LeMonde Job: WMQ0109--0001-0 WAS LMQ0109-1 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0531 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire : Camille Laurens, Robert Badinter, Victor Klemperer

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56e ANNÉE – No 17294 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Allemagne : Baisse générale des impôts la justice b Le gouvernement décide 120 milliards de baisses fiscales sur trois ans, de 2001 à 2003 frappe b Tous les taux de l’impôt sur le revenu sont réduits b La CSG sur les bas salaires est allégée lourdement b La vignette automobile est supprimée b La surtaxe à l’impôt sur les sociétés disparaît

LE MINISTRE DES FINANCES, prises. Tous les taux de l’impôt sur APTN/AP Laurent Fabius, devait dévoiler, le revenu vont baisser, mais plus jeudi 31 août dans l’après-midi, le fortement pour les tranches À PARIS l’extrême droite détail d’un nouveau plan de ré- basses du barème (de l’ordre de LA JUSTICE allemande a duction fiscale qui verra les 3 points sur trois ans) que pour le condamné, mercredi 30 août, à de baisses d’impôts atteindre 120 mil- taux supérieur (de l’ordre de Accident lourdes peines de prison trois liards sur la période 2001-2003, 1,5 point). La CSG sur les bas sa- jeunes skinheads qui avaient battu dont environ 45 milliards au titre laires sera fortement abaissée. La à mort un père de famille mozam- de l’impôt sur le revenu. Le gou- vignette automobile sera suppri- de métro bicain à Dessau, à l’est du pays. vernement veut frapper l’opinion mée, tout comme la surtaxe à l’im- Enrico Hilprecht, vingt-quatre ans, en affichant un plan général de pôt sur les sociétés, mais, dans ce a été condamné à la prison à vie, et baisse des impôts, sur une période dernier cas, l’effet de la mesure se- Un déraillement ses deux coaccusés – des adoles- de trois ans. Il entend faire valoir ra compensé par un élargissement mystérieux cents de seize ans –, à neuf ans de qu’avec ces mesures nouvelles les de l’assiette de ce prélèvement. détention. Ils n’ont pas manifesté allègements atteindront près de « Il faut redonner aux Français Pour la première fois en un siècle d’ex- la moindre émotion à la lecture du 200 milliards de francs sur la les dividendes fiscaux de la crois- ploitation, une rame du métro parisien verdict. Les faits remontent à la période 2000-2003, soit une sance », commente François Hol- s’est retournée, mercredi 30 août, à la nuit du 10 au 11 juin. Les trois somme comparable au dispositif lande dans un entretien au Monde. station Notre-Dame-de-Lorette (pho- jeunes avaient apostrophé dans la allemand (290 milliards de francs), Regrettant la démission de Jean- rue Alberto Adriano et l’avaient qui couvre, lui, la période 1998- Pierre Chevènement, le premier to), blessant vingt-quatre personnes, frappé jusqu’à ce qu’il s’effondre. 2005. Dès 2001, les baisses de- secrétaire du PS rappelle à ce der- dont dix sérieusement. Trois enquêtes Ce jugement intervient au terme vraient atteindre près de 60 mil- nier que « rien n’existe vraiment en – judiciaire, administrative et interne à d’un été au cours duquel l’Alle- liards, dont près de 20 milliards au dehors du clivage gauche-droite ». la RATP – ont été ouvertes. Jeudi ma- magne s’est livrée à un examen de titre de l’impôt sur le revenu. A propos du référendum sur le tin, la RATP ignorait toujours les causes conscience sur les menées de l’ex- Si le gouvernement devait en- quinquennat, M. Hollande affirme du déraillement. Selon le préfet de po- trême droite raciste dans le pays. core se réunir, jeudi matin, avant b Le plan général de baisse des impôts du gouvernement p. 6-7 que « chacun sera jugé sur les déci- que Lionel Jospin ne rende ses ul- b Un entretien avec François Hollande, premier secrétaire du PS p. 6 sions qu’il a prises », soulignant lice, Philippe Massoni, présent sur les Lire page 3 times arbitrages, la réforme ne de- b Le chômage a légèrement augmenté au mois de juillet p. 8 que Jacques Chirac « a préféré le lieux, la légèreté du bilan relève du et notre éditorial page 14 vrait plus guère réserver de sur- b Protestations multiples contre la hausse du prix des carburants p. 26 référendum au congrès ». « miracle ». p. 10 La Colombie, Kerry Packer, le milliardaire qui perd des millions, pour ne pas s’ennuyer LONDRES doch, son ennemi juré, Kerry Packer vient de d’acier a survécu à la polio, à un cancer et à la drogue et la paix de notre correspondant à la City perdre 20 millions de dollars d’un coup au un arrêt cardiaque... Mais la chance a tourné. Le milliardaire australien Kerry Packer n’est Bellagio Hotel de Las Vegas. Kerry Packer s’est séparé de 15 millions de LE PRÉSIDENT américain plus persona non grata dans les casinos de Las Jusque-là, les cartes avaient plutôt souri à dollars en un week-end à Londres. On parle a Bill Clinton a effectué, mer- Vegas. L’homme le plus riche des antipodes, Kerry Francis Bullmore Packer, « KP » pour aussi de pertes importantes à Monte-Carlo,

credi 30 août, une rapide visite à au physique de débardeur et au visage de mo- les intimes. Il est ce qu’on appelle une « ba- Marbella et Nassau. En tout, Kerry Packer au- EGGLESTON ARTISTIC TRUST Carthagène, en Colombie, pour losse, est à nouveau bienvenu autour des tapis leine », un de ces gros joueurs internationaux rait perdu près de 50 millions de dollars en dix assurer le soutien des Etats-Unis verts des palaces du Nevada. Hélicoptères, li- disposant d’une ligne de crédit de plusieurs mois. CULTURE aux autorités de Bogota au mo- mousines, gardes du corps, majordomes, millions de dollars dans tous les grands casi- « Kerry joue mal quand il s’ennuie, et il s’en- ment du lancement de leur « plan salles réservées afin de pouvoir jouer seul, ca- nos de la planète. Le géant australien de nuie trop souvent ces jours-ci », explique Paul Le siècle intégral » de lutte contre la viar et Coca-Cola à satiété : les responsables 125 kilos ne joue que par coups de Barry, auteur d’une biographie non autorisée drogue. Washington finance à ne savent plus ou donner de la tête pour satis- 100 000 dollars, voire le double. « Sa technique de Packer Senior. Son fils unique, Jamie, dirige hauteur de 1,3 milliard de dollars faire les caprices du président du conglomérat est de miser gros sur un laps de temps très court, désormais ses affaires. Depuis que le prince en photos un plan dont le coût total s’élève à familial, Publishing and Broadcasting, aux par exemple deux ou trois heures, pendant plu- Charles, son grand ami, ne joue plus au polo, Dans la débâcle de l’Exposition univer- 7,5 milliards. Destiné à créer «les multiples activités (chaînes de télévision, ma- sieurs jours de suite. Mais, à l’inverse de ses il se contente de petits galops dans le parc de selle de Hanovre surnageait l’accro- conditions propices à la construc- gazines, élevage de bétail, mines d’or, semblables, il évite les séances marathon et sait sa demeure de Bellevue Hill. Il a arrêté de chage de cinq cents clichés-docu- tion d’une paix durable », le plan commerce en ligne, etc.). s’arrêter à temps pour empêcher le casino de lui boire et de fumer. Ses copains parieurs au ca- du gouvernement d’Andrés Pas- Ce magnat hors norme, qui a le jeu d’argent reprendre une partie de ses gains », explique sino comme à la Bourse, les Maxwell, Gold- ments, désormais visibles à Francfort, trana vise à mener de front la lutte dans le sang, n’a-t-il pas déclaré un jour que un observateur. smith et consorts, sont morts. Il n’y a plus que dont l’ambition est de retracer la gé- contre le trafic de drogue, les né- « les grands capitaines d’industrie savent jouer En 1997, Packer a ainsi raflé 22 millions de le black jack qui l’amuse vraiment. Alors, pour néalogie de la photographie au gociations de paix avec la guérilla, leur vie sur un coup de dés » ? L’assiduité des dollars à deux casinos de Vegas. Deux ans plus meubler sa retraite, Kerry a racheté le Crown XXe siècle. Par ailleurs, le groupe Ha- le renforcement des institutions et croupiers à satisfaire le moindre caprice de ce tôt, il avait failli faire sauter la banque du casi- Casino de Melbourne, dont il a fait murer les chette affirme ses ambitions dans la le développement économique et fanatique du baccara est ces jours-ci aisément no-hôtel MGM Grand, provoquant la démis- fenêtres pour rester hors de l’espace et du social du pays. compréhensible. A en croire le Daily Telegraph sion du PDG de l’établissement. Sa baraka au temps. photo de presse en négociant l’acquisi- de Sydney, un tabloïd appartenant à l’autre « 21 » serait-elle la suite logique d’une exis- tion des agences Rapho, Keystone et Lire page 2 tycoon des médias australiens, Rupert Mur- tence mouvementée ? L’industriel aux nerfs Marc Roche Katz. p. 22 et 16 Axa POINT DE VUE se recentre Solidarité, vingt ans après par Adam Michnik LEXANDRE DUMAS bel de la paix et ancien président de PÈRE savait que les la Pologne, et Aleksander Kwas- A braves mousquetaires niewski, actuel président, ancien auraient changé vingt chef du parti postcommuniste, qui ans plus tard. Les mousquetaires a choisi d’accepter l’ordre démocra- polonais ont également changé. La tique, l’unification avec l’Union eu-

Pologne est aujourd’hui un autre ropéenne et l’économie de marché. GLEN BAXTER pays. D’une dictature communiste, Ils ont été accusés d’avoir été des elle est devenue une république agents secrets de la police politique LES SÉRIES DE L’ÉTÉ HENRI DE CASTRIES parlementaire et un Etat de droit, pendant la dictature communiste. où tous les droits de l’homme sont Commentant cette triste idiotie, PREMIÈRE grande décision respectés. D’un pays satellite de polonais Gazeta Wy- Les folies pour Henri de Castries, président l’Union soviétique, elle est devenue borcza écrivait : « Imaginons la du directoire d’Axa depuis mai : la un pays indépendant, membre de France. Juste avant le scrutin prési- vente de sa banque d’affaires l’OTAN. Elle a été un pays d’écono- dentiel, on apprend que le tribunal d’Internet américaine DLJ à Crédit suisse mie planifiée, se caractérisant par doit décider si le général de Gaulle, First Boston. Axa se recentre ainsi une pénurie permanente et la pau- accusé de collaboration avec les nazis sur ses métiers d’assurance et de vreté ; aujourd’hui, c’est un pays qui par ses ennemis politiques, peut ou Amitié tarifée gestion d’actifs. fonctionne selon les principes d’une non être candidat. Non, c’est impos- Dans l’océan du sexe sur Internet, Da- économie de marché, fier de sa sible à imaginer (...).» Le journal niel Schneidermann, notre explorateur Lire page 15 croissance dynamique. Cependant, poursuivait : « Le président en fonc- les Polonais fêtent le vingtième an- tions et, en même temps, candidat à des folies du Web, a « rencontré » une Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, niversaire de la création du syndicat l’élection présidentielle, qui bénéficie, Australienne qui vend ses quarts 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; indépendant Solidarité dans une Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; selon les sondages, du soutien de d’heure d’amitié déshabillée. p. 13 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre- ambiance loin d’être euphorique. 60 % des citoyens, est accusé d’avoir tagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; La révolution du mois d’août menti, en déclarant ne pas avoir été International ...... 2 Communication ...... 16 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; 1980 a donné naissance à deux en- un agent secret. » Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France ...... 6 Tableau de bord ...... 16 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. fants : Lech Walesa et la démocratie Société ...... 9 Aujourd’hui ...... 19 polonaise. Récemment, en prélude Lire la suite page 14 Régions...... 11 Météorologie ...... 21 à la nouvelle élection présidentielle, Carnet...... 12 Jeux...... 21 se sont retrouvés devant un tribu- Abonnements ...... 12 Culture ...... 22 nal qui procède aux vérifications Adam Michnik, un des fon- Horizons ...... 13 Guide culturel...... 24 des candidats : Lech Walesa, le hé- dateurs de Solidarité, est directeur Entreprises ...... 15 Radio-Télévision...... 25 ros historique d’août 1980, Prix No- de « Gazeta Wyborcza ». LeMonde Job: WMQ0109--0002-0 WAS LMQ0109-2 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:34 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0533 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000

AMÉRIQUES Le président Bill en place d’un « plan intégral » de construction d’une paix durable » par gociations de paix avec la guérilla. zone d’Amazonie occidentale qui Clinton a effectué une visite de six lutte contre la drogue que Washing- ce plan qui prévoit, outre la lutte b BRASILIA redoute que l’intensifica- s’étend sur 1640 kilomètres de fron- heures dans la ville colombienne de ton finance à hauteur de 1,3 milliard contre le trafic de drogue, le dévelop- tion de la répression en Colombie en- tière commune. b DANS LES PAYS Carthagène pour assurer son soutien de dollars. b BOGOTA souhaite pement économique et social, le ren- traîne « une migration transfronta- ANDINS, la production de feuilles de aux autorités de Bogota dans la mise « créer les conditions propices à la forcement des institutions et les né- lière des plantations de coca » dans la coca connaît une évolution contras- tée. La Colombie met en place un « plan intégral » de lutte antidrogue Bill Clinton a apporté son soutien au gouvernement d’Andrés Pastrana lors de sa visite à Carthagène. Les autorités de Bogota souhaitent « créer les conditions propices à la construction d’une paix durable » en faisant appel au financement des pays occidentaux CARTHAGÈNE en 1990 –, Bill Clinton aura fait dirigeants colombiens, avoir visité Alfonso Cano, d’affirmer que la gagements d’Andrés Pastrana. publicain) de la Chambre, Dennis de notre envoyé spécial l’objet d’une protection toute par- le port et un centre judiciaire, ren- guérilla « s’oppose aux forces impé- Mais ceux-ci sont restés vagues en Hastert, et de parlementaires des La visite de Bill Clinton en Co- ticulière. Le cortège comprenait contré des veuves de policiers tués riales du gouvernement US ». ce qui concerne les exactions des deux bords. Il s’agissait de montrer lombie n’aura duré que six heures, cinq voitures présidentielles iden- par la guérilla, M. Clinton a tenu Le locataire de la Maison militaires. aux guérillas que, républicain ou mercredi 30 août, que le président tiques ; 350 agents spéciaux améri- une conférence de presse avec son Blanche a aussi abordé de front Bill Clinton a également lancé démocrate à la Maison Blanche, américain a mises à profit pour cains, 5 000 membres des forces de homologue, Andrés Pastrana. l’embarrassante question des un appel aux voisins de la Colom- l’aide au plan Colombie continue- rassurer ses interlocuteurs : Was- l’ordre colombiennes ont été mo- L’objet de l’exercice était de ré- droits de l’homme (Le Monde du bie pour qu’ils « appuient ferme- ra. Mais il pensait aussi à son héri- hington soutient à fond le combat bilisés, ainsi que des hélicoptères pondre aux inquiétudes soulevées 31 août). « Aucune juste cause n’a ment » le plan Pastrana. Je tage en voulant montrer à ses antidrogue des Colombiens, ne re- et deux navires de guerre. L’ancien par le plan Colombie de M. Pastra- jamais progressé en tuant ou en kid- comprends votre inquiétude, leur compatriotes qu’il a remporté des lâchera pas ses efforts pour proté- port colonial était sous état de na, auquel Washington contribue à nappant des civils ou en étant de a-t-il dit en substance : si le plan succès en politique étrangère avec ger les droits de l’homme dans ce siège, un robot y avait été dépêché hauteur de 1,3 milliard de dollars. un soutien dépassant les clivages pays et n’a aucune intention de pour déceler les explosifs. Une Le président s’est félicité du «nou- politiques. Il ne s’est donc pas seu- s’engager dans un nouveau Viet- bombe a été découverte ainsi que veau partenariat avec les Etats- 110 milliards de dollars : lement agi, comme l’affirmait El nam en Amérique latine. trois fusils d’assaut, deux membres Unis » et a qualifié son hôte de Espectador, d’une « opportunité » Troisième président américain à présumés des FARC (guérilla de « meilleur ami de la Colombie ». le coût de la drogue aux Etats-Unis en pleine campagne électorale se rendre à Carthagène – après gauche) arrêtés. Les Etats-Unis ont toute confiance dans laquelle est impliqué son Roosevelt en 1934 et George Bush Après s’être entretenu avec les en M. Pastrana, a répondu M. Clin- Selon le « Tsar de la lutte contre la drogue », Barry McCaffrey, la vice-président, Al Gore. ton, et ils le « soutiendront pour lut- drogue coûte aux Etats-Unis – en prévention, réhabilitation, répres- Mais, derrière le côté médiatique ter contre la drogue, pas pour faire sion... – 110 milliards de dollars par an, 1 140 dollars par Américain, de cette visite, les problèmes de- Une évolution contrastée dans la région andine la guerre ». Car ils ont grand inté- près de cent fois la contribution de Washington au plan Colombie. Le meurent. La ligne de démarcation rêt à la stabilité de la « plus an- budget de la politique nationale de contrôle de la drogue est de reste étroite entre lutte antidrogue Dans l’ensemble de la région drogues (OGD), dans son rapport cienne démocratie de la région », 18,5 milliards. Le fléau touche un noyau dur de 5 millions de toxi- et antiguérilla, cette dernière pro- andine, la production de feuilles de diffusé en avril 2000. « à son relèvement économique, à la comanes et cause la mort de 52 000 personnes chaque année, dont tégeant le trafic dans les zones cocaïer et l’offre de cocaïne «ne b Colombie : « Malgré un préservation de la démocratie, à la 14 000 jeunes, 18 % des chauffeurs tués au volant étaient sous l’em- qu’elle contrôle. Le mécanisme de semblent pas avoir sensiblement renforcement des activités protection des droits de l’homme, à prise de la drogue et 68 % des délinquants interpellés en consomment. répression des violations des droits diminué » en 1999, selon le rapport d’éradication en 1998 et au premier la paix, la sécurité et la stabilité de C’est pourquoi le général McCaffrey ne cesse de répéter que le de l’homme par les forces armées de l’Organe international de semestre 1999, la culture du cocaïer la Colombie et de la région ». combat doit être mené au moins autant aux Etats-Unis qu’en Colom- demeure flou. On n’a guère parlé contrôle des stupéfiants (OICS, semble avoir progressé en Colombie, bie. Entre 1985 et 1995, le nombre de consommateurs a diminué de des sanglantes exactions des para- Nations unies) publié en février ce qui est dû au déplacement des DROITS DE L’HOMME moitié. Chez les jeunes, il a baissé de 13 % entre 1997 et 1998, mais on militaires de droite, pourtant étroi- 2000. Les trois principaux pays cultures vers des zones échappant Mais, a-t-il martelé, nous note toutefois une forte poussée des nouvelles formes de toxicoma- tement liés aux militaires. Et que producteurs de feuilles de coca – la au programme d’éradication », a n’avons pas l’intention de nous en- nie, comme les méta-amphétamines et l’ecstasy. Selon les sources of- se passerait-il si des instructeurs Colombie, suivie du Pérou puis de relevé l’OICS. La superficie dévolue gager dans une guerre civile. « Il ne ficielles, ces succès sont dus à un cocktail de mesures policières, judi- américains étaient tués ou captu- la Bolivie – ont en effet connu des à cette culture en Colombie s’agit ni d’un Vietnam ni d’impéria- ciaires et médicales aux Etats-Unis, le long de la frontière avec le rés ? Suffit-il, pour empêcher tout évolutions contrastées. « dépasse peut-être celles de la lisme yankee, deux critiques erro- Mexique et en Amérique latine. – (Corresp.) dérapage, de dire, comme le sous- b Bolivie : les superficies des Bolivie et du Pérou confondues », nées formulées contre le plan Co- secrétaire d’Etat Thomas Picke- cultures de cocaïers sont passées ajoute l’agence de l’ONU. lombie (...). Il n’y aura pas ring, que le conflit en Colombie de 48 600 hectares en 1995 à b Pérou : alors que le pays d’engagement militaire américain, mèche avec ceux qui s’y livrent. In- réussit, le trafic risque de se dé- « n’a aucune ressemblance avec le 24 000 hectares en 1999, selon les disposerait du potentiel de ils n’en veulent pas, nous non plus. » surgés comme paramilitaires tourner vers vos frontières, mais Vietnam et ne risque pas d’en avoir. autorités boliviennes. Le pays a production de coca le plus « Tant que je serai président, il n’y doivent cesser leurs violations, tout nous avons les moyens de vous ai- Ce serait aller contre la loi des Etats- accompli des « efforts exceptionnels important de la région, «la aura pas d’intervention étrangère en comme les forces de sécurité », si- der. Et « il ne serait pas juste de lais- Unis » ? L’engagement américain d’éradication du cocaïer », a superficie totale des cultures illicites Colombie », a ajouté Andrés Pas- non le soutien du Congrès risque ser le fardeau de la drogue peser au Vietnam n’a-t-il pas commencé reconnu l’OICS. Une extension des de cocaïer a diminué de plus de trana pour rassurer à la fois les de s’évanouir. Il a expliqué que, s’il seulement sur les enfants de cette avec l’envoi de conseillers mili- cultures dans de nouvelles régions 50 % entre 1995 et 1998 », a noté guérillas, qui dénoncent l’aide de avait levé les conditions mises à nation ». taires et d’hélicoptères ? Ce sont là ainsi qu’une augmentation des l’OICS (50 000 hectares en 1999, au Washington, et les voisins qui s’en l’aide au plan, c’était pour que ce- L’ultime objectif de M. Clinton des problèmes que Bill Clinton rendements à l’hectare ont lieu de 115 000 en 1995). Le Pérou inquiètent. Ce qui n’a pas empêché lui-ci puisse être mis en œuvre était d’afficher le caractère biparti- laissera à son successeur. cependant été repérées par « reste un important exportateur de 2 000 personnes de manifester à plus rapidement et en raison de la san du soutien à Bogota. Pour cela, l’Observatoire géopolitique des cocaïne », a nuancé l’OGD. Bogota ni un dirigeant des FARC, confiance qu’il avait dans les en- il était accompagné du speaker (ré- Patrice de Beer

Un impact Bogota veut construire « une paix durable » écologique certain BOGOTA tions et les investissements étrangers et de En cas de succès, l’éradication des 1,6 milliard de dollars, les pays européens de notre correspondante promouvoir le développement alternatif. cultures priverait la guérilla de sa princi- réservent encore leur réponse. Les moyens utilisés pour dé- Le plan Colombie se veut beaucoup plus b La lutte contre la drogue. Indéniable- pale source de revenus. Le gouvernement b Des moyens importants en maté- truire les cultures de plantes nar- qu’un plan antidrogue. Les documents of- ment, la lutte contre la drogue constitue la espère sans doute inciter la guérilla à né- riels. 519 millions de dollars seront consa- cotiques en Colombie ne sont pas ficiels des autorités de Bogota parlent grande priorité du plan Colombie. Pour ses gocier sérieusement, tandis que d’autres crés à l’achat d’équipements militaires et à anodins. Le principal est l’épan- d’une « stratégie présidentielle pour créer détracteurs, le plan – rédigé à Washington craignent la rupture des négociations de la formation des bataillons antinarco- dage par avion d’un herbicide, le les conditions propices à la construction et initialement en anglais – n’est d’ailleurs paix et une escalade de la violence. tiques. La Colombie recevra 60 hélicop- glyphosate. Celui-ci a été décou- d’une paix durable ». Au cours de sa cam- que l’emballage de la coopération améri- b Un coût total estimé à 7,5 milliards tères (dont 18 Black Hawk), qui coûtent à vert par Monsanto avant d’être au- pagne présidentielle de 1998, Andrés Pas- caine. de dollars. Le coût total du plan est évalué eux seuls 328 millions de dollars. Une torisé aux Etats-Unis en 1974. Le trana avait lancé l’idée d’un plan Marshall L’objectif annoncé est de réduire de à 7,5 milliards de dollars. La Colombie en somme équivalente est attribuée à la po- glyphosate est un des herbicides pour la Colombie. Le président défend au- moitié la production et le commerce de apporte plus de la moitié, sa contribution lice antinarcotique. 35 % des fonds améri- les moins toxiques, mais son épan- jourd’hui le caractère « intégral » de son drogue d’ici cinq ans. Pour ce faire, le plan résultant largement d’un jeu d’écriture cains sont destinés à des actions militaires dage affecte aussi les cultures vi- programme. Colombie prévoit le renforcement des budgétaire. Le gouvernement d’Andrés de type régional. Les Américains procéde- vrières. Par ailleurs, les Etats-Unis b Un « plan intégral ». Le plan repose contrôles aériens et maritimes, la lutte Pastrana a demandé à la communauté in- ront à l’amélioration des bases d’Equateur, entendent tester un autre procédé, en effet sur quatre piliers : le développe- contre le trafic de précurseurs chimiques, ternationale de financer le reste, au nom de Curaçao et du Venezuela et doteront les la dissémination d’un champignon ment économique et social, la lutte anti- le démantèlement des réseaux de blanchi- du principe de « coresponsabilité » entre services d’intelligence pour la zone andine pathogène, le fusarium oxyspo- narcotique, le renforcement institutionnel ment d’argent. pays producteurs et pays consommateurs de moyens renforcés (208 millions de dol- rum, qui détruit sélectivement la et le processus de négociation de paix b L’éradication comme priorité. La de drogue. lars). coca. Mais ce projet est contesté entre gouvernement et guérillas. C’est dire priorité est toutefois donnée à l’éradica- C’est à ce titre que les Etats-Unis ont ac- b Des aides au développement. Les par plusieurs ONG et scientifiques, que les ambitions du plan sont à la mesure tion (par fumigation aérienne) des cultures cepté d’octroyer une aide exceptionnelle aides au développement alternatif colom- qui relèvent que le fusarium est des problèmes du pays. et la destruction des laboratoires dans le de plus d’un milliard de dollars, auquel bien (68,5 millions de dollars), pour les dé- très toxique pour les humains. Son Sur le papier, le gouvernement se pro- sud du pays. Or, là, les guérilleros taxent s’ajoutent les quelque 300 millions de dol- placés (37 millions) et les droits de usage enfreindrait la Convention pose tout à la fois de réformer la justice, – quand ils ne le contrôlent pas directe- lars annuels d’aide bilatérale. La Colombie l’homme (51 millions) font cependant fi- sur les armes biologiques, ce qu’a de lutter contre la corruption, de mettre en ment – toutes les étapes du trafic, depuis devient ainsi le troisième pays récepteur gure de parents pauvres du plan Colombie. implicitement reconnu Bill Clinton place une politique de protection des les champs de coca jusqu’aux pistes d’at- d’aide militaire américaine, après Israël et dans un mémorandum du 22 août. droits de l’homme, de stimuler les exporta- terrissage. l’Egypte. Sollicités à concurrence de Marie Delcas L’Equateur a interdit son usage. Les autorités brésiliennes affichent une inquiétude grandissante

BRASILIA transfrontalière des plantations de soutien logistique, tel que la mise à d’informations ». Cependant, pour le ministre de la défense, Geraldo notoirement sous-équipée et aux de notre envoyé spécial coca » colombiennes, désormais disposition de bases aériennes si- que cette collaboration devienne Quintao, partage les mêmes effectifs « rachitiques », dont les L’aide de 1,3 milliard de dollars menacées par l’intensification an- tuées en territoire national, est éga- efficace, admet-il, il faudra at- craintes que son collègue des rela- généraux n’entendent pas être les débloquée par la Maison Blanche noncée de la répression. A la suite lement hors de question », affirme tendre l’entrée en service, au mieux tions extérieures. Pour leur part, les supplétifs. pour combattre le trafic de drogue du lancement officiel du plan Co- M. Lampreia. En termes sans doute dans un an, du Sivam (Système in- chefs militaires se replient dans un Par ricochet, le regain de tension en Colombie a contraint Brasilia, lombie intervenu mercredi, la lutte plus diplomatiques, la secrétaire tégré de surveillance de l’Amazo- silence qui dissimule en réalité le prévu dans la zone limitrophe de la en l’occurrence défenseur intransi- contre le narcotrafic éclipsera pro- d’Etat américaine, Madeleine Al- nie), un réseau de couverture radar réveil d’une vieille hantise, celle de Colombie a ressuscité le pro- geant du principe de non-ingé- bablement les six autres projets de bright, en a été informée lors de sa et satellitaire, dont l’installation a la « convoitise internationale » gramme Calha Norte (littérale- rence, à examiner ses possibles re- coopération inscrits à l’ordre du récente tournée dans cinq pays été confiée, après appel d’offres dont l’Amazonie serait la cible en ment : « gouttière nord»), en som- tombées dans la zone frontalière jour du premier sommet sud-amé- sud-américains. En cette occasion, portant sur 1,4 milliard de dollars, à raison de la richesse de sa biodiver- meil depuis dix ans, qui prévoit commune, qui s’étend sur 1 640 ki- ricain qui réunira, jeudi 31 août et le ministre lui a aussi fait part de la firme américaine Raytheon. sité et de ses gisements miniers. l’implantation de pelotons mili- lomètres en Amazonie occidentale. vendredi 1er septembre dans la ca- ses « préoccupations » concernant En attendant de pouvoir contrô- taires le long des quelque 6 000 ki- Cette région de forêt dense, dite de pitale brésilienne, les douze chefs un champignon génétiquement ler le trafic aérien et de localiser INTÉRÊTS AMÉRICAINS lomètres de la frontière septentrio- la « tête de chien », est en effet un d’Etat du sous-continent. modifié, rendu nuisible aux plants des défrichements suspects, Brasi- Pour les ultranationalistes de la nale, où la densité démographique sanctuaire tant pour les guérilleros de coca, que des conseillers améri- lia renforce sa présence militaire. « grande muette », le plan Colom- n’atteint pas un habitant au kilo- des FARC (Forces armées révolu- « ÉCHANGE D’INFORMATIONS » cains voudraient disséminer dans En instance de livraison, les huit bie relève de toute évidence d’une mètre carré. Cette année, une do- tionnaires de Colombie) que pour Signataire, il y a deux mois, du les plantations clandestines. hélicoptères Cougar AS-532 tentative délibérée visant à désta- tation budgétaire de 14 millions de les mafias de la cocaïne. « protocole 505 » réglementant la « L’écosystème amazonien est fra- commandés à la France seront ain- biliser la région au profit des inté- dollars est réservée à l’expansion Dans un entretien accordé au fourniture de matériel militaire gile. Des interventions passées ont si provisoirement basés dans la rêts américains. L’initiative de Bill du dispositif, destiné, selon Monde à l’avant-veille de la visite américain d’occasion aux pays démontré qu’il était difficile d’en ville frontière de Tabatinga, dans Clinton les oblige à envisager une M. Lampreia, « à consolider la pré- de Bill Clinton à Carthagène, Luiz étrangers, le Brésil reste cependant contrôler les effets sur l’environne- l’Etat d’Amazonas. « Comme il se- implication directe dans un conflit sence de l’Etat ». Amorcé il y a deux Felipe Lampreia, ministre brésilien sourd aux sollicitations, diverses et ment », poursuit M. Lampreia. rait déraisonnable d’imaginer un face aux gangs de la drogue, qu’ils ans, le redéploiement, au profit de des relations extérieures, n’exclut pour l’heure discrètes, de Washing- La coopération entre le Brésil et déploiement de troupes tout au long redoutent à cause du « pouvoir de l’Amazonie, des troupes au niveau ni « la tentation pour certains ton, en quête de partenaires régio- la Colombie sur le front antidrogue de la frontière, la mise en œuvre de corruption » du crime organisé. national apparaît de plus en plus groupes armés d’utiliser le territoire naux susceptibles de contribuer à brillant jusqu’ici par son absence, moyens d’intervention rapide est une Constitutionnellement, rappellent comme l’une des priorités de la po- brésilien comme une base d’appui son offensive. « En aucun cas, l’ar- en dépit de velléités sporadiques, il nécessité au niveau de la dissua- de temps à autre les porte-parole litique de défense de Brasilia. pour des opérations militaires » ni mée brésilienne ne participera à une estime qu’elle pourrait finalement sion », souligne M. Lampreia. de l’armée, la répression du narco- « la possibilité d’une migration éventuelle force multinationale. Un prendre corps grâce à « un échange Dans ses déclarations à la presse, trafic incombe à la police fédérale, Jean-Jacques Sévilla LeMonde Job: WMQ0109--0003-0 WAS LMQ0109-3 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 11:23 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0534 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 3 La junte L’Allemagne tente d’exorciser la violence xénophobe des néonazis ivoirienne Trois skinheads se sont vu infliger des peines exceptionnelles pour avoir frappé à mort un Mozambicain. Un boulanger reporte au chômage de 24 ans a été condamné à la perpétuité et ses deux comparses, âgés de 16 ans, à neuf ans d’emprisonnement La justice allemande a rendu un jugement sau, dans l’ex-RDA. Le plus âgé, Enrico Hil- verdict exemplaire, qui tranche avec des ju- celier Gerhard Schröder, qui s’est prononcé, l’élection sévère contre trois skinheads coupables precht, un ancien apprenti boulanger de gements précédents, intervient alors que si nécessaire, en faveur de l’interdiction du d’avoir frappé à mort un père de famille mo- 24 ans, a été condamné mercredi 30 août à l’Allemagne tente de réagir contre la vio- parti d’extrême droite NPD, devait déposer zambicain qu’ils avaient croisé alors qu’ils perpétuité, les deux autres, mineurs, à neuf lence xénophobe et les agissements de jeudi une gerbe sur le lieu du crime. (Lire présidentielle déambulaient la nuit du 10 au 11 juin à Des- ans de prison, par le tribunal de Halle. Ce groupes néonazis d’extrême droite. Le chan- aussi notre éditorial page 14.) ABIDJAN BERLIN Frank, depuis la mort de son père, l’Ouganda ou un trafiquant de de notre correspondante de notre correspondant a rejoint des groupes skinheads et drogue auraient pu aussi bien subir La junte au pouvoir en Côte « Je hais les nègres », avait lâché profère sans arrêt des paroles na- son triste sort. Il a déploré que d’Ivoire depuis décembre 1999 a an- Frank à l’ouverture du procès, ado- zies. Fin 1999, il a été condamné à 28 étrangers aient été tués en Alle- noncé, mercredi 30 août, le report lescent néonazi de 16 ans, mous- deux semaines de prison pour magne depuis la réunification par au 22 octobre de l’élection prési- tache à la Hitler, lorsque le pré- s’être fait teindre le signe des SS des extrémistes de droite et trois dentielle qui avait été fixée au sident du tribunal de Halle lui avait derrière la tête et avoir beuglé des cette année (le chiffre d’une cen- 17 septembre. Ce report a été déci- demandé ce qu’il avait donc contre Heil Hitler. Il a quitté l’école sans taine est souvent évoqué). Il a noté dé sur recommandation de la les étrangers. La sanction est tom- formation, tout comme Christian. le fort taux d’agressions racistes commission électorale nationale, où bée mercredi 30 août : le jeune Ils sont habitués à écouter de la dans le Land de Saxe-Anhalt, où se les principaux partis politiques sont skinhead, qui avait battu à mort musique skin où l’on proclame trouve Dessau, alors que les étran- représentés, invoquant des retards avec deux comparses le Mozambi- « Auschwitz, Dachau, Buchenwald, gers ne représentent que 1,6 % de la dans l’organisation de ce scrutin pé- cain Alberto Adriano pendant le nous allons de nouveau refroidir les population. Selon le président, le rilleux censé marquer la fin de la week-end de la Pentecôte à Des- juifs » ou encore « Notre visage est danger pour les étrangers d’être « transition » militaire. Les pro- sau, a été condamné à neuf ans de plein de haine. Nous aimons la vio- victimes d’agressions est plus élevé blèmes sont effectivement nom- prison, tout comme un camarade, lence », apprendra-t-on pendant à l’est qu’à l’ouest, alors que la breux. De vives critiques avaient mineur de 16 ans également. L’aîné l’enquête. moitié des 9 000 skinheads prêts à suivi l’organisation du référendum de la bande, Enrico Hilprecht, la violence vivaient dans l’ex-RDA. constitutionnel de juillet et toutes 24 ans, a été condamné conformé- FRAPPÉ DIX FOIS À LA TÊTE La veuve de la victime n’a pas as- les lacunes de ce scrutin n’ont pas ment aux réquisitions du procureur Sur le quai de la gare, les deux sisté au verdict, ayant été victime encore été comblées. De plus, à à la prison à perpétuité, peine adolescents rencontrent Enrico de menaces de mort en prove- peine un tiers des jeunes de dix-huit d’une lourdeur exceptionnelle en Hilprecht, qui a raté lui aussi son nance des milieux d’extrême ans, qui viennent d’obtenir Allemagne. train. Le jeune homme a suivi une droite. La prise de conscience ac- de vote, se sont inscrits sur les listes La brutalité de leur crime a ému formation de boulanger mais est tuelle face à la violence néonazie électorales. Le budget de l’élection toute l’Allemagne. Les trois jeunes au chômage depuis qu’il a quitté la s’est accrue cet été après un atten- n’est pas encore prêt et une ving- gens avaient reconnu les faits tout Bundeswehr. Il vit avec deux amis, tat à la bombe à Düsseldorf, qui n’a taine de décrets doivent encore être en niant avoir voulu tuer leur vic- sans doute membres du parti douze ans, il est marié à une Alle- polonaise, les meurtriers d’un pas été élucidé ni révendiqué, et promulgués. time, décédée trois jours après néonazi NPD. Les trois frater- mande et a trois enfants : rien n’y Angolais avaient été condamnés à qui a fait une dizaine de victimes, Fortes de ce constat, la plupart l’agression. Ils n’ont jamais émis de nisent. Vers minuit, après s’être fait fait. Les brutes rouent de coups des peines allant de deux ans avec dont des juifs originaires de l’ex- des formations politiques avaient remords. Le drame s’est déroulé expulser de la gare, les trois déam- leur victime, hurlant « Salaud de sursis à quatre ans de prison. Le tri- URSS. déjà indiqué qu’elles étaient favo- dans la nuit de samedi 10 à di- bulent, saouls, hurlant leurs propos nègre, dégage de notre pays ». Pen- bunal avait alors estimé qu’il n’y Sous la pression populaire, le rables à ce report. Mais ce nouveau manche 11 juin. Ce soir là, Frank racistes dans les rues de Dessau. Ils dant le procès, Enrico Hilprecht a avait pas lieu à faire des exemples. chancelier Gerhard Schröder, qui délai ne lève pas toutes les inquié- manque avec son ami Christian le croisent dans le parc de la ville reconnu avoir frappé dix fois à la Cette fois-ci, la justice a frappé fait un voyage de deux semaines tudes qui pèsent sur cette élection. dernier train pour rentrer chez eux Alberto Adriano, un Mozambicain tête avec ses rangers, alors que la fort, au cours d’un procès qui s’est dans les nouveaux Länder, s’est dé- Plus que le scrutin lui-même, l’an- à Wolfen, près de Bitterfeld, an- de 39 ans, qui revient d’une soirée victime gisait déjà à terre. déroulé à huis-clos, deux accusés cidé à déposer jeudi 31 août une nonce des candidatures retenues cienne capitale de la pollution de chez des amis : un étranger, pis, un Les trois jeunes décident d’humi- étant mineurs. La Cour n’a pas re- gerbe sur le mémorial érigé là où reste l’enjeu principal. Les dossiers RDA, aujourd’hui haut lieu du chô- Noir ! Les trois néonazis l’agres- lier leur victime un peu plus, le dé- connu l’alcool comme circonstance Alberto Adriano a été assassiné. Il de dix-neuf candidats, dont le chef mage. Le deux skins s’ennuient sent. Alberto Adriano tente de les nudant et ne lui laissant que ses atténuante, soulignant que les lui a été reproché de ne pas assez de la junte, le général Robert Gueï, ferme et n’ont rien d’autre à faire raisonner. Employé des abattoirs, chaussettes et chaussures. Ils lui criminels y étaient « habitués de rencontrer les victimes de la vio- sont examinés par la Chambre que de boire. Leur dérive a travailleur venu du temps de la volent sa montre, lui piquent cin- manière effrayante » et qu’ils lence d’extrême droite. Il doit veil- constitutionnelle, chargée de commencé depuis longtemps. RDA, il vit et travaille ici depuis quante marks et éparpillent ses ha- étaient responsables de leurs ler à ne pas réitérer la faute de Hel- contrôler leur éligibilité. Cette insti- bits. L’un d’eux tire alors le corps actes : « L’idée de la mort était dans mut Kohl, qui n’avait pas jugé bon tution doit rendre publique la liste du Mozambicain sur une quaran- leurs têtes », a accusé le président de se rendre aux obsèques des cinq définitive des candidats au plus tard Les dérapages verbaux de quelques politiciens taine de mètres et ils le frappent du tribunal, estimant qu’ils avaient femmes et fillettes turques assassi- deux semaines avant le scrutin, soit encore alors qu’il a l’air mort. Aler- agi de manière « insensée et impi- nées dans l’incendie criminel de le 7 octobre. « Ils vous ont pris au mot », accusait, samedi 26 août, le quotidien tée par les passants, la police arrête toyable ». Solingen, dans la Ruhr, en 1993. Au centre du débat : la candida- de la gauche alternative Tageszeitung, qui a imprimé les petites les trois skinheads. Alberto Adria- M. Schröder a salué le jugement de ture de l’ancien premier ministre, phrases des hommes politiques des partis démocratiques qui «mo- no décédera trois jours plus tard de CLIMAT RACISTE Halle, y voyant « une réponse claire Alassane Ouattara, qui empoisonne bilisent les agresseurs » d’extrême droite. Au cours de l’été 1997, Ger- ses blessures. En prononçant le jugement, il a de l’Etat de droit à un acte épouvan- le débat politique depuis des an- hard Schröder avait affirmé que « nous ne devrions pas être aussi ti- Très vite, le parquet fédéral s’est dénoncé le climat raciste qui ré- table » et a réitéré son souhait de nées. Selon les nouveaux critères morés vis-à-vis des criminels étrangers que nous attrapons. Pour celui saisi de l’affaire, incitant la justice à gnait en ex-RDA, Alberto Adriano voir le parti néonazi NPD interdit. d’éligibilité, taillés sur mesure pour qui viole notre droit de l’hospitalité, il n’y a qu’une solution, dehors et plus de sévérité. Le jugement de la n’ayant été tué que parce qu’il avait l’invalider, le candidat doit être vite ». En novembre 1998, le ministre de l’intérieur social-démocrate, cour de Halle tranche avec cer- la peau noire : l’ambassadeur de Arnaud Leparmentier « ivoirien de père et de mère eux- Otto Schily clamait que « la frontière des capacités d’accueil d’immi- taines décisions prononcées dans mêmes ivoiriens » et « ne doit pas gration de l’Allemagne est dépassée ». Deux mois plus tôt, le ministre le passé, où les juges atténuaient s’être prévalu d’une autre nationali- chrétien-démocrate de l’intérieur de Berlin, Jörg Schönbohm, esti- parfois les crimes racistes en coups té ». Les adversaires de M. Ouattara mait que « le temps de l’amitié avec les hôtes tirait à sa fin ». En juin et blessures volontaires ayant en- mettent en cause son « ivoirité » et 2000, le ministre chrétien-social de l’intérieur bavarois déclarait : traîné la mort sans vouloir la don- rappellent entre autres qu’il a béné- « Nous avons besoin de moins d’étrangers qui nous utilisent et de plus ner. En septembre 1992, à Franc- ficié d’une bourse d’étude au titre d’étrangers que nous puissions utiliser. » – (Corresp.) fort-sur-Oder, à la frontière du Burkina Faso et a occupé un poste de vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest au nom de ce pays. M. Ouattara maintient qu’il est éli- L’« affaire Busek » met fin à la « lune de miel » gible et prévient, tout en appelant ses partisans au calme, qu’il ne pourra pas toujours tenir ses entre populistes et conservateurs autrichiens troupes. VIENNE les anciens « vassaux » de l’empire tout à la ronde, il prépare la sortie Reste à savoir quelle ampleur de notre correspondante austro-hongrois désireux d’inté- du FPÖ du gouvernement », affir- pourrait prendre un mouvement de L’« affaire Busek », qui a vu s’af- grer l’Union, il était difficile de mait-il, au moment précis où la protestation contre son élimination fronter les conservateurs de l’ÖVP trouver mieux que ce militant che- presse autrichienne spéculait sur de la course. Ses adversaires mini- et les populistes du FPÖ sur la vronné de la Mitteleuropa, qui un possible retour du gouverneur misent les risques de troubles, ar- question de l’élargissement de connaît tout le monde de Varsovie de Carinthie aux affaires natio- guant notamment que 86 % des l’Union européenne à l’Est, semble à Zagreb. nales de son parti. électeurs ont approuvé les condi- close : elle n’a pas été évoquée, Le FPÖ a aussitôt demandé la tions d’éligibilité contenues dans la mercredi 30 août, du moins offi- LA QUESTION DES SUDÈTES tête de M. Busek, le chef de la frac- nouvelle Constitution qui présa- ciellement, lors de la longue séance Après les congratulations tion parlementaire, Peter Westen- geaient de son invalidation. Mais les du « conseil de coalition » où les d’usage, les choses se sont vite gâ- thaler, jugeant intolérable que le autorités restent en alerte. A plu- deux partis de droite précisent les tées. M. Busek a continué ses responsable du dossier « pisse tous sieurs reprises, des imams, soup- axes de leur politique gouverne- voyages vers l’Est, cette fois au les jours » sur ses partenaires po- çonnés d’être des partisans de mentale. On ignore ce que nom du gouvernement, mais n’a pulistes. A ce point du débat, M. Ouattara, lui-même musulman, s’étaient dit auparavant, en tête à jamais pu obtenir que soit arrêtée M. Busek avait reçu le soutien de ont été l’objet d’enquêtes sur de tête, le chancelier Wolfgang Schüs- une ligne claire entre les positions l’opposition, mais aussi du patro- supposées tentatives de déstabilisa- sel et celui qui reste l’homme fort proeuropéennes de l’ÖVP et les fri- nat, qui voit dans l’élargissement à tion. du FPÖ, le leader d’extrême droite losités protectionnistes du FPÖ. l’Est une chance pour les entre- Caches d’armes, recrutement de Jörg Haider. Jörg Haider n’a pas tardé non plus prises autrichiennes. mercenaires, financement de pays Mais pendant deux semaines la à critiquer publiquement ses initia- L’ÖVP n’a pas cédé aux pres- islamiques : toutes les rumeurs tension a été vive entre les deux tives, en suggérant que M. Busek sions de Jörg Haider, mais le FPÖ courent sur une résistance organi- partis au pouvoir à Vienne. Et si épousait aveuglément la cause considère désormais M. Busek sée par le camp Ouattara. Il y a l’on ne parle pas encore de di- tchèque en raison de ses origines comme « un demi-responsable » quelques mois, le chef de la junte, le vorce, le quotidien libéral Standard familiales, et en remettant sur le inapte à représenter la totalité du général Robert Gueï, accusait son soulignait, jeudi, que cette querelle tapis l’expulsion brutale des popu- gouvernement. Cette polémique a parti, le Rassemblement des répu- venimeuse a mis fin à la « lune de lations allemandes des Sudètes par en tout cas mis en évidence des di- blicains, d’atteinte à la sûreté de miel » presque sans nuages qui les autorités tchèques, au lende- vergences de fond au sein de la l’Etat. Les enquêtes sont jusqu’ici avait caractérisé les sept premiers main de la seconde guerre mon- droite autrichienne, et ne pouvait restées sans suite. M. Ouattara n’est mois de la coalition. diale. Présents en Allemagne et à qu’embarrasser le chancelier Wolf- pas le seul à attendre le verdict de la La pomme de discorde s’appelle un moindre degré en Autriche (où gang Schüssel alors que les trois Chambre constitutionnelle. Objet Erhard Busek. Ce politicien conser- leur nombre est estimé à 260 000 ) : « sages européens » préparent leur d’une information judiciaire pour vateur, qui fut vice-chancelier dans les Allemands originaires des Su- rapport sur la « nature politique » détournement de fonds, le candidat une coalition avec les socialistes dètes réclament l’abrogation des du FPÖ. Mais elle a aussi révélé les du Parti démocratique de Côte avant d’être évincé de la direction « décrets Benes » (du nom du pre- ambiguïtés de la politique est- d’Ivoire (PDCI), au pouvoir de l’in- du parti par Wolfgang Schüssel, a mier ministre tchèque de l’époque) européenne des conservateurs de dépendance en 1960 au coup d’Etat été désigné à la mi-mars par le qui ont justifié l’expropriation l’ÖVP : les Tchèques sont en effet de décembre, l’ancien ministre de conseil des ministres pour piloter massive des germanophones, sus- ulcérés de l’appui apporté par l’intérieur Emile Constant Bombet, la politique gouvernementale sur pects de collaboration avec le na- M. Schüssel au blocage symbo- est également sur la sellette. Le dé- un sujet hautement sensible : zisme. Leurs organisations, soute- lique de leur frontière, samedi, nouement de ce suspense préélec- l’élargissement de l’Union à l’Est. A nues par le FPÖ, proposent de pour protester contre la mise en toral est dans les mains du pré- l’époque, le FPÖ n’avait approuvé bloquer l’adhésion de la Répu- service du nouveau réacteur de la sident de la Cour suprême, que du bout des lèvres la nomina- blique tchèque à l’Union si cette centrale nucléaire de Temelin, dont président de la chambre constitu- tion d’un homme connu pour son revendication n’était pas satisfaite. l’Autriche n’a jamais accepté l’exis- tionnelle, M. Tia Koné, qui jusqu’à hostilité à ce parti, et son allergie à Dans un entretien au magazine tence. A Prague, le premier sa nomination en juillet était la personne de Jörg Haider. News, Erhard Busek a vertement ministre a jugé cette attitude conseiller juridique du général Gueï. Cependant, dans le rôle d’inter- répliqué en qualifiant les assertions « scandaleuse ». médiaire entre une Autriche en de M. Haider de « stupides et primi- Fabienne Pompey quête d’appuis internationaux, et tives ». « En crachotant ainsi par- Joëlle Stolz LeMonde Job: WMQ0109--0004-0 WAS LMQ0109-4 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0535 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 INTERNATIONAL Moscou entretient la confusion sur les raisons du naufrage du « Koursk » La hiérarchie militaire dément qu’un test de torpille, effectué en manœuvre par le sous-marin nucléaire, soit à l’origine du drame, comme l’affirment des sources américaines. Elle laisse aussi planer l’incertitude sur la composition de l’équipage Les hauts responsables militaires russes provoqué en manœuvre par un tir défec- rités russes voient dans toute autre expli- médias occidentaux » chercheraient à tional ». Le flou demeure aussi sur les vic- démentent des informations livrées par tueux de nouvelles torpilles. Alors qu’une cation une tentative de dénigrer la qualité « convaincre le monde entier que les times. Une liste de noms « de 118 membres des services occidentaux, selon lesquelles enquête est en cours, Moscou veut privilé- des armements de production russe. Selon armes russes ne sont pas sûres » et «à de l’équipage » a été rendue publique, l’accident du sous-marin nucléaire Koursk gier la thèse d’une collision entre le l’agence Interfax, citant des sources dans donner une image négative de [l’]industrie mais le Koursk, selon des sources non offi- en mer de Barents, le 12 août, aurait été Koursk et un bâtiment étranger. Les auto- l’armée, les « militaires américains et les de défense [russe] sur le marché interna- cielles, comptait 107 marins.

MOSCOU servateurs ». Elles ont reconnu tout bon nombre d’experts russes, est entier que les armes russes ne sont deux explosions. Les stations de formation avait été déjà évoquée. de notre correspondant aussi tardivement la présence à celui de l’explosion d’une torpille pas sûres, elle vise à donner une l’institut de sismologie norvégien Le 17 août, un article sur le site in- Près de trois semaines après le bord de deux spécialistes daghes- au moment de sa mise à feu, et ce image négative de notre industrie de Norstar les enregistrent égale- ternet du journal de l’armée, Kras- naufrage du sous-marin nucléaire tanais, experts dans les systèmes à l’intérieur même du bâtiment. Le défense et à affaiblir sa compétitivité ment : la première, à 11 h 30, équi- naïa Zvezda, faisait état d’un pos- Koursk, l’état-major de la marine d’armes et les torpilles. Koursk aurait alors sombré très ra- sur le marché international », est-il vaut à une explosion de 100 kilos sible accident de torpille. Il citait russe et la commission d’enquête, pidement et, deux minutes plus dit. La Russie escompte cette an- de TNT, la seconde, à 11 h 32, est un ancien amiral de la flotte du dirigée par le vice-premier ministre EXPLICATIONS EMBARRASSÉES tard, la quasi-totalité du comparti- née vendre pour près de 20 mil- d’une puissance équivalente à 1 ou Nord expliquant que l’état-major Ilia Klebanov, demeurent inca- Cette composition exacte de ment des torpilles explosait liards de dollars d’armements à 2 tonnes de TNT. Dans son édition avait cédé à la pression des indus- pables d’expliquer les causes de l’« équipage » n’est pas anecdo- lorsque le bâtiment heurtait le l’étranger. La thèse constamment du 29 août, le New York Times fait triels de l’armement et avait rem- l’accident et de présenter une tique, puisqu’elle peut contribuer à fond de la mer de Barents. mise en avant par les autorités état des données recueillies par le placé des torpilles à moteur élec- chronologie précise des événe- orienter l’enquête vers un scénario Mercredi 30 août, l’agence Inter- russes est celle d’une collision ini- sous-marin américain Memphis et trique par des engins propulsés par ments. Au contraire, au fil des dé- que nient avec constance le mi- fax a transmis un démenti aux ac- tiale avec un sous-marin étranger. cite des officiels du Pentagone ex- carburant liquide, moins chers, clarations contradictoires de tel ou nistre de la défense, Igor Serguïev, cents de guerre froide d’un « haut- Le 12 août, proches de la zone pliquant que les signaux émis par plus rapides mais beaucoup plus tel responsable, les autorités Ilia Klebanov et une partie de responsable de la marine ». « Cette des manœuvres russes, le bateau- une collision ou une explosion dangereux à stocker et à utiliser. semblent vouloir entretenir à des- l’état-major de la marine. Ce scé- thèse des militaires américains, re- espion norvégien Maryiatta, deux sont aisés à distinguer. Or c’est Cet article fut, dès le lendemain, sein la confusion sur ce qui consti- nario, retenu par les services amé- layée par les médias occidentaux, a sous-marins et un navire améri- bien une explosion initiale qu’en- retiré du site internet. tue pour l’armée russe la plus ricains, par les Norvégiens et par pour but de convaincre le monde cains distinguent très nettement registre le Memphis. Ces officiels Le 17 août également, alors que grande catastrophe navale surve- ajoutent qu’une collision, même M. Klebanov relaie la thèse de la nue en temps de paix. très violente, n’aurait pas pu ouvrir collision, le vice-amiral Tomko, an- Le flou demeure, par exemple, Chronologie de la catastrophe cloche de sauvetage au bâtiment échoue. dans la double coque renforcée du cien responsable des sous-marins sur les victimes elles-mêmes. Les b Lundi 14 août : Koursk une voie d’eau qui allait nucléaires de la flotte du Nord, es- autorités ont rendu publique une b Samedi 12 août : – 10 heures. L’information est rendue publique : «un faire sombrer le bâtiment en deux time que le seul scénario crédible liste de noms « de 118 membres de – 8 h 50. Dernière liaison-radio avec le Koursk. incident technique » a obligé le sous-marin « à se minutes. est celui d’une explosion de tor- l’équipage ». Mais l’équipage à – 11 h 30. Première explosion, suivie 2 minutes 15 plus poser au fond de la mer de Barents ». Malgré les explications embar- pilles dans le premier comparti- proprement parler du Koursk, se- tard, d’une seconde de très forte puissance. – Dans l’après-midi. Plus « aucun signe de vie » n’est rassées des autorités russes, il ne ment du bâtiment. Le 22 août, lon des sources non-officielles, – 18 heures, puis 23 h 30. Le Koursk ne répond pas donné par l’équipage. fait aujourd’hui plus de doute Alexandre Routskoï, gouverneur comptait 107 marins. En fait, une aux rendez-vous radio prévus. b Mercredi 15 août, mi-journée : le président qu’une des missions du Koursk de la région de Koursk, annonçait dizaine de hauts responsables de la b Dimanche 13 août : Poutine s’exprime pour la première fois et qualifie la était d’essayer des torpilles propul- que le test des nouvelles torpilles flotte du Nord étaient également – 4 h 30. Le sous-marin est retrouvé et identifié, situation de « critique ». En fin de journée, la Russie sées par un nouveau moteur à car- avait pu entraîner le naufrage, présents dans le submersible pour gisant par 107 mètres de fond. accepte officiellement l’aide étrangère. burant liquide. « Un nouveau sys- ajoutant que « le commandant de assister aux manœuvres. Les auto- – 7 heures. Le ministre de la défense, Igor Sergueïev, b Samedi 19 août, après-midi : l’état-major tème d’armes était testé », a déclaré, la marine mentait au président ». rités ne l’ont reconnu que tardive- informe le président Poutine. reconnaît officiellement que la totalité de l’équipage le 28 août, l’un des membres de la ment parlant de la « présence d’ob- – 18 heures. Une première tentative d’arrimer une a péri. commission d’enquête. Cette in- François Bonnet « Squall », une torpille rapide qui suscite bien des curiosités occidentales DÉNOMMÉE Squall (bour- Pierre-le-Grand, en exercice avec le air comprimé du sous-marin en l’ordre de 350 km/h, sans sière SS-N-19 à tête classique ou quante-quatre ans, il est au- rasque ou rafale de vents) par sous-marin en mer de Barents – plongée et propulsée par un pro- commune mesure avec celles de nucléaire (d’une énergie égale à jourd’hui détenu, depuis cinq l’OTAN, la nouvelle torpille russe n’emportait que des torpilles an- pergol liquide, qui libére ensuite torpilles classiques. Trés rapide et vingt fois la bombe d’Hiroshima). mois, sous l’accusation d’espion- intéresse les états-majors occiden- ciennes propulsées par batteries. au-dessus de la surface de l’eau tirée d’un tube lance-torpilles de Mais aucun spécialiste ne peut nage, et, quoiqu’il se défende taux au plus haut point. Moscou Ce qui n’est pas contradictoire une torpille, elle-même munie d’un 650 ou de 533 mm, comme il en imaginer qu’il ait disposé d’armes d’avoir cherché des informations affirme avoir arrêté, en avril, un avec l’avis d’experts occidentaux parachute et larguée à proximité existe sur les sous-marins et les nucléaires pour un exercice de secrètes sur la marine russe et sur ancien officier de marine améri- pour qui le Koursk testait le nouvel de la cible vers laquelle, une fois croiseurs russes, la Squall offre lutte anti-sous-marine. la Squall, il est passible de vingt ans cain, Edmond Pope, soupçonné engin. retombée en immersion, elle se di- l’avantage d’être relativement si- d’avoir cherché à recueillir des ren- Le système Squall, connu en rige grâce à ses accumulateurs lencieuse durant ses évolutions. seignements sur ce système Russie sous l’appellation de projet électriques pour exploser au Mais elle a l’inconvénient de re- Le « Loyal », un navire-espion sophistiqué d’armes anti-sous-marines par le VA-111, est probablement dérivé contact de son objectif. courir à une propulsion très ins- biais d’un complice russe, Anatoli des armes anti-sous-marines SS- table, aussi dangereuse que la ni- La marine américaine a déployé deux sous-marins et un bâtiment Babkine. Mais les Russes pré- N-15 et SS-N-16 en ce sens qu’il SILENCIEUSE troglycérine, les Russes n’ayant pas spécialisé, le Loyal, pour surveiller les manœuvres russes en mer de tendent que le Koursk – comme s’agit d’une arme à changement de Cette technique permet à la encore réussi, croit-on, à concevoir Barents. Les deux sous-marins à propulsion nucléaire, du type sans doute des croiseurs, tel le milieu. C’est une fusée chassée par Squall d’atteindre des vitesses de un missile/porte-torpilles à poudre. « Memphis », sont destinés à l’attaque, au moyen de torpilles, de Il existait, dans l’arsenal français, flottes de surface et de sous-marins et ils disposent d’équipements un système d’armes comparable, le d’écoute comparables à ceux de submersibles de la même classe. En Malafon, qui se présentait sous la revanche, le Loyal est un bâtiment de surveillance acoustique qui a la forme d’un planeur lance-torpilles configuration d’un catamaran déplaçant 3 400 tonnes à pleine propulsé à poudre et capable de fi- charge. Outre des sonars classiques de détection, qui lui servent de ler à 830 km/h. Un tel équipement, matériel d’écoute fixe, il traîne le système dit « Surtass » (Surveil- en service sur des frégates, a été lance Towed Array Sonar System), c’est-à-dire une antenne linéaire re- abandonné en 1997-1998. morquée, de 2 615 mètres de long, à la vitesse de 9 nœuds (17 km/h) et Développée durant les an- à une profondeur de 450 m, qui enregistre les émissions sonores. Le nées 1990, la Squall russe a Loyal contrôle ainsi ce qui se passe dans de vastes zones océaniques. commencé d’être embarquée après 1998. Elle est probablement dotée d’une charge classique (de 250 ki- Ancien des services de rensei- de prison. Il semble que M. Bab- logrammes), à la différence des SS- gnements de la marine américaine, kine, soixante-dix ans, ait été libéré N-15 ou SS-N-16 qui sont censés M. Pope travaillait pour le compte en raison de son âge, dit-on, ce qui emporter aussi des têtes nucléaires d’une société-conseil basée en donne à croire que les charges, re- de 5 kilotonnes (une puissance de Pennsylvanie, après avoir quitté un tenues contre lui par les services destruction quatre fois inférieure à laboratoire universitaire dans ce russes de sécurité, seraient plutôt la bombe d’Hiroshima). Le Koursk, même Etat, quand il a été arrêté minces. comme des croiseurs russes, em- avec M. Babkine, un professeur barquait aussi des missiles de croi- d’université à Moscou. Agé de cin- J. I. Pourquoi les Russes ont humilié l’OTAN à Pristina en 1999 QUATORZE mois après qu’il ait eu lieu, l’inves- armements lourds, doit être notifiée au préalable à tissement de l’aéroport de Pristina, chef-lieu du Ko- tous les Etats signataires et elle prescrit que le pays sovo, par une colonne blindée russe avant même le organisateur doit inviter des « observateurs » exté- déploiement de l’OTAN a perdu une part de son rieurs. mystère. Cette action spectaculaire prit de court les En Macédoine, l’OTAN avait mobilisé les élé- alliés, qui en sortirent ridiculisés. Si l’on en croit au- ments précurseurs de sa future force de paix, la jourd’hui des « vérificateurs » français des accords KFOR, dont les effectifs dépassaient, et de beau- de Vienne en matière de confiance et de sécurité en coup, les treize mille hommes. Or, si l’OTAN avait Europe, ce fut, pour Moscou, une façon de dénon- bien notifié ledit déploiement, elle avait négligé de cer une faute de l’Alliance. convoquer des observateurs, dont la tâche eut été Le 12 juin 1999, à la grande stupeur de l’OTAN, de vérifier, conformément aux accords de Vienne, dont les forces se préparaient à pénétrer au Kosovo que l’Alliance ne menait pas d’activité dangereuse une fois la campagne aérienne achevée, des blindés pour la sécurité des Etats voisins. Les Russes s’en russes quittent, sans crier gare, la Bosnie, où ils formalisent et organisent leurs représailles. En étaient stationnés au sein de la SFOR. Ils fran- même temps qu’ils expédient en Macédoine une chissent la frontière yougoslave et foncent sur l’aé- équipe d’inspecteurs – qui n’y était pas attendue – roport de Pristina, où ils devancent la future KFOR pour signifier que leur droit à observation a été ba- (Force de maintien de la paix au Kosovo). L’OTAN foué, les Russes s’invitent au Kosovo en lançant de- est mise devant le fait accompli. On craint le pire et, puis la Bosnie une colonne de blindés sur Pristina, d’abord, que les Russes, non signataires des accords humiliant les états-majors de l’OTAN. de Kumanovo sur la fin des hostilités, ne viennent C’est un exemple caractéristique des difficultés au secours d’une armée serbe en plein repli. d’application des MDCS, si l’on en croit des « vérifi- cateurs » français. Conçues, à leur origine, pour REPRÉSAILLES apaiser les tensions dans les zones, en Europe, où Sur le moment, Moscou ne s’explique pas. On re- elles sont les plus vives, les MDCS dépendent de la doute que Boris Eltsine, alors au pouvoir mais déjà bonne volonté des Etats. très fatigué, ne soit manipulé par ses états-majors Or, depuis 1990, date à laquelle les accords furent soucieux de démontrer que l’OTAN doit encore signés à Vienne, la grande majorité des vérifications compter avec l’armée russe. Désormais, il existe ont eu lieu dans des zones relativement calmes, là une autre version de ces faits, avancée par des « vé- où, précisément, « elles ne gènent personne » re- rificateurs » français des accords, conclus à Vienne connaît un responsable français. Depuis plusieurs entre cinquante-quatre pays, sur la réduction des années, la Yougoslavie est ainsi exclue – et continue forces en Europe. de l’être – de ces inspections, au point que les acti- Dans ces accords, il est prévu des mesures de vités de son armée restent imperméables à un confiance et de sécurité (MDCS) entre Européens. contrôle extérieur. L’une d’elles fixe que toute activité militaire met- tant en jeu plus de treize mille hommes, avec des Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ0109--0005-0 WAS LMQ0109-5 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0536 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 5 Inquiétude au TPIY après Indonésie : le procès de l’ancien dictateur l’assassinat d’un témoin croate LA HAYE. Le procureur adjoint du Tribunal pénal international pour Suharto a été ajourné de deux semaines l’ex-Yougoslavie (TPIY), Graham Blewitt, a estimé, mercredi 30 août, que la récente mort violente d’un témoin clé de nationalité croate, Milan Levar, pourrait décourager d’autres personnes de fournir des informations sur les crimes de guerre. « Cela aura sans doute un im- Les enjeux politiques sont cruciaux pour le nouveau pouvoir pact sur d’autres témoins », a déclaré M. Blewitt. Milan Levar, âgé de quarante-six ans, a été tué lundi, dans la cour de Le procès pour corruption de l’ex-président indoné- comparaître. La défense a présenté un document médicaux. Ce procès n’est pas celui d’un régime qui sa maison à Gospic, au sud de Zagreb, par une explosion d’origine sien Suharto a été ajourné jeudi 31 août au 14 sep- établissant que l’ancien dictateur, âgé de soixante- fut sanglant mais il représente une brèche dans inconnue, selon la police. Il s’était rendu célèbre en Croatie après son tembre après que l’accusé eut été déclaré inapte à dix-neuf ans, souffrait de nombreux problèmes l’immunité dont bénéficie encore Suharto. départ volontaire, en 1997 au siège du TPIY à La Haye, pour témoi- gner sur les exactions perpétrées par les forces croates à l’encontre BANGKOK bilitée à donner l’autorisation man Wahid, premier chef d’Etat procès et des risques de rétorsion des civils serbes dans la région de Gospic au début de la guerre ser- de notre correspondant d’un procès in absentia. Trois élu de l’Indonésie, les enjeux sont des anciens lieutenants de Suhar- bo-croate en 1991. Milan Levar avait aussi, à plusieurs reprises, fait en Asie du Sud-Est membres de cette Cour ont été énormes. Il s’agit, tout à la fois, to, toujours puissants et soup- des révélations à la presse et accusé de hauts officiers croates d’avoir Suharto devant ses juges : la déclarés suspects, la semaine der- d’imposer une rupture avec la çonnés de jeter de l’huile sur le feu organisé « des liquidations » de Serbes. – (AP, AFP.) présence de l’ancien dictateur de- nière, dans une affaire de corrup- culture de corruption de l’ancien aux Moluques ou sur la frontière vant un tribunal aurait été lourde tion. Sur les 31 juges qui la for- régime, de montrer que personne du Timor-Oriental. de symboles. L’événement tant at- ment (en attendant la nomination ne se situe au-dessus de la loi, de Certains mettent en cause la Singapour achète pour 5 milliards tendu n’a toutefois pas eu lieu, prochaine de huit autres, au-des- redorer le blason d’une justice dis- sincérité du gouvernement. « C’est jeudi 31 août, devant la cour de sus de tout soupçon), Indonesian créditée et de remettre en cause un jeu politique dans lequel les deux Djakarta-Sud. Les avocats de l’an- Corruption Watch (ICW), un orga- l’impunité dont bénéficient en- parties en présence traînent les de francs d’armes à Paris cien président ont expliqué, à la nisme privé, estime que cinq seu- core les anciens tenants du pou- pieds ; tout le monde joue le temps, suite d’un dernier examen médical lement sont jugés irréprochables. voir. avec l’espoir que le problème s’éva- PARIS. En dépit d’offres concurrentes d’Israël, la France et Singa- le matin même, que Suharto, âgé Mais le pouvoir judiciaire doit Le jugement d’un ancien dicta- nouira », a déclaré à l’AFP Teten pour mettent la dernière main à un contrat estimé à 5 milliards de de soixante-dix-neuf ans, souffrait également tenir compte de la teur, dans des conditions régu- Masduki, l’un des dirigeants francs (760 millions d’euros) et portant sur des armements destinés à des séquelles neurologiques d’une pression populaire en faveur d’un lières, doterait le nouveau régime d’ICW. équiper les six frégates « furtives », de la classe « La Fayette », ache- crise cardiaque en 1999, qu’il jugement de Suharto. d’une aura morale et populaire D’autres sont plus optimistes. tées en mars 2000 par la ville-Etat aux chantiers navals français (Le éprouvait du mal à s’exprimer et à d’autant plus indispensable que « Nous n’arriverons pas à nettoyer Monde du 8 mars). Il s’agit notamment de missiles surface-surface comprendre ce qu’on lui disait. CULTURE DE CORRUPTION l’anarchie se développe dans plu- complètement les écuries d’Augias Exocet et de radars susceptibles de mettre en œuvre d’autres sys- L’ancien dictateur n’était donc Le procès actuel est loin d’être sieurs régions du vaste archipel mais nous devons montrer que nous tèmes de combat, comme des armes antiaériennes et anti-sous-ma- pas en état, jeudi, de digérer l’acte celui d’un régime qui s’est installé aux prises avec des conflits ethni- tentons de le faire », a estimé Dil- rines. Les frégates, dont certaines seront assemblées sur place, de- d’accusation de quarante-cinq dans un bain de sang (des cen- co-religieux ou séparatistes. lon, autre avocat des droits de vraient être livrées en 2009. Demandant à son fournisseur de pages l’impliquant dans le détour- taines de milliers de victimes en Le président Wahid a déclaré à l’homme. Quant au procureur gé- conserver le plus grand secret sur cette commande, Singapour a nement de plus de 4 milliards de 1965-1966) et dont l’armée a oc- plusieurs reprises qu’en cas de néral Marzuki Darusman, il espère choisi Aerospatiale-Matra Missiles de préférence au groupe israélien francs. Le procès a donc été ajour- cupé brutalement le Timor-Orien- condamnation, il accorderait son que le procès constituera une étatique IAI, qui a annoncé avoir perdu le contrat. né jusqu’au 14 septembre, le tal (deux cent mille victimes) et ré- pardon à Suharto à condition que « rupture nette avec le passé » car il temps d’un nouveau rapport mé- primé dissidents et séparatistes. ce dernier rende à l’Etat l’essentiel bloque « le processus de réconcilia- dical. Mais il représente la première d’une fortune (on parle de di- tion ». Pour que cette hypothèse Emeutes paysannes Au cas où la faculté estimerait brèche sérieuse dans l’immunité zaines de milliards de francs) ac- optimiste se réalise, il faudra Suharto incapable de se présenter, dont bénéficient encore Suharto, cumulée entre 1966 et 1998. Cette néanmoins attendre qu’il ait lieu. la balle serait alors dans le camp ses enfants, compagnons et alliés. attitude fait la part de fortes pres- dans le sud de la Chine de la Cour suprême de justice, ha- Pour la présidence d’Abdurrah- sions populaires en faveur d’un Jean-Claude Pomonti PÉKIN. La situation restait tendue, mercredi 30 août, à Yandu, un vil- lage du sud de la Chine où près de 20 000 paysans se sont heurtés à des milliers de policiers pendant près d’une semaine à la mi-août, fai- sant au moins un mort et une centaine de blessés, pour protester contre la collecte d’un impôt. Les émeutes s’étaient rapidement éten- dues aux villages voisins de Baitu, Duantang et Xiaotang, contrai- gnant les autorités provinciales à dépêcher quelque 2 000 policiers armés sur place. Selon le Centre d’information pour les droits de l’homme et la démocratie, basé à Hongkong, une cinquantaine de meneurs paysans ont été interpellés par la police. La colère des pay- sans avait été aggravée par la décision des cadres locaux d’interdire la distribution du livre intitulé L’Ami des paysans, rassemblant tous les directives prises par les autorités centrales pour alléger les impôts dans les campagnes. – (AFP.) Risque de famine au Tadjikistan, selon la Croix-Rouge DOUCHANBÉ. La moitié de la population du Tadjikistan, soit trois millions de personnes, est menacée de famine en raison de la séche- resse et de la guerre qui frappent cette République ex-soviétique, ont affirmé, mercredi 30 août, des responsables de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. « Des vies ne sont pas encore en danger », a précisé un envoyé spécial de la Croix-Rouge, Roger Brake, qui, à la tête d’une délégation, s’est rendu dans le sud et le nord du pays. « Cepen- dant, la nourriture va devenir rare dans trois mois. Nous devons donc apporter une aide alimentaire au Tadjikistan avant l’hiver », a-t-il ajouté. Les dommages dus à la sécheresse depuis le début de l’année ont été évalués à quelque 57 millions de dollars. Indépendant depuis 1991, le Tadjikistan a connu plusieurs années de guerre civile. L’opposition islamiste a passé un accord de réconciliation avec le pouvoir néocommuniste tadjik en 1997, mais l’existence de nom- breuses bandes armées incontrôlées donne lieu à de violents affron- tements. – (AFP.) Funérailles du 3e élu du Parti populaire assassiné par l’ETA cette année MADRID. Le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, a présidé, mercredi 30 août à Madrid, les funérailles d’un élu de son parti, Manuel Indiano, vingt-neuf ans, le troisième assassiné par l’or- ganisation séparatiste basque ETA depuis le début de cette année. La cérémonie a eu lieu à l’église Colegiata de San Isidro, ville d’où était originaire Manuel Indiano, qui a été criblé de balles, mardi 29 août, dans un commerce de Zumarraga, localité du Pays basque dont il était conseiller municipal sous les couleurs du Parti populaire (PP, centre droit, au pouvoir à Madrid). Parallèlement, des manifestations silencieuses ont eu lieu dans les grandes villes du pays contre la violence de l’ETA, qui s’est fortement accrue au cours de l’été (sept morts). Plusieurs centaines de per- sonnes ont scandé des slogans contre l’ETA aux cris de « justice, jus- tice ». A l’issue de la cérémonie, le porte-parole du PP, Rafael Her- nando, a regretté l’absence de représentants des nationalistes basques modérés qui gouvernent la région autonome du Pays basque. – (AFP.) Après 52 jours de grève de la faim, un islamiste tunisien a été gracié TUNIS. En grève de la faim depuis le 10 juillet, un prisonnier isla- miste, Taoufik Chaïeb, a bénéficié d’une grâce présidentielle et a été remis en liberté mercredi 30 août. Emprisonné depuis le 28 août 1996, M. Chaïeb avait cessé de s’alimenter pour demander sa libéra- tion et protester contre sa condamnation à trois reprises pour les mêmes faits, en l’occurrence appartenance au mouvement islamiste (Ennahdha– interdit). Selon l’avocate Radhia Nasraoui, Taoufik Chaïeb, trente-huit ans, enseignant, a purgé une peine de trois ans et demi pour « appartenance à une association illégale » et purgeait de- puis mars 2000 deux autres peines cumulant cinq ans pour les mêmes chefs d’inculpation et les mêmes faits. M. Chaïeb a affirmé avoir été informé de sa libération puis conduit à son domicile, dans la banlieue de Tunis, mercredi après-midi. Il s’est dit « fatigué » et « trouvant des difficultés à tenir debout », mais il a tenu à remercier les organisations humanitaires et « tous ceux qui ont contribué à sa relaxe ». – (AFP.) LeMonde Job: WMQ0109--0006-0 WAS LMQ0109-6 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0537 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000

FISCALITÉ Au terme d’une ultime 2001. Au total, le gouvernement pré- en 2001 (sur les revenus 2000), de fa- au Monde, qu’« il faut redonner aux dant que « rien n’existe vraiment en réunion du gouvernement à l’hôtel voit une baisse des impôts de 60 mil- çon symbolique pour les taux supé- Français les dividendes fiscaux de la dehors du clivage gauche-droite ». A Matignon, Laurent Fabius devait an- liards de francs l’an prochain et de rieurs et de manière plus marquée croissance ». Regrettant la démission propos du quinquennat, il rappelle noncer, jeudi 31 août, l’ensemble du 120 milliards sur la période 2001-2003. pour les taux supérieurs. b FRANCOIS de Jean-Pierre Chevènement, le pre- que c’est Jacques Chirac qui « a préfé- volet fiscal du projet de budget pour b L’IMPÔT SUR LE REVENU sera allégé HOLLANDE estime, dans un entretien mier secrétaire du PS assure cepen- ré le référendum au Congrès ». Le gouvernement veut des baisses d’impôts pour tous Allégements pour toutes les tranches d’impôt sur le revenu, réduction de la CSG sur les bas salaires, suppression de la vignette automobile, décrue de l’impôt sur les sociétés : les mesures clés du projet fiscal du gouvernement LE MINISTRE des finances, liards de certaines mesures déjà vo- grande conversion. Jusque-là farou- eux aussi, de ce plan d’allégement, ployeurs, alors que le gouverne- gain important de pouvoir d’achat. Laurent Fabius, devait annoncer, tées mais dont la montée en puis- chement hostiles à une baisse du la CSG sera réformée. Le projet est ment actuel a décidé de la faire por- De surcroît, dans l’opinion, la vi- jeudi 31 août en milieu d’après-mi- sance n’est pas achevée, comme la taux supérieur de l’impôt sur le re- qu’un smicard en soit exonéré et ter sur le salaire brut. La différence gnette, créée en 1956 pour financer di, lors d’une conférence de presse, baisse de la TVA ou l’allégement de venu (lire ci-contre), ils vont lever le qu’une baisse dégressive profite aux est de taille, puisque dans le nou- le système des retraites, est le sym- le détail du plan fiscal sur lequel le la taxe professionnelle), échelonné tabou. Mais ils le feront avec pru- salaires légèrement au-dessus du veau système, l’allégement condui- bole de ces mesures fiscales qui gouvernement a travaillé durant sur une période de seulement trois dence, car la baisse du taux supé- SMIC. Jusqu’à quel niveau de sa- ra à une majoration du pouvoir sont souvent, à l’origine, présentées l’été. Ce dispositif a donné lieu a de ans (2001-2003). rieur sera plus modique que pour laire ? C’est un autre des points qui d’achat des salariés concernés. par leur concepteur comme provi- longues tractations entre Matignon, Le gouvernement tirera donc ar- les taux du bas du barême. faisaient encore débat jeudi matin. b La vignette automobile. Il est soires, mais qui sont pérénisées et Bercy et les dirigeants de la majori- gument de ces chiffres pour faire En juillet, M. Fabius plaidait pour Un premier schéma suggérait que acquis qu’elle sera supprimée, ce détournées de leur objet. Pour le té et n’était pas encore totalement valoir que les baisses d’impôt, déci- une baisse uniforme de tous les l’allégement pourraient toucher qui porte sur 13 milliards d’allége- gouvernement, la suppression pure arrêté la veille. dées en France, sont désormais taux d’imposition, mais sa proposi- tous les salariés jusqu’à 1,3 fois le ments. La mesure a donné lieu à et simple de cet impôt devrait donc A l’issue d’une rencontre, mercre- comparables (sinon supérieures) à tion n’a pas été entendue. Le prin- SMIC, mais il n’était pas exclu que d’âpres débats parce que certains, à avoir un effet psychologique fort di soir, entre Lionel Jospin, les mi- celles décidées par l’Allemagne. Sur cipe a été retenu que la baisse serait sur les ménages. nistres concernés par les dossiers la période 2000-2003, le chiffre de- différenciée. Et c’est cette question b Les prix des carburants. De fiscaux et les dirigeants socialistes, vrait en effet atteindre près de de l’ampleur de la « différencia- Plusieurs réformes de la fiscalité des entreprises plus, le suppression de la vignette plusieurs points, et non des 200 milliards de francs dans le pre- tion », qui était encore en suspens permet au gouvernement de moindres, faisaient encore débat : mier cas, alors qu’il avoisine jeudi en début de matinée. Les La surtaxe de 10 % sur l’impôt sur les sociétés (IS), décidée par compenser pour les automobilistes la manière de mettre en œuvre une 290 milliards dans le second, mais schémas à l’étude reposaient sur Alain Juppé, va être supprimée. Le taux effectif de l’IS va donc reve- l’alourdissement de la facture pé- baisse différenciée de l’impôt sur le sur la période 1998-2005. Sur ce to- une baisse de 0,5 point par an du nir à 33,3 %, niveau atteint à l’époque de Pierre Bérégovoy. Le gain trolière, mais sans explorer une revenu, les modalités de l’allège- tal de 200 milliards de baisses déci- taux supérieur sur trois ans (qui de cette mesure pour les entreprises sera toutefois limité, car si le autre piste, plus aléatoire, celle de la ment de la CSG ou encore les dées par le gouvernement français, pourrait donc être ramené de 54 % taux de l’impôt baisse, son assiette sera élargie. Plusieurs aménage- baisse de la fiscalité pétrolière. Une moyens possibles pour compenser près de 70 milliards devraient actuellement à 52,5 % en 2003) et ments sont en effet prévus, touchant au régime « mère-fille », c’est- baisse de la taxe intérieure sur les le choc pétrolier. Jeudi à 9 heures, le concerner les allégements de fiscali- d’environ 3 points des taux d’impo- à-dire au statut des filiales, ou encore au système d’amortissement produits pétroliers aurait en effet débat devait donc reprendre à l’oc- té indirecte (TVA, etc.), tandis que sition dans le bas du barême pour dégressif, qui tendront à compenser, au moins partiellement, les ef- été très coûteuse (18 milliards de casion d’une réunion des membres 45 milliards devraient concerner ces trois mêmes années. fets de la suppression de la surtaxe. Par ailleurs, la montée en puis- francs pour l’équivalent d’un franc du gouvernement et ce n’est qu’au l’impôt sur le revenu et 20 à 30 mil- Il reste que ce dispositif fera iné- sance de la nouvelle contribution sociale sur les bénéfices des entre- de baisse des prix à la pompe) et terme de ce rendez-vous que le pre- liards la baisse de la CSG. vitablement controversé, à gauche, prises (CSB) n’est pas encore définitivement arrêtée. Ce d’un effet douteux : une nouvelle mier ministre devait rendre ses der- L’affichage d’un plan triennal puisque les hauts revenus, même prélèvement, servant à financer les 35 heures, fera l’objet d’arbi- hausse des prix pétroliers pourrait niers arbitrages. permettra donc au gouvernement s’ils ne bénéficieront que d’une trages ultérieurs, dans le cadre de la préparation du projet de loi de en rendre l’impact imperceptible Voici donc, selon les indications de souligner sa détermination à baisse symbolique du taux supé- financement de la Sécurité sociale. pour les consommateurs, sans par- recueillies par Le Monde, ce qui était baisser fortement les impôts. Mais il rieur, profiteront également des al- ler d’une possible augmentation des acquis jeudi en début de matinée, et donnera aussi un autre signe de légements dans le bas du barême, marges des pétroliers. ce qui faisait encore débat. cette volonté au travers du calen- et seront donc relativement mieux cette barre soit légèrement remon- gauche, ont fait valoir que la me- Le gouvernement a, cependant, b L’ampleur des baisses d’im- drier d’application : les mesures les lotis que les contribuables mo- tée (vers 1,6 ou 1,8 fois le SMIC), en sure profiterait beaucoup plus aux décidé de faire un geste limité en pôt. Le gouvernement veut frapper plus spectaculaires entreront en vi- destes. fonction de la pente de dégressivité détenteurs de grosses cylindrées matière de fiscalité pétrolière, en fortement l’opinion en affichant un gueur dès 2001. Pour cette seule an- Pour compenser cet effet, le gou- qui serait finalement retenue. qu’aux autres, forcément plus mo- mettant au point un mécanisme de plan spectaculaire de baisse des im- née, les allégements pourraient vernement devait par ailleurs an- En tout état de cause, il est acquis destes. Sans méconnaître ces argu- stabilisation, proche de celui défen- pôts. Alors que M. Fabius plaidait avoisiner 60 milliards de francs dont noncer un aménagement du sys- que la mesure prendra la forme ments, le gouvernement a considé- du par le socialiste de Didier Mi- en juillet pour des allègements près de 20 milliards au titre de l’im- tème de la décote, pour freiner les d’une ristourne sur le salaire brut et ré que les avantages de cette gaud. L’idée serait de baisser légère- d’impôt de 110 milliards de francs pôt sur le revenu. effets de seuil qui frappent les chô- non celle d’un abattement. Cette réforme était plus forts que ses in- ment la TIPP, pour neutraliser les sur quatre ans, Matignon et les so- b L’impôt sur le revenu. Tous meurs retrouvant un travail. ristourne ne sera pas comparable à convénients. D’abord, pour un gains de TVA que l’Etat fait quand cialistes ont souhaité que le plan les taux d’imposition baisseront, y b La CSG. Pour que les salariés celle décidée, en d’autres temps, par foyer modeste, qui dispose d’un pe- les prix du brut s’envolent. soit finalement de 120 milliards de compris le taux le plus élevé. Et modestes qui ne sont pas assujettis Alain Juppé. Dans ce dernier cas, tit véhicule, une économie de 500 à francs (y compris le coût de 20 mil- c’est, pour les socialistes, une à l’impôt sur le revenu bénéficient, elle portait sur les cotisations em- 600 francs sur une vignette est un L. M.

François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste « Il faut redonner aux Français les dividendes fiscaux de la croissance » « La démission de Jean-Pierre n’existe vraiment en dehors du cli- pagne présidentielle de 1995. Nous Français les dividendes fiscaux de la tion du taux normal, lors du dernier grandes entreprises pour financer les Chevènement ne conduit-elle pas vage gauche-droite. Et si ceux qui se avons donc voté le texte, quand il est croissance. collectif. Dès lors, il devenait possible 35 heures. Enfin, j’estime pertinente à une fragilisation du gouverne- réclament parfois abusivement de lui venu devant le Parlement, sans au- – “Redonnez aux Français”, de toucher significativement à l’im- une différenciation de la fiscalité en ment et de la majorité ? caressent le projet de faire route cun état d’âme. C’est le président de dites-vous... N’est-ce pas une pôt sur le revenu. faveur des plus petites entreprises, – J’ai, bien sûr comme beau- commune avec des personnalités la République, en revanche, qui a concession à la thèse libérale – C’est tout de même un change- afin de favoriser leur dévelop- coup, regretté le départ du gou- comme Charles Pasqua, je leur dis : choisi la voie du référendum. d’Alain Madelin qui fait campagne ment de philosophie fiscale... pement. vernement d’un homme de la qua- Bon voyage ! – Pourquoi ? Vous y étiez hos- sur le thème “rendez l’argent” ? – Pas du tout. Car, ce qui doit – Jugez-vous opportun une sup- lité de Jean-Pierre Chevènement, – Vous dédramatisez cette dé- tiles ? – Non. La concession, ce serait de compter, c’est la baisse de tous les pression de la vignette auto- mais je sais aussi que nous avons mission. Mais les positions de – Non, cette procédure relevait de réduire le champ de l’intervention prélèvements qui pèsent sur le travail mobile ? été confrontés, dans d’autres cir- M. Chevènement sur la Corse ne sa seule appréciation. Elle a d’ailleurs publique pour donner aux marchés afin de donner aux actifs une aug- – C’est une mesure de simplifica- constances et pour d’autres rai- risquent-elles pas d’avoir, à son sens car elle donne le dernier plus de place et aux plus riches plus mentation de leur pouvoir d’achat. tion fiscale qui porte sur un prélève- sons, à des événements analogues. gauche, un écho important ? mot au peuple. Il reste que nous pré- de moyens d’y accéder. C’est la poli- C’est dans cette logique que le PS a ment particulièrement archaïque Je pense à la démission de Domi- – Que le processus engagé pour la férons le quinquennat au septennat. tique des libéraux, ce n’est pas la milité en faveur d’un allègement de quant à son mode de recouvrement nique Strauss-Kahn, et, plus ré- Corse soulève des questions, c’est Le chef de l’Etat, lui, a préféré le ré- nôtre. la CSG sur les petits revenus, et c’est et injuste quant aux écarts de tarifs cemment, au réaménagement mi- normal. Ce débat trouvera d’ailleurs férendum au Congrès. Donc, chacun – 120 milliards de francs de dans cet esprit que nous soutenons entre départements. Sa suppression nistériel intervenu en mars. sa traduction au Parlement, quand sera jugé sur les décisions qu’il a baisse d’impôt sur trois ans... c’est la réforme de l’impôt sur le revenu. ne réglerait pas la question de l’équi- D’autres viendront sans doute, les projets de loi y seront présentés ; prises. un plan qui est conforme à vos – Avez-vous pesé contre une té fiscale, qui doit être traitée par ail- parce que le gouvernement de Lio- mais je n’ai relevé ni dans le PS ni – Dans les rangs mêmes du PS, souhaits ? baisse du taux supérieur de l’im- leurs, ni celle de l’alourdissement de nel Jospin est en place depuis trois dans la majorité aucune proposition on a souvent entendu dire que la – C’est d’autant plus massif qu’à pôt sur le revenu ? la facture pétrolière, dont pâtissent ans et demi et qu’il a vocation à alternative à ce qui est engagé. La baisse des impôts ne devait pas de- ces 120 milliards de francs, il faut – J’ai pesé pour une baisse signifi- en ce moment les ménages. C’est travailler jusqu’en 2002. C’est une seule motivation de Jean-Pierre Che- venir le “must” de la doctrine so- ajouter les 80 milliards de réductions cative des taux sur les premières pourquoi, je demande qu’il y ait durée suffisamment exception- vènement a été la question de la dé- cialiste. Au regard des mesures qui d’impôts intervenus cette année. tranches. Ma préférence va en effet à d’autres dispositifs pour corriger les nelle pour comprendre, pardon- volution du pouvoir législatif à l’As- une diminution effective de la contri- effets passés et éventuellement à ve- nez-moi la métaphore sportive, semblée territoriale. Or cette bution de tous les ménages mais en nir de l’indexation de la TVA sur le que cette équipe doit nécessaire- perspective, limitée dans son champ « Ce plan pluriannuel allégeant davantage les prélèvements prix des carburants et pour amortir le ment procéder, à certains mo- d’application et contrôlée par le Par- de ceux qui ne vivent que de leur tra- choc pour les professionnels. ments de la partie, à des remplace- lement, n’est prévue que pour nous engage au moins vail et qui sont concernés par l’IRPP, – Quelles priorités défendez- ments et à des changements. Ce 2004. Pourquoi faudrait-il donc, sans disposer pour autant de revenus vous pour la politique éco- qui prime, au-delà des questions quatre ans avant cette échéance, en- jusqu’en 2002. élevés. nomique ? de personnes, c’est à la fois la ligne gager une controverse politique, – La baisse de la CSG a donné – C’est vrai que la croissance est politique définie par Lionel Jospin alors que le processus est dans sa Rien n’interdit, lieu à un important débat à forte et que nous sommes dans un et qui est le fruit d’une délibéra- phase initiale, qu’il est conditionné gauche. Quelles modalités défen- cycle qui sera plus long que celui de tion collective, y compris pour la pour sa mise en œuvre par l’arrêt de si la croissance dez-vous ? 1986. Il n’empêche que notre poli- Corse, et la solidité de la majorité. la violence et qu’il est déjà rigoureu- – La meilleure formule serait tique économique doit prévenir tout Or j’ai relevé que Jean-Pierre Che- sement encadré quant à la nature des est encore plus forte, l’abattement à la base sur tous les re- risque de ralentissement et agir à la vènement s’est clairement situé au compétences qui seront transférées ? venus, afin de rendre plus progres- fois sur l’offre, pour conforter tout ce sein de la gauche plurielle. – On a aussi entendu Jean-Luc FRANÇOIS HOLLANDE de l’amplifier » sive la CSG, mais le coût serait consi- qui concourt aux créations d’activités – Cette démission est-elle seule- Mélenchon dire qu’il serait préfé- dérable. Aussi, dans une première et d’emplois, et sur la demande, pour ment la conséquence du désaccord rable de perdre la Corse plutôt que étape, je défends la proposition de réduire l’impact récessif et inflation- de M. Chevènement sur la Corse ? la République... vont être soumises au Parlement, – Ce plan pluriannuel nous engage réduire la CSG sur les bas salaires, niste de la secousse pétrolière ac- Ou bien y voyez-vous le coup d’en- – C’est une curieuse conception de n’avez-vous pas le sentiment que devant les Français, au moins jus- afin de donner davantage sous tuelle, qui n’a rien à voir avec la crise voi d’une tentative de regroupe- la République que d’être résigné à c’est en passe de le devenir ? qu’en 2002. Rien n’interdit, si la crois- forme de revenus directs, mais en des années 70. C’est la raison pour la- ment des “républicains”, y une amputation du territoire natio- – La baisse des impôts ne doit sance est encore plus forte, de l’am- veillant à éviter les effets de seuil. quelle la politique fiscale, comme la compris ceux de droite, dans le nal pour en faire mieux respecter ses pas être une mode ou un discours, plifier. Mais mieux vaut tenir ce cap – Approuvez-vous la suppres- politique salariale, doivent tendre à cadre d’une stratégie présiden- principes. elle doit être une réalité, parce que courir après les promesses. sion de la surtaxe Juppé sur l’im- une amélioration du pouvoir d’achat tielle ? – Au sujet du référendum sur le que, pour un socialiste, l’objectif – Le PS a critiqué les plans de pôt sur les sociétés ? des ménages. Il ne faudrait surtout – Que Jean-Pierre Chevènement quinquennat, persistez-vous à doit être d’abord d’améliorer le baisse de l’impôt sur le revenu – Il faut évidemment tenir compte pas considérer que la croissance s’au- constitue, comme il l’a déjà fait penser que l’important, pour la pouvoir d’achat des ménages, sans conduits par la droite, en 1994 et en de la compétition fiscale qui existe to-entretiendra à travers les seuls avec le Mouvement des citoyens, gauche, c’est le score que le “oui” mettre en cause les fonctions col- 1996. Pourquoi cette volte-face ? entre les pays développés pour la lo- gains de productivité. C’est là que le un “pôle républicain” au sein de la fera, beaucoup plus que le taux de lectives. Nous en avons l’opportu- – Pour ma part, j’ai toujours condi- calisation des activités et pour l’in- rôle de l’Etat et les choix de politique majorité plurielle, je ne vois rien à participation au scrutin ? Une abs- nité avec la bonne conjoncture ac- tionné la baisse de l’impôt sur le re- vestissement, même si elle est regret- économique deviennent décisifs. Et y redire. C’est une ambition légi- tention forte ne serait-elle pas per- tuelle. Dès lors que les dépenses venu à la réalisation de nos engage- table. Mais, cette concurrence, il ne c’est là que la gauche dispose d’un time, même si la République n’est çue comme un revers pour le pre- publiques sont fixées à un niveau ments en matière d’élargissement de faut ni la surestimer ni l’anticiper. avantage comparatif indéniable par le monopole d’aucun parti. En re- mier ministre ? qui assure la bonne marche des la CSG aux revenus du capital et de C’est pourquoi il est utile de suppri- rapport à la droite. » vanche, Jean- Pierre Chevènement – Pour les socialistes, le succès, ce services publics, dès lors que les diminution de la fiscalité indirecte, et mer la surtaxe Juppé. En revanche, il a trop d’expérience personnelle et sera l’adoption du quinquennat. déficits publics et l’endettement notamment de la TVA. Je me suis n’y aurait aucune raison de freiner la Propos recueillis par suffisamment de conscience poli- Cette réforme, Lionel Jospin a été le sont réduits dans les proportions donc réjoui des baisses ciblées qui montée en puissance de la contribu- Laurent Mauduit tique pour ignorer que rien premier à l’avancer lors de sa cam- nécessaires, il faut redonner aux sont intervenues, puis de la diminu- tion sociale versée par les plus et Michel Noblecourt LeMonde Job: WMQ0109--0007-0 WAS LMQ0109-7 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0538 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 7

Quinze ans de politique fiscale La question du financement des 35 heures ÉVOLUTION DE L'IMPÔT (actualisé en valeur 2000) ÉVOLUTION DU PIB en milliards de francs (échelle de gauche) en pourcentage (échelle de droite) 60 6 empoisonne le gouvernement 4,6 54,3 (prév. Insee) L'OFCE a calculé pour le 40 3,5 4 Monde ce qu'auraient représenté en 2000 les LE PROBLÈME du financement sur 4 millions de salariés couverts pôt sur les sociétés et ne veut pas 2,1 à long terme des 35 heures n’est d’ici la fin de l’année. Un chiffre que cette décrue soit gâchée par 20 2 baisses d'impôts décidées par les gouvernements toujours pas résolu. Depuis des qui sera évidement largement dé- une augmentation parallèle de la 1,5 0 0 successifs depuis quinze mois, cette question empoisonne passé. Le gouvernement se trouve CSB, actuellement de 1,1 %. En re- ans, afin de les comparer le gouvernement. Il y a d’abord eu donc contraint de « bricoler » pour vanche, il peut compter sur une -20 - 0,9 - 2 aux allègements annoncés le refus patronal et syndical assurer l’équilibre du Forec, le meilleure rentrée du produit de la - 19,4 par Laurent Fabius. lorsque l’Etat a voulu se servir dans Fonds spécial d’allégement des taxe sur les activités polluantes -40 - 4 les caisses de l’Unedic ; il y a eu, charges, comme il s’y est engagé (TGAP). Cette autre source d’ap-

1994 : y compris effet en année ensuite, la décision du Conseil dans la loi. Jusqu’ici, les bonnes provisionnement du Forec a rap- -60 - 6 pleine du collectif de juillet 1993 constitutionnel, en janvier, d’annu- rentrées financières dues à la crois- porté 5 milliards de francs au lieu - 80 1996 : y compris collectif de juin 1995 ler la contribution de substitution sance et les économies récupérées des 3,2 milliards prévus. PAS DE RÉAMÉNAGEMENT SIGNIFICATIF PAS -80 - 8 1997 : ne prend pas en compte les envisagée par le gouvernement sur çà et là dans les « fonds de tiroirs » mesures prévues par Jospin 1985 87 89 91 93 95 97 99 2000 à l'automne 1997 les heures supplémentaires des en- ont permis à Martine Aubry de te- RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES Source : OFCE treprises. Il existe désormais une nir ses engagements. Pour 2001, Mais il semble désormais acquis autre certitude : les 63,9 milliards l’affaire s’annonce plus délicate. Le que la TGAP n’atteindra jamais les de francs prévus pour financer, en gouvernement a donc étudié la 12,5 milliards envisagés en 2002, 2000, les allégements de charges piste d’une augmentation de la lorsque la montée en charge pro- Des baisses d’impôts comparables à celles de 1987 et 1988 liés à la réduction du temps de tra- contribution sociale sur les béné- gressive des 35 heures dans les en- « JE PRÉSENTERAI un plan d’al- On peut donc se demander si lois de finances depuis 1985 et les a vail seront insuffisants. En 2001, fices (CSB) des entreprises, qui réa- treprises, et notamment dans les lègement et de réforme des impôts l’adjectif « ample » renvoie au ni- actualisées en valeur 2000. Le calcul cette question se posera avec plus lisent plus de 50 millions de chiffre PME, en sera à son régime de croi- que j’ai préparé pour qu’il soit le plus veau annoncé de baisse des im- est simple : il suffit de multiplier le d’acuité encore. d’affaires et qui financent une par- sière (plus de 100 milliards de ample des cinquante dernières an- pôts : 120 milliards de francs sur produit intérieur brut (PIB) actuel Le 23 août, en effet, 38 000 ac- tie du Forec. francs prévus chaque année). On nées » : dans sa tribune au Monde trois ans, soit entre 30 et 60 mil- de la France par le rapport entre les cords d’entreprise concernant les Laurent Fabius y est cependant comprend mieux, dans ces condi- du 25 août, Laurent Fabius savoure liards par an. Ce qui est d’ores et baisses d’impôts décidées pour une 35 heures ont été enregistrés, cou- farouchement opposé. Le ministre tions, la récente intervention de d’avance les annonces qu’il s’ap- déjà certain, c’est qu’en 2000, les année précise et le PIB de l’époque. vrant 3,9 millions de salariés. Or les de l’économie est en effet détermi- M. Fabius, cet été, pour réclamer prête à faire en la matière le baisses d’impôts auront été plus im- En 1987 et 1988, années de reprise projections financières du minis- né à ramener à 33,3 % (contre que soit traitée « avec souplesse la 31 août. Le ministre de l’économie portantes. Entre la loi de finances de la croissance, les allègements fis- tère de l’emploi s’étaient appuyées 36,6 % aujourd’hui) le taux de l’im- question des 35 heures dans les et des finances va engager, avec le initiale et la loi de finances rectifica- caux décidés équivalent respective- PME » (Le Monde du 25 août). budget 2001, un plan d’allègements tive de juin, 80 milliards de francs ment à des baisses d’impôts en 2000 Sauf à reporter le problème fiscaux de 120 milliards de francs d’allègements fiscaux auront été dé- de 41,2 milliards et 50,4 milliards de La conversion fiscale des socialistes d’année en année, le gouverne- sur trois ans, de 2001 à 2003. cidés par M. Jospin alors que Domi- francs. Soit des montants compa- ment doit donc trouver des res- Il est vrai que, pour la première nique Strauss-Kahn et Christian rables au plan annoncé par M. Fa- Pendant plus de vingt ans, la réforme le dispositif Juppé sans l’annuler. sources supplémentaires. L’hypo- fois en France, un gouvernement Sautter se succédaient à Bercy. Le bius. de l’impôt sur le revenu a été Le taux supérieur n’est pas relevé. thèse de la suppression de la CSB a présentera aux parlementaires un ministre des finances et le premier A l’époque, Jacques Chirac est le cheval de bataille de la droite b EN 1999, Dominique Strauss-Kahn même été envisagée. En échange, plan fiscal global triannuel. La pra- ministre ne manqueront d’ailleurs premier ministre et Edouard Balla- et la gauche s’y opposait. fait pression pour que le débat sur une partie de l’impôt sur les socié- tique est courante lorsqu’il s’agit pas d’ajouter ces 80 milliards de dur ministre de l’économie et des fi- b EN 1983, le taux supérieur l’impôt sur tés (10 %) pourrait être affectée d’une mesure ciblée. Alain Juppé y baisse aux 120 milliards annoncés nances. La croissance est au rendez- de l’impôt sur le revenu est relevé, le revenu ne soit plus tabou à aux 35 heures. Le 15 mai, dans son avait recouru lorsqu’à l’occasion de pour la période 2001-2003 afin vous et les échéances électorales par la gauche, de 60 à 65 %. gauche. Mais ses tentatives butent rapport sur le collectif budgétaire, la loi de finances 1997, il avait éla- d’afficher une baisse globale de approchent. Ces deux années-là, les b EN 1988, ce taux supérieur sur l’hostilité quasi-générale le député socialiste Didier Migaud boré un plan quinquennal de ré- 200 milliards de francs sur quatre ménages vont être les principaux est abaissé par la droite à 56,8 %. des dirigeants de la gauche, (Isère) avait prudemment pris les forme de l’impôt sur le revenu pré- ans. bénéficiaires de la baisse des im- b En 1994, Edouard Balladur allège à quelques exceptions près devants en écartant toute possibili- voyant un allègement global de pôts, puisqu’ils vont en engranger l’impôt sur le revenu dont celle de Laurent Fabius. té de relever la dotation budgétaire 75 milliards de francs. Lionel Jospin, ANNÉE 2000 ATYPIQUE plus de 56 %. Ils profitent notam- de 19 milliards de francs et réduit b EN 2000, les socialistes et en rejetant la responsabilité de aussi, notamment pour sa réforme Si l’on regarde ce qui s’est fait de- ment d’une baisse des taux de l’im- le nombre des tranches de 13 à 7. commencent à infléchir leur doctrine l’équilibre du Forec sur la loi de fi- de la taxe professionnelle. En ce puis quinze ans en matière de pôt sur le revenu de 3 % en 1987 et Le PS est très critique. et annoncent que l’impôt sur le nancement de la Sécurité sociale, sens, Laurent Fabius et Lionel Jos- baisse d’impôts en France et si l’on de 4 % en 1988. Le taux marginal b En 1996, Alain Juppé allège l’impôt revenu sera au centre qui contient, pour 2000, toute l’ar- pin innovent en s’inspirant de excepte cette année 2000 atypique, passe de 65 % en 1986 à 56,8 % en sur le revenu de 25 milliards de leur réflexion pour le budget chitecture financière des 35 heures. l’exemple allemand et peuvent, à on se rend compte que les baisses 1988. L’impôt sur les grandes for- complémentaires et abaisse le taux de l’année suivante. Lors Le projet de loi de financement juste titre, souligner l’amplitude de d’impôt que Laurent Fabius s’ap- tunes est supprimé. Les entreprises supérieur à 54 %. Après 1997, Lionel du « collectif » de printemps, 2001 de la « sécu » (PLFSS) devant l’effort engagé. Il reste que ce plan prête à annoncer ne sont pas si ex- voient l’impôt sur les sociétés pas- Jospin suspend le plan de réforme la baisse de l’impôt sur le revenu être présenté le 4 octobre en pluriannuel ne peut être qu’inten- ceptionnelles que cela, tout du ser de 50 % en 1986 à 42 % en 1988. qui devait se poursuivre sur quatre (10 %) est limitée aux deux premières conseil des ministres, Matignon as- tionnel : les parlementaires ne vote- moins au regard de la croissance Il est vrai que, dans le même temps, ans pour un allégement total de tranches, dans le souci affiché non sure que rien n’est encore arbitré. ront, à l’automne, que les mesures économique que connaît l’activité les prélèvements sociaux, eux, 75 milliards. Durant la campagne, le pas de lutter contre les Le sujet n’en nourrit pas moins, concernant le budget 2001, qui de- française aujourd’hui. continuent d’augmenter. Cet effort PS délocalisations fiscales des plus hauts dès à présent, d’intenses dis- vraient représenter une baisse d’im- A la demande du Monde, l’OFCE fiscal, en tout cas, n’a pas permis à a défendu l’idée que la priorité devait revenus, mais de limiter cussions entre Bercy et le ministère pôts de 60 milliards de francs. Sans (Observatoire français des conjonc- la droite de se maintenir au pouvoir. aller à une baisse de la fiscalité les « trappes à pauvreté » dont de l’emploi. parler des élections de 2002 qui tures économiques) a repris toutes indirecte. M. Jospin, toutefois, ne fait pourraient être victimes les peuvent changer la donne. les baisses d’impôts annoncées en Virginie Malingre que « geler » chômeurs retrouvant un travail. Isabelle Mandraud LeMonde Job: WMQ0109--0008-0 WAS LMQ0109-8 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0539 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 FRANCE

Daniel Vaillant dispose de relais solides parmi Le chômage a augmenté les responsables et les syndicalistes de la police de 0,4 % en juillet Le nouveau ministre de l’intérieur est un spécialiste des questions de sécurité Le ministère de l’emploi Le nouveau ministre de l’intérieur, Daniel Vail- de police depuis une dizaine d’années, il avait nition du programme du gouvernement. Il dis- ne croit pas à un retournement lant, est accueilli Place Beauvau avec un préjugé été l’animateur de la réflexion du Parti socia- pose de nombreux relais dans la hiérarchie favorable. Sensible aux problèmes de sécurité et liste, entre 1995 et 1997, qui a conduit à la défi- policière comme chez les syndicalistes. de tendance sur ce front DANIEL VAILLANT est loin core Philippe Melchior, futur direc- dique M. Le Roux. M. Vaillant avait préjugé positif, elle ne lui garantit C’EST un accroc d’été sur une de l’année et de 433 000 sur un an d’être un novice sur les questions de teur de l’Institut des hautes études poursuivi son éducation policière pas pour autant le succès auprès courbe continûment orientée à la (- 15,6 %). Selon les services de sécurité. Orphelins de Jean-Pierre de la sécurité intérieure et Chris- en étant auditeur de l’Institut des d’organisations syndicales impa- baisse : le nombre de chômeurs a Martine Aubry, les statistiques de Chevènement, un ministre de l’inté- tophe Lannelongue qui avait tra- hautes études de la sécurité inté- tientes. Xavier Beugnet au nom du augmenté en juillet. Après le fort juillet ont ainsi été perturbées par rieur populaire parmi eux, les poli- vaillé aux côtés de Pierre Joxe, lors rieure, dont il est sorti diplômé en SGP-FO (majoritaire à Paris) ré- recul de 53 300, observé en mai, des changements de comporte- ciers se rassurent en reconnaissant de son second passage au ministère 1996. Ce séminaire annuel ras- clame « un plan de modernisation de puis celui de 25 900, en juin, le ment des demandeurs d’emploi, au nouvel occupant de la Place de l’intérieur. semble magistrats, commissaires de la police nationale » et « une revalo- nombre de demandeurs d’emploi liés à l’amélioration du marché du Beauvau une réelle expertise. police, officiers de gendarmeries et risation du pouvoir d’achat des fonc- est ainsi passé de 2 329 100 en juin à travail alors que, traditionnelle- M. Vaillant se préparait depuis plu- UNE ÉDUCATION POLICIÈRE douaniers dans une réflexion au- tionnaires ». 2 337 600 en juillet, soit une hausse ment, en été, l’activité des entre- sieurs années à occuper ces fonc- « Daniel Vaillant était très assidu à tour des questions de sécurité. Le Gérard Boyer, secrétaire général de 8 500 (+ 0,4 %), selon les statis- prises est plus réduite. Cette année, tions. En 1997, après la victoire de la nos réunions qui se sont étendues sur ministre de l’intérieur a pu y appro- d’Alliance (droite modérée) de- tiques rendues publiques, jeudi pointent-ils, beaucoup de jeunes gauche aux législatives, elles ne lui près d’un an », se souvient M. Le fondir sa connaissance du milieu, et mande « que les positions de Jean- 31 août, par le ministère de l’em- n’ont pas attendu le mois de sep- avaient – à son grand regret – Roux. Ce travail a abouti à un rap- étoffer ses contacts avec les hauts Pierre Chevènement sur le rôle ploi. C’est la première fois, depuis tembre pour se porter sur le mar- échappé que de peu. Nommé mi- port co-écrit par les deux hommes, responsables policiers. éminent de la police d’Etat soit réaf- le début de l’année, que ce nombre, ché du travail. De fait, le nombre de nistre des relations avec le Parle- et adopté par le PS. On y trouvait Il n’avait pas non plus négligé de firmées », tandis que Gerald Noulé, qui sert de baromètre officiel du premières inscriptions à l’ANPE a ment, le successeur de M. Chevène- les grands thèmes développés ulté- nouer des relations avec les syndi- du syndicat national des policiers en chômage et recense les deman- progressé de 29 000 entre juin et ment avait pris ses distances avec rieurement, au colloque de Ville- cats. « Il n’a jamais voulu obéir à une tenue (SNPT), exige «plus de deurs d’emploi immédiatement dis- juillet 2000, quand il s’était accru de les dossiers relatifs à la police. pinte, en octobre 1997. Mais égale- logique de clans. Il s’est intéressé à moyens en effectifs et en matériel ». ponibles, à la recherche d’un 15 000 entre juin et juillet 1999. Et le Selon Christophe Caresche (PS), ment à des propositions qui ont été tous », affirme M. Caresche. En « Il est certain qu’il sera aussi attendu contrat à durée indéterminée et à taux de chômage des moins de député de Paris, et adjoint de mises en œuvre par le ministre de 1995, il assiste au congrès du Syndi- sur le plan des relations person- vingt-cinq ans augmente ainsi de M. Vaillant à la mairie du 18e arron- l’intérieur Jean-Pierre Chevène- cat des commissaires et hauts fonc- nelles », ajoute Michel Albin, le res- 8 500 chômeurs en plus 1,7 % en juillet, tout en affichant dissement, le nouveau ministre a ment : la création d’un conseil de tionnaires de la police nationale. Il ponsable du syndicat national des une diminution de 20,2 % sur un an. pris conscience de l’importance des sécurité intérieure sous la responsa- entretient également des rapports officiers de police (SNOP). De quoi DEMANDEURS D’EMPLOI Par ailleurs, souligne le ministère, questions de sécurité dès 1983. «A bilité du premier ministre, la doc- avec Patrice Bergougnoux, figure de assurer un programme copieux au 3,5 données CVS en millions les demandeurs d’emploi semblent ce moment-là, il a pensé que la dé- trine de la police de proximité, la gauche policière, aujourd’hui di- ministre de l’intérieur et à son nou- privilégier les emplois stables par faite des socialistes, notamment à Pa- l’ébauche des contrats locaux de sé- recteur général de la police natio- veau directeur de cabinet, Bernard – 14,8 % rapport aux contrats à durée déter- ris, s’était jouée sur ce terrain. » Le curité, le redéploiement des effec- nale, qui est, à ce titre, venu lui Boucault, ancien préfet de la région sur 1 an minée (CDD) et à l’intérim : ils se terrain, c’est à partir de là qu’il va tifs policiers. « Je suis sûr que les rendre visite, au printemps, pour Midi-Pyrénées et collaborateur de ANCIENNE déclarent plus souvent et prioritai- 3,0 COURBE forger ses convictions. « Les pro- questions relatives à la sécurité seront évoquer les problèmes d’insécurité M. Joxe, Place Beauvau. rement à la recherche d’un emploi blèmes très sérieux de délinquance celles qui intéresseront le plus Daniel dans le 18e arrondissement. à durée indéterminée (CDI) et à dans l’arrondissement ont été à l’ori- Vaillant, dans son ministère », in- Si cette trajectoire lui vaut un Pascal Ceaux 2,794 temps complet. Les inscriptions à gine de sa démarche de réfexion », NOUVELLE l’ANPE pour cette catégorie d’em- ajoute Clotilde Valter, conseillère de 2,5 COURBE ploi à la fin de missions d’intérim Lionel Jospin à Matignon. 2,337 ou de CDD, affichent des hausses Ce n’est pourtant qu’au milieu très sensibles, respectivement de des années quatre-vingt-dix, qu’il Jean-Pierre Chevènement veut prouver qu’il « peut ressusciter » – 15,6 % 15 % et de 7,6 % par rapport à juin. devient le spécialiste de ce dossier UNE COURONNE de lauriers, plique bien » à M. Chevènement, nombre de chantiers » non encore sur 1 an L’évolution, en juillet, du 2,0 au Parti socialiste. Proche de M. Jos- voilà un joli cadeau de départ. et 46 % qu’il « s’applique mal ». En achevés. JJASO ND J FMA M J J deuxième indicateur traditionnel, pin, il participe activement à la cam- Jean-Pierre Chevènement est par- revanche, 69 % des personnes in- C’est à Daniel Vaillant, qui lui 1999 2000 celui qui intègre les chômeurs ayant pagne présidentielle de ce dernier ti, vive Jean-Pierre Chevènement ! terrogées ne souhaitent pas que succède, qu’incombe cette mis- Sources : ministère de l’emploi (DARES) et ANPE eu une activité occasionnelle ou ré- en 1995. Après la défaite, il re- Les résultats du sondage BVA que M. Chevènement « soit candidat à sion. Mercredi, en conseil des mi- duite de plus de 78 heures dans le groupe, dans la commission sécuri- publie Paris-Match (daté 7 sep- la présidence de la République ». nistres, M. Vaillant était assis à la temps plein, progresse. Pour au- mois, semble valider ces interpréta- té du PS, des experts pour réactuali- tembre) – réalisé auprès de Seules 21 % des personnes inter- place de M. Chevènement, en face tant, en matière de chômage, l’« ac- tions puisqu’il continue à afficher ser le programme socialiste sur 956 personnes, les 25 et 26 août, rogées le souhaitent. du président de la République. La cident » estival tend à devenir une une diminution. Le nombre de chô- cette question et ne plus abandon- selon la méthode des quotas – seule nouvelle tête de cette réu- tradition. En 1998, comme en 1999, meurs enregistré par ce baromètre ner ce thème à la droite. Autour de sont très élogieux pour l’ancien SENTIMENT DU TRAVAIL ACCOMPLI nion hebdomadaire était Chris- des remontées du nombre de de- est passé de 2 809 600 en juin à M. Vaillant, on retrouve le député ministre de l’intérieur : l’homme M. Chevènement part donc tian Paul (PS), député de la Nièvre mandeurs d’emploi ont été enregis- 2 794 100 en juillet, soit une baisse de la Seine-Saint-Denis (PS) Bruno est déterminé (74 %), patriote avec le sentiment du travail ac- promu secrétaire d’Etat à l’outre- trées soit en juillet, soit en août, de 15 500 (- 0 ,6 %) et de Le Roux. Mais également Mme Val- (71 %), républicain (69 %), coura- compli et des perspectives plein la mer, en remplacement de Jean- rompant une tendance générale à 486 000 sur un an (- 14,8 %). Quant ter, une ancienne du cabinet de geux (67 %), intègre (61 %). Il est, tête (Le Monde du 31 août). L’uni- Jack Queyranne, nommé ministre la baisse qui reprenait par la suite au taux de chômage, un troisième M. Jospin à l’éducation nationale aussi, intransigeant (58 %), auto- versité d’été du Mouvement des chargé des relations avec le Parle- son cours en septembre. indicateur calculé, selon les normes qui avait ensuite participé, en 1993 ritaire (50 %). Ambitieux ? seules citoyens, qui se tient les 2 et ment. Assis entre Ségolène Royal Dans ce contexte, le ministère de du Bureau international du travail, et 1994, au club de réflexion de 43 % des personnes interrogées 3 septembre, à Grasse, dans les et Jean-Luc Mélenchon, M. Paul a l’emploi évoque un chiffre du chô- il s’affiche à 9 ,7 % contre 9 ,6 % Claude Allègre, Renaissance. Ou en- estiment que ce qualificatif « s’ap- Alpes-Maritimes, sera l’occasion, présenté un décret concernant mage « atypique comme chaque en juin et 9,8 % en mai. Motif de sa- pour le chef de file du MDC, de l’organisation et la campagne du été », parle d’« un hoquet qui ne tisfaction, le chômage de longue définir ce fameux pôle républicain référendum sur le quinquennat change rien et ne remet absolument durée poursuit sa décrue en juillet : LE NOUVEAU GOUVERNEMENT de gauche qu’il appelle de ses dans les Territoires d’outre-mer. pas en cause la tendance », en sou- le nombre de demandeurs d’emploi vœux. « Je vais prouver que je peux Un moment « forcément » impres- lignant qu’au cours des trois der- inscrits depuis plus d’un an est en ressusciter », confie-t-il dans Paris- sionnant, a-t-il confié à la sortie. niers mois, le nombre de deman- repli de 0,6 %. Premier ministre : Lionel Jospin (PS) Match. Après avoir fait ses adieux Interrogée sur son prochain dé- deurs d’emploi a diminué de aux policiers, mercredi matin, il a part du gouvernement, pour se 70 000, de 245 000 depuis le début Caroline Monnot MINISTRES remercié les membres de son ca- consacrer à sa campagne munici- Economie, finances et industrie : Laurent Fabius (PS) binet, lors d’une cérémonie, dans pale à Lille, Martine Aubry a ré- Emploi et solidarité : Martine Aubry (PS) la salle des fêtes de la Place Beau- pondu : « J’ai toujours dit au mois DÉPÊCHES Garde des sceaux, ministre de la justice : Elisabeth Guigou (PS) vau. « Nous avons fait ensemble d’octobre. » La suite au prochain a RÉFÉRENDUM : moins d’un Français sur deux (46 %) a l’intention Intérieur : Daniel Vaillant (PS) beaucoup de bon travail », a-t-il remaniement. de participer au référendum du 24 septembre sur le quinquennat, selon Éducation nationale : Jack Lang (PS) souligné avant de faire part de un sondage de la Sofres publié, jeudi 31 août, par Le Figaro et réalisé, les Affaires étrangères : Hubert Védrine (PS) son « regret de laisser un certain Clarisse Fabre 23 et 25 août, auprès d’un échantillon de mille personnes (méthode des Défense : Alain Richard (PS) quotas). Selon un sondage de Louis-Harris, paru dans Valeurs Actuelles Équipement, transports et logement : Jean-Claude Gayssot (PCF) du 1er septembre, 88 % des électeurs ayant l’intention de participer au ré- Culture et communication : Catherine Tasca (PS) férendum voteront « oui ». Cette enquête a été réalisée par téléphone, Agriculture et pêche : Jean Glavany (PS) Les Bleus font un retour les 25 et 26 août, auprès de 873 personnes. Aménagement du territoire et environnement : Dominique Voynet (Verts) a CORSE : Philippe Douste-Blazy, président du groupe UDF de l’As- Relations avec le Parlement : Jean-Jack Queyranne (PS) semblée nationale, a affirmé, jeudi 31 août, sur RTL, qu’« il n’y a au- Fonction publique et réforme de l’Etat : Michel Sapin (PS) discret à l’Elysée cune raison qu’il y ait une loi corse par rapport à la loi métropolitaine ». «Il Jeunesse et sports : Marie-George Buffet (PCF) y a une unicité de la loi, a ajouté M. Douste-Blazy. On ne doit pas dé- Recherche : Roger-Gérard Schwartzenberg (PRG) L’INVITATION avait été lancée lètes, champions olympiques, manteler la République, sous quelque corporatisme que ce soit, qu’il soit dès le lendemain de leur victoire. vainqueurs de coupe, étoiles inter- ethnique, religieux ou particulariste. » MINISTRES DÉLÉGUÉS Les Bleus, champions d’Europe, nationales du sport à l’Elysée. «Il Auprès du ministre des affaires étrangères iraient déjeuner à l’Elysée. Jacques veut que la nation reconnaisse ceux Affaires européennes : Pierre Moscovici (PS) Chirac a donc reçu, jeudi 31 août, qui, dans le monde, concourent au Coopération et francophonie : Charles Josselin (PS) les footballeurs, leurs épouses ou rayonnement de la France », af- compagnes, les entraîneurs, méde- firme son conseiller pour le sport, Auprès de la ministre de l’emploi et de la solidarité cins, kinés et tous ceux qui ont Jean-François Lamour, médaillé Famille et enfance : Ségolène Royal (PS) concouru à faire d’eux des vain- olympique d’escrime. La première Ville : Claude Bartolone (PS) queurs. S’afficher auprès de Zi- réception officielle a célébré la dane, Deschamps ou Barthez n’est réussite de l’équipe de France de Auprès du ministre de l’éducation nationale pas une nouveauté : M. Chirac ne handball, en 1995. Tous les médail- Enseignement professionnel : Jean-Luc Mélenchon (PS) perd jamais l’occasion de montrer lés olympiques et paralympiques son enthousiasme pour le football – les athlètes handicapés – ont sui- SECRÉTAIRES D’ÉTAT et la popularité de ses joueurs. vi, jusqu’à la victoire des Bleus lors Auprès du ministre de l’intérieur Mais c’est une image qu’il faut gé- du Mondial de football, en 1998. Outre-mer : Christian Paul (PS) rer avec doigté à l’heure où le gou- L’Elysée a suivi avec beaucoup vernement se débat avec le dossier d’attention le petit questionnaire Auprès de la ministre de l’emploi et de la solidarité corse et les arbitrages fiscaux. auquel France-Soir a soumis, en Santé et handicapés : Dominique Gillot (PS) L’Elysée a donc décidé de faire juin, les vingt-deux joueurs de Droits des femmes et formation professionnelle : Nicole Péry (PS) sobre : un déjeuner, une photo sur l’équipe de France. A la question Economie solidaire : Guy Hascoët (Verts) le perron et un message d’amitié à « plutôt Chirac ou plutôt Jospin ? », Didier Deschamps et Laurent plus de la moitié s’affichaient fran- Auprès du ministre de l’équipement, des transports et du logement Blanc, qui s’apprêtent à prendre chement pour Chirac, dont les Logement : Louis Besson (PS) leur retraite d’internationaux. « stars » du groupe, Barthez, Anel- Tourisme : Michèle Demessine (PCF) Cela fait déjà plusieurs années ka, Djorkaeff ou Petit, les autres se que M. Chirac a compris tout l’in- déclarant indifférents à la poli- Auprès du ministre de l’économie, des finances et de l’industrie térêt qu’il y a à célébrer le sport. tique. Quant à Laurent Blanc, le Commerce extérieur : François Huwart (PRG) Non pas qu’il soit sportif lui-même plus politisé de tous et que ses Budget : Florence Parly (PS) – le médaillé olympique et député amis appellent « le président », il a Petites et moyennes entreprises, commerce, artisanat et consommation : RPR Guy Drut a maintes fois ra- lancé une proposition qui n’a pas Marylise Lebranchu (PS) conté ses vaines tentatives pour laissé les conseillers du chef de Industrie : Christian Pierret (PS) entraîner M. Chirac dans de mo- l’Etat indifférents : « Le président destes mouvements de gymnas- de la République nous a supportés Auprès du ministre de la défense tique –, mais il ne lui a pas échap- pendant la Coupe du monde et l’Eu- Anciens combattants : Jean-Pierre Masseret (PS) pé que les champions sont les plus ro, c’est peut-être à notre tour de le fidèles abonnés des cotes de popu- supporter. Il peut y avoir un Auprès de la ministre de la culture et de la communication larité. Depuis son élection, le chef échange. » Patrimoine et décentralisation culturelle : Michel Duffour (PCF) de l’Etat s’est fixé une règle : rece- voir régulièrement tous les ath- Raphaëlle Bacqué LeMonde Job: WMQ0109--0009-0 WAS LMQ0109-9 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0540 Lcp: 700 CMYK

9 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000

LOISIRS Les Guides et scouts chier proposant des revues à carac- pecteurs ont reconnu « des 25 300 membres, jouent désormais dition d’une activité physique qui d’Europe (GSE) tentent de se re- tère raciste à certains de leurs évolutions positives du mouve- la carte de la transparence et du res- privilégie le « côté nature et dé- mettre de deux années qui ont terni membres. b L’ENQUÊTE, menée du- ment », même s’ils n’excluent pas pect de normes plus sévères. b À LA brouillardise » et le respect des ré- leur image. Leur agrément avait été rant seize mois, a permis au mouve- des dérives intégristes. b LES «1re ANGERS », les vingt-cinq scouts glementations encadrant notam- remis en cause par une affaire de fi- ment d’éviter cette sanction. Les ins- SCOUTS D’EUROPE, qui comptent d’Europe tentent de concilier la tra- ment les marches. Les Scouts d’Europe misent sur la transparence pour redorer leur image Le mouvement a stabilisé ses effectifs et traversé un été sous haute surveillance, après avoir échappé au retrait de son agrément à cause d’une affaire de fichiers racistes. Les 25 membres de la « 1re Angers » tentent, pendant leur camp, de concilier tradition d’aventure et respect des réglementations TRÉGARVAN (Finistère) gés contre ce conflit. Cela ne m’a pull-over sur le dos. Il leur faudra de notre envoyée spéciale pas plu, je suis parti », explique- attendre 10 heures pour prendre le Le mouvement Les vingt-cinq Scouts d’Europe t-il. petit déjeuner, après deux heures de la « 1re Angers » se redressent Benoît, vingt ans, nom scout d’activités. en France quand les six garçons désignés ce « Addax », pour la première fois Le camp repose sur un système chef de camp, a également hiérarchique élaboré. « L’horizon- b La Fédération du scoutisme REPORTAGE commencé chez les Scouts de talité ne donne rien de bon. Vos français regroupe six associations « Les premiers jours, France. « Quand papa a vu ce qu’ils chefs sont là parce que vous en avez reconnues par l’Organisation étaient devenus, il a préféré me besoin pour exercer pleinement mondiale des mouvements c’est un peu dur, mettre chez les Scouts d’Europe. » votre liberté et votre responsabili- scouts (OMMS) et agréées par le reconnaît Louis, 14 ans. Quelle différence entre les deux té », peuvent entendre les scouts ministère de la jeunesse et des Mais on s’habitue » mouvements ? « Les Scouts de lors du « mot du père » matinal. sports. Elle regroupe les France ont pris un tournant social, Le chef de camp, âgé au minimum Eclaireuses et éclaireurs de ils sont plus impliqués dans la socié- de dix-neuf ans, est ici assisté de France (laïques, 35 000 matin-là hissent les « couleurs » té, explique Benoît. Notre mouve- trois autres chefs, Philippe, Mat- membres), les Eclaireuses et de leurs gants blancs. A 9 h 05, le ment privilégie d’avantage le côté thieu et Baudoin, tous passés par éclaireurs israélites de France drapeau français, le Baussant des nature et débrouillardise. » La pra- la formation interne du mouve- (1 067 membres), les Eclaireuses Scouts d’Europe, noir et blanc tique religieuse y est également ment. Les scouts sont ensuite divi- et éclaireurs unionistes de France marqué de la croix des Hospita- plus marquée. Ici, pas de pro- sés en patrouille de cinq ou six (8 000 membres), les Guides de liers et d’une fleur de lys, et le dra- messe scoute sans être baptisé ou garçons, à la tête de laquelle on France (23 000 membres), les peau européen flottent en haut de en voie de l’être. retrouve le chef de patrouille (CP), Scouts de France (catholiques, mâts de plusieurs mètres, au Un air de bombarde déchire le souvent le plus âgé. L’obéissance 115 000 membres) et les Scouts centre d’une clairière. Depuis une calme matinal. Le temps semble et l’ordre sont la règle. La plainte musulmans de France (1 500 semaine, la troupe angevine, suspendu, comme à l’abri des évo- peux acheter que du décaféiné, appellent le « grand jeu » : sur n’est pas tolérée. « Arrêtez de faire membres). composée de garçons de douze à lutions de la société. Immuable, la pour que les garçons ne soient pas trois jours, divisés en deux vos syndicalistes », envoie Louis à b Les signataires du « Message dix-sept ans, a installé son camp stricte non-mixité, jugée plus trop excités », explique en souriant équipes, ils partent à la recherche ses camarades qui s’asticotent sur aux familles » sont au nombre de d’été à côté de Trégarvan (Finis- « saine » par les dirigeants ; indé- Laurent, l’intendant du camp. d’un fanion dérobé à grands ren- le partage de la nourriture. Mou- quatre. Ces associations ne sont tère), dans la campagne bretonne. trônable, le port de l’uniforme ; ri- D’autres dérangent, comme les ré- forts de batailles, prises de fortin vement paramilitaire, fasciste ? pas reconnues par les instances Après le chant et la remise du tuels, les bénédicités et grâces glementations encadrant les « ex- et escapades en forêt. Tous les « Ceux qui disent ça ne connaissent mondiales du scoutisme mais « flot d’honneur » (fanion de ré- avant et après chaque repas. Cela plos », marches de deux jours non ans, les mêmes jeux, le même pas le mouvement », rétorque Mat- reçoivent l’agrément de la compense pour la meilleure pa- n’empêche pas les adolescents de encadrées. « Aujourd’hui, nous concours de cuisine, les mêmes thieu. Ce jeune chef, en prépara- jeunesse et des sports. trouille de la veille) aux Loups, les marquer le camp de signes de leur sommes obligés de leur prévoir un chants de veillée. tion militaire à Saint-Cyr, ne ré- Les Eclaireurs neutres de France garçons se dirigent vers l’autel en temps. Les baskets et chaussures lieu d’hébergement, alors qu’avant, pond pas à ce genre d’attaque. (laïques, 1 000 membres), la bois. La cérémonie patriotique de randonnée remplacent de plus ils devaient se débrouiller seuls », « EN CHEMISE ! » « De toute façon, je ne les ferai pas Fédération des éclaireuses et cède la place à la célébration reli- en plus les rangers, un France explique Benoît. Sans imprévu, A dix-sept ans, Nicolas, scout changer d’avis. » éclaireurs (laïques, 1 500 gieuse. Il est 9 h 30. Comme Football traîne sur une table, le l’aventure scoute perd de son pi- depuis l’âge de huit ans, ne s’en Les Scouts d’Europe préfèrent membres), les Guides et scouts chaque jour, la messe est célébrée match de foot remporte les suf- ment, constate l’abbé en évoquant lasse pas. « Le camp est une façon se définir comme des catholiques d’Europe (catholiques, par l’abbé Houard, fait rare frages face au jeu des cavaliers et le temps où on ne s’embarrassait de faire une pause, de se retrouver pratiquants, prônant des valeurs 25 300 membres) et les Scouts puisque la plupart des camps ne des chevaux. pas de réglementations. « C’était dans la nature, ensemble. » Evi- d’ordre et de rigueur qui, re- unitaires de France (catholiques, disposent pas de conseiller reli- le paradis, le vrai scoutisme », sou- demment, à son âge, il pourrait connaît Laurent, vingt-quatre ans, 20 000 membres). gieux permanent. L’aumônier de RÉFÉRENCES CHEVALERESQUES pire-t-il. partir en vacances avec des amis, ne sont « pas celles de l’extrême b Les autres associations soixante-treize ans suit les gars de Pour conserver l’agrément du La formule désuète séduit en- « mais, sans les chefs, on n’aurait ni gauche ». Sans aucun doute. Autre scoutes, plusieurs dizaines au la 1re Angers depuis 1970. Mémoire ministère de la jeunesse et des core les jeunes de la troupe. Ré- la même motivation ni les mêmes valeur-clé : la famille. Dans la total, ne reçoivent aucun du mouvement, il n’a observé que sports, le mouvement doit s’ac- férences chevaleresques, décor activités ». A coup sûr, sans les troupe, la majorité des scouts agrément de l’Etat. peu de changements dans le commoder des nouvelles normes naturel agrémenté à grands coups cinq jeunes chefs du camp, il n’au- viennent de familles d’au moins Dans l’ouvrage intitulé Scouts : comportement des troupes suc- sanitaires et de sécurité. Sur le ter- de fanions et drapeaux : cet uni- rait peut-être pas le courage d’al- quatre enfants. histoire d’une dérive, paru en 1999 cessives. « Le langage des garçons rain, les interdictions les plus vers à part les ravit. Avec une ler se « décrasser », autrement dit La nuit tombée, après le repas, aux éditions Golias, l’un des s’est dégradé », remarque-t-il, un anecdotiques amusent. «Je ne mention spéciale pour ce qu’ils dérouiller ses muscles endormis, les scouts arrivent autour du feu auteurs, Philippe Dallecoste, y brin agacé. Dès qu’il le peut, il re- cinq minutes après le réveil de enroulés dans une cape beige, distingue trois fédérations. prend leur vocabulaire « trivial ». 8 heures sonné à la « totoche », la foulard de couleur autour de la La Fédération de l’ordre scout « On ne dit pas bouffe, mais nourri- De scissions en scissions corne qui sert à tous les rallie- tête. Après quelques parodies des regrouperait six associations ture », lance-t-il au chef du camp, ments. Martèlement des cin- jeux télévisés, les garçons en- proches des milieux catholiques qui demande à un scout si «la En 1958, Jean-Claude Alain, ancien scout de France, et une centaine quante semelles sur le bitume chaînent les chants. Puis ils se intégristes – dont celle de l’abbé bouffe est prête ». En outre, l’au- de membres créent la branche française des Scouts d’Europe, mou- d’une route proche. Torses nus lèvent pour la prière et le bilan de Cottard –, et l’Association mônier constate une « ferveur reli- vement né en Allemagne en 1956. Dès la fin de la guerre d’Algérie, chauffés par matinal, les la journée. Vient le moment des française des scouts et gieuse accrue des jeunes chefs », des divergences apparaissent au sein des Scouts de France, où les garçons courent, s’étirent, au revoir. Un à un, les garçons dé- guides catholiques. qui courent les pèlerinages et af- plus conservateurs dénoncent l’engagement pour une Algérie indé- sautent, grimacent le temps des filent devant les responsables du Les deux autres fédérations fectionnent la position agenouil- pendante. En 1962, une troupe dissidente des Scouts de France in- pompes et repartent vers le camp camp. Aux chefs, une poignée de portent le même nom : la lée pendant la messe matinale. tègre les Scouts d’Europe, menée par Pierre Géraud-Kéraod, futur à saute-mouton. « Les premiers main, à l’abbé, le front sur sa poi- Fédération du scoutisme français. Malgré ces légères évolutions, chef du mouvement jusqu’à 1986. Au cours des années 60, la réforme jours, c’est un peu dur, reconnaît trine. Il est 22 h 30, extinction des La première, proche des milieux les Scouts d’Europe restent atta- pédagogique et administrative des Scouts de France, qui ouvre le Louis, quatorze ans. Mais on s’ha- feux. Dans un bruissement de catholiques traditionnels, chés à la tradition. « Ici, nous prati- scoutisme sur la société, finit de mécontenter les garants de la tradi- bitue. Rassurez-vous, ce n’est pas de capes, les scouts retournent par regrouperait sept associations. La quons le scoutisme tel que je l’ai tion, qui optent pour les Scouts d’Europe. Ce mouvement sera à son la torture, ça nous fait du bien. » Ils grappes dans leur patrouille res- seconde, plus militariste, en connu gamin », explique l’abbé tour marqué par des scissions. Dès 1968, la tendance lefebvriste est ont ensuite vingt minutes pour se pective. Sans un bruit. Un bon rassemblerait six. Houard, qui a quitté les Scouts de exclue. C’est la naissance des Scouts Saint-Georges, dont les plus in- mettre en tenue et accourir à la scout se reconnaît à son « silence En marge de ces trois fédérations France dans les années 60. «Au tégristes fonderont en 1970 l’Association française des scouts et monté des couleurs. « En che- après la prière du soir ». existent des groupuscules moment de la guerre d’Algérie, guides catholiques – les scouts de l’abbé Cottard –, et les plus modé- mise ! », crie le chef de camp à une autonomes, souvent proches de les Scouts de France se sont enga- rés fusionneront en 1992 avec les Scouts unitaires de France. patrouille qui, frileuse, se présente S. Pi. l’extrême droite.

TROIS QUESTIONS À... Il semble qu’après les affaires des fichiers en Provence, il y ait « Sans l’agrément ministériel, nous mettions la clé sous la porte » CHRISTIAN GUÉRIN eu quelques exclusions. Mais les dirigeants ne s’en sont pas vantés SUR LA SELLETTE depuis deux reprocher », se réjouit Pierre Lon- stabilisés. L’actuelle équipe diri- aussi avec le fascisme. Dans le rap- En tant qu’historien du scou- pour ne pas s’opposer à l’aile ans, les Guides et scouts d’Europe champt, commissaire général des geante, totalement renouvelée en dé- port, le ministère demandait à l’asso- 1 tisme et auteur de Scouts : his- conservatrice du mouvement. Le (GSE) ont retrouvé une certaine séré- Scouts d’Europe. Les conclusions du cembre 1998 et juin 1999, a dû faire ciation des GSE de modifier une toire d’une dérive, paru en 1999 recours à l’exclusion reste tout de nité. Pour la première fois depuis le rapport, dont des extraits ont été pu- un réel effort de communication et partie de ses statuts. L’obligation aux éditions Golias, pensez-vous même rare dans un mouvement début de l’enquête de l’inspection gé- bliés le 2 juin par La Croix, sont en de transparence pour redorer l’image d’être français et d’avoir dix-huit ans que le Mouvement des guides et où les cadres ne sont pas faciles à nérale sur le mouvement, déclenchée réalité moins univoques. L’inspection du mouvement. En témoignent le pour être membre titulaire de l’asso- scouts d’Europe a évolué depuis recruter. Comme la plupart des le 24 décembre 1998 par l’affaire du reconnaît « des évolutions positives du site Internet, le « message aux fa- ciation et la réunion d’une assemblée l’affaire des fichiers de l’été associations scoutes, les Scouts fichier de Provence (Le Monde du mouvement », mais fait état d’une milles » qui, en juin 1999, exposait générale seulement tous les trois ans 1998 ? d’Europe sont dépendants de 26 avril 1999), Marie-George Buffet, « situation contrastée », qui n’exclut clairement la pédagogie des quatre n’étaient pas réglementaires. Trop Aujourd’hui, il paraît difficile de leurs cadres, qui sont tous béné- ministre de la jeunesse et des sports, pas des « dérives intégristes ». Le associations scoutes agréées par le heureuse de n’avoir que ces détails à faire un procès d’intention aux di- voles. Un certain nombre de cri- a reçu, personnellement en juillet, le mouvement conserve donc son agré- ministère mais n’appartenant pas à la se reprocher, l’association convo- rigeants. Il existe une réelle volon- tères sont mis en place pour leur président des GSE, Bertrand Bou- ment, mais Marie-George Buffet Fédération du scoutisme français, et quera une assemblée générale extra- té de recentrage de leur part vi- recrutement mais, s’ils sont poin- chend’homme. « Dans un climat se- reste « extrêmement vigilante ». le Livre blanc, paru en avril 2000. ordinaire le 30 septembre, qui devrait sant à gommer toutes les aspérités tilleux sur le côté technique, ils rein, nous avons mis au point un pro- « [Il] constitue pour nous une sorte de voter les modifications nécessaires. « douteuses » ayant pu exister restent peu regardants quant gramme de travail », explique le EFFORT DE COMMUNICATION règle du jeu et présente en toute trans- A la Pentecôte 2001, l’équipe diri- dans leur mouvement auparavant. aux opinions et idéologies des président. Cet aval ministériel était nécessaire parence les principales positions du geante sera renouvelée. L’occasion, Cependant, il y a une marge cadres. L’enquête avait été ouverte sur les au mouvement pour regagner la mouvement », écrivent les respon- espère Bertrand Bouchend’homme, entre le discours des dirigeants, accusations d’Albert Bonaventure, confiance de ses membres. « Sans ce- sables nationaux des GSE. de tirer le bilan de deux années sûrement sincère, et les réalités lo- Les jeunes chefs sont-ils au- dont le fils, scout d’Europe à Fréjus, la, nous mettions la clé sous la porte », Sont donc bannis les « pratiques mouvementées. cales ; d’autant plus que ce n’est 3 jourd’hui impliqués dans des avait reçu à son domicile des revues, reconnaît Marie-Noëlle Coevet, douteuses » et tout ce qui peut pas un mouvement de tradition associations ou des partis poli- qui proposent des ouvrages de Bru- commissaire générale des guides confondre scoutisme et pratique S. Pi. centraliste. Beaucoup des jeunes tiques ? no Mégret et Jean-Marie Le Pen, les d’Europe. L’affaire du fichier avait paramilitaire, voire intégriste. Dans chefs d’aujourd’hui ont été for- On en retrouve certains dans pensées de Mgr Lefebvre ou les écrits fait perdre aux Scouts d’Europe ce livre, un chapitre sur les « pra- més dans le mouvement il y a des associations de droite sur les de Robert Brasillach. Le père avait 5 000 adhérents en quelques mois. Ils tiques inadmissibles » met les choses quinze ans, quand l’idéologie campus de fac. Ils constituent un soupçonné les Scouts d’Europe ont aussi souffert de l’amalgame fait au point, tant pour rassurer les pa- était plus marquée. Les dirigeants noyau « centriste classe d’avoir fourni leur fichier à la maison entre leur mouvement et celui des rents que pour avertir les jeunes actuels n’ont pas vraiment le pou- moyenne ». Certes, il existe tou- d’édition de ces revues. Pendant seize Scouts marins de l’abbé Cottard, membres. « La pratique de cérémo- voir d’aligner leurs cadres sur leur jours une frange d’activistes mois, des inspecteurs ont tenté de adhérents de l’Association française nies de totémisation et de bizutage » et volonté. De plus, s’ils effectuaient d’extrême droite mais beaucoup trouver des coupables. Sans succès. des scouts et guides catholiques. Le « la constitution de réseaux occultes » un recentrage profond et moins nombreux qu’avant. Beau- Le rapport, remis à Marie-George manque à gagner s’est immanqua- sont interdits. complet, la distance existant entre coup ont préféré partir vers des Buffet le 26 avril, a conclu à la « non- blement fait sentir : les responsables Conscient de la mauvaise image les Scouts de France et les Scouts groupuscules scouts plus « mus- responsabilité du mouvement au ni- l’ont chiffré à 2 650 000 francs sur les véhiculée par certains des membres, d’Europe tendrait à s’effacer, au clés », dont certains, clandestins, veau central ». Le mouvement en res- exercices 1999 et 2000. D’autant que, Bertrand Bouchend’homme incite, risque de perdre leur spécificité. échappent à tout contrôle de sort conforté. « Après avoir inspecté depuis 1997, le ministère a supprimé sur le site, les scouts à la mesure. l’Etat. plus de quarante séjours, enquêté pen- la subvention de 60 000 francs que le Dans le dossier « Scoutisme et socié- Le mouvement a-t-il procédé à dant seize mois, les inspecteurs n’ont mouvement recevait chaque année. té », des textes expliquent en quoi 2 des exclusions de membres Propos recueillis par rien à redire sur le mouvement. Pour Aujourd’hui, avec 25 300 adhérents, être guide ou scout d’Europe est in- trop impliqués politiquement ? Stéphanie Pichon nous, c’est la preuve qu’il n’a rien à se les dirigeants estiment les effectifs compatible avec le marxisme, mais LeMonde Job: WMQ0109--0010-0 WAS LMQ0109-10 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0541 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 SOCIÉTÉ

La RATP cherche à déterminer « Vache folle » : de nouvelles mesures les causes de l’accident sur la ligne 12 de prévention sont à l’étude Vingt-quatre blessés lors du déraillement d’une rame du métro parisien Le risque de transmission interhumaine de l’agent de la nouvelle forme Au lendemain du déraillement d’une rame de métro, quêtes – judiciaire, administrative et interne à la RATP – de la maladie de Creutzfeldt-Jakob serait accru par la résistance du prion mercredi 30 août, sur la ligne 12 du métro parisien, la ont été ordonnées. En un siècle d’exploitation, c’est la RATP ne parvenait pas à expliquer l’accident. Trois en- première fois qu’une voiture se couche sur les voies. aux méthodes de stérilisation des instruments chirurgicaux L’ACCIDENT qui s’est produit, CHAQUE PROGRÈS dans la vaient, chez l’homme, être transmis Pour l’heure, les principales mesures mercredi 30 août, à la station de La première voiture se couche compréhension de l’encéphalopa- lors de certaines intervention d’hygiène hospitalière prises ces métro Notre-Dame-de-Lorette, thie spongiforme bovine (ESB, ou chirurgicales. dernières années dans ce domaine Porte-de-la-Chapelle 12 Direction dans le 9e arrondissement à Paris, et Mairie-d’Issy maladie de la « vache folle ») et des Dans son édition datée du ont concerné la forme classique le qui a fait 24 blessés, aurait pu avoir Pigalle maladies à prions soulève de nou- 30 août, le quotidien britannique maladie de Creutzfeldt-Jakob. Les La voiture de tête de la rame des conséquences dramatiques. En St-Lazare Notre-Dame- velles questions d’ordre sanitaire. The Times indique qu’après la publi- incertitudes qui demeurent en ce de-Lorette en provenance de la station début d’après-midi, la voiture de St-Georges déraille, se couche Ainsi, les derniers résultats obtenus cation des résultats de l’équipe du qui concerne l’agent de la nvMCJ tête d’une rame en provenance de Concorde sur le flanc gauche, glisse sur par l’équipe de scientifiques londo- professeur Collinge, les respon- font que rien ne permet d’affirmer une centaine de mètres et s’arrête la station Saint-Georges, sur la e à moins de 2 mètres de la rame niens dirigés par le professeur John sables des hôpitaux britanniques, que les procédures actuellement re- ein ligne 12 (Porte-de-la-Cha- S opposée, qui était à l’arrêt. Collinge (lire ci-dessous) ont-ils craignant que le prion pathologique commandées en matière de stérili- Gare Montparnasse pelle - Mairie-d’Issy), s’est couchée conduit les autorités britanniques à de la nvMCJ ne soit résistant aux sation du matériel chirurgical par sur les rails pour une raison in- 12 Mairie-d’Issy demander une réunion des experts méthodes traditionnelles de stérili- autoclave sont réellement efficaces. connue. Après avoir glissé sur une Direction du Comité consultatif sur l’encé- sation des instruments chirurgicaux, Porte-de- Notre-Dame- centaine de mètres de la voie oppo- la-Chapelle de-Lorette phalopathie spongiforme bovine envisagent de ne plus utiliser que LA SÉCURITÉ DES GREFFES te sée, elle s’est immobilisée après n (SEAC). Ce comité, officiellement des instruments chirurgicaux je- Quelles mesures préventives fau- rta QUAI N°1 po avoir percuté, à faible allure, à la fin m chargé de conseiller le gouverne- tables. Le quotidien précise que le dra-t-il prendre ? Ce sont les tra- e i rb de sa course, le nez du quai de la ou ment de Tony Blair, étudiera le gouvernement étudie un plan pré- vaux de recherche fondamentale station Notre-Dame-de-Lorette. C 29 septembre, au vu de cette nou- voyant la destruction du matériel sur le prion pathologique de la Quelques centimètres devant la Pente à 4 % velle étude, les mesures à prendre, a chirurgical après toute intervention nvMCJ qui permettront, dans les Sortie QUAI N°2 Rame à l’arrêt voiture folle, se trouvait une rame en attente du départ du tunnel indiqué le ministère britannique de neurochirurgicale, ainsi qu’après prochains mois, de guider l’action venant de la direction opposée, qui la santé. Parallèlement aux mesures une ablation des amygdales et de des responsables sanitaires. Si, attendait à quai, avec plusieurs di- médicales, les auteurs de cette re- l’appendice, organes dont on sait comme différentes observations le zaines de passagers à son bord. cherche estiment que leurs résultats qu’ils peuvent, chez les personnes prouvent, cet agent transmissible C’est la première fois, depuis la dispositif de secours avait été ins- peu plus d’une heure avant l’ac- plaident en faveur du dépistage sys- en phase d’incubation d’une nvMCJ, non conventionnel peut être retrou- mise en service de la première ligne tallé, dans la station et dans tout le cident. tématique, après leur abattage, des être porteurs de l’agent infectieux. vé dans de nombreux tissus chez les du métro parisien, il y a cent ans, le quartier, quelques minutes seule- La voiture s’est couchée dans une bovins apparemment sains afin de Le coût annuel de cette mesure se- personnes en phase d’incubation, 19 juillet 1900, qu’une voiture se ment après le déclenchement du courbe assez prononcée, en bas rechercher la présence d’une ESB en rait de l’ordre de 100 millions de c’est bien l’ensemble des procé- couche ainsi sur les rails. plan rouge par le préfet de police. d’une pente d’environ 4 %. La voie gestation. livres (environ 1 milliard de francs). dures de stérilisation des matériels Il y avait quarante-deux passa- 170 sapeurs-pompiers de 25 centres entre les stations Saint-Georges et Le professeur Peter Smith, président chirurgicaux et l’usage de certains gers dans la voiture accidentée. Ai- de secours étaient sur place pour Notre-Dame-de-Lorette ne INSTRUMENTS JETABLES du SEAC, a confirmé qu’une étude outils diagnostiques qui devra être dés par les occupants des quatre évacuer les blessés. Des spécialistes comporte aucun aiguillage suscep- En France, le secrétariat d’Etat à sur ce thème était en cours tout en revu. autres voitures, qui étaient restées de l’Institut d’accompagnement tible d’avoir connu un dysfonction- la santé a choisi de ne pas s’expri- soulignant qu’aucune décision défi- « Chez l’homme, l’agent bovin est sur les rails, ils ont rapidement pu psychologique de la RATP ont éga- nement qui aurait pu provoquer le mer sur cette question. Le profes- nitive n’avait encore été prise. largement distribué en périphérie, ce s’extraire du compartiment par les lement immédiatement pris en déraillement. La rame accidentée seur Lucien Abenhaïm, directeur Les autorités sanitaires françaises qui impose de reconsidérer la sécurité fenêtres. Vingt-quatre personnes, charge les blessés et les témoins de avait été mise en service en 1972, général de la santé, a toutefois pré- sont encore bien loin d’avoir procé- des greffes, des médicaments d’ori- dont le conducteur de la rame, ont l’accident, tous choqués. alors que le matériel roulant de la cisé au Monde que les derniers ré- dé à une telle analyse de risque. Ré- gine humaine, de la transfusion et de été plus ou moins touchées : un RATP a une durée de vie d’environ sultats britanniques allaient être ra- gulièrement saisi par l’Agence fran- réévaluer les règles de la sécurité hos- premier bilan faisait état d’une PREMIÈRE SORTIE DE M. VAILLANT quarante ans. Un enregistreur de pidement analysés avec la plus çaise de sécurité sanitaire des pitalière, écrit le docteur Dominique seule fracture. Dix blessés ont ce- Daniel Vaillant, ministre de l’in- vitesse, sorte de « boîte noire », de- grande attention. En pratique, ces aliments des diverses questions re- Dormont dans le numéro du mois pendant été hospitalisés à la suite térieur, dont c’était la première sor- vrait permettre de connaître les dif- résultats conduiront à s’interroger latives aux risques alimentaires, le de septembre du mensuel Eurosur- de cet accident. Un très important tie officielle, vingt-quatre heures férentes allures de circulation de la sur les méthodes actuelles de pré- Comité des experts des maladies à veillance. A ce titre, les résultats des après sa nomination, s’est rendu rame avant l’accident. La vitesse de vention vis-à-vis du risque de trans- prions, que préside le docteur Do- expériences en cours aux Etats-Unis, sur place. Alors que des moyens celle-ci aurait dû être d’environ mission interhumaine de l’agent de minique Dormont, ne l’est pas par au Royaume-Uni et en France visant Les précédents techniques importants avaient ra- 30 km/h à son entrée dans la sta- la nouvelle forme de maladie de l’Agence française de sécurité sani- à identifier la présence – ou l’ab- pidement été mis en place pour dé- tion. Certains témoignages laissent Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ) qui ré- taire des produits de santé. Cette si- sence – d’infectiosité associée au sang accidents dans le métro gager la voiture accidentée, celle-ci entendre que la rame roulait à une sulte du passage dans l’espèce hu- tuation prive, de fait, les pouvoirs seront critiques. » n’a pu être relevée qu’en toute fin vitesse excessive dans la descente maine de l’agent de l’ESB. On savait publics de la capacité d’expertise b 10 août 1903. L’incendie de la de soirée. Après l’ouverture d’une vers la station. que les prions pathologiques pou- des spécialistes qui le composent. Jean-Yves Nau motrice d’une rame, à la station information judiciaire pour « bles- Le syndicat CGT de la RATP a dé- Couronnes, provoque la mort par sures involontaires », Philippe noncé « la politique des risques cal- asphyxie de 84 passagers. Coirre, le juge chargé de l’instruc- culés qui conduit depuis des années b 23 avril 1930. Une rame en tion, a en effet demandé à un ex- la direction de la RATP à faire des Des « porteurs sains » pourraient contribuer stationnement devant un signal pert d’examiner la rame dans l’état économies ». « Un tel incident ne d’arrêt est percutée par le train où elle se trouvait au moment de peut être le fruit du hasard », a affir- suivant à la station l’accident. mé le syndicat dans un communi- à la transmission des maladies à prion Porte-de-Versailles (ligne 12) : De son côté, Jean-Claude Gays- qué, citant Alain Caire, contrôleur 2 morts et de nombreux blessés. sot, ministre des transports, a déci- général chargé de la sécurité à la PUBLIÉS dans le dernier numé- de ces agents transmissibles non tissus. La consommation de ceux-ci b 10 janvier 1963. Une rame entre dé la mise en place d’une « commis- RATP, selon lequel « un tel accident ro, daté du 29 août, des Comptes conventionnels, elle pourrait être par d’autres espèces plus sensibles, en collision avec celle qui la sion d’enquête technique et ne peut avoir à l’origine qu’un in- rendus de l’Académie nationale facilitée par l’existence de « por- dont l’espèce humaine, pourrait précède, près de la station administrative ». Celle-ci aura pour cident technique ». américaine des sciences, les résul- teurs sains ». alors contribuer à transmettre la Porte-de-Versailles (ligne 12), mission « de rechercher les causes « Sans présager des enquêtes qui tats expérimentaux obtenus par un maladie. Jusqu’à présent, le poulet faisant une quarantaine de blessés. de l’accident et de tirer les enseigne- détermineront les causes », la CGT groupe de scientifiques britan- FARINES CONTAMINÉES et le porc semblaient résister a b 30 octobre 1973. 19 voyageurs ments nécessaires ». M. Gayssot a met en cause les « économies » niques dirigé par le professeur Cette étude vient compléter les l’agent de l’ESB. Aujourd’hui, la sont légèrement contusionnés à la demandé que les premiers résultats faites, selon elle, par la RATP, « sur John Collinge (Imperial College travaux conduits sur le même question se pose de savoir si ces suite d’une collision et d’un de l’enquête lui soient remis « dans la politique de maintenance préven- School of Medicine at St Mary’s, thème en France par Corinne Las- animaux ne sont pas en réalité des déraillement à la station les tout prochains jours ». tive (...), les renouvellements des ma- Londres) soulèvent de nouvelles mezas (équipe du docteur Domi- « porteurs sains » représentant un Louis-Blanc (ligne 7). Une enquête a également immé- tériels » et sur les investissements. questions sanitaires sur le risque de nique Dormont) et publiés en 1997 sérieux danger pour l’homme. b 25 novembre 1976. Collision de diatement été engagée par la RATP. Elle stigmatise aussi « une politique contamination humaine par ces dans la revue américaine Science. Les résultats britanniques deux rames entre les stations Au cours d’une conférence de de sous-traitance qui fragilise la agents transmissibles non conven- Si l’on s’autorise à extrapoler les semblent plaider en faveur de l’in- Concorde et Madeleine (ligne 8), presse, mercredi après-midi, Jean- chaîne du transport » et « des effec- tionnels que sont les prions. Sans résultats aujourd’hui disponibles à terdiction définitive, en France, de due à un défaut de signalisation : Paul Bailly, président de la RATP, a tifs ne couvrant pas les besoins en constituer une avancée définitive l’épidémie d’ESB, on peut craindre l’utilisation des farines de viandes 33 blessés légers. indiqué ne pas disposer « d’élé- matière de sécurité ferroviaire ». dans l’histoire, toute récente, du que des animaux qui ont été nour- et d’os dans l’alimentation des b 6 février 1981. Accident à la ments d’explications pour le mo- Après avoir été interrompu par- décryptage scientifique des mala- ris avec des farines de viande et porcs, volailles et poissons, comme station Nation (ligne 2) : 1 mort (le ment ». Trois pistes sont à l’étude : tiellement sur la ligne 12, pour per- dies à prion, cette publication d’os contaminées par le prion pa- c’est le cas au Royaume-Uni. conducteur de la rame) et 5 blessés « l’état de la voie, une éventuelle dé- mettre de relever la rame acciden- constitue un événement im- thologique bovin aient pu accumu- légers. faillance mécanique et une faute de tée et la vérification des voies, le portant. ler ce dernier dans certains de leurs J.-Y. N. b 18 novembre 1996. Le conduite, notamment liée à la vi- trafic devait être entièrement réta- Elle fournit en effet une nouvelle déraillement de deux wagons sur tesse ». M. Bailly a précisé que le bli sur la ligne dans la journée du démonstration de la facilité dé- la ligne 6, à la station conducteur était expérimenté sur jeudi 31 août. concertante avec laquelle les DÉPÊCHES Charles-de-Gaulle-Etoile, fait cette ligne, et qu’il avait pris son prions pathologiques responsables a FAIT-DIVERS : l’enquête sur 2 blessés légers. service aux alentours de midi, un Christophe de Chesnay des affections neurodégénératives l’incendie criminel d’une maison A LA TELEVISION du type de l’encéphalopathie spon- d’Anor (Nord), lundi 28 août, ET A LA RADIO giforme bovine (ESB, ou maladie semble confirmer la thèse d’un de la « vache folle ») peuvent fran- drame familial (Le Monde du Le Monde des idées LCI chir les barrières d’espèces. Ce 30 août). Jean-Marie Midoux, un Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 « Un court moment de panique » et « un miracle » franchissement semblait quasi im- conducteur de poids lourds âgé de Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 EVANGELOS TZONIS est un était venu percuter le bout du quai (RPR) au maire de Paris et premier possible avant 1996, date à laquelle trente-huit ans, aurait tué sa Le lundi à 15 h 10 a bon témoin, d’autant que c’est le de la station. Après quelques cris, et adjoint du maire du 9e arrondisse- le gouvernement britannique a re- femme et ses quatre enfants, ainsi Le Grand Jury seul à bien vouloir répéter un court moment de panique, les ment, demande à la la RATP connu que la transmission de que le chien de la famille, avant de RTL-LCI consciencieusement son histoire gens avaient repris leur calme, s’or- d’« informer au plus vite les Pari- l’agent de l’ESB à l’espèce humaine mettre le feu à la maison. Deux Le dimanche à 18 h 30 devant la grappe de journalistes. Il ganisaient et faisaient la chaîne siens des causes de cet accident afin était une hypothèse quasi dé- armes à feu ont été retrouvées sur a pour évacuer les blessés. » d’assurer à l’ensemble des usagers montrée. place. L’autopsie du corps de la La rumeur du monde REPORTAGE Les vingt-quatre blessés rapide- un transports en toute sécurité ». L’équipe du professeur Collinge fille aînée du couple, âgée de onze FRANCE-CULTURE Le samedi à 12 heures « J’ai entendu ment évacués, les pompiers, la Les nombreux responsables de révèle aujourd’hui les résultats ans, a établi qu’elle avait reçu dix- a RATP et les enquêteurs s’affairent la RATP venus sur les lieux s’inter- d’une expérience conduite depuis neuf coups de couteau, une balle un grand bruit Idéaux et débats autour de l’énorme motrice cou- rogent sur les raisons d’un ac- plusieurs années. Ce travail a dans la tête, ainsi que six coups FRANCE MUSIQUES qui venait vers nous, chée sur le côté, avec le net senti- cident dont il n’existe aucun pré- consisté à injecter à des souris des portés à l’aide d’un objet conton- Le dimanche à 17 heures a ment que la catastrophe a été évi- cédent de ce type dans l’histoire fragments de tissu nerveux prove- dant. Les gendarmes, dont l’en- dans le tunnel » Festivals en Muzzik tée de justesse. « Il n’y a pas de tout juste centenaire du métro. nant de hamster et contenant une quête se poursuit dans l’attente MUZZIK blessés graves, explique le Alain Caire, directeur du départe- souche particulière et bien connue d’expertises complémentaires, ont Tous les jours à 9 heures, s’apprêtait à pénétrer dans la commandant Christian Decollore- ment environnement et sécurité à de prion pathologique. Alors établi que le couple était forte- 12 heures, 19 heures, 20 h 45 , 22 h 30 rame à l’arrêt à Notre-Dame-de- do, de l’état-major des sapeurs- la Régie, parle du « caractère to- qu’aucun symptôme de maladie ment endetté. a Lorette quand le métro, en face, a pompiers, un passager a une talement exceptionnel d’un tel ac- neurodégénérative n’était observé a PRISON : un détenu considéré Libertés de presse déraillé. « J’allais monter dans la épaule démise, un autre une jambe cident » : « En plus de trente ans de chez ces souris, l’injection de frag- comme « dangereux » par la po- FRANCE-CULTURE Le premier dimanche de chaque mois rame qui allait partir dans la direc- cassée, ce sont les plus sérieusement carrière à la RATP, je ne me sou- ments de tissu nerveux de ces ani- lice, Roger Garcia, trente-sept ans, a tion Porte-de-la-Chapelle, raconte touchés. » Philippe Massoni, le viens pas d’un tel incident. Nous maux s’est révélée capable de s’est évadé mercredi 30 août de la A la « une » du Monde ce citoyen d’origine grecque, qui préfet de police, rapidement arrivé avons connu des déraillements ces transmettre la maladie mortelle à prison Saint-Michel de Toulouse. RFI travaille au parc Disneyland. J’ai sur place, estime que c’est un véri- dix dernières années, des collisions d’autres animaux de laboratoire. Condamné à trente ans de réclu- Du lundi au vendredi entendu un grand bruit qui venait table « miracle » : « Nous aurions il y a plus longtemps, mais jamais Les chercheurs britanniques tirent sion, avec une peine de sûreté de à 12 h 45 et 1 h 10 (heures de Paris) vers nous, dans le tunnel qui des- pu nous trouver devant un incident de voitures couchées, précise-t-il. Il de ces observations, schématique- dix-huit ans, le 25 mars à Tarbes a cend de la station Saint-Georges. Il d’une grande gravité. Heureuse- va falloir voir s’il y a eu une défail- ment, deux conclusions : le fran- (Hautes-Pyrénées), pour avoir tué La « une » du Monde y a eu un choc et puis tout s’est ment, la motrice qui s’est couchée lance du matériel ou une faute de chissement de barrière d’espèce le gérant d’une salle des ventes, BFM éteint. J’ai d’abord eu très peur. J’ai n’a pas été jusqu’au bout de sa conduite. Pour l’instant, tout cela par certaines souches de prions pa- Roger Garcia devait comparaître Du lundi au vendredi vu une dizaine de passagers, dont course. Elle aurait pu percuter vio- reste inexplicable. » thologiques pourrait être encore fin septembre devant la cour d’as- 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi certains ensanglantés, sortir par les lemment la rame qui attendait dans beaucoup plus facile qu’on ne le sises de Haute-Garonne pour une 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 fenêtres de la voiture couchée qui la station. » Vincent Reina, adjoint C. de C. pensait ; quant à la dissémination deuxième affaire de meurtre. LeMonde Job: WMQ0109--0011-0 WAS LMQ0109-11 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0542 Lcp: 700 CMYK

11 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 La commission Mauroy sur la décentralisation se saisit de la question corse L’ancien premier ministre a cédé à la pression des élus de droite qui menaçaient de se retirer si le statut de l’île n’était pas évoqué. Composée sous l’influence de Jean-Pierre Chevènement, la commission semble majoritairement opposée à la dévolution de pouvoirs législatifs LA RENTRÉE de la commission nuer à discuter de l’avenir du can- commission n’ayant pas été pas tralisation de nouveaux pouvoirs d’un pouvoir législatif à l’Assem- qu’il avait installé en novembre sur l’avenir de la décentralisation, ton, quand un pouvoir législatif est saisie par le premier ministre de réglementaires, sur l’autonomie blée territoriale de Corse. 1999, afin de mettre en route la présidée par Pierre Mauroy, pro- dévolu à la Corse ? Nous refusons ce dossier, mieux valait rester fiscale des collectivités locales... Chacun formule son objection. deuxième phase de la décentrali- met d’être agitée. Mercredi 6 sep- ce grand écart. » Pour Jean Puech, prudent, et ne pas s’en mêler. La commission agite beaucoup Les uns sont « réservés », les sation, tant attendue par les élus tembre, ses vingt-trois membres président (DL) de l’Assemblée des Pierre Mauroy, en tant que pré- d’idées, y compris les plus sacri- autres « farouchement contre ». locaux, qui a été en voie de deve- doivent se retrouver après département de France (ADF), sident, est souvent qualifié lèges. « Un jour, nous avons même Certains refusent carrément de se nir l’un des thèmes de bataille de presque deux mois de vacances. moins tonitruant que ses col- d’« impartial » et s’attire le res- discuté pendant une heure et de- prononcer. Un élu socialiste se dit la droite ? Certains élus espèrent, Sans la Corse, ce cercle d’élus de lègues, « la commission doit en dé- pect. Il faut dire que sa méthode mie de l’éventuelle disparition des inquiet de l’« engrenage infernal » en tout état de cause, que l’affaire tous bords aurait continué à dé- battre. Nous ne pouvons pas fonc- est consensuelle : quand une idée préfets », glisse M. Raffarin, un mis en mouvement en Corse. corse donnera du tonus aux battre, courtoisement et entre soi, tionner en vase clos ». Dans une fâche, il refuse de trancher. Les sourire gourmand aux lèvres. Seuls Jean-Michel Baylet (PRG) et conclusions de la commission, du sujet qui l’occupe : l’avenir des lettre du 24 août, M. Raffarin de- propositions de réforme du mode Face au cas corse, le ton pour- Marie-Christine Blandin (Verts), que Pierre Mauroy espère rendre relations entre l’Etat et les terri- mandait à Pierre Mauroy, le pré- d’élection des conseillers géné- rait se faire plus acéré et l’harmo- ainsi que Pierre Mauroy – qui af- avant même la rentrée parlemen- toires. Mais l’île sème, ici comme sident de la commission, le report raux ont ainsi été bloquées, suite nie entre élus, qui s’affirment tous firme que « l’avenir de la Répu- taire du début octobre. ailleurs, la zizanie. Cela avant de l’audition de Laurent Fabius, à la ferme opposition de l’ADF, « décentralisateurs », se briser. blique ne se fera pas dans la néga- Jean Auroux, maire (PS) de même la reprise des travaux. ministre des finances, prévue le représentée par Jean Puech, son Pierre Mauroy en est conscient : tion des territoires qui la Roanne, souhaite une commis- « Le gouvernement se fiche de 6 septembre, afin que les élus de président. « Je ne veux pas préjuger des dé- composent » –, soutiennent sans sion « plus allante ». Pour Daniel nous allégrement. On ne peut pas la commission règlent leurs bats de la commission, mais il est états d’âme le processus de Ma- Hoeffel (sénateur UC), membre nous faire travailler pendant une comptes en famille. IDÉES SACRILÈGES probable que sur ce dossier comme tignon. Selon Mme Blandin, «les de l’Association des maires de année sur la décentralisation et L’appel a été entendu. Interrogé C’est la seule fois où les débats sur celui du canton, plusieurs audaces de Jospin prennent à re- France, « les projets de réforme [du prendre en parallèle des décisions par Le Monde, mercredi 30 août, à fleurets mouchetés ont viré à thèses s’affronteront. » De nou- brousse-poil la commission ». gouvernement] sont d’une telle qui remettent en cause l’organisa- Pierre Mauroy déclare que le dos- l’affrontement. Sur de nom- velles lignes de fracture vont ap- ampleur qu’ils ne peuvent pas ne tion territoriale de la France ! », sier corse sera bientôt à l’ordre du breuses questions, les vingt et paraître dans la commission, qui, MAJORITÉ « RÉPUBLICAINE » pas influencer les conclusions de la tonne Nicolas Dupont-Aignan, jour, non pas lors de la réunion de un élus (deux hauts fonction- là non plus, ne recouvriront pas Jean-Pierre Chevènement avait commission » . M. Hoeffel se dit maire (RPR) de Yerres (Essonne). rentrée, mais la semaine suivante. naires sont également membres forcément le clivage droite- beaucoup pesé dans la nomina- conscient du « caractère parti- Jean-Pierre Raffarin, président « La Corse est un problème spéci- de cette commission) se sont gauche. tion de ses membres. Après la dé- culier de la Corse ». Pourtant, dit- (DL) de l’Association des régions fique, mais la commission ne peut souvent trouvés d’accord, quelles Pourtant, un consensus pour- mission du ministre de l’intérieur, il, « ces avancées importantes de la de France (ARF), a également me- pas l’ignorer », affirme M. Mau- que soient leurs étiquettes poli- rait, paradoxalement, se dessiner. la commission Mauroy reste en décentralisation appellent plus de nacé de claquer la porte : « On di- roy, qui contredit certains de ses tiques : unanimité sur la néces- La plupart des membres de la majorité « républicaine ». Lionel hardiesse de notre part ». rait que le gouvernement cherche à collègues socialistes. Pour plu- saire déconcentration des services commission condamnent, plus ou Jospin risque-t-il de voir se re- nous ridiculiser. Comment conti- sieurs d’entre eux, en effet, la de l’Etat, ainsi que sur la décen- moins fermement, la dévolution tourner contre lui ce dispositif Ga. D.

TROIS QUESTIONS À... pris en tenaille entre l’Union euro- péenne, qui absorbe une partie de Les figures libres de politique-fiction de la Datar JEAN-LOUIS GUIGOU leurs prérogatives, et les transferts de compétences aux départements, « ”AMÉNAGER la France de 2020” n’est pas entre ces villes. Scénario numéro 2, dans un naux...) alliant dans un même périmètre l’es- Jean-Louis Guigou, vous êtes aux régions ou aux communes [lire un document opportuniste », prévient Jean- contexte d’effacement de l’Europe : le « cen- pace vécu par les habitants, la représenta- 1 délégué à l’aménagement du également page 14, l’analyse de Louis Guigou, délégué général à l’aménage- tralisme rénové ». L’Etat maintient sa struc- tion politique et la solidarité financière. territoire et à l’action régionale. François Grosrichard]. Dans ce ment du territoire et à l’action régionale. Ce ture administrative, ne délègue plus aucune La Datar défend donc une recomposition Pourquoi le débat sur le statut par- contexte, ils redécouvrent leur ca- travail prospectif, commandé par le gouver- compétences aux collectivités, et redistribue du territoire par les collectivités qui désirent ticulier de la Corse prend-il une pacité d’action sur le territoire. nement lors d’un comité interministériel les richesses. La suprématie de Paris est ren- s’associer. Parallèlement, les régions doivent telle ampleur en France ? L’aménagement du territoire est un d’aménagement et de développement du forcée. travailler ensemble, afin de ne plus former La Corse est le révélateur de pro- domaine où les gouvernements ont territoire en décembre 1997, est sorti par ha- que six grands bassins : sud-ouest, sud-est, blèmes sous-jacents, qui n’ont ja- une grande marge de manœuvre. sard cet été, en plein débat sur l’avenir de la « POLYCENTRISME MAILLÉ » ouest, est, nord, et une grande zone qui dé- mais trouvé de solutions. En paral- La France découvre cette capacité. Corse. L’objectif du document est, selon son Dans le scénario numéro 3, appelé « local passe largement les contours de l’Ile-de- lèle à la montée en puissance de la Le débat sur la décentralisation de- principal concepteur, de contribuer à une ré- différencié », la vacuité des politiques d’amé- France. L’Etat, dans ce scénario, favorise mondialisation, la crainte de l’ho- vient un enjeu politique majeur. flexion à laquelle participent les travaux du nagement du territoire laisse le champ libre l’émergence de ces blocs et la création de ré- mogénéisation, de l’uniformité, de commissariat général du Plan et de la aux dynamiques locales. L’Etat fait alors of- seaux de villes (Lyon-Marseille, Nantes- la perte d’identité se fait jour. La Faut-il redécouper les ré- commission Mauroy sur la décentralisation. fice de médiateur dans les conflits d’intérêt Rennes-Angers...) qui forment des pôles ur- question corse rencontre un écho 2 gions ? Dans les figures libres de politique-fiction entre les « féodalités et communautés qui bains attractifs. considérable parce qu’elle ranime Il y a plus urgent. Une recomposi- que représente La France de 2020 , la Datar voient immanquablement le jour entre cer- Conscient que les rivalités entre villes et le couple mondial/local, et réveille tion du territoire est nécessaire, au est passées de six scénarios (Le Monde du tains territoires ». régions sont difficiles à éradiquer, la Datar la questions de l’identité. Ces sujets niveau local et au niveau interré- 19 février) à quatre. Hypothèse numéro 1, Hypothèse numéro 4 : le « polycentrisme veut avant tout faire œuvre de pédagogie. ont toujours été sous-estimés en gional. Il faut définir de nouveaux nommée l’« archipel éclaté » : le désengage- maillé ». C’est, évidemment, pour ce dernier En direction des collectivités, mais aussi de France. Notre pays est centralisé. espaces afin que les populations ment de l’Etat laisserait le champ libre à scénario que plaide la Datar. L’organisation l’Etat qui, selon M. Guigou, doit appliquer ce Nous sommes les fils de la Révolu- bénéficient d’un maximum de ser- l’émergence de villes toutes puissantes. de la France repose alors sur des territoires schéma lorsqu’il réorganise son administra- tion française et des valeurs univer- vices. Au niveau local, les pays, les L’Etat n’aurait plus, dans ce contexte, qu’à de projets (structures intercommunales, tion sur le territoire. selles. La question du territoire a communautés urbaines, les gérer la désertification des espaces situés pays, agglomérations, parcs naturels régio- Ga. D. longtemps été occultée par les communautés d’agglomération ou hommes politiques, qui n’ont pas de communes sont des espaces per- éclairé ce débat. Parce que nos tinents. Au niveau macroterritorial, Les 23 de la commission élites intellectuelles sont toutes for- les régions existantes doivent coo- mées dans un même moule, où la pérer entre elles, afin de former de b Président : Pierre Mauroy (PS) géographie et le territoire n’ont grands ensembles régionaux [lire b Ass. des maires de France : pas leur place, le petit, le local, ci-contre]. Facilitons l’interrégiona- Daniel Hoeffel (UC), Bernard n’est pas suffisamment abordé. lité. La concurrence entre villes ou Poignant (PS) entre régions voisines ne fait qu’en- b Départements de France : Jean En quoi l’affaire corse fait-elle graisser Paris. Puech (DL), Jean-Claude Peyronnet 2 avancer le débat sur la décen- (PS) tralisation ? Propos recueillis par b Régions de France : Jean-Pierre Partout en Europe, les Etats sont Gaëlle Dupont Raffarin (DL), Jean-Paul Huchon (PS) b Maires des grandes villes : Jean-Pierre Sueur (PS) b Villes moyennes : Jean Auroux (PS) b Petites villes : Martin Malvy (PS) b Districts et communautés : Marc Censi (UDF) b Maires ruraux : Georges Pelletier (div. g.) b Personnalités qualifiées : Jean-Michel Baylet (PRG), Marie-Christine Blandin (Verts), Gilles Carrez (RPR), Nicolas Dupont-Aignan (RPR), Jean-Pierre Fourcade (UDF), Jacqueline Fraysse (PC), André Laignel (PS), Jacques Oudin (RPR), Christian Proust (MDC), Alain Ohrel (conseiller d’Etat), Alain Pichon (conseiller maître à la Cour des comptes).

Défense de la vignette

La Corse n’est pas le seul souci de la commission sur la décen- tralisation. La suppression de la vignette automobile, si elle est confirmée (lire pages 6 et 7), allu- mera un nouveau foyer de contestation. Pierre Mauroy a déjà affirmé son attachement à l’autonomie fiscale des collecti- vités. Gilles Carrez, maire (RPR) du Perreux, parle de « casus bel- li ». Jean-Pierre Fourcade, pré- sident (UDF) du comité des fi- nances locales, proteste contre « l’idée fixe de Bercy : supprimer l’autonomie des collectivités lo- cales ». Quant à Jean Puech, pré- sident (DL) de l’Assemblée des départements de France, incré- dule, il juge que cette mesure serait « grave » et démontrerait « un manque de considération vis-à-vis des élus locaux ». LeMonde Job: WMQ0109--0012-0 WAS LMQ0109-12 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 09:40 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0543 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » – Nathalie, Philippe et Caroline, – Le docteur vétérinaire Pierre Royer, leurs enfants, président du Syndicat national des Naissances Thomas Piketty, vétérinaires français, Juliette et Deborah Piketty, Et les membres du conseil Les familles CLIMENT et FUCHS leurs petites-filles, d’administration Antoine Guillaumont sont heureuses d’annoncer l’arrivée de Françoise Chapotot ont la tristesse de faire part du décès du et sa famille, Noémie, Jean-Pierre Moine docteur vétérinaire et sa famille, Rémi MORNET, Un spécialiste des premiers âges chrétiens chez président du groupe Robert, Déborah, Jérémy et Lya, René Moine, Marie Malgalé, Viviane Ferry des vétérinaires retraités ANCIEN professeur au Collège met de chercher aussi le berceau un respect et une affection et ancien président du Syndicat national de France, membre de l’Institut, du mouvement monastique en Pa- propres à gêner cet homme timide le 23 août 2000. et leur famille, des vétérinaires praticiens français, Antoine Guillaumont est mort à lestine et en Syrie. foncièrement modeste. Marie-Brigitte Rémy, la famille Ricatte, Paris vendredi 25 août à l’âge de Elu au Collège de France en Ce grand savant, qui jonglait survenu à son domicile, le 29 août 2000, Adrien, Léopold, Suzanne Pierson, Maryvonne Martin dans sa soixante-dix-neuvième année. quatre-vingt-cinq ans. remplacement d’Henri-Charles avec une déconcertante agilité ses frères, et leur famille, Né à L’Arbresle (Rhône) le Puech, il y occupe, de 1977 à 1986, avec les langues et les références, Pierline et Emmanuel, Xavier Jamar et son épouse, L’incinération aura lieu au 13 janvier 1915, Antoine Guillau- la chaire « Christianisme et était aussi un homme cordial, ses parents, Pascal Chabot, crématorium de Niort, le vendredi mont est partagé dans sa jeunesse gnoses dans l’Orient préisla- d’une « grande noblesse d’esprit », ont l’immense joie d’annoncer la ont l’immense douleur de faire part du 1er septembre, à 15 h 30. naissance de entre le Rhône et l’Hérault, fré- mique ». Accueilli en 1984 à l’Aca- se souvient son élève Javier Teixi- décès de Syndicat national quentant le collège de Lunel, démie des inscriptions et belles dor. Antoine Guillaumont s’atta- Paul, Victor, Manuel, Colette et Gérard MOINE, des vétérinaires français, avant le lycée du Parc à Lyon, puis lettres, il ne renonce pas, devenu cha, en spécialiste des premiers 10, place Léon-Blum, la faculté des lettres de Montpel- professeur honoraire, à son activi- âges du christianisme oriental, à par un beau dimanche ensoleillé, le 75011 Paris. 27 août 2000, à la Croix-Rousse. survenu accidentellement en Corse, le lier. Un cursus parfaitement clas- té de traducteur, puisqu’il pour- l’étude de ceux qui choisirent le dimanche 27 août 2000. Mme Pierrette Mornet, sique (agrégation, puis doctorat suit avec son épouse, Claire, l’édi- retrait du monde, anachorètes, 23, rue Denfert-Rochereau, 31, rue du Parc, ès lettres, études à l’Ecole pra- tion des œuvres du prédicateur et stylites et autres ermites, mais cet 69004 Lyon. La cérémonie d’adieu aura lieu en 79120 Lezay. tique des hautes études) masque ermite Evagre le Pontique (1971- érudit réservé cherchait là à ren- l’église Saint-Germain-des-Prés, vendredi 1er septembre, à 15 heures. un engagement qui lui vaut la 1989) et participe à de nombreux contrer des hommes, avec cette – Mme Olivier Nairac, croix de guerre 39-45. Un temps colloques et journées d’études, où bienveillance singulière qui reste Anniversaires de naissance Cet avis tient lieu de faire-part. née Vacheyrout, professeur au lycée de Monaco, il la profonde gentillesse, l’attention sa marque. – Vingt ans ! son épouse, est attaché, puis chargé de re- peu commune et la disponibilité 39, rue de l’Amiral-Mouchez, Chantal Jesberger, cherche, au CNRS (1946-1951), qu’il offre à ses élèves lui valent Philippe-Jean Catinchi Bon anniversaire, 75013 Paris. sa fille, avant d’obtenir à l’Ecole pratique et Gilles Jesberger, son gendre, des hautes études une direction Jérôme BOSSY. – Le président et les membres Sophie Batiste, d’études pour l’hébreu et l’ara- NOMINATIONS janvier 2000. Elle était, depuis, directrice de Colette, Fan, Jaoui, Pépé. du Comité exécutif de France Telecom sa fille, et le docteur Pierre Batiste, méen (1952-1974), puis une autre la technologie au ministère de la recherche. ont la grande tristesse de faire part du son gendre, sur les christianismes orientaux CNRS Geneviève Berger a reçu la médaille décès accidentel de leur collègue et ami Paul Nairac, (1957-1981). Geneviève Berger a été nom- d’argent du CNRS en 1994 et le prix Yves- Décès son fils, Fanny, Céline, Laura, Etienne Alors que sa compétence lin- mée directrice générale du Centre Rocard de la société française de physique – Mme Claude Abbou, M. Gérard MOINE, chevalier de la Légion d’honneur, Jesberger, guistique l’amène à participer à la national de la recherche scienti- en 1997, pour la mise au point du premier Mlles Elisabeth et Fabienne Abbou, directeur des relations extérieures Irène, Maud, Thomas, Jeanne Batiste, Le docteur Yovan Knezevitch, traduction œcuménique de la fique (CNRS), lors du conseil des imageur mondial de l’os par ultrasons]. de France Telecom, ses petits-enfants, Bible et pour Gallimard à celle de ministres de mercredi 30 août, en Le docteur Richard Abbou, me lle M. et M Georges Nairac l’Ancien Testament en Pléiade, il remplacement de Catherine Bré- DIPLOMATIE M Céline Abbou, et leurs enfants, M. et Mme Guy Abbou, et de son épouse Les familles Nairac, Vacheyrout, entreprend un travail de terrain, chignac (Le Monde du 31 août). Michel Touraine a été nommé Mlle Françoise Abbou, me Larivière que sa connaissance du copte et [Née le 26 janvier 1955 à Dieuze (Mo- ambassadeur à Oman, en rempla- M. Pierre Abbou, M Colette MOINE, Leur famille et amis fidèles, et en union avec sa fille « Odile », du syriaque favorise – il a ainsi selle), ancienne élève de l’Ecole normale cement de Georges Gautier, par décédée le 21 juillet 1997, contribué à l’édition du texte supérieure de Cachan, Geneviève Berger décret publié au Journal officiel da- ont la tristesse de faire part du décès du survenu le 27 août 2000, dans le golfe de Sagone (Corse). ont la douleur de faire part du rappel à copte de l’Evangile selon Thomas est agrégée de physique. Titulaire d’un doc- té 28-29 août. docteur Joël ABBOU. Dieu de (1959), sitôt publiées ses versions torat de mécanique théorique et appliquée, [Né le 20 mai 1951 à Limoges (Haute- Ils s’associent à la douleur de leur syriaques des Six Centuries des Ké- d’un doctorat de biologie humaine et d’un Vienne), Michel Touraine est diplômé de La cérémonie funèbre a eu lieu à famille et témoigneront leur sympathie Olivier NAIRAC, inspecteur général de l’équipement, phalaia gnostica d’Evagre le Pon- doctorat de médecine, elle est professeur l’Institut d’études politiques de Paris et de Cannes, le 24 août 2000, dans l’intimité lors de la cérémonie religieuse qui sera er chevalier de l’ordre du Mérite, tique (1958). Spécialisé dans des universités praticien hospitalier (uni- l’Institut des langues et civilisations orien- familiale. célébrée le vendredi 1 septembre, à 15 heures, en l’église Saint-Germain-des- chevalier de la Légion d’honneur, l’étude des courants doctrinaux versité Paris-VI-CHU Broussais-Hôtel- tales. Il a été notamment en poste à Mos- Villa le Lys, Prés, place Saint-Germain-des-Prés, à des chrétientés orientales des pre- Dieu) depuis 1996 et chef du service de bio- cou (1980-1982), à Tunis (1984-1987), à 30, avenue Isola-Bella, Paris-6e, suivie de l’inhumation au cime- survenu le 30 août 2000. miers siècles, les premiers âges de physique et médecine nucléaire de l’Hôtel- Riyad (1987-1992), à Saint-Pétersbourg 06400 Cannes. tière du Montparnasse. Les obsèques auront lieu le l’ascétisme et du monachisme Dieu depuis 1997. Après avoir dirigé le la- (1994-1996) et à l’administration centrale 2 septembre, à 15 heures, en l’église de chrétiens, Antoine Guillaumont boratoire d’imagerie paramétrique du Quai d’Orsay. Depuis mars 1996, Michel Gérard Moine était entré en 1972 à – Le président du conseil France Telecom où il a puissamment Marçay (Vienne). participe activement aux fouilles (CNRS-université Paris-VI), créé en 1991, Touraine était ambassadeur en Lituanie.] d’administration, contribué à la transformation de l’entre- archéologiques entreprises sur le elle a dirigé le département biotechnolo- Michel Vandepoorter a été Le directeur de la section médicale de prise, après avoir occupé différents postes L’Ansart, site des Kellia, en basse Egypte, gies, médicaments et agroalimentaire du nommé ambassadeur au Nicara- l’Institut Curie dans la haute administration et dans plu- 86370 Marçay. ont le regret de faire part du décès dès 1964, mais sa culture lui per- ministère de la recherche, de février 1998 à gua, en remplacement de Sylvie sieurs cabinets ministériels. Il avait été en accidentel, survenu le 27 août 2000, du Alvarez, par décret publié au Jour- 1990 l’un des artisans de la réforme des PTT auprès de Paul Quilès, ministre des « Ne le plaignez pas trop : nal officiel daté 28-29 août. docteur Jacques GERTNER, postes, des télécommunications et de l’es- il a vécu sans pactes [Né le 10 décembre 1949 à Lille (Nord), médecin-anesthésiste. pace, avant de diriger le cabinet d’Edith Libre dans sa pensée Michel Vandepoorter est diplômé de l’Insti- Cresson, premier ministre. autant que dans ses actes. » Edmond Rostand. Au sommaire tut d’études politiques de Paris. Il a été no- – Le président, tamment en poste à Bruxelles (1973-1977), à Le conseil d’administration du CERPP, – La Fédération de Paris du Parti François SAVIGNON du numéro Tunis (1977-1981), à Abidjan (1981-1984), à L’ensemble de l’équipe de l’Ecole socialiste, Yaoundé (1987-1990), à Vienne auprès de la expérimentale de Bonneuil, Et les sections socialistes du nous a quittés, le 29 août 2000. ont eu la grande tristesse d’apprendre le e représentation de la France aux négocia- 13 arrondissement de Paris de septembre décès du Irène Savignon-Valachs, tions sur les forces armées classiques et sur ont la douleur de faire part du décès de sa femme, les mesures de confiance et de sécurité en docteur Christiane GUILLEMET, Colette et Gérard MOINE, Colette et Heinrich, Elisabeth Europe (1990-1994), et à l’administration administrateur depuis de longues années et Bernard, Laurence, du CERPP. centrale du Quai d’Orsay. Depuis juin 1997, survenu le dimanche 27 août 2000. Eric et Sophie, Philippe et Anne, ses enfants, arche. Michel Vandepoorter était deuxième Ils s’associent à la peine de sa famille. Dossier: L’école qui m conseiller à Athènes.] Les militants socialistes du Ses petits-enfants et son arrière- es 13e arrondissement, durement éprouvés petite-fille, – M. Marc Herbemont par cette perte brutale, expriment l’estime Ses amis, Des réponses originales aux problèm et sa compagne, Annie-Laure Crespi, et l’affection qu’ils portaient à leurs sont dans la tristesse. M. Olivier Herbemont, camarades disparus et s’associent à la de l’éducation... ses fils, douleur de la famille. Nous l’accompagnerons au Mme Claude Barbé, crématorium du Père-Lachaise, le errida. sa belle-fille, 41, rue Bobillot, samedi 2 septembre, à 11 h 15. ● Entretien avec Jacques D Mme veuve Antoine Massoni, 75013 Paris. sa belle-sœur, 73, rue Saint-Nicolas, Ses petits-enfants, 78600 Maisons-Laffitte. ● Les livres sur l’éducation font la rentrée. Les familles Come, Herbemont, – Les anciens présidents, Martial, Boiteux, Chappat, Prunet, Les membres du conseil émoire ? Thomasson, d’administration, – 1910 Lemps (Ardèche). ● Les élèves ont-ils besoin de leur m Et leurs enfants, La direction générale, 2000 Chamonix (Haute-Savoie). Et le personnel de l’Institut de mes dans l’éducation ? ont la douleur de faire part du décès de l’économie urbaine, Henri ● Débat : trop de fem font part de leur tristesse après la du TREMOLET de LACHEISSERIE, Jacques HERBEMONT, disparition de ingénieur chimiste, usicales ont trouvé leur public. chevalier de la Légion d’honneur, ● Les comédies m croix de guerre 1939-1945, Gérard MOINE, est entré dans la Vie Eternelle. croix du combattant 1939-1945, président d’honneur. médaille de l’Aéronautique, Sa famille et ses amis Chez votre Ils expriment à sa famille leurs sincères l’accompagnent ce jeudi 31 août, en marchand survenu le 28 août 2000, à Biot (Alpes- l’église et au cimetière des Houches. de journaux Maritimes). condoléances et se souviennent avec estime et reconnaissance de celui qui e avait accompagné l’Institut depuis sa « Erat peritus omni re scibili Le magazine des enseignants qui avancent 30 F - 4,57 Le service religieux sera célébré le et quibusdam aliis. » lundi 4 septembre 2000, à 10 h 30, en création. l’église Saint-Dominique, 20, rue de la e Tombe-Issoire, Paris-14 , où l’on se – La présidente de l’Association des Anniversaires de décès réunira. GEM, La présidente d’honneur, les – 1er septembre 1996, L’inhumation se fera dans l’intimité, fondateurs, les anciens présidents, les au cimetière du Montparnasse, dans la vice-présidents, le bureau, le conseil, sépulture de famille. Ruthy SZWARC. Et tous les membres de l’AGEM, 34, rue Dunois, ont la douleur de faire part du décès de Quatre ans déjà, elle nous manque 75013 Paris. terriblement. Gérard MOINE, Maurice, Myriam, Nicole, Daniel, – François Lubtchansky et Fabienne leur ami, membre actif de l’association, et Jonathan, Benjamin. Gardé, de son épouse Jacques Lubtchansky, Paulette Maigne, Colette, Assemblées générales Jean et Anne Lubtchansky, Juliette Gardé, survenu accidentellement, le dimanche – L’association Jeunesse et Marine Les familles Lubtchansky, Maigne, 27 août 2000. Ils s’associent au deuil qui tiendra une assemblée générale extraordi- Guédy, Bâty, Zélikovsky, frappe les familles. naire, le samedi 16 septembre 2000, à Richard Himelfarb, 9 heures, au 6, rue Albert-de-l’Apparent, ont la douleur de faire part du décès du (Le Monde daté 30 août.) Paris-7e. docteur Jacqueline LUBTCHANSKY, ancien interne des Hôpitaux psychiatriques de Paris, CARNET DU MONDE membre titulaire TARIFS AN 2000 - TARIF à la ligne de la Société psychanalytique de Paris, DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, survenu accidentellement à Saint-Tropez, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 140 F TTC - 21,34 ¤ le 27 août 2000. TARIF ABONNÉS 120 F TTC - 18,29 ¤

On se réunira au crématorium du Père- NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, PACS Lachaise, le vendredi 1er septembre, à MARIAGES, FIANÇAILLES 550 F TTC - 83,85 ¤ FORFAIT 10 LIGNES 9 h 30. Toute ligne suppl. : 65 F TTC - 9,91 ¤ THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 ¤ Cet avis tient lieu de faire-part. COLLOQUES - CONFÉRENCES : 16, quai Jean-Baptiste-Clément, Nous consulter 94140 Alfortville. ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 – Fax : 01.42.17.21.36e-mail: [email protected]. 214, rue du Faubourg-Saint-Martin, Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Les 75010 Paris. lignes en blanc sont obligatoires et facturées. LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 13 HORIZONS REPORTAGE Le jour où j’ai rencontré ma (très) chère voisine australienne

ANS l’océan du ble, le système e-friends a prévu O 20 juin), mais la séance se termine te-huit heures, vingt-quatre heu- tion, pas de virus, aucun risque de sexe, ô surpri- deux options. Le texte : en quel- F L I toujours en très gros plan. Sa cham- res, une heure, une demi-heure, et se faire estourbir dans un cou- se, m’attendait ques lignes, chacune se décrit. Ce S E bre à coucher est simplement lam- cinq minutes avant le quart d’heu- pe-gorge. HIV négatif, même pas E S ma voisine de que je recherche, ce qui me plaît et L brissée de bois blanc. A l’arrière, re d’amitié prévu. C’est dire s’ils y besoin de test, très bien. Des vas- palier. Elle por- me déplaît. Mais aussi l’image. quelques peluches, un ballon rouge attachent du prix. tes territoires de la perdition vir- te un joli nom : Chaque « amie » vous propose 10 en forme de cœur. De l’ensemble A l’heure dite, évidemment, tuelle je rentre physiquement sain Pebbls. Elle est gentiment – et gratuitement, mais D de ces éléments se dessine le por- j’étais là, le cœur battant. Le croi- et sauf. Mentalement, c’est autre blonde, adore oui – de plonger dans les albums- T trait d’une fille saine et sportive, le rez-vous ? Elle était là aussi, chose. Je me sentais à la fois rassu- ' qu’on lui tien- photos où sont consultables, en I E genre de fille qui a sa dose de cal- devant son clavier. « Hi, lemonde, ré par l’abondance des balises, et N N ne la porte, et est assez musclée. Sa ligne, rangées par ordre de date, T E R cium tous les jours, une bonne fille sweetie, how are you ? », susurra totalement fou. Et encore plus fou Dmusculature doit être consécutive les archives des meilleurs mo- aux joues rouges, qui me paraît par- l’écran avec l’image de Pebbls. Je de soupçonner, en face, une folie à la pratique du surf. Du vrai surf, ments de ses rendez-vous précé- faitement incarner l’archétype de lui avouai que j’adorais ses lunet- équivalente. Qu’on ne prétende j’entends, sur les redoutables rou- dents. Commence alors une gale- l’amie du bout du monde. Mon tes. Elle protesta : elle n’avait pas pas que mes amies payées ne sont leaux australiens. Car Pebbls, ma rie de lits et de canapés, un défilé Comment choix est fait : ce sera Pebbls. prévu de les garder. Et puis ? Et que des professionnelles froides, voisine de palier, habite en Austra- de strings multicolores et de décol- A ce stade, deux options sont puis c’est tout ce que vous saurez. des caisses enregistreuses. La véri- lie. Je crois qu’il faut que je vous letés désespérants, l’interminable notre proposées : les plus sociables se Pour 7,50 francs, imaginez-vous té est qu’elles sont folles, Pebbls et explique. J’ai découvert Pebbls déclinaison d’un nombre réduit de joindront au groupe d’amis avoir droit à davantage ? Mon ses copines, emportées par la dans un club sympathique, nommé figures imposées d’exhibitions explorateur, payeurs déjà formé autour d’un(e) quart d’heure de conversation avec même folie que les amis qui les e-friends (« amis virtuels »). d’orifices béants. De dos, de face, ami(e) payé(e), en essayant de ne Pebbls ne regarde que nous. paient, aussi folles que moi. C’est En gros, sur e-friends, vous pou- de profil. au beau pas trop contredire les directives vez rencontrer des amis tout Certains ont soigné l’album-pho- des camarades de jeu. Alors, pour autour du monde, avec qui dialo- to, recréant les étapes d’un milieu peu que l’on maîtrise le vocabulai- A l’heure dite, évidemment, j’étais là, guer en vidéo sur les sujets de strip-tease. D’autres ne montrent re technique, pour peu que l’on votre choix : finance, éducation que leur visage. Tout montrer de l’océan déjoue les pièges du décalage le cœur battant. Le croirez-vous ? des enfants, astrologie, recherche d’emblée, ou rien ? Toutes les horaire – ainsi « lemonde » faillit-il d’emploi. Supposons que vous déci- options existent. S’agissant de la du sexe, a solliciter un rendez-vous à l’heure Elle était là aussi, devant son clavier. diez de débattre en vidéo d’astrolo- présence sur son lit du clavier avec américaine (Eastern time), avant de gie avec des Américains, par exem- lequel l’amie converse avec vous, tout de même se voir rappeler qu’il était assujetti « Hi, lemonde, sweetie, how are you ? » ple pour comparer les prévisions très vite deux écoles cinématogra- à l’heure égyptienne –, on peut des Béliers du troisième décan phiques se distinguent : le placer trouvé enfin engager la conversation. susurra l’écran, à côté de l’image de Pebbls pour la première quinzaine de hors champ, ou dans le champ. « Hello, pourriez-vous vous tourner juillet dans le Minnesota Herald et Taper sur son clavier de face, ou Pebbls, légèrement sur la gauche, voilà, un dans le Courrier des Yvelines, une de profil. C’est d’ailleurs, dans ces peu moins s’il vous plaît ; enlevez le Sachez seulement, si vous insis- folie que d’attendre toute la jour- seule adresse : e-friends. Mais évi- images, le hors-champ qui est le la voisine haut, voilà, etc. ». Mais il existe une tez, qu’il faisait visiblement très née devant sa Webcam les deman- demment, ce n’est pas d’astrologie plus fascinant. Pendant que autre option : le rendez-vous privé. chaud en Australie, que notre des de rendez-vous sur l’agenda ni de recherche d’emploi que les l’ami(e) se trémousse sur un lit d’en face, une Pebbls ne m’a pas laissé le choix : quart d’heure dura vingt-six minu- virtuel. amis virtuels ont majoritairement devant la Webcam, quels membres elle ne pratique pas l’amitié collecti- tes – Pebbls a énormément de con- envie de débattre. En bas à droite, de l’entourage peuvent bien se occasionnelle, ve. Très exclusive, elle ne reçoit versation – et que je ne savais pas ’EST folie que de se laisser voici l’inévitable section « adul- trouver dans les pièces voisines ? que sur rendez-vous individuels. qu’un doigt pouvait s’alourdir déposséder de sa vie par des tes ». « Voilà où se trouve vraiment Des camarades de campus ? Des virtuelle, Elle accueille ses amis de quart autant sur un claaaaaaaaaavier. Cinconnus du bout du monde. votre voisine de palier », annonce parents exténués ? Des enfants d’heure en quart d’heure, le quart Pour le reste, sachez seulement La maison safe sex et filiales est-elle fièrement le slogan de la section attablés devant les corn flakes, en tarifée d’heure ne coûtant que 30 dollars. que, en australien, « oui » se dit l’inventeuse d’un nouveau type de « adultes ». partance pour l’école ? Clic, clic : « lemonde » a donc « yeeeeeeeeeeees », et qu’elle me rapports sociaux et amoureux ? Avec cette voisine qui ne deman- Mais l’heure n’est pas aux ques- mais sympa demandé un quart d’heure d’ami- salua d’un « au revoir from Aus- Est-elle en train de redéfinir toutes de pas mieux que de devenir votre tions. L’heure est à la décision. tié à Pebbls. tralie » très personnalisé. En les catégories ? Ou bien est-elle seu- amie, vous allez pouvoir engager L’enquête est dure, mais c’est l’en- Le rendez-vous particulier sollici- appuyant sur le bouton pour étein- lement le plus grand maquereau un bavardage vidéo, un video chat. quête. Mission : choisir une amie, ment qu’elle se trouve à la tête té, commence alors l’attente, ryth- dre Pebbls et clore l’entretien, je virtuel du monde ? Et Pebbls, la Le video chat vous permet, après entrer en contact, établir une tête d’une collection de dessous de colo- mée par les rappels de e-friends. repartais tourmenté par davantage fille d’en face, ma voisine en string inscription préalable, choix d’un de pont. Pourquoi Pebbls, donc ? ris extrêmement variés, et rapides Apparemment anxieuse que vous de questions que de réponses. sur Internet, si saine et si musclée, pseudonyme (« lemonde » fera l’af- Avouons-le : ma souris et moi à enlever. Les variantes sont limi- ratiez votre rendez-vous (le candi- «Safe», disaient-ils. La bonne qui est-elle ? Une voisine un peu faire), acquisition d’un élémentaire avons cliqué au hasard, comme on tées. Pebbls ôte parfois le haut dat à l’amitié planétaire est sans blague ! Oui, certes, on a pris soin putain ? Une putain qui joue à la vocabulaire en anglais et dépôt choisirait un lieu de vacances en avant le bas (13, 17, 18, 19 juin), par- doute un grand distrait), la maison de ma santé physique, au pays du voisine ? Sur une plage des antipo- d’un numéro de carte bancaire (pas plantant une aiguille sur une carte, fois le bas avant le haut (15, 16, vous envoie des mots quaran- safe sex. Pas d’odeur de transpira- des, existe-t-il une Pebbls réelle cor- la peine de tricher, le système dé- attirés par ce prénom extraplané- respondant à la cyber-Pebbls, une tectera immédiatement un faux taire qui, dans l’océan des polisson- paisible surfeuse à serviette de pla- numéro), d’entrer en vidéobavarda- nes et des collégiennes à fausses ge et crème solaire qui, entre deux ge avec une armée entière de nattes, ressemblait à une faute de rouleaux, pour un peu d’argent de « e-friends » munis de Webcam, de frappe. C’est peu dire que nous poche, passerait tout naturelle- tous âges, de tout sexe et de toutes sommes bien tombés. Pebbls, ment de la plage au cyberbunga- couleurs, filmés dans leur salon ou vingt-sept ans, est une fille à l’an- low danser devant les yeux des dans leur chambre à coucher, et cienne, classique, tout à fait mon voyeurs de l’autre bout du mon- ardemment désireux de se faire une genre avec ses lunettes. Si je dis de ? « Gardez-moi du soda, les foule d’amis du bout du monde. « classique », c’est parce qu’elle copains, j’ai mon quart d’heure. » Evidemment, toute question d’ar- déteste, dit d’emblée son texte de Ou bien Pebbls est-elle passée gent n’est pas absente. Au royau- présentation, les hommes qui ne tout naturellement des trottoirs de me de e-friends, l’amitié est évi- tiennent pas la porte aux dames, Sydney à la Webcam, en se don- demment rémunérée. Les amis de et les dames qui ne remercient pas nant des couleurs pour inventer un e-friends, on l’aura deviné, se parta- les messieurs qui leur tiennent la rôle exportable ; et la mythologie gent en deux catégories : l’ami qui porte. Ce qu’aime Pebbls ? Faire Pebbls, avec ses photos d’archives paie (pour voir), et l’ami payé l’amour sur la plage, se déshabiller (comme Jenni), avec ses quelques (pour être vu). Ne disposant mal- dans les endroits publics, et se fai- lignes de présentation (comme Jen- heureusement pas de l’indispensa- re lécher les orteils : nous étions ni), n’est-elle qu’une déclinaison ble caméra, j’ai vite compris que je faits l’un pour l’autre. Sur elle, elle caricaturale, attrape-gogos, savam- n’avais d’autre choix que de deve- n’en dit pas davantage, pour une ment contrefaite par des commer- nir l’ami qui paie. Reste à choisir raison qu’elle explique de bonne çants rusés, de la mythologie Jenni, ami(e) à mon pied. Facile : éplu- grâce : « Si je vous disais tout main- cette copine à peine putain ? Peu chons la liste. La liste ? Misère ! tenant, il ne nous resterait plus beau- importe. Ce nouveau personnage Son seul parcours, de haut en bas, coup de sujets de conversation d’occasionnelle revue et corrigée peut placer votre infortunée souris quand vous viendrez me voir, par Internet est désormais simple- en état d’épectase avancée. Un n’est-ce pas ? Venez donc vous faire ment plausible, et cela suffit. bataillon, une armée entière une idée, je ne mords pas ! » La fille que je croise dans l’ascen- d’ami(e)s ! seur, ou dans la rue, peut-être A première vue, si quelques lec- OUR ajouter à sa séduction, va-t-elle danser dans quelques trices de tarot et amateurs de con- Pebbls est cartésienne ! Com- secondes pour un fermier de l’Ida- versation s’y sont glissés, si l’on y Pme prise de remords, elle ho ! Quelle est la seule marchandi- trouve quelques hommes seuls ajoute pourtant : « Savoir que mon se dont je dispose absolument ? pour les dames, quelques hommes spectateur (ou ma spectatrice) s’est Mon corps, pardi ! Quelle tenta- seuls pour les hommes, quelques senti(e) si bien en me regardant, voi- tion que de l’exposer sans risques, couples ou groupes, et quelques là le plaisir que je recherche tous les au grand dépôt-vente mondial, individus « ne répondant ni à la défi- jours sur e-friends. » Enfin, Pebbls a pour expertise gratuite. Sous nos nition de l’homme ni à celle de la été deux fois finaliste dans les con- yeux, naît une nouvelle icône mon- femme », comme on dit élégam- cours internes que les e-friends diale, un nouveau modèle. Modèle ment chez e-friends, l’immense organisent entre eux, sans doute de quoi ? de prostitution ? de rela- majorité des candidats à l’amitié pour passer le temps entre les séan- tion humaine ? Je ne sais. Mais je sont des candidates seules. Au ces de bavardages virtuels. Dans la sais que ce personnage de l’occa- total, des centaines et des centaines catégorie « filles seules à la mai- sionnelle virtuelle intercontinenta- d’offres : « Afungirl », « Agirl19 », son », elle a été finaliste de l’épreu- le – tarifée mais sympa, sympa « Annpierced », « Brunette19 », ve de « la plus orgasmique » et de mais tarifée, tout se mélange, et le « Flirt101 », « Erikka », « Ginet- celle de « la mieux bâtie ». dollar grignote tout – nous oblige te », « Icecream », « Fuzzybun- Un détour par les archives vidéo d’ores et déjà à composer avec lui, ny », « Naturegirl », « Nikitta », de Pebbls, s’il confirme que le con- comme un fantasme des temps qui « Sandibeach ». Comment choisir ? cours de la mieux bâtie n’a sans s’ouvrent. « 18 ans », « Trois caméras », doute pas été truqué – Pebbls ado- « Toujours prête », « Les plus fer- re montrer à la Webcam son dos Daniel Schneidermann mes », « Le plus rose », « Le plus musclé, jusques et y compris quand Dessin : Glen Baxter pour « Le Monde » frais », « La plus humide » : tout le dos cesse de s’appeler le dos –, d’un coup, ce n’est plus un club, ne devait pas se révéler d’un grand c’est le marché de Cavaillon. Dans secours pour progresser dans la PROCHAIN ARTICLE : l’impossibilité de toucher, de sen- connaissance de ses sujets de con- Le jour où j’ai vu un député tir, oui, comment choisir ? Secoura- versation. Il en ressort essentielle- harcelé textuellement 14 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 HORIZONS-ANALYSES ET DÉBATS 0 123 Communes du passé, communautés d’avenir, Etat résiduel 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F EUROPE et régions tiennent en tives, des règlements, des arrêts de la mé dans ses structures géographi- des structures territoriales françai- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 tenaille la nation. Par le haut et par le Cour de justice, empiète un peu plus ques puisqu’il existe toujours, com- ses, comme l’a montré un récent col- Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http : // www.lemonde.fr bas, si l’on ose ce raccourci. Les chaque jour sur le droit souverain me il y a trente ans, des préfets de loque organisé à Reims par le Centre débats sur la dose nécessaire ou sou- intérieur de chaque Etat, est contra- région, des préfets de département, de recherche sur la décentralisation ÉDITORIAL haitable de fédéralisme dans la futu- riée par la logique économique mon- des sous-préfets, selon une carte territoriale. re Europe, comme les polémiques dialiste. Les multinationales et les pour ainsi dire immuable. La recomposition des territoires, sur les concessions politiques à groupes de pression ne connaissent Et voilà qu’avec les lois Voynet et « à la fois pour éviter l’émiettement du octroyer à la Corse conduisent les que les rapports de force ou la loi de Chevènement de 1999 sur l’organisa- local et l’hyperconcentration géogra- L’Allemagne et le racisme uns et les autres à poser une même la rentabilité, et contrarient donc tion territoriale, de nouveaux phico-politique dans la capitale », question : l’Etat – et ce qui en fait ses non seulement les règles de droit des démembrements des cadres tradi- selon le mot de Jean-Louis Guigou, N condamnant à de très densité immigrée, qui ne trouve fondements vivants et historiques, à différents pays mais celles qu’ils éla- tionnels ont été institués, puisque les délégué à l’aménagement du territoi- lourdes peines trois néo- pas de soutien dans la population. savoir le peuple et la nation – ne borent ensemble, voire les traités « pays » viennent faire concurrence re, va avoir pour conséquence un nazis qui avaient battu à A l’Est, en revanche, dans serait-il plus qu’un espace résiduel et déjà conclus : on le voit par exemple aux cantons et puisque les « commu- changement radical dans les fonde- Emort un Mozambicain l’ex-RDA, où les étrangers repré- une notion froide ? dans le domaine des organismes nautés d’agglomération » sont pré- ments de la nation, qui reposaient dans l’ex-RDA à la Pentecôte, la sentent moins de 2 % de la popula- Au-delà des interrogations juridi- génétiquement modifiés (OGM), de sentées comme beaucoup plus jusqu’à maintenant sur la commune. justice allemande a fait preuve tion, le problème est plus pro- ques et constitutionnelles, la réalité la sécurité du transport maritime modernes que les bonnes vieilles A la différence des départements et cette semaine de célérité et de fer- fond. Il s’agit des séquelles d’une des choses – notamment économi- pétrolier, du commerce des bana- communes. Or ces nouvelles collecti- des régions, de création plus récente, meté. Cela n’a pas toujours été le dictature communiste qui n’a ques et financières – oblige à se nes, du blanchiment des capitaux, de vités, qui s’ajoutent les unes aux la commune, née en 1789, n’est pas cas dans le passé. Ce jugement jamais assumé les fautes du passé demander où va se situer demain la l’immigration clandestine. autres, ont la particularité d’être des définie à partir d’un territoire géogra- intervient au terme d’un été où sous le prétexte qu’elle en rejetait légitimité du pouvoir, à supposer Sur le plan intérieur aussi, les car- établissements publics de coopéra- phique rationnel. C’étaient et ce sont l’Allemagne, emmenée par sa l’héritage au nom d’une préten- que l’élection au suffrage universel tes de la légitimité fondamentale (cel- tion, dont les dirigeants ne sont dési- encore bien davantage des commu- presse, a fait un examen de due essence anti-fasciste… Or les direct, qui est à la base de toute le que donne le suffrage direct) sont gnés qu’au suffrage indirect par les nautés d’habitants. « Ce sont, expli- conscience approfondi sur les déri- slogans simplistes et les méthodes démocratie, continue à être considé- redistribuées, quoique d’une autre habitants. Un président de commu- que Jean-Claude Nemery, profes- ves néonazies d’une petite partie autoritaires de la RDA trouvent rée, à Bruxelles, Paris, Carpentras ou manière – même si, là aussi, la logi- nauté urbaine est plus puissant, en seur de droit public, président du de sa jeunesse. Il faut éviter toute un écho à l’extrême droite. Dans Niort, comme une valeur fondatrice que de l’intérêt économique particu- termes de compétences, d’arbitrage conseil scientifique du groupe de comparaison hâtive avec le passé une société déboussolée, frappée et respectée. lier se heurte souvent à celle, tradi- économique, de gestion de l’environ- recherches sur l’administration loca- et, encore plus, de jouer à se faire par le chômage, aigrie, en dépit L’Union européenne est dirigée tionnelle, de l’intérêt général. Où se nement et de fiscalité, qu’un maire, le en Europe (Grale), les terminaisons peur. Le défilé du parti néonazi d’énormes progrès accomplis, les par des instances exécutives, législati- situent désormais le pouvoir et le mais il est moins légitime. nerveuses de la nation, véritables êtres NPD sous la porte de Brande- jeunes néonazis prétendent dire ves, administratives qui, même lors- droit de faire, diriger, développer, collectifs qui la mettent en mouve- bourg à Berlin, en janvier dernier, tout haut ce qu’une bonne partie qu’elles sont accusées de bureaucra- organiser la vie ensemble ? L’organi- « ÊTRES COLLECTIFS » ment, traversent les Constitutions et les dont la photo a été largement de la population penserait tout tie, bénéficient globalement dans sation des collectivités locales fran- Ce fossé juridique – qui fragilise régimes politiques, et font partie de publiée, était inacceptable. Mais il bas. l’opinion d’une légitimité commu- çaises va de mutations en craque- aussi le niveau supérieur, c’est-à-dire notre patrimoine génétique institution- donnait une fausse image de l’Al- C’est pourquoi la fermeté de la nautaire. Les chefs d’Etat ou de gou- ments, mais jamais en révolution, le département, qu’on s’accorde, à nel. » Les lois Chevènement et Voy- lemagne : Berlin n’est pas aux justice est importante. Les médias vernement, ministres, commissaires car aucun gouvernement ne voudra droite comme à gauche, à considérer net, qui commencent à s’appliquer – mains des Chemises brunes. accusent la police d’être parfois choisis par les Etats, fonctionnaires supprimer ou fusionner radicale- comme de moins en moins perti- la première plus rapidement que la Même si son existence légale don- « aveugle de l’œil droit ». Des pro- répartis entre les directions généra- ment les communes, comme ce fut nent – pose un véritable problème seconde–, entraînent en tout cas un ne le mauvais exemple (notam- fesseurs se taisent lorsque leurs les selon des quotas précis, impri- fait en Belgique ou en Grèce. politique à quelques mois des élec- déplacement des centres de gravité ment chez le voisin autrichien), élèves arborent des insignes ment des orientations collectives ou La décentralisation des années 80 tions municipales : beaucoup de can- territoriaux de la nation. l’extrême droite reste politique- nazis. La population se mobilise gèrent des budgets considérables, avait déjà mis le jacobinisme ances- didats désignés pour conduire une L’an 2000 a sonné le glas de la com- ment inexistante outre-Rhin. On trop rarement pour faire savoir qui peu à peu façonnent un droit tral à mal, et la montée en puissance liste viseront en fait, plus tard, la pré- mune d’Alexis de Tocqueville, pour n’y retrouve plus les pics de haine aux quelque 9 000 skinheads prêts européen. Le Parlement pour sa part des régions a affaibli un Etat jugé par sidence de la structure intercommu- qui « c’est là que réside la force des peu- raciste atteints en 1992 et 1993. à la violence que la majorité silen- est dépositaire d’un « plus » démo- beaucoup bureaucratique, lourd, nale, d’une meilleure taille critique. ples libres ». Les communautés, for- Ce qui n’empêche pas de recen- cieuse est contre eux, pas avec. cratique puisqu’il est lui-même élu éloigné des préoccupations des Ces questions alimentent réguliè- me utilitariste, réaliste, mais inache- ser des bouffées régulières de vio- La campagne actuellement au suffrage universel direct. citoyens, et au surplus impécunieux, rement les communications savan- vée de la démocratie locale sont enco- lence raciste d’une minorité d’ex- menée a le mérite de déstabiliser Et pourtant cette communauté ce qui l’empêche de remplir ses fonc- tes des spécialistes de droit public, re à la recherche de leur légitimité. trême droite. La situation n’est l’extrême droite. Elle commençait (fédérale ou confédérale) en devenir tions régaliennes. Un Etat quasi soli- qui mettent le doigt sur l’enchevêtre- pas la même à l’ouest qu’à l’est du à s’armer dangereusement. qui, par des communiqués, des direc- difié qui, en outre, ne s’est pas réfor- ment de plus en plus indescriptible François Grosrichard pays, même si l’examen de Même si les renseignements géné- conscience d’aujourd’hui a été raux allemands continuent d’esti- déclenché par un attentat contre mer qu’il n’existe pas de « frac- qui a fonctionné dans un environ- blesse. Le pouvoir communiste a des étrangers, en particulier con- tion armée brune » dans le pays. nement antidémocratique, dans les compris qu’il était trop faible pour tre des juifs de l’ex-URSS, à Düs- L’effort doit être poursuivi par l’in- Solidarité, vingt ans après structures d’un système totalitaire. anéantir Solidarité. De son côté, seldorf. A l’ouest de l’Allemagne, terdiction du NPD, qui professe Ce n’était pas facile. Un mouve- Solidarité était trop faible pour le problème est comparable à ouvertement une idéologie natio- Suite de la première page l’équipe de Gierek a été un désas- ment social puissant, dépourvu de s’emparer du pouvoir. Heureuse- celui des autres pays occiden- nal-socialiste. Cette mise hors la tre. Mais les crédits occidentaux modèle, se construisant de jour en ment pour la Pologne, et peut-être taux : la violence raciste existe, loi est, selon l’expression du chan- » Cela signifie en même temps que ont rendu le pouvoir communiste jour dans des conflits incessants même pour toute l’Europe : les manifestation extrême de rejet de celier Gerhard Schröder, une ques- 60 % des électeurs ne pourront plus dépendant des gouvernements avec le pouvoir n’avait pas de par- Polonais ont su se parler et se com- l’étranger dans des zones à forte tion d’« hygiène politique ». voter pour leur candidat. (…) » Heu- occidentaux. Gierek a voulu être cours clairement balisé. Il se lais- prendre. Un grand mérite revient reusement pour la démocratie polo- un interlocuteur respecté de Hel- sait facilement entraîner dans des aux deux hommes qui, peu de naise, les juges ont décidé qu’il n’y mut Schmidt et de Valéry Giscard conflits sans importance. C’était un temps avant, étaient encore enne- 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani avait pas de preuves que les deux d’Estaing. Et il avait toujours mouvement désordonné. Un géant mis : Lech Walesa, chef de Solidari- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; hommes aient été agents de la poli- besoin de plus de crédits. Le prix à aux pieds d’acier mais aux mains té, et le général Wojciech Jaruzels- Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint ce secrète ; ils peuvent se présen- payer était une relative tolérance d’argile. La centrale était puissante ki, le dictateur, celui qui avait ins- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel ter. Mais ces accusations laissent envers l’opposition démocratique. dans les usines, parmi les équipes tauré la loi martiale mais qui a, aus- Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette un goût amer. Le vingtième anni- Enfin, l’élection du cardinal des ouvriers, mais désarmée à la si, démantelé la dictature commu- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment versaire de la création du syndicat Karol Wojtyla comme pape – Jean table des négociations. En face, elle niste. La Pologne doit sa gratitude Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; Solidarité est devenu une fête Paul II – a revêtu une importance avait un partenaire qui ne savait à ces deux hommes, sans lesquels Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Éric Fottorino (Enquêtes) ; empoisonnée. particulière pour la Pologne. Le faire qu’une seule chose : casser la le compromis de « la table ronde » Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Il y a vingt ans, il y a eu en Polo- rôle singulier de l’Eglise catholique, solidarité sociale. n’aurait pas été possible. Amertu- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan gne un miracle. La révolte des un Etat souverain dans un Etat Cet art, il l’a maîtrisé durant tren- me de l’histoire polonaise : nos ouvriers a provoqué une grève satellite non souverain, a pris une te-sept ans. C’était un pouvoir. Il compatriotes ne savent plus leur Médiateur : Robert Solé générale qui a paralysé l’Etat. Les autre dimension. La visite du nou- était en état de faillite morale et témoigner la moindre gratitude.

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg revendications économiques ont veau pape en Pologne, au prin- financière. Seulement – et Solidari- Je n’ai pas de doute : c’est bien Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; fait naître un postulat : la nécessité temps 1979, a été un choc qui a pro- té l’avait oublié –, l’appareil de ici, en Pologne, il y a vingt ans, qu’a partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre des syndicats libres. La grève à fondément changé le pays. Des répression, lui, était entier. En commencé le démantèlement du

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Gdansk, celle des chantiers navals, gens qui aspiraient à la liberté et à réclamant des élections démocrati- mur de Berlin. C’est à ce a été dirigée par des personnes l’identité nationale se sont enfin ques pour le Parlement et pour les moment-là que le système commu- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) liées à l’opposition démocratique retrouvés. Ce sont les mêmes per- conseils locaux, les activistes de niste a été définitivement délégiti- et au Comité de défense des sonnes qui, en août 1980, ont orné Solidarité semblaient oublier que mé par les mousquetaires polonais Le Monde est édité par la SA LE MONDE ouvriers. Après une dizaine de les murs des chantiers navals de ce genre de revendications consti- des chantiers navals de Gdansk. Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, jours pendant lesquels le pouvoir a Gdansk avec les portraits du pape, tue pour le pouvoir une sonnette Puis, en 1989 pour la seconde fois, Fonds commun de placement des personnels du Monde, vainement tenté de casser la grève, accrochant à côté les photos des d’alarme, l’annonce d’une fin rapi- Solidarité, cette fois-ci par la négo- Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. ont commencé les négociations du membres emprisonnés de l’opposi- de. Répétons-le : Solidarité n’a ciation, a démontré que le démon- comité des grévistes avec les repré- tion démocratique. jamais réclamé l’abandon du pou- tage d’une dictature sans effusion sentants du gouvernement commu- Août 1981 : c’est la révolution voir par les communistes et n’a de sang était possible. C’est en ILYA50 ANS, DANS 0123 niste. Un accord a été conclu, en polonaise, insufflée par Solidarité, jamais demandé à gouverner. Mais Pologne qu’ont eu lieu les premiè- vertu duquel, pour la première fois qui, avec réalisme, choisit la voie c’est ainsi que les apparatchiks du res élections qui virent toute la dans un Etat communiste, a été du compromis, de l’autolimitation. pouvoir décodaient les déclara- nation rejeter le communisme ; La Grande-Bretagne réorganise son armée créée une structure indépendante, A la différence de 1956, l’inspira- tions du syndicat. Le coup d’Etat c’est la Pologne qui fournit le syndicat Solidarité, qui, en fait, a tion ne venait pas du Parti commu- du mois de décembre fut leur aujourd’hui l’exemple d’un pays M. ATTLEE, dans une allocution l’armée précisément au moment été une confédération nationale niste. C’était là aussi sa grande dif- réponse. qui a su construire de bons rap- radiodiffusée, a annoncé officielle- où il devenait réellement utile. Le pour la liberté et contre la dictatu- férence par rapport au « Printemps Solidarité luttait pour une triple ports avec ses voisins et avec ses ment hier soir que le gouverne- défaut était d’autant plus sensible re communiste. de Prague » en 1968. Cette révolu- émancipation : citoyenne, nationa- minorités ethniques. ment allait, le 12 septembre, dépo- que l’instruction des conscrits est Comment cela a-t-il été possi- tion n’a pas voulu réaliser une uto- le et celle des travailleurs. S’y sont Cependant, vingt ans après, les ser devant le Parlement un projet ici particulièrement lente en raison ble ? La Pologne communiste en pie socialiste supplémentaire. Je retrouvés trois courants de la tradi- mousquetaires polonais sont loin de loi portant le service militaire à du régime de recrutement. Pour 1981 avait déjà une histoire très me rappelle avoir pensé à l’époque tion polonaise. Certains, avec les du triomphalisme, alors qu’ils ont deux ans ; ce projet est assuré d’ob- épargner en effet de trop lourdes riche en révoltes sociales. En 1956, qu’il ne s’agissait pas de construire convictions de la droite, adhéraient triomphé. Tout a changé dans leur tenir la majorité aux Communes, difficultés à l’industrie, les appels il y a eu une rébellion de masse des un socialisme à visage humain afin de lutter contre le communis- vie. Après des années passées dans puisque les conservateurs ont pro- de conscrits se font tous les quinze ouvriers de Poznan. Parallèlement, mais de se défendre du communis- me au nom de la Pologne nationale la clandestinité ou en prison, les dis- mis de le voter. jours à raison de contingents très il y a eu un mouvement de révolte me aux dents cassées. La Pologne (non soviétique) et catholique (non sidents de Solidarité sont devenus Grâce au service de deux ans, les faibles. au sein même du Parti communis- n’a jamais été aussi belle qu’à cette athée). D’autres, dont les convic- des gens de l’« establishment » : effectifs des forces armées vont Il est facile de deviner les extrê- te, qui a balayé les dirigeants stali- époque-là. Je n’ai plus jamais revu tions politiques étaient à gauche, y ministres, ambassadeurs, députés. être augmentés de 77 000 hom- mes complications que cela entraî- niens et porté au pouvoir Wladys- dans ma vie une telle concentra- venaient pour se battre pour les Dans tous les camps politiques. Et, mes (dont 55 000 pour l’armée, ne pour les services d’instruction : law Gomulka. Celui-ci a, par la sui- tion d’énergie, de désintéresse- entreprises gérées par les ouvriers malgré cela, ils sont amers. Pour- 18 000 pour la RAF et 4 000 pour la imaginez un lycée où de nouveaux te, été remplacé par Edward Gie- ment, de noblesse. Cela a durée sei- et non par les bureaucrates commu- quoi ne sabrons-nous pas le cham- marine). Ce chiffre n’est pas en soi élèves arriveraient deux fois par rek, un communiste assoiffé de cré- ze mois, nourris de vingt conflits nistes. Enfin, les représentants de pagne ? Parce que nous, les mous- très impressionnant, mais les mois ! Un des résultats en est qu’un dits occidentaux et de conversa- avec le pouvoir. Et couronnés par l’intelligentsia démocratique rejoi- quetaires polonais, après vingt ans, effets heureux de la prolongation très grand nombre de soldats régu- tions avec les chefs des pays d’Euro- la proclamation de la loi martiale... gnaient Solidarité afin de se battre sommes victimes de nos biogra- du service militaire sur l’organisa- liers chargés de l’instruction des pe occidentale. L’équipe de Gierek Solidarité a été un hybride. pour la liberté. Cette capacité à ras- phies héroïques. Nous avons tion de l’armée sont ailleurs que conscrits sont entièrement absor- avait un tabou dans les gènes : il Après l’instauration de la loi martia- sembler fit la force de ce mouve- oublié que le mérite prend fin lors- dans l’augmentation des effectifs bés par cette tâche et donc sous- est interdit de tirer sur les le, emprisonnés ou réduits à la clan- ment – et annonçait en même que l’on commence à servir une en hommes. traits aux formations de combats. ouvriers ; ce serait un suicide politi- destinité, nous avons analysé nos temps sa future désintégration. mauvaise cause. Pour cette raison, Avec le service militaire de que. erreurs : ce syndicat, qui, en fait, a Solidarité, réduite à la clandesti- la société polonaise élira certaine- dix-huit mois, un conscrit, comme Jean Lequiller Quand des protestations ouvriè- été un front de la solidarité nationa- nité et soumise à la répression, a ment un président ex-communiste, l’a dit hier soir M. Attlee, quittait (1er septembre 1950.) res ont éclaté en juin 1976, le pou- le, a porté avec lui toutes les quali- survécu de décembre 1981 jus- Aleksander Kwasniewski. Et en voir communiste n’a pas fait appel tés et tous les défauts de la société qu’en février 1989, date à laquelle écoutant parler Aleksander Kwas- à l’armée pour les étouffer. Cette qui l’a fait naître – une société qui, ont débuté les négociations, dites niewski, les mousquetaires de Soli- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS prudence a rendu possibles la créa- pendant quarante ans, a vécu éloi- de « la table ronde ». Dans une darité devraient être fiers, car cet tion et le fonctionnement du Comi- gnée des institutions démocrati- situation internationale différente, ex-communiste parle le langage de Adresse Internet : http : // www.lemonde.fr té de défense des ouvriers, une pre- ques, en dehors du cercle de la à l’époque de la perestroïka mosco- leurs propres valeurs : indépendan- mière institution de l’opposition culture politique, une société sou- vite, une chance pour une solution ce, démocratie parlementaire, Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) démocratique et de la société indé- mise au mensonge systématique, négociée en Pologne est apparue, droits de l’homme, Union euro- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) pendante naissante. Le Comité de humiliée, rebelle mais sage en celle-là même qu’avait lancée le péenne et économie de marché. défense des ouvriers (KOR) a été même temps, une société où l’hon- compromis historique des chan- C’est un succès auquel nous ne Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 persécuté par le pouvoir mais pas neur, la liberté et la solidarité tiers navals à Gdansk, en août nous attendions pas. Mais un vrai Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 anéanti. C’est de ce milieu qu’al- étaient les valeurs ultimes. 1980. succès. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 laient naître les syndicats libres. Solidarité a été un mouvement Le compromis de « la table ron- La politique économique de démocratique du monde du travail, de » fut le fruit d’une double fai- Adam Michnik LeMonde Job: WMQ0109--0015-0 WAS LMQ0109-15 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0545 Lcp: 700 CMYK

15 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000

FINANCE Le français Axa a ven- ros), ce qui lui permet de se recen- américaine (ex-Equitable), une opé- Financial. b LE CRÉDIT SUISSE met de dollars à partir de 2002. Il se hisse du sa banque d’affaires Donaldson trer sur son métier d’assureur. ration de 10,4 milliards de dollars. en place un plan de fidélisation des dans l’étroit peloton de tête des Lufkin & Jenrette (DLJ) à Crédit b DANS LA FOULÉE, Axa a annoncé b LA BOURSE a salué la cession de collaborateurs de DLJ de 1,2 milliard banques d’affaires mondiales, dis- suisse First Boston pour 11,5 mil- le rachat des intérêts minoritaires DLJ, mais s’est montrée plus réser- de dollars et table sur des économies tançant la plupart de ses consœurs liards de dollars (12,9 milliards d’eu- (39,7 %) d’Axa Financial, sa filiale vée sur le rachat des parts dans Axa annuelles de 750 millions à 1 milliard européennes. Axa cède sa banque d’affaires pour se renforcer dans l’assurance aux Etats-Unis En vendant Donaldson Lufkin & Jenrette au Crédit suisse, le français dégage une plus-value nette de 2,75 milliards de dollars et prend 10 % du capital du groupe financier helvétique. Ce dernier devient un acteur majeur à Wall Street

PRÉSIDENT du directoire d’Axa Une hégémonie quasi totale des américains acheter une partie des titres. Les tin, le titre cédait encore 1,88 %. Les depuis mai, Henri de Castries mène autres actionnaires de DLJ rece- investisseurs ont été déçus par les la compagnie d’assurance à bon CLASSEMENT MONDIAL DES BANQUES-CONSEILS EN FUSIONS-ACQUISITIONS vront un paiement intégral en nu- conditions du paiement de DLJ train. Mercredi 30 août, il a annoncé TRANSACTIONS RÉALISÉES (au premier semestre 2000) CHIFFRES-CLÉS de la nouvelle méraire, l’action CS n’étant pas co- - certains s’interrogent sur l’évolu- sa première opération d’envergure. MONTANT en milliards de dollars banque CSFB/DLJ tée aux Etats-Unis. tion du cours de l’action Crédit Dans un premier temps, Axa cède suisse à court terme – et par l’an- Conseil en fusions-acquisitions : sa banque d’affaires américaine Do- GOLDMAN SACHS & CO. (E.U.) 927,76 nonce du rachat des intérêts mino- 4e rang mondial, avec 30 % INVESTISSEURS DÉÇUS naldson Lufkin & Jenrette (DLJ) Axa réinvestira immédiatement ritaires d’Axa Financial. Axa devra MORGAN STANLEY DEAN WITTER (E.U.) 806,38 de part de marché. pour une valeur de 11,5 milliards de son gain dans l’achat des intérêts se réendetter et n’améliore donc MERRILL LYNCH & CO. INC. dollars (12,9 milliards d’euros) au (E.U.) 756,45 Emission d'obligations à haut minoritaires d’Axa Financial, ce qui pas nettement sa structure finan- rendement : 1er rang, avec 20,5 % groupe Crédit suisse (CS), qui l’ap- CREDIT SUISSE FIRST BOSTON (Suisse) 399,90 devrait lui coûter environ 10,4 mil- cière, même si ses fonds propres portera à sa filiale Crédit Suisse First de part de marché. liards de dollars, payés à hauteur de augmentent. La marge de ma- JP MORGAN & CO. INC. (E.U.) 364,28 Boston (CSFB). Dans un second Effectifs en 1999 : 25 391 personnes 40 % en titres Axa et 60 % en numé- nœuvre de l’assureur en vue temps, Axa utilise la manne ainsi ré- UBS WARBURG (Suisse) 353,11 raire. Les conditions définitives d’autres acquisitions ne change pas Produit net bancaire 1999 : cupérée pour devenir seul maître à ROTHSCHILD restent à négocier, avec difficulté se- considérablement. (Europe) 257,81 16,95 milliards de dollars bord de sa filiale américaine, Axa Fi- lon certains observateurs. Les moti- Le président du conseil d’admi- DEUTSCHE BANK AG (Allemagne) (19,04 mds d'euros) dont nancial (ex-Equitable). Cotée à la 239,08 vations de l’opération sont claires : nistration du groupe Crédit suisse, • banque d'affaires : 4,15 mds de dollars Bourse de New York, cette dernière CHASE MANHATTAN CORP. (E.U.) 232,52 « augmenter la proportion des profits Lukas Mülhemann, s’est félicité du • opérations boursières : 4,24 mds de dollars compte 39,7 % d’actionnaires mino- SALOMON SMITH BARNEY (E.U.) 226,46 • marché obligataire : 5,13 mds de dollars du groupe générée par l’assurance- rapprochement qui renforce la posi- ritaires, qui partagent avec Axa les vie et la gestion d’actifs aux Etats- tion de sa banque aux Etats-Unis, bénéfices américains, mais oblige LAZARD (France) 220,12 Résultat net 1999 : 1,8 milliard de Unis », un marché qui se développe dans la banque d’affaires mais aussi dollars (2,02 milliards d'euros) surtout le français à faire preuve BEAR STEARNS & CO. INC. (E.U.) 206,61 plus rapidement que les marchés dans la gestion de fortune. Pour d’une très grande circonspection européens, et « être en mesure de réussir la fusion, il a déjà annoncé LEHMAN BROTHERS (E.U.) 184,52 Actifs gérés : lorsqu’il veut renforcer l’intégration 842 milliards de dollars mieux saisir les opportunités de crois- un plan de fidélisation des collabo- entre les activités de cette entre- DONALDSON, LUFKIN & JENRETTE (E.U.) 118,46 (946 milliards d'euros) sance externe aux Etats-Unis, l’action rateurs de DLJ (11 000 personnes) de prise et le reste du groupe. Axa étant une meilleure monnaie 1,2 milliard de dollars, qui sera en Sources : Thomson Financial Securities Data. Reuter/Crédit suisse Axa peut se féliciter de la cession d’échange que l’action Axa Financial partie compensé par les économies de DLJ. Il engrange une plus-value un prix encore inférieur. La valeur lides résultats (en hausse de 35 % au ment. Nous pensons que c’est un bon sur le marché américain ». Une stra- annuelles (de 750 millions à 1 mil- nette d’impôt de 2,75 milliards de totale de DLJ s’élève aujourd’hui à premier semestre à 3,6 milliards de investissement mais ce n’est pas plus tégie déjà développée par Claude liard de dollars) que le groupe dollars, sur un prix de cession total 11,5 milliards de dollars et même à francs suisses). Celui-ci paiera que cela », a martelé M. de Castries, Bébéar, prédécesseur de M. de Cas- compte réaliser à partir de 2002. Il de 8,1 milliards de dollars avant im- 13,5 milliards si l’on inclut les op- 5,7 milliards de dollars en actions et soulignant qu’il n’y a pas de projet tries : se concentrer sur l’assurance estime que l’opération sera neutre pôt. Avec délectation, M. de Cas- tions sur actions promises aux sala- 2,4 milliards en numéraire. Axa, qui particulier avec Winterthur, la et la gestion d’actifs. En tant que en 2001 et 2002 sur les résultats de tries a rappelé l’historique de cette riés. Cela représente 3,4 fois ses détient déjà des titres Crédit suisse branche assurance du Crédit suisse. président du conseil de surveillance son groupe, qui fait donc un lourd participation. DLJ est cédée au prix fonds propres, soit beaucoup plus dans ses activités de gestion, de- Cette participation sera cédée pro- d’Axa, M. Bébéar participait à la pari à moyen terme sur le dyna- de 90 dollars par action, alors que la valeur des banques françaises vient ainsi actionnaire à 10 % de la gressivement, « sans inonder le mar- présentation de l’opération. misme des marchés financiers, en qu’elle avait été introduite en cotées en Bourse. banque suisse. « Il ne s’agit pas ché », en accord avec la direction fi- Le titre Axa, en hausse mercredi particulier de Wall Street. Bourse en octobre 1995 à 13,5 dol- Cette transaction est très lourde, d’une participation stratégique mais nancière du groupe suisse, qui s’est matin, a terminé la séance en recul lars. Elle avait été acquise par Axa à même pour CS, qui affiche de so- financière, une modalité du paie- déjà engagé, si Axa le souhaite, à de 4,64 %, à 164,5 euros. Jeudi ma- Sophie Fay L’écart se creuse entre acteurs américains et ceux restés européens LA LEÇON est amère pour les Schroders Salomon Smith Barney –, très américanisés, comme peut caine. Lorsqu’il annonce une opéra- çaises ? Réécrire l’histoire ne sert à double de l’américain. Elle joue la banques françaises. Aucune d’entre mais aussi les deux banques suisses l’être aujourd’hui CSFB, sont partis tion, il est impératif pour lui de rien. Elles ont peut-être manqué des carte de l’euro et de l’Asie. La Socié- elles n’a été dans la course pour qui ont su prendre pied outre- depuis plus de dix ans à l’assaut du convaincre les analystes financiers occasions, mais toutes savent pour- té générale, elle, fait des percées re- acheter la banque d’investissement Atlantique – Crédit suisse First Bos- reste du monde. Ils sont vite deve- de ces firmes anglo-saxonnes que le quoi. Trop longtemps dans le giron connues sur certains segments de américaine filiale d’Axa, Donaldson ton (CSFB) et UBS – et la Deutsche nus incontournables dans la City de mouvement profitera aux action- de l’Etat, gérées par des directions marchés, notamment sur les pro- Bank, la seule allemande à y avoir Londres et se sont régulièrement naires de son entreprise au regard trop peu internationales, elles au- duits dérivés, fait des acquisitions ANALYSE fait une grosse acquisition. imposés à Paris, et encore plus net- de critères et de règles – de modes, raient eu du mal à faire vivre en leur ciblées aux Etats-Unis, et coupe Ces banques parties En quelques mois, cet écart s’est tement à Francfort. Ils sont actifs en estiment certains – toujours lancés sein de grosses entités américaines. dans les domaines où elle ne peut sensiblement élargi. Toutes les ac- Scandinavie et en Europe du Sud. à New York. La Société générale ne s’était-elle être suffisamment rentable. Les à l’assaut du monde quisitions récentes dans la banque Ils ont des équipes expérimentées pas interrogée sur l’opportunité de Français se renforcent également sont partout devenues d’investissement – spécialisée sur travaillant sur l’Amérique du Sud OCCASIONS MANQUÉES racheter DLJ au moment du pas- dans la gestion d’actifs financiers où incontournables les marchés financiers, dans le ou en Asie. Partout, ils prennent des Le phénomène n’est pas nou- sage de témoin entre Marc Viénot leur expertise est reconnue. Cer- conseil en fusions et acquisitions et parts de marchés aux banques lo- veau, mais plus la puissance des fi- et Daniel Bouton ? Elle a renoncé à taines s’accrochent, comme Lazard la gestion d’actifs – se sont faites au cales. Ils ont pris l’habitude de nanciers américains se renforce, l’opération craignant, sans doute à ou Rothschild, au conseil en fusions Lufkin & Jenrette (DLJ). Elles n’ont profit d’acteurs déjà puissants. constituer à Londres des équipes plus il devient difficile de faire valoir raison, de ne pas pouvoir gérer et acquisitions où le savoir-faire et même pas eu à se poser la question, Coup sur coup, Salomon Smith multiculturelles, composées de des points de vue plus européens au cette maison américaine déjà très le carnet d’adresses comptent en- touchées par deux limites irréduc- Barney (Citigroup) a acquis la toutes les nationalités de l’Union et niveau mondial. Et ce, même si les grosse, à l’échelle des équipes de core autant que les capacités finan- tibles : les moyens financiers et la banque britannique Schroders ; souvent plus européennes dans leur banques anglo-saxonnes recrutent marchés françaises, et en croissance cières. nécessité d’avoir dans ses rangs plu- UBS, déjà à la tête du britannique fonctionnement que les équipes en- de plus en plus d’Européens. Les rapide. L’exemple de Paribas qui Mais même cela devient de plus sieurs dirigeants, aguerris et re- Warburg et de l’américain Dean core très nationales des grandes tensions autour de la Bourse de avait acheté la banque américaine en plus difficile. En commentant la connus à Wall Street, pour gérer les Witter, s’est offert le courtier Paine- banques françaises, allemandes, es- Londres et de son projet de fusion Becker, puis l’avait revendue après cession de DLJ par Axa, Henri de 11 000 salariés de DLJ, des équipes Webber ; dernier en date, Crédit pagnoles ou italiennes. avec Francfort témoignent de cette un fiasco total, l’avait fait réfléchir. Castries, le président du directoire majoritairement américaines, hau- suisse, qui avait déjà construit CSFB Ces acteurs s’imposent comme pression très forte. Les petits inter- Quant aux banques suisses ou al- de l’assureur, l’a clairement expli- tement conscientes d’avoir une ex- et repris les activités de banque les interlocuteurs de tous les direc- médiaires britanniques et, dans une lemandes qui ont tenté l’expérience, qué. Les exigences de rémunération pertise unique au monde. d’affaires de Barclays (BZW), met la teurs financiers des grandes entre- moindre mesure, certains banquiers elles ont rencontré et rencontrent des équipes, toujours plus élevées Résultat : les banques françaises main sur DLJ. prises et de tous les gros investis- de Francfort ont montré leur oppo- encore de grosses difficultés, que et devenues extravagantes, se trouvent aujourd’hui condam- seurs. Lorsque le patron de Total sition à un projet derrière lequel ils seules leurs activités historiques poussent à la concentration. Les nées, sur presque toutes les places ÉQUIPES MULTICULTURELLES s’interroge sur une fusion avec Elf, il soupçonnent une très forte pres- rentables (gestion de fortunes ou métiers de banque d’investissement financières du monde, à regarder se Les conséquences du creusement s’adresse à CSFB. Lorsque Gucci sion des trois grandes banques portefeuille de participations an- nécessitent en outre de plus en plus creuser l’écart, déjà très net, entre de cet écart peuvent paraître loin- veut se défendre contre LVMH, il américaines dites « MGM » – Mor- ciennes) ont permis d’amortir. de fonds propres, et DLJ, qui s’était elles et les grandes banques qui do- taines aux clients des traditionnels appelle Morgan Stanley. Si un di- gan Stanley, Goldman Sachs et Aujourd’hui, BNP Paribas se jusqu’à présent développée grâce à minent Wall Street. Ce sont bien sûr guichets bancaires. Elles sont pour- recteur financier hésite entre Merrill Lynch –, auxquelles s’ajoute console en constatant que Crédit d’autres avantages compétitifs, a les grandes firmes new-yorkaises tant réelles. Dopés par la place fi- émettre des actions ou s’endetter la Deutsche Bank. suisse paie DLJ à peu près le même ainsi trouvé ses limites. – Goldman Sachs, Merrill Lynch, nancière la plus dynamique du pour financer un investissement, il Face à ce raz-de-marée, que prix qu’elle a payé, en 1999, Paribas, Morgan Stanley Dean Witter, monde, les acteurs américains ou prend le pouls d’une banque améri- peuvent faire les banques fran- qui a gagné cette année-là plus du S. F. Gare aux « packages » bancaires ! Suez-Lyonnaise et E. ON muets AU MOMENT où les banques affichent des 6 francs par an au client. Toutes les autres oc- six millions – ont ainsi souscrit à l’un des pro- bénéfices florissants, la Confédération de la casionnent un surcoût allant de 25 francs, à la duits Présence. Les banques font aussi valoir sur les rumeurs de fusion consommation, du logement et du cadre de Caisse d’épargne, à 446 francs, au Crédit mu- que les calculs de la CLCV prennent pour ré- vie (CLCV), deuxième association de consom- tuel du Nord, en passant par 114 francs, au férence un panier des services qualifiés de LE FRANÇAIS Suez-Lyonnaise des eaux et l’allemand E. ON seraient mateurs en France, met leurs clients en garde : Crédit agricole, ou 135 francs, à la BNP. Pour « réellement utiles » : un chéquier, une carte au stade final de leurs discussions pour créer le premier groupe mon- suivez de près les « packages », ces bouquets les packages haut de gamme, le résultat est bancaire internationale, un découvert de dial de services collectifs, selon le Financial Times du 31 août. Les ac- de services bancaires facturés au forfait plus nuancé, un sur deux permettant au client 1 000 francs, une assurance perte et vol des tionnaires d’E. ON prendraient 54 % du capital et ceux de Suez 46 %. qu’elles proposent de plus en plus systémati- d’économiser plus de 120 francs par an. moyens de paiement, un virement permanent Plusieurs banquiers estiment que l’accord est loin d’être fait. Les deux quement. Derrière leurs noms rassurants mensuel et douze prélèvements automa- groupes ne font aucun commentaire. Intervenant jeudi à une réunion (Tranquillité, Equipage, Présence, Equilibre, SANS OBLIGATION tiques. Or les packages contiennent souvent de la banque HSBC-CCF, Gérard Mestrallet, président du directoire de Eurocompte confort, Jazz...), ils reviennent Il est toutefois de plus en plus difficile d’autres produits. Suez-Lyonnaise des eaux a rappelé qu’« une alliance globale n’est pas souvent plus cher à l’utilisateur que l’achat des d’échapper à ces conventions de compte. Cer- Si les programmes de points, qui pro- nécessaire à la réalisation de [sa] stratégie ». Il exclut tout « métier nou- services à l’unité. Telle est la conclusion d’une tains services ne peuvent être obtenus qu’en y mettent des cadeaux aux clients les plus fi- veau central » et veut « conserver la maîtrise de son destin ». étude publiée dans le magazine Testé pour souscrivant. Les banques les imposent de plus dèles, sont décevants, les conventions per- vous de septembre, qui passe en revue en plus aux clients qui demandent une auto- mettent en général de faire gratuitement 260 packages. Pour Christophe Mangalte, au- risation de découvert. Dans ce cas, les enquê- opposition sur une carte bancaire ou un Action collective contre Microsoft teur de l’enquête, ces offres, qui manquent de teurs de la CLCV reconnaissent que les pac- chèque perdu ou volé. Mieux, elles permettent transparence et de souplesse, sont avant tout kages peuvent parfois être intéressants, de transférer automatiquement de l’argent COMME LES INDUSTRIELS du tabac, Microsoft pourra faire l’objet un moyen de vendre plus de produits à un notamment lorsque le découvert du client at- sur un compte d’épargne lorsque le compte d’une action en nom collectif (class action) : le juge californien Stuart client avec l’argument de la simplicité et de teint 3 000 francs en moyenne tous les quinze courant dépasse un certain solde, ou encore R. Pollack l’a autorisé, mercredi 30 août. Cette procédure permet à un l’apparente modicité du prix, calculé mensuel- jours. de payer moins cher l’utilisation du Minitel ou demandeur de se présenter au nom de milliers d’autres, qui n’ont pas lement. Les banques, elles, soulignent qu’aucun pac- d’Internet. besoin d’être identifiés. Les plaignants accusent Microsoft d’avoir gon- L’enquête distingue deux grandes catégo- kage n’est obligatoire, que les prix sont Mais, pour Testé pour vous, ces services sup- flé les prix de ses logiciels et de les avoir privés des bénéfices de la ries de packages : ceux proposés à la clientèle communiqués régulièrement aux clients, qui plémentaires, qui représentent dans certains concurrence. Des dizaines de plaintes de consommateurs ont été dé- « standard » et ceux destinés aux clients peuvent résilier leur forfait s’ils ne sont pas sa- cas « jusqu’à 50 % du prix du package », posées contre Microsoft après le verdict du juge Thomas Penfield Jack- « haut de gamme ». Parmi les conventions de tisfaits. Ceux-ci sont pourtant de plus en plus servent « seulement d’appât ». son, qui a reconnu au printemps Microsoft coupable d’avoir violé la loi compte standards, une seule – celle de La nombreux à adopter ces solutions globales. antitrust américaine. Poste – est avantageuse : elle fait gagner Deux millions de clients de BNP Paribas – sur S. F. LeMonde Job: WMQ0109--0016-0 WAS LMQ0109-16 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0546 Lcp: 700 CMYK

16 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 TF 1 va adapter Hachette affirme ses ambitions dans la photo de presse le jeu-réalité Pour contrer la domination grandissante des Américains Getty et Corbis, le groupe français, déjà propriétaire de l’agence généraliste Gamma, négocie les rachats de Rapho, Keystone et Katz « Survivor »

L’AMBIANCE risque d’être Deux poids lourds américains face à Hachette Pourquoi HFM s’est-il installé sous l’entité Corbis, HFM main- ÉTIENNE MOUGEOTTE, vice-pré- chaude et même tendue à Perpi- sur le marché de l’image de presse, tient l’intégrité des agences ache- sident et directeur général de l’an- gnan, qui accueille, à partir du GETTY IMAGES CORBIS Propriétaire Bill GATES avec Gamma pour colonne verté- tées et leurs directeurs restent en tenne de TF 1, a annoncé, mercredi 2 septembre, le 12e Festival Visa brale ? « La photographie tient une place. Ces agences sont chapeau- 30 août, en présentant la grille de pour l’image, rendez-vous annuel Mark GETTY Co-fond. et PDG Présidents Steve DAVIS et Anthony ROJAS place déterminante dans nos jour- tées, depuis juillet, par la société rentrée de sa chaîne, que TF 1 travail- du photojournalisme. Cette indus- Seattle (Etat de Washington) Siège social Bellevue (Etat de Washington) naux, répond Anne-Marie Cou- Hafimage, dirigée par Christian Le- lait, avec le groupe Expand et sa fi- trie connaît un bouleversement 2 500Salariés 1 200 derc. Dans une période difficile, veneur, qui définit la stratégie glo- liale Adventure Line, à une « adapta- sans précédent – lié à la domina- nous devons être aux côtés bale et gère les investissements. tion française du jeu “Survivor” », Chiffre d'affaires 99 tion grandissante des groupes 247,8 millions de dollars non communiqué d’agences pour assurer une produc- « Les agences sont des marques que dont la diffusion interviendrait à l’été dont 67,9 de ventes en ligne américains Getty et Corbis – dont tion de qualité. » HFM possède nous voulons valoriser et fédérer, 2001. Ce jeu-réalité, qui rassemble les effets inquiètent les photo- 50 dans 21 pays, et 165 agents Bureaux New York, Los Angeles,San Diego, aussi des « trésors » dans les archi- mais chacune se bat sous sa ban- une dizaine de candidats, obligés de Londres, Paris, Hongkong graphes : agences en difficulté, re- ves de ses magazines, notamment nière », affirme Mme Couderc. survivre sur une île déserte, est deve- Nombre de photos mise en cause du droit d’auteur 70 millions dont 1,3 en ligne 65 millions dont 2,1 en ligne les huit millions de documents de Pour ces raisons, HFM a au- nu un phénomène de société aux des reporters, diffusion et vente Paris-Match. A ce patrimoine que jourd’hui une meilleure image que Etats-Unis cet été. La finale, diffusée des images sur Internet, LEURS SECTEURS D'INTERVENTION HFM veut « valoriser », le groupe a Getty ou Corbis dans la profession, le 23 août sur CBS, a rassemblé quel- commandes qui se raréfient, quali- Agences d'llustration voulu associer des agences de pro- et donc une belle carte à jouer. A que 51 millions de téléspectateurs (Le té des images en baisse, etc. duction pour rassembler ensuite condition d’éviter les écueils. Les Monde du 26 août). The Image Bank - Visual Comm. Group.- Digital Stock Ce climat pesant n’empêche pas Stone - Giraudon - Pix - Bavaria - FPG- Westlight son offre sur un site-portail, desti- journaux du groupe seront-ils inci- Le jeu « Qui veut gagner des mil- le groupe de presse Hachette Fili- PhotoDisc - Artville- Powerpics - EyeWire- Starshooter né d’abord aux professionnels, tés à acheter prioritairement des lions ? », présenté par Jean-Pierre pacchi Médias (HFM) d’accroître Energy Film Agences d'information mais aussi au grand public. photos aux agences de ce même Foucault, qui a rencontré un grand sa place dans un secteur où il avait groupe ? « C’est hors de question », succès en juillet sera de nouveau dif- fait une entrée remarquée, en no- Liaison Agency (actu. géné.)- Sygma (actu. géné.) - Saba (actu. géné.) - « CULTURE DU JOURNALISME » répond Anne-Marie Couderc. Les fusé « en programmation exception- Allsport (sport) - Online USA (célébrités)- Outline (personnalités) - Kipa (personnalités)- vembre 1999, en achetant l’agence Une autre raison a pu décider investissements seront-ils à même nelle » à partir du 30 septembre, alors Newsmakers - Colorific ! TempSport (sport) Gamma, ainsi que trois structures Collections HFM : « Le plus gros groupe de de tirer d’affaire les agences ? L’in- que la chaîne n’avait prévu son re- affiliées, Stills, Explorer et Spoo- presse magazine au monde ne peut contournable numérisation des tour que pour Noël. ner. A quelques jours du Festival Bettmann - Nat. Gall. de Londres - se permettre d’être dépendant de photos – tout est à faire chez Ra- Hulton Getty Musée de l'Ermitage de St Petersbourg- Visa, créé au sein du groupe de Archive Photos Ansel Adams - Lynn Goldsmith - Annie deux fournisseurs d’images aux vi- pho – sera-t-elle efficace ? Pre- DÉPÊCHES

presse, la direction de HFM ex- Archive Film Griffith Belt - Roger Ressmeyer - David sées tentaculaires », explique un di- mière réponse, en octobre, avec le a TÉLÉVISION : Jérôme Clément, plique sa stratégie photogra- et Peter Turnley - Mark Seliger -Morton recteur d’agence. Il y a d’ailleurs nouveau site de Gamma. PDG de La Cinquième et de phique. Beebe - David Muench - Nick Kelsh - dans le discours des dirigeants de C’est d’ailleurs dans sa façon de La Sept/Arte, a adressé, mardi Chuck O'Rear « Avec Gamma, nous possédons Source : Getty et Corbis HFM une volonté de se distinguer résoudre les problèmes de Gam- 29 août, une lettre au personnel de une grande agence généraliste, rap- de Getty et de Corbis, en mettant ma, l’agence phare, régulièrement La Cinquième, dont il quitte la prési- pelle Anne-Marie Couderc, direc- Des discussions sont également gieux parmi les riches archives qui l’accent sur la qualité et non la empêtrée dans des problèmes fi- dence à la suite de l’entrée de cette trice générale adjointe de HFM. en cours avec Rapho, qui est un représentent 80 % des 25 millions quantité. « Notre culture, c’est le nanciers, sociaux et de droits d’au- chaîne dans la holding France Télévi- Notre action s’est portée ensuite sur plus gros morceau. « Rien n’est fi- de francs de chiffre d’affaires. Mais journalisme et la photographie. Et le teur, que HFM est le plus attendu. sion. Rappelant le travail réalisé pour des agences spécialisées. » Trois nalisé, mais nous sommes d’accord HFM se dit aussi très intéressé par photojournalisme est notre pas- De nouveaux contrats de photo- la fusion avec Arte, il a souligné la agences photo françaises ont été sur les objectifs de partenariat », ex- la production de la trentaine de sion », martèle Anne-Marie Cou- graphes y sont à l’étude, qui pour- progression en matière d’audience. achetées durant l’été pour un plique Anne-Marie Couderc. Le di- photographes, « souvent jeunes et derc, qui se démarque de Getty, raient provoquer des tensions. a PRESSE : le tribunal de grande montant non dévoilé : Jacana et recteur de Rapho, Mark Grosset, talentueux ». dont 90 % des ventes sont des pho- Beaucoup attendent de HFM, dans instance de Nancy a ordonné une son million d’images spécialisées est plus affirmatif : « On est sur le Des discussions se poursuivent tos publicitaires, mais aussi de la logique de son discours, un en- expertise du nouveau système de dans la faune et la flore ; Hoa-Qui point de signer. Je suis soulagé et avec le propriétaire des archives de Corbis, proche d’une culture de l’il- gagement fort en faveur des pho- mise en page envisagé par la direc- et ses deux millions de photos sur content ! L’agence est en déficit et le Keystone, dont les sept millions lustration. « J’ai vu dix repreneurs tographes sur la question du droit tion de L’Est républicain, contesté par la vie quotidienne et le tourisme ; commerce électronique des photos d’images couvrent la période 1920- potentiels de Rapho, ajoute d’auteur, d’ailleurs bien protégé les syndicats. Ceux-ci craignent que MPA et ses portraits de personnali- demande des investissements 1960. Et des liens sont noués avec M. Grosset. Hachette était le seul à par la loi française. « Nous nous la modification du système Hermès tés. D’ici à la fin de l’année, un bu- lourds. » l’agence britannique Katz, spéciali- posséder une culture de la photo prononcerons à Perpignan sur cette de mise en page de l’édition vos- reau de Gamma sera également Rapho, créée en 1946 par Ray- sée dans le portrait de personnali- d’auteur et donc à être plutôt bien question cruciale », promet Anne- gienne du quotidien, qui s’alignerait créé à New York, « pour développer mond Grosset, est l’agence des tés. « D’autres agences viennent perçu à l’intérieur. » Marie Couderc. sur celui de La Liberté de l’Est, soit un une production plus internatio- Doisneau, Boubat, Ronis, Char- nous voir, on discute avec tout le A la différence aussi de Corbis, prélude à une fusion des deux édi- nale ». bonnier, autant de noms presti- monde », dit Mme Couderc. qui a choisi de fondre ses agences Michel Guerrin tions.

EUROPE ASIE - PACIFIQUE

TABLEAU DE BORD

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40 TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN

UIVVDTV TSVWDSH TSVPDQQ ITVTIDPT IUHWUDSI WRDWT

URSW TTPT TTVR

IUTIR IHPDW

ÉCONOMIE de tester différentes versions du IUWPH

UQQW TSRV TTIV IUPPS IHIDQ système d’exploitation libre Linux. IUIQR

a FRANCE : le nombre des de- UPIW TRUI TSSP ITVQS WWDU

mandeurs d’emploi a enregistré b PHILIPS : Cor Boonstra, PDG ITQRV

UHWW TQWQ TRVT

ITRRT WVDI

en juillet une légère hausse de du groupe néerlandais depuis ISSTP

TWVH TQIT TRPH

ITHST WTDS

0,4 %, soit une augmentation de quatre ans, cédera la place à Gerard IRUUT

TVTH TPQW TQSR IQWWH WRDW

8 500 personnes par rapport à juin, Kleisterlee, président de la branche ISTTU

[[[ [[[ [[[ [[[ [[[ [[[

QI wF IV tF QI eF QI wF IV tF QI eF QI wF IV tF QI eF QI wF IV tF QI eF QI wF IV tF QI eF ce qui porte leur nombre total à composant électronique, le QI wF IV tF QI eF 2 337 600, selon les statistiques du 30 avril 2001, date de son départ en Indices cours Var. % Var. % Indices cours Var. % Var. % ministère de l’emploi publiées jeudi retraite. Europe 9h57 f se´lection 31/08 30/08 31/12 Zone Asie 9h57 f se´lection 31/08 30/08 31/12

31 août. Le taux de chômage au sens ± ± ± SISPDRW HDPV SDHT ITVTIDPT HDPR IHDWS EUROPE EURO STOXX 50 TOKYO xsuuis PPS

du Bureau international du travail, b ERICSSON : les suédois ± ƒ„yˆˆ SH RWUVDRT HDPR RDWV IUHWUDSI HDHI HDVH EUROPE HONGKONG rexq ƒixq

calculé différemment, a aussi légère- Ericsson, Industrivaerden, ± ± ± i ‚y ƒ„yˆˆ QPR RQIDPU HDIV QDTI PIQVDIQ IDPT IQDUU EUROPE SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

ment augmenté, de 0,1 point, pas- Investor et la banque d’affaires ± ± ± QWHDVI HDPI PDWV VTDSR RDSH QQDRR EUROPE STOXX 653 SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

sant à 9,7 % de la population active. américaine Merrill Lynch ont ± ± geg RH TSVPDQQ HDUW IHDRU QPTIDUH IDTS QDRT PARIS SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ

a La production industrielle a re- annoncé, mercredi, la création d’un ± ± wshgeg FFFF FFFF FFFF PIDSH IDQQ QVDII PARIS BANGKOK ƒi„

± culé de 0,6 % en juin, après une fonds de capital-risque de ± ƒfp IPH RRUSDPU HDUQ IHDRQ RRUIDVR IDQT IHDTU PARIS BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

± 300 millions de dollars consacré à ± FFFF FFFF FFFF hausse de 0,6 % en mai, et la pro- ƒfp PSH PHWQDRP HDRH SDIQ PARIS WELLINGTON xƒiERH

Â

FFFF FFFF FFFF duction manufacturière a baissé de l’Internet mobile. PARIS ƒigyxh we‚gri

± TVRDQH HDIS IDWP 0,8 %, contre une progression de AMSTERDAM eiˆ

± ± QIPUDSP HDPQ TDQU 0,8 % en mai, selon des chiffres pu- b VIVENDI/SEAGRAM : le Bureau BRUXELLES fiv PH Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

UIVVDTV HDHR QDQI bliés jeudi par l’Insee. canadien de la concurrence «ne FRANCFORT heˆ QH

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 30/08

± ±

TSVWDSH HDQW RDWP

voit pas d’obstacle » à la fusion LONDRES p„ƒi IHH

HDISPRS UDRSSH

FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

± ±

IHVHHDQH HDTR UDPQ

a PÉTROLE : le Conseil supérieur entre le groupe français Vivendi, sa MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi QDQSQVS VDHUIS DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE

QDQVUUR VDRQSS IDWQTPU ´

± RUPQRDHH HDQH WDVU des affaires pétrolières saou- filiale Canal+ et le groupe canadien MILAN wsf„iv QH LIRE ITALIENNE (1000). LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

QDWRPQV QSDQSUH

PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

±

VIWQ HDQQ VDPQ

diennes s’est déclaré mercredi Seagram, a-t-on appris mercredi ZURICH ƒ€s

QDPUIWH IDSTHT ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDQPPH 30 août favorable à une augmenta- auprès de Vivendi. SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

VDQPVWR PDHVWV

tion « adéquate » de la production PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QQUDTHHH ´ ´ PDPHQUI ´

de l’OPEP pour garantir l’équilibre b MITSUBISHI : le constructeur AMERIQUES FLORIN NEERLANDAIS FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PTIDPQHH FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR QDWPPS sur le marché pétrolier et la stabilité japonais pourrait subir une perte MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS......

NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR

des prix. Le marché a ignoré ces dé- nette de 60 milliards de yens

IIIHQDHI RIHQDVI clarations et le baril a gagné 58 cents (610 millions d’euros) pour le HDVWQ Taux d’inte´reˆt(%) Matif

à 33,32 dollars. premier semestre de son actuel IIPSP RPUR

exercice, plus importante que HDWTR Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier

IIHUU RHVW HDWRW Taux 30/08 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 9h57 f 31/08 prix prix

a SUISSE : le budget fédéral de- prévu, en raison du rappel de plus Notionnel 5,5 RDUR RDUI SDRU SDST IHWHP QWHQ

HDWQS FRANCE ......

VTDQI VTDQS

SEPTEMBRE 2000 IPSPS RDVS SDQH SDRQ

vrait connaître un déficit de de 700 000 véhicules défectueux ALLEMAGNE .. RDTU

IHUPT QUIV HDWPH

TDHR SDQR RDTT

100 millions de francs (64 millions dans le monde, affirme jeudi le GDE-BRETAG. SDSH Euribor 3 mois

xg xg xg RDUW SDTU SDVV

ITALIE...... RDTU SEPTEMBRE 2000 IHSSI QSQP

d’euros) en 2001, après 1,8 milliard quotidien Nikkei. HDWHT

HDQQ IDVV PDSU JAPON...... HDPV

TDQI SDVP SDUT ´ TDSQ IHQUT QQRT

de francs de déficit. HDVWI ETATS-UNIS...

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QDQS QDVI RDPH

b SMITHKLINE-BEECHAM : les SUISSE...... PDUS Retrouvez ces cotations sur le site Web :

QI wF IV tF QH eF QI wF IV tF QH eF QI wF IV tF QI eF

RDUW SDRT SDSR RDTR www.lemonde.fr/bourse a POLOGNE : la banque centrale groupes pharmaceutiques suisses PAYS-BAS...... a relevé de 150 points de base son Roche et Novartis ont annoncé, Indices cours Var. % Var. % Ame´rique 9h57 f

taux d’escompte et son taux lom- jeudi 31 août, l’acquisition des se´lection 30/08 29/08 31/12

± ± IIIHQDHI I QDRQ ´ hy‡ tyxiƒ

bard – qui passent respectivement à droits mondiaux de médicaments ETATS-UNIS BOURSES CHANGES-TAUX

± ISHPDSW HDRV PDPU ´ ƒ8€ SHH

21,5 % et 23 % – pour lutter contre que doit céder le laboratoire ETATS-UNIS L’INDICE CAC 40 de la Bourse de Pa- A QUELQUES HEURES de la réu-

RIHQDVI HDSQ HDVS E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

l’inflation, qui s’est élevée en juillet à britannique SmithKline Beecham ris se repliait de 0,12 %, à nion du conseil de la Banque cen-

IIIUQDTP HDRI QPDVH TORONTO „ƒi sxhiˆ

11,6 % en glissement annuel. pour pouvoir fusionner avec 6 626,75 points, au début des transac- trale européenne, l’euro était

IURIRDPV HDQR IDVW SAO PAULO fy†iƒ€e

Glaxo-Wellcome. Roche acquiert tions, jeudi 31 août. L’indice DAX de stable face au dollar, jeudi

± QUUDWR QDUS SDVW MEXICO fyvƒe

a ÉTATS-UNIS : l’indice compo- l’anti-nauséeux Kytril pour Francfort était en hausse de 0,19 %, à 31 août, dans les premiers

± RUSDWT HDTP IQDSR BUENOS AIRES wi‚†ev

site des principaux indicateurs 1,38 milliard d’euros. Novartis 7 199,15 points, tandis que le Footsie échanges. La monnaie unique

± ± WWDPP HDQQ QHDTP SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

économiques a baissé de 0,1 % en achète deux antiviraux contre de Londres gagnait 0,44 %, à s’échangeait à 0,8943 dollar,

TUIQDSR PDQP PQDWI CARACAS ge€s„ev qixi‚ev juillet, après un recul de la même l’herpès, pour 1,82 milliard d’euros. 6 615,10 points. La Bourse de Tokyo a après avoir chuté la veille jusqu’à ampleur en juin et mai. clôturé, jeudi, en baisse de 0,2 %. 0,8872 dollar. De son côté, le bil- b DEUTSCHE POST : la poste Coursdechangecroise´s En Europe, la veille, alors que la let vert reculait face au yen, jeudi publique allemande, Deutsche Bourse de Paris avait clôturé sans matin, à 106,36 yens. Post, qui va être partiellement Cours Cours Cours Cours Cours Cours grand changement (un gain de Les marchés obligataires en Eu- AFFAIRES 31/08 9h57 f

introduite en Bourse début DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. 0,01 %), le DAX avait fini en baisse de rope ont démarré la séance sur DOLLAR ...... FFFFF HDWRHPS HDVWQIS HDIQTIQ IDRSQTH HDSUUHH

b LINUX : Intel, IBM, novembre, veut réduire de manière 1,49 %. Le Footsie avait, quant à lui, une note stable. Le taux de rende-

YEN...... IHTDQSSHH FFFFF WRDWTHHH IRDRUSHH ISRDTHHHH TIDQQSHH

Hewlett-Packard (HP) et NEC ont draconienne ses coûts de personnel, EURO ...... IDIIWTQ IDHSQHU FFFFF HDISPRS IDTPUUH HDTRTIS progressé de 0,44 %. Aux Etats-Unis, ment de l’emprunt d’Etat à 10 ans,

annoncé mercredi la création a indiqué son patron, Klaus FRANC ...... UDQRSWS TDWHTWS TDSSWSU FFFFF IHDTUVHH RDPQVTS l’indice Nasdaq avait gagné 0,53 % qui évolue en sens inverse du prix

d’un laboratoire de recherche Zumwinkel, dans un entretien à LIVRE ...... HDTVUWS HDTRTVS HDTIRRH HDHWQTS FFFFF HDQWUHH et l’indice Dow Jones avait aban- des titres, se situait à 5,47 % en FRANC SUISSE...... IDUQQIH IDTQHPS IDSRVIH HDPQSWS PDSPHQS FFFFF pour permettre aux programmeurs l’hebdomadaire Wirtschaftswochet. donné 1 %. France et à 5,30 % en Allemagne. LeMonde Job: WMQ0109--0017-0 WAS LMQ0109-17 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0547 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 17

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SISPDRW

VALEURS EUROPE´ENNES QWHDVI

RHS SRUP

SHWW QVQ QWIDVT

b Le titre du groupe néerlandais son titre mercredi de 12,95 %, à QWPDWV QWIDUR

SIUTDQI SPHRDTP QWIDTT

RUPS

de télécommunications KPN a 1 282 pence. QTI SITVDVP

RQSP chuté, mercredi 30 août, de 6,41 %, b L’action de l’opérateur télécom QQW

à 28,91 euros, après avoir annoncé Redstone a gagné mercredi SIVVDRW QWHDVI QWUV

que son bénéfice de l’ensemble de 8,35 %, à 214 pence, après avoir QIU SISPDRW

QTHS

l’exercice (avant intérêts, impôts, annoncé une accélération du dé- PWS [[[[[[[[ [[[[[[[[

à  à à  à „PWpi†F QI ey „ †vwwt QI ey „PWpi†F QI ey „ †vwwt dépréciation et amortissement) veloppement de son réseau au QI ey

pourrait être inférieur à sa prévi- Royaume-Uni.

C e C e e sion initiale de 3,6 milliards d’eu- b A contre-courant des autres va- ± ISPDTH HDPT hu RHDWI FFFF p‚ SUDRH IDVH p‚ IUDPT HDQS HERMES INTL p‚ CARLSBERG -B- AGF /RM EADS SICO.

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IDTR FFFF hu QUDQU FFFF s„ IQDVH FFFF ƒi PPDIU IDQT ros. leurs bancaires allemandes, qui af- HPI s„ CARLSBERG AS -A ALLEANZA ASS ERICSSON -B-

e e e C ± ± PVDTH IDHR qf IDSW FFFF hi QVI HDIQ ps UDIH TDRS

b L’action Crédit suisse a cédé fichaient des baisses, l’action KLM xv COCA-COLA BEVER ALLIANZ N F-SECURE

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QDSV HDWH hu QTDVW FFFF qf IQDUV HDVQ s„ TTDRH HDQH

2,10 %, à 373,5 francs suisses, après Commerzbank est restée inchan- HILTON GROUP qf DANISCO ALLIED ZURICH FINMATICA

e e e C ± ± VUDRH IDIQ p‚ ISQ HDWU xv TIDWH FFFF ƒi WDRV IDPU LVMH / RM p‚ DANONE /RM ASR VERZEKERING GAMBRO -A-

la confirmation du rachat de son gée à 36,50 euros. La banque

e C e e ± ± IIS IDWS q‚ IRDTT I p‚ ITQ HDWI xv THDVS FFFF MEDION hi DELTA HOLDINGS AXA /RM GETRONICS

C e C ± ± RDSS PDIS qf WDTQ I gr IIQTDHV HDSI hu IQVDVQ PDRV concurrent américain Donaldson semble sur le point de resserrer ses MOULINEX /RM p‚ DIAGEO BALOISE HLDG N GN GREAT NORDIC

C C e ± QDRS HDWS q‚ PIDQQ IDRI qf IRDVV FFFF hi URDRH HDSQ

Lufkin & Jenrette pour 11,5 mil- liens avec ses principaux alliés eu- PERSIMMON PLC qf ELAIS OLEAGINOU BRITANNIC INFINEON TECHNO

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± QVDRH HDTT p‚ IHIDSH HDSW qf IUDRU HDQU q‚ QPDRT PDPW

liards de dollars (lire aussi page 15). ropéens (BSCH et Generali), ce qui PREUSSAG AG hi ERID.BEGH.SAY / CGNU INTRACOM R

C e C e ± PDUV FFFF xv QWDSH IDHP p‚ QSDPH PDQV qf QQDVQ IDUI RANK GROUP qf HEINEKEN HOLD.N CNP ASSURANCES LOGICA

b La publication de résultats supé- pourrait éloigner la menace d’une e ± ± ± ± VDPV HDPR q‚ IPDQU VDPR iƒ IUDWS HDQQ qf IPDUS HDUT RYANAIR HLDGS si HELLENIC BOTTLI CORP MAPFRE R MISYS

e e C ± ± rieurs aux prévisions de la société prise de contrôle alors que Cobra, ± IURDHT HDIW q‚ IP HDPS hi IQVDQH IDPI ps RUDPH HDWP SAIRGROUP N gr HELLENIC SUGAR ERGO VERSICHERU NOKIA

C e ± ± ±

WDQW HDUP hi PR HDTP q‚ PPDSR PDRR qf IHDHV HDIT de services informatiques anglo- son principal actionnaire, tente de SAS DANMARK A/S hu KAMPS ETHNIKI GEN INS NYCOMED AMERSHA

C e e C e TIDUH FFFF qf PRDRH FFFF p‚ SQDRS HDPV xv ITDTS HDWI

néerlandaise CMG a fait bondir céder sa participation. SEB /RM p‚ KERRY GRP-A- EULER OCE

e e e ± ± IUTDRH HDIU s„ PDQI FFFF hu TVDRI FFFF s„ QDQU HDQH SODEXHO ALLIANC p‚ MONTEDISON CODAN OLIVETTI

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31/08 10 h 14 BOC GROUP PLC qf C

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e ALTANA AG hi ROYAL SUN ALLIA THOMSON CSF /RM ±

p‚ QQDWH IDHP

MICHELIN /RM e C

ITDRQ HDIV

RHODIA p‚

e C e

±

ps RTDUS HDII ps QRDIS IDHI

±

SHDHV HDTS

ASTRAZENECA qf SAMPO -A- TIETOENATOR

e C

PIPDTH HDQQ

PEUGEOT p‚ e

±

UQDTH HDVV

SOLVAY fi ´

C

±

C BIENS D’EQUIPEMENT e gr PQHVDWV HDHT hu SHDIU IDHV

VQDIH IDRU

e AVENTIS /RM p‚ SWISS RE N WILLIAM DEMANT ±

QDHR HDQQ

PIRELLI SPA s„ e

± RIDHI HDIH

TESSENDERLO CHE fi

e C

C €„ SQDSH FFFF IHQWDRV HDUR

IQHRDTT HDVS

gr f

± SEGUROS MUNDIAL IPTDPU HDIQ

e BB BIOTECH gr DJ E STOXX TECH P ± ABB N QUQH IDHT

DR ING PORSCHE hi

± HDPW

f DJ E STOXX CHEM P QTTDWS

± C

ƒi PPDPW IDHS

qf QPDII IDPQ

± SKANDIA INSURAN VSUDUI HDWH

e GLAXO WELLCOME gr ± ADECCO N RWDVR HDHP RENAULT p‚

xy UDWW FFFF ±

gr ITWSDRI HDPU e ± STOREBRAND PRDQW HDTS NOVARTIS N p‚

e C ALSTOM THDVS HDWI

VALEO /RM p‚ SERVICES COLLECTIFS qf VDPH FFFF ±

C PQPDHT HDVT

hu SUN LF & PROV H USPDRR HDSP

e ´ NOVO NORDISK B ALUSUISSE GRP N gr RVDRH FFFF

VOLKSWAGEN hi CONGLOMERATS

C

VSVDQT HDSQ

e gr e C ps PI FFFF ±

RDTH HDVT

SWISS LIFE REG s„ PHDVH HDPW

ORION B ƒi

± ASSA ABLOY-B- AEM HDSW

f PQPDWI

DJ E STOXX AUTO P e C

SPDVH HDSU

CGIP /RM p‚

C PIDQQ FFFF e hu

C

xv SIDTH IDIT WDQS HDQS TOPDANMARK qf

SDQS FFFF

QIAGEN NV ASSOC BR PORTS qf ANGLIAN WATER

e C

TPDWH HDQP

CHRISTIAN DIOR p‚

±

C gr SUQDSQ HDRS

C

gr IIRVQDST HDRS ± QDUT IDUT

ZURICH ALLIED N qf PPDVV HDPT

ROCHE HOLDING ATLAS COPCO -A- ƒi BRITISH ENERGY

e C

PUV HDQT

D’IETEREN SA fi

±

C

RQIDWQ HDSU

gr IHIHUDVT HDHT f ± ± qf QDUP HDVU

PIDSV HDVP ƒi DJ E STOXX INSU P

BANQUES e ROCHE HOLDING G ATLAS COPCO -B- CENTRICA

±

UIDWH HDIR

AZEO p‚

e

± e C p‚ SU HDPT ±

s„ IIDPI HDIV UDQV IDHI

SANOFI SYNTHELA ATTICA ENTR SA q‚ EDISON

± IQDSQ HDTH

qf e

±

PWQDSH IDQR

ABBEY NATIONAL GBL fi

e C

e C hi SWDRS HDUT

±

fi PRHDSH HDRT VDWV HDQT

e SCHERING AG BAA qf ELECTRABEL ± PUDVW HDPS

xv e ±

RUDPH HDTQ

ABN AMRO HOLDIN GEVAERT fi MEDIAS

C e qf IRDST IDIQ

€„ QDSV FFFF VDIQ FFFF

SMITHKLINE BEEC BBA GROUP PLC qf ELECTRIC PORTUG

± WDTI HDQR qf e

±

QIDUQ HDQI

ALL & LEICS HAGEMEYER NV xv

e

± e fi RQ IDPP e ± ±

iƒ PPDHU HDWW

WDQT FFFF qf IVDHW RDUW

UCB BRISA AUTO-ESTR €„ BSKYBGROUP ENDESA

± qf ISDPT HDQP

RDUQ FFFF

ALLIED IRISH BA INCHCAPE qf

C e

SRSDWT HDRR e e ± ± ±

s„ RDSP HDRR p‚ IVIDIH IDIS RDPR HDUH

f DJ E STOXX HEAL CIR s„ CANAL PLUS /RM ENEL C

q‚ QQDIP HDUP

ISDSW FFFF

ALPHA BANK INVESTOR -A- ƒi

e C

± e„ QSDIH HDIU

qf IIDUW FFFF

VDPQ HDRH

e CAPITA GRP qf CARLTON COMMUNI EVN

€„ PS FFFF

ISDVQ FFFF

BPINTOMAYORR INVESTOR -B- ƒi

e e C

± ps R HDSH IPDUT IDHW qf QSDUH FFFF

e CDB WEB TECH IN s„ DAILY MAIL & GE FORTUM ±

e„ THDQS HDIQ

VDQV FFFF

BANK AUSTRIA AG MYTILINEOS q‚ ´

ENERGIE e e ± ± iƒ IVDPW IDIR

xv IQDVQ HDIR TRDHW FFFF

CMG qf ELSEVIER GAS NATURAL SDG C

qf IHDWQ HDUS

RVDSH FFFF

BANK OF IRELAND NORSK HYDRO xy

e C ±

iƒ IPDWV HDIS

TDHQ FFFF qf QDQS FFFF qf IWDRW QDVI

BG GROUP qf COOKSON GROUP P EMAP PLC IBERDROLA

± q‚ IUDPP IDPU ±

PUHDTP HDUI

BANK OF PIRAEUS UNAXIS HLDG N gr

e e ± ±

s„ SDPV HDQV s„ ITDRR FFFF IHDQV HDUV hu IPHUPDRQ FFFF

BP AMOCO qf DAMPSKIBS -A- GRUPPO L’ESPRES ITALGAS

qf WDPU FFFF

PHDHU FFFF

BK OF SCOTLAND ORKLA xy

C C e C e

±

qf VDWT HDSR

WDTQ HDQI hu IQSRUDWS HDSH p‚ PRDRS HDPH

e CEPSA iƒ DAMPSKIBS -B- HAVAS ADVERTISI NATIONAL GRID G

± RTDHS HDWU

iƒ e

IDTQ FFFF

BANKINTER R SONAE SGPS €„

e C e ± ±

qf UDVR HDRI s‚ QDWP FFFF IQW HDUI hu IVUUWDQR HDUP

COFLEXIP /RM p‚ DAMSKIBS SVEND INDP NEWS AND M NATIONAL POWER

± qf PUDVV HDPW C QDST HDWP

BARCLAYS PLC TOMKINS qf

e e e

±

e„ IHSDPS FFFF

SU FFFF ƒi FFFF FFFF p‚ UUDWS HDHT

e DORDTSCHE PETRO xv DRESDNER TIGER LAGARDERE SCA N OESTERR ELEKTR

± hi TSDVH HDRS

e C

STDIH IDPT

BAYR.HYPO-U.VER E.ON AG hi

e C ±

qf WDRS IDIW

IWDTV HDUU

e MEDIASET s„ POWERGEN  @€u˜li™iteA s„ WDUS FFFF

BCA AG.MANTOVAN f DJ E STOXX CONG P QPWDWV FFFF

e C

± qf VDSR IDIQ RWDSS HDPH

NRJ GROUP p‚ SCOTTISH POWER

e C ITDUT HDIV

BCA FIDEURAM s„

C

qf IIDQW FFFF QHDSH HDPU

PEARSON qf SEVERN TRENT e C RDUU HDRP

BCA INTESA s„

e ±

± p‚ ITUDUH RDHT

WDTT HDSH

e ´ ´ REED INTERNATIO qf SUEZ LYON EAUX/ ± TELECOMMUNICATIONS IHDRH HDPW BCA LOMBARDA s„

±

ƒi IVDIR FFFF PIDTU IDIW

e REUTERS GROUP qf SYDKRAFT -A-

± SDIP PDRV

s„ e

MONTE PASCHI SI ± PDQS HDVR

EIRCOM s‚

C

ƒi IUDWH FFFF PDRR HDTU

e TELEWEST COMM. qf SYDKRAFT -C-

± s„ PHDPS HDIH

BCA P.BERG.-C.V C

IQDVU HDPR

BRITISH TELECOM qf

e C

±

qf IQDTT IDIV VHDIH PDTW

e TF1 p‚ THAMES WATER

± s„ UDWH HDIQ

BCA P.MILANO C

PHDIP HDIT

CABLE & WIRELES qf

e

C

±

iƒ PHDTS IDIH IQDRU HDTI

e UNITED NEWS & M qf FENOSA

± IPDUT HDVS

s„ e

B.P.VERONA E S. ±

RQDPS HDVQ

DEUTSCHE TELEKO hi

e C

± qf IHDUV HDQH PSDQU QDHW

e UNITED PAN-EURO xv UNITED UTILITIE

s„ IDQU FFFF

BCA ROMA e C

ITVDSH HDHT

E.BISCOM s„

e e

± ±

p‚ WIDTH HDRQ SVDTH HDPT

e VNU xv VIVENDI/RM

± ITDUP HDSW

BBVA R iƒ

RRDUQ FFFF

ENERGIS qf

e C

± QQVDRQ HDVT PPDUV HDHW

e WOLTERS KLUWER xv f DJ E STOXX PO SUP P

IVDPR FFFF

€„ e

ESPIRITO SANTO ± RIDVH PDUW

EQUANT NV hi

C

ISDHT HDTS

e WPP GROUP qf ±

iƒ QRDHQ HDTR

BCO POPULAR ESP C IIDIR IDHV EUROPOLITAN HLD ƒi

C

HDSH

e f DJ E STOXX MEDIA P SRPDRS

RDPH FFFF €„ e BCO PORT ATLANT ± IPUDQH IDQP FRANCE TELECOM p‚

e

€„ SDVS FFFF BCP R C PHDTV IDIT HELLENIC TELE ( q‚

e IHIDSH FFFF

BIPOP CARIRE s„ e IHPDTH FFFF

HELS.TELEPH E ps BIENS DE CONSOMMATION

e C EURO RDPH IDRS

BNL s„ e IHSDUH FFFF

KONINKLIJKE KPN xv

e C

QIDSH IDHT

e xv ______

± IHQDUH IDIR p‚ e AHOLD BNP PARIBAS /RM ± ISDTH IDPU

LIBERTEL NV xv

e

±

ITDIW IDPV

e iƒ ±

IPDHQ HDSH

iƒ e ALTADIS -A- BSCH R ±

PPU IDUQ

MANNESMANN N hi NOUVEAU

q‚ IIDVS FFFF

SDWH FFFF

xy e ATHENS MEDICAL CHRISTIANIA BK ± IHTDST PDPR MOBILCOM hi

±

qf R IDTH

e C TDHS HDTU

s„ AVIS EUROPE

COMIT C IHDUP HDWV

PANAFON HELLENI q‚ MARCHE´

e ±

e„ RRDHU HDVS

C

RQDPS HDTP

COMM.BANK OF GR q‚ e AUSTRIA TABAK A IIDUS FFFF

PORTUGAL TELECO €„

e C

IHTDPS PDQT

e hi

QTDSH FFFF hi e BEIERSDORF AG COMMERZBANK ± QTDTH IDTI

SONERA ps Cours % Var.

e ± 10 h 14

SPDWS IDVS

e p‚ 31/08

± f RRDUH IDQS p‚ BIC /RM

CREDIT LYONNAIS ± en euros 30/08 QITDVH HDUI SWISSCOM N gr

±

qf UDPI HDTU

± IQWDTR HDQV hu BRIT AMER TOBAC DEN DANSKE BK C TUDPH HDVH

TELE DANMARK -B hu

e

p‚ IHWDQH FFFF

RDWT FFFF

DNB HOLDING -A- xy e CASINO GP /RM IRDUR FFFF TELECEL €„ AMSTERDAM

QIWUDHS FFFF

e gr

± WTDSH HDTU

hi e CFR UNITS -A- DEUTSCHE BANK N ±

s„ IQDRR IDRU FFFF

TELECOM ITALIA AIRSPRAY NV IWDRH

e C

TQDSH HDQP

e fi

± ISUDIH HDQP

fi e DELHAIZE DEXIA ± s„ TDRW HDRT C HDVV

TELECOM ITALIA ANTONOV IDIS

e

±

QIHDSH HDRV

e p‚

±

SHDQH HDPH

hi e ESSILOR INTL /R DRESDNER BANK N ±

iƒ PIDQH IDSQ ± TDIS

TELEFONICA C/TAC QDIS

e C

fi RRDIT HDHP

± PRDWT HDQH

q‚ e COLRUYT EFG EUROBANK ±

s„ WDQU HDUR FFFF

T.I.M. CARDIO CONTROL S

UDQV FFFF

e qf ± ± q‚ IVDHU FFFF TDSW HDRS qf IPDVS IDUR s„ FREESERVE

ERGO BANK e C RRDTS IDSW s„ ENI ELECTROCOMPONEN FFFF

TISCALI CSS PQDWH

e

±

WSDUH HDRP

e hi

± e ± RWDTS HDRV e„ FRESENIUS MED C qf VDVP IDRS p‚ IDHP FFFF

ERSTE BANK e C

QIDPH RDUH xv ENTERPRISE OIL EUROTUNNEL /RM FFFF

VERSATEL TELECO HITT NV TDRH

±

qf SDWS IDTI

±

± ITDTH IDHT ƒi GALLAHER GRP q‚ IIDQH HDTS hu IUWDHU FFFF

FOERENINGSSB A ±

RDRP HDQU qf HELLENIC PETROL GROUP 4 FALCK FFFF

VODAFONE GROUP INNOCONCEPTS NV PIDRH

e C

fi RRDWS PDIT

C ± e VDVT PDQQ qf GIB qf PDRU HDTT ps PHDSH FFFF

HALIFAX GROUP ± VWUDUP IDIV LASMO FINNLINES C PPDSS

f DJ E STOXX TCOM P NEDGRAPHICS HOLD HDPP

±

gr PWTDIQ HDQQ

± e ± ± ISDWP HDQI qf GIVAUDAN N VSDTH HDIU qf QDVI HDVS

HSBC HLDG OMV AG e„ FKI ± UDSS

SOPHEON IDWS

± qf WDVT PDUQ e C

ITDUS HDQH hi IMPERIAL TOBACC PIDPS FFFF hu ITDUU FFFF

IKB PETROLEUM GEO-S xy FLS IND.B FFFF

PROLION HOLDING WR

e

IT FFFF

e €„ ±

e e C ± SIDSS IDHT fi CONSTRUCTION JERONIMO MARTIN PPDPI HDWR e„ QWDTW IDPS

KBC BANCASSURAN iƒ REPSOL FLUGHAFEN WIEN C PDUI

RING ROSA QDUW

e

±

ps IHDTS HDRU C

e C ± IHDRT HDIT qf KESKO -B- TVDUW HDVP qf IRDIQ HDRT

e xv LLOYDS TSB ± ROYAL DUTCH CO GKN iƒ QSDTW IDWS FFFF

ACCIONA RING ROSA WT HDHP

e ±

p‚ VQDRH IDIV

C e C QTDRW FFFF q‚ L’OREAL /RM s„ TDSS HDTI q‚ RDVQ SDIT

NAT BANK GREECE C

SDVR IDHQ C q‚ SAIPEM HALKOR IPDRH

AKTOR SA UCC GROEP NV IDTR

± PDSP IDPU e qf

C

± p‚ VSDQS FFFF WDTS HDSH qf TDRT IDSQ NATEXIS BQ POP. e SHELL TRANSP qf HAYS MORRISON SUPERM IWDSI FFFF

UPONOR -A- ps

e ±

UIDQH HDRP

e e hi

± ± UDTS FFFF ƒi HENKEL KGAA VZ IUPDRH HDTW hi TSDSH HDUT

e p‚ NORDIC BALTIC H ± IT HDTP

AUMAR R iƒ TOTAL FINA ELF/ HEIDELBERGER DR

C

IQDPR HDRW e qf

± e

± PIDTH HDRI s„ RECKITT BENCKIS HDUI ps QPDPS FFFF

e QUIDPQ ROLO BANCA 1473 ± f VDTV HDSU

ACESA R iƒ DJ E STOXX ENGY P HUHTAMAEKI VAN BRUXELLES

±

qf RDQV HDQU

C ± e

PHDQP HDVU qf SAFEWAY s„ WDHR IDTW

ROYAL BK SCOTL C TDTH HDPS

BLUE CIRCLE IND qf IFIL

FFFF

ARTHUR WDVH

±

SDVR HDPV e qf

±

IWDUS HDSH s„ SAINSBURY J. PL qf QDUI FFFF

SAN PAOLO IMI e C TWDVH IDHI

BOUYGUES /RM p‚ IMI PLC

FFFF

ENVIPCO HLD CT HDVS

qf RDHQ FFFF

C SERVICES FINANCIERS e

±

IQDTQ HDRR ƒi SMITH & NEPHEW iƒ PSDIT HDWR

S-E-BANKEN -A- C SDHW HDTR

BPB qf INDRA SISTEMAS

FFFF

FARDEM BELGIUM B PPDSH

qf IDPR FFFF

±

±

qf ISDTT IDSQ C STAGECOACH HLDG PVDWQ HDRI

e ƒi qf PUDQQ HDRP STANDARD CHARTE ± WDRS HDPI

BUZZI UNICEM s„ 3I IND.VAERDEN -A-

FFFF

INTERNOC HLD IDRS

e C

iƒ RWDPR PDSV e C

C

TVDSH HDVV p‚ TERRA NETWORKS C UTDRT PDUH e hu

fi RVDSH HDTP STE GENERAL-A-/ ± ISS QHDUR HDII

CRH PLC qf ALMANIJ

FFFF

INTL BRACHYTHER B II

qf QDSS FFFF

± C

IVDRQ HDQP ƒi TESCO PLC ƒi PVDPI HDTQ

e ± RRDRQ HDTT SV HANDBK -A- q‚

PRDQH FFFF

CIMPOR R €„ ALPHA FINANCE KINNEVIK -B-

FFFF

e LINK SOFTWARE B UDRS

±

xv PTDIS HDSQ

ƒi QDTP FFFF VVDVH FFFF hu TNT POST GROEP

±

e C PPDQQ IDSV SWEDISH MATCH qf KOEBENHAVN LUFT SWDIS HDPS

COLAS /RM p‚ AMVESCAP

FFFF

PAYTON PLANAR IDQH

e C

hi PW QDPH

± e

gr ITIDUW HDTH C T-ONLINE INT UQDSH FFFF

e e ps hi PS HDVI UBS N ± WDHP HDQQ

GRUPO DRAGADOS iƒ BHW HOLDING AG KONE B

FFFF

ACCENTIS UDRS

e C

xv ISDUS HDTR

e C e

± SDUP HDQS s„ WORLD ONLINE IN PQQDVH HDRQ

e e p‚ €„ RDHI FFFF UNICREDITO ITAL ± IVDQI HDQV

FCC iƒ BPI R LEGRAND /RM

C

RVHDSU HDQU

e C f hu VSDVS FFFF RUDUH HDRP hi DJ E STOXX N CY G P e ± qf TDVT IDIU UNIDANMARK -A- ± IPVDPH HDRU GROUPE GTM p‚ BRITISH LAND CO LINDE AG

e ±

q‚ PHDIR FFFF

QIDTH HDWR e hi qf VDIQ FFFF XIOSBANK ± IQDSI IDQW

GRUPO FERROVIAL iƒ CANARY WHARF GR MAN AG FRANCFORT

C ± e

QSSDPW HDQQ hi IQDUH IDRI

f C TDVP FFFF DJ E STOXX BANK P qf TDUV HDWU

HANSON PLC qf CAPITAL SHOPPIN MG TECHNOLOGIES

FFFF

e COMMERCE DISTRIBUTION UNITED INTERNET IUDPR

ps PHDQH FFFF ±

e C qf PHDUP HDRU TIDPH HDTT

HEIDELBERGER ZE hi CLOSE BROS GRP METRA A

C

ISPDSH

AIXTRON IDTU

e e C

IQDPH FFFF e ps hi RVH QDWH C

IDVR FFFF s„ METSO IWDTV HDWW

HELL.TECHNODO.R q‚ COMPART AVA ALLG HAND.G

±

IPPDTH

PRODUITS DE BASE AUGUSTA TECHNOLOGIE HDQQ C

± e qf QDVW HDVQ qf VDRU IDIU ±

fi UPDIS HDTP ± ISDUH HDQV

HERACLES GENL R q‚ COBEPA MORGAN CRUCIBLE BOOTS CO PLC

C

IQHDIS

BB BIOTECH ZT-D HDUH

C

e e C

C SUDHP HDVR e ƒi xv QIDWS HDUW ± C

iƒ WDQI HDVS e IQQ QDWI

hi NETCOM -B- PUDSH PDVH

ACERALIA HOCHTIEF ESSEN hi CONSORS DISC-BR BUHRMANN NV

C

HDWU

BB MEDTECH ZT-D ISDTH

e e C C qf SDTI FFFF e p‚ VH QDQT ±

iƒ QPDWH IDHV iƒ PVDSH IDTH ± IQPIDRS HDRR

ACERINOX R HOLDERBANK FINA gr CORP FIN ALBA EXEL CARREFOUR /RM

C

IHDQH

BERTRANDT AG HDRW

C e C

C hu PUTDQP HDRW p‚ PRS HDRI ± C

q‚ RHDRQ RDTH e gr PQTDHU PDIR

IQIDVH HDPQ

ALUMINIUM GREEC IMERYS /RM p‚ CS GROUP N NKT HOLDING CASTO.DUBOIS /R

FFFF

BETA SYSTEMS SOFTWA VDQH

C e

± qf IWDPR IDPV e iƒ IRDSH HDQR ±

TPDHR IDIW qf e hi WRDUH FFFF IHDPP FFFF

ANGLO AMERICAN ITALCEMENTI s„ DEPFA-BANK EXEL CENTROS COMER P

C

ITI

e e CE COMPUTER EQUIPME HDQI

±

C e ps IQDTH FFFF iƒ IWDQQ HDWU ±

ƒi ITDIP IDRS e hi SU HDIV ± VQDSH HDTH

ASSIDOMAEN AB LAFARGE /RM p‚ DIREKT ANLAGE B PARTEK CONTINENTE

± IPSDSH

CE CONSUMER ELECTRO HDWS

± ± e C C qf IHDPH HDRV e qf QDUP HDVU

C fi SP HDIW p‚ SWIDSH PDIT

SDSI IDTR

BEKAERT MICHANIKI REG. q‚ EURAFRANCE /RM PENINS.ORIENT.S DIXONS GROUP

FFFF

CENIT SYSTEMHAUS PU

C e C

C e qf VDUU HDST hi QWDWS IDWI ±

qf RDQW IDSH fi QQDUS HDRI ±

IDSQ IDHS

BILLITON PILKINGTON PLC qf FORTIS (B) PREMIER FARNELL GEHE AG

FFFF

DRILLISCH VDUS

e C

ISDWR FFFF e qf qf UDWR HDRI ± ± C

e„ QTDTH HDQQ QQDVW HDSQ xv RAILTRACK IHDSW IDUP

BOEHLER-UDDEHOL RMC GROUP PLC qf FORTIS (NL) GREAT UNIV STOR

C

IDPQ

e e EDEL MUSIC PHDSH

C e xv QHDTH FFFF xv IISDUS FFFF ± C

TDPT HDSP qf e p‚ IHSDSH IDQI ISIDWH HDHU

BUNZL PLC SAINT GOBAIN /R p‚ GECINA /RM RANDSTAD HOLDIN GUCCI GROUP

C

IU

ELSA HDPW

± C

C UWDWS FFFF e hu ƒi IWDQV RDWR C

qf IDIS RDRI UPDSH HDQS fi RATIN -A- QW HDWP

CORUS GROUP SKANSKA -B- ƒi GIMV HENNES & MAURIT

C

HDRT

e EM.TV & MERCHANDI SRDHS

± C hu VRDSI FFFF hi QQDUH HDVV ± C

SDRU q‚ RDPV qf UDII HDPQ PDTP HDTQ

ELVAL TAYLOR WOODROW qf HAMMERSON RATIN -B- KARSTADT QUELLE

C

PTDSH

EUROMICRON IDSQ

e C e qf PDTP FFFF qf VDHR IDPQ ± C

xv UDRH FFFF e xv USDIQ HDIQ

IRSDSH HDWH

ISPAT INTERNATI TECHNIP /RM p‚ ING GROEP RENTOKIL INITIA KINGFISHER

FFFF

GRAPHISOFT NV IT

C

±

C qf RDPH QDPH qf QDQU HDRV ±

qf ITDVS HDVT hu QPDIW IDTW ±

QVDVP HDII

JOHNSON MATTHEY TITAN CEMENT RE q‚ REALDANMARK REXAM MARKS & SPENCER

C

IDPQ

HOEFT & WESSEL ITDSH

e C e

± e C

p‚ WH IDHI hi RPDRH HDPR ±

e„ SP HDUV e qf IQDIR HDWV PRDIH FFFF

MAYR-MELNHOF KA WIENERB BAUSTOF e„ LAND SECURITIES REXEL /RM METRO

C

HDUT

e HUNZINGER INFORMAT TDTS

± ±

e C e„ PR HDRI qf IHDIS HDTR ±

ps VDPS HDRW qf VDRU HDUT ± TDPQ IDHQ

METSAE-SERLA -B WILLIAMS qf LIBERTY INTL RHI AG NEXT PLC

±

TDRH

INFOMATEC SDVV

C e

± e gr QVIDHT HDQR p‚ PHUDIH IDUI ± C ƒi PSDTI FFFF

hi ISU HDTQ HDHW

HOLMEN -B- f DJ E STOXX CNST P PQHDHU MARSCHOLLEK LAU RIETER HLDG N PINAULT PRINT./

C

IHRDUS

INTERSHOP COMMUNICA IDQI

C ±

e C

TUHDRI IDQQ e gr gr PVPDPS HDWP ± ps IIDPS HDVI IIDWT HDSV

OUTOKUMPU MEDIOBANCA s„ SAURER ARBON N VALORA HLDG N

±

SHDVH

KINOWELT MEDIEN HDVP

C e e e C

p‚ VIDRH HDQI xv IRDTT IDSP ± p‚ SIDVH HDTU VDUH FFFF PECHINEY-A- MEPC PLC qf SCHNEIDER ELECT VENDEX KBB NV

FFFF

e LHS GROUP RH

e ± PDQR FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE e s„ qf SDWP HDSS ± ps RDSS FFFF IUDWH HDPP

RAUTARUUKKI K METROVACESA iƒ SEAT-PAGINE GIA W.H SMITH

C

QVDVH

LINTEC COMPUTER QDPU

qf PDQQ FFFF qf SDWH FFFF ± ± qf IVDIP PDPV C

IRDPP HDTV

e qf SECURICOR WOLSELEY PLC

RUDWH HDUT RIO TINTO ACCOR /RM p‚ PROVIDENT FIN

FFFF

LOESCH UMWELTSCHUTZ TDTH

C C

e ƒi PSDPS HDPR QWHDUI IDHT ± q‚ RDSW FFFF C

RQDTH HDII e xv SECURITAS -B- f SW HDPS

SIDENOR ADIDAS-SALOMON hi RODAMCO CONT. E DJ E STOXX RETL P

FFFF

e MENSCH UND MASCHINE IWDQH

UVDPH FFFF e hi ± q‚ PWDQS FFFF C

RUDTH HDUQ e xv SGL CARBON PUDTI HDQT

SILVER & BARYTE AGFA-GEVAERT fi RODAMCO NORTH A

± IHV

MOBILCOM HDWP

C

qf QDRV FFFF qf PDIT TDRH

e qf ITDRT FFFF ± SHANKS GROUP PHDST HDWP

SMURFIT JEFFERS AIR FCE p‚ SCHRODERS

C

IDIR

e MUEHL PRODUCT & SERV RRDSH

±

e C HAUTE TECHNOLOGIE UU HDTS e p‚ ± ps IHDSH PDWR

p‚ USDIS HDWW

± SIDEL /RM RDRT HDUP

STORA ENSO -A- AIRTOURS PLC qf SIMCO N /RM

C

UDQU

MUEHLBAUER HOLDING IHP

±

e C C qf RDQT HDUR ps IHDRH HDWU C C

TDQR IDQH e e qf INVENSYS

PDHW HDRV p‚ WPDSS IDVP

STORA ENSO -R- ALITALIA s„ SLOUGH ESTATES ALCATEL /RM

±

RTDSH

PFEIFFER VACU TECH HDWT

e C

C SWDRS PDSH e hi ± ƒi PIDSP HDPV p‚ IUHDIH IDIH

e C

± SINGULUS TECHNO IQDHS HDRT q‚ WDVV IDWW

SVENSKA CELLULO AUSTRIAN AIRLIN e„ UNIBAIL /RM ALTEC SA REG.

FFFF

PLENUM IRDTH

e C e ƒi ITDIP HDQU

± hi IU FFFF

UDIU IDUV e iƒ e

SKF -B- ± IPDUI FFFF xv RPDUP HDQH

THYSSENKRUPP AUTOGRILL s„ VALLEHERMOSO ASM LITHOGRAPHY

± HDIV

PSI PV

e C hu PQDHU IDIV e C ± fi QWDIS HDST C

hi PVDVH HDUH e ± SOPHUS BEREND -

RIDVS PDIW xv PDVI HDQT

UNION MINIERE BANG & OLUFSEN hu WCM BETEILIGUNG BAAN COMPANY

C

SIDSH

QIAGEN NV HDWT

e ± gr VHHDPQ HDQP ± ±

ps PWDPH HDHU SDUT HDPV e qf e ± ± SULZER FRAT.SA1 PDHV HDWS fi IRRDIH HDPV UPM-KYMMENE COR BENETTON GROUP s„ WOOLWICH PLC BARCO

±

e C qf SDRV PDQP ±

p‚ IPDQH HDQQ C HDII QHQDSH T.I.GROUP PLC SDSH IDPH qf THDIV FFFF USINOR BRITISH AIRWAYS qf f DJ E STOXX FINS P BOOKHAM TECHNOL

xy QPDQR FFFF IHDVI FFFF q‚ e ± TOMRA SYSTEMS IPDTS IDIU qf IUDRW FFFF

VIOHALCO BULGARI s„ SPIRENT e CODES PAYS ZONE EURO

e e ±

e„ SSDHI HDUH ± e„ PWDUH HDVQ e C VA TECHNOLOGIE ± IRQDSH HDPV qf TDWH HDWQ VOEST-ALPINE ST CLUB MED. /RM p‚ BAE SYSTEMS FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

e ±

C ALIMENTATION ET BOISSON xv IS HDWW HDHQ

ITUDHU e e ± ± VEDIOR NV PRDVS HDRH p‚ UDUV HDTR f DJ E STOXX BASI P DT.LUFTHANSA N hi BULL IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

C

SSWDPW HDQP

C f ± DJ E STOXX IND GO P IRDPQ HDVQ qf SDIU HDWS qf IRDPV FFFF ELECTROLUX -B- ƒi ALLIED DOMECQ CAB & WIRE COMM LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

e C e ± SR HDQU qf TDQR FFFF p‚ PPVDSH HDPP hi FI : Finlande - BE : Belgique.

CHIMIE EM.TV & MERCHAN ASSOCIAT BRIT F CAP GEMINI /RM C C ± IH HDIT qf IIDHW HDPW qf QQDHP QDSP

EMI GROUP qf BASS ASSURANCES COLT TELECOM NE CODESPAYSHORSZONEEURO C e C e e e ± IRIDWH HDQS xv IQV FFFF e„ RW HDHP ps IVDWS HDVH

AIR LIQUIDE /RM p‚ ENDEMOL ENTER BBAG OE BRAU-BE COMPTEL

CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e e e C ± ± RWDTH HDQH p‚ HDTQ FFFF e„ RV IDIQ qf PDWV FFFF p‚ WWDSS IDPU

AKZO NOBEL NV xv EURO DISNEY /RM BRAU-UNION AEGIS GROUP DASSAULT SYST./ GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e C e ± RPDQV HDHS qf WDVR FFFF qf TDSU HDPS xv UWDRS FFFF qf VWDRT FFFF BASF AG hi GRANADA GROUP CADBURY SCHWEPP AEGON NV DIALOG SEMICOND LeMonde Job: WMQ0109--0018-0 WAS LMQ0109-18 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0548 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 FINANCES ET MARCHÉS

C ± FFFF FFFF FFFF IPTDSH IQIDSH IQIDVH VTRDSS HDPQ IQHDQH IUQDTH IUPDWH IIQRDIS HDRH IUUDVH BAZAR HOT. VILLE ...... IPSDIH IMERYS(EX.IMETAL)...... TOTAL FINA ELF......

± ± ± SPDWS QRUDQQ IDVS SUDIH IWDHS IW IPRDTQ HDPT PIDQH UQDVH UQDIH RUWDSH HDWS TRDWH BIC...... SQDWS IMMEUBLES DE FCE ...... TRANSICIEL # ......

± ± FFFF FFFF FFFF WUDWS QIDSH QHDVS PHPDQT PDHT PUDPH THDIH SWDRH QVWDTR IDIT RW BIS...... WW INFOGRAMES ENTER. ... UBI SOFT ENTERTAI ......

C ± ± IHQDVH TVHDVV IDHS IHVDSH SPDVH SQDUH QSPDPS IDUH RTDRH IUP IUIDRH IIPRDQI HDQS ITS VALEURS FRANC¸AISES BNPPARIBAS ...... IHRDWH INGENICO ...... UNIBAIL ......

C ± ± IVTDIH IPPHDUR HDHS IVT VPDSH VP SQUDVV HDTI VR IQTDWH IQTDPH VWQDRI HDSI IIUDRH BOLLORE ...... IVT ISIS ...... UNILOG ......

C ± PWHDQH IWHRDPR FFFF PVRDQH PHDWH PHDVW IQUDHQ HDHS PHDSH IPDPT IPDQI VHDUS HDRI IP BONGRAIN ...... PWHDQH KAUFMAN ET BROAD .... USINOR......

C C

TWDTS RSTDVU HDVH TSDUS IHI IHI TTPDSP FFFF WWDUH THDQH THDVS QWWDIS HDWI SVDWS b Le cours de l’action Suez Lyonnaise des Eaux cédait BOUYGUES ...... TWDIH KLEPIERRE...... VALEO ......

C ± ± TIDRH RHPDUT PDSH TSDPH IQIDVH IQIDUH VTQDWH HDHV IQI RW RVDRH QIUDRV IDPP RVDUS

3,32 %, à 169 euros, dans les premiers échanges, jeudi BOUYGUES OFFS...... SWDWH LABINAL...... VALLOUREC......

± ± ± UDUV SIDHQ HDTR TDVS VR VQDWS SSHDTV HDHT VQDSH QRDWH QRDIT PPRDHU PDIP QSDTS BULL#...... UDVQ LAFARGE...... VIA BANQUE ......

31 août. Selon l’édition de jeudi du Financial Times, le C ± IIVDRH UUTDTS HDIU IHRDSH UV UV SIIDTS FFFF UHDUS SUDUS SU QUQDWH IDQH SU BUSINESS OBJECTS...... IIVDPH LAGARDERE...... VINCI......

C ± ± IVIDVH IIWPDSQ HDUT ITI TH THDRS QWTDSQ HDUS SVDTH WP WIDVH THPDIU HDPP VIDSS

groupe français et l’allemand E.ON auraient, après CANAL + ...... IVQDPH LAPEYRE ...... VIVENDI ......

± ± ± PPVDSH IRWVDVT HDPP PHQ SQ SPDVS QRTDTU HDPV SPDUH QVDUH QVDPS PSHDWH IDIT QWDTS

quinze mois de discussions, quasiment bouclé leur pro- CAP GEMINI ...... PPW LEBON (CIE)...... VIVENDI ENVIRON......

C C ± RVDTI QIVDVT IDWI RRDSH PQRDVH PQQDVH ISQQDTQ HDRQ PQTDWH IWDHP IWDQU IPUDHT IDVR IVDSH CARBONE-LORRAINE .... RUDUH LEGRAND ...... WANADOO......

C C ± VHDIH SPSDRP QDRW UUDVS IPWDPH IPVDTH VRQDST HDRT IQPDTH ITDTU ITDUS IHWDVU HDRV ITDQH jet de fusion, qui donnerait naissance au premier CARREFOUR ...... UUDRH LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL)....

± ± IHWDQH UITDWT FFFF IHVDSH RRDSP RRDSH PWIDWH HDHR RS PQW PQT ISRVDHT IDPT PQP

groupe mondial de services collectifs. CASINO GUICHARD ...... IHWDQH LEGRIS INDUST...... ZODIAC......

± ±

UI RTSDUQ HDTQ UH QHDTH QHDPI IWVDIT IDPU QHDPH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b L’action Carrefour gagnait 3,62 %, à 80,2 euros, jeudi CASINO GUICH.ADP ...... UIDRS LIBERTY SURF ......

C C PRS ITHUDHW HDRI PSHDUH IHWDTH IIH UPIDSS HDQT IIIDPH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CASTORAMA DUB.(LI..... PRR LOCINDUS......

± IQWDWH WIUDTV FFFF IPRDIH VRDRH VQDRH SRUDHU IDIV VQ FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF matin. Le groupe français de distribution a annoncé CEGID (LY) ...... IQWDWH L’OREAL ......

± ± SPDRH QRQDUP HDIW RUDSH VVDRH VUDWS SUTDWI HDSI WH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

avoir dégagé un bénéfice net part du groupe de 277 mil- CGIP ...... SPDSH LVMH MOET HEN......

C ± THDUS QWVDRW HDRI TPDRH VSDVS VTDSH STUDRH HDUT VRDHS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

lions d’euros au premier semestre 2000, en hausse de CHARGEURS...... TI MARINE WENDEL ...... C UPDSH RUSDSU FFFF TVDTH UDSP UDSV RWDUP HDVH UDUH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CHRISTIAN DALLOZ ...... UPDSH METALEUROP ......

C ±

TPDWH RIPDTH HDQP TSDRS QRDPS QQDVW PPPDQH IDHS QQDPQ FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF 4,3 % par rapport aux six premiers mois de 1999. CHRISTIAN DIOR ...... TPDUH MICHELIN......

C

IIS USRDQS FFFF IIPDWH PRDTH PRDTV ITIDVW HDQQ PRDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b Le cours de Bourse du groupe franco-allemand CIC -ACTIONS A...... IIS MONTUPET SA......

± ± STDVS QUPDWI HDPT SS RDTS RDSR PWDUV PDQU RDSI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIMENTS FRANCAIS ...... SU MOULINEX ......

C Aventis (santé humaine, animale et végétale) gagnait ± IHIDWH TTVDRP HDQW IHI VSDQS VS SSUDST HDRI VQDUH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CLARINS ...... IHIDSH NATEXIS BQ POP......

C C IRQDSH WRIDQH HDPV IQWDTH QQDSH QRDPH PPRDQR PDHW QIDHI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

0,61 %, à 82,4 euros, en début de séance jeudi. La socié- CLUB MEDITERRANEE .. IRQDIH NEOPOST......

± ±

QSDPV PQIDRP PDIT QSDSH IUDPS IUDPH IIPDVP HDPW ITDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

té a indiqué, avant l’ouverture du marché, qu’elle avait CNP ASSURANCES ...... QTDHT NORBERT DENTRES.# ......

± ± IHP TTWDHV HDUV WTDSH PTDIT PT IUHDSS HDTI PTDHT FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF COFACE...... IHPDVH NORD-EST......

C ± IQW WIIDUV HDUI IRQDWH RWDRS RWDSS QPSDHQ HDPH RV enregistré au premier semestre 2000 un bénéfice net COFLEXIP...... IRH NRJ GROUP ......

C C SWDIS QVV HDPS TSDQH PTDSH PUDSS IVHDUP QDWT PR

consolidé en hausse de 56,8 %, à 337 millions d’euros. COLAS ...... SW OBERTHUR CARD SYS ...

± ± Compen- RQDSH PVSDQR HDRT RQ UDTI UDTH RWDVS HDIQ UDTV

CPR ...... RQDUH OLIPAR...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

b Le titre Axa, qui a cédé sa banque d’affaires Donald- sation C International ± f IQDRQ VVDIH HDPP IQDHP SPDIS SIDSS QQVDIS IDIS RVDPU

CRED.FON.FRANCE ...... IQDRH PECHINEY ACT ORD ...... en euros en euros en francs veille

(1)

C ± RSDPH PWTDRW HDTT RUDTH TPI TQIDSH RIRPDQU IDTW THQDSH son, Lufkin and Jenrette à Crédit suisse First Boston CFF.RECYCLING ...... RSDSH PENAUILLE POLY.CB......

± ±

RRDVH PWQDVU IDIQ RU TI THDRS QWTDSQ HDWH SVDWH TTDIS FFFF FFFF FFFF TPDVS

pour 11,5 milliards de dollars, s’inscrivait en recul de CREDIT LYONNAIS...... RSDQI PERNOD-RICARD...... AMERICAN EXPRESS......

C ± ± THDSH QWTDVS IDQW SV PIIDWH PIPDTH IQWRDST HDQQ PISDPH QSDWU QSDQT PQIDWS IDUH QRDSH CS SIGNAUX(CSEE)...... TIDQS PEUGEOT...... A.T.T. #......

0,61 %, à 163,5 euros, jeudi matin. La veille, l’action, qui C ± FFFF FFFF FFFF USDPH PIHDUH PHTDTH IQSSDPI IDWS PHUDSH IUDVH IUDVP IITDVW HDII IUDVP DAMART ...... UV PINAULT-PRINT.RED..... BARRICK GOLD #......

± ±

ISQ IHHQDTI HDWU ISSDIH IIUDSH IIU UTUDRU HDRQ IITDTH IRDUS IRDUS WTDUS FFFF IRDVU avait progressé en début de séance après la confirma- DANONE...... ISRDSH PLASTIC OMN.(LY) ...... CROWN CORK ORD. #....

C C

± PHPDIH IQPSDTW HDHS IWSDSH RPS RPVDWH PVIQDRH HDWP RHVDWH QHDUS QHDWW PHQDPV HDUV QIDHS

tion de la vente, avait terminé en baisse de 4,64 % après DASSAULT-AVIATION..... PHPDPH PUBLICIS #...... DE BEERS # ......

C C WWDVH TSRDTS IDSQ VT QTDSH QTDTT PRHDRU HDRR QUDWS SPDPS FFFF FFFF FFFF SPDSH DASSAULT SYSTEMES.... WVDQH REMY COINTREAU...... x DU PONT NEMOURS # ..

C C ± TVDSH RRWDQQ HDUP TSDPH RWDVS RWDWH QPUDQP HDIH RVDWW PIDVS PPDIH IRRDWU IDIR PPDIS l’annonce du rachat des minoritaires d’Axa Financial DE DIETRICH...... TW RENAULT ...... ERICSSON # ......

C C ± UQDVH RVRDIH HDVP UPDIH VWDIH WH SWHDQT IDHI VVDUS TS TRDHS RPHDIR IDRT TRDIS

(lire page 15). DEVEAUX(LY)# ...... UQDPH REXEL...... GENERAL ELECTR. #......

C ± ± S QPDVH PDIS SDHT ITDRH ITDRI IHUDTR HDHT ISDTS VIDTS VIDRS SQRDPV HDPR USDUH DMC (DOLLFUS MI)...... SDII RHODIA ...... GENERAL MOTORS # .....

C ± ± PVDSI IVUDHI IDIR PVDSH TDTH TDTS RQDTP HDUT TDTW IQDUW IQDQI VUDQI QDRV IQDRS DYNACTION...... PVDVR ROCHETTE (LA) ...... HITACHI #......

C ± ± TVDTH RRWDWW HDVU TVDSH IIQDPH IIQ URIDPQ HDIV IHW IRRDVH IRT WSUDUH HDVQ IQTDPH EIFFAGE ...... TWDPH ROYAL CANIN...... I.B.M......

± ± IPDIH UWDQU IDPP IPDQS PPHH PPHH IRRQIDHS FFFF PPQW SU STDUH QUIDWQ HDSQ SRDRH

RE`GLEMENT MENSUEL ELIOR ...... IPDPS RUE IMPERIALE (LY...... ITO YOKADO #......

C ±

QQDVH PPIDUI HDUS QRDVH RUDTH RUDSQ QIIDUV HDIS RWDQH QI QI PHQDQS FFFF QHDRH

______ENTENIAL(EX CDE) ...... QQDSS SADE (NY) ...... MATSUSHITA......

C ± ± RTDWH QHUDTR QDSI RTDTH QQH QPPDVH PIIUDRQ PDIV PVUDQH QQDWH QQDSS PPHDHU IDHQ QRDUH ERAMET CA EX DTDI...... RSDQI SAGEM S.A...... MC DONALD’S ......

C C C

IHIDSH TTSDVH HDSW IHH ISIDVH ISIDWH WWTDRH HDHU ISTDPH UU VH SPRDUU QDWH VHDQH ERIDANIA BEGHIN...... IHHDWH SAINT-GOBAIN...... MERK AND CO ......

Ã

„

ti hs QI ey Cours releve´sa` 9h57

C ± QIHDSH PHQTDUS HDRV QPS TTDQS TTDRH RQSDST HDHV TV VDRH VDRH SSDIH FFFF VDPS ESSILOR INTL ...... QIP SALVEPAR (NY) ...... MITSUBISHI CORP.# ......

± ±

USDVH RWUDPP IDRQ UT SUDIS SU QUQDWH HDPT ST IUQDWH FFFF FFFF FFFF ITSDTH ESSO...... UTDWH SANOFI SYNTHELABO ... MORGAN J.P.# ...... viquid—tion X PP septem˜re

C C C SQDRS QSHDTI HDPV SP VIDIS VIDRH SQQDWS HDQI VIDSH IRDSH ISDUH IHPDWW VDPV ISDVU EULER ...... SQDQH SCHNEIDER ELECTRI..... NIPP. MEATPACKER#.....

C ± ± SWHDSH QVUQDRQ IDWW SWS RVDUT RVDSP QIVDPU HDRW RTDSH QRDHS QQDWH PPPDQU HDRR QSDIH EURAFRANCE...... SUW SCOR...... PHILIP MORRIS#......

C HDTQ RDIQ FFFF HDTP TIDUH TIDUH RHRDUQ FFFF SVDQH TWDPS TWDVH RSUDVT HDUW UI EURO DISNEY...... HDTQ S.E.B...... PROCTER GAMBLE ......

C C Compen- ± IDHQ TDUT HDWV IDHI RTDRH RTDQH QHQDUI HDPP RSDTH IQDHS IQDIW VTDSP IDHU IPDSI

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EUROTUNNEL...... IDHP SEITA...... SEGA ENTERPRISES ......

sation C France C f ± RHDPH PTQDTW HDSH RIDQH ISDRH ISDQT IHHDUS HDPT ISDHU WSDHS WSDQS TPSDRS HDQP WTDWH

en euros en euros en francs veille FAURECIA ...... RH SELECTIBAIL(EXSEL...... SCHLUMBERGER# ......

(1)

C C ± QPDIH PIHDST HDQI QPDQS UUDSH UUDHS SHSDRI HDSV UUDTS IPIDTH IPQDIH VHUDRV IDPQ IIHDUH FIMALAC SA CA ...... QP SIDEL...... SONY CORP.#RGA ......

C ± IRHDSH WPIDTP FFFF IRHDSH UVDSH UU SHSDHW IDWI UWDVH ISUDPH ISV IHQTDRI HDSI ISTDSH IQDTI FFFF FFFF FFFF IQDWI BNPPARIBAS(TP)84...... IRHDSH FIVES-LILLE...... SILIC CA ...... SUMITOMO BANK #......

± ± ± IRUDIH WTRDWI HDWR IRUDUH IHUDVH IHUDSH UHSDIS HDPV IHUDVH USDWH USDIS RWPDWS HDWW USDQH ITSDSH FFFF FFFF FFFF ITU CR.LYONNAIS(TP) L ...... IRVDSH FONC.LYON.# ...... SIMCO...... T.D.K.#......

C ± ± QQP PIUUDUV HDWH QQHDIH IPW IPUDRH VQSDTW IDPR IPRDSH ISDSH ISDVH IHQDTR IDWR ISDWS RENAULT (T.P.)...... QQS FRANCE TELECOM...... SKIS ROSSIGNOL......

C C FFFF FFFF FFFF ISVDIH SQPDSH SRH QSRPDIU IDRI SSH TUDWH TVDSH RRWDQQ HDVV TUDSH SAINT GOBAIN(T.P...... ISW FROMAGERIES BEL...... SOCIETE GENERALE......

C

± ± ISTDWH IHPWDPH IDIH ISWDSH PPS PPQDVH IRTVDHQ HDSQ PQH IUTDUH IUTDRH IISUDII HDIU IUWDVH

THOMSON S.A (T.P) ...... ISSDPH GALERIES LAFAYETT ...... SODEXHO ALLIANCE...... ABRE´VIATIONS

C C C RUDWH QIRDPH HDUT RV TQDUH TRDQH RPIDUV HDWR THDUH VIDPH VIDQH SQQDPW HDIP VIDIS

ACCOR ...... RUDSR GAUMONT #...... SOGEPARC (FIN) ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

± ± ± SUDRH QUTDSP IDVH SUDHS IHTDWH IHSDSH TWPDHQ IDQI IHRDWH RQDIH RPDTH PUWDRR IDIT RSDSH AGF ...... SVDRS GECINA...... SOMMER ALLIBERT ......

C

± ± PHDSS IQRDVH HDWT PHDVS VQDVS VQDVH SRWDTW HDHT VQDSS PVDUV PVDVH IVVDWP HDHU PVDPH AIR FRANCE GPE NO ..... PHDUS GEOPHYSIQUE ...... SOPHIA ...... SYMBOLES

C C C IRP WQIDRT HDRP IQVDUH RP RPDSS PUWDII IDQI QUDWU WHDUH WIDUS THIDVR IDIT UVDSH

AIR LIQUIDE ...... IRIDRH GFI INFORMATIQUE...... SOPRA # ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C WPDTS THUDUR IDWQ VIDTH PTDHS PTDSS IURDIT IDWP QHDVR WH WH SWHDQT FFFF VP

ALCATEL ...... WHDWH GRANDVISION ...... SPIR COMMUNIC. # ...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

± ± ± PRDRW ITHDTR HDPR PRDPH IQRDSH IQIDWH VTSDPI IDWQ IQT RQDUH RQDRH PVRDTW HDTW RH

ALSTOM...... PRDSS GROUPE ANDRE S.A...... SR TELEPERFORMANC .. d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

± ± ±

PSVDTH ITWTDQH HDHV PQW USDPH USDIS RWPDWS HDHU UUDSH IRDQT IR WIDVQ PDSI IPDIH

ALTRAN TECHNO. #...... PSVDVH GROUPE GASCOGNE ..... STUDIOCANAL (M)...... `

C C ± DERNIERE COLONNE RM (1) : IIU UTUDRU HDHW IIR SSDQS ST QTUDQR IDIU ST IURDVH ITTDWH IHWRDUW RDSP IUQ ATOS CA...... IITDWH GR.ZANNIER (LY) #...... SUEZ LYON.DES EAU .....

C C ± VQDIH SRSDIH IDRU VIDTS IPVDVH IPVDPH VRHDWR HDRU IQRDPH UV VH SPRDUU PDST UQDSH AVENTIS...... VIDWH GROUPE GTM ...... TF1 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C ± ITPDSH IHTSDWQ IDPP IUIDIH TTDVS TTDWH RQVDVR HDHU TSDIS IRRDPH IRT WSUDUH IDPS IRHDVH AXA...... ITRDSH GROUPE PARTOUCHE ... TECHNIP...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C ± IIU UTUDRU IDST IISDSH WTDSH WTDQH TQIDTW HDPI WPDRH RT RTDRW QHRDWS IDHU RVDTV BAIL INVESTIS...... IISDPH GUYENNE GASCOGNE... THOMSON-CSF...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± UIDWH RUIDTQ HDIR UQDSH PRDRH PRDRT ITHDRS HDPS PQDRH TUDRS TVDSH RRWDQQ IDST UR AZEO(EXG.ET EAUX)...... UP HAVAS ADVERTISING..... THOMSON MULTIMEDI

C ± ± ± ± IIDIS PDVT SVDVH QVSDUH P SH QPUDWV IDWT ITRDIH IHUTDRQ PDQP IPPDSH VHQDSS HDRI CHEMUNEX # ...... IDUH GUILLEMOT # ...... OLITEC...... ALTEN (SVN)...... GENERALE LOC....

C C C ± IPIDQS FFFF HDRT QDHP V IIDIH UPDVI HDWI IWWDSH IQHVDTQ HDHS TR RIWDVI HDTQ CMT MEDICAL...... IVDSH GUYANOR ACTI ... OPTIMA DIREC..... APRIL S.A.#( ...... GEODIS......

C C C C ± QRTDTU HDHW WS TPQDIT IDHR UDUS SHDVR HDTS SPDRS QRRDHS QDSS PRDTH ITIDQU HDHR NOUVEAU COALA #...... SPDVS HF COMPANY ...... OPTIMS # ...... ARES GRPE (S ...... GFI INDUSTRI......

± ± ± ± RHTDTW SDVS IPVDVH VRRDVU HDIT IDRW WDUU TDVV IHH TSSDWT FFFF TV RRTDHS PDVT COHERIS ATIX ...... TP HIGH CO.# ...... OXIS INTL RG...... ARKOPHARMA # .. GO SPORT......

± ± ±

IUHDSS QDUH IUI IIPIDTW IDUP WQDQH TIPDHI QDVI IQV WHSDPP FFFF TPHH RHTTWDQQ FFFF

´ COIL ...... PT HIGHWAVE OPT... PERFECT TECH..... ASSUR.BQ.POP.....d GRAND MARNIE ..d ± ± QPUDWV FFFF QSDWS PQSDVP QDIH IHDVH UHDVR FFFF UTDHS RWVDVT HDRT SSDTH QTRDUI FFFF

MARCHE CONSODATA #...... SH HIMALAYA ...... PHONE SYS.NE..... ASSYSTEM #...... GROUPE BOURB ..d

C C C ± ± IQIDIW SDPT II UPDIT TDUV IIWDQH UVPDST IDUI QHDSH PHHDHU HDQQ ISH WVQDWR HDTU CONSORS FRAN ... PH HI MEDIA...... PICOGIGA...... AUBAY ...... GROUPE CRIT ......

C C ± ± PTTDWU TDRR ISRDVH IHISDRP PDSP TUDWH RRSDQW RDQU IHQ TUSDTR IDWV IPW VRTDIV FFFF

CROSS SYSTEM .... RHDUH HOLOGRAM IND . PROSODIE # ...... BENETEAU CA#.... GROUPE J.C.D ...... Ã

wi‚g‚ihs QH ey „

C ± ± ± IUTDIP HDST PPDUH IRVDWH VDVR QWDWH PTIDUQ FFFF TQ RIQDPS IDST ISQ IHHQDTI HDSQ CRYO # ...... PTDVS IB GROUP.COM ... PROSODIE BS...... d BOIRON (LY)#...... HERMES INTL ......

C C

± ± ± QTDHV QDIU TDSH RPDTR HDIS IUDHS IIIDVR QDQQ SPDRS QRRDHS RDTW PHDTH IQSDIQ IDIS

Cours releve´sa` 18 h 07 CYBERDECK #...... SDSH IDP...... PROLOGUE SOF ... BOIZEL CHANO ... HYPARLO #(LY......

C ± PWVDRT QDIW IDHU UDHP FFFF IDWR IPDUQ PDII IWDSH IPUDWI FFFF QW PSSDVP FFFF CYBER PRES.P ...... RSDSH IDP BON 98 ( ...... d PROXIDIS ...... BONDUELLE ...... I.C.C.#...... d

C C ± RUDRW HDST IWDWH IQHDSR UDVT SDSH QTDHV FFFF WV TRPDVR FFFF WDPH THDQS HDSR CYBERSEARCH...... UDPR IGE + XAO ...... QUANTEL ...... BQUE TARNEAU...d IMS(INT.META .....

Cours Cours % Var. C C C ± ± RRDHI SDQT TSDQH RPVDQR HDSQ QDVH PRDWQ UDHR IRDVU WUDSR IDSU THDPH QWRDVW HDSH

CYRANO #...... TDUI ILOG #...... QUANTUM APPL .. BRICE...... INTER PARFUM....

Valeurs f en euros en francs veille

C C ± IPQDWI IDIH RDSS PWDVS SDSU PPDHS IRRDTR HDPQ RPDPH PUTDVI FFFF TPDSH RHWDWU FFFF DALET #...... IVDVW IMECOM GROUP . R2I SANTE...... BRICORAMA #...... IPO (NS) # ...... d

C C ± ± ± ± IIIDSI PDIQ PV IVQDTU RDVQ ISDUS IHQDQI IDST SH QPUDWV QDSU WV TRPDVR IDSI TRDRH RPPDRR HDTQ ABEL GUILLEM..... IU DATATRONIC ...... INFOSOURCES..... RECIF #...... BRIOCHE PASQ.... JET MULTIMED....

C ± ± ± ± SIDIT FFFF QDWH PSDSV WDQH TS RPTDQU SDVH RS PWSDIV PDHU IUDWS IIUDUR IDTR WUDVH TRIDSQ HDUP AB SOFT...... UDVH DESK #...... INFOSOURCE B.... REPONSE #...... BUFFALO GRIL .... L.D.C......

C ± ± ± QHHDRQ QDWV HDQQ PDIT IQDIT VVDHS SUUDSU TDPQ IHDIQ TTDRS HDQH VQDIS SRSDRQ FFFF QI PHQDQS FFFF ACCESS COMME .. RSDVH DESK BS 98...... INFOTEL # ...... REGINA RUBEN.... C.A. OISE CC ...... d LAURENT-PERR....

C C ± ± ± IRRDQI HDHS IPI UWQDUI RDVH QW PSSDVP T PWDWH IWTDIQ IDQT PIQDSH IRHHDRU FFFF ITDQS IHUDPS PDIW ADL PARTNER...... PP DEVOTEAM #...... INFO VISTA...... RIBER # ...... C.A. PARIS I...... LECTRA SYST......

C C C C IUUDUT RDUS IIDHS UPDRV RDPS IVDSH IPIDQS RDSP VT STRDIP FFFF TWDRH RSSDPQ FFFF IPDQS VIDHI IDWH ALGORIEL #...... PUDIH DMS #...... INTEGRA NET...... RIGIFLEX INT ...... C.A. SOMME C ..... LOUIS DREYFU.....

C ± ± UPDIT FFFF IRRDWH WSHDRV QDRH FFFF FFFF FFFF IRDIH WPDRW HDUI IPR VIQDQW FFFF SUDPS QUSDSR IDQV ALPHAMEDIA...... II D INTERACTIV...... INTEGRA ACT...... SAVEURS DE F...... C.A.DU NORD# .... LVL MEDICAL......

C C C ± ± RIDWP TDSH RQ PVPDHT HDRT RTDUI QHTDRH PDQV QH IWTDUW FFFF ITT IHVVDVW IDPP TWDPH RSQDWP IDHP ALPHA MOS #...... TDQW DIOSOS #...... INTERCALL #...... GUILLEMOT BS .... C.A.PAS CAL...... M6-METR.TV A.....

C C ± ± IQHSDQS FFFF RDQQ PVDRH RDQR ISP WWUDHS IDQT IIDPI UQDSQ PDQS WI SWTDWP FFFF IHRDQH TVRDIT HDPW ALTAMIR & CI...... IWW DURAND ALLIZ .... IPSOS # ...... SELF TRADE #...... C.A.TOULOUSE.....d MANITOU #......

C C C ± IHQDTR IDWR VPDSH SRIDIT HDTI IQ VSDPU FFFF US RWIDWU IDHT QW PSSDVP FFFF TW RSPDTI RDSS ALTAMIR BS 9 ...... ISDVH DURAN DUBOI..... IPSOS BS00 ...... d SILICOMP # ...... CDA-CIE DES ...... MANUTAN INTE...

C C ± ± ± SVDTR HDTU RDSH PWDSP IH QI PHQDQS IHDQP QSDVH PQRDVQ HDST TT RQPDWQ FFFF IHRDTH TVTDIQ IDQP ALDETA...... VDWR DURAN BS 00 ...... IT LINK ...... SITICOM GROU.... CEGEDIM #...... d MARIONNAUD P..

C C C PPWDIW SDVV IV IIVDHU SDVV QDSH PPDWT FFFF IHUDWH UHUDUV FFFF PPDWH ISHDPI RDVS ALTI #...... QRDWR EFFIK # ...... JOLIEZ-REGOL .....d CIE FIN.ST-H ...... d PCAS #......

± ± ISHSDRP FFFF QRR PPSTDRW HDPW HDIU IDIP FFFF SUDUH QUVDRW IDSR RWDSS QPSDHQ FFFF A NOVO #...... PPWDSH EGIDE # ...... JOLIEZ-REGOL .....d CNIM CA#...... PETIT FOREST......

C

± ± ± ISIDSQ QDTQ IPDQH VHDTV SDQV PPDUW IRWDRW VDSP SQDSH QSHDWR FFFF SS QTHDUV PDUR

ARTPRICE COM.... PQDIH EMME(JCE 1/1...... KALISTO ENTE ..... SECOND COFITEM-COFI ....d PIERRE VACAN.....

C

± ± ± IRDIU HDWP RU QHVDQH IDUV IHDRV TVDUR TDHI WV TRPDVR FFFF PTDVU IUTDPT HDTR

ASTRA ...... PDIT ESI GROUP ...... KEYRUS PROGI .... ______COURIR ...... d PINGUELY HAU....

C C ± ± TI SDTV PSDRH ITTDTI PDPU TDSH RPDTR VDSI PTDVH IUSDVH HDUH STDPH QTVDTS FFFF AUFEMININ.CO.... WDQH ESKER...... KAZIBAO ...... DANE-ELEC ME.... POCHET ...... d

C C C ± IQQDIT IDSS IVDPR IIWDTS IDQQ RDVH QIDRW SDPT RP PUSDSH FFFF ITTDIH IHVWDSR HDHT

AUTOMA TECH .... PHDQH EUROFINS SCI...... LACIE GROUP ...... MARCHE´ DECAN GROUPE..d RADIALL #...... C C ± ± IHIDHP SDRV WDSH TPDQP HDSQ IV IIVDHU PDWT STDVS QUPDWI IDTR TQ RIQDPS FFFF AVENIR TELEC...... ISDRH EURO.CARGO S..... LEXIBOOK # ...... ENTRELEC CB...... RALLYE (LY)......

C ± ± ± ± QVDHS HDTW QTDPH PQUDRT RDTI PPDRS IRUDPT PDQW IUDSS IISDIP PDSH PPTDTH IRVTDRH IDPT

AVENIR TELEC...... SDVH EUROPSTAT #...... LINADATA SER..... ETAM DEVELOP ... RODRIGUEZ GR ...

C C ± ± ± à WTDRQ HDTV IVDRS IPIDHP PDVW VDWR SVDTR QDWS WQDIH TIHDUH HDII PQDWH ISTDUU HDRP BAC MAJESTIC ..... IRDUH FIMATEX #...... MEDCOST # ...... EUROPEENNE C... RUBIS CA# EX...... ti hs QI ey „

C C ± ± ± VIDQR RDSR TRDWS RPTDHR PDTP RSDSH PWVDRT HDVR QUDUV PRUDVP IDPW RHDSH PTSDTT IDPP

BARBARA BUI...... IPDRH FI SYSTEM # ...... MEDIDEP # ...... EXEL INDUSTR .... SABATE SA #......

ne se le™tionF

C C C C ´ ` PPTDQI IDRU PHDVV IQTDWT WDWS UUDSH SHVDQU IDUI WT TPWDUP TDIW UT RWVDSQ FFFF BCI NAVIGATI ...... QRDSH FI SYSTEM BS...... METROLOGIC G... Cours relevesa9h57 EXPAND S.A...... SECHE ENVIRO.....

C C ± QURDSS IDUP WDSV TPDVR HDUR TDSH RPDTR HDUV IIU UTUDRU FFFF IUDIS IIPDSH FFFF BELVEDERE...... SUDIH FLOREANE MED ... MONDIAL PECH .. EXPLOIT.PARC .....d SIACI ...... d

Cours Cours % Var. C ± ± ± USDSU QDPU VDTH STDRI UDTQ PTDHS IUHDVV PDWV IWH IPRTDQP FFFF SIDIH QQSDIW RDRW

BOURSE DIREC .... IIDSP GAMELOFT COM.. MULTIMANIA #.... FACTOR...... d SII......

Valeurs f en euros en francs veille

C ± ± ± RHHDIQ IDQU PRDSH ITHDUI ITDII IIDPT UQDVT PDHW IPDIH UWDQU IDTQ PQDWS ISUDIH FFFF BRIME TECHNO... TI GAUDRIOT #...... NATUREX...... FINACOR ...... SINOP.ASSET...... d

C C C C TSDWP RDVH QWDSH PSWDIH HDSI QIDSH PHTDTQ S QP PHWDWI PDPR IIP UQRDTU FFFF QPDRS PIPDVT FFFF BUSINESS INT...... IHDHS GENERIX #...... NET2S # ...... AB GROUPE...... FINATIS(EX.L...... d SIPAREX CROI ......

C C ± ± RHTDTW UDHV SRDPH QSSDSQ RDHU SI QQRDSR IDSR VDTH STDRI UDPQ QVDSH PSPDSR FFFF IVVDSH IPQTDRV FFFF BVRP ACT.DIV ...... TP GENESYS #...... NETGEM...... ACTIELEC REG...... FININFO ...... SOLERI ...... d

C ± ± ± ± ± THDQS QDIT VDPH SQDUW HDIP PPDIH IRRDWU RDSR HDWR TDIU RDRR PUDVS IVPDTV QDPH VW SVQDVH HDQR CAC SYSTEMES .... WDPH GENESYS BS00...... NETVALUE #...... ACTIELEC TEC ...... FLEURY MICHO ... SOLVING # ......

C ± ± ± QPSDQS HDVH WQDSH TIQDQP VDSW VDWP SVDSI HDTU WPDVH THVDUQ FFFF QWDUS PTHDUR PDTW RSDWH QHIDHV FFFF CAST ...... RWDTH GENSET...... NEURONES # ...... ALGECO #...... FLO (GROUPE)..... STEF-TFE #......

C C C ± ± TQTDTI PDHU STDSH QUHDTP HDRR TS RPTDQU UDTP PV IVQDTU FFFF TS RPTDQU PDWW ITI IHSTDHW PDRV CEREP ...... WUDHS GL TRADE #...... NICOX # ...... ALTEDIA...... FOCAL (GROUP.... STERIA GROUP.....

´ ´ IIPIDRW QHGHV SUUDQT QUVUDPQ PWGHV IHHDSH TSWDPR QHGHV ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... IUHDWU EUROCIC LEADERS...... INTERSELECTION FR. D......

´ IUQWDSQ QHGHV PTSDIW ´ ´ IPVIDUR QHGHV ´ IWSDRH SQSDHT PWGHV

ECUR. TRIMESTRIEL D...... EUROPE REGIONS...... VIDSU LEGAL & GENERAL BANK SELECT DEFENSIF C......

´ IVHDHT QHGHV PUDRS ´ QIRDST PHTQDQV QHGHV PQSDSS PWGHV SICAV et FCP EPARCOURT-SICAV D...... FRANCIC PIERRE...... QSDWI SELECT DYNAMIQUE C ......

´ IQWHPDSS QHGHV

PIIWDRQ ´ ´ IWRDUU IPUUDTI QHGHV

WPWPDRV PWGHV

GEOPTIM C ...... MENSUELCIC...... IRITDTQ ´ SELECT EQUILIBRE 2......

IVQQDVT PWGHV

STRATEGIE IND. EUROPE .... PUWDSU

RPQPDPQ QHGHV TRSDPH ´ IQPSDTW QHGHV HORIZON C...... PHPDIH RSUVDTS PWGHV

OBLICIC MONDIAL...... TWVDHI SELECT PEA DYNAMIQUE ....

´ ´ Fonds communs de placements WRDRT QHGHV

IRDRH ´ PUTDTQ IVIRDSU QHGHV  le™tionF

ne se PREVOYANCE ECUR. D...... ´ SELECT PEA 1...... IIIVDUQ PVGHV

Cours de cloˆ ture le 30 aouˆ t OBLICIC REGIONS...... IUHDSS

´ STUSVDHT PWGHV

STRATEGIE CAC ...... VTSPDUI

QWRSDVR QHGHV

SG FRANCE OPPORT. C...... THIDSR ISUDIU PWGHV

Fonds communs de placements RENTACIC...... PQDWT ´ VIITTDVI PWGHV

STRATEGIE INDICE USA...... IPQUQDVH

QTWRDTI QHGHV

´ SG FRANCE OPPORT. D ...... STQDPR SSQQDUP PWGHV ´ ´ VRQDTI PSTDVI QHGHV

´ Valeurs unitaires e Date ECUREUIL EQUILIBRE C...... QWDIS UNION AMERIQUE ......

RQUUDSQ QHGHV

Emetteurs f ´ SOGENFRANCE C...... TTUDQS

PITDHU QHGHV

Euros francsee cours ECUREUIL PRUDENCE C ...... QPDWR www.lapostefinance.fr

QWRRDVT QHGHV

´ ´ SOGENFRANCE D...... THIDQW QPTDUQ QHGHV

ECUREUIL VITALITE C ...... RWDVI Sicav Info Poste :

TUTDVP QHGHV AGIPI 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) SOGEOBLIG C...... IHQDIV

´ PWRDQW QHGHV

´ SOGEPARGNE D...... RRDVV PIRDUW IRHVDWQ QHGHV

PHPDVW QHGHV

AGIPI AMBITION (AXA) ...... QHDWQ EURCO SOLIDARITE ......

TTWDHV QHGHV

CRE´DIT AGRICOLE ADDILYS C ...... IHP

PHSTDTP QHGHV

SOGEPEA EUROPE...... QIQDSQ

WQWDUS TITRDQT QHGHV

PPSDUV QHGHV

AGIPI ACTIONS (AXA)...... QRDRP LION 20000 C/3 11/06/99 ...... ´ PQUDSP QHGHV

AMPLITUDE AMERIQUE C ... QTDPI

UHHDIU QHGHV

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) SOGINTER C...... IHTDUR

SRWWDVI QHGHV

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQVDRR ´

PQPDWQ QHGHV

AMPLITUDE AMERIQUE D... QSDSI

RQUPDHV QHGHV

ATOUT CROISSANCE...... TTTDSP ISPPDHP QHGHV

3615 BNP SICAV 5000 ...... PQPDHQ Fonds communs de placements

QHUDQV QHGHV

AMPLITUDE EUROPE C...... RTDVT

PPVHDVQ QHGHV

ATOUT FONCIER...... QRUDUI ´ PQDPQ ISPDQV PWGHV PUQQDQI QHGHV

RITDTW DECLIC ACTIONS EURO......

PWVDQQ QHGHV

SLIVAFRANCE ...... AMPLITUDE EUROPE D ...... RSDRV

UHWDSS QHGHV

´ IHVDIU

ISSTSDHI QHGHV

PQUPDVU ATOUT FRANCE ASIE D...... ´ RUUDVH PWGHV

BNP MONE COURT TERME . UPDVR PSSDSH QHGHV QVDWS DECLIC ACTIONS FRANC .....

PIWHDUU QHGHV

SLIVARENTE ...... AMPLITUDE MONDE C...... QQQDWV

IURRDPT QHGHV

´ PTSDWI VSTIUDSR QHGHV

IQHSPDQI ATOUT FRANCE EUROPE ..... ´ QVIDQI PWGHV

BNP MONE PLACEMENT C.. DECLIC ACTIONS INTER...... SVDIQ PIUDHQ IRPQDTP QHGHV

IWVPDUT QHGHV

SLIVINTER ...... AMPLITUDE MONDE D ...... QHPDPU

RQTDTH QHGHV

´ TTDST

UTUQVDUH QHGHV

IITWVDUR ATOUT FRANCE MONDE...... ´ RQQDVS PWGHV

BNP MONE PLACEMENT D.. DECLIC BOURSE PEA ...... TTDIR

PUDHS IUUDRR QHGHV RVTPDPV QHGHV

TRILION...... URIDPS AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

IVUSDSI QHGHV ´ ´ PVSDWP WUITWWDRI QHGHV

IRVIQRDTP ATOUT FUTUR C ...... ´ ´ IPTDTU PWGHV

BNP MONE TRESORERIE ..... DECLIC BOURSE EQUILIBRE IWDQI

IUPDIW QHGHV

AMPLITUDE PACIFIQUE D... PTDPS

IUQTDVR QHGHV

PTRDUV Fonds communs de placements IHTPDRS QHGHV

ITIDWU ATOUT FUTUR D...... ´ IIIDQV PWGHV

BNP OBLIG. CT ...... ´ DECLIC OBLIG. EUROPE...... ITDWV RHHDIQ QHGHV

ELANCIEL FRANCE D PEA.... TI

ISWTDRU QHGHV

´ PRQDQV IRRDVP WRWDWT QHGHV

PIUDWU QHGHV

BNP OBLIG. LT...... QQDPQ ATOUT SELECTION ...... ACTILION DYNAMIQUE C * . ´ PIVDWT PWGHV

´ QQDQV WQSDWW QHGHV

ELANCIEL EURO D PEA...... IRPDTW DECLIC PEA EUROPE ......

QPIDTI PIHWDTP QHGHV PQRDSP ISQVDQS QHGHV

WQSDSQ QHGHV

BNP OBLIG. MT C...... IRPDTP COEXIS ...... ACTILION DYNAMIQUE D *. ´ SUIDPI PWGHV

´ VUDHV QIPDST QHGHV RUDTS DECLIC SOGENFR. TEMPO ..

` EMERGENCE E.POST.D PEA. SHSDIT QQIQDTQ QHGHV

IHIDIS TTQDSH QHGHV VUSDHS QHGHV

BNP OBLIG. MT D...... IQQDRH DIEZE ...... ACTILION PEA DYNAMIQUE RVTPDQS PWGHV

´ URIDPT UPHDII QHGHV

GEOBILYS C ...... IHWDUV SOGINDEX FRANCE C ......

UPWDUP RUVTDTS QHGHV

IIPIDRW QHGHV IUHDWU ´ IQSTDHT QHGHV

BNP OBLIG. SPREADS...... EURODYN...... ACTILION EQUILIBRE C * .... PHTDUQ FFFF FFFF

´ FFFF

TTPDQW QHGHV

GEOBILYS D...... IHHDWV ......

IHRUDRQ PWGHV

´ ISWDTV IPHVTDUW QHGHV

IVRPDTP ´ IPWTDPR QHGHV

BNP OBLIG. TRESOR...... INDICIA EUROLAND...... IWUDTI

FFFF FFFF ACTILION EQUILIBRE D *.... FFFF

IPVDII QHGHV

INTENSYS C...... IWDSQ ......

QUURDPS PWGHV

INDICIA FRANCE...... SUSDQV

IVHDIR IIVIDTR QHGHV FFFF FFFF ACTILION PRUDENCE C *.... FFFF

IIIDPS QHGHV

Fonds communs de placements ITDWT ......

´ INTENSYS D...... RISDHW QHGHV

INDOCAM AMERIQUE...... TQDPV

IUIDVU IIPUDQW QHGHV

FFFF FFFF

ACTILION PRUDENCE D * ... FFFF IUUIDIS QHGHV ´ PUHDHI IIRPTDWH QHGHV

BNP MONE ASSOCIATIONS . IURPDHP KALEIS DYNAMISME C......

IVVDPT QHGHV

INDOCAM ASIE ...... PVDUH

PITDII IRIUDSW QHGHV

FFFF FFFF FFFF

IUQSDSQ QHGHV

INTERLION...... KALEIS DYNAMISME D ...... PTRDSV ......

IHWQDIS QHGHV

INDOCAM MULTI OBLIG...... ITTDTS

IPUDHP VQQDPH QHGHV FFFF FFFF FFFF

TSWDQH QHGHV

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT LION ACTION EURO...... KALEIS DYNAMISME FR C ... IHHDSI ......

QHTDTT QHGHV

INDOCAM ORIENT C...... RTDUS

FFFF FFFF FFFF

VSRDWI QHGHV IQHDQQ ´ IRPIDPT QHGHV

LION PEA EURO...... KALEIS EQUILIBRE C...... PITDTU ......

PUQDIR QHGHV

INDOCAM ORIENT D ...... RIDTR

QSWDHV PQSSDRI QHGHV FFFF FFFF

´ FFFF IQVTDQU QHGHV

BP OBLI CONVERTIBLES...... KALEIS EQUILIBRE D ...... PIIDQS ......

ISRWDQU QHGHV

INDOCAM JAPON...... PQTDPH

IIQDUT URTDPP PWGHV FFFF FFFF

´ ´ ´ FFFF IPTQDII QHGHV BP OBLI HAUT REND...... KALEIS SERENITE C ...... IWPDST ......

PHWVDPI QHGHV

´ ´ INDOCAM STR. 5-7 C ...... QIWDVU IPQDQR VHWDHT PWGHV

FFFF FFFF ´ ´ ´ FFFF IPPWDPT QHGHV BP MEDITERRANEEDEV...... KALEIS SERENITE D...... IVUDRH ......

IQVH QHGHV

´ INDOCAM STR. 5-7 D...... PIHDQV QQRDHR PIWIDIT PWGHV

FFFF FFFF FFFF PHRDWP QHGHV IHHDUS TTHDVV QHGHV

BP NOUVELLE ECONOMIE... CM EURO PEA ...... QIDPR KALEIS TONUS C......

THUDPP QHGHV

OBLIFUTUR C...... WPDSU

RVDUQ QIWDTS QHGHV

FFFF FFFF FFFF PRDSP ITHDVR QHGHV TVDHP QHGHV

BP OBLIG. EUROPE...... CM EUROPE TECHNOL...... IHDQU LATITUDE C......

SPPDTU QHGHV

´ ´ OBLIFUTUR D ...... UWDTV WUTVUDTI TRHUVVDUP QHGHV

FFFF FFFF FFFF IQUDSS QHGHV BP SECURITE ...... PHDWU

QQRDTU QHGHV

CM FRANCE ACTIONS...... SIDHP LATITUDE D......

IIHHDWT QHGHV

REVENU-VERT ...... ITUDVR

PQPDPW ISPQDUP QHGHV

TVQDUH QHGHV FFFF FFFF FFFF

EUROACTION MIDCAP ...... IHRDPQ

PWTDIT QHGHV

CM MID. ACT. FRANCE...... RSDIS OBLITYS D ......

SIUDVV QHGHV

UNIVERS ACTIONS...... UVDWS

WSSDUQ QHGHV

IRSDUH ´ SRDRT QSUDPQ QHGHV FFFF FFFF

FRUCTI EURO 50...... PLENITUDE D PEA...... FFFF PWVPDQI QHGHV

CM MONDE ACTIONS ...... RSRDTS

PTHDRV QHGHV

UNIVERS-OBLIGATIONS...... QWDUI

IIVDTH UUUDWU QHGHV

ITQITDTH QHGHV FRUCTIFRANCE C ...... PRVUDRS FFFF FFFF

POSTE GESTION C...... FFFF TTSDHU QHGHV

CM OBLIG. LONG TERME.... IHIDQW

STPDUU QTWIDSQ QHGHV

IRWSPDRU QHGHV FRUCTIFONDS FRANCE NM PPUWDRW FFFF FFFF

Fonds communs de placements POSTE GESTION D...... FFFF PTIDVT QHGHV

CM OPTION DYNAM...... QWDWP

PSSSDRI PWGHV QVWDSU ` TUTSDTT RRQUWDVP QHGHV

FFFF FFFF

INDOCAM VAL. RESTR...... ´ POSTE PREMIERE SI ...... FFFF

QTSDWT QHGHV

www.cdc-assetmanagement.com CM OPTION EQUIL...... SSDUW

RHQDTI PVGHV

TIDSQ ` QWWIQDPV PTIVIQDWS QHGHV FFFF FFFF

MASTER ACTIONS...... POSTE PREMIERE 1 AN...... FFFF

IHIIDUS QHGHV

CM OBLIG. COURT TERME.. ISRDPR

IWRDWS PVGHV

PWDUP ` VRTHDSI SSRWUDQI QHGHV

FFFF FFFF

MASTER OBLIGATIONS...... POSTE PREMIERE 2-3...... FFFF

PHRTDWV QHGHV

CM OBLIG. MOYEN TERME. QIPDHT

PQDUP ISSDSW PWGHV

UTSDVH SHPQDQP QHGHV

FFFF FFFF

OPTALIS DYNAMIQ. C...... REVENUS TRIMESTR. D ...... FFFF

IHSHDUV QHGHV

CM OBLIG. QUATRE ...... ITHDIW

PSSDTS ITUTDWS PWGHV

IRWDPQ PWGHV LIVRET B. INV.D PEA...... PPDUS ´ IUQDUU IIQWDVT QHGHV FFFF FFFF OPTALIS DYNAMIQ. D...... THESORA C...... FFFF

´ IQVDTH PWGHV PIDIQ ´ WTSDPR QHGHV Fonds communs de placements IRUDIS FFFF FFFF OPTALIS EQUILIB. C...... THESORA D...... FFFF

MULTI-PROMOTEURS ´ IPWDTV PWGHV IWDUU ´ ´ IPQDPS QHGHV RRWSSDUR PWRVWHDQP QHGHV OPTALIS EQUILIB. D...... IVDUW FFFF FFFF

CM OPTION MODERATION. TRESORYS C...... FFFF

´ QIWWDWT PVGHV

NORD SUD DEVELOP. C...... RVUDVQ PHDVV IQTDWT PWGHV PQQQDQH QHGHV OPTALIS EXPANSION C ...... QSSDUI FFFF FFFF

SOLSTICE D ...... FFFF

´ PTHHDPV PWGHV

NORD SUD DEVELOP. D ...... QWTDRI IQSDWV PWGHV OPTALIS EXPANSION D...... PHDUQ FFFF FFFF ...... FFFF

´ ´ ´ Fonds communs de placements IIUDQS PWGHV

OPTALIS SERENITE C ...... IUDVW

FFFF FFFF

Sicav en ligne : ...... FFFF

SSQDWT QHGHV

´ ´ ´ POSTE EUROPE C...... VRDRS

IHTDHU PWGHV

ITDIU ´ IIWVDVQ QHGHV

OPTALIS SERENITE D...... AMERIQUE 2000...... IVPDUT FFFF FFFF

08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ...... FFFF

SQIDSW QHGHV

POSTE EUROPE D ...... VIDHR

USDTH RWSDWH PWGHV

TVTDTT QHGHV PACTE SOL. LOGEM...... IHRDTV

FFFF FFFF

ASIE 2000 ...... ` ...... FFFF IIVUDSR QHGHV

´ IVIDHR RQIDPQ QHGHV

ECUR. 1,2,3... FUTUR ...... TSDUR POSTE PREMIERE 8 ANS C...

VHDTH SPVDUH PWGHV

IWRVDQP QHGHV PACTE SOL.TIERS MONDE ... PWUDHP

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NOUVELLE EUROPE...... ` ...... FFFF IIIQDRP QHGHV

´ ITWDUR

THSDQP QHGHV

ECUR. ACT. FUT.D PEA ...... WPDPV POSTE PREMIERE 8 ANS D ..

IPHSDSP HIGHW

UNIVAR C ...... IVQDUV ´ QQPWDHS PIVQUDIR PWGHV

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´ SAINT-HONORE CAPITAL C...... FFFF ISRDQS QHGHV

ECUR. ACTIONS EUROP. C... PQDSQ

IPHSDSP HIGHW

UNIVAR D...... IVQDUV ´ QIVUDRI PHWHVDHR PWGHV FFFF FFFF

´ SAINT-HONORE CAPITAL D SG ASSET MANAGEMENT ...... FFFF PTTDQV QHGHV

ECUR. CAPITALISATION C.... RHDTI

´ PPRVDRW PWGHV FFFF FFFF FFFF

´ ST-HONORE CONVERTIBLES QRPDUV Serveur vocal : ...... QWSDSR QHGHV

ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA THDQH

FFFF FFFF

´ FFFF RVIDWQ QHGHV

´ ´ ST-HONORE FRANCE ...... UQDRU 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn) ...... QUIDRU QHGHV

ECUR. ENERGIE D PEA...... STDTQ

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´ ´ FFFF

RUHDHT QHGHV ST-HONORE MAR. EMER..... UIDTT ...... ISQDTV IHHVDHU QHGHV QHUDTR PWGHV ´ RTDWH WIURRDRR QHGHV ECUR. EXPANSION C...... IQWVTDQS CIC FRANCIC...... CADENCE 1 D ......

´ ITQDPQ IHUHDUP QHGHV ISIDUI WWSDIS QHGHV IHVIDRI PWGHV ´ ITRDVT ST-HONORE PACIFIQUE...... PTQDIH QHGHV ECUR. EXPANSIONPLUS C ... RHDII CIC FINUNION...... CADENCE 2 D ......

´ PTPDPU IUPHDQV QHGHV ISIDVP WWSDVU QHGHV PUPDSS PWGHV ´ RIDSS RUIDUT QHGHV ECUR. INVESTIS. D PEA...... UIDWP CICAMONDE ...... ST-HONORE TECH. MEDIA.. CADENCE 3 D ...... LE´GENDE

´ ´ PTPSDTH QHGHV ´ ´ RHHDPU WTDTT TQRDHS PWGHV PUHDHQ IUUIDPV QHGHV IRHRDVH QHGHV EC. MONET.C/10 30/11/98...... PIRDIT CONVERTICIC...... ST-HONORE VIE SANTE...... CONVERTIS C...... e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.

´ ´ ´ IPQSDPQ QHGHV VIVDRS SQTVDTV PWGHV IQHDRT VSSDUT QHGHV SSDRS QTQDUQ QHGHV EC. MONET.D/10 30/11/98 ..... IVVDQI EPARCIC...... ST-HONORE WORLD LEAD.. INTEROBLIG C...... LeMonde Job: WMQ0109--0019-0 WAS LMQ0109-19 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0549 Lcp: 700 CMYK

19 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000

SCIENCES Depuis une décennie, CHEURS, quant à eux, considèrent le chés sont enregistrées seconde par généraux de l’univers souvent im- cheurs français viennent de montrer le secteur bancaire s’attache de plus monde de la finance comme seconde. b LES PHYSICIENS utilisent prévisible et chaotique qu’est la que la répartition inégale de la for- en plus les services des physiciens l’exemple de comportement collectif leur savoir-faire dans l’analyse sta- Bourse. b EN ADAPTANT une équa- tune, constat qui se retrouve dans spécialisés dans la théorie des sys- humain le mieux documenté, tistique des phénomènes complexes tion présente en physique des sys- toutes les sociétés modernes, est tèmes complexes. b LES CHER- puisque les fluctuations des mar- pour extraire des comportements tèmes désordonnés, deux cher- une loi naturelle de l’économie. Les marchés financiers tirent profit de la physique théorique Les fluctuations des cours boursiers constituent un nouveau terrain expérimental pour les chercheurs. L’analyse statistique de phénomènes complexes comme le mouvement brownien peut être utilisée pour décrire le comportement, imprévisible en apparence, des marchés POUR LE BANQUIER Gunder- conde par seconde. « L’idée forte de nance, l’idée consiste à se dire que mann, mis en scène par Zola dans la physique de ces dernières années l’on renonce aux motivations parti- L’Argent, « on ne provoquait pas les est que les comportements collectifs, culières de chaque individu – l’un événements à la Bourse », « on pou- compliqués, peuvent découler de peut vendre pour s’acheter une nou- vait au plus les prévoir et en profiter, comportements individuels simples, velle voiture, l’autre parce qu’on le quand ils s’étaient produits. La lo- explique M. Bouchaud. Et la fi- lui a conseillé, etc. – pour, à la place, gique seule régnait, la vérité était, en nance n’est-elle pas l’exemple le extraire des comportements géné- spéculation comme ailleurs, une mieux documenté de comportement raux qui s’appliqueront en force toute-puissante. Dès que les collectif humain ? Les modèles moyenne. » cours s’exagéreraient par trop, ils économiques traditionnels rêvent s’effondreraient : la baisse alors se l’homme plutôt qu’ils n’essaient de le LA NÉGATION DU LIBRE ARBITRE ferait mathématiquement, il serait modéliser tel qu’il est. Pour eux, la Recherchés pour leur savoir-faire simplement là pour voir son calcul se population est homogène, composée en modélisation et leur capacité à réaliser et empocher son gain. » d’individus infiniment rationnels qui, mettre en pratique des idées théo- Mais le dégonflement d’une bulle dans une situation donnée, ne riques, les physiciens s’appliquent spéculative en particulier ou la fi- peuvent prendre qu’une seule déci- donc à dénicher, dans leur disci- nance en général n’obéissent pas sion rationnelle. Le physicien réflé- pline, les équations, les idées, qui qu’à cette simple et froide logique. chit différemment. Il se dit qu’il ne décriront le mieux la réalité de la fi- Ce serait trop facile. La Bourse est- sait finalement pas grand-chose sur nance. Cela peut être, dans le cas elle pour autant un monde mysté- le comportement individuel. Mais il de l’explication et de l’éventuelle rieux, capricieux, où la part de l’in- sait la propension moyenne face à prédiction de phénomènes ex- tuition et de l’imprévisible est trop une situation donnée. » trêmes comme les krachs bour- importante pour espérer en extra- Et, pour déterminer ce genre de siers, l’emploi de la notion de point ire des lois organiques ? probabilité, la physique statistique critique, utilisée pour décrire des Il y a cent ans, un contemporain est puissamment armée. L’exemple phénomènes aussi différents – en de Zola, le mathématicien français type est celui du mouvement apparence – que les tremblements Louis Bachelier, jetait les bases brownien où l’on essaie de décrire de terre ou la fracture de maté- d’une science nouvelle avec la pu- le mouvement d’une particule de riaux. Cela peut aussi être, afin blication de sa Théorie de la spé- pollen en interaction avec les molé- d’« humaniser » certaines formules culation, dans laquelle il proposait cules d’air. Si l’on disposait d’ordi- par trop idéales, l’introduction d’un de voir les fluctuations des prix des nateurs surpuissants capables de « bruit » perturbateur. actions comme des phénomènes suivre des milliards de milliards de Pour décrire les hauts et les bas aléatoires. Ignorés à l’époque, les molécules, on pourrait retracer ce des marchés, on peut aussi se réfé- travaux de Bachelier démontrant PHILIPPE GERBAUD déplacement dans sa complexité à rer à la physique des écoulements que la finance pouvait faire son l’aide d’équations déterministes turbulents dont les analogies pro- profit de nombre d’outils scienti- parallèle à ses activités dans le Ser- pendant la décennie passée, au fur la Société européenne de physique enchaînant cause et effet. Un pro- fondes avec la vie de la Bourse ont fiques ont été redécouverts après la vice de physique de l’état condensé et à mesure que la finance inter- consacrés aux applications de cette jet irréaliste. En fait, affirme la phy- intrigué Jean-Philippe Bouchaud. guerre. du Commissariat à l’énergie ato- nationale se complexifiait, les phy- discipline aux objets financiers. sique mathématique, la seule des- « Il y a quelques années, je m’inté- Longtemps chasse gardée des mique (CEA), a créé en 1994 un ins- siciens sont de plus en plus apparus cription possible d’un grand ressais à des désordres dits tropi- mathématiciens (Le Monde du titut de recherche privé baptisé comme les hommes et les femmes PUISSANTS OUTILS STATISTIQUES nombre de phénomènes est statis- caux, extrêmes, dans ces écoule- 6 juin 1998), l’univers de l’argent Science & Finance qui emploie au- de la situation. Comme des mathé- Ceux-ci se révèlent de magni- tique. « On est obligé de passer ments : la plupart du temps, il ne se s’ouvre de plus en plus aux physi- jourd’hui sept scientifiques, « faire maticiens qui sauraient garder le fiques terrains d’expérience pour d’une description systématique mais passe rien, puis on a de gros événe- ciens spécialistes des systèmes de la physique, c’est chercher des contact avec la réalité. Au point lesquels il existe des myriades de inutilisable à une description réduite ments, des accidents. Les marchés fi- complexes. Comme l’explique liens entre les choses, entre un phé- qu’en juillet 1999 et 2000 se sont te- données, les fluctuations du cours mais opérationnelle, résume le cher- nanciers ont aussi, par intermittence, Jean-Philippe Bouchaud, qui, en nomène ici et une théorie là ». Et, nus les deux premiers colloques de des actions étant enregistrées se- cheur du CEA. Appliquée à la fi- des bouffées d’activité qui, dans le temps, s’organisent de la même fa- çon. En apparence, cela n’a rien à voir mais qu’est-ce qu’un écoule- Le principe de Pareto ou pourquoi la société crée 80 % de pauvres et 20 % de riches ment turbulent sinon un système où des molécules interagissent entre À LA FIN du siècle dernier, l’ingénieur et chaud, du Commissariat à l’énergie ato- chesse s’est mise à suivre le principe de Pa- qu’on les supprime, remplacés par d’autres elles ? » économiste italien Vilfredo Pareto fit une mique, et Marc Mézard, de l’université reto. Comme si l’inégalité économique nantis. La partie le plus intéressante de Le plus fascinant dans cette disci- étonnante découverte : quelle que fût la d’Orsay, publié par la revue scientifique était inscrite dans la nature... « Cette répar- leurs travaux consiste à essayer de pline nouvelle qu’est la physique société qu’il étudiât, de l’Angleterre indus- néerlandaise Physica A et repris à la « une » tition est universelle, peu sensible à la spé- comprendre comment la répartition de de la finance se révèle donc : les trielle à la Russie agraire, en passant par le de l’hebdomadaire britannique New Scien- culation, assure le physicien du CEA. l’argent peut être modifiée. Les points équations du monde de la matière jeune royaume d’Italie, la répartition de la tist du 19 août, un début de lumière éclaire Quelles que soient les conditions initiales, avancés ne sont pas révolutionnaires mais, peuvent se transposer dans le richesse y était toujours aussi inégale. cette inégalité de la société, fondamentale elle finit par s’établir. » dorénavant, les économistes disposeront monde bouillonnant de la finance Comme par un principe immuable et natu- d’un point de vue historique. « Nous avons Pour M. Bouchaud, la principale explica- d’une assise mathématique à leurs idées. et le modéliser, sans tenir compte rel, 20 % de la population détenait 80 % de essayé de construire un modèle extrêmement tion est à chercher du côté de la notion de Primo, favoriser les échanges car, dans ce du libre arbitre ou de la psycholo- la fortune. Même si les chiffres peuvent simple pour décrire la façon dont évolue la rentabilité proportionnelle : « L’inégalité contexte, le contraste entre riches et gie humaine. De la même manière, avoir varié quelque peu, la situation géné- fortune d’un individu donné avec le temps, est due au fait que, quand on a 100 francs et pauvres diminue. En revanche, dans une lorsque vous prenez le volant, vous rale n’a pas changé. Le principe dit de Pare- explique M. Bouchaud. Or, qu’est-ce qui fait qu’on les investit, on gagne dix fois moins économie plus fermée, dominée par les in- avez l’impression individuelle de to, qui décrit une situation inversement évoluer la fortune ? L’échange avec les d’argent que lorsqu’on a 1 000 francs. Mais termédiaires, la hiérarchisation des for- maîtriser votre véhicule. La force proportionnelle, où une minorité autres membres de la société économique et comment pourrait-on faire pour rémunérer tunes s’accentue. Secundo, et cette solu- des statisticiens consiste à savoir concentre une majorité, se retrouve le placement spéculatif. » l’argent autrement que proportionnelle- tion n’est pas nouvelle, les impôts. « Notre que, quoi que vous fassiez, sur le curieusement dans bien d’autres secteurs ment ? C’est impossible : si l’on décidait de modèle montre que l’impôt sur le revenu a plan collectif, la route tuera en que l’économie et c’est un jeu amusant que LES ÉCHANGES CONTRE LES INÉGALITÉS rémunérer davantage 100 francs que tendance à réduire les inégalités, ce d’autant France plusieurs milliers de per- d’en déceler de nouvelles applications : En partant de ces seuls paramètres, le 1 000 francs, celui qui posséderait plus si une partie de cet impôt est redistri- sonnes chaque année. Malgré tout 80 % des coups de téléphone s’adressent à duo de chercheurs a écrit une équation 1 000 francs couperait son avoir en dix buée. Mais nous avons obtenu un résultat le désir de chacun qu’il n’en soit 20 % de votre répertoire ; 20 % des routes simple et s’est appuyé, pour la résoudre, tranches de 100 francs et cela reviendrait au auquel nous ne nous attendions pas : si l’im- rien, votre conduite ne sera, à sa supportent 80 % du trafic ; 80 % des infor- sur une analogie avec une équation iden- même. Pour contrecarrer cela, on arrive pôt sur le capital est prélevé en plus de l’im- manière, que la confirmation de mations sont contenues dans 20 % d’un tique présente en physique des systèmes donc très vite à l’idée d’impôt progressif sur pôt sur le revenu et qu’il n’est pas redistribué cette loi « naturelle ». journal... désordonnés. Ils ont attribué la même for- le revenu. » de manière équitable, la fracture sociale Jusqu’ici, la concentration d’une grande tune à tous leurs individus et ont laissé Même si le principe de Pareto est univer- s’élargit. » Dans ce cas particulier, l’argent Pierre Barthélémy part des richesses entre les mains d’une pe- faire le temps et les choses sans se soucier sel, le modèle des deux physiciens français prélevé par l’Etat finit par retourner dans la tite minorité était considérée comme un des motivations extrêmement diverses et ouvre quelques pistes sur la manière de poche des plus riches. Une idée à creuser à ૽ Les chercheurs de Science & Fi- fait accompli. Le principe de Pareto ne imprévisibles des acteurs d’un jeu écono- jouer les Robin des bois, sachant que les l’heure d’une éventuelle réforme fiscale ? nance ont publié un article collec- s’expliquait pas. Grâce à un article de deux mique lui aussi hasardeux. Et, comme par riches, telles les têtes de l’hydre de Lerne, tif dans le mensuel britannique physiciens français, Jean-Philippe Bou- magie, la courbe de répartition de la ri- « repoussent » automatiquement lors- P. B . Physics World de janvier 1999. L’ESO achève au Chili la construction du quatrième télescope géant du VLT LES ÉVÉNEMENTS se précipitent sur le site chilien du Very Large Tele- scope (VLT) que gère l’Observatoire européen pour l’hémisphère Sud (ESO). Le pari d’installer au sommet du Cerro Paranal quatre télescopes géants dont les miroirs primaires ont chacun un diamètre de 8,2 mètres est en passe d’être gagné. Ces pièces ultraminces de 23 tonnes fournies par Schott et polies par Reosc, une filiale du groupe Sagem, sont au- jourd’hui installées dans leur bâti et ont produit avec succès leur pre- mière lumière. En mai 1998 pour le télescope no 1, Antu (le Soleil, en langue mapuche), en mars 1999 pour le no 2, Kueyen (la Lune), en janvier 2000 pour le no 3, Melipal (la Croix du Sud), et en juillet 2000 pour le no 4, Yepun (Sirius). Le court délai entre la mise en place de Melipal et celle de Yepun témoigne de la maîtrise des équipes de montage. Les quatre téle- scopes devraient fournir des images d’une qualité équivalente à celles que donnerait un télescope supergéant de plus de 16 mètres de diamètre. Les astronomes attendent donc avec impatience la mise en service opéra- tionnel de Yepun, qui vient tout juste de recevoir son miroir secondaire, une petite pièce de 1 mètre de diamètre en béryllium de 51 kg, fournie par la société américaine Loral et qui a la charge de corriger les déformations dues aux vibrations des structures et une partie de celles causées par les turbulences de l’atmosphère. LeMonde Job: WMQ0109--0020-0 WAS LMQ0109-20 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0550 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 AUJOURD’HUI-SPORTS

Cédric Pioline Suprématie des cavalières françaises réussit son entrée au championnat du monde d’endurance équestre à l’US Open de tennis Les tricolores ont conquis toutes les places du podium à Compiègne Les cavalières françaises ont dominé, samedi 161,7 km en forêt de Compiègne. Cent quarante- nancée par la famille Al Maktoum, qui régne sur o 26 août, la huitième édition du championnat du deux concurrents de trente-cinq pays avaient l’émirat de Dubaï. Une présence critiquée par Le n 1 français semble remis de sa blessure monde d’endurance équestre, courue sur pris le départ de cette compétition largement fi- certains cavaliers.

PETE SAMPRAS s’est qualifié, (no 3) a gagné sa 21e victoire COMPIÈGNE mercredi 30 août pour le 3e tour consécutive en disposant de la de notre envoyé spécial des Internationaux des Etats-Unis Tchèque Kveta Hrdlickova (6-1, Comme deux amies, elles ont à New York. L’Américain, tête de 6-1) ; les Françaises Nathalie Tau- franchi la ligne d’arrivée main dans série no 4 a aisément battu son ziat (no 8) et Sandrine Testud la main, presque comme deux compatriote Justin Gimelstob (no 11) ont éliminé la Vénézué- sœurs. Après plus de treize heures (6-3, 6-1, 6-3). Dans les derniers lienne Maria Alejandra Vento de course, Maya-Killa Perringé- matches du premier tour qui se (6-3, 6-1) et l’Ouzbèke Iroda Toui- rard, sur Varoussa, et Cécile Milet- disputaient encore mercredi, le ganova (6-4, 6-3). Nathalie Dechy to, sur Dynamik, n’ont pas voulu Suédois Magnus Norman (no 3), a été contrainte à l’abandon alors briser la magie de l’instant. Agées finaliste en juin à Roland-Garros, qu’elle avait perdu la première toutes les deux de vingt-trois ans, et l’Australien Mark Philippoussis manche contre la Tchèque Adria- elles ont perpétué avec panache la (no 15) ont fait une bonne impres- na Gersi. La Française souffre tradition humaniste de leur disci- sion en battant respectivement d’une douleur récurrente aux ab- pline en refusant, sur les 500 der- l’Américain Paul Goldstein (7-5, dominaux. niers mètres, de livrer un duel aus- 6-4, 6-4) et l’Espagnol Alberto si fratricide qu’inutile. Portas (6-3, 6-2, 6-3). a Les balles destinées à « ralen- L’image était belle, presque Cédric Pioline s’est pour sa part tir » le jeu ont passé avec succès émouvante. Baignées par la lu- qualifié pour le 2e tour en domi- différents tests scientifiques selon mière du soleil couchant, ces deux nant l’Arménien Sargis Sargsian l’hebdomadaire britannique New jeunes cavalières françaises ont (6-3, 6-3, 6-1). Tête de série no 10, Scientist qui paraîtra samedi 2 sep- donc réussi l’impossible. Samedi le Français, finaliste de l’US Open tembre. Ces balles présentent une 26 août, devant les 3 000 specta- en 1993 et demi-finaliste en 1999, circonférence supérieure de 6 % teurs qui avaient envahi les gradins se remet tout juste d’une blessure (diamètre compris entre 6,35 cm microscopiques de l’hippodrome à la main gauche : il n’avait joué et 6,668 cm) ; moins épaisses, elles de Compiègne (Oise), elles sont qu’un match depuis Wimbledon, pèsent le même poids (de 56,7 g à montées sur les deux premières en juin. Au deuxième tour, Cédric 58,5 g). Elles rebondissent plus ra- marches du podium du champion- Pioline rencontrera le Britannique pidement mais ralentissent plus nat du monde d’endurance Greg Rusedski. vite. Un service à 190 km/h met équestre, couru sur 161,7 kilo- Chez les dames, huit têtes de sé- ainsi 16 millième de secondes de mètres. Quelques minutes plus rie ont accédé au troisième tour, plus pour atteindre la raquette du tard, le triomphe tricolore était FRANÇOIS GUILLOT/AFP mercredi. La Suisse Martina Hin- receveur. Forte de ces conclu- scellé avec l’arrivée d’une troi- Ce huitième championnat du monde avait pour décor le château de Pierrefonds. gis, tête de série no 1, a balayé sions, la Fédération internationale sième Française, Dominique Français. Dans les compétitions tiquent l’endurance et plus de Compiègne, seuls 50 ont passé la l’Américaine Kristina Brandi (6-1, de tennis devrait pouvoir imposer Payen, sur Nida. d’endurance, le classement par na- 450 compétitions sont organisées ligne d’arrivée. « C’est un gage de 6-1), l’Américaine Venus Williams cette balle nouvelle génération. tion s’établit en additionnant les annuellement. Loin du concours sécurité, tranche Maya-Killa Perrin- UN SPORT MÉCONNU résultats des quatre engagés de complet ou du dressage parfois éli- gérard. Le cavalier doit être perpé- « Dans la vie d’un entraîneur na- chaque équipe. Or, deux des tiste, l’endurance semble d’ailleurs tuellement à l’écoute de son cheval. a LOTO : résultats des tirages no 70 du mercredi 30 août. Premier tional, gagner les trois premières quatre cavaliers français – Vincent enracinée dans le terroir national. Il n’y a aucune relation de domina- tirage : 1, 2, 7, 20, 33, 37 ; numéro complémentaire : 21. Rapports pour places d’un championnat du monde Dupont (Câline de Biar) et Sté- Discipline héritière des raids mili- tion mais une complicité. C’est peut- 6 numéros : 4 526 185 F (690 000 ¤) ; 5 numéros et complémentaire : est un honneur rarissime, s’est ex- phane Fleury (Madras) – ont été taires du début du siècle, cette être pour cela que les femmes sont 94 445 F (14398 ¤) ; 5 numéros : 6 385 F (973¤) ; 4 numéros et complé- clamé Pierre Cazes, le sélection- éliminés. Il n’empêche. Le triplé épreuve se dispute, au galop, sur présentes lors des grandes compéti- mentaire : 270 F (41,16 ¤) ; 4 numéros : 135 F (20,5 ¤) ; 3 numéros et neur national. Ce podium efface français en individuel a mis fin à des distances oscillant entre 30 et tions. Les hommes préfèrent prendre complémentaire : 26 F (3,96 ¤) ; 3 numéros : 13 F (1,98 ¤). Second ti- toutes les années de doutes. » Même quatorze années d’hégémonie 160 kilomètres. En fait, tout a davantage de risques, mais il ne faut rage : 7, 9, 10, 13, 19, 34 ; numéro complémentaire : 32. Rapports pour si la victoire par équipes est finale- américaine. commencé en 1976 quand fut or- justement pas jouer avec la santé du 6 numéros : 32 601 965 F (4 970266 ¤) ; 5 numéros et complémentaire : ment revenue à l’Australie, en rai- Etudiante dans une école d’ingé- ganisée, dans les Cévennes, la pre- cheval. » 52 580 F (8 015 ¤) ; 5 numéros : 2 545 F (387,9 ¤) ; 4 numéros et son d’un point de règlement spéci- nieurs, Maya-Killa Perringérard a mière course de Florac, l’équi- Depuis 1998 et l’organisation des complémentaire : 140 F (21,34 ¤) ; 4 numéros : 70 F (10,67 ¤) ; 3 numé- fique, sept des quinze premières finalement été sacrée championne valent français de la célèbre Tevis championnats du monde par les ros et complémentaire : 18 F (2,74 ¤) ; 3 numéros : 9 F (1,37 ¤). places ont été arrachées par des du monde. Tout s’est joué à une Cup américaine, créée sur les trails Emirats arabes unis, l’endurance petite seconde, après le contrôle du Pony Express. Depuis cette équestre est devenue une question vétérinaire. Elle est donc entrée date, le nombre de licenciés aug- d’argent. Les dollars de la famille dans la légende avec Varoussa, sa mente d’environ 12 % par an. Mais, du cheikh Al Maktoum ont fait jument arabe à la robe grisée. après plusieurs accidents mortels, monter les prix des pur-sang Sport méconnu, l’endurance la discipline s’est codifiée et pro- arabes spécialisés dans ces équestre se développe depuis plus fessionnalisée. Conséquence : la épreuves, certains chevaux dépas- de vingt ans dans une relative règle d’or est maintenant de res- sant la barre des 4 millions de confidentialité. Même si cette dis- pecter la santé du quadrupède. francs. En mai, la cavalière nîmoise cipline occupe désormais la Cécile Miletto a néanmoins refusé deuxième place dans la hiérarchie STRICT CONTRÔLE VÉTÉRINAIRE de vendre son cheval arabe bai, équestre française derrière le saut « Pour le cheval, le galop est un Dynamik, aux princes de Dubaï. d’obstacles, les pratiquants mouvement naturel et l’endurance Plusieurs fois approchée pour semblent parfois en mal de re- est un sport d’aérobie. Mais, sur des vendre Varoussa, Maya-Killa Per- connaissance. « L’endurance distances de 160 kilomètres, il est in- ringérard n’a jamais voulu céder équestre est à l’équitation ce que le dispensable de surveiller l’évolution aux sirènes du Golfe. Le classe- marathon est à l’athlétisme, ex- de son métabolisme, souligne Pierre ment de Compiègne leur a donné plique Jean-Pierre Allégret, pré- Julienne, vétérinaire et organisa- raison. « Cela prouve qu’en sport sident du Comité national des teur de courses régionales. Tous les tout ne peut pas s’acheter », conclut raids équestre d’endurance trente kilomètres, les courses sont Pierre Cazes. Mais, en attendant (CNREE). C’est un sport de grands tronçonnées par des contrôles vété- une improbable consécration espaces, ouvert à tous les niveaux, rinaires extrêmement stricts. Si le olympique, les passionnés d’endu- qui ne nécessite aucune technique rythme cardiaque de l’animal ne rance équestre observent avec im- particulière. Il suffit de savoir galo- descend pas sous le seuil des 64 pul- puissance le fossé qui sépare dé- per longtemps, sur de longues dis- sations par minute ou si, lors du test sormais les professionnels des tances, tout en respectant la santé de trotting, il présente une légère amateurs. du cheval. » boiterie, le couple est éliminé. » Aujourd’hui, 6 500 licenciés pra- Sur les 142 chevaux au départ à Paul Miquel La famille régnante de Dubaï, mécène omniprésent COMPIÈGNE nisé la compétition dans son pays. « C’était in- de notre envoyé spécial croyable, se souvient Valérie Kanavy, la cham- Pierrefonds, samedi 26 août. Le soleil est à son pionne du monde en titre de l’époque. Ils avaient zénith. Au cœur du domaine forestier de invité toutes les délégations de la planète. Personne Compiègne, une clairière domine l’imposant châ- n’avait rien payé. Le transport des chevaux, le loge- teau. Et ce champ fraîchement moissonné a été ment sur place, les repas et le frais des équipes d’as- transformé en vet-gate. C’est ici que les chevaux sistance. » des championnats du monde d’endurance passent leurs examens vétérinaires. Brossés, hydratés, mas- FUITE DES SABOTS sés et maintes fois caressés par les mains expertes A Compiègne, plus de la moitié du budget des de plusieurs dizaines de lads, les meilleurs pur-sang championnats a été financé par la compagnie aé- sont traités comme des seigneurs par les équipes rienne Emirates Airline, propriété des Al Maktoum. d’assistance. « Cheikh Mohammed a permis à l’endurance En dixième position, le prince Hamban bin Mohd équestre de prendre une envergure internationale, Al Maktoum s’approche des juges pour soumettre remarque Tarek Taher, le cavalier le plus titré de la son cheval, Kekette Park Fyre, au stéthoscope des délégation saoudienne. Si nous voulons que notre officiels. Derrière lui, une douzaine de personnes, sport devienne olympique, il n’y a pas d’autres solu- dont un cameraman de la télévision des Emirats tions. Mais j’avoue que cette injection massive arabes unis (EAU). Tous les sujets de Sa Majesté d’argent a créé de nouveaux problèmes. » sont habillés d’un polo bleu, couleur de la casaque La fuite des meilleurs sabots français à l’étranger des Al Maktoum, la famille régnante de Dubaï. fait partie de ce que certains appellent les « perver- Dans le petit monde de l’endurance équestre, le sions » arabiques. « Il faut en effet prendre des me- mécénat sportif de la famille Al Maktoum n’est pas sures pour préserver le cheptel national, prévient très apprécié. Devenu l’argentier des compétitions Jacqueline Reverdy, présidente de la Fédération internationales, cheikh Mohammed bin Rashid française d’équitation (FFE). Mais comment en vou- Al Maktoum est surnommé dans son pays « le che- loir à un petit éleveur quand on lui propose 3 millions valier de l’endurance ». Là-bas, il est aussi ministre de francs, ou même davantage, pour un cheval ? » de la défense et propriétaire d’une fortune qui lui Difficile de résister aux pétrodollars. « S’il suffisait permet d’acquérir les meilleurs pur-sang arabes. d’acheter les meilleurs chevaux pour gagner les Dans son émirat, cheikh Mohammed – c’est ainsi courses, cela se saurait, note un propriétaire. Les que le surnomment affectueusement les éleveurs heures passées dans le box ou sur les sentiers ne européens – considère depuis longtemps l’endu- s’achètent pas. De toute façon, les vrais éleveurs ne rance équestre comme un passe-temps royal. vendent pas leurs chevaux d’endurance. » Jusqu’à Après avoir racheté le cheval champion de France preuve du contraire. Habad’h, il s’est aligné, en 1996, au championnat du monde du Kansas. Deux ans plus tard, il a orga- Pa. M. LeMonde Job: WMQ0109--0021-0 WAS LMQ0109-21 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0551 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 21 ------Publicité Pluie ou averses au nord-ouest 01 SEPTEMBRE 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Une dépression couvert avec des pluies ora- vers 12h00 est située sur les îles Britan- geuses. Ailleurs, les nuages et les niques, tandis qu’un anticyclone éclaircies alterneront avec des Peu est centré au large de l’Espagne. nuages plus nombreux l’après- Belfast nuageux Un front froid pluvieux traverse midi. Les températures maxi- Liverpool Dublin l’ouest du pays. Le temps restera males avoisineront 22 degrés. Varsovie Kiev plus sec et plus ensoleillé sur le Poitou-Charentes, Aquitaine, Amsterdam Berlin Brèves Sud-Est. Midi-Pyrénées. – Sur Midi-Pyré- éclaircies Bretagne, pays de Loire, nées, le soleil sera prédominant Londres 5 o Bruxelles Basse-Normandie. – Après les avec plus de nuages l’après-midi. 0 Prague pluies de la nuit, les belles éclair- Ailleurs, le ciel sera très nuageux Couvert cies ne dureront pas, car le ciel avec de la pluie ou des averses par Paris Strasbourg Vienne Budapest restera très nuageux, avec des le nord-ouest. Il fera de 22 à Brume averses. Le vent, de sud-ouest à 26 degrés l’après-midi. Nantes Berne brouillard ouest, soufflera à 70 km/h en ra- Limousin, Auvergne, Rhône- Bucarest fales l’après-midi près des côtes. Alpes. – Sur Rhône-Alpes, les Lyon Milan Les températures maximales nuages et les belles éclaircies al- Belgrade Sofia Averses avoisineront 20 degrés. terneront. La pluie gagnera le Li- Toulouse Istanbul Nord-Picardie, Ile-de-France, mousin en fin de matinée. Sur Centre, Haute-Normandie, Ar- l’Auvergne, le ciel se couvrira Rome Pluie dennes. – Il pleuvra le matin, puis l’après-midi, avec de la pluie. Il Barcelone Naples les nuages seront nombreux avec fera de 19 à 24 degrés au meilleur 40 o Madrid des averses, surtout en fin de moment de la journée. Lisbonne Athènes Orages journée. Il fera de 20 à 23 degrés Languedoc-Roussillon, Pro- l’après-midi. vence-Alpes-Côte d’Azur, Séville Champagne, Lorraine, Alsace, Corse. – Le soleil brillera large- Tunis Neige Bourgogne, Franche-Comté. – ment avec un vent d’ouest fort Alger Sur la Champagne, le ciel devien- sur le littoral varois. Il fera de 27 à dra très nuageux l’après-midi puis 30 degrés l’après-midi. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 01 SEPTEMBRE 2000 PAPEETE 22/29 S KIEV 15/24 N VENISE 18/26 N LE CAIRE 23/32 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/31 P LISBONNE 18/27 S VIENNE 13/18 N NAIROBI 15/27 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 20/25 S LIVERPOOL 13/17 P AMÉRIQUES PRETORIA 12/30 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 14/18 P BRASILIA 21/31 S RABAT 18/26 N AMSTERDAM 13/19 P LUXEMBOURG 11/20 N BUENOS AIR. 3/15 S TUNIS 25/34 N FRANCE métropole NANCY 13/22 P ATHENES 23/32 S MADRID 20/33 S CARACAS 26/31 P ASIE-OCÉANIE AJACCIO 20/27 S NANTES 16/21 P BARCELONE 20/26 S MILAN 18/29 S CHICAGO 21/31 S BANGKOK 26/31 P BIARRITZ 14/22 N NICE 20/27 S BELFAST 12/17 P MOSCOU 14/20 P LIMA 15/19 C BEYROUTH 25/30 N BORDEAUX 16/24 P PARIS 16/21 P BELGRADE 17/26 P MUNICH 12/20 N LOS ANGELES 13/17 C BOMBAY 26/28 P BOURGES 15/20 P PAU 12/24 N BERLIN 13/22 S NAPLES 23/29 N MEXICO 12/22 C DJAKARTA 27/31 C BREST 13/18 P PERPIGNAN 17/25 S BERNE 13/21 C OSLO 10/15 N MONTREAL 18/24 S DUBAI 32/38 S CAEN 15/19 P RENNES 16/20 P BRUXELLES 13/19 P PALMA DE M. 21/30 S NEW YORK 22/26 C HANOI 27/31 P CHERBOURG 15/19 P ST-ETIENNE 10/24 N BUCAREST 15/29 C PRAGUE 12/19 N SAN FRANCIS. 11/13 C HONGKONG 27/30 P CLERMONT-F. 13/22 C STRASBOURG 13/22 P BUDAPEST 16/17 P ROME 20/27 S SANTIAGO/CHI 1/17 S JERUSALEM 23/32 N DIJON 14/22 C TOULOUSE 13/26 N COPENHAGUE 12/19 C SEVILLE 23/36 S TORONTO 19/29 S NEW DEHLI 28/35 S GRENOBLE 13/25 N TOURS 15/20 P DUBLIN 12/16 P SOFIA 13/27 P WASHINGTON 23/28 C PEKIN 21/27 P LILLE 15/18 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 14/23 S ST-PETERSB. 13/17 P AFRIQUE SEOUL 26/31 S LIMOGES 15/20 N CAYENNE 22/31 S GENEVE 15/22 N STOCKHOLM 11/17 N ALGER 20/33 S SINGAPOUR 27/31 C LYON 15/24 N FORT-DE-FR. 26/30 P HELSINKI 10/19 N TENERIFE 17/24 S DAKAR 26/29 C SYDNEY 10/21 S MARSEILLE 19/28 S NOUMEA 18/23 S ISTANBUL 21/30 S VARSOVIE 12/21 N KINSHASA 21/31 C TOKYO 27/31 C Situation le 31 août à 0 heure TU Prévisions pour le 2 septembre à 0 heure TU

Nord Sud Sur les plages PAS-DE-CALAIS PROVENCE 19° 20° Nice Le 31 août 2000 vers 12 heures LANGUEDOC CÔTE D'OPALE Marseille St-Raphaël Les nuages alternent avec les éclaircies sur les plages du nord, norman- 35 CÔTE D'AZUR

° ° 10 des, bretonnes et charentaises. Quelques ondées peuvent se produire le 19 20 La Seyne- matin sur les côtes aquitaines. Autour de la Méditerranée, il fait beau de Calais sur-Mer 26° 25 Cap d'Agde St-Tropez la Côte Vermeille à la Côte d'Améthyste : en revanche, des orages et des CÔTE D'ALBÂTRE 10 Le Touquet 35 3 ondées sont attendus sur la Côte d'Azur. PICARDIE ROUSSILLON 5 45 19° 19° Ouest Perpignan 10 VAR 4 BAIE ST-MICHEL COTENTIN CÔTE NORMANDE Le Tréport 5 24° 25 BAIE DE SEINE 19° 22° 18° 2019° 20° 19° 19° Étretat NORMANDIE Le Havre GARD BOUCHES-DU-RHÔNE FINISTÈRE NORD 10 ROUSSILLON LANGUEDOC 10 22° 26° 22° 28° ° 18° 21° 10 24 26

Deauville Sud-Ouest

20 10 Granville Corse CÔTE CHARENTAISE Ile de Ré TEMPÉRATURE Perros-Guirec NORMANDIE 1 18° St-Malo 0 CHARENTES DE L'AIR ° ° 21 22 CALVI BASTIA Crozon Ile d'Oléron 25 15 VENT ° ° ° Concarneau BRETAGNE CÔTE GIRONDINE VITESSE EN KM/HEURE 25 26 Calvi 25 26 27 Bastia 30 Soulac ET DIRECTION Quiberon 21° 25° 10 POINTE BRETAGNE MER TEMPÉRATURE 20 ° ° La Baule Lacanau DE L'EAU 19 19 Ajaccio CÔTE LANDAISE 16° 10 Arcachon Calme/belle 20 Porto-Vecchio SUD FINISTÈRE VENDÉE 21° 23° 25 LANDES 19° 20° St-Gilles- Peu agitée Croix -de-Vie 25 CÔTE BASQUE AJACCIO PORTO-VECCHIO Agitée/forte VENDÉE SUD BRETAGNE ° ° Capbreton 25° 27° 25° 29 20 22 24 15 20° 21° 20° 22° Très forte/grosse

o Retrouvez nos grilles PROBLÈME N 00 - 209 o MOTS CROISÉS sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION N 185 En collaboration avec

d’en faire. – 7. Part d’héritage. Laisse passer la lumière. – 8. Conducteur Sébastien Bourdon peu pressé. Dans la rame. – 9. Faite en regardant les autres s’amuser. – NÉ à Montpellier et élevé dans la religion protes- 10. Dessert. Porteur d’informations. tante, Sébastien Bourdon se rend très jeune à Paris, – 11. Suivis de près. – 12. En tenue de où il commence son apprentissage de peintre. Il est bain. Donnent des points sur le à Rome vers 1634, se fait connaître par son talent terrain. d’imitateur, excelle dans tous les genres, dont des bambochades aux constructions savantes et aux Philippe Dupuis coloris raffinés. De retour à Paris, il s’affirme comme une des brillantes personnalités de son SOLUTION DU No 00-208 époque. En 1648, Bourdon est un des membres fon- dateurs de l’Académie, puis en 1652, il est invité par HORIZONTALEMENT la reine Christine de Suède, et devient premier peintre de la souveraine. Des nombreux portraits I. Confidentiel. – II. Olé olé. Ourle. qu’il réalise d’elle, le plus célèbre, celui du Prado, la – III. Gibus. St. Eus. – IV. Igu (gui). représente à cheval. Dans ce remarquable tableau, Caisses. – V. Tolérance. Si. – VI. Api. le peintre allie la finesse psychologique du person- Eiders. – VII. Tosser. Siège. – VIII. Ile. nage à la majesté officielle du sujet, dans la presti- Lot. Emeu. – IX. OE. Futon. Ans. – gieuse tradition du portrait à cheval. X. Désendetté. Parmi les douze « anciens » fondateurs de l’Aca- démie royale de peinture et de sculpture, le nom de VERTICALEMENT Sébastien Bourdon apparaît en troisième. Le pre- mier nom est celui de Le Brun. Quel est le

HORIZONTALEMENT gées. Mit bas. – IX. Petite patronne. 1. Cogitation. – 2. Oligopole. – deuxième ? © DU PRADO MUSÉE Coup rapide chez les hommes d’ac- 3. Nébulisé. – 4. Fou. Fe. – 5. Ils. Réé- – Noël Coypel I. Laisse des traces sur les ta- tions. – X. Fins de parcours. lus. – 6. Dé. Cairote. – 7. Sand. Ton. – – Charles Errard « La Reine Christine blettes. – II. Donne son nom en pas- 8. Notices. Nd. – 9. Tu. Série. – – Eustache Le Sueur à cheval », sant. Descendu. – III. Chimiste fran- VERTICALEMENT 10. Ires. Semât. – 11. Elues (seule). Sébastien Bourdon çais. Enduit de moutarde. – Gent. – 12. Lessiveuse. Réponse dans Le Monde du 8 septembre. (1616-1671), IV. Moins important que la bulle. 1. Trouve un emploi pour les huile sur toile, Propre à la vieillesse. – V. Ouverture simples. – 2. Ferme sur terre comme Réponse du jeu no 184 paru 2,91×3,83m, dans le mur. Arrose Romans sur son en mer. – 3. Indispensable pour tour- dans Le Monde du 25 août. Madrid, Musée du Prado. passage. – VI. Arrose peu sur son ner. Lâché dans la négociation. – C’est Paul Sérusier qui fut à Au Pavillon du Musée Fabre passage. Font la coupure sur le fil. 4. Pas toujours précis dans ses indi- l’origine du groupe des nabis, lors- de Montpellier, Mettent en opposition. – VII. Qu’il cations. Pas du tout précis. Person- qu’il peignit, sous la direction de pour l’exposition vaudrait mieux ne pas prendre au sé- nel. – 5. Emblème royal. Partagée Gauguin, le Talisman (1888), un « Sébastien Bourdon rieux. Préposition. – VIII. Restera se- entre république et couronne. – fond de boîte de cigares recouvert – Rétrospective » condaire pour les filles. Lettres char- 6. Evite de dire des bêtises mais pas d’aplats de couleurs pures. jusqu’au 15 octobre. LeMonde Job: WMQ0109--0022-0 WAS LMQ0109-22 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0552 Lcp: 700 CMYK

22 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000

PHOTOGRAPHIE Dans ses XXe siècle ». Présentée jusqu’au tographies de 37 auteurs provenant gié une notion spécifique : le docu- toujours pas gagnée par la frénésie murs sans poésie, le Sprengel Mu- 6 août dans la capitale de la Basse- de 70 collections allemandes et ment. b LE PHOTOGRAPHE Eugène de l’Exposition universelle. Les visi- seum de Hanovre a monté une ma- Saxe, elle est actuellement à décou- étrangères vise à donner une lecture Atget ouvre le parcours de cette ad- teurs ne sont pas au rendez-vous et gnifique exposition, intitulée « How vrir dans un musée de Francfort. photographique du siècle, rien de mirable généalogie documentaire. l’on annonce déjà une débâcle fi- you look at it, Photographie du b LA RÉUNION de quelque 500 pho- moins. Les commissaires ont privilé- b PENDANT ce temps, Hanovre n’est nancière. Le style documentaire comme lecture photographique du siècle Une exposition intitulée « How you look at it », installée à Francfort, propose une généalogie de la photographie du XXe siècle. Les cinq cents clichés présentés définissent un langage né de la tension entre la forme et l’information dant ses repères, son équilibre, son HOW YOU LOOK AT IT, PHOTO- histoire. Citons, le Paris de nuit de GRAPHIES DU XXe SIÈCLE, Brassaï, les portraits du métro de Städelsches Kunstinstitut et Walker Evans, l’Amérique désen- Städtische Galerie, Holbeins- chantée de Robert Frank, Diane Ar- trasse, 1, 60596 Francfort. Tél. : bus ou Garry Winogrand, la des- 00-49-69-605-09-80. Du mardi au cente aux enfers de marginaux par dimanche, de 10 heures à Larry Clark, puis la banalisation du 20 heures. Jusqu’au 12 no- paysage américain, de Stephen vembre. Catalogue, sous la di- Shore à Lewis Baltz. rection de Thomas Weski et Entre les deux voies, flottent Heinz Liesbrock, texte anglais, deux faits tragiques : l’Allemagne éd. Thames and Hudson, 528 p., des années 30 cernée par August 404 photos, 398 F (60,67 ¤). Sander, représentée ici par des por- traits remarquables et méconnus, HANOVRE et les effets de la bombe atomique de notre envoyé spécial sur la ville japonaise de Nagasaki, Il suffit de flâner dans Hanovre par Shomei Tomatsu. « La bombe a pour constater que la ville, au cœur explosé à 11 h 02. Le temps était de l’été, reste désespérément grise agréablement doux, il faisait beau et et sinistre, qu’elle n’est pas gagnée très calme », écrit Tomatsu, qui re- par la frénésie de l’Exposition uni- joint une conviction des commis- verselle. Il y a peu de touristes, saires : la photographie de style do- peu d’Allemands venus d’ailleurs cumentaire peut suggérer ce qu’un sur les froides allées rythmées par reportage journalistique ne peut des sculptures monumentales et pas toujours montrer. colorées de Niki de Saint-Phalle ou de Mark Di Suvero, que la munici- UNE BEAUTÉ CHIRURGICALE palité a plantées là pour faire ou- Il y a des tas de merveilles qui blier que le centre-ville a été détruit font tourner la tête dans cette gé- à 90 % lors du deuxième conflit néalogie d’artistes. On retiendra mondial. trois noms qui occupent une large Hanovre toussote mais cache place. Le coloriste William Eggles- une divine surprise. Le Sprengel ton, choisi pour l’affiche de l’expo- Museum a monté une sacrée expo- sition et la couverture du catalogue, sition, intitulée « How you look at a admirablement cerné, à partir de

it » (« Comment vous le regar- 2000 EGGLESTON ARTISTIC TRUST la fin des années 60, la classe dez »). Soit quelque cinq cents pho- moyenne américaine du Sud, sa ba- tographies de trente-sept auteurs, Ci-dessus : nalité, son ennui, la standardisation provenant de soixante-dix collec- William Eggleston de son cadre de vie et de ses habi- tions allemandes et étrangères, à « Sumner, Mississippi, tudes de consommation. Le paysa- découvrir dans un catalogue épais, Cassidy Bayou in giste Robert Adams est représenté à défaut de faire le voyage en Alle- background » avec la série The New West (1974), magne : l’exposition, présentée jus- 1969-1970. des petits formats gris qui forment qu’au 6 août à Hanovre, est main- Hasselblad Center. un état des lieux du paysage my- tenant à découvrir dans un musée thique de l’Ouest américain, l’au- de Francfort, jusqu’au 12 no- A gauche : teur faisant la distinction entre ce vembre. Lee Friedlander qui est « faux » dans ce paysage et « Tokyo », 1994 que « nous pouvons changer », et UNE GRAVITÉ FROIDE Collection « ce qui est bon et que nous devons Le sous-titre de l’exposition, du Niedersachsische préserver. » Et enfin les portraits « Photographies du XXe siècle », dit Sparkassenstifung, graves que Judith Joy Ross a pris, un projet qui vise, rien de moins, à Hanovre. en 1983, de jeunes hommes et donner une lecture photogra- jeunes filles venus se recueillir au phique du siècle – c’est ça et pas A droite : Memorial des vétérans du Vietnam, autre chose. Les commissaires, Franz Kline, à Washington, et qui ont l’air aussi Thomas Weski et Heinz Liesbrock, « August Day » 1957 morts que les morts. ont privilégié une notion spécifique Huile sur toile. Au bout du parcours, on ressent au procédé mécanique : le docu- Collection Lohmann un sentiment de gravité froide. La ment. Non pas la documentation, Hofmann, Courtesy ville, l’architecture sans poésie du

l’archive ou le reportage mais «le VG BILD-KUNST Sprengel Museum, ses grandes ci-

LEE FRIEDLANDER Hachmeister, Munster. style documentaire » cher au photo- maises blanches et sa lumière graphe Walker Evans, qui s’est Les photographies sont égale- Sigmar Polke... Cette généalogie graphes retenus sont représentés 1900 : des ouvriers qui déposent de glauque, tout cela prête peu à la confondu, dans les années 20-30, ment en tension avec une quaran- documentaire n’est pas une sur- par une quinzaine d’images, voire l’asphalte sur la chaussée dépavée fantaisie et gomme parfois l’huma- avec la modernité et qui tient une taine de peintures et sculptures prise, mais c’est la première fois beaucoup plus. pour faire émerger la ville moderne nité, le lyrisme et la poésie des place essentielle chez les artistes propres à créer un climat esthé- qu’elle s’étale en grand dans un Sur ces bases, il fallait choisir un par excellence. Atget, c’est aussi le chefs d’œuvres présentés. d’aujourd’hui : partir de la réalité tique et historique – ces dernières musée. « How you look at it » in- photographe-référence, qui ouvre paysage urbain et le portrait, deux Traçant leur route, les commis- mais la rendre visible, la com- sont parfois insérées dans une série duit le constat, la brutalité, la fron- le parcours, donne le ton de cette motifs qui se répètent dans l’expo- saires ont écarté des courants trop menter, la transcender, dire sa face d’images. Un splendide Degas dia- talité, la précision optique, le té- modernité, et dont l’écho résonne sition. Comme dans un arbre gé- liés à des aventures artistiques et cachée ; réaliser des documents logue avec Atget, Jasper Johns avec moignage. A chaque auteur, jusqu’à nos jours. Eugène Atget, néalogique, deux pistes sont ou- picturales : l’expressionnisme, la poétiques pour rendre compte de Robert Frank, Warhol avec Walker ensuite, d’affirmer son regard, et qui, en accumulant les images dans vertes après Atget. Il y a les artistes photo subjective, le surréalisme, les bouleversements identitaires, poli- Evans, Franz Kline avec Bernd et surtout d’installer une progression un Paris entre archaïsme et moder- qui confèrent à la ville une tonalité abstractions, l’école du Bauhaus, tiques, économiques, et sociaux. Se Hilla Becher, Beckmann avec Ren- narrative ou poétique au moyen de nité a montré la force évocatrice du mythique et formelle, dans un cli- les manipulations de laboratoire définit ainsi à Hanovre un langage ger-Patzsch, Bacon avec Diane Ar- la série – là encore un principe spé- document, tient ce rôle et le tient mat cubiste (Charles Sheeler, Paul d’un Man Ray, la géométrie roman- artistique né de cette tension entre bus, Bruce Nauman avec William cifique à la photographie. Dans fort bien, avec d’abord deux Strand, Albert Renger-Patzsch), et tique d’un Cartier-Bresson. Trois la forme et l’information. Eggleston, Roy Lichten-stein avec cette logique, la plupart des photo- épreuves remarquables réalisées en ceux qui montrent une société per- artistes qui ont marqué la ville sont également délaissés : Kurt Schwit- ters y est né (le Sprengel abrite la L’alchimie entre photos, plus belle collection du dadaïste), Débâcle financière annoncée pour l’Exposition universelle de Hanovre Umbo y est mort alors qu’il était peintures et sculptures caissier d’un musée, Raoul Haus- BERLIN contribuables allemands. La mani- des cartes pour les familles, qui est rer un plus large public », déplore-t- mann y a collaboré avec Schwitters. La convocation de quelques de notre correspondant festation n’accueille « que » passé de 199 à 159 deutschemarks il. Des mesures ont permis de re- Les œuvres les plus récentes peintures et sculptures en regard Financièrement, ce sera la dé- 115 000 visiteurs par jour, contre les (de 101,75 euros à 81,30 euros), tan- lancer l’Expo, qui a accueilli accentuent cette froideur. Aux des photographies se limite parfois bâcle. L’Exposition universelle de 250 000 attendus : de nombreux sa- dis que les parkings sont devenus 810 000 visiteurs du 18 au 24 août, séries discrètes et poétiques des an- à une coquetterie. Mais certaines Hanovre, qui a ouvert ses portes le lariés intérimaires ont donc été li- gratuits. Une nouvelle campagne quand elle en avait reçu 360 000, nées 1900-1980 succèdent quelques associations sont excitantes, 1er juin, devrait enregistrer un défi- cenciés. Les causes originelles de de publicité a été lancée sur le du 9 au 15 juin, au cours de ce qui grands formats spectaculaires, comme Degas-Atget ou Hopper - cit de 2,4 milliards de deutsche- cet échec sont sans doute dues au thème « On s’amuse à l’Expo », reste sa plus mauvaise semaine. d’une beauté chirurgicale, d’An- Walker Evans. Dans deux cas mira- marks (1,23 milliard d’euros) au choix fondamental de la ville de avec l’acteur britannique Peter Us- Car tout n’est pas noir et « l’Expo dreas Gursky, de Thomas Struth, culeux, l’alchimie permet de saisir lieu des 400 millions de deutsche- Hanovre et au genre même de tinov et la pulpeuse présentatrice est meilleure que sa réputation », Thomas Ruff, Axel Hütte et Cindy la richesse des photographies au- marks (204,52 millions d’euros) l’Exposition universelle, qui pré- de télévision Verona Feldbusch, ex- concède l’hebdomadaire Der Spie- Sherman. Ces noms, trop attendus, delà du motif. Une salle associe des prévus initialement. Pour couvrir sentait plus d’intérêt pour le public Miss Allemagne. gel. Les visiteurs, quand ils ne font confirment l’impression d’en- photographes qui, au moyen du do- les frais de la manifestation, qui il y a une centaine d’années qu’au- pas trop longtemps la queue – pa- semble, soit une présence écrasante cument, transforment un objet s’élèvent à 3,4 milliards de jourd’hui. « MEILLEURE QUE SA RÉPUTATION » radoxe d’une exposition où le de photographes allemands et brut en sculpture : des hauts-four- deutschemarks (1,74 milliard d’eu- En 1990, Hanovre l’avait emporté C’est par un tel « message clair » manque de visiteurs ne fait pas dis- américains. Il n’y a pas un Rodt- neaux d’usines chez Charles Shee- ros), les organisateurs allemands d’une voix face à Toronto, grâce à que l’Expo aurait dû commencer, paraître l’attente à l’entrée des pa- chenko, pas d’Italien ou d’Espa- ler, des végétaux verticaux chez tablaient sur quarante millions de la République démocratique d’Al- au lieu de se fourvoyer dans des villons les plus courus –, re- gnol, pas de Britannique, un seul Karl Blossfeldt, deux sujets qui visiteurs jusqu’à la fermeture, le lemagne qui existait encore. Dix déclarations complexes, a reconnu viennent satisfaits dans leur caisson lumineux – pas le meilleur – prennent leur ampleur au contact 31 octobre – ce chiffre avait été at- ans plus tard, on s’aperçoit que le président du conseil de surveil- immense majorité. L’Expo, où sont du Canadien Jeff Wall. La France des coups de pinceau noirs, angu- teint lors de l’Exposition univer- cette ville, célèbre pour sa foire, n’a lance de l’événement, Helmut Wer- représentées cent soixante-treize est représentée par Patrick Faigen- leux et rageurs de Franz Kline sur la selle de Séville, en 1992. que peu d’attrait, mais il était à ner. « Avec des slogans comme “Ve- nations et organisations, a eu droit baum, ce qui est heureux mais un toile (August Day, 1957). Une autre La Basse-Saxe n’est pas l’Anda- l’époque impensable de choisir nez vivre le futur”, vous ne ferez à la visite d’une soixantaine de peu court. Il manque surtout une salle associe des photos de Boltans- lousie, et la ville du chancelier Ger- pour lieu de la première Exposition venir personne », soulignait An- chefs d’Etat et de gouvernement. actualité du monde qui est un bel ki, Nicholas Nixon et Hans-Peter hard Schröder ne devrait accueillir universelle organisée en Allemagne dreas Walter, directeur de l’associa- Elle aura permis au prince Ernst- enjeu de la photographie de style Feldmann. Au centre, une sculpture qu’un tiers des visites escomptées. une ville attractive comme Berlin, tion du tourisme de Basse-Saxe, August de Hanovre, époux de documentaire depuis cinq ans. Il y a signée Martin Honert – un jeune L’Etat de Basse-Saxe et l’Etat fédé- qui n’était même pas encore capi- lors de la campagne de lancement. Caroline de Monaco, de défrayer néanmoins dans cette exposition garçon, prématurément vieilli, as- ral ont dû voler au secours de l’ex- tale. D’autres causes sont venues « Le parc à thèmes, trop scientifique une nouvelle fois la chronique en plus à découvrir et à réfléchir que sis devant une sinistre table de cui- position, qui risquait de se retrou- aggraver la situation. Les organisa- pour la plupart des visiteurs poten- urinant devant le pavillon de la dans tout ce qu’on a pu voir depuis sine et qui semble perdre son inno- ver en cessation de paiements : in teurs ont fixé des prix d’entrée très tiels, a été mis en avant quand on Turquie. longtemps, en France ou ailleurs. cence. Ou comment la cruauté fine, ils devront payer la note, ce élevés, qui ont dû être revus à la laissait au second plan des manifes- s’ajoute à l’émotion. qui suscite les protestations des baisse, le 14 juillet, comme le prix tations culturelles susceptibles d’atti- Arnaud Leparmentier Michel Guerrin LeMonde Job: WMQ0109--0023-0 WAS LMQ0109-23 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 09:18 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0553 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 23 Hymne au troisième âge L’affaire Napster en ouverture de la Mostra jugée au fond le 2 octobre Space Cowboys. Clint Eastwood et ses amis LA NEUVIÈME cour d’appel de San Francisco a fixé au 2 octobre la agrémentent leur retraite d’un voyage dans l’espace date du jugement au fond de l’af- faire Napster, la société califor- Mais une fois surmontée la sur- nienne qui a mis à la disposition Film américain de Clint East- prise qu’il y a à découvrir ce film- des internautes un logiciel permet- wood. Avec Clint Eastwood, là, à cet endroit-là, on peut se tant l’échange de fichiers musicaux Tommy Lee Jones, Donald Su- rendre sans honte au charme fa- au format MP3 stockés sur les therland, James Garner. (2 h 08.) cile de Space Cowboys. Depuis une disques durs des ordinateurs. décennie, on peut voir dans L’Association américaine de l’in- VENISE l’œuvre de Clint Eastwood une es- dustrie phonographique (RIAA), de notre envoyé spécial pèce de manuel de savoir-vivre à qui est à l’origine des poursuites, Le paradoxe qui consiste à inau- l’usage du troisième âge. La vie considère que le logiciel mis au gurer une manifestation qui se amoureuse (Sur la route de Madi- point par Napster favorise le pira- veut le bastion de la jeunesse et de son), professionnelle (Les Pleins tage des œuvres et est en infrac- l’intégrité du Pouvoirs) et maintenant la retraite tion avec la législation sur le droit cinéma par se vivent intensément, même si on d’auteur. La ligne de défense de une super- a plus de soixante ans. Cette inter- Napster a jusqu’à maintenant 2000 WB & VILLAGE/ROADSHOW FILM LTD production prétation est sûrement réductrice Un ancien combattant qui moque les travers du grand âge pour mieux en souligner la supériorité. consisté à présenter son activité hollywoo- pour les deux premiers films cités, comme un service aux internautes, dienne inter- elle suffit amplement à jauger la déjà contée par Philip Kaufmann par les astronautes de la NASA. demi-siècle, presque, après l’échec et non une technique de stockage prétée par profondeur de Space Cowboys. dans L’Etoffe des héros. Comment Quarante-deux ans après, les ta- de leur vie, quatre hommes se des enregistrements. des septua- Le film s’ouvre sur une séquence les pilotes d’essai de l’armée de lents de Frank Corvin (Clint East- voient offir l’occasion de l’effacer. Par ailleurs, une enquête du groupe génaires n’a en noir et blanc. En quelques l’air américaine se virent prendre wood), l’un des pilotes présentés Car Corvin-Eastwood pose ses de conseil américain Gartner, pré- pas fait rire tout le monde en plans, Eastwood résume l’histoire leur tour dans la course à l’espace dans le prologue, deviennent conditions : pour reprogrammer le sentée mercredi 30 août, révèle Italie. Ainsi, le quotidien La brusquement indispensables à la satellite fou, il lui faudra aller lui- que près de 40 % des universités Repubblica du mercredi 30 août NASA. Reconverti dans la pro- même dans l’espace, accompagné américaines interdisent à leurs étu- félicitait ironiquement la Warner, Querelle de campaniles grammation de satellites après de ses amis de jeunesse. Tout ça diants et professeurs de consulter le studio qui a produit Space Cow- avoir quitté l’aviation, Corvin est pour mettre en scène un parcours le site d’échange de fichiers musi- boys, pour la réussite de son opé- Pendant l’heure qui a précédé la cérémonie d’ouverture de la le seul homme au monde à pou- de l’ancien combattant qui moque caux à partir du matériel des cam- ration de marketing. Et Clint East- 57e Mostra, la chaîne Tele Più (filiale italienne de Canal+) a retrans- voir reprogrammer un satellite gentiment les travers du grand pus. Cette enquête a été réalisée wood ne doit pas attacher tant mis l’arrivée des vedettes et des personnalités au Palais du cinéma. russe devenu fou, et dont les plans âge, pour mieux en souligner la auprès de cinquante universités, d’importance que cela aux cow- Le perron de ce dernier comptant bien moins de marches que celui sont issus d’une opération de ren- supériorité. Malgré leurs dentiers, publiques et privées. L’accès au boys de l’espace puisque, lors de du bunker cannois, le présentateur put engager des conversations seignement remontant à la guerre leurs muscles avachis, leurs mala- logiciel a été interdit notamment la cérémonie d’ouverture de mer- d’une durée inimaginable sur la Croisette. Mercredi soir, l’homme de froide. On mentionne cette ficelle dies, les membres du quatuor dans les universités de Yale ou à la credi soir, après avoir reçu un Lion Tele Più avait imaginé un jeu passionnant : faire dire du mal du Festi- en tant qu’échantillon d’un scéna- passent tous les tests et em- New York University mais reste d’or pour toute sa carrière, il quit- val de Cannes si possible à des invités français. L’opération a rempor- rio qui en est cousu. La vraisem- barquent dans la navette spatiale, autorisé à Harvard, au Massa- ta la scène en oubliant qu’il lui res- té un succès certain, le patron français de Tele Più, Michel Thoulouze, blance, ici, n’a guère d’impor- accompagnés de jeunes gens dont chusetts Institute of Technology ou tait encore à présenter ses cama- a jugé que Venise était « le plus beau festival et le moins mercantile » et tance, malgré le tournage en ils se débarrasseront peu de temps à Stanford. — (Reuters ; AFP.) rades astronautes, Tommy Lee Claude Chabrol, membre du jury, qui présente hors compétition Mer- décors réels, à Houston ou à cap avant le dénouement, d’une ma- Jones, Donald Sutherland et ci pour le chocolat, l’a rejoint en estimant que la Mostra privilégiait Kennedy. nière qui en dit long sur le cas DÉPÊCHES James Garner. Il fallut le rappeler à « la qualité plutôt que le marché ». En revanche, le présentateur n’a Tout est fait pour amener et dé- qu’Eastwood fait de la jeunesse. a THÉÂTRE : Philippe Noiret et grands cris. pas réussi à leur faire prononcer le nom honni de Cannes. velopper la situation suivante : un Catherine Rich créeront L’Homme IRONIE ET FLATTERIE du hasard, de Yasmina Réza, au Cet « âgisme » militant peut Théâtre du Gymnase, à Marseille, agacer, mais il a l’immense mérite du 22 au 30 septembre. La pièce, d’aller à l’encontre des mœurs mise en scène par Frédéric Bélier- Clint Eastwood, l’indépendance et l’histoire du cinéma hollywoodiennes actuelles. Et puis Garcia, tournera en France, en DANS leur numéro 549, de septembre 2000, réaliser, car la chaîne n’était pas d’accord. Je n’ai qui faisaient du cinéma ne connaissaient vrai- Eastwood mélange avec une telle Belgique et Suisse avant d’être pré- Les Cahiers du cinéma (35 F ; 5,34 ¤), publient un jamais su si c’était vrai. [...] ment rien à son histoire. A cette époque, rares habileté l’ironie et la flatterie à sentée au Théâtre de l’Atelier à Pa- très long entretien avec Clint Eastwood, recueilli, – Vous étiez en train de créer un “style étaient les critiques qui auraient pu nommer les l’égard de ce nouveau créneau dé- ris, début 2001. (Théâtre du Gym- les 1er et 2 mars 2000, par Nicolas Saada et Serge Malpaso”. Vous vouliez être aussi indépen- réalisateurs de Out of The Past ou de Blood on the mographique (la population de nase, 4, rue du Théâtre-Français, Tubiana. En voici quelques extraits, dans lesquels dant que possible. Moon [Jacques Tourneur, 1947, et Robert Wise, ces cités du sud-ouest des Etats- Marseille. Tél. : 04-91-24-35-35.) l’acteur et metteur en scène parle de Malpaso, la – Je crois, oui. Si j’avais été adulte dans les an- 1948], ni d’aucuns des films d’Anthony Mann ou Unis, interdites aux moins de a Arturo Brachetti reprendra son structure de production qu’il a créée en 1967, et nées 30, et si j’avais atteint une certaine notorié- de Preston Surges. Tout ce qu’ils connaissaient, 65 ans) que tout le monde finit par spectacle à partir du 5 octobre, de l’idée que l’on se faisait alors du cinéma aux té, en tant qu’acteur, j’aurais probablement été c’étaient les films avec lesquels ils avaient grandi. y trouver son compte. Car si le au Théâtre Mogador, à Paris. Le Etats-Unis. sous contrat dans un grand studio et j’aurais pu Il y avait très peu de “cinéastes” à cette époque. réalisateur Eastwood n’exige que transformiste italien, qui a reçu le « Lorsque vous avez monté Malpaso, pen- faire quelques films par-ci par là. [...] Mais je suis Les Américains d’alors avaient très peu de le minimum du comédien, il tire Molière 2000 du meilleur one-man- siez-vous déjà réaliser des films ? arrivé à une époque où cela n’était plus possible. chances de pouvoir étudier l’histoire du cinéma. de ses camarades des choses éton- show, a rassemblé plus de – Non. J’y avais pensé plus tôt et j’avais émis le Les gens cherchaient à se ménager plus d’indé- Sur ce plan, l’Europe et la France en particulier nantes, comme ce Tommy Lee 100 000 spectateurs depuis ses dé- souhait de réaliser des épisodes de Rawhide. Plu- pendance. Ce phénomène est lié au fait que Hol- ont exercé une influence déterminante. Au- Jones dépouillé de toute agressivi- buts à Paris, en janvier. (Théâtre sieurs acteurs de la série avaient écrit des scéna- lywood ignorait le cinéma européen et tout ce jourd’hui, tout le monde parle de la nécessité de té, ou l’autoparodie réjouissante Mogador, 25, rue Mogador, Paris rios. Moi, j’ai dit que cela ne me tentait pas, mais qui se passait sur le plan international [...]. Holly- préserver les films, de protéger cet art dans son que Donald Sutherland donne de 9e. Tél. : 01-53-32-32-00.) que, en revanche, j’aimerais réaliser. Je suis donc wood ne savait pas quelle attitude adopter à cet ensemble... et son histoire. Mais, à ce moment- ses personnages de séducteurs des a Le metteur en scène Alfredo allé trouver Eric Fleming pour lui demander s’il égard. Nous n’avions pas, alors, ce que vous ap- là, tout le monde s’en fichait. Les films qui ne années 70. Ce bel ensemble, ajou- Arias, qui va diriger Isabelle Ad- me soutiendrait. Comme il s’est montré très en- pelez des cinéastes [en français dans le texte]. En marchaient pas étaient immédiatement envoyés té au rythme décontracté et enjô- jani dans La Dame aux camélias, thousiaste, je suis allé voir les producteurs aux- France, par exemple, vous aviez des gens qui au pilon [... ]. » leur du film, au refus efficace du d’Alexandre Dumas, au Théâtre quels j’ai dit que j’en avais parlé aux acteurs, qui s’intéressaient de très près au cinéma, qui l’ont metteur en scène de se laisser do- Marigny, à partir du 18 octobre et étaient tous d’accord pour me laisser mettre en étudié. Mais ici, il n’y avait pas d’écoles de ciné- ૽ Serge Tubiana et Nicolas Saada proposent miner parles effets spéciaux, pro- jusqu’au 25 janvier 2001, créera en- scène un épisode – de préférence un de ceux où ma. Finalement, il y a eu University of South Ca- « A la rencontre de Clint Eastwood », sur pulse Space Cowboys au-dessus suite Les Bonnes, de Jean Genet, en je n’aurais qu’un rôle minime. Les producteurs lifornia et quelques autres structures, mais elles France Culture, le 9 septembre, de 15 heures à dutout-venant de la production Italie puis au Théâtre de l’Athénée, ont donné leur accord. J’ai donc commencé à ont été créées très tard. A l’époque, il n’y avait 17 h 30, une émission qui comprend des hollywoodienne. à Paris, en mars 2001. (Théâtre Ma- chercher. Mais entre-temps, les producteurs pas de Cinémathèque américaine, ni rien de ce témoignages de Claire Denis et d’Olivier rigny, avenue de Marigny, Paris 8e. m’ont annoncé que je n’aurais finalement pas à genre. C’était une mauvaise période, car les gens Assayas. Thomas Sotinel Tél. : 01-53-96-70-00.) Peintures et souvenirs ethnologiques font revivre les prairies rêvées des Indiens des Plaines

DAOULAS (Finistère) légers et périssables, les ornements pulations indiennes qui, jus- reurs des bois, souvent d’origine bonnets hérissés de plumes d’aigle, de notre envoyé spécial corporels qui disparaissent avec qu’alors, se déplaçaient à pied, sans française, qui achètent leurs four- cimiers en soies de porc-épic, pec- La bataille de Little Big Horn se leurs propriétaires. La récolte pré- autre animal de bât que le chien. Le rures. Ils vont apprendre à torals en os, témoignages ethnolo- rejoue sous les frondaisons bre- sentée à Daoulas, vêtements et mo- poney va révolutionner leur vie. Les connaître des marchands de plus en giques bien sûr, mais aussi parures tonnes de l’abbaye de Daoulas. cassins perlés, parures de plumes, Indiens vont pouvoir traquer plus plus nombreux qui leurs apportent de rêve, pour celui qui les portait Peaux-Rouges et tuniques bleues, peaux peintes, calumets, instru- facilement le bison qui va devenir le quelques éléments du confort mo- comme pour celui qui les regarde façonnés par le sculpteur sénégalais ments de musique, harnachements pivot matériel de cette civilisation derne : les épidémies et l’alcoo- aujourd’hui. Un rêve exotique, dira- Ousmane Sow, s’affrontent une de chevaux, aurait néanmoins pu nouvelle : nourriture, habitat, vête- lisme. Mais pour quelques rares Oc- t-on. Mais l’exotisme n’est-il pas dernière fois. Le général Custer être plus abondante. ments, tout dépend de lui. cidentaux, ces Indiens représentent autre chose « que la notion du dif- agonise sous un chêne, mitraillé par Il faut noter aussi que cette civili- encore une sorte d’idéal toujours férent ; la perception du divers ; la les objectifs des visiteurs ravis. sation qui s’étendit sur un très vaste vivant : l’alliance entre nature et connaissance que quelque chose Cette mise en scène vient à pic territoire, du sud du Canada au Bodmer montre, en culture rompue depuis la fin de n’est pas soi-même » (Victor Sega- renforcer l’exposition consacrée nord du Texas, et des montagnes l’héritage gréco-romain. Et deux len). aux Indiens des Plaines. Elle a été Rocheuses aux confins du Missis- quelques aquarelles, d’entre eux, deux peintres, Karl La plupart des photos qui ac- montée, in extremis, par l’écrivain sippi, eut une brève existence : un Bodmer et George Catlin, vont par- compagnent cette exposition n’ont Michel Le Bris, nouveau directeur siècle et demi au maximum. Née de une humanité tir avec leurs pinceaux et leurs cou- pas ce bonheur. Elles représentent de ce centre culturel, avec l’aide de la rencontre de l’homme et du che- leurs à la rencontre de cette huma- des individus figés dans l’histoire Francis Geffard, un libraire de Vin- val, liée à une ressource quasi frémissante, nité qui vit ses derniers beaux jours. tragique de leur rapide déclin. Les cennes (librairie Millepages) qui unique, celle du bison, elle est Le premier accompagne un aristo- survivants de cette civilisation, dra- s’est pris d’intérêt pour les Indiens morte avec l’extinction des grands dansante, galopante crate allemand, Maximilien de pés dans des défroques d’occasion, au point de leur consacrer plusieurs troupeaux décimés par les envahis- Wied, voyageur lettré, féru d’ethno- sur fonds de toiles peintes, fixent voyages par an depuis plus de dix seurs venus de l’Est : les émigrants logie ; le second est un artiste ama- l’objectif d’un air absent. L’expo- ans, et une collection de livres, européens. Cette mutation, qui atteint sa vi- teur, avocat en rupture de barreau. sition se clôt sur une évocation du « Terres indiennes » (Albin Michel). Au début du XVIIIe siècle, ces tesse de croisière vers 1750, est ren- Dans les années 1830, ils parcourent renouveau indien qui se manifeste Une manifestation qui entend faire grandes plaines sont encore mai- forcée par l’exode des tribus de l’Est ces immensités, dessinant et pei- aux Etats-Unis : retour des danses revivre une civilisation mythique : grement peuplées. L’immense prai- lentement refoulées par la colonisa- gnant sans relâche sur le motif. du soleil, commémoration du mas- celle des habitants qui hantaient les rie, glaciale en hiver, étouffante en tion européenne. Kiowas, Sioux, Les aquatintes de Bodmer et les sacre de Wounded Knee. On vou- grandes plaines de l’Amérique du été, est parcourue par d’énormes Comanches, Assiniboines, toiles de Catlin sont le grand intérêt drait que cet optimisme scandé par Nord, que le cirque, la littérature, la troupeaux de bisons. Les hommes, Cheyennes, Cree, Blackfeet, Gros de l’exposition de Daoulas. Car le sourd battement des tambours photographie, le cinéma et la bande rares, habitent de préférence ses Ventres avancent à travers la prairie c’est grâce aux yeux de ces artistes ne corresponde pas à un cliché et dessinée ont fait entrer dans l’ima- pourtours, plus accueillants. Cer- au rythme des chasses et des doués qu’une civilisation renaît. que le mystérieux continent indien, ginaire occidental en un temps re- tains, plus ou moins sédentarisés, guerres. L’été, les tribus se ras- Bodmer montre, en quelques aqua- l’Atlantide rouge qui nous avait cord. A partir de 1890, William Co- vivent en partie d’agriculture, semblent pour échanger des pro- relles, une humanité frémissante, tant fait rêver, redevienne une dy, dit Buffalo Bill, présente son d’autres privilégient la chasse. Dans duits, célébrer des rituels comme la dansante, galopante. Les person- réalité. Wild West Show sur les scènes du le courant du XVIIe siècle, un ani- Danse du soleil, traquer les buffalos nages portraiturés par Catlin ont la Emmanuel de Roux monde occidental. En 1903, Edwin mal disparu de ces steppes depuis ou se battre ; l’hiver, ils se dis- dignité des sénateurs romains. Ja- S. Porter tourne le premier western. dix mille ans, le cheval, réapparaît. persent en petites unités, le long mais ils ne tombent dans l’anecdote ૽ Indiens des Plaines, abbaye de Comment faire la part de la mytho- Arrivés avec les conquérants espa- des rivières pour nourrir leurs trou- en dépit de leur sens du détail. Si la Daoulas, 21, rue de l’Eglise, logie et de la réalité, tout en accor- gnols, des animaux fugitifs rede- peaux de chevaux et passer la mau- rapidité d’exécution fait commettre 29460 Daoulas. Tous les jours, de dant à la légende le poids qu’elle viennent sauvages, constituant peu vaise saison. à Catlin quelques maladresses, elle 10 heures à 19 heures. 20 F et 35 F mérite ? La tâche n’était pas facile. à peu des bandes errantes qui vont Au tout début du XIXe siècle, la interdit tout académisme à ce colo- (3,05 ¤ et 5,34 ¤). Jusqu’au 12 no- Les Indiens des Plaines ne s’en- fixer, de manière hasardeuse, des pression européenne se fait plus riste hors pair. Dans la salle où ces vembre. Catalogue : éditions Hoë- combraient guère d’objets à trans- traits génétiques originaux. Le mus- forte. Déjà les Indiens des Plaines pièces sont exposées, ont été ras- beke/Abbaye de Daoulas, 192 p., porter. Ils privilégiaient les décors tang sera vite apprivoisé par les po- sont entrés en contact avec les cou- semblés quelques beaux objets : 240 F (36,59 ¤). LeMonde Job: WMQ0109--0024-0 WAS LMQ0109-24 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0554 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 CULTURE Un hôpital en couleur SORTIR BARBIREY-SUR-OUCHE à son bouchon. La compagnie (Côte-d’Or) 26000 Couverts plantera les stands extravagants d’une gigantesque pour enfants à la mer Entre Cour et Jardins kermesse bourrée de surprises. A quelques kilomètres de Dijon, Entre Cour et Jardins, jardins de dans le somptueux parc paysager Barbirey, Barbirey-sur-Ouche (21). à l’anglaise de A Palavas-les-Flots, l’Institut Saint-Pierre Du 31 août au 3 septembre. Tél. : Barbirey-sur-Ouche, se déploie 03-80-49-00-91. fait peau neuve pendant quatre jours le premier pressionnantes abbayes de France. festival de spectacles en jardins. VERNEUIL-EN-HALATTE Institut Saint-Pierre, rue Giniez- C’est une île tout en longueur où se Intitulé Entre Cour et Jardins, cette (Oise) Marès, Palavas (34). Tél. : 04-67- succèdent des petits blocs, mai- manifestation pilotée par Frédéric 07-75-00. Architectes : Jérôme sons ou pavillons sans grande am- Bonnemaison et Jean-Philippe Rock’Oise Brunet et Eric Saunier. bition architecturale. On n’est pas D. R. Roger, épaulés par la paysagiste Chaque année depuis 1990, le à Royan. Le travail de Brunet et Un patio d’où émergent trois têtes de palmiers. temps d’une journée, la ville de PALAVAS-LES-FLOTS (Hérault) Saunier n’en est que plus singulier, Laurence Vanpoulle, se propose Verneuil-en-Halatte accueille des de notre envoyé spécial car il fait de l’Institut le seul « mo- ployé trois niveaux de terrasses en accueil, Brunet et Saunier rompent d’explorer de nouvelles formes jeunes talents régionaux et des L’Institut Saint-Pierre, à Palavas- nument » de la ville. décrochement, disposées en U au- avec la symétrie. Côté rue, un long artistiques sur fond végétal et les-Flots (Hérault) – retour de va- L’Institut Saint-Pierre, géré par tour d’un patio d’où émergent, bloc coloré sable clair unifie un en- minéral. Cette édition présente grands noms de la scène du rock cances oblige –, est un hôpital l’Œuvre montpelliéraine des en- coiffures cocasses, trois têtes de semble de fonctions disparates ; sept spectacles (dont six instrumental, à l’occasion du pour enfants. Souvent, quand il fants à la mer (OMEM), jolis noms palmier. Immenses terrasses aux cuisines du restaurant, consulta- créations) : théâtre avec une mise festival départemental Rock’Oise. s’agit d’enfants, l’architecture chargés de vitamines, d’iode et sols de bois, avec des pare-soleil de tions externes, hôpital de jour. en scène d’Olivier Besson, danse Brit pop, folk, hard core, ska, tourne à l’infantilisme, se prend à d’ultraviolets, a été fondé en 1917. bois toujours, cernées de bastin- Entre ce long bloc percé d’étroites avec le duo Boris punk, fusion, cette année encore, jouer les Mickeys, les Poupettes à Quelques médecins et religieux gages, et sur lesquelles donnent ouvertures (un « standard » médi- Charmatz-Dimitri Chamblas, les différentes branches du rock l’Epingle, comme si le monde était avaient perçu de façon empirique d’immenses fenêtres, aux volets de terranéen) et le bâtiment des lecture publique par Sabine seront représentées. Parmi les fait d’artifices paradisiaques. Jé- le bénéfice de la mer et du soleil bois encore. Quand les murs et les jeunes malades, qui, vers la ville, Masson, musique avec le collectif groupes professionnels, on notera rôme Brunet et Eric Saunier, archi- pour des enfants atteints de ra- piliers apparaissent, selon un ryth- propose un rouge turinois, a été lyonnais Labyrinthus, qui a conçu la présence de Pleymo (à tectes parisiens, ont préféré chitisme, d’ostéomyélite ou bien me régulier, ils sont marqués de installé l’accueil. Calé sur un grand 19 heures), de Dionysos (à 20 h 30) prendre les enfants au sérieux en encore de coxalgie. Les maladies et couleurs gaies et chaudes. Rien patio intérieur, c’est un modèle une œuvre à partir de sons leur proposant un bâtiment stable les besoins ont depuis évolué : en d’inutilement ludique. Simplement d’ouverture et de fluidité. Or les enregistrés dans les jardins, et et de Mass Hysteria (à 23 h 30). mais souriant. 1995, l’Œuvre a demandé à la une attention au détail, au confort. soins apportés à l’organisation performances signées du 9e Festival départemental Rock’Oise, Palavas-les-Flots est si l’on veut SCIC-Développement de lui orga- C’est le territoire des enfants. On spatiale et aux espaces extérieurs plasticien Erik Samakh et d’Alice – Verneuil-en-Halatte (60). Le la plage de Montpellier, celle que niser un concours, puis un chantier peut y déplacer les lits, s’y regrou- se retrouvent, aussi justes, au cœur qui a centré son intervention 2 septembre, à partir de 14 heures. rêve d’atteindre à la nage Georges qui a pris fin en 1999. Les petits ma- per en chaise roulante, y arranger de l’édifice, jusque dans l’éclairage autour du silence du pêcheur face 50 F. Tél. : 03-44-06-61-17. Frêche, maire du chef-lieu de l’Hé- lades l’aiment-ils autant que des tables pour jouer, lire ou vivre. des couloirs, à vingt mille lieues de rault, qui, d’Antigone en Port-Ma- nous ? Brunet et Saunier, en tout Il prolonge les chambres, avec l’image habituelle de l’hôpital. rianne, urbanise avec volontarisme cas, n’ont pas ménagé leur peine cette particularité que les angles Le nouvel Institut Saint-Pierre, GUIDE les bord du Lez. Pour l’heure ce- pour concilier les besoins formulés n’y sont pas volontiers droits, l’Ins- qui reste relié au bâtiment d’ori- pendant, Palavas reste partielle- ou non des enfants, du personnel titut Saint-Pierre ouvrant ses bras gine reconverti en école, reçoit ment protégée d’une urbanisation soignant, des parents. vers la mer. D’où un sentiment de cent à cent cinquante enfants et REPRISES CINÉMA du Montparnasse, Paris 6e. Du mardi à outrance grâce aux étangs de Pé- Les enfants s’en souviendront flottement, tout compte fait fort adolescents, pris en charge par au vendredi, à 21 heures ; le samedi, rols et à la presqu’île intouchable sans doute comme d’un grand édi- légitime pour une architecture qui quelque trois cents personnes. L’Etoffe des héros à 18 heures et 21 heures ; le di- de Philip Kaufman (Etats-Unis, 1983, de Maguelone où se trouvent les fice, symétrique et coloré, en bord se réclame ouvertement d’un vo- manche, à 15 heures. Tél. : 01-45-48- 3 h 10). 92-97. 140 F. Jusqu’au 15 octobre. ruines d’une des plus belles et im- de plage. Les architectes ont dé- cabulaire marin. Côté parents, côté Frédéric Edelmann Grand Action, 5, rue des Ecoles, Paris Commentaire d’amour 5e . Tél. : 01-43-29-44-40 ; Publicis de Jean-Marie Besset, mise en scène Champs-Elysées, 129, av. des de Jean-Marie Besset et Gilbert Des- Champs-Elysées, Paris 8e . Tél. : 01-40- veaux. 30-30-31. Théâtre Tristan-Bernard, 64, rue du Laura Rocher, Paris 8e. A partir du 31 août. d’Otto Preminger (Etats-unis, 1944, Du mercredi au samedi, les lundi, 1 h 30). mardi, à 21 heures. Tél. : 01-45-22-08- Action Ecoles, 23, rue des Ecoles, Pa- 40. De 70 F à 200 F. Jusqu’au 30 sep- ris 5e. Tél. : 01-43-29-79-89. tembre. Infidèlement votre Nicolas Lebovici (piano). de Preston Sturges (Etats-Unis, 1948, Œuvres de Prokofiev, Scarlatti, Cho- 1 h45). pin. Reflet Médicis, 3, rue Champollion, Théâtre de l’île Saint-Louis, 39, quai Paris 5 e. Tél. : 01-43-54-42-34. d’Anjou, Paris 4e. Les 1er, 2 et 9 sep- Le Roi des roses tembre, 18 h 30 ; le 3 septembre, de Werner Schroeter (Allemagne, 20 heures. Tél. : 01-46-33-48-65. De 1984, 1 h 30). 60 F à 90 F. Racine Odéon, 6, rue de l’École de Jean-Michel Groud (violoncelle). Médecine, Paris 6e. Tél. : 01-43-26-19- Bach. 68. Eglise Saint-Julien-le-Pauvre, 1, rue Saint-Julien-le-Pauvre, Paris 5e. Les FESTIVALS CINÉMA 1er et 3 septembre, 20 heures. Tél. : 01-42-26-00-00. De 80 F à 150 F. Cinéma en pleir air : les grands es- Alain Kremski (piano). paces Œuvres de Liszt, Wagner, Nietzsche, Gabbeh de Mohsen Makhmalbaf Mahler. (Iran, 1996) : le 1er, 22 h. Théâtre de l’île Saint-Louis, 39, quai Parc de la Villette, prairie du d’Anjou, Paris 4e. Le 1er septembre, triangle, Paris 19e. Tél. : 08-03-30-63- 21 heures. Tél. : 01-46-33-48-65. 90 F. 06. Thierry Chauvet, Philippe Chayeb, Cinémathèque française Thierry Elliez L’Ange noir (Roy William Neill, Baiser salé, 58, rue des Lombards, Pa- 1946) : le 1er, 19 h. On ne joue pas ris 1er. Les 1er et 2 septembre, 21 h 30. avec le crime (Phil Karlson, 1955) : le Tél. : 01-42-33-37-71. De 50 F à 70 F. 1er, 21 h. Alex Tassel, Guillaume Naturel, Gil- Cinémathèque française, Palais de das Scouarnec Chaillot, 7, avenue Albert-de-Mun, Sunset, 60, rue des Lombards, Paris Paris 16e. Tél. : 01-56-26-01-01. 1er. Les 1er et 2 septembre, 21 heures. L’Emploi (Ermanno Olmi, 1961) : le Tél. : 01-40-26-46-60. 1er, 19 h. Eclairage intime (Ivan Pas- Bob Dorough Trio ser, 1966) : le 1 er, 21 h 30. Au duc des Lombards, 42, rue des Cinémathèque française, salle des Lombards, Paris 1er. Les 1er et 2 sep- Grands Boulevards, 42, boulevard tembre, 21 h 30. Tél. : 01-42-33-22- Bonne Nouvelle, Paris 1er . Tél. : 01- 88. 56-26-01-01. Jon Regen L’Etrange Festival Chesterfield Café, 124, rue La Boétie, Sadique et experte (Gaira, 1964) : le Paris 8e . Les 1er et 2 septembre, 1 er, 17 h 30. Electra Glide in blue 23 h 30. Tél. : 01-42-25-18-06. (James William Guercio, 1973) : le Joël Favreau 1 er, 19 h 30. Vent de folie sur le Wis- Tourtour, 20, rue Quincampoix, Paris consin (James Marsh, 2000) : le 1 er, 4e. Le 1er septembre, 20 heures, jus- 21 h 45. Nuit Annie Sprinkle : le 1er , qu’au 8 septembre. Tél. : 01-48-87- 0 h 30. Anthologie du cinéma cy- 82-48. 60 F. nique 3 (Danièle Cipri et Franco Ma- Wally resco, 1992) : le 1 er, 20 h. Le Trianon, 80, boulevard Roche- Forum des halles, porte Saint-Eus- chouart, Paris 18e. 20 h 30, jusqu’au tache, Paris 1er . Mo Les Halles. Tél. : 30 septembre. Tél. : 0-803-815-803. 01-44-76-62-00. Jusqu’au 5 sep- Location Fnac. De 110 F à 130 F. tembre. De 20 F à 40 F la séance ; Caracas Sincronica carte cinq films : 120 F. La Vieille Grille, 1, rue du Puits-de- Les Cent Jours du polar l’Ermite, Paris 5e. Les 1er et 2 sep- Kiss of death (Barbet Schroeder, tembre, 21 heures ; le 3 septembre, 1995), le 1er. 18 heures. Tél. : 01-47-07-22-11. De Action Christine Odéon, 4, rue Chris- 70 F à 90 F. tine, Paris 6e . Tél. : 01-43-29-11-30. Fred Clayton Band TROUVER SON FILM Cithéa, 114, rue Oberkampf, Paris 11e. Les 1er et 2 septembre, 22 h 30. Tél. : Tous les films Paris et régions sur le 01-47-00-00-32. Minitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08- Sangre Latina 36-68-03-78 (2,23 F/mn) La Java, 105, rue du Faubourg-du- Temple, Paris 11e. Le 1er septembre, ENTRÉES IMMÉDIATES 23 heures. Tél. : 01-42-02-20-52. 100 F. Le Kiosque Théâtre : les places de El Zef, fanfare java-tribale certains des spectacles vendues le Guinguette Pirate, au pied de la BNF, jour même à moitié prix (+ 16 F de face au 11, quai François-Mauriac, commission par place). Paris 13e . Le 1er septembre. 20 h. 40 F. Place de la Madeleine et parvis de la Tél. : 01-56-29-10-20 gare Montparnasse. De 12 h 30 à Zlato, quintet balkano-tzigano, 20 heures, du mardi au samedi ; de oriental 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Bateau El Alamein, Quai François- Atget, le pionnier Mauriac, Paris 13e . Le 1er septembre, Patrimoine photographique, hôtel 21 h 30. 40 F. Tél. : 01-45-86-41-60 de Sully, 62, rue Saint-Antoine, Paris 4e. Tél. : 01-42-74-47-75. De 10 heures RÉGIONS à 18 h 30. Fermé lundi. Jusqu’au 17 septembre. 25 F, 15 F. Orchestre national de Lyon Bonnard Bartok, Beethoven. James Ehnes Musée Maillol-Fondation Dina-Vier- (violon), David Robertson (direc- ny, 61, rue de Grenelle, Paris 7e. Tél. : tion). 01-42-22-59-58. De 11 heures à Les Halles, 38 La Côte-Saint-André. 18 heures ; nocturne jeudi jusqu’à Le 1er septembre, 21 heures. Tél. : 04- 21 heures. Fermé mardi. Jusqu’au 74-20-20-79. De 170 F à 210 F. 9 octobre. 40 F. 30 F, gratuit pour les Ballet Preljocaj -de 18 ans. Angelin Preljocaj, Personne Antoine et Catherine n’épouse les méduses. de Sylvie Blotnikas, mise en scène de Gare du Midi, 64 Biarritz. Les 1 et Julien Rochefort. 2 septembre, 21 heures. Tél. : 05-59- Poche-Montparnasse, 75, boulevard 22-44-66. 170 F. LeMonde Job: WMQ0109--0025-0 WAS LMQ0109-25 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0555 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / 25 JEUDI 31 AOÛT GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

22.10 L’Age d’or de la RKO. [4/6]. 20.30 et 1.00 Mozart. 18.25 Quand le rideau tombe aa DÉBATS Orson Welles et la RKO. Ciné Classics Sonate pour piano en si majeur K V 281. John Gage (Etats-Unis, 1948, N., TÉLÉVISION ARTE 22.15 Des trains pas comme les autres. Par Daniel Barenboïm, piano. Mezzo v.o., 95 min) &. Ciné Classics 19.55 et 23.55 TV 5 l’invité. [1/2]. Trains de luxe en Asie. TV 5 22.20 Hallelujah, 19.20 Le Journal 19.00 Voyages, voyages. L’Ile de Pâques. Bertrand Piccard. TV 5 TF 1 19.45 Météo, Arte info. 22.20 Diana, Shows 11, 12, 13, 14 et 15. Muzzik du séducteur aa 21.00 Holocauste tzigane, 20.15 Reportage. L’Homme de fer. princesse de l’image. Planète 23.05 Richard Strauss Gala. Danièle Dubroux (France, 17.35 Sunset Beach. au nom de la mémoire. Forum 1996, 100 min) &. Cinéstar 2 20.40 Thema. Allemagne 2000, comment 22.45 Quand l’île Saint-Louis Berlin, le 31 décembre 1992. Par 18.25 Exclusif. 22.00 La Vie quotidienne des Français en finir avec le néo-nazisme ? nous est contée. Odyssée l’Orchestre philharmonique de Berlin, 20.30 Augustin, roi du kung-fu a 19.05 Walker, Texas Ranger. à la Libération. Forum 20.45 Avoir la haine. 23.00 Les Années belges. dir. Claudio Abbado. Paris Première Anne Fontaine (France, 22.20 Comment en finir 1999, 80 min) &. Canal + 19.55 J’ai deux métiers. Téléfilm. Uwe Friesner. L’inconnu dans la maison. TV 5 0.00 Juliet Letters’. 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 22.20 Débat. avec le néo-nazisme ? Avec Michael Thomas, violon ; 20.45 La Loi de la haine a 23.20 Voyage au bout de la droite. 23.20 Thema. 20.55 Julie Lescaut. L’Ex de Julie. Invité : Daniel Vernet du Monde. Arte Voyage au bout de la droite. Arte Ian Belton, violon ; Paul Cassidy, alto ; Andrew V. McLaglen (Etats-Unis, 1.25 La Joyeuse Entreprise. 23.00 8 mai 1945, naissance Jacqueline Thomas, violoncelle ; 1976, 100 min). RTL 9 22.45 Made in America. 23.20 Les Eléphants oubliés Téléfilm. Christine Kabisch. d’un monde nouveau. Forum Elvis Costello, guitare et chant. Mezzo 21.00 Faces aa A visage découvert. d’Afrique. Odyssée Téléfilm. Stephen La Rocque %. John Cassavetes (Etats-Unis, 1968, M6 MAGAZINES 23.30 Les Anneaux TÉLÉFILMS N., v.o., 125 min). Paris Première 0.25 Très chasse. Bécassines au Maroc. de la mémoire. Histoire 21.05 Jaya, fille du Gange a 17.25 Code Eternity. Vijay Singh (France - Inde, 1996, FRANCE 2 19.00 Nulle part ailleurs. Best of. Canal + 0.25 Maya, une histoire 20.30 Fugues. Marion Sarraut. Festival 18.25 La Vie à cinq. millénaire. Planète v.o., 85 min) &. Cinéfaz 20.50 L’Eté d’« Envoyé spécial ». 20.35 Les Audacieux. 17.35 Jeux d’espions. 19.20 Dharma & Greg. Spécial Egypte. France 2 Armand Mastroianni. &. TMC 21.05 L’Etalon aa Jean-Pierre Mocky (France, 18.20 JAG. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. 21.05 Les Aventuriers de la science. SPORTS EN DIRECT 20.45 Avoir la haine. Uwe Friesner. Arte 1969, 90 min) %. Canal Jimmy 19.10 Un livre, des livres. 20.05 Notre belle famille. La voiture intelligente. 22.45 A visage découvert. e 21.30 Blade a 19.15 Qui est qui ? 20.40 Paradis d’été. La médecine à distance... TV5 17.30 et 23.00 Tennis. US Open (4 jour). Stephen La Rocque. %. TF 1 A Flushing Meadow. Eurosport Stephen Norrington (Etats-Unis, 19.50 Un gars, une fille. 20.50 Legend. Film. Ridley Scott. 23.45 La Voix du meurtrier. 1998, 115 min) ?. Canal + Vert 22.35 Poltergeist, les aventuriers DOCUMENTAIRES 20.30 Handball. Otto Alexander Jahrreiss. %. Téva 20.00 Journal, Météo, Point route. Euro Tournoi 2000 de Strasbourg : 22.10 Les Gens de la nuit aa Invité : Laurent Fabius. du surnaturel. %. France - Allemagne. Eurosport Nunnally Johnson (Etats-Unis, 19.00 Voyages, voyages. 1954, v.o., 95 min) &. Ciné Cinémas 1 20.50 L’Eté d’Envoyé spécial. L’Egypte. 0.20 Chapeau melon et bottes de cuir. L’Ile de Pâques. Arte SÉRIES 23.00 Ça va faire mâle. 20.00 Médecine traditionnelle MUSIQUE 22.10 Les Copains d’abord aa 20.55 Julie Lescaut. Lawrence Kasdan (Etats-Unis, 0.35 Journal, Météo. RADIO en Asie. [2/7]. Népal. Planète L’Ex de Julie. TF 1 1983, 100 min) &. Cinéstar 1 0.55 Docteur Markus Merthin. 20.00 100 ans de films d’horreur. 17.25 et 21.00 Papazian joue Chopin. Les Les géants. Ciné Classics vingt-quatre Etudes 21.55 Townies. Faith, Hope 22.30 Requiem aa FRANCE-CULTURE opus 10 et 25. Muzzik and Charity (v.o.). &. Série Club Alain Tanner (France - Suisse, FRANCE 3 20.00 Paroles de manchots. Odyssée 1998, v.o., 95 min) %. Ciné Cinémas 3 18.15 Haendel. Concerto pour orgue. 22.10 Les Steenfort, maîtres de l’orge. 20.00 Concordance des temps. 20.15 Reportage. L’Homme de fer. Arte Par K. Richter. Mezzo Margrit. Festival 22.30 Août aa 16.45 C’est l’été. Les expositions universelles. 20.30 Vols de guerre. [9/11]. Planète Henri Herré (France, 18.25 Questions pour un champion. 21.00 Concert. Intégrale des Concertos 18.30 Andreï Gavrilov joue... 22.45 Le Caméléon. Corn Man (v.o.). 1992, 95 min) &. Cinéfaz 21.20 Repose en paix. Une biographie Scriabine et Prokofiev. Muzzik [1/2]. The Inner Sense (v.o.). Série Club 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Brandebourgeois, de Bach. de Joe Coleman. Planète 22.35 Ligne rouge 7 000 aa 20.03 Consomag. Par la Petite Bande, 20.00 Papazian joue Chopin. Les 0.20 Chapeau melon et bottes de cuir. Howard Hawks (Etats-Unis, 1965, dir. Sigiswald Kuijken [1/2]. 21.50 Le Retour du primitif. Odyssée Le jeu s’arrête au 13. &. M6 20.05 Tout le sport. vingt-quatre Préludes opus 28. Muzzik v.o., 110 min) &. Cinétoile 22.10 Pages arrachées au journal 20.20 C’est mon choix pour l’été. de Michel Leiris. 20.55 Le Gendarme 22.30 Carnets de voyage. Saint-Laurent : et les Gendarmettes chroniques d’un fleuve sans fin. 4. Film. Jean Girault et Tony Aboyantz. 23.30 Mythologies du monde entier. 22.35 Météo, Soir 3. La famille d’Œdipe. 4. 23.10 La Crime Film. Philippe Labro %. CINEFAZ raconte les tribulations d’un jeune ARTE 0.50 Une maison de fous. FRANCE-MUSIQUES 1.10 Fame. La petite amie de Ian. 21.05 Jaya, fille du Gange a écrivain indien résidant à Paris, 20.40 Soirée spéciale Allemagne Nishani, qui commence un voyage 20.00 Concert Euroradio. Donné le 4 Premier long métrage du roman- Le film Voyage au bout de la droite, CANAL + novembre 1999, salle de la NHK, à initiatique aux sources du Gange, Tokyo, au Japon, par l’Orchestre cier et journaliste indien Vijay de Nicholas Fraser, qui inaugure dans l’Himalaya. Il délivrera une f En clair jusqu’à 20.30 symphonique de la NHK, dir. Wolfgang Singh, adapté de l’un de ses ro- cette soirée, avait été l’objet de dé- Sawallisch : Œuvres de R. Strauss. belle courtisane, Zehra, des griffes bats longs et passionnés en 1999, 18.30 Drôles de vies. 23.00 Soirée privée. mans, Jaya Ganga (Ed. Ramsay, 19.00 Best of Nulle part ailleurs. de ses souteneurs indiens, mais se- aux états généraux du documen- 1985), Jaya, fille du Gange inspira ce 19.45 Flash infos, Le Zapping. ra finalement rattrapé, à Bénarès, taire, à Lussas. Certains repro- RADIO CLASSIQUE commentaire au cinéaste Alain 20.05 Les Simpson. par le souvenir de Jaya, jeune Pari- chaient à cette œuvre un dispositif Corneau : « Quand le plus divin des 20.30 Augustin, roi du kung-fu a 20.15 Les Soirées. sienne qui hante ses rêves. Magni- léger pour traiter d’un sujet grave, Film. Anne Fontaine. &. Concerto Wq 165, de C. P.E. Bach, par fleuves sacrés rencontre le cinéma, fiquement photographié, réalisé 23.10 Citizen Kane aaa 21.50 Les Tragédies minuscules. l’Orchestre baroque d’Amsterdam, dir. l’extrême droite en Europe. Suivi à Orson Welles. Avec Orson Welles, T. Koopman, K. Ebbinge, hautbois. la magie est au rendez-vous », tan- selon un rythme et une construc- 22.20 d’un débat avec Daniel Ver- Joseph Cotten (Etats-Unis, 1940, N., 22.00 Le vent 20.40 La Jeunesse de Francis Poulenc. dis que le magazine américain Va- tion très personnels, ce film est un net, du Monde, sur le thème v.o., 120 min) &. Ciné Classics en emporte autant Œuvres de Poulenc, Mozart, Schubert, Film. Alejandro Agresti. &. Debussy, Stravinsky, Scotto. riety saluait « la maîtrise du ci- hommage à l’Inde, au Gange et à « Comment en finir avec le néona- 0.25 Faisons un rêve aaa Sacha Guitry (France, 23.20 Les Moissons d’Irlande 22.40 Les Soirées... (suite). néaste ». Le film de Vijay Singh l’amour fou. zisme ». 1936, N., 75 min) &. Cinétoile Film. Pat O’Connor (v.o.) &. Œuvres de Satie, Poulenc.

VENDREDI 1er SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

21.45 Les Grandes Expositions. 23.00 Monteverdi. Les Vêpres à la Vierge. 13.05 Les Copains d’abord aa DÉBATS L’art en France sous Avec Christiane Oelze, soprano ; Lawrence Kasdan (Etats-Unis, TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE le Second Empire. Planète Ilbolya Verebics, soprano ; Howard 1983, v.o., 105 min) &. Cinéstar 2 13.50 La Cinquième rencontre... 19.55 et 23.55 TV 5 l’invitée. 21.50 Robert Johnson. A la croisée des Crook, Ténor ; Scot Weir, ténor ; 13.10 Ligne rouge 7 000 aa TF 1 Françoise Hardy. TV 5 chemins. Canal Jimmy Philippe Huttenlocher, baryton ; Ulrich Howard Hawks (Etats-Unis, L’Espace : Les dangers de l’espace. Rausch, basse. Par le Bach Collegium 15.15 T.A.F. 21.00 Monastères, 22.00 Budapest 56, 1965, 110 min) &. Cinétoile 13.55 Les Feux de l’amour. de Stuttgart et la Gächinger Kantorei, 15.45 Cafés philo. à l’ombre de Dieu. Forum défaite et victoire. Histoire dir. Helmuth Rilling. Mezzo 13.40 Jaya, fille du Gange a 14.45 Moloney. Vijay Singh (France - Inde, 15.50 Histoire de comprendre. 22.00 Et Dieu dans tout ça ? Forum 22.00 Paroles de manchots. Odyssée 23.35 Mozart. Les Noces de Figaro. 1996, v.o., 80 min) &. Cinéfaz 15.40 Les Dessous de Palm Beach. 1938, Chamberlain et Munich. Par l’Orchestre de chambre de l’Opera 23.00 Inde, guerre des religions. Forum 16.35 Dawson. 22.15 Grand format. d’Etat hongrois Failoni 14.25 Non, ou la vaine 16.05 Cinq sur cinq. Les Malheurs de Sofia. Arte et l’ensemble Mille E Tre, 17.35 Sunset Beach. La fabrication du verre. gloire de commander aa 18.25 Exclusif. MAGAZINES 22.15 Parlez-moi d’amour. dir. J. Pillement. Paris Première Manoel de Oliveira (Fr.- Esp.- Port., 16.20 Jeunesse. [4/5]. Ne me quitte pas. TV 5 0.40 Clérambault. Magnificat. 1990, v.o., 110 min) %. Ciné Cinémas 2 19.05 Walker, Texas Ranger. 17.10 Alfred Hitchcock présente. 13.50 La Cinquième rencontre... 22.20 L’Œil des cyclones. [3/3]. Planète Avec J.-F. Lombard, haute-contre ; 15.00 Août aa 19.55 J’ai deux métiers. 17.35 100 % question. L’Homme et son univers. Les dangers Hervé Lamy, taille ; Peter Harvey, Henri Herré (France, 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 18.05 Lac Baïkal, derrière le miroir. de l’espace. La Cinquième 22.30 Le Rêve américain. [1/5]. basse. Par l’Orchestre Musica Aeterna 1992, 95 min) &. Cinéfaz 20.55 Spécial Vidéo Gag. 19.00 Tracks. 17.00 Les Lumières du music-hall. Un avenir qui renaît. Odyssée de Bratislava et les Pages et les Chantres de la Chapelle, 16.20 Noël chez les Muppets aa Le bilan de vos amours de vacances. 19.45 Météo, Arte info. Frehel. 23.00 Les Chevaliers. [4/6]. Guillaume dir. Olivier Schneebeli. Mezzo Brian Henson (Etats-Unis, 23.10 Sans aucun doute. 20.15 Reportage. Mythes et légendes. Gérard Lenorman. Paris Première le Maréchal, le chevalier parfait. TMC 1992, 85 min) &. Cinéstar 2 Spécial arnaques de vacances. 19.00 Tracks. 23.05 Médecine traditionnelle en Asie. 20.45 Un amour presque parfait. TÉLÉFILMS 16.40 Faisons un rêve aaa 1.00 Exclusif. Téléfilm. Lutz Konermann. Spécial : Tout fout le camp ! Arte [2/7]. Népal. Planète Sacha Guitry (France, 1936, 1.30 TF 1 nuit, Météo. 20.55 Thalassa. Escale en Inde. France 3 N., 80 min) &. Cinétoile 22.15 Grand format. 23.30 La Conquête de l’espace. Les Malheurs de Sofia. [1/2]. La mise en orbite. Histoire 18.45 Un cœur dans les étoiles. 22.15 Faut pas rêver. Julie Dash. &. Ciné Cinémas 20.30 Quand le rideau tombe aa FRANCE 2 23.00 Entre le ciel et l’enfer aaa République démocratique du Congo : 23.40 Vols de guerre. [9/11]. John Gage (Etats-Unis, 1948, Film. Akira Kurosawa (v.o.). 19.00 Un vendredi de folie. N., v.o., 100 min) &. Ciné Classics Les pêcheurs du fleuve. Le bombardier d’assaut. Planète 13.55 Maigret. Maigret en Finlande. France : Mon village. Melanie Mayron. Disney Channel 1.20 Chère Claudia. Film. Chris Cudlipp. 0.15 De la sainteté. [4/4]. 21.00 Addicted to Love a Italie : Vendanges vue 15.25 Chiquinha Gonzaga. Quatrième épître : les saints. Histoire 20.05 L’Enfant de la honte. Griffin Dunne (Etats-Unis, sur mer. France 3 Claudio Tonetti [1 et 2/2]. TSR 1997, 100 min) &. Ciné Cinémas 1 16.15 La Fête à la maison. M6 23.10 Sans aucun doute. Spécial arnaques 0.30 Repose en paix. Une biographie 16.45 Waikiki Ouest. de Joe Coleman. Planète 20.30 L’Héritière. Bobby Roth. Festival 21.00 Les Ailes de l’enfer a de vacances. Invités : Roland Giraud ; Simon West (Etats-Unis, 17.35 Jeux d’espions. 13.35 Le Souvenir de mon cœur. Alex Métayer. TF 1 20.35 Passé sous silence. Téléfilm. Jim Drake. &. SPORTS EN DIRECT Igaal Niddam. &. TMC 1997, 110 min) ?. Cinéstar 1 18.25 JAG. 0.25 P.I.N.K. France 2 21.00 Thunderbird Six a 19.10 et 0.20 Un livre, des livres. 15.15 Code Quantum. 20.45 Un amour presque parfait. 16.10 M comme musique. 0.55 La Route. Best of. Canal Jimmy e Lutz Konermann. Arte David Lane (Grande-Bretagne, 19.15 Qui est qui ? 18.45 et 1.30 Tennis. US Open (5 jour). 1968, v.o., 90 min) &. Cinéfaz 17.25 Code Eternity. A Flushing Meadow. Eurosport 20.45 Bénévole malgré lui. 19.50 Un gars, une fille. DOCUMENTAIRES Stuart Cooper. RTL 9 22.20 Croisières sidérales a 20.00 Journal, Météo, Point route. 18.25 La Vie à cinq. 20.05 Athlétisme. Golden League. André Zwobada (France, 1941, 19.20 Dharma & Greg. Meeting de Berlin. Canal + 22.10 La fièvre monte à El Pao. N., 95 min) &. Canal + Vert 20.50 Commissaire Montalbano. 17.50 Les Grands Crimes du XXe siècle. Manuel Matji Tuduri. Festival Le Voleur de goûter. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. Staline et le massacre de Katyn. TMC DANSE 22.30 Etreinte fatale. 22.50 Impasse meurtrière. 20.05 Incroyabl’animaux. 17.55 Don Simpson. Grandeur et Larry Elikann. ?. Téva Téléfilm. Michael Watkins. %. 20.40 Politiquement rock. décadence. Ciné Cinémas 22.00 Stamping Ground. Ballet. 22.50 Impasse meurtrière. 0.25 P.I.N.K. 20.50 Les Détourneurs. 18.05 Lac Baïkal, Chorégraphie de Jiri Kylian. Michael W. Watkins. %. France 2 1.15 Journal, Météo. 23.05 Au-delà du réel, l’aventure derrière le miroir. La Cinquième Musique de Carlos Chavez. Par continue. Valérie 23. &. le Nederlands Dans Theater. Mezzo 0.00 La Voix du meurtrier. 18.05 L’Actors Studio. Otto Alexander Jahrreiss. %. Téva FRANCE 3 Frères de sang. %. Kim Basinger. Paris Première 22.25 La Cathédrale engloutie. Ballet. 0.50 Drôle de chance. Chorégraphie de Jiri Kylian. 13.40 Les Enquêtes 18.15 Cinq colonnes à la une. Musique de Claude Debussy. Par SÉRIES [83e volet]. Planète le Nederlands Dans Theater. Mezzo de Remington Steele. 14.30 La croisière s’amuse. 18.15 Les Maldives. Odyssée 18.25 La Vie à cinq. RADIO 19.00 Des trains pas comme les autres. MUSIQUE Les démons du passé. &. M6 16.10 Va savoir. [1/2]. Trains de luxe en Asie. TV 5 19.20 Dharma & Greg. 16.40 C’est l’été. Classe Ex ! &. M6 FRANCE-CULTURE 19.05 Une île et des hommes. 18.15 Mozart. Sonate pour piano 18.25 Questions pour un champion. Nouvelle-Calédonie. Odyssée en si majeur KV 281. 19.55 Cybill. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Avec Daniel Barenboïm, piano. Mezzo Nuages à l’horizon. &. Téva 20.20 Concordance des temps. 20.00 100 ans de films d’horreur. 20.05 Tout le sport. Le rôle civique et social de l’historien. Les savants fous. Ciné Classics 18.30 Encore. 10e Concours international 19.55 21, Jump Street. 20.20 C’est mon choix pour l’été. de piano Van Cliburn. Muzzik Pas touche au prof. 13ème RUE 21.00 Concert. Intégrale des Concertos 20.05 Les Grands Parcs canadiens. 20.55 Thalassa. Escale en Inde. Brandebourgeois, de Bach. Le parc marin du Saguenay - 20.15 Weber. L’ouverture d’Oberon. 20.50 Commissaire Montalbano. 22.15 Faut pas rêver. Dir. Sigiswald Kuijken [2/2]. Saint-Laurent. Odyssée Par l’Orchestre de la Radio Télévision Le Voleur de goûter. France 2 23.00 Entre le ciel et l’enfer aaa 22.00 Pages arrachées au journal Suisse italienne, dir. S. Baudo. Mezzo Akira Kurosawa. Avec Toshiro 23.05 Météo, Soir 3. 20.15 Reportage. Mythes et légendes. Arte 22.05 Ally McBeal. Les cloches. RTBF 1 Mifune, Kyoko Kagawa (Japon, 23.30 Mike Hammer. de Michel Leiris. 21.00 Claudio Arrau. 1963, v.o., 140 min). Arte 20.30 J’étais Hamlet. Planète New York, 1983. Muzzik 22.20 Wild Palms. Fantômes. %. Série Club 0.20 Les Rustres. Pièce de Carlo Goldoni. 22.30 Carnets de voyage. Saint-Laurent : chroniques 20.30 La Mare au Canard. Odyssée 22.00 Concert de gala. 0.50 Drôle de chance. 1.55 Fame. Un être à part. d’un fleuve sans fin. 5. Les faiseurs de miracles. &. M6 21.00 Civilisations. Royal Albert Hall de Londres, 1997. 23.30 Mythologies du monde entier. Irak, 5000 ans et 6 semaines. Histoire Avec Eric Clapton ; Elton John ; 1.40 Cop Rock. CANAL + La famille d’Œdipe. 5. Paul McCartney ; Marc Knopfler ; Oil of Ol’Lay (v.o.). &. Canal Jimmy 21.00 Intégrales coulisses. Sting ; Phil Collins. Paris Première Marc Jolivet. Paris Première 2.55 Friends. 13.35 Le Créateur a FRANCE-MUSIQUES 22.50 Beethoven. Celui qui participait à la fête bidon Film. Albert Dupontel. %. 21.05 California Visions. Sonate pour piano no 24 en fa dièse (v.o.). &. Celui qui avait la chaîne [5e volet]. Canal Jimmy 15.10 Orénoque, les gardiens du fleuve. 20.30 Prom’s de Londres. Concert donné majeur, opus 78. « A Thérèse ». porno (v.o.). &. Celui qui cherche 16.05 Court métrage. 21.30 Boxe. Pathé Sport Par Daniel Barenboïm, piano. Mezzo un prénom (v.o.). &. Canal Jimmy en direct du Royal Albert Hall 16.10 Meurtre parfait de Londres, par le Chœur de la Radio Film. Andrew Davis. %. de Berlin et l’Orchestre symphonique 17.55 Micro ciné. de la BBC, dir. Ingo Metzmacher. Œuvre de Beethoven, Henze. f En clair jusqu’à 20.05 23.00 Soirée privée. 18.25 Drôles de vies. 19.00 Best of Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE FRANCE 2 ARTE ARTE 19.40 Flash infos, Le Zapping. 20.40 Les Rendez-vous soir. 20.00 Athlétisme. Meeting de Berlin. 20.50 Commissaire Montalbano : 22.15 Les Malheurs de Sofia 23.00 Entre le ciel Le chef d’orchestre Rafaël Kubelik. 22.35 The X-Files, le film Œuvres de Janacek, Haydn, Beethoven, le voleur de goûter Déglingue des rêves et chute d’une et l’enfer aaa 23.10 Feux croisés aa Film. Rob Bowman. %. Schubert, R. Schumann. Le commissaire Salvo Montalba- génération filmées par une caméra Kurosawa a transposé un roman Edward Dmytryk. Avec Robert Ryan, 0.30 L’Alliance a 22.45 Les Rendez-vous du soir... (suite). Robert Mitchum (Etats-Unis, Film. Christian de Chalonge &. Œuvres de Bloch, Mahler. no, ainsi nommé en hommage au nocturne. Le documentaire de d’Ed McBain, Rançon sur un thème 1947, N., v.o., 90 min) &. Ciné Classics romancier espagnol Manuel V. Gueorgui Balabanov est d’une du- mineur, en essayant de dépasser 0.05 Innocent Victim aa Montalban, opère dans la ville sici- reté particulière qui retient l’atten- l’anecdote par une réflexion hu- Giles Foster (Grande-Bretagne, 1990, SIGNIFICATION DES SYMBOLES v.o., 85 min) %. Ciné Cinémas 2 lienne imaginaire de Viagata. Ce tion. Sur fond d’amertume, d’une maniste sur la lutte du bien et du 0.10 La vie est un roman aa Les codes du CSA Les cotes des films flic solitaire, obstiné et perspicace, absence totale de complaisance, mal chez l’homme. On retrouve les Alain Resnais (France, & Tous publics a On peut voir prend son temps pour confondre l’histoire d’un groupe de copains grandes lignes de cette enquête 1983, 110 min) &. Cinétoile % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer 0.40 Hollywood Canteen aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique le criminel et traquer la vérité. Une saisis en plein échec. Un film sur des inspecteurs du 87e district, et Delmer Daves (Etats-Unis, 1944, N., v.o., 120 min) &. Ciné Classics ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + sorte de « Maigret célibataire et les désillusions à l’Est, celles d’une c’est l’aspect «thriller» qui l’em- ! Public adulte DD Dernière diffusion gastronome qui oserait prendre génération qui a rêvé de démocra- porte dans cette œuvre mineure et 2.00 Khartoum aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Basil Dearden (Grande-Bretagne, # quelques libertés avec la loi ». tie et d’une société libre. finalement peu connue. 1966, 125 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0109--0026-0 WAS LMQ0109-26 Op.: XX Rev.: 31-08-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:31,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0556 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 Près de 300 personnalités La grogne contre la hausse des prix soutiennent le projet des carburants s’étend à de nombreux secteurs « Un avion pour l’Irak » Un grand nombre de ports sont paralysés par le mouvement des pêcheurs DEUX MOIS après le lancement Sponek, tous deux anciens coordi- LA MOBILISATION contre la annoncer des allègements de des pêches de Bretagne, André Le ont perturbé le fonctionnement du projet « Un avion pour l’Irak » nateurs du programme dit « Pé- hausse des prix du gazole devait charges supplémentaires. Berre, a lancé un appel à la grève des pompes à essence des grandes par quatre organisations non gou- trole contre nourriture » de l’ONU, franchir une nouvelle étape, jeudi A la veille de cette rencontre et aux navires du sud de la Bretagne surfaces. De nouvelles opérations vernementales (ONG) françaises, ont eux aussi apporté leur appui. 31 août, avec une rencontre entre de l’annonce par Laurent Fabius à la Vendée. À Marseille, le port ont été annoncées jeudi et vendre- près de trois cents personnalités Résolus à aller jusqu’au bout, les les dirigeants du Comité national du plan de réduction des impôts, autonome a été complètement di par les fédérations de Haute- des mondes religieux politique, ju- organisateurs ont adressé une des pêches maritimes et le mi- le mouvement entamé le 18 août à bloqué (lire ci-dessous). Port- Saône, du Bas-Rhin et du Doubs. ridique, scientifique, diplomatique, lettre au secrétaire général de nistre de l’agriculture et de la Concarneau (Finistère), s’est éten- Vendres et Port-La-Nouvelle La Fédération nationale des arti- médical, syndicaliste, artistique, l’ONU, Kofi Annan, pour l’infor- pêche Jean Glavany et avec une du mercredi à la quasi totalité des étaient paralysés pour la troisième sans du taxi (FNAT), qui a appelé à associatif, ainsi que de ceux des mer de leur démarche. Tout en manifestation place Fontenoy, à régions côtières françaises. Des journée consécutive, de même que une journée d’action le vendredi, lettres et de la presse ont apporté leur rappelant qu’en vertu de la ré- quelques centaines de mètres du chalutiers ont bloqué les accès aux Sète. Le port de Bayonne est blo- la Fédération nationale des ambu- leur soutien aux organisateurs, solution 670 du Conseil de sécurité ministère. ports de Boulogne-sur-Mer, Dun- qué depuis jeudi matin. lanciers privés (FNAP, patronat), la chiffre tout à fait conséquent qui les vols de et vers l’Irak doivent Les pêcheurs sont frappés de kerque et Calais. Le trafic trans- Fédération nationale Force ou- va peut-être au-delà des espé- être « approuvés » ou « notifiés » plein fouet par la hausse du prix manche a été interrompu et les LES AGRICULTEURS AUSSI vrière des VRP, cadres et profes- rances des auteurs du projet. au Comité des sanctions de l’ONU, mondial des hydrocarbures usagers de ferries, notamment les Parallèlement, les barrages rou- sionnels de la vente, la Fédération Dans l’esprit de ses organisa- le secrétaire général adjoint pour puisque leur carburant est déjà to- touristes britanniques de retour de tiers ou les opérations-escargot se française des motards en colère teurs – les Amitiés franco-ira- les affaires juridiques, Ralph Zac- talement détaxé. Ils exigent que le vacances, ont été déviés vers le sont multipliées mercredi, notam- (FFMC) ont également demandé la kiennes, Enfants du monde-droits klin, les a invités à s’adresser au prix du gazole-pêche, actuelle- tunnel sous la Manche. Le port de ment sur l’A 16 Calais-Paris, la détaxation des carburants ou des de l’homme, Codéveloppement gouvernement français pour qu’il ment autour de 2,20 francs soit Saint-Malo a également été entiè- RN 12 Rennes-Brest ou la RN 165 baisses significatives. La Fédéra- tiers-monde et la Coordination in- entreprenne les démarches néces- abaissé d’environ 1 franc. Les pou- rement paralysé. La presse an- Lorient-Quimper. Le mouvement tion nationale des transports rou- ternationale pour la levée de l’em- saires, ledit Comité ne traitant pas voirs publics ont pris, depuis le dé- glaise de jeudi stigmatise le s’étend à d’autres professions. tiers réunit son conseil national bargo – le projet « Un avion pour avec des ONG. but 2000, des mesures pour alléger comportement des marins-pê- Lors d’une conférence de presse, jeudi. l’Irak » vise à briser l’embargo sur les charges d’exploitation des ar- cheurs et la compagnie martime mercredi, Luc Guyau, président de Le ministère des transports a in- les vols passagers que subit l’Irak, VALEUR SYMBOLIQUE mements, intulées « compensation P & O a décidé de poursuivre les la Fédération nationale des syndi- diqué mercredi que Jean-Claude alors qu’aucune résolution des Na- Interrogé à propos du projet de l’effet Erika » afin de ne pas s’at- marins-pêcheurs en justice. cats d’exploitants agricoles Gayssot a plaidé auprès du mi- tions unies ne les interdit formelle- lundi 28 août, le porte-parole du tirer les foudres de la Commission Les principaux ports du Calva- (FNSEA), a demandé que l’en- nistre des finances pour une baisse ment (Le Monde des 9 et 23 août). Quai d’Orsay a déclaré que « les européenne, très sourcilleuse sur dos et de la Manche sont bloqués. semble du secteur agricole soit de la taxe intérieure sur les pro- Selon la liste des personnalités autorités françaises n’ont pas de les conditions de la concurrence. Dans la nuit de mercredi à jeudi, exonéré de la TIPP, en soulignant duits pétroliers (TIPP), notamment soutenant le projet, rendue pu- problème avec ce projet dès lors Du coup, ces aides prennent la une vingtaine de chalutiers ont que la flambée des prix du pétrole sur « le fioul domestique utilisé par blique mercredi 30 août, trois Prix qu’il ne contrevient pas aux résolu- forme d’allègements de charges obstrué le chenal d’accès au port avait coûté plus de 1,2 milliard de les agriculteurs et les mariniers ». Nobel de la paix, Tun Channareth, tions de l’ONU ». Toutefois, mer- sociales. Elles s’élèvent à 220 mil- du Havre. Les pêcheurs ont entre- francs aux agriculteurs depuis dé- Pour le gazole utilisé par les trans- Mairead Maguire et Adolpho-Es- credi, les organisateurs atten- lions de francs, dont 85 millions pris de barrer les accès des instal- but 1999. Mercredi, des agri- porteurs routiers, M. Gayssot a quivel, font désormais partie du daient toujours une réponse au annoncés il y a quelques jours, in- lations pétrolières de Port-Jérôme, culteurs ont mené des actions à souhaité « un remboursement anti- comité de soutien au projet, de courrier adressé au premier mi- dique-t-on dans l’entourage de du Havre, de Caen et de Donges. Toulouse, Montauban, Auch, cipé de la TIPP de l’ordre de 15 cen- même que Robert Badinter, ancien nistre Lionel Jospin, et au ministre M. Glavany. M. Glavany pourrait Le président du comité régional Brive-la-Gaillarde et Ussel, où ils times par litre ». garde des sceaux et ancien pré- des transports Jean-Claude Gays- sident du Conseil constitutionnel, sot, Air France ne pouvant affréter l’ancien ministre Claude Cheysson, un avion sans le feu vert de l’auto- Les craintes ainsi que six sénateurs et dix-neuf rité de tutelle. Pour eux, arriver à Le port de Marseille de nouveau « pris en otage » députés (nationaux ou européens). Bagdad à bord d’un appareil d’Air des pétroliers Dalil Boubakeur, recteur de la France aurait une valeur haute- MARSEILLE Claude Fromion, le « premier prud’homme » (leader Mosquée de Paris, Mgr Gilson, ar- ment symbolique. A défaut, ils de notre correspondant régional traditionnel des pêcheurs), annonçait que le mouve- Ne taxez pas nos profits : telle chevêque de Sens et d’Auxerre, feront appel, à regret, à une Mardi matin 29 août, l’affaire a presque commencé ment était suivi par l’essentiel des 450 bateaux et était la teneur du message des pé- l’Abbé Pierre, et Jacques Maury, compagnie étrangère. Ils annonce- dans la bonne humeur : quelques chalutiers bloquaient 600 patrons ou matelots des Bouches-du-Rhône. En troliers à Laurent Fabius, mercredi ancien président de la Fédération ront leur décision définitive le le terminal pétrolier de Lavéra, mais le commandant du leur nom, il annonçait que l’action allait « continuer jus- 30 août, au moment où le gouver- protestante de France, ainsi que 11 septembre. port de Marseille-Fos espérait encore que le blocus res- qu’à avoir satisfaction » et que rien ne bougerait en tous nement faisait ses derniers arbi- plusieurs personnalités étrangères, terait plus symbolique que réel. Mardi en début cas avant une réunion samedi à Sète (Hérault) de tous trages budgétaires. Par l’intermé- dont Denis Halliday et Hans Van Mouna Naïm d’après-midi, d’autres chalutiers prenaient position les patrons pêcheurs de Méditerranée. diaire de Philippe Trépant, dans les passes de Port-Saint-Louis-du-Rhône, de Fos De quoi inquiéter les dirigeants du Port autonome de président de l’Union française des puis des bassins de la Joliette – ceux de Marseille-ville. Marseille (PAM) qui ont dénonçé dès le premier jour industries pétrolières (UFIP), les Pourtant Mourad Kahoul, président du comité local « cette nouvelle prise en otage » pour un conflit externe à quatre compagnies qui occupent des pêches de Marseille, devant les sept bateaux bou- leur entreprise. Ils ont porté plainte devant le tribunal l’essentiel du marché français (To- chant la passe sud de la Joliette, assurait encore, vers de grande instance de Marseille et espèrent que le tribu- talFinaElf, Exxon Mobil, Shell et 16 heures, qu’il laisserait passer les paquebots, parce nal rendra la même décision qu’en juin 1999, quand il BP Amoco), plaident non cou- qu’il ne voulait pas « avoir l’opinion publique contre lui ». avait ordonné l’expulsion des militants de la réparation pables dans l’envolée des prix de Mais l’action se durcissait au moment même où il se navale. l’essence. L’UFIP rappelle que les rendait avec sa délégation au Conseil régional : aucun Mercredi, Jean Pierre Billat, directeur général adjoint, prix du brut ont flambé après les navire ne pouvait plus alors atteindre aucun bassin ni a réuni une conférence de presse. Après avoir énuméré restrictions de production décidées en sortir. Mercredi matin, le bilan était lourd : soixante le nombre de navires entravés, il a annonçé que lettres par l’OPEP. Critiquant le poids ex- bateaux étaient coincés ; ils l’étaient encore jeudi. et fax de ses clients furieux s’accumulaient, s’inquiétant cessif des taxes sur les carburants, de ne pouvoir accueillir les navires de croisière pour les pétroliers considèrent comme « JUSQU’À OBTENIR SATISFACTION » leurs escales du week-end. Selon lui, chaque jour blo- « prioritaire et opportun » leur al- Tous les passagers arrivant de Corse ou du Maghreb qué coûte 3 millions de chiffres d’affaires au PAM et ce légement. Revenant sur les profits étaient détournés sur Toulon, un paquebot de croisière blocus, le deuxième des pêcheurs depuis le début de des compagnies, qui devraient at- était dérouté sur La Ciotat et la Compagnie tunisienne l’année, risque de remettre en cause les bons résultats teindre des niveaux records, de navigation annulait tous ses passages vers la France annoncés en juillet : une hausse de 7,7 % du trafic total M. Trépant estime qu’ils sont au profit de Gênes. Près de quinze porte-conteneurs et par rapport à 1999. Mais M. Billat dit surtout redouter « aléatoires » et liés aux cours du bateaux de fret divers étaient retenus dans la baie de les effets à moyen terme sur l’image du port, tant pour brut. Tout prélèvement fiscal à ce Fos, ainsi qu’une grosse douzaine de gaziers et chimi- les 1 500 salariés que pour les 10 000 personnes dont le niveau affaiblirait, selon lui, les ca- quiers et pétroliers, alors que ces terminaux assurent travail est directement lié au port. pacités d’exploitation de nouveaux 40 % du ravitaillement pétrolier du pays. gisements et donc de desserre- Déterminé, et solidaire du mouvement national, Michel Samson ment de l’étau imposé par l’OPEP.

« Syndrome de la guerre du Golfe » : Vendredi 1er septembre vers une étude épidémiologique avec 0123 daté samedi 2 septembre LES AUTORITÉS françaises s’apprêteraient à lancer une étude JEROME CHARYN épidémiologique sur le « syndrome de la guerre du Golfe », selon les déclarations faites mercredi 30 août sur France Inter par la dé- putée (apparentée PS) Michèle Rivasi. A entendre cette dernière, la secrétaire d’Etat à la santé, Dominique Gillot, aurait ainsi accé- dé à la demande d’étude épidémiologique qu’elle lui a présentée. Jeudi matin, le cabinet de Mme Gillot a toutefois démenti tout pro- jet de lancement d’une telle étude. « Le rapprochement entre les cabinets du ministre de la défense et de la secrétaire d’Etat se limite à un échange d’informations sur la question », a tempéré l’entou- Sous l’œil de Dieu rage de Mme Gillot, en se bornant à confirmer l’existence d’un échange téléphonique entre la secrétaire d’état et la députée. Les Verts critiquent la décision de la Cour de cassation sur M. Chirac Nouvelle inédite LES VERTS-PARIS ont affirmé que « la France est déshonorée » par un « retour à des conceptions monarchiques », après la décision du procureur général de la Cour de cassation de ne pas soumettre à la cour le cas de Jacques Chirac, ancien maire de Paris, dans l’af- faire du financement du RPR instruite à Nanterre par le juge Pa- trick Desmure (Le Monde du 31 août). Les Verts-Paris affirment que « plus que jamais, M. Chirac doit se soumettre à la justice ou se démettre ». De son côté, le militant écologiste Pierre-Alain Brossault, partie civile dans la procédure, estime que « la décision du procureur gé- néral, incapable de clarifier une situation compliquée, n’est guère surprenante. Elle démontre une nouvelle fois que les plus hautes au- 0123 - GALLIMARD torités judiciaires du pays sont mal à l’aise sur le cas Chirac, qu’elles ne peuvent ou ne veulent résoudre ». CHAQUE VENDREDI DATÉ SAMEDI Tirage du Monde daté jeudi 31août 2000 : 485 079 exemplaires 1-3. UNE NOUVELLE INÉDITE DE LA SÉRIE NOIRE VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000

LE FEUILLETON DE PIERRE LEPAPE Avec « Quatre voyageurs » Alain Fleischer nous conduits ABÉLARD dans un voyage étrange qui en La Chronique doublant la réalité la confond. NINA BOURAOUI YÔKO OGAWA de Roger-Pol Droit VICTOR KLEMPERER ROBERT BADINTER page II page III page VI page VII page VIII page XI

sexes, et qui est censée ne jamais finir. Comme elle le souligne, «ily a une obscénité rare à se montrer en public en amont du désir ». Avec une pudeur paradoxale, une hardiesse qui n’est pas là où on l’attend, où, trop souvent, on la trouve, associée à la vulgarité du Intelligence sentiment, Camille Laurens fait entendre, comme rarement, cet « amont du désir »,deson désir dédoublé – débusqué et dissimulé —, en celui de sa narratrice. Par une savante et très réfléchie cons- truction, sautant à pieds joints au-dessus de l’obstacle de l’auto- biographie, elle construit un vrai de l’autre roman, avec intrigues et personna- ges – les hommes bien sûr, « tous les hommes d’une femme ». Dans les rôles principaux, il y a Camille Laurens le père et le mari, puis l’amant. Il y a aussi celui sans lequel tout ce a pris les hommes théâtre ne quitterait jamais le domaine de l’imagination : l’édi- comme sujets teur. A l’arrière-plan, d’autres sil- houettes, masculines évidemment. amille Laurens aime et objets Ce sont celles du passé – le pre- les mots, c’est-à-dire qu’elle les res- de son dernier roman. mier amour, un fiancé, le Cpecte. Elle aime d’une passion rai- grand-père… – qui croisent les figu- sonnable et réfléchie leur liberté, res du présent au milieu desquelles leur autonomie, et cette capacité « C’est ça qui l’intéresse : trône, anonyme, désirable, « l’In- qu’ils ont à la surprendre, à la connu ». A côté, un peu en retrait débusquer et, dans une même l’autre, l’homme, dans une neutralité qui n’est que phrase, à la dissimuler. Ils sont de façade, de protection, un autre comme les partenaires d’un jeu le sexe opposé, homme, l’analyste, asexué forcé- loyal, à la fois léger et profondé- ment. Celui-là, à défaut d’ouvrir ment sérieux, d’un échange singu- la rive étrangère. » ses bras, ce qui est interdit, accor- lier. Elle soutient même que cet de son attention ; avant de se taire, amour est payé de retour, que les il dit : « je vous écoute » ; il est sup- mots, à leur tour, mystérieuse- posé comprendre… Mais qu’y ment, l’aiment – ce dont ses lec- a-t-il à comprendre ? Ne s’agit-il teurs n’ont aucune difficulté à se pas seulement, toujours, à chaque convaincre. Ecrivant, elle entre- fois, d’aimer, au sens le plus con- tient donc avec le langage un com- cret et charnel du mot ? Avec l’ana- merce assidu, attentif, presque lyste, cet homme de l’art, la femme maniaque. est seule. L’endroit est retiré du Quatre romans – d’Index en 1991 monde. Une loi particulière, celle à L’Avenir en 1998 (1) – ont démon- qu’elle publie aujourd’hui, en affir- du non-agir, du non-aimer, règne. tré son art grave et joueur, haute- mation. Certes, un déplacement Là, il faut dire « je ». ment maîtrisé, jamais alourdi par s’est opéré : ce sont les hommes, Le désir, qui est le moteur et l’es- l’obsession formelle. Le jeu n’est cette autre moitié de l’univers, qui sence du livre, renverse la chrono- pas gratuit d’ailleurs : les mots sont, ici, « l’objet et le sujet du logie. La nostalgie d’un visage, sont ceux de la vie, parfois ceux de livre ». « Les hommes en général, d’un corps est parfois plus présen- la mort. Ainsi, dans ce récit digne tous – ceux qui sont là sans que te que le plus présent des partenai- et bouleversant, Philippe (1995), où jamais l’on sache d’eux autre chose res. Car on n’apprend aucune elle raconte le décès de son bébé, que leur sexe : ce sont des hommes, leçon par cœur : comme le corps, quelques heures après sa naissan- voilà tout ce qu’on peut en dire –, et parfois, il défaille. Alors, à chaque ce, à la suite des négligences d’un les hommes en particulier, quel- moment de la vie réelle, on fran- médecin. Qui peut décréter qu’écri- ques-uns. Ce serait un livre sur tous chit le pas qui conduit de la roman- les hommes d’une fem- ce fleurie à la brutalité, de la miè- me, du premier au der- vrerie à l’« obscénité ». « L’hom- Patrick Kéchichian nier – père, grand-père, me idéal » n’existe que dans les

fils, frère, ami, amant, MARTINE SIMON POUR « LE MONDE » livres, mais pas dans celui de re n’est pas, quelquefois, une activi- mari, patron, collègues… » Camille Laurens. « La performance té de survie, une manière de tenir Finalement, cette transforma- devenir chair, dessiner la carte Il ne faudrait pas en arriver à la l’homme, le sexe opposé, la rive physique, pour moi, n’est pas tant, en respect le désespoir ? tion, le passage des mots aux hom- d’une « géographie (…) humaine, conclusion d’une parfaite symétrie étrangère… » Cette décision de sor- comme on le dit souvent, une méta- Ce commerce, cette réciprocité, mes, n’est qu’une commodité, de strictement ». Dès lors, il était loisi- des discours de chaque côté de la tie de soi en tant qu’individu phore de la puissance sexuelle Camille Laurens les décrit au début langage justement. Car il s’agit tou- ble « d’entrer dans le vif du sujet, fameuse « barricade ». Historique- sexué, identique à son espèce, por- qu’une représentation du désespoir du petit essai qu’elle publia l’an der- jours du même projet : libérer cet- l’amour ». ment, dans la lutte pour leur éman- te-parole de son propre sexe, cette triomphal des hommes, du bond nier, Quelques-uns. Le titre vient te « histoire mythique vers quoi tend Et si le « continent noir », l’obs- cipation, les femmes n’ont volonté d’abandon d’une certaine qu’il leur faudrait faire pour n’être d’une phrase de Samuel Beckett, à la vie dès qu’on la raconte ». Quelle cure contrée de l’amour n’était pas peut-être pas encore eu le loisir mythologie combattante de plus mortels. » Le « désespoir triom- la fin de sa vie : « Les mots ont été existence aurait le langage, s’il ne d’un seul côté de la « barricade d’éprouver dans toutes ses dimen- l’amour, constituent peut-être la phal des hommes… »... comment mes seules amours, quelques-uns. » s’efforçait pas de dire ce qui s’incar- mystérieuse » constituée par la dif- sions, dans toute sa simplicité aus- grande originalité du roman de mieux les dire ? Elle écrit ceci : « Aimant les mots, je ne, vit et désire, même dans la plus férence des sexes ? Et s’il y avait si, « le sentiment du Pas-moi, l’intel- Camille Laurens. Délibérément, Camille Laurens écrit très simple- ne me sers pas d’eux pour écrire : grande confusion ? Quel sens autant de secrets, de questions, de ligence de l’Autre… » l’écrivain prend position à l’écart ment, comme naturellement, avec j’écris pour les faire advenir, les atti- aurait un amour soustrait à la chair ce côté-ci, parmi les hommes ? « C’est ça qui l’intéresse : l’autre, de la lutte qui oppose les deux ce calme presque inquiétant qui la rer, les aimanter. Etre écrivain, c’est par les mots ? Hors du corps, point Avec une tendre audace, Camille b caractérise, une phrase explosive, vivre dans cette attraction : on écrit d’esprit. « Elle ne croit pas à l’âme, Laurens bouscule une certaine inadmissible d’une certaine maniè- pour que les mots viennent ; on écrit oh non ; mais elle a pitié des corps. » hégémonie féminine du discours extrait re : « L’amour n’est pas une relation pour attirer à soi les mots aimés, les Dans ces bras-là marque cepen- amoureux – qu’il soit d’ailleurs « Le pire des hommes, pour moi, l’homme abject, c’est celui qui mépri- sociale. » L’éminente qualité, la mots aimants. » Mais elle dit aussi dant une évolution dans la créa- tenu par les hommes ou par les se le désir des femmes. Je ne parle pas de celui qui refuse une femme particulière vibration de son livre, autre chose, une chose qui forme tion de Camille Laurens. Elle en femmes. Oui, une femme peut par- parce qu’elle ne lui plaît pas ou parce qu’il aime ailleurs ; je parle de un moment, nous le font croire. A la matière de tous ses livres, qui en fait elle-même volontiers l’aveu : ler des hommes dans un autre but celui qui, la désirant, méprise le désir qu’il suscite. Alors vous voyez ce simple titre, il mérite les plus justifie le projet et le propos ; elle quelque chose a pris fin avec L’Ave- que celui d’accomplir un éternel dans ses yeux qu’il a vu dans les vôtres, ah c’est ça que tu veux, toi, grands éloges. dit que « non, les mots ne sont pas nir. Une fin que le deuil enduré ren- retour sur elle-même, sans se lais- c’est ça qui t’intéresse – une sorte de lueur mesquine qui vous perce mes seules amours. Les hommes aus- dait encore plus évidente. Chacun ser capter et fasciner par le mystè- comme une dague ou vous met sur le visage un masque de pierre, (1) Tous les livres de Camille Laurens si, les enfants. Quelques-uns. » des livres qui forment cette tétralo- re qu’elle est censée, depuis la nuit vous ne pouvez plus sourire, vous n’avez plus de visage. J’ai déjà vu cet sont publiés chez POL. « L’amour des mots : qui est le gie parcourait, dans l’ordre, un des temps, représenter. La roman- éclair-là, souvent, même chez des amants sérieux, aimants – ce mépris sujet, qui est l’objet de cette pas- fragment de l’alphabet. A la lettre cière le dit crûment de sa narratri- du sexe en moi, l’horreur de la blessure, de ce que je suis, même chez e Signalons la sortie des Travaux sion ? », demandait Camille Lau- « z », le projet, symboliquement, ce, avec toute la drôlerie et la brus- ceux qui m’aiment, oui, ça vient de très loin, de derrière l’amour, com- d’Hercule en Folio (no 3390). rens dans son essai. Cette ques- parvenait à son terme. Dès lors, querie requise : « Elle ne creuse pas me si la haine n’en était que l’envers, la face cachée, la haine de l’autre tion, pour ainsi dire théorique, libérés d’une contrainte extérieure, plus avant le grand mystère des fem- qui l’oblige à être ce qu’il est – et il vous méprise comme il se hait DANS CES BRAS-LÀ mais aussi très pratique et concrè- les mots pouvaient se conjuguer mes, elle n’a pas le temps, il y a trop lui-même, et ses père et mère, et la terre avec. » de Camille Laurens. te, se transforme, dans le roman autrement, reprendre leur liberté, d’hommes… » (p. 249) POL, 302 p., 120 F (19,36 ¤). II / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 le feuilleton

de Pierre Lepape b

elle-même. » QUATRE VOYAGEURS Chacun est un autre et personne n’est soi-même. d’Alain Fleischer. Doublement, si l’on peut dire, puisque, occupant l’ap- Seuil, « Fiction & Cie », 256 p., 130 F (19,82 ¤). parence matérielle de son voisin, il peut également observer chez ce même voisin les mouvements et les omme Michel Rio, Alain Fleischer est un réactions de son corps d’origine, désormais mu par romancier à idées. C’est une catégorie d’artis- une volonté étrangère. L’expérience quotidienne, le tes qu’il est de bon ton de dénigrer. On les La greffe générale sentiment immédiat nous font croire que nous n’avons dit secs, cérébraux, plus sensibles aux verti- pas un corps, mais que nous sommes notre corps, pour Cges de l’intellect qu’aux passions des cœurs et des le meilleur et pour le pire. Que ce corps cesse d’être le corps ; plus attentifs à l’exacte grammaire du discours nôtre, qu’il se crée une discontinuité et une rupture qu’à la musique secrète de la phrase. Bref, plus philoso- entre ce qu’il a été et ce qu’il est, c’est la définition phes qu’écrivains. Même chez des lecteurs qui ne pro- même de la mort. Mais Schwartz et ses compagnons, fessent pas crainte, mépris ou haine pour les spécula- dans la stupeur, dans la colère ou dans le ravissement, tions de l’intelligence, l’association de l’art romanes- découvrent, en bons platoniciens malgré eux, que le que avec les exercices supérieurs de l’esprit souffre corps n’est qu’une image et qu’au-delà de lui se pour- encore de la condamnation proférée il y a près de deux suivent leur vie, leur identité et leur destin. siècles par la jeunesse romantique. C’est peu de dire Dans les jours qui suivent, les transferts se multi- que ce cliché a la vie dure : lorsqu’un romancier pense, plient. Chacun se retrouve successivement dans la il n’a jamais assez de tout son talent pour parvenir à le peau des trois autres et les trois autres dans la sienne. faire oublier. Avec l’habitude de ces changements de propriétaire, Ce n’est donc pas, sans doute, rendre service à Alain l’inquiétude, l’inconfort et l’insatisfaction laissent la Fleischer que d’insister sur le côté très XVIIIe siècle, très bles, c’est-à-dire aussi dans la mise en cause de l’identi- place a davantage de lucidité et de curiosité. On roman diderotien de son entreprise. Mais le ton com- En compagnie de quatre savants partis té. Depuis les créations envahissantes du virtuel jus- apprend à vivre l’autre. On y trouve même certains me les références sont évidentes. A commencer par le qu’au clonage, depuis l’apprentissage du langage et avantages. Ainsi lorsque l’aimable Branquinho da Rosa genre, le récit de voyage, qui fait immanquablement étudier la frénésie de dédoublement des comportements humains par des animaux dits habite Schwartz, celui-ci se montre assez satisfait du penser aux grands comptes rendus géographiques et supérieurs jusqu’aux hypothèses les plus folles – qui ne résultat : « Il tempérait mes allures sombres et farouches scientifiques des Lumières et aux aventures qu’ils pro- qui s’empare du Nouveau Monde, sont pas les moins probables – de l’astronomie sur des de nuances plus douces dans les mêmes couleurs : c’était curèrent à l’imagination philosophique. Il s’agit donc mondes semblables aux nôtres, il semble que nous en quelque sorte une version censurée, édulcorée, urbani- ici, à la fin du XXe siècle, d’une mission de savants. Com- Alain Fleischer nous entraîne dans un soyons entrés dans une mise en cause généralisée de sée de moi-même. Et je me disais qu’un jour, si je rega- mandités par une organisation internationale, quatre l’identité du monde et de l’homme par la multiplica- gnais ce corps qui avait été le mien, je pourrais tirer la représentants de la science du Vieux Monde, un Fran- périple plein de fantaisies. Un voyage tion à l’infini de ses doubles. Les frontières qui nous leçon des aménagements de Branquinho, de ces maniè- çais, Marcel Blanc, un Portugais, Branquinho da Rosa, assuraient uniques sont tombées. Le triomphe du dou- res souples et souriantes avec lesquelles il l’avait occupé, un bel Irlandais, Gary Green, qui ressemble à Gary Coo- étrange et inquiétant qui en doublant ble est le triomphe du doute. Si nous sommes plu- comme on retrouve un appartement prêté à des amis et per, et un Hongrois, qui est également le narrateur, Zol- sieurs, « je » n’est plus grand-chose. que l’on adopte avec plaisir quelques modifications astu- tan Schwartz, partent aux Etats-Unis, afin de recher- la réalité la confond Il suffit désormais au romancier d’ajouter un zeste cieuses dans la disposition des meubles, quelques détails cher dans les laboratoires du Nouveau Monde la matiè- d’imagination à cette réalité qu’on aurait crue, hier de décoration auxquels on n’a soi-même jamais songé, re nécessaire à une conférence internationale comme il Vieux Monde. Dans le Nouveau, nos quatre mousque- encore, inimaginable, pour que le processus du dédou- révélant un goût, un raffinement que l’on n’a jamais eu. » y en a tant, intitulée « Le monde et ses doubles ». taires font la découverte d’une véritable passion du blement soit poussé à ses conséquences extrêmes. Une Le thème de la greffe, du corps étranger que l’on intè- Premier dédoublement, premier trouble : dans ses double, frénétique, obsessionnelle, triomphante. Cela ombre de science-fiction, une once de fantastique, et gre à son propre corps est un vieux thème de l’imaginai- bagages, Schwartz a emmené une nouvelle traduite du peut prendre les formes d’un divertissement ou d’un tout bascule. Un matin, après une soirée bien arrosée, re romanesque et des récits de légendes, comme il est tchèque qui raconte l’histoire, affreuse, étouffante et ornement folklorique. Comme cet hôtel où chaque Schwartz se réveille dans le corps de Blanc. Et Blanc un sujet éternel de discussions politiques, de controver- évidemment kafkaïenne, de quatre hommes – quatre chambre reproduit fidèlement, dans les moindres dans celui de Schwartz. Le même transfert d’identité ses juridiques et de pratiques religieuses. Il convenait à couleurs encore, Feueurrot, Dunkelblau, Goldgelb et détails de la décoration ou du mobilier, une chambre affecte le Portugais et l’Irlandais. Chacun a conservé notre époque, plus riche que toute autre, malgré ses Grunstein –, quatre fonctionnaires d’un Etat totalitai- appartenant à l’univers historique de l’Europe revu et son esprit originaire, sa culture, ses goûts, ce qu’il per- conquêtes scientifiques ou à cause d’elles, en leurres, re, embarqués dans une tournée d’inspection dont ils corrigé par les scénaristes de Hollywood, celle de Napo- çoit comme son être profond, mais il a changé de peau, en simulacres, en trompel’œil et confusions entre le ignorent tout et qui se transforme inexorablement en léon à la veille d’Austerlitz, celle de Sissi et de Fran- d’os, d’âge, empruntant la défroque corporelle de son réel et les apparences, de radicaliser la sempiternelle cauchemar. Comme la littérature paraît doubler la vie, çois-Joseph dans les Alpes bavaroises ou la villa d’été voisin. Voilà Schwartz, le Hongrois taciturne, massif et interrogation sur l’identité en imaginant non plus la la lecture de cette nouvelle déprimante, ne cesse d’en- de Tibère à Capri. Ou encore cet établissement qui mélancolique, habitant, occupant et manœuvrant l’en- simple greffe d’un organe prélevé à un autre, mais une tretenir de troublantes correspondances avec le voya- offre aux riches touristes l’illusion de pouvoir passer la veloppe physique d’un vieux savant français, fragile, greffe générale du corps tout entier. On remarquera ge « réel » qu’accomplissent les quatre compères. nuit avec Rita Hayworth, Ava Gardner ou Elizabeth économe de sa santé, un tantinet désuet. « Pour quitter toutefois que les « échangeurs » sont tous des hom- Nous voilà entrés dans le monde des doubles par Taylor, ou du moins avec leurs copies rigoureusement maintenant ce travestissement, il fallait bien, à moins de mes. La différence sexuelle résiste, et c’est heureux. son chemin le plus ancien, celui des contes, des dessins sélectionnées, maquillées, habillées et déshabillées me retrouver tout nu – et même bien pire que tout nu : Pure spéculation intellectuelle ? Les Quatre voya- sur les parois des grottes, celui de la fiction et de la comme au cinéma. Simples jeux d’apparences, mystifi- tout disparu, mort, plus rien –, que je parvinsse à me geurs d’Alain Fleischer prouvent le contraire. Au-delà représentation. Un doublage si profondément ancré cations mythologiques, illusion sur illusion, celle opé- reconstituer, à me rassembler, à me retrouver sous la des jeux de l’esprit et de leurs plaisirs, au-delà des dans nos cultures occidentales qu’il ne nous trouble rée sur la réalité ne faisant que reproduire l’irréalité de peau de l’autre, dans le corps que je croyais porter mais richesses de la fable politique et de ces quatre hommes- plus que par occasion, le temps d’un livre, d’un regard l’écran. Fleischer tire de ces épisodes des effets du plus qui, peut-être, avait fini par porter ce qui restait de moi : -couleurs qui ne cessent d’être eux-mêmes en se prê- et nous reprenons notre identité, nous nous réinté- haut comique : celui qui s’accompagne d’un soupçon le maigre et fragile sentiment de mon être, de mon exis- tant aux autres, il y a le solide bonheur d’une vraie créa- grons en nous-mêmes, inchangés, ou presque. Du d’inquiétude. tence, et d’une identité physique et mentale dont j’avais tion romanesque, neuve, inventive, émouvante, drôle. moins le croyons-nous. Borges a écrit sur ces pouvoirs Mais, au cours de leur périple dans les laboratoires et égaré la preuve. (…) A ma façon, j’étais comme Robinson Une manière de nous faire voyager et de nous faire de dédoublement des récits vertigineux. les centres d’études, Blanc, Rosa, Green et Schwartz Crusoé son île, mais dans un territoire bien plus restreint voir le monde où nous vivons comme nous le l’avions Mais Borges était, de toute sa culture, un écrivain du vont beaucoup plus loin dans la découverte des dou- encore puisque j’étais à la fois le naufragé et l’île pas encore vu.

version originale Adeline Tintner, exégète privilégiée de Henry James

miler à l’Europe l’Amérique qu’il por- que flotter dans l’air. THE TWENTIETH CENTURY Dernière partie tait en lui. Quant à la façon dont le XXe siècle a WORLD OF HENRY JAMES Or, en 1904, après vingt ans d’ab- incité James à un autre traitement des (Le XXe siècle d’Henry James) – et couronnement sence, James découvrait avec effroi et thèmes sexuels, c’est l’occasion d’un d’Adeline Tinter. Louisiane State fascination la nouvelle puissance vora- des plus brillants exploits de la démar- University Press, 252 p. d’un travail de quinze ce de son pays natal, constatant, dans che tintnérienne. Il s’agit du décryptage l’explosion d’énergie de New York, un de La Source sacrée (4), fantaisie de hau- l y a une quinzaine d’années ans –, « The Twentieth transfert du centre mondial sinon de la te psychologie datant de 1901, qu’on qu’Adeline R. Tintner a entre- civilisation, du moins du pouvoir. Les pourrait considérer comme le roman à pris de publier sa très remar- Century World effets sur son œuvre, toujours synchro- énigme le plus efficace de son époque. I quable série des World of Henry of Henry James » ne avec l’époque, ont été visionnaires, Car personne, et moins que tous son James, où elle sonde les innombrables justement parce qu’ils ont été en partie traducteur, n’a su, avant l’impeccable sources culturelles de l’œuvre du rétroactifs : car tout de suite le XXe siè- démonstration de Tintner, distinguer le grand romancier américain. Avec The montre l’auteur des cle a été non une négation, mais une motif homosexuel très précis qui trame Twentieth Century World of Henry révision et un commentaire du XIXe. son épais tapis de raisonnements trom- James, achèvement et couronnement « Ailes de la colombe » Par conséquent, le XXe siècle de Henry peurs. Le principe critique qui triomphe de sa démarche, elle montre en quoi James, tel que le dévoile Adeline Tin- ici des profondes ruses de James, c’est James a été un précurseur et un vision- en précurseur tner, est en somme la mutation radicale d’avoir assez de confiance en la force naire de la modernité. de son musée, et c’est en cela que le der- de l’auteur pour se méfier méthodique- Henry James était de trente ans de la modernité nier volume de la série des World of H.J. ment de sa manipulation du lecteur. l’aîné de Marcel Proust, de quarante nous semble le plus déterminant de Adeline Tintner est née en 1912, à celui de James Joyce. Son immense pro- l’œuvre, à publier une masse considéra- tous, avec le premier. Les passages les Manhattan, dans un quartier alors rési- duction débuta au moment de la ble de documents, lettres et carnets de plus frappants peut-être concernent les dentiel, Harlem. Elle a étudié l’art et la guerre de Sécession et de la redéfini- travail, et surtout a fait paraître, entre révisions de James, extrapolations ou littérature non loin, à l’université tion de la Fédération américaine, pour 1953 et 1972, une monumentale biogra- repentirs dans trois domaines : l’ar- Columbia. Elle reçoit aujourd’hui dans s’achever au cœur du premier écroule- phie en cinq volumes, dont nous con- gent, le « sens du passé » et la sexuali- un appartement de l’Upper East Side ment de l’Europe, avec sa mort, en naissons en français la version conden- té. regorgeant de livres et d’objets relatifs 1916, à Londres. Or son œuvre, se proje- sée (2). Sur cette base définitive d’inté- Pour ce qui est du mystérieux royau- au maître, certains même lui ayant tant bien au-delà de ses contemporains grale disponible et d’informations sura- me du big money, le cahier d’illustra- appartenu. Ses fenêtres donnent sur le et même de ses successeurs, semble bondantes et incontestables, les publi- tions reproduit une photographie terri- parc de Gracie Mansion, élégant et rare tomber pile dans les bilans de la fin du cations critiques ou universitaires ont fiante de Pierpont Morgan, président et témoignage de la fin du dix-huitième XXe siècle. naturellement foisonné, entre les deux principal mécène du Metropolitan siècle et demeure officielle du maire. En France cette projection en avant écueils symétriques de la paraphrase Museum, génie de la finance qui en Vu de là, le New York contemporain, est peut-être d’autant plus claire que plus ou moins délibérée et de la spécula- 1907 sauva pratiquement son pays de comme l’œuvre de James, semble s’être ses romans majeurs n’ont été traduits tion péremptoire. la banqueroute. Tintner montre de très continûment bâti sur des trésors de qu’à partir des années 50, et qu’une Mais quand en 1986 est paru le pre- quelle façon James a considéré cette culture, pour les transcender en son nouvelle littérature s’est vite reconnue mier recueil d’essais d’Adeline Tintner, image de Morgan comme la figure de propre prodige. Ainsi paraît s’expliquer dans ses rigoureuses techniques des The Museum World of Henry James, son double ténébreux, celui qu’il aurait l’idiosyncrasie, et l’adhésion. Car on points de vue. Il a figuré alors comme nombreux sans doute ont été les jamé- pu devenir s’il était resté en Amérique songe que c’est tout naturellement

grand précurseur du doute moderne. siens experts qui ont aussitôt décelé KENNETH CHEN/UMI RESEARCH et avait ainsi entrepris une acquisition équipée par son contexte natal privilé- Après quelque temps de fléchissement, qu’ils trouveraient là de quoi vraiment autre que mentale des chefs-d’œuvre gié qu’Adeline Tintner a exploré avec un vigoureux regain de traductions, ces stimuler leur intérêt et nourrir leur con- textualité » lui conviendraient sans dou- naturel avec lequel Tintner considère la de l’Europe. On ne saurait mieux cerner tant de profit le vingtième siècle, et quinze dernières années, a sans doute naissance, d’une manière autre mais te assez. C’est-à-dire qu’elle lit de près façon tout américaine dont James a la conscience de sa défaite de conqué- somme toute l’impérieuse actualité, de mis en évidence un autre James, obser- aussi riche et solide que dans l’appro- et qu’elle établit des rapports objectifs absorbé, s’est approprié et a converti rant, mais aussi de sa propre envergu- Henry James. vateur aigu de l’évolution des mœurs et che biographique de Leon Edel. Et la afin de s’ouvrir à la grâce analogique de un monde cosmopolite et même hétéro- re. Pour le retour sur le passé forma- Jean Pavans pour ainsi dire constamment à l’affût parution régulière de la série des Mon- l’intuition. Il faut évidemment compren- clite de culture et de civilisation. The teur, Tintner compare A Small Boy and des courants géopolitiques reflétés par des de Henry James, qui s’achève mainte- dre sa lecture au sens large, et les « tex- Museum World of H.J. est bien davan- Others (3) avec Du côté de chez Swann (1) Né en 1906, Leon Edel est mort à la société qui lui était directement acces- nant avec The Twentieth Century World tes » qu’elle compare à l’œuvre sont tage qu’un étonnant inventaire des et A Portrait of the Artist as a Young Honolulu le 5 septembre 1997. sible. of Henry James, a confirmé que Tintner également inscrits dans l’art, dans l’épo- œuvres d’art citées par James, davanta- Man, et ses considérations détaillées (2) Henry James, une vie, trad. André Aux Etats-Unis, par ailleurs, Henry élaborait le seul vrai guide utilement que, ou dans la vie de l’auteur. Cette ge même qu’une étude pénétrante de sur la modernité de la perception tem- Müller, Le Seuil, 1990. James a puissamment surgi dans la complémentaire de celui d’Edel. sorte d’approche globale est bien sûr leur fonction narrative. C’est surtout le porelle de James aux lueurs consécuti- (3) Mémoires d’un jeune garçon, trad. deuxième moitié du siècle juste achevé, Adeline Tintner déclarerait ne pas courante, mais comme toujours la diffé- bilan exact de l’attitude fondamentale ves de Proust et de Joyce donnent tout Christine Bouvard, Rivages, 1989. grâce aux travaux décisifs de Leon savoir qualifier d’un mot sa méthode, rence tient à l’ampleur des résultats et, de l’écrivain conquérant, lequel, en assi- simplement corps à des idées admises (4) La Source sacrée, trad. Jean Pavans, Edel (1), lequel s’est employé à rééditer mais « contextualisation » ou « inter- dans ce cas, à une idiosyncrasie : au milant l’Europe, projetait de faire assi- qui, jusque-là, pouvaient ne sembler La Différence, 1984. littératures LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / III b Nina Bouraoui par la grâce du « je » Ayant vaincu la peur qui gouvernait sa vie, l’auteur du « Jour du séisme » se libère des « contraintes » de la fiction pour relater son enfance algérienne et française. Le livre de ruptures est surtout un livre de rassemblement autour de deux familles, deux pays. Sur une identité fracturée

longtemps l’adolescente portera GARÇON MANQUÉ comme une faute : la guerre qui la de Nina Bouraoui. traverse. Stock, 192 p., 95 F (14,48 ¤) . Peu à peu, la menace se précise sur la route du Golf, dans la rue ans le clair-obscur d’un devenue interdite, puis dans la Rési- salon blanc et dence. C’est un colis anonyme, des dépouillé, le visage déli- insultes dans la nuit… C’est une his- cat de Nina Bouraoui toire qui se referme brutalement. rayonneD d’un éclat nouveau. Eclat Une autre s’ouvre, en France, de la maturité pour cette séduisan- accompagnée de la hantise de la te trentenaire dont on a peine à terre, de la nostalgie de la mer, des retrouver, derrière les traits fins, montagnes de l’Atlas, des ruines les gestes posés et la voix douce, le romaines, des plaines de la Mitidja. petit Garçon manqué, cheveux Toujours accompagnée des visa- courts et allure « à la Steve ges de Bachir et Rabiâ, les McQueen », qui apparaît dans son grands-parents, et celui d’Amine, récit autobiographique. Eclat sur- le double, le miroir. Dans Le Jour tout d’une libération venue il y a du séisme, ce double portait le nom un an, avec Le Jour du séisme (1). Et d’Arslan. Cette part algérienne, il un mot, jusque-là imprononçable : faut la dissimuler, étouffer Ahmed Algérie. Pour la première fois, ainsi et Brio, pour conjurer le mariage qu’elle l’explique, elle parvenait à « contre nature » de ses parents. nommer cette nature brûlante et « Parce que la guerre d’Algérie ne sauvage dans laquelle elle a passé s’est jamais arrêtée. Elle s’est trans- son enfance jusqu’à l’âge de quator- formée, elle s’est déplacée. » Voilà ze ans ; à désigner aussi cette terre ce que découvrira Yasmina avec sa violente, parce que trop violentée, sœur aînée dans une « certaine qu’elle n’a pas revue depuis vingt France », celle des familles. « Dans MARTINE SIMON ans. leurs plis. Leurs habitudes. Leurs Pourtant, le pays « innomma- niscences font resurgir la terre algé- sort du silence, de la peur qui gou- Golf, septembre 1967. C’est ici que je pas. Je vais et je reviens. » Entre la replis. Dans leur complexité. Et leurs ble » est présent dès son premier rienne. Fugitives, elles domptent la vernaient sa vie et s’ouvre au mon- m’invente. C’est ici que je façonne. langue maternelle et la langue ara- complexes. (…) Dans leurs juge- roman, La Voyeuse interdite, qui luxuriance d’un verbe sensuel, apai- de. Car, loin d’être le journal d’une Mon visage. Mes yeux. Ma voix. Tout be qui « s’échappe comme du sable ments. Dans leurs sentences. Les Ara- relatait les tourments d’une adoles- sent les échos de colère et de honte thérapie, ou seulement un « Sujet se fait là. Dans ma solitude algérien- (…), ne prend pas (…), sépare des bes dehors. Dans leur impossibilité à cente musulmane (2). A l’évocation rentrées. Mais ce ne sont que les Bouraoui » – même si le texte fut ne. Je viendrais toujours d’ici, instrui- autres », l’enfant mixte entre dans aimer vraiment ce qui est étran- de ce livre remarqué (3) Nina Bou- premières ondes du séisme… Deux d’abord destiné à une collection de te et traversée par l’Algérie des l’errance, l’amplifie par un autre ger. » raoui s’anime : « Je n’aime pas la ans plus tard, « l’explosion » se pro- textes autobiographiques que doit années 70. » C’est là, dans ce pays questionnement. Fille ou garçon ? Voilà ce que l’enfant gardera façon dont j’ai parlé de l’Algérie. Il y duit, libérant une voix nouvelle. diriger Christine Angot chez Stock encore meurtri par la guerre, que Où, comment se définir ? Entre la longtemps dans le silence d’une hai- a des maladresses et des clichés. Sortant d’une faille intime, Nina –, ce livre de ruptures est avant débute le récit. Là où l’identité se fierté du père qui surnomme la sau- ne rentrée. Et que brisera le « bruit J’avais alors dix-neuf ans et ce livre Bouraoui cherche sa définition tout un livre de rassemblements divise, se fracture, se trouble et fon- vageonne Brio, l’initie aux jeux des de l’écriture », pour s’ouvrir à la m’a joué un mauvais tour. J’y parlais dans les méandres d’une enfance autour de deux familles, deux cultu- de le mensonge, le retrait et l’effa- garçons, et la fragilité d’une mère vie, aux autres. Pour aimer, par la d’une certaine solitude féminine, invalide. Dans cette quête, la théra- res, deux pays déchirés par l’Histoi- cement. C’est là, dans cet « ici » qu’il faut protéger du regard des grâce d’un « je » réconcilié. mais beaucoup de gens ont pensé pie et l’écriture conjuguent leurs re. Un livre de partage qui témoi- des origines que l’écrivain revient hommes, de leur « désir sec », Christine Rousseau qu’il s’agissait de ma propre histoire. forces pour briser la peur. Celle de gne sans concession de la douleur pour fixer un à un les lieux et les agressif et brutal. Avant même C’est un malentendu que je n’ai pas soi, de l’autre. Celle aussi de ne pas de l’exclusion, de l’exil. êtres qui la composent. « l’événement » – ainsi que Nina (1) Stock, 1999. accepté alors je me suis cachée. » se sentir légitime pour parler d’un Yasmina Bouraoui a quatre ans Française ou Algérienne ? Que Bouraoui nomme la tentative d’en- (2) Gallimard, 1991, et « Folio » Derrière les masques d’une gardien- pays meurtri. De cette union, ainsi lorsque ses parents décident de choisir ou plutôt qui choisir sans lèvement dont elle fut victi- no 2479. ne de cimetière avec Poing mort que le confie l’écrivain, va naître quitter Rennes où ils se sont con- renier, sans rompre les liens ? «Je me – avant même que la peur ne (3) Prix du livre Inter et Prix 1537 de (4) ; puis d’un jeune garçon malade Garçon manqué. « Ce livre vient nus encore étudiants, puis mariés reste avec mère. Je reste avec mon vienne effacer l’enfance, Yasmina a Blois en 1991. d’amour et de haine pour sa mère d’abord du travail thérapeutique. malgré les réactions hostiles que père. Je prends des deux. Je perds choisi son camp : celui de la force (4) Gallimard, 1992, « Folio » no 2622. dans Le Bal des murènes (5), et C’est un livre “dit” avant d’être écrit, suscitait l’union d’un Algérien et des deux. Chaque partie se fond à et de la violence. « Je prends un (5) Fayard, 1996, et Le Livre de poche enfin d’une vieille femme hantée après chaque séance. » Libérée des d’une Française. « La France est l’autre puis s’en détache. Elles s’em- autre nom, Ahmed. Je jette mes no 14268. par sa mémoire dans L’Age blessé « contraintes » de la fiction, d’une blanche et impossible. Elle porte ma brassent et se disputent. C’est une robes. je coupe mes cheveux. je me (6) Fayard, 1998, et Le Livre de poche (6). Mais déjà, dans ce roman, esthétique qu’on a souvent jugée naissance puis mon départ. Un rejet. guerre. C’est une union. C’est un fais disparaître. » Pour se rendre no 14691 (voir « Le Monde des Livres » s’ébauche un tournant. Des rémi- « belle et difficile », la jeune femme Je renais à Alger appartement du rejet. Une séduction. Je ne choisis invisible et se défaire de ce que du 27 février 1998). Images de la passion Au bout de l’enfance Poussé La Corse de Marie Ferranti est un monde âpre où les douleurs Hubert Mingarelli fait des relations entre un fils se digèrent en lente macération et son père le cadre d’une obsession adolescente par Judas ble, Francesca n’est pas seule à la pas les avertissements, il le fait père, invalide, et qui ne quitte plus LA FUITE AUX AGRIATES croire salutaire. La Corse de Marie sans haine, presque sans implica- LA DERNIÈRE NEIGE la maison. Le reste, il le met de L’ÉVANGILE SELON PILATE de Marie Ferranti. Ferranti n’est pas bavarde, rétive à tion même idéologique. « Il n’avait d’Hubert Mingarelli. côté, pour le milan, son milan qui d’Eric-Emmanuel Schmitt. Gallimard, 160 p., 82 F (12,50 ¤). l’ostentation. C’est un monde pas de griefs particuliers contre lui. Seuil, 126 p., 75 F (11,43 ¤). « risque de crever de froid » s’il ne Albin Michel, 336 p., 120 F, âpre, où les douleurs se digèrent Il avait seulement suivi Pierre, voulu l’achète pas vite au commerçant (18,32 ¤). eut-on fixer une image en lente macération, où l’homme montrer à son ami qu’il était fort, uteur remarqué de qui préfère le laisser mourir que sans révélateur ? Dans la se confond à son espace, telles ces hardi, comme lorsqu’ils étaient romans pour la jeu- lui faire crédit. ui n’aime à se repasser un chambre noire où Fran- femmes en noir observées par enfants. Julius gagnait toujours les nesse, Hubert Mingarel- Poussé par ce besoin d’argent, vieux film ? Et puis, en cesca retrouve les gestes Mathilde enfant, sur le Vieux-Port paris les plus fous. Par un jour de li garde pour les enfants cette urgence, il va accepter une Q vingt siècles, cette histoire apprisP auprès de son père, David de Bastia, dont les « silhouettes grand vent, il avait plongé des rem- Aet les adolescents une affinité plei- vilaine besogne, qui va en entraî- archi-connue a changé, Montadori, apparaissent peu à penchées (…) se confondaient avec parts de la citadelle, au risque de se ne de nostalgie et de tendresse, ner une autre, et lui faire prendre peu ou prou, la vie de pas mal de peu les visages de ses proches. Clo- les choses entassées là, et leur noyer. Pierre avait renoncé, pas présente dans son premier roman, conscience de ce dont il est capa- gens. On ne s’étonne donc pas que rinde, sa nourrice, raidie en duè- ombre aperçue relevait la couleur lui. » Comme il a tiré un soir sur Une rivière verte et silencieuse ble pour satisfaire son désir, son la littérature, le théâtre et le ciné- gne noire, alors qu’elle seule voue (Seuil), et que l’on retrouve ici. obsession. Chaque soir, quand il ma se soient emparés de l’évangile. une tendresse sans réserve à la Marie Ferranti Presque paradoxalement, ce ton rentre à la maison, il va tenir com- De Renan à Scorsese, chacun a vou- jeune femme, aussi passionnée Née en Corse, Marie Ferranti vit à Saint-Flo- mesuré, au rythme tranquille et pagnie à son père et lui relate les lu faire son Jésus. Pour le glorifier, qu’irréductible. Marie, sa sœur, rent. Bastiaise d’origine, elle n’a pas quitté l’île doux, donne la mesure de la pas- menus événements de la journée, pour le vilipender, ou simplement lumineuse et violente dans la can- de Beauté, sinon le temps de ses études supé- sion qui anime un jeune garçon la première neige, les promena- pour mettre au clair ses propres deur et l’incarnat de ses vêtements rieures à Nice. Un temps professeur de lettres, n’ayant jamais encore autant des. Pas grand-chose. Surtout, il idées. Schmitt, auteur dramatique d’emprunt. Julius, qui malgré sa elle se consacre aujourd’hui à l’écriture et à « désiré quelque chose » : un milan lui raconte, maintes et maintes à succès, s’y essaie à son tour. Il a « lubie d’être berger », est un riche l’éducation de sa fille, Marie. Son premier en cage, exposé sur le trottoir d’un fois, sans y changer un détail, la du talent, il a étudié les textes, il ne parti, promis à Marie et que Fran- roman, Les Femmes de San Stefano (1995), cou- de ces magasins où l’on vend de capture du milan, telle qu’il l’a refuse pas les hypothèses les plus cesca séduit. D’autres encore, ronné par l’Académie française (prix Fran- tout et de rien, des pièces déta- imaginée et qui est devenue aussi audacieuses ; on préfère pourtant vieilles femmes de l’endroit, dont çois-Mauriac), mettait en scène une terre de chées, des radios, des tables de réelle que s’il ne l’avait pas inven- attribuer sa réussite – indiscuta- le regard tacite tient moins des Par- silence et d’ombre, valeurs que le deuxième, La chevet. tée. Il sait profondément que pro- ble – à la sincérité du propos, à l’hu- ques romaines que d’un chœur tra- Chambre des défunts (1996), plaçait au cœur de Cela se passe quelque part, dans bablement personne d’autre que milité devant l’inexplicable. gique grec, éploré et impuissant… sa réflexion sur l’image. une ville frontalière peut-être, ce père, immobile, ne saura Jésus est narrateur de la premiè- Notable bastiais partageant son non loin de l’Italie, au creux des jamais qui il est vraiment. De la re partie, qui le présente comme temps entre ses passions de dilet- de la mer si proche et presque igno- l’« ennemi » que son ami a dési- montagnes. On ne sait pas vrai- mère, on sait simplement qu’elle un surdoué de la charité, un peu tante érudit (« L’Italie, la grande rée. » Si l’observation est déjà de gné. Autre figure de l’excès, mais ment quand, non plus, juste entre essaie parfois de lui dire des cho- abasourdi par ses propres miracles, musique, les livres »), David aimait trop – « mieux aurait valu ne rien travaillée durement par les trans- le temps de la première neige et ses à propos d’elle et de lui, dont il un méditatif prodigieux capable de dans la photographie « les signes voir du tout », tranche l’auteur, gressions qui s’en suivent, Fran- celui de la dernière. Comme dans n’a pas envie de se souvenir, et découvrir le divin au fond de de la présence décelée, l’allusion de devant le spectacle obscène du cor- cesca est partagée entre le désir et les contes, les récits, les histoires qu’elle sort le soir, discrètement, lui-même. C’est Judas, son disciple l’ombre ». Pour Francesca, sans tège funèbre d’une victime du ter- l’effroi. « Elle avait peur de cette immortelles. mais laissant derrière elle, une lon- préféré, qui le pousse au sacrifice, projet personnel dans une société rorisme –, le langage n’est d’aucun barbarie qui était en lui, qu’elle Le garçon n’a pour tout revenu gue minute, le bruit de la minute- non par cupidité, mais pour que les corse engourdie dans l’archaïsme secours. Pire ! Il défie le destin : savait assoupie, mais prête à se que l’argent qu’il gagne en prêtant rie qui se met en marche puis Ecritures se réalisent. Sa dénoncia- et tétanisée face aux fulgurances « Ne parlons plus, mon fils, con- réveiller et elle se dit que la politique son bras pour leurs promenades s’éteint. Et que, pour le père, tion est voulue par Jésus, parce des affrontements politiques, la seille Clorinde à Joseph. Les mots était une excuse à sa férocité. » aux personnes âgées de l’hospice « c’est une sacrée longue minute ». qu’elle préserve les apôtres. La part de la diversion recoupe celle attirent parfois les choses qu’on Cette dureté qui balaie les excu- voisin. Parfois, ils n’ont pas d’ar- Partagé entre le Bien et le Mal, seconde partie montre Pilate du divertissement. « La seule chose redoute le plus. » ses dont l’homme corse pare ses gent sur eux ou bien oublient de le la vie et la mort, il se confie tran- enquêtant sur la disparition du dont elle était sûre était qu’elle s’en- N’y aurait-il de place que pour outrances, Marie Ferranti l’avait payer. Mais il n’en a cure. Il les quillement à son père, persuadé corps et sur les apparitions fugiti- nuyait à périr, sans parvenir à envi- le « monde simple » de Mathilde, déjà dans son premier roman, déjà aime bien. Il aime les écouter lui qu’il ne sera jamais jugé et donc ves du ressuscité. Une manœuvre sager ou à construire une autre exis- sans émoi autre que refoulé, sans enté sur la terre insulaire, comme raconter par exemple des histoires sans jamais quêter d’approbation, politique, à l’évidence, mais qui l’or- tence plus proche de ses aspirations fièvre ni brûlure, sans vie en som- elle questionnait la parole tacite d’écureuil, ou se regarder avec mais plutôt un sens à ce qui lui ganise ? Joseph d’Arimathie ? le roi profondes. Depuis la mort de son me ? de l’image, mettant en scène le eux dans les flaques, après la arrive, ou à ce qu’il a fait. Son père Hérode, Caïphe ? Les amis du pré- père, tout semblait lui filer entre les La simplicité de Julius est autre- peintre flamand Snyders dans son pluie, lorsqu’ils vont jusqu’aux dira que lui aussi avait fait certai- fet de Rome – un philosophe stoï- doigts. » Certes quiétude apparen- ment terrible. Passant sans malice, deuxième roman. Le retrait ou l’ef- grands arbres au fond du parc. Il nes choses « qui ne l’avaient pas que, un séducteur inquiet – ne te, lénifiante aussi, et activisme et presque sans conscience des bai- facement n’assurent pourtant pas attend qu’ils lui fassent signe, rendu malheureux, alors que nor- l’aident guère à se dépêtrer du guê- souterrain, brutalement trahi par sers de Marie aux étreintes de le salut. Marie Ferranti semble par- depuis la loge du concierge avec malement, elles auraient dû. Mais pier juif et les pistes se bouchent des actions d’éclat, se dissolvent Francesca, le jeune homme nie et tager le credo radical de son héroï- qui il a lié une sorte d’amitié, faite qu’au lieu d’être malheureux il les unes après les autres. Alors, dans le laboratoire où Francesca fuit ce qui fait obstacle à ses pul- ne : « Moi, je veux du contraste (…). de peu de mots, et de tasses de s’était senti aussi seul qu’on peut accablé par la vérité, le Romain ressent la présence de l’absent, sa sions, à sa vision nette et tranchée Un jour de grand vent, ciel lavé, gris café. L’argent qu’il gagne ainsi, l’être ». C’est cette solitude qui prend la route vers la Galilée, vers prédilection pour le secret, «le de l’engagement aussi. Et s’il parti- durs, blancs, marqués, c’est ce que peu à peu, il en laisse le soir une sera le véritable prix à payer pour la conversion, où sa femme l’a pré- miracle de révélation lente ». cipe au commando qui abat un j’aime. » partie sur la table de la cuisine, le milan. cédé. Hosannah ! Cette maturation secrète, indici- adversaire politique qui n’entend Philippe-Jean Catinchi pour compléter la pension de son Martine Silber J. Sn IV / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 littératures b Meurtres en partage Daniel Arsand hors du temps Jean-Baptiste Evette s’adonne aux dérives d’une histoire Dans une chronique familiale chargée de secrets et de morts, de « sang et sexe en costume d’époque » l’écrivain confirme la vigueur de son style et de son imagination

certaines personnes, en rencontrer plongée, admirablement évoquée RUE DE d’autres, insolites, inquiétantes, voire EN SILENCE par le romancier, notamment LA FEMME-SANS-TÊTE dangereuses. Parallèlement à cette de Daniel Arsand. dans une étonnante scène de de Jean-Baptiste Evette. quête fiévreuse, à ses trouvailles et à Phébus, 216 p., 119 F (18,14 ¤). cabaret. Adélaïde élève ses filles Gallimard, 474 p., 138 F (21,04 ¤). ses déconvenues, l’actualité de ces LA VILLE ASSIÉGÉE dans une sorte de torpeur close, faits divers semble réorchestrer le de Daniel Arsand. annonçant la folie de l’une d’el- l ne paie pas de mine Apollon mystère sanglant du passé car deux Ed. du Rocher, 44 p., les, Anne, qui va devenir le centre Lepic, « gros, pâle et mal femmes ont été tuées, décapitées, et 34 F (5,18 ¤). du livre. Tandis que Marie, sa vêtu », asthmatique qui dépla- Lepic, à son corps défendant, va croi- sœur, connaît une ascension ce avec embarras ses deux ser le chemin de l’assassin. Il aboutira ’imaginaire de Daniel sociale qui l’éloigne de nous, mètresI douze et ses cent treize kilos. dans ses recherches à de surprenan- Arsand l’a jusqu’ici con- Anne accepte les signes Séparé de sa femme, il souffre de tes découvertes qui l’entraîneront jus- duit à des époques avant-coureurs de son sort, dès misère sexuelle et vivote comme qu’aux catacombes et lui imposeront médiévales indétermi- son enfance. Elle a vu son père accompagnateur dans les cars de tou- un constat amer : il a été, depuis le néesL et dans des régions plutôt nu, le surprenant dans sa cham- ristes. C’est un imaginatif inquiet, début, épié, traqué et manipulé… orientales, c’est-à-dire dans des bre où sa chasteté l’isolait de sa passionné par l’Histoire et plus à On a salué, dès son premier zones éloignées de notre environ- femme. Elle a découvert les failles l’aise parmi les figures du passé roman, Jordan Fantosme, la richesse nement quotidien. La Province des relations familiales et, dès qu’avec ses contemporains. Un édi- imaginative de Jean-Baptiste Evette, des ténèbres, paru il y a deux ans lors, s’est définitivement décalée. teur lui propose d’écrire un volume son sens de la construction et du sus- (1), lui valut le dernier prix Femi- Ses études, elle les accomplit pour sa série sur les grands crimes de pense, la méticulosité qu’il apporte à na du premier roman. Ce prix a « autrement ». Considérée com- l’Histoire de France. Dès ses premiè- la reconstitution des faits, des lieux, été depuis supprimé : l’idée de me un cancre, elle révèle soudain res recherches, il va être attiré par le des rites d’une époque débutant impliquait une sorte de une intelligence aiguë, mais ne destin d’Anne de Barbançon qui a tra- (1). On retrouvera, dans ce troisième condescendance, en l’occurrence l’épanouira jamais dans sa vie versé, dans le Paris du XVIe siècle, roman, ces qualités, ce qui nous vaut, imméritée tant la maîtrise stylisti- extérieure. Pas plus qu’elle ne tous les épisodes mortifères des guer- notamment, des scènes flamboyan- que était frappante, si rare chez satisfera ses désirs. res de religion avant de connaître tes qui illustrent les dramatiques les écrivains les plus aguerris. Les personnages masculins qui une fin tragique. affrontements des factions sous les Daniel Arsand confirmait alors la entourent ce monde féminin sont Belle, désirable, mais d’un caractè- règnes de Charles IX et de Henri III et singularité de son monde fantas- encore plus inquiétants. Défenes- re farouche, cette huguenote de sou- auraient séduit un émule de Dumas. matique et de son rapport à l’écri- CLAUDE PAUQUET tration, incendie, dépeçage par che noble a dû renier sa foi après Mais le romancier résiste mal ici à sa ture, déjà sensible dans les nouvel- des renards : telles sont les fins avoir échappé de peu au massacre de faconde romanesque, lui laissant la les rassemblées sous le titre Noc- Heredia de la prose. Cette impres- On le sait dès les premières pages, atroces des hommes. Curieuse- la Saint-Barthélemy. Elle découvre le bride lâche, d’où une surcharge d’ef- turnes (2), auxquelles aurait pu sion se précise avec En silence, sur qui devraient être des pages ment, ces scènes n’apparaissent culte amoureux et morbide que son fets appuyés, de rebondissements s’ajouter le bref récit de La Ville de tout autres thèmes et avec un d’amour. Sa passion pour Adé- pas comme excessives. Car le lyris- mari, prévôt de Paris, porte, dans le rocambolesques, de « scènes à fai- assiégée, qui est publié tout autre climat. laïde, qui va devenir sa femme, me soutenu de toute la narration secret de son cabinet, à un jouven- re » pour corser l’intrigue qui frôlent aujourd’hui séparément. L’action a lieu au tournant des est en effet immédiatement mar- est consciemment dosé. Il éclate ceau décédé. Démasqué, le prévôt le grand-guignolesque. Les multiples Violence des scènes alternant deux siècles précédents, quée par la douleur et par l’humi- au terme de plages, picturales ou l’enferme. Anne parvient à s’échap- pistes, tant factuelles qu’émotionnel- avec une insidieuse douceur de la entre 1897 et 1914. La précision liation. Le livre s’ouvre sur des musicales, au long desquelles per, se cache, reçoit dans sa chambre les, qu’il ouvre pour et autour de son sensualité et des sentiments, pré- de la narration, le caractère dra- scènes idylliques aussitôt contre- l’écrivain décrit, avec calme et la visite d’un homme ; on l’y retrouve- héros, embrouillent le dessein géné- dominance des rapports guer- matique et secret de quelques évé- dites par une autre, d’une redou- acuité, le terrifiant cheminement ra un jour morte et décapitée. ral de l’œuvre. De plus, tout l’étaya- riers, solitude des hommes qui se nements sur un fond à vrai dire table violence. Ce surgissement de ses héros et héroïnes, qui ne A-t-elle été victime d’un ruffian, d’un ge documentaire semble par toisent, se cherchent, se massa- peu romanesque, peuvent laisser inopiné de la mort va désormais veulent ou ne peuvent pas vivre. démon amoureux, un de ces « incu- moments un peu « plaqué » sur une crent et parfois se rencontrent. Et supposer que l’auteur s’est inspi- caractériser le rythme de tout le En contrepoint de ce roman fin bes » qui nourrissent les supersti- histoire très mouvementée. Il reste surtout singulière capacité, chez ré d’archives familiales. Si ce n’est livre, où l’on passe d’un climat de siècle qui paraît sorti d’un cabi- tions populaires, ou de la vengeance que le roman, malgré ces défauts, l’auteur, de décrire les lieux, dans pas le cas, peu importe : ce qui est feutré d’abattement mutique à net d’amateur, passionnante redé- d’un mari à qui elle a dérobé un por- saura satisfaire ceux qui aiment met- la richesse diaprée des sens, dans certain, c’est que le récit, comme des drames d’autant plus terribles couverte d’un connaisseur d’une trait d’elle et un précieux talisman en tre les bouchées doubles quand ils le frémissement de la vie, du le titre l’indique, porte sur la dissi- que le romancier ne s’attarde littérature à la fois naturaliste et forme d’œuf ? s’attablent au festin plantureux du désir. Il redonnait au roman une mulation et sur la révélation de jamais sur leur description. De symboliste, on pourra lire, com- Au fil et à mesure de son enquête, roman d’aventures où l’on a ici vibration si longtemps négligée tragédies contenues. Une famille brefs paragraphes dessinent les me un poème en prose, la belle fouillant archives et bibliothèques, et moins recours aux prouesses du par les écrivains. On peut juger de paysans émigre, à la suite de suicides et les meurtres qui jalon- allégorie de La Ville assiégée, sur bien que son projet de livre ait été genre « de cape et d’épée » qu’aux cette notion de la littérature crues dévastatrices. On passe de nent le roman. la solitude du pouvoir et l’ennemi refusé par l’éditeur, Lepic va vivre en turbulences des fantasmagories mor- dépassée, en tout cas intemporel- la campagne austère, mais prospè- Quand Edgar et Adélaïde s’ins- intérieur. état de transe et sous la hantise bides et des hantises perverses. le. Il est vrai qu’un écrivain de la re, à la petite ville provinciale qui tallent à Roanne avec leurs deux René de Ceccatty obsessionnelle, jusqu’à l’hallucina- Pierre Kyria fin du XIXe siècle aurait très bien sécrète de l’amertume, de la pau- filles, ils sont aidés par un cousin tion, de la « femme sans tête ». Pour pu écrire La Province des ténèbres vreté, de la déchéance. qui va entrer dans leur destin. (1) Chez le même éditeur. ses recherches, il va solliciter l’aide de (1) Voir Le Monde du 27 août 1997 et Nocturnes. Un José Maria de Edgar Flétan est voué à la mort. Edgar s’abandonne à une lente (2) HB Editions, 1996.

houn pour un triple meurtre dans un bar de Jersey City repose sur des ROMANS POLICIERS témoignages plutôt minces et contradictoires. Or le témoin capital, qui se b par Gérard Meudal rétractera, entraînant une revision du procès, avant de rétracter sa rétrac- L’enfant-dieu et les monstres tation, toujours sous serment, et qui donnera les versions les plus fantai- sistes de l'affaire, finira par reconnaître qu'il avait romancé la réalité pour les besoins d'un livre que Truman Capote devait écrire sur cette Avec sa vraie-fausse autobiographie, une fois affaire. Algren, dernier round b SPEEDWAY, de Philippe Thirault de plus Amélie Nothomb part gagnante Une usine d'équarissage au Texas, c'est l'endroit rêvé pour passer la société à la moulinette, surtout s'il s'avère que le responsable du dépiau- réfugié chez eux, est doux et servia- TRICOTÉ COMME LE DIABLE tage des carcasses est un ancien champion du FBI devenu quasiment MÉTAPHYSIQUE DES TUBES ble. Nishio-san, la nourrisse, vénè- (The Devil's Stocking) débile à la suite d'un tabassage en règle mais qui a tout de même gardé, d’Amélie Nothomb. re l’enfant-dieu qui affronte néan- de Nelson Algren. par éclairs, quelques beaux restes de ses capacités légendaires. Philippe Albin Michel, 172 p., moins les monstres (« Dis-moi ce Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Philippe Mikriammos, Thirault n'hésite pas à forcer le trait : tout y passe, le pompier pyromane, 89 F (13,56 ¤). qui te dégoûte et je te dirai qui tu Gallimard, « La Noire », 418 p., 160 F (24,39 ¤). le politicien devenu serial killer pour sauver sa réputation, le flic amnési- es ») et plus particulièrement crire, c'est du sérieux, et pas exhumer de vieilles lettres d'amour que dont la mémoire chancelante recèle des secrets d'état. Quant aux mélie Nothomb démon- l’autre domestique nipponne qui qui ne devraient de toute façon pas sortir du domaine privé ! » cadavres, on ne les compte plus puisqu'on est dans le domaine de l'abat- tre ce que nous suspec- reporte sur Amélie sa haine de l’en- s'exclamait avec rage Nelson Algren, faisant allusion à sa liaison tage industriel, tout se fait par fournées : l'incendie de l'hospice ou celui tions : elle est née dieu vahisseur. avec Simone de Beauvoir et au fait que l'écrivain français en de l'orphelinat au cours duquel un pompier pris de folie dévore un pré- avant de se rallier, deux Amélie adore l’eau mais – dans Eavait fait état dans ses livres. Son dernier roman, Tricoté comme le diable, maturé rôti à point dans sa couveuse. Cela pourrait n'être qu'un pastiche Aans plus tard, à l’humanité ordinai- l’indifférence générale – faillit se repose sur une enquête tout ce qu'il y a de plus sérieuse. du gore sans la capacité de l'auteur à faire entrer tous les morceaux dispa- re. A trois ans, tout est consom- noyer une première fois. Plus tard, Au départ, il s'agit d'une commande du magazine Esquire sur le cas rates de ce puzzle déjanté dans une intrigue bien construite et à la pro- mé : elle décide d’être écrivain, le elle tente de se suicider dans la d'un boxeur noir, Rubin « Hurricane » Carter, champion poids moyen gression efficace. Choisir pour narrateur un personnage au cerveau meilleur moyen de réconcilier la mare où elle nourrit les trois igno- accusé d'homicide. Nelson Algren quitte Chicago pour s'installer à Pater- embrumé n'est pas un parti pris facile à tenir. Philippe Thirault s'en sort grâce divine et la pesanteur humai- bles carpes à la bouche dévoreuse son et cherche même, dit-on, à louer une chambre au-dessus de l'endroit très bien en semant la confusion dans l'esprit du lecteur quand il évoque ne. Métaphysique des tubes relate que ses parents lui ont offertes. Les où Carter aurait commis son meurtre. A mesure qu'Algren doute de plus exactement de la même façon une mécanique automobile, un cadavre de l’expérience d’un enfant surdoué – « poissons-tubes » sont baptisés en plus ouvertement de la culpabilité de Carter, il ressent l'hostilité crois- gnou ou une carcasse humaine. Dernier volume de la trilogie de Harvey, elle-même – qui prend conscience Joseph, Marie, Jésus et incarnent sante de la population locale. C'est sans doute la raison pour laquelle pauvre keum, qui comporte déjà chez le même éditeur Hémoglobine blues de la mort, du doute, de la fragilité, l’affection aveugle des adultes et l'auteur de L'Homme au bras d'or décide de changer radicalement son et Heureux les imbéciles (Le Serpent à plumes, « Serpent noir », 168 p., 85 de l’amour et de la traîtrise des leur stupidité. Le jardin japonais est projet, transformant son enquête en roman. Il modifie le nom de tous les F, 12,96 ¤). adultes qui disposent de leurs reje- magnifique mais les saisons égrè- personnages (Rubin Carter devient Ruby Calhoun) et en invente d'autres b LES QUATRE COINS DE LA NUIT, de Craig Holden tons au gré de leurs fantasmes. nent leurs deuils successifs. L’en- de toutes pièces. L'intérêt, mais aussi les défauts du livre, viennent de ce Bank est un véritable héros, un justicier sans peur et sans reproches alors L’intrépide romancière s’attaque fant heurte ses rêves et ses désirs à changement de cap. que Mack, son coéquipier qui est aussi le narrateur, n'a pas vraiment de sans vergogne à un grave sujet. Sa la volonté incohérente des grands. Paru pour la première fois dans une traduction allemande en 1980, Tri- vocation pour la police ; mais une vieille amitié les lie depuis l'enfance et ils lucidité, son intelligence, sa paisi- Cet exil est paradisiaque mais, coté comme le diable n'a été publié aux Etats-Unis qu'en 1983, deux ans font toujours équipe ensemble dans leur ville du Middlewest. Mack est plutôt ble folie y font merveille et son dans sa fringale frénétique, la petite après la mort d'Algren. On peut penser que, s'il avait vécu, l'auteur aurait du genre à tergiverser, Bank est un fonceur, d'autant plus qu'il a un compte humour gomme la cruauté du cons- fille pressent la nostalgie du bon- renforcé l'aspect romancé du livre. Les personnages fictifs comme Red, personnel à régler avec la pègre. A l'auréole du héros il ajoute celle du mar- tat et l’ambition du projet. heur perdu. Pourquoi être sortie de le copain d'entraînement de Ruby Calhoun, ou sa compagne Dovie-Jean, tyr, car il ne s'est jamais remis de l'enlèvement de sa fille quelques années Les acrobaties philosophiques l’aimable torpeur ? Pourquoi avoir sont parfaitement réussis, mais Algren oscille manifestement entre l'intri- auparavant. L'annonce de la disparition d'une gamine de douze ans lance des premières pages de Métaphysi- goûté au chocolat qui prélude à la gue policière et le documentaire social. Il analyse en particulier le milieu les deux policiers dans une traque sans merci, mais réveille aussi les fantô- que des tubes frôlent l’imposture. quête insatiable du plaisir ? « La vie de la boxe, bien sûr, qu'il avait déjà dépeint dans son deuxième roman, mes du passé qui sont plus nombreux qu'on ne le croit et pas toujours cachés Pour la jeune narratrice, Dieu était est ce tuyau qui avale et qui reste Le matin se fait attendre, mais surtout celui de la prostitution, de la justice dans le placard où on les attend. « Peut-être ne faisons-nous que ressasser infiniment creux et apathique il vide. » En un habile tour de pas- et de l'administration pénitentiaire. Les vérités qu'assène Algren sont nos vies ad nauseam, en de lointaines vagues qui se succèdent comme les avait « la souplesse du tuyau mais se-passe, la romancière recolle les d'autant plus cinglantes qu'il s'agit pour lui d'une sorte de livre-testa- échos d'instants déjà vécus, déjà éprouvés. » Les traumatismes de l'enfan- demeurait rigide et inerte, confir- deux parties de son récit artificielle- ment, « le combat d'un homme contre l'injustice : c'est la seule histoire qui ce, les secrets trop bien gardés, sans jamais nuire à un suspense très bien mant ainsi sa nature de tube. Il con- ment juxtaposées et l’écriture vaille d'être racontée. Je l'ai écrite avec mes tripes. » Sur la prostitution : mené, donnent à l'intrigue une complexité toujours croissante. De sorte naissait la sérénité absolue du cylin- sobre, ramassée, brillante, en « Que fait votre gentille petite maîtresse de maison, sinon enlever ses vête- qu'en définitive il surgit autant de questions que de révélations. «La dre. Il filtrait l’univers et ne retenait camoufle les cicatrices. Mais faut-il ments et s'allonger en échange du vivre et du couvert ? » Sur le soi-disant réponse à toutes ces questions doit se situer quelque part entre le oui et le rien. » Nous ne résistons pas long- croire un auteur qui à chaque rôle de réinsertion joué par la prison : « Et s'il apparaissait que les prisons non, entre le noir et le blanc. Quelque part dans cet entre-deux grisâtre où temps à l’audace de la théorie qui roman nous épate par son insolen- elles-mêmes ne sont plus nécessaires ? Qu'arriverait-il aux fournisseurs et nous devons continuer à vivre, nous qui lui survivons. » (Traduit de l'anglais n’est que le prologue provocateur ce tranquille ? « Il fallait que je me aux hommes politiques dont toute l'existence est investie dans la protection – Etats-Unis –par Stéphane Carl et Catherine Cheval, Rivages/Thriller, d’un délire autobiographique. Jus- fasse à cette idée : je n’étais pas crédi- de la société contre les criminels ?» 370 p., 135 F [20,58 ¤]). qu’à trois ans, Amélie Nothomb vit ble. Ce n’était pas grave. Au fond, Mais il va plus loin que la dénonciation de l'hypocrisie ambiante quand b LE JARDINIER DE BABBACOMBE, de François Rivière au Japon : « Les Nippons avaient rai- cela m’était égal, qu’on me croie ou il aborde la question des rapports entre les médias et la justice. Quand « Pourquoi un jardinier puisqu'il n'y a pas de jardin ? » à Babbacombe son de situer à cet âge la fin de l’état non. Je continuerai à inventer, pour Ruby Calhoun devient le symbole de l'innocent injustement condamné, Lodge près de Torquay, où réside le célèbre écrivain Edwin Sorne et où divin. » Pendant les deux premières mon plaisir. Je me mis donc à me tout le monde y va de son couplet. « Bob Dylan, dont la pauvreté d'inspira- l'on retrouve le cadavre de l'éditeur américain Frederick Robinson. Les années, le bébé est inerte et muet. raconter des histoires. Moi au moins, tion s'entendait au vide de sa voix, accola quelques paroles, les baptisa négociations autour d'un manuscrit retrouvé d'Edwin Sorne entraînent Telle une fée, la grand-mère belge je croyais à ce que je me disais. » "chanson" et chanta celle-ci devant un Madison Square bondé... Et une fois l'agent littéraire Monette Odot de Purley & Odot jusqu'au Québec, dans surgit et introduit un morceau de L’inaltérable succès d’Amélie qu'il eut intitulé "Calhoun" ce hennissement asthmathique, un million les griffes d'une secte d'illuminés qui se réclament de Sorne, tandis que chocolat… belge dans le gosier Nothomb prouve qu’elle a eu rai- d'esprits avancés l'achetèrent avant même que le chanteur ait eu le temps les cadavres s'accumulent. Minutie des décors, atmosphère délicieuse- d’Amélie qui s’éveille à la jouis- son de naître Dieu et de s’inventer de passer à sa banque. » Plus encore, il analyse la façon dont la médiatisa- ment rétro des polars anglo-saxons, avec cet humour que cultive l'auteur sance. Le père est consul (seul Euro- écrivain. Comme les carpes insatia- tion des grands procès influe inévitablement sur le cours de la justice. Et pour nous embarquer dans des intrigues aussi labyrinthiques que les cou- péen à chanter le nô !), la mère bles du jardin japonais, nous ava- c'est là que le livre de Nelson Algren, dans son hésitation entre documen- loirs du manoir gothique de Babbacombe (éd. du Masque, 336 p., 115 F mondaine, le frère taquin, la petite lons ses mensonges avec délice. taire et fiction, est exemplaire et passionnant. La condamnation de Cal- [17,53 ¤]). sœur aimée et Hugo, le fils d’amis Hugo Marsan littératures LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / V b Le cantique incorrect d’Alice Ferney Dépeignant toutes les étapes de la séduction amoureuse, la romancière tisse les strophes de béatitudes d’une femme adultère Eloge du frisson comme un pied de nez à la mort

XIXe siècle à la fin du XXe, avaient gagne, ni Gilles ni Pauline ne sont LA CONVERSATION été flouées par le mystère des en proie à la candeur. Ni Alice Fer- AMOUREUSE arbres généalogiques, et qui ney, qui épie les différences de per- d’Alice Ferney. n’avaient rien eu « à sacrifier mais ception, de stratégie, de constance Actes Sud, « Un endroit tout à donner. » Une fresque bruis- chez l’un et chez l’autre. « L’horlo- où aller », sante de calvaires pudiques : ge des femmes et celle des hommes 476 p., 139 F (21,19 ¤). fièvres, deuils, cœurs meurtris. A dans l’amour n’ont pas les mêmes l’affût des moments de bonheur aiguilles. » En matière d’adultère, es mots déferlent : envoû- qui rythmaient ces vies soumises, la référence suprême serait-elle tement, rapt silencieux, Alice Ferney exaltait la jouissance Anna Karénine ? Albert Cohen enchantement, turbulen- des corps périssables. Son livre clouait au pilori l’héroïne de Tol- ce, fatalité, inclination, était un cri de révolte contre l’éva- stoï, cette « raffoleuse de la vie ani- Lélan secret, ferveur de foudroyés, nouissement de la chair, la fatali- male » au « feu sous les jupes », palpitations, émois, lumière de té, pour ces femmes, à voir dans « paléolithique » toute en « coups joie, attrait irrésistible, contempla- leurs hommes et leurs enfants de de rein » et « sauts de carpe » : tion, félicité, affinité, ravisse- futurs défunts. « Regarder partir maudite femme souillée par «la ment… Ils disent la béatitude d’un les autres sans pouvoir les retenir. » passion qui est rut ». homme et d’une femme, Gilles et Et devoir admettre que les essouf- Sans partager les mêmes Pauline, qui tremblent « au seuil flements, évanouissements, bruis- notions d’enfer et de paradis, les de l’intimité », se tiennent ensem- sements d’organes, sanglots, pin- amants d’Alice Ferney testent ble « à l’orée du plaisir ». Ils vien- cements au cœur, alanguisse- leurs sentiments à la même aune, nent de se rencontrer, ils sont victi- ments, déchirures, tortures de en s’identifiant aux personnages mes d’« un ensorcellement banal », sang pouvaient être à la fois symp- de leur sexe : « Croyez-vous que ils ne savent encore trop de quoi tômes d’extase ou d’agonie. Vronski aimait Anna Karénine ? se parler. On est en juin, il fait Dans La Conversation amoureu- dit-elle. Non, dit-il sans hésitation, beau, le couple marche dans la fou- se, Alice Ferney adresse un double il ne l’aimait pas. Elle dit : Vous pen- le : « On pensait qu’ils étaient pied de nez à la convention sez comme mon mari. Mais moi je amants, ou que, s’ils ne l’étaient pas sociale : l’épouissement du couple n’en suis pas certaine. Ce serait si encore, c’était imminent. C’était adultère se fait à l’insu des con- horrible. » Resteront, longtemps

imminent. » JOHN FOLEY/OPALE joints, mais aussi au nez et à la bar- après, « les douceurs de la ressouve- Cela finira par se faire. Après be de leur groupe d’amis. Pendant nance et de la connivence, le frisson deux ou trois rendez-vous galants, de charme, art de courtiser et « fur- Cantique des cantiques, son mourir et cela viendrait plus vite que Gilles et Pauline scellent leur presque déchirant des traces que Pauline va marcher « vers le feu », tif souci de l’autre », émotions et roman est bibliquement incor- qu’ils ne le croyaient. Les secrets destin, les yeux dans les yeux, au laissent entre deux êtres la fugacité se transfigurer, au lit, chez Gilles. suspicions, paroxysmes du désir, rect : il prend le parti de la trans- seraient emportés dans les tombes. restaurant, la femme de Gilles d’un désir puissant et écarté. » Pour la première fois si proche révélations, griseries, émergences gression, la fusion contre la loi. Si Les tourments effacés. » rejoint ses copines pour papoter, De cette liaison dont « les autres l’un de l’autre, ils vont alors se tai- de ce quelque chose de « hanté » Gilles est en instance de divorce, On retrouve là ce que ce profes- le mari de Pauline assiste avec ses n’avaient rien su », restera aussi re, leurs voix vont devenir murmu- qui déborde d’eux, pudeurs et Pauline, son héroïne, se donne à seur d’économie, admiratrice de potes à un combat de boxe à la l’inattendu épilogue imaginé par res, il va s’instaurer quelque audaces… Le cinéma mental : ce son amant alors qu’elle est Voltaire (d’où son pseudonyme), télévision ; maris et femmes par- Alice Ferney, où elle nous fait dou- temps « un silence d’étreinte ». que l’un et l’autre développent de mariée, mère d’un petit garçon de avait évoqué en filigrane dans lent de leurs disputes conjugales, ter de tout ce qu’elle nous a fait Mais cette brûlante éclipse n’est pensées au fil de leurs exaltations, trois ans et demi et enceinte de L’Elégance des veuves (1) : la hanti- leurs arrangements, leurs tenta- lire précédemment, offrant une qu’une station, tardive, dans le et les affres de chacun à l’heure de quatre mois. « La pureté d’un lien se de la mort. Ce texte dévot, tions. Ils se retrouvent ensuite autre issue à cette histoire « chemin d’extase », vers la roman- parapher ce qu’ils n’ont pas enco- conjugal sans mensonge était sûre- solennel, sensuel (mais «à tous ensemble au club, pour finir d’amour fou, à la fois plus conven- ce. re cerné : serment ou bagatelle ? ment désirable. Mais on ne pouvait demi-mot pour ne pas troubler la la soirée. En attendant l’arrivée tionnelle et plus osée : une histoi- Ce que dépeint longuement Ali- Cet éloge de la séduction est, pas renoncer à un nouvel amour. décence ») rendait hommage à la des absents. On pense irrésistible- re pour l’éternité, qui se clôt par ce Ferney, avec délicatesse, dans dans son pacte avec l’évidence, à Pas si l’on était vivant. Alors, on femme d’antan, toute accaparée ment au film de Joseph Mankiewi- un radieux « il n’y a pas de fin » et un style éminemment classique, l’extrême opposé de la fameuse devait dans le secret de soi adjoin- par le mariage et la procréation, cz, Chaînes conjugales :ceun définitif « nous vivons ! ». c’est ce qu’elle nomme « la conver- scène de Belle du Seigneur au dre un lien à un autre. » Chez Alice cette ancêtre vouée à être « fian- pique-nique où trois amies ont été Jean-Luc Douin sation amoureuse » : toutes les éta- cours de laquelle Albert Cohen Ferney, nous sommes au-delà du cée officiellement, mariée religieuse- avisées par la quatrième de la ban- pes de la séduction, depuis le dénonce l’art de faire la cour com- scandale. Au-delà de la tromperie, ment, installée bourgeoisement, de qu’elle ne les rejoindrait pas, (1) Actes Sud 1995, paru en poche : moment où Pauline s’est retrou- me un manège cynique, trivial, du remords : « Elle ne parvenait ardemment fécondée et douloureu- qu’elle est partie avec le mari Babel no 280. vée « captivée » quand Gilles l’a une pitoyable « farce de poésie » pas à se dire que l’on doit, où que sement accouchée. » Ce n’était pas d’une d’entre elles, sans dire regardée.L’apprentissage de la avec « affreux affects », « ventouse- l’on peut, passer à côté d’une pas- un hymne antiféministe, mais un lequel. Comme chez Mankiewicz, e Alice Ferney a également publié complicité. Sourires et badinages, ries buccales » et « babouineries ». sion. Une passion était comme une chant, tissé de compassion, pour aucune des compagnes n’est à en 1997 Grâce et dénuement, qui vient jeux d’approche, aveux secrets, Alice Ferney refoule la notion vie : il fallait qu’elle fût vécue. Car ces jeunes filles, épouses et l’abri d’une trahison. de paraître en poche, chez Babel échanges de convoitise, numéros de péché. Tissé tel un lumineux ils mourraient tous. Ils allaient tous grand-mères qui, de la fin du En dépit du trouble qui les n˚ 439.

livraisons Le tohu-bohu de l’exode Courbet à contresens b NAGUERRE, de François Dupuis Pour tous ceux qui étaient enfants pendant la deuxième guerre mondiale, c’est aujourd’hui le temps de la mémoire. Le temps Dans une veine plus journalistique que littéraire, S’emparant de « L’Origine du monde », Christine Orban parfois, de dire la blessure, l’impossibilité de l’oubli, la vie dévas- tée, le deuil interminable. François Dupuis – qui vient de mourir Patrick Rambaud retrace la retraite de Russie détourne un chef-d’œuvre en une histoire triviale en août – ne se confie pas à la première personne. On ne saura pas s’il fut un enfant de la douleur, pendant les années noires. Il d’état-major, et les rares compar- ge, l’inspiratrice cachée, ne peut choisit de faire le roman allègre d’un gamin frondeur qui a passé IL NEIGEAIT ses fictifs mis en scène ne servent J’ÉTAIS L’ORIGINE raconter la genèse de cette toile qui son enfance dans un petit village où l’on retrouve l’atmosphère de Patrick Rambaud. qu’à montrer ce qui se passe chez DU MONDE porte en elle la force et le désespoir des films dans lesquels Fernandel incarnait Don Camillo. À For- Grasset, 332 p., 129 F (19,69 ¤). les exécutants. Un capitaine et son de Christine Orban. des amours clandestines, des tillon, où vit le jeune Jean-Louis Montbrial, avec sa nombreuse valet, un secrétaire apeuré, une Albin Michel, 140 p., 79 F amours vouées au silence et à l’om- famille (ils sont les grands bourgeois du lieu), s’affrontent calo- a retraite de Russie traîne troupe théâtrale happée par la (12,04 ¤). bre, l’empreinte de la toute brûlante tins (dont les Montbrial) et laïcards. Même les papistes ne sont encore dans nos mémoi- tourmente : schématiques et st-ce un « effet 2000 » ? revanche des passions étouffées. Le pas d’accord entre eux, le curé Bouton goûtant peu les méthodes res. La formidable machi- pâlots, ils illustrent les crises, ils ali- Le prodigieux tableau de ventre de la femme, c’est le néant du de l’abbé Corbise. Avec la guerre la « petite bourgade, où l’on se ne de propagande des mentent le récit avec des scènes Gustave Courbet, L’Ori- milieu. Au centre, il n’y a rien. Cour- marrait bien (…) était devenue toute frileuse et recroquevillée ».La Lbonapartistes a si bien fonctionné parfois drolatiques, parfois doulou- gine du monde (1866), bet était devenu fou de ce rien. » guerre finira, mais l’insouciance ne reviendra jamais vraiment. pendant les cinquante ans qui la reuses qui soulignent le tohu-bohu longtempsE mystérieux, secret, Voici donc un bref roman qu’il Et Jean-Louis sera adulte, comme il le découvre au cours de ce suivirent qu’il nous en reste enco- de l’exode et délassent le lecteur caché chez des collectionneurs pri- ne faut pas négliger. Il faut même récit, qui a le charme d’une certaine naïveté (éd. Mazarine, 284 re, deux siècles plus tard, des ima- des longues descriptions. vés – et aujourd’hui exposé à le conserver si l’on s’intéresse à p, 98 F [14,94¤]). Jo. S ges et des mots ; Ney peint par Ils révèlent la véritable nature de Paris au Musée d’Orsay – est pré- l’avenir, à la manière dont sera b DERRIÈRE LA COLLINE, de Xavier Hanotte Yvon, par exemple, et quelques ce livre qui tient du journalisme sent dans deux romans de la ren- analysé le siècle qui s’achève dans Les guerres ! Que de romans auront-elles inspirés ! À se alexandrins d’Hugo ou de Ros- plutôt que de la littérature ; un trée. Rezvani s’en saisit dans L’Ori- quelques mois. J’étais l’origine du demander si l’on peut encore écrire sur celle de 14-18. Les tand. Il est vrai que sur le plan du journalisme d’excellente facture. gine du monde (« Le Monde des monde devrait assurer à Christine tranchées, la faim, la vermine, l’absurdité des ordres… on con- « body count » et des « dommages La documentation existe, extraordi- livres » du 25 août) pour une Orban une certaine pérennité, naît tout cela. Xavier Hanotte y revient pourtant en donnant collatéraux », le « petit tondu »ne nairement riche et variée, Ram- démonstration sur l’art contempo- sans doute pas comme écrivain la parole à un Anglais engagé volontaire. Parsons et son ami lésinait pas plus dans la défaite baud la mastique et la régurgite rain qui prête à discussion. Christi- majeur, mais comme passionnant Parry découvrent l’horreur dans la Somme quand « la terre… que dans la victoire. Les historiens, avec un réel talent d’observateur. ne Orban, avec J’étais l’origine du symptôme. Le récit, imaginé par engloutissait nos carcasses avant même que nous fussions pour eux, constatent que Napo- Il est parfait dans le détail. Pour monde, prétend écrire les confi- elle, des amours de Joanna (écri- morts. Nous vivions dedans, pas dessus ». La vie et les angois- léon s’était mépris sur le pays et reprendre la formule d’un autre dences du modèle du tableau – le tes à la première personne) et de ses des combattants sont évoquées avec un réalisme sans sur son peuple. On se gardera d’en militaire dans des conditions égale- sexe ouvert d’une femme, au pre- Courbet – « L’amour charnel c’est emphase ni vaines hyperboles, souvent par de brefs dialo- faire autant sur la nature de ce ment calamiteuses : « il ne manque mier plan, mais pas, comme on le un souffle de vie sans postérité » –, gues, mais le récit ne se limite pas à la description des livre car il pourrait décevoir ceux pas un bouton de guêtre ». Il excelle dit parfois, selon un cadrage pho- se donne pour but d’expliquer la batailles, il est aussi l’histoire d’une quête d’identité, une vas- qui en attendent trop. aussi dans le tableau rapide et révé- tographique. En outre il faudrait conception et l’exécution du te interrogation sur le destin – amour et violence. Narratif et On n’y trouvera ni une leçon lateur qui fait mouche : dans Mos- contester la qualification de « réa- tableau. Il montre surtout com- parfois épistolaire, ce roman est troublant de mêler la préci- d’histoire, ni un réquisitoire cou incendiée, un grenadier tape liste » qu’on lui attribue. Toute- ment la littérature bourgeoise de sion des faits à des images qui semblent irréelles. On s’y éga- anti-bonapartiste. C’est que sur des marches le poil de son bon- fois, L’Origine du monde était la fin du XXe siècle (totalement re – sans être dérouté – comme dans les esquisses d’un rêve. l’auteur a adopté le point de vue net qui commence à grésiller ; des encore, il y a peu, objet de scanda- dix-neuvièmiste… Où est donc Mais en est-ce un ? C’est toute l’habileté et le talent de Xavier d’un combattant français moyen- dragons qui ont fait Iéna et le. Ainsi Jacques Henric, pour alors passé le XXe siècle ?) s’em- Hanotte de nous fasciner par des croquis qui semblent fuga- nement informé, avec une sympa- Wagram hésitent, indécis, devant l’avoir reproduit en couverture ploie à nier une expérience artisti- ces mais que son style nous impose et qui finissent par for- thie – prudente, mais réelle – pour des loups. Lorsque l’empereur a d’Adorations perpétuelles (Seuil, que pour la ramener à une triviale mer un récit où un sujet rebattu devient original. (Belfond, le Corse et son appareil belliqueux. enfin décidé de rentrer à Paris on 1994), vit son livre interdit histoire sociale. L’Origine du mon- 344 p., 129 F [19,67¤]). P.R.L Il nous informe donc assez vague- suit ainsi, pas à pas, la troupe en d’« exposition » dans les librairies de, même si sa vue choque encore b LE RECENSEMENT, de Gilles Pétel ment sur les enjeux de l’aventure, déroute. On campe avec elle, on a (Le Monde du 25 mars 1994). certains, n’a rien d’une œuvre obs- Istanbul. Par ordre de l’État, personne dans les rues ce diman- avec quelques références à la politi- peur et on se gèle comme elle sous Christine Orban ne court pas ce cène ou vulgaire. En revanche, che pour cause de recensement. Un bateau de touristes alle- que anglaise, au blocus continen- l’haleine glacée du général Hiver. risque. La toile n’apparaît nulle toute réduction de cette aventure mands accoste. Ils repartiront n’ayant vu qu’une ville morte. tal et au mirage indien, mais les La vie quotidienne sur la Berezina, part. On se contentera de ce qu’el- picturale inédite, périlleuse, à l’his- Simon, un dilettante qui vit de leçons dans les pays où il passe et grandes options stratégiques après en quelque sorte : celle du fantas- le en écrit, qui laissera sans doute toire d’un homme excité par un qu’il quitte assez vite, reste dans une pièce de son appartement la bataille indécise de Borodino sin, celle de l’officier, celle de l’en- les admirateurs de ce chef-d’œu- sexe de femme, est franchement « agréable lorsqu’on ne la regarde pas, comme la plupart des cho- sont à peine explorées, on ignore à tourage du souverain. vre sur leur faim : « Ce corps tron- obscène. Et surtout nécessaire- ses ». Il occupe la journée à penser à l’année écoulée et à sa peu près tout des mouvements des Le vrai personnage, celui qui qué, ces jambes ouvertes sur la pilo- ment fausse. On peine à croire liaison avec Louise Alivaud, directrice de l’École française, qu’il Russes et les naïfs espoirs français donne son intérêt au récit, c’est l’ar- sité d’un pubis fendu comme un que Christine Orban ne l’ait pas doit retrouver après l’heure d’interdiction de sortie. Elle l’atten- d’un deuxième front ouvert par les mée elle-même, avec la foule de melon éclaté au soleil, c’est moi, compris. A supposer que « Gusta- dra une dizaine de minutes, et l’auteur nous laisse supposer s’il Turcs ne sont pas mentionnés. civils qui la suit et parfois l’entrave. Joanna Hifferman, jadis La Belle ve » ait vraiment prononcé cette la rejoindra ou non. Alternant le « il » du narratif et le « je » Ceci n’est pas non plus un roman, Le feu et la faim la chassent de Irlandaise. (…) Courbet n’a pas phrase : « A la plus belle chatte du quand Simon se raconte, le style de Gilles Pétel traduit au mieux on n’y trouvera pas d’affronte- Moscou, l’état-major la jette sur signé L’Origine du monde, notre monde ! », Courbet, lui, a peint la torpeur du lieu et l’à-vau-l’eau de son personnage, la ville et ments entre caractères fortement les routes gelées ; le thermomètre correspondance a disparu, proba- L’Origine du monde. Et ce mystè- les Français qui y résident, « une bande d’imbéciles, au fond plu- dessinés, ni de déchaînements des baisse, les cosaques rôdent, et le blement brûlée par ses sœurs après re-là, le roman de Christine Orban tôt méchants, occupés à colporter bassesses et médisances. Ils passions, ni de spasmes de la grand corps se désagrège, se gan- sa mort ; je ne me suis jamais expli- ne veut pas l’affronter. Il essaie de n’ont rien d’autre à dire, et pas plus dans la tête ». Un roman qui, mémoire. Rambaud n’est pas Tols- grène, se pourrit et finalement se quée avec Whistler à ce sujet. De le contourner, et même de l’annu- avec une bonne dose d’humour, ne va pas sans une certaine toï. Des personnages historiques déshumanise. sorte que personne à part moi, le ler. Mais c’est impossible. cruauté pour le héros, comme pour ceux qui l’entourent. (Stock, tiennent des conversations Jean Soublin témoin muet, le modèle sans visa- Jo. S. 236 p., 98 F, 14,93¤). P.R.L. VI / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 littératures b Déroutes et conversions Lolita et le traducteur Neuf pèlerins, neuf itinéraires déviés par de mystérieux Quand la romancière japonaise Yôko Ogawa s’aventure, avec plus ou moins de bonheur, manuscrits forment la trame du conte de Bahiyyih Nakhjavani dans le domaine du mélodrame sadomasochiste

A partir d’une intrigue limpide, anodin, vaguement amical : le une action pour installer un fantas- amants que cinquante ans séparent LA SACOCHE Bahiyyih Nakhjavani agence impec- HOTEL IRIS temps pour le vieillard de sonder sa me. Le vieux traducteur ne jouit que et qu’unit une sexualité morbide, la (The Saddletag) cablement neuf points de vue succes- (Hoteru Airisu) partenaire, de comprendre jusqu’où dans des rapports sadomasochistes liaison qui s’instaure soudain entre de Bahiyyih Nakhjavani. sifs : chaque personnage de la cara- de Yôko Ogawa. il va pouvoir aller. Elle, elle n’aura et, tout en étant mièvrement senti- les deux jeunes gens est encore trop Traduit de l’anglais vane, protagoniste d’un chapitre, se Traduit du japonais pas de limite, elle n’opposera aucun mental dans ses lettres et ses entre- ancrée dans un système mélodrama- par Christine Le Bœuf, méprend sur l’identité de ses compa- par Rose-Marie Makino-Fayolle, interdit, il le sent rapidement. Lui, vues quotidiennes avec sa jeune tique. Actes Sud, 320 p., 139 F (21,19 ¤). gnons, sur leurs motifs et leur lan- Actes Sud, 240 p., 109 F (16,62 ¤). c’est un intellectuel raté : traducteur maîtresse, il est infernal dans le Or Yôko Ogawa n’est pas une gage, chaque récit colporte son lot technique de russe qui, afin de trom- sexe : l’arsenal sadique vient à la res- romancière de mélodrame : s’il veut ans le bazar des contes de dissimulation, d’espoirs avortés, n choisissant une intrigue per la routine de son travail alimen- cousse. écrire un mélodrame, un écrivain philosophiques et méta- de quête inachevée que les autres violente, sexuelle, excessi- taire, traduit pour le plaisir un Le lecteur s’éloigne alors, parce doit s’en donner les moyens et impo- physiques, où la pacotille voyageurs perçoivent à peine. La ve, Yôko Ogawa décide de roman plus corsé, une histoire que Yôko Ogawa n’est ni Tanizaki ser son ton, qu’il soit distancié et côtoie la fine ouvrage, La même chronique revient, indéfini- se situer sur un terrain fan- parodique ou directement émou- SacocheDtire dignement son épingle ment répétée, de la communauté Etasmatique, fréquenté par les plus Yôko Ogawa vant. Le genre populaire lui-même du jeu. Entre La Mecque et Médine, avançant vers sa perte, scandée par grands de ses compatriotes : c’est Yôko Ogawa est née en 1962. Moins provocante n’exclut pas l’ironie. Les événe- une caravane de la fin du XIXe siècle les incidents de la marche : une crise une voie dangereuse, à laquelle ses que sa contemporaine Rieko Matsuura, elle ments, qui se précipitent à la fin du se fraye un chemin à travers les d’hystérie de la jeune mariée prise de précédents livres, précis dans la des- paraît, dans ses premiers livres, plutôt s’inscrire roman, totalement invraisembla- sables. Pressés par la peur des bri- visions, une tempête de sable, une cription de sentiments plus ordinai- dans une tradition psychologique de romans bles, auraient leur place dans un gands, marchands et pèlerins de tous halte finale près du puits. La voix nar- res et dans la conduite de trames intimistes, avec de brefs récits qui suivent avec polar qui ne se soucie ni d’authenti- bords, convois nuptial et mortuaire rative que choisit Bahiyyih Nakhja- plus convenues, ne la préparaient précision le rythme lancinant et angoissant cité, ni de réalisme psychologique, composent une éphémère commu- vani, sur le ton du conte et du récit, pas. Elle suit l’exemple de romanciè- d’une vie quotidienne sans véritable drame. ni de style. Mais pas en littérature. nauté, utopique et discordante. Aux s’encombre parfois de clichés qu’elle res de sa génération (elle a moins de Elle impose son style réaliste et poétique avec Ce que l’on gagne en péripéties (ici, abords du sanctuaire d’Abwa, dédié peine à réactiver ; mais elle contour- quarante ans), en cherchant systé- La Grossesse, qui obtient en 1991 le prix Akuta- la noyade du vieux traducteur, à la mère de Mahomet, ce petit mon- ne la plupart du temps l’écueil de la matiquement à secouer le lecteur. gawa. Sept de ses livres ont été traduits jus- hâtant un dénouement spectaculai- de rencontre son destin et tombe spiritualité vague et de la mièvrerie, Malheureusement, le cinéma a qu’ici en français chez Actes Sud par re), on le perd en intensité psycholo- sous le couteau des pillards. grâce à sa solide connaissance des banalisé les scènes sexuelles, les ren- Rose-Marie Makino-Fayolle. Sont sortis en gique et en cohérence narrative. On De cette Babel itinérante, l’Iranien- traditions religieuses en jeu. dant, dans le meilleur des cas, pitto- poche chez « Babel » : La Piscine, Les Abeilles, regrette alors les pages beaucoup ne Nakhjavani détache neuf person- Chiite fervent, pseudo-derviche resques ou drôles, mais très rare- La Grossesse (no 351) L’Annulaire (nº442). plus nuancées qui décrivent l’angois- nages – et autant de points de vue –, soufi, juive d’Abyssinie, vierge parsi ment inquiétantes. Choquer n’est se du vieil homme devant une « invi- neuf trajectoires déviées en un point adepte de Zoroastre, musulman sans doute pas le but recherché par d’amour sensuel, à la Lady Chatter- ni Mishima. On sait que ce n’est pas sible fissure » qui l’aspire, la terreur crucial par la possession d’une mysté- chinois initié au bouddhisme tibé- Yôko Ogawa, mais on sent qu’elle ley. Il entraîne Mari sur l’île où il vit, son ton naturel et l’on constate que de « disparaître sans bruit ». C’est rieuse sacoche passée de main en tain, hindouiste hâbleur : dans ce pense constamment à l’effet pro- face au port. L’île, qui les contraint à les fantasmes représentés n’ont pas pour ces pages-là que Yôko Ogawa main. Elément perturbateur par creuset hasardeux du Proche-Orient, duit sur le lecteur, ce qui ôte progres- observer les horaires des ferries, va de langage à leur mesure. Il y a une a écrit son roman, pour laisser entre- excellence, la fameuse besace une Bahiyyih Nakhjavani rassemble les sivement toute authenticité à une suffisamment compliquer leurs rap- inadéquation du style, assez subtil, voir la peur de mourir conjurée par fois ouverte révèle un trésor de par- représentants des divers courants spi- histoire qui aurait pu profondément ports pour éveiller la passion. La sur- et du contenu, constamment exagé- une liaison dangereuse ou fatale. chemins somptueusement calligra- rituels, tendus à leur insu vers un émouvoir en étant évoquée avec veillance de la mère, la présence ré. Les personnages qui surgissent L’impression globale est assez phiés en arabe et en persan. Même point de conversion unique. Le conte- plus de sobriété, plus de nécessité. d’une femme de chambre kleptoma- du passé et qui expliquent les fantai- curieuse. On est en présence d’un aux mains des illettrés, le texte libère nu de la sacoche est à lui seul la méto- Mari est une très jolie jeune fille, ne et malveillante ajoutent à la ten- sies sexuelles du traducteur sont écrivain, on n’en doute pas. Mais le la quintessence de la sagesse et de la nymie de cet imbroglio religieux. Tex- que sa beauté destine à jouer les sion. trop chargés : sa femme est morte roman qu’on lit raconte une histoire perplexité : « Les mots étaient tracés te utopique calligraphié par un des- Lolita. Cela ne manque pas. Dans Jusqu’ici, Yôko Ogawa était dans accidentellement étranglée dans qui voit se déliter progressivement comme en hâte, sans les points. Et cendant de Mahomet, marqué du l’hôtel Iris que tient sa mère et dont son domaine. Elle suggère avec une gare et il est, lui-même, resté toute substance, qui la tue par pourtant cela semblait n’être qu’un sceau juif du Messie revenu, annon- elle est, malgré son jeune âge, la beaucoup de poésie l’atmosphère affectivement attaché à leur neveu excès, si l’on peut dire. Ce n’est plus seul point énigmatique. Les mots se fon- cé par un religieux hindou, il réalise réceptionniste, un couple fait scan- de l’hôtel minable, du port triste, de qu’elle tenait, bébé, dans les bras au un phénomène rare parmi les daient l’un dans l’autre, équivoques. » le mirage du Livre unique, signe d’un dale dans la nuit : c’est un vieil hom- ces rapports troubles entre une moment du drame. Ce neveu, qui, à romanciers japonais de la dernière L’ambiguïté de ce butin de mots mys- imperceptible renouveau : « Le jour me qui se fait insulter par une prosti- jeune fille abandonnée et séduisan- la suite d’une grave maladie infanti- génération. Au lieu de tenter d’at- térieux, permet à chaque propriétai- de la Résurrection est un jour où le tuée. Tout l’hôtel est en émoi. Mari, te et un vieil amant vicelard. Il aurait le, a été amputé de sa langue, ne teindre un noyau de réalité en soi, re, quelque fugace que soit sa lectu- soleil se lève et se couche de même surtout, est bouleversée par cette été intéressant, alors, de faire tom- communique que par écrit. Cela un noyau d’authenticité, on se dis- re, d’entrevoir l’accomplissement qu’en n’importe quel jour. Combien de scène et par la personnalité appa- ber des préjugés et des poncifs et crée entre Mari et lui un lien d’inti- perse dans une intrigue inutilement d’un parcours spirituel, de fois l’aube de ce Jour n’est-elle pas remment inerte de l’homme insigni- d’approfondir la relation entre les mité, de complicité. On touche ici à lourde, avec, par endroits, des nota- bouleverser son itinéraire. Certaines apparue, sans que les habitants du fiant qui a suscité un comportement deux personnages, face à un envi- une sorte de monstruosité qui tions d’une parfaite justesse, dans déroutes et conversions ont plus pays se doutent de l’événement ? » aussi passionné. ronnement qui inéluctablement les aurait pu être exploitée comme un l’évocation des lieux, des temps, du d’éclat que d’autres : l’agonie d’une Derrière la reconstitution érudite Dans le petit port où est situé l’hô- aurait condamnés. Ce n’est pas l’op- élément poétique, presque surréalis- climat général. Et là, par bribes seu- esclave qui s’abandonne à la compas- d’une communauté pluriconfession- tel lugubre de sa mère, elle croise, tion de la romancière. Elle a préféré te, comme dans un film de Buñuel. lement, Ogawa rappelle alors des sion ou la faillite du chef des pillards nelle, quelque chose passe comme plus tard, le vieux client et ose le sui- construire un passé tourmenté au Mais, même si ce témoin muet écrivains mineurs de l’en- que sa morgue et son autorité déser- de l’inspiration. vre. Il s’en aperçoit. Ils nouent. La vieux traducteur, inventer des dra- apporte une touche émouvante en tre-deux-guerres. tent sans coup férir. Fabienne Dumontet relation prend tout d’abord un tour mes rétrospectifs, bref pimenter troublant le huis clos des deux René de Ceccatty

livraisons Stephen Fry, b HANNA ET KARL, de F. Innherofer, C. Merz et H. Qualtin- Correspondance vers un monde perdu ge Deux monologues, deux personnages : une femme et un hom- cocasse me. Mais un seul pays et une seule époque : l'Autriche de 1930 à Adoptant la forme épistolaire, Rikki Ducornet entraîne le lecteur nos jours. Si Hanna, l'héroïne du premier monologue, ancienne fille de ferme, avoue ne pas pouvoir oublier ce qui s'est passé, la dans des contrées pleines de fantaisie et de cocasserie et grinçant léthargie de toute une population face à la barbarie nazie ; si elle avoue être choquée par l'amnésie d'un peuple qui préfère à créer quelque chose de neuf. Ici la nent accroître ou guérir toutes sor- maintenant regarder autour de lui plutôt que derrière lui, l'hom- PHOSPHORE AU PAYS veine d’invention est si fertile tes de remèdes bizarres. Potions L’HIPPOPOTAME me du second monologue, Karl, a l'art de s'adapter à toutes les DES RÊVES qu’on est tenté de répondre par l’af- magiques, recettes, devinettes et (The Hippopotamus) situations. « Parler d'opportunisme dans un tel monde n'a aucun (Phosphor in Dreamland) firmative ; non qu’on retrouve ces rituels en tout genre où l’ordure et de Stephen Fry. sens » écrit Lothar Baier dans une préface qui va faire grincer de Rikki Ducornet. visions qui, chez Carroll, semblent l’excrément tiennent une place non Traduit de l’anglais bien des dents. Car ce bon monsieur Karl qui se vante d'avoir Traduit de l’anglais (Etats-Unis), dictées par l’inconscient et qui, négligeable : « Les excréments sont par Christiane et David Ellis, toujours eu l'esprit critique, ne tire aucun réel bénéfice de sa par Guy Ducornet, pour cette raison, nous ébranlent, secs, corrompus, combustibles, com- Belfond, 358 p., 125 F (19,06¤). veulerie de grande gueule, sauf celui de conserver sa bonne Le Serpent à plumes, 209 p., mais l’abondance des images, l’agili- mémoratifs et cumuliformes. » Entre conscience contre vents et marées : « Regardez comme c'est 129 F (19,66 ¤). té de l’imagination, la richesse de odeurs putrides et idées délirantes, n se prend trop au beau au fond l'Autriche. Et on la connaît si mal... » L'Allemagne a l’écriture et la cocasserie des situa- l’esprit n’en mène pas large, malgré sérieux à Paris ; les satiris- été forcée par les alliés à faire acte de repentance et de vigilance vec une demi-douzaine tions entraînent le lecteur bon gré ses prétentions. « Ça me pue de pen- tes y viennent mal. En ; rien de tel en Autriche où ce rôle a été laissé au courage des de livres publiés, dont mal gré en terre de fantaisie. ser », déclare l’un des personnages. revanche le climat anglais seuls artistes, qui ont été vilipendés pour cela par une bonne une tétralogie portant Le monde créé est celui de Lôp- Deux savants et un poète diva- Oleur convient ; Londres en abrite partie de leurs concitoyens. Une raison de plus pour réfléchir sur les éléments, Rikki terria, une île en forme d’œuf, que guent de conserve, délire métaphy- depuis toujours, et s’en porte mieux. aux conséquences d'un boycottage culturel que l'on voudrait ADucornet est aujourd’hui un écri- traverse, en des temps reculés, une sique coutumier aux créatures de Stephen Fry est le plus récent. Comé- infliger à un pays peut-être schizophrène mais sûrement pas vain qui compte un groupe de fer- dien, auteur dramatique renommé, il d'un seul bloc (traduit de l'allemand par Henri Christophe, Ago- vents admirateurs, l’un des moin- Rikki Ducornet avait déjà bien des cordes à son arc. ne éditeur, 93 p., 60 F [9,14¤]). P. Ds dres n’étant pas William Gass. Rikki Ducornet est née près de New York en En publiant coup sur coup deux Dans The Jade Cabinet, elle prenait 1943. Pendant son séjour en Algérie avec Guy romans sarcastiques il en a ajouté b FAMILLE ET AUTRES SUPPLICES, de Béatrice Shalit fortement position contre les réin- Ducornet, après l’indépendance, elle dessinait. une autre, qui lui sert à flageller ses Un envahisseur n’arrive jamais seul. Ce pourrait être le titre de terprétations négatives de Charles Avant d’être écrivain, elle fut peintre et litho- contemporains. Cet « hippopota- ce roman. Laura prend une année sabbatique, pour faire le Dodgson, alias Lewis Carroll et, graveur. S’imprégnant de cultures étrangères, me » fera grincer les dents, hérissera point sur elle-même et écrire. Elle voit alors arriver chez elle le dans The Fan-Maker’s Inquisition, elle continua de voyager : le Chili, l’Egypte, le le poil et soulèvera l’estomac, mais, à professeur de philo de sa fille, homosexuel abandonné par son elle opposait l’innocence du mar- Canada et, pendant dix ans, la France – en coup sûr, il fera rire. Et peut-être amant ; son frère fuyant une épouse qui veut se suicider ; sa quis de Sade aux crimes et massa- Anjou. Aujourd’hui, elle s’est fixée à l’univer- réfléchir, car les complexités du per- mère, coupable, selon elle, d’avoir laissé partir son père qui lui cres, très réels ceux-là, commis sité de Denver, au Colorado, où elle enseigne. sonnage central et de l’histoire qu’il aussi réapparaît après un exil de vingt ans dans un bordel aus- dans le Nouveau Monde par l’évê- Elle peut se consacrer à faire connaître son raconte placent ce livre bien au-des- tralien ; son ex-mari pour un retour d’amour ; l’amant du pro- que Landa. « L’orthodoxie religieuse œuvre (deux de ses romans sont traduits en sus de la simple farce. fesseur qui goûterait volontiers avec elle les plaisirs de l’hété- stimule en moi une veine scatologi- français) soutenue par ses amis, Robert Coover Dieu vous garde d’être jamais rosexualité. Trop c’est trop. Pour Laura. Mais aussi, pour- que », a-t-elle déclaré. Il n’en fallait en particulier, qu’elle rencontra dès 1966 et abordé dans une soirée par Ted Wal- rait-on craindre, pour le lecteur. L’évocation de problèmes pas plus pour lui assurer une répu- dont elle illustra Spanking the Maid. lace. Cet ivrogne parle gras, son œil familiaux risque de se répéter. Or, Béatrice Shalit, comme de tation sulfureuse dans un pays où lubrique se faufile dans tous les décol- plusieurs romans en un, relie si bien ses personnages dispara- les critères de moralité sont étroits. étrange expédition constituée par l’auteur, qui se dit intéressé par les letés. Il braille sur toute chose des tes et leurs univers hétéroclites que de ce puzzle une unité Ses partisans, puisant dans les Phosphore, un gamin bigle et diffor- textes de la Kabbale. Le roman récu- opinions réactionnaires : il prétend paraît. Amour, argent, sexualité sont évoqués avec une fantai- nombreuses influences que révèle me, doté d’une intelligence mer- père tous les textes, il fait feu de que les femmes n’aiment pas le sexe. sie, un sens de la dérision et une cocasserie derrière lesquels son œuvre, l’ont comparé à Angela veilleuse et d’une aptitude non tout bois. Mais Stephen Fry, son créateur, paraissent des vérités de la vie ordinaire (Julliard, 180 p., 119 F Carter pour l’utilisation du réalisme moins grande à aimer ; Nebulius, L’épisode du barbier perché dans l’aime tel qu’il est. Il lui a donné une [18,14¤]). P.-R. L. magique, le goût du conte de fées un érudit mendiant dont les frag- les arbres et gardien du dernier finesse que le malt aiguise au lieu et celui de l’érotisme noir. De Phos- ments d’être sont soudés par le lan- lôlôp, la bête mythique en forme de d’émousser, un regard perçant sur la b L’IRRÉSOLU, de Patrick Poivre d’Arvor phore au pays des rêves, on a dit que gage ; Fantasma, un esclavagiste perruque et à la voix de sirène, ne morale contemporaine, et un sens de Victor Priakov Parker, né de père inconnu et d’une ouvrière « Jonathan Swift y rencontrait Ange- que viennent hanter les fantômes manque pas de charme. Bien sûr, le la formule qui lui permet de dénon- dans une soierie lyonnaise, est compromis, à la fin du siècle la Carter par l’intermédiaire de Jorge de ses victimes ; enfin Yahoo Clay, lôlôp, symbole du chant et de la cer quelques ridicules et de démolir dernier, dans un procès d’anarchistes. Libéré, il se bat en Luis Borges ». Tant qu’à faire, on le monstre, la brute, tout droit sorti paix, se fera occire par l’immonde quelques réputations injustifiées à faveur des grévistes de l’usine qui l’emploie. Licencié, il aurait pu ajouter à cette famille des Voyages de Gulliver. Swift et sa Yahoo. Pourtant, l’ocularoscope Londres, « la plus grande vitrine d’em- gagne Paris où il rencontre Séverine, l’égérie de Jules Vallès, d’esprits un peu disparates, Sade, répulsion envers les fonctions du conçu par Phosphore va lui permet- pereurs nus du monde ». Il a surtout et poursuit son combat pour la justice. Mais son destin, que les surréalistes et Lewis Carroll. Tis- corps humain, en particulier chez la tre non seulement de capter la vie doté son pochard d’une grande bon- double une fébrile quête d’identité, est marqué par son carac- su serré des références, littérature femme, est au centre du livre, avec sur l’île, mais de la transformer en té que l’intrigue révèle au fur et à tère irrésolu, son penchant à se laisser « flotter comme une plu- sur de la littérature, jeu sur les gen- nombre de digressions, parenthè- un long poème d’amour. Au grand mesure que l’enfance, la maladie et me au fil de l’instinct », tant dans ses actes qu’avec les femmes res et les styles (ici la correspondan- ses, notes en bas de page, interpré- dam de l’Inquisiteur, le monde est la mort y apparaissent ; alors, le dont il est un grand amateur. Il mourra tragiquement avant ce et la fable), esprit ludique et tations psychanalytiques et interro- régénéré par le rêve et l’érotisme, buveur salace devient plus attentif, le d’avoir su s’imposer… Conduit par séquences rapides, d’une humour obligés : c’est le postmo- gations teintées de féminisme. et par l’écriture. Ainsi s’achèvent la ton plus grave. Ça ne dure pas, on écriture assaillie de clichés, sans profondeur de champ, ce dernisme dont Ducornet est évi- En effet le corps est là, dans tous correspondance et la songerie du revient vite au cocasse, mais Fry a dit roman a la facture haletante des feuilletons sentimenta- demment un fleuron – le tout étant ses états, malade, désirant, torturé, narrateur qui avait pris pour objet ce qu’il pensait, et montré un vrai lo-ouvriéristes de l’époque qu’il dépeint. (Albin Michel, de savoir si, à partir de tant d’élé- livré aux songes diurnes et aux ter- cet épisode d’un monde disparu. talent d’écrivain. 386 p., 120 F, 18,29 ¤) P. Ky. ments hétéroclites, on est parvenu reurs nocturnes – maux que vien- Christine Jordis J. Sn. La chronique LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / VII

de Roger - Pol Droit b

ans, il est maître de l’école de ABÉLARD Abélard n'est souvent Notre-Dame de Paris, au faîte de sa de Michaël T. Clanchy. Ne pas ressembler à soi-même gloire. Traduit de l’anglais par qu'un nom, une silhouette C’est alors qu’il rencontre une Pierre-Emmanuel Dauzat des très rares jeunes savantes du Flammarion, 474 p., vague et légendaire. temps, exceptionnellement intelli- 159 F (24,23¤). gente, et « pas la dernière par le Les travaux savants visage » Elle a sans doute entre n ne fera jamais assez vingt et trente ans. Commence en l’éloge de l’hostilité. La révèlent un homme 1117 une des plus célèbres histoires vraie, la tenace, l’irréduc- complexe, brillant, d’amour de tous les temps. Les let- O tible. Pas l’inimitié de tres qui nous restent en portent hasard ou la querelle de circonstan- témoignage. Pourtant cette histoi- ce. Dans une opposition farouche indécis, difficile re elle-même ne cesse de changer surgissent en effet, régulièrement, de forme. Héloïse est heureuse et des moments de vérité. Tandis que à saisir. fière : « Quelle reine, quelle grande la colère aveugle toujours, l’animo- dame ne jalousait mes joies et mon sité réelle, profonde, fait voir juste Logicien, théologien, lit ? » Lui n’a pas tout à fait les – au moins de temps à autre. L’ad- mêmes souvenirs : « J’ai souvent versaire discerne, avec une lucidité et châtré. arraché ton consentement par des rare, quelque particularité essentiel- menaces et par des coups tant le le. Oscar Wilde insistait : « On n’est Moine et marié. désir ardent et l’obscénité me liaient jamais trop soigneux dans le choix de à toi. » On connaît la suite, même si ses ennemis. » Peut-être parce A facettes. certaines circonstances demeurent qu’ils finissent par nous connaître. obscures : enfant caché, mariage Regardez comment saint Ber- ses, il convient de rendre hommage clandestin, et Abélard voulant exi- nard, après quelques détours, quali- au travail de ce professeur de Glas- ler Héloïse dans un lointain cou- fie Abélard. Nous sommes en 1140. gow qui a consacré une large partie vent, sans doute pour ne pas gêner Le moine dirige le grand mouve- de sa vie à tout lire de ce qui concer- sa carrière. La famille de la jeune ment de retour à l’ascétisme, à la ne Abélard. Son ouvrage, issu de femme le prend très mal. Une nuit contemplation pure, à la dureté de quinze années de cours consacrés de 1118 le philosophe est châtré, la règle monastique. Abélard a déjà au philosophe, n’est pas à propre- chez lui, d’une manière apparem- composé ses œuvres philosophi- ment parler une biographie, mais ment bien préparée, brève et bruta- ques majeures. Sa notoriété est éta- une suite d’études sur les princi- le. Deux envoyés spéciaux lui ligatu- blie dans toute l’Europe. Sa vie paux aspects de la vie et de l’œuvre rent le scrotum et le débarrassent sexuelle a laissé place au calme des d’Abélard, par l’un de ses meilleurs de ses testicules. Il affirme n’avoir abbayes. Il continue pourtant de connaisseurs. « pratiquement rien senti », et dit faire scandale par ses publications. On croit d’abord rencontrer en souffrir plus, dès le lendemain, de C’est pourquoi le moine s’en prend Abélard un étudiant sage. Né vers la compassion qu’on lui manifeste au logicien et à sa malfaisance sup- sonnements, les discours. Il ne ces- rationnel et que sa supériorité est Où a-t-il dit, sous le coup de l’hosti- 1079 au Pallet, près de Nantes, c’est que de sa blessure. posée. Plutôt qu’une mésentente se de se comporter en intellectuel, démontrable, saint Bernard consi- lité, quelque vérité sur Abélard ? un jeune surdoué, vite capable d’en Ses aventures intellectuelles et caractérielle, cette polémique reflè- attitude que saint Bernard juge dère que par ces argumentations Dans cette affirmation : « C’est un remontrer à ses maîtres, comme monastiques se poursuivent vingt te un conflit majeur entre deux inconvenante quand il s’agit du sacrilèges « les secrets de Dieu sont homme qui ne se ressemble même l’histoire offre assez d’exemples. ans encore, et celles d’Héloïse bien manières d’envisager la vie spiri- divin. Le tort du philosophe serait étripés ». Sans doute comprend-on pas. » Comprenons : toute chose a Abélard se révèle précocement plus. Le philosophe est finalement tuelle. Saint Bernard privilégie l’ex- de vouloir comprendre au lieu de à présent que le moine ait fini par sa cohérence, tout individu son chef d’école, concurrent rebelle des condamné par le pape au silence périence spirituelle, l’extase silen- s’incliner. « Je ne sache rien qu’il dai- voir dans le philosophe, un certain identité. Le philosophe – parce ténors du temps, capable de les perpétuel pour hérésie, en 1140. cieuse, la leçon sans phrases du gnerait ignorer dans les cieux ou échauffement médiéval aidant, un qu’il est diabolique, chaotique – défier jusque dans leurs murs, Saint Bernard a gagné. Abélard n’a réel. Il les juge infiniment supé- dans la terre ; il tend la tête dans les « acolyte de l’Antéchrist », « un per- contrevient à cette règle fondamen- esprit ombrageux envers toute pas perdu. Il vit encore deux ans, rieurs à ce qu’il considère comme nuages et scrute les hauteurs de Dieu vers fabricateur de dogme », un tale. Il est dissemblable de autre autorité intellectuelle que la protégé et absous par Pierre le des arguties verbeuses et de vaines puis nous rapporte des paroles ineffa- « moine sans règle, prélat sans res- lui-même. Saint Bernard ne croyait sienne. En même temps, ce qui Vénérable, abbé de Cluny, qui voit recherches livresques : « Crois-en bles qu’il n’est pas licite à un homme ponsabilité, abbé sans discipline, qui pas si bien dire. Abélard se trouve complique le jeu, il apparaît com- en lui un « philosophe du Christ » un expert, tu trouveras davantage de prononcer. » dispute avec les garçons et fraie avec en effet extraordinairement me une sorte de bouffon, un hom- et le fait savoir à Héloïse. On peut dans les bois que dans les livres. Les Pour l’un, la grandeur divine les femmes ». Bref, un mauvais. dépeint par ce trait. me à provocations, aussi talen- se demander encore aujourd’hui si bois et les pierres t’enseigneront ce impose le silence. Face à la présen- Pire : un sorcier. Guillaume de Si l’on suit les savantes et vivan- tueux pour se rendre populaire que Abélard fut un salaud ou un grand que tu ne saurais entendre des ce ineffable, seul le mutisme mar- Saint Thierry rapporte que les tes études de Michaël Clanchy, on pour devenir indésirable. En peu de amoureux, un bricoleur de doutes “maîtres“. Crois-tu qu’on ne saurait que le respect. Pour l’autre, au con- ouvrages du philosophe présentent s’aperçoit que cet homme parait temps, sa renommée est immense. ou un génial logicien, un « aventu- sucer du miel des pierres et de l’huile traire, la réalité de Dieu se discute des propriétés suspectes : « On dit effectivement ne pas coïncider On le surnomme le « nouvel Aristo- rier de l’esprit », comme disait Gil- de la pierre la plus dure ? » Au lieu et s’argumente. C’est d’abord une qu’ils ont horreur de la lumière et avec ses propres traits. A chaque te ». Champion des joutes oratoi- son, ou un vaniteux de s’en tenir à la rencontre de la idée à décortiquer. Comme on sait, qu’on ne saurait les trouver même fois qu’on croit commencer à le res et des débats dialectiques, il a si maniaco-dépressif. En tout cas, il a brute réalité, et au texte nu des Ecri- ce conflit traverse les siècles et quand on les cherche » (sic !). tenir, il se dérobe pour surgir sous peu d’adversaires à sa mesure qu’il réussi sa perpétuelle dissemblance. tures, Abélard multiplie les compa- demeure insoluble. Tandis qu’Abé- Mais on ne saisit toujours pas en d’autres aspects. Avant de mention- estime « être le seul philosophe au Si on aime les ambigus, il est à raisons, les mises en doute, les rai- lard juge que le christianisme est quoi saint Bernard aurait vu juste. ner certaines de ces métamorpho- monde ». En 1114, vers trente-cinq recommander. Héloïse et Abélard un peu figés Echec au roi Par la voix de Guillaume d’Oxford, Antoine Audouard reprend A travers la figure de Marc, homme trahi de tous côtés, l’histoire mythique mais l’enferme dans trop de formalisme Clara Dupont–Monod revisite la légendaire histoire de Tristan et Iseut

son récit. Le narrateur, Guillaume faire parler un homme du XIe siècle, En fait, Marc, ici, est moins l’élé- à la trop belle Yseut dont il n’est plus ADIEU, MON UNIQUE d’Oxford, est un élève d’Abélard qui fût-il moderne de pensée. Son ouvra- LA FOLIE DU ROI MARC ment d’un couple qu’un homme que le seigneur : « Je suis un roi sans d’Antoine Audouard. vient élargir à la forme d’un triangle ge n’a rien de commun avec ces de Clara Dupont-Monod. abandonné, dévasté par le doute, peur, désormais. Ma peur, je vais la Gallimard, 392 p., 120 F la ligne droite habituellement tracée romans historiques dont les auteurs Grasset, 234 p., 109 F (16,61 ¤). la douleur, la peur sous le masque brûler vive, devant moi. » C’est le (18,29 ¤). entre Héloïse et Abélard. Mais cet se soucient de l’Histoire comme de l’autorité et de la certitude. remède purificateur car Yseut « est homme pessimiste, amoureux fou d’une guigne, sauf avec une minus- ythe de la passion mor- Fuyant Tintagel, siège illusoire de une contagion à elle seule ». ls sont les amants originels. d’Héloïse, est l’angle obscur de la cule. La réponse qu’il apporte à cette telle, la fable de Tris- son pouvoir, par un petit matin Masqué derrière sa clémence De ceux qui, pour toujours, relation. Lui qui se définit surtout question manque malheureusement tan et Yseut est l’une froid, le roi observe le paysage nu sans effet, Marc se perd dans les donnent un visage à l’idée de par ce qu’il n’est pas vivra dans l’inti- d’une certaine forme de maturité lit- M des plus fécondes des et irisé de givre : « Je me tiens immo- sortilèges de la forêt, pieuvre aux passion, comme s’ils avaient mité de ces deux êtres sans être téraire. Et semble faire écho à un débuts de la littérature française. bile. Ma vie ressemble à cette lande : tentacules de bois, comme dans traverséI les siècles sans se quitter un jamais vraiment vu d’eux, ni de l’his- souhait formulé lors de la parution Bouleversant les auditoires d’un une terre molle, sombre et grouillan- ceux de la passion où la femme seul instant du regard. Héloïse, «la toire – sauf indirectement : pour la de son deuxième roman (2) : « Il fau- temps où l’Eglise impose son con- te, cachée sous un manteau « des désordres, des pesanteurs et très sage » – ainsi que la nommait le cause du roman, l’auteur part du pos- drait, disait-il, écrire un livre dont cha- trôle strict des unions matrimonia- brillant. » des opacités » n’a peur « ni des poète François Villon –, et ce drôle tulat que ce Guillaume aurait écrit la que phrase serait la dernière. » les, le récit de l’amour illicite Statique, Marc attend, épie, se désordres ni des excès ». Aurait-elle d’oiseau d’Abélard, philosophe et magnifique correspondance que Eh bien, non. Un roman respire, d’Yseut la Blonde, épouse du roi mure dans une représentation des « penchants d’esclave », elle au théologien, dialecticien, chanoine de de Cornouailles, Marc, et de son mécanique de sa fonction. Lorsque moins a un maître. Marc, seul, Notre-Dame de Paris, tout cela dans Antoine Audouard neveu Tristan, fascine, et le nom- Tristan proscrit raccompagne n’est plus rien. « Votre amour m’in- un corps de lutteur à l’énergie stupé- Né en 1956, Antoine Audouard a été, six ans bre des versions qui nous en sont Yseut chez le roi, l’homme ne sou- terdit d’être roi, d’être mari, d’être fiante. En s’emparant de ces figures durant, directeur général des éditions Laf- parvenues, souvent mutilées (com- haite pas même que la vie repren- homme. Votre amour me crache des- dans un but de fiction, Antoine font-Fixot. Adieu, mon unique est son quatriè- me si la publicité faite à une liaison ne. « Ne bouge pas, ma jolie reine, sus, me nie, me raye de la carte des Audouard n’a pas seulement saisi me roman, après Marie en quelques mots jugée scandaleuse imposait une reste là à le regarder, même s’il s’en- vivants. » l’aspect romanesque de leur histoire (1977), Le Voyage au Liban (1979) et Abeilles, censure de décence), atteste la fuit, même s’il t’abandonne. Ne bou- Ecrasé par sa faiblesse pour les tempétueuse et finalement tragique. vous avez changé de maître (1981) – couronné paradoxale popularité d’un mythe ge pas, moins tu bouges, mieux je amants qui bafouent son rang, Marc Il s’est aussi inspiré du caractère par le Grand Prix de littérature de Provence, chargé de délices et d’effroi com- vis. » Tristan, c’est le mouvement, est hors jeu. Jeu social et quasi reli- moderne de ces personnages et de la en 1982 –, tous parus aux éditions Gallimard. me un philtre trop puissant. l’élan, le charme irrésistible d’Or- gieux de l’autorité politique, jeu inti- relation hors du commun qui les Antoine Audouard a quitté l’édition en 1999 et Naguère, Christiane Marchel- phée lorsqu’il chante sa propre his- me des attachements affectifs. unissait. Moderne au sens où elle consacre aujourd’hui l’essentiel de son temps à lo-Nizia avait publié les premières toire sur des « accords si mer- Sans doute l’auteur a-t-elle trop à serait contemporaine, non pas l’écriture. Il a créé, en septembre 1999, un site versions européennes de l’obsé- veilleux que même le temps l’écou- cœur de préserver la plausibilité de d’une seule époque, la plus récente, destiné à héberger un Prix Internet du livre dante histoire de Tristan et Yseut te ». Mais c’est Marc qui plonge en son évocation pour s’autoriser les mais de toutes : à la fois profondé- décerné par des internautes. (Gallimard, Bibliothèque de La enfer, choisissant, par fatigue de la entorses à la légende qui auraient ment humaine et révolutionnaire, Pléiade, 1995). Sans doute Clara lutte, l’ignorance ou le mensonge : permis d’animer davantage un roi, quel que soit le temps. l’on attribue à Héloïse et Abélard (1). comme un organisme vivant qui Dupont-Monod a-t-elle beaucoup « Mens-moi pour l’amour de moi et ici condamné à réagir toujours face Ainsi en va-t-il des mythes et de la Le développement de cette rela- demande aussi des moments de fréquenté cette anthologie pour laisse-moi me replier sur des men- à une donne qui lui échappe sans fascination qu’ils exercent, de la sou- tion fait partie des plus belles réussi- détente, des relâchements bien imaginer sa Folie du roi Marc, songes comme on se réchauffe cesse. Mais cette miniature a le bon plesse avec laquelle ils se laissent tes du livre, surtout dans ses aspects orchestrés. Chaque phrase ne peut deuxième roman périlleux de la autour d’un feu. » goût de ne pas moraliser le scanda- prendre et tordre au gré des rêves bancals. Guillaume aime Héloïse qui être ciselée dans le marbre, à moins jeune romancière. Périlleux, car ici, Le bûcher, il le réserve, aveugle le de l’amour fou. ou des fantasmes. Bien qu’il ne résis- aime Abélard qui n’aime personne de pétrifier l’ensemble en autant de celui qui parle, c’est Marc, le roi tra- volontaire sommé d’ouvrir les yeux, Ph.-J. C. te pas à la tentation de tirer parfois autant que lui-même. « Il ne voyait stèles définitives. Et de tomber, com- hi, le mari cocu et l’oncle berné par ses personnages vers son propre siè- que ceux qui le servaient ; pour être vu me il arrive parfois au cours de ce celui qui tient pour la quintessence cle, Audouard réussit bien à incarner de lui je l’avais donc servi avec un livre, dans le pompeux, le lyrique à de l’âme chevaleresque. L’éternel ces êtres d’exception. Mais son style, dévouement d’esclave, de chien. » l’excès, l’usage exagéré de qualifica- comparse, dupé par ceux-là souvent figé comme une belle ima- Voilà que le mythe de l’amour fou, tifs ou de figures de style – l’oxymo- mêmes qu’il croit épier, perché ge, nuit à ce roman pourtant plein sans pourtant perdre de son éclat, ron, par exemple. C’est lorsqu’il épu- dans un arbre, mais trahi par son d’intelligence, où un certain formalis- fait une place à la solitude. Une soli- re qu’Antoine Audouard est le reflet dans l’eau, a ici enfin le rôle me tient le haut du pavé presque jus- tude qui est aussi celle de l’écrivain, meilleur. La dernière partie du livre principal. qu’à la fin. Adieu, mon unique est un à qui le livre renvoie de manière sub- en donne la démonstration, preuve L’auteur relève-t-elle là le défi de feu qui se consume à l’abri d’un poê- tilement métaphorique. Car n’est-ce d’un talent qui ne demande qu’à se Chrétien de Troyes, qui signale, au le. On sent la chaleur qui s’en déga- pas, en fin de compte, le seul rôle libérer d’une excessive révérence début du Cligès qu’il composa dans ge, on entend même le crépitement dont peut se prévaloir le narrateur, pour la forme classique et la beauté sa jeunesse, un livre du roi Marc et du bois qui craque, mais les parois cet « homme qui vit de la vie des comme but ultime. d’Yseut la Blonde, ouvrage disparu de fonte empêchent de voir vrai- autres » ? Mais ce narrateur, si crédi- Raphaëlle Rérolle et dont tout porte à croire qu’il ment ce qui se passe à l’intérieur. ble par beaucoup de ses sentiments, célébrait le modèle conjugal ? Com- En racontant cette histoire à la pre- perd beaucoup par son langage. (1) Lettres, à paraître en « Folio » me Le Chevalier à la charrette, sor- mière personne, l’auteur avait pour- Sans doute, Antoine Audouard no3432, le 18 octobre. te « d’anti-Tristan » ou plus explici- tant choisi le moyen de donner vie à s’est-il interrogé sur la manière de (2) Voyage au Liban, Gallimard, 1979. tement encore Erec et Enide ? VIII / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 essais b Un juif de culture allemande sous le nazisme Juif de naissance converti au protestantisme, à l’Allemagne et à l’esprit des Lumières, Victor Klemperer ne quitta pas son pays. Dans le journal qu’il a tenu de 1933 à 1945, il consigne la lente montée de l’horreur

ceci près qu’ils furent exemptés de lecteur vit pour ainsi dire en temps couple Klemperer se voir parqué description d’une soirée, fin 1935, tions – sur cette vox populi, cette MES SOLDATS DE PAPIER déportation jusqu’en 1944. Pur cal- réel la multiplication démente des avec d’autres familles à partir de passée chez des amis, les Isakowitz, fameuse humeur populaire, que (1933-1941) et cul de la part du régime qui crai- ordonnances qui s’abattent sur eux, 1940, les perquisitions de la Gesta- à l’occasion du Nouvel An juif, per- Klemperer s’attache à sonder au fil JE VEUX TÉMOIGNER gnait qu’un envoi trop précipité de toutes consignées avec minutie. Le po sont monnaie courante. Il y va met de mesurer l’insupportable des ans. C’est telle marchande des JUSQU’AU BOUT (1942-1945). ces juifs aux nombreux parents retrait du permis de conduire – voir cependant, pour l’auteur, qui teneur du dilemme. « Les chandelles quatre-saisons qui, voyant son étoi- JOURNAL, TOMES I et II « aryens » ne compromette le les juifs conduire, note-t-il, « froisse entend se faire jusqu’au bout « l’his- brûlaient. J’ai trouvé ça très pénible, le, lui glisse quelques « denrées inter- (Und so ist alles schwankend secret de l’opération d’anéantisse- l’honneur de la communauté automo- toriographe de la catastrophe », d’un avoue Klemperer. Quel est donc mon dites ». « Le peuple, s’empresse-t-il et Ich will Zeugnis ablegen bis ment. Le convoi qui aurait dû bile allemande » ; ou encore la loi « devoir de vigilance intérieure ». camp ? “Celui du peuple juif “, décrè- de noter, ressent la persécution des zum letzten) mener le couple à la mort était pré- sur les prénoms juifs qui le con- C’est « le courage que je me dois du te Hitler. Mais moi (…) je ne suis rien juifs comme un péché. » Mais c’est de Victor Klemperer. vu pour le 13 février 1945. Le bom- traint à signer Victor Israël, « il fau- fait de mon métier », écrit-il. C’est d’autre qu’un Allemand ou un Euro- en général pour déchanter le lende- Traduit de l’allemand bardement allié de Dresde, survenu drait en rire si ce n’était à en perdre aussi, pour cet intellectuel traqué à péen allemand ». main, après avoir essuyé insultes ou par Ghislain Riccardi, le même jour, les sauvera. la raison ». Puis tout s’enchaîne : le la santé fragile, astreint à cinquan- L’impossibilité objective de rester crachats. Le réquisitoire est parfois Michèle Kiintz-Tailleur À la différence de tant d’autres port de l’étoile décrété en septem- te-cinq ans au travail forcé dans une Allemand se double ainsi de celle, implacable. « Hitler, écrit-il en 1937, et Jean Tailleur, victimes qui ont laissé des traces bre 1941 – « pour nous un chavire- fabrique de thé, le seul moyen d’in- subjective, de se sentir juif. À l’igno- est bel et bien l’élu de son peuple. » Seuil, 792 et 1 054 p., 180 F écrites de leurs souffrances mais qui minie, à la brutalité, à la « peur per- Rien là, en tout cas, qui autorise (27,44 ¤) et 210 F (32, 01¤). n’ont connu que la phase paroxysti- Victor Klemperer manente, atroce, d’Auschwitz », les tentatives d’instrumentalisation que de l’antisémitisme hitlérien Né en Allemagne en 1881, une décennie après dont il est question dès 1943, s’ajou- dont le Journal a fait l’objet à sa sor- alué, lors de sa publication (ghetto, massacres), Victor Klempe- que Bismarck eut parachevé l’émancipation des te encore, pour Klemperer, cela, tie en Allemagne, en 1995. Ainsi de à Berlin il y a cinq ans, com- rer, chose rare, a donc pu observer, juifs, Victor Klemperer, fils de rabbin, converti au presque inavouable : « la honte pour la part de l’écrivain conservateur me « une œuvre marquant depuis l’arrivée de Hitler au pouvoir protestantisme à vingt-deux ans, cousin du chef l’Allemagne ». Comment en sortir ? Martin Walser, qui déclencha récem- S le siècle », le Journal tenu en 1933, les étapes parfois impercep- d’orchestre Otto Klemperer, était professeur de Le couple envisage bien, jusqu’en ment une vaste polémique clandestinement par Victor Klempe- tibles de la dégradation de son sort romanistique à l’université de Dresde. En 1935, le 1941, d’émigrer. Se donner la outre-Rhin pour avoir dit refuser la rer de 1933 à 1945, au cœur même et de celui de ses semblables. En philologue est chassé de sa chaire par les nazis en mort ? L’idée revient de plus en plus « massue morale » d’Auschwitz. de l’Allemagne hitlérienne, occupe cela, cette chronique de près de tant que juif. Rétabli dans ses fonctions souvent à mesure que se multiplient Trois ans auparavant, c’est l’indéfec- une place à part parmi l’ensemble deux mille pages restitue ce après-guerre, il continuera d’enseigner en Allema- les suicides de leurs proches – le tible attachement de Klemperer à la des récits dont on dispose sur la per- qu’aucun ouvrage savant ne pourra gne de l’Est jusqu’à sa mort en 1960. Il est notam- Veronal, note Klemperer, est deve- germanitude qu’il jugea bon de rete- sécution des juifs par les nazis. D’où jamais offrir à travers l’inévitable ment l’auteur de LTI La Langue du IIIe Reich (Albin nu « le bonbon juif » – et l’annonce nir de ces pages, en même temps vient l’inestimable valeur historique abstraction de ses vues d’ensem- Michel, 1996). redoutée des « évacuations » pour que l’existence d’une « bonne Alle- de ce document tardivement décou- ble – expropriation, concentration, le ghetto de Theresienstadt, en magne » non antisémite. Ces simpli- vert (en 1978) ? De la personnalité extermination. En témoin de l’inté- ment, une catastrophe » – l’interdic- verser le sort, de préserver sa digni- Bohême. Une seule position lui fications quelque peu indécentes, de son auteur – un universitaire rieur, Klemperer, lui, nous immerge tion d’emprunter le tram, de télé- té. paraît finalement juste. Revenir sur Klemperer les aurait sans doute d’âge mûr, d’origine juive, qui dit se dans le temps de l’histoire vécue, phoner, de posséder un animal Déni d’autant plus douloureux ses choix, ne serait-ce pas donner désavouées, lui qui déclarait, en sentir « authentiquement alle- dans ce qu’elle comporte de plus domestique (il faudra piquer le chat pour ce Juif si peu juif que l’idée raison à Hitler ? « Je ne dois pas en 1938, être désormais incapable de mand » – mais aussi de la situation concret, parfois de répétitif. Non Muschel), d’aller chez le coiffeur, de même qu’il se faisait de l’humanité démordre, résume-t-il en 1942 com- « faire confiance à qui que ce soit en singulière qui fut la sienne à Dresde pas les grands événe- sortir plus d’une heure par jour, se confondait précisément avec son me pour mieux s’en convaincre : Allemagne ». Et d’ajouter : même où il survécut en paria au cours des ments – ceux-là, prévoit-il, seront d’emprunter des livres, de posséder sentiment d’appartenance à la c’est moi qui suis allemand, les autres sous un hypothétique «IVe Reich ». douze années que dura le IIIe Reich. connus – mais cette « tyrannie au une machine à écrire. Et pour « tout culture allemande. Et c’est sans dou- ne sont pas des Allemands ; je ne dois Reste donc une énigme : com- Fervent admirateur des Lumières, jour le jour que l’on va oublier », ce petit monde juif » poussé à la te un des aspects les plus troublants pas en démordre : c’est l’esprit qui ment celui qui parle ainsi, le démo- spécialiste de littérature française, « ces détails mouvants du quoti- faim et au désespoir, l’angoisse, de ce journal que de nous faire importe, pas le sang. Je ne dois pas en crate très tôt convaincu que le com- libéral et patriote, au point de s’en- dien » qui sont justement, à ses omniprésente, du camp de concen- éprouver ce qu’a pu représenter le démordre : c’est le sionisme qui serait munisme mène aussi certainement gager comme volontaire lors de la yeux, « ce qu’il y a de plus impor- tration. choc du nazisme pour cette premiè- comédie dans mon cas – le baptême à l’esclavage que le nazisme – «A première guerre mondiale, ce distin- tant ». En s’imposant la tâche insensée re génération d’intellectuels parfai- n’a pas été comédie. » faire frémir cette identité de la chan- gué professeur était en effet marié Ainsi la déchéance du couple com- de rapporter ces mille petits faits tement assimilés, étrangers au Les lecteurs retrouveront au fil de son soviétique et de la nazie », écrit-il depuis 1906 à Eva Schlemmer, une mence-t-elle avec la feuille de licen- qui remplissaient – qui évidaient judaïsme comme d’ailleurs à toute ces deux volumes les matériaux encore en novembre 1945 –, com- pianiste protestante, originaire de ciement reçue par courrier en plutôt – l’existence d’un réprouvé, forme de croyance religieuse. Son bruts dont Klemperer tirera, en ment Klemperer en viendra-t-il, il Königsberg. C’est ainsi que, du avril 1935. Le garrot, lentement, se Klemperer met en permanence sa infamante relégation hors de la com- 1947, son étude pionnière sur la con- est vrai après maintes hésitations, à point de vue du nazisme, Victor et resserre. Chaque jour apporte son vie en péril. Celle, aussi, de sa fem- munauté des humains, Klemperer tamination de la langue par l’idéolo- adhérer le même mois au Parti com- Eva vont se trouver rangés parmi lot de nouvelles mesures, encore me Eva, d’une force de caractère la vit donc aussi comme une vérita- gie. Mais à un moment où les histo- muniste et à opter pour la RDA sans les quelque 30 000 « couples mix- impensables la veille : de l’écriteau peu commune, qui pas un seul ins- ble trahison. « Le rêve des juifs d’être riens tendent à prendre de plus en jamais revenir sur ce choix ? Par tes » que compte encore le Reich « juif » sur la clôture du jardin jus- tant ne songe à le quitter, et qui, pleinement reconnus comme Alle- plus en considération l’adhésion engagement antifasciste dans un dans les années 30. Une catégorie qu’à l’obligation, en 1938, de quitter jour après jour, s’en va mettre les mands a bien été un rêve, recon- d’une grande partie de la société premier temps. Parce que la force en sursis, au destin parfois mal con- la petite maison en bois qu’ils feuillets du journal à l’abri dans la naît-il dès 1935. C’est pour moi la allemande de l’époque au régime lui manqua peut-être, par la suite, nu, dont les membres juifs furent s’étaient fait construire à Dölzs- clinique d’une amie médecin. Car conclusion la plus cruelle. » Se rap- nazi, ce texte se révèle également de reconnaître qu’il s’était trompé. soumis aux mêmes discriminations chen, sur les hauteurs de Dresde, et dans ces sinistres « maisons de procher de ceux qui partagent la très riche en observations – por- Deux fois trompé sur l’Allemagne. que le reste de la communauté, à à laquelle Eva tenait tant. De là, le juifs » (Judenhaus) successives où le même communauté de destin ? La traits, scènes de rue, conversa- Alexandra Laignel-Lavastine Dans la familiarité des bourreaux Le livre de François Bizot n’est pas seulement le récit de sa détention par les Khmers rouges, c’est aussi une réflexion sur la nature ordinaire, humaine, des monstres

Bizot pense que non. A ses yeux, ont produites bien d’autres expé- eue de son épouse khmère. Il a pu LE PORTAIL le mal n’a pas été identifié. Ce riences. de nouveau contempler la casse de François Bizot. mal qui a conduit lesdits appren- Mais nous sommes au Cam- humaine des révolutions quand il La Table Ronde, 398 p, tis sorciers à passer leurs conci- bodge, c’est-à-dire en un lieu où a échoué à faire sortir une jeune 120 F (18,29 ¤). toyens, soupçonnés de déviance se prépare, dans l’étouffante tor- métisse prise dans l’étau des rup- envers le dogme de l’Angkar Leu peur secrète de la jungle, une tra- tures politiques violentes. Enfin, ’erreur à éviter devant le (l’orwellienne « Organisation gédie de bien plus grande portée. parvenu dans le monde « libre », livre de François Bizot, et d’en haut », maîtresse absolue Ses hiérarques parvenus au pou- il a pu constater que certains de qu’on voit pourtant com- des cœurs et des esprits), par les voir par le fusil en 1975, Douch va ses pairs, intellectuels de renom, L mettre ça ou là, est d’éva- armes les plus frustes : coups de devenir le patron d’une véritable s’ingéniaient à trouver les plus cuer le problème qu’il pose réelle- bâton sur la nuque, ensevelisse- entreprise d’extermination de belles explications et des excuses ment – problème qui l’habite de ment pur et simple et autres « l’ennemi de classe » : la célèbre au bris en masse des œufs à faire la première à la dernière ligne — méthodes rudimentaires d’assassi- prison de Tuol Sleng, en la capi- l’omelette historique… en classant l’ouvrage dans la rubri- nat de masse. Mais Bizot pose tale Phnom Penh. Prison-centre Où est l’homme, où est le bour- que « témoignages », du genre : une autre question, autrement de tri des « traîtres » pressés de reau dans ce tableau pessimiste ? Je fus prisonnier des Khmers rou- grave : le monstre (le dictateur) et s’autoaccuser, l’endroit est C’est bien la question qui se ges. L’éditeur y invite. C’est son son bras armé (l’exécutant des aujourd’hui retenu comme un cache derrière le portail de la travail. Mais ce n’est pas le véri- basses œuvres) se distinguent-ils lieu de la mémoire extrême pour mémoire. Pol Pot, le maître des table propos de l’auteur. Bizot absolument de moi, homme témoigner de tout le mal que Khmers rouges, n’est pas un n’est pas assez naïf pour imaginer d’honnête bonne conscience ? l’homme peut faire à l’homme. monstre séparé de notre condi- qu’il écrit là, un quart de siècle C’est à ce point que l’histoire de tion humaine réelle. Il n’est pas après les faits, le récit définitif et UN DRAME INEXPLIQUÉ Bizot et Douch dépasse le simple cet absolu du totalitarisme trans- tant attendu d’un flirt effrayant Pour atteindre ce cœur de l’in- contexte de la tragédie khmère. mué, depuis les années de forma- avec la mort aux mains d’une terrogation, il faut avoir passé le Comment le jeune révolution- tion à la manière communiste bande d’assassins. L’indispen- premier cercle de sécurité du réac- naire encore épris de justice qui a française, en un pratique totem sable honnêteté face à un livre teur. C’est bien le cas de François libéré le chercheur littéraire fran- de terreur qui nous rendrait étran- majeur comme celui-ci consiste à Bizot, témoin et acteur d’un çais contre l’avis de ses chefs ger à lui. « En chacun de nous, il y ne pas le ranger dans l’une ou drame encore aujourd’hui inexpli- a-t-il pu se transformer en mons- a un germe de cette monstruo- l’autre de nos commodes catégo- qué. Membre de l’Ecole française tre d’absolue terreur, en bour- sité », dit Bizot, qui, sans la moin- ries mentales – qui eut tort ?, qui d’Extrême-Orient, spécialiste du reau obéissant et volontaire ? dre complaisance pourtant à eut raison ? – mais bien de recon- bouddhisme khmer, il travaille à Devant cette découverte, « je sen- l’égard de tout négationnisme, naître en son contenu une inter- partir de 1970 à la conservation tis un relent de marais et de taniè- refuse de voir en Douch une natu- rogation, hélas ! trop pertinente : d’Angkor, « temple des temples », res me soulever l’estomac, et mon- re différente, séparée. A preuve, il de quoi sont faits les vrais crimi- lieu légendaire du Cambodge, siè- ter à mon cerveau l’odeur de la doit le retrouver un jour. Douch nels ? ge de toutes ses divinités. Tombé bête sauvage qui les avait hantés est en prison à Phnom Penh, accu- On connaît vaguement, en avec deux collaborateurs dans ici », raconte Bizot. sé de crime contre l’humanité. France, la saga courte et san- l’embuscade d’une unité d’insur- Raconte ou réfléchit ? Car entre- Bizot a pu échanger des messages glante des Khmers rouges. gés khmers rouges, accusé d’es- temps l’universitaire a pu se faire avec lui, clarifier des souvenirs. Il Apprentis sorciers de la « révolu- pionnage pour le compte d’une une idée de l’incompréhensible témoignera à son procès, pour sa tion » dans le monde rural d’un CIA envers laquelle il ne nourrit hiatus entre la pensée rationnelle défense, non pour l’absoudre, petit Cambodge jeté dans une aucune sympathie, il plonge dans dont il croit être armé et les com- non pour excuser le geôlier qui, guerre de grandes puissances l’univers de la délation-déten- portements hideux que la peur comme lui, avait « secrètement dans les années 70, ils sont les tion-répression, où déjà pointent peut engendrer. A l’arrivée des apprivoisé l’épouvante » de la auteurs de massacres perpétrés à les germes schizophréniques et Khmers rouges à Phnom Penh en mort, mais pour témoigner con- FRANCESCO GATTONI POUR « LE MONDE » une telle échelle (un quart de la suicidaires du futur pouvoir. 1975, il a tenté de faire un pont tre le manichéisme des explica- population) qu’il est vain de cher- Mais, très vite dans le récit, les cer- itinéraire à l’aide de tous les faite de tortures et de conditions entre les deux logiques, d’appa- tions trop simples. Explications cher à éviter le mot de « génoci- titudes s’évanouissent. Son geô- témoins qu’il a pu convoquer à ce éprouvantes. Convaincu de l’inno- rence irréconciliable. Il a tenté de qui distribuent les rôles à jamais de ». Mais la connaît-on, cette lier en chef, Douch, n’est pas la tribunal personnel de l’histoire cence de son prisonnier français, jouer les intermédiaires pour per- antinomiques entre la victime et saga, pour ce qu’elle fut vraiment, brute épaisse dont on fait les individuelle. « De fait, quand il parvient à arranger son évasion. mettre l’évacuation des civils réfu- le bourreau. Bizot sait qu’il tou- hormis dans sa dimension déri- assassins de petite volée. « C’était Douch n’était pas là, c’était le bor- La relation ambiguë de Bizot avec giés dans l’enceinte de l’ambas- che une corde sensible, et l’on ne soire – celle d’un snobisme pari- un type bien éduqué, à la tête bien del dans le camp de détention… » ce personnage qu’il ne parvient sade de France face à une machi- s’étonnera pas de voir cet autre sien qui mit longtemps à ouvrir faite, qui travaillait bien et qu’on Douch fait mieux qu’organiser pas à haïr aurait dû prendre fin à ne de guerre sûre de sa victoire, grand examinateur des situations ses yeux face aux brutalités com- avait mis là parce qu’il faisait son de manière « vivable » l’invivable ce point, ne plus exister que dans décidée à ne pas s’en laisser troubles, John Le Carré, lui rendre mises au nom d’une idéologie sal- boulot », se souvient Bizot, qui a horreur d’un camp totalitaire le souvenir d’une miraculeuse ren- remontrer. Une première fois, il hommage en préface. vatrice alors à la mode ? François reconstitué minutieusement son pour prisonniers dans la guerre contre de détention comme en est privé de l’enfant qu’il avait Francis Deron essais LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / IX b Aux sources de l’anthropologie judiciaire Secondant la rigueur nouvelle du sens de l’enquête, la volonté de comprendre a bouleversé au cours du XIXe siècle la vision du criminel. C’est ainsi que se redéfinissent la mission du détective comme celle du savant. Une révision décisive

Mais pour que ce Livre des vies Ainsi, dans la prison Saint-Paul L’inverti parricide – ayant, de tif s’exprimer en amont puis en LE LIVRE DES VIES coupables soit aujourd’hui un livre de Lyon, ce fut un véritable atelier façon si singulière, pour nom Dou- aval sur sa faute, qui finit toujours NAISSANCE COUPABLES à notre disposition, il fallait encore d’écriture : incités par Lacassagne, ble – s’explique sur son crime : il par se fondre avec lui à la fin du DE LA POLICE PRIVÉE Autobiographies de criminels un autre désir, humble et passion- les dix individus ont écrit, et ce qui vagabonde sur sa position d’ex- récit. Comme l’écrit si justement Détectives et agences (1896-1909) né, ému et bouleversé par ces lectu- étonne c’est à la fois leur aisance, istence double. Il connaît toutes les Philippe Artières, « ces textes sont de recherches en France de Philippe Artières. res : celui d’un chercheur, Philippe leur assurance et leur volonté variétés de la sensibilité féminine et subversifs parce que précisément ils 1832-1942 Albin Michel, 432 p., Artières. Il aurait pu céder à la d’être lus. Ils n’implorent aucun frémit d’aise à chaque ligne en les ne viennent pas contrer une parole de Dominique Kalifa. 140F (21,34¤). mode, actuellement aisée, de la secours, aucun pardon, n’atten- exprimant tandis qu’il est attiré par mais ils la bousculent, la font tanguer Plon, « Civilisations En librairie le 6 septembre livraison brute de témoignages ou dent rien ou presque de ce récit les hommes et les souteneurs. En à partir de son propre mouvement ». & Mentalités », 336 p., 139 F de la dissection de vies enfuies exo- déterminé qui raconte leur par- même temps, il est d’une sévérité La force de ces récits de vie, alliée (21,19 ¤). e livre est né de deux tiquement intéressantes parce que cours ; leur enthousiasme à le faire absolue, presque misogyne, sur ce à l’analyse de celui qui les a décou- orsque Léon Malet crée en désirs qui se sont succes- criminelles, sentant bon le sang et est certain. Aucune soumission, caractère féminin qui est le sien, verts, tient en cette manière d’édi- novembre 1943 la figure de sivement sédimentés et la crapule. Il s’est situé autrement ; aucune forme de confession ou de convulsif et rusé, amené aux pires ter ces vies écrites sans jamais leur Nestor Burma, directeur de C du récit de dix vies fracas- refusant d’être un voleur de vies, il patenôtre en cette fin du XIXe siè- turpitudes. Aimant être femme et imposer ce qu’elles se sont refusées L l’agence Fiat Lux, la France sées par le crime et la peine au a accompagné ce fonds (le fonds cle, mais des phrases claires, des détestant la femme, il s’exprime à être. Une fois que l’on a compris de Vichy vient à peine de fixer la seuil du châtiment. Il a d’abord fal- Lacassagne), l’entourant de sens, faits établis, des malheurs surve- dans un texte à la lucidité farouche comment ces textes ont été pro- réglementation de l’exercice des lu neuf hommes et une femme expliquant sa mise au jour et analy- nus et assimilés, des indignations, qui laisse finalement une très inten- duits, et que l’on s’est attaché aux agences privées de recherches enfermés dans une prison républi- sant ce que fut, pendant un court des revanches à prendre sur le sort. se impression. formes littéraires qu’ils ont (28 septembre 1942). caine de la fin du XIXe siècle : moment, le rapport à l’existence Dans cet espace d’écriture, ils Beaucoup d’autres criminels ont peut-être empruntées, ces voix se Auteur d’une passionnante étude Saint-Paul de Lyon. Au-dessus d’un homme écrivant juste après vivent, quoique enfermés, et sor- bénéficié d’une véritable instruc- détachent une à une pour solilo- sur les récits de crime à la Belle Epo- d’eux et de ces vies saccagées, de son crime et juste avant son châti- tent enfin de la glu des discours tion : en effet non seulement leurs quer avec véhémence, défier un que (1), l’historien Dominique Kalifa tous les discours entendus lors de ment. De plus, il sait que ces textes entendus sur eux au moment du phrases coulent, affirment, racon- peu de notre savoir, en apportant a entrepris d’enquêter sur ces enquê- longs procès, d’expertises et d’arti- résistent à toute interprétation, et procès, ceux qui leur ont parfois tent, mais elles dissertent et analy- clairement cette singularité dure et teurs de l’ombre, dont l’entrée remar- cles de journaux, puis de façon de cette résistance il fait travail inté- délivré une identité qu’ils ne recon- sent. Et c’est une expérience forte couleur d’acier. L’étonnement se quée sur la scène sociale aux premiè- plus étrange l’intrusion d’un per- rieur. naissent pas. pour le lecteur de voir l’homme fau- fait devant ce fil si bien tenu par un res heures de l’émulation capitaliste sonnage hors du commun, le doc- criminel qui à la veille de son châti- n’est pas allée sans remous. Lorsque teur Alexandre Lacassagne, crimi- ment sait bien qu’il est déjà cassé. Vidocq, célèbre pour son double pas- nologue qui n’aimait pas trop son Comment ne pas penser que ces sé de bagnard et de chef de la Sûreté, homologue italien Lombroso. Pas- récits font histoire, qu’ils sont fonde en 1832 un « bureau de rensei- sionné de lecture, sans doute eux-mêmes dans l’histoire ; curieu- gnements universels », il répond à un d’une grande anxiété, Lacassagne sement leur étrangeté n’a qu’un besoin neuf : la quête nécessaire de exprimait son « apaisement » face pas à faire pour devenir notre fami- renseignements commerciaux pour aux sciences, qui lui permettaient liarité, parfois même notre double. garantir la sécurité des tractations. A de connaître les conditions de la Le travail de Philippe Artières per- cette mission parfaitement logique vie universelle. Il avait un autre met de prendre position, et c’est dans une optique libérale, s’ajoute le désir : savoir qui est le criminel, tant mieux, sur la confection en volet d’investigation des mœurs pri- quel homme habite cet autre qui a série de témoignages du passé, de vées, qui fit communément surnom- commis les formes du mal absolu. vies racontées. S’il y existe un goût mer ce service « la brigade des Et déjà il pressent, contrairement à légitime pour l’autre qui vécut au cocus ». Kalifa s’attache à démontrer Lombroso, qu’il n’y a pas de tare passé et dont on aime entendre la paradoxale infortune d’une profes- originelle ni de fatalisme mais un l’histoire, il est important d’utiliser sion aux marges des autorités recon- acte « préparé par la société ». Ain- ce goût pour parvenir comme ici à nues, saisies d’une même volonté de si va-t-il s’acharner à construire le livrer déserté de commentaires déchiffrement social, mais au nom une encyclopédie du crime en susci- étouffants. De même, l’auteur du bien public, de la vérité ou de la tant l’écriture chez les détenus de n’abandonne pas ces textes à prise de conscience collective, idéal sa prison. Il est muni d’une seule eux-mêmes et refuse l’idée que cha- démocratique dont le commerce ne conviction : à ce moment précis de que mot écrit autrefois a du sens, se monnaie pas. leur vie, ces êtres ne pourront écri- tout seul, par lui-même, simple- Conduite avec intelligence et force re que le vrai, alors que la parole ment parce qu’il fut écrit il y a long- références, cette étude a le mérite de qu’ils véhiculaient dans les interro- temps. L’attention à l’autre défunt, souligner la coïncidence d’une démar- gatoires était leur masque. Ainsi, dans sa vie chaotique et criminelle che inquisitoriale qui unit la science établissant un contact affectif avec issue d’un autre chemin d’histoire et la quête civique de sécurité, même ceux qu’il avait choisis comme que le nôtre, passe par l’écart et par si la clé qui symbolise ce métier scripteurs, il incite le récit de leur un long et lent travail d’avènement réprouvé évoque davantage le viol vie, de leur acte. Les pages écrites du sens social et politique des mots des alcôves que la résolution des mys- seront leur dernier chemin : il sem- dits et des émotions ressenties. Le tères. ble qu’ils aient été heureux de l’ac- Livre des vies coupables en est ici un Ph.-J. C. complir et n’en aient eu aucune exemple. peur. Arlette Farge (1) L’Encre et le Sang, Fayard, 1995. SIPA PRESS Le médecin dans le prétoire La terrifiante science des bosses

se dans un court volume solide- limites de l’information scientifique. nioscopique. Les vaudevilles Pire qu’un bon roman, la réalité LES EXPERTS DU CRIME ment étayé. Ainsi les progrès de la chimie inci- LE LANGAGE DES CRÂNES mêlent phrénologie, magnétisme est parfois un cauchemar continu. La médecine légale en France Il a choisi d’isoler le parcours chro- tent les experts à plus de prudence Une histoire de la phrénologie et physiognomonie. Renneville suggère que cette scien- au XIXe siècle nologique de cette corporation des dans leurs conclusions, au moment de Marc Renneville. La critique vient surtout de philo- ce dissoute en 1848 a infiltré les de Frédéric Chauvaud. « experts du crime » pour étudier même où leur croisade porte ses Ed. Synthélabo, « Les sophes spiritualistes. De nom- mentalités. L’héritage s’évalue Aubier, « Collection historique », ensuite le regard porté sur le corps fruits et leur « métier » est authenti- Empêcheurs de penser en breux scientifiques se moquent des selon les conceptions des sciences. 304 p., 129 F (19,67 ¤). brutalisé et le cerveau troublé, avant quement reconnu. Alexandre Lacas- rond », 354 p., 98 F (14,94 ¤). bosses, mais c’est qu’ils préfèrent Si l’on croit à leur pureté, la phré- de mesurer le risque que représente sagne recommande sagement de la mesure de « l’angle facial » pour nologie aura transmis la localisa- ’ils prolongent la veine des l’avancée même de la médecine, parachever la formation de l’expert l était une fois un médecin classer les races, comme Cuvier pré- tion cérébrale à l’anthropologie et romans de colportage du capable d’infirmer d’anciennes par une pratique de la rédaction du viennois émigré en France parant ainsi l’anthropologie physi- la neurobiologie (on oubliera ce XVIIIe siècle où, de Cartou- expertises, au risque de ruiner une rapport écrit et un entraînement à la qui évaluait les penchants que de Broca et la raciologie à qui n’est ni vrai ni éthique). Si l’on S che à Mandrin, les biogra- légitimité patiemment acquise. déposition orale. L’enjeu n’est pas I des génies et des fous, des cri- venir. Même controversée, la phré- aborde l’ensemble des fonctions phies de bandits abondent, les Jusqu’au milieu du siècle, le méde- mince car, pour l’examen du corps minels et des gens « normaux ». Il nologie est populaire : spéculation d’un savoir, elle aura influencé Mémoires de Vidocq (1828) mar- cin-expert est invisible, et si on le comme de la « teinte de l’âme »,la tâtait saillies et méplats de la boîte sur le destin, absolution des vices, d’autres programmes d’examen et quent aussi un double tournant. consulte pour un éclairage techni- rhétorique pèse, mélodramatique crânienne et les interprétait selon fascination pour le macabre ? gestion de la population, au nom D’abord, le héros change de camp, que, il n’a pas encore l’autorité pour parfois. Face au cadavre, le praticien une localisation précise des fonc- Avec, pour le savant, un rôle d’ex- du bien : anthropologie, eugénis- passant de l’illégalité à la respectabi- confirmer une hypothèse, ni à plus change en effet de palette. Il ne pres- tions cérébrales : instinct de la pro- pertise, de contrôle social et de me, éthologie, sociobiologie… (3) lité ; ensuite, l’intérêt se déplace du forte raison pour départager les thè- crit, ni ne soulage, mais doit se con- pagation, sentiment de la proprié- réforme. Car cette « science de En 1999 le cognitiviste Dehaene criminel vers le policier, la science ses en présence. C’est la multiplica- centrer sur un « examen attestif » té (une forte bosse révèle le pen- l’homme » est progressiste. Quoi- reçoit un million de dollars pour de l’enquête correspondant mieux à tion des recours, l’extension du qui bute parfois d’entrée sur l’identi- chant au vol), instinct carnassier, que déterministe, elle invite à neu- chercher les liens entre mathémati- la sensibilité de ce début du XIXe siè- champ d’intervention, la crue qui té de la victime. Chauvaud rend sens du nombre… La science des traliser les penchants néfastes, soi- que et organisation du cerveau cle. Si Double Assassinat dans la rue pousse ensuite à la réglementation bien les difficultés des premières bosses se voulait « phrénologie » gner fous et criminels (1), éduquer (4) ; les localisations de Gall et Bro- Morgue (1841), d’Edgar Allan Poe, et, partant, à la disqualification des observations (lutte contre le temps, (science de l’esprit) et eut un le peuple. ca sont vantées par le neurobiolo- inaugure le genre littéraire du poli- non-spécialistes, qui font l’autorité la corruption et la tombée du jour immense succès. Car cette histoire giste Changeux, naguère président cier, c’est L’Affaire Lerouge (1866), incontestable de l’expert. Mais le là – c’est-à-dire partout – où les mor- de fous est véridique et a laissé des CAUCHEMAR CONTINU du comité consultatif national feuilleton d’Emile Gaboriau, qui parcours fut plein d’embûches, la gues réfrigérées manquent). traces dans nos cerveaux. Ce bour- Hostiles à la Restauration, les d’éthique. impose la popularité de la méthode communauté étant fragmentée, voi- Faire parler les corps suppose une rage de crâne n’a-t-il plus d’effet phrénologues triomphent après L’auteur exhume ce passé pour déductive, dont le Sherlock Holmes re divisée. attention nouvelle à la souffrance sur des savoirs qui chercheraient, 1830. Animée par des médecins phi- regarder notre présent. Sa conclu- de Conan Doyle assurera la fortune. Pour venir à bout de ces difficul- des vivants – on ne la tient plus pour le bien de l’humanité, un fon- lanthropes, la Société de phrénolo- sion nous libère de la fatale supé- Mais le goût du public pour ces tés, Chauvaud pointe plusieurs pour un gage de guérison – comme dement « naturel » jouant le rôle gie (1831-1848) veut réformer la riorité du savant, fût-il historien. démonstrations brillantes où le transformations, finalement effica- à la dignité des morts. Aux experts de la bosse des mathématiques ou prison et la justice, combat la pei- Sur le clonage humain : « Le droit moindre indice livre sa pièce du ces tel l’essor d’une véritable littéra- donc de dire la certitude et faire le du crime ? ne de mort, préfigure l’anthropolo- n’a de compte à rendre ni aux scien- puzzle pour établir la vérité n’est ture de l’expertise, des six volumes départ entre la norme et la mons- Le Langage des crânes se lit com- gie criminelle, nourrit une pensée ces de la nature, ni aux sciences bientôt plus l’apanage des œuvres du Traité de médecine légale et d’hy- truosité. Cette mission délicate mais me un roman : l’écriture fait vivre économique (à chacun selon ses humaines. Il y va de l’avenir de nos de fiction. Et les prouesses se font giène publique ou de police de santé essentielle l’est plus encore face aux cet invraisemblable qui a bien eu facultés). Elle attire matérialistes, très perfectibles “démocraties”. médiatiques lorsqu’au procès Stein- de Fodéré (1795-1813) aux travaux aliénés. Fodéré lie dès 1817 la folie lieu. La complexité des personna- carbonari, positivistes, saint-simo- C’est sur l’expression de cette intime heil (1909) l’analyse d’un gant de Tardieu, Brouardel et Lacassa- aux « maladies du corps social », ges appelle l’identification ou son niens et fouriéristes. Engagement conviction que le narrateur s’efface- oublié confond son propriétaire. Si gne, dont les guides pratiques sont mais, trop en avance, il convainc refus. L’ironie, humour noir de de bonapartistes et libéraux pour ra, refusant de terminer par la con- la méthode convainc, elle dit sur- autant de manuels de base pour les moins qu’Esquirol, champion de la compassion et de révolte sourde, un nouvel ordre social et moral, damnation de tel ou tel protagoniste tout la victoire pour le médecin qui praticiens de la médecine légale. monomanie, qui étudie avec Gall le est inquiétude d’auteur qui suscite estime Georges Lantéri-Laura, d’une histoire à coup sûr inachevée. a choisi d’œuvrer pour la justice, Titres et diplômes, premiers congrès crâne des suppliciés et lance une celle des lecteurs. dans sa préface (2). Différentialis- Libre au lecteur d’en décider autre- imposant peu à peu la notion de et nouvelles associations, chaque typologie étoffée au cours du siècle 1801 : l’empereur Habsbourg me individualiste, jouant sur l’équi- ment, d’imaginer une fin, de penser compétence qui en fait désormais le étape confirme une ascension si net- (monomanie « intuitive », « triste », s’inquiète du matérialisme du doc- libre rusé inné/acquis. l’avenir. » spécialiste de la preuve. te que la légitimité de l’expert finit « lubrique », avant l’éthéromanie teur Gall (1758-1828), qui entre- Comme tout bon roman, cette his- Laurent Loty D’autant que la faillite de par faire de l’ombre au magistrat, ou l’opiomanie). prend alors une tournée triompha- toire ne peut se résumer. Les aventu- l’Ancien Régime et la fin des corpo- paralysé au pénal si l’expertise fait Evoquant le « bricolage psychiatri- le en Europe. Berlin, 1805 : Hegel res sont nombreuses, ambivalentes : (1) La Médecine du crime, de Marc Ren- rations (1791) sonnèrent le glas du défaut. que » des pionniers de l’expertise, ricane, Goethe est intéressé. Paris, diagnostics des crânes de Lacenaire neville (P.U. du Septentrion, 1997). temps des offices et des charges des On en vient même à contester un Chauvaud précise les techniques 1807 : les professeurs du Muséum et Napoléon, recrutement phrénolo- (2) Sur Gall, son Histoire de la phrénolo- « gens experts ». Cependant, le jugement dont l’assise ne serait pas mises au point, l’incertitude des dia- sont partagés, deux cents méde- gique de salariés américains, casque gie (PUF, 1970) fait référence. retour à l’ordre avec l’Empire per- celle des expertises médico-légales, gnostics, la difficile harmonisation, cins assistent aux expériences à la redresseur à vis tournante, expédi- (3) Des sciences contre l’homme, dirigé met de réaffirmer dès 1811 la néces- ce qui remet en cause la mission du le remords aussi lorsque l’irrespon- préfecture. Gall décide de rester en tion de Dumoutier confronté à des par C. Blanckaert (Autrement, 1993) et saire coopération de la science et jury. L’expert établit les modalités sable est sacrifié au nom de la France. Malgré l’opposition de voyageurs racistes, des Patagons les publications de la Société française du droit. du crime, détermine l’intention de « défense sociale ». Une leçon édi- l’empereur et de Cuvier, il peut refusant de se faire mouler le crâne, pour l’histoire des sciences de l’hom- Cette lente conquête qui fit à son auteur comme son degré de res- fiante en conclusion d’un travail qui enseigner et collecter ses crânes, et une « tribu autrement plus redouta- me (multimania.com/sfhsh). l’usage de l’appel à l’homme de l’art ponsabilité. Cette charge écrasante comble avec bonheur une lacune de devient l’homme à la mode. Les ble : celle des académiciens » qui (4) Auteur de La Bosse des maths un recours quasi systématique, Fré- est cependant tempérée par les l’histoire des pratiques judiciaires. médecins biologisent la folie et soi- oppose à cet universalisme la mesu- (O. Jacob, 1997), il est soutenu par la déric Chauvaud la retrace et l’analy- erreurs judiciaires qui rappellent les Ph. -J. C. gnent l’esprit après diagnostic cra- re raciste du « trou occipital ». Fondation McDonnell. X / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Du déterminisme allemand tions du néocortex germanique ? » D’où la conclu- pour réduire la Réforme à une réaction primitive La faillite de Law LE DÉMON EST-IL ALLEMAND ? sion : depuis le « bain de sang fondateur » qui vit contre la civilisation occidentale représentée par de Michel Meyer, Grasset, 418 p., les « hordes fraternelles » d’Arminius (Hermann l’Eglise romaine ? 145 F (22,11 ¤) en allemand) massacrer une légion romaine dans Michel Meyer laisse entendre que la pensée en librairie le 13 septembre. la forêt de Teutobourg jusqu’à la Shoah perpé- dominante en Allemagne a constamment été hos- au jour le jour trée sur l’ordre de Hitler, ce « révélateur hystéri- tile aux Lumières et que les intellectuels qui s’y oici un livre dont on aimerait pouvoir que des latences germaniques », se déroule une référèrent se retrouvèrent en exil. Il cite bien sûr dire du bien. L’auteur est familier de histoire où les « affects » l’ont toujours emporté Heine, qui fut impitoyable pour ses compatrio- HISTOIRE DU SYSTÊME DE JOHN LAW (1716-1720) l’Allemagne, où il a vécu de nom- sur la réflexion, et la culture sur la civilisation. tes. Mais n’eût-il pas aussi des traits féroces pour de Du Tot. V breuses années, notamment comme Suit un avertissement : cette histoire n’est pas la France, dont la « latinité », tant vantée par Publication intégrale du manuscrit inédit correspondant de la télévision française. Il fait achevée. Le réveil de la « furor teutonicus » est notre auteur, n’absout pas tous les péchés ? Il est de Poitiers, établie et introduite par Antoine E. Murphy. montre d’une vaste culture qu’il a la générosité inéluctable, car il serait absurde de croire que, bon de rappeler que les Allemands ont construit Institut national d’études démographiques, 240 F (36,58 ¤). de partager avec son lecteur. Il connaît parfaite- « parce que dilués dans la mondialisation et la depuis un demi-siècle une démocratie solide non ment l’allemand, à tel point qu’il propose modernité, les Allemands seraient essentiellement seulement parce qu’elle leur a été imposée par e lieu commun ne date pas d’aujourd’hui qui oppose les mau- même de véritables exercices de thèmes et de autres que ce qu’ils furent aux origines ». La vraie les Alliés, mais aussi parce qu’elle pouvait s’ap- vais financiers aux bons entrepreneurs. L’un des disciples de versions. Malheureusement, toutes ces bonnes question posée par ce livre n’est donc pas «le puyer sur une tradition intellectuelle cherchant John Law s’en est servi pour venir au secours de son maître. Le dispositions sont mises au service d’une thèse démon est-il allemand ? » mais « l’Allemand est-il dans l’ancrage à l’Ouest la garantie du progrès et L « systême » (orthographe de l’époque) que le célèbre Ecossais difficile à accepter et que, malgré l’appel à démoniaque ? » et la réponse qui sourd du livre de la modernité. avait bâti pour rétablir les finances du Régent aurait été victime d’une Luther, Kant, Schopenhauer, Lessing, Fichte, de Michel Meyer est positive. Il y a par ailleurs dans le livre de Michel Meyer cabale fomentée par les hommes de la finance, grands brasseurs de ren- Hegel, Marx, Nietzsche, Heidegger, Michel Face à cette affirmation massue, la discussion des remarques pertinentes sur la relation fran- te, et leurs complices au sein du Parlement de Paris. Meyer ne peut soutenir qu’en s’en remettant à des détails paraît aussi dérisoire que le relevé des co-allemande, des interrogations utiles sur la Cette thèse est exposée dans un manuscrit inédit qu’Antoine E. Mur- un déterminisme sans nuance. Il le reconnaît quelques erreurs chronologiques ayant échappé place de l’Allemagne dans la mondialisation. Les phy a trouvé en fouillant des cartons entassés à la bibliothèque de l’Uni- honnêtement : « La cohérence de notre regard à l’auteur. On se limitera à deux observations. Allemands, cette « tribu archéobarbare », versité de Poitiers. Professeur d’économie à Trinity College (Dublin), sur l’Allemagne, écrit-il, repose sur l’idée qu’il y Michel Meyer propose de Nietzsche une lecture devraient se sentir plus à l’aise que la France répu- Antoine Murphy, à l’occasion des recherches entreprises pour son livre aurait une “génétique”, une forme de “prédé- univoque, « déterminée » par l’utilisation qu’en blicaine dans une mondialisation qui respecterait sur Law (1), a fait cette merveille : 671 folios donnant une description termination” des nations qui influerait sur la maniè- ont faite les nazis. Après avoir noté que « les cultures et les tribus aux dépens des Etats ». Ils complète du « systême » depuis sa création en 1716 jusqu’à son effondre- re dont elles s’affirment dans leur ensemble régio- Nietzsche était « antéchrist en diable », il le place y trouveraient le moyen de développer leur éner- ment en 1720. Le manuscrit livre un suivi comptable chiffre par chiffre de nal autant que sur les étapes historiques qui dans la catégorie des penseurs « totalitaires », gie au côté d’une Amérique plus adaptée à leurs l’extraordinaire expérience économique qui devait dégouter les Français émaillent leur devenir. » Cette « chaîne de détermi- oubliant que Nietzsche demandait, par rapport à ambitions qu’une Europe « trop étriquée », dans du papier-monnaie pour un bon siècle. nismes » n’est pas seulement climatique, ethni- lui et à ce qu’il écrivait, « une résistance ironique » un projet global qui les sortirait de leur passé et L’auteur du manuscrit reste assez mystérieux. Même un chercheur aus- que, économique, culturelle, religieuse ou politi- qui n’est généralement pas le propre des esprits de leur « Kultur moralement infréquentable », si chevronné que Murphy n’a pas réussi à lui trouver un prénom. Ce que que, pour reprendre son énumération ; elle est totalitaires. Autre exemple : Luther et la Réfor- donc les réhabiliterait. Traduit en termes politi- l’on sait avec certitude aujourd’hui c’est qu’il assuma les fonctions d’un aussi biologique, puisque Michel Meyer se me. Un document de l’Eglise protestante officiel- ques, ce choix du grand large aux dépens de l’Euro- administrateur sur un poste-clef dans le système. La thèse du complot demande « à quand la réactivation naturelle et iné- le datant de 1939 voit dans le national-socialisme pe n’est pas absurde. Mais pourquoi faut-il pour le qu’il défend – sans d’ailleurs apporter aucune preuve – ne tient pas la rou- luctable des cerveaux limbiques et reptiliens de l’Al- « la continuation et l’accomplissement de l’œu- défendre en appeler à « l’instinct grégaire et au te. Il ne fait que reprendre la thèse avancée par son maître pour expliquer lemagne, in fine d’une pensée sauvage réveillée qui vre » commencée par Luther, est-ce assez pour vieux fond animiste qui caractérisent les peuples la déconfiture finale. Murphy ne semble pas y croire même s’il la trouve finira bien par inonder les trop parfaites circonvolu- faire du réformateur le père spirituel de Hitler et germaniques » ? séduisante. L’intérêt du manuscrit est dans les détails qu’il donne au jour le jour : Law a d’abord été victime de lui-même. D’abord de la fausseté de ses conceptions. Ensuite de la stupidité des mesures prises pour tenter de sauver son invention. POLITIQUE Rappelons les circonstances. A sa mort en 1715, Louis XIV laisse les finances de l’Etat au bord de la banqueroute. Le Régent se trouve con- b par Thomas Ferenczi Les batailles de Paris fronté à une crise à la fois monétaire : pénurie de liquidités ; et financiè- re : le Trésor est incapable de payer ne serait-ce que les intérêts de sa det- ques Chirac l’utiliserait pour en faire l’outil de sa du XXe siècle, à l’exception du bref épisode de la te. C’est alors qu’il se laisse séduire par un « aventurier honnête hom- HISTOIRE POLITIQUE DE PARIS longue marche vers l’Elysée. Il apprit à ses Libération, et l’est encore. me », l’Ecossais John Law, qui passe pour un génie de la finance. Au AU XXe SIÈCLE dépens que la ville reste frondeuse à l’égard du C’est cette régulière poussée des conserva- début le système fait merveille. Pour résoudre la crise monétaire, Law fait d’Yvan Combeau et Philippe Nivet pouvoir central, même si elle a renoncé à ses teurs qu’étudie le livre d’Yvan Combeau et Phi- imprimer du papier-monnaie par une banque créée de toutes pièces, qui PUF, 352 p., 138 F (21,04 ¤). humeurs insurrectionnelles. lippe Nivet, sur la base des résultats des élec- devient Banque royale ; et, pour résoudre la crise financière, il convertit L’Etat continue donc de s’en méfier, comme tions parisiennes, non seulement municipales, la dette publique en actions de la mirifique Compagnie du Mississippi. acifiques ou violentes, les batailles l’a montré en 1982 la tentative, avortée, de Fran- mais aussi législatives, présidentielles et, pour L’équivalent aujourd’hui se trouverait dans la « Netéconomie ». Trop politiques dont Paris a été le théâtre çois Mitterrand de la diviser en vingt communes les dernières décennies, européennes. Des natio- loin, trop exotique pour que l’on y comprenne quoi que ce soit. Résultat : n’ont jamais été sans conséquences de plein exercice. La capitale a souvent manifes- naux républicains de l’entre-deux-guerres aux on rêve et les cours montent en flèche. Lancée à 160 livres en 1717, l’ac- sur le pouvoir central. Le plus sou- té son esprit de contradiction dans ses choix élec- gaullistes de la Ve République en passant par les P e tion monte jusqu’à 10 000 livres dans la seconde semaine de janvier 1720. vent, la capitale s’est dressée, par la voie des toraux. Ce fut le cas à l’époque du Cartel des gau- indépendants et modérés de la IV , la droite, au Le Régent est le premier à s’enrichir de cette extraordinaire flambée. armes, des manifestations de rue ou des élec- ches, dans les années 20. A la fin des années 40, XXe siècle, semble chez elle à Paris. A gauche, le Comme toujours dans ces cas-là, les dividendes versés ne peuvent que tions, contre le gouvernement en place. La la percée du RPF s’est faite contre les gouverne- Parti communiste a longtemps incarné la princi- paraître dérisoires et la rentabilité des titres quasi nulle. Des petits malins Commune de Paris est ainsi restée dans les ments de « troisième force ». Dans les années 80 pale force d’opposition. A la Libération, il a bien placés, sentant la fin venir, cherchent à réaliser leur bénéfice, entraî- mémoires comme un de ces moments de rébel- et 90, sous les deux septennats de François Mit- même paru en mesure de s’emparer du pouvoir, nant l’effondrement de la cote. Sans doute étaient-ils informés que, pour lion. De même, les affrontements du 6 février terrand, Paris a offert aux chiraquiens le « grand avant de confirmer dans les urnes, au lendemain soutenir le cours, la compagnie rachetait ses propres actions depuis le 1934 ont pesé sur le sort de la IIIe République. chelem » aux élections municipales ; mais en de la guerre, la solidité de son implantation. 5 octobre 1719. Pis : dans les derniers mois de la même année, la compa- D’une autre manière, la conquête de l’Hôtel de 1995, aussitôt après la victoire de Jacques Chirac Mais peu à peu son déclin est apparu inélucta- gnie prêtait aux actionnaires 2 500 livres par action de 500 livres au taux Ville par Jacques Chirac en 1977 a offert au à l’élection présidentielle, elle a donné à la gau- ble. de 2 %. Chaque détenteur d’une action pouvait donc souscrire à cinq futur président de la République une utile base che six arrondissements sur vingt. Elle pourrait, Dans les années 60 en particulier, les transfor- autres à un faible taux d’intérêt ! de repli face à Valéry Giscard d’Estaing puis à en 2001, rompre avec une tradition centenaire mations de la capitale ont eu pour conséquences Dans un premier temps (janvier-février 1720), Law essaye d’empêcher François Mitterrand. De sorte que « la vie politi- en mettant fin au long règne de la droite. d’importants changements démographiques. la conversion des actions en ces espèces sonnantes et trébuchantes qu’il que à Paris ne relève pas seulement de l’histoire C’est en 1900, en effet, il y a un siècle, que cel- « La part des ouvriers par rapport à l’ensemble de avait voulu bannir du circuit des échanges avec son papier-monnaie. Le locale, mais également de l’histoire politique le-ci, sous l’impulsion de la Ligue de la patrie la population active, rappellent les deux histo- Régent lui-même avait gaffé en déclarant devant l’assemblée générale de nationale », comme le soulignent justement française, a repris la ville à la gauche. Ce fut «un riens, passe de 30,4 % au recensement de 1954 à la Compagnie qu’il fallait toujours considérer que l’action valait Yvan Combeau et Philippe Nivet en conclusion coup de tonnerre dans le paysage parisien », 26,1 % au recensement de 1968 et à 22,2 % au 10 000 livres, ce qui ne fit qu’exciter la méfiance ! Dès lors, un arrêté est de leur Histoire politique de Paris au XXe siècle. notent les auteurs, qui expliquent comment recensement de 1975. » Elle est de 19,7 % en 1982 pris pour limiter non seulement la détention et l’usage des espèces, mais C’est parce que l’Etat a toujours redouté que « l’unité des conservateurs, des nationalistes et des et la baisse continue dans les années suivantes. aussi la production d’objets d’or et d’argent, et même le port des dia- Paris n’abuse de sa puissance qu’il lui a long- républicains modérés autour de la « défense des Les socialistes ont bénéficié de ces évolutions mants et des bijoux précieux. Les transferts de fonds à l’étranger sont, temps refusé un statut d’autonomie municipale, couleurs du drapeau français » et de l’armée sociologiques, devançant le PC et disputant aux bien sûr, interdits. Tous les paiements au-dessus de 100 livres doivent à l’égal des autres villes de France. Il a fallu atten- [fédéra] les diverses candidatures municipales hos- gaullistes, avec un succès croissant, l’électorat être effectués en billets de banque. C’était instaurer avant la lettre le régi- dre 1975 pour qu’il accepte de lui rendre le droit tiles à la majorité radicale sortante ». Il est vrai des cadres et de ce qui reste des ouvriers et des me du cours légal et forcé – une nouveauté pour l’époque, une banalité de désigner un maire. « La capitale, en voie de que la gauche, battue en sièges, ne le fut pas en employés. L’arrivée de Jacques Chirac à la Mai- aujourd’hui – évidemment la dernière chose à faire pour rétablir la con- déprolétarisation, ne fait plus peur, commentent voix et que, quatre ans plus tard, elle reprit la rie de Paris a brisé l’élan pris par la gauche au fiance. Le public tourne la réglementation ; délaissant les bijoux, il se les deux auteurs. Ses électeurs renforcent les majo- direction du conseil municipal. Mais ce ne fut début des années 70, notent les auteurs. Après reporte sur les objets d’art en or et en argent. Nouvelle riposte des autori- rités conservatrices, ils ne les défont plus. » Valéry qu’un sursis : en 1909, la victoire de la droite fut son départ de l’Hôtel de Ville et les difficultés tés : les joailliers ne doivent ni fabriquer, ni exposer, ni vendre un objet Giscard d’Estaing, qui fut à l’origine de ce nou- confirmée, et l’Hôtel de Ville devint un de ses qui accompagnent sa succession, la chance peut en or d’un poids supérieur à une once. Les objets religieux n’étant pas veau statut, ne pensait pas, il est vrai, que Jac- plus solides bastions. Il l’est resté tout au long enfin tourner. soumis à l’interdit, le public se rue sur crucifix, calices, patènes, bagues épiscopales. D’où un nouvel arrêté fixant à 500 livres la valeur des objets de culte à la disposition de chaque ecclésiastique. Pour les contrevenants, confiscation de l’ensemble des matières d’or et d’argent trouvées en leur RELIGION possession. Deuxième temps (mars 1720) : la confiance n’étant toujours pas reve- b par Henri Tincq Les papes des contraires nue et pour cause, on fixe le prix des actions de la Compagnie à 9 000 livres, un bureau de conversion étant institué pour assurer l’échan- documentation, le Pie IX d’Yves Chiron, qui vient Benigni, vice-postulateur de la cause de béatifica- ge des actions contre des billets à ce prix. Ce qui entraîna évidemment un LE BON PAPE JEAN d’être réédité, réussit le double pari de restituer le tion, également disparu en mai dernier. branle accéléré de la planche à billets : entre le 5 mars et le 21 mai, la mas- de Mario Benigni et Goffredo Zanchi. souvenir d’une personnalité oubliée, celle du Ces deux ouvrages contribuent à la légende du se de papier-monnaie passa de 1,1 milliard à 2,7 milliards de livres. Du Albin Michel. 385 p., 145 F (22,10 ¤). pape Mastaï-Ferretti, et d’une époque troublée bon pape Jean : l’ancien nonce mal classé, devenu Tot prétend que Law aurait été contraint de prendre cette mesure calami- entre toutes avec la révolution de 1848, l’unifica- patriarche de Venise qui, le jour de son élection (à teuse, ce dont on peut douter. JEAN XXIII, LE PAPE DU CONCILE tion italienne, l’affrontement de la France républi- soixante-dix-sept ans !), fit pleurer de rage les ama- Troisième temps (21 mai 1720) : pour mettre fin à cette folie monétaire, de Peter Hebblethwaite. caine et de l’empire prussien, l’éclosion des idées teurs de changement après le règne, long et glacial, on prend un arrêté qui réduit de moitié la valeur du billet et de cinq neu- Traduit de l’allemand par Joseph Feisthauser, nouvelles – libéralisme, socialisme, scientisme, laï- de Pie XII ; le pape « de transition » qui convoque, vièmes celle des actions. Le système se dévalorise de lui-même dans l’im- Bayard, 598 p., 170 F (25,92 ¤). cisme – dans lesquelles Pie IX voit autant de à la surprise du monde et à la colère de la Curie, un provisation. Mais le discrédit va plus vite encore. En juin des scènes menaces mortelles pour son Eglise. concile œcuménique, initiative préparée de longue d’émeute se déroulent aux guichets de la Banque, rue Quincampoix, où la PIE IX, PAPE MODERNE De ce pontificat de trente-deux ans, le plus long date par cet homme d’origine paysanne, un peu foule se presse pour réclamer le remboursement du papier en espèces. d’Yves Chiron. de l’histoire, il ne fallait pas attendre un jugement balourd, bavard et plein d’humour, qui, toute sa vie, L’étonnant est que le « systême » ait survécu à lui-même encore quel- Ed. Clovis. 525 p., 125 F (19,06 ¤). critique dans le livre d’Yves Chiron, historien pro- aura cherché à comprendre le monde et les gens. ques mois jusqu’à la fuite de Law le 14 décembre 1720. che des milieux traditionalistes. Provocateur, Voudrait-on expliquer comment la même Eglise a double béatification à Rome, diman- l’auteur fait même de Pie IX l’archétype du pape a pu prêcher la plus austère résistance aux idées libé- (1) Antoine E. Murphy, 1996, John Law : Economic Theorist and Policymaker, che 3 septembre, de deux papes, Pie IX « moderne », sans doute par l’époque qu’il incar- rales et inviter les fidèles à dialoguer avec la moder- Oxford, Oxford University Press. (1846-1878) et Jean XXIII (1958-1963), ne plus que par le fond d’une doctrine qui, au con- nité qu’il faut relire les deux derniers conciles : Vati- L fait le bonheur des historiens et des édi- traire, reste désespérément immobile. Du fameux can I, celui de Pie IX, et Vatican II, celui de Jean teurs. Peu de papes à l’époque moderne sont Syllabus (1864) au premier concile du Vatican XXIII. Vatican I est convoqué, rappelle Paul Christo- vénérés sur les autels. A année exceptionnel- (1870), le pontificat de Pie IX est celui du combat phe, pour condamner les hérésies de l’époque le – celle du Jubilé de l’an 2000 –, geste rarissime ; contre la modernité, pour le maintien de la souve- moderne, raffermir la discipline ecclésiastique, orga- Passage en revues deux papes seront proclamés bienheureux le raineté temporelle du siège romain, pour la défen- niser un culte universel autour du pape « infailli- b Le Mâche-Laurier et Nu(e) même jour. Et geste politique : pour faire passer se de la « primauté universelle » et de l'« infaillibi- ble ». Vatican II est voulu par Jean XXIII comme le Les revues vivent et meurent. On regrette certaines, moins d’autres. L’annon- la « pilule » Jean XXIII, le plus grand novateur du lité » de la papauté. Ces actes pèsent aujourd’hui premier, dans l’histoire de l’Eglise, qui n’aura préci- ce, en tête du dernier numéro du Mâche-Laurier (13/14, juin 2000), de la cessa- catholicisme depuis la Réforme, les stratèges du encore sur l’image et la vie de l’Eglise. La lecture sément rien, ni personne à condamner. C’est le con- tion de la parution laissait le sentiment d’une injustice, d’une fin précipitée, Vatican n’ont trouvé de mieux que d’associer à des ouvrages de Paul Christophe sur le Syllabus et cile d’un pape qui ouvre ses bras aux « frères sépa- avant que toute la tâche soit accomplie. Fort heureusement, nous avons su son nom celui de Pie IX, « modèle » du pape antili- le concile Vatican I rappelle l’incroyable aveugle- rés » du protestantisme et de l’orthodoxie, aux qu’un délai était accordé, que quelques malheureux francs publics étaient déblo- béral et « intransigeant » du XIXe siècle. ment de Pie IX sur son époque et montre le che- juifs, aux non-croyants. Qui érige en principe la qués, bref, qu’on continuait. Félicitons-nous donc de la (sur)vie de cette excel- Le principal danger est celui du manichéisme, min parcouru depuis. liberté de religion et de conscience. Qui encourage lente et conséquente revue de poésie qui trouve place toute désignée parmi ces de l’opposition entre le « bon pape » Jean XXIII, Mais pour se convaincre que l’Eglise catholique le chrétien non plus à combattre la société moder- grandes aînées qui ont connu leur heure de gloire : L’Ephémère ou Argile.Au celui de l’aggiornamento de l’Eglise et du concile a plus changé en un siècle que dans les dix-neuf ne, mais à s’y engager. sommaire de ce numéro, signalons la présence de Cédric Demangeot, Pierre (1962-1965), et le « méchant » Pie IX, le pape de la qui l’ont précédé, il faut lire les deux dernières bio- Lafargue, Bernard Vargaftig, James Sacré, Serge Wellens, une étude sur André plus ardente réaction à la révolution nationale, graphies consacrées à Jean XXIII. Celle, monumen- e On lira aussi, au Cerf, Le Syllabus de Pie IX, de Frénaud… (éd. Obsidiane, 11, rue André-Gateau, 89100 Sens, 120 F [18,3 ¤]). démocratique et philosophique du dernier siècle. tale, de Peter Hebblethwaite, vaticaniste anglais, Paul Christophe et Roland Minnerath (105 p., 70 F La sobre revue Nu(e) consacre un important cahier à Yves Bonnefoy, qui Les ouvrages qui sortent sur ces deux figures ont aujourd’hui décédé, qui est la référence absolue, [10,67 ¤]), Le Concile Vatican I, de Paul Christophe s’ouvre sur un entretien du poète avec Béatrice Bonhomme, directrice avec le premier mérite de rapporter la complexité de rééditée chez Bayard, et celle, plus intimiste, écrite (165 p., 110 F [16,76 ¤]). Et chez Salvator, Béatifiés Hervé Bosio de cette publication qui en est à son onzième numéro (29, avenue leurs itinéraires et de montrer que la caricature est par deux historiens du diocèse de Bergame d’où du jubilé de l’an 2000, de Daniel Moulinet (203 p., Primerose, 06000 Nice). P.K. toujours mauvaise conseillère. Par son abondante était originaire le pape Roncalli, dont Mgr Mario 89 F [13,56 ¤]). essais LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 / XI b Robert Badinter l’abolitionniste Il y eut, le 24 novembre 1972, l’exécution de Buffet et Bontems. Puis, en juillet 1976, celle de Ranucci. Enfin, le 30 septembre 1981, la noire décennie s’achevait. Après un discours mémorable du garde des sceaux à l’Assemblée, l’abolition de la peine de mort était votée. Vingt ans après, l’avocat retrace son combat

out le monde sait qui est qu’on le lui demandait depuis derrière moi. “Le mort saisit le vif”, tion, j’avais cette obsession : “Les qu’ils ne risquaient plus leur tête. qu’elle n’était pour lui qu’un Robert Badinter. Grand longtemps. « Ce ne sont pas des dit un vieux brocard juridique. Ce jurés ne se laisseront pas convain- En revanche, si Giscard avait été point d’orgue. Il se rappelle qu’on avocat, puis ministre de Mémoires, mais c’est un retour sur jour-là, dans ce box, derrière moi, cre, ça va recommencer, je vais élu, il aurait fallu continuer, conti- « a parlé de dernière plaidoirie au T François Mitterrand le passé. Comme beaucoup de l’un était devenu l’autre. Sans dou- retourner à la Santé dans la cellule nuer… Ce livre est dédié à Mit- sujet de [son] discours ». « Cela avant de devenir président du sujets, du présent et de l’avenir, me te l’avocat général, en prononçant des condamnés à mort”. J’avais terrand. Et c’est mérité. Quand il a n’avait pourtant rien à voir avec la Conseil constitutionnel. Désor- passionnent, je n’avais pas vrai- le nom de Bontems dans son réqui- sans cesse cette hantise, cette obses- dit à la télévision, en pleine campa- passion qui m’animait dans les pro- mais sénateur et expert consulté, ment envie d’y revenir. Et puis, en sitoire, avait-il rouvert cette plaie sion, cette angoisse de la mort. J’ai gne présidentielle, sa conviction, cès où se jouait la vie de celui que écouté, intervenant dans la pres- sortant d’un séminaire à Paris-I, de culpabilité que je portais, secrè- essayé dans le livre de le faire sen- qui risquait de lui faire perdre les je défendais. Cependant, lorsque se. Ayant des idées très nettes sur des étudiants m’ont dit : “Nous avi- te, en moi. Et, puisqu’il en avait tir. » voix nécessaires à la victoire, j’ai pris la parole à de ce que doit être la République. Il ons cinq ans quand vous avez fait parlé, j’en parlai à mon tour. « Mon combat, c’était la peine c’était très courageux. Pour lui l’Assemblée, j’ai eu un moment n’est pas favorable à la parité voter l’abolition, alors cela va de » Je rappelai la guillotine et le de mort… C’était… l’inacceptable. c’était là une dimension morale de d’émotion très intense. Je n’aurais hommes–femmes en politique, soi.” J’étais stupéfait. Cela m’a rituel de mort derrière les hauts Avant l’affaire Buffet-Bontems, la gauche. Il fallait abolir. Il n’en jamais pensé, lorsque j’allais plai- pas plus qu’au processus proposé piqué au vif, et j’ai commencé à murs, sous le dais noir. » j’étais un partisan de l’abolition, parlait pas volontiers. Mais c’était der dans ces cours d’assises, que ce par Lionel Jospin pour la Corse. écrire le livre. Mes dossiers s’étant A partir de là, Robert Badinter comme la plupart des avocats de évident. Et quand la question lui a serait un jour moi qui, devant le Ce n’est pas en raison de tout égarés pour la plupart, j’ai rassem- allait défendre les condamnés à mon âge, mais je n’étais pas, com- été posée, il n’a pas éludé, ni biai- Parlement, prononcerais ces paro- cela qu’il est pour certains un blé des extraits de presse. Ce qui mort qui devaient être rejugés me certains, un militant de la cau- sé. Il a parlé clairement. Ferme- les magiques : “J’ai l’honneur, au héros, pour d’autres un ennemi m’a permis de mesurer à quel – la Cour de cassation cassait se, du matin au soir. C’est après le ment, dignement. C’était pour moi nom du gouvernement de la Répu- définitif. C’est parce qu’il symbo- point les choses ont changé. A l’épo- presque systématiquement les procès Buffet-Bontems et leur exé- un grand moment de bonheur. » blique, de demander à l’Assemblée lise l’abolition de la peine de que, on accordait une importance, arrêts de condamnation à mort. cution que j’ai vraiment compris ce C’est ainsi qu’un après-midi de nationale d’abolir la peine de mort mort en France. Certes, l’élection inimaginable désormais, au débat C’est ce long et éprouvant par- que la peine de mort signifiait… septembre, non pas en robe d’avo- en France”. » de François Mitterrand à la prési- d’idées. C’est seulement il y a vingt cours qu’il retrace dans L’Aboli- Injustifiable. Inacceptable. S’y ajou- cat mais en costume de ville, le « Je me rendis au jardin du dence de la République, en mai ans… De nos jours, on ne donne- tion, en un récit prenant, étrange, tait autre chose qui était en moi ministre de la justice allait faire Luxembourg (…). Je pensais à tout 1981, garantissait la fin de la rait nulle part autant de place aux bouleversant parfois. Une affaire latent… Un rapport à la mort. C’est un discours mémorable au Palais- ce qui était advenu », écrit-il à la guillotine, celui-ci l’avait affirmé entretiens que j’ai retrouvés, avec très personnelle, même si l’aboli- ce qui a fait que l’homme introverti Bourbon. Depuis des heures le dernière page de L’Abolition, pendant sa campagne, bien que Michel Foucault, avec d’autres tion a rassemblé, pendant des que je suis devenais dans ces occa- public faisait la queue pour assis- quand celle-ci vient d’être votée l’abolition fût peu populaire dans intellectuels. » années, des militants. Le combat sions-là, pour ces plaidoiries où il ter à ce moment historique. Les par les deux Assemblées, « puis le pays. Mais c’est Robert Badin- Qu’on n’attende pas pour de Robert Badinter avec la mort, s’agissait d’arracher un homme à lettres d’injures, les menaces de rentrai chez moi, le long des allées. ter, alors garde des sceaux dans le autant une étude sur le sujet. Ni avec une idée, avec lui-même. la mort, quelqu’un d’“autre”. Ce mort avaient afflué place Vendô- C’était fini, la peine de mort. » deuxième gouvernement de Fran- un historique : « Je ne crois pas Quelque chose d’une possession, n’était pas le métier d’avocat. me. Robert Badinter avait l’habi- Josyane Savigneau çois Mitterrand, qui est monté à qu’on puisse être l’historien de sa d’un enjeu quasi mystique. » Après l’élection de Mitterrand, tude. Et au moins, cette fois-ci, la tribune de l’Assemblée nationa- propre histoire, précise Robert « Cette période, spécialement les je n’étais pas encore garde des ses services lui avaient épargné la (1) Grasset, 1973, rééd. Fayard, 1998 le, en septembre 1981, pour Badinter. Et je préférais, pour que années 76-81, est un moment cons- sceaux – je suis entré dans le lecture des insultes. Il en avait eu (Le Livre de poche, no 3454). demander au Parlement de voter ce soit mieux perçu, raconter ces tamment marqué, pour moi, par deuxième gouvernement – mais je son content comme avocat. Dans (2) Ramsay, 1978, rééd. Fayard, 1994 l’abolition. Ce jour-là, ce quinqua- événements de l’intérieur, tels que l’angoisse de mort, se souvient-il. savais que l’abolition était acquise. l’Hémicycle, l’atmosphère était à (Le Livre de poche, no 5463). génaire élégant, sec, éloquent a je les avais vécus, plutôt que de fai- A chaque fois que j’allais plaider, Alors j’ai renvoyé des dossiers que la solennité. Robert Badinter, concentré sur lui les sentiments re une histoire de l’abolition, que pour ces hommes qui avaient été je devais plaider. Je n’avais plus dans son livre, est très rapide sur L’ABOLITION les plus opposés ; d’un côté la hai- d’autres feront. » condamnés à mort une première aucune raison de le faire. Ces hom- ce moment, très peu lyrique sur de Robert Badinter. ne, le mépris, voire le désir de ven- Il faut lire ce texte, écrit avec fois et qu’on rejugeait après cassa- mes avaient des avocats et je savais cette victoire. Sans doute parce Fayard, 328 p., 134 F (20,43 ¤). geance de ceux pour qui la peine retenue et passion à la fois, en se de mort est un châtiment justifia- laissant porter par l’émotion – si ble ; de l’autre l’admiration, le res- l’on a été abolitionniste, bien sûr, pect, l’émotion de ceux qui atten- sinon on doit être plutôt irrité –, daient ce moment depuis si long- en se remémorant ce que fut la temps, dans ce pays qui allait être décennie judiciaire 70, avec son l’un des derniers en Europe à cortège de condamnations à la l’abolir. Ceux-là avaient parfois peine capitale et plusieurs exécu- précédé l’engagement militant de tions. En particulier celle de Chris- Robert Badinter et l’avaient tian Ranucci – le 28 juillet 1976 –, accompagné ensuite, lui qui à par- un jeune homme dont le cas tir du milieu des années 70 plai- demeure obscur, comme l’a mon- dait, systématiquement, pour les tré l’enquête de Gilles Perrault, hommes qui « risquaient leur Le Pull-Over rouge (2). Pour tête », comme on disait alors. Robert Badinter, l’exécution de b extrait « Il n’y a rien, dans ma vie professionnelle, que j’aie autant aimé qu’un grand procès d’assises. Parce qu’on connaît les rites, les personnages, la matière du drame, mais qu’on ignore l’essentiel : le dénouement. (…) L’audience, c’est la mer, pour l’avocat d’assises : toujours imprévi- sible, parfois périlleuse. Ne demandez pas au marin pourquoi il aime l’océan. Il l’aime, voilà tout, c’est sa passion, son élément, sa vie. De même, l’avocat aime l’audience pour les bonheurs qu’elle lui dispense, les épreuves qu’elle lui réserve, et même l’angoisse qu’il ressent quand la fortune judiciaire l’abandonne. L’audience criminelle est pour lui comme le champ clos des tournois, le carré éblouissant du ring, le lieu magique de la souffrance, de la gloire et parfois aussi de la défaite. A l’époque et dans les procès que j’évoque, c’était la vie même de l’ac- cusé qui était l’enjeu. La mort était présente dans la salle d’audience de la cour d’assises comme dans les arènes de Séville. “L’avocat ne mérite pas l’habit de lumière, disait mon maître, enfant du Sud-Ouest et grand amateur de corridas (que je réprouvais pour ma part). Il est tout au plus bon à porter le deuil de son client. D’ailleurs, il est déjà prêt, dans sa robe noire !” Et il ajoutait en souriant de l’excès du pro- pos : “Tandis que l’avocat général, lui, mérite bien sa robe rouge : elle est couleur de sang.” » (L’Abolition, pages 184-185.)

Qu’on l’aime ou non, ce Robert Ranucci « demeure inexplicable. Il Badinter-là est assez bien identi- avait vingt-deux ans quand on l’a fié. Cependant, il en existe un guillotiné. Il y avait des doutes sur autre, plus secret, introverti, qui sa culpabilité. Il n’avait jamais eu fut peut-être, un temps, presque affaire à la justice auparavant. Je inconnu de lui-même et s’est révé- ne comprends pas pourquoi Gis- lé le 24 novembre 1972, à l’aube, card a pris cette décision. Mais, à dans la cour de la prison de la San- partir de ce moment-là, il était cer- té, à Paris. On y guillotinait deux tain que Giscard allait continuer à hommes : Claude Buffet et Roger laisser fonctionner la guillotine. Bontems, responsables d’une pri- L’exécution de Ranucci marque un se d’otages meurtrière, en septem- moment terrible. Par elle, Giscard bre 1971, à la centrale de Clair- fermait le chemin de l’abolition, vaux. Robert Badinter était l’avo- mais il ouvrait la voie à d’autres cat de Bontems. A Troyes, en juin exécutions. Dans le septennat de 1972, la cour d’assises avait recon- Giscard, c’est une page noire. » nu que le meurtrier était le seul Et puis, en janvier 1977, contre Buffet et que Bontems n’avait toute attente, la cour d’assises de jamais « donné la mort ». Pour- l’aube condamnait Patrick Henry, tant, ce dernier avait été lui aussi kidnappeur et meurtrier d’un condamné à mort et on allait enfant, à la réclusion criminelle à l’exécuter. perpétuité. L’avocat général, bien Robert Badinter n’a jamais pu sûr, avait requis la mort. Le défen- oublier ce petit matin-là, cette seur qui avait arraché le jeune injustice – guillotiner quelqu’un homme à la guillotine était qui n’a tué personne –, cette bles- Robert Badinter. « De sa plaidoi- sure. Pour que d’autres s’en sou- rie, lorsque l’avocat ne l’a pas écri- viennent, il en a fait le récit dans te pour la lire comme un sermon un livre très troublant, simple- en chaire, relève-t-il dans L’Aboli- ment titré L’Exécution (1). Ceux tion, de sa plaidoirie lorsqu’elle a qui ont lu ce texte ont compris jailli comme si un autre s’était subs- qu’il y avait en Robert Badinter titué à lui et l’emportait là où il une autre personne que celle pensait ne jamais aller, vers un d’une « belle carrière », avec ce soleil noir, l’avocat ne conserve que cela suppose d’âpreté. que des impressions. Elles se figent C’est ce même homme qui ensuite en souvenirs. publie aujourd’hui L’Abolition.En » De ces moments, à Troyes, quelque sorte une suite de L’Exé- dans la salle de la cour d’assises où cution. « Avant de me mettre à je plaidai pour Patrick Henry, écrire, dit-il, j’ai relu L’Exécution. demeure vivante en moi cette Je voulais retrouver le rythme du impression singulière que je ne récit, qu’il y ait une continuité défendais pas seulement la vie de dans l’écriture pour montrer qu’il y Patrick Henry, mais, à nouveau, avait eu une continuité dans mon celle de Bontems. Tout ce que je parcours. » Ce livre, pourtant, il n’avais pas su dire pour lui jaillis- ne voulait pas l’écrire, alors sait à présent pour cet autre, assis XII / LE MONDE / VENDREDI 1er SEPTEMBRE 2000 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Gallimard perd son directeur général Hélène Amalric b Goncourt et Femina font la paix. Après les mots aigres-doux échangés en 1999 par les membres La rupture avec l’éditeur électronique Bibliopolis provoque le départ de Pierre Cohen-Tanugi du Masque à J’ai lu des deux plus anciens prix littérai- res français, l’Académie Goncourt a nouvelle n’est toujours un exemple récent de la diversifica- avait commencé à préparer les pro- dé un audit de la situation de irectrice littéraire du et le jury Femina ont annoncé mer- pas officiellement confir- tion de la maison, même si les pro- jets de Gallimard numérique, qui, Bibliopolis, qui n’a pas préconisé Masque, Hélène Amal- credi 30 août un accord pour que, mée chez Gallimard où jets tardent à voir le jour (lire outre Bibliopolis, devait inclure l’opération. ric a été nommée direc- « désormais, chacun des deux jurys l’on garde le silence, mais ci-dessous). les activités de CD-ROM et les gui- Un conseil d’administration de trice générale adjointe soit, en alternance, le premier à c’estL devenu un secret de Polichi- Peu après le Salon du livre, Galli- des de voyages. Sans doute Pierre Gallimard, où Madrigall est majori- Den charge de l’éditorial de J’ai Lu, décerner son prix ». Le Goncourt nelle. Le directeur général, Pierre mard frappait un grand coup en Cohen-Tanugi s’est-il laissé sédui- taire, l’a rejetée. Le 15 juin, Antoi- la filiale poche de Flammarion. Sa sera décerné lundi 30 octobre Cohen-Tanugi, quitte la rue Sébas- annonçant le rachat de la maison re par les sirènes de la nouvelle ne Gallimard a dénoncé les nomination intervient après le (comme le prix Renaudot) et le tien-Bottin, comme la rumeur l’an- d’édition électronique, Bibliopo- économie. Antoine Gallimard l’a accords. Les tentatives de concilia- départ des deux directrices litté- prix Femina lundi 6 novembre (en nonçait depuis le mois de juillet lis, et la création d’une filiale Galli- brutalement rappelé aux réalités tion avec Bibliopolis ont échoué et raires, Marion Mazauric, qui a même temps que le Médicis). après la rupture des accords avec mard numérique (« Le Monde des de l’édition en juin. Gallimard a curieusement laissé le fondé sa maison d’édition, Au dia- « L’an prochain, cet ordre sera l’éditeur électronique Bibliopolis livres » du 28 avril). Le catalogue Entre mars et juin, le vent a com- soin à son adversaire d’annoncer ble Vauvert (« Le Monde des inversé et ainsi de suite », poursuit (Le Monde du 14 juillet). Entré le plus prestigieux de la littérature mencé à tourner pour les valeurs la rupture, en des termes très criti- livres » du 9 juin), et Béatrice le communiqué, qui précise que chez Gallimard en 1991, Pierre française prenait pied dans les de la nouvelle économie. Antoine ques à l’égard de Gallimard et de Duval, qui rejoint le groupe « les dates de proclamation sont Cohen-Tanugi faisait partie du médias du XXIe siècle. L’opération Gallimard présentait l’opération son PDG, dont il conteste la « déci- Havas-Vivendi pour prendre en légèrement avancées afin d’offrir au trio de direction de la maison de la proposée par Natexis et la Caisse comme un moyen de prendre pied sion inspirée par des considérations charge Fleuve noir. Dans les faits, livre primé une période de vente un rue Sébastien-Bottin, avec Antoi- personnelles »et«liée à de graves Hélène Amalric prend la succes- peu plus longue dans les semaines ne Gallimard, le PDG, et la directri- Bayard Jeunesse et Gallimard dissensions au sein des éditions Gal- sion de Jacques Sadoul, célèbre qui précèdent les fêtes de fin d’an- ce éditoriale, Teresa Cremisi. Le Près d’un an après son annonce officielle, en octobre 1999, qu’en limard ». Bibliopolis fait allusion directeur éditorial qui avait quitté née ». En 1999, l’Académie Gon- départ de Pierre Cohen-Tanugi est est-il de la mise en œuvre concrète du rapprochement Gallimard- aux rapports entre Antoine Galli- ses fonctions au début de l’année court avait avancé l’annonce de provoqué par un désaccord straté- Bayard Jeunesse ? Sur le plan logistique, les deux maisons disposent mard et Pierre Cohen-Tanugi : les 1999. son prix, attribué à Je m’en vais de gique sur l’avenir de l’entreprise, désormais d’une diffusion commune. Sur le plan éditorial, en revan- rapports entre les deux hommes A son départ, le poste de direc- Jean Echenoz (Ed. de Minuit), en entre Antoine Gallimard et son che, il semble plus difficile que prévu de trouver des synergies en con- n’étaient pas toujours simples ; la teur littéraire avait été divisé apprenant que le jury Femina s’ap- directeur général, à propos de la juguant les deux cultures. La démission, à la mi-juin, de Franck confiance d’Antoine Gallimard entre les deux femmes qui n’affi- prêtait à couronner le même livre. création d’une filiale dans le numé- Girard, venu du groupe Havas pour assurer la direction du développe- s’est effectivement effritée sur la chaient pas la plus parfaite enten- Les dames du Femina avaient répli- rique, à laquelle le PDG a renoncé. ment, de la coordination éditoriale et du marketing de la co-entrepri- gestion de ce dossier. te. Au Masque depuis 1983, Hélè- qué en traitant de « gaminerie » Pierre Cohen-Tanugi était un se, reflète, selon lui, ces difficultés. « Chemin faisant, j’ai découvert que De fait, Antoine Gallimard a bel ne Amalric a contribué avec l’initiative du Goncourt. homme de l’ombre. Il s’occupait mettre les deux marques sur un produit n’était pas si facile, explique et bien changé d’avis et a préféré Michel Averlant à dépoussiérer bHouellebecq, Dantec et Volodi- des chiffres, sans état d’âme, ce Franck Girard. Chacune a une image si forte que j’en revenais toujours ne pas entraîner son entreprise l’image de la célèbre collection ne en musique. Ce sera l’un des qui ne lui valait pas que des amis à m’interroger sur la pertinence de coller les deux noms. » Pour l’ins- dans une aventure qu’il a jugée policière, en créant une collection concerts les plus « tendances » de dans la maison. Arrivé sous le tant, aucun projet portant un label commun n’a encore vu le jour, et trop risquée. Selon les uns, il s’agit de livres en grand format. L’édi- l’automne. Michel Houellebecq, regard bienveillant des banquiers des incertitudes pèseraient sur le devenir du projet de portail Internet d’une occasion gâchée, d’autres teur d’Agatha Christie a su profi- Maurice G. Dantec et Antoine et des actionnaires, il a aidé Antoi- pour les 8-13 ans, Magado, au sein de la co-entreprise. Fl. N. estiment qu’Antoine Gallimard a ter du renouveau des romans à Volodine seront sur la scène de la ne Gallimard, après l’épineuse pris une sage décision. De nom- énigme anglo-saxons, représen- Cigale, le 16 octobre à Paris, dans période de la succession et des des dépôts permettait en outre de « dans ces nouvelles activités sans breux salariés, chez Gallimard, tés par Ruth Rendell ou P.D. un concert organisé par le webma- conflits avec ses frères et sœurs réorganiser le capital pour que la que le coût financier en soit trop sont ébranlés par cette nouvelle James. C’est Le Masque qui a gazine Chronicart.com. L’auteur qui a défrayé la chronique et failli holding familiale, Madrigall, aug- important ». Mais les investisse- qu’ils ont apprise par les couloirs : publié pour la première fois la des Particules élémentaires sera coûter à la maison son indépen- mente son contrôle sur la maison ments dans le numérique sont loin ils déplorent l’absence d’informa- romancière américaine Patricia accompagné par le groupe électro- dance, à réorganiser et redresser mère. Dans l’euphorie des valeurs d’être négligeables, alors que les tions internes. Gallimard n’aban- Cornwell, partie ensuite chez Cal- nique Zend Avesta, celui de La Sirè- l’entreprise. Gallimard s’est Internet, la filiale envisageait une revenus de ce nouveau secteur donne pas pour autant sa volonté mann-Lévy, autre filiale du grou- ne rouge, « porté par la musique modernisé, tout en conservant entrée en Bourse à la fin de l’an- sont encore improbables. Natexis de développement numérique. pe Hachette. Hélène Amalric froide et élégante de Richard Pin- son prestige. Autre homme-clé du née, pour financer ses développe- et la Caisse des dépôts étaient L’accord avec Bibliopolis lui per- devrait prendre ses fonctions pro- has, fondateur des courants Gallimard des années 90, Pierre ments. Des chiffres de valorisation prêts à investir une centaine de mettait de prendre quelques lon- chainement. Elle arrive chez J’ai électro-industriels », selon le com- Marchand a révolutionné le mon- de 400 à 900 millions de francs cir- millions de francs – à deux – dans gueurs d’avance. Après l’échec, lu, à un moment où la concurren- muniqué de Chronicart, tandis que de du livre pour la jeunesse en culaient alors. la nouvelle structure. Devant cer- l’éditeur retrouve le peloton des ce dans les poches est très sévère, Des anges mineurs fait l’objet France avant de partir chez Pierre Cohen-Tanugi a joué un taines réticences – la BNP n’était éditeurs français qui restent pru- marquée par une inflation des d’une adaptation de Denis Frajer- Hachette. L’accord avec Bayard rôle important dans le montage de guère enthousiaste – et à cause de dents, sinon timorés, face aux nou- enchères dans le domaine des man, « dans un oratorio décalé Presse dans ce secteur pour créer cette opération. Il devait prendre l’ampleur des financements, Antoi- velles technologies. droits. avec orchestre à cordes, danse con- une société commune à 50/50 est la direction de la nouvelle filiale et ne Gallimard a réfléchi et comman- Alain Salles A.S. temporaine et visuels hallucinés pour un spectacle total » (La Cigale, 120 bd Rochechouart, 75018 Paris, entrée : 130 F, tél. : 01-49-25-89-99). A L’ETRANGER b Eros et Thémis. Avocat et b bibliophile, Emmanuel Pierrat a PORTUGAL : José Saramago, de sa caverne Quelques Histoires littéraires Le romancier portugais José Saramago, Prix Nobel de littérature récemment lancé, chez Flamma- rion, une collection de livres éroti- 1998, vient de terminer son dernier roman, intitulé La Caverna (La ques. Sous une jaquette en rose ’érudition ne fait plus peur, l’érudition sait Outre les passionnantes « Etudes » et les « Docu- Caverne), qui devrait être publié en novembre au Portugal, et qui tendre, elle porte un nom devenu même être moderne, étonnante, drôle, polé- ments » inédits, plusieurs rubriques et chroniques met fin à ce qu’il appelle « une trilogie involontaire », après Tous les désuet, « L’Enfer » – celui-ci n’exis- mique : cela fait quelques bonnes nouvelles structurent la revue : « Les Loisirs de la poste » don- noms et L’Aveuglement (Seuil). b tant plus à la Bibliothèque nationa- pour les amateurs, qui, depuis le début de la nent à lire des lettres inédites (Mallarmé, D’Annunzio, ESPAGNE : guerre des prix le. Seront publiés là quelques Ldécennie, peuvent savourer la lecture d’une nouvelle Huysmans, Nerval, etc.), abondamment annotées ; la Au mois de juin, les libraires espagnols se sont élevés contre la curiosités littéraires et des docu- revue : Histoires littéraires… Les rédacteurs en chef, « Chronique de l’@ » recense avec clarté les sites créés décision du conseil des ministres autorisant des baisses de prix sur ments historiques. Les deux pre- Jean-Jacques Lefrère et Michel Pierssens, aidés par par des particuliers, des bibliothèques, des libraires, les manuels scolaires, favorisant ainsi les ventes en grandes surfa- miers titres sont un anonyme Jean-Paul Goujon et Jean-Didier Wagneur, organisent des institutions ; « Aux fonds » repère des fonds d’ar- ces. Pour la rentrée, les hypermarchés affichent des discounts anglais, publié sous le manteau à depuis trois ans déjà le sympathique Colloque des chives ; « En Société » feuillette les bulletins de socié- allant jusqu’à 25 %, alors que les librairies traditionnelles ne vont Londres en 1881 – Les Mémoires Invalides : une journée thématique, tout au long de tés de lecteurs et les revues spécialisées ; la « Chroni- que jusqu’à 10 % ou 12 %. A suivre donc, en gardant à l’esprit que d’une puce – et un texte un peu laquelle les orateurs se succèdent tambour battant que des ventes et des catalogues » commente le mar- le débat sur la gratuité des livres scolaires, en Espagne, est une sor- plus ancien (1843) et savoureux pour présenter, en un temps très court, qui un ché du « vieux papier » ; la rubrique des « Livres te de serpent de mer qui risque donc d’affleurer de nouveau. b d’Alexandre Dumas, Filles, lorettes moment peu connu de l’histoire littéraire, qui un écri- reçus » n’use pas de la langue de bois ; il y a même, GRANDE-BRETAGNE : un dictionnaire mode et moderne et courtisanes. Pour le lecteur vain tombé dans l’oubli ou de tout temps extrême- parce que cette érudition-là est objet de vifs débats, Le nouveau dictionnaire Penguin qui doit être publié courant sep- d’aujourd’hui, l’éditeur rappelle ment secondaire, qui le décryptage, le décodage d’une un « Courrier des lecteurs contents ou mécontents ». tembre a été mis à l’heure de l’Internet, des feuilletons télévisés, que les « lorettes » désignaient les œuvre (1)… Deux livraisons d’Histoires littéraires ont déjà paru. des groupes de rap ou du journalisme : on y trouvera, par exem- femmes qui évoluaient autour de Cette revue trimestrielle, qui a pour projet La troisième est sous presse, qui comportera, outre les ple, les définitions de e-commerce ou de zero tolerance, mais aussi l’église Notre-Dame-de-Lorette, d’« apporter des connaissances documentées sur la litté- rubriques habituelles, des études sur « le Procès du blairism ou thatcherism. Quant aux citations, on croisera des per- près du faubourg Poissonnière. rature des deux derniers siècles » et de « se faire l’inter- Chat noir », « Une polémique au Nain jaune entre sonnalités contemporaines comme Marylin Monroe, Woody Allen Viendront ensuite, des Lettres éroti- médiaire entre ceux qui y travaillent : professionnels de Alfred Delvau et Céleste Mogador », « Robert ou Eric Cantona. b ques de Mozart et un Catéchisme la recherche, érudits indépendants, collectionneurs et J. Godet, éditeur de Bataille, Michaux et Desnos », La biographie de Patrick O’Brian libertin à l’usage des filles de joie… curieux », ne se veut ni universitaire, ni cérébrale, ni « Quand Marguerite Yourcenar flirtait avec L’Huma », Les admirateurs du romancier Patrick O’Brian, décédé en janvier, b PRIX : La Société civile des esthète, ni théorique, ni institutionnelle, ni passéiste : mais aussi des textes inédits ou oubliés de Darien et et dont le New York Times disait qu’il était sans doute l’auteur des auteurs multimédia (SCAM) a cela fait beaucoup d’écueils évités pour arriver à con- Fénéon, un télégramme de Mallarmé à Souvarine, des meilleurs romans historiques jamais écrits, n’auront peut-être pas remis le prix Joseph Kessel à Gene- tenter quantité de chercheurs tous azimuts, de « lec- lettres d’Apollinaire à Gaston Picard… trop envie de lire la biographie que lui a consacrée l’écrivain améri- viève Moll pour Yvonne de Gaulle teurs-papier » invétérés, d’internautes et de rats de Claire Paulhan cain Dean King. On y apprend en effet que le créateur de la saga (Ramsay) et le prix François Bibliothèque nationale – l’espèce se perd, sem- navale de Jack Aubrey et Stephen Maturin n’avait pas d’ancêtres Billetdoux à Bernadette Chovelon ble-t-il… Place donc aux sujets improbables, rejetés e 32 avenue de Suffren, 75015 Paris. no 1 : 100 F. ; no 2: irlandais, comme il l’avait laissé croire, mais était le fils d’un méde- pour Dans Venise la rouge (Payot) des sommaires des autres revues d’histoire littéraire, 120 F. En vente, en particulier, à la librairie « Mouve- cin londonien d’origine allemande et qu’il a changé de nom après et à Jean-Claude Lamy pour La Bel- ou n’y figurant qu’à titre d’abstracts de travaux univer- ments », 46, rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris. son deuxième mariage (il s’appelait Russ) en 1945, pour tourner le le Inconnue (Le Rocher). Alain Jouf- sitaires : « Après avoir, pendant longtemps, fait le vide dos à son passé, qui comprenait une ex-femme et deux jeunes froy a reçu le prix Apollinaire, autour des grands auteurs condensés dans de grandes (1) Les éditions du Lérot (16140 Tusson) publient chaque enfants, avec qui il a rompu tout contact. Par ailleurs, il n’avait pas doté de 10 000 francs, pour C’est œuvres, la recherche littéraire veut maintenant mieux année les actes du Colloque des Invalides : déjà parus, Les fait partie des services secrets anglais pendant la guerre mais avait aujourd’hui toujours (Gallimard). saisir ce qu’elle excluait : auteurs prétendus mineurs, A-côtés du siècle, 1998 ; Les Ratés de la littérature, travaillé dans un département de propagande dans un bureau lon- Le prix Saint-Simon a été attribué genres douteux, avant-textes et soucis extra-littéraires. » 1999 ; Les Romans à clefs, 2000. donien. à Véronique Vasseur pour Méde- cin-chef à la prison de la Santé (Cherche-Midi). Le prix des traduc- teurs de la Fondation Hermann et René Rémond (Domaine de Journal français de psychiatrie Hesse de Calw (Allemagne) a été AGENDA Malagar, 33490 Saint-Maixant, organise un colloque sur décerné à Jean Malaplate, traduc- tél. : 05-57-98-17-17). « Faut-il juger et punir les mala- teur d’Hermann Hesse pour les édi- b DU 8 AU 10 SEPTEMBRE. b LE 9 SEPTEMBRE. POÉSIE des mentaux criminels ? », avec tions José Corti. Le Prix Pier- CINÉMA ET PREMIER HISPANIQUE. A Paris, la li- notamment Denis Salas, Henri re-François Caillé de la traduction ROMAN. A Chambéry (Savoie), brairie Nouveau Quartier latin Leclerc, Olivier Abel, Charles a été attribué à Nathalie Amargier la ville du Festival du premier propose une lecture bilingue de Melman, Jean-Michel Dumay, pour Le Pingouin d’Andreï roman organise « Le premier cinq poètes : Bernardo Schiavetta Maurice Peyrot, etc. (hôpital Kourkov. roman fait son cinéma », avec (Argentine), Porfirio Mamani Sainte-Anne, grand amphi- des projections de films (L’Affai- Macedo (Pérou), Ruben Bareiro théâtre, 100, rue de la Santé, re Marcorelle, de Serge Le Per- Saguier (Paraguay), Inocencio 75014 Paris, tél. : ron) et des rencontres avec des Gomez (Espagne), Luis del Rio 01-42-33-13-18). Rectificatifs cinéastes et des écrivains (Tan- Donoso (Chili) (à 16 heures, b DU 22 SEPTEMBRE AU Dans le « Le Monde des livres » du guy Viel, Prune Berge, Jean-Pier- 78, boulevard Saint-Michel, 27 OCTOBRE. DÉSERTS. A 25 août, le premier roman dont il re Gattegno, etc.) (237, carré 75006 Paris, tél. : 01-43-26-42-70). Paris, la Fondation Cartier pour était question dans le feuilleton de Curial, 73000 Chambéry, tél. : b DU 11 AU 18 SEPTEMBRE. l’art contemporain propose Pierre Lepape, Claude (Stock), est 04-79-60-04-48). STEVENSON ET CONAN DOY- avec la collaboration du CNRS, de Bruno Gibert et non Gilbert, b LES 8 ET 9 SEPTEMBRE. LE. A Cerisy-la-Salle, une déca- 17 conférences autour du thè- comme nous l’avons écrit par INTELLECTUELS. A Malagar de sur « Robert Louis Steven- me des « Visions des déserts ». erreur ; l’auteur d’Inconnu à cette (Gironde), la maison de Mauriac son et Arthur Conan Doyle : L’archéologue Bernard Geyer adresse (Autrement) est Kathrine accueille deux jours de débats aventures de la fiction » est ouvre le cycle, vendredi 22, avec Kressmann Taylor ; le prix de la autour des trois « M » d’Aquitai- organisée sous la direction de les « Richesses oubliées des nouvelle de Stephen King, Un tour ne : Montaigne, Montesquieu et Gilles Ménégaldo et Jean- déserts », suivi, lundi 25, de sur le bolide, parue au Livre de Mauriac (avec Anne-Marie Cocu- Pierre Naugrette (inscription et « La poésie amoureuse chez les Poche, est de 15 francs et non 10 ; la, Jean Lacouture et Alain Jup- renseignements : CCIC 50210 Touaregs », par l’ethnologue Enfin, c’est par erreur que nous pé) et au rôle des intellectuels Cerisy-la-Salle ; tél. : Dominique Casajus. Le calen- avons, dans l’Agenda, évoqué le aux XIXe et XXe siècles, avec 02-33-46-91-66 ; e-mail : drier est disponible à la Fonda- « Quintette d’Alexandrie » de Michel Winock, Jacques Julliard, [email protected]). tion (à 19 h 30, 261, bd Raspail, Lawrence Durrell : il s’agissait bien Christophe Charle, Régis b LES 16 ET 17 SEPTEMBRE. 75014 Paris, tél. : sûr du Quatuor d’Alexandrie. Debray, Jean-François Sirinelli CRIME ET FOLIE. A Paris,le 01-42-18-56-52).