L’E

EL

G. ANCEY J. CHEVASSU J. MICHOTTE ET TE

RENSEIGNEMENT§, CONBITIBNS DE VENTE

Pour tout renseignement, abonnement aux revues périodiques, achat d’ouvrages et de cartes, ou demande de caialogoe, s’adresser 2 : SERVICE CENTRAL DE DOCUMENTATION DE L’ORSTOM 70-74, route d’Aulnay, 93140 BONDY (France)

- Tout paiement sera effectue par virement postal ou chéque bancaire barré, au nom de : Régie wwtce SSC ORSTOM, 70, route d’&lnoy, 93140 BOWDY, CPTE 9152-54, CCP PARIS. - Achat au comptant possible 1 la bibliothèque de I’ORSTOM, 24, rue Bayard, 75008 PARIS.

REVUES ET BULLETIN~ DE L’ORSTOM

1. CAHIERS ORSTOM c) Séries non encore periodiques : - Biologie (3 ou 4 numéros par an) a) Séries trimestrielles : - Géophysique - Entomologie médicale - Océanographie et parasitologie Prix selon les numéros - Hydrobialogie - Pédologie - Hydrologie - Sciences humaines Abonnement : France 100 F : Etranger 130 F ; II. BULLETIN ANALYTIQUE D’ENTOMOLOGIE MÉDICALE ET VÉTÉRINAIRE

b) Série semestrielle : 12 numéros par an (en 14 fascicules) - Géologie Abonnement : France 80 F ; Etranger 100 F Abonnemenr : France 80 F ; Etranger 90 F

Nous vous rappelons, dans la Collection des c&ihoires de l’0.R.S. T.0.M.a :

no 50 - Le Milieu naturel de la Côte d’ivoire. J.M. AVENARD, M. ELDIN, G. GIRARD, J. SIRCOULON, P. TOUCHEBEUF, J.L. GUILLAUMET, E. ADJANOHOUN, A. PERRAUD 391 p., -26 réf. ...~ .. . . . * . . . . . ~ ...... ~ ...... * ...... ~ ...... 230 F

no 70 - Relations de voisinage ville-campagne. Une analyse appliquée A ; Bouaké : sa couronne et sa rhgion (Côte d’ivoire). G. ANCEY 258 p., 42 fig. ..~...... ~ .. . . * ...... ~..O ...... a...* ...... 90 F TRAVAUX ET DOCUMENTS DE L’O.R.S.T.0.M.

No38

0. R. S.-T. 0. M.

PARIS

1924 s La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alin4as 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que «les ((copies ou reproductions strictement réserv6es A l’usage priv6 du copiste et non destinees Q une

«utilisation collective» et. d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et

«d’illustration, ((toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de ((l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite» (alihéa Ier de l’article 40).

« Cette repr8sentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une

«contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code PBnal».

O0.R.S.T.0.M.1974

I.S.B.N. 2 - 7069 - 0323 - 7 L’ECONOMIE DE L’ESPACE RURAL DE LA REGION .DE BOUAKE PREFACE

A l’issue d’une recherche effectuée sur le terrain pendant plusieurs années, les économistes de 1’O.R.S.T.O.M. ont présenté une analyse chiffrée, précisant le fonctionnement de l’économie dais la région de Bouaké. Ce travail, mené en équipe, a nécessité l’étude des diverses liaisons qui se manifestent à l’intérieur de la zone et des rapports de celle-ci avec l’extérieur. On a pu acquérir une connaissance détaillée de l’ensemble des relations de la zone, appréhendées sous leur aspect spatial.

Il en est ainsi, notamment, de l’espace rural. C’est ce dernier espace que retient cet ouvrage qui, à côté de l’intérêt méthodologique des études qui y figurent, s’efforce de faire comprendre le fonction- nement d’une zone rurale en Afrique tropicale.

I - L’espace rural demeure un espace agricole, voué à la culture. Le paysage agricole dépend des décisions prises par les cultivateurs. J. MICHOTTE et G. ANCEY présentent, pour deux zones dfférentes, l’allure des exploitations agricoles et les tendances qui s) manifestent.

2 - A l’intérieur de cet espace agricole, des marchés apparaissent, lieu privilégié pour certaines relations. Ces marchés ont-ils une importance économique aussi considérable que le laisserait supposer leur animation ? Cést à cette question que J. MICHOTTE tente de’répondre ; G. ANCEY analyse, pour sa part, un marché, celui de , qu’il a pu observer avec minutie.

3 - Les zones rurales entretiennent des liaisons avec des centres secondaires. J. CHEVASSU et J. MICHOTTE examinent les relations qui unissent ces deux espacesdans la région de Bouaké. G. AhK’EY décrit les caractéristiques du centre secondaire de Dabakala.

4 - Les zones rurales de la région de Bouaké ne sont pas insensibles aux éléments d’animation d’autres régions. Les migrations saisonnières, durables ou définitives, constitueni un type de relation fort important. La migration est une solution concurrente du changement de système de culture. Aussi, tout programme de vulgarisation agricole doit-il tenir compte de cette possibilité et des perspectives qui s’ofjrrent ainsi aux cultivateurs. C’est ce que vérifie J. MICHOTTE. 3 - Enfin. l’espace ntral est en relation avec le centre urbain de Bouaké. Les résultats des recherches coucer~iaut cet aspect des liaisons spatiales ne figurent pas dans ce volume. Le lecteur intéressé pourra ‘. se reporter à /a thèse de doctorat en Sciences Économiques de G. ANCEY, à paraître dans la collcctiorr . des .Ilémoires de l’O.,Q.S.T. O.M., pour les relations péri-urbaines ainsi qu ‘aris travaux de P. CASTELLA relatifs à l’économie de la ville de Bouaké.

Robert BADOUIN. Sommaire

1 - Les relations entre les zones rurales et les centres secondairesde la région de Bouaké J. CHEVASSUet J. MICHOTTE ...... 9 II - Systèmesde production et niveaux de revenu dans la zone densedu contact forêt-savane à l’ouest de Bouaké - Jean MICHOTTE ...... 83 III - Les exploitations agricolesen pays Diamala-Djimini : une enquête en milieu rural G.ANCEY ..a...... 111 IV - Les marchésdu pays baoulé de la zone dense : Typologie, Organisation et Fonction- nement - Jean MICHOTTE ...... , ...... 137 V - Un exemple de fonctionnement de marché rural à proximité d’une agglomération urbaine : le cas de Brobo - G. ANCEY ...... , . . . . , , ...... 183 VI - Mouvementsmigratoires et développementéconomique dans la zone denseà l’ouest de Bouaké - Jean MICHOTTE ...... , ...... 203 VII - Dabakala : Quelquesaspects démo-économiques d’un centre secondaire G.ANCEY ...... 229

7 Les relations entre’ les zones rurales et les centres secondaires de la région de Bouaké.

J. CHEVASSU et J. MICHOTTE

9 La présente étude est un travail d’équipe qui se situe dans le cadre du protocole d’accord conclu entre la République de Côte d’ivoire et l’office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-%x et dont l’objet est une recherche méthodologique en matière d’analyse et de programmation régionale. Elle constitue la première synthèse partielle des travaus effectuhs dans la rigion du Centre : I’int6gmtion des analyses en cours de la ville de BouakC et de sa couronne permettra ultérieurement dc presenter un modclc syn- thétique de structure et de fonctionnement intéressant l’ensemble de la rcgion. Nous remercions vivement Monsieur le PrEfet du Dcpartement du Centre ainsi que Messieurs les Sou+PrCt’ct\ de , Sakasso, Tiébissou, , , Brobo, Didiévi et Katiola et les techniciens des divers minist&reï qui ne nous ont ménagé ni leur aide matorielle ni leurs conseils au cours de la Galisation de ccttc 6tude.

Plan

Avant-Propos Introduction Le cadre régional d’analyse et la délimitation de la zone rurale Premièrepartie : Les Flux 1 - Les flux intra-zonaux 2 - Les flux intra-régionaux 3 - Les flux extra-régionaux Deuxième partie : Les dynamismeset les freins au développement 1 - Les problèmes poséspar la croissancedes centres 2 - Les problèmes poséspar les transformations des structures de production de la zone rurale ‘3 - L’utilisation des revenus et l’orientation actuelle de la consommation Conclusion Bibliographie Annexes

Liste des cartes et graphiques Figure 1 - Aire de vente desproduits importés de Bouaké. Figure 2 - Aire’ desproduits de traite commercialiséspar Bouaké. Figure 3 - Aire d’achat desproduits vivriers. Figure 4 - Aire de commercialisationdes produits importés et desproduits vivriers entre les zonesrurales et Bouaké. Figure 5 - Principaux flux de produits vivriers. Figure 6 - Circuit du commercedes produits importés.

10 AVANT-PROPOS

La présente étude se propose d’apporter une contribution en matière d’analyse et de plani- fication régionale.

A - L’analyse régionale consistetout d’abord à mettre en évidenceles interdépendanceset à comptabiliser les flux à l’intérieur d’une région donnée et entre cette région et l’extérieur. Cette démarchenécessite : - un inventaire et une identification des flux afin de montrer comment s’organisela vie économique sur le plan régional et comment l’ensemblerégional s’insèredans l’espace national ; - une présentation dans des cadrescomptables cohérents susceptiblesd’être raccordésà la comptabilité nationale des informations statistiques concernant les différents secteurs d’activités. Cesdeux premièresphases du travail doivent aboutir dans une étape ultérieure à l’élabo- ration d’un tableau des relations entre les diversesactivités à l’échelle régionale.

B - Ce premier document de synthèsequi est soumis à la critique des praticiens sembledevoir satisfairetrois besoinsde la planification régionale : - il permet tout d’abord de formuler un diagnostic sur les caractéristiquesde structure et de fonctionnement de l’économie en mettant l’accent sur le degré d’autonomie et le niveau d’intégration des activités de la région ; - il rend possible des projections concernant les effets de la localisation de projets ou des modifications de la demandefinale (consommation, investissement,exportations) sur le niveau d’activité des secteurs; - il doit permettre une localisation plus judicieuse des activités et, de ce fait, faciliter l’éla- boration d’une programmation régionale et la recherched’un optimum inter-régional.

11 INTRODUCTION

LE CADRE RÉGIONAL D’ANALYSE ET LA DÉLIMITATION DE LA ZONE RURALE

Dans un pays où l’organisation traditionnelle de l’espaceconnaît un profond remodelageen fonction du nouveau découpageadministratif, de la création ou de l’amélioration de l’infrastructure routière, de l’équipement desvilles, de la promotion desbourgs ruraux, du lancement de vastesop& rations de développementen matière agricole, de la localisation des activités industrielles, l’économiste de même que le géographeéprouvent des difficultés à utiliser les critères habituels pour cerner les contours de la région. Ceci ne doit pas amener à conclure qu’il est impossible de procéder à l’analyse de l’organisation et du fonctionnement des flux à l’intérieur.d’un espaceplus ou moins polarisé bien qu’il y ait encore un effort de réflexion considérableà réaliser pour pouvoir définir des méthodes d’investigation adaptéesà la réalité que l’on désire observerdans les pays en voie de développement.

I - LA DÉMARCHE SUIVIE POUR LA DÉLIMITATION DE LA R&ION DE BOUAKÉ

La définition du cadre d’analyse a nécessitéle choix d’une série de critères qui ont semblé les plus significatifs pour préciser le contenu de l’espacerégional et le fonctionnement de son économie. L’aire d’influente de la ville de Bouaké recouvre un périmètre qui varie en fonction du secteur d’activité retenu. On analyserasuccessivement : - Bouaké comme pôle industriel, - l’aire du commercedes produits importés, - l’espacedesservi par les transports, - l’aire du commercede traite, - l’aire d’achat des produits locaux.

A - Bouaké, pôle induâtriel L’implantation à Bouaké de certaines usines dc transformation de produits agricoles : industrie textile de Gonfreville, ficellerics de Bouaké. Manufacture des Tabacsde Côte d’lvoirc donnent à I’éco- nomie de la ville une dimension internationale ; mais à cc niveau son poids.sur Ic marché environnant reste limité et n’entre pas dans Ic cadre dc notre analyse.

Capprovisionncn~c~~~cn mati&rcsprcmiErc.s de ces usines d6pcnd pour une part dc la production agricole nationale par I’intcrmEdiairc dc I:I CFDT cl dc’ la CAITA ; cette aire d’approvisionnclncnt ne peut, cependant, VII la Iàiblc intewit6 des flux, constituer une base dc dCpart pour une dElimitation de la rEgion.

12 B - L’aire du commerce des produits importés Pour des raisonshistoriques et géographiques,Bortaké est devenu un centre commercial impor- tant en raison de sa localisation au centre du pays, au carrefour des grands axes routiers N-S et E-W en direction des pays limitrophes. La voie ferrée Abidjan-Niger l’a atteint dès 1913. Elle a eu un rôle pri- mordial sur le développementde la ville. Très tôt, les succursalesdes maisonsde commerceeuropéennes s’y sont installées,prolongées ‘par un réseaude commerçantsivoiriens, libanais, maliens, voltaïques, guinéenset ghanéens.A partir de cespoints de vente dés circuits de redistribution se sont établis. Ils diffèrent selon les produits, biens de consommation courante, produits pétroliers, poisson du Mali et viande de boucherie par exemple. Cependant,au cours des dernièresannées, cette aire commerciales’est modifiée S~USl’influence de divers facteurs : - l’amélioration du réseauroutier dans le sensN-S qui a draîné une grande partie du trafic directement vers Abidjan ; - la transformation des relations avec les pays voisins depuis l’indépendance ; - la croissancerapide d’Abidjan avec l’installation d’industries de transformation qui a modifié certains courants commerciaux traditionnels, en particulier celui du poisson ; - la politique de certaines soci&és commercialesqui préfèrent que leurs clients s’approvisionnent direc- tement à Abidjan afin de réduire leurs frais de manutention ; - la concurrence exercéepar le développementcommercial de certainesvilles : Korhogo dans le nord, Daloa et Gagnoadans le centre-ouest,Yamoussokro au sud du départementdu centre. On peut distinguer, selon l’intensité des relations commerciales,trois niveaux (Figure l> : . une aire limitée dont l’approvisionnement se fait à Bouakéjusqu’à concurrence de 60% des achats. Elle regroupe une population de 480 000 h, y compris Bouaké ; . une aire plus large qui englobe les sous-préfecturesdont 30 à 60% des achats se font à Bouaké ; . une aire d’extension maximum qui regroupe toutes les sous-préfecturesOÙ l’influence du commerce de Bouaké se fait sentir.

Aire commerciale de Bouaké

Pourcentage des achats plus de 60% des achats 30 à 60% des achats moins de 30% des achats effectués à Bouaké

Bouaké Gouitafla Brobo Kouassi-Kouassikro Diabo M’Bahiakro Didiévi’ Sous-préfectures du Botro Reste Dabakala Tiébissou Département du Centre Katiola ZuEnoula Département du Centre Niakaramandougou Prikro B6oumi Sakasso Sütama-Sokoura Mankono Sous-prEfecturcs du Segu6la Reste TiGningbE Dianra Département du Nord DCpartemcnt du Nord Kani DCpartement de l’Est Pays limitrophes Mali Haute-Volta ABIDJAN n

.. ~~“~ DE lzzzlBOUAKE lizl Plus de 60% De 30 à 60% Moins de 30% .__.

Figure 1 - Aire dc vente des produits importbs de Bouaké.

14 Cette classificationmontre que les relations commercialess’effectuent dansun rayon supérieur à 100 km. Cette fonction de Bouakédépasse d’ailleurs largementles frontières nationalespuisqu’elle s’étend aux pays voisins, en particulier au Mali et à la Haute-Volta.

C - L’espace desservi par les transports Parallèlementà l’implantation commerciale,le parc desvéhicules de transport de voyageurset de marchandisess’est développé à Bouaké.L’espace intéressé recouvre l’aire commercialed’extension maximum et la dépasseen ce qui concernele transport desvoyageurs en direction d’Abidjan, Gagnoa,Daloa et Man.

D - L’aire du commerce de traite (Figure 2) Bouaké étant situé dans une zone de savanen’avait pas de voc&ion naturelle à devenir un centre de traite du café et du cacao.Cependant, l’installation de sociétéscommerciales, l’importance du parc de véhicules lourds et l’orientation des axes routiers avaient favorisé le développementde cette activité. Cette aire de traite est moins étendue que celle du commerce.Depuis quelquesannées elle s’ame- nuise sous l’influence des facteurs suivants : - la règlementation de la Caissede Stabilisation desProduits Agricoles actuellement en vigueur : à partir de Bouaké le tarif des transports des produits de la traite est le même par la route que par le rail. Il est nettement supérieur à celui qui est pratiqué dans les autres points de collecte. Les traitants ont donc tendance à évacuerles produits sanspasser par Bouaké ; - l’activité de transport des centres semi-urbainsde la région a connu une relative croissanceces dernières années.Les transporteurs commerçantspréfèrent généralementlivrer les produits à Abidjan pour profi- ter des tarifs routiers et pour s’approvisionner ; - la part croissanteprise par les véhicules de gros tonnage en provenanced’Abidjan.

Aire du commerce de traite de BoUaké

Fraction de la récolte supérieure à 60% entre 60 et 30% inférieure à 30% vendue à Bouaké

Botro Sakasso Didiévi Diabo Béoumi Kouassi-Kouassikro Sous-préfectures BouakC Mankono M’Bahiakro Katiola Gouitafla Tiébissou Dabakala Ti6ningbC Séguéla

E - L’aire d’achat des produits locaux (Figure 3) Entre Eouakéet l’espacerural environnant un réseaude relations s’esttissé dont la fonction essen- tielle est l’approvisionnementde la ville en produits vivriers. L’espaceconcerné est nettement défini par les grandsmarchés sur lesquelss’effectuent la majeurepartie desachats par l’intermédiaire d’une classecoi- merçantedioula et baoulé qui réside à Bouakéou dansles centressemi-urbains. Il s’6tend sur un rayon dc soixante kilomètres environ et regroupeles sous-préfecturessuivantes : - au nord : Katiola - à l’ouest : Béoumi, Botro, Diabo - au sud : Sakasso,TiEbissou, Didiévi ‘- à I’cst : Brobo.

15 KORHOGOO

Plus de 60% De 30 ti 60% Moins de30%

I:igurc 2 - Aire des produits de traite commercialisés par Bouaké.

16 l:igurc 3 - Aire d’achat des produits vivriers

17 Dans chaque Sous-Préfecturefonctionnent un ou deux grands march6sdont certains jouent un rôle de trait d’union ou de relais remarquable. Cette aire d’achats des produits locaux nc recouvre qu’une partic de la petite aire du conunercc des produits importés.

F - Définition de la région et délimitation de son espace rural (Figure 4) Cette rapide analyse montre que les critères retenus délimitent des espacesdc dimensions dif’lc- rentes qui ne se recouvrent que partiellement. A l’intérieur de ces espacespeuvent être distingués divers types de flux réels et de flux ?noné- taires, univoques ou réciproques. L’identification et la mesure de ces flux peuvent être facilitées par le découpagedc l’espaceen zones plus restreintes, recouvrant a priori les limites des sous-préfectures. La région retenue comme cadre d’analyse au terme de l’étude est définie comme l’ensemble des zones à partir desquellesles flux réciproques avec Bouaké représentent au moins la moitié des flux d’en- tree et de sortie enregistrésau niveau de chacune d’elles. Son espace rural regroupe les sous-préfecturesde Katiola, Béoumi, Botro, Diabo, Didiévi, Tiébissou, Sakassoet Brobo.

II - CARACTdRLSTIQUES DE L’ESPACE RURAL

L’espacerural présente deux traits essentiels: - il est très diversifié ; - il est fortement dépendant de l’extérieui.

A - Les facteurs de diversification de l’espace rural En sefondant sur les facteurs naturels, démographiqueset ethniques, sur les structures de pro- duction et le développementurbain, on s’aperçoitque l’espacerural environnant Bouaké est très diversifé : - entre le Bassindu Bandamaet celui du N’Zi le milieu naturel est dominé par les savanesarborées ou arbustives sur les versantset les broussesforestières sur les plateaux. Suivant la situation géographique du terroir ou le degré de démantèlementde la vieille surface,ce sont les uns ou les autres qui l’em- portent. Notons que dans le nord-ouest vers Sakassoet Tiébissou, les influences équatoriales sont plus nettes et la végétation revêt un caractèreforestier plus marqué particulièrement favorable à la culture du café et du cacao ; - cette grande diversité du milieu naturel explique l’hétérogénéité des structures de production et les écarts enregistrésdans les niveaux de revenus ; - la clensitéde population varie entre 5 et 50 habitants au kilomètre carré. On observe,cependant, que toute la région est fortement affectée par les mouvementsmigratoires dont les causessont à la fois d’ordre sociologique, économique et psychologique ; - la majeure partie de la population appartient à l’ethnie baoulé répartie entre plusieurs groupes nette- ment individualisés. Le nord est occupé par les Tagouanaet quelques villages du nord de Béoumi par les Ouan. - cet espacerural s’organiseautour de centres semi-urbainsou de bourgs ruraux qui exercent une influence plus ou moins grande sur la nature des relations avec Bouaké selon leur niveau d’équipement et leur environnement économique.

18 Limite de région d’étude . . _ _ _ Limite des zones rurales Centre semi- urbain Bourg- rural

ABIDJAN

J

VENTES OU ACHATS A BOUAKE Plus de 50°/Iprodr;its vitriers Moins de 50% produits vivriers Plus de 60% 81 importés lzza De 30 8 60% II importh Plus de 50%produits vivriers Moins de 50% produits vivriers De30à60% II importés m Moins de 30% ‘II importés Moins de 50%produits vivriers . . . Plus de 60% II importh 1. . . Moins de 30% produits importk

I:igurc 4 - Aire dc conirncrci~lisütion des produits importbs et des produits vivriers entre les zones rurales et Bouaké.

19 B - L’effet de domination du sud sur l’espace rural

En raison de la faible productivité de l’agriculture ct de la forte densité dc population dans une grande partie de la région, d’importants mouvementsdc population SCsont développés,dont Bouaké n’a que très peu bénéficié, et qui SCsont cssenticllementorientés vers les milieux rural ct urbain du sud. Cesflux migratoires ont été à l’origine dc flux réels ct dc flux monétaires dont la connaissancee.st indis- pensablepour la compGhension du fonctionnement de l’économie régionale.

20 PREMIÈRE PARTIE

IDENTIFICATION DES FLUX

REGIONAUX ET EXTRA REGIONAUX

Dans l’étude de l’organisation et du fonctionnement de la région, trois types de liaisons doivent être privilégiées : 1 - les relations intra-zonales : la zone étant définie comme l’espace environnant un centre semi-urbain ou un gros bourg rural érigé en sous-préfecture ; 2 - les relations intra-régionales, c’est-à-dire les relations existant entre les différents espaces organisés autour des centres semi-urbains et des bourgs ruraux (relations inter-zonales) et entre ces espaces et Bouaké ; 3 - les relatiors avec le milieu urbain ou rural extérieur à la’région, c’est-à-dire non dominé par la ville de Bouaké.

En’tre ces différents milieux Ic contenu et Ic mécanisme des flux peuvent varier. On peut, en effet, .distinguer : d’une part, des flux univoques et des flux réciproques ; d’autre part, des flux réels, monetaircs et humains.

21 - I -

LES FLUX INTRA-ZONAUX

La région regroupedes ensembles non homogènesorganisés autour de centres semi-urbainset de bourgsruraux qui correspondentapproximativement aux limitesdes sous-préfecturesdominées par la ville de Bouaké. . Entre les zonesrurales, les centres semi-urbainsou les bourgs ruraux se sont tisséesdes relations par l’intermédiaire desmarchés où s’effectuent les achatset les ventes de produits locaux et importés, et à l’occasion de la traite du café et du cacao. . On y distingue habituellement une partie pauvre et une partie riche différenciéespar les revenus tirés du café. Cesdisparités de niveaux de vie sont à l’origine de flux migratoires et monétaires plus ou moins réguliers. . Le degréd’équipement et le dynamismedes centres semi-urbainsprovoquent aussides mouve- ments migratoires en provenancedes zones rurales.

I - LE ROLE DES MARCHES RURAUX

Leur nombre et leur importance diffèrent selon les zones. C’est par leur truchement que s’établissent, d’une part, les intercommunications entre les cellules de production de la zone rurale ; d’autre part, la majeure partie des liaisons avec le centre. Pour bien déterminer le place que ces marchés occupent dans l’organisation et le fonction- nement de la zone rurale, il convient de recourir à une typologie plus fine et de distinguer : - les marchés intra-zonaux qui intéressent un groupe limité de villages et qui attirent environ 500 personnes ; - les marchésintra-zonaux et à vocation régionale qui ont un pouvoir d’attraction plus grand et sur lesquelsles transactions sont plus intenses.Ce sont généralementdes lieux d’échangesentre les commerçantsambulants et les villageois mais aussi des points de collecte de produits vivriers pour la consommation urbaine.

22 II - LA .TRAITE DU CAF.$ ET DU CACAO

C’est une période durant laquelle les relations entre la zone et le centre atteignent leur plus haut niveau. La commercialisation du café et du cacaoa un effet bénéfique sur le transport et le commercedes centres par les flux de revenu qu’elle entraîne en faveur du milieu semi-urbain dont les principaux béné- ficiaires sont : - d’une part, les traitants-commerçants qui achètent le café ou le cacao et vendent conjointement les produits importés qu’ils ramènent d’Abidjan ou de Bouaké. Sur ces derniers, ils ne supportent qu’une partie des frais de transport compte tenu de 1a”participation de la Caissede stabilisation à l’achemine- ment des produits de traite vers Abidjan ; - d’autre part, le secteur des transports qui jouit pendant cette période d’une demandeaccrue per- mettant en particulier un amortissementplus rapide du matériel. La conjonction de ces divers facteurs ajoutés à l’équipement administratif expliquerait la croissance rapide d’un centre comme Sakassoau cours des dernières annéescontrairement à Brobo, Didiévi, Botro et Diabo.

III - LES MOUVEMENTS MIGRATOIRES INTRA-ZONAUX LIES AUX ACTIVITES AGRICOLES

Cesmouvements migratoires résultent de l’inégale répartition des sols propices à la culture du café à l’intérieur des espacesconcernés. Ils sont orientés du nord vers le sud, c’est-à-direde la savane arbustive ou arboréevers la forêt. Une fraction desjeunes des villages à prédominancevivrière partent annuellement pour une période de six mois environ louer leur force travail dans les secteurscaféiers et cacaoyersdes sous-préfectures. L’ampleur de ce phénomènevarie avec l’importance des surfacesoccupées par le café. Cette tendance n’est vraiment perceptible qu’à Sakasso,Tiébissou et Béoumi ; elle est, en fait, assezlimitée car elle ne concerne que 8 à 11% des migrants saisonniers.

Sous-préfectures Migrants saisonniers Migrations Revenusmonétaires procurés p.ar totaux -_-_----_-intra-zonales les migrations intra-zonales VA O/n

Sak;isso 2710 309 11,4 5 716 500

Tiébissou 2397 273 11.4 5 050 500

Béoumi 2 755 209 739 3 866 500

La faiblessede ces chiffres s’explique essentiellementpar le fait que les possibilités d’emploi sont très réduites : - les exploitants des gros villages caféierspréfèrent employer les Baoulé appartenant à une tribu diffé- rente de la leur, ou des étrangers; - les Baoulé répugnent à travailler en tant que salariés.Quand ils acceptent cette condition, ils préfèrent s’éloigner le plus possible de leur groupe d’origine ;

23 les migrations saisonnièresayant la plupart du temps comme objectif l’exploration du terrain en vue de la création d’une plantation, le déplacementintra-zona1 ne présallte aucun intérêt dans la mesure où les rares terres propices à la culture du café sont déjà appropriées. Ces flux migratoires sont à l’origine de flux monétaires de la partie riche vers la partie pauvre. Le salaire moyen par migrant étant de l’ordre de 18 500 FCFA, on obtient ainsi un volume de transfert de 14633 000 F., soit l’équivalent de la production de 437 ha de coton (1).

IV - LES MOUVEMENTS MIGRATOIRES INTRA-ZONAUX LIE;S AU DEGRE D’EQUIPEMENT DES CENTRES ET A LEUR NIVEAU DE DEVELOPPEMENT

A - LES MOUVEMENTS MIGRATOIRliS DURABLES VERS LES CENTRES

A côté des migrations qui s’effectuent d’un point de la zone rurale à un autre, on observeun faible mouvement de population à destination du centre semi-urbain ou du bourg rural. II ressort de la plupart des enquêteseffectuées que les centres semi-urbainset les bourgs ruraux arrêtent entre 1 et 5% des migrants. Leur répartition socio-professionnellepermet de mettre en évidenceles facteurs d’attrac- tion et constitue en même temps un excellent indicateur du niveau de développementdes centres. En se fondant sur ce critère, on peut distinguer trois types de centres : - le premier serait représentépar Katiola, Béoumi et Tiébissou qui sont des centres anciens dotés d’un niveau d’équipement relativement élevé. Les activités liées au commerce,au transport et l’artisanat offrent quelquespossibilités d’emploi. En raison de facteurs historiques et de leur localisation sur les axes importants, ces centres exercent un pouvoir d’attraction sur les migrants, en particulier les an- ciens élèves.En fait, ils ne sont qu’un relais provisoire entre la zone rurale et l’extérieur ; - le second correspond à Sakasso.La mise en place de l’infrastructure administrative de la sous-préfecture a favorisé dans une première étape la création d’emplois et la venue de migrants. Ceci explique la structure socio-professionnelleactuelle du centre qui risque d’être remise,en causesous l’influence de l’accroissementdémographique si les autres activités ne progressentpas (2). - le troisième type est constitué par des centres comme Botro, Diabo, Brobo, Didiévi où les équipements ne sont pas encore développéset qui ne fixent pas les migrants, n’ayant aucun moyen de les retenir. La fonction publique constitue le seul débouchémais sa capacité d’accueil est limitée. Cesmouvements migratoires entraînent des flux de servicesréciproques. Il apparaît, en effet, que les titulaires d’un emploi dans le milieu semi-tirbain accueillent habituellement des membresde leur famille. Il s’agit surtout d’élèvesou de jeunes parents. En contre partie, ils reçoivent du village des pro- duits vivriers et bénéficient d’une contribution appréciablepour les travaux domestiques.

B - LES MOUVEMENTS PÉRIODIQUES VERS LES CENTRES

Il faut, enfin, mettre l’accent sur les migrations saisonnièresà destination du centre. C’est essen- tiellement le fait des élèvesdes écolesprimaires et des collèges.L’intensité de ces mouvementsmigratoires varie avec le degré d’équipement du centre. Les équipementsà caractèrecollectif (écoles,hôpitaux) sont généralementimplantés au chef-lieu de la sous-préfecture; leur rôle est primordial dans les relations du centre avec sa zone rurale, de même que l’existence ou non d’un marché quotidien. _-_-_- _.___-- (1) Sur I’hypoth&se optimiste de 1000 kg ti I’ha ct ÜVCCun prix d’achat dc 33.5 IX’l:A/Kg (2) Cf. 2ème partie, chapitre I, pwagraphe 2.

24 a - L ‘impact de l’infrastructure scolaire Pendant la période scolaire le centre se gonfle d’une forte proportion d’élèvesvenant de la zone rurale ainsi que de la population des enseignants; Béoumi et Katiola sont les plus favorisés,les élèvesde la zone représentantalors 18%de la population résidant à Béoumi et 10%à Katiola contre seulement 6% à Diabo. En effet, les élèvesde la zone qui résident ou se rendent quotidiennement dans les centres uti- lisent la majeure partie de leur revenu (boursesou transferts familiaux) à des achatsdans le centre. A titre indicatif, les élèvesde la zone fréquentant les écolesprimaires du centre de Béoumi dépensent annuellement environ 7 millions pour l’alimentation et les produits courants.

b - L ‘impact de Iïnfrastru+e administrative et sanitaire Par ailleurs, les villageois sont appelésà se rendre au centre pour des raisons administratives, judiciaires et sanitaires.Ces déplacementss’effectuent la plupart du temps le jour de marché. Leur durée est extrêmement variable. La présencede cette population temporaire exerce une grande influence sur les diversesacti- vités du centre, en particulier sur le transport, le commerceet les services.

c - La fréquence des marchés Les relations entre la zone et le centre dépendent du caractèrequotidien ou hebdomadairedu marché. - Dans le premier cas, elles sont intensifiées mais elles n’intéressent que les villageois.nisidant dans un rayon de 10 km environ qui peuvent s’y rendre à pied pour commercialiserleurs produits. Les marchésde Katiola, Béoumi et Tiébissou font partie de cette catégorie.Cette couronne s’agrarilit une ou deux fois par semaineà l’occasion des grandsmarchés. - Dans le secondcas, la majeure partie des échangesentre le centre et la zone se réalisent lors du grand marché hebdomadaire.Toutefois, un embryon de marché quotidien apparaît dans quelques- uns de ces centres en voie d’équipement, en particulier à Sakasso.

V - LES FLUX DE BIENS ET SERVICES ENTRE CENTRE ET ZONE

A - LES FLUX DE PRODUlTS VIVRIERS DE LA ZONE VERS LE CENTRE

Les achatsdu centre à la zone sont limités pour deux raisons : - la proportion d’agriculteurs résidant dans le centre est élevée.Elle atteint environ 66% des actifs dans un bourg rural tel que Brobo, elle est comprise entre 34 et 60% dans les centres semi-urbains; - la différenciation socio-professionnellen’est pas encore très nette, beaucoup d’artisans sont aussi agriculteurs ; certains commerçantset fonctionnaires ont un champ de vivriers. Ils sont parfois même offreurs. Une étude des paniers des consommateursii la sortie des marchésa néanmoinspermis d’établir un budget type des urbains dont la profession principale n’est pas l’agriculture.

25 Répartition de la consommation finale moyenne des urbains (par personne et par an)

Produits Valeur (FCFA) %

1 - A,limentation produits locaux ...... 10 300 32,5

2 - Alimentation importée poissons ...... 1 800 5,7 volaille-viande ...... 900 23 riz ...... 1600 531 pain ...... 1 800 597 huile ...... 900 23 sucre ...... 1 200 33 sel ...... 200 W farine ...... 200 036 lait ...... 200 036 divers ...... 200 -----096 Total alimentation importée 9 000 28,4

3 - Boissons importées vin ...... 1000 32 divers ...... , ...... ~- 800 -~ 2s 1800 5,7

4 - Autres produits consommation courante pétrole ...... 1 200 33 cigarettes, allumettes ...... 900 28 savon, produits ...... 1 150 36 vêtements, chaussures ...... 4 500 14,2 articles ménagers ...... 1500 437 articles scolaires ...... 300 170 pharmacie ...... ------1 000 3,2- 10 550 33,3

TOTAL produits importks : 9000 * 1800 + 10550 = 21 350 67.4 TOTAL GENERAL : 21 350 + 10 300 = 31 650 100

L’achat moyen annuel de produits locaux par urbain s’élève a environ 10300 F.CFA, soit 32% de leur consommation finale. Selon l’importance relative des agriculteurs du centre, les achats à la zone sont plus ou moins élevés :

26 - 38% desachats du centre à Katiola et à Botro ; - 82%des achats du centre à Béoumi, Tiébissou ; - entre 70 et 75% à Sakasso,Brobo et Diabo.

Origine des achats de produits ruraux par les centres* (en millions de F.CFA)

Achat total Achat au centre Achat à la zone Achat à I’estérieur du centre

Katiola 71,0 28,0 21.0 16.0 Béoumi 55,0 10,o 45.0 Tiébissou 33,0 630 27.0 - Sakasso 20,5 5,o 15.5 Botro 870 590 3.0 Bro bo 795 3,O 4.5 - Diabo 795 370 4.5 Didiévi 65 2,o 4.5 - TOTAL...... 209,o 62,0 131.0 16.0 % ...... 100 29,7 62.7 1.6

* non compris les achats pour revente.

B -LESRELATIONS LIEES AURÔLE DESCENTRESSEMI-URBAINS DANS LASATISFACTION DESBESOINSDE LEURZONE RURALE

Elles sont dépendantesde la dimension du centre et de son équipement, de son poids démo- graphique et du niveau de revenu de la zone rurale, de la localisation par rapport à Bouaké ou à d’autres centresplus développés.

a - Les flux commerciaux de produits importh Béoumi, Katiola, Tiébissou, Sakassotiennent une place importante dans la redistribution des produits importés, les commerçantsde ces centres fournissent la majorité des marchandisesaux bouti- quiers et tabliers des villages et leur chiffre d’affaires relativement élevé leur permet de faire du commerce de demi-gros. Les magasinsdes centres offrent une variété de produits suffisammentgrande par rapport aux besoins des ruraux pour satisfaire directement 80% de la demande. Les bourgs ruraux n’ont pas la même capacité commercialeà causede la faiblessede la demande qui résulte de leur caractèreagricole plus prononcé. Ils ne font face qu’à 50% de la consommation des ruraux de Brobo, Diabo et Didiévi. Ce taux tombe à 25% à Botro qui subit la concurrence de Béoumi, Katiola et Bouaké.

27 b - Les flux de transport Contrairement aux bourgs ruraux, les centres scmi-urbains répondent en grande partie à la demande de la zone. La prdscnce de nombreux marchés oi~ sont collectés les produits destinés à l’approvisionnement urbain assure aux transporteurs 1111 niveau d’activitc régulier.

c - Les flux de produits arthnaax et de services

En plus des achats cll’cctu%s au niveau des villages, III~ partic dc la dcmandc rurnlc s’oricntc vers I’artisünat moderne (houlangcrs. tailleurs, réparateurs dc cycles, cordonniers, photographes) ct l’artisanat du hátimcnt, installbs dans les ccntrcs scmi-urbains.

Cc secteur satisfait III~ grande partie des besoins des ruraux a I~6oumi, Katiola cl ‘IXhissou. En revanche, il couvre moins dc 50% dc la collsomrnatiori &III~ Ics autres ccntrcs.

Quant aux scrviccs, ils IIC font I’ohjct que d’1111c dct~lar~dc trtis ïaihlc dc la part tic la XOIIC. Celle-ci porte principalement sur Ics rcstauranls, Ics bars cl Ics loisirs.

28 II

LES FLUX INTRA-RÉGIONAUX

Entre les zones rurales organiséesautour des centres semi-urbainsou des bourgs ruraux en voie d’équipement s’est constitué un réseaude flux résultant d’activités diversesqui ne se recouvrent pas obligatoirement. Quatre sphèresd’activités doivent être prises en considération : - celles qui sont le fait de la puissancepublique et qui intéressentplusieurs zones : écoles,hôpitaux, etc. ; - celles qui sont liées à la production caféière : migrations saisonnières; - celles qui sont dépendantesde la commercialisation des produits locaux et importés, de l’artisanat, des serviceset du transport ; - celles qui sont directement commandéespar la ville de Bouaké.

A- LE RÔLEDES ÉQU~EMENT~COLLECTIFS

Une partie importante des flux intra-régionaux est liée à l’implantation de certains services collectifs : les hôpitaux ont une zone d’influente qui dépassele cadre de la seule sous-préfecture d’installation. Dans ce domaine, les anciens chefs-lieux administratifs, Katiola, Béoumi, Tiébissou, bénéficient tous d’une infrastructure répondant en partie aux besoins.En revanche,parmi les nouvelles sous- préfectures, seule Sakassoest dotée d’un hôpital. Les maladesdes centres défavoriséssont contraints à des déplacementstemporaires qui sont à l’origine de dépensesen dehors de leur zone de résidence.

les écoles secondaires ont une capacité d’accueil spérieureà une seule sous-préfecture, La majorité des élèvesproviennent des zones limitrophes. Ce sont les anciens chefs-lieux administratifs, Béoumi, Katiola et Tiébissou qui ont tiré profit de ces investissementsau cours des dernièresannées. les autres investissements collectifs - P.T.T., perceptions, services de développement r ural - jouent le même rôle mais à un degrémoindre.

29 Tous ces flux intra-régionaux ont un pouvoir d’induction limité sur les installations durables de population dans le centre. Seuls 1,275~de la population de Béoumi, par exemple, a déclaré comme motif d’installation, l’école, et l,S& la maladie. Par ailleurs, les observations faites sur la population scolaire montrent que celle-ci s’oriente de plus en plus vers Bouaké ou Abidjan, en particulier à causede la fai- blessede l’environnement socio-culturel et de l’absenced’emplois autres qu’agricoles. Néanmoins, les flux monétaires liés à cesmouvements de population ne sont pas négligeables. A Katiola, Béoumi et Tiébissou, les élèves,dont les parents ne résident pas dans la sous-préfecture, reçoivent environ 12 millions par an, boursesnon comprises. Au cours des dernières années,la réorganisation administrative a eu pour principal effet de modifier fortement ces relations intra-régionales.Les ventes directes des anciens centres aux zones qui leur étaient rattachéesont subi une baisserelative à Béoumi, Tiébissou et Katiola. La concurrence commercialedans ces derniers centres a eu pour conséquencele développementdu commerceambulant et l’ouverture de boutiques dans les nouveaux centrespar les gros commerçantsdes anciennes circonscriptions.

B - LES RELATIONS INTER-RÉGIONALES L@ES AUX ACTJ.VITI% AGRICOLES

J - Les mouvements migratoires intra-régionaux Ils se font essentiellementen direction des zones caféièresdu sud de la région. Il s’agit de migrations saisonnièresdont l’intensité est fonction des perspectivesde la production caféière dans le milieu d’accueil. - Cesflux migratoires sont aussi importants que ceux qui intéressent la zone. Ils représentent entre 5 et 1% de l’effectif total des migrants. Les zones d’accueil privilégiées sont le sud de Béoumi, le nord de Tiébissou, une étroite bande au nord de Botro. -. : - Les migrants viennent généralementdes secteursdéfavorisés du, nord-ouest et du nord-est de la région. Néanmoins, on observeun échangede main-d’oeuvreentre les zones caféièreselles-mêmes, ce qui montre que les migrations ne sont pas seulementmotivées par l’absencedu café. - La faiblessedes migrations intra-régionalesne s’explique qu’en partie par la faible capacité d’accueil des zones prospères(dont la production est très fluctuante). Un autre élément doit être pris en considération pour éclairer ce phénomène. Il s’agit, comme nous l’avons déjà signalélors de l’analyse des flux intra-zonaux, du désir desjeunes d’aller créer des plantations à l’extérieur, étant donné la saturation des terres à café dans le périmètre concerné.

b - En retour ces flux migratoires donnent lieu à des flux monétaires dont Simpact au niveau des zones bénéficiaùes n’est pas identique - Dans le cas de Botro, Diabo, Brobo, Didiévi et Katiola, on enregistreun accroissementdu revenu net. - En ce qui concerne Sakasso,Tiébissou et, à un moindre degré, Béoumi, les rentrées et les sorties monétairesprovenant des migrations intra-régionalesse compensentlargement.

C - LES RELATIONS L@ES A LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS LOCAUX

Les zones rural!s concernéesne vivent pas en vaseclos. Il existe entre elles des intercommuni- cations par l’intermédiaire desmarchés. A cet effet, il convient de bien discerner la place tenue par les marchésdes centres semi-urbainset celle qu’occupent les marchésde contact.

30 a - Le marché du centre semi-urbain ;?xercesur les zones avoisinantesune attraction plus ou moins grande.Celle-ci est fonction de divers facteurs : - la dimension démographiquedu centre et son dynamismecommercial - la localisation par rapport aux axes routiers ; - la fréquence du marché quotidien ou hebdomadaire; - la demandede produits vivriers et. Lparticulier, d’igname dans la zone où se trouve le siège du marché. Mais les véritables contacts, c’est-à-direceux qui donnent lieu à un échangeeffectif, se produisent’ .. généralementpendant la période du buttage de l’igname, soit entre les mois d’avril et juin ; l’igname est, en effet, le seul produit qui rapproche les zones rurales. En dehors de la traite, c’est l’époque où la cir- culation monétaire atteint son plus haut niveau. C’est aussicelle où les dépensespar tête pour les produits vivriers sont les plus élevées. Ce sont les zones dépourvuesde café qui bénéficient de ce cycle de l’igname. Dans la région, deux groupes se distinguent nettement : - celui des offreurs : Katiola, Botro, Diabo, Brobro, Didiévi ; - celui des demandeurs: Sakasso,Béoumi, Tiébissou. Cette classification exprime une tendance,plus ou moins accuséeen raison des conditions clima- tiques, à favoriser les cultures vivrières ou à mettre l’accent sur le café. Les achats effectuéspar le groupe des demandeursauprès de celui des offreurs ont été estimés à 18 millions de F.CFA en 1968, ce qui peut être considérécomme une annéemoyenne pour le café et les vivriers.

b - En dehors de la commercialisation de l’igname, les échangesentre les zones rurales s’effectuent par les marchés de contact qui jouent un rôle de trait d’union indiscutable : - Diébonoua entre Tiébissou-Sakasso-Bouaké; - Raviart entre Tiébissou-Didiévi ; - Abolikro entre Béoumi-Diabo-Botro-Sakasso. Bien que cesmarchés soient surtout des centres de collecte des produits à destination de Bouaké, ils donnent lieu à un échangeentre les villageois des zones intéressées,ce dernier flux ne porte que sur de faibles quantités et n’a que peu d’incidence sur les rentrées monétaires.

c - Les relations liées à l’existence d’une classe marchande dynamique. Elles sont, en majeure partie, le fait des femmesd’origine dioula et baoulé qui vont collecter des produits vivriers en dehors de leur zone de résidenceafin de les revendre dans le centre semi-urbain,à Bouaké ou à Abidjan. Dans la région concernée,ce phénomènen’a été perçu qu’à Béoumi et à Katiola.

D- LESFLUX LIÉSAUXA~T~~ITB~ÉCONOMIQUE~DE~CENTRES

a - Les flux commerciaux de produits importés Seul le commercedes trois centres urbains les plus développés,Katiola, Béoumi et Tiébissou exerce un pouvoir d’attraction sur les habitants des zones limitrophes. On peut estimer ces ventes intra-régionalesà : - 60 millions de Béoumi à Sakasso,Botro, Gouitafla et Mankono ; - 90 millions de Katiola à Dabakala,Niakaramandougou et Botro ; - 30 millions de Tiébissou à Didiévi principalement, et à Sakasso.

31 Ces achatsont lieu : - soit directement au centre à l’occasion du grand jour de marché. La concurrence des magasinstradi- tionnels et des ((ChaîneAvion» permet de mettre à la disposition des villageois une gammeassez variée de produits à des prix intéressants; - soit par les achats faits aux commerçantsambulants : colporteurs tabliers ou voitures commerciales en provenance du centre semi-urbain ; - soit par l’installation de succursalesdans les nouveaux centres.

b - Les flux de transport Les activités du transport de Katiola, Béoumi et Sakassodébordent largement les limites de la circonscription administrative. Elles sont étroitement dépendantesde l’organisation de la commercialisation des produits vivriers et de la traite. On observedans le casparticulier de Tiébissou un moins grand déve- loppement des transports à causede la concurrence de la route et de la proximité de Yamoussoukro et de Bouaké.

c - Les flux de produits artisanaux et de services L’artisanat et les servicesde ces centres ne sont pas suffisamment équipéspour pouvoir dépasser le cadre de leurs zones respectives.Dans ce domaine, les flux sont épisodiques ; toutefois, la rapide évolution de la consommation de pain a entraîné l’installation d’une boulangerie à Béoumi qui est à l’origine de l’intensification de ces relations.

II - LES FLUX ENTRE BOUAKE ET LE RESTE DE LA REGION

Bouaké domine indiscutablement l’ensemble des zones rurales. Elle absorbela majeure partie de l’offre de produits locaux et elle détient un quasi monopole en ce qui concerne le commercedes produits importés. Cependant, toutes ces relations se situent à des niveaux différents qui sont fonction du degré d’équipement des centres et de leur localisation par rapport à Bouaké, de leur qécialisation et de l’organisation de la commercialisation.

A - L’APPROVISIONNEMENT DE BOUAKI? EN PRODUITS LOCAUX (Figure 5)

Il s’effectue à travers trois circuits : a - une partie des achats se réalise directement sur les marchés par l’intermédiaire de commerçantes dioula et baoulé qui résident à Bouaké ou dans les centres semi-urbains.Celles-ci sont moins d’une centaine environ qui se partagent les principaux marchésde la région. En ce qui concerne les produits vivriers, il existe une spécialisationdes zones assezprononcée : Sakasso :- banane, arachide, manioc, fruits. Botro : maïs, igname, fruits. Diabo : maïs, igname, fruits, condiments, bois. Brobo : bois, poulets, igname, fruits. Tiébissou : banane, arachide, ouré-ouré, fruits. Katiola : poulets, maïs, igname. Didiévi : igname, fruits.

32 liru do vrntr

IJ I cm = 2,s millions v u

VERS ABIDJAN

I:igurc 5 - Principüus flux de produits vivriers.

.33 b - dans certains centres, en particulier Béoumi et Katiola, on trouve un groupe de commerçants qui achètent directement les produits dans les villages et qui revendent une partie à Bouaké. Leur pré- senceconstitue un véritable barragepour les collecteurs résidant à Bouaké.

c - le troisième circuit est constitué par les commerçants de Bouaké qui font la tournée des villages de la région à certaines périodes de l’année.

vente totale ventes à Kapport !S par rapport à Sous-PrEfectures à I’esthieur (1) Bouake (2) (1) et (2) I’enscm ble des ventes en millions de FCFA -en millions de F.CI:A en pourcentage ii BouakC

Sakasso 32.0 25.0 78.1 15.0 Béoumi 27,0 15.0 55.5 ‘9.0 Tiébissou 27.0 16.0 59.2 9.6 Katiola 18,0 12.0 66.6 7.2 Didiévi 40.0 29.0 62.5 14.9 Botro 67.0 45,0 67.1 26.9 Diabo 16.0 16.0 100,o 936 Brobo 13,0 13.0 100,o 7.8 TOTAL ...... 240,O 167.0 6x6 100,o

Les relations entre Bouaké et la zone rurale, en ce qui concerne la commercialisation des produits locaux, appellent un certain nombre de remarques: - le montant total des achats atteint environ 170 millions de F.CFA qui sont inégalementrépartis entre les sous-préfecturesde la zone ; - le coefficient de dépendanceest supérieur à 90% à Diabo et à Botro. Cela s’explique par le fait que les deux sous-préfecturessont situéesdans un rayon de moins de 20 km par rapport à Bouaké.; - Sakassoconstitue un groupe intermédiaire. II a un coefficient de dépendancede 78%. Ce taux élevé trouve sajustification dans le fait que cesmarchés sont situés en dehors des grands axes routiers et que la zone a une importante production bananièrepour laquelle Bouaké constitue un intéressant débouché. Notons qu’Asrikro, le secondmarché de la sous-préfecture,n’est guère plus éloigné de la ville que celui de Diabo. - le troisième groupe a un coefficient de dépendancecompris entre 50 et 70%. II est très hétérogène. Il est nécessairede mettre l’accent : . d’une part, sur les zonesdisposant de marchéssitués sur les grandsaxes routiers ou à proxi- mité de la voie ferrée comme Tiébissou, Katiola et Didiévi ; . d’autre part, sur les zones comme Béoumi et Katiola où la dépendanceà l’égard de Bouaké eSt moins forte à cause de la présence d’une classe commerçante qui préfère vendre une partie des produits collectés à Abidjan où la marge bénéficiaire est plus élevée. Notons enfin que le coefficient de dépendancevarie avec le degré de spécialisationde la zone et des possibilités offertes par Bouaké. On pourrait, par exemple, citer le cas de la vente des poulets à Katiola qui dépassele cadre régional.

3Q M

P91 SI 001 EP P ZE z 61 001 1 L6 1 1 001 L 8L PI 1 001 01 9P 61 sz 001 S s9 EZ L (owa) oynwv

ozz oz 001 EP os 9 1 001 L6 E 001 1 6L LI E 001 P6 9 wa

OOE OE 001 1 ZE ,8 ZP 1 001 SI S8 001 SI S8 001 L E6 001 81 18 1 owa

OEP 8E 001 PI PE SP 19 001 001 001 001 001 001 001 P 061 2 E os=JI%

06 S 001 Z 6 S E L PL 001 001 001 9 t76 001 1 L 26 001 E 1 El E8 r~noas

aIqs!Io‘p sam$aaJa.rd/s

sJa8sas) -ssscd -!OA (O/uua) sla33ssed (% ua) ap!q=mp slnapuaA 4% ua) Lpped ap s.mapuaA (% ua) aueueq ap srnapuah (0%ua) aumSF,p SmapuaA ap ap =‘lN =IN B - LES FLUX MIGRATOIRES A DESTINATION DE BOUAKfi

L’attraction de Bouaké sur sa zone rurale est indéniable. Elle résulte de sesdifférentes fonctions administratives, commercialeset culturelles.

Deux flux migratoires semblent revêtir une importance particulière : a - les déplacements temporaires des résidents de la zone qui répondent à des motifs variés : ventes de produits, démarchesadministratives, visites, loisirs (cinéma. sport, danse).

b - les déplacements au titre de la scolarisation qui ont été considérablementfreinés depuis la création des collègesd’enseignement général à Katiola, .Béoumi et Tiébissou. Néanmoins,au-delà du premier cycle les élèvessont contraints de quitter la zone s’ils veulent poursuivre leurs études. Par ailleurs, de nombreux villageois envoient leurs enfants dans les écoles de Bouaké, la garde de ceux-ci étant confiée à un proche parent ou à un tuteur. Sur l’ensemble des migrants qui quittent la zone, environ 15%s’installent à Bouaké d’une ma- nière durable. Ils sont employés dans la fonction publique, le commerce,les serviceset l’artisanat. Cette répartition est surtout valable pour les hommes. Les femmesse livrent à un commerceépisodique aussi varié que diffus. Un faible pourcentage s’adonne à une activité permanente.

Répartition socio-professionnelle des migrants de sexe masculin de la zone à Bouaké

Commerce Artisanat Fonction publique Agriculture Sans profession TOTAL et services de production

26,6 26,6 23,8 573 17,7 100

Il apparaît donc que Bouaké ne retient qu’une faible partie de la population de sa zone en raison des faibles possibilités d’emplois et de l’absencede qualification de la population migrante qui ne peut s’orienter que vers le petit commercede détail déjà hypertrophié et peu lucratif.

C - LES FLUX COMMERCIAUX DE PRODUITS IMPORTB ENTRE BOUAKl?i ET SA REGION (Figure 6)

Ils présentent trois formes différentes : - achats de gros et de demi-grosà Bouaké ; - ventes de Bouaké directement à la zone ; - achats au détail à Bouaké par les résidentsde la zone.

a - Les achats de marchandises en gros et demiqos Bouaké est le principal lieu dsapprovisionnementen produits importés des commerçantsde la région, mis à part ceux de Tiébissou en raison de la localisation de ce centre. En période de traite cependant les commerçantstransporteurs de Béoumi et Sakasso(a fortiori ceux de Tiébissou) effectuent la majorité de leurs achats à Abidjan. Par contre, les centres situés au nord de Bouaké s’approvisionnentpresque totalement dans cette ville ; la faiblessede la traite et des transports consolide cette dépendance.

36 aotiola

Bot -.

Brobo

[ r) lieu d’achats

I cm = 250 millions

4BIDJP.N

Figure 6 - Circuit du commerce des produits importés.

37 b - Les ventes directes de Bouaké à la zone Certains commerçantsde Bouaké se déplacent vers le consommateurrural : - des camions de Bouaké circulent dans la région pour vendre des produits importés ; mais ce type de commerceambulant est de moins en moins rentable à causedu développementdes centres semi-urbainset de la baissedes marges.Il a donc tendance à diminuer ; - des colporteurs de Bouaké se rendent dans la zone rurale. Ayant le privilège de résider à un grand carrefour où les moyens de communications sont nombreux, ils font le tour des principaux mar- thés. Ils réalisent une part importante de leurs ventes dans les centres de Botro, Didiévi, Diabo, Brobo et Sakasso.Certains vont mêmejusqu’à Katiola et Béoumi ; Ce type de commercen’a aucun effet sur l’activité du centre et de la zone, les margesréalisées étant intégralement transféréesà I’extérieur.

c - Les achats de la zone à Bouaké Les ruraux se déplacent rarement à Bouaké pour y faire des achats ; cependant,pour certains produits au coût élevé - décortiqueurs, bicyclettes, vélomoteurs, radios, etc. - ils préfèrent souvent se rendre à Bouaké, soit parce qu’ils ne trouvent pas ce bien dans les bourgs ruraux, soit parce qu’ils espèrenttrouver à Bouaké un plus grand choix et de meilleurs prix.

D - LES INTERCOMMUNICATIONS LIeES AU TRANSPORT, A L’ARTISANAT ET AUX SERVICES

a - Les flux de transport Au cours des dernièresannées, le développementdes transports à Béoumi, Sakassoet Katiola a diminué l’influence de Bouaké dans la région. Les autres zones continuent à dépendrefortement de Bouaké.

b - Les j7ux artisanaux - Par suite du manque d’équipement et d’ouvriers spécialisésdans les centres, la plupart des réparations de véhicules, des travaux de menuiserie, d’ébénisterie et de plomberie sont effectués à Bouaké. - En dehors de Béoumj, qui a sa boulangerie, et de Tiébissou qui est ravitaillée par Yamoussoukro,la majetire partie du pain vendu dans la zone provient de Bouaké. Il faut mentionner les ventes de poteries de Katiola à Bouaké. - L’artisanat des bourgs ruraux est très peu développé.Environ 5% des achats ont lieu, soit à Bouaké, soit à des artisans ambulants de cette ville.

c - Les flux de services Bouaké polarise sa région pour certains servicesdont il détient le monopole : - Assurances , - Banques -. Cinémas L’utilisation de ces servicesaugmente avec le développementdes activités urbaines. Leur instal: lation dans les centres ne semblepas sejustifier dans le contexte actuel.

38 LES FLUX EXTRA-RÉGIONAUX

Entre la région de Bouaké et l’extérieur s’est constitué un réseau:de flux dont la nature et l’intensité sont fonction de divers facteurs. Deux types de flux doivent être pris en considération : - ceux qui ont trait à la périphérie immédiate de la région ; - ceux qui s’établissentavec l’extérieur.

I - LES RELATIONS DE LA REGION A VEC LA PERIPHERIE IMMEDIA TE

A - R(%E DES MARCHÉS DE CONTACT

Tout autour de la région se trouve un’périmètre assezvaste avec lequel les zones rurales entre- tiennent des rapports plus ou moins étroits. C!eux-ciont lieu par,l’intermédiaire desmarchés de contact en ce qui concerne la commercialisation desproduits vivriers : - le nord de Béoumi avec Tiénigbé, Mankono, Gouitafla ; - .le nord de Botro avec Tiénigbé ; - Didiévi avec Dhnbokro et Bocanda ; - Brobo avecM’Bahiakro et Satama-Sokoura - Katiola avec Dabakala et Niakaramandougou; - Sakassoavec Bouafle ; - Tiébissou avecYamoussoukro. Le rôIe tenu par la classecommerçante résidant dans les centres semi-urbainsest ici très important. Il est courant de rencontrer des collecteurs de Dimbokro à Didiévi, de M’Bahiakro à Brobo, de Béoumi à Gouitafla et de Katiola à Niakaramandougouet Dabakala. , Notons qu’il arrive, en période de haute conjoncture, que des villageois quittent la zone rurale pour commercialiserleur igname sur les marchésextérieurs. Par exemple; ceux de Didiévi vont vendre leur @rameà M¶Batto, Ouéllé, Dimbokro, Bongouanou, Daoukio et Bocanda.

39 B- RÔLEDESCENTRES SEMI-URBAINSDYNAMIQUES L’approvisionnement en produits importés d’une partie de cette zone périphérique se fait par l’intermédiaire des commerçantsde certains centres semi-urbains. Là où les centres semi-urbainsdisposent d’un secteur commercial déjà fortement développé, la périphérie est généralementplus ou moins dominée. Ce phénomènese vérifie dans le cas de Katiola sur Niakaramandougouet Dabakala, Béoumi sur Mankono et Gouitafla. Néanmoins,il faut signaler le cas de Tiébissou qui achète 13% de sesproduits importés à Yamoussoukro. Par contre, là où les centres ne sont pas très équipés, on observele phénomèneinverse : Didiévi s’approvisionneen partie à Dimbokro et Yamoussoukro. Le commerceambulant de M’Bahiakro réalise une partie de sesventes à Brobo. L’artisanat ou les servicesdes centres dynamiques situés à la périphérie se substituent parfois à l’initiative locale. L’exemple du pain de Yamoussoukro qui est vendu à Tiébissou, Sakassoen est une excellente illustration. Toutes ces activités sont à l’origine de flux de transport qui profitent à la région ou à l’exté- rieur selon le degré de développementde ce secteur dans les centres.

C- MOUVEMENTSMIGRATOIRES SAISONNIERS ET FLUXMONJ?TAIRES INDUITS ET DURABLES

Entre les zones rurales et la périphérie, les mouvementsmigratoires saisonnierss’effectuent surtout en direction des zones caféières: Bouaflé, Yamoussoukro,M’Bahiakro, Dimbokro, Zuénoula. Ces sous- préfectures reçoivent plus de 30% des migrants saisonniersde la région. La périphérie retient environ 15% des migrants définitifs.

Importance et répartition socio-professionnelle des migrants définitifs dans la zone périphérique

S/préfecture % de l’ensemble Fonction Commerce et Artisanat Sans Agriculture TOTAL d’arrivée des migrants publique services de production profession

Dimbokro 2,o 631 13,2 20,o 53,4 67 100

Bouaflé 2,o - w 5,7 80,O 531 100

M’Bahiakro 230 24 24 95,2 - 100

Yamoussoukro 5 237 697 974 69,0 12,2 100

Zuénoula 2 95,‘i 4,6 100

En dehors de Dimbokro et de Yamoussoukro,l’agriculture sembleêtre le principal milieu d’accueil vers lequel s’orientent les migrants. On peut estimer à près de 60 millions de francs les salairesqui sont rapatriésde la périphérie dans la zone par les saisonniers.Il s’agit de rentréesnettes car les dépenseseffectuées à l’extérieur ou à Bouaké ont été décomptées.Les transferts en provenancedes migrants définitifs ou desplantations représentent près de 80 millions.

40 II - LES RELA TIONS A VEC LES ZONES SITUEES A U-DELÀ DE LA PERIPHERIE

Elles revêtent trois formes essentielles: - celles qui ont lieu directement entre la zone et le milieu rural et urbain extérieur ; - celles qui sont-liées à la traite, à la commercialisation des produits importés et des vivriers ; - celles qui sont le fait de la puissancepublique.

A - LES RELATIONS ENTRE LA ZONE ET LE MILIEU RURAL OU URBAIN EXTÉRIEUR LIEES A L’I?CONOMIEDE PLANTATION ET A L’ATTRACTION DES GRANDES VILLES

Elles s’établissentà l’occasion desmigrations saisonnièreset durables.Jusqu’à ces dernièresan- néesles départs se faisaient principalement à destination du milieu rural. Aujourd’hui, cette orientation est de moins en moins nette en raison de l’amenuisementdes terres disponibles dans les zones d’accueil traditionnelles, de l’attraction des villes et du développementde la scolarisation. a - Les migrations saisonnières vers le sud, l’est et le centre-ouestsont très importantes. Selon les rendementsde la production caféière elles portent annuellement sur 10 à 15 000 individus. Lors du dé- part, ces saisonnierssont à l’origine d’un flux de sortie monétaire représentépar les frais de transport et quelques dépensesentre la zone de départ et le milieu d’accueil. Ils ramènent en retour dans la zone environ 130 millions de francs ; 40 à 50 % des revenus perçus sont dépensésavant le retour dans les centres semi-urbainssitués hors de la région ou à Bouaké.

b - Les migrations durables se font à destination du milieu rural ou urbain. On estime à près de 50 000 la population actuellement installée à l’extérieur, soit environ 15% des résidents. Une étude réaliséedans la zone denseà l’ouest de la région de Bouaké a permis de procéder à une répartition géographiquedes migrants. Le sud accueille 48,3%, le centre 29,1%, le centre-ouest 15,7%, l’est 4,9% et le nord 1,4%(1). Jusqu’à ces dernières années,les migrants s’orientaient principalement vers le milieu rural. Aujourd’hui les villes exercent un pouvoir d’attraction sanscesse croissant sur la jeunesseaussi bien masculine que féminine. La scolarisation est venue amplifier ce processus. Bien que les départ vers le milieu rural soient encore en proportion plus importants que les autres, on ne saurait trop insister sur les migrations urbaines et, en particulier, sur celles qui se font à destination d’Abidjan, dont le caractèreféminin est de plus en plus marqué. Abidjan reçoit plus de 15% des migrants de la région, soit environ 60% des arrivants dans le départementdu sud. Sur cet effectif les hommes représentent65% et les femmes35%. Le problème de l’emploi des hommes dans les villes est moins délicat à résoudre que celui des femmesdont seulement3% exercent un métier déclaré. Il apparaît que même dans les zones qui ont atteint un certain niveau de développement,la ville offre peu de débouchéspuisqu’en dehors d’Abidjan, plus de 75% des migrants s’installent dans le milieu rural.

------(1) On trouveaussi quelques migrants dans les autres pays africains et en Europe. Leur nombre n’est pas très olevé.

41 Répartition socio-professionnelle des migrants de sexe masculin et taux d’accueil des zones

% par rapport Fonction Artisanat de Sans Zone d’arrivée Commerce Agriculture TOTAL à l’ensemble publique et services production profession des migrants

Abidjan 30,8 12,l 342 234 18,9 100 25,0

Abengourou 63 11,5 70,o 22,2 100 5.0

Aboisso 23 - 5,6 86,5 5,6 100 590

Daloa 193 337 11,3 73,7 10.0 100 5,O

Gagnoa 531 - 10,3 74,3 10,3 100 490

Divo - 196 3,7 86,2 W 100 14,0

Les migrants qui ont créé desplantations à l’extérieur ou qui vivent dansles villes contribuent par leurs transferts à ia formation desrevenus au niveau de la région. Chaqueannée, la zone rurale de Bouaké reçoit environ 500 millions de la Bass&Côtey compris le rapport desplantations appartenant à desvillageois qui ne résident pas à l’extérieur. Cestransferts représentent 25% desrevenus dans les zonesles plus riches et peuvent atteindre 50% dansles secteursles plus pauvres. L’existence de familles ayant une résidencebipolaire provoque dessorties et desentrées de fonds à I’occasion desvoyages, des constructions, desfunérailles, desfêtes, de la compensationmatrimoriiale ou dessacrifices qui continuent à sefaire, danscertains cas,dans le milieu d’origine.

B - LES RELATIONS AVEC L’EXTBRIEUR LIEES A LA TRAITE ET A LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS IMPORTÉS OU VIVRIERS

a - La majeure partie de ‘h commercialisation du café et du cacao de la zone rurale échappe à Bouaké pour des raisons qui ont déjà été évoquées.Béoumi livre direc’tement90% de sa production à Abidjan, Sakasso65%, Tiébissou 98%. Les commerçantsétant à la fois traitants et transporteurs profitent de la période de traite pour acheter leurs produits importés à Abidjan et bénéficier de prix plus intéressants; Katiola achète 13% des produits importés à Abidjan, Béoumi 23%, Sakasso27%, Tiébissou 52%.

b -Les relations liées à la commercialisation des vivriers. Il s’agit de contacts épisodiquesqui ont lieu surtouf à l’époque de la soudure. Ceux-ci intéressentprincipalement la partie caféière de la région et un produit, l’igname. Trois circuits ont été mis en évidence : - l’un venant de Korhogo, Dabakala et Niakaramandougou,Satama-Sokoura ; - un autre issu du sud (Divo,Tiassalé) : c’est g&Gralement Ic fait de ressortissantsde la zone installés à .l’extérieur qui expedient ou ramènent dc I’igname dans la zone après la traite du café ou du cacao en Basse-Côte.

42 - un troisième.qui est formé des collecteurs qui viennent de l’extérieur dans la partie productrice de la zone rurale, en particulier, à Brobo, Diabo, Botro, Didiévi et Katiola.

C - LES RELATIONS AVEC L’EXTÉRIEUR LIÉES A L’INTERVENTION @ATIQUE

On distinguera les flux d’entrée et les flux de sortie :

a - Les premiers sont fonction de l’importance des servicespublics et de l’effort consenti par ’ I’Gtat en faveur des sous-préfectures.Ils comprennent les salaires,les dépensesde fonctionnement et d’équipement, les boursesallouées aux élèveslà où sont installés les collègesd’enseignement général, les pensionset retraites. Ces flux atteignent un montant de 620 millions de francs environ, soit 16% du revenu global de la zone. Ce taux dissimule de fortes disparités entre les zones caféièreset les autres.

b - Les flux de sortie au bénéfice de l’lhat sont représentéspar les taxes et cotisations diverses. Leur montant est de l’ordre de 134 millions. DEUXIÈME PARTIE

LES DYNAMISMES ET LES FREINS AU DEVELOPPEMENT

Au terme de l’analyse des flux réalisée dans la première partie, il convient de mettre l’accent sur quelques caractéristiques de structure et de fonctionnement de la région de Bouaké.

Cette démarche doit permettre de dégager les dynamismes et les freins actuels au développement. Elle se limitera à la formulation de quelques problèmes fondamen- taux qui seront réunis autour des thèmes suivants : 1 - La croissance des centres et leur contexte ; 2 - La transformation des structures de production ; 3 - L’utilisation des revenus et l’orientation actuelle de la consommation.

45 IV

LES PROBLEMES POSÉS PAR LA CROISSANCE DES CENTRES

Si on prend comme critère de différenciation entre les centres semi-urbainset les bourgs ruraux l’existence d’une population urbaine supérieure à 4 000 habitants, on peut classerKatiola, Béoumi et Tiébissou dans le premier groupe ; Sakasso,Didiévi, Botro et Diabo dans le second.Toutefois, des distinc- tions devront être faites à l’intérieur de.cette classification.

I - LE DEVELOPPEMENT DES CENTRES ET LEUR CONTEXTE

A - LES FACTEURS EXPLICATIFS DU NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT DES CENTRES SEMI-URBAINS a - Ils présentent un certain nombre de points communs : - ancienneté de la fonction administrative. Jusqu’en 1961, Katiola était le chef-lieu d’un cercle doté d’une forte structure administra- tive ainsi que les subdivisions de Béoumi et de Tiébissou ; - expansion de la fonction scolaire. Des écoles secondairesy ont été crééesces dernièresannées entraînant un afflux de popu- lation et de revenus dans les centres ; - présenced’un marché quotidien ; - localisation sur des axes routiers à grande circulation. Katiola bénéficie en plus d’une gare ferroviaire ; - existence de routes secondaires qui les relient à des bourgs ruraux : . Katiola à Niakaramandougou,Dabakala et Botro ; . Béoumi à Gouitafla, Mankono, Tiénigbé, Botro, Diabo ; . Tiébissou à Didiévi. - éloignement relatif de Bouaké qui limite la concurrence de cette ville.

46 b - Cependant, ces centresse différencient par : - Le revenu monétaire de leur zone rurale. Il est de 11 000 F.CFA par tête à Tiébissou, 10 500 F.CFA à Béoumi et 7 6ClOF.CFA seulement à Katiola. - La population de leur zone rurale : sous-préfecturede Béoumi 49 000 résidentsruraux, Tiébissou 45 000, Katiola 26 000. - Les investissements dans l’habitat : Tiébissou a été en grande partie reconstruit en habitat moderne de 1964 à 1969. La construction enregistreactuellement un essorrapide à Katiola et à Béoumi.

B - LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA TRANSFORMATION DES BOURGSRURAUX

Il semblenécessaire de distinguer :

a - Les bourgs ruraux en voie d’urbanisation Un centre mérite d’être classéici : Sakasso. En effet, c’est un bourg rural qui a connu une croissancetrès forte du point de vue démographiqueet économique depuis 1962, sa population ur- baine n’est que de 3 000 h, mais certaines de sesfonctions sont souvent comparablesà celles des centres semi-urbains. Les causes de son développement semblent avoir été les suivantes : - c’est un nouveau chef-lieu administratif depuis 1961. Son équipement collectif a connu une plus forte croissanceque celui des autres bourgs. C’est le seul à disposerd’un hôpital et d’un centre antituberculeux, d’un servicede postes et télécommunications et de l’électrification de jour et de nuit.; - le revenu monétaire de la zone rurale est nettement supérieur à celui des autres bourgs ruraux. Il atteint 11000 F.CFA par tête. C’est un des plus élevésde la région ; - la population de sa zone rurale est de 46000 h, soit autant qu’à Tiébissou ; - les dépenses dans la construction ont été relativement élevéesces dernièresannées. La croissance de Sakassoest toutefois limitée par le fait : - qu’il n’est pas situé à un carrefour ou sur un axe routier important ; - qu’il est relativement proche de Bouaké, 40 km.

b - Les bourgs ruraux sans vocation urbaine Ils ont une population inférieure à 3 000 h. Bien qu’ils aient été érigésen chef-lieu de sous- préfecture en même temps que Sakasso,leur croissancea été nettement moins rapide. Leur situation actuelle s’explique par les faits suivants : - ils ont bénéficié d’équipements collectifs moins importants que ceux des autres centres ; - le revenu monétaire de leur zone rurale n’est pas très élevé : 5 000 FCFA environ à Brobo, Diabo et Didiévi ; - ils sont trop proches de Bouaké, 20 à 40 km, excepté Didiévi (74 km) ; l’insuffisance du réseau routier de ce dernier lui fait perdre les avantagesde cette position; - aucun de ces centres n’est situé à un carrefour important; - ils sont localisésen dehors des grands axes routiers, excepté Brobo. Dans ce cas précis, la proximité de Bouaké élimine les effets bénéfiquesde cette position. I., - les dépensesdans la construction ont été très faibles.

47 II- LA STRUCTURE SOCIO-PROFESSIONNELLE ET LES REVENUS MONki’TAIRES

Le contexte du développementainsi défini explique la répartition socio-professionnelleet permet de mieux comprendre le mécanismede la formation des revenus dans les centres semi-urbains et les bourgs ruraux.

A - RÉPARTlTION SOCIO-PROFESSIONNELLE

La répartition socio-professionnelledes actifs dans les centres a été établie d’après les résultats des enquêtesdémographiques et économiques.

Répartition et structure socio-professionnelle des actifs dans les centres (activité principale)

Services Commerce Transport Services Artisanat Agriculture publics traite TOTAL (1) (2) (3) (4) (5) (6)

VA % VA % VA % VA % VA % VA % VA %

Katiola 395 13 179 6 60 2 80 3 483 17 1707 59 2 904 100

Béoumi 220 15 241 19 105 7 80 5 218 15 554 39 1418 100

Tiébissou 164 17 237 25 40 4 52 6 136 14 328 34 957 100

Sakassc 103 15 90 13 60 9 35 5 106 16 281 42 675 100

Brobo 40 11 20 5 1 3 -8 2 46 13 228 66 343 100

(1) Tous les employés des services publics et para-publics (y compris les manœuvres), CFDT, enseignement privé, EECI. (2) Commerçants indépendants, salariés, aides familiaux, y compris les 40 revendeuses de produits vivriers résidant à Béoumi. (3) Transporteurs, chauffeurs, apprentis. (4) Employés de maison, gardiens, culte, hôtels, restaurants, bars, musiciens. (5) Y compris les 200 potières à Katiok. (6) Planteurs, cultivateurs, ouvriers agricoles, éleveurs, aides familiaux.

D’aprèsle tableau ci-dessus,on observeque : - le poids dessalariés des services publics est assezvoisin quel que soit le niveau de développementdu centre, 13%à Katiola contre 11%à Brobo. Ce pourcentageatteint cependant 15%à Sakasso; - le commerce, la traite et les services emploient relativement un plus grand nombre d’actifs dansles centres situésen zone caféière.L’agriculture aurait donc un rôle déterminant sur cesactivités ; - l’artisanat occupe 17% des actifs à Katiola à causedu développementde la poterie traditionnelle (200 potières). L’artisanat moderne de Katiola et des bourgs ruraux a un poids inférieur à celui qu’il occupe dans les centres de traite ; - l’agriculture occupe 66%‘des actifs à Brobo et environ 40% à Béoumi, Tiébissou et Sakasso.A Katiola, 59% de la population urbaine exerce une activité agricole.

48 B - REVENU BRUT SELON LES CATEGORIES SOCIO-PROFESSIONNELLES

L’analyse du revenu brut selon les catégoriessocio-professionnelles montre que : - les salaires versés par le secteur public représententplus de 50% des revenusdans les bourgs ruraux de savaneet encore 39% des revenus à Katiola. Ils ont une importance bien moindre dans les centres de traite, Béoumi, Tiébissou et Sakassooù ils tombent au-dessousde 3074 ; - les revenus du commerce et du transport sont naturellement plus élevésdans les centres de traite que dans les bourgs ruraux et à Katiola où il y a très peu dc café et de cacao. - l’artisanat, les services et les loyers n’ont encore qu’une faible incidence quel que soit le groupe auquel appartient le centre ; - l’agriculture a un poids relativement plus grand à Katiola et dans les bourgs ruraux qu’à Tiébissou, Béoumi et Sakasso.

Revenu brut selon les catégories socio-professionnelles (en millions de F.CFA)

Employés Comm ercc Scrviccs Transport Artisanat Agriculture TOTAL services publics traite loyers (1) (2) (2) (2) (2) (2)

VA p/a VA 76 VA 1% VA vi, VA X VA % VA 5%

Katiola 165 39,l 77 18,3 47 11,l 19 4,5 71 16,8 43 10,2 422 100

Béoumi 120 30,3 111 28,l 74 18,7 22,5 5,7 47 11.9 21 5.3 395,5 100

Tiébissou 81 31,3 89 34,4 34 13,l 11 4,2 30 11.6 14 5.4 259 100

Sakasso 54 24,8 69 31,6 60 27,s 7 3,2 18 8,3 10 4.6 218 100

Botro 42 47,7 16 18,2 3 3,4 5 5,7 13 14,8 9 10,2 88 100

Brobo 28 58,4 7 14,6 2,5 5,2 2,5 5,2 4 8,3 4 8,3 48 100

Didiévi 41 68,3 8 13.3 1,5 2,5 2,5 4.2 4 6.7 3 5,O 60 100

Diibo 28 63,6 5,5 12,5 - - 2s 5,7 4 9,1 4 9,l 44 100

(1) Tous les revenus distribués par l’administration, y compris les bourses des élèves, les allocations familiales et les salaires des fonctionnaires résidant dans les villages, non compris les fournitures liées aux dépenses de fonction- nement et d’investissements (2) Production réalisée par les différentes activités, non compris les transferts.

III - ESSAI D’APPRECIATION DE L’EVOLUTION SECTORIELLE DES REVENUS DANS LES CENTRES SEMI-URBAINS ET LES BOURGS RURAUX

D’aprèsles renseignementsrétrospectifs obtenus, une estimation des taux de croissancedes revenuspar secteur d’activité a été tentée.

49 Quatre facteurs ont eu un rôle déterminant dans la croissancedes revenus des centres semi- urbains et des bourgs ruraux : - I’action étatique ; - l’incidence des revenus et de la structure des dépensesdes ruraux ; - les transferts privés ; - l’intensification des échangesinter-régionaux.

A - LE RÔLE DE L’ETAT

Le nouveau découpageadministratif n’a eu jusqu’ici qu’un effet limité sur les activités des bourgs ruraux sauf sur le commerce.En effet, à Botro, Diabo, Brobo et Didiévi, le transport, l’artisanat et les servicesne contribuent que faiblement à la formation des revenus locaux. En revanche, le commercea connu une croissanceannuelle de 10%. Toutefois, l’ouverture des sous-préfecturesn’a pas empêchéles anciens chefs-lieux administratifs d’enregistrerune croissancerapide de l’ensemble de leurs revenus excepté celui de la traite qui a subi la.concurrence de Sakassoet de Botro.

B - L’INCIDENCE DES REVENUS ET DE LA STRUCTURE DES DEPENSESDES RURAUX SUR L’ECONOMIE DES CENTRES

On a observéque le chiffre d’affaires du commerceet des transports a augmentéplus rapidement dans les centres situés en zone caféière où la traite a favorisé l’équipement de ces secteurs.Sakasso constitue l’exemple le plus probant. L’artisanat moderne et le bâtiment n’ont bénéficié que partiellement de l’accroissementde la demandedes ruraux, leur développementétant surtout dépendant de l’urbanisation.

C - L’IMPACT DES TRANSFERTS PRIVBS

Les migrations ont un effet d’autant plus important sur le centre que la zone rurale est plus pauvre. Le transfert d’un migrant est équivalent au revenu d’un rural résidant à Béoumi, Tiébissou ou Sakasso,mais il est supérieur dans les autres zones. C’est principalement le commercequi a bénéficié de ces flux de transferts dans les centres semi-urbains.Notons que les principaux achats intéressent trois produits : les cycles, les vêtements et les postes de radio que les migrants effectuent en partie à l’exté- rieur. Leurs effets dépendent de la capacité du secteur commercial à répondre à la demande.

D - L’INTENSIFICATION DES ECHANGESINTER-REGIONAUX

L’accroissementrapide de la circulation routière liée au développementdes échangess’est tra- duite, pour les centres situés sur les axes routiers : - en premier lieu, par l’augmentation du chiffre d’affaires . du secteur pétrolier, . des services(bars-cafés, restaurants), . des réparateursde véhicules, . du commerce(pièces détachées) ; - en second lieu, par l’extension du marché pour les activités de transport.

50 Cette demandeglobale de l’extérieur représenteentre 12 et 18%dc la production semi-urbaine à Béoumi, Katiola et Tiébissou.

IV - LES PERSPECTIVES RELATIVES A LA CROISSANCE DES CENTRES

Elles sont différentes selon qu’il s’agit des centres semi-urbainsou des bourgs ruraux.

A - LE CAS DES CENTRES SEMI-URBAINS

Les principaux secteursd’activités seront examinéssuccessivement :

a - Le commerce - Les centres semi-urbainsparviennent déjà à satisfaireplus de 90% de la demanderurale. Seuls,quelques produits spécialisessont achetésà Bouaké. - L’approvisionnement des centres à l’extérieur est relativement plus important. L’admi- nistration y effectue la majorité de sesdépenses d’équipement. Les grossesdépenses des urbains n’ont pas encore atteint un niveau susceptiblede rentabiliser une offre locale intéressante.De ce fait, les achats de véhicules, frigidaires, radio, télévision, etc. ont heu à Bouaké le plus souvent. Par ailleurs, leur niveau de revenu et leur position socialeles conduisent à’se déplacerplus.fréquemment que les ruraux. - Les ventes de ces centres dans les sous-préfectureslimitrophes représententenviron 10% du chiffre d’affaires du commerceà Tiébissou et à Béoumi, 25% à Katiola. - Le développementactuel’des bourgs ruraux risque de se traduire par un ralentissementdes ventes des produits de consommation courante des centres semi-urbains,d’autant plus que ces derniers ne disposent d’aucune possibilité susceptibledans l’immédiat d’assurerle relais.

Il apparaît donc que le commerce continuera à se développer à condition que : - l’administration accroisse son effort ; or, mis à part Katiola qui doit être érigé en préfecture et les centres dont les zones rurales sont concernéespar le barragede KOSSOU,il est peu probable que les dépensesde fonctionnement et d’équipement de l’administration progressentbeaucoup dans les pro- chaines années; - la productib agricole. commercialisée augmente ; or, seule,la production de coton semblesuivre cette évolution et il n’est pas évident que les revenus supplémentairessoient entièrement consacrésà la consommation ; - la thkwisation diminue, il sembleque son taux soit extrêmement élevé dans la zone rurale de la région de Bouaké.

b - Les transports En dehors de Tiébissou,qui subit l’influence de l’axe nord-sud, les transports des centres dépas- sent déjà largement les limites de leur circonscription. Après la traite, une part importante des véhicules est sous-utilisée. Les gros commerçantsassurent en général leur propre transport de marchandises.

51 c - L ‘artisanat La production des centres satisfait la majeure partie de la demandedes ruraux, mis à part la panification à Tiébissou. La demandeurbaine n’est pas totalement satisfaite pour les répartitions de véhicules et la menuiserie. Cela est surtout imputable au manque de compétenceet d’équipement.

d - Les services Les ruraux utilisent peu les servicesde l’extérieur si ce n’est à l’occasion dc leurs voyages. Les urbains s’adressentà l’extérieur pour les opérations bancaireset les assurances.Les nom- breux déplacementsà Bouaké de leurs utilisateurs rendent précaire l’implantation de ces servicesdans les centres. Par ailleurs, les cultivateurs semblent hostiles au placement de leur épargnedans les banques et les caissesd’épargne si I’on en juge d’après les expériencestentées par les servicesd’animation rurale et les banques.

B - LE CASDES BOURGS RURAUX

Dans ce groupe, Sakassoconstitue un modèle de développement particulier pour les raisons qui ont déjà été exposées. En ce qui concerne les autres bourgs ruraux, les perspectivesde développement ne semblent guère favorables à moins que ne soient lancées des opérations de développement importantes.

a - Le commerce Moins de 25% des achats de produits importés des ruraux de Sakassosont effectués à l’exté- rieur contre 3% à Brobo, 5% à Diabo, 60% à Didiévi et 7% à Botro. En ce qui concerne ces deux derniers centres leur éloignement par rapport à Bouaké et l’importance numérique de leur population rurale devraient permettre à leur commerced’enregistrer une croissancebeaucoup plus forte. En revanche, ceux de Brobo et de Diabo semblent voués à rester sous la dépendancede Bouaké pour des raisons inverses.

b - Le transport Le marché du secteur des transports de Sakassodéborde le cadre de la sous-préfecture.De même que pour les centres semi-urbainssitués en zone caféière,le parc de véhicules n’est utilise pleinement que pendant la traite. Botro et Didiévi ont une demanderelativement élevée de transport presque intégralement satisfaite par l’extérieur. Seule, l’urbanisation de ces centres pourrait régulariser la demandeet favoriser le développementdes transports. Ces conditions favorablespourront difficilement être réunies à Brobo et à Diabo à causede leur proximité de Bouaké et de l’étroitesse de leur marché.

c - L’artisanat et les services Les activités urbaines étant faibles dans ces zones, l’artisanat et les servicesne trouvent pas encore ‘le support susceptible d’assurer leur développement.

52 V

LES PROBLÈMES POSÉS PAR LES TRANSFORMATIONS DES STRUCTURES DEPRODUCTION DE LAZONE RURALE

L’étude de l’organisation et du fonctionnement des zones rurales de la région de Bouaké a permis de mettre en évidenceun certain nombre de phénomènesimportants dont la connaissanceest indispensableà la définition et à l’élaboration de toute politique d’aménagement.

I - L’IMPORTANCE DU RdLE JOUÉ PAR L’EXTERI;EUR DANS LE FONCTIONNEMENT DE L’ECONOMIE REGIONALE

Elle s’explique par la faible productivité des exploitations traditionnelles qui pousseune grande partie de la population active vers les zones caféièreset le milieu urbain de la Basse-Côte.Cependant, on ne saurait trop insister sur les formes et les mobiles actuels des migrations. En effet, une vision super- ficielle consisterait à sous-estimerdans cette région, non seulementl’hétérogénéité des structures, mais surtout celle desmotivations et des comportements.On aboutirait, semble-t-il, à de sérieux déboires Iors des projets d’aménagementsi l’on espérait pouvoir composeravec la réalité à l’aide du seul revenu monétaire. On observe,en effet, que le développementde la scolarisation au cours des dernières années a contribué à intensifier le rythme des départs. Ces derniers se font principalement à destination du milieu urbain. Les jeunes manifestent une désaffection de plus en plus grande pour l’agriculture et pour certains métiers manuels dès lors qu’ils ont eu la chance de transiter par l’école primaire. Ils subissent,en outre, l’attraction desvilles d’autant plus que les villages et les centres semi- urbains avoisinants sont très peu équipés et n’offrent aucune possibilité d’emploi dans l’immédiat. Cette forme de migration s’est développéeavec une grande rapidité dans le milieu féminin au cours des dernièresannées. Elle a provoqué de nouveaux départs parmi les jeunes analphabètesdans la mesureoù ceux-ci éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver une épousequi acceptede rester au village afin de se livrer aux activités agricoleset domestiques.

53 Cesobservations montrent que le développementde l’économie de savanedépasse largement la simple définition de programmesd’action en matière agricole et ne doit pas être seulement analysé en termes de revenus. C’est en effet tout le problème de l’aménagementrural qui est ici pose en fonc- tion des donnéesnouvelles et du niveau d’aspiration des intéresses.

II - L’IMPACT DES OPERATIONS SECTORIELLES DE DEVELOPPEMENT

Si l’on analyse l’impact des opérations sectoriellesde développemententreprises au cours des dix dernièresannées, on constate que celui de la CFDT a été le plus spectaculairepuisqu’il a provoqué un flux de recettes supplémentairesde 140 millions environ dans les sous-préfecturesconcernées : Béoumi, Botro, Brobo et Katiola. Les surfacescultivées sont très faibles dans les zones caféièresde la région, en particulier, à Tiébissou et à Sakasso.A Diabo, les servicesde vulgarisation tentent progres- sivement de faire adopter cette culture qui se heurte à l’opposition des forces traditionnelles. Il faut toutefois observer que : - la culture du coton se fait généralementen marge de l’exploitation traditionnelle et les surfaces moyennes cultivées par groupe sont comprisesentre 25 et 38 ares ; - cette activité n’est pas encore totalement adoptée par les paysans.Selon les rendements,le nombre de cultivateurs peut varier considérablementd’une année à l’autre. Autour d’un noyau plus ou moins permanent, il existe une massed’adhérents occasionnels dont l’importance dépend des rendements escomptésde la production caféière ; - dans certains secteurs,essentiellement à Diabo et chez les Satikran de Botro, les autorités tradition- nelles s’opposentplus ou moins à la pratique de cette culture. Elles considèrent que cette activité contrarie les géniesde la terre. Il sembledifficile de faire la part du poids de la société traditionnelle et celle d’un passeencore vivace où la culture du coton était imposéepar l’administration coloniale. Pour s’y soustraire, la société a sécrétécertains mythes tels que les effets néfastesdu coton sur les pluies ou ceux des produits de traitement et de certains déchets imperceptibles sur la santé des paysanset, en particulier, sur leurs yeux. L’action de la CAITA a une moins grande envergure.La région compte moins de 1 000 planteurs de tabac encadréspar cet ‘organismeet les revenus tirés de cette culture ne dépassaientpas 7 millions de F.CFA en 1969. Ceci s’explique par les faits suivants : - le tabac exige deux fois plus de travail que le coton pour un revenu à peu près égal ; - la commercialisation fondée sur un contrôle très strict de la qualité du produit n’est pas favorable au paysan ; - la CAITA ne disposeque de moyens limités et ne contrôle pas la production de tabac local. En ce qui concerne le riz, les résultats obtenus par la SATMACI sont .encorelimités. Son action dans la région au niveau de la production n’a commencévéritablement qu’au cours de la campagne 1968-1969. Il n’y a pas, semble-t-il, d’opposition des paysansà la culture du riz. Néanmoins, il semble que ceux-ci seraient plus favorablesau riz pluvial qu’au riz irrigué bien que dans certains secteursGnamien et Kouadiokro à Diabo, Menankro et Koubobodan à Béoumi, par exemple, ce dernier soit récolté dans les bas-fonds.

54 II faudrait aussi signaler l’extension de la culture du riz irrigué autour des centres semi-urbains lorsque les conditions le permettent: C’est généralementle fait de cultivateurs Dioula bénéficiant de l’assistancetechnique des Formosansà Béoumi, Sakasso,Tiébissou. Il sembleque cette culture pourrait s’inscrire dans un assolementtriennal aprèsl’igname et le coton dans la mesure où elle fait déjà partie de la pratique locale, en particulier à Botro, Diabo et Katiola.

III - L’EXPERIENCE DE DEVELOPPEMENT INTEGRE : LES SECTEURS PILOTES

Ces différentes opérations de developpementse réalisent dans un cadre sectoriel et sont la plupart du tempsjuxtaposées aux activités traditionnelles. Elles n’ont pas réussi,jusqu’à présent, à dynamiser les structures de production. La seule tentative d’un développementintégré est actuelle- ment réaliséepar les secteurspilotes dont l’objectif est la définition de nouvelles structures d’exploi- tation adaptéesà la savaneet susceptiblesd’assurer assez rapidement un accroissementdu revenu des paysans. Au terme de huit annéesd’expérimentation, le revenu monétaire tiré des cultures dans les secteurspilotes a été multiplié par sept. II se situe autour de 60 000 F.CFA dans le village de Bokakouamékroqui est le centre d’expérimentation le plus ancien. Les exploitations misesen place t assurentun revenu correspondant à celui d’un manoeuvreen ville, soit 210 F.CFA par jour. Il est évident que, malgré l’importance des résultats obtenus tant sur le plan qualitatif que quantitatif par rapport à la base de départ, le revenu escomptéest encore trop faible au regard de l’effort exigé pour espérercontrebalancer l’effet d’attraction qu’exercent sur les ruraux les planta; tions de la Basse-Côteet le milieu urbain. Il y a donc encore une tâche importante à accomplir pour définir et expérimenter de nou- veaux modèles d’exploitations adaptésà la savanecapables d’assurer une rémutiration équivalente à celle qu’un certifié ou un breveté peut espéreren ville. Ceci relève essentiellementdu domaine de la recherche et dépassele cadre de la prévulgarisation que se sont fixés les secteurspilotes.

IV - LES FREINS SOCIOLOGIQUES AU DfVELOPPEMENT ‘e. , A côté de ces facteurs d’ordre technique qui freinent le développementde la zone rurale, il faut tenir compte de la résistancede la société traditionnelle à toute transformation du statut des terres cultivées et à la politique de regroupement des cultures ainsi que de tous les problèmesposés par les interdictions afférentesau travail et aux cultures.. Des solutions qui seront apportéesà ces différentes questions dépendrala réussite des pro- grammesde développementqui seront préconisés. Jusqu’à présent, la zone rurale avait réussi à trouver un équilibre en associantaux cultures vivrières quelques ares de café ou en rejetant vers les régions plus prospères’une partie dc sa population active qui, en retour, assurait un flux compensatoiredc recettesaux Gsidents. II sembleque l’on s’engageactuellement vers la rupture dc cet équilibre sous la pression des mouvcmcnts migratoires

55 qui sont commandés par de nouvelles motivations ct dont l’orientation urbaine devient prédominante. II n’est guère possible d’espérer une aide de jeunes gens qui rhssisscnt difficilcmen! à trouver un emploi dans le milieu urbain et qui consomment souvent I’integralitC de leur revenu.

Sur place ou ailleurs, pour les kléments Ics plus dynamiques, il convient de choisir rapidement entre l’amélioration des schémas traditionnels existants cl la dEfinilion dc structures dc production assurant une meilleure valh.ation du travail ct des dBbouchCs rdmunératcurs. Lc barrage dc Kossou qui occupera une grande partic dc la zone devrait Blrc l’occasion dc r8aliscr Ics mulations qui s’imposent pour dynamiser cette société rurale.

56 VI

L’UTILISATION DE.!3 REVENUS ET L’ORIENTATION ACTUELLE

DE LA CONSOMMATION

Cet aspectde l’analyse ne fait qu’indirectement partie de notre recherche; il a toutefois paru nécessairede poserun certain nombre de problèmeset d’orienter la réflexion. Il ressort,en effet, de l’étude : - que la seuleoptique du revenu n’est pas suffisantepour asseoirune politique de développementadaptée à la zone concernée; - que, par ailleurs, la mesuredes élasticités de consommationdoit être conduite avecune extrême prudence et étayéepar une connaissanceconcrète descomportements et motivations qui ne seprête pastoujours à une quantification rigoureuse; Deux questionsdoivent être abordées: - existe-t-il une liaison étroite entre l’accroissementdes revenus et le niveau de consommation? - les différentes opérations de développementet la plus grandeouverture de ceszones sur l’extérieur ont-elles entraïné une modification des structures de consommationet une orientation desdépenses vers dessecteurs susceptibles d’avoir un effet d’induction sur les activités régionales?

I - LES RELATIONS ENTRE LE NIVEAU DE CONSOMMA TION ET L ‘ACCROISSEMENT DES REVENUS DANS LA ZONE RURALE

Une étude comparative des trois sous-zonesconsidérées semblerait confirmer la liaison entre le montant des dépensesannuelles par tête et le niveau du revenu. DCpWC Rcvcnu .-_ -. Sükasso,TiCbissou, B6oumi ...... 9630 11 100 Botro ct Katioh ...... 6 440 ‘7 550 Brobo, Diabo, Didiâvi ...... _...... 4810 4980

57 Outre qu’il s’agit ici d’une «série»spatiale et non d’une série temporelle, cette première approche dissimule en fait des problèmes importants au niveau des comportements :

a - En ce qui concerne les produits alimentairesimportés, l’augmentation des fevcnus se traduit au niveau de la consommation par un accroissementdes .achats de poisson, de viande, de volaille, de riz et d’huile. Toutefois, si ce phénomène est évident dans le cas du poisson(l), il n’en est pas de même pour les moutons et la volaille, dont la consommation répond à un ensembled’obligations culturelles ; de ce fait, ces deux derniers postes peuvent croître pour des motifs totalement opposés: - une mauvaiserécolte entraîne une augmentation des sacrifices,malgré la baissedes revenus, afin de préparer desjours meilleurs ; - une récolte abondante n’entraîne pas nécessairementun accroissementimportant de la consommation de viande à moins que des obligations socialesdifférées telles que les funérailles ne l’imposent. En ,fin de compte, l’inélasticité de la consommation de viande traduit la prédominance des obligations culturelles sur la consommation simplement alimentaire ; la même élasticité apparaîtrait sur le poste ((volaille» si la production locale, c’est-à-dire l’autoconsommation, non prise en compte dans notre analyse,n’introduisait des distorsions entre les zones (Katiola et dans une moindre mesure, Brobo disposent d’un élevagede volaille non négligeable). La demandede sel, d’huile et de sucre est assezfaiblement élastique. Néanmoins, dans les zones où la consommation de pain augmente,on note une évolution parallèle de celle du sucre ; les deux produits sont même souvent associéslors de la vente. Les achats de riz importé sont très élastiquesdans les zones caféières.En effet, quand la pro- duction caféière est bonne, la culture de l’igname est relativement délaisséeet on enregistreune élasticité de substitution assezforte. Par contre, dans les zones à prédominancevivrière, la demandede riz est relativement faible et assezstable dans la mesure où la production d’igname est suffisante et où il existe une forte autoconsommation de riz local.

b - Parmi les produits locaux, seule l’igname présenteune forte élasticité en zone caféière, tant pour ralimentation que pour les essences; les raisons en sont les mêmesque celles déjà évoquéespour le riz importé. En dehors de quelquesmauvaises années, la demandeest faible et très peu sensibledans les zones à prédominancevivrière.

c - Les achats de boissonsintéressent surtout le vin d’importation, le vin de palme et la bière de mil. Ils croissent avec l’augmentation des revenus.Toutefois, il convient de signaler que les obligations socialesjouent ici aussiun rôle déterminant. En ce qui concerne le vin de palme, sa consommation est égalementfonction de la soudure ; en effet, durant cette période, les hommes en font une grande utili- sation pour pallier la pénurie d’igname.

d - Parmi les autresproduits de consommationcourante, il est nécessairede distinguer : - le pétrole, dont la demanden’est pas fonction du revenu. Il est essentiellementutilisé pour l’éclai- rage durant une faible partie de la nuit. En revanche,le savon, les produits de beauté, les cigarettes suivent une évolution parallèle à celle des revenus ;

_---_---_----- (1) Le poissonn’est jamais utilisé dansle cadred’obligations culturelles mais fait l’objet d’une consommation quotidienne purementalimentaire et sertde contrepartielors destravaux collectifs dans le cadrefamilial. - Les dépenses vestimentaires sont très sensiblesaux variations de revenus.Notons que leur élasticité est plus faible que celle des boissonset, qu’en valeur relative, elles représententune plus faible partie du reve- nu. Les achats d’articles ménagerssuivent la même tendance mais dans des proportions moindres.

e - Les ressourcesconsacrées à la médecinemoderne sont fonction du revenu mais le degré d’équi- pement des centres en matière sanitaire exerce une influence considérablesur ce type de consommation ; _ les sommesconsacrées à la médecine traditionnelle sont, au contraire, très stablesquel que soit le montant des revenus.

f - Les différences qui apparaissentdans le niveau de la consommationintermédiaire dépendent de la nature des exploitations et des rendementsde la production (achat de semencesd’igname quand la production en a été insuffisante ; dépensesde carburant pour décortiqueurs quand les rendementsdu café sont satisfaisants); il en est de même pour certains types d’équipements(outils, machines,moyens de transport).

g - Les investissementsdans la constructionsont beaucoup plus importants dans les zones riches qu’ailleurs, bien qu’ils y aient connu un ralentissementdans tout le secteur intéressépar le barragede Kossou. Cette activité a un effet d’entraînement limité sur l’artisanat à causede la forte utilisation de la main-d’wvre familiale.

II - LES ORIENTATIONS ACTUELLES DE L’UTILISATION DES REVENUS DANS LA ZONE RURALE

Les structures de consommation ont subi certainesmodifications au cours des dernières années. Cesmodifications ont porté sur les postes suivants :

.;. Secteurs Biens et Services Evolution

Alimentation Pain, riz et sucre Forte augmentation dans les zones caféières

Boissons Jus de fruits, alcools divers, vin Augmentation moyenne Autres produits de Vêtements, chaussures,articles Forte augmentation (consommation ostentatoire) consommation courante mEnagers,produits d’hygiène et de beauté santé Achats de produits pharmaceutiques Forte augmentation Consommation intermédiaire Engmis, grillage Forte augmentation IiCc à la production cotonnikrc ct rizicolc Forte augmcnlation duc à I’intcnsitïcütion des Transport migrations. h l’attraction dçs villes ct au dEve- loppcmcnt dc la scolxisntion Au trcs services ‘I’& forte croissuncc qui est conditionnk par 1Scolarisation lc tlcgrc d’Cquipcmcnt des sous-prC1Ccturcs Equipcmcnt Construction I:aiblc croiswncc qui scmblc s’cspliqucr par le projet du barrage dc Kossou dans la zone caf6.w

59 - Ces dépenses intéressent surtout des produits de la consommation finale qui n’ont qu’un faible effcl d’induction sur les activités régionalespuisqu’elles se traduisent surtout par des importations. - Malgré l’accroissementdes dépensesdans certains secteurs,il sembleque la thésaurisation demeure encore élevéepuisqu’elle est en moyenne de 15%dans la zone. La plupart des déficits budgétaires enregistrésont pour origine des causesexceptionnelles (funérailles, maladie, adultère, règlement de dettes différées) ; ils sont comblés par la déthésaurisationdes fonds mis en réserveau cours des an- néesprécédentes. Cette observation permet de mettre l’accent sur certains phénomènesqui mériteraient de retenir l’attention : il existe, en effet, d’étroites relations entre les mouvementsde thésaurisation- déthésaurisationet les fluctuations importantes de la production caféière, que l’épargne dégagéesert en partie à atténuer ; le niveau d’épargneréellement disponible est de ce fait très inférieur au niveau apparent d’épargnemoyenne. Il ressort de cette analyse que les fluctuations de la consommation sont moins importantes que celles de la production à cause: - de l’existence d’un niveau de consommation incompressibleet de certaines dépenses(achats de se- mences,frais de scolarisation) auxquelles les groupes de production sont contraints de faire face ; - des obligations culturelles qui sont de véritables variables autonomes et pour lesquellesles groupes de production déthésaurisentou empruntent.

III - QUELQUESOBSERVATIONSSUR LESSTRUCTURESDECONSOMMATION ~~ANS LES CENTRES

Dans les centres, les formes et le niveau de la consommation diffèrent considérablementselon les groupes sociaux. Il convient, en effet, de distinguer : - d’une part, la population agricole des centres semi-urbainset des bourgs ruraux ; - d’autre part, la population urbaine non agricole.

II - Dans le premier groupe, les problèmesposés par les structures de consommation et leur évolution sont à peu près identiques à ceux évoquésà propos de la zone rurale. Toutefois, la consom- mation de certains produits est plus importante ; il en est ainsi pour le pétrole, l’éclairage dans les centres étant permanent pendant la nuit. On note aussi qu’une part sensiblementplus grande des revenus est consacréeaux plats préparéset à certaines formes de loisirs. Enfin, les mesuresd’assainis- sementurbain ont été à l’origine d’une forte déthésaurisationau profit de l’habitat en dur ; ce dernier a indirectement suscitéun accroissementdes achats à l’artisanat, en particulier pour l’ameublement.

b - Dans le second groupe, l’importance des revenus et l’hétérogénéité de la population concer- née confèrent une autre dimension à l’analyse des structures de consommation.

Au cours de ces dernièresannées, on a observéun accroissementgénéral du niveau de consom- mation des urbains non agricolesqui s’est porté plus particulièrement sur les postes suivants : - le riz, le pain, l’huile et les conserves; - les boissons : alcools divers et jus de fruits ; - les vêtements, les chaussures. Quatre autres catégoriesde dépensesont augmentéà un rythme très rapide : - les dépensesconsacrées à l’éclairage par suite de l’électrification des centres et de certains bourgs ruraux ;

60 - les investissementsdans la construction, qui ont entraîné une croissancedes achats d’équipement mobilier, dont la majeurepartie s’effectueà l’extérieur ; - les achatsde moyens de transport : vélomoteurs,voitures ; - les achatsde biens de luxe : postesde radio, réfrigérateurs,téléviseurs, etc.

IV - EFFETS DE LA CONSOMMATION URBAINE SUR LA ZONE RURALE ET SUR LES CENTRES

a - La croissancedes revenus et de la consommation des urbains n’a eu que peu d’effets sur lo zone rurale : . la faible dimension démographiquedes centres et l’importance de leur population agricole en font des marchéstrès étroits pour la production rurale : . la substitution de certains produits d’importation aux produits locaux réduit encore les dé- bouchés de la zone rurale en milieu urbain.

0 - Dans les centres, l’accroissementde la consommation a eu des effhs stwsib~~rt diffémts selon les secteursd’activité : . tout d’abord, les achats de produits manufacturés ont connu une très forte expansion qui a surtout profité au commercemoderne et dont l’impact sur l’emploi a été très faible les dépensesdans la construction et le développementde la consommation de certains produits * (en particulier, le pain, les vêtements, les chaussures,les achats de radios. de montres et de cyclomoteurs) ont quelque peu favorisé la naissanced’un noyau d’artisanat moderne. On note que la construction et les activités annexes sont à l’origine d’une grande partie des emplois créésdans les centres semi-urbainset à Sakasso.Cependant. la croissancede ce secteur a considérablementdiminué à Tiébissou aprèsune phase de haute conjoncture entre 1964 et 1967 et n’a eu qu’un faible pouvoir d’induction sur la vie économique du centre. . en ce qui concerne les services, aucune incidence particulière n’a été enregistrée.d’autant plus que leur implantation est extrêmement difficile à causede l’étroitesse de la demandeet de la proximité de Bouaké. . la consommation des administrations de même que leurs dépensesd’équipement ne sont pastrès élevéesdans les centreset leur action sur le développementdes activités locales se trouve encore réduite du fait que la plupart de leurs achats se font à l’extérieur et. en particulier. à Bouaké.

Y - UTILISATION DE L’EPARGNE EN MILIEU URBAIN

Les problèmesposés par l’utilisation de l’épargne de la population agricole des centres sont à peu près semblablesà ceux qui ont été abordésà propos de la zone rurale. Ceux de la population urbaine non agricole sont plus complexes.Il convient, en effet, de distinguer : - l’épargne des fonctionnairei, entièrement transféréeà l’extérieur mise à part celle de quelques em- ployés originaires de la zone ; - les commerçants et transporteurs qui réinvestissenttrès peu dans les centres : étant souvent étrangers à la zone, ils ont tendance à transférer leur épargneà l’extérieur ; - les artisans et les petits commerçants, bien que disposant d’une épargnemoins importante, investissent relativement plus dans les centres ; la construction est le principal secteur bénéficiaire de leur apport.

61 CONCLUSION

Les remarqueset les critiques qui sedégagent de l’examen du présenttravail doivent permettre dansune étapeultérieure : - la définition d’une méthodologie d’analyserégionale légère utilisant au maximum les matériaux diswnibles : - la mise en place d’un cadre d’analyse dynamique directement utilisable aux divers stadesde la planification régionale : . diagnostic et choix des objectifs, . programmation, . mesure des effets et contrôle de l’exécution : - il faut enfin souligner que le domaine d’investigation recouvre les quatre sous-préfecturesles plus directement concernéespar le barragede Kossou dont les modifications structurelles au cours des prochaines annéesconstitueront un champ d’expérience privilégié.

63 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

La présenteanalyse repose sur un certain nombre d’enquêteset recherchespréalables rappelées ci-dessous.

A-PROBLÈMESDfiMOGRAPHIQUES 1. Béoumi. Exploitation manuelle de l’enquête démographique- ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture Abidjan, octobre 1967, 31 pages,multigr. 2. Sakasso.Exploitation manuelle de l’enquête démographique- ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture Abidjan, novembre 1967 ; 21 pages,multigr. 3. Rapport préliminaire d’enquête des zones d’extension des secteurs-pilotesDiabo-Brobo (lère partie ; enquête démographique). B. LE COUR GRANDMAISON - ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture, ORSTOM SciencesHumaines, vol. II; 1 ; Abidjan, 1969, 98 pages,multigr. 4. Mouvementsmigratoires et développementéconomique dans la zone denseà l’Ouest de Bouaké. J. MICHOTTE - ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture ; ORSTOM SciencesHumaines, vol. 1, 9, Abidjan, 1968, 76 pages,multigr.

B- ECONOMIE URBAINE " 5. Rapport préliminaire d’étude des centres semi-urbains. J. CHEVASSU- ORSTOM, Abidjan, septembre 1967, 66 pages,multigr. 6. fitude économique d’un c entre scmi-urbain : Béoumi. J. CHEVASSU- ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture, ORSTOM SciencesHumaines, vol. 1, 3, Abidjan, 1968 ; 130 pages,multigr. 7. Etude de quelques centres semi-urbains. J. CHEVASSU- ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de I’Agriculturc ; ORSTOM SciencesHumaines, vol. 1, 7, Abidjan, 1968, 226 pages,multigr.

64 c- É~ONOMIERURALE:~TRUCTURESDEPR~DU~TION 8. Etude comparative de cinq strates d’exploitations de la zone rurale de Brobo - Evolution 1961- 1967. G. ANCEY - ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture Bouaké, avril 1968, 152 pages,multigr. 9. Groupes de production et niveau de revenu dans la zone denseà l’ouest de Bouaké. J. MICHOTTE - ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture ; ORSTOM SciencesHumaines, vol. II, 2, Abidjan, 1969, 75 pages,multigr. 10. Les notions d’activité et d’actifs à I’intérieur d’une exploitation agricole. G. ANCEY - ORSTOM ; Bouaké,juin 1968, 22 pages,multigr.

D- &oNo~~IERuRALE:~~ÉRATI~NDEDÉVELO~~EMENT 11. Bilan de l’opération secteurs-pilotesen Moyenne Côte d’ivoire 1959-1968 Ph. BONNEFOND - ORSTOM ; Min. du Plan ; Mm. de l’Agriculture ; ORSTOM SciencesHumaines, vol. 1, 6, Abidjan, 1968, 2 t. 175 et 101 pages, multigr. 12. $tude d’une expérience d’animation rurale en Côte d’ivoire. J. MICHOTTE - ORSTOM, Abidjan, mars 1967, 80 pages,multigr. 13. Essaid’appréciation des effets des opérations de développementà partir de l’étude d’un groupe de budgets familiaux (s/préfecture de Béoumi, départementdu centre). J. MICHOTTE - Orstom, Abidjan, juin 1967, 54 pages,multigr. 14. Les centres de productivité de et de Saminikro. G. ANCEY - ORSTOM, Abidjan, décembre1967, 30 pages,multigr. . 15. Notes sur les zones de développementde Brobo et de Diabo (document de travail). Ph. BONNEFOND - ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture, Abidjan, 1969 ; ORSTOM SciencesHumaines, vol. II, 3, 113 pages,multigr.

16. Etude de la zone rurale de Brobo - Présentationméthodologique. G. ANCEY - ORSTOM.Baouké, août 1967, 30 pages,multigr. 17. La zone rurale de Brobo vue à travers son marché hebdomadaire. G. ANCEY - ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture. Rapport détaillé : Bouaké, sept. 1967, 162 pages,multigr. Rapport résumé : Bouaké, nov. 1967, 69 pages,multigr. 18. Les marchésdu pays Baoulé de la zone dense. J. MICHOTTE - ORSTOM ; Min. du Plan ; Min. de l’Agriculture ; ORSTOM SciencesHumaines, vol. III, 5, Abidjan, 1970, 2 t. 29 et 25 p., multigr.

F- SOCIOLOGIE en particulier 19. Les aspectsostentatoires du systèmeéconomique Baoulé Pierre ÉTIENNE - Cahiers de USEA - t. II, 4, avril 1968.

65 G - ETUDES GENÉRALES PLURI-DISCIPLINAIRES 70. Etude régionale de Bouaké RC1 ; Min. du Plan (en particulier : t. 1, le peu’plement239 pages. 1965 ; t. 2, l’économie, 326 pages, 1996).

H - THEORIE DE L’ANALYSE 21. Schémasd’analyse et cadresd’action du développementrégional pour les pays neufs. J.C. PERRIN et H. LHUILLIER - Cahiers ORSTOM, sér. Sciences Humaines, vol. IV, 2, Paris, 1967.

66 annexes

QUELQUES A GR.l?GATS SIGNIFICA TIFS SUR LES ZONES R URA LES

I - Structure des revenus des ruraux par zone homogène (autoconsommation non comprise)

II - Structure des dépenses par zone homogène

III - Tableaux d’échange réduit intra-zona1 IV - Formation et utilisation des revenus

67 ANNEXE I

STRUCTURE DES REVENUS DES RURAUX PAR ZONE HOMOGÈNE (autoconsommation non comprise)

Zone homogène : les sous-préfecturesont été regroupéesen trois ensemblesà l’intérieur desquelsles structures de production et le revenu monétaire des ruraux sont voisins. La popu- lation agricole des centres est exclue : 1. Béoumi, Sakasso,Tiébissou 2. Katiola, Botro 3. Didiévi, Brobo, Diabo.

Autres tubercules et féculents : bananeplantain, manioc, taro.

Boissons locales : vin de palme, bière de mil et de maïs.

Commerce : valeur ajoutéepar les boutiquiers et les tabliers installés dansles villages.

Les donnéesrelatives à Tiébissou,Katiola et Didiévi ont été extrapoléesà partir desenquêtes effectuéessur deszones voisines et’semblables ; certainespondérations ont cependantété effectuéespour tenir compte desspécialisations de certaineszones : - artisanat à Tiébissou ; - élevageà Katiola.

68 =====z== ------=~p

1 -< 1 1 1va1eurs ’ ‘Revenu ! valeurs :revenu IV.SlE?U~S :rSVe”U !Valeurs ! Irevenus ! ’ 1 ORIGINE ! q " 1 % Ipaz tE:J..o! on % !par tE3t.! en 1 % Ipar tete on ' % Ipar tmt& 1 Imillions! Ien frs. !millions! Ien frs. !millions! !E!n frs. !millions! !en fax.! 1 I 8 L 1 ! i ' I 610,O ! 39,2 ! 4355,o ! 110,o ! 19,4 ! 1465,O 1 47,0 ! 10,7 ! 535,o 1 767,O i 30,o 12530,o ! 1 76,O ! 4,9 ! 540,o 1 2,0 ! 0,4 1 25,o ! l2,O ! 2,8 ! 135,o ! 90,o 1 3.5 ! 300,o 1 1 56,O ! 3,6 ! 400,o 1 66,O ! Ii,6 ! EEO,O ! lb,0 ! 3,7 1 185,O ! 138,O 1 584 ! 455,o ! ! 5,o 1 0,3 ! 35,o ! 1,o ! 0,2 ! 15,o ! l,o ! 0,2 1 10,o ! 7,o ! 0,3 1 25,o 1 I i L 1 L ! TOTAL ! 747,0 !. 46,O 1 5330,o ! 179,o 1 31,b ! 2385,O ! 76,O ! 17.4 ! 865,O ! 1002,o ! 3912 !3310,0 1 I ' 1 ! 1 1 I P.. ! 1 1 1 CD ' 1 ! ! igneme .665,0 48,O ! 8,5 ' 640,O ! 45,o 10,3 ! 510,o 186,O f 7,3 ' 615,O ! ri: 1 I eutres tuberculls ot féculunts I 185,O ! 12,o ! 2,1 1 160j0 , 9,O , 2,0 ! 105,o * 47,0 1 1,8 ! 155,o ! 22-i t 1 22 * 1 L 1 , ~!-!------!! ! 1 1 1 TOTAL 119,o , 7,7 ESO,0 , 60,O 10,6 800,O 54,o ; 12,3 615,O 233,0 981 770,o 1 0.2 I 1 ! 1 1

1 1 1 5 riz 20,o ! 1,3 ! 140,o ' 9,O ' 1,6 ' 120,o 1 7,o ' .1,6 ! EO,O ' 36,0 ' 1,4 ' 120,o * 1 @J 1 1 1 ' ! ! ! ! ' ' 1 ' 1 1 0 .r( autres céréales 32,0 230,O , 20,o 3,s . 265,O 21,0 240,O 73,0 24010 I rlm 1 7.,0 , , 4,S , 2,9 1 1 1 ! 1 I < ! :: 1 1 1 2: TOTAL 52,o ' 3,3 ' 370,o ' 29,0 ! 5,l * 385,O ' 28,O ! fi,4 ' 323,O ' irlP,O ' 4,3 * 360,O ' I u 1 ! I ' ! ' 1 I I 1 t ! I I

1: 1 vin de palme 1 9'3,O , 6,3 ! 700,o 1 lb,0 1 228 ' 210,o ' lb,0 ' 3.7 ! 185,O ' 130,o ' 5,1 1 43OPO 1

1 Los4 1 I graine et huile 29,0 I 1,9 ! 205,o ! 7,o r 1.2 * 95,o 1 4,0 ' 0,P ' 45,0 ' 40,o ' ' 130,o ' 2 *: l,b I 1 ' ' -L-I. I I 1 .-.A---1 1 I I 1 G5 1 ;a ' TOTAL 1 127.0 1 8,2 ' 905,o ! 23,C ! 4,O 1 3r)5,0 1 20,O ., 4,6 , 230,O , 170,o 1 6,7 ' 560,O , 1 p I 1 !------y 1 1 1 1 condiments 22,0 ; 1,4 ; 160,O 105,o 42,0 140.0 1 1 1 11 ,o , 119 ; 1.6 ln Fruits 28,O !,8 200,il ! 10,o . 1,8 45,o ' 42,0 ' 1~6 * 140,o 1 1 .: 1 Elevage' I 15,o I 1,o ! 105,o ' 17,o ! 3,o 1 225,O ' 5,O ! 1,l , 55.0 1 37,o 1 1,5 , 120,o ! Tabac 4,o 093 30,O 2,o fi,4 25,0 015 25,o *,o , 093 25,O !Z! ! 2,o 3,o ' 0,2 ! 35,o ' E Bais 20,o ' 2,u ! 0,4 ' 25,o ' 3,o ' O,? ' 8,O . 0,3 ' 25,O * 1 "2 1 Artisanat 1 24,0 ' 1,5 ! 170,o 1 10,o : 1,E ' 135,o ' 10,O ' 2,3 ! 110,o ' 44,0 ' 1.7 ' 145,o ' Boissons locales B?U , 1,4 'io5,o - 7 890 0,3 25,O 1 ::r 1 -!-I"! ! I ' 1 I 1 1 -- --_^- ..--...e -- .- 1 22, 2 TOTAL ! 96,0 ' 6,2 ' 685,O ' 60,O ' 10,6 ' 800,0 ' 33,0 ! 7,5 ' 375,o ' 189,O ' 7,3 ' 620,O ! -T- .- -.-._ ' Commerce(boutiqua,tabliers,villages) ' 18,O ! 1,2 13o,o!~----i->--! .105,0 ' -g-ii-- 1,1 ! 55,o ' 31,o ! 102 ’ 100,o ' 1 ! t* -- I ---I------L.-----L--. 1 ' - ' -1 1 1 1

I Sarvice(medecine locale, divers) ! 21,5 ! 1,4 ! 155,o 1 Il,0 ! 1,9 1 :50,0 ' 10,5 ' 2,4 , 120,o ' 43,0 ' 1,7 1 140,o 1

1 -:- : I -----y-- ! 1 migrations saisonnières 51 ,o 3,3 365,O ; 60,O ! 10,b . aoo,o ' 16,O ' 795,o . 181,O . 7,( 600,O 1 1 I 7020 ; J p.lantetions extérieures 93,O ' 6,0 ' 665,O 48,O E,5 ! 640,O ' 56,O 12,8 ' 635,0 ! 197,o ' 797 * 650,O ' 1 m 1 milieu rural et urbain 226,O ! 14,5 1 1615,O ! !1310,0 , Q- I 87,O ! i5,3 ! 1160,O ! 84,O ! 'TP,2 ! 955,o ! 397,o ! 15,5 pensions, retraites 3,5 , 25,O 175 ! 0,3 < 20,o , jr5 ! 0,3 15,o 695 20,o 1 r . ! 082 1 ! : 1 ! ! or2 1 !

REVENU

(1) Béoumi: 49 000 h. , Sakasso : 46 qO0 h. , Tiébissou: 45 300 II.

(2) Botro: 49 000 h. , Katiola: 26.000 h.

(3) DidiGvi:46 000 h. , Disbo: 23 000 h. > Brobo : 19.OOL! h. ANNEXE II STRUCTURE DES DÉPENSES PAR ZONE HOMOGÈNE 2

=t===5==E=====S===E======~=~====--======~===~======-..----======~===~~ï======~======~======ï======g=== 1- 1----- 1 I .__ S~knsso,B~oumi,Ti~bianou Bttro , K:tioio Brubo, Dizbn, Diditvi Enscmbla -----.-. sous-PrEfecturc 1 I (140 000 h;;bit-:nts) ! ( 75.000 h.zbit:,nts) I ( 08 000 hobitnnts) 1 ( 303 000 habitants)1 l\ 1 -. !Vnlcur 1 l D:Sponsu$ V.:.l.our 1 IDCpcnscs !Vzl.uur I IDtipenscslValour 1 IDEpenso9 '----A cn mil- , % % ,pnr tnte 13" , % !Par tetc en % !Par tbtF 1 !p;; y y !mil~~ons I 1 ! 1 Origine -‘.\-.. ' lions ' 'on frs. millions en frs. mil.l.ions en frs.

; Produits alimentaires importas ' I l 1 l J ! ! I I 1 ! - poisson 1 76,O , 5,6 , 54090 J 35,O '1 7,2 J 465,O 28,O , 6,6 , 32D,* , 13910 ' 692 ' 460,0, - viande 49,0 396 350,o 26.0 5.4 345,o 29,0 6,B 330,o 104,o 486 345,o' 1 1 - volaille 1 35,O I 2,6 J 25o;o 1 Il;0 ! 2,3 ' 145jo 13,o J 3,l ! 150,o f 59,O ' 2,6 J 195,o' 1 t -riz I 23,0 117 165,o , 3,0 , 0,6 , 40,o 3,O 097 ' 35,o 29,'JlB,O ' 0981,3 ' ,95,0' I I - Pain il,0 ' 0,E ao,o 4,0 . 0,8 . 55,O 3,O Dr7 35,o I 60,O 1 I - huile 1 8,O ! 0,6 ! 55,o I 2,0 ! 0,4 I 25,O t,o I 0,2 1 10,o I 11,o ! 0,5 ! 35,Ol 1 1 - sel , 4,0 ' 083 , 3090 ' 2,O ' 094 ' 25,0 2?0 , 0,s J 20,o ’ 6,Oa,0 ' 0,3OS4 1 25,0, - sucre 4,O 0,3 . 30,o 1,O OP2 15,o Iv0 or2 10,o 20,o 1 1 - divers 1 12,o 1 0,9. ! 85,O ! 1,o ! 0,2 ! 15,o ! 2,0 ! 0,5 ! 20,o ! 15,o 1 0,7 ! 45,Ol

I I ! J ! TOTAL 222,0 ' 16,5 ' 1585,O ' EI5,o 17,6 ' 1130,o ' 82,O 19,4 ' 930,o ' 389,O ' 17.3 ' 1280,O' 1 IL! I L 1 1 1 L ‘ L L ‘ L 1 I 1

I ! Produits locaux ' ! ! J ' I ! 1 I 1 ! I ! -l 1 ! - tubercules, f8culents ! 55,o ! 4,l ! 390,o ! Y,0 I 1,P I 120,o 9,Li ! 2,t 100,o 73,0 1 3,2 1 240,O 1 1 - riz ! 13,0 1 1,o 1 95,o ! 2,0 1 0,4 1 25,O 2,0 1 0,s 20,o 17,0 1 0,e I 55,o 1 a t - autres cEr6ales, oléaginecx ! 4,0 ! 0,3 ! 30,o 1 5,p ! 1,o I 65,O 5,o ! 1,2 60,O 14,o I 0,6 1 45,o 1 t - condiments ! 4,0 ! 0,3 ! 30,o ! l,o 1 0,2 1 15,O 1,o 1 0,2 10,o 6,o 1 0,3 1 20,o I"I - plats pr&parés (Rest. bar) ! ZR,O ! 2,l f 200,o ! 12,O ! 2,5 I 160,O 12,0 I 2,8 140,o 52,0 I 2,3 I 170,o 1 1 - produits du palmier 1 4,0 ! 0,3 ! 30,o ! 2,0 ! 0,4 I 25,O 2,0 1 0,5 20,o 890 1 0,4 1 25,0 I - I - fruits I l,o 1 0,l I 5,O I 2,0 1 0,4 1 25,o 2,0 1 0,5 20,o 5.0 1 0,2 1 15,o 1 I - divers (fétos, ciné. bal) 1 5,0 ! 0,4 1 35,o ! 1,o. .! 0,2 I 15,o 1,o 1 0,2 10,o 7,D 1 0,3 1 25,O 1 L 1 - ! l 1 I I I ! ! I 1 1 1 I 1 1 l I I I I 1 1 1 1 ! I IL! 1 ! I ! ! ! 1 TOTAL ' 114,0 f 8,5 ; El 5,o I 34,0 , 770 i 455,o ?4,0 ; 8,O ; 385,O 182,O f a,1 ; bOO,O’ I 1 I I -1 I 1 ! 1 ! ! I I I I I 1 1 1 I 1 1 Boissons importées ! 1 J I ! 1 1 1 1 1 1 1 I 1 J I 1 1 ' 1 J I 1 1 1 1 I ! 1 = ! - vin ! 84,O 1 6,2 I 600.0 I 24,0 I 5,o 1 320,O I 23,0 1 5,4 I 260,Q I 131,o. l 5,E I 430,0! ! - autres ! 20,o ! 2,l ! 200,o ! Il,0 ! 2,3 ! 145,o 1 B,O ! 1,P 1 90,o ! 47,O.l 2,l ! 155,Ol ! 0 I ' l l I 1 1 I I 1 I 1 1 -1 1 ' ! 1 1 1 1 T-O T A L ; 112,o ) 8,3 ; ROO,O ' 35,o 1 793 ; 465,O ; 31,0 , 7,3 : 350,o 178,O ; 7,9 ; 585,OS 1 CI I -' I 1 1' t 1 Boissons locales 67,cJ ; 5,D ; *ao,9 '* lY,O ; 3,P f 255,O 13,o ; 3,l ; 150,o ; 99,D f 4,4 ; 330,o' ’ + I 1 1 -1 1 1 I I I 1 1 1 I ! 1 1 I I 1 1 , Produits importés ' I I I I 1 I 1 I 1 1 1 I 1 = 1 I - pétrole 105,o f B,O " 1‘7 " 105,o f 9,0 ; 2,1 '! 1 I - savon, bcaut8 95,'J , *,o ' O,B ' 55,O , *,o ' 089 * 1 = I 1 cigarettes, allumettes 100,O , 6,0 , 1,2 , EO,O 590 ' 1 - I I 792 ’ 1 5 1 I I -- ’ I I 1 1 _ 1--” ’ 1 1 t -1 1 I I 1 I I I TOTAL 1 42.0 , 3,1 , 300,o , 240,O f 18,O ; 4,2 f 205,O f 7B,O ; 3,4-..-- ; 260,O'--- ' 1 Autres produits locaux (Artis.) I 1’ ln 1 32,0 ! 2,4 ! 230,o ! 19,s ! 3,8 ! 245,O I 14,o 1 3,3 ! 160,O ! 64,s ! 2,g 1 215,0! ! ! 1 V&tements 1 l I VI ! 1 1 I------I 1 è: 1 1 98,O 1 7,3 1 700,o ! 35,o I 7,9 1 505,o 1 31,o ! 7,3 I 350,p ! 167,O ! ?,4 I 550,OI 1. ! 1 1 ! 1-1 1 Articles mcnagers 1 1 I 24,0 ! 1,B I 170,o ! il,0 1 2,3 I 145,o 1 9,0 1 2,1 l 100,o ! 44,0 1 2,0 ! 145,0! 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1-1 ; Soins I . modernes ! 30,o 2,2 ' 215,o 200,o ! 9,0 i 2,1 54,0 2.4 ; iso,o' 1 01 - : 21,o ;. 1.6 i 150,o ;, 145.0 i 13.0 ; 3,l , .45,0 ;, 2,0 ; 150,o' " locaux ! 1. : ! .! ; I ! ! u ! TOTAL 51,o ; 3,a ; 365,O , 26,O ; 5,4 ; 345,o ; 22,0 ; 5,2 ; 250,o , 99,0 ; 4,4 330,o' ! ! ! -w--.-I 1 , ! I ! ! ! [ I Scolarisation 62,O i 4,6 f 440,o i 26;O ; 5,4 34590 ! 26,0 ! 6,l ; 300,o , 114,o'; 5.0 375,0! 1 ! ------1 -1 ! ! ! 1 t 440.0; ! , TzonsF3rt 1 72,0 ; 5,3 ; 515,o ; 30,o ; 6,2 ; 400,o f 31,:: ; 7,4 ; 360,O ; 133,s ; 5,9 ; ! I 1' T 0 T A'L f -896,O f 66,s ; 6400,O ; 70,s ; 4540,o f 311,5 * 7396 ; 3540,o [ 1548,O ; 65,7 ; 5110,o; . 1 1 ! ! Ignames 400,O !. 1o;o ; 135,O ; 6;O ; 1,4 ; 235,o; ! & ! ! 56,O : 4,2 ! autres semences 4,0 ! 0,3 i 30.0 : !.O ! $520 [ l,O ! 082 ; 1 zz ! 1 20,0[ Artisanat 9,O , 0,7 ; 65:O ; A,0 ! 0,B ; 55,O ! 2,5 ! 0,6 , 1+- 1 1 50.0' ! 22 , Engrais , 7.0 ! 0,s ! s'J,o ; e,o ! 1,7 ; 105,o ! 1,o , 0,z ; 55,0* I 6~ ! Carbursnt . i3,o 2,3 , 0,4 i 25,o ! 1,5 ; 0,4 ; 55,0* 1 '130 , 9590 , PiBces de rechange 14,o ; l,o ; 100,o ,. jr5 I 75,0 ! 4,5 ; i,l ; !=y 1 1 '2' ! flO,O! , o z , Transport , 690 I 0,4 ; 4030 [ ,390 , OF6 > 40,O ! 3,O ; 097 ! 40,o l-lu. 1 1 !-----f------s -.- 1 1 T' 0 T A L ! 109,o ! 8,O ! 780,O I 33,5 ! 6,9 ! 450,O ! 19,5 i 4,6 ! 220,o ! 162,0 ; 7,2 1 535,0! I ! [ ! ! ! ! ! t ! ! I ! ! !U 1 ! ! ! 1 ! Articles de transport 95,o' ! !g OO,0 ! . 4,s ! 1,1 ! SO,0 ! Outils machines 80,O , 6,0 1,4 7o,0 ! 145,o; 225,0 ; 9,o : 2,l ; 100,o ! 270,0! +------:--+ ! I 1 T 0 T A L i 106,O ! y,9 i 760,O ! 29,0 1 6,0 ! 385,O ! 19,5 L 4,6 ! 220,o ! 154,s ; 6,g i s10;01 ! ! ! I I- ! -- I 1 ! I ! 1 ! 1 1 ! 1 12 ! Salaires 750,o ; 6,0 ; 1,4 1 70,O ; 430,0* !Lz! Imptts , taxes 305,O ! 27~0 , 694 I 30520 ! 305,01 Compensations matrimoniales 300,o , 4,2 205,o 255,O' !bR! 18,O ; I Transferts 335,o i 22,o 5,2 f 250,o ! 295,o; ! LB-4 ! 1 1 -" 8 .?-----Y z ; ‘ L f 1 T 0 T A L ! 237,O ! 17,6 ! 1690,O i 80,O ! 16,6 ! 1065,o i 73,0 ! 17,2 ! 830,O ! 390,o ! t7,3 ! 12e5,01 [...... ,...... ,...... :I:::::::."...... i...... "...[...... *...... *...... i...... ::i::::::::f""' ...... J...::::! ! ! I ! ! 1 ! 1 1 1 ! ! ! 1 ! TOTAL GENERAL 11346,O !lilO,O ! 9630,O ! 483,O ! 'iOO,O ! 6440,O ! 423,5 ! YDO,O ! dRlO,O ! 2254,s ! 100,O !- 7440,Of 1 1 I ! ! ! 1 ! ! [ 1 ======r==r======I======~~======~~======~======1 ! 1 ANNEXE III

TABLEAUX D’ECHANGE RÉDUIT INTRA-ZONAL

Ce tableau regroupe par zone et pour l’ensemble des zones, en les ventilant entre les différents secteursd’activité : - d’une part : - la production rurale commercialiséepar les ruraux et les urbains ; - la production semi-urbaine,c’est-à-dire le chiffre d’affaires réalisépar les différents secteursd’activité ; - les importations. - #autre part : - les consommationsintermédiaires et finales ; - l’équipement rural et semi-urbain ; - les achatsde l’administration (fonctionnement et équipement) ; - les exportations. Il présenteégalement les revenusconstitués par les transferts en provenancede l’extérieur, à savoir : - les transferts dus%l’administration, c’est-à-direl’ensemble des dépensesd’équipement et de fonction- nement (salaires,matériel ou fournitures) ainsi que les boursesdes élèves ; - les transferts desmilieux urbain et rural qui regroupent les transferts privés en provenancedes villes et les revenus des plantations extérieures ; s’y ajoute la part dessalaires amenée par les saisonniers; - les pensionset retraites. . Les transferts effectuéspar les parents au profit desélèves sont pour l’essentieldes flux intra-zonaux et n’ont pas été pris en compte ici.

72 .IIIl - TABLEAU D'ECHANGE REDUIT INTRA-ZONAL POUR KATIOLA.(Valeur en millions de franca) . ! 1 !* SECTEURS t jcultures industrielles t t t t t 1 1 1 t 1 1 ~Produits locaux ; 62,O; 28;O; 16,0; 3,5; l3,5; - ; 4,0; 65,Oi - i 2901 - ; 18,0; 106,Oi I 1 1 1 t t t t 1 1 t t 1 t TOTAL ; 117,o; 43,o; 16,0; 3,5; l3,5; - ; 4,O; 65,O; - ; 24; - ; 88,0; 176,O; ! * ,-;-;-;-;-'-'---' pyyj -- ,-i---;-1 ;Artisanat 1 , , 71,o; '5 , , 1,5; 5, ,5; 4,o; 5,O; 23,O; 1290; - i - ;. 30~0; 81,0; , 1 t 1 t t 1 t I i 47,O: 15,O3 l,Oi 10,O; - ; I 1510; 27,O; - ; - I - I 9sei 62,0! ~Transport !-. 1 t t t I t 1 r ! 65,O; 352,O; 5,5! 87,5: 8,0; iCommerce ! 390; 27,O; 111,O; 23,O; 24,Oi . 141Oi l20,Oi 420soi *, _ ,. 2,o; t _ t; - ;, - ,; - ,; - 1; - t; - ,; - *I .- ,; 2,0; t 2 0 ! !Traite t t ! f ! 1 ' ,o,o; _ ; - ; - ; - ; - i - ; - t; - t; - ';I 10,o; t ~Cormerce local - ; 10,o; ; t t t 1 1 , 1 1 ;Services -< 4,o; 12,O; 8,0; - ; 4,5; - ; 8,0; 8,5; - ; - I - i 3,Oi 2410; ! I t t t t , , t :Loyers -. 7;- ! - ! - ! - ; 2,0; 3,oi - ; - i - ; 2,0; 790; t t , t ! TO.?AL ; ,2g,o; 257,O; 3g6,O; 113; 121,O; 12,03' 61,0; 237,5; 35,0; 26,O: 1490: 264,O; 782,0i t *. ; ;-;-,P'-'---' ,.-;-'-'-;-; ! t I ! 3 ~Administration. ! - f 205,Oi i ; i ! t t , t 1 ! ! ! 2 !idlieux urbain- ! , t t 1 1 t , t t t t ! m !rural saisonniers ! 67,O; 19,O; i !' i i *! i i i I I t ! 5j !Pensions, retrai- ! t t t t 1 t t I t t t ! ! 5 !tes élèves 1 l,Oi 10,o; I ; ; i i t ! t 1 t ! t , , t t 1 , ! t ! t F ! f 197,o; 491,0; ; i * * * I ! TOTAL 1 ! ! < t ! ! !

1X2- TABLEAU D'ECHANGE REDUIT INTRA-ZONAL POUR BEOUKI. (Valeur en millions de francs)

t 1 , ! ;Produo ;Produc I i LONSOIxL4. RURALE IcoNso;;I~~~. SERI-URBAI~AD~INISTRATIO! t ! t i t !; SECTEURS ;rurale;semi- 1 1 ;disponiurbainé 'Import!Inter-! t!Inter-! ti t t!Export!TOTAL! ! !médiai.!Finale!Equip.!médihi!Finale!Equip.! Fonct!Equip.! , ! t 1 ! t ! ! ! ! ! 1 1 t l t 1 t t t !Cultures industrielles; ; 231,O; 2310; t 1 , , , 1 , , t t t ;Produits locaux ; 141,o; IO,O; 6,0; 21,oi 54,0; - ; 5,O; 48,O; - ; 2,0; - ; 27,O; 157,O; t t t t t r t l I TOTAL ; 361,O; 21,of 6,Of 21,O; 54,0;1 - i 5,0; 48,0; - f 258,0, 388p; *-;*-;-;-* --'-;-;-;-;-- 2,Of - f : $rtisanat ; 5,01 47,o; 9,o; 310; l3,034,0: 6,O: 20,O; 9,Oi '30; - i 5,0;-----' WJ; r , , t l t < t t t t :Transport i - i 74,O; 15,O; 2,Oi 26,0; - ; 26,5; 20,O; - ; - ; - ; 14,O; 8%: t , I t t 1 t I t t , ICommerce ! 6,0- 74,0; 422,0; 12,0; 192,0; 32,Oi 40,O; 90,O; 29,Oi 13,Oi ! 14,0! : 8o,b, ; 502~; ! t t ;Traite ; 25,o; 25D; 1 , t , r ~Commerce local - ! 14 - ; - ; - ; - ; - ; - ; - ; - * - i 12,o; 12p; ! ! t , t , 1 , , , , t t t , F ,Services !* 7>5i 22,5; 11,o; . - i l2,5i - i 11,o; 14,o; - ; - ; - ; 3>5i 414; 1 I 1 t t -- :* 6,O; - ; - ; - ; - ) 2,0; 3,Oi , - ; - i - it 1 0' 1 6Pi ;Loyers ' ! ! , 1 t t 1 1 , t 1 TOTAL ; yg,+ 281,5; 463,0; 38,O; 297,5; 36,0; 90,5; '95,Oi , .-;-'-.'-'-'---'---' 3890; 1690; '4,Oi 3%oh24Pi , "1 , 1 t ,~,----+-;-----,--- '-; ' $j ;Administration ; - ; 151,oi I t , 1 t , t 1 , 1 ! .A' .! 2 !Ihilieux urbain- ! I ! , , l 7 I I , 1 ! 1 !rural saisonniers! '29,O; 6,5; ! ! ! t ! , ! 1 1 t ! t 2 !=Cons retrai- ! , ,i 1. ,i ! ! ! ! ! ! ! ! i , ! ! n !tes, élèves ! ' ! ' ! t ! ! I ! ! , 1 , 1 I t , 1 , , ! , T , TOTAL ; 509,5f 449,o; ! 1 , ! ! , ! t t t t

73 1113 - TABWAU D'ECHAKGE REDUIT INTRA-ZONAL POUR TIEBISSOU. (Valeur en millions de francs)

! *,Produc!Produc! t-R URALE!C OKSO id.; AI0 T N SEI 1. - m! i t t !tion !semi- !Impor-! t URBAINE i !Expor-. i 1 SECTEURS !rurale!urbaine !Inter;! . quipe?Inter-! !Equipe!Fonc- !Equipe!tation! t !dispo-! !tation!médiai!Finale!ment !médiai!Finale!ment !tionne!ment ! ! TOTAL t !nible ! ! 1 re! ! !re t ! !ment ! 1 ! 1 t 1 1 * 1 ! ! ! t 1 1 ! t 1 ! ! t 1 1 t 1 1 t t t t 1 1 t 1 ‘! icultures industrielles; 246,O; 8,O; - ; - ; - ; - i - i - i- i- '; 254,O; 254,0 I I I i-. .! ;Produits locaux ;"'g,O; 6,O; 6,0 ; 20,O ; 51;O; - ; 1,5; 30,O; - ; '95: - ; 27,O; 131,O; t t I t t t 1 TOTAL i 365,O; 14,O; 6,0 ; 20,0 ; 51,0; - ; ',5; 3010; - i '95; - ; 281,O; 385,O; ! ; ; ;-;-;-;-;-;---;---I--;-,-~-~-,-i ~Artisanat i 14,Oi 30,O; 12,5 ; 2,5 ; 10,O; 4,0; 310; '3,5; 'od'; 0,5! ' .; '3,Oi 56,5; t t I t t 1 t t t t t t 1 ;Transport , - i 34,O; 26,0 ; 2,0 ; 22,Oi - ; 23,0; II,O~ - I - ; - ; 2,O; 60,05 t t t I t t t t t ' 62,0;330,0 ; Il,0 ; 180,oi 33,Oi '9,Oi 5O,Oi, 27,Oi ~Commerce !* ‘590; "81 590: 6290; 3g8so; 1 :Traite ,- i 27,0;- i - i- i- i- i- i- i- i- ;' 27,O: 27,0f t t ! _ t- -*- t --1 1 ! 1 ! _ *..t *-t *-t t jCommerce local t- t- 1 t- ;- ! 1 1 1 I 1 1 l ;Services ; 7,0 ; 11,o; 6,0; - ; IO,O; - ; 6,0; 4,O; - ; - ; - ; 4,O; 24;; 1 ' 6,03 _ i _ ; - ; i ; -2,o; -3,O; - ; - ; - ; t :Loyers i - i ',o; 6,03 t t TOTAL ; 3g2,o; 184,0; 380,$ 35,5; 273,O; 37,O; "54,53 "1,5; 37,O; 13,O;' 58; 3%"i 95Wf 1 . ; ; * ; ;-;-;-;-;----,-'-;-; 1 1 1 1 ! H jAdministration i - i 100,o; 1 ! t ! _I .1 1 t t t 1 t , a: t t 1 t t t 1 - --- t 1 1 1 g !Ii,ilieux urbam ! 118,0; 3,O; ; i ; i i i i ! rJ) !rural saisonnied i 1 t t > 1 t I t t .t .1 t ! 37! ,Elèves, pensions, ! ! ! L ! ! . 2,0! 3,0! 1 t 1 1 ! 1 ! t 1 1 1 , H ;retraites t 1 1 t t 1 1 t ! 1 t t ! ! t t 1 t t ! t t t ! t r t TOTAL ; 512,O; 290,O; ; 1 I t t t I t t 1 1

__-. -. _-_ 1114 -I~&BLEAU.D~ECHANGE REDUIT INTRA- ZONAL POUR SAKASSO. (Valeur en millions de francs).

! t t ! ~Produc;Produo~ ~CONSOp,g,~TION RU&q,E j”““““I~~$~~““” I- b&“‘“‘“- IExpor-! ! 1 !tion ;semi- ;Impor-, SECTEURS ~~ale;~bain~tation;~~t~r~!Finale!EquiPe.I~t~r~!Finale!~qulPe!Fo~c- !bquipe. ItationlTOTAL 1 ! . . ,dispo-; ;medlai , ,ment ,mediai, ,ment ,tionne,ment , ! ! ! ! ;re ; ire ; jnent ; ! ;nible ; ! i 1 t ! t t t 1 t t t t :Cultures industrielles: 260,O; 5,O; - I - i - i - i - i - i - f - i - i 265,0; 265r01 t 1 t t 1 1 t t t t :Produits locaux ; 112,o; 5,o; 6,0; 20,O; 5',0; - ; 2,0; 17~5; - ; $0; - i 31,5f '23,O; 1 t t t t t t t TOTAL ; 372,O; 10,O; 6,O; 20,O; 51,O; - ; 2,O; '7,5; - i '30; - ; 296,5; 388,0; ! ;---;~'~;-;-;-;-,---+----' -'-;-;-' :Artisanat ; 5,O; 18,O; . 15,o; 2,5! lo,o! 3,5! 6,Oi 9,Oi 690; - i -- i 'p"i 38,0i t 1 I t t t 1 * - ; 60,Oi 14,O; 2,O; 24,03 - ; 21,Oi ‘3,0i - i - i - ; 1410; 74,Oi !Transport ! 1 t 1 t t 1 t I t ~Commerce ; 6,O; 38,Of 276,0; 11,O; ‘88,0; 30,Oi 21,Oi 36,Oi 22~01 51Oi 2,0! 510; . 320,O; t t t t ; 3,,0; - ; - ; - f - ; - f - ; - ; -' i - i 3',Oi 3LOi

t 1 t t t t !!Services ' 7,o; 7,o; 9,o; - ; 11,of - ; 9,oi 2,0- - i - i - i '*Ci 2390: I t 1 t. 1 1 1 t ! ' ;Loyers - ,* 4 - ; - ; - ; - ; l,o; 1,o; - ; - I - ; - '! -2,o; 1 1 t t t , 1 t 1 t t t t F i i jgo,o! 166,0; 320,Oi 35,5! 28410; 33,5i 60901 78,OI 28,0! 6,OI 2,0! 348,5I 87690; ! TOTAL 1 : I I , t t 1 ! ; 62,O: ! ! ! 1 1 t ! 1 ! t 1 ,!Administration5; , - t ! 1 t t 1 t t t t t t I I ! k!!kilieux urbain ; ,.Y, nt =,/i0 ct t I 1 t 1 t 1 ! 1 ! ! pI’-d saisonniers ’ ‘L’l”’ , I I ; “! t , 1 , I I t I . . ! ! ! 1 t ! t I 1 t 1 1 t t s!Eli%ve 8, peneions ! o 5! I t 1 ~IRetaites 1 ' ! ! ! t ! t ! ! ! ! 1 1 1 t t 1 1 1 t t ! t 1 ! i 51',5! 230,5; ; i i ; ! i .( 1 t 1 t ! TOTAL

74 III5 - TABLEAU D'ECHANGE REDUIT IKTRA-ZONAL POUR BOTRO. (Valeur en millions de francs

T , t I t I 1 , ! iProduc iproduc i i Cor~sOI.:~,,ATIO~ RU~E !!CONSOI&.ATION SEKI- ; ADXWISTRA- i i ! URBAIPiE ! ! jtion ;tion !Impor-!' < I TION !E~por-!~~~& ; ! SECTEURS !rurale;semi- Itation!Inter-!,. 1 ,dispo-;Urbain& !~,édiai!~~nale~~~~Pef~~~f~~fFinalef~~~~pe~~~~~ef~~~~pe~tat1on~ ! ! ;nible ; ! !re ! I !re 1 ! !ment ! ! I I ! ! ! I I , ! I ! f , I t 1 I t-1- '-;-,---i-- I_-'-,-,-L ;Cultures industrielles; ,04,0; 4,o; - i - i - ; - f -. ; -- ; - ; -, ; - i 108,o; 108,o; - I 1 1 1 I I t 1 c jProduits locaux ; IOO,O; 5,O; - 1 6,5! 23,5; - ; 0,5j 7301 - i 0,5i - i 67,o; 105,O; !, TOTAL I !Artisanat ! , t I I t , c jlransport !-. ; 3,oj 32,o: 2,oi 20,03 - i 5,01; 7,O; - i - ; - ; l,Oi 35,o; I 1 I 1 I I 1 I 1 1 i Commerce !. 510; 12,O; 211,5; lo,o; 164,O; 14,O; 4,0; 16,oi 4,0; 3>5i 8,O; ' 5,O; 228,5j I 1 ' 4;o; 6,03 _ ; - ; - i '- '; - i - i - i - f lO,O; 10,O; jlraite i- i t ! I ! - *- ! I t. - t I _ --I 1-- ;-I I jCommerce local !- ! ! - !-! !- i-1 I I , I t ! :Services ! 7,o; 4,o; 2,o; - ; 9,5; - : 1,o; 2,o; - ; - ; - i 095; 13soj ! 1 ! t I I I t I t f I !Loyers I- 1 1,o; - f - i 1,o; - ; - ! - ; - i - ; - ; - ; 190: 1 I I I l t I t 1 I t l ' TOTAL I 221,o; .46,0; 263,5i 21,0; 228,Oi 1710; 11,O; 41,o; 6,O; 4,o; 8,Oi 19495; 530,5: ! ,-;-;-,-;- ;-;-;-'P;-'---'--- ! g jAdministrati.on I - ! ; 54,o; i i ! ! I 1 ! I 1 ! ! , n:; I ! I I l I I I I t I t 1 ; 2 'kilieux urbain *! 128,0! 4,Oi 1 ! ! I I I ! ! ! I ! !. in,. !rural saisonniers, t I I * t 1 1 1 1 1 1 1 ! ! g2 !Elèves, Pensions,! ! t I I ! ! ! 1 i 1 ! @ !Retraites ! 0,5; - i ! ! 1 I ! 1 I 1 I I ! ! 1 ! 1 I 1 I I I I I !. , TOTAL 104,o; ! I 1 I 1 ! ! ! I ! 1

111g - TABLEAU D'ECHANGE REDUIT INTRA-ZONAL POUR BROBO. (Valeur en millions de francs).

! I I I I iProduc ;Produc i ~CONSO;,J,~TIONRULE ~CONSO~~~~~Es~~~- t AD&~~NI,S": 1-. t 1 1 !tion jtion !Impor- I , !Exp?r-!TOTAL ; 1 SKIEURS !rurale,semi- Itation.Inter-:..i I ,dispo-;Urbain$ ~médiai~Plnale~~~~~pef~~f~~~Finale~~~~~pe~~~~~e~~~~pe~tat'on~ i ;nible i 1 1 I !re ! ! !re I 1 !ment ! ! ! i--I I !Cultures industrielles! 23,Oi I,O! _ ! _ ! _ ! _ ! - ! - ! - i - i - i 24,oi 24,of ! .- I I 1 I I I 8 t 1 I I !Produits locaux ! 27,oi 3,0i - i 1,5! 8,01 - i 0,51 7,0! - ! - i - i 13,oi 30,ot !! I TOTAL ! 50,0! 4,0i - i 1,5! 8,01 - i 0,5! 7,0! - ! - i - i 37,0i 54,oj ! I I I I * , I 1 t 1 I 1 I ,Artisanat , 1,5, 4,o; 5,o; 0,5; 3,o; 1,o; 0,5; 395; 190; - ! - ! l,O! 10,5! ! ! I I t l I I t flrnasport : , - ! 2,5: 9,5; I,oi 7,0; - i 1,5; 2,0; - ; - i. -. i 0,5; 12,oi 1 t ! 1 l 1 I I ! t ' 10,o; 2,03. 3,oi 2,0; 5,0; 68,O; i Commerce !' 190; 790; 6095; 290; 41),5! 3,o; 1,Oi I I ! I I 1 1 1 1 1 I - *; 2,o; - [ - ; - ; - ; - ; - ; - ; - ; 2,o; 2,o; ;Traite !- ! I t t I I I I t t I F ! - ! * - ! _ . _ . _ ; - ; - ; - ; - i - ; - < - i ~Conmerce local !-! ! ! I t l , 1 t I I ! f I I I i jservices !* 2,5; 1,5; 0,5; '- i 3,oj - ; 0,5i 095; - ; - i - i 0~5; 4,5i I l* - ;Loyers ! I 1 t f f ! ; 55,o; 20,O; 77,5; 5,Oi 62,5(; 4,Oi 4,O; 23,,Oi 3,O; 3,Oi 2,O; 46,Oi 152,5f ! TOTAL ! l ! l 1 I I , t t I , t 1 I ! , c&Administration ! - i 33,oi i i i i I I i' i I i l

I TOTAL I l I I ! ! ! !

75 III7 - TABLXAU D'ECHANGE REDUIT INTRA- ZONAL YOUR DIABO. (Valeur en millions de francs). I t 1 t , ! ;Produc;Produc;Impor -!CONSOKItiATION* RURALE bONSOI&ilATION! SEM- ;ADMINISTRA- &xporm; ! ;tiOXl ition ;tatiOni URBAINE ITION !tation! I SECTEURS ;ruralejsemi- ; iInter-!.. !TOTAL _, ., idispo-,urbain$ !,,diai~~~na~e~"""~~d'6;p-le~~n~pe~f~~~~~~pe~ ; ! jnible i ! !re 1 !-!-!~!-!-!-!-!-!-!-!-!-!- !Cultures industrielles! 16,0! l,O! - .! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! 17,0! l7,O 1 !-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!--!- !Produits locaux f 32,O; 3,O; - ! 2,p! 9,5! - ! 0,5! 7,0! - ! - ! - ! 16,0! 35,O. 1 -!-!-!-!-!-!-!-!-?-!- ! TOTAL ! 48,0! 4>0! - ! 2,0! 9,5! - ! 0,5! 7,0! - ! - .! - ! 33,0! 52,O: ! !-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!- !Artisanat ! 1,5! 4,0! 5,0! 0,5! 3,0! l,O! 0,5! 3,5! l,O! - ! - ! l,O! 10,5 I !-!-!-!-r-!-!-!-r-!-!-!-!-~ !Trensaort ! - ! - ! 11.5! 1 .O! 7.5! - ! 1 .O! 2.0! - ! - ! - ! - ! 11.5;

!Traite ! - ! - ! 1,5! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! _ ! ,,5! ,,5! ! !-!-!- L---!-!-!-!-!-!-!-!-!--. !Commerce local !- !- !- !- !- !-! -!- !- 1, !- !- 1-i 1 !-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!'I !Services ! 3,0! 1,5! 0,5! - ! 3,5! - ! 0,5! 0,5! - ! - ! - ! 0,5! 5,0! f !-!-!-!-!-!-* .-L---!-!----!-!- !Loyers ! - ! l,O! - ! - ! - ! - ! _! l,O! - ! - ! - ! - ! l,oi 1 !-!-!-!-!-!-!-!-!-!-~-!-!i ! TOTAL ! 53>5! 16,0! 83,5! 5,0! 72,5! 5,0! ,,3,5! 22,0! 2,0! 3,0! 2,0! 38,0! 153,Or , !-!-!-!-!----!---!-!-!-!-!-!.-!-!-~i ! !Administration ! - ! '33,0! I 1 1 1 t I ! 1 1 1 .t cn! !--!-!-!-!-!-!-!-!-!.-!---.!-i ! 1 1 1 ! ! ~!Pilieux urbain ; 51,01; 3,o; ! ! ! ! ! ! ! 'q!rural saisonniers . 1 1 1 1 ! 1 ! ! I ! ! v>! !-!-7-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-i ! %!Elèves, Pensions, ! 1 I 1 ! 1 ! ! 1 ! 1 t ! ! 1 f$j!Retaites 1 ! - ! I ! 1 1 ! , I ! ! 1 ! 1 , !-!-!-!-!-!-!~~~~~~, .-!-!-! ! TOTAL i 104,5f 52,O; 1 ! ! ! 1 , ! 1 I I ! ! ! ! ! i i i ! --

1118 - IABLEAU D'ECHANGE REDUIT INTRA-ZONAL POUR DIDIEVI. (Valeur en millions de fracs). ! 1 1 I I 1 ! ! ~P~odu~~Produ~&,,por~~CoNso~,J~ATION RURfiLE ;CONSO~ïï~.ATIONSEiJ- ; ADZJRISTRA- !!Expor-! 1 1 ;tion jtion itation; ! URBAINE i TION !tation! ! ! SECTEURS ;rurale,semi- i !TOTAL ! I ;dispo-;urbain.$ I~~,eariFinaletm~~~pet~~~a;iFinaleiBen~peifn~~~,i~~:pei ! 1 jnible ; ! !re ! 1 !re ! t ! ment ! 1 I ! I S---i -!-!-!-!-!-!-!-!--*--!-!-! !Cuitures industrielles! 34,0! l,O! - ! - ! - ! - ! - ! - ! L !- !- ! 35,0! 35,0! ,- ~~--~~~ 1 t 1 ;Produits locaux i 65105 290: r i 3951 1790: - i 095: 6,Oi - 1! - ; - ; 40,O; 67,O; I If---- t TOTAL i gv,oi 3,0; - ; 3,5; 17,o; - f 0,5; 6,0; - f - f - ; 75,o; 102,of 1 ! I 1 1 1 1 > 1 !Artisanat , 7,O; 4,O; 6,OI 1,5; 7,Oi 2,5! 0,5! 3,5! l,Oi - i - ; 1,O; 17,O; 1 I I I 1 1 1 1 I I I *1 - ;Transport !* l,5j 22,0; . 2,0; ,' 17,oi - ; 2,5; 2,Oi - ; - ; y i - i 23,5i t I 1 I I 1 I I ;Commerce ' 8,Oi 117,o; ' 3,5j lOO,O: 8,0: 1,5; 8,O; 2,Oi 3tOj 2,Oi - i 128,Oi !* 31Oi . . . 1 1 1 1 1 I 1 ! 1 1 1 - ' 3,O; - ; - i - - *- ! * - ! ITraite * - i- 1 !-! , 3,Of 3,o: I I I t 1 1 ! _-_*_-_*_*_-_1 1 1 I 1 I _ t*- *- *- *- fbommerce local * - ! 1 I 1 I t 1 1 t l I l 1 1 ' ,,5j ,,oi - i 6,Oi - 1 0,5j 0,5i - i - i - i 0,5i 715! ;Services. !* 59Oi .

TOTAL

Milieux urbain

76 Il-18 - TABLEAU D'ECHANGE REDUIT INTRA-ZONAL POUR L'ENSELS3LE DES ZONES.* (Valeur en millions de francs).

1 I ‘! 1 !Produc!Produc! !Impor-!CONSOKIMTION RURALE !CONSOk3iiTION! SEKI- i ADIXtNISTRA- ;Expor-f 1 I ition ition !tation! I URBAINE ; ILION !tation! ! SECTEURS ruraleisemi !Inter-! !Equipe!Inter-! !Equipe!Fonc- !Equipe! !TOTAL ! I Idispo-;urbainé !médiai!Finale!ment Imédiai!Finale!ment !tionneiment ! ! 1 ! !nible ; i !re I I !re' ! ! !ment . 1 1 ! ! !-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-!-! !Cultures'industrielles! 9.58,0! 46,0! - !a ! - !- !- !- !- !- !- !1004,0!a004,0! 1 !Produits locaux ! 658,0! 62,0! 34,0! 78,0! 227,5! - ! 14,5! 187,5! - ! 7,0! - ! 239,5! 754,0! ! TOTAL !1616.0! 108,0! 34,0! 78,0! 227,5! - ! 14,5,! 187,5! - ! 7,0! - !1243,5!t758,0! !Artisanat ! 44.0! 191.0! 69.5! 14.5! 61.5! 23.0! 22.0! 85,0! 42.0! 1,5! - ! 55,0! 304,5! !Transport ! - ! 222,0! 145,0! 13,0! 133,5! - ! g5,5! 84,0! - ! - ! - ! 41,0! 367,0! 1 !Commerce ! 3l,o! 271,5!1834,0! 56,5!1001,0! 132,0! 114,5! 32g,O! llO,O! 65,5! 49,0! 279,0!2136,5! ! !Traite ! - ! 8g,o! 12,5! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! 101,5! 101,5! I !Commerce local ! - ! 2’2,()! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! - ! 22,0! 22,0! !- !Services ! 43,0! 61,0! 38,0! - ! 60,0! - ! 36,5! 32,0! - ! i ! - ! .13,5! 142,0! t !Loyers ! - r 25,oi - r - ! 3,0! - ! 7,0! ll,O! - ! - ! - ! 4,0! 25,0! !- TOTAL !l734,0! g89,5!2133,0! 162,0!1486,5! 155,0! 290,0! 728,5! 152,0! 74,0! 49,0!1759,5!4856,5! I ---.-- I 'Administration ! - ! 684,0! .t -..----Yci 1 I*l ! 3 !kilieux urbain ' '- Sont prises en compte dans ce tableau comme les tableaux . . ; 769,Of 42,o; élémentaires : j i $~;~;~~S-:Us:~ 6,0; 23,0; - les importations et exportations de chacune des zones vers l'extérieur de la région. ! 1 1 TOTAL ;2509,0;1738,5; - les importations èt exportations d'une zone à l'autre ! et vers Bouaké.

III10 - TABLEAU D'ECHANGE RECUIT INTRA-ZONAL POUR L'ENSEMBLE DES.ZONES:* (Valeur en millions de francs).

I I I I I 1 I ;Proauc;Produc' !CONSOK:ATION SEIJ- i ADKINISTRAT I;Expor-f ! !Impor-iCONSOM

(**) - Les importations et exportations d'une zone de la région à l'autre ne sont pas prises er compte dans ce tableau;

! I 1 ! TOTAL ;2509,0;1738,5f

77 ANNEXE IV

FORMATION ET UTILISATION DES REVENUS

TABLEAU No IV1

SOUS-P~FE~TuRE DE 'XATIOLA

,------1-__Y__I____I.------.----.------...----*------...a* -ma--* , 1 I jhiilieu~hZlieu~ fK.lieu~Yilieu~Admini~ FORkATION DES REVA>~S ,Rural ;Urbain, UTILISATION DES REVENUS ,Rural ;Urbain;tratiog I ------;------'------'-----'------'----'-----i ---a* ! ; VALEUR AJOUTE ; 117,5; lg6,O; CONSOKMTION FINALE ; 121,Oi 237,5; 1 I I 1 ; - ImpSts et taxes i W’; 11,O; TRANSFERTS ! ! I I - Salaires ' 6,5! 12,0! - externes salaires I i voyages I ! - revenu brut d'exploitation 103,0! 173,0! -internes ! 1 f TRAIWFERTS PUBLICS , 1.0: 205.0; IKPOTS ET TAXES ! 8.01 11.0; ! !' I I ; TRAIWFERTS PRIVES ; 75,oi 43 ,O; FOhCTIONNEhïZNT ! ! ; 26,O; , I ! - externes ; 67,O; lg,O\ EQUIPCI;.XNT !* 12,o; 35,o; 14,o; I , I I , 1 , - élèves I ; 10,o; I ! I t 1 1 .- compens.matrimoniales i 7,Oi 3,51 TOTAL '; 162,5f 326,Of 40,0/ l salaires versés à des ., ! résidents ; 1,o; lO,$ IZPARGfiE ! I TOTAL i-193,5i 444,o; TOTAL ..: i 1 I 1 ' -'milieu rural 16,O.f~ TAUX D'EPARGXE ,! - milieu urbain 17,0 ?u i 1

TABLXAU No IV2 SOUS-PREFECTURE.DE BEOUhJ. .------______I__ T------.------.------, ------*------* ----mm* i I 1 ! 1 I &i.lieu,kilieu, UTILISATION DL.S'REVENUS ;Kilieufh;ilieu~Admini~ FORKATION DES REVENUS ;Rural ;Urbain; ;Rural ,Urbain;tratio$ 1.------:------:------:------:----: --s-;------: ; VALmJR AJOUTEE ; 341,5I 191,o; CONSOKhATIONFIBALE ; 29715; 1958; I ! r 1 - impôts et taxes ; 15,o; 10;5; TRANSFERTS ! ; 68,Of 36,Oi. I I ! - externes salaires i ! ! - salaires ; 37,oi 13,5I ! 3LOi ! , 1 1 I t voyages ! 16,O; 20,O; ! I i - revenu brut d'exploitation ' 28g,$i 167,o; - intsmrr i 21,o; 16,O; ! l i i ! TRAKSFERTS PUBLICS * 1mo!Pi3 ET TAXES , 15.0: 10.5; 1 i ! l,;,j"; ! ! , 16,O; ; TRANSFERTSPRIVZS FONCTIONNWZXVT ! ! !, - externes ; 12g,O; 6,5: EQUIPEIiXNT ; 36,b; 38,Of 14,O; ! ! ! ! ! ! 1 10,o; ! - élèves ! , ! 1 ! 1 1 - internes(compens.matrimoniales ;. 15,o; 2,5: TOTAL ; 416,5: 27995; 30,o: ! (salaires versés à ! 1 (des résidents ! 6,O: 13,51 EPARGNE f 76,O; 65,O;. ! I - l-'-1 TOTAL TOTAL ; 492q 344>5! 30,0; ! I 1 I ; - milieu rural : 15 7; ! TAUX D'EPARGNE , - milieu urbain : 17 % 1

78 TABLEAU 8" IV 3 sous - PREFECTUREDE TIEBISSOU

.------______I. ---.-“--.“--““-‘-“‘-“-““-‘~. -w--m. -e-m-*

I t ! $ilieu\Ir;ilieu~Admini~ 1 FORMTION DES REVENUS pilieuhi% UTILISATION DES RE~~TS I !Rural ;Urbain; ,Rural ;Urbain,tratio$ '--""""---""-'-'---"'-----"--(---- +--+ ------'-----;-----;----; ; VALEUR AJOUTEE ; 35695; 129,sI CONSOWATION FINALE ; 273,O; 111,5j ; ! t 1 - impôts et taxes ; 14,o; 8,5; TRANSFERTS ; 73,Oi 25,Of ! ! I i i i I - salaires ! 43,oi 9,oi - externes salaires ! 34,01 I ! ! ! ! t voyages 1 15,0; 1590; I , ! ; - revenu brut d'exploitation ) 299,5f 112,o; - internes ; 24,0,! 10,o; ! i ! 1 ! TRAMFERTS PUBLICS ! 2.0; 100,O; ILSOTS ET TAXES i 14,O; 8,5; ! ! ! ; TRANSFERTSPRIVES ; 142.0; 16,O; FOMCTIONKEhWRT ! 1 ; 13,o:' ,! - externes i 118,o; 3 ,O; EQUIPEXENT ; 37.0; 37,oi 5.0; ! - élèves i ! ! 3,o; 1 ! 1 ! ! ! ! 1 ! ! ! 1 .: ! I - internes compens.matrimor3.ales ! 15,o; 1,o; TOTAL f 3g7,o; 182,01; 1i3,o: salaires versés à des ! 1 ! g,?; EPARGNE ; 103>5; 45,5: ! I résidents , 9,oi I ! !!! I 1 TOTAL ! 500,5, 245>5! TOTAL i 500,5; 227,5! 18,O; r 1 ! ! ; - miliku rural : 20 7; 1 ! TAUX D 'EPARGNE *' - milieu urbain : 18 $ t

TABLEAU NO IV4

SOUS-PREFECTUREDE SAKP;SSO .-----I------I------, ------.------.------I------___U,------.------,-----. 1 ! . . I 1 FOREIATIONDES REVERUS Illieu~Kilieu~ UTILISATION DES mvhms ;i.ilieu~i.&lieu~Admini.$ I !Rural )Urbaini iRura1 !Urbainitratioq ,"-""-----'-'----"T----~----~ ; VALEUR AJOUTEE i 354,5; 106,O; CONSOM;ATIONFINALE ; 284.0; 78.5; ; ! I I - imp8ts et taxes ; 14,03 5,5; TRANSFERTS ; 75.0; 19,o; t 1 ! ! !' - salaires ; 44,O; 6,O; , ! 1 ! 12,o; i ! ! - revenu brut d'.exploitation ; W,5; 9495; - internes ; 25,O; 7,O; ; ! f ; TRANSFERTS PUBLICS ! 0851 62 f 0' ! IhSOTS ET TAXES !* 14.0; 5,5!, ; ! ! i TRANSFERTS PRIVES ; 146,O; 915; FONCTIOh~ElZNT I 1 ; 6.0; ! - externes ; 33,5; 28.0: 2,0; ! compens.matrimoniales TOTAL ! 406,5f 131,O: 8,Oj salaires versés à ! des résidents ; 94,5f 38,5; , I t TOTAL TOTAL ; 501,Oi 169,5; 8,O; I I TAUX D'EPARGNE ; - milieu rural : 19 % f * - milieu urbain : 21 >O ! !

79 TABLEAU No IV5

SOUS- PREFECTUREDE BO.TRP

.------______L_____I_.-----.----.------l ----*--- --.- ---* 1 I I I FORMTION DES REVENUS !MiLieu+iilieyi uTILIsATIoN DES RwEws ~Lilieu~M.lieu~Admini~ 1 !Rural ! Urbaig ,Rural ;Urbain,tratiog ,-"-^--'---'-'-"--'------~-----~-----~, ------i-----T- - --* ; VALEUR AJOUTEE ; 200,oi 35 ,Oi CONSOLWATIONFINALE i 228,Oi 41.0; I I = impôts et taxes I ,! ; 15,o; 1,5; TRANSFERTS ; 36,Oi 9,5; t ! , 1 , - salaires ; 12,o; 1,o; - externes salaires ; lO,Oi 1 ! I I 1 t voyages ! 13,0; 7,5f ! ! t , - revenu brut d'exploitation f 173,o: 3215; - internes ; 13,oi 2,o; ! f 1 f TRANSFERTS PUBI

SOUS-PREYECTUREDE BROBO

------* -m-w-. ,___-_^______------. ------* ------T __C------C------.-----.

1 , t ! ;Milieu~!~iilieu! ! UTILISATION DES RWEhwS ;l!Zlieu#lilieu~Admini$ .J ! FORbATIOh DES HEVhhUS iRura1 ,Urbain, ;Rural ,Urbain,tratio$ ! '--"-"--""""'-""""------'------~ ------i------i------~------~------~ ' ---- ; ; VALEUR AJOUTEE ; 50,o; 16 ,Oi CONSO~I.I:&TIOEYFIRALE ;. 62.5; 23.0; ; I ! ! 1 - impBts et taxes , 4,o; l.,O; TRANSFERTS f 11,5; 595; ! 1 t I I ! ; - salaires ; 1,55 1 - externes salaires ; 1,o; 1 voyagea ! ! ,i ! I *! 5,0; 590; ! I 1 1 . - revenu brut d'exploitation ; 44,5; 15,o: - internes ; 5,5; 0,5; ! ! I 1 I i TRAISSiRTS PUBLICS t ; 33,O; ILSOTS ET TAXES ; 4.0; 1,o; I ! t ! ! , ! TRAhSFERTS PRIVES i 50,5; f 3 5; FONCTIOh'NEMZNT 1 ! ; 3.0; ! 3 ,O; EQUIPE14 T ; 4.0; 3,o; 2.0; ! - externes ; 45,o; 1 1 - internes(compens.matrimoniales ! 5,0! TOTAL ! 82,0i 32,5! 5,0! (salaires versés à ! 1 1 1 1 (des résidents ! 0,5t 0,5! EPARGhE ; 18,5f ( 15,oi 1 ! , 1 1 1 ! 1 I I 1 TOTAL f 100,5; 52,5; TOTAL i 100,5; 47,5; 5,o; 1 1 1 i - milieu rural : 18 $ ! TAUX D'hPARGNE ! 1 i - milieu urbain : 28 $ t

80 TABLEAU NO IV7

SOUS PREFECTUREDE DIABO

.------.------.I----.------I--. --.--..m---* I 1.. !.. ! I FORlk4TION DES REVEEUS $;~a~!f;;;~! UTILISATION DES REVEIKJS ~I~ilieu~~~ilieu~Admini~ I ,Rural iUrbàin,tratio$ ! ------i------~---~------~--' 1 r---i--; ; VALEUR AJOUTEE ; 48,5; 12 '51 CONSOliRtiiTIONFINALE ; 72,5; 22,0; i I ! 1 - impôts et taxes , 495; 0,5 i TRANSFERTS ; 13,5!, 5,5; : 1 1 I ! 1 1 I - salaires ! 1,5; 0,5f ! , ! ! I 1 ! l:Oi 5,of I 1 ! , - revenu brut d'exploitation ; 42,5; 11,5; - internes !' 6,5f 0,5f 1 I , , , TRAESFERTS PUBLICS 1 i 33.0; IKPOTS ET TAXXS ! 4.531 0.5; 1 I I ; TIIATISFERTSPRIVES ; 57.5; 3,5; FONCTIOIWEI..EXT 1 ! !* 3.0; ! ! ! - externes f 51,o: 3 ,O; EQUIPEKENT ! 5,0/ 2.0; 2,o; 1 ! ! I - internea(compena.matrimonialea , 6,Of ! TOTAL ; 95,5f 30,oi 5,o; salaires versée à ! ! ! 0,5j 1 I résidents ! -0,5; EPARGNE ; 10,5f 14,o; ! ! I , t I ! T 0 T'A L t 106,Oi 49,0\. TOTAL i 106,Oi 44pOi 510; ! ! ! 1 TAUX D'EPARGNE -! - milieu rural : 107; ! 1 , - milieu urbain : 28 $ I

TABLEAU RC' IV8 .

SOUS PREFECTUREDE DIDIEVI

.----____------______I__.------.------.------.-----.------. -----. t . ! l I I lr'iilieutL'ilieui uTII,IsAT~o~ DES REvEhvs ;CIilieu~I~ïilieu~Admini~ FORLATIOE DES REVERUS ;Rural ;Urbain; ;Rural iUrbain,tration t ------'------'------'------'----'----'----- 1 i VALïXR AJOUTEE i 103.5; 13,5; CûNSOMi~ATIONFINALE ; 148.0; 20,o; I ! i 1 ! , ! , ! ! ! " Fonctionnaires t ! ! 1 1 ! résidents hors C. ! . .,510; ! I ! impôts et taxes 0,5f TRANSFERTS ; 25.0; 7.5; i ! - , 14,oi t 1 1 ! 1 - salaires i 3,o; 0,5; - externes salaires i 2901 t ! I I ! t voyagea ; 1190; 7p"i . 1 I ! - revenu brut d'exploitation ) 86,5;. . 12,5; - internes ; 12,o; 0,s; 1 I I ; TRAESPERTSPUBLICS ; 1,o; 46.0; IKPOTS ET TAXES ; 14.0; 0,5; I I 1 ! i TRAKSFERTS PRIVES ; 122,o; 1,5; FONCTIONh'EiEIïT ! 1 ;&gj ! 1 - externes f 110,o; 1,O; EQUIPEKEUT ; 10,5; 3.0; 2.0 ; 1 1 1 internes(compens. matrimoniales i 11,Oi TOTAL ; 197,5; 36,O: 5,0 ; ! - ! I salaires versés à ! 1 1 des résidents ! 1 ,oi 0,5j EPARGNE ; 29,o; 20,o; 1

TAUX D'EPARGNE- ;- milieu rural : 13 % 1 1 ,-milieu urbain : 33 % !

.81 TABLEAU No IVg

Récapitulation Générale

I I 1 1 ! FORMTION DES REVENUS pilieu @lieu I UTILISATION DES REvEpjUS ~~lilieu~Kili.eu~Admini~ ! ,Rural ;Urbain; ,Rural ;Urbain;tratiog 1 I I ! ; VALEUR AJOUTEE i 1572 ,oi 6gg,5: CONSOM~~.ATIONFINALE il486,5! 728.5i 1 1 , I ! ! -' imp8ts et taxes ! ) 88,5; 39,O; (1)Fonctionnaires ! . ! 4 ! t 1 I résidents hors C. ! , 5,03 ! 148,5 i - salaires ; ( 42,5; TRAMPERTS ; 323.5; 150,5j ; 1 1 i ! externes(salaires ; 118,5f 1,5j- 1 ! ! ! i - (voyages ! ! ! I ! go,oi 98,5i i ! I I - revenu brut d'exploitation jl335,Oj 618,Oi ! - internes i 115,o; . 50,5; ! ! 6.Oi 684,O; IMPOT~ ET TAXES ! i TRANSFERTS PUBLICS ! ; 88.5; 39.0; 1 ! I ITRANSFERTS PRIVES f 884.0; 115.5; FONCTIONNIXXNT ! t ; 74,03 . 42 ,Oi EQUIPEKENT ; 155 O! 152 O! 49 O! i - externes ; 769,0\ .‘!>!‘! ! 1 1 1 1 i - éléves ! i 23,oi I ! 1 1 compens.matrimoniales i 85,O; 8,5: TOTAL ;2053,5;1075,0; 123,O: salaires versés 3. des i i rdsidents ! 3090; 42 ,O; RPAHGNENETTE ; 408,5f 301,O; 1

! i TOTAL ;2462,0$499,0; TOTAL ;2462,0;1376,0:. 123~0; !

(13 Pour Dididvi seulement, leur consommation a été agrégé@ à la consommation finale du milieu urbain pour les autres zones.

82 Systèmes de production etniveauxderevenus dans la zone dense du contact forêt-savane à l’ouest de Bouaké

1. MICHUTTE

83 Zône de transition for&1 savane d camctëre fore=iier dominant Savanea préforestiëres boisées ou oraorécn 6 ponicum phragmimïdes Sovaner arborées CU boisées (5 forêt claire) sud Soudanienne

oman Kouadiokro

- Limite de Sous-PréfectUre

Figure 1 - Localisation des villages d’enquête. 84 Cette étude sepropose d’analyser,d’une part les modesd’organisation et de fonctionnement des groupesde production dansl’économie de savaneet préforestièrede la zone densesituée à l’ouest de Bouaké, d’autre part d’essayerd’appréhender le processusde formation desrevenus et de dresserun tableau de l’ori- gine desressources monétaires en distinguant la production commercialiséeet les transferts d’origine extérieure.

Avant d’aborder l’analyse desstructures de production, il est nécessairede mettre l’accent sur un certain nombre d’élémentsqui, à côté desfacteurs naturels, aident à mieux saisirleur hétérogénéitéet la pluralité descomportements qui en résulte. 1 - Les quatre sous-préfecturesconcernées - Béoumi, Botro, Diabo et Sakasso- ont une superficie de 5856 km2 et une population de 180000 h environ (figure 1). Elles sont situéesdans le périmètre compris entre Katiola et Tieningbé au nord, Tiébissou au sud, le Bandamaà l’ouest, la ligne de partagedes eaux entre le N’Zi et le Bandamaà l’est. Les solsprésentent desaspects divers. Toute la partie centrale est composéede sols faiblement ferrallitiques sur granitesportant dessavanes et quelquesîlots forestiers.Dans une bande étroite longeant le nord de Botro, une frange relativement mince du sud de Béoumi et l’ouest de Sakasso,on trouve dessols faiblement ferrallitiques sur schistesavec des couverts forestiersimportants. Cette diversité de la texture géologiquejointe aux conditions climatiquesplus ou moins favorables selonle secteurexerce une influence incontestable sur la nature desactivités agricoles.Toutefois, d’autres facteurs, en particulier le contexte sociologique,jouent un rôle déterminant dansle modelagedes unités de production.

2 - L’imprécision desconcepts opératoires disponibles rend très difficile l’analyse desstructures de production et les comparaisonssouhaitables. La notion d’exploitation courammentemployée dans la plupart desétudes d’économierurale n’est pas satisfaisante.Elle ne permet d’appréhenderqu’une partie de la réalité en pays baoulé car seslimites sont mal définies et son contenu très variable. Il semblepréférable d’utiliser le concept de groupe de production. Par là, nous entendonsle cadre danslequel s’exercentles activités de l’homme, de sesépouses, de sesenfants, desneveux et niècesrecueillis. Celui-ci peut être considérecomme élémentaire ou élargi selon que l’on prend en considérationla famille restreinte, l’au20 ou la famille étendue,l’aulobo. Il existe une spécialisationdes tâches entre les membresdu groupe au niveau desactivités agricoles, artisanaleset domestiques.Les hommesconsacrent une grandepartie de leur temps à la culture du café et de l’igname, à la cueillette du vin de palme, à certainesformes d’artisanat dont les revenusleur reviennent entiè- rement.Les femmess’intéressent surtout à la culture de l’arachide, du ouré-ouré, du maïs, au fnage du coton et à la poterie. Elles disposentlibrement desressources tirées de la vente de cesproduits. A côté, il faut men- tionner le casdes enfants qui créent pour leur propre compte deschamps de pois de terre, un petit élevageou s’adonnentà la vannerie pendant la saisonsèche et les vacancesscolaires. Certains biens agricolesont un statut particulier. C’est ainsi que le chef d’aulobo a un droit éminent sur les palmiers situés sur les terres de la famille élargie.Les membresdes aulo n’en sont que les usufruitiers.

85 3 - Dansla zone denseles groupesde production ne sont pashomogènes. Compte tenu de la nature dessols, desconditions climatiques, de l’influence du milieu urbain, de la commercialisationdes produits, de l’action desservices de vulgarisation agricole et d’animation rurale, ils juxtaposent ou associentà I’igname, aux condiments et aux activités de cueillette, descultures vivrières telles que le ouré-ouré, le maïs, le riz, l’arachide ou descultures industrielles commele café, le cacao,le coton et le tabac. En dehors de l’igname, descondiments, du café et du cacao,le choix descultures peut varier d’une annéeà l’autre si les revenusobtenus de la commercialisationse révèlent insuffisants ou si les conditions cli- matiques ne sont pas satisfaisantes.Les interdits frappant certainescultures limitent le nombre de combinai- sonspossibles. Chez les Satikran de la sous-préfecturede Botro raressont les paysansqui ont deschamps de coton ou d’arachide.Les autorités traditionnelles y sont fermement opposées. Parfois, il s’agit d’une décision délibéréeprise par les paysansde ne plus seconsacrer à certaines cultures à la suite d’échecssuccessifs. De nombreux exemplesillustrant cette attitude, notamment vis-à-vis du coton, de l’arachide et du riz ont été recensésdans la zone dense. La forte densité de population et l’exiguité desterres propres aux cultures de rapport ont déclenché desdéparts massifs vers les terres à café de la Basse-Côte.On setrouve souvent en présencede groupesde production écartelésentre le milieu d’origine et la zone d’accueil. Il existe despaysans qui cultivent des champsde vivriers au village mais qui possèdenten mêmetemps une plantation de café à l’extérieur. C’est un phénomènedont la portée a pu être appréciéelors de l’enquête sur la formation desrevenus. 11paraît enfin opportun de mettre l’accent sur les groupesde production dont la majeurepartie desmembres partent louer leur force de travail sur les plantations de la Basse-Côteaprès la préparation des champsd’igname et de coton. L’entretien et la surveillancede cesderniers sont confiés aux vieillards et aux femmes. Toutes cesobservations montrent l’extrême complexité desgroupes de production dansla zone denseet toutes les démarchesqui sont nécessairespour pouvoir procéder au choix de villages, à la consti- tution de groupesreprésentatifs et à la mise en place d’un dispositif d’observation.

Cette étude comportera l’analyse despoints suivants : 1 - l’organisation et le fonctionnement desgroupes de production ; 2 - les problèmesposés par les transformations desstructures de production ; 3 - les possibilités d’utilisation desgroupes de production caractéristiquespour l’élaboration d’un tableau économique sommairedes sous-préfectures.

86 ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DES GROUPES DE PRODUCTION

La contribution desdiverses activités agricolesà la formation desrevenus permet de distinguer deux grandstypes de groupesde production qui présentent,par ailleurs, de nombreusesvariantes en fonction des combinaisonsculturales et du poids relatif desprincipales spéculations. En premier lieu, ceux danslesquels les cultures vivrières tiennent une place importante au niveau de la constitution de leurs revenus. En secondlieu, ceux qui tirent la majeurepartie de leurs ressourcesdes cultures industrielles.

1 - LES GROUPES DE PRODUCTION A PREDOMINANCE VIVRIÈRE

Localisé sur les solsfaiblement ferrallitiques sur granites,ce modèle est largementdominant dansla plupart desvillages des sous-préfectures de Diabo et de Botro. En fait, il peut être repérédans tous les villages de la zone denseavec une fréquenceplus ou moins grande. En effet, dansles secteursoù les îlots forestiers sont très rares,la répartition desterres propices à la culture du café ne sefaisant pas sur une baseégalitaire entre les différents groupesde production élargis (aulobo), certainsmembres de la communautévillageoise ne peuvent s’adonnerqu’à descultures vivrières. Il arrive aussique deschefs de groupesâgés transmettent leur plantation de café à leurs fils ou à leurs neveux pour ne plus seconsacrer qu’aux spéculationstraditionnelles. ,_ ..-F-. - Cesgroupes peuvent égalementexister dansles villagesoù il y a suffisammentde terres favorables à la culture du café. Ils sont composésde personnesâgées qui regagnentleur village d’origine après avoir travaillé plusieurs annéesdans le milieu rural ou les villes de la Basse-Côte. - Il y a descas où ce type apparaît en pleine zone caféièreà la suite de l’abandon d’une plantation devenueimproductive que le propriétaire ne désirepas reconstituer. - Si l’on retient, enfin, commecritère de différenciation le revenu et non plus les surfacesconsacrées à chaqueculture, il faut alors mentionner le problème desgroupes de production dont le caractère vivrier ou caféier est commandé,d’une annéeà l’autre, par les rendementsqui sont eux-mêmes fonction desconditions climatiques. Cesremarques mettent bien en relief la grandediversité desmodes d’organisation et de fonctionne- ment de cescellules de production. On se contentera ici de dégagerles traits communsaux diversesvariantes du modèle.

Les groupesde production à prédominancevivrière ne présententpas toujours les mêmescaractères. Certainsfont une largeplace au maïs et au riz à côté de l’igname, du manioc, descondiments et desproduits

87 ------.

20,o épartition par se=

Surfac(eo:e;;ltivées 110 1 Nivea;l.;revenu {

I Igname 41 Maïs .29 I Structure du revenu Riz 28 Arachide 12

Produits du palmier 2,t Autres activite’s Nbrc I I Condiments-‘1 Fonction publique - - I Bananiers I 10 I Fruits 08 Commerce et 4 6 _ Colatiers I I 1- Service > Orangers I Artisanat a,9 - Citronniers I de production Manauiers I 1 Agriculture 86,6 - I Palmiers utilisés 14 i Sans profession - lOO,O

Total 100,o 100,o c I 1 i ’ I hem------J 1 ! I --- __-___ --__------J I L--~-~~---~-~------_------__- --,,---,------_-J de cueillette ; d’autresy joignent de préférencela culture du ouré-ouré et de l’arachide. A chaquetype de combinaisoncorrespond des modes d’organisationet desniveaux de revenusdifférents. Il est nécessairede sepencher sur certains aspectsdémographiques avant d’entreprendrel’analyse desstructures de production et de la formation desrevenus (1).

a - Les groupesde production a prédominancevivrière se caractérisentpar un taux élevéde migration saisonnièreet par l’installation sur les plantations extérieureset dansle milieu urbain d’une grandepartie de leurs membres.Là où l’exode a été très important au cours desdernières années, le premier phénomènen’est d’ailleurs plus repérable (voir figure 2). Les départsen c(sixmois» affectent plus de 20% desactifs masculins.Ce mouvement a une intensité moins forte chez les femmesqui préfèrent s’orienter vers les villes ou rester au village (2). Quant aux migrations durables,elles ont privé les groupesde près de 20% de leurs membres.Les hommesreprésentent plus de 90% desabsents.

b - Les surfacescultivées atteignent en moyenne 110 a dont 30 à 50% sont consacrésà l’igname selon la zone. La partie restanteest occupéepar le maïs, le riz, l’arachide ou le ouré-ouré. Les champsse composent généralement d’une parcelle et sont très dispersés.Ce morcellement des exploitations s’explique par la nécessitéde diviser les risquespour la culture de l’igname en fonction de la qualité dessols mais il peut aussiêtre interprêté commeune conséquencede la polygamie. Les hommesont tendanceà séparerles champsde leurs épousesafin d’éviter de provoquer destensions au casoù l’une d’entre elles bénéficierait d’égardsparticuliers. La taille moyenne deschamps et desparcelles est très voisine. Elle est de 40 a environ pour les premierset de 35 a pour les secondes. La successionpréférentielle - igname,maïs, riz - que l’on trouve fréquemment dansles groupesde production à prédominancevivrière de la région de Botro et de Diabo a une incidence notable sur les surfa- cesqu’occupent les deux dernièrescultures. On pourrait mêmeavancer que, dansde nombreux cas,la taille desparcelles de maïs et de riz est fonction dessurfaces affectées à l’igname l’année précédente.

c - En dehors descultures vivrières, cesgroupes de production selivrent à desactivités de cueillette. Ils possèdentquelques orangers, citronniers, manguierset colatiers. Par ailleurs, ils ont un petit élevagede poulets, de pintades, de dindes, d’ovins et de capris et parfois de bovins (3).

(1) cf. Etude comparativede cinqstrates d’exploitation de la zonerurale de Brobo. Evolution1961-1967. G.ANCEY - avril 1968, ORSTOM SC.humaines, 152 p. (2) Les migrants saisonniers sont communément appelés «six mois» en raison de la durée pendant laquelle ils s’absentent du village et louent leur force de travail sur les plantations extérieures. (3) L’élevage de bovins pénètre progressivement dans les sous-préfectures de Botro et de Diabo. Cette activité ne rencontre pas d’opposition dans le milieu en dehors du fait que le métier de bouvier n’est pas très prisé par le paysan baould d’où l’expression péjorative «flanié» par laquelle celui-ci est désigné et qui signifie «homme ou race de peu d’importance». d - Une division du travail très poussées’opère a l’intérieur du groupe. Toutefois, cette règle n’est pas immuable. Il arrive qu’un homme puissese livrer à destâches habituellement réservéesaux femmeset inver- sement.La main-d’œuvresalariale est rarement employée. 11est plutôt fait appel à l’entraide familiale au niveau du groupe de production élargi pour desopérations telles que le défrichement, le buttage et la récolte. Ce travail n’est pas rémunéréen espèces.Il est compensépar des prestations en nature de viande, de vin de palme ou d’igname. L’aide reçuepar les groupesde production élémentairesne dépassepas six jours de travail. Dansles groupes,composés d’éléments d’un âgeavancé, des tâcherons sont parfois engagéslorsque lesjeunes ne reviennent pas à temps de la Basse-Côtepour participer aux travaux de défrichement et de buttage.

e - Le revenu monétaire annuel de cesgroupes est de 21000 F en moyenne. Le montant de leurs res- sourcesdépend davantagede la solidarité desmembres travaillant dansles villes ou dansle milieu rural que desrésultats aIéatoiresde la commercialisationdes produits sur les marchéslocaux. Plus de 50% de leurs disponibilités viennent de l’extérieur.

Tableau 1 Groupe de production à prédominance vivrière : Production commercialisée et revenu monétaire par résident et par actif (en francs CFA)

POSTES Résident Actif

Tubercules (autres féculents) 840 1224 Céréales, oléagineux, ouré-ouré 510 744 Produits du palmier 86 126 Condiments 156 228 Fruits 45 66 Cueillette (bois) 58 84 Elevage 5.5 80

Production commercialisée 1750 2552

Transferts 2371 3456 Revenu monétaire 4121 6008

La production commercialiséereprésente un peu plus de 40% du revenu monétaire. Prèsde 80% résulte de la vente de l’igname et descéréales. Les recettesque l’on peut escompterde cesdeux produits sont variables.Elles sont étroitement liées, en premier lieu, à la position desvillages par rapport aux axes routiers et aux marchésoù viennent s’approvisionnerles commerçantsdioula et baoulé résidant à Bouaké ; en secondlieu, à l’importance de la récolte desvivriers et à l’existence de liquidités disponiblesdans les secteurscaféiers. Trois sériesde phénomènesagissent donc sur le niveau de revenu.deces groupes : - la demandede la ville de Bouaké ; - la conjonction d’une mauvaiserécolte de produits vivriers, en particulier d’ignameset d’un bon rendement du café dansles secteursfavorises de la zone ; - les transferts en provenancede la Basse-Côte.

90 2-LESGROUPESDEPRODUCTIONADOMINANTECAF,!YÈRE

Selon l’adaptabilité dessols et l’étendue du couvert forestier, ce modèleprésente de nombreuses variantes. - Dansles secteursoù il y a très peu de terres favorablesà la culture du café, les groupesprivilégiés s’installent sur desparcelles exigües qui ont moins de 50 a en moyenne. Les annéesoù la production caféière est très faible ou inexistante en raison desconditions climatiques, cescellules de production ne sedistin- guent guèredes groupes de production à prédominancevivrière. - Un autre type comportant desparcelles de café de 75 a environ serencontre là où les conditions pédologiquessont meilleures. 11semble qu’à partir de ce niveau l’impact du café commenceà sefaire sentir sur les autres cultures. Les paysansétant assurésd’obtenir un minimum de liquidités accordent moins d’importance aux céréaleset aux oléagineux. - Les villages dont les terroirs sont situéssur les solsfaiblement ferrallitiques sur schistesse compo- sent de groupesde production qui ont une dominante caféièreencore plus marquée.Les parcellesconsa- créesau café ont habituellement plus d’un hectare. A chacunede cesvariantes correspondent des comportements et un niveau de revenu différents. Le café exerceune influence considérablesur l’attitude du paysanvis-à-vis des autres cultures. Les servicesde vulgarisation agricoleet d’animation rurale n’ont pasréussi à introduire le coton dansles grosvillages caféiers de la zone dense.Il suffit pour s’en convaincre de constaterla lenteur du rythme de progressiondu nombre de planteurs et dessurfaces dans le sud de Béoumi, le nord de Botro et dansla sous-préfecturede Sakasso. A côté destrois variantesrepérées, il peut en exister d’autres qui sont liées à la présencedu coton.

Dansce secondpoint de notre étude, tous les casne seront pasexaminés. Cinq variantesreprésen- tatives seront retenues : - les groupesde production à faible dominante caféière; - les groupesde production à faible dominante caféièrepratiquant la culture du coton ; - les groupesde production à dominante caféièremoyenne pratiquant la culture du coton ; - les groupesde production à forte dominante caféière.

A - LES GROUPES DE PRODUCTION A FAIBLE DOMINANTE CAFÉIÈRE

En ce qui concerneleur organisation et leur fonctionnement, ils ont de nombreux points communs avecles groupesde production à prédominancevivrière.

a - Les taux de migration saisonnièreet durable sont très forts. Cela s’explique par le caractèremarginal descaféières dont le produit est quelquefoismoins important que celui descultures vivrières.Les départsen «six mois» atteignent en moyenne 15% desactifs. Ils touchent jusqu’à 25% de l’effectif desactifs masculins (voir figure 3). Environ 17% desmembres de cesgroupes sont installés d’une manière durable dansd’autres régions. En ne tenant compte que desadultes, ce taux est de 37% pour les hommeset de 2 1%pour les femmes.

I>- Les surfacescultivées se situent autour de 160 a. Prèsde 25% sont réservéesau café, 40% à l’igname et aux cultures associées.Le mais,le riz, l’arachide ou l’ouré-ouré separtagent la différence.

91 de production 6Iementaire

% actifs % actifs I masculins féminins RBpartition par. sexe 25,0 .5,7 t

Horn mes Femmes ,+, ( Niveau25d;;wenu 1

79,6 20,4

Iso~~~~~~~~ionne,,e~ Hommes1Femmes 1

Colatiers 3 Cueillette .~ O,7 Orangers 4 Elevage 2x9

Citronniers I Chasse 0,’

Monguiérs 1 Artisanat 015 Palmiers utilisés I I Sans profession 13,4 100,o Poulets et pintades 7 I I Total 100 100,o Ovins - caprins 2 L 1 I L ------l i !

pionrc= ‘4 - Crn~~nr AP nrnductinn 3 faible dominante caféière. Les champssont aussimorcelés que dansles groupesde production à prédominancevivrière. La présencedu café vient accentuerce phénomène.La surfacemoyenne deschamps est de 55 a et celles des parcellesde 50 a. Les parcellesde café ont moins de 40 a. Cellesd’igname sont plus étenduesque dansles groupesde production à prédominancevivrière pour desraisons qui sont vraisemblablementd’ordre démographique.

c - A côté du café et descultures vivrières, cesgroupes de production selivrent aussià desactivités de cueillette et à l’élevage. Etant donné la qualité dessols et de la végétation, ils jouissent d’une rente de situation pour l’exploi- tation de plantes telles que le palmier, le bananier et le colatier. L’élevagen’est pas très développé.Il seréduit à quelquespoulets et à un petit troupeau d’ovins et de caprins.Ces derniers vivent en liberté et sont beaucoup plus thésaurisésque consommésou commercialiséspar leurs propriétaires.

d - L’utilisation de la main-d’œuvresalariale est très peu répandue.Ces cellules de production ont sur- tout recours à l’entraide familiale et aux tâcheronsau moment du défrichement et de la récolte deschamps de café ou de la préparation desparcelles d’igname. La mobilisation de la force de travail extérieure au groupe n’obéit à aucunerègle préciseet ne s’étend guère au delà de 10jours. Elle s’effectueen priorité dansle cadre de la communautévillageoise et fait l’objet d’un règlementen nature, ce qui met bien l’accent sur son caractèrefamilial.

e - Le niveau de revenu est de 25 à 30000 francs CFA en moyenne. Il est étroitement lié, d’une part au café qui représenteplus de 30% desrentrées monétaires totales ; d’autre part aux transferts, en provenancede la Basse-Côteet principalement du milieu rural.

Tableau 2 Groupe de production à faible dominante caféière : Production commercialisée et revenu monétaire par résident et par actif (en francs CFA)

POSTES Résident Actif

Café 1190 1920 Coton 1220 2011 Tabac 14 27 Tubercules - féculents 820 1240 Céréales - oléagineux - ouré-ouré 308 448 Produits du palmier 315 655 Condiments 81 141 Fruits 70 126 Cueillette (bois) 29 50 Elevage 126 213 Artisanat 20 30

Production commercialisée sans coton 3 033 4850 avec coton 4253 6861

Commerce 24 42 Transferts 1646 3413 Revenu monétaire sans coton 4703 8 305 avec coton 5923 10316

93 Dansces groupes de production, les tubercules et les céréalesinterviennent pour une proportion non négligeabledans la constitution desressources monétaires. Néanmoins, leur participation demeurelimitée car elle reposesur les rendementsobtenus et sur la demandeextérieure. Notons, enfin, que les activités de cueillette, liées à l’exploitation du palmier, tiennent ici une place relativement plus grande que dansles groupesde production à prédominanceviviière.

On peut dire que cescellules de production sont extrêmement fragiles. Selon la conjoncture, elles ont un revenu qui peut égalerou dépasserlargement celui desgroupes ayant un caractèreessentiellement vivrier. Il sembleraitdon? que le désir de régulariserle montant de leur revenu soit à l’origine de l’accueil favorable qu’elles ont iesërvéau coton danscertains secteurs.

B - LES‘GROUPES DE PRODUCTION A FAIBLE DOMINANTE CAFBIÈRE PRATIQUANT LA CULTURE DU COTON

On les rencontre dansde nombreux villages de la zone densedepuis l’installation de la C.F.D.T. (4). La culture du coton est simplementjuxtaposée aux autres spéculations.Elle n’est pasforcément reprise chaqueannée. Elle demeureencore une activité non intégrée qui n’a pas contribué à modifier profondé- ment l’organisation et le fonctionnement de cesgroupes.

u - Les migrations saisonnièressont très importantes. Elles frappent environ 30% desactifs masculins et près de 10% desactifs féminins (voir figure 4). Ceci montre que la culture du coton ne freine que relativement les mouvementsmigratoires. II est courant de voir desjeunes genspréparer les champsde coton et en confier l’entretien aux parents présents au village (5). Par ailleurs, lorsque la récolte a été mauvaise,elle provoque l’année suivanteune vaguede départsvers les plantations de la Basse-Côte. Quant aux migrations durables,elles suivent le mouvement généraldéjà signalépuisque la majeure partie desgroupes ont perdu près de 15% de leur effectif.

b - Les surfacescultivées couvrent en moyenne 175 a. Elles sont légèrementplus étenduesque dansles groupesà faible dominante caféièrequi ne pratiquent pas la culture du coton. Celaprovient du fait que les parcellesde café sont très exigüeset que cellesde coton ont entre 25 et 38 a. Les surfacesconsacrées aux vivriers sont nettement supérieuresà cellesqu’occupent les spéculations industrielles. La culture du café et du coton accentuela tendanceau morcellement. La taille deschamps et des parcellesne diffère guère de celle de la variante précédemmentétudiée.

(4) Les Aivitâs de Iü (‘.l~.l>.‘i’. ont tlCl,uth cn 1Y60 dans ic tl6partclncnt du ccntrc. (5) Mouvements migratoires ct d&Aoppcnlcnt Cconon~iqucdans la %O~Cdcnsc à I’oucst tic Bouaké. J. MI<~IIo’I‘Tl~ - OKSTOM, vol. 1. Y, 1968.76 11.

94 wwwu uu g-ruupt: I de production élémentaire I I Residents Actifs 6, 1 317

Taux de migration saisonnière

1293 1 91% I

Horn mes Femmes 1 Niveau ~;+owru ) 41,o 59,0 I I 1 siru;;;; du revenu !20,0 1 I I Coton 20,6 I Ta bac Répartition 02 Horn mes Femmes I socio-professionnelle Tubercules et Féculents t3r * 1 I Fonction publique t2,4 I Commerces et 31,o services I I Fruits Colatiers I I ‘721 Artisanal de lf3,6 I I v4 Cueillette (bois) 0,5 production Orangers I I Elevage et çhasse 2,2 Agriculture 24,8 I Artisanat 014 Sans profession I3,2 lOO,O I Commerce Q4 Transferts Total lOO,O 100,o I 273 Total lOO,O CO t t! u I_---A-- I II -- 1 I -----3--m------I -mm w------e _----- _---- -m-----e

Figure 4 - Groupe de production à faible dominante caféière pratiquant la culture du coton. c - Le revenu moyen est de l’ordre de 35000 francs CFA. Le café représenteplus de 20r$ des rentrées monétaireset le coton près de 18%. La part desautres cultures ramenéeau nombre de résidentsest à peu près identique à celle desgroupes de production à faible dominante caféièredépourvus de coton. II en est de même desactivités de cueillette et de l’élevage.La force de travail extérieure est faiblement utilisée. Les besoinssup- plémentairessont couverts par l’entraide familiale pour certainestâches précises comme le ramassagedu coton et du café ou le buttage de I’igname.

La structure et le niveau de revenu de cescellules de production secaractérisent par une grande instabilité dansle temps et dansl’espace. Certaines années, c’est la combinaisonfondée sur le café et le coton qui peut prévaloir ; d’autres années,celle qui associele café et les vivriers. 11arrive aussique cesgroupes ne puissent obtenir de ressourcesque des seulescultures vivrières lorsque la conjoncture est défavorableà la fois au coton et au café. Bien que le coton ne soit pasencore intégré dansles habitudes culturales et totalement adopté, il faut admettre qu’il a une action régulatrice sur les rentréesmonétaires et qu’il aide à combler une partie appréciabledu déficit provoqué par les fluctuations de la production caféière.En revanche,il n’a pasréussi à juguler les mouvementsmigratoires et à transformer les pratiques traditionnelles et les motivations du paysanbaoulé (6). J

C - LES GROUPES DE PRODUCTION A DOMINANTE CAFfiIÈRE MOYENNE PRATIQUANT LA CULTURE DU COTON

Leur existencenuance l’opinion très répandue dansde nombreusesétudes selon laquelle la culture du café est incompatible aveccelle du coton. C’estun modèle qui est en voie d’implantation d&s les sous- préfecturesde Béoumi et de Botro. Cesgroupes étant assurésde pouvoir obtenir un revenu du café, pratiquent la culture du coton commeun jeu en vue de s’assurerdes liquidités supplémentaires.Il sembleque leur comportement face à cette activité soit plus stable que dansles exemplesprécédemment étudiés. Sur un autre plan, l’analyse montre que l’incidence du café est plus nette dansces cellules de produc- tion puisque, I’igname mise à part, les surfacesconsacrées aux cultures vivrières sont plus faibles qu’ailleurs. Les sommestirées de la vente du café ou du coton atteignent un niveau suffisant pour pouvoir autoriser le groupe à ne produire que descéréales et desoléagineux destinésà l’autoconsommation. En casde.pénurie, une partie desdisponibilités monétairessera utilisée pour seravitailler dansles villagesexcédentaires ou sur les marchés.Il n’est donc ni étonnant, ni paradoxal que, dansles cellules de production de ce type dépourvues de coton, les surfacescultivées soient quelquefois voisines de cellesdes groupes à faible dominante caféière.

(I - Dansle casprésent, les migrations saisonnièressont légèrementfreinées par l’action conjointe du café et du coton sur la force de travail disponible. Toutefois, compte tenu desrendements obtenus ou des productions escomptées,les mouvementsmigratoires ont une intensité plus ou moins forte. Le taux de migration durable est très élevépuisqu’il est de 16% environ (voir figure 5).

(6) J. MICHOTTE - Innovationet transt’ormationdu milieururül en Côte d’ivoire : la dift‘usiondu coton Allen dans la zone dense.à l’ouest de Bouaké. Cah. ORSTOM, sér. Sc.hum., vol.VIl, 4, 1970.

96 Taux de migration durable I saisonnière I

15,9

J

Hommes

58,0

1 Coton I221 I I +l I I Répartition tiommes Femmes I saclo- professionnelle Tubercules et Féculents 8,2 I Cereales, oleafirneux, Fonction publique G-p-1Il,3 - I ouré-ouré 387 F Produits du palmier 4,4 Commerces et I 3,2 - Condiments 127 I services I I 9,4 -

67,6 -

I Sans profession 815 lOO,O Total I lOO,O 100,o 1 Ovins Crs 1 i 1 I Total 1 wq I ! I --- -J j I c------,-,----B--I _------e-e------m J

Figure 5 -Groupe de production à dominante caféière moyenne pratiquant la culture du coton. b - Les surfacescultivées ont en moyenne 175 a qui sont occupéesdans la proportion de 40% par le café, 13%par le coton, 47% par l’igname, le maïs, le riz ou le ouré-ouré. Les champsont habituellement une ou deux parcelles.La présencedes cultures industrielles accroît leur morcellement. L’entraide familiale est toujours mise à profit mais la main-d’oeuvresalariale est fréquemment sollicitée. L’emploi d’un ouvrier agricole permanent semblese généraliser partout où s’effectuela combinaison de la culture du coton Allen et du café. 11est difficile de savoir si les groupesde production font appel à l’extérieur parce qu’il y a un goulot d’étranglementdu côté de la force de travail ; ou bien si, à partir d’un certain niveau de revenu, il n’y a pas une réaction négativeà tout effort physique trop intense (7).

c - Le revenu moyen peut être évalué approximativement à 60000 francs CFA. Le café représente 28% desressources monétaires. La part du coton est de l’ordre de 12% et est supérieureà celle de I’igname. Elle constitue un appoint notable lors desmauvaises récoltes de café. Les produits du palmier jouent un rôle équivalent à celui descéréales et desoléagineux car le com- merce du vin de palme est très rentable au regard de l’effort consenti par ceux qui en sont les bénéficiaires. Les transferts en provenancede la Basse-Côtesont égalementtrès élevés.Ils forment plus de 20% du revenu monétaire total.

Tableau 3 Groupe de production à dominante caféière moyenne : Production commercialisée et revenu monétaire par résident et par actif (en francs CFA)

POSTES Résident Actif

Café 2163 4556 Tabac 35 51 Coton 1220 2027 Tubercules - féculents 806 1329 Céréales, oléagineux, ouré-ouré 364 600 Produits du palmier 433 713 Condiments 167 276 Fruits 137 221 Elevage 108 178 Artisanat 49 70

Production commercialisée sans coton 4862 8006 avec coton 6082 10033

Commerce 16 28 Transferts 3 147 6178 Revenu monbtairc sans coton 8625 14212 ÜVCCcoton 9 845 16239

(7) Les attitudes sont trh divcrscs. II faudrait prokdcr à i’analysc dc piusicurs CJS pour micus süisir cc phfhomhw.

9:8 11semble donc que ce soit seulementdans ces cellules de production que les paysansaient à peu prèsperçu les effets que la culture du coton pouvait avoir sur l’accroissementde leurs liquidités. Contrairc- ment aux groupesde production à faible dominante caféière,le risque couru est moins grand ct le revenu attendu a une influence moins déterminante. En effet, toute baissedes rendements de la production coton- nière peut être compenséepar les ressourcesobtenues de la vente du café. Lorsque le paysancommence à cultiver le coton, une annéeoù la conjoncture est favorable aux deux activites, l’augmentation brutalc de son revenu et la satisfaction qui en découlent le conduit à miser de nouveau sur cette combinaison. Signalonsenfin que cesgroupes de production sont encore très localisés.Leur aire d’extension se limite à la sous-préfecturede Botro (8). Ailleurs, l’hostilité vis-à-visdu coton est encore considérablepour desraisons d’ordre historique, sociologiqueet économiqueque la CFDT et les servicesde I’Animation Rurale essaientprogressivement de faire disparaître.

D - LES GROUPESDE PRODUCTIONA FORTE DOMINANTE CAFÉIÈRE

Ils caractérisentl’est et le sud de Sakasso,un nombre restreint de villages du nord de Botro et du sud de Béoumi. Situés dansla partie la plus forestière de la zone, ils bénéficient d’une position très avanta- geusepour la culture du café. Ils sedistinguent desautres groupes sur quelquespoints : - les variations de la production caféièresont moins fortes dansle secteuroù ils sont implantés, et de ce fait leurs revenussont relativement plus stables.C’est une desraisons de leur indifférence à l’égard du coton d’autant plus que la nature généreusequi Ies entoure leur procure desressources d’appoint appréciables; - bien que cesgroupes soient aussiconcernés que les autrespar les mouvementsmigratoires, il appa- raît que le nombre de leurs résidentsdemeure encore élevé ; - enfin, la main-d’oeuvresalariale est utilisée d’une manière permanentedans ces cellules de produc- tion. Elle peut représenterjusqu’à 20% desactifs.

u - Les migrations saisonnièrestouchent près de 14% desactifs dansces groupes et les migrations dura- bles plus de 20% de l’effectif total. Cette observationmontre bien que les mouvementsmigratoires ne sont pasun phénomènepropre à la partie pauvre de la zone denseà l’ouest de Bouaké (voir figure 6).

b - En dehors du café et de l’igname qui constituent les deux principales spéculations,ces groupes de production ont quelquesares de riz, de mais ou d’arachide.Les surfacescultivées couvrent en moyenne 240 a. Le café occupe 45% de celles-ci,l’igname 40%, le riz, le maïs et l’arachide 15%. Les champsne sont pasregroupés. Ce caractèreest renforcé par la présencedu café dont les parcellesne sont pas attenantes.

c - Les activités de cueillette sont très développéesdans la mesureoù desconditions naturelles excep- tionnelles favorisent la culture du bananier, du palmier et du colatier. Les villagescaféiers sont, en effet, de gros producteurs de bananeet de vin de palme.

(8) Les villages goli font partie depuis 1970 de la sous-pr6fccturc dc .

99 Structure du groupe de production élémentaire

Taux de migmtion durable % actifs I masculin 22, I épartition- géographique E18,4

1 Surface;Jen cuises 12401

RBpartition Hommes Femmes sOcio-professionnelle

Fonction- publique 2, I

Commerce et services 10,7 Condiments 1,o

Artisanat de Cueillettes (bois) 0,2 3,6 - production Citronniers I Manguiers 2 Agriculture 67,6 -

Sans profession I 6,0 100,o

Total 100 IOO,O

L

Figure 6 -Groupe de production à forte dominante caféière. d - Cesgroupesde production ne seprivent pas de l’entraide familiale. Cependant,ils emploient plus systématiquementque les autres la main-d’oeuvresalariale parce qu’ils ont, d’une part, deschamps de café plus vasteset que, d’autre part, ils disposentde moyens suffisantsqui leur permettent de payer desmanœu- vres non seulementpour le défrichement et la cueillette du café mais aussipour le buttage de I’igname.

e - Le niveau de revenu atteint 70000 francsenviron. II est deux à trois fois plus élevéque dansles autresgroupes de production. Cet écart est atténué par le jeu destransferts. II est évident que celui-ci se creuseraitdavantage si on ne prenait en considération que les seulesactivités agricoles.

‘I’al>lcüu 4 Çroupc de production à forte dominante cufCiGrc : Production çommcrcialiskc et rcvcnu monStaire par rksidcnt et par actif (cn francs C!:A)

PosTI:s Résident Actif

Café 3525 6 346 Tubercules. fEculcnts 604 1088 CérCülcs, arachide. our&ouré 268 482 Produits du palmier 1520 2737 Condiments 86 150 Fruits 268 482 Cueillette 18 34 Elevage 103 187 Artisanat 53 93

Production commercialisée 6 445 11599

Commerce 14 21 Transferts 2187 3937 Revenu monhtaire 8 646 15557

Trois élémentsagissent indiscutablement sur la formation desrevenus. C’est tout d’abord le café qui constitue 41% desrentrées monétaires ; ensuite les produits du palmier dont la contribution est de 17%). Les tuberculeset les céréalesn’ont qu’une place marginaledans la production commercialisée. Il est nécessairede souligner que, malgréleur relative aisance,25% du revenu monétaire de ces groupesproviennent des transferts.Cela s’explique, lorsqu'on sait que 16%de Ieurs membressont actuelle- ment installés dansle milieu rural et dansles villes de la Basse-Côte. LES PROBLEMES POSÉS PAR LES TRANSFORMATIONS DES STRUCTURES DE PRODUCTION

Cette analysesuscite quelques réflexions quant à la situation actuelle et les perspectivesd’évolution desgroupes de production de la zone dense.

a - Toutes les combinaisonsd’activités qui ont été relevéesn’assurent qu’un revenu monétaire encore très basau paysan.En dehors de quelquescas isolés, celui-ci ne dépassepas 70000 francs CFA et descenddans certains groupesjusqu’à 2 1000 francs CFA. Lorsqu’on sepenche sur la composition ‘desrevenus, il ressort que la part destransferts est considé- rable puisqu’elle représente25 à 50% desressources totales selon le groupe. Celle de la production commer- cialiséevarie en sensinverse et est étroitement dépendantedes rendements de la production caféière,de la demandede la ville de Bouaké ou de l’extérieur en ce qui concerneles produits vivriers et desrésultats de la récolte d’ignamedans les secteursdisposant de liquidités suffisantespour pouvoir s’en procurer en casde soudure difficile. La première conclusion qui se dégagec’est que les transferts et les activités de cueillette sont les sourcesde revenu les plus stables.

b - Le rôle tenu par l’extérieur dansle fonctionnement de l’économie locale est la résultante desmouve- ments migratoires qui touchent tous les groupesde production indépendammentdes cultures pratiquées.Ni le café, ni le coton n’ont réussi à fixer la population sur ce terroir pauvre et densémentpeuplé. On peut esti- mer que 18% de la population originalre de la zone est actuellement installée à l’extérieur. En outre, chaque année,20% desactifs masculinset 5 % desfemmes actives quittent la zone d’une manière temporaire à desti- nation desplantations de la Basse-Côteou desvilles.

c - Il apparaît nécessairede mentionner qu’environ 5% deschefs de groupe résidant dansla zone possè- dent desplantations de café ou de cacaoen Basse-Côte.Ce phénomènese retrouve dansla plupart desvillages quelle que soit l’activité agricole dominante. Il arrive aussiqu’un groupe de production ait à la fois un champ de café sur le terroir villageois et un autre en dehors de la zone. Le gain moyen tiré de cesplantations est de l’ordre de 56000 francs. Celui-ci n’est pas très représen- tatif car il incorpore la production desparcelles en début de rapport ou quasiment abandonnées.Si on élimine cescas aberrants, il dépasse80000 francs CFA. Ce dernier chiffre est évocateurcar il montre qu’il seradiffi- cile de maintenir les paysansdans la zone avecun revenu inférieur à celui-ci qui, d’ailleurs, ne tient pascompte desautres activités.

d - A partir desstructures actuelles,les chancesde progrèssont très limitées car la force d’inertie qu’oppo- sela sociétéaux innovations proposéesest encore grande.Toute transformation du milieu nécessiteque soit levéeune série d’hypothèques qui freine le développementet contribue à accentuerles tendancesrépulsives.

102 A - LE STATUT DES TERRES CULTIVÉES

C’estle premier problème auquel seheurtera toute politique d’aménagementrural dansla mesureoù la mise en place d’exploitations de type moderne nécessiterades superficies assez vastes. Les terres sur lesquellesles groupesde production exercent leurs activités ont desstatuts très divers. Quand elles sont localiséessur le terroir villageois,elles peuvent appartenir soit à la famille élargie(l’aulobo) à laquelle sont rattachésles groupesde production élémentaires(les ado) soit à un autre aulobo faisant partie du village. A côté de cesdeux cas,il est fréquent que desgroupes s’installent sur les terres d’un village voisin avecl’accord desfamilles intéressées(Tableau 5). D’un village à l’autre la situation n’est pasforcément identique. Elle est fonction de la densité de population, desrapports existant entre les groupes,de la qualité desterres disponibles.Les donnéesrecueillies dansla zone d’enquête ne sont que desindicateurs de tendancequi demanderaientà être approfondis par une analyseplus fme.

Tableau 5 Quelques exemples du statut des terres cultivées dans un échantillon de villages de la zone dense

sous- terres de la terres d’une terres d’un préfecture Villages famille (%) autre famille (%) autre village (%)

BEOUMI Afotobo 85,O 10.0 5.0 Kaabo 97.0 3,O Assenzé, . 75.0 15.0 10.0 BOTRO Bodokro 27,0 73.0 Bamela 83,0 11,o 630 Agbanou 60,O 30.0 10,o

DIABO GI0 100 Gnamien-Kouadiokro 100 Télébopri 96,0 4,O Kanango-Pohoukro 61.0 27.0 12,o Angarnan-Kouadiokro 76.0 14.0 Mamela Pri 85.0 15.0

11est indispensableque, dansle cadre desopérations de modernisation qui entraîneront descoûts de défrichement importants, les intéresséspuissent être assurésde bénéficier d’une jouissanceprolongce des espacesmis en valeur à défaut d’un titre de propriété.

B - L’INCIDENCE DE LA QUALITE DES SOLS SUR LA REPARTITION ET LA CESSION DES TERRES

Le mode de répartition et principalement de cessiondes terres est le secondobstacle au progrèsque les responsablesde l’aménagementdevront surmonter. A ce niveau, la qualité dessols joue un rôle majeur.

103 Le baoulé établit une distinction entre la ((forêt))propice au café, au cacaoet aux palmiers, et la ((savane»(9). Dans la zone d’enquête on peut dire que la premièreest entièrement réservéeaux cultures ou à l’exercice desrites, tandis que la seconde,plus ou moins favorable à l’agriculture, est encore abondanteet assezfacilement cessible.

Quclqucs cscmplcs dc I’inridcncc dc la qualit& des sols sur la rEparlilion ct la cession des tcrrcs dans un Ecl~anlillon tic villages dc la zona tlcnsc

sous- Tcrrc dc la Iàmillc ‘I’crrc d’une autre Ihillc ‘I’errc d’un autre villngc Village prEl’ecturc I:orEt Savant I’orCt S3vanc I:orEt Savürlc

BEOUMI Afotobo 44.0 56.0 50.0 50.0 100 Kaabo 87.0 13.0 100 AssenzC 20.0 80.0 100 100 BOTRO Bodokro 67.0 33.0 6.0 94.0 Bamela 33,0 67.0 50,o 50.0 100 Agbanou 28.0 72.0 66.0 44.0 100

DlABO GI0 10.0 90,o Gnamien-Kouadiokro 100 Télébopri 100 100 SAKASSO Mamela Pri 88.0 12,0 33,0 67,0 Kanango-Pohoukro 90,o 10.0 71.0 29,0 50.0 50,o Angaman-Kouadiokro 25,o 75.0 100

Dansla portion du terroir appartenant à la famille, la répartition ne sefait pas sur une baseégalitaire. Il sembleque, au niveau du village et même de la famille élargie,la «forêt» soit souvent appropriéepar quel- quesaulobo et une partie desgroupes élémentaires qui les compose.Ce phénomèneest très accentuédans les zonespeu forestières. En ne tenant pas compte desvillages localisés entièrement en savane,on observeque seuls55% des groupesde production disposentd’une parcelle de forêt. Par ailleurs, il apparaît que la majeurepartie des terres concédéesaux groupesétrangers est située en savane.

C - LES INTERDICTIONS AFFÉRENTES AU TRAVAIL ET AUX CULTURES

Deux autres questionsqui ont été minimiséesdans le passéet qui sont une descauses de l’échec de la politique de regroupementdes terres, devront être sérieusementprises en considération. Ce sont les inter- dictions frappant le travail et cellesqui touchent certainescultures. -Dans le pays baoulé, il existe desjours de la semaineoù certainesactivités sont interdites. Le choix du jour peut varier selon le sous-groupeethnique, le village ou l’aulobo, mais on retrouve à l’origine les mêmes mobiles.

(9) Notons qu’à L’intCricur de ces deus grandes wthgorics des termes précis viennent qualifier chaque type de I‘orét et de süvdne.

104 On distingue habituellement : - le jour réservéau culte de la terre : le paysanpeut, par exemple, cueillir le coton, récolter le vin de palme mais il ne doit pas travailler la terre, faire desbuttes pour l’igname par exemple ; - le jour consacréau génie de la brousse: il y a desforêts dont la pénétration est interdite certains jours de la semaine; le paysanpeut, en revanche,se rendre dansun champ qui setrouve hors de cette forêt ; - le jour de l’apparition de la première lune : le paysanne doit pas labourer la terre ; il peut néanmoins serendre dansson champ et selivrer à desactivités de cueillette ; - depuis l’époque coloniale, il sedessine une tendanceplus ou moins apparenteà considérerle diman- . che et le vendredi commeune journée de repos ; il s’agit là de l’influence du christianismeet de certains cultes nouveaux commele «DEiMA» très développédans Ia région de Botro, de Diabo et de Béoumi ; - le marché setient généralementle jour consacréau culte de la terre ; là où cette possibilité n’est pasofferte, soit pour desraisons d’opportunités commercialesou en vertu d’une décision adminis- trative, les paysansmême s’ils ne vont pas au marchéne selivrent guère à de gros travaux agricoles et restent la plupart du temps au village. - Il arrive que les interdits puissent aussiconcerner certaines cultures. C’est le casde l’arachide dansles villages satikran de la sous-préfecturede Botro. - A côté de cette interdiction qui intéressetout un groupe, il en existe d’autresformes moins rigides qui obéissentà desmobiles beaucoupplus individuels que collectifs. Chez les Satikran, les autorités tradition- nelles s’opposentaussi à la pratique de la culture du coton. Elles considèrentque cette activité contrarie les ” géniesde la terre. Il sembledifficile de faire la part du poids de la sociététraditionnelle et celle d’un passé encorevivace où la culture du coton était imposéepar l’administration coloniale. Pour s’y soustraire,la sociétéa secrétécertains mythes, tels que Ies effets néfastesde cette activité sur les pluies ou ceux despro- duits de traitement et de certains déchetsimperceptibles sur la santédes paysans et, en particulier, sur leurs yeux. Malgré l’action desservices de vulgarisation agricoleet d’animation rurale le coton pénètre difficilement dansces villages. Parfois, certainescultures ne sont pas interdites par les autorités traditionnelles mais c’est le paysan lui-même qui décide de ne plus s’y adonner. Cette décision est habituellement prise à la suite d’échecssucces- sifs. Elle porte surtout sur les cultures commel’arachide, le riz, le coton, le ouru-ouré qui sont assujettiesà descontraintes culturales rigoureuses(10).

(10) Quclcluw cas concernant Ics aubcrgincs, Ics oignons, Ic colülicr cl I’avocüticr ont CtCrclcvâs. L’Ctroitcssc dc I’bcliantillon n’autorise aucune conclusion sbrieusc.

105 Tableau 7 s Les interdictions frappant le travail dans un échantillon de villages de la zone dense (*)

Groupe de production Jours d’interdiction dc travail sous- Village élargi préfecture Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dim. (no d’ordre)

BÉOUMI Kaabo 1 s 0 0 2 0 x 0 0

Afotobo 1 0 0 2 0 0

Assenzé 1 0 2

BOTRO Bodokro 1 x 0 0 2 X 0 0

Agbanou 1 s 0 0 2 s 0 0 3 X 0 0 4 x 0 0

Ramela 1 X 0 2 x 0 3 X 0 4 s 0

SAKASSO Kanango-Pohoutro 1 X 0 2 s 0

Mamela Pri 1 0 2 0 3 0 4 0

Angaman-Kouadiokro 1 0 2 0

DIABO Télébopri 1 X 2 X 3 X

Glo 1 s 2 X 3 s

Gnamien-Kouadiokro 1 0 X 2 0 X 3 0 s

(*) - x : jour d’interdiction frappant tous les sous-groupescthniqucs de la zone. o : jour d’interdiction variablc selon Ic sous-groupe cthniquc. Ic village ou I’uulolm.

106 LES POSSIBILITÉS D’UT1 LISATION DES GROUPES DE PRODUCTION CARACTÉRISTIQUES POUR L’ÉLABORATION D’UN TABLEAU ÉCONOMIQUE SOMMAIRE DES SOUS-PRÉFECTURES

Un essaid’appréciation du revenu monétane global et des surfacestotales cultivées par sous-préfec- ture a été tenté à partir desdonnées recueillies dansl’analyse précédente. La zone a été diviséeen six stratesqui correspondentapproximativement aux principaux groupes perçus.Se fondant sur ce découpage,la secondedémarche a consistéà utiliser le code géographiquedes villa- geset les donnéesdémographiques disponibles afin de dresser,par sous-préfecture,un tableau desgroupes de production appartenantà chaquecatégorie retenue (voir figure 7). D’intéressantesobservations se dégagent des résultats obtenus.

a - Sur une superficie totale de 5 856 km2 et 180000 h environ, les surfacescultivées représentent 56 179 ha et le revenu monétaire global est de l’ordre de 1279000000 francs CFA. Ceschiffres cachent évi- demmentde profondes disparitésentre les sous-préfectures(carte ). Le revenu monétaire moyen par groupe de production est de : - 66 000 francs CFA à Sakasso, - 53 000 francs CFA à Béoumi, - 40000 francs CFA à Botro, - 29000 francs CFA à Diabo.

b - Les surfacesmoyennes cultivées par groupe de production au niveau dessous-préfectures se présen- tent ainsi : Sakasso: 260 a ; Béoumi : 200 a ; Botro : 160 a ; Diabo : 130 a. La répartition dessurfaces entre les cultures vivrières et les spéculationsindustrielles permet de cerner plus correctementles caractéristiquespropres à chaquesous-préfecture.

Tableau 8 Importance relative des surfaces cultivées par groupe de cultures

sous-pkfecture BOTKO’ DIABO groupes de cultures SAKASSO BEOUMI

Cultures industrielles 5Y,6 53.6 33,6 13.7 Cultures vivri&rcs 40.4 46.4 66.4 86,3

107 I-Grc~pe de production a’ prédominance wvrière e-troupe de production d faible dominante cafhre 3-Groupe da production caféièm o faible domlnonte caf6i8re pratiquant la culture du coton

B-Groupe de production à forte dominante

\ ------KLJ TIEBISSOU - -

L NB. Le coton occupe des surfaces peu importantes dans les .-.-.- -m-e- imite de s/p-%fe~Are sous-préfectures de Diabo et de Sakasso.

108 Figure 7 - Groupe de production et niveau de revenu.

-4 En ce qui concerneles cultures industrielles, le caf6 se dktaclic ncttcment sauf à I3éoumi0i1 le coton occupe 12% dessurfaces cultivées. L’impact de cette dernière culture commenceà SClàire sentir dans la sous- préfecture de Botro. Le caractèrevivrier de Diabo et de Botro, fondé essenticllemcntsur la combinaison igname,maïs, riz, ressortclairement de l’analyseet est encore davantagemis en évidencelorsqu’on prend en considération la part desdiverses composantes de la production commercialiséedans Ic revenu monétaire total.

‘l‘ablcall Y RGpartition du rcvcuu monEluirc

sous-prkl’ccturc SAKASSO BEOUMI 80’1’130 DIABO part relütivc

Cultures industrielles (1 ) 4Y,6 46.2 31.2 12.9 Vivriers et activités divcrscs (2) 26.2 25.2 30.7 36.2 Commerce et transferts (3) 24,2 28.6 38.1 50.9 (1) + (2) + (3) 100 100 100 100 (1) + (3) 73.8 73.0 69.3 63.8

Tableau 10 Importance et répartition des surfaces cultivées par sous-préfecture (*)

sous-préfecture SAKASSO BEOUMI BOTRO DIABO surfaces surfaces surfaces % % % % cultures cultivées (ha) cultivées (ha) cultivées (ha)

café 9800 49.8 6700 38.3 3600 26.0 564 10.7 cacao 1672 8.5 276 1.6 145 1.1 22 0.5 coton 91 0.5 2118 12,l 713 5.2 88 1,7 tabac Cditd 117 0.7 13 0.1 local 156 0.8 159 0.9 167 1.2 42 ‘0,8 (1) Ensemble des cultures industrielles 11719 59.6 9370 53.6 4638 33.6 716 13,7

ignam 5235 26.6 4951 28.3 4 824 34.9 1823 34.9 müi?i 726 3.7 777 4.6 1880 13.6 1100 21.0 riz 905 4.6 907 5.2 1467 10.6 1030 19.7 arachide 774 3.9 925 5.3 734 5.3 506 9.7 0thourl: 313 1,.6 539 3.0 267 2.0 53 1.0 (2) cnscn~blc des cultures vivrithcs 7953 40.4 8099 46.4 Y172 66.4 4512 86.3

Total II)+ (2) 1Y 672 100 1746’) 100 I 3 8 IO IOO 5228 100

1”) II s’agit dc cultures doriiinanlcs sur les parccllcs.

109 ‘I‘aI>lcall 1 1

Importüncc ct structure du rcvcnu riionclairc par sous-prGl’ecturç (non compris Ics boutiques ct Ics tahlicrs installEs dans Ics villages)

SAKASSO BfiOUMI 1~0’1‘1~0 I)IABO -- .- --.._ .._

activitks

cdfé 220.0 44.1 150.0 33,1 80,O 23.6 13.0 IO.6 C;ICüO 24.0 5.0 4.0 0.9 2.0 0.6 0.3 0,3 tabac Caitü 4,3 0.9 0.5 0.2

local 1.2 0.2 1.3 0.3 1.3 0,4 0.6 0.5 coton 2.3 OS 51.7 II,4 23.3 6.8 2.5 2.0 tubercules, fkulents 39,0 7.8 42.4 9.3 40.0 11.8 18.2 14.9 cérkdles, 0lEügineus. ou&0urC 17,4 3,5 15.9 3.5 18,4 5.4 10.3 8.4 produits du palmier 47.9 9,6 30.9 6.8 22.8 6.7 7.5 6.1 condiments 7.2 1.4 7.4 1.6 6.9 2.0 3.4 2.8 fruits 10.4 2.1 7.8 1,7 632 178 1.4 1.2 bois 0.7 0.1 0.9 02 0.8 0.2 1,o 0.8 élevage 4.8 1.o 5,4 1.2 6.5 13 1.5 1.2 artisanat 237 0.5 2,l 0.5 1,8 0.5 0.3 0.3

Production commercialisée 377,6 75,8 324.1 71.4 210.5 61.9 60.0 49.1

(2) Commerce 0,3 0,l 0,4 0.1 0.8 0.2 0.1 0.1 (3) Transferts 120,4 24,l 129.3 28.5 128.7 37.9 62.2 50.8

Total (2)+ (3) 120,7 24,2 129,7 28,6 129,5 38,l 63.3 50,9

Revenu monétaire global 498.3 100 453,9 100 340,o 100 122.3 100

Un dernier élément paraît devoir retenir notre attention, c’est la part à peu près voisine que repré- sentent les cultures industrielles et les transferts, dansles ressourcesmonétaires globales des quatre sous- préfecturesde la zone. Il existe vraisemblablementune relation entre cesdeux postesqu’il faudrait approfondir.

Les remarqueset les ordres de grandeur qui sont présentésdans ce dernier point sont le fruit d’une première réflexion ayant pour but de tester une méthode. Ils devront être confrontés avecles informations que l’étude desmarchés et des circuits de commercialisationfournira.

110 Les exploitations agricoles en pays Diamala-Djimini Une enquête en milieu rural (1)

G. ANCEY

(1) Cf notre rapport : Exploitations agricoles en pays Diamala-Djimini. Aspects de la vie rurale. ORSTOM, ~01.11.6. 1Y69. PRÉSENTATION DU MILIEU

Le pays Djimini est cette zone géographiquede presque 10000 km2 enclavéeentre le N’Zi et la Comoé,au nord-est de Bouaké. Il constitue actuellement la partie orientale du nouveau départementde Katiola et regroupeles trois sous-préfecturesde :’ - Bonieredougouau nord-ouest, environ 16000 h en 1969 ; - Dabakalaau centre, environ 27300 h ; - SatamaSokora au sud, environ 9 000 h. La population Diamala seconcentre danscette dernière sous-préfecture.Les densitésdémographiques sont parmi les plus faibles de Côte d’ivoire : - 4,2/km2 à Boniere ; - 5,7/km2 à Dabakala ; - 9,l/km2 à Satama. Pour l’ensemblede la zone : 5,4/km2 (2). L’habitat est relativement disperséavec quelques foyers de plus forte concentration. Plus destrois- quarts desvillages n’atteignent pas 300 h, ce qui porte leur taille moyenne à 240, chiffre comparableà celui desvillages Lobi ou Koulango à l’est de la Comoé. Cet habitat reste traditionnel pour 94,2%, soit de style rond (39,4%), soit de style rectangulaire (54,8%). L’habitat amélioré représente5,2% et l’habitat moderne seulement0,6%. Par comparaison,une enquêterécente dansla sous-préfecturede Bouaké (commune exclue) fait res- sortir un taux d’habitat traditionnel de 82,8%, amélioré 15,9%,moderne 1,3%.. donc trois fois plus d’habita- tions modernesou améliorées,écoles et autres bâtiments officiels non considérés. Sur le plan de l’organisation sociale,l’ethnie Diamala-Djimini se décomposeen une vingtaine de groupessouvent fort imbriqués avec,parfois, desenclaves d’un groupe dansl’autre. La sous-préfecturede Dabakalaen compte 12 dont la taille peut varier de 740 individus à 5 600. Bonieredougouen compte six variant de 1850 à 4390 : Satama.deux. En ce qui concerneenfin l’aspect physique, les sols sont en majeurepartie granitiques, laissant affleurer çà et là de vastesdalles inclinées, séchoirsnaturels à manioc ou à piment, OU s’exhaussanten dômes dénudésculminant parfois au dessusde 400 m. ,La végétation est aussibeaucoup plus variée qu’il IIC parait. De véritables forêts à peine dégradéesbordurent toute la frange sud-est,remontent le long de la Comoé et des îlots de moyenne hauteur avancenttrès au nord. On récolte le caféjusque dans le groupe FOIO. Cette brève présentation de la zone étant faite, nous proposonsdans cet article de résumerles princi- palescaractéristiques de l’exploitation agricole et voir en quoi elle peut différer ou SCrapprocher desmodèles déjà étudiés, soit en pays Senoufo (cf région de Korhogo. SEDES),soit en pays Baoulé(cf Etude régionale. 1962-64,et enquêtesdiverses, OKSTOM). Nous insisterons,en outre, sur certains à-côtésde méthodologie.

(2) Déduction faite des forêts classéesqui s’étendent sur 2260 km2, la densité en milieu réellement hahité s’élève à 7.l/km2 dont 7,5/km2 à Bonieredougou, 6,4/km2 à Dabakala et 9,l/km2 à Satama.

112 SIGNIFICATION D’ABREVIATIONS SUSCEPTIBLES D’ÊTRE EMPLOYÉES AU COURS DE CET ARTICLE

STU : Surfacetotale utilisée (en ares),soit STU arm.pour les cultures annuelleset STU arb. pour les plantations arbustives. STC : Surfacetotale cultivée, obtenue par l’addition descultures de secondcycle aprèsune première récolte. STC-STU : ou STC ann. - STU ann. : Extension prise par les cultures deI.secondcycle ou «aprèscultures». STC-STU : Par rapport au terroir utilisé, gain d’extension dû au secondcycle. STU STCD : Surfacetotale cultivée développée,obtenue en attribuant aux cultures d’associationou «arrière-cultures))une sole fictive. STCD(D : Rapport exprimant donc en % du terroir total utilisé, l’extension réelle d’une culture (i) STU - STC ou STC(i) : Proportion pour la culture, réaliséepure ou dominante, sur toute sa surfacedéveloppée. STCD STCD (i) STCD-STC : Extension due au «développement».. . STCD-STC :Par rapport à la STC, extension due au «développement». STC STCD-STD : Par rapport au terroir utilisé, gain d’extension dû au ((développement)). STU Ainsi, une culture est réalisableen proportions variables : - sur STU ; - sur STC-STU(deuxième cycle) ; - sur STCD-STC(associations secondaires). -CD-STti : Par rapport au terroir utilisé, gain total d’extension dû au secondcycle et aux associations. STU GTE : Groupe de taille d’exploitation.

113 LE CHOIX DE L’ÉCHANTILLON

Nous avonsprocédé au choix de 81 exploitations réparties dans39 villages différents (soit 17,9 % desvillages) relevant eux-mêmesdes 20 sous-groupesethniques. Ainsi, chaquesous-groupe a été représenté au minimum par une exploitation et en moyenne par plus de quatre. La zone comportant environ 5 750 ex- ploitations, notre fraction globale de sondageest donc de 1/71 (3), dont : 1/68 à Satama(13/885) : 6 villagestouchés sur 24 ; 1/66 à Dabakala(47/3 120) : 22 villages touchés sur 125 ; 1/83 à Bonieredougou(21/1745) : 11 villages touchés sur 69. En margede ce travail sur les structures d’exploitations, nous avonsconsigné sur un fichier spécial passedans près de 160 autres villages ou campements,les diversescommodités mises à la disposition de la population (points d’eau, écoles,..colportage, etc..), l’existence éventuelle de certainescultures, les activités artisanales,et, dansenviron un village sur quatre, une brève description de la dot (résultats non encorepubliés). Enfin, nous avonspoursuivi nos investigations sur la plupart desmarchés ruraux de la zone (à paraître).

(1) L’Etude régionale de Bouaké avait adopté un taux de 1/195. Celle de Korhogo un taux de 1/72. Celle d’odienne 1/78. CeIle de Daloa 1/228 . . . LES EXPLOITATIONS DE LA ZONE DANS LEUR ASPECT QUANTITATIF

I - LA REPARTITION DES EXPLOITATIONS SUIVANT LEUR TAILLE (STC) (ares)

Tableau 1

en % des exploitations en 741des superficies GTE (ares) Satama Dabakala Boniere Zone Satama Dabakaia Boniere Zone

- 99 0 221 9,5 3.1 0 0.3 231 0.7 100 - 199 23,l 25',5 14,3 22,2 8.8 11.1 4.8 9.0 200-299 23,l 19,2 14,3 18,5 12.9 13,0 9,l 12,0 300-399 7,7 8S 19,l 11.2 537 7.7 16.7 9.7 400-499 15,4 23,4 9.5 18,5 17,0 27,2 11,9 21,5 500-999 30,7 1.9,2 33.3 24,7 55,6 34.6 55.4 43.1 1000 - . . . 0 231 0 1,2 0 6.1 0 394 Total 100 100 100 100 100 100 100 100

STCmoyenne STClrésident . Satama c416ares pour 10,3 résidents...... 40 ares - Dabakala = 377 ares pour 8,7 résidents ...... 43 ares - Boniere = 386 ares pour 9,3 résidents ...... 42 ares Zone = 386 ares pour 9,1 résidents ...... 42 ares

Le tableau précédentmontre que dansles trois sous-préfectures,l’exploitation moyenne a une STC fort élevéeavec un maximum à Satama,c’est-à-dire en pays Diamala. Cependant,par résident, c’est à Dabakala que la surfacecultivée apparaît la plus importante (43 a) bien que l’écart relatif entre sous-préfecturessoit inférieur à 10%. On a donc affaire à desexploitations radicalementdifférentes desexploitations baoulé. Elles serap- prochent beaucoupplus de certainesexploitations Senoufo, en particulier les exploitations extérieuresà la ((stratedense» telle que cette enquête l’avait définie. La strate -3. de I’Étude de Bouaké,qui est géographiquementla plus proche de notre zone d’enquête puisqu’elle comprenait les sous-préfecturesde Bouaké,Diabo et Brobo, présentede ce point de vue une diver- gencemaximale. Voici quelquesgrandeurs comparatives entre la strate -3- de Bouaké, la zone rurale de Brobo obser- vée par nous-mêmeen 1967, les strates-I- et -2- (ou «Mil» et «lgname»)de Korhogo et la moyenne Diamala- Djimini (Tableau 2). La partie supérieuredu tableau donne la répartition, en pourcentage,des tailles d’exploitation. Au dessoussont reportés successivementles tailles moyennespar strate ou par région, le nombre moyen de par- celles, le nombre de résidents,la.STC par résident, la densité d’exploitations au km2.

Tableau 2

Moyenne Lnquêtc _ Moyenne Moyenne strate Etude Brobo Strate Strate Etude Djimini 3 rcgionale (1967) M il lgname regionale Diamala BouakC Bouaké (*) Korhogo Korhogo Korhogo (1969)

- 99 42,2 2.5,8 975 3,9 12,o 15,5 3.7 100 - 199 42,6 34.5 55,6 26,8 18,l 30,8 22,2 200 - 299 8,6 20,7 17,4 937 86 14,6 18,s 300 - 399 431 7,9 11.1 20,5 10,4 12,l 11.2 400 - 499 0 532 392 11,4 11,9 8S 18.5 500 - 999 2S 4.7 3,2 23,9 26,6 14,9 24,7 1000 et plus 0 1,2 0 3,8 12.4 396 172 Total 100 100 100 100 100 100 100

STC (ares) 142 235 210(**) 401 507 321 386 Nbre parcelles 5,2 5,6 631 4,l 4.0 379 5J Nbre résidents 6,0 639 738 934 10.8 9.2 9,l STC/résidents 24 34 27 43 47 36 42

Nbre exploitJkm2 3,9 3.5 2,4 033 Of-5 0,9 076

NB : Quelle que soit la zone étudiée, une constante se dégage néanmoins : la taille modale est toujours comprise entre 1 et 2 ha.

(“1 cf. ORSTOM. Etude comparative de cinq strates d’exploitations de la zone rurale de Brobo. Evolution 1961-1967. (**) Chiffre sciemment surévalué par le choix volontaire de grandes exploitations (La STC à Brobo n’atteint pas en moyenne 160 a).

On a donc, en pays Djimini, non seulementd’assez grandes exploitations, mais encore de vastes champs,inférieurs cependant aux champsSenoufo... (Tableau 3). D’autre part la taille moyenne du champ ou de la parcelle évolue avec la taille de l’exploitation. Ainsi, e.nne considérant que trois classes: -CTE (STC) inférieur à 2 ha ; - CTE de 2 à 5 ha ; - CTE supérieur à 5 ha. On a la progressiondécrite dans le Tableau 4.

116 ‘I’ablcüu 3

‘l’aille ‘I’üillc Distnncc n,oycnnc moycnnc “10 y c n II c du dc la sn chum 1’ parccllc k “1

Süta”la Y1 6 x 3.9 Dabükale Il9 Y 6 4.8 Bonicrc 77 6 6 3.4 Zone 100 81 4.2 Moyenne «BouakS» ? 41 3.9 dont strate -3- ? 21 2.8 Moyenne Korhogo ? 85 4s dont strate -l- ? 100 6.3 dont strate -2- ‘! 127 4.5 Enquête Brobo 40 34 -ND-

Tableau 4

-2 2-5 +5 Total

Champ moyen 12 101 113 100 Parcelle moyenne 51 83 94 81 Nbre de parcelles /champ 174 1.2 1.2 1.24 Distance moyenne (km) 2.8 4.4 4.5 4.2

On peut en conclure que la croissancedes exploitations sefait par la progressionsimultanée du nombre de parcelleset de champs,de leur taille et de leur éloignement. En effet, le rapport de taille, entre les plus petites exploitations et les plus grandes(considérées elles-mêmespar leurs moyennes) est de 3,9 si l’on compare les STU et de 4,X si l’on compare les STC. Les tailles moyennesde parcellesse r6fèrcnt évidcmmcnt à la STlJ, soit le rapport dc 3,9. Or Ic rapport de la taille moyenne desparcelles n’est que de I .8, cc qui signifie que Ic rapport du nombre despar- cellesest voisin de 2,2 donc légèrementsupEricur. L’exploitation progrcsscainsi davantagepar Ic nornbrc de parcellesque par leur taille. En mêmetemps la distancedc I’cxploitation tend à s’accrcilrc, au nioiiis desplus pclilcs aux moyennesexploitations. On peut intcrpr9lcr cc pI~éwI~i~%iCco~niw Ic siglic tl‘;~ssczIàihlcs conlraililcs socia- les, la terre étant en fin de compte dispoiiihlc CIvolotilk :I coidiliori tl’;dlcr I;I cltcrcllcr. il

117 u

m

-!3 2 - TAILLE D’EXPLOITATION ET NOMBRE DE RESIDENTS

Tableau 5 Nombre de résidents par exploitation

STC par STC Zone Satama Dabakala Boniere résident (ares)

- 99 10 7s) 11,5 8 100 - 199 891 9,7 82 690 22 200 - 299 8,1 933 794 8,7 31 300 - 399 84 830 98 82 39 400 - 499 9,7 990 9s ll,o 46 500 - 999 10,4 12,7 992 10,4 65 1000 - . . . 15,0 - 15,0 72

Moy./résident 991 10,3 8,7 9.3 42

Ce tableau montre une nouvelle fois la tendancegénérale à la haussede l’effectif familial à mesure que l’exploitation gagneen extension, mais le moins qu’on puissedire est que ce phénomèneest fortement perturbé dansles cinq premièresclasses d’exploitations, despetits groupescultivant de grandessuperficies et inversement. Ceci résulte avant tout de la pratique quasi généraliséedes échanges de main-d’oeuvreà titre gratuit vi ou onéreux entre «unités budgétaires».En ne retenant commeprécédemment que trois groupesde taille, on peut mettre ce facteur en évidence(Tableau 6)

Tableau 6

x -2ha 2-5 ha +5 ha Total

UB 47,7 15,4 9s 22,2 UB.+ EL 52,3 53,8 33,3 48,l UB +EL +EHL 10,3 4,8 694 UB + SL 438 132 UB + SHL 7,6 19,0 876 UB + EL + SL 24 9s 397 UB+EL +SHL 10,3 14,3 8x3 UB + EHL + SHL 498 172 Total 100 100 100 100

,UB : Unité Budgétaire réduire à sa seule force de travail po-w son exploitation UB + EL : UB recourant à une entraide purement bénévole à l’intérieur de son lignage UB + EHL : UB recourant à une entraide purement bénévole, hors-lignage UB + SL : UB recourant à une aide purement salariée du lignage UB + SHL : UB recourant à une aide purement salariée, hors lignage UB + EL + SL etc..: formules mixtes, soit dans leur aspect financier, soit dans leur aspect lignager 119 Donc, à mesureque la taille d’exploitation progresse,I’UB se trouve de moins réduite à sa seule force de travail et recourt de plus en plus à une assistanceextérieure. En mêmetemps, les formules d’entraide se diversifient bien qu’il soit a remarquerque certainesfor- mesne sont jamais pratiquées(ex : UB+ EHL ; jamais d’entraide purement bénévolehors-lignage : UB+ SL + SHL ; jamais d’entraide mixte et purement salariée; de mêmejamais un salariat lignager associéà une entraide bénévole hors-lignage(UB + SL + EHL ..) etc.. On remarqueraaussi que lorsqu’il y a entraide les formes salariéesprogressent relativement aux formes bénévoles; le pourcentaged’entraide salariéeétant nul dansles exploitations inférieures ; de 24,2% (des entrai- des) dont 9% à l’état pur dans les exploitations moyennes ; et de 57,9% dont 26,3% àI’état pur, dansles ex- ploitations supérieures. Cependant,à mesureque le salariat progresse,la part du salariat lignager tend à croître. 12,7%en moyenne du salariat desexploitations de 2 à 5 ha est intérieur au lignage contre 27,2% dansles exploitations supérieuresà 5 ha. En résumé,moins d’une exploitation sur deux selimite à saforce de travail parmi les petites, moins d’une sur sept parmi les moyennes,moins d’une sur dix parmi les plus grandes.En moyenne moins d’une sur quatre. Beaucoupde petites exploitations forment donc un réservoir de main-d’œuvrepour les plus grandes.

3 - LES EXPLOITATIONS : LEUR OUTILLAGE, LiUR CHEPTEL

A - L’OUTILLAGE

a - par sous-préfecture

Tableau 7

Nbre d’instruments par exploitation Valeur F CFA par exploitation

Satama Dabakala Boniere Zone Satama Dabakala Boniere Zone

Grenier traditionnel 0,7 0,4 134 097 «Divers outillages agric.» 26,8 19,7 26,l 22,5 4420 3455 4 325 3810 Pièges 23 390 3,7 3,2 420 450 555 480 Fusils 032 OS 075 0,4 - Bicyclettes 173 03 1,2 l,o -

Au total, l’outillage d’exploitation (y compris cuvettes,paniers,.. mais non compris le grenier de banco traditionnel ni les fusils de chasseet les bicyclettes) représenteun capital moyen d’environ 4300 F par exploitation, soit 470 F par résident, chiffre inférieur à celui que l’on retient en pays Baoulé (de 600 à 650 F à Brobo en 1967) ; mais le nombre de fusils et de bicyclettes est extrêmement élevé ; les bicyclettes en raison desdistances et de la rareté desmoyens de transport collectifs (on ne compte guèrequ’une demi-douzainede taxis-broussedans tout le pays Djimini), les fusils, dont une moitié de fabrication locale, en raison du rôle fondamental de la chasse. D’autre part, le grenier traditionnel, dc COII~CII~IICC ct dc limnc variablcs.rccwvrc ~oulc la m11c :IV~ une plus forte fréquencedans le canton ouest du Dimala, dans Ics groupesKawolo, Kou~~hclc ct Kali~~dougo~~ de la sous-préfecturede Dabakalaet surtout dans Ics groupesPolo, Na~Iicllc, I>iali)lo de I~orlicrctlougou... dansle Folo, on compte jusqu’à trois ou quatre grenierspar Iàn~illc( IC plus souvent, cesgrcnicrs rcslcnt I;I propriété personnelledu chef de ménage).

a - par taille dkxploitatiotz

Grenier traditionnel 0.2 025 I-3 Divers 18,6 20.7 29.6 3145 3605 4915 Pièges 292 2.8 4.8 330 420 720 Fusils 0.4 0,4 0,5 Bicyclettes I>I 0.9 170

Comme on pouvait s’y attendre, la croissancela plus nette est celle enregistrée au niveau du réceptacle de la récolte, le grenier, et non au niveau du petit outillage. C’est une autre illustration du phénomène d’accaparementde l’entraide par les plus grandesexploitations.

B - LE CHEPTEL

Tableau 9

Pourcentage d’exploitations possédant du cheptel Nombre d’animaux dans ces exploitations

Etude Etude Zone dont STC Etude Etude Zone dont STC BouakéKorhogo Djimini _ 2 ha 2-5 ha + 5 ha BouakéKorhogo Djimini 1 2 ha 2-5 ha + 5, ha

Bovins 2 46 31 19 33 38 6 11 6 2 4 10 Ovins 32 31 44 48 44 43 3 7 4 3 4 4 Caprins 26 54 36 29 28 57 4 5 5 5 a 4 Porcins 6 11 4 5 3 5 3 6 3 1 6 1 Volailles 67 83 82 71 89 80 9 18 17 13 18 18

La première constatation qui découle du tableau est que le pays Djimini dépasseles normesBaoulé sauf pour les porcins. Le troupeau de porcins seconcentre en effet dansl’ancien canton Djimini-nord à domi- nante animiste et chrétienne, en gros la sous-préfecturede Bonieredougouet connaît un déclin depuis une dizaine d’années.Actuellement le troupeau doit comprendrede 600 à 750 têtes, contre plus de 1200 il y a dix ans.

121 Sansatteindre une densité comparableà celle du pays Senoufo,l’élevage des bovins ne présenteaucune communemesure avec la région de Bouaké.C’est néanmoins par la fréquencede possession,davantage que par le nombre de têtes possédées,que s’introduisent les différencesessentielles. Par rapport à Korhogo, les écarts résultent à la fois de fréquenceset d’effectifs individuels inférieurs. Selonla taille de l’exploitation, on voit que le petit élevagevarie assezpeu et quand la fréquencede possessionaugmente il n’est pasrare de voir l’effectif individuel décliner (ex. caprins,porcins). Seul, l’élevagedes bovins suit une progressionparallèle à la taille d’exploitation. En résumé,le capital-cheptelvarie par exploitation de la façon suivante:

Tableau 10 (en francs CFA)

GTE Valeur totale dont Bovins

- 2 ha 9215 4250 (45,881 2-5 ha 22585 14 100 (63,4%) +5 ha 44955 37100 (82,5%) ’ Total 24955 17510 (70,2%)

Le cheptel de la zone représenteen définitive un capital supérieur à 140 millions de F CFA, dont 9,6% appartenant aux petites exploitations, 43,7% aux exploitations moyenneset 46,7% aux grandesexploi- tations qui ne forment, on le rappelle, que 25,9% desgroupes de production.

122 LA STRUCTURE DES EXPLOITATIONS

1- LES CULTURES PAR SOUS-PREFECTURE

Voici l’image de la répartition descultures donnéepar la STCpuis la STCDdans les trois sous- préfectures(ares arrondis).

Tableau 11

STC STCD Zone (%) Zone (%) S D B S D B

lgname 254 183 JO6 174 45,3 254 183 106 174 31,3 Manioc 35 43 51 45 8.2 Taro 11 6 1.1 Maïs 23 33 54 37 9.6 79 99 86 93 16,6 Arachide 38 16 48 27 7.1 44 47 66 51 92 Riz 57 33 48 41 10,5 67 53 71 60 10,8 Riz+ Mil 11 9 2 8 2,0 - - _ Riz+ Ouré-ouré 2 1 0,3 - - Riz+ Ouré-Ouré+ Pois de terre - - 3 1 0.2 - - Ouré-Ouré 0.3 e e 2 5 3 014 Mil 7 2 0.5 11 13 9 12 2,1 Pois de terre 7 3 5 1.2 - 7 7 6 1 ,o Pois d’Angole 16 4 1.1 - - 17 4 0.8 Tabac Caita 1.4 074 0.1 - - 1.4 0.4 e Tabac local 0.1 - e e 0,J - e e Coton Allen 27 7 1.8 - - 27 7 1.3 Verger J 0.6 0.2 - 1 096 0,J Anacarde 18 41 51 40 10.3 33 48 72 52 9.3 Cacao 8 5 J,2 - 14 8 1.5 Café 15 44 20 33 8.6 15 47 20 35 6.3 Total 416 377 3N6 386 JO0 538 568 544 557 100

Note : S : Satama D : Dabakala 13: Bonicrcdougou

123 Autres caractéristiques techniques :

STU dont S’I’U unn. ‘S, Satama 358 325 YO,h Dahakala 333 239 71.8 Boniere 297 227 76.4 Zone 328 250 76.2

STC-STU (%) _-_. S’I‘C- ünn.-STU ünn.(%) STU STU ann. Satama 16.2 17.9 Dabakala 13,2 J 8,4 Boniere 29.8 39.0 Zone 17,6 23,1

STCD-STC -.--STCD-STC (%) STU Satama 122 33.9 Dabakala 191 57,2 Boniere 158 53,3 Zone 171 52,l

STCD-STU STCD-STU(%) STU Satama 180 50,2 Dabakala 235 70,2 Boniere 247 83,0 Zone 229 69,8

A remarquer: Partout le rôle important descultures du secondcycle (23,1% en moyenne dessurfaces consacrées aux cultures annuellesfont l’objet de deux récoltes), avecun taux énorme à Boniere (39,0%). La progression,du sud (Satama)au nord de la zone (Boniere), du taux global de développement STCD-STU/STU,traduisant soit le rôle accru descultures de secondcycle, soit la pratique plus généralisée d’associationsinter-variétales.

A - LES STC

En ce qui concerneles cultures annuellesdans les trois sous-préfectures,ce sont les solesd’igname qui l’emportent avecplus de 6 1% dessurfaces à Satama,près de 49% à Dabakalamais seulement27% à Boniere- dougou, et, en moyenne, 45,3%. Même à Bonieredougoula surfacemoyenne d’ignamereste supérieureà la norme Baoulé (voisine de 75 a). Pour l’ensemblede la zone, elle dépasseégalement la moyenne relevéedans la strate c(igname»de Korhogo. Le riz arrive en secondeposition. Il sepratique parfois conjointement à d’autres cultures (mil, ouré- ouré, pois de terre). En définitive, 13% de la STCporte du riz. Viennent ensuite et devançantd’assez loin toutes les autres cultures le maïs (9,6) et l’arachide (7,l). On remarqueradéjà la situation particulière de Bonieredougou où I’igname occupe une superficie inférieure à celle des diverses céréales.

124 On remarqueégalement que les cultures industrielles du tabac et du coton seconfinent à cette sous- préfecture (ce n’est pasabsolument vrai pour le coton). Les cultures arbustivesse partagent à peu près égalemententre l’anacardierd’une part qui a connu depuis 1966un développementeffréné malgré sesdébouchés aléatoires, le café et le cacaod’autre part. A Bonieredougou,I¶anacardier l’emporte nettement. II en est encore à son stadede démarrageà Satama.C’est Dabakala,zone médiane,qui paraît cependantla plus favoriséeet la plus variéeen cultures arbustives.

B-LES STCD

La véritable taille économiquede l’exploitation ne peut en fait s’appréhendervalablement qu’en introduisant les principales au moins desassociations inter-culturales, sansquoi certainescultures setrouve- raient systématiquementéliminées au profit descultures dominantes(manioc, etc..). En fait, nous avonsdélibérément limité le «développement»des surfacespour ne pas aboutir à une représentationpar trop fictive, telle que un ou deux plants de maïs sur 1 ha d’ignamesuffiraient à développer d’autant la superficie cultivée. De même,les arbresfruitiers (bananiers,karités, etc..) ou les ananasont été comptéspied par pied séparément. Le principe de la STCD est donc de dissocierles composantesd’une association(ex.: riz-mil) en faisant figurer isolémentchaque culture en regard d’une rubrique simple correspondante. Certainescultures sont invariables.C’est le casde I’igname, du tabac, du coton... D’autres font leur apparition. C’est le casdu taro et du maniocjamais réalisésen cultures dominantes.La plupart connaissent une progressionpar rapport à la STC qui leur était attribuée, progressionqui danscertains casrésulte de la simplemodification d’intitulé (ainsi le «Riz» passede 41 (STC) à 60 (STCD). Ce gain de 19 résultant pour dix aresde l’élimination desrubriques mixtes Riz +Mil, Riz + Duré-ouré, etc... et pour neuf aresd’une vérita- ble progression). En valeur relative, l’importance desdifférentes cultures setrouve donc plus ou moins modifiée par rapport à leur imageinitiale donnéepar leur STC. Voici globalementdans quelles proportions sesont «développées»les superficiespar rapport à la STC. Cespourcentages correspondant aux développementsréels (par exemple 9/41 pour le riz).

En % - Coefficients STCD-STC apparents Coefficients réels Igname 0 0 Manioc 'kW m Taro CO ca Maïs 150,7 J50,7 Riz 47,4 25,l Mil 550.0 127,8 Arachide 86,5 86,5 Ouré-ouré 3025 J4,7 Pois de terre 19.1 0 Pois d’Angole 4.8 4.8 Coton Allen 0 0 Tabac local 0 0 Tabac Caita 0 0 Total cultures annuelles 50.0 45.0

La différence des deux taux correspond aux accroissementsfictifs. La seconde colonne est donc la seule réellement significative.

125 On voit que, à part le manioc et le taro qui disparaîtraient complètement de l’exploitation selon la nomenclature STC, des cultures comme le maïs, le mil, l’arachide resteraient également très sous-estimées. Pour les cultures arbustives,quoique à un moindre degré,le mèmephénomène se produit.

(‘ocïficicnts apparents rCcls Verger 0 0 Anacarde 30.4 30.4 Cacao 72.3 72.3 CafC 5.1 5-l 7‘. arbustifs 22.0 22.0

Le cacaoa tendanceà être très souvent cachépar le café. La réciproque est beaucoupplus rare. L’anacardier, quant à lui, s’effacederrière diversescultures telles que l’igname, l’arachide et le maïs. En résumé,chacune des sous-préfecturesse trouve caractériséesous le double aspectde sesmodes culturaux, selon qu’elle donne plus ou moins d’importance au facteur STU, au facteur STC-STU(deuxième cycle de cultures), ou au facteur STCD-STC(associations secondaires), et de sesspéculations culturales. Les deux planchesde graphiquesillustrent les variantesessentielles.

C - LES MODES DE CULTURE

Les trois premiersgraphiques traduisent les variantesrégionales des coefficients STU-STC-STCD,en haut pour l’ensembledes spéculations, au milieu pour les vivriers annuels, en baspour les spéculationsnon vivrières (coton, tabac) et arbustives. On voit que les points SBD se situent toujours dansla partie supérieureet déportésà droite du trian- gle équilatéral. La STU intervient donc pour plus de la moitié dansle total dessuperficies cultivées, les cultures de deuxième cycle (STC-STU)malgré leur importance ne représententqu’environ un tiers du ((développement» dû aux associations. Pour le deuxiéme cycle Bonieredougouvient toujours en tête quelles que soient les cultures. Elle est d’ailleurs seuleà réaliser desnon-vivriers en deuxième cycle. On remarqueaussi que Satama,à l’inverse des deux autres sous-préfectures,se livre plus souvent à desassociations secondaires pour les non-vivriers et arbus- tifs que pour les vivriers annuels.De là vient peut-être satendance à avoir de très grandessoles utiles mais relativement expurgées.

D - LES SPÉCULATIONS CULTURALES (proportions calculéessur la STCD) On les a réparties selon différentes modalités ternaires. Le premier graphique isole les vivriers annuels d’une part, les cultures arbustivesd’autre part et enfin les non-vivriers. Les cultures vivrières annuellesdomi- nent partout, avecun maximum à Satama. Seule,Bonieredougou a descultures annuellesnon vivrières en quantités notables. Le deuxième graphique reprend tous les vivriers annuels.De ce point de vue c’est Bonieredougouqui est la mieux équilibrée entre féculents, céréaleset divers. On remarqueque les variations relatives sont assez faibles dansles céréales,déjà plus importantes dansles féculents et maximalesen divers. En d’autres termes, malgré la prédominance des féculents, ce sont plutôt les céréales qui créent le meilleur commun dénominateur des cultures vivrières dans la zone. Le troisième graphique ventile les trois grandescéréales. Le mil reste de très loin partout minoritaire. On voit égalementque la dispersion despoints SBD est faible, ce qui traduit l’homogénéité de la zone.

126 S/PRÉFECTURE Sr Satama I- TOUTES SPÉCULATIONS 0 = Dabakala B = Boniérédougou

STU

2- VIVRIERS ANNUELS

STCD - STC

STU

3- NON VIVRIERS ET ARBUSTIFS

STC- STU

STU

Figure 2 - Modes de culture selon la sous-préfecture.

‘127 100

VIVRIERS ANNUELS 100 0

ANNUELS

FECULENTS M A’IS 0 0

IGNAME

PAR SOUS- PREFECTURE

0I STRUCTURE PAR GRANDES CULTURES 0 STRUCTURE DES CÉRÉALES 02 STRUCTURE DES VIVRIERS ANNUELS @ STRUCTURE DES FÉCULENTS

Figure 3 - Spéculations culturales par sous-préfecture.

128

. Enfin, le quatrième graphique ventile les trois espècesde féculents. Dabakalaserait la seuleà pké- der du taro de façon significative. On voit que du sud au nord de la zone (de S à B) la part de l’igname tend à regresserau profit du manioc.

2 - LES CULTURES SELON LA TAILLE D’EXPLOITATION

Tableau 12 Nous ne distinguerons que trois catégories : - Petites exploitations m = STC -2 ha - Moyennes exploitations (M) = STC de 2 à 5 ha -Grandes (G) = STC +Sha

STC (en %) STCD (en %) T T P M G P M G

Igname 78,2 52,2 32,0 45,3 45,1 34,7 24.1 31,3 Manioc 18,l 712 6.4 8,2 Taro 130 175 1,1 Arachide 1,7 990 696 I;l 697 94 9s 992 Maïs 54 7,O 12,9 9,6 17,2 16,2 16,9 16,6 Riz 5,4 696 15,2 10,5 6,1 8,5 14.3 10,8 Riz +Mil 230 2,4 270 Riz + Ouré-ouré 077 O,3 Riz + Ouré-ouré + Pois de terre - OS 092 Ouré-ouré e e 04 O,4 074 Mil O,7 093 OS 12 2,4 290 231 Pois de terre 232 095 12 135 038 130 Pois d’Angole 03 02 24 191 073 O,3 195 0.8 Tabac Caita 092 O,l 071 e Tabac local e e e e Coton Allen 171 299 138 037 232 133 Verger 197 092 190 031 Anacarde 795 6,6 14,4 10,3 473 7,s 12,6 9J Cacao 2,3 OS 132 299 034 1,5 Café 972 93 836 63 7,4 693

Total (%) 100 100 100 100 100 100 100 100

Valeur absolue (ares) 145 346 700 386 251 521 928 557

129 Autres caractéristiques techniques :

STU dont STU ann. % P ‘141 128 90,6 M 310 247 79,8 G 548 376 68,6 T 328 250 76,2

STC-STU (%) STC ann.-STU ann. (%) STU STU ann. P 236 23 M Il,8 14,8 G 27,6 40,3 T 17,6 23,l

STCD-STC STCD-STC (%) STU P 106 ?5,6 M 175 56,s G 228 41,7 T 171 52.1

STCD-STU STCD-STU (%) STU P 110 78,3 M 211 68,2 G 379 69,3 T 229 69,8

Remarques: Les cultures de secondcycle rapportéesà la STU sont environ dix fois plus importantes dansles grandesexploitations que dansles petites, et, rapportéesà la STU ann., environ quinze fois. On note au contraire une réduction relative du rôle joué par les associationssecondaires STCD-STC/STU quand la taille d’exploitation augmente.

A-LES STC

La part relative de l’igname passed’environ trois-quart à un demi puis à un tiers à mesureque la taille d’exploitation augmente.Malgré cette réduction relative la surfacepar résident passed’environ quatorze aresdans les petites à vingt aresdans les moyenneset 21 dansles plus grandes. Les diversescéréales sont à l’inverse en augmentationrelative : le riz notamment progressebeaucoup desmoyennes aux plus grandesexploitations. L’arachide culmine dansles exploitations moyennes.Au total, les cultures annuellesréduisent leur participation. Pour les cultures arbustives,il apparaît que despetites aux moyennesexploitations la croissancese fait essentiellementpar le café-cacaoalors que, desmoyennes aux grandes,elle résulte desplantations d’anacarde.

130 B-LESSTCD

On a vu que les STCD sedéveloppent moins, relativement, dansles grandesque dansles moyennes et petites exploitations. On observedonc une certaine tendancevers l’épuration culturale. Le tableau qui suit redonne pour les trois groupesd’exploitations les coefficients réels STCD-STC/STC en chaqueculture. Cescoefficients sont effectivement régressifsdans la plupart descas. En cultures annuelles,on voit par exemple que 81 ,l% des superficiescultivées par les petites exploitations échapperaientà l’observation, 47,2% pour les moyenneset encore 34,2% pour les grandes.La sous-estimationserait particulièrement impor- tante en maïs, riz, mil et arachidepour les petites exploitations ; en maïs, pois d’Angole, arachidepour les moyennes ; en arachideet maïs pour les plus grandes.Sans parler du manioc et du taro. L’anacardeet le cacaoseraient également très sous-estimésdans les exploitations moyennes(c’est-à- dire dans48,2% desgroupes de production !). Nous illustrerons à nouveau 1’ évolution, par GTE, desprinci- paux coefficients structurels à l’aide d’une sériede graphiquesidentiques dansleur principe aux graphiques desdeux planchesprécédentes.

Coefficients réels ““”

Tableau 13

P M G T réel

Igname 0 0 0 0 Manioc ca CO ca 00 Taro m m ce Maïs 500,o 248,8 73,3 1.50,7 Riz 96,l 38,4 573 25,7 Mil ca 36,3 0 127,8 Arachide 604,2 60,8 91,3 86,5 Ouré-ouré 19,2 0 14,7 Pois de terre 0 0 0 Pois d’Angole 0 62,5 0 4,8 Coton Allen 0 0 0 Tabac local 0 0 Tabac Caita 0 0 0

T.cultures ann 81,l 47,2 .34,2 45,0

Verger 0 0 Anacarde 0 72,7 16,l 30,4 Cacao 92,3 0 72,3 Café 19,4 0 531

T. arbustif 0 43.5 9,4 22,0

Taux réel global 73,6 46,5 28,3 4095 C - MODES DE CULTURE

Pour l’ensembledes spéculations les points P.M.G. s’alignent sensiblementà I’horizontale. La STU joue un rôle à peu près identique quelle que soit la taille d’exploitation. L’évolution s’opéreprincipalement par les proportions desdeux autres composantes.Le deuxième cycle progressepar rapport aux associations secondaires. Toutefois, l’on ne franchit pasla bissectriceverticale. Mêmeén G l’extension descultures dûe au deuxième cycle reste inférieure à la fraction issuedu développementdes cultures associées. Pour les spéculationsannuelles purement vivrières on retrouve le mêmemodèle, bien que l’aligne- ment despoints P.M.G. soit moins parfait. Pour les cultures non vivrières ou arbustives,on voit que seules les grandesexploitations selivrent à des cultures de deuxième cycle (coton Allen aprèsarachide). De ce fait, alors que despetites aux moyennesexploitations les associationsvariétales étaient en forte expansion, elles régressentdes moyennes aux plus grandes.

D - LES SPÉCULATIONS (calculéespar la STCD)

A mesureque la taille d’exploitation augmente,la part des arbustifs s’accroît. Les cultures annuelles non vivriéres «décollent» égalementde la base(graphique 1). L’écart entre les points P et G est supérieur à l’écart entre les points S et B dansla premièreplanche de graphiques.Cela signifie que la structure desexploi- tations, pour ce qui concerneles plantations arbustiveset les cultures vivrières, est plus hétérogèneen fonction du GTE qu’en fonction de la localisation. Elle l’est moins au contraire pour les cultures non vivrières. En d’autres termes,pour le tabac ou le coton, les clivagesgéographiques sont déterminants.Pour les plantations et l’ensembledes cultures vivrières, ce sont les clivageséconomiques et sociaux qui deviennent déterminants. Si l’on ne considèreque les cultures vivrières annuelles(graphique 2), il apparaît que l’axe de I’évo- lution est perpendiculaire à la baseféculente, despetites aux moyennesexploitations, et presqueparallèle à la base«diverse» des moyennes aux plus grandes.Donc, en un premier temps,les oléagineux et divers doublent d’importance relative et les céréalesaugmentent d’environ un tiers. En un secondtemps, oléagineux et divers sestabilisent cependantque les céréalescontinent à progresserd’un nouveau tiers. Entre les céréales(graphique 3), le changementde GTE sefait par un développementdu paddy alors que le mil reste à peu près constant. On remarquecependant que les plus grandesexploitations continuent de cultiver plus de la moitié de leur STCD céréalièreen maïs. Enfin, la structure destrois féculents (graphique 4) était bien plus hétérogèneau niveau dessous- préfecturesqu’elle ne l’est par GTE, contrairement aux autres cultures. Donc, s’il est vrai, pour ce qui concerneles cultures vivrières, que les facteurs socio-économiques créent en gt5néraldes modifications structurelles entre exploitations plus profondes que les facteurs purement géographiques,ce n’est pasvrai pour les féculents.

132’ Tailles P STC< 2ha Iv TOUTES SPkULATIONS M STC de 265ha 100 0 STC> 5ha

STCD - STC

STU

2- VIVRIERS ANNUELS 100

STU

3- NON VIVRIERS ET ARBUSTIFS 100

STCD - STC

STU

Figure 4 - Modes de culture selon la taille d’exploitation.

133 ARBUSTIFS

VIVRIERS ANNUELS

DIVERS VIVRIERS

FÉCULENTS MATS

IGNAME

PAR GTE

0 STRUCTURE PAR GRANDES CULTURES 03 STRUCTURE DES CÉRÉALES @ STRUCTURE DES VIVRIERS ANNUELS 04 STRUCTURE DES FÉCULENTS

Figure 5 - Spéculations culturales par groupe de taille d’exploitation.

134 CONCLUSION

La première partie a fait ressortir les principales caractéristiquesdes exploitations agricolesDjimlni et Diamala.Par comparaisonavec les résultats tirés desgrandes enquêtes régionales ou d’autresenquêtes de terrain nous avonsvu les nombreux points de divergencede cesexploitations qui ne peuvent être comparées ni aux exploitations Baoulé ni même aux exploitations Senoufo. Si, par leur taille, elles serapprochent davan- tage de cesdernières, la deuxièmepartie a montré desdivergences structurelles fondamentales.Moins de céréalesqu’en zone «Mil» Senoufomais beaucoupplus d’ignamequ’en zone «Igname».Moins de cultures arbustivescafé-cacao, mais plus d’anacardequ’en pays Baoulé. En définitive, les coefficients les plus parlants sont les rapports STCD(i)/STU qui indiquent direc- tement la proportion du terroir physiquement utilisé en chaqueculture.

=$-$ 53,2 13,8 1,9 15,6 28,2 18,3 3,6 0,8 1,7 1,3 2,2 0,l e 0,2 15,8 2,5 10,6 169,8

A desdensités variables, on trouve donc de l’igname sur 53,2% desterres utilisées, du manioc sur 13,8%,etc.. Le total de la zone comptant 5 750 exploitations, dont la STU moyenne est de 328 a, cela fait plus de 10000 ha portant de l’igname, 2600 ha portant du manioc, 9440 ha portant diversescéréales, 5485 ha portant descultures arbustives,.. On peut estimerper capita, souscertaines hypothèses de rendementset de pertes,la valeur nette de la production agricole (pertes et semences,mais non salairesdéduits) à environ 12700 F CFA. Les diverses plantations (y compris ananaset bananiers)intervenant pour 8% de cette valeur, les féculents pour 75,7%, les céréalespour 8,6% et, pour 7,7%, toutes les autres cultures. Déduction faite de diversescharges d’exploitation, la valeur nette per capita se ramèneà 12 100 F, maisles trois-quarts sont représentéspar de l’auto-consommation.

135 Les marchés du pays baoulé de la zone dense

Typologie, organisation et fonctionnement

137 1

, I /

Figure 1 - Localisation de la zone d’enquête par rapport à l’ensemble de la Côte d’ivoire.

138 Les marchesoccupent-ils une place fondamentale dansl’organisation et le fonctionnement de l’éco- nomie de savaneet préforestièrede la zone denseà l’ouest de Bouaké (1) ? Sur un territoire de 5 856 km2 regroupant une population de plus de 165000 h, on compte 22 marchéshebdomadaires et un marchéquoti- dien, celui de Béoumi (voir figure 2). Leur présenceconstitue un phénomèneremarquable pour l’analyste sur de nombreux points. 1 - Avant la pénétration coloniale, cette zone était quasimentvide de marchés.La majeurepartie des échangess’effectuaient de groupe à groupe commedans la plupart dessociétés segmentaires. Seul Mar,abadiassa, crééentre 1860 et 1870 par Mory Tour~?possédait un marché qui connut une très grandeprospérité. Trois sériesde phénomènespermettent de l’expliquer :

(1) Le domaine d’enquête comprend les sous-préfectures de Béoumi, Bodokro, Botro, Sakassoet Diabo. Les quatre premières sont directement concernées par le barrage de Kossou (voir figures 26 et 27). Cette étude des marchés n’est qu’un prolongement des travaux déjà entrepris sur la zone dense à l’ouest de Bouaké. Elles se propose : 1 - d’apporter une contribution à l’élaboration d’une typologie des marchés en pays baoulé en mettant l’accent sur leur formation, leur organisation et leur fonctionnement ; 2 - de délimiter leurs aires d’attraction et de dégager leur rôle dans la structuration de l’espace rural environnant et dans la vie régionale’; 3 - de mesurer leurs poids dans la commercialisation des produits locaux et importés ; ~ 4 - d’apporter certaines informations susceptibles de permettre d’apprécier l’impact de la construction du barrage sur le semis des marchés et d’éclairer les actions qui seront entreprises pour remodeler l’espace considéré et réorganiser les circuits de commercialisation traditionnels en fonction des données nouvelles (*). Pour que le document soit utilisable par les praticiens, il a paru indispensable d’abandonner l’approche monographique pour ne retenir que les aspects les plus caractéristiques des marchés. Un effort de représentation cartographique de quel- ques phénomènes significatifs a été tenté conjointement afin de rendre cette analyse plus vivante. (*) Notons que la sous-préfecture de Bodokro vient d’être créée par le détachement des villages du groupe Goli de celle de Botro. Les limites du barrage correspondent approximativement à celles de la forêt-galerie où est localisée la majeure partie des plantations de café et de cacao.

139 - En premier lieu, salocalisation au bord du Bandamadans la zone de contact forêt-savane«où les biens et les personnesont circule constamment»au cours des siècles; - en secondlieu, les prédispositionspour le commercede la population zerma immigrante et la similitude desmilieux d’accueil et de départ ; - enfin, saposition privilégiée - d’une part, au milieu de groupesethniques différents, les Ta- gouana,les Baoulé et les Koro - d’autre part, au centre du pays entre la basse-Côteet les deux plus grandesplaces commerciales du nord de la Côte d’ivoire, Odienné et Kong - lui a permis d’être à la fois un trait d’union et une veritable plaque tournante. Cette rente de situation a été excellement mise en évidencedans une étude consacréeau développe- ment deséchanges commerciaux entre le pays baoulé et le nord de la Côte d’ivoire. «Pourjouer ce rôle d’inter- mediaire, soulignent les auteurs, il fallait offrir aux partenairesdes biens dont ils avaient réellement besoin. Les commerçantsde Marabadiassase montrèrent très habiles. Pour les échangesavec les Baoulé, ils surent exploiter le fait que de nombreux villages du nord n’osaient plus envoyer desreprésentants a Tiassalt?à cause du brigandageet étaient, par conséquent,prêts à accueillir favorablement de nouvelles offres de débouchés. Mory Tour6 et seshommes leur présentérentune monnaie d’échangeparticulièrement estimable : les captifs qu’ils seprocuraient chaquejour en plus grand nombre en pays sénoufo. Ils recevaienten échangede l!or, du sel, descauris, despagnes, des objets de pacotille et desarmes à feu ou de la poudre, qu’ils troquaient avec leurs autrespartenaires contre d’autres biens en réalisant chaquefois un bénéfice substantiel. En inaugurant le commercedes esclaves, Marabadiassa ouvrait une nouvelle ère d’échangesentre la région de Bouake et les pays du nord. Ce commerceprit une intensité remarquablequelques années plus tard sousl’impulsion de Samori» (2). 2 - Marabadiassaresta donc le seul marché de la zone densejusqu’a la conquête de cette partie du pays baoulé par les troupes françaises.A partir de ce moment, l’administration coloniale calqua sapropre organisation sur les structures socio-politiques-existantes.C’est dansla logique de la politique d’encadrement et d’embrigadementque se situe la création de la plupart desmarchés dans les chefs-lieux de canton de la ré- gion entre 1910 et 1920. Les administrateursne réussirentpas facilement à les faire adopter par les villageois. En dépit de la contrainte, les placesde marché restèrent peu fréquentées.Les échangesne portaient que sur d’infimes quantités et s’effectuaient sousforme de troc. En fait, le marché était surtout un lieu où l’adminis- tration pouvait collecter plus facilement les produits de traite, en particulier le coton, le palmiste et le latex. Ce manque d’enthousiasmedes Baoulé pour les «marchésdu commandant»poussa l’administration a rechercher desintermédiaires. Le recrutement desagents se fit parmi les Mandé et les Malinké du nord de la Côte d’ivoire et aussichez les Voltaïques et les Maliens..Leur importance numérique connut une progression rapide avecl’achèvement de la voie ferme Abidjan-Niger qui faisait du pays baoulé un lieu de passageobligé desgrands courants d’échangeentre le nord et le sud. La plupart de cescommerçants s’installerent dansles chefs-lieux de canton, leur imprimant une physionomie qu’ils conserventencore aujourd’hui. Ils colportaient les marchandisesd’origine européennedans les villageset revenaient avecdes produits agricolesqu’ils allaient revendredans les postesadministratifs et les villes.

Toutes cesobservations montrent donc que pendant longtemps, si le principe du marchén’était pas absentdu mode de production baoulé, il obéissait,du moins, à desfinalités totalement différentes de celles qui apparaîtront avecl’introduction de l’économie de traite et de la monnaie. Par ailleurs, que ce soit à Marabadiassa- dont les circonstancesde la création et les mobiles qui ont présidé à salocalisation ont déja

, (2) Etude régionale de Bouaké - 1962-1964 - Tome 1 - Le peuplement, les étapes du peuplement. pp.9-57 Ph. et M.A. de SALVERTE.

1.40 . ._..

Bté évoqués- ou dansles chefs-lieux de canton, les Baoulé sesont toujours démisde la fonction commerciale au profit d’élémentsétrangers a leur groupe. C’est,peut-être, ce qui explique l’apparition desrapports mercan- tiles. L’extension du principe du marchéet l’accroissementdu taux de fréquentation desplaces de marchésont étroitement liés à la colonisation et à I’économie de traite. La culture du coton imposéepar l’administration et le developpementde la culture du café mettront à la disposition de la population une massede monnaie grâceà laquelle eUepourra s’acquitter desimpôts et redevancesdiverses et accéderaux nouvelles formes de consommation.Le mouvement serarenforcé par la croissancede Bouaké,la mise en servicede la ligne de chemin de fer Abidjan-Niger et l’ouverture de pistes destinéesà faciliter la collecte desproduits. Tous ces élémentsmodifieront profondément les normeséconomiques traditionnelles. Les rapports d’échangequi existaient au sein de l’adobo s’effectuaient sur une basequi excluait le profit. Ils prendront progressivement un caractérecommercial à partir du moment où, a côté de la sociétébaoulé, viendront cohabiter les popula- tions du nord communémentappelées Dioula. II sembleque l’absencede toute forme d’obligation entre ces deux groupesfacilitera l’instauration de rapports mercantilesqui seront à l’origine de l’épanouissementdes marchésdans lesquels les Baoulé s’intégreront peu à peu. Cette rapide incursion à traversl’histoire de la genèsedes marchés dans la sociétébaoulé à l’ouest de Bouaképrésente encore de nombreuseslacunes qui mériteraient d’être comblées.Faute d’étudesapprofon- dies sur la question, il a fallu secontenter de la documentation existante et de réflexions personnelles.La plupart desidées émises ne sont que deshypothèses de travail qui demandentà être vérifiéespar une appro- che plus systématique.Néanmoins, malgré leur imperfection, elles permettent de mieux typer les marchés actuelset d’apprecierleur organisation,leur fonctionnement et leur rôle dansla structuration de la zone ru- rale. C’estl’analyse de cesproblèmes qui constituera le troisième volet de notre problématique (3).

(3) Cette étude est le prolongement de l’analyse des caractéristiques de structure et de fonctionnement de l’économie de la zone dense à l’ouest de Bouaké qui a déjà fait l’objet de deux rapports : a - Mouvements migratoires et développement économique dans la zone dense à l’ouest de Bouaké. doc.multigr., 76 p., 15 cartes - ORSTOM Sciences humaines, vol. 1,9, Abidjan 1968. b -Croupe de production et niveau de revenu dans la zone dense à l’ouest de Bouaké. doc.multigr., 75 p., 3 cartes, 5 graph. - ORSTOM Sciences humaines, ~01.11,2, Abidjan 1969. ESSAI D’ÉLABORATION D’UNE TYPOLOGIE DES MARCHÉS

Les marchés ne présententpas tous les mêmescaractéristiques. Ils diffèrent par la localisation, l’aire d’attraction, les vocations, les fonctions, le degréde dépendance,le poids. C’est la combinaisonde cesdivers facteurs qui leur confere leur originalité.

1 - LE MILIEU D’INSERTION

Si l’on serefère à ce critère, les marchésse distinguent selon qu’ils sont implantés en milieu rural ou dansles centressemi-urbains.

a - Les marchés localisés en milieu rural Leur taille est extrêmement variable. Elle se situe entre 500 et 3 000 acheteurs,vendeurs et visiteurs (voir figure 2). Cesmarchés sont généralementétablis au carrefour de pistesou de routes secondairesou le long d’un axe principal. Ils occupent une surfacede 1000 à 10000 m2. Ils ne seréunissent qu’une fois par semaine. Leur existenceest la résultante de plusieurs facteurs : _l’éloignement de certainsvillages descentres semi-urbains,les barrièresnaturelles (fleuves, rivières, forêts classées),l’impraticabilité de certainespistes à la saisondes pluies ont favoriséla créa- ’ tion de certainsmarchés. Celui de Koyarabo à Béoumi à l’ouest du Bandamaet celui de Toumodi- Sakasso,à Sakasso,sont les casles plus représentatifs; -l’abondance du café et de la bananea aussiconstitué un excellent catalyseur.Les meilleurs exemplessont fournis par le marché de Bondossou dansle sud de Sakassoet celui de Kekrenou au sud.de Béoumi ; - la rente de situation et la présenced’un produit rare ont exercéune influence indéniable. C’estle casde deux marchéslocalises à la périphérie de la zone au contact de groupesethniques différents et spécialisésdans la vente desproduits de la chasse; - Totokro, entre Tiénigbé, Mankono et Béoumi ; - Marabadiassa, entre Katiola, Botro et Tiénigbé ; - la proximité de Bouaké et la localisation sur un axe important (4) peuvent être desfacteurs explicatifs de l’implantation de certains marchés cotie Assikro et Abolikro tournés versla commer- cialisation desvivriers, descondiments et desproduits de cueillette ; - le facteur ethnique, et principalement les divisions tribales, ont parfois favorisela constitution de marchés.Deux marchésfonctionnant au niveau d’un groupe relativement homogèneont été repérés: - le marché de Bodokro où on retrouve surtout les ressortissantsdu groupe Goli et que les Satikran donnent l’impression d’ignorer ; - le petit marché d’Abouakro, relevant du groupe Fari, crééen réaction contre celui de

(4) cf. G. ANCEY - Un exemple de fonctionnement de marché rural à proximité d’une agglomération urbaine : le cas de Brobo. ORSTOM., dot. multigr., 31 p., 1970.

143 Kekrenou en raison de luttes d’influence déjà fort anciennes.II sembleque ce contentieux ait joué davantagedans la décision desvillages que l’implantation au mêmeemplacement d’un centre de productivité, sorte de coopérative d’achat et de vente expérimentéepar les servicesde l’animation rurale entre 1967 et 1968. Le marchéa d’ailleurs survécuà la ferme- ture de cet organisme.Ceci montre que ce dernier n’avait été que l’occasion propice, mais qu’il ne constituait pasle mobile profond de sacréation.

b - Les marchés localisés dans les centres semi-urbains Ils sedifférencient desprécédents sur de nombreux points : - la localisation : ils sont tous établis dansun chef-lieu de sous-préfecture,ce qui leur permet de bénéficier de l’attrait exercé par cespetites capitales zonalessur les villageois, en raison de leurs fonctions administrative, scolaire,sanitaire ; - l’environnement : ils occupent une surfacede 10000 m2 en moyenne, entourée d’une cein- ture de commercesmodernes assez diversifiés où les villageois peuvent facilement s’approvisionner. Seul, Diabo sembleéchapper à la règle à causede la proximité de Bouaké et de l’ouverture relati- vement récente de la sous-préfecture; - l’équipement : ils disposentd’une infrastructure plus ou moins développéeselon l’impor- tance du centre. On y trouve deshangars où serassemblent habituellement les marchandsde pagnes et d’étoffes diverses,les couturières, les tailleurs, les boucherset un secteuraménagé pour les voitures ; -la taille : l’apport desvillages et celui descentres semi-urbainspermettent à cesmarchés de réunir un nombre de visiteurs, vendeurset acheteurs,beaucoup plus élevéque ceux de la zone rurale. Celui-ci est supérieur à 4000. Cette démarchepermet donc un premier essaide classification, mais elle demeureencore statique. Il convient de seplacer maintenant dansune perspectiveun peu plus dynamique en sefondant sur un autre jeu de critères qui aidera à mieux approchercertaines caractéristiques de structure et de fonctionnement desmarchés.

2 - LE POUVOIR ET L’AIRE D’ATTRACTION

En tenant compte desrelations avecl’environnement immédiat, les centressemi-urbains et Bouaké, les marchéspeuvent être regroupésen trois grandescatégories (voir figure 2) :

a - Les marchés à vocation intrazonale Ils intéressentune dizaine de villagescirconscrits dansun rayon de cinq kilomètres environ. Ils accueil- lent habituellement moins de cinq voitures qui transportent, la veille ou à l’aube, les vendeursde poisson, de pagneset d’articles divers ainsi que quelquesacheteurs de produits vivriers ou industriels. Les quantités com: mercialiséessont très faibles. On dénombre,en effet, une cinquantaine de vendeursde vivriers et une dizaine de vendeursde poisson.Les voitures ne font d’ailleurs qu’une rotation.

b - Les marciés à vocation interzonale Leur sphéred’attraction dépasseleur environnement immédiat car ils exercent une influence sur certains villagesdes zones rurales voisines(5). Les visiteurs, vendeurset acheteurs,proviennent d’une ving-

(5)La zone est dkfinie comme I’espacc polarisé par un centre scmi-urbain ou un bourg rural

144 taine de villagesenviron localisésdans un rayon de plus de dix kilometres. Cesmarchés reçoivent dix à vingt voitures et plus de quinze vendeursde poisson.Les passagerstransportés atteignent 100 à 300. Toutefois, en dehors de quelquescas exceptionnels, ils résident presquetous dansla zone. L’apport desvillages, des centres semi-urbainsavoisinants et de Bouaké est inférieur à 5%. Les contacts avecl’extérieur setraduisent par des achatsassez importants de produits vivriers et industriels par un groupe de commerçantsissus de cesagglome- rations.

c - Les marchés à vocation régionale Quatre Blémentsles caractérisent: - Ils sont hebdomadaires,mais certains disposentd’un embryon de marchéquotidien. Il n’y a que celui de Béoumi qui fonctionne régulièrementchaque jour .; - Tous les viuagesde la zone sont en contact aveceux à desdegrés divers ; - Leur aire d’attraction dépasselargement le cadre de leur zone rurale. Environ 10% desache- teurs, vendeurset visiteurs viennent de l’extérieur ; - La participation de Boualcéne revêt pas danstous cesmarchés la mêmeimportance : - dansun premier groupe, vingt à trente voitures déversentchaque semainesur la place du marché 150 & 400 passagersdont la plupart viennent selivrer à desactivités commerciales; - dansun secondgroupe constitué par l’unique marchéde Béoumi, ce phénomèneest moins net en dépit de son influence régionale.Cela ne signifie paspour autant que la zone rurale de Béoumi n’entretient aucunerelation commercialeavec Bouaké ainsi que le montrera l’étude descircuits d’achat et de vente desdivers produits sur ses marchés.

3 - LES Dl?TENTEURSDU POUVOIR DE COMMANDEMENT

C’estun Blémentfondamental de l’organisation et du fonctionnement desmarchés. On observe,en effet, que cesderniers sont monopolisespar une classecommerçante originaire de Bouakéou descentres semi-urbains. Cette domination s’exercedans trois domainesprincipaux - celui desachats des produits locaux ; - celui desventes de produits d’importation ; - celui destransports. En sefondant sur ce critère, deux formes de marché apparaissent:

a - Les marchés domin& par Bouaké Sur les 23 marchésde la zone dense,sept sont directement contrôlés par un groupe de commerçants en majeurepartie dioula, en provenancede Bouaké(voir figures 3 et 4). Celui-ci représente: - prés de 100%des acheteurs de produits vivriers destinésA la revente ; .~- 90% desvendeurs de poissons,de poulets, d’ovins et de caprins, et de pagnes; - plus de 50% desproprietaires de tabliers d’articles divers. ‘Lesmarchés sur lesquelsces commerçants exercent leur domination sont, ou bien situesà moins de 30 km de la ville, ou bien installés dansdes centres où l’infrastructure commercialeest défectueuse

145 I Poisson 2 Poulet 3 Mouton Km 4 Pagne 5 Pain

- = 2 vendeurs

Marabadiassa

1234 5 Afotobo

Kékrénou

SAKASSO

pJL-5JMARABADIASSA

m AFOTOBO m SAKASSO

Figure 3 - Origine des vendeurs de produits importés sur les marchés (ils’agit de quelques marchésreprésentatifs).

146 Koyarabo

DOKRO

1. . Bourébo . BÉOUMI

0 Soyaokio 0 Afotobo

Abwakro b

0 0 Mandanou Kékrénou

KonZqo

/

Toumodi-Sakasso

Figure 4 - Nombre moyen d’acheteurs en provenance de Bouaké.

147 h.2 vendeuses

Figure 5 - Aire d’influente des commerçantes de la sous-préfecture de Béoumi.

148 ou inexistante. - environ 75% destransporteurs, qui assurentles liaisons entre le marché,les villageset Bouaké, résident danscette dernière agglomération.

b - Les marchés dominés par les centres semi-urbains Dansla zone dense,seule la petite ville de Béoumi contrebalance,d’une manièreindiscutable, cette mainmisedes commerçants de Bouaké sur les marchés(voir figures 3 et 4). Ceci s’explique : - en premier lieu, par saposition à un carrefour de routes a plus de 60 km de Bouakéet par sa proximité desmarchés fonctionnant à l’ouest du Bandama; - en secondlieu, par l’existence d’une classede commerçantset de transporteurslocaux dyna- miques qui contrôlent l’ensembledes circuits commerciaux dansun périmètre assezvaste qui englo- be une grandepartie deszones rurales voisines(figure 5). Cegroupe de commerçantsse compose essentiellement d’une cinquantaine de femmesparmi lesquel- les on compte 45 Dioula et 5 Baoulé. Celles-cise partagent plus de la moitié desmarchés de la zone denseet fréquentent ceux deszones rurales voisines,tels que Gouitafla, Brikro et Trasso. Elles achètent de la banane,de l’arachide, du ouré-ouré, descondiments et desfruits qu’elles vont revendreà l’extérieur. Les produits périssablescomme la banane,les fruits et les condiments sont commercialisésde préfé- rence à Bouaké.Les autres sont acheminésdeux à trois fois par semaineà Abidjan. A leur retour, ellesramè- nent du poissonet despagnes qu’elles écoulent sur les marchésou dansles villages. Ce circuit triangulaire est extrêmementlucratif. Les commerçantesréalisent sur les seulsproduits locaux un chiffre d’affaires de 52 millions CFA et une margebénéficiaire de 12 millions environ. Ceci repré- senteun revenu annuel net, par tête, de 240000 francs, soit près de cinq fois celui de la partie de la zone rurale la plus prospère.Une rapide investigation a aussimontré que la majorité de cesfemmes étaient mariées et que leur conjoint travaillait surtout dansles transports, le commerceou l’artisanat. On ne compte parmi eux qu’un maçon, un manoeuvreet quatre cultivateurs. Notons que cesderniers s’intéressentprincipalement à l’exploitation desbas-fonds rizicoles situésautour de Béoumi, dont le rapport n’est pasnégligeable. Ce phénomènene selimite pas aux produits locaux. Il s’étendaussi aux produits importés. Rares sont les vendeurset acheteursde Bouaké qui seprésentent sur les marchéscompris dansla zone d’influente de Béoumi, compte tenu du barragerésultant de la présencede cette classecommerçante. L’unique produit dont Bouaké conservaitencore le monopole de la commercialisationétait le pain. L’installation d’une bou- langerie à Béoumi lui a fait perdre cet avantage.Le transport desproduits et despersonnes est également effectué par desrésidents. A côté du centre semi-urbainde Béoumi qui joue véritablement le rôle de capitale zonale et qui exer- ce un pouvoir de commandementindiscutable sur son environnement, il faut aussimentionner le casde cen- tres et de villagesdont les ressortissantsont une influence appréciablesur les marchésde la zone dense.Ce sont, tout d’abord, les commerpantsdioula de Tiébissou qui contrôlent près de 20% destabliers à Sakasso; ensuite, ceux de Marabadiassaqui ont le monopole de la vente de poisson, de poulets, d’ovins et de caprins sur ce marché et qui interviennent a Minabo, Adohoussou,Bodokro et Botro.

4 - LES VOCATIONS ET LES FONCTIONS

Elfessont la résultante de la combinaisonde facteurs divers (voir figures 6 à 8). On observe,en effet, que : - la localisation en savaneou en forêt agit sur la nature descultures ; - la demandede la viife de Bouakémodèle indiscutablement la nature desproduits offerts et en règle le volume ;

149 Echelle

Semence et soudure

n Récolte w

Koyarabo

n \J

BÉOUMI Bourébo

n

/ AbOllkrO A /

Abouokro

n u Kékrénou

Toumodi-Sokasso

= I tonne

1:igurc 6 - Importance dc I’ignamc commercialiske sur les marchés hebdomadaires en haute conjoncture et en basse conjoncture.

150 Km

Semence et soudure n Récolte w n Adohoussou u

Minabon

BODOKRO BOTRO

n cl Koyorobo u w

Bourébo

52 K7 BEOUMI

SA Akoviébo u c Toumod - Sakasso

n = l tonne

Figure 7 - Importance de la banane commercialisée sur les marchés hebdomadaires en haute conjonçturc et en basse conjoncture.

151 q 6 Produit de for8t

El 3 Produits du palmier •III4 Condiments

8 BOTRO ‘0

“0 00 00 1234568

SAKASSO

Figure 8 - Structure des ventes à I’estkricur.

152 - la position du marché et son aire d’attraction peuvent faire apparaître une spécialisation qui ne correspond pas nécessairementaux activités de la zone rurale immédiate ; - les habitudes culturales de la population concerneeconstituent aussiun élement déterminant. On distinguera dans cette approche les marchés de savane de ceux de forêt.

a -. Les spécialiwions et les fonctions des marchés de savane - Ce sont généralementdes marchés où l’igname abonde. Cependant, ce produit est souvent associéà un autre qui peut le supplanter dans les exportations. On peut citer l’exemple du maïs à Botro et a Diabo dont les ventes sont régulières tout au long de l’amrée alors que celles d’ignamessont très fluctuantes. - Cesmarchés doivent parfois leur spécialisationaux activités particulières des villages situés dans leur environnement : la vente de gibier & Totokro et à Marabadiassa. - La proximité d’une ville intensifie l’offre de certains produits dont l’agglomération est une grosseconsom- matrice. Tel est le cas du bois de chauffe a Diabo et à Assrikro qui sont éloignés de Bouake de moins de 25 km. - L’aire d’attraction des marchésleur imprime aussiune certaine spécificité. Ceci se vérifie particulièrement pour les marchésimplantés à la limite de la zone préforestière dont les exportations sont plus diversifiées. A ce titre, le marché d’Abolikro, localisé au point géométrique des quatre grands marchésde la zone dense,constitue un exemple remarquable.A côté de l’igname, on enregistre des ventes importantes de banane, d’arachide, de fruits, de condiments et de bois.

b - le marché de Béoumi constitue un cas particulier pour des raisons qui ont déjà été évoquées.Il est difficile de mettre en évidence son degré de spécialisationcar la plupart des transactions de la classe commerçantelocale se font sur les petits marchésde la zone rurale dont les vocations sont diverses.On ne trouve pas ici ces amoncellementsd’igname, de banane, de fruits, de maïs, de bois, qui ornent les bords _‘. .desautres marchésen attendant d’être évacuéssur Bouaké entre Il et 14 h. C’est avant tout un marché tourné vers l’intérieur, un lieu d’approvisionnement des habitants du centre et des résidents de la zone rurale (6).

c - Les vocations et les fonctions des marchés de forêt Sur cesmarchés, la banane est le principal produit d’exportation. Cette spécialisationest due’aux excellentesconditions offertes par le milieu naturel de la zone rurale avoisinante et aux débouchésassurés par la ville de Bouaké. Néanmoins, ces marchésétant situés dans l’aire de culture de l’arachide et du ouré- ouré, ces deux derniers produits occupent une place de choix dans les exportations alors que l’igname en est quasiment absenteà causede la présencedu café qui limite l’intérêt des paysanspour cette culture en vue de la commercialisation. Le marché de Sakasso et celui de Bondossou répondent assezfidèlement à ce modèle.

5 - LE POIDS RELATIF

Selon que l’on se fonde sur les achatsou sur les’ventes, cinq indicateurs aident à l’apprécier :

(6) En se référant à la composition des ventes à l’extérieur des commercantes, on observe comme à Abolikro une très grande diversité. Cependant ici, la banane, l’arachide, le ouréouré, devancent le maïs et I’igname. Cela provient du fait que ces trois produits sont plus facilement commercialisables à Bouaké et à Abidjan et entrent bien dans le ca- dre du commerce triangulaire que ces femmes pratiquent.

153 a - Le chiffre d’affakes du poisson donne un ordre de grandeur du poids des marchés(voir figure 9). Il ressort, en effet, du contrôle des paniers que toutes les ménagèresachètent du poisson. Ce critère doit être utilise avec prudence car les achats semblent plus importants sur les marchésde la zone caféière que sur ceux de savaneoù les revenus sont plus faibles. Il existe toutefois une assezforte corrélation entre le nombre d’acheteurset les ventes totales de poisson.

b - Le montant des ventes à l’extérieur est un indicateur beaucoup plus représentatif du dynamisme propre des marchés.Il permet d’établir une distinction fondamentale entre les marchésde savaneet ceux de forêt. Les premiers réalisent un chiffre d’affaires près de deux fois plus élevé que les seconds.Les com- merçantesde Bouaké achètent en moyenne chaque semaine6 000 francs de produits à Botro alors qu’elles ne dépensentpas 3 000 francs à Sakasso(figure 10). Il résulte donc que dans les marchésde la zone fores- tière la fonction de distribution portant sur les produits importés prédomine plus nettement que dans ceux de savane.

c - Le montant moyen des transactions par participant est le troisième indicateur (figure 11). 11peut être saisi à partir des achatset des ventes moyennes effectués par les villageois. Des ordres de grandeur assezrévélateurs ont été obtenus lors des contrôles de paniers.

Pkiode Montant des achats de produits locaux Montant des achats de produits importés (francs CFA)

Forêt 40 750 110 575 450 270 Savane 30 400 25 290 180 200

On observe, en effet, que le montant des achats de produits locaux et importés est plus élevé sur les marchés de forêt que sur ceux de savane. Ce phénomène s’explique par l’existence de liquidités plus importantes dans la zone forestière dont la majeure partie provient du café. En revanche,la moyenne des ventes de produits locaux sur les marchésde savaneest supérieure à celle de ceux de forêt. Ceci est dû au pouvoir d’attraction que les produits offerts exercent sur Bouaké et sur les zones caféièresen raison de la distance et des prix. II serait vain d’établir des comparaisonsau niveau du montant et du volume des ventes sanstenir compte de ces deux élémentset, en particulier, du second.Si on prend par exemple l’igname comme basede référence,on remarque qu’elle coûte 16 à 30 francs le kg sur les marchésde forêt de février a septembrealors que sur les marchésde savaneelle est payée 10 a 15 francs toute l’année, sauf en période de semenceset de soudure où son prix varie entre 20 et 25 francs. La même remarque pourrait être faite à propos de la banane qui coûte plus cher en savanequ’en forêt. Il est donc nécessairede se référer aux prix relatifs lorsqu’on compare le niveau moyen des achats et des ventes, même à l’intérieur de zones apparemmenthomogènes. Cette remarque est surtout valable pour les produits locaux car pour ceux qui sont importés les prix n’accusent+pasde disparités notables. La création des magasins«Chaîne Avion» etla concurrenceentre les vendeursont fortement contribué à les amoindrir.

d - Le nombre moyen de vendeurs de produits vivriers fournit un quatrième élément d’appréciation (figure 12). En n’y incluant que les six produits suivants : igname, banane, arachide, riz, maïs et ouré-ouré,

154 Echelle

0Bourébo 0 Boyaokro BÉO 0 Abouakro

0 Mondanou

Akoviébo Toumodi-Sokasso 0 0 SAKASSO

Bondossou \

Vente moyenne quotidienne \ Vente moyenne du jour du grand marché

Figure 9 - Classification des marchés en fonction de la moyenne hebdomadoirc des ventes de poisson séchk et fumb.

155 Echelle 10 20 Km

Adohoussau.

Koyarabo

Bgrébo

l Boyagkro BEOUMI AfoCJ o

Abouakro l

\

Kznango

/

Figure 10 - Montant des achats annuels directs de .Bouak6 sur les rnarchbs de la zone. (vivriers, produits de cueillette et de l’artisanat local) I Décembre -Mars Km 2 Avril - Juillet 3 Aout - Novembre

SAKASSO

Alimentaires importés El Produits !ocaux

Figure 11 - Répartition des achats entre produits alimcntaircs importés ct produits locaus selon la pCriodc dc I’annéc.

157 Banane

.A-^:^^ Ouré-ouré

E Arachide I

I) DIABO /

BÉOUMI ABOLIKRO

/--

-7 ASSRIKRO

/: i

- = svendeurs - 0 20 Km

Figure 12 - Nombre moyen de vendeurs sur les marchés selon le produit commerciulis~.

158 on note qu’il est deux fois plus élevé sur les marchésde savaneque sur ceux de forêt. Il est de 650 envi- ron à Diabo contre 300 à Sakasso.

e - Le nombre de tabliers peut enfin aider à mesurerle poids des marchés.On ne tient compte ici que des petits commerçantsd’articles divers qui les fréquentent chaque semaine.Une cinquantaine sont habituellement recensesà Diabo et 150 à Sakasso. Les résultats qui se dégagentde l’application de ces deux derniers indicateurs confirment l’obser- vation selon laquelle l’importance de la sphèred’activités portant sur les produits locaux par rapport a celle concernant les produits d’importation serait un critère de distinction assezreprésentatif des marchésde forêt et de savane.

159 L’ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS

Les principaux élémentsqui les caractérisentsont la fréquence,la répartition desactivités entre les groupesethniques et les sexes,la durée, le calendrier agricole, l’incidence desmouvements migratoires.

1 - LA FREQUENCE DES MARCHES

En dehors de celui de Béoumi qui est quotidien, tous les marchésde la zone sont hebdomadaires (voir la figure 2). Toutefois, certains d’entre eux, tels que Sakassoet Botro, commencentà seformer et à fonctionner dèsla veille et attirent un petit groupe de vendeurset d’acheteurschaque jour. Il existe généralementdes jours fixes de réunion qui ne correspondentpas afin de limiter la concur- rence. Seulsplusieurs petits marchéspeuvent setenir au mêmemoment. En ce qui concerneles plus grands, I il n’y a que Sakassoet Abolikro qui échappent à la règle. Cette exception peut s’expliquer par le fait que ces derniers sont distants de 60 km environ par les routes principales et qu’Abolikro constitue une véritable pla- que tournante au point géométrique desquatre marchésles plus actifs de la zone.

2 - LA RÉPARTITION DES ACTIVITI% ENTRE LES GROUPES ETHNIQUES ET LES SEXES

Elle diffère selon le produit et selon qu’il s’agit d’achat ou de vente. Les denréesvivrières, les produits de cueillette, et les condiments sont commercialisés: - d’une part, par les femmesbaoulé en provenancede la zone rurale ou résidant dansle centre semi-urbainou le bourg danslequel setrouve le marché.Elles sont souventregroupées par village à despoints précis. Il faut remarquer que pour quelquesproduits rareset très demandés,les transactions s’effectuent à l’entrée desroutes conduisant au marchéou à la descentedes voitures. - d’autre part, par les femmesdioula qui achètent cesproduits aux premièrespour les revendre sur le champ ou lesjours suivants,en l’état ou en les transformant. Elles occupent le centre desgrands marchés.Ce phénomèneest très net & Béoumi. Ici le marché de gros desproduits locaux est entre les mains desBaoulé et celui de détail appartient aux Dioula. - les produits locaux, tels que l’huile, le beurre de palme;l’indigo, le kaolin, sont aussicommer- cialisespar les femmesbaoulé et rachetésen grandepartie par les commerçantesdioula. - les hommesbaoulé n’interviennent que dansla commercialisationdes produits de l’artisanat (les chaises,les nattes en écorce,la vannerie), du vin de palme, de la viande de chasse,des poulets, du tabac, desmédicaments locaux et des amulettes.Notons que pour la plupart de cesproduits, il arrive que les femmestiennent égalementune place notable. - la commercialisationdes produits importés est dominée par les Dioula. Les femmeset les hommesbaoulé ne détiennent qu’une petite partie de ce secteur.

160 Les femmesdioula et quelqueshommes monopolisent le commercedu poisson, du riz et destissus. Les Baoulé n’y sont que faiblement représentés. La majorité desvendeurs de pétrole, d’huile et d’articles divers, sont deshommes dioula. Cesderniers contrôlent aussila vente despoulets, despintades et de la viande de boucherie. Celle desovins et descaprins demeurel’apanage des Peul, - Chezles petits artisanstels que les horlogers,les mécaniciens,les coiffeurs, les menuisierset notamment dansle domaine de la confection, la domination desDioula est moins nette car on trou- ve desBaoulé qui exercent cesprofessions. - Le commercedes plats préparésest effectué par les femmesdioula danssa quasi totalité. On n’y rencontre que quelquesfemmes baoulé résidant dansles centressemi-urbains ou les bourgs ruraux. - Les enfants font aussides petites transactionscommerciales sur les marchés.Les garçons baoulé vendent desobjets provenant de leurs travaux de vannerie et les fillettes despois de terre, desfeuilles, deséponges, des tomates, du bois. Lesjeunes filles dioula s’intéressentà la vente des oranges,des mangues, de l’arachide décortiquéeet du maïs grillé. Elles aident surtout leurs parents à collecter les produits auprèsdes femmes baoulé. - Le secteurdes transports est monopolisé par les Dioula qui possèdentune grandepartie des véhiculesdesservant les marchésde savane.Dans la zone forestière, cette tendanceest moins marquée car de nombreux planteurs baoulé possèdentdes taxis de broussequ’ils mettent en gérance.

3 - LA DURÉE DES MARCHI%

Les acheteurset vendeurscommencent à s’installer dèsla veille sur les grandsmarchés. Cependant, cesderniers ne prennent leur forme véritable que le lendemain aux premièresheures de la matinée. A partir de quatre heures,les voitures arrivent de Bouaké avecles commerçants.Selon la distanceet la période de l’année, elles effectuent une ou plusieurs rotations. Au lever du jour, les villageoisespénètrent sur le marché en longuesfiles. Elles portent sur la tête desbassines contenant desproduits divers dont le poids peut attein- dre vingt kilos. Elles sont souvent accompagnéesde leurs filles qui les aident à transporter leurs denrées.La plupart desvillageois, qui viennent à pied, résident à une dizaine de kilomètres du marché.Ceux dont les vll- lagessont plus éloignésempruntent les «taxis de brousse».Les hommessont nombreux à utiliser les bicyclet- tes et les cyclomoteurs. Ils seprésentent sur les marchésplus tardivement que les femmes(figure 13). Une fois entréesdans l’enceinte du marché,les villageoisessont assailliespar les commerçantesdioula qui scrutent leurs paniers à la recherchedes articles qui les intéressent.Celles qui n’ont pasréussi à écouler tous leurs produits ou qui n’ont pas été abordéess’installent à mêmele soi et répartissentleurs denréespar lots. Quelques-unesse dirigent versles collecteurs de pahnistes,de kola, de piments, de café et de coton. Toutes les transactionsconcernant la vente desproduits locaux seréalisent entre 5 et 9 h au maxi- mum. A partir de ce moment, les femmesabandonnent leur étalageà la surveillanced’une voisine ou d’un enfant et vont procéder à leurs achatsauprès des tabliers ou descommerçants du centre. Pendantce temps, les hommesse réunissent sous «l’arbre à bangui» pour dégusterle vin de palme tout en veillant sur les cabris et les poulets destinésà la fois à la consommationet aux obligations sociales. Vers 10 h, le marché sedécomprime. Les hommessont les premiers à faire leur apparition sur les routes. Ils reviennent-généralementavec des outils, desvêtements, des poulets, descasiers de vin, maisprinci- ” palement avecdes cabris qu’ils tiennent en laisseou qu’ils ligotent sur le porte-bagagede leur bicyclette. Les femmesquittent le marché en groupe ou en voiture en emportant les produits invendus et les achatsde la semaine.Leurs paniers contiennent toujours du poisson, de l’huile, du sel, du savon,des produits de beauté et desvêtements. On y trouve ausside l’attiéké, desbeignets de farine et du pam qui renforceront le repasdu midi en l’absencedu foutou.

161 ZONE RURALE BOUAKÉ m à Pied --w Intérieur ZONE RURALE (en voiture) izzzlà Bicyclette - extérieur Ià Vélomoteur

0 2 %

Figure 13 - Provenance des acheteurs, vendeurs et visiteurs sur quclqu~s march6s et leur répartition selon le mode de transport utilisé. 162 A midi, le marché a déjà perdu les trois-quarts de sapopulation. Il ne resteplus, sur la place, que les vendeusesde poissons,quelques tabliers et desretardataires qui font rapidement leurs achats.Sur les bords du marché,les commerçantsde Bouaképrocèdent au chargementdes tas de produits qu’ils ont collectéset achèventde remettre dansles caissesles articles qu’ils n’ont pasréussi à écouler. Entre 13 et 14 h, le tout est transporté à Bouakéet le marché,jonché de déchetsdivers, prend l’allure d’un village sinistré.

4-LECALENDRIERAGRICOLEETLESPULSATIONSDESMARCHl3

Les mouvementsdes marchés sont étroitement liés aux différents évènementsqui rythment la vie de la zone rurale (figures 14 et 15). Une distinction doit être faite entre les marchésde forêt et ceux de savane. - Les marchésde forêt sont rythmés par la traite du café et du cacaoet par la période de pro- duction de la banane.Le point culminant se situe entre les mois de décembreet de mars.C’est l’épo- que où le marchéenregistre la plus grande affluence. Sur le montant desachats, les produits impor- tés représentent90% du total. Les villageois utilisent une partie de leurs liquidités pour acheter des vêtements,renouveler leur équipement ménageret pour seprocurer les biens nécessairesà la satis- faction d’obligations socialesdifférées telles que les funérailles. D’avril à juin, le marché sedégonfle, les transactionssur produits locaux enregistrentune aug- mentation brutale à causede la commercialisationde I’igname pour les semences.Le rapport entre produits importés et produits locaux est de l’ordre de 60%. Dèsjuillet, le rapport serenverse progressivement. Dans la zone forestière,la causeessentielle réside dansles chats de riz d’importation qui viennent compenserla pénurie d’ignamejusqu’aux premièresrécoltes en septembre.

-Les marchés de savane sont conditionnés par la commercialisationde l’igname et du coton entre les mois d’avril et juin. Durant cette période, la circulation monétaire est très grande et les achatsde produits importés ont tendanceà croître. Cependant,ces marchés subissent des variations moins fortes de leur activité que ceux de forêt en raison de la diversité desproduits offerts. A côté de l’igname on trouve le maïs dont la production s’étalesur toute l’année et le coton dont l’apport monétaire n’est pasnégligeable entre les mois de décembreet de mars.

En plus de cesfacteurs, quel’on peut qualifier de majeurs,il faut tenir compte desmouvements conjoncturels dûs à la période de production de l’arachide, du maïs, desfruits commeles orangeset l’ananas. Leur portée est tout de même assezlimitée.

S-LESINCIDENCESDELADÉPENDANCEVIS-A-VISDEL'EXTERIEUR

Les mouvementsmigratoires temporaireset durablesà destination du milieu rural et urbain de la Basse-Côteont aussiune influence sur le fonctionnement desmarchés. En effet, une fois la traite du café achevée,les migrants saisonniersappelés communément ((six mois» reviennent dansla zone où ils dépensent sur les marchésune partie desrevenus économisés. Ils constituent la meilleure clientèle desréparateurs de cycleset desvendeurs de pièdesdétachées. Leur agitation et le tintamarre de leurs avertisseursautour de ces deux stands,sous le regardrêveur de leurs contemporainset desjeunes villageoises,raniment les marchéset leur donnent un charmeparticulier. Le marché segonfle ausside la présencede nombreux natifs de la zone qui ont desplantations en Basse-Côteet qui utilisent la morte saisonpour rendre visite à leur famille. Les filles qui vivent dansle milieu urbain affluent à cette époque, davantagedans l’intention de recevoir descadeaux de leurs prochesou d’un prétendant, que pour revoir ou aider leurs parents. Les fonctionnaires et les salariésprofitent égalementde cette période de liesseet de relative abondancepour seretremper dansla vie villageoiseet pour participer à certainescérémonies différées.

163 -- - - Echelle l Décembre-Mars 10 2PKm 2 Avril- Juillet 3 Aout-Novembre

ABOLIKRO /

SAKASSO 123

/

Divers Tubercules et fdculents Ckréales et oléagineux El

Figure 15 _ part relative des produits vivriers dans les ventes de la zone à l’estérieur selon la période de l’année sur les principaus marchés. 165 LE RÔLE DES MARCHÉS DANS LASTRUCTURATION DE LAZONE RURALE

La répartition desmarchés et la nature de leurs relations avecl’espace environnant peuvent aider à apprécierce phénomène.

1 - L’INCIDENCE DU SEMIS DES MARCHBSSUR L’ORGANISATION DE L’ESPACERURAL

Les marchéssont inégalementrépartis sur l’ensemblede la zone. A côté du grand marché implanté dansle centre semi-urbainou le bourg rural, chef-lieu de sous- préfecture, les zonesrurales en ont un nombre très variable (voir figure 2): Béoumi : 8 marchés, Botro : 4 marchés, Sakasso: 5 marchés, Diabo : 2 marchés. Si l’on compareces données à la superficie et à la population, on constate : - d’une part, que la zone rurale disposeen moyenne d’un marchépour 255 km2, dansun rayon maximum de 10 km ; - d’autre part, que le taux de fréquentation représente23% de la population rurale de la zone. A Béoumi, il atteint 38% en raison du marché du centre qui attire quotidiennement les villageois de la petite couronne (figure 24).

SOUS- (1) (2) (3) Rapport (4) Rapport préfecture Population totale Superf.(kmZ) Nb.de marchés 213 Attraction globale 411

Béoumi quotidien 54 700 1710 9 190 21000 38,3 hebdomadaire 12000 21,9

Sakasso 48400 1902 6 317 11500 23,7

Botro 51800 1579 5 315 11000 21,2

Diabo 25 100 665 3 221 7500 20,2

Ensemble 180000 5856 23 255 51000 28,3 42000 23.3

166 2-LESRELATIONSDESMARCHJ?SAVECL'ESPACEENVIRONNANT

Il est possiblede les cerner à partir de la classification établie antérieurementen distinguant les mar- chésselon leur vocation : intrazonale, interzonale et régionale.

Nombre MarchCs MarchCs à MarchCs à Zone rurale de vocation vocation marches intrazonaux intcrzonalc régionale

Béoumi 9 6 2 1 Sakasso 6 3 1 2 Botro 5 1 2 2 Diabo 3 1 2 Total 23 10 6 7

Cette répartition fait ressortir que la plupart des marchés intrazonaux sont implantés en zone forestière. La zone de savanea un nombre plus réduit de marchésmais ils se situent tous au niveau inter- zonal ou régional (voir figure 2). Cependant,il sembleque ce phénomènepuisse être appréhendéd’une manièreplus opérationnelle à l’aide deséléments suivants :

a - L ‘attractionglobale des marchés

Elle permet de saisirl’impact desdifférents types de marché sur la zone rurale (voir figure 2).

Marchés à Marchés à Marchés Zone rurale vocation vocation Ensemble intrazonaux interzonale régionale

Béoumi quojid. 5 000 2000 9000 21000 hebdom. 5 000 12000 Sakasso 1500 1500 8500 11500 Botro 500 2500 8000 11000 Diabo 500 7000 7500 Total 7000 6500 28500 51000 42000

Il aplkraît clairement que leur influence varie selon la zone rurale. Néanmoins,les marchésà voca- tion régionale dominent incontestablement. b - L kigine desvendeurs de produits locaux

Elle donne une première imagedes villages concernés (figures 16 à 22). Leur nombre est fonction du produit et de l’importance du marché.

167 Marchés à Igname Banane Riz Paddy Arachide Maïs Ouré-ouré vocation décortiqué régionale 1 E 1 E 1 E 1 E 1 E 1 E

Béoumi 54 14 45 7 25 8 32 - - - 21 - Sakasso 56 7 60 1 24 - 33 - 14 - 21 - Botro 50 6 44 2 33 3 14 4 43 - - - Diabo 29 7 18 7 26 4 18 - 28 3 - - Abolikro 21 15 21 17 10 4 11 2 9 4 - - Assrikro 20 3 10 - 20 2 10 1 - - 5 - Bodokro 18 - 13 - 8 - 9 - 21 - - -

N.B. 1 = intérieur à la zone - E = extérieur à la zone

On observeque les plus grandescouronnes sont constituéespar I’igname, la bananeet le maïs. Le riz paddy, l’arachide, le ouré-ouré intéressentune plus faible’proportion de villages. Par ailleurs, on constate que les marchésà vocation régionale sont en relation avec30 à 50% des villages de la zone rurale pour l’igname, la bananeet le maïs selon leur spécialisationet 10 à 30% pour I’ara- chide, le riz paddy et le ouré-ouré. Suivant le produit, 50 à 100% desvillages offreurs sont situés dansun rayon de moins de 10 km (figures 16 à 22).

c - L ‘originedes passagers transportés

Elle montre que l’aire d’attraction desmarchés est beaucoupplus vasteque celle desoffreurs de produits locaux (figure 23). On peut considérerqu’en moyenne 80% desvillages desdiverses zones rurales sont en contact, d’une manière plus ou moins intense selon le moment de l’année, avecleur grand marché.

d - Le degréd’in terpénétratibn des aires d’attraction desmarchés

En dehors desmarchés qui sont localisésà la périphérie deszones rurales et de celui d’Aboli!cro, qui occupe une position remarquablemaintes fois signaléedans cette étude, tous les autresont un pouvoir d’attrac. tion qui ne dépassepas le cadre deslimites administrativesde leur sous-préfectured’appartenance (voir figu- res 17, 19 et 21). On ne note que quelquescas d’étirement desaires d’influente : - Béoumi, sur quelquesvillages de Bodokro et de Diabo pour l’igname et le riz ; - Sakasso,sur deux ou trois villages de Béoumi pour l’igname ; - Botro sur Diabo et inversement,pour le maïs et l’igname. Notons que les contacts entre les marchésde savaneet ceux de forêt senouent exclusivement à l’occasion desachats de semencesd’ignames et pendant la soudureentre les mois de mai et d’août. Durant cette période, desacheteurs et desvendeurs font la navette d’un marché à l’autre. C’est aussià cette époque que l’on remarquela présenced’igname en provenancede régionsplus lointaines. Par exemple, à Sakassoont été recensésdes marchands de Toumodi, Tiassalé,Issia, Mankono, Divo, Bouaflé, Tingréla, Dabakala,Toumodi à Béoumi, desvendeurs de Tiassaléet de Dabakala.On ne les rencontre pas sur les marchésde savane.Ceci confirme bien l’observation selon laquelle les zonesrurales de forêt seraientimportatrices d’igname.En revan- che, à Botro, on trouve quelquesacheteurs en provenancede Yamoussokro,Sinfra, Oumé, Daloa et Divo.

168 I Igname PROVENANCE EXTÉRIEURE 2 Banane 3 Riz paddy fx?J BOTRO 4 Arachide m l3ÉOUMI B DIABO

SAKASSO

12345 DIABO )

123456 SAKASSO

Echelle - = 2 villages Ip 20 Km e

Figure 16 -Nombre de villages approvisionnant les marchés selon le produit et la provenance.

169 BiOUMI koviébo BODOKRO BOTRO ABOLIKRO DIABO : Toumodi- ASSRIKRO a

Villnpes otti& par deux marchés A Autres marchis

Csntras srmi-urbains

Figure 17 - Marchés à vocation régionale - 1. Commercialisation de I’igname. 170 -=+=4=4 IKATIOLA

l 7 I 0 - a /

Idi, ASSRIKRO 0 k. AAKASS Villages attir+ par de&

- Limite des zones rurales = Route principale - Rout.¶ aecondoire

Centres asmi-urbains

Figure 18 - Marchés à vocation régionale.- 2. Commercialisation de la banane. 171 1 .KÉ

BOTRO ABOLIKRO DIA60 ASSRIKRO mSAKASS0 Q

- Route principale - Route secondaire ,

0 10' 20 km I

Figure 19 - Marchés à vocation régionale - 3. Commercialisation de l’arachide. 172 BODOKRO BOTRO ABOLIKRO DIABO

- Limite des LOPCS rurales ---=F Route principale Route secondaire

Centres senti-urbains

Dn8rL par Jem~ MICHOTTE

Figure 20 - Marchés à vocation régionale - 4. Commercialisation du riz paddy. - Limite = Route prinCipOt.2 - RoutB. secondaire

centres semi-urbains

Figure 21 - Marchés à vocation régionale - 5. Commercialisation du maïs en grains.

174 - Limite, des zonas rurotas = Route principale - Route ncondoir.

Centras semi-urbains

Figure 22 - Marchés à vocation régionale - 6. Commercialisation du ouré-ouré. 0

pro d ’ 0 / Q

BODOKRO BOTRO

Villages ofti& par deux m AuIrEs morchds

/ TIÉBISSOU

Figure 23 - Marchés à vocation régionale - 7. Passagers transportés. 176 CONCLUSION

Au terme de cette analyseplusieurs points méritent d’être soulignés: - Le dynamismerelativement plus important desmarchés de savanepar rapport à ceux de forêt en ce qui concernela commercialisationdes produits vivriers. Ceci setraduit par le nombre plus élevé de villageset de vendeursintéresses et par le volume desventes à l’extérieur. - La fonction de relais tenue par tous les marchésdans la distribution desproduits importés a un poids plus grand que la sphèred’activités induites par la production locale. - Le faible rôle structurant desmarchés est indéniable. Les effets desmarchés intrazonaux sur leur environnement sont à peu près nuls. On enregistredans les villagesd’accueil la présenced’une ou deux boutiques qui vendent un échantillon de produits très réduit. La présencedu marchén’influence guèreles activités desgroupes de production. Elle accompagnetimidement les tendancesexistantes. - Pour ce qui est desautres types de marchés,l’importance de la demandeextérieure et inté- rieure n’est pasneutre. Elle modèle déjà davantagele milieu ambiant. - Les bourgs ruraux qui abritent les marchésà vocation interzonale ou régionaleont tous un minimum d’infrastructure commerciale.Néanmoins, leur poids sefait surtout sentir sur les villages situésdans un rayon de 10 km. Ceux-ci semblentorienter leurs activités versles pro- duits pour lesquelsils sont assurésd’avoir un débouché.Le casdu maïs sur les marchésde savaneest un exemple assezreprésentatif ainsi que celui de la bananesur ceux de forêt. - La situation est différente dansle casdes.marchés installés dansles centressemi-urbains. Tout d’abord, la taille démographiquedu centre et la demandede produits locaux et importés qui en découle,ont permis la réunion d’un marchéquotidien ou tout au moins d’un embryon. Autour de celui-ci sedessine une double couronne : - une première, très vaste, sur laquelle il a une influence asseznégligeable ; . - une seconde,plus petite, que l’on pourrait qualifier de ((couronnedu bois» dont les villages sont spécialisésdans la vente descondiments, desproduits de cueillette et surtout du bois de chauffe, liée à la demandedu centre. Le marché de Béoumi en est l’exemple le plus typique (figure 24). Sur un autre plan, il sembleraitque cesflux quotidiens de personneset de biens entre la zone rurale et le centre, par l’intermédiaire du marché,aient grandementfacilité l’installation de commerceset de services permanents. Toutefois, cette contribution ne doit pasfaire oublier celle non moins déterminanteexercée par l’équipement administratif, médical et scolairede la ville. Le rôle desmarchés demeure encore limite dansla commercialisationdes produits. Le café et le coton et une grandepartie du palmiste et de la cola sont collectésdirectement dansles villages.Seule, une portion infime transite par les marchés. Pour les autresproduits locaux, la mêmeobservation peut être faite. La plupart destransactions ont lieu au niveau desvillages. En analysantles ventesà Bouakédes zones rurales de Botro, Diabo et gakasso,on s’aperçoitque la part qui passepar les marchésest respectivementde 45%, SO’i/oet 36%,.

177 ECHELLE

0 IQ 20 Km

0 = 2vendeurs de bois de chauffe

I:igurc 24 - Mise en évidence de la petite «couronne du bois» autour de Béoumi.

178 0 Baoulé

m Boutique clTablier Koyarabo Le marché

ECHELLE 10 20 Km

Iiigure 2.5 - Infrastructure commerciale des villages de la sous-préfecture de Béoumi.

179 Ce faible impact desmarchés dans la commercialisationest encore plus évident pour les produits importés. En effet, descommerçants de Bouaké et descentres semi-urbains, de nombreux colporteurs, des vendeursd’ovins et de caprins et de viande de boucherie, serendent régulièrementdans les vihages.En outre, les zonesrurales disposentd’une très forte densité de tabliers et de petites boutiques qui s’approvisionnentà Bouaké ou dansles centreset qui tiennent à la disposition desvillageois certains produits de première néces- sité (figure 25). Leur prolifération atténue considérablementle rôle de redistribution desmarchés. La conjonction de tous ceséléments amenuise leur place dansles activités commercialesde la zone. Néanmoins,l’attraction que tous cesmarchés exerce sur leur environnement soulignebien, qu’à côté des transactions sur les biens de consommationd’origine locale ou extérieure, ils assumentune fonction sociale qui setraduit dans desdomaines divers. Certainesmanifestations s’inscrivent dansle cadre du fonctionnement de la sociététraditionnelle. Le marchén’en est qu’un prolongement et devient un centre de transmissiondes informations de la vie inter-villageoise,le lieu où l’on témoigne sasolidarité au groupe à l’occasion d’un évènementheureux ou malheureux et où l’effet de paradesous ses formes multiples peut s’exprimer avecle plus d’éclat. Sur un autre plan, le marché est fortement conditionné dansles centressemi-urbains par les donnéesnouvelles aux- quellesla sociétése trouve de plus en plus confrontée tels que les impératifs de l’organisation administrative symboliséepar la délivrance de la carte d’identité et du permis de port d’armes,la déclaration de naissance, le règlement desconflits, l’action de la publicité et de techniques d’information toujours plus pdnétrantes. Tous cesfacteurs renforcent l’importance socialedu marché - il serait plus exact de parler du jour du marché - et en font un lieu de rencontre et un observatoireprivilégié de ce monde rural en pleine mutation.

180 q TlhlG& cl KATIOLA

BOUAKt L!!9 -/

SAKASSO

L de S/Prlhcl ur. 0 K) 20 *m

I:igure 26 - Zone inondkc par Ic barrage de Kossou 181 a* ~a 0 l :. sa. . . . . e f* * DZ. l ::a .*. --0b . . l 0% 0. *3 ;. . - . 00 . . . . i’. a.. *. l . :_ 0. a. l .=. . l:> 0. l . l * l -0 0 .*...’ :. lab oo a* l a aa . y. 0 0. 0% .g .a 0::: 0 Oa *a 4 * :. . . . e e...- . -e-_ 1 l * *-r-r .: 0. 0. :* ,i:. . .; $* oa*-*- .I , 0 ..*.O 0. . - . . *:@Il 0:. : 01 * l aa 1. *a 0:. 00. 0. :: a l a .o 0 0% ee- o%F t. , :a . . 0.0 i -- 0.7 --- . . .-p; ;ie;-” 2 oe eoe ..:..** . -- . 00 ee .*:z l l . 0 ..*: :t ‘t, 0l :.: :: 0. . * :.:. . . 0. Zo ..* 3 . .. . - . 0. i* $0’ - l , . . .-•. . l ..O - a..?? r... o :* -12 - -a.. * . . . ’ . k i . . . . . oe . . 0*o* . .*.ao.. . l. oa.aov $0 l . e:., 08 -0:. _‘. . . _ -9. 9. $ -0 ;:. * -0 . . 0:. oe. 0. *i’. 0 0 l i-e . a0l : 0 030 l a ie 0: l a . 0% =a . a. 0.s l : :e$e ago l *fe* Oa 0. l % l . l .a. V * 0. a.* *a e : .= l e *a* . .*y’ l. V e :a . ::a: l *a l e 0. . ao.: a l me W l e l * , a!! oe .. et l . . *a . . s: a Ze 0.0 a* e a. oee l : ..a 20 l * . . l : .r- - l r4 . t). *:‘a ‘Z a* . o-h- l l *a t . . eo l a% 0. .; a l @: e:e p* 0. :i: 0. . . ‘2.. l a 00 l l 0: *a? o@ 0 l e :* 0. *a “,f;ge :. 4 .%00@ Y.0 .* :- - -F .:* % aa0 l 2 l :*a .l . : 0: $8 a0 8: l :3. e*@*i ie l ? 0. .b”::..* ta- t

Figure 2’7 - Localisation de la population dans les sous-préfectures de Béoumi, ’ Bodokro, Botro, Sakasso et Diabo. 182 Un exemple de fonctionnement de marché rural à proximité d’une agglomération urbaine LecasdeBrobo

G. ANCEY INTRODUCTION

Brobo est le chef-lieu de sous-préfecturedu «canton» Ahari situé au km 26, à l’est de Bouaké sur la piste de M¶Bahiakro. Le village ne dépasseguère 1500 h et l’ensemblede la zone, un peu plus de soixante villagesrépartis sur 1300km2,regroupe prèsde 21000 hen 1967(l). Localisé sur l’axe routier et au carrefour de pistes secondaires,Brobo avait naturellement vocation à ce rôle de marché.Mieux, et contrairement à ce que l’on observeà l’intérieur du «quadrilatèrerural» de Bouaké où les marchésde moyenne importance sont très nombreux, Brobo présentela particularité d’être en pratique l’unique marché de sa sous-préfecture.C’est aussile seul marchéhebdomadaire de tout le pays baoulé à.tenir sesassises le mardi. Cela expliquera en partie l’importance de son trafic routier. Ainsi les flux commerciaux sont-ils relativement simplesdans leur structure, bien rythmés dansle tempset importants dansleur volume. C’estpourquoi le casde Brobo paraît très intéressantnon seulementsous l’angle économiquemais aussiau regard de l’analyse théorique et de la compréhensiondes mécanismes d’articulation entre une zone rurale et un centre urbain limitrophe. Nous avonsdonc poursuivi l’observation de ce marché durant six mois consécutifs,d’avril à septem- bre 1967. Seule,une enquête aussicontinue nous permettait de dépasserl’analyse purement quantitative des flux produits-marchandiseset de démonter la mécaniqueinterne du marché(une simple quantification de flux peut être faite valablementen deux ou trois observationsopérées à intervalles plus ou moins longs). Ainsi les relations dynamiquesde divers paramètrestels que : population, trafic routier, volume des ventes,etc.. bien que constituant un aspectessentiel de toute étude de marché, seréinsèrent-elles dans le cadre spatial qu’est l’aire d’attraction du marché,elle-même organisée autour de son centre en micro-zonesspéciali- séesdans leurs productions et hiérarchiséesdans leurs fonctions. On voit alors comment s’articulent, la zone par rapport au marché,et le marchépar rapport à Bouaké. En définitive, Bouaké diffuse, pour ne pasdire distille, son influence par le biais du marchéjusqu’en les moindres villages de la zone. C’est ce processusde diffusion que par une observation continue nous avons tenté de cerner. Dans une premièrepartie, nous décrironsl’évolution du marchéau cours de l’année. Puis nous préci- seronsla notion d’espaceéconomique du marchéavec un découpageen sept micro-zonesdont nous dresserons, pour conclure, le bilan.

(1) Une pürtic du tcrritoirc est constiluk dc f’orEls cl;~ssh, cc qui porlc Iü dcnsilk dhographiquc dc 10 B 25 d;lns Ics râ- gions réellement habitées. D’autre part, la zone rurale du march6, dhbordant à I’cstéricur dc IÜ sous-prblècturc, touche en fait dc 21 à 23000 II.

184 L’ÉVOLUTION DU MARCHÉ AU COURS DE L’ANNÉE

1 - LES PREMIERS INDICATEURS DE CETTE EVOLUTION

A - LE DÉPOUILLEMENT DES TONLIEUX

Nous fondions une certaine espérancesur le dépouillement desdroits de marchéthéoriquement perçusauprès de chaquevendeur installé, reversésmensuellement au Trésor qui les ristourne à la sous-préfec- ture sousforme de crédits de fonctionnement. Cesdroits s’échelonnentde 10 F CFA pour les plus petits vendeursà 50 F CFA pour les bazars, marchandsde poisson,vendeurs de volaille ou de vin de palme, etc.. toutes les combinaisonsintermédiaires ‘étant possibles. ~ ” Analyséspar série de coupons,les résultats sont assezdécevants en ce sensque l’évolution peut tra- duire simplementle zèle plus ou moins vif des collecteurs ou les consignesde la sous-préfecture,et surtout parceque l’on ne peut établir un rapport constant entre le type et la quantité de taxes perçues,la nature et le nombre de points de vente sur le marché. La ((personnalisation»de l’impôt ne reposeévidemment pas sur une connaissanceprécise du chiffre d’affairesindividuel. En outre, il est fréquent de voir certainesvendeuses s’agglomérer ou sefractionner en plusieurs ((unitésbudgétaires)), à la vue descollecteurs, si elles pensentgagner à l’opération. Néanmoins,la masseglobale desrecettes, si elle varie beaucoupd’une semaineà l’autre, montre une nette évolution au cours de l’année, avecune forte croissancede janvier à avril, une nette décroissancejus- qu’en juillet puis un secondsemestre à peu près stable(figure 1). Cette évolution s’opèred’ailleurs davantagepar la quantité de taxes perçuesque par leur valeur moyenne qui oscilie de 28 à 29 F durant le premier semestreet autour de 25 F durant le second.

B - LES TAXES DE STATIONNEMENT DES VEHICULES

Tout autour de Bouaké desvéhicules (type camionnette Renault 1000 kg) portant ou non le maca- ron ((Approvionnementdes marchés» desservent les différents marchés,transportent les commerçantsde produits manufacturésou alimentairesimportés et rapportent en ville les produits de la brousse. La plupart ne secontentent pas de stationner sur la place du marchémais rayonnent encore versles villagesune ou plusieurs fois dansla matinée. D’autres assurentsimplement desnavettes vers Bouaké.Certains enfin à destination de lieux plus lointains (M’Bahiakro, Daoukro, etc..) tirent égalementprofit d’une halte au marché. Tous sont astreints à une taxe forfaitaire de 100 F quel que soit le nombre de fois qu’ils pénètrent et stationnent sur le marché (en général,un véhicule réalisedeux «entrées»avec un nombre moyen de huit- dix passagerspar voyage).

185 . Recette Hebdomodoire

OL 1 1 I 8 1 1 t Annh 1966 J F M A M J J’ Ao S 0 N D

Figure 1 - Brobo : recettes moyennes hebdomadaires en 1966 des droits 10-20-30-50 Frs (tases des vdhicules esches)

Nous avonspu dénombreren moyenne 70 véhiculesjusqu’en mai et, par la suite, on en comptait encoreune soixantaine. Ainsi le trafic routier apparaît beaucoupplus stable que le volume réel d’activité du marché. C’est Pune desconséquences de la proximité de Bouaké dont la demandeconcerne souvent desproduits pondéreux ou volumineux tels que le bois, expédié par grandesquantités, les volailles par cagesentières, le manioc sec, le maïs en grain, le palmiste, serrésen sacsde 50 à 80 kg. L’igname enfii dont le trafic s’exprime en quintaux et en tonnes (2). Compte tenu de la nature et du volume desproduits commercialises,nous avonsestimé à une cin- quantaine le minimum de véhicules nécessaires,en période creuse,à Brobo (pour une rentrée monétaire fina- lement faible).

2 - L’EVOLUTION DU TRAFIC ROUTIER

Quoique relativement stableglobalement, la fonction-transport de Brobo demandeà être étudiée plus en détail si l’on veut mettre en évidencecertaines modifications d’indicateurs liées à la présencede Bouaké. En simplifiant à l’extrême, on peut distinguer au moins trois grandescatégories de véhicules :

(2) II est curieux de constater que d’autres march6s importants. situes 6galcmcnt à proximit6 dc Bouaké (Bamoro. Kan. Djebonoua,..) sont loin de réunir un tel trÿfic routier.

186 1 - Ceux traduisant l’intensité des relations intra-zonales, c’est-à-direle trafic propre au marchéet à sazone environnante. C’estle casdes véhicules dont la principale fonction consisteà rayonner vers tous les villagesaccessibles. 2 - Ceux traduisant l’intensité des relations avec Bouaké. C’est le casdes navettes ville-marché. 3 - Ceux traduisant l’intensité des relations entre la zone du marché et l’extérieur, montrant en som- me la capacitéd’un marchélocal à dépasserle cadre de sapropre région. Au terme d’une enquête menéeen deux temps,en avril puis en août 1967, que nous n’illustrons ici que par les résultats essentiels,nous aboutissonsaux chiffres suivants :

Tableau 1

vers avril vers août

Nombre de taxis 15 65 Nombre d’ccentrées» 142 115 Nombre de passagers 1240 980 Types de taxis : 1 29 17 2 20 24 3 26 24 Origine des passagers Nombre % Nombre 8 Bouaké 560 45.2 525 53.6 Zone 665 53.5 315 38.3 Extérieur 15 1,3 80 8-1 Total 1240 100 980 100

D’avril à août, le phénomènele plus net est la réduction absolue et relative des c(entrées))dues aux villages de la zone. Au contraire, Boualcé se maintient presque en valeur absolue et progressefortement en valeur relative. Cela traduit le rôle de la ville comme fixateur d’activité dans la zone rurale voisine, grâce à la constancede sesachats en produits vivriers ou de sesventes en produits manufacturés. L’extérieur progresseencore plus nettement et l’on voit apparaîtreun phénomèned’extra-version croissantedu marchélocal en période de déclin de commercialisation,dont on verra la causeplus loin. Il ne.fait aucun doute que le marchéhebdomadaire parvient tout au long de l’arméeà maintenir un important courant d’activité mais qui sembleà certains égardsdisproportionné et commeen margede la zone elle-même. Brobo garde son marché,mais est-cetoujours le marché desgens de Brobo ?

3 - LE VOLUME GLOBAL DES TRANSACTIONS

A - L’ASPECT GgNl?RAL DU MARCHÉ

Vers avril, le marché demeuretrès animéjusqu’à 1lh-1 lh30. Peu à peu, au fil desmois, la durée d’animation seréduit et la baissed’activité sedécèle autant par ce raccourcissementde durée que par la dimi- nution du nombre de taxis, d’acheteurset de vendeurs.

187 En mêmetemps, certains produits (igname tardive) ou marchandisesse raréfient. D’autres prennent la relève (maïs, manioc, ignameprécoce ..). En début de période, on compte près de 750 vendeuseset vendeursde produits locaux et 260 «ta- bliers» de produits manufacturésou vivriers importés (dont 220 venus de Bouaké). En fin de période, on arrive au mêmenombre pour les produits locaux mais l’on ne compte plus que 190 «tabliers» dont 160 venus de Bouaké. Les transactionspeuvent sechiffrer ainsi (en francs CFA) :

Tableau 2

Produits vers avril vers août taux de diminution

Vivriers locaux et régionaux (y compris riz et échalottes) 227 000 199 500 12% Non vivriers locaux et régionaux 62000 49 500 21 % Poisson - Élevage 134000 118000 12 clc Plats et boissons 49500 19000 62 % Alimentaires importés 70000 49000 30 56 Manufacturés 217000 117000 46 7c Ensemble marché 759 500 552000 27 C/c + boutiques 65 000 56000 14 52 Total chiffre d’affaires 824500 608 000 26 R

L’igname représente,vers avril, près de 45 % desproduits vivriers locaux et le maïs 6%. Vers août, la part du maïs atteint 30% et celle de l’igname tombe à 20%. Bien que situé en zone de savane,Brobo est aussiun centre important pour la collecte du palmiste. Chaquemardi, de 15 à 20 sacs,pesant 85 kg, sont dirigés vers Bouaké pour le compte desSociétés Abile-Gai, Hollande et CFCI. Le bois représentede 32 à 40%, selon la période, desproduits non vivriers locaux. Le poisson de 67 à 69% desproduits carnés,et les volailles, toujours d’origine locale, environ 26%. Brobo est donc un marchérelativement varié en produits pondéreux (bois, igname,maïs, manioc, palmiste) ou volumineux (volailles).

B - DESTINATION DES PRODUITS

Ventiler correctementla destination finale des achatsa été, on s’en doute, un problème crucial qui, s’il ne soulèveguère de difficultCs pour certains produits tels que le maïs, le palmiste, le bois, écoulésmassi- vement sur Bouaké ; le poisson fume, la viande, les denréesmanufacturées, acquis par les villageois de la zone, s’avèrebeaucoup plus délicat pour certains vivriers (graines,condiments, igname ..).

(3) Pour mieux apprécier ces coefficients, nous avons dû recouper certains résultats avec ceux tirés d’enquêtes budgétaires menées entre les mois d’août et novembre 1967 sur un échantillon de 64 exploitations agricoles dont nous étudiions les structures de production.

188 En dépit de la répétition de nos observations,les coefficients de ventes à Bouak6 ne sont.donc que desordres de grandeur susceptiblesd’évoluer d’un marché à l’autre ou d’une annéeà l’autre (3). Ont été, en définitive, retenuesles valeurs suivantes(arrondies) :

Tableau 3

Y%d’achat de Bouaké (4) Produits vers avril vers août

Vivriers locaux et régionaux 70 71 Non vivriers locaux et régionaux 52 62 Poisson - Elevage 20 19 Plats - boissons e e Alimentaires importés e e Manufacturés - divers e e Ensemble 29 31

D’où il ressort que la part de la zone va en s’amenuisantau cours de l’année dansl’ensemble du chiffre d’affaires du marché. Les premierschiffres du tableau 3 sont très significatifs de l’emprise totale qu’exerce Bouaké sur le marché.En ajoutant le chiffre d’affaires descommerces fixes installés à Brobo, la part de Bouaké serait à peine moins élevée. D’une perwde ti l’autre, l’achat moyen de la zone régressed’environ 34% et celui de Bouakéde seulement6%. La régressionde la zone est donc beaucoupplus sensiblesur tous les produits y compris les produits locaux. La structure des achatsde la zone s’estainsi profondément modifiée. Commeles achatsde Bouaké ont relativement peu fléchi en valeur absolue,on a indirectement la confirmation que le marchéhebdoma- daire’estloin de jouer un rôle aussiimportant dansles entréesque dansles sortiesmonétaires de la zone puis- que les principaux élémentsdu revenu viIlageoisqui ne transitent pas par le marché parviennent à en gauchir la structure. En ce sens,l’étude d’un marchérural est davantageun outil de compréhensionet d’éclairaged’un monde social que d’appréhensionde flux économiques. Cependantle marché resteun observatoireprivilégié en nous permettant de saisirla diversité des processusde diffusion desinfluences urbaines sur la zone environnante. Le tableau précédentnous montrait en effet descoefficients d’achat par Bouaké très variablesselon le type de produits considéré. Il en résulte que certains villagesou groupesde villagesse définissent par des «coefficientsmoyens de dépendance»à l’égard du centre urbain plus ou moins élevésselon le genre de spécialisationsauxquelles ils s’adonnent. En effet, sur l’ensemblede la période, nous pouvons retenir pour les principaux produits locaux les coefficients moyens suivantsd’achat effectué à Bouaké.

(4) Marché stricto sensu.

189 Tableau 4

% d’achat de Produits Bouaké

Bois . 100 Palmiste 100 Maïs 95-100 Noix de palme 80 Eponges-Eventails 80 Volaille 1.5 Maqioc sec 75 Condiments, fruits, légumes 10-15 Paniers-corbeilles 66 Igname tardif+ précoce 60 Poterie 40-45 Canne à sucre 33 Tabac 10 Vin de palme 0 Attiéké 0 Beignets !3 Viande 0

A la limite, une microzone, qui n’offrirait sur le marché que du bois ou du palmiste, serait donc dépendante à 100 % de Bouaké. Une autre, qui ne serait représentéeque par desvendeurs de «bangui» (vin de palme), d’attiéké (semoulecuite de manioc), de beignetsou de viande, dépendrait à 100%des achats villageois. D’où la nécessitéde définir en fonction d’un ensemblede produits l’espaceéconomique du marché.

190 L’ESPACE Éc0N0MIQUE DU MARCHÉ

Le marchépolarise et articule l’espaceéconomique de la zone rurale en mêmetemps qu’il révèle toute la complexité desvariantes micro-zonales. On peut schématisergrosso modo l’aire de ramassagedes produits par un cercle de 15 à 20 km de rayon, comprimé davantagevers le nord-ouest, le sud et le sud-ouest,franges d’interférence avecles marchés de Langbassouet de Gare-Kan(S-P. Bouaké) ou de Bangbossou(S-P. Didiévi) ; plus étalé à l’est où la densité démographiqueest moins forte’ et partant les marchésconcurrents moins nombreux (5). Nous allons consacrerles deux paragraphessuivants à précisercette notion d’aire d’attraction:En premier lieu nous examineronsl’apport desproduits locaux agricoleset artisanaux en fonction de certains paramètres(distance, diffusion spatiale,concentration d’offres) ; puis nous présenteronsun découpageen sept micro-zones.

1 - L APPORT,DES DIFFERENTS PRODUITS

Chaqueproduit (i) sedéfinit selon trois paramètres: 1 - les distancesmoyennes des apports (pondéréespar les quantités offertes) ; 2 - le pourcentagede villagesoffreurs dansl’ensemble de la zone (ni/N) (ou diffusion spatiale) ; 3 - la courbe de concentration de l’offre entre les ni villagesoffreurs.

A - DISTANCE D’OFFRE ET PROPORTIONDE VILLAGES OFFREURS

Les deux premiersparamètres sont croisésdans le tableau 5. En ordonnée, figurent les pourcentages croissantsde villagesoffreurs, en abscissela distancekilométrique moyenne de l’apport. On voit que l’attiéké, les beignets,les sirops sont produits exclusivementau chef-lieu. Dansles courtes distances,le bois est le produit le plus largement diffusé. Autant dire que tous les villagessitués à moins de 5 km sont, par vocation, offreurs de bois. En retour on ne dépasserajamais le rayon de 9 km car le bois ne justifie pasle transport automobile.

(5) Les clivages tribaux ne constituent jamais un obstacle absolu aux relations commerciales, spécialement en période de soudure. Néanmoins, le cloisonnement se fait davantage sentir dans la vente des produits vivriers, en principe assuréepar les résidents du canton, que dans leur achat. C’est le cas de Brobo où près des deux-tiers des produits locaux quittent le canton Ahari. En ce sens le passaged’un marché de pur troc (produits locaux contre produits locaux) à un marché de troc différé tend naturellement à élargit l’aire d’attraction du marché.

191 Le vin de palme est déjà un produit de moindre diffusion, au moins au niveau du marché. Au delà de 7-8 km en effet la vente sefait directement au village, entre ((cours)). La canne à sucre ainsi que l’artisanat despaniers et de la poterie sont très localises.Pour la canne à sucre,dont on ne compte de toute façon que quelquesvillages où la production excèdel’auto-consommation, desraisons écologiques l’expliquent. C’est en outre un produit d’assezfaible valeur volumique (5-10 F CFA la canneou 6 F le kg). L’artisanat, la poterie notamment, trouve très souvent desconditions de développementpropices à proximité desmarchés. Nous l’avons bien souventvérifié, non seulementà Brobo, mais à Langbassou,Gare- Kan, M’Blakro, etc.. Au delà de cette première ceinture du marché,assez facilement définie, les apports changentpeu & peu de nature sansqu’il soit possibled’établir une règle générale. La volaille, l’igname, les légumes-condimentset fruits sont les produits les plus diffus. En ce qui concernela volaille notre enquête complémentairesur les exploitations.agricolesde cinq villages avait confir- mé cette fréquencedu petit élevagequi représenteun appoint monétaire fort important danscertains cas. Le tabac tresséou pulvérisé ne serencontre, peut-on dire, dansle canton Ahari qu’auprèsdes villa- gesdes sous-groupes N’Denou et Akpouessoulimitrophes descantons riches en tabac dessous-préfectures de Bouaké et de Didiévi. Le maïs et le manioc secsont deux cultures secondairespour la zone de Brobo (chaque exploitation cultive une moyenne de 0,230 ha de maïs ou maïs-maniocet 0,120 ha de manioc). Leur période principale de vente est en outre assezcourte, se situant à la soudure d’ignamepour le manioc (mai-juin) et versjuin-juillet- août pour le maïs. L’igname tardive (récoltée en janvier) dont les principales variétésconstituent la basealimentaire du paysanbaoulé est une denréeque personnene néglige. Les rendementssont cependanttrès variablesd’une annéesur l’autre. Brobo n’avait eu qu’une médiocre récolte en 1967 et si, vers avril, la zone pouvait encore sesuffire à elle-mêmetout en exportant, à partir de juin desquantités croissantesprovinrent de l’extérieur (M’Bahiakro - Didiévi - Bocanda- etc..). Durant la deuxième quinzaine d’août, quand les dernièresvariétés tardives sont commercialisées,la distancemoyenne desvillages offreurs atteignit la limite de 19 km ! Jusqu’à 50% desoffres provenaient alors de l’extérieur. Le transport routier prit ainsi le relais, d’où un phénomèned’extra-version de la fonction transport avecpour corollaire le recul de la zone décrit précédemmentdans le tableau 1 (6).

(6) Cet apport extérieur d’igname met parfois en jeu des circuits d’échanges triangulaires du type suivant : Une vendeuse originaire de Brobo s’empare de poisson fumé vendu relativement bon marché par les commerc;ants «dioula)) venus nombreux de Bouaké. Elle va l’écouler avec profit sur le marche de Didiévi où elle acquiert à un prix relativement bas de I’igname qu’elle revend plus cher à Brobo. Elle achète à nouveau du poisson et l’échange recommence.

192 ‘l’üblcau 5

lin km, (listancc moycnnc dc I‘ofl’rc % des villages offreurs o-3 +3-5 + 5-7 + l-9 . . + 15..

-5 AttiCké Beignets Sirops 5- 9 (‘annc à sucre Paniers Poteric 10-19 fipongcs ou Eventails 20 - 29 Vin dc p~lmc 30-39 Bois Tabüc. Maïs, Gr. de palme 40-49 Manioc sec Palmistc 50-59 Volaille Igname Pr. Igname T. Igname T.(avril) (juillet) 60 et+ Légumes et Fruits

Tableau 6

X % des villages offreurs > 50 % de l’offre % des villages X%= offreurs -5 5- 10 10 - 14 15 - 19 20 - 24 25 - 29 30 - 34..

Faible diffusion - 5 Attiéké Beignets sirops 5- 9 Poterie Paniers Canne à sucre 10 - 19 Eponges Eventails ______c___c______------_----- Moyenne diffusion 20 - 29 Vin de pülmc 30-39 Tabac Bois Mi ïs Gr. de palme 40-49 Manioc sec Piilmistc ______---_------..-.. .- - -- ___.______._ -_. .._ _..____. _ -- .-_.. _... --. ------. . .-.- Grande diffusion SO-59 Ignamc Pr. Ignamc 1‘. Volaille 60 et+ LCgumeset Fruits -_------__~.--~... _ _ ___. -. _ - _ _. - .~ ._ - TrCs forte concentration Forte à moycnnc concentration hiblc conccntrütion

193 B - DIFFUSION SPATIALE ET CONCENTRATION D’OFFRE

Les paramètres2 et 3 sontcroisés dansle tableau 6. En ordonnée sont reportés les mêmespourcen- tagesde villagesoffreurs que dansle tableau 5. En abscisseparmi les villages offreurs la proportion X % suffi- sant à assurerau moins 50% de l’offre du produit. On peut distinguer dansle tableau plusieurs secteursavec, de haut en bas,un degrécroissant de «dif- fusion» et de droite à gaucheun degrécroissant de ((concentration)). Les produits de faible diffusion sont ceux qui intéressentmoins de 20% desvillages. Entre 20 et 49% on parlera de moyenne diffusion. Au delà de 50%, on considèreraqu’il y a grande diffusion.

- Un produit faiblement diffuse peut à son tour faire l’objet d’une offre plus ôu moins concentrée. Hyper-concentrée,c’est le caslimite desproduits de bouche du chef-lieu, dansune moindre mesuredes épon- gesen fibres de rônier . Fortement concentrée,c’est le casde la poterie. Très peu concentréeest au contraire l’offre de canne à sucre,ce qui signifie dans ce casque quelquesvillages separtagent à égalité le marché. - Parmi lesproduits de moyenne diffusion l’éventail des situations possiblesreste largementouvert depuis le vin de palme assezégalitairement réparti entre offreurs, bien qu’ayant un degréplutôt faible de dif- fusion (cf. canne à sucre),jusqu’au manioc sectrès fortement concentré en dépit d’un nombre de villages offreurs beaucoupplus important. Les fruits du palmier, le bois et le maïs occupent une position moyenne de diffusion comme de concentration. - Les produits de grande diffusion ne font jamais l’objet d’une offre totalement déconcentrée.L’igna- me précoce,en particulier, dont les premièresrécoltes commencentau mois d’août est un produit régulière- . ment dominé par quatre-cinq principaux villages qui ne sont d’ailleurs pasnécessairement les mêmesque pour l’igname tardive (7).

En résu-mé,les courbes d’offre des produits locaux présentent des profils très divers qui montrent l’exacte limite de la notion d’homogénéité d’une zone rurale même aussi restreinte et apparemment aussi uniforme que Brobo. -’ ‘_ Celanous a alors conduit à distinguer sept micro-zones.

2 - LE DEC0 UPA GE EN SEPT MICR O-ZONES

Au terme d’un découpagegéographique qui est lui-même une simplification de la réalité sept petites zonesont été individualisées : 1 - Centre : comprenant les villages situés dansun rayon de 3 km autour de Brobo (7 villages) ; 2 - Sud : comprenant 4 villages sur la piste de Didiévi, dont 3 extérieurs à la sous-préfecture; 3 - Sud-Ouest: 6 villages, dont 1 sur Bouaké ; 4 - Ouest : 5 villages, dont 1 sur Bouaké ; 5 - Nord-Ouest : 11 villages ; 6 - Nord-Est : 21 villages ; 7 - Est : 12 villages.

(7) Il nous est apparu à travers cette étude du marché que les principaux offreurs d’igname ne figuraient pas, en général, aux premiers rangs des villages producteurs de coton Allen. Il y aurait donc interférence entre les nouvelles spéculations industrielles et les cultures vivrières traditionnelles. En réalité, le phénomène n’est pas aussi tranché. Le plus gros offreur d’ignames de la zone occupait en 1967 un rang très honorable parmi les producteurs de coton. En outre, maints villages non cotonniers ne se distinguent pas davantage par des ventes d’igname. Enfin, la vente d’un produit dénote parfois un simple surplus temporaire (ou même un pur besoin monétaire) qu’un rachat devra compenser peu de temps après. Pour autant qu’elle se produise l’interférence igname-coton est toujours étroitement fonction du groupe de taille d’exploita- tion que l’on considère.

194 Chacune,de taille très variable, sedifférencie en outre par le degréd’intensité desrelations qu’elle entretient avecle marché(son «taux de fréquentation» moyen du marché), ainsi que par le type de produits vendus(son «taux de dépendance))moyen vis-à-visde Bouaké).

A - LE TAUX DE FREQUENTATION DU MARCHÉ

Ce taux s’appréhendeassez facilement à partir de la liste desvillages (ni villagespour la micro-zonei) et du nombre de produits considérés.Ainsi le taux de fréquentation de la micro-zonei est au maximum égal à 100 si sur l’ensemblede lapériode d’observation chacun desni villages setrouve effectivement représenté par chacun desproduits retenus. En général,le taux moyen est très nettement inférieur à 100, ce qui indique soit que l’aire d’attrac- tion théorique est trop étendue (la zone de fortes relations est en fait deux fois plus réduite) soit que de réellesspécialisations se sont d’ores et déjà instaurées. Cesdeux facteurs interviennent conjointement et l’on obtient pour l’ensemblede la zone telle qu’elle a été définie un taux moyen de 27,4 ! En d’autres termes,le marchéfonctionne très en deçàde sacapacité d’échange théorique. Cela n’a rien de surprenant puisque Brobo est le seul marché du canton Ahari au détriment de nombreux villages éloignés(8). Par ordre de fréquentation décroissanteles sept micro-zonesse répartissent ainsi, tous produits locaux considérésà l’exception de la viande qu’il est impossiblede ventiler géographiquement: C Z= 57.1 Distance moyenne - 2,3 km NO = 35,9 = 878 SO = 31.5 = 730 E = 30,6 . ZZ ll,o 0 = 24,4 = 7.0 s = 21,6 = 98 NE = Il,7 = 14,7 27,4 10 Mis à part le Centre dont les relations avecle marché sont deux fois plus intensesque dansl’ensem- ble de la zone et le nord-est au contraire mal desservipar l’extrême éloignementde plusieurs villages,les autres micro-zonesont descoefficients prochesde la moyenne.

B - LE TAUX DE DÉPENDANCEVIS-A-VIS DE BOUAKÉ

Connaissantpour chaqueproduit la quantité réécouléeà l’intérieur de la zone ou expédiéesur Bouaké(cf tableau 4), il nous a été assezfacile de hiérarchisernos sept micro-zonesen fonction de leur plus ou moins grande dépendancede Bouaké,par interviews sur l’origine villageoisedu produit. Le classementauquel nous aboutissonsn’a rien d’absolu mais explicite le phénomènefondamental _ de diffusion de l’influence urbaine et finalement le processusde remodelagedu milieu rural, soit par l’émer- gencede structures spécifiquesd’exploitations agricoles,soit par l’accentuation de particularismestraditionnels. Ce qui ôte néanmoinsquelque rigueur à notre analysereste en définitive l’étroitesse de la fourchette descoefficients obtenus, compte tenu de la marged’erreur susceptibled’entacher par ailleurs les pourcentages

(8) II est juste de faire remarquer que la majeure partie de la population se trouve en fait concenfrde à Yintérieur du périmè- tre de fortes relations (plus des deux-tiers de la population dans un rayon inférieur à 11 km). Le second facteur (spéciali- sations inter-vibgeoises) apparaît donc prépondérant dans la faiblesse du coefficient.

195. retenus au tableau 4 (en particulier celui relatif à un produit capital : I’igname). Moyennant cette restriction les coefficients de dépendances’échelonnent comme suit :

I 2 AttiCkC. beignets. sirops ct viande CSCILIS Tous produits rctenw

1 - Ouest 83.9 F 1 - Ouest 81.5 a 2 -Est 12.0 Q 2 - Est 72.4 ‘4. 3 - Nord-Ouest 72.4 % 3 - Nord-Ouest 11.1 vi 4 - Sud 6 9.1 ($1 4 - Sud . 69.7 ‘;/c 5 - Centre 67.9 C 5 - Nord-Est 66.2 5% 6 -Nord-Est 66.6 76 6 - Sud-Ouest 62.3 ‘% 7 - Sud-Ouest 6 2.4 % 7 - Centre 58,0 Y% Ensemble 70.1 “/n Ensemble 66.5 %

L’ouest de la zone qui dépasse80 % tranche nettement sur les micro-zonesEst, Nord-Ouestet Sud voisinesde 70 %. Le Nord-Est, le Sud-Ouestet le Centre sont les moins dépendantesde Bouaké. Il ressort de ce classementque l’influence de Bouaké s’amenuisemoins d’Ouest en Est le long de la piste de M’Bahiakro, qu’en poussantvers les enclavesdu Nord-Est ou du Sud-Ouest. Le Nord-Ouest doit son bon rang au fait que plusieurs de sesonze villagesfréquentent aussibien Langbassoule jeudi que Brobo le mardi et voient ainsi doubler leurs possibilités de contact avecBouaké. L’enclave du Sud-Ouestne tire au contraire aucun avantagede la proximité du marchéN’Dranoua de Gare-Kan. On aurait pu s’attendre a priori à voir le Centre figurer en meilleure position. En fait, Brobo-village regroupeenviron 40% de la population de cette micro-zone et en tant que lieu de marché,apparaît surtout commele carrefour où seconjuguent diversesinfluencesles ventesde denréesà consommersur place ou. destinéesà la population fonctionnaire locale deviennent prépondérantes.Le Centre obtient d’ailleurs le dernier rang si l’on réintègre I’attiéké, les beignets,les sirops et la viande. La figure 2 illustre la structure des ventes de chaque micro-zone et leur ordre de dépendance. Bien que fondamental, le rôle de Bouaké n’est donc pas uniforme..La nature et le volume de ses achats introduisent de profondes distorsions monétaires qui vont à leur tour réagir sur les comportements et les motivations des villageois.

196 0 / / /-- -- / / / / Volaille \ \ Artisanat

Surface du cercle oroportionnelle 5 ...... _ a’ I offre totale de chaque micro,-zone ...... m...... \ ...... / ...... *.,.a.* 9 ...... * :.Y \ * *L-t7

/ Y / / /

Figure 2 - Brobo : Offre en tous produits des sept micro-zones et ordre de dépendance à I%&d de Bouaké.

197 LE BILAN DES ÉCHANGES DES SEPT MICRO-ZONES

Connaissantle chiffre d’affaire moyen par produit, connaissantd’autre part leur origine de façon préciseet de manière plus qualitative leur destination ; en émettant par ailleurs l’hypothèse que notre obser- vation d’avril à septembrepeut être valablementextrapolée à l’année entière. nous avonsen mains toutes les donnéespour esquisserun bilan d’échangespar micro-zone. Cependant,en ce qui concernel’achat, une secondehypothèse a dû être formulée. Nous avions le choix entre trois sériesde pondérations : 1 - une pondération démographique; 2 - une pondération calculéeà partir des «taux de fréquentation» du marché ; 3 - une pondération identique à celle desventes. Après réflexion nous avonsjugé qu’aucune ne peut être privilégiée, c’est pourquoi nous retiendrons pour pondération la moyenne destrois (9). A partir deschiffres établis dansles tableaux 2 et 3, nous pouvons estimer l’achat total desvillages de la zone à une moyenne hebdomadaired’environ 500000 F CFA, dont : - 105000 F de produits locaux, - 395 000 F de produits importés. Parallèlement,Bouaké achètepour une valeur moyenne d’environ 208 000 F CFA de produits locaux. L’échangeglobal serésume donc par le tableau 8.

Tableau 8 (valeurs arrondies, tous produits considérés)

Ventes Achats Bilan Bilan Bilan TOTAL Micro-zones TOTAL intra-zona1 avec BouakE global aux VENTES ÜUS ACHATS micro-z. Bouaké micro-z. Bo:akE + +

Centre 42000 58000 100000 23600 88 900 112500 18400 30 900 12500 Sud 5 000 11500 16500 8950 33550 42500 3950 22050 26 000 Sud-Ouest 10000 16500 26500 8 700 32800 41500 1300 16300 15000 Ouest 3500 15 500 19000 7 5.50 28450 36000 4050 12950 17000 Nord-Ouest 17000 43 000 60000 19550 73450 93000 2550 30450 33000 Nord-Est 13000 25 500 38500 17200 64 800 82000 4 200 39 300 43 500 Est 14500 38000 52500 19450 73050 92500 4950 35 050 40 000 Ensemble 105000 208000 313000 105 000 395 000 500000 19700 19700 0 187000 187000

(9) Dans notre rapport : «La XOIIC rurale de Brobo vue à lravcrs son marcilE iicbdonladnirc. OliS’I’OM. Ministtirc du ~%III,

Minist;re dc I’Agriculturc. AN(‘I:Y, (;. - 1967», IIOUS adoptions COII~IIK! 1x1s~ dc calcul I;I pontlk~lion tics SCLIIS tntls dc fr&,ucntation. Les rEsultats ICghmcnt tlif~hcnts nc modificnl pas Ic sens tic nos conclusions. A-L'ÉCHANGEINTRA-ZONAL

Une seulemicro-zone (Centre), en fait Brobo-village,tire un réel profit monétaire net de l’échange intra-zonal. La majeurepartie de cet excédent résulte desventes de produits de bouche à consommationimmé- diate (attiéké, beignets,etc..), exclusivité desfemmes résidant au chef-lieu. Une secondemicro-zone, le Sud-Ouest,s’assure également un léger surplus. Notons que cesdeux zones sont les moins dépendantesde Bouaképar leur structure de vente. A l’autre extrême, l’Ouest couvre sesachats à moins de 50%. On constate donc l’existence d’une relation négativeentre le degréde dépendanceà l’égard de Bouaké et le taux de couverture deséchanges en produits locaux : (indice de corrélation = - 0,82).

B-L'l?CHANGEEXTl?RIEUR

Il est évidemmentbeaucoup plus important en valeur que l’échangeintra-zonal puisqu’il participe pour environ deux-tiers desventes et 80% desachats. Les soldesd’échange apparaissent dans tous les casnégatifs et le taux de couverture moyen n’est que de 52-53%. Une fois encore, c’est le Centre qui réalisele meilleur coefficient (65%) et le plus mauvaisest dû au Sud (34%). L’examen de ceschiffres montre qu’il n’existe aucunecorrélation entre le fait de se «spécialiser» plus ou moins dansles productions achetéesmassivement par Bouaké et le taux de couverture de l’échange local-importé : (indice de corrélation = 0). Le tableau 9 décomposepar micro-zoneles trois taux : intérieur (l), extérieur (2) et global (3).

Tableau 9

de 1 à 1 ordre décroissant de Micro-zones taux (1) taux (2) taux (3) dépendance à l’égard de Bouaké

Centre 178 65 89 7 Nord-Ouest 87 59 65 3 Sud-Ouest 115 50 64 6 Est 75 5.2 57 2 Ouest 46 55 53 1 Nord-Est 76 39 47 5 Sud 56 34 39 4 Ensemble 100 53 63

On voit à quel point il est difficile de tirer une règle générale.En fait, la plus ou moins grandeorien- tation sur Bouaké n’influence que très peu le taux global. Il n’en peut aller autrement tant que la ((spécialisa- tion» en fonction du centre urbain n’est pasle gageautomatique d’un surplus pécuniaire. En effet cette spécialisationn’est pour l’instant qu’une ébauche,à peine consciente,qui nous appa: raii davantagecomme une résultante seconded’un choix par abstention que la conséquencelogique d’un choix positif qu’aurait fait le villageois.

199 La ville n’induit pasdes structures d’exploitation nouvelles axéessur desproductions spécialisées, sélectionnées,faisant l’objet d’une demandespécifiquement urbaine et, par suite, rémunératrice.Elle ne fait que perpétuer les structures productives traditionnelles en privilégiant seulementcertains aspectscomme les produits de cueillette, ou d’autres à-côtésde l’exploitation paysanne(bois, volaille,.. certainesformes très particulières d’artisanat). Celaprovient probablement de ce que Bouakéelle-même ne remplit pas toutes les fonctions d’une ville véritable au senséconomique du terme, en particulier par la faiblessede son secteurindustriel en aval de transformation (10). Que l’on considèrela ville en tant que demandeurde produits intermédiairesou en tant que consom- mateur final, il y a desdeux côtés inadéquation entre l’offre susceptiblede provenir de la zone environnante et cette demandeurbaine.

a - Inadéquationde la demandede produits intermédiaires Bouaké compte quelquesgrosses sociétés : CFDT et Gonfreville, achetant et traitant le coton Allen ; CAITA et MTCI achetant et traitant le tabac industriel ; SATMACI, achetant en principe le maïs et le riz plu- vial mais sedémettant souvent de cette fonction au profit du circuit dioula ; scieries,achetant du bois de construction ; compagniescommerciales, collectant le café, le palmiste et le cacao. Or, le coton Allen reste une culture en margede l’exploitation, sansincidences sur les structures traditionnelles et peut-être moins intéressanteque par le passépour le paysanincapable de se défendre devant l’érosion monétaire et la fixité du tarif d’achat (33,5 F.CFA/kg depuis 1961). Le tabac a toujours été une spéculation étroitement localiséeet ne parvient pas à s’étendrehors de certainspérimètres depuis très longtemps sensibilisés.La MTCI importe d’ailleurs de plus en plus de tabacs américainsmeilleur marché que le tabac local. Les cultures céréalièressont, pour la sommede travail exigée,assez peu rentables dansla région de Bouaké. Le bois de construction nécessaireaux scieriesvient du sud du pays. Le café et le cacao,sous la lati- tude de Bouaké, setrouvent presque& la limite de leurs conditions naturelles et ne transitent de toute façon que pour une infime partie sur les marchés. Le palmiste resteun produit de cueillette sub-spontané,acheté à un prix peu rémunérateur(1517 F CFA/kg) et plus souvent transformé directement en huile pour l’auto-consommationfamiliale.

b - Inadéquationde la demandefinale. Bouakéest une agglomérationétrangère à son milieu d’insertion. En effet, près de 60% desrésidents du centresont d’ethnies nordiques et 12% d’ethnies forestières.Dans les deux casles structures de consomma- tions diffèrent desnormes baoulé. La population nordique consommeprincipalement du riz et d’autres céréales.La population fores- tière privilégie la banane-plantain. Les fruits, légumeset condiments,le bois de chauffe, le petit élevageet l’artisanat restent donc les seulespossibilités de liaisons économiquesentre la ville et la zone rurale. La production locale de légumesn’a toutefois qu’un très lointain rapport avecun véritable maraï- chagesélectionné. Celui-ci, dansles raresexemples observés, est d’ailleurs entre les mains de la population dioula, tant au stadede la production qu’au stadede la commercialisation.

(10) Pour cc dcrnicr point nous renvoyons aux travuus dc notre cumaratlc 1’. CASI‘I~LLA.

200 Les fruits, légumeset condiments offerts par les villageois restent dansleurs techniques assimilables à desproduits de cueillette et commetels non seulementn’entraînent aucunemodification desstructures d’exploitation mais encoreéloignent le paysandes cultures plus astreignantes(choix par abstention). Il est bien évident égalementqu’on ne peut asseoirle développementde la campagnesur une produc- tion aussipauvre que le bois de chauffe acheté23 F. CFA le kg et condamnéà disparaître à plus long terme. Quant au petit élevagede basse-cour,s’il est plus abondant semble-t-ilà Brobo que dansd’autres sous-préfec- tures limitrophes, c’est une spéculation habituellement réservéeaux vieillards et aux enfants. Bouaké,gros consommateur,compte plusieurs centresavicoles mais ceux-ci s’approvisionnent plutôt dansle nord du pays et revendent eux-mêmesaux villageois desvolailles de bonne qualité. Enfin, l’artisanat rural n’arrive plus à concurrencerl’artisanat urbain. Sur le plan du revenu la diffé- rence de productivité entre un artisan urbain et un artisan villageois est d’environ quatorze pour un ! En somme,espérer un bouleversementspontané des structures d’exploitation précisémentà la péri- phérie d’une ville moins ((grande))que «nombreuse»est certainementtrès illusoire. Bouaké,par saprésence, amènetoujours le villageois à privilégier le court terme sur le long terme et sesproblèmes de trésorerie sur les problèmesde revenus.

EN GUISE DE CONCLUSION

Telle qu’elle était conçue, cette enquête devait en première approchenous fournir l’image d’une zone entière restituée, à travers son marché,dans toute son unité et sa diversité. Dansun secondtemps, l’observation s’estfaite directement sur un échantillon varié d’exploitations, ce qui nous a d’ailleurs permis a posteriori de vérifier ou de corriger certains élémentsde l’enquête marché. Les deux approchesne pouvaient être dissociéesdans une zone où le marchéhebdomadaire inter- vient en moyenne pour plus de 45% desdépenses mais pour 15% seulementdes recettes monétaires des familles rurales. L’aspectde diversité que notre double démarchea tendu peut-être à accentuerquand l’heure était aux grandesoptions nationales (port de SanPedro, barragede Koussou,..)et aux vastesdécoupages régionaux demeureun élément d’analysefondamental de ce milieu rural que l’on espèrebien réussirun jour à aménager.

201 Mouvements migratoires etdéveloppement économique danslazonedense à l’ouest deBouaké

J. MICHOTTE

203 BOUAK

TIÉBISSOU - Limite de Sous-Préfecture 0 En partie inondé e Cours d’eau 0 Autres villages = Route OIJAN Groupement ethnique 20 km -.- Limite de groupe ethnique 0 10 l 4 l Village submerg6 cl Terroir inondé par rxpport ~,LIprojet du burragc tic KOsSOU Figure 1 - Localiwtion dc Iü Zone d’cnquCtc

204 Le nord-ouest de la région de Bouakéet une partie du sud-ouest,se caractérisent par l’importance desmouvements migratoires qui l’affectent depuis de nombreusesannées ( 1). A l’origine, il s’agissaitessen- tiellement de migrations agricoles.Les déplacementsavaient un caractèrerégional car les Baoulé ne s’aventu- raient guère au delà du pays agni. Les formes que revêt actuellement ce phénomèneont complètementchangé sousl’influence de différents facteurs parmi lesquelsil semblequ’il faille privilégier la diminution desterres disponiblesdans les zonesd’accueil traditionnelles, l’attraction desvilles et le développementde la scolarisa- tion. Cette question mérite donc d’être analyséedans ses mécanismes et sesconséquences car, de sarésolution, dépendrala réussitedes programmes de mise en valeur deszones de savane,compte tenu du fait que, dans une premièreétape, la mécanisationne portera que sur desopérations culturales préciseset sur des aires limitées.

(1) Le domaine d’étude comprend les sous-pr&ctures dc BCoumi, Botro, Diabo ct Sakasso,dont la population s’élève à 165 280 11environ, répartie sur 5 856 km2. Leur dcnsitk démographique est une des plus &xCcs de Côte d’lvoire puis- qu’elle atteint en moyenne près dc 30 11NI km2. L’ensemble de la zone sera profontlâmcnt remodcli: par la construction du barrage dc Kossou dont lu mise cn eau Ü cornmenc6 ÜUd6but de 197 1. L’enquête ayant étC cflFctuCc avant I’ouvcrturc dc In sous-prCfccturc dc Bodokro (groupe Çoli). Ics probl;mcs ayant trait à cette dernihc n’ont pas pu Jtrc trait& sCpurhcnt dc ccus dc la sous-pr~l‘ccturc dc Botro qui avait, jusqu’en 1970. comp&tencc sur les groupes Goli cl Satikran.

205 Sud-soudaniennes

Savane herbeuses 0 pennisetum purpureum

Formations marécageuses

Délimitabon du barrage 0 10 20h

Formations saxicoles sur cuirasses

Figure 2 -Carte de la vCgCtation ct localisation des villages d’cnqu6tc.

206 LA DYNAMIQUE DES MIGRATIONS SAISONNIÈRES

Les migrations saisonniéressont fonction du jeu de divers facteurs qui agissentindividuellement ou conjointement. En effet, la taille démographiquedes groupes, le type de cultures, la scolarisation,les fluctua- tions de la conjoncture liées principalement aux rendementsde la production caféièreou de spéculations nouvellescomme le coton Allen, deséléments d’ordre historique et psychosociologiquesont autant de varia- bles qui interviennent dansle déclenchement,l’amplification ou le ralentissementdes mouvements migratoires.

1 - LES RELATIONS ENTRE LA DIMENSION DEMOGRAPHIQUE DES UNITES DE FONCTIONNEMENT SOCIO-IkONOMIQUES, L ‘ACTIVITE AGRICOLE DOMlNANTE ET LES TRANSFERTS D’ACTIFS

D’une maniére générale,les départstemporaires sur les plantations extérieuresont toujours été interprétés commeune conséquencede la surchargedémographique des terroirs et de la pauvreté de certaines cultures qui n’offrent pas au paysanun revenu suffisant. Cette opinion doit être actuellementnuancée. Il ap- paraît, en effet, que la taille desgroupes décroît quand on passedes villages caféiers aux villages à prédomi- mincevivrière . Cependant,le rapport entre les migrants saisonnierset la population active varie en sensinverse. Les taux les plus élevéssont enregistrésdans les villagesà prédominancevivrière où 33% d’entre eux transfèrent annuellementplus de 15% de leur force de travail sur les plantations extérieures.Près de 26% desvillages cotonniers perdent 10 à 15% de leur population active alors que seulement9% desvillages caféierspeuvent être classesdans cette catégorie. Les résultats de l’enquête font aussiressortir que 33% desvillages à prédominancevivrière ont un taux de migration inférieur à 1%. Cette constation, loin d’être un signede stabilité démographique,met l’accent sur la situation criti- que desvillages d’autosubsistancequi ont déjà rejeté vers les plantations extérieuresou versles villes un fort contingent de leur population active. Il existe de nombreux villagesoù l’on ne trouve plus qu’un maigreeffec- tif assurantla liaison entre les plus de quinze anset les moins de quarante ansqui constituaient, jusqu’à ces dernièresannées, le réservoir desmigrations saisonnières.

207 2 - LES EFFETS DE LA SCOLARISATION SUR LES MIGRATIONS SAISONNIl?RES

L’exode desjeunes ruraux consécutif au développementde la scolarisationexplique la faiblesse relative des départsau cours descinq dernièresannées. En effet, un destraits essentielsdes sous-préfectures de Béoumi, Botro, Diabo et Sakassoest leur taux élevé de scolarisation.La moyenne se situe autour de 40%. Ceci est dû à l’action de.l’État et à l’effort consenti par le paysannatpour doter la zone rurale de l’infrastruc- ture scolairenécessaire. Il faut aussisignaler la présencedes Missions Catholiques et Protestanteset du ServiceCivique. Le rapport entre les scolariséset la population scolarisablevarie entre 1.5et 80%. Etant donné que de nombreusesécoles préparent au certificat d’étudesprimaires et à l’examen d’entrée en sixième, une grande partie de la jeunessequi, en d’autres temps, serait candidate aux «six mois» est retenue au village ou dansla région (2) Sur un autre plan, il ne semblepas qu’il y ait un rapport évident entre l’activité agricole dominante et, par voie de conséquence,la richesserelative du village et l’importance de la scolarisation.Bien qu’une répartition desvillages entre les deux classes«moins de 50% et plus de 50%))montre que 70% desvillages à prédominancevivrière ont un taux de scolarisationinférieur à 50% cette apparentecorrélation doit être uti- lisée avecprudence. Il est indispensablede replacer cesobservations dans le contexte généralqui a modelé le comporte- ment desvillageois face au problème de la scolarisation.Dans de nombreux cas,il est évident que le fait his- torique joue autant que l’effet-revenu. Il faudrait, en outre, ajouter au schémad’analyse d’autres éléments tels que la position du village par rapport à l’école la plus proche.

3 - LES INCIDENCES DES DIFFERENTS TYPES DE CULTURE SUR LES MIGRATIONS SAISONNIÈRES

Le principal but de la politique agricole dansla zone de savaneest de freiner l’exode par le lancement de spéculationsnouvelles qui doivent accroître les revenusdu monde rural. Les actions concernant le riz et le maïs n’ayant été que très limitées dansles quatre sous-préfectures,nous ne prendrons en considération que le coton et le café qui occupent une position privilégiée dansun grand nombre d’exploitations (3).

u - L’introduction de la culture du coton Allen dans certainsvillages a manifestementralenti le rythme . desmigrations saisonnières.La sous-préfecturede Béoumi en fournit d’excellentesillustrations au cours des campagnes1965-1966 et 1966-1967où près de 80% desexploitants cultivaient le coton. Compte tenu de l’augmentation du nombre de planteurs à Botro, on pourrait en déduire que les mêmeseffets bénéfiquesse sont fait sentir tandis que le fort taux de migration enregistréà Diabo résulterait de la faible diffusion de la culture du coton danscette sous-préfecture.

(2) Les migrants saisonniers sont communément appelés «six mois» en raison de la durée pendant laquelle ils s’absentent du village et louent leur force de travail dans les plantations extérieures. (3) cf. Innovation et transformation du milieu rural en Côte d’hoire : la diffusion du coton Allen dans la zone dense de l’Ouest de Bouaké. Jean MICHOTTE, Cah. ORSTOM, sér. Sci. hum., vol.VII, 4, 1970.

208 Une analyseplus approfondie montre qu’aucune loi généralene peut être dégagée.A la limite, cer- taines tendancespourraient être misesen lumière. En effet, 269 desvillages cotonniers se trouvent privés an- nuellement de plus de 10%de leur population active. Un sondageeffectué dansquelques villages de la sous-prJfecturede Béoumi a permis de constater que, d’une annéeà l’autre, ce ne sont pas toujours les mêmesexploitants qui s’adonnentà la culture du coton. En effet, si les revenustirés de la commercialisationlui paraissentobjectivement satisfaisants,le paysandéci- dera de recommencerou de s’arrêterpendant une durée indéterminée. La majeurepartie desdéfaillants, dans la mesureoù ils cultivaient le coton dansl’espoir d’accroître leur gain, iront louer leur force de travail sur les plantations extérieures.

b - Les réactionsvis-à-vis de la clllture du coton sont aussiconditionnées par les rendementsde la pro- duction caféière.Selon le dosagedes activités agricolesau sein desexploitations, plusieurs situations peuvent seprésenter : - dansles exploitations à basecotonnière, dépourvuesde café, si la conjoncture a été bonne, le paysanfera du coton l’année suivante ; dansle cascontraire, il préfèreramigrer sur les plantations extérieures ; - dansles exploitations à basecotonnière et caféière,le paysanaura tendanceà cultiver le coton si les rendementsobtenus l’année précédentesont excellents ; en revanche,si la récolte de café s’annoncemauvaise, il miserasur le coton pour combler son déficit ; Dansla sous-préfecturede Béoumi, une baissede rendement à l’hectare de 33% entre la campagne de 1965-1966et celle de 1966-1967a entraîné une diminution du nombre de planteurs de 41% et une baisse dessurfaces cultivées de 34% (4). A Botro, où les rendementsont varié moins sensiblement,le nombre de planteurs et les surfacesont augmentérespectivement de 17 et 40%.

c - Les fluctuations de la production caféièreont aussiune profonde incidence sur les migrations saisonnières. Deux situations peuvent seprésenter : - si la récolte risque d’être bonne, les départsseront très faibles dansles exploitations à base caféière ; - si, au contraire, la récolte est susceptibled’être mauvaise,les migrations augmenteront. De mêmeque pour le coton, il convient d’être prudent dansles conclusionspuisque 15% desvillages caféiersont enregistréun taux de migration supérieur à 10%en période de haute conjoncture. En dehorsdu fait que lesjeuzes ne veulent plus s’exposeraux aléasdu bon vouloir familial pour se procurer ce dont ils ont besoin, un autre élément doit être pris en considération. Il s’agit du désir d’aller créer desplantations à l’extérieur étant donné la rareté desterres à café disponiblesdans la zone. Le départ pour les «six mois» s’effectueen effet dansun double objectif. En premier lieu, il doit satisfaireun désir immédiat : la recherchede liquidités ; en secondlieu il seréalise généralement dans l’intention de prospecter la zone d’accueil en vue d’une installation durable.

d - Cette approchede la dynamique desmigrations saisonnièresserait incomplète si, à côté desfacteurs démographiques,de la scolarisation,des activités agricoleset de la conjoncture, une place n’était pasfaite à quelquesvariables qui exercent souvent une action déterminante sur le déclenchementdu processus.

(4) Notons que Ics ri’sultats obtenus ;I~Iniveau dc 13olro inlSrcsscnt surtout Ics villages goli dc wftc sotwprE1Cclurc c;lr, (lu côtC des villügcs satikran. I’inlroiluclion du colon sc hcurlc à la rkiislancc clcsnutorilis Iradilionncllcs qui pri?tcn&mt

ccttc culture contrüric Ics &ics tic la tcrrc.

209 Pierre ETIENNE a, en effet, montré comment la mobilité traditionnelle de la sociétébaoulé et l’attrait desbiens de la civilisation moderne que l’on ne peut acquérir qu’avecde la monnaie avaient favorisé les mouvementsmigratoires (5). Pour en être convaincu, il suffit de rencontrer les ckx mois)) sur le chemin du retour, au marchéou dansles villages. Avec leur gain ils achètent habituellement un costumeen tergal, deschaussures, des lunettes, un poste de radio, une bicyclette ou un électrophone. Ce sont là autant de biens qui rehaussentleur statut dansle village et suscitent la convoitise et l’admiration de leurs contemporainsqui n’hésitent pas à les imiter l’année suivante. Les migrations saisonnièress’effectuent parfois pour pouvoir assurerla compensationmatrimoniale. La constitution de la dot dépend desrésultats de la commercialisationdes produits et exige de nombreuses prestations de servicesur les champsdes futurs beaux-parentsen plus desdons à la fiancée. C’est une opéra- tion de longue haleine qui découragele prétkdant et, en particulier, la partenaire dont les doléancesne ces- sent d’augmenterdevant le spectaclequ’offrent les filles revenuesde la ville. Les sommesacquises sur les plantations extérieuresfacilitent et accélèrentle règlementde cette dette. A propos du milieu féminin, les mêmesréactions ont pu être notées.Les jeunes filles sont de plus en plus nombreusesà quitter le village. Autrefois, elles accompagnaientleur fiancé sur les plantations extérieures. Cette tradition a tendanceà disparaître au profit du milieu urbain où elles selivrent à desactivités aussiva- riéesque diffuses qui leur rapportent un pécule appréciable.Elles reviennent régulièrement au village parées de beaux pagneset avecles «manièresde la ville». Leur retour coihcide toujours avecla fin de la traite. C’est l’époque où les parents ont de l’argent et sont moins exigeants.Pour les filles, c’est une occasionde recevoir descadeaux de leurs prochesou d’un prétendant. Il est évident que leur comportement impressionneles mères qui poussentcelles qui sont restéesauprès d’elles à aller tenter leur chanceen ville.

4 - D’AUTRES ENSEIGNEMENTS RESSORTENT DE L’ANAL YSE DE LA DYNAMIQUE DES MIGRATIONS SAISONNIÈRES SUR LESQUELS IL CONVIENT MAINTENANT D’INSISTER

a - La répartition géographiquedes migrations met en relief : - la prédominancedu départementdu centre (le pays Baoulé et sesmarges Zuénoula, Sinfra et Bouaflé) qui retient entre 40 et 50% desmigrants ; - l’importance desflux à destination du sud qui atteint 20 à 30% de l’ensembledes migrants pour Sakasso,Diabo et Botro et 43% pour Béoumi à causedes nombreux départstemporaires de fties vers Abidjan. Pour les migrants de sexemasculin, les trois principaux pôles d’attraction sont Divo, Agboville et Tiassalé; - la part appréciabledes migrations en direction de l’ouest et du centre-ouest,essentiellement versle pays Bété ; - la faiblessedes migrations v,ersl’est (le pays Agni) : ceci s’explique par la rareté desterres à café dans ce secteuret les conditions de plus en plus difficiles qui sont imposéesaux postulants.

b - La répartition par sexefait apparaîtrele caractèrenettement masculin desmigrations saisonnières sur les plantations extérieures. Les migrations féminines s’orientent de préférencevers les centresde traite et les villes de moyenne dimension.

(5) P. ETIENNE - L’higration baoulk actucllc. Les Cahiers d’Outre-Mer, 82, avril-juin 1968, pp.155-195.

210 Migrations intrazonales

Lb-lBEOUMI

Répartition de la population

active en %

.Taux de migration

selon le sexe

(4,6%) (l,Wd La hauteur du triangle est proportionnelle au taux

de migration dans la sous-préfecture d’arrivée

Imm = 1%

0 Sous - prefécture de depart

Figure 3 - Répartition géographique des migrations saisonnières en provenance de la sous-préfecture de Béoumi en 1967. Structure de la population active en */o

Taux de migration selon le sexe

A La hauteur du triangle est proportionnelle au toux de migration dans b sous-préfecture d’arrivée

Imm = 1%

0 Sous -préfecture de départ Structure de la population active en oh

Hommes nfant,

Salariés

Toux de migration selon Ir sexe

A La hauteur du triangle est proportionnelle au taux

de migration dans la sous-préfecture d’arrivée

I mm = 1% h: Sous-préfecture de départ W a

Figure 5 - Répartition géographique des migrations saisonnières en provenance de la sous-préfecture de Diabo en 1967. Migrations intrazonales /

Taux de migration selon le sexe

La hauteur du triangle est proportionnelle au taux

de migration dans la sous-préfecture d’arrivée

Imm = 1%

0 Sous - orefecture de déDort

Figure 6 - Réparl iition géographique des migrations saisonnières en provenance de la sous-préfecture de Sakasso en 1967. c - La signification toute relative que revêtent les taux moyensde migration dégagésau niveau de cha- que sous-préfecture. Pour mieux saisirce phénomèneet tenter une typologie deszones, il paraît préférablede seréférer à l’activité agricole dominante. Schématiquement,trois modèle,.peuvent être retenus : - les groupesde production auraient tendancea être plus étendusdans les villagesoù le café domine. Compte tenu de la rentabilité de cette culture par rapport aux autres spéculationset de la main d’oeuvrequ’elle nécessite,les migrations seraientmoins fortes dansces villages. Cette hypothèse, certes,a pu être vérifiée maisil existe de nombreusesexceptions à la règle qui montrent aussila fra- gilité de la prise en considération du seul critère de l’activité agricole dominante. Ce modèle seretrou- verait dansla quasi-totalité de la sous-préfecturede Sa&asso,le sud de Béoumi, quelquesvillages du nord de Botro ; - les villagesoù les exploitations sont à basecotonnière ont enregistréune baissedu nombre desmigrants saisonniers.Cependant, en fonction desrendements, cet équilibre est constamment remis en cause.Ce modèle englobela majeurepartie desvillages de Béoumi, l’actuelle sous-préfec- ture de Bodokro (l’ancien canton Goli), quelquesvillages de Diabo et de Sakasso; - le troisième modèle est représentépar les villagesà prédominancevivrière, qui occupent le quadrilatère limité au sud par l’axe Béoumi-Bouakê,à l’ouest par la route Béoumi-Bodokro,au nord par la route Bodokro-Botro et à l’est par l’axe Diabo-Bouaké.Il secaractérise par la faible dimension démographiquede la plupart desgroupes de production et par un taux de migration très élevé.Cer- tains villages sont dansune situation extrêmementcritique car ils sont localisésdans le secteur d’élection du ver de Guinde qui paralyse,pendant plusieurs mois de l’année, de nombreux éléments de la population active. Quel que soit le modèle, il est évident que la faiblesserelative desmigrations saisonnièresdans cette zone de répulsion traditionnelle doit être interprétée, avant tout, commeune conséquencedes départs massifs qui ont déjà eu lieu au cours desannées précédentes et de l’accroissementde la scolarisation. En ce qui concernela fraction de la population active qui alimente les flux migratoires,il est peu probable que la seuleculture ilu coton puisse,à terme, la stabiliser définitivement étant donné les fluctuations desrendements d’une annéeà l’autre. En outre, la jeunesseest attirée par la consommationde biens d’un type nouveau dont l’achat néces- site desressources monétaires qu’elle a autant de chancede trouver dansles plantations extérieuresqu’au vil- lage en raison de la mauvaisecommercialisation des produits vivriers. Ceci nous conduit à nous interroger sur l’impact desmigrations saisonnièressur les économieslocales.

5 - LES CONSEQUENCES DES MIGRATIONS SAIYONNIÈRES SUR LES ECONOMIES LOCALES

Les migrations saisonnièresdans la mesureoù elles portent sur les élémentsles plus dynamiquesont provoqué une pénurie de main-d’œuvredans certains villages. Le manque de bras a entraîné à son tour une diminution desressources monétaires déjà modiquesdont la compensationa suscitéde nouveaux départs ternporairesou durables.Pour en mesurerla portée sur la croissancedes économies locales, il est nécessaire d’apprécierles avantagescomparatifs des migrations sur les plantations extérieureset du maintien desmi- grants dansle cadre desstructures de production actuelles.

a - Les effetsdes transferts dim’ifs sur /‘équilibreet le fonctionnementdes exploitations Dansles quatre sous-préfectures,16,676 des départs temporaires se sont transformésau cours des deux dernièresannées, en migrations durablessur les plantations ou dansles villes. Ce phénomène,s’il n’est pas nouveau, sembles’intensifier d’aprèsles information:; recueillies au cours de l’enquête.

215 Dans de nombreux villages,le déficit en main-d’œuvrepertube le fonctionnement desexploitations. Il est courant de voir despaysans dont les enfants ont quitté le village faire appel à dessalariés ou à des tâche- rons pour les travaux de défrichement, l’entretien deschamps, la récolte .du café ou du coton. Ce sont là des chargesqui grèvent leurs coûts de production et diminuent considérablementleur profit. II apparaît mêmeque, faute de bras, certainescultures sont délaisséeset deschamps abandonnés à la brousse.L’entraide familiale qui, d’une part, ne concerneque desopérations culturales précises,limitées dansla temps,et qui, d’autre part, exige une contrepartie en espèceou en nature, ne suffit pas toujours à faire disparaître ce goulot d’étrangle- ment à l’époque desgrands trawux.

b - L ‘impact des départs temporaires sur la formation des revenus locaux

Celui-ci ne peut être appréciéqu’en introduisant dansle schémad’analyse, le concept de ploducti- vité nette ou de valeur ajoutée avant et aprèsle départ. Si nous appelons(Po) le premier terme et (Pa) le second, trois modalités peuvent seprésenter qui s’expriment de la manière suivante :

Po / Pa Effet sur la croissance économique

Po > Pa Négatif Po = Pa Nul Po < Pa Positif

L’application de ce schémasommaire suppose, au préalable,que l’on seplace dansles conditions locales de fonctionnement desexploitations et que l’on admette : - que le revenu monétaire tiré descultures traditionnelles se situe à un niveau très baset demeureconstant ; - que le coton est la seuleculture susceptibled’apporter un supplémentde revenu (6). Différentes étudesont montré qu’un actif placé dansle cadre de l’exploitation traditionnelle ne peut pas cultiver plus de 50 aresde coton bien entretenus. Si tous les migrants masculinss’étaient orientés danscette voie, les revenusperçus atteindraient 36252000 F CFA. Dansl’hypothèse du départ, ils obtiendraient globalement48433000 francs. Le montant dessalaires acquis sur les plantations extérieures dépassedonc de 2 1% celui que la culture du coton leur procurerait dans . les meilleures conditions puisque le rendement d’une tonne à l’hectare a été retenu. Si, sur le plan de la croissanceéconomique générale, l’avantage tiré desmigrations paraît grand, cet effet bénéfique n’est pas aussiévident à l’échelon deséconomies locales. En effet, 54,6% desrevenus perçus sont dépensésavant le retour au village. 11faut reconnaître que cette situation ne changerapas tant que les zonesne seront pas structuréeset qu’il n’existera pasd’une part, descombinaisons de cultures capablesd’as- surer aux paysansdes ressources plus substantielleset, d’autre part, desactivités de transformation suscepti- bles de créer desemplois locaux autresqu’agricoles. Les conséquencesdes mouvements migratoires sur le fonctionnement deséconomies locales ne peu- vent pas être correctement analyséesà partir des seulsmigrants saisonniers.La formation desrevenus dans le nord-ouest de la région de Bouaké dépendencore davantagedes transfertsqu’effectuent au profit de leurs parentsrestés au village ceux qui sont installés d’une manière durable dansles plantations extérieuresou dans les villes.

(6) II s’agit là d’une hypothhc dc travail.

216 LES ASPECTS SPÉCIFIQUES DES MIGRATIONS DURABLES ET LEURS PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION

L’analyse de ce phénomènene doit pasêtre dissociéede celle desmigrations saisonnières.En effet, elle est indispensableà une meilleure compréhensiondes relations existant entre le milieu rural et les villes. Les migrants ne sont pas totalement coupésde leur zone de départ et contribuent par destransferts divers à la formation desrevenus locaux. Environ 14% de la population née dansles quatre sous-préfecturessont actuellementinstallés, d’une manière durable, à l’extérieur. Cependant,des différences apparaissent dans l’importance du mouvement,la répartition par sexe,l’orientation géographiqueet la structure socio-professionnelledes migrants.

Les femmesforment 43,8% desmigrants à Sakasso,32,6% à Béoumi. La place que celles-cioccupent dansles migrations durablestient à une tradition dejà anciennechez les Ouareboet à une tendancequi semanifeste avec de plus en plus d’acuité chez les Kodé et les Goli. Dans une partie de la sous-préfecturede Botro et de Diabo et plus particulièrement danscette dernière,les migra- tions féminines semblentmoins importantes. Est-ceune conséquencede la survivancede certainespratiques telles que l’entrée desjeunes filles dansla sociétéreligieuse du DO qui coïncide avecla cérémonied’excision ? Mêmesi l’hypothèse mérite d’être retenue et d’être vérifiée par une analyseplus fine, il est difficile, dansle cas présent,de faire la part desfaits d’ordre sociologiqueet de la situation propre desvillages composant l’échan- tillon. C’estlà un exemple précis où la complexité du contexte sociologiqueinvite à utiliser avecprudence un indicateur statistique quelle que soit la rigueur qui a présidéà sapréparation.

~-LAR~~PARTITIONGÉ~GRAPHIQ~EDESFLUXMIGRATOIRESMETENÉVIDENCEL'EFFET DE DOMINATION DU SUD qui attire 48,3% desmigrants. Viennent ensuite le centre 29,1%, l’ouest et Ie centre-ouest15,7%, l’est 49% et, enfin, le nord 1,4%.Cette orientation est à peu près semblablepour toutes les sous-préfecturesde départ, à l’exception de Diabo où le centre reçoit 41,370des partants, le sud 29,2%, l’ouest et le centre-ouest23,8%. En fonction de la sous-préfecturede départ et de la zone d’accueil les migrations présententdes aspects spécifiques (voir figures 7 à 10) : - les migrations versle sud,en provenancede Sakasso,ont un caractèreurbain et féminin très marqué. Abidjan reçoit 60,9% desarrivants dont 35;6% desfemmes. Le milieu rural, en particulier Divo, Tiassalé,Aboisso, accueillent la différence, soit 39,1%. Les ffux à destination du centre s’orientent versle milieu rural dansla proportion de 68% sur lesquelson compte 48,6% d’hommeset 19,4%de femmes.La ville de Bouakése situe en seconde position puisqu’elle ne retient que 32% desmigrants dont 19,6%de femmes. Dansl’ouest, le centre-ouest,l’est et le nord, les migrants de sexemasculin forment le groupe le plus important. On les retrouve dansles plantations autour de Gagnoa,Daloa, Issiaet Abengourou.

217 Migrations introzonales Importance des migrations durables par mpport à la population totale

Lo bouteur du triangle est proportionnelle au lOUX

de migration dans 10 sous- préfecture d’arrivée

Imm=l% e Sous-préfecture de départ

Figure 7 - Répartition géographique des migrants définitits en provenance de la sous-préfecture de Béoumi.

218 Migrations introzOnoles Structure de la population Importance des migrations durables 4 por rapport à la population totale

1 I

La hwteur du triangle est proportionnelle ou toux

de migration dons la sous-préfecture d’arrivée

0 Sous-préfecture de départ

Figure 8 - Répartition géographique des migrants définitifs en provenance de La sous-préfecture de Botro.

219 Migrations intrazonole5 Structure de la population Importance des migrations durables f I par rapport il 10 population totale

de migration dons la sous-préfecture d’arrivée

I mm= 1%

a Sous-préfecture de départ

Figure 9 - Répartition géographique des migrants définitifs en provenance de la sous-préfecture de Diabo.

220 Migrations introronaleS Amportance des migrations durables par rapport à la population totale

/ - Kotiola $ J

bbou)-’ de migration dans 10 sous-préfecture d’arrivée

0 Sous-préfecture de départ

Figure 10 - Répartition géographique des migrants définitifs en provenance de la sous-préfecture de Sakasso.

221 - En ce qui concerne Béoumi, la répaitition géographiqueet la composition desmigrations sont assezvoisines de cellesde Sakasso.Toutefois, au niveau d’Abidjan et de I$ouakir,Ics homn~cs sont aussinombreux que les femmes. - Les départsde Botro en direction du sud sefont en priorité, au profit du milieu rural. 24,1% desmigrants, sur lesquelsles femmesreprésentent 8,8%, s’installent à Abidjan. La ~néme remarquepeut être faite au niveau du centre. Néanmoins,à Bouaké,les départsféminins ne dépas- sent que légèrementceux deshommes. - Les flux migratoires en provenancede Diabo sont principalement composésd’éléments mas- culins et semblent se diriger de préférencevers le milieu rural.

3-LAR~PARTITIONSOCIO-PROFESSIONNELLEDESMIGRANTSSELONLESEXEDANSLES ZONES D'ACCUEIL entre les cinq secteurssuivants : fonction publique, artisanat de production, commerceet services,agriculture, ((sansprofession», fait ressortir : - d’une part, l’inégalité deschances entre les hommeset les femmesdevant le problème de l’emploi : sur 100 migrants masculins, 14 n’exercent aucuneprofession - dansle milieu féminin, on en dénombre97 ; - d’autre part, les problèmessociaux que poseront dansles prochainesannées les migrations deséléments de sexeféminin d’autant plus qu’elles s’orientent essentiellementvers les villes (7) - (voir figure 11) ; - quelle que soit la sous-préfecturede départ, les migrations agricolesoccupent la première place, particulièrement dansles zonesoù les terres ne sont pasfavorables à la culture du café et du cacao- ceci sevérifie bien dansle casde Diabo et de Botro.

Importance des migrations agricoles(en c/o)

Sakasso Béoumi Botro Diabo Ensemble --

SO,3 47,0 67,l 83,s 53.4

Il apparaît aussique, dansles secteurscaféiers, Sakasso par exemple, les migrations agricolessont égalementtrès élevéesà causede l’amenuisementdes terres propicesaux cultures de rapport. - 109% desmigrants seretrouvent dansl’artisanat de production, ce taux varie selon les sous- préfectures. Les transports et le bâtiment constituent les branchesd’accueii les plus importantes. La plu- part desintéressés sont installés à Abidjan, à Bouakéet dansles centressemi-urbains où l’infrastruc- ture se développe. - la fonction publique emploie 9,5% desmigrants - cependantcette moyenne dissimuledes disparitésentre les sous-préfecturesde départ. Les migrants sediiigent, à titre principal, vers l’enseignement,la santépublique, l’armée, les douaneset la police. II faut noter aussila présencede quelquesmécaniciens, chauffeurs, menuisiers, maçonset peintres desservices généraux de l’administration.

(7) Ces remarques conduisent à traiter sCparCmcntlc problhc des hommes ct celui tlch fcmmcs. La rfparfilion socio-profc<-

sionne!le qui se degage des tableaux qui suivent, nc prcntl rn considhation que les migrants tic FCSCmawhi.

222 artion socio-pr?fessionnelle migrantspar departement

SUD (moins Abidjan

CENTRE (moins Bwaké) 33,o c++++*++++++++c-b+rt+-+ 3,oy5Da:...... ’‘:&+ ..++ k ++i2. -(++ 4 - + + 6,7 OUEST et CENTRE-OUEST

EST

2scercles sontproportionnels au toux de migrationdans la zone d’arrivée

16 et plus 0

3-5% 0 ommerces et services m I-Z% Artisanat de production 0 m 0 moins de 1% Agriculture Sans profession

Figure 11 - Répartition géographique et socio-professionnelle des migrants définitifs.

223 - le secteurcommercial et les servicesdivers regroupent 5,9% desmigrants. Ce sont surtout desemployés de maisonscommerciales sans grande qualitification profcssion- nelle et desmanœuvres. - en ce qui concerneles migrants de sexeféminin, on note que moins de 3% disposentd’un emploi. Cette situation mérite qu’on lui prête une attention particulière, étant donné que les femmes subissentdavantage que les hommesl’attraction du milieu urbain. L’artisanat de production accueille 1,3% d’entre elles. 11s’agit essentiellementde couturières ; 0,7% s’adonnentau commercedes pagnes ou travaillent dansles restaurants,des hôtels ou desbars qui sont parfois leur propriété. Quelques-unessont employéeschez desparticuliers au titre desser- vices domestiques.On compte moins de 1% dansla fonction publique.

4 - LES FACTEURS D’ACCÉLfiRATION ET DE FREINAGE DES MIGRATIONS DURABLES

II - La faiblessedes revenus monétaires due à la mauvaisecommercialisation des produits et à la pauvreté des cultures, constituaient jusqu’à cesdernières années, tout au moins pour les hommes,la principale cause desmigrations durablesvers les plantations et les villes. Aujourd’hui, le développementde la scolarisationest venu amplifier ce processus.Le secteurd’enquête ne compte que quelquespaysans titulaires du certificat d’étudesprimaires. Cesderniers ont, généralement,déjà effectué un séjour infructueux en BasseCôte. A la question suivante,posée à 1112 élèvespréparant le certificat d’étudesprimaires : «Queferez- vous si vous êtesadmis au certificat d’étudesprimaires et que vous n’avez ni la possibilité de passeren sixième ni celle de redoubler votre classepour préparer de nouveau l’examen d’entrée en sixième ? )), 95 % desinter- rogésont répondu qu’ils partiraient en ville. La désaffectiondes jeunes ruraux scolarisespour les travaux agricolesest considérable.C’est le pro- blème fondamental qui dominera le lancement, l’exécution et la réussitede tout programmede développement danscette zone. Il faut insister sur le fait que l’effectif desécoles primaires atteignait 11300 élèvesen 1968 sur une population active globale de 91000 personnesenviron. Les candidatsau certificat d’étudesprimaires représentaientun peu plus de 14% des scolarisés.

b - Il sembledonc qu’une grandepartie desjeunes quitteront leur milieu d’origine à l’issue de leur scolarité primaire. Ceux qui sont au collègeou qui demeurentdans les villagessont, de toute évidence,des migrants potentiels. II n’est pasexagéré de dire que, compte tenu du nombre d’emplois non agricolesofferts par la zone et de la faible rémunération descultures traditionnelles, la majorité desscolarisés suivront la mê: me voie si desmoyens efficacesne sont pasmis en œuvrepour dynamiserles structures de production actuelle .’ .et rendre le milieu rural plus attrayant. L’accroissementdu revenu agricole doit être l’objectif essentiel.Néan- moins, les jeunes ne resteront dansles villagesque s’ils ont l’assurancede pouvoir jouir, quelque peu, desavan- tagesde la vie moderne. Ils en seront d’autant plus sensiblesqu’ils auront passésix à sept annéesde leur vie dansle cadreprivilégié que représententl’école ou la petite ville.

c - Pour l’instant, les élémentsqui s’opposentà ce mouvement de répulsion n’ont que deseffets limités : - Au cours desdeux dernièresannées, l’ouverture du collège de Béoumi a permis de maintenir sur place environ 50% desélèves admis en sixième. Il sembleque sacapacité d’accueil soit déjà at- teinte car savocation s’étend aux sous-préfecturesde Sakasso,Diabo, Botro et Béoumi où les effec- tifs desclasses de fin d’étudesprimaires augmententrégulièrement (voir figures 12 et 13). - Il y a le servicecivique qui rayonne autour de Béoumi et de Botro. Sesmembres sont recru- tés dansles villages de cessous-préfectures. Les garçonsreçoivent une formation agricole accélérée et sont replacésdans leur milieu d’origine où ils bénéficient d’une assistancetechnique et matérielle. Cette méthode a l’avantagede modifier la mentalité du jeune paysantout en l’épargnant du dépaysement.

224 BOTRO

BEOUMI

1 SAK;ASSO Effectif G F Ensemble ~ Public 1723 566 2299 Privh 446 313 759 Total 2161 679 3048 rr. ICI Nombre de C.E.l? I 176 “’ la’ F: 28 69 J-G: 57

Figure 12 - Répartition des effectifs des écoles primaires publiques et privées en 1968.

225 W 0 c b x

, yI BÉOUMI m,

TIÉBISSOU 2Oh

Figure 13 -Zone d’influente du collège de Béoumi au cours de l’année scolaire 1967-1968.‘

226 En ce qui concerneles filles, la démarcheest différente. Elles acquièrent une formation en matière d’alphabétisation, d’hygiène et de puériculture puis elles sont installéesdans les villages. - 11existe, enfin, différents centresde formation professionnellequi assurentl’apprentissage rapide d’un métier et offrent gratuitement aux intéressés,à la fin du stage,le matériel nécessaireà l’exercice de leur métier. Les faibles possibilités que présentent,dans l’immédiat, les centressemi- urbains et les villagesconstituent un obstaclemajeur à leur intégration dansleur milieu d’origine.

5 - L’INTEGRATION DE LA ZONE RURALE AU MILIEU SEMI-URBAIN ET A LA REGION

Dansla perspectivede la définition de programmesd’action régionale,la répartition géographique et socio-professionnelledes migrants permet de préciserle degréd’intégration deszones rurales à leurs cen- tres semi-urbainset à ceux de la région environnante. - Les centressemi-urbains de Béoumi, Sakasso,Botro et Diabo ne retiennent que 2,6% des flux migratoires en provenancede la zone rurale. A traversl’éventail desemplois offerts, il est possi- ble de sefaire une idée de leur niveau de développement.

Répartition socio-professionnelle des migrants dans les centres semi-urbains

Fonction Commerces Artisanat Sans Agriculture To ta1 sous-préfecture Publique et Services de Prodw tion Profession

Béoumi 12,5 31,3 19,7 37,5 100 Sakasso 76 776 7,6 73,0 4.2 100 Botro 25,0 75.0 100 Diabo 100 100

- La lecture de ce tableau montre que Béoumi présentequelques possibilités dansl’artisanat de production (transports et activités annexes,maçonnerie et menuiserie).Le commercen’est que faiblement représenté.En raison de salocalisation au croisementd’axes importants, Béoumi est aussi un gîte d’étapeet d’observationpour les jeunes ruraux qui se dirigent vers les grandesvilles et pour les anciensélèves qui ont dû arrêter leurs étudesavant ou aprèsle certificat d’étudesprimaires. Ceci explique le pourcentageélevé des ((sans-profession))dans ce centre (8). - La structure socio-professionnelledes migrants à Sakassodoit être analyséeen tenant compte du fait que cette sous-préfectureest plus récente que celle de Béoumi. Au cours desannées qui ont suivi son ouverture, desemplois ont été crééspar la mise en place des servicesadministratifs. Par ailleurs, le commerceet l’artisanat ont connu un léger essor.Etant donné la rapide croissancedémo- graphique de ce centre, cette structure subira de profondes modifications si d’autres possibilités d’emploi ne sont pas offertes en dehors de la fonction publique. - Botro n’accueille que très peu de migrants de la zone rurale. Les débouchéssont très limités puisqu’ils seréduisent exclusivementà la fonction publique. - Diabo est, par excellence,le gros bourg en voie de mutation. L’infrastructure administrative n’est pastrès développéeet l’équipement du centre est encore sommaire.Les raresmigrants qui s’y installent, seconsacrent à l’artisanat de production.

(8) cf. J.CHEVASSU - Etude économique d’un centre scmi-urbain : B6oumi. ORSI‘OM. 1. 3. 1968.

227 CONCLUSION

De l’analyse de la répartition géographiqueet socio-professionnelledes migrants dansles centres semi-urbains,se dégagentles conclusions suivantes: - Ilexiste une très faible intégration deszones rurales aux centressemi-urbains. Ces derniers n’accue’tient qu’une infime partie desmigrants à causedu faible développementde leurs activités secondaireset tertiaires. - Entre la zone rurale, Bouaké et Abidjan, il y a très peu de centres semi-urbainscapables d’offrir desemplois aux migrants.

Répartition socio-professionnelle des migrants par département d’arrivée (*)

Fonction Commerces Artisanat Sans Départements Agriculture Total Publique et Services de Production Profession

Sud 135 13 56 81,7 9.3 100 (moins Abidjan) 0 Centre 3,o 431 638 77,l 920 100 (moins Bouaké) Ouest et Centre-Ouest 3x0 135 5,8 83,0 637 100 Nord 8,4 192 1,s 55,9 33.3 100

(*) II s’agit des anciens départements

C’est un des principaux problèmes que devra résoudre la politique de développementrégional. Il est évident que le ralentissementdes mouvementsmigratoires ne sera effectif que si des moyens adaptés sont mis en œuvre pour pouvoir : - Accroître substantiellement le revenu agricole de la zone par la combinaison de structures de production plus efficientes ; - Harmoniser le développementde la zone à celui du centre semi-urbain et de la région de telle sorte qu’apparaissentdes activités autres qu’agricoles susceptiblesde créer des emplois nouveaux ; - Rendre le milieu rural attrayant par la mise en place d’une infrastructure adéquate dans le domaine socio-éducatif, culturel, sportif, afin de pouvoir maintenir sur place une partie des sco- larises aprèsle certificat d’études primaires.

Compte tenu des moyens disponibles, ces objectifs ne seront atteints que si les programmes d’action s’inscrivent dans des zones définies sur la base de critères précis qui peuvent recouvrir une ou plusieurs sous-préfectures,au niveau desquellesil sera plus aisé de coordonner les tâches des différents organismesd’intervention, d’en contrôler l’exécution et d’en apprécier les effets.

228 Dabakala’

Quelques aspects démo-économiques d’un centre secondaire

G. ANCEY

229 Cette note est tir-e d’un récent rapport ‘sur le recensementdémographique du centre réalisé en janvier 1969 (1) qui se présentait comme le prélude à une étude plus globale sur le milieu Djimini et Diamala. Nous nous sommesdonc attardés davantagesur certains aspects,à la limite de l’économie et de la démographietels que l’installation chronologique desdifférents corps de métier, le degrééventuel de sous-emploi,la structure et la composanteethnique actuelle de l’emploi, l’instruction. Dansune partie initiale nous résumeronsdonc les principales donnéesdémographiques en soulignant plus particulièrement les aspectsqui paraissentspécifiques au centre. Ensuite, nous examineronsla situation socio-professionnelle.Nous conclueronspar quelquesaperçus extérieurs au recensementproprement dit afin de mieux situer le centre dans son fonctionnement économique.

A VANT- PROPOS

La première question que l’on est implicitement amenéà seposer en pénétrant à Dabakalapar sa piste sud, puis en dépassantsuccessivement les anciensbâtiments de chefferie de subdivision utilises aujour- d’hui par la nouvelle administration, le groupe scolaire,la Mission, pour arriver au monumental rond-point d’où part la bifurcation de Katiola à l’ouest et de Nassianà l’est, est de savoir si l’on a affaire à un ancien bourg (2) actuellement dans un semi-oubli ou à un gros village en voie de mutation. C’est cette seconde impressionqui l’èmporte en débouchant parla piste de Katiola, lorsqu’on découvre;sur tout l’avers du mari- got, de nouveaux lotissements. C’est cependantde la petite piste reli$ au sud-estde la sous-préfectureBassawa et de là P&ro que l’on prend le plus nettement consciencedu’caractère ambigu de Dabakala.On trouve alors, à peu de distance l’un de l’autre, un vastehangar ouvert qui n’est autre qu’une.fabrique d:essencesde citron et la centrale élec- trique de l’E.E.C.1.(3), mais les deux bâtiments ne sont pas raccordéset l’ancienne fabrique fonctionne au bois de chauffe.

(1) ANCISY, G. - Dabakala. Keccnscmcnt dhograplliquc (janvier 1969). ‘l‘omc 1 , R6sultats commcnh. Y8 p. ; l‘omc 2 : Annexe. Tableaux dc base. 46 p. - O.K.S.T.O.M.-MinistCrc du Plan-Ministhc dc I’Agrisulturc. vol.lIl, 1, 1970. (2) Pour ne préjuger, ni dans un sens, ni dans l’autre, d’un substantif plus précis. (3) Energie Electrique de Côte d’hoire.

230 ASPECTS DÉMOGRAPHIQUES

1 - EFFECTIF RECENSI?

Selon divers recensements,la population de Dabakalaaurait compté 1919 h en 1962 (4) mais seule- ment 1845 h en 1965. Un recensementde 1957 mentionne à peine un millier d’habitants. Nous c’+ vans dénombré2050 en janvier 1969 et nous estimonsque ce résultat pèche de S,; par défaut. En effet, un comptagepostérieur desélèves résidant à Dabakala,c’est-à-dire ne rentrant paschaque soir dansleur village, a montré une certaine sous-estimationdes déclarations du recensement.Compte non tenu desvisiteurs (54 recenses),on peut retenir commechiffre le plus proche de la réalité 2 100 résidents en 1969. Quel que soit le chiffre retenu, nous sommestrès en deçà du seuil reconnu habituellement comme celui d’un centre semi-urbain(5). Et cependantDabakala n’a rien de commun avecles villagesqui l’entourent, non seulementpar la différence de taille puisque le village Djimini classiquecompte en moyenne 240 h; mais surtout par l’infrastructure économiqueet administrative dont elle est pourvue : cinq boutiques, deux postes de carburants,un grand marchéhebdomadaire et un petit marché quotidien, la fabrique (unique en Côte d’ivoire) d’essencesde citron (6), une administration fort bien représentéepar la sous-préfectureet un campe- ment administratif récemmentouvert, la Gendarmerie,un Secteurde DéveloppementRural devenu autonome en 1969 et groupant un servicedes Eaux et Forêts, de la Chasseet du Reboisementet un serviceproprement agricolechargé des relations avecles sociétéspubliques ou privées(SATMACI-CFDT-CAITA). On trouve éga- lement un hôpital-maternité, un servicevétérinaire, une école primaire publique, une école‘privée (Mission catholique), une Mission protestante, enfin la centrale de l’E.E.C.1.bien que sesraccordements soient encore très peu nombreux. Tout cela fait que Dabakalaen dépit de ses2000 et quelqueshabitants mérite peut-être le nom de centre semi-urbain.C’en est un indubitablement pour le Djimini venu d’un village Bidiala, Kakono ou Kafou- dougou (7) perdu dansune densité de 5,4 h/kml. Cette population serépartit entre sept quartiers dont certainsne sont que dessous-quartiers :

(4) D’aprèsles listes de vaccination ant%uiolique. (5) 4000habitants . . . selon les géographes ORSTOM, avec quelques tolhanccs, en plus ou cn moins, admises pour certains cas particuliers. (6) Sur le plan strictement économique, cette entreprise ne joue aucun rôle à Dabakala, sinon par les sbires des manœuvres agricoles qu’elle redistribue. (7) Noms de «groupes» villageois. II y a vingt groupes dans l’ensemble du pays Djimini-Diamala. Dabakala fait. avec cinq autres villages, partie du groupe ((Centre».

231 Population tlommc ICC11, 11, c taux H;I;

BillllbüILlSSO 788 379 409 92.7 Odicnnesso 461 214 247 86.6 1:onctionnüirc 254 II7 137 85.4 Diawara 239 123 II6 106.0 Sünassidougou 172 74 98 75.5 MutilE 78 40 311 105.3 Koko 58 32 26 123.1 Total 2050 979 1071 91.4 100 47.7 52.3

2 - AGE ET SEXE

La population recen‘séemontre un taux global de masculinité plutôt faible (9 1,4). Exemple : à Béoumi en 1967 96,3 ; à Sakassoen 1967 lOO,O... Par ailleurs, la pyramide desâges présente des caractéristiques très classiques,telles que la proportion desmoins de 15 ans : 46,1%, chiffre identique à la moyenne nationale. Soit le tableau suivant (en 70) :

Homme Femme Total taux H/F

o- 1 236 2.1 533 96.4 l- 2 13 138 3.7 102,7 2- 3 1.4 1.5 2.9 93.3 3- 4 291 176 3.7 133,3 4- 5 136 1,8 3.4 86.5 ---_----_------5 9.6 9.4 19.0 101.6 -______-______-_____I______------s- 9 771 86 15.7 P3.4 100,4 lO- 14 6.4 5.0 11.4 127.2 i 15-19 331 434 7s 70.3 20 - 24 24 4.2 6.6 58.1 1 62,4 25 - 29 390 5.1 8-1 59.0 30 - 34 4.3 4,4 837 98.9 35 - 39 3.0 3.5 6.5 84.7 t 92.4 40 - 44 2.2 2.3 4.5 91.6

50 - 54 1.6 1 .o 2.6 160.0 135,8 4555 --49 59 2911,3 1.71 .o 2,33.8 135.0126.5 1 60 - 64 0.8 0.8 1.6 106.2 65 - 69 0.4 0.4 0.8 112.5 100.0 70 - . . . 0.4 0.5 0.9 80.0 TO la I 47.7 5 2.3 100 91.4

232 L’excédent masculin des 10-14 anscorrespond à un rejet desfilles de cet âge,soit dansla classe précédente,soit dansla classesuivante, selon leur précocité pubertaire. Le facteur scolairepeut jouer aussi en gonflant artificiellement l’effectif masculin à la suite d’une manipulation desétats-civils. De 15 à 29 ans,l’excédent féminin s’explique par ce biais scolairemais aussipar l’exode masculin. Cependant,on sait que l’exode ne joue pasen pays Djimini un rôle aussiimportant que dansla région de Bouaké.Il paraît donc relativement plus important «en ville» où les difficultés d’emploi seraientdavantage ressentiespar la population masculine. En définitive, le phénomènedominant est que danstous les quartiers sansexception le taux de mas- culinité est.toujours inférieur dansles classesd’âge actif (15-59 ans) qu’aux âgesinactifs (O-14ans, et ...60 ans passés...). La population d’âgeactif (15-59 ans) ieprésente50,6% de l’ensemblede la population recensée.Ces proportions étant respectivementde 48,3% pour les hommeset de 52,8% pour les femmes.

3-LESTATUTMATRIMONIALDELAPOPULATIONRECENSÉE

Le statut matrimonial de la population de Dabakaladévie par contre sensiblementde la norme définie en milieu rural ivoirien. Il est certespossible que les écartssoient dus à la minceur de l’effectif recensé et que certainsrésultats aient été biaiséspar un «rajeunissement»systématiquement des femmes veuves ou divorcées,mais, même pour la population masculine,d’importantes déviantessont enregistrées.Ci-après un tableau restitue l’évolution comparéedes statuts matrimoniaux selon le sexeet l’âge.

Situation matrimoniale par sexeet par âge (Entre Parent&es,les chiffres valables dans l’ensemble du milieu rural ivoirien, d’après : Côte $Ivoire 1965 -Population, p.105f Colonne «Dab» : chiffres pour Dabakala

is-19 20 - 29 30 - 39 40 -49 50 - 59 60 - . . . Total + 15 ans Age Dab. Dab. Dab. Dab. Dab. Dab. Dab.

H Célibataires 98,4 (98) 62,5 (56) 34,7 (15) 17,3 63) 13,5 (4) 898 (5) 41,9 (30) Mariés 196 (2) 37,s (42) 62,7 (81) 75,9 (87) 84,8 (87) 88,2 W-3) 56,s (64) Veufs et div. t-1 (2) U (4) G3 (5) 137 (9) 3,O (17) L6 (6) Total H 100 100 100 100 (100) 100 100 (100) ----_-----_---. ---- .------(100) (100) ----- (100) (100) --_- (100) ------F Célibataires 50,5 (36) (8) 774 (2) 691 (2) 2.5 (3) 390 (5) 162 (9) Mariées 48.4 (64) (90) 84,5 (94) 67,l (88) 40,o (72) 23,5 (34) 68,3 (82) Veuves et div. 1s t-1 (2) 831 (4) 26,8 (10) 57,s (25) 73,5 (61) 15,5 (9) Total F 100 (100) (100) 100 (100) 100 (100) 100 (100) 100 (100) 100 (100)

On voit que les hommesse marient asseztard puisque plus du tiers de ceux âgésde 30 à 39 ans sont encore célibatairesalors que la norme en milieu rural ivoirien est de 15%. Plus de 40% deshommes âgés de plus de 15 ans se déclarent célibataires(30% en milieu rural ivoirien). Ce chiffre est intermédiaire &tre .le chiffre valable à Abidjan (50%) et le chiffre valable en «milieu urbain» (36%). Pour 1;s femmes,la mêmeconstatation s’imposebien qu’après40 ansla proportion des veuves(ou divorcées)doive être surévaluée.

23j Nous avons d’autre part calculé le taux de polygamie qui s’élèvea 141, contre 143 pour le milieu rural ivoirien. Le taux est inférieur à celui observédans la région de Korhogo (144). Cet indice s’élévede 15 à 44 ans (100 à 153). Au delà saprogression s’arrête du fait desinterférences ethniques et socio-profes- sionnelles...Ainsi, c’est le quartier ((Fonctionnaire))qui a l’indice le plus élevé(159) bien que sapopulation masculine soit en moyenne assezjeune.

4 - L’INSTRUCTION

La remarquefondamentale en ce qui concerneles niveaux d’instruction est qu’un véritable fossé isole la génération de moins de 20 anset cellesde plus de 30 ans.Cette différence d’instruction nous paraît tout aussiprofonde que celle que l’on peut observerentre les deux sexes. Ainsi un tableau a été dresséqui représentesous forme d’indices, à l’intérieur de chaque classed’âge, les niveaux comparatifs d’instruction deshommes et desfemmes. Pour chaqueclasse d’âge le taux de mascu- linité tient lieu de base 100.

\Niveau Age -9 10 - 19 20 - 29 30 - 39 40-49 50 - . . . Ensemble

1-R 0,91 0,44 0,41 0,52 0,68 0,65 0,67 2-P 0,84 1,80 5,21 1,53 5,19 w 2,69 3 - L-E 1,43 1,47 4,59 4,83 12,56 7,14 1,74 4 -CEP-CAP - 1,20 8,47 ca CO ca 3,79 5-BEPC - CO 15,25 03 m 16,41 o-BAC - ca ccl (0,79) 4,38 Taux H/F l,oo l,oo 1,oo l,oo l,oo l,oo l,oo

R = aucune connaissance du français ; P = parle le franqais ; L-E = lit ou écrit le français

Ainsi, pour 100 femmes,67 hommesn’ont aucune connaissancedu français,etc.. Sansattacher trop d’importance aux casaberrants (ex.: BAC = 0,79 à plus de 50 ans, .. . dû à la population étrangère)ou aux retournements de tendance(ex. = 0,67 - 2,69 - puis 1,74 - 3,79 - etc..)dûs à la faible population recensée, ce tableau montre avant tout le seuil franchi par les indices au delà de 20 ans. Par exemple, de 143 à 147 garçonspour 100 fiIles lisent ou écrivent le françaisjusqu’à 19 ans,mais 459 entre 20 et 29 ans... En définitive, la population de plus de 15 ans serépartit comme suit :

Homme Femme

R 50,o 88,O P 21,9 33 LE 16.2 672 CEP Alphabètes 28,l * 871 1,7 8.2 ** BEPC 3,O 02 BAC 0.8 071 100 100

* dont 10,5%âgésde 15 à 24 ans 234 ** dont 6,6% âgéesde 15 à 24 ans 5 - L’ORGANISATION FAMILIALE

La ((cour))qui est l’unité supérieurede résidencea une taille moyenne de 7.62. Le «ménage»,plus restreint, de 5,86, ce qui donne en moyenne 1,30 chef de ménagepar cour. Ceschiffres intermédiairesde ceux que l’on obtient habituellement en milieu rural où la taille des «ménages»oscille de 6 à 10 selon les ré- gions, et en milieu urbain où elle varie de 4 à 5, montrent une nouvelle fois le caractèrede Dabakala,ambigu jusque dans sesstructures familiales. La taille moyenne du ménagevarie en fonction de certains paramètres:

a - Le métier du chef de ménage Sont inférieurs à la moyenne (5,86), les ménagesdont le chef est : - sansprofession I - employé du secteurtertiaire traditionnel moyenne : 5,lO - artisan traditionnel - agriculteur J Sont supérieursà la moyenne les ménagesd’artisans modernes, d’employés du tertiaire moderne (uniquement les (

b - Le nombre des personnes accueillies Contrairement à toute attente, le nombre de personnesaccueillies semble très peu dépendredu métier du chef de ménage.On compte en moyenne 1,S2 accueilli par ménage,soit 26% du total de la popu- lation..., or les salariésfonctionnaires et assimilésn’accueillent en moyenne que 1,51 personnedans leur ménage. En effet, l’accueil dépendessentiellement de l’ancienneté de l’installation du chef de ménageet de son appartenanceethnique. Un calcul d’ajustementde la fonction accueil-tempsa montré que tout sepasse commesi un ménageaccueillait 0,29 résident après dix annéesd’installation avec, dès l’arrivée, 0,95 accueilli, soit : Y = 0,029 t+ 0,95. En conclusion, la taille des ménages se modifie globalement sous l’influence déterminante de la variable socio-professionnelle, mais la fraction accueillie dans le ménage est fonction principalement des va- riables ethniques et temporelles. Nous abordonsainsi le dernier point de ce chapitre concernant la structure ethnique de la population puis sesmouvements d’installation.

235 6 - LES ETHNIES DE DABAKALA

L’ensembledes personnes recensées se décompose ainsi :

Ethnie Total % Résidents % y compris visiteurs

1 - Djimini 817 39,8 184 39,3 2 - Diamala 45 232 43 2,l 3 - Senoufo 74 396 74 397 4 - Tagouana 13 396 71 396 5 - Autres Voltaïques de Côte d’ivoire 24 192 20 190 Total groupe voltaïque de C. d’ivoire 1033 50,4 992 49,l 6 - Malinké 417 20,4 412 20,6 7 - Peulh 26 192 25 193 Total groupe Soudanien 443 21,6 437 21,9 8 - Baoulé 201 93 199 10,o 9 - Autres Akan 33 176 33 196 Total groupe Akan 234 11,4 232 11,6 10 - Bété 6.7 393 66 393 11 - Autres Krou 41 290 39 230 Total groupe Krou 108 593 105 593 12 - Divers Ivoiriens 42 291 41 2.0 Total Ethnies Ivoiriennes 1860 90,8 1807 90,5

13 - Mali 71 335 71 3,55 14 - Haute-Volta 71 375 71 3,55 15 - Divers Africains 41 13 40 2,o Total Non Ivoiriens 183 83 182 9,l

16 -Non Africains 7 093 1 074 Total général 2050 100 1996 100

Les deux ethnies prédominantessont donc les Djimini, près de 40% et les Maliiké, plus de 20%. Dabakalarepose ainsi pour l’essentiel sur un fond ethniclue voltaï&e à dominante Djirnini-Bambara double d’une très vieille soucheMali& venue voici plusieurs générationsde la région d’odienne, au nord- ouest de la Côte d’ivoire. En réalité, le groupe Malinké montre même,en moyenne, une antériorité d’installation sur les Djimini et, en ce sens,apparaît commele véritable fondateur du centre (le chef de ménageDjimini est installé en moyenne depuis 29,5 ans contre 33,2 anspour le chef de ménageMali&,..). Tous les autresgroupes sont ar- rivés beaucoupplus récemment,le troisième arrivant étant le groupe Diamala avecseulement 13,4 années d’installation pour les chefs de ménage...(le petit noyau non africain mis à part avec 15,8).

236 7 - LES MOUVEMENTS D’INSTALLATION

Cette population serépartit en deux massesd’égale importance : - 1025 sont nés au centre, - 1025 sont desimmigrants. Selon les quartiers, on a cependantune proportion plus ou moins élevéed’immigrants, d’ailleurs en étroite corrélation avecleur proportion de Djimini ou de Malinké.

% Djimini et % des non nés Quartier Malinké centre

Koko 48,l 19,3 Fonctionnaire 12,6 Il,2 Diassara 35,9 66,9 Mutilé 64,l 48,l Odiennesso ?O,l 45,8 Bambarasso 12,2 41,l Sanassidougou 83,2 2?,1 To ta1 60,2 SO,0

Koko, petit quartier isolé, présentela particularité de compter le maximum d’immigrants malgréune proportion relativement élevéede Djimini (et Malinké). Ce serait donc un quartier d’accueil pour nouveaux arrivants Djimini encoremal intégrés. Sanassidougouest au contraire un quartier peuplé en majorité d’«autochtones»à la fois de par leur appartenanceethnique et de par leur lieu de naissance,à l’opposé du quartier ((Fonctionnaire)). En ce qui concerneles motifs d’installation, ceux-ci varient beaucoupselon le sexeet l’âge de I’immi- grant. Pour les hommes,plus d’un sur deux justifie son installation par un motif d’ordre professionnel(travail 49,4%, affaires 2,4%) et cette proportion atteint 78% dansles classesd’âge actif. ‘A l’inverse, pour les femmes,la règle est d’arriver au centre par le jeu d’obligations familiales. L’âge d’arrivde varie égalementselon le sexemais plus encore selon la date où a lieu l’arrivée. Ainsi, sur l’ensemblede la période, l’immigrant masculin est arrivé en moyenne à 22 anset la femme à 17 ans(moyenne 19,5 ans), mais, de plus en plus, il apparaît une maturité croissante de l’âge &rrivée. Avant 1934, plus destrois-quarts desarrivants desdeux sexessont desmineurs de 15 ans et l’âge moyen est inférieur à dix ans.Entre 1934 et 1953, l’âge moyen se stabiliseautour de 17-18 ans et les moins de quinze ans sont de 45.à 55 %. Depuis 1954, les arrivants de moins de quinze ansne représententplus que 30-40% deseffectifs et I’âgemoyen est supérieur a 20 ans, soit près de 23 anspour les hommes. On voit donc se dessinerpeu à peu la fonction de Dabakalaen tant qu’employeur malgréla lenteur du mouvement et saprogression en paliers. Depuis 1963, le mouvementmigratoire sembles’accélérer mais c’est aussile signeprobable que ces installations n’ont rien de définitif ou, en tout cas,sont appeléesà seraccourcir proportionnellement à leur fréquence. D’où viennent les migrants ? De plus en plus d’un milieu urbain OU semi-urbain.Ainsi, selon l’âge actuel-du migrant les origines ((rurales»dans l’ensemble des migrations évolnent de la façon suivante :

, 237 Pourcentage de l’apport rural dans les migrations

Age actuel H o m m e F e m m e Ensemble du migrant

- Sans 40,o 44.0 42.4 5 - 14 62,3 53.0 57.6 15 -29 91,3 90.8 91 .o 30-49 92,9 96.1 94.5 50 - . . . * (82,l) (87.8) (84.0) Moyenne 80.2 79.6 79.9

* Chiffres fausséspar les déclarations invérifiables de la fraction étrangère

Les migrants, âgésactuellement de plus de quinze ans, sont pour 90% au minimum originaires d’un milieu rural. On tombe à près de 40% pour les moins de cinq ans. En mêmetemps, l’horizon desimmigrants eruraux)~tend à seramener aux limites de l’ex-départe- ment du Centre. Les ruraux venant de régions plus éloignéessont en recul.

Age des migrants ruraux Lieu d’origine 4 5 -‘14 15 - 29 30 - 49 50 - . . . moyenne

Pays Djimini 44,4 39,l 43,3 44,9 35,7 42,5 Reste du Départe- ment du Centre ‘25,O 28,6 20,5 15,8 22,6 20,s Divers 30,6 32,3 36,2 39,3 41,7 37,0 100 100 100 100 100 100

Les migrations ((urbainessont donc en expansion et parmi celles-ci,mais encorebeaucoup plus nettement que pour les migrations rurales, la part de l’exdépartement du Centre va croissant.

% des villes Age du «Centre» dans l’apport urbain -5 5 - 14 15 - 29 30-49 50 - . . . moyenne

Homme 47,6 32,5 33,3 25,0 30,9 Femme 53,6 3’6,4 41,l 40,o 40,4 Ensemble 51,0 34,7 38,5 29,4 35,9

238 A noter que les migrantesurbaines sont en plus forte proportion que les migrants originaires de vil- les de l’ancien départementmais l’écart va en seréduisant. L’apport urbain masculin est donc plus diffus (par exemple, 34% desmigrantes venues d’une ville ivoirienne sont néesà Bauakéet 19,2%à Abidjan, mais seu- lement 18,2%des migrants sont nés à Bouaké et autant à Abidjan).

Cet aspectmigratoire nous permettra d’aborder sousleur angle chronologique les donnéessocio- professionnellesdu centre.

239 LES ASPECTS SOCIO-PROFESSIONNELS

1 - LA CHRONOLOGIE DES DIFFÉRENTS CORPS DE METIER

d’installation des résidents actifs

- 2ans 14,9 33,3 12,Y 38,2 14,6 25,o 32,2 21,9 21,9 2- 5 798 20,Y 6,4 72 16,O 15,0 23,4 12,7 34,6 s- 9 9,1 16,7 9,7 971 13,4 10,o 15,6’ 11,4 46,0 10-14 7,8 833 831 5s 733 12,5 78 73 53,9 15 - 19 7,8 8,3 438 5s 8,s 590 4,5 6S 60,4 20 - 24 11,7 - 891 396 2,4 735 22 6,s 66,7 25 - 29 792 833 438 555 ll,o 12,5 393 7,l 73,8 30 - 34 72 492 Y,7 12,7 691 590 494 7,l 80,Y 3.5 - 39 5,2 - 12,Y 5s 733 2s 191 533 86,2 40 - 44 5,8 - 6,s 12 2,s 393 3,6 89,8 45-49 4,5 - 625 336 2,4 2S 1,1 394 93,2 50 - 54 3,2 - 438 198 337 2,4 95,6 55 - 59 1,Y - 133 3,7 1,4 97,0 60 - . . . S,Y - 438 2,4 191 330 100 Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100

Le tableau précédentmontre que les actifs les plus anciennementinstallés exercent aujourd’hui non pasle métier d’agriculteur mais d’artisan traditionnel. Et cela seconfirme lorsque nous savonsque les chefs de ménagede plus vieille installation ne sont nullement desDjimini-Bambara, traditionnellement voués à l’agri- culture, mais bien desMalinké, jadis émigrésd’odienné et, par tradition, artisans. En effet, si l’on prend commepoint de repèrel’année médianed’installation de chaque catégorie, c’est-à-direl’époque oh 50% desactifs d’aujourd’hui setrouvent déjà installés, on obtient le classementpar ordre d’ancienneté décroissantesuivant :

240 Stadepré-monétaire 1 - artisanstraditionnels 1944 2 - agriculteurs indépendants 1948 Développementde la fonction marchande et commerciale 3 - commerceset servicestraditionnels 1954-1955 4 - commerceset servicesmodernes 1959 Développementde la fonction productrice 5 - artisansde type moderne 1961-1962 Développementde la fonction monétaire, salariale et administrative 6 - manœuvresagricoles 1964-1965 7 - salariés,fonctionnaires et assimilés 1964-1965 Et, pour les inactifs, 1 - de 15 ans et plus 1952 2-demoinsde 15 ans 1965 Les deux premièrescatégories correspondent à une économiepré-monétaire. Selon ce schémavalable tout au moins pour Dabakala,il apparaît que si le commercetraditionnel ne vient qu’aprèsl’artisanat tradi- tionnel, le commercemoderne devancel’artisanat de type moderne. De sorteque la fonction commercialeest tout entière enveloppéepar la fonction secondaire,et les annéesmédianes du tertiaire traditionnel et moderne sont remarquablementrapprochées. Certes,l’ancienneté d’installation au centre que nous considéronspeut différer sensiblementde I’an- cienneté d’installation dans la profession, particulièrement pour les actifs salariéset du tertiaire moderne, cependanton peut admettre que l’ordre chronologique d’installation dansla profession correspondà la chro- nologie d’installation au centre. En l’espacede deux décennies,Dabakala s’est donc dépouillée d’un certain nombre de traits qui l’attachaient encore à l’économie pré-monétaire,remplacés progressivement par destraits propres d’abord à une économiemarchande puis commerciale,enfin par destraits d’un petit centre semi-urbain.Ce qui est, sommetoute, un processusdes plus classiquesde développement.

2 - LA STRUCTUREACTUELLE DE L’EMPLOI

Nous considéronsici l’emploi actuel, de préférenceau métier déclaréà la fois pour mieux saisirla réalité, faire ressortir le degrééventuel de l’instabilité professionnelleet la nature du véritable sous-emploi. Les activités ménagèreset scolaires,exclues desmétiers, seront spécifiéesau regard de l’emploi. Nous obtenons pour l’ensembledes résidents des deux sexesla répartition indiquée par lé tabIeau de la pagesuivante. Les emplois de type actif (catégories1 à IV) sont donc un peu moins nombreux (97%) que les métiers déclaréset représentent24,7% de la population résidente. Les véritables inactifs de plus de 15 ans, aprèsélimination desménagères (25,6%) et desélèves (19,4%), ne forment que 3,7% de la population, ou 15,2% de la population active. D’autre part, les deux classificationsselon le métier déclaréet selon l’emploi actuel montrent une assezforte stabilité professionnelle.Sauf exceptions, les activités agricolessont les seulesà être pratiquéesde fait plus fréquemment que ne l’indiquent les déclarationsde métiers. On rencontre égalementun surcroît de travailleurs occasionnelsdans l’c&rdustrie alimentaire» et dansles servicestraditionnels. Les activités les mqins stablessont cellesde l’artisanat traditionnel (hormis le textile), du commerce traditionnel et desservices modernes (en pratique, les gensde maison), en fait cellesqui n’impliquent pasun investissementinitial important.

241 Agriculteur 141 147 7.4 104 J .4 Agriculteur-pJanteur 11 12 05 1.09 0 Planteur 2 2 O,l JO0 0 Manœuvre agricole 24 --a- J ,2 JO4 0 1. 178 186 9,3 JO5 1.1 Textile 38 37 1.9 97 35.1 Métaux 19 14 037 74 0 Divers traditionnels 5 4 0.2 80 0 II. traditionnel 62 . 55 23 89 23,6 Bâtiment 37 35 1,75 95 0 Mécanique-Electricité 6 6 0,3 100 0 Alimentation 11 13 0,7 118 0 Divers modernes 1 1 0.05 100 0 II. moderne 55 55 23 100 0 Commerce traditionnel 36 31 136 86 0 Commerce de marché 32 29 1,4 91 89,7 Services traditionnels 14 16 0,8 114 6,3 III. traditionnel 82 76 398 93 35,5 Commerce moderne 10 10 095 100 10,o Services modernes 30 - 25 1,2 83 20,o III. moderne 40 35 177 88 17,l IV. Salariés 90 85 94 4,7 - - 4,3 Total des Actifs 507 492 24,7 91 10,6

Sans Profession (15 ans et +) 570 75 397 13 41,3 Sans Profession.(0 - 14 ans) 919 5'3 1 26,6 58 52,O V. Sans profession 1489 606 30,3 41 50,7 Ménagères 510 25,6 100,o Elèves 388 19,4 43,3

Total des Résidents 1996 1996 100 100 52,0

En définitive, par grand secteur,la structure de l’emploi est la suivante : Secteur1 : 37,8% Primaire (Agriculture) SecteurII - traditionnel 11,2% - moderne 11,2% total II : 22,4% Secondaire(Artisanat de production) SecteurIII -traditionnel 15,4% - moderne 7,1% total III : 22,5% Tertiaire (Services,Commerces) SecteurIV : 17,3% Quaternaire(Fonctionnaires et salariés assimilés) Total ( 1 - IV ) :lOO%

242 3 - LE PROBLÈME DES EMPLOIS SECONDAIRES

Un certain nombre d’actifs ont déclarémener parallèlement à leur activité principale (emploi actuel) une activité secondaire.Cela est égalementle casde certains «inactifs» (ménagèresou élèves).Il est peut-être excessifde parler alors d’activité secondairemais cette activité reste beaucouptrop épisodiqueou marginale pour être considéréecomme leur emploi principal. Sansdétailler davantagevoici les proportions d’actifs ou d’inactifs ayant une activité secondaire: Ensembledes agriculteurs 11,3 % Ensembledes artisans 48,2 Ensembledes actifs tertiaires 34,2 Ensembledes fonctionnaires et salariésassimilés : 11,8 Ensembledes 492 (

Secteur %

1 45,0 II 20,o III 20,8 IV 14,2 Total 100

4 - LA RÉPARTITION INTER-ETHNIQUE (voir tableau de la pagesuivante)

La composanteethnique a été fournie au paragraphe6 du chapitre précédent.

243 1 Djimini DiamaIa 13,4 2,7 2,4 2.3 O-4 0,J 1.8 1.5 24.6 J6,2 32,0 2.8 24,4 100 2 Autres voltaïques 8,5 2,4 4,9 3,0 076 O-6 0.6 6.7 27,3 24,8 17.6 3,o 27.3 JO0 3 Groupe soudanien 5,5 4,I 1,6 3,2 o,g 0,5 1,I 2,8 20,7 16.9 27,9 6.9 28.6 100 Total l+ 2+ 3 10,4 3,l 2.4 2,7 0,6 OS3 1,5 2,4 23.4 17.4 29.1 4-l 26.0 100 % actifs 44,6 13,2 10,5 Il,4 2,4 192 6,3 10,4 100

4 Akan 4,3 0,4 1,7 - 193 0,4 9,9 18.0 29.3 19,4 4,8 28,5 100 5 Krou 1,9 - - 130 13,3 16,2 37,l 15,2 14 30,5 100 6 Divers Côte d’ivoire 17.1 17,l 31,7 17.1 34,l 100 Total 4+ 5+ 6 2,6 0,8 1,l - 078 075 11,6 17,4 31,8 18.0 3,2 29,6 100 % actifs 15,2 4,5 6,l - 4,5 390 66,7 100 Total Côte d’ivoire 8,8 2,6 2,l 2,l 074 0,4 1,3 4,4 22,l 20,4 26,8 3,9 26,8 100 % d’actifs 39,8 11,8 9,7 9.5 1,7 2.0 53 19,7 100

1 Non Ivoiriens 14,8 4,4 8,8 12,l 23 055 1,l 3.3 47.8 9,3 14.3 2,8 25,8 100 % actifs 31,0 9,2 18,4 25,3 53 J,J 2,3 6,9 100

8 Non Africains 42.8 28.6 71.4 28,6 - - 100 % actifs 60.0 40,o 100

Total g,3 2,8 2.8 3.0 ‘3.8 0.5 1.2 4,3 24.1 19,4 25.6 3.7 26.6 100

% Actifs 37,8 J 1,2 11.2 ! 2.2 3,2 2.0 5.1 17,3 JO0 - _

a - Le groupe Djimini-Diamala

il se caractérise par la prépondérance des activités agricoles. En effet, 54,7% des L>jimini-Wamala sont agriculteurs contre 37,8$%dans l’ensemble du centre. Le groupe est par ailleurs bien représentéen ctser- vicesmodernes» (en pratique, les gensde maison). Danstoutes les autres activités il n’atteint pas son quantum démographique.Pour les résidentsinactifs, il n’est excédentairequ’en ménagères.

244 b - Les autres VoltaiQues

On note un net recul desactivités agricoleset une progressiondu salariat. Egalementune progression de la proportion d’élèveset desinactifs de moins de 15 ans,donc desjeunes. En bref, une structure plus évo- lutive que la précédente.

c - Le groupe Soudanien Avec 2 1,9%des résidents, il ne représenteque 17,5% desactifs. Par rapport aux deux premiers groupesil secaractérise par le recul desagriculteurs, mais une progressiondes secteurs secondaire et tertiaire traditionnels. 11recueille surtout près de deux fois son quantum en inactifs âgésde plus de 15 ans. Les trois groupesDjimini, Voltaïques et Soudaniensqui constituent la fraction autochtone ou de vieille implantation conserventdonc le plus souvent desactivités traditionnelles (Agriculture = 44,6 % ; Artisanat traditionnel = 13,2% ; Commerceset servicestraditionnels = 13,8 %. Au total 71,6% sont des activités traditionnelles). D’autre part, avec71,6 % desrésidents, ils ne totalisent que 67,9% desactifs.

d - Les groupes Akan, Krou et divers Eux aussiont relativement moins d’actifs que de résidents(13,4 % desactifs du centre pour 18,9% desrésidents). Le groupe Akan, le plus important, montre encoreune certaine diversité malgréla dominante salariale.Le groupe Krou est déjà beaucoupplus monolithique et ne seconsacre ni aux activités agricolesni aux activités commerciales.Les autresethnies (Mandé-Sudet Lagunaires)ne sont plus représentéesque par dessalariés, fonctionnaires et assimilés. : Cestrois groupescomptent en définitive 66,7 % de salariés et l’ensemble des emplois modernes recueihe 80,3% des actifs.

e - Les Non’lvoiriens Ils sedéfinissent par un taux d’activité très supérieureà la moyenne (avec 9,1% desrésidents ils re- présentent 17,7% desactifs). Leurs activités restent cependantplus prochesde cellesdes couches autochtones que de cellesdes autres groupes ivoiriens, bien qu’elles soient davantagetournées vers l’artisanat moderneet l’ensembledu tertiaire traditionnel. Au total, 71,3% de leurs emplois restent traditionnels.

f - pour mémoire, les Non Africains (commerce moderne et cultes)

5 - L’AGE DES ACTIFS

La moyenne d’âgedes 492 actifs est de 36,6 ans avecles proportions suivantesà l’intérieur de chaqueclasse d’âge :

Age -10 10-14 15-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-... Total

en % 0,4 1,2 621 24,0 30,3 18,9 12,0 7.1 100

On remarqueque 8,7 % desactifs relèvent de classesthéoriquement inactives.

245 Selon l’emploi pratiqué et par âge moyen croissant :

Age Age

-10 10-14 15-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-.. TOtLll 1110y c Il

Emploi (üll)

l- Commerces et services modernes - 23 11,4 40,o 31,4 5.7 2.9 5.7 100 29.3 2- Artisanat moderne - - 18.2 23.6 30.9 1.2.7 9.1 5.5 100 33.3 3- Salariés 1,2 34.1 37.6 16,5 9,4 1.2 100 34.3 4 - Commerces traditionnels 5.0 23.3 40,o 16.7 10.0 5.0 100 36.0 5- Agriculteurs 171 2.7 6.4 20,4 24.2 20,4 15,l 9.7 100 37.9 6- Artisanat traditionnel 14.6 34‘5 34.5 7.3 9.1 100 40,2 7- Services traditionnels 12,5 673 18.7 43,7 18,8 100 49.0

Les emplois de type moderne sont donc occupéspar les actifs les moins âgés,bien que dans toutes les catégorieson trouve desactifs de plus de 60 ans... Seulel’agriculture compte des actifs de moins de 10 ans. Artisanat et servicestraditionnels sont desemplois où plus de la moitié desactifs ont d’ores et déjà atteint ou dépassé40 ans (artisanat) ou même 50 ans (services). On verrait dans un tableau identique que les sans-profession de plus de 15 ans sont en moyenne moins âgés que les actifs et que pour plus du tiers ce sont des jeunes chômeurs venant de quitter l’école ou en quête de leur premier emploi.

6 - LEUR DEGRE D’INSTRUCTION

Le degréd’instruction est, commel’âge, en étroite corrélation avecl’emploi occupé. Le commercetraditionnel où l’emploi féminin est relativement important est la branche qui compor- te le maximum d’analphabètes(RtP = 98,3%). L’agriculture arrive au secondrang et il est probable que ses 6,4% de lettrés sont revenusà l’agriculture par défaut d’emploi ailleurs. Dansl’artisanat moderne, le commercemoderne, les servicesmodernes et la fonction salariée,les actifs n’ayant aucune connaissancedu français sont en minorité. Le casle plus intéressantest celui de l’artisa- nat moderne où l’on compte un gros pourcentagede personnessusceptibles de parler français, supérieur à la proportion desactifs de la branche âgésde moins de 30 ans.En d’autres termes,des actifs relativement âgés ont su aborder ou semaintenir dansdes emplois de type moderne en dépit d’une faible instruction parce qu’ils constituaient néanmoinsune certaine élite dansla population. Pour les inactifs, il est à remarquer que les sans-profession de plus de 15 ans sont légèrement moins instruits en moyenne (quoique plus jeunes) que les actifs, mais plus instruits que l’ensembledes résidents âgésde plus de quinze ans.

246 Emploi R P L-E CEP-CAP BEPC BAC Total

Agriculture 16.9 16.7 5,9 0,5 - - 100 Artisanat traditionnel 63,6 25,5 10,9 100 Artisanat moderne 40.0 40.0 16.4 3,6 - - 100 Commerces traditionnels 93,3 5.0 1.7 100 Services traditionnels * 56,3 25 ,O 18.7 100 Commerces modernes 10.0 40.0 30.0 20,o - 100 Services modernes 44,0 24.0 28.0 4,0 - - 100 Salariés fonctionnaires et assimilés 1.2 23.5 28.2 29,4 15.3 2.4 100 Total des actifs 56.5 20.3 12.6 6.5 3.1 1.0 100 Ménagères 90.2 4,3 4.7 0.8 - - 100 Elèves 4.1 12.9 78.9 4.1 - - 100 Sans profession de plus de 15 ans 61.3 20.0 13.3 4.1 1.3 - 100 Sans profession dc moins dc 15 ans 95.1 2.8 2.1 100 Total des inactifs 68.3 6.8 23.4 1,5 c 100 Total des KCsidcnts 65.4 10.1 20.7 2.8 0.8 0.2 100

* v coninris cultes

247 QUELQUES INDICATEURS DE L’ÉCONOMIE DU CENTRE

1 - LES MANDATS POSTAUX LOCAUX PAYÉS (entrés à Dabakala)

Du ler janvier 1964 au 31 décembre 1968, soit en cinq années,les entréespar mandat postal sont passéesen moyenne de 1,4 million mensuellementdurant l’année 1964 à 2,5 millions mensuellement durant l’armée 1968.

Moyennes mensuelles des payements

% venant t. millions C[:A d’Abidjan

1964 1,400 90,3 1965 1,589 90,3 1966 1,934 90,s 1967 2,430 90,2 1968 2,492 93,7 Moyenne mensuelle 1,969 91,2

Nous avonségalement calculé le taux de croissancemoyen sur cinq ans donné par la formule : y=O,302x+ 1,07 soit une augmentation annuelle moyenne de 302 000 F ou encoreune augmentationmensuelle moyenne d’environ 25 000 F. L’année zéro (1963) se soldant, aprèsajustement, par despaiements de 1,07 million. D’autre part, cespaiements connaissent des variations saisonnières importantes mais qui paraissent peu liées au cycle de l’économie rurale. En effet le calcul descoefficients saisonniersdonne la série suivante pour une moyenne mensuellede 100 :

Mois Moyenne J F M A M J Jt A s 0 N D

1 ,oo 0.81 0,99 1,14 1.01 0,94 1.17 1,09 0.88 0.81 1.03 0,90 1,21

248 2 - LES MANDATS POSTAUX LOCAUX I?MIS (sortis de Dabakala)

Nous les avons relevésdu ler janvier 1962 au 31 décembre 1968. En 1962, les émissionss’élèvent en moyenne à 1,086 million F CFA mensuellement.En 1968 elles atteignent 3,219 millions F CFA men- suellement.Entre temps Dabakalaa vu s’ouvrir une succursalede la CHAINE-AVION dont le chiffre d’affaires a passé de 16,4 millions F.CFA la première année (1964) à 22,3 millions F CFA pour 1968. Voici comment ont évolué les moyennes mensuellesau cours de la période :

‘/6 allant t. millions CIiA à Abidjan

1962 1,086 93,6 1963 1,437 91 ,o 1964 1,400 92,0 1965 1966 2,460 93,8 1967 2,929 95,0 1968 3,219 91,4 Moyenne mensuelle 2,089 92,9

Jusque vers 1964 il apparaît que les sorties par mandats postaux n’étaient pas supérieuresaux entrées.A partir de 1964, première année d’activité de la CHAINE-AVION, les sorties tendent à dépasser les entréesbien que ces dernièresse soient développées.

130 /

I - Sorties par la poste

-- Ent&es par la poste

Coefficients saisonniers mensuels de 1964 à 1968 pour les entrées et de 1962 à 1968 pour les sorties de mandats locaux.

249 En effet, sur les six annéespour lesquellesle dépouillement a pu être opéré, le taux de croissance moyen s’avèresupérieur à celui des entrées : y = 0,408 x +0,457 soit une augmentation annuelle de 408 000 F (ou 34 000 F par mois). L’année zéro (1961) après ajuste- ment s’établissantà moins d’un demi-million. Le coefficient angulaire (0,408) des sorties est donc d’envi- ron 35 % supérieur au coefficient angulaire des entrées (0,302). D’autre part dans la série des mandats payés (entrées) aucune tendance saisonnièrenette n’appa- -raissaitalors que cette tendance existe pour les sorties.

Moyenne Mois II F M A M J Jt A s 0 N D

1 ,oo 1,18 1,24 1,23 1,20 1,17 1,15 0.85 0,76 0,73 0,71 0,91 0.96

Ceci traduit une économie reposant encore sur la «traite» des produits agricolesentraînant un développementdu chiffre d’affaires des commerçants du centre qui participent en effet pour près de 85 % des sorties d’argent. Néanmoinsle développementde la fonction salariale à Dabakaladevrait peu à peu niveler les coefficients saisonniersdes émissionsde mandats. Le graphique illustre la double série des coefficients. Pour les entrées comme pour les sorties, Abidjan est le principal fournisseur et bénéficiaire. Tou- jours plus de 90 %. Bouaké, secondbénéficiaire des «sorties»oscille selon les annéesde 1,5 à 3 % mais ne participe au titre des ((entrées))(paiements à DabakaIa)que pour environ 1%. Le volume d’entréesétant lui-même inférieur aux sorties (environ 30 millions F CFA sont entrés en 1968 alors que 39 millions sont ressortis)cela signifie que les rapports par voie postale entre Dabakala et Bouaké sont très faibles, quelques centaines de milliers de francs, et pour les deux-tiers se font dans le sensDabakala-Bouaké.

3 - LES COMMERCESDU CENTRE

On trouve à Dabakalacinq boutiques d’alimentation et de fournitures générales. La dernière en date, et la plus importante, est la CHAINE-AVION (SCOA) créée tout à la fin de 1963. Au total, près de 55 millions F CFA de chiffre d’affaires (1968) dont 40% pour la SCOA. De 1964 ?r 1968, la croissancedu chiffre d’affaires de cette dernière a été de 35,9 % mais on constate une croissanceplus forte pour les quatre mois creux (août-septembre-octobre-novembre)que pour les quatre mois de «traite» (janvier-février-mars-avril).Pour les quatre premiers la moyenne mensuel- le a passéde 1,16 million en 1964 à 1,86 million en 1968, soit un gain de 60,5 %. Pour les quatre der- niers cette moyenne a passéde 1,55 million en 1964 à 2,09 millions en 1968, soit un gain de 34,7%. Ce- pendant la période est trop courte pour affirmer un resserrementde l’écart entre les mois de traite et les mois hors-traite d’autant plus que l’évolution mensuelle des chiffres d’affaires SCOA est, on le sait, assez différente de l’évolution traditionnelle des autres commercespour lesquelsnous n’avons pu disposer des mêmeséléments d’information. Selon un sondageeffectué de janvier à mars 1969, il s’avèreque près des trois-quarts des achats effectués dans les cinq commercessont le fait des résidents du centre. Et plus précisément :

250 Dabakala...... 74,6 % et Dabakalakro ...... 2,7% Autres villages de la sous-préfecture...... 18,6% Villages des sous-préfectureslimitrophes de Bonieredougou et SatamaSokoura ...... 2,1% Extérieur...... 2,0%

4-LABOUCHERIE

Il y a quatre patrons boucherstravaillant par rotation en principe deux jours de suite ; le jour de grandevente (mercredi,jour de grand marché) est attribué chaquesemaine à un nouveau patron. Chacun emploie sespropres salariés.Le chiffre d’affaires annuel oscille autour de 5 millions F CFA.

5-LESCOMMERCESDIVERS

Un photographeghanéen, un restaurant tenu par l’un desboutiquiers et fonctionnant surtout le mercredi, deux postesde carburantset lubrifiants d’égaleimportance (Shell et Mobil). En 1968, Shell a vendu en moyenne 11000 litres de carburant par mois dont 9000 litres d’essenceet 2000 litres de pétrole. Mobil vend un peu moins de pétrole mais sert de dépôt de gazbutane (10 à 20 ((bouteilles))par mois). Au total, l’ensembledu chiffre d’affairesen carburantset lubrifiants avoisine 20 milhons F CFA en 1968, soit environ 1,5 million de valeur ajoutée pour le centre.

6-LEMARCHBQUOTIDIEN

Chaquejour, un petit marchéréunit de 55 à 80 personnessur la place dont une trentaine de vendeu- sesde cola, une douzaine de femmesKoyaka ou Djimini exposant poissonfumé, piment-poudre, sauces,ingré- dients divers, sel, etc.., 3 vendeursde pain fabriqué sur place, 2 bazarsdivers, 2 cordonniers, 1 réparateur de bicyclettes, 1 coiffeur, de 4 à 6 tailleurs, de 3 à 5 marchandsde tissu. Selon la période on peut estimer le chiffre global de ce marchéentre 25 et 50000 F CFA, soit pour l’année un chiffre d’affaires total d’environ 7 millions F CFA.

7-LEGRANDMARCHÉDUMERCREDI

A l’époque de notre enquête (premier trimestre 1969), nous comptions en moyenne plus de 200 ven- deusesde féculents, une centaine de vendeusesde céréales,une soixantaine de vendeusesd’oléagineux, autant de vendeusesde légumeset de condiments,une trentaine de vendeusesde fruits, autant en boissonslocales, autant en plats divers,galettes, etc., une centaine de vendeuseset vendeursde produits locaux divers. A celà s’ajoutaient un grand nombre de vendeurset vendeusesde cola, desstands d’épicerie diverseet de poisson, sel, sucre,oignons, une vingtaine de bazars,5 vendeursde pain, 4 marchandsde chaussures,5 cordonniers, 2 coiffeurs, 8 tailleurs, 8 fripiers, une quinzaine de marchandsde pagneset tissus, 1 soudeur,3 mécaniciens, 8 vendeursde pétrole, 1 horloger-bijoutier. En dehors de son aspectde masse,le marchéprésente cette particularité de durer non pas trois ou quatre heurescomme en pays baoulé, le matin, mais de commencervers 8h30, de s’animervraiment à midi et de prendre fin vers 18 heures.Des femmes arrivent encore avecleur chargede produits jusque vers 15 heu- res. Cesdéparts et arrivéesincessants compliquent énormémentle comptagedes produits locaux. Nos évalua- tions sont donc nécessairementsous-estimées. On peut évaluer à environ 40 millions F CFA le chiffre d’affaires annuel global du marché.

251 Les Editions de I’Ofice de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer tendent & constituer une docu- mentation scientifique de base sur les zones intertropicales et méditerran6efines, les pays qui en font partie et sur /es problèmes posés par leur démloppement.

CAHIERS ORSTOM.

- Séries périodiques:

entomologie médicale et parasitologie: systématique et biologie des arthropodes d’intér& médical et v&érinaire, parasitologie, épidémiologie des grandes endemies tropicales, m&hodes de lutte contre les vecteurs et les nuisances; géologie: études sur les trois thèmes suivants: altération des roches, géologie marine des marges continentales, tectonique de la région andine; hydrologie : études, méthodes d’observation et d’exploitation des données concernant les cours d’eau intertropicaux et leurs rkgimes. océanographie: Sud-Ouest du Pacifique l Canal de Mozambiqk et environs Atlantique Tropical Est... hydrologie, physico-chimie, hydrodynamique, écologie. caractérisation des chaînes alimentaires. niveaux de wo- hydrobiologie: duction, dynamique des stocks, prospéction faunisti&e. Bassin Tchadien Nouvelle-Calédonie... pédologie: problémes soulevés par l’étude des sols: morphologie, caractérisation physico-chimique et minéralogique, classification, relations entre sols et géomorphologie, problémes liés aux sels, à l’eau, à l’érosion, ?J la fertilité; sciences humaines: études géographiques, sociologiques, économiques, démographiques et ethno- logiques.

- Séries non périodiques: - biologie: études consacrées à diverses branches de la biologie végétale et animale: agronomie. - géophysique: données et études concernant la gravimétrie, le magnétisme et la sismologie.

Ml!MOIRES OR§TOM: consacrés aux études approfondies (synthèses régionales, thèses...) dans les diverses disciplines scientifiques (75 titres parus).

ANNALES HYDROLOGIQUES: depuis 4959, deux séries sont consacrées: I’une,auxEtatsafricainsd’expres- sion française et 5 Madagascar, l’autre aux Territoires et Départements français d’outre-Mer.

FAUNE TROPICALE: collection d’ouvrages principalement de systématique, couvrant ou pouvant couvrir tous les domaines géographiques où I’QRSTOM exerce ses activités (19 titres parus).

INITIATlONS/DOCUMENTATlONS TECHNIGIUES: mises au point et synthéses au niveau, soit de l’enseignement supérieur, soit d’une vulgarisation scientifiquement sûre (22 titres parus).

TRAVAUX ET DOCUMENTS DE L’ORSTOM: cette collection, diverse dans ses aspects et ses possibi- lités de diffusion, a été conçue pour s’adapter à des textes scientifiques ou techniques trbs variés quant à leur origine, leur nature, leur portée dans le temps ou l’espace, ou par leur degré de spécialisation (34 titres ,parus).

L’HOMME D’OUTRE-MER: cette collection, publiée chez Berger-Levrault, est exclusivement consacrée aux sciences de l’homme, et maintenant réservée à des auteurs n’appartenant pas aux structures de I’ORSTOM (9 ouvrages parus).

De nombreuses CARTES THÉMATIQUES, accompagnées de NOTICES, sont éditées chaque année, inte- ressant des domaines scientifiques ou des régions géographiques très variées.

BULLETIN ANALYTIQUE D’ENTOMOLOGIE MtDiCALE ET VÉTÉRINAIRE (périodicité men- suelle; ancienne dénomination jusqu’en 1970: Bulletin signalétique d’entomologie médicale et vétérinaire) (XXI’ année). 0. R. ST. 0. PI.

Direction générale : 24, rue Bayard, 75008 PARIS

Services Scientifiques Centraux : Service Central de Documentation . 70-74, rouk d’Aulnay - 93140 BONDY

IMP. S. S. C. Bondy 0. R. 5. T. 0. M. &difsur D6pBt l6gal : 4ffrim. 1974

I.%.%,N. 2 - 7099 - 0323 -7