CINQ ANNÉES DE RESTRUCTURATION FORESTIÈRE EN CHARENTE-MARITIME

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L'ensemble des terrains boisés de Charente-Maritime s'étend sur 104 000 hectares d'après l'Inventaire forestier national, si,l'on tient compte des peupleraies . Ces forêts appartiennent à 109 000 propriétaires, ce qui représente une surface moyenne de la propriété inférieure à 1 hectare . En outre, seulement 17 300 propriétaires possèdent plus d'un hectare.

La forêt est essentiellement composée de propriétaires privés . En effet, seuls 9 128 hectares sont soumis au régime forestier dont 1 021 de forêt communale (Source Inventaire forestier national . 1970). La répartition géographique de ces terrains permet de déterminer quatre sous-ensembles :

. Les massifs forestiers littoraux et des îles d'Oléron et de Ré Ces massifs sont constitués pour l'essentiel par les forêts domaniales installées au siècle dernier pour fixer les dunes et empêcher les sables d'envahir l'arrière-pays.

Le plus gros ensemble est formé par la forêt domaniale de la Coubre sur la presqu'île d' auquel est venu s'agréger la forêt des Combots-d'Ansoine acquise par le Conservatoire de l'Espace littoral et des Rivages lacustres . Le massif est complété par des propriétés privées.

Sur l'île d'Oléron, les trois massifs domaniaux de Saint-Trojan, des Saumonards- et de Domino constituent l'essentiel des terrains boisés.

Sur l'île de Ré, les forêts domaniales situées dans la partie occidentale de l'île sont éclatées en quatre blocs principaux : le Bois Henri IV, la Combe à l'Eau, le Lizay et Trousse-Chemise.

Ces massifs forestiers sont essentiellement composés de pins maritimes . Ils couvrent une surface d 'environ 11 500 hectares, tous propriétaires confondus . De faible productivité, ils ont avant tout un rôle de protection et d'accueil du public, car ils sont situés à proximité immédiate des plages particulièrement fréquentées .

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Les objectifs de la politique forestière spécifique à cette zone sont avant tout d'assurer leur maintien sous un triple point de vue : — réglementaire : ces massifs font partie du programme de classement en forêt de protection prévu à l'article L . 411-1 du Code forestier . Le dossier du massif des Saumonards a été adressé au ministère de l'Agriculture pour la prise du décret. — sanitaire : par un traitement systématique des zones atteintes par la chenille processionnaire. — et, surtout, par la mise en place d'équipements de défense contre les incendies sous forme de pistes d'accès et de points d'eau afin de limiter les risques encourus compte-tenu de la très forte fréquentation.

• Les forêts du Nord et de l'Est du département

Elles sont situées dans la région forestière des groies caractérisée par la présence d'un substratum calcaire plus ou moins compact à très faible profondeur.

Elles sont séparées en deux blocs: — le massif de situé entre et Niort à distance égale de 30 km ; — les massifs de l'Est proprement dit, s'appuyant sur les forêts domaniales de Chize et d'Aulnay.

Ces forêts, à l'exception de deux forêts domaniales, sont très peu productives : l'essence dominante est le Chêne pubescent . Elles ne sont pratiquement exploitées que pour la production de bois de feu.

Par contre, leur rôle essentiel est de participer à l'équilibre biologique de la région . En effet, dans certaines communes, le taux de boisement est inférieur à 10 %.

Le monde agricole exerce une forte pression sur les lambeaux de la forêt d'Argenson sur le plan des défrichements.

Les services de la Direction départementale de l'Agriculture ont freiné cette évolution depuis 1975 . Parallèlement, ils ont amorcé une politique de regroupement et de restructuration de la forêt privée suivant les principes qui sont développés ci-après mais l'opération n'en est encore qu'aux prémices.

• La Saintonge centrale

Ces massifs forestiers sont caractérisés par une chênaie acidiphile à base de Chênes pédonculé et tauzin . Sur les affleurements calcaires, apparaît le Chêne pubescent.

Les placages d'argile à silex fréquent dans cette zone sont caractérisés par la présence de taillis de Châtaignier qui sont la source des piquets utilisés par la viticulture locale.

• La Saintonge boisée

Ce massif forestier couvre 31 000 hectares en deux blocs disjoints : l'un de 4 000 hectares pour la forêt de la Lande et le reste constituant la Saintonge boisée proprement dite.

C'est une zone de colline de faible altitude qui se termine au nord-ouest par un territoire parti- culièrement plat . Les sols sont acides et humides dans les zones basses.

L'essence prépondérante est le Pin maritime dont la croissance est très satisfaisante . Les sols forestiers ont une très bonne productivité mais celle-ci est contrecarrée par le morcellement et la parcellisation des propriétés .

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Par ailleurs, ces peuplements, de par le manque de desserte et la nature des essences les composant, sont particulièrement sensibles aux incendies . Ces inconvénients ont été également accentués du fait de l'éloignement du centre de décision que représente pour le département La Rochelle : en effet, le siège administratif est situé à 180 km de Saint-Aigulin, point extrême de cette zone.

Malgré ces problèmes et compte-tenu du dynamisme de certains propriétaires sylviculteurs, la Direction départementale de l'Agriculture assistée des élus locaux s'est donnée pour objectif d'équiper et de restaurer ce massif .

RÉGIONS FORESTIÈRES DE LA CHARENTE-MARITIME

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ST-JEAN-D'ANGELY • AULNAY

SAINTES

r Massifs littoraux et îles. \ 0 ti~ Forêt du Nord et de l'Est. 1 ~ OMONTLIEUL,,., LA ( ~ GENETOUSE \ ~ ) Saintonge Centrale. ST-AIGULIN•( .-~ Saintonge Boisée . . ~ \.-N. ~ ~/~~ J

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ÉQUIPEMENT — RESTRUCTURATION ET MISE EN VALEUR DES MASSIFS FORESTIERS DE LA SAINTONGE BOISÉE

Mise au point d'une méthodologie

• Première phase : L'approche humaine

Se donner un objectif est relativement facile, alors que l'on dispose d'un embryon de personnel technique et d'un minimum régulier de crédits budgétaires annuels, mais convaincre des élus, des propriétaires forestiers et des professionnels du bois locaux dans une région qui, presque de mémoire d'homme, n'avait jamais vu de représentants des services forestiers de l'Etat, se préoccuper de leur sort, était autrement difficile.

C'est ainsi qu'en 1974, profitant de l'affectation d'un technicien à la Direction départementale de l'Agriculture, il a d'abord été décidé de faire connaître les intentions du service . Malgré l'éloignement de La Rochelle, une présence aussi continue que possible a été maintenue sur le terrain à l'écoute des propriétaires forestiers et des élus qui ont pu faire connaître leurs problèmes.

En tout premier lieu, ils ont placé la défense contre les incendies qui ravageaient régulièrement ces massifs forestiers, en souhaitant la création de pistes de desserte permettant l'accès, en tout temps, des véhicules de pompiers.

La première action du service a été la mise en place d'un réseau de pistes de pénétration, du type de celles des Landes, d'une largeur de 12 mètres.

La commune de Bussac-Forêt a été la première à répondre présente . Grâce au dynamisme de certains membres du Conseil municipal, le massif forestier déjà en pleine production a été équipé (voir photo ci-dessous) .

Commune de Bussac-Forêt. Construction d'une piste de D .F.C.I.

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Parallèlement à ces travaux, un drainage systématique des zones basses a été entrepris en créant un réseau de fossés.

. Deuxième phase : Le déclic

Le terrain a été ainsi occupé et mieux appréhendé par le service qui, par ailleurs, s'est renforcé par l'arrivée d'un second technicien et d'un ingénieur des travaux des Eaux et Forêts.

Au mois d'avril 1976, un violent incendie s'est déclaré et développé sur les communes de Saint-Aigulin, et La Genetouze, détruisant environ 700 hectares de peuplements forestiers composés de pins maritimes et de taillis de chênes situés sur la rive gauche de la rivière La Marne.

A deux jours d'intervalle, un second incendie s'est déclaré sur la commune de Montlieu-La-Garde détruisant environ 600 hectares.

Il fut décidé de mettre tout en ceuvre pour inciter les propriétaires privés sinistrés, ainsi que les maires des communes concernés, à faire procéder le plus tôt possible à une opération de remembrement, permettant à la fois de mettre en place des infrastructures de défense de la forêt contre les incendies (D .F.C.I .) qui avaient cruellement fait défaut et de reboiser dans de meilleures conditions les parties anéanties.

En effet, dans ces deux secteurs, le problème foncier rendait impossible toute gestion cohérente : chaque propriété est parcellisée à l'extrême.

Le Conseil Général siégeant en session de printemps fut pressé d'accorder son appui financier pour la couverture des dépenses de remembrement envisageables . Un accord fut ainsi obtenu dans la première décade du mois de mai 1976 . Une première réunion d'information générale eut lieu au chef-lieu de canton courant mai 1976 où il fut décidé de procéder à une pré-étude d'aménagement foncier. Le résultat de ces travaux fut présenté fin juin-début juillet 1976 et emporta l'assentiment des communes intéressées et des propriétaires, d'engager sans plus tarder dans ces deux zones des opérations de remembrement forestier.

Celles-ci furent lancées dès l'automne 1976 et réalisées de telle sorte que l'entrée en possession des nouveaux lots, sans rencontrer de difficultés particulières, fut effectivement assurée un an après, c'est-à-dire à la Saint-Michel 1977 . L'exécution des travaux connexes d'infrastructure, pistes et points d'eau, fut réalisée au cours de l'été 1978.

A la suite des opérations de remembrement et, parallèlement à la phase d'équipement, une association syndicale de reboisement a été mise sur pied pour permettre aux petits propriétaires de mettre en valeur leur patrimoine en accédant au prêt en numéraire du Fonds forestier national.

Il a été parfois rencontré des refus, ce qui a entraîné un reboisement en ' patchwork » . Une première tranche de 82 hectares a été mise en place sur chaque périmètre.

Le Service forestier s'est appliqué, plus particulièrement sur le secteur de La Genetouze, grâce au directeur de l'Association, à combler les vides, ce qui a conduit à la mise en chantier d'une seconde tranche de 53 hectares.

Parallèlement, trois propriétaires ont reboisé par eux-mêmes 90 hectares . Si ces deux actions sont des réalisations spectaculaires qui ont des effets d'entraînement, elles présentent des imper- fections : d'une part, les reboisements réalisés après remembrement ne peuvent être d'un seul tenant, d'autre part, la gestion ultérieure des peuplements risque d'être difficile à organiser du fait du maintien, dans le cadre de l'Association syndicale, des limites de propriétés.

A partir de cette expérience, le Service s'est orienté vers la constitution de groupements forestiers préalables .

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Principes retenus

Fort des résultats recueillis à partir de ces premières expériences, il a été décidé de proposer aux collectivités et aux responsables socio-professionnels locaux la mise en oeuvre du montage opérationnel suivant, lorsqu'un projet de restructuration d'une zone forestière déterminée serait envisage : — concertation avec les propriétaires de la zone intéressée sous la forme de réunions d'infor- mation et de contacts individuels ; — constitution d'un premier noyau de propriétaires désirant adhérer au groupement forestier. Si la surface de celui-ci est suffisamment importante, la procédure de remembrement est alors enclenchée.

Les agents du service forestier de la Direction départementale de l'Agriculture et le Centre régional de la Propriété forestière sont associés aux travaux de la Commission communale d'Aménagement foncier.

Tout au long des opérations de remembrement, un véritable démarchage est effectué auprès des propriétaires . II doit être mené avec beaucoup de conviction pour balayer les réticences des propriétaires.

Par ailleurs, les communes ont été invitées à faire apport au groupement forestier, soit de propriétés qu'elles détenaient antérieurement (par exemple les chemins ruraux), soit de terrains nouvellement acquis, pour pouvoir être désignés comme gérantes afin d'être sûr d'avoir la pérennité de l'administration du groupement forestier.

Mise en application des principes

. Périmètre de Saint-Fort-sur-Gironde

En juin 1977, M . le Maire de Saint-Fort-sur-Gironde, en accord avec certains propriétaires forestiers, a demandé de l'aider à mettre en valeur le secteur dit de la Lande de Saint-Fort . Ce secteur situé au nord-ouest de la forêt de la Lande était laissé complètement à l'abandon.

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Le boisement très endommagé par les nombreux incendies n'était plus composé que de chênes tauzins et quelques pins maritimes épars ; du taillis subsistait dans certains endroits.

Cette idée de mise en valeur n'était pas nouvelle : déjà en 1952, un début d'exécution avait été amorcé par la création d'un secteur de reboisement qui n'a jamais été concrétisé, car le Service forestier de l'époque s'est heurté au problème foncier qui l'a fait reculer : le périmètre étudié, de 156 hectares, comportait plus de 1 300 parcelles sans compter les biens non délimités appartenant à plus de 360 propriétaires.

L'enquête préliminaire a été faite au cours de l'été 1977 . Elle a montré un net intérêt porté par les propriétaires à la création d'un groupement forestier.

Un premier noyau de 53 hectares a été constitué avant la mise en train de la procédure de remembrement au cours de laquelle les propriétaires ont continué à'apporter leurs parcelles. Grâce également à la coopération du géomètre chargé des opérations, le Groupement forestier possédait 105 hectares à la fin de celles-ci.

Au cours de 1981, plusieurs autres propriétaires ont adhéré portant ainsi la surface à 122 hectares 76 ares.

Les travaux de reboisement de cette propriété ont été menés à bien grâce à un prêt du Fonds forestier national (contrat F .F.N .).

Au cours de l'hiver 1981-1982, des contacts avec I'A .FO .CEL . ont été pris afin d'installer sur cette propriété une parcelle de pré-développement d'Eucalyptus

Enfin, grâce à l'intervention du chef du Service régional d'Aménagement forestier Poitou-Charentes, auprès du professeur Bela Keresztesi, Directeur de l'Institut de Recherches forestières hongrois, il a été possible d'obtenir l'envoi de graines de Robiniers de six provenances différentes qui ont été installées à l'automne 1982, en comparaison avec une provenance d'U .R .S.S.

. Périmètres de Chepniers

Parallèlement à celle de la zone de Saint-Fort-sur-Gironde, la restructuration d'un périmètre de 1 000 hectares a été envisagée sur la commune de Chepniers.

Périmètre de remembrement et de reboisement de Saint-Fort-sur-Gironde Photo D.D.A . CHARENTE-MARITIME

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Une pré-étude d'aménagement, effectuée par un géomètre, a débouché sur la création d'un premier noyau de groupement forestier sur 70 hectares environ.

Le périmètre étudié, à l'inverse du précédent, comportait à la fois d'anciennes zones incendiées, des landes et des zones en production.

Le nombre de parcelles est nettement inférieur au périmètre précédent ; il est tout de même de 1 400 pour une surface totale de 1 000 hectares, soit une contenance moyenne de 0,72 hectares. Le nombre de propriétaires est également proportionnellement inférieur ; il est seulement de 377, 70 % d'entre eux possèdent moins de 2 hectares.

Le contenu du projet initial a été remis en question en raison d'un incendie qui s'est déclaré le 13 avril 1980 et qui a parcouru 800 hectares, le périmètre de remembrement a été modifié par l'inclusion des zones sinistrées, ce qui a porté sa surface à 1 200 hectares environ.

Tout au long du remembrement, les agrégations se sont poursuivies pour former un groupement de 122 hectares.

Le reboisement d'une première tranche de 52 hectares a été réalisé en 1983 grâce à un prêt sous forme de travaux. La réalisation de celui-ci, de par son exemplarité, entraînera certains propriétaires, qui n'ont pas cru au départ à la réalisation possible de cette expérience.

Les liaisons avec le milieu socio-professionnel — les élus locaux et les Services départementaux de lutte contre l'incendie

Les chapitres précédents montrent à l'évidence que, dans l'exécution de cette opération, les services de l 'Etat n'ont pu travailler seuls, en supposant même qu'ils l'eussent souhaité. Un des points d'appui les plus importants rencontré sur le plan local s'est révélé être le Conseil du Pays de Haute-Saintonge, constitué par l'ensemble des communes de l'arrondissement de , auxquelles se sont rajoutées les communes du canton de Pons, soit au total 8 cantons et 134 communes . Ce Comité syndical a toujours approuvé et soutenu de son autorité morale et surtout de ses deniers les propositions de programme d'aménagement forestier qui lui ont été présentées . Mieux même, cet objectif a constitué une partie non négligeable de son action propre. Cette collectivité a ainsi participé financièrement, en accompagnement des crédits du ministère de l'Agriculture, du Fonds forestier national et de ceux de l'Etablissement public régional Poitou- Charentes, à la couverture des dépenses exposées pour des opérations de remembrement, celui de Saint-Fort-sur-Gironde en l'occurence, pour la création d'une longueur non négligeable de pistes d'accès et de points d'eau, et parmi ceux-ci, le très joli lac-étang de Montendre inséré dans un cadre très agréable et dont la vocation touristique ne le dispute pas moins à celle de participer à la lutte contre les incendies (voir photo ci-contre). Du côté des services publics, cet ensemble d'actions forestières a, d'une part, toujours reçu le soutien de la sous-préfecture de Jonzac et, d'autre part, a nécessairement été coordonné, vu la motivation initiale de D.F.C .I., avec les préoccupations du Service départemental de protection contre l'incendie . Depuis de nombreuses années déjà, un rapprochement s'était opéré afin d'aider financièrement ce service à s'équiper en camions citerne . Dans le cadre de cette action d'ensemble forestière, le tracé de nouvelles pistes d'accès, leurs caractéristiques d'emprise ont été étudiés et déterminés d'un commun accord. Les représentants locaux de ce service ont reçu, une fois réalisés les sites d'accès et les points d'eau, les plans d'exécution et de situation de façon à intégrer ces nouveaux équipements dans leur dispositif d'intervention. Enfin, ce rapprochement entre les deux services s'est trouvé complété, avec l'appui du département de la Charente-Maritime en tant que maître d'ouvrage, pour la construction actuellement en cours

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Commune de Montendre. Construction d'un point d'eau de D .F .C .I . et touristique

de quatre tours de guet destinées à quadriller complètement la vision du territoire qui s'étend de la presqu'île d'Arvert jusqu'aux confins de la Gironde et de la Charente.

Le Centre régional de la Propriété forestière de Poitou-Charentes a apporté une excellente contribution à la réalisation de ces opérations de restructuration foncière et forestière . C'est ainsi qu'il a constamment accompagné et soutenu l'action de la Direction départementale de l'Agriculture de la Charente-Maritime lors de la création des Associations syndicales sur le territoire des communes de La Genetouze-Boscamnant et de Montlieu-La-Garde . De même, il a pris un rôle important lors de la constitution du groupement forestier de la commune de Chepniers . La chambre dépar- tementale d'Agriculture a témoigné de son intérêt pour les actions entreprises, par une présence et un suivi constant sur le terrain, soit par des représentants élus, soit par le Conseiller agricole spécialisé dans les problèmes du développement forestier.

Il n'en reste pas moins que dans cette action, le plus fort soutien et la plus grande coopération rencontrés proviennent de tous les Maires concernés, des Conseillers Généraux en place, des membres des Commissions communales d'Aménagement foncier et des propriétaires forestiers animés du désir de voir se développer ces opérations.

PROGRAMMES D'INTERVENTIONS FUTURES DE RESTRUCTURATION ET DE MISE EN VALEUR

Dans toutes les prochaines années, sauf modification de sa structure ou de ses missions, la Direction départementale de l'Agriculture s'est assignée trois objectifs principaux : — Poursuivre la restructuration et la mise en valeur de la forêt de la Lande, en créant un Groupement forestier par commune, selon les principes précédemment établis, ce qui doit conduire au reboisement d'un millier d'hectares sur le territoire des six communes du canton de Saint- Genis-De-Saintonge (Saint-Fort-Sur-Gironde, Saint-Germain-du-Seudre, , , Bois, Plassac), ainsi que sur Saint-Ciers-Du-Taillon sur le canton de Mirambeau.

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Une première approche de ce problème a été réalisée par un stagiaire de troisième année de l'Ecole nationale des Ingénieurs des Travaux des Eaux et Forêts, pris en charge par le Service régional d'Aménagement forestier Poitou-Charentes qui étudie une méthodologie de zonage agri- culture-forêt.

Cette étude devra être complétée par un schéma d'aménagement et de desserte global, ainsi que par une proposition concernant les essences de reboisement à utiliser.

Il faut se souvenir que ce nouveau territoire d'intervention est tout entier compris dans le ressort du Pays de Haute-Saintonge et également limitrophe de la commune de Saint-Fort-Sur-Gironde. Le fait, en outre, qu'une partie de ces communes a déjà été remembrée pour la zone agricole et viticole à l'occasion de la construction de l'autoroute A 10 explique la facilité relative d'approche sur le plan local pour restructurer et valoriser des forêts par ailleurs très dégradées, à la fois par l'incendie et l'absence d'entretien . L'achèvement de cette première phase est prévue à la fin de l'année 1983, les opérations de remembrement correspondantes en fonction des possibilités budgétaires en 1984, au moins pour les premières. — Poursuivre l'action d'équipement de reboisement et de restructuration de la Saintonge boisée (canton de Montendre, Montlieu-La-Garde, Montguyon) en proposant aux élus, chaque fois qu'une occasion favorable se présente, une opération intégrée. — Participer à la mise en oeuvre d'une opération de chauffage urbain et d'utilisation agro- alimentaire de la chaleur à partir de la biomasse constituée des déchets de débroussaillage et de rémanents récupérés sur une bande de 50 mètres de part et d'autre de toutes les voies de pénétration : routes nationales, départementales, chemins ruraux, pistes d'accès qui traversent la forêt environnant Montendre.

Si la Direction départementale de l'Agriculture a été pressentie au départ pour piloter l'ensemble de l'opération, elle s'associe plus particulièrement à la partie amont de l'opération, c'est-à-dire la partie forestière en participant à la mise au point, avec l'aide des représentants locaux, des voies et des moyens de récupération de cette biomasse, à partir d'engins de collecte et de ramassage conçus sur place . L'intérêt de cette opération est, à l'évidence, double : — en premier, elle permet de réduire considérablement les risques de propagation et de départ d'incendie au voisinage des voies de circulation, — en second, elle contribue à l'objectif d'économiser l'énergie et de créér des emplois en milieu rural, qui souffre particulièrement de la mévente du Cognac.

CONCLUSION

La conclusion principale que la Direction départementale de l'Agriculture peut tirer de son expérience de restructuration et de mise en valeur des massifs forestiers du département au cours de ces cinq dernières années est qu'elle est un partenaire efficace pour les élus locaux et les services ou établissements publics, en prenant une part prépondérante dans la protection et la mise en valeur du patrimoine forestier.

C'est ainsi que, si l'on doit faire une place à part pour les forêts des collectivités dont la gestion est soumise à des règles très particulières et très définies, s'il est évident que les pro- priétaires de forêts privées d'une certaine importance peuvent faire appel à l'encadrement technique que sont capables de prodiguer le Centre régional de la Propriété forestière et les services des Chambres d'Agriculture, l'action des services forestiers d'une Direction départementale de l'Agriculture trouve sa pleine justification et son plein emploi : . dans une vision d'actions d'ensemble liées au concept de politique forestière départementale,

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. dans une même vision d'actions d'ensemble mais menées cette fois au niveau du massif forestier en faisant en sorte de promouvoir sa mise en valeur et sa protection, quand nécessaire, au travers de la petite propriété forestière après restructuration qui, de par sa situation générale actuelle, appelle le plus grand effort.

Il s ' est confirmé dans un tel contexte qu'une Direction départementale de l'Agriculture, dont les agents du service forestier ont appris à élargir leur horizon et à faire une synthèse constante entre les désirs et les sensibilités des élus du sol, des sylviculteurs en place et des professionnels forestiers désireux de recevoir une aide, était la mieux placée pour convaincre d'abord, engager et réaliser ensuite, des actions de fond de longue durée qui, pour rebutantes qu'elles puissent paraître a priori, sont en définitive moins difficiles à réaliser qu'on ne le pense, à condition cependant d'y croire fermement. Il nous a été agréable de constater que le Service régional d'Aménagement forestier qui, de son côté, a toujours encouragé l'action des services et assuré une programmation régulière des crédits budgétaires et ceux du compte spécial nécessaires à ces actions, a bien voulu reprendre, parmi d'autres propositions dans le cadre de sa réflexion pour une politique forestière régionale en Poitou-Charentes, les principes d'action décrits ci-dessus, dont la Direction départementale de l'Agriculture de la Charente-Maritime a souhaité démontrer l'efficacité et la réussite humaine.

Jean-Marie ALOUSQUE Léon PELLISSERI Pierre BONNIN Ingénieur des Travaux des Ingénieur en Chef du Génie rural Technicien supérieur des Travaux Eaux et Forêts des Eaux et Forêts forestiers de l'Etat Directeur départemental de l'Agriculture

DIRECTION DÉPARTEMENTALE DE L' AGRICULTURE DE LA CHARENTE-MARITIME 2 . avenue de Fétilly B.P . 510 . 17021 LA ROCHELLE CEDEX

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