DES ANTIQUITÉS PREHISTORIQUES RAPPORT PRELIMINAIRE DE BRETAGNE n or A 3503' FiEMNES CEDEX G 7, BP. 25 A, CONCERNANT LA SECONDE CAMPAGNE

DE FONILI,ES SUR LF S IT F. MESOLITHIQUE

DE K ERG A L'AN (PLOVAN, FINISTERE)

Le stage de fouilles de 1973 à Plovan s'est déroulé sur la parcelle n°62 de la section ZL du plan cadastral rie la commune de Plovan, appartenant à Monsieur René Le Corre, demeurant à Crumuny, Plovan, sous la direction de P.L. Gouletcf er, Charné de Recherche au C.N.R.S,

Cette campagne a pu être réalisée grâce à l'autorisation délivrée oar la Direction des Antiquités Préhistoriques dp Bretagne, et. à crédit He 2 500 F alloué par le Ministère des Affaires Culturelles, complété oar une subvention de 1 000 F du Conseil Général du Finistère. File s'est déroulée du 25? 1° Septembre au 30 S^n+pnbre 1973.

Ont participé au chantier :

Jegn-Pierre BOUCHER, 9 Rue Maryse Bastie, 29000 Béatrice BUET, Rue des Sables, 85190 AIZEMAY Nicole.s CASIMIR, 1 Rue Zimmermann, 69007 LYON Yvette CASIMIR, 1 Rue ZImmermann, 6^007 LYON Pierre Louis GOULET011ER, 4 Rue de Lorient, 29200 BREST Ncrreriine HA'^DI, 90 Avenue Jean-Jaurès, 75019 PARIS Martine KIS. 26 Rue Satory, 78000 VERSAILLES Jadwiga KRZEPKOWSKA, ul. Dlugosza, 10 m 4, WARSZAWA 01-174 POLOGNE Josik PEUZIAT, 25 bi.s Pue Maréchal Foch, 29100 DOUARMFNEZ Elzbieta PLUT A, ul. Pilotfsw, 66, KEAK0V 31-^62, POLOGNE Terence REEVES-5MYTH, Açhbrook, Oastleknock, Co. DUBLIN, IRLANDE Bernard ROUS--EL, Bourg de Maxent, 353R0 Pî EIAN-LE-GRAND Jean-Claude STOURM, 3 Rue de 1= Gare, 29144 PLOZFVET

Le logement des stagiaires s'est effectué dans l^s locaux de A la Fondation "L'Hygiène par l'Exemple" et à l'Ecole Publique de Plovan, qrâce à l'aimable intervention He Madame Morice, Directrice de l'école.

Que tous ceux qui ont participé, directement ou indirectement au succès de ce stage soient ici rpmerciés,

P.L. GOULFTQUER

Chargé de Recherche au C.N.R.S,

-1059 DEROULEMENT OF LA FOUILLE

La première campagne fouille effectuée sur le site de Kernalan en 1 °79. nous avait permis Hp délimiter avec précision l'établissement rftésol ithioue d'étudier la stratigraphie du sous-sol, de récolter de l'outillane lithioue, et de mettre en évidence des fosses dont la Question se posait de savoir sixix si elles étaient ou non contemporaines du gisement. Avant dp nuitter le chantier, les zones fouillées avaient, été soigneusement protégées par des bâche de plastioue. Notre premier travail cette année a consisté à retrouver les em- placements des anciennes fouilles. O&s les crémiers jours nous avions donc déoaoés, non seulement la fouille n° 00 de 107? (carrés A6 à A10 et 06 à D10) mais aussi le sondage 01. oui nous permettait d1 avoir constamment, sous les yeux les sections montrant les relations entre la couche archéolooicrue et le sous-sol.

La fouille 00, qui n'avait été que commencée en 1Q72, a été poursuivie cette année, et étendue vers 1'Est jusqu'au carré I 6, et vers le Nord jusqu'au carré F 15 (voir plans).

ETUDE DES FOSSES

Le sondage 01 avait montré qu'à des interruptions dans la nappe de galets supérieure correspondeièn^s pxn en profondeur fosses dont nous n'a- vions on étudier ni. la forme, ni la répartition. La fouille 00 nous av=>it per- mis de repérer une discontinuité dans la nappe de palets à cet endroit, mais le temps nous avait manqué pour vérifier'si les observations effectuées en 01 se confirmaient là aussi. En continuant notre étude par les mêmes méthodes que l'ai passé (quadrillage de 0,50 m de côté, fouille effectuée par- couches de 5 cm, tamisage à sec dans des tamis à mai 11 es de 3 mm), nous avons nu mettre en évi- dence la présence de dépressions artificielles, traversant successivement la couche de.oalets supérieure, la couche de graviers sous—jacente, et partielle- ment -la couche de sable décalcifié, et s'arrêtant approximativement à 60-70 cm de le surface, comme cela s'observait dans le sondaoe 01. Malheureusement la iwixîtkB limite occidentale d° la fouille semble couoer l'une Hp ces fosses dans le

Le remplis«aqe de ces fossps ne présente aucun caractère remarquable : il s.'agit toujours d'humus, plus ou moins remanié nar les terriers de petits' rongeurs, oui ont permis la descente de terre fraîchement remaniée depuis la surface, ou eu contraire la remontée de sable décalcifié du sous—sol. Par end- droits dp nombreux galets, toujours situés à un niveau bien inférieur à la nap- pe de oal<>ts supérieure semblent être tombés dans les dépressions au moment de leur rempl is'~aqe. Nombreux sont les oalets verticaux, et les fragments de galets g®li fractés dont on ne retrouve pas les «Éléments manquants. Cette oppo- sition entre 1 a nanpe de galets en place et les fosses est très nette, et peut être reconnue dès que l'on atteint une profondeur de 25 à 30 cm.

Le bord des fosses n'est pas rectiligne, et se présenterait plutôt com- me une sorte He sinusoïde, dont la forme n'apparaît clairement que lorsque l'on atteint les parties les.plus profondes. : ces structures se présentent comme une série de trous qui se seraient réunis secondairement par érosion de leurs parois.

La répartition' du matériel lithique est loin d'être Quelconque, et bier que l'étude de détail de cette dispersion ne soit pas encore terminée, il appa- raît déjà, d'après les repérages d'outils effectués au cours de la fouille, que des zones à très forte concentration peuvent être identifiées, tandisoue d'au- tres régions sont pratiquement, dépourvues de matériel. C'est ainsi nue 1 es -3-

carrós AQ et AIO sont particulièrement riches en nuclei et blocs de silex non épannelés, ainsi que les carrés 18 et 19, alors que de grande surfaces^ n'of- frent/ pratiquement aucun matériel. L'étude de détail de la répartition des outils et même des produits bruts de débitage devrait se révéler, extrêmement significative, mais demandera un long travail de laboratoire. Mais dès a prés» nous pouvons affirmer que les zones'les plus riches sont en relation avec l'es tence des fasses, bien que les parties profondes de celles-ci soient pauvre$ en matériel.

Enfin, il n'est pas inutile de noter que les très rares éléments ré - cents ont été trouvés dans des terriers fraîchement remaniés : c'est le cas d'un minuscule tesson datant peut-être de l'Age du Fer, trouvé en B 10, et d'une petite concentration de charbons de bois oui paraissent très récents trouvés en profondeur en A6-A7. Rien ne permet donc d'affirmer que ces structu- res soient postérieures à l'occupation mésolithique.

LE MATERIEL LITHIQUE

Le matériel reçoit® en 1972 nous avait permis d'identifier 1'industri

de Kergalan à l'industrie de"type Bertheaume"- (P.L. GOULETOIJFR : "Découverte d'une nouvelle industrie mésolithique en Bretagne occidentale", Svrnjposiurn sur le Mésolithique en Eurooe, Warszawa 1973), avec laquelle elle semblait toutefo présenter quelques différences, du fait rie la présence de quelques trapèzes, d'un segment de cercle, et d'une proportion relativement importante (par ranno au nombre de microlithes), de microburins. L'hypothèse nous était, tout naturel lement venue à l'esprit, qu'il pouvait s'agir d'une industrie intermédiaire en- tre l'industrie de "type Bertheaume" et les industries à trapèzes caractéristi eues des autres gisements de la région. Or la campagne de 1973 ne nous a fourn aucun des éléments étrangers à l'industrie Bertheaume : un seul microburin douteux (plutôt, une lamelle cassée dans une coche) pourrait faire pender à la récolte de l'an dernier. Par contre, le cortèae habituel de microlithes caract* ristiques de l'industrie de type Bertheaume : lamelles étroites à un ou deux, bords abattus, pointes a un bord abattu, l'autre étant brut ou à très fines retouches, triangles scalènes très allongés, prouve que nous sommes bien encori en présence de la même industrie. Deux trianql.es (un entier et un fragment) d'un type un peu particulier méritent de retenir l'attention • au lieu d'être rect.iligne, le bord abattu présente dans sa partie médiane une sorte de gibb( site très caractéristique. Le petit nombre de nièces interdit bien entendu de créer un type à part et de donner une signification importante à ces objets, (un fragment distai d'une pièce similaire avait été récoltée l'an dernier, mais n'avait pas retenu notre attention, et avait été simplement classée comme fraoment de micro li the) Jusqu'ici, ni le.^ site de Bertheaume. ni celui de la '"ointe Saint-Michel, ni celui de Kervouyen, n'ont fourni de pièces semblable

CONCLUSIONS

Il ne sa rait être question d'émettre des conclusions définitives con- cernant une telle étude avant que la totalité du matériel ait été étudiée. Tout au plus peut on émettre quelques réflexions tirées des observations effectuées sur le terrain ou au cours des études préliminaires du matériel.

Après les observations effectuées à Ty-Nancien, et celles que nous ve- nons d'exposer ici, il nous paraît à peu près certain qu'une étude des gisement mésolithicues de la région devra tenir compte de la possibilité d'existence de fosses contemporaines de l'occupation préhistorique. Seule une étude exhaustive de l'un des sites, en permettant srna d'établir une cartographie minutieuse de leur répartition, permettra de comprendre la signification de ces structures. " ne telle 'étude dépasse pour l'instant nos possibilités, aussi bien en matériel -4-

qu'en personnel compétent. Quatre saisons de fouille nous ont permis d'évaluer avec une précision acceptable la quantité et la Qualité de travail que l('on peut demander à chacun, selon sa formation, l'importance qu'il donne au stane dans ses projets d'avenir, et les conditions matérielles dans lesquelles il tra vaille. Un certain seuil de "rentabilité" ne peut être dépassé, et nous pensons l'avoir atteint cette année avec une équipe parfaitement entraînée, et en majeu- re partie déjà rompue aux difficultés de la fouille de sites mésolithiques. Ce seuil "volumétrique" représente environ 0,7 m3 par personne pour la durée du stage. Une étude rationnelle d'un tel gisement demanderait à peu près dix fois ce travail.

C'est encore à cette limite de nos possibilités eue nous nous heurtons dans l'étude du matériel : la différence entre les observations effectuées en 1972 et celles de cette année, portant pourtant sur du matériel récolté dans une zone très réduite, montre combien al/éatoires peuvent être les statistiques lorS' quêelles kk portent m% sur - si une partie seulement du site étudié. Nul doute que la fouille de la région située a l'Ouest de la ligne A6-A10 bouleverserait complètement les pourcentage des divers outil§/g . Il serait donc imprudent d'émettre dès maintenant des hypothèses définitives sur 1» matériel récolté. Toutefois, il ne nous parait pas.impossible crue le site de Kergalan, comme nous l'avions pensé au début de nos investigations dans la réqion, ne soit qu'un site temporaire, dépendant d'un établissement permanent plus important situé plus à l'intérieur. La similitude des outillaoes entre Kervouven et Keroà1an nous inci- terait Mnn sûr h penser que le second pourrait être l'emplacement où la qooula— tion vivant à Keroalan venait s'approvisionner en matière Première. voire à pratiquer la -êch^ dans l'embouchure de la rivière, alors ouverte sur la m.pr. Il n'°st nas impossible non plus que d'autres sites appartenant au même groupe puissent un jour être découverts, peut être dans un plus vaste rayon d'.éloigne- ment. L'industrie de type Bertheaume, par ses associations si caractéristiques d'outils se prêterait particulièrement à une étude écologique d'une population qui a dû évoluer dans un territoire obligatoirement restreint, obéissant è des néces ités vitales telles que chasse, pêche, approvisionnement en matière premiè re, etc... C'est dans cette optique que continueront nos recherches sur le méso lithique de la région de Plovan dans les années à venir.

P.L. GOULETQUHR,

Charqé de Recherche au C.N.R.S

I Figure" 1 : ' Plan partiel de la parcelle Z*L 62 du Cadastre de Pl'ovan," ovpc locali saticn aproximative des la concentration en matériel lithioue, et emplacement des fouilles.

Figure 2 : nomenclature des surfaces fouillées. En clair : carrés fouillés seulement en surface, en grisé : surfaces fouillées jusqu'au niveau des galets (les galets ont été dégagés, destinés et photographiés, puis enlevés, et les terres infiltrées entre les rralets ont été tamisées), en foncé : zone où la couche archéologique a été entièrement fouillée, jusqu'au niveau du sable sous- jacent. A10-D10 Figure 3 : Les deux stades principaux de la fouille . En grisé Î les . galets de la couche supérieure (relevés effectués en "1972). En foncé : limite des fosses creusées dans le sable, et galets tombés dans ces fosses. A10-D10 Figure 4 : relevés/^ des sections ouest et sud de la fouille A6-D6 montrant, l'un la section longitudinale de l'une des fosses, l'autre la section transver- sale de la mê^e structure A10-D10 Figure 5 : relevés des sections est et nord de la fouille A6 -D6' F15-I15 Figure 6 : La couche de galets supérieure, dans la fouille p^ j-j^» montrant l'existence d'un manque dans cette nappe de galets dans les* carres G15 et H15. annonçant sans doute l'existence de fosses. Le manque de galets sue l'on peut noter dans l'angle S-W du carré 111 semble se prolonger en H9 et 19, et pourrai correspondre à la trace en surface d'une autre fosse du même genre.

Figure? 7 à 10 : dessin des outils récoltés en 1972, et microlithes récoltés en 1973 . TUUitnh'ans ftfeg-/>rrt>cû}SM

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X Uêê équipe- mtm§timak dméêoiêgsm effectue des fouilles devant l'étang de Kergafen I! faut croire o«e c'est la pé- riode des fouiiles en pars blgouden. Oïi sait dé„'à qu'une équipe était çif-iiupôo ii Troaoêo, c6té Ptonreur, à iouiiler un ancien eicretiére gui de tarait du Moyen-Ase. Les Infor- saatioKs ae filtrent pas Dsaucoup, mais oa dit

* Du silex Cet endroit devant l'étang de Kí-rgstiea est particulièrement la- téresssnt au poiafc de vue de ïa concentration en silex. L'ouíratior; 'liilM^i^i'í- i des fouilles consister à "aire, en premier lieu, uu décapasTe de la surface puis de fouiller des carrés de 50 tua de côté sur- 5 cm de POm-VkBBS. ,. Vérnps s» tra*aH. (Photo »• TéSésramrne »î. profondeur. Autant dire que c'est tarais qui sont rêcoJtès et seront réellement un î&rv-aiî minutieux et-étudiés cet hiver au iaftoratoire de qui reclassa tseascosp -de p&tieaee, i& Facilité de tetrrïs de Brest, ÜKK "7 .- : Ces «scüiiaireiMSs sent effectuée» à comparaison des résultats des WiÉI raids d'un matériel cœa»reaftRi des fouilles se.tueileocn.eut eu cours avec truelles, des balaie de petite taiîîs.cen s des fouilles précédentes faites etc. Tout se que reisîerme un carresu'r te territoire cle la commune d'obseryetîûs est soigneusement ra- de Piovau permettront des compa- aaassé, les découvertes les plus im-raisons intéressantes et pourront portantes étant notées sur un plan.servi r pour l'élaboration de thèses. Si fait os sont de minuscules Sait» «a wpport détaillé sur les sa.

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Samedi 20 Septembre 1973 LE NUMÉRO 24« ANNÉE — N° 1.404 — 8, rua des Gentilshommes, QUniPER • Tél. 95.16.01 - Le Dlrec

lÈLûâl k tjul liïll nu n<§p©fi i' 11 il kn & ij u Ëm y

Les archéologues, des statis- doublé d'un enseignant qui a on tiques très sérieuses le prouvent, ne peut plus les pieds sur terre. vivent vieux ; ils sont mêmes les Français qui vivent le plus vieux, devançant les ecclésias- ~fc Derrière un cordon tiques d'une bonne longueur. L'explication, on l'a sans doute en visitant un chantier archéo- de galets logique, celui, par exemple, qui du 3 au 26 septembre, a installé Il n'en reste pas moins que le. ses pénates près de l'étang de site de Kergalan en Plovan, où Kergalan, en Plovan. une équipe internationale vient Non pas que l'archéologue d'effectuer des fouilles sous la passe son temps à bayer aux direction de M. Gouletquer, at- corneilles. Non point. Au con- taché au C.N.R.S., prédispose à traire : de 8 h. 30 à 18 heures la longévité. On apprend tou- (ou quelquefois même 19 h.), il jours aux archéologues de bien est à pied d'œuvre, sur le ter- « sentir » le site sur lequel ils rain, raclette en main (ou sui- vont travailler. Ici, une immense vant le cas : pinceau, crayon, palue à deux pas de la mer, la etc...) à dégager le site archéo- côte de la baie d', do- logique, en faire le minutieux et minant un étang en triangle, en- scrupuleux inventaire, le relevé vahi par une végétation aquati- sur planches à dessin, etc... que, qu'une barre de galets sé- L'archéologue est loin d'être le pare de l'océan. Seul le vol des dilettante légèrement farfelu tel oiseaux de mer vient troubler un que les films à prétention co calme qui semble remonter tout, rnique le représentent volontiers. droit de l'époque mésolithique, C'est un chercheur en général qui fait l'objet des fouilies. Ici, à Kergalan en Plovan ont travaillé des hommes quelque C.000 ans avant, notre ère. Ici, ils ont fabriqué des outils, à par- tir des blocs de silex, nombreux le long du cordon de galets. Le Tronocn : un lieu paisible, une chapelle dressée à quelques chantier archéologique a juste- centaines (3e mètres de la mer. A gauche, en direction de La ment pour but de retrouver ces Torche, un hameau abandonné. Depuis quelques jours on dit, outils et avec eux les restes des ici et là, qu'il s'y passe des choses bizarres. Et quand on le dit blocs, ou dans le jargon les nu- c'est sur un ton de confidence. On chuchote, par exemple, qu'on cléus, qui ont servi de matériau. aurait découvert des ossements. Des ossements humains de petite Mais situons tout d'abord cette taille. C'est vrai qu'autrefois il y avait un cimetière sur la dune. fameuse époque du mésolithique. Aujourd'hui tout a été enseveli. Plutôt que de parler de l'âge de Le métier consiste à aller voir au-delà des chuchotements. la pierre taillée, do la pierre po- Quand il est possible de l'exercer. li.:, il est plus rigoureux, plus Là, sur la dune, on vous reçoit comme un os dans un jeu de scientifique, de s'en tenir aux quilles. Le fouilleur en chef affirme qu'il est chez soi avec effec- termes de paléolithique, mésoli- tivement un accent pur de sincérité et qu'en tant que.membre thique et néolithique. C'est le d'organisme d'Etat il donnera, pius tard des nouvelles. radoucissement du climat, qui a L'Etat, c'est eux. quoi ! « C'est mei » disait l'autre, mais il ia.it remonter la grande faune y a tout de même déjà longtemps. Puis il parla de sa dextérité à fouiller les appareils photographiques. Comment informer ? ® SUITE PAGE 8 Quand on pense qu'il est difficile de prendre des clichés des naturistes d'Erdeven ou d'à côté et que pour des ossements de l'Etat c'est pire ! Jlais lorsqu'on sait dans quel état ils sont- la Direction Régionale des An- tiquités préhistoriques (actuel- lement M. Le Roux à Rennes), 1 on peut avoir l'impression d'une certaine dispersion des énergies.

* Arc héological

• SUITE DE LA Ire PAGE d'un autre bloc, tout en obte- Research nant, fait remarquable, une pré- vers le Nord, qui est à l'origine cision dans le fini que la gros- Quoi qu'il en soit, la collabo- du passage du paléolithique au sièreté du matériau ne laissait ration s'effectue à Plovan dans mésolithique. L'homme a dû di- pas deviner. On peut même par- le meilleur des esprits scienti- versifier ses modes de subsistan- ler de raffinement en l'occur- fiques... et en langue anglaise. ce ; il s'est fait petit chasseur, rence, que ce soit dans les grat- La monenclature des dénomi- petit pêcheur (pêche à pied et toirs, qui leur servaient à tra- nations d'ordre archéologique a non en mer) ; son outillage était vailler les peaux de bêtes ou les heureusement été faite, évitant de petite dimension. La fabrica- pointes de harpons. tout malentendu. Car, la moiiw tion de la poterie a été l'une des dre méprise dans un tel do- chevilles essentielles de l'évolu- , maine n'est évidemment pa-3 tion de l'humanité et cette ia- TV Retrouver une civilisation souhaitable. L'Irlandais s'est brication a entraîné le passage spécialisé dans le mésolithique au néolithique, marqué par le L'objectif de l'archéologue est et par conséquent frétille d'ai- début de l'élevage et d'une pré- bien entendu de ne pas rester se, tandis que l'une des Polo- agriculture. à un inventaire d'objets trouvés, naises est une remarquable des- mais de retracer, autant que sinatrice de matériel trouvé. Entre 1300 et 750 avant notre Les silex sont ainsi reproduits ère, l'apparition des métaux a faire se peut, leur mode de vie et de relier la civilisation que en dessins qui atteignent la fait que l'on est passé à l'âge du température d'œuvres d'art. bronze, période riche pour la cela représente à ce qu'on con- Bretagne, du moins le territoire naît de similaire dans d'autres Tout un travail de classe- équivalent. Enfin, vint l'âge du pays d'Europe et du inonde. Pour ment s'effectue ainsi sur place, fer, période très faste, florissante le moment, hélas ! les recherches • grâce aux compétences conju- même, en Bretagne, que la con- ne sont pas encore assez avan- guées du responsable du chan- quête des Gaules par César clô- cées pour pouvoir émettre des tier et de plusieurs de ses tura. avis qui seraient autant de con- membres, alors que bien sou- clusions définitives. vent il faut attendre le labora- Un site d'habitat a quand mê- toire universitaire pour se lan- me été trouvé, du moins la pros- cer dans ce second volet du Lieu de ravitaillement pection qu'on y a effectuée le travail archéologique. laisse supposer, plus en arrière La commune de Plovan est ri- L'un des problèmes que se de la commune de Plovan, à sont posés les membres du che en sites d'occupation du quelque trois kilomètres du ri- mésolithique C'est la raison pour chantier est bien sûr la ques- vage. Les débris de silex et le tion sur l'importance de la laquelle M. Gouletquer y tra- matériel sont regroupés dans un vaille pour la quatrième armée population qui fréquentait les champ en plusieurs foyers, en lieux. La notion de zone éco- consécutive. Des sondages y plusieurs rassemblements qui se- avaient été effectués par M. Ber- logique ou territoire de survie raient autant de lieux d'habita- a récemment fait son appari- rou, ancien instituteur à Plovan, tion. actuellement professeur agrégé tion dans les milieux archéolo- de géographie, qui repéra un bon A la différence de recherches giques. Chaque tribu en effet nombre de silex dans les champs. archéologiques portant sur des nécessitait un certain espace Cette richesse provient du cor- époques plus récentes, les objets afin de pouvoir se nourrir sans don de galets qui fournissait en trouvés restent très modestes, devoir empiéter sur le territoire silex non seulement les peuple- très peu spectaculaires, ce qui du voisin. Mais comment dé- ments de la baie d'Audierne, explique bien sûr la minutie qui terminer l'importance d'une mais également des peuplements régit le travail sur le terrain. telle ère de survie ? Dans le plus éioignés qui venaient s'y ra- M. Gouletquer a cette année Nord-Finistère, deux gisements vitailler. de la chance ; alors que les d'une même industrie ont été années précédentes, ses volon- découverts, attestant l'existence Le site de Kergalsn n'était taires fouilleurs manquaient de deux campements d'une mê- sans doute pas un lieu d'habitat parfois de pratique ou de com- me population, ou si l'on veut mais seulement un lieu de tra- pétence, cette année l'équipe de deux communautés relevant vail si l'on se réfère à l'absence tout entière à une formation de la même civilisation. La dis- de charbon de bois ou de pierres archéologique, et certains de tance entre ces deux gisements brûlées, qui sont autant de tra- ses membres sont des profes- peut donner une idée de l'im- ces de feu. Un atelier en quel'»ie sionnels. Ainsi, on ne passe pas portance d'un territoire de sub- sorte où l'on retrouve pêle-méle quinze jours à initier les gens ; sistance. Mais les recherches ne les nucleus, matière première, les !e contact avec le chantier est font que commencer. éclats de silex, les déchets si l'on d'entrée « rentable ». veut, et les outils finis eux-mê- mes. Si la collaboration scientifi- Leur technique de travail était que au plus haut niveau est Mer très simple : ils prenaient un réputée nécessaire et habituelle Languidou - sur - bloc et le travaillaient à l'aide entre les nations, on ne s'at- Comme elles ne font que tend pas, par contre, à la voir commencer à Plovan. Une lé- en action dans un chantier qui gende affirme que la chapelle regroupe une dizaine de per- de Languidou, actuellement rui- sonnes, à l'extrémité occidentale née, pouvait être atteinte par du pays. Or, son caractère in- les bateaux qui remontaient ternational n'est nullement l'estuaire qui s'étendait à l'épo- usurpé. Qu'on en iuge : un Ir- que là où les roseaux s'allon- landais, un Tunisien et deux gent à présent en touffes den- Polonaises, outre les Français. ses. Le résultat, c'est que le La venue des Polonaises s'ins- site des fouilles se situe à la crit dans le cadre d'un échange hauteur d'un ancien cordon de franco - polonais, des Bretons galets, bien qu'étant distant à étant actuellement en Pologne présent d'une centaine de mè- afin de s'initier aux méthodes tres du rivage actuel. archéologiques du pays. Les fouilleurs creusent ainsi Il faut dire que les pays de. cinq centimètres par cinq cen- l'Est en général ont une politi- timètres et aboutissent, vers que de recherche archéologique une profondeur de trente - qua- à la hauteur des besoins. Tan- rante centimètres, à un niveau dis qu'en , il semble que de galets, restés tels depuis le le désintérêt du public incite mésolithique. C'est à ce niveau, les Pouvoirs Publics à ne pas In niveau d'époque, que les faire tout l'effort que notre pa- éclats de silex, l'objet terminé trimoine, l'un des plus riches et les nucleus sont trouvés. Le d'Europe, serait en droit d'at- lieu exact de leur localisation tendre. Et comme d'autre part est aussitôt transcrit sur un la recherche relève, et du C.N. plan de la parcelle fouillée, R.S. ^'Centre National de Re- d'une précision... d'archéologue. cherche Scientifique), et du Ministère des Affaires Culturel- Par endroits, les galets sont les, et du Ministère de l'Edu- absents, attestant l'emplacement cation Nationale, la coordina- de fosses, d'un demi-mètre tion s'effectuant au niveau de d'épaisseur environ et dont on n'a pas encore défini avec une certitude absolue l'usage. Plu- sieurs mètres carrés ont ainsi été systématiquement touillés, mais c'est dans un cercle de 30 m. de rayon qu'il faudrait effectuer un tel travail. C'est dire l'immensité de la tâche. Et comme il faut tenir compte des nécessités agricoles (le ter- rain est cultivé) avant d'enta- mer une campagne, en d'autres termes, comme le chantier doit attendre la fin de la moisson pour démarrer, le mois de sep- tembre est quasiment la seule période adéquate pour faire avancer les recherches. k Alors la foulque et la poule d'eau Il leur restera, une fois la campagne annuelle, terminée, à reboucher les trous, et la natu- re reprendra le visage que les âges lui ont forgé. Et seuls les canards sauvages et les goé- lands de l'étang de Kergalan ou des sillons tout proches se retrouveront sur une terre qui semble dormir d'un immense sommeil, à force d'avoir été . travaillée par l'amoncellement des siècles. Alors la foulque et la poule d'eau reprendront possession de leur fief sécu- laire. Et l'on n'entendra plus que le roulement sourd des flots qui là-bas, plus loin, se sont repliés sur des positions temporaires. En attendant que l'équipe re- vienne l'an prochain, avec de nouvelles ambitions et de nou- veaux moyens.

Serge DUIGOU