Le terme fut d'abord utilisé pour nommer un groupe d'amis à Hollywood, organisé de façon assez informelle autour d'Humphrey

Bogart, dont faisait partie le jeune Frank

Sinatra. La légende dit que c'est Den mother («

la mère ») Lauren Bacall qui a donné ce nom au groupe en les voyant revenir d'une soirée à Las

Vegas. Elle était la plus jeune du groupe et les trouvait fatigués, épuisés, hagards à tel point qu'elle aurait dit « You look like a goddamn rat pack » (« Vous avez l'air d'un sacré tas de rats

»). Selon une autre source le terme Rat Pack n'était pas l'idée de Lauren Bacall. Tout aurait commencé avec , le mari de

Lauren Bacall et partenaire d'écran fréquente et amie de . Ce dernier appelait ses amis de soirée les « Holmby Hills Rat Pack », du nom du lieu d'une des maisons de Judy Garland et son mari (Sid Luft), lieu de rassemblement

habituel du groupe. Une dernière explication réside dans la façon dont un groupe de rats rejetterait un outsider qui voudrait entrer dans le groupe. Selon la fille de Judy Garland, Lorna

Luft, Rat Pack viendrait d'une journaliste

(probablement Hedda Hopper) qui voulait se faire inviter dans le groupe. Toutefois, le groupe ne voulant pas que leurs soirées privées soient exposées au grand public, la journaliste ne fut jamais invitée. Elle écrivit plus tard « and that rat pack in Holmby Hills », ce que remarqua Judy

Garland. Selon Stephen Bogart, les membres du

Rat Pack étaient Frank Sinatra (le pack master),

Judy Garland (la première vice-présidente),

Lauren Bacall (Den mother), Sid Luft (le responsable de la cage), Humphrey Bogart (le rat chargé des relations publiques), Swifty Lazar (le secrétaire et trésorier), Nathaniel Benchley

(l'historien), David Niven, Katharine Hepburn,

Spencer Tracy, George Cukor, Michael Romanoff et . D'après la biographie de

David Niven (The Moon's a balloon), Sammy

Davis, Jr. et ne faisaient initialement pas partie du Rat Pack.

Dans sa version de 1960, le groupe comprenait

Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis, Jr.,

Joey Bishop, Peter Lawford (beau frère de John

F. Kennedy), et pour un bref moment Norman

Fell. Les mascottes du groupes étaient alors

Angie Dickinson, Juliet Prowse, et Shirley

MacLaine. La version post-Bogart du groupe ne fut jamais nommée comme telle par ses propres membres, par contre ils appelèrent cette période

« l'apogée du groupe ». Le terme Rat Pack était principalement utilisé par les journalistes ou les outsiders, il n'en fut pas moins le nom par lequel tout le monde décrit le groupe dès lors. Les relations étroites de Peter Lawford avec John F.

Kennedy, celles de Frank Sinatra avec la Mafia, et le rôle qu'a joué le groupe lors de la campagne de John F. Kennedy (démocrate) pour les

présidentielles, donnait au groupe une dimension politique. Frank Sinatra s'attendait à entrer dans le cercle des Kennedy après l'élection, il en fut pourtant exclu, ce qui conduisit à l'exclusion du

Rat Pack de Peter Lawford en 1962. Le rôle de

Peter Lawford dans Robin and the Seven Hoods fut donné à Bing Crosby et plusieurs chansons furent ajoutées. Ce n'était pas la première fois que Frank Sinatra opérait de la sorte, le rôle de

Davis dans So Few fut finalement donné à Steve

McQueen parce que Davis et Sinatra étaient temporairement brouillés. Le Rat Pack se produisait souvent à Las Vegas (Nevada) et contribua à la réputation de cette ville comme

destination privilégiée de divertissement. Ses membres jouèrent un rôle important dans l'abolition de l'esprit ségrégationniste qui régnait dans les hôtels et les casinos des années

1960 de la ville. Sinatra et les autres refusaient de jouer ou de parrainer les établissements qui n'embauchaient pas les noirs américains comme

Sammy Davis, Jr.. Une fois les apparitions du Rat

Pack devenues populaires et attractives pour les media, Las Vegas fut obligée d'abandonner sa politique de ségrégation. Le groupe n'avait pas idée de sa future place dans l'histoire du divertissement. Il était connu pour ses divertissements joyeux, son style musical

agréable et ses comédies pour la plupart improvisées. Sammy Davis, Jr. racontait que lorsque Frank Sinatra appelait au rassemblement, même si cela se tenait en même temps qu'une conférence entre le président américain Dwight

D. Eisenhower, le président français Charles de

Gaulle et le leader soviétique Nikita

Khrouchtchev, les journalistes, les VIP, les célébrités étaient présents par milliers. Souvent, lorsque l'un des membres du groupe était engagé pour un spectacle, le reste du groupe arrivait de manière impromptue, causant de l'excitation dans l'audience... et le retour des spectateurs les soirs suivants. Tous leurs spectacles se jouaient à

guichets fermés. Les gens étaient prêts à dormir dehors pour assister à la représentation quand les hôtels de la ville étaient pleins. Sur les affiches de leurs spectacles on pouvait lire «

DEAN MARTIN - MAYBE FRANK - MAYBE

SAMMY ». Bien que les membres du groupe soient restés proches (à l'exception de Peter

Lawford), la popularité du Rat Pack baissa vers la fin des années 1960 avec la montée de la « contre-culture ». Bien que ses membres restassent à titre individuel des bêtes de popularités, le Rat Pack avait cessé d'exister à la fin des années 1960.

En 1987, Frank Sinatra, Sammy Davis, Jr. et

Dean Martin partent en tournée mondiale, intitulée « Together Again ». En conférence de presse, Frank Sinatra rejette l'appellation Rat

Pack pour cette tournée. La tournée fut pleine d'embûches avec notamment le décès du fils de

Dean Martin dans un crash d'avion. Ce dernier

quitta la tournée après seulement trois représentations. Il fut remplacé par Liza Minnelli

(fille de Judy Garland et Vicente Minelli). Sammy

Davis, Jr. et Dean Martin apparaissent ensemble

à l'écran de L'Équipée du Cannonball (The

Cannonball Run), Frank Sinatra les rejoint pour le deuxième volet : Cannon Ball 2. C'est le dernier film dans lequel les trois artistes apparaissent ensemble. Peter Lawford meurt le 24 décembre

1984 d'un arrêt cardiaque et de complications rénales et hépatiques, à l'âge de 61 ans. Sammy

Davis, Jr. meurt à son tour le 16 mai 1990 des suites d'un cancer de la gorge. Dean Martin meurt ensuite le matin de Noël 1995. Frank

Sinatra s'éteint le 14 mai 1998. Joey Bishop était le dernier membre du Rat Pack vivant, il s'éteint

à son tour le 17 octobre 2007. Le Rat Pack est le sujet d'un téléfilm en 1998. Des acteurs interprètent les rôles de Frank Sinatra et les autres, y compris John F. Kennedy. De nos jours, les films du Rat Pack et les enregistrements les concernant sont encore très regardés et mondialement connus.

Q: Quel a été l'une des premières choses que vous avez apprises sur le chant?

SINATRA: Quand j'ai commencé, mon idée était de travailler ma voix comme un instrument de musique. J'ai toujours été fasciné par la façon dont Jascha Heifetz jouait du violon et la façon de Tommy Dorsey de jouer de la trompette, vous n'entendez jamais une pause, c’est une ligne mélodique tout droit, tout comme Dorsey a fait avec la trompette. J'ai essayé d'utiliser ma voix de la même manière qu'un violon ou une trompette en jouant avec ma voix comme eux.

Q: En dehors de la musique, quels sont vos autres intérêts?

SINATRA: J'ai tâté de la peinture à l'huile et j'aime la photographie. Au fil des années, j'ai rassemblé une merveilleuse collection de modèles réduits de trains, spécialisée dans les machines à vapeur. La plupart des trains m’ont été envoyés par les fans et ils sont très importants pour moi.

Barbara et moi avons plusieurs chiens, des chats et un perroquet nommé «Rocky». Quel accueil qu'ils nous donnent quand on rentre à la maison après un voyage sur la route! Bien sûr, j'aime

cuisiner ... je l’ai appris de ma mère et de mon père.

Q: Quel a été votre moment le plus mémorable avec Tommy Dorsey ?

SINATRA: J'étais avec Tommy un peu moins de trois ans et selon ma calculatrice on a vécu 1,5 millions de moments et chacun d'entre eux a été mémorable.

Q: Dans votre formule pour le succès, quel est l'ingrédient principal ?

SINATRA: Quelle formule? Je n'en ai jamais eu donc je ne pourrais pas dire quel en est

l’ingrédient principal. Je pense que tout le monde qui a du succès dans cette entreprise dispose d'un ingrédient commun - Dieu nous a donné des talents. Le reste dépend de la façon dont on l’utilise.

Q: Qu'est-ce que vous recherchez, musicalement, dans de nouvelles chansons ?

SINATRA: Je suis à la recherche des mêmes

éléments que j'ai cherché toute ma carrière: une mélodie qui chante, coule doucement, me permet d'être totalement impliqués et me donne de la place pour mon propre phrasé, des textes poétiques qui sont solidement liés à la musique et

raconter une bonne histoire, des arrangements imaginatifs qui offrent une lueur aux paroles et à la musique. En bref, je cherche une virtuosité exceptionnelle, le goût, le dévouement et le professionnalisme.

Q: Vous avez été critiqué par la presse. Pourtant, si vous étiez un journaliste et que vous receviez une assignation pour faire un reportage sur Frank

Sinatra, comment voulez-vous y faire face?

SINATRA: Ce n'est pas un secret que j'ai été critiqué par la presse, et je me sens besoin de me justifier. J'ai beaucoup de respect pour les responsables, les journalistes professionnels qui

sont objectifs, impartiales et qui rapportent la vérité. D'un autre côté, il y a des journalistes qui déforment, des éditeurs qui exagèrent les propos sans se soucier de vérifier les faits. Ce sont eux qui donnent au journalisme une mauvaise réputation, et les gens qui sont dans l'œil du public sont souvent victimes de la chasse sans scrupules de certains journalistes.

Q: Pensez-vous que vous auriez eu une vie plus sereine, plus heureuse si vous n'aviez pas été connu ?

SINATRA: Plus sereine, peut-être, mais certainement pas plus heureux. Nous avons tous

des problèmes et des pressions, quel que soit le genre de vie que nous menons, dans le show business ou dans tout autre domaine.

Q: Qui, à votre avis, sont les meilleurs, auteurs- compositeurs, les plus prometteurs aujourd'hui?

SINATRA: George Harrison, Jim Webb, David

Gates, Carol Connors, Carol Bayer Sager, John

Denver et Alan et Marilyn Bergman.

Q: Vous avez dit que si la réincarnation était possible vous aimeriez revenir comme chanteur d'opéra style Luciano Pavarotti. Ma question est- ce que vous aimez la musique classique?

SINATRA: J'aime toutes les musiques - opéra, symphonie, pop, musiques de spectacles, etc - et je suis à l'aise avec la plupart des musiques d'aujourd'hui. J'admire cependant la technique et la clarté des artistes d'opéra.

Q: Quel a été le moment le plus mémorable de votre vie?

SINATRA: Il y en a eu plusieurs, parmi eux, les deux fois où je suis devenu un grand-père, tout d'abord, d’Angela Jennifer Lambert, puis de sa sœur, Amanda Catherine Lambert.

Q: Préférez-vous chanter dans les boîtes de nuit ou dans des concerts?

SINATRA: Au fond, je crois que je suis un chanteur de salon car il ya une plus grande intimité entre l'artiste et le public dans une boîte de nuit. Et puis, j'aime aussi l'excitation de se présenter devant un auditoire dans un grand concert. Disons simplement que l'endroit n'est pas important, tant que tout le monde passe un bon moment.

Q: Qu’est-ce que vous aimez le plus, le chant ou la comédie?

SINATRA: J'ai commencé en tant que chanteur et je vais finir en tant que chanteur. Le jeu d’acteur c’était entre les deux. Je préfère ne pas classer ou ranger mon métier parce qu'il y a beaucoup de jeu dans mon chant et mon chant a aidé mon jeu d'acteur.

Q: Avez-vous reçu une formation en chant ?

SINATRA: Je n'avais aucune formation en chant j'ai tout appris avec l'expérience. J'ai travaillé lors de fêtes, dans des clubs, dans le magasin de bonbons du coin dans n’importe quel endroit où les gens m'écoutaient.

Q: Quelle est votre chanson préférée?

SINATRA: j'ai chanté et enregistré tant de merveilleuses chansons au fil des ans qu'il serait impossible d’en citer une en particulier. Elles ont tous été spéciales pour moi, pour une raison ou pour une autre.

Ils étaient cinq: Frank Sinatra, Joey Bishop,

Peter Lawford, Sammy Davis jr et Dean Martin.

Ils formaient le Rat Pack, la bande des Rats qui opérait à Las Vegas. C'est dans cette ville qu'ils s'étaient rencontrés dans les années 50. Les cinq hommes étaient ce que les Américains appellent des «performers», des hommes de spectacle.

Dean Martin, né en 1917 Dino Paul Crocetti à

Steubenville, Ohio, avait gagné ses galons grâce au populaire tandem qu'il formait avec Jerry

Lewis.

Dean Martin avait croisé le chemin de ce très jeune comique spécialiste du calembour vaseux,

après avoir été croupier, tâté de la coiffure comme papa, et de la boxe ce qui lui valut une rhinoplastie. Le duo Martin-Lewis se roda dans les maisons de repos juives des Catskills autour de New York, puis dans le New Jersey, Martin peaufinant le rôle du séducteur posé, crooner de ces dames, et l'autre celui du zinzin pied au plancher.

Evoquant les deux grands tournants de sa carrière, Dean Martin déclarait: «Le premier, c'est le jour où j'ai rencontré . Le second, c'est le jour où j'ai quitté Jerry Lewis.

C'est grâce à ces deux événements que je suis

devenu un véritable acteur.» Le tandem est vite repéré, d'abord à la télé en 1948, ensuite par

Hollywood où ils tournent leur premier film, Ma bonne amie Irma de George Marshall en 1949. En tout, ils feront seize films ensemble, mais le sommet de leur couple sera Artistes et modèles de Frank Tashlin. Leurs chemins se séparent en

1956.

Après l'échec de 10 000 Chambres à coucher

(Richard Thorpe, 1957) où il tenait le rôle vedette, Dean Martin arrête pour un temps les comédies. Il se dirige vers le mélodrame avec le

Bal des maudits d'Edward Dmytryk en 1958, en

compagnie de Monty Clift et de .

C'est la même année qu'il tourne Comme un torrent de Vincente Minnelli, avec, pour partenaires, Shirley MacLaine et Frank Sinatra.

Dans ses mémoires, l'actrice se souvient de cette année 1958 et du Rat Pack qui, à l'époque, était maître de Las Vegas. «J'ai toujours pensé que

Dean n'avait jamais été aussi bon acteur que dans le film de Minnelli. Il ressemblait énormément à son personnage, un solitaire qui avait son propre code de l'honneur et qui ne faisait pas de compromis.»

Les mémoires de Shirley MacLaine ont aussi l'avantage, celui de cerner d'un peu plus près la personnalité et les amitiés du crooner de Vegas.

Une caricature de dur, bourré d'a priori et de préjugés, maniaque sur sa garde-robe et sur son eau de toilette Woodhue de Fabergé, terrorisant les garçons d'étage à toute heure de la nuit, ricanant des prétentions artistiques de Vincente

Minnelli qualifié de «gonzesse». Mais pas du genre, non plus, à se coucher devant ses amis maffieux propriétaires des nombreux night-clubs où il se produisait. Un an après le film de Minnelli, en 1959, en fait Dude, l'adjoint déchu du shérif Chance, l'ivrogne en quête de

réhabilitation de Rio Bravo, où, en pleine déglingue, il donne une réplique formidable à

John Wayne. En 1960, dans les Trois Sergents de

John Sturges, remake inattendu de Gunga Din, le

Rat Pack Frank Sinatra-Dean Martin-Peter

Lawford-Sammy Davis Jr. est reconstitué.

Si la rupture avec Jerry Lewis a conduit Dean

Martin à mener une carrière solo au cinéma, elle aura aussi donné un sérieux coup de pouce au chanteur. C'est à la même époque, vers la fin des années 50, que Dean Martin devient l'un des crooners favoris des Américains, au coude à coude avec son ami Frank Sinatra. Everybody

loves somebody sometimes, The Chapel in the

Moonlight, sans oublier l'indispensable Volare, autant de tubes taillés sur mesure pour sa voix de baryton dont il use avec décontraction, relax même en smoking et noeud pap'.

La vraie qualité de Dean Martin, et son vrai défaut, c'est de n'avoir jamais pris sa carrière au sérieux. A tel point qu'il se parodie avec talent et conviction dans Embrasse-moi idiot de Billy

Wilder en 1964. Il y incarne Dino, un crooner séducteur qui ne séduira pas du tout les ligues de décence américaines. Le film est un flop commercial complet dont se

remettra difficilement. De cet échec, Dean

Martin tire une autre conclusion: dorénavant, il cachetonnera avec plus ou moins de bonheur. Au nombre de ses réussites relatives, on compte les trois épisodes de Matt Helm, sorte de James

Bond à l'américaine qu'il peut jouer un verre à la main. Il tourne quelques westerns dont deux valables, les Quatre fils de Katie Helder et Cinq cartes à abattre, sont signés Henry Hathaway.

A partir de 1965, il passe le plus clair de son temps à la télé, sur la chaîne NBC, à animer le

Dean Martin Show qui durera huit ans. Le tandem

avec Jerry Lewis est reformé le temps d'un téléthon en 1976.

Son biographe Nick Tosches raconte, dans Dino, le livre qu'il lui consacra en 1992, que, vers la fin des années 80, Dean Martin s'était retiré de la vie mondaine dans son manoir de Bel Air. Il regardait inlassablement des vieux westerns,

écoutait des disques, mais jamais les siens. La mort de son seul fils, l'acteur et musicien rock

Dean Paul Martin, en 1987, dans un accident d'avion, n'est sans doute pas étrangère à cette retraite. Même Frank Sinatra n'arrivera pas à le

faire sortir de sa tanière pour une tournée spéciale du Rat Pack.

Shirley MacLaine, qui avait eu le coup de foudre pour Dean Martin, raconte dans ses mémoires:

«Dean s'était abîmé. Je ne l'avais pas vu depuis des années, il était fantomatique, son teint était pâle, grisâtre. (...) Dean ne va plus nulle part maintenant. Il vit tout seul et ne semble pas avoir envie de remonter sur scène, même s'il pourrait encore aujourd'hui remplir une salle à Las Vegas.

De temps en temps, je l'aperçois dans son restaurant italien préféré de . Il y a toujours une place de libre en face de lui, mais

personne ne s'y assied parce qu'il n'attend personne. Il passe ses journées à regarder la télévision et il fait ce qu'il a toujours voulu faire: rien.» Dean Martin est mort lundi 25 décembre

1995 à Los Angeles à l'âge de 78 ans, des suites de problèmes respiratoires aigus.

Peter Sydney Ernest Aylen, qui n’est pas encore

Peter Lawford, naît le 7 septembre 1923 à

Londres. Il est le fils d’un héros anobli à la fin de la première guerre mondiale, Sir Sydney Turing

Lawford, devenu par ailleurs un acteur de théâtre, et de May Sommerville Bunny. Mais tout est déjà compliqué pour lui dès le départ …

Au moment où il est conçu, ses parents sont mariés chacun de leur côté. Aylen est donc le nom du premier conjoint de sa mère. Sydney et May, une fois libres, se remarieront . Toutefois, le scandale obligera le couple à quitter l’Angleterre.

Peter ignorera le détail de ces secrets de famille

et n’apprendra l’entière vérité qu’à l’âge de 27 ans! Sa mère était une personne un peu particulière: pour une raison bien à elle, elle s’obstinait à habiller son petit garçon en fille !

Bien que très jeune, il en souffrit et cela resta marqué en lui, expliquant peut-être bien des choses …

L’éducation qu’il reçoit est raffinée …un vrai petit

Lord dont l’instruction lui est dispensée par un précepteur particulier: il ne va pas à l’école. De sa jeunesse, il gardera toujours cette élégance très british.

Il a 7 ans quand il tourne en Angleterre dans le film «Poor Old Bill» de Monty Banks. Puis à 8 ans, c’est «A Gentleman of Paris» de Sinclair Hill.

Mais la législation anglaise interdit aux enfants de moins de 14 ans de travailler. Tout s’arrête donc là ! Devenu adolescent, Peter suit des

études en France, à Grasse exactement; il parlera ainsi notre langue, mais également l’espagnol et l’italien. Avant de se fixer définitivement aux USA, les Lawford sillonnent le monde à bord de grands bateaux. Le jeune Peter connaît ainsi les lieux mythiques de l’époque, Paris et notre côte d’Azur, Deauville, Sydney, Colombo,

Honolulu …

En Amérique, Les Lawford sont bien accueillis par la communauté de Palm Beach, en Floride d’abord, puis en Californie, où ils mènent une vie aisée. Un accident va marquer l’enfance de Peter : en courant, il passe le bras à travers une vitre et se blesse sérieusement. Les médecins pourront

éviter l’amputation mais cette blessure le privera pour toujours de l’usage de sa main droite, ce qui lui évitera la mobilisation pendant la seconde guerre mondiale. A toute chose malheur est bon !

Cette blessure va, en fait, être une aubaine pour sa carrière d’acteur. Hollywood voit tous ses comédiens incorporés dans l’armée et Peter sait profiter des opportunités qui se présentent à lui,

puisqu’il est disponible. C’est ainsi qu’il signe un contrat d’exclusivité avec les studios MGM. Sa mère, May, fait encore des siennes: En cachette de Peter, elle insiste auprès de Louis B Mayer, un des moguls de la MGM, pour être reconnue et payée comme assistante personnelle de son fils.

Comme cela lui est refusé, elle va prétendre que

Peter est homosexuel et qu’il a besoin d’être encadré … Ce qui constitue, on en conviendra, une

étrange raison. Le jeune homme gardera toujours une gêne vis-à-vis des indélicatesses de sa mère et leurs relations en pâtiront. Sa première apparition sur les écrans américains, il la fit dans

«Lord Jeff (Barreaux blancs)» (1938) avec le

touchant petit Frederic Bartholomew et Mickey

Rooney. En 1942, on le vit dans «A Yank at Eton» aux côtés du même Mickey Rooney. Jolis succès …

En 1943, il apparaît discrètement dans 14 films, campant içi et là une silhouette parfois difficile à découvrir («Corvette K-225», …). En 1944 on le remarque plus particulièrement dans «The White

Cliffs of Dover (Les blanches falaises de

Douvres)» (1944) dans lequel il campe un jeune soldat de la 2e Guerre mondiale. Il enchaîne en

1945 avec un gros succès populaire «Le fils de

Lassie» (1945) , le célèbre chien colley ! La même année, c’est l’étrange «Portrait de Dorian Gray»

(1945) d’Albert Lewin, d’après le livre d’Oscar

Wilde, avec Hurd Hatfield et Georges Sanders.

Peter y joue David Stone. En 1947, il a pour partenaire le craquant petit Butch Jenkins dans

«My Brother Talks to Horses» (1947). Tout un programme ! Il devient peu à peu une immense vedette dont le fan club explose. Il est la coqueluche de toutes les femmes américaines qui tombent sous le charme de ce séducteur au sourire enjôleur et aux yeux câlins et malicieux.

Il reçoit chaque semaine des milliers de lettres enflammées! Il continue à tourner des films comme «Les quatre filles du Docteur March»

(1949), où il incarne le sémillant Laurie dans

cette histoire romancée , entouré de June

Allyson, Elisabeth Taylor, Janet Leigh et

Margareth O’Brien. Nous pouvons également

évoquer au passage la tendre histoire racontée par Ernst Lubitsh, «Cluny Brown (La folle ingénue)» (1946) ; il a comme partenaires prestigieux Charles Boyer et la ravissante

Jennifer Jones. Evoquons également la plaisante réalisation de Stanley Donen, «Royal Wedding

(Mariage royal)» (1950) avec Fred Astaire et

Jane Powell. A la fin des années 50, il est, aux côtés de la jolie Phyllis Kirk, le héros de la série

«The Thin Man», narrant les aventures de Nick et Nora Charles, héros incarnés à maintes

reprises au cinéma par William Powell et Myrna

Loy. Le feuilleton fera les beaux jours de la télévision française dans les années 60 sous le titre de «Monsieur et Madame Détective». Il conjugue tous les talents puisqu’on le voit chanter et danser, ce qui lui permet de figurer dans des films-comédie musicales comme «Good News»

(1947) et «Easter Parade» (1948), toutes deux réalisées par Charles Walters …

Sur le plan sentimental, Peter est un homme à femmes ; il les aime toutes, qu’elles soient du monde du spectacle ou de la politique ! La liste des conquêtes amoureuses qu’on lui prête est

très très longue : Ava Gardner, June Allyson,

Lana Turner, Janet Leigh, Rita Hayworth, Lucille

Ball, Anne Baxter, Judy Holliday, Gina

Lollobrigida, Judy Garland, ,

Grace Kelly, , , Evelyne

Keyes, Elizabeth Taylor, Nancy Reagan et même sa belle-sœur, Jacqueline Kennedy-Onassis. Il a aussi été rapporté que Peter aurait eu le désir d’épouser la belle actrice noire Dorothy

Dandridge, disparue tragiquement en 1965 d’une overdose de médicaments. Mais l’intolérance raciale des années 1950 n’aurait pas admis cette union et leur carrière respective en aurait souffert.

En 1954, il se marie avec Patricia Kennedy, la sœur du futur président, qui lui donnera quatre enfants : Christopher (1955) qui deviendra acteur, Sydney(1956), Victoria (1958) et Robin

Elizabeth (1961). Tout naturellement, il fera campagne dans le Parti des Démocrates pour son beau-frère, John F Kennedy, avec le “Rat Pack”, le fameux clan Sinatra. Evoquons un instant l’amitié qui liait Peter à Frank Sinatra, une relation dans le style "Je t’aime moi non plus" !

Très proches pendant un temps, ils se brouilleront à cause d’un dîner de Peter avec la belle Ava Gardner, puis se réconcilieront pour se fâcher à nouveau …

Le “Rat Pack”, c'est ce clan que l’on retrouve dans

«Ocean’s 11» (1960) et dans «Sergeants 3»

(1962). Composé de Sinatra, Lawford, Sammy

Davies Junior , Dean Martin et Joey Bishop, il a une réputation un peu sulfureuse (on le soupçonnera d’un tas de choses …). Il est placé directement dans l’entourage du Président qui sera assassiné en 1963, et de Robert Kennedy, tué lui aussi. On connaît l’histoire … Il vécut

également dans l’entourage de Marylin Monroe, décédée d’un empoisonnement en 1962 ; cause officielle du décès: suicide …

C’est Peter qui présentera Marylin lors de la fameuse soirée où cette dernière entonnera le célèbre «Happy Birthday Mister President». On sait qu’il aura prêté sa maison de Malibu pour favoriser la liaison, devenue officielle depuis, du président avec la blonde actrice. On a prétendu que Peter, accompagné de son beau-frère Robert

Kennedy, avait été le dernier à la voir vivante …

Mais cela n’a jamais été confirmé. Ce qui est sûr, c’est que le “Rat Pack” n’a pas été toléré aux obsèques de l’actrice en 1962, sur décision de l’ancien mari Joe Dimaggio, le seul homme sur lequel la blonde actrice pouvait compter !

Côté cinéma, au début des années 60, on put voir

Peter Lawford dans «Exodus», où il campe le

Major Calwell, ainsi que dans «The Longest Day

(Le jour le plus long)», dans la peau de Lord

Lovat. Une anecdote à propos de ce film : un jour, le réalisateur Ken Annakin le vit arriver en smoking et nœud papillon blanc sur le plateau.

L'acteur se justifia par ces mots: "Ma pureté vestimentaire me permet d’oublier un instant que je vais devoir me jeter dans la boue, afin que

Hollywood vous félicite pour votre film". Suivront d’autres rôles de second plan, dont le dernier dans «Where is Parsifal ?» en 1983, où il retrouve Tony Curtis. Sa carrière au cinéma est

riche d’environ 55 longs métrages. Mais les choses commencent à se gâter pour lui … L’échec de son mariage avec Patricia K., la mère de ses enfants, ses brouilles avec Sinatra, la mort entourée de mystères de Marylin, l’assassinat de

John et de Robert Kennedy, sa fortune qui fond comme neige au soleil, tout cela va le déstabiliser fortement et faire que sa carrière va s’enliser vers la fin des années 60 …

Il tourne encore, certes, mais n’est plus sollicité pour de grands rôles et se voit obligé de se contenter de participations comme "guest star" dans des séries télévisées. On le voit ainsi dans

«L’île fantastique», «Ma sorcière bien aimée»,

«Le Virginien» … Il apparaît dans des shows de variétés, celui de , le Judy-Garland show … Il prête son concours à des jeux comme

«Pyramide» ou «Password». Il décroche aussi de petits contrats publicitaires …

En 1966 Patricia Kennedy demande le divorce

"pour infidélité et intempérances dues à l’alcool".

Comme il le dira lui-même bien après: "La vie n’a plus jamais été la même, c’est comme si ma vie s’était mise en veilleuse". En 1971, il épouse en secondes noces une très jeune femme de 26 ans sa cadette, Mary Rowan, mais divorce à nouveau

en 1975. Il prend alors comme troisième épouse, en 1976 et pour deux ans seulement, Deborah

Gould. Finalement il se marie pour la quatrième fois en 1984 avec Patricia Seaton qui aura du mal

à rester avec lui tant il se laissera aller, mais qui sera néanmoins sa veuve. Il décède en effet le 24 décembre 1984, au Cedars Sinaï Hopital de Los

Angeles d’un arrêt cardiaque. Il a 61 ans et termine sa vie de façon triste et lamentable; ses

échecs sentimentaux, son refuge dans l’alcool et dans la drogue (il était atteint d’une cirrhose du foie), sa volonté de se laisser aller en ne se lavant plus, en vivant dans une maison immonde abandonnée aux chats … auront précipité sa fin.

"Peter avait vieilli de 20 ans ces toutes dernières années" rapportera Liz Taylor qui fut l’une des dernières à l’avoir vu à l’hôpital. Elle témoignera encore que dans les derniers moments, il demandera à ce qu’on lui passe son plus beau costume, comme pour retrouver le jeune "Lord

Gentlemen" qu’il aurait voulu être toute sa vie. A ses obsèques, un bon nombre de cousins du côté

Kennedy se retrouveront pour un dernier adieu, mais son fils Christopher confirma récemment qu’aucun membre du “Rat Pack” ne fut présent.

Ses cendres furent déposées au Cimetière de

WestWood , non loin de la sépulture de Marylin

Monroe. Mais un litige avec l’administration du

cimetière fera qu’il sera exhumé et que ses cendres seront finalement immergées dans le

Pacifique par sa veuve Patricia Seaton Lawford.

Même mort, il était instable! Quand on parcourt l’histoire de sa vie, on ne peut s’empêcher de penser: "Quel dommage!". Peter Lawford avait tout pour lui: du talent, un physique séduisant, une épouse jolie et de beaux enfants, des opportunités, des relations, une place dans la société … et tout a tourné au drame ! Il a été davantage connu comme “le Beau-Frère” - le

"Brother in Law … Ford", comme l’appelait Sinatra

- et le charmeur du “Rat-Pack”, le joli-cœur d’Hollywood. Cependant, il reste des zones

d’ombre quant à son rôle dans les relations avec les frères Kennedy assassinés et dans le suicide de Marylin. Ainsi sa fin tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel aura été sinistre ! Il n’aura pu ou su trouver vraiment le bonheur.

C’était pourtant un comédien très attachant et humain qui avait comme mauvaises compagnes l’alcool et la drogue qui l’ont détruit complètement !

Dans Artists and Models (1955) de Frank Tashlin,

Jerry Lewis ne m’aimait pas en costume de bain jaune. Parce que j’avais de jolies jambes, et lui non ! Il était furieux, est parti dans sa loge et ne voulait plus en sortir. Et le président de la

Paramount a dû venir sur le plateau pour l’obliger

à travailler avec moi. Je sais qu’ici vous adorez

Jerry Lewis, mais il était parfois impossible.

Parfois…

À propos de Some Came Running (1958) de

Vincente Minnelli : Je vais vous dire un secret que personne ne connaît. Tous les membres du «

Rat Pack » étaient homosexuels ! Tous, sauf moi

!... C’étaient des gens formidables. Le seul problème, c’était le « pas de sexe ». Si j’en avais envie, on interdisait à mon partenaire de m’approcher. Je leur appartenais. J’étais leur mascotte. Ils partageaient avec moi leurs idées, leur humour et leur vanité. Ils m’ont appris

énormément de choses qui m’ont été utiles au

théâtre. Vous êtes trop jeunes, mais je me suis produite deux fois sur scène, ici, à Paris. Ils m’ont montré comment m’y sentir à l’aise. Ils savaient s’abandonner complètement devant un public. Et c’est ça que celui-ci adorait chez eux.

Je pense que Dean Martin est meilleur dans ce film que dans tous les autres qu’il a tournés. J’ai connu James Jones (l’auteur du roman Some

Came Running, NDLR) à Paris. Il avait un appartement en face de Notre Dame. Il tenait à ce que je joue Ginnie. Dans le livre, le personnage qu’interprète Frank Sinatra, Dave, se fait tuer.

Pour vous donner une idée du pouvoir de Sinatra,

il a appelé le studio et leur a dit : « Tuez la môme.

Comme ça, le film sera nominé ! » Et il a eu raison

! (Shirley MacLaine fut nommée aux oscars comme meilleure actrice et le film obtint quatre autres nominations, NDLR).

Le légendaire chanteur américain Frank Sinatra a servi de transporteur de fonds pour la Mafia, et

il a même failli être arrêté en possession d'une valise contenant 3,5 millions de dollars en liquide.

C'est la thèse développée dans sa nouvelle biographie, écrite par Anthony Summers et

Robbyn Swan, dont des extraits ont été publiés mardi 3 mai par le magazine Vanity Fair. Sinatra : la vie devrait sortir le 16 mai aux Etats-Unis.

Cette anecdote, racontée aux auteurs par le comique Jerry Lewis et rapportée dans le livre, est l'un des nombreux éléments qui étayent la thèse. "Il s'était porté volontaire pour être leur coursier, déclare Lewis, cité dans l'ouvrage. Et il a failli se faire attraper une fois (...) à New

York." D'après le comédien, Frank Sinatra s'était

présenté à la douane avec une valise contenant

"trois millions et demi de dollars en coupures de cinquante". Les douaniers avaient voulu fouiller cette valise, mais ils avaient finalement renoncé en raison de l'attroupement provoqué par la présence de la star. Sinon, dit Lewis, "on n'aurait plus jamais entendu parler de lui". Frank Sinatra a toujours démenti tout lien avec le crime organisé. Des documents du FBI rendus publics en décembre 1998, sept mois après sa mort, dépeignent toutefois le chanteur comme un ami proche de Sam Giancana, parrain présumé de la mafia de Chicago. Ces documents du FBI laissaient également entendre qu'il avait eu des

contacts avec Lucky Luciano lors d'un voyage à

Cuba en 1947 et qu'il avait été soutenu à ses débuts par un racketteur du New Jersey nommé

Willie Moretti. Toutefois, le magazine Vanity Fair précise que les auteurs de la biographie n'affirment pas que Jerry Lewis a personnellement assisté à cette scène. D'après

Lewis, cette anecdote se serait déroulée peu après l'extradition de Luciano des Etats-Unis vers l'Italie, en 1946. Sans doute les jeunes gens

âgés aujourd’hui d’une vingtaine d’années ont-ils du mal à imaginer les élans d’enthousiasme que

Lewis pouvait susciter il y a trente ans lorsqu’il se produisait à l’Olympia. La fin de sa carrière,

plutôt lamentable — les dernières lignes de sa filmographie d’acteur incluent par exemple le chef-d’œuvre de Philippe Clair Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir —, a contribué à le faire tomber quelque peu dans l’oubli. Mais dans les années soixante-dix, la télévision n’hésitait pas à lui consacrer une après-midi entière, telle organisation caritative française l’engageait pour animer un téléthon, et lui ne manquait pas de dire

à quel point il était heureux d’être si bien compris par la France quand il était si mal compris dans son propre pays. Il avait même ouvert à Paris un cinéma « Jerry Lewis » qui devait être le premier

d’une chaîne dont la programmation serait exclusivement « jeunesse et famille ».

Son récit autobiographique Dean et moi — Une

Histoire d’amour ne traite, comme l’indique son titre, que des années pendant lesquelles il forma avec Dean Martin un tandem célèbre, mais, si courte qu’ait pu être cette période (un peu moins d’une décennie), elle fut glorieuse — le duo

Martin & Lewis était aussi célèbre que le duo

Laurel & Hardy — et son évocation suffit à mieux nous faire comprendre pourquoi l’enthousiasme des Français pour Jerry n’avait d’égal que le dédain de ses propres compatriotes à son égard.

Officiellement, nous avons affaire à une variation sur le thème « Eurydice, reviens-moi ». Cinquante ans plus tard, non, Jerry ne comprend toujours pas pourquoi, alors qu’ils s’entendaient si bien et qu’ils étaient si indissociables, Dean et lui ont un jour décidé de se séparer. En fait, il feint de ne pas comprendre, puisque, au terme d’une laborieuse introspection étalée sur plus de deux cents pages, il parvient exactement à l’explication qui avait été donnée de leur « divorce » dès la fin des années soixante par plusieurs critiques cinématographiques : Dean était le clown blanc,

Jerry était l’auguste. Autrement dit, Jerry semblait être l’imbécile des deux. Mais, dans la

réalité, la situation était vite devenue parfaitement intenable pour Dean Martin, dans la mesure où Jerry Lewis était la tête pensante du tandem, celui qui concevait et écrivait les sketches, celui qui ne se contentait pas de jouer, mais qui se penchait aussi sur les aspects techniques du cinéma. Martin allait poursuivre une assez brillante carrière après leur séparation, mais toujours en tant que chanteur et comédien, tandis que Lewis allait immédiatement passer à la réalisation, et souvent se montrer digne héritier de son maître Frank Tashlin dans sa manière de repenser la narration cinématographique traditionnelle.

Intro-rétrospection, répétons-le, juste sans doute, mais sans grand intérêt, puisqu’elle ne peut s’adresser qu’à des aficionados qui connaissent déjà tout cela par cœur. En revanche, Dean et moi contient sur la vie même de Lewis un certain nombre d’éléments qui ne manquent pas de surprendre. Longtemps on avait cru que Jerry était un naïf, un pur. Que le dissipé des deux, l’amateur de whisky et de femmes, c’était Dean Martin. Or il appert que Lewis n’avait rien à envier à son camarade. Certes, il a, dans un chapitre de son livre, le mérite de dire les choses très clairement : il défie qui que ce soit de prouver qu’on pouvait se produire il y a cinquante

ans dans un cabaret américain sans faire ami-ami avec la mafia. Il fallait même parfois, pour régler certaines questions « administratives », appeler directement tel ou tel capo. On veut bien le croire sur parole. Mais on a du mal à accepter rétrospectivement cette image de garçon sage

(pour ne pas dire d’enfant attardé), d’époux fidèle et de bon père de famille qu’il affichait en toute occasion quand, dans les coulisses, il avait les fréquentations qu’il avait et était prêt à sauter sur n’importe quel jupon. En un mot, Jerry

Lewis apparaît dans Dean et moi comme un disciple de John Kennedy.

Et c’est sans doute là qu’il convient de trouver l’origine du mépris dans lequel les Américains ont toujours tenu ce pseudo-grand enfant. On accepte beaucoup de choses outre-Atlantique, mais on n’accepte pas l’hypocrisie. Certains présidents sont même « tombés » pour cela. En

France, au contraire, où le cynisme n’est pas loin de passer pour une qualité, on avait gentiment

étouffé l’affaire quand, dit-on, le gentil Jerry, après quatre jours passés à Paris pour un téléthon, avait laissé derrière lui une ardoise de

400.000 francs dans l’hôtel où on l’avait logé.

Visiblement, il ne s’était pas contenté de vider le mini-bar et avait donné une acception très large à

l’expression room service. Sans doute avait-il souhaité réaliser dans la réalité un remake flamboyant de son premier film en tant que réalisateur, The Bellboy. En français, le Dingue du palace.

Samuel George Sammy Davis Jr. naît dans le quartier de Harlem à New York. Il est le fils d'Elvera Sanchez, une danseuse, et de Sammy

Davis Sr., un artiste touche-à-tout afro- américain. Le couple gagne sa vie en jouant dans des comédies populaires au théâtre. Nourrisson, il est élevé par sa grand-mère paternelle. Le petit Sammy n'est âgé que de 3 ans lorsque ses parents divorcent. Pour éviter de perdre la garde de son fils, Sammy Sr. l'emmène avec lui en tournée. Au sujet de sa mère, Sammy Davis Jr. prétendra toute sa vie qu'elle était porto-ricaine, mais l'un de ses biographes affirme que celle-ci

était en fait d'origine cubaine. Sammy aurait

menti pour éviter d'être confronté aux sentiments anti-cubains de l'Amérique des années 60, à leur apogée après la crise des missiles en 1962.

Enfant, il apprend la danse grâce à son père et à son « oncle », Will Mastin, le leader de la troupe où danse Sammy Sr. Bientôt, le jeune Sammy Jr. rejoint son père et Will Mastin pour former le

Will Mastin Trio. Tout au long de sa carrière,

Sammy Davis Jr. reversera une partie de ses cachets aux membres de son ancien groupe. Son père et Will Mastin font tout pour protéger l'enfant du racisme ambiant. Ils lui expliquent,

par exemple, que les railleries dont il est victime pendant la Seconde Guerre mondiale sont l'expression de la jalousie. Sammy Jr., qui est enrôlé dans les forces américaines, se voit alors confronté au racisme pour la première fois. Il racontera plus tard : « La nuit, le monde était différent. Ce n'était plus une question de couleur. C'est là que je me suis rendu compte que mon père et Will m'avaient protégé jusque-là. Ils avaient espéré que je puisse échapper aux moqueries et à la haine. Je leur en étais reconnaissant, mais ils avaient eu tort. C'était comme si j'étais passé par une porte battante pendant 18 ans, une porte qu'ils avaient

secrètement toujours laissé ouverte. » Malgré les railleries, Sammy Jr. rejoint une unité de divertissement pendant son service militaire, et découvre que les projecteurs constituent une sorte de bouclier contre le racisme. « Mon talent

était une arme, une force, un moyen de me défendre. C'était le seul moyen dont je disposais pour tenter de faire réfléchir la personne en face de moi », a-t-il déclaré. De retour à la vie civile, il participe à des spectacles de danse et de chant, et commence à connaître le succès. Il finit par se faire repérer par une maison de disques et enregistre un premier album en 1954, Starring

Sammy Davis Jr. Un deuxième disque, Just for

lovers paraît l'année suivante. En 1956, alors que sa carrière décolle, il décroche un second rôle à

Broadway dans la comédie musicale Mr.

Wonderful aux côtés de son père et de Will

Mastin. Le spectacle est un succès, et connaîtra près de 400 représentations. En 1959, son vieil ami Frank Sinatra l'invite à rejoindre le Rat Pack, un groupe créé et emmené par The Voice, et dont

Sammy Davis Jr. et Dean Martin constituent les membres les plus populaires auprès du public. Le

Rat Pack enregistre des dizaines de disques et tourne de nombreux films de qualité inégale, parmi lesquels L'Inconnu de Las Vegas (Ocean's

Eleven) en 1960 ou Les Sept Voleurs de Chicago

(Robin and the Seven Hoods) en 1964. De 1960 à

1966, la troupe (qui comprend de nombreuses autres stars de l'époque comme Peter Lawford ou

Joey Bishop) joue à guichets fermés dans toute l'Amérique avec un spectacle mêlant musique et comédie. Le Sands Hotel de Las Vegas, véritable quartier général du Rat Pack (et propriété de

Frank Sinatra) voit défiler les plus grandes célébrités des années 60 (y compris des hommes politiques) qui viennent assister à des représentations faisant de la ville du Nevada le centre du monde du divertissement. Las Vegas n'est alors qu'un vaste terrain de jeu sans autre distraction que les nombreux casinos.

Devenu une star incontournable, Sammy Davis Jr. refuse de jouer dans les salles qui pratiquent la ségrégation. Ces refus auraient participé à l'arrêt des discriminations dans les clubs de Las

Vegas et Miami Beach, et dans les casinos de l'État du Nevada. Sa carrière faillit se briser le

19 novembre 1954 : il est victime d'un accident de voiture sur un passage à niveau de la Route 66

à hauteur de San Bernardino (Californie), alors qu'il se rend à l'enregistrement du générique du film de Tony Curtis La Police était au rendez- vous (Six Bridges to Cross). Il échappe de justesse à la mort mais perd l'usage de son œil gauche (il portera un œil de verre jusqu'à sa

mort). Pendant son séjour à l'hôpital, son ami

Eddie Cantor lui parle des points communs entre la condition des noirs américains et le peuple juif.

Davis se convertit finalement au judaïsme après la lecture d'un livre sur l'histoire des Juifs, toujours pendant sa convalescence. Un paragraphe évoquant la persévérance dont les

Juifs ont fait preuve, le marque particulièrement

: « Les Juifs ne peuvent pas disparaître. Trois millénaires d'enseignement prophétique les ont résignés, et ont fait naître en eux un désir de vivre qu'aucune tragédie ne pourrait anéantir. ».

Dans ses différentes autobiographies, Sammy décrit un style de vie dissolue, où se mêlent

alcool, cocaïne et femmes. Il fait également état de problèmes financiers réguliers. En 1960, il crée la polémique en épousant l'actrice d'origine suédoise May Britt, dans une Amérique encore profondément ségrégationniste. Il reçoit des lettres de menaces après avoir été choisi pour jouer à Broadway dans la comédie musicale

Golden Boy en 1964. Ce qui ne semble pas ternir l'enthousiasme des fans : le spectacle est un succès (au début) mais s'arrête finalement après quelques représentations. Les mariages interraciaux sont alors interdits par la loi dans 31

États, des lois abolies par la Cour suprême américaine en 1967. May Britt donne naissance à

une fille et le couple adopte deux autres enfants.

Sammy, qui enchaîne les spectacles, passe peu de temps avec sa femme. Il avoue également entretenir une relation avec la chanteuse Lola

Falana (sa partenaire dans Golden Boy), ce qui précipite le divorce du couple prononcé en 1968.

Cette même année, Sammy Davis Jr. commence à fréquenter Altovise Gore, une danseuse rencontrée lors d'un show TV. Ils se marient en

1970 lors d'une cérémonie célébrée par le révérend Jesse Jackson, et resteront unis jusqu'à la mort de Sammy en 1990. Il est l'une des premières célébrités masculines à admettre publiquement son goût pour les séries télé à l'eau

de rose, particulièrement celles diffusées sur

ABC. Un aveu qui lui permet de décrocher un petit rôle de toxicomane dans la série Hôpital central (General Hospital), ainsi qu'une apparition régulière dans la série On ne vit qu'une fois (One

Life to Live) dans la peau de Chip Warren, un rôle pour lequel il est nommé aux Daytime Emmy en

1980 (les Daytime Emmy récompensent les programmes diffusés en journée aux États-Unis).

Peu avant sa mort, Sammy Davis Jr. se voit récompensé par la communauté noire lors d'une

émission de télévision. À la surprise générale, il remercie Jésus pendant son discours, ce qui ne

manque pas de provoquer une polémique finalement atténuée lorsque l'artiste explique que la phrase avait été sortie de son contexte, et ne faisait pas référence à ses convictions personnelles. Atteint d'un cancer de la gorge,

Sammy Davis Jr. meurt à Beverly Hills

(Californie) le 16 mai 1990 (le même jour que Jim

Henson) à l'âge de 64 ans, suite à des complications liées à sa maladie. Il est enterré au cimetière du Forest Lawn Memorial Park de

Glendale (Californie), aux côtés de son père et de

Will Mastin.

Une vente aux enchères est organisée peu après sa mort afin de régler ses nombreuses dettes, notamment des arriérés d'impôts réclamés par l'État Fédéral.

Faisant sa première apparition à la télévision en

1948, Joey Bishop est surtout reconnu pour être l’animateur de nombreuses émissions de variétés américaines. Il a animé, entre autres ‘The

Tonight Show Starring ’ et ‘The

Joey Bishop Show’. Joey Bishop est le dernier survivant du ‘Rat Pack’, dirigé par Frank Sinatra et dont faisait partie Dean Martin, Sammy Davis

Jr et Peter Lawford. ‘L’Inconnu de Las Vegas’, dans lequel il jouait, a inspiré le film ‘Ocean’s

Eleven’. Joey Bishop est décédé en 2007.

Histoire vraie: Joey Bishop venait de s'installer dans sa chambre au septième étage de son hôtel

de Miami Beach, tandis que Frank, Sammy Davis

Jr., Dean Martin et Peter Lawford avaient été vérifiés leurs suites. Quand Frank a demandé à

Sammy où Joey était, et que Sammy lui a dit au septième étage, Sinatra a appelé immédiatement la réception et a dit au directeur de l'hôtel terrifié "A moins que Joey Bishop obtienne une suite, il n'y aura pas de spectacle ce soir."

Immédiatement, Joey a entendu frapper à sa porte.

"Je l'ouvre et une équipe de grooms viens en courant," dit Joey. «On enlève les vêtements dans le placard, un autre va jusqu'à la salle de

bain et un troisième vide les tiroirs. Un mot de

Frank et j'ai eu une suite."

A l'origine, le groupe s'est appelé The Clan, mais a adopté le Rat Pack, par déférence pour Sammy

Davis Jr., qui était noir et s'était converti au judaïsme. Chacun faisaient des apparitions inattendues dans le public, par exemple, si Dean faisait un spectacle, Sammy se montrait et l’interrompait. Joey lève les yeux vers une photo sur le mur du Rat Pack et ajoute avec une mélancolie calme: «Nous étions inséparables."

Contrairement à l'image publique de Martin

(c'est-à-dire qu'il était un poivrot incroyable),

Joey prétend que chaque fois qu'il est apparu sur scène avec une bouteille de J & B, le contenu n'était rien de plus que le jus de pomme. Joey se souvient aussi d’avoir tourné le film Texas Across the River avec Dean. «Le directeur voulait que nous fassions trois ou quatre prises sur une scène et Dean lui a dit` Joey et moi ne sommes pas des acteurs. Nous sommes des artistes-interprètes.

SAMMY: «Nous étions dans cette Rolls-Royce faisant 90 kms quand un flic nous a sifflé. Le flic a dit:` Mon Dieu, Sammy, Joey, vous faisiez du

90 '. J'ai dit: `officier, cet homme a un œil. Où

voulez-vous qu’il regarde, le compteur ou la route?" '

Joey s'arrête à nouveau, puis il ajoute: «Personne ne pouvait avoir un meilleur ami."

PETER-Joey se souvient d'un appel téléphonique qu'il a reçu une fois de Lawford. Lawford lui a dit qu'il savait que Joey était à la recherche d'un nouvel agent et qu'il avait quelqu'un dans son salon qui serait parfait pour le travail. Alors,

Joey a sauté dans sa voiture. Lawford avait une maison sur la plage, et quand Joey est arrivé là, il a découvert que le "manager" que Lawford lui avait recommandé était JFK, dont Joey a fini par

être le maître de cérémonie lors du bal inaugural.

Joey a également mis des plaisanteries dans les discours de John et Robert Kennedy et il se souvient comment un journaliste du Temps l’avait appelé pour lui demander s'il avait écrit une ligne particulière que JFK avait utilisé dans son discours la veille. Joey a répondu: «Si ils ont rit, c’est que je l'ai écrit."

That's life

(That's life)

That's what all the people say

You're riding high in April, shot down in May

But I know I'm gonna change that tune

When I'm back on top, back on top in June

I said that's life

(That's life)

And as funny as it may seem

Some people get their kicks stomping on a dream

But I don't let it, let it get me down

'Cause this fine old world, it keeps spinnin' around

I've been a puppet, a pauper, a pirate, a poet, a pawn and a king

I've been up and down and over and out and I know one thing

Each time I find myself flat on my face

I pick myself up and get back in the race

That's life

(That's life)

I tell you, I can't deny it

I thought of quitting, baby but my heart just ain't gonna buy it

And I didn't think it was worth one single try

I'd jump right on a big bird and then I'd fly

I've been a puppet, a pauper, a pirate, a poet, a pawn and a king

I've been up and down and over and out and I know

one thing

Each time I find myself layin' flat on my face

I just pick myself up and get back in the race

That's life

(That's life)

That's life and I can't deny it

Many times I thought of cutting out but my heart won't buy it

But if there's nothing shaking come this here July

I'm gonna roll myself up in a big ball and die, my, my

Everybody loves somebody sometime

Everybody falls in love somehow

Something in your kiss just told me

My sometime is now ...

Everybody finds somebody some place

There's no telling

Where love may appear

Something in my heart keeps saying

My some place is here ...

If I had it in my power

I'd arrange for every girl

To have your charm.

Then every minute, every hour

Every boy would find

What I've found in your arms.

Everybody loves somebody sometime

And although my dream was overdue

Your love made it well worth waiting

For someone like you ...

Musical Interlude

Everybody loves somebody sometime

And although my dream was overdue

Your love made it well worth waiting

For someone like you ...

In Napoli where love is king

When boy meets girl here's what they say)

When the moon hits you eye like a big pizza pie

That's amore

When the world seems to shine like you've had too much wine

That's amore

Bells will ring ting-a-ling-a-ling, ting-a-ling-a-ling

And you'll sing "Vita bella"

Hearts will play tippy-tippy-tay, tippy-tippy-tay

Like a gay tarantella

When the stars make you drool just like a pasta fagiole

That's amore

When you dance down the street with a cloud at your feet

You're in love

When you walk down in a dream but you know you're not

Dreaming signore

Scuzza me, but you see, back in old Napoli

That's amore

When the moon hits you eye like a big pizza pie

That's amore

When the world seems to shine like you've had too much wine

That's amore

Bells will ring ting-a-ling-a-ling, ting-a-ling-a-ling

And you'll sing "Vita bella"

Hearts will play tippy-tippy-tay, tippy-tippy-tay

Like a gay tarantella

When the stars make you drool just like a pasta fagiole

That's amore

When you dance down the street with a cloud at your feet

You're in love

When you walk down in a dream but you know you're not

Dreaming signore

Scuzza me, but you see, back in old Napoli

That's amore

Lucky fella

When the stars make you drool just like a pasta fagiole

That's amore

When you dance down the street with a cloud at your feet

You're in love

When you walk down in a dream but you know you're not

Dreaming signore

Scuzza me, but you see, back in old Napoli

That's amore, (amore)

That's amore

FIN