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La culture du genre Sw. (1ère partie)

David LAFARGE*

Résumé.– Le genre Dendrobium est le second genre d’orchidées par le nombre de ses taxons (plus de 1 300 !), seulement surpassé par Bulbophyllum. Le but de cet article est de faire découvrir aux amateurs la diversité de ce genre ou simplement d’améliorer leur connaissance concernant ses espèces et leur culture. Cette dernière est relativement facile, pour peu que certaines conditions soient bien respectées. Les informations utilisées dans cet article proviennent surtout de l’expé- rience personnelle de l’auteur et parfois de la littérature lorsque cette dernière était insuffisante ou pour certaines parties concernant l’histoire et la taxonomie. Mots clés.– Orchidées ; ; Dendrobium ; Culture. Abstract.– The genus Dendrobium is the second among all orchid genera, considering the number of species. It reaches just after Bulbophyllum with more than 1300 taxons accepted. The following article should allow orchids enthusiasts to discover or to improve their knowledge about this genus and its cultivation. This later is fairly easy with little care for most of the species. The data used in this paper come from the author experience for most of the cases and from literature when he thought it will not be enough, or concerning history and taxonomy. Key words.– Orchids: Orchidaceae; Dendrobium; Cultivation.

ans cette série d’article, David LAFARGE, jeune thésard à l’INRA (Institut DNational de Recherche Agronomique) de Bordeaux et grand amateur d’orchidées, nous initie à la systématique et à la culture d’un de ses genres de prédilection, Dendrobium (mais il s’intéresse aussi aux Phalaenopsis et aux Paphiopedilum). La bibliographie et les sites Internet sont cités dès la fin de cette première partie, ceci pour ne pas trop retarder la collecte d’informations par les lecteurs intéressés.

Introduction sans oublier les différents parfums qu’elles et notions de taxonomie émettent et qui sont aujourd’hui un thème Le genre Dendrobium Sw. est le second de collection à part entière. parmi les Orchidaceae par le nombre Par conséquent, il est très triste de d’espèces, juste derrière Bulbophyllum trouver “seulement” (et difficilement) Thouars avec plus de 1300 taxons officiel- 300 espèces proposées par les producteurs lement reconnus. Les espèces de Dendro- et relativement peu d’hybrides intéres- bium sont très différentes les unes des autres sants. L’article présenté ici a pour objectif et une collection consacrée à ce seul genre de faire découvrir plus en détail aux ama- serait malgré tout extrêmement variée. Ces teurs ce vaste genre ou tout simplement plantes ont en effet des périodes de floraison d’améliorer leurs connaissances concer- qui peuvent s’étaler tout au long de l’année, nant la culture de plusieurs de ses espèces. présentent toutes la gamme de couleurs, D’un point de vue botanique, le genre montrent des formes végétatives différentes, Dendrobium est classé comme il suit :

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famille des Orchidaceae, sous-famille des tableau récapitulatif en toute fin d’article, à , tribu des , paraître dans un prochain numéro). Cette sous-tribu des Dendrobiineae. Plusieurs classification est aujourd’hui acceptée par genres auparavant confondus avec Dendro- une grande partie des auteurs, et a été rete- bium sont aujourd’hui reconnus comme nue pour cette série d’articles (voir encart). des genres à part entière. Il s’agit de Flic- Seules douze de ces sections (mais kingeria A.D. Hawkes, Diplocaulobium aucune dans le sous-genre Xerobium) sont (Rchb. f.) Kränzl., Sarcopodium Lindl. et rencontrées assez couramment en culture Epigeneium Gagnep., entre autres. et seront donc abordées ici. Du fait de la grande variété de plantes La caractéristique morphologique regroupées dans le genre Dendrobium, majeure du genre est le menton (le mentum quatre sous-genres (Athecebium Schltr., en latin) formé par la réunion des sépales Dendrobium, Rhopalabium Schltr. et Xero- latéraux qui peut éventuellement être trans- bium Schltr.) divisés en 41 sections ont été formé en éperon, ce dernier alors générale- proposés par Rudolph Schlechter en 1912 ment court. De plus, l’absence de caudicule (celles pour lesquelles un exemple de et de viscidium est un élément clé dans la plante est disponible sont données dans le détermination du genre (Fig. 1).

A- sépale dorsale B-EPIDENDREAE an pétale colonne po

sépale latéral vi

labelle stg menton ca

B-DENDROBIUM an A. Schématisation d’une fleur de Dendrobium kingianum Bidwill ex Lindl. Sur cette fleur caractéristique et bien ouverte de Dendrobium, on peut observer la réunion des sépales latéraux à leur base, formant le ‘menton’ caractéris- po tique des fleurs du genre. B. Schématisation de la colonne de Dendrobium comparée à celle des autres Epidendreae. Noter l’absence de caudicule et de viscidium. An: anthère – Po: pollinie – Stg: stigmate – Ca: caudicule – Vi: viscidium (d’après DRESSLER, 1990). stg

Clé des sous-genres de Schlechter 1. Feuilles sans gaine distincte à la base ...... Athecebium 1. Feuilles naissant d’une gaine bien nette 2. Pseudobulbes ou cannes charnus 3. Pseudobulbes ou cannes charnus sur toute la longueur ...... Dendrobium 3. Pseudobulbes ou cannes charnus sur 1-3 entrenœuds ...... Rhopalabium 2. Cannes raides, tortueuses, d’aspect sec, très grêles ...... Xerobium

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Choix de sections et d’espèces : description et conseils de culture

A. Sous-genre Athecebium Schltr. (1). Section Callista Schltr.

CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION CALLISTA Les pseudobulbes poussent rapprochés les uns des autres à partir d’un rhizome basal. Ils sont toujours beaucoup plus étroits à la base que dans leur partie médiane. Les feuilles épaisses sont regroupées près de l’apex et semble insérées directement dans la canne, la bractée étant très réduite. Les inflores- cences forment des racèmes pendants portant en général de nombreuses fleurs (jaunes ou blanches, parfois roses). Les pétales se distinguent des sépales par leur largeur plus impor- tante. Le labelle est largement étalé, arrondi et sans lobes latéraux. 2 – D. densiflorum. En culture. (Photo M. BOURDON).

La section Callista du sous-genre Athe- que certains auteurs (SEINDENFADEN par cebium est originaire d’Asie, plus particuliè- exemple) considèrent cette espèce comme rement du Myanmar (ex Birmanie). Elle purement himalayenne, et expliquent les doit à ses extraordinaires inflorescences res- signalements hors de cette zone par la semblant à des grappes de raisins blancs ou confusion avec une autre espèce, voisine, jaunes d’être très courante dans les collec- Dendrobium thyrsiflorum Rchb. ex André. tions. Ces plantes sont relativement faciles à Les pseudobulbes, robustes et érigés, mesu- cultiver à condition de leur ménager une rent 25 à 40 cm de haut. Ils sont effilés vers période de repos en hiver. La plante la plus la base, carrés ou hexagonaux dans la partie connue de la section est D. densiflorum supérieure. Trois ou quatre feuilles coriaces Wallich ex Lindl. (Fig. 2). Cette espèce à prennent naissance à proximité de l’apex. fleurs jaune d’or est l’une des favorites des Les inflorescences apparaissent d’abord amateurs. Elle a été rapportée du Népal comme des excroissances en dessous des pour être introduite en culture par la “Royal feuilles avant des se développer rapidement Horticultural Society” de Londres. Elle a en longs racèmes de fleurs serrées. Les fleurs fleuri pour la première fois dans les établis- jaune d’or mesurent 5 cm de diamètre sements LODDIGES en 1830. Dans la nature quand elles sont bien ouvertes. Le labelle est l’espèce se trouve à partir de 1000 m d’alti- plus orangé, hirsute sur toute sa face supé- tude, principalement au Népal et au Myan- rieure. mar, éventuellement au nord de la Thaï- Cette espèce est de culture facile en pot lande et dans le sud-ouest de la Chine, bien ou en panier rempli d’un substrat grossier et

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bien drainant. Le rempotage a lieu quand bile (Loureiro) O’Brien, D. chrysotoxum les nouvelles racines commencent à se déve- Lindl., D. harveyanum Rchb. f., D. bryme- lopper, c’est aussi à ce moment que la divi- rianum Rchb. f. et D. thyrsiflorum Rchb. f.. sion est possible. Cependant, les plantes qui forment de beaux spécimens offrent un Dendrobium amabile (Loureiro) véritable spectacle au moment de la florai- O’Brien (syn. D. bronckartii Wideman) son, se couvrant de dizaines, voire de cen- (Figures 3 et 4) est une espèce chinoise et taines de fleurs. Les pseudobulbes, dans de vietnamienne de climat froid, poussant à bonnes conditions, peuvent fleurir pendant environ 1200 m d’altitude, mais cette don- plusieurs années, même après avoir perdu née est approximative (BAKER & BAKER, leurs feuilles. La lumière doit être assez 1996). La plante est assez similaire à D. importante tout au long de l’année. L’humi- densiflorum mais les fleurs sont plus espa- dité importante en été (90 %) peut dimi- cées et sont à dominante rose ou blanche, nuer nettement en hiver (55-60 %) avec avec une tache orange et hirsute au centre une chute à 40 % au printemps (avril). Il du labelle. Les mêmes précautions de cul- faut maintenir le substrat humide pendant ture que pour D. densiflorum sont recom- toute la période de croissance active, mais mandées mais la période de repos est moins on doit le laisser bien sécher une fois que les marquée, l’humidité ne devant jamais des- pousses sont matures. L’engrais doit être cendre en dessous de 75 % pendant l’été et employé une fois par semaine pendant le rester proche de 80 à 90 % le reste de développement, en prenant soin de changer l’année. La plante est plus rarement propo- les proportions entre azote (N) et phosphate (P) en fin de croissance pour préparer la flo- raison. Après maturation des pousses, les arrosages sont plus espacés, laissant le sub- strat sécher entre deux arrosages. Une bru- misation matinale pourra éviter aux pseu- dobulbes de se rider excessivement. L’engrais est supprimé à partir du moment où les arrosages sont réduits. Les arrosages peuvent redevenir généreux à partir du moment où les inflorescences ou les nou- velles pousses apparaissent. La lumière devrait être augmentée pendant l’hiver, si nécessaire par un éclairage d’appoint adapté. La période de repos est un point essentiel dans la culture des plantes de cette section. Elles ont tendance à com- mencer tardivement leur végétation active, qui est ensuite très vigoureuse. Il ne faut donc pas s’inquiéter et ne pas arroser la plante trop tôt en espérant accélérer le processus, ce qui aurait pour conséquence de faire rapidement pourrir les racines puis les pseudobulbes. Les autres représentants remarquables

de cette section en collection sont D. ama- 3 – D. amabile. En culture (Photo M. GIRAUD).

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4 – D. amabile. En culture. Photo M. LECOUFLE.

sée par les cultivateurs que les autres suavissimum (Rchb. f.) H.J. Veitch présente membres de la section et sa croissance est deux taches brunes à la base du labelle. La lente, ce qui explique son coût élevé. plante est proche de D. amabile mais les fleurs sont entièrement jaunes, avec un D. chrysotoxum Lindl. (Figures 5 et 6), labelle plus foncé. En culture, elle demande espèce himalayenne et chinoise qui pousse à énormément de lumière pour fleurir et une des altitudes supérieures à 2000 m a été période de repos très courte mais bien mar- introduite en Angleterre en 1858. La variété quée en hiver.

5 – D. chrysotoxum. En culture 6 – D. chrysotoxum. En culture (Photo M. LECOUFLE). (Photo M. BOURDON).

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7 – D. harveyanum. En culture (Photo M. LECOUFLE).

D. harveyanum Rchb. f. (Fig. 7) est une espèce étonnante, d’aspect semblable à D. chrysotoxum, mais le labelle et les pétales sont très découpés. Les conditions de culture sont les mêmes que pour D. densiflorum, une période de froid hivernal étant nécessaire pour induire la floraison.

D. brymerianum Rchb. f. est très semblable, mais c’est ici le labelle unique- ment qui est finement dentelé.

D. thyrsiflorum Rchb. f. ex André (Figures 8 et 9), introduite en culture bien plus tard que D. densiflorum est cependant aujourd’hui la plus cultivée. Les fleurs sont blanc pur sauf le labelle, jaune vif. C’est une espèce facile à cultiver qui semble fleurir plus régulièrement que D. densiflorum.

8 – D. thyrsiflorum. En culture 9 – D. thyrsiflorum. En culture (Photo M. GIRAUD). (Photo M. BOURDON).

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(2) Section Latouria Schltr. Toujours dans le sous-genre Athece- bium, la section Latouria a fait l’objet d’une révision récente (CRIBB, 1983) qui CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION reconnaît 48 espèces, toutes originaires de LATOURIA Nouvelle-Guinée. Le représentant princi- Si les parties végétatives sont assez pal de la section est Dendrobium macro- phyllum A. Rich. En fait l’espèce elle- variables, les fleurs sont facilement même est assez rare en culture et on reconnaissables. Elles sont blanches, rencontre plus fréquemment l’hybride jaunâtres ou verdâtres, marquées de qu’elle forme avec D. atroviolaceum Rolfe, pourpre sombre ou de brun foncé sur la Dendrobium x New Guinea. face interne. Le labelle est la plus grande pièce florale. Les sépales et l’ovaire sont D. macrophyllum A. Rich. (Figures la plupart du temps couverts de poils 10 et 11) est une plante de 25 à 60 cm de hérissés. haut qui porte des inflorescences pouvant atteindre 40 cm. On compte jusqu’à 15

10 – D. macrophyllum. En culture (Photo M. BOURDON).

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11 – D. macrophyllum. En culture (Photo M. LECOUFLE).

fleurs de 4-6 cm par inflorescence. Les apprécient toutes les mêmes conditions fleurs sont vertes tachées de brun jaune et de culture. Dendrobium x New Guinea et couvertes de poils sur leur face externe. Le les autres hybrides issus de D. atroviola- labelle est jaune crème, taché et strié de ceum sont de culture facile en serre chaude pourpre. et humide avec une bonne ventilation et La plante se cultive dans des condi- font de parfaits spécimens pour découvrir tions chaudes et humides, avec une cette section. lumière vive. Une température de 25 °C avec un écart jour/nuit de 10 à 15 °C et une humidité d’environ 75 % pendant toute l’année convient bien. Les arrosages doivent laisser sécher le substrat quelques jours entre deux apports d’eau. Un engrais bien dilué peut être utilisé une fois par semaine. Il n’est pas nécessaire de donner une période de repos marquée, un espace- ment des arrosages pendant les mois d’hiver est suffisant, sans laisser les pseu- dobulbes se rider. Les plantes cultivées en pot apprécient un compost grossier et bien drainant, on peut rempoter n’importe quand si les racines poussent. Les autres plantes de la section telles que D. spectabile (Bl.) Miq. (Fig. 12), D. atroviolaceum Rolfe (Fig. 13) ou D. johnsoniae F. Muell., assez proches de D. macrophyllum Richard, ne diffèrent que par la teinte des fleurs et la présence 12 – D. spectabile. En culture ou non de poils sur ces dernières. Elles (Photo M. LECOUFLE).

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13 – D. atroviolaceum. En culture (Photo M. LECOUFLE).

(3) Section Dendrocoryne Schltr.

CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION DENDROCORYNE Les plantes forment des touffes vrai- ment denses. Les pseudobulbes sont généralement très épais. Il n’y a pas de bractée à la base de feuilles. Les fleurs sont en forme étoilée. Le labelle est tri- lobé et plus court que les autres seg- ments. Il est faiblement attaché à la colonne ce qui donne un aspect très ouvert aux fleurs. 14 – D. kingianum. En culture (Photo M. LECOUFLE).

Pour terminer avec le sous-genre Athe- cebium, nous aborderons la section Den- drocoryne. Ces plantes forment des touffes, chaque tige portant de deux à plusieurs feuilles à l’apex. Le labelle de ces plantes principalement australiennes est faible- ment lié à la colonne. L’espèce typique de la section est bien connue des amateurs, il s’agit de Dendrobium kingianum Bidwill ex Lindley (Figures 14 et 15). La plante forme rapidement des touffes importantes de pseudobulbes de 5 à 55 cm qui portent

de 2 à 10 feuilles vertes, sombres ou rou- 15 – D. kingianum. En culture (Photo M. LECOUFLE).

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geâtres. Des keikis apparaissent librement appliqué chaque semaine pendant la crois- sur la plante et permettent la multiplica- sance active. Les températures doivent au tion. Les inflorescences des plantes fortes moins descendre jusqu’à 10 °C en hiver peuvent porter plus de 20 petites fleurs (1- pour permettre la floraison, alors que les 3 cm) généralement mauves, mais parfois arrosages sont réduits à partir de blanches. l’automne et jusqu’à ce que la croissance L’apport d’une grande intensité lumi- reprenne. Il faut juste apporter assez d’eau neuse est la principale condition de cul- pour empêcher les bulbes de se rider. Il est ture à respecter. On sait qu’elle est opti- essentiel de marquer deux saisons dis- male quand les feuilles commencent à se tinctes pour voir fleurir les plantes et les teinter de rouge. Un éclairage d’appoint garder en bonne santé. est recommandé pour obtenir des périodes L’autre espèce rencontrée en culture, d’éclairement de 14 à 16 heures pendant Dendrobium speciosum Sm. (Fig. 16), toute l’année. Les plantes sont normale- très variable, est une grande plante ment cultivées en serre froide mais peu- (jusqu’à 1 m de haut). Les longues hampes vent supporter jusqu’à 38 °C pendant florales portent de nombreuses fleurs l’été. Il faut simplement procurer un écart blanches à jaunes. La croissance de la de jour/nuit d’environ 10 °C. Une humi- plante est vigoureuse et implique des rem- dité modérée, de l’ordre de 65 % avec une potages fréquents. Dendrobium tetrago- bonne ventilation est suffisante tout au num Cunn. (Figures 17 et 18) est aussi long de l’année. Les arrosages doivent être proposé par les cultivateurs. Encore une fréquents tout en permettant aux plantes fois, il s’agit d’une espèce très variable aux de sécher entre deux apports d’eau. Ils doi- pétales et aux sépales très allongés, dont les vent être progressivement réduits à partir pseudobulbes ont une section carrée. Ces de l’automne pour être pratiquement deux plantes se cultivent comme D. kin- interrompus en hiver. L’engrais peut être gianum Bidwill.

16 – D. speciosum var. capricornicum. En culture (Photo M. BOURDON).

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17, 18 – D. tetragonum. En culture (Photos M. BOURDON et M. LECOUFLE). 18 ORCHIDO 168 25/01/06 16:43 Page 30

Remerciements et H. VISSERS (Jardins Botaniques À M. et J.-L. MONTOUCHET d’Amsterdam) pour leur aide et la (France), I. LACROIX (Grande-Bretagne), relecture de parties de cet article. J. SITCH (Kew Gardens en Grande- *David LAFARGE Bretagne), J. STEWART (Grande-Bretagne) Courriel: [email protected]

Où se procurer des Dendrobium? Jean-Luc MONTOUCHET. Maison “Seule Orchidées”, France. La Cour des Orchidées”, France. http://www.lacourdesorchidees.fr “Orchidées Marcel LECOUFLE”, France. [email protected] “Orchids Limited”, USA. http://www.orchidweb.com “Orchid Palace”, Allemagne. http://www.orchideenshop.de/ “Orchideeën WUBBEN”, Pays-Bas. http://www.orchidwubben.com “Orchidées Passion”, Belgique. http://orchideepassion.com

BIBLIOGRAPHIE ET SITES INTERNET

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La culture du genre Dendrobium Sw. (2ème partie)

David LAFARGE*

Résumé.– Présentation et conseils de culture concernant plusieurs espèces de Dendrobium appar- tenant aux sections Dendrobium, Pedilonum et Calyptrochilus. Mots clés.– Orchidées ; Orchidaceae ; Dendrobium ; Culture. Abstract.– Description as well as advice of culture about several species of Dendrobium belong- ing to sections Dendrobium, Pedilonum et Calyptrochilus. Key words.– Orchids; Orchidaceae; Dendrobium; Cultivation.

ans ce deuxième article, David. LAFARGE, jeune thésard à l’INRA (Institut DNational de Recherche Agronomique) de Bordeaux et grand amateur d’orchidées, poursuit la présentation de son genre de prédilection, Dendrobium, fournissant des conseils de culture précis et détaillés. Cette fois, ce sont plusieurs espèces de la section Dendrobium qui défilent sous nos yeux La première partie de cette article est parue dans le numéro précédent (L’Orchidophile n°168). Nous avons jugé utile de reproduire les schémas déjà publiés, une inversion de légendes entre caudicule et viscidium s’étant glissée dans la version précédente. Les numéros des photos continuent celles du précédent article. Suite et fin du tour d’horizon de ce vaste genre asiatique dans le prochain numéro…

Rappel de la structure de la fleur viscidium (Figs. 1A et 1B; les légendes Les deux traits les plus caractéris- concernant caudicule et viscidium, inver- tiques sont la présence au niveau de la sées dans le numéro précédent, ont été ici fleur d’un menton (ou mentum) et de rectifiées et bien placées). Plus de détails pollinies dépourvues de caudicule et de dans le numéro précédent.

A- sépale dorsal B- EPIDENDREAE an pétales colonne po sépale latéral ca stg labelle vi menton DENDROBIUM an Fig. 1A. Schématisation d’une fleur de Dendrobium kingianum Bidwill ex Lindl. Sur cette fleur caractéristique et bien ouverte de po Dendrobium, on peut observer la réunion des sépales latéraux à leur base, formant le ‘menton’ caractéristique des fleurs du genre. Fig. 1B. Schématisation de la colonne de Dendrobium (tribu des Dendrobieae) comparée à celle de la tribu voisine des Epidendreae. Noter l’absence de caudicule et de viscidium. An: anthère – Po: pollinie – Stg: stigmate – Ca: caudicule – Vi: viscidium (d’après stg DRESSLER, 1990).

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Choix de sections et d’espèces : palette de couleur des fleurs s’étend du description et conseils de culture blanc immaculé au jaune pur en passant (suite) par les tons roses, rouges et orange. Pour faciliter la présentation des différentes B. Sous-genre Dendrobium Schltr. espèces, elles seront ici séparées en trois Le sous-genre Dendrobium Schelchter groupes selon les conditions de culture. contient de nombreuses sections dont Dans chacune des brèves présentations de près de la moitié vont être détaillées. ces groupes, une liste des principales Parmi elles, la section Dendrobium Schltr. espèces est donnée à titre informatif, mais se compose de plantes typiques du genre, seules les plantes indiquées en gras sont dont l’espèce- type elle-même, D. monili- traitées plus en détail par la suite. forme (L.) Sw. Groupe 1 (1) Section Dendrobium Schltr. Ces plantes de serre tempérée et humide doivent être abondamment arro- sées pendant leur période de croissance CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION puis placées en serre froide à la fin de DENDROBIUM l’automne et en hiver, périodes durant Ce sont les “typiques”, lesquelles les arrosages seront sensible- parfois appelés “Dendrobiums à cannes”. ment réduits. Ces dernières sont charnues et les Appartiennent à ce groupe: D. chry- feuilles ont des gaines embrassantes qui santhum Wall. ex Lindl., D. linawianum recouvrent très étroitement l’entrenoeud Rchb. f., D. loddigesii Rolfe, D. monili- sous-jacent. Les fleurs sont généralement forme (L.) Sw., D. nobile Lindl., D. regroupées en courtes inflorescences. Les ochreatum Lindl., D. primulinum Lindl., sépales et les pétales sont assez sem- D. senile Parish ex Rchb. f., D. wardia- blables et lisses et(ou) glabres, contraire- num Warner… ment au labelle qui est plus ou moins hirsute sur sa face interne. Le labelle D. moniliforme (L.) Sw. [syn. D. n’est pas découpé et le menton est court. monile (Thunb.) Kraenzl.; D. japonicum (Blume) Lindl.] (Figures 19A et 19B), décrit pour la première fois par Olof Les pseudobulbes sont charnus et peu- SWARTZ en 1799, a été choisi comme type vent former des cannes érigées (D. nobile du genre Dendrobium. Il s’agit d’une Lindl.) ou rester plus fins et retomber bien espèce de climat froid à tempéré originaire en dessous du niveau des racines [D. du Japon, de la Corée et de Taiwan, à des aphyllum (Roxb.) C.E. Fisch.]. Les feuilles altitudes de 800 à 3000 m. Sa vaste aire de restent vertes pendant une ou deux saisons répartition explique les nombreuses varia- avant de jaunir et de tomber. L’inflores- tions de forme et de couleur des feuilles et cence apparaît généralement après la chute des fleurs, ainsi que sa grande adaptabilité des feuilles. Les fleurs sont facilement en culture. Les japonais vouent un véri- identifiables à leur labelle entier et arrondi. table culte à cette espèce, et ont sélectionné Elles peuvent être solitaires mais sont le une très grande quantité de plantes diffé- plus souvent présentes par trois ou quatre, rentes, en particulier au niveau du formant ainsi de courtes inflorescences. La feuillage, avec les types variegata(1).

1) Variegata : à feuilles panachées (souvent de vert et de blanc).

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19B - D. moniliforme. En culture. Photo M. LECOUFLE.

19A - D. moniliforme. En culture. Photo M. BOURDON. ORCHIDO 169 9/05/06 9:22 Page 86

Cette espèce est épiphyte ou litho- hiver, les arrosages seront maintenus et phyte et ses pseudobulbes, formant des un engrais équilibré sera appliqué toute touffes denses, mesurent de 5 à 40 cm de l’année une fois toutes les deux semaines. long et sont étroits à la base puis s’épais- Si l’humidité est suffisante, les plantes se sissent légèrement à mi-hauteur. Ils peu- plaisent montées sur écorce. On peut les vent être verts, jaunes, pourpres ou bruns, cultiver en extérieur pendant toute les formes les plus sombres portant des l’année dans les régions à climat océa- feuilles unies, les plus claires portant par- nique, en protégeant les plantes des pluies fois des feuilles de type variegata. Les en hiver. feuilles sont toujours étroites et mesurent D. nobile Lindl. (syn. D. coerulescens 3 à 5 cm de long. Les inflorescences nais- Wall. ex Lindl.; D. castum Bateman ex sent sur les pousses les plus anciennes Rchb. f.; D. catenatum Lindl.) (Figures après la chute des feuilles, chacune por- 20A et 20B) est une espèce intensivement tant une ou deux fleurs. Celles-ci, parfu- hybridée et le nom est souvent abusive- mées, mesurent 2 à 4,5 cm d’envergure, ment utilisé pour décrire le groupe de mais ne s’ouvrent pas toujours complète- plantes connu comme “nobile type”. On ment. Elles sont blanches ou roses avec un ne trouve d’ailleurs aujourd’hui que rare- labelle blanc, souvent verdâtre ou jaunâtre ment le véritable D. nobile botanique avec des taches brunes près de la base. L’espèce, originaire du centre de l’Asie Ce Dendrobium est de culture facile (du Népal à la Thaïlande), n’est signalée si on lui assure des hivers marqués. Une qu’à des altitudes inférieures à 1500 m en saison froide et sèche de plusieurs mois stations largement ensoleillées. est en effet nécessaire pour déclencher la floraison qui a alors lieu au printemps. Les plantes se plaisent aussi bien cultivées en pots de petites dimensions (en plas- tique ou en terre cuite) remplis d’un sub- strat grossier que montées sur plaque. C’est souvent l’une des premières espèces à fleurir au printemps et on est alors sur- pris par son parfum puissant. Une lumière matinale vive pendant toute l’année est recommandée. Il faut leur procurer autant de lumière que possible, jusqu’à faire rougir les feuilles. L’été, la température peut atteindre 25 °C, si la différence entre jour et nuit est au mini- mum de 7 °C. L’humidité doit être de 80 à 90 % pendant toute l’année et ne doit pas descendre en dessous de 70 % en hiver, ce taux élevé s’expliquant par l’ori- gine montagnarde de l’espèce. Les arro- sages doivent être généreux pendant toute la période de croissance puis progressive- ment réduits à l’automne. L’engrais est appliqué une fois par semaine. Si les tem- pératures ne peuvent pas être réduites en 20A - D. nobile. En culture. Photo M. LECOUFLE.

86 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– L’Orchidophile n° 169, juin 2006 ORCHIDO 169 9/05/06 9:22 Page 87

20B - D. nobile. En culture. Photo M. LECOUFLE.

Comme chez D. moniliforme, les comme une orchidée pour débutants, pseudobulbes aux nœuds renflés, érigés à facile à cultiver, mais il ne faut pas oublier retombants, forment des touffes assez qu’elle doit être maintenue au sec et au denses. Ils mesurent 30 à 60 cm de long frais pendant l’hiver. Sans cette période et portent des feuilles qui se maintiennent fraîche, les individus auront tendance à en général pendant deux saisons. Les produire de nombreux keikis plutôt grandes fleurs (5-7 cm) d’apparence qu’une floraison abondante. D. nobile est cireuse et brillante ont des pétales plus très gourmand en lumière et peut même larges que les sépales et sont de couleurs supporter le plein soleil en été si la ventila- assez variables. Généralement, la base des tion est excellente. On peut considérer pièces florales est blanche ou rose pâle et que la lumière est suffisante quand les les extrémités sont de couleur plus soute- feuilles sont d’un vert très pâle, presque nue, de couleur pourpre améthyste. Le jaune. C’est souvent l’une des exigences labelle présente à sa base une tache mar- les plus difficiles à satisfaire pour l’ama- ron pourpre ceinturée de jaune plus ou teur, particulièrement quand on cultive les moins soutenu. plantes en appartement. Les températures De nombreuses variétés ont été peuvent considérablement varier sans dan- décrites et sont toujours cultivées. Les plus ger pour la plante (30 °C en été, 10 °C en fréquentes sont la var. virginale, blanche hiver). Une humidité proche de 80 % avec un labelle à centre jaune vert et la var. pendant la croissance et seulement 60 % cooksianum, certainement l’une des plus pendant le repos convient bien. Les arro- belles, chez laquelle les pétales sont sem- sages doivent être copieux durant la blables au labelle, avec une tache brune, et période de végétation active, avant d’être d’aspect velouté dans leur moitié infé- progressivement réduits après la matura- rieure. La plante est souvent décrite tion des pousses en automne. Un engrais

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quasiment dépourvu d’azote en été nouvelles racines ou immédiatement après semble favoriser la floraison et réduire la la floraison. La multiplication peut se faire formation de keikis. En effet, si l’apport par rempotage individuel des keikis ou d’azote est trop important, les jeunes tis- par bouturage de fragments de cannes de sus ne durcissent pas, ce qui empêche la 15 à 20 cm placés sur un lit de sphaigne floraison et favorise les infections diverses. humide qui s’enracinent ou produisent Les apports d’engrais doivent être complè- des keikis après quelques semaines. tement suspendus pendant le repos pour que les sels ne puissent pas s’accumuler D. loddigesii Rolfe (syn. D. pulchel- autour des racines. La période de repos lum Lodd. non Roxb.) (Fig 21) est une dure 4 à 5 mois en hiver, durant lesquels plante miniature qui présente un mode les arrosages doivent être considérable- de croissance inhabituel, les pseudobulbes ment réduits, les plantes devant sécher naissant les uns sur les autres à mi-hau- entre les arrosages, sans toutefois laisser les teur, ce qui donne à la plante un aspect cannes se rider. Des pulvérisations mati- ramifié. Elle est originaire du sud de la nales permettent d’ailleurs d’éviter ce phé- Chine et du Laos. nomène. La lumière doit être plus forte Les pseudobulbes étroits et légère- pendant cette période et les plantes doi- ment épaissis à l’apex ne dépassent pas vent par conséquent être placées aussi près 10 cm de long. Les feuilles sont petites et que possible des vitrages en serre, et en rapidement caduques. Les fleurs solitaires appartement, un éclairage d’appoint est naissent chacune sur un pédicelle aussi vivement conseillé. Le meilleur support de long que les feuilles et mesurent 3 à 4 cm culture semble être un petit pot rempli de d’envergure. Les sépales et les pétales sont substrat bien drainant. Le rempotage doit de couleur lilas, ces derniers étant plus être évité tant que le substrat ne se grands. Le labelle est très large, jaune dégrade pas et avoir lieu à l’apparition des soutenu bordé de rose.

21 - D. loddigesii. En culture. Photo M. LECOUFLE.

88 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– L’Orchidophile n° 169, juin 2006 ORCHIDO 169 9/05/06 9:22 Page 89

22 - D. senile. En culture. Photo M. LECOUFLE.

Cette plante pousse bien sur un frag- une fois établie sur un fragment d’écorce ment d’écorce si elle est maintenue au suspendu dans un lieu bien ventilé et très frais et au sec pendant l’hiver. Toutes les éclairé tout au long de l’année. Si on doit autres conditions sont similaires à celles utiliser un pot, ce qui est nécessaire si décrites pour les deux espèces précédentes. l’humidité est basse, il faut préférer la La floraison printanière est spectaculaire, terre cuite, qui laisse le substrat sécher les individus se couvrant alors entièrement plus rapidement. Le rempotage aura alors de fleurs relativement grandes par rapport lieu lors de l’apparition des nouvelles à la taille des tiges et feuilles. Il faut sur- racines. Quand les nouvelles pousses veiller attentivement les limaces et les débutent leur croissance, la plante doit escargots, très friands des jeunes pousses, être nourrie généreusement, avant de tra- en particulier au début de l’été. verser une longue période de repos total (de novembre à mars) qui se prolonge D. senile Parish ex Rchb. f. (Fig. 22) jusqu’à la reprise de la croissance, pour est une espèce remarquable qui diffère des finalement fleurir à la fin de l’hiver. autres membres de la section par sa petite taille et par le fait qu’elle est couverte de Groupe 2 longs poils blancs. Ce dernier caractère est Les plantes de ce groupe se plaisent à l’origine du nom de l’espèce, en effet, en serre tempérée pendant toute l’année, senilis signifie d’aspect âgé. La plante a ini- avec une période de repos marquée seule- tialement été envoyée en Angleterre pour ment par une nette diminution des arro- la culture par le révérend Charles PARISH sages et des apports d’engrais, qui ne depuis la Birmanie, mais a depuis été reprennent qu’avec l’apparition des signalée à des altitudes moyennes ou pousses au printemps. hautes en Thaïlande et au Laos. Appartiennent à ce groupe: D. anos- Cette espèce inhabituelle n’est pas mum Lindl., D. aphyllum (Roxb.) C.E. facile à cultiver mais semble prospérer Fisch., D. findlayanum Parish & Rchb.

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f., D. heterocarpum Lindl., D. lituiflorum pousses. En été, la température peut Lindl., D. parishii Rchb. f., D. unicum atteindre 25-30 °C, avec une amplitude Seidenf… thermique de 10 °C entre le jour et la nuit. Une hygrométrie élevée (75 %) est Dendrobium unicum Seindenf. (voi- essentielle toute l’année pour le dévelop- sin de D. dickasonii L.O. Williams; syn. pement des jeunes pousses. L’équilibre D. arachnites Rchb. f.) (Figures 23A et entre cette humidité élevée et l’aération 23B) est originaire de Thaïlande, Laos et importante est la seule difficulté rencon- Vietnam et n’a été introduit en culture trée pour la culture de cette espèce. que récemment (après 1950). On le L’arrosage doit être généreux de mai à trouve de 800 à 1600 m d’altitude, en octobre, et être nettement réduit de jan- situation de lithophytes ou d’épiphytes, vier à mars, en respectant des périodes dans des zones de végétation clairsemée et transitoires. Pendant la croissance, il est ensoleillée. nécessaire d’apporter énormément d’eau Les pseudobulbes érigés à retombants additionnée d’engrais azoté et phosphaté mesurent 7 à 9 cm. Si le taux d’humidité puis, d’août à octobre, surtout phosphaté, apporté est suffisamment important, les ceci pour induire la floraison. Les arro- bulbes s’allongent et deviennent retom- sages doivent être réduits après la matura- bants. Les feuilles, qui peuvent persister tion des nouvelles pousses ainsi que pen- pendant deux ans mais sont souvent dant la période de repos (de novembre à caduques plus rapidement; elles mesu- mars), mais une humidité élevée doit rent 2 à 3 cm de long et sont vertes, par- entourer les plantes alors que les apports fois teintées de rouge ou rayées de blanc d’engrais sont suspendus. Cette espèce se pour la variété variegata. Les inflores- développe également fort bien montée cences apparaissent au niveau des nœuds sur écorce si une humidité suffisante peut apicaux des pousses matures. Chaque lui être apportée. Les plantes cultivées en inflorescence porte de une à quatre fleurs pot bénéficieront d’un substrat grossier, mais les individus particulièrement drainant et aéré. Le rempotage a lieu au robustes peuvent développer plusieurs début du printemps lors de l’apparition inflorescences et former ainsi un des nouvelles racines. En culture, la flo- ensemble très multiflore. Ces dernières raison survient principalement au prin- mesurent de 3 à 5 cm d’envergure si elles temps. Toutes ces indications sont appli- sont bien ouvertes, mais elles sont en cables aux autres membres du groupe. général “retournées” par leur ouverture excessive. Les sépales et les pétales sont D. aphyllum (Roxb.) C.E. Fisch. orange profond ou rouge orangé. Le large (syn. D. cucullatum R. Br.; D. pierardii labelle très incurvé fait saillie en avant de Roxb. ex Hook.) (Fig. 24) est l’un des la fleur et peut être blanc à beige, avec de Dendrobiums les plus communs des nombreuses veines pourpre sombre. Le régions chaudes de l’Inde, particulière- parfum évoque celui de la mandarine. ment dans la vallée du Sikkim et dans de Même si dans son milieu naturel ce nombreuses zones forestières autour de la Dendrobium reçoit une lumière tamisée, baie du Bengale (type mangrove). Il est en culture il faut lui apporter de la aussi signalé au Népal, au Bhoutan, au lumière en quantité suffisante pour faire Myanmar (= la Birmanie) et jusqu’au sud rougir les feuilles. Le point crucial est de de la Chine. Il a été introduit en Angle- fournir une excellente aération qui per- terre à la fin du XVIIIe siècle et y a fleuri met d’éviter le pourrissement des jeunes pour la première fois en 1821.

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23A - D. unicum. En culture. Photo M. GIRAUD.

23B - D. unicum. En culture. Photo M. BOURDON. ORCHIDO 169 9/05/06 9:22 Page 92

C’est une plante dont les pseudo- superbum Rchb. f.) (Fig. 25) est une bulbes étroits et pendants peuvent dépas- magnifique espèce très répandue à travers ser un mètre de longueur et ils portent toute l’Asie. des feuilles courtes et étroites, rapidement Les pseudobulbes retombants mesu- caduques. Les fleurs (3-5 cm d’envergure) rent un à trois mètres dans la nature mais sont habituellement produites par paires et apparaissent tout au long des deux tiers apicaux des tiges. Quand la floraison de toutes les fleurs est simultanée, ce qui est très fréquent, les plantes offrent un magnifique spectacle. Le labelle jaune pâle ponctué de pourpre dans la gorge est large, triangulaire à son apex et tubulaire à sa base. Les plantes de cette espèce se dévelop- pent bien sur plaque de liège ou sur écorce, ou encore cultivées en panier sus- pendu. Des arrosages et des apports d’engrais réguliers pendant l’été permet- tent aux pseudobulbes de s’allonger forte- ment, ce qui est la promesse d’une florai- son abondante après un hiver passé au sec.

D. anosmum Lindl. (syn. D. macro- phyllum Lindl.; D. macranthum Miq.; D.

25 - D. anosmum. En culture. Photo M. LECOUFLE.

en général moins de deux mètres en cul- ture. Ils portent de larges feuilles rapide- ment caduques. Les fleurs (7-10 cm) dégagent une forte odeur de framboise, de rhubarbe ou même de moutarde

24 - D. aphyllum. En culture. Photo M. GIRAUD. (selon les sensibilités olfactives de cha- cun) et naissent par paires sur toute la

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longueur des pseudobulbes. Les pétales, Groupe 3 pourpres à magenta, sont pratiquement Ces plantes de serre tempérée ne deux fois plus larges que les sépales. Le demandent pas de réelle restriction des labelle à marges frangées est pourpre, plus arrosages pendant l’hiver. Il faut simple- sombre à la base qu’à l’apex. ment diminuer ceux-ci quand la durée

De très grands spécimens peuvent être des jours devient trop courte. Les plantes établis si on dispose de suffisamment de de ce groupe se cultivent comme celles de place. Ils poussent bien dans des paniers la section Callista (traitée dans la pre- remplis de substrat drainant et demandent mière partie de cet article). de grandes quantités d’eau et d’engrais très dilué pendant l’été, avant de traverser une Appartiennent à ce groupe: D. fim- période sèche jusqu’à la floraison, qui briatum Hook., D. moschatum (Buch.- intervient à un moment où les plantes sont Ham.) Sw., D. pulchellum Roxb. ex entièrement dépourvues de feuilles. Lindl…

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D. fimbriatum Hook. (syn. D. pax- Les plantes se plaisent montées sur tonii Paxt.) (Fig. 26) est une espèce à fort écorce, en pot ou en panier remplis de développement dont les pseudobulbes substrat aéré et drainant. Le rempotage sont retombants. Elle a été envoyée du peut avoir lieu à n’importe quelle Népal par Nathaniel Wallich en 1822. La période pourvu que les racines poussent variété oculatum Hook. f., qui se dis- bien. La période sèche survient au prin- tingue par une tache brune à la base du temps, durant lequel l’humidité peut labelle, a été découverte 15 ans plus tard, chuter à 40 % contre 80-90 % pendant mais c’est pourtant aujourd’hui la plus la végétation active en été. La tempéra- populaire auprès des amateurs. ture estivale est située aux alentours de Les pseudobulbes étroits, érigés à 28 °C pendant la journée, avec un écart retombants, mesurent 120 à 200 cm. Les jour/nuit d’environ 8 °C. Les arrosages feuilles vert sombre naissent dans la moi- et les apports d’engrais peuvent être tié supérieure en deux rangées opposées. généreux pendant la croissance, pour Les inflorescences apparaissent sur la par- être ensuite très réduits pendant la tie apicale des tiges, en général après la période de repos. À noter que l’utilisa- chute des feuilles, et portent chacune 7 à tion d’engrais favorise la floraison. Pen- 12 fleurs, ces dernières mesurant de 5 à dant le repos, une pulvérisation matinale 8 cm. Les sépales et les pétales sont permet d’éviter le dessèchement de la ronds, jaune d’or assez clair, les seconds plante. Il faut prévoir beaucoup de étant en principe plus larges que les pre- place, les plantes pouvant devenir parti- miers. Le labelle est arrondi ou plus ou culièrement volumineuses, portant plu- moins carré, avec des marges frangées, sieurs centaines de fleurs si les condi- jaune avec une tache brune dans la gorge tions de culture sont bonnes. pour la variété oculatum.

26 - D. fimbriatum var. oculatum. En culture. Photo M. BOURDON.

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D. moschatum (Buch.-Ham.) Sw. courte durée de floraison la rendent (syn. D. calceolaria Carey ex Hook.; assez peu populaire dans les collections. D. cupreum Herbert) (Fig. 27) est une Cependant, elle est de culture facile en autre plante à fort développement, distri- pot ou en panier. Les plantes doivent buée dans toute la région himalayenne et sécher entre les arrosages et il n’existe pas jusqu’en Malaisie, et qui produit des de vraie période de repos : il faut simple- fleurs abricot et cuivrées très attractives ment réduire les arrosages quand la qui ne persistent malheureusement que plante n’est pas en période de croissance. peu de temps avant de faner. Les pseudobulbes de cette espèce Remerciements (120 à 200 cm de haut) portent souvent Ma reconnaissance la plus vive à des fleurs dès leur première année. Ils Michel BOURDON, Michel GIRAUD et sont cylindriques, érigés et portent des Marcel LECOUFLE qui ont fourni toutes feuilles sur toute leur longueur. Celles-ci les photos qui illuminent les pages de cet sont vert soutenu et restent en place article; je n’oublie pas, bien sûr, tout ce pendant environ deux ans. Les inflores- que cet article doit aux personnes déjà cences apparaissent au niveau des nœuds citées (M. et J.-L. MONTOUCHET, I. LA apicaux et portent 7 à 15 fleurs de 8 à CROIX, J. SITCH, J. STEWART et H. VIS- 10 cm de diamètre. Les sépales et les SERS). pétales sont jaune rosâtre, rose aux extré- *David Lafarge mités. Le labelle orange est replié en Courriel: [email protected] forme de chausson, incurvé au niveau de la marge, et présente cinq rangées de poils et deux taches brunes à sa base. La grande taille de cette espèce ainsi que sa

Notes de la rédaction • Les adresses des producteurs, la biblio- graphie ainsi que les adresses des sites Internet liées aux Dendrobium sont parues dans la première partie de cet article (L’Orchidophile n° 168, 2006, page 28); ces informations ne seront pas répétées ici mais paraîtront à nouveau à la fin de la troisième et dernière partie de cette étude (dans le prochain numéro). • Rappelons la parution récente (2006) d’un volumineux ouvrage de 866 pages et 654 photo graphies couleur entière- ment dévolu au genre Dendrobium (voir notre rubrique “Vient de paraître”) ; l’auteur nous communique également le titre d’un autre ouvrage (2006) fraîche- ment édité et consacré au même sujet, Dendrobium and its relatives par Bill LAVARACK, Wayne HARRIS & Geoff STOCKER (préfacé par Philip CRIBB) (édi- 27 - D. moschatum. En culture. Photo M. Lecoufle. tion Timber Press, 288 pp.).

L’Orchidophile n° 169, juin 2006 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 95 ORCHIDO 170 5/09/06 15:19 Page 163

La culture du genre Dendrobium Sw. (3e partie)

David LAFARGE*

Résumé.– Présentation et conseils de culture précis concernant plusieurs espèces de Dendrobium appartenant aux sections Pedilonum, Calyptrochilus et Oxyglossum. Mots clés.– Orchidées ; Orchidaceae ; Dendrobium ; Culture. Abstract.– Description as well as cultivation advice about several species of Dendrobium belong- ing to sections Pedilonum, Calyptrochilus et Oxyglossum. Key words.– Orchids; Orchidaceae; Dendrobium; Cultivation.

roisième et avant-dernière partie de cette saga du genre Dendrobium écrite par TDavid. Lafarge, chercheur à l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) de Bordeaux. Cette fois, ce sont plusieurs espèces de trois section du sous-genre Dendrobium qui défilent sous nos yeux. Les deux premières parties de cet article sont parues dans les numéros précédents de la revue (L’Orchidophile n°168 et 169) et la quatrième et dernière partie est programmée pour la prochaine livraison (n°170). Les numéros des illustrations continuent celles du précédent article.

Choix de sections et d’espèces : description et conseils de culture CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION (suite) PEDILONUM B. Sous-genre Dendrobium Schltr. La caractéristique majeure est l’appari- (suite) tion des inflorescences sur des cannes Le sous-genre Dendrobium contient de ayant perdu leurs feuilles. Les fleurs sont nombreuses sections; les espèces de la sec- vivement colorées. Les sépales latéraux tion (1) Dendrobium ont été présentées sont larges et joints à leur base. Le labelle dans notre précédent numéro (LAFARGE, est allongé et forme un éperon long 2006b). Cette fois, trois nouvelles section entre les sépales latéraux. de ce sous-genre sont passées en revue.

(2) Section Pedilonum Schltr. La seconde section du sous-genre Caractéristiques de la section Dendrobium à être abordée ici est la sec- Pedilonum tion Pedilonum, qui est composée de La caractéristique majeure est l’appari- plantes dont les inflorescences portent peu tion des inflorescences sur des cannes de fleurs et apparaissent après la chute des ayant perdu leurs feuilles. Les fleurs sont feuilles. Les fleurs sont souvent assez vivement colorées. Les sépales latéraux grandes par rapport à la taille de la plante. sont larges et joints à leur base. Le labelle Les feuilles, souvent peu nombreuses, ne est allongé et forme un éperon long entre sont présentes que sur les bulbes jeunes et les sépales latéraux. sont insérées près de l’apex.

L’Orchidophile n° 170, septembre 2006 ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 163 ORCHIDO 170 5/09/06 15:19 Page 164

La plante la plus représentative de la (5-15 cm), coriaces et rapidement section est le D. bullenianum Rchb. f. caduques. Les inflorescences peuvent (syn. D. topaziacum Ames) (Figures 28a et atteindre 6 cm de long mais sont souvent 28b), distribué aux Îles Samoa et aux Phi- plus courtes. Elles forment des racèmes lippines à des altitudes très proches du (= des grappes) densément fleuris, d’abord niveau de la mer (inférieures à 60 m). Les à partir des nœuds apicaux puis de plus en pseudo-bulbes charnus, mais se ridant plus près de la base chaque saison, les avec l’âge, de cet épiphyte mesurent géné- pseudo-bulbes produisant des inflores- ralement 10 à 60 cm de long mais peuvent cences pendant de nombreuses années. atteindre un mètre. Ils sont couverts par Les fleurs, de 20 à 40 par inflorescence, des gaines membraneuses situées à la base sont cireuses, rigides et petites (au maxi- des feuilles. Celles-ci sont longues mum 2 cm d’envergure), jaune vif à

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28 – D. bullenianum. En culture (28a Photo M. LECOUFLE, 28b Photo M. BOURDON).

164 ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– L’Orchidophile n° 170, septembre 2006 ORCHIDO 170 5/09/06 15:19 Page 165

orange ambré, marquées de lignes rouges plantes entre deux arrosages. Un engrais ou pourpres souvent moins prononcées équilibré appliqué chaque semaine profite sur les sépales. Cette plante est très intéres- à la végétation comme à la floraison. En sante pour sa floraison spectaculaire au effet, cette dernière survient au moment début de l’été, période à laquelle peu ou de nouvelles pousses se développent d’orchidées sont fleuries. Elle est de cul- pleinement. L’absence de période de repos ture facile en serre tempérée ou en appar- rend inutile la suspension des apports de tement bien éclairé, derrière un vitrage. fertilisant. La floraison a principalement Une lumière importante mais sans soleil lieu au début de l’été mais peut se produire direct en été et une humidité de 80 à 85 % à n’importe quelle période de l’année si la pendant toute l’année conviennent bien à lumière est assez forte. Les plantes peuvent cette espèce qui pousse à des altitudes être cultivées sur plaques mais leur fort basses, en forêt. Les températures estivales développement peut rendre cette méthode peuvent dépasser 30 °C la journée et rester peu pratique. De plus, il faudra alors aug- supérieures à 20 °C la nuit. En hiver, les menter l’humidité et les arrosages en été. températures doivent globalement rester La culture en pot, dans un substrat aéré, les mêmes, légèrement plus basses cepen- avec des rempotages réguliers quand les dant, ce qui fait de ces plantes d’excellents racines poussent, est bien plus commode, sujets d’appartement si on peut les laisser en particulier en appartement. au jardin ou sur le balcon pendant l’été D. secundum (Blume) Lindl. (Figures puis près d’un vitrage en hiver. Les arro- 29a et 29 b) est une espèce originaire de la sages peuvent être réguliers tout au long de région s’étendant du Myanmar (l’ex-Bir- l’année. Il faut juste laisser sécher les manie) aux Philippines et est très proche de

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29 – D. secundum. En culture (29a Photo M. BOURDON, 29b Photo M. LECOUFLE).

L’Orchidophile n° 170, septembre 2006 ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 165 ORCHIDO 170 5/09/06 15:19 Page 166

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30 – D. victoriae-reginae. En culture (30a Photo M. LECOUFLE, 30b Photo M. BOURDON).

D. bullenianum. mais les fleurs sont roses à Deux plantes de petite taille font labelle rouge et l’ensemble de l’inflores- aussi partie de ce groupe. D. victoriae- cence, particulièrement dense et fournie, reginae Loher (Figures 30 a et 30b), ori- n’est pas sans évoquer, avec un peu d’ima- ginaire des Philippines, avait pratique- gination, une sorte de brosse à dents. Les ment disparu des cultures mais est à pseudo-bulbes sont plus longs (120 cm) et nouveau facilement disponible. Les retombent progressivement au cours des pseudo-bulbes ne dépassent pas 30 cm. saisons. Les conditions de culture sont Les fleurs sont bleues ou mauves avec un variables mais de type tempéré. labelle blanc marqué de la même couleur.

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31 – D. goldschmidtianum. En culture 32 – D. amethystoglossum. En culture (Photo M. GIRAUD). (Photo M. GIRAUD).

Elles sont assez grandes (de 3 à 5 cm ture doit se faire à des températures inter- d’envergure) par rapport à la plante et se médiaires, sans jamais dépasser 25 °C la présentent en bouquets de 3 à 5 par inflo- journée et 18 °C la nuit. Même à ces tem- rescence. D. goldschmidtianum Kraenzl. pératures, il n’est pas rare de voir la florai- (syn. D. miyakei Schltr.) (Fig. 31), origi- son avorter et 3 à 5 °C de moins peuvent naire de Taiwan est assez semblable, mais améliorer les résultats. les fleurs sont roses et plus nombreuses La dernière plante de cette section pré- sur les pseudo-bulbes. Ces deux plantes sentée ici est plus atypique et semble proche demandent des arrosages fréquents et par de la section Calyptrochilus Schltr. (traitée conséquent un excellent drainage, et des plus loin). Il s’agit de D. smillieae F. Muell. températures fraîches (pour D. victoriae- (Fig. 33a et 33b). Les inflorescences appa- reginae) à tempérées (pour D. goldsch- raissent près de l’apex des pseudo-bulbes midtianum) avec une période plus sèche (qui mesurent 15 à 100 cm de long) et por- en hiver pour ce dernier. tent des fleurs à dominante blanche avec des D. amethystoglossum Rchb. f. pédicelles et une base rose et l’apex du (Fig. 32) est une magnifique espèce origi- labelle vert émeraude. Il faut abondamment naire des régions montagneuses des Philip- arroser la plante pendant la croissance esti- pines et assez rare en collection. Les vale rapide, puis les réduire considérable- pseudo-bulbes souvent retombants pour ment en hiver, jusqu’à la chute des feuilles les plus longs portent à l’apex des fleurs au printemps, avec une augmentation de blanches à labelle rose à améthyste. La cul- lumière pour favoriser la floraison.

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33a - D. smillieae. En culture 33b - D. smillieae. En culture (Photo M. LECOUFLE). (Photo M. BOURDON).

(3) Section Calyptrochilus Schltr. Nouvelle-Guinée, la section Calyptro- chilus est proche de Pedilonum. Elle com- prend plus de 60 espèces dont quelques CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION unes seulement sont cultivées. D. lawesii CALYPTROCHILUS F. Muell. (Figures 34a et 34b) est la plante qui représente le mieux cette section et elle Les inflorescences portent des fleurs très est restée très populaire en culture depuis rapprochées, avec des tiges courtes. Les sont introduction en Europe à la fin du pseudo-bulbes sont rapidement caducs XIXe siècle. L’une des raisons de ce succès et couverts de gaines desséchées est la possibilité d’obtenir rapidement des blanches. Les fleurs sont très épaisses, plantes adultes par semis. L’espèce est épi- cireuses et de longue durée. Les sépales phyte et présente un port retombant ou latéraux forment un menton très allongé semi-retombant. Les pseudo-bulbes fins et en arrière de la fleur, qui donne un cylindriques mesurent jusqu’à 45 cm de aspect plutôt “fermé “. long et sont recouverts de gaines brunes devenant blanches et membraneuses en

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vieillissant. Les feuilles de 6 cm de long Ces plantes sont faciles à maintenir en sont coriaces, persistantes ou caduques culture dans des conditions intermédiaires selon les conditions de culture. Les inflo- avec une bonne ventilation et une humi- rescences apparaissent sur les pseudo- dité relativement constante tout au long bulbes en général après la chute des feuilles de l’année. Une lumière forte mais tamisée et portent de 1 à 8 fleurs. Ces dernières ont et une humidité de 70 % avec une bonne la forme de cloches pendantes et sont de ventilation conviennent bien. Des tempé- couleurs très variables, blanches, rouges, ratures variables sont supportées : elles rouge cramoisi, saumon ou jaune orange, peuvent être froides à intermédiaires ou certaines formes pouvant même être bico- même atteindre 28 °C la journée toute lores. Le menton est long (jusqu’à 2 cm), l’année si l’écart jour/nuit est de 10 °C au étroit et recourbé. Les pétales et le sépale minimum. Les plantes doivent être main- dorsal sont plus courts que les sépales laté- tenues humides mais jamais détrempées, raux. Le labelle, qui atteint 1,5 cm de long, sauf en hiver où on peut laisser sécher le est replié ou découpé à la marge apicale et substrat entre deux arrosages. Une brumi- ses marges latérales sont érigées (redres- sation matinale les jours les plus chauds et sées). En général, les plantes sont en âge de fleurir 18 mois après leur sortie de flacon. On connaît un hybride naturel formé avec D. flammula Schltr.: il s’agit de D. x von- paulsenianum A. Hawkes.

34 - D. lawesii. En culture (a, Photo M. LECOUFLE, b, Photo M. BOURDON).

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Schltr.) (Fig. 35) comporte quatre variétés: var. subclausum,var.phlox, var. speciosum et var. pandanicola, toutes décrites par J. J. Wood. Il a été découvert à la fin du XIXe siècle en Nouvelle-Guinée et pousse entre 600 et 3200 mètres. Les plantes qui poussent à basse altitude sont généralement épiphytes. Les fleurs sont très nombreuses sur chaque plante et sont rouge orange à l’apex, jaune vif à la base. Les températures de culture sont sensiblement plus fraîches que celles qui sont utilisées pour D. lawesii. Les variétés subclausum, rouge avec des extrémités jaunes, et pandanicola, à fleurs jaune vif ou jaune citron, sont les plus faciles à cultiver en raison de leur petite taille et de leur tolérance à des températures plus élevées que les deux autres variétés qui ne supportent pas plus de 12 °C la nuit en 35 - D. subclausum. En culture été. D. mohlianum Rchb. f. (syn. D. neo- (Photo M. LECOUFLE). ebudanum Schltr.; = D. vitellinum Kraenzl.) (Fig. 36) est assez proche de D. subclausum ensoleillés est très appréciées des plantes. mais s’adapte plus facilement en culture, Un engrais équilibré peut être ajouté tous puisqu’il tolère des températures chaudes à les trois arrosages quand ceux-ci ne sont froides et ne demande pas de vraie période pas réduits. Une période de repos, qui de repos mais seulement un ralentissement peut être provoquée à n’importe quel des arrosages en hiver. Les autres conditions moment après la maturation des nouvelles de culture sont les mêmes que pour D. pousses, en disposant simplement les lawesii. Ces plantes ont des fleurs orange ou plantes dans un endroit frais (à environ rouges, plus rarement jaunes, épaisses et 10 °C) et en réduisant les arrosages et les cireuses et qui persistent longtemps avant apports d’engrais, permet de déclencher la de faner. floraison qui peut avoir lieu toute l’année. Des petits pots ou des paniers suspendus, remplis d’un substrat bien drainant sont les plus pratiques et permettent à ces plantes retombantes de bien se développer. Il est possible de cultiver D lawesii sur plaque couverte de mousse ou de sphaigne vivante et bien développée, mais seule- ment si les plantes y sont installées très jeunes. Précisons que le rempotage est moins néfaste lorsqu’il est effectué au début de la croissance des racines. Deux espèces assez semblables complè- tent la brève sélection des plantes de cette section. D. subclausum Rolfe (syn. D. phlox 36 – D. mohlianum. En culture (Photo M. LECOUFLE).

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(4) Section Oxyglossum Schltr. Le représentant le plus connu est D. cuthbertsonii F. Mueller (Figures 37a, 37b et 37c). Cette superbe orchidée est CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION encore souvent connue sous le nom de OXYGLOSSUM D. sophronites Schltr., nommée ainsi en rai- La section Oxyglossum regroupe des son de sa ressemblance avec le genre Sophro- plantes naines à petites, avec des nitis Lindl. C’est une plante très variable en pseudo-bulbes formant une touffe taille et en couleur. Elle est généralement dense et des petites feuilles étroites et épiphyte, exceptionnellement lithophyte, et peu nombreuses. Les fleurs sont pousse près des rivières ou sur des falaises coniques et relativement grandes, non exposées. Elle se développe en principe à résupinées, avec un menton allongé. La mi-ombre, avec des mouvements d’air caractéristique principale est l’ovaire importants, entre 750 et 3500 m d’alti- spiralé en arrière de la fleur elle-même. tude. La plante forme une petite touffe Cette section présente en Nouvelle- dense, avec des pseudo-bulbes ovoïdes à Guinée a été révisée par WOODS et ronds pouvant mesurer jusqu’à 8 cm. REEVE en 1990. Cependant, les observations effectuées en culture portent à penser que la plante reste

37a – D. cuthbertsonii. En culture (Photo M. LECOUFLE)

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37b – D. cuthbertsonii. En culture (Photo M. BOURDON).

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plus petite (5-6 cm maximum). Les feuilles sont très peu nombreuses, naissant à l’apex, longues de 1 à 2 cm au maximum. Chaque inflorescence porte une seule fleur, grande (3-5 cm) par rapport à la plante, rose, rouge, magenta, orange ou jaune, dont l’ovaire est couvert de longs poils. Les sépales et les pétales mesurent environ un centimètre. Le labelle, oblancéolé (= lan- céolé avec la partie la plus large au-dessus du milieu), rond ou aplati à l’apex, atteint 1,7 cm de long et montre un menton sensi- blement de même dimension. Enfin, la colonne est très courte. Ces plantes poussent mieux une fois établies sur un fragment de liège ou de fougère qu’on prendra soin de conserver au frais, à mi ombre et avec une eau constamment renouvelée. C’est en effet un des points cruciaux de la culture des plantes de la section. Les fleurs peuvent rester sur la plante jusqu’à huit mois avant de faner. Dans de bonnes conditions, la 37c – D. cuthbertsonii. En culture floraison peut continuer toute l’année. Il (Photo M. LECOUFLE). semble bon de fournir à cette plante une

38 – D. cyanocentrumi. En culture (Photo M. LECOUFLE).

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luminosité assez forte, mais tamisée. Si les Nouvelle-Guinée. Il se distingue par ses températures augmentent, ce qui peut feuilles inhabituellement grandes. On le arriver en été, il faut augmenter le taux trouve en bordure de forêt entre 750 et d’humidité, qui se situe normalement 2000 m. Il faut lui donner la pleine lumière autour de 80-90 % et la circulation de l’air et une excellente aération, sans hésiter à lui doit être excellente. Des arrosages quoti- fournir beaucoup plus de chaleur qu’aux diens toute l’année, voire deux fois par autres Oxyglossum. Les plantes de semis jour en été avec une eau pure, sans chlore, s’établissent relativement facilement en qui ne doit pas stagner dans la soucoupe serre tempérée, et même en appartement si ou près de la plante plus de 24 heures, sont la lumière et l’humidité sont suffisantes. nécessaires. L’engrais sera appliqué à très C’est certainement la plante idéale pour se faible concentration, soit environ au quart familiariser avec ce groupe; malheureuse- ou même moins de la dose habituelle. Il ment, elle est très rare dans le commerce. peut cependant être utilisé à chaque arro- D. cyanocentrum Schltr. (syn. D. flavispicu- sage dans ces conditions. Globalement, on lum J.-J. Smith; D. lapeyrousieoides Schlech- peut comparer la culture de cette plante à ter.) (Fig. 38) est lui aussi très rare en cul- celle des Phragmipedium Rolfe, en particu- ture. Il est assez facile à cultiver mais les prix lier P. besseae Dodson & Kuhn. On peut proposés sont généralement prohibitifs. La arrêter les apports d’engrais en décembre plante forme une touffe dense de plus de et janvier, en ralentissant éventuellement 10 cm de diamètre. Les inflorescences sont très légèrement les arrosages mais la plante courtes et peuvent même être cachées dans ne doit surtout pas traverser une période la touffe. Les fleurs sont petites, bleues avec de repos stricte et sèche. Le meilleur un labelle jaune, et dégagent un parfum très moyen de cultiver ces plantes est un frag- agréable. ment de liège, couvert de sphaigne vivant *David LAFARGE toujours maintenu humide, juste au des- Courriel: [email protected] sus d’une coupelle, et pourquoi pas avec un système de goutte à goutte qui tombe sur le haut de la plaque, de manière à Notes de la rédaction- Les adresses des maintenir un flux d’eau, de favoriser l’éva- producteurs, la bibliographie ainsi que poration et donc de rafraîchir les racines. les adresses des sites Internet liées aux D. vexillarius J. J. Smith est très abon- Dendrobium sont parues dans la pre- dant en Nouvelle-Guinée et très variable mière partie de cet article (L’Orchido- puisque pas moins de huit variétés sont offi- phile n° 168, 2006, page 28); ces infor- ciellement reconnues à ce jour. Cette plante mations ne seront pas répétées ici mais est beaucoup plus grande que D. cuthbertso- paraîtront à nouveau à la fin de nii (30 cm de haut). Elle est très difficile à l’article, dans notre prochain numéro maintenir en culture, même pour des ama- (n° 171). teurs habitués à cette section. On connaît Rappelons la parution récente (2006) cependant des spécimens cultivés avec suc- de deux ouvrages dévolus au genre cès aux Jardins Botaniques d’Edinburgh. Il Dendrobium : “The Dendrobiums” de est bon de leur ménager une période de H.P. WOOD (voir notre rubrique repos de 3-4 mois de décembre à mars, sans “Vient de paraître” dans le précédent laisser le compost sec trop longtemps. D. numéro de notre revue) et “Dendro- violaceum Kraenzl. (syn. D. dryadum bium and its relatives” par Bill LAVA- Schltr.; D. quinquecostatum Schltr.) est lui RACK, Wayne HARRIS & Geoff STOC- aussi très largement distribué à travers la KER (édition Timber Press, 288 pp.).

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La culture du genre Dendrobium Sw. (4e partie et fin)

David LAFARGE*

LAFARGE D., 2007.– Cultivation of the genus Dendrobium Sw. (4th and last part). L’Orchidophile 172 : 5-16.

Résumé.– Présentation et conseils de culture précis concernant plusieurs espèces de Dendrobium appartenant aux sections Phalaenanthe, Spatulata et Formosae (du sous-genre Dendrobium) et au sous-genre Rhopalabium. Conclusions générales, bibliographie, sites Internet et fournisseurs. Mots clés.– Orchidées ; Orchidaceae ; Dendrobium ; culture.

Abstract.– Description as well as cultural advice about several species of Dendrobium belonging to the sections Phalaenanthe, Spatulata, Formosae (subgen. Dendrobium) and to subgen. Rhopalabium. Final conclusions, bibliography, Web sites and productors. Key words.– Orchids: Orchidaceae; Dendrobium; cultivation.

uatrième et dernière partie de la revue d’ensemble de principales espèces de QDendrobium en culture par notre collègue David LAFARGE, Fin du sous-genre Dendrobium (avec cette fois les sections Phalaenanthe, Spatulata et Formosae) et traitement du dernier sous-genre, Rhopalabium. Les trois premières parties de cet article sont parues dans les numéros précédents de la revue (L’Orchidophile n°168, 169 et 170). Comme à l’accoutumée, les numéros des illustrations continuent celles du précédent article.

Choix de sections et d’espèces : description et conseils de culture CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION (suite) PHALAENANTHE C’est la section des Dendrobiums de B. Sous-genre Dendrobium Schltr. type “Phalaenopsis”. Les inflorescences (suite) sont bien fournies. Les fleurs sont géné- Le sous-genre Dendrobium contient ralement grandes, violettes ou blanches, de nombreuses sections dont plusieurs avec des pétales beaucoup plus larges ont été présentées dans les trois précé- que les sépales. Le labelle est plus petit dents numéros de cette même revue que les pétales, hérissé de petites bosses (LAFARGE, 2006a, 2006b et 2006c). Nous et trilobé. Le menton, moyen à long, nous attacherons ici à l’étude de quelques est formé de deux parties à angle droit. représentants des sections Phalaenanthe, Spatulata et Formosae. souvent considéré comme la seule véri- table espèce de la section, les autres (5) Section Phalaenanthe Schltr. taxons décrits au rang spécifique étant D. bigibbum Lindl. (Fig. 39), intro- alors considérés comme de simples varié- duit en culture à Kew dès 1824, est tés. Dans le commerce, le nom D. bigib-

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39 – D. bigibbum. En culture. 2001 (Photo M. LECOUFLE).

bum est souvent utilisé pour décrire les Les informations sur l’environnement formes qui portent les plus petites fleurs, d’origine donnent quelques indices sur les plus grandes formes étant nommées les conditions optimales de culture de ces D. phalaenopsis Fitzgerald, mais la dis- plantes. Elles doivent être abondamment tinction entre les deux “espèces” est arrosées pendant la croissance active mais encore très controversée. Elles seront trai- elles demandent une période de repos très tées ici comme un seul taxon variable. Les nette en hiver. La lumière doit être suffi- pseudo-bulbes souvent rougeâtres sante pour faire rougir les feuilles. L’aéra- poussent rapprochés les uns des autres et tion est un point essentiel, les plantes se mesurent habituellement 40 à 60 cm, plaisant visiblement dans une atmosphère mais peuvent atteindre 120 cm. Les souvent renouvelée. L’été, la température feuilles persistent de nombreuses années peut atteindre 35 °C avec un écart sur le tiers apical des pseudo-bulbes. Les jour/nuit d’environ 10 °C. Une atmos- fleurs naissent sur des racèmes de 20 à phère très humide (hygrométrie de 80 %) 41 cm provenant de la partie supérieure doit être maintenue toute l’année. Les des pseudo-bulbes, chacun de ces der- arrosages doivent être réguliers pendant la niers pouvant produire une à quatre période de végétation active puis réduits inflorescences. Les fleurs (3-5 cm) sont progressivement à l’automne, pour finale- généralement roses ou pourpres, parfois ment laisser les plantes sécher en hiver. blanches et les extrémités de leurs sépales L’application hebdomadaire d’engrais et pétales sont souvent réfléchies. dilué au quart de la dose habituelle per- Quelques variétés claires à labelle plus met une bonne végétation et une prépa- sombre sont aussi signalées. Les fleurs ration de la floraison. Une longue saison persistent pendant plusieurs mois dans de sèche en hiver est nécessaire et on peut bonnes conditions (attention: pas de pul- mettre les plantes de côté pour les vérisation d’eau sur les fleurs!) et comme “oublier” pendant deux ou trois mois, en elles ne se développent pas toutes en les pulvérisant seulement de temps à même temps, les plantes paraissent fleurir autre pour leur éviter de se dessécher continuellement. complètement. Durant cette période, les

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apports d’engrais doivent être totalement suspendus, la lumière fournie en quantité CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION suffisante (mais la durée d’éclairement SPATULATA dans la journée doit être réduite par rap- port à celle de l’été) et la ventilation forte. Assez proche de la section précédente, Quand les nouvelles pousses apparaissent, Phalaenanthe. Ce sont les orchidées il faut prendre soin de ne pas les mouiller surnommées “antilopes”. Les pétales avant qu’elles n’aient atteint 7 ou 8 cm de sont nettement différenciés des sépales haut pour ne pas les faire pourrir. Les et sont dressés ou horizontaux mais plantes peuvent être montées sur plaque toujours longs et étroits et générale- si l’humidité ambiante est élevée et les ment spiralés-torsadés. Le labelle, net- arrosages pendant l’été suffisamment tement trilobé, montre des marges réguliers, ou alors, solution alternative, entières et un callus formé de cultivées en pots aussi petits que possible, plusieurs côtes lisses. Le menton est remplis d’un milieu grossier et très drai- simple et forme un éperon fermé avec nant, ce dernier point étant crucial pour le labelle. La section compte une la réussite de la culture. Le rempotage est cinquantaine d’espèces répandues de optimal quand les nouvelles pousses l’Indonésie aux Philippines, en mesurent 5 cm de haut environ et qu’elles Australie et dans certaines îles du commencent à émettre des racines. Les Pacifique et elles croissent le plus sou- boutons floraux peuvent avorter ou tom- vent à basse altitude. Cette section a ber si la température baisse soudai- été révisée en 1986 par P. CRIBB. nement, si l’eau d’arrosage est trop froide, si l’atmosphère est trop sèche, si les sels d’engrais s’accumulent au niveau des torsadés verts qui contrastent avec le reste racines ou encore si de l’éthylène est de la fleur. De plus, elle fleurit généreu- présent dans l’atmosphère (ce gaz se sement tout au long de l’année. Les dégage par exemple des pommes et des pseudo-bulbes sont érigés, parfois renflés bananes et son rôle sur le développement à mi-hauteur et mesurent 60 à 200 cm de floral des végétaux est bien établi). Il est haut. Les feuilles coriaces et persistantes préférable de rempoter ces plantes chaque pendant plusieurs années montrent à la année dans de petits pots contenant tout base de chacune d’elles une gaine mem- juste le volume des racines, en suppri- braneuse. Les inflorescences sont longues mant tous les anciens pseudo-bulbes à (jusqu’à 30 cm), dressées ou légèrement l’exception des 4 ou 5 plus récents. En arquées. Elles portent de 4 à 15 grandes effet, les vieux “bulbes” sont souvent à fleurs (chacune d’elles mesurant l’origine des pourritures et les plantes 8-10 cm). Les sépales sont blancs et meurent alors rapidement. montrent des marges ondulées, les pétales longs et très tordus-spiralés, jaune vert (6) Section Spatulata Schltr. cireux et brillants et le labelle est blanc Ce groupe est bien représenté par marqué de veines violettes. La floraison D. stratiotes Rchb. f. (syn. D. strebloceras est de très longue durée et les gros spéci- Rchb. f. var. rossianum Rchb. f.) (Fig. 40). mens peuvent fleurir sans discontinuer Cette plante à l’aire de distribution res- pendant 9 mois. Il existe une forme treinte est l’une des plus belles de la sec- blanche, commercialisée en général sous tion. Elle porte de grandes fleurs au le nom erroné de D. strebloceras Rchb. labelle joliment coloré et aux pétales f. var. rossianum Reichenb. f.

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40 – D. stratiotes. En culture. 1990 (Photo M. LECOUFLE).

Cultivée dans une atmosphère substrat. Si celui-ci est enterré, la plante chaude, très humide et bien ventilée, la pourrit inévitablement en quelques plante fleurit facilement plusieurs fois semaines. Le rempotage peut avoir lieu dans l’année. La lumière doit être abon- n’importe quand si les racines se déve- dante, particulièrement en hiver, saison loppent. durant laquelle la température minimale D. antennatum Lindl. (syn. D. dal- peut atteindre 15 °C. L’humidité atmos- bertisii Rchb. f.) (Fig. 41) est l’une des phérique doit osciller autour de 80 % plus petites espèces de la section et res- pendant toute l’année. Les plantes semble à un D. stratiotes miniature. Ce doivent être arrosées régulièrement et res- sont des plantes épiphytes, formées de ter toujours humides. Un engrais équili- nombreux pseudo-bulbes qui ne dépas- bré peut être utilisé, dilué à la moitié de sent pas 100 cm de haut. Les feuilles vert la dose habituelle, tous les deux arrosages. clair deviennent coriaces progressivement Il n’existe pas de vraie période de repos et les fleurs sont parfumées. Facile à culti- pour cette espèce. Les arrosages sont seu- lement un peu réduits en hiver quand les jours sont de courte durée. Il est d’ailleurs bénéfique d’apporter un éclairage d’appoint pendant cette période. Les apports d’engrais doivent alors être réduits, en conséquence de la réduction des arrosages. Les plantes sont plus faciles à cultiver en panier, la circulation de l’air dans le substrat devant toujours être extrêmement bonne chez cette espèce. Il faut absolument veiller à ne pas placer les pseudo-bulbes en contact avec le substrat, 41 – D. antennatum. En culture aux serres laissant les fortes racines soutenir la d’Auteuil. 22 février 2001 (Photo P. AUTHIER). plante, le rhizome affleurant seulement le

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ver en serre humide et bien éclairée, D. antennatum doit être rempoté de préfé- rence chaque année. D. lasianthera J.J. Smith (syn. D. ostrinoglossum Ruppert) a été récemment introduit en culture et connaît aujourd’hui un grand succès, aisément compréhensible. Il s’agit en effet d’une des plus spectaculaires espèces de cette section, avec de grandes fleurs rose violet aux pétales plus sombres et brillants. La plante pousse dans des marais au niveau de la mer. Les pseudo- bulbes sont particulièrement imposants, pouvant atteindre 2,50 m de haut! Les fleurs sont parfois jaune rosâtre mais la plupart du temps elles sont rose bleuté avec un menton blanc. Les pétales torsa- dés sont rose brun, longs, horizontaux et inclinés vers l’avant. Cette espèce est par- fois difficile à établir en culture, mais elle apprécie globalement les mêmes condi- tions que D. stratiotes, surtout l’atmos- phère chaude et humide. D. mirbelia- num Gaudich (syn. D. polycarpum Rchb. f.) (Fig. 42), largement répandu au 42 – D. mirbelianum. Lindenia Queensland et sur les îles de la côte nord- (Photo M. LECOUFLE). ouest de l’Australie ainsi qu’en Nouvelle- Guinée, est un taxon assez variable. Les D. schulleri J.J. Smith, qui est beaucoup plantes poussent en épiphytes dans les plus rare et dont les fleurs sont jaune vif. mangroves et les forêts poches de la mer, D. tangerinum Cribb (Fig. 43) est une en situations toujours bien ensoleillées. très jolie espèce jaune orangé à rouge Les pseudo-bulbes peuvent atteindre identifiée très récemment (1980) par Phi- 300 cm mais restent en général plus petits lipp CRIBB qui l’a séparée de D. strepsice- en culture. Les feuilles sont rayées de ros J.J. Smith. Il s’agit d’une épiphyte pourpre sur leur face inférieure et les dont les pseudo-bulbes atteignent 50 cm inflorescences érigées portent jusqu’à 30 au maximum et dont les inflorescences fleurs à dominante vert olive. Notons que portent jusqu’à 15 fleurs. Les pétales les pétales ne sont pas torsadés, ce qui est s’élargissent à l’apex et sont torsadés sur exceptionnel dans cette section. Cette seulement 2 ou 3 tours. Le labelle est for- espèce est très répandue en culture et tement marqué de rose et de blanc. Les fleurit facilement puisque des pseudo- plantes doivent être maintenues très bulbes d’à peine 10 cm peuvent déjà pro- mouillées pendant le printemps mais en duire des inflorescences. Il n’y a pas de été et au début de l’automne, il faut les vraie période de repos mais il faut dimi- laisser sécher entre deux arrosages, une nuer les arrosages pendant quelques pratique qui doit être poursuivie de semaines au printemps et en automne. manière encore plus prononcée en hiver. Cette espèce est souvent confondue avec Elles supportent le plein soleil si elles y

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ROXBURGH et validée par LINDLEY en 1830. Les pseudo-bulbes sont érigés et assez robustes, couverts de courts poils noirs. Ils poussent en touffes serrées et atteignent 45 cm de haut. Les feuilles, qui sont réparties sur les deux tiers api- caux des pseudo-bulbes, sont vert foncé et l’inflorescence, terminale ou latérale, apparaît au niveau des nœuds apicaux. Elle porte une à cinq grandes fleurs blanches (de 7 à 12 cm d’envergure) dont 43 – D. tangerinum. En culture. les pétales sont très arrondis, ondulés sur Juin 1997 (Photo M. BOURDON). les bords et mesurent 4 à 6 cm de long alors que les sépales, aussi longs, sont plus sont habituées progressivement et fleuris- étroits. Le labelle, teinté de jaune orangé sent facilement dans de telles conditions. dans la gorge, atteint 7 cm de long et il Elles produisent de nombreux keikis sur est parcouru longitudinalement par une leurs pseudo-bulbes quand on isole l’une ou deux crêtes très marquées. La colonne des cannes, ce qui permet une multiplica- est courte mais forme avec le labelle un tion rapide. menton qui peut atteindre 3 cm de long. Cette plante fleurit facilement dans des (7) Section Formosae Schltr. conditions intermédiaires, cultivée en pot D. formosum Roxburgh ex Lindl. ou en panier. Elle demande des arrosages (syn. D. infundibulum Rchb. f., non réguliers toute l’année et des apports Lindl.) (Figures 44a, 44b et 44c) est la d’engrais fréquents pendant la végétation plante-type de cette section. Elle est origi- active qui commence au début de l’été. naire d’une région s’étendant du nord de D. formosum apprécie les fortes luminosi- l’Inde jusqu’à la Thaïlande et au tés et tolère même le plein soleil quand Vietnam, à basse altitude. Elle a été les nouvelles pousses sont assez coriaces. décrite pour la première fois dès 1814 par Pendant l’été, les températures ne devraient pas dépasser 25 °C la journée et 10 °C la nuit et une humidité de plus de CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION 80 % en été et de 60 % en hiver et au FORMOSAE printemps devrait être assurée. Les La dernière section de notre étude est plantes doivent être conservées humides voisine de la section Dendrobium mais pendant la croissance des nouvelles les gaines des pseudo-bulbes sont ici pousses avant que les arrosages soient recouvertes de poils sombres, le men- réduits après la maturation en automne. ton est moyen à très long et peut L’engrais est appliqué chaque semaine, en même former un éperon, le labelle est suivant une évolution d’un engrais azoté glabre, entier ou plus souvent nette- vers un engrais plus phosphaté, ceci pour ment trilobé et les fleurs sont de favoriser d’abord la croissance puis la flo- grande taille, généralement blanches et raison. Une période de repos en hiver est elles présentent un aspect fragile, évo- essentielle pour obtenir une bonne florai- quant du papier, mais en fait elles son en été. Les plantes ne doivent cepen- durent longtemps. dant pas sécher complètement, sauf pen- dant deux mois durant lesquels on se

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44a – D. formosum. En culture (Photo M. LECOUFLE).

44b – D. formosum. En culture. Octobre 1989 (Photo M. BOURDON).

contente de les pulvériser le matin si l’atmosphère est trop sèche. Les apports d’engrais sont automatiquement suspen- dus avec la réduction des arrosages. Cette période de repos ne s’accompagne pas d’une baisse de température, qui doit res- ter élevée pendant l’hiver (pas moins de 17 °C) tandis que la quantité de lumière fournie doit être au contraire plus impor- tante. D. formosum se plait monté sur plaque ou placé en panier, ce dernier mode de culture étant possible si l’humi- 44c – D. formosum. Planche du “Botanical dité est suffisante et s’il est possible register” (Vol. 25, planche 64, 1839).

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observées dans cette section, sont remarquables par la coloration verte présente sur les pétales et les sépales contrastant esthétiquement avec la tache rouge du labelle. De plus, c’est un Dendrobium de culture facile dans un compost bien drai- nant, avec une période de repos légère de 3 ou 4 mois en hiver qui ne doit pas trop laisser sécher la plante. La floraison peut avoir lieu toute l’année si on fournit la grande quantité de lumière que réclame cette espèce. En fait, la plus grosse difficulté concernant cette plante ne réside pas tant dans sa cul- ture elle-même que dans la possibilité de se la procurer auprès des producteurs! Exceptionnellement pour la section, la plante qui suit n’a pas les fleurs blanches, mais entièrement jaunes: D. trigonopus Rchb. f. (syn. D. velutinum Rolfe) est une plante distribuée en 45 – D. cruentum. En culture. Juillet 1991 (Photo M. BOURDON). Thaïlande, au Laos, au Myan- mar (le nom actuel de la Bir- d’arroser quotidiennement les plantes en manie) et dans le sud-ouest de la Chine. été, quand les températures sont élevées. Elle pousse à des altitudes élevées et elle est Si les plantes sont cultivées en pot, le peu répandue dans la nature. Sa culture est substrat idéal est composé de fragments similaire à celle de D. formosum. Elle d’osmonde (BAKER & BAKER, 1996) ou apprécie les fortes luminosités et tolère des d’écorce pour plus de facilité. températures comprises entre 8 et 30 °C, Une espèce tout de suite reconnais- les basses températures nocturnes en hiver sable est D. cruentum Rchb. f., (Fig. 45), étant essentielles pour initier sa floraison. endémique de Thaïlande où elle pousse Le rempotage (qui se fera au mieux dans sur les petits arbres des forêts claires à un substrat grossier) donne des résultats basse altitude. Elle est cultivée depuis bien plus favorables lorsqu’il est effectué 1884 et son nom fait référence à la cou- juste après la chute des fleurs. On leur rouge sang de la crête présente à la n’oubliera pas de laisser en place les vieux base du labelle. Les fleurs, bien que plus pseudo-bulbes car ils continuent à fleurir petites que celles qui sont généralement longtemps.

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Deux miniatures à large labelle s’ajou- sance normale quand on les a dérangées, ce tent à cette brève sélection de plantes. Les qui fait qu’on préfère souvent la culture sur pseudo-bulbes de D. bellatulum Rolfe plaque. D. dearei Rchb. f. est l’une des (Figures 46a et 46b) ne dépassent pas plantes les plus courantes de la section For- 10 cm de long, tout en portant des fleurs mosae. Les pseudo-bulbes érigés atteignent qui atteignent 5 cm de diamètre. Les un mètre de haut et portent à leur sommet sépales et les pétales sont blancs, une cou- des inflorescences qui apparaissent après la leur qui contraste avec celle du labelle, chute des feuilles. Chacune de ces hampes d’un jaune soutenu. La floraison a lieu de florales, plutôt courtes, porte jusqu’à une janvier à mars et dure assez longtemps. D. vingtaine de fleurs blanches mesurant cha- christyanum Rchb. f. (syn. D. margarita- cune de 5 à 8 cm de diamètre. C’est une ceum Finet) est assez semblable quoiqu’un peu plus grand, et le labelle n’est teinté de jaune ou de rouge qu’en son centre. Il fleurit de juillet à septembre. Ces deux dernières espèces ont des racines très fragiles et se plaisent accro- chées sur fragment d’écorce ou dans des petits pots de terre cuite remplis de milieu bien drainant. Cependant, elles n’apprécient pas les rempotages et mettent très longtemps à retrouver leur crois- 46a – D. bellatulum. En culture. Mars 1988 (Photo M. Bourdon).

46b – D. bellatulum. Planche du “Curtis’s Botanical Magazine” (Vol. 130, planche 7985, 1904).

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plante qui fleurit plusieurs fois dans l’année en serre chaude et humide. Il est conseillé de donner trois semaines de repos sec aux plantes après la floraison. L’espèce est proche en aspect et en culture de D. sanderae Rolfe, qui s’en distingue seule- ment par les marques rouge pourpre à la base du labelle. Citons enfin, sans donner plus de détails, car nous connaissons mal ces espèces, D. draconis Rchb. f. et D. tobaense J.J. Wood & J.B. Comber.

C) Sous-genre Rhopalabium Schltr. Le dernier sous-genre abordé est le sous-genre Rhopalabium dont les caracté- ristiques sont semblables à celles du sous- genre Dendrobium mais les pseudo-bulbes sont épaissis seulement au niveau de quelques entrenoeuds. Seule la section Rhopalanthe comprenant peu d’espèces, mais dont les modes de végétation et de floraison sont intéressants, sera abordée ici.

(8) Section Rhopalanthe Schltr. La plante qui va être décrite ici est la fameuse orchidée “pigeon”, D. crumena- tum Swartz (Figures 47a, 47b et 47c), 47a – D. crumenatum. En culture. Avril 1987 répandue de l’Inde aux Philippines. Cette (Photo M. LECOUFLE). espèce lithophyte ou épiphyte est assez variable en taille selon son origine. En par- ticulier, les plantes provenant du Sri Lanka sont très petites (de 5 à 8 cm de haut) comparées à celles se développant dans d’autres régions, où elles peuvent atteindre 60 à 90 cm. Les fleurs sont groupées par 3

CARACTÉRISTIQUES DE LA SECTION RHOPALANTHE Les pseudo-bulbes sont extrêmement fins à leur base, nettement épaissis dans leur partie médiane puis à nouveau étroits dans leur partie apicale, ce sui leur donne un aspect “ventru”. Par ailleurs, le labelle des fleurs porte un cal très proéminent. 47b – D. crumenatum. En culture. Septembre 1998 (Photo M. GIRAUD).

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en général en réponse à une chute sou- daine des températures, par exemple après des précipitations violentes. En effet, une baisse des températures de 5 à 10 °C induit une floraison qui intervient précisé- ment 9 jours après ce stimulus thermique. Les fleurs sont toujours très parfumées et attirent de nombreux pollinisateurs dans les heures qui suivent l’ouverture des bou- tons. Ce mode de floraison surprenant est intéressant pour l’amateur qui peut le reproduire artificiellement en abaissant momentanément la température.

Tableau récapitulatif des sous-genres et sections du genre Dendrobium.

Sous-genre Section Exemple d’espèce Athecebium Desmotrichum Devenue le genre Flickingeria Athecebium Mycrophytante D. bulbophylloides Athecebium Diplocaulobium Traitée comme un genre à part entière Athecebium Euphlebium D. coeloglossum Athecebium Rhizobium D. linguforme Athecebium Callista D. densiflorum Athecebium Dendrocoryne D. kingianum 47c – D. crumenatum. Planche du “Botanical Athecebium Sarcopodium Section traitée comme un genre register” (Vol. 25, planche 22, 1839). à part entière Athecebium Latouria D. macrophyllum ou 5 par inflorescence, mais sont très Dendrobium Dendrobium D. moniliforme nombreuses sur chaque plante du fait de la Dendrobium Pedilonum D. bullenianum Dendrobium Calyptrochilus D. lawesii présence de multiples hampes florales. On Dendrobium Oxyglossum D. cuthbertsonii peut d’ailleurs préciser que le nombre Dendrobium Breviflores D. aduncum d’inflorescences (et donc de fleurs) est pré- Dendrobium Stachyobium D. delacourii Dendrobium Fytchianthe D. fytchianum défini et dépend à la fois du nombre de Dendrobium Phalaenanthe D. biggibum nœuds qui ont déjà produit des inflores- Dendrobium Eleutheroglossum D. ngoyense cences et du nombre de ceux qui n’en ont Dendrobium Spatulata D. stratiotes Dendrobium Trachyrhizum D. viridiflorum pas encore produit. Leur taille est extrême- Dendrobium Formosae D. dearei ment variable, ainsi que l’intensité de leur Dendrobium Amblyanthus D. xanthomesum parfum, qui peut être très léger ou suffi- Dendrobium Kinetochilus D. pectinatum samment intense pour parfumer au Rhopalabium Rhopalanthe D. crumenatum contraire toute une pièce. Les couleurs Xerobium Aporum D. leonis Xerobium Oxystophyllum D. acianthum dominantes sont le blanc et le jaune, avec Xerobium Dichopus D. insigne parfois des marques roses ou violettes. Xerobium Eriopexis D. hellerianum C’est une espèce à floraison grégaire, ce Xerobium Macroladium D. cunninghamii Xerobium Dolichocentrum D. furcatum qui signifie que toutes les plantes d’une Xerobium Conostalyx D. lobbii même station fleurissent simultanément, Xerobium Monanthos D. bilobum

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Conclusions permanentes pour l’amateur. Chacun Cet article avait pour objectif de d’eux, novice ou chevronné, peut y trou- montrer à quel point Dendrobium repré- ver des plantes à son goût et qui corres- sente un genre unique au sein des orchi- pondent à ses possibilités et conditions de dées par sa diversité. J’espère que cet culture. Pour faciliter les recherches de objectif aura été atteint. De la miniature plantes, une courte liste de producteurs (D. cuthbertsonii) à la plante de très proposant la vente par correspondance est grande taille (D. moschatum), avec une donnée, permettant de trouver quelques variété de parfums, de formes et de cou- espèces hors des sentiers battus… leurs quasi illimitée, ce genre se révèle *David LAFARGE une source de surprises et de découvertes Courriel: [email protected]

Où se procurer des Dendrobiums ? web.com • Jean Luc MONTOUCHET (Maison Seule Orchi- • Orchid Palace (Allemagne) http://www. orchi- dées, France) deenshop.de/ • La Cour des Orchidées (France) http://www. • Orchideeën WUBBEN (Pays Bas) http://www. lacourdesorchidees.fr orchidwubben.com • Orchidées Marcel LECOUFLE (France). Courriel: • Orchidées Passion (Belgique) http://orchidee pas- [email protected] sion.com • Orchids Limited (USA) http://www.orchid

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