a-t-il dit, celui de n’avoir pas l’occasion de continuer à Au lendemain de l’arrêt de la Cour suprême offrant la présidence Gore : « C’est ça l’Amérique » me battre pour le peuple américain au républicain George W. Bush à une voix de majorité, l’un des neuf « IL Y A quelques instants, j’ai parlé avec George W. Je le suis aussi. (...) Et je dis aux autres membres de la pendant les quatre prochaines an- membres de la Cour, Clarence Thomas, nommé par George Bush père Bush et je l’ai félicité d’être devenu le 43e président des communauté internationale que personne ne doit voir nées, en particulier pour ceux qui ont en 1991, a réfuté l’hypothèse que des considérations politiques entrent Etats-Unis, et je lui ai promis de ne pas le rappeler dans cette compétition un signe de faiblesse de l’Amé- besoin qu’on les décharge de leur en ligne de compte dans les décisions de la Cour. Intervenant devant cette fois-ci. Je lui ai proposé de le rencontrer le plus rique. La force de la démocratie américaine se révèle le fardeau ou qu’on enlève les bar- un groupe d’étudiants lors d’une allocution diffusée par la chaîne câ- rapidement possible pour plus clairement à travers les difficultés qu’elle peut sur- rières, ou pour ceux qui sentent que blée C-Span, Clarence Thomas a été amené à répondre aux questions. commencer à panser les blessures monter. (...) J’appelle tous les Américains et je prie tous leur voix n’a pas été entendue. Je Quel rôle joue l’affiliation politique d’un juge dans ses décisions ? a de la campagne et de l’affronte- ceux qui nous ont soutenus de s’unir derrière notre vous ai entendu et je n’oublierai demandé un étudiant. « Zéro », a répondu le magistrat, dont l’épouse, ment qui vient de se terminer. (...) prochain président. C’est ça l’Amérique. De même que pas. » Bref, il entend poursuivre le Virginia, fait partie d’un think tank républicain chargé de recruter les La Cour suprême a parlé. Qu’il n’y nous bataillons dur quand les enjeux sont élevés, de combat, sans doute pour obtenir futurs membres de l’administration Bush. « N’essayez pas d’appliquer ait aucun doute là-dessus : bien même nous serrons les rangs et revenons l’un vers l’investiture de son parti en 2004 les règles du monde politique à cette institution », a-t-il prévenu. que je sois en profond désaccord l’autre quand la compétition s’achève (...). contre ce même George W. Bush Le magistrat a aussi implicitement critiqué sa consœur Ruth Bader avec la décision de la Cour, je l’ac- » Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Comme qu’il félicite aujourd’hui. Et, s’il a Ginsburg, l’une des 4 juges minoritaires. Celle-ci avait conclu son opi- cepte. (...) Et ce soir, pour le bien beaucoup d’entre vous, je compte passer les fêtes de accepté la sentence de la Cour su- nion dissidente par ces mots, très remarqués : « Je ne suis pas d’ac- de l’unité de notre peuple et la force de notre démo- fin d’année avec ma famille et mes amis. Je vais passer prême qui a anéanti ses derniers cord. » Or, a rappelé Clarence Thomas, la formule consacrée est : «Je cratie, je reconnais ma défaite (...). du temps au Tennessee, où j’ai du travail à faire, au espoirs, il a exprimé son « profond ne suis respectueusement pas d’accord »... » Je sais que beaucoup de mes partisans sont déçus. sens propre comme au sens figuré. » désaccord » sur une décision qu’il juge injuste. Enfin, se moquer de soi-même dans de telles circonstances n’est pas chose aisée. Al Gore s’y est es- Bush : « Mettre la politique derrière nous » sayé non sans courage, en disant « CET ESPRIT de coopération rière. Ensemble, nous allons sauver qu’il avait promis au téléphone à est ce dont on a besoin à Washing- les retraites et renouveler notre George W. Bush de ne pas revenir ton DC. C’est le défi du moment. promesse d’une retraite sûre pour sur son retrait de la course comme Après une élection difficile, nous les générations à venir. Ensemble, il l’avait fait au petit matin du 8 no- devons mettre la politique derrière nous allons donner aux Américains vembre lorsqu’il avait appris que le nous et œuvrer les baisses d’impôts étendues, score de Floride était si serré qu’un ensemble pour justes et fiscalement responsables recompte était nécessaire. Et il a que les pro- qu’ils méritent. Ensemble, nous al- conclu en s’appliquant à lui-même messes de lons avoir une politique étrangère les mots qu’il avait eus envers l’Amérique bipartisane fidèle à nos valeurs et à George Bush père après la victoire soient dispo- nos amis, et des forces armées démocrate de 1992 : « Et mainte- nibles à tous prêtes à faire face à n’importe quel nant, mes amis, dans une phrase que nos citoyens défi et supérieures à n’importe j’avais adressée jadis à d’autres, il est (...). quel adversaire. Ensemble, nous temps pour moi de m’en aller. » On » Ensemble, allons faire face à certains des pro- peut comprendre qu’un tel dis- nous allons travailler pour que blèmes les plus profonds de notre cours ait été couvert d’éloges non toutes nos écoles publiques soient société, individu par individu (...). seulement par les démocrates mais excellentes, pour enseigner à tout C’est l’essence du conservatisme aussi par des républicains. élève de quelque origine ou accent, compassionnel qui sera le fonde- pour ne laisser aucun enfant der- ment de mon administration. » Patrice de Beer Concert de louanges pour lancer le processus de guérison NEW YORK semblement, de compromis, de coopération, de de notre correspondante grâce, d’élégance, de « la force de notre système » et, Il est un rituel très américain, qui se répète inva- surtout, de guérison. riablement et de manière parfaitement rassurante « Sur Capitol Hill, tout le monde pose la même chaque fois que le pays se relève d’une catastrophe : question : comment panser les blessures ? », rappor- le désir d’y mettre un point final, presque physique, tait du Congrès la journaliste d’une chaîne de télé- qui symbolise la conclusion (closure) du drame, à vision. Quelques sénateurs semblèrent avoir trouvé partir de laquelle peut commencer le « processus de la réponse : encenser le candidat du camp opposé. Al guérison » (healing process). On l’a vu après les Gore, confiait le républicain Pete Domenici, « est un émeutes de Los Angeles, après l’attentat d’Oklaho- être humain honorable et un grand serviteur de l’Etat ma City, après le massacre du lycée Columbine à Lit- qui vient de connaître un enfer ». « Cela a été un che- tleton, dans le Colorado. Il arrive même aux familles min long et tortueux pour tout le monde », a renchéri des victimes de meurtres de justifier leur présence à son collègue du Dakota du Sud, le démocrate Byron l’exécution de l’assassin par la nécessité de cette Dorgan. La sénateur républicaine Olympia Snowe a « conclusion » : « Maintenant, le processus de guéri- annoncé « une nouvelle ère de coopération ». son peut commencer », disent-elles en sortant. Mercredi 13 décembre, l’Amérique – ou du moins ESPRITS RÉCALCITRANTS ceux qui parlent en son nom – a amorcé sa plongée Soudain, le vice-président Al Gore s’est trouvé pa- dans le processus de guérison, au terme de cinq se- ré de toutes les grâces et pouvait partir la tête haute maines de guérilla politico-judiciaire. La conclusion après son allocution de neuf minutes, sur laquelle on s’est faite en trois temps, ce qui est inhabituel, mais ne tarissait pas d’éloges mercredi soir, du moins jus- la catastrophe était elle-même très inhabituelle : la qu’à ce que le président élu George Bush commen- décision de la Cour suprême a, dans un premier çât la sienne à Austin. M. Bush n’est pas réputé pour temps, apporté mardi soir un espoir de conclusion, ses talents d’orateur, et sa première prestation de qui s’est concrétisé mercredi lorsqu’Al Gore a fait sa- président élu n’aura pas contredit cette réputation, voir qu’il s’adresserait à la nation dans la soirée pour mais personne n’aurait songé à le dire : l’heure était annoncer son retrait. Pour parfaire le tout, George à la guérison, et M. Bush venait de demander à tout W. Bush a apporté sa pierre en prononçant une le monde de « prier pour Al Gore ». heure après M. Gore son discours de clôture de la Comme toujours, il y a eu quelques esprits récalci- saga post-électorale. trants, ceux qui, apparemment, ne veulent pas en- Après des journées où il n’a été question que de tendre parler de conclusion. Le démocrate Charles fièvre, de fureur, de divisions, de tremblements de Rangel, élu de Harlem au Congrès, a résumé leur terre, de spirales incontrôlables et de visions apoca- état d’esprit : « Je ne vois pas pourquoi l’Amérique lyptiques de fin de la démocratie chez le leader du tient tellement à clore cette saga avant qu’on ne sache monde libre, au point que deux des plus grands heb- vraiment ce qui s’est passé, a-t-il dit. Moi je sais une domadaires d’actualité américains sont sortis lundi chose : Al Gore a remporté la majorité des voix. » avec « Chaos » en lettres géantes sur la couverture, il n’a plus été question mercredi que d’union, de ras- S. K. LeMonde Job: WMQ1512--0003-0 WAS LMQ1512-3 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0261 Lcp: 700 CMYK

L’ÉLECTION DU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 3 a LES SIX PROCHES DU PRÉSIDENT ÉLU AFP REUTERS AFP REUTERS REUTERS AFP a DICK CHENEY a COLIN POWELL a CONDOLEEZZA RICE a ANDREW CARD a KARL ROVE a LAURA BUSH 59 ans, le futur 63 ans, devrait diriger 45 ans, devrait prendre 53 ans, ancien 49 ans, a été recruté 53 ans, la nouvelle vice-président. la diplomatie la tête du Conseil secrétaire aux par George Bush première dame se Il a été secrétaire américaine de la national de sécurité. transports, est père, en 1980, qualifie elle-même à la défense dans nouvelle Spécialiste de également un proche pour sa première d’« épouse l’administration de administration. Ce l’Europe de l’Est de l’ancien président campagne électorale. traditionnelle ». Elle George Bush père. Sa général, d’origine et du contrôle Bush. Représentant Ce consultant n’a fait son entrée en santé est un problème. jamaïcaine, a été des armements, du lobby automobile, politique, stratège politique qu’en juillet Fin novembre, il a le chef d’état-major elle compte également il devrait devenir de George W. Bush, à l’occasion souffert d’un général du président dans les vétérans le secrétaire général deviendrait de la convention quatrième accident Bush durant la guerre de l’équipe à la Maison le porte-parole républicaine cardiaque. du Golfe. Bush père. Blanche. de la présidence. de Philadelphie. Des collaborateurs qui ont fait leurs preuves avec M. Bush père WASHINGTON leur nomination par un Sénat divi- nière de promouvoir nos intérêts et prendrait la tête du Conseil natio- de notre correspondant sé 50-50 ne s’achèvent pas avant la ceux de la paix. Nous avons parlé de nal économique ou du Conseil des Il aura fallu attendre plusieurs fin de 2001, sinon au début de 2002. commerce international, des priori- conseillers économiques. semaines pour que George W. Il ne fait plus guère de doute que tés à définir, y compris de s’assurer Pour la défense, on avait un Bush nomme les premiers le général Colin Powell, chef d’état- que nos amis sachent qu’ils sont nos temps parlé de l’ex-sénateur démo- membres de son équipe de transi- major général du président Bush amis ». crate modéré et président de la tion, chargée de préparer son éven- père durant la guerre du Golfe, de- En revanche, le nom du prochain Commission des affaires militaires, tuelle accession à la Maison viendra secrétaire d’Etat. Il a été re- secrétaire au Trésor demeure incer- Sam Nunn. Il aurait symbolisé l’ou- Blanche le 20 janvier. Il a commen- çu dans son ranch par « W », de tain. On cite des personnalités de verture dont a beaucoup parlé cé avec deux vieux routiers de la même que Condoleezza Rice, char- Wall Street comme Donald Mar- « W », même s’il ne l’a guère prati- politique, des fidèles de son père, gée des affaires russes au Conseil ron, président de PaineWebber, quée durant la campagne. Mais, l’ex-président Bush, qui avaient national de sécurité entre 1989 et Walter Shipley ou John Hennessy, dans l’atmosphère partisane du participé il y a huit ans à la transi- 1992, prendra la tête du NSC. Tous qui ont dirigé respectivement la jour, Sam Nunn s’est désisté. Il fau- tion difficile avec Bill Clinton et deux sont des Noirs, et leur pro- banque Chase Manhattan et le dra chercher d’autres démocrates auxquels il offre, en quelque sorte, d’une pointure inférieure, mais au- une revanche. Son colistier et an- cun nom n’a encore été avancé cien secrétaire à la défense, Dick Une épouse discrète et bibliothécaire avec certitude. Sont évoquées, en Cheney, est à la tête de cette revanche, les arrivées de plusieurs équipe avec, à ses côtés, Andrew Discrète et souriante, Laura Bush, cinquante-trois ans, a réapparu gouverneurs républicains dans le Card, ancien secrétaire aux trans- aux côtés de George W. Bush pour son discours de victoire, mercredi, cabinet, comme Marc Racicot ports et représentant du lobby au- après être restée dans l’ombre depuis le jour de l’élection, alors (Montana), Tommy Thompson tomobile. Ari Fleischer, un des qu’elle avait été très présente pendant la campagne. Ancienne bi- (Wisconsin), Tom Ridge (Pennsyl- porte-parole de « W », est chargé bliothécaire d’écoles publiques, elle est mariée depuis vingt-trois vanie) ou John Engler (Michigan). des mêmes fonctions tandis que ans à M. Bush, qu’elle a connu à Midland, la ville du Texas où elle vi- Car George W. devra démontrer Clay Johnson, secrétaire général du vait comme lui. Ils ont deux filles jumelles de dix-huit ans, rentrées à qu’il est son propre homme et qu’il gouverneur du Texas à Austin et l’université cette année. n’est pas seulement le représentant son voisin de chambre à Yale, a été Comme première dame du Texas, elle a limité son rôle à la promo- des anciens des présidences Rea- dépêché à Washington avec le tion de la lecture et à la création d’un festival du livre. A la Maison gan et Bush père. même titre. Blanche, elle ne devrait pas avoir un rôle de premier plan : « Je ne me Enfin, George W. Bush a déjà Il va falloir procéder avec célérité considère pas comme un conseiller de George, a-t-elle confié pendant la annoncé qu’il amènerait avec lui à étant donné que plus de la moitié campagne, je me considère comme sa femme. » – (Corresp.) la Maison Blanche son équipe des dix semaines prévues pour la rapprochée d’Austin, qui travaille transition (du 8 novembre au à ses côtés depuis des années et 20 janvier) ont déjà été perdues en motion à des postes de cette im- Crédit Suisse First Boston. « W » qui a fait sa campagne. Les contestations. Or cette période portance sera une première. Le gé- semble connaître peu de monde membres de cette « bande des permet au futur président de néral Powell est connu pour être dans le milieu de la finance, dont il quatre », composée du président mettre en place le noyau dur de ses peu favorable à des interventions aura bien besoin en cas d’« atter- de sa campagne, le pétrolier Don collaborateurs pour être opéra- militaires à l’étranger et Mme Rice a rissage sans douceur » de l’écono- Evans, de son stratège politique, tionnel dès son entrée en fonc- récemment recommandé un retrait mie ou s’il compte appliquer ses Karl Rove, de sa directrice de la tions. Il va donc expédier d’urgence des soldats américains des Balkans. projets de baisse massive des im- communication, Karen Hughes, et les dossiers longs et détaillés que pôts et de privatisation partielle de Joshua Bolten, n’auront peut- chaque candidat à un poste de res- « BANDE DES QUATRE » des systèmes sociaux. Son père être pas des postes de première ponsabilité doit remplir pour être « J’accorde beaucoup d’impor- n’avait pas eu de très bonnes rela- ligne, mais ils resteront à portée examiné par le FBI, ce qui peut tance à son avis », a dit de Mme Rice, tions avec le président de la Fed, de voix du bureau Ovale, prêts à prendre des mois. Et il est fort pos- vendredi 8 décembre, le futur pré- Alan Greenspan. Son principal donner leur avis. sible que la certification de la nou- sident, qui a ajouté avoir parlé avec conseiller économique, le très velle équipe et la ratification de Colin Powell « de la meilleure ma- conservateur Lawrence Lindsey, P. de B. Maison Blanche, Congrès et Cour suprême sont dans le camp républicain

NEW YORK de désignation du président qui jorité de 60 voix pour soumettre au tielle, affirme Albert Wynn, repré- de notre correspondante s’étaient élevés tout de suite après vote la plupart des textes, et le chef sentant démocrate du Maryland. Je Image symbolique s’il en est, le le scrutin du 7 novembre se sont de la majorité républicaine ne pense qu’ils seront très, très moti- président élu républicain George tus depuis. Mais les historiens ne pourra donc rien faire s’il ne s’as- vés. » Au Sénat, 33 sièges seront à W. Bush a choisi de prononcer son manquent pas de souligner qu’au- sure pas la coopération des démo- renouveler, dont 20 républicains : discours victorieux, mercredi 13 dé- cun des prédécesseurs de M. Bush crates. Ceux-ci comptent en outre là aussi, les démocrates espèrent en cembre, depuis la Chambre des re- qui ont souffert de la même mé- quelques personnalités de poids au grignoter suffisamment pour faire saventure n’est parvenu à se faire Sénat qui se feront fort de ne pas basculer la majorité. ANALYSE réélire au bout de quatre ans : on laisser la bride sur le cou aux répu- Pour l’ancien membre du Le parti de « W » peut rêver de fondations plus so- blicains : Hillary Clinton, Joe Lie- Congrès démocrate Lee Hamilton, lides pour entamer une présidence. berman (qui retrouve son siège s’il veut prouver sa volonté de dé- contrôle tous les pouvoirs Le futur président Bush va après avoir perdu la course à la passer les clivages politiques, pour la première fois d’autre part gouverner avec une Maison Blanche aux côtés d’Al George W. Bush devrait commen- depuis Eisenhower majorité républicaine dans les deux Gore) en sont quelques-uns. cer par promouvoir une réforme chambres du Congrès, un luxe que du système électoral. Son autre n’avait pas, par exemple, l’un de SPHÈRES D’INFLUENCE priorité, vraisemblablement, sera présentants du Texas, ou démo- ses illustres prédécesseurs républi- De nouvelles sphères d’influence l’éducation, puis la réforme des ré- crates et républicains l’ont applaudi cains, Ronald Reagan, flanqué se dessinent au sein du futur Sénat, gimes de retraite, puis des réduc- du même élan. Le message est d’une majorité démocrate. Mais susceptibles de pousser des dos- tions d’impôts moins ambitieuses clair : après cinq semaines d’un cette majorité est si étroite et le siers spécifiques, indépendamment que promis. Ceux qui connaissent combat féroce, il sera l’homme du Congrès si divisé que M. Bush ne de la Maison Blanche et de la direc- bien le gouverneur du Texas et rassemblement, comme il a su disposera en réalité que d’une tion du Parti républicain : le savent que son point fort est de l’être comme gouverneur du Texas. faible marge de manœuvre. A la groupes des femmes, désormais faire travailler les gens ensemble Aussi paradoxal que cela puisse pa- Chambre des représentants, les ré- porté à treize (dix démocrates, trois prévoient qu’il concentrera ses ef- raître pour un parti qui contrôlera, publicains ont 221 sièges contre 211 républicaines, qui ont prévu de se forts sur l’harmonie nationale, dé- en janvier prochain, tous les leviers aux démocrates. Au Sénat, la situa- réunir une fois par mois), les indé- léguant à d’autres le programme du pouvoir fédéral − la Maison tion est bien plus précaire : cin- pendants, comme John McCain ou législatif. Blanche, le Congrès, la Cour su- quante républicains contre cin- Robert Torricelli qui, bien qu’affi- S’il choisit, comme il l’a promis, prême − pour la première fois de- quante démocrates, le futur liés à un parti, ont leurs propres in- la voie de la coopération, en inté- puis la présidence Eisenhower vice-président, Dick Cheney, ap- térêts – la réforme du financement grant des démocrates dans son ad- (1956-1960), M. Bush n’a en réalité portant la voix qui les départagera. des partis, par exemple ; l’hebdo- ministration et en tendant la main pas d’autre choix, tant cette vic- Déjà, les démocrates ont commen- madaire Business Week identifie à l’opposition au Congrès, le futur toire républicaine de l’an 2000 est cé à réclamer une répartition équi- aussi le groupe des ex-gouver- président Bush a des chances limitée par les résultats du vote po- table des puissantes commissions neurs, celui des centristes, et celui d’échapper à la paralysie. Mais pulaire et ternie par l’issue ambi- du Sénat, de leur budget, du per- des défenseurs de l’industrie high beaucoup d’experts prévoient alors guë de la bataille électorale. sonnel qui leur est alloué ; certains tech, menés par la nouvelle séna- qu’il se trouvera en porte-à-faux M. Bush est d’abord le premier républicains modérés, comme le teur de l’Etat de Washington, la dé- avec la droite de son parti, qui n’est président américain, depuis cent- sénateur John McCain, y sont mocrate Maria Cantwell, ex-PDG pas d’humeur conciliante. « Nous vingt-quatre ans, à accéder à la favorables. de RealNetworks. avons la Chambre, nous avons le Sé- Maison Blanche sans avoir obtenu La Chambre des représentants nat et nous avons la Maison Blanche, la majorité du vote populaire ; c’est PERSONNALITÉS DE POIDS risque de rentrer très vite en cam- a claironné la semaine dernière son adversaire Al Gore qui a rem- « Nous serons la conscience de la pagne électorale, ce qui ne favorise Tom DeLay, l’un des responsables porté cette majorité, avec un peu nation », a promis mercredi le sé- généralement pas la coopération de la majorité républicaine au plus de 330 000 voix d’avance au nateur démocrate du Vermont Pa- inter-partis. Les midterm elections, Congrès et star de la droite. Ce qui niveau national. Il est aussi le pre- trick Leahy, au lendemain de la dé- en 2002, vont revêtir une impor- veut dire que nous contrôlons l’ordre mier à y être installé par la Cour su- cision de la Cour suprême qui a tance particulière car les démo- du jour. » M. DeLay a beau être prême avec une voix de majorité. donné la présidence à M. Bush. Le crates pensent avoir de bonnes texan comme le président élu, il ne La légitimité de son élection n’est Sénat a d’autant plus de chances chances de les remporter en capita- tient pas tout à fait le même lan- pas remise en cause pour autant ; il d’être, sous la présidence Bush, un lisant sur la frustration qu’aura en- gage. L’avenir dira lequel parlera le est d’ailleurs intéressant de consta- centre de pouvoir important que gendrée la défaite d’Al Gore à la plus fort. ter que les appels à l’abandon du ses règles de fonctionnement favo- base ; « Nos militants considèrent collège électoral comme système risent le consensus : il faut une ma- qu’ils se sont fait voler la présiden- Sylvie Kauffmann LeMonde Job: WMQ1512--0004-0 WAS LMQ1512-4 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0262 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 L’ÉLECTION DU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS Côte d’Ivoire : le parti de M. Gbagbo vainqueur des législatives ABIDJAN. Le Front populaire ivoirien (FPI) du président Laurent Gbagbo est le grand vainqueur des élections législatives de di- manche, selon les résultats définitifs publiés mercredi 13 dé- cembre. Alors que la participation a été très faible (33 %), le FPI a obtenu 96 sièges (sur 225) contre 77 au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’ancien parti unique. 27 autres sièges, situés dans le nord du pays, demeureront vacants jusqu’à ce que le scrutin puisse s’y dérouler dans des conditions normales. Pour sa part, le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara exige de nouvelles élections dans l’ensemble du pays. « Nous demandons purement et simplement l’annulation de ce scru- tin qui n’a aucune validité et qui a besoin donc de traduire de ma- nière véritable toutes les sensibilités politiques », a déclaré l’ancien premier ministre, interdit coup sur coup de présidentielle et de lé- gislatives par la Cour suprême pour « nationalité douteuse ». – (Reuters.) Programmé pour gagner, Al Gore a réussi à perdre Naufrage de boat people en route WASHINGTON électeurs ont manifesté la volonté sur l’aile gauche démocrate, sans sion qui lui a collé à la peau. Pre- vers l’Australie : 163 disparus de notre correspondant de voter Gore à l’issue d’une mobi- laquelle il ne pouvait gagner. Or ce nant ses décisions en petit comité Erreurs personnelles, straté- lisation sans précédent des Noirs sont les 80 000 voix pour Nader en avec sa famille, il a souvent changé CANBERRA. Quelque cent soixante-trois boat people venant d’In- giques et tactiques, erreurs de pro- et des retraités, même si un sys- Floride qui ont scellé le sort d’Al de conseillers, donnant une im- donésie, qui tentaient de gagner l’Australie, se sont apparemment gramme et de prévision, campagne tème défaillant et des irrégularités Gore. pression d’isolement et d’incohé- noyés à la suite du naufrage de leurs deux embarcations, a annon- au bord de la fraude ont donné la Il s’est, par ailleurs, montré inca- rence. Aux tentatives de ses adver- cé, mercredi 13 décembre, le ministre australien de l’immigration, ANALYSE victoire à « W ». pable de profiter de l’incroyable saires pour le diaboliser, il n’a su Philip Ruddock. Un pétrolier japonais aurait recueilli quatre resca- Incapacité à déléguer, Mais le vice-président a été trahi prospérité apportée par l’ère Clin- opposer qu’une attitude compas- pés. Les deux embarcations avaient quitté l’Indonésie la semaine par l’incurie dans son propre ton, un argument de campagne sée et un message répétitif. Dans dernière et auraient dû arriver à Ashmore ce week-end. négligences, occasions camp. Ce sont des mouvements inestimable. Peu avant le scrutin, ce monde dominé par la télévision En avril, trois bateaux de boat people transportant plus de 250 per- perdues... les multiples noirs pro-démocrates qui, après des politologues avaient publié et l’immédiat dans lequel l’appa- sonnes avaient disparu par gros temps entre l’Indonésie et l’Aus- raisons d’un échec avoir mobilisé leurs membres, ont dans le Washington Post une équa- rence l’emporte souvent sur la tralie. Le gouvernement de Canberra estime qu’un tiers des ba- négligé de vérifier que leur vote tion complexe, dont il ressortait substance, l’inexpérience désin- teaux tentant d’amener des clandestins en Australie ne était pris en compte. C’est dans qu’un candidat surfant sur un volte de « W » – bien emballée par parviennent pas à destination. – (Reuters.) mal gérée, manque de sens poli- trois comtés démocrates que l’on a boom ne pouvait perdre, et qui d’excellents conseilleurs média- tique, alliés qui, comme en Floride, constaté le plus de dysfonctionne- donnait donc à Al Gore la victoire tiques – a attiré autant d’Améri- DÉPÊCHES ont montré leur incompétence et ments aux dépens d’électeurs d’Al par plusieurs points. Or, non seule- cains que la longue expérience d’Al a BURUNDI : la conférence des donateurs a entendu l’appel lan- leur manque de fiabilité, la liste est Gore : bulletins peu clairs, ma- ment il n’a pas su, ni voulu, profi- Gore. cé à Paris par l’ancien président sud-africain Nelson Mandela et longue des raisons qui peuvent chines désuètes... Ce sont des ter de son association au président Que d’occasions perdues qui, décidé un rétablissement de l’aide internationale à ce pays ravagé être avancées pour expliquer qu’Al commissions électorales démo- sortant – qui continue de battre dans une Amérique coupée en par sept années de guerre civile. Le Burundi a obtenu la promesse Gore ait pu se faire coiffer sur le fil crates qui ont été incapables de dé- des records de popularité –, mais il deux, lui ont fait manqué les quel- d’une aide d’environ 440 millions de dollars (518 millions d’euros), par un candidat bien moins quali- pouiller à temps les bulletins a tout fait pour prendre ses dis- ques centaines de voix qui auraient au terme de la conférence coprésidée par la Banque mondiale et le fié, alors qu’il bénéficiait du sou- contestés dont les avocats du vice- tances. Ce qui lui a fait perdre de fait la différence ! Plusieurs démo- Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui tien de l’appareil présidentiel et président espéraient retirer la vic- précieuses voix. « Il aurait pu dire : crates se sont plaints de cette in- s’est déroulée lundi 11 et mardi 12 décembre à Paris. – (AFP.) d’un excellent bilan économique. toire ; à Palm Beach, ils ont pris un je suis un des auteurs de cette pros- conséquence et ont regretté qu’Al a NIGERIA : l’ancien dirigeant militaire Sani Abacha a été as- Al Gore a, pendant toute cette jour de congé pour terminer deux périté, mais je n’ai jamais baissé Gore ait gaspillé une élection en or. sassiné par son ami proche et ancien ministre Jerry Useni, a affirmé période, fait montre d’une indé- heures trop tard ! Et il semble que mon pantalon devant une autre que Mis sur la touche alors qu’il au- à la presse un ancien gouverneur. Sani Abacha, décédé le 8 juin niable ténacité. Jamais il n’a baissé le maire démocrate de Miami ait ma femme, et il aurait été élu haut rait pu se montrer utile, Bill Clin- 1998, officiellement d’une crise cardiaque, s’est vu offrir une les bras après un coup du sort, re- incité à l’interruption de ce dé- la main », dit crûment une univer- ton a ironisé sur l’incroyable ca- pomme empoisonnée par deux prostituées engagées par M. Useni, partant à chaque fois, aussi déter- compte ; ce Cubain-Américain, est sitaire. fouillage que le pays vient de vivre. selon l’ancien gouverneur militaire de l’Etat de Borno (nord-est), miné que jamais, franchissant resté à l’écart de la campagne, mé- Al Gore a gaspillé son meilleur Al Gore risque d’en payer le prix l’ex-capitaine Lawal Haruna. Selon ce dernier, le général Abacha chaque obstacle à l’arraché, parfois content dit-on de l’attitude de la atout et géré son image en dépit dans quatre ans, quand ses amis avait, avant sa mort, échappé à deux tentatives de meurtre. – sans gloire mais avec efficacité. Maison Blanche concernant Elian du bon sens. Alors que le point fort hésiteront à confier à nouveau leur (AFP.) Son ambition de devenir président, Gonzalez. M. Gore n’a même pas de « W » a été l’équipe soudée qui sort à un homme qui, selon le pro- a SAHARA OCCIDENTAL : le Front polisario a annoncé, mer- mais aussi son souci du détail, son su profiter d’avoir pris parti pour travaille pour lui depuis une décen- verbe anglais, a réussi, face à un ri- credi, la libération, jeudi 14 décembre, de 201 prisonniers de guerre implication dans la gestion quoti- les Cubains de Miami. nie, il est apparu indécis, il a prêté val somme toute médiocre, à marocains à titre humanitaire à l’occasion du mois sacré du rama- dienne de la campagne – à l’oppo- le flanc aux critiques du GOP transformer une victoire en dé- dan. La plupart d’entre eux étaient aux mains du Polisario depuis sé de George W. Bush, qui s’est, lit- SOUS-ESTIMATION DU DANGER (Grand Old Party) le présentant faite. plus de vingt ans. Un communiqué du mouvement indépendantiste téralement, reposé sur son Il se mordra longtemps les doigts comme une girouette tournant de l’ancienne colonie espagnole rappelle que plus de 800 captifs équipe – y ont été pour beaucoup. d’avoir négligé son propre Etat, le avec le vent des sondages, impres- Patrice de Beer marocains ont été libérés ces six dernières années alors que Mais son incapacité à déléguer est Tennessee, dont les onze grands 150 combattants du Polisario et 207 détenus politiques sahraouis aussi sans doute responsable de électeurs lui auraient ouvert la sont encore aux mains du Maroc. – (AFP.) son échec. Maison Blanche, qu’il perd pour a MAURITANIE : l’opposant politique Ahmed Ould Daddah a C’est en Floride qu’il a perdu trois votes. De même qu’il lui avait été remis en liberté par la police mauritanienne, mardi 12 dé- l’élection, on ne l’a que trop vu de- fallu des mois d’efforts pour rattra- Félicitations au président élu cembre, après avoir été arrêté trois jours plus tôt à son retour de puis un mois. Or c’est là qu’Al Gore per son retard après avoir sous-es- DE NOMBREUX DIRI- votre présidence, afin d’aider les France. Ould Daddah, qui semblait en bonne forme lors de sa libé- et son colistier Joe Lieberman timé la menace du sénateur Bill GEANTS ont adressé leurs félici- relations sino-américaines à se ration, s’est refusé à toute déclaration devant les journalistes pré- avaient fait les plus gros efforts Bradley. Sorti en tête des pri- tations à George W. Bush pour développer régulièrement et har- sents. – (Reuters.) pour faire basculer cet Etat-clé ré- maires, il a disparu de la scène po- sa victoire à l’élection présiden- monieusement. » a CHINE : Pékin va acheter quatre avions-radars A-50 à la Rus- publicain gouverné par le frère de litique en avril, laissant le terrain tielle. b Allemagne. Le chancelier sie, malgré l’inquiétude de Washington concernant des ventes George W. Bush, Jeb. Personne n’y libre pour le gouverneur du Texas. b Japon. Parmi les premiers, allemand, Gerhard Schröder, a d’armes russes sophistiquées à Pékin. C’est le ministère russe de la croyait, et pourtant ce travail a Il a enfin réalisé le danger repré- le premier ministre japonais, souligné dans son message de défense qui l’a annoncé, mercredi 13 décembre, à Moscou. Il s’agit payé puisque plus de la moitié des senté par Ralph Nader, qui mordait Yoshiro Mori, a exprimé l’espoir félicitations que le nom de Bush d’avions capables de guider des raids aériens offensifs à longue que son élection contribuerait à est populaire en Allemagne en distance et de faire la police du ciel. Il y a six mois, Washington un renforcement de l’alliance raison du rôle joué par le père du avait fait pression sur Taïwan pour qu’il renonce – ce qui fut fait – à entre leurs deux pays. Les diri- président élu en faveur de la réu- acquérir en Israël des Falcon équipés d’un système de pré-alerte geants japonais ont salué nification de l’Allemagne, en comme un avion-radar. – (AFP.) l’importance que le président élu 1990. « Je vous souhaite bonne a TRINITE ET TOBAGO : le premier ministre sortant, Basdeo attache à l’alliance nippo-améri- chance et du succès dans vos Panday, s’est proclamé vainqueur des élections législatives or- caine qualifiée par le ministre fonctions de président des Etats- ganisées lundi 11 décembre. Le Congrès national unifié (UNC), de des affaires étrangères, Yohei Unis », a écrit le chancelier. M. Panday, a remporté 19 sièges, trois de plus que le Mouvement Kono, de « pierre d’angle de la b Royaume-Uni. Le premier national populaire (PNM), le parti regroupant les électeurs d’ori- paix et de la stabilité » dans la ré- ministre britannique, Tony Blair, gine africaine qui tentait de reconquérir le pouvoir qu’il avait per- gion Asie-Pacifique. « Nous qui a noué des relations amicales du il y a cinq ans. Malgré plusieurs scandales de corruption, Bas- sommes encouragés par le fait avec l’actuel président Clinton deo Panday a bénéficié du dynamisme de l’économie dont la que le président élu Bush a sou- auquel il est souvent comparé, a croissance a atteint près de 8 % cette année grâce à la forte hausse ligné pendant sa campagne l’im- également félicité jeudi matin le des prix des hydrocarbures. – (Corresp.) portance du renforcement de l’al- président élu. Il lui a précisé qu’il a PRESSE : deux cent vingt journalistes ont été assassinés au liance nippo-américaine », a dit espère « renforcer l’amitié spé- cours des dix dernières années en Amérique latine, tandis que Yashuo Fukuda, porte-parole du ciale » qui lie leurs deux pays. cinquante autres sont portés disparus et que mille cinq cents ont gouvernement. b Irlande. Le premier ministre été soumis à des agressions, selon un rapport publié mercredi b Chine. Le président élu, qui irlandais, Bertie Ahern, qui vient 13 décembre par l’Institut interaméricain des droits de l’homme. au cours de sa campagne a insis- de recevoir le président Clinton Son directeur, le Salvadorien Roberto Cuellar, a déclaré à des jour- té sur l’importance des relations en visite officielle, s’est égale- nalistes que, malgré les progrès de la démocratie, « on observait avec la Chine, qualifiée de ment félicité de l’élection de toujours une peur de la liberté et que nous hésitions à nous ouvrir da- « concurrent stratégique » des George W. Bush. Il s’est réjoui de vantage à la démocratie ». – (AFP.) Etats-Unis, a reçu les encourage- son engagement en faveur du ments de Jiang Zemin, président processus de paix en Irlande du chinois. Dans son message, Jiang Nord. Il a rappelé que le gou- Les chrétiens militant contre Zemin a offert d’œuvrer avec lui verneur Bush et le Parti républi- au développement des relations cain avaient approuvé les ac- sino-américaines. « Je suis dési- cords de paix du vendredi saint, la torture écrivent à Jacques Chirac reux, a-t-il écrit, de faire avec signés en avril 1998. – (AFP, Reu- vous des efforts conjoints pendant ters.) PARIS. L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), qui réunit des personnalités et militants de toutes les confessions chrétiennes, a adressé une lettre ouverte, en date du La grâce de l’Américain Edmond Pope a été confirmée 29 novembre, au président Jacques Chirac sur la torture en Algérie. L’ACAT demande au chef de l’Etat de « reconnaître et condamner Le jour de la désignation du nouveau président des Etats-Unis, de façon officielle (...)la torture et les assassinats pendant la guerre la grâce de l’Américain Edmond Pope, accusé d’espionnage, a été d’Algérie », de « condamner la torture en tous lieux », de « dénoncer confirmée par le président russe Vladimir Poutine. M. Pope avait les propos inacceptables de généraux, lorsqu’ils affirment que la tor- été condamné, le 6 décembre à Moscou, à vingt ans de camp. ture est un mal nécessaire en temps de guerre ». Il lui demande en- L’agence Interfax a indiqué que le président Poutine, en visite à core de « faciliter à cet égard le travail de mémoire ». Le conseil de Cuba, avait signé un décret de grâce indiquant que M. Pope serait la Fédération protestante de France (FPF), présidé par le pasteur libéré de prison en vertu des « principes d’humanisme » et « compte Jean-Arnold de Clermont, s’est déclaré en plein accord avec les de- tenu de l’état de santé du condamné et (...) du haut niveau de rela- mandes formulées dans ce texte et annonce qu’il s’associe à cette tions entre les Etats-Unis et la Russie ». Edmond Pope, âgé de cin- démarche. quante-quatre ans, souffre d’une forme rare de cancer des os. Il Pour sa part, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel était détenu depuis le mois d’avril à la prison de Lefortovo à Mos- (CSA) Hervé Bourges, appelle Français et Algériens à accomplir un cou. Il avait été accusé de s’être procuré des informations secrètes travail de mémoire pour parvenir à une véritable réconciliation. concernant un type de torpille sous-marine russe. M. Pope n’a ces- Dans un entretien publiée par le quotidien L’Humanité du 14 dé- sé de clamer son innocence. Pour des raisons de procédure, indi- cembre, celui qui fut conseiller technique d’Ahmed Ben Bella, pre- quait-on à Moscou, le président Poutine n’était légalement habili- mier chef d’Etat de l’Algérie indépendante, se déclare toutefois op- té à gracier Edmond Pope qu’à partir du 14 décembre. L’Américain posé à l’idée d’une « repentance » de la France. Edmond Pope a quitté la Russie jeudi. LeMonde Job: WMQ1512--0005-0 WAS LMQ1512-5 Op.: XX Rev.: 13-12-00 T.: 14:43 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0263 Lcp: 700 CMYK

???????????????? LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 5 LeMonde Job: WMQ1512--0006-0 WAS LMQ1512-6 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0264 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 INTERNATIONAL

Bill Clinton a été accueilli La Knesset vote un amendement pouvant permettre en héros en Irlande du Nord à Benyamin Nétanyaou de revenir au pouvoir Le président américain n’est pas parvenu La date limite pour le dépôt des candidatures au poste de premier ministre est le 25 décembre à débloquer la situation à Belfast, Benyamin Nétanyahou a franchi un obstacle de la Knesset ont voté en faveur d’un amendement actuelle ne donne ce privilège qu’aux députés, ce plus sur la voie de son retour au pouvoir. Mercre- à la loi électorale autorisant la candidature de que le prédécesseur d’Ehoud Barak à la tête du où le processus de paix est « en crise » di 13 décembre, 67 des 120 députés qui siègent à tout citoyen au poste de premier ministre. La loi gouvernement n’était plus depuis 1999. BELFAST nome depuis quelques mois. Mais JÉRUSALEM quelques semaines, les pointages il a, aussitôt, demandé audience qu’un « Bibi » à la tête d’une ma- de notre envoyé spécial rien à faire. Pressé par son aile dure, de notre correspondant les plus minutieux indiquaient au mentor spirituel du parti, le jorité parlementaire stable, et Rien à faire. Cette miraculeuse qui menace une nouvelle fois de le Benyamin Nétanyaou avait dé- qu’il ne manquait qu’une seule rabbin Ovadia Yossef. donc indéboulonnable. « magie clintonienne » que le pre- congédier fin janvier s’il n’obtient missionné de toute responsabilité voix pour atteindre l’objectif. Ces considérations, ajoutées à mier ministre, Tony Blair, évoquait, pas de résultats – ce qui aboutirait au soir de sa défaite électorale, le Mais les derniers sondages ont re- SUBTILS CALCULS quelques autres plus personnelles, mercredi 13 décembre, à Belfast en de facto à la dissolution du premier 17 mai 1999. L’amendement qui a froidi les ardeurs de beaucoup, et Ehoud Barak, lui aussi, a évalué suscitent un débat politicien obs- présence du président sortant des gouvernement bi-confessionnel été adopté, mercredi 13 dé- surtout des 17 élus du parti ultra- la fragilité des principes du Shass. cur et peu glorieux où entrent en Etats-Unis, n’a pas permis de déblo- dans l’histoire de la province –, Da- cembre, en lecture préliminaire à orthodoxe Shass sans lesquels au- Alors que sa démission surprise, compte : l’ordre du jour d’un as- quer l’impasse politique dans la- vid Trimble, premier ministre en la Knesset, et qui lui permettrait cune majorité n’est aujourd’hui sans dissolution du Parlement, semblée invitée, comme en quelle les parties en présence, en Ir- exercice, continue de réclamer ce de briguer à nouveau le poste de possible. avait été analysée, à juste titre, France à propos des élections lé- lande du Nord, se sont une nouvelle qui semble présentement impos- premier ministre, doit encore pas- Toutes les enquêtes indiquent comme un moyen d’interdire à gislatives et présidentielle, à se fois engluées. Pour reprendre les sible : un début de désarmement de ser la barre de trois autres lec- en effet qu’en cas d’élections gé- son dangereux rival de faire acte prononcer sur l’amendement Né- mots de Gerry Kelly, l’un des diri- l’IRA. Le groupe paramilitaire répu- tures formelles pour acquérir tanyahou avant ou après la loi sur geants républicains du Sinn Fein, la blicain a promis, en mai, qu’il met- force de loi. Et les juristes s’af- la dissolution ; une proposition de branche politique de l’Armée répu- trait lui-même tout son arsenal frontent pour savoir s’il convient Cinq Palestiniens tués en vingt-quatre heures loi demandant que la durée entre blicaine irlandaise (IRA), le proces- « hors d’usage, de manière véri- de mettre en place une procédure la démission du premier ministre sus de paix est encore une fois «en fiable ». Mais à son heure et, en tout d’urgence permettant de boucler Des soldats israéliens ont tué par balles, jeudi 14 décembre, un Pa- et l’élection de son successeur soit crise », mais nul n’imagine encore cas, pas avant que l’armée britan- l’affaire avant le 25 décembre, lestinien et en ont blessé trois autres dans l’attaque d’un minibus portée de soixante à quatre-vingt- que celle-ci puisse conduire à la nique ait démantelé son appareil sé- date limite du dépôt des candida- dans la bande de Gaza, a-t-on affirmé de source proche des services dix jours ; une autre proposition mort des accords d’avril 1998. Trop curitaire, allégé mais toujours tures. de sécurité palestiniens. De son côté, Radio-Israël déclare que l’ar- de loi demandant la suppression de chemin parcouru, trop d’avan- présent dans les régions frontalières S’il désire vivement revenir au mée a ouvert le feu sur un nombre indéterminé de « terroristes ». de l’actuelle loi électorale et son tages économiques engrangés de entre la République d’Irlande et la affaires, « Bibi », ainsi que De source palestinienne, on indique que les victimes faisaient par- remplacement par le système an- part et d’autre du fossé communau- province britannique du Nord. nombre d’Israéliens l’ont surnom- tie d’un groupe de cinq Palestiniens attaqués alors qu’ils circulaient térieur ; les dates limites au-delà taire, trop d’intérêts en jeu. Contrai- Le Sinn Fein réclame aussi la mise mé, affirme cependant qu’il ne le à bord d’un minibus près de la colonie de peuplement juive de Kfar desquelles aucun nouvel acte de rement à d’autres processus de paix en œuvre rapide d’une profonde ré- fera qu’à la faveur d’élections gé- Darom. Mercredi, l’armée israélienne a abattu quatre policiers lors candidature n’est acceptable ; les initiés ou soutenus par Washington, forme de la police locale – dominée nérales, et non pas sous le couvert d’une fusillade à Gaza. Il s’agissait d’un des affrontements les plus débats internes des partis qui s’af- celui d’Irlande du Nord a toutes les à 93 % par des protestants – que le d’une « loi Nétanyahou » taillée sanglants depuis le début de la nouvelle Intifada palestinienne, frontent sur la légalité de leurs chances de se poursuivre et, si Bill parti de David Trimble, sans parler spécialement à sa mesure. Nulle fin septembre. – (Reuters.) procédures respectives pour dési- Clinton a choisi d’y associer une des extrémistes unionistes de Ian modestie dans cette condition gner leurs candidats. dernière fois son nom avant d’aban- Paisley, rejette énergiquement. Et mais plutôt une observation évi- A droite, Ariel Sharon est tou- donner formellement, nul, ici, ne le pendant ce temps, les dissidents dente : à cause de l’éparpillement nérales, le Shass perdrait, au pro- de candidature, le premier mi- jours en lice contre Benyamin Né- lui reproche. violents, de part et d’autre, re- des voix, la Knesset actuelle est fit du Likoud, un nombre signifi- nistre et une partie des siens ont tanyahou qui, peut-être, n’aura Pour sa troisième et ultime tour- prennent du poil de la bête : encore tout simplement ingouvernable, catif de ses mandats, prix qu’il ne pourtant voté en faveur de pas le droit de se présenter ; à née « ès qualité » dans ce petit dix-huit personnes tuées cette an- ce qu’Ehoud Barak constate tous semble actuellement pas disposé l’amendement Nétanyahou. Cette gauche, où Ehoud Barak a été dé- « pays » de moins de deux millions née pour des raisons sectaires en Ir- les jours à ses dépens. à payer pour aider M. Nétanya- apparente incohérence dissimule signé candidat du Parti travail- d’habitants, le président sortant, qui lande du Nord. « En définitive, a Mais dissoudre le Parlement hou à revenir au pouvoir. Il a en réalité de subtils calculs susci- liste, quelques « traîtres » de sa a consacré plus d’efforts que tous conclu M. Clinton, peu importe ce exige une majorité qui paraît au- quand même laissé entendre que tés, eux aussi, par la lecture des formation ont pourtant pris ses prédécesseurs réunis pour y que fait ou non l’Amérique ici, c’est à jourd’hui difficile à réunir. Les si la « loi Nétanyahou » ne passait sondages : tout comme le Shass, contact avec des parlementaires faire régner la paix, a reçu, partout vous tous de vous assurer que vos en- partis de droite, qui s’y essayent pas, alors, peut-être, irait-il jus- les travaillistes risquent de faire du parti Meretz (gauche laïque) où il est passé, au nord comme au fants auront droit à un avenir de depuis l’été, ne sont toujours pas qu’à envisager de voter en faveur les frais d’une élection générale. pour étudier la possibilité d’une sud, un véritable accueil de héros. paix. » parvenus à rassembler les 61 dé- d’une dissolution. En clair : il y a Dans ces conditions, mieux vaut candidature Shimon Pérès ! putés capables de voter une loi place pour la négociation. M. Né- un « Bibi » élu avec une chambre RÉFORME REJETÉE Patrice Claude d’autodissolution. Il y a encore tanyahou a compris le message et ingouvernable, et donc fragile, Georges Marion Toutes les parties en présence l’admettent : sans lui, sans les 600 millions de dollars (705 millions Le parquet russe d’euros) investis ici depuis cinq ans Moscou demande à l’Espagne d’extrader Vladimir Goussinski par les Etats-Unis, les accords du clôt l’affaire Mabetex « vendredi saint » n’auraient sans MOSCOU Most, eux, dénonçaient des « persé- Russie : « Je ne crois pas que le que l’acharnement du parquet doute vu le jour que beaucoup plus de notre correspondante cutions politiques ». Mardi soir, Bal- Kremlin puisse manipuler la justice contre le patron de presse n’avait Mercredi 13 décembre, le par- tard. Bill Clinton l’a candidement Vladimir Goussinski, arrêté par la tasar Garzon, juge de l’Audience espagnole ». Henri Reznik, avocat qu’un seul but : « Mettre sous le quet russe a clôt l’affaire de la so- reconnu, mardi, à Dublin : plus que police espagnole et incarcéré dans nationale – la plus haute instance de Media-Most, n’excluait pas que contrôle de l’Etat une chaîne de télé- ciété suisse Mabetex, soupçonnée ses lointaines racines irlandaises une prison madrilène en attente pénale espagnole –, chargé du dos- des pressions soient exercées par vision indépendante [NTV] et d’avoir versé des pots-de-vin à la – partagées par quarante millions d’une décision sur son extradition sier avait, à l’issue d’un entretien Moscou « au niveau étatique ». Di- d’autres médias. » famille et à des proches de l’ex- d’Américains dont seize prési- vers Moscou : le parquet général de avec M. Goussinski, ordonné la mitri Ostalski, porte-parole du Déjà emprisonné, en juin à Mos- président russe, Boris Eltsine, en dents –, c’est « peut-être l’ambition Russie ne pouvait rêver pareil coup mise en détention provisoire de groupe de presse, espérait, lui, que cou, durant trois jours, Vladimir contrepartie de la rénovation du de remporter quelques voix supplé- de théâtre dans la guerre qu’il mène l’homme d’affaires russe. Le juge « le système judiciaire espagnol ne Goussinski fut inculpé fin sep- Kremlin. Début 1999, le scandale mentaires » qui, au départ, l’incita à depuis quelques mois contre l’oli- Garzon se pliait aux injonctions du devienne pas un jouet entre les mains tembre, alors qu’il s’était déjà réfu- avait ébranlé le clan Eltsine, coû- promettre à l’Irlande du Nord qu’il garque, patron de Media-Most, le procureur, Enrique Molina qui, du parquet russe, qui, depuis des gié à l’étranger, d’« escroquerie à tant son poste à Iouri Skouratov, l’aiderait à trouver la sortie d’un seul groupe de presse à audience quelques heures auparavant, évo- mois, agit selon des motifs poli- large échelle ». Le parquet le soup- le procureur de l’époque. Le juge conflit qui a coûté plus de trois mille nationale, avec la télévision NTV, à quant la gravité de l’escroquerie tiques ». Le département d’Etat çonne d’avoir organisé le transfert Rouslan Tamaïev, chargé du dos- vies en trente ans. se montrer critique envers le pou- présumée d’un « montant de américain a dénoncé « les persé- illégal d’une partie des actifs de sa sier, a affirmé que la famille Elt- En 1994 – et bien que l’IRA n’avait voir. 250 millions de dollars » (295 mil- cutions contre M. Goussinski », esti- société Media-Most vers l’étranger sine n’avait rien à se reprocher, pas encore déclaré de cessez-le- Mercredi 13 décembre, alors que lions d’euros), estimait qu’il existait mant que l’affaire aurait un reten- et d’avoir obtenu des crédits garan- aucun compte en banque n’ayant feu –, le président avait pris le risque Moscou annonçait avoir envoyé en un « risque de fuite ». tissement sur la liberté de la presse tis par le géant russe Gazprom, ga- été découvert en Suisse. Il a aussi de déplaire fortement à Londres en Espagne les documents justifiant la Mercredi, Igor Malachenko, vice- en Russie gés sur des actifs dont l’estimation disculpé Pavel Borodine, l’ancien étant le premier chef de l’exécutif demande d’extradition de M. Gous- président du groupe, jugeait « in- Dans une lettre au président Pou- était ainsi erronée. intendant du Kremlin, au- américain à accorder un visa – et sinski, inculpé d’« escroquerie » en vraisemblable » l’hypothèse d’une tine, les leaders des principaux par- Ces accusations semblent jourd’hui secrétaire de l’union une légitimité internationale – à un Russie, les dirigeants de Media- extradition de son patron vers la tis d’opposition libérale ont estimé étranges à la lumière d’un accord à Russie-Biélorussie. Ce dernier, homme, un « terroriste » dont le vi- l’amiable, conclu le 17 novembre, soupçonné par un juge suisse sage et la voix étaient alors interdits entre Media-Most et Gazprom, son d’avoir touché 25 millions de dol- d’antenne au Royaume-Uni et sans principal actionnaire et créditeur. lars (29 millions d’euros) de pots- qui, pourtant, aucune paix n’eut été Gazprom a finalement accepté de de-vin, fait l’objet d’une enquête possible : Gerry Adams, ancien gué- Le HCR honore les volontaires des Nations unies lever toutes poursuites judiciaires, à Genève. rillero de l’IRA, président d’un parti GENÈVE vers les pays les moins développés. Par ailleurs, des obtenant en remboursement d’un Le parquet russe a tenu à sou- politique qui représente aujourd’hui de notre correspondante experts des pays dits « en développement » purent prêt de 211 millions de dollars – ve- ligner l’innocence de M. Eltsine, au moins 18 % des Irlandais du Les volontaires — pacifiques — des Nations ainsi faire bénéficier de leur expérience. A la fin de nu à échéance en juillet – une aug- bien que ce dernier bénéficie de Nord, le Sinn Fein. unies, qu’il ne faut pas confondre avec les diverses la guerre froide, il fallut faire face à la multiplication mentation de ses parts dans le capi- l’immunité garantie par un décret A Belfast, mardi et mercredi, Bill forces d’intervention onusiennes, viennent de rece- de crises diverses. Les volontaires des Nations unies tal de NTV (de 30 % à 46 %) et du président Vladimir Poutine, si- Clinton a reçu, avec Tony Blair, un à voir, jeudi 14 décembre, la médaille Nansen, au mo- se découvrirent une nouvelle vocation : l’assistance Media-Most (de 14 % à 25 %). gné le 31 décembre, le jour même un les rivaux qui parviennent tant ment même où le Haut-Commissariat des Nations humanitaire en cas de conflits armés. D’autres en- de la démission de son prédéces- bien que mal à gouverner ensemble unies pour les réfugiés (HCR) célèbre le cinquan- gagements ont suivi : aide aux réfugiés, soutien aux Agathe Duparc seur. – (Corresp.) la province britannique semi-auto- tième anniversaire de sa création. Une médaille qui opérations de maintien de la paix, observation du fait référence au dévouement et à l’idéalisme de respect des droits de la personne et accompagne- Fridtjof Nansen, qui, avant même la création des ment de processus démocratiques. Nations unies, avait assumé les fonctions et les res- ponsabilités d’un « haut-commissaire pour les réfu- MOBILISATION RAPIDE ET EFFICACE giés ». Les volontaires des Nations unies ont ensuite été Peu connus du grand public, les volontaires des de tous les « combats », le plus souvent aux avant- Nations unies sont des personnes civiles qui postes de l’organisation mondiale, dont bien sûr le consacrent plusieurs mois, voire plusieurs années HCR. Un des avantages du programme, à savoir sa de leur existence, à la cause du développement ou capacité de mobilisation rapide et efficace de per- de l’action humanitaire sur le terrain. On en compte sonnes compétentes pour une durée déterminée aujourd’hui cinq mille, professionnels des deux — et cela pour un coût acceptable —, allait faire de sexes, originaires de cent quarante pays. Leur acti- lui un partenaire incontournable de l’ensemble de vité se déploie au service des organisations spéciali- l’action des Nations unies sur le terrain au cours sées et au sein des opérations de l’ONU, souvent des années 90. dans des conditions extrêmement difficiles. L’éva- Des réfugiés qui ont su mettre leurs compétences luation récente de l’ensemble des questions ayant au service de leurs prochains ont aussi été ré- trait aux opérations de maintien de la paix, consi- compensés à l’occasion du 50e anniversaire du gnée dans le « rapport Brahimi », a mis en évidence HCR : le docteur Abune Paulos, patriarche de la nécessité d’un recours de plus en plus important l’Eglise orthodoxe Tewahido d’Ethiopie, qui s’est aux volontaires. dévoué en faveur des réfugiés et du dialogue avec C’est en 1970, en pleine guerre froide, que le pro- l’Erythrée ; Jelena Siolajdzic, réfugiée de Sarajevo, gramme des volontaires des Nations unies (VNU) dont le talent de réalisatrice a permis d’établir des fut mis au point, par une résolution de l’Assemblée ponts entre des artistes de différentes origines, générale. Dès le départ, son administration fut cultures et confessions ; le docteur Lao Mong Hay, confiée au Programme des Nations unies pour le directeur de l’Institut khmer pour la démocratie à développement (PNUD). A une époque où les coûts Phnom Penh et pionnier de l’éducation aux droits liés au recrutement des experts augmentait de fa- de la personne dans les camps de réfugiés ; et, en- çon préoccupante, l’idée de créer un corps de pro- fin, le célèbre musicien argentin exilé, Miguel Angel fessionnels porteurs de l’idéal des Nations unies vit Estrella, ancien détenu politique de la prison Liber- le jour. tad en Uruguay et fondateur de l’association Mu- Les « VNUs spécialistes », comme on les appelait sique Espérance. encore alors, ont permis la réalisation d’un transfert de techniques depuis les Etats les plus industriels Isabelle Vichniac LeMonde Job: WMQ1512--0007-0 WAS LMQ1512-7 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0265 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 7

Moncef Marzouki comparaît Amnesty International dénonce devant la justice tunisienne l’institutionnalisation de la torture en Birmanie Ce militant de la LTDH est poursuivi pour « propagation de fausses nouvelles » L’organisation a recueilli les témoignages Les poursuites judiciaires à l’encontre du médecin Mon- doit s’ouvrir samedi 16 décembre à Tunis, tandis que les accablants d’anciens détenus récemment sortis de prison, qui font état cef Marzouki provoquent une important mobilisation en associations de défense des libertés subissent un nou- Tunisie et à l’étranger, notamment à Paris. Son procès veau tour de vis de la part des autorités tunisiennes. de méthodes inhumaines et de mauvais traitements systématiques MÉDECIN de réputation inter- Fin juillet, ce professeur en mé- – notamment la figure embléma- GENÈVE victime qui tourne pendue au pla- sont guère mieux traités. Selon la nationale et militant de longue decine communautaire avait été tique qu’est le professeur améri- de notre correspondant fond, ou à rouler une barre de fer théorie officielle, « la dette du crime date en faveur des libertés, en licencié de son poste d’ensei- cain Vicente Navarro –, des mé- « La torture est pratiquée de ma- sur les tibias du prisonnier jusqu’à doit être rachetée à la sueur du particulier des enfants, le doc- gnant à la faculté de Sousse, decins, des conseillers nière régulière dans toute la Birma- détacher la peau, alors que la va- front », si bien que des centaines, si- teur Moncef Marzouki doit pour « absence non justifiée ». ministériels, ou encore des res- nie, au point de devenir une véritable riante locale du cachot se pratique non des milliers de condamnés ont comparaître, samedi 16 dé- Dans les milieux francophones ponsables syndicaux. institution. » Après l’Organisation durant des semaines, voire des laissé leur peau dans des camps de cembre, devant le tribunal de de la santé publique, en France et Le nom du médecin tunisien internationale du travail (OIT) qui a mois, dans de minuscules cellules travail ou sur les grands chantiers première instance de Tunis. La au Québec notamment, on s’était est, en outre, cité de façon lancé fin novembre une campagne de briques sans air ni lumière, sans d’un régime prétendant sortir le série d’accusations qui pèsent ému du sort réservé à ce médecin presque systématique ces der- sans précédent dans son histoire parler des conditions d’hygiène, de pays du marasme par la construc- sur lui correspondent à des connu pour avoir fait de Sousse niers temps dans les réunions eu- contre la junte de Rangoun pour soins et de nourriture déplorables. tion accélérée d’infrastructures to- peines de vingt ans de prison. Cet un terrain d’expérimentations ropéennes et internationales qui son recours systématique au travail talement négligées pendant des dé- ancien président de la Ligue tuni- parmi les plus dynamiques et les concernent sa discipline. En prin- forcé, Amnesty International a pu- TRAVAIL FORCÉ cennies. Dans les zones de conflits sienne des droits de l’homme plus réussis dans le monde en cipe, le docteur Marzouki aurait blié, mardi 12 décembre, un rapport Amnesty rapporte le témoignage avec les minorités ethniques, d’in- (LTDH), actuel porte-parole du matière de santé publique. L’ex- dû s’exprimer devant l’Union des accablant sur la pratique de tor- d’un jeune homme âgé de vingt- nombrables brimades sont infligées Conseil national pour les libertés périence avait brusquement pris associations européennes de tures couvertes par les autorités trois ans, arrêté pour la première aux hommes, femmes et enfants en Tunisie (CNLT, association fin en 1994, sur décision du mi- santé publique, réunie à Paris du birmanes « pour maintenir la popu- fois neuf ans plus tôt et qui a été enrôlés de force pour servir de por- non reconnue) – deux ONG par- nistère de la santé, mais « l’ac- 14 au 16 décembre, sous prési- lation dans un état de peur. » contraint à se tenir sur la pointe des teurs ou de pisteurs à l’armée. Les ticulièrement dans la ligne de tion, l’enseignement et les écrits du dence française, sur le thème des Le gouvernement militaire a pieds, une punaise sous chaque ta- femmes risquent de surcroît d’être mire du pouvoir en ce moment –, docteur Marzouki sont restés des inégalités de santé. beau se défendre en affirmant que lon, ou à rester agenouillé pendant violées par les soldats. est l’auteur de nombreux ou- modèles pour nous tous », sou- A défaut de pouvoir entendre « la torture est interdite par la loi », de longues périodes sur des pierres Amnesty International évalue à vrages, tous interdits en Tunisie, lignent deux de ses collègues, les leur collègue tunisien, le millier les témoignages recueillis auprès pointues lors d’interrogatoires me- quelque 1700 le nombre des prison- sur la médecine, l’éthique médi- docteurs Virginie Halley des Fon- de participants devaient écouter d’anciens détenus et de réfugiés ré- nés par le service de renseigne- niers politiques en Birmanie, tandis cale et le problème de la démo- taines et Jean-Pierre Deschamps. le 14 au soir la lecture publique cemment sortis de prison se re- ments de l’armée. que près d’un million de personnes cratisation dans les pays arabes « Aucune université, aucune auto- d’un texte écrit par ses soins. Il y coupent et se complètent : mauvais Si les militants naguère affiliés à seraient astreintes au travail forcé musulmans. Il est poursuivi pour rité sanitaire dans le monde n’a était rappelé ce qui constitue leur traitements et méthodes inhu- la Ligue nationale pour la démocra- selon la Confédération internatio- « appartenance à une association jamais licencié un enseignant bril- credo à tous : « La santé publique maines sont monnaie courante der- tie du prix Nobel de la paix Aung nale des syndicats libres, qui a inci- non reconnue » (le CNLT) et lant, sérieux, reconnu, pour “ab- passe d’abord par le respect des rière les murs de geôles où les cap- San Suu Kyi et les adversaires du té l’OIT à sanctionner la junte de « propagation de fausses nouvelles sence injustifiée”, a fortiori après droits de l’homme. » tifs n’ont que le droit de se taire. régime sont les premiers à subir ces Rangoun. de nature à troubler l’ordre pu- lui avoir enlevé la plus grande par- Ainsi, « l’hélicoptère » ou « la route sévices en particulier en début de blic ». tie de ses fonctions », ajoutent ces Florence Beaugé de fer » consistent à frapper une détention, les droit commun ne Jean-Claude Buhrer Le procès du docteur Marzouki deux spécialistes de santé pu- intervient alors que la Tunisie se blique. trouve de nouveau sous les rampes de l’actualité, en raison notamment de la suspension des Le procès intervient activités de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et sur fond de sa mise sous administration judiciaire (Le Monde du 2 dé- de suspension cembre). Ces mesures ont conduit la représentante spéciale des activités du secrétaire général de l’ONU pour la défense des droits de de la Ligue tunisienne l’homme, Mme Jilani, à exprimer « sa vive préoccupation », et Ma- des droits de l’homme rie-Claire Mendès France à se dire « consternée ». Dans une lettre adressée au président Ben Dès septembre, un comité al- Ali, cette militante de longue lait se constituer, en Tunisie, en date en faveur des libertés sou- faveur du docteur Marzouki. ligne que « ceux qui [lui] ont Rassemblant des professionnels conseillé ces mesures n’ont agi ni de la santé, professeurs d’univer- dans [son] intérêt ni dans celui de sité et défenseurs des libertés, il la Tunisie ». dénonce « toutes les persécutions « Je suis une nouvelle fois pour- dont ce médecin est la cible » et suivi pour les deux crimes princi- réclame sa réintégration dans ses paux que l’on peut commettre fonctions. Une pétition de plus dans ce pays : la liberté d’expres- de 500 signatures circule par ail- sion et la liberté d’association, a leurs dans le pays, confirmant déclaré le docteur Marzouki au que la peur recule en dépit du cli- Monde. Vous remarquerez qu’en mat d’intimidation. Tunisie personne n’a jamais été En France, un mouvement de condamné pour terrorisme ou vio- solidarité similaire a vu le jour en lence, mais pour l’exercice de ces octobre et s’est assez vite étendu deux droits fondamentaux. » De- outre-Atlantique. Une lettre a été puis le 23 octobre, le chercheur adressée au ministère tunisien de tunisien est à nouveau interdit de la santé, réunissant dans un voyager, alors qu’il venait de ré- même élan de protestation une cupérer son passeport, après en soixantaine de personnalités de avoir été privé pendant cinq ans. tous horizons : des universitaires Des dizaines de morts en Algérie depuis le début de la semaine EN cette période de ramadan, bombardements intenses par hé- l’Algérie est en proie à une vague licoptères, et à partir de bâti- de violence qui semble davantage ments de la marine nationale. Le affecter les forces militaires que quotidien El Watan a fait état de la population civile. Entre le di- près d’une vingtaine de morts du manche 10 et le mercredi 13 dé- côté des islamistes. Ces derniers cembre, ce sont ainsi une quaran- appartiendraient, selon la presse taine de militaires, de gardes algérienne, au Groupe salafiste communaux et de policiers qui pour la prédication et le combat ont été tués. (GSPC) de Hassan Hattab. Mercredi, au cours d’une em- Toujours mardi, cinq militaires buscade, non loin de Ksar el- avaient été tués et une dizaine Boukhari, à moins de 200 kilo- d’autres blessés dans une autre mètres au sud d’Alger, un convoi embuscade tendue dans la région militaire a été pris sous le feu de Mascara (sud-ouest d’Alger). d’armes automatiques, alors qu’il La veille, deux véhicules de l’ar- se dirigeait vers une zone réputée mée avaient sauté sur des abriter des caches d’armes. Selon bombes artisanales faisant cinq certaines sources, citées par le morts parmi les soldats, avant quotidien Le Matin de jeudi, d’être pris sous le feu de leurs ad- 12 militaires auraient été assassi- versaires. nés au cours de l’engagement, Au total, depuis le début du ra- ainsi que 6 islamistes. madan le 27 novembre, ce sont La veille, neuf gardes commu- plus de soixante membres des naux avaient été tués et trois forces armées qui ont péri, selon autres blessés non loin de Jijel, les décomptes de la presse. dans l’est du pays, à la suite d’un Viennent s’y ajouter une ving- guet-apens. Les membres d’un taine de victimes civiles. Les groupe armé ayant pris en otage pertes des groupes armés isla- une famille avaient contraint le mistes ne sont pas rendues pu- père à donner l’alerte sous peine bliques par les autorités, mais la d’être exécuté. Venus leur porter presse locale parle de « plusieurs secours, les gardes communaux dizaines » de morts. C’est dire que ont été pris sous le feu des assail- plus d’une centaine de personnes lants postés en embuscade sur la ont péri en Algérie depuis le dé- route. Depuis, toute la région a but du mois sacré du ramadan. été bouclée. Depuis plusieurs jours, cette zone est l’objet de Jean-Pierre Tuquoi 8 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

ÉLYSÉE Le président de la Répu- une explication présidentielle péennes, la Corse (lire page 39)et M. Chirac à la Mairie de Paris, a adres- par la presse b LES SOCIALISTES, blique, Jacques Chirac, a décidé de depuis les dernières révélations sur l’inversion du calendrier électoral sé le 8 décembre sa lettre de démis- impliqués dans l’affaire des lycées s’exprimer jeudi 14 décembre à les affaires de financement de la vie b LE PROCUREUR GÉNÉRAL près la sion à la Chancellerie, a-t-on appris d’Ile-de-France, s’inquiètent eux aus- 20 heures sur TF1. Selon plusieurs politique. M. Chirac devait égale- cour d’appel de Paris, Alexandre Ben- jeudi. Il met en cause « la gravité des si des retombées électorales des sondages, les Français attendaient ment aborder les questions euro- makhlouf, ancien conseiller de atteintes » portées à ses fonctions révélations des collecteurs de fonds. Jacques Chirac est contraint de répondre sur les « affaires » Le chef de l’Etat a choisi d’intervenir, jeudi 14 décembre sur TF1, au lendemain du sommet de Nice et alors que le RPR, le PR et le PS sont mis en cause dans un système de corruption en Ile-de-France. Alexandre Benmakhlouf, procureur général près la cour d’appel de Paris, a présenté sa démission

L’ÉLYSÉE n’attendait plus ques sur sa partialité supposée Ollier, sont montés au créneau, d’instructions mettant en cause aurait, pour lui, à reconnaître l’ex- vent pour réclamer un référendum qu’un seul mot du président pour dans le traitement des affaires qui ces derniers jours, pour assurer des grands partis. istence des affaires. Car si M. Chi- (lire page 39). De la même façon, tout organiser. Mercredi matin, touchent le RPR et la Mairie de que « le premier ministre devra lui Pour le reste, le président ne rac bénéficie d’une immunité prési- l’inversion du calendrier électoral après avoir encore une fois discuté Paris (lire ci-contre). Sa démission, aussi s’expliquer ». M. Chirac pour- peut pas aller beaucoup plus loin. dentielle, il peut en revanche être de 2002 est une occasion pour avec sa fille Claude, son conseiller le matin même de l’intervention rait donc souligner le « risque Les conseillers juridiques de l’Ely- convoqué comme témoin par les M. Chirac de souligner les ambi- Jérôme Monod et le secrétaire présidentielle, devrait obliger le pour la démocratie » que font sée ont en effet souligné à plu- juges. Et toute reconnaissance tions présidentielles de M. Jospin général de l’Elysée, Dominique de chef de l’Etat à au moins se pro- peser les révélations médiatiques sieurs reprises le risque qu’il y d’un système de financement et de rappeler que les Français Villepin, Jacques Chirac a donc noncer sur son cas, puisque le pré- occulte ne pourrait que légitimer n’apprécient pas les « combines donné son accord pour une inter- sident est aussi, par fonction, le une telle démarche de la justice. électorales ». Il sera aussi une occa- vention télévisée. Claude Chirac président du Conseil supérieur de Les Français en attente d’explications Ancien avocat de M. Chirac, sion de fustiger les centristes qui avait déjà prévenu que le calen- la magistrature. M. Devedjian conseillait d’ailleurs, menacent de mettre à mal l’union drier n’offrirait pas d’immenses De la même façon, le choix de A propos des « affaires », les sondages sont unanimes sur deux mercredi, au président d’être « pru- de l’opposition pour voter une possibilités : entre le prochain TF1, dont 39,8 % du capital est points. D’une part, les Français estiment à une très large majorité dent » et d’« en dire le minimum », inversion qui sert les ambitions de voyage du chef de l’Etat aux Etats- détenu par la société de travaux que « Jacques Chirac doit s’expliquer ». 76 % d’entre eux selon l’Ifop dans la mesure où « il n’appartient M. Bayrou. Unis et au Canada, les 18 et publics Bouygues, elle-même (L’Express du 28 septembre), 72 % selon la Sofres (Le Monde du 5 octo- pas au président de la République Enfin, M. Chirac devait être inter- 19 décembre, la fin de la présiden- citée, parmi d’autres, dans les ins- bre) étaient de cet avis après la publication de la confession pos- d’anticiper sur l’enquête des rogé sur la situation économique ce française de l’Union et les tradi- tructions en cours sur les commis- thume de Jean-Claude Méry sur les financements occultes du RPR. juges ». et sociale et sur la torture en Algé- tionnels vœux télévisés du sions occultes versées pour l’obten- Ils sont toujours 69 % à le penser selon Ipsos (Le Point du 8 décem- rie dont la reconnaissance fait 31 décembre, mieux valait aller tion de marchés publics peut s’avé- bre), après les développements de l’enquête sur les marchés truqués CORSE ET CALENDRIER aujourd’hui débat. vite. rer contestable. Mais il n’évitera d’Ile-de-France. Restait enfin au président à pren- L’intervention présidentielle L’affaire a donc été réglée en pas au président les questions sur D’autre part, les sondés sont aussi nombreux à considérer qu’il dre position sur divers sujets politi- était prévue pour durer au moins quelques heures. TF1, qui depuis sa propre connaissance d’un systè- serait normal que le président de la République puisse être entendu ques de première importance : la quarante-cinq minutes. M. Chirac une quinzaine de jours avait fait me de financement illégal aujour- par les juges comme témoin, puisqu’il est mis en cause aussi bien Corse et son nouveau statut, sur y joue là une partie de sa crédibili- savoir qu’elle comptait bien être la d’hui reconstitué par les juges. dans l’« affaire Méry » que dans celle des marchés d’Ile-de-France : lequel le chef de l’Etat avait jus- té de candidat à sa réélection. chaîne choisie par le président, a 80 % des personnes interrogées le pensaient en octobre (Sofres/Le qu’ici toujours évité de se pronon- eu gain de cause. Et a aussitôt SUR LE MODE DE L’INDIGNATION Monde) ; ils le pensent toujours à 70 % en décembre (Ipsos/Le Point). cer, alors que plusieurs voix s’élè- Raphaëlle Bacqué envoyé aux rédactions ce curieux Le 20 septembre, le président communiqué : « Le président de la avait déjà dû réagir, sur France 3, à République Jacques Chirac sera l’in- la publication, par Le Monde,du vité du journal de TF1 jeudi à témoignage de Jean-Claude Méry, 20h00. Il répondra, en direct de l’Ely- un des financiers occultes du RPR. sée, aux questions de Patrick Poivre M. Chirac avait alors répondu sur d’Arvor. Il fera le bilan de la prési- le mode de l’indignation, jugeant dence française de l’Union Euro- les accusations de Méry « abraca- péenne après le Conseil européen de dabrantesque ». Cette fois, il sait Nice qui vient de s’achever et il abor- qu’il ne peut se contenter de cela. dera par ailleurs les différents sujets Il le sait d’autant mieux que les d’actualité. » rivaux qu’il a désormais dans son Ce sont évidemment ces « diffé- propre camp ne cessent plus, eux- rents sujets d’actualité » abordés mêmes, de parler des affaires. « par ailleurs » qui ont été le plus François Bayrou indique qu’il «ya soigneusement préparés par l’Ely- un trouble profond dans l’opinion, sée. Car M. Chirac sait bien qu’il le sentiment qu’on est au bord d’une est notamment attendu sur les crise », et souligne que «lejobdu affaires. Et sur ces dossiers-là, cha- président de la République est de que élément peut devenir sensible. répondre à ce trouble et de rassurer La démission surprise, jeudi matin, une opinion inquiète ». du procureur général près la cour Certes, la mise en cause de cer- d’appel de Paris, Alexandre Ben- tains élus de gauche et du Parti makhlouf, risque ainsi de peser sur socialiste dans l’affaire des mar- l’intervention présidentielle. chés d’Ile-de-France, lui a redon- M. Benmakhlouf, qui avait été né un peu d’oxygène. Déjà, plu- directeur de cabinet de Jacques sieurs de ses fidèles, Jean-Louis Toubon lorsque ce dernier était Debré, le porte-parole du RPR ministre de la justice, faisait l’objet Patrick Devedjian, le conseiller de depuis plusieurs semaines d’atta- Michèle Alliot-Marie, Patrick Les députés socialistes sont ébranlés par les accusations de Gérard Peybernès C’EST le second « coup de bam- ont tous déclaré n’avoir jamais été bou » en moins de trois mois pour au courant d’ententes illicites », les élus socialistes : il y avait eu, fin répond le porte-parole du PS, Vin- septembre, la confession de Domi- cent Peillon, dans un entretien nique Strauss-Kahn reconnaissant publié, jeudi, par France-Soir. avoir détenu la « cassette Méry » ; « Nous ne sommes pas des juges », il y a, aujourd’hui, les déclarations assure Christophe Caresche, dépu- de Gérard Peybernès sur l’exis- té de Paris et directeur de campa- tence d’un pacte de corruption gne de Bertrand Delanoë, qui a entre le PS et la droite autour du fait de la transparence l’un de ses juteux marché des lycées d’Ile-de- thèmes politiques. « Je suis opposé France. A la suite du premier secré- à une sorte de justice d’exception », taire du PS, François Hollande, les tranche aussi M. Roman. « Cette députés se sont employés, mercre- enquête interne n’a aucun sens, ren- di 13 décembre, dans les couloirs chérit Arnaud Montebourg. C’est du Palais-Bourbon, à démentir les aux juges d’enquêter et d’en tirer les propos du président de l’associa- justes conclusions. » tion de financement du PS. Le député de Saône-et-Loire décrit des élus « stupéfaits » qui, « TOUTE LA LOI, RIEN QUE LA LOI » comme lui, ne sont pas disposés à Après Urba et la condamnation se montrer solidaires d’éventuels d’Henri Emmanuelli, les élus socia- fautifs. Il remarque que, « fait raris- listes se croyaient tirés… d’affaires. sime, corrupteurs et corrompus ont « Je n’arrive pas à croire que cer- reconnu les faits » et rappelle son tains aient pu enfreindre la loi alors soutien à la « ligne Hollande », qui qu’ils se sont félicités de voir qu’elle prévoit que « toute malversation est permettait de sortir des affres du pas- sanctionnée ». Mais on n’en est pas sé, s’étonne Bernard Roman, prési- là, ajoute-t-il. Il n’y a, selon lui, dent de la commission des lois de « pas le début d’une charge contre l’Assemblée. Le PS a une ligne : la Pierre Moscovici ». M. Montebourg loi, toute la loi, rien que la loi. » Non redoute, comme de nombreux loin, Jean-Marie Le Guen, députés, que la mise en cause du ex-patron de la fédération de Paris, PS ne permette à Jacques Chirac mis en cause par M. Peybernès, dis- de dissimuler ses propres responsa- tribue un communiqué dans lequel bilités alors que le chef de l’Etat est il affirme que ce dernier « ment ». dans une situation intenable : « S’il Ses propos sont « invraisemblables, reconnaît les faits, il se fragilise ; s’il contradictoires et déjà contredits par les nie, il se ridiculise ; s’il démission- les faits », indique-t-il. Sa « fédé », ne, il est immédiatement poursui- dit M. Le Guen, n’a jamais perçu de vi. » L’auteur de La Machine à tra- dons d’entreprises travaillant pour hir (Denoël) pense que « la grande les collectivités locales. noblesse voudrait qu’il parte, com- Les élus rejettent également tou- me le lui a suggéré Raymond Bar- te enquête interne au PS. Les qua- re ». Mais M. Montebourg n’ima- tre trésoriers cités par M. Peyber- gine pas M. Chirac suivre M. Barre. nès « occupent cette fonction au nom de tout le parti » (…), et « ils Jean-Michel Bezat FRANCE LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 9 Le procureur général de Paris répond aux critiques en remettant sa démission LE PROCUREUR général près la Cour de cassation. Ces deux nomi- de la Mairie de paris » pour 1990, magistrat « directement intéressé cour d’appel de Paris, Alexandre nations avaient suscité une polémi- dans lequel M. Benmakhlouf, alors au non-aboutissement du dossier Benmakhlouf a remis sa démission que dans la magistrature, le PS conseiller juridique à l’Hôtel de vil- [visant M. Chirac] dans lequel on par courrier, le 8 décembre, à la dénonçant, à l’époque « la mise en le, apparaissait comme le subor- pourrait lui découvrir un rôle ». Mis ministre de la justice, Marylise place de l’Etat RPR à la tête de la jus- donné de M. Roussin, lui-même en cause en même temps que Lebranchu. Le magistrat, réputé tice ». directeur du cabinet de M. Chirac. M. Burgelin, il n’avait pas deman- proche de la droite, a invoqué des Dans sa lettre de démission, Dans son courrier, M. Ben- dé, quoique jugeant son honneur articles de presse mettant « grave- citée par l’AFP, M. Benmakhlouf makhlouf se défend de toute posi- atteint, que la chancellerie inten- ment en cause » son impartialité. invoque « différents articles de pres- tion partisane dans ces affaires. ter une action en justice en son Attaqué par le député (PS) Arnaud se, relatifs à deux procédures à fort « J’ai toujours veillé à l’application nom. En attendant son remplace- Montebourg dans son livre La retentissement, [qui] viennent de stricte des règles de la déontologie ment à la tête du parquet général machine à trahir, puis dans la pres- mettre gravement en cause les condi- qui s’imposent à tout magistrat et de Paris, M. Benmakhlouf indique se lors de l’incarcération de Michel tions dans lesquelles les magistrats que commande l’exercice des fonc- dans son courrier qu’il « assurera Roussin, M. Benmakhlouf a estimé de [son] parquet général ont été tions de procureur général, écrit-il. la continuité du fonctionnement du que ces propos portaient atteinte amenés à exercer leurs fonctions ». J’ai notamment toujours laissé une parquet général ». Son successeur « tant à la fonction qui [lui était] Il fait référence à la position du entière latitude aux magistrats du devrait être « très prochainement » confiée qu’à [son] honneur de parquet général au procès en parquet général quant au sens des nommé au terme d’un mouve- magistrat, et même à [sa] person- appel de Xavière Tiberi dans l’affai- réquisitions qu’ils pensent devoir ment global dans la haute hiérar- ne ». Il a été reçu, mercredi re du conseil général de l’Essonne. prendre. » chie du ministère public, indiquait- 13 décembre, par la garde des L’avocat général avait requis, le Avant de « remettre [ses] fonc- on jeudi matin 14 décembre à la sceaux, qui a pris acte de sa démis- 8 novembre, l’annulation pour tions à la disposition » de Marylise chancellerie. Outre son poste, Le parquet fait appel de la relaxe de Louise-Yvonne Casetta sion. vice de forme des poursuites con- Lebranchu, M. Benmakhlouf avait désormais vacant, les fonctions de Agé de soixante et un ans, tre Mme Tiberi – et une peine de pri- déjà été reçu par la ministre, à la procureurs généraux à la cour d’ap- Le procureur de la République à Nanterre (Hauts-de-Seine), Yves Bot, M. Benmakhlouf est un proche de son avec sursis contre le sénateur suite des accusations publiques pel de Reims et de Colmar sont a fait appel, mercredi 13 décembre, de la relaxe prononcée par le tribu- Jacques Chirac, dont il a été le con- (RPR) Xavier Dugoin. L’autre pro- portées contre lui par M. Monte- actuellement à pourvoir. nal correctionnel, mardi 28 novembre, au bénéfice de Louise-Yvonne seiller technique à Matignon pen- cédure invoquée est la remise en bourg. Le député socialiste l’avait Casetta dans le procès des marchés de la Ville de Paris. « Malgré la forte dant la première cohabitation liberté de Michel Roussin, mis en notamment présenté comme un Cécile Prieur suspicion qui pèse sur Mme Casetta, avaient estimé les juges, l’accusation (1986-1988), puis le conseiller juri- examen et écroué le 1er décembre n’a pas apporté la preuve de son implication concrète dans les faits de trafic dique à la Mairie de Paris, de dans l’affaire des lycées d’Ile-de- d’influence et de recel d’abus de bien sociaux », dans un volet visant l’attri- juin 1989 à octobre 1991. Il avait France. bution de marchés parisiens à l’entreprise Mazotti. Trois jours après sa été nommé directeur du cabinet Le 5 décembre, devant la cham- Le chef de l’Etat apparaît visé relaxe, Mme Casetta, qui avait toujours contesté sa participation à un de Jacques Toubon à la chancelle- bre d’accusation de Paris, le repré- financement occulte du RPR, avait été mise en examen pour « compli- rie en mai 1995, au lendemain de sentant du parquet général ne cité et recel de corruption » dans l’affaire des lycées d’Ile-de-France. Elle l’élection de M. Chirac. Le s’était « pas opposé » à la mise en dans plusieurs enquêtes judiciaires avait alors déclaré aux enquêteurs avoir « compris qu’il existait un 24 juillet 1996, il était nommé pro- liberté réclamée par l’avocat de accord pour les marchés des lycées de la région Ile-de-France », précisant : cureur général de Paris, en rempla- M. Roussin. Le lendemain, Le L’INCARCÉRATION de Michel riers du parti et deux ex-directeurs « Les entreprises s’entendaient entre elles et devaient, pour obtenir les mar- cement de Jean-François Burgelin, canard enchaîné avait publié un Roussin, durant cinq jours, dans du cabinet de M. Chirac à la mairie chés, s’engager à verser un pourcentage pour le RPR et le PR. » promu procureur général près la extrait de « l’annuaire des services l’enquête sur les marchés des de Paris – dont M. Roussin. Ajou- lycées d’Ile-de-France, a réactuali- tée aux découvertes de l’enquête, sé, dans l’entourage du président la saisie de courriers signés par de la République, la peur de voir M. Chirac avait conduit le juge à les juges se présenter un jour aux estimer, dans une ordonnance portes de l’Elysée. Au titre de ses datée du 15 avril 1999, que des fonctions passées de président du délits pénaux étaient « susceptibles RPR et de maire de la capitale, d’être imputés à M. Chirac à titre M. Chirac apparaît directement ou personnel ». La cour d’appel de Ver- indirectement visé dans une série sailles a autorisé le juge à poursui- de procédures judiciaires liées au vre ses recherches, mais celui-ci n’a financement du parti gaulliste. pas le pouvoir d’engager des pour- b Dans l’affaire des lycées suites contre le chef de l’Etat. d’Ile-de-France, les déclarations b L’affaire des HLM de Paris, de Louise-Yvonne Casetta, qui por- instruite par le juge de Créteil (Val- tait le titre de directrice administra- de-Marne) Eric Halphen, a elle aus- tive du RPR mais semblait en fait si mis en lumière une fraude organi- se consacrer à la collecte de fonds sée sur les marchés publics pari- auprès des entreprises, ont confir- siens. De forts soupçons pèsent sur mé l’existence d’un système d’en- la destination politique des som- tente et de corruption autour de mes occultes collectées par le pro- ces marchés publics régionaux. moteur Jean-Claude Méry, mais « Michel Roussin recevait les entre- avant sa mort, en 1999, celui-ci prises, lesquelles étaient fières d’aller avait toujours contesté, devant le voir le plus proche collaborateur du juge, avoir pris part à au finance- président du RPR et probable futur ment illégal du RPR. Il fallut atten- président de la République, a-t-elle dre la publication de son témoigna- dit aux juges. Elles étaient ainsi assu- ge enregistré en vidéo (Le Monde rées que le maire de Paris serait des 22 et 23 septembre 2000) pour informé de leurs dons. » Si la phrase obtenir cette confirmation, assor- n’accuse pas formellement M. Chi- tie de ce commentaire : « C’est uni- rac d’avoir eu connaissance de l’illé- quement sous les ordres de M. Chi- galité du système, elle induit qu’il rac que nous travaillions. » Jean en était le principal bénéficiaire. Le Tiberi reste néanmoins le seul poli- chef du RPR pouvait-il ignorer que, tique mis en examen. derrière les dons officiels des entre- b Les enquêtes sur les faux prises, se cachait une fraude aux électeurs de Paris ont dévoilé un attributions de marchés ? système en cours dans les 3e,5e et b Dans l’enquête sur les salai- 20e arrondissements. Les gendar- res des permanents du RPR, ver- mes ont découvert des inscriptions sés par des entreprises et des collec- frauduleuses remontant à l’époque tivités – au premier rang desquel- où M. Chirac était maire de Paris. les apparaît la Ville de Paris –, le Plusieurs témoins ont expliqué juge de Nanterre (Hauts-de-Seine) qu’en 1989, l’objectif était de « fai- Patrick Desmure a mis en examen re le grand chelem » en rempor- l’ancien secrétaire général du RPR, tant tous les arrondissements pour Alain Juppé, trois anciens tréso- conforter sa réélection. Plus de 180 lycées d’Ile-de-France concernés par les marchés truqués LE CONSEIL RÉGIONAL d’Ile- chés pour un montant proche de de-France a hérité en 1986 de la 15 milliards de francs. Leur coût tutelle de 470 lycées. Plus de 300, annuel, pour la région, était de dans un état de vétusté avancé, 1,4 milliard de francs en 1999. devaient être rénovés. La procédu- Une autre procédure, dite de con- re dite des marchés d’entreprises ception-réalisation, utilisée pour la de travaux publics (METP) a été reconstruction de 70 établisse- mise au point à cette occasion par ments, a également fait l’objet Jean-Pierre Fourcade, vice-prési- d’observations sévères de la CRC dent (UDF) de l’assemblée alors en 1997 : « Les architectes indépen- présidée par Michel Giraud (RPR). dants s’en trouvent écartés et seuls Il s’agit d’un contrat qui assure à des groupes importants du BTP peu- une entreprise la rénovation et l’en- vent utilement y soumissionner. » La tretien du bâtiment pendant une CRC a stigmatisé le rôle, dans ces durée de dix ans, en échange du deux procédures, d’un assistant à préfinancement de l’opération. maîtrise d’ouvrage (AMO) « dans Cette procédure été dénoncée des conditions non conformes à la par la chambre régionale des comp- loi ». Cet AMO, qui avait obtenu en tes (CRC) d’Ile-de-France en quelques années 80 % des marchés avril 1997 pour avoir introduit « des d’assistance de la région, n’était dispositions non conformes au code autre que Patrimoine Ingénierie, le des marchés, [conduisant] à restrein- bureau d’études dirigé par Gilbert dre la concurrence et à comporter Sananès, mis en examen pour son des facteurs de surcoût ». Cinq grou- rôle dans le système d’entente pes de BTP, la Générale des eaux, entre les entreprises et les représen- devenue Vivendi, la Lyonnaise des tants du conseil régional. Le con- eaux-Dumez, Bouygues, Spie-Bati- seil continue à consacrer chaque gnolles et Eifage (SAE-Fougerolle), année 2 milliards de francs à la se sont effectivement partagés, rénovation des lycées. entre 1991 et 1996, 80 % de ces con- trats. Ceux-ci portaient sur 114 mar- Christophe de Chenay 10 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 FRANCE

Les parlementaires Le RPR, l’UDF et DL se préparent à de nombreuses amendent discrètement primaires aux élections municipales de 2001 le code électoral La droite est toujours divisée dans une cinquantaine de villes de plus de 30 000 habitants Les négociations RPR-UDF-DL pour les municipa- les représentants des trois partis se sont séparés Nice et d’Olivier de Chazeaux (RPR) à Levallois- les piétinent. Au terme d’une réunion au siège sur un constat de désaccord. L’UDF refuse de sou- Perret. Le RPR a demandé une « mise au point Les élus pourront mieux se référer à leur bilan de Démocratie libérale, mercredi 13 décembre, tenir la candidature de Jacques Peyrat (RPR) à urgente » au parti de François Bayrou.

À TROIS MOIS des élections campagne. ntroduite par le séna- UN PAS EN avant, deux pas en son comité départemental dans le cé, mardi, la constitution d’une lis- situation n’est pas prête de se municipales, les parlementaires teur de Haute-Savoie Pierre Héris- arrière. Les négociations RPR-UDF- Rhône afin de faire place nette à la te dissidente à Nice. décanter non plus à Besançon, s’apprêtent à modifier discrète- son (Union centriste) le 24 novem- DL pour les élections municipales, candidature de Michel Mercier Un semblable constat de désac- Clermont-Ferrand et Reims. A ment l’une des dispositions régle- bre, cette modification tend, selon qui avaient paru se débloquer fin (UDF) à Lyon. Son homologue de cord a été enregistré au sujet de Besançon, un conflit oppose de lon- mentant les campagnes et qui avait son auteur, à revenir à l’esprit du novembre, piétinent à nouveau. l’UDF, Hervé Marseille, réplique Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). gue date le RPR, qui soutient l’an- été introduite dans le code électo- code électoral, qu’une lecture trop Au terme d’une nouvelle rencontre en stigmatisant le parcours de Là encore, l’UDF refuse d’apporter cien député Jean Rosselot, à DL, ral, en 1990, par l’une des lois de stricte du Conseil d’Etat aurait au siège de Démocratie libérale, M. Peyrat – ancien député du son soutien au maire Olivier de qui appuie la candidature de Nico- moralisation de la vie politique. dénaturé. Le Conseil considère, en mercredi 13 décembre, les respon- Front national passé au RPR en Chazeaux (RPR), qui est contesté le Weinman. A Clermont-Ferrand, Pour la discrétion de l’opération, effet, que l’interdiction s’applique sables des élections pour les trois juin 1996 –, ainsi que ses propos par l’ancien maire (RPR) Patrick l’ancien député UDF Michel Fan- ils ont procédé en introduisant non seulement lorsque la campa- partis de la droite ne sont parve- anti-musulmans (Le Monde du Balkany, ainsi que par certains de get, soutenu par Louis Giscard d’Es- dans le projet de loi sur la résorp- gne de promotion est financée par nus qu’à enregistrer leur désac- 12 décembre). « L’UDF de Nice ne ses adjoints, parmi lesquels le con- taing – fils de l’ancien chef de tion de la précarité dans la fonction la collectivité, mais également lors- cord. Alors que l’UDF avait précé- se reconnaît pas dans le comporte- seiller municipal UDF Arnaud de l’Etat et délégué départemental du publique un amendement qui qu’elle est financée par le candidat. demment refusé la publication ment politique, les prises de position Courson. parti centriste –, contrecarre les n’avait a priori rien à y faire. Après d’une première liste de candidats, et la sensibilité de M. Peyrat », affir- Le blocage à Nice et Levallois- ambitions du député européen un accord entre l’Assemblée natio- « JURISPRUDENCE PARADOXALE » afin de mieux peser sur la suite de me M. Marseille, qui regrette pour Perret n’a pas permis aux négocia- RPR Brice Hortefeux. A Reims, nale et le Sénat, le texte devrait Les sortants, se plaint M. Héris- la négociation (Le Monde du sa part que le RPR refuse de soute- teurs d’avancer sur d’autres villes c’est l’imbroglio : la candidature être adopté définitivement le son, n’ont même pas la possibilité 20 octobre), c’est le RPR qui, par la nir la candidature de Didier Boro- encore en suspens. Selon le bilan du maire, Jean-Louis Schneiter, 21 décembre. de répondre aux attaques de leurs voix de son secrétaire général, tra, maire UDF de Biarritz. établi par M. Chinaud au terme de proche de l’UDF – et auquel le pré- Pour limiter l’avantage dont adversaires. Il a été suivi sur l’en- Adrien Gouteyron, a cette fois leur réunion de mercredi, 242 villes sident de la région, Jean-Claude bénéficient, en campagne, les élus semble des bancs. « Cette jurispru- posé un préalable à la poursuite DISSIDENCE À NICE de plus de 30 000 habitants ont fait Etienne (RPR), aurait apporté son sortants, mais aussi pour limiter les dence paradoxale aboutit à déséquili- des discussions. « L’UDF a construit ce discours, l’objet d’un accord. « 16 primaires soutien – est contestée par le dépu- dépenses, la loi interdit toute brer la campagne électorale au profit L’irritation du parti gaulliste qui, qui est de bon ton médiatique », sont envisagées. En outre, 30 cas ne té RPR Jean-Claude Thomas, soute- « campagne de promotion publicitai- des candidats nouveaux », déplore dans un communiqué publié mer- rétorque, au nom de DL, Xavier sont pas réglés, dont 10 points nu par l’ancien maire RPR Jean re des réalisations ou de la gestion le député Yves Tavernier (PS, Esson- credi, a demandé une « mise au Chinaud, qui rappelle la « course durs », précise le candidat séguinis- Falala. d’une collectivité » pendant les six ne). « Si nous étions plus courageux, point urgente aux responsables natio- effrénée à laquelle s’étaient livrés le te à la mairie du 18 e arrondisse- Au vu de ces nombreux points mois qui précèdent l’élection. Cet- nous n’aurions pas attendu trois mois naux de l’UDF », vient du refus de RPR et l’UDF [quand DL en faisait ment de Paris. L’UDF affirme de désaccords, les représentants te interdiction est donc en vigueur avant les élections pour traiter cette l’UDF d’apporter son soutien à la encore partie intégrante] pour récu- qu’un accord aurait été trouvé en des trois partis devraient se réunir depuis le 1 er septembre pour les question », a reconnu Georges candidature de Jacques Peyrat pérer M. Peyrat ». Le désaccord faveur de son candidat à Rennes, de nouveau, après le débat des municipales et les cantonales de Tron, député (RPR) des Hauts-de- (RPR), maire de Nice. Secrétaire étant manifeste à Paris, la situation Loïc Lebrun, au détriment de l’an- 19 et 20 décembre sur l’inversion mars 2001. L’amendement vise à Seine. Le ministre de la fonction national du RPR chargé des élec- ne se décante pas au plan local : les cien député RPR Yvon Jacob. du calendrier électoral. M. Accoyer autoriser les élus qui se représen- publique, Michel Sapin, s’est dit tions, Bernard Accoyer juge que députés Jacqueline Mathieu-Oba- En bout de course, des primaires espère une « rencontre entre les tent à faire, pour leur campagne, « gêné qu’on modifie les règles du « cette affaire a un caractère un peu dia (RPR) et Rudy Salles (UDF), ain- devraient avoir lieu notamment à trois présidents de partis ». un bilan écrit de leur mandat, sous jeu quand on est déjà sur le terrain ». provocateur » dans la mesure où si que l’ancien préfet Pierre Costa Cannes, Montpellier, Caen, Nîmes, réserve que les dépenses afférentes son parti, estime-t-il, a fait preuve (RPF) et l’ancien maire de Nice Aix-en-Provence, Chartres, Nar- Jean-Baptiste de Montvalon soient portées dans leur compte de Alexandre Garcia de bonne volonté en dissolvant Jean-Paul Barety (RPR) ont annon- bonne, Saint-Nazaire et Tarbes. La et Jean-Louis Saux La FSU et le Groupe des Dix esquissent un rapprochement intersyndical OÙ L’ON REPARLE de recomposition syndicale. La direction de la FSU cherche, par son association, La FSU, principale fédération de l’éducation, et le avec le Groupe des Dix, à sortir « par le haut » de sa Groupe des Dix (union syndicale qui regroupe notam- crise interne. L’organisation enseignante a, en effet, ment les SUD) envisagent de former ensemble un bien du mal à faire vivre sa structure fédérale en rai- « pôle de luttes ». Il ne s’agirait ni d’une fusion, ni de son de la bataille de positions permanente que se la création d’une nouvelle confédération intégrant livrent ses deux principales composantes : le SNES, les deux organisations, mais plutôt de la mise en pla- d’une part, le Snuipp, de l’autre. Guettée par un enli- ce d’une « structure souple associant la FSU et le Grou- sement corporatiste, la FSU y voit le moyen de déve- pe des Dix », selon les termes de Pierre Khalfa, l’un lopper ses interventions sur un plan interprofession- des promoteurs de ce rapprochement au sein de Sud- nel. Pour le Groupe des Dix, il s’agit de franchir un PTT. Lors d’un conseil national fin octobre, le Grou- pas supplémentaire. « Le développement du groupe pe des Dix a retenu la formule « d’une intersyndicale des Dix ne peut à lui seul répondre aux problèmes qui se permanente sur le plan interprofessionnel » avec la posent au syndicalisme salarié », estime M. Khalfa. FSU, mais qui sera également formellement proposé à d’autres, notamment à la CGT. Pour Monique VIVES EXPLICATIONS Vuaillat, co-secrétaire générale de la FSU, « cela pour- Au sein des deux organisations, l’association envisa- rait prendre la forme d’un comité de liaison ». gée n’est pas sans susciter des débats. Elle a provoqué L’idée n’est pas totalement nouvelle. Au lendemain de très vives explications lors du dernier comité fédé- de décembre 1995, les oppositionnels de la CFDT, le ral de SUD-PTT, les 28, 29 et 30 novembre, plusieurs G10, et la FSU, avaient déjà caressé un projet compa- syndicats se plaignant d’avoir été mis devant le fait rable de création d’un pôle syndical « de transforma- accompli et s’inquiétant du rôle futur du Groupe des tion ». Mais, à l’époque, la gauche CFDT ne voulait Dix. La résolution finale adoptée précise que « la cons- pas sortir de la confédération dirigée par Nicole truction de ce pôle interprofessionnel doit passer par le Notat et la FSU n’entendait pas hypothéquer l’ave- renforcement de l’identité et de l’homogénéité du grou- nir, en froissant la CGT. Dès lors, le projet de rappro- pe des Dix ». SUD-Education et SUD-Rail ont, tour à chement avait été enterré. tour, émis de fortes réserves sur ce projet, souhaitant Aujourd’hui, plusieurs facteurs poussent la FSU et que le Groupe des Dix et la FSU s’assurent de « parta- le Groupe des Dix à le réactiver. Il y a d’abord un ger la même vision du syndicalisme plutôt que de lancer constat : « la grande difficulté du syndicalisme de lutte dans une décision d’appareil ». à peser sur le terrain social », selon M. Khalfa, du fait Côté FSU, pour Mme Vuaillat, les vives oppositions de l’alliance affichée depuis deux ans entre la CFDT de SUD-Education ne sont pas un problème. « Ils ne et la CGT. Pour la FSU, comme pour le Groupe des représentent pas grand-chose », explique-t-elle. A la Dix, « cette évolution a créé une situation inédite, de FSU, poursuit-elle, « le débat oppose ceux qui sont dans paralysie totale de l’action de la CGT ». Il s’agit donc, une attitude de respect absolu des confédérations et crai- pour les deux organisations, de s’associer pour ten- gnent de fâcher et les autres ». La fédération enseignan- ter, à leur tour, d’influencer l’évolution de la centrale te doit aborder le sujet lors de son congrès, du 22 au dirigée par Bernard Thibault. « La CGT, tout ce qui 26 janvier prochain à La Rochelle. Le Groupe des Dix, n’est pas confédéral, elle le regarde de haut. Puisqu’on lui, réunira son conseil national dans la foulée. ne peut pas discuter avec elle, on fait autre chose », ajoute Mme Vuaillat. Caroline Monnot Les députés veulent renforcer la protection des salariés contre les licenciements et la précarité SIX MOIS après sa présentation semblée nationale, avant la discus- est aussi modifié : les critères d’âge, au conseil des ministres, en mai, le sion en séance publique prévue le familiaux et sociaux primeraient sur projet de loi sur la modernisation 9 janvier. Plusieurs amendements les « qualités professionnelles ». sociale est en piteux état. Faute sur le volet consacré à l’emploi ont La taxation du travail précaire, d’avoir été examiné par le Parle- été adoptés. Présentés par le nou- promise par le gouvernement et de ment au printemps 2000, comme veau rapporteur Gérard Terrier (PS, nouveau évoquée lors du sommet cela avait été prévu, des bouts de ce Moselle), parfois en association de la gauche plurielle le 7 novem- texte – sur le travail de nuit, la discri- avec la communiste Muguette Jac- bre, est enterrée. En revanche, la pri- mination ou l’égalité professionnel- quaint (Seine-Saint-Denis), ils ren- me de 6 % attribuée aux salariés en le – ont été discutés à part. Au point forcent les mesures prévues sur les CDD, en fin de contrat, serait ali- que, sur les 70 articles prévus à l’ori- licenciements et le travail précaire. gnée sur celle des intérimaires gine, 23 doivent être retirés, comme (10 %). Enfin, une entreprise ayant le précise la lettre de cadrage de la MODIFICATION DES PRIORITÉS commis des « abus manifestes » ministre de l’emploi et de la solidari- La mise en place d’un plan social, n’aurait plus la possibilité, pendant té, Elisabeth Guigou. dont le comité d’entreprise doit être un délai maximum de douze mois, Entre-temps, deux des principaux informé avant toute annonce publi- d’utiliser de nouveaux contrats pré- rapporteurs, Gaëtan Gorce (PS, Niè- que, devient ainsi impossible dès caires. L’amendement du gouverne- vre) et Alfred Recours (PS, Eure), lors que l’entreprise aurait recours ment autorisant le financement du ont également jeté l’éponge. Un « de façon structurelle » à des heu- plan d’aide au retour à l’emploi « grand coup de pompe », explique res supplémentaires. Pour être vala- (PARE) par l’Unedic sera présenté le premier, une « chute dans l’esca- ble, l’éventuel reclassement interne lors des débats. Selon M. Terrier, il lier », justifie le second. Malgré ces d’un salarié devra « porter sur un n’était « techniquement pas prêt » péripéties, le projet a été examiné, emploi de même catégorie ». L’ordre mercredi soir. mercredi 13 décembre, par la com- des priorités des licenciements, tel mission des affaires sociales de l’As- qu’il figure dans le code du travail, Isabelle Mandraud 12 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

ÉDUCATION Jack Lang a présen- nationale entend ainsi faire de l’en- appelés à concevoir des classes à rentrée. b DANS LE SECONDAIRE, la ministère assure qu’un effort sera té, jeudi 14 décembre au , son seignement l’un des « apprentissa- « projets artistiques et culturels » priorité sera donnée aux lycées pro- fait en faveur de la formation des plan de cinq ans pour le développe- ges fondamentaux » en donnant (PAC) qui concerneront tous les élè- fessionnels, où 3 000 PAC devraient enseignants. Pour 2001, un budget ment des arts et de la culture à notamment la priorité à l’école pri- ves. 20 000 classes à PAC devraient être créés à la rentrée 2001. de 263 millions de francs sera consa- l’école. b LE MINISTRE de l’éducation maire. b LES INSTITUTEURS sont être mises en place dès la prochaine b POUR MENER à bien ce plan, le cré à l’éducation artistique. M. Lang veut faire de l’enseignement artistique un « apprentissage fondamental » Portant sur onze disciplines, le « plan de cinq ans pour le développement des arts et de la culture à l’école », présenté jeudi 14 décembre, porte en priorité sur l’école primaire, où tous les élèves seront concernés par la mise en place de « projets artistiques et culturels ». Un effort sera fait pour la formation des enseignants

IL AURAIT été presque inimagi- présidentielle, en 1995, Jacques Chi- arrêté en septembre. Dirigée par taux » – est parée de toutes les ver- tion des travaux personnels enca- nable que Jack Lang ne s’empare rac et Lionel Jospin ont tous deux Claude Mollard, énarque, ancien tus : « épanouissement de l’enfant », drés (TPE), le ministère n’entend pas du dossier de l’éducation artisti- affirmé l’importance des disciplines délégué aux arts plastiques de « sésame pour les autres formes d’in- pas, pour l’instant, ajouter de dispo- Le PAC, mode d’emploi que. Le sujet lui va trop bien. Lui qui artistiques comme facteur de 1982 à 1986, elle ne compte pas telligence : la musique introduit au sitif supplémentaire. Il souhaite fait sans cesse référence au bilan de « réduction des inégalités »,de moins de dix-sept conseillers et calcul, le théâtre à la lecture… », néanmoins développer les options b Objectif : d’ici trois ans, son long passage rue de Valois, lui « cohésion sociale » et affiché leur s’est évertuée, ces dernières semai- « sésame pour apprendre à vivre en légères, les ateliers artistiques et promet le ministère de qui signa en 1983 avec Alain Savary volonté de ne pas les cantonner à la nes, à mettre la touche finale à un communauté », « réponse aux mena- encourager les « pratiques ama- l’éducation nationale, « tous les la première convention de partena- marge du système éducatif. En plan qui a connu, sur le papier, de ces d’uniformisation culturelles issue teurs ». Surtout, il envisage d’éva- élèves bénéficieront d’une classe à riat entre les ministères de la juillet dernier, lors du Festival d’Avi- multiples versions. de la mondialisation ». Pour passer luer les activités culturelles et artisti- projet artistique et culturelle (PAC) culture et de l’éducation nationale de l’expérimentation à la généralisa- ques au baccalauréat sous la forme à deux reprises pendant leur pour créer les « classes culturelles » tion, M. Lang fait valoir pour d’une épreuve sur dossier. « Assor- scolarité à l’école primaire ». ne pouvait pas, de retour rue de Gre- 80 000 élèves ont suivi les ateliers artistiques 2001 un budget « sans précédent » tie d’un coefficient significatif, une tel- b Encadrement : inscrite dans le nelle, passer à côté d’un thème qui de 263 millions de francs réservé à le épreuve fera définitivement sortir cadre horaire normal, la classe à fait aujourd’hui l’unanimité. En pré- Actuellement, au titre des disciplines obligatoires, tous les écoliers l’éducation artistique. Chaque rec- l’éducation artistique de l’ombre », PAC est une réalisation conduite sentant, jeudi 14 décembre au Lou- suivent environ trois heures hebdomadaires d’arts plastiques et de teur, en concertation notamment explique le ministre. Enfin, il a pro- « sous la responsabilité du maître vre, son « plan de cinq ans pour le musique, les collégiens deux heures hebdomadaires d’arts plasti- avec les directions régionales des mis d’engager la discussion sur une volontaire, avec le concours d’un développement des arts et de la ques et d’éducation musicale et les lycéens professionnels une affaires culturelles (DRAC), devra vieille revendication concernant la artiste ou d’un professionnel de la culture à l’école », aux côtés de heure par semaine d’éducation artistique et arts appliqués. Au lycée établir un « plan académique pour réduction du temps de service des culture et appuyé, de préférence, Catherine Tasca, ministre de la général et technologique, les enseignements artistiques deviennent les arts et la culture ». 14 000 professeurs d’arts plastiques sur un établissement culturel de culture et de Jean-Luc Mélenchon, optionnels. Ils concernent 7,5 % des élèves de seconde et 5 % des et de musique du secondaire (fixés proximité ». ministre délégué à l’enseignement premières et terminales. Cofinancés par les ministères de l’éduca- « COEFFICIENT SIGNIFICATIF » à 20 heures hebdomadaires contre b Contenu : le PAC constitue le professionnel, le ministre de l’éduca- tion nationale et de la culture et suivis par des élèves volontaires, les Conformément à son souhait de 18 pour les enseignants des autres « fil rouge » de l’année scolaire et tion nationale tente de concrétiser ateliers artistiques mis en place dans les collèges et lycées ont été réformer « en commençant par le disciplines). doit imprégner toutes les une idée qu’il caresse depuis huit suivis l’année dernière par 80 000 élèves. En outre, l’opération « éco- début », le ministre affiche sa priori- Pour mener à bien ce plan, le matières enseignées. Il peut, par ans. En 1992 déjà, alors qu’il avait la le, collège et lycée au cinéma » a concerné, en 1999, 750 000 élèves. En té en faveur de l’école primaire, où ministère assure qu’un « grand exemple, donner lieu à la double casquette de ministre de revanche, aucune étude statistique ne recense l’ensemble des initia- l’apprentissage des arts doit être effort » sera fait en faveur de la for- création d’une chorale, à la l’éducation nationale et de la tives (jumelage avec des institutions culturelles, visites de musée, « pleinement reconnu comme ensei- mation des enseignants. La prochai- découverte d’un monument ou culture – donc toutes les cartes en accueil des classes dans les bibliothèque, etc.) menées sur le terrain. gnement obligatoire ». Les institu- ne réforme des IUFM introduira être bâti sur une période de mains – Jack Lang avait ficelé un teurs sont appelés dès maintenant à une évaluation artistique et culturel- l’histoire, sur un mouvement plan quinquennal de promotion des concevoir des classes à « projets le dans plusieurs concours de recru- artistique, une pièce de théâtre, enseignements artistiques qui fut gnon, le premier ministre rappelait « Conviction profonde », « volonté artistiques et culturels » (PAC) qui tement et une « dominante artisti- un artiste, un projet urbain. Les jeté aux oubliettes lors de la cohabi- que l’enseignement artistique « doit de rupture afin de ne plus considérer concerneront « tous les élèves ». que » en deuxième année. La forma- priorités pour 2001 seront, à tation, en 1993. être une priorité du gouvernement ». l’art comme le supplément d’âme du 20 000 classes à PAC devraient être tion continue fera, quant à elle, l’ob- l’école primaire, les arts de la Cette fois, il a davantage de Jack Lang n’a pas ménagé ses système éducatif », Jack Lang ne lési- mises en place dès la prochaine ren- jet d’un « plan national de forma- voix et les arts de l’image. temps pour un sujet qui ne fait plus efforts pour concocter son plan qui ne pas sur les mots pour expliquer trée dans les écoles primaires. En tion ». Le Centre national de docu- Les rencontres entre les élèves et débat et qui a même donné lieu à porte – au nom de la diversité – sur son objectif de « généraliser les prati- outre, les chorales devront être mentation pédagogique (CNDP) les professionnels constitueront une loi, en 1988, stipulant : « Les onze disciplines : musique, arts plas- ques artistiques et d’étendre l’accès a généralisées, l’intervention des artis- – dont Claude Mollard assurera pro- les « temps forts du parcours enseignements artistiques contri- tiques, théâtre, cinéma, danse, litté- la culture », afin que « le droit à l’art tes et professionnels de la culture chainement la direction généra- annuel » et représenteront «8à buent à l’épanouissement des aptitu- rature, architecture, patrimoine et soit reconnu réellement pour chaque développée, et les ateliers artisti- le – disposera d’un budget de 93 mil- 15 heures » par an. des individuelles et à l’égalité d’accès musée, design, arts du goût, culture enfant de France ». Pour le ministre ques et les classes culturelles lions de francs affecté à l’éducation b Financement : chaque classe à à la culture. Ils font partie intégrante scientifique et technique. Une « mis- de l’éducation nationale, l’éduca- renforcés. artistique. PAC bénéficiera d’un budget de la formation primaire et secondai- sion de l’éducation artistique et de tion artistique – qui doit faire partie Dans le second degré, la priorité De son côté, le ministère de la annuel d’environ 8 000 francs re. » Lors de la dernière campagne l’action culturelle » a été créée par des « apprentissages fondamen- sera donnée aux lycées profession- culture s’engage notamment à géné- (pour payer les interventions des nels, où trois mille PAC devraient raliser les services éducatifs dans les professionnels, le matériel, les être créés à la rentrée 2001. En établissements culturels subvention- déplacements…). revanche, dans le reste de l’ensei- nés, à former les artistes volontaires La moitié de cette somme sera gnement secondaire, les PAC seront pour intervenir dans les écoles et à financée par l’éducation mis en place « à titre expérimental ». accompagner la formation des nationale, le reste par le biais Dans l’attente de la réforme des enseignants. d’un partenariat avec les collèges et alors que les lycées géné- collectivités locales et le raux doivent « digérer » l’introduc- Sandrine Blanchard ministère de la culture. Dans la Marne, une classe de CM2 « sensibilisée » à la danse, sans tutu ni pointes REIMS se du projet « Créa’ danse écoles avec passion cet « espace de liber- de notre envoyée spéciale contemporaines ». Véritable usi- té » qu’offre aux enfants la créa- « Il m’arrive plein de choses. Je ne à gaz, cette action artistique et tion artistique. Elle a suivi le stage n’ai pas besoin de les raconter puis- culturelle associe l’inspection aca- multi-arts, a travaillé avec un dan- que je les fais. Nous sommes comme démique, la DRAC, le conseil géné- seur de la compagnie Larsen et se ral, les communes, les compagnies dit convaincue de l’intérêt pédago- REPORTAGE régionales de danse et la scène gique du parcours artistique. L’opération Créadanse nationale du Manège à Reims. Catherine Cartigny, institutrice à PETITES CHORÉGRAPHIES touche 47 classes et Witry-lès-Reims, a dépassé la pha- Lolita, José, Clément, Brenda et représente un budget se de sensibilisation et organise les autres arrivent en riant à leur annuel de 443 000 francs désormais pour sa classe de séance de danse. Puis les énergies CM2 un atelier de pratique artisti- de ces élèves de cours préparatoi- que danse. Elle est l’une des qua- re se canalisent, le calme s’installe les nuages qui se transforment tout tre-vingt-dix institutrices de la et, en suivant les indications de le temps, pour que vous puissiez Marne a avoir suivi, en formation leur maîtresse, ils répètent de peti- imaginer tout ce que vous voulez. Il continue, quatre semaines de sta- tes chorégraphies. y a autant de spectacles qu’il y a ge multi-arts. Désormais, chaque « Il ne faut jamais dissocier la sen- d’enfants dans la salle. » jeudi matin, les élèves se réunis- sibilisation à l’activité de création Sara Denizot et Darren Ross sent dans une salle du centre cultu- et le geste artistique. Nous ne som- dansent et parlent. Devant des élè- rel l’Escal, à deux pas de leur éco- mes pas là pour faire du remplissa- ves de l’école primaire de Jonche- le, pour appréhender l’espace, ge de salles ni uniquement pour rie-sur-Vesle (Marne) ils interprè- explorer les manières de se dépla- monter des spectacles de fin tent Miniatures, spectacle de dan- cer, évoluer de manière synchroni- d’année, mais avant tout pour se contemporaine créé par la com- sée. Ils doivent apprendre à s’ap- échanger sur les contenus », insiste pagnie de Stéphanie Aubin spécia- peler uniquement par le regard, Stéphanie Aubin, chorégraphe et lement à l’attention des scolaires. mimer la force et la faiblesse… directrice de la scène nationale du A travers des extraits de chorégra- « En classe, nous travaillons sur des Manège. phie, les enfants découvrent que contes puis nous allons essayer de Pour les artistes, l’aspect essen- les danseurs peuvent « voler », les reproduire en dansant, de tiel d’un partenariat avec l’éduca- « se dédoubler », « se gêner », sui- retranscrire par le mouvement des tion nationale doit porter sur la vre ou non « les routes de la musi- univers culturels avec l’aide d’un formation continue des ensei- que ». Les institutrices semblent chorégraphe », explique l’institutri- gnants. Jacky Biville, cheville ravies de cette rencontre au sein ce. Au lendemain de chaque séan- ouvrière du projet, estime lui aus- même de l’école : « Il est important ce, les enfants doivent rédiger un si qu’un atelier de pratique artisti- d’ouvrir les enfants à la création, de compte-rendu de l’atelier, racon- que « ne peut avoir lieu que si l’en- leur apprendre à regarder autre- ter ce qu’ils ont fait et leurs seignant a été formé » et qu’il n’y a ment ce qu’ils ne connaissent pas, impressions personnelles. En fin pas de formation des profs « sans d’éviter les idées arrêtées pour en d’année, ce journal de bord relation avec la création dans l’envi- faire des adultes ouverts. » deviendra un livre. Pour Catheri- ronnement culturel ». ne Cartigny, cet atelier, encadré L’opération Créa’danse touche CLASSES « SENSIBILISÉES » par le conseiller pédagogique 47 classes et représente un budget Trente-deux classes du départe- départemental, a amélioré «le annuel de 443 000 francs, financé ment de la Marne sont ainsi « sen- relationnel, la confiance, le respect à hauteur de 43 % par la DRAC, sibilisées » à la danse – sans tutu, et la communication entre élèves et qui prend notamment en charge ni pointes – dans le cadre d’un pro- entre les élèves et les adultes ». le salaire des artistes intervenant jet imaginé par Jacky Biville, con- Marie-Jo Gallo, institutrice à auprès des instituteurs et des élè- seiller pédagogique départemen- Saint-Brice-Courcelles, est, elle, ves. Depuis deux ans, le nombre tal en arts. Cette sensibilisation, « en dernière phase » celle de d’enseignants candidats au stage accompagnée d’un « livret pédago- l’autonomie. Aussi à l’aise en clas- multi-arts ne cesse d’augmenter. gique » consacré au « mouve- se qu’en séance de pratique de ment », n’est que le première pha- danse contemporaine, elle défend S.Bl. SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 13

La FEN se rebaptise UNSA-Education Ségolène Royal souhaite avec l’espoir de mettre fin à son déclin inciter les femmes à ne plus Réuni à Pau, le 37e congrès de l’organisation a confirmé son ancrage dans la confédération autonome

e accoucher sous X… La Fédération de l’éducation nationale (FEN) a que, le 37 congrès, réuni à Pau (Pyrénées-Atlanti- dans la confédération interprofessionnelle créée décidé, jeudi 14 décembre, de changer de nom. ques), a rebaptisé l’organisation UNSA-Educa- en 1993. Les congressistes ont également débat- A l’issue d’un débat plus passionnel que politi- tion, confirmant du même coup son ancrage tu d’un nouveau projet fédéral. Un nouveau projet de loi est rendu public jeudi

CERTAINS assurent qu’ils Pour calmer les plus inquiets, il a n’est pas un hasard si, parallèle- concerné par la « révolution » indui- AVANT même son retour du accord pour la levée du secret ».Si auraient pu porter un brassard été décidé de permettre aux syndi- ment au changement de nom, ce te par les propositions du bureau Conseil d’Etat, le projet de loi de cet accord n’est pas donné, le noir, en signe de deuil. La Fédéra- cats d’accoler, pendant trois ans, congrès a aussi débattu de notre pro- fédéral. Ainsi, « l’enseignement Ségolène Royal sur l’accouche- secret de l’identité des parents bio- tion de l’éducation nationale le sigle FEN à la nouvelle dénomi- jet fédéral intitulé Pour une société modulaire pluridisciplinaire » a susci- ment sous x… a été présenté à la logiques reste entier. « Il y aura des (FEN) est morte, mercredi nation. Mais pour Mme Bonnafon éducative. Nous sommes convain- té l’un des rares débats pédagogi- presse, jeudi 14 décembre. La refus de certaines mères, protégeant 13 décembre, en fin d’après-midi, le changement n’est pas que cus que la question de l’éducation ques du congrès. Cette nouvelle for- ministre déléguée à la famille et à des blessures trop vives, prévoit-on à Pau ; les 400 responsables de la sémantique. « La conception de est désormais une question sociéta- me d’acquisition des connaissances, l’enfance compte le soutenir en au cabinet de Ségolène Royal. FEN, réunis en congrès jusqu’à jeu- l’autonomie présente dans l’UNSA le », souligne M.Roux. Son dau- inspirée de l’enseignement supé- conseil des ministres durant la pre- Mais dans certains cas, un refus di 14, ont entériné, à près de 80 %, me gêne ; l’autonomie, historique- phin désigné pour 2002, Patrick rieur, prévoit l’obtention d’unités de mière quinzaine de janvier, et espè- pourra suffire à répondre aux ques- le changement de nom proposé ment, est réactionnaire. Pendant Gonthier estime aussi que le valeurs permettant de « casser les re le voir débattu au Parlement tions de l’enfant. » par la direction fédérale. La mythi- 50 ans, la FEN a été autonome, moment est venu de « désenclaver classes », d’éviter les redoublements dans la foulée. La levée spontanée du secret par que FEN cède donc la place à l’UN- mais cela signifiait qu’elle n’apparte- les acteurs de l’école, pour éviter de et de progresser dans un cycle étalé Compromis de haute voltige, ce la mère de naissance ou le père de SA-Education, confirmant son nait à aucune confédération. Et retomber dans la « léthargie des for- sur plusieurs années. Malgré le scep- texte tente de concilier les points naissance ne sera en revanche ancrage dans la confédération puis, il n’y a pas eu de débat sur les teresses ». Nous devons penser les ticisme des enseignants, il a été déci- de vue, a priori inconciliables, des signalée à l’enfant que si celui-ci interprofessionnelle autonome, valeurs que nous allons partager ». problèmes éducatifs – la formation dé que la fédération devait s’enga- défenseurs des droits des femmes formule, de son côté, une deman- créée en 1993. pour les salariés, les liens avec l’en- ger dans « une réflexion approfon- et ceux des associations militant de. « Il faut respecter la volonté de Pour d’anciens responsables de CHOIX DE L’INTERPROFESSIONNEL treprise, la place des nouvelles tech- die » sur la manière de mettre en pour le droit aux origines, qui se certains enfants adoptés qui n’éprou- la fédération, cette évolution équi- Pour Jean-Paul Roux, réélu secré- nologies… – avec d’autres profes- œuvre ces modules. sont multipliées ces dernières veront pas le besoin de connaître vaut à « un déchirement ». taire général de l’organisation, le sions ». « Cette évolution préfigure Enfin, avouant à demi-mot un années (Le Monde du 9 novembre leurs origines », poursuit-on au D’autres jugent qu’avec cette déci- retour à un syndicalisme interpro- ce qui va se passer dans d’autres militantisme en berne, les congres- 1999) ; tout en permettant à la ministère délégué à la famille. Le sion « surréaliste », l’ex-FEN «va fessionnel ramène au contraire la organisations syndicales du sec- sistes n’ont pas éludé le nécessaire France de respecter ses engage- Conseil national pour l’accès aux droit dans le mur ». Revêtant un FEN, créée au sein de la CGT en teur », assure-t-il. Les responsa- changement de leurs pratiques syn- ments internationaux (Conven- origines personnelles se voit par caractère plus passionnel que poli- 1929, à ses origines. Et le Syndicat bles de l’UNSA-Education comp- dicales. Sur ce point, le nouveau tion internationale des droits de ailleurs chargé d’une délicate mis- tique, le débat sur le nom a en tout des enseignants, l’un des plus tent sur les jeunes enseignants, nom ne résoudra en rien les difficul- l’enfant de 1989, convention de sion de médiation et d’accompa- cas cannibalisé l’ensemble des dis- ardents défenseurs du changement selon eux, « plus ouverts », pour fai- tés des plus fragiles, notamment La Haye de 1993). « Il permet la gnement psychologique des per- cussions du 37e congrès de la FEN. de nom, a tenu à rappeler que la re le choix de l’interprofessionnel. des syndicats enseignants. A moins coexistence des droits à la liberté et sonnes concernées. Car les « anciens » ne sont pas les charte de l’UNSA avait repris les La « société éducative » défendue que, comme le défend Alain Olive, à la vérité, la garantie du droit de seuls à trouver la pilule amère. valeurs de « laïcité, liberté, justice par l’UNSA-Education s’articule le secrétaire général de l’UNSA, l’enfant au respect de son histoire EXCEPTION OU EXTINCTION Mercredi, les représentants de sociale, solidarité, défense du service autour de trois temps : celui du socle « les méthodes syndicales inspirées tout en assurant la sécurité de la Comme tout compromis, le pro- quelques petits syndicats et de public », chères à la FEN. Pour son commun des connaissances, concen- du secteur privé puissent servir l’édu- mère et de l’enfant lors de la nais- jet de loi, qui viendrait modifier le quelques régions sont venus dire secrétaire général, Hervé Baro, qui tré à l’école primaire et au collège, cation nationale (l’UNSA compte sance », promet le texte de présen- Code de la famille et de l’aide socia- leur scepticisme. « Ce débat nous a prendra en juin 2001 la tête de celui de la diversification des forma- 60 000 salariés du privé sur ses tation. le, ne satisfait pleinement aucun été imposé et il n’avait rien d’ur- l’UNSA-Fonctionnaires, l’évolu- tions, proposée au lycée et dans l’en- 360 000 adhérents, NDLR) ». Dès L’idée est de transformer l’accou- des deux camps. Seule l’UNAF gent », a regretté un membre de tion se situe aussi dans la droite seignement supérieur, et enfin la for- vendredi, les congressistes retrou- chement anonyme en accouche- (Union nationale des associations l’éducation populaire. Christine ligne de la scission de 1992. mation tout au long de la vie. A cet veront donc leur terrain d’action et ment secret, avec une possibilité familiales) le soutient pleinement. Bonnefon, qui a démissionné du Car, au-delà des aspects symboli- égard, le développement de la valida- « des pratiques revisitées » sous une de réversibilité de ce secret. Pierre Verdier, qui préside la puis- secrétariat national de la FEN ques, la naissance de l’UNSA-Edu- tion des acquis professionnels consti- nouvelle étiquette. Pour arborer Durant leur séjour en maternité, sante Coordination des actions pour marquer son désaccord, résu- cation et l’engagement dans une tue une priorité. Sur les aspects péda- un nouveau logo, il leur faudra les femmes peuvent toujours pour le droit à la connaissance des me un sentiment finalement assez logique interprofessionnelle doi- gogiques, la fédération est même attendre encore quelque temps. requérir l’anonymat, mais elles se origines (Cadco), espère qu’il ne partagé : « on abandonne un sigle vent marquer la « mutation » de la allée plus loin. Trop loin au goût du voient incitées, dès leur admission, s’agit que d’une étape vers la sup- connu pour un qui ne l’est pas ». fédération cinquantenaire. «Ce Syndicat des enseignants, premier Stéphanie Le Bars à confier leur identité « sous le pression de l’accouchement sous sceau du secret » et sous pli fermé. x… « Nous voulons que de la nais- Avant leur départ, un entretien sance découle la filiation. Nous leur est proposé avec un représen- regrettons donc qu’il n’y ait pas La longue descente aux enfers de la forteresse enseignante tant du Conseil national pour l’ac- d’obligation de décliner son identité cès aux origines personnelles, ins- lors de l’accouchement, et pas de IL NE MANQUAIT PLUS qu’un En 1988, au congrès de exclus ; le Syndicat des ensei- au compromis social-démocrate tance nationale que crée le projet communication de plein droit de cet- changement d’étiquette pour que La Rochelle, la FEN propose à la gnants remplace le SNI avec l’ambi- d’un pôle « réformiste ». Pourtant, de loi : les mères sont alors invi- te identité à la majorité de l’enfant : la FEN prenne acte de sa longue gauche un programme de gouver- tion de regrouper les enseignants le passé récent a montré que «le tées à laisser quelques éléments cela relèverait, pour les mères, de descente aux enfers. Désyndicalisa- nement censé réconcilier les ensei- de la maternelle au lycée. La scis- raisonnement politique pariant sur sur leur propre histoire et celle de l’éthique de la responsabilité, et tion, renouvellement des ensei- gnants avec un Parti socialiste con- sion, censée clarifier les bases de la la mise en conformité du vote des leur enfant, et sont une nouvelle serait salutaire pour les adoptants, gnants, explosion de la démogra- verti au réalisme du pouvoir, FEN, accentue sa chute. enseignants avec leurs adhésions fois poussées à décliner leur identi- obligés de parler de l’adoption à phie scolaire dans le second « L’école de l’an 2000 » : loi de pro- syndicales ne fonctionne pas : ils té ainsi que celle du père de l’en- leur enfant ». degré : depuis 1978, date de son grammation, adaptations pédago- LAÏCITÉ ET CONFÉDÉRALISME votent plutôt PS mais adhèrent à la fant dans le cas où elles s’y Georgina Souty-Baum, du Mou- apogée, où il comptait giques pour « travailler autre- Depuis sa création, le 15 avril FSU ; en outre, l’autonomie du syndi- seraient refusées lors de leur vement national pour le droit d’ac- 550 000 adhérents, l’empire bâti ment », corps unique pour tous les 1993, la Fédération syndicale uni- calisme enseignant décidée en 1948 admission. cès aux origines familiales, parle de par et pour les instituteurs n’a ces- enseignants recrutés au niveau taire, FSU, qui a démarré avec a paru très bien leur convenir et il « réformette » : « Alors que si la sé de perdre du terrain. licence, ouverture à l’entreprise. 150 000 adhérents contre 180 000 semble illusoire de les remobiliser LEVÉE SPONTANÉE DU SECRET mère était informée dès le début de En 1984, le succès de la manifes- Mais, en interne, les divisions s’ac- à la FEN, n’a cessé de gagner du ter- sur l’appartenance à un syndica- Ces données sont conservées la future levée du secret, elle ne tation pour l’école privée marque centuent. Les tendances commu- rain. Dans les collèges et lycées, le lisme confédéré », relève André par le nouveau Conseil national vivrait plus dans le mensonge com- un premier échec historique. L’es- niste (Unité et action) et d’extrême SE-FEN ne décroche que 4 % des Robert, auteur du Syndicalisme des pour l’accès aux origines person- me aujourd’hui ». poir de négocier avec la gauche le gauche (Ecole émancipée) se suffrages aux élections profession- enseignants. Le dernier projet de la nelles (composé de six à dix mem- Pour les féministes du Planning « grand service public laïc d’éduca- regroupent contre les socialistes nelles de 1993. Dans les écoles, il FEN, « La société éducative », est- bres, magistrats administratifs et familial ou du Collectif contre le tion » est enterré, balayé par les d’Unité indépendance démocratie obtient 37 % des voix, le tout jeune il un chant du cygne ? S’il renoue judiciaires, personnalités quali- viol, tout au contraire, ce projet va consommateurs d’école. En 1986, (UID), dont la majorité devient SNUipp-FSU, 27,5 %. En 1999, le avec les origines – laïcité et confé- fiées). Lorsque l’enfant en fait la trop loin. « Des pressions terribles René Monory sape les bases du relative. En 1991, la FEN compte SE passe sous les 30 % et perd des déralisme –, il affirme aussi que demande, avec l’accord du ou des seront exercées sur les mères. Sinon, Syndicat national des instituteurs, 350 000 adhérents. La minorité est bastions historiques. l’éducation n’appartient plus aux titulaires de l’autorité parentale s’il pourquoi légiférerait-on de nouveau le SNI-PEGC, pilier fondateur de la prête à la relève. En 1992, c’est l’im- L’UNSA-Education, davantage seuls enseignants. est mineur, le Conseil « fait procé- alors que la loi actuelle permet déjà FEN, dominé par les socialistes. plosion. Les minoritaires, SNES et assise sur les éducateurs que sur der à la recherche des parents de de venir déposer son identité dans le Décision est prise de supprimer le SNEP (éducation physique), sont les enseignants, veut encore croire Nathalie Guibert naissance afin de solliciter leur dossier de l’enfant si l’on change corps des PEGC : « un coup de poi- d’avis ?, interroge Valérie Boblet, gnard dans le dos » pour le SNI, qui du Mouvement français pour le défend le maintien de ces ensei- planning familial. Les femmes gnants de collège dans le giron des Polémique entre policiers et avocats autour du standard téléphonique des gardes à vue auront cette épée de Damoclès toute instituteurs. Les enseignants des leur vie au-dessus de la tête. La pers- lycées, dont le syndicat, le SNES, A MOINS de trois semaines de l’entrée en contre toute continuation de cette pratique ». lieu où il est retenu, s’il est majeur ou mineur ». pective d’être recontactées, c’est un est dirigé par les communistes, mar- vigueur de la loi sur la présomption d’innocen- Le barreau de Paris s’étonne d’une polémi- Aux yeux des avocats, le nouveau système deuil qu’elles ne pourront pas faire, quent un point. L’affaire convainc ce, une polémique oppose deux syndicats de que dans laquelle il voit une « manœuvre pour ne met pas plus en danger le secret de l’instruc- une porte qu’elles ne pourront pas la FEN de créer, avec d’autres parte- police, Synergie-officiers et Alliance au bar- empêcher l’application de la loi sur la présomp- tion ou le secret professionnel que l’ancien. refermer. Si elles s’opposent à la naires, une confédération des servi- reau de Paris. Les deux organisations dénon- tion d’innocence ». Une des dispositions de ce « Quand les policiers ou les gendarmes appe- levée du secret, elles seront des mons- ces publics. Tentative avortée. cent dans un courrier adressé le 12 décembre texte qui doit entrer en vigueur le 1er janvier laient directement les cabinets, reprend tres. Et les enfants deviendront fous « L’échec de la FEN est à la fois au ministre de l’intérieur Daniel Vaillant, la 2001, prévoit la présence de l’avocat dès la pre- Me Jouanneau, c’était le plus souvent les secré- de savoir qu’un organisme détient simple, immense et paradoxal, ana- mise en place depuis le 1er octobre d’un numé- mière heure de garde à vue, au lieu de la ving- taires qui répondaient. Elles ne sont pas plus sou- l’identité de leur mère, mais ne leur lysent dès 1985 les auteurs de La ro d’appel unique auquel les officiers de police tième heure, actuellement. mises au secret professionnel des avocats que les donne pas ! » Forteresse enseignante (Fayard). La judiciaire doivent recourir pour prévenir les standardistes de Sprintel ». Au ministère de la famille, on ne fédération n’a jamais surmonté la avocats parisiens des gardes à vue. Or, ce stan- « CLAUSE DE CONFIDENTIALITÉ » A Lille (Nord), l’utilisation des services de se cache pas de vouloir faire de l’ac- contradiction qui oppose ses compo- dard est géré par Sprintel, une société privée « Nous avons mis en place ce système de stan- Sprintel remonte à plus de six ans, et n’«a couchement anonyme (qui n’a santes essentielles, le SNI et le SNES. installée à Versailles (Yvelines), ce qui consti- dard privé dans un but d’efficacité, explique Me jamais posé le moindre problème », selon le déjà concerné que 560 enfants en La guerre entre enseignements pri- tue selon les syndicats « une violation flagran- Mathilde Jouanneau, membre du conseil de bâtonnier Denis Lequai. « Chez nous, le stan- 1999) une exception avant, peut- maire et secondaire réfléchit des te » du secret de l’instruction et du secret pro- l’ordre, et chargée de suivre le dossier des gar- dardiste ne connaît même pas l’identité du gar- être, dans un second temps, d’en antagonismes sociaux profondé- fessionnel auquel sont tenus les avocats. des à vue pour le barreau de Paris. Car, à partir dé à vue. L’OPJ appelle. Il se contente d’indiquer prévoir l’extinction : « Une nouvelle ment ancrés dans la société fran- « Dans cette affaire, les policiers sont abusés, du 1er janvier, à Paris, le nombre de gardes à vue le lieu où la personne est retenue, et bipe deux règle sociale est posée : l’accouche- çaise ; ils opposent une certaine peti- écrivent-ils à M. Vaillant. Des renseignements dans lesquelles nous interviendrons, sera multi- avocats de permanence ». Plusieurs autres bar- ment n’est pas seulement un événe- te bourgeoisie fonctionnaire et les confidentiels (état-civil, lieux de détention) sont plié par six, passant d’environ 5 000 à près de reaux (Créteil, Versailles, Lyon, Marseille) ment privé. La société est en droit de classes moyennes intellectuelles, qui divulgués à une société privée dans un but lucra- 30 000. En plus, nous avons imposé à la société recourent également aux services de la même demander à la mère de consigner invoquent toutes deux la haute tif avec l’aval de l’ordre des avocats ». Un peu Sprintel une clause de confidentialité. Elle figure société privée. son identité. » culture pour tous afin de défendre plus loin, ils préviennent le ministre de leur dans le contrat de travail des standardistes, qui chacune leur pouvoir. » intention de « mettre en garde nos collègues ont connaissance de l’identité du gardé à vue, le Pascal Ceaux Pascale Krémer 14 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 SOCIÉTÉ Ouverture d’une enquête après Le Haut Conseil à l’intégration dresse la lettre de l’ETA à Bixente Lizarazu LA DIVISION nationale antiterroriste (DNAT) et l’antenne de police un état des lieux de l’islam en France judiciaire de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) ont été chargées de l’en- quête sur la lettre de menaces de l’ETA adressée au joueur de football de l’équipe de France et du Bayern de Munich, Bixente Lizarazu (Le Trois membres ont critiqué publiquement le rapport sur la question du port du voile à l’école Monde du 14 décembre), après l’ouverture d’une enquête préliminaire par la section antiterroriste du parquet de Paris. Les policiers devront Le Haut Conseil à l’intégration, présidé par Roger République ». Sur la question du voile islamique, le les. Le rapport, qui évalue à plus de 4 millions le nom- notamment authentifier ce courrier dans lequel l’organisation sépara- Fauroux, a remis, jeudi 14 décembre, au premier Haut Conseil n’a pas suivi certains de ses membres bre de musulmans en France, préconise que l’Etat tiste basque réclame « une aide financière » à M. Lizarazu. ministre, son rapport consacré à « L’islam dans la qui souhaitaient une interdiction totale dans les éco- « accompagne » l’intégration du culte musulman. A Munich, où réside le joueur, « la police allemande (…) a pris les mesu- res de sécurité nécessaires », a indiqué, mercredi 13 décembre, le C’EST la première fois qu’un rap- re des jeunes filles obstinées à porter de repas sans porc, la recherche lycées : « De telles démarches per- Bayern de Munich. Le texte précise que le joueur, actuellement blessé, port du Haut Conseil à l’intégra- le voile contribuerait à les confiner d’un compromis sur la « rupture mettent à chacun de découvrir ou ne souhaitait pas s’exprimer pour l’instant. La police française a, de tion (HCI) suscite une telle polémi- encore davantage dans leur particu- du jeûne » en classe pendant le de s’approprier la culture musulma- son côté, pris des mesures pour assurer la protection de sa famille qui que. La démographe Michèle Triba- larisme ». mois du Ramadan et l’octroi d’une ne dans ses dimensions historique habite à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). lat, membre de cet organe consul- Le texte du rapport appelle autorisation d’absence pour le et culturelle, et non plus dans sa seu- tatif créé en 1989 par Michel donc, sur la question du voile isla- le dimension religieuse. » Le HCI Rocard, a présenté, lundi 4 décem- mique, « au respect du cadre juridi- estime que « l’école républicaine La LDH demande des sanctions bre, sa démission pour exprimer que défini par le Conseil d’Etat » : « Les conditions se doit de faire en sorte que l’islam son désaccord avec ce document, seul est contraire à la laïcité le port ne soit pas un frein mais une chan- consacré cette année à « L’islam de signes religieux ayant «un paraissent réunies ce pour l’intégration des jeunes contre un enseignant négationniste dans la République » et remis jeudi caractère ostentatoire ou revendica- musulmans ». 14 décembre au premier ministre. tif » et constituant « un acte de pro- pour que Dressant un état des lieux de l’is- LE PRÉSIDENT de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Michel Le président du Haut Conseil, sélytisme ou de propagande ». lam de France, le rapport évalue à Tubiana, a adressé, mardi 12 décembre, une lettre au ministre de l’édu- Roger Fauroux, a jugé bon de ren- Reconnaissant que « la ligne est se développent un total « légèrement supérieur à cation nationale, Jack Lang et au président de l’université Jean-Mou- dre compte, dans son introduc- parfois difficile à tracer », le Haut 4 millions » le nombre des musul- lin-Lyon III, Gilles Guyot, pour demander que des sanctions discipli- tion, de ces discussions « parfois Conseil préconise « une action entre la République mans. Si le Haut Conseil préconise naires soient prises contre Jean-Pierre Allard. Cet enseignant-cher- vives », qui ont porté principale- d’envergure menée par le ministère que l’Etat « accompagne » l’inté- cheur, spécialiste du monde germanique, fut en 1985 le président du ment sur le port du voile islami- de l’éducation nationale sous forme et l’islam des gration du culte musulman, il jury de la thèse négationniste soutenue par Henry Roques, annulée en que : « Quelques membres du Haut de séminaires d’information et de prend fermement position contre 1986 par le ministère de la recherche. Conseil souhaitent l’interdiction formations des équipes enseignan- relations apaisées » une modification de la loi de 1905, En 1981, il fut également le fondateur de l’Institut d’études Indo-euro- générale et absolue du port du voile tes ». et donc du régime des cultes : «Un péennes, qualifié de « laboratoire idéologique de l’extrême droite » par à l’école, ainsi que de tout signe Le rapport établit une distinc- tel revirement législatif, à supposer un collectif d’étudiants ; l’IEIE a été dissous en 1998. Des associations d’appartenance religieuse ».La tion entre les « accommode- jour de l’Aïd el-Kebir. En revan- qu’il fût souhaitable, aurait pour demandent que l’enseignant soit interdit d’exercer, qu’il ne puisse majorité du Haut Conseil n’a pas ments » que l’éducation nationale che, il s’oppose fermement à la dis- conséquence de remettre au pre- accéder à un nouveau grade et qu’il soit privé d’une partie de son retenu ces arguments : « Les témoi- pourrait consentir aux élèves tribution de repas halal, à « tout mier plan les passions et les conflits traitement. Jean-Paul Allard doit prendre sa retraite dans deux gnages de plusieurs acteurs de ter- musulmans et les « revendications aménagement systématique des ryth- récurrents que suscite dans notre ans. – (Corresp.) rain indiquent que l’expulsion pure inacceptables ». Le HCI recomman- mes scolaires », tout refus de la pays la question religieuse ».En et simple de la communauté scolai- de la distribution dans les cantines mixité et « tout compromis sur le revanche, le rapport soutient le me contenu des programmes ou sur l’as- projet suggéré par Etienne Trocmé M Lebranchu installe la commission siduité scolaire ». de créer à Strasbourg un « centre « Les choses qui fâchent » oubliées dans le rapport Mais le Haut Conseil à l’intégra- de formation à la théologie musul- tion met en garde contre « une mane », qui pourrait former des de réforme de l’accès au droit Michèle Tribalat est le seul membre du Haut Conseil à l’intégration approche exclusivement religieu- imams dans le cadre d’une faculté à avoir voté contre l’adoption du rapport consacré à « L’islam dans la se » des revendications adressées d’Etat bénéficiant du régime des LA MINISTRE de la justice, Marylise Lebranchu, a installé, mercredi République ». Cependant, deux autres membres ont exprimé publi- à l’école par les jeunes musul- cultes propre à l’Alsace-Moselle. 13 décembre, la commission chargée de réfléchir à une réforme de quement leur désaccord, tant sur le fonctionnement du HCI que sur mans. Leur comportement révèle Le rapport insiste sur le rôle des l’accès au droit et à la justice, qui doit rendre son rapport avant le certains points du document : Mmes Jeanne-Hélène Kaltenbach et « la recherche d’une identité de élus locaux et des préfets, qui peu- 30 avril (Le Monde du 1er décembre). Son président Paul Bouchet, Gaye Petek-Salom, toutes deux responsables d’association, ont esti- substitution ». Le HCI préconise vent « jouer un rôle de médiateur et ancien bâtonnier de Lyon et président d’ATD-Quart-Monde, a insisté mé dans un communiqué qu’il appartenait « au Parlement » de déci- donc « une nouvelle approche des de catalyseur ». S’appuyant sur les sur la « globalité » de sa mission et souligné qu’il ne s’agissait pas «de der des questions « difficiles », « qu’il s’agisse des manifestations reli- cultures d’origine », dont la con- « leçons tirées des expériences loca- rustiner le système ». « Dire que nul n’est censé ignorer la loi est une vas- gieuses – principalement de l’islam – à l’école, ou de l’encadrement juridi- naissance doit être « dispensée de les », le Haut Conseil affirme que te plaisanterie, a indiqué M. Bouchet, les gens ne connaissent pas leurs que des religions ». Dans une tribune publiée dans Le Figaro du manière ouverte et s’adresser à l’en- « les conditions paraissent aujour- droits et permettre cet accès est précisément l’ambition de cette commis- 6 décembre, Mme Tribalat avait expliqué les raisons de sa démission, semble de la communauté scolaire d’hui réunies pour que se dévelop- sion ». Par ailleurs, la garde des sceaux a indiqué mercredi que les affirmant que le rapport évitait de parler « des choses qui fâchent »,et afin de faciliter le “vivre-ensem- pent entre la République et l’islam négociations avec les avocats pouvaient reprendre. Aucun rendez- qu’il n’avait pas fait l’objet d’une « discussion détaillée » au sein du ble” ». Le rapport cite en exemple des relations apaisées ». vous formel n’a été fixé. Haut Conseil. Elle réclamait notamment une « remise à plat » des lois un certain nombre d’initiatives de 1901 et 1905 sur les associations. locales dans des collèges et des Xavier Ternisien DÉPÊCHES a JUSTICE : Emile Louis, placé en garde à vue mardi 12 décembre, dans le cadre de l’affaire des « disparues de l’Yonne » aurait avoué au moins un meurtre (Le Monde du 14 décembre). L’information judiciai- Grève du personnel de la direction générale de la santé re ouverte en 1997 concerne la disparition, entre 1977 et 1979, de sept jeunes filles handicapées mentales légères. Entendu à Draguignan, LES PERSONNELS de la direction générale sions évoluer avec la création des agences de re d’Etat a voulu présenter ce programme au par des gendarmes de la Section de recherches de Paris, Emile Louis a de la santé (DGS), soutenus par la CFDT et la sécurité sanitaire. Elle est actuellement chargée stand du ministère au Medec (salon pour les été transféré, dans la nuit de mercredi à jeudi 14 décembre, à Auxerre. CGT, ont déposé un préavis de grève pour lun- de proposer à son ministère de tutelle, le secré- médecins), la DGS ne pouvait y envoyer aucun Le procureur de la République de la ville devait organiser une confé- di 18 décembre (Le Monde du 14 décembre). tariat d’Etat à la santé et aux handicapés, et expert. » Des membres de la division sida ont rence de presse sur le sujet dans l’après-midi de jeudi. Une pétition, adressée à Elisabeth Guigou et à donc le ministère de l’emploi et de la solidarité, dû assurer la présence face à un public de pro- a Quelque 200 huissiers de justice, réunis à Melun (Seine-et-Mar- Dominique Gillot, a été signée par plus de 70 % les politiques à appliquer et d’en piloter la mise fessionnels. Le médecin chargé des problèmes ne) à l’initiative du Syndicat national des huissiers de justice (SNHJ), du personnel (206 signataires au 12 décembre), en œuvre et l’évaluation. de santé liés au vieillissement s’en va et ne sera ont voté, mercredi 13 décembre, une grève partielle pour demander avec des taux atteignant 80 % parmi les chefs remplacé au mieux qu’au deuxième semestre une revalorisation de leurs rémunérations de base qui n’auraient pas de division ou de bureaux et leurs adjoints ou L’INVENTAIRE DES CARENCES 2001. Quant aux problèmes liés à l’alcool et à la augmenté depuis 1988. Cette grève concerne la tenue des audiences les cadres. Elle demande le pourvoi « en urgen- La réorganisation de la DGS, définie par l’ar- toxicomanie, « une jeune attachée effectue à elle dans les tribunaux et la délivrance des actes pénaux. ce des 51,3 postes vacants » et le renforcement rêté du 21 juillet 2000, a avivé les tensions : seule le travail qui été réalisé précédemment par a Le journaliste Michel Alves Da Cunha, poursuivi pour « publica- de la DGS de 60 postes, aussi bien dans des « Cette réorganisation présente la DGS comme deux personnes ». tion de fausses nouvelles et de pièces fabriquées », a été condamné, mer- domaines d’expertise que pour des tâches admi- elle devrait être et nous mesurons d’autant mieux Tout en nuançant le tableau dépeint par le credi 13 décembre, à 50 000 francs d’amende par le tribunal correc- nistratives, ainsi qu’un effort financier. « Notre l’écart considérable avec la situation actuelle », personnel de la DGS, on assure, au ministère tionnel de Nanterre. En août 1999, il avait publié, dans le magazine tutelle n’a l’air de ne penser qu’en termes de explique Robert Simon, l’un des coordinateurs de l’emploi et de la solidarité, avoir conscience Entrevue, un reportage monté de toutes pièces sur la violence en ban- médecins ou d’ingénieurs sanitaires et d’oublier du mouvement engagé depuis le 5 décembre. des problèmes structurels. Une réunion avec lieue (Le Monde du 17 novembre). les postes de secrétaire, explique un membre de L’inventaire des carences actuelles est impres- les représentants du mouvement devrait bien- a BANDITISME : un nouveau cadavre a été retrouvé criblé de bal- la DGS. Résultat, des cadres doivent faire du tra- sionnant. La cinquième sous-direction (patholo- tôt avoir lieu. D’ici là, le personnel est appelé à les et carbonisé, mercredi 13 décembre, dans une voiture calcinée à vail administratif. » Le personnel, qui « appuie gies et santé) paraît particulièrement sinistrée : cesser, chaque jour, le travail à 17 h 30 et à ne Saint-Cannat, près d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). C’est le les efforts accomplis par le directeur général pour « Le bureau des programmes prioritaires et le pas répondre aux questions écrites transmises quatrième cadavre découvert carbonisé dans sa voiture dans les Bou- obtenir les moyens nécessaires », compte sur le bureau des problèmes émergeants comptent par le cabinet, sauf en cas d’urgence sanitaire. ches-du-Rhône en trois semaines. Les enquêteurs envisagent un lien vote d’un amendement parlementaire lors du moins de dix personnes à eux deux, souligne un De plus, vendredi 15 au matin, les téléphones avec l’assassinat de Francis Vanverberghe, dit « le Belge », parrain vote du budget du ministère vendredi document émanant du personnel. Il n’y a per- seront tous basculés vers des répondeurs. marseillais tué le 27 septembre à Paris. 15 décembre. sonne pour mettre en œuvre le programme can- a CORSE : onze personnes ont été interpellées, mardi 12 et mercre- Cette administration centrale a vu ses mis- cer élaboré en début d’année. Lorsque la secrétai- Paul Benkimoun di 13 décembre, en Corse. Huit individus, dont un couple de militants nationalistes, ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur un attentat en janvier 1999 contre des locaux de la Direction départementale de l’équipement (DDE) et l’office du tourisme à Ghisonaccia (Haute-Cor- Le Parlement européen persiste à vouloir limiter la consommation de tabac se). Les trois autres personnes ont été interpellées dans le cadre d’in- vestigations sur une tentative d’assassinat contre Noël Andreani en Les fabricants devront augmenter la taille des avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes juillet.

STRASBOURG obtenir gain de cause contre certai- lement en garde contre la tentation européen (droite), passerait la bar- de notre bureau européen nes décisions du législateur, auprès d’une récidive. Ils ont assuré qu’en re de la seconde lecture, plus haute Malgré la pression des lobbys du de la Cour de justice des communau- se préoccupant de l’emballage des que celle de la première, puisqu’elle tabac qui lui demandaient de ne pas tés européennes. Cette juridiction a paquets de cigarettes, et surtout en requiert des majorités « quali- légiférer, le Parlement européen a annulé un texte de loi interdisant la imposant la suppression des mar- fiées » de 314 voix sur 626 et non adopté, mercredi 13 décembre, en publicité pour le tabac (Le Monde du ques dites « légères », « light », ou des majorités simples. seconde lecture, une proposition de 7 octobre), après avoir constaté qu’il « mild », au motif qu’elles sont Ainsi adoptée, la directive pro- directive visant à restreindre la con- ne visait pas le bon fonctionnement trompeuses pour le consommateur, pose de réduire les teneurs en gou- sommation de cigarettes, grâce à du marché intérieur, comme l’affir- le législateur se souciait à nouveau dron, nicotine et monoxyde de car- l’augmentation de la taille des aver- mait le législateur, mais la protec- de santé publique. bone, à partir de janvier 2004, mais tissements sanitaires sur les tion de la santé publique, domaine Le rapporteur, Jules Maaten, libé- autorise les exportations de pro- paquets. Entre la première lecture, où l’harmonisation communautaire ral hollandais favorable à la cause de duits aux teneurs plus élevées jus- en juin, et la seconde, les lobbys du est prohibée. la santé publique, a voulu prévenir qu’en janvier 2007. Les avertisse- tabac ont montré qu’ils pouvaient Les lobbys du tabac ont mis le Par- tout nouveau recours en réécrivant ments doivent couvrir respective- une partie du texte, quitte à le ren- ment 30 et 40 % des deux faces prin- dre illisible pour le profane. C’est ain- cipales, au lieu de 25 % actuelle- si que l’interdiction pure et simple ment, et 10 % de la face latérale au des appellations dites « légères » a lieu de 4 %. Ils pourront contenir été remplacée par une interdiction des photographies montrant les relative, liée au fait qu’elles sont dégâts du tabac sur la santé. « une variante dans le style d’une mar- Le conseil des ministres de la que déposée », et non « une partie santé, qui devait se réunir, jeudi distinctive substantielle » de cette 14 décembre, pour examiner la marque. Autrement dit, la marque directive, devrait constater que sa Mild Seven pourrait être autorisée, position diffère de celle du Parle- alors que la marque Marlboro light ment et proposer soit d’adopter les serait interdite. amendements parlementaires, soit M. Maaten a dû faire des amende- d’engager une conciliation avec les ments de compromis pour s’assu- eurodéputés. rer que le texte, fortement contesté par le groupe du Parti populaire Rafaële Rivais 15 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 Un rapport souligne les dérives de l’activité aurifère en Guyane Dans le Finistère, Travail clandestin, sous-évaluation des quantités d’or prélevées, atteintes graves à l’environnement et à la santé, les dégâts sont la députée (app. PS) Christiane Taubira-Delannon dresse un état des lieux inquiétant considérables CAYENNE Le nord du projet de parc naturel est pollué toire communal est situé au cœur sil, leur pays d’origine, mais BREST de notre correspondant d’une concession attribuée à l’opé- « reviennent sur le territoire un peu de notre correspondant Christiane Taubira-Delannon, GUYANE rateur Guyanor Ressources, filiale avant les gendarmes qui les ont Après la crue, la décrue. Jeudi députée (app. PS) de Guyane, ne FRANÇAISE guyanaise de la multinationale reconduits à la frontière ». matin 14 décembre les eaux PARAMARIMBO cache pas ses réticences : elle canadienne Golden Star. « La par- Après cet état des lieux, avaient retrouvé le lit des rivières à i n Saint-Laurent- me n’était pas « fascinée par les éclats o tie la plus productive du filon est, M Taubira-Delannon décline ses Morlaix, Quimperlé, Quimper et r Kourou a du-Maroni

de l’activité aurifère en Guyane, à y semble-t-il, repérée dans le sous-sol propositions sur la viabilité de Pont-Aven. Après avoir été très M r l’origine de bien des passions, de ten- a CAYENNE du bourg. La société procédera- cette activité en vingt-huit recom- haut mercredi, le niveau a commen-

Saint-Elie m

sions et de controverses ». Au terme a t-elle à des expropriations ? », s’in- mandations. La protection de la cé à baisser également à Château- n

n OCÉAN de la mission que lui a confiée en i terroge la députée. Le rapport santé publique est pour elle une lin, au rythme de huit centimètres S mars Lionel Jospin – elle devait lui SURINAM Réserves ATLANTIQUE Taubira-Delannon épingle aussi priorité. Elle préconise des mesu- par heure, jeudi matin. Mais si les remettre son rapport jeudi des Nourragues les multiples chantiers flottants, res immédiates pour réduire l’ex- rivières sont redevenues plus sages, Saül k o 14 décembre –, elle est moins caté- Maripasoula p interdits en Guyane par un arrêté position au mercure et propose de d’énormes quantités d’eau restent a gorique : « Malgré tout, on ne peut y préfectoral de 1997. Ces barges, prévenir les risques liés au déverse- à pomper dans les maisons. Durant O pas rayer d’un trait de plume une Camopi la seule journée de mardi, il est tom- activité qui concerne près de deux bé sur le Finistère pas moins de cents sociétés et emploie près de ZONES AURIFÈRES Christian Paul à Cayenne début janvier 65 litres au mètre carré, soit, en une BRÉSIL neuf cents personnes… officielle- PROJET DE PARC seule journée, la moitié des précipi- 50 km ment. » « Officiellement », car, en NATUREL Le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Christian Paul, a confirmé, tations enregistrées en moyenne réalité, l’orpaillage occupe entre mercredi 13 décembre, une série de visites dans les départements pour un mois de décembre (Le Mon- 3 000 et 6 000 personnes, sans d’outre-mer : en Guadeloupe les 19 et 20 décembre, en Martinique de du 14 décembre). compter les emplois indirects, présentent un taux [de mercure] sont élevés et que les populations les 21 et 22 décembre, en Guyane « dès les premiers jours de janvier Une centaine d’hommes d’une encore plus difficiles à quantifier. supérieur aux normes OMS », expli- résistent de mieux en mieux aux 2001 », avant d’aller à la Réunion. M. Paul est très attendu à Cayenne, unité d’instruction et d’interven- Selon Mme Taubira-Delannon, la que Mme Taubira-Delannon, repre- médicaments », souligne encore où ont eu lieu, fin novembre, de violents affrontements entre forces tion de la sécurité civile basée à part de travail clandestin dans ce nant les résultats d’études réalisées Mme Taubira-Delannon. de l’ordre et militants indépendantistes (Le Monde des 29 novembre Nogent-le-Rotrou devaient être à secteur peut être chiffrée à 80 %. par l’Institut national de veille sani- Au cours de son périple sur les et 1er décembre). Un courrier réclamant sa venue « le plus vite pos- pied d’œuvre jeudi matin, dans le Si la production d’or déclarée cha- taire (INVS) et l’Institut national de fleuves et les sites isolés, la dépu- sible » lui avait été adressé le 30 novembre par les Forces démocra- département, pour renforcer les que année place la Guyane au la santé et de la recherche médicale tée a pu vérifier un certain nombre tiques de Guyane, le Mouvement de décolonisation et d’émancipa- moyens locaux. Jeudi, seul le sec- 50e rang mondial, avec 2,8 tonnes (Inserm) sur l’exposition au mer- de « désordres » flagrants. Elle évo- tion sociale, ainsi que le Komité pou nou démaré la Gwyane. Le Parti teur de Quimperlé restait durement en 1999 – très loin derrière le Bré- cure des Wayanas (Le Monde du que ainsi un « raid » à travers la socialiste guyanais avait décidé de se joindre à cette initiative touché : 200 foyers étaient privés sil (100 tonnes par an) ou le Ghana 16 février). Mais elle va plus loin : réserve naturelle des Nourragues : commune (Le Monde du 2 décembre). D’ici là, les élus guyanais d’électricité et 15 000 abonnés tou- (50 tonnes) –, les chiffres de la pro- « Les populations bushinengue et des représentants de PME et des auront pu débattre de la question statutaire lors d’une table ronde jours sans téléphone. Les pompiers duction réelle sont estimés à créoles des communes du Maroni artisans ont traversé le site avec organisée à Paris, lundi 18 décembre. finistériens ont été moins sollicités 7,5 tonnes, pratiquement le triple. ainsi que la population vivant sur la des pelles mécaniques, ouvert sur entre mercredi et jeudi matin : L’état des lieux établi dans son bande côtière [les trois quarts des 10 kilomètres une ancienne piste 300 à 400 interventions, contre rapport ne s’arrête pas aux consi- habitants, dont ceux de Cayenne et interdite à la circulation et élargi autorisées au Brésil et au Surinam, ment de cyanure dans les sites qui 1 300 entre mardi et mercredi. dérations d’ordre économique et de Kourou] sont également impré- des sentiers pédestres. Le délit exploitent le lit des cours d’eau des auront recours à ce type de traite- Globalement, les dégâts sont con- social. La députée s’attache à faire gnées au-dessus des normes. » reste à ce jour impuni. deux pays voisins. « Les dommages ment des minerais. Au chapitre sidérables, mais n’ont pas encore le point sur l’impact de cette acti- Les activités illégales ne se limi- sur l’environnement et la santé s’ar- économique, la députée demande été évalués. Selon Cédric Goubet, vité sur l’environnement et la san- PROGRESSION DU PALUDISME tent pas à la forêt profonde. Aux rêtent scrupuleusement et miracu- de limiter les territoires concernés directeur de cabinet du préfet, «la té. Elle rappelle que les orpailleurs Toujours en matière de santé, le abords des villages, l’orpaillage leusement à la ligne médiane du par l’activité aurifère : le sujet reconnaissance du caractère de utilisent du mercure pour leur pro- rapport souligne la progression clandestin est roi. A Camopi, sur fleuve », ironise la parlementaire. était, il y a quelques mois, au cen- catastrophe naturelle ne devrait pas duction. Rejeté bien souvent dans inquiétante du paludisme. Là en- les rives de l’Oyapock, fleuve-fron- tre de toutes les polémiques à soulever de difficulté particulière ». la nature et les cours d’eau, le core, les professionnels de l’orpail- tière entre la Guyane et le Brésil, VINGT-HUIT RECOMMANDATIONS l’heure de la création programmée Une cellule médico-psychologique métal s’accumule sous forme de lage sont clairement désignés. Le au moins cinq chantiers fonction- Elle évoque aussi ces opérations du parc naturel de la Guyane (Le a été placée sous astreinte pour méthyl-mercure, passe par la chaî- développement de cette maladie nent au vu et au su de tous, alors coups de poing organisées réguliè- Monde du 25 novembre). Un pro- accompagner, chez certains habi- ne trophique et peut provoquer est lié à la déforestation incontrô- que le conseil municipal s’est pro- rement sur les sites clandestins à la jet qui, pour le moment, est au tants, le contrecoup de ces crues une imprégnation chronique avec lée dont ils sont responsables. «La noncé contre l’activité aurifère. demande des services de l’Etat. point mort. exceptionnelles. des troubles neurologiques graves. Guyane est classée en zone C par A Saint-Elie, l’un des bourgs les Les étrangers arrêtés sont expulsés « Les populations amérindiennes l’OMS. Cela signifie que les risques plus enclavés du centre, le terri- en nombre, au Surinam ou au Bré- Stéphane Urbajtel Vincent Durupt LeMonde Job: WMQ1512--0016-0 WAS LMQ1512-16 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:25 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0266 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 CARNET

DISPARITIONS Anniversaires de naissance – Dieu a rappelé à Lui son fidèle – La famille Roman Soutenances de thèse serviteur, a la tristesse de faire part du décès de – Après avoir fait : – M. Eric Chauvier a soutenu sa thèse – de l’ancien Théâtre Mouffetard et Elisabeth ROMAN, de doctorat en ethnologie, le de la Maison Pour Tous de la Mouffe une André BERTHIER, 17 novembre 2000, à l’université légende, correspondant de l’Institut survenu le 10 décembre 2000, à Bordeaux-II. Sujet : « Fictions Chen Zhen – et de sa vie une joyeuse folie, de France, quatre-vingt-dix ans. familiales. Approche anthropo- linguistique de l’esprit de famille ». officier de la Légion d’honneur, à quatre-vingts balais aujourd’hui avec Les obsèques auront lieu en la chapelle Le jury était composé de MM. Pierre Un Chinois de Paris bonheur nous constatons que ce « Maître médaille militaire, Saint-Benoît, à Issy-les-Moulineaux, le Bidart (université Bordeaux-II) ; Michel ès Culture populaire », croix de guerre 1939-1945, 15 décembre, à 14 h 15. de Fornel (Ehess) ; Mme Sandra Laugier L’ARTISTE PLASTICIEN Chen des ficelles à des cadres eux aussi commandeur de l’ordre national (université d’Amiens) ; M. Bernard Zhen est mort mercredi 13 dé- en bois. Au centre du dispositif fai- George BILBILLE, du Mérite, 23, rue Jean-Bleuzen, Traimond (université Bordeaux-II), cembre, à Paris, des suites d’une sant penser à quelque vieil instru- commandeur de l’ordre 92170 Vanves. directeur du jury. des Arts et Lettres, forme d’anémie. Il avait quarante- ment de musique, l’artiste ajoutait sévit encore ! Le jury lui a délivré la mention Très officier de l’ordre Honorable, avec à l’unanimité les cinq ans. C’était un artiste passion- un globe couvert de postes de ra- Il joue, chante, écrit... des Palmes académiques, – Le marquis de Segonzac, félicitations du jury. Proposé à l’édition nant qui faisait fructifier, avec dio diffusant des miettes d’infor- Y survivrons-nous, son époux, et/ou à un prix. fougue et savoir, sa double appar- mations, quand des pots sortait le vous qui l’avez croisé, Lionel et Michèle de Segonzac, et nous, ses bilounettes, qui l’aimons... le 12 décembre 2000, dans sa quatre- Catherine Shainberg, tenance à la culture chinoise et à bruit enregistré de leur nettoyage vingt-quatorzième année. l’art occidental. quotidien. Un souvenir des sons Laurence et Michael Levin, – Jérôme de Lespinois soutiendra sa [email protected] Jean et Jane de Segonzac, thèse pour obtenir le grade de docteur en Né à Shanghaï en 1955, naturali- entendus chaque matin sur le che- La cérémonie religieuse sera célébrée ses enfants, le vendredi 15 décembre, à 11 heures, histoire de l’université Paris-Sorbonne, sé français, Chen Zhen avait fait min de l’école, que Chen Zhen a as- Camille, Olivier, Arnaud, Alex, Sam, intitulée : « De la défense du sanctuaire des études classiques d’arts appli- sociés à la lecture, une fois arrivé Noces d’or en l’église Notre-Dame-de-Beauregard Max, Natalie et Sébastien, de La Celle-Saint-Cloud. à la projection : l’armée de terre qués et d’art théâtral dans sa ville dans l’école, du Petit Livre rouge, ses petits-enfants, française des années 1970 à 1996 », au – Huit enfants, Et toute la famille, natale et y enseignait avant de censé purifier les âmes. Présentée L’inhumation aura lieu au cimetière service historique de l’armée de terre Dix-sept petits-enfants, (château de Vincennes), le samedi quitter la Chine. Il se fixait à Paris, cet automne à Paris, à La Villette, Et ceux à venir... de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), ont la tristesse de faire part du décès de 16 décembre 2000, à 14 h 30. en 1986, entrait à l’Ecole nationale en marge de l’exposition « La voix Cinquante ans de mariage. dans le caveau de famille. la Le jury sera composé des professeurs supérieure des beaux-arts, puis, en du dragon », qui proposait à la Cité Bravo et longue vie à Jacques Bariéty (Paris-IV, directeur de De la part de 1989, à l’Institut des hautes études de la musique quelque deux mille me recherches) ; Dominique Barjot Monique et Paul FERON. M André Berthier, marquise de SEGONZAC, (Paris-IV) ; Frédéric Bozo (Nantes) ; en arts plastiques de Pontus Hul- cinq cents ans de traditions musi- son épouse, née me Jean-Charles Jauffret (IEP, ten. Il y enseignait aussi, tout en cales en Chine. Parce que les auto- M. et M François Berthier, Madeleine du CAILAR, Aix-en-Provence) ; Christian Schmidt conduisant une carrière d’artiste rités de Pékin n’avaient pas voulu M. et Mme Dominique Berthier, Décès me (Paris-IX) et du général d’armée Jean international connu et apprécié que l’œuvre soit inscrite dans le M Claire Berthier et Alain Lagarde (CR). Laugier, avant que les artistes chinois soient parcours. – Véronique et Etienne Desjobert, survenu le 12 décembre 2000. Mathilde, Juliette, Arnaud, Hugues, ses enfants, à la mode en Europe. Sa première Parmi les grandes œuvres intri- Benoît, Joseph et Françoise Barrière, Charlotte et Cyrille, La cérémonie religieuse sera célébrée exposition importante avait eu lieu gantes de l’artiste qu’on a pu dé- ses petits-enfants, – Rosemonde Sanson a soutenu, le Mathieu, Luc et Danièle Barrière, le vendredi 15 décembre, à 10 heures, 2 décembre 2000, sa thèse d’Etat à au Centre d’art contemporain de couvrir à l’occasion de biennales et Guillaume, Benjamin, Augustin, Claire Les familles Berthier, Trognée, Villa, en l’église Saint-Jacques, 167, boulevard Zingg et Guédon. l’université Paris-IV - Paris-Sorbonne : Grenoble, en 1992. Ce grand ré- autres grandes expositions interna- Boutrolle d’Estaimbuc, Bineau, à Neuilly-sur-Seine, Clotilde et David, Isabelle, Constance, « L’Alliance républicaine cupérateur d’objets usés, qui tionales, il y a eu les Tables rondes suivie de l’inhumation au cimetière démocratique (1901-1920). Une Xavier et Odile Barrière, 37, avenue Duchesne, de Bombon (Seine-et-Marne). connaissait les œuvres de Joseph et leurs chaises de toutes tailles et Antoine, Laure, Quentin, 78170 La Celle-Saint-Cloud. formation de centre ». Le jury, composé des professeurs Beuys et savait comment faire ré- de toutes conditions pour illustrer ses enfants et petits-enfants, Cet avis tient lieu de faire-part. sonner des matières et des maté- les rapports humains ou leur ab- Les familles Lombard, Lacroix, J.-M. Mayeur (directeur de recherches De 1923 à 1973, André Berthier Paris-IV), J.-P. Chaline (Paris-IV), riaux différents, associait des textes sence. Et depuis plusieurs années Legendre, Josse, Dessirier et Rochette, 63, rue de Chézy, ont la tristesse de faire part du rappel à fut conservateur des archives de l’Est 92200 Neuilly-sur-Seine. Ch. Charle (Paris-I), A. Corbin (Paris-I), taoïstes à des déchets d’usines beaucoup d’installations liées aux Dieu de algérien, directeur de la circonscription G. Le Béguec (Paris-X), Fr. Roth trouvés dans la banlieue greno- musiques et aux médecines tradi- archéologique et du Musée de (Nancy-II), l’a déclarée docteur ès lettres bloise. A travers ses installations, tionnelles de Chine et d’ailleurs. Mme Thérèse BARRIERE, Constantine. On lui doit la résurrection – M. et Mme Pierre Vergriete- et sciences humaines et lui a décerné la née LOMBARD, de Tiddis, cité antique de Numidie. Cockenpot, mention Très Honorable et les souvent belles, spectaculaires, ba- Dans plusieurs de ces pièces, Chen félicitations à l’unanimité. roques, Chen Zhen n’a cessé de dé- Zhen reportait des dessins d’anato- leurs enfants et petits-enfants, survenu le 12 décembre 2000, à La ont la douleur de faire part du décès de velopper une relation complexe mie et d’acupuncture sur des peaux Celle-Saint-Cloud, dans sa soixante-dix- – La famille Brown, entre des images de la vie tradi- animales, elles-mêmes tendues sur neuvième année. Ses amis Geneviève VERGRIETE, – Mlle Céline Spector a soutenu sa tionnelle et de la vie moderne, en des cadres de lits, et invitait les ont le regret de faire part du décès de officier de l’ordre national thèse de doctorat en philosophie le Orient et en Occident. spectateurs à tambouriner dessus. La cérémonie religieuse sera célébrée du Mérite, 30 novembre 2000, à l’université samedi 16 décembre, à 10 heures, en Christine BROWN, Un autre grand exemple d’inté- Ce qu’ils n’osaient pas toujours commandeur des Palmes académiques, Paris-X - Nanterre. l’église Sainte-Bernadette, 7, rue Le sujet était : « Économie et politique survenu le 29 novembre 2000, à Grasse, gration culturelle et formelle est faire, même en comprenant que Saint-Nicolas, à Versailles (Yvelines), survenu le 12 décembre 2000, à Paris. dans l’œuvre de Montesquieu ». dans sa quatre-vingt-douzième année. Daily Incantations, de 1996, une ins- l’idée de guérison passait par ce ri- elle sera suivie de l’inhumation le même Le jury était composé de : jour à 16 heures, au cimetière de Les funérailles auront lieu à Mme Francine Markovits, directrice de tallation visuelle et sonore faite de tuel. Conformément à sa volonté, elle a été 101 pots de chambre en bois ré- Saint-Aubin-de-Luigné (Maine-et-Loire). Dunkerque, le 15 décembre, à 15 heures, thèse ; M. Étienne Balibar, président du incinérée. en l’église Saint-Eloi. cupérés à Shanghaï, suspendus par jury ; M. Bertrand Binoche, M. Didier Geneviève Breerette V. Desjobert, Deleule et Mme Catherine Larrère. Ceux qui l’ont connue dans sa vie 5, rue Auguste-Gaché, 9, rue Emmery, Le jury a décerné à l’unanimité la montagnarde, aussi bien en temps de paix 38000 Grenoble. 59140 Dunkerque. mention Très Honorable, avec qu’en temps de guerre, auront une pensée félicitations et proposition pour prix de pour elle. thèse. – Mme Bouchinet-Serreulles, Rectificatifs Ndabaningi Sithole Mme Marie-Cécile Bouchinet-Serreulles – Dans l’avis de décès de et ses fils, Nicolas et Guillaume Traissac, Pierre DUFOURMANTELLE – Jean Jimenez soutiendra son Le comte et la comtesse Bernard de doctorat : « Réalisations audiovisuelles Marie-Thérèse Un « chef historique » du Zimbabwe Ganay est décédé le 10 décembre 2000, âgé de dans la vulgarisation de la recherche et leur fille, soixante-dix-neuf ans, en son domicile, à BIANCHI BEAUROY, scientifique », le jeudi 21 décembre 2000, LE RÉVÉREND Ndabaningi Si- y restera dix ans. Il ne comparaît L’Honorable et Mrs F.G. Wisner, Paris. à 14 heures, université Toulouse-Mirail, paru dans le carnet daté 5, allées A.-Machado, Maison de la thole, l’un des chefs historiques du devant la justice qu’en 1969. On lui leurs enfants et petits-enfants, Il laisse dans la peine : 14 décembre 2000, il fallait lire aussi : recherche, salle D 30. Zimbabwe, est mort mardi 12 dé- reproche d’avoir ourdi, du fond de Le comte Thierry de Ganay Présidente du comité de la et ses fils, Arthur et Lambert, Geneviève, née Taudière, cembre aux Etats-Unis. Il avait sa cellule, un complot visant à as- son épouse, Croix-Rouge française de Chantilly quatre-vingts ans. sassiner le chef du gouvernement font part du retour à Dieu de Jean, Christian, Henry, Bruno, Xavier, (1984-1993). – Université Paris-X - Nanterre. La vie du pasteur Sithole coïn- blanc, M. Ian Smith. Il plaide non Thierry, Le prix Pierre-Grappin 2000 a été Claude cide largement avec l’histoire du coupable mais est condamné à six ses six fils et leurs épouses, décerné, pour la première fois, à : BOUCHINET-SERREULLES, Ses quatorze petits-enfants, Anniversaires de décès M. Jean-Michel Pouget, pour sa thèse combat des Noirs de Rhodésie ans de travaux forcés. Libéré, il Toute sa famille, de grand officier – 15 décembre 1980. doctorat ; contre le régime blanc minoritaire. quitte la Rhodésie en 1975 pour Et tous ses chers amis. lle de la Légion d’honneur, M Irène Elissa Mailänder, pour son Né le 21 juillet 1920, il étudie aux continuer la lutte et n’y revient compagnon de la Libération, Il y a vingt ans, mémoire de maîtrise. Etats-Unis, est ordonné en 1950, qu’en 1977. Il sera enterré dans l’intimité aux Ce prix, à la mémoire de M. Pierre croix de guerre 1939-1945, Moutiers-sous-Chantemerle (Deux- puis rentre en Rhodésie en 1958, où Il passe désormais pour le plus Grappin, fondateur de l’université Sèvres). Michel GUILLAUMIN Paris-X - Nanterre, récompense deux il mène de front ses activités de modéré des dirigeants du mouve- le 8 décembre 2000. travaux en études germaniques soutenus nous quittait. pasteur et de militant nationaliste. ment nationaliste, que dominent La messe de sepulture sera célébrée en dans une université française. Bon orateur, il fait son entrée sur la les guérilleros de la ZAPU et ceux La cérémonie religieuse a été célébrée l’église de cette même commune par le scène politique en 1959 avec un de la ZANU, conduits par un mar- dans l’intimité, en la chapelle de l’Ecole Père Bertrand Dufourmentelle, son frère, e le 16 décembre, à 15 heures. – Il y a une année, livre dont le titre résume son en- xiste, Robert Mugabe. Après avoir militaire, à Paris-7 . gagement : Le Nationalisme afri- participé à un éphémère gouverne- Ni fleurs ni couronnes. Monique cain. En 1961, il participe, aux côtés ment bi-racial en 1979, son petit – L’association Liberté-Mémoire ORTEL-HOSSENIAN de Joshua Nkomo, à la fondation parti n’obtient aucun siège lors des a la très grande tristesse de faire part du Nous invitons ses proches et amis décès, le 8 décembre 2000, de son parisiens à venir remercier Dieu, avec s’endormait pour toujours à Téhéran. de la ZAPU, l’Union populaire afri- élections de 1980 qui précèdent président, nous, pour cette vie reçue qu’il a tant caine du Zimbabwe, qui recrute l’indépendance. S’estimant en dan- goûtée, en l’église de Saint-Merri, à e Nous pensons à toi. surtout parmi l’ethnie ndebele. ger, il s’exile aux Etats-Unis en Claude Paris-4 , le 18 décembre, à 18 h 30. D’origine shona, l’ethnie majori- 1983, revient en 1992, est élu juge BOUCHINET-SERREULLES, Cet avis tient lieu de faire-part. taire parmi les Noirs, il quitte la en 1995, puis est accusé, deux ans croix de guerre 1939-1945, « Aux plus déshérités le plus d’appuis. » ZAPU en 1963 pour former, avec plus tard, d’avoir comploté contre compagnon de la Libération, 3, allée Verte, Tel était le credo de une équipe de cadres « radicaux », le régime de M. Mugabe. En juin successeur intérimaire de Jean Moulin 75011 Paris. la ZANU, l’Union nationale afri- dernier, son petit parti avait rem- à la tête du Conseil national de la Résistance, Philippe SORIN, caine du Zimbabwe. En mai 1964, il porté un siège au Parlement de Ha- grand officier – Le Pin-au-Haras. Argentan. Honfleur. prononce un discours qui, aux yeux rare. Le pasteur, lui, appartenait de la Légion d’honneur. Bayeux. Noisy-le-Sec (Seine-Saint- mort subitement sur la neige, le du pouvoir, justifie le recours à la depuis déjà longtemps à l’Histoire. Denis). Saint-Germain-de-Calberte 15 décembre 1997. violence. On le jette en prison, en Aragon a parlé pour tous : « Ils ont eu (Lozère). raison d’être déraisonnables »... S’il était même temps que Joshua Nkomo. Il Jean-Pierre Langellier Ses amis n’ont pas oublié... à refaire, ils referaient ce chemin. « Au grand slalom de la poésie on passe souvent à côté des portes... Nous étions faits pour être libres, Communications diverses Octobre 2000. mais il arrive aussi, plus fréquemment, AU CARNET DU « MONDE » Agathe de rater les portes parce qu’on ne les voit est heureuse d’annoncer la naissance de GULLIVER 9, rue de Verneuil, pas... » Naissances publie un livre sa sœur, 75007 Paris. Jean Laurent, 1960. sur Antonella BOLLIGER SAVELLI, « Le nez, la bouche, les oreilles, peintre. les yeux et le menton, s’il y a deux oreilles Capucine, (Le Monde du 13 décembre) Charles JULIEN, En vente au 04-90-67-28-67 et deux yeux, 7, ça fait une semaine. » Jean LAURENT, CARNET DU MONDE chez 16 janvier 1912, – Paris. - TARIFS AN 2000 - Et aujourd’hui deux mois que Stephane et Benedicte CROSNIER, Le Pin-au-Haras, poète de La Tour de Feu, Cours Germaine Bréant, TARIF à la ligne professeur passionné de français, Aliocha Ulysse à Londres, le 1er décembre 2000. son épouse, latin et grec. COURS D’ARABE DÉCÈS, REMERCIEMENTS, Pierre G. Bréant, Ami du théâtre de la vie. est né ! son fils, Tous niveaux, jour, soir, samedi. AVIS DE MESSE, Il a ouvert la dernière porte à l’aube, lundi Nicolas et Aline Geneviève et Jacques Ruaudel, Inscription : AFAC : 01-42-72-20-88. ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 11 décembre 2000, à Noisy-le-Sec. ¤ Elsa et Tristan sont heureux d’annoncer la naissance de sa sœur et son beau-frère, 140 F TTC - 21,34 en savent quelque chose... Les familles Le Floch, Billette, TARIF ABONNÉS leur fille Desfontaines, Menu, Joubert, Meunier, Une réunion du souvenir aura lieu le Conférences ¤ ont la tristesse de faire part du décès de samedi 16 décembre, à 9 h 30, salle 3, 120 F TTC - 18,29 « Avenir, puisque tu dois, Charlie-Chaplin, 34-36, rue Moissan, à puisque tu vas nous envahir, Lauren, Conférences du CEHD NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, René BRÉANT, Noisy-le-Sec, suivie de l’inhumation à « Armée et ordre public arrivons à temps, écoute, plus vite, 14 h 30 au cimetière du Pin-au-Haras. MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS approche-toi, emporte-nous... » le 12 novembre 2000. dans le monde romain », endormi dans la paix du Christ le par Patrick Le Roux, 550 F TTC - 83,85 ¤ 12 décembre 2000, à l’âge de Un don à l’Unicef plutôt que des fleurs. JOONEKINDT-BERGÉ, quatre-vingt-huit ans. professeur d’histoire ancienne FORFAIT 10 LIGNES Géraldine (née Véron) 5, villa Fleurie, Tous nos remerciements au personnel à l’université de Rennes, Toute ligne suppl. : 65 F TTC - 9,91 ¤ de la salle Mallet, hôpital Tenon, Paris. le lundi 18 décembre 2000, à 18 heures. et La messe de requiem aura lieu le 75019 Paris. Palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés, THÈSES - ÉTUDIANTS : Christophe CHOUARD, vendredi 15 décembre, à 10 h 30, en La famille, 5, rue de l’Abbaye, Paris-6e. 85 F TTC - 12,96 ¤ Aurélien, Amélie et Anatole l’église Saint-Pierre de Montrouge, 7, allée de Toul, ont la joie de faire part de la naissance de Manuella CHANTEPIE Paris-14e, où l’on se réunira, suivie de 93130 Noisy-le-Sec. COLLOQUES - CONFÉRENCES : et l’inhumation au cimetière de Bagneux Colloques Nous consulter Stéphane THIÉBAUT dans le caveau familial. ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 Auguste, – Hélène pour sont heureux d’annoncer la naissance de Les mutations de la notion de Fax : 01.42.17.21.36 Priez pour lui ! e-mail: [email protected]. le 25 novembre 2000. Robert. Constitution : entre mondialisation et Roméo (Jacques, Claude), Les lignes en capitales grasses 16, rue d’Alésia, nouveaux conflits. 22 décembre 2000, sont facturées sur la base de deux 32, Roland Way, 75014 Paris. « Le soleil ni la mort ne se peuvent faculté de droit, sciences éco et gestion, lignes. Les lignes en blanc sont London SW7 3RE le 3 décembre 2000, à 8 h 20, 3,410 kg, 97, rue de la Tombe-Issoire, regarder fixement. » Nancy. Tél./fax : 03-83-19-26-20. obligatoires et facturées. [email protected] 55 cm. 75014 Paris. Hasta luego. E-mail : [email protected] LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 17 HORIZONS ENQUÊTE L’homme qui n’était pas un espion

UAND le vieil hom- me reçoit, il enfile un blazer et prévient son visiteur : « C’est dégueulasse chez moi, mais entrez quand même. » En Q fait, son apparte- ment n’est pas sale. Juste désuet, usé, jauni, comme figé au début des années 70. Et puis, deux pièces, c’est bien peu pour le combat d’une vie : la table du salon croule sous les livres, les journaux encombrent le couloir, les dossiers s’entassent sur les lits. Alexis de Gosson de Varennes, ex-diplomate français en poste en Allemagne de 1945 à 1974, survit en vase clos, dans un monde gris d’archives et de souvenirs. La gare de Nice est à deux pas, la mer à vingt minutes, mais il sort rare- ment, car l’argent manque et le pas- sé l’accapare : des documents, des lettres d’antan, des photos de jeu- nesse, smoking noir et chemise blanche, le Berlin d’après-guerre, les conférences internationales… A quatre-vingt-trois ans, M. de Gos- son vieillit en ermite blessé, prison- nier d’un lointain soupçon : injuste- ment accusé d’avoir été un agent de l’Est, il lutte pour obtenir sa réhabilitation. Son histoire, telle qu’il la retrace aujourd’hui, conduit d’abord en Autriche, où il naît le 17 juin 1917, de l’union « honteuse » d’une ado- lescente de bonne famille, Stépha- nie Kuschwart, et d’un père sup- posé inconnu. L’affront est tel pour les grands-parents maternels que le petit Alexis grandira dans des foyers d’accueil, à l’écart de Vien- ne. Sa mère, devenue secrétaire dans une banque, gardera toujours secrète l’identité de ce père mysté- rieux, même lorsque Alexis sera en D.R. âge d’étudier l’économie et de tra- vailler à Vienne. A défaut, elle lui espionnage suspecte aussi bien origines, contestent son droit à Dans les années 60, présentera un ami pour le moins Alexis de Gosson de Varennes, l’écrivain-journaliste Gilles Per- occuper de telles fonctions, lui, Alexis de Gosson de Varennes généreux : le baron von Mainfeld, rault que l’avocat Daniel Soulez- « l’étranger ». Débute alors une et son épouse assistent à homme de fortune et d’influence. un diplomate français en Larivière ou des diplomates en vue. triste histoire, entre Ubu et Kafka. un dîner officiel au Bagatelle, C’est vers lui que se tourne « Gosson » sera l’un d’eux. « Gosson », timidement soutenu un club français de Berlin. Alexis, en 1938, au moment d’être poste en Allemagne, avait été Que lui reproche-t-on, à partir par le Quai d’Orsay, pense d’abord appelé sous les drapeaux. L’Autri- de 1970 ? Essentiellement d’avoir obtenir définitivement la nationa- che menaçant de basculer dans le soupçonné par la DST d’être connu deux hommes, eux-mêmes lité française (2 février 1971), mais Chevènement, pour lui rappeler les camp nazi, il cherche à fuir à l’étran- soupçonnés de liens avec la RDA. la perd bientôt sur intervention « mérites inestimables » d’Alexis de ger. Von Mainfeld lui décroche un un espion des pays de l’Est. Le premier, Peter Kranick, a été de la DST (11 octobre 1971). Il Gosson. Dénonçant une « criante visa d’un mois pour l’Italie. Il passe condamné à vingt ans de réclusion, devient apatride, comme sa fem- injustice », M. Bahr ajoutait : «Si quelques semaines dans un petit Ce soupçon, dénué en 1967, par la Cour de sû me et son fils Maurice, contraint Willy Brandt vivait encore, il se serait hôtel milanais, puis trois mois en reté de l’Etat ; de fait, il appartenait de partir au Canada après avoir engagé lui-même auprès du chef de Suisse, toujours grâce aux relations de preuves, a brisé sa vie. bien à un réseau démantelé à Paris grandi à Nice. gouvernement pour ce camarade de du baron. Et ensuite en Belgique, (Le Monde du 29 avril 1967). Or il se combat ancien et éprouvé. » Dans où il échappe de peu à un train de A quatre-vingt-trois ans, trouve que le dénommé Kranick, A situation étant décidément sa réponse, M. Chevènement avait prisonniers en partance pour l’Alle- ancien légionnaire, a autrefois tra- absurde, ses proches auront laissé entendre qu’effectivement le magne. Mais son objectif demeure reclus dans son appartement vaillé pour « Gosson » au service de Lgain de cause, mais pas lui, dossier de la DST sonnait le creux : la France. Le baron, encore lui, y a presse français de Berlin-Ouest. Il toujours apatride. Licencié en « L’intéressé, écrivait-il, avait bien des amis, notamment « Monsieur niçois, il se bat pour obtenir avait alors rang de planton, affecté 1974, enlisé dans les marais été entendu, en 1970, par les services de la Châtre », duc de son état. au ronéotypage des documents. juridico-administratifs d’un conflit du ministère de l’intérieur, à l’occa- Alexis Kuschwart parvient enfin sa réhabilitation Doit-on pour autant en conclure sans fin, menacé d’expulsion de sion d’un séjour en France, mais à Paris, en novembre 1938. Le duc, que le diplomate est aussi un Nice, contraint de vendre ses biens sans qu’aucune suite dût en être âgé de plus de quatre-vingts ans, espion ? Doit-il répondre du com- pour survivre, il devra attendre le tirée (…).» l’accueille à Passy, le loge à l’hôtel démobilisé en juin 1940, séjourne à d’amis. » De fait, « Gosson » est un portement des dizaines de person- 27 novembre 1983 avant que le M. Rochet, ex-directeur de la et l’entraîne bientôt à Nice, la Nice, à Riom, à Saint-Tropez et touche-à-tout, un homme-orches- nes ayant travaillé sous ses ordres gouvernement Mauroy ne le dé- DST et acteur décisif de cette affai- douce ville des mois d’hiver. Le enfin à Irigny, près de Lyon, où il tre de la communication : pas- depuis sa prise de fonctions, en clare enfin français. Et 1988 pour re, n’a pas souhaité répondre aux gamin de Vienne, amateur d’opéra travaille comme secrétaire pour sionné de cinéma, il participe à la 1945 ? que le « Quai » lui verse une indem- questions du Monde, renvoyant et de littérature, découvre la Côte une filiale de la société Manurhin, création du Festival de Berlin ; il C’est dans ce contexte d’intri- nité de licenciement de simplement à son livre de 1985, où d’Azur, les balades à cheval sur la un fabricant d’armes. A la Libéra- aide aussi les correspondants en gues et de chasse aux sorcières 150 000 francs… il admettait « l’insuffisance » des Promenade des Anglais. Inscrit au tion, ses origines autrichiennes lui poste en Allemagne, accueille qu’un autre de ses collaborateurs Le combat n’est pas fini pour « faits relevés ». Ces « faits » ont Centre universitaire méditerra- vaudront quelques soucis avec cer- leurs confrères parisiens, prépare est accusé d’appartenance au autant. Aujourd’hui encore, Alexis pourtant « suffi » à briser la vie néen afin de parfaire son français, tains résistants, mais il sera fina- des conférences, organise des KGB : Klaus Bär, pigiste au service de Gosson de Varennes attend tou- d’un homme : Alexis de Gosson il remarque une étudiante finlan- lement innocenté. Mieux : en voyages en France pour les médias de presse. Cette fois, cependant, jours qu’une quelconque autorité n’a jamais pu retravailler ; sa fem- daise qui deviendra par la suite juillet 1945, sa parfaite maîtrise de allemands. les soupçons s’avéreront sans fon- affirme publiquement son inno- me est morte en 1992 sans savoir son épouse. l’allemand lui permet d’être enrôlé Dans les années 60, Alexis et son dement ; le journaliste sera blanchi cence et lui accorde une indemnité s’il obtiendrait enfin une réhabilita- Sa situation de réfugié au fort par la représentation militaire fran- épouse sont de toutes les cérémo- par la justice de son pays qui con- au nom du préjudice subi. Quel- tion officielle et une indemnisa- accent autrichien demeure cepen- çaise à Berlin. nies, de toutes les manifestations clura à une manœuvre politique ques personnes le soutiennent, en tion. Ses amis ont alerté à maintes dant précaire en ces temps de ten- culturelles. On les croise souvent reprises les ministères concernés, sions internationales. Une relation ANS cette ville sous contrô- au Bagatelle, un club allié. Ils ont les services de Matignon et de l’Ely- du duc, le comte Charles de Gos- le allié, Alexis de Gosson de fière allure, madame en robe lon- « Sur le plan du contre-espionnage, sée. M. de Nazelle a ainsi écrit à son de Varennes, avocat d’affaires, DVarennes porte l’uniforme gue, monsieur en smoking, fré- Maurice Ulrich, conseiller du prési- décide donc de le reconnaître com- et s’impose vite comme une person- quentent des journalistes réputés, les faits relevés étaient insuffisants dent Jacques Chirac, pour dénon- me son fils. Des documents sont nalité en vue, chargée des relations des fonctionnaires de renom ou cer une « petite affaire Dreyfus ». établis par un notaire monégas- avec la presse. Promu au contrôle encore Willy Brandt, futur chance- pour le poursuivre devant la Cour de sûreté Aucune de ces démarches n’a que. Après diverses démarches, politique d’un quotidien financé lier. Personne, du côté ouest-alle- abouti. Trente ans après, ce dos- Alexis Kuschwart obtiendra, à la par la France (Der Kurier), il se dis- mand comme du côté français, de l'Etat » Jean Rochet sier serait-il encore embarras- mairie de Saint-Tropez, des tingue par sa connaissance de la n’oserait l’imaginer en agent secret sant ? Saura-t-on jamais de quel papiers au nom d’« Arthur Alexis de société locale. « C’était un analyste aux ordres de la Stasi, le service de obscur règlement de comptes Gosson de Varennes ». très fin, une source d’information renseignement de la RDA. De tels visant à le déstabiliser. Kranick, particulier d’anciens diplomates de entre services ou administrations Comment interpréter l’empresse- inestimable, jamais je ne me suis soupçons sont certes fréquents à Bär… Deux hommes, deux affaires haut niveau, comme Xavier de « Gosson » a été victime à Berlin ment de ces notables à aider un posé de questions à son sujet », insis- Berlin, épicentre du jeu d’ombres troubles, mais rien qui ne fasse de Nazelle et Jacques Leprette, ou ou à Paris ? jeune étranger sans le sou ? Bien te l’ancien ambassadeur Jacques Le- Est-Ouest. Mais non, pas lui, pas « Gosson » un traître à la patrie. En encore le conseiller d’Etat Jean- En attendant de solliciter la Cour plus tard, à l’heure du soupçon, la prette, qui l’a connu au début de sa Alexis, le « monument » ! Ses collè- janvier 1970, la DST l’interpelle Michel Belorgey, ex-député socia- européenne des droits de l’hom- Direction de la surveillance du terri- carrière dans la diplomatie. gues le jurent « honnête », « insoup- tout de même à l’aéroport d’Orly. liste de l’Allier. me, le vieil homme survit avec toire (DST) – le contre-espion- « Gosson », comme on l’appelle çonnable ». Et le relâche, faute de preuves, L’Allemagne n’est pas en reste. 5 000 francs par mois. Il passe ses nage français – les qualifiera de désormais à Berlin, gagne encore La DST en doute. Tout comme après trois jours de garde à vue. Toutes les recherches entreprises journées à trier des documents, à « pédérastes notoires ». « Faux !, en envergure dans les années 50. elle se méfie du Quai d’Orsay, jugé M. Rochet le reconnaîtra dans ses depuis la chute du mur de Berlin, regarder des photos. Sa vie est là, s’indigne Alexis de Gosson, je Marié depuis 1946 à Gerda trop laxiste à l’égard des diploma- mémoires : « Sur le plan du contre- en 1989, ont confirmé l’absence de dans ces dossiers jaunis, ces valises n’étais pas pédé ! J’ignore pourquoi Nylund, la belle Finlandaise ren- tes espions. Il faut dire que, à cette espionnage, les faits relevés étaient dossier à son nom dans les archives bouclées pour un improbable voya- ils ont fait tout cela. L’explication contrée quelques années plus tôt époque, les histoires de trahisons, insuffisants pour le poursuivre de la Stasi. D’anciens responsables ge. Chaque année, en juin, il séjour- réside peut-être dans mes origines. sur la Côte d’Azur, il passe pour un d’agents doubles ou triples se multi- devant la Cour de sûreté de l’Etat. » de ce service ont assuré qu’il ne chez des amis berlinois. En Quelqu’un a voulu m’aider, quitte à fonctionnaire de qualité, l’indis- plient. Le préfet Jean Rochet, nom- (Cinq Ans à la tête de la DST, la mis- n’avait jamais travaillé pour eux. 1998, l’Allemagne l’avait même invi- donner de l’argent au comte pour pensable mémoire de la présence mé directeur de la DST à partir de sion impossible, Plon 1985). Une autre personnalité de premier té aux cérémonies commémorant qu’il me reconnaisse. » française à Berlin. « C’était un 1967, s’en plaindra souvent, en par- La DST va néanmoins contour- plan a pris sa défense : Egon Bahr, le cinquantième anniversaire du Le jeune homme traverse la monument, confirme Xavier de ticulier lors de l’émission de télévi- ner l’obstacle afin, dit-elle, de ancien conseiller du chancelier pont aérien. Il avait été accueilli en période 39-45 sans trop d’encom- Nazelle, ancien ambassadeur de sion « Les Dossiers de l’écran » du « l’écarter de Berlin ». Les policiers Willy Brandt. En mars 1998, hôte de marque. En diplomate. bre. Incorporé aux services auxi- France, il était astucieux, intelligent, 27 janvier 1971. Tout à sa lutte con- doutent de ses « bonnes mœurs », M. Bahr avait écrit au ministre de liaires des forces françaises, il est très cultivé, il avait beaucoup tre le KGB, le patron du contre- l’accusent de « mensonges » sur ses l’intérieur de l’époque, Jean-Pierre Philippe Broussard HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 19 Calendrier : le choix risqué de M. Jospin 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 EN CHERCHANT à faire voter politique et faire du premier minis- de la baisse continue du chômage. de la réorganisation de la droite Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F le changement du calendrier électo- tre le chef politique du pays. Les trois sondages qui viennent de française. Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). ral de 2002 – la présidentielle avant Sur le plan politique, il est vrai- tomber donnent deux fois 51/49 Tout compte fait, il serait préféra- Internet : http: // www.lemonde.fr les législatives – Lionel Jospin réus- semblable qu’en changeant le pour le premier ministre (Ifop et ble d’aller vers un régime politique sira, s’il y parvient, un coup politi- calendrier électoral les socialistes BVA) et une fois en sens inverse où, comme dans toutes les autres ÉDITORIAL que puisqu’il imposerait sa volonté cherchent à pousser au maximum 51/49 pour le président (Ipsos). démocraties européennes, la majo- à Jacques Chirac et démontrerait les divisions de la droite et à redon- Bref, la présidentielle de 2002 s’an- rité en place conduite par son chef, une nouvelle fois, après l’adoption ner sa pleine autonomie à la nonce aussi disputée que l’auraient le premier ministre, vient collective- du quinquennat, sa suprématie de famille UDF. La vision paraît parfai- été les législatives. ment présenter son bilan et deman- Deux perdants fait sur le président de la Républi- tement logique : aux législatives, la der au peuple d’être reconduite ou que. Mais cette modification consti- droite peut s’unir en partageant les CHANGER DE RÉGIME sanctionnée. En elle-même la UI a vraiment gagné les plus de majorité au Congrès. Le tuera en même temps un vrai ris- sièges au profit de ses députés sor- Mieux : l’inversion du calendrier simple modification du calendrier élections aux Etats- Sénat se partage exactement à que pour lui, car rien n’assure que tants ou de ses notables – le RPF peut servir les intérêts à long terme électoral ne favoriserait ni la QUnis ? Personne, répon- égalité entre républicains et les chances de victoire de la gauche se trouvant marginalisé faute d’im- de M. Chirac en lui redonnant, en gauche ni la droite mais elle ne per- dait récemment David démocrates ; la situation à la en 2002 s’en trouveraient accrues. plantation. Pour la présidentielle, cas de réélection avant les législati- met pas d’espérer que soient gué- Broder du Washington Post,le Chambre des représentants est Sans doute, l’objectif de Lionel le schéma est inverse : les candi- ves, la plénitude de ses pouvoirs, ris les maux dont souffre la doyen des journalistes politi- sensiblement la même. Cela veut Jospin est-il avant tout de rétablir dats déclarés, avoués ou putatifs y lui permettant de décider tout à la Ve République. ques dans la capitale fédérale. dire que M. Bush n’a pas l’assise la cohérence de la Ve République, sont déjà légion. fois du choix de son premier minis- Explication : les Américains parlementaire requise pour c’est-à-dire la concordance de la Mais, de l’autre côté de l’échi- tre, des investitures de son camp et Jérôme Jaffré pour 0123 n’ont pas voulu choisir entre appliquer son programme. C’est majorité présidentielle et de la quier politique, le risque n’est pas leurs deux partis. Le républicain une bonne nouvelle. Car ledit majorité parlementaire. De ce loin d’être identique. Le bel ordon- George W. Bush n’entre à la Mai- programme, dépouillé de son point de vue, les législatives avant nancement de la gauche pluriel- son Blanche que par la grâce emballage de campagne centris- la présidentielle laissaient un le – au premier tour on se compte, par Dégé combinée du hasard statistique te, est ultraconservateur : réduc- grand risque de voir le pays, après au second on se dévoue pour le Maladies imaginaires et d’une bataille juridique tion fiscale gargantuesque au ris- avoir choisi une majorité à l’Assem- candidat socialiste – risque de gagnée d’extrême justesse. Piè- que de recréer un déficit budgé- blée nationale, opter dans un voler en éclats. Les législatives tre victoire. Le vice-président taire ; gonflement du budget de second temps pour une présidence poussent à jouer collectif, la prési- démocrate Albert Gore le devan- la défense pour mettre en place arbitrale et un rééquilibrage dura- dentielle fait jouer perso. Le PCF ce d’une infime poignée de suf- un ambitieux système de défen- ble des institutions. A l’inverse, la sera contraint à une campagne criti- frages populaires : moins de un se antimissiles auquel Chinois, présidentielle en tête devrait avoir que, le MDC, inexistant dans un pour cent. Misérable consolation Européens et Russes sont hosti- un effet d’entraînement et de cohé- scrutin législatif, lancera son chef pour un homme qui, à trop vou- les – pour ne citer que deux des rence plus grand. Le camp vaincu charismatique dans une bataille loir se distinguer du président points forts de la plate-forme se trouve à la fois décapité et démo- républicaine et souverainiste peu Bill Clinton, n’a pas su tirer pro- Bush qui ne seraient pas sans ralisé. La présidentielle joue ici le propice à de bons reports de voix. fit de huit années de clintonis- répercussions à l’étranger. Sur la rôle de mère des batailles électora- Les Verts seront encouragés dans me : autant d’années de paix et peine de mort, l’avortement, le les. Au président d’un camp peut leur péché mignon de la surenchè- d’une prospérité sans précé- non-contrôle des ventes d’ar- plus facilement correspondre une re. Quant à l’extrême gauche, fai- dent... C’est une défaite cinglan- mes, George W. Bush a déjà mon- majorité législative du même ble aux législatives, elle sera puis- te pour M. Gore. Le candidat éco- tré au Texas qu’il se situait à l’ex- camp. sante en présidentielle et au logiste Ralf Nader y a largement, trême droite de l’échiquier politi- Le raisonnement de Lionel Jos- second tour aussi hostile à la gau- mécaniquement, sciemment con- que. Sur aucun de ces sujets, il pin, s’il est bien celui qu’on lui prê- che qu’à la droite. tribué. Maître incontesté dans ne paraît avoir reçu de mandat te ici, est plausible mais pas cer- De surcroît, même affaibli, l’art de la politique du pire, clair de la part de l’électorat. tain. Le dysfonctionnement de la Jacques Chirac peut espérer tirer M. Nader, en mordant sur l’élec- Il lui faut pourtant gouverner, Ve République ne tient pas à un son épingle du jeu. La multiplicité torat démocrate dans un scrutin et à ce moment délicat de l’atter- problème d’ordre des élections. des candidats le dessert en mon- aussi serré, offre à ses sympathi- rissage, qu’on souhaite le plus Les leaders regrettent la cohérence trant la faiblesse de son leadership sants la victoire d’un George doux, de la croissance américai- politique, les électeurs s’en accom- mais l’éparpillement des voix de W. Bush, proche, très proche, ne. Il ne le pourra qu’en sollici- modent davantage. Malgré plu- ses rivaux réduit ses risques d’élimi- des milieux pétroliers auxquels il tant et obtenant l’appui des sieurs semaines de chausse-trapes nation au soir du premier tour. Au a déjà promis d’autoriser de nou- démocrates. Or cette contrainte et de vindictes à la vue de tous, il se second tour, enfin, le regroupe- veaux forages en Alaska et de politique sera particulièrement trouve encore, selon BVA, 48 % ment de la droite sera peut-être revenir sur nombre de mesures difficile à surmonter au lende- des Français (contre 42 % d’avis meilleur qu’on l’imagine. L’extrê- de protection de l’environne- main d’une bataille politico-judi- inverse) pour juger que « la cohabi- me droite est affaiblie, il existe de ment que les Etats-Unis doivent ciaire hargneuse, sinon haineu- tation est une bonne chose ». Le pré- vieilles solidarités avec Charles Pas- à un certain Al Gore. Là encore, se, qui a vu l’ultra-droite républi- cédent de 1988, où la droite avait qua, et les jeunes rivaux, Bayrou qui a gagné ? caine agresser les démocrates failli gagner les législatives quel- ou Madelin, pourraient choisir de Tout cela ne rend pas la tâche sans la moindre réserve. Ce qui ques semaines après la réélection se montrer disciplinés pour mieux plus facile à M. Bush. Car les ramène à la question suggérée triomphale de M. Mitterrand, inci- asseoir leur légitimité en vue de Américains n’ont pas choisi non par M. Broder : qui a gagné ? te à la prudence. l’élection de 2007. Changer le calendrier électoral, 0123 est édité par la SA LE MONDE POUSSER AUX DIVISIONS enfin, c’est permettre cette explica- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Pourtant, chacun mesure que la tion « d’homme à homme » que Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint France sombrerait dans le ridicule réclame Lionel Jospin pour purger e et que la V République terminerait ces années de cohabitation avec Jac- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau sa course si devait se prolonger ques Chirac. Dans l’esprit de beau- Directeur artistique : Dominique Roynette après 2002 pour cinq nouvelles coup, le président sortant est le Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : années une cohabitation Chirac- maillon faible de la droite. On ima- Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; majorité de gauche ou, plus aber- gine sans peine les thèmes de cam- Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; rant encore, une cohabitation Jos- pagne : un bilan inexistant, un pro- Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) pin-majorité de droite ! Pour qu’il jet sans crédibilité après les volte- Rédacteur en chef technique : Eric Azan soit mis fin à ce mécanisme à répé- face de 1995, une image morale tition, il faudrait soit créer un régi- minée par les affaires, une droite Médiateur : Robert Solé me présidentiel en supprimant le qu’il a lui-même transformée en Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg poste de premier ministre, le pou- champ de ruines pour n’avoir pas Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; voir de renverser les gouverne- su l’unifier et la renouveler. partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre ments et le droit de dissolu- Pourtant, réalisées en plein séis- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président tion – ce qui ne correspond pas me de la chiraquie, les dernières Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), aux traditions politiques françai- enquêtes d’intention de vote font André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) ses –, soit transformer le président apparaître que ce président si affai- de la République, même élu au suf- bli continue de faire jeu égal avec Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. frage universel, en simple symbole son adversaire socialiste auréolé Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. s’accommoder de diverses solu- puisque le président du gouverne- mur de Berlin, la France cherchait Europe, la fin tions, dont la double majorité, que ment espagnol ne fut pas le dernier dans l’Europe une réaffirmation, la France rejetait avec véhémence. à avertir par téléphone son collègue l’Allemagne une réhabilitation. La ILYA50 ANS, DANS 0123 Or la double majorité, facultative polonais, Jerzy Buzek, de la mauvai- seconde a largement obtenu ce du « jardin sinon obligatoire, a été acquise à se manière qui lui était ainsi faite. qu’elle souhaitait ; la première est Nice pour les votes en Conseil. M. Buzek appela à la rescousse toujours à la recherche du multipli- Le cinquantenaire de la théorie des quanta Dans le Parlement européen post- Gerhard Schröder, qu’une coïnci- cateur d’influence qu’un ensemble à la française » élargi, ils ont maintenu le nombre dence historique avait conduit quel- plus vaste pourrait donner à ses LA THÉORIE des quanta est dies avaient eu une influence con- de leurs députés, tandis que les ques jours plus tôt à Varsovie. ambitions. L’ironie de l’histoire née le 14 décembre 1900. C’est ce sidérable dans les méditations Suite de la première page autres grands pays devaient accep- veut qu’elle se reconnaît de moins jour-là que le grand savant alle- d’Einstein, fut l’un des premiers ter une diminution de leurs effec- « RELIQUATS » DE NICE en moins dans la construction euro- mand Max Planck, disparu il y a dans le monde à comprendre l’im- Nice a donné le coup d’envoi à tifs. Ce n’est que justice, étant Le chancelier célébrait le trentiè- péenne au moment où – l’Europe trois ans, exposa devant la société portance de la théorie de la relati- une Europe moins méridionale, donné l’écart démographique, me anniversaire de la visite de de la défense en témoigne – elle a de physique de Berlin sa fameuse vité. Quand, en 1918, la société de moins occidentale aussi, malgré les mais c’est un succès politique. Et ils Willy Brandt en Pologne, au cours réussi à convaincre quelques-uns hypothèse d’une nouvelle cons- physique de Berlin fêta son combats d’arrière-garde menés par ont obtenu pour 2004 un nouveau de laquelle celui-ci s’était de ses partenaires de la légitimité tante universelle : le quantum soixantième anniversaire, Eins- le couple exécutif français pour ne rendez-vous que les Français reje- agenouillé devant le monument de ses vues. L’Europe pourrait ainsi d’énergie, d’où devait découler la tein, alors âgé de quarante-neuf pas concéder sur le papier, à l’Alle- taient pour ne pas « polluer » le aux victimes du ghetto de Varso- devenir un acteur international, physique quantique. ans, prononça un discours qui se magne, ce qu’elle est devenue dans sommet de Nice ! vie. Gerhard Schröder tranquillisa conformément aux vœux tradition- En 1905, lorsque Albert Eins- terminait par ces mots : « Puisse la réalité : le centre de la Grande Surtout, les dirigeants allemands Buzek, furieux contre Jacques Chi- nels de tous les dirigeants français tein, lui aussi allemand de nais- l’amour de la science embellir sa Europe. Les dirigeants allemands ont su apparaître, à tort ou à raison, rac : « Ne t’inquiète pas, lui dit-il au depuis de Gaulle au moins, au sance mais devenu sujet suisse, vie également à l’avenir et le con- ont appris leur nouveau rôle. Ils se comme les avocats des « petits » téléphone depuis Nice, la proposi- moment où la France cesserait jeta les bases de la théorie de la duire à la solution du problème sont gardés de toute arrogance. Ils face à l’appétit de pouvoir des tion française ne passera pas. » Et d’en être l’inspiratrice. relativité, il réintroduisit en opti- actuellement le plus important de ont avancé leurs revendications « grands ». « Gerhard Schröder a elle n’est pas passée, l’Allemagne Ce n’est pas une fatalité. Sans que l’ancienne théorie corpuscu- la physique, qu’il a lui-même posé avec une certaine retenue pour ne gagné des amis pour lui et pour les engrangeant facilement les bénéfi- être débarrassés totalement des laire sous la forme des quanta de et qu’il a développé puissamment ; pas s’exposer aux déconvenues du Allemands », a déclaré le premier ces d’un soutien à la cause polo- « reliquats » de Nice, qui ressem- lumière. Sept ans plus tard, le célè- puisse-t-il réussir à unir la théorie sommet de Berlin en mars 1999, ministre luxembourgeois au lende- naise, dont on fait pourtant grand blent fort aux « reliquats » d’Ams- bre physicien danois Niels Bohr, des quanta à l’électrodynamique et quand ils réclamaient haut et fort main de Nice. Et pas seulement des cas dans les discours officiels terdam, les hommes politiques qui n’avait que vingt-huit ans, à la mécanique en un système cons- une diminution de leur contribu- « petits », si l’on en croit la sollicitu- parisiens. français ne sont plus, avec la fin de appliquait avec succès les lois tituant logiquement un tout ! » tion au budget communautaire de allemande pour la Pologne, que L’incident est significatif du leur présidence, en première ligne quantiques à l’étude du modèle C’est en cette même année 1918 avant d’être obligés de faire machi- la délégation française aurait trai- malaise français par rapport à l’élar- dans la négociation. Ils peuvent d’atome « système solaire » de que Max Planck se vit décerner le ne arrière face à l’intransigeance tée avec la dernière maladresse. gissement de l’Union vers une envisager l’après-Nice avec plus Rutherford. prix Nobel de physique. de Jacques Chirac sur la réforme de Etait-ce pour s’assurer les bonnes Europe centrale et orientale dont d’audace qu’ils ont abordé ce der- Max Planck, dont les idées har- (15 décembre 1950.) la politique agricole commune. En grâces de José Maria Aznar ou pour on ne méconnaît pas l’importance nier Conseil européen. Rien ne les deux ans, ils ont intégré les règles renforcer l’axe latino-méditerra- pour l’avenir du continent, mais empêche de développer une vision de la diplomatie européenne et, à néen, qui semble toujours apparte- qu’on a trop vite tendance à classer de l’Europe ambitieuse qui re- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS Nice, ils ont empoché sans crier nir aux catégories géopolitiques de dans une zone d’influence alle- trouve les traces du « jardin à la gare quelques avantages non la diplomatie française ? Toujours mande, au moins économique- française » de jadis. Rien, sinon un Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr négligeables. est-il que, dans un des nombreux ment, au risque de voir l’évolution calendrier électoral qui commande Télématique : 3615 code LEMONDE Sans doute n’ont-ils pas obtenu projets de compromis présentés que l’on redoute accélérée par les de ne pas ennuyer les citoyens avec Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) le « décrochage » avec la France et par la présidence, la Pologne se craintes mêmes qu’elle inspire. des affaires européennes d’autant ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) les deux autres « grands » malgré retrouvait avec une voix de moins L’hégémonie intellectuelle que la plus rebutantes qu’on s’ingénie par leurs 22 millions d’habitants que l’Espagne, malgré une popula- France a exercée sur l’intégration ailleurs à en masquer les vrais Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 supplémentaires, mais ils avaient tion équivalente. européenne, de Jean Monnet à Jac- enjeux. eu l’habileté d’expliquer avant le S’il s’agissait d’amadouer José ques Delors, appartient certaine- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Conseil européen qu’ils pouvaient Maria Aznar, le calcul était mauvais ment au passé. Jusqu’à la chute du Daniel Vernet 20 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 HORIZONS-DÉBATS

Virenque : fatals aveux ? par Erwann Menthéour Justice et politique : INGT-SEPT mois, c’est le président Daniel Delegove avait dû sé, les instances internationales du les. Il n’en est pas un parmi ses com- l’évidence américaine temps qu’il a fallu au cou- se contenter de ses réponses. Pen- cyclisme n’ont eu cesse de le pour- pagnons de galère, ces glorieux reur cycliste Richard dant plus de deux années, Richard suivre afin de l’enfoncer. Il a été con- « forçats de la route », pour se dres- VVirenque pour dire une Virenque s’était enfermé dans ce damné une première fois par la ser contre cette autorité répressive par Anne Deysine vérité – oui, il s’est dopé ! – qu’il système et en avait tiré tous les Fédération française de cyclisme à quand la bête est blessée et tous res- avait jusqu’alors tue malgré les gar- avantages : pas de sanction sporti- six mois de suspension avec sursis ; tent aveugles devant l’évidence du ’INDÉPENDANCE du judi- d’expliquer les dangers qu’il y des à vue, les questions pressantes ve et une popularité intacte. l’Union cycliste internationale, trou- dopage. Les coureurs n’ont pas de ciaire aux Etats-Unis a aurait à recompter sans s’être du juge, les quolibets et la risée En changeant du tout au tout, il vant la peine trop légère, a fait conscience de classe. Leur sens de la longtemps fait l’objet assuré préalablement de la léga- dont il fut l’objet quasi quotidien s’est exposé à ce qu’il y a de pire appel de cette décision. solidarité s’arrête là où leurs petits Ld’une admiration béate lité de la procédure. Et le juge Sou- durant cette période. pour un sportif professionnel : l’in- intérêts égoïstes commencent. en France, peut-être pour les mau- ter, qui au fil des ans s’est révélé Il a parlé. Il a avoué, sachant com- terdiction d’exercer son métier Le cyclisme est ainsi fait : prime vaises raisons, et sans doute tein- beaucoup plus libéral qu’on ne bien ses aveux risquaient de lui coû- pour cause de suspension discipli- Le cyclisme aux faussaires et punition pour les tée d’appréhension pour certains l’avait envisagé, a aussi la part ter. Il connaissait le bénéfice du naire. Il l’a fait en son âme et rares qui osent dire la vérité. Com- conservateurs – des deux côtés de belle. Chaque vote compte ; alors mensonge ; il a fini par choisir de conscience, en l’absence de con- est ainsi fait : ment s’étonner de l’omerta et de l’Atlantique – craignant qu’on ne comptons-les et on verra bien qui dire sa part de vérité. Il a fait ce que trainte, sans que la justice soit en l’hypocrisie régnantes, dès lors que s’achemine vers un « gouverne- l’emporte. Mais ce n’est pas si sim- les autres ont fait, ni plus ni moins : mesure de le confondre par la moin- prime aux faussaires le mensonge et la malhonnêteté ment des juges ». Ceux-là préfè- ple. Car, à défaut de fraudes (et il s’est injecté toutes sortes de cock- dre preuve. Il n’y a donc que sa paro- sont à ce point encouragés ? Quel rent les juges adeptes de la réser- semble-t-il, il n’y en a pas eu), la tails chimiques dans le corps, au le pour le condamner. et punition autre coureur aura désormais envie ve judiciaire, de la simple applica- situation est pour le moins com- mépris de sa santé, animé par le Le Varois figure parmi les pre- de raconter le dopage, son dopage, tion de la loi et de la constitution plexe. rêve un peu fou de tutoyer la gloire. miers à dire publiquement et, pour pour les rares qui sachant à l’avance que les instances plutôt que d’un activisme judi- Ainsi qu’il est apparu dans les Le prix à payer, dans un sport où la le coup, de son plein gré, une part n’auront plus qu’un souci, l’abat- ciaire par définition « débridé » questions posées aux deux avo- victoire se gagne parfois davantage de vérité sur le dopage qui ravage le osent dire la vérité tre ? Mensonges et omerta sont les tel que celui pratiqué dans les cats, puis dans la décision du dans la course aux élixirs pharmaco- cyclisme. Pour l’avoir dit, il risque alliés du dopage ; vérité et prise de années 1960 par le chief justice 12 décembre, la Cour s’est préoc- logiques qu’à la force des mollets. aujourd’hui une sanction sportive parole en sont les principaux adver- Warren et « sa » cour, accusés par cupée de l’absence de critère Avant le 25 octobre, Virenque qui pourrait l’empêcher durant Au sein du peloton où du temps saires. Si l’on veut que les aveux de les républicains de créer du droit homogène pour comptabiliser les mentait. Comme d’autres conti- six ou douze mois de participer à de sa splendeur, Chiotti comptait Virenque et la confession de Chiotti quand cela les arrangeait et de se bulletins. Mais est-ce évitable nuent de le faire, comme d’autres une épreuve. Lourde punition. de nombreux amis parfaitement servent à quelque chose, l’UCI et les substituer au pouvoir législatif. quand on connaît la diversité des l’avaient fait avant lui. Dans le cyclis- D’autant qu’elle ne prendra effet renseignés sur la nature de son régi- instances disciplinaires du sport doi- Le débat ne se pose pas dans les bulletins (selon les comtés) et cel- me et même au-delà, nombreux qu’à partir du 1er février 2001 et me, pas une voix ne s’élève aujour- vent encourager leur attitude. Elles mêmes termes qu’en France puis- le des procédures de vote et des étaient ceux qui savaient. Durant qu’elle privera ainsi Virenque des d’hui pour prendre sa défense. doivent – pour une fois – honorer que, aux Etats-Unis, le judiciaire machines à voter, le tout résultant toutes ces années il n’a jamais été principales épreuves, dont le Tour Depuis deux mois, Richard Viren- le courage afin d’en finir une fois est un pouvoir (et non une simple du système fédéral (et très décen- inquiété par les instances. Il men- de France. que, pourtant encore adulé par ses pour toutes avec la lâcheté domi- autorité) égal et au même niveau tralisé en Floride) qui laisse aux tait, tout le monde savait, mais il Jérôme Chiotti qui a lui aussi pas- pairs début octobre à l’occasion du nante. Le cyclisme est en danger. Il que les deux autres branches du Etats l’organisation pratique des s’alignait au départ des courses, en sé plusieurs années de sa vie de championnat du monde à Plouay, faut le sauver. Pour cela, il doit se gouvernement. L’autre différence scrutins. Etait-il possible de conce- toute impunité. Tout aurait pu con- champion dans le mensonge avant vit dans le même isolement. Bouc débarrasser du mal qui le ronge : est que personne ne songe à nier voir un tel standard ? L’opinion tinuer de la sorte. Rien – sinon sa de livrer de sa propre initiative, en émissaire d’une situation dont il a l’imposture généralisée. son ancrage dans le politique sans per curiam non signée a répondu conscience – n’obligeait Richard avril 2000, le secret de ses perfor- certes profité mais en parfaite har- que cela ne mette le moins du par la négative. Virenque a changé de comporte- mances, est dans la même situation. monie avec ceux qui à cette heure monde en doute sa légitimité et Or, certains électeurs ont été ment. La veille de ses aveux, il avait Lorsqu’il mentait au vu et au su de ont probablement « remis cela » Erwann Menthéour est son impartialité. Même si la Cour empêchés de voter, ne serait-ce une fois de plus nié l’évidence et le tous, il était vénéré. Dès qu’il a ces- avant les premières courses hiverna- ancien coureur cycliste. suprême est « la branche la moins qu’en raison de la complexité des dangereuse » selon les termes mêmes de Hamilton dans les Fede- ralist Papers (n˚ 78), son poids est Non seulement fort, son rôle central et sa légiti- mité rarement contestée. la Cour suprême Au fil des ans, la Cour suprême a su élargir ses prérogatives, en a accepté particulier grâce au contrôle de la constitutionnalité qu’elle s’est par deux fois octroyé en 1803 dans l’affaire Mar- bury contre Madison. Et, surtout, d’entrer dans elle est toujours parvenue à main- tenir son prestige et son image le maquis politique d’impartialité, se plaçant au-des- sus de la mêlée ou restant hors du mais elle l’a fait « taillis politique ». Et lorsqu’elle a dû prendre des décisions difficiles dans des conditions comme la déségrégation, en 1954, ou la demande de remise des ban- qui n’étaient des magnétiques du Watergate par le président Nixon, cela a tou- pas évidentes jours été à l’unanimité. La Cour suprême est avant tou- te chose la garante de la Constitu- bulletins, du peu de lisibilité de tion mais aussi la protectrice des certains d’entre eux, dont le main- droits et libertés fondamentaux. tenant célèbre « papillon ».Ilya Et c’est à ce titre qu’elle vient d’in- eu exclusion des électeurs noirs et tervenir. Il lui fallait défendre le d’autres ont « trop » voté en poin- droit de l’électeur (à voir son suf- çonnant le bulletin à deux frage pris en compte) et celui du endroits (ce sont les overvotes). citoyen à peser d’un poids égal Enfin, d’autres électeurs ont été dans le processus électoral, droits aidés ; il s’agit des votes par corres- garantis par le 14e amendement à pondance dont certains ont béné- la Constitution des Etats-Unis, par ficié d’un petit coup de pouce, par- les clauses de procédure juste et fois partisan, mais dont il aurait d’égale protection de la loi. été bien difficile de justifier l’élimi- C’est là que la situation actuelle nation. est délicate. Non seulement la juri- La question est donc autant diction suprême a accepté par celle de l’indépendance des juges deux fois d’entrer dans le maquis que celle de leur activisme : ils ont politique, mais elle l’a fait dans accepté de se jeter dans la mêlée, des conditions qui n’étaient pas ce qui n’étonne guère ceux qui évidentes. Et si, la première fois, savent qu’ils ont déclaré plusieurs elle s’en est tirée à bon compte en lois inconstitutionnelles au cours demandant au camp Bush de la des dernières années. Il leur fallait convaincre de l’existence d’une trouver une issue et si possible pas « question fédérale » (condition de à cinq voix contre quatre. Nous en son intervention et de sa compé- sommes loin. Le texte fait plus de tence) et en renvoyant l’affaire soixante pages et comporte des devant la Cour suprême de Flo- opinions rédigées en termes très ride pour complément de motiva- durs (la décision de Floride est tion, il n’en a pas été de même la qualifiée d’absurde) et quatre opi- deuxième fois. On sait que la Cour nions dissidentes. Dans l’une, les de Floride est plutôt composée de juges Breyer et Souter regrettent démocrates nommés par le gou- clairement que la Cour soit inter- verneur démocrate Chiles, prédé- venue. Dans une autre, le juge Ste- cesseur du frère du candidat répu- vens émet de sérieux doutes en rai- blicain et qu’elle a autorisé le son du caractère partisan de la report de la certification la pre- décision et conclut que le grand mière fois et le décompte des voix perdant est la nation, qui aura per- non comptées la deuxième fois, du sa confiance dans le juge com- deux décisions favorables au can- me gardien impartial de l’Etat de didat démocrate. droit et de la règle de droit. Quant à la juridiction suprême Il faut espérer que ses craintes fédérale, elle est composée de se révéleront excessives et que les sept juges nommés par des prési- Américains, qui ne semblaient pas dents républicains et seulement trop perturbés, accepteront la deux modérés nommés par le pré- décision de la Cour et se range- sident Clinton, les juges Breyer et ront derrière le président, quel Ginsberg. Sa décision d’interdire qu’il soit, le ralliement derrière un le comptage avant de confirmer président même minoritaire ayant au fond est un coup presque fatal toujours été la règle. au vice-président en raison du Il reste pourtant un doute : en calendrier électoral que les magis- raison des législations Sunshine, trats ont décidé de considérer qui permettent l’accès à toute comme impératif (date du information, lecteurs, instituts de 12 décembre ; mais il y a eu au recherche et médias de tous bords moins une exception en 1960 pour auront toute latitude de compter Hawaï). La tentation est alors et recompter pendant des mois forte de se demander la part de après l’entrée en fonction du nou- politique ou d’esprit partisan dans veau président. ces dernières décisions, surtout quand les deux points de vue juri- diques sont aussi défendables l’un Anne Deysine est professeur que l’autre. d’études américaines à l’université Le juge Scaglia a eu beau jeu Paris-X Nanterre. LeMonde Job: WMQ1512--0022-0 WAS LMQ1512-22 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0269 Lcp: 700 CMYK

22 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

ALIMENTATION Le premier le 1er janvier 2001. b « DES CHIFFRES tenu à préciser le chef du gouverne- magazine scientifique Nature, au département d’épidémiologie du ministre, Lionel Jospin, a annoncé, en augmentation ne signifient pas ment, qui intervenait lors de la clô- moins cent animaux contaminés se- Collège impérial de médecine de mercredi 13 décembre, que le dépis- que la sécurité et la qualité de l’ali- ture des Etats généraux de l’alimen- raient entrés, en 2000, en France, Londres, s’est appuyée sur des tage de l’ESB sur tous les bovins de mentation se dégradent. (...) Ils si- tation. b SELON UNE ÉTUDE dans la chaîne alimentaire. modèles statistiques pour mener plus de trente mois commencera dès gnifient que l’on détecte mieux », a publiée, jeudi 14 décembre, dans le b CHRISTL DONNELLY, experte au ses travaux. Plus de cent vaches folles auraient été consommées en France cette année Une étude publiée dans l’hebdomadaire scientifique « Nature » conclut à la perméabilité de la chaîne alimentaire française. Le premier ministre, Lionel Jospin, annonce un dépistage de tous les animaux de plus de trente mois dès le 1er janvier 2001

LES SOUHAITS exprimés à la fin née sur 48 000 bêtes (Le Monde du Une crise plus sévère qu'en 1996 de la maladie dans le cheptel britan- santé, qui a insisté sur le dévelop- du mois d’octobre par Jacques 12 décembre). Elle coïncide d’autre nique. » Plus généralement la dé- pement de l’« éducation » à la nu- Chirac sur le dossier de la vache part avec la publication dans l’heb- ÉVOLUTION DE L’ACHAT DE BŒUF PAR RAPPORT À LA MÊME marche adoptée par l’Afssa dans le trition, « dès la « maternelle ». folle n’auront guère tardé à être domadaire scientifique Nature, da- SEMAINE DE L’ANNÉE PRÉCÉDENTE en indice dossier éminemment complexe de Dans son discours de clôture, le exaucés : après avoir, le 14 no- té du 14 décembre, d’une étude bri- la vache folle vise à pouvoir éva- premier ministre a a annoncé le base 100 SEMAINE vembre, décrété l’interdiction de tannique qui estime à 7 300 le avant DE DÉBUT NOMBRE DE SEMAINES APRÈS LE DÉBUT DE CRISE luer avec les mêmes exigences la si- lancement d’un programme l’usage des farines carnées dans nombre d’animaux contaminés par la crise DE CRISE * 1 2 34 5 6 10 11 tuation de chacun des pays concer- « d’amélioration de l’information l’alimentation animale, Lionel Jos- le prion pathologique responsable nés par l’épidémie. C’est ce qui a sur la qualité et la sécurité de l’ali- pin a, mercredi 13 décembre, an- de la maladie de la vache folle qui, 100 conduit les responsables de cette mentation ». Les régles d’étique- noncé la mise en place, dès janvier depuis 1987, seraient, en France, CRISE DE 1996 agence et les experts français des tage des produits mis en vente de- 2001, d’un dépistage systématique entrés dans la chaîne alimentaire. – 24 % maladies à prions à recommander vraient être révisées. Les des bovins de plus trente mois en- 80 régulièrement au gouvernement organismes génétiquement modi- trant dans la chaîne alimentaire. PHASE D’INCUBATION des mesures supplémentaires de fiés (OGM) n’ont pas été oubliés. Cette mesure devrait conduire à Signée par Christl Donnelly (Im- 60 – 39 % prévention et de précaution. « Les procédures d’autorisation ne très court terme au dépistage de perial College, Londres) cette CRISE DE 2000 pourront reprendre que lorsqu’une 20 000 bêtes par semaine. étude a été menée à partir des – 48 % RASSURER LES CONSOMMATEURS traçabilité complète des OGM aura S’exprimant lors de la clôture chiffres officiels, français et britan- 40 En pleine affaire de la vache effectivement été mise en place. des Etats généraux de l’alimenta- niques, de surveillance de l’épidé- * Pour 2000 : semaine du 16 au 22 octobre Sources : Secodip Consoscan folle, les Etats Généraux de l’ali- Seule une telle traçabilité pourra ga- tion, le premier ministre a précisé mie animale. Plus précisément, La consommation de viande bovine accuse un fort recul depuis plusieurs mentation ont été marqués par la rantir un étiquetage fiable permet- semaines. Les consommateurs français reportent leurs achats principalement que les modalités concrètes de Mme Donnelly situe entre 4 700 et volonté gouvernementale de tout tant ainsi aux consommateurs sur la volaille et le porc. cette nouvelle mesure seraient dé- 9 800 le nombre des animaux in- mettre en œuvre pour rassurer les d’exercer leur liberté de choix », a taillées dans les prochains jours fectés qui ont pu être consommés voir que des viandes d’animaux in- tage de l’ESB, nous avons bien sou- consommateurs. Organisé autour souligné le premier ministre. Un par Jean Glavany, ministre de depuis l’émergence de cette nou- fectés pouvaient encore entrer ligné le fait que la seule surveillance du thème « Que voulons-nous man- « programme national nutrition- l’agriculture. Evoquant l’augmen- velle maladie. Cette estimation dans la chaîne alimentaire, en dépit clinique ne permettait pas de détec- ger?», le colloque du 13 décembre santé », centré sur l’éducation des tation constante du nombre de cas pourrait être réduite à 1 200 si tous d’une surveillance et d’une régle- ter tous les cas. » se voulait le point d’orgue des fo- enfants, devrait voir le jour en jan- de vache folle diagnostiqués en les animaux présentant les symp- mentation de plus en plus strictes. « En ce qui concerne la situation rums régionaux de l’alimentation vier 2001 et une circulaire relative à France, M. Jospin s’est voulu rassu- tômes caractéristiques de la mala- « Cette situation justifie l’attention britannique nous ne disposons tou- organisés à Lyon, Lille, Nantes, la composition des repas servis rant. « Des chiffres en augmentation die avaient été identifiés, ce qui, à particulière qui doit être portée à la jours pas des éléments d’apprécia- Toulouse, et Marseille au mois dans les cantines devrait être ne signifient pas que la sécurité et la l’évidence, n’a pas été le cas. Mme mesure de retrait des matériaux à tion du nombre d’animaux en phase de novembre. Ces Etats généraux adressée dès janvier aux respon- qualité de l’alimentation se dé- Donnelly chiffre d’autre part à une risque spécifié, dont la liste a été d’incubation, poursuit M. Hirsch. avaient été lancés par le premier sables d’académie, chefs d’établis- gradent. Il signifient que l’on détecte centaine le nombre des animaux élargie, y compris à des organes Les autorités britanniques n’ont ministre en octobre 1999, afin que sements et directeurs scolaires. En mieux », a-t-il expliqué. en phase d’incubation dont la pour lesquels la preuve de l’infectio- fourni aucune donnée depuis un an, les consommateurs expriment conclusion, le premier ministre a L’annonce de la mise en place viande a, cette année, été consom- sité n’a pas été formellement appor- lorsque 18 animaux positifs avaient leurs attentes en la matière. Rame- souhaité la construction d’un d’un dépistage systématique des mée en France. tée chez le bovin, et qui s’applique à été retrouvés sur moins de 4 000 tests ner la confiance : tel était l’unique « modèle alimentaire », un modèle animaux pouvant être en phase Interrogée en urgence par le l’ensemble des animaux, a expliqué pratiqués. Rien ne nous permet donc but des ministres qui se sont succé- qui ferait que l’alimentation ne soit d’incubation de l’encéphalopathie gouvernement sur la sécurité des au Monde Martin Hirsch, directeur de postuler qu’il existerait une date dé à la tribune. Jean Glavany, mi- pas « un marché formaté par une spongiforme bovine (ESB ou mala- produits d’origine bovine, l’Agence général de l’Afssa. D’autre part, en “ butoir ” – fixée par les Britan- nistre de l’agriculture, d’abord, logique industrielle ». die de la vache folle) fait suite à la française de sécurité sanitaire des rendant publics, il y a quelques niques la mi-1996 – à partir de la- parti à la recherche de «la publication des premiers résultats aliments (Afssa) avait, dans un avis jours, les premiers résultats de la quelle il y aurait une maîtrise confiance perdue », suivi par Domi- Gaëlle Dupont de la campagne expérimentale me- daté du 13 novembre, déjà fait sa- campagne expérimentale de dépis- complète des voies de transmission nique Gillot, secrétaire d’Etat à la et Jean-Yves Nau Une commission d’enquête parlementaire sur les farines Les restaurateurs spécialisés diversifient leurs menus Les députés ont approuvé à l’unanimité, mercredi 13 décembre, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les farines UN MOIS ET DEMI après le début de la solument rien, même pas de sel ! », précise cours du mois de novembre. « La crise de 1996 animales, qui avait été proposée par l’opposition (RPR, UDF, Démo- « nouvelle » crise de la vache folle, les restaura- M. Higgins. En moyenne, l’activité au mois de nous avait déjà encouragés à diversifier notre cratie libérale), le 5 novembre, en pleine polémique entre Jacques teurs à thème spécialisés dans la viande de novembre est en baisse de 15 %, admet-on chez carte en y mettant de l’autruche, du canard ou du Chirac et Lionel Jospin sur l’interdiction totale de ces farines. La bœuf – Hippopotamus, Buffalo Grill, McDo- Quick, où l’on précise que les 320 restaurants bison, constate Gabriel Culot, directeur finan- commission, composée de trente députés, a six mois pour remettre nald’s, Quick... – commencent à tirer un pre- implantés sur le territoire national continuent à cier du groupe. Aujourd’hui, un tiers de nos ap- ses conclusions. Ce groupe fera un bilan des recherches en cours et mier bilan. Les professionnels sont tous d’ac- se fournir en France, le pays le plus sûr pour la provisionnements viennent d’Argentine et du Bré- formulera des recommandations pour renforcer la veille sanitaire. Il cord sur un point : la crise actuelle apparaît traçabilité de sa viande, selon M. Higgins. sil, et, depuis 1995, le reste vient de France et établira si, au cours de la progression de l’encéphalopathie spongi- beaucoup plus grave et profonde que celle de Chez McDonald’s, on juge que la « crise » d’Allemagne du sud. » Selon lui, la grande dif- forme bovine, les précautions ont été suffisantes pour protéger la 1996. Il y a quatre ans, il suffisait d’affirmer haut qu’a connue la chaîne au début du mois de no- férence avec la crise de 1996 tient à la durée et à chaîne alimentaire. Il étudiera les possibilités de développement et fort que la viande était d’origine française vembre est aujourd’hui terminée. Etienne Aus- l’ampleur de la variation : il y a quatre ans, Buf- des substituts aux farines (protéines végétales) et les différents pour que le consommateur soit rassuré. Ce sedat, porte-parole du groupe américain en falo Grill avait ressenti les effets de la crise pen- types de surveillance possible du cheptel. La gauche a aussi souhaité n’est plus le cas aujourd’hui. Il vaut mieux van- France, estime que la baisse du chiffre d’affaires dant trois mois, mais la variation avait été que la commission se penche sur la promotion d’une agriculture ter la tendreté de la viande argentine ou irlan- est, en dépit de quelques creux, restée en deçà moins importante, de l’ordre de 20 % de baisse plus soucieuse de qualité (biologique, etc.). daise pour ne pas faire fuir le client. Mieux, de 10 %. McDonald’s met surtout en avant la du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, la crise trouver des produits et surtout des plats gamme élargie de ses produits et les plats de sa semble plus contenue dans le temps, mais les complets de substitution. carte ne comportant pas de bœuf (salade, pou- fluctuations ont été plus violentes, de l’ordre de Dans le domaine de la restauration rapide à let, poisson). 20 % à 25 %. Il semblerait toutefois que depuis base de hamburgers, deux des enseignes les le début du mois de décembre la chalandise soit plus connues en France, Quick et McDonald’s, DE L’AUTRUCHE, DU CANARD OU DU BISON plus importante. Pour la première fois de son analysent et gèrent différemment la crise. «La A l’image de son homologue belge, McDo- histoire, Buffalo Grill vient de lancer une cam- crise de 1996 nous a beaucoup appris : c’est pour- nald’s a sorti très rapidement un produit de pagne de promotion à destination des radios, quoi nous avons pu rapidement mettre en vente substitution, le Croque McDo. Ce produit, à d’un montant de 3 millions de francs, pour van- un sandwich de substitution, le Star Omelett’. La base de jambon supérieur et d’emmenthal, est ter son nouveau menu, « Viva la Pampa ». réduction de notre dépendance à l’égard des pro- surtout destiné a remplacer le traditionnel ham- Chez Hippopotamus, filiale du groupe Flo, le duits issus de la filière bovine est l’un des grands burger dans les « happy meal », menus destinés chiffre d’affaires a baissé de 17 % en moyenne enseignements de la précédente crise », reconnaît aux enfants. Les parents qui continuent d’ac- au mois de novembre, « soit environ trois points Roland Higgins, directeur de la communication compagner ces derniers au McDo évitent de de plus qu’en 1996 », selon Pierre Cassagne, di- du groupe Quick. Avant le déclenchement de la leur faire manger du bœuf. Pour Etienne Ausse- recteur général du groupe. La brochette de gi- crise, les hamburgers représentaient 75 % des dat, « les choses sont aujourd’hui rentrées dans got d’agneau a remplacé le T-bone, et la nou- ventes. Au cours du mois de novembre, leur l’ordre, grâce à la crédibilité qui entoure l’entre- velle carte prévue pour janvier prévoit un filet part est tombée à 68 %. A contrario, le poulet et prise ». mignon de porc et de la fricassée d’agneau à le poisson, qui avaient respectivement une part Chez les restaurateurs à thème spécialisés l’indienne. Aujourd’hui, précise le directeur gé- de marché de 20 % et 5 %, sont passés à 24 % et dans la viande de bœuf, les effets de la crise se néral d’Hippopotamus, il y a 11 produits à base 8%. « Avant tout, l’objectif est de rassurer nos sont davantage fait sentir. Le numéro un des de bœuf contre 15 produits n’en comprenant clients, en leur expliquant que notre viande ha- restaurants spécialisés dans la viande gillée, pas. chée est directement issue du muscle, dans lequel avec 215 implantations, Buffalo Grill, reconnaît on a jamais trouvé de prion, que l’on n’ajoute ab- que son chiffre d’affaires a baissé de 23 % au François Bostnavaron La grande distribution veut relancer le label « viande française » « NOUS SOMMES satisfaits, nous nées... », déplore M. Bédier, qui de- clients veulent à 70 % connaître la A Rungis, mardi, on notait « une souhaitions aller vite. » Au sortir des mande plutôt « que l’on fasse jouer race et la catégorie de viande qu’ils amélioration des ventes provenant Etats généraux de l’alimentation, la solidarité nationale ». achètent », affirme M. Bédier. des races à viande, passées de 30 % mercredi 13 décembre, Jérôme Bé- Autre revendication : l’étique- Les premières analyses du à 50 % de baisse au cours des deux dier, le président de la Fédération tage. Le premier ministre a annon- comportement du consommateur premières semaines de novembre à du commerce et de la distribution cé, mercredi, qu’il confiait au depuis le début de cette crise 10 % à 15 % cette semaine », a décla- (FCD), s’est félicité de la décision de Conseil national de l’alimentation semblent confirmer que la ré Guy Eschalier, président du syn- Lionel Jospin de dépistersystémati- le soin de l’améliorer, en vue de consommation de viande bovine dicat des grossistes en viande de quement l’ESB, dès le 1er janvier, sur « renforcer la transparence des don- – toujours en chute de 40 % à 50 % bœuf. En revanche, précisait-il aus- les bovins de plus de trente mois. nées relatives à la sécurité alimen- dans les grandes surfaces – se dé- sitôt, les entreprises qui commer- Une fois ce satisfecit décerné, le taire ». place nettement vers des « produits cialisaient de la viande issue de lobby des grandes surfaces s’est clairement identifiables », et notam- troupeaux laitiers auprès de clients élevé contre le quintuplement de la DES INFORMATIONS PLUS CLAIRES ment vers les fameuses races à comme la grande distribution ou la taxe d’équarrissage, envisagé pour Mais les normes de traçabilité viande (charolaise, limousine...), restauration collective (cantines financer l’élimination des farines sont déterminées en partie à par opposition aux vaches laitières scolaires...) subissent encore une carnées. La grande distribution a Bruxelles. La FCD souhaite suppri- de réforme, qui fournissent la « baisse d’activité de 50 % à 60 % ». déjà prévenu qu’elle répercuterait mer le numéro d’unité d’abattage, viande bon marché mais qui sont La FCD, qui se veut constructive, ce prélèvement sur les prix de vente imposé par la réglementation euro- les plus touchées par la suspicion propose « une relance du label aux consommateurs. « Cela repré- péenne sur les étiquettes (pour lo- d’ESB. Une évolution que met en “viande française”, mais en l’ap- senterait une taxation supplémen- caliser le lieu d’abattage) mais «in- avant la FCD pour expliquer pour- puyant sur un cahier de charges ga- taire de 3,9 % sur les produits ali- compréhensible pour le grand quoi, alors que les cours des bovins rantissant les bonnes pratiques d’éle- mentaires concernés. Quand on voit public », afin de dégager de la place s’effondrent, les prix de la viande vage et d’alimentation du bétail ». tout le travail qui avait été fait pour pour des informations plus claires. ne baissent pas pour le consomma- réduire la TVA ces dernières an- « Les sondages montrent que les teur. Pascal Galinier LeMonde Job: WMQ1512--0024-0 WAS LMQ1512-24 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0270 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 ENTREPRISES

La libéralisation du marché européen de l’énergie L’année 2000 sera suscite des alliances entre producteurs excellente pour l’immobilier Un groupe suédois contrôle le troisième électricien allemand de bureaux parisien Mercredi 13 décembre, deux géants de l’électri- à HEW, détenu par le suédois Vattenfall. Le liance entre EDF et Dalkia, ces mouvements il- cité allemande, RWE et E.ON, ont vendu les même jour, l’espagnol Endesa est entré dans le lustrent la rapidité avec laquelle se met en place parts qu’ils détenaient dans un troisième, Veag, capital d’une filiale de CDF. Tout comme l’al- la concurrence sur le marché de l’électricité. Paris, ville la plus chère en Europe après Londres ENTRÉE de l’électricien espagnol té, mais en plus les décrets d’appli- allemand, et il est d’ores et déjà eaux avec la prise de contrôle de LA SOCIÉTÉ de conseil en im- chère d’Europe, derrière Londres Endesa en France, nouvelle concen- cation de la loi votée le 10 février candidat à la reprise de l’électricien Thames Water, à Londres. E.ON est mobilier d’entreprise Jones Lang où, au troisième trimestre 2000, le tration en Allemagne, réorganisa- n’ont pas encore été tous publiés. berlinois Bewag. Ce sont les auto- sous pression pour boucler les ac- LaSalle (JLL) vient de rendre public prix annuel du mètre carré (hors tion d’Enel en Italie : à l’approche Conscient de ce handicap, le gou- rités européennes et allemandes de quisitions promises par ses diri- le premier bilan du marché de bu- taxes hors charges) a atteint de Noël, le marché européen de vernement français multiplie les la concurrence qui avaient exigé geants après l’échec, cet été, des reaux en Ile-de-France pour l’an- 1 439 euros (contre 656 euros à Pa- l’électricité est en pleine efferves- signes d’ouverture en autorisant cette cession, afin d’entériner les fu- pourparlers avec Suez-Lyonnaise née 2000. Plusieurs records sont en ris). cence. Depuis l’ouverture à la l’entrée d’électriciens étrangers sions initiées par les numéros un et des eaux en France. passe d’être battus. La commercia- En matière d’investissements, JLL concurrence du marché européen, dans des sociétés publiques produc- deux allemands. Elles craignaient la lisation de bureaux à Paris et en ré- recense 11 opérations de plus de le 19 février 1999, le paysage s’est trices de courant. Mercredi 13 dé- mise en place d’un oligopole, au RÈGLES DE CONCURRENCE gion parisienne a atteint, une fois 1 milliard de francs, à commencer fortement transformé. La mutation cembre, le conseil d’administration profit de quelques opérateurs, alors Les électriciens allemands s’inté- encore, un niveau exceptionnel. par l’achat du portefeuille immobi- est d’autant plus vigoureuse qu’elle des Charbonnages de France a au- que la libéralisation a d’abord en- ressent aussi au marché espagnol et Bonne conjoncture économique lier de Carrefour par la foncière de s’accompagne d’une évolution des torisé l’achat de 30 % du capital de traîné une très vive concurrence italien en pleine réorganisation. oblige, le nombre de mètres carrés BNP Paribas, Klépierre, pour mentalités. Il ne s’agit plus de pro- sa filiale de production SNET par entre les anciens conglomérats ré- Pour se mettre en conformité avec loués est pour la troisième année 5,9 milliards. Suivent deux tours à duire uniquement du courant, mais l’espagnol Endesa. Le 28 novembre, gionaux. les nouvelles règles de concurrence consécutive supérieur à 2 millions, la Défense (Adria et Descartes), cé- de fournir aux clients un ensemble le belge Electrabel (groupe Suez- En Allemagne, l‘émergence d’un italiennes, qui prévoient qu’à partir atteignant 2,3 millions. La demande dées pour plus de 2 milliards cha- de services, quel que soit leur lieu Lyonnaise des Eaux) s’est associé à nouvel acteur est une étape supplé- de janvier 2003 aucun opérateur ne pour les grandes surfaces – supé- cune, à la foncière Lucia et la Caisse d’implantation. Sous la pression de la Compagnie nationale du Rhône mentaire dans un processus de pourra détenir plus de 50 % de la rieures à 5 000 m2 – a été très forte, des dépôts et consignations (CDC) la concurrence, les opérateurs réa- (CNR) pour vendre du courant. Ces concentration très rapide. L’an- capacité de production du pays, puisqu’elles ont représenté 39 % pour la première, à la CDC et à l’as- gissent en baissant les tarifs et se mouvements provoquent parfois née 2000 aura été marquée par un l’Enel doit céder une partie de son des transactions, soit 403 250 m2 en sureur allemand Ergo pour la se- développent par le biais d’acquisi- des inquiétudes chez les salariés, double phénomène de fond. Tout parc. Le 6 décembre, le second pro- 2000 contre 120 000 m2 en 1999. Les conde, ou encore le siège du Crédit tions. notamment ceux de la CNR, qui ont d’abord, l’arrivée des opérateurs ducteur européen a indiqué que pôles les plus actifs ont été le Crois- lyonnais racheté par le fonds alle- Deux comportements ont été ob- déclenché une grève. étrangers. EDF a ainsi pris le « vingt-six institutions italiennes ou sant d’Or (Issy-les-Moulineaux, Le- mand Despa. servés après la directive qui propose Simultanément, EDF ne se prive contrôle de 25,01 % d’EnBW, à l’oc- étrangères » se sont déclarées inté- vallois-Perret, Boulogne...), la pre- à chaque pays de libéraliser gra- pas de rappeler que, malgré sa posi- casion de sa privatisation partielle ressées pour acquérir les trois socié- mière couronne et la Défense. RECORD D’INVESTISSEMENT duellement son marché pour porter tion dominante, elle a perdu des par le gouvernement régional du tés mises en vente. Parmi elles fi- Autre record : les taux de va- Les investisseurs français son ouverture à 33 % en 2003. Plu- clients industriels. L’opérateur his- Bade-Wurtemberg. De son côté, le gureraient des allemands, mais cance sont au plancher. Pour l’Ile- confirment leur retour et ont fait sieurs pays du Nord, comme la Fin- torique se déclare prêt à une ouver- suédois Vattenfall, après avoir re- aussi le belge Electrabel. de-France, il y a, en moyenne, à une petite moitié des investisse- lande, l’Allemagne, la Suède et le ture totale à la concurrence en pris la participation de la ville-Etat Scénario analogue en Espagne peine 2,8 % de bureaux vacants, ments en Ile-de-France. D’ici à la Royaume-Uni ont d’ores et déjà li- France et l’appelle même de ses de Hambourg, devrait détenir avec la fusion « amicale » à l’au- alors que JLL estime le seuil de li- fin de l’année, l’investissement to- béralisé totalement leur marché. vœux. Le premier producteur euro- 71,2 % de Hew, le producteur du tomne des numéros un et deux du quidité à 7 %. Ce taux tombe à tal devrait atteindre le record de Des pays du Sud, tels la France, la péen entend gommer son image nord de l’Allemagne. secteur, Endesa et Iberdrola. Four- 0,2 % à la Défense ! Seuls les quar- 50 milliards de francs, inférieur de Grèce, l’Italie, le Portugal, mais aus- d’hégémonie auprès de ses concur- L’autre phénomène notable est nissant ensemble 80 % du marché tiers dits de Paris Centre-Est sont à 40 % au montant enregistré à si l’Autriche, la Belgique et l’Irlande rents en affirmant vouloir se l’ascension des deux opérateurs espagnol, ils doivent céder des parts 5,3 %. Londres, mais en progression de ont préféré s’en tenir au seuil mini- concentrer sur la Grande-Bretagne susceptibles de jouer les premiers de marché équivalentes à celles que L’offre de bureaux immédiate- 10 milliards par rapport à 1999. De- mum. Cependant, les Etats les plus et l’Allemagne. rôles sur la scène européenne, RWE détient Iberdrola – soit 30 % des ac- ment disponibles représente à puis quelques années, « on gagne prudents accélèrent, sous la pres- et E.ON. Issu de la fusion de Veba, à tivités de production électrique et peine plus de 6 mois de commer- 10 milliards par an ! » schématise sion des producteurs d’électricité, NOUVEL OPÉRATEUR Düsseldorf, et Viag, à Munich, E.ON 40 % de la distribution. Pour les au- cialisation, soit 1,2 million de Benoît du Passage, président de JLL qui y voient une entrave à leur ex- Les restructurations ont été parti- avait donné le ton dès août 1999, en torités espagnoles, ces cessions de- mètres carrés (contre 1,75 million à à Paris. Les investissements de- pansion. Il est en effet d’autant plus culièrement vives outre-Rhin. Une se recentrant sur l’énergie et la vraient faire entrer trois nouveaux fin 1999). D’ici à 2003, il n’y a selon vraient se maintenir entre 40 et difficile aux opérateurs de se déve- étape supplémentaire vient d’être chimie. Ce mariage spectaculaire opérateurs sur le marché. Les candi- JLL que 165 projets de plus de 50 milliards de francs en 2001. Pour lopper hors de leurs frontières que franchie avec la montée en puis- avait obligé RWE à contre-attaquer, dats seraient l’italien Enel, mais aus- 5 000 m2, soit un total de 3,2 mil- autant les investisseurs ne sont pas leur marché d’origine est protégé. sance d’un nouvel opérateur : HEW, avec l’absorption de son modeste si les allemands RWE et E.ON. lions de mètres carrés, soit un an et prêts à payer n’importe quel prix Si l’Espagne a ouvert à 54 % son passé cette année dans le giron du voisin VEW. Les deux géants ont de- Cette redistribution des cartes en- demi de commercialisation au ryth- pour un immeuble : ils exigent marché depuis le 1er juillet, la suédois Vattenfall. Mercredi 13 dé- puis bouclé leur fusion respective, traînera une réorganisation des ca- me actuel. Pour les locaux dispo- d’avoir plus de 5 % de rentabilité France, sous la pression d’EDF, a cembre, les électriciens RWE et et entendent se développer dans les pacités de production et une ferme- nibles en 2001, le nombre de pro- sur leurs biens et ont plutôt eu ten- décidé d’ouvrir 33 % de son marché, E.ON lui ont vendu les participa- activités de services collectifs, au- ture des installations les moins jets tombe à 41. Moins de 20 % sont dance ces derniers mois à revoir avec trois ans d’avance sur le calen- tions qu’ils détiennent dans l’opéra- tour de leur métier historique, rentables, sur un continent en sur- dans Paris intra muros. Les augmen- leurs ambitions à la hausse. Les prix drier. C’est une manière de donner teur est-allemand Veag (respective- l’énergie. Désormais ces frères en- capacité. tations des loyers (déjà en hausse au mètre carré progressent donc des gages à Bruxelles, très sévère ment 32,5 %, et 48,75 %). nemis sont à la recherche d’acquisi- de 37 % à la Défense, de 36 % dans moins vite que les loyers. Or ceux- face au comportement français. L’opération représente un montant tions en Europe. Ainsi, en sep- Dominique Gallois le Triangle d’or et de 27 % à la Cité ci ne peuvent pas monter indéfini- Non seulement Paris a pris un an de de 1,48 milliard d’euros. HEW pren- tembre, RWE a gagné l’avantage et Philippe Ricard financière) seront donc encore de ment : les entreprises qui cherchent retard pour se mettre en conformi- drait la troisième place du marché dans le domaine de la gestion des à Francfort 14 % à 18 % en 2001 dans le quartier des locaux donnent de plus en plus central des affaires, de 10 à 14 % en d’importance à « l’arbitrage loyers- 2002, le niveau se stabilisant en services plutôt qu’à l’approche stric- 2003. Les loyers haut de gamme tement géographique », souligne Bercy avalise le rapprochement entre EDF et Dalkia s’affichent à 4 500 francs/m2/an M. du Passage. Pour lui, le marché dans le Triangle d’Or, 4 000 francs/ parisien est donc aujourd’hui « sain EDF ET DALKIA considèrent leur puisse avoir accès à certaines infor- ra les affaires internationales et faire monter les enchères en agitant m2/an dans la Cité Financière et et discipliné ». rapprochement comme acquis, mations. Au lieu de créer à parité stratégiques, l’autre les activités le spectre de l’arrivée de l’allemand 3 700 francs/m2/an à la Défense. Pa- avant même l’autorisation de la une société commune, les deux françaises et n’accueillera pas de re- RWE sur le marché français, la fi- ris est la deuxième ville la plus Sophie Fay commission des participations et groupes ont donc dû imaginer un présentant d’EDF. Le tout sera placé liale énergie de Vivendi Environne- transferts, attendue jeudi 14 dé- schéma complexe. D’un côté, une sous la responsabilité de Jean-Pierre ment a tiré profit de sa position. cembre. Les deux groupes vont entité baptisée Dalkia Offre globale Denis, actuel président de Dalkia. Pour entrer chez Dalkia, EDF a ac- pouvoir créer une société commune et internationale, regroupant les ac- cepté d’investir 9,6 milliards de Snecma voit son avenir dans les services énergétiques : tivités internationales et tous les OFFRES INTÉRESSANTES francs dont une grande partie en mardi 12 décembre, la direction gé- clients industriels pouvant faire Ces mesures de cantonnement numéraire. Cet apport permettra à nérale de la concurrence a donné jouer la concurrence en France, est seront-elles symboliques ou effi- Vivendi Environnement d’alléger son feu vert au rapprochement créée. Elle sera détenue à égalité par caces ? En tout cas, elles ne son endettement. dans le secteur privé entre l’entreprise publique et la fi- les deux sociétés. De l’autre, une semblent pas gêner les deux parte- Anticipant l’ouverture totale du JEAN-PAUL BÉCHAT, le PDG mené sa part à 15 % dans EADS, liale énergie de Vivendi Environne- entité nommée Dalkia France re- naires. EDF, pour garder ses clients marché français de l’électricité, EDF de l’entreprise publique Snecma, 34 % dans Thales, 44 % dans Re- ment. Les deux groupes, toutefois, groupera toutes les activités de ser- industriels, a besoin de pouvoir of- a prévu de porter dès que possible attendait patiemment son heure. nault : il n’y a pas de raison que ce se sont engagés à respecter un cer- vices énergétiques de Vivendi Envi- frir des services intégrés allant du sa participation à 50 % dans l’en- Après la privatisation d’Aerospa- soit différent pour Snecma ». tain nombre de mesures pour main- ronnement ainsi que les actifs génie climatique à l’optimisation de semble. Toutes les mesures de can- tiale, marié à Lagardère puis à l’al- Après avoir déjà fédéré les prin- tenir l’équilibre du marché. (Clemessy, Citelum, etc.) apportés la consommation d’énergie. Dalkia tonnement devraient alors être re- lemand DASA au sein d’EADS, et cipaux acteurs français des mo- La direction générale de la par EDF à l’ensemble. Cette struc- possède ces savoir-faire mais n’a mises en cause. La montée en celle de Thomson-CSF, fiancé à Al- teurs d’avion et des équipements concurrence voulait que des bar- ture, qui porte la part la plus impor- pas de de capacité de production. puissance de l’entreprise publique catel et rebaptisé Thales, le gou- aéronautiques, avec le rachat cette rières soient érigées au sein de la tante des revenus, sera dirigée sans Alors que la bataille pour attirer la devrait, toutefois, être à nouveau vernement est prêt à publier les année de Hurel Dubois et de Labi- société commune pour éviter EDF. clientèle industrielle va se dérouler examinée par les autorités de la bans de Snecma, motoriste et nal, M. Béchat va prendre son ba- qu’EDF, toujours en situation de Pour bien marquer la séparation, aussi sur le terrain des prix, il lui fal- concurrence. Le dossier, cette fois, équipementier aéronautique. ton de pèlerin pour convaincre ses monopole auprès des particuliers et la direction générale de la concur- lait s’adosser à un producteur afin serait discuté à Bruxelles. M. Béchat a vu dans un récent dis- concurrents européens. Face aux de l’essentiel des entreprises, exerce rence a obtenu la création de deux de pouvoir présenter des offres in- cours de Laurent Fabius, le mi- deux géants américains General une influence déterminante et conseils de surveillance. L’un traite- téressantes. Ayant su habilement Martine Orange nistre de l’économie, des finances Electric (12 milliards de dollars de et de l’industrie, le signal du dé- chiffre d’affaires dans les moteurs) part. Le 30 novembre, M. Fabius a et Pratt & Whitney (7,5 milliards souhaité que la Snecma « joue un de dollars), les Européens pa- rôle de premier plan dans l’évolu- raissent bien divisés avec Rolls tion du secteur des motoristes en Eu- Royce (6,5 milliards de dollars), rope continentale », citant en Snecma (4,5 milliards), l’allemand exemple le regroupement euro- MTU (2 milliards), l’italien FiatA- péen autour d’EADS et le pôle vio (1,5 milliard), l’espagnol ITP et électronique autour de Thales. le suédois Volvo. Pour M. Béchat, le feu vert est Mais la construction de l’« Eu- donné. « Les autres motoristes euro- rope des moteurs » est semée péens ne veulent pas voir leurs ap- d’embûches. Malgré les appels du ports industriels nationalisés dans le pied répétés de l’anglais Rolls cadre d’un rapprochement avec Royce, Snecma refuse d’envisager Snecma. Ces regroupements passent un rapprochement avec le britan- donc forcément par des évolutions nique. M. Béchat estime que son dans la structure de notre capital, a- alliance avec General Electric, qui t-il expliqué mercredi 13 décembre. a donné naissance à CFM, le nu- Je n’ai pas honte de mon statut méro un mondial des moteurs d’entreprise publique, mais les al- d’avions civils, est incompatible liances européennes globales ne sont avec un mariage avec l’un des pas compatibles avec ce statut. » principaux concurrents de General Electric. En Europe continentale, CHAMPION NATIONAL les négociations risquent égale- Balayant les réticences qui pour- ment d’être délicates avec MTU, raient se manifester sur la privati- en raison des liens étroits que l’al- sation d’un champion national, en- lemand entretient avec l’américain core largement présent sur les Pratt & Whitney. La cible privilé- moteurs militaires, M. Béchat ex- giée semble être l’italien FiatAvio, plique que « la mission régalienne filiale du groupe Fiat, avec lequel de l’Etat n’inclut pas la fabrication Snecma réalise déjà les moteurs de d’avions, de trains d’atterrissage, la fusée Ariane. pas plus que la fabrication de télé- viseurs ». Il ajoute que l’Etat «a ra- Christophe Jakubyszyn LeMonde Job: WMQ1512--0025-0 WAS LMQ1512-25 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:27 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0271 Lcp: 700 CMYK

25 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 Le lectorat de la presse nationale reste dépendant du niveau d’études Selon l’Insee, les quotidiens nationaux et les magazines sont essentiellement lus par les cadres et les professions intermédiaires. Mieux répartie dans la population, la pénétration de la presse régionale reste inégale selon les zones géographiques EN 1973, la moitié des Français li- gné de celui rencontré parmi les constat se vérifie également auprès nant aux classes disposant des ni- l’Insee, le véritable clivage serait Dans les autres régions, les écarts saient un quotidien tous les jours voisins, notamment du Nord de des ménages aux revenus les plus veaux de vie les plus élevés. plutôt d’ordre générationnel : plus peuvent être considérables. Les ou presque. Ils n’étaient plus qu’un l’Europe. élevés. Le prix des journaux natio- Les différences sont moins fla- de la moitié des 70 ans et plus lisent taux de pénétration atteignent 58 % sur trois en 1997. Aujourd’hui, trois Cette réalité serait-elle liée au ni- naux, généralement supérieur à ce- grantes à propos de la presse régio- un quotidien régional au moins dans l’Est (Alsace, Franche-Comté, Français sur quatre ne lisent jamais veau d’études et aux conditions de lui des régionaux, serait une expli- nale, dont l’audience paraît mieux deux fois par semaine, contre 25 % Lorraine) ainsi que dans l’Ouest de quotidien national et deux sur vie des ménages ? Pour l’Insee, la cation. Elle n’est pas la seule. répartie. Sans doute, les agriculteurs pour les moins de 30 ans. (Bretagne, Pays-de-Loire, Poitou- trois sont des lecteurs occasionnels relation est évidente, au moins pour Dans l’essai de typologie en cinq restent, à 83 % d’entre eux, les plus En réalité, la pénétration de la Charente) et 46 % dans le Nord et le de la presse quotidienne régionale les titres nationaux. Près d’un tiers catégories de lecteurs, l’Insee consi- fervents lecteurs de la PQR. Mais ils PQR ne se mesure pas « au niveau Pas-de-Calais. Ils sont en revanche (PQR). En guise d’introduction à la des diplômés de l’enseignement dère que le lectorat de la presse na- ne représentent que 7 % d’un lecto- de vie, au sexe, à l’âge, au diplôme ou de 41 % dans le Bassin parisien présentation des résultats de l’en- (au-delà de Bac + 2) lisent un quoti- tionale est essentiellement masculin rat composé principalement d’ou- à la catégorie sociale, au type de comme dans le Sud-Ouest, de 38 % quête Insee sur le lectorat de la dien national au moins deux fois (56 %), diplômé de l’enseignement vriers (26 %) et d’employés (26 %), commune et de région équivalent ou dans la zone méditerranéenne et de presse d’information générale en par semaine, alors qu’ils ne sont supérieur (36 %), cadre, profession de professions intermédiaires au facteur financier ». Les disparités, 37 % dans le Centre-Est et Rhône- France – réalisée en octobre 1999 que 5 % parmi les sans-diplôme. La intermédiaire ou étudiant, vivant en (15 %), d’artisans et commerçants bien réelles, se retrouvent dans des Alpes. auprès de 5 689 personnes de plus proportion est moins flagrante pour région parisienne (34 %) et apparte- (9 %), et de 7 % de cadres. Selon facteurs géographiques d’implanta- La diffusion des magazines paraît de 15 ans et publiée dans le numéro la presse régionale. Elle compte par- tion des titres liés à l’histoire, à la plus homogène sur l’ensemble du de décembre de la revue Insee Pre- mi ses lecteurs réguliers 71 % de ti- tradition, à des modes de distribu- territoire. Leur audience se vérifie mière –, les auteurs, Sylvie Dumar- tulaires d’un CAP ou d’un BEP Le public de la PQR plus assidu aux élections tion comme le portage à domicile, parmi les catégories de population tin et Céline Maillard, ne manquent contre 48 % de plus diplômés. voire « aux mouvements de concen- plus féminine (61 % des lecteurs), pas de rappeler cette douloureuse La lecture de la presse a-t-elle une influence sur le comportement tration des entreprises de presse ». plus jeune (31 % de moins de évidence pour les éditeurs. POSITION SOCIALE électoral ? L’enquête de l’Insee (lire ci-dessus) semble établir un lien L’étude de l’INSEE relève en pre- 30 ans), plus urbaine (34 % de fran- En l’espace de quinze ans, la dif- Le niveau de formation, mais aus- entre l’assiduité aux urnes et l’intérêt manifesté à l’égard del’infor- mier lieu que, quel que soit l’en- ciliens) et aussi plutôt favorisée. fusion des quotidiens nationaux est si la position sociale et les condi- mation. Cette incidence serait inexistante pour la presse nationale droit, la presse régionale reste ma- Enfin, l’Insee considère que 8 mil- passée de 869 millions d’exem- tions de revenus, sont les caractéris- auprès de ses lecteurs votants, abstentionnistes ou non inscrits. En joritairement diffusée dans les lions de Français (17 % des plus de plaires en 1985 à 738 millions. La tiques essentielles de l’audience des revanche, l’audience de la PQR est plus marquée : « Près de la moitié communes rurales, dont 52 % des 15 ans) ne lisent aucun journal d’in- chute est moins brutale pour la nationaux. C’est ainsi que 58 % des des votants lisent quotidiennement un journal régional, alors qu’ils ne habitants sont des lecteurs fidèles. formation générale. Parmi eux es- presse régionale, qui a diminué de cadres et 38 % des professions inter- sont qu’un tiers parmi les non-votants. » Faisant fi sans doute du cas parti- sentiellement des non-diplômés ou 2 349 millions d’exemplaires à médiaires sont des lecteurs plus ou Selon l’étude, « les personnes les plus enracinées dans leur environ- culier du Parisien, elle souligne l’ex- des personnes à faible niveau 2 253 millions. Le taux de pénétra- moins réguliers : « Ces deux catégo- nement, celles qui déménagent peu, les agriculteurs, les professions libé- ception de l’Ile-de-France, avec d’études, pour un quart vivant en tion de la presse quotidienne en ries, qui ne forment qu’un quart de la rales (...) participent le plus aux élections locales, car elles se sentent 49 % d’habitants lecteurs plus ou région parisienne, avec une forte France, située au 28e rang dans le population, représentent près de la concernées par les enjeux. Le fait que la presse relate les événements re- moins réguliers de presse natio- majorité (59 %) de femmes. monde, selon l’Association mon- moitié du lectorat des quotidiens et latifs à la vie locale et à l’actualité politique incite à une lecture plus at- nale, contre 37 % de quotidiens diale des journaux, reste très éloi- magazines », notent les auteurs. Ce tentive de la part des électeurs potentiels ». régionaux. Michel Delberghe Le groupe Marie-Claire demeure dans la famille Prouvost EVELYNE PROUVOST, PDG de rale du 12 décembre mentionne que Marie-Claire Album, a franchi une « les pourparlers se poursuivent avec étape supplémentaire pour mainte- L’Oréal ». Une manière de souligner nir le groupe dans le giron familial. qu’une autre bataille se prépare, Mais la partie n’est pas achevée. portant cette fois sur les 49 % de la Lors d’une nouvelle réunion des ac- part minoritaire. Lors des premières tionnaires, mardi 12 décembre, elle discussions, la société dirigée par a annoncé avoir « trouvé un ac- Lindsay Owen Jones avait manifes- cord » avec sa sœur, Marie-Laure, té son intention de favoriser la so- directrice générale, pour reprendre lution familiale à condition qu’elle les 17 % du capital que souhaite cé- préserve au mieux « ses intérêts ». der leur demi-sœur, Donatienne de Pour écarter Hachette, L’Oréal avait Montmort (Le Monde du 2 dé- même été sur le point d’exercer un cembre). droit de préemption qui, de facto, Cette solution permet à Evelyne lui aurait assuré la majorité du capi- et Marie-Laure Prouvost, déten- tal. « L’Oréal n’a pas l’intention de trices chacune de 17 % des parts, de devenir un acteur stratégique de la conserver la majorité (51 %) du presse magazine », s’étaient em- groupe aux côtés de la société de pressés de préciser les dirigeants du cosmétiques L’Oréal (49 %). Elle si- groupe. Une façon explicite de ma- gnifie surtout le rejet définitif de la nifester leur volonté de céder, par- proposition formulée par le groupe tiellement ou totalement, ce patri- Hachette Filipacchi Media (HFM), moine acquis pour 9 millions de candidat au rachat des part de francs en 1977 et valorisé au- Mme de Montmort avec une enchère jourd’hui à 1,7 milliards de francs. de 595 millions de francs (90,7 mil- Alors qu’aucune échéance n’a été lions d’euros). fixée, plusieurs groupes, français et La petite-fille du fondateur du étrangers, ont déjà exprimé leur in- groupe, Jean Prouvost, s’est refusée térêt. Outre Hachette, toujours in- à indiquer les conditions et les mo- téressé, l’italien Mondadori, l’an- dalités financières de cette reprise. glais IPC, l’américain Hearst – Lors d’une précédente réunion des associé à Marie-Claire dans la ver- actionnaires, le 5 décembre, elle sion française de Cosmopolitan – et avait préparé cette prise de l’allemand Burda seraient sur les contrôle en transférant une action rangs. A terme, c’est, bien sûr, la ca- de Marie Claire Album dans la so- pacité d’Evelyne Prouvost à fédérer ciété familiale Holding Evelyne un nouveau pacte d’actionnaires Prouvost. Ce mécanisme n’avait qui est en cause. L’enjeu porte aussi d’autre objectif que de regrouper sur la répartition et le contrôle du les intérêts familiaux afin de s’assu- marché publicitaire particulière- rer le contrôle de 51 % du groupe. ment florissant de la presse Le feuilleton n’est pas terminé féminine. pour autant. Le communiqué pu- blié à l’issue de l’assemblée géné- M. De Gamma condamné à restituer ses clichés à Francis Apesteguy L’AGENCE GAMMA A ÉTÉ CONDAMNÉE, mercredi 13 décembre, par le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre (Hauts-de-Seine), a resti- tuer tous ses clichés au photographe Francis Apesteguy. Ce dernier a tra- vaillé vingt ans pour Gamma, dont il est un des fondateurs, avant de dé- missionner en 1997. Gamma devra aussi lui verser 850 000 francs de dommages et intérêts. Le 15 novembre, M. Apesteguy avait réclamé au TGI la restitution de ses photos. Gamma s’y refusait, arguant du fait qu’elle était coauteur des clichés pour avoir cofinancé les frais de repor- tages du photographe. L’argument a été rejeté par le TGI, qui affirme : « la notion de coproduction est inopérante pour définir la titularité des droits patrimoniaux d’œuvres. »

DÉPÊCHES a RADIO : Radio-France ouvrira, le 18 décembre, deux nouvelles an- tennes de France-Bleu, à Nice et Metz, a annoncé, mercredi 13 dé- cembre, la station publique. Avec ces deux villes, France-Bleu comptera 40 antennes régionales. a AUDIOVISUEL : le parquet de Munich a décidé d’ouvrir une en- quête contre Thomas et Florian Haffa, respectivement président du di- rectoire et ancien directeur financier de la société de droits audiovisuels EM.TV. Ils sont soupçonnés d’infraction à la législation boursière. a REPORTAGE : le journaliste Michel Alves Da Cunha a été condam- né à 50 000 francs d’amende par le tribunal correctionnel de Nanterre, mercredi 13 décembre, pour avoir « bidonné » un reportage publié, en août 1999, dans le magazine Entrevue. LeMonde Job: WMQ1512--0026-0 WAS LMQ1512-26 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0272 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

TSPSDHU TQTRDSH SVVRDHI

UIPQ TTQU

AFFAIRES TSSS L’économie a La croissance du produit inté-

TWUV TRTV

SERVICES TRTU rieur brut français devrait être de

TVQP TPWW

b CARREFOUR : plus TQVH américaine marque + 0,5 % en volume au dernier tri-

INDUSTRIE mestre de cette année et de + 0,7 % TTVU TIQH de 200 000 salariés de Carrefour, TPWP

b soit 60 % des effectifs, ont souscrit au premier trimestre 2001, selon les

TSRI SWTH ORANGE : l’opérateur TPHS une pause, selon

de téléphonie mobile contrôlé au plan d’actionnariat mondial prévisions de l’institut de conjonc-

TQWT SUWI TIIU ture GAMA (Groupe d’analyse ma-

par France Télécom, a annoncé, du groupe de distribution. [[[ [[[ [[[Salomon Smith Barney

IR ƒF QH yF IR hF IR ƒF QH yF IR hF jeudi 14 décembre, la cession Une augmentation de capital de IR ƒF QH yF IR hF cro-économique appliquée) pu- de ses parts dans l’opérateur 686 millions d’euros, se traduisant L’ÉCONOMIE américaine ralentit, bliées mercredi. Indices cours Var. % Var. % belge KPN Orange, comme il s’y par la création de 12 millions de Europe 9h57 f se´lection 14/12 13/12 31/12 mais n’est pas sous la menace di- Pour l’année 2000 entière, la crois-

sance française devrait être de ± ± recte d’une déflation et, au IDIR IDRQ était engagé auprès de la titres, sera réalisée le 22 décembre EUROPE EURO STOXX 50 RVQRDIW

± 3,1 %, a précisé GAMA, qui tablait RUSPDUQ IDIQ HDPP Commission européenne. pour assurer la mise en oeuvre de EUROPE ƒ„yˆˆ SH contraire, va repartir sur un rythme

± ± auparavant sur une croissance de QWWDQW IDHQ RDHS Il recevra, en échange de sa ce plan. EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR de croissance plus soutenu après

± ± I PDHP participation, 500 millions EUROPE STOXX 653 QUIDVQ une pause en 2001, selon les écono- 3,2 %.

± ± SVVRDHI IDQI IDPS

d’euros. Le repreneur est l’autre b CHRONOPOST PARIS geg RH mistes de Salomon Smith Barney a L’activité a progressé dans l’en-

FFFF FFFF FFFF

actionnaire historique, le INTERNATIONAL : la filiale colis PARIS wshgeg (Citigroup). semble des secteurs industriels

± ± QWWPDUH IDPR IDRV

néerlandais KPN Mobile, dont et logistique de La Poste, et la PARIS ƒfp IPH En fait, « l’économie mondiale ralen- en France en novembre, sauf dans

FFFF FFFF FFFF la participation passera de 50 % start-up e-Liko ont annoncé, PARIS ƒfp PSH tit probablement depuis le milieu de le secteur agroalimentaire où elle

Â

FFFF FFFF FFFF à 100 %. mercredi, leur alliance dans une PARIS ƒigyxh we‚gri l’année », a estimé, mercredi 13 dé- est restée stable en raison de la crise

± ± TRQDTV IDPU RDIQ

société commune, Chrono e-Liko, AMSTERDAM eiˆ cembre, Kim Schoenholtz, chef de la vache folle qui frappe la filière

± ±

QHHIDTP HDVI IHDIR

b NISSAN : le constructeur spécialisée dans la livraison BRUXELLES fiv PH économiste de Salomon Smith Bar- bovine, selon l’enquête mensuelle

± ± TSPSDHU IDRR TDPP

automobile japonais, détenu à express de produits commandés FRANCFORT heˆ QH ney en écartant les risques du de conjoncture de la Banque de

± ± TQTRDSH HDTH VDIT

36,8 % par le français Renault, a en ligne. LONDRES p„ƒi IHH manque de liquidités et d’une France publiée mercredi.

FFFF FFFF FFFF

annoncé, jeudi, la cession à MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi contraction du crédit. a Force ouvrière (FO) « ne peut

± RSHTRDHH HDUV RDVP

l’électronicien Hitachi de sa b LUFTHANSA : la compagnie MILAN wsf„iv QH L’inquiétude des marchés sur un ra- souscrire aux exigences libérales

± UWVHDQH HDUS SDRP participation de 49 % dans la aérienne allemande semble la ZURICH ƒ€s lentissement brutal de l’économie qui imprègnent » le rapport du société Xanavi Informatics, mieux placée pour reprendre les devrait encore persister pendant un Conseil d’analyse économique sur spécialisée dans les 10 % du capital de Thai Airways ´ bon trimestre, a-t-il dit en estimant le plein-emploi, a affirmé mercredi équipements audio pour voiture qui doivent être mis en vente en AMERIQUES que l’économie marque « une pause le syndicat dans un communiqué. et la navigation assistée. 2001, et pour lesquels Qantas, dans sa croissance marathon ». L’an a NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR Seulement 5,5 % des petites et

British Airways et Air France sont prochain, le taux de croissance de- moyennes entreprises de plus de

IHUWRDRR PVPPDUU

b WHIRPOOL : le numéro un aussi intéressés, a indiqué le HDVVQ vrait se ralentir à 3,1 % avant de re- 10 salariés sont déjà passées à l’eu-

IIIVP QWIQ mondial de l’électroménager a président de Thai Airways, cité HDVWH monter autour de 4,4 % en 2002. ro, et 70 % ne pensent basculer

annoncé, mercredi, qu’il révisait mercredi par le Bangkok Post. a qu’au cours du second semestre QTQW HDVUU IHWRH Les ventes de détail aux Etats-

à la baisse ses prévisions de Unis ont reculé de 0,4 % en no- 2001, selon un sondage publié mer- QQTR HDVTR

bénéfices pour le quatrième IHTWW vembre par rapport au mois pré- credi par l’Association française des

QHVW HDVSI

trimestre. L’entreprise a FINANCE IHRSU cédent, accusant ainsi leur première banques (AFB), qui s’inquiète de ce

PVIR HDVQV

annoncé la suppression de b BANQUE HERVET : les IHPIT baisse depuis avril dernier, a annon- chiffre bas.

PSQW HDVPT 6 300 emplois, soit 10 % de son WWUS cé mercredi le département du candidats à la privatisation [[[ [[[ [[[

effectif mondial. avaient jusqu’au 13 décembre à Commerce. a IR ƒF QH yF IQ hF IR ƒF QH yF IQ hF IR ƒF QH yF IR hF PAYS-BAS : la Banque natio- 17h30 pour retirer un dossier. Les analystes tablaient générale- nale des Pays-Bas a revu à la b Parmi la dizaine de dossiers Indices cours Var. % Var. % ment sur une progression de 0,2 % hausse ses prévisions de crois- MOULINEX-BRANDT : Ame´rique 9h57 f se´lection 13/12 12/12 31/12

l’assemblée générale des demandés, deux l’ont été par des de ces ventes. Mais, hors du secteur sance pour l’économie néerlan- ± IHUWRDRR HDPR TDII E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

actionnaires destinée à candidats inattendus, la Dresdner automobile, les ventes de détail ont daise, prévoyant mercredi une pro- ± ± IQSWDWW HDVP UDRR E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

entériner la fusion des deux Bank et Citigroup. progressé de 0,2 % le mois dernier, gression de 4 % du produit intérieur

± ± PVPPDUU QDUP QHDTQ E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

groupes d’électroménager la hausse la plus modeste depuis brut (PIB) en 2000 contre 3,7 % lors

± WHWVDIP PDTP VDIQ TORONTO „ƒi sxhiˆ

a dû être reportée, jeudi, faute b août. Le recul des ventes de détail a de précédentes prévisions en juin.

± ISPWHDSI FFFF IHDSR HYPOVEREINSBANK : la SAO PAULO fy†iƒ€e

de quorum. Il manquait 0,5 % été provoqué par la baisse la plus La croissance de l’économie devrait

± ± QPIDQH PDPV IWDWW deuxième banque allemande MEXICO fyvƒe

du capital pour atteindre les fondera à partir du forte depuis plus de deux ans des toutefois ralentir en 2002 et at- ± ± RITDIS IDIS PRDRH privée BUENOS AIRES wi‚†ev

33 % requis. Une nouvelle 1er janvier une banque ventes automobiles. teindre 3,6 %, selon le bulletin tri- ± WVDHW HDIR QIDRI SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

assemblée devrait être immobilière en France. La société, mestriel de la banque nationale TVWPDIU HDQQ PUDPI CARACAS ge€s„ev qixi‚ev convoquée vendredi 22 qui s’appellera HVB REC France a ROYAUME-UNI : le nombre de (DNB). décembre. S.A., se consacrera au demandeurs d’emploi en Grande- financement de projets de gros ASIE - PACIFIQUE Bretagne a repris son mouvement a SUÈDE : le produit intérieur b INDUSTRIE CHIMIQUE : un clients professionnels dans à la baisse en novembre, s’appro- brut (PIB) de la Suède s’est accru accord relatif à la cessation l’immobilier. TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN chant du seuil des un million, après de 4 % au troisième trimestre

d’activité a été conclu entre la hausse enregistrée en octobre, la 2000 par rapport à la même période IRWPUDIW WWDST

l’Union des industries b ALLIANZ : le géant allemand ISRWTDWW première depuis près de deux ans. de l’an dernier, a indiqué mercredi ITRSV WWDS

chimiques et trois organisations de l’assurance entend jouer un ITQWS Selon les chiffres de l’Office natio- l’Office national des statistiques

ITHPT WUDR

syndicales, la CGT-FO, la rôle important dans la ISWIQ nal des statistiques nationales (SCB).

ISSWS WSDQ CFE-CGC et la FCE-CFDT. concentration bancaire ISRQI (ONS), publiés mercredi, la Grande- Le PIB a augmenté de 1 % par rap-

port au deuxième trimestre 2000. La ISITR WQDP Les salariés âgés de 57 ou 55 ans allemande, a déclaré son IRWRV Bretagne comptait 1,042 million de

pourront partir en préretraite président Henning Schulte-Noelle demandeurs d’emploi en no- croissance du PIB au troisième tri- IRUQP WIDI

sur un modèle similaire à celui à l’hebdomadaire Die Zeit de IRRTT vembre, en baisse de 5 300 par rap- mestre est notamment imputable à

IRQHI VWDI

de l’industrie automobile. jeudi. « Le marché ne peut pas [[[IQWVR [[[ [[[port à octobre. la consommation des ménages (loi-

IR ƒF QH yF IR hF IR ƒF QH yF IR hF demeurer tel qu’il est à présent », a IR ƒF QH yF IR hF sirs, appareils ménagers, etc.), en a hausse de 3,5 %, et aux investisse- b RÉMY COINTREAU : souligné le patron de l’assureur Indices cours Var. % Var. % FRANCE : le gouvernement ré- Zone Asie 9h57 f

la société de spiritueux munichois. se´lection 14/12 13/12 31/12 fléchit à des « mesures d’ac- ments bruts, en progression de

± ±

IRWPUDIW IDSW PIDIT

a confirmé, jeudi, son « intérêt TOKYO xsuuis PPS compagnement » pour aider les +5,8 %.

± ± ISRWTDWW HDVH VDTR

pour certaines marques » du b GENERALI : Le président du HONGKONG rexq ƒixq PME à appliquer la loi sur les

± ± IWVHDSR IDTR PHDIQ

groupe canadien Seagram, si groupe d’assurances italien SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ 35 heures et travaille notamment a HONGRIE : le premier ministre

± ±

TVDTI PDPH RUDPQ

cela peut se faire « dans de Generali, Alfonso Desiata, a SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ sur « les heures supplémentaires et hongrois Viktor Orban a désigné

±

QPPQDIH HDSU PDPR

bonnes conditions financières » indiqué, mercredi, que la SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ leur coût », a indiqué mercredi mercredi le ministre des finances,

± IVDVQ HDPI RSDVH

a déclaré Dominique Hériard participation de 6,56 % détenue BANGKOK ƒi„ François Patriat, secrétaire d’Etat Zsigmond Jarai, comme prochain

± RPWIDWV HDIT IRDPT

Dubreuil, présidente du groupe, dans l’assureur italien Fondiaria BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ aux PME, à l’artisanat et à la gouverneur de la banque centrale,

± ± IWSVDTH HDTW IIDPR à Reuters. sera vendue d’ici à fin 2000. WELLINGTON xƒiERH consommation. pour succéder à Gyoergy Suranyi.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 13/12

HDISPRS UDRSSS FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDIHVS

PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE

QDQVUUR VDSSQV

Inquiétudes Action Axa LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ......

QDWRPQV QRDUPHH

JEUDI 14 décembre, au début de la L’INDICE NASDAQ a lâché PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

QDPUIWH IDTIWP

en euros à Paris séance, l’indice CAC 40 se mainte- 3,72 %, à 2 822,77 points, mercre- ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDQQUT sur les résultats d’Axa SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

nait dans le rouge, reculant de di 13 décembre, tandis que l’in- VDQPVWR PDHUUR 175 PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QRHDUPHH

MAUVAISE JOURNÉE pour Axa, 142,5 0,72 %, à 5 919,13 points. La veille, la dice Dow Jones a fini en légère FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU IDTIWP

mercredi 13 décembre. L’action a le 13 déc. Bourse de Paris avait poursuivi son hausse de 0,24 % à 10 794,44 , à FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FORINT HONGROIS ....

IDIHQPR QDVSPH 170 MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... terminé la séance en recul de mouvement de correction sous la l’issue d’une journée placée sous 5,63 %, à 142,50 euros, affectée par pression des valeurs technologiques. le signe de la prudence en atten- 165 des rumeurs de profit warning Le CAC avait perdu 1,41 % pour finir dant le résultat final des élections Cours de change croise´s (avertissement sur les résultats), à 5 962,29 points, accentuant ses et en raison des incertitudes sur 160 Cours Cours Cours Cours Cours Cours

démenties par le groupe. pertes avec le recul du Nasdaq. les bénéfices des entreprises. Les 14/12 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. De façon plus générale, certains marchés ont été aussi affectés par DOLLAR ...... FFFFF HDVVUWH HDVVQQS HDIQRTU IDRTQPS HDSVUHT

analystes ont récemment revu 155 l’annonce d’un recul de 0,4 % des YEN ...... IIPDTPSHH FFFFF WWDSTHHH ISDIUSHH ITRDVQHHH TTDITSHH EURO...... IDIQPHS IDHHRRP FFFFF HDISPRS IDTSTIS HDTTRUH

leurs recommandations sur les va- FRANCFORT ventes au détail au mois de no- FRANC...... UDRPSUS TDSWHIH TDSSWSU FFFFF IHDVTQUH RDQTHHS

150

leurs d’assurance, dont Axa. C’est EN ALLEMAGNE, l’indice DAX affi- vembre. LIVRE...... HDTVQRI HDTHTUS HDTHQVH HDHWPHS FFFFF HDRHIQH le cas de la société de Bourse Che- chait une baisse infime de 0,04 % à L’indice Standard and Poor’s a FRANC SUISSE ...... IDUHQRH IDSIIRH IDSHRTS HDPPWQS PDRWITS FFFFF vreux, qui a révisé en baisse ses es- 145 6 617,46 points, jeudi matin. La terminé en baisse de 11,19 points timations sur les résultats 2000 de (0,82 %), à 1 359,99 points. Bourse de Francfort avait terminé ´ ˆ la compagnie et qui reste prudente 140 en baisse de 1,68 % à 6 620,21 points, Taux d’interet(%) Matif sur le titre. De même, Deutsche mercredi. Les valeurs high-tech Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier J J A S O N D Taux 13/12 f Cours 9h57 f

TAUX j. j. 3 mois 10 ans 30ans 14/12 prix prix

Bank a baissé la semaine dernière 2000 avaient souffert de l’avertissement Notionnel 5,5 RDUT SDHS SDSQ

FRANCE ...... RDVQ

VVDWH VVDUT

sa recommandation sur AGF et Source : Bloomberg DE´CEMBRE 2000 PSVWU

RDWS RDWQ SDRT sur résultats lancé par l’américain LES MARCHÉS obligataires eu- ALLEMAGNE .. RDUV

SDVQ RDVW RDQQ

Axa, la banque allemande estimant Compaq. ropéens ont ouvert en hausse, GDE-BRETAG. SDSH Euribor 3 mois

xg xg ´ xg RDWP SDQQ SDWI

que les deux assureurs français, qui se répercuteront encore dans jeudi 14 décembre. Après quel- ITALIE...... RDUV DECEMBRE 2000

HDRR IDTW PDTI JAPON...... HDQI

TDHS SDQH SDRW ainsi que le néerlandais Aegon et le les comptes 2 000, prévoit l’agence ques minutes de transactions, le E´TATS-UNIS... TDRU

QDPS QDTU RDIQ

réassureur allemand Munich Ré de notation. « La rentabilité de l’as- LONDRES contrat euronotionnel du Matif SUISSE...... PDTS Pe´trole RDWP SDHS SDRV PAYS-BAS...... RDUS sont les « plus vulnérables à une surance-dommages en France est in- EN DÉBUT de séance, jeudi, l’indice gagnait 12 centièmes, à correction » dans un secteur euro- Cours Var. % férieure à la moyenne européenne », Footsie reculait de 0,30 % à 88,84 points. Le taux de l’obliga- En dollars f 13/12 12/12

péen de l’assurance qui, en perfor- relève par ailleurs S&P. Pis, S&P 6 383,7 points. La Bourse de tion assimilable du Trésor (OAT) à

FFFF Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... PSDIR

mance relative, a atteint des plus voit dans les garanties-dommages

dix ans s’inscrivait à 5,04 %. La C HDRP Londres avait clôturé, mercredi, en WTI (NEW YORK) ...... HDPW

Cours Var. % ± QDST hauts et lui semble désormais suffi- des particuliers « un facteur de dé- veille, aux Etats-Unis, le rende- LIGHT SWEET CRUDE.... PVDUS légère hausse de 0,2 %, à En dollars f 13/12 12/12 samment valorisé. séquilibre potentiel pour l’ensemble 6 403 points, soutenue par les va- ment de l’obligation du Trésor à ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

D’autres analystes craignent que de la profession ». Un bémol : «la 10 ans avait reculé à 5,251 % ± HDPT leurs pharmaceutiques et des mé- IWHP

CUIVRE 3 MOIS...... Or ± HDIW

les assureurs soient obligés de pas- solvabilité du marché français de- dias. contre 5,341 % mardi soir et celui ALUMINIUM 3 MOIS...... ITHR

± HDRQ

PLOMB 3 MOIS ...... RTV

ser de nouvelles provisions pour meure satisfaisante », poursuit S&P. de la ligne à 30 ans à 5,467 % Cours Var %

±

HDQV

ETAIN 3 MOIS ...... SPWH En euros f 13/12 12/12

absorber le coût des tempêtes, plus Par ailleurs, Axa a confirmé mer- ± HDII contre 5,532 %. ZINC 3 MOIS...... IHWRDVH

FFFF

OR FIN KILO BARRE ...... WWHH ±

IDHW

lourd que prévu. L’agence de nota- credi la vente récente d’environ TOKYO NICKEL 3 MOIS ...... TVQS

C HDIH

OR FIN LINGOT...... WWIH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

tion Standard & Poor’s (S&P) a fait 0,8 % de BNP Paribas « dans le LA BOURSE de Tokyo a clôturé, ONCE D’OR (LO) $ ...... PTTDRH

± HDUR

ARGENT A TERME ...... RDTU

± HDIV

part mercredi de ses perspectives cadre de la gestion dynamique » de MONNAIES PIE`CE FRANCE 20 F...... STDSH

jeudi, en forte baisse, affectée par C SDPU

PLATINE A TERME ...... ITRSRUDHH ± HDQS PIE`CE SUISSE 20 F...... STDQH

négatives du marché français de ses portefeuilles, sans donner tou- les annonces du premier fabricant s’inscrivait en légère ´ FFFF L’EURO GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... STDIH

FFFF ´ PSS FFFF

l’assurance-dommages, en raison tefois plus de détail. L’assureur dé- mondial de PC, Compaq, dont baisse, jeudi matin, à 0,8821 dol- BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... PQH

PHUDSH FFFF FFFF

de « la faiblesse persistante des ré- tient encore environ 6 % du capital l’avertissement sur ses résultats a ra- lar. Le billet vert était soutenu par MAIS (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... QWH

C IWRDRH FFFF IDIT SOJA TOURTEAU (CHG.). ` QTWDUS

sultats pour l’exercice 2000 ». Les as- de BNP Paribas, qui détient moins PIECE 50 PESOS MEX......

vivé les inquiétudes concernant les la victoire officielle de George W. SOFTS $/TONNE

sureurs n’ont pas comptabilisé de 5 % du capital de l’assureur. C PDTU valeurs technologiques. L’indice Bush à l’élection présidentielle CACAO (NEW YORK)...... TWP

FFFF

dans leurs comptes 1999 l’ensemble Nikkei a abandonné 1,59 %, à américaine. Le yen cédait du ter- CAFE´ (LONDRES) ...... THV Cotations, graphiques et indices en temps FFFF

du coût des tempêtes de fin 1999, 14 927,19 points. rain face à l’ensemble des devises. SUCRE BL. (LONDRES) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». Pascale Santi www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1512--0027-0 WAS LMQ1512-27 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0273 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 27

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

RVQRDIW

VALEURS EUROPE´ENNES QUIDVQ

RHS SRUP

SPUQ

b QWR QUUDWW

Mercredi 13 décembre, l’action qui a annoncé des bénéfices stables RWUIDRV RVWIDSU

SHUQ

Siemens a perdu 3,71 %, à 142,8 eu- pour l’exercice 1999-2000, a affiché QVR RWSSDVW QUQDRS RWRVDQS

RVUR ros, et celle de sa filiale dans les se- un gain de 48 pence, à l’issue de la QUQ

Infineon QUSDVR QUSDQH

mi-conducteurs, , a baissé journée de mercredi, à 697 pence. QUIDVQ RTUS

de 3,77 % à 50,81 euros. Les deux b Allied Domecq, qui a annoncé QTP RVQRDIW RRUT

titres ont été affectés par la révision son retrait des enchères pour le QSP [[[[[[[[ [[[[[[[[

   Â

gF IT t sx IR higF †vwwt IR higF IT t sx IR higF †vwwt à la baisse par les analystes de Mer- portefeuille de vins et alcools du IR hi rill Lynch de leurs prévisions dans canadien Seagram, a cédé 2 pence

e RDUW FFFF hi IQDUH FFFF

le secteur des puces électroniques. en Bourse, à 414 pence. Le groupe WM-DATA -B- ƒi KAMPS

C e C ASSURANCES HAUTE TECHNOLOGIE PIDSH IDST qf PIDWW HDTI

b GlaxoWellcome WOLFORD AG e„ KERRY GRP-A-

L’action de a a, par ailleurs, acheté deux marques e

± ITIDTH IDUR s„ PDVI FFFF

C e f MONTEDISON ± PDSS HDTS hi IIUDRH HDWP

DJ E STOXX CYC GO P AEGIS GROUP qf AIXTRON

C

PRHIDSU HDIW gagné 39 pence, pour clôturer à prestigieuses de champagne. gr

e C e NESTLE N ± RUDIS HDQP p‚ TVDPH IDUQ AEGON NV xv ALCATEL-A-

e C

xv SQDUH HDWR e C SmithKline b E.ON KONINKLIJKE NUM ± TWDUH IDSS q‚ VDVW HDQQ

1 960 pence, tandis que Le groupe a abandonné AGF p‚ ALTEC SA REG.

e ± s„ IDUS HDSU

e C e PARMALAT ± IUDHS HDTS xv PTDWR IDVW

Beecham PHARMACIE ALLEANZA ASS s„ ASM LITHOGRAPHY

a progressé de 0,87 %, en Bourse, mercredi, à e

± TIDPH HDVW

p‚ e e

PERNOD RICARD ± QVH HDSP xv PDTH FFFF

ALLIANZ N hi BAAN COMPANY

C

SITDHW HDPT

ACTELION N gr e C

PDPH PDQQ

18,5 pence, à 890 pence. Les deux 60,65 euros. Le spécialiste de l’éner- ps

RAISIO GRP -V- ± IQDII FFFF qf TDUW QDWV

ALLIED ZURICH qf BALTIMORE TECH

e C

ISRDHS HDHQ

ALTANA AG hi

UDRP FFFF

qf e

SCOTT & NEWCAST ± IHSDWS FFFF qf PHDHQ RDVU

groupes avaient annoncé la veille gie RWE a gagné de son côté 1,13 % ASR VERZEKERING xv BOOKHAM TECHNOL

C

SRDSS IDHU

ASTRAZENECA qf

UDQV FFFF

qf e SOUTH AFRICAN B ±

IRHDRH IDRU qf IUDVH FFFF

AXA p‚ SPIRENT

e

VU FFFF

que les autorités américaines à 45,81 euros. AVENTIS p‚

± qf RDII HDRH

C

TATE & LYLE ± IIVUDIS HDSH qf SDUI HDVV

BALOISE HLDG N gr BAE SYSTEMS

±

IPHTDRR HDUU

BB BIOTECH gr C

qf QDWW IDTW

C e

avaient donné leur accord à leur fu- Les deux sociétés ont cédé leur par- UNIQ ± IUDSH HDUT hi QHDSH VDVP

BRITANNIC qf BROKAT

FFFF FFFF

CAMBRIDGE ANTIB qf

e C

xv TQDPS HDPR C e

UNILEVER ± IUDQQ IDVS p‚ SDQQ HDWQ

sion. ticipation majoritaire dans Veag et CGNU qf BULL

±

PHDQH QDHV

CELLTECH GROUP qf

C VDSR HDWV

qf e e ± UNILEVER ±

QWDWU HDIH p‚ VPDUS PDHU

b CNP ASSURANCES p‚ BUSINESS OBJECT

QSDRS FFFF

L’action du groupe d’hôtels et de Laubag à HEW pour 1,48 milliard ELAN CORP si

± VDRR IDSR

qf e e

±

WHITBREAD ± PHDSS HDUP p‚ IURDIH PDIW

CORP MAPFRE R iƒ CAP GEMINI

e

±

QPIDIH IDHV

ESSILOR INTL p‚ Granada Compass, C

HDHP

PSHDVR e ± f ±

ITWDUH HDIP qf PTDSW HDWW

restauration d’euros. DJ E STOXX F & BV P ERGO VERSICHERU hi COLT TELECOM NE

e

VV FFFF

FRESENIUS MED C hi

C e ±

IVDRQ UDPT ps ISDTH SDQR ETHNIKI GEN INS q‚ COMPTEL

VDQH FFFF

GAMBRO -A- ƒi e e ± ±

SPDHS IDQQ p‚ VRDPS HDTS EULER p‚ DASSAULT SYST.

C

QPDVQ IDIU

e GLAXO WELLCOME qf ´

± hu UWDIR FFFF qf WIDHT FFFF ISDIP IDQI RHODIA p‚ BIENS D’EQUIPEMENT CODAN DIALOG SEMICOND

± IVQUDSW HDTI

NOVARTIS N gr e

e ±

±

fi QRDHR IDQW ƒi IRDRR FFFF STDIS HDWU

Code Cours % Var. SOLVAY fi FORTIS (B) ERICSSON -B- ±

IIQDST HDIS

ABB N gr

PHWDPR FFFF 10 h 06 hu

14/12 f pays en euros 13/12 NOVO NORDISK B e e

± e ±

±

s„ RHDTS HDTI ps UDQH HDTV

QPDQS IDTU

TESSENDERLO CHE fi GENERALI ASS F-SECURE

±

UHUDTR IDHP

ADECCO N gr C WDTS HDSP

NYCOMED AMERSHA qf e

C ±

e„ IVS FFFF qf TDTT SDRI HDQH

f DJ E STOXX CHEM P QWQDHW e GENERALI HLD VI FILTRONIC

VDWV FFFF

e AEROPORTI DI RO s„

PPDRH FFFF

ORION B ps e

±

IUDSP IDQP s„ SHDVS FFFF

AUTOMOBILE INTERAM HELLEN q‚ FINMATICA

TDRI FFFF

e AGGREKO qf ± RR P

QIAGEN NV xv e

±

IPDVQ FFFF xv TDVP IDIT

e IRISH LIFE & PE qf GETRONICS

±

p‚ PSDVW HDRP IVDQH FFFF

AUTOLIV SDR ƒi ALSTOM ± IQITVDRH HDHQ

´ ROCHE HOLDING gr e

TDIS FFFF hu PTDST FFFF

CONGLOMERATS e FONDIARIA ASS s„ GN GREAT NORDIC e C

±

p‚ PPVDPH IDTR RTDPS HDSR

BASF AG fi ALTRAN TECHNO

IHWQUDHV FFFF

ROCHE HOLDING G gr e

± ±

PDVV HDSU hi RVDPH RDUR

LEGAL & GENERAL qf INFINEON TECHNO

e C

gr SWVDST FFFF QSDPH IDIS hi e ±

PSRDVH IDRQ

fi ALUSUISSE GRP N BMW D’IETEREN SA e C TPDQH HDVI

SANOFI SYNTHELA p‚ e e

±

IRDVS I p‚ PI FFFF

e MEDIOLANUM s„ INFOGRAMES ENTE ±

ƒi IWDSP FFFF ITDTS HDQH hi e

±

WH HDWW

p‚ ASSA ABLOY-B-

CONTINENTAL AG AZEO e C TP IDST

SCHERING AG hi

e C

±

QRQ HDPW q‚ PSDWU HDSU

MUENCH RUECKVER hi INTRACOM R

C e C

qf SDUH PDTW SH HDTH hi e

±

PSWDIH HDWW

fi ASSOC BR PORTS DAIMLERCHRYSLER C ITDRI IDQQ

GBL SHIRE PHARMA GR qf

e C

±

RSDWH IDSS qf UDHU PDWS

e POHJOLA GRP.B ps KEWILL SYSTEMS ±

ƒi PSDSR FFFF C PUDUH HDQT s„ e

RQDWR PDIW

fi ATLAS COPCO -A- FIAT C IHPHDVV HDQQ

GEVAERT SERONO -B- gr

± ±

IUDTP IDUS qf PWDTU PDST

e PRUDENTIAL qf LOGICA

±

ƒi PRDWH FFFF s„ IUDSH IDHP ±

RDPI PDQI

qf ATLAS COPCO -B-

FIAT PRIV. INCHCAPE C RDWP HDTV

SMITH & NEPHEW qf e

± ±

ISDSR IDVQ gr PWIDQH SDUI

RAS s„ LOGITECH INTL N

e C ±

q‚ VDTT IDPH p‚ QPDWS IDTR

±

WDVW HDQH

q‚ ATTICA ENTR SA

MICHELIN MYTILINEOS C IRDVS HDUW

SMITHKLINE BEEC qf

± ±

VDVT HDWQ qf IQDPV QDWS

ROYAL SUN ALLIA qf MARCONI

e C ±

qf WDWQ IDQS p‚ PQQDVH HDSS ±

PRWDRH IDQP

gr BAA PEUGEOT C VDII IDHQ UNAXIS HLDG N qf

SSL INTL e

± ±

PHDHR IDSP qf IHDWV PDSH

e e SAI s„ MISYS

fi IQQ FFFF s„ QDTV FFFF

PHDUP FFFF

PIRELLI SPA xy BARCO ±

URVDVU HDQS ORKLA gr

SULZER AG 100N e e

± ±

SSDTH IDSW ps SRDUS HDWV

SAMPO -A- ps NOKIA

e C ±

qf TDIQ HDSR QVRS HDIQ hi e

IDQU FFFF

DR ING PORSCHE €„ BBA GROUP PLC SONAE SGPS ± TVVDQS HDIH

SYNTHES-STRATEC gr

C e

PRWUDQR HDHS xv IVDUH FFFF

e SWISS RE N gr OCE ±

±

qf PQDTV PDQW C p‚ SI HDWU

PDRP IDQW

RENAULT qf e BTG TOMKINS ± QWDRH HDUQ

UCB fi e e

± ±

RV QDIQ s„ QDPH HDQI

e e SCOR p‚ OLIVETTI ±

±

s„ Q IDTR p‚ RUDIV QDSH

QPWDWV FFFF CIR VALEO f C RUDTP IDRQ DJ E STOXX CONG P hu

WILLIAM DEMANT e

±

SWDHW FFFF qf SDST QDIU

e SEGUROS MUNDIAL €„ PSION ± ±

qf VDRW IDQS SPDWH PDUT

VOLKSWAGEN hi e CAPITA GRP ± PHDWS HDPR

ZELTIA iƒ

±

IWDRI FFFF qf TDST I

e SKANDIA INSURAN ƒi SAGE GRP

±

± s„ WDVH HDTI HDRR

f DJ E STOXX AUTO P PPIDUI CDB WEB TECH IN ± HDIP

f DJ E STOXX HEAL SSWDSV e

± ±

TDHW IDHV p‚ IRVDPH IDSW

e ST JAMES’S PLAC qf SAGEM ± SP HDPW

TE´LE´COMMUNICATIONS CGIP p‚

e ±

UDUU FFFF hi IRP IDRT

STOREBRAND xy SAP AG

TSDPQ FFFF

CMG qf

±

IDVS RDPU

ATLANTIC TELECO qf e ± ±

VDVT HDWQ hi IUU IDTU

ROYAL SUN ALLIA qf SAP VZ

QDHI FFFF

BANQUES e COOKSON GROUP P qf ±

PDVR IDUQ

EIRCOM s‚ ´ ± ±

WHUDIT HDQU qf S HDWV

ENERGIE SWISS LIFE REG gr SEMA

VSIUDPH FFFF

DAMPSKIBS -A- hu

qf IWDQH FFFF ±

IIDPR IDRS

ABBEY NATIONAL BRITISH TELECOM qf

±

PIDSW FFFF gr TSVDRP I

TOPDANMARK hu SEZ HLDG N

C TDIR FFFF hu WSPQDIU HDPV

e BG GROUP qf DAMPSKIBS -B-

±

xv PRDTQ SDTQ ±

ITDQT RDHV

ABN AMRO HOLDIN CABLE & WIRELES qf e

±

SSPDHI FFFF hi IRIDVH HDWV

ZURICH ALLIED N gr SIEMENS AG N

C ± WDQS HDVV hu IPURPDPU PDIS

BP AMOCO qf DAMSKIBS SVEND

± e

qf IHDUI IDPP ±

QVDIH PDST

ALL & LEICS DEUTSCHE TELEKO hi e

± ±

TPPDSI HDPI hi RDSS RDPI

ZURICH FINL SVC gr MB SOFTWARE

e C e ±

WDPW IDSQ hi TH IDPQ

e CEPSA iƒ E.ON AG qf PIDQT FFFF ±

IHWDVS HDQP

ALLIED IRISH BA E.BISCOM s„

±

HDSV qf IHDVR FFFF

f DJ E STOXX INSU P RRWDRS SPIRENT e e C IPUDSH FFFF p‚ PHDWW HDWI

COFLEXIP p‚ EADS SICO.

C

q‚ QVDSR IDHR ±

PDVR IDUQ

ALPHA BANK EIRCOM si e

±

SIDWS PDIU

e STMICROELEC SIC p‚ SUDSH FFFF qf IIDSW FFFF

e DORDTSCHE PETRO xv ELECTROCOMPONEN

€„ PSDWV FFFF ±

PQDSH HDRP

BPINTOMAYORR ELISA COMMUNICA si e

±

QDSP IDIP

TECNOST s„

e C e ±

TDSQ HDIS hi IHSDSH IDVT

e ENI s„ EPCOS

± C

e„ SUDWH HDVT

WDPS HDIV

BA HOLDING AG ENERGIS qf

UDSR FFFF

TELE 1 EUROPE ƒi

C e ± MEDIAS

WDIR HDSS p‚ IDIH IDUW

ENTERPRISE OIL qf EUROTUNNEL

± e qf ISDVW IDIQ ±

QP IDSR

BANK OF IRELAND EQUANT NV hi C

PWSDWT QDRW

THINK TOOLS gr

C

IHDTH HDVR qf ITDVW FFFF

q‚ e

HELLENIC PETROL EXEL ±

s„ IHDVR HDIV

C MONDADORI q‚ ITDII HDUQ

WDUH FFFF

BANK OF PIRAEUS EUROPOLITAN HLD ƒi C

IDII IDSP

THUS qf

C

qf PDWQ IDIR qf SDUS FFFF

LASMO F.I. GROUP ±

qf IWDIR IDTP

C e BSKYBGROUP

qf IIDSR HDPW ±

IHHDSH PDQQ

BK OF SCOTLAND FRANCE TELECOM p‚ e ±

QHDPS PDRP

TIETOENATOR ps

PDQV FFFF hu ISPDWI FFFF

qf e LATTICE GROUP GROUP 4 FALCK ±

QDVI RDSI

e p‚

± CANAL PLUS C

iƒ RPDWH IDQV

IUDPT IDHQ

BANKINTER R HELLENIC TELE ( q‚

±

IDQV

f DJ E STOXX TECH P WIHDQR

e C e

±

VIDSH HDTP s„ IDQQ HDUS

OMV AG e„ FINMECCANICA

qf TDSR FFFF

± e CAPITAL SHOPPIN qf QRDPP IDHI

IHPDTH FFFF

BARCLAYS PLC HELS.TELEPH E ps

e ±

xy IPDSP FFFF ps IWDSH HDUT

PETROLEUM GEO-S FINNLINES ±

IHDUI QDRQ

e qf

± CARLTON COMMUNI hi SVDSH HDSI ±

RDRR IDRU

BAYR.HYPO-U.VER KINGSTON COM qf

C

e C

iƒ IUDTH HDII qf QDTR HDRT

REPSOL YPF FKI C

qf ITDSP IPDUU

e C e DLY MAIL & GEN

s„ WDQQ PDTR ±

IRDVU QDWR

BCA AG.MANTOVAN KONINKLIJKE KPN xv

e ±

TRDRW HDPW hu ITDIH FFFF xv SERVICES COLLECTIFS

ROYAL DUTCH CO FLS IND.B e C

ISDWW HDHT

e xv

± e ELSEVIER s„ ISDUR HDUT ±

IQDIH IDVU

BCA FIDEURAM LIBERTEL NV xv

e C e

s„ SDRT HDIV e„ RHDIH FFFF

SAIPEM FLUGHAFEN WIEN ± e

± qf IQDSV IDWI

IPDRR HDRV e s„

± e EMAP PLC RDWT HDPH s„ ACEA VSDSH FFFF

BCA INTESA MANNESMANN N hi

± e

± qf PDRH HDTV

QDQT HDSW e s„  ± FUTURE NETWORK A e @€u˜li™ite IHDRW HDIW s„ AEM ± QVDQH RDPS

BCA LOMBARDA MOBILCOM hi

e ±

s„ IHDVI IDIW

IH FFFF e qf

± GRUPPO L’ESPRES C RDTV IDRU s„ ANGLIAN WATER VDSV HDVT

MONTE PASCHI SI PANAFON HELLENI q‚

C

qf IHDST FFFF

QDUT HDVW e qf ± e GWR GROUP PHDIW HDPH s„ BRITISH ENERGY IHDUI FFFF

BCA P.BERG.-C.V PORTUGAL TELECO €„

e

±

± p‚ ISDWT IDIV

RDIP IDSV e qf ± e HAVAS ADVERTISI UDPI HDRI s„ CENTRICA ± PRDUS PDRI

BCA P.MILANO SONERA ps

e

± e

± s‚ PDWS HDTU

IIDRI PDQI e s„ ± INDP NEWS AND M IPDVP I s„ EDISON ± PVTDTS IDVP

B.P.VERONA E S. SWISSCOM N gr

e

± qf IHDVI FFFF PQV HDPS

e fi ± INFORMA GROUP IDIW HDVQ s„ ELECTRABEL RWDTQ FFFF

BCA ROMA TELE DANMARK -B hu Chaque samedi avec

e ± e

p‚ TRDUH IDHU

QDQR FFFF e €„

± e LAGARDERE SCA N ISDVI IDIW iƒ ELECTRIC PORTUG IPDQH FFFF

BBVA R TELECEL €„

± e

± q‚ ITDPW HDVW

IVDSW HDPI e iƒ e C LAMBRAKIS PRESS IUDRR FFFF €„ ENDESA IQDHP HDWQ

ESPIRITO SANTO TELECOM ITALIA s„

e

± e

p‚ RIDIT PDRT

RDHQ FFFF e s„ ± M6 METROPOLE TV e C QVDQS IDTU iƒ ENEL TDPP HDRV

BCO POPULAR ESP TELECOM ITALIA s„

e ± e

± s„ IQDTU PDQT

QIDRI HDHQ

e MEDIASET e„ SDTV FFFF €„ EVN UDIW FFFF

BCP R TELIA ƒi

e C e C

p‚ QHDRS HDIT

RDPH HDUP

e e NRJ GROUP ps VDUS FFFF s„ FORTUM ± WDIU IDPW

BIPOP CARIRE T.I.M. s„

C

e C

qf PVDPT HDIP

IWDUS HDST e iƒ ± e PEARSON QDQW PDHP s„ GAS NATURAL SDG ± PTDRU IDST

BNL TISCALI s„

e

± e

± iƒ IVDWQ HDVW

PHDRI HDWP e iƒ ± e PRISA WQDQS PDTI p‚ HIDRO CANTABRIC ± WDTH R

BNP PARIBAS VERSATEL TELECO xv

e e

± hi IQI FFFF IQDWH HDSH

e iƒ ± PROSIEBEN VZ IIDHI HDVI iƒ IBERDROLA ± RDQR PDPR

BSCH R VODAFONE GROUP qf 0123

e ± €„ QHDSS FFFF

PDWT HDST PT MULTIMEDIA R qf

SDWQ FFFF xy INNOGY HOLDINGS ± IDQW

CHRISTIANIA BK f DJ E STOXX TCOM P USPDUV

e C e ± p‚ QUDSI HDHQ SDPH HDWS

e s„

± PUBLICIS GROUPE UDII HDIR

COMIT s„ DATÉ DIM./LUNDI ITALGAS

±

± gr SRTDTW IDST qf SDWT VDTQ

C PUBLIGROUPE N SPDUU HDRS COMM.BANK OF GR q‚ KELDA

± qf IIDRR FFFF IHDHS HDTS

e qf ± REED INTERNATIO PWDWS HDVQ

COMMERZBANK hi CONSTRUCTION NATIONAL GRID G

±

± qf PHDUW PDTR

RDHW IDPH

e qf

± REUTERS GROUP QWDRU IDTH

CREDIT LYONNAIS p‚ INTERNATIONAL P

e C

QVDPH HDSQ

ACCIONA iƒ

C

e C

qf RDRU QDHS

IHPDUW IDRI

SMG e„ IUHDQR FFFF

DANSKE BANK hu OESTERR ELEKTR

e C

PV HDUP

ACS iƒ e

±

iƒ PRDUH HDVH

IHDUT FFFF

SOGECABLE R qf SDTU FFFF

DNB HOLDING -A- xy retrouvez PENNON GROUP

C

IDIW PDVT

AGGREGATE IND qf

C

qf RDUV FFFF

WDUR PDHV

e qf

± TAYLOR NELSON S VVDRH RDPQ

DEUTSCHE BANK N hi POWERGEN

±

UDST HDWT

AKTOR SA q‚

C

qf IDWH FFFF

VDHT HDTP

e qf ± TELEWEST COMM. IVWDVH HDTQ

DEXIA fi SCOTTISH POWER

e C

IVDVH HDHS

UPONOR -A- ps e

± C

p‚ SS PDTS

IIDVU PDRQ e qf

± TF1 RTDPH PDIP

hi SEVERN TRENT

DRESDNER BANK N e ±

IUDRH HDSU

AUMAR R iƒ

± e

± qf VDHV PDRH

p‚ IVH PDUH

C TRINITY MIRROR PIDUS PDWP

q‚ SUEZ LYON EAUX

EFG EUROBK ERGA e ±

WDPW HDII

ACESA R iƒ

±

qf IRDPW PDPU

IUDSR FFFF

e ƒi ± UNITED NEWS & M RVDHP HDQU

ERSTE BANK e„ SYDKRAFT -A-

UDSQ FFFF

BLUE CIRCLE IND qf e ±

xv IPDWH HDUU

IUDTS FFFF UNITED PAN-EURO ƒi ITDTH FFFF ƒi SYDKRAFT -C-

FOERENINGSSB A e ±

SRDUH IDPT

BOUYGUES p‚ LE MONDE TELEVISION e

±

xv SSDTS HDTQ

qf PHDPH FFFF

± VNU IHDQH IDPU

HALIFAX GROUP qf THAMES WATER

C

QDVI PDPP

BPB qf

e C e ± xv PVDVS IDIW

iƒ PHDPQ HDQR

± WOLTERS KLUWER ITDVW IDTR

qf FENOSA

HSBC HLDG e

WDTS FFFF

BRISA AUTO-ESTR €„

C

C

qf IRDVV HDQQ

qf IHDUS HDTP

e C WPP GROUP ITDIS HDWR

hi UNITED UTILITIE

IKB e

VDVS FFFF

BUZZI UNICEM s„

±

± RRIDPT IDRQ

IHDTI IDVR

e f qf ± DJ E STOXX MEDIA P RSDSH PDHS

KBC BANCASSURAN fi VIRIDIAN GROUP

QDQQ FFFF

CARADON qf e

p‚ USDPH FFFF

±

IIDPW IDSW

LLOYDS TSB qf VIVENDI

±

QHDTQ HDPU

CRH PLC qf

C ±

QPHDIS HDVP qf VDTW FFFF qf IPDHS HDPV

C f RIDWU HDHQ

q‚ DJ E STOXX PO SUP P

NAT BANK GREECE e SHELL TRANSP GKN

PTDRH FFFF

CIMPOR R €„

e e C ±

p‚ ISIDTH HDWV

PTDIP PDRQ e xv

± WI HDWV

NATEXIS BQ POP. p‚ TOTAL FINA ELF HAGEMEYER NV BIENS DE CONSOMMATION

e C

SQDVH HDVR

COLAS p‚

C ±

QQUDIS HDIW q‚ SDPP IDIR

VDHI FFFF

NORDEA ƒi f DJ E STOXX ENGY P HALKOR e ±

QQDWP HDHW

e xv

± IIDWH HDVQ

GRUPO DRAGADOS iƒ AHOLD

±

qf TDTT RDPW

WDIW FFFF

NORDEA hu HAYS

e C iƒ ITDIV IDUT

e C

PHDWI HDSQ

FCC iƒ ALTADIS -A-

e e C hi TW HDPW ±

IWDUQ IDUW

ROLO BANCA 1473 s„ HEIDELBERGER DR e ± iƒ WDQI P

e C

IRI HDSH

p‚ AMADEUS GLOBAL

GROUPE GTM e

C ps PUDSH FFFF

PTDII IDUR

ROYAL BK SCOTL qf SERVICES FINANCIERS HUHTAMAEKI VAN

VDUP FFFF

e q‚ ±

IQDRH HDTU

GRUPO FERROVIAL iƒ ATHENS MEDICAL EURO

e C

s„ VDWH RDVQ IPDUR FFFF

S-E-BANKEN -A- ƒi IFIL e ±

e„ SV QDTR qf PRDSH FFFF

±

TDVR IDRQ

HANSON PLC qf 3I GROUP TABAK A ______

e ±

±

qf QDSV HDWP

IUDWH HDST

SAN PAOLO IMI s„ e IMI PLC ± qf QDVI FFFF RIDTI HDWQ

e fi ±

SPDIH HDIW

HEIDELBERGER ZE hi ALMANIJ AVIS EUROPE

e

±

iƒ PRDSH FFFF

ISDUW IDTS

STANDARD CHARTE qf INDRA SISTEMAS e

C ± hi IIS IDPW C q‚ RWDVW IDHI

T PDPS

HELL.TECHNODO.R q‚ ALPHA FINANCE BEIERSDORF AG NOUVEAU

e e

± iƒ PRDSH FFFF

TSDPH PDTW

STE GENERAL-A- p‚ INDRA SISTEMAS e C ± p‚ RIDIH HDWR

qf PRDWV HDUQ

IRDUT FFFF

HERACLES GENL R q‚ AMVESCAP BIC

C

ƒi IVDSW IDPU

PTDIW FFFF

SV HANDBK -A- IND.VAERDEN -A- ƒi

e C ± qf VDPS PDHS

PT HDUT e hi

± PPDHI HDTQ

HOCHTIEF ESSEN hi BHW HOLDING AG BRIT AMER TOBAC MARCHE´

ƒi RDHW FFFF ITDHU FFFF

SWEDISH MATCH INVESTOR -A- ƒi e e ± p‚ IHSDQH HDTT

€„ QDSI FFFF C

IQHTDVT HDPT

HOLDERBANK FINA gr BPI R CASINO GP

±

gr IUPDPS IDUI ITDHP FFFF

UBS N INVESTOR -B- ƒi ± gr PWHPDQU HDVP UDQS FFFF e qf

±

IPHDWH HDIU

IMERYS p‚ BRITISH LAND CO RICHEMONT UNITS

e Cours % Var.

C

±

s„ SDSU HDQT

TWDHV HDWV

UNICREDITO ITAL ISS hu e C VT FFFF p‚ 10 h 06 VDTI HDSV e qf 14/12 ±

VDWR HDVW

ITALCEMENTI s„ CANARY WHARF GR CLARINS f en euros 13/12

e hu VSDVR FFFF ±

PDUQ IDRR

UNIDANMARK -A- ps

JOT AUTOMATION e C fi RW HDPH

C TDSR FFFF e qf

WI HDSS

LAFARGE p‚ CAPITAL SHOPPIN DELHAIZE

±

QQQDUW IDTP

PIDSI FFFF

f DJ E STOXX BANK P ƒi e KINNEVIK -B- ± ± fi RT PDTH

qf RDQS HDQV

± QDTI HDVI

MICHANIKI REG. q‚ CATTLES ORD. COLRUYT AMSTERDAM

VWDVU FFFF

COPENHAGEN AIRP hu qf QDVW FFFF

C qf IUDRV FFFF

IDTT IDHI

PILKINGTON PLC qf CLOSE BROS GRP FIRSTGROUP

ITDWH FFFF

e C

UR IDHW

ps AIRSPRAY NV

e KONE B C ± qf IDWW QDRS

s„ PDIP PDQH ± VDUW QDVH

RMC GROUP PLC qf MONTEDISON FREESERVE

FFFF

e HDQW

±

PHVDPH IDPV

PRODUITS DE BASE p‚ ANTONOV

e LEGRAND ± qf TDVU QDHR

TSDQH FFFF e fi ±

ITPDUH IDHQ

SAINT GOBAIN p‚ COBEPA GALLAHER GRP

±

RDHS IDRT

e C

SH HDRH

e hi e C/TAC ± LINDE AG C RS FFFF e fi

hi TQDWH SDQQ iƒ WDUU HDIH RVDPV FFFF

ACERALIA SKANSKA -B- ƒi CONSORS DISC-BR GIB

FFFF

e QDWH ±

PWDVH HDSH

hi CARDIO CONTROL

C e ± PVHDWW HDUI

e MAN AG gr iƒ PSDUU HDTT ± iƒ QQDRQ IDRU

PDVI FFFF

ACERINOX R TAYLOR WOODROW qf CORP FIN ALBA GIVAUDAN N

PQDWH FFFF

e C

IRDRS HDQS

hi e CSS ± ± TUDTH HDPW MG TECHNOLOGIES hi C

PIIDIT PDTI e gr q‚ RPDSW FFFF IQUDSH IDIH

ALUMINIUM GREEC TECHNIP p‚ CS GROUP N HENKEL KGAA VZ

±

PDHQ

e HITT NV UDPS ps IW FFFF

C e ± IPDHP HDVP

WARTSILA CORP A qf hi URDQH HDIQ ± qf TIDQR IDRT RIDSR FFFF

ANGLO AMERICAN TITAN CEMENT RE q‚ DEPFA-BANK IMPERIAL TOBACC

FFFF

e INNOCONCEPTS NV PHDQH IIDIS FFFF

e ps e ± €„ IQDIH FFFF

C RH RDIU e hi METSO ƒi PPDRS FFFF IWDVH IDVH

ASSIDOMAEN AB WIENERB BAUSTOF e„ DIREKT ANLAGE B JERONIMO MARTIN

FFFF

NEDGRAPHICS HOLD IQDWH RDTP FFFF

qf e ± IHDVS IDQT e ps

qf IHDQS FFFF ± MORGAN CRUCIBLE fi RVDUT HDTW SDQS FFFF

BEKAERT WILLIAMS qf MAN GROUP KESKO -B-

±

PDVT

SOPHEON QDHT C

RTDSQ FFFF e ƒi e ± p‚ VQDIH HDIP p‚ UPU HDPI

± NETCOM -B- ± qf RDPR HDUV HDRT

BILLITON f DJ E STOXX CNST P PPUDRV EURAFRANCE L’OREAL

FFFF

PROLION HOLDING WR

± e hu PRVDIR HDSR e ± ±

xv WDWS PDRS e C QRDHR IDQW fi NKT HOLDING

QSDRH HDIR BOEHLER-UDDEHOL e„ FORTIS (B) LAURUS NV

±

PDPU

RING ROSA IDQH

qf ITDVW FFFF e ± ± qf PDUP QDSQ

QRDIP IDQQ xv EXEL UDIR FFFF

BUNZL PLC qf FORTIS (NL) MORRISON SUPERM

FFFF

RING ROSA WT HDHP

± qf VDQI VDUQ e ± ± qf IRDTS HDRS

p‚ IHHDSH IDRU

± IDHW PDWR CORUS GROUP qf CONSOMMATION CYCLIQUE GECINA PACE MICRO TECH RECKITT BENCKIS

C

S

e UCC GROEP NV RDIU

e ± ps IQDPI FFFF

qf RDVU HDQR

fi SH FFFF ±

RDUS IDVP

ELVAL q‚ GIMV PARTEK SAFEWAY

e C

RIDIU HDPU

ACCOR p‚

± ± qf RDWS HDQQ

TDRT HDPT e qf qf RDTH FFFF ± QDVH PDST

ISPAT INTERNATI xv GREAT PORTLAND PENINS.ORIENT.S SAINSBURY J. PL

e C

TPDVH HDWT

ADIDAS-SALOMON hi e C

± ps PSDUH QDST C qf HDWW IDTW qf UDTP FFFF ITDSR HDUI

JOHNSON MATTHEY qf e HAMMERSON PERLOS STAGECOACH HLDG

±

PSDST HDIT

AGFA-GEVAERT fi e e ± ± qf TDTW FFFF hi ISDUH QDTV e C xv VHDSH HDTP RRDVV HDUR

MAYR-MELNHOF KA e„ e ING GROEP PREMIER FARNELL T-ONLINE INT BRUXELLES

±

PQDHP IDWT

AIR FRANCE p‚ e

± ± iƒ ITDSS QDUP C

ISDQV HDVS

e qf hu UQDUU FFFF

VDPH IDTI

ps REALDANMARK RAILTRACK TERRA LYCOS FFFF

METSAE-SERLA -B ARTHUR UDTV

QDQV FFFF

AIRTOURS PLC qf

e C

±

qf RDRP HDUS

xv ITDVH FFFF qf IQDTW HDQT

QQDQP FFFF

ƒi LAND SECURITIES RANDSTAD HOLDIN TESCO PLC FFFF

HOLMEN -B- e ENVIPCO HLD CT HDTH ±

PDHU HDWT

ALITALIA s„

e C C

PUDWH HDQT e xv qf VDQI FFFF qf QDQV HDRW ± V QDHQ

ps LIBERTY INTL RENTOKIL INITIA TNT POST GROEP

FFFF OUTOKUMPU PH

e C FARDIS B

IIDRW HDPT

AUSTRIAN AIRLIN e„ e C

e ± ± IHDII HDVV

e p‚ hi IPV HDQW qf QDTT HDRS ± RUDPS HDSQ

p‚ MARSCHOLLEK LAU REXAM WANADOO

FFFF

PECHINEY-A- e INTERNOC HLD HDVS

±

IPDVH IDHI

AUTOGRILL s„ e C

e e ± xv IPDRH QDIQ

e ± s„ IPDPR HDIT p‚ VVDTS HDPV

QDWT FFFF

ps MEDIOBANCA REXEL WORLD ONLINE IN FFFF

RAUTARUUKKI K INTL BRACHYTHER B IHDIH

RTDPU FFFF

BANG & OLUFSEN hu

e ±

RQWDVR HDQR

qf VDUU FFFF ± e„ PI FFFF IVDVT HDWT

qf MEPC PLC RHI AG f DJ E STOXX N CY G P FFFF

RIO TINTO e LINK SOFTWARE B T

±

PDPV HDRR

BENETTON GROUP s„

e ±

C

iƒ IRDVH IDQQ

gr QPQDPP FFFF RDWH HDWI

q‚ METROVACESA FFFF

SIDENOR RIETER HLDG N PAYTON PLANAR HDRV

±

TDUR HDUQ

BRITISH AIRWAYS qf

± C

qf TRDSU IDPU

qf QDPW PDHS QIDPT FFFF

SILVER & BARYTE q‚ PERPETUAL PLC ROLLS ROYCE

e C

IRDIQ HDPI

BULGARI s„

±

qf ISDWQ HDQI ± qf PDHR IDTH PTDQT FFFF

SMURFIT JEFFERS e PROVIDENT FIN SANDVIK ƒi COMMERCE DISTRIBUTION

±

SIDUS IDPR

CHRISTIAN DIOR p‚

e

e ±

xv RHDUH IDQQ ± ps IPDIH PDPT

SHSDRS FFFF

STORA ENSO -A- RODAMCO CONT. E SAURER ARBON N gr C e C

VW HDII qf WDTH HDIU

CLUB MED. p‚ ALLIANCE UNICHE

e FRANCFORT

e ±

xv RIDWS HDIP ± e ± ps IPDPH HDTS

UTDUH HDVR

STORA ENSO -R- RODAMCO NORTH A SCHNEIDER ELECT p‚

e C e

PSDUH IDIV hi QQ FFFF

DT.LUFTHANSA N hi AVA ALLG HAND.G

FFFF

UNITED INTERNET IUDPR ±

PPDTV IDTS qf e ± ƒi PQDST FFFF

PDPU PDSV

SVENSKA CELLULO SCHRODERS SEAT PAGINE GIA s„

±

IRDTU FFFF qf WDVU HDQQ

ELECTROLUX -B- ƒi BOOTS CO PLC

±

IIUDRH

e AIXTRON HDWP ±

e C p‚ UQDQH HDRI hi ITDWP QDRW ±

PDRV IDWT

THYSSENKRUPP e SIMCO N SECURICOR qf e

± ±

TDPT TDPW xv PTDRS PDHR

EM.TV & MERCHAN hi BUHRMANN NV

±

PPDSH

AUGUSTA TECHNOLOGIE TDTR

e C

qf TDTU HDPS ±

fi QWDPI IDRV

IWDVU FFFF

UNION MINIERE SLOUGH ESTATES SECURITAS -B- ƒi

e C ±

WDIW PDIP p‚ TRDQH HDVT

EMI GROUP qf CARREFOUR

±

PDPW

BB BIOTECH ZT-D IIWDTH e C

e C

p‚ ITTDUH IDHQ C ps QQDIS HDQH

VDRR HDUW

UPM-KYMMENE COR e UNIBAIL SERCO GROUP qf e

HDSW FFFF p‚ PSS FFFF

EURO DISNEY p‚ CASTO.DUBOIS

±

IUDUH

e BB MEDTECH ZT-D HDST

e ±

iƒ TDSH HDTI ± p‚ IQDPV IDHR

e C

TQDQH SDIS

USINOR VALLEHERMOSO SGL CARBON hi e

± ±

IIDQU IDHI iƒ IIDPR HDUI

GRANADA COMPASS qf CC CARREFOUR

C

IHDHS

BERTRANDT AG HDSH e C

C

hi ITDWV IDTV IPDRR HDWS

q‚ WCM BETEILIGUNG QDPW FFFF

VIOHALCO e SHANKS GROUP qf

±

ISV FFFF gr IRUDWV HDPP

HERMES INTL p‚ CHARLES VOEGELE

C

TDUH

e BETA SYSTEMS SOFTWA QDHV

qf TDHT FFFF ± e„ PVDSH HDVR

WOOLWICH PLC e C SIDWH HDUV

VOEST-ALPINE ST e SIDEL p‚ e

±

IDQQ IDRV iƒ IWDHP FFFF

HPI s„ CONTINENTE

C

IWDIH

CE COMPUTER EQUIPME IDVU

±

C

QHPDVW HDUV SDTI HDVW

qf f DJ E STOXX FINS P PDTQ FFFF

J DWETHERSPOON e INVENSYS qf e ± ±

PQDWH HDRP fi PSRDVH IDRQ

KLM xv D’IETEREN SA

± IVDRQ

CE CONSUMER ELECTRO S

C

HDQH

IUUDST e

f ± RIDSH RDTH

DJ E STOXX BASI P SINGULUS TECHNO hi ± ±

QDPV HDSH qf RDTS IDHT

HILTON GROUP qf DEBENHAMS

± PH

CENIT SYSTEMHAUS PDRR

ƒi IUDRV FFFF

e C SKF -B-

URDQH HDPU qf QDTR FFFF

LVMH p‚ DIXONS GROUP

± IDVU

DRILLISCH SDPS

ALIMENTATION ET BOISSON ± qf IQDQI HDQU

e e C

± SMITHS GROUP

IIQ RDPR p‚ IVIDRH HDUV

MEDION hi GAL LAFAYETTE

± TDIT

EDEL MUSIC PDWW

CHIMIE C hu PTDVQ HDSH

e e C ± SOPHUS BEREND - RDRS FFFF qf TDVP HDRV hi RH HDSH

MOULINEX p‚ ALLIED DOMECQ GEHE AG

C

IIDPH

ELSA IDUQ

qf IHDVR FFFF

C

e C

SPIRENT ± IRTDTH HDIR qf RDUP FFFF qf UDSQ HDVW qf UDWH WDQP

AIR LIQUIDE p‚ P & O PRINCESS ASSOCIAT BRIT F GREAT UNIV STOR

±

TDPP

EM.TV & MERCHANDI TDVW

qf TDUP FFFF

e C e ± ± T.I.GROUP PLC SQDRH HDHW qf QDVP FFFF qf IIDVS HDRP xv IHH RDSQ

AKZO NOBEL NV xv PERSIMMON PLC BASS GUCCI GROUP

C

IUDQS

EUROMICRON HDPW

± gr IITQDVU QDVS

e C e e

± TECAN GROUP N RTDPS HDSR xv RIDTH QDSW e„ RTDPR FFFF ƒi IWDHT FFFF

BASF AG hi ROY.PHILIPS ELE BBAG OE BRAU-BE HENNES & MAURIT

±

IIDQH

GRAPHISOFT NV IDUR

e

±

iƒ IWDVU IDWP C

e C e e e

± ± SPDPV HDPS hi QWDVH HDPS e„ RP HDSW hi QQ HDWH

BAYER AG hi PREUSSAG AG BRAU-UNION TELEFONICA KARSTADT QUELLE C

IDUI

HOEFT & WESSEL IUDVH

e ± iƒ UDQW IDTH C C ± ITDVW IDRS qf PDWT FFFF qf UDSS HDPP qf UDRS IDQS BOC GROUP PLC qf RANK GROUP CADBURY SCHWEPP TPI KINGFISHER

e ±

p‚ SPDQS HDQV e C ± ± ± IWDQS HDSI si IIDRV HDIU hu STDHU QDPI qf QDHT IDHU CELANESE N hi RYANAIR HLDGS CARLSBERG -B- THOMSON CSF MARKS & SPENCER

xy PIDRT FFFF C

± ± UPDIT HDTW gr IVPDST HDIV hu SPDQI R qf IIDUS FFFF

CIBA SPEC CHIMI gr SAIRGROUP N CARLSBERG AS -A TOMRA SYSTEMS MATALAN e CODES PAYS ZONE EURO

±

C C TDRU HDSI qf e ± ±

QTTDRS HDIV hu IIDSR IDIS hu RPDSP HDQP hi RVDTH IDPS

CLARIANT N gr SAS DANMARK A/S DANISCO TRAFFICMASTER METRO FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

± e C e e gr PRWDRH IDQP ± ± ± QS HDSU p‚ TH HDQQ p‚ IRWDIH IDWI qf IPDTQ HDPT

hi UNAXIS HLDG N

DEGUSSA-HUELS SEB DANONE NEXT PLC IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

e C C e C e e e„ QTDVP HDVV ± ± QSDVV IDHU p‚ IVSDPH HDSW q‚ IPDIS HDWV p‚ PIT HDTH DSM xv SODEXHO ALLIANC DELTA HOLDINGS VA TECHNOLOGIE PINAULT PRINT.

e LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche ± C e C xv IQDVH HDUP SHPIDPV FFFF iƒ QDHQ QDHT qf IIDIR HDWH qf HDWR FFFF

EMS-CHEM HOLD A gr TELE PIZZA DIAGEO VEDIOR NV SIGNET GROUP

FI : Finlande - BE : Belgique.

± ± ± ± hu THDQT IDIH VDPQ IDQW gr IRQVDSS IDRT q‚ PIDPV FFFF gr PQSDRQ HDST ICI qf THE SWATCH GRP ELAIS OLEAGINOU VESTAS WIND SYS VALORA HLDG N

e e e C e ± ± ± ± p‚ RUDPI HDTV SDPH IDVW gr PWIDWU HDTV p‚ WTDQH HDUP xv IRDIP HDWI

KEMIRA ps THE SWATCH GRP ERID.BEGH.SAY VIVENDI ENVIRON VENDEX KBB NV CODESPAYSHORSZONEEURO

e C ± ƒi IVDQH FFFF WDRS FFFF €e SHDIH IDVT xv RSDTH PDSW qf TDVH FFFF

LAPORTE qf THOMSON MULTIME HEINEKEN HOLD.N VOLVO -A- W.H SMITH CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

C C e C

ƒi IVDVP FFFF TPSDIU FFFF s‚ IDIV HDVS q‚ ITDSI PDHW qf TDVH HDPR

LONZA GRP N gr WW/WW UK UNITS COCA COLA HBC VOLVO -B- WOLSELEY PLC GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C ± ± RTDQU FFFF qf IIDUS FFFF q‚ IQDWI TDHR SIHDII HDTT QRSDII HDRS NORSK HYDRO xy WILSON BOWDEN HELLENIC SUGAR f DJ E STOXX IND GO P f DJ E STOXX RETL P LeMonde Job: WMQ1512--0028-0 WAS LMQ1512-28 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 21Fap: 100 No: 0274 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 FINANCES ET MARCHÉS

C C ± RRTDHS PDHP TWDRH UPW RUVIDWQ HDHU UPVDSH QVDRH PSIDVW RDUU QTDTS ALCATEL...... w TV EURAFRANCE...... w REMY COINTRE ..... w

± ± Compen- RHVDWW PDRQ FFF HDSW QDVU FFF HDSW SIDRS QQUDRW HDIH SIDSH TPDQS w w

ALCATEL O ...... EURO DISNEY...... RENAULT ...... Cours Cours % Var.

International sation ± ± f ITWDVQ HDRP PTDHH IDIP UDQS FFF IDIP VVDHS SUUDSU HDWT VVDWH

ALSTOM ...... w PSDVW EUROTUNNEL...... w REXEL...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

C ± ± ISHPDIR IDPW PQPDHH RSDRH PWUDVH HDSS RSDIS ISDIR WWDQI IDIU ISDQP VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN..... w PPW FAURECIA ...... w RHODIA...... w

C ± ± ± RWQDTI QDSQ UVDHH QUDRH PRSDQQ HDVH QUDUH SDUW QUDWV HDTW FFF TWVDSH RSVIDVT HDHU FFF ATOS CA ...... w USDPS FIMALAC SA C...... w ROCHETTE (LA...... ADECCO ......

C ± FFF FFF FFF UQDSH RVPDIQ HDSS FFF IHPDSH TUPDQT HDRW IHQDHH FFF FFF FFF FFF ARBEL...... FFF F.F.P. (NY) ...... ROYAL CANIN...... w AMERICAN EXP......

C C

SUHDTV FFF VUDHH IPUDWH VQVDWU QDWV FFF TP RHTDTW FFF FFF PSDIS ITRDWU PDRR FFF b L’action Rémy Cointreau gagnait 4,47 % à AVENTIS ...... w VU FINAXA...... ROUGIER #...... AMVESCAP EXP ......

C C

± WIW IDTV IRPDSH IHSDUH TWQDQS HDHW FFF IWVW IQHRTDWV FFF FFF QP PHWDWI QDHQ FFF

38,29 euros, en début de séance à Paris, jeudi AXA ...... w IRHDIH FIVES-LILLE...... RUE IMPERIAL ...... ANGLOGOLD LT ....

± ± ± SWHDQT HDWW WHDWH PVDSH IVTDWS QDQW FFF FFF FFF FFF FFF PSDIH ITRDTS HDSW FFF AZEO(EXG.ET ...... w WH FONC.LYON.#...... SADE (NY) ...... A.T.T. # ......

C ± 14 décembre. Le groupe de spiritueux a ± UVHDSW FFF IIWDHH IHHDPH TSUDPU PDTP IHPDWH IRUDSH WTUDSR PDHT ISHDTH IUDHI IIIDSV PDWU FFF BAIL INVESTI...... w IIW FRANCE TELEC...... w SAGEM S.A...... w BARRICK GOLD......

C ± ± FFF FFF FFF RPP PUTVDIR QDVU FFF VVDIH SUUDWH PDII FFF TRDRH RPPDRR HDTQ FFF

confirmé son « intérêt pour certaines BAZAR HOT. V...... FFF FROMAGERIES...... SAGEM ADP ...... COLGATE PAL......

C C

± ± PTWDTH HDWR RIDRW IVIDRH IIVWDWI HDUV IVHDHH ITQDQH IHUIDIV HDTU ITRDRH RDRW PWDRS IIDIR FFF

marques » de Seagram. Le français a par ail- BIC...... w RIDIH GALERIES LAF...... w SAINT-GOBAIN...... w CROWN CORK O ....

C ± ± WQRDUR IQDII FFF FFF FFF FFF FFF TRDUH RPRDRH HDQI FFF QHDVH PHPDHQ HDTS FFF BIS ...... IRPDSH GAUMONT #...... SALVEPAR (NY...... DE BEERS #......

C C ± ± TIIDQS PDUT WSDVS IHHDVH TTIDPH IDIV IHPDHH TP RHTDTW HDQP TIDVH IIDHI UPDPP HDUQ FFF leurs annoncé un bénéfice opérationnel au BNPPARIBAS...... w WQDPH GECINA...... w SANOFI SYNTH...... w DIAGO PLC......

± ± ± IQPVDQI HDUR PHRDHH TV RRTDHS HDUQ TVDSH UTDVH SHQDUU HDUI UUDQS FFF FFF FFF FFF

premier semestre, arrêté au 30 septembre, BOLLORE...... w PHPDSH GEOPHYSIQUE ...... w SCHNEIDER EL ...... w DOW CHEMICAL....

± ± ± ± PTUDTQ HDRW FFF PWDUS IWSDIS PDIR QHDRH RV QIRDVT QDIQ RWDSS RVDIP QISDTS PDSU FFF RHDVH w w

en hausse de 52 % à 83 millions d’euros. Il a BOLLORE INV...... GFI INFORMAT ..... SCOR ...... DU PONT NEMO....

C C ± ± PRSDQQ PDRU FFF IWDTH IPVDSU IDPW IWDQS SWDSH QWHDPW IDIT THDPH HDSV QDVH IDTW FFF BONGRAIN ...... QUDRH GRANDVISION ...... w S.E.B...... w ECHO BAY MIN ......

± ± ± QSUDIU IDUI SSDRH IQIDIH VSWDWT QDPS FFF RR PVVDTP IDQS RRDTH FFF FFF FFF FFF également confirmé sa prévision d’un béné- BOUYGUES...... w SRDRS GROUPE ANDRE ... SEITA...... w ELECTROLUX......

C ± ± ±

PVSDTU IDHP RQDII VHDPH SPTDHV PDPH FFF ISDPH WWDUI HDQQ FFF IQIDWH VTSDPI HDTV FFF

fice par action de plus de 2 euros sur l’exer- BOUYGUES OFF..... w RQDSS GROUPE GASCO.... SELECTIBAIL(...... ELF GABON ......

C ± ± ± QRDUU IDRW SDQV SPDVH QRTDQS HDPV FFF SP QRIDIH HDWU SIDSH IRDQI WQDVU PDIP IRDTP BULL# ...... w SDQH GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... w ERICSSON #...... w

C C cice 2000-2001. C ± SRIDIT PDQU VRDSH IRI WPRDWH HDSH FFF ITIDUH IHTHDTV HDRQ FFF PUDRH IUWDUQ QDHS FFF BUSINESS OBJ...... w VPDSH GROUPE GTM ...... SILIC CA...... FORD MOTOR #.....

C ± ± FFF FFF FFF RWDSH QPRDUH IDHP FFF UQDQH RVHDVP HDRI UQDTH SWDIS QVV PDIS FFF

b Le titre Air France perdait 1,87 % à B T P (LA CI...... FFF GROUPE PARTO.... SIMCO...... w GENERAL ELEC ......

C

± ± SHVDQU HDTR FFF VV SUUDPR HDTV VVDTH IUDQH IIQDRV FFF FFF SWDTH QWHDWS IDIW FFF

23,04 euros, jeudi matin. La compagnie aé- BURELLE (LY) ...... UUDSH GUYENNE GASC.... w SKIS ROSSIGN...... GENERAL MOTO....

C ± ± ± PSDWV HDUS QDWW ITDHW IHSDSR HDQU ITDIS TSDQH RPVDQR PDSR TUDHH QDTW PRDPH RDSQ FFF CANAL + ...... w QDWT HAVAS ADVERT ..... w SOCIETE GENE ...... w GOLD FIELDS......

C ± ± ± IIRPDTV PDIQ IUVDHH IIW UVHDSW IDUQ IPIDIH IVSDPH IPIRDVQ HDSW IVTDQH RDTQ QHDQU IDQI FFF rienne a enregistré une hausse de 4,2 % de CAP GEMINI...... w IURDPH IMERYS ...... w SODEXHO ALLI ...... w HARMONY GOLD ..

C ± QRWDWS HDVS SPDWH IPRDSH VITDTU FFF FFF VQDTS SRVDUI FFF FFF IIDQH URDIP PDSH FFF

son trafic passagers en novembre, mais une CARBONE-LORR .... w SQDQS IMMOBANQUE ..... SOGEPARC (FI...... HITACHI #......

C C ± RIWDVI HDQW TQDUS FFF FFF FFF FFF SSDWH QTTDTV HDHW SSDVS ITDUS IHWDVU PDWH IUDPS w TR w w

baisse de 1,7 point à 74,9 % de son coefficient CARREFOUR...... IMMEUBLES DE .... SOMMER ALLIB ..... HSBC HOLDING.....

± ± ± TWHDUP HDTT IHTDHH PI IQUDUS FFF PIDHH QH IWTDUW HDTT QHDPH IHQDUH TVHDPQ PDWH IHTDVH CASINO GUICH...... w IHSDQH INFOGRAMES E..... w SOPHIA...... w I.B.M...... w

± ± RSVDIW HDTR FFF QPHH PHWWHDTP FFF FFF UPDPH RUQDTH HDVW UPDVS FFF FFF FFF FFF d’occupation en raison d’une augmentation CASINO GUICH...... TWDVS IM.MARSEILLA ...... SOPRA # ...... w I.C.I......

± ± ± ± ITVWDUS PDRP PTRDHH QPDSH PIQDIW IDVI QQDIH UTDWH SHRDRQ HDIQ UUDHH SPDSH QRRDQV HDVS FFF

de 6,5 % de son offre de nombre de sièges. CASTORAMA DU.... w PSUDTH INGENICO ...... w SPIR COMMUNI .... w ITO YOKADO #......

C ± ± ± IPRHDRI HDHS FFF USDSS RWSDSV IDIV UTDRS QTDVQ PRIDSW HDUQ QUDIH RHDVH PTUDTQ HDWW FFF IVWDIH w w

b Les analystes de la banque américaine CEA INDUSTRI ...... ISIS...... SR TELEPERFO...... I.T.T. INDUS......

C ± SHIDRV FFF FFF IVDQI IPHDII HDUT IVDRS IIDQV URDTS FFF FFF UDRS RVDVU IDWP UDQI CEGID (LY)...... UTDRS KAUFMAN ET B ..... w STUDIOCANAL ...... KINGFISHER P ...... w

C

± ± ± PTSDTT HDPS FFF WWDSH TSPDTV HDSH IHHDHH QHR IWWRDII IDQQ FFF PUDTQ IVIDPR RDUP FFF Goldman Sachs ont abaissé leur recomman- CFF.RECYCLIN ...... RHDSH KLEPIERRE...... w SUCR.PITHIVI...... MATSUSHITA ......

C C

± ± QRIDIH HDPW SPDIS WHDWS SWTDSW HDSH WHDSH IVH IIVHDUP PDUH IVSDHH QSDTV PQRDHS HDPP FFF

dation sur BNP Paribas, le Crédit lyonnais et CGIP ...... w SP LAFARGE...... w SUEZ LYON.DE ...... w MC DONALD’S ......

C ± ± ± RQWDIT PDVR FFF TRDSH RPQDHW IDQV TSDRH TWS RSSVDWH IDRP FFF IHPDVH TURDQP IDIS FFF CHARGEURS ...... TTDWS LAGARDERE ...... w TAITTINGER ...... MERK AND CO ......

± ± la Société générale. En début de séance jeu- ± FFF FFF FFF TIDSS RHQDUR HDIT TIDTS SSDRS QTQDUQ IDVT STDSH VDPS SRDIP RDHU FFF CHRISTIAN DA...... FFF LAPEYRE ...... w TF1...... w MITSUBISHI C......

C ± QRPDRI HDQV SPDRH SPDSH QRRDQV FFF FFF IQT VWPDIH FFF IQTDHH PQWWDSH ISUQWDTW HDVP PQVHDHH

di, BNP Paribas perdait 2,76 % à 93,2 euros, CHRISTIAN DI...... w SPDPH LEBON (CIE) ...... TECHNIP...... w NESTLE SA # ...... w

± ± ± USRDQS HDRQ FFF PHW IQUHDWS HDWH PIHDWH SPDQH QRQDHU HDRV SPDSS FFF FFF FFF FFF

le Crédit lyonnais cédait 1 % à 39,71 euros, CIC -ACTIONS ...... IIS LEGRAND ...... w THOMSON-CSF ..... w NORSK HYDRO ......

± ± ± ± QRQDQW HDTT SPDUH IISDTH USVDPW IDPH FFF SH QPUDWV PDHT SIDHS SHDWS QQRDPI PDHP FFF CIMENTS FRAN ..... w SPDQS LEGRAND ADP...... THOMSON MULT.. w PFIZER INC......

C ± ± STRDIP FFF VTDHH RPDIH PUTDIT HDWR RPDSH ISPDSH IHHHDQQ HDQW ISQDIH RTDSW QHSDTI HDHR FFF et la Société générale chutait de 3,88 % à CLARINS...... w VT LEGRIS INDUS...... w TOTAL FINA E ...... w PHILIP MORRI ......

C ± ± ± SVRDRT HDPP VVDWH IHDQP TUDTW HDWT IHDRP RSDIV PWTDQT QDQT RTDUS VIDWS SQUDST HDTU FFF

64,4 euros. CLUB MEDITER ..... w VWDIH LIBERTY SURF ...... w TRANSICIEL #...... w PROCTER GAMB ....

C ± ± ± PTPDHS HDIS RHDHI IIPDPH UQSDWV HDIV FFF RHDVH PTUDTQ VDQI RRDSH IVDRH IPHDUH PDIV FFF w QWDWS w

b Le cours de France Télécom reculait de CNP ASSURANC..... LOCINDUS...... UBI SOFT ENT...... RIO TINTO PL......

C C ± ± UUHDHW HDSI IIVDHH VQDPH SRSDUT HDPR VQDHH ITTDUH IHWQDRV IDHQ ITSDHH VHDUS SPWDTW RDUP FFF COFACE ...... w IIUDRH L’OREAL ...... w UNIBAIL ...... w SCHLUMBERGER...

± ± ± VQTDQS FFF IPUDSH TRDRH RPPDRR HDRT FFF IHHDUH TTHDSS IDVS IHPDTH IHDQH TUDST PDVQ FFF 1,85 % à 101 euros. Sa filiale Orange a annon- COFLEXIP ...... w IPUDSH LOUVRE #...... UNILOG...... w SEGA ENTERPR......

C ± ±

QRWDWS FFF SQDQS URDIS RVTDQW HDHU URDIH IQDPV VUDII IDHR IQDRP SDHR QQDHT IDQU SDII

cé, jeudi, la cession de ses parts dans l’opéra- COLAS...... w SQDQS LVMH MOET HE.... w USINOR...... w SEMA GROUP # ...... w

C ± ± ± PWQDUR RDQV FFF WPDSH THTDUT IDHU WQDSH RU QHVDQH QDVU RVDVW VDSS STDHV IDQV FFF RRDUV w w

teur belge KPN Orange auprès de son autre CONTIN.ENTRE ..... MARINE WENDE ... VALEO...... SHELL TRANSP ...... C C ± QVHDRT FFF SVDHH IHDUH UHDIW PDVV FFF SPDIH QRIDUS SDTV RWDQH VVDVH SVPDRW PDTQ WIDPH CPR...... w SV MAUREL ET PR...... VALLOUREC ...... w SONY CORP. # ...... w

C C ±

UWDRR HDHV FFF SDSV QTDTH HDQT FFF QIDWS PHWDSV HDIT FFF FFF FFF FFF FFF actionnaire historique, le néerlandais KPN CRED.FON.FRA ...... IPDII METALEUROP ...... VIA BANQUE ...... T.D.K. # ......

C

± ± ± PSWDQH IDRS RHDII QPDWS PITDIR IDTR QQDSH SUDHS QURDPP HDHW FFF VDPI SQDVS IDWI FFF

Mobile. CREDIT LYONN ..... w QWDSQ MICHELIN ...... w VICAT...... TOSHIBA #......

C ± ± ± IUQDVQ QDVR FFF PPDTH IRVDPS HDRR FFF THDQS QWSDVU HDSV THDUH VHDQH SPTDUQ SDIR FFF CS COM.ET SY...... PTDSH MONTUPET SA...... VINCI...... w UNITED TECHO .....

C ± SQVDSR HDIP FFF FFF FFF FFF FFF RTDQI QHQDUU IDPR RTDVW HDST QDTU FFF FFF DAMART...... VPDIH MOULINEX ...... VIVENDI ENVI ...... w ZAMBIA COPPE......

± ± ± WVHDTT IDTR ISPDHH WI SWTDWP HDWV WIDWH UTDRH SHIDIS PDQT UVDPS DANONE ...... w IRWDSH NATEXIS BQ P...... w VIVENDI UNIV...... w

C C

± IRHIDIP IDSP FFF PSDUQ ITVDUV HDWR PSDRW IHDIH TTDPS HDWV IHDPH

´ DASSAULT-AVI ...... PIQDTH NEOPOST ...... w WANADOO...... w ABRE´VIATIONS

PREMIER MARCHE C ± SSIDWW HDUU VRDVH IVDPS IIWDUI PDPR FFF IUDSH IIRDUW FFF FFF

DASSAULT SYS ...... w VRDIS NORBERT DENT ... WORMS (EX.SO ......

B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

± ± ± RIWDVI RDVQ TUDPS PTDRI IUQDPR HDQR FFF PSTDQH ITVIDPP IDVR PTIDIH ______w TR w DE DIETRICH ...... NORD-EST...... ZODIAC ......

± SQIDQQ IDPP FFF QHDRH IWWDRI FFF QHDRH FFF FFF FFF FFF

DEVEAUX(LY)#...... VI NRJ GROUP ...... w ...... SYMBOLES

Â

ti hs IR higiwf‚i ± ± WSDUU HDRV FFF IUDUH IITDIH TDVR IWDHH FFF FFF FFF FFF

Cours a` 9h57 DEV.R.N-P.CA...... IRDTH OBERTHUR CAR.... w ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

C C

IHRDWS VDRU FFF TDVU RSDHT HDPW FFF FFF FFF FFF FFF

DMC (DOLLFUS..... IT OLIPAR...... a coupon de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ;

hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PI de ™em˜re

C ± IWWDRI HDHU FFF QVWDIH PSSPDQQ HDWW FFF FFF FFF FFF FFF

DYNACTION...... QHDRH OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

± ±

RIRDST IDHP TQDVS RUDPT QIHDHI HDSI RUDSH FFF FFF FFF FFF w TQDPH w

EIFFAGE...... PECHINEY ACT...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

± Compen- ± VQDIV PDQW IPDWW RS PWSDIV RDPT FFF FFF FFF FFF FFF

Cours Cours % Var. ELIOR...... w IPDTV PECHINEY B P ......

France sation de re`glement diffe´re´. f ± ISHDVU FFF FFF TI RHHDIQ HDHV TIDHS FFF FFF FFF FFF

en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... PQ PENAUILLE PO ...... w ......

(1)

± ` ´ IWQDSI FFF FFF TIDPS RHIDUU HDVI TIDUS FFF FFF FFF FFF ENTENIAL(EX ...... PWDSH PERNOD-RICAR .... w ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

± ± ± PTWDPU HDHP RIDHT RRDTH PWPDST HDVW RSDHH PQQDIH ISPWDHR HDVS PQSDIH FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RIDHS ERAMET ...... w PEUGEOT...... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

± ± ±

RSUDPH IDSS UHDVH WTDTS TQQDWV HDQT WUDHH PIT IRITDVU HDTH PIUDQH FFF FFF FFF FFF AGF ...... w TWDUH ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C C ± PRHDHV HDPS FFF QPIDIH PIHTDPV IDHV QPRDTH IIIDSH UQIDQW HDRS IIIDHH FFF FFF FFF FFF

AFFINE(EXIMM...... QTDTH ESSILOR INTL ...... w PLASTIC OMN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´vendredi:compensation ;

C ± ± ISHDPI PDRU PQDRV TPDWH RIPDTH PDII FFF UPDTS RUTDSS PDRV FFF FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w PPDWH ESSO ...... PSB INDUSTRI...... Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± WTHDWV HDHU IRTDRH SPDHS QRIDRQ IDQQ SPDUS QUDTH PRTDTR HDPU QUDSH FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w IRTDSH EULER...... w PUBLICIS GR...... w ......

@€u˜li™iteÂA

C ± VDPH HDUW IIDWI UVDIP HDPS CHEMUNEX # ...... IDPS MICROPOLE ......

C ± WTDUS IDVT SDVH QVDHS HDIU CMT MEDICAL ..... IRDUS MONDIAL PECH...

± NOUVEAU ± IUQDSH PDHR IQDIH VSDWQ IDPI COALA # ...... PTDRS MULTIMANIA # .... SECOND

± PPVDPU HDTH IIDWH UVDHT FFF

COHERIS ATIX ...... QRDVH NATUREX ...... ______

C C

ISPDSI IDHW PUDWH IVQDHI IDRS

´ COIL...... PQDPS NET2S #...... C ±

QPDVH HDPH PIDPP IQWDIW TDQI

MARCHE CION ET SYS...... S NETGEM ...... w MARCHE´

± ± PQWDUS IDST SDSU QTDSR QDWU CONSODATA # ..... QTDSS NETVALUE # ......

± ± RPDIV WDVP QDHS PHDHI IDTI

CONSORS FRAN... TDRQ NEURONES #...... Â

wi‚g‚ihs IQ higiwf‚i

C C  WTDUS QDVU VIDRH SQQDWS QDWT CROSS SYSTEM .... IRDUS NICOX #...... ti hs IR higiwf‚i

±

IIHDWW HDPR RS PWSDIV FFF

CRYO # ...... ITDWP OLITEC ......

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 18 h 12

ne se le™tionF

C ± ´ ` VSDQR TDHT UDWV SPDQS PRDTW CRYONETWORKS. IQDHI OPTIMA DIREC .... Cours relevesa9h57

± IVDWT WDTW QDTH PQDTI FFF CYBERDECK #...... PDVW OPTIMS #......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± IIVDRH HDPV HDVS SDSV VDTH

CYBER PRES.P ...... IVDHS OXIS INTL RG......

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C ± PWDSP IDVI UR RVSDRI PDSH CYBERSEARCH ..... RDSH PERFECT TECH ....

C C VQDWT FFF PDSS ITDUQ IDIW VDRH SSDIH RDVU RQ PVPDHT FFF ABEL GUILLEM..... IPDVH CYRANO # ...... PERFECT TECH .... ALTEDIA......

C ± ± RUDVV IDQW IUDTH IISDRS PDTS IUDRV IIRDTT SDSI IRW WUUDQV FFF AB SOFT ...... UDQH DALET #...... PHARMAGEST I.... ARKOPHARMA # ...

C C C VTDQW HDRT IRDWH WUDUR HDTV VDTS STDUR IDHS STDSH QUHDTP FFF ACCESS COMME... IQDIU DATATRONIC ...... PHONE SYS.NE..... CNIM CA#......

C C ± IRRDQI SDPI PDUH IUDUI IDRT QHDRW PHH SDSH IPDPS VHDQS FFF ADL PARTNER ...... PP DESK #...... PICOGIGA ...... FINACOR...... d

C C ± SQDIQ QDQR HDIH HDTT FFF SUDTS QUVDIT IDIR PTDIQ IUIDRH HDSH ALGORIEL #...... VDIH DESK BS 98 ...... PROSODIE #...... GFI INDUSTRI......

C C ± PPDWT IIDQW TTDWH RQVDVR PDWP PRDVR ITPDWR FFF PTDPH IUIDVT IDSS ALPHAMEDIA...... QDSH DEVOTEAM #...... w PROSODIE BS...... d LAURENT-PERR ....

C C C ± SWDHR PIDPW IIDPH UQDRU PDPV IH TSDTH HDTH RPDQH PUUDRU HDPR ALPHA MOS # ...... W DMS #...... PROLOGUE SOF ... M6-METR.TV A...... w

C C C WVQDWR IDQS IHTDPH TWTDTQ HDHW IDPT VDPU FFF ISVDIH IHQUDHU HDHT ALTAMIR & CI...... ISH D INTERACTIV...... PROXIDIS ...... HERMES INTL...... w

C ± ± ± QWDQT UDTW RR PVVDTP VDTR QIDPH PHRDTT PDSH THDWH QWWDRV HDRW ALTAMIR BS 9...... T DIOSOS OPE ...... QUALIFLOW...... RALLYE (LY)...... w

± ± ± QWDPW FFF HDVP SDQV IHDVU QDUP PRDRH HDSQ WVDVH TRVDHW HDQS ALDETA...... d SDWW DURAND ALLIZ.... QUANTEL...... MANITOU #......

C C ± ± VHDHQ PDRH QRDTH PPTDWT HDPW PDWH IWDHP HDQS ISPDQH WWWDHP PDSH ALTI #...... IPDPH DURAN DUBOI..... QUANTUM APPL.. ALTEN (SVN) ...... w

C VIDHI FFF QDRW PPDVW FFF IP UVDUI FFF IWW IQHSDQS HDIS ALTI NOUV.J0...... d IPDQS DURAN BS 00 ...... d R2I SANTE...... APRIL S.A.#(......

C C C C IQIIDWI HDSH IQDRW VVDRW QDUU QRDUS PPUDWS HDRQ IQIDQH VTIDPU I A NOVO # ...... PHH EFFIK # ...... RECIF #...... BENETEAU CA#.....

C C VSDPU FFF STQ QTWQDHR IDVI RH PTPDQV FFF IPIDSH UWTDWW IDPS ARTPRICE COM .... IQ EGIDE #...... REPONSE # ...... STERIA GROUP .....

C C ± ± TDTQ I WDPS THDTV HDII UDIS RTDWH SDWP PUDIH IUUDUT HDSS ASTRA ...... IDHI EMME(JCE 1/1...... REGINA RUBEN ... PINGUELY HAU.....

C C ± QWDQT SDSI SP QRIDIH FFF PHDHQ IQIDQW IDRP ITTDSH IHWPDIU HDHT AUFEMININ.CO.... T ESI GROUP...... RIBER # ...... UNION FIN.FR ......

± ± ± ± UQDSQ PDTI WDVH TRDPV IDSI IHTDRH TWUDWR HDHW RSDIS PWTDIT IDVS AUTOMA TECH..... IIDPI ESKER...... RIGIFLEX INT ...... CEGEDIM #......

C ± ± ± ± RIDTS IHDHS RHDRW PTSDTH IDWT TSDQH RPVDQR HDQI UDQQ RVDHV PDPU IQ VSDPU PDWW IIUDSH UUHDUS FFF AVENIR TELEC ...... bw TDQS EUROFINS SCI...... HF COMPANY ...... INTEGRA NET...... w RISC TECHNOL .... FINATIS(EX.L ...... d

C C C ± QUDVS FFF IIDQR URDQW HDHW WSDPH TPRDRU HDPI FFF FFF FFF IQDWS WIDSI QDPT RPDRH PUVDIQ QDRI AVENIR TELEC ...... d SDUU EURO.CARGO S .... HIGH CO.#...... INTEGRA ACT...... SAVEURS DE F...... AB GROUPE......

C C ± ± ± ± IWDQS IDTU ITDRU IHVDHR IDWT ISQ IHHQDTI IDPQ IDUS IIDRV IDIT IVDTS IPPDQR HDPU IPWDUH VSHDUV IDRI AVENIR TELEC ...... b PDWS EUROPSTAT #...... w HIGHWAVE OPT.... w INTERCALL #...... GUILLEMOT BS .... MARIONNAUD P ..

C C C C ± VQDQI PDVQ VDII SQDPH PDPW ITDWS IIIDIV FFF IPS VIWDWS RDIU UDST RWDSW TDRV QPR PIPSDQH HDQI BAC MAJESTIC...... IPDUH FIMATEX # ...... w HIMALAYA ...... IPSOS # ...... SELF TRADE...... RODRIGUEZ GR....

C C C ± ± ± IHSDPV PDPQ IRDIW WQDHV TDIS RDRS PWDIW RDUI VDSW STDQS PHDWW SVDSH QVQDUQ HDVS TTDSH RQTDPI HDUT BARBARA BUI ...... ITDHS FI SYSTEM # ...... w HI MEDIA...... IPSOS BS00...... SILICOMP #...... PIERRE VACAN......

C C ± ± ± ± IWTDUP HDHQ PDSR ITDTT SDPP IHI TTPDSP I IRDQP WQDWQ RDSQ QHDTS PHIDHS SDQQ SH QPUDWV QDVS BCI NAVIGATI...... PWDWW FI SYSTEM BS...... HOLOGRAM IND.. IT LINK ...... SITICOM GROU.... EXPAND S.A......

± ± ± ± ISSDHU FFF UDSI RWDPT FFF IRDPT WQDSR IDTT IDIW UDVI HDVQ IIDIH UPDVI PDTQ PPQ IRTPDUV HDRW BELVEDERE...... PQDTR FLOREANE MED .. HUBWOO.COM ..... JOLIEZ-REGOL ...... SODITECH ING .... C.A. PARIS I ......

C C ± ± ± QSDUS RDQW SDUH QUDQW IDUP PPDTH IRVDPS IHDUV HDHQ HDPH FFF PI IQUDUS S TSDIS RPUDQT RDWT BOURSE DIREC..... SDRS GAMELOFT COM . IB GROUP.COM .... JOLIEZ-REGOL ...... SOFT COMPUTI ... JET MULTIMED.....

C C ± ± ± ± QRPDRI PDRQ QS PPWDSV VDTP R PTDPR HDUR ISDVS IHQDWU IDHV PUDIH IUUDUT IDHW RHDIR PTQDQH IDTP BRIME TECHNO... SPDPH GAUDRIOT #...... IDP ...... KALISTO ENTE...... SOI TEC SILI ...... w FININFO ......

C ± ± ± IWDTI FFF PW IWHDPQ QDSU IDHU UDHP FFF QDVV PSDRS SDQU PPDPV IRTDIS WDHT RS PWSDIV P BRIME TECHN...... d PDWW GENERIX # ...... IDP BON 98 (...... d KEYRUS PROGI..... SOI TEC BS 0 ...... MANUTAN INTE...

C C ± ± ± ± RRDPI HDVV SPDUH QRSDTW HDHW IUDPH IIPDVP HDPW PDTH IUDHS UDIR U RSDWP QDRH WDSI TPDQV IDPS BUSINESS INT ...... TDUR GENESYS #...... IGE +XAO ...... KAZIBAO...... SQLI ...... LECTRA SYST......

C C C ± ± IDTS IDST PDTP PWSDHS II UPDIT FFF QTDHT PQTDSR HDSH TDSH RPDTR QDUH UDIR RTDVR VDTQ STDTI BVRP ACT.DIV...... RRDWV GENESYS BS00...... ILOG #...... LACIE GROUP ...... STACI #...... DANE-ELEC ME.....

C ± RHTDHR FFF TVDWH RSIDWS IDUU P IQDIP RDUT IVDWH IPQDWV FFF HDSS QDTI FFF PWS IWQSDHU FFF BVRP ACT.NV...... d TIDWH GENSET...... w IMECOM GROUP.. LEXIBOOK #...... d STELAX ...... SOLERI ...... d

C C C ± ± PPDQH FFF RPDVH PVHDUS U QDWR PSDVR HDSI PW IWHDPQ HDQV ITDWH IIHDVT HDSW IIQDVH URTDRV HDUI CAC SYSTEMES..... d QDRH GL TRADE # ...... INFOSOURCESE.... LINEDATASERV..... SYNELEC # ...... ALGECO # ......

± ± ± ± ± IRUDIQ HDHW RQDQW PVRDTP HDTW TDTH RQDPW UDHR VDIW SQDUP HDIP PR ISUDRQ FFF WPDRH THTDIH HDTS CALL CENTER ...... PPDRQ GUILLEMOT #...... INFOSOURCE B..... MEDCOST # ...... SYSTAR #...... SECHE ENVIRO .....

C ± ± ± ± IWHDVP IDQW RSDSH PWVDRT FFF RQDVH PVUDQI HDWH TR RIWDVI HDHV SDSW QTDTU HDIV PHDWH IQUDIH HDWS CAST ...... PWDHW GUILLEMOT J0 ..... d INFOTEL # ...... MEDIDEP # ...... SYSTRAN...... AUBAY......

± ± ± ± ± SSI PDPI HDPU IDUU TDWH PPDSH IRUDSW RDTT URDIH RVTDHT UDHQ IQDQI VUDQI PDRP IQW WIIDUV FFF CEREP...... VR GUYANOR ACTI.... INFO VISTA...... METROLOGIC G ... TEL.RES.SERV...... GROUPE J.C.D ......

´ ´ IPPRDWQ IQGIP RIDPQ PUHDRS IPGIP EC. MONET.D...... IVTDUR CIC FRANCIC ......

´ SG ASSET MANAGEMENT IUSDTR IISPDIP IQGIP PSRDSI IPGIP

ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... CIC MONDE PEA...... QVDVH LEGAL & GENERAL BANK

´ Serveur vocal : PUHDTU IUUSDRV IQGIP RVDQR HUGII SICAV et FCP ECUR. TRIMESTRIEL D...... CIC OBLI LONG TERME...... UDQU

´ 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) IVR IQGIP

EPARCOURT-SICAV D...... PVDHS

PQRDSH IPGIP

CIC PIERRE...... QSDUS ´

IURTDRP IPGIP

´ STRATEGIE IND. EUROPE .... PTTDPR PIVTDQV IRQRIDUI IQGIP

IHIVDVQ IQGIP

GEOPTIM C ...... CADENCE 1 D...... ISSDQP QSQUDWU IPGIP

EUROCIC LEADERS...... SQWDQT

QWQSDVU IQGIP

THHDHP Fonds communs de placements ISQDPT IHHSDQP IQGIP

 le™tionF ne se HORIZON C...... CADENCE 2 D...... WQRIDQS IPGIP

Cours de cloˆ ture le 13 de´cembre MENSUELCIC...... IRPRDHV

´ ´ WUDTU IQGIP IRDVW ´ UVSUDIS SISQWDSQ IPGIP WWSDPP IQGIP

PREVOYANCE ECUR. D...... STRATEGIE CAC ...... CADENCE 3 D...... ISIDUP ISQDUT IPGIP

RENTACIC...... PQDRR

´ IIRTRDPT USPHHDTP IPGIP ITWRDHI IQGIP

e ´ STRATEGIE INDICE USA...... CONVERTIS C...... PSVDPS

RSIIDWQ IPGIP

´ Valeurs unitaires Date Fonds communs de placements UNION AMERIQUE ...... TVUDVR QURDTV IQGIP

Emetteurs f ´ ´ INTEROBLIG C ...... SUDIP PSTDTV IQGIP

ee ECUREUIL EQUILIBRE C...... QWDIQ

Euros francs cours www.lapostefinance.fr ´ TPRDHV IQGIP

´ INTERSELECTION FR. D...... WSDIR PIWDRP IQGIP

ECUREUIL PRUDENCE C ...... QQDRS

www.clamdirect.com Sicav Info Poste : ´ ´ IPUVDUW IQGIP

AGIPI ´ ´ SELECT DEFENSIF C...... IWRDWS QISDPS IQGIP

ECUREUIL VITALITE C ...... RVDHT

08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) ´ IWHTDPV IQGIP SELECT DYNAMIQUE C ...... PWHDTI

IWRDVP IQGIP PWDUH ´

IRSQDHI IQGIP

AGIPI AMBITION (AXA) ...... EURCO SOLIDARITE ...... PPIDSI ´ ´ IVTDSH IPPQDQT IQGIP

TUUDPI IQGIP

ADDILYS C ...... IHQDPR SELECT EQUILIBRE 2......

QQDIQ PIUDQP IQGIP

TPQPDQI IQGIP

AGIPI ACTIONS (AXA)...... ´ LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WSHDII ´ IPPQDQT IQGIP

CREDIT AGRICOLE ´ IVTDSH PPRDUQ IQGIP AMPLITUDE AMERIQUE C ... QRDPT SELECT PEA DYNAMIQUE ....

SRRHDWH IQGIP

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VPWDRT ´ ITWSDVS IQGIP

08 36 68 56 55 (2,21 F/mn) ´ SELECT PEA 1...... PSVDSQ PPHDRH IQGIP

3615 BNP AMPLITUDE AMERIQUE D... QQDTH

IQVTDWT IQGIP

SICAV 5000 ...... PIIDRR QTPPDWP IQGIP

SG FRANCE OPPORT. C...... SSPDQI

RRDTP PWPDTW IQGIP

QUIVDWS IQGIP

08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT CROISSANCE...... STTDWS AMPLITUDE EUROPE C......

QTVDIH PRIRDSV IQGIP

QQWPDPP IQGIP

SLIVAFRANCE ...... SG FRANCE OPPORT. D ...... SIUDIR RQDQI PVRDHW IQGIP PPIWDST IQGIP

´ ATOUT FONCIER...... QQVDQU AMPLITUDE EUROPE D ......

PRHPDVP ISUTIDRU IQGIP

PSWDIU IQGIP BNP MONE COURT TERME . QWDSI RHPWDVU IQGIP

SLIVARENTE ...... SOGENFRANCE C...... TIRDQS

WUDPR TQUDVS IQGIP

PHHIDWP IQGIP

´ ATOUT FRANCE ASIE D...... AMPLITUDE MONDE C...... QHSDIW

VTTQPDTQ IQGIP

BNP MONE PLACEMENT C.. IQPHUDHT IWUDHW IPWPDVQ IQGIP QTQIDSI IQGIP

SLIVINTER ...... SOGENFRANCE D...... SSQDTP

PQUDVR ISTHDIQ IQGIP

IVIIDVV IQGIP

´ ATOUT FRANCE EUROPE ..... AMPLITUDE MONDE D ...... PUTDPP UUTRVDSP IQGIP

BNP MONE PLACEMENT D.. IIVQUDRR

IHTDQR TWUDSR IQGIP

RVVVDQP IQGIP

TRILION...... URSDPP SOGEOBLIG C......

SVDUH QVSDHS IQGIP

ISIDSW IQGIP

´ ´ ATOUT FRANCE MONDE...... AMPLITUDE PACIFIQUE C ... PQDII WVRIUWDQP IQGIP

BNP MONE TRESORERIE ..... ISHHQUDIU ´ PVUDWU IQGIP

SOGEPARGNE D...... RQDWH

ITUUDUR IQGIP

ATOUT FUTUR C ...... PSSDUU

IRUDHU IQGIP

Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE D... PPDRP

IHVRDRW IQGIP

BNP OBLIG. CT ...... ITSDQQ

IWRSDTQ IQGIP

SOGEPEA EUROPE...... PWTDTI

ISSQDUH IQGIP

ATOUT FUTUR D...... PQTDVT ´ SSDRP QTQDSQ IQGIP

PPSDHV IRUTDRQ IQGIP

PPRDIR IQGIP

BNP OBLIG. LT...... QRDIU ACTILION DYNAMIQUE C * . ELANCIEL FRANCE D PEA....

STPDVI IQGIP

´ SOGINTER C...... VSDVH

VURDSP IQGIP

ATOUT SELECTION ...... IQQDQP ´ IQSDRV VVVDTW IQGIP PITDVW IRPPDUI IQGIP

WSWDTU IQGIP BNP OBLIG. MT C...... IRTDQH ACTILION DYNAMIQUE D *. ELANCIEL EURO D PEA......

PITWDRS IQGIP

COEXIS ...... QQHDUQ ´ Fonds communs de placements

RPDWV PVIDWQ IQGIP IQTDVR VWUDTI IQGIP SVRDPT IQGIP

VWDHU EMERGENCE E.POST.D PEA.

BNP OBLIG. MT D...... ` ACTILION PEA DYNAMIQUE QIIVDVV IQGIP

RUSDRU ´ IQTDII IPGIP

DIEZE ...... DECLIC ACTIONS EURO...... PHDUS

IISSDWW IQGIP IUTDPQ ´ URVDPS IQGIP

´ IIRDHU

IQHHDRQ IQGIP BNP OBLIG. SPREADS...... ACTILION EQUILIBRE C * .... IWVDPS GEOBILYS C ......

RRIIDSU IQGIP

TUPDSR ´ RQTDVH IPGIP

´ EURODYN...... DECLIC ACTIONS FRANC ..... TTDSW IPQSIDSR IQGIP

IVVPDWV ´

TVVDPQ IQGIP ´ IHRDWP IPRQDIU IQGIP

BNP OBLIG. TRESOR...... ACTILION EQUILIBRE D *.... IVWDSP GEOBILYS D......

WWHDIU IPGIP

ISHDWS ´ QPPDPI IQGIP

INDICIA EUROLAND...... DECLIC ACTIONS INTER...... RWDIP

IWDVS IQHDPI IQGIP

IITTDHQ IQGIP

Fonds communs de placements ACTILION PRUDENCE C *.... IUUDUT INTENSYS C......

QQSHDIH IPGIP

SIHDUP ´ RHTDRQ IPGIP

INDICIA FRANCE...... DECLIC BOURSE PEA ...... TIDWT

IUDPR IIQDHW IQGIP

IIIPDSH IQGIP

´ ITWDTH INTENSYS D...... IISTUDHI IQGIP

BNP MONE ASSOCIATIONS . IUTQDQV ´ ACTILION PRUDENCE D * ... QTQDHI IQGIP

SSDQR ´ ´ IPPDPU IPGIP

INDOCAM AMERIQUE...... DECLIC BOURSE EQUILIBRE IVDTR

PSWDIH ITWWDSV IQGIP

IRRUDUT IQGIP

INTERLION...... PPHDUI KALEIS DYNAMISME C......

ISWDVT IQGIP PRDQU ´ IIRDRH IPGIP

INDOCAM ASIE ...... DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDRR

PSQDWH ITTSDRU IQGIP

UVHDQW IQGIP BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT IIVDWU KALEIS DYNAMISME D ......

IIPPDPI IQGIP IUIDHV LION ACTION EURO...... ´ PHSDUI IPGIP

INDOCAM MULTI OBLIG...... DECLIC PEA EUROPE ...... QIDQT

WSDPU TPRDWQ IQGIP

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29 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

SCIENCES Après ceux de la le- publics provenant principalement de BETTE, petite crucifère, est devenue menter les récoltes de colza. b LA core. Elle fournira des informations vure, de la mouche et de l’homme, le l’Union européenne, ce travail a né- un organisme modèle pour les bio- RECHERCHE POST-GÉNOMIQUE, qui sur les grandes fonctions végétales, génome d’une espèce végétale, Ara- cessité la collaboration, pendant technologistes. A partir de ses gènes, vise à définir dans les années à venir sur la manière dont les plantes et les bidopsis thaliana, a été entièrement cinq ans, d’une vingtaine de labora- on a déjà appris à mieux protéger le la fonction de tous ses gènes, ouvre animaux ont évolué. Et, peut-être, séquencé. b SOUTENU par des fonds toires internationaux. b L’ARA- blé, à faire mûrir les tomates, à aug- des perspectives plus grandes en- sur certaines maladies humaines. Les biologistes présentent le premier séquençage d’une espèce végétale Modeste parent de la moutarde, « Arabidopsis » vient de livrer les secrets de son patrimoine héréditaire. L’étude et l’utilisation des gènes de cette plante modèle permettront, entre autres, de créer des plantes transgéniques et de mieux maîtriser la croissance végétale LES SCIENTIFIQUES ont déjà vant être comparés de façon équi- certain gène dans cette plante loppent en leur absence nous en di- décrypté le génome complet de la table que si les expériences qui les anonyme, il est probable qu’ils ra plus long sur les diverses formes levure, d’un ver de terre, de la produisent sont menées sur un pourront appliquer leur nouveau que prend la vie. mouche du vinaigre, de plus de même organisme, la diversité de la savoir à beaucoup d’autres A contrario, certains gènes végé- trente bactéries et, presque intégra- vie rend les organismes modèles es- végétaux. taux sont si semblables à ceux des lement, de celui de l’homme. A sentiels à la recherche biologique. Les gènes qui contrôlent la libéra- animaux qu’ils peuvent aider la re- cette liste impressionnante s’ajoute Un modèle idéal doit être bon mar- tion des graines d’Arabidopsis, par cherche médicale. Un exemple : la à présent le premier végétal : publié ché, facile à cultiver ou à élever. De exemple, ont montré aux agri- maladie de Wilson, affection dégé- dans la revue Nature (datée du plus, il doit présenter des cycles de culteurs comment stopper la chute nérative héréditaire, est causée dans 14 décembre) et présenté, à vie très courts qui permettent de prématurée des cosses dans des l’espèce humaine par la mutation Bruxelles, mercredi 13 décembre, le mener des recherches sur plusieurs cultures comme le colza, ce qui leur d’un gène dont la fonction n’est pas séquençage d’Arabidopsis thaliana générations en quelques semaines. permet d’en sauver quelques mil- claire. Or, un gène très semblable, vient d’être achevé. Arabidopsis thaliana, ou « ara- lions de kilos par an. De même, les identifié chez la petite crucifère, est En quoi cette mauvaise herbe bette des dames », possède tous ces gènes qui font grossir les tomates impliqué dans la détection des hor- nous intéresse-t-elle ? Modeste critères – et d’autres encore. Adap- jusqu’à la cueillette ont été décou- mones. De quoi aider les chercheurs parent de la moutarde, Arabidopsis tée aussi bien aux climats froids du verts dans l’arabette. qui s’emploient à combattre cette est un organisme modèle : à partir nord de la Suède qu’au climat tropi- maladie. de ses gènes, les chercheurs ont ap- cal du Cap-Vert, son génome est RECHERCHE MÉDICALE La première année du siècle pris à mieux protéger le blé, à faire aussi l’un des plus petits de tous les Le génome de cette plante mo- s’ouvre donc sur un événement es-

mûrir les tomates, à augmenter les végétaux. Son ADN (acide désoxyri- U.M. / MARKS LAB. dèle a également d’autres implica- sentiel dans la génétique des végé- récoltes de colza. Avec le mode bonucléique), réparti en cinq chro- L’« arabette des dames » (« Arabidopsis thaliana » ) tions, qui vont bien au-delà de taux. Hasard des calendriers : la gé- d’emploi complet d’Arabidopsis, ce mosomes, sur lesquels est écrit l’in- est l’équivalent végétal de la souris chère aux généticiens. l’agriculture et de l’étude des végé- nétique moderne a commencé il y a savoir pourra être appliqué à un tégralité de son programme taux. Animaux et végétaux ont évo- très exactement cent ans, lorsque le grand nombre d’autres végétaux. génétique, contient « seulement » ment de l’Union européenne, et, choisi pour sa simplicité présumée, lué, pense-t-on, à partir d’un an- botaniste hollandais Hugo de Vries Les résultats de la science ne pou- 134 millions de paires de bases (A, pour une moindre part, des Etats- montre à quel point la génétique et cêtre commun, un organisme a vérifié les lois de l’hérédité. Avant C, G et T, les « lettres » fondatrices Unis et du Japon, la recherche a né- l’évolution des végétaux sont infini- unicellulaire qui vivait il y a plus de cela, en 1777, le botaniste et apothi- du code génétique). A titre de cessité la collaboration, pendant ment plus complexes qu’on ne le 1,6 million d’années. Chacun de ces caire britannique William Curtis comparaison, le génome du maïs en cinq ans, d’une vingtaine de labora- soupçonnait. deux règnes est ainsi parvenu, in- avait décrit Arabidopsis thaliana contient 2,5 milliards : presque au- toires internationaux. De l’avis de tous les experts, la dépendamment l’un de l’autre, à comme une plante « sans vertu ni tant que le génome humain (3 mil- Cette avancée scientifique, qui valeur essentielle du génome de former des organismes complexes usage particulier ». Aujourd’hui, elle liards). offre la perspective de multiples ap- cette petite herbe réside dans l’in- et à s’adapter à la vie terrestre. Les peut, à juste titre, se targuer d’être Au fil des années 1980, durant les- plications industrielles, a déjà livré formation qu’il fournira sur les mé- ressemblances et les différences la plus importante de toutes. le quelles la génétique moléculaire a quelques précieuses données fon- canismes biologiques d’élaboration entre le génome d’Arabidopsis et ce- commencé sa fulgurante ascension, damentales. L’une des plus surpre- d’une plante. L’imagination de la lui des animaux aideront donc à Christopher Surridge la petite crucifère est ainsi devenue nantes est la duplication du génome nature n’étant pas illimitée, on peut comprendre comment ont été fran- le modèle végétal le plus couram- d’Arabidopsis : moins de la moitié considérer ce modèle comme un chies ces deux grandes étapes de ૽ Page réalisée par les rédactions ment utilisé. Mais séquencer un or- de l’ADN de cette plante est unique, thème à partir duquel tous les l’évolution. Certains gènes, commu- du Monde, d’El Pais et de la revue ganisme de cette taille reste une le reste est copié au moins une fois autres végétaux construisent des nément rencontrés chez l’animal, scientifique internationale Nature. lourde tâche. Soutenue par des quelque part dans son génome. Une variations. Si les chercheurs réus- n’existent pas chez les végétaux. Sa- Traduction de l’anglais par Syl- fonds publics provenant principale- telle observation, dans un végétal sissent à décrypter l’action d’un voir comment les plantes se déve- vette Gleize. Le riz devrait être décrypté Entre production alimentaire et protection de l’environnement RÉSISTANCE aux maladies, cembre, de la séquence complète du respectivement été alloués, pour les mis en œuvre. Comme le précise à son tour d’ici à 2004 adaptation aux variations clima- génome, les chercheurs ont précisé trois ans à venir, des budgets de Serge Hamon, de l’Institut de re- tiques, synthèse de vitamines, de li- qu’environ 10 % des gènes avaient 2,7 millions et 8,5 millions d’euros. cherche pour le développement APRÈS le séquençage du génome cette année une première ébauche pides ou d’amidon : toutes ces acti- déjà été caractérisés. De nombreux Le premier a pour objet de préciser (IRD, Montpellier), « la transgenèse, d’Arabidopsis, certains spécialistes du séquençage de cette céréale. Elle vités végétales sont sous le contrôle autres, dont on soupçonne la fonc- le contenu en gènes de l’ADN sé- connue pour ses capacités à s’affran- des cultures céréalières appellent au a encore surpris en s’engageant à li- d’un certain nombre de gènes. tion, doivent encore être validés ex- quencé, grâce à une technique de chir – pour partie – des limites clas- séquençage d’« un vrai végétal ». Ce vrer à la recherche publique, par le Comprendre précisément leur rôle, périmentalement. Et la fonction de biologie moléculaire qui permet d’en siques imposées par les barrières re- n’est que dans quatre ans environ biais de l’IRGP, l’ensemble de ses décrypter leur mode d’action, puis 30 % d’entre eux reste complète- repérer les parties « codantes » productives, est devenu un outil-clé que celui du riz sera achevé. Après données, pourtant recueillies avec les manipuler pour les faire agir à ment inconnue. Une forte propor- (celles qui vont être traduites en pro- pour le contrôle de l’expression des l’intérêt devrait se porter sur les cé- difficulté. volonté dans les plantes de grande tion des gènes identifiés inter- téines par la machinerie cellulaire). gènes ». On assiste ainsi, progressi- réales que sont le maïs et le blé. Cette première ébauche de dé- culture : au-delà de la science fonda- viennent probablement dans les Le second, de loin le plus ambitieux vement, à l’émergence d’une nou- Mais ces végétaux – le blé, en parti- cryptage devrait épargner du temps mentale, tel est l’objectif essentiel du mécanismes de résistance des végé- au plan financier, réunit une tren- velle discipline, la génomique, qui in- culier – possèdent des génomes et de l’argent à l’IRGP, dont le bud- séquençage intégral du génome taux aux maladies et au stress. On taine de participants, et a pour cite à appréhender les problèmes de complexes, plus vastes que celui de get a été initialement fixé à 200 mil- d’Arabidopsis. conçoit donc leur importance, et les objectif l’analyse fonctionnelle sys- façon globale et non plus gène par l’homme. Public et privé rivalisent lions de dollars. Mais, dans cette af- Mais il ne suffit pas pour cela de raisons pour lesquelles ils intéressent tématique des facteurs de transcrip- gène. Cette approche a déjà permis de vitesse pour identifier et faire faire, Monsanto ne joue pas déterminer la nature des quelque les biotechnologies végétales. tion d’Arabidopsis. L’idée, en de beaux progrès dans l’analyse de breveter les gènes utiles de ces seulement les philanthropes. La so- 130 millions de bases qui se suc- d’autres termes, étant non plus de grandes fonctions, telles que la végétaux. ciété devrait en effet tirer profit des cèdent sur ses cinq chromosomes. L’ÉMERGENCE DE LA GÉNOMIQUE partir des gènes pour trouver les floraison ou les régulations Certains, pourtant, comme Ben- travaux de l’IRGP, qui précisera ses Ni même de placer et d’ordonner, Afin d’identifier les fonctions de protéines correspondantes, mais hormonales. jamin Burr (Brookhaven National résultats et comblera ses manques. dans cette séquence interminable, tous les gènes d’Arabidopsis, l’Union d’étudier des molécules intermé- De manière générale, les spécia- Laboratory, New York), qui parti- Une étape particulièrement délicate les 26 000 gènes constitutifs de son européenne a lancé deux nouveaux diaires entre gènes et protéines (des listes de l’« arabette des dames » cipe à l’International Rice Genome et redoutée des firmes privées, car programme biologique. Il faut sur- projets : « Exotic » (pour « Exon « ARN messagers », ou facteurs de n’ont pas attendu la fin du séquen- Project (IRGP), estiment qu’« il se- dévoreuse de temps. Philosophe, tout définir la fonction de ces gènes. trapping insert consortium ») et « Re- transcription) pour remonter grâce à çage pour explorer ce terrain, à la rait absurde, après le riz, de séquen- Benjamin Burr souligne que « Mon- Un passage obligé pour mieux gia » (pour « Regulatory gene initia- eux à l’ADN. croisée de la génétique et de la phy- cer le maïs et le blé ». Le décryptage santo en apprendra beaucoup plus comprendre le fonctionnement mé- tive in Arabidopsis »), auxquels ont D’autres outils sont également siologie. Certains traquent déjà les de ce seul génome devrait, selon lui, sur le génome du riz en le plaçant tabolique des plantes, leur interac- gènes impliqués dans la réponse fournir suffisamment d’informa- entre des mains officielles ». tion avec l’environnement, leurs mé- adaptative à la carence en phos- tions sur les mécanismes qui ré- canismes de résistance aux maladies Un troisième programme européen phate, d’autres étudient une famille gissent des cultures comme le maïs LES INTÉRÊTS LOCAUX et aux insectes. de gènes impliquée dans le transport pour rendre inutiles de nouveaux Ailleurs, les circonstances et les « Cette connaissance a une grande Aux axes de recherche post-génomique Exotic et Regia s’adjoint du fer. D’autres encore cultivent des séquençages. intérêts locaux dictent souvent aux importance pour l’humanité et pour un troisième projet, auquel 3 millions d’euros ont été attribués jus- mutants déficients dans le transport Avec à peu près 400 millions de chercheurs les végétaux à étudier. l’atteinte d’un meilleur équilibre entre qu’en 2003. « Ecco » (« European cell cycle consortium »), conçu de sulfate. Quand ils ne préfèrent paires de bases, le génome du riz Randy Shoemaker (Université la production alimentaire et la protec- comme les deux autres dans le cadre du programme européen pas étudier le stress salin et les mo- est quatre fois plus grand que celui d’Etat de l’Iowa), conduit des pro- tion de l’environnement », a déclaré « Qualité de la vie et gestion des ressources vivantes », vise spéci- difications biochimiques qui en ré- d’Arabidopsis, mais il reste réduit jets pour l’amélioration des cultures Mike Bevan (John Innes Centre, fiquement à étudier les gènes contrôlant la division des cellules vé- sultent, les gènes intervenant à la fin pour une graminée. Sa taille, « ma- de soja – en partie financés par les Norwich, Grande-Bretagne), l’un gétales. « L’enjeu, à terme, est de maîtriser la croissance de plantes de de l’embryogénèse, ou ceux de la nœuvrable », est l’une des raisons producteurs de la région – mais des principaux coordinateurs euro- grande culture dans des conditions qui ne sont pas optimales », résume croissance foliaire. pour lesquelles l’IRGP a été lancé il sans en espérer un séquençage péens du projet. Lors de la présenta- Miguel Freire, qui travaille sur ce projet pour le compte de Crop- y a deux ans pour le séquencer. complet. « Séquencer des systèmes tion à Bruxelles, mercredi 13 dé- design, société de biotechnologies basée à Versailles. Catherine Vincent L’autre tient de ce que le riz est la modèles coûte beaucoup moins cher, culture alimentaire la plus répandue et le soja n’est pas un modèle très in- dans le monde – un habitant de la téressant pour d’autres cultures », planète sur deux en dépend – et la déplore-t-il. D’autres chercheurs, demande va augmenter avec l’ac- ceux du National Centre for Plant croissement de la population Genome Research à New Delhi mondiale. (Inde), projettent le séquençage de L’IRGP, qui regroupe dix nations leur culture locale : le pois chiche. sous la direction de Takuji Sazaki, Pendant ce temps, Russel Kohel, ministre japonais de l’agriculture, du département américain de l’agri- de la pêche et de l’alimentation culture et de l’université A&M du (MAFF), est en train de décoder les Texas, travaille sur le coton. Il lui est douze chromosomes que compte difficile de trouver des finance- un plant de riz. « Nous sommes au- ments, car le coton n’est pas une jourd’hui très optimistes. Nous pen- culture alimentaire. « Nous ne son- sons que nous aurons terminé d’ici à geons même pas au séquençage, c’est la fin de 2004 », affirme Takuji Saza- beaucoup trop irréaliste », dit-il. Son ki. Cette opération est d’autant plus but : plutôt établir des comparai- importante que le riz est également sons avec le génome d’Arabidopsis. l’objet d’intenses recherches de la « On parle beaucoup du coton dans part des firmes privées, qui espèrent la presse, parce que les végétaux découvrir et stocker les gènes ca- transgéniques résistants au Bt et aux pables d’améliorer les récoltes. No- herbicides ont fait l’objet d’une véri- vartis et Du-Pont sont très impli- table ruée, mais nous sommes en fait quées, et Monsanto a pris au très loin derrière d’autres cultures. » dépourvu nombre de chercheurs en annonçant qu’elle avait achevé David Adam LeMonde Job: WMQ1512--0030-0 WAS LMQ1512-30 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 21Fap: 100 No: 0276 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 AUJOURD’HUI Lance Armstrong envisage Les clubs français pourraient écarter plusieurs joueurs un forfait pour le Tour de France IRRITÉ par l’enquête judiciaire ouverte en France sur son équipe, étrangers par crainte d’une fraude aux faux passeports US Postal, le coureur cycliste Lance Armstrong a menacé, mercredi 13 décembre, de ne pas participer au prochain Tour de France. Le double vainqueur de l’épreuve (1999, 2000) écrit sur son site Internet : « Je voudrais rappeler que nous sommes totalement innocents. Nous Le même agent s’occupait des Brésiliens Dida (Milan AC, mis en examen en Italie) et Alex (Saint-Etienne) sommes une équipe professionnelle propre qui est victime de son suc- cès. » Sa formation est soupçonnée d’avoir consommé de l’Actovegin, L’affaire des footballeurs possédant deux passe- mentaire. Le président de la Ligue nationale de prendre des « dispositions sportives conserva- un médicament constitué à partir de sang de veau. « Ce que je peux ports, dont un est issu d’un pays de l’Union eu- football, Gérard Bourgoin, a envoyé une lettre toires » à l’encontre des joueurs qui feraient dire, c’est que l’activo-machin est quelque chose de nouveau pour nous. ropéenne, connaît un rebondissement supplé- aux présidents des 38 clubs de D1 et de D2 de l’objet de « doutes sérieux ». Avant cela, je n’en avais jamais entendu parler et mes coéquipiers non plus », écrit Lance Armstrong. LE FOOTBALL français est-il à certains de leurs salariés étrangers, tère de l’intérieur. Son directeur gé- dit-on, s’avéra plus bavard. A tel l’aube d’une crise sans précédent ? dans la crainte de voir apparaître des néral, Gérard Enault, a rencontré, point que les dirigeants stéphanois DÉPÊCHES L’affaire des joueurs professionnels réclamations sur les feuilles de mardi 12 décembre, des membres du ne sont pas loin de penser, au- a FOOTBALL : après trois matches en retard, joués mercredi 13 dé- possédant deux passeports (dont l’un match, dès la prochaine journée de cabinet de Daniel Vaillant. Une nou- jourd’hui, qu’Alex et Levystsky ont cembre, Lille, vainqueur du Paris SG (2-0), occupe la 3e place du émis par un pays de l’UE autre que la championnat, samedi 16 décembre. velle réunion est prévue vendredi été naturalisés dans des conditions classement de la division 1, à égalité avec Sedan et Nantes, qui s’est France ; Cette affaire, qui n’en est sans 15 décembre, place Beauvau, afin de douteuses. incliné à Bastia (3-1). Lille n’est plus qu’à un point du leader Bor- Le Monde du doute qu’à ses premiers soubresauts, mettre en place ce qui pourrait être La découverte d’une information deaux, et le PSG est 9e. Lyon s’est imposé face à Toulouse (4-1) et se 9 décembre), avait débuté avec la révélation, un « plan d’action » destiné à au- supplémentaire les a confortés dans classe 5e, avec le même nombre de points que Bastia. n’en finit pas fin novembre, de l’existence du faux thentifier les passeports européens cette idée : la société d’intermédaires a Le tirage au sort des huitièmes de finale de la Coupe d’Europe d’inquiéter et passeport italien de l’ancien meneur des 78 joueurs concernés. Daniel Systema, sise à Rio de Janeiro, qui re- de l’UEFA a été effectué mercredi : Bordeaux rencontrera le Rayo de mobiliser de jeu du RC Strasbourg, l’Argentin Vaillant a discuté du sujet avec son présentait Alex lorsque celui-ci a été Vallecano de Madrid et Nantes le FC Porto. Matches aller – en Es- tout ce que la Diego Garay. L’histoire avait ensuite homologue de la jeunesse et des transféré à Saint-Etienne, a parmi ses pagne et au Portugal – le 15 février, et retour le 22 février. discipline trouvé un prolongement rocambo- sports, Marie-George Buffet, mercre- clients le gardien de but du Milan AC, a BASKET : en Suproligue, Villeurbanne a battu (88-78) le club compte de diri- lesque lorsque des dirigeants du Tou- di matin à la sortie du conseil des mi- Nelson De Jesus Silva, dit Dida. Or, croate de Split, mercredi 13 décembre, et pris la tête du groupe A. geants et de responsables. Mercredi louse FC avaient dévoilé, le 2 dé- nistres. Juste avant d’envoyer sa ce dernier a été mis en examen, lundi a RUGBY : les clubs professionnels anglais, français, gallois et ita- 13 décembre, Gérard Bourgoin, le cembre, le curieux changement de lettre aux 38 clubs professionnels de 4 décembre, par la justice italienne liens ont créé, mercredi 13 décembre à Lyon, l’Association euro- président de la Ligue nationale de nationalité de deux joueurs de D1 et de D2, Gérard Bourgoin a or- pour usage d’un faux passeport por- péenne des clubs de rugby professionnels, pour « peser sur les ins- football (LNF), a envoyé aux 18 clubs l’AS Saint-Etienne en cours de sai- ganisé une « conférence télépho- tugais. Les coordonnées de la société tances décisionnaires » en matière de compétitions et de calendriers. de division 1 et aux 20 clubs de D2 son : le gardien de but ukrainien nique » avec les membres du bureau Systema, et de son dirigeant Edino a LOTO : résultats des tirages no 100 effectués mercredi 13 dé- une lettre leur demandant de Maxim Levytsky, devenu citoyen de la LNF dans le but de parvenir à Filho, ont été données au juge d’ins- cembre. Premier tirage : 4, 21, 24, 25, 29, 44 ; numéro complémen- prendre « des dispositions sportives grec, et l’attaquant Alex, arrivé chez une position commune. truction Jacques Chauvot, en charge taire : 48. Rapports pour 6 numéros : 3 029 955 F (461 913 ¤) ; 5 numé- conservatoires » à l’encontre des les Verts en tant que brésilien, avant de l’affaire, ainsi que l’identité de ros et complémentaire : 203 630 F (31 043 ¤) ; 5 numéros : 5 505 F joueurs vis-à-vis desquels ils émet- d’opter pour la nationalité portu- LES VERTS ENQUÊTENT l’agent personnel de Maxim Levystky (839 ¤) ; 4 numéros et complémentaire : 292 F (44,51 ¤) ; 4 numéros : traient des « doutes sérieux » quant à gaise, puis de redevenir brésilien. Alain Bompard, le président de (le Russe Konstantin Sarsaniya). 146 F (22,25 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : 30 F (4,57¤) ; 3 numé- l’authenticité de leur passeport. Après avoir demandé conseil à la l’AS Saint-Etienne, pourtant 3e vice- L’avocat de l’AS Saint-Etienne, ros : 15 F (2,28 ¤). Second tirage : 2, 7, 27, 32, 34, 47 ; numéro complé- Chaque club se voit rappeler la liste direction générale des douanes et au président de la Ligue, n’a pas partici- Me André Soulier, avait en outre l’in- mentaire : 36 . Rapports pour 6 numéros : 6 506 955 F (991 978 ¤); de ses joueurs titulaires d’un titre de ministère des affaires étrangères, la pé, volontairement, à cette dis- tention, jeudi 14 décembre, d’ajouter 5 numéros et complémentaire : 124 275 F (18 945 ¤) ; 5 numéros : footballeur « communautaire ». Sans Fédération française de football cussion. En décidant de porter au dossier la liste des 78 joueurs 5 170 F (788 ¤) ; 4 numéros et complémentaire : 258 F (39,33 ¤) ; 4 nu- le dire explicitement, cette lettre re- (FFF), l’organisme de tutelle de la plainte contre X... et de se constituer étrangers du championnat de France méros : 129 F (19,66 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : 28 F (4,26 ¤); commande aux clubs professionnels LNF, s’est finalement dirigée vers la partie civile, le club du Forez a lancé possédant deux nationalités, publiée 3 numéros : 14 F (2,13 ¤). de laisser provisoirement au repos seule autorité compétente, le minis- un joli pavé dans la mare du football mercredi par L’Est républicain. S’il de- professionnel qui craint désormais vait s’avérer qu’ils ont fait évoluer des que d’autres enquêtes judiciaires footballeurs dotés de faux passe- soient diligentées dans les prochains ports, les Verts n’ont pas l’intention mois. Car l’ASSE a de moins en de « tomber seuls », comme le confie moins de certitudes sur la validité des un dirigeant stéphanois. Cette pers- passeports de ses deux joueurs. pective de voir plusieurs équipes mê- Le club a en effet mené sa propre lées à des affaires similaires effraie au enquête. Il a fait « vérifier » les pa- plus haut point la famille du football piers de Maxim Levystky et d’Alex à et même bien au-delà. « Il faut tout trois reprises – entre le 27 septembre imaginer et notamment l’hypothèse où et le 4 décembre – par un officier de plusieurs clubs demandraient d’invali- police de Saint-Etienne. Les deux der les résultats du championnat de premiers contrôles n’ont rien donné. France parce que certaines équipes ont Ils consistaient en un examen à la joué avec des joueurs possédant des lampe ultra-violet puis en un recou- faux passeports. Ce serait un pataquès pement avec la liste des passeports énorme », s’inquiète-t-on au minis- volés dans l’espace de Schengen. Le tère de la jeunesse et des sports. troisième contrôle, en revanche, « bien plus poussé techniquement » Frédéric Potet Les tribulations d’Issiaga Condé, sans-papiers du football TOULOUSE sade délivre à Issiaga un visa non de notre envoyé spécial professionnel ne l’autorisant pas à Issiaga Condé ne rentrera pas en travailler en France. Qu’importe ! Dès Guinée par le vol Paris-Conakry. L’ar- son arrivée, les dirigeants de Nîmes rêté de reconduction à la frontière vi- s’emparent du document afin de ré- sant ce jeune footballeur, signé mer- gulariser cette situation. Les semaines credi 29 novembre par le préfet de la défilent, Issiaga dispute des matches Haute-Garonne, a été annulé lundi de CFA (championnat de france ama- 4 décembre par le tribunal adminis- teur). Arrive le 17 avril 1999, date tratif. Issiaga Condé, dix-neuf ans, bé- d’expiration de son visa. Ni lui ni le néficie désormais d’un titre de séjour Nîmes olympique, qui détient tou- de trois mois et le représentant de jours son passeport, ne s’en in- l’Etat à Toulouse dispose d’un mois quiètent. Quelques semaines plus pour décider de faire appel de cette tard – fin mai ou début juin, Issiaga décision. ne se souvient plus –, les dirigeants Le 17 janvier 1999, Issiaga Condé lui signifient son congé. Le club lui débarque à l’aéroport de Marseille- verse la somme de 3 600 francs pour Marignane, porteur d’un visa de tou- l’achat de son billet retour et lui rend risme valable 90 jours à compter de son passeport avec le visa expiré. sa date d’entrée en Europe commu- Orphelin depuis l’âge de six ans, Is- nautaire. Dès sa descente d’avion, il siaga a un oncle à Toulouse. Là, est pris en charge par Pierre Mosca, commence sa nouvelle vie de sans- directeur technique du Nîmes olym- papier qui ne l’empêche pas de dé- pique, qui lui a fait signer deux mois crocher une licence au club de foot- plus tôt un contrat d’aspirant footbal- ball de Toulouse-Fontaines. Mais le leur au sein du club gardois. Nourri et 28 novembre 2000, au hasard d’un logé par le centre de formation du contrôle, Issiaga est interpellé et club, Issiaga (dix-sept ans à cette conduit en centre de rétention. époque) touchera en plus un salaire Selon le ministère de la jeunesse et mensuel net de 1 200 francs environ. des sports, qui est intervenu en sa fa- veur auprès du ministère de l’inté- PLUSIEURS SÉLECTIONS rieur, il existe des dizaines d’Issiaga Le rêve pour ce prodige africain de Condé dans le football français. Re- l’Asfag Konakry, une des équipes crutés aux limites de la loi mais au phares du championnat guinéen. Sé- meilleur prix, le plus souvent en lectionné à plusieurs reprises avec les Afrique, alors qu’ils sont mineurs et juniors nationaux alors qu’il avait pleins d’illusions, ils sont ensuite « re- tout juste seize ans, il a été re- merciés » sans autre forme de pro- commandé aux Nîmes olympique cès. par un de ses joueurs professionnels également d’origine guinéenne, Bra- Yves Bordenave him Zaidan. Invité durant près d’un mois dans la cité languedocienne, entre octobre et novembre 1998, Issiaga a passé avec succès les tests d’admission. A l’issue de cette période d’essai, il est retourné à Conakry, le temps pour lui et son futur club de compléter le dos- sier nécessaire à sa venue en France. Le contrat homologué par la Ligue nationale de football et le certificat international de transfert visé par la Fédération internationale de football (FIFA) sont faxés à l’ambassade de France à Conakry par le Nîmes Olympique le 24 décembre 1998. Mais, début janvier 1999, l’ambas- LeMonde Job: WMQ1512--0032-0 WAS LMQ1512-32 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 09:04 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 21Fap: 100 No: 0277 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 AUJOURD’HUI-MODES DE VIE « Qui veut gagner des millions ? » symbole de la croissance retrouvée Quatre mois après le lancement de l’émission télévisée à succès, le jeu de société éponyme est lancé sur le marché français. Exploitation d’un phénomène qui s’appuie sur la reprise économique et la mondialisation en marche

« QUI veut gagner des mil- coup, le jeu est souvent énervant lions ? » A la question de TF 1, la pour les détenteurs d’une culture réponse ne s’est pas fait attendre. classique, incapables de répondre Les Français ont répondu présent à des questions « idiotes ». Ainsi dès les premières diffusions (en l’agrégé, le médecin, le journaliste juillet dernier) de ce jeu à la méca- ou l’avocat chuteront à nique de haute précision. Des 40 000 francs, faute d’être ca- questions, des réponses, une mise pables de répondre à la question en scène « hitchcockienne », un « Un croque-monsieur surmonté présentateur connu et rassurant, d’un œuf sur le plat est un... des gains à faire rêver... L’au- A. Croque-mitaine, B. Croque-ma- dience a battu des records, réunis- dame, C. Croque-mort ou D. Cro- sant six millions de télespecta- quembouche ? » De là à réputer teurs en « avant-soirée », avec des l’émission « débile » ou « cré- pointes à huit millions en prime tine », il n’y a qu’un pas d’autant time. Du jamais vu. plus vite franchi qu’il est agaçant Un succès planétaire. Adapté du de caler sur une question « facile » jeu anglais « Who wants to be a lorsque l’on est capable de ré- millionnaire ? », « Qui veut gagner gner des millions ? ». « A l’époque, tion, « Qui veut gagner des mil- pondre à celles qui ressortissent des millions ? » est aujourd’hui la France n’était pas prête. En lions ?» rencontre dans tous les de la culture académique et/ou lé- diffusé dans plus de quatre-vingts période de crise économique et de pays un public large. Les enfants gitime. pays. Partout le même décor, la chômage, les gains pouvaient appa- se laissent accrocher, dès les pre- Pour autant, ce quizz d’un genre même dramaturgie. Hormis les raître comme une provocation obs- mières questions, par des codes nouveau n’a pas que des vertus. questions et l’animateur, le jeu est cène, explique-t-il. Comme nous vi- (ambiance et musique) qui re- Le sociologue Paul Yonnet (voir ci- reproduit à l’identique d’un pays à vons de la publicité, nous savons où lèvent généralement de la fiction. dessous) souligne qu’il privilégie l’autre. Garante de cette uniformi- en est la France économiquement et Les adultes s’identifient aux candi- un « conformisme social » d’adap- té : la charte dictée par le créateur socialement. Un an plus tard, j’ai dats, les couples s’encouragent tation aux informations diffusées du jeu, Paul Smith, qui spécifie les noté ainsi qu’une certaine dé- mutuellement à participer « en par les médias de masse. « On vé- moindres détails, la lumière contraction vis-à-vis de l’argent vrai » à l’émission. « Qui veut ga- rifie que les gens ont bien été à sombre, la musique sourde, les s’était accélérée. Alors, j’ai dit gner des millions ? » réunit la fa- l’écoute de la radio et de la télé, temps de silence. Tout, jusqu’au oui. » mille sur un concept simple et uni- qu’ils ont retenu les contenus de ce nombre de diffusions (avec des ar- En 2000, la nouvelle économie versel : « C’est un quizz, une sorte bain sonore et d’images dans le- rêts momentanés, pour créer le et l’enracinement de la reprise ont de quitte ou double, remarque quel, selon l’Insee, nous trempons manque), et même la couleur du installé un nouvel état d’esprit ; Guillaume de Vergès. Ce principe 6 heures et demie par jour, soit la costume du présentateur. l’argent facile n’est plus sujet ta- est transgénérationnel et transver- moitié du temps d’éveil d’un Voilà le jeu télévisé aujourd’hui bou. Au contraire, les start-up sal. Il perdure dans le temps et dans adulte. » Décidément moderne, décliné en jeu de société. Déjà sont montrées en exemple, avec tous les pays. » « Qui veut gagner des millions ?» sorti en Angleterre puis aux Etats- leurs chefs d’entreprise devenus n’est pas seulement l’émission Unis, il se vend comme des petits millionnaires en quelques mois. CAPITAL CULTUREL emblématique de la croissance pains. Sur le marché français de- S’exhiber sur le plateau de TF 1 en Là où le « Jeu des mille francs » économique retrouvée et de la puis le 5 décembre, les distribu- compagnie de Jean-Pierre Fou- (1 000 francs ! une pure misère) ou globalisation, mais aussi d’une teurs ont déjà demandé à être cault et repartir avec même le plus récent « Questions culture médiatique à laquelle plus réapprovisionnés (voir ci-dessous). 300 000 francs ou 4 millions vite pour un champion » font appel à personne n’aurait le droit Gagner beaucoup d’argent faci- gagnés ne paraît pas plus immoral l’érudition, à un capital culturel d’échapper sauf à renoncer à de- lement pourrait fournir un argu- que de spéculer sur les hoquets classique – celui diffusé par l’école venir riche. Sans doute une véri- ment suffisant pour expliquer ce boursiers du CAC 40. Ne dit-on républicaine –, « Qui veut gagner table folie dans un monde qui fait succès. Il n’a pourtant pas pas un peu partout que la fortune des millions ? » donne de la légiti- de l’argent l’indiscutable trébu- convaincu immédiatement Guil- sourit aux audacieux et que les mité à la culture populaire, celle chet auquel se calculent la valeur laume de Vergès, directeur de profits du jeu valent bien ceux du de l’information rapide et des sa- et le mérite personnels. l’antenne de TF 1, qui, en 1998, a labeur ? voirs empiriques, généralement refusé de diffuser « Qui veut ga- Jeu du new age de la mondialisa- méprisée par les « élites ». Du V. Ca. et M. Cy Jeu télé, jeu de société : le doublé gagnant APRÈS le jeu télévisé, le jeu de parties familiales ou amicales. une publicité qui surfe sur la poly Pokémon ou le Scrabble du société : « Qui veut gagner des Mis en vente début décembre, réussite du jeu télé : « Entraînez- millenium », remarque Marie Al- millions ? » ne pouvait pas rester les cent mille premiers exem- vous chez vous à gagner des mil- land, directrice de clientèle de sans produit dérivé, tout comme, plaires ne seraient pas loin d’être lions. » NPD, une entreprise américaine avant lui, « Des chiffres et des écoulés à la mi-décembre. Rien « Une des difficultés du jeu de d’études de marché. Il est vrai que lettres » ou « Questions pour un d’étonnant à cela, lorsque l’on société était de poser des questions les jeux dits « de plateau » se sont champion ». Produit par Lansay, sait qu’aux Etats-Unis entre trois qui ne l’avaient pas été à la télé et peu renouvelés : le Trivial Pursuit le coffret – qui coûte 399 francs et six millions d’exemplaires d’un qui, bien sûr, ne le seront pas a quinze ans, le Pictionnary, dix. (60,83 ¤) – se veut une réplique fi- coffret analogue auraient déjà été après », explique Hubert Taieb, Pourtant les jeux de société ont dèle de l’émission télé. Neuf cent vendus et que le nouveau jeu a directeur de TF 1 Licence, qui dé- encore de beaux jours devant quatre-vingts cartes comportant été premier au hit-parade des veloppe les produits dérivés de la eux. En 1999, le Scrabble a enre- au recto une question et quatre jeux de société en 1999. Même chaîne. Lansay a dû mettre les gistré un chiffre d’affaires de réponses possibles, affichent la succès en Grande-Bretagne bouchées doubles, pour produire 61 millions de francs, devant les réponse au verso. Elles s’insèrent (1,2 million d’exemplaires), aux- le coffret avant Noël. différentes variantes de Monopo- dans un présentoir en plastique quels s’ajoutent trois cent mille ly (49 millions) et un nouveau ve- noir qui reproduit celui que l’on coffrets dans la version junior ÉDITIONS SPÉCIALES nu, peu onéreux, Uno. Celui-ci a voit à l’écran. Pour compléter qui, en France, ne sera disponible C’est en effet dans la période d’ailleurs dépassé les deux précé- l’ensemble, vingt cartes per- qu’en septembre 2001. Pour Ka- qui précède les fêtes de fin d’an- dents pour le nombre d’exem- mettent l’appel à un ami et une ren Azoulay, directrice de la née que les fabricants de jeux réa- plaires vendus, cinq cent mille, monnaie de singe, style Monopo- communication de Lansay, le suc- lisent 60 % de leur chiffre d’af- contre quatre cent mille pour le ly, récompense les gagnants des cès ne fait aucun doute, grâce à faires. Certes, les quizz, ces jeux à Scrabble et trois cent vingt mille base de questions dont le modèle pour le Monopoly. reste le Trivial Pursuit, comme les Avec Qui veut gagner des mil- Est-ce selon vous une des rai- jeux de plateau, type Monopoly, lions ?, Lansay espère bien relan- TROIS QUESTIONS À... 2 sons pour lesquelles ce jeu est accusent la concurrence des jeux cer le genre. souvent taxé de « débilité » ? électroniques. « Ils tiennent grâce PAUL YONNET On est en face d’un jeu typique- à des éditions spéciales, le Mono- V. Ca. et M. Cy ment démocratique. Il énerve parce Vous êtes sociologue et auteur qu’il souligne les critères de classes, 1 de Jeux, modes et masses et ou de milieux sociaux. D’autant Loisir, travail (Gallimard). Qu’est- plus que les gens dits « cultivés » ne ce qui, selon vous, différencie savent pas toujours répondre, tout « Qui veut gagner des millions ? » en disant que c’est un jeu idiot. des autres jeux télévisés ? La plupart des jeux télévisés ou « Qui veut gagner des mil- radiophoniques – « Questions 3 lions ? » promet aussi une pour un champion », le « Jeu des somme très importante pour des mille francs »... – sélectionnent questions dites « faciles ». N’est-ce les gens sur l’excellence. Ce sont pas aussi cela qui agace ? des personnes hors du commun Il faut être méfiant sur ce point. qui s’y présentent. Les télespec- Les candidats viennent avec des ob- tateurs ou les auditeurs sont jectifs de gains qu’ils ont identifiés dans un rapport d’admiration comme des paliers possibles compte face à ces candidats. Dans « Qui tenu de leur niveau de connais- veut gagner des millions ? », les sances. Souvent, ils abandonnent en candidats sont sélectionnés sur cours de route et on les dit frileux. leur faculté d’adéquation à une Mais 100 000 francs, c’est un an et information moyenne. On vérifie demi d’un salaire net d’ouvrier ! par le questionnaire leur confor- L’objectif n’est pas d’atteindre les mité sociale. On alterne donc une 4 millions. Il y a, au fond, un usage question de culture encyclopé- raisonné d’une proposition hyper- dique, comme le classement médiatisée. Les participants ont chronologique de présidents des compris ce qu’ils pouvaient gagner. Etats-Unis, et une question plus Ils ne veulent pas se suicider sociale- proche de la culture populaire ment, mais simplement s’offrir un (le classement des cartes ga- plus. gnantes à la belote, par exemple). Les spectateurs ne sont Propos recueillis par plus dans l’admiration mais dans Véronique Cauhapé l’identification. et Marc Coutty LeMonde Job: WMQ1512--0033-0 WAS LMQ1512-33 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 21Fap: 100 No: 0278 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 33 ------(Publicité) Nuages et averses 15 DECEMBRE 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. La dépression cen- 500 mètres. Il fera de 6 à 7 degrés. vers 12h00 trée sur le nord de l’Europe dirige Poitou-Charentes, Aquitaine, un flux de nord-ouest dans lequel Midi-Pyrénées. – Malgré quelques Peu circule de l’air frais et instable. rayons de soleil, les nuages seront Belfast nuageux Malgré quelques apparitions du très nombreux et des averses se Liverpool Dublin soleil, les nuages seront très nom- produiront. Celles-ci seront fré- Varsovie Kiev breux et des averses se produiront. quentes sur les régions côtières. Il Amsterdam Berlin Brèves Il neigera en basse altitude sur le neigera au-dessus de 900 mètres éclaircies relief. Les températures seront en sur les Pyrénées. Il fera de 9 à 11 Londres 50 o Bruxelles baisse. degrés. Prague Bretagne, pays de la Loire, Limousin, Auvergne, Rhône- Couvert Basse-Normandie. – Le ciel sera Alpes. – Le ciel sera souvent très- Paris Strasbourg Vienne Budapest très nuageux. Le vent de nord- nuageux et des averses se produi- Brume ouest assez fort en début de jour- ront. Celles-ci seront plusnom- Nantes Berne brouillard née faiblira rapidement. Il fera de breuses sur le relief. Il neigera Bucarest 8 à 10 degrés. au-dessus de 600 ou 700 mètres Lyon Milan Belgrade Nord-Picardie, Ile-de-France, sur le Massif Central et les Alpes. Il Sofia Averses Centre, Haute-Normandie,Ar- fera de 6 à 9 degrés. Toulouse Istanbul Les nuages seront pré- dennes. – Languedoc-Roussillon, Pro- Pluie sents toute la journée. Des averses vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Rome se déclencheront et un orage n’est – En Corse, les nuages seront Barcelone Naples pas à exclure. Il fera de 7 à 9 de- nombreux et quelques averses se 40 o Madrid grés. produiront. Sur les autres régions, Lisbonne Athènes Orages Champagne, Lorraine, Alsace, nuages et belles éclaircies se par- Bourgogne, Franche-Comté. – La tageront le ciel. La Tramontane et Séville journée sera maussade avec un ciel le vent d’ouest sur les côtes corses Tunis Neige très chargé accompagné d’averses. et varoises souffleront jusqu’à 80 Alger Sur le Morvan, les Vosges et le Ju- ou 100 km/h en rafales. Il fera de 11 ra, il neigera au-dessus de 400 ou à 15 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 15 DECEMBRE 2000 PAPEETE 24/29 P KIEV 2/4 C VENISE 4/10 C LE CAIRE 13/21 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 22/29 S LISBONNE 8/12 S VIENNE 3/6 P NAIROBI 17/28 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 24/30 S LIVERPOOL 3/7 S AMÉRIQUES PRETORIA 18/28 S EUROPE LONDRES 2/5 S BRASILIA 20/25 P RABAT 9/17 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 6/7 P LUXEMBOURG 1/5 C BUENOS AIR. 13/23 C TUNIS 12/20 S FRANCE métropole NANCY 3/7 P ATHENES 12/19 S MADRID 2/9 S CARACAS 22/26 C ASIE-OCÉANIE AJACCIO 7/14 N NANTES 3/8 N BARCELONE 5/12 S MILAN 5/11 S CHICAGO -14/-4 S BANGKOK 24/33 S BIARRITZ 8/10 P NICE 7/13 N BELFAST 1/3 S MOSCOU -2/1 C LIMA 16/21 C BEYROUTH 15/19 S BORDEAUX 5/10 P PARIS 5/7 P BELGRADE 6/17 C MUNICH 1/6 C LOS ANGELES 11/16 S BOMBAY 18/33 S BOURGES 3/6 N PAU 5/9 P BERLIN 2/5 C NAPLES 14/18 S MEXICO 6/21 S DJAKARTA 27/29 C BREST 7/9 N PERPIGNAN 6/11 S BERNE -1/5 C OSLO -1/5 P MONTREAL -14/-7 S DUBAI 16/20 P CAEN 6/9 P RENNES 2/8 N BRUXELLES 4/6 C PALMA DE M. 4/13 S NEW YORK 1/4 S HANOI 14/24 S CHERBOURG 6/7 N ST-ETIENNE 4/7 * BUCAREST 0/10 C PRAGUE 2/5 C SAN FRANCIS. 11/13 S HONGKONG 15/22 S CLERMONT-F. 4/8 N STRASBOURG 3/8 P BUDAPEST 3/7 P ROME 10/18 S SANTIAGO/CHI 9/24 S JERUSALEM 11/19 S DIJON 2/6 P TOULOUSE 7/10 P COPENHAGUE 5/6 P SEVILLE 4/13 S TORONTO -8/-2 S NEW DEHLI 10/27 S GRENOBLE -4/4 C TOURS 3/7 N DUBLIN 1/5 S SOFIA 5/11 S WASHINGTON 0/4 C PEKIN -5/2 S LILLE 3/6 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 3/6 P ST-PETERSB. 2/4 C AFRIQUE SEOUL 4/8 S LIMOGES 2/6 P CAYENNE 23/30 S GENEVE 3/8 C STOCKHOLM 4/7 C ALGER 7/21 S SINGAPOUR 25/30 C LYON 2/8 N FORT-DE-FR. 23/27 P HELSINKI 3/6 C TENERIFE 12/16 S DAKAR 22/29 C SYDNEY 20/24 S MARSEILLE 7/12 N NOUMEA 21/26 S ISTANBUL 10/14 S VARSOVIE 2/6 P KINSHASA 22/30 S TOKYO 6/12 S Situation le 14 décembre à 0 heure TU Prévisions pour le 16 décembre à 0 heure TU VENTES Le vingtième siècle en photos

ANCIENNE, moderne ou contem- perles (25 000 à 35 000 francs, 3 810 à épreuves pour lui-même et ses amis. Plus générale, la seconde vente Cartier-Bresson (né en 1908) laisse (1923-1999), qui commence à travail- poraine, la photographie est deve- 5 336 ¤). Toutes ces épreuves, qui Les plus chères sont celles où il se comprend les œuvres d’artistes ré- des images sur la guerre d’Espagne, ler après la deuxième guerre mon- nue un marché très actif, ponctué proviennent de la collection réunie livre à des essais de tirages à tonalité putés et des tirages anonymes du la Chine, l’Inde ou l’Union soviétique diale, fait aussi partie des photo- par des ventes de plus en plus fré- par Renée Perle, sont des tirages bleue, rose ou lilas, qui témoignent début du siècle. Dans cette gamme, qui sont considérées comme des do- graphes cotés : « Paris, péniche, quentes. Les deux prochaines auront « vintage », c’est-à-dire réalisés à de la recherche vers la couleur : une suite de sept épreuves sur Paris cuments historiques. Y est égale- 1989 » (12 000 à 15 000 francs, 1 829 à lieu à Paris, mardi 19 et jeudi 21 dé- l’époque où les images ont été « Renée à Paris », tirage bleuté (Panthéon, Champs-Elysées, Grands ment proposé un portrait d’Indira 2 287 ¤), « Inde, Madras, 1960 » cembre. prises. Ils se révèlent très rares sur le (40 000 à 50 000 francs, 6 100 à Boulevards, etc.), exécutées vers Gandhi, vers 1948, dans son tirage (10 000 à 12 000 francs, 1 524 à Celle du 21 aura pour cadre l’Hôtel marché puisque Lartigue, peintre de 7 622 ¤), « Nature morte », tirage 1900, est estimée de 800 à « vintage » (5 000 à 6 000 francs, 760 1 829 ¤), « Jardin des Tuileries, 1948 » George-V, où l’étude Tajan organise métier, se considérait comme un bleuté (80 000 à 100 000 francs, 1 000 francs (120 à 150 ¤). à 915 ¤). (5 000 à 6 000 francs, 760 à 915 ¤). à nouveau des vacations de prestige. photographe amateur et tirait ses 12 195 à 15 244 ¤). Du côté des noms connus, Henri Le Français Edouard Boubat Parmi les œuvres les plus récentes Elle est consacrée à Renée Perle, une de cet ensemble se trouve une photo des muses du photographe Jacques- de Roman Slocombe, un artiste fas- Henri Lartigue (1894-1986). Entre Adjudication décor d’arcatures, 3 525 francs, 538 ¤. cambrés, 78 000 francs, 11 891 ¤. Calendrier ciné par le Japon qui est aussi illus- 1930 et 1932, il réalise de multiples b Armoire à glace néo-gothique en b Table basse à plateau laqué en trateur et auteur de romans policiers portraits d’elle, qui constituent au- Résultats de la vente du samedi chêne sculpté, sommet en ogive, feuille d’or, piétinement en bois noirci, ANTIQUITÉS-BROCANTE (Un été japonais, Série noire/Galli- jourd’hui des documents à mi-che- 9 décembre à Monaco, de mobilier 3 525 francs, 538 ¤. chaussée de sabots en bronze doré, b Paris, parc Montsouris, mard, paru en novembre dernier). Il min entre la sociologie et la photo néo-gothique (Le Monde du b Lit néo-gothique en chêne et 98 000 francs, 14 940 ¤. du vendredi 15 au dimanche met en scène des Japonaises dans de mode. 8 décembre). placage de chêne, tête de lit ornée de b Salon comprenant un canapé et 24 décembre, des compositions où transparaît tou- Ancien mannequin du couturier b Armure miniature dans une niche doubles ogives, 1 175 francs, 179 ¤. une paire de fauteuils, accotoir en tél. : 01-45-89-32-07. jours un érotisme un peu sulfureux Dœillet, Renée Perle est une jeune à décor d’architecture gothique, b Garniture de cheminée manchette plate de bois vernis noir, b Vivoin (Sarthe), samedi 16 (2 000 à 2 500 francs, 305 à 380 ¤). femme élégante, qui pose avec une hauteur 77 cm, 25 850 francs, 3 940 ¤. comprenant une pendule et une paire pieds à sabots, 160 000 francs, et dimanche 17 décembre, grâce mêlée de complaisance devant b Paire de chaises néo-gothiques en de candélabres en bronze doré à 24 391 ¤. tél. : 02-43-86-66-25. Catherine Bedel l’objectif de son mentor. Dans une chêne sculpté et doré à décor de décor à la cathédrale, époque b Bergère basse à dossier à oreilles, b Paris, place de la Nation, atmosphère de vacances perpétuelle, rosaces et éléments architecturaux Louis-Philippe, 25 850 francs, 3 940 ¤. accotoir galbé laqué noir, pieds à samedi 16 et dimanche ૽ Collection Renée Perle, Hôtel Renée se laisse admirer à Antibes, gothiques, 3 525 francs, 538 ¤. sabots en bronze doré, 20 000 francs, 17 décembre, George-V, jeudi 21 décembre, expo- Saint-Tropez ou Biarritz (10 000 à b Table de chevet néo-gothique en Résultats de la vente du mobilier de 3 049 ¤. tél . : 01-47-05-33-22. sition sur place lundi 18 et mardi 15 000 francs, 1 524 à 2 287 ¤), sur la chêne sculpté fin XIXe début XXe , Jean Pascaud, hôtel d’Evreux, b Fauteuil club à dossier renversé, b Châtellerault (Vienne), 19 décembre. Etude Tajan, tél. : 01- plage, dans l’eau ou à la campagne, 5 640 francs, 861 ¤. mardi 5 décembre. pieds cubiques en bois noirci, samedi 16 et dimanche 53-30-30-30. Expert : Serge Kakou, dans des tenues d’une perfection b Fauteuil à oreilles néo-gothiques b Suite de quatre chaises en bois 30 000 francs, 4 573 ¤. 17 décembre, tél. : 01-40-39-06-09. presque excessive. en loupe de frêne et merisier à motifs verni noir à haut dossier, sabots en b Commode entièrement gainée de tél. : 05-57-43-97-03. ૽ Drouot-Richelieu, mardi 19 dé- Toute une série met en scène les d’arabesques et d’arcatures fin XIXe bronze doré, 38 000 francs, 5 793 ¤. cuir bleu sombre, ouvrant en deux b Asnières (Hauts-de-Seine), cembre, exposition la veille et le ma- chapeaux en vogue à l’époque : cha- début XXe , 44 650 francs, 6 806 ¤. b Bureau de dame à rideau portes fermées par une prise en forme samedi 16 et dimanche tin de la vente. Etude : Ribeyre-Ba- peau cloche (8 000 à 10 000 francs, b Semainier néo-gothique en chêne coulissant en bois laqué noir, prise en d’anneau en bronze doré, intérieur en 17 décembre, tél. : 02-37-43-58-26. ron, tél. : 01-42-46-00-77. Expert : 1 220 à 1 524 ¤), capeline et collier de sculpté, partie centrale à ressaut, forme de boule d’ivoire, pieds acajou, 40 000 francs, 6 098 ¤. Et aussi au 01-41-11-13-22. Viviane Esders, tél. : 01-43-31-10-10.

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 00 - 299 L’ART EN QUESTION No 200 En collaboration avec

Auguste Rodin 1234 56789101112 Gardé pour soi. - 8. Au bout du (1840-1917) bout. Grave manquement aux Etoile fulgurante « Danseur, règles établies. - 9. Pour tirer I À SA SORTIE de l’Ecole de bal- dit Nijinski », droit. Pointe d’étoile. - 10. Pren- let de Saint-Pétersbourg, en 1907, vers 1912. II nent leurs vacances en même Vaslav Nijinski est engagé dans le Plâtre original, temps que tout le monde. - 11. ballet impérial. Deux ans plus tard, 17,5 × 9,9 × 6,5 cm, III Maintiennent provisoirement. il participe à la première saison des Musée Rodin Personnel. - 12. Cocottes, louches, Ballets russes, engagé par Serge (donation Rodin, IV chinois… Diaghilev avec lequel il entretient 1916). Philippe Dupuis une relation passionnelle. Le pu- Au Musée d’Orsay V blic parisien se passionne bientôt jusqu’au Solution du n° 00 - 298 pour lui. Devenu célèbre, Diaghi- 18 février 2001, VI lev lie dès lors sa carrière à celle pour l’exposition HORIZONTALEMENT des Ballets russes. Il ne se contente « Nijinski, VII I. Ressentiment. - II. Exténué. pas de danser mais crée également (1889-1950 » Ader. - III. Fiancé. Adieu. - IV. Olt. des chorégraphies, notamment, en VIII Uort. - V. Réunion. Eaou. - VI. 1912, L’Après-Midi d’un faune, Métissage. Ul. - VII. Sinusite. - d’après le poème de Stéphane IX VIII. Triperie. Tin. - IX. Tari. Im Mallarmé et sur une partition de (mi). Colt. - X. Eden. Semeuse. , et l’année sui- X vante Jeux, sur une musique du VERTICALEMENT même compositeur, et Le Sacre du

HORIZONTALEMENT Quart de tour. - X. Suit la licence. 1. Réformette. - 2. Exilée. Rad. - printemps, sur une partition d’Igor RZEPKA ADAM Belles à voir, très chères à entre- 3. Statutaire. - 4. Sen. Ni. Pin. - 5. Stravinsky. I. Evite de salir la nappe, mais tenir. Encaisse. - 6. Nue. Osiris. - 7. Té. La première de ce ballet est l’oc- l’estime des milieux d’avant-garde. nique, mise en musique par : serait inefficace en pleine mer. - Unanime. - 8. Ao. Gué. - 9. casion d’un chahut indescriptible, La carrière de Nijinski sera brève, il Serge Lifar ? II. Efficaces pour sortir de l’eau. - VERTICALEMENT Madrées. Ce. - 10. Edita. Itou. - le public étant choqué par la vio- souffre de troubles pyschologiques Richard Strauss ? III. Rien. Si elles étaient là, les 11. Née. Outils. - 12. Truculente. lence de la chorégraphie, et la aggravés par sa rupture avec Diag- Igor Stravinsky ? vaches ne seraient pas folles. 1. Si elle arrive à la fin, elle n’est « Bataille du sacre » vaut à Nijinski hilev – qui accepte mal le mariage Réponse dans Le Monde du Résiste au feu. - IV. Vitrine de la jamais la dernière. - 2. Qui ne sont du danseur avec Romola de Pulsky 22 décembre. presse. Cruauté. - V. Enfant des pas prêts à lâcher prise. - 3. Grave et l’expulse des Ballets russes – et savanes. Panier plat. - VI. Meur- pour l’enfant à naître, pas après. - par la guerre. Interné en 1919, il ne Réponse du jeu no 199 paru tries. Vas de pis en pis. - VII. Font 4. Métal dur. Grand chasseur recouvrera jamais totalement la dans Le Monde du 8 décembre. partie d’un ensemble organisé. devant l’Eternel. - 5. Plus ou raison et mourra en 1950. Pour sa Les Soviétiques ont envoyé Pénétré de toutes parts. - VIII. moins grands autour de nous. dernière participation aux Ballets Spoutnik, le premier satellite, en Plusieurs fois dans l’erreur. Deve- Possessif. - 6. Marque une conces- russes, Nijinski a créé, en 1916, Till 1957. En 1961, Gagarine était le nait humide. - IX. Voit les affaires sion. Dans la poche du Cambod- Eulenspiegel. Il s’agit de la version premier homme à voyager dans par le petit bout de la lorgnette. gien. - 7. Supprimera de la liste. d’une ancienne légende germa- l’espace. 34 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

THÉÂTRE Le metteur en scène la seconde est réputée injouable. deux heures et demie d’affilée, on se intérieur, et Bruno Ganz incarne un part du metteur en scène, qui a dû allemand Peter Stein présente à Ber- b D’UNE DURÉE de vingt et une heu- restaure pendant les pauses, on va Faust contemporain, assoiffé d’ac- convaincre Bruno Ganz d’accepter le lin l’intégrale du Faust de Goethe, un res réparties sur deux jours, la pièce d’une salle à l’autre. b PETER STEIN tion, sceptique et inquiet. b CE SPEC- rôle-titre et trouver les financements défi encore jamais relevé : si la pre- se déroule sans assommer le specta- écarte la vision romantique de TACLE MARATHON est l’aboutisse- de ce projet titanesque, dont le bud- mière partie de l’œuvre est connue, teur : on ne reste jamais assis plus de Faust : Méphistophélès est un diable ment de douze ans d’efforts de la get dépasse les 150 millions d’euros. Peter Stein invite à deux jours de voyage dans l’intégrale de « Faust » Le metteur en scène est le premier à monter dans sa totalité l’œuvre de Goethe : vingt et une heures d’un spectacle-marathon sans longueurs dessinent un Faust contemporain, porté par Bruno Ganz, sceptique inquiet plutôt que héros tragique, dont la fuite en avant est celle de l’homme moderne

FAUST, de Goethe. Mise en scè- ne : Peter Stein. Avec Bruno Ganz, Christian Nickel, Johann Adam Oest, Robert Hunger- Bühler, Dorothée Hartinger, Corinna Kirchhoff, Elke Petri, et les vingt-cinq jeunes comédiens de la troupe. ARENA, Eichenstrasse 4, Trep- tow, Berlin. Tél. : (00-49-30) 533-73-33. Les samedis et diman- ches. Durée : 21 heures. Prix : 346,75 DM (177,29 ¤). Jusqu’à fin juin 2001. Places disponibles à partir de mi-mars 2001. Faust sera présenté à Vienne (Autri- che), de novembre 2001 à février 2002.

BERLIN de notre envoyée spéciale « Alors, tu as survécu ? » Voilà ce qu’on entend, lancé avec un sourire narquois, quand on revient de Berlin après avoir vu le Faust de Goethe, mis en scène par Peter Stein. Survivre à quoi ? RUTH WALZ Vingt et une heures de spectacle. RUTH WALZ Du jamais vu dans le théâtre occi- dée sur les scènes, parfois. Mais dépôt d’autobus. Reconverti en Chacun attend son tour pour être on bouge beaucoup. Peter Stein a Il y a évidemment des moments dental. Les douze heures du Sou- personne avant Peter Stein n’a salle pour méga-projets, il a servi : ça roule, à l’allemande (et fait construire deux salles, identi- ratés dans Faust. Ce sont surtout lier de satin, de Claudel, mises en osé l’affronter dans sa totalité. La accueilli Ariane Mnouchkine et sans saucisses au menu !). ques, pour faciliter les change- les scènes de groupe, comme le scène par Antoine Vitez en seule tentative connue est celle ses Tambours sur la digue,en Assez vite, une complicité discrè- ments de décor. On va de l’une à fameux carnaval, trop lent et stati- 1987 et restées dans les mémoires des anthroposophes : ils jouent 1999. Mais l’Arena est beaucoup te s’installe entre les spectateurs. l’autre, on suit en cortège la pro- que. Mais ils pèsent peu face à la françaises comme un pic de la les deux Faust, à Dornach (Suis- plus grand que la Cartoucherie de Ce n’est pas la complicité d’aventu- menade de Pâques, on assiste cohérence de l’ensemble, qui est durée, font pâle figure à côté de se), depuis les années 30. Mais ce Vincennes. Le samedi 2, des spec- riers, tendance scouts du théâtre, debout à la cuisine de la sorcière pourtant une folie. Surtout le ce Faust qui engage les specta- ne sont pas des professionnels. tateurs avaient du mal à trouver mais celle d’amateurs embarqués ou au carnaval, on s’assied à une Faust 2 : on traverse le temps, de teurs pour deux jours : le samedi Leur représentation est une litur- l’entrée, qu’ils confondaient avec dans un voyage où le temps finit immense table dans la salle des la Grèce antique au XVIIIe siècle ; de 15 heures à 22 h 30 et le diman- gie qui magnifie les idéaux de leur un marché aux puces installé par abolir la durée. Le Faust de Ber- chevaliers. on rencontre des personnages che de 10 heures du matin à onze maître, Rudolph Steiner (Le Mon- dans des dépôts voisins. lin ne paraît pas long. Il suit son Le voyage à travers le Faust de par centaines : dieux et humains, heures du soir, bien sonnées. de du 3 septembre 1999). A en juger par le premier mara- cours. Quatre cent soixante-qua- Goethe est aussi un voyage dans monstres et créatures légendai- Un week-end. Un marathon. Comment ça se passe, quand thon de décembre, le public de tre personnes assistent à chaque l’art de Peter Stein. A soixante- res ; on voit l’invention de l’intelli- Pourquoi ? pour voir le grand on reste vingt et une heures au Faust n’est pas jeune. Il faut pou- marathon : c’est la jauge idéale trois ans, le metteur en scène ne gence artificielle et la destruction œuvre de Goethe dans son inté- théâtre ? Ça se passe bien ; ça se voir payer les 1 200 francs du pour Peter Stein – celle de la cherche pas à réinventer le théâ- de l’environnement ; on saute de gralité. Soit deux pièces qui n’en passe même très bien, parce tout billet, imposés par le montage Schaubühne qu’il a dirigée jus- tre. Il offre ce qu’il sait faire : la pics au fond des mers, du trivial à forment qu’une, mais que l’histoi- est mis en œuvre pour que les financier du spectacle. Les specta- qu’en 1986, à l’autre bout de la vil- rectitude d’un style façonné par la métaphysique ; on entend une re littéraire, musicale et théâtrale spectateurs ne se sentent pas écra- teurs viennent de toute l’Allema- le. Samedi 2 décembre, juste avant l’intelligence. Lecteur avant tout, langue qui s’offre toutes les tenta- a dissociées. Tout le monde con- sés par la durée. Faust se joue gne. Ils ont réservé dès l’ouvertu- le début du Faust 1, des specta- Peter Stein veut faciliter la lecture tions, du dialecte à la plus grande naît le Faust 1, qui met en jeu le dans une salle nommée l’Arena et re de la location, en mars. Beau- teurs sautillaient pour se mettre du Faust, qu’il pratique depuis poésie. pacte avec Méphistophélès et la située à Treptow, un quartier éloi- coup ont pris leur édition du en jambes. Dimanche 3, à la fin du l’âge de quinze ans. Il évite autant Bref, on s’y épuiserait, si Peter tragédie de Marguerite. Pour le gné du centre de Berlin – là où la Faust, qu’ils consultent pendant dernier entracte du Faust 2, des que possible les effets de mise en Stein ne nous guidait d’une main Faust 2, c’est une autre histoire. Spree (la rivière de la ville) prend les entractes. Ils ont le temps. Il y applaudissements ont fusé. Person- scène qui sont pourtant presque sûre. Cette main-là écarte la Même en Allemagne, l’œuvre est des allures de fleuve, le long d’un a de nombreuses pauses, des peti- ne n’avait abandonné. congénitaux à la pièce. Mais il ne vision romantique de Faust,en méconnue. Reléguée dans les paysage industriel. Posé sur la tes et des grandes. On mange Au cours des vingt et une heu- néglige pas les champs de vision, rompant avec la tradition qui fait bibliothèques, considérée comme rive, l’Arena est un très beau bâti- alors sur la péniche amarrée le res, on ne reste jamais assis plus qu’il a l’art de cadrer, en passant de Faust un personnage manipulé injouable, elle a été en partie abor- ment des années 30 qui servait de long de la Spree, ou à la cafétéria. de deux heures trente d’affilée. Et du grand au petit. par Méphistophélès.

Peter Stein, un habitué Douze ans d’efforts pour faire aboutir un projet titanesque des coups d’éclat BERLIN Il a cinquante et un ans, part à ses débuts. Tout en travaillant de notre envoyée spéciale pour Paris. Il pense mettre en scè- en Autriche, en Russie, en Grande- b 1937 : naissance à Berlin. L’histoire du Faust de Goethe et ne un spectacle sur le Moyen Age. Bretagne et en Italie (il vit à b 1964 : il signe sa première mise de Peter Stein commence en Répu- Il se souvient de Faust 2, dans Rome, depuis 1990), il mène la en scène au Kammerspiel de blique fédérale d’Allemagne dans lequel Goethe consacre une lon- bataille de Faust. Il convainc des Munich : Sauvés, d’Edward Bond. les années 50. Peter Stein, né à Ber- gue partie à cette période. Il le mécènes (d’abord Daimler-Chrys- b 1968 : il se fait renvoyer du lin en 1937, passe les premières relit : « Et là, tout d’un coup, j’ai ler et Mannesmann), qui convain- Kammerspiel de Munich pour avoir années d’après-guerre près de la compris. J’avais probablement quent à leur tour le gouvernement intégré une collecte en faveur du frontière suisse, en zone d’occupa- atteint l’âge qu’il fallait. » A partir de Bonn de s’engager. L’Ex- Vietcong dans sa mise en scène tion française. Il apprend le fran- de ce moment, Stein met tout en po 2000 de Hanovre a besoin d’un du Discours sur le Vietnam, de Peter çais à l’école – c’est obligatoire, œuvre pour faire aboutir son pro- spectacle de prestige, elle amorce Weiss. Il rencontre à Brême les mais il aime cette langue. Son père jet : jouer l’intégrale du Faust,et la production. Stein devient chef comédiens et les metteurs en scène est ingénieur ; il a construit des usi- montrer, par là même, que le d’entreprise. Il gère l’argent, il avec qui il fondera la Schaubühne : nes jusqu’en 1945, sans appartenir Faust 2 est vraiment une pièce fai- construit un théâtre (transporta- Klaus Michael Grüber, Claus au Parti national-socialiste alle- te pour la scène, et pas seulement ble) dans un hangar de Hanovre Peymann, Bruno Ganz, Jutta mand. Dénazifié – deux ans à pour les bibliothèques. et fonde une troupe. Il y a une mul- Lampe, Edith Clever… poser des rails –, il a repris son Il faudra douze ans pour que le titude de rôles dans Faust, surtout b 1969 : il est renvoyé du métier. projet aboutisse. En 1988, Peter dans le Faust 2, mais seulement Schauspielhaus de Zurich à cause Quand Stein est adolescent, la Stein fait une première lecture huit principaux. Stein réunit vingt- du scandale de sa mise en scène famille déménage près de Franc- avec Bruno Ganz. Le comédien cinq jeunes comédiens autour de d’Early Morning, d’Edward Bond. fort, en zone d’occupation britan- découvre alors le Faust 2. Il freine. « stars » – Bruno Ganz, Corinna b 1970 : il prend en main la nique. Il lui faut alors apprendre Stein attend qu’il dise oui. Il n’envi- Kirchhoff et Robert Hunger- Schaubühne de Berlin, un théâtre l’anglais. Il refuse catégorique- sage pas de monter l’intégrale si Bühler. privé qu’il transforme en ment. Dit à son père : « Ce n’est Ganz ne joue pas le rôle-titre. Puis Les répétitions commencent à un collectif. Sa première mise pas moi qui ai mis Hitler au pouvoir. il lui faut trouver l’argent. Stein est Hanovre en septembre 1999. Elles en scène, La Mère, de Gorki, Je n’ai pas fait la guerre, je n’ai pas exigeant, et son projet titanesque durent un an, sans un jour de relâ- lui vaut les foudres de la CDU. rôti les juifs. Je n’ai rien à faire avec (il atteindra les 30 millions de che. Stein paye son tribut à Faust. b 1971-1980 : la Schaubühne tout ça. C’est à vous, les parents et deutschemarks, soit 151,6 millions A quelques semaines de la premiè- s’impose comme la meilleure les professeurs, de régler ce problè- d’euros !). re, Ganz tombe d’un décor et se scène européenne, avec Le Prince me. » Pendant les cours d’anglais, blesse sérieusement à la hanche. de Hombourg, Peer Gynt, Stein lit. Comme tous les élèves FINANCEMENT DIFFICILE Christian Nickel, qui joue Faust Les Bacchantes, Les Estivants, allemands, il connaît le Faust 1.Il Les théâtres allemands, jeune, reprend le rôle. Dès l’ouver- L’Orestie, La Trilogie du revoir se met au Faust 2. « Par bravade. Je Schaubühne en tête, ne sont pas ture de la location, en mars, toutes (mis en scène par Peter Stein), voulais toujours prouver que j’étais prêts à le financer. Depuis la chute les places ont été vendues en une Le Voyage d’hiver, Rudi (mis en le meilleur, et l’on nous disait que le du Mur, en 1989, l’argent pour la matinée pour les représentations scène par Klaus Michael Grüber). Faust 2 était incompréhensible. » culture ne coule plus à flots, parti- de Hanovre, et en partie pour cel- b 1981 : la Schaubühne s’installe Devenu l’un des metteurs en scè- culièrement à Berlin. De nombreux les de Berlin. sur le Kurfüstendamm, dans un ne les plus importants de la nouvel- décideurs trouvent fou le projet La première a enfin lieu, le sublime bâtiment des années 30. le génération, avec Klaus-Michael Faust. Certains doutent de sa validi- 23 juillet 2000. Faust se donne à Peter Stein met en scène Grüber et Claus Peymann, Stein té. La presse allemande n’arrange Hanovre jusqu’au 19 septembre. Les Nègres, Les Trois Sœurs, fonde, en 1970, à Berlin-Ouest, la pas les choses, démonte l’entrepri- En novembre, le spectacle s’instal- Grand et petit… Schaubühne, qui s’impose comme se et règle ses comptes avec Peter le à Berlin, et Ganz reprend son b 1986 : il démissionne la première scène européenne. Le Stein, qui n’a jamais été tendre rôle. Après Berlin, où il se joue jus- de la Schaubühne de Berlin. comédien Bruno Ganz en fait par- avec elle. « Les journaux disent que qu’au 15 juillet 2001, le Faust ira à b 1991-1997 : il est responsable tie. Stein est alors le roi du théâtre je suis le plus grand et, en même Vienne du 8 septembre au des activités théâtrales du Festival à Berlin. Pourtant, en 1986, il quit- temps, ils ne veulent plus de moi en 16 décembre 2001. Ce jour-là pren- de Salzbourg. Il signe des mises te la Schaubühne. L’histoire collec- Allemagne. C’est très allemand, cette dra fin la plus grande entreprise en scène en Europe, au théâtre tive s’est usée, et, dit-il alors, «on propension à tuer le père. » jamais menée au théâtre. et à l’opéra, s’installe à Rome ne va pas devenir un collectif de Peter Stein se retrouve seul, con- en 1990. Et prépare le Faust. vieillards ! ». tre tous. Il repart de zéro, comme B. Sa. CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / 35 Les prouesses de Thomas Demand, illusionniste de la photo et de la vidéo La Fondation Cartier, à Paris, accueille une exposition du jeune artiste allemand La Fondation Cartier, à Paris, présente jusqu’au Demand, remarqué à Calais en 1996. En recyclant, illusionniste a inventé un monde de lieux vides, 4 février 2001 un accrochage de photos et de dans la lignée du pop art, des images de presse qu’il substitue au nôtre. « Je montre plus une vidéos du jeune artiste allemand Thomas utilisées comme modèles pour ses maquettes, cet idée de l’espace que l’espace lui-même », dit-il.

THOMAS DEMAND est un bre, garage, tunnel, escalator, etc. nouveau sens, une histoire qui se de simulation, explique Thomas jeune artiste qui reste courtois –, sont reconstruits, fabriqués sou- substitue à celle de l’objet. » Demand. C’est la simulation d’un quand vous donnez l’impression vent à l’échelle 1, avec du papier Le monde de Thomas Demand paysage mis en abyme dans une de mal interpréter son travail. Pre- blanc ou coloré, avant de devenir n’est pas moins valide que l’ac- chambre, à la fois figuratif et abs- nons sa photographie Gazon image fixe ou animée. Construire tuel : imparfait, riche ou pauvre, trait. » Thomas Demand aime dire (1998) : une herbe égale, taillée un un tunnel similaire à celui où Lady puissant ou faible, trivial ou con- que ses images surgissent comme peu haute, proche du « rectangle Diana a trouvé la mort, pour y quérant. Dans le catalogue, il fait un paysage qui défile depuis un vert » abstrait. Renseignements engouffrer une caméra mouvante, cette confession à François Quin- train. « On essaie de regarder une pris, il s’agit de millions de lamel- a contraint Demand à percer le tin : « Je pense qu’il y a aujourd’hui colline, une maison, et ces motifs ne les de papier patiemment « plan- mur de son atelier berlinois pour plus d’images dans le monde que de sont plus là. On regarde de la même tées ». Pourquoi passer des jour- développer sa maquette fragile de réalité même. » Demand, dans la façon une image filtrée par le nées à reconstituer un gazon plu- trente mètres de long. lignée du pop art, recycle des pho- média, jamais appréciable dans sa tôt que de photographier un vrai tos qu’il découpe dans la presse, totalité. On ne sait pas qui habite quand la différence, à l’œil, est PERTE DES REPÈRES qu’il déniche ici et là, et qu’il utilise ces lieux, de quoi il s’agit exacte- imperceptible et qu’au final on La notoriété de Demand a grim- comme modèle pour fabriquer ses ment. Je me concentre sur une for- regarde une photo ? « Je ne vois pé vite et haut grâce à sa prouesse maquettes. La perte de repères est me du paysage, je touche à des pas l’intérêt de photographier un de l’illusion. Thomas Demand accentuée par ses images à la fois monuments de la mythologie récen- gazon réel ; ça n’a aucun sens pour invente un monde qu’il substitue réalistes et abstraites, vides et sans te. Comme un peintre, je prends des moi. » Réponse courtoise, ferme, au nôtre. « J’ai commencé comme contexte, clonées et répétitives, décisions formelles et opte pour des délivrée par Thomas Demand, Alle- sculpteur. Je fabriquais de petits mutantes, copies sans fin d’espa- images de mon temps. Mais je mon- mand de trente-six ans, sorti des objets éphémères avec des maté- ces qui nous semblent familiers et tre plus une idée de l’espace que l’es- meilleures écoles : « A la Kunst- riaux souples, pour visualiser une où l’ordinateur et la photocopieu- pace lui-même. Chaque objet repré- akademie de Düsseldorf, j’ai appris idée. Je n’avais pas de quoi les stoc- se sont rois. Au point de ne plus sente une construction de pensée et à penser droit, à travailler dans ker. Je me disais que si j’arrivais à savoir vraiment à quoi servent des non un décor de théâtre. A chaque l’idéologie et les généralités. Au rendre l’idée claire, je pourrais tou- lieux où aucun « humain » n’est là. photo, ensuite, de laisser agir son

RUTH WALZ Goldsmiths’ College de Londres, j’ai jours la reproduire. Mais j’avais tant « Si je montre une bibliothèque pouvoir de représentation. » Trois scènes de « Faust 2 » : Faust (Bruno Ganz) déclare appris à réagir et à réfléchir, à d’idées dans la tête que je ne savais avec une personne, ça devient une son amour à Hélène de Troie (Corinna Kirchhoff) (photo m’écarter des vérités absolues et plus si les nouvelles étaient bonnes. bibliothèque. Si elle est vide, c’est Michel Guerrin de gauche) ; Méphistophélès (Johann Adam Oest), embarque consensuelles, à chercher de petites Il fallait les photographier avant de une image de la relation du specta- avec deux sphinxes (Hille Beseler et Melanie Blocksdorf) utopies. » les jeter. Au début, c’était décevant. teur à la bibliothèque. » e Thomas Demand, Fondation dans la nuit classique de Walpurgis (photo du centre) ; Remarqué par une première J’ai voulu étudier la photographie et Ainsi de l’image qui ouvre l’expo- Cartier pour l’art contemporain, La Phorkyade (Christine Oesterlein) accueille Hélène de Troie exposition en solo, à Calais en je suis allé voir les Bechers à l’Ecole sition : Laboratoire (2000). Des mil- 261, boulevard Raspail, Paris-14e. (Corinna Kirchhoff) à son retour à Sparte (photo ci-dessus). 1996, il revient avec un accrochage d’art de Düsseldorf. Ils m’ont dit liers de cônes indéfinis, dans les Mo Raspail. Tél. : 01-42-18-56-51. (photos et vidéos) conquérant et qu’il me fallait trois ans ; je n’avais tons ocres, qui tapissent une cham- Du mardi au dimanche, de 12 heu- Méphistophélès est un diable, comédiens se partagent les habits lumineux, à la Fondation Cartier. pas le temps. J’ai donc modifié ma bre close. Les interprétations sont res à 20 heures. 30 F (4,5 ¤)et20F certes, mais un diable intérieur. du malin : l’un, Johann Adam Les lieux qu’il donne à voir – stu- sculpture de façon qu’elle ressemble aussi infinies que la disposition (3,04 ¤). Jusqu’au 4 février 2001. Un double de Faust : le moteur de Oest, est un homme qui a vécu. dio, podium, grange, salle d’archi- sur la photographie à mon idée de sérielle des objets. Il s’agit d’une Catalogue, Actes Sud, 112 p., ses impulsions destructrices. Si Un terrien roublard. L’autre, ves ou de dessin, couloir, cham- la forme. Il y a, à chaque étape, un pièce d’insonorisation, « une pièce 42 photos, 159 F (24,24 ¤). l’on s’en tient au Faust 1, on voit remarquablement joué par un homme, au désespoir d’avoir Robert Hunger-Bühler, est un tout appris et rien vécu, qui signe débatteur cynique dont Faust DÉPÊCHES un pacte avec le diable pour s’of- cherche en vain à se défaire. On L’esplanade, le maire et l’oubli a MUSIQUE : le prix Arthur- frir la jeunesse et l’amour de Mar- est loin de la blancheur démonia- Honegger a été attribué, le guerite. que du Méphistophélès de Gus- « JACQUELINE FRAYSSE, député, maire de Nan- gées, ponctué par des cubes de verre sur lesquels 11 décembre, aux compositeurs Au regard du Faust 2, ce n’est tav Gründgens, qui signa en terre, le conseil municipal, l’Union française des sont gravées des paroles du général de Gaulle, par Betsy Jolas et Philippe Boesmans qu’un épisode dans le long che- 1947 une mise en scène mythique associations d’anciens combattants, André Barilari, des arbres, des marquages au sol, une colline, un pour l’ensemble de leur œuvre. min qui mène Faust au bout de la de Faust (disponible sur cassette, président de l’EPAD, seraient honorés de votre pré- amphithéâtre de verdure… Créé, en 1971, sous l’égide de la forêt profonde de la vie et de l’ex- en allemand). Avec Peter Stein, sence lors de l’inauguration de l’esplanade Charles- Dani Karavan en a vu de toutes les couleurs Fondation de France, ce prix bien- Méphistophélès colle à Faust de-Gaulle, jeudi 14 décembre 2000 à 19 heures. En avec les édiles et les élus en plus de trente ans de nal a déjà récompensé treize com- sans le dominer d’une manière présence de Jean-Pierre Masseret, secrétaire d’Etat création dans l’espace public, mais il reconnaît, positeurs originaires de différents Faust, c’est Bruno totalitaire. Et Faust, c’est Bruno à la défense chargé des anciens combattants. » Le dans ce manque de considération dont il fait l’ob- pays. Ganz. Le plus grand comédien de carton précise que cette cérémonie est organisée jet à Nanterre, une première mondiale. Il ne s’ex- a VARIÉTÉS : l’édition 2001 des Ganz. Le plus grand langue allemande. Ulysse est son dans le cadre du soixantième anniversaire de plique pas, mais il réagit, moins pour lui-même Victoires de la Musique aura lieu héros, Faust, le voyageur de sa vie l’Appel du 18 juin 1940 et qu’elle sera suivie du que pour le principe et au nom du droit moral de le 12 février à Nantes, pour le clas- comédien de langue d’acteur. Personne ne sait, com- vernissage de l’exposition « De Gaulle dans la l’artiste, en l’occurrence nié. Au terme de l’article sique et le jazz, et le 17 à Paris, à me lui, rendre l’allemand musical. Résistance française », au collège Paul-Eluard… L 122-5 du code de la propriété intellectuelle, il l’Olympia, pour les variétés-rock. allemande. Ses monologues sont des som- adresse, dates et heures d’ouvertures, étant dû- pourrait même s’opposer à la cérémonie officielle Le président de l’Association des mets. ment mentionnés sur l’invitation. La seule chose qui ne mentionne pas son nom. Victoires de la musique, Marc Tho- Personne ne sait, Peter Stein a demandé à un qui ne le soit pas, c’est le nom de l’auteur de l’es- non, patron du label Atmosphéri- jeune comédien, Christian Nickel, planade : Dani Karavan. « ERREUR REGRETTABLE » ques, qui a succédé à l’éditeur Fran- comme lui, rendre de jouer Faust dans la tragédie de Dani Karavan, soixante-dix ans, est un artiste Côté mairie, on s’excuse platement. « C’est une çois Leduc, a précisé qu’un accord Marguerite, pour éviter que l’his- urbain au sens d’urbanité, un militant pour les erreur regrettable que la mairie de Nanterre doit est récemment intervenu avec l’allemand musical. toire ne soit celle d’une jeune fille droits de l’homme, œuvrant dans son pays, Israël, assumer. Les protestations de Dani Karavan sont jus- Claude Fléouter, créateur de la détruite par un homme mûr. On pour la paix entre les peuples, demandé en Allema- tifiées », nous a déclaré un porte-parole du maire, manifestation, mettant un terme Ses monologues retrouvera ensuite Christian Nic- gne, au Japon, où il a reçu le Præmium imperium Jacqueline Fraysse (PC). Celui-ci ajoute, pour rela- aux actions en justice intentées par kel dans le rôle d’Euphorion, le en 1998, en Toscane, en France. tiviser : « Ce qui compte, ce n’est pas le carton d’in- ce dernier depuis son éviction des sont des sommets fils de Faust et d’Hélène (la gran- En France, outre l’axe majeur de Cergy-Pon- vitation, qui disparaîtra, mais l’œuvre qui restera. » Victoires. Par ailleurs, le collège de de Corinna Kirchhoff). Mais c’est toise – commencé en 1980, il n’est toujours pas Voilà qui rassure ! Et puis le maire, qui s’est déjà votants pour le classique et le jazz Bruno Ganz le maître de Faust. achevé –, Karavan est notamment l’auteur d’un excusé par courrier auprès de l’artiste, doit le a été ramené à 1 100 personnes, périence. Faust court la terre. Il Quand il dit : « Le plus étrange ici monument à Walter Benjamin, à Port-Bou (1994), remercier publiquement dans son discours inaugu- tandis que celui des variétés passe tente de se suicider comme on peut se produire », le plus étrange du square de la Tolérance, en hommage à Itzhak ral. Il est aussi prévu qu’une plaque mentionnant de 1 900 à 2 700 votants. saute un ruisseau. Il veut l’action, devient évidence. Il a l’art d’être Rabin dans les jardins de l’Unesco (1996), et de son nom sera apposée quelque part sur l’espla- a CINÉMA : le Musée Henri- la possession, jusqu’à l’épuise- là et, en même temps, toujours cette esplanade Charles-de-Gaulle à Nanterre, nade… Y aurait-on pensé sans la réaction de l’ar- Langlois sera réaménagé par ment. La tragédie, en lui, c’est la un peu à côté. Son Faust n’est pas commandée par l’établissement public pour la tiste et de personnalités comme Daniel Jacoby, l’agence AetD, choisie parmi les fuite en avant, en quoi Peter Stein un héros tragique, mais un scepti- Défense, à la fin des années 80, commencée au président d’honneur de la Fédération internatio- trois candidats pour la nouvelle scé- voit la tragédie de l’homme que inquiet – notre contempo- début des années 90, tout juste terminée. Long nale des ligues des droits de l’homme, les critiques nographie, qui a réalisé de grandes moderne. rain. Qu’il en soit ainsi compte plateau bordé par des bâtiments de Christian de Pierre Restany et Michaël Gibson, le poète s expositions permanentes ou tem- Méphistophélès est donc là pour beaucoup dans la joie énor- Portzamparc, dont l’Ecole de danse de l’Opéra de Abdelwahab Meddeb et l’architecte Christian de poraires. Aucune date n’est donnée pour aiguiser le débat intérieur de me que donne le Faust de Berlin. Paris, il relie la sortie du RER Nanterre-Préfecture Portzamparc ? pour le déménagement du musée, Faust. Outre le barbet, qui tient au parc André-Malraux. C’est un axe matérialisé autrefois installé au palais de très bien son rôle fugace, deux Brigitte Salino par un rail et des traverses de chemin de fer usa- Geneviève Breerette Chaillot. 36 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 CULTURE Gourmandises, Au Cirque d’hiver, la famille Bouglione SORTIR PARIS 20 h 30. Tél. : 01-42-74-22-77. De 95 F cannibalisme à 140 F. Sankai Juku Mathilde Monnier enflamme la « Piste » La compagnie japonaise dirigée et Christine Angot et sexualité par Ushio Amagatsu propose A l’origine de la collaboration de deux programmes au Théâtre la chorégraphe Mathilde Monnier à La Villette Son nouveau spectacle à Paris renoue avec la magie et la tradition du genre de la Ville : une création intitulée et de l’écrivain Christine Angot, Kagemi (Entre ombre et miroir) une question de la première à la Bouglione reste le Cirque d’hiver : finalement moqué. A en juger par dans un décor de fontaines ornées seconde : « L’état intérieur d’un être LE DIABLE ET LE SUCRÉ, pavillon CIRQUE D’HIVER BOUGLIONE, dans des murs en dur, en plein cen- la photo du programme, on re- de feuilles de lotus, c’est quoi ? » Elles ont finalement Delouvrier, , 110, rueAmelot, Paris-11e.Mo Filles- tre vivant de Paris, repeint chaque grette la danseuse de hoola-hoop, et une reprise, Hibiki (De la retenu comme sujet « Arrêtez 211, avenue Jean-Jaurès, Pa- du-Calvaire. Tél. : 0-892-680-892. année de neuf, les rouges plus rou- malade ce soir-là. Les trapézistes, résonance du plus lointain passé), d’aboyer saloperie de chiens », qui ris-19e . Tél. : 01-40-03-75-75. Du Mercredi, samedi et dimanche, à ges et les ors plus vivants, tout le Irina Bouglione et Elena Pavona, ne dans laquelle le chorégraphe correspond selon elles, à l’état mardi au vendredi, de 14 heures à 14 h 30 et 17 h 30 ; mardi, vendredi monde – artistes, animaux et la trichent pas. Deux autres Bou- reprend en écho une de ses œuvres intérieur des êtres. Le titre du 19 heures ; le samedi et le diman- et samedi, à 20 h 30. De 105 F famille Bouglione au grand com- glione, cousins à la ville et époux de jeunesse. Entre l’eau spectacle est donc : Arrête, arrêtons, che, de 13 heures à 19 heures. Jus- (16,01 ¤) à 225 F (34,30 ¤) (plus frais plet – se retrouve à l’entracte, au énamourés en piste, Sandrine et et le sable, chaque spectacle arrêtez. Une quête pleine de rage sur qu’au 28 janvier. De 10 F (1,52 ¤) à de location). Durée : 1 h 40. foyer (un des plus beaux lieux de la Thierry, donnent un numéro de boucle la boucle entre l’enfermement servi par neuf 35 F (5,34 ¤). Catalogue de Chris- ville), dans les anciennes écuries. magie, avec panthères noires et la naissance et la mort avec interprètes d’excellence. tine Armangaud, Ed. de la Marti- Tout commence par l’orchestre. Piste vaut par son rythme, son tigres du Bengale en liberté dans la une intensité bouleversante. Saint-Denis (93). Théâtre nière, 172 pages, 150 F (22,87 ¤). Non, tout commence par l’accueil, souffle, ses enchaînements. Les salle, de toute beauté. La commis- Théâtre de la Ville, 2, place du Gérard-Philipe, 59, boulevard gamines et membres du clan en numéros, par leur vérité, leur simpli- sion vétérinaire, qui naguère pestait Châtelet, Paris-1er. Kagemi : les 15, 16, Jules-Guesde. Les 14, 15 et Le pavillon Delouvrier, à La Vil- grande tenue, beaucoup de distinc- cité et cet art de faire passer pour contre les dressages en force, ou du 17, 19, 20 et 21 décembre, 20 h 30. 16 décembre, 20 h 30. lette, ressemble à un gros gâteau. tion ; au cirque, il n’est pas de petite un sourire des efforts surhumains. moins simulés, a tiqué cette fois Hibiki : du 27 au 30 décembre, Tél. : 01-48-13-70-00. 50 F. Une aubaine : il abrite une exposi- tâche. Là-haut par l’orchestre : une Tous les artistes empesés, comé- devant le naturel et la douceur du tion consacrée à des œuvres fabri- violoniste et une violoncelliste, visi- diens, musiciens en tête, mais peut- numéro, « susceptible de donner (Publicité) quées avec de la farine, de l’eau et blement choisies sur dossier photo, être aussi les écrivains et les archi- une fausse idée de familiarité des fau- quelques ingrédients plus ou mais, en outre, elles jouent bien de tectes, devraient aller faire un tour ves aux enfants ». On n’en sortira moins sucrés. Christine Armen- chaque côté de Tony Bario, plus au foyer de Bouglione, chaque plus. gaud, commissaire de cette exposi- danseur mondain que nature, su- hiver, pour admirer l’humilité, la Voilà, on en oublie. Il n’y a pas un tion peu banale, présente ici un art perbe alto et chef d’une gentillesse, le sérieux des artistes de temps qui tombe, un numéro qui fai- populaire, modeste et anonyme. cohorte de douze musiciens par- cirque : Angelo Ballan, jongleur sur blit. L’ensemble est éclairé par Mar- Qu’y voit-on ? Du pain, des brio- faits. C’est en fait la dernière occa- monocycle, s’entraîne nuit et jour tial Barrault, le Paganini du projo, ches, des biscuits ou des gâteaux sion de découvrir la musique sans dans son petit appartement, on ne avec un soin jaloux et pensé. C’est en forme de sirène, d’enfant au prétexte, sans alibi, sans mythe : fait plus attention à la prouesse ; peut-être cette égalité qui semble maillot, d’Adam et Eve, d’escargot, telle qu’elle doit sonner, droit, pour Kaï Leclerc, auteur d’un numéro impossible sur deux heures, qui fait de cochon, de coq, de femme- les panthères noires et les acroba- burlesque très étrange (un homme la force de Piste : avec vingt-quatre serpent, de diable, de chien à mille tes qui se jouent la vie. Mais, là, à trois jambes), très au point, les entrées, des danseuses, le trio Gol- pattes, de chèvre, de patte d’ours, c’est directement pour les enfants. images reviennent bizarrement den Pyramide (équilibre, mano a de tresse, d’oiseau-fougère, de Lesquels viennent plus nombreux, plus tard, au milieu des nuits d’in- mano, force pure, new age, culturis- phallus ou de poisson. On aper- plus chaleureux, que pour Salto,le somnie, ou pour peu qu’on s’en me) et, pour la bonne bouche, car il çoit, derrière les vitrines, des seins précieux spectacle de l’hiver der- casse une ; le même marchant, évo- n’est pas de soirée sans préférence, de sainte Agathe (en pâte de pain nier. Piste, c’est en un sens plus luant à l’envers au-dessus de l’or- un autre triolet frais émoulu de d’Espagne, sommés d’une amande franc, plus brut, encore plus cirque. chestre (il y a un truc, mais plus l’école Fratellini, Les Petits Frères. ou d’une cerise confite) qui sont Le prochain s’appellera Trapèze. fignolé que celui qui l’a inspiré : la Non seulement leur numéro (acro- l’objet d’un important débat que Aux heures froides, les cirques marcheuse tête en bas se paya, batie au sol, burlesque, chutes et nous rapporte Christine Armen- font le siège de Paris : Alexandra paraît-il, trois fractures du crâne). performances) est millimétré, mais gaud : « La recette du couvent d’Al- Bouglione au Jardin d’acclimata- ils répandent à chaque sortie une GUIDE camo comporte une crème, car, tion, Joseph Bouglione à Créteil, le PANTHÈRES ET TIGRES EN LIBERTÉ joie de jouer, de finir en souplesse disent les religieuses, il est normal Grand Céleste à la porte des Lilas, Les clowns et amuseurs sont de comme si tout cela n’avait pas la qu’il y ait du lait dans le sein d’une Arlette Gruss sur la pelouse de première qualité : Alberto Caroli, moindre importance, en forme de TROUVER SON FILM Catherine Diverrès femme. Pas du tout, rétorquent Reuilly, Alexis Gruss au bois de dans le grand style (Auguste), Ser- paraphe narquois et délicieux, qui 4+1. Bezons (95). Théâtre Paul-Eluard, d’autres sœurs furibondes, car leur Boulogne, Medrano à Saint-Denis, gueï, artiste de Saint-Pétersbourg réconcilie avec l’humanité. Avec Tous les films Paris et régions sur le Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 162, rue Maurice-Berteaux. Les 15 et recette consiste à fourrer la mamelle Diana Moreno Borman sur le boule- qu’il faut aller voir en courant dans laquelle d’ailleurs on n’était pas en 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). 16 décembre, 21 heures. Tél. : 01-34- avec de la courge confite. » Les vard du Bois-Lepretre, le Cirque tzi- le rôle du garçon de piste bordéli- délicatesse : la preuve, on va au cir- 10-20-20. deux congrégations prétendent gane à la porte Dorée, Pinder Jean- que ; et Petit Gougou, dans celui que, ce qui est un signe. ENTRÉES IMMÉDIATES Compagnie Sui Generis Texture-composite. détenir la vraie recette ! Richard porte de Charenton, Zin- d’un mystérieux Monsieur Bou- Le Kiosque Théâtre : les places de cer- Combs-la-Ville (77). La Coupole, rue Le modelage, modifié par la cuis- garo fait du théâtre à Aubervilliers. glione père fondateur, fouettard et Francis Marmande tains des spectacles vendues le jour Jean-François-Millet. Le 15 décembre, son, confère à la plupart de ces même à moitié prix (+ 16 F de commis- 20 h 45. Tél. : 01-60-34-53-70. 90 F. œuvres un savoureux cachet d’art sion par place). Mark Tompkins Place de la Madeleine et parvis de la La Vie rêvée d’Aimé. brut. On peut donc visiter l’exposi- INSTANTANÉ celle de Fiona Shaw. Le montage arrêts sur image, répétitions des gare Montparnasse. De 12 h 30 à Elancourt (78). Le Prisme, Centre des tion en privilégiant leur aspect est partout. Entre l’image filmée sons, échos. La voix de Fiona Shaw 20 heures, du mardi au samedi ; de Sept-Mares. Le 15 décembre, 21 heu- esthétique. Il n’est pas interdit non L’AMOUR EN PUBLIC du visage de Nathalie Richard, qui soumise à la Moulinette se met à 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. res. Tél. : 01-30-51-46-06. 90 F. plus de chercher à comprendre habille de pied en cap l’ouverture bégayer. Hold-up du poème par Les Carnets Bagouet Dvorak. Thomas Zehetmair (violon) Meublé sommairement. leur symbolique. Chacun d’eux est Projection privée/Théâtre public de scène, et la présence de la une rappeuse des beaux quartiers, Wolfgang Sawallish (direction), souf- Morsang-sur-Orge (91). Salons du châ- le support d’une croyance si ances- aurait éclairé les manifestations même, soudain haute comme rimes sauvées par la reprise de frant, est remplacé par Christoph teau. Le 15 décembre, 20 h 30. Tél. : trale que la signification en est par- organisées par le Centre Georges- l’oreille. Sur la toile, elle ne se con- deux ou trois syllabes du bout des Eschenbach, directeur musical de l’Or- 01-69-72-20-30. fois perdue. Même de ceux qui les Pompidou sous le titre tente pas de dire l’amour à la lèvres définitivement rieuses de chestre de Paris. Quatuor Albrecht Knust Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- D’un faune éclats. fabriquent, souvent de veilles gens « Monter/Sampler » (Le Monde du caméra. Elle le fait. La projection Nathalie Richard, qui s’efface sur Saint-Honoré, Paris-8e. Les 13, 14 et Théâtre de la Cité internationale, dont le nombre décroît. Christine 21 novembre). Il lui aurait offert est moins privée que la prise de la pointe des pieds et envoie 15 décembre, 20 heures. Tél. : 0-825- 21, boulevard Jourdan, Paris-14e. Les Armengaud a parcouru l’Europe quelques perspectives enrichissan- vues. Quelques centimètres carrés saluer son ombre portée. 000-821. De 60 F à 250 F. 14, 15, 16, 18 et 19 décembre, 20 h 30 ; pour ramener des centaines de tes, entre théâtre et cinéma, dans d’un visage vibrant en surplomb El Niño – la Nativité le 17 décembre, 17 h 30. Tél. : D’Adams. Dawn Upshaw (soprano), 01-43-13-50-50. 110 F. gâteaux : ils ont été soigneusement les mixtes d’interventions sonores mènent la confidence de chacun à Jean-Louis Perrier Lorraine Hunt-Lieberson (mezzo- Steve Lacy, John Betsch, ionisés pour leur conservation, car exigeantes, attentives aux interro- tous. Le son, porté par le souffle soprano), Willard White (baryton), Jean-Jacques Avenel e Daniela Graça, Nora Kimball, Michael Sunside (Sunset), 60, rue des Lom- l’exposition va voyager, du Musée gations de W.H. Auden. Le cœur de la bande, s’insinue, il est entré Projection privée/Théâtre public, er d’art moderne (Moma) de New du spectacle transmédia de Jean- par ici, elle est sortie par là. Et c’est sur des poèmes de W.H. Auden. Réa- Schumacher (danseurs), Theater of bards, Paris-1 . Les 14, 15 et 16 décem- Voices, The London Voices, Maîtrise de bre, 21 heures. Tél. : 01-40-26-21-25. York, à Tokyo, Varsovie et Buda- François Peyret est en effet consti- une autre qui apparaît en scène, lisation : Jean-François Peyret. Avec Paris, Deutsches Symphonie-Orchester Paco Sery Band pest. Elle l’a aussi parcourue pour tué d’un échantillonnage de tex- devant ou derrière le rideau de tul- Nathalie Richard. Théâtre de la Bas- Berlin, Kent Nagano (direction), Peter New Morning, 7-9, rue des Petites- e interroger les derniers témoins. tes composés par le poète anglo- le, à entraîner dans le dire un tille, 76, rue de la Roquette, Pa- Sellars (mise en scène). Ecuries, Paris-10 . Le 15 décembre, e 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. De « Transformer la pâte à pain en ima- américain sur l’état amoureux, son corps copié-collé dans les costumes ris-11 . Tél. : 01-43-57-42-14. Durée : Châtelet - Théâtre musical de Paris, 1, place du Châtelet, Paris-1er. Les 15, 110 F à 130 F. ges, explique-t-elle, relève d’une examen, les inquiétudes et les féli- et les poses des magazines. 1 h 15. 80 F (12,19 ¤) et 120 F 19, 20, 22 et 23 décembre, 19 h 30 ; le Tuna Otenel Trio pratique vieille comme le blé. Le cités qu’il suscite. Traduits par Aux platines, Jean-François Pey- (18,29 ¤). Du mardi au samedi à 17 décembre, 16 heures. Tél. : 01-40- Petit Opportun, 15, rue des Lavan- er christianisme n’a eu qu’à apprivoi- Patrick Hersant et transmis en V.O. ret s’amuse. Ralentissements, vira- 21 heures ; dimanche à 17 heures. 28-28-40. De 70 F à 670 F. dières-Sainte-Opportune, Paris-1 . Les 15 et 16 décembre, 22 h 30. Tél. : ser, à détourner pour son compte, par une grande voix enregistrée, ges, croisements, saturations, Jusqu’au 22 décembre. Chœur et Orchestre philharmonique de Radio France 01-42- 36-01-36. 80 F. cet héritage du paganisme. » Adams, Haydn, Pärt. Maîtrise de Radio Keith Rowe France, Marc Minkowski (direction). Montreuil (93). Instants chavirés, 7, rue CORNUELLES, CONOLES ET PINES Maison de Radio France, 116, avenue Richard-Lenoir. Le 15 décembre, e 20 h 30. Tél. : 01-42-87-25-91. L’hostie n’est-elle pas une mé- du Président-Kennedy, Paris-16 .Le 15 décembre, 20 heures. Tél. : 01-56- Les Wampas, Tony Truant, JL le Ténia taphore du sacrifice humain ? 40-15-16. 100 F. La Cigale, 120, boulevard Roche- e Depuis toujours, le meurtre et la Le Messie chouart, Paris-18 . Le 15 décembre, cuisine sont liés d’une sourde Haendel. Salomé Haller (soprano), 19 h 30. Tél. : 01-49-25-89-99. 110 F. Arm Posse connivence. Au début du XXe siè- Martin Oro (alto), James Oxley (ténor), René Linnenbank (basse), la Maîtrise Glaz’Art, 7-15, avenue de la Porte-de- e cle, dans les campagnes périgour- de Bretagne, le Parlement de musique, La Villette, Paris-19 . Le 15 décembre, dines, le cochon égorgé chaque Martin Gester (direction). 20 h 30. Tél. : 01-40-36-55-65. 60 F. année recevait encore le nom de Eglise Saint-Roch, 296, rue Saint- Le Dernier Moussem Honoré, Paris-1er. Le 15 décembre, Le Divan du monde, 75, rue des Mar- « Monsieur ». Le cannibalisme e 20 h 30. Tél. : 01-48-24-16-97. De 110 F tyrs, Paris-9 . Les 14, 15, 16, 19, 20, 21, rituel symbolisé par la figure de à 200 F. 22 et 23 décembre, 19 h 30. Tél. : l’ogre, dévoré à son tour sous for- Les Chantres de la chapelle 01-44-92-77-66. De 110 F à 130 F. me de pain d’épice, s’est adouci en Couperin. Pierre Jeannot, Aurélien Carte blanche à Lounis Aït Menguellet Simonot, Bernard Arrieta, Jean-Luc Cité de la musique, 221, avenue Jean- prenant les traits de saint Nicolas e Rayon, Pascal Richardin (chanteurs), Jaurès, Paris-19 . Les 14, 15 et qui a fini par protéger les petits Jean Boyer (orgue), Olivier Schneebeli 16 décembre, 20 heures. Tél. : 01-44- enfants au lieu de les avaler. (direction). 84-44-84. 130 F. Fred Galliano Frikyiwa Avec Pâques et le retour de la Eglise Saint-Gervais - Saint-Protais, pla er e Sunset, 60, rue des Lombards, Paris-1 . lumière, les gâteaux en forme de ce Saint-Gervais, Paris-4 . Le 15 décem- bre, 20 h 30. Tél. : 01-44-70-64-10. 50 F. Les 14, 15 et 16 décembre, 21 heures. soleil, derniers avatars des cultes Richard Move Tél. : 01-40-26-21-25. solaires, se multiplient en Europe. Martha@Paris. Sheikh Ahmad Barrayn Café de la danse, 5, passage Louis- C’est aussi l’époque où l’on célé- Centre national de la danse, 9, rue e e Philippe, Paris-11 . le 15 décembre, brait le retour printanier de la Geoffroy-l’Asnier, Paris-4 .Le14dé- cembre, 19 heures ; le 15 décembre, 20 h 30. Tél. : 01-47-00-57-59. De 100 F fécondité. Au Portugal, les phallus 18 heures. Tél. : 01-42-74-06-44. 60 F. à 120 F. de la Fête des veuves, qui se tient à Junior Ballet Amina Alaoui Institut du monde arabe, 1, rue des cette date, sont très réalistes. Dans du e Fossés-Saint-Bernard, Paris-5 . Les 15 et le Sud-Ouest français, un tel rap- Lucinda Childs : Sunrise of the Plane- tary Dream Collector. Merce Cun- 16 décembre, 20 h 30. Tél. : 01-40- prochement indigne les gour- ningham : Changing Steps. Quentin 51-38-14. 100 F. mands. Pourtant, à Limoges, on Rouillier : création. Hervé Robbe : déguste des cornuelles dont la for- création. me est sans ambiguïté. Et dans le Conservatoire national supérieur de musique, 209, avenue Jean-Jaurès, Poitou ou les Charentes, si l’on ne Paris-19e. Les 14, 15 et 16 décembre, mange plus de conole pour les 20 h 30. Tél. : 01-40-40-46-46. Entrée Rameaux, la pine qui lui était asso- libre. ciée est encore populaire. «Les Joyaux Ballet de George Balanchine. Musique gâteaux identifiés comme des repré- de Fauré, Stravinsky, Tchaïkovski. sentations sexuelles deviennent subi- Opéra de Paris - Palais Garnier, place tement difficiles à avaler. Comme si de l’Opéra, Paris-9e. Les 15, 16, 19, 20, plus personne n’osait courir le risque 21, 26, 27, 28, 29 et 30 décembre, 19 h 30 ; le 31 décembre, 20 heures. d’y prendre trop de plaisir, s’étonne Tél. : 08-36-69-78-68. De 30 F à 395 F. Christine Armengaud. Mais com- Amy Swanson, Jean-Michel Agius ment interpréter ce déni de réalité Derniers A-Vœux. Le Regard du cygne, 210, rue de Belle- dans une société dite libérée ? » e ville, Paris-20 . Les 15 et 16 décembre, 20 h 30 ; le 17 décembre, 17 heures. Emmanuel de Roux Tél. : 01-43-58-55-93. 50 F. 37 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 EN VUE

Les accusations du « Patriote » en Côte d’Ivoire a En jouant l’élection à pile ou face, l’Etat du Michigan s’est évité un recomptage pour accorder la Le quotidien proche de l’ancien premier ministre Alassane Ouattara dénonce les exécutions sommaires victoire à Dave Stremlow, candidat à la mairie de Fife Lake et les tortures perpétrées contre les partisans de ce dernier, évincé du scrutin du 10 décembre Township, sur qui son adversaire Marianne Larson l’emportait LE LECTEUR ivoirien n’a que RDR, qui agirait « avec des appuis didature d’Alassane Ouattara. troupes à la veille du scrutin qu’il d’une voix. l’embarras du choix dans la mise extérieurs (…) identifiés et locali- « Pourquoi était-ce nécessaire si, voulait empêcher. Au regard du en accusation du pouvoir de Lau- sés » par les fins limiers de l’Etat. comme l’affirme Laurent Gbagbo, sort des manifestants, qui se sont a Après l’arrestation d’un homme rent Gbagbo par Le Patriote,le D’autre part, parce que le RDR la séparation des pouvoirs entre quand même fait prendre, on peut qui filmait sous les jupes des porte-voix du Rassemblement des aurait été en mesure de conquérir l’exécutif et le judiciaire est effec- difficilement regretter une bataille femmes lors d’un festival républicains (RDR), le parti de « environ 100 sièges » au Parle- tive ? », s’interroge, la plume trem- de rue qui n’a pas eu lieu. religieux, Edward Jerse, député l’ancien premier ministre Alas- ment, soit près de la moitié de pée dans la candeur, Le Patriote, Le Patriote, à l’instar d’autres de l’Ohio, a déposé sa loi contre sane Ouattara. Celui-ci ayant été l’hémicycle. Cela ne correspond pour qui l’instrumentalisation de journaux, rend compte d’une les vidéastes voyeurs. empêché par la Cour suprême de pas aux calculs des ambassades la Cour suprême par le gouverne- conférence de presse donnée par se présenter aux législatives du occidentales à Abidjan, qui crédi- ment ne fait aucun doute. l’Association ivoirienne pour la a Les médecins américains dimanche 10 décembre en raison taient le parti d’ADO d’une tren- défense des droits de la femme hésitant à certifier que leurs de sa « nationalité douteuse »,le taine de sièges dans leurs simula- BERNÉ PAR LE GOUVERNEMENT (AIDF), qui dénonce les sévices patients auront moins de six mois journal charge la manchette de tions du vote. Mais ces diplo- Sur une pleine page, achevant infligés à une vingtaine de fem- à vivre – garantie nécessaire pour son édition du mercredi 13 dé- mates ne tenaient sans doute pas un feuilleton débuté la veille, le mes. Détenues à l’Ecole de police, pouvoir terminer son existence cembre d’un tir nourri contre le compte de la « récupération des journal égrène ensuite l’éphémé- la moitié d’entre elles auraient été dans un hospice aux frais du gouvernement. D’abord avec un nombreux candidats indépendants, ride d’une négociation avortée, violées. Le quotidien proche du Medicare, l’assurance-vieillesse « scoop », un rapport des rensei- qui ne disposent en réalité d’au- celle du report des élections. Jour RDR rapporte, par ailleurs, deux fédérale –, la plupart des gnements généraux, reproduit en cune surface financière ». après jour et dans tous ses détails, témoignages anonymes faisant personnes âgées, qui, de haute fac-similé, qui révélerait « la vraie ture » d’Alassane Ouattara. L’ex- Le piment de l’affaire : une le lecteur est mis au courant d’une état d’exactions graves, dont « des lutte, obtiennent leur certificat, raison du rejet de la candidature clusion de l’opposant est jugée copie du rapport aurait été adres- « arnaque politique qui aura des exécutions sommaires »,dansmeurent en moins d’une semaine d’ADO », les initiales d’Alassane « incontournable » pour deux rai- sée à la Chambre constitution- répercussions graves »,leRDR d’autres lieux de détention. après leur admission. Dramane Ouattara. Ensuite, avec sons. D’une part, en réponse à nelle de la Cour suprême, qui, le s’étant laissé « berner » par le gou- l’accusation que « de nombreux « la logique de déstabilisation » du 1er décembre, a invalidé la can- vernement en démobilisant ses Stephen Smith a « L’angoisse me tue à petit feu. Ivoiriens », détenus à la suite des Si je suis limogé, je ne sais pas rafles policières de la semaine comment je nourrirai ma famille », dernière, seraient torturés « avec DANS LA PRESSE qu’il gère la mémoire d’un peuple qui des partis et des campagnes, qu’il Mais ils constituaient aussi un hom- se lamente, en redoutant la la caution du ministre de l’inté- ne ressemble à aucun autre qu’il doit admette que des fautes ont été com- mage inconscient à la démocratie fermeture de la centrale de rieur ». Enfin, le quotidien revient LE NOUVEL OBSERVATEUR espérer susciter des indulgences mises, par tous, y compris par les américaine. C’est qu’à aucun Tchernobyl, Alexandre sur les négociations d’un report Jean Daniel inconditionnelles. Il n’y a pas ici de siens, qu’il décrive la longue bataille moment, dans ce long imbroglio, le Eltchischev, ingénieur, attiré au des législatives, qui avaient tourné a Dans l’inquiétude, dans la guerre fatalité de l’antisémitisme, il y a le pour instaurer contrôles, plafonne- pays ne s’est déchiré ; la violence, lendemain de la catastrophe par court à vingt-quatre heures du et dans la paix, les Français, en dépit malheur des passions aveugles. ments et sanctions, qu’enfin il présen- pourtant si prompte à éclater, ne les salaires et les primes de scrutin, sous le titre : « Les enga- de la fameuse « politique arabe » de te quelques propositions pour amé- s’est manifestée ; la vacance du risques. gements que Laurent Gbagbo a leurs diplomates, ont accompagné le RTL liorer un système qui en a encore pouvoir ne s’est produite. Tout a con- violés ». destin israélien. Mais se déclarer Alain Duhamel bien besoin. tinué de fonctionner normalement, a Christian Huchedé, directeur S’il était authentique, ce qui aujourd’hui consterné par l’idée que a Jacques Chirac n’est pas le grand et les institutions, tant moquées, ont de l’Arche à Château-Gontier, n’est pas sûr dans le royaume des les victimes s’exposent à devenir des exorciste de la République. Il ne fera LE FIGARO permis le choix d’un homme sans seul refuge en France pour les faux qu’est l’administration ivoi- bourreaux ; redouter que les Israé- donc pas de miracle en s’exprimant Michel Schifres que personne ait pu imaginer le animaux non domestiques, ne rienne, le « rapport édifiant » des liens perdent leur âme en demeurant ce soir à la télévision. Il ne purgera a Que l’Amérique ait enfin élu son contraire. Combien de nations, y peut faire face au nombre des RG serait en effet une bombe poli- des occupants ; proclamer que les pas d’un seul coup le système politi- président ne fera pas oublier la jubila- compris démocratiques, auraient magots vainement dressés au tique. Document de synthèse daté fameuses colonies implantées au que français des miasmes de la cor- tion malsaine qui a saisi une partie accepté de subir tant d’humilia- combat pour remplacer des du 30 novembre et portant sur cœur des territoires palestiniens sont ruption. Son intervention peut cepen- du monde. Sans doute ces ricane- tions ? N’auraient-elles pas plutôt pitbulls et abandonnés par des des enquêtes menées pendant un de consternantes provocations, n’est- dant alléger l’atmosphère. Pour cela, ments et ces faux apitoiements fermé les yeux sur quelques irrégula- propriétaires dépités : mois, avec l’appui technique de ce pas aussi se préoccuper du destin il faudrait qu’il reconnaisse le long étaient-ils une manière illusoire et rités ? N’auraient-elles pas eu à l’adolescence, ces singes, d’un l’Institut national de la statistique, juif ? L’Etat israélien est un Etat com- aveuglement des responsables politi- puérile de se libérer de la puissance recours à une autorité quelconque naturel affable, ne supportent il conclut au « rejet de la candida- me les autres. Et ce n’est pas parce ques sur la question du financement de l’Amérique et de sa suffisance. dans l’espoir d’en finir au plus vite ? plus d’obéir, se révoltent contre leurs maîtres et les mordent dès qu’ils ordonnent d’attaquer. SUR LA TOILE www.ethiogift.com a Un juge de Hongkong ordonne PUBLICITÉ À L’ÉCOLE à l’administration pénitentiaire de a La société californienne Zapme, rééexaminer le licenciement de qui avait fait don de salles informa- En Ethiopie, tout ce qui se passe sur Internet est suspect, même les échanges de cadeaux pendant les fêtes Pang Tak-kwai, enseignant en tiques à 2 300 écoles américaines à milieu carcéral, pour avoir offert condition que les ordinateurs affi- DAWIT BEKELE enseigne l’infor- nue à fonctionner encore long- des cacahouètes aux prisonniers. chent des publicités de marque à matique à l’université d’Addis-Abe- temps. Les autorités éthiopiennes destination des enfants, a décidé ba. En août 1998, il a ouvert, avec entretiennent la plus grande a « Il aurait bien entendu pu vivre de mettre fin à son programme. Si trois amis, un site à l’intention de la méfiance à l’égard du réseau mon- le restant de ses jours avec son les écoles souhaitent garder les diaspora éthiopienne, qui propose dial : « Il y a moins de 2 000 abonnés affection », affirme un vétérinaire ordinateurs, elles devront les ache- notamment un service de cadeaux, à Internet en Ethiopie. Le seul four- du ministère de l’agriculture ter ou les louer. Pour expliquer sa payés par les expatriés puis achetés nisseur d’accès autorisé a été créé britannique à propos de Major,le décision, Zapme, qui a été récem- en Ethiopie et livrés aux Ethiopiens par le gouvernement, qui freine son lion du zoo de Newquay, atteint ment rachetée par la société israé- restés au pays. M. Bekele vend développement : des milliers de gens d’une variante de la maladie de la lienne Gilat Satellite Networks, se donc via Internet des moutons, dis- attendent vainement d’être vache folle, abattu, au mois réfère à la virulente campagne ponibles en trois tailles, de l’alcool, connectés. (…) Dans un tel contexte, d’août, parce qu’il souffrait du menée par de nombreuses associa- des fleurs et une trentaine de modè- nos initiatives commerciales et notre dos. tions pour interdire la publicité à les de gâteaux à la crème. réussite sont perçues comme une l’école. Elle devrait redistribuer les Pour faire connaître le service intrusion dans les domaines stricte- a Berlin, premier producteur ordinateurs ainsi récupérés à des Ethiogift à Stockholm, Los Ange- ment réservés de l’Etat. » Fin novem- laitier d’Allemagne, qui avait garages et des restaurants. – (AP.) les, Toronto, Atlanta, Johannes- bre, toutes les connexions Internet acheté des vaches au XIXe siècle www.zapme.com burg et surtout à Washington, où d’Ethiogift ont été coupées. Pour pour conserver à ses quartiers vivent plusieurs dizaines de milliers recevoir les commandes passées leur caractère verdoyant, met en LYON d’Ethiopiens, il a recruté des restau- sur le site, hébergé sur un serveur vente ses 12 500 têtes de bétail. a La chaîne de télévision M6 a lan- rateurs en leur envoyant cartes pos- basé au Canada, et pour utiliser le cé un portail d’informations de tales, affiches et calendriers. Il diffu- courrier électronique, les employés a Les habitants de Kuala Lumpur proximité pour la ville de Lyon, qui se également des spots publicitai- de l’entreprise se rendent désor- se plaignent du bruit des sera dirigé par le rédacteur en chef res sur des radios écoutées par les xes, nous vendons plusieurs centai- viennent de différents éleveurs. mais dans des cybercafés : « Il faut commerçants qui diffusent des de son « 6 minutes », journal télévi- Ethiopiens expatriés, à charge pour nes de moutons et de gâteaux par Ethiogift s’engage à livrer au centre être très discret car, chez nous, les chants d’oiseaux pour attirer les sé local diffusé en décrochage. M6 ses correspondants locaux de pren- jour. » Le paiement s’effectue en ville et en banlieue sous quarante- cybercafés sont tous clandestins ; ils martinets et les faire nicher au compte ouvrir prochainement des dre les commandes d’une clientèle dollars, mais Ethiogift règle ses huit heures, et à rembourser ses sont illégaux », précise M. Bekele. A fond de leur boutique, puis qui sites similaires dans les onze autres qui ne dispose pas toujours d’un fournisseurs éthiopiens en mon- clients « dans le cas improbable où Addis-Abeba, vendre des moutons revendent leurs nids à des villes où elle diffuse un journal accès à Internet. Après deux ans naie locale. Les gâteaux sont prépa- le cadeau serait refusé ». via Internet est un métier à risque. marchands de soupe chinois. local. – (AFP.) d’efforts, M. Bekele est satisfait : rés au Sheraton, le plus grand hôtel M. Bekele avoue cependant ne www.M6lyon.fr « Lors des fêtes chrétiennes orthodo- d’Addis-Abeba. Les moutons pro- pas être sûr que son système conti- Géraldine Faes Christian Colombani

Promotion par Luc Rosenzweig « DÉFENSE D’ENTRER », sur nôtre, à un long repos). Des vedet- l’Est, à Paris, Valérie demande à TF1, est une émission de l’espèce tes du show-biz, qui ont en géné- J. Y. si lui aussi avait eu un train dite « divertissement informatif à ral quelque chose à promouvoir, électrique dans son enfance. J. Y., concept ». Ce dernier consiste à CD ou livre, complètent le plateau, sec : « Non, mécanique, qui se donner au public l’impression que et sont censées ponctuer les divers remontait avec une clé. » Valérie : les équipes de reporteurs de ce reportages de leurs remarques pro- « C’est quand même fascinant, ces programme ont forcé les portes fondes et/ou piquantes. vieux messieurs qui viennent jouer de lieux inaccessibles au commun Ce mercredi, c’était le tour de la au train… » J. Y. : « Je pars du prin- des mortels, pour en dévoiler les chanteuse Liane Foly et de l’humo- cipe que rien ne me fascine. » Par la secrets. Alors que, deux fois sur riste Jean Yanne, que nous désigne- suite, il proposera, d’un air las, que trois, les responsables de l’émis- rons désormais, par commodité, l’on transforme en parkings ces sion ont fini par répondre aux sol- par ses initiales J. Y. La première « jardins secrets au cœur de licitations pressantes d’un office joua à peu près le jeu en faisant le Paris » où les caméras de « Défen- de tourisme ou d’une attachée de contrepoint mutin et coquin des se d’entrer » nous avaient fait presse, le dernier tiers étant consti- thèmes abordés. J. Y., lui, était pénétrer. tué de sujets achetés à l’étranger. venu là avec une tête longue de six Valérie Benaïm fit donc preuve Le tout est animé par un quatuor pans, qui signifiait à peu près : d’une remarquable magnanimité de jeunes gens et jeunes filles « Qu’est-ce qu’il faut pas faire com- en montrant, furtivement, certes, dynamiques, bien propres sur me conneries pour vendre un bou- mais en montrant tout de même, eux, style Canal+ relooké TF1. quin ! » Valérie avait beau ramer l’ouvrage écrit par J. Y. qui justifiait Cette petite équipe est emme- pour lui faire faire le J. Y., sa présence sur le plateau et qui née par une Valérie Benaïm à c’est-à-dire un type plutôt rigolo, il s’intitule Dictionnaire des mots qu’il trois jours d’accoucher (la DDASS continuait à faire la tronche. n’y a que moi qui les comprends.On devrait d’ailleurs jeter un œil sur Exemple : après un sujet sur les n’en saura pas plus, car là, c’était la situation de cette jeune femme retraités de la SNCF qui font jou- vraiment « défense d’entrer ». Il qui travaille encore dans son état, jou avec leurs trains électriques ne faut pas confondre littérature et et la forcer, pour son bien et le dans un local situé sous la gare de divertissement informatif. LeMonde Job: WMQ1512--0038-0 WAS LMQ1512-38 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 09:22 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 21Fap: 100 No: 0279 Lcp: 700 CMYK

38 / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 RADIO-TÉLÉVISION

JEUDI 14 DÉCEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.46 Thema. De quoi j’me mêle ! DÉBATS 22.45 Marciac Sweet 2000. 15.50 La Huitième Femme ARTE Nos amies les bêtes : L’amour à mort. Avec Ahmad Jamal, piano. Muzzik de Barbe-Bleue aa TÉLÉVISION Toros ! L’amour à mort. Arte 22.55 Le Concerto d’Aranjuez, Ernst Lubitsch (Etats-Unis, 1938, 19.00 Cousins d’ici, cousins d’ailleurs. 18.00 Face à la presse. 21.00 Cycle Depardon. de Rodrigo. Avec Pepe Romero, N., v.o., 85 min) &. Ciné Classics Faits divers. Histoire TF 1 [4/4] Mali - Europe. Jean François-Poncet. Public Senat guitare. Par the Academy 16.40 Guantanamera aa of St Martin in the Fields, 19.45 Météo, Arte info. 20.45 et 1.00 Le Club. Football : 21.00 Manuel Agujetas. Tomas Gutiérrez Alea dir. sir . Mezzo 18.20 Exclusif. l’argent fait-il le bonheur ? LCI Chanteur de flamenco. Mezzo et Juan Carlos Tabío (Cuba, 1995, 20.15 Les Malheurs 21.00 La Médecine humanitaire. Forum 21.05 Mémoires de palaces. 23.45 Duets 1. Charlie Mariano 100 min) &. Cinéstar 1 19.00 Le Bigdil. de la Mannschaft. Le Pierre de New York. TV 5 et Wolfgang Dauner. 20.00 Journal, Météo. 20.45 Thema. Nos amies Avec Charlie Mariano, saxophone ; 16.55 Alien, la résurrection aaa 21.20 Sauve qui peut. Planète Jean-Pierre Jeunet (EU, 1997, Invité : Jacques Chirac, président les bêtes : l’amour à mort ! MAGAZINES Wolfgang Dauner, piano. Muzzik de la République 22.10 Gros plan 110 min) ?. Ciné Cinémas 1 20.46 Toros ! L’amour à mort. 0.35 Barbara Thompson’s 20.55 Sandra et les siens. 21.35 et 23.05 Nos amies les bêtes, 18.30 L’Invité de PLS. sur Béatrice Dalle. Festival « Paraphernalia ». 17.15 Les Diaboliques aaa Les Cathédrales du silence %. l’amour à mort ! Débat. François Leotard. LCI 22.30 Légendes. Sally Field. Téva Avec Jon Hiseman, percussions ; Henri-Georges Clouzot (France, 1954, 22.15 Sois bête et tais-toi ! N., 115 min) &. Cinétoile 22.50 Made in America. Faux semblant. 18.40 Nulle part ailleurs. 23.30 Sujet tabou. Peter Dunne, guitare ; Dave Ball, Téléfilm. Michael Switzer %. 23.40 The Lost World aa Invités : Quawwali ; basse ; Peter Lerner, claviers. Muzzik 17.40 Stand by Me aa Danny la bravoure. France 3 0.35 Histoires naturelles. Film muet. Harry Hoyt Jeremy Irons. Canal + Rob Reiner (Etats-Unis, 1986, et Willis H. O’Brien. 19.30 et 0.35 Rive droite, 0.20 Un siècle d’écrivains. v.o., 90 min) &. Cinéstar 2 Philippe Soupault. France 3 TÉLÉFILMS rive gauche. Paris Première 18.20 Le Mariage de FRANCE 2 0.25 Génocide, les plans M6 20.50 Envoyé spécial. La guerre des roses. 22.50 Faux semblant. M. Switzer. %. TF 1 mon meilleur ami aa d’Auschwitz. Planète 16.55 Des chiffres et des lettres. L’Amérique en état de guerre. 22.50 La Vérité vraie. Paul J. Hogan (Etats-Unis, 1997, 17.20 Kid et compagnie. Le cheval et le prisonnier. Fabrice Cazeneuve. Festival 100 min) &. Cinéstar 1 17.20 Un livre. 18.05 Le Clown. P-s : Tchernobyl : on ferme ! France 2 SPORTS EN DIRECT 20.30 Angoisse aa 17.25 Qui est qui ? 18.55 Le Flic de Shanghaï. 23.00 Comme au cinéma. COURTS MÉTRAGES Jacques Tourneur (EU, 1944, N., 18.05 70’s Show. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. Adaptations. Muriel Robin. Les 20.00 Basket-ball. v.o., 90 min) &. Ciné Classics 18.35 JAG. 20.05 Une nounou d’enfer. best-sellers font-ils les meilleurs films ? SuproLigue (1re phase, 7e journée) 20.40 Avant l’orage. 21.00 Tout feu tout flamme aa 19.20 Jeudi, c’est Julie. Laetitia Casta tourne Jean Giono. Groupe B : Maccabi 20.40 Passé simple. L’auteur de Baise-moi Stephant-Andews. 13ème RUE Jean-Paul Rappeneau (France, 1981, 19.50 Un gars, une fille. Tel-Aviv - Pau-Orthez. Eurosport 105 min) &. Cinétoile 20.50 Ça reste entre nous de nouveau à l’écran. France 2 21.00 Basket-ball. 20.00 Journal, Météo, Point route. Film. Martin Lamotte &. 23.20 Courts particuliers. Euroligue masculine SÉRIES 20.50 Envoyé spécial. 22.35 Toutes les télés. Avec Pascal Greggory. Paris Première e (7 journée, Groupe C) : La guerre des roses. L’Amérique 0.05 Le Plus Grand Domino 23.45 Le Club. Trévise - Olympiakos. Pathé Sport 20.00 Vidocq. Vidocq en état de guerre. Le cheval et le du monde. Invité : Norbert Saada. Ciné Classics 22.00 Equitation. Olympia International et les faux témoins. &. Ciné Classics prisonnier. Tchernobyl : on ferme ! Show Jumping Championships. 20.55 Sandra et les siens. 23.00 Comme au cinéma. Adaptations. DOCUMENTAIRES The Millenium Challenge. Eurosport Les Cathédrales du silence. %. TF 1 0.35 Journal, Météo. RADIO 21.25 Outsiders. 1.00 Nikita. Le nouveau régime %. 20.15 Reportage. MUSIQUE Mirror Images (v.o.). Série Club Les Malheurs de la Mannschaft. Arte 22.15 Roswell. FRANCE 3 FRANCE-CULTURE 20.30 Histoires oubliées de l’aviation. 21.00 Andrea Bocelli. Par l’Orchestre A fleur de peau (v.o.). Série Club Le pilote du Focke-Wulf de l’Académie Sainte-Cécile, 23.25 Taxi. Zen and the Art 17.50 C’est pas sorcier. 20.30 Fiction 30. dir. Myung-Whun Chung. Muzzik of Cab Driving (v.o.). Série Club FW 190. Planète 18.15 Un livre, un jour. Vietnam délicat, de Franck Derex. 18.20 Questions pour un champion. 21.00 Le Gai savoir. Invités : Jacques Kupiec, Pierre Sonigo. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 22.12 Multipistes. 20.10 Consomag. 22.30 Surpris par la nuit. 20.15 Tout le sport. 20.25 C’est mon choix... ce soir. FRANCE-MUSIQUES FRANCE 3 ARTE FRANCE 3 22.00 Uncle Silas aa 20.55 Mission. Film. Roland Joffé %. Charles Frank. Avec Jean Simmons, 23.00 Météo, Soir 3. 20.00 Concert. Donné par l’Orchestre 23.30 Danny la bravoure 23.40 The Lost World aa 0.20 Philippe Soupault Derrick de Marney (GB, 1947, N., 23.30 Sujet tabou. Danny la bravoure. philharmonique de Radio France, Treize années de la vie de Dan A Londres, le professeur Challen- Du réalisateur Antoine Gallien, v.o., 105 min) &. Ciné Classics 0.20 Un siècle d’écrivains. dir. Thomas Dausgaard. Œuvres de 22.15 Autant en emporte Philippe Soupault. Weir, Forest, Walton, Tippett, Elgar. Keplinger, infirme moteur céré- ger reprend les théories de Maple Arte avait diffusé un document le vent aaa 1.10 Espace francophone. Québec. 22.30 Jazz, suivez le thème. bral depuis sa naissance, et ar- White, disparu au cours d’une ex- riche et subtil sur Alexandre Du- George Cukor, Victor Fleming Body and Soul. tiste peintre. Soutenu par sa pédition, selon lesquelles une vie mas. Un même bonheur anime et Sam Wood (Etats-Unis, 1939, CANAL + 23.00 Le Conversatoire. Invités : Martin Gester, Marc Monnet. mère, qui refuse les constats pes- préhistorique existe encore au cette évocation de Philippe Sou- v.o., 215 min) &. Ciné Cinémas 1 23.40 Le Monde perdu aa 16.40 Une liaison pornographique 0.00 Tapage nocturne. simistes des psychiatres, Dan in- cœur de l’Amazonie. Il part à pault, parmi les meilleures conçues Harry Hoyt et Willis H. O’Brien Film. Frédéric Fonteyne &. tègre à quatorze ans une école l’aventure... Deux ans de tournage pour la collection « Un siècle (Etats-Unis, muet, 1925, f En clair jusqu’à 20.35 RADIO CLASSIQUE « normale ». Le choc est rude : et grand succès grâce aux effets d’écrivains ». Dans son propos N., 95 min). Arte 18.00 Daria &. 0.05 Les Seigneurs aa 18.30 Nulle part ailleurs. 20.40 Les Rendez-vous du soir. « Personne ne voulait comprendre spéciaux dirigés par un pionnier de comme dans sa forme, à quelques Philip Kaufman (Etats-Unis, La violoncelliste Jacqueline Du Pré. 20.35 A nous quatre Œuvres de Chopin, Saint-Saëns, que j’étais un être intelligent », se l’animation image par image, Wil- reconstitutions près, le film se 1979, 110 min) !. Cinéfaz Film. Nancy Meyers &. 0.35 Tarzan, l’homme-singe aa Delius, Beethoven, Dvorak. souvient le jeune homme. Oscar lis O’Brien. Réalisé en 1925 et pré- « tient » en une qualité constante, 22.40 Nos vies heureuses 22.40 Les Rendez-vous du soir (suite). WS Van Dyke (Etats-Unis, 1932, N., Film. Jacques Maillot %. du meilleur documentaire. senté dans une version restaurée. inventive et joueuse. v.o., 100 min) &. Cinétoile Œuvres de Schubert, Bruckner.

VENDREDI 15 DÉCEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

18.30 Le Monde des animaux. Tony et 22.30 Marciac Sweet 2000. 13.45 Le Dernier Rivage aa DÉBATS les manchots. [10/10]. La Cinquième Avec Richard Galliano, accordéon ; Stanley Kramer (Etats-Unis, 1959, TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE N., 140 min). Festival 20.15 Reportage. Jean-Philippe Viret ; 13.45 Le Journal de la santé. 18.00 Régions. Le Limousin face à la crise Sur le dos des baleines. Arte Jean-Marie Ecay. Muzzik 15.05 Angoisse aa TF 1 14.05 100 % question. de la vache folle. Public Sénat 20.40 La Forteresse blanche. Planète 22.50 The Eagles. Au Warner’s Burbank Jacques Tourneur (EU, 1944, N., v.o., 90 min) &. Ciné Classics 14.35 La Cinquième rencontre... 21.00 Piaf et Cerdan. Forum Studio, en avril 1994. Canal Jimmy 21.25 Le Krach de 1929. Odyssée 15.40 Aux sources du Nil aa 13.55 Les Feux de l’amour. 16.00 Les Risques du métier. 22.00 Souriez, vous êtes fichés ! Forum 23.35 Jazz à Antibes 90. Muzzik 21.55 Classic albums. Bob Rafelson (Etats-Unis, 1990, 15.40 Les Dessous de Palm Beach. 16.30 Les Ecrans du savoir. 23.00 Entre terre et exil, « Aja », de Steely Dan. Canal Jimmy 135 min) &. Cinéstar 2 16.35 7 à la maison. THÉÂTRE 17.25 100 % question 2e génération. la culture palestinienne. Forum 22.00 Jacques Delors. [2/3]. Histoire 15.55 La Nuit américaine aaa 17.30 Sunset Beach. 17.55 Le bonheur est dans le pré. 22.25 Lon Chaney, l’homme François Truffaut (France, 1973, 18.20 et 1.40 Exclusif. 18.30 Le Monde des animaux. 20.30 La Poule aux œufs d’or. 110 min) &. Cinétoile 18.58 Etre heureux comme... MAGAZINES derrière le masque. Ciné Classics Pièce d’Alexandre Vial. Mise en scène 19.00 Tracks. 16.10 eXistenZ aa 19.00 Le Bigdil. 22.30 Grand format. Yanomamis, de Michel Galabru. Festival 19.45 Météo, Arte info. 14.35 La Cinquième rencontre... David Cronenberg (Etats-Unis, 1999, les guerriers de l’Amazonie. Arte 0.15 Les Caprices de Marianne. Pièce en 90 min) ?. Canal + Vert 19.55 Hyper net. 20.15 Reportage. Sur le dos des baleines. Famille - Ecole : Le désir d’enfant. 22.40 Marcel Cerdan, deux actes d’Alfred de Musset. Mise en 16.15 Maris et femmes aaa 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 20.45 Iqbal. Invitée : Gisèle Halimi. La Cinquième scène de Bernard Murat. Festival 20.55 Les Enfants de la télé. gentleman boxeur. Planète Woody Allen (Etats-Unis, 1992, Téléfilm. Cinzia T. Torrini. 17.00 Les Lumières du music-hall. v.o., 110 min) &. Cinéfaz 23.15 Sans aucun doute. Jean Sablon. 23.20 Les Chevaux 22.30 Grand format. Yanomamis, . Paris Première TÉLÉFILMS 17.05 Le Vaisseau fantôme aa 1.00 Les Coups d’humour. les guerriers de l’Amazonie. du toit du monde. Odyssée Michael Curtiz (Etats-Unis, 1941, N., 23.20 Jonas qui aura vingt-cinq ans 18.15 Argent public, argent privé. 19.00 Le Mystère de la Montagne v.o., 90 min) &. Ciné Classics L’argent de poche. Les lycées de 23.35 Gospel, la voix de l’émancipation. FRANCE 2 en l’an 2000 aa Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Centuri. [2/3]. TMC Ensorcelée. 21.00 La Rivière sans retour aa Film. Alain Tanner. Invité : Philippe de Villiers. TV 5 23.40 Esprit des peuples premiers. Peter Rader. Disney Channel Otto Preminger (Etats-Unis, 1954, 14.50 En quête de preuves. 1.10 Le Dessous des cartes. 18.40 Nulle part ailleurs. [2/13]. Australie, la dame 20.45 Iqbal. Cinzia T. Torrini. Arte v.o., 90 min) &. Cinétoile 15.45 La Chance aux chansons. Europe : l’état des chantiers [2/2]. du lac Mungo. Planète Invités : Robbie Williams ; 20.50 Voyage au centre de la terre. 21.00 Stand by Me aa 16.50 Des chiffres et des lettres. 1.25 Levi, un commerçant bien gentil. Elie Semoun ; David Sedaris. Canal + 23.45 Les Grandes Enigmes George Miller [1 et 2/2]. &. M6 Rob Reiner (Etats-Unis, 1986, Téléfilm. Didi Danquart. 90 min) &. Cinéstar 2 17.20 et 22.40 Un livre. 19.00 Tracks. No Respect : La mode pour de l’Histoire. [19/22]. Le dernier 20.55 Famille de cœur. 21.00 La Bible aa 17.25 Qui est qui ? M6 enfants. Tribal : Videurs. Dream : défi de Donald Campbell. Histoire Gérard Vergez. &. TMC 18.05 70’s Show. AC/DC et Motörhead. Backstage : 0.05 Histoires oubliées de l’aviation. John Huston (It. - EU, 1966, v.o., 23.45 Gesualdo, le prince. 165 min) &. Ciné Cinémas 3 18.35 JAG. 13.35 La Belle et le Flambeur. Love Parade à Tel-Aviv. Vibrations : Le pilote du Focke-Wulf Colin Nears. Mezzo Bernhard Wilhelm. Future : Road TV. FW 190. Planète 21.00 Voyages aa 19.20 et 1.30 Vendredi, c’est Julie. Téléfilm. Walter Grauman. &. Live : Richard Ashcroft. Arte 1.00 La Vengeance au cœur. Emmanuel Finkiel (France, 1999, 19.50 Un gars, une fille. 15.20 The Practice. 0.40 La Conquête de l’espace. Bradford May. 13ème RUE 115 min) &. Canal + Vert 19.20 Vendredi, c’est Julie. France 2 [2/2]. Objectif Mars. Histoire 20.00 Journal, Météo, Point route. 16.10 et 1.10 M comme musique. 19.30 et 0.20 Rive droite, 22.10 Meurtre en suspens aa 20.50 La Crim’. 17.20 Kid et compagnie. COURTS MÉTRAGES John Badham (Etats-Unis, 1995, 21.45 B.R.I.G.A.D. 18.05 Le Clown. rive gauche. Best of. Paris Première SPORTS EN DIRECT 90 min) %. TSR 22.45 Bouche à oreille. 18.55 Le Flic de Shanghaï. 19.55 et 23.55 TV 5 l’Invité. TV 5 0.35 Histoires courtes. Les Mains. 22.30 Folies-Bergère aa 14.15 Biathlon. Coupe du monde. Christophe Loizillon. & ; Les Pieds. Henri Decoin (France, 1957, 22.50 Bouillon de culture. 19.50 I minute. 20.00 La Vie des médias. LCI 10 km sprint messieurs. Eurosport Christophe Loizillon. &. France 2 95 min) &. Cinétoile 0.10 Journal, Météo. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 20.45 100 % politique. 16.00 Natation. Championnats 0.35 Histoires courtes. 20.05 Une nounou d’enfer. François Bayrou. LCI d’Europe en petit bassin. Eurosport SÉRIES 20.39 Conso le dise. 20.55 Thalassa. 20.30 Handball. Championnat de France FRANCE 3 20.40 Politiquement rock. Le podium des mutants. France 3 Division 1 masculine : 18.00 Daria. Toulouse - Chambéry. Eurosport 20.50 Voyage au centre de la terre. 21.00 Recto Verso. Sur la route de Palooza. &. Canal + 13.55 et 1.05 C’est mon choix. Téléfilm. George Miller [1 et 2/2]. &. Bernard Giraudeau. Paris Première 22.00 Equitation. Olympia International 18.05 70’s Show. 15.00 Un père pour Brittany. 0.25 Brooklyn South. 22.10 Faut pas rêver. Show Jumping Championships. Les parents l’apprennent. &. France 2 Téléfilm. Alan Metzger. The Christmas Puissance. Eurosport Escapade sous les chapiteaux. 19.20 Frasier. 16.35 MNK. Maroc : La place aux merveilles. C’est elle, le patron ! &. Série Club 17.35 A toi l’actu@. RADIO France : La piste sous les étoiles. DANSE Canada : Le canal du Rideau. France 3 20.15 Friends. 17.50 C’est pas sorcier. Celui qui draguait au large. &. RTL 9 22.50 Bouillon de culture. 21.00 La Bayadère. Ballet. Chorégraphie 18.15 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE Pour notre plus grand plaisir. de Rudolf Noureev. Musique 20.45 New York District. Vapeurs 18.20 Questions pour un champion. d’alcools. Dissimulation. 13ème RUE Invités : Pétillon ; Roger Thérond ; de Lanchberry. Par l’Orchestre 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo. 19.30 Appel d’air. Pierre Casamayor ; Alain Dutournier ; Colonne, dir. Michel Quéval. 20.50 La Crim’. L’oiseau fou. France 2 20.10 Tout le sport. 20.30 Black & Blue. Jean-Marie Pérause de Montclos ; Avec Isabelle Guérin (Nikiya), Jean-Luc Douin. France 2 21.40 Zorro. 20.20 Tous égaux. 21.30 Cultures d’islam. Laurent Hilaire (Solor), Zorro démasqué. Disney Channel Nizami, XIIe siècle, Les Sept Portraits. 23.15 Sans aucun doute. Les sectes : Elisabeth Platel (Gamzatti). Mezzo 20.55 Thalassa. Le podium des mutants. où en est-on aujourd’hui ? TF 1 21.45 B.R.I.G.A.D. 22.10 Faut pas rêver. 22.12 Multipistes. Point bombe. France 2 23.30 On ne peut pas plaire MUSIQUE 22.30 Guantanamera aa 23.10 Météo, Soir 3. 22.30 Surpris par la nuit. Prix Bayeux 22.45 La Vie à cinq. Dérapages. Téva Tomas Gutiérrez Alea des correspondants de guerre. à tout le monde. France 3 23.30 On ne peut pas plaire 18.30 Récital Murray Perahia. 23.00 Soap. (v.o.). Série Club et Juan Carlos Tabío. à tout le monde. Rwanda 1999 : revivre à tout prix. 0.35 T’as pas une idée ? Avec Mirtha Ibearra, 5 Vers un nouveau départ (Rediff.). Œuvres de Beethoven, Rachmaninov, 23.15 First Wave. Le complot. 13ème RUE Thierry Lhermitte. Canal Jimmy Schumann, Liszt. Mezzo Carlos Cruz (Cuba, 1995, v.o., 0.05 Du jour au lendemain. 23.25 Taxi. 95 min) &. Cinéstar 2 CANAL + 20.00 Fantaisie pour piano, chœur Louie’s Mother (v.o.). Série Club DOCUMENTAIRES et orchestre, de Beethoven. FRANCE-MUSIQUES 23.30 Sarah. 21 bougies. &. Téva 13.45 Les Enfants du siècle Avec Gerhard Oppitz, piano. Par 18.00 Science-fiction, 0.30 La Quatrième Dimension. Film. Diane Kurys (version courte) &. l’Orchestre symphonique de la Radio 15.30 La Cape et l’Epée. 19.07 A côté de la plaque. le futur au présent. [3/4]. de Stuttgart et le Chœur du Südfunk - Poussière. &. Série Club 20.05 Concert franco-allemand. L’apocalypse annoncée. Ciné Cinémas 15.45 Gloria chef de chœur : Joseph Beischer -, 1.00 Chapeau melon et bottes de cuir. Film. Sidney Lumet. %. Donné en direct de Francfort, 18.15 Reporters. Histoire dir. Gianluigi Gelmetti. Mezzo Le cheval de Troie. &. Série Club 17.30 Mickro ciné. par l’Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, dir. Hugh Wolff : f En clair jusqu’à 21.00 œuvres de Copland. 18.00 Daria. 22.30 Alla breve. 18.30 Nulle part ailleurs. 22.45 Jazz-club. En direct du Jazz Club 20.35 Allons au cinéma ce week-end. Lionel Hampton. Les New York Voices. 21.00 Boxe thaï. Réunions de Bangkok et de Tokyo. RADIO CLASSIQUE ARTE Curieuse expérience que d’être CINÉ CLASSICS 22.30 Urban Legend 23.20 Jonas qui aura 25 ans confronté aujourd’hui à cette 1.55 Ils étaient Film. Jamie Blanks. ?. 18.30 L’Actualité musicale. 0.10 Spin City. en l’an 2000 aa chronique de contestataires de la neuf célibataires aaa 20.40 Les Rendez-vous du soir. Johann société de consommation et à 0.30 Seinfeld. Strauss et la tradition hongroise. A Genève, en 1975, va naître Jonas, Afin d’arriver à séduire une 0.55 Voyages aa 23.00 Les Rendez-vous du soir (suite). cette mise en scène « militante » quatrième enfant de Mathieu Ver- comtesse russe, un aventurier 23.20 Jonas qui aura vingt-cinq Film. Emmanuel Finkiel &. Jacques Brel. pour le retour des utopies, qui ans en l’an 2000 aa nier (Rufus), typographe au chô- mondain fonde un hospice de nous paraissent d’un temps bien Alain Tanner. mage, et de son épouse, Mathilde révolu et quelque peu irritantes vieux célibataires qu’il marie, Avec Myriam Mézières, SIGNIFICATION DES SYMBOLES (Myriam Boyer), ouvrière en usine. contre finances, à des étrangères Jean-Luc Bideau (France - Suisse, par leurs partis pris : intellectua- 1976, 110 min). Arte Les codes du CSA Les cotes des films désirant acquérir la nationalité Les Vernier rencontrent six autres lisme et distanciation à la manière 0.00 Le Juge et l’Assassin aa & Tous publics a On peut voir % aa personnages, comme eux déçus de de Brecht. En 1999, Alain Tanner a française. Il prend la place de l’un Bertrand Tavernier (France, 1975, Accord parental souhaitable A ne pas manquer ? aaa mai 1968. Mais on rêve d’un tourné Jonas et Lila à demain, qui d’eux. Le scénario, de Sacha Gui- 125 min) %. Ciné Cinémas 3 Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique 1.55 Ils étaient ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + monde meilleur pour Jonas, qui, montre avec mélancolie le passage try, prend en compte certains pro- ! Public adulte DD Dernière diffusion blèmes de la France de 1939. neuf célibataires aaa d venant au monde à la fin du film, à l’an 2000 de Jonas, devenu Sacha Guitry (France, 1939, Interdit aux moins de 16 ans Sous-titrage spécial pour aura vingt-cinq ans en l’an 2000. adulte. Etourdissante comédie à sketches. N., 125 min) &. Ciné Classics # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1512--0039-0 WAS LMQ1512-39 Op.: XX Rev.: 14-12-00 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 21Fap: 100 No: 0280 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 Le gouvernement arrête son plan de route Washingtonville ! pour résorber les déficits publics d’ici à 2004 par Pierre Georges THAT’S ALL, FOLKS ! C’est tout, fraîcheur et leur sincérité et s’en- me les amis ! C’est ainsi que se finissent tendre dire, à la fin, que tout cela M Guigou et M. Fabius s’opposent sur la maîtrise des dépenses de santé les dessins – et les élections – ani- fut inutile, et même un peu illégal, més. Dans la douceur très « effet c’est à se taper la tête contre les LIONEL JOSPIN devait réunir, jeu- purement indicatives et pas contrai- té. Ne souhaitant « ni pause ni in- période, de l’ordre de 0,3 point de de serre » d’un petit matin de dé- urnes. Ou à douter de la grandeur di 14 décembre en fin de matinée, les gnantes. De peur d’être mal compris flexion » dans la politique écono- PIB par an. cembre, comment n’aurait-on pas et de la cohérence de la justice membres de son gouvernement de leur opinion publique ou de se mique, le premier ministre devrait Le ministre des finances se satisfera- versé des larmes d’émotion dans américaine. Sur ce sujet, une mau- pour débattre avec eux de la décen- faire rappeler à l’ordre par Bruxelles, inscrire ce nouveau plan dans la lo- t-il de ce plan de route ? En fait, tout le son cynique casque. Les radios vaise pensée, journalistique évi- tralisation et de la programmation aucun gouvernement ne peut, toute- gique des précédents. A un correctif débat se concentre, au sein du gouver- donnaient en boucle des extraits demment, nous est venue ce matin. pluriannuelle des finances publiques. fois, prendre le risque de présenter majeur près : l’ambition de baisser nement, sur l’évolution des dépenses d’« Embrassons-nous Washington- Si les magistrats mettent autant de Ce second dossier s’annonce délicat, un scénario trop fantaisiste. les impôts devrait être confirmée, et publiques. Globalement, il est prévu ville » ! Bush-Gore, Gore-Bush, ils soin et de cohérence à juger les car le premier ministre, qui rendra en contrepartie, le rythme de baisse qu’elles progressent de 4 % sur la n’avaient l’un et l’autre, l’un pour hommes qu’à soupeser les urnes, il ses arbitrages en début de semaine « NI PAUSE NI INFLEXION » des déficits pourrait être légèrement période, dont 1 % en volume pour l’autre, et les deux pour les Etats- ne nous étonne plus que les cou- prochaine, devra départager le mi- Les arbitrages de M. Jospin pour ralenti. l’Etat. Mais une question hautement Unis, assez de mots pour dire la loirs de la mort soient peuplés de nistre des finances, Laurent Fabius, les années 2002 à 2004 sont donc Concrètement, l’idée qui chemine sensible n’est pas tranchée : de grandeur de la Nation et de la dé- condamnés très approximatifs. Et, et la ministre de l’emploi, Elisabeth tout de même attendus. D’abord est de parvenir à une baisse des pré- combien devront progresser les dé- mocratie américaine, pour sa capa- souvent même, totalement inno- Guigou, qui ont, sur ce sujet, des parce qu’ils vont porter sur une lèvements obligatoires de l’ordre de penses maladie ? Bercy souhaite un ar- cité à surmonter les menues cents. De condamnés à mort exé- points de vue sensiblement diffé- période forcément sensible, celles 1 point de produit intérieur brut bitrage très rigoureux : pas plus de 1,5 % épreuves traversées ces dernières cutés à la chaîne, manie fort bus- rents. des élections présidentielle et législa- (PIB) pour les trois années concer- l’an. Confrontée à la grogne des profes- semaines. hienne au demeurant. Certes, cet execrice de program- tives. Ensuite, pour Mme Guigou, ins- nées. Pour les déficits publics, l’ob- sions médicales, Mme Guigou, elle, sem- Al Gore, « pas d’accord » certes, Mais n’allons pas, en ce jour de mation, qui consiste, pour les pays tallée depuis peu dans ses nouvelles jectif pourrait être qu’ils soient rame- blait très opposée à cette norme. Elle a sut être d’une dignité grandiose vérité, gâcher l’ambiance de fête européens, à adresser à la Commis- fonctions, c’est une sorte d’épreuve nés d’environ 1 % du PIB en 2001 à fait savoir, avec énergie, ces derniers dans sa renonciation à un pouvoir par quelques remarques grinçantes, sion leurs prévisions de finances pu- du feu. 0 %, ou très légèrement au-dessus, jours qu’elle y était opposée mais n’a ja- tenant à une poignée de confettis comme trublion vomissant sa bile bliques (déficits, dette, dépenses...) Si les décisions finales ne sont c’est-à-dire en léger excédent, en mais soumis de contre-propositions. de Floride. Et George W. Bush sut sur le smoking du marié. Un pré- pour les trois années à venir, est for- donc pas encore prises, l’équilibre 2004, ce qui equivaudrait à une trouver les mots pour enfin être sident est né là-bas. Un autre pré- mel, car les indications fournies sont général du programme est, lui, arrê- baisse assez faible des déficits sur la Laurent Mauduit président comme papa, mais aussi sident, le nôtre, va s’exprimer ce président de tous. Des Américains soir à la télévision sur des questions de toutes races, de toutes religions, d’actualité. Toutes choses que de toutes convictions. Et de toutes France-Soir résume d’un titre leste : tailles, serions-nous tenté d’ajouter « Bush a la réponse, Chirac à la L’opinion Le patronat au guichet des emplois-jeunes dans un irrépressible sarcasme de question ». LES EMPLOIS-JEUNES s’exportent bien dans le « ceux qui sont vraiment motivés », selon M. de Calan, salle de rédaction. Encore que l’on imagine mal le privé. Alors que le gouvernement doit, dans les pro- débouchera ensuite sur des embauches en « contrats Bref, tout est bien qui commence président de la République en de M. Chirac chains jours, dévoiler son plan sur l’avenir de ces em- de qualification adultes ». Réservés à l’origine aux bien. En hommes d’Etat, ils se ré- « garde à télévision », un spot dans plois, l’éducation nationale s’active pour trouver un jeunes de moins de vingt-six ans, ces contrats à durée concilièrent et eurent de nombreux la figure, la situation semble assez débouché à ses 65 000 aides-éducateurs, ailleurs que déterminée, de six mois à deux ans, ont été étendus « rémocrates ». Comme il convient bien résumée. Jacques Chirac, le attendue sur dans son giron. Pour la seconde fois en moins d’un au-delà de cet âge limite en 1998. Ils permettent aux aux contes, et comptes électifs, qui questionné, va parler. D’actualité an, une série d’accords-cadres a ainsi été signée, employeurs de bénéficier, en plus de l’exonération se terminent d’un coup de baguette notamment. Donc des affaires aus- mercredi 13 décembre, entre le ministère et des en- des cotisations patronales de Sécurité sociale à hau- magique et néanmoins suprême ! si. Pour dire quoi, en dire quoi ? Ce- le dossier corse treprises. A elle seule, l’Union des industries métallur- teur du SMIC, d’une aide de l’Etat. « Il y aura aussi En ce matin américain radieux où le la lui appartient en propre et atten- LE PRÉSIDENT de la République giques et minières (UIMM), la plus puissante fédéra- des contrats à durée indéterminée », affirme, de son jour se lève et avant que de parta- dons entendre, comme d’autres l’a dit et répété : il préférait at- tion du Medef, s’est engagée sur un programme de côté, le ministère, en vantant le niveau de qualifica- ger la joie et le soulagement de disent attendons voir. Patrick Poivre tendre de « connaître avec précision 25 000 embauches d’emplois-jeunes en cinq ans. tion de ses aides-éducateurs (titulaires le plus toute une nation, ayons une pensée d’Arvor, le questionneur, va inter- le projet de loi » pour s’« exprimer » Certes, comme l’explique son délégué général ad- souvent d’un bac + 2) ainsi que leur sens de la hiérar- émue pour tous ces braves gens, roger. Pauvre de lui ! Quelle dure et dire ce qu’il croit « bon pour la joint, Dominique de Calan, l’organisation patronale chie et des horaires. républicains comme démocrates, vie que celle du tourmenteur au Corse et pour la République ». Alors « pense toujours le plus grand mal » de la loi qui, en qui comptèrent, comptèrent, sein même d’une maison que le texte vient d’être soumis créant les emplois-jeunes en 1997, leur a « fait perdre ÉCHEC DU DONNANT-DONNANT comptèrent. Bouygues-TF 1, réputée pour sa pour avis à l’Assemblée de Corse du temps ». A l’époque, l’UIMM avait fustigé ces Commencées avec Claude Allègre, achevées avec Leur zèle fut d’autant plus admi- prodigalité donatrice de jadis et (Le Monde daté 10-11 décembre) et « nouveaux emplois à la charge du contribuable ». Jack Lang, les négociations avec l’UIMM auront né- rable que vain. S’user la prunelle ayant largement contribué à l’édifi- devrait être présenté en conseil des Mais, que voulez-vous, « bourré de pénurie », le sec- cessité plus d’un an de pourparlers. En effet, en des yeux, jours et nuits, à mirer les cation de multiples lycées de ministres en janvier, Jacques Chirac teur cherche aujourd’hui désespérément de la main- échange de sa bonne volonté sur les emplois-jeunes, œufs électifs pour déterminer leur maçon ! pourrait donc faire connaître sa po- d’œuvre. « Le gouvernement a intérêt à se rendre la branche patronale souhaitait que le gouvernement sition, jeudi 14 décembre, lors de compte qu’il vaut mieux pousser les emplois-jeunes sur se montre accommodant avec son accord sur les son intervention sur TF 1. le marché du travail plutôt que de les “cocooner” », as- 35 heures, loi « honnie » entre toutes. Peine perdue. A Matignon, où l’on a pris soin sure M. de Calan, qui s’est entretenu du sujet, mer- Les entreprises commençant à ressentir des diffi- de transmettre en primeur à l’Ely- credi soir, avec le ministre délégué à la formation cultés de recrutement, l’UIMM, pour qui il faut tou- La mise en examen de M. Toubon sée le texte des « accords de Ma- professionnelle, Jean-Luc Mélenchon. jours « décoloniser la société civile » de l’intervention- tignon » (le 20 juillet), puis l’avant- Pour se familiariser avec un univers très différent nisme de l’Etat, a fini par se résigner. Le secteur projet de loi sur le nouveau statut de celui des établissements scolaires, les premiers rejoint ainsi la Fédération française du bâtiment, rétablie par la Cour de cassation (le 28 novembre), on attend avec aides-éducateurs intéressés entreront donc, dès jan- mais aussi des entreprises comme Air France, Viven- impatience de connaître la position vier 2001, dans une « phase d’orientation ». Pendant di, ou Picard Surgelés, qui, toutes, se sont présentées LA MISE EN EXAMEN pour « complicité de prise illégale d’intérêt » de l’an- du chef de l’Etat. Depuis l’épisode trois à six mois, tout en percevant leur salaire de au guichet des emplois-jeunes. En tout, calcule l’en- cien ministre de la justice, Jacques Toubon, maire du 13e arrondissement de Bernard Bonnet, Jacques Chirac n’a l’éducation nationale, ils seront ainsi « détachés » tourage de M. Lang, 51 000 propositions d’em- Paris et candidat séguiniste aux municipales de 2001, a été rétablie, mercredi jamais attaqué la politique menée dans les entreprises adhérentes à l’UIMM pour faire bauches ont été formulées. Dans quelques jours, la 13 décembre, par une décision de la Cour de cassation. La chambre d’accusa- en Corse par le premier ministre, se des stages. Capeb, organisation patronale des artisans du bâti- tion de la cour d’appel de Montpellier avait annulé, le 18 janvier 2000 , cette contentant de balancer prudem- « Pas à plein temps », s’empresse de préciser le mi- ment, devrait signer à son tour un accord-cadre. mise en examen prononcée en novembre 1999. L’ancien ministre est soup- ment, le 21 septembre sur France 3, nistère, soucieux de ne pas se voir accuser de prêt de çonné d’être intervenu auprès de la Société d’aménagement foncier et entre des réformes « indispen- main-d’œuvre. Cette phase, destinée à sélectionner Isabelle Mandraud d’aménagement rural, en 1995, pour favoriser un candidat à la rétrocession sables » et « le respect de l’unité » de d’un domaine agricole. la République et la « condamnation de la violence ». DÉPÊCHES Depuis, la donne générale a La fabrication des hélices du « Charles-de-Gaulle » a CALENDRIER ÉLECTORAL : la droite sénatoriale s’est opposée à changé. A gauche, le travail d’expli- l’ordre du jour du gouvernement fixant l’examen de la proposition de loi cation et de communication de Da- organique visant à fixer les élections législatives après la présidentielle de niel Vaillant a apaisé la plupart des aurait subi des contrôles techniques insuffisants 2002, par les sénateurs le 16 janvier 2001, déplorant un « délai trop court ». Le inquiétudes, exception faite de ministre des relations avec le Parlement a indiqué que le gouvernement «ne Jean-Pierre Chevènement et de ses DES CONTRÔLES insuffisants, nay, chef d’état-major de la marine, froidissement n’est pas totalement reculerait pas » au-delà cette date. amis. Au RPR aussi, les choses notamment au bloc radiographie de et Jean-Yves Helmer, délégué géné- simulable par ordinateur. Il s’agit a TEMPÊTES 1999 : selon la mission interministérielle d’évaluation des bougent. « Vous avez intérêt à tra- la direction des constructions na- ral pour l’armement. d’une pièce de 19 tonnes, mono- dispositifs de secours et d’intervention nommée par le premier ministre vailler votre réunion du 12 », avait vales (DCN), à Indret (Loire-Atlan- Président de la commission parle- bloc, au dessin très prolifé. La DCN en février, la gestion des deux tempêtes de décembre 1999 a montré de nom- prévenu José Rossi, le président tique), qui est chargée des systèmes mentaire, Paul Quilès (PS, Tarn) a avait un calendrier singulièrement breuses « insuffisances ». Ce rapport, rendu public jeudi 14 décembre, sou- (DL) de l’Assemblée de Corse, le de propulsion navale pour le rappelé en substance que le chef serré et elle a mis les sous-traitants ligne « l’autonomie accrue de comportement » des services de l’Etat ou de la 9 décembre à Ajaccio, en évoquant compte de la marine nationale, et à d’état-major de la marine a récep- concernés sous pression, en termes SNCF, les « logiques commerciales segmentées » des opérateurs d’eau et de té- devant ses alliés du RPR insulaire la la Surveillance industrielle de l’ar- tionné le bâtiment et que M. Hel- de coûts et, surtout, de délais. léphone mobile. Il dénonce les « corporatismes » et les « comportements indi- réunion du bureau politique du mement (SIAR) pourraient avoir été mer a fait, en partie, réaliser le Après l’incendie suspect, le 30 no- vidualistes ». Les enquêteurs ne formulent pas moins de 35 propositions de RPR prévue à Paris. Le RPR Jean à l’origine de la cassure, début no- porte-avions par les arsenaux et des vembre, des ateliers d’Atlantic In- réforme. Baggioni, qui, dans l’hémicycle, vembre, en plein Atlantique, d’une partenaires industriels, tandis que dustrie, le ministère de la défense a a CINÉMA : Gaumont et Pathé devaient annoncer, jeudi 14 décembre, s’en était pris violemment, sans les pale de l’hélice bâbord (gauche) du ses services sont responsables du déposé plainte contre X..., avec une alliance de leurs réseaux de distribution de films. Dès l’ouverture de la citer, à Michèle Alliot-Marie et à Pa- porte-avions nucléaire Charles-de- contrôle de la qualité du matériel constitution de partie civile. Les lo- Bourse de Paris, la cotation de l’action Gaumont a été suspendue dans l’at- trick Devedjian, s’indignant publi- Gaulle. produit par Atlantic Industrie. Cette giciels et les documents relatifs aux tente d’un communiqué. Gaumont possède 49 cinémas (323 salles) soit 6,8 % quement « des jugements à l’em- Une commission d’enquête doit PME a été rachetée par une autre hélices, qui ont été détruits, appar- du parc national. Pathé contrôle 27 cinémas (201 salles) soit 4,2 % du parc, porte-pièce, (...) voire de l’ignorance rendre ses premières conclusions le société après sa faillite et le budget tenaient, en effet, à l’Etat et ils mais le groupe assure aussi la programmation de 108 salles indépendantes. de nos problèmes qui ont pu 21 décembre. Elle a été désignée des armées a contribué après-coup n’étaient qu’en dépôt chez l’indus- a AGRICULTURE : le ministère de l’agriculture et de la pêche a indiqué, conduire certains à des erreurs d’in- pour examiner les conditions dans à sa survie. triel à l’île Beaulieu, à Nantes. Des mercredi 13 décembre, que, selon l’INSEE, le résultat agricole par actif aug- terprétation », a passé quelques lesquelles cet équipement – il s’agit, indices, notamment l’effraction des menterait de 1 % en termes réels en 2000, alors qu’il avait baissé de 5 % en coups de fil. Mardi 12 décembre, en fait, de deux hélices (tribord et PIÈCE DE 19 TONNES bâtiments, donnent à croire qu’il 1999. Les plus fortes progressions concernent l’élevage des porcs et des mou- Nicolas Sarkozy et Bernard Pons bâbord) opérationnelles et de deux La marine affirme qu’aucun des s’est agi d’un incendie volontaire tons. En revanche, on note une forte baisse chez les producteurs de céréales ont tenté d’infléchir la ligne du RPR autres de rechange – a été officiers supérieurs chargés de pour faire disparaître des preuves. et d’oléagineux et chez les viticulteurs. En dépit de la crise depuis la mi-octo- sur la Corse, rejoignant ainsi les po- commandé, produit, contrôlé, puis suivre le programme n’a été infor- bre, le secteur de l’élevage bovin devrait connaître une augmentation sitions d’Edouard Balladur ou de réceptionné durant la chaîne qui mé d’un doute sur la qualité des hé- Jacques Isnard moyenne d’environ 10 %. Robert Pandraud, et ils ont obtenu part du fournisseur, les ateliers lices du Charles-de-Gaulle. De son l’organisation d’un nouveau débat Atlantic Industrie à Nantes, et qui côté, la DGA indique que ses ingé- en janvier (Le Monde du 14 dé- aboutit au client, la marine natio- nieurs de l’armement, responsables cembre). nale, via les services de la DCN et du programme, n’ont pas eu, eux Après le « flop » de la pétition du SIAR qui dépendent de la délé- aussi, matière à s’inquièter. Or il est « pour la Corse dans la Répu- gation générale pour l’armement apparu, selon plusieurs témoi- blique », lancée à grand bruit à la (DGA). gnages, que si les deux hélices tri- fin de l’été par le RPR, cette in- Un jour après l’entrée, à Toulon, bord n’ont pas de défectuosités, flexion devrait faciliter la position du bâtiment en cale sèche pour su- l’hélice opérationnelle et l’hélice de de Jacques Chirac. Auparavant, une bir les réparations nécessaires rechange bâbord auraient présenté première réunion interministérielle (Le Monde du 14 décembre), la quelques défauts lors de leur mise devait se tenir, jeudi 14 décembre commission de la défense, à l’As- en place : des traces de corrosion au dans l’après-midi, afin d’examiner semblée nationale, a entendu à huis cœur même du métal, qui pour- la cinquantaine d’« avis » transmis clos, le mercredi 13 décembre, Alain raient résulter de fragilités dans la au gouvernement, samedi 9 dé- Richard, ministre de la défense, et fonderie du cupro-aluminium, une cembre, par l’Assemblée de Corse, deux des hauts responsables de la matière qui peut ne pas se solidifier sur l’avant-projet de loi portant sta- défense, l’amiral Jean-Luc Delau- de manière uniforme et dont le re- tut de l’île. Tirage du Monde daté jeudi 14 décembre 2000 : 482 740 exemplaires. 1 - 3 Ariane Chemin VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000

LE FEUILLETON ALEXANDRE GRANDEUR OU DÉCADENCE DES INTELLECTUELS? DE PIERRE LEPAPE VIALATTE Le débat sur le dernier livre de Régis Debray L’« Histoire de la langue page V pages VI et VII française » poursuit son aventure en explorant les années 1945-2000 STEFAN ZWEIG REBECCA WEST page II page IV page III

Black Le romancier afro-américain John Edgar Wideman invente une nouvelle texture littéraire dynamite en décolonisant

de rencontre. La silhouette est cel- la langue de la culture le d’un adolescent vêtu de noir, chaussures de sport, pantalon, dominante blouson et jusqu’au bonnet de laine perché au-dessus des – celle des Blancs oreilles. John Edgar Wideman, qui donne des cours à l’université u lieu de poser des du Massachusetts, est aussi un man, où des voix s’enchevêtrent bombes, au lieu de lancer des pier- New-Yorkais à temps partiel. dans des phrases extraordinaire- resA ou de se coucher en travers C’est donc dans un quelconque ment fluides et musicales, puise à des routes, au lieu de s’enchaîner restaurant rouge et clinquant de la source de l’enfance. «La aux arbres, John Edgar Wideman la 57e Rue que le voilà picorant meilleure écriture est celle qui par- écrit des livres. Des romans, vrai- des calamars frits, au fond d’une vient à récupérer – au sens prous- ment ? Les livres sont-ils jamais grande assiette. Saisissant délica- tien – ce langage constitué de mou- parvenus à faire tomber les injus- tement les mets du bout des vements et d’odeurs autant que de tices ou à libérer les opprimés ? doigts, Wideman évoque le quar- mots. Ce langage, le plus authenti- Pas en un seul jour, certes, mais tier noir de Pittsburgh, la ville de que pour un individu, qui commen- au bout du compte, peut-être. Du Pennsylvanie où il a passé son ce à prendre forme dans les bras moins, après que l’écho de leurs enfance et une partie de sa jeu- de votre mère, lorsqu’elle vous tient phrases aura fait son chemin nesse. « Mon pays natal, mais éga- contre elle, vous berce, vous chante dans les esprits – surtout si la lement mon lieu de naissance ima- des comptines. » L’image du nour- musique même de ces phrases ginaire », dit-il. Cet endroit nom- risson, qui « sait que le monde dis- résonne comme une forme de mé Homewood, le romancier en a paraît quand il ferme les yeux », JEAN-CHRISTIAN BOURCART/RAPHO subversion. fait le décor de plusieurs de ses revient à diverses reprises dans Tel est, en tout cas, l’espoir de récits. Et aussi celui d’une malé- son dernier roman. premières pages, volontairement le aussi, plus lointaine, de John langage que pour mieux en élabo- John Edgar Wideman, auteur afro- diction que Wideman a expéri- Pour espérer retrouver ces sen- déconcertantes (« c’est une sorte Africa, le leader assassiné du grou- rer un autre, merveilleux de pléni- américain lancé dans une extraor- mentée dans sa propre chair. Car sations très anciennes, l’écrivain de contrat avec le lecteur, affirme pe de rebelles décimé par la poli- tude et de liberté. dinaire entreprise de décolonisa- là-bas, les garçons meurent par doit retourner encore et encore l’écrivain. Une manière de lui ce de Philadelphie, en 1985 (évé- tion du langage. Mieux qu’un dizaines, tués pour rien – comme aux lieux symboliques de la prime dire : attention, il ne va pas suffire nement qui figurait déjà dans L’In- (1) Gallimard, 1994, 1996 et 1998. épais bâton de dynamite, ses tex- les fils de Kossima, la narratrice enfance, éliminer les réflexes de rester passivement assis sur cendie de Philadelphie). John Afri- (2) éditions Jacques Bertoin, 1990. tes font voler en éclats les frontiè- de Deux villes. Comme aussi les inculqués par l’école, gratter les votre derrière, on n’est pas au ca n’est plus, mais il parle encore, res d’une langue imposée par la enfants de ceux qui venaient con- couches d’académisme et de McDo. Il va falloir danser avec dans un livre envahi de fantômes. e Yves-Charles Grandjeat vient de culture dominante – celle des culture imposée. moi, me répondre »), des voix sur- L’absence est un personnage écra- consacrer une étude à l’œuvre de Blancs. Deux villes, son cinquième « Ecrire n’a pas de gissent, s’emmêlent et se répon- sant de ce roman où règne l’idée John Edgar Wideman (Belin, « Voix livre, s’inscrit pleinement dans la Raphaëlle Rérolle sens, si l’on n’arrive dent, de chapitre en chapitre. Cel- de chute et de désolation, mais américaines »). logique brûlante et hautement pas à transmettre cela le de Kossima, la femme blessée aussi de résurrection par l’esprit politique qui était aussi celle de sulter Reuben, le petit avocat bos- à ses lecteurs. C’est pour cette rai- qui refuse de se laisser embar- et les sens. M. Mallory, le photo- DEUX VILLES Reuben,deL’Incendie de Philadel- su. Comme le fils de John Edgar son que mes livres reviennent sans quer dans un nouvel amour, celle graphe acharné à saisir ce qui ne (Two Cities) phie ou du Massacre du bétail, ses Wideman lui-même, emprisonné cesse à Pittsburgh et à Philadel- de Robert, le quinquagénaire ama- se voit pas, dit ainsi que nous de John Edgar Wideman. précédents romans (1). Et cela en pour meurtre à l’âge de seize ans, phie, les villes où j’ai appris à sentir teur de basket, celle de Martin « devons prendre le risque de per- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) demeurant un magnifique mor- mort en détention. Et, d’une cer- et à parler ma langue originelle, Mallory, le vieux photographe dre ce que nous voyons si nous vou- par Jean-Pierre Richard, ceau de littérature et de passion. taine façon, comme le frère du explique le romancier. Ce langage qui peut être envisagé comme lons vraiment le voir ». John Edgar Gallimard, « Du monde entier », Récompensé à deux reprises par romancier, mort socialement lors- est un outil. Si vous apprenez à une métaphore de l’écrivain. Cel- Wideman, lui, n’a « perdu » son 278 p., 145 F (22,10 ¤). le prestigieux PEN/Faulkner qu’il fut emprisonné à vie. Le dia- vous en servir, il ne vous connecte Award, John Edgar Wideman est logue avec ce frère avait donné pas seulement avec le passé, mais sans doute l’un des écrivains les lieu à un livre bouleversant, vous ouvre sur l’avenir. D’une cer- plus originaux et les plus doués publié en français sous le titre taine façon, il vous fait grandir. » de sa génération. Suis-je le gardien de mon frère ? La nouvelle texture littéraire Cet espoir de libération par le (2) Un ouvrage qui coïncidait inventée par Wideman à partir de texte a ses limites, ses failles, ses avec une crise de conscience ces impressions premières est heures creuses. En exergue de aiguë de la part d’un auteur long- une manière d’« utiliser toutes les son nouveau roman, John Edgar temps pris entre deux cultures. ressources de la langue», dit-il, Wideman a inscrit un nom, gravé Issu d’une famille noire très de « rendre les différentes parties sur le papier comme sur une pier- modeste, John Edgar Wideman du discours conscientes d’elles- re tombale : « OMAR était aussi un élève brillant et un mêmes ». Donc, de déstabiliser le WIDEMAN/ 1971-1992 ». Puis la champion de basket-ball. En inté- langage courant, normatif, préten- phrase suivante, triste et solennel- grant l’université de Philadelphie, dument supérieur. « La tradition le : « In memoriam/ Nous n’avons à la fin de ses études secondaires, afro-américaine a engendré un lan- pas fait l’effort suffisant. » Qui il se retrouva dans une situation gage secret, qui multipliait les était-il, ce jeune mort dont l’om- « traumatisante » et relativement codes afin d’exclure les Européens. bre invite le lecteur à pénétrer douloureuse. « Je me suis senti soli- Ce besoin n’a d’ailleurs pas dispa- dans un cimetière ? « Un de mes taire et complètement déplacé. ru. Moi, je ne veux pas être un mes- neveux qui a été tué dans un com- Dans le hall de l’université, j’étais sager et je vais d’ailleurs contre le bat de rue », explique l’auteur, la plupart du temps le seul Noir au secret, la réserve, en publiant mes dont l’œuvre est jonchée des milieu des Blancs. Au bout d’une livres. Mais j’essaie cependant de cadavres de ces « jeunes Noirs » semaine, je suis rentré chez moi conserver les caractéristiques de ce qui « s’abattent entre eux », com- très déprimé, avec l’intention de ne discours. » Et de participer à me le proclamait rageusement le plus y retourner. » Il y retourna. l’émancipation des Afro-Améri- prologue du Massacre du bétail. Mais avec, en germe, la révolte cains, même s’il se désole d’être Grand, mince, athlétique encore qui devait aboutir à une recher- inaccessible à une large majorité pour ses presque soixante ans, che littéraire orientée vers le mon- d’entre eux. l’homme est entré d’un air con- de de ses frères, celui de sa « lan- Le résultat de cette recherche, traint dans le hall du grand hôtel gue originelle ». Car l’écriture si tel qu’il se manifeste dans Deux new-yorkais choisi comme point particulière de John Edgar Wide- villes, est époustouflant. Passé les II / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 le feuilleton de Pierre Lepape b

relations entre les langues écrites – de l’administration, HISTOIRE DE LA LANGUE de la presse, des médecins, des économistes, etc. – et les FRANÇAISE. 1945-2000 langues parlées dans le « registre surveillé » et dans celui sous la direction de Gérald Antoine de la conversation ordinaire. HLF apporte une quantité et Bernard Cerquiglini. d’informations et d’analyses susceptibles de nourrir pen- CNRS éditions, 1 030 p., 480 F (73,18 ¤). dant des décades – remplacées, on ne sait trop pourquoi, Les enfants en français 2000, par des décennies – notre passion natio- out bleu, tout neuf, ce gros volume est déjà nale pour les empoignades sur la langue. historique. Il s’agit en effet du dernier tome – avant longtemps – d’une entreprise scientifi- ’est ainsi qu’au chapitre des néologismes, on que commencée en 1905, la fameuse Histoire trouvera une solide synthèse sur les ravages Tde la langue française de Ferdinand Brunot. Un « lieu de Brunot supposés des anglicismes. Signée d’un certain de mémoire », au même titre que l’Histoire de France John Humbley, remarqueront les paranoïa- de Lavisse, le Grand dictionnaire de Pierre Larousse ou ques.C N’empêche, le bilan est plutôt rassurant dès que Le Tour de la France par deux enfants,deMme Fouillée l’on quitte le domaine des impressions vagues et des irri- alias G. Bruno. tations cutanées. Les études quantitatives sur les diction- Ferdinand Brunot avait deux passions, la langue fran- naires de langue générale montrent que le taux d’anglicis- çaise et la république. C’est une figure de cette Sorbon- mes diminue sensiblement entre 1960 et 1980 ; une autre ne laïque, érudite, militante et triomphante que Péguy sur Le Monde situe l’invasion anglo-saxonne autour de détestait tant. Membre fondateur de la Ligue des droits 0,6 % du vocabulaire utilisé et souligne qu’il s’agit, pour de l’homme, maire du 13e arrondissement de Paris, fier l’essentiel, de mots empruntés dès le XIXe siècle : film, titulaire de la première chaire au monde d’histoire de la international, confort, photo, studio, parking, investisse- langue. Au début du siècle – il a quarante ans –, son ami ce qu’Artaud appelait « une métaphysique du langage arti- ment, tourisme, inflation, exportation, sport, budget, etc. Armand Colin lui commande une Histoire de la langue L’« Histoire de la langue française », culé ». « La langue du théâtre ne s’entend plus – au double Il n’y aurait que la publicité à être sérieusement infectée française. C’est le début d’une étonnante aventure édi- sens de ce mot –, elle se reçoit comme on reçoit une par le virus américain. toriale, plus de dix mille pages grand format, une ving- commencée en… 1905, poursuit son ondée. » Le théâtre a des voix, il n’a plus de discours. Une En revanche, l’HLF est beaucoup plus critique lorsqu’il taine de volumes qui mènent de l’époque latine à la fin autre aventure commence, pour un autre public. s’agit de la situation du français dans le monde – et du Second Empire. Le disciple de Ferdinand Brunot, aventure, en explorant les années Après l’impeccable exposé de Corvin, l’enquête pas- notamment dans les pays non francophones. La régres- Charles Bruneau, prend la suite pour les années sionnée de Gérald Antoine sur « Les usages poétiques de sion est générale, les ressources souvent indigentes, mal 1852-1886. Mais Brunot et Bruneau ne limitent pas là 1945-2000. Analyses passionnantes la langue », à travers quelque deux mille auteurs de poè- employées, gaspillées par les rivalités, les querelles et les leurs exploits : avec le soutien de la maison Pathé, ils mes, une myriade d’écoles, de mouvements, de revues, incohérences entre les administrations de tutelle et les sillonnent les routes de France et enregistrent sur la d’une langue vivante, qui dépassent de langages dont l’obsession, pour le meilleur et pour le institutions non gouvernementales. En cette matière aus- cire des centaines de personnes pour les Archives de la pire, est de se différencier. Une étonnante vitalité qui va si, le vide politique est à la mesure du trop-plein idéologi- parole. La première entreprise d’analyse scientifique nombre d’idées reçues de pair avec une non moins étonnante négativité, com- que : en l’occurrence, la religion de la langue française des patois et des manières de parler. La langue telle me si l’objet principal de la poésie n’était plus que la poé- qui serait ontologiquement porteuse des valeurs de pro- qu’elle se dit et non plus telle qu’elle s’édicterait selon Régulièrement rééditée, la monumentale Histoire de sie elle-même, l’interrogation sur son existence, sur l’acte grès, de tolérance, d’humanité et d’universalité. Com- les règles immuables de la philologie et de la grammai- la langue française – HLF pour les intimes – est toujours de la parole, sur le langage du langage. Aux prises avec sa ment des hommes de bonne volonté pourraient-ils refu- re. disponible (2). Le CNRS a publié en 1985 un volume propre énigme, en proie aux appropriations « scientifi- ser les rayons de ce soleil bienfaisant ? S’opposer à la toute-puissante philologie allemande pour les années 1880-1914, puis un autre, en 1995, sur la ques » des linguistes et des philosophes, la poésie est en HLF parle de mille choses encore, de l’enseignement, et à sa tyrannie théorique, c’est, pour cet homme de période de 1914 à 1945. Ferdinand Brunot rédigeait de danger d’oublier sa relation au monde et sa relation à ses des créoles, de l’informatique, des langues régionales, du l’Est, participer à l’affrontement patriotique. Les méta- sa main son Histoire. De telles entreprises sont désor- lecteurs. Une langue pour chacun, c’est une langue pour sabir de Lacan, des gros mots, de la langue de la presse, phores ne trompent pas : dans une lettre de 1914 à son mais collectives. Gérald Antoine et Bernard Cerquiglini personne. « extraordinaire théâtre de liberté langagière », menacé ami Félix Gaffiot, Brunot parle du « déterminisme philo- ont dirigé une équipe importante, notamment venue de Entre Corvin et Antoine, sept pages, vite troussées, sur néanmoins par les effets de la surenchère, du néo-fran- logique de ces gens-là, qui alignent tout au cordeau, sans l’Institut national de la langue française. Comme tou- « La langue dans le roman ». Autant dire : rien. L’histoire çais de Raymond Queneau, de la manière dont les jeunes soupçonner les libertés du langage et des styles, qui font jours lorsque les écritures sont multiples, il y a des ruptu- de la langue romanesque depuis cinquante ans se réduit femmes – deux fois plus nombreuses que les hommes, marcher les langues au pas de parade comme des recrues res de ton, d’intérêt, de méthode ; des interventions élé- à une longue liste insignifiante de prix littéraires, à un allez savoir pourquoi – ajoutent un « e » final, caduc, poméraniennes. Ils ont en tout et partout des mentalités gantes, parfois même souriantes, et d’autres – plus rares court développement sur Perec et l’Oulipo, à quelques rythmique et vocalique à de nombreux mots : «au de caporaux instructeurs ». – rédigées dans le plus ésotérique des jargons spéciali- phrases sur l’argot d’Alphonse Boudard et de San Anto- r’voir-e ». On trouvera aussi en fin de volume, pour ceux Des caporaux, il y en a ailleurs qu’en Prusse. Brunot sés ; des contributions éblouissantes et d’autres plutôt nio, et à une dissertation sur La Route des Flandres de qui n’y comprennent plus rien et qui osent l’avouer, deux s’en prend à ceux qui, en France, veulent continuer à bâclées. Claude Simon. Bref, selon Pierre Cahné, alors que tout chapitres d’une clarté exemplaire sur les théories gram- dresser des barrages entre la langue et le citoyen. «Une changeait autour de nous, la langue des romans serait maticales, la lexicologie et la sémantique. Un jardin de Le orthographe nationale, écrit-il, est une des formes de la renez un secteur qui nous intéresse directe- demeurée quasiment la même, sauf à prendre quelques Nôtre taillé dans la brousse. vie publique. (…) Mais l’orthographe est le fléau de l’éco- ment : la langue de la littérature depuis un demi- libertés avec le code typographique. Si c’était vrai, le déca- le. Qu’un enfant veuille en effet être admis à cultiver des siècle. Alors que la France a connu au cours de lage entre la société et son roman, l’inertie linguistique (1) Laquelle publie les deux premiers volumes (de « A » à choux à l’institut de Beauvais, des fleurs à Versailles ou cette période la mutation la plus ample, la plus des romanciers, mériteraient, pour une fois, le qualificatif « Mappemonde ») de sa neuvième édition du dictionnaire, des arbres à Nogent-sur-Vernisson, qu’il prétende être profondeP et la plus rapide de son histoire, comment cette d’« historiques ». Mais on préfère demander un nouvel qui en comportera quatre. Laquelle édition date déjà de qua- mécanicien ou garde-mine, entrer dans les postes ou deve- révolution a-t-elle affecté la langue des écrivains ? Michel inventaire. torze ans. Ce qui, joint à la résistance de principe de l’Acadé- nir maître de cabotage, l’odieuse dictée le guette au seuil Corvin, excellent historien du théâtre, analyse bien la rup- Cette déficience étonne d’autant plus qu’il existe désor- mie à l’innovation, donne à la chose un air désuet tout à fait de la maison, et sa carrière dépend, partiellement au ture spectaculaire qui s’est accomplie, à partir de 1950, mais de nombreux et efficaces outils, informatiques par charmant (Fayard-Imprimerie nationale). moins, de la façon dont il écrit la finale de il coud ou de avec Adamov, Ionesco, Genet, Beckett, Dubillard, Vau- exemple, pour radiographier la langue française, ses prati- (2) Une réédition d’ensemble, sous la direction de Gérald l’accent qu’il met sur événement.» Il faut réformer : thier. Le moment, écrit-il justement, où la langue du théâ- ques et ses évolutions. L’HLF 1945-2000 les utilise avec Antoine, Georges Gouhenheim et Robert-Léon Wagner, a « Un signe pour un son, un son pour un signe. » Brunot tre cesse d’appartenir à la littérature – c’était encore le bonheur, qu’il s’agisse de la prononciation, de l’orthogra- été réalisée à partir de 1966, en treize tomes et vingt volu- n’a jamais été admis à l’Académie française (1). cas, ô combien, pour Sartre et Camus – pour entrer dans phe, du lexique ou de la syntaxe, ou de la description des mes.

livraisons b FUGUES, de Lewis Shiner SCIENCE-FICTION Ancien musicien de rock, Ray Shackelford se découvre un fantastique b ANNIVERSAIRE, d’Alain Spiess b par Jacques Baudou talent : lui qui gagne sa vie en réparant des chaînes hi-fi possède le pou- Sur la photo, ils sont quatre dans l’arrière-salle du restaurant La Man- voir étrange de donner véritablement vie à des albums mythiques de la souria, où ils fêtent les trente ans de Simon. Son frère Charles, sa sœur musique pop, à des disques que ni Jim Morrison des Doors, ni Brian Wil- Anna, et leur mère, le regard triste. Trente ans plus tard, c’est le dra- son des Beach Boys, ni Jimi Hendrix n’ont pu, pour une raison ou une me : Charles, le pâtissier affectueux, qui est aussi un extrémiste colleur autre, conduire à terme. Mais cette faculté a besoin, pour s’exprimer, d’affiches, a tué un jeune Mahorais. Pierre, le mari d’Anna, un diploma- Voyage initiatique d’un contact prolongé et perturbateur avec ces icônes de la culture rock. te au caractère secret, a égorgé le dalmatien qu’on lui avait offert pour Ce qui nous vaut trois plongées dans un passé récent et un univers que ses soixante ans. Simon, l’ingénieur lointain, ironique, qui fait carrière l’auteur excelle à rendre dans toute son excentricité. Mais Ray Shackel- aux Etats-Unis, revient pour le procès de Charles, où Agathe, leur LE DIT D’AKA ford n’est pas seulement doté du don de ressusciter des musiques fan- nièce, a décidé de faire une déposition accablante. Cinq brefs récits, d’Ursula K. Le Guin. tômes, c’est également un homme partagé entre un mariage qui part à cinq points de vue éclairent cette histoire complexe, tourmentée. Aux Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre-Paul Durastanti. vau-l’eau et la mort d’un père avec qui il a entretenu des rapports pour le instantanés trop révélateurs d’Anna la photographe, Pierre, retiré Robert Laffont, « Ailleurs et demain », 382 p., 139 F (21,19 ¤). moins difficiles. Le roman de Lewis Shiner est donc en même temps la dans une maison de santé, substitue le projet d’inscrire sa vie dans une chronique très réaliste d’un homme affrontant ses échecs et ses blessures fresque de mille deux cents carrés bleus. Une fable amère, subtile et n nouveau roman d’Ursula K. Le Guin est toujours un évé- intérieures – et qui arrive à se reconstituer – et un roman fantastique magistralement menée. (Gallimard/L’Arpenteur, 142 p., 78 F nement », commente Gérard Klein dans sa postface. On serait situé dans le monde très particulier de la musique pop « virtuelle ». Cet [11,89 ¤].) M. Pn tenté d’ajouter : un événement d’autant plus notable que le lec- hybride curieux et réussi entre littérature générale et littérature d’imagi- teur français n’a pas eu accès depuis longtemps aux textes de nation a remporté en 1994 un bien mérité World Fantasy Award. Il b PAS DE TEMPS À PERDRE, de Régis de Sa Moreira cetU auteur trop rare. Le Dit d’Aka appartient au cycle de l’Ekumen, cette devrait séduire tous ceux qui ont rêvé à l’écoute de Pet Sounds ou de Light Le garçon (taciturne) s’appelle Ben, et la fille (tonique) Fontaine. Dans confédération galactique créée par les Hainiens, et à la veine de la science- My Fire comme ceux qui aiment les expériences textuelles inédites. (Tra- une ambiance très arc-en-ciel, mi-BD, mi-comédie musicale, ce jeune fiction « ethnologique ». Une Terrienne, Sutty, en poste sur la planète duit de l’anglais – Etats-Unis – par Jean-Pierre Pugi, Denoël, « Lunes couple découvre l’amour, le goût des pamplemousses, les fêtes à tam- Aka, reçoit pour mission de gagner une petite ville de province très éloi- d’encre », 410 p., 145 F [22,11 ¤].) tam. A l’heure où nombre de ses condisciples rêvent d’être touchés par gnée de la capitale, où les représentants de l’Ekumen étaient jusqu’alors b LA REINE SOLITAIRE, de Robin Hobb la grâce de Bret Easton Ellis, Régis de Sa Moreira (de père brésilien) confinés, et de recueillir tous les éléments d’une culture traditionnelle Avec ce sixième tome s’achève le cycle remarquable de « L’Assassin tente de retrouver le charme de L’Ecume des jours, de Boris Vian. Il ima- qu’une révolution politique et sociétale a entrepris d’éradiquer avec royal ». Mais, s’il se termine par le triomphe des « bons » et la déroute gine un monde fou, fou, fou, où les facteurs inventent des lettres pour vigueur. des Pirates et de Royal, il ne le fait pas dans l’allégresse. C’est que ce les solitaires, où les maisons dérivent vers des horizons enchanteurs… Escortée d’un commissaire politique, elle se rend dans cette ville que triomphe a un prix et qu’il est élevé pour la plupart des protagonistes, Un premier roman, frais. (Ed. Au Diable Vauvert, 280 p., 75 F domine une chaîne de montagne très élevée et entreprend de gagner la pour le roi Vérité et Kettricken, sa reine, mais aussi et surtout pour celui [11,43 ¤].) J.-L. D. confiance des habitants qui, malgré les persécutions, les autodafés et les qui est le véritable héros de cette saga, Fitz le bâtard, qui arrive dans ce camps de travail, sont restés fidèles à ce qui est à la fois une religion, une dernier volume au bout de sa quête. Pourtant, le ton est à la tristesse, à sagesse et une culture, et qui trouve son expression véhiculaire sous la l’amertume, au désenchantement. Désenchantement est d’ailleurs le mot forme du « dit d’Aka », une sorte de vaste mosaïque de contes et poèmes juste, puisque c’est de la fin d’une magie que traite Robin Hobb, de la transmis oralement. Le modèle qui a servi de base à la réflexion de perte de l’art. Et tout dans le récit respire le deuil, de la cité désertée et l’auteur est bien évidemment la Chine communiste et la chape de plomb hantée que visite Fitz à ces statues de dragons qui ressemblent à un cime- que le régime maoïste a fait peser sur le Tibet. Mais son approche n’est tière. Pas de happy end ici, mais une dernière phrase – « Nous rêvons de pas manichéenne, et les échanges, dans la dernière partie du roman, sculpter notre propre dragon » – dont on ne mesurera l’intensité poétique entre le Moniteur et Sutty restituent toute la complexité de la dialectique qu’après avoir lu l’ouvrage. Dans un genre pétri de conventions, et tout entre tradition et progrès, savoir ancien et modernité. Le voyage – pro- en les respectant, Robin Hobb a su construire une œuvre originale et per- prement initiatique – de Sutty jusqu’au « giron de la mère » constitue sonnelle, riche de péripéties et de significations, mais qui vaut surtout par sans nul doute l’un des romans de science-fiction les plus passionnants des personnages singulièrement attachants. Comment ne pas s’éprendre qu’il nous ait été donné de lire ces dernières années. En prime, Gérard de Fitz, d’Astérie ou de ce fou qui porte si bien ce nom ? (Traduit de l’an- Klein a réédité dans le même volume un autre roman du cycle de l’Eku- glais – Etats-Unis – par A. Mousnier-Lompré, Pygmalion/Gérard Watelet, men, Le nom du monde est forêt, qui a obtenu le Hugo en 1973. 318 p., 139 F [21,19 ¤].) b CHERUDEK, de Valerio Evangelisti b À VOS SOUHAITS, de Fabrice Colin Dans le cycle des aventures du grand inquisiteur Nicholas Eymerich, Che- Il n’est rien de plus satisfaisant pour un critique que de voir arriver à rudek marque une nouvelle étape. Bien sûr, toute une partie du roman maturité un talent dont on avait pressenti les potentialités. C’est le cas de suit Eymerich, en l’an de grâce 1360, dans une mission pleine de dangers Fabrice Colin, qui nous surprend ici avec un récit d’une veine inattendue qui le conduit d’Avignon, la cité papale, à Figeac, à la recherche d’une (surtout après l’univers sombre de Winterheim) : un roman de fantasy armée de morts-vivants qui charge en criant l’apocalyptique « A la mort humoristique d’une fantaisie débridée, d’une drôlerie constante et d’une Gog, à la mort Magog », et d’hérétiques affiliés à l’Ecclesia spiritualis ; et le invention rare. Dans un Londres parallèle, trois personnages « cataclysmi- Moyen Age d’Evangelisti est tout de violence, de cruauté et de prodiges. ques » – un homme, un elfe, un nain – deviennent les enjeux d’un duel au Mais la partie contemporaine du roman est tout d’abord très singulière. sommet entre le Diable et les trois Mères, tandis qu’une improbable Fédé- La quatrième de couverture avertit qu’Evangelisti s’y aventure sur les ter- ration omnisciente pour la Libération d’une Irréalité éventuelle recher- res de Lovecraft et de Borges, et cela n’est pas faux : la ville où enquêtent che le Grand Marionnettiste en répétant comme une litanie « le monde les trois jésuites est, comme la Providence de Lovecraft, la proie d’un puis- est une scène »… Mais, outre ce savoureux roman, Fabrice Colin est aussi sant maléfice. Elle est aussi étrangement labyrinthique, et il faut pour s’y au sommaire de la belle et bonne anthologie de Léa Silhol, Il était une fée aventurer un savoir érudit et le goût des énigmes. Cette partie entretient (Editions de l’Oxymore, 282 p., 129 F [19,67 ¤]), où il signe une nouvelle ensuite avec la partie moyenageuse des relations étroites et complexes. A remarquable : « Passer la rivière sans toi ». Et il figure également, avec la dimension spatiale du labyrinthe, symbolisée par la ville et ses graphes, l’excellent « Un jour dans la vie d’Angelina Westwood », à celui d’Escales Evangelisti ajoute ainsi une dimension temporelle, la tragédie à la tragé- 2001 (Fleuve noir, 670 p., 99 F [15,09 ¤]), l’anthologie annuelle de la die, et joue d’une série d’effets de miroir jusqu’à donner le vertige au lec- science-fiction, dont la direction a été confiée à Sylvie Denis. Ce cru 2001, teur. Etourdissant ! (Traduit de l’italien par Serge Quadruppani, Rivages, de bonne qualité, est d’une tenue moyenne supérieure à celui de l’an « Fantasy », 444 p., 149 F [21,34 ¤].) passé. (Editions Bragelonne, 302 p., 110 F [16,77 ¤].) littératures LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / III b Parfum de mort sur les Balkans

jugés et vérités établies. Bien sûr, mesurer le livre de Rebecca West à l’aune d’un passé mythique, mythi- fié, ou bien à celle d’une actualité qui change au rythme de l’accéléra- tion de l’Histoire, de ses tournants et retournements, serait une n 1936, Rebecca West, erreur. Son intérêt est ailleurs. quarante-quatre ans, auteur de Il convient de savoir qu’après Eplusieurs romans, d’un essai sur l’effondrement, en 1918, de l’Autri- Henry James et d’une biographie che-Hongrie, les populations qui de saint Augustin, se rend pour la en constituaient le tissu affir- première fois en Yougoslavie pour maient enfin leur identité. Parmi présenter son œuvre et animer les Etats fragiles nouvellement pro- des débats. Entre la Britannique clamés, le royaume des Serbes, féministe, curieuse de tout, érudi- des Croates et des Slovènes, deve- te, et ceux qu’elle rencontre dans nu la Yougoslavie en 1931, demeu- le nouvel Etat surgi sur les décom- rait le plus composite. Malgré leur bres de la double monarchie, le langue commune, que les uns écri- coup de foudre est immédiat. De vaient en lettres cyrilliques et les retour en Angleterre, elle repart autres en latines. Catholiques et l’année suivante pour les Balkans. chrétiens orthodoxes, musulmans Le banquier Henry Andrews, qui et juifs se côtoyaient au sein d’un partage sa vie, ainsi qu’un poète pays où la Serbie, dont le rôle fédé- juif de Serbie, Constantin, époux rateur perdurait depuis le Moyen d’une Allemande admiratrice des Age, tentait de faire vivre ensem- nazis, l’accompagnent. Ce couple ble Croates et Macédoniens, Slovè- ne figure pas le seul paradoxe tra- nes, Monténégrins et Albanais, le gique relevé par la romancière au Nord développé, sous l’influence cours de leur périple, depuis la germanique, et le Sud misérable, Croatie et la côte dalmate, son pro- longtemps tributaire du Sultan. longement, jusqu’au Kosovo et au Voici donc Rebecca au pays des Monténégro, en passant par l’Her- merveilles. En cette année 1937, ROGER VIOLLET zégovine et la Bosnie, la Macédoi- au bord du volcan, elle y découvri- Vue générale de Mostar dans les années 30, avec le pont qui sera détruit en novembre 1993 ne et la Serbie. ra et fera découvrir son inquiétan- En ce printemps 1937, trois ans te magie. reur Stéphane Dusan, la décolla- haine » d’aller jusqu’au bout de complète, tout en sachant que cel- après l’assassinat à Marseille Depuis la sévérité architecturale En 1937, l’écrivain tion du tsar Lazare pendant la célè- leur combat ? Au Kosovo, Rebec- le des Turcs signifierait la fin d’un d’Alexandre 1er, roi de Yougosla- de Zagreb jusqu’au raffinement bre bataille du Kosovo en 1389 qui ca West interroge la raison profon- certain type de civilisation, la leur. vie, et du ministre français Louis vénitien de la côte dalmate, de britannique ouvrit les portes de l’Europe au de qui, au-delà des rivalités entre S’estimant vertueux, « ils trouvè- Barthou, les chancelleries ne pre- Sarajevo la bosniaque, tantôt otto- Sultan, l’indépendance serbe les princes chrétiens, avait facilité rent qu’il était bienséant de mourir, naient toujours pas au sérieux les mane tantôt autrichienne à l’om- Rebecca West effectue retrouvée en 1878, la proclama- la mainmise de l’islam sur les Balk- trahissant ainsi tous les gens ver- gesticulations du fascisme italien bre de ses minarets, jusqu’en tion, après la Grande Guerre, d’un ans après le désastre intervenu au tueux qui viendraient après eux, et du national-socialisme alle- Macédoine et au Monténégro, les un long périple à travers royaume réunissant les Slaves du Champ-des-Merles. La réponse pendant des siècles ». Comment mand. Cet aveuglement, et le contrastes expriment les fractures Sud, enfin sa disparition – en tant viendra d’une ancienne ballade, concilier la haine de la violence second voyage qu’elle fit en You- entre les habitants du pays, sur- la Yougoslavie : le récit que royaume – lors de l’occupa- mythe fondateur, qui raconte com- avec la pratique de cette violence goslavie, inspirèrent à Rebecca tout celles entre Serbes et Croates, tion du pays par les armées alle- ment le prophète Elie, déguisé en afin de sauvegarder la liberté et le West un livre aussi limpide que les mêmes aujourd’hui qu’au de ce voyage est à la fois mandes. Mais, avec ce voyage à faucon gris, revient de « Jérusalem principe du respect d’autrui ? savant, aussi dense qu’inclassa- temps où ces pages inspirées ont travers la Yougoslavie, défunte la sainte » pour proposer au tsar C’est l’interrogation qui ressort de ble. Littérature « de voyage » ? été écrites. un extraordinaire aujourd’hui, Rebecca West affir- Lazare le choix suivant : faire périr la métaphore du faucon gris et de Réflexion sur la montée et le A l’engagement passionné de me également sa philosophie reli- les troupes du sultan, en quel cas l’agneau noir ! Rebecca West y déclin des empires ? Analyse eth- Rebecca West en faveur d’une You- tableau du pays, une gieuse et politique, que résume si le royaume terrestre lui reviendra, répond dans son épilogue en rap- nologique des populations héritiè- goslavie pétrie de contradictions bien le titre mystérieux du livre. ou bien consentir au massacre des pelant la résistance yougoslave res de Byzance, de la puissance (qui, tout au long de la guerre, sau- réflexion sur l’ascension Ainsi, elle se retrouve en Macé- siennes, ce qui lui vaudra, à lui et contre l’occupant hitlérien ainsi ottomane et de l’emprise austro- ra résister aux nazis, contraire- doine témoin d’une cérémonie aux à ses soldats, le royaume céleste : que le combat mené par Winston hongroise ? Il s’agit de tout cela et ment à la plupart de ses voisins), et le déclin des empires relents païens destinée à guérir les « Le tsar préféra donc le royaume Churchill, à l’époque encore soli- sans doute aussi d’une certaine répond sa lucidité lorsqu’elle pose femmes stériles. Face à un rocher céleste/ Plutôt que de choisir le taire, Churchill « qu’on ne peut philosophie de l’Histoire dans ce son regard sur Belgrade, capitale et une analyse dégoulinant du sang fumant d’un royaume terrestre/ Aussi fit-il bâtir soupçonner de vouloir mourir, quoi- sommet de la littérature tout d’un Etat où la Serbie détient le agneau noir égorgé, la Britanni- une église au Kosovo (…)/ Alors les qu’il mourrait volontiers si, par sa court, tantôt grave et méditative, rôle principal : « Il faut bien admet- prémonitoire sur que, héritière des Lumières, inter- Turcs submergèrent Lazare/ Et le mort, il pouvait donner à son pays tantôt furieusement épique ; elle tre que cette ville, avec ses affamés prète ce rite barbare comme une tsar Lazare fut détruit/ Et son une surabondance de vie ». fut illustrée au long des siècles et ses affameurs, l’ostentation de sa la montée des périls tromperie universelle perpétrée armée fut détruite avec lui (…)/ Edgar Reichmann par Homère (ou ceux que son vie gouvernementale et le pullule- depuis Paul de Tarse et l’évêque Tout était saint, tout était nom cachait), Benjamin de Tude- ment de sa classe exploitante, pré- res et artistes, anonymes croisés en d’Hippone, jusqu’à Luther ; en reje- honorable/ Et la grâce de Dieu s’ac- e Signalons la parution de deux la, Ibn Battûta, Luis de Camoens sente parfois un visage assez déplai- chemin, paysannes monténégrines tant la théorie augustinienne de complit. » Tout comme Cioran qui autres livres sur la péninsule, Par- et, de nos jours, par Claudio sant. » N’est-ce pas déjà celui de ou fonctionnaires croates, auber- l’expiation, marchandage absurde rejetait le caractère fataliste, fum de pluie sur les Balkans, roman Magris, le poète triestin du Danu- nombreuses capitales d’une moi- gistes de Macédoine, marchands entre l’homme et la divinité assoif- démobilisateur d’un autre mythe séfarade, d’Ana Gord, l’histoire d’une be. Voyageurs impénitents, tout tié de l’Europe sortie depuis peu juifs de Sarajevo ou bergers alba- fée d’offrandes vivantes, la roman- fondateur, le poème roumain Mio- famille juive de Sarajevo (traduit du comme Rebecca West qui lançait d’un trop long enfermement ? Si nais, femmes opprimées, moines cière convoque Shakespeare et ritza, Rebecca West ne veut pas de serbe par Déjan Babie, L’Age d’hom- déjà un avertissement contre l’ac- Rebecca West a su prévoir l’inva- et mollahs, révèlent, par la force de Mozart, Jane Austen aussi, dont cette grâce. me, 468 p., 180 F [27,44 ¤]), ainsi que cumulation des périls en Europe sion hitlérienne et affirmer sa foi leur présence, ses exceptionnelles elle se sent très proche, pour dire « L’agneau noir et le faucon gris Les Montagnes de Thessalie, deuxiè- orientale et centrale, ils étaient dans la victoire finale – qu’évoque qualités d’écriture et de jugement. sa foi dans une humanité réconci- avaient ici [en Yougoslavie, n.r.] me volume de « La Fortune des surtout écrivains. son épilogue, rédigé en 1941, Emerveillée par les trésors archi- liée, débarrassée de ses coutumes œuvré ensemble », écrit-elle. armes », trilogie balkanique d’Olivia Ainsi, l’ouverture de son livre année où le livre a été publié à Lon- tecturaux, églises, monastères, funèbres. D’une part, la romancière com- Manning (traduit de l’anglais et résonne d’accents shakespeariens dres –, elle ne pouvait envisager ni abbayes, autant que par les paysa- L’angoisse devant la catastro- prend « combien méprisable est la adapté par Michèle Lévy-Bram, Ed. lorsque les deuils annonciateurs l’installation du régime de Tito, ni ges fabuleux du pays, elle ressus- phe imminente, que seul le sacrifi- croyance qui veut qu’en versant le Nil, 300 p., 139 F [21,19 ¤]). du crépuscule des Habsbourg y l’éclatement de la Yougoslavie et cite les dynasties régnant entre ce peut conjurer, ne génère-t-elle sang d’un animal on reçoive une sont évoqués, depuis le suicide de les guerres fratricides qui ont sui- l’Adriatique et le Danube du XIe au pas un certain fatalisme condui- surabondance de vie » ; d’autre AGNEAU NOIR Rodolphe et de sa jeune maîtres- vi, après l’éclatement de son com- XXe siècle, devenant ainsi la chroni- sant au choix inconscient de la part, elle pense que les combat- ET FAUCON GRIS se, à Mayerling en 1889, jusqu’au munisme entre tous singulier. queuse de l’histoire des peuples défaite qui empêche souvent tants occidentaux du Kosovo, Un voyage à travers coup de feu de Gavrilo Princip, à Ceux que Rebecca West rencon- éparpillés dans les Balkans : leur « ceux animés par l’amour [qui] se familiers avec l’idée de sacrifice, la Yougoslavie Sarajevo, en juin 1914, qui sonnait tre, hommes politiques, universitai- unification au XIVe sous l’empe- battent contre des gens mus par la ne croyaient pas à une victoire (Black Lamb and Grey Falcon, le glas de l’Europe des empires. A Journey through Non, Rebecca West ne déplore Yougoslavia) pas la disparition de la Cacanie, de Rebecca West. ensemble disparate que certains Traduit de l’anglais considèrent encore comme le sym- Rebecca West, femme de lettres engagée par Gérard Joulié. bole d’un équilibre européen per- Ed. L’Age d’homme, manent et stable. Impitoyable, à « Au cœur du monde », contre-courant, elle en dresse le ecily Isabel Fairfield aspects du bien et du mal, impos- Andrews : à la vie de bohème suc- 910 p., 190 F (28,97 ¤). portrait au vitriol, ainsi que celui (1892-1983) atteignit sibilité de concilier bonheur et cédait une existence campagnar- tout aussi féroce de sa classe politi- l’âge adulte au mo- recherche de la vérité, nécessité de et confortable dans une ferme que. De la famille impériale, pas ment où le féminisme d’affronter la réalité. The Return du Buckinghamshire, près de Lon- davantage épargnée, seule l’image battaitC son plein : en 1912, les suf- of the Soldier (1918), où elle uti- dres. Tous les deux partirent de l’impératrice Elisabeth, Sissi, fragettes, conduites par Emme- lise déjà l’apport de la psychana- pour la Yougoslavie, voyage d’où émerge, nimbée d’intelligence et line Pankhurst et sa fille Chris- lyse, The Judge (1936), The Foun- devait sortir l’essai en deux volu- de grâce. tabel, voyant que leur action tain Overflows (1956)… Dans les mes, Agneau noir et Faucon gris. Même si le lecteur ne partage restait sans effet, passèrent à des années 80, ils furent remis à l’hon- En 1949, couronnement de sa pas entièrement la vision de moyens plus violents. Puis la neur par les féministes ; sous l’in- carrière de femme de lettres, elle l’auteur sur l’incurie, les lourdeurs guerre éclata. Cecily, qui avait fluence de Jane Marcus, entre fut faite Commander of the Bri- et le caractère répressif du régime entre-temps décidé de changer autres, Rebecca West devint l’éga- tish Empire, une distinction qui paternaliste des Habsbourg, il sera de nom (son pseudonyme lui fut le de Jane Austen, de George suivit la publication de plusieurs ébranlé par ce réquisitoire qui le inspiré par l’héroïne d’Ibsen, Eliot, Charlotte Brontë ou Virgi- livres au retentissement particu- condamne sans appel. Tel est le dans Rosmersholm) les soutint nia Woolf, philosophe de sur- lier, entre autres The Meaning of pouvoir de la littérature digne de ardemment. Elevée à Edim- croît, historienne et journaliste. Treason, qui rassemblait les arti- ce nom : remettre en question pré- bourg, elle avait d’abord pensé « Ceux qui ont souhaité voir Jane cles commandés par le New Yor- être actrice, avant de se lancer Austen à Waterloo ou Charlotte ker sur le procès de Nuremberg, dans le journalisme, contribuant, Brontë sortir de son presbytère de où elle était présente ; Rebecca dès 1919, à The Freewoman et au Haworth trouveront leur héritière, West resta combative jusqu’à sa Clarion, où elle couvrait les ques- Rebecca West, sur les barricades, mort, dénonçant sans relâche tions politiques. Cette vocation dans les grèves de dockers et les conventions et injustices, sans précoce ne se démentit jamais : manifestations de suffragettes… » pour autant remettre fondamen- c’est dans le journalisme qu’elle Son nom était devenu un « mot talement en question les lois E. O. HOPPÉ/CORBIS acquit la réputation qui devait de passe pour toute femme indé- d’une société où elle obtint et lui rester au cours de sa longue intellectuelle, la même audace de pendante faisant carrière ». conserva une place de choix. Au vie – celle d’être l’un des esprits pensée que dans ses articles. Au En 1912, elle avait écrit un arti- cours des dernières années de sa les plus pénétrants et les plus reste, ses romans, qui à l’époque cle acerbe sur un ouvrage de vie, elle s’intéressa spécialement aiguisés de son temps – même furent bien reçus, sont porteurs H.G. Wells, romancier qui était au « problème des rapports entre si, par la suite, ses intérêts et ses d’un message et mis au service alors au pinacle. Une liaison de l’individu et l’Etat, en particulier modes d’expression se diversi- d’un idéal bien précis, raison dix ans s’en était suivie, et un fils, aux effets de la pression des masses fièrent. pour laquelle certains paraissent Anthony West. En 1930, après sur la liberté d’expression et l’opi- Elle écrivit romans, essais, aujourd’hui assez datés ; les avoir vilipendé le mariage nion personnelle, même dans le récits de voyage, critique litté- mêmes grands thèmes s’y retrou- pendant des années, elle épousait monde libre ». raire, révélant la même curiosité vent : mensonge et vérité, le banquier Henri Maxwell Christine Jordis IV / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 littératures b Les démons de l’intériorité La correspondance du jeune Stefan Zweig révèle un dandy qui écrit encore en dilettante et cherche des modèles et des guides. Parmi eux, et à la première place, Romain Rolland, à qui il consacre une biographie en 1920, mais qui ne répondra vraiment à son amitié qu’après le suicide de Zweig en 1942

malaise. Hofmannsthal en vient à bourgeoise porteuse de barbarie et CORRESPONDANCE douter de la valeur même des passe dans le camp de la révolution 1897-1919 mots. Et dans cette Vienne qui dan- socialiste. Trop conciliant pour être de Stefan Zweig. se sur la musique de Strauss, se un combattant, Zweig reste déchiré Traduit de l’allemand saoule d’opérettes, vient se don- entre ses velléités d’action, sa révol- (Autriche) par ner en spectacle au Burgtheater te et sa peur du changement, son Isabelle Kalinowski, mais étouffe, Freud trouve un ter- attachement instinctif au monde Grasset, 382 p., 145 F (22,11 ¤). rain d’élection pour mener ses étu- d’hier. Non sans perfidie, Romain des sur l’inconscient, la névrose et Rolland lui dédicace sa pièce Le Jeu ROMAIN ROLLAND le refoulement. Par ses origines et de l’amour et de la mort avec ces de Stefan Zweig. son caractère, Zweig participe de mots : au « bon Européen qui m’a été Traduit de l’allemand la dualité de cet univers qu’il a depuis quinze ans le plus fidèle ami et (Autriche) par Odette Richez, admirablement décrit dans Le Mon- le meilleur conseil, n’a cessé de me édition révisée et préfacée de d’hier. Son père est un indus- rappeler, comme un de mes premiers par Serge Niémetz, triel aisé qui possède une usine de devoirs d’écrivain, ma tâche de car- Belfond, 372 p., 125 F (19,06 ¤). textile en Bohême ; sa mère est ita- rier qui taille la montagne saignante lienne mais parle allemand. Libre de la révolution. » Or rien n’est plus weig est né dans un empi- de choisir sa voie, Stefan, deuxiè- étranger à Zweig, ennemi de tout re à l’agonie ; lorsqu’il me fils de la famille, se tourne vers fanatisme, que la révolution : «La voit le jour à Vienne en l’écriture sans que cela soit vérita- politique passe, l’art demeure, et c’est 1881, la monarchie sécu- blement une vocation ; plutôt une pourquoi il faut agir sur le durable et laireZ des Habsbourg n’a plus que occupation de dandy. abandonner l’activité d’agitateur à trente-sept ans à vivre. Pourtant, ceux qui déjà s’y épuisent et y trouvent dans ce monde en plein naufrage, INDÉCISION leur bonheur.» la vie artistique et intellectuelle Les premières lettres de sa bouillonne aussi intensément que correspondance nous donnent l’ima- RUPTURE les vagues de l’Histoire qui vont ge d’un jeune homme courtois jus- La rupture est bientôt consom- l’engloutir. Le déclin des empires qu’à l’obséquiosité, qui cherche sur- mée, la correspondance est plus espa- est souvent une période faste pour tout à se faire des relations, à placer cée, les visites sont plus rares. Zweig les arts… C’était le monde de quelques nouvelles dans des revues a trop de cœur pour renier son ami- Klimt, Schiele et Kokoschka, de tout en se défendant de vouloir deve- tié mais l’attachement se déplace : Schnitzler, Hofmannsthal, Kraus, nir écrivain. Ecrire permet de voir « En fait, nous lui sommes plus fidèles

Musil mais aussi de Rilke et de venir. On distingue déjà les deux SAMMLUNG INGE UND ERICHqu’il FITZBAUER, EICHGRABEN IM WIENERWALD ne l’est lui-même », écrit-il à Kafka, car la Bohême fait partie lignes de son caractère, qui revien- Stefan Zweig (au premier rang à droite) au début du siècle, posant avec des amis Schickelé le 26 septembre 1934 à pro- intégrante de cet Etat qui a long- nent chaque fois qu’il s’agit d’évo- au Prater de Vienne. Derrière, à droite, l’écrivain Robert Müller pos de Romain Rolland. Lorsque temps rêvé de reconstituer l’Empi- quer la figure de Zweig : immense Zweig quitte l’Europe en 1940 après re romain avant de se scinder en curiosité et grande indécision. Cette Ils se sont connus vers 1907, lors- graphie qui a des allures d’hagiogra- et qui sont pourtant en germe dès un séjour à Londres où il est devenu deux pour laisser place au nord à dernière agaçait profondément que Zweig lit dans les Cahiers de la phie, comme le souligne Niémetz avant la guerre. Si Zweig rêve d’une citoyen britannique, il ne fait pas le la monarchie prussienne et protes- Romain Rolland, que Stefan Zweig quinzaine la première partie de Jean- dans la préface. sorte d’internationale des esprits détour par Vézelay où Romain Rol- tante des Hohenzollern. vénérait pourtant comme un maître. Christophe ; dans ce roman d’éduca- Zweig donne le ton dès la premiè- libres voués à l’art, pareille à la dias- land est installé depuis la fin de 1938. Comparée à Berlin, Vienne la Les démons de l’intériorité poussent tion, qui rappelle par son projet le re page : « Ce livre n’a pas pour uni- pora juive qu’il préfère à « un Etat Zweig ne reverra plus l’Europe. Il se catholique dispense une influence en effet Zweig à toujours chercher Wilhelm Meister de Goethe, Zweig que objet de décrire une œuvre euro- juif avec des canons, des drapeaux, suicide au Brésil avec sa seconde fem- qui peut paraître bon enfant. C’est des modèles et des guides. Il les trou- est sensible à la défense du pacifis- péenne, mais avant tout de rendre des décorations » (lettre à Buber de me, Lotte, le 22 février 1942. Si Tho- un monde cosmopolite et bariolé ; ve dans les grands esprits du passé me conjuguée à un désir de rappro- témoignage à l’homme qui fut pour février 1918), Rolland conçoit l’ac- mas Mann n’a pas eu de mots assez dans les rues bruissantes de la capi- qu’il analyse avec finesse : Montai- cher les cultures française et alleman- moi et pour beaucoup d’autres le plus tion à mener comme une lutte qui durs pour condamner ce geste, tale se croisent Turcs, Hongrois, gne, Erasme, Balzac, Dickens, Dos- de. Comme dans la passion, la décou- grand événement moral de notre épo- doit s’adapter aux circonstances ; il Romain Rolland trouve les termes Tchèques et musulmans. Associés toïevski ; il les trouve dans le réseau verte de l’autre prend pour Zweig que. » S’il y a des critiques, elles sont voit d’un œil favorable l’évolution justes en laissant enfin parler l’amitié à la vie sociale et politique, les juifs de ses relations qu’il ne cesse des allures de prédestination, mais il toujours faites avec tact et intelligen- de la Russie en 1916, et Lénine ren- et peut-être le regret : « Il était trop semblent aussi y avoir trouvé leur d’agrandir et d’entretenir. Ce n’est devra attendre longtemps avant de ce. Zweig, qui a fait entièrement don trant dans son pays pour y préparer loin de ses amis. Il avait besoin de com- place et constituent une bonne par- pas du carriérisme, mais le besoin de pouvoir rencontrer celui qui se tient de son amitié et qui n’a pas ménagé la révolution l’invite même à l’ac- munier avec eux. » tie de l’élite intellectuelle. Mais cet- dissiper ses doutes – les entretenant farouchement au-dessus de la ses efforts pour faire connaître et tra- compagner dans son wagon plom- Pierre Deshusses te façade brillante et généreuse ne du même coup par la contradiction. mêlée. Homme du monde, Zweig ne duire l’œuvre de Romain Rolland bé. doit pas faire illusion. Schnitzler Parmi eux, Romain Rolland tient l’admire que davantage pour ces dans les pays de langue allemande, Non sans hésitation, ce pacifiste e A signaler également : Stefan Zweig met en scène les hypocrisies d’une une place de choix et supplante bien- qualités d’ascète qu’il ne possède va mettre longtemps avant de perce- convaincu prend un virage doulou- et Vienne de Catherine Sauvat, éd. du société qui s’étourdit jusqu’au tôt Verhaeren, le premier maître. pas. En 1920, il lui consacre une bio- voir les divergences qui les séparent reux : il déclare la guerre à la société chêne, 168 p., 260 F (39,63 ¤).

livraisons b CONTAMINATIONS, de Fred Romano De la vie des crevettes Terres Ancienne journaliste, l’auteur du fracassant portrait de Coluche (Le Film pornographique le moins cher du monde, Pauvert, 1999) met sa plume incisive au service d’un recueil de nouvelles toutes Des enfants trop sensibles dans un univers feutré et cruel, et une petite fille consacrées à un thème que ne peut plus revendiquer la science-fic- tion. Entre mystérieuses infections et cavales d’enfants pourchas- à la santé morale à toute épreuve : Leslie Poles Hartley et Charlotte Perkins Gilman arides sés par la fièvre fanatique, Fred Romano trousse une tellurique his- toire d’amour entre un alcoolique et une mongolienne, évoque « Je ferai toujours ce que les autres (1860-1935) – l’une des pionnières des métissages (contaminations positives) et des accouplements EUSTACHE ET HILDA attendent de moi… jamais ce que américaines du féminisme – fait EAUX TRANQUILLES viciés par le nucléaire, le trouble génétique, les effluves toxiques. Vol. 1 : La Crevette j’ai vraiment envie de faire », une preuve d’une santé morale à toute (Still Waters in Niger) Viande folle, lits d’amiante, rivières de mercure, cieux de plomb : et l’Anémone envie que, d’ailleurs, Eustache ne épreuve. C’est que son auteur l’a de Kathleen Hill. de l’écolo-fiction à peine plus hystérique qu’un réel contemporain (The Shrimp and sait plus reconnaître, tendu com- chargée d’introduire un peu de rai- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) plongé dans l’insécurité. (Pauvert, 198 p., 95 F [14,48 ¤].) J.-L. D. the Anemone) me il l’est dans le besoin éternel et son, d’équilibre et d’humour dans par Muriel Goldrajch. de Leslie Poles Hartley. douloureux d’être approuvé par un monde dominé par les hom- Phébus, 252 p., 129 F (19,67 ¤). b AU LARGE DES ÎLES FAUTS, de William Margolis Traduit de l’anglais sa sœur. mes. Begnina est une idée qui On ne parle pas pour expliquer, on explique pour parler ; la par Corine Derblum, Le premier volume d’une trilo- s’est faite personnage : une enfant e paysage de ces Eaux tran- réflexion intrigue, surtout si elle est prononcée chez un psychia- Joëlle Losfeld, 286 p., gie qui suit Eustache de l’enfance surdouée (on la suit jusqu’à ses quilles, en surface, a de tre, comme ici. L’Américain William Margolis a déjà publié des 115 F (17,53 ¤). à la maturité, analyse les mécanis- seize ans), dotée d’une généalogie quoi désoler. Sur la terre poèmes dans sa langue, mais c’est en français qu’il a choisi d’écrire mes subtils par lesquels, sous cou- fantaisiste où se croisent racines nigérienne recuite par la son premier roman. Tous les personnages sont sympathiques, sur- BEGNINA MACHIAVELLI vert d’œuvrer pour le bien latines et écossaises, et que le sort Lsécheresse, les sables du Sahel mena- tout le narrateur, avec sa jeunesse bien remplie, sa maturité un de Charlotte Perkins Gilman. d’autrui, on affaiblit un être et on a fait naître dans une famille bien cent les villages de Zinder et de peu vacillante, ses déprimes et ses fantasmes. Pour aimable qu’il Traduit de l’anglais le réduit à sa merci, se ménageant entendu déficiente. Elle décide de Matameye et leurs champs de mil. soit, l’écrivain n’en impose pas moins des contraintes. Il lui arrive (Etats-Unis) et préfacé cependant le doux plaisir de prendre en main sa destinée et cel- Au cœur d’une telle fournaise, deux ainsi de faire disserter un peu longuement quelques animaux sur par Pascale Voilley, régner. Hilda, de son côté, paie le le des siens, pour le plus grand femmes, une mère américaine – la leur sens du temps et de l’espace, et l’énigme du titre est déconcer- Viviane Hamy, 202 p. prix voulu pour cette domination bien de tous et l’amusement du narratrice – et sa fille, Zara, se tante. On goûtera en revanche la variété et la densité des thèmes 129 F (19,67 ¤). qui l’engage tout entière, et, lors- lecteur. Face à cette personne har- retrouvent et mesurent leurs solitu- abordés : la famille et la mort, la folie et l’amour, la douleur et que son frère doit partir au collè- die et gaie, qui ne craint pas de des respectives. La plus jeune se con- l’imaginaire. (Ed. Confluences, 208 p., 118 F [17,99 ¤].) J. Sn u début du siècle et du ge, c’est elle qui dépérit et voit penser par elle-même, la figure sacre depuis deux ans aux victimes roman, dans une ville son univers vaciller. typique de la victime : la mère, de la famine dans le dispensaire de bord de mer du Nor- Dans l’extrême subtilité avec douce et écrasée comme il se local ; la plus âgée, après dix-sept folk, un petit garçon laquelle Hartley met en scène les doit ; et celle, non moins typique, ans d’absence, cherche à compren- joueA avec sa sœur sur la plage. mouvements intérieurs des deux de l’éternel bourreau : le père, dre sa fille, un pays et un peuple Horrifié, il regarde disparaître l’ex- protagonistes – mouvements qui injuste et tyrannique. Qu’on se ras- qu’elle a mal connus. Le suspense trémité tremblante d’une crevette glissent à la limite de la sure, la première saura évoluer et ténu se nourrit des mystères minus- qu’une anémone aspire, englou- conscience, se traduisant par des s’affirmer, grâce aux initiatives cules des deux femmes, de leurs cul- tit ; un sauvetage est entrepris ; malaises, des peurs, des rancunes pleines d’astuce de la jeune Begni- pabilités et malentendus passés trop tard : de la crevette ne reste qu’ils ne savent interpréter –, il y a na ; et le second s’amendera lui sous silence dans le passé. La faim, que la tête et l’anémone est à comme une approche lointaine aussi, contraint et forcé tout bien sûr, mais aussi la fécondité demi éviscérée. du champ d’observation de Natha- d’abord, conscient, par la suite, – tarie ou retrouvée, celle de la natu- Cette image de lente absorption lie Sarraute. Ce sont ces « ombres que ce changement lui apporte un re et celle des mères – et la filiation s’applique aussi à certaine sorte légères qui glissent et dont le jeu peu du bonheur que son despotis- problématique sont au cœur de cet d’amour, quand deux créatures incessant constitue la trame de tous me d’autrefois rendait impossible. univers presque exclusivement fémi- sont si bien imbriquées que rien les rapports humains » qui vont Quant à la sœur, jolie et dénuée nin. Cette frange de terre habitée ne peut les séparer – ainsi celui influer sur la sensibilité exacerbée de personnalité, Begnina parvien- envers et contre tout acquiert une qu’Eustache et Hilda, sa sœur d’Eustache et sur des humeurs aus- dra à la marier selon ses goûts. densité exemplaire dans la fiction ; aînée, ont l’un pour l’autre. Pour si variables, aussi instables que les Tout est bien qui finit bien : il elle devient simultanément le lieu le plus fort, cette sorte d’amour-là nuages qui filent ou le climat chan- suffit de montrer des qualités d’un désastre humain et un support consiste à dominer sous le prétex- geant. machiavéliques, c’est-à-dire une de mémoire inestimable pour la nar- te de protéger, à asseoir son pou- « intelligence aiguë, un talent pour ratrice. voir sur un être dont il a perçu RECETTES PRATIQUES la dissimulation, et une détermina- Ce premier roman de la nouvellis- intuitivement les creux et les man- Le Messager (The Go-Between), tion inébranlable à atteindre son te new-yorkaise Kathleen Hill s’éga- ques : il lui suffit, chaque fois que adapté au cinéma par Losey, est le but », comme l’écrit Pascale re parfois, la trame distraite dans l’occasion se présente, d’affirmer livre le plus connu d’Hartley Voilley dans sa postface. Voilà mille petits riens, ou le ton en équili- sa volonté et son désir, laissant à (1895-1972), qui reçut, comme donc une leçon sous forme d’anec- bre au bord du pathétique. Mais sa l’autre, moins sûr de lui, la satisfac- Henry James qu’il admirait, la dotes et de recettes pratiques : véritable puissance sourd lorsque, tion de s’effacer et de faire ce meilleure éducation et une fortu- comment économiser, comment de la ligne narrative, une image se qu’on attend de lui. Le plus faible ne lui permettant de se consacrer gérer une maison, comment mon- détache et se prolonge librement en tient alors le rôle qui lui est réser- à ses livres. ter une affaire et la faire fructifier s’échappant du récit, en l’amplifiant, vé, il est en ordre avec sa Aux antipodes de son univers quand on est une femme… toutes comme celle de l’océan nourricier conscience, avec le monde et, sur- feutré et cruel, avec ses enfants entreprises où Begnina récolte un qui baignait autrefois la contrée, res- tout, avec le pouvoir redoutable trop sensibles, la Begnina Machia- succès réjouissant. té tapi sous les couches désertiques. qu’il doit sans cesse se concilier. velli de Charlotte Perkins Gilman Ch. J. Fabienne Dumontet npu ni nlr ’nérl,e erue o esds«coe us» afnasee o uorsn aigreur sans humour son et fantaisie sa », vues choses « des sens son retrouver et l’intégrale, lire en enfin peut on orle témoigne pour mort à blessée vivante cette » fem- ? cette me ? désigner frontières ou cerner ses Pourquoi déterminer comment fulgurance. sa rythme, récit son au enlever sans à personnages, consistance la ses de repris plus donné a et Chédid trame, Andrée roman, dédié est le qui à petite réalisatrice, sa Emilie, fille de l’instigation à Puis, d’un agoni- sante. jeune la rencontre veillait qui couple la vieux amoureux, vous rendez- impossible déjà, d’un chemin C’était blessée, le guerre. sur femme en ville jeune une dans la de dernier souffle jusqu’au depuis balle terrible, d’une l’impact aigu, bref, parcours exqimuetto ô,e ce en tôt, exterminateur trop monde meurent « qui ceux ls e issqis eâhn,lsmains les relâchent, se qui tissus mus- les cles, les inspecte interroge, mobilise, mais se l’aimante, qui son vers sol ploie le à nuque Sa porte déroute. en mourante corps jeune la joyeuse, que étrangement clinique, ment froide- intense, l’attention rablement » dition sa l’extérieur de comme soleil » le rapace d’un Sous hasard la de franc-tireur. cible de la la fait dévastée, traverse ville pont, lorsqu’elle femme, d’un jeune près rend, se retrou- vaille. en rupture conflic- de amour passionné, un tuel, vivre d’y et d’y – logue archéo- avant lui photographe, elle l’Europe – revenir vers Steph émigré et ont Marie d’où méditerranéen, » puisque rabâche où, l’Histoire » « répit n’importe sans être décime pourrait se et déchire asu srto yés con- se litté- critiques Aymé des Allais, où avec fait-divers fond esprit un un nouvelles dans rapporte des il vues, quand choses sont des Elles fourre-tout. un être sans fois cents réalité. la neuf quitter sans rêver pour parti om ’ci hre ati : Dantzig Mais Charles « l’actualité. l’écrit sur comme veut qu’il Ferrand, Clermont- de quotidien d’un queur son de est nous donnée. – importante chroniques ses plus – œuvre la par- tie la de l’intégrale qu’enfin Voici og e hommes des : avance songe par répondu « a lui latte ’itieltéar uXX dans du tient littéraire qu’il place l’histoire la et aux autres s’intéressait écrivain cet si dire du France en Château édition première dont Kafka la de celle pas n’étant moin- dre la traductions, quinze chroni- ques, cents neuf (1901-1971). romans, Treize rien, Vialatte chercherait sait l’on que Alexandre ne vain qu’on en il c’est dit dont est Viçakhadatta nous l’Indien et D C 4 2,4¤). (21,34 F 140 p., 128 Lettres, Belles Les Dantzig. Charles de Préface Vialatte. d’Alexandre JARDINS DES PAIX LA chacun. ¤) (27,29 F 179 p., 1050 et 140 1 de volumes deux », Bouquins « Laffont, Robert Vialatte. Pierre par établie édition Dantzig, Charles de Préface Vialatte. d’Alexandre MONTAGNE LA DE CHRONIQUES 0F(37 ¤). (13,72 F 90 p., 210 Flammarion, Chédid. d’Andrée MESSAGE LE uetc u ’cult ? l’actualité que Qu’est-ce ’cult s utu at du faite surtout est L’actualité e15 amr,e 91 lxnr ilteérvtnu et rilspu eqoiin«L otge»: » Montagne La « quotidien le pour articles cents neuf écrivit Vialatte Alexandre 1971, en mort, sa à 1952 De omn éii et contrée, cette définir Comment « erne-osae tp ùelle où Steph avec rendez-vous Ce e hoiuspretd tout de parlent chroniques Ces n15,i ein echroni- le devient il 1952, En nreCéi poeàl ote aviolence la à et mort la à oppose Chédid Andrée afreds«mt ri td atendresse la de et » vrais mots « des force la ’br nnm,singulière, anonyme, D’abord nreCéi vqeadmi- évoque Chédid Andrée . ai edbt observe débat, se Marie , obecrèe» cortège sombre « esg d’amour Message aMontagne La od iace»en : » 1980 Dimanche Le « Monde dans publiée nouvelle inédite, une d’abord fut e as npru.C’est inaperçue. passa adi io Vestdijk Hol- Simon landais le entre »), quins auteurs ans ota ralenti au Mort itoniedes Dictionnaire Lfot Bou- « (Laffont, . ’s npays un C’est . » hoiusd og e hommes des songe du Chroniques hi nper- en chair « lydr ce dira y Il . tl voilà le Et (…) apensée sa « féroce, « e etous de .Via- ». siècle. u se qui –un .Ce

D.R. ot ri ursprss ader- la phrases, autres com- trois qui d’un porte écrit ultime cet seuil dans est te du » caniche marbre résidentiel. immeuble son le que souille d’in- tandis air bau- faux nocence un le avec regarder d’Orion étoiles drier de les et où boule- l’heure s’allument le à Arago sur vard chien de train son en promener quinquagénaire l’homme un que est vrai) c’est que à (parce mise est nu. qui humaine ni condition raccourcis et la savantes, thèses perfidie des des bien valent en sans aigreur raille imper- tinent Cet tendre. gai, est cynisme son Même désespérée. ima- une sombre, vie ge suicide, la de du jamais tentation donne ne » la plutôt eut : qui L’endormir, dit et ? il par guérir dont La idée obsédé « mort, la Vialatte, de l’idée que effet de nom le porte cela “désemparement lui, préface, en et probablement la était souligne Kafka « le paradoxe. un Comme c’est et œuvre, cette » monolithes. des per- parmi bleus du yeux aux hanneton un me com- valises grandes ses parmi gisait un est » d’hôtel mortel chambre une péché dans Williams nessee le et résine », boue la Céline dans formule. la de « don son manifes- te se où portraits des trales, théâ- cinématographiques, raires, etms otn emsaede message » entremêlées fondues, le portant court Marie, temps, et le l’espace dévorant Anya, la mourante, veille médecin, Anton, couple partance. vieux en d’un l’attention enfin atti- re elle vacille, qu’elle Tandis ren- pour sa contre. à passant, venait qu’elle sache improbable Steph que un à fier son avec corps » corps fera fris- Elle ces tremblements, sonnements. ces bras, du sacca- ces des tête, de ballottements ces secous- ses, ces plus contrariera ne Elle tion. rota- et remous travers de à décide l’accompagner, elle résistance, l’inutile soubre- les sauts, Evitant lui. avec naviguer l’escorter, de de mais corps son de à s’opposer souffle, son ménager de découvre ». mortelle se elle ; sensations sent s’affaiblis- ses tactiles de auditives, bientôt violent visuelles, désir Mais son durer. volonté, sa ser » s’amollissent qui oesnipaal,sa implacable, son joue cible. pour pri- se loin, celle de sauver lui-même, peut-être de a qu’il tentant Marie, de blê- me visage franc-tireur, le découvrir jeune de bouleversé un cinquième personnage, un roman, le dans ajouté, a » carnage au mènent les rejeter elle, à Anya, continue ; d’Avila Thérèse et Croix de la Jean par passionné mystique, reste passer. lire à faut attribue Il » qu’on Rilke. gloire tendresse. mot dernier la le de est citant force saveur la Vivre la et « violence vie la la à et de mort la à se oppo- Chédid d’Andrée l’œuvre Toute doucement gagner de » tent des essen- paroles tiels, simples, de mots des et : chansons chuchotées de bribes de tion s ngatqipoèessrêves ses promène qui géant un est agit s n osat de constante une est gaieté La ai rfon nmsaeàcon- à message un griffonne Marie alors décide femme jeune la Lucide, adsqel ot vn l’heure, avant mort, la que Tandis Anton sang, à et feu à ville la Dans ,Atne nabretMarie bercent Anya et Anton », niaiegénéralement imagine On « u ’piet u permettent lui l’apaisent, qui , . osvas êesismen- s’ils même vrais, mots « riee ’uan» l’humain en croire « eslusjuesscon- jeunesses leurs vers « éié xlsvsqui exclusives vérités « ei homme petit « eMessage Le ” Mauriac ai et d’impo- tente Marie . oiu Petillon Monique ». nreChédid Andrée . affirme-t-elle, , . aaoeen Paradoxe ’ur ie» rive l’autre « otVialat- Tout terriblement « aaeparti- fatale « 7 vneVco-uo 20 oe,12p., 142 ¤]). [19,82 Rodez, F 12000 130 Victor-Hugo, inédites avenue illustrations (7, des et témoi- émouvants des Duneton, gnages C. Brochier, hom- J.-J. des de l’incongru, mages de et de sacrifice goût la du satire, son à la littéraires, rapport amours son ses sur avec montagne, essais y correspondance des On sa Pourrat, 1997. de Henri août étude en une central trouve Massif du thuri- féraire chroniqueur célèbre au hommage rendit d’Aubrac deuxième tres du titre le C’est Vialatte d’Alexandre charme et Mystère etla sent « tl faire le et «neplus Ten- , [qui] tà et , . e oiue s ulé mais oubliée est solitudes Marie dans des voile. du pose port le que collèges nos question la c’est directrice, toute ima- sa et actuelles Spiers M. très ges. de avoir lignes les pour entre lire » de qu’artisanale besoin point qui n’était Chine « jeune une du imaginant lectures Vialatte des faire Qu’avons- à ? nous volcans des Ray- Prix François le nal à valut 1959, juillet solitudes intérêt en Quel présentait ? se pantalon fille qu’elle sa de ceci l’école pour de directrice la à Spiers M. opposa (Etats-Unis), conflit Warring- ton à 1953, au novembre en intéresser qui, nous ment Com- ? extravagantes aussi niques locale dire gare Que d’ volatile. alors est chronique la sujets, colères ses Par petites inspirent. les qu’ils un faits et faire les rapportés que s’y périssable dérision, aussi certain nom la un un de et avec plume sens briller de y brin petit peut On ficile. nos de jours. retrouvons y pérennité nous œuvre, et, son poursuivent chroniques se nos s’achevaient, sien- nes les si sur que gloser Reste de absence. cette facile serait Il Un ? ? eût signe hasard Un qui mot final. point vraiment d’un été manuscrit, suivi le le pas dans n’est qui, par » amour « s’achevant nière su.L icrt ’nhmele homme mystérieux d’un rend sans sincérité débat La issue. d’un les l’objet pour survivants demeure pensée plus sa profonde n’exprimait qui écrire dire rien rien ni ne de et lui-même sincè- envers d’être re fut souci le un dont Mais auteur retouches. ne des nul faire à où songe officielle image une mort attitu- une dans de vie sa toute guinde nous existence détaillée. son est que et fur mesure au à épaisseur de en points gagne les –, vue selon plombe, ou le – qui nimbe le qui Paradoxale- mystère ce ment, sacrifices… et ments : psychologique renonce- étouffées, contradictions personnalité de sa abîmes les par attiré fatalement de traces les l’écrivain. sur repartir de envie donne qui prudente, très classique, biographie de d’une mais quatrième couverture, pas la l’affirme donc comme s’agit ne d’ essai Il claire- un être rédigé indigeste. pu aurait surtout qui ce a ment l’a elle publié, ; été tes inédi- a archives quelques qui de ce enrichi tout de se synthè- de travail gros a un universitaire accompli cette : Violai- Massenet aujourd’hui ne a y Il Touzot… Jean Cabanis, José Lacouture, Jean u-êe(’--lpsdtd acri- la de dit pas (n’a-t-il : lui-même lui-même pour été » guindé écrivain a « en ce pour savoir de qu’il pardon, désir le du pas n’ait qu’on maîtrise, aussi la de mais l’auto-intoxication chute, la de de mécanismes les décrit P èe» cère drg a rni rna) qui Cransac), Francis par (dirigé 4 2,1¤). (22,71 F 149 p., 498 », biographies Grandes « Flammarion, Massenet. Violaine de MAURIAC FRANÇOIS on ni erpri u e rcsd l’écrivain de traces les sur repartir de envie donne nrctqairmnsu » romanesque quasi récit un « acrnqeetu xriedif- exercice un est chronique La a u ’nées ara est Mauriac à s’intéresse qui Car écrit-il, , aborpi,casqe eVoan Massenet Violaine de classique, biographie, La ude ou emsèeMauriac mystère Le , tate uetrsd chro- de ouvertures autres et littératures ese machina ex deus xè ’n etniebul- centenaire d’une Excès oa u,en qui, roman , io,Mce Suffran, Pierre-Henri Michel eu Simon, déjà » Mauriac planète « complexe la explorer our ased u pè sa après lui de laisse huste nlaine en Chaussettes nérvi u se qui écrivain Un « airdsRencon- des Cahier . » ara trop a Mauriac ou uersin- auteur « ai des Marie uhéros ou Mais ? ,ilya , b asl osedsvntas Des ans. III la vingt de des échos poésie la dans paragraphe. lec- chaque à la ture de fait bonheur c’est le et Vialatte, qualité l’inattendu quantité. la la oublier mais semble Cela beaucoup, ! pages mille Deux de scien- ce. la de inventif avancées les et l’esprit l’homme sérieuse sur mais réflexion plaisante une » d’eau voici chasses des servir nous de automna- les. rumeurs éditoriales des perpétuel mouvement le dans mes », littéraires saison prix la des c’est gluant, est suite. brouillard la force vous à entraîne, vous air il son rien, de Avec entrevoir. laisse qu’il dès vigueur sa l et style. élégance son au té, simplici- sa tient affiche Vialatte de il Celui talent. le l’écrivain faut à y Pour pas Il suffit œuvre. ne une plume faire la de bout le figée. date de pas n’ont ces légère, d’apparence et l’anecdote où de au-delà exemples chroniques, les pourrait On multiplier mondialisation. la en de conclu- » s’uniformise revisitée cette : pour sion 1963 ? Chine, 2000 février l’an de Cette critiques aux latif super- du inspirent qui romans ans, des quarante dans sera-t-il, qu’en ete citoyen… lectuel d’intel- actuelle, et mora- juste toujours sa le, à hommage rendre que pour serait-ce ne maintenant, le relire faut qu’il et chrétien chroniqueur mémorialiste comme c’est romancier, mais comme temps son fait pour justice… de d’intervenir plus cessa réclamer ne il et gérie, d’Al- guerre la l’Occupation pendant de l’épuration, pendant émeutes pagne, d’Es- guerre les la » pendant monde 1934, février pendant du Puis, général le craquage pressentant « politique, la s’inté- à à resser commencé effet en 1932, avait en il maladie, grave d’une sion de chrétien Témoignage à d’air son peu un donner doit –, (1927) (1925), trix tirages pas » sait térateur le que ne n’est ce on Si grand-chose. lequel sur désordre intime, grand et un gloire à de s’abandonne tant de contrecoup subit le Mauriac François 20, années » ! littérateur n’être plus pour chrétien : grâce assez pas de n’êtes coup » un vaincre vain- assène me me pourrait pu qui aurait cre, qui celui saire, » secret maître lépreux avec succès au goûter » Desqueyroux son nin était Thérèse qu’elle minelle hoiussrlataiédu de l’actualité Figaro sur ses dans chroniques l’œuvre à sent profondément l’on que monde rumeur du propre sa bruits que les bien aussi ser hiérarchi- et comprendre écouter, à chrétien du bonheur et dans pacifié tivement défini- apparaît et 1928 en convertit elisn a asrl charme le Vialatte. poète passer du pas laissons ne chroniqueur, le du Yoko- édulcore Comme Lily cynisme. qui l’humour de de doux Voir fleurs cinémas/ », les hama les Sur Corail/ Laforgue, : Toulet dans rappellent ou Carco qui mes des » cahier coloniales du » devoirs océans Les géographiques/ lointains bleus avec de Ornent amour soir/ du l’étude de qués quand tituteurs ’incipit nted tbnerencore bonheur et Inattendu que loin plus voit qui regard Le letfcl edr u ara a Mauriac que dire de facile est Il lr ui omneefnà enfin commence qu’il Alors ’s et ipsto spirituelle disposition cette C’est aTberonde Table La l’Express osaosuefçnfrivole façon une avons Nous « m eiapyie» asphyxiée demi à âme « (1923), )? nvi obe aplanète la combien voit On « ulée 92 Gide 1922, en publié , eFev efeu de Fleuve Le – 13-90e 1944-1955), et (1934-1940 u noc lsqece que plus annonce qui orclre nos colorier pour u uuélsgros les cumulé a qui , tdj egrincement ce déjà et ireRbr Leclercq Pierre-Robert hrs Desqueyroux Thérèse asasidsryth- des aussi mais , 15-92 l’occa- à : (1953-1962) eDsr el’amour de Désert Le agip éi,le sévit, grippe La « s el e jours des celle est , e asaussi mais , éulqedsins- des République e nat appli- enfants Les « .Al i eces de fin la A …. liePaulhan Claire 14-94,de (1948-1954), obefémi- double « 15-94 ou (1953-1954) tnu som- nous et osirons Nous « … eBie au Baiser Le Souffrances l’adver- « et Mers « Vous « Geni- –«le :ilse lit- « lui – et . asu patmn ie ebien le vide, fils, appartement le un et dans mère direct, la entre l’affrontement raide, et sec voulu a il famille de fils roman, zar, meilleur témoi- son en gne comme François- Banier, de Marie l’affaire c’est liaux, a » elle entendu. même mais quand blanche… la robe dans je belle route sa la enfuie, sur vite courir pensais encore je s’est vois que Elle de ce ! dit mare d’elle ai ma lui Tu je dans « sang, jusque » invité… vu… chaque as à rose donner voulais une tu que prétexte dessus… sous monter échel- emparer… T’en cette ? le vers bras précipiter mon te lâches pour tu coup à tout que L L el’église. de chemin le sur jambe, évidemment, une exprès cassant se premier en » un maison. mariage empêché la avoir à après besoin lui tous a de On tranquille… ! l’ordonne veut fils vous Je mon qu’il laisser celle de pas à son jour : épouser un de dit qui heures mère a horrible deux son et à mariage, entre – fils, jaune très drô- un rit on et mais cruauté, – effrayantes les de scènes traité actrice cinq petit ce une pour sûrement aimé vient trouvera jamais que t’ai ne pièce Banier, François-Marie la d’écrire jouer pour Destructrice. Meurtrière. timents. sen- aux comme arguments aux et de sour- mari domination, sa garder la sous pour enfants à tout Méchante, à face prête terrible. terrain Et de vieillesse. pouce céder pas un ne assuré- à décidée Belle, Bien ment. elle. être pourrait cagsae n essproies, ses ces de de une d’un faveur avec la échanges A réalité. plus en la plus à de substitue où se monde l’image un dans moins de en existe moins en il comme regard, vrai de regard un échange simple un dans cynique, moutonnier. beauf, et est vulgaire de travail caricature de une collègue Son visées. télé- inepties pires au aux charge ou la Coca-Cola a elle dont gamine la ini- tié d’avoir fait le victoire grande une comme pun- présente qui de déjantée, sorte kette une C’est encourageante l’avenir. très de image donne une lui pas ne parfois baby- La l’aide mois. qui un sitter et vingt peti- de une fille te seul élève qu’il et couches l’exerce, qui ne de héros le celui que d’autant miner puisse la introduire opportun… moment choc, au requête le savoir famille encaisser la faut laisser temps, son Il prendre scénario rodé. un toute parfaitement suivent éviter et pour défaillance duo en vaillent de Les respect précises. le règles et doigté vil véritable un exige un qui à mais ou prédateur, social de boulot service un à s’en fait, qu’on l’idée selon s’apparente, qui délicate Tâche d’organes. prélève- ments les la d’autoriser de famille convaincre et accidentée la personne prévenir d’une de chargé psycholo- gue, : parisien est hôpital un Il dans Claudel. de roman Philippe du narrateur le métier qu’exerce le C’est cadavres. de repaît qui se hyène la est encore importante. sauvage si Plus place une occupe gen- res tous en compétition la où raine contempo- société la dans vérifier le otelscharognards les Contre rnosMreBne e nsèel’affrontement scène en met Banier François-Marie almr,10p,7 1,3¤). (11,43 F 75 p., 100 Gallimard, Banier. François-Marie de AIMÉ JAMAIS T’AI NE JE aln,10p,7 1,3¤). (11,43 F 75 p., 110 Balland, Claudel. Philippe de J’ABANDONNE e èlmnsd ope fami- comptes de règlements Les dieFulèenetpu là plus n’est Feuillère Edwige ot ’nrged ermntient roman ce de l’intrigue Toute métier tel qu’un comprend On ed éemn afmeen femme sa récemment perdu a hlpeCadlivneu om u choisit qui homme un invente Claudel Philippe ecm elepi asuescééégoïste société une dans l’espoir de camp le aCard l’orchidée, de Chéreau Chair La Patrice de le film dans vu Feuillère avez Edwige vous Si mère… a in emnun a de pas manquent occa- ne sions les l’adage, soit que pour loup » l’homme un est ’homme en osdemande vous ne Je « ali-lvraiment Fallait-il « nr nfl tuemr destructrice mère une et fils un entre rat oblige Cruauté Gliad.Ici, (Gallimard). us ancien aussi : hyènes « asBanier Mais . J’abandon- otcela Tout EMNE/VNRD 5DCMR 00/ 2000 DÉCEMBRE 15 VENDREDI / MONDE LE hyène « Baltha- tra- » (…) ce Je » u ems tcetfi pour fait c’est peur Et cela. faire femmes. devrait aux Cela son- mort juste. la sur ne mère la Banier à que dire fait ce être Tout pour exact supportable. Trop ? lucide trop sœur… » souffert… ta n’a per- sonne Heureusement, presque chiens… père, Deux ton frè- re, ton enterré J’aurai disparaître. : avouer fai- re lui jusqu’à mort scène, chaque la dans traque de Banier goût François-Marie que un femmes, de trop à commune aggravante circons- tance une a elle Mais ne rien. lecteur saura le dont atténuantes ces de juste » venais coiffer… me je que m’embrasser fois à chaque absolument tenir e èrse or rn » front notre et lèvres tes baisers monstre ses laissant un avec vraiment ou d’indifférence, est figure) elle la à si soupière une jeté un » être inconnue dit » mère craqué avait de « fils son où a jour (elle pri- sonnière devenue est une elle souffrance, dont cons- armure de a coups elle à si truit, bien pas sait cause. ne en On mettre la de ou l’in- terroger de tente lorsqu’on insoli- décalé, fait détail te, un à évoquant « ne », toujours côté elle parlant état, dont jamais ce a – l’en- durance de lui force, la il de fallu cela, sûrement Pour personne. impressionner par laissé jamais s’est de tentative suicide. une faire Isabelle, de sœur, vient sa qui de celles et méde- cin) était père le que (alors gnée soi- mort pas péritonite Olivier, d’une jeune frère, très que son ainsi de celles années, miné premières a ses » sortir elle peut puisqu’« ne vainqueur qu’il sait fils le dont enfance, petite sourds, la dans de commencé dialogue un Et cinq scènes. pièces, Cinq » immeuble. témoin d’un appartement « nommé u utv ’gïm om un comme l’égoïsme idéal. cultive et qui valeurs, de système véritable en mas- se de l’inculture érigé d’une a spectacle qui société le susciter de peut celui que nausée et la contre vie tout, la malgré l’espoir de de camp s’agit le choisir Il combatif. plus résolument nouveau, ton un la ici adopte à dérive, provincial monde d’un talgique nos- l’évocation dans musi- personnelle sa que imposé a livres le quatre Claudel, en qui Philippe suggère contraire. que au titre, abandon cet défaitiste de dans Rien charognard. dernier de te un pos- son dans fracas avec abandonne et éclat, jette masque, narrateur le le bas circulation, la sa accident un de perdre dans ans de dix-sept de vient fille qui femme une leapu-tedscirconstan- des peut-être a Elle et rnebugos ne bourgeoise grande Cette ig etmte entre centimètres vingt « evu ua osvus tous aurai vous Je « oyn Savigneau Josyane éadMeudal Gérard asel u a lui elle mais , rpdrou dur Trop . Oui, « «né V VI / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 enquête b Grandeur ou décadence

sent de surenchérir. Voilà que, au et/ou du martyr sont des arguments mations fausses ? Pas du tout, a laissé dans l’ombre toute une lieu de sauver des hommes injuste- de vente ordinaires, tantôt à des selon Bernard-Henri Lévy : « Ceux série d’auteurs qui cherchent ment condamnés, la tâche des opérations du genre “ôte-toi de là qui se sont trompés, ce sont les cyni- aujourd’hui leur revanche. Et puis, intellectuels serait aujourd’hui que je m’y mette”, du type campa- ques dont je vous parle, diplomates il ne faut pas oublier cette réserve d’« inculper les vrais innocents ». gne contre la “pensée 68” ou affai- sans vision ou experts sans de ressentiment que constitue, Coupés du « pays réel » (sic), deve- re Sokal. Dans le cas présent il y a, conscience. Tous ces sujets suppo- envers les intellectuels, l’extrême nus aussi irresponsables que ridicu- sans aucun mystère, un livre à pro- sés savoir, après nous avoir juré droite française. Elle rêve, malgré les, nos intellectuels « font se tor- mouvoir. » que le partage de l’Europe était ses échecs électoraux, de reprendre dre le monde entier » (Marianne, Henri Atlan, biologiste à l’Hôtel- devenu un quasi fait de nature, du poil de la bête. Tout ce qui vient « Le “parti intellectuel” dans tous Dieu (Paris) et au Hadassah Medi- après avoir exhorté les politiques à discréditer les intellectuels lui ses états », n˚du 4 au 10 décembre cal Center (Jérusalem), partage surtout ne rien faire en Pologne, paraît bon. Je suis frappé, en ce qui 2000). cette dernière opinion : « Déni- après avoir claqué la porte au nez me concerne, de la pratique systé- L’annonce d’une fin possible grer les intellectuels profite… à de tous ces dissidents de l’Est soup- matique de l’injure, qui rappelle le des intellectuels suscite un soula- d’autres intellectuels ! C’est une çonnés d’entraver la bonne marche temps de Je suis partout et de Grin- Régis Debray, gement visible, succédant au activité qui a toujours existé dans goire. Les livres sont éliminés, le tra- après d’autres, « sentiment diffus et partagé de ce milieu, comme de proclamer la vail de l’écriture oublié, il ne reste veillée funèbre » (L’Express,«La mort de la philosophie chez les phi- « Un monde sans que l’invective et la vindicte. » annonce leur fin. fin des intellectuels français », n˚ losophes. Je crois qu’il ne faut pas En quoi s’agit-il d’une situation du 30 novembre 2000). Que se pas- prendre tout ça trop au sérieux. intellectuels ? spécifiquement française ? La Quelques journaux se-t-il ? C’est ce que nous avons Cela dit, il existe évidemment une réponse de Philippe Sollers à cet- intervalles réguliers, tenté de comprendre, avec l’aide spécificité de la vie intellectuelle Un monde livré te question met en jeu les points renchérissent la fin des intellectuels est annon- de quelques interlocuteurs. Com- française. Je l’ai compris pour ma sensibles de notre histoire récen- Acée. A chaque fois, la disparition ment le rôle des intellectuels s’est- part lorsque j’ai découvert ce à la technique, te : « Presque toutes les querelles sur un ton polémique. de l’espèce serait prochaine. Les il modifié en France au cours de qu’était la vie intellectuelle ailleurs de la société française ont aujour- intellectuels français, dit-on, ces vingt dernières années ? Ces qu’en France, aux Etats-Unis, en où l’espace même d’hui un rapport avec ce que j’ap- A quoi correspond n’ont pas fait ce qu’ils auraient dû changements permettent-ils d’af- Israël. Ce phénomène existe pres- pelle les trois placards : Vichy, la faire. Ils se sont mal conduits, se firmer que leur fonction politique que uniquement à Paris. Il présente du libre débat, et guerre d’Algérie, mai 68. Ce sont cet accès de fièvre ? sont trompés, ils ont trahi. Et ils est en voie de disparition ? Quand des aspects négatifs souvent dénon- trois moments où les Français se vont disparaître. Il existe selon les on dénigre les intellectuels, à qui cés (les modes, les engouements, donc de la démocratie, sont profondément divisés, sans par- Nos intellectuels époques de notables variantes, profite le discrédit ? Enfin, si l’on l’absence de distance critique), venir ensuite à rendre publics tous mais la mélodie demeure sembla- admet qu’une certaine forme de mais il possède également des aurait été entièrement les aspects de leurs oppositions. sont-ils sur le déclin ? ble. On se souvient, par exemple, haine envers les intellectuels cons- aspects positifs qu’il ne faudrait Croyez-vous que ce soit par l’effet de Julien Benda fustigeant La Tra- titue une composante ancienne pas oublier, principalement une dévasté » d’une simple coïncidence que se Pourquoi tant hison des clercs (1927) ou de Jean- de la vie publique française, plus effervescence créatrice qui est profi- produisent en même temps cette François Lyotard préparant un ou moins active selon les périodes table à tous, y compris à ceux qui (Bernard-Henri Lévy) vague anti-intellectuelle et le fait Tombeau pour l’intellectuel (1984). et les milieux, existe-t-il des cau- travaillent dans la recherche la que certains des témoins et acteurs de virulence ? Tout récemment, l’historien Pier- ses spécifiques à la résurgence à plus fondamentale. Dans les pays des tortures en Algérie se sentent re Nora, en tête du numéro qui laquelle on assiste actuellement ? où ces effets de mode sont absents, des affaires d’alors, nous ont ressas- soudain “autorisés” à se souvenir Des universitaires fêtait les vingt ans de la revue Le Telles sont les questions auxquel- la vie intellectuelle ne bénéficie pas sé, pendant des années, que l’ar- et à parler ? » Débat, intitulait son article les nous avons cherché de pre- d’une stimulation comparable. » mée serbe était invincible avant, le et des écrivains « Adieu aux intellectuels ? ». miers éléments de réponse auprès Toutefois, nos intellectuels ne jour venu, de sombrer dans le ridi- l faut aussi, aux yeux de C’est à présent Régis Debray d’auteurs dont les uns sont direc- sont-ils pas célèbres pour leurs cule. Car, j’insiste, ce ne sont pas l’écrivain, prendre en comp- répondent qui diagnostique leur fin prochai- tement concernés par les rumeurs erreurs d’analyse ? L’un des griefs les intellectuels mais les militaires te la place particulière de la ne. Cette extinction, toujours actuelles, les autres non. majeurs à leur encontre n’est-il qui se sont trompés en Bosnie. Ce France dans la mondialisa- aux questions de jugée imminente, ne s’est jamais pas qu’ils se sont beaucoup et sou- ne sont pas les intellectuels mais les tionI pour saisir comment peuvent Roger-Pol Droit. produite. Depuis qu’en France vent trompés ? Henri Atlan n’est diplomates et les prétendus experts naître les reproches actuels : des écrivains se sont mêlés de véri- « L’erreur est le propre nullement convaincu que les intel- qui se sont trompés, dans les « Lorsqu’on reproche aux intellec- Jacques Rancière, té, de justice et de politique, il lectuels français aient en la matiè- années 80, à propos du communis- tuels d’avoir changé, d’être deve- s’est toujours trouvé quelques- de tous, y compris re le moindre privilège : « L’erreur me. Et je prends le pari que ce ne nus des traîtres, des hérétiques, on Henri Atlan, uns des leurs pour continuer. De est le propre de tous, y compris des sont pas les intellectuels, mais les fait preuve d’un grand retard dans l’affaire Dreyfus aux luttes pour des chercheurs chercheurs scientifiques ! Des mêmes experts, diplomates, géopoli- la compréhension de la société où Bernard-Henri Lévy, les sans-papiers, en passant par experts qui se trompent, ce n’est ticiens, qui se trompent quand, à nous vivons désormais. Une certai- mille autres combats retentis- scientifiques ! pas une spécialité française ! C’est propos de la guerre en Tchétché- ne frange de la société française Philippe Sollers, sants ou obscurs, les intellectuels courant en économie, en science nie, ils disent à Vladimir Poutine : n’a toujours pas compris la planéta- persistent. Et ils signent, évidem- Des experts qui politique, mais c’est habituel aussi “Allez-y, faites comme chez vous ! risation et attend encore que les ment, des manifestes, des péti- dans les sciences dures. On tente L’Europe ferme les yeux sur la trans- intellectuels tiennent, comme au Julia Kristeva, e tions, des tribunes. Tout comme se trompent, ce n’est régulièrement d’annoncer ce que formation de Grozny en champ de XIX siècle, le rôle traditionnel d’un Jacqueline Risset, ils organisent des manifestations, seront les grandes découvertes ruines”. » clergé officiel. Les intellectuels exis- des meetings ou des comités. Il pas une spécialité scientifiques des dix prochaines Dénigrer l’action des intellec- tent toujours, évidemment, mais il y Remo Bodei apportent s’agit là d’une vieille invention années. C’est à chaque fois un tuels profite, pour Bernard-Henri française. Comme chacun sait, française ! » échec ! » Lévy, à cet ensemble de cyniques : des éléments de réflexion elle trouve ses commencements, « A tous ceux qui dormiraient telle- « L’attaque présente avant même le « J’accuse » de (Henri Atlan) ernard-Henri Lévy, qui ment mieux s’il n’y avait pas ces Zola, chez le Voltaire de l’affaire est avec Philippe Sollers empêcheurs de pactiser en rond contre les intellectuels sur la place et le rôle Calas et les prises de parti de Dide- la figure la plus mise en que sont les intellectuels alliés aux rot et des Encyclopédistes. Ceux Certains, comme Jacques Ran- cause dans cette polémi- journalistes. A tous ceux qui, au français semble des intellectuels que l’on nomme « intellectuels », cière, philosophe, professeur à que,B soutient qu’effectivement le fond, ne veulent plus d’une politi- dans ce contexte, ne sont donc l’université Paris-VIII, ne se recon- rôle des intellectuels a changé au que indexée sur la morale bien préfigurer aujourd’hui. pas tous les individus qui font naissent pas dans la dénomina- cours de ces vingt dernières – c’est-à-dire, au fond, d’une politi- métier de chercheurs et d’ensei- tion en usage : « Je ne me considè- années. Mais en mieux ! Loin de que tout court. » Parmi les causes une tentative Dominique Dhombres gnants. Parmi ceux qui travaillent re pas comme un “intellectuel”. Je disparaître, les intellectuels, à ses du regain d’anti-intellectualisme aux choses de l’esprit, on a dénom- suis, d’une part, un enseignant- yeux, se renforcent : « Ils sont deve- se trouverait le déclin de la politi- de délégitimer rend compte de l’essai mé « intellectuels », en France, chercheur et un écrivain, qui s’ap- nus plus actifs. Ils ont acquis de plus que : « On observe le déclin, dans ceux qui interviennent dans le plique à mettre en forme ses ques- en plus de poids. Ils ont gagné en res- toute une partie de la classe dite leur tâche critique » de Régis Debray, débat public, en particulier dans tions et ses découvertes, à l’usage ponsabilité et, aussi, en efficacité, politique, de l’idée même d’une les questions morales et politi- de ses étudiants et de toute person- contrairement au lieu commun néo- politique qui continuerait d’obéir (Remo Bodei) qui reflète l’itinéraire ques, en prenant appui sur leur ne que cela intéresse. J’exerce poujadiste qui nous est seriné ces au grand partage du juste et de l’in- notoriété. Ceux-là, comme disait d’autre part, comme n’importe qui, derniers temps. Prenez, hier, la juste. Ce serait le triomphe d’une de son auteur Sartre, « se mêlent de ce qui ne les ma capacité à réfléchir et à parler guerre de Bosnie. Prenez, avant- politique réduite à la gestion et a bien un monde qui meurt, et regarde pas ». sur ces affaires communes que des hier, le combat antitotalitaire, l’ac- livrée au seul conflit des petites l’image cléricale des intellectuels Régis Debray n’annonce pas seu- spécialistes voudraient accaparer. cueil fait aux dissidents, la grande ambitions et des grands appétits. est en crise depuis vingt ans. » lement que l’intellectuel français La figure médiatique de aventure de Solidarnosc, etc. Heu- La cause ancienne, c’est cet incre- Un des effets de ce dénigrement touche à sa fin et « va se casser la l’“intellectuel” naît de la confusion reusement que les intellectuels vable populisme qui fait corps, des intellectuels, c’est le risque de figure », il insiste sur l’inversion de ces deux capacités bien distinc- étaient là ! Ce sont eux qui ont bou- depuis un siècle, avec l’idéologie faire croire à l’opinion que la vie finale de toutes les valeurs qui tes. Cette confusion devient grave gé, à chaque fois. Ce sont eux qui, à française. La cause nouvelle, c’est intellectuelle française, dans son avaient présidé à la naissance de quand elle aboutit à l’auto-institu- le triomphe, en lieu et place de ce ensemble, serait aujourd’hui cette noble histoire. Les intellec- tion d’un corps de spécialistes de la que fut la politique, de la pure ges- moins inventive, moins ouverte, tuels ne seraient plus qu’une horde pensée intervenante. Qui accepte « Il est urgent que tion, de l’administration des cho- moins féconde qu’elle ne l’était de coquins, suffisants et vaniteux, de s’identifier à une telle figure le ses, des pensées du consensus, bref naguère. Ce qui est tout à fait aveuglés et amnésiques. Dreyfu- paie invariablement d’un affaiblis- se retrouvent la fierté, de la technique. Un monde sans faux, souligne Julia Kristeva, pro- sards hier, profiteurs aujourd’hui. sement de ses capacités d’observa- intellectuels ? Un monde livré à la fesseur à l’université Paris-VII : La République des lettres aurait tion et de raisonnement. » l’incisivité, technique, où l’espace même du « Ceux qui déclarent la mort des laissé place à une République bana- Aux yeux de Jacques Rancière, libre débat, et donc de la démocra- intellectuels devraient visiter les uni- nière où l’on se dispute des parts l’affirmation d’une rancœur de le “gai savoir” tie, aurait été entièrement dévas- versités françaises, le CNRS, les de gâteau. Ces attaques ont com- l’opinion envers les intellectuels té. » nombreux colloques et conférences mencé à déclencher, dans certains ne correspond à aucune réalité. de la pensée critique » L’écrivain Philippe Sollers, qui sont organisés. Ils verraient journaux français, des articles con- « Je n’observe aucun phénomène autre figure prise pour cible par combien les intellectuels, dans leur tre les intellectuels d’une violence de haine des intellectuels dans la (Jacqueline Risset) les attaques actuelles, rejoint à sa pluralité et leur diversité, essaient comme on n’en avait pas vu depuis vie publique française contemporai- manière cette analyse de l’émer- de répondre à trois impératifs : une longtemps. Debray conserve, en ne. A titre personnel, je suis frappé gence d’une volonté affichée d’en spécialisation précise, une ouvertu- dépit de ses excès et de ses approxi- au contraire par le nombre de force de livres, articles, meetings, finir avec les intellectuels : « Les re vers l’interface des disciplines, mations, une relative distance. Il demandes émanant de personnes débats, voyages, enquêtes de ter- intellectuels ne sont pas au pro- un décloisonnement des savoirs et s’abstient, au nom du concept, d’at- et de collectifs engagés dans les pra- rain, ont non seulement sauvé l’hon- gramme de la marchandisation glo- de la Cité. D’ailleurs, le sérieux et la taques ad hominem explicites. tiques sociales, culturelles, artisti- neur mais contribué à ébranler les bale. La marchandise publicitaire modernité des recherches françai- Mais ses commentateurs s’empres- ques et pédagogiques les plus diver- monstres froids et eu raison de leurs se trouve gênée dans sa circulation ses ne cessent d’être soulignés à ses, qui témoignent d’une confian- inerties. Ce sont eux qui, avec par ces emmerdeurs qui se trouvent l’étranger. Pourquoi certains ce très forte dans les capacités du d’autres, et notamment les journalis- un peu partout, là même où on ne milieux français se plaisent-ils à philosophe à éclairer leur pratique tes (essentielle, cette “grande allian- les attendait pas. Il est donc souhai- orchestrer une critique fortement ou leurs combats. Et même, dans la ce” des intellectuels et des journalis- table, pour accélérer l’avènement politisée et à censurer des centai- sphère médiatique officielle, je suis tes nouée avec Zola, renouée avec du marché total, d’éliminer ces nes de réactions exclusivement posi- frappé de la courtoisie avec laquel- Sartre et Foucault et venue, en cette gêneurs. C’est pourquoi il n’est pas tives ? Il est surprenant que des per- le les médias et l’opinion publique fin de siècle, à sa vraie maturité) ont étonnant qu’on commence à dire : sonnalités qui disent se soucier de confirment dans leur position d’ora- fait que les choses ont changé, que “ça suffit comme ça, il faut virer l’unité de la République s’achar- cles des gens dont les insuffisances l’opinion publique a basculé et que ces gens-là, on n’a pas besoin nent sur les intellectuels qui repré- de savoir et de raisonnement sont les cyniques, les conservateurs de d’eux”. Mais ce n’est pas la seule sentent sa pluralité, sa vitalité, ses patentes. » Bref, on ferait en ce tous poils, les défaitistes, les néomu- raison. A l’occasion de cette offensi- inquiétudes. » moment beaucoup de bruit pour nichois, ont fini par lâcher prise. ve liée à la marchandisation se Il convient enfin de ne pas rien, ou pour une opération de J’observe non la disparition mais le réveillent les vieux ressentiments oublier que le style particulier de promotion : « Le “dénigrement” renforcement du rôle des intellec- d’une moyenne intelligentsia qui a la vie intellectuelle française conti- en question se limite en fait tantôt à tuels depuis vingt ans. » souffert de l’hégémonie des gran- nue à jouer, en Europe, un rôle des pures opérations publicitaires, Pourtant, n’ont-ils pas multiplié des têtes pensantes. Le règne des important, souvent plus décisif où les postures de l’incendiaire les erreurs de jugement, les esti- Barthes, Foucault, Lacan, Derrida que ne le pensent les Français. enquête LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 / VII b des intellectuels français ?

Quand disparaît ou même s’atté- tion irremplaçable de conscience cri- nue le rôle critique des intellectuels, tique de la société. La mort de l’in- la domination et la manipulation se tellectuel en tant que figure publi- renforcent. C’est ce que rappelle, que, proclamée par les pre- connaissant bien la situation d’un miers, ressemble à la “mort pays voisin, Jacqueline Risset, pro- de l’art”, tant de fois annon- fesseur de littérature française à cée et reportée. A l’oppo- l’université de Rome : «Le sé, la défense directe “laboratoire” que constitue l’expé- des intellectuels par rience politique italienne actuelle eux-mêmes enseigne en particulier ceci : une engendre le soup- période de résignation et de glisse- çon qu’ils veu- ment à l’extrême droite (sous l’étiquet- lent conserver te de “centre droit”) tire un profit de vieux privi- immense et continu d’une situation lèges. S’inté- où les intellectuels critiques se trou- resser à une vent déconcertés. Un révisionnisme énième repri- extraordinaire est en effet en train de se de ce se développer en Italie, au point que spectacle le parallélisme et l’équivalence entre ne vau- fascisme et communisme, établis drait pas la dans les dernières années, ne suffi- peine si ces sent déjà plus. Il s’agit à présent de disputes défendre le fascisme, période valeu- étaient sans reuse et “victime” historique des atta- conséquen- ques injustifiables des historiens de ces prati- gauche. C’est pourquoi il convient de ques. Mais se méfier de la haine contre les intel- elles ne se bor- lectuels, éternels empêcheurs de dan- nent pas à ser en rond, “déracinés dans le beau décrire des jardin de France” (Barrès contre situations. Elles Dreyfus), qui revient aujourd’hui en produisent des France, dans les mêmes termes, effets, en modi- appuyée cette fois sur l’insécurité des fiant le jugement et intellectuels même. Il est urgent que la perception des se retrouvent la fierté, l’incisivité, le événements. L’atta- “gai savoir” de la pensée critique. » que présente contre C’est au philosophe Remo Bodei, les intellectuels fran- professeur à l’université de Pise, çais semble bien préfi- que peut revenir le mot de la fin : gurer une tentative de « Le débat sur le rôle des intellectuels délégitimer leur tâche revient périodiquement, comme une critique, et d’aban- malédiction, et impose périodique- donner la discussion ment que l’on choisisse son camp. publique au conflit D’un côté, ceux qui considèrent que des opinions intéres- les intellectuels forment une caste sées. Je préfère pren- arrogante et fermée, pontifiant sur dre le parti de ceux n’importe quoi et prétendant exercer qui prennent cette une hégémonie indue sur l’opinion tâche critique au sérieux. » publique. De l’autre côté, ceux qui au Propos recueillis par contraire mettent en relief leur fonc- Roger-Pol Droit L’autoportrait de Régis Debray Et si l’ancien compagnon de Che Guevara, en fustigeant l’« intellectuel terminal », parlait de lui ?

(1898) se termine en eau de boudin me. Régis Debray, grand pourfen- débarrasser. Pressé de paraître en I.F. SUITE ET FIN avec la transformation de l’intellec- deur de Mai 68, a déjà souvent public, l’I.T. n’est plus, en réalité, de Régis Debray. tuel des origines (I.O.), courageux, entonné cette aria. La jeunesse fran- que le serviteur du journaliste. Le Gallimard, 188 p., 85 F (12,96 ¤). travailleur, ami du peuple et frotté çaise de cette époque, avec ses aspi- retournement est comparable à de littérature, en un être abject, l’in- rations libertaires, ses expérimenta- celui décrit par Joseph Losey dans l y a deux façons de rendre tellectuel terminal (I.T.), paresseux, tions sexuelles, son goût pour les The Servant : le maître a été domesti- compte du dernier livre de versatile, vendu aux puissants et vêtements et la musique anglo- qué par son majordome… Régis Debray. La première courant d’un plateau de télévision à saxonne, l’avait déjà beaucoup aga- Il y a évidemment une seconde est descriptive. Elle consiste à une page « Débats » du Monde, cé dans le passé. Elle lui déplaît tout façon de lire ce livre. Et si Debray ne exposerI la thèse défendue par sans autre souci que sa notoriété. autant, sinon plus, lorsque, devenue parlait, en fait, que de lui-même ? Et l’auteur, bref à se comporter, com- L’I.T. ne vit même plus à la petite quinquagénaire, elle s’intéresse si tout cet appareil savant de compa- me celui-ci l’enjoint aux journalis- semaine, il fonctionne à l’heure, voi- davantage à la morale qu’à la politi- raisons historiques et de métapho- tes, en modeste « ingénieur de l’in- re à la minute. La recherche des que, pire encore, lorsqu’elle fait des res n’était destiné qu’à masquer une formation ». La seconde est forcé- faits, sans même parler de la vérité, droits de l’homme la pierre de tou- expérience personnelle, celle de ment un peu moins naïve. Il y a en n’est pas son but. Il « résonne » infi- che de son jugement sur les affaires l’auteur ? Ce soupçon s’installe à la effet beaucoup de non-dit dans ce niment plus qu’il ne « raisonne ». de la planète. « L’ultra-moralisme page 47 lorsque Debray définit, nouvel ouvrage du normalien-gué- Bref, il est servile, moutonnier, veu- est aussi tautologique que l’ultra- assez drôlement, l’intelligentsia rillero, compagnon de Che Gueva- le et influençable. On est passé de marxisme : ces Grands Guignols qui hexagonale comme « l’ensemble des ra, ancien ghost writer de François Zola et Péguy à… à qui au juste ? se détestent ont une grammaire com- lecteurs quotidiens du Monde pou- Mitterrand, devenu inventeur d’une Régis Debray se défend de don- mune. » vant raisonnablement espérer y voir discipline nouvelle, la « médiolo- ner des noms. Foin des particularis- Avant tout, l’I.T. est paresseux. un jour leur nom noir sur blanc (…) gie », dont le champ est fort vaste, mes ! L’auteur d’I.F. (pour « intellec- « La nuance, la complexité, l’exactitu- dans les pages “Débats” et puisqu’elle inclut aussi bien le che- tuel français ») a l’ambition de créer de coûtent en effet de plus en plus “Livres” ». Il se confirme à la val, la bicyclette et la moto que le un « type », comme un personnage cher : en frais de voyage et de séjour, page 152, lorsqu’il fait cette remar- journal, la radio et la télévision… de Balzac ou un caractère de La en équipes sur place, en durée d’en- que : « Une personne publique (ou On commencera par la descrip- Bruyère. Il n’a cure des personnes et quête. La véhémence est bon marché, publiante) bannie des antennes ou de tion classique. Régis Debray affirme s’en défend avec hauteur. L’I.T. est le descriptif et le narratif, onéreux. » la bonne presse se voit à présent plon- que le siècle glorieusement inaugu- né, selon lui, autour des années 70, L’indignation remplace l’investiga- gée, mutatis mutandis, dans la même ré par le « J’accuse » d’Emile Zola au moment même où les grandes tion. Et dès lors qu’il s’agit d’étaler détresse existentielle, celle du suicidé surfaces remplaçaient le petit com- ses beaux sentiments sur la place vivant, qu’un bon chrétien de l’an merce. L’I.T. est donc au véritable publique, peu importent les chif- 1400 interdit de communion par son intellectuel digne de ce nom (honnê- fres. Le comptage se fait « à la lou- évêque. » te, travailleur, sérieux, etc.) , ce que che » : le communisme, cent mil- Bref, Régis Debray a manifeste- le poulet aux hormones est aux lions de morts ; le Rwanda, un mil- ment en tête, lorsqu’il écrit I.F.,sa authentiques produits du terroir. lion ; le Kosovo, cent mille. propre mésaventure après la publi- Cette charge donne lieu à un flot de On est donc loin du soin méticu- cation de sa « Lettre d’un voyageur formules qui font honneur à la ver- leux mis par Zola à démêler les fils au président de la République » ve de l’auteur. « L’I.T. se laisse por- intriqués du complot ayant abouti à dans Le Monde du 13 mai 1999. Il y ter. Et comme ils dérivent à la même la condamnation de Dreyfus. Et contestait à peu près tout ce qui vitesse, l’époque et lui, pas de point même encore loin de la controverse s’écrivait à l’époque dans les jour- fixe pour un calcul de dérive ».L’I.T. entre Sartre et Camus au début des naux, y compris dans ces colonnes, n’a pas de mémoire, il ne se sou- années 50. Sartre répond à Camus, à propos de la Serbie et du Kosovo. vient pas des affirmations péremp- dans Les Temps Modernes, sur trente Le tollé suscité par cette affaire est toires qui ont été les siennes jadis, pages. Aujourd’hui, quelques pro- encore dans les mémoires. et qui ne se sont évidemment pos à l’emporte-pièce et une atta- Fallait-il donc théoriser un cas jamais vérifiées. « Il ne rembobine que ad hominem suffisent ample- aussi personnel ? Dénoncer la chute pas. » Les pires sont évidemment ment. radicale de l’I.O. version 1898 en I.T. les anciens maoïstes et trotskistes Régis Debray revient sur la thèse revu 1999, asservi à un nouveau cler- qui ne se sont jamais expliqués sur qu’il avait développée ce printemps gé capricieux et irresponsable, l’hor- leurs opinions tranchées d’antan et dans L’Emprise – les journalistes rible corporation des J.F. (pour leur conversion, aussi soudaine que sont le clergé du monde moder- « Journalistes français ») ? En fait, ce totale, aux vertus de la démocratie ne – en ajoutant que les intellec- livre est un autoportrait. Régis libérale et de l’économie de marché. tuels jouent, dans cette partition Debray nous parle bel et bien de lui. Bref, on ne peut que constater, d’Ancien Régime, le rôle jadis dévo- Il a été à la fois un « intellectuel pour la déplorer, une « baisse ten- lu aux nobles. Mais ces nobles dégé- d’Etat », conseiller de François Mit- dancielle du taux de perspicacité » nérés n’ont plus les réflexes et le terrand, et un « intellectuel médiati- au sein de cette étrange tribu. sens du devoir de la véritable nobles- que ». Il ne mange plus de ce pain- Les cinq péchés capitaux de l’I.T. se, celle qui servait la monarchie par là. Dont acte. Mais cet adieu person- donnent lieu à autant de chapitres : l’épée ou les charges publiques. Ils nel signifie-t-il la fin de l’espèce, autisme collectif, déréalisation gran- sont, comme les aristocrates à la qu’implique l’adjectif « terminal » ? diloquente, narcissisme moral, veille de la Révolution, devenus des On peut évidemment en douter. imprévision chronique, instantanéis- « parasites » dont il est urgent de se Dominique Dhombres VIII / LE MONDE / VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2000 actualités b L’EDITION Le centenaire FRANÇAISE Cytale lance le premier « e-book » français b Les libraires contents de Lionel Erik Orsenna et Olivier Pujol ouvrent un nouveau chapitre de la révolution électronique de l’édition de Georges Limbour Jospin. Le Syndicat de la librairie française (SLF) s’est réjoui des pro- n en parle depuis des res), Amélie Nothomb (Albin le confort de lecture et la sécurité. Cybook permet un accès à Inter- e centenaire de la naissan- pos du premier ministre et de la mois de façon virtuelle. Michel), Véronique Vasseur (Cher- Le Cybook est en couleur, propose net ? Le lancement par Gemstar de ce de Georges Limbour ministre de la culture, Catherine Tas- Le livre électronique arri- che-Midi), Vladimir Volkoff (Le six tailles de caractères différentes ses nouveaux e-books a attiré toute (1900-1970) serait passé ca, lors du Salon du livre pour la jeu- ve en France, neuf mois Rocher), en plus de livres pratiques et tous les textes font l’objet d’une l’édition américaine. Gemstar s’est inaperçu sans la ville nesse de Montreuil (Le Monde des Oaprès sa présentation au Salon du et de livres pour enfants, notam- mise en page différente suivant les implanté en France en rachetant Ldu Havre. Les fils de Gaétan et Gene- 3 et 4 décembre). Dans un commu- livre. La société française Cytale ment des éditions Rageot, où la ver- tailles de polices choisies. « Nous 00h00.com et devrait y lancer ses viève Picon ont déposé cent soixan- niqué, le SLF s’est félicité « de l’in- devait présenter vendredi 15 décem- sion électronique comporte des illus- voulons gagner la bataille du confort e-books en 2001. Havas expérimen- te-dix lettres que leurs parents tention du gouvernement d’adopter bre son Cybook et lancer sa com- trations et des animations. Les prix de lecture », explique Orsenna, qui a te ses cartables électroniques dans avaient échangées avec l’écrivain, et très prochainement des mesures de mercialisation, prévue en jan- sont fixés par les éditeurs. Suivant lu une bonne partie de la biographie les écoles. Une révolution numéri- le manuscrit de sa pièce de théâtre nature à limiter les pratiques des vier 2001. C’est une ardoise grise et les livres, les tarifs seront au même de Pascal par Jacques Attali sur son que est en marche. Elocoquente. Ainsi se constituent à la rabais pour les livres destinés aux col- élégante, grande comme un livre de prix que les exemplaires papier, ou Cybook. « Le livre électronique oblige tous les Bibliothèque du Havre un nid d’ar- lectivités ». Le SLF a apprécié le sou- format standard, qui pèse un kilo et avec une légère remise pour les nou- Si le Cybook permet d’avoir accès à acteurs de la chaîne du livre à se chives et un pôle de recherche sur ce tien exprimé par le premier ministre peut contenir environ 15 000 pages. veautés, tandis que les ouvrages Internet, les téléchargements ne remettre en cause, explique Erik poète, romancier, dramaturge et cri- au « réseau des librairies [qui] risque Il est proposé à 5 700 francs (869 ¤). parus depuis quelques mois seront seront possibles que dans la librairie Orsenna, à se poser la question des tique d’art, que ses pairs, Leiris, Ara- d’être mortellement blessé par les C’est plus cher que prévu mais, proposés au prix poche, voire à un virtuelle de Cytale ou dans le cadre services qu’ils apportent à cette chaî- gon, Cocteau, rangeaient parmi les grandes surfaces et autres mégasto- selon le PDG, Olivier Pujol, la haus- tarif inférieur. de partenariats avec des sites sécuri- ne. C’est vrai pour l’éditeur comme très grands. Il paraît qu’on ne le lit res ». se des composants électroniques en Depuis son apparition publique, sés, pour éviter tout risque de pirata- pour le libraire, même si le marché plus. On ne sait pas ce que l’on perd. b Naissance de La Main parle. 2000 a empêché d’atteindre un prix Cytale a tenu à rassurer les éditeurs ge. Les textes ne pourront être impri- n’existe pas encore et que l’incidence Georges Limbour n’est pas né Francine Bouchet et Dominique plus bas. et l’ensemble de la chaîne du livre. més ou envoyés par e-mail. «La sur le chiffre d’affaires est faible. Mais au Havre, mais sa famille maternelle Roy créent une maison d’édition Le lecteur électronique doit ensuite C’est l’une des principales missions sécurité comporte des contraintes. La un médium ne chasse pas un autre y était solidement implantée. qui publie des carnets de dessins de acheter les livres en les téléchar- d’Erik Orsenna, devenu en octobre lecture sur PC, c’est gratuit, inconfor- médium. Il le complète. Le livre élec- Quand, en 1917, il y entre au lycée peintres contemporains, commen- geant, sur le site Internet Cytale. vice-président de la société. Il con- table, et le piratage est fréquent. Nous tronique ouvre des services supplé- en classe de première, Dubuffet, tés par un écrivain. Chaque volume com. La société a signé 850 con- naît le monde de l’édition par cœur, voulons imposer un autre modèle, au mentaires pour le livre et la lecture, Salacrou, Queneau sont ses condisci- de quatre-vingt-quatre pages est trats, notamment pour 300 nou- il aime l’aventure. Aussi, quand Jac- service des amoureux de la lecture », qui en a quand même bien besoin. » ples. Plus tard à Paris, le jeune hom- tiré à 210 exemplaires et vendu veautés, parmi lesquelles Christine ques Attali, cofondateur de Cytale, explique Olivier Pujol. Dans la bataille, il y aura des morts me rencontre d’autres écrivains entre 500 et 600 francs (76 et 91 ¤). Angot (Stock), Jacques Attali lui a proposé de rejoindre cette équi- Le livre électronique suscite des et quelques riches. Pour conjurer le (Arland, Paulhan, Ponge), d’autres Les quatre premiers volumes sont : (Fayard), Tahar Ben Jelloun (Seuil), pe, il n’a guère hésité. engouements et des doutes. L’ave- sort, Cytale a choisi de s’installer à peintres (Masson, Picasso), des musi- Serge Kantorowicz et Kazik Hent- Alice Ferney (Actes Sud), Jean- Pour rassurer les éditeurs et les nir est-il à un support essentielle- Boulogne, rue des Abondances. ciens comme Leibowitz, et son chel ; Antonio Segui et Carlos Sem- Marie Messier (Hachette littératu- auteurs, Cytale a deux obsessions : ment consacré au livre, même si le Alain Salles œuvre se développera à la croisée prun Maura ; Vladimir Velickovic et des trois arts : une vingtaine de con- André Velter ; Weisbuch et François tes et récits, quatre romans publiés Weisman. Rens. : 01-45-44-10-14. chez Gallimard. Mais tout un pan de b PRIX : Le Grand Prix Jean Gio- l’œuvre reste inaccessible : environ no a été décerné à Ahmadou Kou- 400 articles de critique d’art, qui relè- rouma pour l’ensemble de son vent aussi de la littérature, et Le œuvre, tandis que Daniel Arsand a Fin de partie pour Mazarine Recensement universel, travail de dix reçu le Prix du jury pour En Silence ans sur Dubuffet prêt pour la publi- (Phébus). Le prix Goscinny aété cation depuis 1967. remis à Déogratias de Jean-Philippe es éditions Mazarine, relancées par Fayard en 1998, devraient dispa- ventes du second semestre, avec les livres de Claude Allègre, Robert Badinter, Un colloque s’est tenu deux jours Stassen (Ed. Dupuis). La mention raître en 2001. Le PDG de Fayard, Claude Durand, a fait savoir à son Franck et Vautrin ou Jacques Attali. durant, fin novembre, au musée spéciale du prix Wepler a été attri- directeur, Jean-Claude Berline, qu’il ne voulait pas poursuivre l’aven- Le résultat des filiales n’est pas à la hauteur des espérances. Mazarine, qui Malraux du Havre, pour faire le buée à Richard Morgiève pour Ma ture, faute d’avoir atteint ses objectifs. Jean-Claude Berline va quitter employait deux salariés, ne s’est pas vraiment imposée dans le paysage édito- point sur Georges Limbour, avec vie folle (Pauvert). Le prix Georges sesL fonctions chez Fayard, où il s’occupait aussi de la publicité. Fondée en rial, en voulant incarner une veine grand public. Une pétition de soutien a circu- des témoignages de Jacques Dupin, Perros a été attribué à Tristan 1978 par Jean-Etienne Cohen-Séat, actuel directeur de la branche littérature lé dans la maison après l’annonce du départ de Jean-Claude Berline, qui a tra- de Maurice Nadeau (à travers une Cabral pour son recueil Messe en générale d’Hachette livres, Mazarine avait été développée par Olivier Cohen. vaillé dix-sept ans chez Fayard et qui ne souhaite pas s’exprimer. Des change- vidéocassette), de Marcel Maréchal mort (Cherche Midi). Le troisième Mise en sommeil pendant les années 90, elle a été réveillée par Claude Durand ments pourraient également intervenir dans un autre département, Le Pom- qui monta Elocoquente en 1965, et Salon du polar de Montigny-lès-Cor- au moment où il a voulu donner un nouvel élan à Fayard en relançant, avec mier, qui quitterait le giron de Fayard. Sa directrice, Sophie Bancquart, précise des travaux de chercheurs. Georges meilles (Val d’Oise) a attribué le Maren Sell, les éditions Pauvert, en créant Le Pommier et en rachetant Mille et toutefois que le contrat entre Fayard et Le Pommier a été signé pour quatre Limbour est maintenant aux mains Prix du polar, doté de 10 000 F, à une nuits. Après cette diversification à marche forcée, l’heure des bilans et des ans. En l’absence de Claude Durand, Olivier Bétourné, vice-président, se refuse des professeurs, qu’il redoutait un Alain Demouzon pour La Promesse comptes est venue. D’autant que Fayard a accusé en 1999 un déficit de 9,69 mil- à tout commentaire. Des rumeurs évoquent aussi des changements dans peu. Ils peuvent le sauver de l’oubli de Melchior (Calmann-Levy) et le lions de francs pour un chiffre d’affaires de 148,8 millions. En 2000, la maison a une autre filiale d’Hachette, Editions N˚1, qui pourrait également être ratta- s’ils lui laissent sa libre désinvolture, Prix du polar jeunesse à Domini- connu un premier semestre maussade. Claude Durand est revenu après l’été, chée à une autre maison du groupe. Son directeur, René Guitton, explique sa dérision, son pouvoir d’enchante- que Zay pour Malice au pays des décidé à rester aux commandes de la maison qu’il a considérablement dévelop- que « différentes hypothèses sont à l’étude, mais que rien n’est décidé ». ment. magouilles (Magnard jeunesse). pée depuis le début des années 80. Il peut pour cela s’appuyer sur les bonnes A. S. J. P.

AGENDA A L’ETRANGER

b LE 16 DÉCEMBRE. FOU- b MEXIQUE : Foire du livre de Guadalajara CAULT. A Paris, les philosophes La Foire du livre de Guadalajara, qui s’est tenue du 25 novembre Yves-Charles Zarka, Frédéric Gros au 3 décembre, a accueilli quelque 350 000 visiteurs, soit 15 % de et Pierre Guenancia donneront plus qu’en 1999. L’Espagne était le pays invité d’honneur, et une trois leçons sur « Michel Foucault polémique a été déclenchée par certains écrivains invités, contes- et la subjectivité » (à partir de tant un article du professeur et critique littéraire Fernando Valls 10 heures, Bibliothèque nationale sur le roman contemporain espagnol, publié sous l’égide du minis- de France, site François-Mit- tère de la culture espagnol. Il était reproché notamment au profes- terrand, rens. : 01-53-79-41-19). seur Valls d’avoir exclu de son article certains écrivains, d’en avoir b LE 16 DÉCEMBRE. JEUNESSE. à peine mentionné d’autres comme le Prix Nobel de littérature A Chambéry, une rencontre avec José Camilo Cela, et surtout d’avoir fait la part belle aux auteurs Virginie Lou et Lionel Duroy sur le publiés par le groupe Santillana (qui comprend Alfaguara et Agui- thème « Des écrivains jeunesse ? » lar). Cette polémique a été à peine reprise dans la presse mexicai- (à 14 h 30, Bibliothèque Georges- ne, mais a alimenté les pages de la presse espagnole. Brassens, rue Pré-de-l'âne, 73000 b COLOMBIE : le retour de Gabo Chambéry, rens. : 04-79-60-04-48). Le Prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez est sorti de b LE 18 DÉCEMBRE. RÉCITS DE près d’un an de réclusion en assistant à l’investiture du président GUERRE. A Paris, dans le cadre mexicain Vicente Fox, puis en accordant un entretien au journal du cycle « Au bout du conte » con- colombien El Tiempo, pour démentir l’annonce de sa mort immi- sacré à la mort, une soirée avec le nente, colportée par un poème « signé » de lui, adressé à ses amis conteur Guth des Prez, qui dira et qui circule sur Internet. L’auteur de Cent ans de solitude explique des « histoires à mourir de boue » qu’il est surtout très occupé et qu’avoir appris qu’il était atteint tirées de récits de la Grande d’un cancer l’a poussé à se remettre au travail et en particulier à Guerre, en présence de l'historien achever rapidement le premier tome de ses Mémoires, qui Jean-Jacques Becker (à 20 h 30, devraient en comporter trois. Il travaille également à deux recueils bibliothèque du Centre Pompi- de nouvelles. dou, entrée rue Saint-Martin, b PRIX LITTÉRAIRES Paris-4e, rens. : 01-44-78-44-49). Le prix Cervantès, doté d’environ 90 000 euros, a été décerné à b LE 19 DÉCEMBRE. ENTRE l’écrivain espagnol Francisco Umbral, le prix Juan-Rulfo a été attri- MÉMOIRE ET OUBLI. A Lyon, la bué au poète argentin Juan Gelman, et le prix de la nouvelle Juan- Villa Gillet organise une rencontre Rulfo à l’écrivain mexicain Eduardo Antonio Parra. entre l'historien Roger Chartier et le philosophe Paul Ricœur, autour de son livre La Mémoire, l'Histoire et l'Oubli (à 19 h 30, Villa Gillet, 25, rue Chazières, Lyon-9e, réserva- tions : 04-78-27-02-48). b LE 20 DÉCEMBRE. GAO XIN- GJIAN. A Aix-en-Provence, une rencontre-signature avec le Prix Nobel de littérature 2000, en pré- sence de ses éditeurs (Ed. de l'Aube), ainsi que de ses traduc- teurs, Noël et Liliane Dutrait (à 18 heures, Cité du Livre, 8-10, rue des Allumettes, 13090 Aix-en-Pro- vence, rens. : 04-42-25-98-65).