FAIRE PARLER LES PIERRES : APPROCHE DE L’ÉVOLUTION DE LA VILLA DE () PAR LE BIAIS DE SES APPROVISIONNEMENTS EN MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION

Valérie Viscusi Simonin*, Luc Jaccottey**

Mots-clés Matériaux de construction, pierre, tuiles, Antiquité, villa, habitat rural. Keywords Building materials, stonework, tiles, Antiquity, Gallo-Roman villa, rural settlement. Schlagwörter Baumaterialien, Stein, Ziegel, Antike, villa, ländliche Siedlung. Résumé La fouille d’une partie de la villa gallo-romaine de Brans (Jura) préalablement à la construction de la ligne ferro- viaire à grande vitesse Rhin-Rhône a été l’occasion d’une étude des matériaux de construction, portant essentiellement sur la pierre mais également la tuile. La pierre étudiée constitue ici un matériau ordinaire peu ou pas mis en forme. Son usage intervient vers le milieu du ier siècle, dans un contexte d’architecture de tradition laténienne. Les premiers édifices construits en pierre ne sont pas édifiés avant le début duii e siècle et comportent encore des élévations en matériaux péris- sables. Les édifices entièrement maçonnés ne sont implantés qu’au cours du iie ou du iiie siècle. L’étude montre que le choix du matériau parmi plusieurs types de calcaires disponibles localement a évolué au cours du temps en fonction de critères techniques, disponibilité, ouvrabilité, efficacité. Summary The excavation of a section of the Gallo-Roman villa near the village of Brans in the Jura, prior to the construction of the Rhine-Rhône high-speed rail line, gave the opportunity to study the building materials used. The study is mainly focused on the stonework but also includes other materials such as tiles. The stone studied here, is an ordinary, little or unworked material. The use of stone starts in the middle of the first century AD, in a context of traditional La Tène architecture. The first stone constuctions are not built before the early second century and still include elevations of perishable materials. Masonry buildings are fully established during the second or third century. The study shows that the choice of the materials used, amongst several types of available local limestone, evolved over time, this depending on technical criteria such as availability, workability and efficiency (Traduction : David Watts, Inrap Besançon). Zusammenfassung Im Vorfeld des Baus der TGV-Trasse Rhin-Rhône wurde ein Teil der gallo-römischen villa von Brans (Departement Jura) ausgegraben. Bei dieser Gelegenheit wurden die Baumaterialien, neben den Steinmaterialien auch Ziegel, untersucht. Bei den Steinmaterialien handelt es sich um gewöhnliches, kaum oder nicht bearbeitetes Material. Stein wird ab Mitte des 1. Jh. im Kontext einer Architektur latènezeitlicher Tradition verwendet. Die ersten Steinbauten werden nicht vor Anfang des 2. Jh. errichtet und bestehen zum Teil noch aus vergänglichen Materialien. Vollständig gemauerte Gebäude entstehen erst im Laufe des 2. oder 3. Jahrhunderts. Die Untersuchung zeigt, dass sich die Wahl des Steinmaterials zwischen mehreren zur Verfügung stehenden Kalksteinarten im Laufe der Zeit je nach den technischen Anforderungen, der Verfügbarkeit, den Möglichkeiten der Bearbeitung und der Wirtschaftlichkeit gewandelt hat.

* Inrap, Besançon. ** Inrap, laboratoire chrono-environnement, UMR 6249, Besançon.

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Fig. 1. Carte de localisation du site de Brans (Jura) 1 : 250 000 (1 cm = 2,5 km) (D. Watts, Inrap). Côte 0 5 km d’Or Pontailler- s-Saône Haute-Saône l‘Ognon

Pesmes D15 Dammartin-Marpain la Saône

D459 Tracé LGV D475 D112

Avant-Monts Brans

Gendrey

Massif de la Serre Jura

1 . Présentation brillantes. » (Rousset, 1853, p. 329). En 1976, la villa a été détectée lors de prospections aériennes à partir desquelles La fenêtre ouverte, au printemps 2006, sur le tracé de a été dressé un premier plan (G. Chouquer). Seule la pars la ligne ferroviaire à grande vitesse Rhin-Rhône (fig. 1) a urbana est alors repérée (fig. 3). L’extension et l’organisa- permis d’explorer une partie de la pars rustica de la villa tion de l’ensemble de la villa ont pu être appréhendées suite de Brans sur une surface de 1,5 ha. Durant la fouille, une à la réalisation de prospections pédestres (L. Jaccottey) et étude des pierres utilisées comme matériaux de construction à la cartographie des zones d’épandages de vestiges. Plus a été réalisée, grâce à une bonne connaissance du contexte récemment, les sondages préalables à la construction de géographique et géologique local. Il est apparu d’emblée la LGV ont permis de délimiter l’extension des vestiges que l’utilisation de la pierre n’était ni systématique ni dans l’emprise de la ligne (Pellissier, Mikrut, 2005). homogène, mais relevait de choix en fonction du type de Enfin, lors de la fouille, il a été possible de caractériser les construction, du type de mise en œuvre mais aussi de la constructions et de mettre en évidence l’importance de période chronologique. l’érosion résultant des pratiques agricoles contemporaines. En effet, si des sols et des maçonneries en élévation avaient 1.1. Le cadre des recherches pu être observés vers 1850, ceux-ci sont aujourd’hui tota- lement détruits. Le contexte micro-régional dans lequel la fouille de la villa de Brans est intervenue bénéficiait également d’une 1.2. Le site bonne connaissance archéologique. Plusieurs campagnes de prospection avaient d’abord été réalisées en vue de com- L’emprise fouillée (fig. 2) a livré 27 fosses, 196 trous pléter la carte archéologique de ce secteur du nord du Jura de poteau parmi lesquels se dessinent une palissade et cinq (L. Jaccottey, 1995 à 2002), suivies par un programme bâtiments, 52 fossés, deux puits, une voie et cinq édifices collectif de recherche portant sur la « Gestion des matières maçonnés sur une surface de 1,5 ha. Le plan des vestiges premières et implantations humaines dans le nord du Jura » maçonnés de Brans permet, par analogie avec d’autres sites, (dir. L. Jaccottey, A. Milleville). Enfin, dans la commune d’identifier les constructions mises au jour comme les édi- voisine de , une tuilerie antique avait fait l’objet fices à usage agricole d’unevilla gallo-romaine. La chrono­ d’une fouille (Charlier, 2005). logie du site couvre néanmoins une période qui s’étend de Établie à environ trois kilomètres au sud-est de La Tène moyenne jusqu’aux iie-iiie siècles de notre ère. l’agglomération­ antique de Dammartin (fig. 1), la villa de La fouille s’étend dans l’angle nord du probable qua- Brans est connue depuis le milieu du xixe siècle. L’auteur drilatère qui renferme la villa. Une proposition de plan de du « Dictionnaire des communes du Jura » y mentionne l’établissement (fig. 3) a été tentée par assemblage du plan la présence d’« area… formé d’un lit de pierres brutes et des vestiges maçonnés fouillés et de celui des édifices repérés recouvert d’une épaisse couche de ciment… les ruines sont par photographie aérienne, qui composent probablement le enduites d’une espèce de stuc, dont les couleurs étaient fort dernier état d’occupation de l’établissement. L’implantation

Revue Archéologique de l’Est, t. 62-2013, p. 231-251 © SAE 2013 Faire parler les pierres : approche de l’évolution de la villa de Brans (Jura) 233 900 Y=253. 10

X=844. 950 X=844. 950 3 9

X=844. 900 X=844. 900 2 Viscusi-Simonin, Inrap). Viscusi-Simonin, 4 8 7 6 1

X=844. 850 X=844. 850 zone non zone décapée V. 2. Plan de la fouille (G. Berthet, N. Saadi, Fig. 5 20 m

X=844. 800 1/1000 0 Fossé Maçonnerie bois sur poteau Bâtiment Empierrement de poteau trou Fosse, N° de bâtiment 900 850 1 Y=253. Y=253.

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Emprise du décapage Fossés

Emprise hypothétique 850 du domaine de la villa, proposition de plan par symétrie Photo : source couverture LGV 2003

voie B

253 800 A D

C

253 700

Viscusi del. 2009

Fig. 3. Proposition de plan de la villa de Brans. Les vestiges fouillés et les bâtiments repérés par prospection aérienne (A, B, C, D) (G. Chouquer) ont été reportés sur le cliché aérien (LGV 2003). des divers édifices, d’une voie et de fossés limitant le site affleurements sont présents dans un environnement proche au nord et à l’ouest permet de tenter une restitution de (environ 1 km du site), il a été nécessaire d’acheminer ces l’organisation globale de l’enclos. La voie semble aboutir matériaux ; entre les deux groupes de bâtiments résidentiels tandis que - le site est composé d’édifices de différentes périodes, les surfaces consacrées aux activités agricoles pourraient se construits autant en matériaux périssables que maçonnés, développer à l’avant et sur les côtés de la zone résidentielle. dans lesquels la pierre intervient à des degrés divers : les bâti- Bien que le plan ne soit que partiellement reconnu, il ne ments entièrement maçonnés côtoient des édifices à solins semble pas s’organiser strictement selon un axe de symétrie, de pierre et élévation en matériaux périssables ; les poteaux matérialisé par la voie. La villa semble adopter un plan plu- de bois comportent ou non des calages de pierres ; tôt épars, connu dans des établissements modestes comme - bien qu’exclusivement calcaire, la nature de la roche celui d’Alpnach en Suisse (Flutsch et alii dir., 2002, employée varie, révélant plusieurs zones d’approvisionne- p. 142). L’occupation a été reconnue sur une surface de ment ; 2,6 ha et ces dimensions classent la villa de Brans parmi les - la forme des pierres employées montre une relative diver- petits domaines (Ferdière et alii, 2010). sité ; - enfin, les pierres ont été mises en œuvre selon plusieurs 2 . Méthodologie modes. L’état de conservation du site est particulièrement Plusieurs observations ont, dès le départ, guidé notre médiocre. Notre travail a donc porté presque exclusive- travail : ment sur les matériaux présents dans les comblements de - tout d’abord, la villa de Brans est construite dans un envi- structures excavées, fondations de murs, trous de poteau, ronnement totalement dépourvu de pierre ; même si divers fosses, fossés… : sur l’ensemble de la fouille, les seuls moel-

Revue Archéologique de l’Est, t. 62-2013, p. 231-251 © SAE 2013 Faire parler les pierres : approche de l’évolution de la villa de Brans (Jura) 235 lons observés proviennent d’une unique portion d’assise de d’approvisionnement, celles-ci concernent essentiellement réglage ou d’élévation (st. 315, bâtiment 4, fig. 22), seule les sculptures (Blanc et alii, 2004), les éléments d’architec- rescapée de l’érosion. Les pierres étudiées n’avaient donc ture (Savay-Guerraz, 1990 et 1991 ; Tardy et alii, 2000 ; pas vocation à être employées de manière ostentatoire, leur Lamotte, 2000 ; Lamotte, Brunet-Gaston, 2008 ; Gely utilisation ne dépend pas de l’aspect visible et esthétique du et alii, 2008 ; Fronteau et alii, 2008,…) et la décoration matériau mais de critères techniques. intérieure (mosaïque, placages…) (Mazeran, 1993). En Ces critères ont été définis à l’occasion d’une étude des revanche, les pierres à usage de fondation ou de calage de matériaux meuliers (Fronteau, Boyer, 2011, p. 114) et poteau semblent plus rarement avoir fait l’objet de détermi- s’adaptent parfaitement à la caractérisation des matériaux nations ou d’études (Blin, 1998 ; Eveillard, Maligorne, de construction : 2000 ; Vipard et alii, 2000,…). - « disponibilité : capacité d’un matériau à être mis à disposi- L’enregistrement mis en place lors de la fouille a pris en tion, exploité ou diffusé […] » ; dans le cas de matériaux de compte la proportion des différents matériaux qui consti- construction pondéreux, le critère de disponibilité recouvre tuent chaque structure archéologique, une description les questions d’accessibilité de la roche, mais aussi de dis- macroscopique des différents types de roche ainsi que les tance entre l’affleurement et le site d’utilisation ; ainsi, si on dimensions des blocs ou des fragments, la forme des blocs classe les matériaux sur une échelle de 1 à 5 en fonction de de départ et les techniques de mise en œuvre. Ce travail ce critère, le niveau 1 correspond aux matériaux présents sur de description a été complété par une prise d’échantillons. place, le niveau 2 aux matériaux présents localement (moins Au sein de la grande famille lithologique des calcaires, de 5 km) et ne nécessitant pas d’extraction, le niveau 3 les matériaux ont été subdivisés en sous-groupes (calcaire aux matériaux locaux (moins de 5 km) et proches (de 5 à bioclastique, calcaire micritique, calcaire graveleux…). Du 20 km) nécessitant une extraction, le quatrième niveau aux fait de leur caractère relativement commun et pondéreux, matériaux régionaux (jusqu’à 90 km) et le cinquième niveau on peut présupposer que ces matériaux étaient extraits aux matériaux d’origine extrarégionale ; dans l’environnement proche du site (Lorenz, Lorenz, - « efficacité : capacité d’un matériau à produire l’effet 1993, p. 13 et 16). La détermination de la provenance des escompté en offrant de bonnes conditions de réalisation roches a donc été envisagée dans un rayon de moins de […] » ; un matériau totalement adapté sera classé de niveau 5 km autour du site. Dans un premier temps, leur des- 1 sur 5, un matériau adapté de niveau 3 et un matériau cription macroscopique a été comparée aux données de la inadapté de niveau 5 ; carte géologique (Campy et alii, 1983) et de l’étude géolo- - « ouvrabilité : aptitude d’un matériau à être mis en œuvre gique des abords du massif de la Serre (Pernin, 1978) afin […] » ; le niveau 1 correspondrait à un bloc de la forme de déterminer les niveaux dont elles sont potentiellement voulue sans façonnage, le niveau 2 à un bloc nécessitant issues. Dans un second temps, les échantillons prélevés ont une mise en forme réduite, le niveau 3 à un bloc qu’il est été comparés aux roches de ces étages géologiques visibles nécessaire de mettre en œuvre, le niveau 4 à un bloc difficile dans des affleurements exploités aux périodes moderne et à mettre en forme (roche très dure, hétérogène, demandant contemporaine. Ces carrières avaient été recensées dans le une compétence spéciale pour la travailler), et le niveau 5 cadre du programme collectif de recherche (PCR) « Gestion à un bloc inadapté à la taille, à cause notamment de la pré- des matières premières et implantations humaines dans le sence d’altérations fréquentes ou de microfissures ; nord du Jura ». Bien entendu, le but n’est pas, dans le cas - « durabilité : capacité d’un matériau à résister à l’usure ou à de l’étude des matériaux de la villa de Brans, de détermi- une forme d’altération […]. » ; le niveau 1 définit une résis- ner précisément les carrières exploitées durant l’Antiquité, tance supérieure à la durée de son utilisation et le niveau 2 mais plutôt de délimiter les secteurs d’approvisionnement une durée équivalente à son utilisation ; le niveau 3 corres- possibles. L’objectif initial, visant à cartographier les sources pond à un matériau qui nécessite des reprises, le niveau 4 d’approvisionnement, et l’ensemble de ce protocole sont indique que ces reprises sont fréquentes et le niveau 5 est très proches de ceux proposés par J. et C. Lorenz (1993). relatif à un matériau qui s’altère très rapidement. Les objectifs de l’étude des matériaux sur le site de 3 . Les matériaux Brans sont multiples. Ils visent, en premier lieu, à mettre en évidence la période d’apparition de la pierre et de la 3.1. Environnement géologique tuile, et à caractériser le mode de mise en œuvre de la pierre à travers le temps. À chaque étape, les données recueillies À l’extrémité nord-ouest du département du Jura, le ont été confrontées aux exemples régionaux contempo- site est implanté sur une terrasse de l’Ognon, en partie rains. Dans un second temps, nous nous sommes attachés sur les territoires communaux de Brans et de Dammartin- à déterminer la part des différents types de roches puis les Marpain (fig. 1). Dans ce secteur proche du confluent avec rapports entre la nature du matériau choisi, sa provenance la Saône, la rivière borde la limite septentrionale des Avant- et la période d’utilisation. Il n’a pas été possible d’établir Monts jurassiens et du horst cristallin de la Serre. des comparaisons à l’échelon régional de la démarche Les premiers reliefs s’élèvent à 1,5 km au sud du site adoptée, particularisée par une approche précise des carac- (fig. 4), formés d’abord par les calcaires des Avant-Monts, téristiques d’un matériau ordinaire. À une échelle plus puis par les grès et granite du massif de la Serre. Le socle large, si la bibliographie montre de multiples références granitique est surmonté par des formations gréseuses, grès s’intéressant à la détermination des roches et des distances et conglomérat du Permien et grès du Trias inférieur, qui

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Granite Grès 0 2 km Calcaire

Marpain Champagney Dammartin

Thervay villa

Brans

Montmirey le-Château

Montmirey la-Ville O anges Frasne-les-Meulières Moissey Serre-les-Moulières

Fig. 4. Carte géologique simplifiée (L. Jaccottey, Inrap).

Kimméridgien Bathonien 0 2 km Bajocien

Dammartin

Thervay

villa Brans Les Faroutelles fours à chaux Fontaine de Bataillé

Moissey tuilerie

Fig. 5. Sources d’approvisionnement potentielles (L. Jaccottey, Inrap).

Revue Archéologique de l’Est, t. 62-2013, p. 231-251 © SAE 2013 Faire parler les pierres : approche de l’évolution de la villa de Brans (Jura) 237 affleurent à 2 km de la villa. Toutefois, les roches les plus des formations du Bajocien situées à quelques centaines de présentes dans l’environnement immédiat du site sont mètres des affleurements précédents. les calcaires. Ils affleurent à la fois sur tout le flanc nord- Le calcaire micritique composé de calcite finement ouest de la Serre, qui s’élève au plus près à un kilomètre cristalline montre un aspect massif, sans litage ni stratifi- au sud, et en bordure du lit majeur de l’Ognon, à un ou cation apparente. De couleur grise, il est composé de gros deux kilomètres au nord. Les bancs calcaires sont très variés, blocs noduleux et provient des formations du Bathonien. s’étageant des calcaires dolomitiques du Muschelkalk aux Le calcaire micritique beige est originaire des formations calcaires argileux du Crétacé. du Kimméridgien. Le calcaire blanc de type Vergenne comprend de nom- 3.2. Les matériaux mis en œuvre breuses cavités, bioclastes et galets roulés. Il provient des niveaux périrécifaux d’âge Oxfordien moyen (Contini, Tous les calcaires utilisés sont présents sur la colline de Rosenthal, 1995). On le trouve dans les communes « Routeau » (fig. 5) située immédiatement au sud du site de d’Avrigney et Charcenne (Haute-Saône), où des traces Brans. Il est toutefois possible de scinder cet ensemble en d’exploitation sont connues à moins de 20 km au nord-est deux groupes, par étage géologique. Dans les formations de Brans, ou à Villars-Saint-Georges (Doubs), à un peu plus du Kimméridgien situées à un kilomètre au sud-est du site de 20 km vers le sud-est. (« Les Farroutelles » et flanc nord de la colline de « Routeau ») Les tuiles recueillies sur le site, peu nombreuses, ont sont présents les calcaires bioclastiques, micritiques beiges et été étudiées par F. Charlier (Charlier, 2010) et sa fouille graveleux ; le Bajocien et le Bathonien, affleurant à 1,5 km de la tuilerie voisine (fig. 5) de Moissey (Charlier, 2005) au sud du site (« Fontaine de Bataillé » et extrémité ouest a permis de dater certains éléments du site. de la colline de « Routeau »), regroupent les calcaires ooli- thiques et micritiques gris. Le calcaire de type Vergenne est 4 . Description des vestiges le seul matériau dont l’origine est lointaine (cf. infra). Le calcaire bioclastique est formé de débris d’organismes 4.1. Les phases de construction sans pierre ou bioclastes et est aisément reconnaissable à ses grands fos- siles de polypiers. Il se présente en petits blocs quadrangu- 4.1.1. L’occupation de La Tène moyenne (phase 1) laires de 10 à 25 cm de côté pour une dizaine de centimètres (fig. 6) d’épaisseur ou en plaquettes d’une épaisseur comprise entre Le décapage extensif a permis de déceler un habitat 3 et 6 cm. Il est le matériau dont les affleurements sont les antérieur à l’implantation antique, daté de La Tène C1-C2, plus proches du site (1,5 km). entre 280 et 150 avant notre ère. L’essentiel du mobilier Le calcaire graveleux est formé de gravelles, c’est à dire céramique provient de trois fosses d’extraction de maté- d’éléments de la taille d’un grain de sable. Il se présente riau, à proximité desquelles est lisible le plan d’un grenier à sous la forme de blocs de 10 à 30 cm de côté, pour une quatre poteaux de 6 m² (bâtiment 8). épaisseur de 5 à 7 cm. Il provient des mêmes formations Ces structures se caractérisent par l’absence totale d’uti- que le calcaire bioclastique. lisation de la pierre, que ce soit dans les trous de poteau ou Le calcaire oolithique, formé de petites sphères à struc- dans les fosses. La tuile n’est pas non plus employée durant ture concentriques ou oolithes, se présente sous la forme de cette phase antérieure à sa date d’apparition dans la région plaquettes de délitage très émoussées, de 10 à 20 cm de côté. (Barthélemy et alii, 2008). Aucun élément datable de La Il est présent dans l’environnement immédiat du site, dans Tène finale n’a été recueilli sur le site.

phase 1 : La Tène C1-C2

comblement dépourrvu de calcaire et de TCA

8

Fig. 6. Plan des vestiges de 0 1 25 m La Tène C1-C2 (V. Viscusi-Simonin, Inrap).

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7

9

Phase 2 : période augustéenne 0 1 50 m

Fig. 7. Plan de la phase 2, période augustéenne (V. Viscusi-Simonin, Inrap).

4.1.2. L’époque augustéenne (phase 2) (fig. 7)

C’est durant cette période qu’intervient l’implantation du grand domaine agricole qui se traduit par deux grands bâtiments sur poteaux plantés (bâtiments 7 et 9) que nous proposons d’interpréter comme une grange et un grenier. Ils sont associés à quelques fossés, une palissade et un puits. La datation est apportée par le mobilier céramique très peu abondant et les charbons d’un foyer inscrit dans le plan du bâtiment 9 (datation radiocarbone entre -85/+71 ap. J.-C, réf. Ly-13971 : 2000 ± 35 BP). Les bâtiments 7 et 9 sont caractérisés par la mise en œuvre de techniques de construction laténiennes, à struc- ture en poteaux plantés, mais désormais appliquées à des Fig. 8. Bâtiment 9. Trou de poteau 390, coupe (Inrap). surfaces très importantes pour un nombre de supports réduits : le bâtiment 7, délimité par quatre poteaux, couvre une surface carrée d’environ 50 m² ; le bâtiment 9 forme un rectangle de 180 m² pour six poteaux. De plus, une inno- du bâtiment 9 n’étaient pas contemporaines de la construc- vation technique vient modifier sensiblement le système tion. Les pierres étaient situées dans le sédiment qui a pris de construction traditionnel : les poteaux, de fort diamètre, la place des poteaux du bâtiment 9, accompagnées de rares sont implantés de façon oblique dans de profondes fosses fragments de tuiles et de quelques éléments de céramique quadrangulaires. du iie siècle. En revanche, aucune pierre n’a été trouvée L’important changement d’échelle entre le grenier de dans le comblement des fosses (fig. 8). On peut supposer La Tène moyenne et le nouvel édifice (6 m² contre 50 m²) que les tessons et les matériaux se sont enfoncés dans le trahit sans doute une mutation du mode d’exploitation agri- bois en cours de décomposition, lors de la construction ou cole, désormais dans le cadre d’un vaste domaine enclos de l’occupation du bâtiment en pierre qui a succédé à cette par une palissade, traitant de grandes surfaces arables et construction. Ceci est d’ailleurs confirmé par la nature des des volumes de récolte importants. Cette exploitation est à pierres, similaire à celles qui constituent le bâtiment 3 qui l’origine de la villa du iie siècle, qui en conserve partielle- a supplanté le bâtiment 9 au iie ou iiie siècle. ment l’organisation. Dans les 24 structures fossoyées qui composent la Aucune pierre ou tuile n’a été retrouvée dans les trous palissade, la pierre et la tuile ne sont également présentes de poteau du bâtiment 7 et l’étude détaillée des comble- que très ponctuellement et semblent provenir de pollutions ments a montré que celles observées dans les creusements postérieures.

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phase 3 : I er s. phases antérieures 0 1 50 m

Fig. 9. Plan de la phase 3, ier siècle (V. Viscusi-Simonin, Inrap).

4.2. L’introduction de la pierre dans les bâtiments en bois durant la seconde moitié du ier siècle de notre ère (phase 3) (fig. 9)

Le lot de céramique de cette phase d’occupation est beaucoup trop faible pour permettre une bonne apprécia- tion mais comporte des formes qui apparaissent à la période flavienne, vers 70 de notre ère. Durant cette phase, les grands édifices bâtis précédemment (bât. 7 et 9) sont encore présents et les techniques de construction laténiennes sont encore en vigueur, puisque deux nouveaux bâtiments en bois à structure en poteaux plantés sont édifiés (bât. 6 et 10). Constituant des unités beaucoup plus réduites (45 et 32 m²) que celles de la phase précédente, ils sont caractérisés par leur plan étroit et allongé. Le rapport largeur/longueur des édifices pose la question de leur fonction : plutôt que des Fig. 10. Bâtiment 10. Trou de poteau 232, vue zénithale habitats polyvalents, ils pourraient avoir rempli les fonctions du calage de poteau (Inrap). de grenier surélevé. Le bâtiment 10 n’a livré aucun fragment de tuile ou de pierre ; en revanche, le bâtiment 6 et deux supports iso- lés montrent des avant-trous de poteau comportant des en forme. Elles proviennent de la partie superficielle du calages latéraux composés de plaquettes en calcaire ooli- banc rocheux où elles ont été prélevées sans extraction. Le thique soigneusement dressées autour du négatif du poteau volume employé pour les dix poteaux du bâtiment 6 et (exemple st. 232, fig. 10). Quelques-uns des trous de poteau les deux autres poteaux est largement inférieur au mètre de ce bâtiment ont également livré des fragments de tuiles. cube. L’utilisation des plaquettes de calcaire oolithique non Dans la majorité des cas, ils étaient situés dans le négatif taillées relève donc d’une exploitation limitée, sans aucune du poteau, alors qu’ils ne semblent associés aux pierres de véritable extraction. calage latéral que dans un seul cas. L’emploi de la tuile n’est pas formellement avéré durant Le calcaire oolithique est employé de façon exclusive cette phase d’occupation : dans cette partie de la villa en durant cette phase de construction. Il se présente sous la tout cas, la tuile ne semble pas employée pour la couverture forme de plaquettes de délitage sans aucune trace de mise des bâtiments.

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4.3. L’architecture maçonnée tructure relativement légère. Il est caractérisé par l’usage (iie-iiie siècles ap. J.-C.) quasi exclusif d’un calcaire graveleux employé sous la forme de blocs non taillés mêlés à des petits fragments. Ils sont Parmi les cinq édifices maçonnés, trois sont alignés en disposés dans les tranchées de fondation soit en vrac, soit limite nord de l’emprise de la villa, les deux autres sont sous la forme d’un hérisson limité de part et d’autre par des répartis dans l’espace de la fouille, sans relation identifiable pierres posées de chant dans l’axe du mur. Quelques blocs entre eux. Aucun sol ou remblai n’étant conservé, le phasage non taillés de calcaire bioclastique et de calcaire micritique des constructions est fondé sur les relations entre bâtiments sont également présents dans les fondations de ce bâtiment. et réseau fossoyé, ainsi que sur la nature des matériaux. Le bâtiment 2 (fig. 12) est un très vaste édifice, cou- vrant une surface d’environ 340 m², dont les fondations, 4.3.1. Les constructions du iie siècle ap. J.-C. d’une largeur de 55 à 65 cm, ne sont conservées que sur (phase 4) (fig. 11) un rang de pierres. La présence d’un trou de poteau sous le mur de façade ouest, ainsi que l’hétérogénéité des matériaux Le mobilier céramique livré par les aménagements constituant les fondations, nous ont conduits à poser l’hy- réunis en phases 4 et 5 n’est pas antérieur au IIe siècle. pothèse d’une construction en deux étapes (fig. 13). Dans Les tout premiers édifices construits en pierre (bâtiments un premier temps, l’édifice, dont les longs côtés étaient 1 et 2) sont caractérisés par la faiblesse de leurs fondations. constitués de solins maçonnés (st. 343 et 344) supportant Comme les bâtiments 7 et 9, ils sont construits le long de une élévation en terre et bois, était fermé aux extrémités la limite nord du domaine alors que les bâtiments de bois est et ouest par une structure sur poteaux plantés (st. 384, sont vraisemblablement encore utilisés (bât. 9) ou bien, rui- 62, 65) ou posés, comme sur la fondation 64 (fig. 14). nés, demeurent encore visibles (bât. 7). Le bâtiment 1 vient Quelques trous de poteau présents au centre de l’édifice peut-être remplacer le bâtiment 7 ; édifié à proximité et dans pourraient matérialiser l’axe de la faitière (st. 34, 26 et 58). le même alignement, il présente les même proportions que L’importance de ses dimensions conduit à proposer, pour le précédent. Le bâtiment 9, encore en usage, est restauré. ce bâtiment, des fonctions de halle de stockage. Le matériau Le bâtiment 1, connu uniquement par des tronçons de constituant les fondations des longs côtés est un calcaire fondations, couvre une surface de 110 m². Sa destination est bioclastique employé sous la forme de blocs quadrangulaires indéterminée mais il pourrait remplir les mêmes fonctions et de plaquettes. Les éléments sont posés en vrac dans la de stockage que le bâtiment 7 qu’il remplace. Sa pérennité tranchée de fondation ou employés en calage de fond de est limitée : édifié durant cette première phase de construc- poteau (st. 64, fig. 14), parfois associés à quelques pierres tion en dur contre la limite occidentale du domaine, il est en calcaire graveleux (st. 26, 63 et 64). Ce dernier n’est détruit et coupé par les fossés de la phase suivante. L’érosion employé de façon majoritaire que dans les calages des deux ne permet pas de restituer le type d’élévation, toutefois la poteaux délimitant l’entrée du bâtiment (st. 341 et 347), faible profondeur des fondations, comparée à celles des édi- où il est associé au calcaire bioclastique, comme dans le fices maçonnés de la phase 5, augure plutôt d’une supers- bâtiment 1.

phase 4 : fin II es. 1 phases antérieures

2

0 1 50 m

Fig. 11. Plan de la phase 4, iie siècle (V. Viscusi-Simonin, Inrap).

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Fig. 12. Bâtiment 2. Vue d’ensemble Phase 4 depuis le sud-ouest (Inrap). Phase 5 Fig. 13. Bâtiment 2. Plan (V. Viscusi-Simonin, Inrap).

28 343 371 384 34

26

344 58 65

64 63 345 62 347 344 341 Fig. 14 (à gauche). Bâtiment 2. St. 64, calage de fond d’un support posé (Inrap).

0 1 10 m Fig. 15 (à droite). Bâtiment 9. St. 207, calage de fond d’un support posé (Inrap).

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Le bâtiment 9 a fait l’objet d’une campagne de réfection couvre une surface d’environ 240 m² et comporte une par l’ajout d’une base de poteau (st. 207, fig. 15) implantée grande pièce rectangulaire d’environ 170 m², devancée par entre les supports 205 et 208. Contrairement aux grandes un avant-corps. Celui-ci est divisé en deux petites pièces fosses quadrangulaires à poteaux inclinés (cf. 2.1.2.), ce carrées qui encadrent un porche légèrement plus large. Sur nouveau creusement est entièrement comblé de calcaire le côté occidental de l’édifice s’étend une surface empierrée bioclastique et de quelques petits fragments de tuiles qui au sein de laquelle trois dés de fondation devaient supporter constituent le calage de fond d’un poteau posé. les poteaux de bois d’un appentis. Cette grange a remplacé Lors de cette phase, comme pour les précédentes, en l’édifice à poteaux inclinés (bâtiment 9) de la phase augus- l’absence de remblais de démolition, les indices d’utilisation téenne dont la présence était encore perceptible. En effet, de la tuile en couverture sont très peu nombreux. Quelques comme pour les bâtiments 1 et 7 (cf. 2.3.1.), la nouvelle petits fragments ont été découverts dans certains calages construction se superpose à la précédente, légèrement déca- de fond des poteaux du bâtiment 2 (st. 58, 63 et 64) et lée vers le nord, et son plan initial reproduit exactement du bâtiment 9. Cependant, des tuiles découvertes dans des le volume de l’édifice de bois. Son implantation obéit à structures comblées lors de la phase postérieure ont pu être l’orientation de l’axe de la palissade augustéenne et non à identifiées comme des productions de la tuilerie antique de celle du nouveau réseau fossoyé. Moissey, située à 5 km au sud-ouest, à une période comprise Le bâtiment 4, de plan rectangulaire, est constitué de entre 40 et 125 ap. J.‑C. (Charlier, 2005 et 2010) ; elles deux pièces carrées, précédées par un porche en enfilade. pourraient provenir des occupations des phases 3 et 4. L’ensemble couvre une surface de 110 m² et la puissance des fondations (largeur de 60 à 100 cm pour une profondeur 4.3.2. Les constructions des iie et iiie siècles ap. J.-C. de 50 à 115 cm) laisse envisager un étage. Une aire empier- (phase 5) (fig. 16) rée entoure le bâtiment de façon dissymétrique ; presque absente au nord, elle s’étend sur une largeur de 8 m au sud. Si la dernière phase de construction de la villa de Brans Un ensemble de fossés encadre le bâtiment, montrant que n’est pas datée précisément, la céramique recueillie témoigne ses abords ont été soigneusement drainés. La présence, à d’une occupation continue durant les iie et iiie siècles et la l’intérieur de l’édifice, de massifs de fondation de plan gros- villa pourrait être abandonnée au cours du ive siècle. Les sièrement circulaire (st. 163, fig. 18), destinés à supporter nouvelles constructions sont désormais entièrement maçon- une installation pesante, a permis, par comparaisons avec nées (bât. 3, 4 et 5) et comportent des fondations profondes d’autres sites, d’interpréter cette construction comme un et très soigneusement mises en œuvre, exception faite d’un possible moulin à traction animale, venant compléter la petit édifice isolé (bât. 5). chaîne opératoire liée à l’exploitation des céréales. Le bâtiment 3 (fig. 17) adopte un plan largement Du bâtiment 5, très érodé, seules subsistent les fonda- diffusé en milieu rural, généralement interprété comme tions d’un angle, réduites à un rang de pierres qui, comme une grange (Gaston, 2008). L’ensemble, proche du carré, dans le cas du bâtiment 2, trahit une élévation en matériaux

phase 5 : IIe -IIIe s. phases antérieures

2 3 4

5

0 1 50 m

Fig. 16. Plan de la phase 5, iie-iiie siècles (V. Viscusi-Simonin, Inrap).

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Adjonction d'une avancée avec porche et d'un appentis empierré Création : IIe siècle IIe - IIIe siècle Brunet Gaston del.

Fig. 17. Bâtiment 3. Évolution du plan (V. Brunet-Gaston, Inrap).

Fig. 18. Bâtiment 4. St. 163, massif de fondation d’un possible Fig. 19. Bâtiment 3. Fondation du corps principal, st. 331, moulin à traction animale (Inrap). coupe (Inrap). périssables. L’aire empierrée visible à l’est des maçonneries permis de proposer une construction en plusieurs étapes s’étendait probablement devant l’entrée de l’édifice (dont des bâtiments 2, 3 et 4, dont les plans initiaux auraient été le mur de façade n’est pas conservé) et permet de restituer agrandis dans un second temps. une de ses dimensions, environ 11 m pour une longueur Dans les fondations du corps principal du bâtiment 3, conservée de 7 m environ, soit près de 80 m². le calcaire bioclastique est employé principalement sous la Le principal matériau employé durant cette phase de forme de plaquettes avec quelques blocs quadrangulaires. construction est le calcaire bioclastique. Mais, s’il constitue Posées de chant, perpendiculairement à l’axe du mur, elles de façon quasi exclusive les fondations des bâtiments 3 et forment un hérisson bordé par d’autres plaquettes, orien- 4, c’est à la fois la présence minoritaire d’autres matériaux tées selon l’axe du mur (fig. 19). Au contraire, dans les mais également les différences de mise en œuvre qui ont fondations des trois pièces accolées en façade, le calcaire

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Fig. 20. Bâtiment 3. Fondation de l’avant-corps, st. 327, Fig. 21. Bâtiment 4. Fondation du corps principal, st. 315, coupe (Inrap). coupe (Inrap).

Fig. 22. Bâtiment 4. Angle nord-ouest, entre la fondation 321 Fig. 23. Bâtiment 4. Angle sud-ouest, entre les fondations 320 et l’assise d’élévation 315 (Inrap). et 339 (Inrap).

Fig. 24. Bâtiment 4. Tranchée d’épierrement ayant remplacé Fig. 25. Aménagement isolé construit en tegulae, st. 380, la tranchée de fondation du porche, st. 161, coupe (Inrap). vestiges d’un atelier de forge ? (Inrap).

Revue Archéologique de l’Est, t. 62-2013, p. 231-251 © SAE 2013 Faire parler les pierres : approche de l’évolution de la villa de Brans (Jura) 245 bioclastique, présent sous la forme de plaquettes et de petits creusement quadrangulaire à l’aide de tegulae (fig. 25) a blocs de 5 à 20 cm de côté, est mêlé à des fragments et des été interprétée, par comparaison avec des aménagements gros blocs de calcaire micritique de couleur grise (fig. 20), identiques découverts dans les pavillons de la villa de Port- dont les plus gros éléments ont été disposés à la base de la sur-Saône (Gaston, 2006), comme le vestige d’un atelier fondation, notamment des angles des murs. Les fondations de forge. La seule tegula entière encore conservée a été pro- sont également conservées sur des profondeurs différentes : duite dans la tuilerie voisine de Moissey (Charlier, 2005, de 30 à 60 cm pour la pièce principale et de 60 à 70 cm p. 160-162) entre 120 et 190 ap. J.-C., comme le laissent pour l’avant-corps. penser ses dimensions et les encoches typologiquement Les fondations du corps principal du bâtiment 4, d’une comparables aux exemplaires de cette époque rencontrés largeur de 60 cm, sont du même type que celles de la partie sur le site même de la tuilerie. principale du bâtiment 3, constituées par un hérisson de L’utilisation du mortier est également attestée pour la blocs et de plaquettes en calcaire bioclastique, limitées sur première fois durant cette phase. Il a été observé dans le les bords par des plaquettes semblables (fig. 21). Les fon- bâtiment 4, à la fois en place dans la seule assise d’élévation dations du porche sont du même type, mais d’une largeur conservée et en fragments dans le comblement des tranchées moyenne de 50 cm. Leur profondeur est de 50 à 75 cm d’épierrement. pour le porche et de 60 à 110 cm pour le corps du bâtiment, traduisant sans doute sur ce dernier la présence d’un étage. 5 . Synthèse : évolution des modes Une assise de réglage est partiellement conservée, composée de construction et des matériaux de moellons de calcaire bioclastique de 25 à 35 cm de côté et d’environ 8 cm d’épaisseur, non équarris, dont seule la Si la villa de Brans est implantée dans une zone où n’af- tête est dressée (st. 315, fig. 22). Le blocage intérieur du fleure aucune roche, des matériaux susceptibles d’être utili- mur est composé de petits fragments du même calcaire, sés pour les constructions sont présents en abondance dans liés au mortier. Le radier circulaire installé au centre du un rayon d’un à deux kilomètres autour du site. L’étude bâtiment 4 est par contre essentiellement constitué de blocs détaillée des pierres mises en œuvre dans chaque édifice a et de fragments de calcaire micritique gris. mis en évidence un recours différencié aux matériaux selon Il est particulièrement intéressant de noter qu’à la fois les périodes, que ce soit dans leur type (pierre, tuile, mor- les techniques mises en œuvre (fondations sous forme d’un tier…), leur origine, leur proportion ou leur mise en œuvre. hérisson de plaquettes, bordé de plaquettes de chant dis- posées dans l’axe du mur) et le type de roche employé (cal- 5.1. Usage et mise en œuvre caire bioclastique) sont identiques dans les bâtiments 3 et 4. Cette homogénéité traduit sans doute un seul et même Si la proximité des approvisionnements a joué un rôle programme de construction, alors que les agrandissements déterminant dans le choix des matériaux de construction, de ces bâtiments ont été réalisés selon des techniques diffé- leur nature et leur forme ont également constitué un des rentes et avec des matériaux plus variés. critères de choix : Le bâtiment 2 est agrandi durant cette phase : le mur - le calcaire bioclastique a été utilisé de plusieurs manières. occidental à supports plantés est désormais remplacé par Les plaquettes ont été employées pour les hérissons des un solin de pierre avec élévation de bois, tandis que le mur murs des bâtiments 3 et 4, mais également en calage de oriental est déplacé d’environ sept mètres vers l’est pour poteau ou en vrac dans certaines tranchées de fondation. atteindre une surface 450 m². Les fondations des façades Des blocs façonnés en moellons n’ont été observés que dans orientales et occidentales sont composées, comme dans le l’unique tronçon de mur parementé conservé (bâtiment 4) ; reste de la construction, de blocs et de plaquettes non taillés, - les blocs de calcaire graveleux ont également été utilisés en disposés en vrac dans la tranchée de fondation (fig. 12), calage de poteau et en vrac dans les tranchées de fondation ; mais, contrairement aux côtés nord et sud, l’emploi du cal- - les fines plaquettes de calcaire oolithique n’ont été utili- caire bioclastique n’est plus exclusif mais accompagné de sées que pour les calages latéraux des trous de poteau du quelques fragments de calcaire micritique beige. bâtiment 6 ; Pour être totalement complet sur les matériaux de - enfin, le calcaire micritique est utilisé à la base des fon- construction, notons la présence de rares fragments de cal- dations de l’avant-corps du bâtiment 3, où de gros blocs caire blanc de type Vergenne provenant du comblement de noduleux sont surmontés de petits fragments, mêlé au cal- trous de poteau ou des radiers. Leur présence trahit proba- caire bioclastique dans le blocage de la partie supérieure de blement l’emploi de cette roche dans les élévations d’un ou ces fondations. plusieurs bâtiments du site. L’emploi de chacune de ces roches est fait en fonction Cette phase de construction a livré de nombreux frag- de ses spécificités propres ; ainsi, les gros blocs de calcaire ments de tuiles provenant des tranchées d’épierrement qui micritique sont employés, sans mise en œuvre, à la base des ont affecté une partie des fondations des bâtiments 3 et 4 fondations, alors que les plaquettes et blocs quadrangulaires (fig. 23 et 24) et dans lesquelles ils étaient mêlés à de nom- de calcaire bioclastique sont employés comme moellons ou breux fragments de mortier et des éléments du blocage en pour les hérissons des fondations. Chaque type de maté- calcaire bioclastique. En l’absence de remblais de démoli- riaux est adapté à un emploi particulier, ce qui implique que tion, on peut sans doute en déduire que ces édifices étaient plusieurs sources d’approvisionnement ont été recherchées couverts en tuiles. Une structure isolée aménagée dans un (Lorenz, Lorenz, 1993, p. 16).

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5.2. Chronologie de l’utilisation des matériaux disposant d’éléments de dimensions importantes à sa base, et notamment aux intersections de murs, technique pour Le calcaire oolithique a été utilisé uniquement dans la laquelle ces calcaires offrent une très bonne « ouvrabilité » première moitié du ier siècle. La « disponibilité » du maté- et « efficacité ». Un même dispositif a été observé sur le site riau est très bonne : il est présent dans l’environnement de (Méloche, 2011, p. 87). immédiat du site et en quantité suffisante pour des besoins Le calcaire de type Vergenne est fréquemment utilisé limités. Son « efficacité » pour des calages est maximale ainsi durant l’Antiquité et on le trouve dans les constructions que son « ouvrabilité » puisque ces plaquettes sont acces- de la « Porte Noire » et de la domus du collège Lumière sibles sans extraction et utilisables sans mise en œuvre. Il à Besançon (Doubs), ou encore dans la villa antique de apparaît évident que la « durabilité » est également impor- Chaucenne (V. Brunet-Gaston, com. pers.). Ses carac- tante, puisque les éléments en pierre ont perduré au-delà téristiques, facilité de taille mais manque de finesse, des poteaux qu’ils maintenaient. expliquent son utilisation particulière dans l’architecture Le calcaire bioclastique constitue le matériau dont les antique. Comme le montrent les exemples régionaux, il sources d’approvisionnement sont les plus proches, corres- a été employé pour la taille des blocs de soubassement en pondant à une très bonne « disponibilité ». Il est présent à grand appareil, des caniveaux, de quelques rares éléments partir du iie siècle de notre ère et son emploi devient quasi sculptés comme des fûts de colonnes lisses, des chapiteaux exclusif durant la dernière phase de construction pendant toscans et d’un unique exemple de chapiteau composite laquelle nous estimons qu’il représente plus des deux-tiers conservé au musée de Besançon (V. Brunet-Gaston, com. des matériaux de construction. Lors de la phase 4 (iie siècle pers.). Contrairement aux autres roches présentes sur le site ap. J.-C.), les deux édifices à solins de pierre et élévation de de Brans, ce matériau a une origine plus lointaine. bois (bâtiments 1 et 2) sont construits avec des blocs et des Enfin, durant la dernière phase d’occupation recon- plaquettes non taillés de calcaire graveleux ou bioclastique. nue sur le site, l’emploi du mortier de chaux a nécessité le Ils sont cette fois probablement le produit d’une véritable recours à un sable composé de nombreux grains de quartz extraction et ont été mis en œuvre directement en vrac ou et de feldspaths porcelanés, tiré des formations gréseuses sous forme de hérisson dans les fondations des bâtiments. du Trias du Massif de la Serre, présentes à moins de deux Les petits blocs quadrangulaires sont totalement adaptés kilomètres au sud du site. Les faciès peu indurés des grès à leur emploi, leur « ouvrabilité » et leur « efficacité » sont du Trias situés dans la partie nord de la Serre expliquent donc totales. Lors de la dernière phase de construction, ils la présence de plusieurs sablières, dont certaines étaient constituent les hérissons des fondations du corps principal encore exploitées au xxe siècle sur le territoire communal de du bâtiment 3 et du bâtiment 4, avec une bonne « ouvrabi- Brans. Ce matériau possède également une bonne « dispo- lité » et « efficacité », mais aussi « durabilité » puisqu’ils ont nibilité », une « efficacité » et une très bonne « ouvrabilité ». fait l’objet d’une récupération après l’abandon du bâtiment L’approvisionnement en chaux était possible localement 4. Les blocs quadrangulaires et les plaquettes employés en comme l’atteste le site de fours à chaux fouillé sur la com- parement des élévations ont dû être taillés, bien que leur mune de Thervay, exploitant des calcaires du Portlandien forme de départ ne nécessite qu’une mise en forme limitée. (fig. 26). Ce matériau à donc une très bonne « ouvrabilité » pour la L’identification des critères techniques qui ont présidé réalisation d’un parement en opus vittatum. La régularité au choix des roches montre une évolution dans le temps des épaisseurs des blocs et des plaquettes (de 5 à 7 cm) lui (fig. 27). Dans la seconde moitié du ier siècle de notre ère, confère une grande « efficacité ». Les éclats résultant de la les constructeurs recourent de façon marginale, pour des mise en forme des moellons ont été employés dans le blo- calages de poteau, à un matériau dont la disponibilité est cage interne du mur, témoignant également d’une mise en bonne (niveau 2), puisqu’il est présent dans l’environne- forme sur place. ment proche et peut être utilisé sans mise en forme. Puis, Les calcaires graveleux ont essentiellement été utilisés à partir du iie siècle, sont utilisés des matériaux proches au iie siècle de notre ère (phase 4) et ils ne représentent mais nécessitant une extraction (disponibilité de niveau 3), qu’une part marginale au cours de la dernière phase de construction. Cette roche a été employée de manière simi- laire et présente les mêmes caractéristiques que le calcaire La Tène période milieu IIe s. bioclastique. e C1-C2 augustéenne du Ier s. II s. et IIIe s. Le calcaire micritique beige n’est employé que de manière anecdotique et sans aucune mise en forme aux Calcaire oolithique 100 % Calcaire bioclastique 55 % 80 % iie et iiie siècles (phase 5). Le calcaire micritique gris est utilisé sous la forme de Calcaire micritique gris 5 % 10 % gros blocs non taillés dans les fondations de l’avant-corps Calcaire micritique beige 5 % du bâtiment 3 (phase 5), en association avec des plaquettes Calcaire graveleux 40 % 5 % et des blocs de calcaire bioclastique. S’il a une origine dif- Calcaire type Vergenne * férente des autres dont il est distant de quelques centaines Sable gréseux * de mètres, il présente toujours une très bonne « disponibi- * présence de ce matériau lité » dans le contexte de la villa de Brans. Le recours à ce Fig. 26. Estimation des proportions des différents types de roches matériau trahit la volonté de bien asseoir la fondation en par phase chronologique.

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Fig. 27. Estimation des critères techniques période disponibilité e cacité ouvrabilité durabilité d’utilisation des roches par phase chronologique. Calcaire oolithique milieu du Ier s. 2 2 1 1 Calcaire bioclastique IIe s. / IIe et IIIe s. 3 2 / 1 1 / 2 1 Calcaire micritique gris IIe s. / IIe et IIIe s. 3 2 1 1 Calcaire micritique beige IIe et IIIe s. 3 2 1 1 Calcaire graveleux IIe s. / IIe et IIIe s. 3 2 1 1 Calcaire type Vergenne IIe et IIIe s. 4 2 3 1 Sable gréseux IIe et IIIe s. 2 2 1 1 cette fois pour des besoins plus importants, dès lors que mise en œuvre dans les différentes parties des constructions, les matériaux périssables ne constituent plus qu’une partie ce qui amène donc à son utilisation presque exclusive et de la construction. Par la suite, pour les hérissons des fon- ne permet pas de déceler d’évolutions dans le choix des dations, on recourt toujours aux roches locales en choisis- matériaux (Jaccottey, 2010). À Brans, c’est donc l’absence sant des matériaux bien adaptés (efficacité de niveau 2) ne de matériaux utilisables sur le site-même qui a incité les nécessitant pas de mise en forme (ouvrabilité de niveau 1), constructeurs à choisir, dans l’environnement proche, les ainsi qu’un matériau plus adapté (efficacité de niveau 1) différents matériaux à mettre en œuvre en fonction de leurs utilisable après une mise en forme réduite (ouvrabilité de besoins spécifiques. niveau 2) pour la production des moellons mis en œuvre en élévation. Au contraire des autres matériaux, le calcaire de 6 . Comparaisons régionales type Vergenne, dont la disponibilité est plus faible (niveau 4) et qui nécessite une mise en œuvre plus importante 6.1. La Tène et l’époque augustéenne (ouvrabilité de niveau 3), a probablement été employé (phases 1 et 2) pour des fonctions spécifiques, sous la forme de blocs tail- lés comme éléments d’architecture. Enfin, si la durabilité Les rares constructions de la période gauloise (La était un critère pertinent pour décrire les roches meulières, Tène C) sont dépourvues de pierre. À l’époque augus- elle ne semble pas avoir d’incidence dans le domaine de la téenne, les traditions architecturales laténiennes demeurent construction. et il n’est fait aucun usage de la pierre. Les comparaisons régionales montrent que l’emploi 5.3. Apport à la chronologie relative du site de la pierre dans les habitats ruraux de Bourgogne et de Franche-Comté à la fin de la période gauloise et à l’époque Dans chaque édifice, la mise en évidence de l’emploi augustéenne est très peu courant. Dans l’habitat enclos de de matériaux différents au sein de la construction a permis Saint-Apollinaire (Côte-d’Or), occupé de La Tène D2a au de proposer une évolution des plans au cours du temps et début de l’époque augustéenne, l’élévation sur poteaux sur- de contribuer au phasage du site. monte une cave maçonnée à ossature bois (Barral et alii, Dans le bâtiment 3, l’étude des relations entre les 2011, p. 462) ; à Longvic (Côte-d’Or), dans un enclos ins- maçonneries a permis de proposer une construction en tallé à La Tène D, la pierre n’est présente que dans un lam- deux temps et une évolution du plan, par l’ajout de plu- beau de bâtiment attribué à la période augusto-tibérienne, sieurs pièces en façade. Cette observation est confirmée par constitué de deux portions de maçonnerie, et dans une l’utilisation de matériaux spécifiques dans les fondations de plaque foyère en calcaire (Nowicki, 2006). En dehors de ces nouvelles pièces (cf. 2.3.2.). Dans le cas du bâtiment 2, ce dernier cas, l’ensemble des bâtiments répertoriés régiona- la présence d’un trou de poteau sous une des fondations et lement pour cette période est donc construit sur poteaux, le les différences de matériaux nous ont également conduits plus souvent sans calage de pierres, par exemple à Jallerange à proposer une évolution du plan : la construction initiale, (Doubs) (Goy, 2011) ou Geneuille (Doubs) (Goy, 2009). constituée de deux murs gouttereaux en matériaux péris- Bien qu’attesté dès La Tène D1 dans les habitats sables sur solins de pierre, est limitée par deux pignons sur ruraux comme à Sennecé-lès-Mâcon (Saône-et-Loire) poteaux plantés, remplacés par des murs pignons sur solins (Barthélemy et alii, 2008), l’usage de la tuile est peu à l’occasion d’un agrandissement (cf. 2.3.1.). répandu dans les constructions de la fin de La Tène D Enfin, c’est l’homogénéité des matériaux et de la mise et de l’époque augustéenne. Quelques sites ont livré des en œuvre observée entre le bâtiment 4 et le corps prin- fragments de tuiles : à Authumes (Saône-et-Loire) pour cipal du bâtiment 3, traduisant une même campagne de La Tène D2b et la période augustéenne (P. Barral com. construction, qui a autorisé leur phasage dans le même pers.) ainsi que dans l’habitat groupé qui jouxte le sanc- état. Toutefois, si la démarche adoptée s’est avérée ici posi- tuaire de Mirebeau (Côte-d’Or), en réemploi dans les bâti- tive, elle ne peut pas toujours être mise en œuvre dans cet ments sur poteaux de la période Auguste / Tibère (P. Barral objectif. À quelques centaines de mètres du site de Brans, com. pers.). Mais aucun n’a été observé sur les sites de le bâtiment rural de Thervay « Entre Deux Vies » (Joan, Longvic, Saint-Apollinaire, Domblans (Jura) (Card, 2011), 2010) est situé à proximité immédiate d’un affleurement Jallerange (Doubs) ou Chassey-lès-Montbozon (Haute- de calcaire dont les propriétés s’adaptent parfaitement à une Saône) (Barbet, Gandel, 1997, p. 30).

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Dans l’ensemble, on remarque que l’architecture de p. 32), dans l’établissement rural d’« Entre Deux Vies » à tradition laténienne prédomine encore largement et que Thervay (Jura) (Joan, 2010) ou à Domblans et à Delle. À l’introduction de pratiques d’inspiration romaine, comme Jallerange, quelques petits fragments de tuiles proviennent la couverture en tuile, n’a été observée que sur des sites du comblement de quelques trous de poteau datés de la particuliers : habitat de « fort statut » à Authumes ou habitat période claudienne à la fin du ier siècle (bâtiments 6 et 28, groupé en périphérie d’un sanctuaire à Mirebeau (P. Barral grenier 23). com. pers.). On pourrait également mentionner l’oppidum de Bibracte (Bessière, Guichard, 2010). 6.3. Le iie siècle ap. J.-C. (phase 4)

6.2. Le ier siècle ap. J.-C. (phase 3) Si, à Brans, l’usage systématique de la pierre caracté- rise cette phase de construction, les élévations d’au moins À Brans, au milieu du ier siècle, l’usage de la pierre reste un bâtiment (bâtiment 2) pourraient encore être consti- encore limité et la tuile n’est pas attestée. Régionalement, tuées de matériaux périssables. À Jallerange, la maçonnerie la pierre est également peu présente et ne se généralise qu’à se généralise dès la fin du ier siècle et dans la pars urbana partir de la seconde moitié du siècle. À Jallerange, elle est de Chassey-lès-Montbozon, la partie thermale est entière- quasiment absente des bâtiments agricoles de la villa jusqu’à ment maçonnée dès la fin du siècle ou au début duii e siècle la fin du siècle : quelques pierres calcaires ont pu servir de (Barbet, Gandel, 1997, p. 33). Les bâtiments agricoles calage latéral de poteaux (deux cas, dans le grenier 23 et de la villa de Thoraise (Doubs) sont construits en dur à la au sein de la palissade 8) et seul un bâtiment est entière- fin dui er siècle ou au début du iie (Watts et alii, 1994). ment maçonné (Goy, 2011). À Chassey-lès-Montbozon, Les petits établissements ruraux de Thervay « Entre deux si la pierre fait son apparition dès la première moitié du vies » (Joan, 2010) et de Mamirolle (Doubs) (Llopis et alii, ier siècle, son usage est limité à des moellons mal équarris 1987 ; Joan, 2003, p. 328), datés du iie siècle de notre ère, constituant le solin d’une cloison en terre et la maçonne- sont entièrement bâtis en pierre, ainsi que les édifices du rie n’est mise en œuvre en élévation que dans la seconde second état de la villa de Pannessière, au début du iie siècle moitié du siècle, dans la partie résidentielle de la villa (Rothé, 2001, p. 404) et la villa de Danjoutin (Territoire (Barbet, Gandel, 1997, p. 32). À Pont-de-Poitte (Jura), de Belfort, début du iie siècle, Mazimann, 2007). Au regard les maçonneries apparaissent à partir des années 50/70 ap. des autres sites régionaux, la persistance d’une architecture J.-C. (Rothé, 2001, p. 435). Dans la partie agricole de la de terre et bois à Brans pourrait sembler un particularisme villa de Chaucenne (Doubs), l’emploi de la pierre pourrait tant l’usage de la pierre maçonnée paraît généralisé dans les apparaître postérieurement à 40 après J.-C. (bâtiment 1) sites ruraux comtois à partir de la fin dui er siècle. et semble se développer dans la seconde moitié du ier siècle (Nowicki, 2011). C’est également durant cette période que 6.4. Les iie et iiie siècles ap. J.-C. (phase 5) sont édifiés les bâtiments agricoles maçonnés de lavilla de Port-sur-Saône (Haute-Saône) (Gaston, 2006). Dans les La dernière phase de construction du site est, quant à villae de « Parthey » (Jura) (Vaxelaire, Labeaune, elle, caractérisée par une architecture strictement maçonnée, 1996) et Delle (Territoire de Belfort) (Cantrelle, 2007), avec recours au mortier comme liant et utilisation de la tuile la pierre est présente dès le milieu du ier siècle et, comme en couverture. à Goux (Jura) (Cantrelle et alii, 1988 ; Rothé, 2001, Régionalement, la construction maçonnée devient p. 256), ne se généralise qu’à partir de la fin dui er siècle de constante à partir du iie siècle de notre ère comme on l’ob- notre ère. Le premier état de la villa de Pannessière (Jura), serve sur le site d’« Entre Deux Vies » à Thervay, où les murs daté de la fin du ier siècle, comporte encore des élévations sont liés par un abondant mortier de chaux (Joan, 2010), en terre et bois surmontant une assise maçonnée (Rothé, à Jallerange, dès la fin dui er siècle (Goy, 2011), ou encore 2001, p. 404). Tous ces sites correspondent à des exploi- à Geneuille (Doubs) (Goy, 2009), à Ornans (Doubs) tations agricoles de type villa qui ont vu le jour à l’époque (Billoin, 2002), ou à Lavans-lès-Dole (Jura) (Pétrequin, augustéenne et ont pris leur essor à partir de la seconde Odouze, 1968). Dans nombre de cas, le mortier utilisé moitié du ier siècle ou au iie siècle de notre ère. Dans la comme liant semble faire son apparition plus précocement plupart des cas, elles sont installées sur des formations limo- qu’à Brans, comme dans les villae de Chaucenne (Nowicki, neuses ou alluviales, en dehors des zones d’affleurement des 2011) et de Port-sur-Saône (Gaston, 2006) dès la seconde calcaires. L’adoption des nouveaux modes de construction moitié du ier siècle de notre ère, dans l’agglomération rurale d’influence méditerranéenne semble dépendre à la fois de de Rochefort-sur-Nenon (Jura) à partir du deuxième tiers la présence sur place de matériaux utilisables et du statut du ier siècle (Jaccottey, 2005). À Choisey « Parthey » social des sites. Domblans (Jura), qui semble être le seul (Méloche, 2011, p. 105), Ornans (Billoin, 2002) ou exemple rural où la maçonnerie est attestée précocement, Roche-lez-Beauprè (Doubs), il apparaît également au iie dès le début du ier siècle (Card, 2011), paraît avoir un siècle (Jaccottey, 2003). Localement, plusieurs sites statut particulier : le bâtiment associe dès son origine une témoignent de sources d’approvisionnement en chaux. Un fonction résidentielle et une activité de forge. ensemble de cinq fours, daté du dernier tiers du ier siècle L’usage de la tuile est, cette fois, attesté sur plusieurs de notre ère, a été fouillé à quelques kilomètres de la villa sites, dès la première moitié du Ier siècle, comme dans la de Brans, sur la commune voisine de Thervay (Méloche, villa de Chassey-lès-Montbozon (Barbet, Gandel, 1997, 2009).

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En conclusion, pour cette période, le site de Brans ne lité, ouvrabilité et efficacité. La durabilité n’intervient pas semble pas se démarquer des exemples régionaux au statut dans le choix d’une roche particulière mais dans le recours comparable et montre une évolution similaire. à la construction maçonnée plutôt qu’à l’aide de matériaux périssables. Conclusion L’emploi des roches montre une évolution chrono- logique : si les ramassages de surface du ier siècle peuvent L’étude détaillée des matériaux employés pour la dénoter un certain opportunisme, de véritables extractions construction de l’établissement rural antique de Brans a semblent mises en place au iie siècle, se concentrant aux été rendue possible par une bonne connaissance du contexte iie-iiie siècles sur les matériaux les plus adaptés. Les choix géographique et géologique local. Le site ayant connu une effectués visent donc principalement à rechercher, à partir érosion importante, seules les fondations et les structures en du moment où les besoins en matériaux non périssables creux sont conservées. L’étude porte donc sur des matériaux sont importants, la matière qui s’adapte le mieux à la ordinaires qui n’ont subi qu’une mise en forme sommaire, construction tout en étant la plus proche du site, soit ici le voire aucune intervention. calcaire bioclastique. Le choix privilégié de ce matériau va La pierre fait son apparition sur le site de Brans vers d’ailleurs perdurer au-delà de l’occupation antique puisqu’il le milieu du ier siècle, dans un contexte d’architecture de est encore le plus utilisé pour la construction des maisons tradition laténienne, à travers l’aménagement de calages de d’époques moderne et contemporaine du village de Brans. poteaux. Les premiers édifices en pierre ne sont sans doute Enfin, la détermination des types de roche a permis pas édifiés avant le début du iie siècle. Caractérisés par la de proposer une évolution des plans de certains édifices au faiblesse de leurs fondations, ils comportent sans doute cours du temps et de contribuer au phasage du site. encore des élévations en matériaux périssables tandis que les édifices entièrement maçonnés, sur fondations profondes Remerciements et soigneusement mises en œuvre, couverts en tuiles, sont Nous remercions nos collègues, P. Barral (Université implantés au cours du iie ou du iiie siècle. Le site ne semble de Besançon), G. Fronteau (Université de Reims), L. Joan plus occupé au ive siècle. (Inrap Besançon), C. Méloche (Inrap Besançon) et La description des pierres employées a mis en évidence P. Nouvel (Université de Besançon), qui ont volontiers la présence de plusieurs calcaires et nous nous sommes effor- accepté de nous aider par leurs conseils, avis, relecture cri- cés de montrer que des critères techniques ont présidé au tique ou pour les informations encore inédites qu’ils nous choix des constructeurs parmi diverses roches : disponibi- ont communiquées.

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