UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE,D’ANTANANARIVO

DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ------DEPARTEMENT ECONOMIE ------DESS

ANALYSE ET POLITIQUE ENVIRONNRMENTALE

HARMONISATION DE L’EXPLOITATION FORESTIERE DES COMMUNES RIVERAINES DU CORRIDOR FORESTIER DE (Cas de la commune Rurale d’Ankarimbelo)

Présenté par

RAKOTOHARIMALALA Bresson

Date de Soutenance : 29 Août 2006

Encadreur pédagogique : Rado Zoherilaza RAKOTOARISON Maitre des conferences

Encadreur professionnel :

ANDRIATSALAMA Ramakararo Come Expert de l’Environnement

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE,

DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ------DEPARTEMENT ECONOMIE ------DESS

ANALYSE ET POLITIQUE ENVIRONNRMENTALE

HARMONISATION DE L’EXPLOITATION FORESTIERE DES COMMUNES RIVERAINES DU CORRIDOR FORESTIER DE FIANARANTSOA (Cas de la commune Rurale d’Ankarimbelo)

Présenté par

RAKOTOHARIMALALA Bresson

E ncadreur pédagogique : Rado Zoherilaza RAKOTOARISON Maitre des conferences JUILLET 2006 E ncadreur professionnel :

ANDRIATSALAMA Ramakararo Come Expert de l’Environnement

REMERCIEMENTS

Ce mémoire de fin d’études n’aurait pas abouti à sa fin sans les conseils et soutien de nombreuses personnes ; aussi j’adresse mes plus vifs remerciements à tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à sa réussite, en particulièrement à : -Monsieur TIANA Andriatsihoarana Manantsoa, Chargé de Programme du Comité Multi-Local de Planification, pour son aide, ses conseils et surtout pour la mise à notre disposition de toutes les informations et données disponibles auprès du CMP ; -Les autorités administratives locales, le Maire de la Commune Rurale d’Ankarimbelo et les chefs quartiers qui ont accepté d’apporter leur collaboration permettant ainsi la réalisation de ce mémoire ; -Le représentant de l’autorité traditionnelle, le Mpanjaka qui m’a bien accueilli et accepté de collaborer pour mener à terme ce travail. Je ne saurais terminer sans adresser mes sincères remerciements à : -Tous nos enseignants pour leurs dévouements ; -Monsieur ANDRIATSALAMA Ramakararo Come qui a accepté de m’encadrer et m’a permis de profiter de ses compétences et savoir faire ; -Monsieur Rado Zoherilaza RAKOTOARISON qui m’a conseillé durant la réalisation du présent mémoire ; -Mes parents et toute la famille.

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SOMMAIRE

Abréviations …………………………………………………………………………...3 Généralité ……………………………………………………………………………...4 Méthodologie …………………………………………………………………………. 6 Introduction …………………………………………………………………………... 8

CHAPITRE I: LES PRESSION SUR LE CORRIDOR FORESTIER

Section 1 : Pressions socio-économique …………………………………………….

Section 2 : Les impacts sur le corridor ……………………………………………..

CHAPITRE II : STRATEGIE D’HARMONISATION DE L’EXPLOITATION

Section 1 : Processus de développement local ……………………………………… 17

Section 2 : Stratégie de gestion du corridor ………………………………………..... 21

Conclusion générale …………………………………………………………………. 28

Bibliographie………………………………………………………………………….30

Annexes

2 ABREVIATIONS

ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées

CMP : Comité Multi- local de Planification

COBA : Communauté de Base

FID : Fonds d’Intervention pour le Développement

GCF : Gestion Contractualisée des forêts

GELOSE : Gestion Locale Sécurisée

INSTAT : Institut National de la Statistique

LDI : Landscape Developement Institution

MAP : Action Plan

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PASDR : Plan d’Action pour le Développement Rural

TGRN : Transfert de Gestion des Ressources Naturelles

UPEP : Unité Provincial d’Exécution du Projet

3 GENERALITES

HISTORIQUE DU CONCEPT « CORRIDOR »

Le concept corridor, dans le contexte de Madagascar, était proposé pendant l’atelier sur la priorisation de la conservation de 1995. Cet atelier était à l’origine également de l’approche éco-régionale pour le développement durable et la conservation de la biodiversité à l’intérieur des aires protégées et des zones naturelles peu dégradées en dehors des parcs et réserves. Cette approche pourrait maintenir les écosystèmes et leur biodiversité sur une surface plus importante qu’une aire protégée classique et en même temps, assurer la disponibilité des ressources vitales pour la population locale.

LOCALISATION DU CORRIDOR FORESTIER Ce corridor forestier se situant entre le parc national de Ranomafana (41.600 ha) au nord, et la réserve spéciale du pic d’IVOHIBE (17.277 ha) au sud, en passant par le parc national d’Andringitra (31 160 Ha), fut identifié comme ayant un intérêt biologique exceptionnel et reconnu comme prioritaire en termes de préservation. Il présente une bande de forêt naturelle peu ou partiellement dégradée, plus ou moins continue sur environ 160 Km). Il constitue à la fois des ressources très importantes pour la population locale et la région, un refuge pour la flore et la faune du sud-Est, et un réservoir génétique important de la biodiversité de la forêt humide malgache. Du point de vue administratif, la forêt du corridor se situe entre les districts d’Ifanadiana et d’Ambohimasoa au Nord, ceux de Fianarantsoa II et d’Ikongo dans sa partie centrale, et les districts d’, Ivohibe et Vondrozo dans sa partie Sud.

4 FONCTIONNALITE DU CORRIDOR Ce corridor forestier tient un rôle très important non seulement pour la région mais aussi pour l’ensemble de notre pays. - Maintien du système hydrique : le corridor joue un rôle fondamental en tant que régulateur du cycle de l'eau et détermine ainsi les régimes hydrologiques et climatiques locaux et régionaux. - Maintien de l'équilibre de l’écosystème : du point de vue biologique, ce corridor est nécessaire au bon fonctionnement de l’écosystème forestier. Ce corridor renferme une proportion très importante de diversité exceptionnelle en faune et en flore et constitue ainsi une réserve de matières génétiques. En effet, les Aires Protégées qui s’y trouvent (Parcs Nationaux de Ranomafana et d’Andringitra, et la Réserve Spéciale d’Ivohibe) et qui sont des entités isolées, ne permettent pas de conserver la biodiversité à moyen ou long terme. - Protection du sol et des bassins versants : l’écosystème forestier de l’escarpement Est de Madagascar a des répercussions régionales et nationales. Le couvert forestier permet de retenir les sols qui combleraient les rizières et les estuaires à cause de l’effet conjugué de la déforestation, des pentes abruptes et des fortes pluies de la région. De plus, ce couvert forestier régule les ressources hydriques des différents bassins versants auquel il appartient. Volet socio-économique: La forêt apporte directement de nombreuses ressources à la population : bois de construction et de chauffe, bambous, Pandanus, plantes médicinales, zones de renouvellement des parcelles pour l’agriculture (à travers la dynamique culture sur brûlis – régénération forestière), aliments issus de la cueillette (écrevisses, anguilles, miel, ignames sauvages,…), parcelles de pâturage des zébus. Les produits de la forêt sont utilisés par les villageois pour leur subsistance, la forêt est donc une composante vitale de l’économie locale. Aspect socio-culturel: L’aspect socio-culturel de la relation qui lie l’Homme à la forêt ne doit pas être oublié, car les racines culturelles des habitants de la région plongent profondément dans la forêt. Quelles seraient les conséquences socio-culturelles sur ces populations si la forêt était remplacée par des savanes creusées de lavaka ?

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METHODOLOGIE

La méthodologie adoptée dans cette étude se résume en trois principales phases : -la recherche bibliographique à travers le recueil des données secondaires sur les communes du corridor forestier auprès des institutions clés (publiques, privé) à Fianarantsoa et Antananarivo ; -Une descente sur terrain dans la commune ; -le recueil des données primaires à travers les entretiens de groupe et les enquêtes individuelles d’exploitation, dans le village choisi pour l’étude.

CHOIX DU VILLAGE D’ETUDE Le choix de la Commune d’étude (la Commune Rurale d’Ankaribelo) était basé sur les critères suivants : - la proximité géographique de la commune rurale d’Ankarimbelo par rapport au corridor forestier (Commune rurale d’Ankarimbelo, District d’Ikongo, situant au Sud-Est du corridor); - les réalités socio-économiques de la commune qui reflètent les réalités de l’ensemble des communes riveraines du corridor.

METHODES UTILISEES Pour pouvoir recueillir des informations sur terrain on a adopté deux démarches : l’observation directe et les entretiens individuels et de groupe. Entretien collectif Durant les entretiens collectifs, on a essayé de rassembler toutes les catégories d’âges comme les personnes âgées, les femmes et les jeunes. Lors des entretiens, nous avons surtout apprécié les connaissances des paysans sur le système de production, l’utilisation des ressources forestières, la perception d’éventuelles pressions sur les ressources naturelles du corridor, les relations avec les acteurs externes, l’existence d’éventuels conflits dans la gestion du corridor et leur impact.

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Enquêtes individuelles Les enquêtes individuelles d’exploitation ont été faite à l’aide de questionnaires. Grâce à ce procédé, nous avons pu collecter des données aussi bien qualitative que quantitative permettant de caractériser les systèmes de production agricole dans le site étudié, d’identifier le type d’exploitation, de comprendre les objectifs, la logique et la stratégie paysanne, les contraintes auxquelles le paysan est confronté et dispositions prises ou les solutions envisagées pour palier à ces problèmes. CRITIQUE DES METHODES Nous avons rencontré beaucoup de difficultés lors de la phase de terrain surtout lors des enquêtes d’exploitation. Dans le village d’Ankarimbelo, la phase d’introduction et de présentation des objectifs de l’étude envisagée auprès des autorités traditionnelles a nécessité la tenue d’une cérémonie (cérémonie d’offrande de Toaka gasy au Mpanjaka et aux Ray aman-dreny, partage avec toute l’assemblée, discours de bienvenue…), ce qui nous a quelques fois retardé dans les entretiens de groupe. -Le poids de la structure hiérarchique sociale pendant les réunions : les informations livrées étaient contrôlées par les autorités traditionnelles, il y avait donc des sélections et des rétentions d’informations. -Par peur de représailles administratives, les résultats des enquêtes ont volontairement omis l’existence de champs de canne à sucre et refusé de les voir figurer sur la cartographie de terroir. Cela s’explique par le fait que la distillation du jus de canne à sucre pour la fabrication du rhum local est interdite par l’administration ; Pourtant, la vente de ce rhum local constitue une importante source de revenus pour les paysans.

7 INTRODUCTION

Madagascar dispose d’un d’écosystème naturel particulier et d’une diversité biologique très riche et unique au monde. Il s'est détaché de l'Afrique il y a plus de 120 millions d'années. Cet isolement précoce explique que l'île abrite des espèces éteintes et ayant été contraintes de s'adapter à un nouvel habitat, ont acquis des caractères originaux. Cependant ces ressources naturelles se trouvent aujourd’hui fortement menacées. Une investigation scientifique récente a constaté que Madagascar est parmi les Pays les plus menacées de la planète pour la préservation de la vie sur terre et classe Madagascar parmi les cinq premiers. Sous certains aspects, Madagascar est un pays de paradoxes. Si la tradition de protection de l'environnement est bien ancrée pour certaines de ses populations, certaines pratiques d'activités génératrices de revenus (agricoles, minières, etc.) se révèlent être destructrice du patrimoine forestier. En plus des facteurs naturels tels que des sols propices à l’érosion et les catastrophes naturelles (cyclones, sécheresses, invasion de criquets), ce sont les facteurs humains, particulièrement au niveau des zones forestières, qui accélèrent la dégradation de l’environnement à Madagascar comme le cas du corridor forestier de Fianarantsoa. Parmi ces facteurs humains, figurent l’exploitation des produits forestiers, la culture sur brûlis et les feux de brousse. PROBLEMATIQUE Justification de l’étude

Madagascar est un pays riche en matière de biodiversité, pourtant il fait partie des pays les plus pauvres du monde. Le produit intérieur brut par habitant qui est passé de 383 US$ en 1960 à 200 en 2000, classe Madagascar parmi les plus pauvres. Sur la même période, on a remarqué aussi la dégradation de l’environnement par la disparition du couvert forestier de 16 à 25% de la superficie. Cela met en exergue l’existence d’une corrélation étroite entre la dégradation de l’environnement et la baisse du revenu par habitant surtout au niveau de la population rurale.

8 En plus, le MAP a mis comme l’un des priorités l’augmentation des aires protégées et de diminuer les superficies touchées par les feux de brousses (Annexe : Tableau 1). L’harmonisation de l’exploitation forestière est impérative pour l’avenir du corridor forestier de Fianarantsoa. OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS Dans la gestion du corridor forestier de Fianarantsoa, l’intervention de l’ANGAP et des ONGs était très appréciée depuis quelques années. Toutefois, malgré cette intervention, ce corridor ne cesse de se dégrader. L’objectif consiste donc à chercher de stratégies qui conviennent aux réalités socio- économiques de la population riveraine du corridor forestier de Fianarantsoa.

En plus de la situation économique de notre pays, les us et coutumes des Tanala comme la pratique du Tavy et l’exploitation des produits forestiers accélèrent la dégradation environnementale au niveau du corridor. Pour la commune rurale d’Ankarimbelo, District d’Ikongo, l’exploitation forestière constitue d’importantes ressources à la population. Pour pouvoir augmenter les revenus, il faudra exploiter au maximum la forêt, alors que le but de notre étude est d’harmoniser ce type d’exploitation. L’harmonisation de l’exploitation forestière c’est une stratégie de conciliation de l’exploitation forestière sans détruire l’environnement plus précisément le corridor forestier de Fianarantsoa. Cette conciliation n’est pas un objectif facile à réaliser par ce qu’elle nécessite d’une part, une analyse des problèmes socio- économiques de la commune et d’autre part, l’application des stratégies d’harmonisation. Ces deux phases constituent les deux parties de notre mémoire : Chapitre I: LES PRESSIONS SUR LE CORRIDOR FORESTIER Chapitre II : LES STRATEGIES D’HARMONISATION DE L’EXPLOITATION

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CHAPITRE I :

LES PRESSIONS SUR LE CORRIDOR FORESTIER La dégradation du corridor forestier de Fianarantsoa n’est pas un hasard. Cette situation reflète la réalité nationale et surtout régionale que les populations riveraines ont vécue. On dit toujours que l’environnement et l’homme sont des choses indissociables, donc ce corridor ne peut pas être à l’abri des différentes pressions sociales et économiques mais aussi, il doit en subir les conséquences.

SECTION I

PRESSIONS SOCIO-ECONOMIQUES

§1- PRINCIPALES PROBLEMATIQUES ECONOMIQUES 1- La pauvreté Les revenus des ménages malgaches ne cessent de diminuer surtout au niveau de la population rurale. Dans la région Tanala, plus précisément dans le village d’Ankarimbelo, commune rurale d’Ankarimbelo, 95% des villageois vivent dans la pauvreté. Les spéculations sur lesquelles reposent les activités Tanala sont les tubercules racines (manioc, patate douce…), les céréales (riz, maïs) et surtout la canne à sucre. Il s’agit d’une économie de subsistance dont les produits vivriers sont quasiment destinés à l’autoconsommation. Selon les ménages interrogés, les ventes des produits forestiers et du rhum local constituent leurs sources de revenus. Le rhum local étant devenu la principale après la chute du prix du café. Cette situation oblige les Tanala à l’exploitation au maximum de la forêt pour pouvoir assurer les besoins quotidiens de leur famille. La population n’a le choix que d’exploiter le corridor forestier. On peut donc dire que la pauvreté de la population est à l’origine de l’exploitation non contrôlée du corridor forestier du Fianarantsoa.

11 2- Croissance démographique La démographie est définie comme l’évolution de la taille d’une population. Cette évolution peut être due à la natalité, au mouvement de la population comme la migration ou à un phénomène naturel (Annexe : Tableau 2). Dans la commune d’Ankarimbelo, la croissance démographique naturelle et annuelle est estimée à 3,19%. Au fur et à mesure que la population agricole s’accroît et que les terres passent d’une génération à l’autre par héritage, les parcelles agricoles se morcellent et deviennent trop petites pour que leur exploitation soit économiquement rentable. Le morcellement des terres par héritage réduit la taille de parcelle et conduit également à la conquête de nouvelles terres chez les Tanala. Cette croissance démographique jugée galopante par rapport à l’évolution économique de la commune entraîne normalement la pression foncière qui commence à gagner du terrain actuellement.

§2 : PRINCIPALES PROBLEMATIQUES SOCIO-CULTURELLES : LES US ET COTUMES DES TANALA

1 -La pratique du Tavy Selon les informations données par le Ray aman-dreny, Tanala : signifie ceux de la forêt, c’est à dire Tan = ceux ; ala = forêt, ceux qui vivent dans et de la forêt. Dans la vie quotidienne, la population Tanala est très attachée à ses us et coutumes. La pratique du Tavy, par exemple, est en même temps un système de production et une organisation sociale. Le choix des versants à défricher et à cultiver est une décision villageoise ou lignagère. Cette pratique est perçue comme une manière d’entretenir le lien avec les ancêtres.

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2 – L’exploitation des produits forestiers L’exploitation effectuée au niveau du corridor forestier a permis d’évaluer les besoins des populations en produits forestiers. Pour la commune rurale d’Ankarimbelo, la dépendance à cette forêt est presque totale. Excepté les matériaux pour la vannerie comme les cypéracées prélevées dans le village, les produits de la chasse et de la pêche et le bois de construction et de chauffe proviennent en grande partie du corridor. L’importance de la forêt dans la vie quotidienne des Tanala est claire. Diverses espèces végétales du corridor sont exploitées par les Tanala pour différents usages. Par exemple : Lalona ou Harongana peut, non seulement être utilisé comme poteaux de maison, bois de meubles, mais aussi servir pour la fabrication de mortiers et manches de bêches suivant sa taille et sa grosseur.

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SECTION II LES IMPACTS SUR LE CORRIDOR

§1 - L’ACCROISSEMENT DU TAVY En l’absence d’un changement économique notable, l’évolution de la population aggrave la pression sur le corridor forestier parce que les besoins augmentent , la migration et la création des villages vers les bordures du corridor se multiplient. La pratique du Tavy est liée aux problèmes de développement agricole en milieu rural. La démographie et le régime foncier constituent deux déterminants majeurs de la pratique. Chez les Tanala, l’aspect socio-culturel est également à considérer. Les paysans ne se sentent pas encore comme vrai propriétaires à défaut de titre foncier malgré leurs occupations du terrain depuis leurs ancêtres. Cette situation entraine l’occupant à négliger la gestion de la surface qu’il a occupée et de l’exploiter abusivement.

La topographie (relief accidenté) est un facteur qui ne permet pas la valorisation des bas- fonds. Les Tanala restent attachés à la tradition et aux coutumes ancestrales. Les cultures (Tavy) se pratiquent de génération en génération, à l’exception des cultures de rente introduites pendant la colonisation. Il est souhaitable d’exploiter ce contexte social pour apporter des changements dans le mode de productions Tanala.

Les terres vacantes et sans propriétaires, délaissées par l’Etat colonial sont maintenant en accès libre par manque de contrôle étatique. Les dynamiques agraires les plus extensives

14 s’y développent. Les ménages les mieux nantis ont la possibilité de constituer des réserves en terres individuelles dans la forêt suivant les droits coutumiers. Ces terres sont marquées par des signes d’appartenance individuelle : plantation de bananes, etc.… L’expansion du Tavy a pour conséquence la destruction du biotype des espèces animales et végétales, en particulier des espèces endémiques, et la fragmentation forestière entraînant un déséquilibre dans la fonction écologique et les réserves génétiques du corridor forestier

§2- DEVELOPPEMENT DE CULTURE DE CANNE A SUCRE La culture de la canne à sucre existe depuis la période coloniale dans la partie orientale de Madagascar. Elle est utilisée dans la fabrication du rhum local, une boisson très prisée des Tanala et présente à toutes les cérémonies et fêtes traditionnelles. Cette culture connaît un essor depuis la chute du prix du café sur le marché mondial et est en passe de le remplacer. De l’Est en Ouest, les superficies consacrées à la culture de canne à sucre deviennent de plus en plus importantes, surtout lorsqu’on se rapproche du corridor forestier. Les plus importantes sont localisées dans le District d’Ikongo où se trouve la commune d’Ankarimbelo. Actuellement, la canne est surtout cultivée sur les anciennes défriches portant généralement des pieds de caféiers. La taille moyenne estimée d’une plantation de canne proche du corridor varie de 10 à 60 ares par ménage. Cette taille peut atteindre 100 à 200 ares pour une plantation de canne située à 10 km environ de la lisière. La majorité des enquêtés du village cultivent la canne à sucre pour deux raisons, besoin en sucre et rhum local. L’utilisation du sucre industriel est très rare dans les ménages proches du corridor. Ceux qui possèdent les superficies les plus importantes, transforment la canne a sucre en rhum local (Toaka Gasy) destiné à la commercialisation. Leur objectif étant de toujours d’étendre les superficies en canne, ce qui accentuera des nouvelles terres au niveau du corridor.

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CHAPITRE II :

STRATEGIE D’HARMONISATION DE L’EXPLOITATION Le corridor forestier joue un rôle important dans la vie quotidienne des populations riveraines en particulier les Tanala. Cette dépendance presque totale met le corridor forestier dans une situation alarmante à cause de l’exploitation non contrôlée de la forêt. Pour remédier la dégradation accélérée du corridor forestier, il faut adopter une politique de gestion adéquate des ressources forestières de chaque commune. On a constaté aussi que, la pauvreté et la dégradation de l’environnement vont de paire : tant que la population rurale riveraine reste pauvre, le corridor forestier ne cessera. Les développements socio-économiques et sociaux sont des facteurs incontournables pour l’avenir du corridor forestier de Fianarantsoa.

SECTION I PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL

§1- DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE L’économie de la commune d’Ankarimbelo dépend beaucoup de l’agriculture. Après l’effondrement du prix du café, la culture de canne à sucre est une activité florissante dans la région. Ce type de culture entraîne l’élargissement de surfaces à défricher dans le corridor forestier. L’introduction des nouvelles filières de production est une stratégie susceptible de réduire la pression sur le corridor. 1- Nouvelles filières de production L’introduction et le développement de nouvelles filières, outre les filières actuelles, comme la canne à sucre qui remplace progressivement le café, comme la vanille, le lait, les mines, le miel, les huiles essentielles, avec l’appui des organismes de développement, pourraient améliorer les conditions de vie des paysans.

L’existence et le développement des nouvelles filières agricoles ou non agricoles pourraient réduire les pressions sur le corridor par une absorption de la main d’œuvre et / ou une augmentation des revenus.

17 L’apparition de ces filières serait rendu possible aussi bien par l’émergence de jeunes agriculteurs innovateurs que par l’ouverture de marchés locaux, nationaux ou internationaux, elle même envisageable grâce au développement des voies de communication (route, chemin de fer) et du tourisme.

2- l’agri-business Dans le cas de la commune rurale d’Ankarimbelo, vu l’existence des produit agricoles (Annexe : Figure 2), l’implantation des usines de transformation des produits agricoles (manioc, banane, fruit) et par conséquent, l’agri-business pourrait être une solution à la dégradation accélérée du corridor forestier de Fianarantsoa.

3-Désenclavement des communes Ce qu’on a remarqué dans le corridor forestier de Fianarantsoa, plus les communes sont isolées, plus l’exploitation et la pratique du Tavy sont très ancrées. Les ménages interrogés ont avancé deux raisons expliquant leur isolement : -l’absence du contrôle de l’Etat par manque de moyens matériels et de ressources humaines ; -l’insuffisance des voies de communication rendant difficile voire impossibles les échanges commerciaux avec les autres communes ou régions. L’ouverture des nouvelles voies de communication et la réhabilitation des voies de communication existantes s’avèrent donc nécessaire. Ouverture de nouvelles voies de communication Cette ouverture permet le désenclavement des zones inaccessibles, facilite l’application des règlements sur le terrain et améliore le circuit d’écoulement des produits agricoles. Réhabilitation des voies de communication existantes Elle permet d’améliorer l’accès aux zones dont l’état défectueux des voies de communication ne permet pas une circulation fluide des biens et services. Dans la commune d’Ankarimbelo, le nombre des trafics de taxi brousse est très faible (Annexe : Tableau 4). Leur réhabilitation conduit donc à une redynamisation des activités de ces zones.

18 §2 –DEVELOPPEMENT SOCIAL 1- L’éducation L’éducation est considérée comme un puissant facteur d’innovation, de conscientisation et d’amélioration de la capacité de réalisation du consensus social. Comme dans le monde, le développement du système éducatif, qualitativement et quantitativement, aura sans aucun doute un impact sur le monde rural. Deux cas sont envisageables : -Education élargie Le niveau d’instruction des paysans s’améliore si ce domaine continue à faire partie des priorités de l’Etat et si les infrastructures et les financements sont présents. L’éducation ici est généralisée à un plus grand nombre, y compris et surtout les populations rurales isolées autour et dans le corridor. -Education stable Les communes rurales éloignées et enclavées connaissent une très faible proportion de scolarisation et d’alphabétisation (Annexe : Tableau 3). Le taux de scolarisation de la population ne pourra augmenter s’il n’y a pas de politique d’éducation de proximité.

2- Politique démographique Au fur et à mesure que la population agricole s’accroît et que les terres passent d’une génération à l’autre par héritage, les parcelles agricoles se morcellent et deviennent trop petites. On assiste ainsi à une situation de pression foncière qui amène à envisager des mesures d’accompagnement telles des campagnes de sensibilisation sur l’utilisation des méthodes contraceptives (le planning familial). On remarque cependant que cette régulation démographique produit des résultats relativement positifs dans les zones où les supports de communication sont développés, le niveau d’instruction assez élevé et le ressource de revenus diversifiés. Cette mesure a moins de chance de porter des fruits dans un contexte où les besoins en mains- d’œuvre familiales sont primordiaux dans l’économie de subsistance.

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SECTION II

STRATEGIE DE GESTION DU CORRIDOR

Le corridor forestier de Fianarantsoa est une richesse importante non seulement pour les communes riveraines mais aussi pour le pays. L’avenir du corridor forestier exige une gestion efficace et une prise de responsabilité de tous les acteurs intervenant dans sa protection.

§1 : COORDINATION DES ACTIONS DE TOUS LES ACTEURS Depuis l’année 1995, différentes structures étatiques, des organismes nationaux et internationaux ainsi que des projets de développement sont intervenus au niveau des 22 communes riveraines du corridor forestier. Sans que la liste soit exhaustive, certains de ces acteurs sont cités ci-dessous :

DIREEF, DIRPEM, DRDR et FOFIFA, structures étatiques avec leurs démembrements au niveau de la province et au niveau des régions, sont les représentants respectifs du MINENVEF, du MEM, du MAEP et de la FOFIFA – Antananarivo. SAGE, une association nationale créée en 1991, est chargée de la région des aires protégées. En tant que gestionnaire stratégique et opérationnel pour une meilleure conservation des écosystèmes naturels, sa mission consiste à établir, conserver et gérer d’une manière durable un réseau national de parcs et réserves représentatifs de la diversité biologique de Madagascar. CI Madagascar, la filiale de Conservation International à Madagascar intervient depuis 1992, dans les aires protégées, notamment à Zahamena et pour l’ensemble du corridor. WWF, organisation non gouvernementale internationale, œuvre en faveur de la conservation de la nature et des ressources naturelles. Depuis 1979, date de création de sa représentation officielle à Madagascar, le WWF a initié un certain nombre d’actions et de projets dans le domaine de la conservation de la biodiversité et de l’éducation environnementale. 20 PACT Madagascar, présent à Madagascar depuis 1991, a financé les programmes des partenaires locaux et internationaux dans le domaine de la conservation de la biodiversité, de la planification éco- régionale, des systèmes d’information et d’élaboration d’outils pour la prise de décision, du développement de capacités, de démocratie et du développement organisationnel des associations locales.

PTE, l’ex- LDI, un programme financé par l’USAID, et exécuté depuis 1998 par Chemonics International, en vue de combattre la pauvreté en milieu rural, vise la gestion durable des ressources naturelles de Madagascar. Il intervient dans plusieurs communes concernés par le corridor et au niveau des parcs nationaux Ranomafana, Andringitra et Isalo.

PADR, est un projet du Gouvernement Malagasy, financé par la Banque Mondiale pour la mise en œuvre d’un axe stratégique du Plan d’Action pour le Développement Rural. Le projet est représenté par l’Unité Provinciale d’Exécution du Projet ou UPEP.

FID, une association nationale, intervient pour le financement des projets relatifs aux infrastructures sociales.

CCD NAMANA, ONG nationale, intervient dans le développement agricole, social, et la gestion forestière communautaire. TANINTSIKA, une ONG nationale, intervient dans le domaine de santé et environnement Malgré l’existence des interventions, on a remarqué de problèmes d’efficacité dans la conservation du corridor forestier de Fianarantsoa.

21 1- Problème d’efficacité Concernant la protection du corridor forestier, les activités de développement entreprises ont un impact peu modeste. D’abord, parce qu’elles sont imparfaitement suivies et réalisées, ensuite parce qu’il s’agit des micro-projets qui ne sont pas capables de modifier la donne de l’économie locale et ne compensent pas l’intérêt économique que les paysans tirent de la forêt. Les activités améliorent le quotidien mais génèrent peu de revenus. Les paysans y participent mais sans pour autant renoncer à la culture itinérante sur défriche brûlis ou plus encore à la mise en culture des nouvelles rizières dans la forêt. Il semble illusoire de penser qu’à court et à moyen terme, ces activités pourraient contribuer efficacement à la protection du corridor forestier. L’interaction positive entre la conservation et le développement apparaît en effet difficile à mener en dépit des efforts déployés par les acteurs et l’existence du CMP qui intervient pour la coordination de toutes les activités. La mise en œuvre du projet ou des interventions semble davantage motivée par leur faisabilité que par la nécessité réelle de protéger la forêt ou de favoriser le développement rural. Elle ne correspond pas à une réelle demande des bénéficiaires. Par ailleurs, les structures sociales ou administratives des communes n’ont pas pour le moment le moyen de s’opposer ou même de sélectionner les activités qui leur sont imposées. La situation est telle que les résultats escomptés sont mitigés et que le corridor forestier continue à se dégrader.

Cette situation, nécessite une bonne coordination des interventions tant sur le plan de zone d’intervention que sur les intérêts des acteurs présents dans les communes riveraines du corridor. 2- SOLUTIONS ENVISAGEES 2-1- Répartition de zones d’intervention équilibrée La plupart des acteurs de développement et de conservation de l’environnement interviennent seulement dans les communes facilement accessibles comme les communes rurales d’Ikongo, Tolongoina. Les communes les plus reculées ne connaissent aucune intervention jusqu’ici alors qu’elles ont les plus de besoins en appui et en assistance pour le développement et surtout l’éducation environnementale.

22 Par ailleurs les services déconcentrés de l’Etat, qui sont chargés officiellement de la mise en œuvre des politiques nationales en matière de gestion des ressources naturelles, ne disposent pas de moyens nécessaires aussi bien financiers que matériels pour concrétiser leurs interventions dans les communes concernées. Le déséquilibre spatial constaté engendre un déséquilibre très marqué sur les aspects socio- économiques entre les différentes communes riveraines du corridor. Une des explications de cette répartition spatiale réside aussi dans le fait que les acteurs de développement, en tant que prestataires de services, sont limités dans le temps et dans leurs ressources pour mener leurs interventions. Ils sont alors obligés à cibler les communes ou villages qui offrent le plus de probabilité de résultats pour satisfaire leurs bailleurs de fonds respectifs. 2- 2- coordonner les intérêts des acteurs L’analyse des acteurs permet de comprendre et analyser les interactions entre les différents acteurs ayant de multiples intérêts et objectifs, concordants ou conflictuels par rapport à la mise en œuvre des interventions pour la gestion durable du corridor forestier. Elle permet aussi de mettre en évidence les relations existantes entre les acteurs, les conflits potentiels et les moyens de les résoudre. Les acteurs à forte importance dans le système, mais avec peu d’influence méritent qu’il y ait des initiatives spéciales pour protéger leurs intérêts. Inversement, les acteurs ayant une forte influence mais peu d’importance doivent être attentivement surveillés car leurs intérêts peuvent profiter exagérément de l’intervention et être à la source de risques significatifs. Enfin, pour avoir plus d’efficacité, il est nécessaire de construire de bonnes relations de travail avec les acteurs ayant une forte influence et une forte importance pour assurer une coalition efficace de soutien aux activités. La continuité des interventions, l’extension de zones d’intervention, la recherche et le maintien de partenariat sont évoqués à plusieurs reprises quel que soit le niveau des acteurs. Bien que concrètement il n’y ait pas encore d’intérêts conflictuels manifestes, les acteurs qui ont les mêmes intérêts peuvent avoir des rivalités entre eux. Par contre, quelques intérêts sont complémentaires. Par conséquent, pour pouvoir bien harmoniser et coordonner toutes les interventions et pour qu’il y ait synergie des acteurs, il faudrait identifier les acteurs pertinents par rapport à la problématique du corridor forestier.

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§2- POLITIQUE DE GESTION DU CORRIDOR A l’aide de l’étude menée dans les communes riveraines du corridor forestier de Fianarantsoa, on peut avancer de stratégie et politique de gestion durable de ce corridor. Toutefois, il est nécessaire d’analyser les stratégies adoptées et existantes.

1- ANALYSE 1-1-Stratégie d’interdiction et de répression L’application de cette stratégie au corridor forestier le considère comme déjà des forêts classées et parcs nationaux. . Cette stratégie a un caractère répressif (application de la réglementation), sans pour autant que cela leur confère un statut d’interdiction totale d’exploitation. En effet, cette stratégie est irréaliste dans le cas du corridor. Son couvert forestier est déjà exploité de façon plus ou moins durable par les populations riveraines depuis des générations. Il fait partie de leur patrimoine culturel et économique. Une interdiction totale les priverait d’un moyen de subsistance important sans, dans les conditions actuelles, leur proposer d’alternatives économiquement viables et techniquement faisables. De plus, les institutions de l’Etat n’ont pas les moyens de faire respecter une interdiction totale.

1-2- Stratégie de transfert complet de la gestion aux populations locales Ce type de stratégie consiste à l’Etat de se retirer pur et simple de la gestion du corridor et de responsabiliser les populations locales, qui s’assimilerait à un transfert de propriété. Cette privatisation de fait, soit au bénéfice des exploitants, soit à des entrepreneurs privés, laisserait entière la question de la défense des intérêts nationaux. On a constaté que cette stratégie peut conduire à la dégradation accélérée du corridor car au sein de ces populations locales, les plus aisés s’accapareront de la forêt aux détriments des plus démunis. Par ailleurs, l’Etat perdra ses recettes fiscales forestières.

24 1-3- Stratégie de la co- gestion Cette stratégie est globalement celle en vigueur depuis peu à Madagascar, avec la mise en œuvre du processus de la Gestion Locale sécurisée (GELOSE) et la Gestion Communautaire des Forêts (GCF). En ce qui concerne la gestion locale sécurisée des ressources naturelles renouvelables qui a fait l’objet d’une étude de cas, cette expérience, qui est récente connaît actuellement quelques limites dans sa pratique, entre autre la défaillance dans le rôle de suivi des activités de la COBA par la commune et le Service des Eaux et Forêts.

Des expériences ailleurs dans le monde apportent quelques éclairages utiles pour Madagascar. Brown D (1999) relève que le modèle de co-gestion repose sur l’existence de directions « traditionnelles » efficaces avec à la base une communion de vue chez les dirigeants et les dirigés. Mais, sur le terrain, cette hypothèse n’est pas vérifiée. Par exemple au Ghana « les intérêts qui séparent les chefs traditionnels de leurs administrés sont peut- être au moins aussi important que ceux qui unissent ». Au Cameroun, la notion même de véritable autorité traditionnelle est mise en doute. A cet effet, il relève deux obstacles importants à une réelle participation communautaire des populations locales : Déséquilibres significatifs de pouvoir entre les utilisateurs des produits forestiers à des fins commerciales et ceux sui les exploitent à des fins subsistances ; Niveau discutable des volontés politiques dans les principaux services étatiques (Ministère de l’Environnement et des Eaux et forêts, Ministère de l’agriculture et Ministère de l’Energie et mines). Selon Brown, le modèle de co- gestion devrait être appliqué au cas par cas, tenant compte de la spécificité de chaque localité. Cela demande une plus grande coordination entre Gouvernement et donateurs, entre donateurs et à l’union des différentes compétences. Nous rejoignons Brown dans cette approche de co- gestion qui s’avère la plus adaptée au contexte actuel de la gestion durable des ressources naturelles, compte tenu des limites élevées dans la mise en œuvre du processus GELOSE.

25 2- ADOPTON DE POLITIQUE DE GESTION

2-1- Prise en compte du développement humain Pour le cas du corridor de Fianarantsoa, sa protection et sa gestion ne doivent séparer à l’amélioration de la vie économique de la population riveraine, c’est l’humanisme. Si la stratégie avancée minimise le développement humain (sur le plan social et économique), la dégradation de l’environnement au niveau de ce corridor ne cesse de continuer.

2-2- Allègement de la procédure domaniale Selon les enquêtes menées dans les communes proches du corridor forestier, la majeure partie des terrains ne sont pas toujours titrés. Cette situation induit l’occupant de l’exploiter abusivement puisqu’il ne sent encore de vrai propriétaire. Les paysans veulent surtout la possession de titres fonciers mais vu la complexité de procédure domaniale, et le les couts y afférentes, ils n’ont le choix. On peut envisager que la possession de titre foncier pourra changer le comportement des paysans qui vivent au niveau du corridor forestier de Fianarantsoa. La procédure d’acquisition de titre foncier devrait être allégée et décentralisée. 3-2- Politique volontariste Il faut oublier dans l’esprit que les paysans comme le seul responsable de la dégradation l’environnement à Madagascar. Comme le cas du corridor forestier de Fianarantsoa, il y avait bien des responsabilités communes entre la population riveraine et les décideurs dans cette situation. On peut souligner que le pillage du foret dans le corridor permet au forestier de couper illégalement des centaines mètres cubes de bois par an. Pourtant sur papier, Madagascar a adopté des lois qui visent à sensibiliser les populations Locales et à former des agents forestiers.

26 Hélas, la corruption permet à l’acquisition illégale de licence d’exploitation, l’achat de droit d’exportation auprès des douanes et surtout le dépassement des quotas de coupes. Le changement de mentalité de tous commencé par les populations locales jusqu’aux personnalités décideurs devrait solliciter pour la gestion et la protection du corridor forestier de Fianarantsoa sinon tous les efforts déployés restent en vain.

Selon les enquêtes faites, les populations riveraines acceptent et convaincus que ce corridor est en danger et elles subissent déjà les conséquences de cette dégradation depuis quelques années par l’insuffisance de pluies par exemple. Leurs conscientisations doivent être Appuyées par le système d’information, éducation et de la communication (IEC).

27 CONCLUSION GENERALE

En somme, le corridor forestier joue un rôle important dans la vie économique et sociale des population riveraines, en particulier de la commune rurale d’Ankarimbelo, car il fournit aux populations, non seulement les bois de construction et de chauffe, mais aussi le produits de chasse, de pêche et les terres agricoles très fertiles. Le corridor forestier n’est pas seulement un lieu d’activités agricoles ; il sert aussi de lieu d’échanges et de commerce. Cette dépendance des populations riveraines vis à vis du corridor pour leur subsistance est facteur de dégradation de celui-ci. Il est vrai que les communes riveraines du corridor ont des structures comme les COBA qui impliquent les populations locales dans la gestion et la responsabilité de ce corridor alors qu’on a constaté encore la dégradation continuelle des ressources du corridor. En tant que jeunes structures, elles méritent d’être soutenues par l’administration étatique, les organismes intervenant dans ce corridor et les élus locaux.

L’analyse des acteurs locaux fait ressortir une multitude d’intervenants ainsi qu’une diversité d’activités. Toutefois, la répartition de leurs interventions est déséquilibrée , ce qui entraîne également un déséquilibre très marqué sur les aspects socio- économiques entre les différentes communes riveraines du corridor. Si, apparemment, aucun conflit d’intérêts ne se manifeste entre les acteurs, il ne demeure pas moins que des conflits d’objectifs et de leadership se traduisent par le manque de synergie et de coordination dans la mise en œuvre de leurs activités, en dépit de l’existence d’une structure de Coordination Multi-locale de Planification (CMP). Par ailleurs, les acteurs et les bénéficiaires se préoccupent de résultants ponctuels et ne semblent pas se soucier de mesures à moyen ou à long terme, permettant de garantir appropriation et pérennisation. Par conséquent, les exploitants restent dans l’expectative.

Il ressort que l’ouverture de nouvelles voies de communication et l’amélioration de celles existantes, l’alphabétisation fonctionnelle et l’éducation, la sécurisation foncière sont les

28 plus pertinentes car elles gardent leur utilité quelque soit l’intervention. Une stratégie basée sur une combinaison de ces mesures permettrait de renforcer la capacité de participation des populations à la gestion durable du corridor forestier. En effet, de meilleures voies de communication donneraient la possibilité aux populations d’accéder à l’éducation, d’améliorer leurs conditions de vie à travers la sécurisation du capital foncier qui garantirait tout investissement. Cet investissement conduirait à l’augmentation de la production dont le surplus pourrait être commercialisé sur de différents marchés. On peut penser aussi que, les voies de communication praticables toute l’année permettent aux agents de l’Etat de faire le suivi de la réglementation commune élaborée.

29 BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages et Manuels

BERTRAND, La gestion contractuelle, pluraliste et subsidiaire des ressources renouvelables à Madagascar (1994 –1998), Africain studies Quarterly, 1999

BROWN, Transitions agraires et dynamiques de la biodiversité dans un corridor forestier (Fianarantsoa –Madagascar), IRD Montpelier, 1999

BRADY, N.C 1996: Alternatives to Slash and Burn: A globalimperative. Agricultural Ecosystems & Environement, 58.

DUFIMIER M. 1996 : Les projets de developpement agricile. Manuel d’expertise, CTA-KARTHALA

FREUDENBRGER K, RAVELONAHINA J et WHYNER D. 1999a : Course pour le corridor, une etude sur l’économie familiale et la gestion de resources naturelles dans la commune d’Ikongo, Madagascar.

GOODMAN SM et RAZAFINDRATSIRA : Inventaire biologique du parc national de Ranomafana et du corridor forestier qui relie au parc national d’Andrigitra. Recherche pour le developpement, Serie Sciences biologiques, 2001.

Revues et publications

CMP, Monographie du corridor forestier de Fianarantsoa.

INSTAT 2002, Etat de la pauvreté

Landscape Developement Institution (LDI), Manuel de procédure de suivi de Tavy. LDI Fianarantsoa, 2001

.

30 TABLE DES MATIERES

Remerciements ……………………………………………………………………….. ...1 Sommaire ………………………………………………………………………………...2 Abréviations …………………………………………………………………………... ..3 Généralité ……………………………………………………………………………..... 4 Méthodologie …………………………………………………………………………… 6 Introduction …………………………………………………………………………….. 8 CHAPITRE I : LES PRESSION SUR LE CORRIDOR FORESTIER

Section I : Pressions socio-économique ……………………………………………. 11 §1- Principales problématiques économiques ………………………………… ………..11 §2- Principales problématiques socio-culturelles ……………………………. …………12 Section II : Les impacts sur le corridor …………………………………………….. 14 §1- L’accroissement du Tavy ………………………………………………… ………..14 §2- Développement de culture de canne à sucre …………………………….. …………15

CHAPITRE II : STRATEGIE D’HARMONISATION DE L’EXPLOITATION

Section I : Processus de développement local ……………………………………….17 §1- Développement économique ……………………………………………………….. 17 §2- Développement social …………………………………………………… …………19 Section II : Stratégie de gestion du corridor ………………………………………... 21 §1- Coordination des actions ………………………………………………………… …20 §2- Politique de gestion du corridor ……………………………………………………..24

Conclusion générale …………………………………………………………………. ….28

Bibliographie……………………………………………………………………………...30

ANNEXES Annexe 1 : Références tableaux Annexe 2 : Référence graphique ANNEXES ANNEXE 1

Tableau 1 : Objectif du MAP

LE DEFI LA REALITE ACTUELLE 2005 L’OBJECTIF 2012 Aires protégées 1 700 000 ha (2004) 6 Millions ha Feux de brousse 555 938 ha < 200 000 ha

Tableau 2 : Effectifs de la population et densité démographique District Commune Population Superficie (km2) Densité1 (hab./km2) AMBALAVAO 11554 235.1 49.1 AMBALAVAO 11480 134.4 85.4 AMBALAVAO 18732 520.5 36.0 AMBALAVAO MIARINARIVO 9860 171.5 57.5 IFANADIANA IFANADIANA 14220 877.8 16.2 IFANADIANA RANOMAFANA 10186 222.1 45.9 10913 247.4 44.1 IKONGO IKONGO 26835 745.1 36.0 IKONGO AMBATOFOTSY 25648 400.9 64.0 IKONGO MANAMPATRANA 18491 512.6 36.1 IKONGO TOLONGOINA 17007 527.7 32.2 IKONGO ANKARIMBELO 24000 553.5 43.4 VONDROZO MOROTEZA 18082 428.6 42.2 IVOHIBE IVOHIBE 15555 1495.3 10.4 IVOHIBE ANTAMBOHOBE 8867 1405.7 6.3 FIANARANTSOA II MAHASOABE 33601 321.8 104.4 FIANARANTSOA II ANDROY 9121 351.1 26.0 FIANARANTSOA II 18000 307.8 58.5 FIANARANTSOA II VINANITELO 10172 178.2 57.1 Source : Recensement des Communes, Cornell University, 2001 ; FTM

1 Tableau 3 : Ecoles existantes

Communes Total Primaire Total 1er 1er cycle 2nd cycle Nombre de primaires public cycle public public Fokontany SENDRISOA 22 12 0 0 0 16 MAHAZONY 15 10 1 1 0 12

AMBOHIMAHAMASINA 19 14 1 1 0 13 MIARINARIVO 14 7 0 0 0 6 IFANADIANA 25 22 3 1 1 11 RANOMAFANA 11 10 1 1 0 8 MANANDROY 18 10 1 1 0 12 IKONGO 22 21 1 1 1 26 AMBATOFOTSY 11 9 1 1 0 10 MANAPATRANA 13 11 1 1 0 16 TOLONGOINA 11 9 1 1 0 14 ANKARIMBELO 23 22 1 1 0 19 MOROTEZA 6 6 0 0 0 5 IVOHIBE 17 16 1 1 0 14 ANTAMBOHOBE 10 9 0 0 0 11 MAHASOABE 21 16 2 1 1 23 ANDROY 12 9 0 0 0 9 IALAMARINA 17 10 1 1 0 10 VINANINTELO 14 9 1 1 0 6 Source : CISCO, Recensement des Communes, Cornell University, 2001 Tableau 4 : Importance de trafics de taxis-brousse dans les communes du corridor

Commune Types de routes Taxis-brousse de Période passage ALATSINAINY IALAMARINA route non bitumée saisonnière 2 par jour AMBATOFOTSY route non bitumée 15 par semaine AMBOHIMAHAMASINA route non bitumée 3 par jour AMBOHIMAHAMASINA route non bitumée saisonnière 2 par semaine ANDROY route bitumée 40 par jour ANDROY route non bitumée 2 par jour ANKARIMBELO route non bitumée 3 par semaine IFANADIANA route bitumée plus de 100 par jour IFANADIANA route non bitumée 10 par jour IKONGO route non bitumée 15 par semaine IKONGO route non bitumée saisonnière 2 par semaine IVOHIBE route non bitumée 3 par jour MAHASOABE route non bitumée 20 par jour MAHAZONY route non bitumée saisonnière 1 par semaine MANAMPATRANA route non bitumée 8 par semaine MANANDROY route non bitumée 25 par jour MANANDROY route non bitumée saisonnière 10 par jour RANOMAFANA route bitumée plus de 100 par jour RANOMAFANA route non bitumée 20 par jour SENDRISOA route non bitumée 1 par jour TOLONGOINA route non bitumée 6 par semaine Source : Recensement des Communes, Cornell University, 2001

ANNEXES 2

Figure 1 : Nombre de feux de brousse (annuel) dans les communes du corridor Figure 2 : Rendement de la production rizicole dans les communes du corridor