Variabilité climatique et approvisionnement en eau dans la Commune de ZOGBODOMEY () WANKPO T.I.M.1, VISSIN W.E.2, KELOME N3. (1)(2) Laboratoire d’Etude des Climats, des Ressources en eau et de la Dynamique des Ecosystèmes. Université d’-Calavi. BP 1338, Abomey-Calavi, République du Bénin. Courriel :

Résumé Cette étude vise à évaluer l’impact de la variabilité climatique sur l’approvisionnement en eau dans la commune de Zogbodomey. Les données utilisées sont les hauteurs de pluies journalières, mensuelles et annuelles et les statistiques descriptives ont été utilisées sur la période de 1950 à 2010. Les résultats obtenus ont permis de constater que la variabilité interannuelle de la série pluviométrique sur la période de 1950 à 2010 porte des anomalies pluviométriques sur les décennies 70, 80 et 90 qui sont globalement déficitaires. Il ressort de ce constat que les sècheresses des années 70 survenues en Afrique de l’Ouest, ont eu à affecter le Bénin particulièrement la Commune de Zogbodomey. De plus, les totaux pluviométriques annuels ont diminué irrégulièrement avec une baisse très nette en 1977. Ce qui influe sur la disponibilité en eau dans la commune de Zogbodomey. Mots clés : Commune de Zogbodomey, variabilité climatique et approvisionnement en eau Abstract This study aims to assess the impact of climate variability on water supply in the municipality of Zogbodomey. The data used are the daily, monthly and annual rainfall heights and the descriptive statistics were used over the period 1950-2010. The results obtained showed that the interannual variability of the rainfall series over the period 1950 to 2010 bears rainfall anomalies over the decades 70, 80 and 90, which are globally deficient. It emerges from this observation that the droughts of the 1970s in West Africa have had to affect Benin, particularly the Commune of Zogbodomey. In addition, the annual rainfall totals decreased irregularly with a sharp decline in 1977. This has an impact on water availability in the Zogbodomey commune. Keywords: Municipality (Commune) of Zogbodomey, climatic variability and water supply انخغٍز انمىاخً و انخشود بانماء بجماعت ساكبىدومً بانبىٍه

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مهخض: حهذف هذي انذراست إنى حقٍٍم اثز انخغٍز انمىاخً عهى انخشود بانماء بجماعت ساكبىدومً بانبىٍه. حم االعخماد عهى معطٍاث حجم انخساقطاث انٍىمٍت و انشهزٌت و انسىىٌت نفخزة 0591 -0101 . مه خالل االحظاءٌاث انىطفٍت نحجم حغٍز حساقطاث هذي انفخزة نىحظج شذوداث مطزٌت سانبت خالل سىىاث 01 و 01 و 51 . انىخٍجت أن جفاف سىىاث انسبعٍه بأفزٌقٍا انغزبٍت مس انبىٍه كذنك و عهى انخظىص جماعت ساكبىدومً. و ٌمكه إضافت اوخفاع حغاٌزي نمجمم انخساقطاث انسىىٌت مع اوخفاع واضح سىت 0500 و هى ما اثز عهى كمٍت انماء انمخاحت بجماعت ساكبىدومً بانبىٍه. انكهماث انمفاحٍح: جماعت ساكبىدووً، حغٍز مىاخً، حشود بانماء Introduction L’eau est à la base de toute forme de vie. Elle est à la fois habitat, aliment, moyen de production, de transport et biens marchands (Brüscheiller, 2003). L’eau est une source stratégique dont la maîtrise constitue une clé du développement durable (Wenger et al, 2003). Au Bénin en particulier, les sécheresses se sont amplifiées au cours des décennies 1970-1980 et 1980-1990 (Boko, 1988 et Afouda, 1990). En effet, après 1970, sur l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, la pluviométrie a, en moyenne, baissé de 180 mm par rapport à la période antérieure (Tapsobat, 1997). La commune de Zogbodomey est située entre 6°55’ et 7°08’ de latitude Nord et entre 1°58’ et 2°24’ de longitude Est et couvre une superficie de 825 km (Ayikpon, 2004).

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1. Données et méthode 1.1. Données Elles concernent les hauteurs de pluies annuelles sur une période de (1950 - 2010). Collecter aux stations météorologiques de et de . Ce qui a permis d’apprécier la variation pluviométrie dans la commune en se basant sur les données collectées à la station de Bohicon et de Cotonou. Les données hydrauliques sont relatives aux différents points d’eau. Elles sont collectées à la Direction Générale de l’Eau (DG Eau) à Cotonou, à la Direction Départementale de l’Energie et de l’Eau (DDEE) Zou-Collines à Bohicon et à la mairie de Zogbodomey. 1.2. Méthodologie Le protocole statistique basé sur le calcul des moyennes mensuelles et annuelles en se focalisant sur les totaux pluviométriques journaliers a permis d’obtenir la variabilité climatique et la variabilité inter-annuelle dans la Commune de Zogbodomey sur la période de 1950 à 2010. La méthode utilisée pour l’évaluation de la disponibilité en eau de consommation dans la Commune est celle de BARBE et al, (1993) qui se base sur la régionalisation des mesures de débit des rivières au niveau du réseau hydrométrique national. Ce qui a permis d’obtenir la lame d’eau écoulée, qui s’exprime par la formule suivante : Ea = Ph × e (-0, 75 × (α Nh/Ph) ^0, 75) Avec : Ph : la somme des mois de saisons des pluies. Nh : la somme des nombres d’averses les plus probables ou nombre d’évènements pluvieux. α : une décroissante de Ph à déterminer pour chaque région homogène, à la fois du point de vue du paysage et de celui de la répartition temporelle des pluies. 1.3. Estimation des besoins en eau de la population de la commune de Zogbodomey L’estimation de la population de la commune faite par l’INSAE à base des données du recensement de 2002 (INSAE, 2006) a permis d’estimer les besoins en eau de la population dans les dix prochaines années. Cette estimation permet d’évaluer les besoins en eau de cette population afin de prendre des mesures pour assurer un accès à tous et d’amoindrir les difficultés d’approvisionnement et de réduire le coût d’accessibilité en eau de cette population. La formule utilisée est : BE = N x V

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N= Nombre d’habitants V= Volume d’eau journalier/personne

1.4. Modèle d’analyse : Forces Pression Etats Impacts Résultats (FPEIR) L’analyse des résultats a été faite grâce au modèle FPEIR qui se définit comme Force Pression Etat Impact et Résultats qui présentent la conceptualisation de la gestion des ressources en eau suivant les aspects socio-économiques à travers le modèle FPEIR. 2. Résultats 2.1. Variabilité pluviométrique dans la Commune de Zogbodomey Les précipitations constituent l’élément principal du climat, puisqu’elles déterminent les saisons comme partout en milieu tropical (BOKO, 2004). Les hauteurs pluviométriques journalières ont permis de déterminer le régime pluviométrique de la Commune de Zogbodomey.

Figure 2 : régime pluviométrique de la commune de Zogbodomey Source : Bohicon, 2012 L’analyse de la figure 2 sur la variabilité pluviométrique de la commune de Zogbodomey a permis l’identification d’un régime bimodal à quatre saisons avec une démarcation pas très nette sur la période d’étude (1950 à 2010) au mois d’Aout (petite saison sèche). Les mois d’Avril à Juillet sont les plus pluvieux avec une prononciation plus marquée au mois de Juin d’une moyenne de 169,14mm. Un petit répit au mois d’Août, une amorce au mois de septembre qui reprend sa démarcation en octobre. Les mois de Novembre à Mars paraissent les moins pluvieux avec une moyenne pluviométrique très faible qui peut atteindre 7,27 mm.

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De l’analyse de cette figure 2 il a été conclure que, les mois d’Avril à juillet déterminent la grande saison pluvieuse qui favorise la disponibilité en eau dans la commune qui sont utilisés à des fins socio-économiques. La petite saison pluvieuse est celle de Septembre à Octobre. La grande saison sèche part des mois de Novembre à Mars et la petite saison sèche le mois d’Août et représente la période où pour mener à bien leurs activités les populations de la Commune de Zogbodomey se tournent vers les puits artésiens, puits royal, vers les cours et plan d’eau et même parcours de nombreuses distances pour pouvoir s’approvisionner en eau de consommation. D’autres s’installent auprès des cours et plans d’eau pour avoir accès plus facilement en la ressource en eau pour leurs diverses activités. 2.2. Disponibilité en eau de consommation dans la Commune de Zogbodomey L’évaluation de la disponibilité en eau dans la commune de Zogbodomey consiste à étudier la variabilité interannuelle de sa série pluviométrique sur une période de 1950 à 2010.

Figure 3 : variabilité inter annuelle de la station pluviométrique de Zogbodomey Source : Cotonou, 2012 L’analyse de ces figures 3 permet de constater que les années 1950 à 1951, 1953 à 1954 ; 1956, 1958, 1961, 1964 à 1967, 1969, 1971, 1973 à 1977, 1981 à1986, 1990, à 1994, 1996, 2000 à 2001, 2003, 2005 sont des années déficitaires ou le problème d’approvisionnement en eau de consommation par cette population a été très pertinent. Ce qui est marqué spécifiquement par les 1958, 1977,1982 et 1992 ou le déficit se trouvent plus accentué jusqu’à atteindre une valeur de -2,36 mm. Ce sont les périodes de grandes sècheresses ou l’eau de consommation était devenu

223 une ressource rare et mettant en péril le bon déroulement des activités économiques des populations de cette commune. Les années 1952, 1955 à 1957, 1959 à 1960, 1962 à 1963, 1968, 1970, 1972, 1978 à 1980, 1987 à 1989 ; 1995 ; 1997 à 1999 ; 2002 ; 2004 ; 2006 à 2010 sont des années excédentaires avec un pic bien prononcé en 1963, d’une valeur de 2,95 mm. Ce sont des périodes du bon déroulement des activités économiques de cette population suite à la disponibilité de la ressource en eau. 2.3. Approvisionnement en eau En période de manque d’eau où on assiste à une baisse de la hauteur pluviométrique ou à une variabilité de la saison qui s’explique par un retard dans l’arrivée des pluies ou une quasi absence de pluie qui se traduisent par la sècheresse ou s’enregistre des périodes déficitaires, les populations de la Commune de Zogbodomey vont s’approvisionner en eau pour la boisson et leurs divers activités en eau des cours d’eau tels que : le Hlan, le Samion et le Koto. L’insuffisance des points d’eau potable (pompes, forages et l’alimentation de la SONEB) est le problème central que rencontrent les acteurs sociaux de la commune. Ainsi, l’eau est considérée comme un bien commun, les femmes et les enfants surtout les filles font la corvée à longueur de journée. De plus, le nombre de personnes par point d'eau est très élevé et la majorité parcourt une distance moyenne de 3 Km pour avoir de l’eau. Le problème qui se pose se présente à trois niveaux : ‐ La mauvaise répartition des ouvrages d’accès à l’eau qui se voir concentre en un seul endroit, causes d’une mauvaise politique d’aménagement ; ‐ Ce sont des ouvrages qui tombe régulièrement en panne faut d’une mauvaise manipulation ; et ‐ La mauvaise gestion des revenus issus de la vente qui se justifie par le détournement des fonds acquis par le gestionnaire. Ainsi, ces ouvrages sont régulièrement en pannes et sont abandonné pour d’autres Pour l’approvisionnement en eau, plusieurs systèmes ont été adoptés suivant les moyens de chaque ménage figure 4

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Figure 4 : Moyens de transport de l’eau Source : terrain, 2012 De l’analyse de la figure 4, le moyen de transport le plus adopté est le transport par la tête. Les femmes et les enfants surtout les filles font la corvée d'eau à longueur de journée. Bassine sur la tête, ces femmes et enfants parcourent souvent 1 à 3 Km avant de pouvoir s’approvisionner en eau. 2.4. Système de mobilisation des eaux pluviales. Plusieurs sont les méthodes qu’utilisent les populations de la commune de Zogbodomey pour s’approvisionner en eau. 2.4.1. Mobilisation par les citernes Dans cette commune, il existe plusieurs manières de réceptionner les eaux pluviales. En effet dans les arrondissements de Zogbodomey nombreux sont les maisons qui sont couvertes de tôles dotées des gouttiers qui conduisent les eaux de pluie dans les jarres, les bassines et dans les citernes. Ces eaux sont exploitées par la population pour survenir à leurs divers besoins vitaux. Elles servent de refuge saisonnier pour ces populations. Mais force est de constater que ces eaux ne subissent aucun traitement avant leurs consommations. 2.4.2. Mobilisation par les bassines/jarres Au cœur de la pluie les bonnes dames déposent leur bassine un peu partout dans les coins des maisons pour se procurer de l’eau. Cette eau est laissée quelques minutes à l’air libre pour se déposer. Après déposition cette eau est filtrée dans une autre bassine et le reste est jeté. Ainsi on passe à l’utilisation dans les travaux domestiques et à la boisson.

2.4.3. Difficultés d’approvisionnement Dans la commune de Zogbodomey, des obstacles favorisent les nombreuses difficultés d’approvisionnements rencontrés. On a : l’insuffisance d’infrastructures,

225 la pénurie d’eau en cas de coupure et surtout en saison sèche, les coûts d’extension du réseau de la SONEB et la situation financière de la population. 2.4.3.1. Insuffisance d’infrastructures d’approvisionnement en eau Plusieurs arrondissements du milieu d’étude présentent une carence du point de vue infrastructures d’approvisionnement en eau qu’elles soient traditionnelles ou modernes. De plus, les puits traditionnels en pleine dégradation compte tenu de leurs âges, sont en nombre réduit. D’autres sont en pleine disparition du fait que la poussée démographique nécessite plus d’espace pour s’installer. Pour les citernes, on assiste à la fissuration des puits ce qui rend possible l’ensablement. Les gouttiers deviennent la porte d’entrée des oiseaux et des reptiles. De là, on assiste à la destruction de la qualité de l’eau. Faute de moyens, ces populations ne lavent pas l’intérieur de ces puits, elles préfèrent l’abandonner pour d’autres sources malgré la distance afin de permettre à l’eau souillée de pouvoir se déposer et que l’odeur puisse s’évaporer pour qu’elles puissent revenir pour s’en approvisionner. 2.4.3.2. Pénuries d’eau La saison sèche est la période au sein de laquelle se posent de sérieuses difficultés en matière d’approvisionnement en eau potable. Jusqu’à la mi- saison sèche, nombreux sont les cours d’eau qui se tarissent, les citernes sont sèches. L’eau des puits est troublée, la distance à parcourir augmente et les difficultés du point de vue financier prennent d’ampleur du fait que les prix sont revus à la hausse. Ainsi les saisons sèches sont des périodes très dures pour de nombreuses populations de la commune de Zogbodomey face à la question de l’eau de bonne qualité qui se trouve aux centres de toutes leurs quiétudes. Conclusion La commune de Zogbodomey est située dans un environnement hydrogéologique favorable à la disponibilité d’une importante quantité d’eau. Mais ces populations sont exposées à de nombreux problèmes relatifs à l’approvisionnement en eau continue de se poser. Ces problèmes enregistrés sont dus à l’inégale répartition des points et plans d’eau, les pannes répétées des ouvrages, la distance à parcourir avant d’accéder à un ouvrage, mauvaise gestion des comités mise en place, le temps mis pour obtenir une bassine d’eau, sont autant de problème auquel est confrontée cette population. A cela s’ajoute le retard dans l’arrivée des précipitations et même l’enregistrement de faible hauteur pluviométrique dans des mois qualifiés de mois pluvieux. Ce qui expose la population à des difficultés mise en œuvre de leur activité surtout agricole qui est tributaire de la pluviométrie.

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Bibliographie

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