FREDERIC BUSSEAU

LES MEDIAS, LES SOURCES ET LE CONTROLE DE LA PRODUCTION DU DISCOURS VÉHICULÉ DANS LES MÉDIAS DANS UN CONFLIT DE TRAVAIL Le cas du lock-out de la Ligue nationale de hockey 2004-2005

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en communication publique pour l'obtention du grade de maître es arts (M. A.)

DEPARTEMENT D'INFORMATION ET DE COMMUNICATION FACULTÉ DES LETTRES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2006

© Frédéric Busseau, 2006 Résumé

Ce mémoire est consacré au discours véhiculé dans les médias de masse pendant le lock-out de la Ligue nationale de hockey (LNH) 2004-2005. La première hypothèse soutient l'idée qu'en déclenchant le lock-out, la LNH avait un agenda caché, plus précisément, qu'elle ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin qu'elle puisse restructurer ses activités pendant la période d'inactivité. Cette hypothèse est confirmée. De son côté, la deuxième hypothèse avance que pendant le processus de négociation, les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties (Association des joueurs (AJLNH) et LNH) pendant la négociation de la convention collective. Celle-ci est infirmée. Ainsi, tant sur le plan théorique que pratique, cette recherche permet d'avoir un aperçu de la complexité de la question des interactions entre les journalistes et les sources quant au contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias. Avant-propos

Un an après avoir entamé ce mémoire, l'idée d'étudier les stratégies de négociation et de relations publiques de façon combinée aura évolué et voilà maintenant qu'un mémoire a pris forme. En revoyant les différentes étapes de ce mémoire, je revois de nombreux lieux de travail et de nombreux allers-retours entre Rivière-du-Loup et Québec. Cependant, je revois surtout les différentes personnes qui sont intervenues tout au long de ce parcours.

Tout d'abord, je pense à Monsieur Bernard Dagenais, professeur et spécialiste des relations publiques, qui m'a dirigé dans ce mémoire. Je suis très reconnaissant pour ce qu'il m'a permis d'apprendre sur la recherche et le monde complexe des communications par son professionnalisme et sa grande disponibilité. Également, j'aimerais remercier Monsieur Jacques Lemieux et Monsieur Alain Lavigne pour les différents conseils apportés et pour avoir généreusement accepté d'évaluer ce mémoire.

De plus, je dois aussi reconnaître le soutien technique et la grande générosité des responsables de la Bibliothèque du Cégep de Rivière-du-Loup que j'ai eu la chance de côtoyer pendant de nombreuses journées. Tout particulièrement, merci à Madame Chantai Leclerc qui m'a aidé à obtenir des documents de recherche de différentes bibliothèques lorsque je me trouvais dans le Bas-du-Fleuve.

Finalement, j'aimerais souligner la présence et l'appui de mes amis et remercier ceux pour qui je serai toujours reconnaissant, c'est-à-dire mes parents et mes sœurs. J'ai la chance d'appartenir à une famille unie et de caractère et j'en suis fier. III

A mon ami François Gravel et à Roro, ma grand-mère IV

Table des matières

RESUME i

AVANT-PROPOS ii

DÉDICACE iii

TABLE DES MATIÈRES iv

LISTE DES TABLEAUX v

INTRODUCTION 1

1. LA QUESTION DE RECHERCHE ET LA PROBLÉMATIQUE 3 1.1 Question de recherche 3 1.2 Problématique 4

2. HYPOTHÈSES ET MÉTHODOLOGIE 7 2.1 Hypothèses et justifications 7 2.2 Méthodologie retenue dans cette recherche 10

3. LE CADRE THÉORIQUE 31 3.1 Les sources contrôlent le discours véhiculé dans les médias de masse 32 3.2 Les médias contrôlent le discours qu'ils véhiculent 41 3.3 Les sources et les journalistes négocient la production du discours, de l'actualité 44

4. LA CUEILLETTE ET L'ANALYSE DES DONNÉES 50 4.1-Présentation et analyse des données permettant la vérification des hypothèses... 50 4.1.1 « État de la situation économique et des négociations dans la LNH » 51 4.1.2 « Image corporative de la LNH » 65 4.1.3 « Jeu de la LNH » 68 4.1.4 « Amateurs » 71 4.1.5 «Repêchage 2005 » 74 4.1.6 « Divers » 77 4.2-Synthèse de la vérification des hypothèses 78 4.3-Retour sur le cadre théorique 81

CONCLUSION 85

BIBLIOGRAPHIE 88 V

Liste des tableaux

Tableau 1 Nombre de chroniques écrites par les différents chroniqueurs selon les sous- périodes déterminées 22

Tableau 2 Nombre de chroniques écrites par les différents chroniqueurs selon les sous- périodes supplémentaires déterminées et numéro de la chronique retenue 24

Tableau 3 Échantillon du type de tableau créé pour la cueillette et l'analyse des données 27

Tableau 4 Thèmes regroupés sous la rubrique « État de la situation économique et des négociations dans la LNH » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail 61

Tableau 5 Thèmes regroupés sous la rubrique « Image corporative de la LNH » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail 67

Tableau 6 Thèmes regroupés sous la rubrique « Jeu de la LNH » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail 70

Tableau 7 Thèmes regroupés sous la rubrique « Amateurs » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail 72

Tableau 8 Thèmes regroupés sous la rubrique « Repêchage 2005 » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail 75 VI

Tableau 9 Synthèse de la vérification des hypothèses 78 Introduction

Le lock-out de la Ligue nationale de hockey (LNH) est un dossier qui a fait couler beaucoup d'encre en 2004-2005. L'incapacité de la LNH et des propriétaires à s'entendre avec l'Association des joueurs (AJLNH) sur les bases d'une nouvelle convention collective a motivé cet arrêt de travail. De ce qui était véhiculé dans les médias, le lock- out aura donné l'impression d'être une bataille de nerfs entre deux parties, mais aura surtout présenté deux chefs prêts à tout pour ne pas capituler sur leur position respective. L'objet du conflit, la négociation d'une nouvelle convention collective, aura été obtenue au détriment d'une saison complète perdue.

Amateur de hockey depuis toujours et étant grandement intéressé par l'art de la négociation et les stratégies de relations publiques, le conflit m'intriguait, mais surtout m'étonnait. Les acteurs semblaient avoir complètement laissé de côté des principes de négociation tels que ceux de la négociation raisonnée de Roger Fisher et de William Ury qui implique une certaine forme de coopération et qui a fait ses preuves depuis plusieurs années à différentes échelles. Fisher et Ury (1982 : 15) définissent la négociation raisonnée de la façon suivante: Elle consiste à trancher les litiges « sur le fond » plutôt qu'à discutailler interminablement des concessions que les parties en présences sont prêtes à consentir et de celles qu'elles refusent. Chaque fois que c'est possible, on s'attachera à rechercher les avantages mutuels, et, quand les intérêts seront manifestement opposés, on insistera pour que les questions soient tranchées au regard d'un ensemble de critères «justes », indépendants de la volonté des parties en présence.

À l'opposé, le lock-out constituait bel et bien un conflit au sens propre du terme et la négociation ressemblait à une négociation classique « à la dure », chacun ignorant la position de l'autre et ne voulant qu'imposer ses principes. C'est à partir de cette réflexion que j'ai commencé à accorder plus d'attention à ce conflit de travail du monde du hockey de la LNH jusqu'à ce qu'il devienne l'objet de ce mémoire. L'analyse de la présente recherche sera consacrée à la couverture médiatique du lock-out. Plus précisément, il sera intéressant d'observer ce qui a été rapporté pendant le conflit et ce qui en est ressorti à la toute fin.

Pour ce faire, la première partie de ce travail constituera une présentation plus détaillée du conflit de travail afin de pouvoir déterminer avec plus de précision la question de recherche et la problématique de cette étude.

Dans le deuxième chapitre, les hypothèses seront présentées et justifiées. Par la suite, il sera plus facile d'expliquer la méthodologie mise de l'avant afin de les vérifier.

En troisième lieu, différentes perspectives théoriques liées aux interactions entre les journalistes et les sources d'information quant au contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias seront présentées.

Le quatrième chapitre sera consacré à la présentation et à l'analyse des résultats. Des tableaux contenant des données qualitatives répertoriées pendant et après le conflit de travail seront alors présentés. Ces données seront aussi observées et analysées afin de vérifier les hypothèses énoncées plus tôt et voir la place qu'occupent les différentes perspectives théoriques présentées dans le troisième chapitre.

Finalement, un retour sur les résultats et observations sera effectué et quelques pistes de réflexions seront offertes dans le cadre de la conclusion. Chapitre 1: La question de recherche et la problématique

l.l-Question de recherche:

Le 15 septembre 2004, le commissaire de la Ligue nationale de hockey Gary Bettman a annoncé un lock-out à la suite de l'impasse relativement à la signature d'une nouvelle convention collective avec l'Association des joueurs. Pour la LNH et l'AJLNH, ce conflit de travail constitue le deuxième en dix ans et le troisième en 15 ans.

En avril 1992, une semaine avant les séries éliminatoires, l'AJLNH a déclenché une grève dans le but d'obtenir une amélioration des conditions de travail dont une augmentation du salaire minimum et un assouplissement des conditions accordant l'autonomie aux joueurs. Cette grève ne durera que dix jours. En 1994-1995, la LNH et les joueurs ne pouvant en venir à une entente, un deuxième conflit est déclenché et s'étendra sur 100 jours. Bien des gens s'entendent pour dire que l'AJLNH a triomphé encore une fois de la LNH au cours de ce lock-out et que les problèmes économiques que connaît la LNH sont directement liés à l'entente conclue en 1995. Les propriétaires auraient cédé, afin d'éviter de perdre une saison complète. Néanmoins, cette entente a été renouvelée en 1997 et ce, jusqu'au 15 septembre 2004.

Depuis plusieurs années, Gary Bettman et les propriétaires affirmaient que la situation économique était devenue très difficile. En effet, au début de ce troisième conflit de travail, ils affirmaient que le salaire moyen a augmenté de 212 % depuis le dernier conflit de travail et qu'un plafond salarial était devenu nécessaire. Toutefois, Bob Goodenow, le directeur exécutif de l'AJLNH, et les joueurs ont toujours été contre cette idée d'instaurer un plafond salarial. L'état de la situation annonçait des négociations difficiles et un arrêt de travail pouvant s'éterniser. Depuis quelques saisons, les experts prévoyaient que la saison 2004-2005 pourrait être annulée et que les deux parties s'y préparaient financièrement.

À la suite du déclenchement du lock-out par la LNH, le 15 septembre 2004, les premières séances de négociation entre les deux parties ont eu lieu le 9 décembre 2004 et se sont intensifiées à la fin du mois de janvier 2005 jusqu'à ce que le commissaire annule officiellement la saison, le 16 février 2005. Quelques jours après l'annulation de la saison, Wayne Gretzky, Mario Lemieux et certaines personnes influentes de chaque partie ont fait une dernière tentative afin de récupérer les dernières offres et de provoquer une entente, mais en vain. En avril, après quelques autres rencontres tenues à la suite de l'annulation de la saison, les deux parties ont convenu de se rencontrer plus souvent, ce qu'ils ont fait jusqu'à ce que les deux parties en viennent à un accord de principe, le 13 juillet 2005. La semaine suivante, plus précisément le 21 juillet 2005, les joueurs votaient et signaient la ratification de l'entente. Une conférence fut organisée le jour même pour en faire l'annonce. Le lendemain, les gouverneurs des équipes votaient à leur tour en faveur de la nouvelle convention collective.

Bien qu'elles n'aient pas été toujours aussi positives, les apparitions des deux parties dans les médias ont été multiples tout au long du conflit. Tour à tour, des sources les représentant se prononçaient dans les différents médias. Le ton aura souvent été très sévère alors que les attaques et les accusations étaient répétées. Les médias de masse semblaient servir aux deux parties de lieux publics, où tensions et accusations étaient montrées au grand jour. Ces interventions publiques effectuées dans les médias, faisaient- elles partie d'une stratégie liée au processus de négociation? En d'autres mots, les deux parties ont-elles voulu utiliser les médias pour parvenir à leurs fins?

1.2-Problématique:

Avant même que la Ligue nationale de hockey ait annoncé le déclenchement du lock-out en septembre 2004, la ligue ainsi que l'Association des joueurs avaient déjà fait connaître leurs positions respectives dans les médias et, tout au long du conflit, elles les ont défendues. En effet, la raison de l'impasse était liée aux conditions économiques prônées par chaque partie.

La Ligue nationale de hockey tenait à tout prix à imposer un plafond salarial pour contrôler les coûts. Elle voulait aussi se doter d'une structure économique permettant à chacune des 30 équipes, même celles des petits marchés, d'être compétitives. De son côté, l'Association des joueurs s'opposait farouchement à toute forme de contrôle des coûts. Ce qu'elle voulait, c'était le statu quo quant à la liberté de marché. Elle était d'avis que les équipes devaient continuer d'opérer leurs activités en fonction de leur capacité financière et de leur potentiel économique. Elle était toutefois prête à accepter une taxe de luxe, c'est-à-dire que les équipes auraient pu payer une taxe si elles excédaient une certaine masse salariale. Pendant le processus de négociation, l'AJLNH décida de céder sur la réduction des salaires. Plus tard, soit à partir de février 2005, elle accepta aussi le concept de plafond salarial.

Ainsi, les deux parties ont été incapables de s'entendre avant le début de la saison 2004- 2005 et c'est ce qui est à l'origine de l'impasse qui a entraîné le lock-out. Si une entente était survenue pendant la saison qui aurait dû avoir lieu, la Ligue nationale aurait lancé ses activités avec un calendrier écourté. Cependant, comme les deux parties n'ont pu s'entendre avant juillet 2005, la Ligue nationale n'aura pu présenter d'activités pendant une saison complète. Pendant le conflit, de nombreuses questions et solutions auront été amenées par les acteurs qui gravitent autour du hockey professionnel, que ce soit les joueurs ou la ligue, des anciens joueurs, des économistes, des journalistes, etc. Tout au long de cette impasse, la LNH aura affirmé qu'elle était prête à prendre le temps nécessaire à la conclusion d'une entente efficace avant de relancer ses activités. Cette réalité va d'ailleurs à l'encontre de ce qu'il est conseillé de faire dans un tel contexte. Effectivement, James A. McClure (1991 :25), spécialiste des relations publiques en conflit de travail affirme que, dans un contexte de lock-out ou de grève, les clients et les actionnaires d'une entreprise doivent être rassurés par cette dernière qu'elle tente de mettre fin à la grève le plus rapidement possible. De leur côté, Katz et Kochan (1992) semblent être du même avis alors qu'ils affirment que le premier objectif du processus de négociation collective est d'en arriver à une entente amiable le plus vite possible.

Cependant, comme il a été dit, la ligue a toujours affirmé qu'elle voulait prendre le temps qu'il fallait afin d'obtenir ce qu'elle jugeait nécessaire à sa santé économique. Elle affirma que les pertes, si importantes soient-elles, exigeaient coûte qu'en coûte une restructuration et n'a jamais semblé s'être fixé une date butoir pour la fin du conflit. Néanmoins, en raison de l'absence de parties de hockey de la Ligue nationale, les pertes financières du circuit furent évaluées à deux milliards de dollars américains et celles des joueurs à plus d'un milliard en salaires. Ce conflit de travail et l'entêtement des deux parties vis-à-vis leur position respective leur coûtait donc très cher. Avec de telles pertes, il est possible de se demander si l'incapacité des joueurs et des propriétaires à trouver un terrain d'entente, mise de l'avant dans les médias, constitue la seule et unique raison pour expliquer qu'ils aient accepté de perdre plus de trois milliards de dollars américains dans ce conflit. Les médias ont-ils bien su véhiculer les enjeux qui étaient abordés en coulisses? Chapitre 2: Hypothèses et méthodologie

2.1-Hypothèses et justifications:

Dans une chronique parue sur le site Internet du Réseau des sports le 5 novembre 2004, Pierre Houde (5 novembre 2004: http://www.rds.ca/hockey/chroniques/166172.html) se demande si la LNH n'avait pas un agenda caché au début du conflit de travail. En fait, il juge invraisemblable que la LNH parle d'un arrêt de travail illimité et qu'elle ne se fixe pas vraiment d'échéancier dans sa tentative d'obtenir gain de cause auprès de ses joueurs. Pierre Houde ne comprend pas pourquoi une entreprise fermerait ses portes aussi facilement alors que les amateurs paient un prix élevé pour assister à des parties de hockey, que les réseaux de télévision en font de même pour obtenir les droits de télédiffusion et que des commanditaires majeurs s'implique dans la présentation de ses activités. Il ajoute : « À une époque de haute compétition dans tous les secteurs, il est quasiment ridicule de simplement poser la question. » Selon lui, c'est la raison pour laquelle, il y a une stratégie derrière la position de la LNH, celle-ci ayant tout fait pour renvoyer la balle aux joueurs, les accusant d'être à l'origine de ses problèmes financiers. L'opinion publique est d'ailleurs derrière le circuit. Il rappelle aussi qu'avant que le lock- out ne commence, « la LNH avait procédé à un ménage spectaculaire de son personnel de direction du côté de l'arbitrage, qu'elle avait signé une entente avec un nouveau réseau de télévision américain (NBC), qu'elle parlait de refaire son image, de changer son logo, etc. » II ajoute aussi : « Je ne serais pas étonné du tout qu'à la résolution du conflit, un train de nouveautés soit annoncé au grand public. Or, il est quasiment impossible de procéder à de grands bouleversements dans le cours normal des opérations ».

Selon lui, la LNH ne peut continuer à vivre sainement avec 30 équipes, certaines d'entre elles se trouvant dans des marchés aussi peu naturels pour le hockey que la Floride, la Caroline et le Tennessee. Il se demande si une situation conflictuelle n'est pas le bon moment pour retrancher des équipes tout en renvoyant le blâme sur l'autre partie. Selon Houde (5 novembre 2004: http://www.rds.ca/hockey/chroniques/l66172.html), les dirigeants du circuit connaissent les principes de marketing et les risques de retirer un produit trop longtemps du marché. Pour toutes ces raisons, il s'interroge sur la « sérénité déconcertante » de la LNH face à cette impasse sans chercher à trouver une base de compromis, et soupçonne un agenda caché.

Les points amenés par ce chroniqueur sont intéressants et amènent des pistes de réponses quant à la problématique présentée plus tôt. La question était de savoir si l'incapacité des joueurs et des propriétaires à s'entendre, constituait la seule et unique raison pour expliquer qu'ils aient accepté de perdre plus de trois milliards de dollars américains et aussi si les médias ont bien su véhiculer les enjeux qui étaient abordés en coulisses.

Comme il a déjà été mentionné, les gens affirmaient depuis plusieurs années que beaucoup de temps allait être nécessaire avant que les deux parties en viennent à une nouvelle entente. À l'exception des joueurs, tout le monde, plus précisément la LNH et ses équipes, les médias et les amateurs, insistait sur le besoin de restructurer la LNH puisque le système économique engendrait de nombreuses pertes et que plusieurs équipes étaient appelées à disparaître. On affirmait que le système économique en place manquait d'efficacité et que les équipes perdaient de l'argent. En plus d'une structure économique déficiente, le produit du hockey comme tel était de plus en plus critiqué. Les médias et les partisans parlaient d'un jeu de plus en plus ennuyant, ne laissant pas assez la place à l'offensive et au spectacle, bref ne permettant plus aux joueurs de talent de présenter un produit intéressant. Un sondage aurait même révélé qu'aux États-Unis, les concours d'habiletés canines étaient plus appréciés que les dernières séries éliminatoires de la LNH. Certains affirmaient que, dans ce même pays, la LNH était vue comme une ligue de deuxième ordre, en raison des coups salauds qui y étaient donnés, les suspensions n'étant pas exemplaires et des quelques joueurs ayant été poursuivis en justice.

Ainsi, l'idée soulevée par Pierre Houde quant à la possibilité que la LNH ait eu un agenda caché semble très pertinente. Il est aussi possible de croire que les dirigeants du circuit aient voulu profiter de l'arrêt des activités lors de la négociation de la nouvelle 9 convention collective pour restructurer leurs activités. Afin de relancer celles-ci, la LNH devait travailler sur différentes facettes. La structure économique, l'image et le produit devaient être améliorés. À la suite de la considération des propos de la chronique de Pierre Houde, il serait intéressant de tenter de vérifier si, effectivement, la LNH avait un agenda caché. De cette manière, il serait sans doute possible de vérifier, par l'analyse du contenu du discours véhiculé dans les médias de masse au sujet du conflit de travail, l'hypothèse suivante:

-En déclenchant le lock-out, la LNH avait un agenda caché, plus précisément, elle ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin qu'elle puisse restructurer ses activités pendant la période d'inactivité.

Par rapport au conflit de la Ligue nationale de hockey, mon hypothèse est donc que les dirigeants de la LNH ne voulaient pas que la saison ait lieu en 2004-2005. Cependant, pour des raisons de marketing et d'image, elle n'avait pas intérêt à en parler, d'où l'expression « agenda caché ». Il serait surprenant que la LNH avoue au début du conflit et même à la suite de celui-ci, qu'elle souhaitait que la saison 2004-2005 n'ait pas lieu. Ce serait une grave erreur d'avouer une telle chose. La clientèle, c'est-à-dire les amateurs, pourraient avoir l'impression d'avoir été oubliés dans toute cette histoire, eux qui ont dû attendre avant qu'une entente ne survienne. La ligue a préféré attirer l'attention sur l'importance d'une nouvelle structure économique comprenant un plafond salarial. En effet, la LNH devait s'entendre avec l'Association des joueurs quant à une nouvelle convention collective. Toutefois, il est sans doute possible de retrouver des faits ou des propos qui confirment l'hypothèse de l'agenda caché.

Puis, s'il est permis de mettre de l'avant cette première hypothèse, il est aussi possible d'énoncer une deuxième hypothèse relativement à la capacité des médias à véhiculer l'information liée à ce qui se passait à la table des négociations. Ainsi, énoncer l'hypothèse que la LNH avait un agenda caché, c'est aussi croire que certaines informations ne seraient pas dévoilées, c'est-à-dire que les buts et les stratégies 10

recherchés ne seront pas présentés au grand jour. Cette supposition s'applique autant pour la LNH que pour l'AJLNH. Tout le monde se doutait que la LNH allait travailler sur certains aspects afin de pouvoir faire un retour en force. En plus de cet aspect, il y a aussi le fait que les deux parties n'avaient pas intérêt à montrer les cartes de leur jeu si elles voulaient négocier de façon efficace. Ainsi, il est aussi permis d'avancer cette deuxième hypothèse:

-Pendant le processus de négociation, les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties (AJLNH et LNH) pendant la négociation de la convention collective.

Après avoir présenté et justifié les hypothèses, il serait maintenant approprié d'expliquer quelle méthodologie sera préconisée afin de les vérifier.

2.2-Méthodologie retenue dans cette recherche:

Tout d'abord, en se penchant à nouveau sur les deux hypothèses formulées, il semble que, de façon générale, c'est le contenu du discours qui attire l'attention.

Effectivement, la vérification d'un agenda caché dans la première hypothèse exige d'observer si les médias ont fait mention de cet agenda et d'enjeux autres que ceux véhiculés dans les propos des parties officielles, c'est-à-dire l'Association des joueurs d'un côté ou la LNH et les propriétaires de l'autre.

Ensuite, l'étude de la deuxième hypothèse quant à l'incapacité des médias à renseigner le public sur les idées sur lesquelles les parties travaillaient pendant la négociation de la convention collective, vise à vérifier si les médias ont réussi à transmettre les idées débattues à la table des négociations entre les deux parties. Il

Ainsi, le contenu du discours véhiculé dans les médias constitue le centre d'intérêt de ces deux hypothèses. Ce discours résulte principalement de la participation et des interactions de différents acteurs.

De cette manière, après avoir présenté la méthodologie dans ce deuxième chapitre et avant de procéder à la cueillette et à l'analyse des données au quatrième chapitre, il serait intéressant de s'arrêter sur la place qu'occupent les différents acteurs qui participent à la production du discours véhiculé dans les médias. Cette étape constituera l'objet du troisième chapitre alors que différentes perspectives théoriques sur le sujet seront présentées. Cette synthèse semble importante puisqu'elle offre des points de repères sur le rôle que jouent les différents acteurs dans la production du discours. Cette synthèse permettra également de mieux situer et d'effectuer une interprétation plus pertinente des données présentées au quatrième chapitre alors qu'un parallèle entre les données recueillies et analysées d'un côté et les perspectives théoriques de l'autre sera effectué.

Toutefois, il apparaît important de mentionner que la cueillette et l'analyse des données doivent non seulement être bien situées sur le plan théorique, mais elles doivent tout d'abord être effectuées selon des critères précis et rationnels permettant l'étude la plus objective et scientifique possible du discours véhiculé dans les médias.

Par conséquent, la méthode mise de l'avant pour effectuer l'analyse du discours véhiculé dans les médias est basée sur l'étude des rubriques et des thèmes présents dans les médias liés au conflit de travail afin d'observer les idées transmises dans ces médias.

Le corpus

Parmi l'ensemble des médias de masse disponibles, plusieurs semblaient intéressants. Effectivement, le conflit de travail 2004-2005 de la LNH a semblé être un sujet d'actualité abondamment traité, du moins au Canada. La presse écrite, la radio et la télévision en ont fait un sujet de prédilection alors qu'en « paralysant » le sport national 12

des Canadiens, le lock-out occupait une bonne partie de l'espace dans l'actualité. Dans le but d'ajouter un peu d'originalité à cette étude, Internet a été préféré aux autres médias traditionnels. Même si Internet est un média de plus en plus utilisé pour les analyses de contenu du côté académique, il n'en demeure pas moins que le choix des sites Internet liés à des réseaux de télévision à vocation sportive constitue une idée qui semble originale. De plus, ce média a été retenu en raison de sa facilité d'utilisation et de l'accessibilité qu'il donne à l'information et ce, en tout temps. D'ailleurs, son accessibilité attire un grand nombre d'amateurs de sports désireux d'en savoir plus sur l'actualité sportive. Internet étant par surcroît sans frontière, les sites Internet de ce genre étaient donc très nombreux. Il fallait toutefois n'en retenir que quelques uns tout en étant en mesure de justifier leur sélection.

Les sites Internet retenus

Tout d'abord, les trente équipes de la LNH étant toutes situées au Canada et aux États- Unis, ces deux pays constituent le principal public. Il semble donc juste de dire que le lock-out de la LNH pouvait être une préoccupation, principalement pour le public situé en Amérique du Nord, plus précisément au Canada et aux États-Unis. Le choix d'un site Internet d'un réseau de télévision à vocation sportive devait donc tenir compte de cette réalité.

Ensuite, il s'agissait de retenir un nombre justifié de tels sites Internet. Tout d'abord, il semblait intéressant de choisir un site Internet du Québec qui pouvait représenter les médias francophones. En effet, l'analyse de contenu d'un site Internet du Québec permet d'analyser la version des médias francophones attitrés à la couverture du hockey de la LNH. Comme le Réseau des sports constitue le seul réseau de télévision à vocation sportive en provenance du Québec, la seule présence de ce critère imposait le choix de ce site Internet (http://www.rds.ca). De plus, Montréal semble constituer une ville par excellence puisque l'équipe de hockey qui y évolue, les Canadiens de Montréal, fait partie du monde du hockey professionnel depuis bientôt 100 ans et qu'une riche tradition s'est installée au tour de ce sport dans la métropole du Québec. 13

Par la suite, il semblait logique de choisir un site Internet représentant au moins chaque pays afin de s'assurer que les idées véhiculées dans le principal public de la LNH soient considérées. Ce principe semble pertinent puisque tout au long du conflit de travail, les négociations et les propos en général ont été tenus des deux côtés de la frontière. Ainsi, un site Internet géré aux États-Unis et un autre au Canada anglais ont été retenus. En plus de représenter le Québec et les médias francophones, le site du Réseau des sports aurait également pu représenter le Canada, mais il semblait intéressant d'avoir un site Internet du Canada anglais afin de choisir des sites qui rejoignent le plus possible le public de la LNH. Le choix du site Internet du réseau (TSN) s'avérait donc très intéressant puisque TSN occupe une place de choix chez les amateurs de sports canadiens d'expression anglaise. De plus, il est géré en Ontario où l'on retrouve deux grandes villes où le hockey est populaire, dont Toronto qui représente également une ville importante dans le monde du hockey. Effectivement, la presse torontoise est reconnue comme étant très influente dans le circuit de la Ligue nationale de hockey. À Toronto, il y a non seulement les Maple Leafs de Toronto et le Temple de la renommée du hockey, mais aussi le siège social de l'Association des joueurs. La Ligue nationale de hockey y possède aussi des bureaux.

Aussi, comme plusieurs séances de négociation ont eu lieu aux États-Unis, l'idée d'analyser le discours véhiculé aux États-Unis avec le site Internet d'un réseau tel ESPN semblait donc un choix logique. En effet, un site doit y être retenu en raison du fait que la Ligue nationale de hockey avait son quartier général à New York et que de nombreuses séances de négociation y ont été tenues. Ainsi, des sites Internet ont été retenus dans ces trois zones, non seulement parce qu'ils constituaient des marchés économiques, historiques et symboliques pour le hockey, mais aussi parce que dans le cas de New York et de Toronto les acteurs y ont joué un rôle de premier plan dans le processus de négociation de la convention collective. Pour ces différentes raisons, le site Internet du réseau américain ESPN (http://espn.go.com) et le site du réseau canadien TSN (http://www.tsn.ca') ont donc été retenus. 14

Par la suite, en naviguant sur ces sites Internet, il a été possible de constater que l'actualité sportive était présentée sous forme d'articles et de chroniques tout comme ceux présentés dans les journaux. Dans le cas des trois réseaux, il était entre autres possible d'accéder à ces articles et chroniques par la fonction « Rechercher » du site Internet de RDS et par la fonction « Search » du site d'ESPN et de celui de TSN. Il ne s'agissait que d'utiliser certains mots-clés tels que « Lock-out » ou « Ligue nationale de hockey » en français et « Lockout », « National Hockey League » ou « Collective Bargaining Agreement » en anglais. Cependant, l'accès à tous les articles et chroniques du côté du site d'ESPN a nécessité un abonnement au service « Insider ». Par ailleurs, en effectuant quelques recherches préliminaires, il était possible de constater à quel point le nombre d'articles et de chroniques était élevé. Ensemble, les trois sites pouvaient sans doute rassembler plusieurs centaines, peut-être même des milliers d'articles et de chroniques. Il fallait donc délimiter et préciser ce qui allait être retenu dans le corpus.

L'étude des chroniques

Comme il a été mentionné, en raison de la quantité d'articles et de chroniques sur le lock- out, il fallait trouver un moyen d'en garder un nombre adéquat et s'assurer que la sélection serait représentative. Après avoir lu de nombreux articles et chroniques sur le sujet, tout en ayant à l'esprit la problématique, l'idée de ne garder que les chroniques s'est révélée très pertinente.

Premièrement, il fallait s'assurer que la chronique permette de vérifier les deux hypothèses. Ainsi, la confirmation de la première hypothèse reposait sur l'étude des différents faits et propos analysés qui auraient pu confirmer l'agenda caché. De ce point de vue, le choix des chroniques semblait très approprié, car celles-ci présentaient des faits et propos provenant des parties impliquées dans les négociations, mais elles présentaient aussi des propos émis par les médias. Par ailleurs, la deuxième hypothèse sur la capacité des médias à renseigner le public sur les thèmes abordés pendant la négociation d'une nouvelle convention collective reposait sur l'étude de l'actualité rapportée. Celle-ci pouvait être analysée aussi bien à partir des faits rapportés dans l'article que ceux avec 15

lesquels le chroniqueur justifiait ses différents commentaires sur l'actualité dans la chronique. Le choix de la chronique demeurait donc pertinent. Cependant, puisque la présence de l'idée de l'agenda caché n'aura été explicitement mentionnée que dans la chronique et non dans l'article, c'est la chronique qui a été retenue. Il fallait aussi être certain que, parmi les différents textes présents sur les sites Internet, ceux qui étaient considérés comme des chroniques correspondent bien à la chronique, telle qu'elle peut être entendue dans le monde de l'information et des communications.

La plupart du temps, les chroniques se retrouvent dans la presse écrite et les journaux en contiennent plusieurs. Toutefois, il est permis de croire qu'elles peuvent être présentées à partir de différents supports. Comme le mentionne Line Ross (2005 : 22-23), la chronique « est le genre variable par excellence ». Certaines sont spécialisées alors que d'autres sont libres. Qu'elles soient spécialisées ou libres, certaines chroniques sont d'opinion, d'autres d'explication et d'autres de reportage. Les possibilités sont très nombreuses. L'auteure ajoute que, « globalement, les chroniques se rattachent à l'actualité commentée, car on s'attend à ce que le chroniqueur donne son opinion, comme citoyen ou comme expert, selon le cas ». De cette manière, ces caractéristiques ne semblent pas exclure la présence des chroniques dans Internet. D'ailleurs, à la lecture des chroniques parues sur les trois sites Internet retenus plus tôt, il est possible de constater qu'elles correspondent aux caractéristiques présentées par Ross, principalement parce que les auteurs de ces chroniques y commentent l'actualité sportive. Ainsi, les textes retenus sur les trois sites Internet ont été considérés comme étant des chroniques.

Par ailleurs, étant donné que les chroniques des trois sites Internet ont été préférées aux articles, il semble approprié de mentionner comment il est possible de ne retrouver que les chroniques sur ces sites Internet, selon les différents chroniqueurs et dans l'ordre chronologique. Dans le cas des chroniques du site Internet d'ESPN, il s'agit d'aller au bas de la page d'accueil, puis de cliquer sur le titre « NHL ». Une fois que cette page apparaît, il faut aller vis-à-vis la rubrique « Contributors » du côté droit de la page. À cet endroit, il est possible de constater qu'il y a deux chroniqueurs attitrés au hockey chez ESPN: John 16

Buccigross et Terry Frei. Il est possible d'accéder à toutes leurs chroniques en cliquant sur la fonction « Archive ». Tel qu'il a été mentionné plus tôt, l'accès illimité à leurs chroniques a toutefois nécessité l'abonnement au service « Insider ».

Ensuite, du côté de RDS, il est possible de consulter les chroniques en cliquant sur la rubrique « Chroniqueurs » du côté gauche de la page d'accueil. Par la suite, une page divisée en trois sections apparaît. La section consultée pour cette recherche est celle intitulée « Chroniqueurs RDS », qui rassemble toutes les chroniques des différents sports couverts par le Réseau des sports. À titre de point de repère, sur cette page, il y a également la section « Collaborateurs RDS », à laquelle participent différents athlètes amateurs et professionnels québécois par la rédaction de chroniques faisant le bilan de leurs activités. Finalement, il y a aussi la section « Collaborateurs ESPN », laquelle comprend des chroniques du réseau ESPN. Celle-ci n'aurait pu servir de lien pour analyser directement les chroniques du réseau ESPN, car les chroniques de ce réseau liées au hockey de la LNH ne s'y retrouvent pas toutes.

De cette manière, la section « Chroniqueurs RDS » a permis d'accéder aux chroniques parues sur le site de RDS, notamment toutes celles traitant du hockey de la LNH. Parmi tous les chroniqueurs présentés, six sont attitrés au hockey. Il s'agit de , Norman Flynn, Luc Gélinas, Pierre Houde, Renaud Lavoie et . Toutefois, une recherche effectuée sur le lock-out par le moteur de recherche Google a permis de retrouver des chroniques écrites par Dominic Roussel qui ont été diffusées dans le site de RDS (Roussel, 2004: http://www.rds.ca/chroniqueurs/expert domirous.htmQ. Comme son nom ne figure pas dans la section « Chroniqueurs RDS », il s'agit sans doute d'un ancien chroniqueur du site du Réseau des sports. La recherche menée sur Google a donc permis de retracer les différentes chroniques qu'il a écrites sur le lock-out. Celles-ci ont donc été ajoutées au corpus. Toutefois, en menant des recherches semblables, il n'a pas été possible de retracer d'anciens chroniqueurs pour les sites Internet des réseaux ESPN et TSN. 17

Par la suite, du côté de TSN, les chroniqueurs qui commentent l'actualité du hockey de la LNH sont Bob McKenzie et Dan Pollard. Il est possible d'accéder à leurs chroniques en cliquant sur la rubrique « Columnists » à gauche de la page d'accueil. Il s'agit ensuite de cliquer sur le nom d'un chroniqueur et une fois que la page apparaît, il ne suffit que de cliquer sur la rubrique « Previous Archived Columns » au bas de la page afin d'accéder aux chroniques qu'il a écrites et qui ont été placées en archives.

Par ailleurs, la compilation des textes écrits par ces 11 chroniqueurs constitue un ensemble de chroniques très intéressantes et pertinentes pour la cueillette et l'analyse des données du quatrième chapitre. Comme la plupart de ces chroniqueurs se consacre principalement au hockey de la LNH et beaucoup moins aux autres sports, le nombre de chroniques en lien avec le lock-out est évalué à plusieurs centaines de chroniques. Ce nombre étant très élevé pour un travail de maîtrise, il semblait donc important de situer le corpus dans le temps afin de retenir les périodes pertinentes à l'étude du discours et de choisir un nombre de chroniques permettant de saturer le plus possible l'information.

Périodes retenues

Tel qu'il a été mentionné plus tôt, la technique utilisée pour vérifier les hypothèses est celle de l'analyse des idées abordées relativement au conflit de travail. Comme les deux hypothèses visent à savoir ce qui a été abordé dans les médias pendant la période des négociations et quels sont les résultats qui en sont ressortis, il serait intéressant de classer ces idées selon leur période de parution. De cette manière, ce conflit de travail a été divisé en trois périodes :

Première période : 7 juin 2004 au 12 juillet 2005

La première période déterminée dans ce conflit de travail constituait la période pendant laquelle il y a eu le processus de négociation. Celle-ci devrait permettre d'étudier les idées véhiculées pendant les négociations. Elle a été délimitée non pas à partir du déclenchement du conflit de travail le 15 septembre 2004, mais à partir de la dernière IX journée d'activités dans la LNH avant le lock-out, soit le 7 juin 2004, date à laquelle les séries éliminatoires 2004 avaient pris fin. Le choix de cette date plutôt que celle du 15 septembre repose sur le fait qu'il semble logique de penser, qu'à partir de ce moment, les propos véhiculés au sujet de la LNH traitaient davantage de la fin imminente de la convention collective qui arrivait à échéance le 15 septembre 2004 à minuit. Cette période s'étend donc jusqu'au 12 juillet 2005 qui représente la veille de la journée au cours de laquelle l'annonce de l'entente de principe est survenue. Effectivement, bien que les négociations n'étaient pas officiellement terminées, l'annonce de l'entente de principe sert à marquer la fin de celles-ci. Cette date a été préférée à celle de la journée de la ratification de la nouvelle convention collective le 22 juillet 2005 puisque dès que l'entente de principe est survenue, beaucoup de résultats ont semblé avoir été annoncés.

Deuxième période : 13 juillet 2005 au 6 octobre 2005

Par conséquent, la deuxième période étudiée, c'est-à-dire la période pendant laquelle les résultats qui ont suivi les négociations ont été dévoilés, commence donc la journée pendant laquelle l'annonce de l'entente de principe est survenue. Cette période prend fin la journée au lendemain de la reprise des activités. Effectivement, il est permis de croire que les changements apportés et les décisions prises seront rendus publiques jusqu'à la reprise de la prochaine saison le 5 octobre 2005. Toutefois, comme des surprises pourraient être dévoilées lors de la première soirée de hockey de la saison, la journée suivante, soit le 6 octobre 2006, constitue la date limite de cette deuxième période. Bref, la période du 13 juillet 2005 au 6 octobre 2005 devrait permettre d'en savoir plus sur les résultats survenus à la suite du lock-out.

Ainsi, l'analyse des idées véhiculées pendant les négociations et à la suite de l'entente de principes devrait permettre de vérifier la présence d'un agenda caché ou encore la capacité des médias à renseigner sur les idées sur lesquelles les parties travaillaient pendant les négociations. En d'autres termes, il sera possible d'identifier à quel moment les différentes idées ont été abordées. 19

Troisième période : 15 septembre 2004 au 5 octobre 2005

Ensuite, une troisième période à été créée afin d'identifier si une idée devait être abordée à la fois pendant les négociations et à la suite de celles-ci. De cette manière, cette dernière période a été délimitée du 7 juin 2004 au 6 octobre 2005 afin de rassembler les idées qui auraient été abordées dans les médias à la fois pendant le processus de négociation et à la suite de l'entente de principes. Cette période permet donc de vérifier si des sujets ont été abordés durant les deux autres périodes et elle permet d'amener davantage de précision à la parution des idées sur lesquelles l'AJLNH et la LNH travaillaient et qui ont été véhiculées dans les chroniques.

Par ailleurs, comme la consultation des chroniques parues pendant ces trois périodes permettait d'étudier près de 500 chroniques, un nombre trop élevé, des sous-périodes ont été déterminées afin de réduire la taille du corpus. Ces sous-périodes devaient toutefois être justifiées et permettre de « saturer » l'information liée au conflit de travail.

Sous-périodes et nombre de chroniques à l'étude

Tout d'abord, les sous-périodes retenues coïncident avec d'autres dates qui semblent être d'une certaine importance par rapport au conflit de travail. Le choix de ces dates sera justifié au paragraphe suivant. Pour chacune de ces dates, la veille et le lendemain de cette date seront également retenus parce qu'il a été constaté que, la veille d'une date jugée importante, des chroniques sont parfois écrites dans le but de commenter ce qui devrait arriver. De la même manière, des chroniques peuvent être écrites au lendemain d'un événement afin de commenter ce qui s'est passé la veille. Évidemment, il peut toujours arriver que des chroniques soient écrites à d'autres moments. Par contre, de façon générale, cette méthode permet d'augmenter les chances de retrouver au moins une chronique pour chacun des événements, ou plutôt chacune des dates auxquelles ceux-ci sont survenus. 20

Dans cet ordre d'idées, la date du 15 septembre 2004 a été retenue puisqu'elle marque le déclenchement officiel du lock-out par le commissaire Gary Bettman. Les dates du 14 et du 16 septembre 2004, qui constituent respectivement la veille et le lendemain du déclenchement du lock-out, ont donc aussi été retenues.

Deuxièmement, la date du 9 décembre 2004 a été choisie puisque c'est lors de cette journée que la première offre depuis le début du conflit a été déposée à la table des négociations. À titre indicatif, cette offre a été effectuée par l'AJLNH et contenait une proposition de réduction des salaires des joueurs de 24 %. Les dates du 8 et du 10 décembre 2004 ont donc aussi été retenues.

Troisièmement, la date du 14 décembre 2004 a été retenue puisqu'il s'agit du jour où la Ligue nationale de hockey et les propriétaires ont effectué la contre-offre de la première proposition effectuée depuis le déclenchement du conflit. Cette date est précédée du 13 décembre et suivie du 15 décembre 2004. Celles-ci ont donc aussi été retenues.

Par la suite, la date du 16 février 2005 a été choisie puisqu'elle marque la journée de l'annonce officielle de l'annulation complète de la saison 2004-2005 par le commissaire Gary Bettman. Elle est accompagnée du 15 et du 17 février 2005 pour former une autre sous-période.

Ensuite, la date du 19 février 2005 a été retenue puisque quelques jours après l'annulation officielle de la saison par le commissaire Bettman, les deux parties sont revenues à la table des négociations afin de tenter de récupérer les dernières offres. Les dates du 18 et du 20 février 2005 ont donc aussi été retenues.

La date du 13 juillet 2005 a aussi été retenue, car les deux parties y ont concluent une entente de principe. Une sous-période comprend donc les dates du 12 au 14 juillet 2005 inclusivement. 21

Puis, la date du 22 juillet 2005 a été retenue puisque c'est lors de cette journée que la signature de la ratification d'une nouvelle convention collective a été effectuée. Une autre sous-période s'étend donc du 21 au 23 juillet 2005 inclusivement.

Finalement, la date du 5 octobre 2005 a été choisie, car elle marque le début de la première saison et la reprise des activités de hockey après le lock-out. Cette date est accompagnée du 3 et du 5 octobre dans la huitième sous-période.

Ainsi, comme il a été mentionné pour toutes les sous-périodes, chacune d'entre elles possède une date qui a marqué le conflit de travail de la LNH. Pour chacune de ces sous- périodes, la totalité des chroniques des 11 chroniqueurs a été dépouillée. Plus précisément, 42 chroniques ont été retenues.

Le tableau 1 (page suivante) présente le nombre de chroniques par chroniqueur (les initiales des chroniqueurs apparaissent en haut de chaque colonne et sont définies dans la légende) selon les huit différentes sous-périodes retenues et définies plus tôt. 22

Tableau 1 : Nombre de chroniques écrites par les différents chroniqueurs selon les sous-périodes déterminées

Périodes retenues PH YP DR JD RL LG NF DP BM TF JB Total

14/09/04-16/09/04 1 2 0 1 0 1 0 0 3 0 0 8

08/12/04-10/12/04 1 1 0 1 0 0 0 0 3 0 0 6

13/12/04-15/12/04 0 2 0 0 0 0 0 0 2 0 1 5

15/02/05-17/02/05 0 1 0 0 0 0 0 0 3 0 0 4

18/02/05-20/02/05 1 2 0 1 0 0 0 0 2 0 0 6

12/07/05-14/07/05 1 1 0 1 0 0 0 0 3 0 0 6

21/07/05-23/07/05 0 2 0 1 0 0 0 0 3 0 0 6

04/10/05-06/10/05 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1

Total: 4 11 0 5 0 1 0 0 20 0 1 42

Légende:

PH: Pierre Houde (RDS) YP: Yvon Pedneault (RDS) DR: Dominic Roussel (RDS) JD: Jacques Demers (RDS) RL: Renaud Lavoie (RDS) LG: Luc Gélinas (RDS) NF: Norman Flynn (RDS) DP: Dan Pollard (TSN) BM: Bob McKenzie (TSN) TF: Terry Frei (ESPN) JB: John Buccigross (ESPN)

Par la suite, il fallait s'assurer que l'étude des chroniques présentes dans ces sous-périodes était suffisante. Permettait-elle de saturer le plus possible l'information sur le conflit? Rien n'empêchait le fait que des éléments intéressants se retrouvent entre les huit différents événements retenus comme ayant marqué le lock-out. En d'autres mots, même si ces périodes (celles entre les huit sous-périodes) n'ont pas été marquées par des 23

événements aussi importants que ceux mentionnés dans les huit sous-périodes précédemment définies, des chroniques pertinentes pouvaient s'y retrouver.

Ainsi, afin de saturer le plus possible l'information sur le conflit tout en disposant d'un corpus d'une taille justifiée, huit autres sous-périodes ont été créées (Voir le tableau 2). Sept d'entre elles se situent entre chacune des huit sous-périodes présentées plus tôt. Elles s'étendent, respectivement et inclusivement, du 17 septembre au 7 décembre 2004, du 11 décembre au 12 décembre 2004, du 16 décembre 2004 au 14 février 2005, du 17 février 2005 au 18 février 2005, du 21 février 2005 au 11 juillet 2005, du 15 juillet au 20 juillet 2005 et du 24 juillet au 3 octobre 2005. Toutefois, il est possible de constater dans le tableau que la sous-période s'étendant du 17 au 18 février 2005 inclusivement ne contient pas de chronique. Par ailleurs, la huitième sous-période supplémentaire s'étend du 7 juin 2004 au 13 septembre 2004. Le 7 juin 2004 constitue la dernière journée d'activités dans la LNH avant le début du lock-out alors que la Coupe Stanley a été remise au Lightning de Tampa Bay. Tel qu'il a été mentionné plus tôt, il semblait logique de penser, qu'à partir de ce moment, les propos véhiculés au sujet de la LNH allaient davantage traiter de la fin imminente de la convention collective qui arrivait à échéance le 15 septembre 2004 à minuit. D'ailleurs, c'est en raison de ce fait que la dernière sous-période s'étend jusqu'au 13 septembre 2004 et non pas jusqu'au 14 septembre 2004 puisque cette journée a été retenue précédemment dans la sous-période du 15 septembre 2004.

Par conséquent, analyser des chroniques à l'intérieur de ces huit sous-périodes supplémentaires augmentait les chances de saturer l'information sur le conflit de la LNH. Cependant, il semblait important de délimiter encore un nombre de chroniques à l'intérieur de ces sous-périodes supplémentaires, sinon il aurait été plus simple de rassembler toutes les chroniques liées au lock-out. Par conséquent, selon la méthode privilégiée, une seule chronique était retenue parmi toutes les chroniques écrites par les différents chroniqueurs à l'intérieur de chaque sous-période. Pour n'en retenir qu'une seule, il fallait toutefois procéder par tirage au sort pour que les chroniques retenues le soient de façon aléatoire. 24

Le tableau 2 démontre le nombre de chroniques qui étaient disponibles à l'intérieur de chacune des sous-périodes supplémentaires par chroniqueur. Le nombre placé en exposant constitue le numéro de la chronique qui a été tirée au hasard. Par exemple, vis- à-vis le chroniqueur Pierre Houde et la sous-période du 16 septembre 2004 au 8 décembre 2004, le nombre 11 indique le nombre de chroniques qui étaient disponibles. De son côté, le chiffre 6 placé en exposant indique que c'est la chronique numéro 6 qui a été retenue, toutes les chroniques ayant été numérotées avant le tirage. À partir de cette méthode, 43 autres chroniques ont pu être ajoutées.

Tableau 2: Nombre de chroniques écrites par les différents chroniqueurs selon les sous- périodes supplémentaires déterminées et numéro de la chronique retenue (voir numéro placé en exposant)

Sous-périodes supplémentaires PH YP DR JD RL LG NF DP BM TF JB retenues 07/06/04-14/09/04 2l 154 0 0 3j 1 1 21 22" 51 1 17/09/04-07/12/04 llb 432i 31 21 0 1 0 4J 38ij 1 82 11/12/04-12/12/04 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 U J 1 4 16/12/04-14/02/05 6 31 0 4 1 0 0 3 29ii 0 5 17/02/05-18/02/05 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 21/02/05-11/07/05 1010 726/ 0 81 0 0 0 10lu 53Ji 10j 104 15/07/05-20/07/05 0 1 0 0 0 0 0 0 21 1 0 1 1 11 () 24/07/05-03/10/05 2 32io 0 1 0 0 0 1 2 \0 11

Légende:

PH: Pierre Houde (RDS) YP: Yvon Pedneault (RDS) DR: Dominic Roussel (RDS) JD: Jacques Demers (RDS) RL: Renaud Lavoie (RDS) LG: Luc Gélinas (RDS) NF: Norman Flynn (RDS) DP: Dan Pollard (TSN) BM: Bob McKenzie (TSN) TF: Terry Frei (ESPN) JB: John Buccigross (ESPN) 25

Ainsi, à partir des 16 sous-périodes présentées et définies plus tôt, 85 chroniques ont été sélectionnées dans la constitution du corpus. Le nombre de chroniques ainsi que les différentes périodes qu'elles couvrent semblaient très pertinents pour une saturation la plus complète possible de l'information commentée qui a été véhiculée sur le conflit de travail.

Ces chroniques constituaient le corpus et allaient donc servir l'étude du discours véhiculé pendant chacune des deux périodes présentées à la section antérieure Périodes retenues, soit celle couvrant tout le conflit et celle pendant laquelle les résultats qui ont suivi les négociations ont été annoncés. Ensuite, il ne restait qu'à trouver un système permettant de recueillir et d'analyser les idées véhiculées dans les différentes chroniques retenues afin de pouvoir vérifier les deux hypothèses.

Système de rubriques et de thèmes classés dans différents tableaux

Tout d'abord, puisque la vérification des hypothèses implique la vérification du discours et de l'information véhiculée sur le conflit, il a été jugé pertinent d'implanter un système qui permettaient de vérifier quelles étaient les principales questions abordées dans les chroniques. Plus précisément, il semblait important de déterminer les principales catégories qui permettraient de classer l'information contenue dans les chroniques du corpus.

Par conséquent, l'ensemble de l'information constituant le corpus et servant à la vérification des hypothèses a été regroupé sous six rubriques différentes: « État de la situation économique et des négociations dans la LNH », « Image corporative de la LNH », « Jeu de la LNH », « Amateurs », « Repêchage 2005 » et « Divers ». Ces thèmes permettent d'avoir une vue d'ensemble de ce qui a été véhiculé pendant le conflit de travail. Pour ce qui est de la rubrique « Divers », elle sert en fait à classer l'information véhiculée dans les chroniques qui ne touchait pas le conflit de travail. De cette manière, 26 les six rubriques doivent couvrir l'ensemble de l'information contenue dans les différentes chroniques du corpus.

Ainsi, le choix des rubriques constituait la première étape puisqu'il fallait s'assurer de couvrir les principaux sujets traités lors du conflit de travail. À chaque fois qu'une telle liste de rubriques était mise de l'avant, un pré-test était effectué. Donc, lorsque les rubriques semblaient pertinentes, un « petit pré-test » d'environ deux ou trois chroniques était effectué. Si les rubriques ne permettaient pas de représenter l'ensemble de l'information d'une chronique, celles-ci étaient revues. Par contre, lorsque la liste de rubriques s'avérait exhaustive après avoir consulté deux ou trois chroniques, un plus grand pré-test était effectué à l'aide de 10 chroniques. De cette manière, après plusieurs tentatives, six rubriques ont pu être retenues. Ces rubriques sont définies au début du quatrième chapitre avant d'être par la suite utilisée pour l'analyse des données. Étant donné que la rubrique "Divers" ne regroupait pas des informations liées au conflit de travail, elle ne sera pas utilisée pour l'analyse des données. Néanmoins, elle sera définie et illustrée.

Ensuite, il fallait s'assurer que l'information que ces rubriques permettaient de regrouper, amène des précisions sur le discours véhiculé pendant le conflit de travail et permette de vérifier les hypothèses. En se penchant sur ce que chacune de ces rubriques pouvait contenir, il a été possible de déterminer différentes « idées secondaires ». Ces idées amenaient de la précision aux rubriques et ont été identifiées comme thèmes. Bref, les thèmes avaient pour but de synthétiser les différentes informations contenues sous les rubriques.

Tel qu'il a été effectué dans le cas des rubriques, l'élaboration des thèmes a exigé de nombreux pré-tests. La technique utilisée a été de noter les différentes idées véhiculées dans les chroniques des huit premières sous-périodes. Il était toutefois important de s'assurer de la saturation de l'information. Le document initial comptait près de 50 pages et était donc très imposant. Par la suite, cinq autres documents ont été produits à partir de 27

celui-ci de façon à réduire progressivement la liste de thèmes. Tout comme il a été fait pour les rubriques par rapport à l'ensemble de l'information contenue dans les chroniques, après la production de chaque document, plusieurs chroniques ont été lues à nouveau afin de vérifier si les thèmes permettaient de synthétiser et de saturer l'information contenue vis-à-vis chacune des rubriques.

Les thèmes représentent donc les différentes questions associées aux rubriques. Ils sont tous définis au quatrième chapitre et chacun d'eux est accompagné d'un exemple qui permet de l'illustrer. Cet exemple provient d'un des passages qui traitent de ce thème. Aussi, il est important de mentionner qu'un thème ne peut pas se retrouver sous plus d'une rubrique et ce, dans le but de simplifier le classement de l'information.

Par la suite, il a été jugé pertinent de classer les rubriques et les thèmes dans différents tableaux selon les périodes où ces informations ont été observées. Le tableau 3 constitue un échantillon de ce type de tableau.

Tableau 3: Échantillon du type de tableau créé pour la cueillette et l'analyse des données

Thèmes abordés pendant les négociations Thèmes abordés après l'entente de (du 07/06/04 au 12/07/05) principes (du 13/07/05 au 06/10/05)

Thèmes à la fois abordés pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes (du 07/06/04 au 06/10/05)

En observant ce tableau, il est possible de remarquer que les trois catégories de ce tableau sont basées sur les trois périodes déterminées plus tôt dans ce chapitre. Il s'agit des thèmes présents pendant la période couvrant les négociations, après l'entente de principes 28

et, en dernier lieu, les thèmes présents pendant ces deux périodes à la fois. Ainsi, pour être placé dans cette catégorie, un thème doit avoir été repéré pendant les négociations et après l'entente de principes à la fois.

Par la suite, dans le but de vérifier la première hypothèse mettant de l'avant l'idée que la LNH avait un agenda caché, plus précisément qu'elle ne voulait pas que la saison ait lieu afin de pouvoir restructurer ses activités pendant la période d'inactivité, les thèmes ont été observés et analysés pour vérifier s'ils n'évoquaient pas cette possibilité. Puis, pour mettre à l'épreuve la deuxième hypothèse qui avançait l'incapacité des médias à renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties (AJLNH et LNH) pendant la négociation de la convention collective, les rubriques et les thèmes ont été comparés selon leur présence pendant la négociation, à la suite de l'annonce des résultats qui ont suivi cette négociation ou pendant ces deux périodes.

De plus, il semble important de mentionner que, dans l'analyse des données et la vérification de l'hypothèse de l'agenda caché, l'attention sera principalement accordée à la présence et l'absence de thèmes pouvant respectivement confirmer et infirmer cette hypothèse. Effectivement, pour que l'hypothèse de l'agenda caché soit confirmée, les thèmes, par la définition et les exemples qui les accompagnent, doivent démontrer que la LNH ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu et qu'elle a travaillé à la restructuration de ses activités pendant cette période d'inactivité. Cette démonstration ne doit pas s'appuyer sur des opinions, mais doit plutôt être officiellement confirmée par la LNH. Les éléments d'information qui ajoutent de la crédibilité à l'idée de l'agenda caché seront considérés, mais ne pourront la confirmer et, pour cette raison, elle sera infirmée. De la même manière, à partir de la seule présence d'élément d'information ne pouvant officiellement confirmer l'agenda caché de la LNH, l'hypothèse ne pourra être démontrée et s'en trouvera infirmée.

Pour ce qui est de la deuxième hypothèse mettant de l'avant l'idée de l'incapacité des médias à renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les parties pendant les négociations, l'attention sera accordée encore une fois à la présence et à l'absence des thèmes et de leurs exemples, mais cette fois selon les périodes pendant lesquelles ils ont été repérés dans les chroniques. Lorsque les thèmes regroupés sous une rubrique sont en grande majorité identifiés comme ayant été abordés seulement à la suite de l'entente de principes et démontrent que les médias n'ont pas véhiculé ces questions, l'hypothèse sera confirmée. Toutefois, si la majorité des thèmes a été abordée pendant la période des négociations, l'hypothèse sera infirmée.

De cette manière, les données de chaque tableau seront analysées et les hypothèses vérifiées dans la section "Analyse des données et vérification des hypothèses". Le résultat de cette vérification sera mentionné et écrit en caractères gras. Par la suite, lorsque les différents tableaux auront été interprétés, un autre tableau permettra de compiler les résultats de la vérification des hypothèses. Ainsi, il sera sans doute possible d'effectuer une synthèse de la vérification des hypothèses en ayant une vue d'ensemble de celles-ci.

En résumé, au début du quatrième chapitre, un rappel de la méthodologie mise de l'avant pour vérifier les hypothèses sera d'abord effectué. Par la suite, chacune des rubriques ainsi que les thèmes qu'elles regroupent seront présentés, puis classés dans les tableaux selon la période où ils ont été observés. Les tableaux seront suivis des différentes observations et analyses qui les concernent. Ces données recueillies et analysées permettront de présenter, en caractères gras, les résultats de la vérification des hypothèses. Dans la deuxième partie du chapitre, les résultats de la vérification des hypothèses seront synthétisés dans un tableau, puis analysés. Finalement, dans la troisième et dernière partie de ce chapitre, les conclusions de ces interprétations seront discutées à partir des différents points de vue théoriques du troisième chapitre. En fait, ces points de vue sont consacrés aux interactions des différents acteurs qui tentent de contrôler la production du discours véhiculé dans les médias.

Il est donc espéré que le retour sur le cadre théorique effectué à partir des résultats de la vérification des hypothèses, permettra d'utiliser le cas étudié afin d'élargir la question de 30 la production du discours et des rapports d'influence qui la façonnent. Cependant, avant de procéder à de telles analyses, il semble d'abord important de présenter les différentes thèses et perspectives théoriques afin de comprendre un peu mieux les interactions entre les principaux acteurs qui produisent le discours véhiculé dans les médias. 31

CHAPITRE 3: Le cadre théorique

Comme il a été mentionné dans la méthodologie, la cueillette et l'analyse des données tentera de présenter l'information qui a pu être obtenue et véhiculée dans les médias pendant la négociation par rapport aux « résultats » annoncés à la suite de l'entente de principe. Le but est de vérifier si les médias ont été complètement contrôlés et tenus à l'écart des « vraies questions » par les sources, ou s'ils ont pu obtenir d'autres informations que celles prononcées par les sources officielles. Ainsi, la problématique et les hypothèses de cette recherche soulèvent la question du contrôle de la production du discours.

En communication, de nombreux ouvrages sont consacrés aux différents acteurs qui interviennent dans la production du discours véhiculé dans les médias. Ainsi, le rôle qu'ils jouent, leurs interactions et le niveau d'influence qu'ils peuvent exercer sur ce discours, occupent une place importante dans le monde académique de la communication. Dans ce chapitre, ces perspectives sont regroupées sous trois thèses ou tendances afin de tenter de comprendre qui détient le contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias de masse.

Premièrement, il y a la thèse qui met de l'avant l'idée que les professionnels des relations publiques, qui sont aussi appelés les sources, contrôlent en grande partie le jeu d'influence avec les médias quant au contrôle du discours. En raison de différentes stratégies des sources et des contraintes imposées aux médias, les sources contrôleraient le discours. Ainsi, les médias ne serviraient qu'à relayer l'information et ne serviraient que de « courroie de transmission », une expression souvent utilisée pour désigner les médias dans de nombreux ouvrages qui limitent le rôle des médias à celui de véhicule de l'information. Ensuite, il serait intéressant de se pencher sur différentes perspectives qui soutiennent le contraire. Effectivement, certains auteurs sont plutôt d'avis que ce sont les médias qui ont le contrôle de la production du discours. Finalement, les ouvrages présentés soutiendront une troisième thèse, celle qui propose que les sources et les journalistes négocient la production du discours. Cette présentation des trois thèses a pour objectif de présenter différentes conceptions des rôles et du niveau d'influence de chacun des acteurs quant au contrôle de la production du discours.

3.1-Les sources contrôlent le discours véhiculé dans les médias de niasse:

Ainsi, la première thèse retenue est celle qui soutient l'idée que les sources contrôlent le discours. L'ouvrage d'Oscar H. Gandy Beyond agenda setting: Information subsidies and public policy a d'abord été retenu puisqu'il illustre bien cette perspective.

Gandy (1982) présente les sources comme des acteurs qui « livrent » l'information aux journalistes par des subsides à l'information afin de gagner leur attention et ainsi influencer le discours politique véhiculé dans les médias. Gandy a décidé d'aller « au-delà du modèle de l'agenda setting », selon lequel « les médias réussiraient assez peu à orienter les opinions des gens, mais ils seraient très efficaces pour orienter leur attention sur tel ou tel objet » (McCombs et Shaw, 1972). Ce modèle a été étudié et discuté dans de nombreux ouvrages consacrés aux effets des médias de masse. Toutefois, comme cette étude s'attarde au contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias de masse et non pas à ses effets, ce modèle ne sera pas retenu davantage dans ce chapitre. À l'image de l'ouvrage de Gandy, c'est plutôt l'étape précédente, soit celle de la production du discours, qui semble pertinente à l'objet étudié.

Ainsi, Gandy (1982 : 7) propose d'aller au-delà de ce modèle afin de découvrir qui détermine l'agenda des médias, de quelle manière, pourquoi et avec quel impact sur le partage du pouvoir et des valeurs dans la société. Gandy (1982 : 15) tente d'expliquer que les sources ont recours à une grande variété de moyens pour tenter d'orienter le discours. 33

II s'attarde au processus dans lequel s'engagent les sources afin de gagner l'attention et l'intérêt des acteurs des médias de masse. Il traite des sources et de l'utilisation qu'ils font des journalistes et des gatekeepers afin d'influencer le processus politique. D'ailleurs, dans les échanges qu'ils effectuent avec les journalistes, les sources ont recours à ce que Gandy appelle des subsides à l'information.

Subside à l'information

Le concept subside à l'information semble en être un d'une grande importance dans l'ouvrage d'Oscar H. Gandy (1982: 8-9). L'originalité de cet ouvrage réside dans l'étude de certains aspects tels que le comportement des sources et les conditions structurelles qui encouragent l'utilisation de l'information comme un instrument de contrôle social.

Gandy (1982: 61) définit le concept de subside à l'information comme une tentative d'influencer les actions des autres en contrôlant l'accès et l'utilisation de l'information nécessaire à ces actions. L'information est qualifiée de subside parce que sa source la rend disponible à un coût inférieur à ce que son utilisateur pourrait payer en l'absence de ce subside pour obtenir de l'information. En d'autres termes, le subside à l'information constitue une forme de subvention.

De cette manière, les différents acteurs impliqués dans les questions publiques, que ce soient les politiciens, les bureaucrates, les consommateurs ou autres, vont tenter d'influencer les questions sociales et politiques en subventionnant de l'information (1982: 55).

Différentes formes de subvention de l'information

Les subsides sont divisés en deux catégories: subsides directs et indirects. Gandy (1982: 202) définit les subsides directs : « Visits or personal contact with a PA; reports, letters, analyses or the like mailed or otherwise delivered directly to Pas,; testimony in hearings, investigations, etc.; advertisements placed in média to which Pas are known to attend; contact with Pas by acknowledged représentatives or agents ».

Par rapport aux subsides indirects, l'auteur (1982: 202) affirment qu'ils se trouvent « where the identity of the source is purposely hidden: anonymous leaks, off-the-record statements, messages delivered through surrogates seen as acting independently, including reports by "independent research organizations," and "unsolicited testimonials" ». Gandy ajoute qu'il s'agit également de subsides indirects « where the identity of the source may be known, but the subsidy is delivered in such a way as to disguise the self interest: press conférences, news releases, and pseudo-events designed to win média attention as being legitimately newsworthy; open appeals to others to communicate with PAs ».

Aussi, Gandy (1982: 64) place les entreprises de relations publiques au centre du phénomène des subsides à l'information, car contrairement aux professionnels de la publicité, ceux en charge des relations publiques ont comme responsabilité et habitude de générer de la publicité non payée.

Inégalité

Par ailleurs, les moyens techniques pour livrer l'information peuvent aussi être discriminatoires envers ceux qui ont moins de ressources. Les sources corporatives, politiques et bureaucratiques disposent davantage de ressources que les citoyens et sont plus encouragées à utiliser des subsides à l'information afin d'influencer les décisions de la politique publique (1982: 198-199).

Toutefois, parmi les exemples cités dans l'ouvrage de Gandy qui démontrent l'utilisation de subsides à l'information, il est possible de reprendre un cas qui illustre que, même avec des ressources économiques beaucoup moins importantes, le plus petit peut parfois avoir l'avantage sur le plus riche lorsqu'il entend faire prévaloir ses idées. 35

Le cas de Three Mile Island

Le 28 mars 1979, des problèmes de réacteurs ont été décelés à la Centrale nucléaire Metropolitan Edison (Met Ed) située à Three Mile Island (TMI). La Centrale nucléaire Metropolitan Edison avait déjà effectué un bon nombre d'activités de relations publiques depuis 1965 pour projeter une image de centrale sécuritaire et responsable par des communiqués de presse, des messages à la radio, des dépliants, divers autres outils communicationnels et publicités. Tous ces efforts ont été neutralisés en l'espace d'une semaine lorsque l'un des réacteurs de la centrale connut des problèmes techniques. Cependant, une enquête a révélé que le problème le plus important a été lié à la complexité technique du sujet à couvrir rendant la tâche difficile pour les journalistes et les sources. Il semble que la couverture médiatique de l'incident ait été dramatique, mais temporaire. Une semaine après l'accident, Met Ed engagea la firme Hill Knowlton afin de redorer l'image et la crédibilité de l'entreprise et de l'aider à préparer des apparitions publiques crédibles lors des enquêtes du congrès. D'autres membres de l'industrie se sont mobilisés afin de contrer une proposition du gouvernement d'imposer un moratoire de six mois sur la construction d'une usine (1982: 159-161).

Malgré ce moratoire, l'industrie a effectué de nombreux efforts afin d'influencer le processus politique par des subsides à l'information. Tout d'abord, depuis l'incident de Three Mile Island, plus d'une douzaine d'entreprises nucléaires ont ouvert des bureaux à Washington. La Commission de l'énergie nucléaire américaine {American Nuclear Energy Counciï), à laquelle de grandes multinationales appartiennent a répété les efforts afin de démontrer les effets négatifs du moratoire. Il y a aussi eu la participation du Comité de conscientisation énergétique {Committee for Energy Awareness) qui a tenté de contrer les efforts organisés des activistes anti-nucléaires par des subventions d'information. De cette manière, au début de 1981, l'avenir de l'industrie nucléaire américaine ne semblait pas très prometteur. L'incident de Three Mile Island avait non seulement soulevé la question des risques liés à l'énergie nucléaire, mais avait aussi repoussé un bon nombre d'investisseurs qui craignaient d'investir dans un domaine si politisé (1982: 161). 36

Toutefois, Gandy (1982: 161) explique que si les événements liés à Three Mile Island ont attiré autant l'attention sur la question de l'énergie sur la scène politique, c'est en raison du petit mouvement anti-nucléaire initial: ... the salience of nuclear energy as a public issue was dépendent largely upon the efforts of a small group of dedicated activists. It is suggested that the Seabrook occupation was the critical point in the movement's history when the "handful of lonely voices had been transformée into a full-blown social movement."45 While earlier nuclear mishaps, like the 1966 accident at the Fermi reactor in Détroit went virtually unnoticed, TMI added momentum to an existing movement, and reinforced aspects of its claim that nuclear energy was unsafe.

Ainsi, le travail des activistes, eux qui étaient pourtant moins « puissants » économiquement, a semblé très efficace alors qu'ils ont su attirer l'attention sur leurs préoccupations quant à l'énergie nucléaire et provoquer un débat.

En s'attardant au concept de subside à l'information qui se trouve au cœur de l'ouvrage de Gandy ainsi qu'au cas précédemment rapporté, il est possible de réfléchir à une modélisation des efforts effectués par les sources afin de gagner le plus d'influence possible dans le processus de politique publique. De façon générale, l'information livrée par les sources augmente leur niveau d'influence, phénomène favorisant encore une fois les riches. Cependant, l'exemple de Three Mile Island a démontré qu'il peut parfois y avoir des cas où le plus petit peut attirer davantage l'attention sur son discours que sur celui du plus grand.

Ainsi, l'ouvrage de Gandy semble très bien soutenir la thèse que les sources tentent et réussissent par divers moyens à influencer, voire à manipuler le discours véhiculé dans les médias et ce, principalement par la livraison de subsides à l'information.

Par ailleurs, quant au contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias, il semble que d'autres auteurs soutiennent l'idée que les sources sont de plus en plus organisées et que leur influence n'a cessé de croître au cours des dernières années. Effectivement, l'article de Marie-Hélène Papillon et Jean-Hugues Roy « Le 6e W » paru dans la revue Le Trente (Novembre 2005: 9) aborde la question de la présence de plus en plus importante des professionnels des relations publiques. Il s'agit d'un phénomène à l'échelle internationale et le Québec n'échappe pas à cette réalité. Papillon et Roy tentent d'expliquer comment fonctionnent les réseaux d'influence et d'intérêts, car ils affirment que les journalistes doivent maintenant savoir qui soutient leurs sources et de quelle manière. Ainsi, les firmes de relations publiques offrent leurs services autant à des clients du monde public que du monde privé. Concernant les objectifs des clients, les deux auteurs affirment que ces clients «... ont en commun de chercher à « vendre » quelque chose: une idée, un bien, un service. Tous cherchent à influencer: l'opinion publique, les autorités, un groupe particulier. En ce sens, tous font du lobbying. » Papillon et Roy ajoutent que toute personne qui s'intéresse à l'information ne peut plus ignorer les relations publiques. Bien que discrets, les relationnistes sont de plus en plus organisés et sont de plus en plus puissants financièrement.

Papillon et Roy (Novembre 2005: 11) prétendent qu'il peut être utile de savoir quelle firme s'occupe de tel ou tel dossier, d'où la présence de la nouvelle question By whom dans le journalisme. Cependant, cette question n'a pas encore vraiment été ajoutée aux cinq « W ». Par exemple, dans le cas d'un organisme public, celui-ci ne veut pas toujours que les gens sachent qu'une firme de l'étranger a été engagée pour ne pas qu'ils pensent que les coûts sont très élevés. De plus, de façon générale, les relationnistes préfèrent passer incognito.

Ainsi, le sixième «W » permet de savoir qui dirige une opération derrière les rideaux. Le journaliste a donc intérêt à se poser la question By whom afin « de mieux décoder les informations qu'il reçoit, d'aiguiser son sens critique ». Papillon et Roy (Novembre 2005: 9-11) affirment que c'est peut-être son devoir de le faire afin de bien renseigner son public. Cet article de Papillon et Roy rejoint donc ce que Gandy (1982) affirme sur le travail des sources, c'est-à-dire qu'elles s'organisent afin de gagner une plus grande part d'influence. Ainsi, pour les journalistes, il demeure important de bien comprendre leur façon de travailler s'ils veulent garder l'esprit critique exigé dans l'exercice de leur profession.

De la même manière, d'autres ouvrages soutiennent l'idée que les journalistes font face à de nombreuses contraintes, ce qui peut jouer en faveur des sources dans leurs tentatives d'influencer le discours véhiculé dans les médias.

Le 15 novembre 1999, Michel C. Auger a présenté au nom de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) un mémoire au ministère des affaires municipales, à l'Union des municipalités du Québec et à la Fédération québécoise des municipalités. Il s'agit du Dossier noir sur l'information municipale (15 novembre 1999: http://www.fpjq.org/index.php ?id-single&tx ttnews[backPid]=42&tx_ttnews[pSl=l 1365 7583l&tx ttnewslpointerl=7&tx rtnewsltt newsl=310&cHash=6e589a5146\ Le but de ce document était de fournir des exemples qui permettraient de montrer l'ampleur des problèmes liés à des entraves à la libre circulation de l'information qui surviennent à l'échelle municipale au Québec. Plus précisément, ce qui a fait l'objet du mémoire, ce sont les pratiques de communication mises de l'avant en raison de la permissivité des lois en vigueur au Québec. Auger a regroupé ces pratiques sous trois grands thèmes: « 1) la présence ou l'interdiction des caméras, appareils photo et magnétophones lors des réunions des conseils municipaux; 2) les restrictions imposées à l'accès aux documents à caractère public; 3) les réunions spéciales du conseil et les ajouts de dernière minute aux ordres du jour des réunions du conseil ».

Ainsi, dans le monde municipal, Auger déplore le trop grand nombre de contraintes venant nuire au travail des journalistes dans leur recherche d'information et dans la présentation de celle-ci. De plus, un autre dossier a été réalisé par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec afin de dénoncer à nouveau l'accès à 39 l'information, mais cette fois, l'information provenant des communications gouvernementales.

Effectivement, dans Le dossier noir des communications gouvernementales (FPJQ, 2004: http://www.fpjq.org/index.php?id=single&tx ttnews[backPid]=42&tx_ttnews[pS]=l 1336 16865&tx_ttnews[pointer]=l&tx ttnews[sViewPointer]=3&tx_ttnews[tt_news]:=411&cH ash=dc58ac0ea4)., la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) recueille des témoignages de journalistes ayant connu des difficultés à obtenir de l'information auprès du gouvernement et des organismes publics du Québec principalement, mais aussi auprès du gouvernement du Canada. La FPJQ déplore qvi'au sein des gouvernements, certaines pratiques sur le plan des communications ou encore certaines politiques de communication nuisent au travail des journalistes dans leur quête d'information. En réalité, la FPJQ s'attarde à « l'accès aux responsables gouvernementaux eux-mêmes et aux individus qui détiennent l'information sur les politiques gouvernementales, sur l'usage des fonds publics ou sur les actions menées par l'État sur le terrain ».

Il semble de plus en plus complexe pour les journalistes de remplir leurs fonctions, car il leur est difficile de parler aux gens « qui sont en première ligne », ceux qui sont le plus près de la situation qui suscite l'intérêt. Les journalistes aimeraient que cette situation change, le rythme auquel ils doivent travailler étant déjà très contraignant pour eux. À titre d'exemple de leurs revendications, 50 journalistes autant des médias publics que privés, ont fait des témoignages de leurs expériences. Parmi les organismes qui collaborent le moins avec eux, ils ont dénoncé le Ministère de l'environnement et Environnement-Québec, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) et la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) (FPJQ, 2004).

Dans ce document (2004), la FPJQ a donc formellement prononcé cette dénonciation: « La Fédération professionnelle des journalistes du Québec demande donc aux gouvernements et aux organismes publics visés par ce dossier, d'éliminer les obstacles 40 qu'ils posent à l'information du public et de revoir leurs politiques de communication pour faire disparaître toutes les entraves ».

Par la suite, la FPJQ (2004) a formulé cette demande quant au besoin d'une politique de communication efficace et juste: La FPJQ croit que la situation actuelle compromet le droit du public à l'information. Nous interpellons plus particulièrement le gouvernement du Québec et demandons que les plus hautes autorités envoient un message clair en adoptant une politique de communication qui soit basée sur la transparence et l'accès à l'information. Cette politique devra notamment faciliter l'accès des journalistes aux individus qui sont les plus aptes à répondre à leurs questions.

Ainsi, cette seconde démarche réalisée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec démontre à nouveau à quel point l'accès à l'information peut parfois devenir une activité difficile, voire frustrante pour les journalistes. Les sources détiennent l'information dont les journalistes peuvent avoir besoin, mais diverses contraintes viennent nuire à ceux-ci dans leur cueillette de données et les rendant bien souvent impuissants. Les représentants des médias n'ont donc pas toujours la tâche facile et doivent parfois s'en remettre à ce que leur disent les sources. Bien souvent, les médias semblent donc dépendre des sources.

Dans le même ordre d'idées, dans l'ouvrage La stratégie média, Y a-t-il un média gagnant en publicité?, Bernard Dagenais (2005 : 46) aborde la question du pouvoir des annonceurs sur les médias. Il affirme que les annonceurs exercent de la pression sur les médias sur le plan des contenus et de leurs placements pour que ceux-ci leur soient favorables, sinon ils peuvent décider de se retirer. Par exemple, un annonceur peut refuser d'être associé à un contenu violent, erotique ou qui ne respecte pas certaines valeurs.

Toutefois, Dagenais (2005: 46-47) mentionne qu'il y a normalement une démarcation entre la publicité d'une organisation médiatique et sa position éditoriale. Par ailleurs, les annonceurs influencent indirectement le contenu des médias en visant un public le plus large possible, car les médias s'ajustent et programment des émissions destinées à ce 41

public aux heures de grande écoute. Aussi, il semble que les annonceurs peuvent exercer beaucoup de pression pour que certaines informations ne circulent pas à leur sujet et que les médias vont parfois s'assurer de ne pas salir la réputation de leurs annonceurs. Ainsi, la démarcation entre la publicité et l'information n'est pas toujours bien délimitée. Il arrive aussi que les annonceurs soient mis en valeur dans la rédaction. Dagenais affirme à ce sujet: « Dans tous les médias, les responsables des ventes d'espaces publicitaires vont essayer à un moment ou l'autre de sensibiliser la rédaction aux inconvénients de certaines attaques trop dures contre les bons annonceurs. » Du côté des revues, il arrive parfois qu'une page de rédaction gratuite soit accordée à l'annonceur pour chaque page de publicité qu'il aura achetée et qu'il puisse même décider de son emplacement dans la revue. De plus, il arrive que certains types de publicités soient interdits par la direction de certains médias.

Ainsi, dans cet ouvrage de Dagenais, tout comme dans ceux présentés plus tôt, il est possible de voir à quel point il n'est pas toujours évident pour les médias et les journalistes d'avoir accès à l'information, de recueillir les différents faits quant à la présentation de l'actualité et de le faire par surcroît avec objectivité. En effet, les sources qui les approvisionnent en information manquent parfois de transparence et, souvent, les moyens financiers dont ils disposent leur permettent d'avoir un plus grand pouvoir d'influence sur la production du discours. Les ouvrages précédemment rapportés semblent donc se rallier à l'idée que les sources sont en meilleure position que les journalistes quant au contrôle du discours et que ceux-ci deviennent en quelque sorte manipulés.

3.2-Les médias contrôlent le discours qu'ils véhiculent:

D'autres perspectives théoriques pourraient plutôt être rassemblées sous la thèse que ce sont les médias, qui détiennent le plus d'influence sur le discours qu'ils diffusent. 42

La position des médias

Alors que de nombreuses perspectives théoriques défendent l'idée que ce sont les sources qui contrôlent le discours véhiculé, plusieurs autres s'attardent plutôt à défendre l'idée contraire, c'est-à-dire que les médias constituent non seulement l'outil de diffusion, mais contrôlent le discours qu'ils véhiculent.

Ainsi, certains auteurs sont d'avis que les médias disposent non seulement du pouvoir d'exercer leur influence par le filtrage de l'information, mais aussi par le ton de celle-ci. Bien que l'objectivité y soit recherchée, la présentation de l'information dans les médias de masse semble être animée par une subjectivité fort importante.

Par exemple, dans son article « Octobre 1970: le discours social et les médias » (1989), Dagenais (1989: 146) défend l'idée que les médias ont présenté la crise d'octobre 1970 comme une « mosaïque d'expressions contradictoires et diversifiées ». Dans sa recherche d'une méthode d'analyse, l'auteur s'est attardé sur différentes pistes. L'une de ses considérations est l'idéologie des médias. Il s'appuie sur des ouvrages de Violette Morin (1969), Roger Daoust (1969) et René Marié (1964). De l'ouvrage de Violette Morin, Dagenais (1989: 149-150) retient l'idée qu'une idéologie influence le discours de chaque média. Par rapport à l'ouvrage de Daoust, il rapporte que l'étude de la Une de deux quotidiens démontre que l'un sera porté à rapporter des nouvelles plus positives que l'autre et ce, de façon constante. Pour ce qui est de l'ouvrage de Marié, Dagenais (1989: 150) souligne que la guerre de 1914 dans une revue allemande et une revue française a été présentée et justifiée selon la position de chaque revue. Ces quelques exemples présentés par Dagenais sont intéressants puisqu'ils démontrent à quel point les médias peuvent orienter le discours qu'ils véhiculent. Ils permettent d'illustrer et de considérer le biais idéologique des médias comme facteur pouvant accorder à la production du discours véhiculé dans les médias, un avantage à ceux-ci. En poursuivant l'étude de cette production, il est aussi possible de considérer la sélection de l'information comme un facteur pouvant être à l'avantage des médias dans le jeu d'influence qu'ils entretiennent avec les sources. 43

Le gatekeeper et la sélection de l'information

Le concept gatekeeper tire son origine d'un ouvrage de Kurt Lewin (McQuail et Windahl, 1993: 166), qui s'est intéressé au cheminement de l'information dans la prise de décision d'achats de nourriture pour la famille. Il remarque que l'information doit circuler dans certains canaux qui contiennent des portes (traduction libre du mot « gâtes »). C'est à ces endroits que les décisions sont prises et que l'information ou les biens seront bloqués ou autorisés à entrer dans le canal selon des règles impartiales ou personnelles par un gatekeeper. Il compare cette conceptualisation à la circulation des nouvelles dans les communications de masse. Ce modèle a ensuite été repris, développé et critiqué.

Paul Hirsch (1977) est l'un de ceux qui ont travaillé sur ce concept alors qu'il aborde la notion de « garde-barrière de contenu » en soutenant que les médias peuvent favoriser ou empêcher la circulation des informations et sont ainsi des gatekeepers. Dans les ouvrages en communication, le concept de Gatekeeper a été utilisé à plusieurs reprises, plus précisément lorsque l'action d'un média impliquait la sélection ou le rejet d'éléments qui pouvaient être diffusés. Effectivement, la sélection de l'information dans les médias constitue un facteur qui semble très important lorsque vient le temps d'analyser le niveau de contrôle qu'exercent les médias sur le contenu de l'information qu'ils véhiculent.

Après avoir présenté différentes perspectives théoriques qui soutiennent deux thèses qui s'opposent relativement à l'idée du contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias, il serait intéressant de présenter celles soutenues par Charron (1994). L'auteur ne prétend pas qu'un des deux acteurs, que ce soit le journaliste ou la source, détienne un avantage évident sur l'autre quant au contrôle de la production du discours. Il défend plutôt l'idée que, sur la scène parlementaire du moins, les acteurs doivent négocier la production de l'actualité. 44

3.3-Les sources et les journalistes négocient la production du discours, de l'actualité:

L'ouvrage de Jean Charron (1994), La production de l'actualité, Une analyse stratégique des relations entre la presse parlementaire et les autorités politiques, s'inscrit dans la suite des études qui se sont attardées au rôle des médias dans le domaine de la communication politique (Charron, 1994: 12). Il propose une conceptualisât ion différente des perspectives offertes dans les deux premières parties de ce chapitre sur les rapports entre les sources et les journalistes. L'ouvrage est consacré aux échanges entre les acteurs et aux stratégies qu'ils mettent de l'avant dans ces échanges.

Le modèle de Charron (1994: 12) accorde aux sources et aux journalistes une influence qu'ils négocient en fonction des contraintes qui leur sont imposées et des objectifs qu'ils poursuivent. Leurs rapports ont été étudiés dans le contexte de l'Assemblée nationale. Voici l'objectif poursuivi par Charron dans cet ouvrage: «... analyser le système d'action formé par les journalistes de la tribune de la presse et par les membres de l'Assemblée nationale (ainsi que leurs attachés de presse) dans le but de découvrir les ressources et les contraintes des acteurs dans le système et d'expliquer leurs stratégies de négociation (et donc l'influence); ainsi que les règles du jeu qui prévalent et qui orientent le comportement stratégique des acteurs. »

Cette recherche s'attarde donc aux rôles des sources et des médias dans le monde de la communication politique. L'originalité de cet ouvrage (1994: 12) réside dans la conceptualisation de l'actualité politique présentée quotidiennement par les médias d'information comme « le produit d'un jeu d'influence, d'une négociation informelle entre des acteurs - journalistes et sources politiques - qui ont des objectifs à la fois complémentaires et conflictuels. »

Charron (1994: 14) rapporte que, de façon générale, il semble que les chercheurs considèrent que le jeu d'influence entre les journalistes et les sources d'information n'est pas à l'avantage des journalistes. Cependant, au sujet des différents problèmes observés 45 dans les travaux qui accordent un avantage aux sources quant à la production du discours, Charron (1994: 15) affirme: « On peut d'abord soutenir que les conclusions de ces études sont déjà inscrites dans la manière dont les chercheurs ont construit l'objet de leur recherche. »

Pour pallier à ce problème, Charron propose (1994: 18): « un modèle centré sur l'acteur dont on tente de saisir la logique des comportements en tenant compte à la fois de ses caractéristiques individuelles et du contexte organisationnel et institutionnel dans lequel il évolue et qui détermine la marge de manœuvre dont il dispose dans ses relations avec les autres. »

L'objet à l'étude

L'objet analysé par Charron (1994: 358-359) est un « système d'action » auquel participe des journalistes parlementaires et des sources politiques. Il y a aussi les fonctionnaires et les pupitres qui sont considérés dans ces interrelations, mais ce sont les journalistes et les sources (les élus et les attachés de presse) qui ont principalement fait l'objet de son ouvrage. Ces deux groupes d'acteurs veulent contrôler l'actualité politique et ils occupent une position particulière, déterminée par les ressources et les contraintes avec lesquelles ils doivent composer, ce qui a pour conséquence de les amener à concevoir une panoplie de stratégies et de tactiques.

Ainsi, la position du journaliste varie selon ses caractéristiques personnelles et les caractéristiques du média pour lequel il travaille. Pour ce qui est du politicien, sa position varie en fonction de celle de son parti, de ses fonctions, de son niveau d'influence, de son expérience et de sa personnalité. Bref, la présentation « schématique et synthétique » du jeu des acteurs démontre à quel point l'objet réel est complexe (1994: 359). 46

Objectifs des acteurs

Le contrôle de la production de l'actualité représente aux yeux des politiciens un objectif très important afin de réaliser leur premier objectif, celui d'accroître ou de maintenir le soutien qui leur est accordé par les différents publics. Ainsi, les sources politiques vont accorder beaucoup d'importance aux besoins des journalistes afin de les satisfaire et ainsi pouvoir espérer contrôler davantage la production de l'actualité. Du côté des journalistes, l'objectif est de produire des « « bonnes » nouvelles » tout en demeurant crédibles et autonomes dans le contrôle de la production de l'actualité. En décodant le discours des sources, le journaliste veut se distancier de ceux-ci. En raison de la complexité de ce discours, les journalistes collaborent entre eux en échangeant sur le sens de celui-ci. L'option d'un journalisme d'enquête n'apparaît que très peu réaliste, alors qu'il est difficilement praticable dans le mandat des journalistes parlementaires. De cette manière, cette réalité des stratégies dans le jeu des acteurs amène les sources à se soucier des besoins des journalistes alors que ceux-ci se concentrent davantage sur le contrôle de leur production (1994: 365-366).

La place des stratégies dans le jeu des acteurs

Dans son ouvrage, Jean Charron (1994: 360) a dégagé des stratégies et des tactiques qui, de façon générale, avaient lieu au cœur du jeu des acteurs. La négociation qu'ils livrent constamment a pour but de gagner ou de protéger les acquis liés au contrôle de la production de l'actualité.

Le jeu des acteurs sur le plan de ces deux stratégies tend vers un équilibre. D'un côté, les sources politiques misent sur des stratégies qui leur permettent d'accroître la dépendance des journalistes en augmentant la valeur de l'information qu'ils leur livrent et en tentant de limiter les solutions de rechange dont pourraient bénéficier les journalistes. D'un autre côté, en raison des ressources et des contraintes dont ils disposent, les journalistes tentent de se dégager de l'emprise des sources politiques (1994: 361). 47

Sans accorder le contrôle de la production de l'actualité aux sources politiques, Charron (1994: 361) avance que les sources possèdent néanmoins un avantage dans le jeu de négociation. Cet avantage vient des contraintes avec lesquelles les journalistes doivent travailler.

Alors, les sources tentent d'exercer une influence positive sur les journalistes en tentant de coopérer avec eux, en adaptant leur discours au discours journalistique ainsi qu'en facilitant leur traitement de l'information (1994: 362).

Règles du jeu

Dans le jeu de la communication politique, les occasions de conflits sont nombreuses et les journalistes veulent entretenir, d'une certaine manière, une « dimension symbolique de conflit dans leurs relations avec les sources politiques ». Néanmoins, malgré leurs intérêts opposés, il est rare que les journalistes et les sources en viennent vraiment à des affrontements sérieux. De façon générale, leurs relations sont plutôt courtoises et coopératives. Dans la culture parlementaire, le conflit apparaît normal. Charron ajoute que l'attaché de presse peut parvenir à jouer un rôle central en prévenant les conflits entre les journalistes et les politiciens. L'auteur affirme: « C'est un négociateur: il cherche à ajuster le comportement du politicien aux normes journalistiques et à ajuster le comportement des journalistes aux normes politiques. Il cherche à faciliter la communication pour faire d'une négociation où domine le conflit une négociation marquée par la coopération. » Toutefois, ce ne sont que quelques attachés politiques qui parviennent à exercer une telle influence (1994: 366-367).

Le contrôle de la production de l'actualité

Charron (1994: 368-369) conclut en disant que la modélisation des interrelations entre les journalistes et les sources comme une négociation, infirme la thèse que les journalistes ne sont que des courroies de transmission, c'est-à-dire qu'ils ne parviennent qu'à transmettre l'information transmise par les sources et par surcroît avec le sens que ces sources lui 48 accordent. Ceux qui avancent cette idée ont, selon Charron, fait l'erreur de ne se concentrer que sur le travail des journalistes et qu'ils ont oublié de se concentrer sur la position et le travail des sources. Afin d'éviter de limiter les journalistes au rôle de courroies de transmission, il lui semble aussi important de tenir compte des stratégies que les deux acteurs doivent mettre en place dans le but de contrôler la production journalistique. Les relations entre les deux acteurs pouvant aller du conflit à la coopération, il ne semble pas possible d'affirmer qui en sort vainqueur, car « il ne s'agit pas d'un jeu à somme nulle: les gains d'un joueur n'équivalent pas aux pertes de l'autre ». Par exemple, le fait qu'un journaliste transmette intégralement le message d'une source peut parfois être gratifiant pour les deux parties.

Par rapport à l'idée d'accorder plus d'influence aux sources ou aux journalistes quant au contrôle de la production du discours, Charron (1994: 369-370) affirme: On pourrait aussi être tenté, en faisant le décompte des ressources des uns et des autres, de conclure qu'un journaliste sans sources est un journaliste muet et qu'en général les sources politiques, à condition qu'elles utilisent leurs ressources avec toute l'habileté requise, parviennent à dominer les échanges. Ce serait oublier, d'une part, qu'un politicien sans relais de communication est un politicien muet et, d'autre part, qu'une partie considérable des ressources des sources politiques sont consacrées non pas à exercer une influence positive sur les journalistes, mais à se défendre contre les tentatives d'intrusion des journalistes dans l'univers secret de la politique. De ce point de vue, les journalistes représentent une réelle menace pour les détenteurs du pouvoir politique.

Charron (1994: 370-371) reconnaît que les sources et les journalistes parlementaires s'influencent réciproquement. Les sources soumettent des discours politiques aux journalistes, mais doivent tenir compte du code de production et des besoins de ceux-ci. Cependant, les acteurs n'y voient pas pour autant un équilibre. Effectivement, le journaliste perçoit le contrôle de l'information par les sources comme étant ce qui place celles-ci en position de force alors que les sources prétendent que le contrôle de la publicité par les journalistes accordent à ceux-ci un avantage.

L'emprise réciproque que les parties exercent entre elles les amène à douter de l'authenticité de la démocratie dans le système. De son côté, Charron (1994 : 370-371) ne lance pas la serviette dans le cas de la démocratie puisqu'il voit plutôt ce jeu d'influence 49 comme ce que Olivier Burgelin appelle la relation « de puissance à puissance ». Sa recherche ne se limitant qu'à un cas, l'auteur prétend que son résultat ne peut être généralisé, mais qu'il permet de mieux comprendre la lutte de pouvoir à laquelle prennent part différents acteurs afin de définir la réalité.

Cette dernière question s'ajoute aux facteurs présentés tout au long de ces perspectives théoriques qui démontrent la complexité de la production du discours. Effectivement, trois thèses ont été mises de l'avant et soutenues par différents ouvrages. Le but n'était pas de retenir celle qui peut sembler être la meilleure, mais plutôt d'aborder sous différents angles la question de la place qu'occupent les journalistes et les sources dans la production du discours véhiculé dans les médias.

Ainsi, après avoir effectué la synthèse des différentes perspectives consultées sur le sujet, la question du contrôle de la production du discours apparaît comme étant très complexe puisque s'y attarder exige la considération de nombreux facteurs. Par ailleurs, la plupart de ces perspectives théoriques ont été mises de l'avant à partir d'études et d'observations tirées de la réalité des communications politiques et du monde des affaires en général. Elles n'ont pas été formulées à partir de l'observation de la réalité d'un processus de négociation collective tel que celui de la LNH. Pour l'ensemble de ces raisons, il serait très intéressant de se pencher sur la place qu'occupent les trois thèses présentées dans ce chapitre, en effectuant la cueillette et l'analyse des données selon la méthodologie proposée au chapitre précédent. 50

Chapitre 4: La cueillette et l'analyse des données

Le présent chapitre est consacré à la cueillette et à l'analyse des données selon les critères présentés et justifiés dans la méthodologie du deuxième chapitre. À titre de rappel, la méthode mise de l'avant dans le cadre de cette recherche vise à synthétiser et, par la suite, à analyser le discours véhiculé dans les chroniques retenues dans le corpus dans le but de vérifier l'hypothèse de l'agenda caché et celle de l'incapacité des médias à renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les parties pendant la négociation de la convention collective.

4.1-Présentation et analyse des données permettant la vérification des hypothèses :

Tout d'abord, à titre de rappel, la synthèse de l'information sera mise de l'avant par un système de rubriques et de thèmes observés au cours des principales périodes qui ont marqué le conflit de travail à l'étude. Ce système a pour but de faire ressortir de façon concise et précise les éléments d'information qui ont marqué le discours tenu dans les médias. Effectivement, la liste de rubriques a été conçue de façon à pouvoir classer en différentes catégories toute l'information contenue dans les chroniques du corpus.

Par la suite, pour chacune des différentes rubriques, des thèmes ont été déterminés afin de représenter les différentes questions qui pourraient être classées sous chacune des rubriques.

Ainsi, la formulation des rubriques et des thèmes a constitué un important travail de synthèse. Cette synthèse vise à saturer l'information présentée dans le discours véhiculé dans les chroniques retenues. Tel que mentionné dans la méthodologie, plusieurs pré-tests ont dû être effectués afin de vérifier si les rubriques et les thèmes pouvaient permettre de synthétiser et classer toute l'information dépouillée sur le conflit de travail. 51

De cette manière, après avoir vérifié la validité des rubriques et des thèmes et après s'être assuré qu'ils permettaient bel et bien de faire la synthèse du discours véhiculé, une série de rubriques et de thèmes a pu voir le jour. Chaque thème est accompagné d'une définition et d'un exemple afin d'en faciliter la compréhension. Les rubriques sont définies, mais ne sont pas accompagnées d'exemple, car les thèmes qu'elles regroupent servent à les illustrer.

Par la suite, tel qu'il avait été mentionné et justifié précédemment dans le chapitre consacré à la méthodologie, ces informations seront classées dans des tableaux en fonction de leur période de parution. Puis, ces données seront analysées et les hypothèses seront vérifiées. Par contre, le fonctionnement de ces tableaux et de ces analyses ne sera expliqué qu'après la présentation de la rubrique « État de la situation économique et des négociations dans la LNH » et de ses thèmes que voici :

r 4.1.l-« Etat de la situation économique et des négociations dans la LNH » :

Cette rubrique regroupe les différents thèmes qui font état de la situation économique dans laquelle se trouve la LNH ainsi que de l'évolution des négociations d'une nouvelle convention collective. Ces deux idées ont été fusionnées, car les questions économiques et les questions liées aux négociations sont mutuellement inclusives. Effectivement, les négociations font partie du contexte économique et les idées véhiculées pendant les négociations sont débattues à l'intérieur d'un contexte économique. Voici la définition et l'illustration à l'aide d'un exemple des différents thèmes qui ont été regroupés sous cette rubrique :

Responsabilité des acteurs :

Définition : Ce thème vise à représenter toutes les informations des chroniques qui évoquent la part de responsabilité des intervenants du monde de la LNH par rapport aux problèmes économiques, au lock-out ou au déroulement de ce conflit de travail. Ces intervenants peuvent être les joueurs, les agents de ceux-ci, la LNH, ainsi que les 52 dirigeants et propriétaires des équipes du circuit. Ce thème constitue ainsi la responsabilité des acteurs en regard de l'état de la situation économique et des négociations.

Exemple: Dans sa chronique du 15 septembre 2004, Luc Gélinas affirme que les propriétaires sont les grands responsables des problèmes économiques.

Effets du lock-out :

Définition : Ce thème regroupe tous les éléments d'information qui traitent des conséquences du lock-out sur la LNH, sa gestion et ses joueurs.

Exemple : Le 14 septembre 2004, Yvon Pedneault écrit que des employés de la LNH perdront leur emploi en raison du lock-out à partir du 20 septembre.

Sort de la saison 2004-2005 :

Définition : Le présent thème représente toutes les informations traitant de la présentation complète ou partielle de la saison 2004-2005 dans la LNH, de son annulation ou tout simplement du nombre de parties annulées.

Exemple : Dans sa chronique du 10 décembre 2004, Jacques Demers se dit confiant qu'il y aura du hockey en 2004-2005.

Motivation des parties :

Définition : Ce thème rassemble les informations qui font état du niveau d'intérêt des deux parties à en venir à une nouvelle convention collective. 53

Exemple : Le 18 février 2005, Yvon Pedneault prétend que Gary Bettman et Bob Goodenow n'ont jamais voulu signer une entente avant l'annulation officielle de la saison puisque les deux parties étaient proches d'une entente avant la date limite fixée pour l'annulation complète de la saison.

Coopération et partenariat :

Définition : Ce thème regroupe toutes les informations liées au travail conjoint de l'AJLNH et de la LNH dans les négociations et dans l'atteinte ou au moins la recherche d'un partenariat permettant de travailler à l'amélioration de la santé économique du hockey.

Exemple : Dans sa chronique du 15 décembre 2004, Yvon Pedneault affirme qu'il doit absolument y avoir un partenariat entre les deux groupes.

Rumeurs et fausses annonces :

Définition : Ce thème représente les informations identifiant la présence de rumeurs ou d'annonces non véridiques.

Exemple : Le 12 juillet 2005, Bob McKenzie rapporte qu'une rumeur avançait que le dur à cuire Jim McKenzie menaçait d'autres joueurs de ne pas ratifier l'entente, mais McKenzie a nié toute l'histoire.

Incompréhension :

Définition : Ce thème vise à synthétiser toutes les idées exprimées dans les chroniques qui témoignent de la difficulté que peuvent avoir les amateurs, les médias ou toute autre personne à comprendre le déroulement du conflit. 54

Exemple : Dans sa chronique du 14 septembre 2004, Bob McKenzie affirme que l'histoire du conflit de travail est difficile à suivre.

Réactions au sein de chacune des parties face aux offres :

Définition : Ce thème rassemble toutes les idées témoignant des points de vue des membres du côté patronal et syndical envers les différentes offres déposées à la table des négociations.

Exemple : Le 10 décembre 2004, Bob McKenzie soutient que plusieurs joueurs, en particulier les plus vieux, n'apprécient pas la réduction de 24 % offerte par l'AJLNH sur leur salaire.

Transactions :

Définition : Ce thème représente tout ce qui a trait aux échanges et à la mise sous contrat de joueurs par les équipes. Ces transactions qui constituent des activités fréquentes dans la LNH lors d'un calendrier régulier, ont repris après la signature de la nouvelle convention collective.

Exemple : Dans sa chronique du 22 juillet 2005, Yvon Pedneault aborde la question des négociations de contrats entre les Canadiens de Montréal ainsi que ses joueurs Josée Théodore et Saku Koivu.

Autres annonces à venir :

Définition : Ce thème rassemble toutes les références aux annonces prévues dans le cadre de la reprise des activités à la suite de la signature de la nouvelle convention collective. En effet, il s'agissait d'un été très chargé pour la LNH qui relançait ses activités et beaucoup de détails devaient être dévoilés. Toutefois, ces annonces excluent les détails de 55

la nouvelle convention collective, lesquels sont placés sous le thème « Détails des conventions collectives ».

Exemple : Le 13 juillet 2005, Pierre Houde souligne qu'en quantité, il reste plusieurs choses à annoncer.

Réactions face à la nouvelle entente :

Définition : Ce thème témoigne des nombreuses idées qui ont été véhiculées après l'annonce de l'entente de principe pour faire le bilan des négociations et commenter l'entente.

Exemple : Dans sa chronique du 14 juillet 2005, Bob McKenzie prétend que la réaction à la nouvelle entente de la convention collective a été sourde parce que peu de gens ignoraient ce qu'elle contenait.

Détails des conventions collectives discutés et adoptés :

Définition : Ce thème sert à désigner les différentes informations des chroniques présentant des clauses et des principes adoptés dans la nouvelle convention collective ou tout simplement abordés dans les négociations. Les clauses et principes de la dernière convention collective abordés ou adoptés dans le cadre de la convention collective précédente sont aussi représentés par ce thème.

Exemple : Le 14 juillet 2005, Bob McKenzie prétend que l'aspect le plus complexe de la nouvelle entente de convention est celui du partage des revenus. 56

Potentiel économique des équipes et des marchés de la LNH :

Définition : Ce thème désigne toutes les idées discutant des sources potentielles de revenus des équipes, du hockey et des différents marchés de la LNH.

Exemple : Dans sa chronique parue le 10 décembre 2004, Jacques Demers affirme que dans le monde du hockey comme dans le monde du sport en général, il y a toujours eu des équipes plus riches que d'autres et il ne croit pas que cette réalité changera.

Rentabilité financière :

Définition : Le présent thème rassemble toutes les idées traitant de l'efficacité et du bilan financier des équipes de la LNH ainsi que de celle-ci. Contrairement au thème « Potentiel économique des équipes et marchés de la LNH », le thème « Rentabilité financière » ne représente pas les informations liées au rendement potentiel, mais plutôt celles liées aux résultats financiers.

Exemple : Le 13 décembre 2004, Yvon Pedneault mentionne que les Canadiens de Montréal ont réalisé des profits intéressants l'année précédente et qu'ils font partie des équipes ayant une bonne gestion.

Statut des joueurs et des agents :

Définition : Ce thème sert à désigner le statut des joueurs et de leurs agents. Ce statut peut être de nature économique, légale ou sociale et peut être établi à partir de leur réputation, leur revenu et la place qu'ils occupent dans le marché du hockey professionnel.

Exemple : Le 15 septembre 2004, Bob McKenzie aborde la question des différents groupes de joueurs de la LNH. Il élabore entre autres sur le groupe des joueurs blessés. Ratification de l'entente de principes :

Définition : Ce thème regroupe l'information qui traite de la signature de l'entente de principes d'une nouvelle convention collective. L'objet n'est pas la signature de la convention collective, mais plutôt de l'entente préliminaire entre les deux parties sur les bases de la nouvelle convention collective.

Exemple : Pierre Houde annonce dans sa chronique du 13 juillet 2005 que les joueurs compléteront le processus de ratification la semaine suivante.

Lock-out de 1994 :

Définition : Ce thème rassemble toutes les informations des chroniques évoquant le lock- out précédent qui avait duré une demi-saison et à la suite duquel une demi-saison a néanmoins pu être jouée.

Exemple : Luc Gélinas rappelle dans sa chronique du 15 septembre 2004 que le lock-out de 1994 avait duré 103 jours.

Attribution de la victoire à une partie :

Définition : Ce thème regroupe toutes les idées discutant des gains et des pertes subis par les parties au cours et à la suite des négociations afin de déterminer à qui revient la victoire dans ce processus de négociation.

Exemple : Le 14 juillet 2005, Yvon Pedneault écrit que Gary Bettman et les propriétaires ont gagné à tous points de vue. 58

Stratégies déployées dans les négociations :

Définition : Ce thème rassemble tous les éléments d'information liés aux différents efforts déployés par l'AJLNH et la LNH sur le plan tactique dans les négociations d'une nouvelle convention collective.

Exemple : Dans sa chronique du 13 décembre 2004, John Buccigross prétend que Bob Goodenow a peut être offert une réduction de 24 % sur les salaires des joueurs dans le but de tenter les propriétaires.

Leadership et cohésion au sein des parties :

Définition : Ce thème regroupe toutes les idées qui traitent de la capacité des chefs et de leurs associés à diriger leur partie ainsi que du niveau respectif des parties à être efficaces sur le plan collectif.

Exemple : Le 15 septembre 2004, Luc Gélinas rapporte les paroles de Harry Sinden de la haute direction des Bruins de Boston, qui affirme que les propriétaires de la LNH sont unis et résolus à trouver une solution et qu'ils doivent profiter de cette « opportunité pour crever l'abcès ». Sinden ajoute que cette situation doit changer pour les 30 équipes.

Droits et devoirs des membres envers leur partie :

Définition : Ce thème représente toutes les idées évoquant les responsabilités des membres de l'AJLNH et de la LNH à l'endroit de leur partie respectif. En d'autres termes, il s'agit de leurs droits et devoirs tant sur le plan légal que sur le plan du code de conduite formulé au sein de leur partie.

Exemple : Dans sa chronique du 18 février 2005, Yvon Pedneault prétend que les joueurs n'ont pas d'obligation légale envers l'AJLNH. 59

Fonctionnement des tableaux et l'analyse des données

Par la suite, un tableau a été conçu pour chacune de ces rubriques dans le but d'y classer les différents thèmes qui leur sont associés. Comme aucun thème n'a été regroupé sous la rubrique « Divers », celle-ci ne sera pas présentée sous forme de tableau. Ensuite, dans les tableaux, les thèmes sont classés vis-à-vis trois catégories établies à partir des périodes pendant lesquelles ils ont été repérés dans les chroniques du corpus : « Thèmes abordés pendant les négociations (du 07/06/04 au 12/07/05) », « Thèmes abordés après l'entente de principes (du 13/07/05 au 06/10/05) » et « Thèmes à la fois abordés pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes (du 07/06/04 au 06/10/05) ». La dernière catégorie rassemble les thèmes qui ont été repérés au moins une fois dans chacune des périodes.

Le but de l'analyse de données de ces tableaux devrait permettre de vérifier l'hypothèse soutenant que la LNH avait un agenda caché, plus précisément qu'elle ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin de profiter de la période d'inactivité pour restructurer ses activités. Il sera possible de tenter de vérifier cette hypothèse par l'étude des thèmes et exemples qui les accompagnent. La définition et l'exemple qui accompagnent chacun des thèmes pourront donc être utilisés afin de tenter de détecter l'idée de l'agenda caché. Lorsque la présence de cet agenda ne pourra pas être confirmée à partir des données observées dans la rubrique, l'hypothèse sera infirmée. Par contre, si sa présence s'avère remarquée, l'hypothèse sera évidemment confirmée.

Aussi, l'analyse des données du tableau devrait permettre de vérifier la deuxième hypothèse avançant que les médias n'ont pas été en mesure de renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties pendant les négociations. Celle-ci pourra être confirmée ou infirmée par la comparaison des thèmes abordés en fonction de la ou des périodes de leur parution. Si la majorité des thèmes semble avoir été abordée pendant les négociations, l'hypothèse soutenant l'idée que les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles les parties travaillaient sera infirmée. Effectivement, 60 cette situation reviendrait à dire que les médias ont renseigné le public sur ce qui se passait pendant les négociations.

Ainsi, l'analyse des données devrait permettre d'évaluer si les thèmes véhiculés dans les médias pendant les négociations, selon leur période de parution, confirmaient ou infirmaient l'idée d'un agenda caché ou encore que les médias n'avaient pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les parties pendant les négociations.

De cette manière, une fois que les rubriques et les thèmes qu'elles regroupent sont présentés tels qu'au début de la section 4.1.1, ceux-ci sont par la suite classés dans les tableaux. À la suite de ces différents tableaux, l'analyse des données et la vérification des hypothèses seront effectuées à chaque fois. 61

Tableau 4: Thèmes regroupés sous la rubrique « État de la situation économique et des négociations dans la LNH » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail

Thèmes abordés pendant les négociations Thèmes abordés après l'entente de (du 07/06/04 au 12/07/05) principes (du 13/07/05 au 06/10/05) Responsabilités des acteurs Transactions

Effets du lock-out Autres annonces à venir Sort de la saison 2004-2005 Réactions face à la nouvelle entente Motivation des parties

Coopération et partenariat

Rumeurs et fausses annonces

Incompréhension

Réactions au sein de chacune des parties face aux offres Thèmes à la fois abordés pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes (du 07/06/04 au 06/10/05) Détails des conventions collectives discutés et adoptés

Potentiel économique des équipes et des marchés de la LNH

Rentabilité financière

Statut des joueurs et des agents

Ratification de l'entente de principes

Lock-out de 1994

Attribution de la victoire à une partie

Stratégies déployées dans les négociations

Leadership et cohésion au sein des parties

Droits et devoirs des membres envers leur partie 62

Analyse des données et vérification des hypothèses :

Tout d'abord, en se penchant sur les thèmes recueillis sous la rubrique « État de la situation économique et des négociations dans la LNH », il est possible de constater à quel point il s'agit d'une rubrique qui regroupe plusieurs éléments qui ont été traités dans les chroniques dépouillées. Ceci s'explique sans doute parce que, de façon générale, elle concerne directement le conflit de travail et le contexte dans lequel celui-ci se trouvait. Il est donc logique de penser que l'analyse de la situation économique et des négociations pourrait permettre de comprendre davantage ce conflit de travail et de vérifier les hypothèses avancées au début de ce mémoire.

De cette manière, que ce soit par leur définition ou par les exemples donnés, de nombreux thèmes associés à cette rubrique semblent ajouter de la crédibilité à l'hypothèse de l'agenda caché.

Premièrement, la définition du thème « Sort de la saison 2004-2005 » démontre que plusieurs possibilités ont été émises par la LNH quant à la présentation de la saison 2004- 2005. De plus, l'exemple présenté sous le thème « Motivation des parties » semble particulièrement pertinent quant à l'idée d'un agenda caché. L'idée que Bettman et Goodenow n'aient jamais voulu signer une entente permet de croire en la possibilité que la LNH ait vraiment été prête à sacrifier une saison complète. Aussi, en se penchant sur le thème « Coopération et partenariat », c'est-à-dire au niveau d'effort fourni de la part des deux parties ensemble, il est possible d'y voir des valeurs idéales pour la LNH dans la relance de ses activités. Par la suite, du thème « Autres annonces à venir », il semble logique de penser qu'il était tout simplement normal qu'il y ait plusieurs annonces à être effectuées du côté de la LNH, surtout avec la reprise des activités. Par ailleurs, ce thème démontre aussi que beaucoup de choses ont été préparées pendant le lock-out et donc que le lock-out aurait pu être bien utile. Ensuite, l'exemple du thème « Attribution de la victoire à une partie » met de l'avant l'idée que Bettman et les propriétaires sont sortis gagnants de ce lock-out qui leur a coûté une saison complète. Ainsi, cet exemple peut laisser croire qu'il aurait pu être encore une fois justifié pour la LNH de ne pas vouloir 63 que la saison 2004-2005 ait lieu. Cette idée semble aussi très logique selon l'exemple offert sous la rubrique « Leadership et cohésion au sein des parties ». En effet, un des dirigeants des Bruins de Boston affirme que les propriétaires sont « unis et résolus à trouver une solution », que le lock-out constitue une « opportunité pour crever l'abcès » et qu'ils doivent en tirer profit pour améliorer le sort des 30 équipes. L'idée de l'agenda caché apparaît donc très pertinente.

Toutefois, l'exemple des pertes d'emploi causées par le conflit de travail sous le thème « Effets du lock-out » démontre que l'absence des activités peut avoir des conséquences négatives sur le hockey. Ainsi, en considérant ce thème, l'idée de l'agenda caché, plus précisément que la LNH ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin qu'elle puisse restructurer ses activités pendant la période d'inactivité, peut paraître coûteuse et sembler moins crédible. Cependant, la LNH pourrait en avoir été consciente et prête à sacrifier une saison de hockey.

Ainsi, l'analyse de nombreux thèmes associés à la rubrique « État de la situation économique et des négociations » rend l'hypothèse de l'agenda caché très crédible. Bien que celui-ci ne soit jamais officiellement avoué de la part de la LNH, les nombreux indices relevés font la démonstration de cette hypothèse. De toute façon, pour des raisons d'image et de marketing, il aurait été surprenant que la LNH ait osé faire connaître son intention. De cette manière, l'hypothèse mettant de l'avant l'idée qu'en déclenchant le lock-out, la LNH ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin qu'elle puisse restructurer ses activités pendant la période d'inactivité est donc confirmée.

Ensuite, pour ce qui est de l'hypothèse soutenant l'incapacité des médias à couvrir les idées qui étaient réellement débattues par l'AJLNH et la LNH, il semble approprié d'affirmer que les chroniqueurs ont été pour le moins efficaces. Effectivement, parmi les 21 thèmes placés sous cette rubrique, 18 ont été abordés pendant les négociations, ce qui démontre que ces 18 thèmes ont été traités par les chroniqueurs avant que le résultat des négociations ne soit officiellement annoncé. C'est d'ailleurs le cas du thème « Détails des conventions collectives discutés et adoptés » qui s'avère particulièrement intéressant parce qu'il concerne directement les principes négociés et le résultat des négociations. Comme ce thème a été abordé pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes, il est permis de penser que les médias ont su transmettre des détails de la nouvelle convention collective avant que l'entente de principes ne survienne. De plus, des trois thèmes qui ont seulement été abordés après l'entente de principes, il ne semble pas possible d'affirmer sans équivoque que les médias n'ont pas su les transmettre au public.

Tout d'abord, le thème « Transactions » constitue en fait le rapport des mouvements de personnel chez les joueurs de la LNH et il a été démontré que celles-ci ont été interrompues en raison du conflit de travail qui paralysait les activités de la LNH. Par conséquent, le fait que les journalistes n'aient pas abordé cette question ne semble donc pas démontrer l'incapacité des médias à renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties pendant les négociations. Quant au deuxième thème à n'avoir été abordé qu'après l'annonce de l'entente de principes, soit le thème « Autres annonces à venir », il semble laisser croire que les médias anticipaient d'autres nouvelles qui leur échappaient pour l'instant, mais auxquelles ils se seront au moins attendus.

Ainsi, l'analyse de ces deux premiers thèmes qui n'ont été abordés qu'après l'entente de principes ne démontre pas sans équivoque que les journalistes n'ont pas su renseigner le public.

Donc, le troisième thème à avoir été uniquement mis de l'avant après l'annonce de l'entente de principes, soit le thème « Réactions face à la nouvelle entente », semble être le seul à démontrer que les médias ont eu une faiblesse dans la couverture médiatique. En effet, l'exemple mettant de l'avant l'idée que peu de gens savaient ce que contenait l'entente laisse croire que les médias n'ont pas été en mesure de recueillir les détails de la nouvelle convention avant l'entente de principes. 65

Néanmoins, comme il a été mentionné plutôt, la grande majorité des thèmes associés à la rubrique « État de la situation économique et des négociations » ont été abordés pendant les négociations. Ces différentes observations semblent donc démontrer que les chroniqueurs ont su aborder les idées au cœur des négociations. Ainsi, en analysant les thèmes associés à la rubrique « État de la situation économique et des négociations dans la LNH », il est possible d'affirmer que l'hypothèse soutenant l'idée que les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties (AJLNH et LNH) pendant la négociation de la convention collective est infirmée.

4.1.2-« Image corporative de la LNH » :

De façon générale, cette rubrique rassemble les thèmes traitant de la réputation de la LNH en tant qu'entreprise. Il peut s'agir de l'image qu'elle tente de projeter ou de l'image rapportée dans les médias. Voici la définition et l'illustration des différents thèmes qui ont été rassemblés sous cette rubrique :

Crédibilité de la LNH si saison écourtée :

Définition : Ce thème rassemble tous les éléments d'information qui traitent du niveau de notoriété de la LNH auprès des différents acteurs qui entretiennent une relation avec elle, que ce soit la communauté des affaires, les médias et les partisans si une saison écourtée avait lieu pour remplacer la saison de 82 parties qui devaient être présentée en 2004- 2005.

Exemple : Jacques Demers soutient dans sa chronique du 19 février 2005 que la reprise des activités dans la LNH, après que celle-ci ait déjà annulé la saison, aurait mis en jeu la crédibilité de la saison et de la ligue. 66

Crédibilité de Gary Bettman aux yeux des chaînes de télévision américaines :

Définition : Contrairement au thème précédent qui s'attarde à la crédibilité de la LNH si une saison écourtée avait eu lieu, celui-ci s'attarde aux idées véhiculées sur la notoriété du commissaire de la LNH Gary Bettman auprès des dirigeants des grandes chaînes de télévision américaines parmi lesquelles il doit tenter d'en venir à une entente. Effectivement, après le conflit de travail, la LNH devra se trouver un diffuseur officiel pour la présentation de ses parties à la télévision, mais la capacité de Bettman à réaliser cette tâche a été mise en doute.

Exemple : Dans sa chronique du 13 décembre 2004, Yvon Pedneault affirme que Gary Bettman n'a pas réussi à renouveler les ententes qu'il avait avec le réseau ABC parce que le produit qu'il dirige s'est détérioré sans qu'il ne pose aucun geste afin d'arrêter P « hémorragie ».

La LNH face aux autres sports majeurs :

Définition : Le présent thème représente toutes les idées traitant des comparaisons entre la LNH par rapport aux autres sports majeurs sur le plan de la place qu'ils occupent sur la scène sportive et de l'intérêt qu'ils suscitent.

Exemple : Luc Gélinas se demande le 15 septembre 2004 si la LNH peut toujours être reconnue au même titre que les autres sports majeurs tels que peuvent l'être l'Association nationale de basketball et l'Association nationale de football. 67

Tableau 5 : Thèmes regroupés sous la rubrique « Image corporative de la LNH » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail

Thèmes abordés pendant les négociations Thèmes abordés après l'entente de (du 07/06/04 au 12/07/05) principes (du 13/07/05 au 06/10/05) Crédibilité de la LNH si saison écourtée

Crédibilité de Gary Bettman aux yeux des chaînes de télévision américaines Thèmes à la fois abordés pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes (du 07/06/04 au 06/10/05) La LNH face aux autres sports majeurs

Analyse des données et vérification des hypothèses :

En observant les thèmes présentés dans ce tableau, il est possible de constater que l'image de la LNH abordée dans la couverture médiatique analysée constituait un point faible de cette ligue professionnelle ou du moins une question qu'elle devait prendre très au sérieux.

Effectivement, dans le cas de cette rubrique, les thèmes semblent démontrer que l'image de la LNH est menacée et qu'elle doit la surveiller. Premièrement, le thème « Crédibilité de la LNH si saison écourtée » laisse croire que la relance des activités de la LNH après le conflit de travail ne peut se faire de n'importe quelle manière afin que la LNH ne perde pas sa crédibilité. Bien que cette idée ne provienne que de la part d'un chroniqueur et non de la LNH, elle ajoute de la crédibilité à l'idée que la LNH ne voulait pas que la saison ait lieu. Comme tout le monde s'attendait à ce qu'une partie de la saison soit sacrifiée, ce thème pourrait appuyer l'idée que, sur le plan de l'image, la ligue aurait intérêt à partir sur de nouvelles bases en relançant ses activités au début d'une nouvelle saison. De plus, en considérant le thème « La LNH face aux autres sports majeurs », il est possible de penser que la LNH doit prouver qu'elle fait bel et bien partie des sports considérés comme « sports majeurs ». De son côté, le thème « Crédibilité de Gary Bettman aux yeux des chaînes de télévision américaines » enlève de la valeur à l'image de la LNH, car son chef n'a pas été en mesure de renouveler l'entente qu'il avait avec le réseau de télévision ABC. 68

De cette manière, les thèmes présents dans la rubrique démontrent à quel point la LNH semble être dans l'obligation de travailler son image. Ce fait rend une fois de plus crédible l'idée que la LNH ne voulait pas que la saison ait lieu afin de profiter de la période d'inactivité pour restructurer ses activités. Ainsi, en se penchant sur les différents thèmes de cette rubrique, un agenda caché permettant de redorer l'image de la ligue semble tout à fait réaliste. Encore une fois, le seul doute qui subsiste vient du fait que la LNH n'y a pas confirmé cet agenda caché. Cependant, comme il a été mentionné plus tôt, le contraire aurait été surprenant. Ainsi, les informations observées accordent beaucoup de crédibilité à l'hypothèse de l'agenda caché et semblent offrir suffisamment d'indices pour prétendre que cette hypothèse est confirmée.

Par la suite, quant à la seconde hypothèse soutenant que les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties pendant les négociations, les thèmes liés à la rubrique « Image corporative de la LNH » semblent indiquer que les chroniqueurs ont su renseigner le public. Effectivement, les trois thèmes présents constituent trois enjeux différents pour la LNH sur le plan de son image et de sa réputation et semblent avoir été abordés dès le début du conflit. En observant le tableau, il est possible de constater qu'aucune nouvelle annonce quant à une décision sur le plan de l'image a été effectuée. Les thèmes ont tous les trois été abordés pendant les négociations et à la suite de ceux-ci, il n'y a pas eu d'élément nouveau vis-à-vis la période qui a suivi les négociations. Ainsi, il est donc possible d'affirmer que l'hypothèse selon laquelle les médias n'ont pas été en mesure de renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties pendant les négociations est infirmée.

4.1.3-« Jeu de la LNH » :

Cette rubrique rallie tous les thèmes abordant le hockey de la LNH en tant que sport. Ici, ce sont donc les questions directement liées à ce qui se passe sur la surface de jeu qui attirent l'attention. Qualité du spectacle :

Définition : Ce thème rassemble toutes les informations des chroniques faisant état de la situation de la qualité du hockey pratiqué dans la LNH. La qualité du spectacle englobe également toutes les informations liées au style de jeu pratiqué et à la capacité des joueurs du circuit à rendre leur sport divertissant et intéressant. La qualité du hockey peut être considérée comme celle présentée par les joueurs, mais aussi celle offerte par la LNH.

Exemple : Dans sa chronique du 19 février 2005, Yvon Pedneault est d'avis que le spectacle offert par la LNH, s'est détérioré depuis 1993.

Application et changements des règles du jeu :

Définition : Ce thème regroupe toutes les informations liées aux règlements dans la LNH. Il peut s'agir de la façon dont ils sont appliqués par les officiels de la LNH ou des changements qui seront peut-être apportés à ces règlements. Ce thème est aussi valable pour des idées semblables qui pourraient être liées aux règlements de la Ligue américaine de hockey (LAH). La plupart des règles de ce circuit correspondent à celles de la LNH. Toutefois, certaines règles originales y ont été mises de l'avant lors de la saison 2004- 2005 pendant le lock-out. Ainsi, les idées regroupées sous ce thème peuvent traiter des deux cas à la fois ou encore être en lien avec la question des règlements d'un seul des deux circuits dans les chroniques.

Exemple : Le 14 juillet 2005, Bob McKenzie soutient que les changements de règlements seront annoncés jeudi de la semaine pendant laquelle sa chronique a été diffusée. 70

Tableau 6 : Thèmes regroupés sous la rubrique « Jeu de la LNH » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail

Thèmes abordés pendant les négociations Thèmes abordés après l'entente de (du 07/06/04 au 12/07/05) principes (du 13/07/05 au 06/10/05)

Thèmes à la fois abordés pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes (du 07/06/04 au 06/10/05) Qualité du spectacle

Application et changements des règles du jeu

Analyse des données et vérification des hypothèses:

En regardant de près les thèmes associés à la rubrique « Jeu de la LNH », il est possible de penser que ceux-ci révèlent un autre aspect auquel la LNH devait se consacrer pendant le conflit de travail et lors de la relance de ses activités. Les deux thèmes présents semblent être complémentaires. En effet, le thème « Application et changements des règles du jeu » semble devoir sa présence au thème « Qualité du spectacle ». Effectivement, le spectacle a été à plusieurs reprises critiqué dans les chroniques et il semble que la question des règlements ait été abordée afin de trouver des solutions pour améliorer l'état de ce spectacle. C'est sans doute pour cette raison que, l'exemple qui est lié au thème « Application et changements des règles du jeu » tiré de la chronique de Bob McKenzie du 14 juillet 2005, indique que des changements ont été apportés aux règlements.

Ainsi, les deux thèmes ajoutent de la crédibilité à l'hypothèse de l'agenda caché. Effectivement, selon ce qui a été perçu dans les chroniques, le spectacle et les règlements constituaient des enjeux pour la LNH. Par contre, tout comme pour les deux premières rubriques, la LNH n'y confirme pas l'agenda caché. Néanmoins, la présence des deux thèmes rejoint ce qui a été avancé dans la justification de l'hypothèse de l'agenda caché, c'est-à-dire l'idée que la LNH aurait pu profiter de l'arrêt de ses activités pour restructurer celles-ci. Ainsi, à partir des éléments d'information de la rubrique « Jeu de la LNH » 71 l'idée de l'agenda caché semble très crédible et il est permis de croire que cette hypothèse est une fois de plus confirmée.

Par ailleurs, chacun des deux thèmes a été à la fois abordé pendant les négociations et à la suite de l'entente de principes et, par conséquent, il apparaît que les médias ont su traiter des idées liées au thème « Jeu de la LNH » pendant la négociation de la convention collective. De cette manière, à la suite de l'entente de principes, la question du spectacle et celle des règlements avaient déjà été abordées et ne constituaient pas une surprise. Ainsi, l'hypothèse soutenant l'idée que les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties pendant la négociation de la convention collective est infirmée.

4.1.4-« Amateurs » :

Cette rubrique constitue l'ensemble dans lequel se trouvent les différents thèmes impliquant les partisans du hockey de la LNH, les rapports qu'ils entretiennent avec ce sport et les acteurs de celui-ci.

Relations amateurs-athlètes :

Définition : Ce thème représente toutes les idées traitant de la relation entre les amateurs de hockey et les athlètes qui pratiquent ce sport ainsi que de la perception qu'ils peuvent avoir l'un de l'autre.

Exemple : Jacques Demers affirme le 19 février 2005 que, pendant le conflit, les amateurs voient les joueurs comme « une bande de méchants » et que les choses vont changer si le hockey reprend sur des bases sérieuses. 72

Intérêt des amateurs pour le hockey :

Définition : Ce thème rallie toutes les idées évoquant la valeur qu'a le hockey aux yeux des amateurs de ce sport. Il ne s'agit pas de la relation entre les amateurs et les hockeyeurs telle qu'elle est mise de l'avant au thème précédent. Il s'agit plutôt du niveau de popularité du hockey chez les amateurs de ce sport.

Exemple : Dans sa chronique du 4 octobre 2004, Bob McKenzie se demande si les amateurs seront de retour après le conflit de travail.

Préoccupations des parties envers les amateurs :

Définition : Ce thème regroupe toutes les informations abordant l'intérêt que peuvent accorder les parties participant aux négociations à l'endroit des amateurs de hockey pendant les négociations.

Exemple : Pierre Houde affirme dans sa chronique du 10 décembre 2004 que les propriétaires pourraient avoir décidé de « casser les reins de l'AJLNH » quitte à défier l'opinion publique.

Tableau 7: Thèmes regroupés sous la rubrique « Amateurs » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail

Thèmes abordés pendant les négociations Thèmes abordés après l'entente de (du 07/06/04 au 12/07/05) principes (du 13/07/05 au 06/10/05) Relations amateurs-athlètes

Thèmes à la fois abordés pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes (du 07/06/04 au 06/10/05) Intérêt des amateurs pour le hockey

Préoccupations des parties envers les amateurs 73

Analyse des données et vérification des hypothèses:

En se penchant sur les trois thèmes placés sous la rubrique « Amateurs », il est possible de penser que la relation que les amateurs entretiennent avec le hockey de la LNH est ardue. Tout d'abord, l'exemple du thème « Relations amateurs-athlètes » illustre que les amateurs ont une mauvaise perception des joueurs pendant le conflit, mais que cette perception pourrait changer si le hockey était relancé sur des bases solides. Il se peut que cette impression soit liée au fait que les amateurs perçoivent mal les revendications des joueurs de hockey qui reçoivent des millions en salaires. Ensuite, le thème « Intérêt des amateurs pour le hockey » démontre que la popularité du hockey crée des doutes. De plus, selon l'exemple du thème « Préoccupations des parties envers les amateurs », le public, ce qui comprend les amateurs, semble ignoré dans ce conflit. Effectivement, il est mentionné que la LNH pourrait ne pas tenir compte de l'opinion publique, afin d'obtenir ce qu'elle désire dans les négociations.

De cette manière, il est possible d'affirmer que les thèmes liés à la rubrique « Amateurs » démontrent que la LNH avait du travail à faire par rapport à cette question. Bien que la LNH n'y confirme pas encore une fois son intention de ne pas présenter la saison 2004- 2005 pour y apporter des améliorations, il semble fort logique que la LNH ait eu un agenda caché et qu'elle ait voulu profiter de l'arrêt des activités pour mettre sur pied un plan d'affaires qui viserait à séduire et à attirer davantage d'amateurs à la fin du conflit de travail. L'analyse des thèmes présents sous cette rubrique et les indices qu'ils fournissent quant à l'idée d'un agenda caché semblent permettre d'affirmer que l'hypothèse de l'agenda caché est confirmée.

Par ailleurs, il est possible de constater que les chroniqueurs n'ont pas abordé ces questions qu'une fois les négociations terminées. Aucun thème abordé après l'entente de principes ne semble avoir échappé aux chroniqueurs ou tout simplement constitué un élément nouveau, car les thèmes présents au cours de cette période ont aussi été mis de l'avant pendant les négociations. Ainsi, en regardant du côté des thèmes abordés vis-à- vis la rubrique « Amateurs », il semble possible d'affirmer que l'hypothèse 74 soutenant l'idée que les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles les deux parties travaillaient pendant les négociations est infirmée.

4.1.5-« Repêchage 2005 » :

Cette rubrique rassemble les thèmes liés à la séance de repêchage des joueurs amateurs qui doit avoir lieu à l'été 2005. Il s'agit du moment au cours duquel les joueurs juniors ou universitaires sans contrat ou sans appartenance à une équipe sont sélectionnés par les équipes de la LNH. Tous les thèmes abordant cette question y seront placés.

Présentation du repêchage 2005 :

Définition : Ce thème rallie les informations qui abordent la question de la présentation du repêchage 2005, à savoir s'il sera présenté en raison du conflit de travail et s'il a lieu, quelle en sera la date.

Exemple : Bob McKenzie écrit le 15 septembre 2004 qu'il n'y aura pas de repêchage tant qu'une nouvelle entente de convention collective ne sera pas conclue.

Formule du repêchage :

Définition : Ce thème regroupe toutes les idées traitant du déroulement du repêchage. Ici, ce n'est pas l'information sur la présentation ou l'absence du repêchage qui retient l'attention, mais plutôt la procédure du repêchage. Habituellement, les équipes sélectionnent des joueurs dans un ordre déterminé à partir du classement qu'elles ont obtenu au cours de la dernière saison. Toutefois, pour y avoir un classement et, de ce fait, un ordre de sélection, il doit d'abord y avoir une saison. C'est sans doute pour cette raison que des chroniqueurs se sont penchés sur la question de la formule qui serait adoptée pour le prochain repêchage. 75

Exemple : Le 21 juillet 2005, Bob McKenzie écrit dans sa chronique que la LNH n'a présentement pas d'ordre de sélection et qu'elle aura besoin d'une loterie pour en établir un.

Qualité des joueurs au repêchage :

Définition : Ce thème rassemble les informations traitant du niveau des joueurs qui doivent être repêchés lors de la séance de repêchage 2005. À ce sujet, selon ce qui a été observé dans les chroniques, le repêchage semblait très prometteur pour l'avenir du hockey de la LNH.

Exemple : Dans sa chronique du 23 juillet 2005, Yvon Pedneault rapporte que de très bons joueurs seront sélectionnés lors du prochain repêchage.

Tableau 8: Thèmes regroupés sous la rubrique « Repêchage 2005 » selon les périodes ciblées dans le conflit de travail

Thèmes abordés pendant les négociations Thèmes abordés après l'entente de (du 07/06/04 au 12/07/05) principes (du 13/07/05 au 06/10/05)

Thèmes à la fois abordés pendant les négociations et après l'annonce de l'entente de principes (du 07/06/04 au 06/10/05) Présentation du repêchage 2005

Formule du repêchage

Qualité des joueurs au repêchage

Analyse des données et vérification des hypothèses:

En observant les thèmes présentés sous la rubrique « Repêchage 2005 », il est possible de remarquer que ce sont principalement des interrogations qui sont soulevées à ce sujet. Effectivement, le thème « Présentation du repêchage 2005 » constitue en fait une question quant à savoir si le repêchage sera présenté et si c'est le cas, quelle en sera la date. De son côté, le thème « Formule du repêchage » aborde la question de la procédure adoptée pour ce repêchage. Ces questions proviennent probablement du fait qu'il s'agit d'une activité présentée annuellement par la LNH qui suscite beaucoup d'intérêt chez les amateurs et les chroniqueurs attitrés au hockey et que l'arrêt des activités de la LNH en 2004-2005 laissait planer des doutes sur ce repêchage. Pour ce qui est du thème « Qualité des joueurs au repêchage », il semble avoir plutôt été abordé sous forme d'observations quant au talent prometteur des joueurs à venir.

Quant à l'hypothèse de l'agenda caché, il est possible de constater qu'aucun thème de la rubrique « Repêchage 2005 » confirme officiellement l'agenda caché de la LNH. Cependant, à partir des informations analysées, il est permis de penser que la LNH a laissé planer le doute sur la tenue du repêchage et le processus de sélection qui sera mis de l'avant afin de créer un engouement autour de cette activité. D'ailleurs, le thème « Qualité des joueurs au repêchage » met l'accent sur le potentiel élevé des jeunes joueurs qui seront sélectionnés et qui constituent l'avenir de la LNH. Il est donc permis de se demander si la LNH ne s'est pas assurée de faire savoir au plus de gens possible que cette édition du repêchage promettait beaucoup afin de se donner un nouveau souffle lors de la relance des activités.

Ainsi, l'analyse de la rubrique « Repêchage 2005 » ajoute à son tour beaucoup de crédibilité à l'idée d'un agenda caché. Effectivement, il semble tout à fait probable que la LNH ait utilisé le repêchage pour relancer ses activités. De cette manière, à partir de ce qui a pu être observé dans cette rubrique, l'hypothèse mettant de l'avant l'idée que la LNH ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin qu'elle puisse restructurer ses activités pendant la période d'inactivité semble confirmée.

Pour ce qui est de la deuxième hypothèse mettant de l'avant l'idée que les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient l'AJLNH et la LNH pendant les négociations, il semble possible de croire que les médias n'ont pas attendu 77

que la LNH fasse officiellement connaître les détails du déroulement du repêchage avant d'en parler. En effet, alors que le repêchage a eu lieu après l'entente de principes, soit le 30 juillet 2005 à Ottawa, les médias auront finalement abordé chacun des trois thèmes liés à cette question pendant les négociations. De cette manière, l'hypothèse soutenant que les médias n'ont pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties pendant la négociation de la convention collective est donc infirmée.

4.1.6-« Divers » :

Cette rubrique a été mise de l'avant afin de regrouper toutes les informations contenues dans les chroniques qui ne sont pas en lien avec le conflit de travail ou parfois avec le hockey. Par conséquent, ces informations ne peuvent constituer une rubrique ou un thème. Ainsi, ces informations sont très diversifiées et anecdotiques et elles semblent surtout ne démontrer aucune pertinence particulière quant à la vérification des deux hypothèses, aucun thème n'a été mis de l'avant. De cette manière, puisque aucun thème ne peut davantage préciser et illustrer cette rubrique, voici un exemple d'information qui peut se classer sous cette rubrique :

Exemple : Le 8 juin 2004, Norman Flynn analyse les faits marquants de la finale de la coupe Stanley.

Par la suite, comme cette rubrique regroupe des informations très diversifiées et loin du conflit de la LNH, cette rubrique ne sera pas analysée. En effet, son analyse serait inutile à la vérification des hypothèses. Néanmoins, sa présence ici témoigne de l'effort de saturation de l'information contenue dans les chroniques dépouillées.

Après avoir analysé les différents thèmes placés sous chacune des rubriques ainsi que la pertinence des deux hypothèses formulées dans le deuxième chapitre à partir de ces données, il serait intéressant de procéder à la synthèse de la vérification des hypothèses. 78

4.2-Synthèse de la vérification des hypothèses :

Cette synthèse est présentée dans le tableau 9, afin de faciliter le repérage visuel des résultats de la vérification des hypothèses. Dans ce tableau, les cinq rubriques sont présentes. Vis-à-vis chacune de celles-ci, il est possible de voir si ces rubriques et les thèmes qui leur sont associés ont permis de confirmer ou d'infirmer chacune des hypothèses. Ainsi, dans le tableau 9, vis-à-vis chacun des thèmes, un « X » sera marqué pour identifier le résultat de la vérification de chacune des hypothèses. Par la suite, il serait intéressant de tenter d'analyser les données de la synthèse de la vérification des hypothèses.

Cependant, il est d'abord possible d'avoir une vue d'ensemble de la vérification des hypothèses dans le tableau suivant:

Tableau 9: Synthèse de la vérification des hypothèses

Résultats de la vérification Résultats de la vérification de l'hypothèse mettant de de l'hypothèse soutenant Thèmes abordés dans les l'avant l'incapacité des l'idée que la LNH avait un chroniques médias à renseigner le agenda caché public Confirmée Infirmée Confirmée Infirmée

« Amateurs » X X

« Etat de la situation économique et des X X négociations dans la LNH » « Image corporative X X de la LNH »

« Jeu de la LNH » X X

« Repêchage 2005 » X X Analyse des données:

Ainsi, l'analyse des différentes rubriques et de l'ensemble des thèmes a permis de constater que la première et de la deuxième hypothèses ont respectivement toujours été confirmée et infirmée.

En effet, l'hypothèse selon laquelle la LNH avait, en déclenchant le lock-out, un agenda caché, plus précisément, qu'elle ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin qu'elle puisse restructurer ses activités pendant la période d'inactivité, a été confirmée. Bien que la LNH n'ait jamais voulu confirmer cette idée, l'analyse des différentes rubriques a démontré qu'il s'agissait d'une hypothèse très crédible.

Effectivement, il semble pertinent de rappeler que l'analyse des rubriques « Amateurs », « Image corporative de la LNH » et « Jeu de la LNH » a respectivement mis en doute la popularité du hockey, l'image de la ligue et les performances offertes dans la LNH. Ces trois éléments semblaient donc constituer des enjeux sur lesquels la Ligue nationale devait se pencher. D'ailleurs, l'analyse de ces thèmes a aussi démontré que la LNH a annoncé des changements aux règles du jeu à la suite du conflit. De plus, lorsqu'il a été question du repêchage 2005, l'accent a été mis sur la qualité des jeunes joueurs qui allaient être sélectionnés et qui constituent l'avenir de la LNH. Ces thèmes démontrent que les questions soulevées dans cette rubrique semblent avoir été considérées et que des solutions semblent avoir été trouvées pendant le conflit, ce qui renforce l'idée de l'agenda caché.

De son côté, la rubrique « État de la situation économique et des négociations dans la LNH » a démontré que les propriétaires semblaient unis et résolus pendant le conflit de travail et qu'ils voulaient profiter de l'arrêt de travail pour mettre fin aux problèmes. De plus, dans cette même rubrique, il a été évoqué que les propriétaires sont sortis grands gagnants de ce conflit. Il est vrai qu'ils ont réussi à obtenir le principe du contrôle des coûts dans leurs négociations avec l'AJLNH. Pourtant, selon ce qui a été mentionné dans 80 le premier chapitre de ce mémoire, la saison perdue représente à leurs yeux environ deux milliards de dollars américains et comporte aussi le risque de voir la clientèle et les commanditaires s'intéresser à d'autres sports. Cependant, selon ce que l'analyse des rubriques et des thèmes a révélé, il est permis de penser que le sacrifice d'une saison allait permettre à la LNH de préparer la relance de ses activités sur de nouvelles bases afin d'augmenter sa rentabilité à long terme. Bien que dans les opinions ou les faits rapportés dans les chroniques analysées, la LNH n'a jamais officiellement confirmé qu'elle ne voulait pas que la saison ait lieu afin de restructurer ses activités pendant la période d'inactivité, chacune des rubriques contenait suffisamment d'indices pour confirmer l'idée de l'agenda caché.

Aussi, en analysant les différentes rubriques, il semble s'avérer également justifié d'affirmer que les médias ont su renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties (AJLNH et LNH) pendant la négociation de la convention collective. Effectivement, pour chacune des différentes rubriques, les analyses ont démontré que les thèmes répertoriés tout au long de la couverture médiatique ont été, dans la grande majorité des cas, abordés pendant la période associée aux négociations. Comme l'objectif des médias devait être de renseigner le public sur les idées sur lesquelles la LNH travaillait quant à la relance de ses activités ainsi que sur ce qui était discuté à la table des négociations entre la ligue et l'association des joueurs, il semble logique d'affirmer que les médias ont été en mesure d'aborder les vraies questions qui étaient au cœur des débats du côté de la LNH et de l'AJLNH et entre elles.

Par la suite, il serait intéressant de mettre en perspectives ces dernières observations tirées de la vérification des hypothèses face à la théorie présentée dans le troisième chapitre sur le contrôle de la production du discours. 81

4.3-Retour sur le cadre théorique:

Tout d'abord, il semble important de rappeler que la vérification des hypothèses exigeait l'étude du discours véhiculé dans les médias de masse pendant le lock-out de la LNH 2004-2005. De plus, la capacité des parties participant aux négociations et des médias à influencer la production du discours véhiculé dans les médias était en jeu.

Effectivement, dans le cas de la première hypothèse, l'idée que la LNH avait un agenda caché impliquait qu'elle travaillait sur différentes questions en coulisses qu'elle ne voulait pas révéler. De son côté, en soulevant l'idée que les médias n'avaient pas su renseigner le public sur les idées sur lesquelles les deux parties travaillaient pendant les négociations, la deuxième hypothèse impliquait que les médias avaient été incapables de savoir ce qui se passait réellement en coulisses.

Donc, ces hypothèses impliquaient respectivement que, sans doute pour des raisons stratégiques, la LNH ne dévoilait pas ses véritables intentions et que l'information véhiculée par les médias au sujet des négociations ne correspondait pas à ce qui se discutait réellement en coulisses. Ainsi, ces deux hypothèses soulèvent toutes les deux la question du contrôle du discours véhiculé dans les médias et, plus précisément, la question de la capacité des parties participant aux négociations, lesquelles peuvent être désignées comme sources, ainsi que des médias à influencer la production de ce discours.

Du côté de la théorie, les différentes perspectives liées à cette question du contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias ont été regroupées sous trois thèses. De cette manière, afin d'élargir la discussion sur les résultats de la vérification des hypothèses de cette recherche, il semble pertinent de rappeler les principales idées que ces trois thèses défendaient.

La première thèse met de l'avant l'idée que les sources, ou encore les professionnels des relations publiques, contrôlent le discours véhiculé dans les médias. Les idées regroupées 82

sous cette thèse présentent les sources comme étant en meilleure position que les journalistes et que ceux-ci deviennent d'une certaine façon manipulés. Les sources disposeraient de plus en plus de ressources, seraient de plus en plus efficaces dans leurs différents rapports avec les médias et ceux-ci feraient face à des contraintes importantes.

De son côté, la deuxième thèse soutient plutôt l'idée que ce sont les médias qui détiennent le contrôle de la production de ce discours. La position privilégiée des médias par rapport à la livraison de l'information leur permettrait d'orienter et de teinter le discours. En fait, les différents arguments proposés soutiennent qu'ils auraient le dernier mot sur le contenu du discours véhiculé.

Finalement, la dernière thèse présentée défend l'idée que les sources et les médias de la scène parlementaire négocient la production de ce discours et sont interdépendants. L'étude de la production de l'actualité politique démontre que les acteurs ont des rôles qui se complètent dans leurs interactions selon des règles déterminées par les contraintes et les objectifs propres à leur profession respective.

Après ce bref survol des hypothèses et de ce qu'elles impliquaient, ainsi que des différentes thèses quant au contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias, il est possible de se demander quelle est la pertinence de ces différentes thèses dans le cas étudié dans cette recherche.

À titre de rappel, la synthèse des résultats de la vérification des hypothèses indique que l'hypothèse de l'agenda caché semble très crédible. En réalité, à partir des informations recueillies vis-à-vis chacune des rubriques, celles-ci ont fourni suffisamment d'indices pour confirmer cette hypothèse. L'analyse des rubriques aura donc démontré une intention que la LNH n'a jamais officiellement reconnu. Ainsi, les thèmes contribuant à la pertinence de l'agenda caché ont démontré que, les idées pouvant faire l'objet de la restructuration des activités de la LNH pendant la période d'inactivité, ont été abordées dans les médias. Bien que les chroniqueurs ne cherchaient pas nécessairement à faire la preuve d'un agenda caché, les idées du discours véhiculé dans les médias laissent donc croire que la ligue a entamé la restructuration de ses activités pendant la période d'inactivité du conflit de travail. Selon cette idée, il est possible de penser que les chroniqueurs ont su percevoir et véhiculer des questions qui étaient au cœur des discussions dans les coulisses de la LNH. Dans ce cas-ci, la thèse qui accorde le contrôle de la production du discours aux médias semblerait aussi pertinente puisque les médias auraient réussi à identifier des questions sur lesquelles la LNH travaillait.

Cependant, la question pourrait être abordée d'un autre angle. En effet, si la LNH n'a pas voulu que la saison 2004-2005 ait lieu afin de profiter de l'inactivité pour restructurer ses activités, il est possible que la ligue ait voulu que le public sache qu'elle présenterait un nouveau produit au retour de ses activités. Ainsi, elle n'avait qu'à se montrer contrariée par l'absence de ses activités dans le but de tenter de démontrer qu'elle souhaitait une reprise rapide des activités. Cette perception de la situation constitue donc une autre possibilité qui semble tout aussi crédible que la première. Celle-ci revient toutefois à accorder le contrôle de la production du discours aux sources qui auraient réussi à orienter le discours que les médias auraient suivi.

Ensuite, il pourrait être tout aussi pertinent d'affirmer que les idées traitées dans les médias qui démontrent que la LNH travaillait à la restructuration de ses activités proviennent des différents échanges d'informations entre la LNH et les médias et de rapports d'interdépendance. Par exemple, la LNH pourrait avoir laissé volontairement coulé de l'information dans les médias relativement à des projets afin de voir comment ceux-ci seraient perçus par le public. Cette situation aurait servi la LNH, mais aussi les journalistes affectés au conflit de travail qui avaient besoin d'information leur permettant de rendre compte de l'évolution de la situation. Ainsi, cette troisième façon de percevoir 84 la production du discours pourrait être associée à l'idée que les journalistes et les sources négocient la production du discours.

De la même manière, quant à l'idée que, de façon générale, les médias ont su renseigner le public sur les idées sur lesquelles les deux parties travaillaient pendant la négociation, elle peut être également associée aux différentes thèses du cadre théorique. Effectivement, tout comme dans le cas de l'agenda caché, il est possible de penser que les sources auraient voulu orienter le discours en laissant sortir des informations précises et qu'elles auraient contrôlé la production de ce discours. Il serait également possible de prétendre que ce sont les journalistes qui ont su renseigner le public par leurs différents contacts ou par de fines analyses. Finalement, il se pourrait que le discours véhiculé soit la résultante d'une négociation entre les journalistes et les sources.

Ainsi, la mise en perspectives des résultats des différentes hypothèses à partir des thèses présentées quant au contrôle de la production du discours véhiculé dans les médias, démontre que l'attribution de ce contrôle à un ou plusieurs acteurs dans ce contexte est complexe. Effectivement, il semble difficile de déterminer avec précision le niveau de la contribution des médias par rapport à celui des sources face à la production du discours. Néanmoins, la vérification des deux hypothèses laisse croire que, bien qu'il soit difficile d'identifier les stratégies et la part relative des différentes personnes qui interviennent dans la production du discours, le discours véhiculé dans les médias pendant les négociations semble donner un aperçu assez représentatif de ce qui a constitué les principaux enjeux pendant la période de la négociation collective. 85

Conclusion

Ainsi, l'étude du discours véhiculé dans les médias tout au long du lock-out de la Ligue nationale de hockey offre des pistes intéressantes sur les rapports et les interactions entre les sources et les médias. Initialement, le but premier de ce mémoire était de s'attarder aux différentes idées traitées dans le discours véhiculé dans les médias tout au long du lock-out et à la suite de son règlement afin de tenter de comprendre les enjeux liés à ce conflit de travail et les raisons de l'incapacité des parties présentes à la table des négociations à dénouer l'impasse qui paralysait les activités de la LNH.

Dans ce contexte, deux hypothèses liées au contenu de ce discours ont été formulées et étudiées. La première mettait de l'avant l'idée que la LNH avait un agenda caché, plus précisément qu'elle ne voulait pas que la saison 2004-2005 ait lieu afin qu'elle puisse restructurer ses activités pendant la période d'inactivité. L'autre avançait l'idée de l'incapacité des médias à renseigner le public sur les idées sur lesquelles travaillaient les deux parties pendant la négociation de la convention collective.

De cette manière, ces deux hypothèses impliquent toutes les deux la question du contrôle du discours véhiculé dans les médias. Effectivement, la question de la capacité des parties participant aux négociations, lesquelles peuvent être représentées par les sources, ainsi que la capacité des médias à influencer la production de ce discours, sont abordées. De cette manière, il a été jugé pertinent de présenter différentes perspectives théoriques en lien avec cette question afin de pouvoir mieux situer le contrôle de la production du discours du cas étudié à partir des deux hypothèses formulées plus tôt.

Par conséquent, les différentes perspectives liées au contrôle de la production du discours ont été regroupées sous trois thèses différentes. La première était celle qui avançait l'idée que les sources, ou encore les professionnels des relations publiques, contrôlent la production du discours. La deuxième soutenait que ce sont plutôt les médias qui 86 détiennent ce contrôle. Puis, la dernière thèse mettait plutôt de l'avant l'idée que, les médias et les sources, par leurs interrelations, négociaient la production de ce discours.

La vérification de ces hypothèses a été effectuée à partir d'observations et d'analyses de rubriques et thèmes liés au conflit de travail. La vérification des hypothèses a démontré que l'hypothèse de l'agenda caché, plus précisément, que la LNH ne voulait pas que la saison ait lieu afin qu'elle puisse profiter de la période d'inactivité pour restructurer ses activités, a été confirmée. Sans doute pour des raisons d'image et de marketing, la LNH n'a jamais reconnu son intention de ne pas vouloir que la saison 2004-2005 ait lieu afin de profiter de l'arrêt de ses activités pour restructurer celles-ci. Néanmoins, les thèmes observés vis-à-vis les différentes rubriques ont accordé beaucoup de crédibilité à cette hypothèse et il a été jugé que chacune des rubriques a fourni suffisamment d'indices pour confirmer cette hypothèse. Bien que les chroniqueurs ne cherchaient pas nécessairement à faire la preuve d'un agenda caché, les idées du discours véhiculé dans les médias laissent croire qu'il serait tout à fait possible que la ligue ait entamé la restructuration de ses activités pendant la période d'inactivité du conflit de travail. Pour ce qui est de la deuxième hypothèse soutenant l'incapacité des médias à renseigner le public sur les idées sur lesquelles les parties travaillaient pendant la négociation collective, elle a été infirmée. De façon générale, il semble que les médias ont su renseigner le public sur les idées sur lesquelles les deux parties travaillaient pendant la négociation.

Par la suite, ces conclusions ont été mises en perspectives avec les trois thèses présentées plus tôt quant au contrôle de la production du discours. Il a été possible de constater que, dans le cas à l'étude, il semble difficile de déterminer avec précision la part relative des médias par rapport à celle des sources dans la production du discours véhiculé. Néanmoins, les médias semblent avoir véhiculé les « vrais enjeux » pendant les négociations et il pourrait être possible de croire que le discours véhiculé aura au moins pu donner au public un bon aperçu des principaux enjeux. 87

Bien que cette conclusion tirée du discours analysé et des points de vue théoriques mis de l'avant n'ait pas la prétention d'être géneralisable, elle permet tout de même de reconnaître la complexité de l'élaboration de stratégies visant à influencer, voire contrôler la production du discours. Bibliographie

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