René-Charles flancke1 F sous le patronage de la Municipalité de Laval-Roquecesière et de l' Association Culturelle de Saint-Crépin

LA VIE QUOTIDIENNE AU PAYS DE L'ENFANT SAUVAGE (évocation historique)

Préface de Jacques Godfrain, député de l'. 51 tous les habitants de Saint-Crépin, de fiâtes, de Manset, etc., avec une bonne pensée pour ceux qui maintenant nous ont quitté, qui nous ont fraternellement accueillisSimone, les enfants et moi depuis juiCCet 1973 et au milieu desquels nous avons planté nos racines, à Jean-Louis et à Sylvain qui se plaisent tellement ici, à [a mémoire de 'Damien £Becl curé de Saint-Crépin qui le premier nous fit découvrir l'histoire de la région, de Raymond Caylet si attaché à sa petite patrie et de Pierre (jautier qui aimait tant ce pays, et à tous ceux qui viennent à l'oustat de San-Crespi retrouver le passé d'une contrée que nous espérons faire revivre dans les pages de cette évocation historique. Préface

L'oeuvre que René-Charles Plancke a intitulé La vie quotidienne au pays de l'enfant sauvage (évocation historique) offre une documentation historique et vivante, s'étendant sur des siècles, du passage de Jules César à Roquecezière (Rupus Caesarea) à l'époque contemporaine. Au cœur de l'ouvrage, Saint-Crépin a une place de choix, comme il se doit, en raison de la tradition de ce lieu. Il s'agit de l'histoire d'un coin de en Rouergue - partie du patrimoine de François Ier, rappelons-le - appuyé et adossé, au sud-est sur la Septimanie et à l'ouest, ouvert vers l'océan atlantique où iront se jeter les eaux du Tarn, de l'Aveyron et du Lot et d'où viendront les envahisseurs anglais, en réalité des mercenaires basques ou gascons. A mesure que la lecture de l'ouvrage progresse, on voit vivre cette commune de Laval-Roquecezière en ces quatre succursales comme si l'on était muni d'un objectif réglable automatiquement dans le temps et l'espace, et quelques autres localités de la région, avec même une incursion chez nos amis tarnais. La géographie des lieux s'anime et parle car là, vivent Verdeil, Galinier, Enjalbert, Cros, Gavalda ou Crouzel en 1776 tout comme aujourd'hui. Ces familles ont traversé l'histoire de la France, en passant par le Moyen Age, la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, la Révolution et les Républiques. Leurs membres s'y sont unis ou ont enterré leurs morts dans le respect de leurs croyances. L'armée y a fait ses prélèvements de plus en plus lourds, depuis les levées en masse de la Révolution, apportant sa contribution au dépeuplement des campagnes, tout en donnant, en contraste si l'on ose dire, une intéressante information sur la taille des conscrits, 1,56 m en 1810. Cet ouvrage rénové et accessible est l'œuvre certes de son auteur, mais aussi d'une équipe dynamique qui sait valoriser un patrimoine exceptionnel. Une popu- lation entière s'est mise en route pour glaner ces pièces à conviction de nos traditions. Ainsi enfermer autant d'informations en un si petit nombre de pages, et cepen- dant conserver une lecture facile et attrayante, tient du chef-d'œuvre littéraire et dit au lecteur ce qu'est la France profonde, celle qui ne peut qu'émouvoir quand on la connaît. Bonne chance au musée de Saint-Crépin ! Jacques Godfrain Conseiller général du Canton de Saint-Sernin-sur-Rance Député de l'Aveyron 1 - Carte de l'Aveyron (1850) 1 LA VIE QUOTIDIENNE AU PAYS DE L'ENFANT SAUVAGE (Evocation historique)

Voyageur d'une heure Incline ton front. Les hommes s'en vont Mais la croix demeure, Espérance, amour Grandeur éternelle, Qui souffre pour elle Doit revivre un jour. 1910

2 - Saint-Crépin : la croix du Plo.

Les hommes s'en vont, mais grâce aux archives, aux souvenirs, aux témoi- gnages, leur souvenir reste. Puisse ce livre les faire revivre le temps d'un instant. R.C.P. Le Plo, Saint-Crépin août 1988 Le Mée-sur-Seine janvier 1989 3 - Situation du « pays de l'enfant sauvage ». SITUATION GENERALE La commune de Laval-Roquecezière est située dans le département de l'Avey- ron, arrondissement de (autrefois celui de Saint-Affrique) canton de Saint- Sernin-sur-Rance. Le département de l'Aveyron fut formé en 1790 avec l'ancienne province du Rouergue. Ce département situé en bordure sud du Massif Central a une superficie de 877 113 ha (882 171 ha dans une géographie de 1840) ; c'est le 6e de France en superficie. Son relief est tourmenté, dissymétrique en pente d'est en ouest. Son altitude varie de 144 à 1 442 m ("Las Truques" dans l'Aubrac). Les montagnes (monts d'Aubrac, de Lacaune et du Lévezou) représentent 33 % du sol, les plaines et le collines (Ségala, Causses) 64 % et les vallées (du Lot, de l'Aveyron et du Tarn qui était navigable de Millau à la Garonne en 1840) 3 % seulement. Le climat de l'Aveyron est original avec les nombreuses influences qui s'y mêlent, modifié souvent par l'altitude : océanique au printemps et à l'automne, continental en hiver et méditerranéen en été. Sa température moyenne est de 10° ( 9°7, Millau 11°25, Villefranche- de-Rouergue 11°6, Saint-Affrique 12°. Par comparaison, moyenne de Paris : 10°1). Les pluies sont abondantes : Saint-Affrique 704 mm/an, Millau 654 mm/an contre 520 mm/an à Paris. La province a été malheureusement et trop souvent le parent pauvre des livres d'histoire et de géographie. Un manuel de 1824 n'y consacre que ces quelques lignes : Le Rouergue, pays fort montagneux et peu fertile, nourrit un grand nombre de bestiaux, principalement des mulets qu'on mène en Espagne et c'est son principal revenu. Le Rouergue se subdivisait en trois partie, le comté du Rouergue, la haute et basse Marche. Rodez, évêché, à 150 lieues au sud de Paris est la capitale de toute la province et en particulier du comté. La cathédrale en est le seul édifice remarquable. Le meurtre commis sur M. Fualdès,l'un des principaux habitants et la procédure criminelle qui en a résulté, a valu à cette ville une célébrité qu elle n'avait pas. Milhau, à 12 lieues au sud-est de Rodez est la capitale de la haute Marche, et Villefranche à 8 lieues à l'ouest de Rodez l'est de la basse. Et c'est tout ! L'Aveyron n'est remarquable que par le crime de la rue des Hebdomadiers, un simple fait divers ! Dans un ouvrage plus récent, Rouergue par Jean Gazave (C. Salingardes, Villefranche-de-Rouergue 1938, 254 pages) voilà ce qui a été consacré à notre région : Le Rance, autre affluent du Tarn, passe auprès de deux bourgs curieux : Saint-Sernin, qui a fait d'une demeure du XV siècle un hôtel-de-ville rempli de vestiges lapidaires, et Belmont, siège, jadis, d'une abbaye puissante. L'église est dotée d'un clocher que surmonte une flèche de pierre du XVIe siècle lancée à 75 m du sol. C'est rare, en Rouergue. Les maîtres d'œuvre de jadis y préféraient les tours. Entre les deux bourgs, un érudit amoureux du vieux Rouergue nous invite à un détour « par le curieux village de , où de très importants vestiges des maisons seigneuriales aux inscriptions inattendues permettent des haltes bienfaisantes au cours de l'ascension ardue vers l'église haut perchée ». La population aveyronnaise a évolué, malheureusement à la baisse : - 1801 : 326 340 - 1924 : 332 940 - 1827 : 339 422 - 1931 : 323 782 - 1840 : 359 422 - 1932 : 323 786 - 1854 : 394 183 - 1936 : 314 560 - 1856 : 370 951 - 1939 : 311 700 - 1878 : 413 826 - 1946 : 307 717 - 1881 : 415 075 - 1962 : 300 904 - 1886 : 415 826 - 1967 : 293 300 - 1890 : 377 290 - 1968 : 281 568 - 1910 : 389 464 (63e rang du plan national)

Au chef-lieu de canton

4 - Blason de Saint-Semin La population du canton de Saint-Sernin a été la suivante : - 1825 : 13 314 - 1828 : 13 795 (c'est le plus habité de l'arrondissement de Saint-Affrique (24 % de la population, contre 19 % au canton de Saint-Affrique, 11 % à celui de Belmont et 18 % à celui de Camarès) - 1878 : 12 907 - 1910 : 11 154 - 1967 : 6 145 Les annuaires de Sébastien Bottin sont assez avares de renseignements sur les activités du canton : - 1827 : Saint-Sernin : 1 200 habitants, poste aux lettres, notaire Papalihou 5 - Appel de la classe 1827: remarquez la population du canton de Saint-Semin (arch. com. de Laval-Roquecezière). - 1854 : Saint-Sernin : 1 145 habitants, poste aux lettres et poste aux chevaux. maire : Augé - juge de paix : Foulquier-Lavergne - notaire : Lasborde - huissiers : Balen, Malleval et Moysen - médecins : Augé, Espinasse, Rouanet - pharmaciens : Canac et Verlac - marchand de fers : Rogé (Louis) - quincaillerie : Girard aîné. Combret : poste aux lettres de Saint-Sernin. notaire : Galtier. En 1880 Saint-Sernin avait un bureau de poste avec sept facteurs ruraux, un bureau d'enregistrement, une recette des contributions indirectes avec un receveur et un commis principal ; c'était la résidence d'une brigade de gendarmerie à cheval et le siège d'une justice de paix. On y trouvait deux huissiers de justice. 6 - Saint-Semin 1988 : à droite, en- 7 - Saint-Semin 1988 : une charmante 8 - Saint-Semin 1988 : une maison an-| tre la rambarde et la tonnelle, on pharmacie surgie directement du passé ! cienne. On remarquera le saint dans la distingue encore l'inscription niche. Il se tenait là, autrefois, le « poste aux lettres ». Il est dom- commerce de quincaillerie de Girard A mage que le compteur électrique ainé. 1 n'ait pas respecté ce vestige du pas- sé ! Le bureau de poste existait depuis 1791.

9 - Saint-Semin : cachet postal 1842. En 1880 le canton comprenait treize communes, contre quatorze de nos jours. On y comptait vingt-et-une écoles primaires de garçons et trois ou quatre écoles mixtes regroupant environ 1 400 élèves. Les ressources cantonales sont essentiellement agricoles : - commerce de bestiaux, de plantes textiles et oléagineuses -chanvre, lin, colza, - de fruits - poires, noix, prunes sèches, et surtout pommes Passerose qui étaient vendues en bas-Languedoc et en Provence. - de la vigne qui produisait en moyenne 13 600 hl de vin médiocre, à 15 F l'hl, par an, - des châtaignes dont un cinquième était vendu sur les marchés du Tarn ou de Saint-Affrique ou dans le bas-Languedoc, le reste étant consommé sur place, car, sur les contreforts des monts de Lacaune et dans la région, durant tout le XIXe siècle, les châtaigneraies étaient régulièrement entretenues, les sous-bois nettoyés et les arbres émondés. La récolte des fruits occupait de longues journées à la fin de l'automne et il devait avoir beaucoup d'absents dans les écoles ! les bogues étaient entassées et on les frappait ou on les piétinait pour en extraire les fruits. Souvent les enveloppes piquantes étaient ramassées avec des gadafos, pinces spéciales. Les journaliers qui les ra- massaient étaient payés en nature : une châtaigne pour le propriétaire, une pour eux. Les femmes ou les jeunes filles percevaient 30 F pour la saison de ramassage, plus la soupe de midi. - des pommes de terre entiè- rement utilisées sur place pour la consommation humaine et animale, - des céréales consommées sur place et à la production déficitaire puisque les boulangers du canton achetaient chaque année 1 200 qx de blé au marché d'Albi. Les activités économiques avaient changé depuis la Révolu- tion : coutellerie où un ouvrier avait inventé des couteaux microscopi- ques qu'on enfermait par douzaines dans une coque de noix, tanneries, chapellerie, boulangeries, manufac- ture de drap. Les dictionnaires d'avant 1914 ne nous renseignent guère 10 - Saint-Semin - vieilles tanneries, vers 1914. Dans l'état où sont les bâtiments, il y avait longtemps que cette indus- plus : Saint-Sernin, mines de cuivre trie était abandonnée ! et d'alun (qui n'étaient pas exploitées), fabrique de chaussures, Laval-Roquece- zière, grand commerce de bestiaux. Le guide Michelin de 1920 indique : gare et télégraphe à Saint-Affrique (32 km). 1 145 hab. Hôtel Moderne : petit déjeuner 1 F, déjeuner et dîner 6,50 F, chambres 3 et 4 F, électricité. Garage à IOO m - téléphone numéro 1. Mécanicien : Amalric, cycles et autos.

11 - Saint-Sernin - la grande rue, vers 1935. A gauche, avant l'Hôtel Moderne, le magasin d'un horloger-lunettier. A droite, une boutique de confection, lingerie et nouveautés.. La population du chef-lieu de canton a évolué ainsi : - 1840 : 884 - 1924 : 930 - 1869 : 1 123 - 1931 : 870 - 1878 : 1 714 - 1946 : 826 - 1884 : 1 209 - 1967 : 694 1 . - 1910 : 1 088 - 1974: 716 Les sapeurs-pompiers de Saint-Sernin-sur-Rance Jusqu'à une époque relativement récente, il n'y avait pas de pompiers dans la région. On se débrouillait avec les moyens du bord. Mme Malaterre de la Claparède se souvient encore d'un incendie survenu au Py-Bas dans son enfance et de toute la population, hommes, femmes et enfants, qui s'était précipitée - à 1 400 m à vol d'oiseau - pour combattre le sinistre en faisant la chaîne avec des seaux ! Ce n'est qu'en 1945 que fut créé le Corps communal des Sapeurs-Pompiers de Saint-Sernin équipé alors d'un Dodge 4x4 des surplus de l'armée américaine et d'une motopompe. Actuellement, ce centre de secours commandé depuis le 23 juin 1984 par le lieutenant Pierre Vil- leneuve, qui a succé- dé au lieutenant Hen- ri Ricard, 39 ans de service dont 25 comme chef de corps, se compose de 24 sous-officiers, gradés et sapeurs tous volontaires, sans compter le capi- taine-toubib. Son terrain d'action est vaste 12 - Saint-Sernin - les sapeurs-pompiers vers 1945. On remarquera qu'ils sont puisqu'il englobe coiffés de casques militaires modèle 1935 sur lesquels sont fixées des plaques 12 des 14 com- classiques pour casques de pompiers, (cliché C.S. de Saint-Sernin). munes du canton, Montclar et dépendant du centre de secours de Réquista plus proche. Le C.S. de Saint-Sernin effectue, en moyenne 150 sorties par an : 30 % d'incendies et feux de bois, 30 % d'accidents de la circulation et du travail et 40 % d'interventions diverses. Durant l'été 1986, alors qu'un pyromane sévissait dans la région, le C.S. effectua une sortie par jour !

13 - Saint-Sernin - les sapeurs-pompiers en 1988 (cliché C.S. de Saint-Sernin). 14 - Saint-Sernin - le Fort : le départ des voitures, avant 1910. La prise de vue a été faite à l'entrée de la Grande Rue (en 1836, rue du Fort ou d'El Puech). A droite, une des colonnes en fonte qui soutiennent un balcon et une voiture détellée de la ligne Albi - Alban - Saint-Sernin - Saint-Affrique. A gauche, une voiture chargée va prendre le départ. Dans le fond, la cabane du poids public surmontée par la place ombragée où se dresse la croix de mission érigée en 1827 et déchequitée par la foudre au début du XXèmc siècle. En voyant cette carte, combien regrette-t-on le modernisme multicolore qui environne actuellement la statue du malheureux Victor ! (col. Malaterre).

15 - Saint-Sernin - l'avenue de Saint-Affrique, avant 1918. A droite, Marc Juéry est horloger, ensuite nous trouvons une boucherie. A gauche, Mme Bel, sage-femme de 1ère classe de la faculté de Lyon, un forgeron qui répare les herses et les coupe-racines, un café et, plus bas, l'ancien bureau de la poste aux lettres. 16 - Saint-Sernin - une maison Renaissance, avant 1913. Quand on voit de si belles demeures, on se prend à rêver au riche passé de la cité...

17 - Saint-Sernin - la place du Fort, avant 1914. A droite l'hôtel de la Croix Blanche, de nos jours le Grand Café ; à gauche, l'hôtel Carayon. 18 - Saint-Semin - la place, entre 1915 et 1918. Devant la montée du café du Fort, deux militaires en bleu horizon permettent de dater la carte entre 1915 et 1918. A gauche, une boutique de mode puis le café Augé « au courrier d'Albi et de Saint-Affrique » qui a une roue de bicyclette en guise d'enseigne.

19 - Saint-Sernin - le quartier du Pont, vers 1925. A fond, à gauche, le café-restaurant Canac. A droite, l'hôtel du Commerce tenu par Sicard. On voit la fin de l'inscription qui annonçait qu'on logeait ici « à pied et à cheval ». Au centre, en blouse, serait-ce un colporteur qui propose une lanterne pour voiture à cheval ? (col. Malaterre). 20 - Saint-Sernin - la place du Fort, avant 1918. A droite, l'entrée du café du Fort. Dans le fond, l'hôtel de la Croix Blanche.

22 --Semin : la place du Fort, vers 1935. A droite, l'hôtel de France.

21 --Sernin - vue générale avant 1907. Actuellement, grâce à la prévention et à un renou- veau de l'esprit civique, de- puis 1986, le nombre d'in- terventions est en nette diminution puisque de 180 en 1983 et en 1984, il n'en eu que 100 en 1988. En cas de sinistre impor- tant, le C.S. de Saint-Sernin appelle en renfort, en pre- 23 - Saint-Sernin : le Centre de Secours vers 1980 : si le garage est flambant neuf, plusieurs véhicules sont des vétérans la Seconde Guerre mier appel, celui de Bel- mondiale : G.M.C., Dodge, jeep. Que sont-ils devenus ? Il aurait été mont qui dispose de 7 vé- souhaitable qu'un exemplaire de ces engins ait été conservé dans un hicules puis celui de Saint- musée... (cliché C.S. de Saint-Sernin). Affrique en second renfort. Le Centre de Saint-Ser- nin est toujours communal, placé sous l'autorité du maire, mais les véhicules, les uniformes et le défraiement des pompiers sont pris en charge par le département. Il est actuellement équipé d'une batterie feux de forêt composée de trois véhicules tous terrains, un lourd, un moyen et un léger (une Santiana, le meilleur véhicule léger T.T. au point de vue rapport qualité/prix, puisque deux Santiana ne coûtent guère plus cher qu'une V.L.T.T. Renault), un V.S.A.B. (véhicule de secours aux asphyxiés et blessés), un véhicule de liaison et un F.P.T. (fourgon pompe tonne), sans oublier les motopompes dont une pour feux d'hydrocarbures. La Brigade de Gendarmerie de Saint-Sernin-sur-Rance La brigade de Gendarmerie de Saint-Sernin-sur-Rance remplace depuis le 23 germinal an VI (12 avril 1798) la brigade de Maréchaussée -l'une des neuf du Rouergue - installée le 28 mai 1770 bien que prévue par un édit de mars 1720 ! A l'origine, la bri- gade de Maréchaussée se composait d'un sous- brigadier et de trois ca- valiers logés aux frais de la communauté. Paul Foulquier-La- vergne écrivait en 1880 que cette brigade avait été installée le 22 mai 1770. René Glises de la 24 - Saint-Sernin : le Centre de Secours vers 1983. L'étage n'est pas encore Rivière donne la date du construit, mais le parc roulant a été modernisé. (cliché C.S. de Saint-Sernin). 25 - Saint-Sernin : le personnel du Centre de Secours (cliché C.S. de Saint-Sernin). 28 mai 1771 et pense que, pour des questions de logement - il fallait deux chambre pour le brigadier, une pour chacun des cavaliers, une écurie pour cinq chevaux dont un de remplacement et un fenil ainsi que du mobilier - que l'arrivée de la Maréchaussée à Saint-Sernin ne date que de 1780 ! Pourtant le même auteur rapporte que le brigadier Carrié, de la brigade de Saint-Sernin, arrêta un voleur d'étoffes au marché de en 1776 ! En fait, l'état militaire du Royaume pour l'année 1779 ne mentionne pas la brigade de Saint-Sernin : la division de Maréchaussée de Montauban avait alors une lieutenance du Rouergue à Rodez, commandée par M. de Camboulas, deux sous-lieutenances à Milhaud et à Villefranche et cinq brigades : Mur- de-Barrez, , Sauclières, Salles- et Saint-Affrique. En 1790, la brigade était commandée par le brigadier Ray- mond qui louait, pour 40 livres, la maison d'une demoiselle Lavergne ; la communauté avait dû lui fournir une quantité considérable de meu- bles essentiels. En l'an VI, la brigade de Gen- darmerie avait un effectif de cinq hommes à cheval. En l'an XI, on 26 - Saint-Sernin : une arrestation à la « belle époque » trouve comme témoins à un mariage (montage R.C.P.). à Laval-Roquecezière Emmanuel 27 - Le camp du Larzac avant 1914.

Gervais, 28 ans, brigadier de gendarmerie à la résidence de Saint-Sernin et Pierre Brunei, 46 ans, gendarme à la même brigade. En 1880, la brigade à cheval se composait d'un maréchal-des-logis et de quatre gendarmes. En 1898, la brigade à cheval passa brigade à pied. Comment faisaient-ils ces gendarmes quand il fallait intervenir d'urgence à Montfranc ou à Saint-Juéry ? Il est vrai que le pays était des plus paisibles. La brigade quitta ses locaux, encore appelés « les casernes », route de Saint-Affrique où subsistent toujours les anneaux servant à attacher les chevaux, pour s'installer au centre de Saint-Sernin, place du Fort. En 1942, son effectif fut porté à 7 militaires, ramené à 6 en 1946 et enfin à 5 le 30 mai 1947. En 1968, la brigade de Montlaur fut dissoute et les six communes de sa

28 - Saint-Sernin : passage de troupes, avant 1914. C'est le 15e d'Infanterie qui traverse la commune, musique en tête. Il vient d'Albi et va en manœuvres au camp du Larzac. A droite, au premier plan, deux tambours-maîtres avec leur canne. Dans le fond « chez Jacques » - l'hôtel- café du Fort. Le colonel, à cheval, passe devant la voiture de l'hôtel Augé, situé de l'autre côté de la rue. 29 - Saint-Sernin - la place du Fort, avant 1939. Dans le fond, le poids public, la résidence de la brigade de gendar- merie et le café du Fort. circonscription (Montlaur, , Brasc, la Bastide-Solages, Martrain et Plai- sance) furent rattachées à Saint-Semin dont l'effectif fut augmenté d'un gendarme. C'est le 13 juillet 1975 que la brigade s'installa dans son casernement neuf actuel, route de Saint-Affrique. Le personnel de la brigade La Brigade de Saint-Sernin se compose d'un maréchal-des-logis-chef, co- mandant de brigade, et de cinq gendarmes. Jusqu'à présent, elle n'a pas eu de gendarmette ou de gendarme auxiliaire.

30 - Saint-Sernin - la brigade de gendarmerie en 1975 (cliché Gendarmerie Nationale).

Localités dépendant de la Brigade Le rayon d'action de la Brigade représente 13 des 14 communes du canton car Combret est sous la surveillance de la Brigade de Belmont-sur-Rance, ce qui représente une superficie de 21 730 ha et 3 991 habitants, au recensement de 1982. Activités de la Brigade L'activité de la Brigade de Saint-Sernin-sur-Rance est la surveillance d'un milieu essentiellement rural, non touché par le grand banditisme. La délinquance est surtout le fait de gens de passage : cambriolage de résidences secondaires et vols à la roulotte lors de réunions telles bals, fêtes, foires.

32 - Saint-Sernin - enfin la commune prend conscience de son patrimoine 31 - Saint-Semin - vue générale, avant 1903. Après le pont, on peut voir architectural : en 1988 on reconstruit une ''estiges de fortifications et les tanneries ruinées. Un peu plus haut, maison médiévale ! un h 1meuble s'est effondré. La Commune de Laval-Roquecezière, ses origines. La commune de Laval-Roquecezière se compose de quatre succursales : Saint- Crépin et Saint-Maurice d'Orient, toutes deux anciens prieurés dépendant du chapitre de Saint-Pons-de-Thomières, La Verdolle, succursale créée en 1860 et Roquecezière succursale de création postérieure. C'est en 1780 que - pour la première fois - on peut lire dans un acte officiel : communauté de Laval - Roquecezière. Auparavant on trouvait : - Roquecezière et vallée en dépendant, - la vallée de Roquecezière, - le val de Roquecezière . Certains ont écrit que Laval signifierait la belle vallée. La toponymie du village II est simple : le nom de la commune n'a qu'une origine géographique : il est ij incontestable que Laval signifie simplement vallée ; roc - le mot est arrivé à désigner le château ou la place forte campé sur le rocher - est aussi un élément d'ordre orographique (relief des montagnes) ; quant à Cézière il témoigne dans la mémoire collective, à défaut d'autres preuves, du passage du conquérant des Gaules. La communauté de Laval-Roquecezière ne comprenait, à l'origine, ni Roque- cezière, ni Belanet (ou Velanet) ni la Dévézarié ni la Fournarié. Elle comprenait les terres, ci-après mentionnées, qui formaient la paroisse haute de Saint-Crépin (1680) : le Py, le Cellier, Rouquairol, Vareilles, Miramontet, la Claparède, Fialès, Bonnefille, Sermet, la Borie de l'Héritier, Carbouyssou (en 1776 seulement), le Pujol, la Bastide, les Adouses, la Loubière, la Roujarié (vers 1700), le Cayla, et les villages de la paroisse basse de Saint-Maurice à savoir Saint-Mau- rice, Terraignes, le Grès, Orient, Ségézy, Hucaloup, la Verdolle, Brousses, Mont- vallon, les Pères, le Ran (ou Rang), les Crouzels, Fréjevialle et le Boiseante. Cette situation évolua puisque la Dévézarié en 1700 puis Belanet ainsi que la Fournarié en 1776 furent fiscalement rattachées à Saint-Crépin. La Révolution supprima les paroisses, à la fois circonscriptions religieuse et administrative pour les remplacer par les communes. En 1800, Montfranc fut réuni à Laval-Roquecezière pour être rattaché à Pous- thomy en 1816, avant de devenir une commune de plein exercice, en 1853 seulement. De 1800 à 1836 Combret, et ses hameaux tels Saint-Amans, Saint-Léonce, Bétirac, etc., fut rattaché également à Laval-Roquecezière tout en gardant une certaine autonomie dans un système complexe puisqu'on lit dans les documents administratifs du temps : commune de Combret, mairie de Laval-Roquecezière. Imaginez un peu les difficultés d'administrer une telle commune, à la superficie des plus étendues, à l'habitat plus que disséminé, avec une multitude d'églises qui menaçaient ruine et qu'il fallait néanmoins entretenir, un budget ridiculement modeste, des ressources misérables, une économie pratiquement de survie, à une époque où - aux dires mêmes de ceux qui y vivaient - les chemins étaient pratiquement impraticables sinon inexistants ! C'est l'histoire de toutes ces localités qui va être évoquée au fil des pages qui vont suivre. Que l'on y voie l'hommage étonné et admiratif de l'auteur envers ces consuls, maires, élus locaux, curés, maîtres d'école, humbles fonctionnaires, etc, qui se dévouèrent corps et âmes pour le mieux-être de leurs concitoyens, envers, également, ces petits paysans rouergats qu'on arracha, au temps du grand Empereur, à leur village pour aller verser leur sang aux quatre coins de l'Europe pour une cause qui les dépassait, envers, enfin, toutes celles et tous ceux qui, durant des générations, s'échinèrent sans ménager leur temps, leur peine et leur sueur à mettre en valeur une terre ingrate. C'est à une simple promenade dans le passé, un passé rude et rocailleux comme l'attachant accent rouergat, à laquelle le lecteur est amicalement convié. Puisse ce livre - ou plus exactement cette modeste évocation - rappeler aux uns la vie quotidienne de leurs parents ou de leurs grands-parents et donner aux autres une raison supplémentaire d'aimer ce beau pays. Les Lesstatues-menhirs premiers sontpas lesdans témoins l'Histoire d'une civilisa- tion qui peut remonter à 1 500 ans (1) avant J.-C., la première fut découverte en 1860 à . Selon l'abbé Bousquet (1942) ces statues semblent bien être l'expression de cette fusion des néolithiques et des ibé- ro-ligures génératrice de la civilisation dolménique rouergate. Dans les années 1950, on en dénombrait une quaran- taine dans le triangle Trebas, Lacaune, Murat-sur-Vabre. Les plus célèbres 33 - La dame de Saint-Sernin de ces (croquis). statues sont la dame de Saint-Sernin (trouvée au pied de la colline de Saint-Martin, près du pont du Merdanson, iden- tifiée en 1892 par le chanoine Her- mé, alors curé de l'Hospitalet où il vécut 40 ans) qui se trouve main- tenant au musée Fenaille de Rodez (le musée de Saint-Crépin en pos- sède un moulage à l'identique) et la statue masculine du Plo du Roi (2), près de Roquecezière, aujour- d'hui au musée de la Préhistoire du château de Saint-Germain-en- Laye. En 1936, dans son livre consa- cré à Belmont, le chanoine Hermet - né à Saint-Izaire en 1856, il fait ses premières études à Belmont fut second vicaire à Saint-Sernin de juillet 1885 à juin 1889 ; c'est à lui que nous devons le nom de statue- menhir, écrivait que le jeune Bec, 34 - Château de Saint-Germain-en-Laye, musée des Anti- élève de rhétorique au petit sémi- quités nationales : statue-menhir masculine provenant du Plo del Rey, au dessus de Tougnetou (col. Damien Bec). naire de ce bourg, signala au curé L'ornement mystérieux qui va de l'épaule droite à la taille de l'Hospitalet une statue-menhir évoque une hache à douille telle celle trouvée à Meaux en 1857, datant de 2 000 ans avant J.-C. et fabriquée en Hongrie qui venait d'être découverte à orientale ou en Roumanie occidentale (musée de Meaux). Il 200 m de la ferme de Saint-Julien. serait souhaitable que le musée de Saint-Germain-en-Laye L'idole - précisait-il - en grès rouge mette cette statue-menhir en dépot au musée de Saint-Crépin ou, à défaut, lui en offre un moulage. du pays remontant à 1 500 ou 2 000 ans avant J.-C. mesurait 0,80 m de haut et 0,60 m de large. Elle fut envoyée au musée de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron à Rodez. A l'époque, on comptait 18 statues-menhirs dans l'Aveyron, aux environs de Broquiès, de Saint-Izaire, de Coupiac, de Belmont, de Camarès ainsi que dans le Tarn, 10 aux environs de Roquecezière, Lacaune, Murat et dans l'Hérault, 2 dans le canton de la Salvetat, et il existait dans le petit musée du séminaire de Belmont deux bracelets en bronze ciselé trouvés au lieu-dit la Sarrette à Belmont.

35 - Les statues menhirs du musée de Saint-Crépin.

Ceci explique l'importance qu'ont ces statues-menhirs dans le musée de Saint- Crépin et le projet qui existe de les présenter dans un nouvel aménagement en plein air qui les mettra mieux en valeur. De la nation gauloise des Ruthènes qui était établie sur les rives du Tarn, du Lot et de l'Aveyron, il ne reste rien, si ce n'est - peut-être - qu'un souvenir : Belanet pourrait venir de Belanos, une divinité du panthéon celtique à moins qu'il ne vienne de las belanos, les amandiers. La légende veut que Jules César passât à Roquecezière - il laissa son nom au rocher Rupes Caesarea - et y établit un poste stratégique ; il est d'ailleurs exact que l'on trouvait des fragments importants de poteries romaines à la Montjoye (mons Jovis, la montagne de Jupiter ) à 5 500 m au sud-est de ce village. Le passage du conquérant des Gaules aurait eu lieu en 54 ou 52 avant J.-C., les auteurs ne sont pas d'accord sur la date. On dit, que venant de Narbonne pour combattre Luctère, lieutenant de Vercingétorix, et se dirigeant vers Roquecezière, il jeta, des R.-C. Plancke La vie quotidienne au pays de l'enfant sauvage Dans cet ouvrage, l'auteur - enfant adoptif de Saint-Crépin depuis 16 ans - nous entraîne dans une promenade dans le passé, de la préhistoire à nos jours, à travers la région de Saint-Sernin-sur-Rance, jusqu'à présent trop oubliée des livres et des guides touristiques. «Ainsi enfermer autant d'informations en un si petit nombre de pages, et cependant conserver une lecture facile et attrayante, tient du chef-d' œuvre littéraire et dit au lecteur ce qu'est la France profonde, celle qui ne peut qu'émouvoir quand on la connait.» Jacques Godfrain député de l'Aveyron

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