TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE ROUEN REQUETE INTRODUCTIVE D’INSTANCE

POUR : 1) L’Association « Collectif PMF Agglo » Dont le siège est situé « Collège Pierre MENDES » 59, rue GRANDE 27100 VAL DE REUIL Prise en la personne de sa Présidente, Madame Stéphanie ROUSSELIN

2) Madame Jannick LEGER, Conseillère départementale 6, rue Marcel PICARD, 27690 LERY

3) La commune de POSES Prise en la personne de son maire, Monsieur Didier PIEDNOEL Domicilié es-qualité à la Mairie, 88 Rue des Masures, 27740 Poses

4) CONSEIL DEPARTEMENTAL DES PARENTS D’ELEVES DES ECOLES PUBLIQUES DE L’ –FCPE 27 Association loi de 1901 Dont le siège est 21, rue Molière, Immeuble Vercors, 27000 EVREUX Représentée par son Président, M. Denis SUIRE,

5) Madame Céline COUTINHO Demeurant 13, rue de l’Hélianthe, 27100 VAL DE REUIL

Madame Magali GAILLARD 5, rue Climuche, 27100 VAL DE REUIL

Madame Perrine CHASSIBOUD 28, rue du Lierre, 27100 VAL DE REUIL

Madame Erica DA COSTA MACHADO 14, Cour de l’Andelle, 27100 VAL DE REUIL

6) Madame Céline LEBOUC 10, rue des Peupliers, 27340 LES DAMPS

Madame Céline COULOMBEAU 18, route de l’Eure, 27340 LES DAMPS

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Madame Audrey GONORD et Monsieur Lionel COURTHEUSE 5, rue Monte au Ciel, 27340 LES DAMPS

Monsieur Romain BLEUZE 14, allée du Bois, 27340 LES DAMPS

Madame Magali ANFRY 15, allée des Pins, 27340 LES DAMPS

Monsieur Franck LECUISINIER 17, allée des Pins, 27340 LES DAMPS

Madame Virginie LANGLOIS 6, allée des chênes, 27340 LES DAMPS

Madame Christine ERIEAU et Monsieur Nicolas BOUSSOUTROT 4, allée des chênes, 27340 LES DAMPS

Madame Claudia HERNANDEZ 18, résidence les VAUGES, 27340 LES DAMPS

Madame Marjorie RENAULT 1, Allée des frênes, 27340 LES DAMPS

Mme DECELIER Virginie 1, rue des Clouets, 27340 Les DAMPS,

Monsieur Nicolas LEVALLLOIS 1, rue des Clouets, 27340 Les DAMPS

Madame Marion DEPINAY 14, allée du bois, 27340 Les DAMPS

Madame Virginie CHEVOLLEAU 9, impasse des camélias, 27340 Les DAMPS

Monsieur Christian HUIBAN 12, chemin des Haies, 27340 Les DAMPS

Monsieur Cyril LACAILLE 53 avenue Foret de Bord, 27340 Les DAMPS

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Monsieur Frédéric TRUCAS 18, résidence les Vauges 27340 Les DAMPS

Madame Claire PLACEAU 7 allée des Hêtres, 27340 Les DAMPS

Madame Fanny HAMELIN 1 rue du Val, 27340 Les DAMPS

Madame Caroline 28 allée des chênes, 27340 Les DAMPS

7) Madame Delphine MORIN 10 rue Georges BIZET, 27340 PONT DE L’ARCHE

Madame Estelle GUILLARD 10, rue Samson, 27340 PONT DE L’ARCHE

Monsieur Nicolas LEROUX 107, rue de l'Andelle, 27460

Représentés par : La Selarl ENARD-BAZIRE COLLIOU, Société d’Avocats inscrite au Barreau de ROUEN Immeuble le Bretagne, 57, Avenue de Bretagne 76100 ROUEN Tél : 02 72 88 21 11 -Fax 02 32 83 43 66 DEMANDEURS,

CONTRE :

Monsieur le Préfet de l’Eure Domicilié es-qualité à la Préfecture de l’Eure, Boulevard Georges Chauvin, 27000 Évreux DEFENDEUR,

EN PRESENCE DE :

Le Département de l’Eure Pris en la personne de son Président en exercice, M. Pascal Lehongre, Domicilié es qualité à l’Hôtel du Département, Boulevard Georges Chauvin, 27021 EVREUX Cedex

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SUR :

- Arrêté préfectoral du 12 décembre 2017 (Pièce n°11)

Le 8 février 2018

Mesdames et Messieurs les Président et Conseillers composant le tribunal Administratif de Rouen,

I – LES FAITS

I-1-Le Collège Pierre-Mendes France de Val-de-Reuil (27), d’une capacité de 600 places, accueille actuellement les élèves issus de plusieurs écoles primaires de Val-de-Reuil (les Dominos, le Pivollet, et Louise Michel) et ceux domiciliés sur les communes de Poses, de Tournedos-sur-Seine et Porte-Joie. Depuis 2011, le collège Pierre Mendès France comporte une antenne du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) et, depuis 2015, est labellisé « Collège numérique ». Il est intégré au réseau d’éducation prioritaire (REP). Pièce n°35 I-2- Lors de sa séance du 27 juin 2012, à l’occasion des discussions sur le programme pluriannuel d’investissement 2012-2022, le conseil départemental s’était fixé deux objectifs d’investissements pour le Collège Pierre Mendès-France à Val de Reuil : la construction d’un internat de 96 lits et la reconstruction d’un Collège de 400 places. Pièce n°2 I-3- Pourtant, lors de sa séance des 20 et 21 juin 2016, dans le cadre de la modification du programme pluriannuel d’investissement 2012-2020 (PPI), le conseil départemental de l’Eure a évoqué la fermeture de deux établissements publics locaux d’enseignement (EPLE) : le Collège Pablo Neruda à Evreux et le Collège Pierre Mendès-France à Val de Reuil. Pièce n°1 I-4- Le Conseil Départemental de l’Education Nationale (CDEN) a été consulté le 7 novembre 2017 sur les projets de resectorisations des secteurs d’Evreux et de Val-de-Reuil du fait de la fermeture envisagée des Collèges Pablo Neruda à Evreux et Pierre Mendès-France à Val-de-Reuil. Pièce n°12 A la convocation des membres du CDEN était jointe un document intitulé « nouvelle organisation de la carte des collèges de l’Eure- Rentrée 2018 », lequel comportait deux hypothèses de répartition des élèves du collège Pierre Mendes-France : l’hypothèse 1 en pages 45 et suivantes, l’hypothèse 2 en pages 55 et suivantes. Pièce n°7 Toutefois, c’est une hypothèse n°3, substantiellement différente des deux autres hypothèses, qui a été évoquée, pour laquelle une présentation sommaire a été diffusée en séance aux membres du CDEN. C’est précisément cette hypothèse n°3 qui a été retenue. Pièce n°6

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Il est précisé que les fédérations FCPE, PEEP, FO, UNSA et FSU de l’Eure ont fait une déclaration conjointe en demandant le maintien de ces deux collèges et en sollicitant notamment la communication des études d’impact préalables à tout projet de fermeture de collège. Pièce n°4 En l’absence de réponse du Département de l’Eure, les fédérations de parents d’élèves ont, par lettre conjointe en date du 20 novembre 2017, réitéré leur demande de communication des documents administratifs sur lesquels l’administration s’est fondée pour procéder à la resectorisation. En vain. Pièce n°33 I-5- Par lettre en date du 16 novembre 2017, le Président de la CASE a contesté la pertinence de la fermeture du Collège Pierre Mendès-France et a demandé au Président du conseil départemental de l’Eure de sursoir à cette fermeture et de reconsidérer sa position. Pièce n°5 I-6- Lors de sa séance du 11 décembre 2017, le conseil départemental a évoqué une nouvelle fois la fermeture du Collège Pierre Mendès-France et a redéfini, en conséquence de cette fermeture, la carte scolaire sur le territoire de la CASE (Communauté d’Agglomération Seine- Eure). Pièce n°3 I-7- Par arrêté en date du 12 décembre 2017, le Préfet de l’Eure a décidé de la fermeture du collège Pierre-Mendes France à compter du 1er septembre 2018.

C’est l’arrêté préfectoral en date du 12 décembre 2017 qui est soumis à la censure du tribunal dans la présente instance. Pièce n°11

II- DISCUSSION

II-1 SUR LA RECEVABILITE

II-1-1 Sur l’intérêt à agir des requérants

- s’agissant de la conseillère départementale

En vertu d’une jurisprudence constante, les élus locaux, en tant que membres d'une assemblée locale, ont qualité pour agir contre une délibération de l'assemblée dont ils sont membres, et qu'ils jugent illégale (Conseil d'État, 4 août 1905, Martin ; CE, sect., 22 mars 1996, Mme Paris et Mme Roignot, Lebon 99). Ils ont également intérêt à agir contre toutes les décisions liées aux délibérations.

En l’espèce, Mme Jannick LEGER, conseillère départementale, justifie incontestablement d’un intérêt à agir.

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- s’agissant de l’association « Collectif PMF Agglo »

Les associations et syndicats ont qualité pour agir dès lors que l'acte attaqué correspond à leur objet (Trib. adm. Nice, 6 mai 1987, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, MRAP : Rec. Lebon, tables, p. 633. - CE, 10 janvier 1992, Association des usagers de l'eau de Peyreleau : Rec. Lebon, p. 13 ; CAA. Paris, 29 mars 1993, Association pour l'information et la défense de l'environnement et de l'urbanisme : Rec. Lebon, p. 437).

En l’espèce, l’Association « Collectif PMF Agglo » déclarée en Préfecture le 3 décembre 2017 (pièces n°8, n°9, n°10), a pour objet de « apporter son soutien au maintien du collège PMF, apporter son soutien à l’établissement d’une sectorisation équilibrée sur le territoire de la CASE... ».

Ses statuts actuels ont été déclarés en préfecture le 30 janvier 2018 (Pièces n°28, n°29 et n°30). Lors de sa dernière séance, le conseil d’administration a autorisé le président à ester en justice au nom de l’association (Pièce n°31).

Elle a dès lors incontestablement intérêt et capacité à agir.

- s’agissant de la FCPE 27

La FCPE est une Fédération de Parents d’Elèves de la maternelle à la deuxième année de BTS public. Elle a été créée en 1947, a été reconnue d’utilité publique en 1951 et a été agréée mouvement d’éducation populaire depuis 1982. L’association requérante, le Conseil Départemental des Parents d’Elèves des Ecoles Publiques de l’Eure (FCPE 27), est affiliée à la FCPE. Son action s’inscrit dans le cadre de ses statuts et des articles D 111-6 et suivants du code de l’Education. Ella a notamment pour objet de : - De formuler au nom des familles, leurs vœux sur tout objet concernant les intérêts moraux et matériels de l'enseignement public, des élèves qui le fréquentent ou en sont exclus et de leurs parents, d'en suivre la réalisation et de veiller à leur application. - De coordonner sur le plan départemental l'activité des conseils locaux et de les représenter auprès des pouvoirs publics. - De susciter et de mener toutes actions capables de développer son rôle de mouvement d'éducation permanente, d'accroître le rayonnement de l'enseignement public et de coordonner l'action éducative des parents et des éducateurs. Pièces n°13, n°23 et n°24 Le tribunal administratif de Rennes a jugé que la FCPE était recevable à demander l’annulation de l’arrêté préfectoral portant fermeture d’un établissement public local d’enseignement (Tribunal administratif de Rennes – 26 août 2004 – n° 02-1331).

- s’agissant de la commune de POSES La commune de POSES a également intérêt à agir dès lors que la fermeture du collège Pierre- Mendès France et la resectorisation emportent un éloignement des élèves de leurs

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établissements d’affectation ainsi qu’un manque de cohérence avec le Projet Educatif Local (PEL). Pièces n°27 et n°32

- s’agissant des parents d’élèves domiciliés à VAL DE REUIL

Mme Magali GAILLARD, Mme Perrine CHASSIBOUD, Mme Erica DA COSTA MACHADO sont les mères d’enfants scolarisés à l’école des Dominos à VAL-DE-REUIL, lesquels avaient vocation à poursuivre leur scolarité au collège Pierre-Mendes France situé à proximité immédiate de leurs domiciles.

Mme Céline COUTINHO est la mère d’enfants scolarisés à l’école Jean Moulin et au collège Pierre-Mendes France de VAL-DE-REUIL.

Il est précisé qu’actuellement ces enfants ne sont pas concernés par le transport scolaire et, pour l’essentiel, sont externes et ne déjeunent pas à la cantine.

Leurs enfants seront désormais contraints de poursuivre leur scolarité au collège du Hamelet à Louviers, situé à dix kilomètres de chez eux. Les allées et venues entre leurs domiciles et le collège du Hamelet représentent :

- pour les enfants déjeunant à la cantine : une distance de 20 kilomètres par jour pour les enfants et 40 kilomètres par jour pour les parents,

- pour les enfants ne déjeunant pas à la cantine : une distance de 40 kilomètres par jour pour les enfants et 80 kilomètres par jour pour les parents.

A cela va s’ajouter une complexité considérablement accrue des allées et venues conjuguées pour les frères et sœurs scolarisés en primaire à VAL-DE-REUIL et au collège à LOUVIERS.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, Mme CHASSIBOUD, sans profession, est mère célibataire de quatre enfants, à savoir trois enfants en bas âge qui sont scolarisés à l’école des Dominos à Val-de-Reuil et un enfant qui devrait rentrer en 6ème au collège du Hamelet de Louviers à la rentrée 2018. Elle ne sait absolument pas comment elle va faire pour pouvoir supporter la charge des frais liés à la cantine et aux transports l’année prochaine.

La fermeture du Collège Pierre Mendes-France emporte donc pour ces parents domiciliés à VAL-DE-REUIL des contraintes telles qu’ils ont incontestablement intérêt à agir.

- S’agissant des parents d’élèves domiciliés aux DAMPS

Mme Céline LEBOUC, M. et Mme COULOMBEAU, Mme Audrey GONORD et M. Lionel COURTHEUSE, M. Romain BLEUZE, Mme Magali ANFRY, M. Franck LECUISINIER, Mme Virginie LANGLOIS, Mme ERIEAU et M. BOUSSOUTROT, Mme Claudia HERNANDEZ, Mme Marjorie RENAULT, Mme Virginie DECELIER, M. Nicolas LEVALLLOIS, Mme Marion DEPINAY, Mme

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Virginie CHEVOLLEAU, M. Christian HUIBAN, Mme Delphine MORIN, M. Cyril LACAILLE, M. Frédéric TRUCAS, Mme Claire PLACEAU, Mme Fanny HAMELIN sont des parents d’élèves domiciliés sur le territoire de la commune des Damps. Leurs enfants qui étaient scolarisés au Collège de Pont-de-l’Arche, soit à environ trois kilomètres de leurs domiciles. Du fait de la resectorisation définie en conséquence de la fermeture du Collège Pierre Mendes-France, leurs enfants ont vocation à être désormais scolarisés au collège Alphonse Allais de Val-de- Reuil, implanté à plus de sept kilomètres de leurs domiciles, soit une double distance par rapport à l’existant. Il leur faudra d’ailleurs passer devant leur ancien collège pour se rendre au collège Alphonse Allais de Val-de-Reuil.

A cela va s’ajouter une complexité considérablement accrue des allées et venues conjuguées pour les frères et sœurs scolarisés en primaire à l’école Jules Verne des Damps et au collège Alphonse Allais à Val-de-Reuil.

La fermeture du Collège Pierre Mendes-France emporte donc pour ces parents domiciliés aux Damps des contraintes telles qu’ils ont incontestablement intérêt à agir.

II-1-2 Sur la recevabilité d’un recours dirigé contre un arrêté préfectoral emportant fermeture d’un établissement public local d’enseignement

En vertu d’une jurisprudence constante, un arrêté préfectoral portant fermeture d’un établissement public local d’enseignement est susceptible de recours devant le juge de l’excès de pouvoir (Cour administrative d'appel de Lyon – 26 juin 2007 – n° 03LY00689 ; Cour administrative d’appel de Nantes, 29 juin 2001, n°00NT01874).

Il résulte de ce qui précède qu’aucune fin de non-recevoir ne saurait utilement être soulevée en défense.

II-2 Sur l’irrégularité de la consultation du conseil départemental de l’éducation nationale

II-2-1 L’article L235-1 du code de l’éducation précise que :

Le conseil de l'éducation nationale institué dans chaque département comprend des représentants des communes, départements et régions, des personnels et des usagers.

La présidence est exercée par le représentant de l'Etat ou le représentant de la collectivité concernée selon que les questions soumises aux délibérations du conseil sont de la compétence de l'Etat, du département ou de la région.

Un décret en Conseil d'Etat précise notamment l'organisation et les compétences de ce conseil. Ce décret peut comporter les adaptations rendues nécessaires par l'organisation particulière de Paris, de la Corse des départements d'outre-mer et de Mayotte.

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L’article R235-7 du même code dispose que :

L'ordre du jour des séances du conseil départemental de l'éducation nationale est arrêté conjointement par ses deux présidents lorsqu'il porte sur des questions qui relèvent de la compétence de l'Etat et de la compétence de la collectivité territoriale ou par l'un des présidents pour les questions qui relèvent de sa compétence.

Le conseil départemental de l'éducation nationale se réunit sur convocation conjointe de ses deux présidents sur un ordre du jour portant sur des questions qui relèvent de la compétence de l'Etat et de la compétence de la collectivité territoriale ou sur convocation de l'un de ses présidents sur un ordre du jour portant sur des questions relevant de sa compétence.

Sur la demande des deux tiers des membres du conseil et sur un ordre du jour déterminé, le préfet du département et le président du conseil départemental convoquent le conseil de l'éducation nationale.

Toute question proposée à la majorité des membres du conseil figure de droit à l'ordre du jour.

L’article R235-11 du même code poursuit : Le conseil départemental de l'éducation est notamment consulté : 1° Au titre des compétences de l'Etat, …d) Sur la structure pédagogique générale des collèges du département ; e) Sur les modalités générales d'attribution des moyens en emplois et des dotations financières, ou en nature, pour les dépenses pédagogiques des collèges du département ;

II-2-2 L’article R133-8 du Code des relations entre le public et l'administration, qui trouve à s’appliquer aux commissions administratives à caractère consultatif, dispose quant à lui : « Sauf urgence, les membres de la commission reçoivent, cinq jours au moins avant la date de la réunion, une convocation comportant l'ordre du jour et, le cas échéant, les documents nécessaires à l'examen des affaires qui y sont inscrites. »

Ces dispositions du Code des relations entre le public et l'administration, qui se substituent à celles du décret n°2006-672 du 8 juin 2006, trouvent à s’appliquer au conseil départemental de l'éducation nationale (Cour administrative d'appel de Bordeaux – 5 octobre 2010 – n° 10BX00897).

II-2-3 En l’espèce, il n’est guère contestable que le conseil départemental de l’éducation devait être consulté, tant sur la fermeture de deux établissements publics d’enseignement, que sur la resectorisation et sur son impact en matière de transport scolaire.

S’agissant du collège Pierre Mendes-France, tel n’a pas été cas.

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En effet, s’agissant de la resectorisation, l’hypothèse n°3 retenue par le Département de l’Eure n’a pas été jointe à l’ordre du jour arrêté conjointement par le Préfet de l’Eure et le président du Département de l’Eure et les membres du conseil départemental de l’éducation n’ont pu en prendre connaissance qu’en séance, à la faveur d’une feuille distribuée sur tables. Pièce n°6 A l’évidence, les membres du conseil départemental de l’éducation ont été privés de la garantie de pouvoir préparer la séance et d’établir un argumentaire en vue des discussions à intervenir. La réalité est que ce défaut de communication des documents avant la séance est récurrent et, à chaque séance, les membres du conseil départemental de l’éducation nationale se plaignent de ces transmissions tardives. Pièce n°25 Quant à la problématique des transports scolaires, qui est pourtant substantielle au regard de cette hypothèse n°3, et qui est étroitement liée à la resectorisation, elle a purement et simplement été ignorée.

Il en résulte que l’arrêté préfectoral portant fermeture du Collège Pierre Mendes-France a été prise à l’issue d’une procédure irrégulière.

II-3 Sur le défaut de consultation du comité technique académique

L’article 34 du décret n° 2011-184 du 15 février 2011 relatif aux comités techniques dans les administrations et les établissements publics de l'Etat est rédigé comme suit :

Les comités techniques sont consultés, dans les conditions et les limites précisées pour chaque catégorie de comité par les articles 35 et 36 sur les questions et projets de textes relatifs : 1° A l'organisation et au fonctionnement des administrations, établissements ou services ; 2° A la gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences ; 3° Aux règles statutaires et aux règles relatives à l'échelonnement indiciaire ; 4° Aux évolutions technologiques et de méthodes de travail des administrations, établissements ou services et à leur incidence sur les personnels ; 5° Aux grandes orientations en matière de politique indemnitaire et de critères de répartition y afférents ; 6° A la formation et au développement des compétences et qualifications professionnelles ; 7° A l'insertion professionnelle ; 8° A l'égalité professionnelle, la parité et à la lutte contre toutes les discriminations ; 9° A l'hygiène, à la sécurité et aux conditions de travail, lorsqu'aucun comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail n'est placé auprès d'eux Le comité technique bénéficie du concours du comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail dans les matières relevant de sa compétence et peut le saisir de toute question. Il examine en outre les questions dont il est saisi par le comité

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d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail créé auprès de lui. Les comités techniques sont également consultés sur la participation de l'Etat et de ses établissements publics au financement de la protection sociale complémentaire de leurs personnels définie par le décret du 19 septembre 2007 susvisé. Les incidences sur la gestion des emplois des principales décisions à caractère budgétaire font l'objet d'une information des comités techniques.

L’article 4 de l’Arrêté du 8 avril 2011 portant création du comité technique ministériel et des comités techniques des services déconcentrés du ministère chargé de l'éducation nationale est rédigé comme suit :

Il est institué auprès de chaque recteur d'académie un comité technique de proximité dénommé comité technique académique, en application de l'article 6 du décret du 15 février 2011 susvisé. Le comité technique académique est compétent dans les matières et conditions fixées par l'article 34 du décret du 15 février 2011 susvisé pour les questions intéressant l'organisation et le fonctionnement des établissements d'enseignement et de formation des premier et second degrés ainsi que pour les questions communes à l'organisation de ces établissements et des services administratifs, situés dans le ressort territorial de l'académie concernée.

En l’espèce, il apparaît, à la seule lecture de l’arrêté préfectoral en date du 12 décembre 2017 (Pièce n°11), que la fermeture du collège Pierre Mendes-France a été prononcée sans qu’auparavant le comité technique académique n’ait été consulté, alors même que pas moins de 23 professeurs sont concernés (Pièce n°26).

Cette absence de consultation constitue à elle-seule une irrégularité substantielle de nature à entacher d’illégalité l’arrêté préfectoral litigieux.

II-4 Sur l’absence d’avis du conseil d’administration de l’établissement

La Circulaire du 9 mai 1989 définit les modalités de désaffectation des établissements publics d’enseignement (Pièce n°37) : La proposition de désaffectation résulte d'une délibération du Conseil général ou du Conseil régional, selon le cas, ou d'une décision du bureau, par délégation du conseil, prise après avis du conseil d'administration de l'établissement ou de l'association gestionnaire de l'établissement.

En l’espèce, il apparaît, à la seule lecture du procès-verbal du conseil d’administration du Collège Pierre Mendes-France qu’aucun avis n’a été sollicité ou émis. Pièce n°36 Il en résulte que l’arrêté attaqué est intervenue à l’issue d’une procédure irrégulière.

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II-5 Sur la violation de l’article L 421-1 du code de l’éducation

II-5-1 L’article L 421-1 du code de l’éducation est rédigé comme suit : « Les collèges, les lycées et les établissements d'éducation spéciale sont des établissements publics locaux d'enseignement. Sous réserve des dispositions du présent chapitre, les dispositions relatives au contrôle administratif visé au titre III du livre premier de la deuxième partie du code général des collectivités territoriales leur sont applicables. Ces établissements sont créés par arrêté du représentant de l'État sur proposition, selon le cas, du département, de la région ou, dans le cas prévu aux articles L. 216-5 et L. 216- 6 du présent code, de la commune ou de l'établissement public de coopération intercommunale intéressé. »

La décision de supprimer un établissement public d'enseignement du second degré ne saurait, comme celle de la créer, intervenir qu'au terme d'une procédure permettant de recueillir l'accord tant du représentant de l'État que des organes compétents de la collectivité territoriale dont relève l'établissement (CAA Lyon, 26 juin 2007, Assoc. école et Territoire et Cne de Saint-Martin-Valmeroux, no 03LY00689).

II-5-2 L’article L 3131-1 du code général des collectivités territoriales est rédigé comme suit :

« Les actes pris par les autorités départementales sont exécutoires de plein droit dès qu'il a été procédé à leur publication ou affichage ou à leur notification aux intéressés ainsi qu'à leur transmission au représentant de l'État dans le département. Pour les décisions individuelles, cette transmission intervient dans un délai de quinze jours à compter de leur signature»

Cette transmission s'effectue par voie électronique, selon des modalités fixées par décret en Conseil d'État, au plus tard dans un délai de cinq ans à compter de la promulgation de la loi no 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République. Le président du conseil départemental peut certifier, sous» sa responsabilité, le caractère exécutoire de ces actes. La preuve de la réception des actes par le représentant de l'État dans le département peut être apportée par tout moyen. L'accusé de réception, qui est immédiatement délivré, peut être utilisé à cet effet mais n'est pas une condition du caractère exécutoire des actes. (L. La publication des actes mentionnés au premier alinéa est assurée sur papier. Elle peut également être assurée, le même jour, sous forme électronique, dans des conditions, fixées par un décret en Conseil d'État, de nature à garantir leur authenticité. Dans ce dernier cas, la formalité d'affichage des actes a lieu, par extraits, à l'hôtel du département et un exemplaire sur papier des actes est mis à la disposition du

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public. La version électronique est mise à la disposition du public de manière permanente et gratuite.»

II-5-3 En l’espèce, il n’est pas établi que la délibération du conseil départemental en date du 11 décembre 2017 (Pièce n°3) portant sur la resectorisation du fait de la fermeture du Collège Pierre Mendes-France et pouvant être regardée comme un avis favorable du Département de l’Eure à la fermeture de l’établissement, ait fait l’objet de la publication et la transmission prévues à l’article L 3131-1 précité.

Là encore, les requérants sont bien fondés à faire valoir que l’arrêté préfectoral portant fermeture du collège PierrE Mendes6France a été pris à l’issue d’une procédure irrégulière.

II-6 Sur l’erreur de motifs et l’erreur manifeste d’appréciation

En premier lieu, le Préfet de l’Eure justifie l’arrêté portant fermeture du Collège Pierre Mendes-France en visant « l'avis du conseil d'administration du collège Pierre Mendès France à Val-de-Reuil en date du 21 novembre 2017 ». Pourtant, il apparaît, à la seule lecture du procès-verbal du conseil d’administration du Collège Pierre Mendes-France qu’aucun avis n’a été sollicité ou émis. Pièce n°36 En deuxième lieu, le Préfet de l’Eure justifie l’arrêté portant fermeture du Collège Pierre Mendes-France en considérant, notamment, « que la scolarisation des élèves du collège public Pierre Mendes-France à Val-de-Reuil dans ces différents collèges ne soulève pas de difficultés particulières en termes d’organisation des transports ». Notamment, les élèves de Criquebeuf-sur-Seine et des Damps, qui, actuellement, sont scolarisés au collège de Pont-de-l’Arche sont désormais affectés au collège Alphonse Allais de Val-de-Reuil. Ces élèves qui peuvent aujourd’hui aller au collège de Pont-de-l’Arche, soit à pieds ou à vélo, soit via une ligne de bus adaptée, se verront contraints désormais de traverser la commune de Pont-de l’Arche, en passant devant leur ancien collège, pour se rendre à Val- de-Reuil, et cela, alors même qu’aucune ligne d’autobus n’assure cette liaison (Pièce n°19).

Les élèves de l’école primaire des Dominos de Val-de-Reuil, qui étaient affectés au Collège Pierre Mendès-France à Val-de-Reuil, soit à proximité immédiate de leurs domiciles, seront désormais transférés au Collège Le Hamelet de Louviers et seront donc contraints d’effectuer quotidiennement un trajet aller et retour de plus de 20 kilomètres, soit plus de 40 kilomètres pour ceux qui ne déjeunent pas à la cantine (Pièce n°20). La seule ligne de bus existante n’assure qu’un seul départ le matin, à 7h16. On voit mal, dans ces conditions, comment les familles concernées, particulièrement défavorisées, vont pouvoir assurer les allées et venues de leurs enfants, d’autant qu’ils déjeunent rarement à la cantine.

A cela s’ajoute qu’aucune solution d’internat n’est disponible.

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Dans une lettre datée du 16 novembre 2017, le Président de la CASE a relevé les difficultés liées à l’organisation du transport scolaire en conséquence de la fermeture du Collège Pierre Mendes-France. La réalité est c’est une totale réorganisation des transports scolaires qui s’avère nécessaire, laquelle s’accompagne d’un surcoût non négligeable :

- achat de 9 véhicules supplémentaires, - des charges d’exploitation en augmentation de 43,4%, - 35 000 km de bus additionnels pour 6,4 Tonnes de CO2 supplémentaires.

Pièce n°5

En troisième lieu, le Préfet de l’Eure fait valoir « l’état de vétusté du collège public Pierre Mendes-France qui ne peut obtenir d’autorisation de travaux pour sa mise en accessibilité et présente de l’amiante dans différents composants de sa construction ».

Il convient de rappeler à ce stade que cet établissement a fait l’objet d’un avis favorable de la commission de sécurité le 26 octobre 2017 (Pièce n°18) et que son extension avait été programmée en 2012 (Pièce n°2). Tel n’aurait évidemment pas été le cas si le bâtiment avait été vétuste.

L’amiante dont il est question dans la délibération des 20 et 21 juin 2016, est inerte ne permet pas la dispersion des fibres dans l'air (Pièce n°1).

Aucun diagnostic du bâtiment n’a été jamais été transmis, et cela, en dépit des multiples demandes présentées par les représentants des parents d’élèves, de sorte que le Préfet de l’Eure est particulièrement malvenu à affirmer, comme il le fait, que le bâtiment ne pourrait pas être adapté.

En quatrième lieu, le Préfet de l’Eure occulte l’impact de la fermeture du Collège Pierre Mendes-France en tant qu’elle supprime un collège du réseau d’éducation prioritaire (REP) et exclut, de fait, le collège Alphonse Allais du réseau d’éducation prioritaire Rep+.

La réalité est qu’en voulant assurer la mixité sociale, le Préfet de l’Eure et le Département de l’Eure ont organisé l’absentéisme scolaire à grande échelle, en éloignant les élèves des établissements scolaires, en supprimant de fait un établissement classé au titre de l’éducation prioritaire, sans la moindre solution d’internat et sans avoir pu s’assurer que les transports publics seront en mesure de répondre aux attentes des familles (Pièce n°21).

En tout état de cause, quand bien même les débats n’ont porté que sur la mixité sociale à l’exception des autres critères, géographique notamment, rien ne garantit que la mixité sociale soit assurée. Le Département de l’Eure et les services de la préfecture ont fait montre d’une opacité totale, notamment en ce qui concerne les chiffres figurant dans les tableaux de la 3ème hypothèse, laquelle a été dénoncée par les parents d’élèves et leurs représentants, sans que cela n’ait suscité la moindre réponse en prévision du conseil départemental du 11 décembre 2017.

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Enfin, et en cinquième lieu, la problématique de la cantine a purement et simplement été ignorée et cela, alors même que :

- Le règlement intérieur de la restauration ne permet pas la gratuité (Pièce n°34), - 75,4% des élèves du collège Pierre Mendes-France sont actuellement externes (pour une moyenne départementale de 21,3% Pièce n°33).

Il résulte de ce qui précède que l’arrêté du préfet de l’Eure est entaché d’une erreur de motifs et d’une erreur manifeste d’appréciation.

II-7 Sur la violation des dispositions de l’article L 120-1 du code de l’environnement

La charte de l’environnement est en vigueur depuis la révision constitutionnelle du 1er mars 2005. L'ensemble des droits et devoirs définis dans la Charte environnement, et à l'instar de toutes celles qui procèdent du Préambule de la Constitution, ont valeur constitutionnelle (CE , ass., 3 oct. 2008, Cne d'Annecy, no 297931: Lebon 322; GAJA 19e éd., no 114; AJDA 2008. 2166, chron. Geffray et Liéber; RFDA 2008. 1158, concl. Aguila et note Janicot; ibid. 1237, chron. Rambaud et Roblot-Troizier; Dr. adm. 2008. 152, note Melleray; JCP Adm. 2008. 2279, note Billet; RJ envir. 2009. 435, note Boyer; RD publ. 2009. 425, note Gros. ● CE 24 juill. 2009, Cté de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRII-GEN), no 305314: Lebon 294; AJDA 2009. 1818, chron. Liéber et Botteghi; RFDA 2009. 963, concl. Geffray; ibid. 1272, chron. Rambaud et Roblot-Troizier; Envir. oct. 2009, p. 36, note Trouilly ; CE , ass., 12 juill. 2013, Féd. nat. de la pêche en France, no 344522 § 5: AJDA 2013. 1737, chron. Domino et Bretonneau; D. 2014. 104, obs. Trébulle; AJCT 2013. 581, obs. Moliner- Dubost; RFDA 2013. 1255, chron. Roblot-Troizier et Tusseau; ibid. 2014. 97, concl. Cortot- Boucher; ibid. 115, note Robbe; Dr. adm. 2013. 84, note Pissaloux.)

En adossant à la Constitution une Charte de l'environnement qui proclame en son article 1er que «chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé», le législateur a nécessairement entendu ériger le droit à l'environnement en «liberté fondamentale» de valeur constitutionnelle (TA Châlons-en-Champagne, 29 avr. 2005, Conservatoire du patrimoine naturel: AJDA 2005. 1357, note Groud et Pugeault; RDI 2005. 265, note Fonbaustier; JCP Adm. 2005. 1216, note Billet).

Il a été jugé que l'ensemble des droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement s'impose aux pouvoirs publics et aux autorités administratives dans leur domaine de compétence respectif (CE , ass., 3 oct. 2008, Cne d'Annecy, no 297931 ; CE 24 juill. 2009, Cté de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRII-GEN), no 305314).

Tout justiciable peut invoquer la Charte de l'Environnement devant le juge administratif (Conseil d'Etat, ass., 3 oct. 2008, Commune d'Annecy, req. n° 297931, Lebon ; concl. Y. Aguila RFDA 6/2008, AJDA 2008. 1852).

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L'ensemble des personnes et notamment les pouvoirs publics et les autorités administratives sont tenus à une obligation de vigilance à l'égard des atteintes à l'environnement qui pourraient résulter de leur activité (CE, QPC, 14 sept. 2011, Pierre, no 348394: Lebon 441; AJDA 2011. 1764).

On peut citer, notamment : L’article 6 : « Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social ».

L’article 7 : « Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement ». Cet article 7 de la Charte institue un droit de participation du public aux « décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement ».

 L’article L120-1 du code de l’environnement est rédigé comme suit : I. - La participation du public à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement est mise en œuvre en vue : 1° D'améliorer la qualité de la décision publique et de contribuer à sa légitimité démocratique ; 2° D'assurer la préservation d'un environnement sain pour les générations actuelles et futures ; 3° De sensibiliser et d'éduquer le public à la protection de l'environnement ; 4° D'améliorer et de diversifier l'information environnementale. II. - La participation confère le droit pour le public : 1° D'accéder aux informations pertinentes permettant sa participation effective ; 2° De demander la mise en œuvre d'une procédure de participation dans les conditions prévues au chapitre Ier ; 3° De disposer de délais raisonnables pour formuler des observations et des propositions ; 4° D'être informé de la manière dont il a été tenu compte de ses observations et propositions dans la décision d'autorisation ou d'approbation. III. - Les procédures de concertation préalable organisées en application du code de l'urbanisme respectent les droits mentionnés aux 1°, 3° et 4° du II du présent article. IV. - Ces dispositions s'exercent dans les conditions prévues au présent titre. Elles s'appliquent dans le respect des intérêts de la défense nationale et de la sécurité publique, du secret industriel et commercial et de tout secret protégé par la loi. Le déroulement de la participation du public ainsi que les modalités de sa conduite peuvent être adaptés en conséquence.

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Les dispositions de l'article L. 120-1 du code de l'environnement ont été prises afin de préciser les conditions et les limites dans lesquelles le principe de participation du public défini à l'article 7 de la Charte de l'environnement est applicable aux décisions réglementaires.

Ce nouvel article L. 120-1 du code de l'environnement énumère ainsi les droits attribués au public dans le cadre de la mise en œuvre du principe de participation : — droit d'accéder aux informations pertinentes, — droit de demander la mise en œuvre d'une procédure de participation préalable, — droit de disposer de délais raisonnables pour formuler des observations et des propositions.

En l’espèce, les impacts des modifications des modes de déplacement des élèves n’ont absolument pas été pris en compte et n’ont pas fait l’objet de la moindre concertation A l’évidence, l’arrêté préfectoral litigieux qui est intervenu sans étude d’impact, sans la moindre mesure de concertation, et sans enquête publique, est également irrégulier à ce titre.

II-8 Sur la violation des dispositions de l’article 29 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire

L’article 29 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire est rédigé comme suit :

L'Etat établit, pour assurer l'égal accès de tous aux services au public, les objectifs de présence territoriale, y compris de participation à des maisons de services au public, et de services rendus aux usagers que doit prendre en compte tout organisme chargé d'une mission de service public et relevant de l'Etat ou de sa tutelle, dès lors qu'ils ne sont pas déjà pris en compte au titre de ses obligations de service universel. L'acte par lequel ces objectifs sont fixés prévoit également le montant et les modalités de contribution de l'organisme au financement du développement des maisons de services au public. S'il s'agit d'une convention, un décret autorise sa signature. II. - Sans préjudice de l'autonomie de gestion propre à chaque établissement, organisme ou entreprise chargé d'un service public, le représentant de l'Etat dans le département, en concertation avec l'ensemble des acteurs concernés, propose et, sous réserve de leur accord, initie toute action visant à garantir que l'offre d'accès aux services publics est adaptée aux caractéristiques des territoires, concourt à leur attractivité et au maintien de leurs équilibres. A ce titre, le représentant de l'Etat dans le département est informé des perspectives d'évolution de l'organisation des services publics et de tout projet de réorganisation susceptibles d'affecter de manière significative les conditions d'accès à ces services. Cette information est transmise par le représentant de l'Etat dans le département au président du conseil général, au président du conseil régional et au président de l'association des maires du département. A son initiative, ou à la demande du président du conseil général, le représentant de l'Etat dans le département peut mener une concertation locale sur tout projet de réorganisation. Cette concertation, dont la durée ne peut excéder trois mois, associe notamment les élus locaux intéressés et les

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représentants du service public concerné. Pendant le déroulement de la concertation, la mise en oeuvre du projet de réorganisation est suspendue. A l'issue de cette concertation, le représentant de l'Etat dans le département présente un rapport rendant compte du déroulement de celle-ci et évaluant les conséquences de la réorganisation envisagée sur l'accès au service. Si le projet de réorganisation, en ce qui concerne les organismes chargés d'une mission de service public mentionnés au I, s'avère incompatible avec les objectifs de présence territoriale fixés par l'Etat au niveau national, ou en l'absence d'objectifs fixés par l'Etat, le représentant de l'Etat dans le département peut saisir le ministre de tutelle de l'établissement, de l'organisme ou de l'entreprise concerné et le ministre chargé de l'aménagement du territoire. Dans un délai de deux mois, les ministres s'assurent que les objectifs de présence territoriale fixés par l'Etat pour l'exercice de la mission de service public ont été intégrés de façon satisfaisante par l'organisme en charge de cette mission dans les évolutions envisagées et dans la concertation conduite. Dans le cas contraire, ils demandent à celui-ci de mettre en oeuvre les mesures appropriées pour respecter ces objectifs préalablement à l'exécution du projet de réorganisation. La saisine suspend la mise en oeuvre du projet en cause. III. - Lorsqu'un projet de restructuration de service ou d'établissement public de l'Etat peut avoir des conséquences significatives sur l'équilibre économique d'un bassin d'emploi, le représentant de l'Etat dans le département diligente la réalisation d'une étude d'impact. Cette étude d'impact évalue notamment les conséquences socio-économiques du projet ainsi que ses conséquences sur les ressources des collectivités territoriales et des établissements publics de coopération intercommunale concernés. Elle précise les actions d'accompagnement et les mesures de revitalisation envisageables.

En l’espèce, les impacts des modifications des modes de déplacement des élèves n’ont absolument pas été pris en compte et n’ont pas fait l’objet de la moindre concertation. La fermeture du collège Pierre Mendes-France et la nouvelle sectorisation ont un impact considérable pour le territoire de la Communauté d’Agglomération Seine-Eure, et modifient très sensiblement l’accès aux établissements d’enseignement du second degré.

Il apparaît, à la seule lecture de l’arrêté préfectoral, que ces dispositions ont été totalement ignorées.

En tout état de cause, et en l’absence d’étude d'impact qui évalue notamment les conséquences socio-économiques du projet ainsi que ses conséquences sur les ressources des collectivités territoriales et de l’établissement public de coopération intercommunale concerné, l’arrêté préfectoral de fermeture est manifestement irrégulier.

Il résulte de ce qui précède que les requérants sont donc bien fondés à poursuivre l’annulation de l’arrêté préfectoral portant fermeture du Collège Pierre-Mendes-France.

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III- SUR LA DEMANDE DE FRAIS IRREPETIBLES PRESENTEE PAR LES REQUERANTS

Il serait particulièrement inéquitable de laisser à la charge des requérants, qui ne peuvent être déclarés partie perdante, les frais exposés dans la présente instance. Aussi, ils sollicitent le versement de la somme globale de 2 000 euros au titre des frais irrépétibles.

PAR CES MOTIFS et tous autres à produire, déduire, ou à suppléer au besoin d'office, il est demandé à ce qu'il plaise au Tribunal :

1 - d’annuler l’arrêté préfectoral portant fermeture du Collège Mendes-France en date du 12 décembre 2017 ;

2 - de condamner le Préfet de l’Eure à verser aux requérants une somme globale et forfaitaire de 2 000 € sur le fondement des dispositions de l'article L.761-1 du Code de Justice Administrative.

SOUS TOUTES RÉSERVES UTILES

Fait à Rouen, le 8 février 2018

I. ENARD-BAZIRE Avocat au Barreau de ROUEN

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BORDEREAU DE COMMUNICATION DE PIECES

Pièce n°1 : délibération des 20 et 21 juin 2016 Pièce n°2 : délibération du 27 juin 2012 Pièce n°3 : délibérations du 11 décembre 2017 Pièce n°4 : déclaration CDEN Pièce n°5 : Lette CASE 16 novembre 2017 Pièce n°6 : hypothèse 3 de resectorisation sur la CASE Pièce n°7 : nouvelle organisation de la carte des collèges Pièce n°8 : statuts association Pièce n°9 : PV AGE Association Pièce n°10 : récépissé préfecture Pièce n°11 : arrêté préfectoral du 12 décembre 2017 Pièce n°12 : convocation CDEN Pièce n°13 : statuts FCPE 27 Pièce n°14 : FCPE CA 21 mars 2017 Pièce n°15 : FCPE CA 20 janvier 2018 Pièce n°16 : convocation élus- SP du 11 décembre 2017 Pièce n°17 : projet de délibération Pièce n°18 : PV commission de sécurité Pièce n°19 : plan Pièce n°20 : itinéraire Pièce n°21 : courriel Département de l’Eure Pièce n°22 : extrait site internet académie de Rouen Pièce n°23 : récépissé FCPE Pièce n°24 : déclarations FCPE Pièce n°25 : compte-rendu CDEN 24 juin 2016 Pièce n°26 : liste du personnel Pièce n°27 : projet éducatif de territoire-PEDT Pièce n°28 : statuts actuels Pièce n°29 : procès-verbal AGE Pièce n°30 : récépissé Pièce n°31 : mandat Pièce n°32 : convention PEDT Val-de-Reuil- 2016-2019 Pièce n°33 : Lettre collective au président du CD27 Pièce n°34 : Règlement intérieur restauration Pièce n°35 : REP Pièce n°36 : PV CA PMF Pièce n°37 : Circulaire 1989

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