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BLOW-BY-BLOW un film-mix de Simon Duflo SOMMAIRE INTRODUCTION

Du principe du film-mix comme outil pédagogique

Du principe du film-mix comme outil pédagogique 2 J’ai découvert le concept de film-mix lors du cours de Térésa C’est une proposition intellectuelle et artistique qui n’est Faucon Questions approfondies de la pédagogie de l’image du pas un discours; pas une source écrite mais un objet Le modèle : Quand la peur dévore l’âme 3 Master Didactique de l’Image de l’Université 3. Nous y cinématographique. Et là réside sa nouveauté, sa force, son analysions et évaluions différents types d’outils pédagogiques originalité en matière de pédagogie. En fait, comment mieux Blow-Up : générique et synopsis 4 existant sur le cinéma. Térésa Faucon nous a projeté Quand la parler de cinéma si ce n’est par le cinéma lui-même ? peur dévore l’âme, film-mix du réalisateur François Ozon. Ayant eu à réaliser moi-même un outil pédagogique dans le : générique et synopsis 5 cadre du diplôme, pour le mémoire final, je n’ai alors envisagé Cette expérimentation de ce cinéaste cinéphile “mixe” qu’une seule forme possible : la réalisation d’un film-mix. Blow-Up dans la filmographie de M. Antonioni 6 (autrement dit “mélange“) des extraits de deux films : Tout Comme je l’ai dit, celà me semble l’outil pédagogique et ce que le ciel permet de Douglas Sirk (USA, 1955) et Tous les didactique le plus intéressant. De plus, jeune réalisateur, je me Blow Out dans la filmographie de 7 autres s’appellent Ali de Rainer Werner Fassbinder (RFA, considère comme un praticien qui essaye de réfléchir, et tente 1973). Le second film entretenant un rapport singulier avec de proposer des productions audiovisuelles pensées, réfléchies Approche thématique 8 le premier: plus qu’une influence ; une parenté, un héritage et -osons le dire- intellligentes. M’engager sur la voie de la pure revendiqué. Tout en reprenant des schémas narratifs du film théorie ne m’excite guère et l’enjeu de ce Master, comme nous A propos des titres des films 9 de Sirk (relations entre les personnages, enjeux, situations), l’a judicieusement rappellé Alain Bergala en cours, n’est pas la le film de Fassbinder a sa propre esthétique, distincte, et recherche du savoir mais l’expérimentation du savoir. Approche esthétique 10 s’inscrit dans un contexte culturel très différent. Ce que met merveilleusement en perspective le film-mix de François Ozon. Mon intention s’est vite portée sur Blow-Up et Blow Out, de Découpage séquentiel 12 et Brian De Palma. Parce que j’adore J’ai été très séduit par cet outil, en lui-même un film, et il m’est ces films, et ces cinéastes, mais surtout car la filiation entre De l’usage de ce film-mix 14 apparu de loin le plus intéressant et le plus pertinent de tous les les films existe : le titre du film de De Palma est un clin d’oeil à outils pédagogiques étudiés pendant ce cours. D’abord parce celui d’Antonioni, et son film un hommage. L’intrigue présente Sources 15 qu’il constitue en lui-même une recherche cinématographique des similitudes, tout comme la réflexion -la mise en abyme- et, surtout, car il suscite chez le spectateur une réflexion, une sur les moyens du cinéma (l’image et le son). Cependant les 2 analyse des images par les images. Par leur montage. traitements et les styles diffèrent. C’est ce que nous allons voir… LE MODELE : QUAND LA PEUR DEVORE L’AME DE FRANCOIS OZON

François Ozon a-t-il initialement conçu ce film-mix comme un “La peur dévore l’âme“, d’où le titre du film-mix de François outil pédagogique ? On peut se le demander… Cinéaste lui- Ozon… C’est une réplique qu’Ali dit à sa femme lorsque ses même, marqué par les films de Sirk et Fassbinder, son film- enfants la renient : “Il ne faut pas avoir peur. La peur dévore mix est d’abord une oeuvre de passionné, un hommage -une l’âme”. declaration d’amour, pourrait-on presque dire- à ces cinéastes A partir d’extraits de ces films, Ozon crée un montage dynamique et à leurs films. Il n’empêche que la valeur didactique de ce film où les situations sont sensiblement les mêmes: la rencontre, expérimental est manifeste. l’étreinte, le rejet de la société… et même les fins des films, Tout ce que le ciel permet (All that heaven allows) met en très semblables : les deux hommes blessés avec leurs femmes à scène l’histoire d’amour d’une jolie veuve bourgeoise avec son leur chevet. La position d’analyste du spectateur est renforcée jeune et viril jardinier dans la société américaine provinciale par des effets de montage : dans un champ/contre-champ on des années 50. L’élan amoureux qui les unit n‘est pas passe d’un personnage d’un film à un personnage de l’autre “illégitime“ mais il est très mal perçu par la société à laquelle film, tandis que le dialogue du premier film est maintenu, ce ils appartiennent. Les amants deviennent source de moquerie qui montre bien la similarité de la situation. Inversement, c’est et sont jugés infréquentables, au point que les enfants de parfois la musique d’un film qui continue sur un plan du second la femme menacent de l’abandonner. L’amour impossible, film, effet qui relève la différence esthétique de ces oeuvres. Au interdit, empêché par les règles et la méchanceté humaine, tel mélodrame hollywoodien lyrique aux couleurs flamboyantes est le thème de ce mélodrame. Admirateur de Douglas Sirk, R.W répond le réalisme cru et dépouillé de Fassbinder. Et à travers Fassbinder adapte cette trame à la société ouest-allemande l’histoire romantique un peu cheap de ces petites gens se des années 70 : une femme seule (mais plus âgée et bien moins dessine la dimension politique critique de ces deux films, qui séduisante que la veuve de Sirk) rencontre Ali, un immigré font du mélodrame le révélateur d’une réalité sociale. marocain, dans un café. Ils tombent amoureux et se marient. Dans son recueil de notes Les films libèrent la tête, Fassbinder a Autour d’eux tout le monde médit et les enfants de la femme écrit : “Les hommes ne peuvent pas être seuls, et pas non plus la rejettent, avec une violence encore plus profonde que chez ensemble. Il fait des films là-dessus, Douglas Sirk.“ Il a fait des Sirk. Notons que le titre original de Tous les autres s’appellent films là-dessus aussi, Fassbinder... Le talent de François Ozon Ali est Angst Essen Seele Auf qu’on traduit littéralement : est d’exprimer tout celà dans son film-mix, par un pur montage. 3 GENERIQUE SYNOPSIS

Titre original : Dans les rues de Londres au petit matin s’égaye une joyeuse Persuadé d’avoir empêché un meurtre, fier et excité, il appelle troupe de mimes tandis qu’un jeune homme sort d’un asile Ron pour l’en informer. Deux gamines qui veulent poser pour Pays de production : Grande-Bretagne de nuit au milieu des clochards. Il monte dans une Rolls Royce lui viennent alors le provoquer. Après cet interlude érotique, il Année de production : 1966 décapotable et extrait un appareil photo d’un vieux papier reprend ses agrandissements et croit distinguer la forme d’un Production : Carlo Ponti, Bridge Film d’emballage: c’est Thomas, un jeune photographe dans le vent corps, à terre. Horrifié, Thomas se précipite dans le parc (la nuit Producteurs exécutifs : Pierre Rouve, Roy Parkinson du swinging London des années 60. De retour à son studio il se est tombée), où il trouve effectivement ce cadavre. lance dans une séance de photos suggestives avec une cover- Rentré chez lui, il trouve son atelier dévasté, constate que Réalisation : Michelangelo Antonioni Scénario : Michelangelo Antonioni, Tonino Guerra, girl. Après ce ballet érotisant, il malmène cinq mannequins toutes ses photos ont disparu ainsi que toutes ses pellicules. d’après une nouvelle de Julio Cortazar pour des photos de mode. Interrompant la séance, il va souffler Il sort, croit entrevoir Jane s’éloignant rapidement. Il court Directeur de la photographie : Carlo di Palma chez son voisin peintre et sa compagne, avec laquelle existe pour la rattraper et s’échoue finalement dans un concert de Caméra : Ray Parslow une complicité tendre et ambiguë. Il part ensuite chez un rock, où le guitariste nihiliste casse son instrument et le jette Assistant-réalisateur : Claude Waston antiquaire pour lui acheter sa boutique. dans la foule. Thomas en récupère un morceau mais le jette Son : Robin Gregory sur le trottoir, désabusé. Il retrouve Ron dans une fête, mais Montage : Franck Clarke Puis flânant dans un parc, il voit un couple d’amoureux qu’il là ne règnent que le haschich et l’alcool qui l’enlisent jusqu’à Mixage : J.B Smith photographie à la sauvette. La jeune femme veut lui arracher l’aube. Quand il retourne au parc au petit matin, il n’y a plus Musique : Herbie Hancock, The Yardbirds son appareil. Il refuse, s’en va et achète une hélice d’avion chez de cadavre. Surgissent de nouveau les mimes, qui “jouent“ une Décors : Ashton Gorton l’antiquaire. Le midi dans un restaurant, il discute du livre qu’il partie de tennis. Sollicité, Thomas fait alors mine de ramasser Costumes : Jocelyn Rickards est en train de finaliser avec Ron, son éditeur. Par la fenêtre il la balle et leur renvoie. Il disparaît. Maquillage : Paul Rabiger aperçoit quelqu’un rôder autour de sa voiture, il sort mais il n’y Interprétation : David Hemmings (Thomas), a plus personne. Alors qu’il revient à son studio, Jane, la femme (Jane), Sarah Miles (Patricia) du parc, vient s’offrir à lui contre ses photos. Il lui donne une autre pellicule et s‘enferme dans son labo pour développer le Format : 35 mm, couleur (Métrocolor), 1.85 fameux film. A force d’agrandissements (blow-up) des clichés, Durée : 112 minutes il découvre dans une image un homme caché dans un buisson 4 Sortie France : mai 67, Palme d’or au festival de Cannes 1967 avec une arme à la main. GENERIQUE SYNOPSIS

Titre original : Blow Out Le film s’ouvre par un long plan-séquence subjectif qui place Dans les jours qui suivent, Jack reproduit sur pellicule le spectateur dans la peau d’un psycho killer sur un campus de (image par image) les clichés parus dans la presse pris par Pays de production : Etats-Unis ravissantes étudiantes toutes à moitié nues. Au moment où le un photographe maître chanteur, Manny Karp, qui a lui aussi Année de production : 1981 tueur fou tire le rideau de douche et s’apprête à poignarder assisté à la scène. Après avoir fait développé son “film“, il le Production : George Litto, pictures, Geria Films une jolie nymphe, le spectateur découvre la supercherie : synchronise avec sa bande sonore : l’éclair d’un coup de feu Producteur exécutif : Fred Caruso ce film est en fait un film dans le film. Jack Terry, réalisateur colle bien avec le son de la détonation. Sally avoue à Jack d’effets sonores pour films de série Z, éclate de rire face à la qu’elle travaillait en fait avec Manny Karp pour compromettre Réalisation : Brian De Palma Scénario : Brian De Palma nullité du cri de l’actrice. Le producteur de ce film d’horreur, à l’homme politique. Elle s’allie à Jack et le tandem découvre que Directeur de la photographie : ses côtés, le charge alors de réaliser des nouveaux sons pour le Mc Ryan ne devait pas être tué, mais que les commanditaires Caméra : Jan Kiesser, Caméra sous-marine : Rex Metz film, notamment des bruits d’extérieurs. des photos compromettantes (des adversaires politiques) ont Assistant-réalisateur : Joe Napolitano été abusés par le zèle de leur exécutant, Burke. Son : Dan Sable Le soir, quelque part dans la périphérie de Philadelphie, sur Montage : Paul Hirsch un pont, Jack enregistre des sons : un couple qui discute, Ce psychopathe tient désormais à mener à terme sa mission: Mixage : Jim Tannenbaum une grenouille, une chouette... quand soudain il entend une faire disparaître les bandes de Jack et tuer Sally, témoin Musique : voiture arriver à vive allure. Accident : le conducteur perd le gênant. De retour au studio, Jack trouve toutes ses bandes Décors : Paul Silbert, contrôle du véhicule et la voiture plonge dans la rivière. Jack sonores effacées, mais heureusement il avait caché l’original Costumes : Vicky Sanchez, parvient à sauver une jeune femme de la noyade, Sally. Le de son “film“ chez lui. Burke l’apprend et se fait passer pour Maquillage : Leo Lotito, Joseph Granzano conducteur de la voiture, décédé, se révèle être le gouverneur un journaliste de télévision intéressé par ce document, et Interprétation : (Jack Terry), (Sally), Mc Ryan, un homme politique important, candidat aux demande à Sally de le lui remettre. Méfiant, Jack place un micro (Manny Karp), (Burke) primaires de l’élection présidentielle américaine. A l’hôpital émetteur sur la jeune femme, que Burke entraîne au cœur des l’entourage du gouverneur tient à dissimuler la présence de festivités nocturnes du Liberty Day. Le criminel jette alors à Format : 35 mm, couleur (Panavision Technicolor), Sally, embarrassante; Jack l’emmène alors dans un motel. l’eau le film de Jack, seule preuve de l’attentat, et étrangle Sally. CinémaScope 2.35, Dolby Stéréo Là, en réécoutant sa bande-son il perçoit un coup de feu et Jack surgit, le tue, mais est arrivé trop tard pour sauver la jeune Durée : 107 minutes l’éclatement (blow out) d’un pneu, qui a provoqué l’accident. femme, morte. Son cri d’horreur, saisi par le micro de Jack, est Sortie France : Février 1982 Il pense avoir été témoin d’un attentat et en détenir la preuve. finalement monté sur la scène de la douche du film de série Z. 5 BLOW-UP DANS LA FILMOGRAPHIE DE MICHELANGELO ANTONIONI

Longs-métrages uniquement Blow-Up présente quelques particularités importantes dans la filmographie d’Antonioni : c’est son premier film tourné à 1950 Chroniques d’un amour (Cronaca di un amore) l’étranger et seulement son second film en couleur, après Le désert rouge. Autre aspect, moins déterminant sans doute: 1952 Les vaincus (I Vinti) l’intrigue n’est pas purement originale mais inspirée d’une 1953 La dame sans camélias (La signora senza camelie) nouvelle de l’écrivain argentin Julio CortazarLes fils de la vierge. 1955 Femmes entre elles (Le amiche) De ce texte repéré par son scénariste, le poète Tonino Guerra, 1957 Le cri (Il grido) Antonioni gardera la substance : un photographe surprend un 1959 L’Avventura couple, tandis que la présence d’un troisième personnage, 1960 La nuit (La notte) dangereux, est révélée par l’agrandissement des clichés. 1962 L’éclipse (L’elisse) Antonioni a été très enthousiasmé par l’effervescence et 1964 Le désert rouge (Deserto rosso) le dynamisme du swinging London où il s’était trouvé pour 1966 Blow-Up retrouver sa compagne et muse Monica Vitti. Il a décidé d’y 1969 Zabriskie Point tourner Blow-Up, ce qui s’est avéré plus difficile qu’il ne le 1972 La Chine (Chung Kuo) pensait à cause de la barrière de la langue, qu’il ne maîtrisait pas 1974 Profession : Reporter (The Passenger) parfaitement, avec les techniciens. Dans Blow-Up, à la différence de ses précédents films (sa première période italienne), le 1980 Le mystère d’Oberwald (Il mistero di Oberwald) thème principal est moins la difficulté et l’incommunicabilité 1982 Identification d’une femme (Identificazione di una donna) entre les êtres que le rapport de l’individu à la réalité. Rapport 1995 Par-delà les nuages (Al di là delle nuvole) qui se révèle complexe, pour ne pas dire aliénant, confinant au délire solipsiste, tant Thomas le photographe est seul. Enfin ce questionnement du réel et de sa reproduction, de l’illusion et de la réalité est une des plus belles méditations jamais offertes 6 sur la nature même du cinéma. BLOW OUT DANS LA FILMOGRAPHIE DE BRIAN DE PALMA

Longs-métrages uniquement Né en 1940 dans le New Jersey, Brian De Palma a passé sa jeunesse à Philadelphie où il a étudié la physique et les 1963 The Wedding Party technologies. Passionné, il a même conçu des ordinateurs, 1967 Murder a la Mod 1968 Greetings obtenant des prix lors de foires scientifiques. Arrivé à 1969 Dionysus in ’69 il découvre le théâtre et s’inscrit à pour 1969 Hi Mom ! étudier le cinéma où il se lie avec le jeune . 1970 Avec lui, Coppola, Cimino, voire Spielberg, ils formeront ceux 1972 Sœurs de sang (Sisters) qu’on a appelé les Directors, pour le renouveau 1974 1976 Obsession thématique et esthétique qu’ils apporteront au cinéma 1976 au bal du diable (Carrie) américain, liant toujours leur volonté d’auteur au travail avec 1977 Furie (The Fury) les studios, n’envisageant pas le cinéma autrement que comme 1978 Home Movies une industrie. Après quelques courts-métrages expérimentaux, 1979 Pulsions (Dressed to Kill) De Palma a une activité prolifique, tournant en moyenne un 1981 Blow Out 1983 Scarface film tous les dix-huit mois. La fin des années 70 et le début 1985 des années 80 marquent l’orientation ouvertement maniériste 1986 Maffia Salade… (Wise Guys) de son cinéma. Au-delà du style, par leur propos chaque film 1987 Les Incorruptibles (The Untouchables) et intrigue sont toujours prétexte à questionner la nature 1989 Outrages (Casualities of War) du médium : les points de vue, le voyeurisme, le jeu avec le 1990 Le Bûcher des Vanités (The Bonfire of Vanities) 1992 L’Esprit de Caïn () spectateur, le simulacre des images qui mentent 24 fois par 1994 L’Impasse (Carlito’s Way) seconde… Blow Out s’inscrit complètement dans ce contexte. 1996 Mission : Impossible Sa particularité résidant dans son lien avecBlow-Up d’Antonioni 1998 Snake Eyes dont il se veut un écho, une “repensée“, dépassant la question 2000 de l’image photographique pour toucher à la dichotomie et la 2002 Femme Fatale 2006 Le Dahlia noir (The ) complémentarité de l’image et du son inhérente au cinéma. 2007 Redacted 7 APPROCHE THEMATIQUE

Une approche thématique comparée de Blow-Up et Blow Out C’est là qu’Antonioni pousse sa réflexion sur le rapport à la réalité Or, qu’est-ce-qu’un film -le cinéma- sinon une reproduction va révéler plusieurs niveaux de lecture et de compréhension plus loin que De Palma. Le cinéaste américain a plus développé vraisemblable, crédible mais illusoire et trompeuse de la réalité? des films. La construction du film-mix Blow-by-blow s’articule la mise en abyme du cinéma: donner à voir la fabrication du Blow-Up et Blow Out sont bien deux films sur le cinéma, sur sa autour de ces approfondissements thématiques progressifs. Le cinéma, à travers la magnifique séquence de fabrication d’un fabrication et sa nature. parallèle est d’abord narratif, mais nous verrons que ce n’est film à partir de photos dans le studio d’animation (image par qu’un prétexte à une méditation plus profonde sur le rapport image, soit le principe même du cinéma), et plus encore dans Une même aliénation, une même perte de repères arrivent réalité/illusion, sur la question du réel et de sa reproduction. la séquence de synchronisation du film muet avec la bande au personnage de Gene Hackman, ingénieur du son et espion sonore, précisément le principe du cinéma sonore. génial dans Conversation secrète de (The La progression dramatique des deux films est très proche: un Conversation, 1974). Malicieux, Brian De Palma dit s’être inspiré photographe et un preneur de son enregistrent accidentellement Antonioni livre aussi une mise en abyme du cinéma: quand de ce film plus que de Blow-Up pour Blow Out. Il s’agit bien sûr des évènements qu’ils n’avaient pas l’intention de saisir. A Thomas (la caméra d’Antonioni) regarde ses photos accrochées d’une tromperie (encore…). Comme à son habitude, De Palma l’examen de leur matériel, ils découvrent un crime, dont ils sont dans le studio. La séquence, très silencieuse, est construite cherche à nous duper, à nous induire en erreur: s’il existe des donc des témoins involontaires et détenteurs (producteurs) comme un story-board, un roman-photo, c’est-à-dire un ressemblances entre son film et celui de Coppola, narratives de preuves. Là, les histoires divergent: alors que Thomas le langage purement visuel. L’essence primitive du cinéma. et autour de l’outil son, Blow Out entretient un rapport plus photographe croit d’abord avoir empêché un meurtre, Jack le approfondi avec Blow-Up, à commencer par son titre… soundman est d’emblée persuadé de l’attentat du politicien, Autre similitude narrative: les deux ateliers des artistes- ce qui est d’ailleurs une fausse piste puisqu’il s’agit en fait techniciens ont été “visités“, il ne reste dans Blow-Up que la Michelangelo Antonioni dit lui-même dans un entretien du crime d’un psychopathe. A force de blow-ups, Thomas photo quasi-abstraite. Dans Blow Out, Jack avait caché l’original figurant dans son livre Ecrits que le thème véritable de Blow- découvrira un cadavre sur ses images. Il voit le corps au parc de son film chez lui mais ça n’a qu’une importance secondaire, Up est le rapport de l’individu à la réalité, à travers la relation le soir-même (c’est d’ailleurs la seule fois du film, pendant son car il est finalement détruit par le tueur. La situation est donc de Thomas à ses images et au monde. A cet égard, Antonioni escapade nocturne, que le photographe, paniqué, a oublié équivalente, c’est d’ailleurs pour celà que je n’ai pas inclus semble adopter une posture platonicienne lorsque, cité par son appareil…) mais ne le retrouve plus le lendemain matin. cet élément narratif dans le film-mix. Les deux protagonistes Aldo Tassone, il dit: “Le monde, la réalité où nous vivons sont A-t-il vraiment vu un cadavre ? Y-a-t-il vraiment eu un cadavre en arrivent finalement à douter de ce qu’ils ont vu/entendu, invisibles et l’on doit se contenter de ce que l’on voit. Je ne d’ailleurs ? La forme sur l’agrandissement est quasiment enregistré/créé. Ils sont aliénés, perdus. Sur le chemin la folie ? pense pas que l’apparence de la réalité soit assimilable à la 8 abstraite. Thomas l’a-t-il rêvé, inventé ? Distinguent-ils encore clairement le réel du factice ? réalité. La réalité est, peut-être, un rapport.” A PROPOS DES TITRES DES FILMS...

Cette idée est développée par Platon dans le Livre X de La Il n’aura échappé à personne que les titres de ces films République. Le monde réel, vrai est le monde des Idées, des présentent une certaine ressemblance… Au moins un Formes; le monde tangible, matériel que nous expérimentons mot en commun : blow. En anglais ce mot, nom ou quotidiennement n’est qu’une image de la réalité, fausse et verbe, revêt de nombreux sens. Le film d’Antonioni trompeuse. Pire encore: l’art, les images produites par l’homme s’appelle Blow-Up. Là c’est un nom commun, pas un verbe. Il est équivoque et signifie “agrandissement” qui représentent cette réalité illusoire constituent donc une quand il est appliqué à des photos, mais aussi image fausse de l’image faussée de la réalité, soit une illusion “explosion” (comme les agrandissements font de l’illusion, le simulacre du simulacre. “exploser” l’image, aux frontières de l’abstraction), N’est-ce pas ce que semble montrer Antonioni quand Thomas ou encore comme le dit lui-même Antonioni : est au final perdu, plus sûr de rien? On peut également penser “révélation”. Le cinéaste avait bien choisi son titre… à Calderon, pour qui La vie est un songe… Notons que le titre original du film est Blowup, Dans son texte subtilement intitulé Blow-Up: Questioning autre manière de l’écrire, mais dont les sens sont les the scene, questioning the seen, Seymour Chatman valide mêmes. Brian De Palma a titré son film Blow Out, cette hypothèse: “La partie de tennis (finale avec les mimes) clin d’oeil évident. Ce verbe polysémique veut dire semble être un commentaire sur l’inéluctabilité de l’art comme “éclater” lorsqu’il s’agit d’un pneu de voiture, et c’est illusion“. De la même manière, plus ironique, que le cri de Sally bien le cas dans son film. C’est donc pour poursuivre ce jeu sur les mots que j’ai naturellement intitulé mon est utilisé à la fin de Blow Out pour la scène de la douche (un film-mix Blow-by-blow, adjectif qui signifie “détaillé, film dans le film, tiens encore une mise en abyme…). minutieux”. On dit par exemple : he gave me a blow- D’ailleurs, pour Seymour Chatman, Thomas (et ce n’est en rien by-blow account, qu’on traduit : “il m’a tout raconté un hasard dans le scénario) est lui-même un grand illusionniste, en détail”. Appliqué à la dissection minutieuse des une sorte de magicien, à travers son métier de photographe images et des sons (la matière même du film-mix), de mode. Quoi de plus factice que la mode ? En particulier ce titre m’a paru le plus approprié. En jouant encore une scène, anodine à première vue, renforce sa qualité de sur les mots, on pourrait aussi imaginer que blow-by- prestidigitateur: quand il fait disparaître entre ses doigts une blow veut dire “Blow-Up par Blow Out”, ou encore pièce de monnaie pour bluffer les deux jeunes filles. “Blow au carré”… 9 Approche esthétique

Pour l’historien Jacques Revel, questionné par Antoine de Si Blow-Up et Blow Out ont en commun d’avoir visé (et atteint) Dans ses Ecrits Antonioni explique: “Je suis obligé de modifier Baecque, Blow-Up est également “une interrogation lancinante une réussite commerciale alliée à une recherche expérimentale, les couleurs telles qu’elles se présentent afin de faire une sur la nature de la réalité“. Il relève d’ailleurs, parallèle déroutant, le traitement esthétique des deux films est néanmoins très composition acceptable“. Nul doute que sa collaboration avec la phrase d’ouverture de la nouvelle de Cortazar: “Personne différent, chacun portant la signature, le style de leur auteur. son directeur de la photographie Carlo di Palma a délivré des ne saura jamais comment il faut raconter cette histoire“. Car compositions bien au-delà de l’acceptable… d’une finesse on ne saura jamais ce qu’il s’est vraiment passé, réellement Le rythme de Blow-Up est beaucoup plus lent, certaines et d’une subtilité rares, tant par les couleurs que par les passé. Comme Thomas dans Blow-Up. Plus troublant, encore scènes ou certaines actions paraissent anodines, oisives ou mouvements de caméra, d’une délicatesse et d’une justesse dans le texte de Cortazar, quand le héros développe lui aussi gratuites. Dans Blow Out, au contraire, chaque évènement a exemplaires. Chez Brian de Palma, au contraire, les couleurs ses clichés: “En définitive, un agrandissement ressemble à un une fonction, une “utilité“ immédiatement intelligible pour sont vives, intenses. Flamboyantes, exagérées. Le rouge y écran de cinéma“. Cette phrase aurait-elle poussé Antonioni à la dramaturgie générale. Le tempo du film est beaucoup plus joue un rôle fondamental. Les mouvements de caméra sont adapter l’histoire en film ? dynamique. La musique de Pino Donaggio, qui accentue le majestueux, ambitieux. Dans les Cahiers du cinéma, Michel Toujours est-il qu’à chaque nouvel agrandissement (double suspense des situations ou le lyrisme de la relation de Jack Chion écrivait: “Il y a dans ses films un mélange de logique, blow-up, puis triple blow-up comme dit Seymour Chatman) et Sally est beaucoup plus présente que dans Blow-Up, où le d’intelligence, d’invention, de mouvement, de sensualité, qui apparaît une réalité différente, invisible auparavant, qui jazz d’Herbie Hancock habille d’une façon élégante quelques est unique“. induit une nouvelle intrigue. Et parfois ce que le spectateur moments légers du film. voit n’est plus un agrandissement mais un plan plus serré Par des longs plans en travelling comme l’ouverture du film d’Antonioni dans un blow-up. Comme l’écrivait Jean Leirens L’emploi des couleurs est radicalement différent chez les deux (plan-séquence) ou le meurtre de la femme blonde que Burke dans Etudes cinématographiques: “Dans l’image se révèlent cinéastes. Pour son second long-métrage en couleur, Antonioni prend pour Sally (plan somptueux, avec une grue), De Palma se successivement d’autres images en une suite indéfinie. C’est a procédé de la même manière que pour Le désert rouge: pose en digne héritier d’, qui aimait réussir ce une quête désespérée pour pénétrer l’évanescente réalité de travaillant les nuances des tons (ce qui fait penser au grand de plan, pure prouesse technique. La filiation à Hitchcock l’image.“ Antonioni propose en fait dans Blow-Up une nouvelle chef-opérateur indien Subrata Mitra, réputé pour la subtilité est complètement assumée (revendiquée, pourrait-on même ontologie de l’image photographique, pour reprendre le mot de sa photographie, qui disait préférer réfléchir en nuances de dire) par la citation explicite à la scène la plus fameuse de de Bazin (Qu’est-ce que le cinéma ?). Si De Palma ne va pas gris même pour un film en couleur), il a parfois fait repeindre Psycho: le meurtre à l’arme blanche de la jeune femme sous aussi loin, nous avons montré qu’à travers sa mise en abyme certains lieux, certains décors (notamment des routes ou des la douche (c’est d’ailleurs sans doute la scène la plus connue 10 du cinéma, il le présente comme la suprême illusion (épilogue). murs de bâtiments) pour obtenir les couleurs qu’il souhaitait. universellement de tous les films d’Hitchcock…). APPROCHE ESTHETIQUE

Blow Out entretient aussi une relation avec Coppola et son film Conversation secrète. L’examen minutieux des bandes sonores, la façon dont les plans détaillent le matériel, l’outillage des preneurs de son, présentent des ressemblances. Tout comme la prise de sons de Jack qui commence par le dialogue volé d’un couple sur la promenade: allusion évidente à la scène primitive de Conversation secrète, où deux amants sont espionnés par un arsenal de micros sur une grande place publique - séquence où réside, d’ailleurs, la clef de ce film. L’enregistrement du Conversation secrète de Coppola dialogue du couple dans Blow Out est également une allusion au couple surpris par Thomas dans Blow-Up, bien sûr.

Des détails relient nos deux films. Un motif esthétique en particulier: la coursive dans l’atelier du photographe est reprise par De Palma dans le loft de Jack. Les deux protagonistes l’empruntent plusieurs fois dans les films. A quoi sert-elle, sinon à jeter un pont vers Blow-Up ? Pour des raisons de construction narrative, je n’ai finalement pas conservé ce détail dans le film-mix. C’était pourtant mon intention première car j’aime beaucoup ce symbole, passerelle entre les deux oeuvres. Il est clair cependant qu’esthétiquement les films sont très distincts, et celà n’a pas été un moindre problème pour moi pour créer un montage dynamique dans Blow-by-blow, car je n’ai pas voulu couper dans une séquence d’Antonioni qui se construit dans la lenteur, par exemple. 11 DECOUPAGE SEQUENTIEL DE BLOW-BY-BLOW

Séq 1. Prologue. Dans Blow Out, Jack Terry, réalisateur de Séq 2. Ouverture. Dans Blow-Up, Thomas, photographe flânant Séq 3. Parti enregistrer des sons nocturnes, Jack est témoin sound effects s’esclaffe devant la nullité du cri d’horreur d’une dans un parc, aperçoit un couple. Il prend des photos à la d’un accident: une voiture perd le contrôle et plonge dans la actrice. L’idée du cinéma dans le cinéma est posée... sauvette. La femme vient lui demander le film, il refuse. rivière. Il en détient involontairement la preuve sonore...

Séq 7. A partir de photos parues dans la presse de la scène Séq 8. Le triple blow-up de Thomas est horrifiant. En fait d’avoir Séq 9. Dans Blow Out, Jack parachève la mise en abyme de du crime, Jack revient au pré-cinéma: il anime l’image par un empêché un meurtre, qui a bien eu lieu, la photo de Thomas la fabrication du cinéma: il synchronise son film muet avec sa flipbook puis en fait un film, avec une caméra image par image. fait apparaître la forme mal définie d’un corps, allongé au sol. bande sonore. Il a recréé la preuve audio-visuelle du crime.

Séq 13. Fin. Thomas revient au parc, à l’aube, mais le cadavre Séq 14. Epilogue. En trois temps. Sally, qui a le fameux film avec Séq 15. Perdu dans ses divagations, Thomas aperçoit les mimes a disparu. Dommage, le photographe avait amené cette fois-ci elle, est étranglée par le tueur fou de Blow Out. Jack arrive trop qui jouent une partie de tennis imaginaire. Sollicité, il leur 12 son appareil. Il erre, songeur. Que s’est-il vraiment passé ? tard, il ne restera que le son du micro qu’il avait caché sur Sally. “renvoie la balle“. S’est-il résolu à vivre dans l’illusion ? Séq 4. Quand Thomas tire les photos du parc, le regard de la Séq 5. En réécoutant sa bande, Jack comprend que l’accident Séq 6. Après d’autres agrandissements (blow-up), les photos de femme vers un buisson attire son attention sur un détail indéfini était en fait un attentat: il distingue les sons successifs d’un Thomas révèlent la présence d’un individu dans un buisson, qui d’une image. ll retourne agrandir l’image en chambre noire. coup de feu et d’un pneu qui éclate (blow out)... tient un revolver. Excité, Thomas croit avoir empêché un crime.

Séq 10. Catastrophé, Thomas se précipite au parc où il fait déjà Séq 11. De retour à son studio, Jack le soundman trouve toutes Séq 12. L’atelier du photographe a aussi été visité. Toutes ses nuit. Il trouve le cadavre, mais malheureusement pour lui c’est ses bandes effacées par un mystérieux visiteur. Heureusement pellicules et ses photos ont disparu, à l’exception du plus grand la seule fois du film où il n’a pas son appareil. Problématique... il avait caché son film et veut le montrer à son amie Sally. blow-up: celui où la forme du cadavre est quasiment abstraite...

Séq 16. Comble du film: Jack colle finalement le cri d’horreur de Sally, qui le hante, sur la scène de la douche. Plan cauchemardesque, où le cinéma devient l’illusion ultime, où l’on fait du faux avec du vrai. 13 CONCLUSION

De l’usage de ce film-mix

Si ce film-mix, dont la vocation est d’être un outil pédagogique, Les références littéraires ou philosophiques à Platon et devait trouver une utilisation concrète, elle serait à chercher Calderon, dans la rubrique thématique, sont d’autant plus en premier lieu au sein du dispositif “Lycéens et Apprentis au appropriées que j’ai moi-même découvert et étudié les textes cinéma“. En effet, Blow-Up fait partie de la vingtaine de films mentionnés de ces auteurs quand j’étais au lycée. Les élèves retenus par la commission nationale du CNC pour 2010/2011, sont donc à même de comprendre ces références. Enfin, et à ce titre il a été choisi par trois régions françaises: Ile-de- ce film-mix n’est évidemment pas exclusivement destiné à France, Auvergne et Champagne-Ardennes. Les enseignants “Lycéens au cinéma” ou aux circuits pédagogiques classiques, et les élèves participant à l’opération sur ces territoires iront et quiconque curieux de cet objet peut le visionner. voir le film en salle au cours de l’année. Ce film-mix, ainsi Concernant la structure et la forme de Blow-by-blow, j’ai que son livret, ont donc été conçus comme un complément conscience d’avoir entrepris une expérience périlleuse en pédagogique et didactique autour de l’oeuvre d’Antonioni. m’attaquant à deux oeuvres de grands maîtres du cinéma. Mettre en perspective Blow-Up avec Blow Out, un film qui L’exercice n’a pas été chose aisée, et mon film-mix diffère lui rend hommage, et reprend certains de ses thèmes et considérablement de celui de François Ozon, par exemple. motifs, me paraît répondre aux objectifs pédagogiques de Parce que les séquences de photos dans le parc, de tirage “Lycéens au cinéma”, à savoir inculquer aux élèves une culture des photos, ou de synchronisation du son avec l’image sont cinématographique et les introduire à l’analyse filmique. Le construites dans la lenteur et la durée ; j’ai voulu les restituer film-mix Blow-by-blow est fondé sur la mise en scène des dans leur intégralité. J’ai jugé trop risqué, mal venu, de tenter moyens propres au cinéma (image, son) -ce que l’on voit dans un montage alterné plus dynamique en coupant dans ces ces films- et me semble à cet usage bien indiqué. C’est la raison séquences, car leurs rythmes et leurs traitements esthétiques pour laquelle le livret que vous avez entre les mains a été conçu sont trop éloignés. Enfin, l’épilogue du film-mix vise à montrer un peu comme les livrets pédagogiques pour les enseignants que Thomas et Jack se savent désormais perdus, quelque part Auteur du livret de “Lycéens au Cinéma“. Tant les rubriques, que le format à dans les limbes, entre la réalité et l’illusion, d’où le jeu de Simon Duflo l’italienne ou la mise en page, inspirée notamment par le livret Thomas avec les mimes et l’utilisation du cri de Sally pour le de Welcome de Philippe Lioret, édité par l’antenne “Lycéens et film d’horreur. Cette conclusion et le prologue sont là, en guise Remerciements 14 Apprentis au cinéma“ de la région Nord-Pas de Calais. de parenthèses à Blow-by-blow… Grégoire Pujade-Lauraine (mise en page InDesign) SOURCES

Sur Blow-Up Périodiques Périodiques

“L’œil des trois miroirs”, Michel Delahaye, “De l’écoute comme désir”, Michel Chion, Ouvrages Cahiers du cinéma n° 193, septembre 1967 Cahiers du cinéma n° 333, mars 1982

Ecrits, Fare un film è per me vivere, Michelangelo Antonioni, “Je suis photographe”, Marguerite Duras, “Action mutante”, Jean-Baptiste Thoret, Ed. Images Modernes, 2003 Cahiers du cinéma hors-série n° 20, avril 1997 Cahiers du cinéma hors-série n° 30, novembre 2002

Antonioni, or the surface of the world, Seymour Chatman, “Blow Up”, Serge Grünberg, Revue de presse numérisée de la Bifi Berkeley Press, 1995 Cahiers du cinéma hors-série n° 17, décembre 1993

“Les fils de la vierge” in Nouvelles 1945-1982, Julio Cortazar, “L’objet et l’image : note sur Blow Up”, Jean Leirens, Ed. Gallimard, 1993 Films Etudes cinématographiques n° 82, 1970

De l’histoire au cinéma, dir. Antoine De Baecque et Christian Conversation secrète (), Revue de presse numérisée de la Bifi Delage, Ed. Complexe, 1998 de Francis Ford Coppola, USA, 1974

Penser et expérimenter le montage, Térésa Faucon, Quand la peur dévore l’âme, coll. Les Fondamentaux, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2009 Sur Blow out film-mix de François Ozon, France, 2007 Tout ce que le ciel permet (All that heaven allows), Michelangelo Antonioni ou la vigilance du désir, René Prédal, Ouvrages coll. 7ème art, Ed. du Cerf, 1991 de Douglas Sirk, USA, 1955 Blow Out : un film de Brian De Palma, dir. Jean Douchet, Tous les autres s’appellent Ali (Angst essen Seele auf), Antonioni, Aldo Tassone, Ed. Flammarion, 1995 Livret pédagogique “Lycéens au cinéma”, APCVL, 2000 de Rainer Werner Fassbinder, RFA, 1973 15 Moditiae exeresci te nem et harum la doluptamet acienihilla Moditiae exeresci te nem et harum la doluptamet acienihilla Moditiae exeresci te nem et harum la doluptamet acienihilla suntes non nam ius, sit facessequam harcitatur? Dolorpos suntes non nam ius, sit facessequam harcitatur? Dolorpos suntes non nam ius, sit facessequam harcitatur? Dolorpos volupicae que volupti isquaspiciet faces reprae plam, volupicae que volupti isquaspiciet faces reprae plam, volupicae que volupti isquaspiciet faces reprae plam, eveneceria volore, soluptate volum nonse proviti onserovid que eveneceria volore, soluptate volum nonse proviti onserovid que eveneceria volore, soluptate volum nonse proviti onserovid que nimenimus, nonsedit ab iusantis explit facia exero miniminctur nimenimus, nonsedit ab iusantis explit facia exero miniminctur nimenimus, nonsedit ab iusantis explit facia exero miniminctur aborene ssitate strument reriore ctatur autemqu iatumenimus aborene ssitate strument reriore ctatur autemqu iatumenimus aborene ssitate strument reriore ctatur autemqu iatumenimus dolorestet accaecae nonseque cum non rendae cum eosapero dolorestet accaecae nonseque cum non rendae cum eosapero dolorestet accaecae nonseque cum non rendae cum eosapero maioresciis aut laborep roreptas vitat. maioresciis aut laborep roreptas vitat. maioresciis aut laborep roreptas vitat. 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Faccae eatio comnihi lissitatur ma quid quiamus animaio. Faccae eatio comnihi lissitatur ma quid quiamus animaio. Faccae dolorat iatiorumquas dolupturiae. Volorecae et laccus excessin dolorat iatiorumquas dolupturiae. Volorecae et laccus excessin dolorat iatiorumquas dolupturiae. Volorecae et laccus excessin experna tecatius eatium quisimus ut re is eosae pratur? experna tecatius eatium quisimus ut re is eosae pratur? experna tecatius eatium quisimus ut re is eosae pratur? Uga. Et vellacc ulpari blanienti dolum et adit qui autae latatet Uga. Et vellacc ulpari blanienti dolum et adit qui autae latatet Uga. Et vellacc ulpari blanienti dolum et adit qui autae latatet maioris erit, non niet moluptis aut dipsandiae prehendem maioris erit, non niet moluptis aut dipsandiae prehendem maioris erit, non niet moluptis aut dipsandiae prehendem apellen imenis vent as maio. Ut que volo coratibus maiossin apellen imenis vent as maio. Ut que volo coratibus maiossin apellen imenis vent as maio. Ut que volo coratibus maiossin 1 Leperrunto film-mix volupta con BLOW-BY-BLOW re plibus endelecest mos aut et volupta son livretperrunto constituent volupta con re plibus un endelecest projet mos autfinal volupta d’outil perrunto pédagogique, volupta con re plibus sousendelecest la mos direction aut volupta de Térésa Faucon et Alain Bergala. Master 2 Pro Didactique de l’Image - Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle 2010.