22 . Signal d’Uchon

Accès : Paris - Auxerre-Saulieu (A6 – N6) - (D980) - (D981-994-961) 315 Km

Coordonnées GPS : 46.806444/4.255694 46° 48' 23.2'' N 4° 15' 20.5'' E

Pied : Mesvres O km 284 m Sommet : Signal d’Uchon : 9 Km 640m

Photos : Jacquemin Alain

www.volpassion.com/2007/juillet2007

A deux pas du sud de la Côte-d'Or, entre Autun et , le massif d'Uchon, surnommé la « perle du Morvan », constitue avec Sidobre et Ploumanac'h, dans les Côtes-du-Nord, l'un des trois « scandales » géologiques français.

C e site surprenant offre une vision apocalyptique de curiosités naturelles constituées d'une multitude de torsions et de chaos granitiques s'allongeant parfois sur des dizaines de mètres, tantôt stables et parfois croulants. Avec l'automne qui arrive, ces roches sont comme autant de joyaux posés comme par miracle dans un écrin d'une symphonie de couleurs due à ses bruyères roses et ses hêtres flamboyants. Ce complexe rocheux est l'œuvre de Dame Nature agissant depuis le premier soulèvement du Morvan, dit post-hercynien ; façonnant ce plateau fait pour l'essentiel de granite recouvert par des gneiss « pourrissant » en surface au contact des eaux, et glissant vers la vallée pour empâter la base des collines en dénudant ces blocs de granite arrondis. Celui-ci particulièrement dur, défie le temps, puisque d'après la légende même le Diable y aurait usé ses griffes. Difficile d'ailleurs d'échapper au mysticisme de ces lieux transpirant la spiritualité à travers les landes courant entre cet amoncellement de pierres dont les plus connues et les plus visitées sont les Rochers de Carnaval s'étalant sur 70 m, le nez de Chien et le Mammouth. Au fond des bois, nombreux sont les touristes qui s'égarent en recherchant «la Pierre qui croule» et «la Griffe du Diable» objets de nombreuses légendes aujourd'hui pétrifiées. Sur le sommet, à proximité des Rochers du Carnaval, se trouve le signal d'Uchon, lieu stratégique depuis la nuit des temps et devenue aujourd'hui un relais pour la radio et la télévision, mais sert aussi de balise aérienne. Autrefois, les landes servant de pâturages étaient entretenues par les chèvres et les moutons omniprésents sur ce vaste espace. Les blocs étaient alors tous visibles jusque vers 1960. Puis, l'élevage déserta ces lieux, la forêt reprit ses droits, étouffant sous les broussailles et les genets 80 % de ces curiosités géologiques attirant près de cinquante mille visiteurs par an. Cette prairie sèche étant peu courante en Bourgogne, en 1999, le maire d'Uchon, M. Vannier, contacte le Conservatoire des sites naturels bourguignons pour la sauver. L'objectif étant de réduire la lande pour favoriser la prairie tout en conservant des bouquets d'arbres. L'étude porta ses fruits. Une opération de débroussaillage de 250 000 francs à l'époque, financée par le conseil général, le conseil régional et l'Europe, redonna à ce paysage féerique son aspect d'autrefois, réservant la tranquillité des animaux, des reptiles, et d'une trentaine d'espèces d'oiseaux dont l'alouette Lulu, vivant près de la chaleur des roches. Réservé aux amoureux de la nature, ce site, motif d'émerveillement, dispose d'un sentier découverte à parcourir dès cet automne, mais aussi au printemps, la lande s'illuminant alors du jaune des genêts à balais en fleurs, tandis qu'en hiver, lorsque souffle le vent en rafale, le chaos de ces roches gelées sous la neige, parle de l'histoire à ceux qui veulent bien entendre. De son sommet de 684 m surmonté d'une table d'orientation, vous pourrez contempler l'immense panorama s'ouvrant sur la vallée de l'Arroux et son canevas de bocages, et les sombres et mystérieux monts du Morvan, avec parfois par temps clair la magique vision bleutée du Puy de Dôme. Ce n'est pas sans raison que des hommes célèbres ont trouvé leur inspiration à Uchon. Ce fut le cas pour les politiciens Émile et Paul Reyneau à la fin du XIXe siècle, le père de la Phytosociologie, le botaniste Émile Château 1866-1956, Louis Charlot 1878-1951 appelé « Le peintre d'Uchon et du Morvan ». De nos jours aussi la « Perle du Morvan » est une terre bénie par une quinzaine d'artistes, dont Jean-Claude Bligny. Naturellement Uchon est aussi une agglomération dont l'histoire est aussi fabuleuse que son site. Avec ses pentes abruptes, Uchon était tout indiquée pour édifier un château féodal et se protéger ainsi des invasions. La date de construction de cette fortification est imprécise ; certains évoquent 880 sous Richard d'Autun et de Bourgogne, d'autres vers 900 sous Robert d'Autun. Toujours est-il que ces seigneurs bourguignons avaient autorité sur toutes les petites baronnies alentours. Au XIe siècle la seigneurie d'Uchon appartient à la maison de Semur-en-Brionnais puis à celle des Châteauvillain. En 1311, Jean de Châteauvillain abandonne tous ses droits seigneuriaux sur le Prieuré de Mesvres moyennant une rente annuelle. En 1344, Jeanne de Châteauvillain y accueille Jeanne de , reine de Navarre et fille unique du roi Louis X le Hutin. Les terres d'Uchon faisaient partie du Duché de Bourgogne, mais les seigneurs de Luzy, baronnie voisine, dépendaient des Ducs de Nevers. Les barons d'Uchon profitèrent de cet antagonisme pour régler au mieux leurs intérêts. Dijon était loin, et ils jouissaient d'une certaine autonomie et de privilèges qu'ils exploitaient au maximum, dont celui de rendre la justice et ils ne s'en privaient pas, et bénéficiaient de l'exemption au droit de quint et de sa surtaxe d'un cinquième dues au suzerain à chaque traversée de fief. Les baronnies se succédèrent et en 1364, le château fut détruit et pillé par les Grandes Compagnies, bandes de pillards qui ont sévi durant dix ans dans tout l'ouest et le centre de la France et qui campaient à la Tagnière. Il fallut attendre Guy de La Trémoille à la fin du XIVe siècle pour que le château soit réparé. En 1477, ses derniers propriétaires, Bernard et Léonard, fils de Jehan de Chalon, prince d'Orange et puissant seigneur bourguignon, restèrent fidèles à Marie de Bourgogne en luttant farouchement contre Louis XI. Le château de « Huchon » fut alors assiégé et détruit au canon par Louis de la Trémoille-Poitou, commandant les troupes du Roi en 1478. Près de quatre siècles plus tard, en 1842, un berger gardant son troupeau près des ruines du château se rendit à la recherche d'une bête égarée dans les taillis. Il la découvre au fond d'un trou. Encordé, avec l'aide de sauveteurs, il descend dans la brèche pour remonter l'animal. Là, il découvre l'ouverture d'une cave, ou plutôt une sorte d'oubliette dans la base de ce qui devait être des escaliers accédant autrefois à une tour du château. Un squelette recouvert d'une cotte de maille y était encore pendu. Sans doute victime de l'assaut final du château. Autour du mur d'enceinte qui englobait la cure de l'église et une ferme, les vestiges de deux piliers étaient encore visibles en 1925. Il ne reste aujourd'hui que quelques ruines, tout au plus un pan de mur d'environ quinze mètres de haut et cinq de large avec les restes d'une cheminée. Uchon possédait autrefois deux édifices religieux dont une église paroissiale aujourd'hui disparue. L'ancienne chapelle du château la remplace. De style roman elle fut bâtie au XIe siècle. Autrefois dédiée à Saint Sébastien dont elle aurait possédé quelques ossements, elle est aujourd'hui sous le vocable de Saint Roch. Son toit à deux pans renfermant trois cloches et son allée pavée montant vers le cœur en épousant la pente naturelle de la roche en font une curiosité où les deux saints étaient particulièrement invoqués pour guérir de la peste et de toutes les maladies épidémiques. Les croyances populaires assimilaient à Saint Sébastien, martyrisé sous une pluie de flèches, les textes de l'Ancien Testament faisant référence à Dieu préparant les flèches de sa colère divine. Quant à Saint-Roch, n'avait-il pas rencontré et soigné la peste au cours de son pèlerinage à Rome ! Aussi, chaque fois que ce fléau sévissait dans la région comme en 1507, 1519, 1529, 1557, 1564, 1586 et 1597, des milliers de personnes se déplaçaient sur le site spirituel et fantastique d'Uchon. La petite église ne pouvant pas contenir tous les pèlerins, l'oratoire de Belle Croix fut construit afin de protéger l'autel et le prêtre célébrant les messes de guérisons en plein air. Restauré et fleuri, l'oratoire est encore visible de nos jours. Il mesure 3,50 m de haut et 2,80 m de large. L'ensemble repose sur un rocher taillé lui donnant une hauteur de 9 m. Lorsqu'en 1628, la peste entra à nouveau dans Autun, une délibération du 19 mai décida qu'une procession devait se rendre à Uchon. Jean Rollin, citoyen d'Autun en rédigea le compte rendu : « Le Lundy vingt-deuxième jour du mois de may 1628 ; Messieurs les vénérables de l'églize collégiale de Nostre-Dame dudit Ostun, avec les religieux Cordelliers et pères Capussins, sont estés en procession généralle en l'églize et paroisse de Monsieur Saint Sebastien d'Uchon, pour prier Dieu s'appaiser son ire (colère) en la maladie d'épidémye et peste qui commençoit à s'eschauffer dans la ville (.) La saincte messe fut célébrée en ladite églize par vénérable personne M. François Saulnier, chanoine de ladite églize et prévôt de Sissey ; (.) 967 personnes, tous à pied, sy comme les gens d'églize qui ne sont pas estés compris au susdit nombre combien qu'ils estoient en nombre de 92 et ledit nombre fut conté en passant la planche de la ripvière à Mesvres et auquel ne fut pas compris les gens de chevaulx en nombre de 120 et plus, ny aussy environ 180 personnes parties le jour précédent (.)» La peste ayant cessé à Autun après cette procession, les habitants en entreprirent une seconde en 1629 en action de grâces à la fin du fléau. Ce pèlerinage était bien plus important que le précédant et les compteurs ne purent comptabiliser les pèlerins estimés à 3 000 environs. Les habitants d'Arnay-le-Duc, distante de 48 km d'Uchon, avaient la même confiance dans l'efficacité de ces Saints. Suite à l'épidémie de 1636 désolant la cité, les notables d'Arnay firent le « Vœu de la Ville » promettant que chaque année, le curé, le maire et un valet d'église se rendraient en pèlerinage en l'église d'Uchon où étaient les reliques de saint Sébastien. D'après le budget d'Arnay-le-Duc en 1686, l'exécution du « Vœu de la Ville » exigeait une dépense de trente livres, tant pour les frais de voyage, que pour les cierges et la petite somme d'argent laissée au curé d'Uchon pour la célébration de trois messes. Un arrêté municipal du 14 août 1791 supprima à Arnay-le-Duc l'accomplissement de ce vœu. De nos jours plus rien ne subsiste de ces pieux pèlerinages qui avaient rendu Uchon célèbre dans toute la région. Si, peut-être, en tendant l'oreille pour écouter les cantiques murmurés par le vent dans le chaos des roches. C'est en 1989, qu'un moine orthodoxe, peintre d'icônes, a posé son bâton de pèlerin pour créer un centre monastique spirituellement affilié au monastère orthodoxe de Saint Michel du Var. Bien que faisant partie de l'Église orthodoxe occidentale française, ce monastère issu des Églises grecque, russe et ukrainienne traditionnelles, est parfaitement autonome. Construit sur le rocher, le bâtiment était un ancien restaurant qui s'était aménagé dans la cure de la chapelle du château détruit à la fin du XVIe siècle. Depuis 1992, Ce centre monastique fait partie des 10 000 sites et monuments inscrits au patrimoine de France et de ses 6 000 musées et collections. Ce centre est animé par Luc- Devoisin-Lagarde, higoumène (père abbé), ancien professeur d'iconographie à la ville de Paris, qui continue de conseiller quelques élèves, mais n'organise plus de stages. Il est entouré de clercs et de quelques membres de l'association l'aidant dans son travail missionnaire. Le centre ouvert à tous reste dans la tradition orthodoxe. Il veut être le témoin de notre passé, car les icônes ont été vénérées en France jusqu'au IXe siècle environ. La spiritualité du site a traversé le temps... Croyants ou non, Uchon est un lieu de sérénité et de repos où se mêlent Histoire et légendes. Lucienne DELILLE Sources : - E. Truchot, Huit Jours à Uchon, éditions E. Truchot à Nevers - Daniel Cattanéo, Ballade autour du Creusot, Sodotech éditions, décembre 2003. A deux pas du sud de la Côte-d'Or, entre Autun et le Creusot, le massif d'Uchon, surnommé la « perle du Morvan », constitue avec Sidobre et Ploumanac'h, dans les Côtes-du-Nord, l'un des trois « scandales » géologiques français. www.bienpublic.com/archives/article.php?a=art&num=000001388&aaaammjj=20040905

Où faire une retraite par un temps de Toussaint ? Que faire le jour des morts ? Commémorer un défunt dans l’attente de sa résurrection finale, déposer une pomponnette sur sa tombe ? Ou bien encore, se reposer des frasques d’Halloween et se faire suer dans un sofa en attendant que les beaux jours reviennent ?

Il doit bien exister une parade à cette morosité. Doesn’t it, my dear Jack Major !

Alors pourquoi pas une virée à vélo dans le Mâconnais ? Avec, en apothéose, un saut dans le val lamartinien !

Le climat y est moins rigoureux que dans le Nord et le relief est relevé d’une flopée de belles bosses de moyenne montagne. Un beau tir groupé de cols. Des collets qui sont tous différents les uns des autres de par leur originalité. Ainsi, la « Percée » n’a pas volé son nom puisque c’est une véritable tranchée dans le roc. Le bois de la « Croix de Montmain » catapulte le promeneur au temps où les moines de l’abbaye de venaient y arpenter les flancs dans l’espoir d’en trouver la clé. Celle du royaume des bienheureux. Le col des « Enceints » donne, pour sa part, un aspect alpin à la ronde. Quant aux « Quatre Vents », c’est la porte d’entrée du clunisois. Et encore, le col du Bois Clair qui fait la nique à Berzé-le-Châtel, une sombre forteresse qui domine toute la vallée du Mâconnais du haut de son éperon rocheux. Et tout autour et alentour, un somptueux paysage vallonné et virevoltant à souhait. Et encore, des voies vertes et des monts à gogo ! Saint-Romain, Saint-Vincent et même Julien se bousculent au portillon du jardin d’hiver ! Que voulez-vous demander de plus ?

Mais toutes ces gâteries topographiques combinées aux hauts lieux locaux de la chrétienté que sont Cluny et Taizé, d’une part, et au blues lamartinien, de l’autre, m’ont malgré tout donné un petit goût de trop peu. Aussi, vous imposer de caracoler dans ma roue arrière tout au long d’une ronde de plus de septante bornes, au train de sénateur, n’est pas la formule idéale que je retiens pour vous pigeonner. Vous scotcher à mes lettres, en d’autres mots !

Aussi… Eh bien, non ! Je ne vous conterai ni les Hauts ni les Bas de Cluny, na !

Pour compenser la fadeur du plat du jour des morts, avis réfuté par mes jolies mirettes, Dominique, mon alter ego eut la riche idée de refiler un ersatz à mes gambettes et ce, pas plus tard que le lendemain. Pas n’importe quel rab,… Non ! Un morceau de choix digne d’un roi ! A savoir celui de driver sa compagne sur les pentes du Signal d’Uchon.

A vrai dire, ce sera plutôt un « Madame promène son chien sur les rampes de Crèvelavie, Madame promène…Je trouve que Madame est servie ». Et encore heureux que, ce matin-là, la bruine écrasait la Saône & Loire, ce qui m’épargna de devenir « l’ombre de son chien ». Que le grand Jacques et Domi pardonnent mes écarts, mais maintenant c’est trop tard. Mon vieux tu n’es qu’un connard… comme le rabâche Lio dans « Fallait pas commencer ».

Et v’lan passe-moi l’éponge…

Au préalable, un petit mot sur le contexte. Et, de grâce … ne tirez pas sur le con du texte !

Le Signal d’Uchon se dresse à vingt kilomètres à vol d’oiseau au sud de la ville d’Autun. C’est un sommet situé dans le massif du Morvan, qui se nomme aussi Mont Julien. Son éminence culmine à 681 m et non à 640 comme l’indique le site de référence : http://www.montsdefrance.be/. C’est aussi un site touristique prisé dont le belvédère, où se trouve la table d’orientation (650m), fait office de point de chute de la balade. Qu’on se le dise !

Me voilà donc en compagnie de Domi à la gare de Mesvres qui est un endroit propice pour se lancer à l’assaut de l’épouvantail morvandeau. Dominique, quant à lui, a rencart chez « Midas ». En principe, il nous rejoindra du côté de la Croix de la Libération en fin d’après- midi.

La signalisation routière est impeccable en France. Ça tout le monde le sait. En France comme en Belgique. Aussi, l’accès au Signal d’Uchon ne pose-t-il pas de problème. Si ce n’était la grisaille qui nous enveloppe, nous serions tentés de dire que c’est un temps idéal pour faire du vélo. De plus la départementale D228, qui s’échappe du village, ne donne aucune idée quant au challenge proposé au cycliste. Bref, je papote, tu papotes, nous papotons. Et patati et patata, en veux-tu, en voilà !

La route relève du col un peu avant l’entrée de La Chapelle-sous-Uchon. Domi met aussitôt le nez à la fenêtre. Bien qu’une fine bruine se mette à tomber, c’est le moment que nous choisissons pour ôter notre survêtement avant que nous soyons hammamisés.

Peu après que la route se soit lovée autour de l’enceinte du cimetière, celle-ci se cabre brutalement respectant scrupuleusement les 2 chevrons de la carte Michelin. Quoique ce système de représentation des pentes ne fasse pas l’unanimité, je maintiens que ce procédé a au moins l’avantage de clarifier la lecture de carte. Faites passer le message !

Domi, elle, ne s’encombre pas de ce genre de nébuleuses. Peut-être parce qu’elle n’a été vaccinée que sur le tard par un rayon de bicyclette ! Allez savoir ! Aussi caracole-t-elle une bonne centaine de mètres devant moi en faisant de la patinette, la socquette légère. De mon côté, je chaloupe a piacere. Suis-je donc le seul à coller au goudron ? Ce premier coup de cul nous propulse dans le vif du sujet qui se pointe à quelque cinq bornes de distance.

Domi insiste, fait le trou et se met à fumer la pipe. Sympa non, tout ça pour pas me larguer ! Tant et bien que sur les hauts de La Gravetière, un hameau d’Uchon, je retrouve le coup de pédale qui permet de me rapprocher à moins de cent mètres de son polar rouge.

Et vlan, voilà du nouveau ! Un panneau triangulaire nous fait l’effet d’une douche écossaise. Un panneau de signalisation de type A (pour les pointilleux de la signalisation) qui indique une descente dangereuse alors que nous sommes pratiquement à mi-chemin et sensés grimper encore une dénivelée équivalente sinon supérieure à celle déjà parcourue. Heureusement, nous distinguons au loin la route qui se fraie timidement une percée dans la forêt embrumée. Excellent pour le moral, ça remet nos pendules à l’heure.

Domi, aérienne, s’envole. Je recommence à faire de l’accordéon derrière la casaque rouge. Ah ! Si seulement j’étais el toro……Olé ! - (un rien suffit pour mettre la machine en branle) - Le village n’est pas bien loin car la route se met à grimper au ciel. Un coup de reins pour avaler la bosse de 18 % et nous échouons devant un oratoire qui est érigé à l’entrée d’Uchon. Hélas ! Il n’a pas l’heur de nous émouvoir. Ni de nous stimuler. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux confier notre sort à nos guibolles en prenant bien soin, of course, de ne pas se faire péter des varices. C’est pas très poétique mais c’est du concret. Il pleuvine maintenant.

Quelque cinq cents mètres en amont de la bourgade, Domi s’arrête et fait le point près de la stèle qui se dresse à la croisée des chemins. Bref conciliabule face à l’édicule et nous prolongeons l’ascension vers le belvédère. Ça monte encore un peu mais rien de bien méchant. Quand nous parvenons à hauteur d’une grosse bâtisse, probablement un centre de vacances, la flotte ne nous lâche plus. Cette fois, nous enfilons nos vestes thermiques et tout le toutim qui va avec avant de nous mettre à la recherche du Saint Graal uchonnais. Peau de balle et balpeau ! Ce qui m’académisée veut dire que notre quête se clôture par un magistral fiasco. Face au parking, aménagé pour les amis de la nature, un « Danger de Mort » nous interdit l’accès à la calotte sommitale.

Ne voyant pas d’autre issue, nos regards se croisent et nous nous mettons d’accord pour faire demi- tour. Au moment où nous repassons devant la bâtisse, des mômes imperméables à la pluie, viennent à notre rencontre et nous localisent exactement la table d’orientation. C’est le moment précis que choisit Dominique pour faire son apparition, la réparation du véhicule ayant été postposée au lendemain. D’emblée, notre Jack Major innove un trait d’esprit très dominicain dont il faudra se méfier dans le futur.

« Eh ben ! Vous n’en êtes que là ! Je vous voyais beaucoup plus loin à c’tte heure, au moins du côté d’Autun ».

Voilà le type de boutade qui fait vraiment plaisir ! Mais que peut-on attendre de plus d’un austro- go ?

Il confirme l’explication des gosses et nous retournons au parking sur lequel aboutit une voie en pente douce qui mène au chaos granitique des « Rochers du Carnaval ». Là, c’est par un sentier qui serpente entre les ajoncs et la lande que nous parvenons enfin à la table d’orientation sur le belvédère. Panoramas exceptionnels affirment les offices de tourisme ! Peut-être ! Mais pour ça, il eût fallu que nous eussions la formule magique pour ouvrir le foutu rideau de pluie qui nous bouchait la vue depuis un bon bout de temps. Aussi, comme nous n’y voyons goutte, rebroussons- nous chemin pour retrouver notre mentor.

Photos de groupe et nous entamons, sous une pluie battante, une descente au pas sur la vallée de la Mesvres. Curieusement, la pente, rendue périlleuse par les feuilles mortes, me paraît beaucoup plus raide que lors de la montée. Tiens, tiens ! Voilà un sujet à développer pour une prochaine fois !

C’est time pour la journée ; la cote d’alerte du bol d’Ô est dépassée !

A défaut des Hauts de Cluny, vous connaissez au moins

Novembre 2009

J.BRUFFAERTS