Avis d’expertise :

Protection sanitaire du puits du Hounta à Saint-Laurent-de-Neste (65)

BRGM/RP-65845-FR Août 2016

Cadre de l’expertise :

Appuis aux administrations ❑ Appuis à la police de l’eau 

Date de réalisation de l’expertise : Avril 2016

Localisation géographique du sujet de l’expertise : Saint-Laurent-de-Neste (65)

Auteurs BRGM : JM. Gandolfi

Demandeur : ARS 65

Le système de management de la qualité et de l’environnement est certifié par AFNOR selon les normes ISO 9001 et ISO 14001.

Ce rapport est le produit d’une expertise institutionnelle qui engage la responsabilité civile du BRGM.

Ce rapport d’expertise (annexes incluses) constitue un tout indissociable et complet ; une exploitation partielle ou sortie du contexte particulier de l’expertise n’engage pas la responsabilité du BRGM.

Ce document a été vérifié et approuvé par :

Approbateur : Date : 26/08/2016

Nom : AV Hau-Barras Déléguée territoriale Midi-Pyrénées

Vérificateur : Date : 25/08/2016

Nom : D. Allier

Mots-clés : Expertise, Hydrogéologie, Captage AEP, Protection sanitaire, Origine eau captée, Hautes- Pyrénées, Saint-Laurent-de-Neste, Puits du Hounta.

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

Gandolfi J.M. (2016) – Avis d’expertise – Protection sanitaire du puits du Hounta à Saint-Laurent-de-Neste (65). Rapport BRGM/RP-65845-FR, 12 p.

© BRGM, 2016, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.

Expertise – Protection sanitaire du puits du Hounta (65)

Synthèse

Contexte :

Date de la formulation de la demande d’expertise au BRGM : novembre 2015

Demandeur : ARS 65

Nature de l’expertise / question posée : Avis technique sur les différentes hypothèses émises sur l’origine des eaux captées par la source du Hounta

Situation du sujet : Puits du Hounta à Saint-Laurent-de-Neste (65)

Date d’occurrence ou de constat : Avril 2016

Nature de l’intervention du BRGM : Examen de documents, visite de site

Dossier examiné : documents remis par l’ARS 65 (cf § 2 du présent rapport)

Diagnostic du BRGM :

Le BRGM a mené, à la demande de l’ARS, délégation départementale de Hautes-Pyrénées, une expertise hydrogéologique sur l’origine des eaux captées par la source du Hounta. Elle s’appuie sur l’examen de la documentation remise dans ce cadre et vise à conforter ou pas l’hydrogéologue agréé dans la définition des périmètres de protection de la source, celle-ci connaissant une tendance à la hausse continue des teneurs en nitrates dans ses eaux.

Les travaux réalisés dans l’étude complémentaire de mai 2015 sont jugés d’intérêt pour améliorer la connaissance du fonctionnement hydrogéologique du secteur, mais incomplets. Le schéma hydrogéologique proposé par le bureau d’études : alimentation de la source du Hounta à partir des seuls calcaires du Crétacé inférieur situés au sud de la Neste (bassin d’alimentation depuis Hautaget et Saint-Arroman), n’est pas réaliste aussi bien sur le plan hydraulique que hydrochimique.

L’hypothèse émise par l’hydrogéologue agréé dans son avis sur l’origine des eaux captées par la source du Hounta est la plus probable dans l’état des connaissances actuelles : « Source artésienne issue des écoulements au sein des schistes marno-gréseux fissurés de l’Albo-cénomanien, sous couverture alluviale, et drainés par une bande de calcaires bréchiques karstifiés du Crétacé inférieur. Elle jaillit dans un secteur érodé récemment par la Neste à la faveur de discontinuités tectoniques ».

Recommandations du BRGM :

Une origine multiple des eaux de la source du Hounta est cependant envisageable. Il est recommandé la réalisation d’une étude complémentaire par une approche isotopique (cf. § 4.2). Il est également conseillé de mener une réflexion sur la faisabilité d’une prolongation du périmètre de protection rapprochée le long des berges de la Baquère amont afin d’assurer une meilleure efficacité dans la protection qui sera mise en œuvre.

BRGM/RP-65845-FR 3 Expertise – Protection sanitaire du puits du Hounta (65)

Sommaire

1. Contexte et objet de l’appui ...... 5

2. Documents remis et consultés ...... 5

3. Discussions...... 6

3.1. ÉTUDE PRÉALABLE (CACG, MARS 2011) ...... 6

3.2. ÉTUDE COMPLÉMENTAIRE (ANTEA, MAI 2015) ...... 6

3.3. VISITE DU 25 NOVEMBRE 2015 ET EXAMEN DES RÉSULTATS D’ANALYSES COMPLEMENTAIRES ...... 9

3.4. PROPOSITIONS DE L’HYDROGÉOLOGUE AGRÉÉ POUR LA PROTECTION DU CAPTAGE DU HOUNTA ...... 11

4. Avis et recommandations ...... 11

4.1. AVIS ...... 11

4.2. RECOMMANDATIONS ...... 12

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1. Contexte et objet de l’appui

L’ARS 65 (Agence Régionale de Santé Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, délégation départementale de Hautes Pyrénées) a sollicité le BRGM Midi-Pyrénées, pour émettre un avis d’expertise, sur la protection sanitaire du captage AEP de la source du Hounta située à Saint- Laurent-de-Neste (65). Cette expertise a été réalisée au titre de l’Appui à la Police de l’Eau 2016 ».

La source du Hounta (N° BSS 10546X0010) est située sur la commune de Saint-Laurent-de-Neste dans la vallée de la Neste, en rive gauche (parcelle n° 648, section B). Elle est exploitée par le SIAEP de l’Arize pour les besoins en eau potable du syndicat à hauteur d’environ 60 000 m3/an. La source est captée par plusieurs drains de 7,5 à 8,85 m de profondeur mis en place dans un puits de grand diamètre. Elle est artésienne avec un débit naturel moyen de l’ordre de 11 l/s. Le contexte géologique et hydrogéologique local est hétérogène et complexe. Plusieurs hypothèses sont émises quant à l’origine des eaux captées par la source. L’objet de l’appui est d’émettre un avis sur ces hypothèses afin de conforter ou pas l’hydrogéologue agréé dans la définition des périmètres de protection de la source, celle-ci connaissant une tendance à la hausse continue des teneurs en nitrates dans ses eaux.

Dans le cadre de la mise en conformité des périmètres de protection du captage, le SIAEP de l’Arize a demandé en 2011 l’avis d’un hydrogéologue agréé sur la protection sanitaire du captage sur la base de l’étude préalable de mars 2011 réalisée par la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG). Au vu de la complexité hydrogéologique du secteur, l’hydrogéologue agréé a demandé une étude complémentaire qui a été réalisée par le bureau d’études ANTEA en mai 2015. C’est sur cette base que l’avis de l’hydrogéologue agréé a émis son avis en août 2015.

Cette mission d’expertise est basée sur l’analyse des documents existants remis par l’ARS 65 (cf. § 2), en particulier l’avis de l’hydrogéologue agréé d’août 2015 dont les conclusions diffèrent sensiblement avec celles émises par le bureau d’études ANTEA. Le présent rapport rend compte des résultats de l’expertise.

2. Documents remis et consultés

L’ARS 65 a remis, dans le cadre de la présente mission d’appui à la police de l’eau, les documents suivants : - étude préalable : « Mise en conformité des périmètres de protection des points de prélèvement d’eau potable de la commune de Saint-Laurent-de-Neste – Puits du Hounta », rapport CACG, mars 2011 ; - courrier de l’hydrogéologue agréé Georges OLLER à l’ARS pour la demande d’une étude complémentaire sur la source du Hounta, 28 décembre 2011 ; - « étude complémentaire à l’étude préalable à la visite de l’hydrogéologue agréé – Puits du Hounta à Saint-Laurent-de-Neste », rapport ANTEA Group A78274/A, mai 2015 ; - « avis hydrogéologique sur la protection sanitaire du puits du Hounta à Saint-Laurent-de-Neste alimentant en eau potable le syndicat intercommunal de l’Arize (Hautes-Pyrénées) », Hydrogéologue agréé Georges OLLER, août 2015 ; - résultats d’analyses sur le puits du Hounta et 3 ouvrages voisins du 9 décembre 2015.

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3. Discussions

3.1. ÉTUDE PRÉALABLE (CACG, MARS 2011)

L’étude préalable a été réalisée par la CACG en mars 2011. Elle amène peu de données et d’argumentations pour comprendre le fonctionnement hydrogéologique complexe lié au captage du puits du Hounta. Il est proposé plusieurs hypothèses peu précises sur la (les) zone(s) d’alimentation du captage, avec la proposition de périmètres de protection rattachés à chacune de ces hypothèses : - les formations calcaires fissurées de l’Aptien constituant le substratum au sud et à l’ouest du captage, et potentiellement alimentées par la perte de la Neste à Anères ; - les formations alluviales, notamment celles faisant l’objet d’échanges hydrauliques avec le ruisseau de la Baquère, au nord-ouest du captage ; - les formations argilo-gréseuses et schisteuses armant la terrasse alluviale située à la base du plateau de Lannemazan, au nord-nord-ouest du captage.

Il y est suggéré qu’une part relative plus importante des deux dernières formations participerait au débit du captage au vu des caractéristiques de la qualité de l’eau captée (conductivité, nitrates, température).

Aucune donnée piézométrique ne vient étayer précisément l’hypothèse d’une participation des formations calcaires au débit du captage. Il s’avèrera par la suite que cette hypothèse n’est pas réaliste au regard des niveaux piézométriques observés au droit de la source du Hounta. D’autre part, le débit naturel de cette source a été sensiblement sous-évalué dans le rapport de la CACG (4,5 à 6,7 l/s, pour une estimation supérieure à 10 l/s).

À juste titre, l’hydrogéologue agréé juge, à l’époque, insuffisants et peu précis les éléments apportés par l’étude préalable de mars 2011 pour émettre son avis sur la protection sanitaire du captage du Hounta, et demande une étude complémentaire portant principalement sur : - une meilleure description des caractéristiques géométriques du captage, de sa coupe technique, et la mesure du niveau statique du puits artésien ; - l’amélioration des connaissances géologiques et hydrogéologiques sur l’(les) aquifère(s) capté(s), l’origine de l’eau, le sens d’écoulement de la nappe, l’origine des nitrates constatés dans les eaux du captage en quantité non négligeable ; - une approche plus précise de l’occupation du sol sur la (les) zone(s) d’alimentation identifiée(s).

3.2. ÉTUDE COMPLÉMENTAIRE (ANTEA, MAI 2015)

Cette étude a été commanditée par le SIAEP afin de fournir à l’hydrogéologue agréé l’ensemble des éléments techniques nécessaires à l’amélioration des connaissances de la ressource captée pour qu’il puisse définir l’origine des eaux captées et les périmètres de protection associés. En effet le caractère fortement artésien de la source du Hounta soulève un questionnement vis-à-vis de l’origine des eaux et la nature de l’aquifère capté.

Plusieurs travaux ont été réalisés dans cette optique :

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Niveau piézométrique de la source du Hounta

La mesure du niveau piézométrique a été réalisée convenablement par le rehaussement de 4 m des drains captant la source dans le puits. Le niveau s’établit, hors exploitation du captage, à 465 m NGF, sachant que les niveaux relevés dans la plaine alluviale de la Neste s’établissent une dizaine de mètres plus bas, et que les niveaux du captage Loubarouy (N° BSS 10546X0005) à Saint-Paul se placent entre 450 et 452 m NGF.

Comme l’indique l’hydrogéologue agréé dans son avis, et au vu des quelques niveaux d’eau mesurés sur la Neste et la plaine alluviale de la Neste par ANTEA, il est impossible que la nappe alluviale de la Neste ou la rivière du même nom, du moins dans la portion en aval d’Anères, puisse hydrauliquement participer à l’écoulement de la source du Hounta. De plus, la présence d’affleurements de calcaires du Crétacé inférieur sur les berges de la Neste au niveau d’Anères est observée. Aucune source n’y est identifiée. Ces formations fissurées, voire karstifiées, seraient à l’origine des pertes de la Neste à ce niveau, à une cote NGF inférieure à celle du niveau piézométrique mesuré au droit de la source du Hounta.

Par contre, les mesures du niveau d’eau effectuées sur les ruisseaux situés au nord-ouest de la source du Hounta (la Baquère : 467,52 m NGF, le Vivier : 471,61 m NGF), sont en charge par rapport à la source du Hounta. Les eaux issues du secteur nord-ouest (terrasses étagées de la de Neste) pourraient ainsi participer à la ressource captée au niveau de la source, dans la mesure où une continuité hydraulique serait caractérisée entre les formations présentes au droit de ce secteur (alluvions du Mindel, flysch albo-cénomanien) et les calcaires identifiés vers 8 m au droit de la source du Hounta.

Mesure du débit naturel de la source du Hounta

L’aménagement du trop-plein de la source a été réalisé dans les règles de l’art avec une mesure du débit naturel moyen de l’ordre de 11 l/s. La chronique de débit sur quasiment un cycle hydrologique ne montre aucune variation brutale des débits, et révèle une certaine inertie du système avec cependant une influence relative des périodes de recharge de la nappe.

Comme indiqué dans le rapport ANTEA, ces observations sont incompatibles avec l’hypothèse d’un système karstique réactif et bien organisé, mais plutôt avec un système double conjuguant des circulations d’eau dans des milieux contrastés en termes de porosité.

Réalisation d’un pompage d’essai sur la source du Hounta par ANTEA

Pour des raisons techniques et de capacité de stockage du syndicat, la durée du pompage en continu a dû être limitée à 24 h, et à un débit sensiblement inférieur aux capacités de l’ouvrage (42 m3/h). L’ensemble des paramètres mesurés s’est révélé stable durant l’essai (débit, conductivité, température, teneurs en nitrate). Les fortes baisses observées durant l’essai sans raison apparente (cf. figure 12, rapport ANTEA, abscisses : 480, 960, 1 140 mn) sont attribuées à l’exploitation du puits de Loubarouy par transfert de pression. Il est intéressant de constater que ces décrochements se font en 2 phases distinctes : un premier de l’ordre de 10 cm, relativement atténué, un second de l’ordre de 35 cm sensiblement plus brutal. Ces résultats confirment les études antérieures stipulant que les deux aquifères captés sont en relation hydraulique, mais que celui de Loubarouy est constitué d’un mélange d’eau de la nappe alluviale de la Neste et d’une nappe contenue dans un aquifère plus profond (de type fissuré, voire karstifié). C’est ce seul dernier aquifère qui est en relation de pression avec la ressource captée au puits du Hounta.

Si les ouvrages du Hounta et de Loubarouy sollicitent une ressource commune, les ressources globales les alimentant doivent être considérées comme différentes.

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Sondages de reconnaissances et investigations géophysiques

4 sondages de reconnaissance ont été réalisés par ANTEA pour contrôler la nature des formations géologiques. Ils confirment la complexité et l’hétérogénéité des formations en place, avec de probables discontinuités géologiques sous les formations alluviales (plis redressés, accidents tectoniques). Il est regrettable que les calcaires traversés dans le seul sondage S3 n’aient pu être clairement caractérisés. En effet, la probable proximité d’une faille tectonique est susceptible d’associer des formations bréchiques à éléments de calcaires potentiellement aquifères. La seule coupe géologique disponible, et située à proximité du puits Loubarouy (cf. figure 17, rapport ANTEA), montre en effet que les marnes noires (flysch) ont vraisemblablement été localement érodées par la Neste, dans un changement brutal de direction de son cours. Ce décapage permet potentiellement de mettre en relation hydraulique les formations calcaires de l’Aptien, plus ou moins redressées, avec les formations sus-jacentes.

Les investigations géophysiques ont permis de mettre en évidence de façon claire des directions de faille, notamment celle de direction N110 sur laquelle s’alignent localement toutes les émergences (sources du Hounta, sources de Saint-Paul et de Loubarouy). L’EM34 en dipôle vertical caractérise fidèlement cette faille qui, au vu de la faible résistivité apparente en profondeur, est caractéristique d’un drain aquifère selon la même direction. Dans le secteur du captage du Hounta, il est noté que les résistivités apparentes de part et d’autre de ce drain sont plus résistantes et ne montrent pas de réelles interconnections hydrauliques entre les formations calcaires de l’Aptien (situées plus au sud) et l’aquifère capté par la source du Hounta. Les interconnections semblent vraisemblablement provenir des formations bordant le pied du plateau de selon une direction N110. Par contre, au regard des résultats de la géophysique, un drain de direction moyenne N60, pourrait alimenter partiellement le captage de Loubarouy, hypothèse compatible avec les niveaux piézométriques mesurés localement.

Les sondages de reconnaissance et les investigations géophysiques confirment la complexité du contexte géologique sous recouvrement alluvial et la présence de drains liés à la tectonique selon des directions N110 et N60.

Qualité des eaux et fonctionnement hydrodynamique de l’aquifère

Si la caractérisation chimique des eaux et son interprétation par ANTEA sont jugées d’intérêt pour améliorer la connaissance du fonctionnement hydrogéologique du secteur (cf. § 6.5, rapport ANTEA), les conclusions sont de fait essentiellement dirigées vers l’hypothèse d’une alimentation de la source du Hounta à partir des seuls calcaires du Crétacé inférieur situés au sud de la Neste (bassin d’alimentation depuis Hautaget et Saint-Arroman). Comme le mentionne l’hydrogéologue agréé dans son avis, il est difficilement imaginable qu’une eau captive sous les flyschs en traversant la Neste puisse avoir une telle stabilité physico-chimique au cours du temps. Le BRGM partage cet avis. En effet, si tel était le cas, ces eaux seraient dotées de toute évidence de températures sensiblement plus élevées ainsi que de teneurs en oxygène dissous bien moindres. Elles auraient probablement subi une dénitrification naturelle avec des teneurs en nitrates plus contrastées et surtout sensiblement plus faibles que celles observées à la source du Hounta (de l’ordre de 20 mg/l), seule valeur élevée sur le secteur.

L’ensemble du rapport ANTEA à partir du § 6 (caractérisation de la chimie des eaux et du fonctionnement hydrodynamique de l’aquifère), bien que l’approche technique soit intéressante, se veut à caractère purement démonstratif, dans l’optique de valider l’hypothèse pressentie. Aucune autre hypothèse, notamment celle proposée par l’hydrogéologue agréé, n’est étudiée. En effet, si les flyschs ne peuvent être considérés comme une formation fortement aquifère, leur nature marno-gréseuse et schisteuse favorise cependant les circulations d’eau principalement lorsque les flyschs sont fissurés. Les alluvions du Mindel et les ruisseaux comme La Baquère sont susceptibles d’être directement en relation hydraulique avec ces flyschs. Les formations bréchiques associées aux failles sont susceptibles de constituer un véritable drain avec la

BRGM/RP-65845-FR 8 Expertise – Protection sanitaire du puits du Hounta (65) présence d’exutoires dans la plaine de la Neste lorsque les formations marno-gréseuses de l’Albo- cénomaniens sont décapées par la Neste.

Origine des nitrates et des eaux captées

La démonstration d’ANTEA pour caractériser l’origine des nitrates en tentant de corréler la courbe d’évolution des nitrates dans la source du Hounta, avec celle des quantités de produits azotés vendus en région Midi-Pyrénées, n’est pas rigoureuse. Elle compare en effet des échelles très contrastées, et omet les potentielles filières courtes locales. L’interprétation visant à identifier l’origine des eaux captées s’appuie sur un seul prélèvement pour la datation, ce qui est jugé insuffisant. Cette approche nécessite de bien connaître la température et l’altitude de la recharge. Elle ne peut être utilisée que dans la mesure où les écoulements d’eau souterraine captée sont relativement bien connus, notamment la localisation de la recharge du système, et l’homogénéité des écoulements au sein de l’aquifère en présence. Ce qui n’est vraisemblablement pas le cas, aussi bien pour la source du Hounta que celle de Loubarouy. 15 18 L’interprétation isotopique à partir de l’azote et de l’oxygène de NO3 (δ N & δ O) ne peut être considérée, dans le cas présent, comme un argument suffisant pour déterminer l’origine des nitrates dans les eaux du captage. S’ils sont généralement utilisés comme traceurs intrinsèques des nitrates permettant de distinguer différents pôles et d’identifier des processus de dénitrification dans la nappe lorsqu’ils existent, il aurait été judicieux d’associer cette approche avec l’analyse des isotopes du bore (δ11B) qui constituent généralement un bon traceur des eaux usées domestiques et permet ainsi de compléter l’information obtenue par les isotopes du nitrate. Il aurait été également intéressant que les différentes sources locales de nitrates soient identifiées sur la base d’investigations de terrain. Dans le cas présent aucune investigation de terrain n’a été menée, aussi bien dans le secteur au sud de la Neste que dans celui situé au nord-ouest du captage.

Conclusions sur le fonctionnement hydrodynamique de l’aquifère

Le schéma hydrogéologique proposé dans l’étude complémentaire n’est pas réaliste pour toutes les raisons exposées ci-avant. Au minimum, il est seulement possible de se questionner sur une participation relative aux écoulements de la source du Hounta à partir du bassin d’alimentation proposé par ANTEA, mais sans en être la composante principale. Comme stipulé précédemment, ANTEA n’aborde jamais l’hypothèse proposée par l’hydrogéologue agréé avec un bassin d’alimentation situé au nord-ouest du captage (depuis la terrasse de La Barthe de Neste). Cette hypothèse n’a donc pas été étudiée et les données mises à disposition de l’hydrogéologue agréé sont insuffisantes pour certifier l’origine des eaux captées dans la source du Hounta. Elle est pourtant vraisemblable d’un point de vue hydrogéologique comme indiqué dans l’avis de l’hydrogéologue agréé. Les teneurs en nitrates dans le captage du Hounta peuvent tout à fait voir leur origine à partir un tel bassin d’alimentation (nombreuses parcelles cultivées, urbanisation proche). Les teneurs en nitrates (24 mg/l) relevées dans le ruisseau de La Baquère en amont du captage, et similaires à celles relevées sur le captage du Hounta confortent d’ailleurs cette hypothèse. Elles n’ont pas été mises en avant dans l’étude complémentaire.

3.3. VISITE DU 25 NOVEMBRE 2015 ET EXAMEN DES RÉSULTATS D’ANALYSES COMPLÉMENTAIRES

Une visite du site en compagnie des services de l’ARS et de l’hydrogéologue agréé a été effectuée par le BRGM le 25 novembre 2015. Elle a permis de reconnaître les différentes émergences dans la plaine alluviale de la Neste au pied du plateau de Lannemezan. Elles s’alignent toutes suivant une direction N110 correspondant à la faille tectonique mise en évidence dans l’étude complémentaire.

BRGM/RP-65845-FR 9 Expertise – Protection sanitaire du puits du Hounta (65)

Un piézomètre (N° BSS 10546X0026), appartenant au réseau national de contrôle et de surveillance de l’état quantitatif des masses d’eau souterraine est localisé à environ 200 m du captage de Loubarouy. Il concerne les alluvions de la Neste. Aucune coupe géologique de cet ouvrage n’est disponible, seule sa profondeur d’une quarantaine de mètres est archivée à notre connaissance. À cette profondeur, il est probable que cet ouvrage recoupe d’autres formations que les alluvions. Il s’agit soit des flyschs de l’albo-cénomanien, soit des calcaires de l’Aptien, dans la mesure où les flysch ont été décapés localement ( ?).

La source du Hounta n’ayant révélé aucune présence de produits phytosanitaires dans ses eaux, le BRGM et l’hydrogéologue agréé ont souhaité confirmer cette situation en demandant aux services de l’ARS d’analyser également sur quelques points de la plaine les produits de dégradation des molécules les plus utilisées localement. En conséquence, 4 points ont été prélevés pour analyse par l’ARS le 9 décembre 2015 à savoir : - la source du Hounta ; - la source Saint-Paul ; - la source du captage de Loubarouy ; - le piézomètre du réseau.

Les résultats d’analyses ont été transmis au BRGM en complément en février 2016. Ils appellent les commentaires suivants :

Les eaux du captage du Hounta et de la source Saint-Paul ont un faciès très similaire confirmant qu’elles proviennent du même aquifère. De l’ESA métolachlore (métabolite du métolachlore qui est largement utilisé actuellement pour la culture du maïs) est décelé dans les deux sources en relative faible quantité (respectivement 0,014 et 0,019 µg/l). Cette présence de métabolite est classique dans les eaux souterraines dans les secteurs agricoles. Elle témoigne donc de l’impact des activités agricoles liées à la culture du maïs dans son bassin d’alimentation. La présence de nitrates dans ces eaux pourrait être en relation avec ces mêmes activités, du moins en partie. Aucune autre trace de produit phytosanitaire n’est décelée dans les eaux (molécule mère et/ou leurs produits de dégradation). Les teneurs en nitrates sont similaires (de l’ordre de 17,5 mg/l).

La source de Loubarouy montre un faciès moins minéralisé, sans doute influencée par des apports de la nappe alluviale. Aucune trace de produit phytosanitaire n’est décelée. Les teneurs en nitrates sont très faibles (4,07 mg/l).

Le piézomètre du réseau est par contre fortement contaminé par des produits phytosanitaires qui ont été interdits depuis 2008 (alachlore) et 2011 (acétochlore, avec un usage jusqu’en 2013), avec des teneurs dépassant largement les normes de potabilité (respectivement 0,127 et 1,99 µg/l). Il est également noté la présence d’ESA alachlore à des teneurs moindres mais non négligeables (0,041 µg/l). Ces molécules ont été largement utilisées dans le passé, en particulier pour la culture du maïs et du tournesol. Aucune trace de métolachlore ou de ses métabolites n’est détectée dans les eaux. Des teneurs moyennement élevées en nitrates pour le secteur sont par contre relevées (21,5 mg/l). Ces résultats confirment bien la complexité géologique et hydrogéologique du secteur. Ces résultats montrent que : - le piézomètre ne capte pas la même ressource que les sources du Hounta et de Saint-Paul, voire du captage de Loubarouy ; - la contamination observée dans le piézomètre est relativement ancienne puisque les molécules présentes dans les eaux ne sont plus utilisées depuis au moins 8 ans (alachlore), 3 ans (acétochlore) ; - la présence conjuguée de la molécule mère (alachlore) et de son métabolite, témoigne d’un transfert rapide des eaux du sol vers la nappe, la molécule n’ayant pas eu le temps de se dégrader totalement dans le sol. En effet les programmes de recherches tendent à montrer que

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ce type de molécule se dégrade essentiellement dans le compartiment sol, et très faiblement lorsqu’elle a atteint la nappe ; - les très fortes teneurs observées témoignent qu’un stock est encore piégé dans les formations.

Il est difficile de déterminer l’origine de ces produits phytosanitaires alors qu’ils sont apparemment absents dans la nappe alluviale (notamment au captage de Loubarouy), ainsi que dans les sources du Hounta et de Saint-Paul. Une possibilité, au vu du long temps de transfert, pourrait résider dans l’hypothèse d’une origine provenant du bassin d’alimentation de Hautaget et Saint- Arroman, ou à partir des pertes de la Neste dans les calcaires de l’Aptien à Anères. Dans tous les cas, l’absence de métolachlore ou de ses métabolites dans les eaux du piézomètre, à la différence de la source du Hounta, permet difficilement d’envisager une origine commune des eaux. Dans le cas contraire, une incohérence serait alors mise en exergue vis-à-vis de l’âge des eaux.

3.4. PROPOSITIONS DE L’HYDROGÉOLOGUE AGRÉÉ POUR LA PROTECTION DU CAPTAGE DU HOUNTA

L’hypothèse émise par l’hydrogéologue agréé sur l’origine des eaux captées par la source du Hounta est la plus probable dans l’état des connaissances actuelles. Une origine multiple des eaux reste cependant envisageable et pourra faire l’objet d’études complémentaires dans le futur dans une optique d’amélioration des connaissances du secteur.

Le périmètre de protection immédiat actuel devra être amélioré comme cela est proposé par l’hydrogéologue agréé. La proposition du périmètre de protection rapprochée sur une surface de 4 ha, semble limitée, notamment au niveau des berges de La Baquère. En effet il est envisageable que ce ruisseau constitue un des vecteurs de la contamination en nitrates, au vu des teneurs qui y sont observées (24 mg/l en mai 2014 sur la Baquère amont selon le rapport ANTEA). Une prolongation plus en amont du périmètre de protection proposé pourrait être envisagée sur les berges de la Baquère afin de mieux contraindre la mise en œuvre d’une protection efficace du captage. Il peut être en effet réglementairement difficile d’assurer une protection efficace sur la seule zone sensible proposée par l’hydrogéologue agréé.

4. Avis et recommandations

4.1. AVIS

Le BRGM a mené, à la demande de l’ARS, délégation départementale de Hautes-Pyrénées, une expertise hydrogéologique sur l’origine des eaux captée par la source du Hounta. Elle s’appuie sur l’examen de la documentation remise dans ce cadre et vise à conforter ou pas l’hydrogéologue agréé dans la définition des périmètres de protection de la source, celle-ci connaissant en effet une tendance à la hausse continue des teneurs en nitrates dans ses eaux.

Les travaux réalisés par ANTEA dans le cadre de « l’étude complémentaire de mai 2015 » sont jugés d’intérêt pour améliorer la connaissance du fonctionnement hydrogéologique du secteur, mais incomplets. Le schéma hydrogéologique proposé, alimentation de la source du Hounta à partir des seuls calcaires du Crétacé inférieur situés au sud de la Neste (bassin d’alimentation depuis Hautaget et Saint-Arroman), n’est pas réaliste aussi bien sur le plan hydraulique que hydrochimique.

L’hypothèse émise par l’hydrogéologue agréé dans son avis sur l’origine des eaux captées par la source du Hounta est la plus probable dans l’état des connaissances actuelles : « Source

BRGM/RP-65845-FR 11 Expertise – Protection sanitaire du puits du Hounta (65) artésienne issue des écoulements au sein des schistes marno-gréseux fissurés de l’Albo- cénomanien, sous couverture alluviale, et drainés par une bande de calcaires bréchiques karstifiés du Crétacé inférieur. Elle jaillit, à la faveur de discontinuités tectoniques, dans un secteur érodé récemment par la Neste ».

4.2. RECOMMANDATIONS

Une origine multiple des eaux de la source du Hounta est cependant envisageable et pourra faire l’objet d’étude complémentaire dans le futur dans une optique d’amélioration des connaissances du secteur. Afin d’assurer une protection efficace de la ressource captée, il est recommandé de mener des investigations complémentaires sur les points suivants : - conforter la compréhension du fonctionnement hydrodynamique des différents aquifères concernés sur le secteur par la mise en œuvre d’une caractérisation isotopique du strontium ou de la molécule d’eau (δ18O/ δ2H) sur l’ensemble des compartiments d’eau du secteur (aquifères des calcaires de l’Aptien, flysch, nappe alluviale, la Neste, la Baquère et le Vivier). Cette approche pourrait permettre de mettre en évidence les différentes origines des eaux captées par les sources et les ouvrages de la plaine de la Neste. Elle devra être menée sur deux périodes hydrologiques contrastées ; - identifier les sources potentielles locales de nitrate à la source de Hounta sur la base d’investigations de terrain et des données de pratiques agricoles ; 15 18 - mener une étude isotopique (δ N & δ O des NO3) sur un plus grand nombre de points de prélèvement en associant si possible les isotopes du bore (δ11B) afin de distinguer l’influence des différentes sources de nitrates identifiées sur l’impact de la qualité des eaux de la source du Hounta et ainsi mieux agir sur la protection du captage.

Il est conseillé de mener une réflexion sur la faisabilité d’une prolongation du périmètre de protection rapprochée le long des berges de la Baquère amont afin d’assurer une meilleure efficacité dans la protection qui sera mise en œuvre.

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