leSoleSoleilleilmermercredcredi 5ise5 septptemembrbre 20e 201212 ÉLECTIONS PROVINCIALES 2012Actualités55 Début de règne chaotique

les autres élus» de l’Assemblée Michel nationale. Corbeil Sous quelques huées bien sen- [email protected] ties, elle a tenu à rassurer, en anglais, la communauté anglo- phone «que vos droits seront res- MONTRÉAL — La toute pre- pectés». Nous partageons une mière femme premier ministre, histoire et un futur communs. , a commencé Elle a promis à ses militants de son règne à la tête d’un gouver- poursuivre «l’ambition d’être un nement faible, minoritaire, par pays». C’est à ce moment qu’elle une soirée chaotique. a été interrompue. C’est peu après 21h30 que le Peu avant minuit, son discours a réseau TVA a annoncé que le été interrompu brusquement par Parti québécois revenait au pou- un incident dont la nature n’a pas voir, après une absence de neuf encore été précisée au moment ans, mais sans une majorité de d’aller sous presse. Pendant un sièges à l’Assemblée nationale. moment, l’ordre d’évacuer le Au Métropolis, le millier de mili- Métropolis, à Montréal, lieu du tants a bruyamment applaudi la grand rassemblement électoral nouvelle. Le comédien Yves du PQ, a été donné. Desgagnés a animé la soirée Au bout de quelques cour- comme si de rien n’était, même tes minutes, la désormais chef si le scénario d’un gouverne- du gouvernement est revenue ment minoritaire est présenté compléter son allocution. Tout comme un scénario du pire par s’est fait «dans le calme. C’est les observateurs. à l’exemple d’une femme chef «On va gagner», ont entonné d’État». les partisans, sans tenir compte Accompagné de son conjoint que Mme Marois sera contrainte Claude Blanchet, Pauline Marois de diriger avec moins de députés est arrivée tout sourire à la réu- que le total des élus assis sur les nion qui se voulait une fête par- bancs de l’opposition. Les stratè- tisane. Elle s’est lentement frayé ges de la formation, eux, regar- un chemin jusqu’à la tribune, daient avec un calme résigné. fendant une foule partisane en En fin de campagne, Pauline liesse. Son entourage, lui, s’est Marois a affirmé se battre «de montré soucieux tout au long de toutes ses forces» pour gou- La nouvelle première ministre du Québec, Pauline Marois, a été chaudement accueillie par les militants péquistes à la soirée, devant ce qui apparaît verner majoritairement. Elle a son arrivée au Métropolis de Montréal hier soir. — PHOTO LA PRESSE CANADIENNE comme une victoire teintée de laissé entendre que cela l’em- déception. pêcherait de remplir certaines La soirée s’était pourtant La soirée a été ponctuée de «Ce soir, un nouvel La première ministre s’est promesses, y compris l’annu- ouverte sous de bons augures. coups au cœur pour Pauline adressée à ses partisans pour lation de la hausse des droits À 20h01, le péquiste Nicolas Marois. Surtout, c’est la défaite épisode de notre affirmer que, «ce soir, un nouvel de scolarité pour fréquenter Marceau a été le premier à être de Nicolas Girard, dans Gouin, histoire commence» épisode de notre histoire com- l’université. donné en avance, dans sa cir- qui aura attristé le leader du PQ mence». Mais elle n’a précisé Son plus jeune député — et cer- conscription de Rousseau, dans qui a tenu, dans son discours, — Pauline Marois aucun des changements à venir. tainement un des plus populaires Lanaudière. à déplorer sa défaite aux mains Elle n’est revenue sur aucune de auprès des militants du PQ —, Léo de la cochef de Québec soli- ses promesses électorales, y com- Bureau-Blouin, élu dans Laval- COUPS AU CŒUR daire, Françoise David. La solidaire n’a pas manqué pris le retour du gel des droits de des-Rapides, ne l’entend pas ainsi. Rapidement, les résultats Celle-ci a parlé du choix déchirant d’offrir «sa collaboration» à la scolarité et l’abolition de la loi L’ex-leader de la Fédération étu- ont commencé à débouler d’un qui s’offrait aux électeurs de sa cir- première femme première minis- 78. Le gouvernement sans une diante collégiale du Québec croit peu partout dans la province, conscription. Inusité, Mme David a tre. Les deux sièges de Québec majorité de députés à l’Assemblée toujours que le Parti québécois accordant le tiers des suffra- eu droit à quelques applaudisse- solidaire, avec celui d’Amir Kha- nationale, «ce sont les Québécois fera du gel des droits de scolarité ges aux candidats péquistes ments lorsqu’elle a pris la parole dir, dans Mercier, sont cependant qui ont fait ce choix. Nous allons et de l’abolition de la loi 78 ses et moins de 60 fauteuils au sur les écrans de télé. Elle a salué insuffisants pour aussi offrir une respecter en gouvernant avec priorités. Salon bleu. «le travail du député sortant». majorité à Pauline Marois. Une route de plus de 30 ans vers le sommet

MONTRÉAL — La route a été Elle croyait y avoir renoncé à En 2001, nouvel essai, pour suc- québécois, essaie de la prendre de l’Assemblée nationale en 1989. Sous longue, dure, incertaine, plus de tout jamais, après avoir perdu céder à Lucien Bouchard. Furieux, vitesse. Mais elle rapplique. À son les gouvernements Lévesque, Pari- 30 ans de batailles politiques, la course à la direction du Parti le clan Marois dénonce le fait que tour, elle prend les rênes de la for- zeau, Bouchard et Landry, cette de luttes intestines, de défaites québécois (PQ), en 2006. Battue François Legault — devenu depuis mation souverainiste sans avoir à fille d’un milieu modeste — dont crève-cœur. Mais, de peine et de par André Boisclair, elle démis- fondateur de la Coalition avenir se mesurer à des adversaires. le père était mécanicien, dans ce misère, Pauline Marois touchera sionne quelques mois plus tard. Québec — a renié un pacte vieux Les marches gravies constituent qui est maintenant Lévis — aura finalement les rives de son rêve : «Le cœur n’y est plus», déclare-t- de quelques heures, où il devait un parcours impressionnant. dirigé 14 ministères, dont trois elle devient la première femme à elle à l’Assemblée nationale. l’appuyer. La course à la direction Cette travailleuse sociale de for- poids lourds, l’Éducation, la Santé diriger le gouvernement du Qué- Il s’agit de sa troisième tenta- se transforme en couronnement de mation occupe brièvement le poste et les Finances. bec, un gouvernement à la merci tive infructueuse de se hisser à . d’attachée de presse du ministre En cette journée du 4 septembre, de l’opposition. la tête du PQ. En 1985, la jeune des Finances , comment se prépare-t-on à deve- Des péquistes d’influence lui députée, âgée de 36 ans, se lance UNE «FENÊTRE» POLITIQUE en 1978. Elle revient comme chef nir la première femme premier prédisaient depuis longtemps, dans la course pour succéder En 2007, occupée à cultiver son de cabinet d’une ministre qui ministre? lui demande une journa- depuis une quinzaine d’années, au charismatique fondateur jardin, à sa luxueuse résidence sera une alliée toute sa vie, Lise liste, à Beaupré, devant le bureau ce fauteuil de première ministre René Lévesque. À la surprise de L’Île-Bizard, une «fenêtre» poli- Payette, en 1979. de vote. «Ça fait 30 ans que je me qui a failli lui échapper. des observateurs, elle termine tique s’ouvre miraculeusement Elle fait son entrée au Salon bleu prépare.» À 63 ans, il faudra réé- Sur cette route vers un pouvoir deuxième, derrière Pierre Marc avec la débâcle du PQ d’André deux ans plus tard. René Léves- valuer ses options. Et se deman- toujours aussi élusif, elle-même Johnson — et devant l’ambitieux Boisclair, à l’élection générale. que la nomme à son cabinet. Bat- der combien de temps son étoile a souvent douté d’y parvenir. ministre Bernard Landry. , le chef du Bloc tue en 1985, elle est de retour à pourra briller. Michel Corbeil