RETIERS (ILLE-ET-VILAINE)

LE PORT- MARIN 2 35-239-16

Un enclos de la fin de l'Age du Fer sur le tracé de la RD47

DFS de fouille préventive 19/08/97 -16/10/97

Sous la direction de Patrick MAGUER avec la collaboration de Frédérick BEGUIN

A.F.A.N. Bretagne

Avec le concours du Conseil Général d'Ille-et-Vilaine

Service Régional de l'archéologie de Bretagne , 1997 Les D.F.S. constituent des documents administratifs communicables dès leur remise au service régional de l'archéologie, suivant les prescriptions de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 modifiée, relative à l'amélioration des relations entre l'administration et le public. Aux termes de la circulaire du 26 mars 1993, prise pour son application, ils pourront donc être consultés ; les agents des services régionaux de l'archéologie rappelleront à tous demandeurs les droits de propriété littéraire et artistique possédés par les auteurs et les contraintes qui en résultent pour tout consultant. Les prises de notes et les photocopies sont autorisées pour un usage exclusivement privé et non destinées à une utilisation collective (article L122-5 du code de la propriété intellectuelle). Toute reproduction du texte, accompagnée ou non de photographies, cartes ou schémas, n'est possible que dans le cadre de courte citation, avec les références exactes et complètes de l'auteur et de l'ouvrage. Par ailleurs, l'exercice du droit à la communication exclut, pour ses bénéficiaires ou pour les tiers, la possibilité de reproduire, de diffuser ou d'utiliser à des fins commerciales les documents communiqués (loi n°78-753 du 17 juillet 1978, art. 10).

Le non respect de ces règles constitue un délit de contre-façon puni par l'article 425 du code pénal.

photo de couverture : photographie aérienne du décapage du site de Port Marin (cliché Gilles Leroux) Générique de l'opération

La fouille de sauvetage du site du Port-Marin 2 à Retiers s'est déroulée sur le terrain du 21/08/97 au 12/09/97. Le travail de synthèse s'est effectué à la base A.F.A.N. de Rennes du 15/09/97 au 16/10/97. La phase terrain a mobilisé quatre personnes et l'élaboration du rapport deux personnes.

Constitution de l'équipe :

Responsable d'opération et titulaire de l'autorisation de fouille : Patrick MAGUER

Equipe de fouille : Frédérick BEGUIN, assistant d'étude AFAN Laurent VIPARD, technicien supérieur AFAN Laure SIMON, assistant d'étude, AFAN Dessin du mobilier : Laure SIMON, Patrick MAGUER Etude du mobilier : Patrick MAGUER Mise au net des plans et des coupes : Frédérick BEGUIN, Patrick MAGUER Photographies : Patrick MAGUER, Frédérick BEGUIN, Laurent VIPARD, Gilles LEROUX.

REMERCIEMENTS

Nous souhaitons vivement remercier les différentes personnes ayant contribué à la mise en place et au bon déroulement de cette opération :

-Conseil Général d'Ille-et-Vilaine (Direction des Routes, des Infrastructures et de l'Environnement) : M. M. Daniel et Mme F. Giffrain ;

-Service régional de l'Archéologie : M. M. Vaginay, Conservateur régional, Melle A. Villard, conservateur du patrimoine ;

-Gilles Leroux, prospecteur aérien, chargé d'étude AFAN ;

- Elven Le Goff, assistant d'étude AFAN ;

- Stephan Hinguant, chargé d'étude AFAN ;

-Nous tenons également à exprimer notre reconnaissance à M. et Mme Trévir, anciens exploitants de la parcelle, pour leur chaleureux accueil. Introduction :

Origine de l'intervention et contexte archéologique

La rectification de la R.D.47 à l'est de Retiers a donné lieu à une intervention sur le site du Port Marin 2 (fig.1), découvert en prospection aérienne par Gilles Leroux en 1991 (cl. 1 et 2). Suite aux différentes fouilles archéologiques effectuées sur la commune de Retiers et ses environs (sur la R.D. 41, les sites des Jeusseries (Age du Fer) et des Ogodières (antiquité) (Retiers), les Brégeons (Age du Fer et antiquité) (Le Theil-de-Bretagne), et les nombreux sondages archéologiques de J.-C. Meuret (Université de Nantes) sur les enclos de la région de la Guerche), il semblait intéressant d'explorer ce site afin de compléter nos connaissances sur l'occupation protohistorique et antique dans la vallée de la Seiche. Celui-ci se présente sous la forme d'un "L" à dominante rectiligne encadré au nord et au sud par deux fossés rectilignes orientés est-ouest. Un second enclos rectangulaire d'orientation similaire apparaît au sud à 40m. Il est possible que ces enclos fassent partie d'un ensemble plus complexe intégrant le site du Port Marin 1 situé à 250m plus à l'ouest en bordure de rivière. Il s'agit ici encore d'un enclos à dominante rectiligne de forme rectangulaire, le côté ouest étant ouvert sur le cours d'eau. Il possède d'autre part une partition interne et une interruption dans le fossé est correspondant à une entrée. Des fossés de faible largeur, interprétés comme limites parcellaires, pourraient faire la liaison entre les deux principaux enclos. Seul l'angle nord du site de Port Marin2 devant être détruit par les travaux routiers, une étude exhaustive de cet ensemble était impossible, mais elle devait cependant suffire à cerner la datation de l'ensemble et fournir quelques renseignements sur son évolution. Afin de reconnaître d'éventuelles structures extérieures à l'enclos repéré en prospection, la surface de fouille a été étendue sur l'ensemble du tracé routier traversant la parcelle ZL-3 (plan cadastral mis à jour 1983) (fig.2). Une surface de 4500m2 a ainsi été décapée, la superficie de l'enclos concernée par la fouille étant de 600m2 environ (superficie totale estimée de l'enclos: 4200m2).

Topographie et géologie

Le site est implanté sur le haut d'un versant bien marqué exposé à l'ouest (dénivellation moyenne de 5%), à 260m du cours d'eau de l'Ardaine, à une altitude de 71m NGF. Les formations géologiques reconnues sont attribuables au Briovérien et correspondent à du grès et à du schiste. On retrouve le premier sous la forme de blocs détritiques entraînés par l'érosion du sommet du plateau mélangé à du limon provenant de la décomposition des schistes sous-jacents. La zone basse de la parcelle est de nature différente avec des blocs de grès moins nombreux faisant place à un niveau argileux.

L'arasement des talus visibles sur le cadastre napoléonien (fig.3) a accéléré ces phénomènes d'érosion sur l'ensemble de la parcelle, entraînant la terre végétale en bas de pente, d'où, sans doute, sa faible puissance (30cm en moyenne). La nature même du terrain a rendu très difficile l'identification des structures archéologiques au niveau de l'enclos, comblées par des matériaux relativement similaires au substrat. fig.1 : Localisation des sites de Port Marin 1 et 2 sur la commune de Retiers sur carte IGN 1319 ouest, 1/25000ème. cl.1 : vue générale du plateau au lieu-dit le Port Marin (Retiers) ; les fossés d'enclos et de parcellaires apparaissent nettement (cl. G. Leroux)

cl.2 : Retiers, le Port Marin ; vue des structures repérées avant intervention archéologique (cl. G. Leroux) y Méthodologie

Un décapage mécanique a été pratiqué sur la quasi totalité de la surface, une bande de 600m2 a cependant été laissée vierge de tout travaux, afin de faciliter l'accès aux parcelles contigues (cl.3). Aucun vestige archéologique n'a pu être repéré à cette étape de la fouille (en dehors des excavations de type "cave à pommier" et de quelques fossés parcellaires) pour la raison évoquée plus haut mais aussi à cause de l'extrême sécheresse du sol. Le redressement des clichés aériens de Gilles Leroux nous ayant permis de localiser approximativement les principales structures archéologiques, un nettoyage fin à la binette et à la truelle a été entrepris dans cette zone estimée "sensible".

cl.3 : Retiers, le Port Marin ; vue générale du décapage (cl. G. Leroux)

Une courte période de pluies a rendu la lecture du terrain plus aisée durant cette phase de travail. Au terme de ce nettoyage, les résultats se sont révélés relativement décevants, puisque seuls les principaux fossés de l'enclos ont pu être localisés. Aucune structure interne de type trous de poteau ou fosses n'ont été mis en évidence. Suite à l'établissement d'un carroyage décamétrique, un plan d'ensemble a été établi au 1/100ème (fig.4) et les structures numérotées de 1 à N. Des sondages ont été pratiqués au niveau des intersections des différents fossés repérés (coupes longitudinales). Des coupes transversales ont également été nécessaires pour aborder les types de remplissages existants dans ces fossés afin d'en comprendre révolution et la fonction. Au total 16 sondages numérotés de A à P permettent d'aborder l'étude de l'enclos (fig.5).

Parcellaire et structures modernes

A l'issue du décapage, trois ensembles parcellaires apparaissent assimilables à d'anciennes limites visibles sur le cadastre napoléonien (parcelles 156, 157, 158 de la section C des Riperies, 1ère feuille, 1830). Perpendiculaires à la R.D. 47, elles se traduisent dans le substrat par la présence de fossés linéaires (F.2, F.5, F.41). Le sondage effectué dans le fossé F.5 montre un profil en U à fond plat peu profond (20cm) pour une largeur moyenne de 90cm. Le remplissage, composé d'un sédiment brun-jaune homogène suggère une utilisation comme fossé de haie. Les autres fossés, de largeur identique, semblent également pouvoir être interprétés comme tel, en accord avec le témoignage de l'ancien propriétaire de ces parcelles. Le fait F. 13, beaucoup plus large, correspond à un système de talus et fossé matérialisé par une terre brun-gris en surface.

Plusieurs structures excavées de forme rectangulaire ou subrectangulaire correspondent à des "caves à pommier" confirmant l'existence d'un verger jusqu'à une date récente. Une constellation de trous de poteau apparaît d'autre part dans la partie basse du décapage. Suite aux vérifications, ils s'avèrent que ces faits sont d'époque récente (présence notamment d'une chaînette en laiton agrémentée d'une perle en verre rouge orangé dans le fait F.47). Seuls les faits F.75 à F.80 forment un ensemble cohérent permettant de supposer la présence d'une palissade sans doute également moderne (fig.4).

Fig.5 : Retiers, Le Port Marin 2 ; plan général de l'enclos A : implantation des sondages B : numérotation des faits sondés ou fouillés Les faits sans attribution chronologique

Les tranchées F. 14 et F.300 (fig.6)

Ces tranchées sont orientées respectivement nord-est/sud-ouest (F. 14) et sud- est/nord-ouest (F.300). La première, F. 14, possède une largeur de 65cm à 75cm pour une profondeur conservée de 40cm (sondage E) (cl.4) à 15cm (sondage G). Elle présente un profil évasé à fond irrégulier. Le comblement, composé d'une terre argileuse brune associée à quelques blocs de grès, est relativement homogène. Il ne s'agit donc pas ici d'un comblement progressif dû à des phénomènes d'altération des parois ou de colluvionnement, mais plutôt d'un remblaiement volontaire effectué peu de temps après te creusement. Ces données, associées à la faible profondeur du creusement, pourrait indiquer une utilisation comme fossé de haie. L'absence de mobilier ne permet pas de dater cette structure avec précision. La coupe sud du sondage E montre clairement que ce fait recoupe le fossé de l'enclos lorsque celui-ci est entièrement comblé. A l'inverse, l'ensemble F. 13 (cf fig.4), visible sur le cadastre de 1830, coupe F. 14. Le creusement de cette structure intervient donc entre l'abandon de l'enclos gaulois et la mise en place du parcellaire moderne, sans plus de précision possible.

cl.4 : Retiers, Le Port Marin ; coupes du fossé F.300 (sondage K) (à droite) et de la fosse F.86 (à gauche) (cl. L. Vipard) 69,37m

Coup* *ud

1- Terre brune argileuse (F. 14) 2- Limon brun clair et charbons de bois 3- Limon associé à de nombreux blocs de grès 4- Limon associé à quelques pierres 5- Limon jaune asocié à de nombreux blocs de grès 6- Limon brun jaune et quelques pierres (F.300) 7- Limon brun et blocs de grès 8- Terre argileuse brun clair

fig.6 : Retiers, Le Port Marin 2 ; vue des intersections des fossés F.14 et F.300 avec le fossé de la façade ouest de l'enclos Le fait F.300 est de morphologie relativement identique au précédent. Sa profondeur conservée varie de 15cm à 25cm pour une largeur maximale de 80cm. A l'instar du fait F. 14, son remplissage est homogène et se compose d'une terre argileuse brun-jaune indiquant également un comblement rapide de la structure. Mis en évidence dans la coupe nord du sondage F, il coupe le fossé de l'enclos au stade terminal de son comblement. Toutefois, son orientation relativement similaire au fossé nord de l'enclos ainsi que sa possible relation avec le fossé F.700 (?) (angle proche de 90°) peut faire supposer que son creusement intervient alors que les limites d'enclos sont encore suffisamment visibles pour en influencer l'orientation.

La fosse F.86 (cl.4)

Située à proximité de l'extrémité du fossé F.300 (cf fig.5), cette fosse possède un remplissage homogène argileux associé à quelques blocs de grès. Aucun élément ne permet de définir sa fonction non plus que sa datation.

La structure de combustion F.18 (cl.5)

Situé à l'extérieur de l'enclos, à moins de 10m de son fossé ouest (cf fig.5), le fait F.18 est une fosse sub-circulaire de 1m de diamètre et de 20cm de profondeur. Il se caractérise par un comblement argilo-cendreux compact associé à des pierres brûlées et du charbons de bois. Les bords de la fosse présentent de légères traces de chauffe, qui suggèrent une utilisation de courte durée. Un seul tesson de céramique très érodé, sans doute protohistorique au vu du type de pâte, a pu être recueilli. Celui- ci reste toutefois insuffisant pour permettre de dater cette structure. Les fossés de l'enclos de l'âge du Fer

La façade septentrionale (fig.7)

Elle a fait l'objet de quatre sondages régulièrement espacés sur l'ensemble de son développement (A, B, C, P). Les sondages A (cl.6) et B présentent un profil relativement irrégulier et évasé, leur profondeur variant de 46 à 55cm, alors que les profils des sondages C et P sont en V à fond plat, d'une largeur de 40cm, la profondeur conservée étant légèrement inférieure à 80cm. Il faut également noter la présence de mobilier uniquement dans les sondages A et B (céramique et plaque- foyer). En l'absence de coupes stratigraphiques adéquates, les arguments en faveur d'un creusement en deux phases restent maigres ; il nous semblait toutefois important de signaler ces différences. Dans tous les cas, les comblements sont pauvres en matières organiques, avec des terres de nature très proche de l'encaissant. Cette similitude entre remplissage et encaissant à rendu très difficile le repérage de cette portion de fossé, même après un nettoyage fin de la surface. L'organisation des couches des sondages A et B rend extrêmement incertaine toute interprétation en faveur d'un fossé ouvert ou palissadé.

cl.6 : Retiers, le Port Marin ; coupe est du sondage A (cl. P. Maguer)

Les coupes effectuées dans les sondages P et C (cl.7 et 8) possèdent des comblements différents. Dans le premier, les couches présentent un pendage faible sans ruptures centrales. Au contraire, la coupe ouest du sondage P montre un apport en blocs depuis l'intérieur et l'extérieur de l'enclos et un fort pendage des couches pierreuses avec une rupture bien marquée au centre du fossé. L'organisation 1- Limon bain clair, particules de grès et pierres 2- Limon brun jaune et nombreuses pierres 3- Limon jaune et blocs de grès 4- Limon brun jaune et charbons de bois 5- Limon jaune et inclusions de particules de grès 6- Limon jaune et gravier 7- Limon brun jaune, quelques pierres générale des couches montre nettement ici la présence d'un remblai volontaire destiné à caler des poteaux de palissade. En raison de ces différences de remplissage, il faut sans doute opter pour un fossé palissadé à poteaux non jointifs qui explique mieux l'absence de rupture au niveau du sondage C et une densité plus faible en blocs.

cl.7 : Retiers, le Port Marin ; vue de la coupe est du sondage C (F. Béguin) La façade occidentale (fig.8 et 9)

Cette façade de l'enclos montre une évolution relativement complexe. Cinq sondages (E, F, H, J et N) ont été nécessaires afin de comprendre les différents remaniements intervenus au cours de l'occupation du site (six coupes transversales et deux coupes longitudinales). Ces remaniements s'illustrent par la présence de recreusements au niveau des sondages H et N, permettant de définir quatre états du fossé de l'enclos. Nous ne revenons pas ici sur les relations stratigraphiques entre les tranchées F. 14 et F.300 et la façade occidentale, déjà développées plus haut.

Le fossé F.400, visible au niveau des sondages E (cl.9 et 10) et H se caractérise par un profil en V à fond plat d'une profondeur moyenne de 80cm sous le niveau de décapage. Les phénomènes de remplissage sont de deux types. Le premier correspond à un niveau argileux mélangé à de nombreux blocs, le second à un niveau d'argile brune homogène associé à du charbon de bois. L'absence de couche résultant de l'altération des parois et la présence d'un rejet massif de gros blocs de grès dans le fond du fossé permet d'interpréter ce fossé comme tranchée de palissade, les poteaux se trouvant bloqués contre la paroi ouest. Le haut de la coupe montre une rupture dans les couches qui suggère un arrachage de cette palissade afin d'aménager probablement une entrée.

La coupe sud du sondage H possède un double décrochement sur le flanc gauche résultant de la présence de deux fossés postérieurs au fossé F.400 (cl. 11 et 12). Ces deux fossés s'interrompent respectivement à 50cm (F.600-B) et à 1,70m (F.600-A) au nord de la coupe. Le premier, noté F.600-A, possède un comblement qui se caractérise par un matériau identique au substrat que l'on retrouve depuis son extrémité jusqu'au sud du sondage N. Son homogénéité et sa compacité montre nettement qu'il s'agit d'un rejet dont la destination reste par contre énigmatique en l'absence d'une coupe montrant une évolution complète du comblement du fossé (calage de palissade? création d'une voie d'accès au site?). L'interprétation comme remblai de cette couche n'a été possible qu'après l'étude du sondage H. Dans les sondages J et N, creusés antérieurement, ce remblai avait été assimilé au sol naturel. Cette erreur est donc à l'origine du creusement du sondage H qui devait nous permettre de repérer l'interruption supposée du fossé F.400. Ce n'est qu'en étendant ce sondage vers le sud que nous nous sommes aperçus que ce fossé était en fait recouvert par le remblai. Il doit par conséquent s'interrompre plus loin, au niveau des sondages J ou N. En effet, dans l'hypothèse inverse d'un fossé continu, son orientation étant différente de celle du fossé F.500, son creusement aurait dû apparaître au moins dans le sondage F sous la forme d'un décrochement dans le flanc ouest du F.500. ® Coupa sud

0.50

1- Limon brun et blocs de grès 2- Terre argileuse brun et charbons de bois 3- Terre brune 4- Substrat remanié et compact 5- Terre brune 6- Limon brun et blocs de grès 7- Limon jaune associé à de gros blocs de grès 8- Limon fin homogène 9- Limon brun clair et charbons de bois i 1 5-

© Coup* nord

0.50

1 - Limon brun clair et charbons de bois 2- Limon brun clair et grès 3- Limon brun et blocs de grès 4- Limon brun homogène 5- Limon jaune et blocs de grès 6- Limon brun et charbons de bois 7- Substrat remanié et compact 8- Limon brun et nombreux charbons de bois cl.9 : Retiers, le Port Marin ; coupe nord du sondage E. A droite, creusement du fossé F. 14 (cl. F. Béguin). cl.11 : Retiers, le Port Marin ; vue des décrochements des fossés F.600-A et F.600-B dans le flanc du fossé F.400 (cliché P. Maguer) Le F.600-B se caractérise par un profil en cuvette à large fond. Sa profondeur est de 50cm en moyenne. Il recreuse partiellement le fossé F.600-A, au moins dans les sondages H, J et N. La présence de trous de poteau (coupe sud, sondage J ; coupe longitudinale, sondage N) permet de supposer la présence d'une palissade à poteaux non jointifs (cl. 13).

cl. 13 : Retiers, le Port Marin ; coupe de trou de poteau dans la coupe est du sondage N (cl. P. Maguer)

Le creusement du fossé F.500 apparaît dans la coupe longitudinale du sondage N avec la présence d'une interruption bien marquée, recoupée par le F.600- B. Dans la coupe sud du sondage F, le remplissage correspondant au fossé F.500 se limite aux couches associées à des blocs de grès. Les couches supérieures indiquent clairement une reprise du fossé sous la forme d'un curage situé le long du flanc est. L'extrémité inférieure du curage se termine en pointe le long de la paroi est, ce qui pourrait suggérer un arrachage de palissade.

Le phasage de cette façade de l'enclos reste difficile à établir : il n'existe en effet aucune relation directe entre le fossé F.400 et le fossé F.500. Toutefois, la reprise de l'axe du F.500 par les fossés F.600-A et F.600-B par opposition avec le décrochement constaté dans le flanc du F.400 laisse supposer que ce dernier n'était plus visible lors de la mise en place du premier F.600. Nous proposons donc un phasage comme suit (fig.10):

- dans un premier temps, le F.400 est creusé afin d'implanter une palissade. Une entrée est sans doute créée au centre de la façade ; - la palissade est ensuite arrachée et l'entrée se déplace sur l'extrémité nord ; un nouveau fossé est creusé, probablement dans le but d'implanter une palissade (F.500); plan de détails de la façade occidentale

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2ème état, phase

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3ème état, phase I 4ème état, phase I

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fig.10 : Retiers, Le Port Marin ; hypothèse de phasage de la façade ouest d'après les données stratigraphiques - cette palissade ou ce fossé, encore partiellement visible est repris par un fossé moins profond (F.600-A). L'entrée, toujours située à l'extrémité nord, est réduite ; ce fossé, remblayé par des matériaux issus du substrat, pourrait avoir également été palissadé ; - le dernier état de fonctionnement de l'enclos (F.600-B) reprend pratiquement intégralement le fossé F.600-A en maintenant l'entrée au même emplacement. - Probablement après l'abandon du site, des fossés parcellaires viennent recouper les fossés de limite d'enclos (F.300 et F. 14).

Les fossés internes F.700 et F.800 (fig.11)

Trois sondages ont été effectués sur ces fossés (O, M et L). Le fossé F.700 s'interrompt à 1,80m du fossé nord de l'enclos (F. 100), avec lequel il forme un angle droit, pour former une entrée ou éventuellement parce qu'il s'appuie sur un talus interne. D'une profondeur de 50cm en moyenne, c'est un fossé à fond plat et parois presque verticales. Son remplissage se compose d'une seule couche limoneuse associée à quelques blocs de grès.

Les coupes du sondages L montrent qu'il est recoupé par le fossé F.800 (cl. 14). La profondeur conservée de ce dernier est très faible, de l'ordre de 25cm dans les meilleurs cas. Il présente un profil irrégulier en V très évasé. Son remplissage se compose de limon associé à plusieurs fragments de céramique et de plaque-foyer.

cl. 14 : Retiers, le Port Marin ; vue générale des sondages L (premier plan) et M (arrière plan) (cl. P. Maguer).

Le mobilier archéologique

L'opération archéologique est remarquable par sa pauvreté en mobilier. Celle- ci n'a en effet permis de découvrir que 39 tessons protohistoriques, 27 fragments de terre cuite interprétés comme plaque-foyer, 3 silex (dont un racloir en décapage) et du mobilier métallique d'époque récente (une chainette avec perle en verre, un Napoléon III de 1857).

Le mobilier lithique (pi. 1 ):

Le mobilier lithique se limite à deux éclats de lames de silex brisées, à deux pans et de petites dimensions. Le premier, découvert dans le sondage F (n°600B- F/1.2) correspond à un silex blond alors que le second, provenant du sondage M (n°800-M/1.1), est de couleur blanche et semble avoir été brûlé. Une autre lame de silex, malheureusement mis au jour lors du décapage, est un beau racloir en silex brun, sans doute d'importation orientale, de même que l'éclat en silex blond (peut- être la Mayenne (renseignement S. Hinguant). Il présente plusieurs micro-retouches sur les deux tranchants et une patine bien nette. Datables du Néolithique, ces trois silex taillés ont probablement été ramassés à l'époque gauloise et transportés sur le site.

Le mobilier céramique (pl.2):

L'ensemble des tessons permet d'établir un NMI de 3 individus pondéré par la présence de 3 fragments dont l'appartenance à d'autres récipients est vraisemblable. Seule trois formes sont partiellement restituables:

-La première (n° 100-A/2.1), correspond à une lèvre légèrement éversée avec une canelure labiale interne de 1 à 2mm d'épaisseur avec bourrelet externe. Le diamètre à l'ouverture est de 16cm. La surface, très dégradée, ne permet pas de savoir s'il s'agit d'une céramique tournée ou modelée. -La deuxième forme (n°800-L/1.1) correspond à un grand récipient de 36cm de diamètre à l'ouverture. La lèvre est éversée, sans cannelure labiale. -Le troisième récipient identifiable est un petit vase modelé à double canelure externe (n°100-C/4.1). -Signalons enfin un dernier tesson correspondant à un haut de panse avec également une cannelure externe (n°500-F/6.1). Les autres tessons, trop fragmentaires, ne permettent pas de restitution. Les traitements de surface indiquent toutefois la présence de céramique tournée.

Les caractéristiques de la céramique découverte sur le site de Port Marin 2 (cannelure labiale fine ou absente, présence du tour rapide) permettent de situer l'occupation du site entre la fin de La Tène moyenne et La Tène finale, sans plus de précision possible.

Le mobilier domestique

27 fragments de terre cuite ont été identifié s comme appartenant à des plaques de cuisson. Ce type de mobilier, courant sur l'ensemble des sites d'habitat de la fin de l'Age du fer en IIle-et-Vilaine et en Mayenne, se présente sous la forme de 800-L/1.1

7 100-A/2.1

100-C/4.1 500-F/6.1

PI.2 : le mobilier céramique plaques d'argile cuite rectangulaires à angles arrondis, pouvant atteindre des épaisseurs de 1,5cm à 5cm. Aucun de ces éléments découverts sur le site ne permet une restitution, même partielle, de l'une de ces plaques.

La faible quantité de mobilier découvert peut s'expliquer de plusieurs façons : tout d'abord par l'absence de structure collectrice, les fossés du site étant, semble-t-il, palissadés dès l'installation de l'enclos ; il est également probable que la partie fouillée, relativement minime par rapport à la totalité de l'enclos, ne corresponde pas à une zone d'habitation. La localisation des découvertes est assez significative puisqu'elles se situent en majorité dans la partie supérieure de l'enclos (sondages A, B, C, L et M) (fig.12), à l'emplacement de fossés supposés correspondre à des restructurations ou à des extensions. Malgré tout, une si faible quantité de mobilier reste exceptionnelle pour un site d'habitat de cette période. Le seul site comparable à ce niveau est celui des Brégeons, situé sur la commune du Theil-de-Bretagne, limitrophe avec celle de Retiers (Le Goff, 1997). Cependant, l'interprétation de ce site en tant qu'habitat reste sujet à caution.

Synthèse:

A l'issue de cette fouille, les résultats s'avèrent extrêmement modestes. Tenter d'établir un phasage chronologique précis de cet enclos tient ici de la gageure (fig.13). En effet, la quasi absence de mobilier datant dans les fossés de l'enclos aussi bien que l'absence de liaison entre les deux façades étudiées rendent impossible toute étude globale de l'évolution de cette portion du site. Celui-ci fait sans doute partie d'un ensemble plus complexe qui intègre les deux enclos et les limites parcellaires repérés en prospection aérienne. Nous nous contentons donc ici de présenter les principaux éléments apparus à travers l'étude des coupes des fossés et du mobilier.

Bien que résiduels, les trois silex taillés découverts sur le site pourrait indiquer une présence humaine dans les environs immédiats dès le Néolithique. L'essentiel de l'occupation est toutefois lié à la fin de l'Age du fer. Elle s'illustre, pour la portion étudiée, sous la forme de deux enclos emboîtés associés à du fossé parcellaire contemporain de l'occupation (section A et B). Plusieurs remaniements ont été observés dans le fossé ouest qui permettent de distinguer quatre états liés à un déplacement d'entrée. Ce type de restructurations est maintenant bien connu sur la plupart des sites armoricains de cette période (Bellevue à Augan, Le Boisanne à Plouer-sur-Rance, Les Jeusseries à Retiers....). Nous ne pouvons retenir qu'une datation approximative pour l'occupation principale du site se situant entre la fin de La Tène moyenne et La Tène finale.

Des fossés, sans doute en relation avec du parcellaire, viennent se superposer à l'enclos après son abandon. L'orientation relativement similaire du F.300 fait toutefois supposer que son tracé reste influencé par l'organisation parcellaire d'époque gauloise. Au contraire le F. 14 est en totale déconnexion avec les limites antiques et modernes.

A l'époque moderne, le parcellaire correspond à des parcelles en lanière orientées nord-sud. La plupart des structures repérées en contrebas du décapage sont associées à cette période. Ce sont essentiellement des caves à pommier et quelques trous de poteau dont certains s'organisent pour former une palissade.

Reste le problème de l'interprétation d'un tel site. La présence, bien que minime, de mobilier domestique (céramiques et plaques-foyer) permet de pencher en faveur d'un habitat malgré l'absence de toute trace de bâti. Cette absence est certainement liée à la nature ingrate du substrat. L'inteprétation d'un enclos à vocation uniquement agro-pastorale (parquage du bétail), complémentaire du site de Port Marin 1, est également à prendre en considération. Phase I : occupation Age du Fer, La Tène moyenne et finale

Phase II : occupation non datée, antérieure au parcellaire moderne

Phase : epoque moderne

0 _50 m fig.13 : Retiers, le Port Marin 2 ; phasage du site

Bibliographie :

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