UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------ÉCOLE DOCTORALE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ------ROUAGE DES SOCIETES ET DEVELOPPEMENT ------LARIDYPE ------MENTION : SOCIOLOGIE ------RUBRIQUE : SOCIOLOGIE DU GENRE

PROMOUVOIR L’EGALITE HOMME ET FEMME POUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ET SOCIAL AUX COMORES THESE DE DOCTORAT EN SOCIOLOGIE

Présentée par : Abderemane Soilihi DJAE

President du jury: professeur RAZANADRAKOTO Lucien Membre du jury : Profefesseur SAMBO Clément, Directeur de thèse Professeur ETIENNE Stefano Raherimalala, Rapporteur interne Professeur KOTO Bernard, Rapporteur Externe Professeur RAZAFINDRAIBE Rolland, Examinateur Docteur LAZAMANANA Pierre, Examinateur Date de soutenance, le 27 décembre 2019

Année universitaire 2018-2019

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PROMOUVOIR L’EGALITE HOMME ET FEMME POUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ET SOCIAL AUX COMORES

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L’Université d’Antananarivo ne donne aucune approba- tion, ni improbation asux opinions émises dans cette thèss. Ces opinions sont considérées comme propres à son auteur.

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REMERCIEMENTS

Les travaux présentés dans cette thèse ont été effectués dans le cadre des sciences de la société, Equipe d‟Accueil « Rouage des Sociétés et Déve- loppement » (ROSODEV) dans le « Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire sur les Sociétés, la Dynamique de Population et l‟Environnement » (LARIDYPE) pour analyser les inégalités sociales au détriment de la femme dans la culture comorienne. Nous tenons tout d‟abord à remercier Monsieur le Directeur de l‟école doctorale de l‟Université d‟Antananarivo, Monsieur RANDIRAMASITIANA Gil Dany, Professeur Titulaire, qui nous a permis de poursuivre nos études docto- rales dans son institution. Nous devons une vive reconnaissance au Professeur SAMBO Clément, notre Directeur de Recherche, pour l‟intérêt incessant qu‟elle a porté au suivi de ce travail, en dépit de ses occupations et malgré les difficultés rencontrées tout au long de cette étude. Mes remerciements vont tout particulièrement au Docteur Miora Mapio- nona, Maitre de Conférences, et Anthropologue sociale et culturelle d‟avoir eu l‟amabilité de prendre en charge ce travail qui touche son domaine. Nous tenons à remercier vivement Monsieur SAINDOUNE Ben Ali, an- thropologue et écrivain comorien pour l‟intérêt qu‟il a accordé à ce travail et pour les conseils et les suggestions durant les fructueuses discussions que nous avons eu. Nous ne pourrions pas remercier assez ma nièce Fatima Youssouf Hamadi et nos sœurs qui, chacune à leur manière, ont contribué à la réalisation de ce travail. Nous ne pourrions pas oublier les membres de notre famille, qu‟ils trou- vent ici l‟expression de notre affectueuse reconnaissance pour le soutien et les encouragements. Il reste enfin de dire merci à notre père. Ta longue maladie m‟affecte beaucoup. Toi qui as supporté mes absences répétées pendant cette période de thèse alors que tu as besoin de mon assistance. Que Dieu te donne une longue vie. Comme disait une expression musulmane : « Le paradis se trouve au- dessous des pieds de nos mères », pour couronner ces remerciements, nous rendons un grand hommage à notre mère pour la confiance qu‟elle a su garder en nous et la capacité à rendre tous nos projets à terme. A tous ceux ou celles de près comme de loin ont contribué à la réalisa- tion de ce travail.

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GLOSSAIRE

 L’égalité des chances : c‟est la possibilité pour les femmes et pour les hommes d‟être à égalité des chances dans tous les domaines de la vie quoti- dienne, privée, professionnelle et citoyenne. C‟est-à-dire avoir les mêmes op- portunités quel que soit le domaine : professionnel, loisirs, engagement ci- toyen.

 La diversité : contrairement à la discrimination, la diversité ne fait pas l‟objet d‟une définition juridique. Cette notion renvoie à la multitude de profils hu- mains d‟une société (origine, sexe…), même si elle a souvent été associée à la diversité ethnique/culturelle. Selon l‟Afnor, « la diversité est une résultante possible de la prévention et de la lutte contre les discriminations, de l‟égalité de droit, de traitement et des chances ».

 La discrimination sexiste ou le sexisme : une discrimination est une inégali- té de traitement fondée sur un critère prohibé par la loi, comme l‟origine, le sexe, le handicap, etc. dans un domaine visé par la loi comme l‟emploi, le lo- gement, l‟éduction, etc. Une discrimination sexiste s‟exerce à l‟égard des hommes ou des femmes lorsque le sexe devient un critère déterminant l‟exclusion. Il est à noter que la loi de novembre 2001 fait la distinction entre discrimination directe et indirecte, révélant ainsi que des pratiques ou des comportements apparemment neutres peuvent entraîner un désavantage par- ticulier. Cette notion de discrimination indirecte est particulièrement pertinente quand les femmes sont, en l‟état actuel de la société, très majoritairement re- présentées et que la décision prise revêt un caractère soi-disant universel, alors qu‟elle ne concernera, en réalité, que principalement les femmes. La dis- crimination sexiste doit également prendre en considération la dimension « multiple » ou « multifactorielle » des formes de discrimination. En effet, il ap- paraît dans nombre de cas que le sexe de la personne est un élément sup- plémentaire qui renforce la discrimination autour de ses origines, son âge ou autre.

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 Analyse sexospécifique : « L‟analyse sexospécifique est l‟étude des rôles dévolus aux femmes et aux hommes en vue de comprendre ce que les uns et les autres font, de quelles ressources (financiers, matérielles, niveau de vie de chaque individu, espérance de vie, l‟éducation, la santé, l‟eau potable, infrastructures, …) dont ils disposent.

 Rapports sociaux selon le genre :

L‟analyse des rapports sociaux selon le genre permet de mettre en va- leur et d‟expliquer le déséquilibre général que l‟on peut constater dans les rela- tions entre les femmes et les hommes, l‟importance des rôles selon le sexe dans le partage du pouvoir, la prise de décision, la division du travail, tant au sein du ménage que dans la société en général. Les rapports sociaux de genre dirigent notre attention sur tous les éléments acquis au cours du processus de socialisation : notre définition de nous-mêmes et de notre groupe, notre concep- tion des rôles, des valeurs et des comportements appropriés, et surtout, des interactions attendues et acceptables entres les hommes et les femmes.

L‟approche genre se réfère à une méthode d‟analyse dont la seule utili- sation ne suffit pas pour atteindre l‟égalité entre les femmes et les hommes.

 Approche genre :

Le « genre » ou « l‟approche de genre » est souvent mal compris dans le monde. Issu de l‟anglais « gender », le genre est un concept sociologique dési- gnant les « rapports sociaux de sexe», et de façon concrète, l‟analyse des sta- tuts et rôle sociaux, relations entre les hommes et les femmes. Appliqués aux politiques publiques, le genre a pour objectif de promouvoir l‟égalité des femmes et des hommes en prenant en compte les différences et la hiérarchisa- tion socialement construite. On parle aussi « d‟approche intégrée de l‟égalité ».

L‟approche genre repose sur l‟analyse et la remise en cause des proces- sus qui différencient et hiérarchisent les individus en fonction de leur sexe. En tant que concept, l‟approche genre analyse les rapports de pouvoirs entre les

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femmes et les hommes basés sur l‟assignation des rôles socialement construits en fonction du sexe.

 Le genre, concept social :

Il exprime les rapports sociaux de sexe, la construction sociale des ca- ractéristiques, valeurs et normes attachées au féminin et au masculin par la culture, l‟éducation, les institutions, etc. Ces rapports sociaux entre femmes et hommes, qui se transforment et évoluent en permanence selon les époques et les contextes, sont marqués, dans toutes les régions du monde, par une hiérar- chisation et des inégalités au détriment des femmes. En particulier, les hommes sont dominants en matière de pouvoir et de prise de décision au niveau poli- tique et économique, tandis que le travail gratuit domestique et ménager des femmes, qui constitue la base de l‟organisation des sociétés et du travail hu- main productif, reste invisible et non pris en compte dans les richesses natio- nales.

Les relations de genre comme construction sociale sont donc codifiées, hiérarchisées, dissymétriques, mais aussi variables dans l‟espace et dans le temps, et le milieu socioculturel. Constructions sociales, les rapports de genre peuvent être déconstruits et évoluer vers plus d‟égalité. Le genre et la formation en genre, favorisent ces évolutions.

 Développement humain :

Selon l‟ONU, dans son article I de la Déclaration sur le Droit au dévelop- pement de l‟Assemblée Générale du 4 décembre 1986 :

« Le droit au développement est un droit inaliénable de l’Homme en vertu duquel toute personne humaine et tous les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un développement économique, social, culturel et politique dans lequel tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales puissent être pleinement réalisés et de bénéficier de ce développement. »

Selon le rapport de la Commission SUD dirigée par le président Julius Nyerere :

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« Le développement est un processus qui permet aux êtres humains de développer leur personnalité, de prendre confiance en eux-mêmes et de mener une existence digne et épanouie. C’est un processus qui libère les populations de la peur du besoin et de l’exploitation et qui fait reculer l’oppression politique, économique et sociale. C’est par le développement que l’indépendance poli- tique acquiert son sens véritable. Il se présente comme un processus de crois- sance, un mouvement qui trouve sa source première dans la société qui est elle-même en train d’évoluer. »

 Développement social :

Selon le Conseil de la santé et du bien-être (gouvernement du Québec) : Le développement social fait référence à la mise en place et au renforcement au sein des communautés, dans la région et à l‟échelle de la collectivité, des conditions requises pour permet- tre, d‟une part, à chaque individu de développer pleinement ses potentiels, de pouvoir participer activement à la vie sociale et tirer sa juste part de l‟enrichissement collectif et, d‟autre part, à la collectivité de progresser socialement, culturellement et économiquement dans un contexte où le développement économique s‟oriente vers un développement durable soucieux de justice sociale.1

En fait, concrètement, le développement social se vit par la création, le maintien ou le soutien à des projets qui touchent à l‟ensemble des enjeux so- ciaux d‟une communauté. Ces projets prennent différentes formes puisque la grande force du développement social est l‟amélioration de la qualité de vie de tous. Ainsi, des projets de transports collectifs ruraux, de lutte contre la faim, de création de logements, de revitalisation de quartiers et bien d‟autres sont des exemples de réalisations en développement social.

 Développement local :

1 Conseil de la santé et du bien-être, Québec

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Le développement local est un concept bien documenté et bien connu à travers le monde et ses actions impliquent l‟amélioration du niveau, du cadre et du milieu de vie d‟une communauté donnée par une intégration harmonieuse des actions entre différents secteurs d‟activité. Il propose une approche globale, intégrée, communautaire et horizontale du développement des collectivités.

Ainsi, le développement local est un processus grâce auquel la commu- nauté participe au façonnement de son propre environnement dans le but d‟améliorer la qualité de vie de ses résidents.

Le développement local, aussi appelé développement à la base, est un processus utilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités comme moteur du développement économique

 Equité entre les sexes :

« L’équité entre les sexes masculin et féminin indique une situation dans laquelle femmes et hommes sont traités équitablement et de manière im- partiale s’agissant de leurs droits, de leurs obligations, des avantages dont ils peuvent bénéficier et des possibilités qui leur sont offertes » 2.

 Egalité des sexes :

Notion signifiant, d‟une part, que tout être humain est libre de dévelop- per ses propres aptitudes et de procéder à des choix, indépendamment des restrictions imposées par les rôles réservés aux hommes et aux femmes et, d‟autre part, que les divers comportements, aspirations et besoins des femmes et des hommes sont considérés, appréciés et promus sur le même pied d‟égalité.

 Egalité entre les hommes et les femmes :

Selon le Rapport sur le développement dans le monde 2012, l‟égalité entre les hommes et les femmes est un objectif de développement à part en-

2 http://www.adequations.org/spip.php? article15, consulté le 15/03/14

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tière. Mais elle se justifie également du point de vue économique, car elle amé- liore la productivité et les autres résultats du développement, aussi bien pour la prochaine génération que sur le plan de la qualité des politiques publiques et des institutions.

 La mixité : ensemble qui est formé de plusieurs ou de deux éléments différents ; qui comprend des personnes des deux sexes. La répartition n‟est pas obliga- toirement égale, exemple : l‟école mixte. Il peut y avoir, dans une assemblée 99 femmes et 1 homme et on dira que la composition de l‟assemblée est mixte.

 La parité : répartition égale entre deux groupes : la parité entre les hommes et les femmes à 50%. Ce terme est davantage utilisé dans le domaine politique avec la loi sur la parité. Sans mentionner le mot lui-même, la France est le pre- mier pays à consacrer la parité en droit constitutionnel (1999). Cette réforme remet en cause l‟édifice juridique et philosophique de l‟universalisme républi- cain, obligeant à repenser les termes de la relation entre égalité et différence des sexes. Il faut noter que le mot est devenu abusivement un succédané à égalité.

 L’égalité professionnelle : définie et réglementée par la loi, c‟est le fait pour les femmes et les hommes d‟avoir les mêmes avantages à compétences et postes égaux. Elle se réduit à l‟égalité salariale, de l‟emploi comme la promo- tion ou la retraite. Il en est de même pour la lutte contre le harcèlement sexuel dans le milieu professionnel.

 La diversification du choix professionnel : il s‟agit de permettre aux jeunes filles et aux femmes, et aux personnes qui accompagnent dans l‟orientation de professionnelle, de prendre conscience que des métiers, autres que ceux tradi- tionnellement féminins, existent. Ainsi, les femmes peuvent s‟orienter et se for- mer en conséquence. C‟est une incitation et une prise de conscience de la so- ciété vis-à-vis des métiers traditionnellement féminins.

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RESUME

Il arrive souvent qu‟une société traite mal une catégorie de sa population sans se rendre compte. Les Comores ne font pas exception. Le principal pro- blème traité dans cette étude est la promotion de l‟égalité entre l‟homme et la femme pour le développement humain et social. C‟est un sujet innovant et ré- cent traité dans le cadre des sciences sociales qui ouvre des débats à l‟échelle internationale et non locale. Contrairement aux autres textes, le Code pénal comorien se prononce en faveur de la femme. Par contre, le code de la famille est discriminatoire et se montre inca- pable à prendre en compte les inégalités de genre. Même si la constitution du pays prévoit une égalité parfaite entre les deux sexes, aucune garantie de son application n‟est accordée. Le poids de la coutume et la mauvaise interprétation du Coran pourraient être l‟origine. Par contre, l‟Islam fait l‟objet de nombreuses critiques. Notre travail montre que cette religion fait état d‟une préoccupation majeure à l‟égard des femmes. Nous parlons souvent de l‟Islam libérateur car le statut de la femme préislamique n‟est pas la même qu‟aujourd‟hui. Nous pensons qu‟il faut entreprendre des débats sur des actions posi- tives émanant de l‟ensemble des acteurs tels que les parents, les Autorités poli- tiques, les notables, les chefs religieux et les enseignants. Cette situation viole les droits de la femme et de l‟enfant reconnus par les textes officiels locaux et internationaux.

Mots clés : Genre, Egalité, Islam, développement humain et social, droit, parité, polygamie.

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ABSTRACT

It often happens that a society unknowigly mistreats a categoriy of its population. The are not an exception. The man problem dealt with in this survery is the legal frameword of equal rights advancement between the comorian man and woman for human and social development in the Comoros. It is an innovating topie dealt with within the framework of social sciences which are sources of dehates internationally and domestically. Unlike other laws, the comorian penal code declares itself in favour of the woman. However the family code is discriminating against women and can‟t take gender inequality into account, though the comorian constitution stipulates a perfect gender equality, it does not guarantee its implementation. The weight of custom coupled with the misinterpretation of the holy koran could be behind this situation. Hower islam is the subject of much criticism our work reveals that this re- ligion is the subject of a major concern toward women. There is often talk of islam as a liberating religion, as it were, since the condition of the pre-islamic woman is different from the social status she enjoys today. We believe it is time debates were initiated on psitive action from such players, as parents, politicians, leading citizens, clarics, teachers and so and so forth. This situation is behind discrimination and violate the woman and children rights recongned par domestic and universal laws.

Key words : Gender, Equality, Islam, Humain and social developement, Human right, parity, polygamy.

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LISTE DES ABREVIATIONS

AFP : agence France-Presse

AG : assemblée générale

AJC : Association de la Jeunesse Comorienne

AVC : accident vasculaire cérébral

C I C A D E : Centre pour l‟Initiative Citoyenne & l‟Accès au(x) Droit(s) des Exclus

CHR : centres hospitaliers régionaux

CIPD : Conférence Internationale sur la Population et le Développement

CMC : Centres médicaux chirurgicaux

CMU : Centres médicaux urbains

CNAED : Centre National d‟Alphabétisation et d‟Enseignement à Distance

CNDRS : Centre national de la recherche scientifique

COI : Commission de l‟Océan Indien

COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa

CSB II : Centre de Santé de Base II

CTD : Collectivité territoriale décentralisé

DRH : Direction des Ressources Humaines

ENMSP : École Nationale de Médecine et de Santé Publique

EVF : éducation à la vie familiale

FAWE : Forum for African Women Educationalists ou Forum des éducatrices africaines.

FAWECOM : Forum des Educateurs Comoriens

FMI : Fonds monétaire international

GDI : Gender-related Development Index

GEI : Gander Equity Index

GEM : Gender Empowerment Measure

GGPI : Global Gander Gap Index

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GSMA : Global System Mobile Association

HD : Haute Dimension

HDR : Habilité à Dirigé des Recherches

IBEE : indicateur de bien-être économique

IDH indice de développement humain

IECCC : Information, éducation, communication pour le changement de com- portement

INE : Institut National de l‟Éducation

INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques

IPF : indicateur de la participation des femmes

IPH : Indice de la Pauvreté Humaine

IRA : infections respiratoires aiguës

ISDH : Indice sexospécifique du développement humain

IST : infection sexuellement transmissible

IVG : Interruption Volontaire de Grossesse

MHD : Medium human development

MIC : Modulation par Impulsions et Codage

MW : Mégawatt

MWH : Mégawatheure

NTIC : Nouvelle Technologie de l‟Information et de la Communication

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques

OMC : Organisation mondiale du commerce

OMD : objectifs du Millénaire pour le développement

OMS : Organisation Mondiale de Santé

ONEC : office national des examens et concours.

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unis

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PIB : produit intérieur brut

PNUD : programme des Nations unies pour le développement

PPA : parité du pouvoir d‟achat

PPTD : Programme Pays pour le Travail Décent

RDC : République Démocratique de Congo

RGPH : recensement Général de la Population et de l‟Habitat

SADC : Southern African Development Community

SIGI : Social Institutions and Gender Index

SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance

TIC : Technologie de l‟information et de la communication

UDC : Université des Comores

UE : Union Européen

UNESCO : Organisation des Nations unies pour l‟éducation, la science et la culture en anglais United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

UNICEF : United Nations International Children‟s Emergency Fund ou Fonds des Nations Unies pour l‟Enfance

VIH/SIDA : Virus de l‟Immunodéficience Humaine / Syndrome d‟Immunodéficience Acquise

WEF : World Economic Forum ou Forum économique mondial

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Dans un contexte de réaliser ce travail touchant l‟égalité homme et femme, l‟étude vise à récolter un ensemble de données sur la situation de la femme comorienne avant et âpres l‟indépendance afin d‟analyser les possibili- tés d‟améliorer cette situation. Notre pays est en miette, la population como- rienne, en ruminant sa misère quotidienne responsabilise la faillite de l‟État aux Gouvernements successifs depuis des décennies d‟indépendance. Partout dans le monde, les femmes continuent à subir des discriminations dans tous les domaines : civil, politique, économique, social.

Pour répondre aux exigences de notre pays en matière de Droit de l‟homme, de gouvernance démocratique et d‟efficacité, les stratégies et les ac- tions de coopération doivent impérativement prendre en compte cette réalité. L‟union des Comores a souscrit à l‟ensemble des engagements internationaux qui visent, notamment depuis les Années 70, à promouvoir une plus grande justice sociale et l‟égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais l‟application de ce principe reste pour l‟instant utopique.

C‟est ainsi que le président révolutionnaire a inscrit aux Années 70, en tête des priorités nationales, la réhabilitation des droits de la femme afin de changer les mentalités. Ali qui a pour tâche et mission de construire un pays moderne qui ne connaît et ne veut connaître qu‟un seul statut, celui de l‟individu citoyen libre, solidaire, dynamique, égal en droits et en devoirs, responsable de ses actes. Dans ces conditions, il n‟existe plus de « Statuts particuliers » : noble, descendant de Mahomet, descendant de prisonniers, musulman / non- musulman, masculin / féminin, enfant adultérin, etc.

La révolution n‟a pas eu un suivi propice, car le 29 mai 1978, jour où le Président a été assassiné, suite à une condamnation à mort sans jugement contradictoire, prononcée par un petit groupe de ses ennemis, rétablit et renfor- cés par le mercenaire des services spéciaux français Bob Denard. Dans l‟esprit de ces juges anonymes et clandestins, Ali était trop intelligent et dangereux pour demeurer vivant. Ils ont décidé de l‟éliminer physiquement, pendant que la

14 période d‟émotion et d‟ignorance le leur permettait. Mystère, Ali Soilih, Prési- dent de l‟époque a été considéré comme champion de l‟égalité, mais il se heur- tait à l‟incompréhension, tant des oppresseurs que des opprimés.

Le choix du thème a été déterminé sur ce principe de l‟égalité homme et femme dans le développement humain et social se repose le choix de notre thème. Dans le contexte de développement humain, l‟égalité de genre dévient une dimension plus fondamentale dans la mesure où elle est partout objet de préoccupation de plusieurs États et de la communauté internationale. Ce thème est étudié dans le cadre des Sciences sociales.

La promotion de l‟égalité entre les hommes et les femmes est pour nous indissociable. Si nous observons les efforts déployés par notre mère depuis la conception jusqu‟à notre maturité et la place qu‟elle occupe au sein de la com- munauté comorienne, force est de constater l‟ingratitude et de l‟inertie des auto- rités politiques et religieuses en vue de promouvoir l‟égalité homme-femme. Depuis l‟indépendance, les Comores a ainsi souscrit à l‟ensemble des engage- ments internationaux dont l‟objectif est de parvenir à une plus grande égalité des droits et devoir entre les hommes et les femmes.

Il s‟agit tout autant d‟une question de principe dictée par un souci de jus- tice, que d‟une contribution au progrès économique et social. D‟abord, parce que la lutte pour l‟égalité hommes-femmes s‟inscrit dans un cadre plus large de promotion des Droits de l‟Homme à laquelle notre pays, fidèle à ses valeurs, attache la plus grande importance. Mais aussi, parce que les inégalités entre les sexes sont pour beaucoup dans la perpétuation des inégalités de dévelop- pement.

Investir dans le renforcement des capacités des femmes, c‟est s‟engager pour améliorer durablement la situation économique, sociale et politique des pays en développement. C‟est en cela que l‟égalité entre les hommes et les femmes est bien une condition indispensable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

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Quant à l‟intérêt du sujet, à nos jours, l‟approche adoptée pour prendre en compte les intérêts des femmes dans l‟aide au développement a profondé- ment évolué. Elle est passée d‟interventions centrées sur les femmes en tant que bénéficiaire de projets d‟assistance, à des actions et des appuis aux poli- tiques où les femmes sont d‟abord des actrices du développement.

Cette approche volontaire permet également d‟intervenir plus en amont, en respect, mais aussi en intelligence critique de chaque contexte, pour faire évoluer les rapports sociaux, généralement inégalitaires, entre femmes et hommes en union des Comores. Nous nous sommes rendu compte que, con- trairement aux déclarations des autorités politiques et religieuses sur la promo- tion du genre, la réalité n‟est encore qu‟à l‟état d‟un projet.

Notre souci majeur est de contribuer au développement humain et socio- économique de notre pays, par la promotion d‟une parfaite égalité entre les hommes et les femmes comoriens. Ainsi, elle nous est un immense engage- ment en faveur du développement humain et social en général, et l‟amélioration de vie de la population. Au-delà de l‟objectif traditionnel qui est la justice sociale pour tous et partout, l‟égalité de genre doit participer à l‟édification d‟une société où l‟équilibre, la cohésion, la solidarité et l‟esprit civique seront assurés. Elle doit être aussi un outil d‟alarme et de lutte contre l‟intolérance, l‟exclusion et le sous-développement.

Actuellement le pays doit assurer une vie de qualité à sa population qui souffre depuis tant de décennies en inculquant un idéal moral et un sens social en accord avec les réalités culturelles. C‟est ainsi qu‟un bon développement humain, la qualité intellectuelle, les capacités d‟observation, le sens critique, de créativité doivent garder les valeurs culturelles ayant accès sur l‟ouverture du monde. Les difficultés liées aux inégalités sociales ont toujours existé dans toutes les sociétés, mais elles prennent aujourd‟hui une racine dans un climat d‟anxiété dans notre pays qui n‟en facilite pas la résolution. Notre société doit changer et nous sommes de plus en plus nombreux à considérer que pour ré- ussir dans la vie, il faut impérativement éliminer les pratiques de ces inégalités.

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Dans les pays en voie de développement, l‟un des défis majeurs du dé- veloppement est de formuler et de mettre en œuvre les politiques efficaces en vue de combattre la pauvreté. Certes, tout le monde est unanime sur cette né- cessité mais le choix des stratégies et instruments adéquats adoptés ne doit pas importer d‟ailleurs. Un dialogue national pour cette étude aurait facilité la tâche et nécessitent de ce fait une attention spécifique.

Mais la croissance du pays ne peut pas continuer à augmenter si l‟adoption et l‟utilisation des technologies modernes touchent une minorité de la population. L‟accès et la maîtrise de ces technologies sont les défis majeurs qui attendent les dirigeants des pays à les développer. Les femmes comoriennes majoritairement analphabètes ou à faible niveau d‟instruction se trouvent mises à l‟écart des NTIC. Alors que, l‟étude des réalités comorienne nécessite une réflexion très importante sur son passé, sa contemporanéité et surtout sur son avenir avec la mondialisation et/ou la globalisation.

Notre recherche se situe à un carrefour entre différentes concordances de notre zone d‟étude. Le thème de l‟égalité homme et femme vise le contexte social, le religieux, économique et l‟éducatif de notre pays. La zone d‟études est l‟union des Comores, le seul pays de la région de l‟océan Indien où des mul- tiples violations de droits de la femme sont constatées tel que : la légalisation de la polygamie, le mariage forcé et/ou précoce, l‟exclusion de la femme dans les espaces de prise de décision et toutes sortes d‟inégalités sociales entre les hommes et les femmes.

Ainsi, des violences physiques, psychologique et voir même économique envers les femmes entre autres restent monnaie courante, hormis pendant la révolution de 1976-1978 où hommes et femmes étaient sur les mêmes pieds d‟égalité en droit et devoir. Les femmes continuent à subir des discriminations dans tous les domaines : civil, militaire, politique, économique, social.

Avant 1976, le genre masculin et le genre féminin subissent une stricte séparation, sorte d‟apartheid sexuel, et le mépris envers la femme, maintient la mère dans l‟ignorance du monde qu‟elle est pourtant chargée de présenter à

17 ses enfants. Cette inégalité de traitement constitue un gros handicap pour la société entière. Entre 1976 et 1978, un des scandales provoqués par Ali Soilih était la mixité des genres : garçons et filles, femmes et hommes. Ils ont été mis en demeure de construire ensemble la Nation. Cette intégration des citoyens dans la cité était pour les conservateurs une innovation blâmable.

Le thème sur lequel porte notre étude s‟interroge sur le rôle de la promo- tion de l‟égalité entre les hommes et la femme pour le développement humain et social. Elle forme l‟une des facteurs essentiels à la croissance socio- écono- mique du pays. Nous laissons croire que les Comores peuvent avoir une grande richesse socio-économique dans la diversité.

Pourtant, nous ne chercherons pas du tout à insister sur le fait que l‟inefficacité du système actuel en la matière, mais nous allons nous efforcer de montrer le développement humain et social à travers le genre. Ce qui nous a le plus motivés à traiter un tel sujet, c‟est le fait que le domaine nous paraît utile pour le bien de la nation. Nous savons qu‟actuellement, il n‟existe pas beau- coup d‟ouvrages se situant sur cette voie.

La vie de la société Comorienne se trouve rythmée, parfois même condi- tionnée, par l‟Islam d‟origine arabe et ces préceptes religieux constituent une dimension fondamentale du système juridique. Il y a lieu de noter que l‟amalgame ou la confusion du droit musulman, du droit d‟origine colonial et de valeurs traditionnelles favorisent le maintien au sein de la société comorienne d‟archaïsmes qui empêche évolution des mentalités. C‟est l‟une des principales sources des difficultés que rencontre la population surtout les femmes.

Ce travail a pour objectif général de contribuer à l‟amélioration d‟une vi- sion future en matière d‟égalité de genre. D‟une part, il s‟agit de lutter contre la situation d‟inégalité sociale qui a été forgée par la combinaison de deux élé- ments : le système coutumier bantou et l‟islam d‟origine arabe. D‟autre part, l‟objectif est d‟éradiquer les inégalités homme/femme dans le système éducatif, l‟attribution des emplois, la législation et la santé, afin de collecter des données

18 permettant de mieux comprendre comment promouvoir cette égalité dans l‟ensemble du territoire afin de caractériser des changements significatifs.

Les objectifs spécifiques se regroupent pour former notre problématique. Nous pouvons nous demander si l‟intégration de l‟égalité homme-femme est une solution aux défaillances de la tradition ou bien. La modernité est peut-être légitime dans un contexte de mondialisation croissante et imposante. Nous nous situons notre travail dans le champ des sciences sociales et plus spécia- lement sur l‟égalité du genre.

En nous engageant dans cette thèse, nous avions déjà, présentes à l‟esprit, un certain nombre de questions, issues de nos travaux de recherches effectués dans le passé, dans le cadre de notre activité professionnelle et de notre mémoire de DEA (2013/2014). Ainsi, ce questionnement de départ nous a permis de fonder notre problématique et de définir les champs de la présente recherche. Dans cette problématique se découle une panoplie de questions :

Comment peut-on améliorer les conditions de vie de la femme como- rienne et favoriser le developpement humain et social ?

Existe-t-il un lien commun dans les pratiques musulmanes et les discri- minations envers les femmes ? Comment les inégalités sociales au détriment de la femme se sont-elles développées aux Comores depuis l‟indépendance à nos jours ? Quelle est la place de la femme dans la vie sociale, professionnelle et économique?

Tout au long de cette étude, nous avons tenté de comprendre et propo- ser des solutions à ce problème surtout en ce qui concerne :

- La séparation statutaire des espaces, des emplois et le fait d‟avoir légitimé ces formes de ségrégation qui sont même associées à la religion ;

- Ensuite, dans cette tendance vers une homogénéisation de la situation, la modernisation de la société aura du mal à s‟installer ;

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- Enfin, par rapport à cela nous observons d‟autres réalités qui pourraient en- traver la suppression de l‟inégalité de genre dans la société comorienne d‟aujourd‟hui.

Cette problématique peut se traduire ainsi : l‟adoption d‟une politique de développement humain et social aux contextes du monde moderne comorien dans le cadre de lutte contre les inégalités sociales.

D‟après les informations acquises sur la phase de documentation et d‟enquête, nous avons tiré les hypothèses suivantes :

- L‟égalité homme/femme comme la mondialisation est un phénomène auquel ne peuvent pas échapper toutes les sociétés humaines ;

- La promotion de l‟égalité de genre se présente par l‟adoption des systèmes occidentaux tant pour le plan politique que technique sans pour autant négli- ger la réalité locale.

- L‟égalité homme-femme n‟est possible que toutes forces vives du pays soient engagées telles que société civile, chefs religieux, notables et autori- tés politiques.

Cette promotion assure l‟amélioration des moyens, des techniques et des projets de développement, des conditions de vie de la population afin de changer les mentalités. Mais face à elle subsistent encore les pratiques et lo- giques traditionnelles que nous ne pouvons pas exclure. L‟adoption et la prise en compte de la tradition dans le processus du développement et modernisa- tion de la société ainsi que la considération des contextes et des demandes de la population face aux programmes de la population assureront la réussite.

Mettons tout d‟abord en avant un devoir de mémoire, face à l‟évolution des représentations et pratiques en matière d‟égalité sociale dans le monde. Force est de constater l‟influence considérable, voire la dominance qu‟exercent sur la femme la tradition et la religion au contexte comorien, non seulement en raison de la mauvaise interprétation du coran et le pouvoir immesurable des notables hommes dans la société, mais aussi par l‟ignorance des droits de

20 l‟homme. Il faut bien constater une certaine perte de dignité de la femme par ces pratiques et connaissances, qui pourtant, représentaient un héritage ances- tral.

Les inégalités sociales, ainsi que le monde des croyances et des pra- tiques religieuses, sont des domaines qui nous intéressent dans notre étude et sont à nos yeux un objet de recherche privilégié. La promotion de l‟égalité entre les hommes et les femmes est pour nous indissociable. Il s‟agit tout autant d‟une question de principe dictée par un souci de justice, que d‟une contribution au progrès économique et social. D‟abord, parce que la lutte pour l‟égalité hommes-femmes s‟inscrit dans un cadre plus large de promotion des Droits de l‟Homme à laquelle notre pays, fidèle à ses valeurs, attache la plus grande im- portance. Mais aussi, parce que les inégalités entre les sexes sont pour beau- coup dans la perpétuation des inégalités de développement.

Investir dans le renforcement des capacités des femmes, c‟est s‟engager pour améliorer durablement la situation économique, sociale et politique des pays en développement. C‟est en cela que l‟égalité entre les hommes et les femmes est bien une condition indispensable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Faire de l‟égalité hommes-femmes un thème transversal dans tous les secteurs et à tous les niveaux d‟intervention de notre plaidoirie au développe- ment, en sollicitant des outils de concertation, de formation et des instruments méthodologiques pour intégrer la démarche de genre dans toute l‟étendue du territoire. Nous voulons encourager les Associations féminines et la Société civile à mettre en place des programmes de coopération spécifiquement dédiés au renforcement des capacités des femmes ou à la lutte contre les inégalités de genre. Nous voulons inciter l‟État à collaborer avec des partenaires soucieux des questions de genre et compétents en la matière : organisations multilaté- rales, universités, centres de recherche, réseaux associatifs afin de trouver dans les plus brefs délais les solutions à cette interrogation. Nous croyons que progresser en matière d‟égalité entre hommes et femmes et mettre en œuvre efficacement les outils du genre sera une ambition qui doit nous mobiliser col-

21 lectivement. Que tous celles et ceux qui s‟y emploient en soient ici remerciés, et encouragés à poursuivre leur engagement.

En guise d‟introduction à cette thèse, nous avons dans une première par- tie les matériels et méthodes. Dans cette partie nous allons délimiter le cadre théorique et méthodologique de notre recherche et présenter d‟une manière générale la zone d‟étude. Ici, nous définissons et délimitons le sujet, le situé dans son contexte, présenté les interrogations principales, la situation des iné- galités sociales et la thèse défendue.

La deuxième partie de cette thèse nous parle des résultats de nos re- cherches par un aperçu des conditions des vies des comoriens et comorienne. Ici, nous traitons, dans cette deuxième partie la problématique des violences conjugales, les conditions de vie des ménages, les inégalités en matière de santé, d‟éducation, d‟emploi, de législation et les origines de ce phénomène par rapport au développement humain et social.

Il semblait nécessaire de mettre en avant le contexte dans lequel se dé- roule notre étude pour avoir une meilleure compréhension des données et de leur interprétation dans l‟emploi de la femme et les faits historiques, culturels et religieux. Nous avons abordé ici la situation de la femme dans les affaires et l‟accès au crédit ainsi que dans les différents secteurs professionnels. Ensuite, dans la troisième partie intitulé discussion et recommandations, nous avons examiné les différents champs de la recherche en allant du global au particulier. Elle fait le bilan des recherches de type input-output consacrées aux causes, aux conséquences, aux recommandations et perspectives d‟avenir dans les domaines traitant les phénomènes transversaux de la législation, de la cou- tume, de l‟emploi, de l‟éducation, de la violence faite aux femmes et autres do- maines similaires.

22

PREMIÈRE PARTIE: MATÉRIEL ET MÉTHODES

23

Introduction de la première partie

Nous nous intéressons dans cette première partie au « cadre théorique et méthodologique de notre recherche » dans un but référentiel de promouvoir une parfaite égalité entre l‟homme et la femme. Pour résoudre ce problème so- cial, il serait loisible d‟octroyer une égalité de chances entre les sexes entant qu‟acteurs et bénéficiaires également. Ceci pourrait être considéré comme une justice sociale et une politique de bonne conduite.

En considérant la situation de notre zone d‟étude, ce domaine d‟intervention est le produit de multiples interdépendances entre le niveau su- pranational et national. Notre perspective vise donc à comprendre les phéno- mènes humains qui ont influencés les inégalités entre les hommes et les femmes. Il s‟agit de s‟interroger, d‟un point de vue diachronique, des change- ments et mutations sociaux qui sous-tendent nos actions en faveur de l‟égalité entre les sexes.

Les trois chapitres qui composent cette partie se focalisent surtout au cadre théorique et méthodologique, de la présentation de la zone d‟étude et de la notion de développement humain et de la pauvreté qui s‟intéresse sur plu- sieurs domaines de la vie sociale de l‟être humain. Il est approuvé que l‟origine de l‟inégalité homme-femme à travers l‟histoire de l‟humanité ne date pas d‟aujourd‟hui.

Dans le premier chapitre de cette partie, le cadre théorique de notre re- cherche a été étudié. Nous avons pris le temps de voir le statut de la femme au XVIIIe siècle afin de voir en revue quelques positions de certains penseurs qui s‟intéressent de notre domaine d‟étude. En plus, il a été admis que nous ne pouvons plus avancer dans cette recherche sans établir une méthodologie. Certaines approches ont été adoptées pour approfondir la compréhension de cette recherche en dégageant des outils d‟identification de notre problématique dans une communauté.

Nous ne pouvons plus étudier un problème dans une société sans la connaître d‟où la nécessité de présenter la zone d‟étude. Nous avons vus dans

24 ce second chapitre, l‟histoire des Comores, la formation d‟une société plurieth- nique et multiculturelle où se mêlent religion musulmane et traditions. Pour comprendre cette société aujourd‟hui, nous avons inséré des données concer- nant les infrastructures du pays, l‟éducation, l‟environnement, l‟économie entre autres. En fin, nous n‟avons pas omis de voir le peuplement des Comores et ses différentes vagues de migrations.

Le troisième chapitre de cette partie se focalise sur la notion de dévelop- pement humain et de la pauvreté. La compréhension de cette notion se passe aussi par leur mise en relation entre développement et justice social. Le déve- loppement est un droit inaliénable pour chaque individu lui permettant de parti- ciper et de contribuer à la croissance économique et social de sa communauté. Il permet aux femmes et aux hommes de développer leur personnalité, de prendre confiance en eux-mêmes, de réduire la pauvreté et de mener une exis- tence digne et épanouie.

Ici encore, le prisme d‟analyse privilégie l‟articulation entre les compo- santes du développement humain fondé sur quatre axes essentiels. Il s‟agit de vivre longtemps et en bonne santé, d‟accéder au savoir dans ses différentes dimensions, de disposer de ressources matérielles suffisantes pour mener une vie décente et participer librement à la vie communautaire et publique. Ce cha- pitre permet de décomposer, de manière analytique, la vision du monde consti- tutive de notre étude.

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I.1 DU CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE

Dans ce chapitre, nous allons délimiter le cadre théorique et méthodolo- gique de notre recherche. Dans le présent travail, notre but ultime est de pro- mouvoir l‟égalité homme et femme pour le développement humain et social du pays par une méthodologie appropriée. Mais avant de parler de la méthodolo- gie, nous allons voir quelques penseurs qui ont traité cette interrogation. Ce premier chapitre intitulé cadre théorique et méthodologique s‟intéresse sur plu- sieurs domaines de la vie sociale de l‟être humain. Dans la première section "cadre théorique", il est admis que l‟origine de l‟inégalité homme-femme a été étudiée à travers l‟histoire de l‟humanité en s‟intéressant sur le statut lamen- table de la femme et les lois de la biologie au XVIIIe siècle. Dans cette même section, nous avons pris le temps d‟étudier quelques courants et positions sur la lutte contre les inégalités de genre tels que le courant postmoderne, la Position égalitariste, la Position essentialiste et la Position radicale ou constructiviste.

Ensuite, la deuxième section montre la méthodologie et les approches adoptées pour réaliser ce travail. Enfin, dans la dernière section, nous allons approfondir la compréhension de notre étude en expliquant les outils d‟identification des inégalités sociales dans une communauté et les concepts clés relatifs à notre thème de recherche. L‟objectif de ce chapitre est de présen- ter le contexte dans lequel vivent les femmes et les hommes à travers l‟histoire. Une telle description est essentielle dans la mesure où l‟humanité n‟as connus les inégalités qu‟à travers une époque récent surtout le XVIIIe siècle.

Ce chapitre est consacré du cadre théorique à l‟origine de l‟inégalité homme-femme. Il présente certaines caractéristiques ou position de certains auteurs sur notre thème de recherche formant la revue de la littérature.

I.1.1 Cadre théorique Dans cette section, il serait question de voir l‟origine de l‟inégalité entre les hommes et les femmes dans le monde et à travers l‟histoire. C‟est ainsi que le statut de la femme au XVIIIe siècle sera de l‟ordre du jour sans omettre cer- taines positions en faveur de l‟égalité homme et femme. L‟homme actuel est le

26 dernier représentant d‟une longue lignée de primates dont l‟histoire s‟est dérou- lée en Afrique3.

Quant au supposé origine de l‟inégalité homme-femme, l‟histoire nous enseigne qu‟il y a environ 10 000 ans, tous les êtres humains étaient chas- seurs-cueilleurs, et ce, depuis l‟émergence de l‟homme en tant que tel, il y a environ 2 millions d‟années. L‟humanité a vécu et s‟est développée grâce à la chasse et à la cueillette pendant 99% de son histoire.4

Durant l‟évolution de l‟homme, les foncées et les inégalités entre les sexes existaient. La société moderne, civilisée, éduquée présente des symp- tômes généralement aussi grands qu‟avant. Par conséquent, la société primi- tive semble partager les tâches entre les hommes et les femmes. C‟est dans cet esprit que Nielsen en 1990 disait :

Il existe une grande flexibilité dans la division des tâches et les femmes quittent aussi souvent le campement que les hommes pour partir à la recherche de nourriture5.

Durant cette période sombre, la chasse était principalement l‟affaire des hommes et la cueillette, la capture de mollusques et de petits mammifères était aussi dédiée aux femmes dont 70% de l‟alimentation proviennent de la cueil- lette.6 Cette observation contrarie l‟hypothèse selon laquelle les femmes des premiers groupes humains auraient offert aux hommes le sexe et la considéra- tion en échange de nourriture.

Par ailleurs, les femmes ne restent pas longtemps inactives au point que même si elles mettent au monde leurs bébés, elles n‟abandonnent pas leurs quêtes de nourriture pour la famille. Lorsqu‟elles vont chasser, elles sont aussi habituées à transporter les carcasses d‟animaux qu‟elles ont tués. Enfin, con-

3 Microsoft Encarta junior 2008 4 Encyclopédie Hachette en ligne 5 Gabrielle POESCHL, Inégalités sexuelles dans la mémoire collective et représenta- tions des différences entre les sexes, 2003, n° 80, p.107 6 Encyclopédie Hachette en ligne

27 trairement à ce que nous constatons aujourd‟hui, la femme inactive n‟existait que dans notre ère. La femme préhistorique a joué un rôle important pour le développement de la communauté.

Au fil du temps, dans les sociétés agricoles, les activités familiales se spécialisent. L‟organisation sociale des groupes humains se modifie et les groupes égalitaires caractérisés par des chasseurs-cueilleurs deviennent des sociétés hiérarchisées7. En ce sens, l‟agriculture et la préparation des aliments et diverses activités manuelles, comme la poterie, l‟art de confectionner des paniers, de filer et de tisser deviennent le monopole des femmes. De ce fait, la contribution des femmes à la production alimentaire laisse supposer que leur statut social est assez élevé.

Le statut plus bas des femmes est révélé par diverses pratiques sociales, parmi lesquelles la polygamie par motif économique et le paiement d‟une dot à la famille de la future épouse, qui assure au mari des droits sur les services économiques et sexuels de la femme et sur leurs futurs enfants. Au fil du temps du temps, les hommes se substituent aux femmes dans la plupart des travaux agricoles surtout s‟il s‟agit d‟utiliser des machines. Pour la première fois, les femmes deviennent économiquement dépendantes des hommes. Elles sont toujours plus souvent assignées aux tâches domestiques et, dans la mesure où leur participation à la sphère publique diminue, leur statut social décline.

Au cours du XVIIIe siècle, la Révolution Industrielle entraîne un change- ment radical dans la société moderne. Le travail motorisé et mécanisé en usine se substitue progressivement à l‟agriculture et à l‟artisanat. Les villes croissent et accueillent une nouvelle population d‟ouvriers salariés, dont le dénuement est extrême et les conditions de logement misérables8. Les débats de l‟époque étaient alors les conditions de vie des ouvriers majoritairement des hommes, car les usines préfèrent employer des hommes que des femmes. C‟est le début des inégalités de genre dans l‟emploi.

7 Encyclopédie Hachette en ligne. 8 Encyclopédie Hachette en ligne

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Selon Cicchelli-Pugeault et Cicchelli (1998)9, la situation familiale de la classe ouvrière était diffèrente de celle des milieux aisés. Alors que le modèle familial de la bourgeoisie industrielle est caractérisé par trois aspects :

- Une éducation différenciée dès la petite enfance pour les garçons et pour les filles ;

- L‟assignation de la femme au foyer ;

- Et l‟attribution à l‟homme du rôle de gagne-pain.

Par contre, dans les familles ouvrières l‟insécurité de l‟emploi masculin et les bas salaires attribués aux femmes et aux enfants font en sorte que ceux-ci sont souvent contraints de travailler pour assurer la survie du foyer.

Par conséquent, l‟ouvrier opte pour le célibat, se plonge dans la pauvre- té, voué à la débauche et séduisant les femmes puis les abandonner avec leurs enfants. Nous pouvons dire que c‟est le début de la violence faite aux femmes à grande échelle. En d‟autres termes, selon Catherine Cicchelli-Pugeault et Vin- cenzo Cicchilli, dans le livre intitulé Les théories sociologiques de la famille, la pauvreté se présente comme un outil antisocial et source de crime mais parallè- lement, la classe ouvrière est considérée comme dangereuse par la bourgeoi- sie.

Par rapport à cela, il devient urgent d‟éduquer la classe ouvrière, en le socialisant aux valeurs bourgeoises. De ce fait, Il s‟agit de mettre fin au travail des femmes et des enfants et de transformer l‟ouvrière en ménagère.

Selon Cicchelli-Pugeault et Cicchelli, c‟est ainsi que certains ces auteurs nous affirment que les femmes deviennent des acteurs qui vont contribuer à la moralisation de la classe ouvrière et à l‟éradication de la pauvreté afin d‟assurer

9 Catherine Cicchelli-Pugeault et Vincenzo Cicchilli, Les théories sociologiques de la famille, Université du Québec à Chicoutimi, 1998, p. 12.

29 l‟éducation de leurs enfants et à mettre leurs maris à l‟abri de l‟alcoolisme, grand fléau des classes travailleuses10.

Dans ce paragraphe, ces auteurs nous renseignent que la société mo- derne du XVIIIe considère la femme comme un être stabilisateur moral des ou- vriers et un outil de lutte contre l‟alcoolisme. Parmi le rôle de la femme au XVIIIe est l‟éducation des enfants car sa fragilité ne lui permet pas d‟être ouvrière.

Selon le code civil français, l‟inégalité homme-femme a été évoqué pour la première fois le 21 mars 1804, Napoléon Bonaparte premier consul de France promulgue le code civil des français mais pas des Françaises. L‟article 2013 de ce même code dispose que « le mari doit protection à sa femme, la femme doit obéissance ». Ceci nous laisse désirer que les inégalités homme- femme soient inscrites dans les textes juridiques. L‟article 1124, les personnes privées de droit juridiques sont les femmes mariées, les mineurs et les débiles mentaux ». Nous constatons qu‟à cette époque les femmes mariées comme les mineurs ne peuvent pas accomplir seul des actes juridiques.

Parallèlement, en 1762, Jean-Jacques Rousseau dans son livre Emile ou de l’éducation, traité consacré à l‟art de former les hommes a mis des bases solides sur les inégalités : « Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes »11. Cette citation de Jean-Jacques ROUSSEAU, montre la dépen- dance des femmes aux hommes.

I.1.2 Revue de la littérature Dans cette section, nous allons aborder l‟influence de la femme sur les parcours scolaires dans plusieurs domaines de recherche selon les visions des féministes, sociologues, biologistes et psychologues. Les féministes commen- cèrent à réfléchir sur la situation de la femme dans la société depuis les années

10 Ibid. 11 Jean-Jacques ROUSSEAU « collection complète des œuvres de jean jacques rous- seau, citoyen de geneve », in-4°, 1780-1789 in https ://www.rousseauonline.ch/Text/volume-5-emile-ou-de-l-education-tome-ii.php

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1960 (Acker et Oatley, 1993 ; Collin, 2000 ; Toupin) 12. Leurs pensées et études ont été utilisées dans des interventions en milieu scolaire visant l‟égalité de genre.

Quatre positions ont connu un développement important au cours des années à savoir : la libérale égalitariste, l‟essentialiste, le radical ou constructi- viste et le postmoderne. Nous avons insisté sur la première vision, car cette approche égalitariste a influencé notre étude de la construction des rapports sociaux entre les sexes.

Les inégalités homme et femme ne résident pas de la physionomie de l‟un ou de l‟autre. Tous les êtres humains sont des individus autonomes et égaux, selon la vision « égalitariste »13.

À l‟extérieur de l‟école, les stéréotypes culturels sont également véhicu- lés. Les garçons sont particulièrement forts en sciences et technologies. Les magazines d‟informatique sont dirigés par des hommes, les jeux d‟ordinateur s‟adressent plus souvent aux garçons, etc. Les revues traitant des enfants avec des photos de mères tenant des petits dans leurs bras sont destinées aux filles. Selon les féministes, le moyen le plus efficace de freiner la discrimination faite aux femmes réside d‟abord dans l‟éducation non sexiste. Il s‟agit de socialiser autrement les acteurs sociaux surtout en matière d‟éducation. C‟est en chan- geant les mentalités que nous changerons la société.

Il s‟agit par exemple de modifier les matériels didactiques, de fournir des modèles féminins de référence, de guider les choix de carrière en suggérant aux femmes des domaines qui seront compétitifs comme la science et techno- logie afin de leurs fournir une chance d‟accéder à une carrière qui leur convient, etc.

12 Article publié en 2010 par le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST) à Montréal dans Web : http :// Courriel intitulé « Note 10 Les aspirations professionnelles. Quel effet sur le choix d‟un domaine d‟études non tra- ditionnel » 13 Vincent CITOT, « Pour en finir avec quelques poncifs sur l‟égalité In https ://www.cairn.info › revue-le-philosophoire-2012-1-page-133

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Les essentialistes soutiennent qu‟il y a deux sexes au sein de l‟humanité (Fouque, 1995). Pour devenir un objet sociologique à part entière, les rapports de sexe doivent être examinés en termes de rapports qui impliquent les deux sexes, tant les hommes que les femmes. Les tenants de cette approche avan- cent que les catégories hommes et femmes ne sont pas homogènes et que, par conséquent, il y a forcément asymétrie des rapports. La disparition de la domi- nation des hommes permettra l‟avènement d‟un monde enrichi de l‟apport des deux sexes. L‟avènement des femmes donnera lieu à des formes d‟organisation sociale non plus hiérarchisées, mais égalitaires (Irigaray, 1990)14.

Les essentialistes ont une position ferme d‟où l‟existence d‟une nature féminine et une autre masculine. C‟est de cette nature qui oriente les choix et les comportements des hommes et des femmes dans une société. Selon les auteurs comme Acker et Oatley en 1993, Beaker et Leary en 1995, la façon dont nous éduquons les femmes basées surtout par des pratiques typiques en sciences et technologies est souvent liée à des impératifs économiques. Les femmes ont une préférence pour la collaboration et l‟entraide. Elles ont leur fa- çon d‟apprendre et de travailler elles s‟intéressent davantage aux filières scien- tifiques liées au domaine de la santé.

I.1.3 Les courants postmodernes Le courant postmoderne est né aux années 1980-1990 et il a été forte- ment influencé par les féministes américaines. La position de ce courant est jugée de déconstruire les formes et les valeurs de la modernité occidentale en matière d‟égalité du sexe. Selon ce courant, l‟identité de l‟individu n‟est plus centrée sur le dualisme homme-femme mais elle prend en compte une multi- tude des caractéristiques de l‟être humain comme le sexe, la race, la classe sociale, l‟orientation sexuelle.

14 Article publié en 2010 par le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST) à Montréal In Web : http :// Courriel intitulé « Note 10, Les aspirations professionnelles, Quel effet sur le choix d‟un domaine d‟études non tra- ditionnel »

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En 1920, les femmes ne peuvent se syndiquer sans l‟autorisation de leur mari. En 1944, les femmes obtiennent enfin le droit de vote. En 1945, la nation de salaire féminin est supprimée. En 1954, la notion de la tutelle maritale qui donne tout pouvoir au mari sur le travail, les opérations bancaires et la gestion des biens disparaissent. En 1970 dans tous les textes juridiques, l‟autorité pa- ternelle est remplacée par l‟autorité parentale. En 1985, la gestion du patri- moine du couple soit réellement partagée, l‟égalité est une longue lutte. Malgré ces évolutions, l‟écart entre l‟homme et la femme existent encore surtout dans le monde du travail. Dans le monde du travail, en 2013, les femmes perçoivent un revenu inférieur de 25% que les hommes. Seul 1/3 s‟explique par le volume du travail, les 2/3 sont bien dû par la différence de salaire. Selon l‟INSEE, à compétence de poste et temps de travail égaux, les femmes gagnent 10% de moins que les hommes.

En France en 2015, 20,5% des hommes actifs sont des cadres contre 14,7% pour les femmes par contre l‟instabilité elle connait 12,3% de femme sont en CDD contre 8,5% des hommes. En ce qui concerne l‟emploi non quali- fié, 26,6% des femmes occupent de tels postes contre 12,9% des hommes. Nous entendons par emploi non qualifié tout emploi moins bien payé15.

Pour les probabilités des SMIC est de 1,7 fois supérieure pour les femmes que pour les hommes et en 2015 en France, 12 millions des femmes actives étaient en sous-emploi dont 9,7% d‟entre elles contre 3,7% des hommes actifs. En 2015, dans le domaine de la formation 62,2% des femmes ont un diplôme supérieur au Baccalauréat contre 51,2% des hommes. Par rap- port aux violences conjugales, en 2014, une femme mourrait tous les 2,7 jours16 suite à des violences.

Les sociologues du genre comme NAVARRE, Maud, UBBIALI et Georges parlent de la théorie du genre. Il est important de rappeler en quoi consistent les études de genre et ce qu‟elles apportent à la recherche en

15 Source : INSEE : 'Institut national de la statistique et des études économiques 16 Ibidem

33 sciences humaines et sociales au moment où des voix s‟élèvent en France pour dénoncer la « théorie du genre ». Le genre n‟est autre qu‟un outil pour favoriser l‟égalité, revendiquent les défenseurs. Après la Conférence mondiale de Pékin de 1995, la notion de « genre » a été utilisée par les politiques publiques.

Depuis les années 1970, ce terme est utilisé par les chercheurs-se pour designer la construction sociale des différences entre les femmes et les hommes17. Pour DETREZ Christine, dans son livre intitulé Les femmes peu- vent-elles être de Grands Hommes ? elle évoque la situation des femmes ins- truites. Dans les apparences, le génie féminin est moins honoré, moins célébré et moins reconnu par la société que le génie masculin. Peu de rues en France porte des noms de femmes. Nous constatons aussi très peu d‟académiciennes, quelques personnages historiques féminins cités dans les manuels scolaires, etc.18

Nous enregistrons dans cet ouvrage que les femmes sont moins pré- sentes dans l‟histoire, les arts ou les sciences. A travers ce livre, l‟auteur montre ce constat et dénonce les préjugés, le refoulement culturelle, devenue presque naturelle, universelle et l‟autocensure des femmes qui s‟éliminent elles- mêmes.

Cette égalité homme-femme, cette reconnaissance sont aussi un de droit qui leur est encore refusé dans de nombreuses sociétés. Il est tout à fait pos- sible, selon l‟auteur, que nous pouvons retrouver des femmes talentueuses ou- bliées et leurs talents non reconnus. Il faut rétablir une société égalitaire et juste basée sur la reconnaissance des talents, quel que soit le sexe19.

Dans les deux premiers chapitres de l‟ouvrage, La libération des femmes, une plus-value mondiale, Anne QUERRIEN, se met à expliquer d‟où

17 Maud NAVARRE, Georges UBBIALI, Etudier le genre. DIJON : EDITIONS UNIVER- SITAIRES DE DIJON (EUD), 2017, p.26 18 Christine DETREZ, Les femmes peuvent-elles être de Grands Hommes ? Paris : BELIN, 2016, p.34 19 Ibidem.

34 elle vient et à présenter son propre chemin dans les luttes féministes. Elle s‟interroge sur la situation des femmes aujourd‟hui. La libération ou l‟égalité des femmes et des hommes dans une société contribue à créer une plus-value pour la tolérance mondiale. C‟est en ce sens que plusieurs pays évoluent dans des domaines différents tels que le monde du travail, les mouvements des femmes, la vie quotidienne, les villes, etc20. Pour le journal de la revue numéro 15 portant le nom Regards croisés sur l’économie, ayant comme titre « Peut-on faire l’économie du genre ? l‟auteur montre que la situation de la femme est perçue comme « un plafond de verre ». Dans cette revue, l‟auteur dénonce les salaires moindres, l‟emploi à temps partiel subi, l‟exploitation domestique21. Il est difficile d‟échapper à ce triste constat car les inégalités entre les sexes persistent, en- core et toujours dans nos sociétés modernes.

Regards croisés sur l’économie énonce dans une synthèse claire et no- vice, les tous derniers résultats des sciences sociales enfin de parvenir à l‟égalité entre les sexes. Cette revue pose plusieurs problématiques :

Quel rôle joue l‟école dans la partition sexuée de l‟économie? Com- ment expliquer les différences de salaires et d‟accès aux différents postes entre femmes et hommes? Comment intégrer le genre dans l‟élaboration des politiques publiques? Comment la mondialisation mod- ifie-t-elle les rapports de sexes?22

C‟est à partir de ces questions, dans un langage à la fois rigoureux, au- dacieux et pédagogique que doit fonder le respect de chacun dans la cité et sa place dans la société de notre ère. Dans l‟ouvrage Travail et genre dans le monde, L‟auteur montre encore une fois un état des lieux de la place des femmes et des hommes dans le secteur de l‟emploi. Mais en comparant des situations dans des différents pays, continents et dans différentes époques à

20 Anne QUERRIEN. La libération des femmes, une plus-value mondiale. Paris : L'Harmattan, coll. « Anthropologie critique », 2015, 280 p. 21 Numéro 15 de la revue "Regards croisés sur l‟économie". Peut-on faire l’économie du genre ? Paris : LA DECOUVERTE, 2014, p9-11. 22 Ibidem.

35 travers l‟histoire, les cultures, le niveau de développement économique, les iné- galités existent d‟un continent à l‟autre23.

Les inégalités des sexes ne cesseront que lorsque le travail domestique, le travail des domestiques, les soins aux enfants et aux personnes âgées ne seront pas considérés comme un domaine réservé aux femmes dans le monde entier. MARUANI, Margaret dans son ouvrage montre que les écarts de salaire, la précarité des femmes, le chômage féminin, la séparation des emplois, la divi- sion sexuelle du travail sont une réalité. Dans tous les axes de notre planète et quelle que soit l‟aire géographique étudiée, l‟inégalité frappe les femmes (MA- RUANI, Margaret). Il est souvent rare de trouver un ouvrage concernant une étude de la situation des femmes en période coloniale et postcoloniale. HU- GON, Anne, l‟auteur d‟Histoire des femmes en situation coloniale : Afrique et Asie, XXe siècle, étudie les procédés de construction de l‟identité féminine et les rapports sociaux de sexes à l‟époque coloniale et postcoloniale. Dans les na- tions colonisées, les colons n‟ont jamais levé le doit pour la promotion du genre. Au contraire, ils en profitent aussi de la situation. C‟est ainsi que l‟auteur évoque ceci :

Les expériences des colonisées et des colonisatrices, leurs discours et les discours tenus sur elles, les représentations qui en sont données font d‟elles l‟objet de tous les fantasmes et de tous les espoirs, quelle que soit l‟époque.24

Les mouvements féministes ont commencé dans les années 70 en Amé- rique du Nord et en Europe du Nord avant d‟atteindre les pays francophones, selon BISSILIAT, Jeanne VERSCHUUR, Christine dans l‟ouvrages Le Genre : un outil nécessaire : introduction à une problématique. Le concept "genre" s‟est progressivement évoqué pour designer la problématique homme-femme ainsi

23 Margaret MARUANI, Travail et genre dans le monde. Paris : La Découverte, 2013, p. 317. 24 Anne HUGON. Histoire des femmes en situation coloniale : Afrique et Asie, XXe siècle. Paris : KARTHALA, 2004, p.91

36 que les conditions de vie des femmes qui assurent habituellement un "triple rôle" à savoir producteur, reproducteur et communautaire25.

Les inégalités homme-femme restent alarmantes dans les pays dévelop- pés et à fortiori dans les pays en développement. C‟est un phénomène mondial à des degrés différents. Il faut promouvoir une situation permettant un meilleur accès des femmes au travail, à l‟éducation, au crédit et de favoriser leur impli- cation dans la planification des actions de la société dont elles font partis.

I.1.4 Le cadre méthodologique Nous étalons dans ce passage les différentes étapes de la méthodologie que nous allons adopter pour faire notre étude.

Les objectifs et méthodologies adoptées pour l‟enquête sur le terrain ont été réalisés de la façon ci-après. L‟enquête a été réalisée entre 2016 et 2017 auprès de la population, toutes catégories confondues. L‟enquête a été finan- cée par nous même avec l‟aide médiocre de quelques amis et membre de fa- mille. Nous avons à ce titre, bénéficié de l‟accompagnement de certains de mes étudiants de l‟université de Patsy pour l‟accès à des endroits que nous ne con- naissons pas dans le passé surtout à , tout au long du processus pour la garantie scientifique et la crédibilité des informations fournies afin d‟obtenir le résultat escompté.

Notre enquête a été mise en œuvre et effectuée par nous-mêmes avec l‟aide de quelques étudiants de l‟université des Comores, centre de Patsy et d‟un collègue enseignant, le Dr Chakir Ismail. Mes étudiants de l‟île d‟Anjouan se chargeaient de guide et facilitateur pour l‟exécution des travaux sur le terrain et le Dr Chakiri joue le rôle d‟animateur. À Ndzouani, ont pris part à cette en- quête, 10 étudiants sous ma responsabilité et sous la supervision du Dr Chakiri et de Mr Amdjad Ali Soudja chef du département de gestion des ressources humaines, centre universitaire de Patsy. Les travaux de terrain sont organisés en petits groupes d‟enquêteurs.

25 Jeanne BISSILIAT, Christine VERSCHUUR, Le Genre : un outil nécessaire : intro- duction à une problématique. Paris : L‟HARMATTAN, 2000, p.166.

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Nous avons établi un questionnaire partiellement rempli qui a permis de collecter plusieurs informations qui ont été, combinées avec celles sur les autres questionnaires de l‟échantillon, peuvent suggérer des idées assez pré- cises sur la situation sociale des comoriens et comoriennes.

Parmi les difficultés rencontrées au cours de cette enquête, nous pou- vons mentionner :

- La réticence de certains chefs d‟institutions pour autoriser qu‟on nous four- nisse les données ;

- La mobilité géographique de certains responsables concernés par la question de santé au niveau national et régional ;

- L‟indisponibilité des chefs des cliniques ;

- Notre déplacement est très difficile dans un terrain inconnu et dans un dialecte que nous avons du mal à comprendre vu la nécessité d‟amener des étudiants issus des localités concernées par notre étude et d‟autres personnes de bonne foi. En outre, les conditions climatiques, comme la pluie et autres que nous avions rencontrées faisaient retarder l‟enquête ;

- Les délestages et l‟enclavement de certaines localités ont rendu notre travail très difficile (…) ;

- Un bon esprit d‟équipe caractérisé particulièrement par la détermination et l‟entraide entre les enquêteurs d‟aller jusqu‟au bout de l‟enquête malgré les moyens mis à disposition et les conditions climatiques comme les intempéries.

Dans la littérature empirique que nous disposons, les rapports de force au sein du couple ont une incidence sur les violences et sont traités sous deux d‟approche.

Approche structurale

À travers l‟étude sur les inégalités de ressources entre conjoints, ces dernières sont considérées comme l‟une des causes de cette domination. Les

38 tendances contradictoires se dégagent des études effectuées dans ce domaine. Ce type d‟analyse tend à être mené dans le cadre d‟études portant sur des échantillons représentatifs de la population d‟étude et à se centrer sur les res- sources de type socio-économique telles que le revenu des ménages, l‟éducation, la situation professionnelle, le niveau d‟instruction, le milieu de rési- dence, etc.

Approche par les comportements

Au niveau des comportements, Nous constatons que le pouvoir masculin tel qu‟il se manifeste dans l‟archipel, les relations au sein du couple se qualifie de lamentable du fait que cela implique plusieurs personnes et se manifestent selon la partie du territoire étudié, du milieu de résidence, de l‟âge de l‟échantillon entre autres. Notre travail basé sur les « inégalités sociales » a été développé dans le cadre d‟études qualitatives ou sur échantillons non représen- tatifs de l‟ensemble de la population étudiée

La présentation des résultats empiriques sur le lien entre les iné- galités sociales et les violences conjugales selon la méthodologie adoptée dans cette étude. Les données sur notre recherche sont regroupées en trois catégo- ries à savoir :

- Études qualitatives,

- Études quantitatives non représentatives de l‟ensemble de la population : sur échantillons cliniques ou ciblés auprès de certaines sous-populations ;

- Études quantitatives spécifiques de l‟ensemble de la population étudiée.

Ce rapprochement admet de montrer les apports et les lacunes de cha- cune de ces approches et tous qui vont avec elles. Après avoir fourni une es- quisse des données qualitatives de notre thème, nous allons présenter les ré- sultats représentatifs qui seront examinés en détail pour monter leurs perti- nences dans la présente recherche.

39

Il n‟est pas question ici de recenser l‟ensemble cas que nous avons étu- dié sur la base de témoignages de la situation vécue et les dossiers consultés dans certaines institutions, mais nous allons présenter quelques témoignages des victimes de tous sexes confondus, des agresseurs et autres.

Selon la méthodologie utilisée, les résultats peuvent avoir une portée plus ou moins représentative de la population étudiée comme une complémen- tarité entre les méthodologies utilisées dans l‟ensemble du document. Ici, nous allons présenter trois catégories de personnes. Tout d‟abord, des femmes et hommes victimes de violences, ensuite, des hommes ou des femmes violents ; et enfin, des couples avec violences masculines ou féminines.

Trois types d‟enquêtes ont été mis en place par nous, pour faciliter notre tâche et rendre notre travail crédible :

- L‟enquête auprès des ménages ruraux et urbains ;

- L‟enquête auprès des ONG, associations et institutions caractérisées par des questionnaires et/ ou une étude des dossiers ;

- L‟enquête auprès des autorités politiques et religieuses.

L‟étymologie grecque du mot méthode signifie chemin : celui, tracé à l‟avance, qui conduit à un résultat. La méthode se rapporte à la meilleure façon de conduire un raisonnement, ou un programme de recherche. Elle est un type de cheminement intellectuel, un mode d‟organisation et d‟exposition de la pen- sée qui conditionne le choix des objets de recherche et la nature des connais- sances que nous en tirons. Les différentes méthodes se distinguent en accor- dant une priorité de recherches à des façons différentes de saisir la réalité et constituent des processus dynamiques qui conditionnent les résultants sur les- quels la recherche peut déboucher.

La méthodologie mise en place dans cette étude comportera trois volets : la recherche documentaire, les enquêtes sur le terrain, l‟analyse de certains sites en ligne des Ministères et du portail sur les démarches administratives. Notre choix s‟explique par notre volonté de disposer des écrits les plus récents

40 sur la question, mais également d‟aller sur place à la rencontre des citoyens, des autorités publiques et religieuses afin de voir, par nous-mêmes, ce qui se fait si cela correspond avec les discours des décideurs politique. D‟autre part, s‟appuyer sur des recherches et sur des études concrètes, tant il est vrai qu‟une spéculation générale sans enquête de terrain est vaine et qu‟une enquête de terrain sans cadrage théorique est aveugle.

Dans la perspective de ce travail de recherche, nous avons déjà consulté un volume imposant d‟ouvrages, de rapports, de thèses, de mémoires, d‟articles de revues ou de presse. L‟Internet n‟a pas seulement été le support principal de notre objet d‟étude sur la promotion de l‟égalité de genre. Il a été une importante source de documentation. De très rares ouvrages ont traité cette question.

Cependant, grâce à l‟internet, nous avons pu accéder à un nombre de documents récents, qui se multiplient maintenant, sur le développement de la nouvelle technologie de l‟information et de la communication (NTIC) électro- nique. Toutefois, il faut préciser que dans cette masse de documents, la majori- té est constituée de rapports d‟organisations et convention internationales qui défendent notre cause et de propos d‟hommes politiques ainsi que les discours des organisations internationales, semblable à bien des égards au discours po- litique.

Conscient de ces insuffisances, nous avons redoublé de prudence chaque fois qu‟il s‟est agi de faire appel à ces textes. Aussi, pour éviter de tom- ber dans le piège du « discours expert », nous avons mené des enquêtes de terrain. Au début de nos recherches, nous avons mené des entretiens explora- toires avec des personnes-ressources qui s‟intéressent de près ou de loin à la question du genre. Les discussions fructueuses que nous avons eues avec elles nous ont permis de mieux constituer notre problématique de recherche.

Pour valider les postulats théoriques déjà établis, il nous a semblé impor- tant de mener des enquêtes de terrain. Nous avons recueilli directement les informations grâce aux entretiens avec les différents acteurs Comoriens. Dans

41 cette étude, nous n‟avons pas écarté d‟emblée la méthode de recueil d‟information par questionnaire. Compte tenu du fait que cette discrimination sexuelle n‟est un concept nouveau au pays que beaucoup de citoyens, mêmes parmi les internautes le connaissent, nous avons estimé très pertinent de me- ner ce type d‟enquête. Par conséquent, nous avons choisi de cibler les popula- tions qui connaissaient la signification et les implications de ce concept pour mettre en œuvre, avec eux, des entretiens que nous avons souhaités semi- directifs.

Généralement, nous disposerons d‟une série de questions guides, relati- vement ouvertes, à propos desquelles il est impératif d‟avoir une information de la part de l‟interviewé. Nous ne poserons pas forcément toutes les questions dans l‟ordre où elles sont notées, cela dépend du statut social de la personne interrogée.

L‟étude de terrain se déroule en deux phases. Nous nous sommes ren- dus d‟abord à la recherche des financements. Ce séjour nous permet de nous entretenir avec les agents du service public chargés de mettre en œuvre les politiques de la promotion de l‟égalité homme-femme, avec les membres d‟Associations féminines comme FAWECOM, avec des universitaires, avec des hommes politiques, des notables et des chefs religieux brefs avec toute per- sonne ou organisme dont l‟action et/ou l‟opinion intéressent notre probléma- tique de recherche. Nous avons constaté pendant les recherches sur internet la détermination affichée par l‟État à cette question en ratifiant la quasi-totalité des conventions internationales, en adoptant des lois en faveur de cette égalité et pourquoi nous observons le contraire.

Lors de la seconde phase qui a lieu dans les zones rurales, nous réussi- rons à nous entretenir avec la grande couche sociale la plus touchée par ce fléau. Nous avons interrogé sur les pratiques de cette inégalité et sur l‟évolution de la question par rapport aux décennies précédentes. Aussi, grâce à un esprit de solidarité régulière et un accueil fraternel de la population, nous avons réussi à nous entretenir avec les victimes ainsi que les oppresseurs qui la plupart des cas crois que Dieu a créé la femme pour servir l‟homme.

42

Nous nous sommes proposé de mener une analyse des sites des Minis- tères et du portail d‟information sur les démarches administratives. La méthode retenue ici est la description et l‟analyse synthétique du contenu de ces sites en ligne. Dans ce cadre, nous appliquerons les critères suivants : nombre de for- mulaires et de documents téléchargeables, réponse aux courriels des citoyens, fréquence des mises à jour, richesse de la base documentaire. Avec cette étude nous espérons disposer d‟assez d‟éléments pour mesurer le degré d‟interactivité de la formulation prévue.

Autant que possible, nous avons parlé avec des responsables au sein des Ministères et directions concernés. Nous nous efforçons simplement de recentrer l‟entretien sur les objectifs chaque fois qu‟il s‟en écarte et de poser les questions auxquelles l‟interviewé ne vient pas par lui-même, au moment le plus approprié et de manière aussi naturelle que possible. Sur la base des informa- tions recueillies sur le terrain et en nous appuyant sur la bibliographie que nous avons établie, nous étalons dans ce passage les différentes étapes de la mé- thodologie que nous allons adopter pour faire notre étude.

La méthode concernant notre thème : « promouvoir l‟égalité homme et femme dans le développement humain et social », nous donne l‟accès aux données et aux informations touchant notre thème de recherche. Cette tâche n‟est pas du tout facile à cause de la rareté des documentations et surtout dans les milieux où nous sommes. Néanmoins, nous avons fourni des efforts à con- sulter, des œuvres et rapport national que nous arrivions à réaliser ce travail.

Nous ne sommes pas étrangers des manifestations de la société et de ses activités, mais qu‟il nous reste seulement la façon ou la méthode logique cohérente et rationnelle pour ordonner et étudier ses dernières. Cependant, il faut l‟avouer que nous ne pouvons pas connaître toutes les manifestations qui se déroulent dans notre pays, les Comores, ni sur toute la pensée des acteurs sur notre étude.

Contrairement à une théorie, une méthode ne prétend pas fournir d‟explication de phénomènes sociaux. C‟est dans ce sens que nous avons

43 choisi l‟approche structuralisme et comparative pour l‟élaboration de notre thèse. Nous allons voir les différentes approches que nous avons adoptées pour la réalisation de ce travail.

L‟approche anthropologique est primordiale puisqu‟elle est la plus domi- nante dans notre sujet. Nous avons choisi précisément une approche du type structuralisme de Claude Lévis Strauss. Cette approche nous permet de com- prendre chaque élément de la culture comorienne sans modifier aucun de ses manifestations comme l‟affirme son investigateur. Cette structure consiste à expliquer tous les phénomènes socioculturels à partir de la place qu‟il occupe au sein du système élémentaire d‟une société, y compris le système de la pa- renté. Dans ce système l‟intention d‟un fait se réalise selon les lois d‟association et de dissociation des éléments structurés et supposés immuables.

L‟approche anthologique a pris le devant de la science notamment la présentation de chaque étape culturelle étudiée en incluant une brève descrip- tion de ce qui se passe au niveau des iles et les différentes formes des groupes sociaux. Cette approche fait appel à l‟approche comparative pour fournir en- semble une étude bien organisée sur notre thème.

Du latin comparatif, l‟approche comparative signifie ce qui contient ou établit une comparaison. D‟après le dictionnaire Petit Robert, comparatif vient du verbe « comparer » signifiant examiner les rapports de semblance et de dif- férence. Cette approche nous sert à élaborer les analyses, les comparaisons à effectuer et les rapports aux cultures étudiés. Elle permet de montrer les inte- ractions réelles dans le cadre d‟une confrontation interculturelle. De là, nous avons pu identifier les différences et appréhender la complexité des situations particulières qui peuvent appeler à des conduites différenciées. Cette méthode permet de mettre à jour ce qui est véritablement l‟altérité culturelle, c‟est-à-dire les différences dans les habitudes et les modes de vie entre les cultures étu- diées. C‟est dans et à travers cette comparaison, entre les inégalités sociales et d‟autres pays de la région comme Madagascar que nous pouvons convaincre les autorités et la population de changer les mentalités.

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Elle nous permet de déployer une réflexion sociologique et philosophique qui nous permettra de mieux questionner les différentes cultures en vue de mieux les comprendre, et d‟apporter un jugement évolutif qui contribuera à notre culture comorienne sur une bonne promotion du genre.

Ce travail repose sur la réflexion sur la promotion d‟une égalité et une justice sociale entre l‟homme et la femme. Cette réflexion servira à montrer la spécificité et l‟originalité de notre travail. Cette démarche permet de savoir la dimension sociale et environnementale de notre Thème. Ce travail nous ramè- nera à démontrer la responsabilité de l‟État et les autres acteurs sur notre étude. Ici nous allons montrer la place actuelle de la femme comorienne et son importance dans le processus de développement afin que nous puissions com- prendre ce phénomène.

Spécification en profondeur

Notre travail de cherche est à décrire, à analyser et évaluer les marques, les signes des inégalités sociales pour permettre à la population comorienne de mieux se protéger. Cette démarche préconise la forte subjectivité y compris toutes les valeurs de sa réalité propre parmi elle, le bien et le mal. Ceci va dans le but de responsabiliser et sensibiliser la communauté à être à la fois acteur et bénéficiaire. Les méthodes adoptées dans cette étude justifieront les consé- quences néfastes et les causes de notre étude.

Spécification verticale

Notre travail vise à analyser la situation de la population comorienne et son espace. Cette analyse nous permettra de faire comprendre l‟objectif de notre lutte engagée contre toutes formes de discrimination au préjudice de la femme comorienne. Il cherche à donner des images réalistes aux comporte- ments de chacun de nous afin de pouvoir se prendre en charge sans la moindre dépendance extérieure. Il s‟agit d‟une subjectivité personnelle qui se présente comme une réalité absolue puisque l‟immense et la transcendance tournent au tour de l‟homme et non comme transformation de l‟espace. C‟est dans cette perspective que nous avons jugé nécessaire de travailler sur ce domaine. Ce

45 dernier a pour but de maintenir la spécificité de la vie individuelle. Ceci va dans le sens de pouvoir donner le sens de vivre, de se comprendre, de se prendre en charge et assumer ses responsabilités. Il va aussi nous permettre de cons- cientiser la population à réfléchir sur l‟existence de ces enjeux.

Certes, parmi les intérêts attribués à cette recherche, il y a la mise en évidence de la réaction de l‟ensemble des acteurs dans la vie sociale des Co- moriens à travers notre étude. Cette derniere permet d‟explorer, de retracer des voies pour l‟analyse des personnes responsables à agir en toutes circons- tances.

Ce qui nous a convaincu est surtout le caractère dévastateur de cette pratique discriminatoire que subissent les femmes comoriennes. Le problème posé est celui de savoir si nous pouvons réduire ou éliminer ces inégalités. Parmi les démarches de cette recherche, il y a la justification de l‟utilité de l‟approche comparative et structurelle dans les théories de l‟analyse d‟une vie réelle de l‟être humain.

Généralement, nous disposerons d‟une série de questions guides, relati- vement ouvertes, à propos desquelles il est impératif d‟avoir une information de la part de l‟interviewé. Nous ne posons pas forcément toutes les questions dans l‟ordre où il les a notées, cela dépend du statut social de la personne interro- gée.

Nous proposons très souvent des recommandations, présentons les bonnes pratiques effectuées ailleurs. Sur ce, la revue documentaire nous a permis d‟une part de connaître les moyens existants, afin de comprendre et de mieux cerner l‟importance de notre étude. D‟autre part, cette thèse nous a per- mis de mieux comprendre le problème et les conduites à tenir durant l‟élaboration des outils de collecte de données. Avant la collecte des données sur terrain, nous avons procédé à la confection des outils de collecte des don- nées. Ils sont constitués de biographies, de focus group et des entretiens indi- viduels.

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Le choix d‟un tel outil comme l‟affirme Paugam : « La société peut s’étudier au travers de l’expérience des gens et l’approche sociologique fait de l’acteur social à la fois un objet et un sujet de l’histoire ». Sur ce type d‟étude être un « l‟élite » ne suffit pas pour éclaircir l‟évolution sociale en situation de détresse.

L‟expérience des « gens du peuple » particulièrement les femmes vic- times de déclassement social pour plusieurs raisons reste instructives. Le té- moignage d‟autres acteurs et auteurs sociaux contemporains comme les no- tables, les chefs religieux et association des pécheurs sera convaincant. Un canevas des questionnaires à aborder pour les témoignages est déjà dressé avant de faire la collecte des données sur terrain. Un dictaphone ou un télé- phone portable enregistreur est utilisé afin d‟assurer l‟exhaustivité des récits.

Il s‟agit des entretiens qui sont menés avec certains groupes homo- gènes, tels que les associations et coopératives, les groupements, les déci- deurs et les assises féminines. L‟objectif visé est d‟assembler simultanément l‟expérience et le point de vue des personnes directement ou indirectement concernées par le problème en question. Il s‟agit d‟une interview de groupe par- ticulièrement spécifique en termes de vécu. Nous avons surtout élaboré une série de questions pour le focus group lequel a permis d‟obtenir les principaux messages-clés exhalés par les participants, de même que les points de con- vergence et de divergence entre les groupements de l‟échantillon.

À ce titre, le focus group visant les associations féminines sont menées dans l‟ensemble de la zone d‟étude.

Les entretiens individuels sont menés auprès des populations locales et des acteurs nationaux et internationaux. Les questions sont posées suivant les cibles. Il serait nécessaire d‟avertir au passage que toutes les questions se po- sent d‟une manière ouverte et conçue de façon à trouver une réponse favorable à enrichir notre analyse. Parfois encore, les mêmes questions sont posées sous différentes manières aux enquêtes pour permettre la triangulation des rensei- gnements recueillis lors de l‟étude.

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Des acteurs dans le domaine de la promotion de l‟égalité homme et femme et dans la région ont été approchés pour connaître les stratégies et ou- tils qu‟ils utilisent pour éduquer le public à changer de comportement. En pre- mier lieu, le FAWECOM a été sollicité en tant que premier organe de collecte de données. Le service d‟écoute a été également consulté. Le PNUD et l‟UNICEF sont également consultés puisque le premier reste l‟organe de coor- dination du système des Nations Unies à faire d‟énormes initiatives en faveur de l‟égalité de genre.

Enfin, il a été inconcevable d‟ignorer le commissariat de police de Mut- samudu-Anjouan et le département judiciaire de la police nationale de Moroni pour les informations qu‟ils nous ont fournies. L‟approche par des enquêtes est utilisée comme méthode de collecte des données. Elle est menée à l‟aide d‟un questionnaire traduit dans la langue française et nationale comorienne compre- nant des questions ouvertes et fermées. L‟objectif du questionnaire est d‟obtenir des éléments d‟identification des enquêtes et de récolter les informations plutôt quantitatives et qualitatives. Il s‟agit surtout d‟avoir les feedbacks des enquêtes sur les moyens et méthodes utilisées pour faire comprendre aux Comoriens des dangers potentiels.

Ce questionnaire a pour but de mieux connaître les impacts des inégali- tés sociales éprouvées des populations. Les enquêtes sont menées dans les trois (3) îles indépendantes de l‟union des Comores. Elles ont porté sur les autorités ministérielles et les directions nationales et régionales (au niveau de chaque île). La population comorienne est notre principale cible. L‟échantillon déjà enquêté nous donne une image assez précise de notre problématique. Un travail de dépouillement est réalisé pour tous les questionnaires, à la fin des enquêtes. Ce travail exhaustif nous permet de faire l‟analyse, le traitement des données afin de rédiger notre thèse.

Diagnostic global rapide et participatif (DIGRAP)

Pour la collecte des données, nous avons adopté cette méthode qui reste l‟une des meilleures selon les praticiens du développement communau-

48 taire. Cette méthode est forgée sur le travail de terrain. C‟est dans ce courant d‟esprit que :

BOUKHARI et all. (1994), enseignants chercheurs à l‟ENA de Meknès ont développé une méthode de diagnostic appelée Diagnostic global rapide et participatif (DIGRAP), dans le cadre de la mise en œuvre d‟un Système de Vulgarisation intégrée et participative (SVIP)26.

L‟objectif de cette démarche est de parcourir toutes les publications ayant un rapport avec le thème. Dans tous les cas, nous avons lu certains ar- ticles publiés, les ouvrages, les livres, les presses concernant notre thème au sein de la population. Cette démarche se réalise en trois étapes successives : l‟identification des articles importants jugés indispensables, leur analyse et leur procuration de façon systématique.

Cette démarche s‟effectue tout au long du travail. Puis c‟est après avoir lu certains articles bien choisis que nous démarquons notre étude au sein de la société comorienne. Pendant que la phase de recueil de données est en cours, nous avons continué à lire pour bien maîtriser toutes les formes du sujet et ré- colter les principes d‟une discussion appropriée. Dans la recherche moderne des ouvrages, des livres et autres documents ne sont plus l‟unique source d‟information accessible au public. Grâce à la nouvelle technologie, à l‟internet et surtout aux NTIC, nous pourrions recueillir des informations venant du monde entier. Les sites web nous soutiennent beaucoup à la mesure où ils ont rendu possible la recherche des documents et fichiers concernant notre thème, au niveau nationale et internationale.

Ces documents nous ont donné le moyen de comprendre que la mise en place d‟une justice sociale au sein d‟une communauté a des limites. Il existe

26 BOUKHARI MOHAMED HAMED, « Montage et gestion participative des projets de développement rural : outils et méthodes d‟intervention ». Meknès (Maroc), 2004, p. 128.

49 deux grandes approches pour mesurer le degré d‟égalité ou inégalité des sexes dans un pays.

La première est basée sur les enquêtes. Le genre est inclus dans l‟enquête, la connaissance de l‟égalité entre les sexes n‟est pas l‟objectif princi- pal. La deuxième approche est basée sur des objectifs et des statistiques pour les quantifier. De très nombreuses mesures sont possibles. Nous pouvons faire des études comparatives par exemple. Pour bien mener cette démarche, il est nécessaire de produire des indices synthétiques.

I.1.5 Outils d’identification des inégalités sociales Il existe plusieurs types d‟indice pour identifier la présence ou l‟absence des inégalités sociales flagrantes dans une société. Il s‟agit entre autres d‟indices synthétiques pour mesurer les inégalités parmi elles, l‟indice de parité hommes-femmes, l‟indice social WATCH et l‟indice des institutions sociales et des sexes.

Nous nous sommes toujours demandé ce que nous pouvons faire pour identifier les inégalités de sexes dans un pays si nous mesurons le niveau des inégalités homme-femme par les salaires ou par le temps consacré aux travaux ménagers ou aux soins des enfants. Connaitre le nombre des femmes dans les institutions politiques suffit-il pour constater les inégalités ? Pour résoudre à ses mystères, deux grandes approches sont possibles.

Les indicateurs de mesure des inégalités entre les sexes sont entre autres l‟indice de développement sexos pécifique ou Gender-related Develop- ment Index (GDI) en anglais, du PNUD et la mesure d‟autonomisation des sexes ou Gender Empowerment Measure (GEM), introduite en 1995. Le pre- mier est basé sur l‟indice de développement humain du PNUD et inclut les dis- parités entre sexes pour l‟espérance de vie, l‟alphabétisation des adultes, le niveau scolaire et le revenu par habitant. Le second inclut en plus d‟autres va- riables comme la proportion de femmes dans les parlements ou dans les con- seils d‟administration des grandes entreprises. Le GEM mesure la capacité des

50 hommes et des femmes à participer activement à la vie politique et économique du pays. Il est considéré comme plus spécialisé.

Le débat sur l‟intérêt de ces deux indices est souvent passionnel, mais nous pouvons noter que ces deux indices ne peuvent être utilisés indépen- damment du score de l‟indice de développement humain. Ceci est une limitation forte pour les comparaisons internationales. Pour mesurer la parité homme- femme, nous utilisons entre autres « l‟indice de parité hommes-femmes » ou Gander Equity Index, GEI, en anglais, introduit par Social Watch en 2004.

L‟idée principale est de jauger toutes situations défavorables aux femmes, conçues pour faire les comparaisons internationales en classant les pays selon trois dimensions indispensables montrant les inégalités entre les sexes dans l‟éducation, la participation économique et le degré d‟autonomie des femmes sans omettre d‟autres facteurs comme la santé.

L‟indice social WATCH un indice mondial populaire appelé aussi "Indice mondial de l‟écart entre les sexes" ou Global Gander Gap Index, GGPI, publié dans le Rapport mondial sur l‟écart entre les sexes dans le Forum économique mondial en 2006. Cette unité de mesure est destinée à faire une étude compa- rative des écarts entre les sexes selon les pays, les années, et le score de chaque pays. Cet indice est calculé pour 130 pays et prend en compte quatre domaines principaux tels que la santé, l‟éducation, l‟économie et la participation politiques.

Nous pouvons aussi citer l‟indice des institutions sociales et des sexes ou Social Institutions and Gender Index, SIGI du Centre de développement de l‟OCDE à partir de 2007. Cet indicateur se concentre sur les institutions so-

51 ciales qui affectent l‟égalité entre hommes et femmes, mais aussi le code de la famille ou les droits de propriété27.

Le but de ces différents indices est d‟évaluer les multiples aspects des disparités entre les sexes, les causes et les conséquences des inégalités entre les sexes, mais aussi pour éclairer les débats de politiques publiques. A titre de rappel, un indice est un élément de comparaison unique pour provoquer et identifier des inégalités de certaines données. Il est nécessaire de comparer les différents indices de genre.

Dans le domaine juridique, la discrimination fondée sur le sexe est prohi- bée dans plusieurs pays. Si l‟égalité des sexes établis par la loi ou la constitu- tion, les us et coutumes confèrent des « droits » ou des « privilèges » aux hommes et rarement aux femmes. Ces discriminations sont dénoncées par la Convention sur l‟élimination de toutes les formes de discrimination à l‟égard des femmes. En matière de carrière, les hommes sont avantagés que les femmes. Dans le domaine matrimonial, le mariage et la maternité sont des handicaps majeurs surtout lorsqu‟elles sont en congé parental prolongé. Les hommes, lorsqu‟ils sont en union ou père de famille constituent un avantage pour sa carrière.

I.1.6 Pertinences sociales de la recherche

La question des inégalités homme-femme pour le développement hu- main et social est au centre des préoccupations aussi bien des acteurs poli- tiques que des acteurs locaux et loin des acteurs religieux.

L'une des raisons qui explique ce regain d'intérêt est l'émergence du mouvement social autour de la prise de conscience des facteurs sociaux, de la

27 Avner Bar-Hen « Mesurer l‟inégalité entre les sexes »: revue critique des principaux indices in https:theconversation.com/mesurer-linegalite-entre-les-sexes- revue-critique-des-principaux-indice-74033 e

52 montée des écarts de richesse entre les femmes et les hommes et de la ques- tion de l'exclusion sociale.

Avantageusement, on parle des problèmes liés aux inégalités sociales au détriment de la femme et à leurs difficultés d‟accès aux postes de responsa- bilité. On assiste alors à l'émergence des idées en faveurs de l‟égalité sociale qui exclut fortement le rôle de la femme pour le développement au fait des réa- lités locales et des structures de proximité.

En choisissant d'aborder l'interrelation entre la problématique des inégali- tés sociales et développement humain. Nous émettons comme attentes, d'ap- porter des réponses aux préoccupations sur le calvaire des femmes como- riennes.

I.1.7 Stratégie de recherche retenue

La stratégie de recherche qui est retenue dans notre thèse est celle de l'étude de cas multiples, à partir d'une logique qualitative inductive.

I.1.7.1 Échantillonnage

Notre échantillonnage se définit comme l'ensemble des éléments sur lesquels nos données sont recueillies. Nous procédons par une mixité entre la démarche classique qui revient à déterminer la taille de l'échantillon avant la collecte des données (échantillonnage principal) et la démarche itérative qui obéit au choix raisonné (sous échantillonnage).

Notre recherche se concentre dans les trois iles sous administration des autorités comoriennes. Nous y dressons un portrait d'ensemble et assez suc- cinct de la présence des inégalités de genre dans la zone d‟étude, de même que leur portrait socioéconomique, ce qui justifie notre choix.

Nous considérons ensuite de notre type de sélection de l'échantillon- nage, en relevant la complexité qui était la nôtre dans ce choix. Enfin, nous sou- lignons le profil de nos intervenants sur le terrain, eu égard à la spécificité de notre thèse.

53

I.1.7.2 Echantillonnage et enquête par questionnaires

L‟échantillonnage est important dans une recherche en science sociale. Elle est celle qui détermine la population à enquêter. Elle fait partie de la tech- nique quantitative car elle représente une grande quantité de données.

I.1.7.3 La population enquêtée

Nous avons comme population cible l‟ensemble des ménages et cer- taines autorités des trois iles sous tutelle des autorités comoriennes que nous avons enquêtés pour la réalisation de notre recherche.

I.1.8 Caractéristique de la population

Dans notre cas la taille de l‟échantillonnage est constituée de 612,5 mé- nages qui représentent la population de notre étude. Donc on a choisi encore de prendre dans plus de 100 ménages dans chaque ile.

I.1.8.1 Base de sondage

Avant la réalisation de nos enquêtes, on a eu recours à une base de son- dage qui est constituée d‟une fiche contenant le nombre total des personnes enquêté dans chaque ile. Cette fiche a été obtenue par le biais des chefs de communes et institutions concernées afin d‟avoir accès aux personnes sources. De ce fait, nous avons 247 ménages comme base de sondage en grande Co- more, 227,5 à Anjouan et 138 Ménages à Mohéli. A partir de cette fiche on a pu choisir la population à observer.

I.1.8.2 Technique d’échantillonnage

Nous avons pu constater un nombre élevé de la population à la que les autres iles. Afin de pouvoir administrer les questionnaires, nous avons jugé nécessaire d‟utiliser la méthode d‟échantillonnage stratifié. Cette méthode consiste à diviser l‟ensemble de la population en groupe homogène appelés strates. Dans notre cas, nous avons pris dans notre zone d‟étude les associations féminines comme Fawecom, les femmes leadeur pour la paix, les associations des parents d‟élèves, la fondation comorienne de droit de l‟homme, les ménages rurales, les ménages urbaines et quelques chefs

54 d‟institutions politiques, religieuses et coutumiers comme strates. Ces dernières sont choisies selon l‟âge, le sexe, le revenu et le niveau d‟instruction.

Ensuite, nous avons employé une méthode d‟échantillonnage aréolaire simple qui consiste à prélever au hasard et sans remise à l‟intérieur des locali- tés citées. Plus de 160 individus toutes catégories confondues ont été enquê- tée. Les ménages que nous avons enquêtés ont été pris au hasard, dont 2 personnes au moins dans chaque foyer, voir annexe 4. I.1.9. Enquête par Questionnaire

Le questionnaire est essentiel pour le déroulement de la collecte de don- nées pour la réalisation de la recherche.

Ainsi, l‟élaboration de notre questionnaire se base sur deux types de question à savoir:

 D‟abord, les questions ouvertes qui laissent au répondant la liberté de construire lui-même sa propre réponse, qui peuvent être plusieurs. En ef- fet, ces questions ont été réalisées auprès des personnes sources que nous avons évoquées plus haut afin de comprendre les facteurs qui en- gendrent les inégalités de genre.  Ensuite, nous avons effectué des questionnaires fermés pour avoir quelques informations fiables à notre recherche. Ces questions contien- nent des modalités de réponses attendues entre lesquelles les répondant doivent impérativement choisir une question à répondre. Ces questions nécessitent des réponses plus générales.

I.1.9.1 Analyses des résultats

Pour la réalisation de notre recherche nous avons élaboré différentes dé- marches afin de bien organiser notre travaille à savoir :

 D‟une part, nous avons utilisé une recherche quantitative grâce aux ques- tionnaires élaborées. Ainsi, que les enquêtes menées auprès de la popu- lation cible. Effectivement, la recherche quantitative vise à expliquer des phénomènes observables par des collectes des données numériques. C‟est-à-dire les chiffres, la construction des tableaux, des pourcentages et

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des graphiques. Ainsi, la recherche quantitative consiste à analyser, me- surer, interpréter des données numériques. C‟est pour cette raison que nous pouvons dire que cette recherche fait appel à la statistique.  d‟autre part, la recherche qualitative qui consiste à expliquer les faits so- ciaux. Il s‟agit de faire une description, des commentaires, des interpréta- tions de fait observables. Il est à noter également que cette recherche s‟explique par les entretiens effectués auprès des responsables de la Commune qui se justifie par le guide d‟entretien, et les observations di- rectes aux moments de nos descentes sur terrain. La méthode qualitative nous a été utile dans l‟analyse de données difficilement quantifiables.

Après le cadre méthodologique de notre étude et les outils d‟identification des inégalités sociales dans une communauté, nous avons jugé utile de voir la presentation de la zone d‟étude afin de faciliter la compréhension.

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I.2 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA ZONE D’ÉTUDE

L‟histoire des Comores, comme nous venons de le voir, a mené à la for- mation d‟une société pluriethnique et multiculturelle où les héritages se côtoient et se mêlent, les cultures se rencontrent et s‟influencent. Ainsi, il semble néces- saire de définir certaines notions telles que Matrilinéaire, patrilinéaire, dévelop- pement humain, développement social ou encore la culture de façon générale, ainsi que dans le contexte comorien, afin de mieux appréhender le contexte social de notre zone de recherche. Nous d‟insérons également des données concernant les infrastructures, l‟éducation, l‟environnement, l‟économie entre autres afin d‟établir certaines comparaisons avec d‟autres pays.

Nous allons également situer les iles Comores d‟un point de vue histo- rique et voir un aperçu sur la formation de la société comorienne multiculturelle. C‟est ainsi que nous avons abordé l‟histoire de son peuplement, les différentes phases coloniales que le pays a connues, les grandes vagues de migrations qui ont formé le paysage de l‟union des Comores ainsi que l‟origine des populations migrantes. Nous avons également replacé l‟archipel des Comores dans le con- texte indien océanique, en abordant les liens existants entre les Comores, la Tanzanie et Madagascar.

I.2.1 Présentation et délimitation de la zone d’étude L‟Union des Comores est un archipel constitué de quatre iles d‟origine volcanique Mwali, Ndzouani, Ngazidja et Maoré. Cette dernière étant sous ad- ministration française. L‟ensemble des données fournies dans cette these ne touchent que les trois iles sous l‟autorité des Comores. Le pays est situé à l‟entrée septentrionale du canal de Mozambique. Il est formé par des volcans qui laisse des plaines côtières étroites. Le pays couvre une superficie totale de 2 236 km².

L‟Union des Comores se place parmi les Etat les plus densément peuplés au monde. L‟âge moyen de la population est de 21 années, la proportion des jeunes de moins de 20 ans est estimée à 53% et la pop-

57 ulation féminine comorienne constitue un peu plus de la moitié du total. La population est majoritairement rurale, à hauteur de 67%.28

Depuis l‟indépendance des Comores en 1975, une instabilité politique quas-permenante se presente. Les coups d‟État ou tentatives de coups d‟État ne manquent pas. La dernière crise politique est le séparatisme anjouanais du 03 août 1997 qui durait dix ans. Ceci amene à la signature des accords de fom- boni en décembre 2001 qui mettent en place un système de presidence tour- nante entre les iles.

L‟Union des Comores appartient à l‟Organisation de la Conférence is- lamique et à la Ligue arabe. Elle fait partie du COMESA, de la Com- mission de l‟océan Indien (COI), de l‟Association des États riverains de l‟océan Indien (IORA) et de la SADC (depuis août 2017). L‟Union des Comores est également candidate à l‟OMC. Entre 2006 et 2011, le pré- sident Sambi a développé des relations avec les pays arabes (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar, Libye) et l‟Iran, avec la signature de plusieurs accords de coopération et l‟amorce d‟une coopé- ration militaire. 29

Les Comores ont rompu leur relation avec l‟Iran (2016) puis avec le Qa- tar (7 juin 2017) pour soutenir l‟Arabie saoudite dans le conflit regional avec l‟iran et le Yemen. Cette situation a mis en colère la population qui considère le Qatar comme un partenaire incotournable pour le développement du pays et la chutte du gouvernement Azli I.30

28 La banque mondiale aux Comores, « Les Comores en bref »in https ://www.banquemondiale.org/fr/country/comoros/overview 29 Présentation de l‟Union des Comores in https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/comores/presentation-de-l- union-des-comores/ 30 Ibid

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L‟activité économique du pays enregistre une croissance de 2,2% du PIB si nous croyons aux dispositionsnational du rapport pour l‟OMD. La population comorienne mène une condition de vie très precaire. Leur situation financière semble être détériorée au cours de ces dernières décennies.

Le rapport national de suivi des OMD 2012 anonce une situation inquiet- tante car 45,5% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté contre 44,8% en 200431.

L‟Union des Comores est placée au 169ème rang sur 187 pays avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,429 et a reculé de neuf places depuis 1990. Les Comores figurent parmi les pays à bas reve- nus avec un PIB de 680 US Dollars par habitant. En 2010, nous avons estimé à 117 million US dollars, les envois de fonds de la diaspora vers les Comores, un montant qui correspond à environ 24% du PIB. La sit- uation économique des Comores reste précaire. Le pays fait partie des États les moins avancés au monde avec 45% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Les Comores se place au 159e rang sur 187 en termes d‟indice de développement humain selon le chiffre du PNUD de 201532.

La situation monétaire est peu maîtrisée notamment car le pays appar- tient à la Zone franc, le secteur bancaire et financier reste moins développé et engendre une faiblesse pour la population demunis.

L‟économie de l‟Union des Comores se caractérise par une dépendance au secteur primaire agricole. Le pays est également vulnérable aux aléas clima- tiques. Le taux de chômage est plus important en milieu urbain qu‟en milieu rural. Il se déteriore au fil des années. Ce taux touche plus les femmes que les hommes. L‟accès à l‟eau potable et à l‟électricité est tres limité pour la popula-

31 Dernier rapport sur la pauvreté aux Comores, op.cit 32 UNION DES COMORES. « Plan cadre des nations unies pour l‟aide au developpe- ment (pnuad/undaf) (2015-2019) », p.9

59 tion. Les services essentiels de base comme l‟éducation et la santé sont pro- blematique d‟où les évacuations sanitaires entre autres. Le niveau élevé de pauvreté et le chômage, conjugués à une forte croissance démographique en- gendrent des comportements de survie permenante qui affectent inexorable- ment l‟environnement, les ressources naturelles et le climat social.

Le taux de fécondité était de 4,3 enfants par femme en 2012 contre 4,5 en 2003. Le taux de prévalence contraceptive chez les femmes âgées de 15 à 49 était de 14,2% en 201233. Les principales raisons de cette haute fécondité sont directement liées à :

- l‟absence d‟une politique efficace dans le secteur de la santé sexuelle et re- productive pour les jeunes ;

- un taux de prévalence contraceptive faible ;

- un taux élevé de la demande non satisfaite de contraception et

- un nombre élevé de personnel peu qualifié dans les formations sanitaires.

La religion pratiquée par la population est l‟islam sunnite de rite chaféite à 98%, le catholicisme représente 2%. Ces dernières années, nous commen- çons à entendre la présence du chiisme34. L‟Indice de développement humain présenté en 2015 est de 159e sur 187 pays selon le PNUD et 32e sur 52 pays africains en ce même période. Selon le Plan cadre des Nations Unies pour l‟Aide au Développement, le pays se trouve parmi les Etat les plus densément peuplés au monde avec comme âge moyen de sa population de 21 ans. Les jeunes de moins de 20 ans est évaluée à 53% avec une domination féminine

33 11e Sommet des Chefs d‟Etat et de Gouvernement de l‟Union africaine sur le thème : « Réalisation des Objectifs du Millénaire concernant l‟Eau et l‟Assainissement », 30 juin au 1er juillet 2008, « Un Aperçu de la Situation de l‟Eau Potable en Afrique » In https ://www.unicef.org/wcaro/wcaro_SnapshotWaterAfrica_fr.pdf. 34 Enquete au pres du mouftaurat

60 qui est légèrement supérieure de la moitié de la population totale. La population comorienne vie majoritairement dans le milieu rural, à 67%35.

L‟organisation sociale est très ancrée dans la tradition et très hiérarchi- sée. Au sens large du terme, la famille élargie comorienne est la base de l‟organisation et du fonctionnement social fondés sur l‟esprit de solidarité et en- traide. La notabilité comorienne détient le pouvoir traditionnel qui résulte des pratiques sociales liées à la coutume et à la tradition.

L‟union des Comores est située à trois cents kilomètres à l‟est du conti- nent africain et à la même distance de la côte nord-ouest de Madagascar, le pays fut au cours d‟une longue histoire préservé par l‟insularité de toute domi- nation des puissances étrangères.

Avant l‟occupation coloniale, au milieu du XIXe siècle, aucun système de valeurs exogène ne fut jamais adopté intégralement, volontairement ou sous la contrainte. Sur ce territoire exigu, morcelé en quatre îles principales, soumis aux secousses telluriques, aux éruptions vol- caniques et aux cyclones, les règles morales (akhlaq) et ethno-sociales (mu‟amalates), prescrites par le Coran ont pu être ajustées aux tradi- tions familiales, aux principes d‟héritage et de succession introduits par les différentes ethnies africaines de langues bantou, lentement au cours des siècles, dans un état de concorde relative.36

La religion musulmane a été introduite par les migrants arabo- persans, vraisemblablement au deuxieme siècle de l‟Hégire (début du calen- drier musulman). Nous nous demandons à nos jours si l‟archipel des Comores a connu une éducation avant l‟arrivée de cette religion puissante et propa- gande.

35 PNUD, Plan cadre des Nations Unies pour l‟Aide au Développement Union des Co- mores, Moroni, 2015-2019, Aout 2014, p.9 36 Enquete sur le terrain au pres du directeur de la CNDRS

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Le fond africain a légué à ces îles, la matrilocalité37 et le système des groupes d‟âge comme principe d‟organisation sociale, l‟antériorité de l‟occupation territoriale et le rang de naissance comme fondements de la légiti- mité des relations d‟autorité et de l‟attribution des prérogatives sociales et éco- nomiques au sein de la société ainsi que le fonctionnement de ses communau- tés de quartiers, de ses associations de métiers, de ses sociétés d‟entraide et de loisirs.

La santé publique comorienne actuelle est de plus en plus médiocre et archaïque. Cela pousse les patients de notre pays d‟aller se soigner dans les pays de la région, principalement Madagascar et Tanzanie.

En termes de structures de soins, Aux Comores, nous distingons au niveau national un hôpital et des centres hospitaliers régionaux (CHR). Au niveau périphérique, nous comptons l7 districts sanitaires (7 en Grande Comore, 7 à Anjouan et 3 à Mohéli). Ces derniers sont cou- verts par deux Centres médicaux chirurgicaux (CMC) à Ndzouani et Ngazidja. Nous dénombrons trois Centres médicaux urbains (CMU) par ile. À cela, il faut ajouter le dispensaire de santé des Armées et celui du CARITAS de la Mission catholique.38

Les infrastructures sanitaires des comores ne répondent pas aux normes mondiales. Elles sont de types très anciens datant de la colonisation. Le sec- teur de l‟énergie se caractérise par : une production électrique essentiellement à base thermique diésel. Ce central est vieilli de plus de 30 ans et il a un cout d‟entretien considérablement élevé.

Les infrastructures routières (nationales et régionales) sont formées de 665 km de routes goudronnées et de 184 km de routes secondaires et pistes en terre battue. Ce réseau routier est dégradé. Nous constatons également un en-

37 Dictionnaire d‟ANTIDOTE : En Anthropologie, Se dit d‟un mode de résidence du couple déterminé par la résidence de la mère de l‟épouse. 38 UNION DES COMORES, « Politique Nationale De Sante ». Moroni, 2005, p.6

62 tretien anarchique et non uniforme avec une largeur trop réduite. Ces routes en terres restent non praticables pendant de longues périodes de l‟année.

Les Comores disposent d‟un port international, situé à , An- jouan. Par contre, Mohéli et la Grande Comore ont chacune d‟un port pouvant accoster des navires de petite taille ou des boutres. Les transports inter île et régional sont assuré par des boutres, vedettes et des petits bateaux du secteur privé. Il est le moyen de transport le plus utilisé pour les traget inter-îles.

Les Comores disposent d‟un Aéroport international dénommé « Moroni Prince Saïd Ibrahim », sis à Hahaya à 21 km au nord de Moroni qui est acces- sible par une seule route à deux voies. Il est le seul qui assure les liaisons ré- gionales et internationales. Les aéroports régionaux d‟Anjouan et de Mohéli assurent à leurs tour les trafics inter-iles.

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Figure 1 : Les infrastructures aéroportuaires de l’archipel des Comores

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Notre zone d‟étude se réalise dans les trois iles sous administration de l‟autorité comorienne. L‟ile comorienne de Mayotte sous administration fran- çaise n‟est pas directement concernée par notre recherche. Selon un article de SAID Bacar le peuplement des Comores remonte d‟un millénaire avant Jésus- Christ et une légende fait débuter l‟histoire de la Reine de Saba, Balkis, vers 1010. Ce récit mythique nous enseigne sans relater les péripéties dans lequel le trône de la Reine de Saba aurait été englouti par le Khartala, volcan de la Grande Comore39.

L‟intérêt de cette légende est confirmé et pérennisée par la tradition orale comorienne. Cette idée laisse croire que les Comores étaient connues et fré- quentées par les hébreux. Les iles Comores pourraient servir d‟escales de ravi- taillement sur la route du pays de SOFALA (le Mozambique) où les flottes du Roi Salomon se fournissaient en bois rares, en esclaves et métaux précieux comme l‟or.

Selon le manuscrit trouvé à Mayotte du chroniqueur officiel « Saïd Bacar », les prem- ières immigrations concernaient des arabes, venus de la mer rouge avec femmes, enfants et esclaves, dix siècles avant Jésus-Christ, après la mort du Roi Salomon. Toutefois, l’hypothèse d’un peuplement tardif demeure la plus sérieuse. En effet, aux Xe et XIe siècles, les géographes arabes donnèrent le nom de « DZAZAÏR AL KAMAR » littéralement les « îles sous la lune » aux îles de l’archipel. De plus, dès le moyen âge, on note la présence de colonies de musulmans trafiquants d’esclaves, établis sur ces îles. De même, les historiens et les archéologues datent l’histoire des Comores à par- tir du XIIe. Siècle.40

Le peuplement de souches africaines est dû probablement par l‟activité commerciale des immigrants arabes basés principalement sur le trafic d‟esclaves en provenance de la côte africaine via Zanzibar et Comores à desti- nation de l‟Arabie et des Mascareignes.

39 SAID Bacar. « L‟origine sémite du peuplement, les comores : une mosaïque de peuples métisses », article publié le 17 février 2011, 40 Ibidem

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Figure 2 : Vieux Makois du Sultanat d’Anjouan

Source : Archive de la CNDRS

Le 3 mars 1496, Vasco de Gama relâcha dans une petite île de l‟archipel. Il déclare qu‟il y rencontra des esclaves noirs d‟Afrique, des musulmans et des Comoriens. La traite des esclaves, très florissante au XVe Siècle, devait en effet introduire des noirs de toutes les tribus de Madagascar et de la côte d‟Afrique. On y trouve des Zendjes, des Makouas, des Moutchaouas, des Chambaras et des Cafres. Termes traduits dans la phonétique européenne41.

Ce groupe de vieux Makois, ancienne esclave importée d‟Afrique té- moigne cette vague de migration presque forcée des africains pour le peuple- ment de l‟archipel.

41 SAID Bacar. « L‟origine sémite du peuplement, les comores : une mosaïque de peuples métisses », article publié le 17 février 2011, In http ://bambao.centerblog.net/6-les-comores-une-mosaique-de-peuples-metisses

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Au moyen âge et à la Renaissance Européens, les Comores étaient con- sidérées comme un comptoir de la traite. Entre fin XVIIIème et début XIXe. Siècle, les pirates malgaches et les forbans européens en quête de « bois d‟ébène côtoient eux aussi les cotes comoriennes.

Figure 3 : Couple Comorien prè-islamique

Source : Archive de la CNDRS

Cette photo montre l‟existence des hommes et des femmes comoriens préislamique. Leurs habits purement africains nous laissent désirer la beauté naturel, originel du comorien sans une influence étrangère, arabe ou euro- péens. Nous nous sommes toujours demandé sans trouver de réponse ration- nelle, l‟origine du changement radical du comorien africain à un être arabe ou européen.

En effet, au cours des siècles, et dans le Haut-Moyen Age, les îles Comores ont accueilli des populations venues, en grande partie de la côte Est africaine par vagues successives. Leurs pratiques magico-

67 religieuses proches de l‟animisme ont suscité leur rejet par les lettrés comoriens.42

Lorsque le Mozambique devint une colonie portugaise, les Portugais ten- tèrent en vain, de s‟emparer de ces îles proches afin de se pourvoir en es- claves. Nous connaissons le sort tragique de l‟aventure portugais, Ils furent ex- terminés par les indigènes. Selon le manuscrit du prince Said Oussein et cer- taines traditions orales, les premiers habitants des Comores étaient des djinns. Puis des bantous, des malais, des indonésiens, des arabes, des chiraziens du Golfe de persans, des malgaches ainsi que des portugais se sont ajoutés. 43

Il faut connaitre que seuls les éléments bantous et arabo-musulmans forment la principale souche de la population comorienne. Ils se sont fortement mélangés et forme une population suffisamment homogène parlant la même langue, le comorien proche du Swahili et d‟une civilisation islamique à prédomi- nance arabe hybridée des traits africains. Ces dernières décennies, avec la mondialisation et la monté en puissance des Medias chaud comme l‟internet, des éléments culturels émanant de la colonisation française se sont superpo- sés.

Au XVIe siècle, des migrations malgaches surtout des Sakalava fuyant les guerres tribaux ou fratricides incessantes que se livraient les peuplades malgaches, complétèrent cette mosaïque de peuples. Ajoutons également qu‟au XIXe siècle, des Indiens d‟origine de Bombay ou de la côte Malabar sont attirés par le commerce et côtoient les cotes de l‟archipel. Un peu plutard les Européens et des créoles s‟installent dans l‟archipel aux XIXe. Siècle.

42 Hassani-el-barwane Mouhssini, « Le systeme foncier comorien de 1841- 1975 », [Thèse de doctorat nouveau regime], histoire contemporaine, Avril 2010, université de la réunion, p. 32 43 Pierre VERIN et René BATTISTINI, Géographie des Comores. p. 50.

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Figure 4 : Tamtam Makois à Mohéli

Source : Archive de la CNDRS

Les descendants actuels de ces esclaves nombreux constituent la majo- rité des habitants de l‟archipel des Comores. Nonobstant, les Sultanats d‟origine arabe polygames sont considérés des aristocrates et dominent sur les autres souches de la population. A part des nombreuses épouses qu‟ils déte- naient. Ils ont aussi des concubines choisies dans la population des rangs infé- rieures. Cette situation nous laisse croire que l‟origine de la polygamie como- rienne n‟est pas d‟origine bantoue.

Les langages familiers des Comoriens affirment l‟origine multiple du peu- plement car nous constatons essentiellement le comorien d‟origine arabe et bantoue, le SWAHILI d‟originaire de la côte orientale africaine et le KIBUSHI d‟origine malgache. Malgré cette multitude de langage, l‟Islam est la religion commune dans l‟ensemble des îles de l‟archipel et forme une unité culturelle et régleuse. Sur ce, l‟influences musulmane et africaine, encore visible de nos jours expliquent les us et coutumes du pays. Les actes officiels de l‟époque des sultanats étaient en langue arabe.44

Nous pouvons conclure que la population comorienne est unie culturel- lement et parle une langue commune, proche du swahili, écrite en caractères

44Jean Martin, Comores, quatre îles entre pirates et planteur. L‟Harmattan, 1983 et 1984 ; rééd. 2000, p. 122

69 arabes et latins, le ShiKomori. Ce dialecte de souche bantoue appelée par les linguistes sabaki est universelles fans l‟ensemble de l‟archipel. Les Comoriens pratiquent l‟Islam qui renforce la foi en Dieu unique. La population est tolérante et pleine d‟hospitalité. L‟école coranique est la première institution que fré- quente l‟enfant comorien sans distinction. La solidarité familiale et communau- taire fait partie des atouts des Comores et constitue le leitmotiv du développe- ment des infrastructures sociales notamment celles de l‟éducation. Il faudra no- ter qu‟avec les moyens de communication modernes difficilement contrôlables, les Comores n‟échappent pas aux influences des autres cultures qui, progressi- vement, contribuent à la perte de certains repères culturels des jeunes.

L‟adoption de la politique nationale de l‟équité et de l‟égalité de genre est une avancée importante, de même que la mise en place de Points focaux Genre au niveau de chaque Ministère qui va permettre autant que possible d‟intégrer le genre dans les politiques et programmes sectoriels. Dans le pays, nous sommes encore loin de la parité homme femmes dans les emplois sala- riés et les femmes seraient plus victimes du chômage que les hommes. La vio- lence basée sur le genre comme nous l‟avons indiqué plus haut est un grand fléau dont les moyens de lutte restent limités. En matière des droits de l‟homme, la nécessité d‟intégrer les droits de l‟homme dans la réforme de l‟administration et de la justice se fait sentir.

En matière de santé et de nutrition, nous pensons qu‟il faut soutenir le développement et les politiques encore existants pour adopter des stra- tégies et des normes standards en tenant compte de la réalité nationale en matière de santé et de nutrition. L‟État doit poursuivre son appui pour le renforcement des systèmes de santé et la promotion à travers le renfor- cement des capacités du personnel de santé au niveau insulaire et central.

Il est urgent de soutenir financièrement, techniquement et logisti- quement l‟ensemble des programmes de santé tels que :

- la santé maternelle et néonatale,

- la santé de la reproduction,

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- le programme élargi de vaccination,

- l‟élimination rapide du paludisme,

- lutter contre la nutrition et les maladies non transmissibles,

- réduire la prévalence du VIH/sida,

- le traitement de la malnutrition, y compris dans les cas de situations humanitaires

En matière de protection sociale, le pays devrait mettre en place une Politique nationale de lutte contre les violences basées sur le genre afin de protéger les victimes de toute sorte d‟exploitations des femmes et des en- fants.

Des efforts énormes doivent être fournis pour appuyer la promotion des projets de l‟eau et assainissement à afin de faciliter l‟accès de popula- tion à l‟eau potable et à l‟assainissement surtout dans les milieux scolaires et dans les foyers. Pour arriver à ce pari, il faut le renforcement des capa- cités et l‟implication de la communauté locale, à la gestion des ressources et à la maintenance des installations de base nécessaire pour ses infras- tructures.

I.2.2 De la situation de la femme et du développement humain Dès sa naissance, la femme comorienne suscite l‟attention de toute sa famille élargie ainsi que sa communauté. Le père de famille, le tout puissant oncle maternel, son frère ainé et sa mère doivent décider sur sa vie à son is- sue, un objet précieux, propriétaire de sa famille. Le but de toutes ses mesures est de faire le grand mariage dans les conditions requises par les coutumes et traditions. Ce poids social pesait sur elle durant des siècles à travers l‟histoire sous différentes formes. Ce poids familial et la pression sociale servent à la préparer pour plaire aux hommes. Dans la plupart des cas, elle ignore la per- sonne qui va l‟épouser. Elle verra, le jour du mariage pour la première fois. Cet homme souvent trop âgé a eu l‟avis de sa future belle-famille, mais pas de l‟épouse, mais elle ne peut rien faire pour se faire attendre. Il fallait attendre

71 l‟arrivée du président Ali Soilihi pour libérer la femme de toutes ses chaines so- ciales. La femme comorienne a obtenu sa liberté et obtient le droit à l‟éducation, à la santé universelle, à voyager sans être escorté.

Malheureusement, l‟assassinat du président révolutionnaire par le mer- cenaire des services secrets français et des complices locales, a rendu encore une fois la femme comorienne plus vulnérable aux attaques sociales et reli- gieuses.

Ainsi, nous venons de le montrer précédemment, la jeune fille promise au grand mariage ou qui se marie pour la première fois, nous ne demandons pas son avis sur le choix du conjoint, sinon pour la forme et la façon très rituali- sée. Il n‟en est pas de même pour la femme qui se remarie. Mais en règle gé- nérale, même dans ce cas, la liberté de choisir est toutefois relative ne serait-ce que parce que la femme a intériorisé tous les critères sociaux qui, de fait, pré- déterminent son choix.

Dans la plupart des villes et villages de la grande Comore et d‟Anjouan, les filles ainées promises aux festivités du grand mariage attirent l‟attention de sa famille et de toute la société. Elle est aménagée dans la maison familiale généralement destinée à recevoir tout ce dont elle a besoin sans avoir l‟autorisation de sortir de la maison toute seule ni de faire quoi que ce soit.

A priori, dans la pratique cette belle position visiblement plus qu‟avantageuse est encombrante et nuisible pour l‟avenir de la fille. Comme le souligne le rapport national de développement humain, 2006 :

En effet, en raison de cette valeur inestimable reconnue à la femme, la société traditionnelle déploie des moyens impressionnants et sophis- tiqués pour la protéger des hommes et des démons attachés, par na- ture, à sa perte. Ainsi, dès son plus jeune âge, la jeune fille est soumise à une stricte étiquette, qui ressemble à une discipline stricte, dans sa

72 vie au foyer et hors du foyer, à l‟inverse du garçon abandonné à une totale liberté (...)45

Selon certains rapports de développement humain élaborer par le gou- vernement comorien et le PNUD stipule que la jeune fille à marier pour le grand mariage ne doit pas sortir sans justification rationnelle et urgente. Ses sorties doivent être orientées en fonction du temps, de l‟itinéraire, de l‟habit qu‟elle doit porter et surtout de la damme accompagnatrice.

Pour se déplacer, la jeune fille doit emprunter le chemin que fréquentent moins d‟hommes et à l‟aurore ou après le coucher du soleil portant des habits qui couvrent tout son corps hormis son visage, voilé et escorté par une dame de compagnie vigilante et sévère.

Figure 5 : Habit de la fille ainée pendant sa sortie

Source : Image disponible dans www.lesilesdelalune, juin 2017

Au foyer, elle est propriétaire de la maison familiale et jouit d‟une sécurité renforcée et rigide en prenant toutes les dispositions pour la soustraire au re- gard des passants. En principe, la fille ainée promise au grand mariage s‟abstient de toutes activités ménagères quelconques telles comme le souligne l‟une de notre documentation :

45 Rapport national de développement humain, Comores, 2006, p 58

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Pour la mettre à l‟abri des accidents domestiques, on la tient éloignée des cuisines et pour lui éviter aussi les désagréments des feux de cuisson, on lui évite toute activité comportant le moindre risque tels le nettoyage, la vaisselle, la lessive… Ces corvées pénibles sont confiées à la femme de ménage, à la mère et aux sœurs cadettes, qui ne bé- néficient pas les mêmes égards ni de la même considération. Nous pouvons même dire que par rapport à leur aînée, elles sont l‟objet d‟attitudes discriminatoires manifestes et reconnues comme telles.46

Ses dispositions sont prises pour un seul but : amener la jeune fille vierge pendant le mariage pour ne pas faire la honte de toute sa famille. En d‟autres termes, toutes ces prudences ont un seul objectif qui est d‟orienter la fille au mariage dans sa pureté absolue et sans contestation pour faire honneur à la famille. Sa mère sera récompensée lors du mariage des efforts fournis pour préserver l‟honneur de sa fille et celle de toute sa famille élargie.

Il y a environ quatre décennies, entre 1976-1978, la fille aînée est autori- sée à aller à l‟école, au travail, au concert, aux meetings, en voyage… sans être ni voilée ni accompagné à tout moment qu‟elle juge nécessaire. L‟égalité de genre durant cette période était parmi les priorités du gouvernement Soi- lihiste même si des traditionnistes nostalgiques et des chefs religieux le regret- tent amèrement. Il faut noter encore que la véritable rénovation n‟est ni l‟abandon du voile ni les mesures et pratiques discriminatoires et hostiles mais bien plutôt dans l‟acquisition de son autonomie et à la liberté pour faire face à son destin et avoir des lourdes responsabilités qu‟elle n‟est pas toujours prépa- rée à assumer. Exemple, ma tante était l‟un des maçons comoriens et ma mère l‟une des militaires révolutionnaires, des taches réservées jadis aux hommes.

Les autorités de l‟époque ont réorganisé le grand mariage et l‟orienté vers une diminution des dépenses. Ceux-ci ont joué un grand rôle pour l‟augmentation des revenus de ménage. Les Comores sont une société matrili-

46UNION DES COMORES, Rapport national de développement humain, Comores, 2006, p.58

74 néaire et le problème de la femme mérite d‟être cerné. Le problème lié au droit de la femme comorienne se repose sur les épaules de chacun de nous sans exception. En général, un homme se marie et vit chez sa belle-famille. Par con- séquent, les enfants ne connaissent que leurs cousins et cousines maternels par rapport à leurs cousines et cousins paternels.

En outre, dans cette famille maternelle, le rôle du père est très réduit, souvent remplacé ou même marginalisé par le rôle hégémonique de l‟oncle ma- ternel appelé « MDJOMBA ou MWANAGNA MMANGU ». C‟est ce dernier qui s‟occupe de la scolarisation, des besoins et la construction de la maison de sa nièce ainée et de ses sœurs y compris leurs éducations, les circoncisions des leurs fils, leurs enterrements, leurs mariages, etc.

L‟importance de l‟oncle maternelle est très considérable en grand Co- more que dans les autres iles sœurs. Ceux qui pensent au droit de la femme comorienne doivent aussi comprendre le droit de ses enfants lesquels se repo- sent, non seulement aux épaules de l‟oncle, mais également aux charges de son père, du grand frère sans omettre la famille élargie et de toute la société.

Contrairement à la plupart des femmes musulmanes, la femme como- rienne est propriétaire de la résidence familiale. C‟est dans ce contexte que nous pouvons définir, les systèmes matrilinéaires et matrilocaux qui détermi- nent la société comorienne dans son ensemble. Ce système l‟emporte sur la tradition et pratique de la religion musulmane qui impose le contraire. Les sys- tèmes matrilinéaires et matrilocaux donnent à la femme comorienne un léger avantage en cas de divorce. Étant donné que c‟est la femme qui garde le foyer conjugal en cas de séparation. Le mari après avoir abandonné sa femme sou- vent sans motifs valables, laisse les enfants sans protection ni ressources. Ces derniers seront pris en charge par son oncle maternel, son grand-père ou toute autre personne issue de la famille de la femme comme le témoigne Sandi, origi- naire de la grande Comores :

Mon beau-frère a divorcé avec ma sœur parce que cette dernière se disputait avec la sœur de son mari, chose qu‟il ne fallait pas faire, car la

75 belle famille est sacrée. Même s‟elle vous insulte, on ne doit pas ré- pondre. Il a laissé 6 garçons dont le plus petit avait 3 ans. Par rapport à cette situation, sans ressources, je me suis abstenu de toute relation quelconque pour m‟occuper de mes neveux et de ma sœur jusqu‟à ce qu‟ils grandissent (…) j‟ai épousé ma femme à l‟âge de 52 ans. J‟ai ac- cusé des retards pour mon mariage, car j‟ai voulais élever d‟abord les enfants de ma sœur, c‟est un devoir social que j‟ai accompli.47

La résidence conjugale est un souci familial dès qu‟une fille est née. Tout le monde se sent impliquer, oncle maternel, grand frère ou à défaut le père. Comme disait l‟anthropologue française, Sophie Blanchy « ces murs qui s’élèvent sont autant de fillettes qui grandissent ». Le nombre impressionnant de maisons en construction justifie cette affirmation, car à l‟intérieur ou autour des villes et villages en témoignent.

La situation de la femme comorienne à l‟étranger surtout sur le sol fran- çais est plus étonnante. Dans certaines grandes villes que nous avions visitées comme Marseille, Paris et Lion, le phénomène de domination masculine se manifeste aux mêmes titres qu‟aux Comores.

La réalité quotidienne que nous avons rencontrée à Marseille, à Nice et à Paris montre combien les femmes vivante ou née à la métropole sont plus ou moins soumises aux hommes comme celle résidant au bled (Comores). Elles doivent passer par l‟autorité et l‟éducation des hommes. Le poids de la tradition, de la religion mal interprétée suit le destin de la femme comorienne.

Dans une ville comme Marseille, les réunions publiques de la commu- nauté sont fréquentes et demeurent à nos jours l‟affaire des hommes. Parallè- lement à ce qui se passent aux Comores, les décisions relatives à la vie com- munautaire ou villageoise sont prises dans les places publiques ou à la Mos- quée, des espaces que la femme n‟a pas accès. La femme n‟a pas encore son droit à la parole à la cité.

47 Enquête personnelle, mars 2017

76

Néanmoins, malgré l‟implantation du système traditionnel introduit par la première vague de migrants, une nouvelle génération résiste tant bien que mal à cet état de fait. Les parents et les conservateurs des règles traditionnelles préfèrent mourir que de voir leurs descendants désobéissent les règles tradi- tionnelles. Beaucoup ont fait des crises cardiaques et certains s‟enferment dans leurs maisons pour ne pas affronter la honte sociale.

Ma tante a été victime d‟un AVC, il y a une semaine, car mon cousin a épousé une Française, declare un homme deséspéré. Sa mère voit presque impossible que son fils unique risque de ne plus effectuer le grand mariage (...), hélas, elle est décédée deux mois plutard.48

Notre étude nous montre que nous assistons à une diaspora qui se dé- veloppe à deux vitesses. D‟un côté celle qui essai de fusionner les deux cul- tures en vue de tirer la fine fleur par l‟éducation formelle et/ ou l‟éducation in- formelle et d‟autre coté, celle qui s‟accroche littéralement et radicalement à l‟orthodoxie et qui escamote toutes idées ou compromis pour l‟émancipation de la femme. L‟éducation formelle est l‟ensemble des méthodes de formation hu- maine ou de manière plus étroite, le processus survenant dans des institutions spécialisées appelés « école ». Elle est régie par la loi formelle qui existe dans une nation. L‟éducation informelle c‟est celle qui se focalise sur l‟hypothèse de l‟ambiguïté et le superflu du terme. Sa définition doit être se référée sur des no- tions d‟influence et d‟ambiguë qui peut être une source de connaissance des bons usages de la société.

Comme nous l‟avons évoqué plus haut, d‟une manière quasi systéma- tique, les femmes comoriennes sont sous représentés dans les instances de prise de décisions notamment dans les rencontres publiques et/ou communau- taires. Si les garçons restent toutefois encore dominants, les filles évoluent pro- gressivement vers la voie de leurs émancipations. Elles sont présentes et ac- tives, deviennent respectivement présidentes et vice-présidentes des associa-

48 Enquête personnelle, 24 juillet 2017

77 tions des étudiants ou militantes dans des ONG. Nous trouvons également des femmes faisant partie du conseil d‟administration d‟une organisation humani- taire.

Ce sont des exemples encourageants, observables sans cacher les diffi- cultés que traversent une bonne partie des femmes comoriennes venues re- joindre un conjoint en France qui en matière d‟intégration connaissent des diffi- cultés. Dans la plupart des cas, ces difficultés concernent le mari qui était pay- san, pécheur ou ouvrier, souvent analphabète. Cet homme aura du mal à s‟intégrer voire même de soutenir l‟intégration de sa femme. Enfin, à ces pro- blèmes communs s‟ajoutent aussi chez la femme comorienne vivant en France le poids des tâches ménagères qui restent uniquement féminines. 20%, des ménages enquêtés affirment avoir partagés les tâches ménagères avec leurs conjoints contre 80% pour les femmes toutes seules, malgré le fait qu‟ils vivent en occident. L‟image traditionnelle du chef de famille charismatique, symbolisé par l‟homme est loin d‟être atténuée en dépit des années passées en territoire français, pays présumé de droit et d‟égalités sociales.

Ici, ce concept retrace la responsabilité de l‟État sur la politique nationale de l‟éducation. Cette dernière devient un droit national et international inalié- nable. Il nous est très utile, car elle constitue la base même de notre thème d‟étude. Pour atténuer cette situation, ainsi, une intégration ou une émancipa- tion douce de la femme comorienne devrait passer par celle de son entourage masculin surtout son oncle maternel, son mari, ses frères entre autres.

Les Comores sont l‟un des pays ayant un taux de fécondité élevé au monde soit 5,1 enfants par femme. Quant à leurs enfants, c‟est essentiellement la mère qui éduque souvent par l‟absence totale du père, notamment pour des raisons de divorce, de polygamie, résidant à l‟étranger ou autres. S‟il y en a un des parents qui se « sacrifie » pour l‟éducation des enfants, c‟est bien la mère et non le père.

Pendant notre enquête, 3% des pères assure seul l‟éducation de leurs enfants suite au décès ou le départ volontaire de la femme. Nous devons tous

78 ou presque notre éducation à nos mères voire à nos grands-mères maternelles pour bien des cas49.

Le grand mariage pour ce qui concerne la Grande Comore et le mariage tout simplement pour le reste du pays, lui confère un honneur social qui fait d‟elle une femme respectée. Un respect qui est loin de rivaliser avec celui qu‟impose son conjoint, mais qui existe tout de même. Elle est aussi au centre de l‟honneur familial. A ce sujet, Sophie Blanchy, écris quelque part : « L’honneur des hommes, de la famille, est dans la vertu des femmes ». C‟est en ce sens qu‟elle est une source de déshonneur potentiel qu‟il faudra éduquer, surveiller pour éviter une situation plus qu‟embarrassante aux yeux de la socié- té. Elle est la gardienne de l‟honneur familial.

Cependant, si les avantages susmentionnés font passer les Comores pour une « oasis » et la femme comorienne pour une « chouchoute » vu le sta- tut général de la femme dans les sociétés arabo-musulmanes, ce système cou- tumier connaît aussi ses limites qui privent bien de droits à la femme como- rienne. Observons l‟enseignement par exemple. Depuis quelque temps, filles et garçons ont théoriquement les mêmes chances de réussir, car ils sont tous ou presque scolarisés en masse à l‟école primaire. Mais force est de constater qu‟arriver au lycée, la tendance se déséquilibre.

Le nombre des filles admises au baccalauréat est considérablement infé- rieur à celui des garçons. L‟entrée à l‟Université conserve évidemment cette tendance. Ceci quelles que soient les disciplines. Les raisons de cette disparité sont multiples. Mais la fondamentale et non la moindre, est l‟échec scolaire. Celui-ci s‟explique en partie par les responsabilités familiales qui lui incombent depuis son jeune âge (tâches ménagères, « baby-sitter », …) pendant que son frère aîné ou cadet n‟a aucune contrainte pour réviser ses leçons, faire ses de- voirs ou jouer avec ses camarades.

49 Enquête aout 2017

79

La fille comorienne serait victime de « trop d’amour » de la part de l‟homme comorien, pensent certains. Cet « excès d’amour » est véhiculé par le système traditionnel caractérisé notamment par ce fameux « grand mariage ». Un système coutumier en mal de réforme et qui en aurait pourtant bien besoin. Ce « grand mariage » élaboré par un système d‟inspiration féodale place la femme dans une situation plus critique. Nous lui imposons un système endo- gamique qui décide tout à sa place jusqu‟au choix de son conjoint, souvent fait par le père, le frère ou le puissant oncle maternel. Cependant, nous pouvons observer de nettes améliorations ces dernières décennies. Le régime révolu- tionnaire d‟Ali Soilih (1975-1978) par exemple, a donné la parole aux parias de l‟ancien système féodal, les jeunes et les femmes. Ceci a largement amorcé un début de transformation de la société. Cette mutation est certainement lente, mais irréversible. Rien ne semble l‟arrêter.

I.2.2.1 La polygamie et la femme comorienne

Nous allons mettre beaucoup d‟attention ici, car la majorité des femmes enquêtée dénonce cette pratique et l‟accepte encore parce que c‟est un ordre divin, une pratique sociale sans nier les conséquences.

La polygamie est perçue comme un phénomène énigmatique, exclusi- vement privé, régit par des règles coutumières, religieuses et draconiennes.

Bien que cela soit un fait erroné, l‟opinion commune assimile très sou- vent la polygamie à l‟Islam. D‟autres affirmaient que ce phénomène est dû aux caractéristiques du climat oriental. D‟autres encore ont vu dans ce phénomène une injustice de l‟homme, un asservissement de la femme. Ces théories non fondées et légères nous donnent un aperçu de l‟idée que se faisaient et se font ces gens de ce phénomène. Ainsi le système des « tours » propres à la vie des ménages polygamiques, et l‟impossibilité de négocier ces « tours » ou de les échanger, institue des barrières entre les couples formés par le mari sans l‟avis de ses épouses. Cette situation augmentant la frustration des femmes est con- damnable. Dans ce pays, il y a une opposition récurrente entre la tradition et la

80 modernité, entre le particulier et l‟universel, entre les droits de l‟homme et la diversité culturelle.

Contrairement aux autres pays qui ont légalisé la polygamie, les Co- mores, une société matrilinéaire, fait en sorte que l‟homme est hébergé sépa- rément chez ses femmes en pratiquant une méthode de résidence tour à tour, un système de partage de nuit par femme. Cette étude se base à démontrer et à dénoncer les souffrances que subissent les femmes comoriennes avec leurs enfants face à la polygamie.

La naissance de l‟Islam, en 610 de l‟ère chrétienne, a entraîné un boule- versement des mentalités dans toutes les différentes nations musulmanes de la planète. Cette religion née en Arabie Saoudite se propage en Asie, en Europe, en Afrique et voir même en Amérique, à travers les époques. Les Comores de culture africaine mélangée par les apports des nouveaux venus, les Arabes, les Européens et les Malgaches faits la particularité du système social comorien. Par le terme polygamie, nous désignons :

Toutes unions où le nombre de conjoints (hommes/femmes) dépasse un seul individu. Le premier mariage contracté par un individu est dit primaire, tous ses mariages subséquents étant des mariages sec- ondaires.50

Des gens mal intentionnés assimilent très souvent la polygamie à l‟Islam. Il est tout à fait normal d‟en croire pour ceux ou celles qui ont des connais- sances limitées à cette religion. L‟islam a autorisé la polygamie tout comme l‟église de Jésus de saint des derniers jours (les mormons). Les Comores, pays musulmans de la région de l‟océan indien ont prétendu que c‟est la religion mu- sulmane qui l‟a créée et l‟ordonnée. Nous pensons que la polygamie était prati- quée pour réduire les déséquilibres sociaux dus à l‟histoire de l‟islam. Nous ne sommes pas en mesure de porter un jugement sur des ordres divins, mais vu

50 ABDEREMANE Soilihi Djae. « Le-phenomene-de-la-polygamie-aux comores » in https://www.alterinfo.net ›

81 que ce sont les hommes qui font la guerre, il peut y avoir plusieurs veuves et femmes célibataires.

Sa pratique de nos jours, nous laisse dire que ce phénomène n‟est autre qu‟une injustice de l‟homme, un asservissement de la femme. Si un homme suspecte sa femme d‟avoir eu des relations avec un autre, il se trouve dans tous ses états. Qu‟en est-il de la femme, consciente que son mari se trouve dans un autre toit avec une autre femme avec la possibilité de faire l‟acte in- time ? N‟a-t-elle pas un cœur pour avoir mal ? Comment les hommes como- riens inculquent la polygamie dans les cerveaux des femmes pour que ces der- nières soient consentantes ? Que fait le législateur comorien pour endiguer cette pratique.

Sachons que la position de la femme comorienne musulmane est deve- nue un sujet préoccupant et surtout sensible pour la communauté internationale et les organismes de défense de droits de l‟Homme.

Notre soucie réside sur le fait que la polygamie porte atteinte aux droits et à la dignité de la femme. Elle met celle-ci dans une position inférieure en ne respectant pas le principe d‟égalité entre l‟homme et la femme prôné par la Charte des Droits de l‟Homme des Nations Unies paraphée par l‟Union des Comores. Certes, des pays musulmans ou en majorité musulmans dirigés par des régimes fondamentalistes n‟hésitent pas à bafouer les droits de la femme ainsi que la liberté religieuse des minorités.

Le cas de l‟union des Comores, les victimes comme les agresseurs ac- ceptent cette situation en évoquant des raisons divines. Pour justifier leurs abus, les hommes comoriens se voient attribuer des pouvoirs que le Coran ne les a pas attribués. Ces gens ont traduit les principes religieux à leurs avan- tages et ont facilité la lecture du Coran en leurs visées idéologiques qui nient toute notion de droit et de liberté humaine.

Cette image peu honorable continue à se rependre dans l‟ensemble du territoire et dénigre la place et les droits que l‟Islam accorde à la femme. Rares sont les personnes qui arrivent à faire le distinguo entre la véritable place ac-

82 cordée à la femme musulmane par le Coran et l‟interprétation abusive qu‟en font certains religieux fondamentalistes comoriens acharnés.

Ainsi, la vie conjugale des Comoriens prend une autre tournure vis-à-vis de ce qui a été dit auparavant entre autres la polygamie. Mais la question qui se pose est pourquoi maintenant que nous nous sommes rendu compte de cet abus d‟interprétation, la polygamie demeure encore et toujours ?

Notre étude se consacre de trouver une solution aux désagréments psy- chosociologiques de la polygamie en dénonçant l‟inertie des autorités politiques et religieuses. Diverses explications des fondements de cette dernière y sont données et sont généralement classées en quatre catégories.

Jadis, la polygamie s‟explique pour sa portée économique par le fait que les hommes cherchent à accroître le nombre de femmes et d‟enfants suscep- tibles de travailler pour eux contrairement aujourd‟hui les couples cherchent à faire du planning familial pour augmenter le revenu des ménages. L‟explication politique pour qui la polygamie présente un moyen de préserver le pouvoir des aînés sur les cadets. Les hommes âgés et les notables mènent une politique de multiplier les femmes pour avoir des enfants ainés pour chaque femme afin d‟accroitre ses pouvoirs sociaux.

L‟explication d‟ordre sexuel et reproductif prend en considération l‟interdiction dans laquelle se trouvent les femmes d‟avoir des rapports sexuels pendant qu‟elles allaitent. Les femmes qui ont une fréquence élevée d‟accouplement, de se trouver chez l‟autre femme en cas de cycle mensuel de l‟une des épouses. La polygamie est alors un moyen de pallier la frustration sexuelle. Enfin, l‟explication religieuse est prise en compte au fait que l‟Islam est la religion dominante. Ces trois types d‟explications ne coexistent pas, et en ce qui concerne le cas de notre étude seule les deux dernières causes sem- blent se vérifier.

L‟origine de la polygamie dans le pays est certainement due à l‟Islam mal compris. Nous ne traiterons pas spécialement des fondements de la polygamie, nous sommes plutôt intéressés par le comment de la polygamie : comment les

83 valeurs et les normes comoriennes contribuent plus que la religion, à asseoir cette coutume par le biais de la socialisation des jeunes filles et des garçons.

La voix de la communauté internationale se fait entendre ici et là pour que nous abolissons la polygamie. Nous pensons fermement que les concer- nés, surtout les femmes mariées à des hommes polygames doivent participer au débat et apporter leur réponse quant à cette question récurrente. Car, elles plus que personne d‟autre, savent ce qu‟elles veulent vraiment, si bien sûr le choix existe. D‟où notre volonté de leur donner la parole, par cette étude, pour qu‟enfin la narration de leurs expériences puisse leur permettre de sortir de l‟ombre.

Pour mettre un terme à ces explications, sachons que l‟union des Co- mores est le seul pays de la région de l‟océan Indien où des multiples violations de droits de la femme sont constatées telles que : légalisation de la polygamie, mariage forcée et/ou précoce, l‟exclusion de la femme dans les espaces de prise de décision relative à la vie communautaire ou villageoise. Ainsi, des vio- lences physiques, psychologique et voir même économique envers les femmes entre autres reste monnaie courante hormis pendant la révolution de 1976/1978 où homme et femme était sur les mêmes pieds d‟égalité en droit et devoir.51

Il est temps de lutter contre les violences faites aux femmes par la poly- gamie. Dans le contexte de développement humain, l‟égalité de genre dévient une dimension plus fondamentale dans la mesure où elle est partout objet de préoccupation de plusieurs États et de la communauté internationale. Quant à l‟intérêt de notre étude, à nos jours, l‟approche adoptée pour prendre en compte les intérêts de la femme et des enfants a fortement évolué. Le statut social de la femme se trouve naturellement régi par les traditions, et les coutumes, mais fortement influencé par la religion. Toutes les filles reçoivent dans leur plus tendre enfance une éducation religieuse. Elle apprend à lire et à écrire le Coran

51 Abderemane Soilihi DJAE, Promouvoir l’égalité homme femme dans le développe- ment humain aux Comores. [Mémoire de Master II], IMD Malagasy Mahomby Fiana- rantsoa, 2011, p. 163.

84 et apprend à respecter les principes de l‟islam sous la bienveillance des pa- rents, et plus tard de leur mari. A sa majorité, elle est appelée à recevoir des droits beaucoup plus importants. Ce qui demande une attention plus particu- lière. Ces droits sont nombreux entre autres dans le mariage ou dans la disso- lution de l‟union conjugale.

Pour commencer, il est important de signaler que la polygamie n‟est pas le fait de hasard, mais elle a sa raison d‟être particulière, y compris cette cause traditionnelle que nous allons voir ci-après. Les hommes, la polygamie surtout pour avoir beaucoup des enfants ou des alliés conformément à la bénédiction africaine. Concernant les causes nouvelles de la polygamie, nous pouvons citer trois points essentiels.

Premièrement, l‟évolution de la publicité pornographique sur les mass médias ou sur une autre information publicitaire augmente le besoin sexuel. Ensuite, pour les riches, l‟Internet offre des possibilités de voir des images ou des programmes pornographiques, alors que cela pousse les gens à l‟attirance sexuelle.

Deuxièmement, de nos jours, la polygamie peut être causée par le désé- quilibre entre les deux sexes52. D‟après MIC 2000, les femmes comoriennes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes. Alors les garçons veulent avoir plusieurs femmes.

Troisième et dernière cause est le désaccord du couple sur le nombre d‟enfants sollicités. La femme après avoir pratiqué une ou des méthodes con- traceptives est devenue stérile. Alors, le mari décide d‟avoir des enfants, prend une ou deux autres femmes, mais d‟une manière conventionnelle ou unilaté- rale. Tout cela peut inciter le mari à pratiquer la polygamie.

Nous avons choisi d‟introduire la polygamique dans notre étude, car en réalité, elle a des multiples conséquences psychosociologiques et pourrait dété-

52 La polygamie et la femme dans l‟Islam » in http ://www.firdaous.com/00750-la- polygamie-et-la-femme-dans-l-islam.htm

85 riorer la santé de la femme. Vivant dans un pays musulman le mariage plural pour nous est monnaie courante.

L‟intérêt de cette section est de prendre l‟institution polygamique comme un problème majeur qui a été suscité non seulement l‟environnement social de notre pays, mais aussi par le fait qu‟elle ne laisse personne indifférente. Les chercheurs, les autorités politiques, les religieux, les médias étrangers de tous bords restent sensibles au problème.

Il n‟est pas surprenant de voir un chercheur porter un regard sur sa propre société. Certes, un chercheur peut toujours porter un regard au-delà de ses frontières. Actuellement, nombreux sont les champs de recherches portant sur les Comores qui restent vierges, inexploités. Peu d‟écrits portent sur l‟analyse de la société comorienne surtout en ce qui concerne la femme, la so- ciété et la religion. Des conséquences de la polygamie en matière de santé de la femme

En principe, la situation de polygame est toujours très mal vécue par la femme qui se voit imposer ce choix par la société comorienne. Que dire alors de la situation de l‟épouse du polygame ! La polygamie peut être un vecteur de maladie sexuellement transmissible, car si une des conjointes est malade, les autres risquent de l‟avoir aussi.

C‟est le cas par exemple de Sandia résidante à Mayotte, hospitalisée à HJRA nous explique ceci :

Mon mari a quatre femmes, je suis la deuxième (...), il passe souvent son temps chez la quatrième qui est plus jeune que nous. Il ne nous donne rien pour subvenir aux besoins de nos enfants (...) depuis que je suis ici il y a 27 jours pour une MST guérissable, le médecin traitant me dit que pour que la maladie ne récidive pas, il faut aussi que mon mari suive un traitement. Ce dernier refuse et je pense m‟enfuir, car la loi

86 musulmane donne les pleins pouvoirs à l‟époux pour divorcer sans procédure"53.

En territoire Maoré, malgré le statut de département français, le mariage plural est monnaie courante. Les principales victimes parmi les coépouses sont les comoriennes issues des trois autres iles et des malgaches. Une compétition pour ne pas dire une guerre entre les coépouses est engagée en permanence. Elles se livrent à des insultes permanentes et au maraboutage. Seule la pre- mière épouse est reconnue par la loi française et les autres mariages célébrés par des chefs religieux et le partage des nuits n‟inquiètent les autorités fran- çaises. Pour le cas de Sandia, elle a fini par quitter Mayotte.

En d‟autres termes et malgré tous les efforts déployés par l‟État pour améliorer la vie sociale des Comores, la polygamie comme la pauvreté posent problèmes très délicats dans le pays. Pour cela, le rôle de la sensibilisation et de l‟éducation reste un meilleur atout dans la lutte contre les inégalités sociales en général et la polygamie en particulier.

Nous pouvons affirmer que la polygamie n‟est pas du tout bonne, par ce qu‟il y a des conséquences que nous rencontrons dans certains foyers. Quand l‟homme épouse deux ou trois femmes, quand il meurt, les femmes font du ma- raboutage pour détruire la vie des enfants de leurs coépouses.

Comme toujours, le grand complice reste et demeure le père de famille, qui n‟arrête jamais son jeu de cache -cache d‟amour. Gérer plusieurs femmes et des enfants et accepter de partager son époux avec d‟autres n‟est pas aussi simple. Certaines femmes que nous avons rencontrées préfèrent le divorce. Certains hommes usent du droit que leur confère la religion, pour prendre plu- sieurs femmes sans se soucier des conséquences nuisibles à l‟égard de ses femmes et des enfants. Lors de nos travaux sur le terrain, Les personnes en- quetées nous ont toujours dit que le phénomène de la polygamie a des causes.

53 Enquête de l‟auteur, juin 2017

87

Nous pratiquons la polygamie dans le but d‟améliorer son avenir et de protéger ses biens. Paradoxalement, sa pratique peut entraîner un conflit, car il n‟y a pas toujours égalité entre les gens de la société familiale. Comme nous l‟avons expliqué précédemment, l‟homme qui pratique la polygamie a une pre- mière épouse, c‟est-à-dire la première épouse possède toute l‟autorité sur tous les biens du ménage. Les fils de cette femme héritent de son autorité et ils né- gligent et sous-estiment la valeur des autres fils de leur père. Si les fils de la première épouse sont égoïstes et avares, ils profiteront des autres enfants de leur père et voleront ses propres demi-frères. De cela engendre alors une dis- pute sur le partage de l‟héritage ou des biens familiaux ou encore plus du pa- trimoine familial, alors la famille tombe toujours dans la misère.

Dans le cas où, la seconde ou énième épouse est issue d‟une autre loca- lité, village ou ville ou autre pays comme Madagascar par exemple, cette der- nière ne jouit pas des mêmes considérations envers la communauté de son époux. Ses enfants sont dépourvus de tous héritages...

Liste des pays dont la loi interne autorise la polygamie :

Afghanistan, Algérie, Angola, Arabie Saoudite, Bahreïn, Bangladesh, bé- nin, Birmanie, Brunei, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Centrafrique, Co- mores, Congo, Djibouti, Égypte, Émirats Arabes Unis, Gabon, Gambie, Guinée équatoriale, Indonésie, Irak, Iran, Jordanie, Kenya, Koweït, Lesotho, Laos, Li- ban, Libéria, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Nigeria, Oman, Ouganda, Pakis- tan, Qatar, Sénégal, Somalie, Soudan, Sri Lanka, Swaziland, Syrie, Tanzanie, Tchad, Togo.

Source : C I C A D E : Centre pour l’Initiative Citoyenne & l’Accès au(x) Droit(s) des Exclus in http : //www.cicade.org/

I.2.2.2 De la polygamie au divorce

Une des conséquences profondes de cette situation de déstabilisation du mariage est la polygamie. Cette liberté est accordée à l‟homme par le code de

88 la famille de faire et de refaire le mariage sans être soumise à aucune règle de procédure.

Comme dans d‟autres sociétés musulmanes, la polygamie s‟est beau- coup développée, mais contrairement à ce que dit le Coran, l‟homme peut se marier jusqu‟à quatre femmes à condition de les traiter de la même façon, d‟une manière équitable.

Le code de la famille comorienne accorde à la femme un rôle prépondé- rant au sein de l‟institution familiale. Mais cette importante identitaire dévolue à celle-ci se trouve diminuer par le fait qu‟elle ne détient pas les moyens finan- ciers correspondants et son pouvoir n‟est que symbolique et protocolaire. Ce- pendant, face à tous ces problèmes de ménages, en cas de divorce, la femme d‟aujourd‟hui se livre à elle-même pour lutter contre les discriminations à son égard. Le divorce est la décision prise par le seul époux de se séparer de son épouse selon l‟article 57 Code de la Famille comorienne.54

Le taux de divorce est très élevé sur l‟ensemble du territoire de l‟union des Comores. Le comble est que souvent, en répudiant la femme, l‟homme se débarrasse en même temps des enfants qui retombent du coup sur la charge de la mère ou de la grand-mère avec leurs maigres ressources.

Les conséquences négatives de ce comportement sont énormes, mais la société semble ne pas apprécier leur impact réel si elle ne les accepte pas comme étant tout simplement une fatalité. Des jeunes femmes victimes du di- vorce se trouvent dans l‟obligation de se remarier rapidement par le premier homme qui se présente pour éviter une honte sociale.

L‟inconvénient de la polygamie n‟est pas seulement familial, il y a aussi des conséquences au niveau social. Elle (polygamie) est une source de ségré- gation. En outre, toutes les activités des autres enfants que ceux de la première femme sont guidés par les fils de la première femme.

54 Article 57 Code de la Famille comorienne

89

Nous aimerons clore cette section, en disant que la monogamie n‟est pas la seule forme d‟union convenable. Comme nous l‟avons vu, beaucoup de filles choisissent volontairement de s‟engager dans des unions polygamiques. Du moment où la polygamie est choisie par la femme, où elle est voulue, pourquoi lui enlever cette liberté ? Cette situation d‟inégalité de traitement et considéra- tion met en danger la vie de la femme et de son enfant et contribue largement à l‟altération du développement humain et social du pays.

90

I.3 DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ET DE LA PAUVRETÉ

L‟IDH est une unité de mesure de la richesse d‟une nation utilisé le plus souvent des indicateurs statistiques élaborés à partir de données réelles et physiques quantifiables tels que produit intérieur brut, produit national brut, solde de la balance commerciale ou de la balance des paiements, etc. L‟indice de développement humain (IDH) s‟efforce, quant à lui, de mesurer le bien-être des populations et d‟intégrer dans la mesure du niveau de vie par pays des va- riables telles que le taux de mortalité infantile, l‟espérance de vie à la nais- sance, l‟accès à l‟enseignement et le taux d‟alphabétisation.

Par contre le développement humain et social recouvre la quête d‟un dé- veloppement qui garantis l‟amélioration du bien-être humain déterminé par des caractéristiques personnelles comme l‟éducation, la santé, les libertés indivi- duelles et collectives par la cohésion sociale, le niveau et la répartition des ri- chesses locales.

Nous pouvons résumer ceci comme suite : le développement humain est fondé sur quatre axes essentiels :

 Vivre longtemps et en bonne santé.

 Accéder au savoir dans ses différentes dimensions.

 Disposer de ressources matérielles suffisantes pour mener une vie décente.

 Participer librement à la vie communautaire et publique.

Selon l‟ONU, dans son article I de la Déclaration sur le Droit au dévelop- pement de l‟Assemblée Générale du 4décembre1986 :

Le droit au développement est un droit inaliénable de l‟Homme en vertu duquel toute personne humaine et tous les peuples ont le droit de par- ticiper et de contribuer à un développement économique, social, cul-

91 turel et politique dans lequel tous les droits de l‟Homme et toutes les libertés fondamentales puissent 55

Selon le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) :

Le principal objectif du développement humain est d‟élargir la gamme des choix offerts à la population, qui permettent de rendre le dé- veloppement plus démocratique et plus participatif. Ces choix doivent comprendre des possibilités d‟accéder aux revenus et à l‟emploi, à l‟éducation et aux soins de santé et à un environnement propre ne pré- sentant pas de danger. L‟individu doit également avoir la Possibilité de participer pleinement aux décisions de la communauté et de jouir des libertés humaines, économiques et politiques.56

Nous allons voir dans ce chapitre, l‟IDH aux Comores, des conditions de vie de la population, des caractéristiques de développement humain, de la femme et la pauvréte, de la situation économique de la femme après le divorce et des difficulties de la femme rurale dans l‟exercice de son métier.

I.3.1 L’IDH aux Comores L‟élaboration de cet indice, apparaît dans les statistiques annuelles du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) depuis 1990. Selon le prix Nobel d‟économie en 1998 Amartya Sen, l‟IDH est composé de trois indicateurs : la longévité mesurée par l‟espérance de vie à la naissance,le taux d‟alphabétisation des adultes et le niveau de vie mesuré par le PIB par habitant, chacun d‟eux étant calculé dans un premier temps en fonction de l‟écart existant entre un minimum et un maximum déterminé au

55 ONU, dans son article I de la Déclaration sur le Droit au développement de l‟Assemblée Générale du 4décembre1986 56 ONU, dans son article I de la Déclaration sur le Droit au développement de l‟Assemblée Générale du 4décembre1986

92 niveau mondial, puis intégré dans une moyenne arithmétique de ces trois éléments., La mesure de l‟espérance de vie se calcule par exem- ple comme suit: 57le minimum défini est de 25 ans ; le maximum défini est de 85 ans ; l‟écart entre les deux est de 60 ans ; une année d‟espérance de vie supplémentaire au-delà du minimum vaut 1/60e, soit environ 0,0167;58

Un pays où l‟espérance de vie est de 75 ans est alors affecté d‟un coeffi- cient qui résulte de l‟opération suivante : 0,0167 × (75-25), soit 0,835. Le résultat ainsi obtenu est interprété selon une grille de lecture qui attribue aux résultats supérieurs à 0,8 la mention « élevée », les résultats « moyens » étant ceux situés entre 0,799 et 0,5.59

Il s‟agit d‟un indicateur ou indice composé mesurant la qualité de vie moyenne d‟une population d‟un pays.60 En principe, il tient compte trois dimen- sions du développement humain. Tout d‟abord, la possibilité d‟avoir une longue vie et en santé en se basant sur l‟espérance de vie à la naissance. Ensuite, le taux et le niveau de scolarisation, évalué à partir d‟un taux d‟analphabétisme et de la fréquentation des différents niveaux du système scolaire. Enfin, une norme de vie, calculé à partir du produit intérieur brut (PIB) par habitant en te- nant compte de la parité du pouvoir d‟achat (PPA).

Pour le cas des Comores, la population mène des conditions de vie qui se détériorent progressivement. Le taux de natalité de la population dépasse le 26,9 par 1000 habitants et un taux de mortalité de 7,4 décès par 1000 et le taux de mortalité maternelle de la population est de 335 décès par 100 000 nais-

57 Mahbub UL HAQ et Amartya SEN « Rapports mondiaux sur le développement hu- main ». 1990 mise à jour en 2011, in http://ise.unige.ch/isdd/spip.php?article174 58 Ibidem 59 DÉVELOPPEMENT HUMAIN, INDICE DE (IDH)-Senrevision-Cours In https ://senrevision.com/lessons/developpement-humainindice-de-idh/ 60 Http : //perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/COM/fr/SP.POP.IDH.IN.html in Indice de développement humain (IDH), Comores

93 sances vivantes si nous nous se réfèrons à une étude menée en 2015 par la banque mondiale.

Selon le Plan-cadre des Nations Unies pour l‟Aide au Développement, le pays se trouve parmi les Etat les plus densément peuplés au monde avec comme âge moyen de sa population de 21 ans. Les jeunes de moins de 20 ans sont évaluées à 53% avec une domination féminine qui est légèrement supé- rieure de la moitié de la population totale. La population comorienne vie majori- tairement dans le milieu rural, à 67%61.

I.3.2 Conditions de vie de la population Les conditions de vie de la population se détériorent progressivement ses dernières années. Exemple, en 2012, le rapport national de suivi des OMD montre que 45,5% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté alors qu‟en 2004 elle était de 44,8%. L‟Union des Comores est placée au 169e rang sur 187 pays avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,429 et a reculé de neuf places depuis 1990. Les Comores figurent parmi les pays à bas revenus avec un PIB de 680 US Dollars par habitant62.

En 2010, nous avons estimé à 117 millions US dollars, les envois de fonds de la diaspora vers les Comores, un montant qui correspond à environ 24% du PIB. Selon le recensement Général de la Population et de l‟Habitat (RGPH) de l‟union des Comores a chiffré une supériorité numérique des femmes sur les hommes. Ceux-ci s‟expliquent par un taux de natalité élevé des enfants de sexe féminin que masculin d‟une part et un taux de mortalité en baise chez les femmes que d‟hommes d‟autre part.63

Le biologiste, Dr Ismaël Chakir nous révèle que les garçons âgés de 0 à 8 ans résistent moins aux maladies comme le paludisme que les filles. En plus

61 Plan-cadre des Nations Unies pour l‟Aide au Développement Union des Comores 2015-2019, aout 2014, p9. 62 Rapport national de suivi des OMD, op.cit 63 RGPH

94 ajout-il, Nous constatons plus des vieilles femmes que des vieux hommes dans la quasi-totalité des villages et villes comoriens.

Selon le rapport national de développement humain 2006 :

La supériorité numérique de la population féminine sur la population masculine se retrouve sur l‟ensemble des îles sauf à Mohéli où les hommes sont plus nombreux que les femmes. »64

Voir le tableau suivant :

Tableau 1 : Répartition de la population suivant le sexe et le lieu de rési- dence

Ile MASCULIN EN% FÉMININ EN% NGAZIDJA 49,4 50,6 MWALI 51,3 48,7

NDZOUANI 49,7 50, 3

Source : RGPH 2003

Nous nous sommes toujours interrogés sur le cas de Mohéli qui fait l‟exception à la généralité des autres iles. Cela s‟explique par le fait que l‟île est exposée à une immigration principalement masculine en provenance des autres îles sœurs.

L‟archipel des Comores montre un état matrimonial qui varie selon les sexes. La polygamie et tous les autres facteurs sociaux ont pour conséquences de générer plus des femmes mariées soit 50,3% que d‟hommes mariés soit 45,9%. Pour les mêmes démonstrations, nous comptons encore plus de femmes divorcées et de veuves soit 13% que d‟hommes divorcés et veufs soit 3,4%.65

64 RGPH 2003 65 MIC 2012

95

Notons qu‟un polygame qui divorce avec l‟une de ses épouses reste tou- jours en union ainsi qu‟un un polygame qui meurt laisse plusieurs veuves. Con- trairement, les mariages précoces des femmes et les piliers du grand mariage qui retardent le mariage des hommes, font que les hommes célibataires sont plus nombreux que les femmes célibataires. L‟âge moyen au premier mariage est plus élevé chez les hommes que chez les femmes. A Anjouan par exemple, la plupart des femmes enquêtés sont mariées à un âge qui varie entre 17 et 23 ans sans compter les mariages accidentels des adolescents.

A Ngazidja, le phénomène est paradoxal. Les femmes sont mariées à un âge précoce souvent sans connaitre le mari ou à un âge tardif pour attendre le grand-mariage. Certaines atteignent la ménopause avant de contracter son premier mariage. A titre de rappel, la population comorienne est estimée en 2016 à 794.678 habitants. Elle est repartie selon l‟âge et le sexe dans le ta- bleau ci-après.

Tableau 2 : Répartition de la population par âge et par sexe

Population totale de l’Union des Comores en 2016 : 794.678 habitants Catégorie d’âge effectif hommes femmes 0-14 ans 40,1% 158.809 159.840 15-24 ans 19,23% 73.947 78.831 25-54 ans 32,58% 122.936 135.962 55-64 ans 4,21% 14.850 18.611 65 ans et plus 3,89% 14.321 16.571

Source : https://www.indexmundi.com › comores › repartition_par_age, amélio- ré par l‟auteur Selon ce tableau, les femmes sont numériquement supérieures aux hommes dans chaque catégorie d‟âge. La catégorie de personne entre 25 à 54 ans constitue la tranche la plus élevée. La croissance démographique de l‟union des Comores augmente de plus en plus avec un taux de croissance de 1,71% en 2016.

96

Le Taux de natalité de la population est 26,9 naissances par 1.000 habi- tants dans la même année et le Taux de mortalité est de 7,4 décès par 1.000 habitants.

97

Tableau 3 : Taux de mortalité infantile par sexe

61,8 décès par 1.000 naissances normales Total Hommes Femmes 72,2 dé- 51 dé- cès/1.000 cès/1.000

Espérance de vie à la 64,2 ans 61,9 ans 66,6 ans naissance

Taux d’alphabétisation Population to- 81,8% 73,7% tale : 77,8%

Source : https://www.indexmundi.com › comores › taux_de_mortalite_infantile, amélioré par l‟auteur

Le taux de mortalité infantile est plus élevé chez les hommes que chez les femmes et le taux de mortalité maternelle de la population comorienne est tres élévé.

Le taux d‟alphabétisation des personnes âgé 15 ans et plus qui savent lire et écrire constitue 77,8% de la population totale dont les hommes représen- tent 81,8% contre 73,7% des femmes en 2015. Le solde budgétaire des Co- mores était déficitaire soit 1,2% du PIB en 2013 selon le FMI et sa balance commerciale était aussi déficitaire en 2015 -220 M€66.

Selon le rapport du Doing Business 2017, le pays se place au 153e sur 190. Les principaux clients des Comores est la France avec 13% des exporta- tions selon le FMI, en 2014, derrière la Chine à 14,6%), le Pakistan à 13,9%) et devant l‟Algérie 11,7% selon les données du FMI en 2014. La situation écono- mique reste précaire. Les Comores font partie des pays les moins avancés

66 L'archipel des Comores : milieu insulaire et géopolitique - Tel Archives ...https ://tel.archives-ouvertes.fr › tel-01875024 › document

98

(PMA), 45% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, et figurent au 159e rang sur 187 en termes d‟indice de développement humain (2015).67

I.3.3 Caractéristiques du développement Humain Comme indiqué dans le premier chapitre, le développement humain n‟est pas seulement l‟accumulation de richesses et de revenus, il est aussi le reflet des possibilités offertes aux hommes et aux femmes d‟améliorer leurs condi- tions de vie et de satisfaire leurs besoins essentiels.

La notion de pauvreté monétaire et de revenu par tête s‟avère insuffi- santes pour mesurer le bien être d‟un individu. La notion de développement humain traduit les possibilités offertes à chaque individu de pouvoir :

- Vivre longtemps et en bonne santé

- Acquérir un savoir faire

- Disposer de ressources nécessaires pour jouir d‟un niveau de vie conve- nable.

Le niveau de Développement humain est mesuré par l‟Indicateur de Dé- veloppement Humain (IDH) qui est un indice synthétique calculé à l‟aide de trois autres indices qui sont :

- L‟Indice de l‟espérance de vie à la naissance

- L‟indice du niveau d‟instruction, qui comprend le taux d‟alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation combiné (primaire, secondaire et su- périeur)

- L‟Indice du PIB par habitant exprimé en dollars de parité de pouvoir d‟achat (PPA) de manière à annuler le différentiel d‟inflation entre les États-Unis et le pays considéré.

67 Présentation de l‟Union des Comores, Données générale in https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/comores/presentation-de-l-union- des-comores

99

L‟IDH permet de comparer les niveaux de développement de tous les pays du monde. Ce qui permet de classer les Pays en trois catégories selon le niveau atteint par l‟IDH.

Les pays dont l‟IDH est supérieur à 0.80 sont classés dans la catégorie des nations à développement humain élevé, alors que ceux dont l‟IDH est compris entre 0,50 et 0,80 sont dans celle des pays à développe- ment humain moyen et ceux dont l‟IDH est inférieur à 0,50 se retrouvent parmi les pays à développement faible.Le principal objectif du développement humain est d‟élargir la gamme des choix offerts à la population, qui permettent de rendre le développement plus démocra- tique et plus participatif68.

Ces choix doivent offrir des possibilités d‟accéder aux revenus et à l‟emploi, à l‟éducation et aux soins de santé et à un environnement propre ne présentant pas de danger. L‟individu doit également avoir la Possibilité de parti- ciper pleinement aux décisions de sa communauté et de jouir des libertés hu- maines, économiques et politiques.

En se référant au Rapport Mondial sur le Développement humain de 2006, les Comores ont en 2003 un IDH 1,83 fois supérieure à la moyenne des IDH des trois pays classés derniers au sens de l‟IDH et 1,75 fois inférieure à la moyenne des IDH des trois pays classés premiers au sens de l‟IDH. Dans l‟Océan Indien, l‟Union des Comores en 2003 faisait mieux que Madagascar en matière de développement humain, mais est loin derrière Maurice et les Sey- chelles. En 2011, les Comores ont un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,433 avec une espérance de vie à la naissance de 61,1 ans. Le pays est classé au 163ème rang mondial dernière ses voisines, iles de l‟Océan indien69.

Les Comores, en 2016, se situaient au 160e rang sur 188 pays du clas- sement de l‟indice de développement humain de l‟ONU. Ils doivent essentielle-

68 https ://www.wathi.org › Wathinote changements climatiques 69 PNUD, « Genre et développement humain ». Comores, 2006, op.cit

100

ment lutter contre la famine, la malnutrition, le chômage, les violences basées sur le genre entre autres. Pour comprendre la situation de l‟IDH des Comores, nous allons voir une étude comparative avec les autres pays du monde.

Tableau 4 : Évolution de l’IDH (Indice de développement humain) des Co- mores

Données Date de l’information

0.50 2014

0.49 2013

0.49 2012

0.48 2011

0.48 2010

0.47 2009

0.47 2008

0.47 2007

0.46 2006

0.46 2005

Source : https ://www.agenceecofin.com/economie/2712-34784-le- classement-des-pays-africains-d-apres-le-nouveau-rapport-du-pnud-sur-le- developpement-humain

Depuis 1990 le PNUD, (Programme des Nations Unies pour le dévelop- pement), a mis en place un l‟indice de développement humain qui se base sur trois critères. Il s‟agit e d‟une étude basée sur le niveau de vie mesuré par le PIB par habitant, de la santé mesurée par l‟espérance de vie à la naissance et l‟éducation mesurée par le taux d‟alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation.

101

Parmi les pays de la région, les Seychelles se place en tête du classe- ment des pays africains en matière d‟indice du développement humain (IDH) selon le PNUD. Cet archipel faisant partis la COI (commission de l‟océan In- dien) occupe le 63è rang mondial sur les 188 pays, selon l‟agence Eofin.

Dans le continent africain, trois pays sur cinquante-quatre se classer parmi les pays développés ou high development en anglais. Il s‟agit de l‟ile Maurice, des Seychelles et de l‟Algérie.Par contre, quatorze du continent se placent parmi les pays moyennement développés, parmi lesquels la Tunisie (5e), le Gabon (8e), le Maroc (11e) ou encore le Congo (13e). Parmi les pays peu développés, nous noterons tout de même le classement peu glorieux de la Côte d‟Ivoire (37e) en dépit de son insolente réussite économique.70

Malheureusement, un bon nombre important de pays africains présen- tent des valeurs négatives qui dénoncent l‟ampleur des inégalités sociales dont souffrent ces pays. Au niveau mondial, la Norvège, l‟Australie et la Suisse prennent les trois premières places sur 188 pays. Les États Unis d‟Amérique occupent la 8e par contre la France, la Russie, le Brésil, la Chine et l‟Inde se classe respectueusement 22e, 50e, 75e, 90e, 130e du tableau mondial.

70 Le Point, « L'actualité économique ». In https ://www.lepoint.fr › Économie

102

Tableau 5 : Classement de l’IDH des pays africains

Rang RNB/habitant moins Rang mon- Pays Afrique IDH dial 1 Maurice 0 63 2 Seychelles -19 64 3 Algérie -1 83 4 Libye -19 94 5 Tunisie 1 96 6 Botswana -41 106 7 Egypte -12 108 8 Gabon -42 110 9 Afrique du Sud -29 116 10 Cap-Vert -1 122 11 Maroc -8 126 12 Namibie -21 126 13 Congo -14 136 14 Guinée équatoriale -84 138 15 Zambie 2 139 16 Ghana -1 140 Sao Tomé-et- 17 Principe 8 143 18 Kenya 9 145 19 Angola -30 149 20 Swaziland -25 150 21 Tanzanie 8 151 22 Nigéria -24 152 23 Cameroun -1 153 24 Madagascar 24 154 25 Zimbabwe 13 155 26 Mauritanie -14 156 27 Comores 16 159

103

28 Lesotho -16 161 29 Togo 17 162 30 Rwanda 11 163 31 Ouganda 6 163 32 Bénin 0 166 33 Soudan -27 167 34 Djibouti -22 168 35 Soudan du Sud -9 169 36 Sénégal -8 170 37 Côte d‟Ivoire -24 172 38 Malawi 13 173 39 Éthiopie 2 174 40 Gambie -2 175 41 Congo (RDC) 11 176 42 Libéria 7 177 43 Guinée-Bissau -1 178 44 Mali -8 179 45 Mozambique 1 180 46 Sierra Leone -16 181 47 Guinée 0 182 48 Burkina Faso -13 183 49 Burundi 1 184 50 Tchad -22 185 51 Erythrée -6 186 52 Rép. Centre africaine 1 187 53 Niger -5 188

Source : https ://www.agenceecofin.com/economie/2712-34784-le-classement- des-pays-africains-d-apres-le-nouveau-rapport-du-pnud-sur-le-developpement-humain

Chaque année, un rapport sur le développement humain montre les pays où leurs populations souffrent ou profitent d‟une meilleure qualité de vie. Ceci est du par un calcul du PIB (produit intérieur brut) et l‟Indice de développement humain (IDH) en tenant compte du bien-être de la population, de l‟espérance de vie à la naissance ainsi que du niveau de scolarisation des jeunes.

104

Le reste des pays africains y compris les Comores et Madagascar se si- tuent dans la famille des pays ayant un faible niveau de développement hu- main. Au niveau mondial, la Norvège apparaît en tête de liste devant l‟Australie, la Suisse, l‟Allemagne et le Danemark. En bas du classement nous observons cinq pays africains dont le Burundi, le Burkina Faso, le Tchad, le Niger et la Ré- publique centrafricaine. Pour bien situer le niveau de l‟IDH d‟un pays, il est né- cessaire de faire une étude de l‟IPH (indice de la pauvreté humaine).

I.3.4 De la femme et la pauvreté Objectif de ce chapitre est de présenter le contexte dans lequel vivent les femmes et les hommes enquêtés. Une telle description est essentielle dans la mesure où le comportement procréateur des femmes, aussi bien que l‟état de santé et l‟état nutritionnel des enfants, est influencé par l‟environnement phy- sique et socioculturel et par la situation économique.

Cette section est consacrée à la présentation de certaines caractéris- tiques socioéconomiques, à la présentation de certaines caractéristiques dé- mographiques et de présentation du niveau d‟instruction des femmes et des hommes des ménages enquêtés.

L‟indicateur de Pauvreté Humaine (IPH) est créé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Elle mesure le niveau de pau- vreté au sein d‟une société, en tenant compte, outre des paramètres financiers, des enjeux complémentaires comme les inégalités d‟accès à la santé, à l‟emploi ou encore à l‟éducation.71 Cet indice mesure le degré de pauvreté ou la propor- tion de la population vivant dans des conditions de dénuement extrême.

L‟IPH s‟attache à la répartition de ce progrès et tente de déchiffrer les formes de dénuement qui subsistent. Il est décliné en deux sous-catégories : un premier IPH mesure la pauvreté des pays en développement en prenant en compte le pourcentage de la population dont l‟espérance de vie est inférieure à 40 ans, le pourcentage d‟adultes analphabètes ainsi que l‟accès au système de

71 http ://www.vedura.fr/social/developpement-humain/indicateur-pauvrete-humaine

105 soins et un second IPH mesure, pour sa part, la pauvreté dans les pays indus- trialisés avec toutefois des seuils de dénuement différents, tant il est vrai que la pauvreté tout comme la richesse sont susceptibles d‟être hiérarchisées.

L‟IPH recense alors, pour ce « groupe » de pays, la population dont l‟espérance de vie est inférieure à 60 ans, les individus dont l‟aptitude à lire et écrire est insuffisante l‟illettrisme remplace l‟analphabétisme, ainsi que le niveau de revenus.

Les dix pays les plus pauvres de la planète se trouvent tous en Afrique dont les Comores font partis. Cette triste nouvelle montre l‟état des lieux pour le continent noir car l‟Afrique a tous les atouts pour se développer. Néanmoins, nous pensons que sans une lutte contre la corruption, les maladies, l‟analpha- bétisme, les violences conjugales, les guerres et conflits ethniques entre autres, l‟Afrique ne peut pas se retirer de cette liste72.

La population de l‟Union des Comores est constituée par une partie im- portante des personnes inactives tels que des enfants âgés de moins de 10 ans soit 29,1%, des adolescents entre 10 et 14 ans soit 13,6%, et des personnes âgées de 65 ans ou plus soit 5%73.

Cette situation caractérisée par un nombre élevé des personnes inactive engendre un taux de dépendance élevé de ces tranches d‟âges. En faisant un regard sous un autre angle, la pauvreté varie selon le milieu de résidence avec une grande différence entre zone urbaine qui chiffre 169,3% et le milieu rural 210,6%. Notons que les Comores comptent un faible taux d‟activité de la popu- lation estimé à 25,3% selon notre documentation et les femmes forment une grande portion de 50,4% de la population globale. C‟est pourquoi le taux de dépendance des femmes est aussi plus élevé à celui des hommes.

72 Dernier rapport sur la pauvreté aux Comores, publié par la FMI le 14 juin 2018, in https://www.banquemondiale.org/fr/country/comoros/publication/latest-report-on- poverty-in-the-comoros.print 73PNUD, Rapport sur le développement humain, Comores, 2011, p. 16, in http://www.hdr.undp.org/sites/all/themes/hdr_theme/country-notes/fr/COM.pdf

106

Le taux d‟activité des femmes est moins que celui des hommes. Malgré cette situation alarmante de la femme comorienne, un homme chef de ménage » soutient 3,4 personnes inactives, contre 3,9 personnes inac- tives soutenues par une femme.74

Le chômage est l‟une des situations pénibles qui rendent la vie d‟une personne lamentable. Le taux de chômage est de 14,3% en 2003 et la popula- tion féminine est touchée à hauteur de 18,5% et les hommes à hauteur de 11,9%. Les femmes sont plus touchées par le chômage que les hommes. Cer- taines pensent que cette différence est due par le fait que les hommes cher- chent plus activement du travail après leurs études sans contrainte ni complica- tions sociales que les femmes. 75

Selon nos enquêtes, des responsables des entreprises privées nous ont dit qu‟ils n‟embauchent pas des femmes, car ces dernières travaillent moins l‟année avec des congés de maternité par exemple, d‟allaitement…que les hommes. Dans l‟archipel des Comores, une femme peut être diplômée et rester femme au foyer par ordre de son conjoint. Contrairement à un homme diplômé sans travail, il est mal vu par son entourage et voir même par sa communauté.

À Mohéli, le chômage des femmes est plus élevé qu‟aux autres iles sœurs. Quant à Ngazidja, pour sa part, il est moins élévéqu‟à Anjouan. Dans l‟ensemble du pays, le milieu urbain est plus touché que la zone rurale. Les chômeurs diplômés dans chaque ile appelés "chômeurs de luxe" gonflent cette liste, surtout depuis les licenciements massifs du gouvernement Azali de 2016 dont Plus de 4000 jeunes ont perdu leurs emplois.

74 Anfaita ACHRAFI « femmes aux comores, Analyse des données du Recensement Général de la Population et de l‟Habitat 2003 ». 2007 In file:///C:/Users/SAMBO%20Cl%C3%A9ment/Downloads/femmes%20aux%20comor es.pdf 75 Dernier rapport sur la pauvreté aux Comores, publié par la FMI le 14 juin 2018, op. cit.

107

I.3.5 De la situation économique de la femme après le divorce Cette situation caractérisée par un nombre élevé des personnes inac- tives engendre un taux de dépendance élevé de ces tranches d‟âges.

En faisant un regard sous un autre angle, la pauvreté aux Comores varie selon le milieu de résidence avec une grande différence entre zones urbaines qui chiffre 169,3% et le milieu rural 210,6%. Notons que les Comores comptent un faible taux d‟activité de la population estimé à 25,3% selon notre documentation et les femmes forment une grande portion de 50,4% de la population globale. C‟est pourquoi le taux de dépendance des femmes est aussi plus élevé à celui des hommes. En revanche, le taux d‟activité des femmes est moins de 17,9% contre 32,8% pour les hommes. Malgré cette situation alarmante de la femme comorienne, un homme « chef de ménage » soutient 3,4 personnes inactives, contre 3,9 personnes inactives soutenues par une femme76.

Ainsi, nous enregistrons une certaine contradiction entre la faiblesse des ressources de la femme comorienne et le poids ou la charge plus élevée qu‟elle supporte par rapport à celle de l‟homme qui comptabilise un revenu supérieur. La femme issue milieu rural soutient plus des personnes inactives que celle du milieu urbain.

Les ménages monoparentaux féminins77 (…) enregistrent 40,2% du nombre total, contre 2,8% pour les ménages monoparentaux mascu- lins78. Ce phénomène de monoparentalité féminin varie selon l‟ile. Il est très élevé à Anjouan soit 51,8% elle seule, des ménages monoparen- taux féminins dans l‟ensemble du territoire. Les femmes comoriennes « chefs de ménage » bénéficient quelques avantages tels que des transferts d‟argent provenant de leurs familles vivant à l‟étranger, des

76 PNUD. Rapport Mondial sur le Développement Humain, de 2009, pp 61 77Ménages gérés par une femme seule 78Ménages ayant à leur tête un homme seul

108 aides ou contributions sociales emmenant de leurs frères et/ou oncles résidant aux Comores entre autres79.

La femme comorienne semble avantageuse par rapport à homme et a un impact sur la pauvreté. Comme nous l‟avons dit plus haut, cette situation est due essentiellement au transfert de fonds de la diaspora ou aux aides fami- liales. En se trouvant dans cette situation, la femme comorienne se trouve dans une situation dont elle nécessite d‟avoir des aides et assistance familiale suite à un divorce ou une répudiation, la famille élargie se sent concernée, car la plu- part des cas, surtout à Ngazidja, c‟est elle qui fait le choix de l‟époux. Les femmes bénéficieraient beaucoup plus par rapport aux hommes, car elles sont nombreuses à gérer des ménages et ces dernières jouissent aussi des meil- leures conditions de vie surtout en matière de santé, de longévité et d‟éducation. La femme comorienne, chef de ménage consacrent la plupart de son temps et son budget au bien-être de sa famille que les hommes font moins. D‟après certaines données encore disponibles sur la toile, montrent que les femmes-chefs de ménage consacrent 42,8% de leurs revenus aux charges du ménage, principalement à l‟autoconsommation alimentaire et non alimentaire, contre 37% pour les hommes.80

Cette situation vraisemblablement favorable aux femmes dissimule une double dépendance :

Une dépendance financière, d‟une part, parce que leurs revenus pro- pres ne sont pas concernés par cette amélioration et une dépendance économique, d‟autre part, du fait que la plus grande partie de leur budget est consacrée aux besoins fondamentaux du ménage, au détri- ment de l‟amélioration de leur situation économique, même si, à plus

79 MIC 2012 80 MIC 2012

109 long terme, cela aura un impact positif sur leurs potentialités (santé et éducation).81

Étudiez le phénomène social des femmes comoriennes est très com- plexe, car d‟un côté nous voyons qu‟elle est très avantageuse et d‟autre, nous trouvons qu‟elle est victime de sa culture, d‟une mauvaise interprétation de sa religion et en grosso modo, de tout son système social.

Nous avons remarqué que ce taux de ménages monoparentaux féminins déjà très élevé à d‟Anjouan qu‟autres iles. Cette situation accentue le phéno- mène de la pauvreté de la femme comorienne et aucune aide sous forme d‟allocation n‟est accordée par l‟État comme un coup de pouce aux familles monoparentales, et ce, malgré les transferts d‟argent provenant de leur famille vivant à l‟étranger, avantages apparents dont elles bénéficient.

Suivant le Rapport Mondial sur le Développement Humain, PNUD, de 2009 :

L‟Union des Comores a mené des efforts pour améliorer les secteurs sociaux - l‟éducation et la santé, justifiant ce rang plus avancé par rap- port aux autres pays africains subsahariens. L‟Indicateur Sexo spécifique de Développement Humain (ISDH) indique les parts respec- tives des hommes et des femmes dans les indices relatifs à l‟éducation, la santé et les revenus, et il était de 0,571 en 2007.82

Les stipulations de ce rapport indiquent que l‟IDH des Comores ne re- présente pas d‟écarts significatifs entre les hommes et les femmes comoriens en matière de développement humain.

Par contre, en matière de scolarisation, le nombre des filles par rapport aux garçons inscrits dans le Primaire et dans le secondaire est très différent. La

81 PNUD. « Genre et développement Humain », Comores, 2006, p. 18 82 PNUD. « Genre et Développement Humain », de 2009, p. 12

110 pauvreté touche un individu sur deux. En termes de pauvreté monétaire, la plu- part du budget des ménages comoriens est consacré en plus grande partie à l‟alimentation et tres peu aux traitements des maladies, vaccination, soins pré- natals et postnatals.

Les femmes comoriennes présentent un léger avantage par rapport aux hommes en matière d‟incidence de la pauvreté. Cette situation est due principa- lement au transfert d‟argent de la diaspora ou aux aides de leur famille surtout maternelle dont elles bénéficient.

Notre étude sur le terrain nous a montré d‟une manière étrange que les ménages monoparentaux féminins jouissent d‟une meilleure condition de vie malgré leurs précarités. En conséquence, en matière de santé, de longévité et d‟éducation, les familles monoparentales féminines consacrent la majeure par- tie de leur budget aux besoins du ménage contrairement aux hommes.

111

Tableau 6 : Évolution de la pauvreté monétaire des ménages selon le sexe du chef de ménage

1995 2004 INDICE EN% INDICE EN % VARIATION EN% NGAZIDJA 34,2 35,3 3,2 Chef de ménage homme 35,6 37,1 4,2 Chef de ménage femme 36,8 29,8 -19,0 NDZOUANI 60,9 38,4 -36,9 Chef de ménage homme 61,7 40,1 -35,0 Chef de ménage femme 53,8 30,7 -42,9 MWALI 55,9 37,8 -32,4 Chef de ménage homme 62,0 38,9 -37,3 Chef de ménage femme 42,4 33,8 -20,3 Ensemble du pays 47,3 36,9 -22,0 Chef de ménage homme 49,0 38,6 -21,2 Chef de ménage femme 42,1 30,4 -27,8

Source : Rapport national de développement humain

Près de 23% des ménages sont gérés par les femmes contre 77% gé- rées par les hommes. Ce Tableau retrace l‟évolution de la pauvreté suivant la femme et l‟île de résidence. Lorsque le chef de ménage est une femme, la si- tuation du menage est plus favorable contrairement à ceux dont le chef est un homme.

Nous pouvons expliquer ce phénomène par le fait que les ménages fé- minins reçoivent proportionnellement plus de transferts, aussi bien de fonds que de biens alimentaires et non alimentaires, que les " ménages masculins ". Il faut aussi noter que dans la plupart des cas, les ménages féminins sont gérés de manière à répondre strictement aux besoins primordiaux du ménage, pendant que les ménages masculins sont confrontés à d‟autres obligations que celles du ménage.

112

Ici nous avons comme objectif de présenter le contexte dans lequel vi- vent les femmes et les hommes enquêtés. Une telle description est essentielle dans la mesure où le comportement procréateur des femmes, aussi bien que l‟état de santé et l‟état nutritionnel des enfants, est influencé par l‟environnement physique et socioculturel et par la situation économique.

La pauvreté humaine mesure les carences, les insuffisances ou les manques observables dans les trois dimensions fondamentales du développe- ment humain à savoir la survie ou la probabilité de décéder à un âge relative- ment précoce c‟est à dire avant 40 ans, le niveau d‟instruction et les conditions de vie décente, évaluée en pourcentage de la population privée d‟accès à un point d‟eau aménagé et le pourcentage de la population de moins de 5 ans souffrant d‟une insuffisance pondérale.

Tableau 7 : Comparaison du niveau de pauvreté humaine avec celui des pays voisins

1998 2003 IPH Niveau de Classe- IPH Niveau de Classe- (%) Développe- ment se- (%) développe- ment se- ment lon l‟IDH ment lon l’IDH Comores 33, Moyen 137 31, Moyen 132 0 2 Madagas- - Faible 141 35, Faible 146 car 3 Maurice 11, Moyen 71 11, Moyen 65 6 4 Seychelles - Moyen 53 - Élevé 51 Tanzanie 29, Faible 156 35, Faible 164 2 8 Kenya 29, Moyen 138 35, Faible 154 5 4 Mozam- 50, Faible 168 49, Faible 168 bique 7 1

Source : Rapports mondiaux sur le développement humain, 2000, 2005, PNUD

113

L‟union des Comores comme la plupart de ses voisins, enregistre un ni- veau de pauvreté humain très faible. Seuls Maurice et Seychelles ont un niveau de vie acceptable et leurs populations en profitent.

Figure 6 : Les villes et villages côtiers comoriens utilisent la littorale comme lieu d’aisance publique.

Source : DJAE, juillet 2017

Cette élimination inadaptée à la sécurité alimentaire et sanitaire est plus visible à 80% des enquêtes issues des localités côtières alors que les excré- ments humains peuvent augmenter le risque de contracter des maladies surtout diarrhéiques. Les toilettes collectives surtout chez les enfants, la consommation des poissons qui se nourrissent des excréments humains pourrait être vectrice de maladies. Au cours de l‟enquête, nous avons demandé aux ménages vivant loin de la littorale les types de toilettes qu‟elles utilisent. Ils s‟agissent des toi- lettes partagées avec d‟autres ménages. Qu‟ils soient des toilettes répondant aux normes de santé ou non, les toilettes partagées et les toilettes non parta- gées sont toutes les deux utilisées par les ménages comoriens.

114

Le chômage est l‟une des situations pénibles qui rendent la vie d‟une personne lamentable. Le chômage touche 52/80 femme enquété contre 22/77 hommes. Nous pouvons dire que les femmes sont plus touchées par le chô- mage que les hommes.

La répartition de la population active dans le marché du travail est expri- mée dans plusieurs documents surtout le rapport national de développement humain 2014. Nous remarquons une prédominance des travailleurs indépen- dants souvent informels partout dans le pays.

Les femmes sont plus nombreuses à être exposées dans cette catégorie de travailleurs « indépendants » et « travailleur familial » que les hommes. Cette situation est due par la position sociale de la femme comorienne aux em- plois de proximité, car elle doit aussi faire seule les activités ménagères y com- pris de s‟occuper des enfants.

Actuellement, 36/40 femmes enquetées occupent des emplois familiaux contre 11/ 51 des hommes de notre enquete. Toutefois, il est intéressant d‟apprécier ce constat car dans un passé plus proche, les hommes qui travail- lent dans le cadre familial n‟étaient quasi-inéxistants. Comment le travail familial non rémunéré, principalement féminin a-t-il évolué considérablement ?

Le départ volontaire des fonctionnaires en 1994 préconisé par le feu pré- sident Djohar et l‟exode rural de la population rurale en zone urbaine en quête d‟autres métiers plus rémunérateurs comme le secteur informel peuvent être des éléments d‟explication convainquant. Une autre explication peut être va- lable qui est le fait que certaines familles résidant dans les villes comoriennes engagent un salarié pour leurs travaux domestiques.

Une très grande portion des Comoriens soit environ 65% de la popula- tion en âge de travailler est inactive. Nous entendons par population inactive, celle qui par sa situation n‟aspire pas travailler. Ce sont par exemple les retrai-

115 tés, les handicapés, les rentiers, les élèves et étudiants, les femmes au foyer, les aliénés (fous) entre autres83.

83 Les femmes qui se consacrent aux activités et travaux domestiques

116

I.3.6 Difficultés de la femme rurale dans l’exercice de son métier. Les femmes rurales constituent la majorité des pauvres. Ce secteur emploie beaucoup plus des femmes que d‟homme dans toute l‟étendue du territoire comorien. Elles présentent le niveau de scolarisation le plus bas et le taux d‟analphabétisme le plus élevé. Dans toutes les régions, les ménages ruraux dirigés par une femme comptent parmi les plus pauvres.

L‟importance de la femme est liée à son double rôle, car elle est mère et pilier de l‟économie familiale et nationale. Curieusement, cette femme ne bénéficie pas des fruits de son dur labeur. Elle reste toujours la plus pauvre et ne jouit pas d‟une considération importante dans la société à cause des pesanteurs sociales culturelles et ses stéréotypes qui place la femme au second plan dans la communauté.

Le plus grand problème que rencontre la femme rurale comorienne dans sa lutte contre la pauvreté concerne la méthode d‟exploitation de la terre et le temps de travail sur cette terre.

 Pénibilité du travail agricole

La femme demeure pauvre parce qu‟elle utilise toujours des mé- thodes anciennes, archaïques de travail, souvent trop pénibles et cela rend son travail peu rémunérant et la maintient dans un état de pauvreté endé- mique.

L‟activité agricole dans ce pays est en grande partie menée par les femmes avec toutes les difficultés auxquelles elles font face au quotidien. La pénibilité des conditions de travail avec comme seuls matériels, houe, ma- chette, coupecoupe limite la production. Aussi, la femme rurale souffre d‟une surcharge de travail par rapport à son mari, car elle doit à la fois s‟occuper des tâches familiales et des autres tâches diverses liées à son activité agri- cole, notamment le labourage, le sarclage, la récolte, etc.

Ces femmes ne sont pas informées, éduquées sur la météorologie avec la problématique de changement climatique et l‟activité du volcan khar-

117 tala. Elles font face aussi à un réel problème au niveau du stockage et de la transformation du surplus agricole s‟il y en a et aucun effort n‟a été fourni pour alléger le travail de ces femmes. Le seul moyen de stockage reste e gre- nier traditionnel. Les femmes sont en majorité chefs des ménages, ce sont elles qui prennent en charge l‟éducation des enfants, les soins de santé... avec son activité agricole qui nourrit la famille et paie les frais de scolarité des enfants, la femme n‟est qu‟usufruitière de la terre qu‟elle cultive.

En tenant compte de tous ces paramètres, nous pouvonsaffirmer sans risque de se tromper que la femme rurale comorienne n‟est pas considérée pas comme une actrice de développement et d‟épanouissement des fa- milles, mais plutôt comme une main d‟œuvre familiale. La petite fille dès son jeune âge doit assister sa mère dans les travaux ménagers et cham- pêtres et accompagne sa mère dans la production agricole familiale. Après la récolte, la production est gérée soit par son frère ou son père, car la femme, bien qu‟elle soit la productrice principale, ne décide pas toujours de l‟affectation, ni de la destination des ressources familiales. Selon ces femmes, la période des récoltes et d‟abondance correspond pour les hommes, malheureusement pour elles, à la période d‟entretien des concu- bines et le début de la polygamie.

La femme est souvent obligée de sacrifier ses besoins personnels au détriment de la famille. Tout ce qui est produit par les femmes est géré en par- tie ou en totalité suivant les familles par les hommes. Pourtant, la situation des femmes rurales reste préoccupante du fait des nombreux problèmes auxquelles elles font face, notamment :

- L‟analphabétisme ;

- La pénibilité des conditions de travail ;

- La pauvreté ;

Les Comores connaissent un faible accès aux services de vulgari- sation, à l‟éducation, à la formation et à l‟information économique, à la

118 recherche et aux technologies appropriées, aux équipements modernes. Il est urgent de renforcer les capacités des femmes rurales pour réduire la pénibilité de leurs travaux et améliorer la gestion des ressources dans l‟agriculture familiale et paysanne. Nous suggérons que la mise en place d‟un réseau local basé d‟associations féminines pour la promotion et l‟épanouissement de la femme en faisant des campagnes d‟information et de communication pour combattre ce fléau.

Nous nous proposons la mise en place d‟un comité de femmes ru- rales volontaires, des para-juristes et des cellules communautaires d‟écoutes pour les femmes en détresse. La mise en réseau des femmes, la structuration des groupements ou associations existants et l‟organisation des rencontres d‟échange entre femmes pourrait enfin sti- muler la concertation et la réflexion collective aux problèmes communs comme l‟analphabétisme et l‟insuffisance de renforcement des capacités des femmes par des ateliers thématiques avec une approche participative.

La formation aux nouvelles méthodes de travail et des TIC (technologie de l‟information et communication) des femmes rurales et l‟Implication des hommes volontaires, sensibles à cette situation dans les activités de sen- sibilisation et de plaidoyer à l‟attention des communautés et des autorités traditionnelles, religieuses et politiques pourrait contribuer à la réduction de leurs problèmes afin de former les femmes aux petits métiers pour les aider à diversifier leurs sources de revenus. Ceci n‟est possible que par l‟organisation des descentes sur le terrain pour des rencontres d‟échange des bonnes pratiques en matière de stratégies et d ‟actions adaptées pour faciliter l‟accès des femmes aux informations utiles au développement de leurs productions en multipliant des causeries dans les quartiers sur le thème « femme et foncier »

119

L‟archipel des Comores est un pays à vocation agricole qui est la princi- pale richesse du pays. Celle-ci emploi 80%84 de la population active dont la ma- jorité est des femmes. Bien que le secteur emploie une masse de la population, les importations de denrées alimentaires s‟augmentent de plus en plus telles que le riz pakistanais, les aliments de base sont importés à plus de 95%, à Ma- dagascar et la Tanzanie et les produits vivriers sont loin de satisfaire la popula- tion des iles. Cela nous amène à affirmer que l‟Union des Comores dépend en- tièrement de l‟extérieur en matière d‟alimentation.

Malgré la fertilité du sol et les conditions climatiques favorables princi- paux atouts qui pourraient assurer le développement du secteur agricole, à la forte mobilisation de la population active dans le secteur, les Comores sont loin d‟avoir l‟autosuffisance alimentaire. Malheureusement, un certain nombre de problèmes constitutifs de frein à la croissance du secteur. Il s‟agit entre autres :

 L‟insuffisance d‟aide et d‟investissement,

 Le manque de techniciens appropriés,

 Le réchauffement climatique,

 Les techniques d‟exploitation agricole archaïques

 L‟instabilité politique surtout le conflit des compétences entre les iles autonomes et le pouvoir central

 La crise économique …

Selon notre enquête, ces dernières années, la croissance du secteur agricole est restée faible et stagnante. Le mystère que nous avons découvert dans ce secteur réside sur le fait que le pays possède des potentialités et des atouts pour réformer l‟agriculture qui pourrait réduire les importations qui s‟élèvent à plus de 80% des P P N (produits de première nécessité).85 La pau-

84 Mandhoir MOHAMED, L’agriculture au cœur de développement durable aux Co- mores, [Mémoire de DEA en Sciences sociales] sous la direction du professeur Sambo clément, université de Tuléar, 2016, p. 48. 85 Enquête auprès du Ministère de l‟agriculture

120 vreté ne cesse de s‟aggraver de jours en jours causé par le cout élevé des pro- duits importés.

121

Conclusion de la premiere partie

Il a été constaté que certains résultats développés par différents auteurs s‟avèrent parfois contradictoires. L‟égalité de genre et développement humain et sociale sont indissociables. En effet, à la suite d‟une longue lutte pour l'égali- té entre les hommes et les femmes, il a été constaté dans cette partie que le genre féminin a vue sa situation évoluée à travers le temps.

Nonobstant, nous avons prouvé que les inégalités s‟éternisent dans diffé- rents domaines, tels l‟emploi et l‟éducation entre autres. Le chômage touche plus les femmes que les hommes et en matière de responsabilité, les postes de directions et politiques sont largement occupés par des hommes. Ces inégali- tés demeurent encore aujourd‟hui car nos sociétés décident de flâner sur ce modèle.

Notre recherche se voulant axée sur une étude concrète a particulière- ment une démarche importante sur le plan théorique. C‟est en ce sens que nous pouvons dire que les médias Chaudes comme les émissions télévisées, l‟internet sur toutes ces dimensions entre autres engendrent largement des sté- réotypes à l‟égard des femmes. Ses dernières années, la situation a tendance à changer mais la domination masculine reste encore visible.

Sur le plan méthodologique, notre étude exploratoire s‟avère assez bien aidée par l‟emploi de certains outils et matériels. Les entrevues et enquêtes sur le terrain ont produit des données plus précises et moins méfiants à interpréta- tion.

Les normes sociales de la population étudiée contribuent à la propaga- tion des rôles alloués à la femme et à l‟homme dans la société où le genre masculin maintient un rapport de supériorité envers la femme.

122

DEUXIEME PARTIE: RÉSULTATS DE NOS RECHERCHES

123

Introduction de la deuxième partie

Cette partie analyse l„importance des données statistiques des violences faites aux femmes enregistrées aux commissariats centraux de Mutsamudu et de Moroni. Les violences conjugales constituent un grand danger pour la femme et indirectement pour les enfants mineurs.

Les cas concrets enregistrés par ces deux institutions nous laissent dé- sirer importance de ce fléau et donne un aperçu des conditions de vie des foyers comoriens. Nous avons mis en exergue les violences basées sur le genre des personnes qui ont eu le courage de se plaindre auprès des autorités judiciaires.

Cette partie est composée de trois chapitres majeurs dont la première porte sur la problématique des violences conjugales, les conditions de vie des ménages, les inégalités en matière de santé, d‟éducation, d‟emploi et autres.

Sur un autre angle, le choix d‟étudier le statut de la femme dans la reli- gion musulmane serait importante car il permet d‟éclairer la compréhension de quelques versets controversés et mal-interprétés qui mérite une attention très particulière.

Il apparait aussi que les violences faites aux hommes étudiés dans cette partie n‟obéissent ni à une logique de cette communauté ni à une réalité so- ciale. Moins importante en volume par rapport à celles faites aux femmes, dans notre étude, très peu de cas de violence sur des hommes ont été répertoriés. Certes, parce que ces types de violences conjugales sont considéré comme des cas isolées.

Quelles sont les catégories d‟âges touchées par les violences conjugaux ? Quels sont leurs statuts sociaux ou leur profil ? Pourquoi les hommes sont moins touchés par ce fléau ? La religion musulmane rabaisse-t-elle la femme ? Quelle est la place de l‟éducation et de la santé en matière de promotion de l‟égalité du genre ?

124

Pour pouvoir analyser le fondement des problèmes soulevés, il est né- cessaire de disposer des informations sur les victimes, les agresseurs mais aussi sur quelques témoignages.

Malgré l„importance sociale et économique que représentent les femmes comoriennes dans le processus de développement, force est de constater que très peu de données statistiques sont disponibles dans les institutions censées résoudre le tourment des femmes dans sa société.

Ceci est lié d„une part, au fait qu„il n„y a jamais eu d„enquêtes sur la pro- motion de l‟égalité homme-femme et d‟autre part, peu de comoriens sont cons- cients du fait qu‟une grande partie de la société souffre d‟une discrimination sociale allant jusqu‟à toucher les comoriens vivants à l„étranger.

125

II.1 RÉSULTATS OBTENUS DANS DEUX COMMISSARIATS DE POLICE

Ce chapitre s‟intitule « résultats de notre recherche » sur les inégalités sociales nous donne un aperçu des conditions des vies des comoriens, surtout les femmes et les filles. Ici nous prenons un cas concret dans des institutions que nous avons mené une enquête. À partir des éléments que nous avons re- cueillis dans ces institutions, nous mettons en exergue les violences basées sur le genre, et les conditions de vie des comoriens.

Nous traitons, dans ce, chapitre la problématique des violences conju- gales constatées dans les dossiers consultés dans deux commissariats cen- traux ainsi que les conditions de vie des ménages comoriens, puis nous élar- gissons notre recherche sur les violances conjugales. Enfin, nous nous effor- çons de faire une analyse et interpretation des données afin de tanter de com- prendre les origines de ce phénomène.

Ce chapitre est consacré à une étude de l‟ensemble des éléments expli- catifs des personnes qui se sont rendues devant les autorités judiciaires pour des violences conjugales. Il est admis qu‟il n‟y a pas sans savoir que les plai- gnants ne sont pas seulement des femmes mais aussi des hommes victime du phénomène de violence conjugale. Une fette femme enceinte a été poignardée à mort par cet homme, son mari en juin 2019 pour un petit conflit conjugal, voir image en suivante. Cette situation est un exemple élocant pour illustrer la gravi- té du phenomene.

126

Figure 7 Féminicide d’une femme enceinte

Photo : Auteur 2018

Aujourd‟hui, ces violences ont atteint une proportion inquiétante, et nous observons que toutes les catégories sociales du pays sont concernées par ce fléau. A titre de précision, il s‟agit d‟une observation fortuite. L‟observation for- tuite est une observation spontanée, préscientifique. Ici, l‟observateur opère sans préparation préalable, sans plan déterminé. Il agit de saisir toute occasion qui s‟offre pour étudier des phénomènes qu‟il rencontre en quelque sorte par hasard.

Tenant compte de la littérature abondante sur les inégalités sociales, sur le genre et surtout ceux qui concernent les violences au sein du couple, il est intéressant de savoir pour le cas des Comores.

L‟objectif de ce chapitre est de présenter un aperçu général sur le con- texte dans lequel vivent les femmes et les hommes enquêtés et les dossiers consultés. Une telle présentation est essentielle dans la mesure où la vie des hommes et des femmes comoriens est influencés par l‟environnement religieux, social et culturel ainsi que la situation économique.

Dans ce chapitre nous allons voir à la présentation des résultats des re- cherches obtenus aux commissariats centraux sur la violence que subissent les femmes comoriennes. Ensuite, il est consacré à la présentation de certaines caractéristiques socioéconomiques, politique, religieuses et culturelles. Enfin, il présente le niveau d‟instruction des personnes enquêtées.

127

II.1.1 Les violences conjugales L‟étude a été faite au commissariat central de Mutsamudu, capital de l‟ile d‟Anjouan et au commissariat central de Moroni. Il s‟agit des deux commissa- riats de police où se rendent toutes les personnes vivant dans les deux princi- pales capitales et ses environs des îles d‟Anjouan et de la grande Comores. Les cas présentés ici, concernent les victimes qui ont osé porter plainte pour faire valoir leurs droits. Ces deux commissariats se fixent comme vocation de contribuer à l‟amélioration de la sécurité de la population et leurs biens. Avant toutes choses, nous allons faire une présentation de ces lieux de recherches.

Nous entendons par « infrastructure », l‟ensemble des équipements éco- nomiques ou techniques d‟un pays, d‟une région ou d‟une institution. Les infras- tructures de ces commissariats sont composées des salles ou bureau tech- niques. Il s‟agit des bureaux des commissaires centraux, des bureaux collectifs des services judiciaires, de la brigade des mineurs, du service des archives, des services routiers, des services de la sécurité urbaine, des services laissez- passer et déclaration de pertes…

Le personnel est composé des Commissaires de police, des officiers de police, des inspecteurs de police, des brigadiers et agents de police et les per- sonnes d‟appui ou Groupe d‟Intervention Rapide. Notre recherche se situe dans des institutions qui restent un croisement de toutes les catégories de la popula- tion y compris notre champ de recherche. Nous nous situons dans le champ des sciences sociales et plus particulièrement sur l‟égalité homme et femme.

Il s‟agit d‟une étude descriptive, rétrospective et transversale effectuée au commissariat de Moroni et Mutsamudu entre le mois de janvier et décembre 2016.

L‟étude se fait au niveau des dossiers des plaignants ou familles, vic- times des violences au sein du couple qui ont eu le courage de se plaindre aux commissariats de police dont le parquet a été notifié et autorisé une enquête. Nous avons complété cette étude par quelques enquêtes sur le terrain.

128

Ont été inclus dans notre étude tous les dossiers impliquant des vio- lences physiques, psychologiques et financières faites aux femmes dont une plainte a été déposée durant notre période d‟étude. Ont été exclus dans notre étude les dossiers incomplets ou arranger à l‟amiable, les dossiers égarés dont les noms des plaignants figurent dans la main courante. Une main courante est un journal où sont consignés l‟ensemble des événements de la vie d‟une asso- ciation, d‟un commissariat de police, d‟une unité de police municipale et d‟établissements recevant du public associé à une mission de sécurité (…). Elle permet surtout de dater officiellement les faits en question en vue de toute pro- cédure judiciaire ultérieure. Il en est de même pour les dossiers concernant d‟autres faits et /ou infractions.

Il s‟agit d‟une méthode exhaustive des dossiers dans les archives des deux institutions. L‟étude concerne la population répondant aux critères d‟éligibilité. Surtout les femmes victimes des violences conjugales, des hommes mais aussi des familles des présumés victimes. Les personnes qui se sont pré- sentées aux commissariats pour des violences conjugales ou de ce genre pen- dant notre période d‟étude. Elles étaient présentées dans cette étude l‟en- semble des cas étudiés selon le les caractéristiques suivantes :

- L‟âge : mineurs, majeurs…

- La situation familiale : Célibataires ; mariés ; divorcés ; veuf (ve)

- La profession : cultivatrice ; ménagère ; commerçante ; fonctionnaire ; étu- diante, chauffeurs, maintien de l‟ordre, policier, gendarme, enseignant, chef religieux, pécheurs, cultivateurs…

- Le niveau d‟instruction : illettrée, niveau primaire, secondaire, universitaire ;

- Selon les motifs : violence conjugale, délinquance juvénile, abandon de fa- mille ou autres ;

- Le lieu de résidence : urbain ou rural ;

- Selon la nationalité de la victime : comorienne, malgache, autres ;

129

- La durée de l‟enquête : 1 à 5 jours, 5 à 7 jours et plus de 7 jours.

II.1.2 Analyse et interprétation des données Les données sont ensuite classées et regroupées selon les caractéris- tiques socioculturelles et religieuses. Après, elles sont saisies à l‟ordinateur se- lon les logiciels Word pour la rédaction et Excel pour le calcul et les graphes.

L‟étude que nous avons menée nous permet d‟évaluer le rythme du phé- nomène des violences que subit le genre féminin et des inégalités sociales au détriment de la femme durant notre période d‟étude. L‟étude pourrait se limiter par le biais d‟information et de la confusion à travers des résultats présents qui pourraient fausser ou conduire à une erreur de diagnostic.

Tout au long de notre étude recherche, nous avons veillé à ce que tout droit d‟autrui soit respecté avec un consentement et la volonté des chefs d‟institutions. Nous avons aussi respecté le principe de l‟étude de recherche afin de ne pas entrer dans la vie privée des plaignants ou des informateurs.

Lors de l‟enquête, nous respectons également le droit humain tout en préservant leur intégrité, leur identité et leur dignité. Dans le cas des informa- teurs, les questions se poseront gentiment avec respect des droits d‟autrui et assurer la confidentialité, du secret professionnel ou des dossiers consultés. Dans ce tableau, nous allons démontrer le résultat sur la répartition de notre taille, de notre échantillon selon la période de notre enquête.

130

Tableau 8 : Nombre des dossiers étudiés par mois

Période Nombre des plaignants Pourcentage (%) Janvier 2016 6 14% Février 2016 5 8% Mars 2016 6 10% Avril 2016 11 18% Mai 2016 5 12% Juin 2016 6 10% Juillet 2016 00 00 Aout 2016 00 00 Septembre 2016 3 5% Octobre 2016 9 15% Novembre 2016 5 8% Décembre 2016 Non indiqué Non indiqué Total 60 100%

Source : les commissariats centraux de Moroni et de Mutsamudu

Figure 8 : Répartition selon la Fréquence mensuelle de fréquentation

20 18 15 14 15 12 10 10 10 8 8 5 5

0

Durant notre période d‟étude, nous avons constaté une forte prédomi- nance de 11 cas le mois d‟avril avec 18%. Ce mois réputé violent dans les rela- tions conjugales, laisse croire que les activités culturelles ou grandes mariages

131 coutumiers qui commencent à partir des mois de mai et juin peuvent être l‟une des causes de ces violences.

Tableau 9 : Répartition des cas selon la tranche d’âge

Tranche d’âge Effectif Pourcentage 11- 20 ans 11 18% 21 - 30-ans 27 45% 31- 50 ans 22 37%

Total 60 100

Source : commissariat central de Mutsamudu farany

Figure 9 : Répartition des cas selon la tranche d’âges

18% 37% 11-20 ans 21- 30 ans 31-50

45%

La tranche d‟âge de notre échantillon était de 11 à 50 ans dont l‟âge le plus dominant se situait entre 21 à 30 ans. La population de notre étude était les femmes victimes de la domination masculine par l‟usage de la violence.

Cependant, nos résultats rejoignaient les données de la littérature effec- tuée. Nous avons retrouvé dans notre étude un âge moyen de 34,5 ans avec des extrêmes de 11 à 61 ans. Nos résultats corroborent avec les données des autres pays africains majoritairement musulmans. En milieu rural comorien, 58,38% des enfants âgés de 1 à 11 ans sont maltraités surtout les filles86 comme le témoigne Faizla, âgée de 11 ans, classe de CM2 :

86 Union des Comores, « strategie nationale sur la protection des enfants les plus vul- nerables aux comores ». p.10 In http//www.Comores-droit.com

132

Je suis souvent frappé par ma mère depuis que mon père l‟a abandon- né, elle crie toujours, et je dois toujours porté mon demi-frère au lieu d‟étudier mes leçons. Je me refugie toujours chez ma tante car là-bas j‟ai la protection de ma grande mère (…). Des fois mon père m‟amène chez l‟une de ses femmes dont une malgache. Ma vie est plus qu‟un enfer et mon père n‟accepte pas les insultes, les coups que je reçois quotidiennement. Un jour, il est venu à la maison sans prévenir, mon père a découvert que sa femme me prive de nourriture et il a vu mon sac à dos jeter à la fenêtre. Etant sa fille ainée et premier enfant, il a divorcé (…).87

De cette analyse, jusqu‟à l‟âge de 5 ans, la petite fille qui vit en milieu dé- favorisé est encore en train de subir des souffrances qui dépassent son âge. En zone urbaine, Nous constatons une légère stabilité de violence conjugale sauf dans les quartiers surpeuplés de Moroni et de Mutsamudu. C‟est la raison pour laquelle, Nous constatons une diminution progressive de la violence faite sur les femmes. Dans notre travail, cette violence grave peut être constatée chez les jeunes que les sujets âgés. Mais nous avons trouvé deux souples de moins de 50 ans et plus de 45 ans animés par la violence.

Ce tableau ci-après, nous montre la répartition des cas selon le genre enquêtés. Nous sommes convaincus que les dossiers étudiés de genre féminin sont plus nombreux par rapport à ceux des hommes.

Tableau n° 1 : Répartition des plaignants selon le genre

Genre Effectif Pourcentage Masculin 15 25% Féminin 45 75% Total 60 100%

Source : les commissariats centraux

87 Enquête du mois de Mars 2017

133

Figure 10 : Répartition des dossiers selon le genre

Effectif Masculin 25%

Féminin 75%

Ici nous parlons des personnes qui se sont présentées aux commissa- riats de Moroni et Mutsamudu pour se plaindre d‟être victimes de violence con- jugale. En ce sens, une prédominance faminine de notre population d‟étude était observée, elle était composée de 15 hommes soit 25% et de 45 femmes soit 75%.

Ceci concordait avec les résultats de l‟enquête sur le terrain qui avait également retrouvé un taux élevé de femmes que d‟hommes en situation de violence conjugale. Cette prédominance féminine pourrait être en rapport avec le mode de vie de la société, l‟activité des femmes souvent marginalisées, la religion musulmane mal interprété, la culture et traditions des iles Comores.

Notre étude nous montre également que les femmes comoriennes ne sont pas des saintes car 15% des hommes déclare être abandonné par leurs femmes pour rejoindre un autre homme de son âge ou qui a beaucoup plus de moyens que lui. Ceci est l‟une des conséquences du grand mariage et de l‟importance que nous donnons aux immigrés de France ou de Mayotte. La plu- part des femmes qui abandonnent leurs maris sont des Malgaches et des jeunes filles que leur a imposé un homme beaucoup plus âgé et aussi celle qui milite sur l‟émancipation de la femme.

Le tableau que nous allons voir, nous présente la répartition de nos cas selon la situation matrimoniale. Mais nous avons résumé les données en consi- dérant les personnes qui sont dans le lien du mariage et celles qui ne le sont pas.

134

Tableau 10 : Répartition des cas selon la situation matrimoniale

Situation matrimoniale Nombre de cas Pourcentage Non mariée 29 48% Mariée 31 52% Total 60 100

Source : les commissariats centraux

Figure 11 : Répartition des cas selon la situation matrimoniale

Répartition des cas selon la situation matrimoniale

Non mariée Mariée 48% 52%

Nos constats nous montrent que la violence conjugale est plus fréquente à hauteur de 52% sur la personne des femmes mariées. Les couples légitimes présentent une fréquence inquiétante de viol entre couples, de coup et bles- sures volontaires, insultes, abandon de famille entre autres. Néanmoins et mal- gré leurs âges, les couples non mariées présentent un peu de retenu en termes de violence que les couples légitiment. Cette catégorie d‟union présente 48%. Nous nous demandons alors si le mariage n‟est pas synonyme de violence au sein du couple. Nous avons trouvé des résultats proches au notre documenta- tion surtout dans certains les rapports nationaux de développement humain en- core disponible en ligne.

La violence conjugale peut suivre une fréquence selon l‟activité profes- sionnelle des personnes étudiées. Les mères vendeuses et les ménagers cons- titue la couche la plus violente au sein de notre étude.

135

Tableau 11 : Répartition des plaignants selon la profession

Profession Nombre de cas Pourcentage Cultivatrices/pécheurs 16 27% Étudiantes 2 3% Couturières 5 8% Vendeuses 18 30% Ménagères 19 32% Total 60 100

Source : les commissariats centraux

Figure 12 : Répartition des plaignants selon la profession

Répartition des plaignants selon la profession

Cultivatrices/péc Ménagères heurs 32% 27%

Vendeuses Étudiantes 30% 3% Couturières 8%

Les mères ménagères sont les plus nombreuses dans notre étude soit 32% des cas suivis des vendeuses de 30%. A titre de rappel, cette étude con- cerne les dossiers consultés aux commissariats de police dont ils répondent les critères d‟éligibilités.

Le niveau d‟instruction est un facteur déterminant de certains faits so- ciaux. Plus le niveau d‟instruction est élevé et moins le foyer est moins violent. Dans les cas contraires, les couples moins instruits, présentent plus de vio- lences dans leurs foyers conjugaux.

136

Tableau 12 : Répartition des cas selon le niveau d’instruction de leurs mères

Niveau d’instruction Nombre de cas Pourcentage Illettrés 28 47% Niveau primaire 17 28% Niveau secondaire 13 22% Niveau universitaire 2 3% Total 60 100%

Source : les commissariats centraux

Figure 13 : Répartition des plaignants selon le niveau d’instruction

Pourcentage

Illettrés Niveau primaire Niveau secondaire Niveau universitaire

3%

22% 47%

28%

 Selon le niveau d’instruction

Dans notre étude, nous observons des cas classés selon le niveau d‟instruction tels que :

Quant au niveau instruction, nous remarquons 47% de nos cas sont analphabètes, 28% ont un niveau primaire, 22% au niveau secondaire et 3% au niveau universitaire. Ceci est comparable aux résultats trouvés des rapports nationaux de développement humain que nous allons présenter dans les pro-

137 chains chapitres. L‟ignorance, l‟analphabétisme, le faible taux de couverture sanitaire et la pauvreté en sont les principaux facteurs favorisants, l‟impunité et aggravants la violence conjugale.

Presque toutes les catégories sociales sont touchées par ce phénomène d‟agressions physiques ou morales sur la personne d‟une femme. Dans ce Ta- bleau, l‟auteur d‟agression, la fréquence d‟intervention de la police et l‟effectif absolu ont été étudié.

Tableau 13 : Répartition des agresseurs selon le statut social

Auteur de l’agression Fréquence de Effectif abso- l’intervention de la police lu Maires et chef du village 07/11 11 Conjoints ou compagnons 20/30 30 Chefs religieux ou maitres co- 01/4 4 raniques Universitaires 03/6 6 Enseignants primaires et se- 02/5 5 condaires Autres cadres supérieurs 11/21 18 Voisins 7/9 9 Taximen et chauffeurs 12/24 13 Pêcheurs 2/4 4 Total 65 100

Source : commissariat central de Mutsamudu

D‟après notre étude, nombreux cas de violence sur des femmes ou des petites filles ont été commis par des personnes exerçant des responsabilités dans une localité.

Nous constatons 7/11 de cas d‟intervention de la police pour agressions concerne des chefs du village ou des maires. Certains ont eu un bref séjour en prison, d‟autres n‟ont pas été inquiété par leurs positions dominantes ou leurs relations avec des autorités politique et / ou judiciaire. Ils sont souvent repro-

138 chés de l‟infraction de détournement de mineurs ou d‟agressions sexuelles entre autres. Les chefs religieux et maitre coranique se trouvent dans cette même situation.

Toutefois, nous constatons un taux élevé d‟agressions chez un conjoint avec un taux de 20/30 des cas étudiés. Dans tous les cas, la police a intervenu maintes fois pour interpeler l‟agresseur. Nous pouvons également constater que la police résidant en zone urbaine fait des interventions de maintien de l‟ordre sur des faits liés à la violence conjugale.

La majorité des alertes sont lancés par des voisins ou par des autorités de la localité concernée. Les Comores, par la solidarité de sa population ne laissent personne faire de la violence sans intervenir ni appeler la force de l‟ordre.

Tableau 14 : Types d’agressions par sexe

Agression Agression Agression morale sexuelle physique Viol et assimi- Coup et bles- Injures et in- Divorce sans Abandon du lé sure volon- sultes motif rationnel foyer taire mas- fémi- mas- fémi- mas- fémi- mas- fémi- mas- fémi- culin nin culin nin culin nin culin nin culin nin 01 15 02 23 08 23 0 09 18 11 Total 16 Total 25 Total 31 Total 9 Total 29 Total des personnes enquêtés 110

Source : enquête personnelle

Les agressions sexuelles sont parmi les violences faites aux femmes avec d‟autres infractions similaires. Cette présentation est une enquête effec- tuée auprès de la population, mais il ne fait pas partie des dossiers consultés aux commissariats centraux de police. Un homme sur seize se déclare être vio- lé par sa femme en lui imposante des rapports sexuels réguliers à chaque fois que l‟occasion se présente. C‟est un cas rare, car c‟est l‟inverse que nous

139 avons rencontré le plus. Ce même délit est plus fréquent faite sur les femmes. Tous les cas de violence que ce soit physique ou moral, les femmes restent les principales victimes.

140

II.2 LA PROBLEMATIQUE DE L’AGRESSIONS SEXUELLES

Dans notre zone d‟éetude, les agressions physiques dans le cadre do- mestique ont été largement ignorées par les autorités de tous les niveaux con- fondes. Peu de chercheurs locaux sinterresse sur cette problematique jusqu‟alors. A l‟échelle mondial, ce fléau a été denoncé par le mouvement des femmes vers la fin des années 1970 en créant un important réseau de protec- tion des femmes battues et des differentes modes d'assistance des femmes violentées contre des hommes irascibles.

En mettant l'accent sur l‟ampleur du pouvoir masculin sur la femme et sur les légitimations sociales de cet eccès de pouvoir, les inégalités socioéco- nomiques entre la femme et l‟homme comorien engendrent une dependence voir meme une soumission de cette dernière. Aucune mesure de protection ou d‟aide aux femmes en situation de détresse n‟est allouée. Devant l‟embrasement accru du problème par ses dimensions sociosanitaires et judi- ciaires, nous n‟avons enregistré aucune politique ou programme concret qui pourait coordonner des actions en faveur de ces personnes necessiteuses.

Dans cette situation, 09 sur les 15 femmes enquêtées, nous révèlent ti- midement qu‟ils ont eu des relations sexuelles imposées par leurs conjoints sur- tout pendant les premiers rapports, car elles épousent des hommes qu‟ils n‟ont jamais connus au paravent. C‟est les parents qui les ont choisis à leurs places. Ces cas sont plus fréquents à Ngazidja qu‟aux autres iles et touchent beaucoup plus les sujets âgés que les jeunes.

II.2.1 Interprétations des données Six femmes sur quinze nous confirment qu‟à chaque fois que leurs maris reviennent de la maison le soir, totalement défoncé par l‟effet de l‟alcool, du trembo ou de la drogue, les humilient aux regards et/ou aux connaissances de leurs voisins, des enfants ou voir même aux yeux de leurs familles. Elles subis- sent des viols, des insultes et reçoivent le plus souvent des coups aux yeux des enfants.

141

La société comorienne en général et plus particulièrement à Anjouan donne une très grande importance à la virginité. Il faut que la belle famille et la famille de la mariée, surtout les ainées prouvent que la fille était vierge. Le mari et la femme sont contraints de faire l‟acte intime aux connaissances des grandes mères, gardienne des traditions en un moment record. Cette action peut provoquer des blessures et des séquelles psychologiques.

Tableau 15 : Répartition des victimes demandant que justice soit faite

Pronostic d’évolution Nombre de cas Pourcentage Favorable à saisir les autorités judi- 46 77% ciaires Favorable à un arrangement à 14 23% l‟amiable avec indemnisation TOTAL 60 100%

Source : commissariat central de Mutsamudu

Figure 14 : Selon le souhait de la victime

Pourcentage

favorable defavorable

23%

77%

La population enquêtée, la majorité d‟entre elles ne souhaite pas se plaindre devant les autorités judiciaires soit 77%. Par contre 23% d‟entre elles sont partis volontairement eux-mêmes auprès des autorités. Ceci peut s‟expliquer par l‟ignorance des textes ou de la négligence des parents ou des membres de famille des victimes. D‟autre part le manque de moyen financier

142 pour engager un auxiliaire de justice pour défendre ses intérêts est un facteur à ne pas négliger.

Cela pourrait s‟expliquer par le fait que c‟est une période post-grand ma- riage avec des tensions et des cotisations sociales. Les hommes voulants fu- rent leurs responsabilités, usent des fois de la violence physique et/ou morale car ils prennent à la légère les complications survenues par un manquement à une obligation sociale. Ainsi, l‟ignorance des droits de la femme, l‟alcoolisme, les mauvaises interprétations du Coran, les pressions familiales entre autres jouent un rôle majeur dans l‟augmentation du taux de la violence faite aux femmes surtout conjugale. Ceci peut augmenter au fur du temps ces violences si une sensibilisation au niveau nationale n‟est pas faite afin d‟expliquer à la population le danger de cette pathologie qui ronge notre société.

A Ngazidja, le responsable du service judiciaire a rapporté que 93% des cas relèvent des violences graves allant des fois jusqu‟au décès de la femme. Tandis qu‟un autre haut gradé et ses assistants ont trouvé un taux de 2,9% de cas présenté au tribunal à Ngazidja contre et 0,8% pour Mohéli.

Dans l‟ensemble du territoire, notre enquête nous montre que dans les trois grandes villes (Moroni, Mutsamudu et ), nous avons constaté une hausse de 14,7% de cas de violences faites sur des femmes soit dans leurs foyers, à l‟école ou dans d‟autres endroits. Toutes les catégories d‟âges son concernées.

La forte prévalence observée dans notre étude dans ces commissariats par rapport à celles observés dans les interviews surtout en milieu rural en baisse est due aux faites que les femmes rurales trouvent normal que leurs ma- ris ont le droit de les frapper ou d‟épouser d‟autres femmes par exemple.

Dans cette section, nous avons pris l‟initiative d‟étudier l‟âge, le genre, la profession et le niveau d‟instruction des cas étudiés. Dans notre étude, les prin- cipales causes aggravantes de la violence sur les femmes sont entre autres :

143

- Dépendance de la femme envers son mari ou compagnon. Plus de 28% des cas étudiés sont des femmes sans emploi c‟est-à-dire ménagère.

- Plus de 12% présente au moment de son interpellation un taux élevé d‟alcoolisme surtout sur des sujets très jeunes.

- Environ 10% de la population étudiées est motivé par la jalousie ou la poly- gamie des hommes.

- Environ 13% des cas sont incités par la famille du mari

- 13% d‟agression est commise par la famille d‟accueil, les filles et fillettes sont les principales victimes.

- 7% d‟agression est commise par un enseignant, un maitre coranique ou un tuteur et Asthénie 8%.

Notre enquête sur le terrain a mentionné que les motifs d‟agression va- rient selon le milieu (rural ou urbain) dont (66,0%) sont commises en zone ur- bain contre 34% en zone rural. Ceci est dû par les activités incessant des mi- lieux urbains, les imitations des séries et films occidentaux, l‟absence des lois fondées sur les coutumes et traditions, la non présence des forces de l‟ordre dans les zones sensibles quartiers chauds, etc. Par contre, dans les milieux ruraux, certaines violences sont perçues par les femmes comme une situation normale. Comme l‟idée selon laquelle la femme est créé pour servir son mari. La polygamie est acceptée par la majorité des femmes enquêtées, la soumis- sion est un devoir d‟une femme rurale envers son mari. La tolérance et le par- don est une vertu. L‟aspect tabou et la loi du silence ont pris du terrain et rè- gnent partout. Peu des femmes se plaignent auprès des autorités judiciaires.

Nous avons eu un taux élevé de violence des hommes sur des femmes que des femmes sur les hommes. Nous constatons 45 cas des femmes vic- times de la violence des hommes soit 80% de la population enquêtée contre 15 cas des hommes victimes de la violence des femmes soit 20%.

144

Cette étude a été réalisée dans les commissariats centraux de Moroni et de Mutsamudu pendant une période de 11 mois de janvier 2016 à décembre 2016. Nous avons recensé 60 cas de tous genres confondus des personnes qui se présentent dans ces institutions pour se plaindre d‟être victime d‟agression de la part d‟un conjoint, d‟un compagnon ou d‟un tiers.

Il s‟agit d‟une étude essentiellement descriptive des aspects sociolo- giques de notre thème. Dans ce chapitre, nos recherches sont basées sur les cas de violence à la fois simple et graves confirmés par les chefs de service de ces commissariats.

L‟étude souffrait toutefois de certaines insuffisances, notamment liées aux problèmes classification des dossiers car certains sont introuvables. Cer- tains renseignements des plaignants et des agresseurs étaient incomplets. Nous avons exclu ces dossiers parmi tant d‟autres dans notre étude.

La violence faite aux femmes reste un problème social. L‟étude que nous avons menée permet de tirer quelques suggestions afin de mieux lutter contre le fléau et d‟éviter son évolution vers la forme grave. Nous avons pu constater au cours de notre étude que les inégalités sociales au détriment de la femme sont devenues un problème social grave. Nous nous adressons aux différents intervenants fortement concernés dans cette lutte comme les associations et ONG locales, les autorités politiques et religieuses. Il est primordial d‟avancer une IEC pour inciter les parents à ne pas négliger tous les moindres signes de violence dans les ménages et dans les places publiques avant que la situation s‟aggrave.

Ici réside l‟intérêt de la prise en charge intégrée des cas concernés par notre étude, dont l‟application dans tous les quartiers et village contribuera à prévenir les formes graves de violence faite aux femmes. Il est nécessaire d‟insister également sur la gravité de cette situation en encourageant les fa- milles à s‟adresser devant les autorités judiciaires.

145

Nous avons remarqué au cours de notre étude que la protection de la femme ne peut pas se faire sans penser aux intérêts de ses enfants d‟où la né- cessité de dénoncer les conditions des enfants en situation lamentable.

II.2.2 Les formes de violence faites aux femmes Selon la déclaration des Nations unies sur l‟élimination de la violence à l‟égard des femmes, la violence faite aux femmes désigne :

Tous actes de violence dirigée contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances phy- siques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée88.

En se référant à cette définition, nous pouvons constater la gravité de cette infraction et mérite d‟être sévèrement réprimé. Ces comportements sont destructeurs quels qu‟en soient la forme et le mode, verbal, psychologique, économique, physique, sexuel entre autres.

L‟ampleur et la gravité de cette violence, sa fréquence, ses mécanismes de répétition et d‟aggravation sont désormais bien connus même si ces con- naissances théoriques ne sont pas encore très diffusées. Le terme de violence conjugale englobe une série d‟actes de violence sanctionnés notamment par la loi, le code pénal tel que coups et blessures volontaires, séquestration, omis- sion de porter secours, risques causés à autrui, atteintes à la dignité humaine, agressions sexuelles et viols, menaces de commettre un crime ou un délit, ap- pels téléphoniques malveillants, administration de substances nuisibles, actes de torture et de barbarie, violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmi- té permanente, violences ayant entraîné une incapacité totale ou partielle de travail, meurtre et assassinat.

88 Déclaration des Nations unies sur l‟élimination de la violence à l‟égard des femmes, inhttps://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/ViolenceAgainstWomen.asp

146

L‟acte a une incidence directe et immédiate sur la famille surtout les en- fants. Exemple, en 2011 une femme a trouvé la mort dans la ville de Hahaya après avoir reçu un coup de pied fatal au ventre alors qu‟elle était enceinte. Beaucoup des femmes se trouvent tabasser, violées et même tuées par des conjoints ou toute autre personne de mauvaise foi. En 2016, un homme a violé une femme puis l‟a tué à Anjouan. Pendant son procès au tribunal de Mutsa- mudu, l‟homme a subi un verdict populaire. Il a été décapité.

Pour lutter contre ce fléau, la loi doit punir sévèrement les auteurs des violences faites sur des femmes sans bénéficier des circonstances atténuantes. Face à cette situation, la réussite de ce pari doit être fait l‟objet de formations en direction des professionnels particulièrement concernés tels que les fonction- naires de police et gendarmerie, les travailleurs sociaux, les professionnels des secteurs médical, judiciaire, psychothérapeutique.

Face à cette situation, l‟intervention de l‟État auprès du conjoint violent peut être considérée comme efficace dans le cadre de la situation particulière d‟un couple si elle comporte un certain nombre d‟éléments de garantie de la sécurité de la victime et de sa famille. L‟intervention doit se faire quand la sécu- rité de la femme et des enfants n‟est pas assurée, quand une protection leur est fournie et n‟est pas immédiatement accessible à la victime, en cas de crise et quand l‟auteur des violences n‟est pas capable de reconnaître et d‟endosser la responsabilité de ses actes violents.

Il ne faut pas minimiser tous les signes de violence aussi minime que ce soit, car personne ne peut analyser un comportement ou des agissements d‟un particulier avant de commettre des actes violents. L‟État doit renforcer la créa- tion des associations féminines pour la prévention de la violence exercée sur les femmes. Elles devraient être créée pour lutter contre les violences dans le couple et en dénonçant les auteurs devant les autorités judiciaires.

L‟État doit prendre des mesures visant à protéger la femme par des ac- tions qui font valoir leurs droits par tous moyens. Il est également loisible de reconnaitre la réalité, l‟ampleur et les conséquences de la violence dans le

147 couple et dans la famille afin d‟agir préventivement auprès des autorités compé- tentes pour éviter toutes actions récidivistes comme les moyens thérapeu- tiques.

Il faut également multiplier les centres d‟écoute surtout dans le milieu ru- ral dont ce phénomène prend de l‟empileur inquiétant. La lutte contre les vio- lences au sein du couple, et plus généralement contre les violences faites aux femmes, doit constituer une priorité du gouvernement, des exécutifs des iles autonomes, des autorités religieuses et des grands notables.

Nous pensons encore que la protection juridique du foyer contre le con- joint ou l‟épouse violant par un projet de loi ou une « ordonnance de protec- tion » pourrait être une des solutions envisageables. Le juge aux affaires fami- liales peut délivrer ce type d‟ordonnance lorsque des « violences sont exercées au sein du couple, au sein de la famille, par un(e) ancien(e) conjoint(e) ou par- tenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un(e) ancien(e) concubin(e) pour prévenir tout danger contre la personne d‟un enfant, d‟une femme et éventuel- lement un homme. Pour être efficace, le juge doit statuer dans les 24 heures. Il peut être saisi par la victime ou par le Ministère public, ou par toute autre per- sonne (voisins, associations féminines, membre de la famille de la victime…) pour éviter la loi du silence.

Des mesures d‟urgence nécessiteraient d‟être mises en place comme éviction du conjoint violent, relogement hors de portée du conjoint en cas de départ du domicile conjugal. Par ailleurs, cette mesure peut susciter deux réac- tions. Soit le délit de harcèlement au sein du couple ou soit délit de « contrainte au mariage » pour lutter contre les mariages forcés. Ces tempérances admet- tent aux femmes de prendre leurs places dans la société.

Au cours de l‟enquête sur le terrain, nous avons évalué le degré de la violence domestique chez les femmes et hommes qui ont accepté à répondre à nos questionnaires. Le cas le plus fréquent constaté est le phénomène des femmes battues et des hommes abandonnés. Cette situation varie selon l‟âge,

148 l‟emploi, le lieu de résidence, le niveau d‟instruction et le statut socioécono- mique du ménage.

En conséquence, nous remarquonsque cette la violence domestique est plus fréquente chez les couples plus jeunes de 15-19 ans et/ ou 20-24 ans que chez les personnes âgées entre 40-49 ans. Les femmes sans emploi sont les plus nombreuses à admettre la violence conjugale parce qu‟elles n‟ont pas le choix déclarent-elles par contre les femmes qui travaillent sont plus nombreux à refuser ou à lutter contre les violences conjugales. Par ailleurs, les femmes ayant un niveau d‟instruction plus élevé subissent rarement des violences dans leurs foyers conjugaux, soit 37% des femmes enquêtées. Les femmes anal- phabètes ou ayant un niveau d‟instruction faible subissent ce fléau soit 41% de notre enquete parmi celles de niveau primaire. Enfin, il parait que plus le mé- nage est riche et plus le taux de violence conjugale diminu et inversement.

En ce qui concerne le lieu de résidence, en milieu rural, la violence do- mestique est plus élevée qu‟en milieux urbains. À Anjouan, 22/32 femmes ru- rales enquêtées déclarent avoir été victime de violence contrairement en mi- lieux urbains anjouanais 18/26 femmes ont déclaré que leurs conjoints ont ra- rement fait recours à la violence non-justifié.

À Mwali, la situation est chaotique dû surtout aux mariages précoces et à la polygamie dont 35/42 femmes rurales sont victimes du système contre 15/20 femmes urbaines qui vivent avec moins de soucies en ce qui concerne la vio- lence domestique. À Ngazidja 37/40 femmes surtout en milieux ruraux sont des victimes dues surtout par les mariages forcés, les mariages croisés et la mau- vaise interprétation du coran. En milieu urbain, 19/30 femmes déclarent que leurs conjoints sont pacifiques et les autres dont leurs conjoints sont alcooliques ou sans emplois, la violence domestique récidive.

La violence domestique se présente sous plusieurs formes. Dans l‟ensemble du territoire, selon notre enquête, environ trois femmes sur dix ont subi d‟actes de violence physique, deux sur dix sont victimes d‟actes de vio-

149 lence sexuelle. Par contre les femmes victimes de deux types de violences (physique et sexuelle) sont environ quatre sur dix.

La période de grossesse constitue une étape cruciale en matière de vio- lence domestique. La violence domestique pendant la grossesse porte atteinte sur la santé physique et mentale de femme. De surcroit, la violence pendant la grossesse fait courir aux femmes des risques importants pour la santé et la sur- vie de la femme et de l‟enfant à naître.

Pour évaluer la gravité de cette violence, nous avons interviewé quelques femmes enceintes ou qui l‟ont été et subi des violences physiques pendant cette période. La plupart d‟entre elles déclarent être giflées, humiliées ou huées par un conjoint. Les femmes âgées de 15-49 ans enceintes consti- tuent la catégorie qui a déclaré avoir subi des violences physiques pendant la grossesse. Celles dont la séparation d‟union est encours c‟est à dire le mari ne vient pas souvent à la maison ou n‟envoie rien suit la liste de la proportion la plus élevée.

II.2.3 L’agression sexuelle et le viol d’inceste La notion d‟inceste : l‟agression sexuelle ou le viol commis par un ascen- dant de la victime tels que le père, la mère, le grand-père, la grand-mère ou, par une personne ayant autorité sur la victime dans le cadre familial notamment oncle, tante, concubin(e) de l‟un des parents constitue. Selon une information dans les réseaux sociaux il y a plus d‟un an, un homme a été décapité par ses frères après avoir violé fréquemment sa mère. Du jamais vu dans notre pays. Une des étudiantes comoriennes à Madagascar laquelle nous partagions les mêmes principes sur l‟égalité homme et femme dans notre pays, m‟as raconté timidement ceci :

J‟ai été violée par mon oncle, le frère de ma mère quand j‟avais 8 ans. Ma mère m‟empêche de raconter l‟histoire à qui que se soit. (...), Mon père qui réside à Madagascar depuis ma naissance n‟a pas réagit. (...). Je déteste cet homme c‟est à dire cet oncle et je ne lui salue jamais et ma mère me reproche toujours de ça. (...) Je ne lui respecte pas et je ne le considère que pour un criminel. Je lui dis toujours de ne jamais s‟approcher de mes deux filles qui

150 ont 3 et 5 ans... Pour moi, il n‟est pas mon oncle car dans notre pays, les on- cles protègent leurs nièces mais ne détruisent pas leurs vies. Depuis ce jour- là, ma vie à changer, je suis devenue une fille rebelle. J‟ai consommé des boissons alcoolique et aux cigarettes lourdes avant ma maturité.89.

Ce cas n‟est pas seul, beaucoup des familles ont eu des problèmes pa- reils par une personne proche n‟en imaginons pas ce qui pourrait être fait par une tierce personne. Les conséquences psychologique et physique sont lourdes à supporter et aucune structure nationale n‟existe pour prendre en charge ces genres de pathologie. Dans la ville de à Anjouan, le réseau social nous raconte ceci :

Un homme, souvent ivre, viole fréquemment sa mère et menace de s‟apprendre à toute personne qui osera l‟empêcher. Les frères de cet ivrogne, ont décidé de mettre fin à cette situation honteuse. Il y a eu des accrochages et l‟ivrogne a perdu la vie et l‟un des frères est ac- tuellement en prison. Je me suis rendu dans cette ville, plusieurs per- sonnes nous confirment cette histoire90.

Je me suis rendu sur le terrain et j‟ai confirmé cette triste histoire. Dans de nombreuses cultures, après un viol, les victimes risquent de perdre leurs confiances envers leurs familles ou par la communauté. En cas de viol, les femmes sont considérées comme ayant apporté le « déshonneur » ou la « honte » sur leurs familles surtout si la victime devient enceinte. Les victimes du viol tentent de se donner la mort. Dans un pays, où nous donnons une grande importance à la virginité et/ ou l‟adultère et le sexe avant le mariage sont illégaux comme les Comores, le viol est sévèrement puni par la loi même si peu de victimes se présentent aux autorités judiciaires. Nous nous deman- dons alors, s‟il est possible de parler de viol entre époux alors que certains chefs religieux nous informent que nos femmes sont comme nos champs, nous

89 Enquête de l‟auteur, Moroni décembre 2017 90 Ibidem.

151 pouvons entrer et sortir quand nous voullons. Ils font allusion des rapports sexuels que la femme ne peut pas refuser sauf si dans un sens interdit comme la voie anale.

Selon l‟article art. 222-23 du code pénal français dispos que le viol au sein du couple est considéré parmi les circonstances aggravantes de cette hor- rible infraction.

Selon ce principe, cela tend à expliciter que l‟infraction de viol peut être constituée au sein du couple que s‟il est imposé par des violences ayant laissé des traces, s‟il est effectué en présence d‟un tiers ou accompagnés d‟actes de violence d‟une autre nature91. Dans les autres cas, la contrainte exercée par le mari n‟était pas constitutive de viol dans la mesure où la « conjonction obtenue est une des fins légitimes du mariage »92.

Malgré la gravité de cette infraction pour certains pays, les Comores ne donnent aucune signification au viol entre époux. Cette infraction est restée im- punis jusqu‟à ce jour car les époux s‟obligent mutuellement à une communauté de vie. Cet argument est avancé pour soutenir le défaut d‟incrimination.

Étudier le pouvoir au sein du couple demande à prendre en compte une asymétrie fondamentale des ressources de pouvoir entre hommes et femmes, telle qu‟elle a été mise en évidence dans la perspective féministe. Notre étude est directement liée au pouvoir masculin sur sa partenaire sont abordés de fa- çon plus détaillée.

Attachés à démontrer que les inégalités de genre de nature matérielle et symbolique et professionnelles ne sont pas dues à une prédisposition innée des femmes, mais sont socialement construites. Les femmes sont majoritairement désavantagées en termes de ressources par leur socialisation, qui favorise l‟effacement de soi. La socialisation est le processus au cours duquel un indivi-

91 Arrêts de la Chambre criminelle de la Cour de cassation du 21 novembre 1839 et du 19 mars 1910. 92 Chambre criminelle de la Cour de cassation 19 mars 1910.

152 du apprend à vivre en société, durant lequel il intériorise les normes et les va- leurs, et par lequel il construit son identité psychologique et sociale.

Le pouvoir masculin sur la femme selon Max met en relief plusieurs élé- ments ou dimensions matérielles, symboliques et interactives. Marx93 explique que cette domination est basée le matérielles sur lesquelles repose le pouvoir masculin au sein du couple. Le pouvoir exercé par la classe dominante (les hommes) sur la classe dominée repose sur le fait qu‟en général, c‟est l‟homme qui doit nourrir, vêtir et entretenir sa femme et ses enfants. A partir de cette base matérielle, il est presque impossible d‟instaurer un pouvoir égal ou équi- table si la femme dépend entièrement de l‟homme.

En ce sens, notre étude a montré que les femmes sont entièrement dé- favorisées par rapport aux hommes, sur plusieurs axes les que le domaine de la formation, de l‟accès au marché du travail et disposent de ressources éco- nomiques médiocre. Les inégalités de ressources socio-économiques et poli- tiques ont des répercussions sur les rapports de force au sein du couple car les femmes sont souvent financièrement dépendantes de leur partenaire.

La femme se trouve dans une situation de dépendance financière qui li- mite son autonomie et les possibilités de quitter son partenaire violent. Cepen- dant, la domination masculine est non seulement de nature économique, mais également d‟ordre symbolique et socio-culturelle car la famille de la femme in- tervient souvent pour des réconciliations sans mesurer les chocs qu‟elle su- bisse.

Un autre phénomène marque notre étude. Lorsque les deux conjoints travaillent, les femmes continuent d‟assumer la grande partie ou la totalité des tâches domestiques. La participation de l‟homme au travail domestique est rare voir meme inexistante parcontre la femme s‟en occupe de tout. C‟est ains que

93 Marx et Engels « La division sexuelle du travail aux origines de la domination mascu- line : une perspective », 2016 in https://www.cairn.info › revue-actuel-marx-2011-1- page-15

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Bourdieu éclaire le contexte symbolique, culturel et social de la domination masculine :

Bourdieu élabore une sociologie de la domination en faisant ressortir la dimension symbolique qui légitime la mainmise d‟un groupe social sur des privilèges et avantages au détriment d‟autres groupes sociaux. En l‟occurrence, le pouvoir se maintient au moyen de valeurs partagées à la fois par les classes dominantes et par les classes dominées, valeurs qui légitiment symboliquement le statu quo94.

Cependant, Bourdieu n‟explique pas comment et pourquoi la domination mas- culine débouche dans certains cas sur des violences physiques et psycholo- giques directes, telles que les coups, les menaces ou les injures. Générale- ment, cette domination est associée à l‟idée de contrainte qui se base sur le fait que celui qui te donne à manger, qui s‟occupe de toi sur la plupart de tes be- soins, te dicte jusqu‟exagérer. Les États unis ou les puissances éuropéens se donnent tous les droits sur les pays pauvres surtout d‟Afrique. Ces manifesta- tions du pouvoir consistent alors à imposer directement sa volonté sur la fai- blesse de l‟autre.

Plusieurs chercheurs et anthropologues s‟interrogent sur l‟origine des inégalités sociales. Certains pensent que les inégalités entre la femme et l‟homme sont dues à la pauvreté alors que dans les pays où leurs niveaux de vie sont élevés, les inégalités homme-femme existe mais avec des degrés diffé- rents. D‟autres encore, déclarent que c‟est l‟islam qui est la source de toutes discriminations à l‟égard des femmes. D‟après notre étude sur les origines du peuplement des Comores, nous avons constaté que les inégalités sociales dans l‟archipel sont dû à une domination des nouveaux arrivants sur les autoch- tones. Les Arabes ont imposé leurs dominations sur les indigènes pour se faire respecter. Pour éviter toutes révoltes, ils ont épousé les filles des chefs des clans et leurs placent au même rang qu‟eux. Il est tout à fait inadmissible à

94 Pierre BOURDIEU, La domination masculine, Paris, Seuil, 1998, coll. Liber, in https ://www.persee.fr › doc › rfp_0556-7807_1971_num_15_1_2009_t1_0

154 notre époque qu‟une société donnée emploie toutes formes de discrimination en se basant sur un modèle patriarcal. Cela sera de la mauvaise foi de la part de certaines autorités que ce soient politiques, religieuses ou notables de ne pas mettre en place des actions menant à éliminer progressivement ce fléau en faveur du développement humain et social.

Nous disons toujours que toute inégalité a une origine mais celle qui se trouve entre l‟homme et la femme existe depuis très longtemps à travers l‟histoire de l‟humanité et dans le monde entier. Sur ce, Nous constatons plu- sieurs origines, religieuses, socioculturelles, politique entres autres. Il est mal- heureusement difficile de lutter contre les inégalités imposées par la puissance masculine car contredire les mentalités masculines est quelques fois tabous dans la plupart des pays musulmans.

L‟origine de l‟inégalité homme-femme n‟est pas très ancienne. C‟est à partir de l‟arrivée des étrangers arabe surtout et européen pour installer dans le pays des bantous, un système social inégalitaire.

II.2.4 Violence contre les hommes Au cours de l‟enquête, nous avons demandé à certains hommes, chef de familles s‟il leur était déjà arrivé d‟être battu, gifler ou recevoir des coups et blessures volontaires de la part de leurs femmes ou partenaire. Dans l‟ensemble des enquêtés 5/32 hommes ont déclaré avoir être agressé physi- quement par leurs femmes ou partenaires à une date très récente. Seulement 3/32 hommes affirment avoir été agressés moralement par leurs femmes. Cette violence morale disent-ils, est dû à l‟abandon de la femme du domicile conjugal sans prévenir soit pour aller à Mayotte en quête d‟une vie meilleure soit pour rejoindre un copain de mêmes âges. La plupart des victimes sont des hommes plus âgés que leurs partenaires. Il est à noter que 2/32 hommes ont oser nous dire que leurs femmes arrêtent volontairement à faire l‟amour avec eux parce qu‟elles ont des filles mariées et ne peuvent faire une concurrence avec leurs progénitures.

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À l‟opposé, les femmes sont nombreuses à subir d‟actes de violence de la part de leurs conjoints et la proportion d‟hommes qui ont subi un comporte- ment violent à l‟égard de leur femme ou partenaire est minoritaire. Ainsi les actes de violence commis par des hommes sur leurs femmes semblent plus fréquents en milieu rural qu‟en milieu urbain et inversement, les hommes en milieu urbain subissent beaucoup de violence de la part de leurs femmes que ceux du milieu rural.

Dans l‟étendue du territoire national une fille qui joue au football par exemple est mal vue par la société, elle risque d‟être frappée par ses proches (parents, grand frère ou grande sœur, oncle…) et c‟est pareil pour les autres disciplines sportives. Les équipes féminines sont rares et peu développées. Nous pensons que la création d‟une fédération féminine de football, de volley- ball, de Basket Ball entre autres pourrait promouvoir le sport féminin afin d‟obtenir le résultat escompté.

Les collectivités publiques locales devraient offrir aux hommes et aux femmes les équipements qui leur permettent de pratiquer le sport de leur choix. Dans l‟archipel des Comores, les femmes ont eu accès au sport plus tardive- ment que les hommes parce que les activités sportives sont considérées comme masculins. Ce phénomène existe dans la quasi-totalité des pays mu- sulmans. L‟État doit encourager les filles à pratiquer le sport même les disci- plines considérées jadis masculines. L‟État) doit veiller doit considérer le sport pratiqué par des filles au même titre celui pratiqué par les garçons. Espérons qu‟un jour, il y aura une équipe nationale féminine qui portera le nom de cœla- canthe. Cette situation pourrait être engendrée par le poids de la coutume, de la pauvreté et surtout de l‟Islam mal interprété.

Selon Mme Touma Bacar, responsable du service d‟écoute des enfants et des femmes en détresse à Anjouan nous révèle ceci :

Le mariage précoce ne touche pas seulement les filles. Dans la ré- gion de Nioumakélé, une localité donné, a émis leurs propre lois. Toute personne retrouvées dans un coin ou dans un endroit isolé seront mariées. Un adolescent de 12 ans est tombé dans leurs filets. Nous avons célébré l‟union d‟une personne qui ignore le sens du mot

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mariage. La fille, elle, âgée de 15 ans n‟a pas oser dire non au ver- dict de la communauté. La cellule d‟écoute de Touma Bacar a saisi la justice mais jusqu‟alors elle n‟a ni débouté de sa demande ni gagner ce procès95.

Ces mariages constituent un viol par le fait de forcer un adolescent, une femme ou une fille d‟épouser quelqu‟un contre son gré ou dans le pire des cas de prendre comme époux l‟homme qui l‟a violée, pour rétablir « l‟honneur » de sa famille. S‟agissant des mariages précoces, même si la fille accepte, le con- sentement d‟une mineure n‟est juridiquement valable dans des situations où des rapports sexuels sont possibles.

II.2.5 Les origines des inégalités homme-femme dans les religions Les inégalités homme-femme sont des phénomènes très anciens et pré- sents dans notre civilisation. D‟après notre l‟étude, nous remarquons que les inégalités remontent à la préhistoire où les hommes à la différence des femmes, se servaient de leur force physique pour survivre malgré le partage des taches évoqué dans la première partie du document.

Les religions ainsi que les comportements sociaux sont aussi parmi les sources de ces disparités. Pendant la révolution industrielle, les femmes étaient peu nombreuses à travailler et occupaient des emplois peu valorisés. Elles ont moins qualifié que les hommes. Nous sollicitons que les femmes auront la pos- sibilité de gérer leur vie privée et professionnelle avec un partage de tache avec son époux. La religion est l‟une des bases très ancienne des inégalités entre les hommes et les femmes dans la société.

II.2.5.1 La religion chrétienne

Au commencement, la religion chrétienne n‟octroie pas le droit au di- vorce aux femmes qui, par conséquent, restent dépendantes aux hommes toutes leurs vies. Cette religion n‟autorise aucun moyen de contraception ni le

95 Enquête de l‟auteur mars 2018

157 droit à avortement. En ce sens, nous pouvons comprendre que les femmes ont pour but de procréer et de rester soumises à leur mari.

Par contre, actuellement, l‟église a fait des concessions. Le christianisme accepte malgré tout qu‟un couple marié religieusement amène une vie séparée ou voire même à divorcer. L‟église ne considère le fait de vivre séparé de son conjoint ne constitue ni un péché ni un motif d‟exclusion sociale.

II.2.5.2 La religion musulmane

Les femmes musulmanes sont victimes des inégalités dès leurs plus jeunes âges. Elles n‟ont pas accès à la même éducation qu‟aux hommes, dé- pourvu des droits civiques, dans certains pays et sont interdites de prier avec les hommes à la mosquée. Comme la religion chrétienne, la religion musul- mane n‟accepte ni l‟avortement ni les moyens contraceptifs. La vie est un don du ciel et personne ne peut intervenir.

Certains hommes portent un masque évangélique ou islamique et tentent d‟induire en erreur les véritables croyants en présentant leurs propres interpré- tations de la parole de Dieu dans livres saints. Les comoriens jouent avec leurs croyances en les amusant par une fausse ruse d‟interprétation, empêchent toute augmentation de la foi et préparant le terrain pour la propagande maligne et honteuse qu‟ils utilisent contre Allah. Dieu n‟a jamais parler nulle part que les hommes sont supérieurs aux femmes ni l‟inverse. Il dit dans le Coran que : « nul ne peut être un bon croyant s’il n’aime pas son prochain comme soit même »96. Le prochain peut être de sexe masculin ou féminin et pourquoi nous faisons le contraire ?

Les hommes surtout les chefs religieux profitent de la situation selon la- quelle la population comorienne sait lire le coran sans savoir la signification pour employer des techniques de traduction rigoureux en leur faveur pour attirer le soutien des notables, détenteurs d‟un pouvoir irréprochable pour imposer leurs dominations, en décrivant des déclarations comme étant basées sur le

96 Coran, Sourate 4, Verset 19.

158 livre sain. Ils savent que c‟est la seule façon d‟imposer leurs influences. Mais le fait que c‟est une tromperie ingénieuse, nous motive à le dénoncer.

Le but ultime de ses oppresseurs est de déraciner complètement tout l‟ordre religieux et politique fondés sur l‟égalité de tous en droit et en devoir et surtout devant Dieu. Nous conseillons la population de dénoncer cette pratique en restant sur leur garde contre ce danger dramatique. Nous pouvons affirmer avec certitude que l‟assurance et la politique de provocation exhibées par les Foundi ou chefs religieux portant un masque religieux sont destinées à inciter la haine et la colère contre les victimes et ceux ou celles qui admets que la reli- gion Musulmane n‟a jamais oppressé personne.

Le danger que nous voyions réside sur le fait que tous les Foundi ou maitre coranique ou chef religieux sont tous des hommes. Ils se proclament être sincères et en déclarent que leurs inspirations viennent du coran et des Hadith97 du prophète Mahomet. Ces personnalités tentent d‟attribuer la servi- tude et le carnage qui n‟existent nulle part dans l‟Islam, à cette religion. Les autorités politiques de tous niveaux confondus doit être sincères en restant sur leur garde contre ces ruses.

En conséquence de cette mauvaise orientation, les femmes, les jeunes ont une fausse idée d‟un islam mal interprété. Ils restent toujours inconscients de la vraie valeur d‟une religion de beauté, de paix et d‟amour qui est la nôtre. Comme cela a été le cas à travers l‟histoire, la religion musulmane bien inter- prétée, est capable de s‟accroître les véritables valeurs de notre ère mais elle ne divise personne parmi les croyants.

Les croyants sincères qui tombent dans le piège de ce phénomène, de- viennent inconsciemment et involontairement un outil de propagation de leurs ruses. Toute la population doit être capable de détecter et de lutter contre ces terribles pièges afin de mener une campagne intellectuelle contre ces idéolo- gies mal saines. Nous ne devons jamais oublier que c‟est un pire danger pour

97 Dictionnaire d’Antidote, c‟est un recueil des actes et paroles de prophète Mahomet

159 le développement humain et social de la nation car c‟est une croyance héré- tique et le matérialisme sous contrôle de la minorité parmi la population.

II.2.5.3 La religion judaïque

Cette religion que nous avons peu de connaissances sur elle, est celle où la femme a le plus de « libertés ». Prenons le cas le plus simple, le divorce et l‟avortement sont autorisés sous certaines conditions, même si ces pratiques sont généralement déconseillées et autorisées.

Depuis toujours, le problème des inégalités homme et femme dans la re- ligion est lié à son interprétation. Il est tout à fait clair que les femmes n‟ont pas les mêmes droits et devoirs que les hommes dans la religion. Elles sont exclues d‟être Imam devant des croyants hommes et/ ou appelé les fidèles à faire la prière.

Certaines règles sont rigoureuses mais cela dépend de la concentration devant Dieu. Dans les mosquées, les femmes musulmanes par le fait qu‟elle n‟a pas la possibilité de prier avec les hommes attisent de nombreuses interro- gations. Mais en réalité, les rites et les pratiques islamiques dans la prière né- cessitent une très grande concentration et que la mixité peut déconcentrer le croyant. Mais visiblement, au sein de la société, ces inégalités ne sont pas dans le cadre de la religion, il s‟agit surtout un problème socioculturel.

II.2.6 Origines sociales des inégalités La société traditionnelle comorienne éduque les garçons et les filles diffé- remment dès leur enfance d‟une manière involontaire. Les parents donnent des jouets à leurs petites filles qui symbolisent les travaux ménagers comme des petites marmites, des bébés poupées avec des couleurs représentatives pour chacun soit du rose pour la petite fille et bleu pour le petit garçon qui vont tra- duire le rôle social de leur vie d‟adulte. Une fille peut avoir des poussettes, des appareils électroménagers comme des fers à repassé, des assiettes et des ba- lais.

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Un garçon va obtenir des jouets comme des soldats, des super héros, des voitures télécommandées particulièrement policier qui vont créer une cer- taine confiance en lui, et qui va révéler son esprit imposant et plus affirmé que les filles. Son esprit deviendra très vite mur et capable de prendre des décisions dans sa vie d‟adulte. A nos jours, nous avons l‟habitude de dire à un garçon qui pleure « ne pleure pas comme une fille » ou un garçon qui veut imiter sa mère dans les taches ménagères « arrête, tu n‟es pas une fille » et à une fille qui aime les activités d‟un garçon comme conduire une bicyclette ou jouer au foot- ball « tu es un garçon manqué ». Toutes ces petites affluences du quotidien vont jouer un rôle très important sur le caractère social de l‟enfant. Nous pou- vons aussi ajouter le cas des dessins animés, contes et légendes destinés aux enfants sont constitués de plusieurs insignifiances. D‟une manière générale, la femme est souvent une personne douce, belle, très passive, et qui manque de courage, alors que l‟homme est un être courageux, fort, loyal et intelligent.

Prenons l‟exemple de Blanche-neige. Il s‟agit d‟une belle femme, igno- rante qui fait confiance à tout le monde alors que nous lui avons vivement mise en garde de ne faire confiance à personne. Lorsque Blanche-neige est accueil- lie chez les sept nains, elle va s‟occuper de garder la maison en faisant la cui- sine et le ménage pendant qu‟ils iront travailler. Voyons également « Kirikou et la sorcière », un bébé garçon capable par son courage et son intelligence de sauver son village où seule les femmes et les enfants y résident car Karaba a transformé les hommes du village en fétiches. Tout cela montre que même au- jourd‟hui, les filles et garçons ne sont pas éduqués de la même façon dès leur naissance.

La petite fille comorienne est transformée en maman bis car elle supplée sa mère dans les travaux des ménages, à la corvée de l‟eau souvent à l‟aube et le dépôt des ordures, contrairement au garçon qui joue avec ses camarades ou qui prend la sieste. Ici, il s‟agit d‟aborder brièvement l‟origine de la violence con- jugale. Parmi les explications des violences au sein du couple surtout le phé- nomène des femmes battues est porté au grand jour, à visibilité sociale de ce problème est une conséquence directe de l‟action des mouvements en faveur de l‟émancipation des femmes. Les hommes comoriens qui croient que le Co-

161 ran leurs attribuait tous les pouvoir sur leurs épouses, ne veulent attendre la notion d‟émancipation de la femme car c‟est contraire à la religion.

Notre étude montre que les violences conjugales sont la conséquence di- recte de normes et de structures macro sociales de notre pays, telles que les inégalités sociales entre hommes et femmes ou la tolérance sociale aux vio- lences. Les débats actuels en sciences sociales qui accordent une très grande importance à ce phénomène ne peut être l‟expliqué seule mais nous pouvons- considérer la violence conjugale comme un système complexe d‟influences sur le plan individuel, psycho-social et sociétal de l‟individu. Ces conflits reflètent le fait qu‟il existe encore beaucoup de lacunes dans les connaissances reli- gieuses, juridiques locales, des textes et conventions internationales que le pays à ratifier sur la promotion de l‟égalité entre l‟homme et la femme.

Après avoir situé les diverses explications théoriques des violences dans le couple, il s‟agit maintenant de présenter les positions théoriques relatives au rôle du pouvoir comme facteur explicatif des violences. Les rapports quotidiens entre les hommes et femmes au sein du couple dans la société comorienne sont aujourd‟hui au centre des débats au niveau national et voir même au ni- veau international et nous nous sommes toujours demandé pourquoi les femmes sont principalement les cibles et les victimes des violences dans le couple

Il semble exister une certaine contradiction pour le modèle comorien car certains hommes se plaignent être victime de violence des femmes. Ce modèle se situe sur plusieurs angles :

- La femme abandonne son mari pour rejoindre un amant de son âge ;

- La femme abandonne son mari pour rejoindre pour immigrer en France ou à Mayotte ;

- Larolifération des insultes sur le mari surtout si ce dernier n‟a pas assez des moyens pour subvenir aux besoins de la famille ;

- L‟adultère ou multi-partenaires ;

162

- L‟imitation des séries qui pousse la femme aller jusqu‟à gifler son mari ou à lui insulter ;

- L‟homosexualité des femmes qui n‟éprouve aucun plaisir à un homme. Nous avons rencontré deux cas de couple que le mari se plaint d‟être abandonné par la femme pour rejoindre une autre femme ;

- Les femmes comoriennes surtout en grande comore refuse de dormir dans le même lit avec leurs conjoints lorsqu‟elles ont une fille mariée de peur de tomber enceinte dans le même période avec leurs filles.

Avant le mariage, plusieurs jeunes filles préfèrent avoir des relations sexuelles inverses jusqu‟au jour du mariage pour ne pas être considéré comme la honte de la famille. Une femme originaire de l‟une des localités du plateau de l‟ile d‟Anjouan nous révèle ceci :

Mon père a eu un AVC parce que ma sœur n‟a pas été vierge pendant son mariage et le mari n‟a pas coopéré avec la famille malgré plusieurs proposition pour acheter son silence (....). Elle a amené la honte à la maison et mon père n‟a pas supporté du faite qu‟il était un homme in- fluent (...), il refusait de s‟alimenter ni sortir de la maison et quelques jours plutard il a eu un AVC ischémique (...) après un long séjours à Madagascar pour des soins, il a perdu la voix et se déplace difficile- ment avec une canne (...). Ma grande sœur de son coté, elle a déjà tenté de se suicider (...). L‟homme à qui elle eut les premières relations sexuelles refusent d‟assumer ses actes98.

Certaines familles ont du mal à accepter le fait que leurs filles ne vont pas au mariage vierge. Certaines chefs de famille préfèrent mourir que vivre une telle situation. Le jour du premier rapport sexuel, le couple doit justifier la présence ou non du vierge.

98 Enquête, auteur, Anjouan, avril 2018

163

Dans les décennies passées, une grande mère doit assister comme un arbitre pour crier la joie ou la honte. Actuellement, une femme âgée de la fa- mille de la femme doit rester devant la porte de la chambre des jeunes mariés pour écouter et entrer par la suite pour prendre le drap blanc qui sera montré aux âgées de la famille et aux invitées parmi la communauté. Cette situation peut laisser des séquelles physiques et psychologiques que nous les considé- rons dans la catégorie de violence faite aux femmes. Cette situation est beau- coup plus visible à Anjouan qu‟aux autres iles. Quel que soit l‟âge qu‟elle entre dans le mariage même à 40 ans, la fille doit toujours être vierge dans son ma- riage pour ne pas amener la honte dans la famille.

Contrairement à la grande Comore, à Anjouan et à Mohéli, plusieurs fa- milles acceptent le choix de leurs filles à condition qu‟il (le mari) se présente dignement à la maison. Nous acceptons actuellement des maris pour leurs filles issue d‟une ile sœur voire même d‟un étranger même de confession différente. A la grande Comore, le choix de la fille est relatif. Si le c‟est le premier mariage, la plupart de cas, c‟est la fille qui fait le choix ou propose le mari de leurs filles surtout l‟ainées. Si c‟est un second ou énième mariage, la fille peut fait elle- même le choix car dans ce cas, la fille a diminué de valeur.

A Mohéli, surtout dans la capitale Fomboni, précisément dans le quartier Monimoimdji, une discrimination au détriment du mari non mohéliens existe en- core de nos jours. En aucun cas, si un mari est non mohéliens, en cas de grand mariage ou CHOUGU, nous ne pouvons pas faire la fête dans la place publique (Pangahari). Ce privilège est réservé aux enfants originaires de l‟ile. Certaines familles peuvent refuser l‟offre d‟un mari pour leur fille car leurs souhaits sont de faire la fête dans un endroit symbolique. Ceci n‟est pas une obligation religieuse car certaines personnes mélangent la culture et l‟islam à l‟égard des femmes.

Durant notre étude, nous avons constaté mainte fois dans des docu- ments ou interview que la religion musulmane est source d‟inégalité. C‟est pour cette raison que nous allons effectuer une étude approfondie de l‟islam et la femme en terre comorien. La place ou le statut de la femme dans l‟islam par rapport au développement humain.

164

II.3 L’ÉDUCATION ET LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN

L‟éducation traditionnelle se présente de la manière suivante. Elle s‟appuie sur des règles, des comportements et conventions traditionnels non écrits, transmis de génération en génération par voie orale pour régir la société et notamment régler les différents conflits menaçant l‟ordre coutumier ainsi, les conduites à tenir devant les personnes âgées et notables entres autres. Il faut noter que ce système était pratiqué dans les sociétés traditionnelles bien avant la création des entités étatiques de la colonisation.

Dans les villages, elle reposait sur l‟autorité des vieux qui avaient pour mission de conduire les nouvelles générations dans les différentes phases de leur croissance en leur inculquant les valeurs de solidarité liées au clan et le respect des coutumes communautaires pour éviter des drames dans la société traditionnelle.

Dans des sociétés où l‟oralité était dominante avec une forte propension à l‟expression artistique, les contes, les proverbes, les chants, les jurements, les danses servaient comme méthodes d‟éducation de citoyenne comorienne. Cette éducation traditionnelle varie suivant les régions et suivant les îles. Dans certains cas, il s‟oppose et s‟impose aux autres en usage.

En général, cette éducation est beaucoup plus appliquée en milieu rural qu‟en milieu urbain où le poids des traditions est moindre. Même à nos jours, étant donné les moyens limités de la société comorienne moderne, c‟est l‟éducation coutumière qui est le plus fréquemment utilisé pour régler les con- flits et rendre la justice. Nous apprenons également aux comoriens traditionna- listes, par voie oral, la manière de régler leur conflit. La sanction le plus souvent appliquée est le bannissement individuel ou collectif, selon la gravité de l‟infraction.

Les juges sont alors les notables au sommet de l‟échelle de la société coutumière. Ces fonctions de juge sont exercées exclusivement par des hommes. Selon les règles qui régissent la coutume comorienne, le pouvoir de décisions, d‟organisation et de prise de parole en public sont exclusivement

165 réservés aux hommes. Lorsqu‟il s‟agit des décisions portant sur le développe- ment communautaire, sollicitant la contribution financière des femmes par exemple, ces dernières sont souvent impliquées.

Cette éducation intervient également en matière d‟héritage. Exemple, nous avons appris aux jeunes comoriens que la femme est privilégiée en ma- tière d‟héritage. Tous les biens immobiliers, en application d‟une disposition du droit coutumier appelée Manyahuli ou bien commun sont mis à sa disposition. A Ndzuwani et Mwali, où le Manyahuli n‟existe pas, le système d‟héritage est quelque peu différent. Alors qu‟à Ndzuwani les femmes sont exclues des terres agricoles et ne disposent que des maisons, à Mwali les femmes ont l‟exclusivité sur les maisons et accèdent également aux terres agricoles au même titre que les hommes.

II.3.1 Rappel historique du système éducatif des Comores Le système éducatif comorien semble avoir vu le jour avec l‟apparition de l‟Islam dans l‟archipel, aux environs du XIIe siècle. Mais cette hypothèse pour- rait être erronée car selon Ahamada Youssouf, l‟éducation traditionnelle se pré- sentait de la manière suivante :

Elle s‟appuie sur des règles, des comportements et des conventions traditionnelles non écrits, transmises de génération en génération par voie orale. Ce type d‟éducation consiste à régler les différents conflits menaçant l‟ordre coutumier ainsi, les conduites à tenir devant les per- sonnes âgées et notables entrent autres99.

Il faut noter que ce système éducatif préislamique était pratiqué dans les sociétés traditionnelles bien avant la création des entités étatiques de la coloni- sation. Dans les localités, cette éducation reposait sur l‟autorité des vieux qui avaient pour mission d‟inculquer les nouvelles générations dans les différentes

99Ahamada Youssouf, La confrontation du système éducatif traditionnel et moderne aux Comores de 1912 à 1975, [Mémoire de maitrise en Histoire], université de Tu- léar, 2015, p.85

166 phases de leur croissance et de renforcer les valeurs et la solidarité du clan dont il est membre tout en respectant les coutumes et les traditions.

Dans des sociétés où l‟oralité était dominante comme la nôtre, l‟expression artistique, les contes, les proverbes, les chants, les jurements, les danses servaient comme méthodes d‟éducation de citoyenneté. Pour gérer les conflits internes les juges sont des notables singulièrement hommes au sommet de l‟échelle de la société coutumière. L‟éducation comorienne a connu plusieurs évolutions et changements à travers l‟histoire du pays. Cependant, cette his- toire sera essentiellement marquée par l‟évolution institutionnelle de l‟archipel. Le système éducatif traditionnel constitue un accès de plus en plus large à l‟instruction depuis e l‟indépendance à nos jours.

Après l‟enseignement traditionnel, le système éducatif qui suit, est l‟école coranique. Cette dernière reste une des premiers enseignements qui ont vu le jour avant la colonisation.

II.3.1.1 L’école coranique

Qu‟est-ce que l‟enseignement coranique dispensé aux Comores ? Cette étude tente d‟apporter une réponse à cette problématique en analysant d‟abord le mode d‟enseignement et d‟évaluation, sa popularité et son but. Il est fort pro- bable que l‟école coranique est apparue avec l‟islam, lequel s‟inscrit l‟enseignement du coran.

Dans cette étude, nous allons effectuer une brève typologie des diffé- rentes formes de cet enseignement. Elle tente de mesurer l‟apport de l‟école coranique par rapport au développement social, économique et culturel des Comores en particulier, sa place, son statut et son évolution en tant que pre- mier type d‟enseignement que le pays a connu. L‟école coranique est la plus vieille institution éducative de l‟Union des Comores. Elle accueille la quasi- totalité des enfants de 4 ans jusqu‟à la puberté, et même au-delà. Dans sa forme traditionnelle toujours en vigueur, elle échappe à tout contrôle de l‟État et reste sous l‟autorité du seul maître coranique.

167

Le débat local portant sur l‟éducation coranique n‟est pas nouveau. L‟enseignement coranique avec sa méthode de transmission, le statut mysté- rieux de l‟enseignant, ses infrastructures d‟enseignements inadéquats ainsi que ces qualifications actuelles posent problème.

Le trafic maritime qu‟ils entretenaient entre les côtes d‟Arabie, le Golfe persique et ces îles ne pouvait manquer d‟atteindre les îles Comores toutes proches. Au XIe siècle, un grand nombre de missionnaires et commerçants arabes sont venus renforcer l‟expansion musulmane. Mais il a fallu attendre l‟immigration chirazienne, particulièrement importante au début du XVe siècle pour que cet enseignement prenne une dimension nouvelle.

Considérant l‟importance de l‟enseignement coranique dans l‟évolution socio- culturelle, religieuse et psychologique de l‟enfant, deux indicateurs importants nous ont motivés pour nous engager dans cette étude.

Tout d‟abord, en traitant comme thème « l‟enseignement coranique », nous avons voulu contribuer à l‟urgente sauvegarde cet enseignement ances- tral qui, jusqu‟à présent a très peu évolué et étudié.

Ensuite, il s‟agit de sensibiliser ou de conscientiser l‟ensemble des ac- teurs tels que les parents, les éducateurs, les formateurs, les pédagogues et andragogues nationaux et l‟État à promouvoir l‟importance de cette école pour le développement socioculturel et intellectuel de l‟enfant comorien. Notre préoc- cupation est de servir de guide dans leur épanouissement avenir afin qu‟elle soit valorisée et considérée au même titre que l‟école de type coloniale.

Enfin, notre souci est de voir la valeur de la vie socioreligieuse, figurer dans notre société comme le dit le Coran. Dans la vie religieuse comorienne, l‟enseignement coranique s‟ajoute à la pratique stricte des obligations de l‟Islam. Il est néanmoins perçu comme l‟unique moyen de guider et d‟orienter les hommes vers la route de l‟Islam.

L‟enseignement du coran est devenu obligatoire pour tous les enfants Cette nécessité a fait que les Comoriens sont aujourd‟hui un peuple musulman.

168

Mais ces écoles fascinent surtout les filles notamment celles qui ne fréquentent pas l‟école étrangère. Mais malgré cette fréquentation de masse, les études que nous dispensons n‟ouvrent jamais les portes du travail, car les écoles cora- niques ne délivrent jamais de diplôme. Comme leur destin et leur vie dépendent obligatoirement de leur mari, cette école semblerait léser le deuxième sexe.

L‟intérêt de notre étude réside dans le fait que les enfants y apprennent à lire le coran et les opuscules de base sur les pratiques culturelles que le maitre traduit de l‟arabe en Comorien bien que l‟école coranique dispense un ensei- gnement religieux, préparant les enfants à être de bons croyants, nous consta- tons aujourd‟hui qu‟elle ne se développe pas, ne s‟adapte pas aux réalités du pays tout comme le coran. Dans ce sens nous nous demandons effectivement d‟où vient vraiment le problème.

L‟objectif de notre étude est de savoir la place de l‟enseignement dans le développement social et culturel de notre pays. Nous savons que le dévelop- pement social d‟un pays repose, d‟une manière générale, sur la capacité de ses ressources humaines disponible, de l‟éducation des enfants. L‟école coranique, premier système éducatif mérite d‟être mise en valeur. Selon la vision de l‟Islam, l‟analphabétisme entrave l‟épanouissement de la société.

Notre motivation sur la question de ces écoles a eu pour la socialisation et la culture spirituelle des enfants comoriens. C‟est pourquoi elles sont cons- truites dans l‟ensemble des villes et villages du pays. Les maîtres de ces écoles, appelés en comoriens « Fundi » qui, pour la plupart, enseignent par vocation, mais pas par pédagogie ne reçoivent ni salaire, ni indemnité. Ce sont des croyants incontestables qui considèrent cet enseignement comme un de- voir religieux. Enseigner le Coran et la tradition musulmane aux jeunes généra- tions et rendre pérenne l‟Islam sont des grands pas vers le paradis.

L‟enfant comorien peut lire et écrire le Coran sans comprendre le sens de ce que nous apprennons, car nous croyons que l‟objectif de cet enseigne- ment est de savoir lire et écrire la langue arabe pour réciter le coran.

169

Nous remettons en cause la pédagogie appliquée et la considération de ces écoles dans la vie sociale, économique et politique des Comoriens. Chaque école instituée demeure absolument autonome. Elle échappe à toute organisa- tion de type administratif et pédagogique officiel. Le maître coranique ménage son enseignement à son propre gré. Il fixe lui-même les règles et procédures d‟enseignement détail par détail et l‟organisation de son école. Depuis des siècles jusqu‟à nos jours, les écoles coraniques semblent toujours occuper une place dans la vie des Comoriens et Comoriennes. Savoir lire et écrire le Coran est un devoir sacré pour tout croyant.

De nombreuses critiques ont été faites sur sa méthodologie d‟enseignement, qualifiée d‟archaïque surtout par les observateurs internatio- naux et les défenseurs du droit de l‟homme. Il convient de souligner que ces pratiques habituelles ne sont notifiées dans aucun texte, ni par l‟école, ni par l‟État, encore moins par la communauté. Ce sont des pratiques arbitraires que le maître « Fundi » utilise sans cesse pour la « soi-disant bonne marche de son école ». Ceci est à revoir, voire à éliminer, si possible, complètement la sanc- tion et ne doit pas comporter ni châtiments corporels, ni moqueries, autant de pratiques qui permettraient peut-être de « dresser » les enfants. La sévérité ne s‟applique pas à tous de la même manière : chaque élève est un cas particulier. La discipline ne repose jamais sur la brutalité. Elle est toujours adaptée et com- prise. Elle ne peut en aucun cas s‟exercer en l‟absence de la compréhension, voire de la tendresse envers les petits.

Le maitre reste toujours dévoué à son métier, pour avoir pris la charge entière d‟éduquer l‟enfant jusqu‟à ce qu‟il devienne un modèle, gratuitement. Mais le manque de salles de classe confortables, de l‟hygiène, de matériels pédagogiques et didactiques, ainsi que l‟absence de formation psychopédago- gique des enseignants conduit à des résultats souvent décevants. Le Ministre de l‟Éducation Nationale n‟a aucun contrôle sur ces écoles dont la gestion échappe à tout contrôle de l‟État. Cette école est dépourvue d‟un système d‟évaluation et de passage. Il n‟y a ni notes ni examens de passage ni concours d‟entrée ni esprit de concurrence entre élèves.

170

Apprendre par cœur sans savoir le sens même du contenu des versets, « torturer moralement » et continuellement, l‟élève de l‟école coranique como- rien se trouve entre le marteau et l‟enclume. Châtier par son maitre et non compris par ces parents, l‟enfant traverse au jour le jour une vie terrible qui porte atteinte à son développement et à son épanouissement.

D‟ailleurs, ce n‟est pas à partir des châtiments, qu‟ils soient de caractère moral ou corporel, que l‟élève puisse fournir le meilleur de lui-même aux tra- vaux scolaires. Tout au contraire, cela risque de rendre ses efforts inefficaces et ses résultats non probants puisqu‟il n‟a pas toujours le sang-froid devant le maître. Il perd le plus souvent sa conscience. L‟élève se trouve dans l‟emprise de la peur surtout lorsque l‟enfant est emprisonné pendant des jours chez le maitre sans la possibilité de se rendre chez soi ni de manger que par le gré de celui-ci. Cet emprisonnement sans jugement, sans juge ni avocat est souvent béni par les parents surtout le père.

Les abus sexuels contre les enfants surtout les filles sont fréquents dans les écoles coraniques, car l‟enfant terrorisé n‟ose pas dire non ou à dénoncer les avances déplacées de son maitre. Il est hors de doute que ces enseignants en abusent, car cette méthode d‟enseignement n‟a rien à voir avec l‟Islam, ni avec les mentalités actuelles. Il n‟est pas du tout possible qu‟en notre époque, nous continuons toujours de traiter ainsi l‟élève. Plusieurs affaires de ce genre sont traitées dans les différents tribunaux du pays et certains parents ont préfé- ré de garder le silence pour ne pas déshonorer leurs progénitures.

Il semble cependant que ces enseignants soient restés jusqu‟à mainte- nant dans un monde figé, un monde où tout mérite d‟être critiqué à cause des pratiques méthodologiques qui semblent être vouées à l‟échec et qui suscitent des rectifications radicales pour réussir. Tout ceci parce que nous notons ac- tuellement une sous-qualification des enseignants, qui n‟ont pas la préparation requise. Nous devons persuader les maîtres que les méthodes qu‟ils ont lon- guement et consciencieusement pratiquées n‟étaient peut-être pas les meil- leures puisque jusqu‟à présent les écoles ne répondent que très imparfaitement à leurs finalités. Elles sont appelées à former plus des jeunes en qualité : elles

171 doivent transmettre un savoir et une culture avec plus de vigueur que par le passé afin de gagner en efficacité. L‟éducation étant l‟affaire de tous, tout pro- cessus de développement devrait contribuer activement à la promotion de cette éducation coranique par un système de développement intégré.

École coranique n‟a qu‟un seul maitre. Il peut se faire aider par certains élèves ayant un niveau avancé et qui a sa confiance, outre, le faible niveau d‟alphabétisation et d‟instruction des maitres coraniques fait qu‟ils sont inca- pables de changement dans leurs visions et leurs pratiques. Certainement, l‟éducation coranique bien que tout le monde envois ses enfants là-bas pour apprendre la religion, elle est sous contrôle de personne que le fundi lui-même, qui fixe son propre programme et qui punit tout comme bon lui semble.

Convaincu que le fundi étant la plupart des vieux hommes, ne vivent que de l‟agriculture, et comme à l‟école coranique, les fundis ne reçoivent de salaire à personne surtout pas à l‟État, ils ordonnent à chaque enfant de l‟aider, tout le monde doit cultiver la terre pour lui.

II.3.1.2 Étude comparative

Au Québec, la mission de son école est d‟aider les jeunes musulmans et musulmanes du Québec à mémoriser le Coran en entier, de promouvoir l‟apprentissage et révision du Coran surtout les grands fondements de l‟Islam comme unicité d‟ALLAH, la foi, les ablutions, les prières, jour de jugement, le paradis, l‟enfer, entre autres…

Les cours de l‟école coranique sont établies chaque samedi matin de 8h30 à 10h15 durant les sessions d‟automne et hiver, et de 9 à 11 heures du- rant la session d‟été et de 10 à 12 heures durant le mois de ramadan avec la possibilité de faire une révision de 30 minutes environ. Tout enfant de tous sexes confondus âgés au moins 4 ans parlant correctement et ayant la capacité d‟apprendre et assimiler les orientations de l‟enseignant est admissible à l‟école coranique. Les inscriptions sont ouvertes durant toute l‟année d‟où l‟existence d‟une fiche d‟inscription remplie par les parents. C‟est un système éducatif flexible.

172

Cette école est dotée d‟un programme d‟éducation ne dépensant pas 10 ans par enfant. Ce programme doit toujours tenir compte de la qualité et de la capacité de mémorisation individuelle de chaque enfant à l‟école sans omettre l‟aide précieuse des parents à la maison. Nous constatons l‟existence de niveau un à onze.

Le respect de la discipline et l‟assiduité est le principe et le retard et les absences justifiées sont l‟exception. Tous retards ou absences injustifiés ne sont pas tolérés. L‟école coranique est dirigée par un directeur général et un adjoint qui sont chargés de l‟exécution du programme et de la discipline comme l‟école du type colonial. Les ressources financières de l‟école reposent essen- tiellement sur les dons des parents des frais de cours et reste non déductibles.

Au Bénin, l‟école coranique du Bénin est „un système d‟enseignement re- lativement inconnu des acteurs de l‟éducation nationale. Cet enseignement dif- fuse les valeurs islamiques de base. C‟est une formation de type religieuse, musulmane censée assurée la socialisation et l‟intégration de l‟enfant dans la société. L‟enseignement islamique béninois est un système d‟enseignement parallèle existant depuis des siècles dont contrairement à l‟éducation formelle, l‟école coranique n‟est pas contrôlée par l‟État béninois. Elle est organisée ini- tialement par les différentes communautés religieuses et des groupes sociaux concernés. Au Bénin, nous distingons trois catégories d‟école coranique :

Elle accueille les enfants entre l‟âge de 3 et 7 ans pour apprendre le Co- ran et les principes de base de l‟islam. Ce sont des écoles coraniques affiliées à des mosquées. L‟école coranique traditionnelle n‟a ni cycle ni système d‟évaluation. Le programme comprend l‟enseignement du Coran, de la langue et la littérature arabe, et les sciences islamiques au presque le même pro- gramme que ceux des pays arabes. Nous les appellons des centres islamiques. Elles sont organisées comme l‟école formelle et octroient même des bourses dans les pays arabes. La langue d‟apprentissage est l‟arabe et se forme en cycle.

173

Elle est récente et très organisée avec des moyens plus conséquents que l‟école arabe. Son organisation est identique à celle de l‟école arabe. Le français y est enseigné comme seconde langue. En résumé et en termes de cette section, comme tous les autres pays africains, musulmans, l‟archipel des Comores connait depuis des siècles un enseignement coranique qui adopte en général des méthodes des principes ancestraux.

Les archéologues ont découvert divers vestiges qui remontent à cette période. C‟est le cas par exemple d‟enterrer les morts, la tête dans la direction de la Mecque ou la découverte de certaines poteries importées du Golfe Per- sique ; etc.100 La société comorienne considère l‟importance de l‟enseignement coranique dans l‟évolution socio-culturelle, religieuse et psychologique de l‟enfant d‟où le caractère universel de ce système éducatif. Depuis son appari- tion, cet enseignement est devenu obligatoire pour tous les enfants, filles et garçons, âgés d‟au moins quatre ans. Cette exigence a fait que les comoriens sont aujourd‟hui musulmans à 99% selon la population enqueté et 98% selon la plupart des documents consultés101.

Mais ces écoles gardent et fascinent surtout les filles notamment celles qui ne fréquentent pas l‟école étrangère. Mais malgré cette fréquentation de masse, les études que nous dispensons n‟ouvrent jamais les portes du travail car les écoles coraniques ne délivrent jamais de diplôme. Comme leur destin et leur vie dépendent obligatoirement de leur mari, cette école semblerait léser le deuxième sexe.

L‟école coranique n‟est autre qu‟une lutte contre l‟analphabétisme, contre le sous-développement l‟analphabétisme touche près de 70% de la population

100 Jean-Claude CKLOTCHKOFF, Les Comores d’aujourd’hui. Paris : Éditions J.A., 1989, p. 69 101 Enquete de l‟auteur

174 comorienne102. Selon la vision de l‟Islam, l‟analphabétisme entrave l‟épanouissement de la société et nous montre le chemin du paradis.

Les enseignants coraniques jouent un rôle d‟initiateur à la lecture et à l‟écriture de la langue arabe permettant la transmission de la foi et l‟apprentissage du Coran à l‟enfant. Le mot « Fundi » est d‟origine purement comorienne. Il signifie le connaisseur, le détenteur de tout savoir. Il est syno- nyme de sage, étant connaisseur des lois. Il est le véritable puits de la science Islamique.Ce sont des croyants incontestables qui considèrent cet enseigne- ment comme un devoir religieux. Il est rare pour ne pas dire impossible de voir ou entendre parler de maitresse coranique. Dans l‟enseignement coranique une femme peut être une la maîtresse d‟école en étant une femme mariée, reste toujours une subordonnée. Même si elle en a une connaissance poussée ou plus que son mari, elle se montre toujours inférieure devant son époux au sein de la communauté. Elle ne reçoit pas la même considération portée au « Fun- di », son mari. Les membres de sa communauté l‟appellent toujours la femme du maître.

Enseigner le Coran et la tradition musulmane aux jeunes générations c‟est rendre pérenne l‟Islam et la récompense est entré facilement et douce- ment au paradis. Le maître coranique ménage son enseignement à son propre gré. Il fixe lui-même les règles et procédure ainsi que l‟organisation de son école.

Malgré tout cela, le maitre reste toujours dévoué à son métier, pour avoir pris la charge entière d‟éduquer l‟enfant jusqu‟à ce qu‟il devienne un modèle, gratuitement. Mais le manque de salles de classes confortables, de l‟hygiène, de matériels pédagogiques et didactiques, ainsi que l‟absence de formation psychopédagogique des enseignants conduisent à des résultats souvent déce-

102 Abderemane soilihi DJAE, Promouvoir l’égalité homme et femme dans le dévelop- pement humain et sociale aux Comores, [Mémoire de DEA], Université de Tuléar, 2013, p. 32

175 vants. Le Ministre de l‟Éducation Nationale n‟a aucun contrôle sur ces écoles dont la gestion échappe à tout contrôle administratif.

A partir des années 78, une réforme a été entreprise et tente d‟harmoniser les pratiques et les niveaux, dans les 600 établissements cora- niques de l‟archipel à cette époque. La fin du régime soilihiste a engendré le retour des pratiques archaïque qui semblent bien difficiles à déraciner.

Pour ce faire, l‟école coranique apparaît à beaucoup d‟observateurs comme un modèle possible d‟enseignement démocratique, notamment, grâce à sa présence effective sur l‟ensemble du territoire et toutes localités confondues. Grâce à son mode de recrutement sans discrimination sociale, ni économique, les maitres coraniques réussissent la scolarisation universelle.

II.3.1.3 Le système éducatif à la veille de l’indépendance

Jusqu‟en 1975, date d‟accession des Comores à l‟indépendance, le sys- tème éducatif comorien était une copie conforme ou plutôt la caricature de celui en vigueur en France dans les années 50. Exagérément élitiste et inégalitaire, il était, de surcroît, peu adapté aux réalités et aux besoins du Pays. De fait, il avait pour objectif implicite la formation des personnels nécessaires au fonc- tionnement des services administratifs et sociaux de l‟Etat. Pour atteindre cet objectif, nous ne lésinions pas sur les moyens. A tous les niveaux du système, les élèves bénéficiaient de locaux, de moyens didactiques et d‟encadrements pédagogiques remarquables, avec une prise en charge intégrale des fourni- tures, manuels et transports scolaires, ainsi que des frais d‟internat pour les enfants originaires des zones reculées ou venant d‟une autre île… Ainsi, la mi- norité d‟enfants scolarisés pouvait, à plus d‟un titre, être considérée comme très privilégiée.

II.3.1.4 Éducation et inégalité homme-femme

Des inégalités sociales sont aussi présentes dans le système éducatif comorien car selon, l‟ONEC, presque de 62% des filles obtiennent de meilleurs

176 résultats au baccalauréat contre 38% pour les garçons103. Les filières qu‟elles choisissent sont souvent moins prestigieuses que celles que vont prendre les garçons.

Au baccalauréat général par exemple, le nombre de filles se dirigent vers des filières littéraires. Dans les séries scientifiques, nous comptons plus des garçons que des filles. La série A4 est considérée comme la série des filles car plus de 72% des candidats dans cette orientation sont de sexe féminin.104

L‟éducation comorienne souffre d‟une faiblesse en matière de capacité de pilotage et de gestion efficace et efficiente de système éducatif global. Elle accumule une insuffisance une vétusté des infrastructures et équipements sco- laires qui pouvaient assurer un meilleur fonctionnement.

Il faut souligner également que les revendications abusives, les rentrées tardives et les perturbations fréquentes des années scolaires dues aux grèves à répétition des enseignants sont des facteurs constituants parmi les contraintes du système éducatif. La contribution de l‟Etat est faible en financement du sys- tème éducatif et le développement non contrôlé des établissements privés porte atteinte à la qualité de notre système éducatif.

Pour de nombreuses filles dans le monde, c‟est le maximum d‟éducation à laquelle les plus chanceuses peuvent s‟attendre.

Dans toute l‟Afrique, 28 million de filles âgées de 6 à 15 ans ne sont pas scolarisées et nombre d‟entre elles ne mettront jamais un pied en classe. Nous vivons dans un monde où de violents extrémistes sont déterminés à détruire la vie des écolières, de leur famille et de leur communauté. Au-delà de l‟horreur, nous voyons la pauvreté du quoti- dien qui force les parents à sacrifier le droit à l‟éducation de leurs filles et l‟espoir d‟une vie meilleure. Nous savons que l‟éducation des filles a un effet multiplicateur. Les femmes plus éduquées sont généralement

103 Source : ONEC 104 Ibid

177 en meilleure santé, ont un revenu plus conséquent et moins d‟enfants. Elles sont en mesure d‟offrir de meilleurs soins et une éducation à leurs enfants, et sortir ainsi leur foyer de la pauvreté.105

Pourtant, nous savons aussi que le mariage des enfants et les risques liés aux grossesses précoces continuent de constituer un obstacle majeur pour de nombreuses filles. Chaque année le mariage des enfants réduit la possibilité d‟achèvement du cycle secondaire. Ainsi, dans un pays comme les iles Co- mores, une fille mariée à l‟âge de 15 ou 16 ans n‟a pratiquement aucune chance d‟achever le cycle secondaire. Dans certains cas, la peur du viol et du harcèlement empêche également les filles d‟aller à l‟école.

Pour les enfants qui sont scolarisés, les mauvaises conditions des salles de classe ont un impact sur l‟apprentissage106. En moyenne, en Union des Co- mores, trois élèves doivent se partager un manuel de mathématiques. Dans certaines écoles l‟accès à l‟électricité, et à l‟eau potable pose probleme. Pen- dant l‟observation fortuite, nous avons pu constater dans certaines salles dans certaines localités qu‟il y a plus de 50 élèves par enseignant et par salle.

En termes d‟infrastructure, les écoles sont sans toilettes ou avec des toi- lettes mixtes, constituent un risque sanitaire et sécuritaire pour les filles et un obstacle culturel important qui empêche ces dernières de fréquenter ces écoles. Pourtant, d‟après les enquêtes sur terrain, une école primaire sur trois aux iles Comores ne possède pas de toilettes, encore moins des toilettes réser- vées aux filles. Les enseignants et les élèves doivent aller chez des voisins ou dans les buissons. Dans certains villages côtiers, les enfants font des centaines de mètre pour faire leurs besoins au littorale.107

105 Mundy KAREN. « Aucune fille ne doit être laissée pour compte – L‟éducation en Afrique » in www.allinschool.org. 106 Ministère de l‟éducation nationale, de la recherche, de la culture et des arts chargé de la jeunesse et des sports, plan intérimaire de l‟éducation 2013-2015, Union des Comores, Janvier 2013. p.12 107 Enquête personnelle, Ngazidja, mars 2016

178

Le fait le plus impressionnant encore, est que les tendances montrent que le manque d‟enseignants pourrait empirer la situation tandis que de nom- breuses institutions sur place en collaboration avec le gouvernement comorien militent pour satisfaire les besoins grandissants en matière d‟éducation d‟une population d‟âge scolaire en pleine croissance. Il s‟agit par exemple du réseau Fawecom qui agit pour l‟égalité et l‟équité du genre dans le milieu scolaire. Au- jourd‟hui, l‟Etat doit créer de nouveaux postes dans l‟enseignement et pourvoir quelques postes vacants afin d‟atteindre un ratio de 30 élèves par enseignant dans chaque classe. Les Comores ont besoin d‟un plus grand nombre d‟enseignants qualifiés soutenus et formés pour améliorer leur enseignement.

Notre but ici est de démontrer les causes et conséquences d‟abandon scolaire pour la jeune fille qui a un impact sur sa vie et le poids des us et cou- tumes qui pèsent sur elle. Nous tenterons alors de proposer des nouvelles pistes d‟actions qui participent à l‟amélioration du problème. Ainsi, se basera sur trois axes qui consiste à :

- Examiner les conditions difficiles de l‟éducation des filles

- Réformer les politiques et les pratiques éducatives

- Combattre la pauvreté pour favoriser l‟éducation des filles.

Il n‟est pas difficile de prédire ce que l‟avenir réserve aux filles qui n‟iront jamais à l‟école. Elles rejoindront les rangs des 77108 millions de jeunes femmes incapables de lire ni d‟écrire une seule phrase, encore moins de déchiffrer une ordonnance médicale ou d‟aider leurs enfants à faire leurs devoirs. Les jeunes femmes représentent les deux-tiers de la population analphabète. Environ plus 29 millions vivent dans l‟Afrique et sont condamnées à vivre dans la pauvreté. Il est crucial de garantir aux filles comoriennes une éducation de base et de quali- té garanti de leur réussite sociale.

108 UNESCO, Données mondiales de l‟éducation, 7e édition, 2010-2011, Union des Comores, www.ibe.unesco.org

179

Il existe une grande relation étroite entre pauvreté élevé et le niveau d‟instruction de la population. Les actions de lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement comme les Comores doivent se concentrer sur l‟élaboration des stratégies d‟amélioration du taux de scolarisation de la popula- tion leur permettant d‟accroître la productivité et être plus compétitives. La meil- leure façon de lutter contre la pauvreté est la promotion de l‟éducation univer- selle.

L‟accès et la maîtrise des NTIC sont les défis majeurs qui attendent les autorités du pays. Dans ce cadre, l‟évolution accrue de l‟éducation comme outil de développement et d‟innovation efficace, aiderait probablement à l‟augmentation de la productivité.

Afin de répondre à certaines interrogations relatives à notre étude, nous essayons d‟apporter quelques éléments qui constituent le système de l‟éducation Comorienne ainsi son rôle dans le cadre de la lutte contre la pauvre- té. Notre analyse se base sur l‟influence de l‟éducation sur l‟économie des Co- mores en passant par ses diverses reformes.

Les écoles maternelles modernes qui sont de création très récente ac- cueillent les enfants de 3 à 5 ans. Bien que l‟importance pédagogique de ces écoles soit bien établie pour le succès des processus d‟apprentissages, leur nombre reste encore très faible. Le manque de moyens, mais aussi et surtout une certaine méconnaissance de cette réalité, expliquent sans doute cet état de fait. Par exemple, la Loi d‟Orientation N° 94-035/AF, se contente en son article 12 de déclarer : « Dans la limite des places disponibles, les enfants âgés de 3 ans révolus peuvent être admis dans les écoles préélémentaires »109, alors que l‟Etat n‟a construit et ne supervise aucun établissement de ce niveau.

De ce fait, toutes les classes accueillant les enfants de cet âge appar- tiennent à l‟enseignement privé, ce qui contribue à en limiter l‟accès. Nous pou- vons aussi noter que dès les toutes premières années d‟école, les disparités

109 Loi d‟Orientation N° 94-035/AF

180 fondées sur le genre sont déjà établies. Le cas de l‟île de Mwali est ici flagrant... Cet enseignement implanté exclusivement en milieu urbain, commence à s‟ouvrir très timidement aux communautés rurales. C‟est le cas notamment dans le village de Mkazi à Ngazidja et dans la Région de Nyumakelé à Ndzu- wani.

II.3.1.5 Le système éducatif après l’accession à l’indépendance

Le système éducatif au lendemain de l‟indépendance est hérité du sys- tème d‟enseignement colonial basé sur le principe de la gratuité. Pratiquement, tous les enfants suivent une double éducation. D‟abord l‟enseignement cora- niques dans les madrasas110 où ils apprennent à lire et à écrire le Coran sans le comprendre, et ensuite, pour la plupart, suivent également un enseignement de type occidental. Ce dernier, est un enseignement qui se fait en français de type sélectif. Ce modèle d‟enseignement longtemps réservé des élites, connaît une démocratisation importante après l‟indépendance du pays en 1975 surtout après la prise du pouvoir du guide de la révolution. C‟est dans cette perspective que le président révolutionnaire dans ses allocutions du 15 juin 1977, Ali Soilihi, cité par Lafon, nous montre ainsi :

La révolution doit aussi se préparer à produire ce qui est nécessaire à l‟enseignement, les cahiers, les manuels, l‟encre et les crayons. Dans le domaine pédagogique, la révolution a décidé de réorienter pendant le plan quinquennal de développement, les études scolaires, dans le primaire comme dans le secondaire, pour préparer les élèves à servir leur époque, c‟est-à-dire à seconder les travailleurs par leurs connais- sances ; sans une réforme de l‟enseignement qui commencera dans les écoles secondaires françaises actuelles, qui suivra chaque niveau

110 Madrasa, nom féminin qui signifie, École d‟enseignement dépendant de l‟autorité religieuse dans les pays musulmans.

181 jusqu‟à la classe de terminal actuelle et qui réformera chacun des niveaux de la scolarité.111

Depuis l‟accession des Comores à l‟indépendance des Comores le 6 juil- let 1975, les autorités comoriennes ont essayé d‟adapter le système éducatif aux réalités nationales, tant au niveau des structures qu‟à celui des pro- grammes. C‟est à partir de la révolution culturelle du Président Ali Soilihi des années 76-78 que l‟éducation était pour tout le monde sans exception. L‟éducation passa aux mains de l‟Etat et chaque localité en bénéficie. Actuel- lement, le Ministère de l‟Éducation Nationale de notre pays a pris en charge la totalité du système, des politiques éducatifs à partir de l‟enseignement primaire, secondaire et supérieur.

L‟objectif traditionnel de l‟école est la transmission des connaissances, du savoir-faire et du savoir être, l‟éducation doit participer à la construction d‟une société où l‟équitable, solidaire et cohérente avec un esprit civique. En conséquence, elle doit être également un lieu d‟éveil et de lutte contre l‟intolérance, l‟exclusion et le sous-développement tout en tenant compte des réalités locales. C‟est dans cette perspective que Roger Texier nous souligne ainsi :

L‟éducation n‟a pas pour seul effet de transmettre des connaissances, des comportements et des valeurs. Elle assure aussi le développement des aptitudes personnelles et met le plus grand nombre possible d‟individus en état de participer à la vie économique, culturelle et poli- tique de leur pays.112

Des difficultés scolaires ont toujours existé, mais de nos jours, depuis que l‟éducation comorienne ne fait que produire des chômeurs diplômés, elles

111 Michel LAFON, L’éloquence comorienne au secours de la révolution, discours d’Ali Soilihi (1975-1978). Paris : L‟Harmattan, 1995, p. 129. 112 Roger TEXIER, Education, monde d’espace. Lyon : Chronique sociale, 1986, p. 9.

182 prennent aujourd‟hui une racine dans un climat d‟anxiété et de non-confiance. Notre société a changé et nous sommes de plus en plus nombreux à considérer que l‟école n‟est pas synonyme de réussir dans la vie, déclare un étudiant en troisième année de droit de l‟université des Comores, centre de Patsy.

L‟éducation fait renaître dans les esprits des jeunes et des parents une ambition de développement et de réduction de la pauvreté. Pour certaines insti- tutions internationales comme le BIT, la Banque mondiale, l‟Unesco et la PNUD, la réalité d‟une telle conception ne fait aucun doute pour la réussite de l‟enfant et du développement de sa famille.

L‟année 1977, a été marqué par la mise en place de quelque reformes par les autorités. En faisant preuve d‟un important esprit de continuité, l‟Etat décidèrent de mettre en application les recommandations formulées par l‟expertise internationale qui répondaient aux soucis de la population et déve- lopper le niveau du système éducatif adapté aux réalités socio-économiques nationales par une volonté claire afin d‟orienter ce secteur l‟un des leviers du développement. La réforme doit alors répondre aux objectifs ci-après :

- Il est impératif de donner à tous les enfants comoriens, filles et garçons, la possibilité d‟acquérir une éducation de base adaptée activement à leur milieu physique et humain.

- Considéré la communauté de base un levier éducatif en la faisant participer activement à la formation et à l‟éducation des enfants.

Pour atteindre ces objectifs, il était recommandé : un renforcement des capacités institutionnelles, la formation des enseignants, la mise en place et le développement d‟un enseignement technique et professionnel, l‟introduction d‟activités manuelles sous forme de travaux pratiques à vocation profession- nelle à tous les niveaux du système, le lancement d‟un vaste programme de constructions scolaires adaptées aux matériaux locaux, et dont la main-d‟œuvre était assurée par les communautés, l‟équipement des écoles en moyens didac- tiques appropriés.

183

En 1978, suivant une démarche analogue, les nouvelles autorités issues du coup d‟état du 13 mai de cette année-là, dénoncèrent cette réforme, sans concertation aucune, et surtout sans une évaluation même sommaire de sa per- tinence. Mais très vite elles comprirent la nécessité de conserver certaines de ses dispositions, que nous retrouverons dans les lois qui ont été promulguées par la suite.

La première loi date du 03 mai 1980. Elle était rendue indispensable par le rejet de la Réforme de 1977, dont elle gardait cependant certains as- pects très importants. Dans son article premier, elle disposait: La République Fédérale Islamique des Comores entend se doter d‟un système éducatif qui, tout en préservant son identité culturelle marquée par l‟esprit communau- taire, lui permette de vaincre le sous-développement.113

Ainsi cette nouvelle loi mettait en exergue deux objectifs fondamentaux de la réforme de 1977, à savoir, l‟éducation au service de l‟identité culturelle et l‟éducation conçue comme un des leviers du développement. Dans un autre article, elle stipule : Tout enfant a droit à une formation élémentaire de base qui, complétant l‟action de sa famille, concourt à son éducation et à son instruction. Cette formation favorise l‟épanouissement de l‟enfant, lui permettant d‟acquérir une culture, le prépare à la vie professionnelle et à l‟exercice de ses responsa- bilités d‟homme et de citoyen. Elle constitue la base de la formation perma- nente.

Cet article comme le précédant- répond parfaitement aux objectifs du développement humain en matière d‟éducation, notamment l‟idée que tous les enfants, sans exception, les filles comme les garçons ont droit, à une même éducation de base et que celle-ci, en outre, doit concourir à leur épanouisse- ment.

Les filles ont été pendant très longtemps largement sous scolarisées. L‟association de la jeunesse comorienne (AJC) a dénoncé situation dont las autorité de l‟époque refusaient l‟accès de l‟école moderne à ses filles. Mais la

113 Loi date du 03 mai 1980.

184 vraie prise de conscience nationale de l‟injustice faite aux femmes et dans tous les domaines, y compris celui de l‟éducation, a été l‟œuvre du régime révolu- tionnaire instauré en 1975 et qui avait fait de la « libération de la femme et de la jeunesse », un des prioritaires de son programme. Mais cette priorité n‟aurait pas survécu à la chute du régime en 1978, du moins dans le système éducatif, sans la mobilisation entretenue par la communauté internationale en faveur de la démocratisation de l‟enseignement, inséparable du combat contre toutes les formes de discrimination, et sans la prise de conscience par une large partie de la population, surtout urbaine, de l‟importance de l‟école aussi bien pour les filles que pour les garçons.

Cette thèse exposera les grandes orientations données au système édu- catif au lendemain de l‟indépendance. L‟éducation pour tous est loin d‟être ac- quis mais les filles sont les plus touchées par ce fléau.

La scolarisation des filles commençait en masse dès les années 60. Les comoriens vivant en zone urbaines commencèrent à sentir l‟importance de l‟école coloniale jadis considérait comme menace pour la culture, la religion musulmane et l‟identité comorienne. Les premiers mouvements de grande en- vergure relative à la scolarisation des filles ont vu le jour. Nonobstant, nous pouvons dire avec certitude que cette situation a contribué à changer le regard des traditionnistes sur l‟école coloniale.

Premièrement, certaines grandes familles respectées par les notables et chefs religieux étaient en en faveur de la scolarisation de leurs filles. Les tradi- tionnalistes ont parfaitement compris alors de l‟importance de l‟école envers le développement des filles. La formation des femmes est une plus grande con- quête dans la quête de la reconnaissance de leurs droits à l‟égalité, à la dignité et à l‟épanouissement.

Durant cette période, une fois pubères, les filles devaient aller à l‟école voilées et tous les enseignants étaient presque des hommes. Progressivement, l‟élégance a trouvé de la place à partit des années 70 et fameuse mini-jupe

185 trouva une porteuse. Ceci était considéré comme " débauche " vestimentaire et provoqua des vives polémiques.

II.3.2 Ecole primaire L‟école primaire cherche à atteindre niveau universel qui constitue une des constantes admirables du système éducatif comorien. Cet objectif, formel- lement retenu dès la rentrée scolaire de 1977, a toujours été réaffirmé dans toutes les lois promulguées relatives à l‟éducation. Si en 2006, contrairement aux prévisions, l‟objectif n‟est pas encore atteint, ce n‟est pas une faute d‟avoir engagé tous les moyens à disposition…

L‟enseignement secondaire du premier cycle est dispensé dans 47 collèges publics, dont 6 collèges islamiques (Enseignement franco- arabe) et 89 privés. Les effectifs y ont connu une augmentation con- sidérable depuis 1977, date à partir de laquelle les critères de sélection pour l‟admission en 6ème (1ère année du collège) ont pratiquement été neutralisés. Entre 1978 et 2003 les effectifs sont passés de 9 367 à 25 689 élèves. Le tableau ci-après relatif à la situation entre 1996 et 2003 donne des précisions sur l‟évolution des effectifs, le rapport filles/garçons, le taux d‟accroissement annuel moyen et la part du privé à ce niveau du système éducatif.114

Le présent travail consiste à étudier et à comprendre les inégalités so- ciales dans le milieu de l‟enseignement supérieur comorien. Cette étude nous permettra de comprendre la valeur ambivalente du secteur

Cette démarche a comme objectif global de contribuer à l‟amélioration de la qualité de l‟enseignement supérieur et afin de réduire les inégalités d‟emploi au détriment de la femme malgré qu‟elle soit majoritaire dans la quasi-totalité des classes à l‟université des Comores. Ce dernier produit des chômeurs de luxe chaque année dont la majorité est des femmes.

114 Enquete au pres du Ministère de l‟éducation nationale, Moroni, juin 2018

186

Cette étude ne s‟inscrit pas en remède contre les diverses formes de ma- laises dont souffre l‟enseignement supérieur comorien. Elle constitue un constat pour contribuer tant bien que modestement, à faire comprendre l‟augmentation rapide des étudiants. Le résultat des inscriptions pour l‟année universitaire 2016-2017 en termes de genre est un exemple éloquent. Cette contribution se fera en élaborant cette étude, puis en s‟intéressant aux différents acteurs du domaine.

Pour cela notre étude s‟organise en deux phases. La première consiste en une analyse sur l‟effectif de l‟année universitaire 2016-2017. Cette phase a pour objectif d‟aboutir à démontrer l‟augmentation rapide des étudiants de l‟université des Comores. La deuxième phase ici consiste à faire une étude sur les employés en termes de genre. L‟objectif de cette démarche est de com- prendre et de faire comprendre les acteurs et partenaires de l‟université des inégalités de genre en matière d‟emploi au sein de l‟institution.

S‟agissant des préinscriptions, le directeur de l‟enseignement supérieur, nous, informe que les préinscriptions ont été ouvertes du lundi 23 mai au mer- credi 31 août 2016, avec un effectif des nouveaux entrants de 5221 répartis comme suit :

- Ngazidja : 2976 étudiants préinscrits ;

- Ndzuani : 2013 étudiants préinscrits ;

- Mwali : 232 étudiants préinscrits

Dans l‟ensemble du territoire, les femmes sont majoritaires sauf dans les formations professionnelles où les hommes dominent légèrement.

L‟université des Comores a enregistré en cette période, 11235 étudiants acquittés de leurs droits d‟inscription toutes filières et niveaux confondus. Ainsi, le Ministère de l‟Éducation nationale a enregistré à la session de 2016 un effec- tif de 5968 élèves admis au baccalauréat, toutes séries confondues. Selon le directeur du cabinet de ce Ministère, une légère hausse du résultat par rapport aux années précédentes est constatée avec une domination des bachelières.

187

La formation professionnelle dominée par les hommes, les effectifs sont moins importants. Après l‟introduction à la Faculté des Sciences et Techniques (FST) pour l‟année 2015-2016, de la Licence professionnelle de Biologie Marine et pêche et à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines (FLSH), de la Licence professionnelle en Communication, Journalisme, multimédia (CJM) en collaboratinon avec l‟ORTC par avec l‟appui du projet Fisherman basé à Ali- cante (Espagne), et la Licence professionnelle des Encadreurs pédagogiques qui concernent les inspecteurs et conseillers à la demande du Ministère de l‟Éducation nationale et sur financement du Projet PrePEEC, deux Licences ont vu le jour à l‟UDC à cette rentrée universitaire 2016-2017. Il s‟agit de :

- La Licence de langue et civilisation chinoise ;

- La Licence du Coran respectivement introduite à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines et à la Faculté Imam Chafiou.

Pour ce faire, nous allons présenter un tableau récapitulant l‟offre de formation de l‟UDC ainsi que les effectifs des étudiants inscrits au titre de l‟année universitaire 2016-2017

188

Tableau 16 : Effectifs des étudiants inscrits au titre de l’année universi- taire 2016-2017, Ngazidja

Composante Département Niveau Effectifs Total AES 1634 Total Droit 1367 Total Sciences Économiques 794 Économie des Institutions Master 1 24

Décentralisation et déconcen- Master 1 13 tration Juridique Banque et Finance Master 1 14 Droit Privé Master 1 15 Total Master 1 66 Économie des Institutions Master 2 5 Décentralisation et déconcen- Master 2 4 tration Juridique Total Master 2 9 Total Masters 75 Total FDSE 3870 Total LMF 353 Total LEA 542 Total Géo 565 Total Histoire 150

Total lettres anglaises 70 Langue chinoise Licence 1 44 Total Parcours langue Anglaise 44 Total F L S H 1724 Total STE 207 Total S V 385

Total M P C 186 Total FST 778 Total sciences Islamiques 142 Total Lettres Arabes 232

189

Droit islamique Master 1 7 Total Fic 381 Total EMSP 196 Total IFERE 161 Total GEA 83 Total Commerce 64 Total Génie Informatique 29 Total Tourisme 84

Total Habitat et son Environ- nement 40 Total Statistique 43 Total IUT 343 Total Ngazidja 7453

Source : Direction des Études et de la Scolarité (DES), 26 Novembre 2016

190

Tableau 17 : Effectifs des étudiants inscrits au titre de l’année universi- taire 2016-2017, Anjouan

Total AES 816 Total Droit 603 Total Sces Economiques 303 Total LMF 396 Total LEA 403 Total Géographie 242 Total F.P. Ecole 232 Total GEA 34 Total Tourisme et Hotellerie 32 Licence1 108 SVTE Licence2 77 Licence3 50 Total SV 235 Total Lettres Arabes 213 Total Patsy 3509

Source : Direction des Études et de la Scolarité (DES), 26 novembre 2016

191

Tableau 18 : Effectifs des étudiants inscrits au titre de l’année universi- taire 2016-2017, Mohéli

Total AES 155 Total G E A 26

Total F. p. Ecole 92 Total CUM 273 Total Université des Comores 11235

Source : Direction des Études et de la Scolarité (DES), 26 novembre 2016

Selon ce tableau récapitulatif des effectifs des étudiants inscrits à l‟université des Comores (UDC), les étudiants comoriens préfèrent poursuivre leurs études dans le pays qu‟à l‟étranger. Les filles dominent en nombre et en résultats par rapport aux garçons contrairement aux décennies précédentes où la majorité des étudiants poursuivaient leurs études supérieures dans les pays de la région et à l‟étranger.

Selon le Directeur de l‟enseignement supérieur, 52% des étudiants ins- crits à l‟UDC sont des filles et femmes contre 48% des garçons. Malgré ce bon résultat des filles inscrites ou sortante de l‟UDC, elles constituent une minorité considérable dans le domaine du travail. Ici, nous avons pris l‟exemple des em- ployés et enseignants de cette institution.

192

Tableau 19 : Effectifs enseignants par corps d’appartenance et par caté- gorie au titre de la rentrée 2016/2017.

DEA / HD Docto- Docto- Master Maî- Autres= les profes- R rat rant ou trises sionnels Équiva- lent To- tal Encadreurs / pédago- CDI/CD giques/ D*

Formateurs Composantes FDSE 1 10+(2) 0 13 0 0 (5/1) 26 FLSH 0 15 8 10 3 0 (1/7) 36 FIC 0 12 6 8(1) 2 0 (1/0) 23 FST (1) 16+(2) 5 16 0 0 (1/0) 40 PAT- SY 0 16 2 49 10 0 (8/19) 77 EMSP 0 5 1 2 2 5 (1/0) 15 IFERE 0 3 2 6 2 2 (4/0) 18 IUT 0 5(1) 2 17(1) 2 0 (4/3) 30 CUM 0 5 0 6 3 0 (0/8) 14 CUFO P 0 1 0 2 0 1 (0/0) 4 Ad- min. Cen- trale 0 5 1 6 1 1 (1/0) 14

2/0 Total * 98/14* 27/0* 137/92* 25/36* 9 26/38 297

Source DRH, 28 novembre 2016

Ce tableau nous montre l‟inverse de la situation précédente, dans le corps des enseignants de l‟Université des Comores, près de 80% sont des

193 hommes. Les postes de responsabilités et/ou administrateur, sont occupés à la hauteur de plus 90% par des hommes115.

Nous pouvons en déduire que, l‟abondance massive des candidats à s‟inscrire à l‟UDC, prouve la crédibilité que les Comoriennes et les Comoriens accordent désormais à cette institution. Cette situation d‟attraction interpelle en même temps sur la nécessité de préserver et renforcer les capacités et les conditions d‟accueil et de travail des étudiants, du personnel administratif et pédagogique et enseignant. Il est également important de penser à adopter une politique de recrutement qui respectera l‟approche genre.

Pour se faire, au baccalauréat général, le nombre de filles se dirigent vers des filières littéraires sera plus nombreuses que le nombre de filles se diri- geant vers la filière scientifique. Dans les séries scientifiques, nous comptons plus des garçons que des filles. La série A4 est considérée comme la série des filles car plus de 70% des candidats dans cette orientation sont de sexe fémi- nin.

Il y a une socialisation du garçon à l‟indépendance et de la fille à la dé- pendance. Des fois en tant qu‟enseignant à l‟université des Comores, centre universitaire de Patsy, si nous demandons à une fille pourquoi elle ne participe pas, elle répond souvent « nous avons la trouille de dire n’importe quoi ». Tous ces écarts vont se ressentir incontestablement dans un futur proche dans l‟accès aux emplois et dans la quasi-totalité de ses activités car ces stéréotypes acquis dès l‟enfance ne peuvent pas disparaitre à l‟âge adulte.

L‟éducation comorienne est frappée de plusieurs contraintes. La faible capacité de pilotage et de gestion efficace et efficiente de système éducatif. Cette situation est due surtout par la nomination des responsables ou autorités politiques qui ne sont pas du domaine. C‟est le cas par exemple, du ministre de l‟éducation nationale du second gouvernement d‟Azali, qui n‟as aucune notion du Ministère. Il est plutôt du domaine privé sur la production. Ceci nous laisse

115 Enquête personnel, octobre 2017

194 deviner que le système éducatif n‟est pas une priorité du gouvernement malgré les discours et les plaidoiries du chef de l‟Etat.

Nous constatons également, l‟insuffisance et la vétusté des infrastruc- tures et équipements scolaires pouvant assurer un meilleur fonctionnement du système éducatif. Prenons l‟exemple du Ministère en charge de l‟éducation na- tionale, en juin 2017, cette haute institution de l‟Etat a déménagé deux fois car le bâtiment qui l‟abritait n‟est pas praticable. La pluie, les moisissures et les rats entre autres sont présentes. Les grèves des enseignants et les promesses non- tenues par l‟Etat conduisent à des rentrées tardives et des perturbations fré- quentes des années scolaires. Nous voyons ici la place de l‟éducation como- rienne aux yeux de l‟Etat malgré les discours impressionnants des autorités centrales.

Les défis majeurs à relever sont nombreux. Tout d‟abord, il faut assurer un enseignement primaire de qualité pour tous et partout, diversifier et redyna- miser l‟enseignement secondaire. Ensuite, il serait préférable d‟améliorer les capacités d‟accueil du système éducatif national et sa gouvernance, réduire les coûts répétitifs dans la scolarisation des enfants et adopter sans délais la gra- tuité de l‟enseignement de base et prendre des mesures incitatives de la régu- larité des salaires des enseignants de tous les niveaux. Enfin, il faut mettre en place un centre d‟information et d‟orientation, de diversification et de la priorisa- tion des filières par rapport aux besoins du pays en matière d‟éducation.

L‟éducation informelle est le mode de formation professionnelle la plus ancienne et la plus courante, encore aujourd‟hui. Traditionnellement, les filles comme les garçons, apprennent un métier auprès d‟un proche parent qui con- sidère qu‟il est de son devoir de transmettre son savoir-faire et ses connais- sances techniques comme un héritage familial, reçu comme tel. Aujourd‟hui, ce type de formation se répand de plus en plus et accueille une bonne partie des enfants déscolarisés et non scolarisés, les garçons comme les filles. Ce qui est nouveau, c‟est que ces formations débordent désormais largement le cadre familial au profit d‟ateliers qui accueillent les apprentis selon des modalités di- verses. Ces formations qui ne coûtent rien à la collectivité et qui profitent aux

195 filles mais plus encore aux garçons permettent néanmoins de fournir au marché du travail une main d‟œuvre en nombre appréciable, mais aux compétences souvent très approximatives.

Ce sont les parents de condition de vie modeste qui ont le plus recours à ce mode de formation pour permettre à leurs enfants d‟apprendre un métier. Mieux organisé et encadré, ce type de formation pourrait augmenter très sensi- blement le nombre de jeunes, en particulier les filles, à acquérir une formation génératrice de revenus. Dans cette perspective, il faudrait aussi diversifier les formations destinées aux filles qui, actuellement ne peuvent bénéficier que des métiers liés aux activités artisanales traditionnelles.

L‟alphabétisation est un droit fondamental selon les dispositions établit par les droits de l‟homme des Nations Unies. Chaque pays considère que "sa- voir lire et écrire" sont des valeurs de base sur lesquelles se fondent le déve- loppement humain d‟une société. Nous constatons que près d‟un tiers de la po- pulation est analphabète, selon l‟UNESCO, dont la grande majorité est des femmes. Le milieu rural enregistre un pourcentage plus important d‟analphabète qu‟en milieu urbain. C‟est pour cette raison que des projets d‟alphabétisation devrait être vulgarisé avec l‟appui du Ministère de l‟éducation nationale en vu d‟éradiquer ce fléau.

Le taux d‟analphabétisme aux Comores est élevé de l‟ordre de 40,9% d‟après l‟enquête de MICS 2000. Selon le rapport PPTD Comores 2015-2019, l‟analphabétisme touche plus d‟adultes que des jeunes et plus des femmes que des hommes: Le taux d‟alphabétisation des adul- tes est de 56,2% et le taux de scolarisation s‟élève à 47%. Ce phénomène touche 46,6% des jeunes filles au niveaux nationale. Taux d‟alphabétisation des adultes est de 78.1% mais nous enregistrons un

196 taux d‟analphabétisme de 58,7% des femmes. Chez les femmes âgées nous enregistrons 64.5% d‟analphabètes116.

A Anjouan, par exemple, l‟ONG Naipenda Comores sis à Shitsangani dans la capital Anjouanaise, Mutsamudu, crée en 2012 lance des projets en faveur de l‟alphabétisation dans l‟ile. Selon un responsable de cette ONG :

Nous donnons la priorité aux femmes des zones rurales, car c‟est là que le taux d‟analphabétisme est le plus élevé. Comme pour des rai- sons socio- économiques, les filles quittent l‟école plus tôt que les gar- çons, nous admettons dans les classes des jeune femmes à partir de 15 ans. Les hommes ne sont toutefois pas exclus.117

Ce phénomène qui frappe surtout les femmes a des implications néga- tives sur le développement humain durable et n‟a jamais été pris en compte et traité comme une priorité par les autorités que durant la période de la révolution culturelle comorienne entre 1976 et 1978. Les comoriens alphabétisés dans leur langue maternelle ou en arabe ne tirent qu‟un avantage très limité. Ils se trouvent presque isolé dans la vie socioprofessionnelle et voir même politique. Ils se refugie souvent dans un statut de notable ou chef religieux pour ceux qui ont fait le grand mariage et ceux qui ont fait des études approfondies dans les écoles coraniques. L‟analphabétisme et la non-formation touchent les jeunes déscolarisés et/ ou non scolarisés, ainsi que les adultes et se pose avec beau- coup d‟acuité.

L‟absence de programmes d‟alphabétisation visant le renforcement de l‟acquisition des instruments fondamentaux (lecture, écriture et calcul) défavo- rise les déscolarisés et les non scolarisés, plus particulièrement les filles et les

116 https ://knoema.fr/atlas/Comores/education/Alphabetisation/Taux-dalphabetisation- chez-les-jeunes 117 Coralie WEBER, « Lire et écrire, un droit pour tous », http://www.interaction- schweiz.ch/fileadmin/user_upload/interaction/dateien/Dateien/Projekte/16- 04_Projet_Partneraid_Commores.pdf

197 femmes. Comme dans le cas des jeunes déscolarisés et non scolarisés, le pays ne dispose pas de structures d‟accueil pour l‟éducation et la formation des adultes en situation d‟analphabétisme dont le nombre ne cesse d‟augmenter du fait du fort taux des abandons scolaires. Pourtant, compte tenu de la jeunesse de la population comorienne (plus de la moitié est âgée entre 15 et 30 ans), l‟analphabétisme touche une forte proportion de la population active.

Il faut noter que deux actions d‟envergure ont été entreprises dans le pays pour l‟éducation des adultes. D‟une part, le programme d‟alphabétisation de masse menée entre 1976 et 1978 et d‟autre part l‟expérience de l‟Institut National de l‟Éducation (INE) conduite entre 1985 et 1993, avec l‟appui du CNDRS, et en partenariat avec la Coopération canadienne (CECI), l‟UNESCO et l‟UNICEF en 1992. Pour cette occasion, des livrets pour les apprenants et des guides pour les alphabétiseurs ont été élaborés et distribués. Des enca- dreurs et des animateurs en alphabétisation ont été formés et de centres pilotes etaient ouverts pour l‟alphabétiser des adultes, surtout des femmes.118

A défaut de structures d‟accueil pour la prise en charge de l‟éducation des jeunes déscolarisés et non scolarisés et des adultes, les seules possibilités qui existent pour le moment pour la formation de cette catégorie de la popula- tion sont offertes dans le cadre informel, à travers des ateliers spécialisés (mé- canique auto, menuiserie, couture, maçonnerie, bijouterie, soudure, plomberie, électricité, etc.).

Au regard de cette situation, il y a lieu d‟offrir aux jeunes et aux adultes les conditions appropriées de leur insertion dans la vie active. Pour ce faire, il convient d‟envisager la création et la mise en place de structures de prise en charge de leur éducation et de leur formation professionnelle. Cette option per- mettrait de lutter contre le désœuvrement, la précarité, la délinquance devant lesquels les jeunes sont exposés et, par conséquent, contre la pauvreté, un des principaux défis du millénaire. Promouvoir l‟éducation des jeunes et des adultes en situation d‟analphabétisme est le défi majeur pour ce sous-secteur.

118 Enquete au pres du Ministère de l‟éducation nationale, juin 2018

198

II.4 FEMME, ISLAM, SANTE ET DÉVELOPPEMENT HUMAIN

L‟étude du statut de la femme selon la religion musulmane est importante car elle permet d‟éclairer la compréhension de quelques versets controversés. Ceci nous amène à faire un tour d‟horizon sur la notion « islam et la femme par rapport à son développement ».

Dans cette étude, nous allons voir le droit de la femme au travail, la va- leur honorable d‟une mère dans l‟Islam, le droit à l‟éducation, à l‟héritage et le devoir du mari envers sa femme. L‟islam bien pratiqué et bien interprété n‟a jamais été une source de discrimination sociale. La religion musulmane est considérée comme l‟une des facteurs clés des inégalités sociales au détriment de la femme. Cette idée est difficile à démontrer.

Partout dans le monde le déséquilibre social entre les sexes est constaté avec des degrés différents. Notre zone d‟étude est l‟Union des Comores, pays où des multiples droits de la femme sont bafoués mais nous avons vu dans ce chapitre qu‟il existe beaucoup des pays dont les femmes souffrent plus que cet archipel. D‟une manière générale, avant de faire une étude comparative entre les Comores et certains pays, nous avons pris largement le temps de voir le véritable statut de la femme selon l‟islam afin d‟éviter les mauvaises interpréta- tions, sources de domination de l‟homme sur la femme.

Enfin, nous ne manquerons pas à faire une étude comparative entre l‟union des Comores et d‟autres nations de confession musulmane. Devons nous considérer l‟islam comme religion discriminatoire ? En cas de relâchement des idées féodales qui nous fait croire que la femme est inférieure à l‟homme quelle serait le modèle social des Comoriens ? Existe-il un pays plus discrimi- natoire que les Comores ?

II.4.1 Le statut de la femme en Islam La femme musulmane ne fait pas l‟objet de discrimination par sa religion. Au contraire, elle a été libérée et obtenus certains droits favorables à son déve- loppement.

199

La religion musulmane n‟a jamais interdit une femme de travailler. Des maris osent empêcher leurs femmes d‟exercer un métier même si elles ont fait des études supérieures. Dans les cas où les femmes se révoltent pour avoir leurs droits de travailler, leurs familles restent toujours du côté du mari en évo- quant des versets coraniques inexistant. L‟islam autorise à la femme de travail- ler et de gagner sa vie : « Pour les hommes il ‘a une part de ce qu’ils se seront acquis, et pour les femmes il y a une part de ce qu’elles se seront acquis. »119

Le verset ci-dessus du Coran exprime la position de l‟islam au regard du travail professionnel de la femme. Il y a toutefois, des conditions et des restric- tions légales à respecter. L‟Islam ne permet pas à la femme d‟entreprendre un métier qui pourrait nuire sa santé, son physique, de s‟exposer ou qui pourrait porter atteinte à ses valeurs. Notons que la constitution biologique de la femme et sa structure psychologique doit être prise en compte.

Certains théologiens nous révèlent que le principal rôle de la femme est de s‟occuper de son foyer matrimonial y compris d‟élever ses enfants convena- blement par l‟aide et assistance de son époux, etc. Si elle peut remplir parfai- tement ce rôle, et travailler en même temps pour augmenter le revenu de leurs ménages, elle peut à moins que son travail ne lui demande pas de transgresser les frontières établies par la Loi Islamique, la Sharia. A l‟origine, la femme avait trois rôles importants à jouer dans la société.

1. Elle était une mère,

2. Elle était une fille,

3. Elle était une épouse.

Avant l‟islam, aucun de ces rôles ne lui était pas reconnu convenable- ment. Cette religion a introduit des changements essentiels. Les coutumes pré- dominantes et les pratiques qui existaient dans le monde arabe, berceau de l‟islam était l‟exploitation immorale de la femme vis-à-vis de ses trois rôles. A ce

119 Coran, Sourate 4, Verset 32

200 qui procède, nous allons voir comment l‟Islam a mis fin à cette oppression et a bénit la femme avec l‟honneur et la reconnaissance.

La naissance d‟une fille parmi les nombreuses tribus de l‟Arabie, avant l‟islam, il était devenu une coutume de se débarrasser des nouveau-nées filles aussi vite que possible car selon leurs croyances de l‟époque, pour le père, la naissance d‟une fille était l‟arrivée d‟une malédiction dans la famille. Les pères enterraient leurs petites vivantes, sans regret ni remord, la regardant hurler et implorer impuissante, la miséricorde et l‟affection paternelle. Beaucoup de filles subissaient des fins similaires soit à la naissance ou quelque temps plutard.

Il fallait attendre l‟arrivée de l‟Islam, des enseignements du Coran et la guidance de la Miséricorde des Univers, le Messager d‟Allah Mahomet aidèrent à éradiquer ce genre de crime définitivement. C‟est ainsi que le prophète Ma- homet disait :

Dieu a promis le Paradis à celui qui élèverait ses filles selon les ensei- gnements Islamiques et qui les marierait à de pieux maris. D‟autres enseignements similaires tirés du Glorieux coran et de l‟exemple du Messager d‟Allah eurent un tel impact positif sur la vie sociale des gens dans leur ensemble que le concept même de soi-disant « malédiction » fut moralement abolit, et est appelé jusqu‟à ce jour « bénédiction ».120

Par rapport à ces propos, nous nous demandons l‟origine des violences conjugales. Si certains pensent que la source est l‟islam, ce hadith du prophète Mahomet prouve le contraire car la confession musulmane a libéré la fille dans le châtiment corporelle qu‟elle subissait.

Dans le passé, avant l‟islam l‟épouse vivant dans une condition lamen- table, piteuse et misérable. Elle était considérée comme un citoyen de second zone, sous-alimentée, surchargée de travail et traitée pire qu‟un animal. Elle est

120 Hadith du prophete Mahomet

201 traitée comme esclave pour servir sans relâche son mari, ses enfants et les invités de son époux, jour et nuit, sans avoir le temps de se reposer.

Son corvée et sa sueur n‟ont jamais récompensé que par des haillons sur son dos et quelques bouchées de nourriture juste pour tenir son corps et son âme en vie. L‟épouse a été secourut par l‟islam qui la libéra rapidement de cette condition. « Et vivez avec elles en paix ».121 « Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles »122.

Le prophète de l‟Islam a dit : « Le meilleur d‟entre vous est celui qui est le meilleur [dans son comportement] envers sa famille, et je suis le meilleur [dans mon comportement] avec ma famille »123.

Le coran aide à renforcer les relations matrimoniales entre l‟homme et son épouse afin de promouvoir une atmosphère paisible et saine dans le foyer. La situation de l‟épouse est à peu près semblable à celle de la période préisla- mique. Nous n‟avons pas cessé de nous interroger sur l‟origine de la discrimi- nation envers les femmes qui ne correspond ni à l‟idéologie de l‟islam ni aux recommandations de la communauté internationale.

La valeur d‟une mère en Islam est tres elevée. Elle est la personnalité la plus honoré et la plus respecté par la religion musulmane. Mais sa situation n‟était pas telle avant l‟Islam. Durant la période préislamique, la mère a été mal- traitée et dépossédée de ses biens durant sa période matrimoniale par son mari et ses enfants. Quand elle est veuve, elle est souvent considérée comme une partie de l‟héritage et être privé de l‟héritage.

Les beaux fils, les fils adoptifs étaient habilités ou autorisé à l‟épouser ou à cohabiter avec elle. Elle était considérée comme une propriété dispensable qui peut être échangée à volonté. A l‟arrivée de l‟islam, Nous avons placé la mère dans une position sacrée et privilégiée par rapport à l‟homme comme di-

121 Coran, sourat 4, Verset 19 122 Coran, sourat 2, Verset 187 123Coran, sourat 4, Verset 21

202 sait le prophète Mahomet : « Le Paradis se trouve sous les pieds des mères »124.

Aucune Hadith de ce genre n‟a jamais dit le contraire, que le paradis se trouve sous les pieds des pères. Nous trouvons des versets et traditions pro- phétiques qui encouragent les Musulmans à respecter et servir leurs parents surtout leurs mères. Mais d‟où vient l‟hostilité des hommes comoriens envers les femmes ? Je crains fort que l‟islam est la source de ces inégalités. Nous trouvons dans le Coran une sourate qui parle spécialement de la femme alors que l‟inverse n‟existe pas125. Nous pouvons dire que l‟islam, a amélioré le statut et l‟honorabilité de la femme. L‟islam lui a attribué des droits dont elle n‟avait jamais joui avant. Le droit de rivaliser l‟homme dans toutes les sphères de la vie et de participer à l‟établissement d‟une atmosphère saine et pieuse. Quand Dieu a donné à l‟homme la chance d‟exceller en piété et en chasteté, la femme fut également encouragée à en faire de même. C‟est ainsi que le Coran disait :

Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, véridiques hommes et femmes, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d‟aumônes, jeûnant et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs abondants de Dieu et invocatrices: Dieu a préparé pour eux un pardon et une immense récompense.126

Ce verset témoigne que et les hommes, et les femmes peuvent accom- plir des actes pieux et de pratiquer la chasteté dans l‟intention de satisfaire leur seigneur souverain afin de mériter pour leur propre bien une place honorable dans ce monde et dans l‟au-delà.

Il est temps de dire aux autorités politiques, religieuses et coutumières comoriennes que l‟arrivée de l‟Islam signifie la justice, honorabilité et recon-

124 Hadith du prophète 125 Sourate 4-verset 114 126 Sourate 33-Verset 35

203 naissance de la femme en tant qu‟être humain. La femme comme l‟homme ont des droits égaux, d‟opportunités et doivent jouer un rôle positif dans la société. Nous pouvons conclure que l‟Islam a bénit le statut social de la mère, de l‟épouse, et de la fille. La femme est née libre et mérite de jouir cette liberté sans enfreindre les règles religieuses.

Nous devons comprendre qu‟en lui donnant des droits illimités ou ina- daptés à sa constitution biologique pourrait être préjudiciable et à sa foi et à son développement. Le contrôle de ses activités sans soumission pourrait lui éviter les infractions déshonorantes comme la pornographie, la prostitution, le viol, l‟adultère, la fornication, l‟IVG et l‟homosexualité entre autres qui frappent le monde d‟aujourd‟hui surtout dans les sociétés soient disant civilisées. Les auto- rités comoriennes doivent réfléchir et traiter les femmes soit selon les orienta- tions de la communauté internationale ou selon le coran, à la lettre encore et réaliser que l‟Islam peut porter une solution.

Nous allons démontrer que la religion musulmane n‟est pas la source des inégalités sociales au détriment de la femme dans les pays musulmans en général et les Comores en particuliers. La période préislamique, la femme su- bissait des tortures et des mauvais traitements que nous allons démontrer une comparaison à chaque étape de ce passage.

L‟islam permet à la femme comme à l‟homme de jouir au droit de faire des transactions, de droit de vendre, d‟acheter, d‟être propriétaire des biens meubles et immeubles car Dieu a dit dans le coran qu‟il nous a créé d‟un mâle et d‟une femelle, et les seuls critères qui font prévaloir une personne sur une autre est l‟œuvre salutaire et la piété.

Dieu a dit :

O hommes ! Nous vous avons créés d‟un male et d‟une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous

204 entre-connaissiez. Le plus noble d‟entre vous, auprès d‟Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur. 127

Selon ce verset coranique, Dieu n‟a jamais séparé les hommes et les femmes dans n‟importe quelle situation. Le meilleur de nous devant le seigneur est celui qui respecte la loi et les obligations d‟Allah.

Le taux d‟analphabétisme des femmes est alarmant alors que selon cer- tains compagnons du prophète Mahomet, Abou Saïd Al Khoudri, raconte qu‟une femme vint dire au Prophète ceci :

O Messager d‟Allah ! Les hommes se sont réservés à eux seuls tes hadiths. Laisse donc pour nous l‟une de tes journées pour nous en- seigner ce qu‟Allah t‟a appris. Il lui dit : « Réunissez-vous tel jour ». Elles se réunirent donc et le Prophète vint à elles et leur enseigna ce qu‟Allah lui avait appris. Puis il leur dit : Chacune d‟entre vous qui sera précédée dans l‟autre monde par trois de ses enfants trouvera en eux un écran contre le Feu ». L‟une d‟elles lui demanda : Et s‟ils ne sont que deux ? Il dit : Même s‟ils ne sont que deux.128

Le messager de Dieu avait toujours privilégié l‟éducation des filles. L‟une des femmes du prophète Mahomet en la personne de Aicha était parmi les compagnons du prophète qui ont rapporté plusieurs hadiths véridiques. Si nous voulons prendre le cas de notre pays, les Comores, la quasi-totalité des enfants de tous les sexes confondus fréquentent l‟école coranique sans jamais at- teindre le statut du maitre même s‟elle a les connaissances requises.

Le premier verset du coran, révélait au prophète de l‟islam était IKRA-OU qui signifie littéralement lire, apprendre. Sans préciser le type d‟enseignement. Selon un chef religieux dans une mosquée de Fassi, nous expliquait que tout

127 Sourate 49-Verset 13 128 Hadith du prophete Mahomet rapporté par Al Boukhari et Moslim

205 enseignement est favorable devant le seigneur et celui qui se trouve dans le chemin de l‟apprentissage est meilleur que celui qui a fait le hadj129, ou le Dji- had et aura une maison en or et en diamant au paradis et pourquoi les parents comoriens ne scolarisent pas leurs enfants ou les fait sortir pour un mariage précoce au profit des traditions, le grand-mariage par exemple. Par définition le djihad, nom masculin, Selon le Coran, effort que tout musulman doit mener contre les mauvais penchants de son âme (djihad majeur) et effort qu‟il doit mener par les armes ou par la persuasion pour défendre et propager l‟islam (djihad mineur).

En ce qui concerne la parité homme-femme, le Coran est un aspect de la valorisation de la femme. Plusieurs en droit dans le Coran, a mentionné la va- leur et la place de la femme en Islam. Nous pouvons commencer par ceci : « Allah (Exalté) a créé la femme à partir d‟une côte de l‟homme (…) et il (Allah) a fait répandre les hommes et les femmes ». Dieu a dit :

Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d‟un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d‟hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement.130

Ce verset est un message que le seigneur, Dieu tout puissant fait passer aux êtres humains. Il (Dieu) a créé l‟homme et la femme pour répandre l‟humanité et interdit toutes ruptures. Malgré les stipulations du coran, les rup- tures abusives des liens du mariage et du sang sont monnaies courantes. Ainsi, nous pouvons affirmer que le divorce sans fondement valable, les conflits fami- liaux et les ruptures des liens de sang ne sont pas acceptables devant Dieu.

129 Par définition de hadj est un nom masculin qui signifie un Musulman qui a fait le pèlerinage à La Mecque. 130 Sourate 4-Verset 1

206

Le droit à l‟héritage de la femme avant l‟Islam était problematique. Seuls les hommes avaient ce droit à la totalité des biens du décujus. C‟est à partir de la religion musulmane que la femme a eu le droit à l‟héritage comme prédit le coran. Dieu a dit :

Aux hommes revient une part de ce qu‟ont laissé les père et mère ainsi que les proches ; et aux femmes une part de ce qu‟ont laissé les père et mère ainsi que les proches, que ce soit peu ou beaucoup : une part fixée.131

Nous savons également que la part de l‟héritage de l‟homme est supé- rieure à celle de la femme selon le Coran.

Allah a dit dans le livre saint : « Voici ce qu’Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles »132

Le coran ordonne à l‟homme de s‟occuper financièrement, moralement de sa femme et de sa famille. Il doit la donner la dote et la protéger entre autres. Ceci, ne signifie pas une domination de l‟homme sur la femme. C‟est ainsi que Ibn Abbas disait :

Auparavant les biens du défunt passaient à ses garçons. Aux parents (du défunt) revenait ce qu‟il y avait dans le testament fait en leurs fa- veur, puis Allah a abrogé ce qu‟il a voulu abroger de tout cela, il a don- né à l‟homme l‟équivalent de la part de deux femmes, les père et mère du défunt ont droit, chacun d‟eux, au sixième ou au tiers de la succes- sion, l‟épouse a droit au quart ou au huitième, le mari a droit à la moitié ou au quart.133

131 Sourate 4-Verset 7 132 Sourate 4-Verset 11 133 Hadith de prophet Mahomet, rapporté par Al Boukhari

207

Le devoir du mari dans son foyer et en dehors du domicile, est de bien se comporter à l‟égard de son épouse.

Dieu a dit :

Et comportez-vous convenablement envers elles c‟est à dire leur dire de bonnes paroles, les traiter conformément au bon usage, prendre soin de soi pour leur plaire, comme nous voullons qu‟elles le fassent pour nous car Allah (Exalté) a encore dit dans le coran: (…) Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance134.

Le prophète de l‟islam, disait pour renforcer témoigner les paroles du co- ran, évoquées plus haut. Le Messager d‟Allah a dit : « Les meilleurs d’entre vous sont les meilleurs avec leurs femmes, et je suis d’entre vous le meilleur avec les miennes »135

Le mari doit bien traiter sa femme même au cas où il y a de l‟aversion envers elle. C‟est ainsi que Dieu tout puissant a dit : « (…) Si vous avez de l’aversion envers elles durant la vie commune, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien »136

Cela signifie que l‟homme doit avoir de la patience, du retenu malgré l‟aversion qu‟elle pourrait inspirer car ceci apporterait à l‟époux beaucoup de bien dans ce monde et dans l‟au-delà. Comme disait Ibn Abbas : « Il s’agit là de l’homme qui traite bien sa femme (malgré l’aversion) et qu’ensuite elle donne naissance à un enfant où Allah loge beaucoup de biens. »

134 Sourate 2-Verset 228 135 Rapporté par At-Tirmidhi, qualifié d‟authentique par Al Albani. 136Sourate 4-Verset 19

208

Le Messager d‟Allah a dit : « Qu’un croyant ne déteste pas une croyante. Si l’un de ses côtés lui déplait; elle lui plaira par un autre. »137

Dans le prêche du pèlerinage d‟adieu, le Prophète a dit : « Recomman- dez-vous de faire du bien aux femmes, Allah vous les a confiées en dépôts et vous a permis de les approcher »138

Le coran interdit aux hommes d‟épouser certaines femmes avec qui nous avons un lien de parenté ou de sang et de parenté de lait139ceci est un aspect de et de valorisation de la femme contrairement à la situation avant l‟islam.

Dieu a dit :

Vous sont interdites vos mères, filles, sœurs, tantes paternelles et tantes maternelles, filles d‟un frère et filles d‟une sœur, mères qui vous ont allaités, sœurs de lait, mères de vos femmes, belles-filles sous vo- tre tutelle et issues des femmes avec qui vous avez consommé le ma- riage; si le mariage n‟a pas été consommé, ceci n‟est pas un péché de votre part; les femmes de vos fils né de vos reins; de même que deux sœurs réunies, exception faite pour la passé. Car vraiment Allah est maitre du pardon et Miséricordieux.140

En islam, la lutte contre les inégalités sociales présente plusieurs as- pects : spirituel, économique, social, légal et politique. Le Coran démontre clai- rement que tout être humain, homme et femme sont de même nature spirituelle et humaine. Les deux ont reçu le « souffle divin » qui leur a donné de la dignité et a fait d‟eux les gérants de Dieu sur la terre. La grossesse et l‟accouchement ne sont pas des sanctions données par Dieu mais plutôt comme des raisons additionnelles pour l‟aimer et l‟apprécier.

137 Hadith du prophete, rapporté par Moslim 138 Ibidem 139 Coran, sourat 4- verset 25 140 Sourate 4-Verset 23

209

Chacun a des devoirs et des responsabilités à respecter. Nulle part dans le Coran n‟évoque que les « hommes sont supérieurs aux femmes » à moins que le verset soit mal interprété ou expliqué de mauvaise foi. Selon le Coran, le meilleur d‟entre nous est celui qui est droit envers le chemin d‟Allah quel que soit le genre, la race, la couleur et la fortune.

La loi islamique ou la sharia octroie des droits aux femmes avant et après le mariage. La femme est une actrice du développement d‟une nation. Elle reçoit une plus grande sécurité financière que l‟homme. Elle a droit à la totalité du montant de la dote et de son cadeau de mariage. La femme dispose seule de l‟usufruit de son labeur tandis que l‟homme a le devoir d‟entretenir et subvenir aux différents besoins de sa famille.

Le Coran reproche l‟attitude de certains parents qui ont tendance à favo- riser leurs fils que leurs filles. Il prescrit le devoir d‟aider et de montrer de la gentillesse et de la justice envers les filles. L‟éducation des filles n‟est pas seu- lement un droit fondamental mais un devoir pour chaque musulman, homme et femme. Contrairement à la société comorienne, la fille a la faculté d‟accepter ou de refuser une proposition de mariage. Le mariage forcé, non consentent est invalide selon l‟enseignement du Prophète Mahomet, Paix et Bénédiction sur lui.

Tous les êtres humains sont égaux en droit et en devoir devant la loi. Il n‟y a pas des tribunaux ou des lois spécifiques pour les hommes et d‟autres pour les femmes selon l‟islam. Le juge des tribunaux islamiques doit considérer les plaignants du même pied d‟égalité et chacun sera traité en fonction des faits qu‟il lui est reproché et des procédures établis par le livre saint.

En résumé, l‟islam, chacun est responsable de ses actes et devra en ré- pondre devant Dieu. La façon dont certains hommes traitent les femmes surtout n‟est ni permis par l‟islam ni par d‟autres source de droit. La manipulation de la population par une mauvaise interprétation du coran soit par ignorance ou par mauvaise foi est l‟une des sources : « Le plus parfait des croyants est celui qui

210 a la meilleure conduite. Les meilleurs d‟entre vous sont ceux qui sont les meilleurs avec leurs femmes.” 141

Cette citation du prophète est l‟une des exemples éloquents pour dé- fendre l‟idée selon laquelle l‟islam n‟est pas l‟origine des inégalités sociales au détriment de la femme.

Figure 15 : Pèlerinage de la Mecque : femmes et hommes comoriens mé- langés

Source : réseaux sociaux, pèlerinage, Aout 2017

Cette image montre que la séparation de sexe dans les espaces de prise de décision communautaire et/ou religieuse n‟est pas une obligation religieuse. Dans les mosquées, pour bien se concentrer, les femmes prient avec les hommes dans la même salle mais séparées par des rideaux. A la maison, le couple peut prier ensemble avec les enfants.

141Hadith (Tirmizi), parole du prophète de Dieu, Mohammad (Paix et Bénédiction Sur Lui) Source : islamfranet

211

Dans le lieu saint de la Mecque, hommes, femmes, enfants, adultes, vieux, vielles, riches et pauvres prient ensembles et vénèrent Dieu sans distinc- tion de race ni de couleur (voir image). Pourquoi la société comorienne fait le contraire ? C‟est ainsi que nous allons voir les versets controversés, mal- interprétés par les chefs religieux, hommes, pour classer les femmes comme des citoyens de seconde zone.

II.4.1.1 Les versets controversés

(…) Les hommes sont au-dessus de la femme….

En réalité le coran n‟a jamais dit que l‟homme est au-dessus de la femme. Dans ce même verset du chapitre AN-NISSAA (les femmes), le coran nous révèle ceux-ci. Voilà l‟interprétation du….

Les hommes ont la charge et la direction des femmes en raison des avantages que Dieu leur a accordés sur elles, et en raison aussi des dépenses qu‟ils effectuent pour assurer leur entretien. En revanche, les épouses vertueuses demeurent toujours fidèles à leurs maris pendant leur absence et préservent leur honneur, conformément à l‟ordre que Dieu a prescrit. Pour celles qui se montrent insubordonnées, com- mencez par les exhorter, puis ignorez-les dans votre lit conjugal et, si c‟est nécessaire, corrigez-les. Mais dès qu‟elles redeviennent raison- nables, ne leur cherchez plus querelle. Dieu est le Maître Sou- verain.142

Cette interprétation concorde avec celle prononcé dans un discours du feu Ali soilihi en 1977, je cite : « les femmes ne sont jamais placé au-dessous des hommes mais au contraire, ils sont égaux en droit et chacun a ses devoirs envers l‟autre. Ce verset dit que l‟homme doit se mettre debout devant la

142 Saint Coran, sourate 4 verset 34

212 femme c‟est-à-dire que l‟homme doit l‟assister, la nourrir, la vêtir, la donner un toit, la soigner etc… ».

II.4.1.2 Les divorces fréquents sans procédure

Voilà ce que dit le coran pour éviter ou réduire les ruptures conjugales :

Si une rupture entre les deux conjoints est à craindre, suscitez alors un arbitre de la famille de l‟époux et un arbitre de la famille de l‟épouse. Si les deux conjoints ont le réel désir de se réconcilier, Dieu favorisera leur entente, car Dieu est Omniscient et parfaitement Informé. Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d‟un seul être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant d‟êtres humains, hommes et femmes ! Craignez Dieu au nom duquel vous vous demandez mutuellement assistance! Respectez les liens du sang. En vérité, Dieu vous observe en permanence.143

Le code de la famille comorien doit prendre la défense des femmes et des enfants car les conséquences des divorces sans raisons rationnelles por- tent atteinte à leur développement. La femme du grand mariage est privilégiée par rapport à celle du mariage simple. Cette situation n‟est pas évoquée par le Coran :

Si vous craignez, en épousant des orphelines, de vous montrer injustes envers elles, sachez qu‟il vous est permis d‟épouser en dehors d‟elles, parmi les femmes de votre choix, deux, trois ou quatre épouses. Mais si vous craignez encore de manquer d‟équité à l‟égard de ces épouses,

143 Saint Coran, Sourate 4, verset 35

213 n‟en prenez alors qu‟une seule, libre ou choisie parmi vos esclaves. C‟est pour vous le moyen d‟être aussi équitables que possible144.

Vous ne parviendrez jamais à traiter toutes vos femmes sur le même pied d‟égalité, quel que soit le soin que vous y apportiez. Ne soyez pas trop partiaux au point de laisser l‟une d‟entre elles dans une fausse situation. Si vous établissez la concorde dans vos foyers, si vous fuyez toute iniquité, sa- chez que Dieu est Clément et Miséricordieux.

Ce que nous observons dans notre société est le manque d‟équité. La nouvelle épouse, souvent la plus jeune est plus avantageuse que les an- ciennes. Les enfants de la première épouse sont délaissés ou négligés. Dans le cas où ses enfants ne sont pas du village du mari, ils sont privés d‟héritage et d‟encadrement. Mais si ces enfants prospèrent, travaillent et gagnent bien leurs vies par les efforts de la famille maternelle, les membres de la famille paternelle réclament le fruit d‟un effort non fourni. Nous ignorons les violences conjugales qui peuvent entrainer souvent la mort dont sont victimes les femmes alors que le coran disait ceci :

Quiconque donne la mort intentionnellement à un croyant aura pour rétribution la Géhenne, où il demeurera éternellement, exposé à la colère et à la malédiction du Seigneur, et sera voué à d‟immenses tourments145.

Au cas où une femme constate de la part de son mari une attitude hos- tile ou un certain refroidissement, il n‟y a aucun inconvénient à ce que les deux époux s‟ingénient à trouver une solution qui leur permet de se réconcilier, car rien ne vaut la réconciliation en islam, étant donné que l‟égoïsme est inhérent à la nature humaine.

144 Saint Coran, Sourate 4, verset 35 145 Coran, sourat 4, verset 93

214

Par contre, si les deux époux préfèrent se séparer, Dieu, dans sa géné- reuse bonté, assurera à chacun d‟eux un meilleur destin, car Dieu est plein de largesses et sa sagesse infinie ! Sachiez bien que Dieu a horreur des propos méchants émis à haute voix, à moins que nous ne soyons victime d‟une injus- tice

II.4.1.3 Comparaison des inégalités de genre entre les Comores et les autres pays arabes

Selon les résultats de la troisième enquête Thomson Reuters, portant sur les droits des femmes dans les 21 pays de la Ligue arabe, les Comores restent au premier rang de ceux qui accordent des droits à la femme et l‟Égypte les derniers.

Ce dernier (l‟Égypte) affiche un mauvais score dans tous les domaines depuis l‟élection du président déchu Mohammed Morsi, en juin 2012. L‟influence des islamistes s‟est accentuée dans le pays et engendrent un recul pour les droits de l‟homme et ceux des femmes en particulier. Selon un rapport des Nations Unies publié en avril 2013, plus de 99% des femmes égyptiennes auraient subi des agressions sexuelles.

Cette enquête pourrait nous faire croire que l‟Égypte est le pays le plus hostile aux femmes parmi les pays de la ligue arabe. Selon Human Rights Watch, 91 femmes auraient été violées ou agressées sexuellement en public, en juin 2013, sur la place Tahrir, lors des manifestations anti-Morsi.146

Nous les femmes avons besoin d‟une double révolution, une contre les différents dictateurs qui ont ruiné nos pays et une autre contre ce mé- lange toxique de culture et de religion qui ruine nos vies en tant que femmes147

146Human Rights Watch en français contrôle du respect des droits de l'homme et de la société civile de l‟ONU. 147 Ibidem

215

Par rapport à l‟intervention de la journaliste Mona, nous pouvons dire que la communauté internationale doit faire pression sur ses États pour promouvoir l‟égalité homme et femme et de lutter contre toutes les formes de discrimination envers les femmes prévues par les conventions internationales ratifiées par 19 États arabes. Nous estimons que notre étude montre que le Coran n‟est pas la source de ces discriminations.

L‟Irak, avant-dernier du classement, les droits des femmes ont régressé dès le renversement de Saddam Hussein, après l‟occupation du pays par les États-Unis en 2003. Ceci nous laisse dire que le changement de régime dans ces pays a un impact sur les abus au sein des familles et la prostitution aug- mente et l‟illettrisme gagne du terrain, selon l‟Agence des Nations unies pour les réfugiés. À propos de L‟Arabie Saoudite, classée 20e, Nous constatons une en légère progression. Le royaume wahhabite est resté le seul État interdisant aux femmes de conduire. Ceci ne se trouve nulle part dans la charia malgré quelques timides réformes mises en place par le roi Abdallah qui ont donné aux femmes de nouvelles possibilités d‟emplois et autres avantages comme en- tendre leur voix en public.

Pour cela, 30 femmes du royaume sur 150 siègent au Conseil de la choura, un organisme consultatif auprès du roi, car le pays n‟a pas de parle- ment. Néanmoins, d‟autres droits sont limités comme le droit de travailler, de se rendre à l‟étranger, d‟ouvrir un compte en banque ou d‟entamer des études su- périeures, les femmes saoudiennes doivent solliciter l‟autorisation d‟un parent masculin.

En Syrie, où la guerre civile fait rage jusqu‟aujourd‟hui, les forces armées du président légitime, Bachar al-Assad sont accusées par les organismes de défense des droits de l‟homme, de viol et de tortures à l‟encontre des femmes et des enfants. « La femme syrienne est une arme de guerre, susceptible à des enlèvements et à des viols par le régime et autre groupe rebelles », déclare une spécialiste de la défense des droits des femmes. À l‟heure actuelle, le pays est suspendu de la ligue des États arabes.

216

En Libye, 14e du classement, les droits des femmes sont réduits surtout depuis le renversement de Mouammar Kadhafi. Les experts parlent d‟une hausse des enlèvements, extorsions et sévices à l‟encontre des personnes les plus vulnérables particulièrement les femmes.

En Tunisie, membre de cette ligue est le meilleur pays du classement des pays ayant connu un "Printemps arabe". Nous pouvons constater que les femmes disposent 27% des sièges au Parlement, une légalisation de la contra- ception, mais hélas, la polygamie se développe et le droit successoral favorise les hommes. Le reste des pays membres de la ligue des États arabes, la situa- tion est presque la même. « La souffrance des femmes, aux bonheurs des hommes ».

Certains pays interdisent les femmes de travailler sans l‟approbation de leurs maris sont nombreux. Les inégalités hommes femmes demeurent dans de nombreux pays d‟Afrique. Dans ce pays, l‟accord de l‟époux pour l‟emploi de la femme est une condition absolue, légale et culturelle.

L‟expression "Les femmes à la maison et les hommes au travail…" est un schéma tracé que nous ne pouvons pas dépasser rende difficile la vie de la femme. Cette règle non institutionnalisée pèse lourd et constitue un facteur clé de la pauvreté de la femme.

Selon un rapport de la Banque mondiale intitulé "Les femmes, l’entreprise et le droit", au moins quinze pays interdisent encore à la femme de travailler sans l‟accord de leur mari. C‟est le cas par exemple de la Bolivie, de l‟Iran, de la Jordanie et la Syrie, de l‟Égypte entre autres. Parmi ces États, nous distingons huit (8) pays africains comme le Cameroun, le Gabon, la Guinée, la Mauritanie, le Niger, le RDC, le Soudan et le Tchad. Toutefois, d‟autres pays africains ont abrogé cette disposition comme le Maroc en 1996, de l‟Afrique du Sud en 1998 et la Côte d‟Ivoire en 2013. Selon ce même rapport de le Banque mondiale, pour voyager, ouvrir un compte ou travailler la femme a besoin de l‟accord de son époux. Le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim, sou- ligne dans son rapport que certains pays comme l‟Arabie saoudite, l‟Oman, le

217

Soudan, la Syrie, les femmes ne peuvent pas ouvrir un compte bancaire ou se rendre à l‟étranger et pour le Niger, la RD Congo, le Pakistan, les femmes ne peuvent même signer un contrat ni se rendre à l‟étranger sans l‟autorisation de son époux148.

Selon l‟actuelle ministre de l‟éducation nationale comorienne :

Les normes sociales sont les seuls fardeaux qui empêchent les femmes d‟accéder à un travail de responsabilité. Une femme peut être diplômée et rester une femme au foyer parce qu‟elle n‟a pas eu l‟autorisation de son époux alors que l‟inverse n‟existe pas. De plus, une femme qui ne travaille pas, peut se sentir à l‟aise de dépendre de son mari alors que c‟est une honte si un mari dépend financier de sa femme (…). L‟État ratifié tous les textes et conventions internationales en faveur de l‟égalité des hommes et des femmes et aucun texte local ne discrimine pas les femmes (...)…149

Selon les propos du ministre et malgré l‟existence de ses textes, l‟État n‟a jamais fait aucun effort pour les faire appliquer. Les Comores doivent accor- der autant d‟importance aux filles et aux femmes qu‟aux garçons et aux hommes, dans le domaine de la santé, de l‟éducation, de l‟emploi et le déve- loppement des compétences de la population féminine afin d‟offrir aux femmes des grandes opportunités de participer à l‟économie, de gérer les revenus, de posséder et de diriger, car les filles et les femmes sont loin d‟être les seules à en bénéficier les effets positifs de la communauté s‟étendent à leurs enfants et à leur famille.

L‟élaboration d‟une stratégie impliquant les pouvoirs publics, les organi- sations de la société civile, le secteur privé et d‟autres acteurs qui se basera sur

148 Source : Banque mondiale 149 Ministre de l‟Éducation nationale, Soulaimana Abderemane, Moroni, septembre 2017, enquête de l‟auteur

218 des données fiables attestant du poids financier à l‟échelle nationale et de la persistance des écarts entre les hommes et les femmes.

Aux Comores, dans les micro-finances, les femmes ne peuvent pas em- prunter de l‟argent, même s‟elles présentent des garanties suffisantes. Il faut un avaliseur moral, son mari, ce dernier s‟empare d‟une partie de l‟argent et la femme finis d‟être insolvable. Des procédures de mise en vente aux enchères publique seront immédiatement engagées et la femme perd ses biens mis en garantie.

Nous pensons qu‟il n‟y aura pas de développement et d‟égalité homme femme sans améliorer le niveau de vie des femmes. Pour se faire, la réduction de la mortalité maternelle et combler les derniers retards en matière de santé et d‟éducation, la création d‟emplois de qualité pour les femmes et pour les hommes ainsi qu‟élimination des disparités hommes femmes en termes de pro- priété et de contrôle des ressources clefs comme la terre, l‟habitat, les NTIC et les finances afin de renforcer la capacité des femmes à se faire écouter et à prendre en mains leur destin. Ceci peut engendrer des débouchés prometteurs et des résultats tangibles et concrets qui pourraient créer des opportunités pour tous.

II.4.2 Santé maternelle et infatile et développement humain Dans le domaine de la santé, la mauvaise prise en charge des patients dans les hôpitaux publics reste à améliorer. L‟insuffisance des matérielles et outils de travail, la contribution médiocre de l‟Etat et le manque de sensibilisa- tion en santé de maternité contribuent à la dégradation de ce domaine. Notre travail sur la collecte de données sur la situation de santé dans la zone d‟étude est fait à l‟aide d‟un questionnaire auprès des prestataires de soins public et privés tels qu‟hôpitaux, pharmacies, laboratoires, cliniques, etc. Nous nous sommes rendus dans les trois grands hôpitaux des iles de la grande Comore, d‟Anjouan et de Mohéli. L‟objectif de cette collecte de données est de contribuer massivement à l‟amélioration de la prise en charge des patients dans nos hôpi- taux de référence comme EL-MAROUF

219

II.4.2.1 Appui au secteur de la santé

Comme nous l‟avons dit plus haut, le secteur de santé comorien est con- fronté à des multiples problèmes à savoir :

- Une faible qualité des services de santé.

- Une mauvaise répartition des ressources humaines en quantité et en qualité.

- Des capacités institutionnelles faibles et des conflits de compétence entre l‟Union et les îles.

- Un financement public très insuffisant.

Figure 16 : Hôpital de référence des Comores

Source : auteur

Il y a longtemps, l‟Etat a engagé une réforme du système sanitaire de- puis 1994 en élaborant un Plan National de Développement Sanitaire (PNDS). Ce plan avait comme objectif le renforcement des subdivisions sanitaires, l‟amélioration de la gestion des activités, l‟approvisionnement en médicaments essentiels et le recouvrement des coûts. Un Plan national de developpement

220 sanitaire 2010-2014 a été adopté150: En 2005, une Politique Nationale de Santé est adoptée par le Gouvernement qui a fixé les orientations suivantes.

- Il s‟agit du développement des services de santé surtout en rendant les in- frastructures plus adéquates, en renforçant les capacités de planification, de financement et de suivi des activités en matière de promotion de santé pour tous.

- La vulgarisation des stratégies et d‟actions spécifiques aux différents pro- grammes de lutte contre les maladies.

- La promotion de l‟éducation et la sensibilisation des acteurs de santé afin de rendre l‟environnement hospitalier propice à ses missions.

Malgré ces réformes et politiques mise en place, le résultat attendu est loin d‟être l‟espérance de la population.

Nous avons organisé le système de santé en trois niveaux selon Mme la ministre de la santé. Tout d‟abord, le niveau central est composé du Cabinet du Ministre, du Secrétariat général du Ministère, de la Direction Nationale de la Santé, des directions et services chargés de la coordination des programmes et projets de santé, de l‟hôpital de référence national El-Maarouf et de l‟École Na- tionale de Médecine et de Santé Publique (ENMSP) rattachée à l‟Université des Comores. Ensuite, au niveau insulaire, le système de santé est constitué du commissariat chargé de la santé et des Centres Hospitaliers Régionaux (CHR). Enfin, au niveau périphérique, nous recensons dix-sept districts sanitaires dont sept en Grande Comore, sept à Anjouan et trois à Mohéli.

Il faut noter l‟existence de deux de dispensaires dont un appartenait aux forces armées et l‟autre du CARITAS de la mission catholique. Nous disons toujours que l‟amélioration de l‟état sanitaire de la population reste le souci ma- jeur des autorités mais rien de concret jusqu‟à nos jours. Les évacuations sani-

150 Union des Comores, « Plan national de developpement sanitaire 2010-2014 ». In www.nationalplanningcycles.org › default › files › country_docs › Comoros

221 taires vers Madagascar et les autres pays voisins se multiplient et les mau- vaises prises en charge des patients sont récurrentes. Le paludisme est la pre- mière cause d‟hospitalisation et de mortalité, l‟ile de la grande Comore est la plus touché.

Le système de santé des Comores est alarmant, soumis à plusieurs in- suffisances et contraintes majeures. Tout d‟abord, nous constatons une très grande faiblesse et/ou insuffisance de sensibilisation et d‟information sanitaire. Ensuite, des médicaments sont chers et la plupart sont introuvables dans les pharmacies. Les ruptures des stocks fréquentes en médicaments essentiels surtout génériques affaiblissent aussi le secteur.

La prolifération des cliniques médicales privées sans normes engendre une élévation excessive des couts de soins de santé ainsi que la mauvaise prise en charge dans les hôpitaux publics. La stigmatisation à l‟égard des per- sonnes infectées par le VIH/SIDA et la tuberculose sont visibles dans les hôpi- taux. En fin, le non-respect des secrets médicaux des patients dans les centres de soins publics fait perdre la confiance des patients envers leurs médecins. Sur ce, les médecins préfèrent recevoir les patients dans leurs cabinets que dans les établissements de santés publics. Un système de commerce que nous ignorons son nom se généralise dans l‟étendus du territoire national.

Pour recueillir nos informations, nous avons eu recours à une série de questionnaires permettant d‟identifier les personnes éligibles pour l‟enquête. Il s‟agit des femmes en âge de procréer c‟est à dire âgées de 15 à 49 ans et les hommes chef de ménages, des médecins et personnel de santé.

Comme pour toute enquête, la nôtre comprend un domaine d‟études très large, du milieu urbain et du milieu rural des trois principales îles sous adminis- tration des autorités comorienne. Nous avons enquêté 22 ménages en milieu urbain et 31 en milieu rural. La majorité de personnes enquêtées est soit des patients d‟hôpitaux lors de l‟enquête, soit des membres de famille des patients ou soit des médecins traitant ou personnel de santé. Les résultats obtenus ne sont pas encourageant aux yeux de la population. Près de deux tiers des pa-

222 tients déclare qu‟ils ne sont pas satisfaits du service disponible dans les hôpi- taux publics comoriens151.

Dans l‟ensemble, les médecins et le personnel de santé, tous et toutes dénoncent les conditions et outils de travail mis à leurs dispositions. Ils déplo- rent leurs salaires qu‟ils jugent médiocre. 4/5 des familles des patients déclarent n‟avoir pas confiances aux prescriptions des médecins et s‟ils avaient les moyens, ils partiraient en Tanzanie ou à Madagascar, disaient-elles. Ces infor- mations recueillies lors de l‟enquête permettent de situer l‟état de médiocrité du système de santé de l‟union des Comores contrairement aux stipulations des autorités locales.

La société comorienne, majoritairement musulmane rejetait tout moyen contraceptif. Mais ces dernières années, elle finit de les accepter progressive- ment. Ceci nous montre une acceptation pour des fins d‟équilibrer les nais- sances.

Selon, MIC 2000, plus de 95% des sensibilisations, d‟IEC CC152 et for- mations sanitaires publiques présentent au moins 3 méthodes de Planning Fa- miliale. L‟utilisation des méthodes contraceptive sont loin d‟être vulgarisée car plus de la moitié n‟a pas accès. Les jeunes et adolescentes célibataire n‟ont pas accès aux plannings familiales. Ces adolescentes âgées de 15 à19 ans ont déjà commencé leur vie féconde.

Selon notre étude en milieu urbain, une femme en âge de procréation sur huit en union légale utilisait quotidiennement une méthode contraceptive avec le consentement du conjoint. En milieu rural, ce terme est presque considéré comme tabous. Moins de 1/10 des femmes en âge de procréer utilise un moyen contraceptif avec ou sans consentement du mari. La vie est un don du ciel, de Dieu, nous ne pouvons pas se permettre d‟en limiter. Certaines nous disent que ces moyens sont sources de maladie et de stérilité.

151 Enquete de l‟auteur 152 Information, Éducation, Communication, pour le Changement de Comportement

223

Pour les hommes, 3/10 accepte que leur épouse utilise un moyen con- traceptif. Ce sont des hommes à niveaux d‟instruction moyenne et élevé. Les hommes utilisent les condoms pour empêcher les grossesses non-désirés sur- tout dans des relations clandestines.

Néanmoins, les couples non mariés utilisent fréquemment des moyens contraceptifs. Durant l‟enquête, 4/10 femmes non mariées emploient un moyen contraceptif moderne et 6/10 hommes font usage aux préservatifs. Ces der- nières années, Nous constatons une amélioration de l‟utilisation des moyens contraceptifs soit par des injectables, soit par des pilules soit des préservatifs.

La prévalence contraceptive moderne a augmenté, passant de 11% en1996 à 14% en 2012.153 Cette augmentation rapide est due souvent par l‟utilisation plus fréquente de la contraception moderne parmi les jeunes femmes.

La connaissance des méthodes contraceptives par la population est un facteur important pour une meilleure utilisation. Nous observons une insuffi- sance de sensibilisation des différentes méthodes encore disponible dans l‟étendue du territoire. Nous comprenons les méthodes modernes qui sont les plus évoquées par les personnes enquêtées.

Ces méthodes comprennent la stérilisation temporaire féminine et la sté- rilisation temporaire masculine. Il s‟agit de l‟utilisation de la pilule, du stérilet ou Dispositif Intra Utérin, les injectables, la Méthode de l‟aménorrhée, les implants cutanés, le condom masculin, le condom féminin. Outre ses méthodes, nous distingons les méthodes vaginales comme spermicides, mousses et gelées et la pilule du lendemain. La majorité des femmes et des hommes de notre étude ignorent l‟existence des ses moyens et d‟autres les considèrent comme une politique des blancs pour rendre stériles les femmes africains et musulmans.

Nous comptons 69/80 femmes et 79/82 hommes qu‟ils soient en union ou non déclarent qu‟ils connaissent au moins une méthode contraceptive. La

153 MIC 2012

224 proportion des hommes et des femmes en milieu urbain est plus favorable aux moyens contraceptifs que le milieu rural. Chez les hommes, la connaissance des moyens contraceptifs surtout le condom reste plus élevé que la proportion des femmes. Ce qui est ambivalent, les hommes sont moins favorables à l‟utilisation des contraceptifs par leurs femmes mais pas inversement.

Les résultats de notre étude montrent que la pilule est utilisée à hauteur de 85% pour les femmes qui le connaissent et le condom masculin à 83%. Par contre les injectables, l‟implant, les condoms féminins et le DIU restent moins pratiqués par nos enquêtés. Nous étions surpris que certaines femmes con- naissent des méthodes traditionnelles comme le retrait et la méthode du rythme.

Notre étude auprès des hôpitaux de Fomboni, de Mutsamudu et de Mo- roni, les femmes qui ont accepté de nous répondre, déclarent qu‟elles ont reçu des soins prénatals dispensés par des paramédicaux. A Moroni, le taux de mor- talité des mères et d‟enfants pendant l‟accouchent est plus élevé que les autres iles sœurs. Elles déclarent avoir effectué au moins, les quatre visites prénatales dispensables à partir du quatrième mois de grossesse. En milieu rural, Nous constatons quelques rare accouchement à domicile mais la majorité des femmes n‟ont pas accès aux visites prénatales car leurs conditions de vie ne leurs permettent pas.

En général, dans tout le pays, les 37 femmes ont reçu des visites préna- tales et ont bénéficié les vaccins nécessaires au cours de leur dernière gros- sesse. Ces femmes ont bénéficié de l‟assistance du personnel de santé durant l‟accouchement et plus de la moitié de ces accouchements ont eu lieu dans un centre de santé. Ceci a diminué considérablement les hémorragies post par- tum. Mais les cause de mortalité pendant et après accouchement, le personnel de santé n‟a pas fourni de réponses mais les familles des patients et de l‟opinion publique évoquent un retard de prise en charge et de la négligence de la part des médecins. Selon une sage-femme en poste à la maternité de Moro- ni, au moins une femme sur deux bénéficie des soins postnatals dans les pre- miers jours qui suivent l‟accouchement.

225

En matière des soins prénatals, la pauvreté et l‟abandon des familles en période de grossesse empêchent certaines femmes suivre des consultations prénatales. Cette dernière permet de prévenir les risques et les complications pendant de l‟accouchement. Certaines femmes nous déclarent timidement que leurs maris ont quitté leurs foyers pendant leurs grossesses. Cette attitude égoïste de la part des hommes augmente la frustration des femmes en une pé- riode difficile de sa vie. C‟est une violation grave du droit humain alors que le coran interdit toutes séparations ou divorce pendant la grossesse.

Nous avons rencontré des femmes dans une association féminine dans le cadre de l‟enquête par Focus groupe, la plupart nous affirme que c‟est pen- dant la première grossesse qu‟elles ont eu recours aux soins prénatals ainsi que les vaccins. Selon les résultats obtenus, peu de femmes font recours à des vieilles accoucheuses traditionnelles et des matrones. Ces femmes qui consti- tuent environs 1,5% de notre étude, trouve leurs massages et soins très effi- caces et les font confiances.

Les vaccins antitétaniques comme tant d‟autres sont indispensable pen- dant la grossesse font partie des actions essentielles recommandées en ma- tière de santé maternelle et infantile. Nous affirmons avoir fait au moins deux vaccins antitétaniques pendant la grossesse, declare une femme de notre étude. Notre étude indique qu‟au moins 34% de femmes ont reçu deux injec- tions ou plus durant la dernière grossesse pour se protéger contre le tétanos néonatal. Par rapport à l‟âge, les plus jeunes sont nombreux à le faire. Selon l‟ile, la grande Comore est classé première par notre enquête en matière de soins néonatal suivi de l‟ile de Mohéli et d‟Anjouan.

Selon le niveau d‟instruction, 60% de nos cas ont un niveau d‟étude se- condaire ou plus. Le milieu urbain est plus favorable qu‟en milieu rural. En outre, Nous constatons qu‟à Moroni, 70% des femmes enquêtées ont bénéficié des vaccins contre le tétanos néonatal, contre 30% en zone rural. Près de 80% de notre étude affirme avoir eu leurs accouchements dans des hôpitaux publics contre 10% dans des cliniques privées. À l‟opposé, 10% des cas ont accouché

226

à la maison. La catégorie des femmes âgées de 15 à 25 ans est nombreuse à déclarer qu‟elles ont accouchés dans un établissement de santé.154

Dans l‟ensemble de la zone d‟étude, l‟accès aux soins de santé est très limité selon plusieurs facteurs. Il s‟agit de la méfiance qu‟elles ont à l‟égard des médecins dans les hôpitaux publics car déclarent-elles, la prise en charge est médiocre. L‟automédication et la médecine traditionnelle ont pris le devant.

Près de 7/10 des cas ont au moins des difficultés financières qui constituent un obstacle important pour l‟accès aux soins médicaux. Cette proportion est plus élevée à Mohéli et à Anjouan qu‟en Grande Comore. Ensuite, l‟éloignement entre les localités et les établissements de santé constitue un obstacle à ne pas négliger. Ceci favorise l‟automédication et le recours à des marabouts ou gué- risseurs traditionnelles.

Enfin, déclarent-elles, les préjugés sociaux peuvent limiter leur accès aux soins de santé car à chaque fois qu‟une femme se rend chez un médecin, les voisins lui accusent de vouloir faire un IVG par exemple. Sans négliger aussi le fait que les femmes sont rarement accompagnées par leurs conjoints à l‟hôpital alors que l‟inverse est obligatoire.

Dans le domaine de la santé infantile, les résultats obtenus dans certains centres de santé un peu plus de sept enfants de 0 à 5 ans ont bénéficié vaccins en milieu urbain contre trois enfants sur dix en milieux rural. Plus l‟âge de l‟enfant augmente moins ils n‟ont reçu aucun vaccin. L‟oublie des dates du pro- chain vaccin ou l‟illettrisme des mères qui sont souvent les accompagnatrices des enfants à l‟hôpital sont les principales causes parmi tant d‟autres.

Nous avons remarqué que les enfants des parents instruits ont reçu les vaccins BCG, DTCoq, la Polio et les vaccinés contre la rougeole principaux vaccins indispensables de l‟enfant. Les enfants dont les parents ont un niveau d‟instruction très bas ou analphabètes, rare sont qui termine leurs doses de vaccin.

154 Enquete de l‟auteur

227

Les Infections Respiratoires Aiguës sont les premières maladies que souffrent les enfants suivis de la diarrhée. Les infections respiratoires aiguës (IRAs) touchent plus d‟enfants moins de cinq ans mais la toux est fréquente dès la deuxième semaine. Selon un médecin, tout peut dépendre de la période de naissance de l‟enfant (raisons de plus ou autres), de son état de santé à la naissance et des conditions de vie des parents entre autres.

Ses dernières années, dit-il, la prévalence des IRA est faible par rapport aux années précédentes. Les facteurs sociodémographiques n‟influencent pas trop sur la santé de l‟enfant. Les antibiotiques de types augmentin et Ery sont les traitements les plus prescrits.

Le combat contre le paludisme a duré trop longtemps et les résultats commencent à se faire sentir. Nous observons une très forte baisse dans l‟ensemble du territoire même si les menaces existent. A Anjouan, la population a baissé l‟alerte du paludisme. Selon le major en fonction au laboratoire de Hombo, les cas paludines sont souvent des personnes en provenance des iles de Mohéli et de la grande Comore. Il est à noter que 28/42 ménages utilisent au moins une Moustiquaire imprégnée d‟Insecticide distribué gratuitement ou ven- dus à des couts abordables. Il est tout à fait intéressant d‟apprendre que 30/42 ménages déclarent que leurs enfants de moins cinq ans dorment sous une moustiquaire.

Malgré, les recommandations des médecins et personnel de santé, moins de deux femmes enceintes sur six utilisent des moustiquaires. C‟est la raison pour laquelle, au cours de la grossesse, la plupart des femmes prend des antipaludiques comme de la SP et du Fansidar. Selon le Dr chakir Ismael, spécialiste du domaine, ses recherches sur la maladie montrent que :

Le paludisme est une maladie parasitaire, plus répandue dans le monde et constitue un problème de santé publique majeur en Afrique, aux Comores et à Madagascar. Cette maladie représente l‟une des

228 principales causes de morbidité dans le pays et les zones côtières sont les plus touchées, ajoute-il...155

Par rapport à cela, nous pensons que la lutte contre le paludisme dans les trois iles doit s‟intégrer dans le cadre des objectifs de la politique sanitaire du Ministère de la santé. Même si, elle figure dans les documents (Politique Nationale de Santé et Plan National de Développement Sanitaire), les autorités du pays n‟ont jamais considéré ce fléau selon sa gravité. Les bons discours et des documents sont établis mais en réalité le problème est loin d‟être résolus. Malgré la disponibilité des moustiquaires, peu des gens les utilisent.

A nos jours, il n‟y a pas encore un moyen de prévention contre le palu- disme de type vaccin ou médicament. Le seul moyen possible est l‟utilisation des moustiquaires imprégnées d‟insecticide. C‟est une des mesures efficaces pour prévenir le risque de paludisme. Les données de notre étude montrent la proportion de la population qui dort sous une moustiquaire.

Dans les villes et villages côtiers, le taux d‟utilisation des moustiquaires est plus élevé que d‟autres. Les moustiquaires sont souvent utilisées par deux personnes en même temps s‟il s‟agit des enfants ou d‟un couple. Dans les mai- sons que nous avons pu visiter, quelques moustiquaires sont suspendues mais non utilisé et surtout nous remarquons que nous faisons trop de temps sans les laver.

Nous remarquons également une proportion de la population qui a accès à une moustiquaire et ne les utilise pas. Elle évoque qu‟elles augmentent la chaleur et/ou elles (moustiquaire) sont étouffantes. Cette situation mérite d‟être réduite par une sensibilisation et IEC CC (Information, éducation, communica- tion pour le changement de comportement) afin d‟identifier les principaux obs- tacles à l‟emploi des moustiquaires.

155 Enquête de l‟auteur, mars 2018

229

Les femmes enceintes sont une catégorie sociale très vulnérable au pa- ludisme. Le résultat relatif à l‟utilisation des moustiquaires par ces femmes est inquiétant. Dans l‟ensemble de cette catégorie, 19/60 des femmes enceintes dorment sous une moustiquaire. Selon le milieu de résidence, la femme rurale enregistre un taux élevé d‟utilisation des moustiquaires que la femme urbaine. Au niveau des îles, des écarts énormes se creusent. En grande Comore et à Mohéli, nous enregistrons un taux élevé d‟utilisation des moustiquaires qu‟Anjouan. Selon le niveau d‟instruction, les femmes sans instruction utilisent moins de moustiquaires dans leurs foyers que les instruites. Les familles nom- breuses et les personnes qui n‟utilisent pas de lit sont exemptes de mousti- quaires.

II.4.2.2 Mode de nutrition maternelle et infantile

La nutrition maternelle et infantile constitue un probleme grave. Les en- fants comoriens souffrent de mal nutrition souvent sévère et aigue. La pauvreté des ménages en est la principale cause. Cette situation est évoquée dans plu- sieurs rapports nationaux de développement humain :

D‟une manière générale, selon le rapport national.... 30% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique dont 15% sous une forme sévère. Un enfant sur dix soit 11% est atteint de malnutrition aiguë et 4% sous la forme sévère. Dans 15% des cas, les enfants pré- sentent une insuffisance pondérale (relatif au poids) dont 4% des cas, a une insuffisance pondérale sévère.156

Selon notre enquête, presque tous enfants sont allaités pendant au moins un an et 1/3 enfant est allaité pendant deux ans sauf si la mère retombe enceinte avant. Ceci nous laisse dire que la sensibilisation en faveur de l‟allaitement de l‟enfant a bien passé.

156 MIC 2012

230

Selon les recommandations de l‟OMS, l‟UNICEF et le Ministère de la Santé, les enfants doit être nourris au sein jusqu‟à l‟âge de six mois. A partir de cet âge, nous pouvons introduire des aliments pour compléter le lait maternel. Par ailleurs, chez les ménages pauvres, les aliments de complément sont sou- vent dépourvus de valeurs nutritives importantes et augmente souvent les risque de contracter des maladies. Ces dernières peuvent augmenter le taux de mortalité infantile. D‟une manière générale, le risque de décès chez l‟enfant de 0 à 5 ans est de 50‰157. Ces dernières années, la mortalité infanto-juvénile a baissé de 65% selon les mêmes sources. Ce chiffre englobe la mortalité néona- tale, post-néonatale et la mortalité juvénile.

Selon le milieu de résidence, nous enregistrons une hausse importante de décès d‟enfants en zone rurale. À propos de l‟âge de la mère, la maternité tardive est un facteur favorisant la mortalité infanto-juvénile. Entre 40 à 50 ans, Nous constatons que les niveaux de mortalité sont les plus élevés chez le nou- veau-né quel que soit le lieu de résidence. Le risque de mortalité post- néonatale est trois fois plus élevé lorsque l‟âge de la mère est entre 40 et 49 ans que celle (mortalité post-néonatale) dont la mère a 30-39 ans. La mortalité maternelle constitue un de problème de santé publique urgent dans les pays en développement comme les Comores. Ces dernières années le problème a atti- ré l‟attention de la communauté internationale et les autorités comoriennes.

Pour estimer et évaluer la qualité des données concernant la mortalité des adultes, nous avons utilisées une documentation récente et mené une en- quête auprès de quelques hôpitaux. La mortalité maternelle est présumée très élevée ces dernières années sans nous donner un chiffre exact selon un res- ponsable de l‟hôpital de référence du pays. A Ngazidja, il est vraisemblable que la mortalité des adultes surtout maternelle est élevée.

Nous ne pouvons pas fournir des chiffres exacts car il n‟existe pas un système au niveau national qui s‟en charge de fournir une statistique de la mor- talité des adultes en général. Vu que la population comorienne est majoritaire-

157 MIC 2012

231 ment jeune et que chaque personne enquêtée évoque en moyen 2 décès d‟un frère, d‟une sœur, d‟un parent ou d‟un fils/fille adultes ses cinq dernières an- nées, cette situation nous laisse dire que la mortalité des adultes est un pro- blème sérieux au sein de la population comorienne. Seule la mortalité de l‟adulte dû au VIH/SIDA peut fournir un chiffre exact.

II.4.2.3 Du VIH/SIDA et des IST

L‟ensemble de la population enquêtée déclare avoir entendu parler du VIH/SIDA. Les personnes âgées croient que cette malade est uniquement pour les jeunes soit 22/30 femmes et 28/42 hommes tous et toutes âgés entre 49 à 60 ans. D‟une manière générale, 13/80 des jeunes femmes enquetés et 25/ 83 jeunes des hommes déclarent que le VIH est un système fictif inventé pour dé- courager les amoureux. Ils ont des doutes pour l‟existence de la maladie. La majorité des personnes de notre étude connaissent l‟ensemble des voies de transmission possible mais moins de la moitié ignore l‟existence et l‟importance des médicaments antirétroviraux.

Parmi les hommes polygames ou ayant deux partenaires sexuelles, que nous avons rencontré déclare avoir utilisé un condom que pour empêcher une grossesse et près de 80% des personnes rencontrées lors de l‟enquête, indique n‟avoir jamais effectuée un texte de VIH.

Quelques années plutard, plusieurs ONG nationales sont impliquées dans les activités de prévention, d‟éducation sexuelle. Ces activités visent, en particulier, les jeunes, en milieu rural et à la vulgarisation de l‟utilisation des condoms. La prévalence du VIH/sida est estimée à 21 cas en 2012 sur les 13 131 personnes dépistées, contre 12 cas en 2011158.

L‟IEC, la gratuité des préservatifs et de dépistage permettent réduire les risques de contamination. Ces dernières années, le pays a adopté le Plan Stra-

158 UNION DES COMORES, « Rapport national d‟activités sur la riposte au sida ». Comores, 2015 p.3 in https://www.unaids.org/sites/default/files/country/documents/COM_narrative_report_ 2015.pdf

232 tégique National de Lutte Contre le Sida avec cinq axes stratégiques dont lea- dership, la Prévention et mobilisation sociale, la Prise en charge, le soin, le sou- tien et accompagnement, de la Surveillance épidémiologique, la recherche opé- rationnelle et enfin, la Coordination, suivi et évaluation.

Le comportement que les comoriens se portent sur les personnes atteins par le Sida est inquiétant. Lors d‟un atelier à l‟hôtel Al-Amal, Mutsamudu- Anjouan, dont nous étions présents, les participants étaient des magistrats, des chefs religieux, des maires, des policiers, des gendarmes et le secrétaire géné- ral du Ministère de la santé. Tout le monde dénonçait l‟attitude du comorien face à ses gens. Différentes situations face à des personnes vivant avec le VIH/sida étaient présentées et voici quelques témoignages :

Lors d‟une opération césarienne, le personnel de santé d‟une maternité anjouanaise dont nous voulons garder l‟anonymat, n‟a pas voulus prendre en charge la femme qui vivaient avec la maladie il y a plus de 5 ans dont son mari était au courant. Nous avons mis des gans très long, caché le visage avec des tissus au lieu du cache nez et des bottes qui monte jusqu‟au genou comme des gens qui récoltent du miel des abeilles (...), la famille du couple finis par apprendre que la femme est atteinte par le Sida. (...), les enfants sont choqués et inquiets de leurs propres santé...159

Autres témoignages accablants sont évoqués dans cet atelier comme l‟histoire d‟un jeune homme de 32 ans :

Cet homme résidait dans un pays voisin des Comores d‟Afrique conti- nental, (...), il est dépisté positifs au VIH en phase finale. (...), Sa famille refusait de l‟assister dans son lit d‟hospitalisation. Son repas est mis dans des assiettes à jeter ou dans des sachets. (...), la plupart des membres du personnel de santé de cet hôpital de la grande Comore refuse de prendre les paramètres de ce patient. (...), il est décédé, isolé

159 Auteur mars 2017

233 de ses proches. Apres son enterrement, nous avons brulé ses af- faires.160

Ceci peut être révélateur du niveau de compréhension ou perception du risque de transmission qui pourrait engendrer une stigmatisation à l‟égard des personnes malades. Au cours de l‟enquête, nous avons demandé aux femmes et aux hommes s‟ils avaient connaissance de la maladie et s‟ils connaissent les attitudes adoptées et s‟ils sachent les moyens de transmission... La majorité d‟entre eux ont donné une réponse positive mais personne n‟accepte de vivre un jour avec une personne atteinte par la maladie à moins que nous l‟ignorions.

La promotion de comportements sexuels sans risque fait partie des me- sures destinées à endiguer la propagation de l‟épidémie de VIH. Mais en réalité peu d‟actions sont entreprises. Etant donné que les femmes sont plus exposées au VIH que les hommes, par sa nature physique et au poids des traditions qui les rendent soumises, nous nous sommes toujours demandé si elles sont en mesure de refuser des rapports sexuels à risque avec leur mari/partenaire.

Au cours de notre enquête, nous avons demandé à des femmes s‟elles peuvent oser s‟opposer à des tels rapports sexuels. 7/10 femmes qui ont osé parler nous déclarent qu‟après le mariage, la religion maudit la femme qui re- fuse de faire l‟amour avec son mari et 3/10 répondent favorablement qu‟elles peuvent refuser des rapports à risque.

Nous avons demandé aux hommes s‟ils peuvent oser imposer des rap- ports sexuels à risque à leurs épouses ou partenaires. La majorité d‟entre eux soit 9/10 répondent "non". Mais quand nous demandons à un polygame ou à un multiple partenaire s‟ils utilisent des condoms avec l‟autre épouse ou parte- naire, la réponse est : "Jamais". Ce qui est ambivalent. Nous nous sentons dans la première réponse un discours hypocrite d‟homme dominant.

160 Auteur mars 2017

234

Nous avons aussi demandé à des hommes, si dans un cas concret où l‟épouse ou partenaire savait que son mari a eu des rapports sexuels avec d‟autres femmes et la femme refusent des relations sexuelles avec lui que par l‟utilisation de condom. 6/10 de ces hommes pourraient divorcer ou la tabasser et 3/10 répondaient que cela dépend du niveau de besoin du moment. Si vous apprenez que la femme a eu des rapports sexuels à risque avec un autre homme, pouvez-vous avoir des relations sexuelles avec elles ? Demandais-je ?

La réponse est : « Jamais, rapport sexuel à risque ou non, s‟elle ose le faire avec un autre, je divorce sans préavis ni la donner une autre chanceI » 161

Ce qui est étonnant, l‟homme ne supporte pas que leur femme couche avec un autre mais il trouve normal l‟inverse. Dans l‟ensemble, la majorité des femmes et des hommes de notre étude trouve normal et justifiable si une femme qui sait que son conjoint a eu des relations sexuelles avec d‟autres femmes décline toutes relations sexuelles avec son conjoint. Si nous mesurons les conséquences en cas de refus, nous trouvons une réponse positive qui cache une autre négative. Nous retrouvons, chez les hommes mariés, une posi- tion plus radicale envers leurs épouses que ceux de l‟union libre envers leurs partenaires. Les mêmes tendances sont observées avec l‟âge, le lieu de rési- dence et le niveau d‟instruction.

En outre, 7/10 femmes considèrent normal qu‟une femme demande à son mari ou partenaire qui a eu une relation sexuelle à risque ou qui a un I S T d‟utiliser un préservatif (condom) lors d‟un rapport sexuel. Parmi ces femmes, celles vivant en zone urbaine ou dont leurs niveaux d‟instructions sont élevés sont numériquement importantes. Il est évident que 9/10 des cas, les hommes trouvent normal qu‟une femme cherche à se protéger au cours des rapports sexuels à risque ou s‟elle estime que sa santé est enjeu si son conjoint a une I ST.

Nous disons souvent que l‟utilisation des condoms est une affaire des jeunes. Les adolescents et les jeunes qui ont eu très tôt leurs premiers rapports

161 Enquête de l‟auteur

235 sexuels déclarent qu‟ils sont favorables à l‟éducation à la vie sexuelle surtout en ce qui concernent les condoms et le planning familial en tant que moyen de prévention du sida et des grossesses non-désirées.

Chez les sujets âgés, nous constatons la proportion la plus faible parmi ceux qui sont favorables à l‟éducation sexuelle comme protection. Selon le mi- lieu de résidence, l‟étude montre qu‟en milieu rural et en grande Comore que nous rencontrons plus des sujets défavorables à cet enseignement.

Par définition, selon le dictionnaire d‟antidote HD version 6, l‟espérance de vie est la durée moyenne de la vie humaine dans une société donnée. Nous évaluons généralement la qualité des soins d‟un Pays par le niveau atteint par l‟espérance de vie. Les Pays dont l‟espérance de vie est très élevée sont géné- ralement ceux dont l‟accès et la qualité des soins sont les meilleurs. L‟espérance de vie exprime le nombre théorique d‟années qu‟un nouveau-né va vivre si les taux de mortalité par âge observés au moment de sa naissance res- tent constants. Cela représente pour une année donnée, la somme des taux de mortalité (ou plutôt de survie) pour tous les âges.

Partout ailleurs, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Cette situation est le fait d‟une surmortalité masculine à la naissance. L‟espérance de vie à la naissance qui était de 56,5 ans (55,6 ans pour les hommes et 57,3 ans pour les femmes) au recensement de 1991, est estimée à 63,3 ans (61,1 ans pour les hommes et 65,4 ans pour les femmes). L‟écart entre hommes et femmes qui n‟étaient que de 1,7 au bénéfice des femmes en 1991 est passé à 4 années en 2003.162 Ce gain en durée de vie moyenne il- lustre une tendance à la baisse de la mortalité maternelle qui est cependant jugée encore élevée.

162 Nation Unis, « Questionnaire sur la mise en œuvre de la Convention sur l‟élimination de toutes les formes de discrimination à l‟égard des femmes ». Moroni, 2010 in docstore.ohchr.org › SelfServices › FilesHandler

236

Tableau 20 : Évolution de l’espérance de vie à la naissance

1991 1998 2000 2002 2003 2012 Femme 57,3 60,6 61,2 62 61,1 65,28 Homme 55,6 57,8 58,4 59,2 61,1 61,92 Ensemble 56,5 59,2 59,8 60,6 63,3 60.5

Source : Rapport Mondial amélioré

Dans ce tableau, nous remarquons bien l‟évolution de l‟esperance de vie de la population comorienne. Cette légère amélioration est encourageante et donne un espoir au peuple. Ce qui est très remarquable, c‟est que l‟espérance de vie est plus élevée chez la femme que chez l‟homme.

Selon l‟Organisation Mondiale de la Santé, le décès maternel se définit comme étant " le décès d‟une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après l‟interruption de la grossesse, quelles qu‟en soient la durée et la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu‟elle a motivés, mais ni accidentelles ni fortuites.

D‟après les résultats du recensement de 2003, la mortalité maternelle est de 380 pour 100 000 naissances vivantes dans les trois iles sous contrôle des autorités comoriennes. Les femmes âgées de 35 ans et plus, courent beaucoup de risque de décès maternel par rapport aux tranches d‟âge plus jeune.163 La maternité tardive, encore fréquente dans certaines villes pour cause de grand mariage ou l‟attente d‟un mari issue de la même localité qu‟elle, constitue un danger pour la femme.

Le taux de mortalité maternelle dans les hôpitaux comoriens est inaccep- table en raison des faibles prises en charge et des moyens dérisoires dont dis- posent les services de santé et surtout de l‟insuffisance en personnels spéciali- sés en gynécologie. Le taux d‟accouchement aux césariennes augmente de

163 RGPH 2003

237 plus en plus malgré que le rapport de MIC 2000 mentionne que plus de 7 ac- couchements sur dix sont sous la surveillance d‟une sage-femme et plus d‟une naissance sur 5 sont assistées par une personne non spécialisée. Les accou- chements à domicile se déroulent par la voie normale selon les personnes en- quêtées en milieu rural surtout soit près de 94%.164

Les Comores se place parmi les pays à haut risque en matière de morta- lité maternelle nonobstant que le pays a souscrit au programme d‟actions de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD), tenue au Caire (Egypte) en 1994. Cette conference a pour but d‟élaborer et mettre en œuvre d‟une politique et un plan d‟action en matière de santé de la reproduction afin d‟augmentater la couverture du programme de Sanitaire, de la Planification Familiale ainsi que sur l‟éducation à la vie familiale. Ceci sera possible (EVF) par le renforcement des capacités du personnel de santé, en matière de consul- tation prénatale, des soins obstétricaux d‟urgence.

Dans le domaine de santé, nous proposons les recommandations sui- vantes pour promouvoir un développement humain et social et réduire considé- rablement les évacuations sanitaires vers les pays voisins souvent couteuses pour une population pauvre. Parmi les actions à entreprendre, Nous devons :

Les différences des inégalités de "genre" peuvent engendrer des iniqui- tés entre les hommes et les femmes en matière de santé et d‟accès aux soins. Une femme ne peut pas être prise en charge par n‟importe quel personnel de santé. Il n‟est pas convenable qu‟un homme prenne en charge une femme dans un centre de santé, car les normes sociales de sa communauté lui interdisent alors que l‟inverse ne pose aucun problème. C‟est le cas par exemple des femmes musulmanes qui ne peuvent pas être soignée par des médecins de sexe masculin surtout s‟il faut montrer la partie intime ou d‟autres qu‟elles ne peuvent pas voyager seule se soigner à l‟étranger ou hors de sa localité, car la coutume ne leurs permet pas. En matière de santé de production, parler par

164 MIC 2000

238 exemple de l‟utilisation des moyens contraceptifs ou condoms sont tabou. C‟est pour cette raison que nous suggérons de briser ces tabous.

Par exemple, les femmes sont le plus touches par le VIH/ SIDA, car les normes sociales encouragent le mari à refuser l‟utilisation des préservatifs et parallèlement imposent à l‟épouse d‟accepter des rapports sexuels non proté- ger. Dans un foyer polygame, si l‟une des épouses a une MST, le mari peut devenir un vecteur du virus. La totalité des femmes que nous avons enquêté, déclare que leurs maris ou partenaires refusent l‟utilisation des condoms. Pour lutter contre la propagation des MST, la femme doit être protégée par la loi et disposer de la faculté d‟accepter ou refuser l‟utilisation du condom en sensibili- sant les maris de l‟importance des préservatifs.

Nous sollicitons de suivre les recommandations de Mme la ministre de la Santé, de la Solidarité, de la Protection sociale et de la promotion du genre, Mme, Dr Rashid Mohamed Mbaraka fatma. Selon elle, plusieurs défis sont à relever dans le domaine de la santé. Il s‟agit d‟améliorer la qualité de soins à tous les niveaux, dans tous les hôpitaux du pays. Il faut renforcer le programme de prévention et de suivi de la prématurité afin de rendre disponibles et perma- nents les médicaments essentiels.

Ensuite, il est urgent de renfoncer le système national d‟information de santé, de renfoncer le système de suivi et évaluation sanitaire et redéployer des ressources humaines, financières et matérielles dans les postes de santé en souffrance surtout en milieu rural.

Enfin, la ministre nous dit également qu‟il faut développer des cellules de soutien psychologique et psychiatrique pour prendre en charge les patients né- cessiteux. Le paludisme, la typhoïde entre autres constituent problème de santé publique. La lutter contre les épidémies est l‟une des priorités du Ministère. Pour lutter contre le déplacement des patients comoriens pour se soigner à l‟étranger, la construction des hôpitaux de référence doit être à l‟ordre du jour des conseils du gouvernement.

239

Dans la plupart des cas, des patients se trouvent dans les services d‟urgences et Maternités sans être prise en charge soit parce qu‟il n‟y a de médecin ou soit parce que le patient n‟a pas d‟argent. Les conséquences sont inimaginables.

Pour lutter contre les déserts médicaux, pour accéder aux soins d‟urgence et réduire le taux de mortalité maternelle et instaurer une confidence entre patient et personnel de santé, l‟Etat doit prendre des sanctions sévères à l‟encontre des médecins et personnels paramédicaux qui déserteront leurs services et instaurer une politique qui consistera à assister les patients nécessiteux dans les services d‟urgences et maternités.

En matière de contraception, le Ministère de la santé doit garantir l‟accès à l‟information contraceptive sur l‟ensemble du territoire surtout en milieu rural. La sensibilisation de cette couche sociale majoritaire et le recrutement des conseil- lers conjugaux et familiaux dans les et des centres de planifications pourrait être un grand pas en avant.

Pour les mineurs, l‟accès à la contraception n‟est pas garanti car le sexe avant le mariage est strictement tabou même si ces relations clandes- tines prennent de l‟ampleur ses dernières années dans la quasi-totalité du ter- ritoire. Pour se faire, il faut instaurer des cours d‟éducation contraceptive à par- tir du collège afin de lever la voile de l‟aspect tabou que cela représente. Il existe aujourd‟hui des moyens de contraceptions différents, permettant d‟apporter des réponses adaptées à la diversité des besoins des femmes en la matière. La connaissance des moyens contraceptifs pourrait offrir le couple de faire un choix du type adapté à leurs besoins.

L‟accès gratuit et anonyme, de tous les jeunes à l‟information et aux différents modes de contraception devrai être garanti, notamment auprès des médecins gé- néralistes et par la mise en place d‟un « forfait mineur contraception ».

L‟Etat doit renforcer les capacités des femmes pour leur participation ef- fective à la gestion des structures sanitaires dont elles sont les premières béné- ficiaires et améliorer les services de santé de la reproduction et de la planifica-

240 tion familiale, en améliorant leur accessibilité, leur qualité et leur portée. Les femmes en générale surtout les nouvelles mamans ont le droit et devoir de ren- forcer leurs capacités en matière de Planning familial à tous les niveaux par une sensibilisation dans les médias et par les praticiens en ciblant aussi bien les hommes (les maris) que les femmes traditionnalistes.

Les centres de santé doivent alléger les couts de dépistage afin de con- tribuer à la détection précoce des cancers des organes génitaux et d‟assurer la prise en charge des grossesses à risques et de toutes les urgences obstétri- cales. Les services de l‟ordre doivent veiller au développement des politiques de prévention des avortements non thérapeutiques, souvent pratiqués dans des mauvaises conditions de sécurité.

Nous constatons que la plus part des patient qui viennent à Madagascar, en Tanzanie et en Egypte sont en grande partie des femmes et des enfants c‟est ainsi que l‟Etat doit améliorer la qualité de la santé notamment des mères et des enfants (Mise en œuvre des mesures identifiées dans le Plan d‟Action du DSRP) relative à l‟amélioration de l‟état sanitaire de la population et développer des politiques de sécurité alimentaire pour augmenter les revenus des mé- nages pauvres (surtout les femmes) et leur assurer une alimentation équilibrée.

Dans les centres de santé surtout public, les patients se plaignent de mauvaise prise en charge surtout dans les services des urgences. C‟est pour cette raison que nous sollicitons que le ministère de la santé ou à défaut les commissariats des iles chargés de la santé doivent améliorer l‟accueil des pa- tients par des formations sanitaires, et y proscrire toute attitude incorrecte, dé- sinvolte, désobligeante pouvant porter atteinte à la dignité des patientes.

Nous devons travailler tous au renforcement et à la généralisation des mutuelles de santé afin de permettre à tous les citoyens, de toutes classes so- ciales d‟y en accéder.

Dans les grandes villes comoriennes comme Moroni, plus particulière- ment dans les marchés, les ordures trainent partout en tonne pendant plusieurs jours pour cela nous devons entretenir la propreté et l‟hygiène des marchés

241 pour la santé publique en générale, et pour les vendeurs, en particulier, qui se trouvent être dans leur très grande majorité des femmes.

Nous devrons favoriser la formation de personnels médicaux féminins surtout pour les soins gynécologiques et en matière de santé de la reproduction et assainir, stabiliser le personnels médicaux et paramédicaux en fonction dans les services de santé publique en procédant notamment aux titularisations re- quises.

II.4.2.4 Femme, maternité et vie professionnelle

Certains employeurs considèrent la maternité comme un souci majeur dans la vie professionnelle féminine. Le secteur privé prend la maternité comme une cause supplémentaire d‟absence pour les postes occupés par des femmes.

Toutefois, d‟autres obstacles participent à ces difficultés telles que les enfants à charge et les travaux domestiques incombent uniquement à la femme. Il est difficile pour les femmes de s‟y adapter. L‟insuffisance des res- sources sociales nécessaires pour élaborer un projet de développement ou de carrière.

Il est tout à fait compréhensible que les que les femmes sous la pression masculine dans le milieu professionnel, adopte des comportements qui ne leur sont pas naturels qui, au fil du temps ne jouent pas en leur défaveur. Prenons l‟exemple concret, une femme ou une fille qui travaille avec des bandes des ivrogne a beaucoup de chance de consommer l‟alcool elle aussi, ou si un supé- rieur hiérarchique boit du café au bureau, elle aussi sous la pression ou une simple demande entre collègues peut commencer à boire le café, alors que l‟inverse est rare. Un homme dominant attend d‟une femme qu‟elle change sa manière d‟être et su son rythme. Nonobstant, rare, sont les femmes qui réagis- sent d‟une manière défensive ou qu‟elles se vassalisent rapidement, ou la fugue en passant inaperçues.

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II.4.2.5 De la médicine traditionnelle et les thérapies magico-religieuses

La médecine traditionnelle et la thérapie magico-religieuse sont souvent pratiquées par la société comorienne surtout en milieu rural. Les femmes sont les touchés par ces pratiques.

Selon, le rapport national de développement humain de l‟union des Co- mores de 2006, la médicine traditionnelle comorienne est largement dominée par l‟automédication de type phytothérapique reposant sur des recettes à base de plantes, racines ou autres ingrédients.

La pharmacopée comorienne regorge de préparations et de recettes phytothérapeutiques aux vertus curatives dont les grand-mères et les matrones détiennent le secret. Ils vont de l‟usage de décoctions, de tisanes et infusions, aux bouillies… Les femmes sont les grandes utili- satrices et consommatrices de ce type de soins administrés par absorp- tion, inhalation, fumigation ou onction.165

L‟utilisation et l‟approvisionnement pour ce type de " médicaments " chez des guérisseurs majoritairement des femmes. Certaines personnes s‟approvisionnent dans les marchés par l‟intermédiaire des femmes spécialistes de la pharmacopée traditionnelle qui offrent des gammes très variés de plantes médicinales pour traiter les symptômes courants tels que maux de tête, maux de ventre, règles douloureuses….

Les familles les plus démunis ont régulièrement recours à cette méde- cine malgré l‟absence de contrôles spécifiques des prescriptions qui pourraient engendrer des complications chez les patients.

Ici, nous allons présenter quelques plantes médicinales et recettes, utili- sés fréquemment pour soigner la population.

165 Rapport national de développement humain, Comores, 2006, p.43

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Figure 17 : Nyadombwe

Source : Photo auteur

La médecine traditionnelle jouit encore aujourd‟hui d‟une reconnaissance de la population comorienne malgré l‟évolution du progrès scientifique. Pour notre pays, il n‟existe pas encore de vraies études scientifiques sur nos plantes médicinales, ni sur la composition des traitements traditionnels hormis l‟étude faite sur une plante appelé Nyadombwe par le Docteur Said HASSANI. Cette plante est utilisée tous les jours pour soigner diverses maladies, ou d‟arôme pour le thé. Par défaut de moyen, certaines couches sociales s‟en ser- vent parce qu‟elles ont du mal à accéder aux médicaments vendus dans les pharmacies. Dans certains cas, la consommation de cette plante reste un choix car nous sommes convaincus de son efficacité.

244

Figure 18 : Le traitement traditionnel à base de citron

Ces derniers temps, le nombre de personnes atteintes par la grippe augmente, nous pouvons dire que le pays fait face à une épidémie. Cette an- née, la grippe s‟accompagne de douleurs au niveau des articulations et certains pensent que c‟est la dengue. Les plus démunies se soignent en buvant une infusion à base de citron (ndimu) réputée efficace. Les médicaments sont très chers dans notre pays pour bon nombre des habitants. L‟automédication gagne du terrain et nous nous rendons chez le médecin que quand ça devient plus grave.

La thérapie magico-religieuse fait partie de la médecine traditionnelle de l‟Union des Comores. La population, toute catégories confondues ont recours à ces de pratiques lorsqu‟une maladie dure trop longtemps sans résultats positifs de la part de la médecine moderne ou traditionnelle.

Les familles font recours à une solution en associant les soins hospita- liers et ceux des devins. Ces derniers proposent des interprétations magico-

245 religieuses pour dénoncer l‟origine de la maladie qui pourrait être soit de la mal- veillance des humains, des esprits, des génies ou des morts.

Dans certains cas, lorsqu‟une crise de paludisme par exemple, provoque des convulsions ou des délires, les esprits ou autre phénomène de ce genre sont souvent évoqué. Le marabout qui est à la fois chef religieux est très sollici- té par des familles suivant le milieu et le niveau d‟instruction, des hommes comme des femmes pour se soigner. Le coup de cette thérapie coute très cher aux patients avec des conséquences très graves.

246

Conclusion de la deuxieme Partie Il s‟en est dégagé une étude faite au commissariat central de Mutsamudu et de Moroni concernant les victimes de violences conjugales qui ont porté plainte pour faire valoir leurs droits. Il s‟agit d‟une étude descriptive, récapitula- tive et transversale réalisée entre le mois de janvier et décembre 2016. Dans cette période, le mois d‟avril est réputé dangereux avec 18% des cas. En réponse à nos interrogations, on peut affirmer qu‟il semble exister au moins que l‟étude sur la tranche d‟âge de 11 à 50 ans a été effectuée. L‟âge le plus dominant se situe entre 21 à 30 ans. Notre population d‟étude est compo- sée de 15 hommes soit 25% et de 45 femmes soit 75%. Chacun des cas étudiés possède des caractéristiques qui lui sont propres et la violence conjugale est plus fréquente à hauteur de 52% sur la per- sonne des femmes mariées et 48% sur les couples non mariés. Quant au ni- veau instruction, nous découvrons que 47% de nos cas sont analphabètes, 28% ont un niveau primaire, 22% au niveau secondaire et 3% au niveau uni- versitaire par contre 1 homme sur 16 se déclare être violé par sa femme. Sur le plan collectif, l‟analyse et l‟interprétation des données permettent de penser que 09 sur les 15 femmes enquêtées, nous ont révélé timidement qu‟ils ont eu des relations sexuelles imposées par leurs conjoints. La majorité d‟entre elles ne souhaite pas se plaindre devant la justice soit 77% contre 23%. Selon notre étude menée sur ses deux institutions, il y a plus des plai- gnantes pour violence en avril que les autres mois. L‟analyse et l‟interprétation des données indiquent aussi que 93% des cas relèvent des violences graves allant des fois jusqu‟au décès de la femme selon le responsable du service ju- diciaire avec une hausse de 14,7% de cas de violences faites sur des femmes soit dans leurs foyers, à l‟école ou dans d‟autres endroits, dans l‟ensemble du territoire. Ceci touche plus de 28% des femmes sans emploi. La recherche effectuée semble confirmer que les agressions ou vio- lences sont plus élevé en milieu urbain soit 66 % contre 34% en zone rural. Il s‟ensuit que le système éducatif comorien est constitué de l‟école de type colonial et de l‟école coranique. Cette dernière est apparue aux Comores avec l‟islam, lequel s‟inscrit l‟enseignement du coran. Elle est la plus vieille insti- tution éducative du pays. Avec sa forme traditionnelle toujours en vigueur, elle

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échappe à tout contrôle de l‟État et reste sous l‟autorité du seul maître cora- nique. En ce qui concerne l‟école de type colonial, l‟abandon scolaire et l‟analphabétisme touchent plus les femmes que les hommes. Dans l‟enseignement supérieur, nombreuses parmi les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons alors qu‟elles restent minoritaires dans le monde du travail. Il appert donc indispensable que le statut de la femme dans la religion musulmane est important. C‟est lorsqu‟il se veut objectif que la femme musul- mane ne fait pas l‟objet de discrimination par sa religion. Au contraire, elle a été libérée et obtenus certains droits favorables à son développement. De son côté, le système de santé est caractérisé par une mauvaise prise en charge des patients dans les hôpitaux, l‟insuffisance des matérielles et outils de travail, la contribution médiocre de l‟Etat et le manque de sensibilisation en santé de maternité contribuent à la dégradation de ce domaine. La mal-nutrition maternelle et infantile constitue un problème majeur. Dans l‟ensemble de la population enquêtée déclare avoir entendu parler du VIH/sida. Certains croient que la maladie est une pathologie imaginaire. La prévalence du VIH/sida aux Comores est estimée à 21 cas en 2012 sur les 13 131 personnes dépistées, contre 12 cas en 2011. Mais une stigmatisation à l‟égard des personnes atteintes par la maladie est accablante. Les femmes sont le plus touches par le VIH/ SIDA. La médecine traditionnelle, la thérapie magico-religieuse et l‟automédication font aussi figure de stratégie souvent pratiquée par la société surtout en milieu rural. Les femmes sont les plus touchés par ces pratiques

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TROISIÈME PARTIE: DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

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Introduction de la troisième partie Les fonctions de responsabilité et/ ou politiques sont occupées, presque toutes, par des hommes. C‟est le cas par exemple, 1/20 maires à Anjouan est une femme. 1/28 maires à la grande Comores est une femme et tous les maires Mohéliens sont des hommes.166 Tous les députés sont des hommes sauf une. Les 2 autres femmes députés étaient de suppléants des ministres qui pour- raient reprendre leurs places en cas de changement de gouvernement comme disposent les textes en vigueurs. Pour mettre un terme à ce point, nous consta- tons, un seul ministre femme qui occupe le portefeuille de la santé et tous les autres sont des hommes. Les procureurs de la République, les gouverneurs dans les 3 iles sont des hommes. En mars 2019, une femme est élue gouver- neur de la grande Comore dans des scrutins controversés n‟est pas accepté par la quasi-totalité de la population de l‟ile. Non seulement parce que ces élec- tions sont truquées mais surtout parce que c‟est une femme.

Ainsi, la haute cour constitutionnelle est composée des hommes et c‟est presque pareil dans les autres instances de prises de décisions alors que les femmes sont majoritaires dans le corps électoral167. C‟est ainsi que cette troi- sième partie est consacrée aux causes, conséquences et perspectives d‟avenir afin d‟améliorer sensiblement la situation de la femme comorienne dans sa so- ciété.

Elle est composée de trois chapitres distincts : Le premier essai de mon- trer les principales causes du phénomène des inégalités sociales au détriment de la femme. Il présente des recommandations pour l‟amélioration des vio- lences faites aux femmes dans le contexte de l‟étude.

Le deuxième chapitre expose les conséquences de tels agissements pour le développement social et économique du pays.

166 Enquête personnelle, juin 2017 167 Enquête, auteur, mars 2018

250

Le troisième chapitre fait le bilan des recherches de type input-output consacrées aux recommandations et perspectives d‟avenir dans les domaines traitant les phénomènes transversaux de la législation, de la coutume, de l‟emploi, de l‟éducation et autres domaines similaires.

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III.1 CAUSES DES INÉGALITÉS HOMME ET FEMME

Les inégalités sociales au détriment de la femme sont constatées dans tous les secteurs d‟activités humaines. Nous pouvons citer les travaux à la mai- son, au bureau ou en politique, au champ, en sports sans négliger les inégalités dans les domaines de la santé, de l‟éducation, de l‟emploi entre autres. La pari- té est encore loin d‟être atteinte.

Les femmes passaient plusieurs heures par jour à effectuer des tâches domestiques telles que ménages, courses, soins aux enfants, jardinage et bri- colage, contrairement aux hommes qui en fait moins. Mais quelles sont les causes des inégalités sociales au détriment de la femme comorienne ? C‟est ainsi que nous allons voir les principales causes de ceci.

III.1.1 Les causes du phénomène Plusieurs études ont été effectuées pour expliquer l‟écart social entre homme et femme, et la plupart sont fondées sur une combinaison des sys- tèmes juridiques que forment la société à savoir le droit coutumier, le Minihadj et le droit d‟origine coloniale. Les résultats varient selon l‟ile et le milieu de rési- dence, mais aucun n‟a réussi à expliquer avec certitude cette différence.

En dépit de notre étude, nous constatons des écarts sur l‟emploi, l‟éducation, le système juridique entre autres. D‟après, certaines documenta- tions, l‟origine de ces inégalités est, disaient certains auteurs : « la peur »168.

L‟expérience et l‟attachement à notre étude nous font croire que la pro- motion des inégalités hommes et femmes s‟attribue à plusieurs théories :

 La théorie du triple système juridique, le premier consiste à res- pecter rigoureusement à des règles coutumières strictes sans oser poser au- cune question, stables surtout en grande Comore.

168 Djahazi 04 : communiqué n° 67 Juin 2.011, intitulé « l‟empire de la peur »

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 La théorie de la peur qui consiste à inculquer à l‟enfant dès le plus jeune âge des idées féodales appuyées par des versets coraniques mal- interprétés que l‟homme est au-dessus de la femme.

 La théorie des réserves aux êtres surnaturels qui sont les no- tables, les Djins représentés par les Marabouts dont la quasi-totalité sont des hommes.

 La théorie de l‟ingratitude masculine. Les hommes sous-estiment le travail des femmes, fondées sur une forme de pléonasme. Pour ce qui pro- cède, Nous constatons que le travail effectué par les femmes au foyer n‟était ni rémunéré ni reconnu à sa juste valeur. Même s‟elles ont un emploi stable, les femmes s‟acquittent des tâches ménagères avant de se rendre au boulot. Nous considérons que les femmes sont créées pour servir les hommes. Nous leur disons rarement merci et peu d‟hommes acceptent de les aider. Leurs compé- tences étaient sous-estimées ou ignorées par les hommes parce qu‟elles sont des femmes.

Les hommes surtout les chefs religieux profitent de la situation selon la- quelle la population comorienne sait lire le coran sans savoir la signification pour employer une technique de traduction rigoureuse en leur faveur pour atti- rer le soutien des notables, détenteurs d‟un pouvoir irréprochable pour imposer leurs dominations, en décrivant des déclarations comme étant basées sur le livre saint. Ils savent que c‟est la seule façon d‟imposer leurs influences.

Le but ultime de ses oppresseurs est de déraciner complètement tout l‟ordre religieux et politique fondé sur l‟égalité de tous en droit et en devoir et surtout devant Dieu. Nous conseillons la population de dénoncer cette pratique de mauvaise interprétation du coran en restant sur leur garde contre ce danger dramatique.

Nous pouvons affirmer avec certitude que l‟assurance et la politique de provocation exhibée par les Foundi ou chefs religieux portant un masque reli- gieux sont destinées à inciter la haine et la colère contre les victimes et ceux ou celles qui admets que la religion musulmane n‟a jamais oppressé personne.

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Le danger que nous voyions réside sur le fait que tous les Foundi ou maitre coranique ou chef religieux sont tous des hommes. Ils se proclament être sincères et en déclarent que leurs inspirations viennent du coran et des Hadiths169 du prophète Mahomet ou des rêves.

Un homme issu de l‟aristocratie originaire du nord de la grande Comore épouse ses femmes âgées souvent de 14 ans en évoquant ceci :

Le rêve d‟un croyant est favorable que 70 hadiths. (...) J‟ai vu un rêve (RU-IYAT), que si je t‟épouse, nous aurons une bonne vie. (...), Des enfants pieux, respectueux de la religion", on serait riche et respecté dans la société. (...) même si j‟ai 3 autres femmes, le rêve que j‟ai vu nous garantira un meilleur avenir170...,

Déclare une personne qui a échappé à son piège. Nous comptabilisons sept femmes au total pour ce pédophile- polygame d‟environs 50 ans. Toutes ces femmes étaient des mineures. Il a profité de la fragilité de ses adoles- centes, avec une éloquence sans précédent pour avoir ses victimes. Il est à noter que ses sept femmes ne vivaient pas en union en même temps. Il épouse une pour voir un rêve de divorcer avec une autre. Il peut avoir 3 femmes en même temps.

Ces personnalités tentent d‟attribuer la servitude et le carnage qui n‟existent nulle part dans l‟Islam. Les autorités politiques de tous niveaux con- fondus doivent être sincères en restant sur leur garde contre ces ruses.

En conséquence de cette mauvaise orientation, les femmes, les jeunes ont une fausse idée d‟un Islam mal interprété. Ils restent toujours inconscients de la vraie valeur d‟une religion de beauté, de paix et d‟amour qui est la nôtre. Comme cela a été le cas à travers l‟histoire, la religion musulmane ne divise personne parmi les croyants.

169 Dictionnaire d‟Antidote, c‟est un recueil des actes et paroles de prophète Mahomet 170 Enquête juin 2017

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Les croyants sincères qui tombent dans le piège de ce phénomène de- viennent inconsciemment et involontairement un outil de propagation de leurs ruses. Toute la population doit être capable de détecter et de lutter contre ces terribles pièges afin de mener une campagne intellectuelle contre ces idéolo- gies mal saines. Nous ne devons jamais oublier que c‟est un pire danger pour le développement humain et social de la nation, car c‟est une croyance héré- tique et le matérialisme sous contrôle de la minorité parmi la population.

Plusieurs chercheurs et anthropologues s‟interrogent sur l‟origine des inégalités sociales. Certains pensent que les inégalités qui se trouvent entre la femme et l‟homme sont dues à la pauvreté alors que dans les pays où leurs niveaux de vie est élevé, les inégalités homme-femme existe mais avec des degrés différents. D‟autres encore, déclarent que c‟est l‟islam qui est la source de toutes discriminations à l‟égard des femmes.

D‟après notre étude sur les origines du peuplement des Comores, nous avons constaté que les inégalités sociales dans l‟archipel sont dû à une domi- nation des nouveaux arrivants. Les arabes ont imposé leurs dominations sur les autochtones pour se faire respecter. Pour éviter toutes révoltes, ils ont épousé les filles des chefs des clans et leurs placent au même rang qu‟eux.

Il est tout à fait inadmissible à notre époque qu‟une société donnée em- ploie toutes formes de discrimination en se basant sur un modèle patriarcal. Cela serait de la mauvaise foi de la part de certaines autorités que ce soient politiques, religieuses ou notables de ne pas mettre en place des actions me- nant à éliminer progressivement ce fléau en faveur du développement humain et social.

Nous disons toujours que toute inégalité a une origine mais celle qui se trouve entre l‟homme et la femme existe depuis très longtemps à travers l‟histoire de l‟humanité et dans le monde entier. Sur ce, Nous constatons plu- sieurs origines, religieuses, socioculturelles, politique entres autres. Il est mal- heureusement difficile de lutter contre les inégalités imposées par la puissance

255 masculine car contredire les mentalités masculines est quelques fois tabous dans tous la plupart des pays musulmans.

L‟installation et influence de la culture musulmane parmi les origines des inégalités homme-femme. Avant l‟arrivée de la coloniale, les Comores avaient comme élites intellectuelles les ulémas, les maitres d‟école coraniques et les marabouts. Une personne peut cumuler simultanément ces trois fonctions ou deux seulement ou se limiter à une seule, selon ses connaissances et ses en- vies,

En principe et vraisemblablement, l‟enseignement qu‟ils (les ulémas, les maitres d‟école coraniques et les marabouts) dispensaient était gratuit, mais en réalité, les profits qu‟ils en tiraient étaient de diverses sortes, consistant en biens matériels, en forces physiques ou en monnaie. Chaque localité, chaque village et ville de l‟union des Comores, les écoles coraniques sont présentes. Malheureusement, ces écoles n‟ont pas changé ni de pédagogie ni de mé- thodes. Les enseignants n‟ont ni qualification ni diplôme. D‟ailleurs, cette situa- tion n‟a pas notamment changé aujourd‟hui car les ulémas, les maitres cora- niques et les marabouts jouissent d‟une autorité et d‟un respect social sans précèdent.

Ceux qui apprirent à lire et à écrire l‟arabe par le biais de l‟apprentissage du Coran et de la jurisprudence islamique eurent une grande influence auprès des de leurs communautés villageoises. Les ulémas sont beaucoup sollicités dans leurs villages pour enseigner l‟Islam, prononcer des jugements dans les litiges relevant des affaires quotidiennes des villageois, présider les prières, proclamer la validité des mariages religieux, etc. Ils sont une pièce maitresse de la vie sociale des comoriens. Ces nouvelles autorités apparues de l‟introduction de la religion musulmane.

À la différence des connaissances “ pratiques “ que les Comoriens et comoriennes apprenaient dans la famille, dans le système social traditionnel qui régissait chaque village, l‟enseignement islamique et ses nouvelles valeurs de

256 socialisation furent dispensés désormais par un corps de clercs, les ULÉ- MAS171.

Nous pouvons ajouter que les Ulémas, comme les cheikhs dans chaque fratrie et le Na-Ib172 entre autres sont tous des hommes. Ceci est valable dans chaque localité, dans chaque ville et village, dans chaque région et dans chaque ile. Aucune exception à cette règle sociale n‟est constatée.

Le système juridique comorien est une source principale d‟inégalité de genre au détriment de la femme comorienne. La population comorienne, majori- tairement illettré en français a du mal à connaitre les textes en vigueur. Nous estimons que parmi les problèmes des inégalités de genre au détriment de la femme est l‟ignorance des lois et conventions internationale que le pays a rati- fié.

Notre objectif est d‟initier le lecteur aux domaines juridiques de la femme comorienne par rapport au développement humain. Le droit comorien en tant qu‟un mélange des droits coutumier, musulman, coutumier et napoléon, des dysfonctionnements sont constatés et les inégalités sociales en faveur de l‟homme perdurent. Nous présenterons dans le détail la composition ou source du droit comorien.

Le droit positif peut être défini comme l‟ensemble des règles juridiques applicables pour régir la société. Le droit est constitué de trois sources diffé- rentes et contradictoires à savoir le droit coutumier, le droit musulman et le droit hérité de la colonisation. Ce panachage des règles juridiques régit les rapports des citoyens comoriens.

171 Des personalités religieuses supremes censer resoudre toutes les problemes au sein de la société comorienne 172Le NA-IB est une personnalité religieuse qui prononce la validité ou la dissolution du mariage en islam

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Il est à constater que chacun de ces droits comprends des facteurs de disparités entre les femmes et les hommes à des degrés différents, entrainant la femme comorienne dans une situation précarité absolue.

La Socialisation est ingredient des inégalités sociales. Elle a été étudiée par deux grands sociologues :

Selon Emile Durkheim, la société possède des normes et des valeurs qu‟elle va transmettre à ses enfants. Elle préexiste aux individus, c‟est-à-dire qu‟un individu va naître dans une société où les règles existent déjà, l‟individu est « façonné » par la société. Pour lui : "c’est la société qui va déterminer l’individus". Nous appellons cela une vision "Holiste". Mais sa définition ne se limite qu‟à l‟action des adultes sur les enfants. Ensuite, pour Guy Rocher, sociologue qui adopte une définition un peu plus précise. Selon lui,

La socialisation est un « processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au long de sa vie les éléments socio- cul- turels de son milieu et les intègre à sa personnalité173.

La socialisation dure tout au long notre vie de l‟enfance à l‟âge adulte. C‟est en ce moment que nous pouvons dire que la socialisation est un proces- sus continu qui permet à l‟individu à faire des choix, et les intègrent à sa per- sonnalité.

Par rapport à tout ce que nous venons de dire, la socialisation reste la cause principale des inégalités hommes-femmes. Dès la naissance nous com- mençons à apprendre aux enfants des normes et des valeurs sociales comme le dévouement de la mère envers son enfant ou bien la sensibilité des filles et la robustesse des garçons.

173 Guillaume VALLET, « Corps et socialisation », Idées économiques et so- ciales 2009/4 (N 158), pages 53 à 63 in https://www.cairn.info › revue-idees- economiques

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Les parents en tant que premier formateur de l‟enfant doit jouer un rôle important sur les habits, les jouets de leurs enfants. Nous leur appren- nons également qu‟il faut être poli, soumise au mari, comment bien se tenir de- vant les autres. Cette socialisation dure jusqu‟à 18 ans environ. Nous l‟appellons socialisation primaire.

Ensuite, la socialisation secondaire dure le reste de la vie et l‟individu continue de se socialiser durant toute notre existence. Ce principe d‟adaptation à la société que faisons partie, se maîtrise automatiquement sans se rendre compte. La socialisation stimule les stéréotypes et les préjugés. Les généra- tions qui se succèdent l‟apprennent d‟une manière informelle et y croient fort comme fer. La culture comorienne qui a vécu deux civilisations a été une socia- lisation réussie. La civilisation arabo-musulmane et la civilisation occidentale des colons n‟ont pu réussies à changer les mentalités des comoriens. Mais ce ne sont pas les seuls points amplifiant la présence des inégalités. Le fait d‟expliquer aux enfants l‟existence des métiers pour les hommes comme mili- taire, pompier, taximan... et d‟autres pour les femmes comme sage-femme, se- crétaire, caissière... leur montre involontairement que les hommes sont supé- rieurs aux femmes.

Les préjugées font partie des causes des inégalités homme-femme. Le terme préjugé désigne l‟ensemble des opinions adoptées en l‟absence d‟informations ou de pratiques suffisantes. Il est parfois fondé sur des mythes ou des croyances résultant d‟une généralisation hâtive d‟une idée admise sans démonstration rationnelle.

Prenons le cas par exemple du sport en général et du football en particu- lier. Le sport est fait pour être pratiqué par des hommes. Les filles qui le prati- quent sont mal vues par la société et leurs familles. C‟est parmi les raisons pour lesquelles, il y a moins des filles dans les disciplines sportives contrairement aux garçons. Les filles sont plutôt en majoritairement dans les rangs des sup- porteurs, des admirateurs. Admettons que même si le sport est destiné à tout le monde, il continue d‟y avoir des préjugés sur son appartenance à un sexe.

259

Jadis, le football était un sport dédié aux garçons et les filles étaient sup- posées faire de la danse. Cette dernière décennie, selon la fédération como- rienne de football estime que les choses ont évolué et les filles jouent égale- ment au football comme les garçons avec une participation très faibles.

Nous trouvons anormal que certaines personnes pensent que les filles qui jouent au football ou autres disciplines ne suivent pas les normes de la so- ciété. Le plus grand mystère, réside sur le fait que la majorité des filles soutient l‟idée selon laquelle les activités sportives sont masculines mais non pour les deux sexes. Les stéréotypes et les préjugés sont intimement liés et sont parmi les causes des inégalités sociales car les stéréotypes font naitre les préjugés.

La non-scolarisation des filles contribue énormement à sa siuation ac- tuelle. Nous nous sommes intéressés aux déterminants socioculturels et éco- nomiques pour appréhender les facteurs qui affectent le non maintien des filles à l‟école. Plusieurs facteurs non négligeables doivent être pris en compte.

Les facteurs socioculturels constituent l‟ensemble des paramètres qui contribuent à écarter les filles de l‟espace scolaire. Ce sont les attitudes et comportements au sein de la famille qui apparaissent sous forme d‟opinions et attentes des parents, de leurs représentations du rôle que doivent jouer les filles dans la société et de leurs perceptions d‟une utilité à instruire une fille. Ces perceptions et attentes traduisent l‟importance qu‟accordent les parents à la scolarisation de leur fille.

Les facteurs économiques renvoient à la capacité des parents à suppor- ter les frais scolaires en termes d‟inscription, de cotisation de coopérative, d‟achat de matériels didactiques, des frais d‟habillement et d‟entretien de la fille etc. Le niveau économique du ménage constitue un indicateur non négligeable dans l‟explication de la problématique de l‟éducation des filles.

Le système juridique comorien est une source principale d‟inégalité de genre au détriment de la femme comorienne. Le droit moderne comorien inspiré des principes fondamentaux de la Déclaration universelle des Droits de l‟Homme et du Citoyen décrète une égalité parfaite entre les hommes et les

260 femmes. L‟application effective de ce principe d‟égalité rencontre néanmoins des difficultés en raison de la superposition et de l‟exercice concurrent du droit musulman et du droit coutumier. L‟élaboration et surtout la mise en application du Code de la Famille constituent un exemple particulièrement éloquent à ce sujet.

Si le Code de la famille est moderne dans sa conception, sa forme, son expression et sa codification, son contenu, renvoient systématiquement au "MINHADJ" qui est le Code du droit musulman en vigueur. Ainsi, le mariage conclu à l‟issu du "consentement des deux époux" est laissé à la direction mo- rale et matérielle du seul mari. Même si ce dernier ne travaille pas.

De l‟article 54 du Code de la famille, il ressort que le mari est le chef de la famille doté de prérogatives qu‟il peut exercer même après la rupture des liens conjugaux, notamment en ce qui concerne les enfants. Le mari dispose toujours de la faculté de décider de la séparation. La réserve introduite par le Code de la Famille est que cet acte doit désormais être prononcé devant le juge compétent, en présence de l‟épouse ou du wali, avec transcription du " twalaka " dans les registres de l‟État civil, dans les quinze jours suivants sa prononcia- tion. La femme qui souhaite rompre la vie commune avec son époux, ne peut prononcer elle-même le "twalaka", mais doit le demander au juge. Celui-ci ne peut le prononcer que lorsqu‟il est constaté un défaut d‟entretien, une absence prolongée sans contact manifestent avec l‟épouse, une démence ou maladie grave, des fautes telles que celles prévues dans les articles 73, 74, 76 et 77 du Code de la famille, ou des voies de fait.

Autre élément nouveau, le fait que la femme dispose d‟un certain droit de recours et de possibilités de solliciter un arbitrage. « Lorsque le juge compétent ne parvient pas à dissuader le mari à renoncer au twalaka », il dresse un acte dans lequel il règle les conséquences de la séparation des époux en fixant no- tamment la pension alimentaire des enfants et de l‟épouse pendant la durée de la retraite légale ainsi que le droit de visite. En cas de contestation, le litige est porté devant le juge d‟appel du lieu de résidence ou à défaut, le tribunal de première instance du ressort. Outre le pouvoir de direction matérielle et morale

261 de la famille ", et du pouvoir unilatéral de se séparer de son épouse, le mari bénéficie aussi du pouvoir de répudiation par étapes, ou sous forme de divorce irrévocable, prononcé en un seul moment par l‟époux.

Les versets qui nous ont particulièrement intéressés sont ceux qui por- tent sur les droits et devoirs des époux et des épouses. Le Coran a institué un cadre de la vie familiale suffisamment clair, du moins du point de vue du croyant. Il a instauré des droits et des devoirs pour les époux et les épouses pour que la famille musulmane puisse vivre dans le bonheur, la sérénité et la quiétude.

La cause des problèmes qui existent dans les couples et dans les fa- milles aujourd‟hui tient des réclamations des droits, mais personne ne s‟acquitte de ses devoirs. Nous prouverons que la fameuse inégalité homme/femme tant décriée par les gardiens des Droits de l‟homme n‟est pas inhérente au Coran lui-même, elle trouve ses origines dans les sociétés ayant adopté l‟Islam comme religion et pourtant s‟attachant à des faits socioculturels et traditionnels. Toute une littérature sociologique a montré combien les sociétés ont toujours du mal à se défaire totalement de leurs tares culturelles.

Pour mémoire, il faut rappeler que les Comoriens sont des musulmans sunnites, du rite chaféite. En matière de droit, les tribunaux des cadis se réfè- rent au Minhadj174. De manière générale, la religion musulmane garantit l‟égalité entre les sexes dans de nombreux domaines, notamment les études, les emplois qualifiés, les fonctions et postes de décision ou de hautes respon- sabilités politiques, économiques ou sociales. L‟homme comme la femme est tenu de se conformer à des comportements et des normes de décence respec- tueuses de la personne et de la société, suivant les préceptes musulmans et les traditions prophétiques.

Néanmoins, par certains aspects, le statut juridique de la femme est dif- férent de celui des hommes. Par exemple, en droit musulman, le témoignage

174 C‟est un ensemble de traités juridiques de l‟imam An Nawawi pour régir la société musulmane

262 d‟un homme et celui d‟une femme n‟ont pas la même valeur, alors qu‟en ma- tière de procédure ce concept joue un rôle prépondérant, en ce sens qu‟il per- met d‟établir la réalité d‟un fait ou de l‟existence d‟un acte juridique. Le droit musulman des contrats reconnaît le témoignage différemment selon qu‟il est fait par l‟homme ou la femme. Pour que le témoignage soit valable et juridiquement reconnu, il doit être fait par deux femmes ou un homme. Pour certains lettrés et juristes musulmans des Comores, cette clause du "double témoignage" exigée de la femme exclut celle-ci des fonctions comme celle de Président de Tribu- nal…

La non-application des textes envigueur constitue un probleme majeur. Après soixante années de construction institutionnelle et de grandes confé- rences des nations unis, la communauté internationale s‟est aujourd‟hui dotée de tout un appareil de conventions et de plans d‟action en faveur de l‟égalité entre hommes et femmes. Ces acquis constituent autant de points d‟appui pour tous les efforts déployés aux niveaux international, national et régional pour protéger et renforcer les droits des femmes. Fort heureusement, les Comores ont signé la quasi-totalité des conventions internationales en faveur de l‟égalité homme/femme. Désormais, l‟égalité s‟inscrit dans la constitution du pays et de nombreuses lois discriminatoires ont été retirées des codes du travail, de la fa- mille, ou électoraux. Des avancées ont été enregistrées en matière d‟éducation : désormais la progression des enfants scolarisés concerne autant les filles que les garçons. Les femmes sont entrées en grand nombre sur le marché du travail salarié, au sud comme au nord du pays. Dans les vingt der- nières années, leur espérance de vie a augmenté de 15 à 20 ans.

Le viol et les autres violences sexuelles sont une réalité et l‟aspect ta- bous et la liberté provisoire reste la seule échappatoire.

Il existe un arsenal de texte juridique favorable à l‟égalité des êtres hu- maine alors que le phénomène continue à prendre de l‟ampleur. La constitution de l‟Union des Comores, dans son préambule, dispose que tous les Comoriens et comoriennes sont égaux en droits et en devoir.

263

Conformément à la Constitution et aux Lois en vigueur et dans le respect des conventions internationales auxquelles l‟État a adhéré, les Comores inter- disent toute discrimination en matière d‟emploi, basée sur le sexe, en applica- tion de la Déclaration universelle qui dispose que « toute personne a droit à accéder, dans des conditions d’égalité aux fonctions publiques de son pays ». Dans la pratique, cette égalité d‟accès est loin de correspondre aux réalités. Seuls 23% des femmes relèvent de la fonction publique, contre 77% pour les hommes.175 L‟écart est considérable et la disparité y est manifeste. Pourtant, la loi portant statut général des fonctionnaires ne comporte aucune disposition discriminatoire liée à la femme. De fait, ces disparités s‟expliquent par plusieurs raisons notamment la scolarisation toute récente des filles dont le niveau de formation est encore bas par rapport à celui des garçons. Cependant, à travail égal, les femmes perçoivent les mêmes salaires que les hommes.

Le code du travail respecte les droits de la femme, en rapport avec son statut de mère. Toute femme a le droit de suspendre son travail pendant qua- torze semaines consécutives dont huit semaines postérieures à la délivrance, cette suspension peut être prolongée de trois semaines en cas de maladie dû- ment constatée par un médecin et résultant de la grossesse ou des couches.

Pendant cette période, la femme est à la charge de l‟employeur, jusqu‟à la mise en place d‟un régime de sécurité sociale, et a droit à la totalité du sa- laire qu‟elle percevait au moment de la suspension du travail". Par ailleurs, se- lon ce même code de travail, la femme comorienne bénéficie d‟un congé payé de 4 mois et 10 jours (viduité) suite au décès de son mari.

Le droit coutumier n‟octroie pas de droits égalitaires aux hommes et aux femmes. Il s‟appuie sur des règles et conventions traditionnelles non écrites, transmises de génération en génération par voie orale pour régir la société et notamment régler les différends et conflits menaçant l‟ordre coutumier. Le droit coutumier varie suivant les régions et suivant les îles. Dans certains cas, il

175 Enquete de l‟auteur au pres du ministre de la justice et de la fonction publique de l‟union des Comores, Janvier 2017

264 s‟oppose et s‟impose aux autres droits en usage, le droit musulman et le droit napoléonien.

En général, le droit coutumier est beaucoup plus appliqué en milieu rural qu‟en milieu urbain où le poids des traditions est moindre. Étant donné les moyens limités de la justice institutionnelle moderne, c‟est le droit coutumier qui est le plus fréquemment utilisé pour régler les conflits et pour rendre la justice. La sanction le plus souvent appliquée est le bannissement individuel ou collec- tif, selon l‟ampleur du délit. Les juges sont alors les notables au sommet de l‟échelle de la société coutumière.

A NGAZIDJA, en matière d‟héritage, la femme est privilégiée comme hé- ritière quasi exclusive des biens immobiliers, en application d‟une disposition du droit coutumier appelée Manyahuli. A Ndzuwani et Mwali, où le Manyahuli n‟existe pas, le système d‟héritage est quelque peu différent. Alors qu‟à Ndzu- wani les femmes sont exclues des terres agricoles et ne disposent que des maisons, à Mwali les femmes ont l‟exclusivité sur les maisons et accèdent éga- lement aux terres agricoles au même titre que les hommes.

Le manyahuli176 est une institution très ancienne, plus manifeste et plus appliquée à NGAZIDJA que dans les autres îles de l‟Archipel. Son introduction est probablement antérieure à l‟instauration de l‟islam. Il peut être défini comme un mode traditionnel de transmission de biens immobiliers (immeubles et ter- rains) de mère en fille. L‟héritage profite non seulement à la première donataire, mais aussi à toutes les descendantes de celle-ci dans la lignée maternelle. La transmission a lieu dans l‟ordre suivant : mères, filles, d‟abord l‟aînée puis les autres, grand-mère, sœur, tante et cousines maternelles.

En principe, les femmes possèdent la terre et la transmettent à leurs filles. Le legs des terres a lieu lors du mariage de la génération suivante. Il peut

176 Le Manyahuli est une institution très ancienne, plus manifeste et plus appliquée à NGAZIDJA que dans les autres îles de l‟Archipel. Il peut être défini comme un mode traditionnel de transmission de biens immobiliers (immeubles et terrains) de mère en fille.

265 arriver qu‟une femme meure avant de marier toutes ses filles, dans ce cas, ces dernières feront elles-mêmes le partage : celles qui ne se sont pas mariées re- cevront leur part lors de leur mariage. Dans le manyahuli, une femme décide seule du partage de ses terres entre ses filles. La répartition est équitable en général. Toutefois, lorsqu‟une femme possède suffisamment de champs, elle favorise sa fille aînée. Il peut aussi arriver qu‟une femme n‟ait pas de filles à qui léguer ses biens immobiliers. Dans cette hypothèse, la femme partage ces biens entre ses sœurs d‟une même mère qui, à leur tour, les laisseront à leurs filles. Ainsi, dans le manyahuli, les biens immobiliers sont légués aux femmes et se transmettent d‟une femme à sa fille, à sa sœur ou à sa cousine germaine.

Malgré son importance, le Magnahuli ne fait pas l‟objet d‟une publicité foncière. Depuis la délibération du 26 août 1947, il doit seulement être enregis- tré. Quant à son inscription sur le registre d‟immatriculation, elle est considérée par les services de la conservation foncière comme étant " juridiquement im- possible".

Les textes juridiques de l‟union des Comores sont complexes et sensés se compléter. A titre de rappel, le droit coutumier pourrait participer aux renfor- cements du droit positif comorien. L‟incompatibilité du droit coutumier avec le droit positif que nous avons constaté dans notre enquête, est le premier n‟a pas de possibilité de recours alors que le second nous pouvons interjeter appel. Le droit musulman, sans avocat ni huissier, est l‟interprétation du Minihadjqui dicte des règles et directives religieuses. Toutefois, "en cas de vide juridique, d‟insuffisance ou d‟obscurité de la loi, le juge peut recourir aux coutumes et tra- ditions, autres sources du droit comorien. C‟est ainsi que, la Loi du 23 sep- tembre 1987, dispose dans son article 10 : « le droit musulman régit les per- sonnes et la famille », elle précise également dans son article 11 que : (…) « le respect des règles fondamentales islamiques et celles touchant à l’ordre public et la liberté des personnes, les juridictions appliquent la coutume. »177.

177 Code de la famille comorien

266

III.1.1.13 Causes sociales

Par rapport à l‟ensemble de documentations traitant notre thème, le Co- morien moyen, les jeunes et les femmes sont dominés par un seul phénomène social inculqué dès l‟enfance : « LA PEUR ».

D‟après l‟article « Djahazi 04 : communiqué n° 67 Juin 2.011 » intitulé « l’empire de la peur », la phobie de presque tous ceux qui entourent la popula- tion avait pris une ampleur étonnante et continue à progresser jusqu‟à mainte- nant.

Le comorien moyen, dès l‟enfance, reste enfermé de son opinion pu- blique durant toute sa vie sans se rendre compte. Il subit des tortures surtout psychologiques et des humiliations…c‟est ainsi que nous allons citer une liste des situations qui fait peur aux comoriens moyens :

C‟est d‟abord, pour l‟enfant, la peur des parents (et notamment du père) qui incarnent l‟autorité et détiennent le privilège exclusif de délivrer leur bénédiction (radi), sans laquelle toute réussite est réputée impossi- ble…178

L‟enfant a trop peur de son père, de son oncle, de son frère ainé que de sa mère par la pression que ces membres de sa famille exercent sur lui. Sa mère, sa protectrice est moins considérée alors que la religion musulmane ac- corde une très grande importance à la hauteur de trois fois supérieure à la bé- nédiction de maman que celle du père.

La peur du répétiteur coranique qui peut recourir à des châtiments cor- porels…La peur des visions terrifiantes et des punitions, réservées aux „infidèles‟dans „l‟enfer‟…La peur des „anges exterminateurs, en cas de désobéissance aux lois religieuses… La peur devant „Le livre‟dont on craint de mal comprendre et interpréter les versets (…)La peur

178 Djahazi 04 : communiqué n° 67 juin 2.011, L‟EMPIRE de la PEUR

267 d‟utiliser, sans le vouloir, des mots malheureux dans les conversa- tions…179

La femme en tant qu‟être fragile reste terrifiée et devient plus vite sou- mise aux détenteurs des pouvoirs. Le maitre coranique avec son pouvoir de punition (châtiment corporel) et la corvée obligatoire suscite la peur et l‟obéissance. C‟était une période très difficile pour elle. Maintenant qu‟elle connaît les vertus de la vie, de l‟égalité entre les citoyens, nous souhai- tons un changement significatif de son comportement…

Mais dans le contexte de l‟époque, la peur accompagnée de l‟ignorance laissée par les colonisateurs, les êtres fragiles ne font que subir les lois préétablies qui pendant la révolution de 1976-1978 ont volé à l‟éclat. Pour Ali Soilih, père de la libération des femmes et de la promo- tion de l‟égalité sociale, c‟est le développement du pays qui éliminera toutes les formes de domination.

D‟autres formes de peur suivent la liste :

Le Comorien et Comorienne ont peur des échecs, dus au „mauvais œil‟(dzitso) des envieux et des malveillants… Mais également la peur des Djins „(génies)‟qu‟il faut ménager et propitier pour éviter les mala- dies…La peur de l‟action inopportune et donc de l‟astrologue‟qui, seul, connaît les moments favorables à chaque opération importante, dans la vie de l‟individu (…), la peur du pouvoir des anciens de la communauté et des autorités locales, de la répression sociale qui rend le conform- isme obligatoire…180

Pour bien dominer dans la société comorienne, nous avons attribué un pouvoir imaginaire à des êtres surnaturels, les Djins181 qui, il faut quelqu‟un qui

179 Ibid 180 Djahazi 04 : communiqué n° 67 juin 2.011, L‟EMPIRE de la PEUR 181 Esprit bienfaisant, génie ou démon, dans les croyances musulmanes.

268 a des Djins plus puissants pour protéger le foyer et la société. Les marabouts sont respectés et suscitent des couvents la peur. Ce dernier peut être à la fois un chef religieux et notable, personne n‟ose lui défier.

La femme comorienne a peur de prendre la parole en public et d‟être ridiculisé ou couvert de honte (…), la peur de la stigmatisation, de l‟ostracisme et du bannissement hors de son village, si l‟on a contreve- nu aux règles coutumières(…) La peur d‟avoir mal ou incomplètement effectuer ses prières, ce qui pourrait susciter la colère du Dieu Miséri- cordieux certes, mais parfois aussi maître de la Vengeance‟(…) La peur des coups de son mari, pour l‟épouse qui lui doit obéissance. La peur d‟exister par soi-même, comme individu libre et responsable, alors qu‟on dépend étroitement du groupe dont nous ne pouvons se désoli- dariser, même quand il a tort (…)182;

La femme comorienne est soumise à une liste de peur qui entoure sa vie quotidienne. Elle est incapable de se soulever avec ce fardeau sur la tete.

Mais aussi la peur du bilan final d‟une vie et du Jugement dernier, ren- du par l‟instance suprême de manière totalement imprévisible, et qui peut conduire à la damnation éternelle (…). La peur d‟être séparé à jamais de ses proches et de sa communauté, en cas d‟erreur person- nelle, mais aussi sans raison particulière …183

La femme comorienne est prise au piège d‟un arsenal d‟outils appelé »la peur » de tout ce qui l‟entoure. Cette situation est très pesante, mais la femme a fini par l‟accepter et le supporter bien que mal. La femme comorienne a peur de prendre la parole en public, de ne pas subir des humiliations après avoir en- freins des règles coutumières, de la colère de Dieu, des coups de son mari en cas de non-soumission et du Jugement dernier.

182 Djahazi 04 : communiqué n° 67 juin 2.011, L‟EMPIRE de la PEUR 183 Djahazi 04 : communiqué n° 67 juin 2.011, L‟EMPIRE de la PEUR

269

III.1.2 Les témoignages des victimes a) Zahara, 35 ans résidant à Moroni coulée sans profession. Elle vit dans un foyer monogame : « par rapport aux autres foyers, mon mari est souvent nerveux mais il n‟a jamais levé la main sur moi. Si mon mari épouse une se- conde femme, je supporterai car la religion veut que cela soit ainsi. J‟ai quitté l‟école en classe de terminal quelques mois avant le bac, j‟ai rencontré mon mari qui a actuellement 56 ans. C‟était mon choix malgré les pressions fami- liales. J‟étais souvent frappé par mon grand frère qui était militaire à l‟époque et toute la famille était contre moi sauf ma tante qui a finis par saisir les chefs reli- gieux pour célébrer notre mariage. Moi et mon mari avons subi des insultes, des ironies de tout genre car en général, c‟est la famille qui fait le choix de l‟époux de leur fille. Mon mari m‟a obligé de quitter l‟école et la tradition nous oblige à obéir à nos maris même si nous aurions souhaité le contraire. J‟ai re- gretté de quitter l‟école et de rester à la maison pour dépendre entièrement de mon époux.184

Mariama, 42 ans, Oichili, vendeuse de légumes, divorcé : « mon mari est partis quand j‟étais enceinte de 4 mois de ma fille. Il rentre tard à la maison, ne mange pas convenablement le repas. Si je me plaint, il s‟énerve et ne reviens à la maison que quelques jours après notre dispute. Je suis parti discuter avec sa sœur, cette dernière ne reconnait pas les erreurs de son frère et finis par dire à sa famille que je lui ai insulté. J‟étais souvent maltraité par ma belle-famille et je supportais. Malheureusement, le père de mes 4 enfants a divorcé le même jour sans me donner la possibilité de me défendre…par rapport à mon expérience, je suis contre l‟abandon scolaire des filles pour le mariage. Je crois que dans ce monde actuel, nous devons respecter le choix de la femme par rapport à son époux. Je m‟oppose à l‟idée que mon oncle, mon frère ou toutes autres per- sonnes se mêlent de la vie de ma fille.185

184 Enquête du 20 Février 2016 185 Enquête, mars 2016

270

Salima, 54 ans, commerçante : « l‟enfant placé, nous avons une fille de 5ans, son père biologique refuse que je l‟envoie à l‟école. Elle apprit la couture et je l‟ai envoyé en France rejoindre mes enfants. Elle est mariée, reconnait sa famille biologique mais sa seconde famille adoptive reste pour elle son porte bonheur…je connais d‟autres enfants qui vivent comme esclaves dans d‟autres familles. J‟aurais aimé que l‟Etat intervienne pour secourir ces êtres vulné- rables. 186

Amina, 54 ans, commerçante, nous révèle ceux-ci : j‟ai épousé mon mari à 17 ans et j‟ai eu mon premier enfant à 19 ans. Je suis la seule femme de mon mari. Je n‟ai jamais fréquenté l‟école de type coloniale. J‟ai 6 enfants dont une fille. Elle est en classe de troisième et me seconde dans les travaux ménagers. Ces grands frères ne participent jamais à faire aucune tâche ménagère jugée très féminine. Mon mari ne touche rien à la maison pour m‟aider même prendre de l‟eau au frigo pour boire. Si aujourd‟hui je suis ainsi, illettrée, c‟est parce que mon père opposait que toutes ses filles ne doivent pas fréquenter l‟école hormis l‟enseignement coranique……si mon mari épouse une seconde femme, je ne sais pas si je le garderai à la maison ou si je lui mettrai dehors. Normalement, c‟est son droit d‟épouser jusqu‟à 4 femmes. La souffrance que la polygamie inflige aux femmes, il est temps de trouver une solution à toutes les violences faites aux femmes. Par rapport à la question relative au mariage précoce et à l‟égalité de sexe, ma réponse est catégorique. Le mariage d‟un adolescent et d‟un adulte est très nuisible pour la santé de la fille. Je ne souhaite pas que ma fille se trouve dans la même situation que ma mère. Cette dernière m‟a dit qu‟elle avait 14 ans quand elle a épousé mon père qui avait 64ans.187

186 Enquête, mars 2016 187 Enquête du 21 mars 2016

271

III.1.2.1 Les femmes ne sont pas détentrices des moyens

Partout dans le monde, la femme est considérée comme un atout important dans la lutte contre la pauvreté.

Depuis bien trop longtemps, la femme fait l‟objet de plusieurs discrimina- tions dans plusieurs domaines. Les conséquences de ses discriminations affec- tent leur famille, leur communauté et le pays tout entier. Il est utopique de con- cevoir que les autorités œuvrent pour l‟égalité homme-femme car dans la pra- tique rien n‟est palpable. La participation des femmes dans les actions de déve- loppement vu qu‟elles sont numériquement supérieur aux hommes pourrait ré- duire la pauvreté dans notre pays. La quasi-totalité des régimes qui se succède depuis l‟indépendance jusqu‟à nos jours accepte l‟importance de l‟émancipation de la femme. Elle (émancipation) peut être facteur générateur de développe- ment social, humain et économique de chaque pays.

Suite à notre étude sur les inégalités homme-femme, nous pouvons dire sans hésitation que la femme dès son jeune âge doit avoir accès aux services de planification familiale, de l‟éducation et de la santé maternelle pour participer à la création des opportunités socio-économiques.

Le pays doit mettre en place des initiatives innovantes pour accélérer l‟élimination des inégalités sociales au détriment de la femme, principales sources de pauvreté. Nous devrons créer et animer des espaces de dialogue et de réflexion impliquant les notables, les chefs religieux, les cadre et l‟ensemble des personnes concernées par notre débat surtout en matière de planning fami- lial et de la santé maternelle. Car si nous avons des jeunes filles en bonne san- té et elles auront les mêmes chances que les garçons d‟assumer des respon- sabilités importantes dans leur nation.

Elles peuvent accéder à des hautes postes politiques et de responsabili- tés afin de contribuer au développement de leurs localités. Au Rwanda, par exemple, l‟Etat a garantie les droits fonciers des femmes. Ceci a eu pour con- séquence l‟augmentation de revenue des ménages et des investissements

272 dans le domaine de l‟agriculture entre autres. Les Comores enregistrent des faibles taux de participation des femmes à la vie active, elles occupent des em- plois précaires et demeurent cependant la norme. Les femmes comoriennes travaillent souvent plus que les hommes et assument la plupart des tâches mé- nagères non rémunérées. C‟est ainsi que des mesures doit être prise pour la promotion de l‟agriculture, secteur qui emploi beaucoup des filles et des femmes. Bien que les femmes représentent près de la moitié de la population active, le secteur agricole et le secteur informel du commerce emploient plus des femmes que d‟hommes. Malgré cette situation, leur productivité est plus faible que celle de leurs homologues masculins.

Dans le domaine professionnel, les femmes sont souvent reléguées à des secteurs moins productifs. Selon notre étude à Mohéli par exemple, nous avons pourtant démontré que les femmes travaillent dans des secteurs qui em- ploient plus d‟hommes que des femmes comme l‟armée, pompier, agent de sé- curité, Bâtiment et travaux publics... Elles gagnent beaucoup plus d‟argent que celles qui travaillent dans l‟artisanat ou dans des emplois traditionnellement ré- servés aux femmes comme la couture, la cuisine, le ménage... Dans l‟ensei- gnement, nous observons partout le contraire. Les mêmes disparités se présen- tent dans le secteur éducatif. Nous constatons plus des filles et des femmes dans les bancs que d‟hommes. Bien que la proportion de filles dans les écoles primaires, collèges, lycée et université ait augmenté de manière significative, les garçons ont toujours plus de chance d‟être diplômés dans secondaire. Au contraire, les filles qui arrivent jusqu‟au lycée ont plus de chance de réussir leurs scolarités que les garçons. A l‟université, les filles et femmes inscrites sont numériquement supérieur aux hommes. Malgré les résultats des filles à l‟université, les garçons décrochent vite d‟emplois que les femmes. Elles sont nombreuses à vivre dans la précarité.

Cette situation nous laisse voire qu‟il y a moins de pauvreté hommes que femmes même si elles sont diplômées. Elles sont souvent des femmes au foyer, des institutrices, des commerçantes informelles entre autres. Il arrive souvent que le mari même moins diplômé que la femme, lui empêche de tra- vailler. La parité homme-femme est l‟une des principales soucie de l‟Etat d‟une

273 manière virtuelle. Les discours des autorités politiques et religieuses sont loin des attentes de la population féminine. Nous pensons que création d‟une insti- tution d‟innovation chargée à la promotion du genre qui aura pour mission prin- cipale l‟identification des causes de l‟inégalité homme-femme pourrait réduire l‟écart existant.

Lors de notre enquête auprès du ministère de la santé chargé du genre en mai 2018, aucune action ou ressource ne sont allouées par le gouvernement à cet effet. Aucun programme de formation permettant aux filles d‟acquérir des compétences essentielles pour se prendre en charge surtout en période difficile de divorce tant sur le plan personnel que professionnel n‟est mise en place.

En tant que chercheurs nous avons également constaté que l‟émancipation économique des femmes est loin d‟être une réalité. Les res- sources des femmes sont souvent gérées par des hommes. La lutte contre les violences basées sur le genre devrait être une priorité du gouvernement. A Mo- héli par exemple, une femme fonctionnaire de l‟Etat me confie ceci timidement avec des larmes :

Mon mari est polygame de trois femmes...il m‟a épousé quand j‟avais 17 ans..., je suis une mère de trois filles qui attend toujours les cris et les mauvais traitements que je subisse toujours. Je ne lui ai rien de- mandé pour la contribution des charges du ménage. Il me menace de divorcer avec moi à chaque fois que je demande un droit, je crois que ces autres femmes font recours au maraboutage pour me ruiner...je ne sais pas comment faire pour l‟oublier. Je ne connais pas d‟autre homme que lui. J‟ai 36 ans et je pleure toutes les nuits.188

Cette triste histoire n‟est pas unique dans l‟ile ni dans le pays pour les actes de violence contre les femmes et les filles. Dans la région de Djando, sans vouloir dévoiler la localité, à Mohéli, en juillet 2018, un quinquagénaire est attrapé en flagrant délit d‟abuser sur la fille de 12 ans de sa femme. Il est arrêté

188 Enquête de l‟auteur, Mohéli, juillet 2018

274 le deuxième jour par la gendarmerie. Ses enfants et sa femme font tout pour liber le délinquant. Dans cette même localité, un père de famille a enceinté la fille de sa femme qu‟elle accouche en même temps que sa propre mère. Le beau-père a eu 8 mois d‟emprisonnement ferme. Le plus étonnant est que le mari a resté avec sa femme jusqu‟alors. Le père biologique a tenté de récupé- rer ses filles dans ce foyer en vain, selon un chauffeur de taxi de cette localité.

A Anjouan, le pont de Bambao Mtruni-Tsembehou, a été le théâtre d‟un suicide de la femme d‟un chef religieux, enseignant, qui a attrapé en flagrant délit, son mari avec sa fille. La femme n‟a pas supporté et elle s‟est jetée sur le pont. Ceci est parmi les conséquences du divorce car le beau-père peut faire des actes inhumains sur les enfants de sa femme.

III.1.2.2 Les divorces fréquents sans procédure

Voilà Ce que dit le coran pour éviter ou réduire les ruptures conjugales :

Si une rupture entre les deux conjoints est à craindre, suscitez alors un arbitre de la famille de l‟époux et un arbitre de la famille de l‟épouse. Si les deux conjoints ont le réel désir de se réconcilier, Dieu favorisera leur entente, car Dieu est omniscient et parfaitement informé. […] Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d‟un seul être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant d‟êtres humains, hommes et femmes ! Craignez Dieu au nom duquel vous vous demandez mutuellement assistance! Respectez les liens du sang. En vérité, Dieu vous observe en permanence189

Tout le monde doit sensibiliser et éduquer les enfants sur les consé- quences des rapports sexuels précoces, pour éviter notamment les grossesses non désirées et/ou les infections sexuellement transmissibles par la multiplica- tion des campagnes d‟information dans les écoles et au sein des associations des jeunes voir même à la maison.

189 Saint Coran, Sourat 4 verset 35

275

III.1.2.3 Absence d’enseignement technique et forma- tion professionnelle de qualité

A noter également que les acteurs de politiques doivent développer l‟enseignement technique et la formation professionnelle en luttant contre les préjugés féodaux qui les frappent et en veillant à la qualité de l‟encadrement et des moyens didactiques qui leur sont affectés afin d‟améliorer la qualité de l‟enseignement pour un meilleur rendement interne, en s‟attaquant aux causes à l‟origine des mauvaises performances récurrentes du système éducatif.

Dans la situation actuelle, il est temps d‟intégrer dans les objectifs du système éducatif la recherche de la meilleure adéquation possible de l‟enseignement et de la formation avec les besoins du développement en per- sonnels qualifié, en prenant en compte le cas spécifique des filles issues des milieux marginalisés dans les formations techniques et professionnelles qui sui- vent notre ère. Il faut également encadrer et assister les formations en appren- tissage qui relèvent de l‟éducation informelle pour une meilleure qualité des prestations attendues de ses bénéficiaires

III.1.2.4 Non-accès au planning familial

La santé maternelle comorienne est médiocre, car les éléments constitutifs du planning familial doivent être améliorés dans l‟ensemble du territoire. Pour se faire, il faut faire progresser et soutenir les programmes de planification fami- liale volontaire et de santé de la reproduction à travers le pays par le biais des sensibilisations, d‟IECCC. Cela peut réduire les grossesses non désirées. Les hommes doivent autoriser leurs partenaires d‟utiliser les moyens contraceptifs afin de lutter contre ces genres grossesses, les MST et pour les limitations des naissances.

En cas de violences et/ou abus sexuels de la part d‟un partenaire ou d‟un tiers, le planning familial peut réduire les chances de tomber enceinte. Si les autorités religieuses plaident pour l‟utilisation de ses pratiques, cela pourrait empêcher l‟utilisation clandestine de la Planification familiale, car certains par-

276 tenaires obligent les femmes à arrêter la planification familiale sans se soucier de leurs santés.

Dans certains cas, un partenaire peut empêcher leurs femmes de prati- quer le planing famillial et s‟abstenir d‟utiliser le préservatif. Cela peut provo- quer un taux plus élevé de grossesses non planifiées avec une incidence plus élevée d‟avortements à risques.

III.1.2.5 Absence de l’État aux actions des associa- tions

Il faut soutenir les initiatives et les actions associatives féminines des femmes. Ces actions devront être soutenues par l‟État, en consolidant des financements sé- curisés, pluriannuels, respectueux des initiatives associatives. Là où le ministre des droits des femmes que nous avons suggérés plus haut, auront pour mission de travailler avec les grands réseaux associatifs qui, historiquement irriguent notre pays, de façon à construire avec eux, des partenariats cohérents, pérennes et effi- caces.

Chaque citoyen doit défendre l‟universalisme des droits des femmes sur tout le territoire, dans chaque secteur d‟activités et au niveau internatio- nal. Nous souhaitons que les Comores portent au niveau international, également, la promotion des droits des femmes.

Les prises de position de l‟État sur les droits des femmes par la ratification de la quasi-totalité des textes et convention internationale constituent une marque forte de leur volonté de protéger et de faire progresser la démocratie et les droits hu- mains. La société, la culture, s‟influencent mutuellement, mais doit être adaptée aux droits de chaque citoyen et citoyenne.

III.1.2.6 Le problème d’accès à l’eau potable et son impact sur les femmes

L‟insuffisance de l‟eau surtout dans l‟ile de Ngazidja est une réalité à ne pas nier. Dans l‟archipel des Comores, les hommes et les femmes ne perçoi-

277 vent pas le problème de la même manière. Les hommes comoriens sont des grands consommateurs de l‟eau et les femmes collecteurs.

Par manque de sentiment envers leurs épouses et l‟esprit féodal selon lequel les femmes seront responsables de la collecte et de gestion de l‟eau po- table, les femmes doivent impérativement se lever trop tot pour faire la file à la fontaine ou la citerne du village pour remplir les récipients de la maison en fai- sant plusieurs kilomètres alors que l‟homme fait la sieste. L‟eau est l‟affaire de la femme et des filles. La rareté de l‟eau a des conséquences sur la charge de travail des femmes dans son ménage, surtout en termes de pénibilité physique liée au transport de l‟eau.

III.1.2.7 Santé et hygiène des femmes

Nous ne pouvons pas parler de développement d‟un pays sans garantir l‟accès aux soins sur tout le territoire. Pour se faire, nous devrons commencer à lutter contre les déserts médicaux surtout pour accéder aux services d‟urgence et particulièrement aux maternités. Plusieurs femmes perdent leurs vies et/ou leurs enfants par une mauvaise ou un retard de prise en charge surtout quand la pa- tiente n‟a pas d‟argent. Il est important d‟offrir et garantir à la population de soins de proximité en créant par exemple des CSB II comme à Madagascar. Chaque région ou commune doit subsister un centre de santé et de soins de proximité pour réduire les accouchements à domicile, l‟automédication et les pratiques des magiciens-féticheurs soi-disant détenteurs des pouvoirs sur naturels ou divins.

Il est aussi important de garantir l‟accès à l‟information et à la contraception sur l‟ensemble du territoire par un système d‟IEC CC par le biais des conseils con- jugaux et familiaux et des centres de planification. Sans pourtant omettre que les mineurs ou adolescentes sont exposés aux grossesses non désirées, garantir l‟accès à la contraception pour les mineurs-e-s serait une priorité.

Bien qu‟il existe aujourd‟hui des moyens de contraceptions différents per- mettant de trouver des réponses adaptées aux besoins des femmes en la matière, l‟accès gratuit et anonyme aux informations et aux différents modes de contraception

278 devrait être garanti surtout les jeunes par la mise en place du fameux « forfait mi- neur contraception ».

L‟État doit renforcer les capacités des femmes pour leurs participations effectives à la gestion des structures sanitaires dont elles sont les premières bénéficiaires et améliorer les services de santé de la reproduction et de la plani- fication familiale, en les rendant accessible, de qualité et de proximité.

Les femmes en générale surtout les nouvelles mamans ont le droit et de- voir de renforcer leurs capacités en matière de Planning familial à tous les ni- veaux par une sensibilisation dans les médias et par les praticiens en ciblant aussi bien les hommes (les maris) que les femmes traditionalistes.

Les centres de santé doivent alléger les couts de dépistage ou les rendre gratuits afin de contribuer à la détection précoce des cancers des organes géni- taux et d‟assurer la prise en charge des grossesses à risques et de toutes les urgences obstétricales. Les services de l‟ordre doivent veiller au développe- ment des politiques de prévention des avortements non thérapeutiques, sou- vent pratiqués dans des mauvaises conditions d‟hygiène et de sécurité.

Nous constatons que la plupart les patients qui se rendent à Madagas- car, en Tanzanie et en Égypte pour se soigner sont majoritairement des femmes et des enfants c‟est ainsi que l‟État doit améliorer la qualité de la santé notamment des mères et des enfants et développer des politiques de sécurité alimentaire pour augmenter les revenus des ménages pauvres (surtout les femmes) et leur assurer une alimentation équilibrée.

Dans les centres de santé surtout publique, les patients se plaignent de mauvaise prise en charge surtout dans les services des urgences. C‟est pour cette raison que nous sollicitons que le Ministère de la Santé ou à défaut les commissariats des iles chargés de la santé doivent améliorer l‟accueil des pa- tients par des formations sanitaires, et y refouler toute attitude incorrecte, dé- sinvolte, désobligeante pouvant porter atteinte à la dignité des patientes.

279

Nous devons travailler tous au renforcement et à la généralisation des mutuelles de santé afin de permettre à tous les citoyens, de toutes classes so- ciales d‟y en accéder. Dans les grandes villes comoriennes comme Moroni, plus particulièrement dans les marchés, les ordures trainent partout en tonne pendant plusieurs jours, pour cela nous devons entretenir la propreté et l‟hygiène des marchés pour la santé publique en générale, et pour les ven- deurs, en particulier, qui se trouvent être dans leur très grande majorité des femmes.

Nous devrons favoriser la formation de personnels médicaux féminins surtout pour les soins gynécologiques et en matière de santé de la reproduction et assainir, stabiliser le personnel médical et paramédical en fonction dans les services de santé publique en procédant notamment aux titularisations requises

III.1.2.8 Conciliation de la vie privée et de la vie pro- fessionnelle.

La femme mène quotidiennement une vie contraignante. Elle est entrée en conflit avec les tâches ménagères spécifiquement féminines et les attentes de sa vie professionnelle. Nous savons bien que le travail est l‟un des moyens d‟apporter une stabilité et une sécurité financière, limitant les contraintes conju- gales. Une femme a l‟obligation de répondre à ses engagements professionnels ainsi que ses charges domestiques sans partage des tâches ni soutient moral même si son mari ne travaille pas.

Dès lors, il est très urgent de concilier vie équilibre économique et so- ciale, car nous sommes dans une société moderne, rationnelle. L‟État doit in- tervenir en adoptant une politique visant à concilier la vie professionnelle et tâche ménagère par un système de partage afin de réduire considérablement le déséquilibre travail/famille.

Les aménagements de temps de travail permettent aux femmes et aux hommes de s‟investir ensemble dans les impératifs professionnels et vie privée au foyer. Cela peut néanmoins écarter l‟idée selon laquelle, il y a des taches spécifiquement pour les femmes et d‟autres pour les hommes.

280

Cette politique que nous sollicitons que le gouvernement l‟adopte, per- mettrait de concilier les doubles contraintes de la femme. Celle qui pèse dans son lieu de travail d‟une part et les contraintes qui pèsent sur elle dans son foyer conjugal d‟autre part.

Enfin, la femme, elle seule, doit planifier son programme, celui de son mari et celui des enfants. Toutes modifications seront en fonction des besoins du mari. En cas de problème, la responsabilité incombe à la femme sur chargée d‟où la nécessité de résoudre ces abus.

En outre, dans notre étude, nous avons voulu déterminer le volume des tâches accomplies par les jeunes filles en plus de leur travail scolaire. Les tra- vaux pour lesquels nous sollicitons les filles sont le ménage, la vaisselle, la cui- sine et la lessive principalement. La corvée d‟eau n‟est pas rare parce que les ménages ne sont pas souvent dotés de robinets. Ce qui est une charge de plus pour les filles.

Cependant l‟autre fait marquant est le cumul des activités domestiques exercées par ces dernières. Même si elles sont sollicitées davantage les week- ends et/ou durant les congés scolaires, bons nombres d‟entre elles soutiennent être obligées de s‟acquitter de ces travaux avant d‟aller à l‟école ou au retour à la maison. C‟est ainsi que la plupart de filles font en même temps le ménage, la cuisine, la vaisselle et le linge en plus de ces devoirs à la maison. Cette sur- charge de travail peut avoir des répercussions négatives sur la performance des filles et par voie de conséquences sur leurs chances de progresser à des niveaux supérieurs dans la mesure où elles ne trouvent pratiquement pas le temps de faire leur révision. Ces travaux ne se limitent pas à la sphère familiale puisque pendant les vacances scolaires certaines d‟entre elles monnaient leur force de travail dans les ménages périphériques pour augmenter le revenu fa- milial ou pouvoir assurer les frais de scolarité et l‟habillement à la prochaine rentrée.

C‟est la raison pour laquelle, nous disons toujours que l‟éducation et la responsabilisation des filles et des femmes sont un moyen sûr de les préparer à

281 devenir des partenaires au développement. Mais il ne suffit pas de les faire ac- céder à l‟école, il faut des mesures d‟accompagnement leur permettant d‟y res- ter et d‟assurer leur apprentissage.

C‟est à travers cet apprentissage que l‟enfant construit son identité so- ciale, devient un membre autonome de son groupe d‟appartenance et à travers lui de la société tout entière. C‟est dans la famille où débute ce processus qui s‟exerce différemment selon les sexes. C‟est à la femme que revient le rôle de reproduction sociale. Ainsi, l‟initiation des filles aux tâches domestiques est un moyen de les préparer à leurs futurs rôles de femmes.

D‟ailleurs la maîtrise de ces travaux suppose, pour certains, l‟affirmation de leur féminité. Ainsi les filles participent d‟une manière ou d‟une autre à l‟entretien de la maison comme la bonne ou la maman.

Dans cette répartition, la part de la contribution de la mère bat le record puisque c‟est elle qui accomplit presque la moitié des tâches domestiques. Ce fait semble assez logique par rapport à notre contexte socioculturel où ces rôles sont assignés à la mère encore que cette surcharge de travail l‟empêche aussi de s‟adonner à des activités économiques plus rentables et valorisées. Il est rare de voir un homme s‟occuper à l‟entretien de sa maison surtout s‟il est ma- rié, car il considère que ce rôle revient à la femme gardienne du foyer.

Pour nous ici, ce qui nous intéresse le plus est le paradoxe qu‟il y a entre la part contribuée, dans ces travaux, par les filles scolarisées et celle des em- ployées de maison. Les filles par contre en plus de passer des heures dans les salles de classe et devant leurs manuels, doivent jouer le rôle de "mère bis" avant de partir pour l‟école ou au retour à la maison. Cette sollicitation perma- nente peut susciter en elles l‟idée que la vraie valeur d‟une femme réside dans sa capacité à bien tenir son foyer.

Il est clair que cet enfant évolue dans un milieu où l‟école n‟est pas au centre des préoccupations de la famille et comme l‟environnement familial est indissociable aux conditions d‟étude celui-ci agit sur les motivations de

282 l‟apprenant. La décision de scolarisation peut être déterminée par le niveau d‟instruction des parents.

Les parents qui disent avoir reçu une instruction surtout religieuse préfè- rent scolariser leur garçon. Ce phénomène traduit la survivance de certains sté- réotypes sexistes de la part des parents qui trouvent plus rentable d‟investir dans l‟éducation du garçon que celle de la fille qui, dans leur logique, sera prise en charge d‟une manière ou d‟une autre. Le rôle de reproduction sociale attri- buée à la fille réduit ses chances face à celles du garçon. Ainsi, les parents im- plicitement entretiennent la situation de dépendance de la femme vis-à-vis de l‟homme.la mise à l‟école se fait par calcul suivant les moyens dont disposent les parents et les résultats qu‟ils y attendent. La décision de scolarisation obéit à une certaine rationalité développée par les parents. Nous considèrons géné- ralement, à tort ou à raison que c‟est l‟homme qui doit bénéficier plus d‟opportunités afin qu‟il puisse assumer son rôle de pourvoyeur de la famille.

Il faut dire que dans la culture africaine en général et comorienne en par- ticulier, c‟est l‟homme qui théoriquement, prend en charge les besoins de sa famille même si dans la réalité ce rôle est beaucoup plus assuré par la femme.

Il fallait en plus, aider les parents à éduquer leurs enfants sans discrimi- nations, surtout celles susceptibles d‟induire une dévalorisation de soi, par la diffusion des principes d‟éducation à la vie familiale à travers les médias et par des causeries dans les communautés.

L‟application avec rigueur les dispositions interdisant le travail des en- fants, les conditions de travail pénible, dégradantes ou inadaptées, et de ma- nière générale, prendre toutes les mesures appropriées pour sanctionner toutes les formes d‟exploitation des enfants et plus particulièrement des filles reste une priorité

Les textes interdisant l‟exploitation des enfants placés dans les familles d‟accueil comme domestiques au détriment de leur éducation et de leur épa- nouissement devraient être promulgués.

283

III.1.2.9 Le témoignage des agresseurs

Un enseignant à l‟université des Comores, polygame, notable et chef re- ligieux. : « Une femme peut se marier dès le premier jour de ses règles selon l‟islam contrairement au garçon qui peut se marier dès qu‟il peut payer la dote et assumer ses responsabilités matérielles et physiques ».

Les conditions de validité du mariage musulman pour la femme sont : l‟accord de l‟un de ses tuteurs ou Wali (oncle maternel, père, frère….), témoins et la dote. Nous pouvons consulter l‟avis de la femme. S‟elle ne répond pas, elle consent et s‟elle dit non, nous célèbrons cas même car elle finira toujours par accepter. La maturité d‟une femme selon cet enseignant, commence dès qu‟elle a ses règles.

Le coran nous dit que vos femmes sont vos champs dit-il. Fait ce que vous voulez, ici nous parlons du besoin sexuel. La femme n‟a pas le droit de refuser, l‟homme peut s‟accoupler le nombre de fois qu‟il juge nécessaire dans tous les voies qu‟il désir sauf la voie anal, interdit par l‟islam. La femme peut refuser d‟appliquer cette voie même en démolisant son mariage, chose interdite aux femmes. L‟obéissance au mari est un devoir divin pour la femme.

III.1.3 Les défis majeurs à relever dans le système de santé Selon la ministre de la Santé, de la Solidarité, de la Protection sociale et de la promotion du genre, Mme, Dr Rashid Mohamed Mbaraka Fatma, plu- sieurs défis sont à relever dans le domaine de la santé. Il s‟agit d‟améliorer la qualité de soins à tous les niveaux, dans tous les hôpitaux du pays. Il faut ren- forcer le programme de prévention et de suivi de la prématurité afin de rendre disponibles et permanents les médicaments essentiels.

Ensuite, il est urgent de renfoncer le système national d‟information de santé, de renfoncer le système de suivi et évaluation sanitaire et redéployer des ressources humaines, financières et matérielles dans les postes de santé en souffrance surtout en milieu rural.

284

Enfin, la ministre nous dit également qu‟il faut développer des cellules de soutien psychologique et psychiatrique pour prendre en charge les patients né- cessiteux. Le paludisme, la typhoïde entre autres constituent problème de santé publique. La lutter contre les épidémies est l‟une des priorités du Ministère. Pour lutter contre le déplacement des patients comoriens pour se soigner à l‟étranger, la construction des hôpitaux de référence est à l‟ordre du jour des conseils du gouvernement.

III.1.3.1 De l’activité économique précaire de la femme

Notre enquête a collecté des informations relatives à l‟emploi des femmes et des hommes dans les 3 iles sous administration des autorités de l‟union des Comores. Précisons également que lors de l‟enquête, ceux qui ont déclaré avoir un emploi ou une activité rémunérée ou non sont considérés comme actifs.

Les résultats sur l‟emploi nous montrent que plus de 63/80 des hommes de notre étude a un emploi et 27/60 des femmes de notre enquête travaillent. Selon l‟état matrimonial, les résultats montrent que les femmes en rupture d‟union et les célibataires sont plus nombreuses à travailler contre celles en union190

Les données selon le milieu de résidence montrent que la proportion de femmes qui travaillent est plus élevée en milieu rural qu‟en milieu urbain et sont nombreuses à Anjouan que dans les autres iles Mohéli et Grande Comore.

L‟état matrimonial influence aussi le niveau d‟activité des hommes, la proportion d‟hommes actifs en union est de 85/91 et à 82/88 parmi ceux en rup- ture d‟union et à 58/85 parmi les célibataires. Le niveau d‟activité des hommes varie aussi selon le milieu et la région de résidence : Ils sont nombreux en mi- lieu rural qu‟en milieu urbain et plus nombreux à Anjouan et grande Comores qu‟à Mohéli Comme chez les femmes, la proportion d‟hommes qui travaille di- minue avec l‟augmentation du niveau d‟instruction.

190 Enquête de l‟auteur sur l‟ensemble du territoire

285

Les femmes ont une espérance de vie supérieure aux hommes et plus des femmes ont déclaré avoir été victimes d‟une agression physique, sexuelle ou psychologique venant des hommes. Ces derniers se plaignent aussi d‟être agressé par des femmes et ils représentent une portion très minoritaire.

Les filles réussissent plus au baccalauréat général que les garçons. Elles battent le record dans les séries littéraires plus généralement la série A4. Les femmes de 23 à 35 ans ont le bac ou un diplôme supérieur alors qu‟elles sont minoritaires dans le marché du travail que les hommes. Elles sont également majoritaires sur les bancs des universités, et dominent les filières Droit et AES (administration économique et sociale et à l‟IFRE).

Paradoxallement le chômage touche plus les femmes que les hommes en âge de travailler. Les femmes sont nombreuses, dans l‟agriculture et le commerce informel. Près de 80% des femmes enquêtées occupent des emplois à temps partiel contrairement aux hommes. Les femmes se déclarent souvent « ménagères ou cultivatrices ».

Les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs à ceux des hommes dans le secteur privé et public confondu, car elles occupent souvent des postes subalternes. Trois femmes sur quatre gagnent moins que leur con- joint et leur contributinon aux revenus du couple sont supérieurs à celle des hommes. S‟elles occupent un poste équivalent, elles sont moins considérées et moins respectées par leurs subordonnées que les hommes. « Monsieur le Di- recteur et plus estimé que Mme la directrice ».

À la maison de retraite, les femmes sont plus nombreuses à en bénéfi- cier par personnes interposées. Ce sont les conséquences du veuvage dû sou- vent par le mariage d‟une mineure à un homme qui a le double ou le triple de son âge ou souvent plus vieux que ses parents. La pension de retraite est sou- vent bénéficiée par des femmes, mais loin de satisfaire les besoins des orphe- lins et souvent, cette somme dérisoire est source de dispute dans le cas où le de cujus était polygames avec des enfants issus des familles différentes. Par

286 contre quand il s‟agit d‟une pension de réversion191 ou de vieillesse, l‟homme la monopolise et c‟est l‟épouse la plus jeune ou la plus aimée qui en bénéficie. Pour les retraités de l‟État français que nous avons rencontrés en aout 2017, leur pension de retraite suffit pour rester aux Comores et épouser une jeune femme de l‟âge de sa fille, capable de satisfaire ses besoins physiques

III.1.3.2 Inégalités politiques

La sphère politique n‟est plus exemplaire que la sphère professionnelle. Selon notre étude, Nous constatons un recul des femmes aux fonctions ministé- rielles et leur difficulté à atteindre les postes de responsabilité…

Une démocratie mutilée alors que les femmes forment la majorité de la population et de l‟électorat. Leurs participations aux instances décisionnelles de l‟union tant au niveau des iles autonomes que municipal est minimale. La femme comorienne est presque absente au parlement et dans le gouverne- ment, selon le rappart national « genre et developpement humain » 2006. Plus le pouvoir décisionnaire est hiérarchiquement élevé plus la présence des femmes se raréfie. Les différences sont notables entre le législatif et l‟exécutif, sans parler du judiciaire. Pourquoi faudrait-il des femmes, si les hommes sont en mesure de représenter l‟ensemble de la société ?

Nous proposons qu‟il faille considérer les hommes et les femmes comme des individus humains indifféremment et facteur de développement de la nation par excellence. De fait, à l‟heure actuelle les hommes ne peuvent pas parler au nom des femmes. Ces dernières doivent pouvoir faire valoir à partir de leur réa- lité leurs préoccupations, leurs analyses, leurs intérêts, mais elles doivent éviter la contradiction entre une exigence d‟intégrations au pouvoir politique par leur assignation sociale et une exigence d‟intégration en tant qu‟individu, autonome par rapport à la logique de genre. Elles doivent surtout éviter de consolider par des revendications différenciées la perpétuation des assignations de genre.

191 Droit en vertu duquel des biens qui avaient été transmis reviennent au donateur ou à ses descendants, si le donataire meurt sans enfant ou s‟il meurt avant le donateur (dictionnaire d‟Antidote).

287

Aujourd‟hui, la démocratie est mutilée, privée de l‟apport spécifique de la moitié de sa population. Le respect du pluralisme démocratique devrait donner aux représentants des femmes la chance de construire l‟avenir pour toutes et tous et mettre ainsi fin à l‟effacement d‟un sexe au profit d‟un autre.

Encourager la participation des femmes aux décisions politiques c‟est augmenter leur nombre dans toutes les instances de décision. C‟est garantir leur participation réelle à la décision dans les exécutifs sans les cantonner à des postes traditionnellement liés au social, à l‟éducation et au culturel, au lieu des finances, de l‟urbanisme ou des transports, c‟est rompre avec une réparti- tion stéréotypée des fonctions.

Les solutions passent premièrement et avant tout par une impulsion des partis politiques (avec ou sans loi qui les oblige). Ils devraient présenter davan- tage de femmes tout en accentuant l‟effort de préparation et de soutien aux candidates et aux élues. Ils devraient leur offrir plus de formations continues ciblées.

Les solutions passent par une réorganisation des activités politiques, c‟est-à-dire une adaptation des horaires de commissions à la vie de famille avec pour corollaire une meilleure répartition des tâches domestiques entre homme et femme au sein de la famille. Elles passent aussi par un soutien fi- nancier aux différents modes de garde des enfants pendant les activités poli- tiques (crèche, garde à domicile) s‟il n‟y a pas de compagnon pour prendre la relève.

Les femmes devraient se soutenir entre elles, développer le mentorat. Ainsi, si les décideurs politiques (exécutif, parlementaire…) prévoient, un quota dès cette année, sans que la loi l‟oblige, décide, d‟introduire un pourcentage minimum de chaque sexe sur les listes de candidats aux élections de tout ni- veau serait un grand pas vers cette initiative.

Il fallait également veiller, dans toute réforme favorable à l‟équité de genre, à prévenir le rejet pour motif religieux. Pour ce faire, travailler en étroite

288 collaboration avec les leaders et institutions religieux pour recueillir leur avis et leur adhésion.

Pour garantir cet équilibre, il fallait adopter une loi qui oblige les partis politiques à présenter un nombre égal d‟hommes et de femmes lors des scru- tins et qui instaure l‟obligation de parité dans les exécutifs. Pourtant, dans les faits, lorsque les hommes et les femmes gouvernent ensemble, la forte pré- sence des femmes dans la vie politique, comme c‟est le cas dans certains pays comme la Suède, change certaines habitudes que nous pensons pourtant indé- racinables. Ceci permet de changer en profondeur les représentations cultu- relles attachées à la perception de la femme dans la société. Force est de cons- tater qu‟un changement en profondeur des mentalités est aujourd‟hui incon- tournable. Les politiques d‟égalité entre les hommes et les femmes qu‟elles s‟appliquent dans l‟entreprise, en politique, en famille, dans les médias, n‟ont pas pour objectif de défendre un monde de femmes, mais un monde où les femmes et les hommes trouvent leur place dans le partage de toutes les res- ponsabilités.

III.1.3.3 De la femme et fonctions politiques

Au sein du monde politique comorien, les femmes restent sous représen- tés dans la quasi-totalité des instances et institutions. C‟est ici que les femmes doivent renforcer leurs batailles politiques qui pourraient leur permettre d‟occuper des postes politiques importants, postes jusqu‟ici réservés unique- ment aux hommes.

Nous sommes encore loin de la parité ou égalité professionnelle qui n‟a d‟ailleurs jamais été considérée comme une priorité nationale. De toute évi- dence, tout doit être mis en œuvre pour faciliter l‟ascension encore timide des femmes vers les plus hautes fonctions politiques.

289

Tableau 21 : Répartition des titulaires des principaux postes politiques par sexe

Homm Nature Du Poste Iles Autonomes Femmes Ensemble es Ministres et assimilés 15 1 16

Députés Gouverneurs des îles Ngazidja Anjouan Mohéli 1 3 0 3 1 1 Commissaires des Ngazidja Anjouan Moheli 1 0 1 gouvernorats des iles 1 0 0

Conseillers des iles Aucune femme 33 0 33

Préfets des régions Aucune femme 15 0 15

Maires 28 dont 20 dont 20 dont 64 4 68 2 1femme 0 femme femmes s Justice (procureur et 4 4 4 11 1 12 présidents des tribu- naux Hautes cours consti- Aucune femme 0 tutionnel Autres postes poli- 21 6 27 tiques majeurs ENSEMBLE 160 12 172

Source : enquête personnel, juillet 2017

Selon ce tableau les femmes n‟occupent les hautes fonctions politiques qu‟à hauteur de 7,4%. Ce chiffre qui se passe de tout commentaire doit interpel- ler la société dans son ensemble.

290

Tableau 22 : Chefs d’institutions de l’État

Nature du Direction nationale/ ré- Hommes Femmes Ensemble Poste gionale Direction de la 01 1 0 01 police Députés 31 1 31 Direction ré- Ngazidja Anjouan Mohéli 2 0 2 gionale de la 0 1 1 police Chef d‟État- 01 01 0 major de l‟armée Chef de corps 01 01 01 3 0 3 FCD Chef de corps 01 01 01 3 0 3 gendarmerie Douane 01 01 01 3 0 3 Justice (pro- 4 4 4 11 1 12 cureur et pré- sidents des tribunaux Hautes cours Aucune femme 0 constitutionnel Autres postes Poste et télécommunica- 21 6 27 politiques ma- tion, aviation civile, eau et jeurs électricité ENSEMBLE 160 12 172

Source : Enquête personnel, juin 2017

Le tableau nous donne une idée sur la répartition des agents de l‟État par catégories, sexe et échelon selon l‟île d‟affectation.

291

Tableau 23 : Répartition des agents de l’État par catégorie

Lieu Catégorie Catégorie Catégorie Catégorie Ensemble d’affectation A B C inconnue Ngazidja Hommes 1205 393 236 854 2688 Femmes 322 159 1350 320 936 Ensemble 1527 552 371 1174 3624 Ndzuani Hommes 413 161 328 526 1428 Femmes 105 69 119 191 484 Ensemble 518 230 447 717 1912 Mwali Hommes 119 67 69 132 387 Femmes 38 22 26 51 137 Ensemble 157 89 95 183 524 Extérieur du pays Hommes 9 0 0 16 25 Femmes 0 1 0 3 4 Ensemble 9 1 0 19 29 Intérieur du Pays Hommes 1746 621 633 1528 4528 Femmes 465 251 280 565 1561 Ensemble 2211 872 913 2093 6089

Sources : Direction générale de la Fonction publique et Ministère de l’Intérieur

Ce tableau traduit les progrès accomplis par les femmes dans l‟exercice des fonctions administratives grâce à la formation, fonctions encore largement occupées par les hommes. Ce qu‟il est important de souligner est que ces femmes fonctionnaires sont des femmes autonomes, plus maîtresses de leur destin et capables de prendre part au développement de la cité, tout en assu- rant à leurs enfants de meilleurs soins et une bonne éducation.

292

III.2 CONSÉQUENCES DES INÉGALITÉS HOMMES ET FEMMES

Du point de vue sociologique, la condition de la femme comorienne se trouve dans une position lamentable au sein de son organisation sociale. Ainsi, ce document de thèse traite les différents notables qui se trouvent entre les femmes et les hommes et proposant des perspectives d‟amélioration dans les inégalités homme-femme.

Les descriptions psychologiques et philosophiques de ce phénomène s‟intéressent sur le rôle et la place de la femme dans sa société ainsi que les éventuelles conséquences individuelles et sur ses enfants mineurs.

Statistiquement, les femmes sont en général durement touchées que les hommes par les problèmes de développement. Dans ce pays l‟ISDH (indicateur sexospécifique de développement humain), l‟IDH (indice de développement humain) et l‟IPF (indicateur de la participation des femmes) sont naturellement plus faibles. Ce dernier est un indicateur particulièrement guidé sur la participa- tion des femmes dans le processus de prise de décision économique.

Ce chapitre est consacré à l‟étude des conséquences des inégalités de genre. Il est impossible de voir l‟ensemble des éléments explicatifs de ces ef- fets, de ce phénomène aux niveaux locale et international.

Il est admis qu‟il n‟y aurait pas une société stable, développée et épa- nouis sans traiter les citoyens d‟une manière équitable et égalitaire. Aujourd‟hui, les inégalités du genre ont atteint une proportion inquiétante, et nous consta- tons qu‟en même temps d‟autres faits sociaux sont évolués dans le même sens comme la délinquance juvénile et tous qui vont avec elle. Ce chapitre abordera d‟une part, les conséquences liées à la question de la non-scolarisation des filles, celles de la charge mentale de la femme au foyer, celles du syndrome de la femme épuisée et de l‟homosexualité.

293

D‟autre part, l‟analphabétisme des femmes, Le mariage croisé192, les problèmes familiaux et le maraboutage sont aussi parmi les conséquences des inégalités de genre. A cela s‟ajoute d‟autres phénomènes comme la superstition entre autres.

Tenant compte de la littérature disponible sur notre porté traitant notre thème, de nos enquêtes sur le terrain, nous pouvons dire que les consé- quences de ce fléau est trop dangereux pour le développement du pays. Enfin, il existe un lien de causalité entre inégalités sociales et violence. Nous nous demandons si un pays peut-il survivre avec cette situation sur le dos ? Il est intéressant de savoir pour le cas des Comores, à quel type de société sollici- tons-nous ? Quel niveau d‟inégalités sociales pourrait correspondre au déve- loppement des Comores, étant donné que le niveau zéro n‟existe pas ?

III.2.1 La sous-scolarisation des filles Nous disons toujours que dans le monde, 62 millions de filles en âge d‟être scolarisées n‟ont pas accès à l‟éducation. Cette situation est encore pré- sente surtout en milieu rural. Ce phénomène s‟explique par :

 Les traditions et cultures

Dans certaines sociétés, les filles sont considérées comme un bijou pré- cieux pour la famille. Leur éducation n‟a aucune importance, car leur destin est d‟être marié jeune, de s‟occuper des tâches ménagères, des enfants et de son mari.

 Certaines personnes que nous avons enquêté, évoque la pauvreté comme sources des inégalités sociales en matière d‟éducation des filles. Les familles en situation d‟extrême pauvreté ne peuvent subvenir aux frais de scola- rité de leurs enfants, si elles le peuvent, elles font souvent le choix d‟envoyer les garçons étudier.

192Le mariage croisé, est un mariage fréquent aux Comores qui consiste à échanger sa sœur contre la sœur de son prochain. Exemple, le frère de ma femme doit épouser ma sœur comme j‟ai épousé sa sœur. Si un couple se dissout, l‟autre l‟est aussi.

294

 Les violences à l‟école et sur le chemin de l‟école exposent les filles que les garçons à la violence et aux abus sexuels et de nombreux parents retirent leurs filles de l‟école.

 Les mariages précoces et forcés encore présentent dans l‟ensemble du pays au point que 1 fille sur 3 est mariée avant ses 18 ans193. Ces filles sont généralement déscolarisées pour subvenir aux besoins de leur mari, s‟occuper des tâches ménagères et des enfants.

 Les grossesses précoces ou non désirées

Elles contraignent les adolescentes à quitter l‟école. Elles sont la consé- quence des mariages précoces, des violences sexuelles et du non-accès à la contraception et à l‟avortement. Les malchanceuses sont seules à assumer leurs erreurs, car, souvent le garçon nie l‟acte et rejete ses responsabilités.

 Absence de certificat de naissance

Dans certaines localités rurales d‟Anjouan et de Mohéli, les filles sont dépourvues de certificat de naissance et ne peuvent ne pas aller à l‟école, pas- ser d‟examens scolaires ou obtenir des diplômes.

 Les situations d‟urgence

Les conflits inter villageois ou les catastrophes naturelles rendent les écoles impraticables ou trop dangereuses, provoquant la déscolarisation des enfants. Les familles se retrouvent aussi dans des situations précaires qui augmentent la pression économique qui pèse sur les foyers, entraînant les fa- milles à marier leurs filles ou à les obliger d‟immigrer ou à travailler.

Il n‟existe aucun outil de développement plus efficace que l‟éducation des filles. La non-scolarisation des filles présente de graves conséquences sur la vie de chacune d‟entre elles et aussi sur le développement de leur commu- nauté et de leur pays tout entier :

193 Enquête de l‟auteur mars à juillet 2017

295

- Perpétuation du statut inférieur des femmes ;

- La non-scolarisation des filles les maintient dans leur statut inférieur à l‟homme. Une fille qui ne va pas à l‟école aura plus de mal à faire entendre sa voix. Elle ne pourra participer activement aux prises de décision de la société dans laquelle elle vit.

Maintien dans la pauvreté

- La non-scolarisation des filles ne leur permet pas de sortir de la pauvreté. Cette situation risque de se perpétuer à la génération suivante, car une fille non éduquée ne peut pas comprendre l‟intérêt de donner à ses enfants une éducation de qualité. Pourtant, chaque année passée par une fille sur les bancs de l‟école augmente ses chances dans son futur revenu familliale.

- Manque pour le développement de leur pays

- La non-éducation des filles est un véritable manque pour le développement d‟un pays, car si nous avons augmenté le taux de fréquentation de l‟école par les filles, le produit intérieur brut (PIB) d‟un pays augmente.

- Risques pour la santé

- Une fille non éduquée aura plus de difficultés à accéder et à suivre les re- commandations et les conseils de prévention et de soins pour elle-même et ses enfants. Les travaux présentés ici ont permis de savoir plusieurs mys- tères qui constituent un frein au développement humain et social des femmes dans l‟archipel des Comores.

Nous avons démontré l‟idée selon laquelle l‟Islam est la source des iné- galités sociales. En réalité, la religion est exempte de discrimination avec quelques rares exceptions qui ne devraient pas peser lourd à l‟épanouissement de la femme.

Notre étude permet de comprendre que seules l‟absence d‟engagement de la part de l‟État, des autres acteurs (chefs religieux, notables, ONG interna-

296 tionale et associations féminines entres autres) et la mauvaise foi des hommes en général, en sont l‟origine.

Les mariages précoces et forcés encore présentent dans l‟ensemble du pays au point qu‟une fille sur trois est mariée avant ses 18 ans194. Ces filles sont généralement déscolarisées pour subvenir aux besoins de leur mari, s‟occuper des tâches ménagères et des enfants.

Les hommes sont indifferents de la charge mentale des femmes au foyer. Que pensent vraiment les hommes de la charge mentale de leurs épouses ? Les hommes comoriens ont souvent l‟idéologie selon laquelle, ils ont leur propre charge mentale195 et les filles les leurs. Après quelques années d‟études sur les inégalités de genre en général, les chiffres sur l‟inégalité de genre surtout en ce qui concerne la répartition des tâches domestiques sont alarmants. Il est temps d‟évoquer les difficultés à conjuguer vie professionnelle et privée. L‟expression "charge mentale" que nous évoquons formalise l‟idée selon laquelle les femmes font la quasi-totalité des activités dans leur foyer con- jugal.

Elle a souvent la charge de penser à tous tels que devoirs et les soins des enfants, courses, faire le marché, la cuisine, s‟occuper des déchets domes- tiques, de l‟eau entre autres.

Le syndrome des femmes épuisées est tres frequent dans la société co- morienne. Parmi les conséquences des inégalités de genre est le « Laisse, je vais le faire » malgré l‟épuisement. Nos mères essaient de se concentrer par exemple des préparations du repas et occupation des enfants et le père, lui, s‟installe confortablement au salon ou se rend à la place publique pour jouer aux cartes ou dominos.

194 Enquête de l‟auteur mars à juillet 2017 195Le terme de "charge mentale" conceptualise l‟idée selon laquelle logistique et orga- nisation du quotidien seraient essentiellement à la charge des femmes.

297

Certaines personnes que nous avons enquêté, et que nous préférons garder l‟anonymat, déclarent : « Je laisse souvent ma femme à la cuisine pour préparer le repas pour tout le monde, même s’elle est malade, elle doit s’occuper aussi des autres tâches ménagères ».196

Ce décalage vient probablement de l‟éducation et d‟un certain laxisme vis-à-vis des garçons. Les filles, elles, ont très tôt plus de pression et à l‟âge adulte une forme de déresponsabilisation, parfois difficile à vivre. Au foyer, elles doivent être ordonnées quasi irréprochables. Nous avons parfois l‟impression que la petite fille remplace sa mère pour les travaux domestiques et le petit gar- çon fait ses devoirs. Une situation difficile qui pèse souvent lourd à la femme.

Si finalement la question de la charge mentale pesait sur la femme dès son enfance, c‟est parce qu‟elle est seule à assumer des responsabilités qui devraient être partagées. Ceux-ci ont tendance à reproduire sans nous rendre compte, une division "traditionnelle" du "travail domestique". Je pense à mon enfance à mes parents, des souvenirs de mon père assis sur une chaise en train d‟ordonner à ma mère sans penser à se lever. La situation de nos voisins était aussi difficile sur des faits similaires. J‟ai parfois eu de peine pour ma mère et surtout pendant la séparation avec mon père. Cela a probablement eu une influence sur ma propre attitude, ma façon de percevoir les choses, de choisir mon thème.

Si la distribution des rôles entre l‟homme bricoleur ou travailleur et la femme préoccupée par la bonne marche de son foyer fait des couples actuels les héritiers d‟une longue tradition, elle témoigne aussi d‟une forme de pragmatisme. Le couple se fait stratège pour rendre le quotidien plus fluide.

La réalité, parfois certains hommes essaient d‟aider leurs épouses, les femmes trouvent que leurs maris se rabaissent. Des fois encore, le mari a peur du jugement des autres comme les voisins s‟il aide sa femme pour les travaux ménagers. La vaisselle offre moins d‟estime aux hommes et, mais, elle est con-

196Enquête personnelle, juin 2017

298 sidérée comme une activité spécifiquement féminine. Il est temps que les hommes comoriens apprennent à se décharger de la charge mentale de leurs épouses afin de parvenir à trouver un équilibre satisfaisant au sein du le couple.

L‟homosexualité est parmi les conséquences des inégalités sociales. Plusieurs pays dans le monde punissent aujourd‟hui l‟homosexualité soit par la prison, soit par d‟acte de la torture physique et surtout morale ou de bannisse- ment.

En Afrique, les personnes homosexuelles risquent la peine de mort comme la Mauritanie, le Nigeria, au Soudan ou en Somalie197.

Les Comores, le Code pénal est muet pour les pratiques homosexuelles, mais l‟islam l‟interdit et prévoit des sanctions allant jusqu‟à la peine de mort. En ce sens, la pratique l‟homosexualité reste stigmatisée dans la société, par les notables et les chefs religieux ainsi que les autorités politiques.

Pendant notre enquête, nous avons eu avec surprise, des entretiens avec des lesbiennes, des gays, bi et transsexuels.

Ce qui est intéressant, c‟est que la plupart des gays et lesbiennes sont plus visibles qu‟avant, plus organisés, mais ils n‟osent pas revendi- quer des droits. Une femme, fonctionnaire de l‟État que nous avons gar- dé l‟anonymat, nous déclare :

J‟ai commencé cette pratique quand nous étions à l‟école en Lybie, mais c‟était des petites pratiques clandestines sans grande importance. Après une déception dans mon mariage et d‟autres déceptions avec des ex-copains, j‟ai conclu que tous les hommes sont des méchants (…) Moi et d‟autres amies sommes décidées d‟être ensemble, loin des cris, des coups, des mensonges et mauvais traitements des hommes.

197 ABDEREMANE Soilihi DJAE. « Conséquences des inégalités homme et femme aux comores » in https://www.alterinfo.net ›

299

On se cache, mais plusieurs personnes nous soupçonnent ac- tuellement…198

Contrairement aux lesbiennes, les gays comoriens ne se cachent pas souvent. Certains se déguisent en femmes et ils affirment leurs identités. Ils sont fréquemment arrêtés par la police et libéré quelques jours plutard. L‟un d‟eux me confie ceux-ci :

J‟ai été victime d‟abus sexuel d‟un voisin quand j‟avais 10 ans. Ce monsieur me donnait des bonbons, des chocolats et des pièces de monnaie. Ma famille, très pauvre par rapport celle de mon agresseur n‟a pas osé se plaindre devant la justice (…), le début cela faisait très mal et après quelques mois, je commençais à ressentir du plaisir. Mon côté masculin a disparu, je me trouve toujours avec des amies filles et je m‟habits comme elles (…), je ne me cache pas et mes copains me donnent de l‟argent pour subvenir aux besoins de mes petits frères, de ma mère et moi-même (…)199

Figure 19 : Des travestis

Source : Auteur juillet 2017

Cette personne a été arrêtée par la police et différée au parquet. Immé- diatement, il est placé en mandat dépôt à la maison correctionnelle de Koki. Il est accusé d‟atteinte aux mœurs par son habillement. J‟ai été présent pendant

198 Enquête personnelle, Anjouan, aout 2017 199 Auteur septembre 2017

300 son interrogatoire, j‟ai suggéré qu‟il a besoin d‟un psychologue, mais pas la pri- son. Je me trouvais débouté de ma demande. Malheureusement, il n‟y a au- cune structure au pays qui prenne en charge ses genres d‟individus. Quel gâ- chis ! En pensant qu‟il peut être à la merci d‟homosexualité carcérale, qui est une réalité, la solution de la prison ne fait qu‟empirer sa situation.

Nous pensons que ce qui est dérangeant, c‟est la manière dont de nombreuses personnes utilisent l‟homophobie comme solution au lieu de prendre le problème dans ses origines sociales, économiques et poli- tiques.

Le mariage croisé est un phenomene frequent dans notre zone d‟étude. Ce type de mariage est l‟une des conséquences du grand mariage à Ngazidja qui est un phénomène culturel qui consiste à donner un mari issu de la famille de son épouse à sa nièce, à sa fille ou à sa sœur. La femme doit toujours ac- cepter ce mari coute que coute et vice versa. Le problème qui s‟y présente sou- vent, si l‟un des deux couples divorce, l‟autre couple le doit automatiquement, comme le témoigne cette fille issue du nord de la grande Comore :

J‟ai raté mon Baccalauréat session de 2017. Cela est dû au problème que j‟ai rencontré pendant mon grand mariage. Mon oncle résidant en France avec sa femme sont venus faire leurs grands mariages. En con- trepartie, le frère de sa femme doit m‟épouser la deuxième semaine. Mon oncle et sa femme ont eu des problèmes et divorce une semaine après leur grand mariage et le frère de la femme de mon oncle que nous n‟avons aucun problème était obligé de divorcer avec moi. C‟est la réponse appropriée et sociale pour ses genres de situation aux Comores (…), je suis retourné à l‟école, mais je n‟ai pas eu le bacca- lauréat.200.

Cette situation regrettable pour cette fille de 19 ans n‟est pas un cas iso- lé. Le mariage croisé est souvent appliqué pour les comoriens surtout ceux qui

200 Enquête personnelle, Ngazidja, aout 2017

301 résident à l‟étranger comme la France. La jeune fille est obligée d‟épouser une personne de l‟âge de son père ou d‟épouser un inconnu. Le résultat escompté pour sa famille est le grand mariage et/ou la possibilité d‟immigrer en France.

III.2.2 Violences faites aux filles parmi les conséquences L‟inertie des autorités politiques, judiciaires, religieuses et des notables pour lutter contre les violences faites aux petites filles est très préjudiciable à leurs santés et à leurs vies. Prenons l‟exemple de l‟extrait de cet article du jour- nal « La Comorienne », du 22 aout 2017 qui nous informe ceci :

Les faits se sont déroulés à Mutsamudu Anjouan. Amina Isiaka, 11 ans, a été violée par son maitre coranique âgé de 45 ans. Enceinte à la suite de cette agression, elle est morte après son acouchement. Assise de- vant la petite case familiale, la mère d‟Amina raconte le destin tragique de sa fille. La jeune fille venait d‟assister à la projection d‟un film en plein air (…) son maitre coranique qui vit dans le quartier a attiré amina à l‟intérieur d‟une maison voisine (…) Honteuse, Amina a d‟abord re- fusé de raconter ce qui lui était arrivé ce soir-là. Finalement, elle a con- fessé avoir été violée par son Foundi. Elle est tombée enceinte et a essayé pendant sept mois de dissimuler sa grossesse. Informé, l‟agresseur avait promis de verser 225 000 FC soit environ 450 euros à Amina pour entretenir la jeune fille pendant sa grossesse et de l‟épouser après son accouchement. Mais hélas, après un accouche- ment difficile, elle a donné naissance à un petit garçon, mais elle est morte le lendemain. Le nouveau-né est mort trois semaines plutard. La famille d‟Amina n‟a reçu aucun dédommagement de l‟agresseur et pourtant ne va probablement jamais le poursuivre en justice.201

Cette triste histoire n‟est pas unique. Des filles âgées de 2 à 17 ans sont souvent victimes des abus sexuels et des travaux domestiques qui dépassent

201 Journal « La Comorienne », du 22 aout 2017

302 leurs âgés et leurs croissances malgré les textes nationaux en vigueur et inter- nationaux ratifiés par l‟État, protégeant l‟enfant.

D‟autres faits similaires se produisent en grand Comore en 2016 et en 2018. Dans un village proche de la ville du nord de la grande est le théâtre ces deux histoires, la mère de Makihi nous raconte en pleurant ce- ci :

Ma fille de 11 ans a été mise enceinte par un homme de 25 ans. Nous avons su qu‟à partir du 5e mois de sa grossesse, déclare sa mère. On l‟a très vite envoyé par kwassakwassa vers Mayotte. Elle a été prise en charge par les services sociaux de l‟ile (..) accouché d‟une petite fille par voie basse, son aggresseur n‟a eu que quelques mois de prison.202

Dans cette même ville, en février 2018, une voisine de Makihi, 12 ans a subi une agression sexuelle de la part de son voisin de 35 ans. Sa grande sœur nous raconte :

La femme de l‟agresseur l‟a surpris en flagrant délit avec ma petite sœur. Elle est partie parler à quelques voisines en pleurant. Ainsi, elle a raconté l‟histoire au chef du village. Malgré le rapport du médecin, du témoignage de la victime, son aggresseur n‟a eu que deux semaines de prison (...) Sa femme lui soutien toujours et personne n‟accepte de témoigner.203

Ce qui est étonnant, est le fait que la famille de l‟agresseur soutient tou- jours le délinquant. Dans ce témoignage, la femme du délinquant sexuel a pris un avocat pour défendre son mari. Elle a même nié qu‟elle a surpris son mari en commettant cette infraction. Ceci est probablement dû par le fait qu‟une femme qui a perdu son mari a du mal à trouver un autre et les enfants pour- raient tomber dans la délinquance.

202 Enquête, février 2018 203 Enquête, avril 2018

303

Parmi ces fait, nous avons rencontré quelques cas de sucide. Le concept « suicide » vient du latin « suicidium », terme composé du préfixe « sui » « soi », et du verbe « caedere », « tuer ». C‟est l‟acte délibéré qui consiste à mettre fin à sa propre vie. L‟Organisation mondiale de la santé (OMS) évoque que le suicide est la 13e cause de mortalité dans le monde204, tous âges com- pris, et parmi les premières causes de mortalité chez les jeunes.

Le terme suicide peut être étudié dans le domaine des sciences de la psychologie, de sociologie et de « suicidologie »205. Il est souvent le résultat de problèmes psychologiques individuels ou collectifs. Parmi ces causes, nous pouvons noter entre autres le désespoir accompagné, le trouble mental, la dé- pression, le trouble bipolaire, la schizophrénie, l‟alcoolisme ou l‟abus de subs- tances. À cela s‟ajoutent aussi des facteurs de stress tels que les problèmes financiers ou des problèmes dans les relations humaines. Le suicide varie en fonction de nombreux facteurs sociologiques comme l‟anomie206, la pauvreté, le chômage, les crises économiques, etc. Les taux de suicide varient en fonction des croyances religieuses et sont particulièrement élevés chez les athées.

La prévalence du suicide diffère énormément selon le genre et l‟âge. Le suicide est plus élevé chez les femmes que chez les hommes et touche beau- coup plus les jeunes à partir de 14 ans que le sujet âgé.

À la grande Comore et à Mohéli, l‟automédication abusive et l‟immolation par le feu sont les principales voies à adopter. Par contre à A Anjouan, la plu- part des suicidaires se jettent dans ce pont de Bambao Mtruni pour mettre fin à leurs vies.

204 Organisation mondiale de la santé 205 Étude scientifique du suicide et du comportement suicidaire sous ses différents as- pects à savoir : médical, psychologique, sociologique, anthropologique, etc. 206 Désorganisation, déstructuration d‟un groupe, d‟une société, causée par la dispari- tion progressive de lois, de normes, de valeurs communes.

304

Figure 20 : Pont de Bambao Mtrouni (Tsembehou) ou ponds du suicide

Source : enquête sur le terrain, Anjouan juin 2017

Hormis les empoisonnements, les auto-immolations par le feu, ce pont de Bambao Mtrouni sis à Tsembehou-Anjouan est connu par son effet suici- daire. Chaque année un nombre important des personnes majoritairement des jeunes filles se jette dans se pond, long de plus d‟un kilomètre de profondeur. Selon un habitant de cette localité, chaque année, des familles sont endeuillées parce qu‟elles ont perdu un enfant qui n‟a pas pu supporter les problèmes fami- liaux.

305

Figure 21 : Tentative de suicide

Un drame s‟est produit à Anjouan. Un homme a essayé de se suicider en sautant du mystère pont de Bambao Mtrouni (Tsembehou). Plusieurs per- sonnes ont essayé de porter assistance à cet homme désespéré, mais il était dans un état critique et a succombé à ses blessures.

À partir de ce constat, nous pouvons en déduire que les réactions de ces jeunes sont dues par des conflits familiaux, de l‟influence des médias étrangers surtout les séries télévisées, de l‟alcool et le drogue à un âge très jeune.

Certains foyers sont devenus des lieux où reposent les actes violents et les mépris des jeunes. La société s‟inquiète toujours du sort de leurs enfants, leurs futures responsables. C‟est ainsi que Mia Kellmer Pringle nous explique ceci :

Formés des adolescents à la responsabilité est une tâche par- ticulièrement complexe. Elle réclame un équilibre délicat entre donner des informations et des conseils d‟une part, et laisser le jeune prendre des décisions et assumer leurs conséquences d‟autre part, tout en étant prêt à intervenir et à l‟aider si les choses tournent trop mal.207

207Mia KELLMER PRINGLE, les besoins de l’enfant, Première édition, juin 1975, p.179

306

Les parents doivent réfléchir sur le sort et les problèmes quotidiens de leurs enfants avant de tomber dans délinquance. Les autorités locales de toutes catégories confondues doivent rester soucieuses des problèmes des enfants, mais avoir honte ou pleurer ne suffit pas. Il fallait chercher des mesures, des moyens et des solutions efficaces pour changer les mentalités afin d‟évoluer leurs comportements pour éviter que nos enfants soient en danger.

La lutte contre le mariage forcé, contre la séparation rapide des parents que nous pouvons constater dans certaines régions du pays serait une des so- lutions envisageables. Il est nécessaire de changer ce rythme pour donner sens à nos futurs enfants. Pour ce faire, la préparation au rôle de parents, y compris la limitation des naissances pourrait apporter une contribution importante parce que nous avons tous été un jour des enfants. C‟est ainsi que Mia KELLMER PRINGLE affirme que :

Ceux qui ont été privés de soins parentaux suffisants et qui n‟ont donc même pas eu l‟occasion d‟observer les qualités parentales qui étaient pratiquées par la génération précédente ont peu de chances de devenir à leur tour des parents responsables.208

D‟une manière générale, le gouvernement comorien doit montrer ainsi sa part de responsabilité devant les jeunes, car tout enfant, même délinquant soit-il doit être traité avec respect et humanité. En ce qui concerne la délinquance juvénile, l‟État ne prend pas les choses au sérieux :

Nous ne disposons pas d‟une assistance sociale, pas de famille d‟accueil, pas de médecin pour suivre la santé des enfants dans les écoles encore moins, un centre de rééducation209.

208Mia KELLMER PRINGLE, les besoins de l’enfant, première édition, juin 1975, p.185 209 Journal AL-watwan N° 1711 du jeudi 03 mars 2011, p.4.alwatwan@ alwatwan.net

307

L‟intervention de l‟État doit être suffisamment appuyée par l‟ensemble des acteurs concernés y compris l‟UNICEF, car tout problème mérite une solu- tion. C‟est pour cette perspective que le représentant de l‟Unicef déclare ainsi :

Une société se juge aux soins, à la protection et à l‟éducation qu‟elle apporte à ses enfants, la maltraitance, la violence, les négligences ne ruinent pas seulement une vie d‟enfant, mais aussi toute une vie d‟adulte. Protéger nos enfants, c‟est notre responsabilité d‟adultes et tout particulièrement celles des pouvoirs publics et ses partenaires au développent.210

Nous avons pu remarquer que les conflits au sein du ménage, l‟absence de l‟autorité parentale entre autres pourraient être parmi les origines de la dé- linquance des enfants et du décrochage scolaires.

Avec la jalousie entre épouses et le partage inégal des ressources entre les coépouses, les plus lésées font recours aux grigris pour détruire son ou ses concourants parmi les épouses de son mari. Par définition, le terme « grigri » désigne des objets auxquels nous avons attribué rituellement ou par acte de magie, une charge de puissance et de force bénéfiques pour le porteur. Ils dé- signaient à l‟origine les amulettes. Il forme un assemblage de matériaux aux- quels nous avons attribué des forces magiques, Comme pour certaines pierres aux formes ou couleurs inhabituelles, cornes, os, cheveux, peaux, mais aussi de débris de tissus souvent rouge, noir ou blanc, immondices, déjections, che- veux, ongles et autres matières de ce type et des morceaux de papier écris en arabe. L‟inexpliquée intrigue, le grigri comme le fétiche assurent la protection de la société traditionnelle.

L‟éducation à cette pratique n‟est pas à la portée de tout le monde. Elle est transmise par voie héréditaire. Seuls les enfants et les neveux des Mara- bouts en ont le droit à cet enseignement et la pratiquent.

210Ibid.

308

Les objets magiques n‟acquièrent leur pouvoir que par l‟intervention d‟un sorcier, guérisseur, marabout, un sage et un vénérable ou toute personne censée posséder des pouvoirs magiques et sur naturelles. Ils sont requis par eux celui qui demande leur intervention et n‟ont aucune valeur ni pouvoir sans leur intercession. Le gri-gri comorien est réputé dangereux dans la région et se porte le plus souvent dans un petit sac de peau suspendu au cou ou devant la rentrée de la porte principale de la maison.211

Figure 22 : Talisman protecteur

Source: Photo ABDEREMANE Saïd Mohamed, 2006

Le pouvoir du gri-gri est inestimable pour ceux qui en croient. Il faut ob- server ou rester très longtemps chez un marabout ou sorcier pour comprendre ses effets.

Cet enseignement préislamique à durée indéterminé a la faculté de dé- cider du sort de quelqu‟un. Ce sont des objets de la vie courante qui ont pour rôle de neutraliser les influences néfastes ou le mauvais sort. Nous disons sou-

211Ahamada Youssouf, La confrontation du système éducatif traditionnel et moderne aux Comores de 1912 à 1975, [Mémoire de Maitrise en Histoire], 2013-2014, p. 25

309 vent que c’est un « évite malheurs » ou un « destructeur » selon le souhait du demandeur. Cette pratique a une représentation anthropomorphe212 sculptée ou désignée sur le bois, en peau d‟animaux ou en morceau de tissus de couleur spécial, vénéré parce qu‟il est sensé détenir des pouvoirs. Elle a la faculté de protéger les foyers, les familles de ceux qui le vénèrent. C‟est l‟équivalent du statut de la Vierge miraculeuse pour les chrétiens.

Chaque enfant comorien surtout en milieu rural est sécurisé par un talis- man213 pour lutter contre le mauvais œil, des mauvais sorts et les actions ma- giques des adversaires de ses parents. Ces formules incantatoires214 s‟accompagnent et se matérialisent en objet consacré. Il est également conve- nable de savoir également que la couleur de „un objet ou un corps embellit pos- sède une signification précise. Pendant notre enquête, nous avons appris la signification de certaines couleurs. C‟est le cas par exemple du blanc signifie la mort, du noir symbolise la terre nourricière, le rouge signifie le sang, le courage et la force. Tout dépend de l‟heure, de la période et des versets coraniques ou les Djines qui sont utilisés pour détruire ou protéger la cible.

La superstition est l‟une des pratiques d‟une société primitive et/ou anal- phabète. La majorité de la population féminine ne sait ni lire ni écrire et devient superstitieuse.

Dans le seul document local qui parle de la superstition, l‟auteur nous montre ceux-ci :

Certaines croyances sont considérées comme superstitions, d‟autres ne le seront pas. Les principaux sont les suivantes :

212Anthropomorphe c‟est adjectif qui signifie tout objet qui a une apparence, de forme humaine, créature, 213Par définition, le talisman c‟est nom masculin, objet sur lequel sont gravés des signes consacrés, auquel on confère une action magique ou protectrice. Il est censé porter bonheur. 214Récitation de formules magiques destinées à opérer un charme, un sortilège; ces formules. Proférer, psalmodier des incantations. Prononcer des incantations mysté- rieuses.

310

a) on ne présente pas à manger d’œufs à une future maman, elle pourrait donner naissance à un chauve,

b) on ne passe pas de la lumière derrière une femme enceinte, elle mettrait au monde un enfant qui louche,

c) laisser traîner une natte dehors pendant la nuit permet au démon de s’y asseoir et de jeter un sort,

d) on ne balaie pas sa case la nuit, c’est déranger les ancêtres pro- tecteurs,

e) si nous disons du mal d’un inconnu, on risque de le rencontrer à coup sûr,

f) si on se mord la langue en mangeant, c’est que quelqu’un dit du mal de vous,

g) on évite de croiser un caméléon, il donne la lèpre (par change- ment de couleur),

h) cracher au sol en parlant de quelqu’un signifie que c’est un hon- nête homme...

Ce sont des apprentissages datant de la société comorienne préisla- mique...215

La femme comorienne pense toujours que le guérisseur est une per- sonne qui a un pouvoir divin de guérir les autres, en vertu de dons ou de procé- dés qu‟il a acquis par transmission orale et apprentissage au sein des institu- tions islamiques.

215Ahamada YOUSSOUF, La confrontation du système éducatif traditionnel et mo- derne aux Comores de 1912 à 1975, [Mémoire de Maitrise en Histoire], 2013-2014, p.18

311

Le marabout, une sorte de guérisseur, envoûteur ou dés ensorceleurs. Il utilise des méthodes et des potions « magiques » sensées guérir tous les maux. Il est apprécié par toutes personnes ayant une rivalité avec une autre surtout en ce qui concerne la vie conjugale et dans domaine professionnel. Il est également considéré comme un devin.

L‟utilisation d‟Albadriye216 ou Hitma217, comme de protection ou de des- truction en remplacement des grigris. Le Sharif218 remplace progressivement le marabout. Il peut être les deux à la fois. C‟est en ce sens que nous disons sou- vent que les Comoriens possèdent des connaissances bien élaborées concer- nant les maladies, les désagréments de la vie et les moyens d‟y remédier.

Le comorien croit souvent qu‟une maladie n‟est pas le fait du hasard. Il y a toujours une cause surtout si sa durée est inaccoutumée et son apparition soudaine… la maladie engendre de l‟angoisse et des interrogations sur son origine. Vu que le guérisseur est capable de le déterminer, Il joue un grand rôle social stabilisateur et peut calmer les esprits.

III.2.3 L’immigration des comorien(ne)s vers Mayotte et ses conséquences Selon l‟enquête menée en 2015, 41% des adultes résidant à Mayotte sont des comoriens issus des iles sœurs d‟Anjouan, de la grande Comore et de Mohéli suivis des malgaches et des africains continentales. La moitié des étrangers non natifs de Mayotte est en situation irrégulière et son chassé et mal traité par les agents de force de l‟ordre français.

216 Lecture d‟un livre portant les noms des guerriers ou des martyrs de la guerre d‟Albadri, opposant musulman et non musulman durant la periode du prophete Ma- homet. Ceci a un grand un pact destructeur ou protecteur. 217 Lecture du Corant qui a grand un pact destructeur ou protecteur. Contrairement à Albadri, le Hitma detruit la personne fautive avec sa famille élargi alorsque Albadri touche la seule personne qui commet un acte grave dans la société. 218 Nom attribué à des chefs religieux et à leurs decendants issus de la ligné familiale du prophete Mahomet. Il inspire le respect de toute la population.

312

Figure 23 : Migration vers Mayotte

Source : Photo Chakri

Parmi les comoriens qui immigrent à Mayotte, nous comptons une plus grande partie des femmes malades, veuves, divorcées ou qui ont pris la fuite contre le poids des traditions. Elles se trouvent prises au piège par d‟autres vio- lences comme la polygamie à la Mahoraise219 et les autres faits relatifs aux vio- lences conjugales.

Contrairement, la grande majorité des hommes qui immigrent à Mayotte sont à la recherche d‟une vie meilleure ou de soins médicaux ou qui ont pris la fuite après avoir commis une infraction grave. Les natifs d‟Anjouan ont pour particularité d‟être souvent arrivés jeunes à Mayotte.

Quelque soit leur situation administrative, la plupart des personnes ins- crivent leur immigration à Mayotte dans la perspective d‟une installation du- rable et peu d‟eux l‟estiment provisoire et aspirent à déménager en métropole. L‟immigration est importante, mais elle coute très cher à la population como- rienne. Depuis l‟instauration du visa Balladur, nous dénombrons plus de 100 000 morts dont la majorité est des femmes et des enfants, selon les autori- tés comoriennes.

Les Comoriens des autres iles sont pourchassés par leurs frères et sœurs mahorais, torturés par les gendarmes français, exploités par les entreprises mahoraises, car un « sans-papier » ne peut pas se pleindre

219 Enquête de l‟auteur

313

à la justice de peur d‟être reconduit à Anjouan, principal port de dé- chargement, selon des victimes du système220.

Selon le directeur régional de la police nationale en fonction à Anjouan, l‟expulsion des personnes en provenance de Mayotte menace la sécurité de l‟ile. Les Bateaux portant des soi-disant clandestins arrivent toujours le soir et nous n‟arrivons pas à identifier les ressortissants comoriens aux étrangers afri- cains et malgaches. Les comoriens des autres iles qu‟Anjouan qui ne connais- sent personne ici, sans ressource peuvent être prédateurs pour survivre et les femmes, les enfants sont des victimes dans un lieu inconnu. Des criminelles entrent et sortent dans notre pays sans un contrôle maximum malgré la mon- dialisation du terrorisme et des crimes organisés.

Les conditions de vie des migrants (25 à 34 ans) déclarent avoir rencontré des difficultés dans le domaine de l‟emploi à leur retour et 40% sont sans emploi ». Ils se répartissent alors ainsi: un tiers est natifs d‟Anjouan, un quart vient de Grande Comore et Mohéliens ne représentent pas grande chose en nombre. La majorité de ces migrants sont de jeunes adultes soit 70% ont moins de 35 ans. Les célibataires représentent 55% et les enfants symbolisent 38% contre 22% pour les autres classes d‟âges221.

En outre, les jeunes parmi les migrants, en provenance de la grande Comore sont majoritairement des femmes dont les trois quarts d‟entre elles as- pirent d‟abord à améliorer leurs conditions de vie en cherchant un mari et à pouvoir bénéficier de soins médicaux. Même ceux qui ont des papiers parmi les migrants comoriens ont cependant du mal à s‟insérer sur le marché du travail mahorais, moins de 10% d‟entre eux occupent un emploi.

Mayotte n‟est pas la seule destination des femmes comoriennes victimes des inégalités sociales. Nous constatons l‟immigration des femmes como- riennes dans les pays arabes.

220 Enquête de l‟auteur, Anjouan, juillet, 2018 221 Jean-Gabriel Fernandez. « L'immigration, un facteur important de la démographie à Mayotte », mars 2018in https://www.lemonde.fr › Les décodeurs

314

Avec la prolifération des agences clandestines qui facilitent le départ des Comoriennes et des Malgaches pour aller travailler dans les pays arabes sur- tout du golf (Koweït, Qatar, Liban, Dubaï…), leurs situations deviennent très vite un enfer. Certaines sont décédées, torturées, violés, insultés (…) témoignent certaines. Sans assistance diplomatique et l‟inertie de l‟État Comorien, les sur- vivantes rentrent avec leurs poches vides, surtout dans des conditions plus que regrettables.

315

Figure 24 : Immigration des femmes comoriennes dans les pays arabes

Cette photo témoigne le calvaire des femmes africaines y compris des comoriennes et malgaches dans les pays arabes. Étant donné que l‟être hu- main croit toujours que le bonheur existe là où nous ne sommes pas, des rabat- teurs sans morales, leur font croire qu‟elles feront rapidement fortune dans des emplois de femmes de ménage ou du baby-sitting (…), mais leurs vies se trans- forment souvent en cauchemar, en découvrant les horreurs d‟un esclavagisme moderne. En juin 2018, une femme de 30 ans originaire de Kouraniyassima, sud de la grande Comore qui travaillait en Arabie Saoudite, sa famille était sans nouvelle d‟elle. Nous lui avons trouvé morte dans le congélateur de son patron. Si cette femme n‟avait pas abandonné l‟école, elle ne se trouverait pas dans cette situation.

Notre but ici est de démontrer les causes et conséquences d‟abandon scolaire pour la jeune fille sur sa vie et le poids des us et coutumes qui pèsent sur elle. Nous tenterons alors de proposer des nouvelles pistes d‟actions qui participent à l‟amélioration du problème.

Ainsi, la section se basera sur trois axes qui consistent à :

 Examiner les conditions difficiles de l‟éducation des filles

 Réformer les politiques et les pratiques éducatives

316

 Combattre la pauvreté pour favoriser l‟éducation des filles.

Pour de nombreuses filles dans le monde, c‟est le maximum d‟éducation à laquelle les plus chanceuses peuvent s‟attendre. Dans toute l‟Afrique, 28 millions de filles âgées de 6 à 15 ans ne sont pas scolarisées et nombre d‟entre elles ne mettront jamais un pied en classe222.

Nous vivons dans un monde où de violents extrémistes sont déterminés à détruire la vie des écolières, de leur famille et de leur communauté. Au-delà de l‟horreur, nous voyons la pauvreté du quotidien qui force les parents à sacri- fier le droit à l‟éducation de leurs filles et l‟espoir d‟une vie meilleure.

Nous savons que l‟éducation des filles a un effet multiplicateur. Les femmes plus éduquées sont généralement en meilleure santé, ont un revenu plus conséquent et moins d‟enfants. Elles sont en mesure d‟offrir de meilleurs soins et une éducation à leurs enfants, et sortir ainsi leur foyer de la pauvreté.

Fait peut-être plus frappant encore, les données montrent que le manque criant d‟enseignants pourrait empirer tandis que de nombreuses institutions sur place en collaboration avec le gouvernement comorien luttent pour satisfaire les besoins grandissants en matière d‟éducation d‟une population d‟âge scolaire en pleine croissance. Il s‟agit par exemple du réseau Fawecom qui milite pour l‟égalité et l‟équité du genre dans le milieu scolaire. L‟innovation des centres d‟excellence pour certaines écoles primaires est un bon exemple d‟une éduca- tion inclusive qui tient compte de la jeune fille. Aujourd‟hui, l‟État doit créer de nouveaux postes dans l‟enseignement et pourvoir quelques postes vacants afin d‟atteindre un ratio de 30 élèves par enseignant dans chaque classe. Mais re- cruter de nouveaux enseignants ne suffit pas. Les Comores ont besoin d‟un plus grand nombre d‟enseignants qualifiés soutenus et formés pour améliorer

222 Karen Mundy, « Aucune-fille-ne-doit-etre-laissee ». 2015, In https://www.globalpartnership.org › blog ›

317 leur enseignement. Davantage les enseignantes sont également nécessaires, car elles incarnent des modèles positifs pour les filles.

Cependant, l‟autre fait marquant est le cumul des activités domestiques exercées par ces dernières. Même si elles sont sollicitées davantage les week- ends et/ou durant les congés scolaires, bon nombre d‟entre elles soutiennent être obligées de s‟acquitter de ces travaux avant d‟aller à l‟école ou au retour à la maison. C‟est ainsi que la plupart de filles font en même temps le ménage, la cuisine, la vaisselle et le linge en plus de ces devoir à la maison. Cette sur- charge de travail peut avoir des répercussions négatives sur la performance des filles et par voie de conséquences sur leurs chances de progresser à des niveaux supérieurs dans la mesure où elles ne trouvent pratiquement pas le temps de faire leur révision. Ces travaux ne se limitent pas à la sphère familiale puisque pendant les vacances scolaires certaines d‟entre elles monnaient leur force de travail dans les ménages périphériques pour augmenter le revenu fa- milial ou pouvoir assurer les frais de scolarité et l‟habillement à la prochaine rentrée.

C‟est la raison pour laquelle, nous disons toujours que l‟éducation et la responsabilisation des filles et des femmes sont un moyen sûr de les préparer à devenir des partenaires au développement. Mais il ne suffit pas de les faire ac- céder à l‟école, il faut des mesures d‟accompagnement leur permettant d‟y res- ter et d‟assurer leur apprentissage.

C‟est à travers cet apprentissage que l‟enfant construit son identité so- ciale, devient un membre autonome de son groupe d‟appartenance et à travers lui de la société toute entière. C‟est dans la famille où débute ce processus qui s‟exerce différemment selon les sexes. C‟est à la femme que revient le rôle de reproduction sociale. Ainsi, l‟initiation des filles aux tâches domestiques est un moyen de les préparer à leurs futurs rôles de femmes.

D‟ailleurs la maîtrise de ces travaux suppose, pour certains, l‟affirmation de leur féminité. Ainsi les filles participent d‟une manière ou d‟une autre à l‟entretien de la maison comme la bonne ou la maman.

318

Dans cette répartition, la part de contribution de la mère bat le record puisque c‟est elle accomplit presque la moitié des tâches domestiques. Ce fait semble assez logique par rapport à notre contexte socioculturel où ces rôles sont assignés à la mère encore que cette surcharge de travail l‟empêche aussi de s‟adonner à des activités économiques plus rentables et valorisées.

Pour nous ici, ce qui nous intéresse le plus est le paradoxe qu‟il y a entre la part attribuée, dans ces travaux, par les filles scolarisées et celle des em- ployées de maison. Les filles par contre en plus de passer des heures dans les salles de classe et devant leurs manuels, doivent jouer le rôle de "mère bis" avant de partir pour l‟école ou au retour à la maison. Cette sollicitation perma- nente peut susciter en elles l‟idée que la vraie valeur d‟une femme réside dans sa capacité à bien tenir son foyer.

Il est clair que cet enfant évolue dans un milieu où l‟école n‟est pas au centre des préoccupations de la famille et comme l‟environnement familial est indissociable aux conditions d‟étude celui-ci agit sur les motivations de l‟apprenant. La décision de scolarisation peut être déterminée par le niveau d‟instruction des parents.

Il faut dire que dans la culture africaine en général et comorienne en par- ticulier, c‟est l‟homme qui théoriquement, prend en charge les besoins de sa famille même si dans la réalité ce rôle est beaucoup plus assuré par la femme.

Il fallait en plus, aider les parents à éduquer leurs enfants sans discrimi- nations, surtout celles susceptibles d‟induire une dévalorisation de soi, par la diffusion des principes d‟éducation à la vie familiale à travers les médias et par des causeries dans les communautés.

III.2.4 La délinquance juvénile, les conséquences du divorce et de la ply- gamie Par définition, la délinquance juvénile est un ensemble de traits, de com- portements considérés comme antisociaux. Il s‟agit d‟une forme d‟inadaptation sociale. Ce terme se définit strictement par rapport à la loi si bien que l‟acte dé- lictueux est celui qui entraîne une peine légale.

319

L‟expression "jeune délinquant" signifie un enfant qui commet une infrac- tion sanctionnée par le Code pénal.

Elle doit être distinguée de la délinquance des adultes dans la mesure où le jeune délinquant est une personnalité en formation et en cours de socialisa- tion, alors que le délinquant adulte possède une personnalité déjà affirmée. L‟infraction commise par des jeunes délinquants fait l‟objet d‟un traitement légi- slatif spécifique qui tient compte de l‟âge de l‟auteur, de l‟infraction. Ces jeunes délinquants peuvent bénéficier des circonstances atténuantes, un traitement pénal plus ou moins sévère. Ces jeunes méritent d‟être orienter comme le pré- dit Jean Bosco : « Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon ils ne vont pas tarder à s’occuper de vous »223.

Nous associons communément le mot violence à celui de délinquance. Le terme délinquance s‟applique aux infractions à un haut niveau. Cependant, dans le sens juridique, un délinquant est celui qui est responsable de l‟une des trois catégories d‟infractions prescrites par la loi à savoir contravention, délit ou crime. Le nombre d‟actes antisociaux commis par les jeunes augmente en termes de fréquence au niveau du pays. Cette délinquance touche surtout les adolescents de toutes catégories et de tous sexes confondus.

Faire en sorte que nos enfants ne glissent pas dans la délinquance. (…) aucun d‟entre eux ne doit pouvoir passer au travers des mailles du filet constitué par toutes les actions de prévention préconisées (…). Il est certain que la plupart des enfants présentant des facteurs de risque ou des signes de mal-être à 3 ans ne deviendront pas des délinquants à 15 ans, mais nous constatons à l‟inverse, parmi les mineurs délin- quants, un certain nombre de points communs dès leur plus jeune âge.

223JOSSELIN Emile. « PORTRAIT », Journal La croix du 14/04/2006, in https://www.lacroix.com/Archives/2006-04-14/PORTRAIT-_NP_-2006-04-14-261176

320

C‟est pourquoi il est fondamental de focaliser la politique de prévention de la délinquance sur la prévention précoce.224

Nous constatons que la plupart des enfants vivant dans des ménages polygames, ou dans des familles violentes entre autres risquent fort de tomber dans le piège de la délinquance juvénile.

La meilleure façon de préserver nos progénitures est de limiter les vio- lences dans les foyers dont les femmes sont les principales victimes. L‟inertie des autorités politiques, religieuses et les notables empirent la situation de l‟enfant qui risque de faire des actes répréhensibles par la loi.

III.2.4.1 Les principales conséquences

Des jeunes sans éducations parentales, parce que le père est polygame, le partagent des jours, l‟absence répétée de l‟autorité parentale à la maison fa- vorise l‟abandon scolaire des jeunes. En tombant dans la délinquance, ces ado- lescents se sentent délaisser par la société et ne peuvent que s‟en remettre des actes illicites.

Ces jeunes appelés souvent des « sans avenir » se rassemblent et for- ment des bandes organisées. Ils ont l‟habitude de ne se parler constamment qu‟entre eux et se désocialisent totalement. De ce fait, plusieurs facteurs très dangereux se manifestent fréquemment dont les filles restent les principales victimes. Pour se faire, il est nécessaire d‟insister pour démontrer d‟abord les attitudes des parents qui font l‟usage des stupéfiants comme l‟alcool et la drogue. Ensuite, nous allons mettre l‟accent sur les problèmes familiaux.

III.2.4.2. Les parents et l’usage des stupéfiants

Nous trouvons des jeunes qui se rassemblent aux alentours des villes et villages. La plupart de ses enfants ont connus l‟alcool et/ou la drogue dans leurs foyers parce qu‟un des parents était toxicomane ou fréquente des milieux

224 Ibidem

321

à risque. Ces adolescents vivent dans des conditions très difficiles caractéri- sées par la violence conjugale. Pour cela, ils font recours à des stupéfiantes comme moyens de se soulager. La consommation nocive d‟alcool225 constitue un facteur de risque de violence chez les jeunes, peu importe que ces derniers en soient les auteurs ou les victimes226.

Ces violences se manifestent sous multiples formes. Soit par d‟actes d‟intimidations violents perpétrés par des bandes soit d‟agressions sexuelles ou de bagarres dans les rues ou dans plages souvent accompagnées par la con- sommation des boissons alcooliques.

Le mois de mai 2017, la police nationale de Mutsamudu-Anjouan a in- terpelé un jeune garçon de 16 ans, orphelin de père, accusé d‟avoir agressé un passant en état d‟ivresse et lui détrousser, avec cinq autres adolescents. Pendant son interrogatoire, ce jeune garçon reconnait les faits qui leurs sont reprochés. Sa mère nous informe en pleurant que son fils a cessé d‟aller au collège un an après la mort de son père. Sans emploi ni assistance, cette femme déclare que ce jeune garçon risque beaucoup sa vie, il rentre tard à la maison, il casse tout si on lui refuse quelque chose et il est possible qu‟il consomme des stupéfiants (...)227

Cette violence laisse des victimes garçons comme des filles. Ces der- nières sont les plus touchées par la victimologie.228 Quant aux garçons, ils sont

225 La consommation nocive d‟alcool est définie comme étant la consommation dange- reuse s‟entend d‟une habitude de consommation d‟alcool qui accroit le risque de conséquences préjudiciables pour la personne qui boit (Organisation mondiale de la santé, in http ://www.who.int/sustance abuse/Terminology/who-lexicon/en/). 226Selon le rapport mondial sur la violence et la santé, jeunes s‟entend des jeunes gens âgés de 10 à 29 ans. 227 Enquête personnelle, mai 2017 228Par définition, la victimologie est une Branche de la criminologie qui a pour objet, l‟étude de la personnalité et du statut psychosocial des victimes de crimes ou de dé- lits.

322 souvent prédateurs-agresseurs et les conséquences risquent d‟être dévasta- trices.

Aucun secteur d‟activité de la société n‟échappe aux conséquences de la violence des jeunes, laquelle cause préjudice aux normes sociales, religieuses et culturelles, une déception pour les familles et pour la nation.

Selon certains documents que nous avons consultés, lorsque les jeunes traversent l‟adolescence, ils peuvent participer vivement à des actes violents liés à l‟alcool.

Enfin, certaines personnes en raison des croyances personnelles et so- ciales préfèrent consommer de l‟alcool pour être capables de participer à des actes violents.

Le 13 septembre 2017, au portail de la plage de Maloudja- au nord de la grande Comore, des jeunes adolescents originaires d‟ s‟opposaient à d‟autres jeunes de même âge de Mitsamiouli, tous sexes con- fondus. Ils se bagarrent en se lançaient des cailloux. Le bilan est de quatre blessés dont un grave. La plupart de ces adolescents étaient en état d‟ivresse.229

Nous pouvons dire que l‟alcool et la violence sont parfois liés à des fac- teurs de risque communs qui contribuent au danger que représentent la con- sommation excessive d‟alcool et les comportements violents.

Nous soulignons également que parmi les diverses conséquences de l‟abus de l‟alcool et de la drogue, nous pouvons citer les accidents de circula- tion, les bagarres entre adolescents sans omettre les troubles physiques et so- ciaux qui peuvent parfois provoquer la mort. Cette situation rend la personne dépendant de la boisson alcoolique et/ou de la cigarette. Cette violence peut déchirer la société, engendre des crimes et tue l‟avenir de nos enfants.

229 Enquête personnelle septembre 2017

323

Par ailleurs, nous pouvons dire que l‟alcoolisme se relie à des problèmes sociaux ou à des troubles du comportement comme la délinquance. Ces jeunes délinquants en commettant des infractions, ne risquent pas souvent la prison. Les familles adoptent souvent l‟arrangement à l‟amiable. Ceci est dû sur le fait que les adolescentes sont souvent les victimes soit par des coups et blessures volontaires soit par des agressions sexuelles, soit par IVG (interruption volon- taire de grossesse) clandestine ou sois par des grossesses non désirée. La famille de l‟adolescente préfère opter pour le silence ou l‟arrangement à l‟amiable pour ne pas déshonorer la famille.

Ces adolescents abandonnés par leurs familles soient par la pauvreté, soient par le divorce ou la polygamie constituait un danger la société. Ces en- fants ont besoin d‟argent pour tous moyens pour se procurer de la drogue et se regroupent pour voler ou détourner des biens mobiliers au sein de leurs familles pour financer leurs actes.

Il est important de souligner que parfois, nous voyons plusieurs jeunes aliénés mentaux, de 16 ans à 25 ans, incontrôlables, violents dus aux drogues et d‟autres substances du genre.

Psychologiquement, il est difficile d‟aider un enfant à comprendre les raisons de la rupture du mariage. Plus l‟enfant est jeune, plus les sen- timents entre les parents sont amers. Au pire, l‟enfant peut devenir ou avoir un traumatisme. D‟où il peut parfois être violent.230

Sur cette position, plusieurs cas se présentent. Les enfants qui se plon- gent dans la délinquance sont ceux dont leurs parents se trouvent en France. Il en est de même pour les enfants issus des ménages polygames, car ils vivent sans autorité parentale ni encadrement suffisant. Cette situation se constate beaucoup plus à la Grande Comore qu‟autres iles sœurs. Ils fument sans con- trôle par manque d‟autorité paternelle ou maternelle. C‟est le cas de la région de Badjini, de la ville de et d‟Ivembeni en grande Comore.

230Mia.KELLMER. PRINGLE, les besoins de l‟enfant, première édition, juin 1975, p.151

324

Dans cet esprit, certains mineurs enlèvent des femmes ou des filles pen- dant des jours voire même des semaines pour les faire subir des actes de na- ture sexuelle et/ou les droguer. Ils peuvent agresser leurs sœurs ou leurs mères. La plupart des enfants abandonnent l‟école. Dans le pire des cas, ils contractent des mariages à un âge très jeune, une union qui ne dure pas sou- vent soldé par un enfant, une autre victime innocente.

Les problèmes familiaux comme les mariages forcés, l‟abandon de fa- mille, les viols, le refus du choix du mari par la famille de la femme entre autres, poussent certaines jeunes filles à tomber dans la délinquance voire même au suicide

III.2.4.3 Synthèse de la situation de la femme dans le monde arabe dont les Comores font partie

Dans les régions du Moyen-Orient et d‟Afrique du Nord, les femmes re- présentent 49,7% dans une population de 345,5 millions d‟habitants. Malgré quelques améliorations dans la lutte contre les disparités entre les sexes, la situation de la femme en matière de santé, dans les exécutifs politiques et dans la participation à la vie active reste problématique. Nous allons démonter quelques obstacles et conséquences subsistant à ce sujet :

 S‟agissant des nouvelles technologies, 1. 48%231 des femmes de la région (du monde arabe) ne possèdent pas de téléphone portable soit 84 millions de femmes avec les conséquences qui vont avec cette situation.

 Pour l‟utilisation de l‟internet, la région enregistre un écart considé- rable entre les sexes de 34%. La Banque mondiale dans un rapport sur les ré- seaux haut débit dans cette région le place au deuxième rang après l‟Afrique subsaharienne avec un écart homme femme de 45%.232 En plus de ça,

231 GSMA, « Rapport 2019 sur les inégalités entre hommes et femmes ». de l‟association mondiale d‟opérateurs de téléphonie mobile GSMA in https://www.gsma.com › wp-content › uploads › 2019/04 › GSMA-The-M... 232 Ibid

325 l‟opérateur téléphonique mobile Oredoo dans la région montre que deux utilisa- teurs d‟Internet sur trois sont des hommes. De nombreux pays arabes réalisent que l‟Internet haut débit est un outil indispensable contre la pauvreté et porteur d‟emplois surtout pour les femmes. D‟autres, censurent certains domaines ou sites internet, jugées profane et apportent une aliénation culturelle.

 Pour des raisons encore opaques, Skipe et autres sites similaires sont censurés aux Comores. Dans le domaine de la Santé, la dépression est la principale cause de maladie chez les femmes âgées entre 15 et 49 ans qui sont les plus touchées.

Selon les statistiques sur la santé de la Banque mondiale, parmi toutes les régions du monde, le Moyen-Orient et l‟Afrique du Nord enregistrent un score record sur la prévalence de la dépression chez les femmes. En plus, l‟obésité fait rage chez la population féminine, mais touche également les hommes de la région avec des taux parmi les plus élevés au monde.

Cinq pays de la région figurent parmi les 20 pays au monde affichant les plus forts taux d‟obésité chez les femmes. Avec 55% de sa popula- tion féminine concernée, le Koweït se classe en deuxième position. En Égypte, c‟est le cas d‟une femme sur deux et d‟un homme sur cinq, ce qui vaut à ce pays de figurer également dans ce classement. Puis viennent les Émirats arabes unis (42%), Bahreïn (38%) et la Jor- danie (38%).233

Le taux de mortalité maternelle dans le monde arabe est en baisse de 60% en moyenne. Les femmes ont trois fois plus de chances de survivre à un accouchement qu‟il y a vingt ans. Parallèlement, la mortalité infantile est ré- duite. Nonobstant, cette bonne impression régionale cache une vérité, les deux pays les plus pauvres de la région, Djibouti et le Yémen connaissent des taux de mortalité maternelle parmi les plus élevés. Le taux de mortalité maternelle a

 233 MAHA EL-SWAIS. « 10 choses à savoir sur les femmes dans le monde arabe », MARS 2015, publié sur voix Arabes

326 chuté d‟une manière générale, mais reste élevé au Yémen, aux Comores et à Djibouti. Les taux de mortalité maternelle dans la région ont chuté de 60%, la plus forte baisse au monde.

Dans le domaine politique et société, des progrès ont également été réa- lisés. La participation des femmes arabes dans la vie politique a amélioré selon le rapport du Forum économique mondial sur les disparités entre les sexes. En 2006, le taux de participation des femmes était de 25% dans le parlement à l‟échelle mondiale et cette région enregistrons seulement 7%234.

Des efforts considérables sont pourtant constatés, dans le domaine de l‟éducation dans le monde arabe. La quasi-totalité des filles va à l‟école et, est plus nombreuse à poursuivre des études universitaires que les hommes.

Malgré ces progrès, le monde arabe est classé dernier en matière de disparités entre les sexes par le Forum économique mondiales (WEF) même si certains pays de la région connaissent un classement encourageant comme le

Koweït 113e sur 142 pays. Ce dernier obtient le meilleur résultat dans le monde arabe. Malheureusement, à la fin du classement mondial, nous trouvons un pays du monde arabe, le Yémen classé 142e sur 142 pays depuis 2006.

La deuxième moitié du XXe siècle a été porteuse d‟espoir, de transforma- tions sociales, religieuses et culturelles majeures. Les femmes ont obtenu le droit à l‟éducation et à la formation mixte dans certains pays. Elles ont ainsi in- vesti massivement le monde professionnel à l‟exception de certains pays du monde arabe comme l‟Arabie Saoudite dont les femmes ont obtenu la permis- sion de conduire une voiture il y a quelques jours235. Les femmes ont acquis également la liberté de disposer de leur corps. La maternité n‟est pas désor- mais un choix, mais plutôt un destin.

234 Ibidem 235Journal du France 24 du 3 octobre 2017

327

Malgré des avancées sociales importantes, les discriminations persistent envers les femmes et les Comores ne font pas l‟exception. Les normes socio- culturelles continuent d‟imposer ses rôles à chacun de nous. Il y a désormais des travaux d‟hommes et des travaux de femmes en les valorisant les métiers des hommes.

La division sexuée du travail divise le monde masculin du monde féminin et partage l‟espace public pour les hommes et l‟espace privé pour les femmes. Le travail rémunéré des hommes et le travail domestique gratuit et ingrat pour les femmes. L‟espace privé, lieu privilégié du travail domestique, dévalorisé oc- cupait presque uniquement par la femme. Pour cela, il n‟y a ni rémunération ni considération pour l‟emploi des femmes malgré leurs efforts physiques, psycho- logiques et pécuniaires. Les normes sociales comoriennes veulent que les femmes assument la tache reproductive et ménagère dans la sphère familiale, indépendamment de leur activité salariale qui constitue une charge supplémen- taire.

Dorénavant, les femmes englobent un travail rémunéré avec tâches do- mestiques et éducatrices non rémunérées. En couple ou célibataire, salariées ou non, elles continuent d‟assumer l‟essentiel des tâches domestiques comme les soins donnés aux enfants, aux personnes âgées de la famille, des courses pour la maison voire même les démarches administratives. Ce cumul des taches pèse lourd sur la vie socio-économique des femmes.

Ainsi, cette division des tâches représente un obstacle à l‟épanouissement socioprofessionnel des femmes et leur autonomie financière. Cette situation doit motiver l‟intervention de l‟État, car la distinction encore très marquée des rôles féminins et masculins dans la société doit conduire l‟État à prendre des mesures plutôt préventive et curative en tenant compte de la réalité locale. C‟est ainsi que dans une société égalitaire, toute la société, hommes ou femmes auront la faculté de choisir librement leur vie indépendamment de leur genre.

328

Aujourd‟hui les notables ont la responsabilité sociale, les chefs religieux ont la responsabilité religieuse et les autorités politiques à tous les niveaux ont un rôle déterminant à jouer pour permettre à tout un chacun de sortir des sté- réotypes de genre afin de changer nos comportements. Pour arriver à cette étape, un partage des charges entre époux au foyer serait un atout favorable, car la gestion du temps est un des facteurs qui empêchent les femmes de se reposer, de participer à la vie communautaire au même titre que les hommes.

Ensuite, c‟est la sécurité de la femme violentée et de son enfant, de leurs droits à l‟équité, à la santé et à l‟épanouissement entre autres qui pourrait être remise à l‟épreuve.

Enfin, le pays doit conscientiser tous ses citoyens d‟agir ensemble pour promouvoir une égalité sociale, économique, politique entre autres. Dans cer- tains cas, nous pouvons constater que l‟islam est inégal, mais sans gravité ma- jeur et que personne n‟est apte à juger une religion quelconque. L‟étude com- parative que nous avons démontrée dans ce chapitre ainsi que les effets des inégalités de genre permet de mesurer l‟ampleur du phénomène, car les con- séquences socio-économiques et culturelles sont énormes.

Il serait mieux d‟accepter de changer nos comportements vis-à-vis aux femmes afin de stimuler le développement humain, social et économique de notre pays. Il faut que l‟ensemble des acteurs concernés par notre étude s‟implique massivement dans notre émulation, car la protection de la femme est un moyen de donner place à une société rationnelle.

Notre travail nous a permis d‟affirmer que l‟islam est loin d‟être considéré comme une religion discriminatoire sans nier l‟existence de certains déséqui- libres. En abandonnant les idées féodales qui nous font croire que la femme est inférieure à l‟homme, la société comorienne serait meilleure, car le développe- ment du pays doit se faire par la participation équitable de sa population. Mal- gré la situation alarmante qui existe dans l‟ensemble du territoire, d‟autre pays du monde présentement des symptômes plus dangereux à ce sujet.

329

III.2.5 Femme et conditions d’accès aux crédits Les mutuelles d‟épargne et de crédit existent depuis la fin des années 90 sensées réduire les inégalités sociales et lutter contre la pauvreté surtout en milieu rural. Elles sont initiées en 1996 pour faciliter l‟accès au crédit pour les micro- entreprises, les agriculteurs, le commerce surtout informel dominé par des femmes entre autres. La participation de la communauté locale dans la gestion et le fonctionnement des mutuelles était indispensable.

Chaque mutuelle jouit d‟une autonomie de gestion sur la quasi-totalité de ses activités. Son organe suprême l‟AG (assemblée générale) composée de tous les adhérents, d‟un conseil d‟administration élu, d‟un comité de crédit et un conseil de surveillance élus. Malgré cela, les mutuelles ont failli à leurs obliga- tions. Certains adhérents surtout les femmes sont plus pauvres qu‟au départ. Prenons un seul cas comme exemple parmi tant d‟autres. Les femmes bénéfi- cient des crédits avec un taux d‟intérêt élevé et mettent en gage leurs bijoux en or obtenus durant le grand mariage.

Parmi les conditions d‟obtention du crédit, il faut que le mari soit avali- seur moral. Ce dernier s‟empare d‟une partie de la somme parce qu‟il a signé le contrat d‟avaliseur. Au final, la femme devient insolvable et immédiatement ses bijoux sont mis en vente aux enchères publiques avec les magouilles qui s‟en suivent.

Des fois encore, le mari ou d‟autres personnes empruntent l‟or de la femmhe pour obtenir un crédit dans les institutions de micro-finances. Sans structure ni mesures de protection du gage de la part de l‟institution emprun- teuse, l‟objet mis en gage peut être vendu et la femme devient plus pauvre qu‟avant.

Pendant une cérémonie de grand mariage, si la femme et sa mère n‟ont pas mis des bijoux en or, la famille est mal vue par sa communauté et certains membres de la famille estiment que leur fille amène de la honte à la maison.

330

III.3 PERSPECTIVE D’AMÉLIORATION ET RECOMMANDATIONS

La deuxième moitié du XXe siècle a été porteur d‟espoir, de transforma- tions sociales, religieuses et culturelles majeures. Les femmes commencent à obtenir le droit à l‟éducation et à la formation mixte dans certains pays. Elles ont ainsi investi massivement dans le monde professionnel à l‟exception de cer- tains pays comme l‟Arabie Saoudite dont les femmes ont obtenu la permission de conduire une voiture il y a quelques jours236. Les femmes ont acquis égale- ment la liberté de disposer de leur corps. Le droit à l‟avortement est acquis dans certains pays. La maternité n‟est pas désormais un choix, mais plutôt un destin.

Malgré des avancées sociales importantes, les discriminations persistent envers les femmes et les Comores ne font pas l‟exception. Les normes socio- culturelles continuent d‟imposer ses rôles à chacun de nous. Il y a désormais des travaux d‟hommes et des travaux de femmes en valorisant les métiers des hommes.

En dépit de cette situation pour réduire et évaluer l'ampleur du problème et cerner les meilleures façons d'instaurer une justice sociale pour tous, nous avons proposé une serie de recommandations et perspectives d‟ameliorations car ce phénomène demeure peu connu pour le présent et encore d‟avantage pour le passé.

Notre étude dénonce les rapports de domination masculine exercés sur la femme et s'attache à une promotion de l‟égalité entre le sexe. En général, les inégalités entre les hommes et les femmes ont un impact sur les enfants et sur le développement du pays.

De nombreuses recherches ont montré que la forme la plus fréquente de violence domestique chez les adultes est la violence conjugale. Celle-ci peut prendre plusieurs formes : émotionnelle, physique, sexuelle ou elle peut être également une combinaison de ces différentes formes.

236Journal du France 24 du 3 octobre 2017

331

III.3.1 La division et stigmatisation au travail La division sexuée du travail divise le monde masculin au monde féminin et partage l‟espace public pour les hommes et l‟espace privé pour les femmes. Le travail rémunéré des hommes est le travail domestique gratuit et ingrat pour les femmes. L‟espace privé, lieu privilégié du travail domestique dévalorisé est occupé presque par les femmes. Pour cela, il n‟y a ni rémunération ni considé- ration pour l‟emploi des femmes malgré leurs efforts physiques, psychologiques et pécuniaires.

Les normes sociales comoriennes veulent que les femmes assument la tache reproductive et ménagère dans la sphère familiale, indépendamment de leur activité salariale qui constitue une charge supplémentaire. Dorénavant, les femmes englobent un travail rémunéré avec des tâches domestiques et éduca- trices non rémunérées. En couple ou célibataire, salariées ou non, elles conti- nuent d‟assumer l‟essentiel des tâches domestiques comme les soins donnés aux enfants, aux personnes âgées de la famille, des courses pour la maison voire même les démarches administratives pour la scolarisation des enfants par exemple. Ce cumul des taches pèse lourd sur la vie socio-économique des femmes.

Ainsi, cette division des tâches représente un obstacle à l‟épanouissement socioprofessionnel des femmes et leur autonomie financière. Cette situation doit motiver l‟intervention de l‟État, car la distinction encore très marquée des rôles féminins et masculins dans la société doit conduire l‟État à prendre des mesures plutôt préventive et curative en tenant compte de la réalité locale. C‟est ainsi que dans une société égalitaire, hommes et femmes doivent avoir la faculté de choisir librement leur vie indépendamment de leur genre.

Pour arriver à cette étape, un partage des charges entre époux au foyer serait un atout favorable, car la gestion du temps est un des facteurs qui empê- chent les femmes de se reposer, de participer à la vie communautaire au même titre que les hommes.

332

Concilier vie professionnelle et vie personnelle suppose que les hommes prennent leur part aux activités non rémunérées qui aujourd‟hui reposent majo- ritairement sur les femmes. Il faut partager les tâches entre homme et femme en invitant les hommes à prendre leur place, toute leur place au sein de la fa- mille, auprès des enfants. Les hommes et les femmes doivent être considérés comme des partenaires égaux sans discrimination pour la promotion du déve- loppement.

La mise en place d‟un coaching pour concilier famille et profession est nécessaire. L‟information et consultation doivent être gratuite pour tout couple nécessiteux même s‟il n‟est toujours pas facile pour les hommes et les femmes de concilier les tâches familiales et l‟activité lucrative.

Le congé paternité sur le modèle du congé maternité doit être une affaire de l‟État. Exemple, le congé parental doit être financé uniquement par des fonds publics, et doit être garanti pendant dix-huit mois à partir du moment de la naissance de l‟enfant. Cette approche fondée sur la politique familiale doit en- gendrer certainement, d‟autres facteurs. Un taux d‟emploi des femmes égal à celui des hommes.

Bien que la société comorienne soit mal partie sur l‟égalité de sexe, sen- sibiliser et former les femmes sur leurs droits consentis dans les conventions internationales ratifiées par le pays dans le respect de l‟identité et de la culture nationales serait un atout non négligeable.

Lutter contre les inégalités d‟emploi entre hommes et femmes Il faut pen- ser à changer les mentalités et transformer les normes sociales qui veulent que certains emplois soient pour les femmes et d‟autres pour les hommes. Madame la secrétaire, la femme de ménage ou sage-femme sont considérés comme un emploi purement féminin. L‟Etat doit supprimer les inégalités d‟emploi et stimu- ler la participation encore beaucoup trop faible des femmes dans les hauts postes de responsabilités dans les entreprises privées ou publiques. Il faut ajouter l‟instauration des congés parentaux pour les deux époux dans le cadre juridique du pays en l‟occurrence le code de travail. Ce type de congé de pater-

333 nité permet à l‟époux d‟être présent au foyer pour aider sa femme dans ce mo- ment difficile. Ceci peut être une opportunité d‟agir en faveur du partage des tâches ou du partage des charges du ménage qui incombent seule à la femme et la petite fille.

Pendant la période de grossesse ou d‟allaitement, les femmes doivent avoir accès à des modalités de travail flexibles qui ne portera pas atteinte à sa santé fragile. Il faut mettre en place une sensibilisation soit par des cours, des spots publicitaires, de conférences et de films pour encourager les époux à se consacrer davantage à leur famille qu‟à autres choses.

Il est important d‟améliorer l‟emploi rural de la femme comorienne. Cette dérnière constitue la majorité des pauvres. Ce secteur emploie beaucoup plus des femmes que d‟homme dans toute l‟étendue du territoire comorien. Elles (les femmes) présentent le niveau de scolarisation le plus bas et le taux d‟analphabétisme le plus élevé. Dans toutes les régions, les ménages ruraux dirigés par une femme comptent parmi les plus pauvres.

L‟importance de la femme est liée à son double rôle, car elle est mère et pilier de l‟économie familiale et nationale. Curieusement, cette femme ne bénéficie pas des fruits de son dur labeur. Elle reste toujours la plus pauvre et ne jouit pas d‟une considération importante dans la société à cause des pesanteurs sociales, culturelles et ses stéréotypes qui placent la femme au second plan dans la communauté. Les Comores doivent prendre l‟exemple de l‟Éthiopie qui selon Alias un enseignant à l‟université d‟Addis- Ababa :

L‟emploi rural dominé par des femmes reçoivent beaucoup plus de l‟aide de la part de l‟Etat Comme les moyens d‟irrigation, outils de con- servation des produits, les outils modernes de défrichage, les vaccins

334 des animaux entre autres et une formation quasi-permanant sur leur métiers surtout en ce qui concerne l‟agriculture-Bio...237

Le plus grand problème que rencontre la femme rurale comorienne dans sa lutte contre la pauvreté concerne la méthode d‟exploitation de la terre, le temps de travail sur cette terre et le manque de soutien de la part de l‟Etat. Il faut alléger la pénibilité du travail agricole de la femme, car elle utilise toujours des méthodes anciennes, archaïques de travail, souvent trop pénibles, et rend son travail peu rémunérant et la maintient dans un état de pauvreté endémique.

L‟activité agricole dans ce pays est en grande partie menée par les femmes avec toutes les difficultés auxquelles elles font face au quotidien. La pénibilité des conditions de travail avec comme seuls matériels, houe, ma- chette, coupe-coupe limite la production. Aussi, la femme rurale souffre d‟une surcharge de travail par rapport à son mari, car elle doit à la fois s‟occuper des tâches familiales et des autres tâches diverses liées à son ac- tivité agricole, notamment le labourage, le sarclage, la récolte, etc.

Ces femmes ne sont pas formées, éduquées sur la météorologie avec la problématique de changement climatique et l‟activité du volcan khartala. Elles font face aussi à un réel problème au niveau du stockage et de la transformation du surplus agricole s‟il y en a et aucun effort n‟a été fourni pour alléger le travail de ces femmes. Le seul moyen de stockage reste le gre- nier traditionnel.

Les femmes sont en majorité chefs des ménages, ce sont elles qui prennent en charge l‟éducation des enfants, les soins de santé... avec activi- té agricole qui nourrit la famille et paie les frais de scolarité des enfants, la femme n‟est qu‟usufruitière de la terre qu‟elle cultive.

237 Enquête, Auteur, Channai, Inde Aout 2018

335

En tenant compte de tous ces paramètres, nous pouvons affirmer sans risque de se tromper que la femme rurale comorienne n‟est pas considérée comme une actrice de développement et d‟épanouissement de la famille, mais plutôt comme une main d‟œuvre familiale238.

La petite fille dès son jeune âge doit assister sa mère dans les tra- vaux ménagers et champêtres. Elle accompagne sa mère dans la pro- duction agricole familiale. Après la récolte, la production est gérée soit par son frère ou son père, car la femme, bien qu‟elle soit la productrice princi- pale, ne décide toujours pas de l‟affectation, ni de la destination des res- sources familiales. Généralement, selon ces femmes, la période des ré- coltes et d‟abondance correspond pour les hommes, malheureusement pour elles, à la période d‟entretien des concubines et le début de la polyga- mie.

La femme est souvent obligée de sacrifier ses besoins personnels au détriment de la famille. Tout ce qui est produit par les femmes est géré en par- tie ou en totalité suivant les familles par les hommes. Pourtant, la situation des femmes rurales reste préoccupante du fait des nombreux problèmes auxquelles elles font face, notamment l‟analphabétisme, la pénibilité des con- ditions de travail, la pauvreté, le faible accès aux services de vulgarisation, à l‟éducation, à la formation et à l‟information économique, à la re- cherche et aux technologies appropriées, aux équipements modernes, etc.

Il est urgent de renforcer les capacités des femmes rurales pour réduire la pénibilité de leurs travaux et améliorer la gestion des res- sources dans l‟agriculture familiale et paysanne. Nous suggérons la mise en place d‟un réseau local basé d‟associations féminines pour la promotion et l‟épanouissement de la femme en faisant des campagnes d‟information et de communication.

Ensuite, nous proposons la mise en place d‟un comité de femmes ru-

238 Enquete de l‟auteur, Chenai, Inde

336 rales volontaires, des para-juristes et des cellules communautaires d‟écoutes pour les femmes en détresse. La mise en réseau des femmes, la structuration des groupements ou associations existants et l‟organisation des rencontres d‟échange entre femmes pourrait enfin sti- muler la concertation et la réflexion collective aux problèmes communs comme l‟analphabétisme et l‟insuffisance de renforcement des capacités des femmes par des ateliers thématiques avec une approche participative.

La formation aux nouvelles méthodes de travail et des TIC (technologie de l‟information et communication) des femmes rurales et l‟Implication des hommes volontaires, la sensibles tout le monde à cette situation pourrait alléger la pénibilité de leur travail par les actions de sensibilisation, d‟IEC CC et de plaidoyer. Ces démarches visent la communauté dans son ensemble, les autorités traditionnelles, religieuses et politiques afin de for- mer les femmes aux petits métiers pour les aider à diversifier leurs sources de revenus.

Pour arriver à cet objectif, il faut organiser des descentes sur le terrain pour des rencontres d‟échange des bonnes pratiques en matière de stratégies. Ses actions doivent être adaptées aux réalités locales pour faciliter l‟accès des femmes aux informations utiles au développement de leurs productions tout en multipliant des causeries dans les quartiers sur le thème « femme et foncier »

La lutte contre la propagation des mariages non-consentis doit etre une priorité car le mariage forcé et/ou précoces et de mariages croisés se multi- plient de jours en jour. Chaque année, des dizaines de femmes sont vendues et achetées pour le mariage forcé. L‟oppression des femmes n‟est pas une fatali- té, mais imposée par la société pour une nécessité culturelle et économique.

Pour lutter contre ce fléau, l‟État doit adopter une loi interdisant un ma- riage de moins de 18 ans pour l‟un des conjoints et prévoir des mesures très sévères à l‟encontre des chefs religieux et des parents qui célébreront un tel mariage. Pourtant, nous savons aussi que le mariage des enfants et les risques

337 liés aux grossesses précoces continuent de constituer un obstacle majeur pour de nombreuses filles. Chaque année le mariage des enfants réduit la possibilité d‟achèvement du cycle secondaire.

C‟est ainsi que des sanctions sociales et juridiques devraient être appli- quées contre toutes personnes, officier d‟État civil, chef religieux ou notable qui célébreront un mariage d‟un mineur. Une enquête devrait être menée pour sa- voir le type de mariage à célébrer. Dans le cas du mariage croisé, la seconde union devrait être déclaré nulle.

Le système éducatif comorien connaît des nombreuses contraintes qui constituent parmi les conséquences des inégalités sociales. Il souffre d‟une fai- blesse en matière de capacité de pilotage et de gestion efficace et efficiente de système éducatif global. Elle accumule une insuffisance une vétusté des infras- tructures et équipements scolaires qui pouvaient assurer un meilleur fonction- nement.

Il faut souligner également que les revendications abusives des syndi- cats, les rentrées tardives et les perturbations fréquentes des années scolaires dues aux grèves à répétition des enseignants sont des facteurs constituants parmi les contraintes du système éducatif.

La contribution de l‟État est faible en financement du système éducatif et le développement non contrôlé des Établissements privés porte atteinte à la qualité de notre système éducatif. Pour cela, plusieurs défis restent à relever et nous pouvons noter entre autres :

 L‟accessibilité d‟une éducation primaire de qualité pour tous, de diversifier et de redynamiser l‟enseignement secondaire et améliorer les capaci- tés d‟accueil du système éducatif national et sa gouvernance.

 Il faut réduire les coûts récursifs dans la scolarisation des enfants et rendre effective la gratuité de l‟enseignement de base par des mesures inci- tatives régulières surtout en ceux qui concernent les salaires des enseignants.

338

 La création d‟un centre d‟information et d‟orientation scolaire afin de diversifier et la prioriser les filières selon les besoins du pays.

Nous ne pouvons pas parler d‟éducation sans évoquer l‟emploi. C‟est ainsi que nous allons évoquer certaines contraintes. Il s‟agit de l‟insuffisance de formation professionnelle de la population active majoritairement des femmes et l‟inadaptation des formations disponibles avec les besoins des institutions lo- cales. Cela augmente le taux des chômeurs diplômés.

Les licenciements massifs des jeunes par le nouveau régime créant une vague d‟indignation de la population et l‟insuffisance des techniciens spéciali- sés selon les besoins du pays montrent bien comment l‟État comorien ne se soucie pas des emplois des jeunes contrairement aux divers discours des auto- rités politiques.

L‟absence d‟un système d‟information et d‟orientation sur l‟emploi des jeunes et constitue un grand handicap pour promouvoir l‟emploi des jeunes de tout sexes confondus.

Pour se faire, la mise en œuvre d‟une politique nationale de l‟emploi qui respecte l‟équité de genre qui sera appuyé par l‟ensemble des acteurs concer- nés tels que l‟État, CTD, les notables et chefs religieux entre autres. L‟amélioration de la productivité et les rendements dans tous les sec- teurs peuvent améliorer les conditions de vie des ménages surtout monoparen- tales afin de promouvoir des Activités génératrices de revenus.

A travers le monde, les filles sont les plus déscolarisées et le taux d‟analphabétisme touche plus des filles que des garçons. Dans toute l‟Afrique, 28 millions de filles âgées de 6 à 15 ans ne sont pas scolarisées et nombre d‟entre elles ne mettront jamais un pied en classe239. L‟éducation des femmes et croissance sont liées. En éduquant les femmes, leurs permet aussi d‟avoir un

239 CLAUDIA COSTIN, SILVIA MONTOYA, KAREN MUNDY, in http ://blogs.worldbank.org. "Aucune fille ne doit être laissée pour compte, l‟éducation en Afrique", 06 mars 2015

339 plus grand contrôle sur leur vie. Plus le niveau d‟instruction des femmes est élevé, moins elles ont le risque de se marier très jeunes ou d‟avoir des enfants à un âge précoce.

L‟union des Comores a un intérêt à promouvoir l‟éducation de leur popu- lation dans son ensemble. Lorsque le niveau d‟instruction d‟une population d‟un pays est élevé, la croissance du PIB par habitant améliore. Cette croissance permet ensuite de réduire la pauvreté. Il faut rappeler que l‟analphabétisme s‟explique par une croissance démographique et le taux élevé des mariages précoces, des grossesses non désirées, la prolifération des maladies et l‟augmentation de la pauvreté des ménages. Pour réduire le taux d‟analphabétisme, la promotion des écoles communautaire et/ou de proximité pour être une des solutions.

L‟enfant a du mal à étudier et faire ses devoirs après avoir parcouru des kilomètres pour regagner sa case. Certaines sont tombées dans les filets des pédophiles, des tueurs et des délinquants sexuels.

Il y a quelques années, un homme a violé puis tué une étudiante de l‟université des Comores dans son chemin de retour de l‟école. Cette histoire a choqué la population dans son ensemble. Ce délinquant au nom de MAFOURA (huile) purge une peine à la maison correctionnelle de Moroni mais les abus sur les élèves et étudiants sont loins d‟être arrêtés. Car souvent les auteurs ne sont pas punis à la hauteur de leurs infractions.

Au-delà de ces horreurs, nous voyons la pauvreté du quotidien qui force les parents à sacrifier le droit à l‟éducation de leurs filles et au désespoir d‟une vie meilleure. Donner sa fille mineure à une personne souvent plus âgées que les parents par espoir qu‟elle l‟amènera vivre à l‟étranger, en France par exemple ou faire le grand mariage, certaines familles osent commettre l‟irréparable. Ces mères de familles émancipées par le mariage restent comme une machine à faire des enfants car selon des hommes impliqués dans cette histoire, nous disent sans gène que s‟ils ne font pas trop d‟enfants et affaiblir la

340 femme, cette dernière pourrait quitter son foyer pour se réfugier à Mayotte par exemple ou suivre un mari proche de son âge.

Nous savons que l‟éducation des filles a un effet multiplicateur. Les femmes plus éduquées sont généralement en meilleure santé, ont un revenu plus conséquent et moins d‟enfants. Elles sont en mesure d‟offrir de meilleurs soins et une éducation à leurs enfants, et sortir ainsi leur foyer de la pauvreté.

III.3.2 Conditions d’apprentissage pour la jeune fille En termes d‟infrastructure, les écoles sont sans toilettes ou avec des toi- lettes mixtes, constituent un risque sanitaire et sécuritaire pour les filles et un obstacle culturel important qui empêche ces dernières de fréquenter ces écoles.240

Le fait le plus frappant encore, les données montrent que le manque criant d‟enseignants pourrait empirer tandis que de nombreuses institutions sur place en collaboration avec le gouvernement Comorien luttent pour satisfaire les besoins grandissants en matière d‟éducation d‟une population d‟âge scolaire en pleine croissance. Il s‟agit par exemple du réseau Fawecom qui milite pour l‟égalité et l‟équité du genre dans le milieu scolaire. L‟innovation des centres d‟excellence pour certaines écoles primaires est un bon exemple d‟une éduca- tion inclusive qui tient compte de la jeune fille. Aujourd‟hui, l‟État doit créer de nouveaux postes dans l‟enseignement et pourvoir quelques postes vacants afin d‟atteindre un ratio de 30 élèves par enseignant dans chaque classe. Mais re- cruter de nouveaux enseignants ne suffit pas. Les Comores ont besoin d‟un plus grand nombre d‟enseignants qualifiés soutenus et formés pour améliorer leur enseignement. Davantage les enseignantes sont également nécessaires, car elles incarnent des modèles positifs pour les filles.

Les violences commis sur la personne des enfants dans le milieu sco- laire sont tres frequentes. En tenant compte des multiples violences commis sur la personne des enfants surtout les filles dans leurs milieux scolaires tels que

240 Enquête personnelle, Ngazidja, mars 2016

341 harcèlement moral et sexuel, châtiments corporels, brimades et humiliation entre autres, provenant des enseignants ou des tiers, Nous préconisons de fa- voriser l‟accès des femmes aux postes d‟enseignantes dans les écoles cora- niques et voir même dans les autres types d‟enseignent dont elles sont large- ment minoritaires. Ces dernières se révèlent même comme des parents entiers de ses filles au lieu de regarder les enfants sous un autre angle. Les femmes pourraient être un vecteur très important de l‟égalité entre les garçons et les filles à l‟école. Dans les établissements scolaires, les filles considèrent leurs enseignants de même sexe comme des modèles à suivre.

Malgré les statistiques que nous avons présenté dans le chapitre traitant le système éducatif comorien, montrent la rareté des enseignant de sexe fémi- nin dans les universités et le secondaire et elles sont quasi-absent dans les écoles coraniques. Seules les écoles primaires et les écoles maternelles em- ploient un grand nombre des filles. L‟augmentation des filles enseignantes pour- rait avoir un impact positif favorisant l‟égalité entre les sexes. Pour que cet ob- jectif soit atteint, l‟Etat doit lutter contre les abandons scolaires et les mariages précoces des filles et d‟investir massivement dans l‟éducation de tous les en- fants filles et garçons en augmentant le budget alloué dans ce secteur.

L‟amélioration des infrastructures scolaires pourrait reduire les inégalités sociales. Elles sont importantes pour la bonne transmission de l‟éducation. Comme nous l‟avons vu précédemment, l‟absence de sanitaire ou l‟insalubrité des latrines peut contribuer à l‟abandon scolaire des petites filles. L‟Etat doit intervenir afin de créer ces infrastructures indispensables à la bonne poursuite des études des petites filles et des garçons.

Les infrastructures sont importantes pour la bonne transmission de l‟éducation. Comme nous l‟avons vu précédemment, l‟absence de sanitaire non mixte dans les écoles peut être une des causes majeures d‟abandon scolaire des petites filles. L‟Etat doit intervenir afin de créer ces infrastructures indispen- sables à la bonne poursuite des études des petites filles. Dans le même registre des infrastructures éducatives, il est aussi possible de constater que les Co- mores devraient de manière générale construire de nouvelles écoles afin de

342 faciliter les conditions d‟apprentissage des enfants. Il est vrai que les distances excessives entre les lieux d‟habitation des enfants et l‟école, les classes sur- peuplées ne sont pas des conditions propices à un apprentissage éducatif effi- cace.

Enfin au niveau des infrastructures liées à la santé, l‟Etat doit investir en augmentant le nombre des centres de santé et d‟hôpitaux et construire un dis- pensaire dans chaque école primaire, collèges et université car l‟éducation ne peut être transmise de manière efficace que si les individus ne sont pas en bonne santé. La distance entre les centres de santé et certains villages font alourdir le poids des tâches domestiques sur les femmes lorsqu‟un membre de la famille est malade.

Nous recommandons l‟instauration des dispensaires dans chaque école et centres universitaire afin de promouvoir une prise en charge des étudiants qui ne cessent de tomber malade en pleine cours. D‟autres encore vivent dans d‟autres régions ou iles loins des parents et se trouvent dans des difficultés pour se soigner en attendant leurs familles. L‟Etat doit construire des infrastruc- tures comme des dispensaires et hôpitaux qui pourraient soigner les élèves, étudiants et voir même enseignants car il est vraie semblable que l‟éducation ne pouvons être transmise de manière efficace si les individus qui la reçoivent ou qui les transmettent ne sont pas en bonne santé.

L‟éloignement de certaines localités et les centres de santés ne fait qu‟alourdir le poids des tâches domestiques sur les femmes lorsque l‟un de leurs enfants est malade. Cela entraîne soit une absence de traitement pour l‟enfant malade soit le besoin de l‟aide d‟un autre enfant (souvent une fille) pour réaliser les tâches que la mère de famille n‟a pas pu accomplir durant ce temps.

Enfin, il faut bannir les violences contre les enfants dans le milieu sco- laire tels que harcèlement moral et sexuel et châtiments corporels. Ce dernier s‟emploi souvent dans les écoles coraniques et les écoles primaires. Les filles constituent les principales victimes que les garçons.

343

III.3.2.1 L’alphabétisation des femmes

Selon l‟UNESCO, les deux tiers des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes. L‟alphabétisation de la population surtout les femmes auraient de nombreux impacts sur la lutte contre la pauvreté, les épidémies, et les mariages précoces. L‟alphabétisation change la vie des hommes et des femmes.

La journée internationale de l‟alphabétisation, le 8 septembre, ne doit pas être un marketing pour l‟État, mais plutôt adopté des actions en faveur de l‟alphabétisation et de la scolarisation des femmes et des filles. Au niveau mon- dial, près de 16% de la population adulte mondiale est analphabète, soit 781 millions de personnes dont deux tiers sont des femmes241.

La proportion de femmes adultes analphabètes, quant à elle, stagne de plus en plus. Ceci, augmente le taux de la pauvreté de la femme comorienne et a un impact sur sa santé et le bien-être social et économique. Ce constat est plus inquiétant, les impacts de l‟alphabétisation surtout des femmes sont bien connues et l‟État doit consacrer leurs efforts pour la promotion de l‟éducation des femmes et des filles. Par conséquent l‟éducation joue un rôle noble et augmente les chances des filles et des femmes de trouver un emploi, d‟être en bonne santé et de participer pleinement au développement de la communauté dont elle fait partie. Elle a aussi une forte incidence sur la santé de leurs enfants et le développement économique de la femme.

L‟éducation des femmes aurait aussi un fort impact sur sa santé, la mor- talité infantile, la mortalité maternelle entre autres. L‟éducation permet aux femmes de connaître les bonnes pratiques d‟hygiène, de protection contre les maladies comme le sida, le paludisme, la malaria, etc.

Le placement d‟enfant est un phenomene dangereux pour la société. Deux cas se présentent fréquemment dans notre pays. Tout d‟abord, des en-

241Organisation des Nations unies pour l‟éducation, la science et la culture

344 fants surtout les fillettes sont envoyées dans une famille d‟accueil dans les grandes villes et subissent souvent des très mauvais traitements.

Ensuite, des femmes sont exploitées par des familles riches à des sa- laires médiocres et subissent des mauvais traitements tels qu‟injures, coups et blessures volontaires et voir même des violes…

Face à cette situation, la société comorienne doit mettre en place des centres d‟écoute et d‟avis juridiques gratuits dans les îles et régions en faveur des femmes victimes de violation de leurs droits et faciliter les procédures judi- ciaires qui sont très compliquées et couteuses afin de développer les moyens de communication, de sensibilisation et de plaidoyer en faveur de l‟égalité homme femme par des parades et spots permanents au niveau des médias et des panneaux publicitaires.

Il est également temps de coordonner les actions des associations, de la société civile qui agissent en faveur de l‟égalité homme femme et vulgariser, mener un plaidoyer auprès des autorités de l‟Union et des îles sur l‟application effective du Code de la famille et le respect de la constitution en matière d‟égalité de genre.

Tout parent doit avoir le devoir de préparer ses enfants, prioritairement les filles, à faire face aux éventualités d‟attentat à la pudeur, aux tentatives de viols, à toutes les formes d‟abus et d‟exploitation sexuels, par une pédagogie appropriée.

En fin, tout le monde doit sensibiliser et éduquer les enfants sur les con- séquences des rapports sexuels précoces, pour éviter notamment les gros- sesses non désirées et/ou les infections sexuellement transmissibles par la multiplication des campagnes d‟information dans les écoles et au sein des as- sociations des jeunes voir même à la maison.

III.3.2.2 Effectif des femmes dans les postes politiques

Il est temps d‟augmenter le nombre des femmes dans les postes poli- tiques au niveau national et insulaire. Une démocratie mutilée alors que les

345 femmes forment la majorité de la population et de l‟électorat et leur participation aux instances décisionnaires de l‟union tant au niveau des iles autonomes que municipale est minimale. Nous proposons qu‟il faille considérer les hommes et les femmes comme des individus humains indifféremment et facteur de déve- loppement de la nation par excellence.

De fait, à l‟heure actuelle les hommes ne peuvent pas parler au nom des femmes. Ces dernières doivent pouvoir faire valoir à partir de leur réalité leurs préoccupations, leurs analyses, leurs intérêts, mais elles doivent éviter la con- tradiction entre une exigence d‟intégration au pouvoir politique par leur statuit sociale et une exigence d‟intégration en tant que femme par rapport à la logique de genre.

Le respect du pluralisme démocratique devrait donner à chacun la possi- bilité de construire son avenir et mettre fin à l‟élimination d‟un sexe au profit d‟un autre.

Il faut encourager la participation des femmes aux décisions politiques par l‟augmentation de l‟éffectif des femmes dans toutes les instances de déci- sion. Cette participation doit etre garantie l‟exécutif.

 Les solutions passent premièrement et avant tout par une impul- sion des partis politiques avec textes stricts. Ils devraient présenter davantage de femmes tout en accentuant l‟effort de préparation et de soutien aux candi- dates et aux élues. Ils devraient leur offrir plus de formations continues et ci- blées.

 Les solutions passent par une réorganisation des activités poli- tiques. Elles passent aussi par un soutien financier aux différents modes de garde des enfants pendant les activités politiques (crèche, garde à domicile) s‟il n‟y a pas de compagnon pour prendre la relève.

 Les femmes devraient se soutenir entre elles, développer le men- torat. Ainsi, si les décideurs politiques (exécutif, parlementaire…) prévoient, un quota dès cette année, sans que la loi l‟oblige, décide, d‟introduire un pourcen-

346 tage minimum de chaque sexe sur les listes de candidats aux élections de tout niveau serait un grand pas vers cette initiative.

 Il fallait également veiller, dans toute réforme favorable à l‟équité de genre, à prévenir le rejet pour motif religieux. Pour ce faire, travailler en étroite collaboration avec les leaders et institutions religieux pour recueillir leur avis et leur adhésion.

Pour réduire les écarts qui existent entre les hommes et les femmes en matière d‟accès aux postes de responsabilités, une la loi relative à la répartition équilibrée au sein des institutions publiques devrait être adoptée.

En ce qui concerne la parité politique, une loi constitutionnelle pourrait moderniser les institutions afin d‟atteindre la parité professionnelle et sociale. Pour se faire, une loi référendaire favorisera l‟accès aux femmes et aux hommes équitablement aux mandats électoraux et fonctions électives ainsi qu‟aux responsabilités professionnelles et sociales.

Les femmes comoriennes sont invisibles dans les directions que se soient dans les entreprises publiques ou privées. Il peut avoir trois explications à cette situation.

Tout d‟abord, l‟absence d‟un grand nombre de femmes candidates est dû à la considération que la société leurs accorde. Une très grande partie de la population prétend que toutes directions gérées par des femmes sont assistées par Satan242. D‟autres nous disent aussi qu‟une fois qu‟ils se trouvent devant une femme dans un bureau, ils sont mal accueillis car de nature les femmes sont orgueilleuses. D‟autres encore affirment que pendant l‟allaitement ou en période de fin de grossesse les femmes ne seront pas en mesure de prendre correctement leurs responsabilités.

242 Satan est, selon le dictionnaire d‟Antidote, l‟ange des ténèbres, l‟esprit du mal, l‟esprit malin, le démon, le diable, le génie du mal, le Maudit, le Mauvais, le prince des démons, le prince des ténèbres, le roi des enfers, le Séducteur, le Tentateur, Léviathan, Lucifer, Méphistophélès.

347

Ensuite, l‟absence des femmes dans la classe politique limite en général son ouverture. La plupart des maris ne laissent pas leurs femmes se rendre dans les meetings et dans réunions politiques par jalousie ou par absence d‟une personne qui s‟occupe des tâches ménagères ou des enfants. Certains hommes influencent la décision de leurs femmes s‟elle a un poste de respon- sabilité. Nous nommons une femme mais c‟est son mari qui prend souvent la décision même s‟il est moins instruit qu‟elle.

En fin, nous constatons également un frein culturel. La culture du pays empêche les femmes à assumer des postes de responsabilités. Elles n‟ont pas droit à la parole, et ne sont pas respectés parce qu‟elles sont des femmes. Elles s‟autocensurent très souvent. Même si dans certaines grandes villes, le phé- nomène est en voie de disparition, mais beaucoup reste à faire.

La place des femmes dans la société comorienne reste à être améliorer. Pour se faire, l‟Etat doit introduire, dès la maternelle, des séances consacrées à la mixité et au respect hommes-femmes.

Le principal objectif de la promotion de l‟égalité des sexes et du respect hommes-femmes dès la maternelle est d‟amener les enfants à se sentir autori- sés à adopter des conduites non stéréotypées. Il faut aider les filles et les gar- çons à percevoir positivement leur genre et celui du sexe opposé.

Il faut également accroître et renforcer les capacités des enfants à ré- soudre de façon non violente et coopérative des conflits qui pourraient mettre nuire la promotion du genre et le respect mutuel des hommes et des femmes dans la société.

III.3.3 Décrochage scolaire des filles L‟abandon scolaire pour la jeune fille a des conséquences sur sa vie et risque d‟être pris au piège par le poids des us et coutumes qui pèse sur elle. Nous tenterons alors de proposer des nouvelles pistes d‟actions qui participent à l‟amélioration du problème.

348

Il est varaie que l‟éducation des filles a un effet multiplicateur d‟éspoire, car plus elles sont éduquées et plus elles sont généralement en meilleure san- té, un revenu plus conséquent et moins d‟enfants. Elles sont en mesure d‟offrir de meilleurs soins et une éducation à leurs progénitures et sortir leur foyer de la pauvreté.

Le mariage des enfants et les risques qui vont ensemble comme les grossesses précoces continuent de constituer un obstacle majeur pour le deve- lopement de la société. Chaque année le mariage des adoléscents réduit la possibilité d‟achèvement du cycle secondaire. Dans certains cas, la peur du viol et du harcèlement empêche également les filles d‟aller à l‟école.

III.3.3.1 Stéréotypes, frein de la réduction des inégali- tés hommes-femmes

Par définition, un stéréotype est une opinion partagée de façon quasi unanime par un groupe social, et faisant office de jugement définitif sur une si- tuation ou un groupe d‟individus. Il peut être accompagné des préjugés ou d‟idées reçues inculqués depuis l‟enfance. Par exemple, nous disons souvent que les filles sont sensibles, fragiles ou encore délicates et les garçons sont forts, agressifs, qui ne craignent pas le danger, qui l‟affronte sans peur, qui té- moigne de la détermination, aventurier et ambitieux...

Dans une société traditionnelle basée sur les traditions orales comme les Comores, les stéréotypes empêchent la réduction des inégalités sociales sur- tout en ce qui concerne notre étude. Ils sont souvent transmis par les assem- blées sociales dans les places publiques, dans les médias et par l‟éducation dans les écoles coraniques. Pour éliminer ces stéréotypes, il faut promouvoir le développement de l‟esprit critique. Les parents doivent jouer un grand rôle pour atteindre ce but. Surtout à ne pas identifier quels jouets sont pour les garçons et d‟autres spéciaux pour les filles, par exemple.

Les parents ont plus de mal à acheter une poupée pour leurs garçons et un soldat pour la fille. En ce qui concerne la couleur des habits, la rose est spé- cialement destinée à la fillette et le bleu pour le garçon. La séparation des

349 jouets, des couleurs et des taches pour l‟une et l‟autre sexe contribuent massi- vement à l‟installation des stéréotypes de genre. Ces stéréotypes laissent croire que les petites filles sont "programmées" pour faire le ménage, s‟occuper de la maison, de leurs maris, d‟être soumise comme leur mère. Les stéréotypes sont très anciens et montrés trop sexistes. Sa publicité continue à stéréotyper le rôle de la femme et celui de l‟homme discrètement et lentement. Nous pouvons dire que les stéréotypes sont présents partout dans l‟ensemble des iles et influen- cent fortement les esprits de chaque Comorien sans que nous nous en ren- dions compte. Cette tendance connait une diminution considérable ses der- nières années par rapport aux décennies précédentes même s‟ils persistent encore.

III.3.3.2 Conditions d’apprentissage pour la jeune fille

Pour les enfants qui sont scolarisés, les mauvaises conditions des salles de classe ont un impact sur l‟apprentissage243. En moyenne, en Union des Co- mores, trois élèves doivent se partager un manuel de mathématiques. Seuls 23% des écoles ont accès à l‟électricité, et un peu moins de la moitié ont accès à l‟eau potable. Pendant l‟observation fortuite, nous avons pu constater dans certaines salles dans certaines localités qu‟il y a plus de 50 élèves par ensei- gnant et par salle.

L‟innovation des centres d‟excellence pour certaines écoles primaires est un bon exemple d‟une éducation inclusive qui tient compte de la jeune fille. L‟État doit créer de nouveaux postes dans l‟enseignement pour que les élèves et les enseignants travaillent dans des meilleures conditions. Les Comores ont besoin d‟un plus grand nombre d‟enseignants qualifiés soutenus et formés pour améliorer leur enseignement. Davantage les enseignantes sont également né- cessaires, car elles incarnent des modèles positifs pour les filles.

243Ministère de l‟Éducation nationale, de la recherche, de la culture et des arts chargés de la jeunesse et des sports, plan intérimaire de l‟éducation 2013-2015, Union des Comores, janvier 2013.

350

III.3.3.3 Infrastructures éducatives

L‟éducation de base des enfants est une priorité absolue de toutes na- tions. Toutefois, il faut aussi penser à développer de manière plus importante le futur capital humain de la population. Pour cela, il est nécessaire d‟investir dans les infrastructures éducatives et augmenter le budget alloué à l‟éducation qui reste encore médiocre dans notre pays qui est inférieur à 4%244 Il convient de s‟assurer que les enfants qui finissent l‟école primaire aient la possibilité de pouvoir continuer dans le secondaire et dans l‟enseignement supérieur.

L‟État doit intervenir afin de construire des infrastructures adéquates in- dispensables à l‟éducation de nos enfants en général et petites filles en particu- lier. L‟Etat doit, de manière générale construire de nouvelles écoles afin de faci- liter les conditions d‟apprentissage des enfants. Il est à souligner que la réduc- tion des distances excessives qui séparent les lieux d‟habitation et établisse- ments et l‟étoffement des classes surpeuplées, sont parmi les conditions pro- pices à un apprentissage efficace.

III.3.3.4 Conciliation de la vie professionnelle et ma- ternité

Certains employeurs comoriens surtout dans le secteur privé, considère la maternité comme un souci majeur dans la vie professionnelle féminine. Ce secteur prend la maternité comme une cause supplémentaire d‟absence pour les postes occupés par des femmes.

Toutefois, d‟autres obstacles participent à ces difficultés telles que les enfants à charge et les travaux domestiques incombent uniquement à la femme. Il est difficile pour les femmes de s‟y adapter. L‟insuffisance des res- sources sociales nécessaires pour élaborer un projet de développement ou de carrière.

244 Budget 2016, cours de Finances publiques du Dr Mahamoud Halifa, université des Comores, 2017

351

Il est tout à fait compréhensible que les que les femmes sous la pression masculine dans le milieu professionnel, adoptent des comportements qui ne leur sont pas naturels qui, au fil du temps ne jouent pas en leur faveur. Prenons l‟exemple concret, une femme ou une fille qui travaille avec des bandes des ivrognes a beaucoup de chance de consommer l‟alcool elle aussi, ou si un su- périeur hiérarchique boit du café au bureau, elle aussi sous la pression ou une simple demande entre collègues peut commencer à boire le café, alors que l‟inverse est rare.

Un homme dominant attend d‟une femme qu‟elle change sa manière d‟être et sut son rythme. Nonobstant, rare, sont les femmes qui réagissent d‟une manière défensive ou qu‟elles se vassalisent rapidement, ou la fugue en passant inaperçues.

III.3.3.5 Amélioration des textes relatifs à la polygamie

Si pour la plupart des personnes interrogées sur la question trouvent que la polygamie semble être une réalité oubliée, le combat de certaines femmes contre la pratique polygamique est loin d‟être terminée.

En dépit d‟une très forte indignation de notre part et des associations de défense des droits des femmes, le phénomène de la polygamie persiste encore dans la société comorienne. En ce sens, nous suggérons que le parlement co- morien dont la quasi-totalité des élus sont des hommes de voter une loi interdi- sant la polygamie, le mariage des mineurs sans autorisation de la justice.

Tout de même l‟autorisation de la première épouse est obligatoire. Ceci doit être introduit dans le nouveau code de la famille. Pour avoir droit à une se- conde, une troisième ou quatrième épouse, le code de la famille doit exiger de l‟époux une autorisation du tribunal, car sa demande doit être justifiée par les moyens matériels, de l‟état psychologique du prétendant candidat à une deu- xième femme. Sur ce, le tribunal ne doit pas accorder une autorisation que si le requérant a la capacité de subvenir aux besoins des deux familles.

352

Pour aider les femmes victimes de violence conjugale liée à la polyga- mie, la création d‟une Association des Femmes et l‟instauration d‟un centre d‟écoute pour donner l‟alerte sont nécessaires afin que les victimes acceptent de témoigner et briser le silence.

Nous ne devons pas interdire la polygamie, mais les hommes désirant se lier avec une seconde épouse doivent néanmoins avoir le consentement de leur première femme. Le Code de la famille doit la limiter à des cas précis tels que le « handicap ou maladie de la première épouse ou son incapacité à procréer » par exemple. C‟est ainsi que l‟autorisation de deuxième mariage doit être ac- cordée par un juge après consultation de la 1ère épouse. Si la femme n‟a pas d‟emploi ou est moins rémunérée, sa situation dans son ménage polygamique sera difficile.

Les textes en vigueur sont confus et nécessitent une Harmonisation car l‟utilisation des trois sources de droits en vigueur tels que droit coutumier, droit musulman, le droit issue de la colonisation est inapproprié.

L‟ignorance des textes nationaux ou internationaux en vigueur par la po- pulation constitue un grand handicap pour le développement de la population. C‟est ainsi que nous devons réintroduire dans l‟enseignement des cours de droit, d‟éducation civique, morale et religieuse ainsi que l‟éducation à la vie fa- miliale, à la paix, à l‟égalité de genre.

Selon la déclaration des Nations unies sur l‟élimination de la violence à l‟égard des femmes, la violence faite aux femmes désigne :

Tous actes de violence dirigée contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances phy- siques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels

353 actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée 245.

En se référant à cette définition, nous pouvons constater la gravité de cette infraction et mérite d‟être sévèrement réprimer. Ces comportements sont destructeurs quels qu‟en soient la forme et le mode, verbal, psychologique, économique, physique, sexuel entre autres.

L‟acte a une incidence directe et immédiate sur la famille surtout les en- fants. Rappellons qu‟en 2011 une femme a trouvé la mort dans la ville de Ha- haya après avoir reçu un coup de pied fatal au ventre alors qu‟elle était en- ceinte. En juin 2019, une femme enceinte est poignardée par son mari lors d‟une dispute conjugale. Beaucoup des femmes se trouve tabasser, violé et même tué par des conjoins ou tout autres personnes de mauvaise foi. En 2016, un homme a violé une femme puis l‟a tué. Pendant son procès au tribunal de Mutsamudu, l‟homme a subis un verdict populaire.

Pour lutter contre ce fléau, nous suggérons que le code pénal punis sé- vèrement l‟auteur des violences sur des femmes sans bénéficier des circons- tances atténuantes. Face à cette situation, la réussite de ce pari doit être fait l‟objet de formations en direction des professionnels particulièrement concernés tels les fonctionnaires de police et gendarmerie, les travailleurs sociaux, les pro- fessionnels des secteurs médical, judiciaire, psychothérapeutique.

Il ne faut pas omettre toutes signes de violence car il est difficle d‟anticiper ces genres de faits. Nous suggérons aussi, la création d‟une direc- tion nationale pour renforcer la prévention de la violence exercée sur les femmes. Elle devrait être créée pour lutter contre les violences dans le couple et en dénoncer les auteurs.

Ces actions fait connaître et reconnaître par tous moyens la réalité, l‟ampleur et les conséquences de la violence dans le couple et dans la famille,

245 Déclaration des Nations unies sur l‟élimination de la violence à l‟égard des femmes

354 agir préventivement au service des personnes directement impliquées dans le phénomène violent en privé afin de contribuer à enrayer les processus de répé- tition de cette violence spécifique, entre autres, par des moyens thérapeutiques. Cette direction doit ouvrir des centres d‟écoute surtout dans le milieu rural dont ce phénomène prend de l‟empileur.

La lutte contre les violences au sein du couple, et plus généralement contre les violences faites aux femmes, doit constituer une priorité du gouver- nement et des exécutifs des iles autonomes. Un projet de loi sous forme d‟ordonnance de protection doit être mis en place où le juge aux affaires fami- liales peut délivrée lorsque des « violences exercées au sein du couple ou au sein de la famille, par un ancien conjoint, un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un ancien concubin mettent en danger la personne qui en est victime, un ou plusieurs enfants ». Le juge doit statuer dans les 24 heures, peut être saisi par la victime ou par le Ministère public, avec l‟accord de la vic- time ou par tout autres personnes (voisins, associations féminines…) pour évi- ter la loi du silence.

Une ordonnance de protection permet au juge d‟attester de la réalité des violences subies et de mettre en place, sans attendre la décision de la victime sur le dépôt d‟une plainte. Des mesures d‟urgence devraient être mises en place comme l‟éviction du conjoint violent, relogement « hors de portée du con- joint en cas de départ du domicile conjugal.

Par ailleurs, cette loi permet la création de deux nouvelles infractions comme le harcèlement au sein du couple pour prendre en compte les violences psychologiques ou morales et délit de « contrainte au mariage » pour lutter contre les mariages forcés. Ces mesures permettent aux femmes de prendre leurs places dans la société.

III.3.4 Phénomène de sous-emploi des femmes Pour améliorer la situation de l‟emploi et des revenus de la femme como- rienne nous recommandons tout d‟abord l‟implication de l‟Etat pour mettre en

355

œuvre une politique et une stratégie nationale de l‟emploi qui va tenir compte de l‟équité homme- femme.

Des actions en faveur d‟une étude au niveau nationale sur les origines et les impacts du sous-emploi basée de la femme en menant des enquêtes quali- tatives globale pour mieux connaître les facteurs favorisant les disparités so- ciales surtout en matière d‟emploi. Ensuite, l‟Etat doit réaliser une étude com- plète sur l‟informel surtout dans le domaine du commerce, pour faire apparaître les différents types d‟activités qu‟il couvre et celles qu‟exercent les femmes en particulier.

Enfin, il serait souhaitable de renforcer les capacités des associations féminines pour que ces dernières prennent en main les difficultés que rencontre la femme comorienne surtout dans le domaine de l‟emploi par la création par exemple d‟un office de l‟emploi. Il faut entreprendre les actions pour promouvoir l‟éducation des filles et susciter le développement des Comores comme disait Kofi Annan : « Il n’existe aucun instrument de développement plus efficace que l’éducation des filles ».246 L‟éducation des filles est un instrument de lutte contre la pauvreté, contre l‟inégalité sociale, la manipulation et l‟instrumentalisation de la femme.

Pour parvenir à la scolarisation des filles, il est nécessaire de sensibiliser les parents et les autorités locales l‟importance de l‟éducation des filles. Nous suggérons que l‟Etat améliore l‟accessibilité des enfants à l‟école en participant à la construction d‟écoles et aux enclavements des zones reculées. Le chemin de l‟école constitue un danger pour l‟enfant surtout les filles. En ce sens, il est urgent de procéder aux renforcements de la sécurité sur le chemin de l‟école et dans les milieux scolaires en construisant des toilettes séparées pour les filles, les garçons et les enseignants. Il est clair que sans indépendance économique, il n‟y a pas de liberté politique. La création des mutuelles d‟épargnes spéciale- ment pour les emplois de la femme et d‟autres activités génératrices de revenus

246 Kofi ANNAN, ex-Secrétaire Général des Nations Unies

356 permettant à augmenter leurs revenus est nécessaire afin de pouvoir subvenir aux frais de scolarité de leurs enfants.

L‟Etat comorien doit faciliter l‟enregistrement des naissances gratuit pour chaque enfant issu du milieu rural permettre à tous les enfants, et plus particu- lièrement aux filles, d‟obtenir un acte de naissance prouvant leur offrir leurs droits à l‟éducation afin de lutter contre le mariage et les grossesses précoces des filles engendrés souvent par le Anda. Nous nous sommes convaincu qu‟un plaidoyer auprès des décideurs locaux comme les gouverneurs des iles, le Mi- nistère de tutelle et la communauté internationale en faveur de l‟éducation des filles et de la gratuité de l‟éducation s‟avère nécessaire.

Pour cela, il est impératif d‟augmenter les subventions allouées à l‟enseignement secondaire et à l‟enseignement supérieur surtout l‟Université des Comores qui reste à ce jour financièrement fragile en augmentant son bud- get et en veillant à ce qu‟il y ait une adéquation entre l‟enseignement fourni et les emplois disponibles. Enfin l‟Etat doit valoriser le plus vite possible les inves- tissements réalisés dans l‟éducation, mais aussi penser un système fondé sur la non discrimination afin de faciliter l‟accès aux enfants en situations plus pré- caires dans l‟accès à l‟éducation vis-à-vis d‟autres enfants dont les situations sont meilleures.

Nous sollicitons également que l‟Etat comorien améliore l‟accueil et les performances de l‟Université des Comores qui contribue à la réduction des iné- galités d‟accès à ce niveau avec 42,43% de filles inscrites contre 19% à l‟étranger et mettre en place effective de structures d‟information et d‟orientation scolaire et universitaire 247.

Il est urgent de poursuivre la lutte contre l‟analphabétisme, en ciblant les bénéficiaires et leurs besoins spécifiques, en recourant à l‟alphabétisation fonc- tionnelle. Les autorités comoriennes doivent sensibiliser tous les acteurs du système (enfants, parents, syndicats, enseignants, enseignants des écoles co-

247 Diretion des études de l‟université des Comores

357 raniques, directeurs des écoles) sur les problèmes de harcèlement, d‟abus en milieu scolaire.

III.3.4.1 Renforcement de l’enseignement technique et formation professionnelle de qualité

A noter également que les acteurs politiques doivent développer l‟enseignement technique et la formation professionnelle. Ceci est possible en combattant les préjugés qui les frappent et en veillant à la qualité de l‟encadrement et des moyens didactiques qui leur sont affectés afin d‟améliorer la qualité de cet enseignement pour un meilleur rendement interne et externe du pays en commençant par l‟élimination des causes à l‟origine des mauvaises performances récurrentes du système éducatif.

Dans la situation actuelle, il est temps d‟intégrer dans les objectifs du système éducatif la recherche de la meilleure adéquation possible de l‟enseignement et de la formation avec les besoins du développement en per- sonnels qualifié, en prenant en compte le cas spécifique des filles marginali- sées dans les formations techniques et professionnelles actuelles. Il faut enca- drer et assister les formations en apprentissage qui relèvent de l‟éducation in- formelle pour une meilleure qualité des prestations attendues de ses bénéfi- ciaires

Le le travail des enfants constitue un probleme majeur à combattre. En ce sens, l‟application avec rigueur les dispositions interdisant le travail des en- fants, les conditions de travail pénibles, dégradantes ou inadaptées, et de ma- nière générale, prendre toutes les mesures appropriées pour sanctionner toutes les formes d‟exploitation des enfants, et plus particulièrement des filles doit res- ter une priorité Les textes interdisant l‟exploitation des enfants placés dans les familles d‟accueil comme domestiques au détriment de leur éducation et de leur épanouissement devraient être promulgués.

Les enfants naturels sont dépourvus de leurs droits envers leurs pères. Ils ne sont pas reconnus ni par leurs pères ni par leurs familles paternelles. Ils sont dépourvus d‟héritage et toutes autres droits à l‟égard de leurs papas. Cer-

358 tains n‟ont pasl‟ accès à des emplois importants par leurs manière de venir au monde. Les 8 des 12 enfants que nous avons rencontrés affirment qu‟ils con- naissent leurs pères mais ces dernières les ignorent totalement et d‟autres baissent leurs tète une fois qu‟ils se croisent.

Il fallait approfondir le débat sur les aspects relatifs à l‟égalité homme- femme et aux traitements discriminatoires des enfants nés hors mariage conte- nus dans le code de la famille et aux prédications des chefs religieux dans le respect des conventions internationales que le pays s‟est engagé. Il faut adop- ter des lois qui protégera l‟enfant que ce soit le lien matrimonial de ses parents.

III.3.4.2 Soutient de la parentalité et mis en place d’un service public de la petite enfance

Il serait souhaitable que l‟Etat mette en place avec la collaboration des tous les acteurs nationaux et internationaux un service public ou une direction de la petite enfance permettant à toutes et tous de mieux articuler vie personnelle et professionnelle, et un accueil de qualité des enfants dès leur plus jeune âge pour lutter contre les inégalités, à la racine. De nouvelles places d‟accueil pour la petite enfance devraient ainsi développées dans les différents modes de garde adaptés aux différents besoins des familles.

III.3.4.3 Mobilisation des pouvoirs publics contre les violences faites aux femmes

Une institution nationale destinée au suivi des cas de violences faites aux femmes et aux enfants devra avoir le jour afin d‟accompagner les victimes dans leurs démarches pour faire valoir leurs droits.

Il est temps d‟instaurer un Ministère des droits des femmes qui aura comme pouvoir de disposer, d‟analyser d‟une manière précise les orientations de la communauté internationale en matière d‟égalité de genre et d‟évaluer toutes actions qui pourraient m nuire la promotion de l‟égalité homme et femme dans ce pays.

L‟ensemble des acteurs doit être formés et mobilisés pour endiguer les violences faites aux femmes et aux enfants. La formation des professionnels con-

359 cernés tels force de l‟ordre, personnel de la justice, de santé, société civile etc. devrait être obligatoire mise en place pour repérer les violences, agir de façon préventive, et prendre en charge les victimes de façon adéquate. En un mot, la mobilisation d‟acteurs au niveau national sur ce sujet est essentielle.

L‟Etat doit garantir la prise en charge des victimes de violences faites sur les femmes mais aussi sur les rare cas des violences des femmes sur des hommes en délivrant des ordonnances de protection. Celles-ci peuvent permettre à la victime de garder son domicile si elle le souhaite, et qu‟il revienne au conjoint violent de trouver un nouvel abri pour ne pas récidiver en commettant d‟autres infractions supplémen- taires.

III.3.4.4 Élimination des inégalités sociales dans le domaine politique

Soutenir la parité politique et le partage du pouvoir de décision dans toutes les autres sphères. Dans un contexte où les femmes sont presque exclues dans les postes politiques ou de prise de décision, forme de symptôme d‟une démocra- tie « malade », il est loisible de présenter un quota des femmes égale à celui des hommes dans les postes de responsabilités ou politiques. La parité doit être con- sidérée comme étant un enjeu démocratique vital.

Pour concrétiser cette parité politique, nous souhaitons que nos députés adoptent une loi sur le renforcement de la démocratie et l‟égalité entre les femmes et les hommes. Cette parité doit être rendue plus contraignante et étendue à toute la sphère publique permettant de franchir une nouvelle étape dans le partage du pouvoir afin de garantir l‟atteinte de cet objectif par la population.

Nous souhaitons que les et avantages et dotations de l‟Etat aux partis poli- tiques soient supprimées s‟elles ne présenteront pas autant de femmes que d‟hommes aux diffentes élections que se soient législatives ou communales.

Nous suggerons l‟instauration d‟un congé parental partagé de manière plus équitable par chacun des deux parents afin d‟encourager le partage des tâches au sein des familles. La réforme des congés parentaux et du congé de paternité doit

360

être instaurer plus rapidement pour étoffer les charges excessives de la femme dans son foyer. Si ce congé de paternité que nous avons proposé plus haut est adopté par l‟Etat, cela permettra de valoriser le fait que l‟éducation des enfants ne relève pas exclusivement du domaine des mères.

III.3.4.5 La problématique de la répartition de l’eau

L‟insuffisance de l‟eau surtout dans l‟ile de Ngazidja est une réalité. Les hommes et les femmes ne ressentent pas nécessairement le problème de la même façon. A cause de la répartition traditionnelle des rôles, les femmes sont responsables de collecter et de gérer l‟eau. Elles devront se lever tôt le matin pour faire la file à la fontaine du quartier ou bien pour remplir les récipients de la maison au moment où l‟eau est accessible dans le quartier. Dans ce cas-ci, le problème de la rareté de l‟eau a des répercussions sur la charge de travail des femmes en termes de pénibilité physique lié au transport de l‟eau et en termes de temps qu‟elles doivent consacrer 1 à 2 heures par jour à cette tâche.

Dans d‟autres cas, une famille aisée devra faire appel à un service privé de distribution de l‟eau et les hommes, qui ont la responsabilité d‟assumer les dépenses du ménage seront alors davantage concernés par les dépenses fi- nancières en jeu.

En ce qui concerne la répartition de l‟eau, il est urgent que les Comores doivent créer les infrastructures adéquates afin d‟alléger considérablement voir supprimer la corvée quotidienne des femmes en ce qui concerne l‟approvisionnement en eau pour la famille. La création d‟une direction nationale de l‟eau pourrait être un début pour la recherche d‟une solution pérenne. Une fois le réseau d‟eau existe dans chaque ménage permettrait d‟économiser un temps de travail considérable effectué par les femmes qui pourraient alors profi- ter de ce temps pour réaliser une activité productive rémunérée si elles en ont l‟occasion et la permission. Parmi le poids qui pèse sur la femme comorienne est la recherche de l‟eau dont l‟accès à l‟eau potable permet d‟alléger le poids des tâches domestiques qui pèsent en général sur les mères de familles et qui

361 bien souvent les conduisent à retirer leurs petites filles du système éducatif afin de les aider.

Nous sollicitons de prendre comme model, l‟égalité du genre qui existait dans le pays il y a quatre décennies. Entre 1976 et 1978, homme et femme vi- vaient en harmonie et contribuent en même temps au développement de la na- tion.

Pendant la révolution Soilihiste, le pouvoir de l‟époque a travaillé à la construction d‟une conscience nationale basée sur l‟identité, égalité, solidarité d‟un peuple par la suppression des statuts et droits particuliers créer par le sys- tème féodal ancestral. Ils ont opté pour la création d‟emploi comme un service national, l‟affectation des jeunes et des fonctionnaires dans une île dont ils n‟étaient pas originaires. La mise en valeur des métiers et professions en tenant compte des besoins de la nation, le renforcement des capacités, l‟élévation du niveau intellectuel du peuple par l‟alphabétisation, la formation civique du ci- toyen. Le fait le plus marquant est le lancement d‟une réflexion basée sur des nouvelles bases juridiques et une éducation fondée sur l‟intégration des genres, des âges, des catégories professionnelles.

Durant cette période, tous les citoyens sont ainsi mobilisés et rassemblés autour d‟un projet constructif commun, la construction d‟une nation indépen- dante basée sur l‟égalité et l‟équité sociale. Les femmes et les hommes étaient unis pour le développement social et économique de la nation.

Pour changer les mentalités des comoriens, le président révolutionnaire avait impliqué l‟ensemble de la population surtout les marginalisées (jeunes, femmes, enfants naturelles, agriculteurs, pécheurs, artisans, etc) à la construc- tion du pays et contre les griffes des charlatans, des féodaux, des bourgeois et des marabouts qui les trompent et les exploitent.

Selon, Djahazi 04, communiqué n° 66 en date d‟avril 2011 intitulés, « Le MAITRE de la RELIURE », Ali Soilihi a réussi a changé les mentalités des co- moriens et libérèrent les femmes et s‟efforcèrent de rapprocher et relier toutes les catégories de la population telles que :

362

Les travailleurs intellectuels et travailleurs manuels, citadins, ruraux, hommes et femmes, jeunes et aînées, valides et handicapés, et de les amener à s‟estimer les uns et les autres, au travers de leur engage- ment pour la nation.248

III.3.4.6 La Révolution au service de la libération de la femme

Nous nous sommes toujours demandés si les iles Comores n‟ont jamais œuvré pour l‟égalité homme et femme au cours de son histoire. La réponse est toujours positive, car entre 1976-1978, le président Ali Soilihi avait instauré une égalité et une équité sociale sans précédent.

Sa politique sociale, appuyée par la majorité de la population avat fait des Comores un pays qui pourrait assurer sa survie tout seul. Nous pouvons citer l‟autosuffisance alimentaire, l‟éducation pour tous et partout, la santé pour tous entre autres.

Ces dispositions prévues par les principes fondamentaux de la politique sociale sont énoncées dans le Préambule de la Constitution adoptée le 23 avril 1977.

Le peuple comorien proclame :

 Sa détermination à libérer par tous les moyens l‟île de Mayotte, partie intégrante de son territoire occupé illégalement par la France.

 Sa solidarité envers tous les peuples à la lutte contre le racisme et la domination.

 Son attachement aux valeurs authentiques de la religion isla- mique. Valeurs qui, entre autres, impliquent la lutte contre l‟exploitation de

248 Djahazi 04, communiqué n° 66 en date d‟avril 2011, intituler « Le MAITRE de la RELIURE »

363 l‟ignorance et de la crédulité par le charlatanisme et la lutte contre le désœu- vrement.

 Son attachement à tous les principes de la Déclaration universelle des Droits de l‟Homme adoptée par l‟Organisation des Nations Unies le 10 dé- cembre 1948.

La révolution comorienne de 1976-1978 avait mis l‟accent sur certains points important pour le développement de la nation :

 Le travail n‟est qu‟un droit et une obligation pour tout le monde, hommes et femmes qui ne sont ni empêchés par l‟âge ni par l‟inaptitude phy- sique.

 L‟État doit promouvoir le plein emploi et d‟assurer à chacun une juste rétribution pour sa participation à la production nationale.

 L‟égalité des droits et devoirs entre l‟homme et la femme doit être effective sur le plan civil et civique que sur le plan effectif de l‟emploi et des possibilités de promotion.

 L‟alphabétisation des femmes et des hommes en langue como- rienne avec des lettres arabes et latines rendra la population plus réceptive à l‟information. Nous les aiderons ainsi à développer une conscience civique en leur offrant une ouverture sur tous les problèmes de la Nation.

Sa politique de solidarité envers tous les peuples et la lutte contre le ra- cisme et la domination était un grand pas vers le développement du pays.

Même si, certains met en cause son attachement aux valeurs authen- tiques de la religion islamique, il a lutté contre le féodalisme et l‟utilisation de l‟islam pour des fins personnels. Ali Soilih a mis en place un arsenal humain qui milite contre l‟exploitation de l‟ignorance et de la crédulité par le charlatanisme, la mystification et la lutte contre le désœuvrement.

364

C‟est le principe le plus important pour l‟histoire de ce pays, car la femme comorienne a été libérée pour aller à l‟école, au travail et toutes activités jadis réservées à l‟homme. La période de la révolution démocratique a détruit le sys- tème féodal qui a permis une émancipation politique des femmes. Mais cette libération sociopolitique doit être renforcée et maintenue par la phase du déve- loppement économique participative.

L‟émancipation des femmes n‟est complète que si elle est effective sur le plan économique et que si celles-ci disposent d‟un revenu propre. Par exemple, dans l‟agriculture, la femme aura sa parcelle au lieu de travailler la terre de son mari. Pour les travaux routiers, employant sur- tout de la main-d‟œuvre, nous veillerons à employer un nombre égal d‟hommes et de femmes, les femmes étant parfaitement aptes à ce genre de travaux qui demandent plus d‟endurance que de force phy- sique pure (…) l‟emploi des femmes à des postes de responsabilisées et notamment dans les administrations249

Il est vraisemblable que le président révolutionnaire connaissait quelques résistances sociologiques, car les victimes comme les agresseurs ne lui com- prenaient pas. Mais il faut aussi noter que traditionnellement dans certaines régions des Comores, la femme ne travaille pas avec son mari. Elle cultive le champ de son oncle. Ceux-ci nous laissent dire que l‟oppression de la femme est plus courante dans les villes que dans les campagnes.

L‟émancipation économique de la femme comorienne de l‟époque ré- pond aux impératifs d‟ordre moral et politique. Mais il est difficile de mesurer l‟ampleur des effets positifs de cette émancipation sur le niveau de vie de la familiale en général et sur l‟éducation des enfants en particulier.

249Tadjiddine Ben Said Massonde, Ali Haribou, MikidacheAdboul‟Rahim, Ahmed Salim, Hervé, Chagnoux, plan intérimaire de cinq ans pour le développement économique et social, janvier 1978 au 31 décembre 1982, février 1978, 160 p.

365

« L’égalité des droits entre l’homme et la femme s’entend aussi bien sur le plan civil et civique que sur le plan effectif de l’emploi et des possibilités de promotion ».250

Acharné par les incompréhensions locales et les pressions extérieures de la puissance coloniale, l‟erreur fatale qu‟a commise Ali Soilih sur sa per- sonne, était justement le fait d‟obliger les comoriens à se prendre en charge, libérer les femmes, les jeunes, les enfants nés hors mariages entre autres du joug du féodalisme local et des attitudes coloniales. Il avait surestimé la volonté populaire et les capacités de conquête d‟un peuple qui venait de découvrir sa vraie identité. Une population qui n‟a jamais songé jusque-là qu‟il pouvait pren- dre en main son destin.

La construction d‟une nation doit se baser sur la solidarité, l‟égalité et l‟équité de son peuple. À travers l‟histoire de l‟humanité, la femme reste tou- jours l‟épouse ou la mère d‟un citoyen avant d‟atteindre son statut, son émanci- pation. Le législateur de la plupart des pays du monde protège les femmes dans leurs foyers, dans la société, mais ne leur octroie aucun droit politique.

En France, l‟article 213 du Code civil français de 1804 dispose que « le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari ». Autre fait de la phallocratie251, au XIXe siècle, le Code pénal français réprime sévèrement l‟adultère de la femme qui est en général passible de prison, alors que celui de l‟homme est sanctionné par une amende.

Pour lutter contre les injustices de la société comorienne, le gouverne- ment révolutionnaire a beaucoup travaillé à la construction d‟une conscience nationale. Dans cette période, tous les citoyens, homme et femme sont ainsi mobilisés et rassemblés pour le développement de la nation libre économique- ment et politiquement. Mais cela a permis la libération du peuple des griffes des charlatans, des féodaux, des bourgeois qui trompent et l‟exploitent le peuple.

250Préambule de la loi fondamentale adoptée par le Conseil National Populaire le 23 avril 1977 251Système qui assure et justifie la domination des hommes sur les femmes.

366

Selon nos sources, Ali s‟efforçait de faire le rapprochement et la reliaison de toutes les catégories de la population tels que les travailleurs intellectuels et les travailleurs manuels, les citadins et les ruraux, les hommes et les femmes. Même procédé pour les jeunes et aînés, valides et handicapés afin de les ame- ner à s‟estimer les uns les autres, au travers de leur engagement pour la nation.

Dans notre étude, nous assistons à une observation scientifique permet- tant de comprendre les principes d‟égalité généralisée, d‟équité et d‟équilibre, et prépare l‟émergence à venir de chaque citoyen. Mais les racines de l‟islam féo- dal et le poids de la culture résistent bien que mal. C‟est une observation sys- tématique et préparée. Elle est préparée en ce sens que le chercheur a établi au préalable un plan d‟exploration des phénomènes qu‟il étudie. Elle est systé- matique et méthodique, dans la mesure où elle vise à recenser le maximum d‟aspects du phénomène étudié en ne se contentant plus de se fier au hasard et en s‟entourant du maximum de garanties pour assurer la validité des résul- tats obtenus, notamment par la sélection de techniques d‟observations adap- tées à l‟objet étudié.

La direction en charge du genre au sein du Ministère de la Santé ne joue pas efficacement son rôle. L‟ensemble des acteurs concernés par notre étude est moins conscientisé du rôle de chacun pour réduire les inégalités sociales. Cette direction doit préparer une série de feuilles de route et d‟informations sur les liens existants entre problèmes lié à la culture, à la religion et le stéréotype "genre".

Dans ce chapitre, nous avons compris que le changement est possible dans un futur proche en prenant un exemple concret, celui de la révolution Soi- lihiste de 1976/1978 dont les hommes et les femmes comoriens vivaient en harmonie dans une égalité parfaite. Ils contribuèrent ensemble dans le déve- loppement de la nation.

Enfin, le pays doit conscientiser tous ses citoyens d‟agir ensemble pour promouvoir une égalité sociale, économique, politique entre autres pour le dé- veloppement de la nation. Nous avons pensé que la religion musulmane est

367 source des inégalités sociales, mais en réalité, l‟islam, s‟elle est pratiquée à la lettre, les femmes comoriennes ne seraient pas traitées ainsi. Dans certains cas, nous pouvons constater que l‟islam est inégal, mais sans gravité majeure et que personne n‟est apte à juger une religion quelconque.

L‟étude comparative que nous avons démontrée ainsi que les causes des inégalités de genre permet de mesurer l‟ampleur du phénomène, car les conséquences socio-économiques et culturelles sont énormes. Il serait mieux d‟accepter, de changer nos comportements vis-à-vis des femmes afin de stimu- ler le développement humain, social et économique de notre pays. Il faut que l‟ensemble des acteurs concernés par notre étude s‟implique massivement dans notre émulation, car la protection de la femme est un moyen de donner place à un État de droit d‟une manière rationnelle.

En abandonnant les idées féodales qui nous font croire que la femme est inférieure à l‟homme, la société comorienne serait meilleure, car le développe- ment du pays doit se faire par la participation équitable de sa population comme il a été le temps d‟Ali Soilihi. Malgré la situation alarmante qui existe, d‟autres pays du monde présentement des symptômes d‟inégalités sociales plus dange- reuses.

III.3.4.7 Élimination de toutes formes de sexisme252

Par définition le sexisme est une attitude discriminatoire envers les per- sonnes du sexe opposé, particulièrement envers les femmes. Les inégalités sociales au détriment des femmes, des homosexuels et des personnes handi- capés sont une réalité silencieuse en territoire comorienne.

Pour réduire ou éliminer ce phénomène, nous devons encourager l‟éducation et la sensibilisation contre le sexisme afin de bâtir avec notre jeunesse une société l‟égalitaire permettant à tout un chacun de vivre dans des conditions socialement favorables.

252 Selon le dictionnaire Antidote, Sexisme est une attitude discriminatoire envers les personnes du sexe opposé, particulièrement envers les femmes.

368

Pour se faire, l‟Etat doit prioriser l‟éducation des jeunes pour promouvoir un développement humain et social à la base permettant aux femmes et aux hommes de vivre d‟une manière égalitaire.

La loi du silence et l‟aspect tabou pesant sur l‟éducation à la sexualité à l‟école doivent devra être obligatoirement abrogé. Nous souhaitons faire en sorte que les établissements scolaires puissent aussi être des lieux où la parole des jeunes se libère et où les élèves sont écoutés et soutenus. C‟est l‟une des attentes les plus sollicitées de la plupart des jeunes que nous avons interviewée. Nous souhaitons que les jeunes doivent grandir dans le respect mutuel, pratiquent une sexualité respectueuse et prennent conscience de l‟assignation des rôles sociaux pour se construire et s‟épanouir en toute liberté.

Il faut accompagner la mixité au sein des établissements scolaires, pour qu‟elle puisse se réaliser dans l‟égalité et le respect de l‟autre. Il est temps de sen- sibiliser la population pour déconstruire les préjugés de genre, sexistes, homo- phobes et de lutter contre les violences et discriminations qu‟ils engendrent.

369

Conclusion de la Troisième partie Nous avons découvert que les inégalités apparaissaient dans tous les domaines de la vie sous différentes formes. Nous avons néanmoins noté toutes les principales causes des inégalités homme et femme qui empêche la situation de changer et de s'améliorer, encore et encore, pour les femmes. Notons en- core que, la théorie du triple système juridique comorien est une cause majeure des inégalités sociale. A cela, s‟ajoute la théorie de la peur, des êtres surnatu- rels comme les notables, les Djins, les marabouts ainsi que la mauvaise- interprétations du coran. Les éléments relatés dans cette partie ont été examinés et avons trouvé que la non-scolarisation des filles, la non-application des textes envigueur ainsi que les divorces fréquents sans procédure sont des causes à ne pas négliger. Afin de rendre compte de la façon dont est concrétisée l‟insuffisance d‟accès au planning familial, le problème d'accès à l'eau potable et son impact sur les femmes ainsi que la corvée des petites filles illustrent la pertinence de notre étude en transversalité en matière d‟égalité entre les femmes et les hommes. Même si les femmes aspirent de plus en plus aux hauts postes de direc- tion et politique, la société n‟a pas confiance en elles. Les inégalités d‟emploi dans la fonction publique et postes politiques persistent toujours. Les statistiques sexuées sont les premiers outils indispensables à une politique d‟évaluation de ce phénomène. Elles permettent de montrer à un mo- ment donné les conséquences de ce fléau afin d‟engager les remédiations né- cessaires. Poursuivant dans la même logique, nous avons mis en exergue les prin- cipales conséquences liées à de cette fatalité. Malgré les progrès récents en la matière, l‟abandon scolaire et l‟analphabétisme des femmes ont été répertorié parmi les conséquences. Dans le même temps, la charge mentale de la femme au foyer, le syndrome de la femme épuisée et le mariage croisé s‟érigent en dogme et prescription de domination par excellence. Au cours de cette période de recherche, l‟expression de la délinquance juvénile, de l‟homosexualité, du maraboutage et du suicide sont devenue des points de référence pour désigner les impacts négatifs liés à notre problématique.

370

La situation décrite plus haut soulève une énigme capitale. L‟immigration des femmes comoriennes dans les pays arabes et Mayotte de ces dernières années n‟a jamais été un agenda cohérent pour réduire la souffrance des femmes et la violence conjugale. Le recours à la sensibilisation et à la formation des femmes est un moyen indispensable pour clopiner les prises de conscience des stéréotypes et du sexisme. En dépit d‟une tournure heureuse que nous souhaitions préconiser d‟une manière moins fortuite, l‟évolution chaotique et imprévisible des inégalités so- ciales au détriment de la femme doit être réduite. Nous croyons que la lutte contre les inégalités d'emploi entre les sexes, contre la division du travail, la Conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle sont des ingrédients importants pour réduire les écarts déjà existants. Tout développement génère des défis et risques sociaux importants qui l‟accompagnent. C‟est ainsi que l‟amélioration de l‟emploi rural et la promotion de l‟alphabétisation de la femme pourraient endiguer la propagation des ma- riages non-consentis. En matière d‟éducation, notre étude nous a montré que l‟amélioration des conditions d‟apprentissage pour la jeune fille comme la pro- motion de l‟école de proximité et la lutte contre le phénomène du placement d'enfant peuvent augmenter le nombre des femmes dans les postes politiques et de directions. L‟idée principale défendue ici, est la mise en place d‟un coaching familial et professionnel et l‟amélioration des normes et valeurs sociales en matière de santé comme la vulgarisation de l'utilisation des condoms et la conciliation entre vie professionnelle et maternité afin d‟éliminer toutes formes de sexisme et mettre en place un service public de la petite enfance Dans cette partie, l‟auteur soutient que l‟amélioration des textes relatifs à la polygamie, l‟harmonisation les textes en vigueur et l‟Instauration d‟un congé de paternité peuvent jouer un rôle important. Pour faire rejaillir les fruits de la crois- sance par la promotion de l‟égalité homme-femme, il est indispensable de prendre comme modèle de développement humain et social de la révolution soilihiste.

371

CONCLUSION GÉNÉRALE

Au terme de notre travail, nous sommes convaincus que les inégali- tés de genre au détriment de la femme constituent notre thème d‟étude. L‟égalité sociale et développement humain sont interdépendants. Certains progrès ont été accomplis dans le domaine de développement humain et social, mais nous sommes loin d‟acquérir un niveau de développement hu- main acceptable.

Malgré cela, les inégalités de genre touchent plusieurs secteurs comme l‟éducation, la santé, l‟emploi, la législation, les traditions entre autres. L‟analyse effectuée dans ce présent document a mis en évidence aussi bien des facteurs favorables que des facteurs limitant le développe- ment de la femme en Union des Comores.

Nous remarquons que les besoins, les capacités de la population et le contexte spécifique à chaque ile doivent être pris en compte. L‟insuffisance de recherche dans le domaine et la non-implication des communautés locales dans la promotion de l‟égalité entre homme et femme constituent un grand handicap. L‟insuffisance ou le manque de coordination des activités et des interventions des différentes institutions et acteurs peut piétiner les efforts déjà fournis.

Nos enquêtes menées auprès des autorités politiques et la popula- tion locale nous a permis de fournir les résultats que nous avons présentés dans cette thèse. Au stade actuel, nous pouvons affirmer que les inégalités de genre en matière de santé, d‟éducation, d‟emploi entre autres consti- tuent un grand défi à relever pour le développement de notre pays. Les re- cherches effectuées dans ce présent document a mis en évidence aussi bien des facteurs favorables que des facteurs limitant le développement de la femme en Union des Comores. Cependant, des difficultés d‟ordre reli- gieuses, culturelles et sociales sont multiples et constituent un facteur limi- tant le processus de promotion de l‟égalité entre l‟homme et la femme. Cette promotion doit tenir compte surtout aux aspects socioculturels et reli-

372

gieux du pays et une participation équitable de l‟homme et de la femme dans la vie conjugale, professionnelle et communautaire. Mais nous ne pouvons pas non plus minimiser l‟influence négative du contexte politique et institutionnel actuel, sur les efforts qui sont menés pour institutionnaliser cette égalité. Le climat d‟incertitude qui persiste dans le pays ne permet pas d‟inscrire ces efforts dans la durée, ni leur donner l‟efficacité voulue.

Nous avons tendance à penser que l‟inégalité homme et femme est présente dans les pays en voie de développement. Mais en réalité, elles touchent aussi les pays développés à des degrés différents mais inadmis- sible à notre époque où les sociétés sont encore basées sur un modèle pa- triarcal. C‟est ainsi que certains penseurs comme Paul Vidal de la Blanche affirme : « Ce qui convient à une société patriciale ne convient pas à une société moderne »253.

En toute subjectivité, nous pouvons voir des opinions différentes se- lon les pays, les civilisations et les confessions qui donnent lieu à des dé- bats de mauvaise foi de la part de certains hommes. Toutefois, les médias se chargent d‟en parler en toute neutralité ce phénomène, ce qui nous per- met d‟y voir plus clair avec toute prudence pour éviter les manipulations médiatiques.

L‟inertie des autorités comoriennes de tous les niveaux confondus pour lutter contre les inégalités sociales au détriment de la femme est sou- vent considérée comme la principale source du problème dans la mesure où elle peut engendrer des messages flou et confus pour la population.

Mais une série d‟interventions en faveur de l‟égalité homme-femme ne cesse de se multiplier mais il manque des actions concrètes à réduire les inégalités de genre constaté dans les différents secteurs de développe- ment étudiés.

253 Paul Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine, Gallica, dans http ://galilica.bnf.fr

373

Les problèmes d‟égalité de genre nécessitent de prendre des diffé- rentes initiatives qui permettent une créativité et des innovations. Cela né- cessite la mise en commun des efforts des intervenants et acteurs du déve- loppement et relèvent de la responsabilité de chacun et de chacune en vue de donner à la femme comorienne la place qu‟elle mérite dans sa société. Elle a sa place dans le processus de prise de décision et de développement du pays.

Nous avons également remarqué que le contexte économique et so- cial actuel, la population et les autorités ne prêtent pas attention à la réus- site des programmes d‟éducation du public et ne se préoccupent quotidien- nement de la survie de tout est chacun. Le « vaut mieux prévenir que gué- rir » ou « le mieux vaut tard que jamais » n‟ont pas encore trouvé sa place.

Cependant, des efforts doivent être entrepris dans ce domaine pour renforcés et accroître une bonne culture d‟équité et d‟égalité sociale afin de mieux consolider la cohésion sociale et contre toute idée féodale selon la- quelle l‟homme est supérieur à la femme. Ainsi, des suggestions et proposi- tions d‟actions ont été formulées pour réduire les inégalités sociales qui frappent la population comorienne dans son ensemble afin de développer une culture égalitaire qui s‟adaptera aux besoins, aux réalités et spécifiques locales.

Pour faire face à ce fléau qui gangrène les plaies internes et ex- ternes de la société liée aux inégalités du genre, nous insistons sur le fait que l'accès à une parfaite égalité entre les hommes et les femmes en ma- tière d‟accès à l'éducation, à la santé, à l‟emploie entre autres pourrait être un appui important au développement de la nation. Dans le secteur de l‟éducation par exemple, l‟augmentation des ca- pacités d'accueil des enfants filles et garçons dans les écoles primaires au secondaire ainsi qu‟à l‟université et le renforcement de l'implication des communautés dans la gestion du système scolaire pourrait réduire sensi- blement les écarts existants.

374

Au regard de notre étude et en se référant aux recommandations de la Conférence de Jomtien sur l‟Education pour tous, répondre aux besoins éducatifs fondamentaux, les pays ou plutôt les Comores sont par consé- quent appelés à mettre en application de manière urgente la promotion d‟une éducation de tous les enfants et les adultes qui tiendra compte de leurs réalités économiques et sociales.

Nous avons aussi montré que la sensibilisation de l‟ensemble des acteurs sur la problématique du genre est le premier facteur du développe- ment d‟un pays. En d‟autres termes, elle est une clé fondamentale pour la réduction de la pauvreté.

Ainsi, pouvons-nous dire que les inégalités sociales au détriment de la femme évoluent dans un environnement d‟amateurisme. Elle a besoin de réforme en matière de législation, de santé, de tradition, de l‟accès à l‟emploi et de la gestion des charges familiales partagées et de profession- nelles avec l‟appui de l‟Etat. D‟après les constats évoqués auparavant, ses inégalités sociales sont en elle-même inefficace, en termes de qualité, de retombé économique (stimulation de la créativité) et de développement humain et social.

Cependant, la promotion de l‟égalité homme-femme doit occuper une place importante dans l‟organisation sociale. Elle constitue un véritable outil de la réalisation personnelle et d‟ascension sociale. Ses bienfaits provo- quent des réactions en chaîne en améliorant le bien-être familial, le dyna- misme innovateur et la productivité de la société. De ce fait, elle est déter- minante pour aller dans le sens du progrès technologique et au dévelop- pement humain, économique, social et culturel du pays. Ainsi, elle fournit à l‟individu au sein de sa société, des outils nécessaires à la poursuite de sa quête, de son épanouissement, de sa connaissance ou au cas échéant des bases pour se découvrir dans ce monde qui se rapproche davantage de la mondialisation et dans la modernisation.

375

Notre démarche doit s‟approcher de celui de celui d‟une lutte com- mune. Nous avons parfois tendance à avancer que les chefs religieux, les notables et divers acteurs concernés ne peuvent pas car ils sont les princi- paux bénéficiaires de la souffrance des femmes comoriennes. L‟Etat et la communauté internationale doivent agir. Pourtant, nous ne pouvons surtout pas nier le fait que l‟Etat ne puisse rien faire sur les victimes ne rendent pas compte de leurs calvaires et si l‟aversion de la population vis-à-vis de cette discrimination n‟est pas élevée.

Par conséquent, les facteurs d‟amélioration de cette situation se si- tuent au niveau de la qualité de vie de la population par des actions con- crètes vers une dépendance financière de l‟homme et de la femme car c‟est un enjeu majeur pour tout programme de développement d‟une nation.

Il faut de toute nécessité étendre l‟enseignement aux indigènes, mais c‟est un bon enseignement qu‟il faut prendre, un enseignement qui soit ap- proprié à l‟état social des comoriens à leur mentalité, à leurs besoins, au rôle qu‟ils ont à remplir dans l‟économie générale et dans l‟évolution de la civilisation. C‟est trouver ces normes qui rendent les problèmes délicats. Nous avons démontré dans cette thèse, dans quelle mesure ces trois formes de législations (traditionnelle, musulmane et coloniale) encore en vi- gueur peuvent porter un changement à la vie des citoyens comoriens vis-à- vis de notre étude. Nous devons contribuer d‟une part, à rattraper le grand retard qu'avait accusé l'archipel dans son ancien statut de dépendance aveugle des normes sociales et culturelles et d‟une religion mal interprétée. Et d‟autre part, sensibiliser la population afin de prendre conscience des con- séquences dues aux inégalités sociales.

Cependant, l‟Union des Comores traverse depuis plus d‟une décen- nie une crise économique, politique et financière marquée par un effondre- ment des recettes d‟exportation, de faibles taux d‟investissement, aussi bien publics que privés, et un endettement exécutif. Cela entraîne la dégra- dation des conditions de vie de la population.

376

Dans tous les processus du développement, l‟égalité entre les hommes et les femmes exerce une place très importante. Elle joue un rôle indubitable dans la réalisation des objectifs du développement et dans l‟amélioration du bien-être du citoyen. L‟individu reçoit une bonne connais- sance, notamment sur ses capacités d‟agir, elle influe également sur le ni- veau de la productivité. Alors, elle détermine la hausse de la production dans un pays, ainsi que la croissance économique.

Une société égalitaire permet à la communauté de consolider sa po- sition sociale, culturelle et économique dominante sur l‟ensemble du terri- toire comorien.

Nous avons fait dans cette étude une analyse d‟un autre angle de la situation de l‟inégalité de genre pendant la colonisation. Nous avons mis au premier plan les paramètres d‟une opposition importante entre idée colo- niale en métropole et discrimination sociale. Face à des telles situations, le processus d‟acquisition des idéologies musulmane mal-interprétés compli- quent et intensifient également les crises culturelles. Notre étude s‟appuie sur la collecte des données et d‟informations, en examinant les sources à notre portée et en réactivant les réseaux d‟enquêtes directes et interviews auprès de certaines personnes concer- nées. Nous avons enfin nous appuyer l‟analyse effectués dans notre do- maine d‟étude pour aboutir à une série de recommandations afin d‟améliorer la situation de la femme comorienne en tenant compte des réa- lités locales. Dans la société africaine en général et comorienne traditionnelle en particulier, la transmission demeure en principe matrilinéaire et la rési- dence, matrilocale. Ce type d‟organisation prend tout son sens lors du dé- cès des ascendants, en réglant les droits de succession, les enfants héri- tent en lignée maternelle et la « maison familiale » reste la possession de la femme. Cette dernière ne jouit pas les fruits de ses biens contrairement à la conviction musulmane, La société musulmane observe, quant à eux, en général, les règles édictées par la patrilinéarité et la plus proches des us et

377 coutumes chrétiens. Même le nom est transmis par le père et l‟épouse quitte sa famille pour aller vivre chez son mari. L‟influence de cette égalité sur le développement humains‟avère d‟une manière incomparable, aussi bien dans l‟exercice des activités agri- coles exercées souvent par des femmes que sur l‟emploi des salariés. C‟est ainsi qu‟elle est considérée comme un coefficient directeur au développe- ment. Malgré la place qu‟elle occupe au sein de la société, la femme como- rienne joue effectivement, un rôle majeur pour le développement de la na- tion et pourrait faire plus en la libérant des fardeaux qui pesé sur elle. Il est également important de connaitre l‟histoire de notre pays car la discrimination de la femme est importée par des étrangers en voulant do- miner les autochtones. C‟est un système hérité de la population arabe et de la colonisation qui chacun à son tour ont joué un rôle important. A nos jours, le milieu rural reste le plus touché par ce fléau. La situation actuelle ne cesse pas d‟améliorer en milieu urbain des Comores. En ce sens, l‟Etat doit sensibiliser l‟ensemble de la population du danger des inégalités du genre, prendre des mesures, fournir des moyens et ressources nécessaires à son éternisassions. Il est temps de définir la politique et la réforme la plus adap- tée et appropriée en tenant compte des réalités locales.

Notre culture n‟est pas seulement la danse au clair de lune, c‟est aussi la conception de l‟homme en relation avec l‟autrui. Tout changement vers l‟émancipation de la société doit tenir compte des us et coutumes. Elle devait être sauvegardée autant que notre milieu naturel. Depuis l‟arrivée des étrangers, arabes et colons européens, nous avons été déracinés, transformés en êtres métisses. Nos pieds dans la tradition et la tête à l‟occident. Certains écrivains qualifient cette situation de « bâtards cultu- rels ». Il est temps de prendre comme model la révolution culturelle de 1976-1978, celle de la valeur ajoutée par la conservation de notre culture. La colonisation laissé près de 90% d‟analphabètes. Les autorités révolu- tionnaires ont compris que le développement du pays doit commencer par la mise en place d‟une politique d‟alphabétisation sur l‟ensemble de la po-

378 pulation en langue comorienne, le « shikomori », est l‟une des preuves élo- quentes de cette période. Pendant notre étude, nous avons observé d‟autres réalités qui pour- raient entraver la promotion de l‟égalité entre les hommes et les femmes tels que l‟acculturation de la société comorienne d‟aujourd‟hui, l‟influence des civilisations orientales et occidentale car la dégradation des cultures comoriennes au contact avec le monde arabe et l‟occident, démontre que notre civilisation a été changée. Les jeunes d‟aujourd‟hui nient leurs propres cultures et civilisations à la découverte d‟autres sociétés. Le mystère qui se trouve dans ce contexte est que les comoriens vivants à l‟extérieur ont du mal à adopter les mentalités des pays d‟accueil. La polygamie à la como- rienne en terre française est un exemple éloquent.

En définitive, nous sommes convaincus que la religion musulmane n‟est la vraie source d‟inégalité sociale au détriment de la femme. C‟est l‟interprétation abusive du coran qui demeure très dangereuse pour la femme.

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34. Anne HUGON. Histoire des femmes en situation coloniale : Afrique et Asie, XXe siècle. Paris : KARTHALA, 2004, 240 p.

35. BOLOGNE Jean Claude, Histoire du mariage en occident. Paris : Ed Jean Claude Latlés, 1995, 478p

36. CHOUZOUR Sultan, Le Pouvoir de l’Honneur. Paris : L‟Harmattan, 1994, 284 p.

37. Christine DETREZ, Les femmes peuvent-elles être de Grands Hommes ? Paris : BELIN, 2016, pp7-25

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40. MOTAHHARI Mortadha (Ayatollah), Les droits de la femme en Islam.

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42. ROUDY Yvette, La femme en marge. Paris : Ed Flammarion, 1982, 225p

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43. VÉRIN Emmanuel et Pierre, Archives de la révolution comorienne : le verbe contre la coutume. Moroni : Karthala, 1999, 358 p.

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45. VERON Jacques : Le monde des femmes, inégalités de sexes, inégalités des sociétés. Paris : Ed Seuil, 1993, 205p.

OUVRAGES SUR L’ISLAM

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47. BLANC Français- Paul, Le droit musulman. Paris : Ed DALLOZ, 1995, 138p

48. DIF Malika, Etre musulmane aujourd’hui. Lyon : Ed TAWHID, 1999, 172p

49. ELDJAZAIRI Aboubaker Djabir, La voie du musulman (Minhaj El Moslim). Tome 3, Paris : Ed ASLIM, 1987, 208p

50. HAMIDULLAH Muhammad, Le St Coran, traduction intégrale. 10e édition révisée et complétée, 1980/1400.

51. RAFIQUL HAQQ (M) et NEWTON (P), La place de la femme en Islam. Suisse : Ed Sénevé, 1995, 36p. 52. SCHIMMEL Anne-Marie, L’Islam au féminin, la femme dans la spiritualité musulmane. Paris : Ed Albin Michel, 2000, 219p.

ARTICLES

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79. BANQUE MONDIALE, « Les Comores, le Sentier Ardu de la croissance économique le besoin d‟ajustement », Rapport N°66-90- COM, Région Afrique, 1987, 72 p.

80. BASTOINE Msoma, « Etat matrimonial et nuptialité », Rapport commis- sariat Général au Plan, 2005, 47 p.

81. BLANCHY S., MWANAESHA C., MOUSSA S., MASSEANDE A. et MOUSSA I. 1993, « Thérapie traditionnelles aux Comores », Cahier des Sciences Humaines, 29 (4) 1993, pp. 763-790.

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392

INDEXS agresseur ...... 113, 271, 273, 274 égalité de genre2, 3, 5, 6, 7, 16, 26, agresseurs ..... 25, 63, 119, 293, 337 34, 51, 55, 65, 316, 325, 331, 344 agression sexuelle ...... 124, 273 endogamique ...... 60 agressions sexuelles113, 120, 188, enseignement60, 71, 141, 142, 143, 293, 295 144, 145, 147, 148, 149, 150, alphabétisation36, 77, 146, 171, 151, 154, 155, 156, 157, 158, 172, 314, 315, 329, 334, 336, 348 159, 160, 161, 162, 167, 170, analphabétisme73, 85, 94, 96, 112, 180, 184, 209, 227, 228, 242, 143, 149, 171, 172, 173, 180, 244, 246, 278, 279, 288, 309, 265, 305, 306, 307, 310, 329 312, 322, 323, 325, 329, 330, 346 avortement131, 132, 133, 266, 268, enseignement coranique141, 142, 302 148, 149, 242 avortements ...... 214, 247, 249 épouse ...... 73 cohésion sociale ...... 72, 344 espérance de vie36, 71, 72, 73, 78, Dépendance de la femme ...... 117 79, 80, 83, 84, 209, 210, 234, 257 développement humainIII, 2, 3, 5, 6, femme comorienne1, 6, 30, 31, 52, 7, 9, 11, 29, 36, 37, 39, 41, 42, 53, 55, 56, 57, 59, 60, 63, 85, 87, 53, 54, 55, 65, 70, 71, 72, 73, 74, 88, 93, 116, 222, 223, 228, 229, 78, 79, 80, 81, 83, 85, 89, 90, 91, 235, 240, 258, 264, 268, 281, 93, 109, 111, 128, 133, 138, 149, 304, 315, 327, 328, 333, 337, 171, 204, 211, 216, 226, 227, 344, 347, 348 228, 264, 267, 300, 340, 341, femmes analphabètes ...... 122 342, 345, 350, 358, 359, 361 femmes sans emploi ...... 117, 122 droit de la femme ...... 55, 56, 174 femmes victimes33, 70, 103, 106, économie familiale ...... 94, 305 118, 123, 316, 325 éducationV, 9, 14, 15, 17, 22, 24, filles5, 14, 17, 53, 58, 60, 64, 65, 70, 37, 39, 41, 43, 51, 53, 57, 58, 59, 74, 89, 100, 106, 108, 112, 118, 65, 68, 71, 72, 79, 81, 84, 88, 89, 124, 128, 129, 130, 134, 135, 95, 96, 100, 131, 139, 140, 141, 136, 137, 142, 145, 149, 151, 143, 146, 147, 152, 153, 154, 152, 153, 154, 158, 159, 160, 155, 156, 157, 158, 159, 160, 161, 166, 167, 168, 169, 170, 161, 169, 170, 171, 172, 173, 171, 172, 176, 180, 181, 183, 174, 180, 184, 191, 192, 195, 184, 191, 226, 229, 230, 231, 203,206, 209, 211, 213, 222, 223, 234, 235, 237, 241, 242, 243, 231, 234, 243, 247, 254, 255, 244, 245, 246, 248, 253, 254, 256, 259, 263, 265, 266, 267, 256, 257, 264, 265, 266, 267, 269, 277, 278, 286, 287, 288, 268, 269, 271, 272, 273, 275, 289, 290, 298, 302, 306, 309, 286, 287, 288, 289, 290, 292, 310, 311, 312, 313, 314, 315, 293, 295, 296, 298, 308, 310, 317, 320, 321, 322, 323, 325, 311, 312, 313, 314, 315, 316, 328, 329, 330, 332, 334, 335, 319, 320, 321, 322, 323, 328, 338, 339, 341, 342, 344, 345 329, 330, 333, 344 éducation informelle58, 170, 247, foyer conjugal ...... 56, 251, 268 330 frère52, 56, 57, 60, 95, 107, 124, éducation traditionnelle ...... 139, 140 129, 183, 205, 238, 241, 252, 265, 272, 306

393 garçons5, 14, 17, 56, 58, 60, 64, 66, 238, 239, 241, 242, 245, 252, 74, 89, 130, 134, 135, 142, 149, 269, 272, 292, 293, 306, 347 151, 152, 158, 159, 160, 161, poids de la tradition ...... 57 167, 168, 169, 170, 171, 182, polygamie4, 13, 50, 59, 61, 62, 63, 191, 229, 230, 234, 235, 243, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 75, 96, 244, 257, 265, 266, 269, 293, 117, 118, 123, 190, 221, 242, 310, 312, 313, 314, 319, 320, 283, 295, 306, 324, 325, 349, 321, 328, 344 354, 361 grand mariage52, 53, 54, 55, 58, 59, préislamiqueIII, 48, 140, 177, 179, 60, 75, 108, 116, 138, 172, 187, 279, 281 211, 272, 301, 311, 367 règles traditionnelles ...... 57 grossesse123, 183, 199, 200, 202, résidence conjugale ...... 57 206, 210, 235, 273, 295, 304, 319 résidence familiale ...... 56 homosexualité136, 179, 264, 270, système éducatif5, 140, 141, 143, 271, 300 147, 149, 151, 152, 156, 158, importance de la femme ..... 94, 305 159, 160, 161, 168, 169, 170, inégalités socialesII, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 246, 278, 281, 308, 309, 313, 11, 24, 25, 29, 30, 31, 34, 36, 38, 330, 333, 359 68, 81, 100, 101, 104, 119, 128, système scolaire ...... 73, 344 135, 151, 152, 161, 168, 169, taux d‟alphabétisation71, 72, 77, 78, 174, 179, 183, 185, 222, 223, 81, 171 226, 228, 231, 243, 265, 267, toilettes . 92, 153, 288, 311, 322, 328 270, 284, 300, 301, 308, 313, tolérance sociale ...... 135 321, 339, 340, 341, 343, 344, université23, 49, 97, 140, 157, 162, 345, 346 166, 169, 244, 252, 305, 310, malédiction ...... 176, 188, 299 314, 323, 329, 344, 359, 360 matrilinéaire...... 55, 61, 347 vierge ...... 55, 115, 137 monoparentales ..... 88, 89, 221, 309 viol109, 124, 125, 126, 130, 153, mortalité infantile71, 77, 204, 297, 179, 190, 234, 287, 308, 320 315 violence domestique ...... 122, 123 oncle maternel52, 56, 57, 59, 60, violence faite aux femmes9, 14, 252, 351 116, 119, 137, 325 oralité ...... 139, 141 violences conjugales9, 19, 25, 85, pèreII, 38, 52, 56, 57, 59, 60, 68, 95, 100, 103, 122, 135, 176, 187, 283 107, 124, 145, 176, 181, 182,

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ANNEXES

ANNEXE 01 : JUSTICE POPULAIRE

Cet homme a subi un verdict populaire après avoir violé et assassiné sa victime en 2016.

ANNEXE 02 : GRAND MARIAGE ENTRE UN BLANC ET UNE COMORIENNE A NGAZIDJA

Source : Photo Ortega life

Nous constatons dans cette image une évolution des mentalités des co- moriens. Le grand mariage réservé aux enfants d‟une même localité est célébré par un couple métis. Le mari doit obligatoirement se convertir en islam pour que le mariage soit valide

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ANNEXE 03: FEMME BRULEE AVEC DE L’EAU CHAUDE PAR SON RIVALE

Photo de l’auteur

La rivalité entre femmes d‟un polygame engendre des conséquences très graves sur la femme et souvent sous silence absolue. Cette image est un cas parmi tant d‟autres dans notre zone d‟étude.

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ANNEXE 4 : EFFECTIF DE LA POPULATION ENQUETE

Les trois tableaux montrent le nombre des personnes interviewé dans chaque ile selon le sexe et le milieu de résidence.

Effectif de la population enquêtée en grande Comores Grande Comore Milieu ur- Milieu rural bain Sexe MENAGES sexe AGE F M F M ] 15-25 [ 22 64 32 73 191

] 25- 35 [ 36 55 12 47 150

] 35- 45 [ 8 28 13 39 88

] 35- 45 [ 7 19 11 28 65

EFFECTIF TOTAL 7 43 8 42 494

Source : enquête de l‟auteur, 2018

Effectif de la population enquêtée à Anjouan

Anjouan Milieu urbain Milieu rural sexe Sexe AGE MENAGES M F M F ] 15-25 [ 19 39 26 60 144

] 25- 35 [ 23 50 35 58 166

] 35- 45 [ 9 31 17 33 90

] 35- 45 [ 7 11 14 23 55

EFFECTIF TOTAL 58 131 92 174 455

Source : enquête de l‟auteur 2018

397

Effectif de la population enquêtée à Mohéli Mohéli Milieu urbain Milieu rural sexe Sexe AGE MENAGES M F M F ] 15-25 [ 9 16 12 30 67

] 25- 35 [ 13 50 6 27 96

] 35- 45 [ 14 28 12 19 73

] 35- 45 [ 5 12 9 13 39

EFFECTIF TOTAL 41 106 39 89 276

Source : enquête personnelle 2018

Ces tableaux montrent l‟effectif total des personnes que nous avons en- quêté dans chaque ile au moment de la descente sur terrain. En effet, nous pouvons constater que les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Ceci s‟explique par le fait que les femmes sont les plus touchés par ce fléau.

De plus, nous avons observé que l‟intervalle de] 25- 35[est plus élevé par rapport aux autres tranches d‟âges. Donc, nous pouvons conclure que cette catégorie d‟âge représente la population active de notre zone d‟étude.

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QUESTIONNAIRE

1. Selon la Constitution, quelle est la place accordée aux traités internatio- naux des droits de l‟homme par rapport à la législation nationale ? 2. L‟État comorien a-t-il ratifié des traités internationaux des droits de l'homme avec des réserves concernant certaines dispositions relatives à l'égalité de genre ? Oui ( ) Non ( ) Si oui, est-il prévu de retirer ces réserves ? 3. Y-a-t-il des principes de non-discrimination fondés sur le sexe / genre et sur l'égalité entre hommes et femmes dans la Constitution? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟en fournir les références et de décrire la fa- çon dont ils sont définis et dire s‟ils couvrent la vie familiale et culturelle. 4. Y-a-t-il des lois spécifiques concernant la non-discrimination ou l‟égalité entre les sexes? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟en fournir les réfé- rences et de décrire brièvement le contenu de ce(s) droit (s), en particu- lier s‟ils couvrent la vie familiale et culturelle. 5. Y-a- t-il eu des réformes juridiques récentes pour garantir la non- discrimination et l'égalité entre les hommes et les femmes? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer et de donner des exemples. 6. Y-a-t-il des coutumes ou des lois ou principes de droit commun / dispo- sitions relatifs à la religion qui sont discriminatoires à l'égard des femmes dans la vie familiale et culturelle ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer et de donner des exemples. 7. Y-a-t-il de bonnes pratiques que vous pourriez mentionner en ce qui concerne l'élimination de la discrimination sexuelle dans la vie familiale et culturelle dans? Si oui, merci d‟expliquer et de donner des exemples. 8. Quelles mesures ont été prises pour éradiquer les stéréotypes sexistes, y compris dans les médias ? 9. Est-ce-que les tribunaux défendent les principes d'égalité et de non- discrimination en matière de genre ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci de fournir toute affaire/jurisprudence pertinente. 10. Y-a-t-il d'autres mécanismes pour suivre les projets de loi, les disposi- tions spécifiques dans les projets de loi ou d‟annuler les décisions dis-

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criminatoires à l'égard des femmes dans la vie familiale ou culturelle ? Oui ( ) Non ( ) 11. Y-a-t- il une désignation juridique pour le chef de famille ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, est-ce-que le chef de famille est le membre masculin de la famille ? Quels sont les droits ou obligations qui lui sont attribués ? 12. Est-ce-que les femmes ont les mêmes droits que les hommes par rap- port à : - ( ) L'âge minimum pour le mariage - si l'âge du mariage est différent pour les hommes et les femmes, merci de fournir des informations - ( ) Le droit de contracter un mariage - ( ) La liberté de choisir son conjoint et de donner son consente- ment, 13. Avec la permission ou l'autorisation des parents / tuteurs / juridictions, à quel âge minimum les hommes et les femmes peuvent-ils se marier? Quelles mesures d‟application sont prévues par la loi à cet égard ? 14. Les mariages forcés et / ou croisés sont-ils interdits par les lois formelles et coutumières ? Oui ( ) Non ( ) 15. Les mariages forcés ou arrangés sont-ils pratiqués dans l‟ensemble du territoire? Oui ( ) Non ( ) Si oui, merci d‟expliquer. 16. La polygamie est-elle illégale aux Comores ? Oui ( ) Non ( ) 17. Un homme a le droit d‟épouser jusqu'à 4 femmes en toute l‟égalité selon le code de la Famille. En dépit des conditions imposées visant sa réduc- tion, les juges continuent à autoriser les demandes relatives aux ma- riages polygames. 18. Les mariages de même sexe sont-ils autorisés? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci de fournir les références. 19. Est-ce que les relations de même sexe sont fréquentes et incriminées? Oui (x) Non ( ) Si oui, merci de fournir les références. 20. Est-ce que les femmes qui se marient sont soumises à une quelconque forme de tutelle masculine ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, quelles sont les conditions spécifiques de cette tutelle et quel genre de restric- tions cela impose-t-il aux femmes ? En cas de divorce, le père reste tou-

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jours le tuteur légal des enfants même lorsque la garde de ces derniers est confiée à la mère qui ne peut voyager avec l‟enfant à l‟étranger, le changer d‟école etc. qu‟après autorisation du tuteur légal. 21. Existe-t-il des procédures spécifiques en matière de divorce ? 22. Les hommes et les femmes ont-ils les mêmes droits en ce qui concerne la dissolution du mariage ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer dans quelle(s) loi (s) cela est défini. 23. Y-a-t-il des dispositions juridiques garantissant les contributions non fi- nancières, y compris les soins des enfants, des malades et des per- sonnes âgées dans la famille, prises en compte dans la répartition des biens matrimoniaux en cas de divorce ? Oui ( ) Non ( ) Si oui, merci de fournir les références. 24. En droit (y compris le droit coutumier) les hommes et les femmes sont- ils égaux dans la famille? Oui ( ) Non ( ) Si oui, merci de four- nir les références.

25. Les hommes et les femmes ont-ils le même statut social au sein de la communauté? Oui ( ) Non ( ) Si oui, merci de fournir des réfé- rences.

26. Est-ce que votre État dispose de données sur le nombre d'heures con- sacrées par les femmes et par les hommes sur les fonctions à la maison ou dans les soins pour les membres de la famille, y compris les enfants et les personnes âgées ?

27. Les hommes et les femmes dans la famille ont-ils les mêmes droits, en droit et en pratique, en ce qui concerne l'héritage (y compris même rang dans la succession) ? Oui ( ) Non ( ) 28. Y-a-t-il une de ces pratiques traditionnelles suivantes? ( oui ) ou ( ) Les mariages précoces (oui) ou ( non) les mariages croisés ( oui) ou ( non ) La polygamie (non ) Interdiction du travail ou voyage sans l'autorisation d'un tuteur ( ) Autres

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Si oui, y-a-t-il une législation interdisant ces pratiques dans votre État ? Aucune législation n‟interdit la polygamie. Cette dernière est autorisée par le code de la Famille 29. Merci de fournir des informations sur les autres mesures prises pour éradiquer ces pratiques. La polygamie est soumise à conditions, mais continue toutefois à être autorisée par le code de la famille 30. Y-a-t-il des législations/réglementations sur les violences non-domestiques constatées par la législation? Oui ( ) Non ( ) 31. Est-ce que les Comores a une définition juridique de la discrimination s‟agissant de la violence fondée sur le genre ou la violence contre les femmes, y compris la violence domestique ? Oui ( ) Non ( ) 32. Existe-il une politique nationale visant à éliminer la violence fondée sur le sexe ou la violence contre les femmes, y compris la violence domestique ? Oui ( ) Non ( ) 33. Le viol conjugal est-il considéré comme un crime dans la législation comorienne ? Oui ( ) Non ( ) 34. L‟adultère est-il considéré comme un crime dans la législation? ( ) Non ( ) Si oui, est-il puni de la même manière pour les hommes et les femmes ? Mer- ci de fournir les références et des explications supplémentaires 35. Y-a-t-il des campagnes publiques de sensibilisation sur la violence contre les femmes et les filles en tant que violation des droits humains ? si oui, ne tentent- elles pas de changer les attitudes des hommes ? 36. Quelles mesures ont été prises par les autorités pour sensibiliser les respon- sables de l'application de la loi relative à la violence contre les femmes et les filles, y compris la violence domestique ? Merci d‟expliquer et de donner des exemples. 37. Y-a-t-il des unités spéciales de l'application de la loi pour répondre aux plaintes de violence contre les femmes et les filles, y compris la violence domestique ? Oui ( ) Non ( )

38. S'il vous plaît fournir des informations sur les incidents / plaintes de violence conjugale, d'agression sexuelle y compris le viol et l'abus contre les enfants, contre les femmes et les filles ?

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39. Y-a-t-il des refuges ou des maisons d'hébergement pour les femmes et les filles qui sont victimes de violence fondée sur le genre, y compris la violence domes- tique? Oui ( ) Non ( ). Si oui, sont-ils disponibles pour les femmes et les filles vivant dans les zones rurales et éloignées ? 40. Les hommes et les femmes ont-ils les mêmes droits dans l‟application de la loi et dans la pratique concernant les traditions culturelles, les valeurs et les pra- tiques? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer et de donner des exemples. 41. Est-ce que les femmes ont le droit d'être des membres et de participer pleine- ment aux institutions politiques, socio-culturelles et scientifiques? Oui ( ) Non ( ) Si oui, merci d‟expliquer et de donner des exemples. 42. Est-ce que les femmes peuvent, en droit et en pratique, indépendamment de leur statut matrimonial, décidé librement de participer ou non à certaines mani- festations culturelles, traditions et pratiques religieuses? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer et de donner des exemples. 43. Y-a-t-il des mesures spécifiques pour reconnaître et valoriser la contribution des femmes au développement socio- culturel ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci de les décrire et de donner des exemples. 44. Avez-vous des données relatives à la participation des femmes dans les arts, les sciences, les sports et dans la proportion du financement public allouée aux femmes dans ces activités ? Si oui, merci de fournir des informations. 45. Aux Comores a-t-il développé des mesures temporaires spéciales visant à renforcer la participation des femmes dans les arts, les sciences, les sports et toute autre activité culturelle ? Oui ( ) Non ( ) Si oui, merci de donner des exemples précis de ces mesures temporaires spéciales. 46. 57. Est-ce que les femmes peuvent et sont encouragées par l‟État à participer à tous les sports ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer et donner des exemples. 47. Est-ce-que État comorien promeut la participation des femmes dans les arts ? Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer et de donner des exemples. 48. Y-a-t-il eu des situations où les femmes artistes ont été mal vu par la société pour l‟exercice de leur fonction, ses dernières décennies. Oui ( ) Non ( ). Si oui, merci d‟expliquer.

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Répartition de la population suivant le sexe et le lieu de résidence ...... 95 Tableau 2 : Répartition de la population par âge et par sexe ...... 96 Tableau 3 : Taux de mortalité infantile par sexe...... 98 Tableau 4 : Évolution de l‟IDH (Indice de développement humain) des Comores ...... 101 Tableau 5 : Classement de l‟IDH des pays africains ...... 103 Tableau 8 : Évolution de la pauvreté monétaire des ménages selon le sexe du chef de ménage ...... 112 Tableau 9 : Comparaison du niveau de pauvreté humaine avec celui des pays voisins ...... 113 Tableau 10 : Nombre des dossiers étudiés par mois ...... 131 Tableau 11 : Répartition des cas selon la tranche d‟âge ...... 132 Tableau 12 : Répartition des cas selon la situation matrimoniale...... 135 Tableau 13 : Répartition des plaignants selon la profession ...... 136 Tableau 14 : Répartition des cas selon le niveau d‟instruction de leurs mères ...... 137 Tableau 15 : Répartition des agresseurs selon le statut social ...... 138 Tableau 16 : Types d‟agressions par sexe ...... 139 Tableau 17 : Répartition des victimes demandant que justice soit faite ...... 142 Tableau 18 : Effectifs des étudiants inscrits au titre de l‟année universitaire 2016-2017, Ngazidja ...... 189 Tableau 19 : Effectifs des étudiants inscrits au titre de l‟année universitaire 2016-2017, Anjouan ...... 191 Tableau 20 : Effectifs des étudiants inscrits au titre de l‟année universitaire 2016-2017, Mohéli ...... 192 Tableau 21 : Effectifs enseignants par corps d‟appartenance et par catégorie au titre de la rentrée 2016/2017...... 193 Tableau 22 : Évolution de l‟espérance de vie à la naissance ...... 237 Tableau 23 : Répartition des titulaires des principaux postes politiques par sexe ...... 290 Tableau 24 : Chefs d‟institutions de l‟État ...... 291 Tableau 25 : Répartition des agents de l‟État par catégorie ...... 292

404

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Les infrastructures aéroportuaires de l‟archipel des Comores ...... 64 Figure 3 : Vieux Makois du Sultanat d‟Anjouan ...... 66 Figure 4 : Couple Comorien prè-islamique ...... 67 Figure 5 : Tamtam Makois à Mohéli ...... 69 Figure 6 : Habit de la fille ainée pendant sa sortie ...... 73 Figure 7 : Les villes et villages côtiers comoriens utilisent la littorale comme lieu d‟aisance publique...... 114 Figure 8 Féminicide d‟une femme enceinte ...... 127 Figure 9 : Répartition selon la Fréquence mensuelle de fréquentation ...... 131 Figure 10 : Répartition des cas selon la tranche d‟âges ...... 132 Figure 11 : Répartition des dossiers selon le genre ...... 134 Figure 12 : Répartition des cas selon la situation matrimoniale ...... 135 Figure 13 : Répartition des plaignants selon la profession ...... 136 Figure 14 : Répartition des plaignants selon le niveau d‟instruction ...... 137 Figure 15 : Selon le souhait de la victime ...... 142 Figure 16 : Pèlerinage de la Mecque : femmes et hommes comoriens mélangés ...... 211 Figure 17 : Hôpital de référence des Comores...... 220 Figure 18 : Nyadombwe ...... 244 Figure 19 : Le traitement traditionnel à base de citron ...... 245 Figure 21 : Des travestis ...... 300 Figure 22 : Pont de Bambao Mtrouni (Tsembehou) ou ponds du suicide ...... 305 Figure 23 : Tentative de suicide ...... 306 Figure 24 : Talisman protecteur ...... 309 Figure 25 : Migration vers Mayotte ...... 313 Figure 26 : Immigration des femmes comoriennes dans les pays arabes ...... 316

405

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ...... II

GLOSSAIRE ...... III

RESUME ...... IX

ABSTRACT ...... X

LISTE DES ABREVIATIONS ...... XI

INTRODUCTION GÉNÉRALE ...... 14

PREMIÈRE PARTIE: MATÉRIEL ET MÉTHODES ...... 23

Introduction de la première partie ...... 23

I.1 DU CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE ...... 26

I.1.1 Cadre théorique ...... 26 I.1.2 Revue de la littérature ...... 30 I.1.3 Les courants postmodernes...... 32 I.1.4 Le cadre méthodologique ...... 37 I.1.5 Outils d‟identification des inégalités sociales ...... 50 I.1.6 Pertinences sociales de la recherche ...... 52

I.1.7 Stratégie de recherche retenue ...... 53

I.1.7.1 Échantillonnage ...... 53

I.1.7.2 Echantillonnage et enquête par questionnaires ...... 54

I.1.7.3 La population enquêtée ...... 54

I.1.8 Caractéristique de la population ...... 54

I.1.8.1 Base de sondage ...... 54

I.1.8.2 Technique d‟échantillonnage ...... 54

I.1.9. Enquête par Questionnaire ...... 55

I.1.9.1 Analyses des résultats ...... 55

I.2 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA ZONE D‟ÉTUDE ...... 57

I.2.1 Présentation et délimitation de la zone d‟étude ...... 57

406

I.2.2 De la situation de la femme et du développement humain ...... 71 I.2.2.1 La polygamie et la femme comorienne ...... 80

I.2.2.2 De la polygamie au divorce ...... 88

I.3 DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ET DE LA PAUVRETÉ 91

I.3.1 L‟IDH aux Comores ...... 92 I.3.2 Conditions de vie de la population ...... 94 I.3.3 Caractéristiques du développement Humain ...... 99 I.3.4 De la femme et la pauvreté ...... 105 I.3.5 De la situation économique de la femme après le divorce ...... 108 I.3.6 Difficultés de la femme rurale dans l‟exercice de son métier...... 117 Conclusion de la premiere partie ...... 122

DEUXIEME PARTIE: RÉSULTATS DE NOS RECHERCHES ...... 123

Introduction de la deuxième partie ...... 123

II.1 RÉSULTATS OBTENUS DANS DEUX COMMISSARIATS DE POLICE . 126

II.1.1 Les violences conjugales ...... 128 II.1.2 Analyse et interprétation des données ...... 130 II.2 LA PROBLEMATIQUE DE L‟AGRESSIONS SEXUELLES ...... 141

II.2.1 Interprétations des données ...... 141 II.2.2 Les formes de violence faites aux femmes ...... 146 II.2.3 L‟agression sexuelle et le viol d‟inceste ...... 150 II.2.4 Violence contre les hommes ...... 155 II.2.5 Les origines des inégalités homme-femme dans les religions ...... 157 II.2.5.1 La religion chrétienne ...... 157

II.2.5.2 La religion musulmane ...... 158

II.2.5.3 La religion judaïque ...... 160

II.2.6 Origines sociales des inégalités ...... 160 II.3 L‟ÉDUCATION ET LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ...... 165

II.3.1 Rappel historique du système éducatif des Comores ...... 166 II.3.1.1 L’école coranique ...... 167

II.3.1.2 Étude comparative ...... 172

407

II.3.1.3 Le système éducatif à la veille de l’indépendance ...... 176

II.3.1.4 Éducation et inégalité homme-femme ...... 176

II.3.1.5 Le système éducatif après l’accession à l’indépendance .. 181

II.3.2 Ecole primaire ...... 186 II.4 FEMME, ISLAM, SANTE ET DÉVELOPPEMENT HUMAIN ...... 199

II.4.1 Le statut de la femme en Islam ...... 199 II.4.1.1 Les versets controversés...... 212

II.4.1.2 Les divorces fréquents sans procédure ...... 213

II.4.1.3 Comparaison des inégalités de genre entre les Comores et les autres pays arabes ...... 215

II.4.2 Santé maternelle et infatile et développement humain ...... 219 II.4.2.1 Appui au secteur de la santé ...... 220

II.4.2.2 Mode de nutrition maternelle et infantile ...... 230

II.4.2.3 Du VIH/SIDA et des IST ...... 232

II.4.2.4 Femme, maternité et vie professionnelle ...... 242

II.4.2.5 De la médicine traditionnelle et les thérapies magico- religieuses ...... 243

Conclusion de la deuxieme Partie ...... 247

TROISIÈME PARTIE: DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS ...... 249

Introduction de la troisième partie ...... 250 III.1 CAUSES DES INÉGALITÉS HOMME ET FEMME ...... 252

III.1.1 Les causes du phénomène ...... 252 III.1.2 Les témoignages des victimes ...... 270 III.1.2.1 Les femmes ne sont pas détentrices des moyens ...... 272

III.1.2.2 Les divorces fréquents sans procédure ...... 275

III.1.2.3 Absence d’enseignement technique et formation professionnelle de qualité ...... 276

III.1.2.4 Non-accès au planning familial ...... 276

408

III.1.2.5 Absence de l’État aux actions des associations ...... 277

III.1.2.6 Le problème d’accès à l’eau potable et son impact sur les femmes ...... 277

III.1.2.7 Santé et hygiène des femmes ...... 278

III.1.2.8 Conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle. . 280

III.1.2.9 Le témoignage des agresseurs ...... 284

III.1.3 Les défis majeurs à relever dans le système de santé ...... 284 III.1.3.1 De l’activité économique précaire de la femme ...... 285

III.1.3.2 Inégalités politiques ...... 287

III.1.3.3 De la femme et fonctions politiques ...... 289

III.2 CONSÉQUENCES DES INÉGALITÉS HOMMES ET FEMMES ...... 293

III.2.1 La sous-scolarisation des filles ...... 294 III.2.2 Violences faites aux filles parmi les conséquences ...... 302 III.2.3 L‟immigration des comorien(ne)s vers Mayotte et ses conséquences ...... 312 III.2.4 La délinquance juvénile, les conséquences du divorce et de la plygamie ...... 319 III.2.4.1 Les principales conséquences ...... 321

III.2.4.2. Les parents et l’usage des stupéfiants ...... 321

III.2.4.3 Synthèse de la situation de la femme dans le monde arabe dont les Comores font partie ...... 325

III.2.5 Femme et conditions d‟accès aux crédits ...... 330 III.3 PERSPECTIVE D‟AMÉLIORATION ET RECOMMANDATIONS ...... 331

III.3.1 La division et stigmatisation au travail ...... 332 III.3.2 Conditions d‟apprentissage pour la jeune fille ...... 341 III.3.2.1 L’alphabétisation des femmes ...... 344

III.3.2.2 Effectif des femmes dans les postes politiques ...... 345

III.3.3 Décrochage scolaire des filles ...... 348 III.3.3.1 Stéréotypes, frein de la réduction des inégalités hommes- femmes ...... 349

409

III.3.3.2 Conditions d’apprentissage pour la jeune fille ...... 350

III.3.3.3 Infrastructures éducatives ...... 351

III.3.3.4 Conciliation de la vie professionnelle et maternité ...... 351

III.3.3.5 Amélioration des textes relatifs à la polygamie ...... 352

III.3.4 Phénomène de sous-emploi des femmes ...... 355 III.3.4.1 Renforcement de l’enseignement technique et formation professionnelle de qualité ...... 358

III.3.4.2 Soutient de la parentalité et mis en place d’un service public de la petite enfance ...... 359

III.3.4.3 Mobilisation des pouvoirs publics contre les violences faites aux femmes ...... 359

III.3.4.4 Élimination des inégalités sociales dans le domaine politique ...... 360

III.3.4.5 La problématique de la répartition de l’eau...... 361

III.3.4.6 La Révolution au service de la libération de la femme ..... 363

III.3.4.7 Élimination de toutes formes de sexisme ...... 368

Conclusion de la Troisième partie ...... 370 CONCLUSION GÉNÉRALE ...... 372

BIBLIOGRAPHIE ...... 380

LES TEXTES OFFICIELS ...... 380

LES OUVRAGES DE BASE...... 380

OUVRAGES SUR L‟ISLAM ...... 384

ARTICLES...... 384

RAPPORTS OFFICIELS ...... 386

WEBOGRAPHIE ...... 391

INDEXS ...... 393

ANNEXES ...... 395

410

ANNEXE 01 : JUSTICE POPULAIRE ...... 395

ANNEXE 02 : GRAND MARIAGE ENTRE UN BLANC ET UNE COMORIENNE A NGAZIDJA ...... 395

ANNEXE 03: FEMME BRULEE AVEC DE L‟EAU CHAUDE PAR SON RIVALE ...... 396

ANNEXE 4 : EFFECTIF DE LA POPULATION ENQUETE ...... 397

QUESTIONNAIRE ...... 399

LISTE DES TABLEAUX ...... 404

LISTE DES FIGURES ...... 405

411