Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis du département de l’Hérault Rapport final
BRGM/RP-62165-FR Mars 2013
V. Bailly Comte, C. Lamotte
Étude réalisée dans le cadre des opérations de Service public du BRGM
Ce document a été vérifié par : Bernard LADOUCHE date : 25/03/2013
Approbateur : Nom : Marc AUDIBERT Date : 18/04/2013
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Mots clés : hydrogéologie, karst, analyse statistique
En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :
Bailly Comte V., Lamotte C. (2013) - Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis du département de l’Hérault -. Rapport BRGM/RP 62165-FR,. 75 p., 22 fig., 11 tab., 2 ann..
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Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
Synthèse
Dans le but de pouvoir anticiper le mieux possible les sécheresses, la DDTM34 a confié au BRGM un travail relatif à la définition de la typologie d’aquifères karstiques à partir des suivis mis en place sur un ensemble de six secteurs. Il s’agit des sources de Malibert à Babeau Bouldou et de Fontcaude à Saint Geniès de Varensal, des piézomètres de Lacan à Faugères, de la Linquière à Villespassans et d’Usclats à Courniou les Grottes. Une analyse des données a également été réalisée sur les données de débit enregistrées sur la Vis à Saint Laurent le Minier. Pour les sources et les ouvrages, ces suivis sont assurés par le CG34 ; la station hydrométrique sur la Vis est gérée par la DREAL et les données sont produites par le SPC.
La DDTM34 a également demandé au BRGM de dresser une rapide synthèse des connaissances acquises sur les aquifères karstiques étudiés par le BRGM, notamment en terme de fonctionnement hydrogéologique (inertie des systèmes, temps de réaction aux pluies…).
Après un bref rappel du contexte hydrogéologique local des six secteurs sélectionnés, différentes analyses ont été menées sur les données recueillies à ces stations : - l’analyse des quantiles ainsi que l’analyse des amplitudes des variations piézométriques en réponse aux pluies a permis de décrire l’évolution des valeurs de débit ou de piézométrie au cours du cycle hydrologique. Cette approche a notamment permis de définir les dates d’occurrence des basses eaux pour chaque site ; - l’analyse classée des débits et de la piézométrie a été menée pour décrire les modifications de comportement hydrodynamique au cours du cycle hydrologique ; - l’analyse corrélatoire a permis de décrire la réponse impulsionnelle de chaque système et de caractériser le temps et l’inertie de la réponse aux pluies brutes. Ces informations ont permis de regrouper différents systèmes entre eux en fonction de leur réactivité aux précipitations ; - enfin, une analyse des courbes de récession a été menée pour décrire les dynamiques de vidange des réservoirs associés à chaque suivi.
Les résultats obtenus montrent 3 grands types de comportements vis-à-vis des évolutions piézométriques : - les données obtenues au site de Lacan sont caractéristiques d’un système karstique non fonctionnel, où la réactivité à la pluie est très amortie. La dynamique de décroissance est linéaire et relativement stable d’une crue à l’autre, permettant de réaliser facilement des extrapolations de piézométrie en période non influencée (étiage notamment) ; - les données obtenues aux sites de Linquière et Malibert présentent une réponse mixte aux précipitations, combinant un comportement transmissif et capacitif ; - enfin, les données obtenues aux sites de Fontcaude et d’Usclats présentent également certaines caractéristiques communes : il s’agit de systèmes karstiques typiques, montrant une forte réactivité aux pluies et filtrant relativement peu le signal d’entrée. Les dynamiques de vidange sont complexes, et devront être étudiées à partir de données de débit.
Il faut noter que l’analyse de la réponse pluie/piézométrie est limitée dans le cas de suivis de niveaux d’eau influencés par un exutoire. Seule une conversion des données de hauteur en données de débit permettra de caractériser précisément le fonctionnement hydrodynamique des aquifères.
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Sommaire
1. Introduction 9
2. Bref rappel des connaissances acquises sur les aquifères karstiques héraultais étudiés par le BRGM 11 2.1. LA REGION DES KARSTS NORD-MONTPELLIERRAINS ...... 11 2.1.1. Le système karstique des Fontanilles ...... 11 2.1.2. Le système karstique des Cents Fonts ...... 13 2.2. LES CALCAIRES JURASSIQUES DU PLI OUEST DE MONTPELLIER ...... 15 2.2.1. Le système karstique « Aumelas, Vène, Issanka, Cauvy » ...... 15 2.2.2. Le système karstique de la Mosson ...... 17
3. Sélection des données à partir des suivis existants 19 3.1. LOCALISATION DES SITES RETENUS ...... 19 3.2. DESCRIPTION SOMMAIRE DE LA STRUCTURE ET DU FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES KARSTIQUES SUIVIS ...... 19 3.2.1. Source de Fontcaude à Saint Geniès-de-Varensal ...... 19 3.2.2. Piézomètre d’Usclats à Courniou-les-Grottes ...... 20 3.2.3. Piézomètre de la Linquière à Villespassans ...... 21 3.2.4. Piézomètre de Lacan à Faugères ...... 21 3.2.5. Source Malibert à Babeau Bouldou ...... 22 3.2.6. La Vis à Saint Laurent le Minier ...... 22 3.3. DONNEES DISPONIBLES ET PRETRAITEMENT ...... 23
4. Analyse statistique des chroniques 25 4.1. OBJECTIFS ET METHODES ...... 25 4.2. PONDERATION DE LA PLUIE BRUTE ...... 25 4.3. ANALYSE DESCRIPTIVE ET STATISTIQUE DES DONNEES ...... 27 4.3.1. Amplitude des mises en charge en réponse aux précipitations ...... 27 4.3.2. Détermination des quantiles et interprétations ...... 28 4.4. ANALYSE CLASSEE DES DEBITS ET DES NIVEAUX D’EAU ...... 31 4.4.1. Principe ...... 31 4.4.2. Adaptation aux chroniques étudiées ...... 31 4.4.3. Résultats et interprétations ...... 31 4.5. ANALYSE CORRELATOIRE ...... 36 4.5.1. Principe ...... 36 4.5.2. Choix des périodes d’analyse ...... 37
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4.5.3. Résultats et interprétations ...... 37
5. Analyse des récessions 41 5.1. METHODE D’ANALYSE DES HYDROGRAMMES DE SOURCES KARSTIQUES ...... 41 5.2. ADAPTATION AUX CHRONIQUES ETUDIEES ...... 42 5.3. RESULTATS ...... 43 5.4. INTERPRETATIONS ...... 49
6. Conclusion : Proposition de typologie du comportement hydrogéologique des différents aquifères au niveau de chaque site suivi 51
7. Bibliographie 53
Liste des figures
Figure 1 : Modèle conceptuel de fonctionnement du système karstique des Fontanilles ...... 13 Figure 2 : Localisation des suivis retenus sur le fond géologique au 1/1000000 et le fond World Topographic Map ESRI ® - au niveau de la zone d’étude, les calcaires du secondaire apparaissent en bleu et ceux du primaire en vert et brun, ces derniers étant associés à des schistes et des grès à cette échelle...... 19 Figure 3 : Chronogramme des chroniques journalières (après l'interpolation des données) ...... 23 Figure 4 : Hydrogrammes et hyétogrammes journaliers étudiés...... 27 Figure 5 : Evolution conjointe des mises en charge observées et des précipitations sur chaque site pour les 3 cycles hydrologiques 2008-2011. La pente obtenu détermine l’amplitude des mises en charge en réponse aux précipitations.Une échelle bi- logarithmique est adoptée pour visualiser toutes les courbes sur une seule figure...... 28 Figure 6 : Evolution des valeurs médianes mensuelles sur toute la période disponible pour chaque site. La flèche rouge identifie le premier mois du cycle hydrologique...... 30 Figure 7 : Piézométrie classée du forage de Lacan, classes de 0.5 m ...... 32 Figure 8 : Piézométrie classée du forage de Linquière, classes de 0.5 m ...... 33 Figure 9 : Piézométrie classée de la rivière souterraine d’Usclats, classes de 0.05 m ...... 33 Figure 10 : Piézométrie classée à l’exutoire de Fontcaude, classes de 0.02 m ...... 34 Figure 11 : Piézométrie classée à l’exutoire de Malibert ...... 35 Figure 12 : Débits classés à la station de la Vis, classes de 0.5 m3/s ...... 35 Figure 13 : Corrélogrammes simples des chroniques journalières sur la période définie par les 3 cycles hydrologiques 2008-2011. Les tirets horizontaux définissent les seuils d’interprétation de la corrélation à 95%. La droite horizontale à 0.2 permet de définir l’effet mémoire...... 37 Figure 14 : Corrélogrammes simples des chroniques journalières sur l’ensemble des données disponibles...... 38 Figure 15 : Corrélogrammes croisés des relations pluie/débit et pluie/piézométrie sur les 3 cycles de 2008 à 2011. Les tirets horizontaux définissent les seuils d’interprétation de la corrélation à 95%...... 39
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Figure 16 : Méthode d’analyse des hydrogrammes de crue karstique en coordonnées semi- logarithmiques, d’après Mangin (1975)...... 41 Figure 17 : Calage du modèle de récession à la Vis sur la crue du 29/01/2006. Un repère semi- logarithmique est utilisé...... 44 Figure 18 :Calage du modèle de récession à Fontcaude sur la crue du 16/03/2011 ...... 45 Figure 19 : Calage du modèle de récession à Lacan sur la crue du 20/04/2011...... 46 Figure 20 : Calage du modèle de récession à Linquière sur la crue du 22/11/2011 ...... 47 Figure 21 : Calage du modèle de récession à Malibert sur la crue du 23/11/2011...... 48 Figure 22 : Calage du modèle de récession à Usclats sur la crue du 27/05/2008...... 49
Liste des tableaux
Tableau 1: Log lithologique du piézomètre de Linquière ...... 21 Tableau 2: Log lithologique du piézomètre de Lacan ...... 22 Tableau 3: Liste des postes pluviométriques utilisés ...... 26 Tableau 4 : Pondérations des pluviomètres utilisées pour chaque site suivi ...... 26 Tableau 5: Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Lacan ...... 43 Tableau 6: Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Fontcaude ...... 44 Tableau 7: Résultats de l’analyse des courbes de récessions piézométriques à Lacan ...... 45 Tableau 8: Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Linquière ...... 46 Tableau 9: Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Malibert ...... 47 Tableau 10: Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Usclats ...... 48 Tableau 11 : Synthèse des résultats obtenus ...... 52
Liste des annexes
Annexe 1 Fiches descriptives et cartes des entités hydrogéologiques des secteurs étudiés ...... 55 Annexe 2 Quantiles, minimum et maximum mensuels ...... 71
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1. Introduction
La DDTM34 a confié au BRGM la réalisation d’une étude sur le comportement d’aquifères karstiques héraultais sur la base d’un certain nombre de points suivis.
En effet, dans le département de l’Hérault, le suivi de la sécheresse est confiée à une cellule sécheresse (arrêté cadre sécheresse n°2007-01-700 du 4 avril 2007) dont la DDTM assure le secrétariat. C’est cette cellule sécheresse qui propose le passage à un niveau de vigilance, d’alerte ou de crise, ou bien directement la DDTM en cas de dégradation rapide des milieux, d’un certain nombre d’indicateurs fournis par différents producteurs.
Plusieurs axes d’amélioration ont été pointés par la DDTM, notamment la nécessité de développer des indicateurs complémentaires pour les eaux souterraines, et d’anticiper le mieux possible les sécheresses. Pour cela, il est nécessaire au préalable de mieux comprendre les fonctionnements des différents types d’aquifères.
L’objectif de l’étude est donc de définir une typologie des aquifères karstiques grâce au suivi mis en place, sur un ensemble de six secteurs. Ces derniers ont été choisis lors d’une réunion entre la DDTM et le BRGM le 31/07/2012, en fonction notamment des données de suivi disponibles, et des priorités données par la DDTM pour tel ou tel aquifère.
Ce sont donc les données de deux sources (Malibert à Babeau Bouldoux, Fontcaude à St Geniès de Varensal), trois ouvrages (piézomètres d’Usclats à Courniou les Grottes, de Lacan à Faugères, et de la Linquière à Villespassans), et une station hydrométrique (la Vis à Saint Laurent le Minier) qui ont été analysées. Pour les sources et les ouvrages, ces suivis sont assurés par le CG34. La station hydrométrique est gérée par la DREAL et les données sont produites par le SPC.
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2. Bref rappel des connaissances acquises sur les aquifères karstiques héraultais étudiés par le BRGM
L’objet de ce chapitre est de faire le point sur l’avancée des connaissances sur les karsts héraultais qui ont été étudiés ces dernières années, plus particulièrement sur leur fonctionnement et leur réponse aux précipitations. On pourra se reporter à la bibliographie pour de plus amples informations.
2.1. LA REGION DES KARSTS NORD-MONTPELLIERRAINS
La région des karsts nord-montpellierrains est constituée de plusieurs formations carbonatées majeures, dans lesquelles se développent de nombreux systèmes karstiques (système karstique de la source du Lez, de la source de Sauve en rive droite du Vidourle, source karstique des Fontanilles, liste non exhaustive). - le Bajocien et le Bathonien (calcaires dolomitiques du Jurassique inférieur), - le Kimméridgien, le Portlandien et le Berriasien inférieur (calcaires marins du Jurassique supérieur et Crétacé inférieur).
A ces formations principales, viennent s’ajouter les calcaires marins du Crétacé inférieur (Valanginien supérieur) qu’on retrouve au Causse de l’Hortus par exemple, et qui constituent un aquifère karstique notable.
Les systèmes karstiques des Fontanilles et des Cent-Fonts ont fait l’objet d’études poussées dans le cadre du projet de recherche KARSTEAU du BRGM cofinancé par le Conseil Général de l’Hérault. Les principaux éléments de connaissance sont rapportés ci-après.
2.1.1. Le système karstique des Fontanilles
Ce système des Fontanilles est situé en rive gauche du fleuve Hérault, la source des Fontanilles constituant son exutoire étant en bordure du fleuve. La grotte des Fontanilles, à 200 m en amont de la source, en constitue le trop plein principal. Ce système (142A1) est rattaché à l’entité hydrogéologique 142A « Calcaires et marnes du Jurassique moyen au Berriasien du compartiment occidental du système karstique de la source du Lez ».
Le système des Fontanilles a été étudié par le BRGM entre 1996 et 2001. Le conseil général de l’Hérault a repris le suivi hydrogéologique de ce système karstique en 2005.
La superficie du bassin d’alimentation a été estimé à 18 km2 environ (Ladouche et al, 2001) Le débit moyen sur la période octobre 1997-septembre 2001 est de 315 l/s, représentant un volume total écoulé de 38.2 millions de m3. La gamme des débits journaliers est comprise entre 20 et 14 500 l/s, sachant que les débits de crue sont entachés d’une forte incertitude de ± 20%. Des trop-pleins de débordement se mettent à fonctionner lorsque le débit de la source est supérieur à 700 l/s (écoulement par la grotte notamment).
Le réseau de drainage est lié à l’histoire géologique et structurale de cette région, l’essentiel des déformations de cette région étant attribué à la surrection pyrénéenne. Le réseau de
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drainage du système karstique des Fontanilles est très probablement développé selon la direction générale SE-NW, à peu près perpendiculaire à la direction de compression régionale.
L’abaissement récent (quelques milliers d’années) du niveau de base de l’Hérault a provoqué celui du niveau de la zone d’émergence de la source qui s’organise à présent autour de la cote + 76 m NGF. Un essai de traçage à l’exutoire a démontré que le drainage karstique est peu fonctionnel et peu développé entre la grotte des Fontanilles (trop plein) et la source localisée en bordure de l’Hérault. L’abaissement récent de la zone d’émergence du système ne s’est pas encore traduit par le développement d’un réseau de conduits karstiques bien organisés entre la grotte et la source. Cette situation laisse présager que les débits de crue ont du mal à être évacués par la zone d’émergence actuelle, des trop-pleins (comme la grotte des Fontanilles) deviennent ainsi fonctionnels en période de crue.
L’analyse des hydrogrammes et des courbes de récession (par l’approche Mangin) renseigne sur les caractéristiques fonctionnelles des systèmes et permet d’évaluer les réserves mobilisables. Ainsi, pour le système des Fontanilles, la vitesse d’infiltration des eaux est rapide et l’hétérogénéité de l’écoulement est importante. Le système possède une zone noyée bien karstifiée et qui se vidange assez vite. Les temps d’infiltration moyennement courts (50j ± 6j) et les vitesses d’infiltration relativement élevées et variables d’un cycle hydrologique à l’autre indiquent que le système karstique est sensible aux variations saisonnières des précipitations. Le système possède globalement une zone noyée peu importante avec des valeurs du volume dynamique (assimilable aux réserves) assez faibles (1.27 ± 0.15 millions de m3).
L’analyse des réponses impulsionnelles informe sur la dynamique et l’organisation temporelle des composantes de l’écoulement du système. Le système réagit aux pluies rapidement, au bout de 2 à 3 jours, et la réponse à l’infiltration des pluies efficaces dure 10 jours environ, ce qui montre que le système karstique est peu inertiel. Le régime d’écoulement des Fontanilles est fortement non linéaire : on observe des « effets de chasse » en période de crue. L’écoulement rapide est à rattacher au drainage de l’eau issue du réservoir épikarstique proche de la surface. Cette zone constitue pour le système un réservoir tampon. En effet, l’écoulement rapide n’est pas composé de l’eau de pluie qui génère la crue mais d’une eau de pluie stockée précédemment qui est chassée par effet piston. L’évolution géochimique des eaux en cas de crue exceptionnelle met en évidence l’influence des niveaux argileux du Callovo-Oxfordien dans l’alimentation du débit de crue. Le débit de la source résulte donc d’un « effet de chasse » pour 16% (dû à la présence de drains verticaux entre l’épikarst et zone noyée), d’une infiltration rapide transitant par le réservoir épikarstique pour 70%, la contribution de la zone noyée de l’aquifère ne représentant que 14% de l’écoulement total.
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Figure 1 : Modèle conceptuel de fonctionnement du système karstique des Fontanilles
2.1.2. Le système karstique des Cents Fonts
La source des Cent Fonts est l’une des deux principales émergences karstiques de la rive droite du fleuve Hérault, l’autre étant la source de la Clamouse, à quelques kilomètres en aval. Ce système (141A0A) est rattaché à l’entité hydrogéologique 141A0 « Calcaires jurassiques de la Buèges- St Guilhem ». Le système a été étudié par le BRGM entre 1997 et 2006.
Cette source est composée de huit griffons pérennes et trois exutoires temporaires dont le débit global varie de 200 l/s lors des étiages prononcés de l’automne 1998 et plus de 10m3/s en crue. Le volume écoulé aux Cent Fonts est de l’ordre de 33 millions de m3 par an. La ressource peut être considérée comme importante, avec un débit moyen légèrement supérieur à 1 m3/s.
Le système karstique des Cent Fonts est un système binaire dont la superficie est de 60 km2 au total, dont la moitié correspond au bassin d’alimentation des pertes de la Buèges. En effet, il est alimenté d’une part par l’infiltration d’eau de la pluie efficace sur son bassin d’alimentation, et d’autre part par les pertes de la Buèges situées à environ 10 km de l’exutoire du système. Ces
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pertes représentent en moyenne 50% de l’écoulement des Cent Fonts, avec des variations interannuelles et annuelles. Cette alimentation peut même varier au cours d’une crue. Le débit absorbé par les pertes de la Buèges varie en fonction de l’état de saturation du karst à leur voisinage et au cours du temps. La capacité d’absorption du karst est maximale en fin d’été et se réduit fortement lorsque le système tend à être rechargé. Cette capacité maximale a été évaluée à 2 800 l/s environ. L’essentiel de la contribution des pertes de la Buèges à l’écoulement des Cent Fonts se produit en période de hautes eaux.
Comme aux Fontanilles, le système karstique des Cent Fonts se développe dans les formations dolomitiques du Jurassique moyen, d’une puissance comprise entre 250 et 450 m au sein du bassin d’alimentation. La structure du réseau karstique n’est reconnue que sur une longueur de quelques 250 mètres dans sa partie aval, au niveau de l’exutoire. Les caractéristiques fonctionnelles du système suggèrent une karstification plus importante dans sa partie amont, le drainage karstique n’étant pas encore bien organisé à proximité de l’exutoire, comme aux Fontanilles.
Les caractéristiques fonctionnelles et les réserves mobilisables du système ont pu être évaluées. Les durées d’infiltration sont assez courtes (20 jours ± 8 jours) et les vitesses moyennes d’infiltration relativement élevées. Le système est moins karstifié dans sa zone noyée que celui des Fontanilles. Les réserves dynamiques sont très importantes, avec une valeur estimée à 9 millions de m3 (sur la base des courbes de récession de l’hydrogramme des Cent Fonts de 2002 à 2005), et le système est propice à l’accumulation de réserve.
L’analyse des réponses impulsionnelles des Cents Fonts et de la Buèges informe sur la dynamique et l’organisation temporelle des composantes de l’écoulement du système. Le régime d’écoulement des Cent Fonts est linéaire ; son écoulement rapide transite au travers du réservoir épikarstique proche de la surface. La réponse impulsionnelle à la recharge montre un maximum prononcé le 2ème jour, puis décroit ensuite. La réponse à l’infiltration (pluies + pertes) dure 50 jours environ ce qui traduit une certaine inertie du système karstique. Contrairement aux épisodes de pluie hivernaux qui peuvent entrainer une réponse plus ou moins marquée de l’aquifère karstique même s’ils sont de faible importance, on n’observe une réponse aux épisodes de pluies estivales que lorsque la quantité de pluie est supérieure à 50 mm.
La réponse inertielle du système qui dure 50 jours environ résulte en fait de la combinaison des réponses impulsionnelles de la composante épikarstique et des pertes de la Buèges. La réponse impulsionnelle du réservoir épikarstique dure 13 jours (valeur proche de celle des Fontanilles, 10 jours), tandis que la réponse des pertes de la Buèges dure 50 jours environ. Le comportement inertiel du système est donc influencé par le rôle joué par ces pertes. Ensuite, pour des durées supérieures à 50 jours, c’est l’écoulement assuré par la vidange de la zone noyée du système qui contribue fortement au comportement inertiel du système. Ainsi, le débit des Cent-Fonts, en étiage sévère (fin d’été par exemple), est uniquement assuré par la vidange de la zone noyée de l’aquifère.
En conditions naturelles, l’essentiel du débit de la source est assuré par la zone noyée (79%), l’écoulement rapide issu du réservoir épikarstique (21%) étant minoritaire.
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2.2. LES CALCAIRES JURASSIQUES DU PLI OUEST DE MONTPELLIER
2.2.1. Le système karstique « Aumelas, Vène, Issanka, Cauvy »
Ce système karstique (143C) est constitué par les calcaires du Jurassique supérieur du pli de Montpellier. Cet ensemble fait partie d’une entité plus vaste qui s’étend sur plus de 800 km2, constituant l’entité hydrogéologique 143 «Calcaires jurassiques du Pli de Montpellier».
Les formations du système « Aumelas – Vène – Issanka – Cauvy » affleurent en deux ensembles géographiques distincts que sont au Nord le Pli occidental de Montpellier avec le Causse d’Aumelas et la Montagne de la Moure, et au Sud la terminaison du massif de la Gardiole et le Mont Saint Clair à Sète. Entre ces deux ensembles, les calcaires sont recouverts par des formations de marnes, grès, molasses, calcaires du Miocène essentiellement, constituant le bassin de Montbazin – Gigean.
Les limites de cette entité ont été définies comme suit : - au nord, vers Saint Paul et Valmalle, on trouve le front de chevauchement du pli de Montpellier, - à l’ouest, les limites avec l’entité « Plaissan » et « Bassin de Villeveyrac » sont constituées par des dômes piézométriques, un au niveau du Causse d’Aumelas, et un autre au niveau de la montagne de la Mourre et du Pioch Madame, - à l’est, la partie la plus occidentale du massif de la Gardiole entre Gigean et Frontignan est drainée principalement vers la source Cauvy et la source d’Ambressac à Balaruc-les-Bains, la Vise dans l’étang de Thau, et les sources d’Issanka, en bordure de la Vène. Entre le Roc de l’Aigle (Gigean) et le Mont de la Jeunesse (Balaruc), les écoulements se font vers la Robine de Vic (entité « Gardiole Est »).
D’une manière générale, les écoulements s’effectuent depuis le nord vers le sud, c'est-à-dire depuis le Causse d’Aumelas jusqu'à la mer. Les exutoires de cette entité sont représentés par l’émergence temporaire de la Vène située entre Cournonteral et Cournonsec, les sources d’Issanka, d’Ambressac, de Cauvy, et enfin la source sous-marine de la Vise, constituant l’exutoire le plus aval du système.
Dans le schéma conceptuel de fonctionnement hydrogéologique établi en 2001 deux systèmes d’écoulement coexistent dans les formations calcaires : 1. un ou des systèmes locaux qui traduisent des écoulements proches de la surface dans le karst; certaines sources drainent ces systèmes : les sources de la Vène et d’Issanka drainent le karst développé sur le Causse d’Aumelas, les sources de Cauvy et d’Ambressac drainant en plus une partie du karst de la Montagne de la Gardiole ; 2. un système régional; il présente des lignes de courant profondes, à la faveur de structures de drainages karstiques qui ont pu se mettre en place lors de la crise messinienne, ou lors des phases de karstification antérieures. Ce système régional mobilise des eaux thermales d’origine profonde (la part d’eau thermale apparaissant davantage mobilisée lors des périodes de hautes eaux, notamment aux sources de la Vise, de Cauvy et d’Ambressac).
En contexte naturel de fonctionnement, un équilibre s’installe entre ces différentes « nappes » d’eau : les eaux karstiques froides, les eaux saumâtres d’origine marine (froides) et les eaux thermales d’origine profonde. Ces différentes ressources constituent des réservoirs en interaction les uns avec les autres; tous les paramètres régissant ces échanges ne sont pas précisément connus.
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Au Nord, la zone d’alimentation du système inclut le bassin-versant du haut Coulazou, qui draine le bassin topographique de la Boissière (21 km²). L’alimentation ou le drainage du karst d’Aumelas par le réseau hydrographique du Coulazou au travers de multiples pertes/résurgences a fait l’objet d’une thèse soutenue en 2008 au laboratoire HydroSciences Montpellier (Bailly-Comte, 2008). Cette étude montre que les interactions entre les eaux de surface et souterraines contrôlent le fonctionnement hydrodynamique du karst superficiel drainé en crue par la source de la Vène (Bailly-Comte et al., 2009).
La source de la Vène se situe au contact du Jurassique Supérieur (Kimméridgien) et de la couverture Miocène du bassin de Montbazin-Gigean. La source de la Vène constitue la source de débordement des eaux de l’aquifère karstique du Causse d’Aumelas. C’est une source temporaire qui ne s’écoule que quelques mois par an.
Le suivi hydrodynamique de la source de la Vène effectué par le BRGM dans le cadre du réseau ONEMA permet de disposer depuis le mois de juillet 2005 d’une chronique piézométrique horaire au forage 10162X0226/V situé à environ 10 m de l’exutoire de la Vène. La source de la Vène est étudiée depuis octobre 2002 par le laboratoire HydroSciences Montpellier dans le cadre de l’étude des « Crues en rivière intermittente: transport solide et dissous » coordonnée par M-G. Tournoud. En crue, le suivi hydrologique montre que le débit de la source dépasse 10 m3/s [Grillot, 2006]. L’étude des débits classés au pas horaire montre une nette rupture de pente pour un débit proche de 5,5 m3/s, reliée au fonctionnement de trop-pleins le long du Coulazou, et plus à l’Ouest dans le vallon du ruisseau des Oulettes. Le fonctionnement de la source de la Vène est très variable, avec un volume écoulé de l’ordre de 30.106 m3 pour le cycle 2003-2004 contre moins de 1.106 m3 le cycle suivant (Baily-Comte, 2008). Cette forte irrégularité, associée à des coefficients de tarissement élevés mais également très variables traduisent un fonctionnement typiquement karstique, avec peu de réserves pour cette source de débordement drainant un karst binaire. En aval hydraulique, un karst sous couverture important et bien développé alimente la source d’Issanka, et contribue à l’essentiel de l’écoulement à la Vise dans l’étang de Thau.
Au Sud, dans ce schéma conceptuel, il est supposé que l’organisation des écoulements au sein du réservoir thermal (en profondeur) et dans le secteur de la presqu’île de Balaruc-les-Bains est largement contrôlée par des failles normales, à regard Sud-Est et d’orientation N045, liée à la zone de transfert de la sétoise. Les sources de la Vise, de Cauvy et d’Ambressac sont des manifestations de la décharge d’eaux de mélange, influencées par les deux systèmes d’écoulement (régional et locaux).
L’analyse des réponses impulsionnelles des sources d’Ambressac et Cauvy réalisée en 2001 a montré que l’essentiel des variations piézométriques observées aux sources est dû à la recharge par les précipitations, l’influence du niveau de l’étang étant faible. La réponse impulsionnelle à la recharge (pluies efficaces) montre un maximum très accusé les 2 et 3ème jours après un évènement de pluie.
L’analyse de la réponse impulsionnelle des flux de conductivité d’Ambressac indique qu’une composante fortement minéralisée intervient dans les 20 premiers jours suivant un évènement de pluie efficace, alors que la composante karstique a un temps de régulation nettement plus long (supérieur à 200 jours). L’ensemble de ces résultats concernant la source d’Ambressac conduit à conceptualiser le fonctionnement de cette source à partir de la vidange de deux réservoirs : l’un fortement minéralisé, caractérisé par un temps de transfert court suggérant un effet piston, et l’autre, plus différé dans le temps, résultant des processus d’infiltration dans l’aquifère karstique.
16 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
L’analyse de la réponse impulsionnelle du flux thermique a conduit à identifier, comme pour Ambressac, la contribution de deux réservoirs, avec l’intervention dans les 60 premiers jours après un évènement de pluie efficace, d’une composante thermale « majoritaire » par rapport à la composante issue de l’aquifère karstique.
En 2008 et 2010, l’équilibre qui prévalait entre les différentes masses d’eau a été perturbé et l’aquifère karstique et thermal de la presqu’île de Balaruc-les-Bains a subi un nouveau phénomène d’intrusion d’eau saumâtre par l’intermédiaire de la source sous-marine de la Vise située dans l’étang de Thau. Les conséquences de ce phénomène dit « d’inversac », qui s’est produit pendant près de 7 mois en 2010 (du 10 juin au 23 décembre) et pendant près de 3 mois en 2008 se manifeste essentiellement par des modifications de la température et de la minéralisation de l’eau (1) sur les ouvrages des thermes de Balaruc-les-Bains [légère diminution de la température et augmentation de la conductivité électrique], (2) sur la source AEP de Cauvy [teneur en Cl supérieure à la limite de potabilité : Cl > 250 mg/l].
Au cours des phénomènes d’inversac de 2008 et 2010, d’importantes quantités d’eau marine ont été « infiltrées » dans le système karstique et l’équilibre qui prévalait entre les différentes masses d’eau a été fortement perturbé. La source de Cauvy a été largement impactée par les intrusions d’eau en provenance de l’étang de Thau. Les périodes de crues qui se sont produites depuis fin 2010 ont vraisemblablement permis d’évacuer une grande partie de l’eau marine infiltrée lors des phénomènes d’inversac. Toutefois, l’état géochimique de l’hydrosystème qualifié en avril 2012 sur certains forages thermaux et les variations de minéralisation observée à la source de Cauvy témoignent que le système n’a pas encore retrouvé son état initial. On qualifie ici les « réminiscences » de l’inversac de 2010.
2.2.2. Le système karstique de la Mosson
Cette entité est constituée au Nord par les calcaires jurassiques dits de la Mosson situés au Nord du fossé de Montbazin-Gigean et au Sud par les calcaires de l’aquifère jurassique captif de la partie nord-est de la Gardiole. Ces deux compartiments sont identifiés sous le terme de compartiment Nord et Sud de l’entité Mosson.
Le bilan hydrologique réalisé sur l’ensemble de l’entité met en évidence le transfert d’eau du compartiment Nord vers le compartiment Sud, ainsi que la présence d’écoulements importants dans le compartiment Nord, notamment au niveau de la source d’Avy.
Afin de définir les niveaux piézométriques de référence et les volumes prélevables, une étude hydrogéologique basée sur l’analyse de l’ensemble des données disponibles (piézométrie, conductivité et prélèvements des principaux sites de captage) a été réalisée. Cette dernière a mis en évidence des résultats contrastés selon les deux compartiments : - au niveau du compartiment Sud, les données sont conséquentes, notamment grâce au suivi piézométrique et au suivi de la conductivité électrique réalisés depuis plus de trente ans sur le site de Midi-Libre. Ce compartiment apparaît sensible aux phénomènes de mélange avec des eaux plus minéralisées. La tendance à long terme sur le compartiment révèle ainsi l’existence d’une augmentation de la conductivité comprise entre 100 et 400 μS/cm, selon les sites suivis. Cette tendance à long terme se traduit sur la piézométrie d’étiage par des diminutions significatives des niveaux. Aussi ces dernières années présentent une rupture par rapport à la tendance à long terme : les niveaux piézométriques d’étiages augmentent et la conductivité tend à diminuer. Cette rupture est à relier à la diminution récente des prélèvements sur la zone.
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 17 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
- les informations sur le compartiment Nord sont limitées et ne permettent pas d’y réaliser une étude hydrogéologique. Par ailleurs, la source d’Avy, localisée au Nord du compartiment à Grabels a été identifiée comme étant le principal exutoire de l’entité. La surface de son bassin d’alimentation correspond à l’aire d’affleurement des calcaires jurassiques Une synthèse des connaissances sur cette source a été réalisée. Au vu des données disponibles actuellement limitées, le fonctionnement du système ne peut pas être caractérisé, ce qui rend impossible la définition des niveaux piézométriques de références et des volumes prélevables.
Au vu des données disponibles, la définition des niveaux de référence et des volumes prélevables, a pu être réalisée sur le compartiment Sud mais pas sur le compartiment Nord.
Le niveau piézométrique d’alerte (NPA), déduit de l’analyse hydrogéologique effectuée sur les données, a ainsi été défini pour le compartiment Sud au niveau du site de référence de Midi- Libre. Il est de + 1,2 m NGF, le niveau de crise renforcé (NPCR) est quant à lui égal à + 1 m NGF. Ces niveaux ont été définis pour limiter les intrusions d’eaux plus minéralisées et éviter la dégradation de la qualité de la ressource.
18 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
3. Sélection des données à partir des suivis existants
3.1. LOCALISATION DES SITES RETENUS
La carte suivante présente l’ensemble des points suivis qui ont été analysés.
Figure 2 : Localisation des suivis retenus sur le fond géologique au 1/1000000 et le fond World Topographic Map ESRI ® - au niveau de la zone d’étude, les calcaires du secondaire apparaissent en bleu et ceux du primaire en vert et brun, ces derniers étant associés à des schistes et des grès à cette échelle.
3.2. DESCRIPTION SOMMAIRE DE LA STRUCTURE ET DU FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES KARSTIQUES SUIVIS
3.2.1. Source de Fontcaude à Saint Geniès-de-Varensal
Indice BSS 09882X0208/FONCAU – Z=395 m NGF – Suivi réalisé par le CG34
Cette source karstique draine la formation calcaire et dolomitique primaire de l’unité du Mendic (Cambrien inférieur). Cette formation appartient à l’entité hydrogéologique de niveau régional notée 558A3 et de niveau local notée 558A3B dont la description et la carte générale est en annexe 1). Celle-ci s’étend vers le Nord-Est depuis Saint Geniès-de-Varensal jusqu’à Avène, soit sur plus de 12 km de long pour une largeur de 1 à 2 km et une épaisseur atteignant 800 m. C’est une ressource à fort potentiel dont l’exploitation reste limitée. Sept autres sources
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 19 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
pérennes et trois sources temporaires sont connues à proximité de Fontcaude. Des intercalations de niveaux de perméabilité différente (niveaux siliceux, calcschistes, calcaires, dolomies etc.) permettent d’expliquer la présence de ces sources, isolant de petits systèmes karstiques au sein du système de Fontcaude. La délimitation hydrogéologique des différents systèmes karstiques développés dans les dolomies reste imprécise ; en particulier, la limite entre le drainage vers l’Orb (Avène) et le secteur de Fontcaude n’est pas connue. Ces systèmes karstiques sont alimentés par les pluies, mais aussi par les pertes de ruisseau drainant les formations imperméables adjacentes (systèmes binaires).
D’après le rapport de Ballue (1997), suite aux résultats des traçages hydrogéologiques et à l’analyse des évolutions conjointes du niveau d’eau et de la température, la source de Fontcaude constituerait l’exutoire de deux « systèmes » karstiques, l’un profond qui assure le débit de base en période d’étiage, et l’autre plus superficiel qui ne participe qu’en périodes de hautes eaux. Cette dualité de fonctionnement peut s’interpréter comme la conséquence d’un aquifère épikarstique bien développé, formant localement un aquifère perché à la faveur des intercalations moins perméables.
Cette source présente une forte turbidité lors de certaines crues, des effondrements karstiques pourraient en être la cause. La source de Fontcaude contribue à l’écoulement du ruisseau de la Mare dont le niveau est également suivi par le CG34.
3.2.2. Piézomètre d’Usclats à Courniou-les-Grottes
Indice BSS 10136X0222/C1 – Z=405 m NGF – Suivi réalisé par le CG34
Ce piézomètre correspond au forage de la rivière souterraine de la Grotte de Lacroix. Cette dernière constitue un regard sur le réseau karstique en amont immédiat de la source d’Usclats- le-Bas. Ce réseau se développe dans les séries calcaires, dolomitiques et calcschisteuses du Dévonien inférieur. Ces formations appartiennent à l’entité hydrogéologique régionale 558B2 (Schistes, marnes et calcaires primaires de la nappe charriée de Pardailhan) et locale 558B2B (Calcaires dévoniens du Saint Ponais). Ces entités sont décrites en annexe 1. Le réseau présente un développement horizontal avec une succession de siphons dont les seuils sont à une altitude proche de 380 m NGF. La cavité a été recoupée au niveau d’un siphon entre les cotes 3771 m NGF et 383 m NGF, dont plus de 3.5 m en eau.
Les essais réalisés sur le forage n’ont eu qu’une très faible influence sur le débit de la source d’Usclats-le-Bas, ce qui semble indiquer que le forage capte une zone capacitive du système karstique. Ce système karstique est influencé par les pertes du Thoré, au Nord de Verreries de Moussans. De plus, le ruisseau qui prend naissance en aval de la source d’Usclats se perd au bout de quelques centaines de mètres pour alimenter la source du Jaur à St Pons. Le Trou du Renard correspond à un regard sur cette circulation souterraine.
1 Une correction de +3m a été effectuée sur les valeurs données par V. Durand afin de faire correspondre ces informations avec celles données par le suivi piézométrique, la cote de référence ayant été modifiée entre temps.
20 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
3.2.3. Piézomètre de la Linquière à Villespassans
Indice BSS 10145X0022/F3 - Z=165 m NGF – Suivi réalisé par le CG34
Le piézomètre de la Linquière (ou Forage du Pont du Lirou), à proximité immédiate du captage pour l’AEP (SIAE du Vernazobre), renseigne sur les variations de charge d’un aquifère karstique développé dans les calcaires fissurés du Lias (calcaires hettangiens). Cette formation appartient à l’entité régionale 557E « Calcaires et marnes du Trias à l’Eocène de l’Arc de Saint Chinian » et à l’entité locale 557E1 « Calcaires liasiques de l’Arc de Saint Chinian », qui, bien que très compartimentée, constitue la ressource la plus importante du secteur (cf. annexe 1).
Au niveau du forage de la Linquière, la zone fracturée qui fournit l’essentiel du débit est située entre les cotes 77 m NGF et 84 m NGF. Des niveaux très karstifiés ont été recoupés entre les cotes 77 m NGF et 105.5 m NGF. Ce forage était artésien en 2006.
Le tableau suivant présente le Log lithologique présent en BSS :
Profondeur Lithologie Stratigraphie
De 0 à 1 m FORMATIONS SUPERFICIELLES QUATERNAIRE
De 1 à 10 m LIMON - GRES A REPTILES CAMPANIEN
De 10 à 30 m CALCAIRE ARGILEUX GRIS ET CALCAIRE DOLOMITIQUE BEIGE LIAS
De 30 à 59.5 m CALCAIRES ARGILEUX BEIGE ET BLEU AVEC ALTERNANCE DE LIAS MARNES
De 59.5 à 98 m CALCAIRE LITHOGRAPHIQUE BEIGE A GRIS FONCE LOCALEMENT LIAS TRES FRACTURE
Tableau 1 : Log lithologique du piézomètre de Linquière
La formation de grès à reptiles constitue le toit du magasin carbonaté, induisant un fonctionnement libre sous couverture ou captif, et même artésien selon l’état de saturation du karst.
3.2.4. Piézomètre de Lacan à Faugères
Indice BSS 09888X0111/LACAN – Z=280m NGF – Suivi réalisé par le CG34
Ce piézomètre capte l’aquifère des calcaires dévoniens de l’entité hydrogéologique régionale 558B1 « Schistes, marnes et calcaires primaires de la nappe des Monts de Faugères et des écailles de Cabrières », et locale 558B1B « Calcaires primaires de la nappe charriée de Faugères et des écailles de Cabrière » dont la description est en annexe 1. Ce sont ces formations de calcaires et dolomies primaires qui constituent de véritables réservoirs en eau souterraine.
Le piézomètre est à quelques mètres du forage utilisé pour l’AEP (SIAE de la Rive Gauche de l’Orb), mais l’exploitation reste faible.
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 21 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
Le tableau suivant présente le log lithologique présent en BSS :
Profondeur Lithologie
De 0 à 95 m CALCAIRES NOIRS VEINÉS DE CALCITE
De 95 à 105 m CALCAIRES GRIS BEIGE À BEIGE FONCE
De 105 à 125 m CALCAIRES GRIS NOIR
De 125 à 145 m CALCAIRES GRIS À GRIS NOIR ROSÉ (CAVERNE ENTRE 128 ET 129.5 M AVEC REMPLISSAGE ARGILO-CAILLOUTEUX)
De 145 à 191 m CALCAIRES CRITALLINS BLANCS À BEIGE CRÈME. FRACTURES ENTRE 163/164.5,168/170,176/177,179/180,191
De 191 à 228 m FORAGE EN PERTE TOTALE D'AIR COMPRIMÉ, VRAISEMBLABLEMENT DANS LES MÊMES CALCAIRES QUE CI-DESSUS
Tableau 2 : Log lithologique du piézomètre de Lacan
Les formations géologiques comprises entre 0 et 128m de profondeur n’ont pas présentées d’indices de karstification. Les venues d’eau ont été observées à partir de 164 m de profondeur lors de la foration, dans les niveaux de calcaires blancs fissurés. C’est à ce niveau qu’ont été installées des tubes lanternés (entre 159.5 et 177.5 m, puis entre 183.5 et 207.5 m).
3.2.5. Source Malibert à Babeau Bouldou n°BSS 10138X0010/S - Z=385m NGF – Suivi réalisé par le CG34
Cette source alimente en eau potable le Syndicat du Vernazobre. Le suivi de la source correspond aux hauteurs d’eau au-dessus d’un seuil du cours d’eau, juste en aval de la source. Cette source draine les calcaires et dolomies du Cambrien, qui constituent un aquifère étendu et une ressource à fort potentiel (entité hydrogéologique régionale 558B2, locale 558B2C « Calcaires cambriens de la nappe charriée de Pardailhan », cf. Annexe 1). Les ruisseaux de Ferrières et de Pez se perdent, au Sud-Ouest de Pardailhan, et ressortent au niveau de la source de Malibert avec un trop plein qui permet un écoulement permanent dans le Vernazobre. Il s’agit d’une source de débordement (contact avec les chistes imperméables), et les réserves contenues dans le karst noyé, en dessous de l’exutoire, peuvent être importantes. Deux autres sources sont observées dans un contexte hydrogéologique identique (Poussarou, Adous à Babeau Bouldoux, Coulouma ou Camboussels à Pardhailan), produisant un débit d’étiage cumulé de plus de 150 l/s, sachant que la source Malibert apporte à elle seule plus de 60 l/s en période d’étiage.
En amont immédiat, il existe une large cavité naturelle contenant un plan d’eau communiquant avec les griffons.
3.2.6. La Vis à Saint Laurent le Minier
Code station banque Hydro : Y2035010 – Bassin versant : 32 km2 – Suivi réalisé par la DREAL LR
Le suivi des débits de la Vis à Saint Laurent le Minier permet de contrôler l’ensemble du bassin versant, et notamment les débits des résurgences karstiques telles que le Foux de la Vis. Cette
22 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
source majeure est en partie alimentée par les pertes d’écoulements des ruisseaux temporaires de la Haute-Vis et de la Virenque, ce qui a pu être démontré lors de traçages. L’alimentation de ce système karstique binaire est probablement également réalisée par l’infiltration des pluies sur les causses du Larzac, de Blandas et de Campestre.
3.3. DONNEES DISPONIBLES ET PRETRAITEMENT
Les données disponibles au pas horaire présentent de nombreuses périodes de lacunes, et montrent de fortes perturbations journalières provoquées par l’exploitation des sites. Dans le but d’étudier les réactions naturelles des sites aux précipitations et de filtrer les effets anthropiques, les données horaires ont été converties en moyennes journalières puis interpolées sur les périodes de lacune.
L’interpolation au pas journalier a été réalisée de manière automatique sur les niveaux piézométriques suivis. Cette étape a permis d’obtenir un jeu de chroniques piézométriques continues au pas journalier. Pour les débits de la Vis, compte tenu de la forte variabilité observée, les périodes sélectionnées pour l’interpolation ont été choisies manuellement au niveau des étiages uniquement. Les autres chroniques de débits présentent de très nombreuses lacunes, souvent lors des crues, ce qui ne permet pas d’en proposer une analyse statistique. Les données du Vernazobre, de la Mare et du Jaur ne seront donc pas étudiées dans le cadre de cette étude.
Le chronogramme suivant (Figure 3) permet de visualiser les périodes couvertes par les suivis au pas journalier après ce premier traitement.
Vernazobre
Mare
Jaur
Lacan
Linquières
La Vis
Malibert
Usclats
Fontcaude
sept. 04 sept. 05 sept. 06 sept. 07 sept. 08 sept. 09 sept. 10 sept. 11 sept. 12
Figure 3 : Chronogramme des chroniques journalières (après l'interpolation des données)
Seuls trois cycles hydrologiques complets (de sept. 2008 à sept. 2011) sont communs à tous ces sites. Les 6 chroniques journalières correspondantes sont présentées sur la Figure 4 dans le chapitre suivant.
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 23
Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
4. Analyse statistique des chroniques
4.1. OBJECTIFS ET METHODES
Cette étude se propose de décrire les grands types de comportement hydrogéologique de 6 hydrosystèmes à partir de l’étude de chroniques hydrologiques (piézométrie, débit) et climatiques (pluviométrie). Plusieurs méthodes complémentaires ont été utilisées pour décrire d’une part la relation pluie/débit ou pluie/piézométrie, et d’autre part l’évolution du débit ou de la piézométrie en période d’étiage. Il s’agit de répondre aux questions suivantes : - Quel est l’ordre de grandeur des variations de hauteur d’eau ou de débit observées en réponse à la pluie ? Analyse conjointe des mises en charge et des cumuls de précipitations - Comment caractériser et comparer les cycles hydrologiques? Analyse des quantiles au pas mensuel - Existe-t-il des comportements hydrodynamiques particuliers qui témoignent de l’hétérogénéité du milieu ? Analyse des débits et de la piézométrie classée - Peut-on prévoir la dynamique de vidange en basses eaux des différents aquifères étudiés pour mieux prévoir les sècheresses ? Analyse des courbes de récession
Ces analyses nécessitent au préalable de définir la fonction d’entrée pluviométrique pour chaque système étudié.
4.2. PONDERATION DE LA PLUIE BRUTE
Les données de précipitations ont été utilisées au pas journalier sur un ensemble de 16 postes couvrant la zone d’étude (Tableau 3, Figure 2). Nom Code Origine Les Aires 34008001 CG34 Bedarieux 34028003 CG34 Pezenes-les-mines 34200003 CG34 Saint-Jean-de-Minervois 34269001 CG34 Saint-Maurice-de-Navacelles 34277001 CG34 Villespassans 34339001 CG34 Le Caylar 34064003 CG34 Castanet 34055002 CG34 Courniou 34086001 CG34 Rieussec 34228002 CG34 Cessenon DREAL Puech-Redon 34030002 DREAL Saint-Chinian DREAL Saint-Gervais 34260001 DREAL Saint-Pons 34284001 DREAL
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 25 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
Nom Code Origine Villemagne l'Argentiere DREAL
Tableau 3 : Liste des postes pluviométriques utilisés
Un premier traitement a été réalisé pour définir la pondération spatiale optimale des postes pluviométriques permettant d’expliquer statistiquement les évolutions observées sur chaque site.
Cette analyse a été menée au pas journalier à l’aide du logiciel TEMPO par optimisation de la fonction de corrélation croisée entre la pluie pondérée obtenue et la variable expliquée (piézométrie ou débit). Les poids suivants ont été obtenus, utilisant seulement 11 postes pluviométriques : Postes pluviométriques Foncaude Usclats Malibert Vis Linquière Lacan Les Aires 63% Bedarieux 37% Saint-Maurice-de-Navacelles 100% Villespassans 19% 27% Castanet 31% Courniou 24% Rieussec 10% 9% Cessenon 4% Saint-Chinian 72% 69% Saint-Gervais 69% Saint-Pons 66%
Tableau 4 : Pondérations des pluviomètres utilisées pour chaque site suivi
Les chroniques de pluie journalières calculées permettent de représenter les relations pluie/débit ou pluie/piézométrie pour chaque site (Figure 4).
26 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
A Fontcaude P Fontcaude B Usclats P Usclats 395.8 0 388 0 395.7 20 387 20 40 40 395.6 386 60 60 395.5 80 385 80 395.4 100 384 100 395.3 120 383 120 140 140 395.2 382
160 160 Cote piézométrique (mNGF)Cote piézométrique 395.1 180 (mNGF)Cote piézométrique 381 180 395 200 380 200 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Date Date
C Malibert P Malibert D Q Vis P St Maurice 385.7 0 400 0 385.6 20 350 20 40 385.5 40 300 60 385.4 60 250 80 385.3 80 200 100
385.2 100 150 120 Débit Débit (m3/s) 140 Hauteur (mm) 385.1 120 100 160
Cote piézométrique (mNGF)Cote piézométrique 385 140 50 180 384.9 160 0 200 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Date Date
E Linquières P Linquières F Lacan P Lacan 170 0 200 0 160 20 190 20 40 150 180 40 60 140 80 170 60 130 100 160 80 120 120 150 100 140 110 140 120
160 Cote piézométrique (mNGF)Cote piézométrique 100 180 (mNGF)Cote piézométrique 130 140 90 200 120 160 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Date Date
Figure 4 : Hydrogrammes et hyétogrammes journaliers étudiés (axe des ordonnées à droite : hauteur de pluie en mm)
4.3. ANALYSE DESCRIPTIVE ET STATISTIQUE DES DONNEES
4.3.1. Amplitude des mises en charge en réponse aux précipitations
La réactivité des piézomètres et des sources aux précipitations peut être étudiée en représentant le cumul des mises en charge observées ( , dh étant la variation positive de charge) en fonction du cumul des précipitations sur une période commune. La pente de la relation linéaire obtenue permet d’estimer le rapport moyen qui relie la mise en charge observée sur le site à la lame d’eau précipitée (pluie brute), et la qualité de la linéarisation permet de caractériser la linéarité du système. Ainsi, le rapport obtenu caractérise l’amplitude des mises en charge suite aux précipitations.
Cette analyse simple de la relation pluie/hauteur permet d’identifier rapidement pour chaque site l’ordre de grandeur des variations de hauteur que l’on peut attendre pour une recharge donnée. Dans le cas de cette étude, qui regroupe (i) des suivis piézométriques de la zone noyée, (ii) des suivis de hauteur d’eau dans une rivière souterraine plus ou moins influencée par un exutoire proche, et (iii) des suivis de hauteur d’eau au niveau du seuil d’une source, il est
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 27 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
évidemment exclu de comparer directement les valeurs obtenues pour en déduire des caractéristiques hydrodynamiques de chaque site. L’information obtenue reste purement qualitative, et permet de bien se rendre compte de la différence de dynamique de chaque suivi pour mieux identifier la plage de variation attendue au cours d’un cycle hydrologique.
La figure suivante montre les résultats obtenus pour les 6 chroniques piézométriques sur 3 cycles hydrologiques complets et communs (2008-2011).
Linquieres (Piezo) 100 y = 55x Lacan (Piezo) y = 14x Usclats (Piezo) y = 4x 10 Malibert (Sce)
y = 1x Fontcaude (Sce) dh (m) dh Σ 1 y = 0.5x
0.1 0.1 1 10 Cumul des précipitations (m)
Figure 5 : Evolution conjointe des mises en charge observées et des précipitations sur chaque site pour les 3 cycles hydrologiques 2008-2011. La pente obtenu détermine l’amplitude des mises en charge en réponse aux précipitations. Une échelle bi-logarithmique est adoptée pour visualiser toutes les courbes sur une seule figure.
Il existe deux ordres de grandeur de différence entre le rapport des mises en charge à Fontcaude (source) et à Linquière (piézomètre). La relation linéaire est satisfaisante sur la majorité des sites, ce qui permet de caractériser chaque site suivi par un coefficient de proportionnalité entre le cumul des précipitations et la variation de charge, sans tenir compte ici de la dynamique de vidange de l’aquifère.
L’interprétation, même relative, des résultats obtenus doit intégrer la diversité des types de suivis : les suivis piézométriques influencés par l’évolution de la surface libre d’un exutoire naturel (Fontcaude, Malibert et Usclats) sont contrôlés dans leur variation par les caractéristiques géométriques locales de l’exutoire à l‘origine de la relation hauteur/débit, tandis que les suivis piézométriques au sein de l’aquifère (pente >10 pour Lacan et Linquière) seront plus influencés par les propriétés hydrodynamiques du réservoir (coefficient d’emmagasinement notamment). Une interprétation plus physique des résultats sur Fontcaude, Malibert et Usclats nécessiterait de connaitre les évolutions des débits naturels et d’exploitation.
4.3.2. Détermination des quantiles et interprétations
Il existe plusieurs méthodes pour estimer les quantiles permettant d’associer un niveau à une période de retour donnée. Compte tenu de la durée d’observation, il n’est pas possible
28 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
d’estimer des valeurs décennales. Dans un premier temps, nous proposons une analyse basée sur les fréquences de retour 3 ans et 5 ans.
A partir des données journalières, en utilisant le maximum de données pour chaque site, nous avons calculé mensuellement les quantiles sous Excel : pour n années de suivis hydrologiques disponibles sur le site (n variant entre 5 et 8 selon le site, cf. Figure 4), les quantiles mensuels quinquennaux secs et humides, triennaux sec et humides et médians sont calculés à partir de la fonction centile d’Excel sur la base de n*30 données journalières.
Les tableaux des quantiles obtenus sont donnés en annexe 2.
Pour chaque site, l’évolution de la médiane mensuelle permet de caractériser le cycle hydrologique médian. Cette évolution de la valeur médiane est reportée pour chaque site sur la figure page suivante. Une flèche identifie le premier mois où l’on observe une recharge, ce qui définit le premier mois du cycle hydrologique.
L’évolution des valeurs médianes traduit le caractère cyclique des variables sur chaque site. Pour les sites de Lacan et de Malibert, on s’aperçoit que la recharge efficace est plus tardive, les étiages se prolongent jusqu’en janvier. Pour ces deux points, la référence de basses eaux devrait être prise en décembre. Pour Fontcaude, l’évolution cyclique est moins nette. Ces premiers résultats issus d’une analyse sur quelques années doivent être considérés avec précaution, notamment dans le cas de système hydrologique ayant un fort effet mémoire (Lacan, cf. 4.4).
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 29 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
395.13 395.12 395.11 Fontcaude 395.1
Piézométrie(m) 395.09 380.6 380.4 380.2 Usclats 380
Piézométrie(m) 379.8 385.1 385.05 385 Malibert 384.95
Piézométrie(m) 384.9 8 6 4 Vis
Débit (m3/s) 2 0 110
105 Linquières 100
Piézométrie(m) 95
141 140 139 138 137 Lacan Piézométrie(m) 136
Figure 6 : Evolution des valeurs médianes mensuelles sur toute la période disponible pour chaque site. La flèche rouge identifie le premier mois du cycle hydrologique.
30 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
4.4. ANALYSE CLASSEE DES DEBITS ET DES NIVEAUX D’EAU
4.4.1. Principe
Sur les hydrogrammes de sources karstiques, il peut apparaître de manière systématique des discontinuités en réponse à l’activation de trop pleins, ou suite au soutien des débits par des apports extérieurs. La courbe des débits classés est un moyen de mettre en évidence de tels phénomènes systématiques (Mangin, 1975). Il s’agit d’étudier, classe par classe, si le nombre d’observations est anormalement faible, normal, ou anormalement élevé, en s’appuyant sur l’écart entre la distribution empirique des débits et une loi statistique simple valable pour les classes inférieures ou supérieures. Plusieurs lois statistiques peuvent être utilisées, une loi normale ou lognormale convient la plupart du temps. La loi lognormale a été choisie pour l’analyse des résultats.
Cette méthode nécessite de travailler sur le plus grand nombre de cycles afin de limiter l’effet de réactions particulières du système.
4.4.2. Adaptation aux chroniques étudiées
Trois cas peuvent être distingués et analysés séparément :
1- Pour les chroniques piézométriques en forage (Lacan et Linquière), la méthode sera appliquée pour tenter de rechercher des modifications de comportement hydrodynamique systématique pour des mises en charge données, en relation avec les informations issues des coupes lithologiques. L’existence d’exutoires de trop plein pourra éventuellement être mise en évidence pour les fortes mises en charge.
2- Pour les chroniques piézométriques relatives au - ou directement influencées par le - niveau d’eau d’un exutoire (Usclats, Malibert et Fontcaude), une interprétation identique à celle d’un hydrogramme de crue sera utilisée, en supposant que la relation hauteur/débit est univoque. Si possible, les données sur les développements spéléologiques guideront l’interprétation des ruptures de pente sur la courbe représentative des piézométries classées.
3- Enfin, pour les débits de la Vis, la méthode sera utilisée pour rechercher l’influence des pertes de la Haute Vis et de la Virenque sur les soutiens des débits de crue ou d’étiage.
4.4.3. Résultats et interprétations
Les distributions empiriques ont été représentées sur un repère gausso-logarithmique pour être linéarisée selon la loi log-normale.
Lacan et Linquière : Les données issues des logs lithologiques ont été ajoutées aux courbes de piézométrie classée sur les deux figures suivantes.
Pour Lacan, la distribution empirique est assez bien ajustée pour les faibles valeurs, jusqu’à z=140 m NGF environ, ce qui correspond à l’ensemble des données observées après 2008, soit après la forte perturbation liée à la recharge exceptionnelle de 2005. Les niveaux saturés pour z<140m NGF correspondent à l’ensemble des formations fracturées qui ont fait l’objet de pertes totales de fluide de forage. C’est donc dans cette formation qu’est stocké l’essentiel de la ressource. La pente diminue fortement entre 140 m et 160 m NGF, ce qui signifie que ces
BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 31 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault
niveaux sont relativement peu observés. Le rôle de drain joué par les calcaires fracturés et la cavité rencontrée à environ 150m NGF peut expliquer un écrêtement des signaux, et donc une plus faible fréquence d’apparition des valeurs piézométriques pour 140 Figure 7 : Piézométrie classée du forage de Lacan, classes de 0.5 m Pour le forage de Linquière, les valeurs les plus fréquentes (70%) correspondent à la saturation des niveaux des calcaires fracturés (z<105). Une discontinuité apparaît pour une fréquence cumulée de 30%, soit pour les niveaux bas relatifs aux étiages. La courbe traduit ici la vidange de la zone noyée, influencée probablement par les pompages. On observe ensuite pour 105 32 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault Figure 8 : Piézométrie classée du forage de Linquière, classes de 0.5 m Usclats, Malibert et Fontcaude : La gamme de variations des valeurs de piézométrie est beaucoup plus réduite, ce qui implique un nombre limité de classes pour le calcul de la distribution empirique. L’intervalle de classe a été diminué par rapport aux cas précédents, passant de 50 cm à 5 cm pour augmenter le nombre de points définissant la courbe de piézométrie classée. Figure 9 : Piézométrie classée de la rivière souterraine d’Usclats, classes de 0.05 m La piézométrie observée sur ce site est toujours supérieure à 380 m NGF. Les données sur la rivière souterraine d’Usclats se traduisent par une courbe de distribution présentant une nette discontinuité à 381 m. Au-delà de ce seuil, les valeurs sont nettement moins fréquentes (moins de 1% des observations). Cet effet de seuil s’explique par la présence de siphons et le BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 33 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault développement horizontal des drains karstiques à une côte proche de 380 m NGF, empêchant ainsi toute mesure inférieure à 380 m NGF tant que la cavité contient de l’eau. Une interprétation possible serait que le dépassement du seuil à 381 m NGF permet de connecter hydrauliquement les différents siphons, et donc d’activer le réseau karstique pour évacuer rapidement les eaux vers les exutoires secondaires, tels que la source d’Usclats-le- Bas. En dehors de ces périodes de hautes-eaux, les eaux karstiques seraient drainées plus lentement à travers la matrice fissurée, et éventuellement par des drains karstiques de plus faible dimension en direction de la source du Jaur à St Pons. Le fait que la cavité soit toujours en eau peut s’expliquer par la combinaison des apports issus des pertes du Thoré et du caractère perché de ce drain karstique en basses eaux. Faute de données complémentaires, il n’est pas possible d’interpréter de manière plus approfondie l’effet des pertes du Thoré sur la distribution de la piézométrie à Usclats. Figure 10 : Piézométrie classée à l’exutoire de Fontcaude, classes de 0.02 m La courbe caractéristique de la piézométrie à Fontcaude présente un nombre très limité de points du fait de la très faible variabilité de la hauteur d’eau mesurée (cf. Figure 5). Un intervalle de classe de 2 cm a été choisi, celui-ci résultant d’un compromis tenant compte de la précision des appareils de suivis. Cette courbe semble montrer trois régimes différents : une pente faible pour z<395.1, une pente forte pour 395.1 Il n’apparaît pas d’anomalie sur la distribution empirique pour les fortes valeurs : il n’existerait donc pas d’exutoire de trop plein pour ce système, ou, s’ils existent, ceux-ci seraient négligeables puisqu’ils ne modifient pas l’hydrodynamique du système. Les sources temporaires reconnues à proximité de la source ne seraient donc pas connectées hydrauliquement à la source de Fontcaude. 34 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault Figure 11 : Piézométrie classée à l’exutoire de Malibert Le niveau d’eau mesuré à Malibert montre une évolution fortement influencée lors de la décrue du cycle 2007/2008. Les données ont donc été analysées à partir du 01/09/2008. La courbe caractéristique obtenue montre une évolution assez régulière, la pente étant légèrement plus forte pour les faibles valeurs. Il n’apparaît pas d’anomalie sur la distribution empirique pour les fortes valeurs : comme pour Fontcaude, il n’existerait donc pas d’exutoire de trop plein pour ce système. Seule une analyse des débits classés permettrait d’analyser plus en détail le comportement hydrodynamique de ce système. La Vis : Figure 12 : Débits classés à la station de la Vis, classes de 0.5 m3/s La rupture de pente pour un débit de l’ordre de 7 m3/s indique que les débits inférieurs sont plus fréquemment observés. Ceci pourrait traduire le soutien d’étiage apporté par le karst, et notamment par la résurgence de la Foux de la Vis. La diminution de la pente caractéristique des débits classés pour Q>7m3/s traduit ainsi des apports différés des écoulements perdus dans la Haute Vis et la Vistrenque. BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 35 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault Pour les débits de crue supérieurs à 300m3/s, la qualité de la courbe de tarage ne permet sûrement pas d’analyser dans le détail l’augmentation de la pente. Une partie de l’écoulement peut également échapper à la station de jaugeage. 4.5. ANALYSE CORRELATOIRE 4.5.1. Principe L’analyse corrélatoire a été proposée par Mangin (1984) pour décrire le comportement hydrodynamique d’exutoires karstiques à partir des relations pluie/débit. Deux types d’analyse peuvent être réalisés : L’analyse simple : l’autocorrélogramme rxx(k) d’une chronique permet de visualiser l’évolution du coefficient de corrélation entre deux mêmes chroniques x décalées d’un nombre k de pas de temps croissant. Cette fonction est symétrique, bornée entre -1 et 1 et vaut 1 pour un décalage nul (rxx(0)=1). Trois cas peuvent être distingués : - Si la chronique est la représentation d’un phénomène purement aléatoire, l’autocorrélogramme est significativement nul pour k≠0. Le test de bruit blanc de Jenkins et Watts (1968) peut être utilisé pour vérifier cette hypothèse : pour une chronique de longueur n, la valeur du corrélogramme est significativement nulle à 95% pour le décalage k si : - Si la chronique présente un caractère cyclique, des pics apparaîtront pour des décalages k correspondants à la période du phénomène. - Enfin, si la chronique présente un caractère non stationnaire avec une forte tendance à long (>1an) ou moyen terme, les valeurs seront fortement autocorrélées, se traduisant par une décroissance lente de l’autocorrélogramme. Dans ce cas, l’autocorrélogramme permet de caractériser l’ «effet mémoire » d’un système vis-à-vis de la variable analysée. Mangin (1984) proposa arbitrairement d’utiliser la valeur de k pour rxx=0.2 dans le cas d’une analyse au pas journalier d’une chronique de débit définie sur un nombre entier de cycles hydrologiques. L’analyse croisée : le corrélogramme croisé rxy(k) de deux chroniques x et y permet de visualiser l’évolution du coefficient de corrélation entre ces deux chroniques décalées d’un nombre k de pas de temps croissant. Si x≠y, cette fonction n’est pas symétrique, mais elle reste bornée entre -1 et 1 et vaut r²xy pour un décalage nul, où r²xy correspond au coefficient de corrélation entre les deux chroniques. Le test de bruit blanc proposé pour l’analyse simple peut être également utilisé pour guider l’interprétation des résultats. L’analyse croisée est utilisée pour décrire les relations de cause-à-effet d’un système donné : dans le cas d’une étude entrée/sortie d’un système linéaire invariant, la forme du corrélogramme croisée donnera une image de la réponse impulsionnelle du système, soit l’hydrogramme unitaire pour une source. Ainsi, le décalage k correspondant au maximum de la fonction (ou le centre de gravité de la fonction) renseigne sur le temps de réponse du système, tandis que l’intensité du pic renseigne sur la qualité de la relation. 36 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 4.5.2. Choix des périodes d’analyse Certains sites (Fontcaude, Linquière et Lacan) pour lesquels des données sont disponibles en 2005 et 2006 montrent un comportement particulier lié à une recharge exceptionnelle en hiver 2005. Ceci engendre une forte non-stationnarité, notamment pour le site de Lacan qui montre une tendance à la baisse pluri-annuelle. Ainsi, afin de pouvoir comparer les résultats entre les différents sites, deux analyses ont été menées, l’une sur les 3 cycles hydrologiques complets de 2008 à 2011 et l’autre sur l’ensemble des données disponibles sur chaque site. 4.5.3. Résultats et interprétations a) Analyse simple sur les 3 cycles 2008/2011 : Les corrélogrammes (non présentés) des pluies calculées pour chaque site à partir du Tableau 3 témoignent du caractère aléatoire des précipitations sur les périodes étudiées. Quelques pics secondaires apparaissent, ils seront considérés pour l’analyse des corrélogrammes croisés. Les corrélogrammes des niveaux d’eau des piézomètres et des débits de la Vis sont présentés sur la figure suivante (Figure 13). 1 0.8 0.6 0.4 Fontcaude Lacan Vis 0.2 Malibert Usclats 0 Linquière -0.2 -0.4 0 50 100 150 200 250 300 350 Décalage Figure 13 : Corrélogrammes simples des chroniques journalières sur la période définie par les 3 cycles hydrologiques 2008-2011. Les tirets horizontaux définissent les seuils d’interprétation de la corrélation à 95%. La droite horizontale à 0.2 permet de définir l’effet mémoire. La chronique caractérisant le système le moins inertiel correspond au débit de la Vis, avec un effet mémoire de l’ordre de 3 jours, et une absence d’autocorrélation au-delà de 8 jours. On retrouve des pics statistiquement significatifs vers 30 jours, 70 jours etc. qui reflètent les pics BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 37 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault secondaires observables sur l’autocorrélogramme des pluies; ils ne doivent donc pas être interprétés. On retrouve ensuite les chroniques d’Usclats et de Fontcaude avec un effet mémoire de l’ordre de 30 jours, puis les chroniques de Linquière et de Malibert, avec un effet mémoire de l’ordre de 60 jours. La chronique caractérisant le système le plus inertiel est mesurée au site de Lacan. On y observe un effet mémoire de l’ordre de 120 jours. Même si les corrélogrammes sont tronqués à 1 an (le tiers de la longueur des chroniques), les corrélations négatives maximales pour un décalage d’une demie année (k>180) traduisent l’effet saisonnier discuté dans la section précédente, cet effet étant moins visible sur la chronique de Fontcaude. b) Analyse simple sur l’ensemble des chroniques : Les chroniques ayant toutes des longueurs différentes, il n’est plus possible de présenter sur un même graphique l’intervalle de confiance à 95% pour l’interprétation des corrélogrammes. La figure suivante (Figure 14) présente les 6 corrélogrammes simples obtenus. 1 0.8 0.6 0.4 Fontcaude Lacan Vis 0.2 Malibert Usclats 0 Linquière -0.2 -0.4 0 100 200 300 400 500 600 Décalage Figure 14 : Corrélogrammes simples des chroniques journalières sur l’ensemble des données disponibles. Le caractère saisonnier, bien visible pour la plupart des sites sur l’analyse précédente, est fortement atténué, voire masqué (Lacan, Linquière). Ceci s’explique par la forte autocorrélation générée par la tendance à la baisse en 2006 (cf. Figure 4). Cette tendance à la baisse se traduit, pour les sites instrumentés à cette époque, par une forte augmentation de l’effet mémoire. Celui-ci dépasse les 500 jours pour Lacan. Cependant, du fait de l’absence de suivi en 2005, les valeurs pour Malibert et Usclats restent peu modifiées. 38 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault Il est donc préférable de s’appuyer sur l’analyse utilisant les cycles complets de 2008 à 2011 pour caractériser les sites et les comparer. Dans la suite du document, seuls les résultats de l’analyse croisée sur ces trois cycles seront présentés. Cependant, pour le site de Lacan, l’utilisation de l’ensemble des données permet d’identifier un effet mémoire important (>1an). Ainsi, sur ce site, une année déficitaire ou excédentaire pourra avoir des conséquences importantes sur le cycle hydrologique suivant, alors que pour les autres sites, la recharge saisonnière « réinitialise » le niveau d’eau, l’information relative à une année excédentaire ou déficitaire est perdue. c) Analyse croisée sur les 3 cycles 2008/2011: 0.8 0.6 0.4 Fontcaude Usclats Malibert 0.2 Vis Linquières Lacan 0 -0.2 -30 0 30 60 90 120 Décalage Figure 15 : Corrélogrammes croisés des relations pluie/débit et pluie/piézométrie sur les 3 cycles de 2008 à 2011. Les tirets horizontaux définissent les seuils d’interprétation de la corrélation à 95%. Le caractère aléatoire des précipitations au pas journalier permet d’assimiler les corrélogrammes croisés à la réponse impulsionnelle de chaque système étudié. A l’exception de la chronique mesurée à Lacan, les réponses impulsionnelles obtenues caractérisent bien des relations causales, montrant que la variable de sortie est bien expliquée par la variable d’entrée. Le seuil d’interprétation de la corrélation n’est pas atteint pour les décalages négatifs, et est largement dépassé pour les décalages positifs. Au-delà de 20 jours de décalage, les pics qui apparaissent sur la plupart des corrélogrammes croisés reflètent les pics secondaires du corrélogramme simple de la pluie ; ceci a pour effet d’augmenter artificiellement la corrélation croisée. La réponse impulsionnelle de la Vis est caractérisée par un pic très significatif et un temps de réponse très court, de l’ordre de deux jours. Plus précisément, une analyse au pas horaire montre que ce temps de réponse est de 26h. Les chroniques d’Usclats et de Fontcaude présentent des réponses impulsionnelles similaires, avec un temps de réponse court de 2 à 3 jours. La décroissance est d’abord très rapide, BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 39 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault traduisant la sollicitation d’un réservoir karstique très transmissif, puis, au-delà de 10-20 jours de décalage, une décroissance plus faible traduisant la sollicitation d’un réservoir plus capacitif. Les chroniques de Malibert et de Linquière présentent également des réponses impulsionnelles similaires, avec un temps de réponse plus long de 3 à 4 jours, associé à un étalement de la réponse impulsionnelle qui ne montre qu’une dynamique de décroissance. Ce type de réponse traduit un transfert dans un milieu plus capacitif, où le pôle fissuré l’emporte sur le pôle karstique pur. La corrélation pluie/niveau reste significative pour des temps de réponse supérieur à 70 jours. Enfin, la chronique de Lacan présente un comportement très différent. D’une part, l’existence de corrélations significatives pour des décalages négatifs indique que la pluie n’est pas la seule variable à prendre en compte pour expliquer l’évolution de la piézométrie sur ce site. D’autre part, la très faible réaction à la pluie, à peine significative, qui atteint un plateau au-delà de 5 jours pour être maximale au-delà de 40 jours en s’étalant sur une centaine de jours témoigne du filtrage des pluies par un système très inertiel sans caractère karstique marqué au niveau de son fonctionnement. 40 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 5. Analyse des récessions 5.1. METHODE D’ANALYSE DES HYDROGRAMMES DE SOURCES KARSTIQUES Débit (m3/s) 10 Q0 (1) Fonction homographique (2) Fonction exponentielle (Loi de Maillet) q0 (1) + (2) 1 QR0 (2) Q'0 (1) Volume dynamique 0.1 0 20 ti 40 60 80 100 120 Décrue Tarissement Temps écoulé (j) Figure 16 : Méthode d’analyse des hydrogrammes de crue karstique en coordonnées semi- logarithmiques, d’après Mangin (1975). La méthode proposée par Mangin (1975) pour l’analyse des courbes de récession d’exutoires karstiques s’appuie sur l’estimation de 3 paramètres : - Le coefficient de tarissement, noté α et exprimé en j-1. Il caractérise la dynamique de vidange du karst noyée ; il est utilisé pour estimer les réserves du système karstique par le calcul du volume dynamique. - La durée de la décrue, notée ti, exprimée en nombre de jours depuis la pointe de crue. Elle est interprétée comme la durée de la période influencée par l’infiltration. - Le coefficient d’hétérogénéité ε (sans unité), qui définit la concavité de la courbe de décrue. Une valeur élevée correspond à une décrue très rapide juste après le passage de la pointe de crue, puis à une décrue lente juste avant d’atteindre la période de tarissement. Ceci caractérise une infiltration rapide prédominante. A l’inverse, une faible valeur peut traduire l’influence d’une infiltration différée à travers l’épikarst. Ces 3 paramètres sont utilisés dans les 2 fonctions suivantes : 1- La fonction homographique a été proposée empiriquement par Mangin (1975) afin de reproduire au mieux la forme des hydrogrammes de crue karstique à l’aide d’un minimum de paramètres. Elle traduit la dynamique d’infiltration à travers la zone non- saturée, modulée par le transfert dans la zone saturée. Elle est définie par : BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 41 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault où q0 correspond au débit d’infiltration au moment du pic de crue (cf. Figure 16). 2- La fonction exponentielle (ou loi de Maillet) est utilisée pour décrire le tarissement (pour ). Elle est extrapolée jusqu’au pic de crue, et combinée à la fonction homographique pour reproduire l’hydrogramme de décrue (pour ). Elle est définie par : où QR0 correspond au débit de tarissement extrapolée à la date du pic de crue. La courbe de récession complète (décrue + tarissement) s’écrit alors : Seul le débit de tarissement pour a une réalité physique. C’est pour cette raison que Mangin (1975) propose d’utiliser cette date comme origine des temps pour le calcul du volume dynamique (cf. Figure 16). Celui-ci est donnée par : 3 où Vdyn est exprimé en millions de m . Une méthode de classification des systèmes karstiques à partir de l’analyse des courbes de récession a été proposée selon deux paramètres sans unité traduisant les caractéristiques de la zone d’infiltration et de la zone noyée, et définis par : - Le pouvoir régulateur, noté k et défini comme le rapport de la plus grande valeur de volume dynamique observé divisé par le volume d’eau écoulé sur un cycle hydrologique. Une valeur faible caractérise un système karstique développé avec peu de réserve dans la zone noyée. - Le retard à l’infiltration, noté i et défini par la valeur de la fonction homographique pour t = 2j : . De même, une faible valeur de i traduit une infiltration rapide prépondérante à travers la zone d’infiltration caractéristique des systèmes karstiques bien développés. 5.2. ADAPTATION AUX CHRONIQUES ETUDIEES Pour un cours d’eau superficiel tel que la Vis, la fonction homographique donnera une image de la dynamique de ruissellement sur l’ensemble de l’impluvium. Ce ruissellement permettra d’analyser de manière intégrée la dynamique de l’ensemble des contributions karstiques du bassin-versant de la Vis, et notamment de la résurgence principale de la Foux de la Vis au niveau du Cirque de Navacelles. Les autres chroniques qui sont étudiées sont des chroniques piézométriques. Dans le cas d’un suivi piézométrique à proximité immédiate d’un exutoire, l’interprétation des hydrogrammes sera beaucoup plus limitée, car les caractéristiques locales de l’exutoire (seuils hydrologiques, géométrie de la vasque, profils en travers, etc.) peuvent fortement influencer l’allure des courbes. Seule la traduction en débit permettrait d’interpréter de manière quantitative la forme 42 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault des hydrogrammes. En supposant qu’une telle relation hauteur/débit univoque existe, quelques paramètres peuvent néanmoins être définis en s’inspirant de la méthodologie proposée pour les débits : - ti sera estimé de la même manière. Si plusieurs segments de forme exponentielle apparaissent, seul le premier sera retenu. -1 - le coefficient de tarissement, noté αh et exprimé en j sera estimé en appliquant le modèle de Maillet aux chroniques piézométriques pour . Son utilisation pour le calcul du volume dynamique n’est cependant pas possible. Un coefficient de décroissance linéaire (dh/dt en cm/mois) sera également calculé sur la même période afin de mieux interpréter les coefficients de tarissement très faible qui correspondent à une évolution linéaire. - la mise en charge liée à la crue, notée h0 et exprimée en m sera l’analogue du débit d’infiltration q0. Il permet de caractériser la dynamique de mise en charge du site étudié. - enfin, le niveau H’0 sera l’analogue du débit Q’0 et correspondra au niveau d’eau lorsque le tarissement débute. Nous proposons donc une analyse limitée des récessions piézométriques, basée sur une interprétation relative des paramètres obtenus. 5.3. RESULTATS Les tableaux suivants présentent les résultats obtenus sur les différents sites, accompagnés d’une figure qui illustre la qualité du calage du modèle. Vis : QR V Début Fin 0 α (j-1) ε (-) ti (j) q (m3/s) dyn (m3/s) h 0 (Mm3) 29/01/2006 12/08/2006 7.58 6.5E-03 5 34 428.42 80.82 20/04/2008 16/05/2008 13.67 3.5E-02 2 7 145.33 26.41 02/02/2009 20/03/2009 16.68 3.7E-02 3 12 377.32 24.99 21/10/2009 07/12/2009 4.80 1.2E-02 18 8 386.20 31.39 15/03/2011 18/07/2011 8.29 1.5E-02 3 32 385.71 29.55 19/11/2011 29/03/2012 10.89 2.0E-02 4 20 296.11 31.54 Moyenne 10.32 2.1E-02 5.8 19 336.51 37.45 Tableau 5 : Résultats de l’analyse des courbes de récession de débit sur la Vis BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 43 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 1000 Mesures Modèle 100 /s) 3 Q Q (m 10 1 0 50 100 150 200 250 Temps écoulé (j) Figure 17 : Calage du modèle de récession à la Vis sur la crue du 29/01/2006. Un repère semi- logarithmique est utilisé. Fontcaude : dh/dt Début Fin H’ α (j-1) ti (j) h (m) 0 h (cm/mois) 0 31/01/2006 10/03/2006 395.18 4.3E-06 14 1 0.21 10/11/2006 21/01/2007 395.14 1.5E-06 21 2 0.16 16/03/2011 11/10/2011 395.13 8.0E-07 28 5 0.36 Moyenne 395.15 2.2E-06 21 3 0.25 Tableau 6 : Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Fontcaude 44 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 395.6 395.5 Mesures 395.4 Modèle H (m)H 395.3 395.2 395.1 395.0 0 50 100 150 200 250 Temps écoulé (j) Figure 18 : Calage du modèle de récession à Fontcaude sur la crue du 16/03/2011 Lacan : dh/dt Début Fin H’ α (j-1) ti (j) h (m) 0 h (cm/mois) 0 07/02/2006 06/07/2006 162.8 2.8E-04 0 1 0.00 20/04/2011 06/10/2011 139.73 2.8E-04 0 1 0.00 17/12/2011 23/06/2012 141.61 2.4E-04 0 1 0.00 Moyenne 148.05 2.7E-04 0 1 0.00 Tableau 7 : Résultats de l’analyse des courbes de récessions piézométriques à Lacan BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 45 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 142.0 Mesures 140.0 Modèle 138.0 H (m)H 136.0 134.0 132.0 130.0 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 Temps écoulé (j) Figure 19 : Calage du modèle de récession à Lacan sur la crue du 20/04/2011 Linquière : -1 Début Fin H’0 αh (j ) ti (j) h0 (m) 30/01/2006 19/03/2006 160.7 3.5E-03 8 2.74 22/03/2006 11/02/2007 141.37 2.8E-03 6 -0.91 16/03/2011 28/10/2011 116.1 5.0E-03 11 17.51 22/11/2012 25/06/2012 117.87 3.3E-03 5 7.78 Moyenne 139.39 3.8E-03 8.3 6.45 Tableau 8 : Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Linquière 46 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 130.0 125.0 Mesures 120.0 Modèle H (m)H 115.0 110.0 105.0 100.0 0 20 40 60 80 100 120 140 Temps écoulé (j) Figure 20 : Calage du modèle de récession à Linquière sur la crue du 22/11/2011 Malibert : H’ -1 Début Fin 0 αh (j ) ti (j) h0 (m) 04/02/2009 09/10/2009 385.18 9.0E-06 8 0.06 16/03/2011 27/10/2011 385.17 5.5E-06 28 0.18 23/11/2011 30/04/2011 385.16 5.2E-06 14 0.06 Moyenne 385.17 6.6E-06 17 0.10 Tableau 9 : Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Malibert BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 47 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 385.3 385.3 Mesures 385.2 Modèle 385.2 H (m)H 385.1 385.1 385.0 385.0 384.9 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 Temps écoulé (j) Figure 21 : Calage du modèle de récession à Malibert sur la crue du 23/11/2011 Usclats : -1 Début Fin H’0 αh (j ) ti (j) h0 (m) 27/05/2008 17/08/2008 380.62 2.2E-05 12 0.52 16/03/2011 12/10/2011 380.84 3.1E-05 14 4.34 Moyenne 380.73 2.7E-05 13 2.43 Tableau 10 : Résultats de l’analyse des courbes de récession piézométrique à Usclats 48 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 381.4 381.2 Mesure 381.0 Modèle 380.8 H (m)H 380.6 380.4 380.2 380.0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Temps écoulé (j) Figure 22 : Calage du modèle de récession à Usclats sur la crue du 27/05/2008 5.4. INTERPRETATIONS Le découpage décrue non-exponentielle/tarissement exponentiel s’observe bien sur les récessions observées à la Vis. La Vis constitue le seul site où une décroissance exponentielle est clairement observée. A Fontcaude, ce découpage reste valable même si, compte tenu de la très faible valeur de αh, une évolution linéaire avec une pente de quelques cm/mois explique tout aussi bien le tarissement. Celui-ci semble d’ailleurs influencé par les prélévements en été, soit à partir de 100 jours sur la figure 18. Le point d’inflexion s’observe pour un niveau H’0 proche de 395.2 m, ce qui correspond à la seconde rupture de pente identifiée sur la courbe des hauteurs classées, distinguant le comportement en crue du comportement d’étiage (tarissement). Pour Lacan, la phase de décrue n’existe pas, et un modèle linéaire (ou exponentiel avec αh faible) explique très bien la décroissance observée, parfois sur plus de 140 jours. En l’absence de recharge, il est donc possible d’estimer approximativement l’évolution piézométrique de ce point en appliquant une décroissance linéaire d’environ 1 cm/mois. Ce site constitue le seul suivi où la phase de décrue rapide est absente, ce qui traduit à nouveau un transfert très lent et très amorti depuis la zone de recharge. Les autres sites présentent des évolutions plus complexes, avec une succession de segments de courbe plus ou moins linéaires, mais non exponentiels. Ainsi, le modèle de récession de Mangin construit pour les hydrogrammes de source karstique ne permet pas de reproduire les évolutions piézométriques observées à Usclats, Malibert et Linquière. Sur ce dernier point, on observe de manière systématique après le pic de crue une portion linéaire. Cette phase ne se produit pas pour des piézométries identiques pour chaque épisode. Ce comportement n’est donc pas visible sur les courbes de débits classés, et l’origine de cette évolution particulière reste inexpliquée. BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 49 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault Ainsi, seuls les sites de Fontcaude, Lacan et de la Vis présentent des courbes de récessions simples, permettant des extrapolations pour la prévision de l’évolution de la piézométrie ou du débit (Vis) à moyen terme des étiages. 50 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 6. Conclusion : Proposition de typologie du comportement hydrogéologique des différents aquifères au niveau de chaque site suivi Le fonctionnement hydrodynamique des 6 secteurs étudiés a été analysé à l’aide des méthodes statistiques suivantes : - l’analyse des quantiles médians, triennaux et quinquennaux ainsi que l’analyse des amplitudes des variations piézométriques en réponse aux pluies a permis de décrire l’évolution plus ou moins cyclique de chaque site et leur gamme de variations au cours du cycle. Cette approche a notamment permis de définir les dates d’occurrence des basses eaux pour chaque site ; - l’analyse classée des débits et de la piézométrie a été menée pour décrire les modifications de comportement hydrodynamique au cours du cycle hydrologique. Dans le cas de la piézométrie, le croisement avec les données lithologiques ou spéléologiques a permis de mieux décrire le fonctionnement de chaque système en fonction de son état hydrologique ; - l’analyse corrélatoire, et notamment l’analyse corrélatoire croisée pluie/débit et pluie/piézométrie a été menée pour décrire la réponse impulsionnelle de chaque système et caractériser le temps et l’inertie de la réponse aux pluies brutes. Ces informations ont permis de regrouper différents systèmes entre eux en fonction de leur réactivité aux précipitations ; - enfin, une analyse des courbes de récessions a été menée pour décrire les dynamiques de vidange des réservoirs associés à chaque suivi. Les résultats obtenus par ces différentes approches sont synthétisés dans le tableau suivant. A partir de ce tableau, il se dégage 3 grands types de comportements vis-à-vis des évolutions piézométriques : - les données obtenues au site de Lacan sont caractéristiques d’un système karstique non fonctionnel, où la réactivité à la pluie est très amortie. La dynamique de décroissance est linéaire et relativement stable d’une crue à l’autre, permettant de réaliser facilement des extrapolations de piézométrie en période non influencée (étiage notamment) ; - les données obtenues aux sites de Linquière et Malibert présentent certaines caractéristiques communes quant à la relation pluie/piézométrie. On observe une réponse mixte combinant un comportement transmissif et capacitif ; - enfin, les données obtenues aux sites de Fontcaude et d’Usclats présentent également certaines caractéristiques communes : il s’agit de systèmes karstiques typiques, montrant une forte réactivité aux pluies et filtrant relativement peu le signal d’entrée. Les dynamiques de vidange sont complexes, et devront être étudiées à partir des données de débit. BRGM/RP-62165-FR - Rapport final - 51 Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault Temps de Effet Effet Date Forme de la Durée de Effet Réactivité réponse mémoire mémoire Dynamique de Site basses réponse la décrue saisonnier à la pluie rapide à (j) 2008- (j) 2005- tarissement eaux impulsionnelle (j) la pluie 2012 2012 (j) Transfert rapide variable, Exponentiel Vis Oui Septembre Très forte 1 3 - dominant ≈20 jours α≈2. j-1 Linéaire Lacan Faible Janvier Très faible Néant Très amortie Néant 120 >500 1 cm/mois Modèle Dualité Modèle non Linquière Oui Septembre Moyenne 3 non 60 120 rapide/lent applicable applicable Modèle Dualité Modèle non Malibert Oui Janvier Moyenne 3 non 60 - rapide/lent applicable applicable Modèle Transfert rapide Modèle non Usclats Oui Octobre Forte 2 non 30 - dominant applicable applicable Fontcaud Transfert rapide Linéaire Faible Septembre Forte 2 20 jours 30 40 e dominant 1 à 5 cm/mois Tableau 11 : Synthèse des résultats obtenus Il faut noter que l’analyse de la réponse pluie/piézométrie est limitée dans le cas de suivis de niveau d’eau influencé par un exutoire. Seule une conversion des données de hauteur en données de débit permettra de caractériser précisément le fonctionnement hydrodynamiques des aquifères. 52 BRGM/RP-62165-FR - Rapport final Définition d’une typologie des comportements des aquifères karstiques suivis de l’Hérault 7. Bibliographie Aquilina L, Ladouche.B., Doerfliger.N., 2005. Recharge processes in karstic systems investigated through the correlation of chemical and isotopic composition of rain and spring waters. Appl.Geochem; 20(12):2189-206. Aquilina L, Ladouche.B., Doerfliger.N., 2006. Water storage and transfer in the epikarst of karstic systems during high flow periods. Journal of Hydrology; 327(3-4):472-85. P. Fleury, B. Ladouche, 2011, Caractérisation du comportement d’un indicateur piézométrique et définition des volumes prélevables sur les compartiments carbonatés Nord et Sud de l’entité MOSSON de la masse d’eau FR_DO_124. Rapport final. BRGM/RP-59658-FR B. Ladouche, R. Millot, C. Guerrot, C. 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