DRAC-SRA

•2 0 JUIN 2008 L'établissement gallo-romain de La Chapelle Saint-Gilles à Gouape™ ARR1VEE (Côtes d'Armor)

Rapport Final d'Opération 31/03 - 18/04/2008

(Arrêté de prescription n° 2008-050)

Par Gaétan Le Cloirec avec la collaboration de Philippe Cocherel, Stéphane Jean, et Pierrick Leblanc

Institut national de recherches archéologiques préventives

Z1SS 2 Avril 2008 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles

SOMMAIRE

1. Données administratives, techniques et scientifiques P 5

D 6 Fiche signalétique ! Générique -P -7 - ^ Notice scientifique p .P -9 Fiche d'état du site.

d 19 2. Résultats de l'opération F _p. 20 2.1. Cadre de l'opération. 2.1.1. Les motifs de 1' intervention P 20 2.1.2. Le contexte géographique P- 22 2.1.3. Le contexte historique et archéologique P- 22 2.1.4. Méthodologie et problématiques P- 25

_p. 27 2.2, Présentation des vestiges _p. 27 2.2.1. Organisation générale,. Z-.Z,. 1 . V/lgCUiioauvii ¿JVIIVIVVXV. _ T 1 1 T 1 2.2.2. L'espace 1 P- 27 2.2.3. L'espace 2 p. 30 2.2.4. L'espace 3 p. 30 2.2.5. L'espace 4_ p. 31 2.2.6. L'espace 5 _p. 31 2.2.7. L'espace 6 P- 32 2.2.8. L'espace 7 p. 32 2.2.9. L'espace 8 p. 33 2.2.10. L'espace 9 p. 33 2.2.11. L'espace 10 p. 34

2.3. Un établissement atypique ? p 36 2.3.1. Des caractéristiques architecturales insolites p. 36 2.3.2. Des comparaisons lointaines p. 37 2.3.3. Une localisation particulière p. 39

_p. 41 2.4. Conclusion,

Bibliographie —P 42

_p. 43 Table des illustrations.

3. Inventaires techniques P 45

3 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

1 Données administratives, techniques et scientifiques Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

FICHE SIGNALETIQUE

LOCALISA TION DE L 'OPÉRA TION

Département : Côtes d'Armor COMMUNE : Gouarec Code INSEE : 22064

Lieu dit ou adresse : Chapelle Saint-Gilles

Année cadastre : Section(s) et parcelle(s) : B2. 195 Coordonnées Lambert Zone : Altitude : -

x1 — x2 = x3 =

y1 = y2 = y3 =

IDENTITE DE L'OPERATION

Arrêtés n° 2008-050 en date du 17/03/2008 Nature : prescription de diagnostic archéologique

Date d'intervention : du au 31/03/2008 au 18/04/2008

TITULAIRE (nom et prénom) : Le Cloirec Gaétan Organisme de rattachement : I.N.R.A.P.

Aménageur : commune de Gouarec Protection juridique :

Motif de l'opération : aménagements publics.

Maître d'ouvrage : I.N.R.A.P.

Contraintes techniques particulières : -

Surface : 1400 m2

Fouille menée jusqu'au substrat : OUI NON Sinon, altitude du fond de fouille :

RESULTATS SCIENTIFIQUES

MOTS CLES : (3 à 5 par rubrique)

- Chronologie : gallo-romain - Vestiges immobiliers : murs, fosse, trous de poteaux

- Vestiges mobiliers : céramiques, culot de forge.

COMMENTAIRE : vestiges d'une construction arasée de plan carré mesurant 17,60 m de côté.

LIEU DE DEPOT : du mobilier : dépôt départemental des fonds documentaires : S.R.A. Bretagne

N° des 10 à 20 diapos. les plus représentatives, fouille et mobilier) :

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU DFS

ANNEE : 2008 AUTEUR (nom, prénom) : Le Cloirec Gaétan

COLLABORATEUR(S) ayant participé à la réalisation du RFO : Jean Stéphane

TITRE L'établissement gallo-romain de la Chapelle Saint-Gilles à Gouarec (22) Sous-titre : Rapport Final d'Opération 31/03 - 18/04/2008 Nombre de volumes : 1 nbre de pages : 47 nbrefig. : 29

6 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

GENERIQUE

Intervenants :

Gaétan LE CLOIREC (I.N.R.A.P., chargé d'opérations et de recherches, responsable de l'opération)

Philippe COCHEREL (I.N.R.A.P., technicien)

Stéphane JEAN (I.N.R.A.P., dessinateurD.A.O.)

Pierrick LEBLANC (I.N.R.A.P., topographe)

Suivi de l'opération :

Stéphane DESCHAMPS (Conservateur Régional de l'Archéologie de Bretagne)

Laurent BEUCHET (S.R.A. Bretagne)

Gilbert AGUESSE

(I.N.R.A.P., Directeur Interrégional Grand-Ouest)

Michel BAILLIEU (I.N.RA.P., adjoint scientifique et technique)

Thomas ARNOUX (I.N.RA.P., assistant technique)

Eric AUEFRET

(I.N.R.A.P., contrôleur de gestion)

Olivier LAURENT (I.N.R.A.P., responsable du centre archéologique de Cesson-Sévigné, suivi de la D.I.C. T.)

Marie-Madelaine NOLIER (I.N.R.A.P., logisticienne)

Terrassements :

Entreprise COR VEST, Carhaix-Plouguer (29).

7 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

NOTICE SCIENTIFIQUE

Fig. 1 : vue générale de la fouille (cl. G. Le Cloirec / Irtrap 2008).

Des vestiges archéologiques ont été mis au jour par des travaux de terrassement dans le cimetière de la chapelle Saint-Gilles à Gouarec. Cette découverte était prévisible puisque l'existence d'une construction gallo-romaine était soupçonnée à cet endroit depuis le XIXe siècle. La proximité de la voie Rennes-Carhaix ajouté à la confluence du Doré et du , laissait supposer à certains auteurs qu'il s'agissait des restes d'une station routière alors que d'autres croyaient qu'une villa romaine se dressait sur cette hauteur.

Trois semaines d'intervention ont permis de dégager les fondations d'un édifice de 300 m2 dont le plan est fondé sur un axe de symétrie onenté nord-sud (fig. 1). L'effet de perspective qui en découle est focalisé sur une petite salle carrée dont les soubassements parementés se distinguent des imposants radiers qui dessinent le reste du plan. Cette particularité laisse supposer l'existence d'un rehaussement sur vide sanitaire qui contribue à valoriser l'espace médian au point d'y reconnaître un lieu de représentation sociale. De telles caractéristiques renvoient à un type de villa identifié dans les provinces du sud-est de l'Europe mais dont les exemples sont encore peu nombreux. Elles laissent interrogatif sur les liens du propriétaire avec ces régions lointaines mais posent aussi la question du rôle de l'établissement dans ce secteur particulier de la péninsule armoricaine. La frontière entre Vénètes et Osismes y côtoie effectivement le carrefour de deux voies importantes alors que la présence du confluent impose la multiplication des points de franchissement. L'édifice gallo-romain de la chapelle Saint-Gilles apparaît, au final, comme un repère qui surplombe cette zone de passages, de rencontres et d'échanges. C'est un édifice ostentatoire qui souligne certainement l'influence locale du notable qui l'a fait bâtir.

8 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

FICHE D'ETAT DU SITE

Les tranchées réalisées dans la partie ouest de la zone de prescription ont été remblayées à l'issue de notre intervention. Le reste de l'emprise a été laissé en l'état.

Afin de gagner du temps, une anomalie circulaire repérée à l'est de la construction mise au jour devait être abordée mécaniquement le dernier jour de la fouille (fig. 2). Malheureusement, la pluie n'a pas permis à l'entreprise de travaux publics d'être présente et la vérification prévue n'a donc pas pu se faire. Une rapide surveillance de travaux a donc été préconisée au Service Régional de l'Archéologie pour contrôler l'intérêt de la structure et, éventuellement, la fouiller quand les travaux de construction du columbarium commenceront et qu'un engin sera de nouveau surplace.

_ 100 m

emprise de la prescription de diagnostic

• localisation de la structure à vérifier

Fig. 2 : localisation d'une anomalie à vérifier (D.A.O. S. Jean et G. Le Cloirec /Inrap - 2008)

9 (22) - Chapelle Saint-Gilles Gouarec Avril 2008

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Fig. 3 : localisation du site sur la carte IGN 0818 O Guémené-sur-Scorff au l/25000e

10 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

emprise de la prescription de diagnostic

Fig. 4 : localisation des sondages dans le cadastre actuel

11 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

Liberté • Egalité - Fraternité RÉPUBltQUB FRANÇAISE

MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

PREFECTURE DE LA REGION BRETAGNE

le Préfet de la région de Bretagne, Préfet d'ille-et-Vilaine, Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre national du mérite,

ARRETE n° 2007-110 portant prescription de diagnostic archéologique

VU le code du Patrimoine, notamment son livre V ;

VU la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive, modifiée ;

VU le décret n° 2004-490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d'archéologie préventive ;

VU, la saisine par courrier en date du 8 novembre 2007 par monsieur le maire de Gouarec demandant en vertu des articles 10 et 12 du décret 2004^190 pris en application de la loi 2001-44 modifiée relative à l'archéologie préventive, la réalisation d'un diagnostic archéologique sur le terrain situé au cimetière de Gouarec reçue le 14 novembre 2007 par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne, Service Régional de l'Archéologie ;

CONSIDERANT que, en raison de leur localisation, les travaux envisagés sont susceptibles d'affecter des éléments du patrimoine archéologique ; en effet, les vestiges supposés d'une villa antique ont été reconnus dans la zone d'extension du cimetière

CONSIDERANT qu'il est nécessaire de mettre en évidence et de caractériser la nature, l'étendue et le degré de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents afin de déterminer le type de mesures dont ils doivent faire l'objet ;

ARRETE

Article 1er : Un diagnostic archéologique sera réalisé sur le terrain faisant l'objet des aménagements, ouvrages ou travaux susvisés, sis en :

Région : Bretagne

Département : Côtes d'Armor

Commune : Gouarec

Lieu-dit : chapelle Saint-Gilles

Cadastre : section : B2 parcelles : 195

Le diagnostic archéologique comprend, outre une phase d'exploration du terrain, une phase d'étude qui s'achève par la remise du rapport sur les résultats obtenus

Article 2 : Le diagnostic sera réalisé sous la maîtrise d'ouvrage de l'opérateur d'archéologie préventive retenu Les conditions de sa réalisation seront fixées contractuellement en application des article 28 à 34 du décret n° 2004-490 susvisé

Il sera exécuté conformément au projet d'opération élaboré par cet opérateur sur la base des prescriptions annexées au présent arrêté

Copie de l'arrêté de prescription

12 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril

Article 3 : Le mobilier archéologique recueilli au cours de l'opération de diagnostic est conservé par l'opérateur d'archéologie préventive retenu le temps nécessaire à son étude qui, en tout état de cause, ne peut excéder cinq ans à compter de la date de fin de la phase terrain du diagnostic

L'inventaire de ce mobilier, transmis avec le rapport de diagnostic, sera communiqué par le service régional de l'archéologie, au propriétaire du terrain afin que, le cas échéant, celui-ci puisse faire valoir ses droits L'exercice de ces droits appartient à la personne physique ou morale propriétaire à la date de début de l'intervention archéologique du terrain visé à l'article l6'

Article 4 : Le directeur régional des affaires culturelles est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera notifié au directeur interrégional de l'Institut national de recherches archéologiques préventives , à monsieur le maire, hôtel de ville, 22570 Gouarec

Fait à Rennes, le 30 novembre 2007

pour le Préfet de la région de Bretagne, Préfet d'Ille et Vilaine, le directeur régional des affaires culturelles, ie conservateur régional de l'archéologie,

Stéphane Deschamps

destinataires : mairie de Gouarec INRAP copie à préfecture de région

Copie de l'arrêté de prescription Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

Liberté • Egalité • Fraternité

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

PREFECTURE DE LA REGION BRETAGNE

le Préfet de la région de Bretagne, Préfet d'Ille-et-Vilaine, Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre national du mérite,

Prescriptions de diagnostic archéologique annexées à l'arrêté préfectoral numéro 2007-110

région : Bretagne

département : Côtes d'Armor

commune : Gouarec

lieu-dit : Chapelle Saint-Gilles

cadastre : section : B2 parcelles : 195

propriétaire : Mairie de Gouarec

pétitionnaire: Mairie de Gouarec

Emprise du diagnostic archéologique : 1 400 m2

Principes méthodologiques ;

Le diagnostic archéologique sera réalisé sous forme de décapages en tranchées, couvrant environ 5% de la superficie du tenain Les tranchées pourront être multipliées ou agrandies tant que de besoin, en fonction de la nature et de la densité des vestiges mis au jour

Objectifs :

Le diagnostic a pour but de repérer, de caractériser et de circonscrire d'éventuels vestiges archéologiques susceptibles d'être détruits par l'aménagment

Fait à Rennes, le 30 novembre 2007

pour le Préfet de la région de Bretagne, Préfet d'Ilfe et Vilaine, le directeur régional des affaires culturelles, le conservateur régional de l'archéologie,

Copie de l'arrêté de prescription

14 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

i A4 Poi trait Page 1 sur 1

Département des Côtes d'Armor - Communauté de communes de Kreiz-Breizh Commune de Gouarec Extrait du plan cadastral informatisé

'¿A V^- ¿a. cié

Source : service du Cadastre(c) Droits de l'Etat réservés Plan et information de Echelle 1 : 1000 l'année 2003 Date d'édition du document ; 9/11/2007

file://C:\Documents and Settings\ALLANO\Loca! Settings\Temp\MINIVUE\CACHE\EDITION\l - Po 09/11/2007

Copie de l'arrêté de prescription

15 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

Page 2 sur 3

FICHE DE PROJET DE DIAGNOSTIC

Réf. du projet : DA05024301 Affaire suivie par : Michel BAILLIEU

I IDENTIFICATION

II Site

Département : Côtes d'Armor Commune : GOUAREC Lieu-dit Chapelle Saint Gilles Nature du projet : Aménagements pnblics Références cadastrales Section B2 n° 195

1,2 Aménageur

Nom ou raison sociale : Collectivité MAIRIE DE GOUAREC Adresse Hôtel de Ville - - 22 570 GOUAREC Téléphone / télécopie Mairie de Gouarec (02/96/24/90/22) Représenté par Son Maire

1.3 Service instructeur

Service régional de l'Archéologie de : Bretagne Téléphone / télécopie 02 99 84 59 00 / 02 99 84 59 19 Dossier suivi par Laurent BEUCHET

1.4 Opération

Arrêté préfectoral n°2007-110 du 30/11/2007 reçu à l'Inrap le 05/12/2007

Numéro d'opération SRA Nature de l'opération Diagnostic Cadre de l'opération milieu rural Surface à traiter 1400 m2 Calendrier prévisionnel avril -mai 2008, à préciser auprès de l'aménageur Responsable pressenti Gaétan LECLOIREC

2 PROBLÉMATIQUE SCIENTIFIQUE

Conformément à l'airêté de prescription n°2007-110, l'objet du diagnostic consiste à reconnaître l'existence et l'état de conservation des vestiges archéologiques. Cette étude doit permettre de rassembler tous les éléments techniques et scientifiques permettant l'élaboration d'un éventuel projet de fouille préventive

3 CONTRAINTES TECHNIQUES

Les contraintes techniques seront déterminées ultérieur ement après contact avec l'aménageur

Direction interrégionale Grand Ouest 37, rue du Btgnon C.S. 87737 35577 CESSON-SEVIGNE CEDEX té! 33(0)2 23 36 00 40 DA05024301 - GOUAREC, Chapelle SaintGilles fax 33 {0)2 23 36 00 50 14 janvier 2008 www inrap fr

Copie du projet de diagnostic

16 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

Page 3 sui 3

4 MEIHODES ET IECHNIQUES ENVISAGEES

Le diagnostic consistera dans la réalisation de tranchées de sondage d'environ 20m de long disposées en quinconce et régulièrement réparties sur l'ensemble du projet La surface sondée dévia couvrir au moins 7% de l'emprise affectée par les ttavaux. Des fenêtres de décapage plus larges pour]ont êtie implantées afin d'évaluer plus finement l'état de conservation des vestiges.. Un nettoyage manuel et le cas échéant, une fouille pai échantillonnage seront réalisés sur les vestiges les plus significatifs du site afin de caractériser la nature et la chronologie des différentes entités archéologiques

5 VOLUME DES MOYENS PREVUS (en jours ouvrés) 5.1 Tranche ferme correspondant à la vérification de la présence ou de l'absence de vestiges :

5 1 1 Phase de terrain (incluant la préparation) :

Encadrement : 5 jours Iechnicien : 5 jours

5 12 Phase de post-fouille :

Encadrement : 3 jours Technicien : 3 jours

5.1.3 Moyens de terrassement à mettr e en œuvre : Pelle à chenilles : 3 jours et 1 transfert (pour l'ouverture) Pelle à chenilles : 1 jour ( pour le rebouchage ) 5.2 Provision correspondant à la caractéiisation des sites découverts :

5.2,1 Phase de terrain :

Encadrement : 10 jours Technicien : 20 joins Topographe : 3 jour s Spécialiste : 5 jours (expertises diverses)

5.2 2 Phase de post-fouille :

Encadrement : 10 jours Dessinateur : 7 jours Spécialiste : 5 jouis (études diverses) Spécialiste : 10 jouis (céiamologue) Technicien : 5 jours (traitement de la documentation et du mobilier) Iopogiaphe : 1 joui

5 3 3 Moyens de terrassement à mettr e en oeuvre :

Pelle à chenilles : 4 jours et 1 transfert (pour l'ouverture et le rebouchage) Mini pelle (avec chauffeur) : 5 jours

Fait à Cesson-Sévigné, le 14 janvier 2008

Michel BAILLIEU Adjoint Scientifique et Technique

DA0502430] - GOUAREC, Chapelle Saint Gilles 14 janvier 2008

Copie du projet de diagnostic

17 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

REÇU LE t î FEV. 2008 Liberté • Égalité • Fraternité A

PREFECTURE DE LA REGION BRETAGNE

le Préfet de la région de Bretagne, Préfet d'Ille-et-Vilaine, Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre national du mérite,

Arrêté n° 2008-029 portant désignation du responsable scientifique de l'opération d'archéologie préventive prescrite par arrêté n° 2007-110 du 30 novembre 2007

VU la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001 modifiée, relative à l'archéologie préventive, notamment son article 2;

VU le décret n° 2004-490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d'archéologie préventive, notamment son article 13

VU l'arrêté n° 2007-110 du 30 novembre 2007 portant prescription d'un diagnostic archéologique à réaliser à Gouarec - chapelle Saint-Gilles (22);

CONSIDERANT que le responsable d'opération n'a pas été désigné par l'arrêté susvlsé ;

ARRETE

Article 1er : Monsieur Gaétan Le Cloirec - Institut national de recherches archéologiques préventives est désigné(e) responsable scientifique du diagnostic prescrit(e) par l'arrêté n° 2007-110 du 30 novembre 2007 susvisé

Article 2 : Le directeur régional des affaires culturelles est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera notifié au directeur de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, à monsieur le maire de Gouarec (22)

Fait à Rennes, le 15 février 2008

pour le Préfet de la région de Bretagne, Préfet d'HIe et Vilaine, le directeur régional des affaires culturelles, le conservateur régionajde l'archéologie,

Stéphane Deschamps

destinataires ; INRAP Gaétan Le Cloirec

copie à mairie de Gouarec

Copie de l'arrêté de désignation

18 Goitarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

Résultats de l'opération

19 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

2.1. Cadre de l'opération

2.1.1. Les motifs de l'intervention

Un décapage de la terre végétale a été réalisé au printemps 2006 au nord du cimetière initial de la Chapelle Saint-Gilles à Gouarec dans les Côtes d'Ami or. Ces travaux préalables à la construction d'un columbarium ont fait apparaître des anomalies linéaires au niveau du substrat mis à nu (fig. 5). M. Bernard, ancien exploitant du champ, intrigué par ces traces suggéra à I abbé Dorange, alors recteur de la paroisse, qu'il pouvait s'agir des vestiges d'une ancienne église en interprétant une des structures comme un chevet en abside. Quelques mois plus tard, la construction du monument funéraire n'ayant pas encore été engagée, les paroissiens réunis pour le pardon de la Saint-Gilles1 furent invités par le curé à constater les traces visibles au sol. Face aux interrogations, le maire, qui était présent à la fête, proposa d'avertir les services de la DRAC pour évaluer l'intérêt de la découverte.

Monsieur Laurent Beuchet, en charge du département des Côtes d'Armor pour le Service Régional de l'Archéologie, s'est donc rendu sur place le 28 septembre 2007 pour effectuer les premières constatations. Il était accompagné de Monsieur Alain Provost, spécialiste de l'Antiquité gallo-romaine, qui travaille sur un inventaire archéologique regroupant plusieurs communes du Centre Bretagne dont Gouarec. Une dizaine de photos ont été prises à cette occasion et un plan succinct des structures visibles a été dressé confirmant dès lors la présence des traces d'une construction imposante (fig. 6). Malgré l'arasement important des vestiges, une origine gallo-romaine pouvait être attribuée à cet édifice grâce à quelques fragments de tuiles caractéristiques ainsi qu'au mode de mise en œuvre architecturale.

Une campagne de sondage a donc été présenté par les services de l'Etat afin que l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives définisse plus précisément l'intérêt du site.

Fig. 5 : état du terrain après décapage de la terre végétale effectué au printemps 2007. Les tracés de maçonneries anciennes se distinguent nettement à travers le substrat mis à nu (cl. A. Provost — septembre 2007).

1 l" septembre.

20 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

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Fig. 6 : plan schématique des premières observations (A. Provost et E. Philippe - septembre 2007).

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Fig. 7 : état du terrain au début du diagnostic archéologique le 31 mars 2008. Les traces des structures se sont estompées mais le terrain est resté propre et, surtout, vierge de toute végétation importante. Nul doute qu 'une intervention plus tardive aurait permis aux mauvaises herbes de compliquer largement les travaux (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

2.1.2. Le contexte géographique

Le bourg de Gouarec s'est développé sur la rive droite du Blavet à proximité de son confluent avec le Doré. Le nom même du village, « gwareg » en breton, désignerait la courbe qui est décrite par le cours d'eau. Le relief de ce secteur, particulièrement prononcé au sud-est, se caractérise par un vaste élargissement de la vallée du côté nord. C'est dans cette zone plane que le village s'est essentiellement développé mais le versant ouest a également été colonisé par des constructions récentes au point de rejoindre le secteur de la chapelle Saint-Gilles située sur une hauteur dominante. A cet endroit le substrat se compose de schiste altéré présentant des affleurements rocheux localisés. De nombreuses blocs de quartz blanc sont inclus dans cette matrice, par ailleurs homogène.

2.1.3. Le contexte historique et archéologique

Les nombreuses traces d'occupations repérées dans le secteur représentent toutes les périodes depuis le néolithique jusqu'à nos jours (fig. 8). Les plus anciennes correspondent à des allées couvertes en schiste ardoisier qui se trouvent dans le bois de Gouarec ainsi qu'au lieu-dit Kerivoalan sur la commune de Plélauff. Trois monuments comparables ont aussi été fouillés au bord des Gorges du Daoulas au lieu-dit Coat Liscuis sur la commune de Saint-Gelven.

tracés supposés 1 .site fossoyé,2.site fossoyé, 3.chapelle Saint-Gilles,4.céramique de l'Age du Bronze, 5.enclos gaulois fouillé, des voies antiques trésor monétaire osisme, 6. site fossoyé, 7. site fossoyé, 8. dépôt de haches à douille, 9. ensemble monétaire et statuettes d'époque romaine, 10. site fossoyé, 11. mines de Kerauter à Plélauff, 12. allée couverte, 13. fortification médiévale de Castel Cran, 14. allées couvertes, 15. dépôt monnétaire d'époque romaine et vestige d'un pont.

Fig. 8 : principaux vestiges archéologiques connus autour de Gouarec (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

22 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

Au bourg de Gouarec, plusieurs découvertes réalisées au niveau des cours d'eau rappellent que la vallée est un lieu de passage fréquenté depuis longtemps. Ainsi, une fosse contenant une céramique complète datée de l'Age du Bronze a été mise au jour au lieu-dit Kerminor à l'occasion des sondages effectués avant la construction de la voie rapide qui passera au nord de Gouarec1. Plus au sud, « deux cents coins en bronze », correspondant à un lot de haches à douille, ont été découverts en 1835 lors de la construction d'une écluse sur le canal de Nantes à Brest2. On se souvient également d'un ensemble monétaire retrouvé dans le lit de la rivière « en fouillant les fondations du pont de la Ville-Neuve ». D'après les témoignages, les frappes couvraient une période qui va du principat d'Auguste à celui de Gordien, soit du début du 1er siècle ap. J.-C. au Ille siècle ap. J.-C. Deux statuettes « en pierre blanche » sont également signalées mais doivent probablement correspondre à des figurations en terre de l'Allier, très communes à la même époque. Il serait alors séduisant d'interpréter ces trouvailles comme des offrandes liées à une zone de franchissement de la rivière par un axe de circulation principal, d'autant que deux voies importantes se croisent inévitablement dans cette zone : l'une reliant Rennes et Carhaix, l'autre venant du nord et permettant de rejoindre l'axe -Quimper un peu plus au sud.

La première, qui a été précisément étudiée par Jean-Yves Eveillard3, passe au sud de la chapelle Saint-Gilles et se suit encore facilement à l'ouest du bourg. L'autre axe est bien reconnu à proximité du Haut- mais se perd plus au sud avant d'éteindre le secteur de Gouarec vers lequel il pointe parfaitement4. Cette voie devait effleurer l'habitat gaulois de Laniscat fouillé en 2007 sous la responsabilité d'Eddy Roy et qui a notamment livré un trésor osisme de la fin de l'Age du fer. Une troisième voie relie Corseul à Quimper en passant le Blavet à proximité de l'Abbaye de Bon-repos où le passage est attesté par les vestiges d'un pont et la découverte d'un autre dépôt monétaire5. Non loin de là, se dresse les ruines du château de Castel Cran, une des plus anciennes fortifications médiévales de Bretagne.

Le bourg même de Gouarec présente une histoire assez floue. Son nom apparaît en 1184 dans la charte de fondation de l'abbaye de Bon-Repos où on peut lire que Alain, vicomte de Rohan, octroit à l'abbaye "la rivière de Blavet et ses deux rives per totum dominicum suum de Gouarec jusqu 'à Trégnanton (Troguenantum) en Saint-Gelven pour qu 'il puissent y faire des pêcheries, des écluses et des moulins " 6. Un château fort appartenant au vicomte Alain VIII de Rohan serait à l'origine du bourg mais un aveu rendu par Jean II de Rohan en 1471 indique qu'il n'est alors plus question que "d'apparence de ville forte ..." et de "grandes douves ". Chef-lieu de Châtellenie puis de duché des Rohan, Gouarec conserve de cette époque un ancien rendez-vous de chasse portant la date de 1634. Une prison et un auditoire sont néanmoins mentionnés dans des actes de ventes et de rétrocession du début du XIXe siècle.

Sur le plan religieux, la question est assez complexe. Ainsi, sous l'Ancien Régime, le lieu relevait de la chapelle Saint-Gilles qui était une trêve de la paroisse de Plouguernével, dépendant elle-même de l'évêché de Quimper. L'essentiel de l'édifice actuel a été élevé entre le XVIe et le XVIIIe siècle mais une bulle d'indulgence accordée le 30 avril 1387 pour sa construction atteste la préexistence d'un sanctuaire consacré à la Sainte Trinité. Il faut entrer à l'intérieur pour constater que le mur gouttereau nord et une partie de la façade ouest présentent une base plus ancienne sur près de 2 m de hauteur (fig. 9 et 10). Des assises de moellons de granit parfaitement calibrés y alternent en effet avec des doubles rangées de blocs taillés plus importants. Le tout évoque une architecture romane pouvant remonter au Xle ou Xlle siècle. Les moellons qui sont remployés dans les parements externes ne présentent pas d'organisation aussi régulière et traduisent donc des reprises postérieures.

Après la Révolution française, une nouvelle circonscription des paroisses rattacha Saint-Gilles au bourg de Gouarec qui devint chef-lieu de canton civil et ecclésiastique. La chapelle servit d'église paroissiale jusqu'au 5 septembre 1827, date à laquelle le culte fut transféré à l'église Notre-Dame de La Fosse nouvellement construite à l'emplacement d'une ancienne chapelle.

1 Travaux dirigés par Eddy Roy, Inrap (Roy 2005). 2 Déchelette 1910, n° 128, Briard 1965, p. 305 ; Bizien-Jaglin, Galliou et Kerébel 2002, p. 154. 3 Eveillard 1975. 4 Information Alain Provost. 5 Habasque 1836 ; Gaultier du Mottay 1867, p. 66 ; Gaultier du Mottay 1883, p. 510 ; Pape 1978, A-44 ; Bizien-Jaglin, Galliou et Kerébel 2002, p. 283. 6 Mor. Pr. I, 697

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Fig. 9 : intérieur de la chapelle Saint-Gilles présentant une élévation romane au niveau des murs nord et ouest (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

Fig. 10 : détail de la base du mur nord (cl. G. Le Cloirec /Inrap - 2008).

Entourée d'un enclos planté, jusqu'au début du XXe siècle, de hêtres, de chênes, d'ormes et d'ifs, la chapelle possède un ossuaire muni de quatre fenêtres mais sans porte, adossé au mur méridional. L'enclos servit rapidement de cimetière et il n'est pas impossible que le creusement d'une tombe soit à l'origine de la

24 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

découverte des substructions et du canal mentionnés par A. Lemoine de la Borderie en 18961. En 1903, le manque de place nécessita l'abattage des arbres, à l'exception des ifs. C'est alors que l'on entreprit aussi des travaux de réfection du mur d'enclos. La chapelle a été restaurée en 1922 et rénovée en 1990 : le pignon supportant le clocheton a été démonté pierre par pierre et remonté intégralement. Les toitures ont été entièrement refaites à la même occasion. Saint-Gilles fut classée sur la liste des Monuments Historiques le 27 février 1926.

St Gilles naquit au Vie siècle à Athènes. Souvent représenté avec une biche, il est invoqué pour la guénson des enfants peureux ou nerveux, mais aussi contre les •y. incendies et les maladies contractées par les animaux. Avant la Révolution la chapelle possédait deux statues de St Gilles : une grande avec une biche symbolique, et un Vr- petite. Le grand St Gilles fut pris par les révolutionnaires Îà.1 et brûlé au bout des halles de Gouarec. Le petit St Gilles fut caché pendant la Révolution chez François-Marie

Henry, tailleur et sacristain de la chapelle St Gilles. Il la S X déposa dans un bahut rempli de blé noir et elle échappa / W ainsi à une destruction assurée. v. 1

Le terrain concerné par le diagnostic est cerné par iv Y un mur de clôture qui augmente la taille du cimetière '••/c^r/ w initial de 3000 m2. Cette zone, cultivée par M. Bernard jusqu'à la fin du XXe siècle, s'intègre à une parcelle non bâtie sur le cadastre napoléonien (fig. 11). L'ancien exploitant nous a néanmoins affirmé que sa charrue accrochait toujours des pierres dans la moitié nord, objet de la prescription archéologique. Il avait également remarqué des anomalies dans la levée de ses cultures et soupçonnait déjà les vestiges d'une ancienne construction Fig. 11 : extrait de l'ancien cadastre de Gouarec à cet endroit. E. Roy signale l'existence de plusieurs indiquant la zone de la prescription en rouge e réseaux de fossés anciens au nord du site sans pouvoir (section A, 2 feuille, 1835). apporter de datation précise2.

2.1.4. Méthodologie et problématiques

Le diagnostic archéologique concernait un terrain de 1400 m2 qui avait été décapé sur près de la moitié de sa surface. Il convenait donc de vérifier la présence de vestiges au niveau de la zone laissée en herbe avant d'évaluer l'intérêt des structures déjà mises au jour du côté est. La première partie a donc consisté, de manière classique, à réaliser une série de tranchées avec un tractopelle muni d'un godet lisse mesurant 1,60 m de large'. Les sondages ont été disposés en oblique par rapport aux axes des murs mis au jour à proximité afin d'éviter une implantation malencontreuse entre deux maçonneries.

1 Lemoine de la Borderie 1896, p. 128. 2 Roy 2005, p. 9-11. 3 Le cadre particulier de l'intervention empêchait effectivement l'usage d'une pelleteuse qui aurait endommagé l'allée du cimetière et nécessité une manutention plus lourde. Fig. 12 : vue des sondages réalisés dans la partie nord de l'emprise (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

La taille de la surface disponible a permis l'ouverture de sept tranchées dont quatre mesuraient dix- huit mètres de long. Les autres étaient plus petites car elles étaient implantées aux extrémités de l'emprise ou correspondaient au doublement ponctuel d'un sondage initial (fig. 12)

Il s'est rapidement avéré que le bâti découvert dans la partie orientale du terrain ne s'étendait pas beaucoup plus à l'ouest de la limite du décapage réalisé par la commune. La mise au jour du reste de la construction a donc été entreprise afin d'obtenir le plan le plus complet possible. Face à ces premiers résultats, les deux archéologues présents sur place ont proposé d'utiliser la provision d'une semaine prévue pour cette opération de manière à dégager l'intégralité des maçonneries repérées et, sauf surprise, étudier intégralement le site au cours de cette évaluation1.

L'essentiel de la phase terrain a donc consisté à mettre en évidence les maçonneries afin de s'assurer que le plan ne comportait pas de lacune et préparer ainsi le site pour la réalisation d'un relevé par redressement de photos verticales. Une nacelle montant à 20 m de hauteur a donc été louée deux jours avant la fin du chantier pour réaliser les clichés (fig. 13). Un topographe de l'Inrap a ensuite relevé les points de référence disposés au préalable afin de reconstituer une vue zénithale parfaitement fiable et précise. Ce document a été repris par un dessinateur en DAO pour réaliser le plan détaillé de la construction. Un travail Fig. 13 : utilisation d'une nacelle pour réaliser les d'analyse pouvait alors s'engager à partir de cette vision vues verticales du site (cl. G. Le Cloirec / Inrap - brute des structures mises en lumière. 2008).

Nous tenons à remercier ici toutes les personnes qui nous ont apporté des renseignements pendant la phase de terrain et durant la période de post- fouille. Nous pensons particulièrement à Sœur Geneviève, qui a rédigé un ouvrage sur l'histoire de Gouarec et nous a généreusement offert un résumé des éléments concernant la chapelle Saint-Gilles. Notre reconnaissance va également à Jean-Yves Eveillard ainsi qu 'à Alain Provost, grands connaisseurs du passé gallo-romain de la région, qui nous ont amicalement fait partager leur connaissance du terrain.

1 De très bonnes conditions climatiques ont permis d'assumer ce choix qui reste exceptionnel.

26 Gouarec (22)-ChapelleSaint-Gilles Avril 2008

2.2. Présentation des vestiges

2.2.1. Organisation générale

Les sondages ont montré que les vestiges d'un seul bâtiment sont conservés dans l'emprise de la prescription (fig. 14). Localisé dans la moitié est, cet ensemble avait été mis au jour dans sa quasi totalité au cours des travaux de décapage entrepris par la commune au printemps 2007. En dehors d'une fosse circulaire retrouvée au pied de la construction, aucune structure n'est à signaler dans la partie ouest du terrain. Les anomalies repérées par Alain Provost ont été contrôlées mais correspondent à des phénomènes naturels sans lien avec des vestiges archéologiques.

L'édifice, dont il ne reste que des fondations, s'inscrit dans un plan carré mesurant en moyenne 17,60 m de côté (soit 60 pieds romains classiques). Cette figure parfaite est divisée en neuf espaces internes auxquels s'ajoutent une pièce quadrangulaire accolée à l'angle sud-ouest et une abside placée à l'est.

Un espace carrée situé<| au centre de la partie nord est délimité par des murs parementés de 60 cm de large (2 pieds). Toutes les autres maçonneries apparaissent, au même niveau, sous la forme de radiers de fondation. Ceux-ci sont constitués de blocs de granit ou de schiste disposés dans des tranchées d'une largeur moyenne de 70 Fig. 14 : vue générale des vestiges du bâtiment vus vers le nord-est cm pour une profondeur moyenne de 35 cm depuis (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). l'affleurement du substrat.

Trois tessons de céramiques d'époque romaine1, et de très rares fragments de tuiles sont les uniques vestiges mobiliers que nous ayons découverts en nettoyant les radiers de fondations. Ils s'inscrivent tous dans la période fin Ile-IIIe siècles ap. J.-C. mais ne peuvent véritablement dater l'occupation du site faute de contexte archéologique précis.

2.2.2. L'espace 1 La pièce qui occupe l'angle nord-ouest de la construction mesure 5,80 m sur 4,50 m. Les fondations nord et ouest, qui correspondent à des murs périphériques du •T bâtiment, sont composés de gros blocs de schiste jetés dans des tranchées ) profondes. Le radier méridional est également fait de schiste mais le calibre des pierres est légèrement inférieur. La paroi orientale correspond à l'un des murs parementés de la pièce 2, prolongé par un tronçon de radier en granit qui forme l'angle sud-est de l'espace 1. Deux adjonctions linéaires composé du même matériau réduisent la largeur de la pièce dans sa partie ouest et forme une exèdre d'environ 1,80 m de profondeur.

1 Fond de plat en sigillée fin Ile-IIIe siècle, céramique métallescente, céramique commune.

27 Fig. 15 : relevé photographique général des vestiges (cl. G. Le Cloirec, topo P. Leblanc / Inrap - 2008).

Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles — Avril 2008

2.2.3. L'espace 2

Cette petite pièce carrée présente une surface interne de 10 m2 (fig. 17). Elle se démarque par la position centrale qu'elle occupe dans la moitié nord de la construction mais se distingue aussi par la conception spécifique des murs qui la déterminent. Ils sont effectivement tous composés d'un double parement de petits moellons en granit brun calibrés à 12 x 8 cm en moyenne. L'intérieur de la maçonnerie se compose d'un blocage de petite pierraille liée avec un mortier de couleur crème assez sableux. Aucune trace de sol n'a été mise au jour malgré une élévation conservée sur trois assises. Il faut donc envisager l'existence d'un plancher sur vide sanitaire.

Fig. 17 : vue générale des vestiges de l'espace 2. Le remblai qui comblait la pièce a été fouillé par moitié (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

2.2.4. L'espace 3

La pièce 3 fait pendant à la salle 1 dans l'angle nord-est du bâtiment. Elle y • occupe une longueur légèrement plus importante puisqu'on mesure 6,50 m d'est en : ^ ouest. Les radiers sont tous composés de blocs de granit mais de rares éléments en schiste se retrouvent quand même dans les fondations du mur sud. Par ailleurs, il faut noter que les tranchées de murs disparaissent littéralement dans l'angle nord-est où l'affleurement de la roche a permis aux bâtisseurs d'asseoir directement la construction sur le substrat. Comme pour la pièce 1, l'angle sud-ouest se rattache à la maçonnerie parementée de l'espace 2, construite nécessairement au préalable. Enfin, la surface intérieure était couverte de petites pierres de quartz en plus grande quantité que sur le reste du site.

30 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

2.2.5. L'espace 4

Cette grande galerie traverse l'ensemble de la construction dans le - M gMjHg sens est-ouest. Large de 2,80 m, elle présente un décrochement de 1,30 m au niveau de l'espace 2, placé r légèrement en retrait par rapport à l'alignement des pièces 1 et 2. Le mur sud se trouve, quant à lui, sur l'axe médian de la bâtisse. Il est bordé par un gros bloc de quartz blanc qui a été enterré au centre (fig. 18). Deux trous de poteau adjacents ont été repérés 2 m plus à l'ouest à proximité de l'angle de la pièce 6. Soulignons ici que la pièce 4 Fig. 18 : bloc de quartz enterré au pied du mur sud de est contiguë à tous les autres espaces à l'espace 4 (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). l'exception des pièces 7 et 10, toutes deux localisées dans l'angle sud-ouest de la construction.

2.2.6. L'espace 5

La pièce 5 se trouve dans le prolongement de la galerie 4 mais présente une largeur de 3,95 m qui est légèrement supérieure (fig. 19). De plan semi-circulaire, m cette « excroissance latérale » dispose de fondations en granit parfaitement mêlées avec les soubassements du mur oriental de l'édifice, preuve de la construction simultanée de l'ensemble. Un sondage à travers les vestiges du mur courbe a démontré que sa structure est aussi imposante que le reste.

Fig. 19 : vue générale des vestiges des espaces 4 et 5 (cl. G. Le Cloirec/Inrap - 2008).

31 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

2.2.7. L'espace 6

La pièce 6 partage avec l'espace 7 une surface très proche de celle de la salle 9 qui est disposée symétriquement par rapport au corridor 8. Elle mesure 5,40 m d'est en ouest et 3,10 m du nord au sud. Tous les murs sont fondés sur des radiers ) de schiste incluant de gros blocs équarris dont certains présentent une largeur identique à celle de la tranchée de fondation. Un trou de poteau de forme circulaire a été fouillé contre le milieu de la paroi nord. Profond de 40 cm, il était rempli de terre charbonneuse noire/marron, de quelques pierres de schiste et de rares fragments de tegulae.

2.2.8. L'espace 7

Cette pièce se trouve dans l'angle sud-ouest du plan carré formé par la . construction principale (fig. 20). Elle occupe la même largeur est-ouest que la pièce ^ 6 mais présente une dimension nord-sud légèrement plus grande puisqu'on mesure 4 m entre les deux murs. Si les limites nord, ouest et est sont toujours composées de radiers en schiste, le côté sud est ici formé par un mur essentiellement en granit. Il faut seulement noter qu'un petit tronçon en schiste se confond avec le mur ouest du bâtiment à proximité de l'angle sud-ouest. Un trou de poteau comparable à celui qui se trouve dans l'espace 6 a été fouillé contre le mur nord (M. 18). Il se place aussi sur l'axe de la pièce mais rien ne permet d'établir sa relation chronologique avec le bâti.

Fig. 20 : vue générale des vestiges des espaces 6 et 7 (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

32 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

2.2.9. L'espace 8

Le plan de la construction est fondé sur un effet de symétrie dont l'espace 8 et la pièce 2 détermine l'axe médian (fig. 21). Le premier, situé au sud du mur qui divise l'édifice dans le sens est-ouest, est légèrement plus large que la seconde (3,60 ) m contre 3,20 m). Sa longueur coïncide, de manière logique, avec celles des pièces 6/7 et de la pièce 9, soit 7,60 m. Sur le plan technique, les murs est et sud se • composent de blocs de granit qui se mélangent parfaitement au niveau de l'angle qu'ils forment. En revanche, le mur ouest, qui est fait de schiste et de quartz, présente une extrémité méridionale soulignée par une dalle de schiste plantée de chant. Cette limite renforce la différence de matériau qui existe par rapport aux fondations de la façade sud, entièrement confectionnées en pierres de granit.

Fig. 21 : vue axiale du bâtiment avec l'espace 8 au premier plan (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

2.2.10. L'espace 9

Cette salle, qui occupe l'angle sud-est de la construction, est la plus vaste de j toutes. Elle mesure 7, 60 m du nord au sud et 6 m d'est en ouest, soit 45,60 m2. Tous les murs qui la déterminent disposent de soubassements en granit parfaitement solidaires les uns avec les autres. Il faut toutefois préciser que le mur méridional n'a • été suivi que sur 60 cm de long car il se prolonge sous l'allée principale du cimetière. L'angle sud-est n'a donc pu être dégagé mais le plan est parfaitement intelligible malgré ce manque.

33 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

2.2.11. L'espace 10

Une pièce de 3,60 m sur 3 m est accolée contre l'extrémité sud de la façade . ouest (fig. 22). Les trois radiers qui la déterminent sont encore composés de pierres ^ de granit dans des tranchées de 60 cm de large pour des profondeurs qui n'excède r r pas, cette fois, 25 cm.

Fig. 22 : vue générale du bâtiment vers le nord-est avec l'espace 10 au premier plan (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

34 coupe 1 coupe 16

coupe 17 0

coupe 18

coupe 4 0 coupe 19

coupe 12

coupe 5

coupe 20

coupe 7

coupe 15

o 2 m coupes

Fig. 23 : profils des tranchées de fondation de murs (relevés G. Le Cloirec, D.A.O S. Jean / Inrap - 2008). Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

2.3. Un établissement atypique ?

2.3.1. Des caractéristiques architecturales insolites

Deux ensembles de fondations se distinguent à travers la nature différente des matériaux utilisés. Toute la partie ouest se compose effectivement de radiers en blocs de schiste incluant quelques éléments de quartz blanc alors que le reste de la construction est fondée sur des empierrements de granit brun (fig. 24). Il serait séduisant d'imaginer ici deux phases de constructions successives mais aucune relation chronologique déterminante ne permet de l'affirmer avec certitude. Il faut cependant noter que deux murs (M. 10 et M.21) ne sont pas faits du même matériau sur toute leur longueur et pourraient révéler ainsi des reprises de maçonneries. Dans ce cas, l'idée d'un plan allongé primitif conviendrait à l'identification d'une habitation de type « villa linéaire » telle que les campagnes occidentales de l'Empire romain en livrent abondamment1. Cet édifice imtial aurait pourtant disposé d'une orientation nord-sud peu commune dont l'ouverture sur la vallée du Blavet pouvait néanmoins constituer la justification, au détriment d'un ensoleillement maximum. Il faut également remarquer qu'une des quatre pièces qui auraient divisé l'ensemble primitif n'est pas fermée vers l'est. Cette particularité reste plausible dans le cas d'un salon relié à une galerie de façade à l'instar des établissements dont c'est la spécificité principale mais l'étroitesse et la profondeur de l'espace en question pose problème pour valider véritablement cette interprétation, d'autant qu'aucune trace de galerie frontale n'a été mise au jour. Ces incertitudes obligent à envisager que la différence de matériau puisse aussi être liée à une question d'approvisionnement en matière première. De plus, aucune différence de conception, de largeur et de profondeur des fondations ne trahit véritablement deux périodes de construction.

Qu'il résulte d'une évolution d'un édifice initial ou qu'il ait été conçu tel quel, le plan global de la construction s'inscrit dans un carré mesurant 17,60 m de côté. Son organisation interne est fondée sur un effet de symétrie dont l'axe médian est souligné par l'alignement des espaces 2 et 8. Ceux-ci sont séparés par un corridor transversal (espace 4) qui créé également une séparation franche entre les pièces situées au nord et celles placées au sud. Les deux couloirs orthogonaux permettent de distribuer ainsi toutes les pièces de la construction, exception faite de l'espace 10 (fig. 25).

Fig. 24 : plan d 'un éventuel i du bâtiment révélé par des fondations en blocs de schiste Fig. 25 : essai d'interprétation des circulations internes. Les (D.A.O. S. Jean et G. Le Cloirec / Inrap emplacements des accès sont hypothétiques. - 2008). (3d. G. Le Cloirec /Inrap - 2008).

Voir notamment Gorges 1979, p. 120-124, Ferdière 1988, p. 168 et suivantes, Smith 1997, p. 46-64.

36 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

Dans ce dispositif, le bon sens veut que l'entrée s'ouvre au milieu de la façade méridionale. La vue qui s'offre alors au visiteur valonse inévitablement la salle 2, placée au fond de la perspective. Or, le traitement particulier des murs conforte ici l'idée d'un espace à part en laissant imaginer l'existence d'un vide sanitaire. Un tel agencement implique une surélévation du sol qui renforce la singularité du lieu et pourrait justifier le décrochement qui apparaît dans l'alignement des murs sud des pièces 1,2 et 3 en accueillant un escalier. La fonction de la pièce 2 reste pourtant énigmatique malgré sa position privilégiée même si l'idée d'une petite salle de réception ou d'un lieu de recueillement1 sont les possibilités les plus satisfaisantes. Les autres salles ne sont pas mieux caractérisées mais les pièces 1, 5 et 10 présentent des spécificités qui rendent possibles quelques remarques. Ainsi, la réduction du côté est de la première salle laisse croire à l'aménagement d'une alcôve qui, en dehors de toute trace d'autre équipement, conviendrait parfaitement dans une cubicula. De même, le plan en abside de l'espace 5 est habituellement associé à des zones de représentations puisqu'il s'agit d'un élément architectural qui valorise un lieu en focalisant le regard. A ce titre, les absides sont souvent utilisées dans des lieux de pouvoirs et de commémoration2 où leur emploi participe à une certaine mise en scène. Le plan de la pièce 10 est plus commun mais son implantation la distingue aussi du reste de la construction. C'est effectivement la seule à avoir été clairement rajoutée dans un second temps contre le mur périphérique ouest. Elle peut donc agrandir la pièce 6 qui lui est contiguë ou constituer un nouvel espace dont l'accès pouvait même se faire par l'extérieur.

Au final, l'édifice dépasse les 300 m2 au sol et dispose de fondations dont la solidité semble adaptée à une élévation importante. Malgré cela, aucune trace d'escalier n'est à signaler et aucune des pièces identifiées n'offre de plan allongé susceptible de trahir l'existence de ce genre d'équipement. Reste la possibilité qu'une telle installation était simplement appuyée contre un des murs reconnus en fouille. De la même manière, il faut envisager que des cloisonnements secondaires pouvaient diviser certains espaces mais l'arasement du site n'a pas permis d'en garder la trace. Quoi qu'il en soit le volume général devait être imposant et la toiture particulièrement visible dans l'environnement.

Toutes ces caractéristiques définissent une construction bien spécifique qui n'a pas d'équivalent connu dans notre région.

2.3.2. Des comparaisons lointaines

Le domaine de l'habitat rural gallo-romain est riche d'établissements aux plans variés qui ont été classés depuis longtemps dans un nombre relativement restreints de catégories : maisons hall, maisons linéaires, villae à galerie de façade, villae à pavillons latéraux, villae à cour, villae à péristyle, etc.3. Pourtant, l'établissement de Gouarec ne trouve pas de correspondance parmi les modèles les plus fréquents. Il se rapproche, au contraire, d'exemples rarement abordés dont les découvertes recensées se trouvent en Autriche, en Bosnie et en Hongrie (fig. 26). Ainsi, les ensembles de Majdan (Bosnie-Herzégovine) et de Winden am See (Autriche) présentent de fortes similitudes avec le bâtiment fouillé en Centre-Bretagne puisqu'on y retrouve notamment le principe d'un corridor en T, épine dorsale de toute la distribution interne. Ces maisons se distinguent effectivement des villae à corridor axial4, par le fait que le couloir médian n'est plus une simple salle ouverte, comme les autres, sur une galerie de façade mais permet bien de desservir les autres pièces et constitue, de ce fait, l'accès principale de la construction. Une galerie frontale peut protéger l'entrée et fonctionner comme un vestibule mais le site de Kesthely-Fenékpuszta en Hongrie montre que des exemples dépourvus de cet élément existent aussi.

La présence d'une petite pièce axiale, souvent en abside, distingue également ces modèles de maison. Cet espace captive inévitablement l'attention d'un visiteur qui entre dans la demeure et constitue, de ce fait, un point privilégié pour accueillir un élément à mettre en valeur5. Un bâtiment fouillé à Budakalâsz en Hongrie correspond à une variante sans couloir transversal^ où la salle axiale s'ouvre sur un corridor assez large pour fonctionner comme un espace de réception. Il faut se demander si la maison de Majdan n'a

1 Sanctuaire privé ou communautaire permettant de vénérer des divinités ou la mémoire des ancêtres à travers leur représentation. 2 L'utilisation en contexte thermale est une autre possibilité liée à des usages bien spécifiques. 3 Smith 1997. 4 La phase II de la villa des Alleux à est un exemple de ce type fouillé récemment dans la région (resp. R. Ferrette, Inrap). 5 Smith 1997, p. 199-204.

37 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008 pas été bâtie sur le même principe à la différence que la salle axiale empiète largement sur l'espace en T. Dans cet exemple, le plan laisse croire qu'un petit escalier donnait accès à une sorte de podium à l'instar du rehaussement proposé pour la pièce 2 de l'établissement de Gouarec1.

Ces observations conduisent à interpréter l'espace central de ces maisons comme des lieux polyvalents indispensables à la distribution des pièces mais convertibles en lieux de réception et de représentation. Le plan se réfère à celui de l'atrium classique avec vestibule d'entrée, tablinum et alae en les concentrant dans un plan ramassé qui rappelle les it origines de la demeure romaine avant l'adjonction du I péristyle grec. La salle axiale, valorisée par la Winden am See perspective d'entrée et une architecture particulière, Madjan pouvait recevoir un personnage important lors d'assemblées ou de cérémonies particulières. Mais on peut aussi penser que cette pièce surélevée accueillait les portraits des ancêtres autour d'un autel domestique comme c'est traditionnellement le cas dans Y atrium = des maisons romaines. Dans les deux cas, elle constituait l'élément principal du dispositif habituel • \ Budakalasz des cérémonies matinales de la salutation des clients et Keszthely-Fenékpuszta permettait au propriétaire de fonder son autorité et d'afficher son statut de notable2. Dans cette logique, l'abside aménagée à l'est pouvait concerner des 50 m entretiens ou des cérémonies secondaires ou privés sans négliger pour autant une certaine mise en scène.

Fig. 26 : plans d'établissements comparables à celui de la L'établissement de Gouarec construction fouillée à Gouarec (D.A.O S. Jean / Inrap — 2008, offre toutes les caractéristiques d'un d'après Smith 1997, fig. 54 et 56). modèle de référence qui pose la question de sa découverte si loin des exemples analogues. En reportant les ensembles du sud-est de l'Europe sur une carte de l'Empire romain, il faut effectivement remarquer que ces maisons se rencontrent uniquement dans les provinces de Pannonie et de Dalmatie (fig. 27). On se souvient alors que les volontaires gaulois qui servaient dans les légions romaines étaient surtout cantonnés sur le Limes rhénan mais beaucoup se retrouvaient également en Espagne et en Pannonie3. Peut-on alors imaginer que des vétérans aient pu ramener ces modèles en Armorique après leur démobilisation ou doit-on croire qu'un immigrant pannonien se soit installé à Gouarec au début de notre ère. Mais il est aussi possible que le nombre limité de découvertes donne une vision erronée de l'origine et de la Fig. 27 : localisation des maisons à corridor axial diffusion du type. (D.A.O.S. Jean et G. Le Cloirec /Inrap - 2008).

1 Cf.chap. 2.3.1. 2 Sur ce point voir Gros 2001, p. 24-25. 3 Tassaux et Tassaux 1996, p. 160.

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2.3.3. Une localisation particulière

La proximité de la voie Rennes-Carhaix, route stratégique majeure entre deux capitales de civitas régionales, doit être soulignée. Dans son travail de thèse, Jean-Yves Eveillard a effectivement reconnu son passage à 250 m au sud de la chapelle Saint-Gilles où elle évite les baffons du confluent du Blavet et du Doré en suivant les hauteurs par le nord1. Son tracé dessine alors une courbe dont le point septentrional se trouve au droit de l'établissement gallo-romain que nous avons fouillé (fig. 28). Une station routière avait été envisagée à cet endroit en effectuant un travail de recherche de ce type d'installation sur l'ensemble de l'itinéraire2. Les 15,5 km qui séparent Gouarec de Mur-de-Bretagne, autre candidat potentiel pour un relais, est un argument qui permettait d'envisager une mutatio au niveau de la Chapelle Saint-Gilles. Cette possibilité était confortée par la mention de vestiges gallo-romains à RostrenenJ qui, 10,5 km plus loin, pouvait correspondre à la halte suivante.

Outre ces concordances de mesures, il faut souligner la situation particulière du village de Gouarec sur le tracé routier qui relie Vorgium et Condate. A ce niveau, la confluence du Doré et du Blavet créé une vaste zone humide qui nécessitait l'aménagement d'un point de franchissement que Jean-Yves Eveillard signale à proximité du lieu-dit « le Poteau » sur la commune de Laniscat4. L'emplacement de ces « restes d'un gué dallé » ne coïncident pourtant pas avec les découvertes mentionnées par J. Gaultier du Mottay au pont de La Villeneuve en 18345 et qui font penser à des offrandes liées à un passage particulier. L'existence d'un second franchissement est donc probable. Il pouvait correspondre à une autre voie orientée nord-sud dont le tracé concorde avec celui de la départementale 5 et que Alain Provost retrouve plus au nord6. Un autre passage sur le Blavet doit même s'envisager à moins que les cours d'eau n'aient varié depuis l'Antiquité, ce qui est fort probable dans cette zone particulièrement plane de la vallée.

Fig. 28 : localisation des voies romaines dans le paysage de Gouarec. Le site fouillé correspond au point rouge.

'Eveillard 1975, p. 58-59. 2 Ibidem 1975, p. 98-99. 3 Harmois 1910, p. 165. 4 Ibidem p. 58. 5 Cf. chap. 2.1.3. 6 Renseignement Alain Provost.

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Par ailleurs, il faut rappeler que L. Pape estime que le Doré et le Blavet dessine la frontière entre la civitas des Osismes et celle des Vénètes1 (fig. 29). La vallée de Gouarec, placé chez les premiers, se trouve donc en face de la pointe nord du pays vénète. A ce titre la zone de confluence des deux cours d'eau est essentielle dans l'organisation territoriale de la région. La proximité d'un carrefour de deux voies majeures et le franchissement des rivières soulignent l'intérêt stratégique de cette situation. Se pose alors la question de savoir si la concentration des passages est liée au voisinage immédiat des deux territoires ou si, à l'inverse, cette zone de carrefour routier et de franchissements fluviaux explique, d'une façon ou d'une autre, la proximité de la frontière.

OSISMES

-—i —' voies antiques — — frontière territoire osisme / territoire vénéte

g établissement gallo-romain 0 point de franchissement de cours d'eau de la chapelle Saint-Gilles

Fig. 29 : les points-clefs de la zone frontière du confluent Doré-Blavet. (D.A.O.S. Jean et G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

Dans ce contexte géostratégique bien particulier, l'établissement de la chapelle Saint-Gilles se place sur une hauteur qui domine la voie Rennes-Carhaix. Cet aspect devait apparaître clairement pour les individus qui circulaient sur cette route mais se percevait encore plus fortement depuis l'axe perpendiculaire qui arrivait du terntoire vénête et passait dans la partie basse de la vallée. Il semble que cette configuration favorable aux Osismes ait été exploitée par un notable local pour marquer sa zone d'influence en faisant de sa demeure un véritable repère visuel.

1 Pape 1978, p. 19-42.

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2.4. Conclusion

Le diagnostic entrepris au nord de la chapelle Samt-Gilles à Gouarec a permis de dégager le plan complet d'un établissement gallo-romain de 300 m2 au sol. Ces vestiges viennent éclairer la découverte ancienne de structures et de mobilier gallo-romains à proximité de l'édifice religieux en confirmant l'origine antique de l'occupation des lieux. Le passage de la voie qui reliait Rennes et Carhaix a pu favoriser cette implantation même si l'hypothèse d'une station routière au confluent du Blavet et du Doré ne trouve pas ici sa confirmation. L'édifice présente effectivement des caractéristiques architecturales qui ne font pas référence à un relais mais renvoie à un type particulier de maison rurale. L'éloignement des modèles comparable en Autriche, Bosnie et Hongrie pose pourtant des questions sur la présence de cet exemplaire en plein cœur de l'Armorique. Ce point mérite des recherches complémentaires et ouvre des perspectives nouvelles pour l'étude des relations avec les provinces danubiennes de l'Empire Romain.

Cette petite intervention alimente aussi la problématique sur les limites des territoires par rapport aux passages des voies de circulation principales. Dans ce domaine, il est particulièrement intéressant de noter que l'axe Rennes-Carhaix, lien essentiel du réseau routier armoricain, ne passe jamais en territoire vénête ; or, la vallée de Gouarec correspond au point du tracé qui s'en approche le plus. Si le pont de la Villeneuve, au sud du village actuel, permettait de franchir la frontière marquée par le cours du Doré, il donnait également accès à l'une des voies principales de la région grâce à un carrefour qui devait seulement se situer 1 km plus au nord, à l'emplacement du lieu-dit « le poteau ». Ce contexte était forcément favorable au développement d'activités commerciales et il n'est donc pas surprenant que les notables qui ont bénéficié de cette situation aient cherché à marquer leur influence par des constructions ostentatoires.

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Table des illustrations

Fig. 1 : vue générale de la fouille (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2006) Fig. 2 : localisation d'une anomalie à vérifier (D.A.O. S. Jean et G. Le Cloirec /Inrap - 2008) Fig. 3 : localisation du site sur la carte IGN 0818 O Guémené-sur-Scorjf au 1125000e Fig. 4 : localisation des sondages dans le cadastre actuel Fig. 5 : état du terrain après décapage de la terre végétale effectué au printemps 2007. Les tracés de maçonneries anciennes se distinguent nettement à travers le substrat mis à nu (cl. A. Provost - septembre 2007). Fig. 6 : plan schématique des premières observations (A. Provost et E. Philippe - septembre 2007) Fig. 7 : état du terrain au début du diagnostic archéologique le 31 mars 2008. Les traces des structures se sont estompées mais le terrain est resté propre et, surtout, vierge de toute végétation importante. Nul doute qu une intervention plus tardive aurait permis aux mauvaises herbes de compliquer largement les travaux (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 8 : principaux vestiges archéologiques connus autour de Gouarec (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 9 : intérieur de la chapelle Saint Gilles présentant une élévation romane au niveau des murs nord et ouest (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 10 : détail de la base du mur nord (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 11 : extrait de l'ancien cadastre de Gouarec indiquant la zone de la prescription en rouge (section A, 2e feuille, 1835). Fig. 12 : vue des sondages réalisées dans la partie nord de l'emprise (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 13 : utilisation d 'une nacelle pour réaliser les vues verticales du site (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 14 : vue générale des vestiges du bâtiment vus vers le nord-est (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 15 : relevé photographique général des vestiges (cl. G. Le Cloirec, topo P. Leblanc /Inrap - 2008). Fig. 16 : plan général des vestiges (D.A.O. S. Jean/Inrap - 2008). Fig. 17 : vue générale des vestiges de l'espace 2. Le remblai qui comblait la pièce a été fouillé par moitié (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 18 : bloc de quartz enterré au pied du mur sud de l'espace 4 (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 19 : vue générale des vestiges des espaces 4 et 5 (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 20 : vue générale des vestiges des espaces 6 et 7 (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 21 : vue axiale du bâtiment avec /' espaces 8 au premier plan (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 22 : vue générale du bâtiment vers le nord-est avec l'espace 10 au premier plan (cl. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 23 : profils des tranchées de fondation de murs (relevés G. Le Cloirec, D.A.O S. Jean / Inrap - 2008). Fig. 24 : plan d'un éventuel premier état du bâtiment révélé par des fondations en blocs de schiste (D.A.O. S. Jean et G. Le Cloirec / Inrap - 2008)). Fig. 25 : essai d'interprétation des circulations internes (3d. G. Le Cloirec /Inrap - 2008). Fig. 26 : plans d'établissements comparables à celui de la construction fouillée à Gouarec (D.A.O S. Jean / Inrap - 2008, d'après Smith 1997, fig. 54 et 56). Fig. 27 : localisation des maisons à corridor axial (D.A.O.S. Jean et G. Le Cloirec /Inrap - 2008). Fig. 28 : localisation des voies romaines dans le paysage de Gouarec. Le site fouillé correspond au point rouge (3d. G. Le Cloirec / Inrap - 2008). Fig. 29 : les points-clefs de la zone frontière du confluent Doré-Blavet (D.A.O.S. Jean et G. Le Cloirec / Inrap - 2008).

43 Gonarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

3——

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Inventaire des relevés de terrains

Réf. Format Date Auteur Ech. Sujet interne - A3 17/04/2008 G. Le Cloirec 1/10 Profil des tranchées de murs 1 - coupes 4, 8, 10, 11, 14, 17, 18 - A3 17/04/2008 G. Le Cloirec 1/10 Profil des tranchées de murs 1 - coupes 1, 2, 3, 5, 6, 7, 13, 22 - A3 17/04/2008 G. Le Cloirec 1/10 Profil des tranchées de murs 1 - coupes 9, 10, 15, 16, 19, 20, 21

Inventaire des clichés numériques

- Chapelle Saint-Gilles : 21 clichés - Clichés Alain Provost, état du site en septembre 2007 : 18 clichés - Clichés pour RFO au format Tiff : 15 clichés - Vues verticales : 10 clichés - Détails par pièces : 18 clichés - Espace 2:17 clichés - Site avant fouille : 2 clichés - Sondages ponctuels : 13 clichés - Tranchées-sondages : 3 clichés - Vues générales : 30 clichés

Inventaire des plans numériques

- Plans topo : 2 fichiers - Plans 3D : 2 fichiers - Plans au format illustrator : 23 fichiers - Plans au format Image : 5 fichiers - Plans au format PDF : 5 fichiers - Plans pour RFO au format Tiff : 23 fichiers

Inventaire des autres documents numériques

- Documents administratifs : 19 fichiers (format PDF, Tiff et word) - RFO : 2 fichiers (format word et PDF)

47 Gouarec (22) - Chapelle Saint-Gilles Avril 2008

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