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e EN QUESTION, r o F / s o MÉTROPOLE EN ACTION p o r p

- e

t Le XXI siècle sera celui des métropoles. Toute réflexion sur nationale des agences d’urbanisme avait retenu la “métro- n e a l’avenir de l’Europe urbaine doit intégrer ce nouveau système polisation” comme thème de sa XXVI rencontre, organisée v

A de référence. Les dynamiques métropolitaines trouvent en réseau par les agences des trois grandes agglomérations leurs sources dans les révolutions économiques, techniques rhônalpines, Grenoble, Saint-Étienne et . et culturelles qui transforment la société européenne depuis un demi-siècle. Étroitement liées à l’économie de la connais- Les agences d’urbanisme sont en effet bien placées pour sance et de l’information, elles conduisent à l’émergence traiter de ces questions. Présentes dans la plupart des de formes urbaines nouvelles, à des manières différentes grandes villes françaises, elles ont notamment pour mission d’utiliser la ville et à des rapports renouvelés des habitants de réfléchir à l’avenir des territoires où elles agissent et d’y à leur territoire. préparer des projets de développement en phase avec les grandes évolutions économiques et sociales. Bon nombre L’accélération de ce phénomène, facteur d’attractivité et de d’entre elles se sont d’ailleurs investies dans la préparation rayonnement, mais aussi d’inquiétude vis-à-vis des équi- des réponses à l’appel à coopération métropolitaine lancé libres institutionnels, sociaux ou environnementaux, sus- en 2003 par la Datar. Ce nouveau numéro hors série de la cite de nombreux débats. Cette évolution peut en effet ouvrir revue Urbanisme témoigne des échanges très denses de la de formidables opportunités de développement, mais porte rencontre nationale et constitue l’occasion de mutualiser aussi des risques importants pour les villes qui resteraient les savoirs et les expériences menées dans ce domaine. à l’écart de ces mouvements ou pour les habitants qui en seraient durablement exclus. C’est pourquoi, sous le titre André Rossinot, “Métropole en question, métropole en action”, la Fédération président de la FNAU

SPOTLIGHT ON THE METROPOLIS

The 21st century is going to be the century of the metropolis, Planning Agencies (FNAU), organised by the network of and any discussion of Europe's urban future has to take planning agencies from the three major urban areas in 's account of this new frame of reference. Rooted in the eco- Rhône-Alpes Region: Grenoble, Saint-Etienne and Lyon. nomic, technical and cultural revolutions at work in Europe over the last fifty years, the dynamics of the metropolis are Now present in most of the country's big cities, France's also intimately linked to today's knowledge-and-information- town planning agencies are well placed to consider these driven economy; what we are witnessing is the emergence issues. Their role notably includes weighing up the future of new urban forms, different ways of using the city, and new of the territories they work in and preparing development relationships between people and the places they live in. projects that fit with major economic and social trends; and many of them are working on responses to the call for inter- The acceleration of this trend – a source of urban attracti- metropolitan cooperation launched by the Town Planning veness and prestige, but also of disquiet concerning insti- and Regional Action Delegation (Datar) in 2003. With its tutional, social and environmental balance – has generated account of the vigorous discussion that took place during a great deal of debate. For while current changes are ope- the recent FNAU Congress, this special issue of Urbanisme ning up enormous development possibilities, they are also offers an excellent résumé of current thinking and recent bringing with them major risks for cities that miss the bus experiments in the field. and for residents condemned to exclusion. Hence the theme of "metropolisation" and the title Focus on the Metropolis André Rossinot for the 26th congress of France's National Federation of Town FNAU President

mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 3 Sommaire Contents s t n e t

I Avant-propos 3 I Métropole en projet 38 I Foreword 3 I Projects that shape the metropolis 38 n o C

/

Spotlight on the metropolis Métropole en question, métropole en action • Table ronde • Round table e

by André Rossinot 3 r par André Rossinot 3 On ira tous au paradigme… des politiques publiques Of paradigms and policies i a Synthèse de la table ronde par Olivier Réal 38 Report on the round table by Olivier Réal

38 m

Setting the scene m Ouverture 6 Gouvernance culturelle : work in progress 40 I 6 Cultural governance: work in progress I 40 o S • Table ronde Towards “community” metropolises? • Round table Vers des métropoles de proximité ? La métropolisation relance le débat institutionnel by Pierre Gras 6 The implications for France's institutions par Pierre Gras 6 Synthèse de la table ronde par Richard Quincerot 41 Report on the round table by Richard Quincerot • Round table 41 • Table ronde Échirolles : une “centralité périphérique” ? 43 The emerging metropolis: learning to face the facts Échirolles: a "peripheral urban centrality"? 43 Métropole émergente : apprendre à voir le réel Saint-Étienne : des quartiers anciens en “gentrification”, Report by Richard Quincerot 9 Synthèse par Richard Quincerot Saint-Étienne: gentrification – to exclude or not to exclude? 43 9 mais sans exclusion ? 43 English abstract 11 Résumé anglais 11 • Viewpoint • Point de vue The call for metropolitan cooperation: L’appel à coopération métropolitaine : un décryptage between the lines Métropoles en réseau par Anna Geppert Networking 12 I 12 44 I by Anna Geppert 44 • Reportage Rhône-Alpes encounters its metropolises 12 • Report Rhône-Alpes rencontre ses métropoles 12 Birmingham : une métropole régénérée Birmingham: a retail-regenerated metropolis? par le commerce ? • Grenoble • Agglomération grenobloise by Pierre Gras • Photos by Pierre Gras par Pierre Gras • Reportage photo de Pierre Gras Homing in on metropolisation 47 La métropolisation en ligne de mire 47 by Olivier Réal 13 English abstract 52 par Olivier Réal 13 Résumé anglais 52 Minatec: making small, aiming high 15 Minatec voit grand autour de l’infiniment petit 15 Rayonnement de la métropole I The fine art of status 53 • Agglomération stéphanoise I 53 • St Etienne A metropolis in the making Attention, métropole en chantier ! • Round table by Pierre Gras par Pierre Gras 16 • Table ronde 16 Hey, seen my metropolis? De l’art de rayonner : vous avez vu ma métropole ? Designing St Etienne Report on the round table by Richard Quincerot Saint-Étienne travaille son design 19 19 53 Synthèse de la table ronde par Richard Quincerot 53 • Agglomération lyonnaise • Lyon Firminy: Le Corbusier – status icon? 55 Firminy : Le Corbusier, icône rayonnante ? 55 Going international: forty years on Quarante ans d’internationalisation • Round table par Richard Quincerot 20 • Table ronde by Richard Quincerot 20 European metropolises: La métropole européenne veut rayonner au-delà Lyon's Cité Internationale: the status machine 22 putting the status message across Cité internationale : une machine à rayonner 22 de sa circonférence Report on the round table by Olivier Réal 56 Résumé anglais 23 Synthèse de la table ronde par Olivier Réal 56 English abstract 23 A question for: Question à : Sergio Chiamparino, maire de Turin 58 Sergio Chiamparino, mayor of Turin 58 I Métropole vécue 24 I The metropolitan experience 24 • Analyse • Close-up Barcelone, métropole entre ombre et lumière • Round table Barcelona between light and shadow par Pierre Gras • Reportage photo de Serge Mouraret • Table ronde 59 Will the metropolis "risk" alterity? by Pierre Gras • Photos by Serge Mouraret La métropole prendra-t-elle le “risque” de l’altérité ? 59 Résumé anglais 64 Report on the round table by Olivier Réal 24 Synthèse de la table ronde par Olivier Réal 24 English abstract 64 • Viewpoint • Point de vue Perspectives métropolitaines 65 Mobile = metropolitan: an impossible equation? Mobilité = métropolité : une équation impossible ? I Prospects 65 by Marc Wiel 27 I par Marc Wiel 27 • Synthèse Curitiba: sustainable and community-conscious • Report Curitiba, ville durable et solidaire 28 28 La ville dont vous êtes le héraut Heroes of the urban book • Viewpoint • Point de vue Synthèse subjective par Martin Vanier 65 Metropolisation in France's One man's viewpoint by Martin Vanier 65 Les spécificités de la métropolisation en • Table ronde Provence-Alpes-Côte d’Azur Provence-Alpes-Côte d’Azur Region • Round table Quand le couple région/métropoles (re)fait l’Europe… by Gabriel Jourdan Region + metropolis = a new Europe? par Gabriel Jourdan 29 29 Synthèse de la table ronde finale par Pierre Gras 67 • Close-up Report on the closing round table by Pierre Gras 67 • Analyse La FNAU se “manifeste” et étend ses ambitions La métropole en Suisse : un concept en évolution lente The metropolis concept in Switzerland: The FNAU: new manifesto, fresh ambitions par Pierre Gras 69 changing – but slowly by Pierre Gras par Richard Quincerot • Reportage photo de Serge Mouraret 31 69 • Point de vue by Richard Quincerot • Photos by Serge Mouraret 31 • Viewpoint Résumé anglais 37 L’État répondra présent English abstract 37 You can count on the State par Dominique Perben 71 by Dominique Perben 71 Résumé anglais 72 English abstract 72 Repères bibliographiques I 73 I Further reading 73

4/ URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 5

VERS DES MÉTROPOLES qui permettent, selon lui, de dépasser les clivages avoir pleinement conscience au départ. Car, à partisans ou techniques et de mobiliser l’ensemble l’époque, nous n’avions pas le choix. Il fallait en prio- des réseaux professionnels au service de ces objec- rité recoudre le tissu social déchiré par la crise éco- tifs ambitieux. “La métropolisation et la compétition nomique et le faire ensemble. Cette démarche s’est

DE PROXIMITÉ ? e internationale, a expliqué le président de la fédéra- poursuivie naturellement par la suite.“ Les grands r u t

tion, nous imposent de faire face ensemble à ces projets actuels permettront à la métropole stépha- r e

lités, les régions et les départements. Il se révèle défis, au moment où l’Europe des villes ressurgit noise de “se doter d’outils forts pour son dévelop- v u

mal adapté pour le pilotage de ces territoires urbains avec une vigueur nouvelle.“ Citant l’exemple du pement culturel en associant constamment créati- O Organisée “en réseau” par les d’un nouveau type que sont les métropoles et Sillon lorrain/3, le maire de Nancy a évoqué une vité et économie, modernité et identité“, selon soulève nombre de questions. Aussi, comme l’a double nécessité : “synthétiser les différents modes l’expression de M. Thiollière/4. agglomérations de Grenoble, 3/ expliqué en ouverture Michel Destot, député-maire Cf. Urbanisme hors série e de Grenoble, la configuration de la XXVIe rencontre n° 21, mars-avril 2004, Saint-Étienne et Lyon, la XXVI pp. 55 et suivantes. nationale des agences d’urbanisme s’est voulue

rencontre nationale des agences proche des réponses du terrain, à l’image du réseau 4/ des villes de Rhône-Alpes, manifestant la réalité in Le Moniteur du d’urbanisme a contribué sur le 2 décembre 2005. d’un travail en commun devenu “indispensable à Lire aussi page X. terrain – qui est aussi celui des l’échelle du développement urbain“ comme à la constitution d’une candidature (réussie) aux “pôles idées – à éclairer ce qui constitue de compétitivité“/2. à la fois l’opportunité et “La seule ‘’ville’’ de Los Angeles, a souligné le maire la complexité de la métropolisation de Grenoble, couvre la totalité de nos trois aires métropolitaines. C’est pourquoi il nous faut raisonner pour les acteurs des “projets à l’échelle mondiale, inventer des villes réellement métropolitains”. Trois temps forts internationales en dehors de , disposant d’infrastructures de haut niveau et complémentaires de débat/1, mais aussi en matière de transports, de nouvelles technologies, en convivialité, menés tambour de recherche ou d’enseignement supérieur.“Mais ces “fonctions majeures de centralité“ comportent battant dans les trois métropoles “des responsabilités équivalentes en matière 1/ Débats animés cette sociale“, a poursuivi Michel Destot : les charges de année par Véronique rhônalpines. solidarité qui en découlent dépassent largement les Auger. moyens des seules villes centres et concernent désor- 2/ Par Pierre Gras mais l’ensemble des agglomérations urbaines. Enfin, Il y a 15 projets La société se mondialise et s’urbanise à vitesse accélérée et les équilibres sociaux en sont bouleversés. “faire vivre la métropole, c’est aussi faire vivre la ville rhônalpins parmi les 67 pris en compte par comme creuset de la démocratie. Car c’est bien dans la Datar au plan national. de contractualisation“ entre les métropoles et l’État, Il était difficile d’évoquer les perspectives du les villes que se façonne le monde de demain“. Lire aussi page 46. et “trouver des systèmes de gouvernance adaptés développement métropolitain sans envisager son permettant d’obtenir de meilleurs résultats dans des “rayonnement“, thème retenu par l’agglomération Le monde s’urbanise à vitesse accélérée. Les espaces Le défi du travail en commun domaines comme la performance économique des lyonnaise pour la troisième et dernière journée de urbains s’élargissent et changent de forme. Portées Des termes qu’aurait pu employer le président de la territoires, la cohésion sociale ou les conditions de la rencontre. Gérard Collomb, sénateur-maire et par le développement de l’automobile et la périur- FNAU lui-même. André Rossinot n’a pas manqué de la mobilité“. Or, a reconnu André Rossinot, “fabriquer président de la Communauté urbaine de Lyon, l’a banisation, les villes atteignent des tailles parfois souligner la qualité des “relations informelles ou for- des projets métropolitains, ce n’est pas évident. rappelé en termes clairs : “Si l’économie de l’infor- gigantesques et revendiquent le statut de “métro- melles développées par les agences d’urbanisme“ L’aventure est donc permanente. C’est un défi pour mation se joue des frontières, elle a besoin de poles“. Tandis que les cadres sociaux traditionnels notre façon de vivre et de travailler territoires. Même dans l’immatériel, il faut de liés à une économie de production sont boulever- ensemble.“ l’échange pour que puissent se développer les sés, les équilibres urbains entre les territoires, et à grandes villes de la connaissance.“ Et il faut être l’intérieur de ceux-ci, se transforment profondément. Développer des projets connu – et surtout reconnu – pour exister dans une Des puissances nouvelles émergent à l’échelle mon- métropolitains forts économie-monde de plus en plus marquée par le diale tandis que d’autres perdent leurs anciennes À Saint-Étienne, le lendemain, Michel sceau de “l’intelligence“. En faire partie suppose prééminences… Thiollière, sénateur-maire et président donc pour une métropole d’avoir acquis une véri- de Saint-Étienne Métropole, a rebondi table lisibilité internationale que certains choisissent Une configuration nouvelle sur cette idée avec modestie : “Nous d’appeler “rayonnement“ et d’autres “compétitivité“ En France, le système de gouvernance des territoires avons mis en œuvre dans l’agglomé- ou “performance globale“. Comme aurait pu l’écrire est fondé sur un partage rigide des compétences ration stéphanoise un projet de déve- Fernand Braudel, si le rayonnement ne se décrète entre l’État, les communes et leurs intercommuna- loppement métropolitain sans en pas, à coup sûr il se prépare… André Rossinot Michel Destot Michel Thiollière Gérard Collomb ̈ ̈ ̈

6/ URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 7 VERS DES MÉTROPOLES DE PROXIMITÉ ?

Mobiliser tous les acteurs par exemple en matière de transports ou de logis- Table ronde En tout état de cause, chacun l’a répété au cours de tique de congrès – mais aussi la nécessité d’une telle ces trois journées, “un grand nombre d’acteurs est “stratégie métropolitaine“, en dépit des espaces nécessaire“ pour faire aboutir une telle démarche : éventuels de concurrence. Si le chemin n’est pas sans e qu’ils soient institutionnels ou émanent de la société embûches, “rester entre soi et ne pas s’ouvrir aux Métropole émergente : r u t

civile, comme l’a expliqué le maire de Lyon, qu’ils autres serait suicidaire à terme pour les villes“, a r e

soient issus des rangs du secteur privé, comme l’a lancé le maire de Genève, Manuel Tornare, oppor- v u

rappelé le maire de Saint-Étienne, ou du monde de tunément invité à la table ronde finale. La métropo- apprendre à voir le réel O la connaissance et de la culture, comme l’a souligné lisation n’est sans doute pas un phénomène vertueux. le maire de Grenoble, il convient de les “mobiliser“ Elle entraîne des déséquilibres certains, de même sur des thématiques fédératrices où ils puissent jouer qu’elle contribue à accentuer les clivages sociaux ou “La métropolisation a mis à mal quelques certitudes pleinement leur rôle. “Si nous ne savons pas organiser territoriaux. Mais le malthusianisme et le repli sur fondamentales, a souligné en préambule Alain En apparence, rien n'a bougé. cette mobilisation, a prévenu Gérard Collomb, c’est soi constitueraient assurément une impasse. Bourdin, sociologue, directeur de l'Institut français la seule loi du marché qui s’imposera comme moyen d'urbanisme. D'abord, l'omnipotence de l'État, désor- On habite toujours en ville, en de régulation de la métropolisation.“ Trois conditions Alors laissons le mot de la fin à l’économiste Pierre mais concurrencé par la montée en puissance des banlieue ou dans une campagne sont ainsi apparues incontournables au président de Veltz : “Quand les villes deviennent ennuyeuses, métropoles. Ensuite la notion de territoire, qui n'a la Communauté urbaine de Lyon pour “apprendre à même les riches finissent par partir !“ Vive la créati- pas beaucoup de sens pour un phénomène à carac- plus ou moins éloignée. travailler ensemble“ et parvenir à “définir des stra- vité métropolitaine, par conséquent. Rendez-vous tère essentiellement économique et social. Mais tégies communes“ : “une communauté de destin“, est pris pour le mois de novembre à Dunkerque – une aussi l'idée de culture urbaine, débordée par le cos- Et pourtant, tout a changé. “une vision partagée du territoire“ et enfin “une ville où l’on ne s’ennuie pas, “Karnaval“ en témoigne – mopolitisme et l'interaction de multiples cultures. En quelques années, le monde a organisation en réseau plutôt qu’en pyramide“. où se réunira la vingt-septième rencontre des agences Et enfin, l'imaginaire urbain, percuté par l’espace d’urbanisme. Car il y sera justement question d’inno- mondialisé des séries TV américaines, mais aussi de subi une profonde métamorphose. La complexité d’une organisation vation, de création et de culture. l P.G. la décolonisation, du risque et de l'insécurité…” multipolaire Les territoires de vie restent Le déroulement proprement dit des trois journées Un processus d'invidualisation infiniment familiers, puisque de cette rencontre nationale aura tout à la fois mon- Alors, comment penser ce monde nouveau ? Pour tré la complexité d’une organisation multipolaire – Alain Bourdin, c'est la dernière vécus au quotidien. Et pourtant, étape d'un processus historique la métropolisation les a rendus d'individualisation des sociétés, qui consiste à “faire le social à déroutants, alternativement Billet partir de l'individuel, et non l'in- verse”. Ce processus est porté surprenants et décevants. par deux catégories métropoli- Un dépaysement radical, analysé Vous avez dit ambiance ? taines en forte croissance : un “prolétariat” des services très tout à tour du point de vue de Question : combien faut-il de la démonstration des organisateurs ce fut un bon cru, de l’avis général mal payé et une catégorie l'urbanisme, de la gouvernance temps pour rejoindre Lyon en train in situ (et involontaire, sans doute) – je parle de la rencontre nationale, moyenne de cadres supérieurs spécial depuis Grenoble un soir concernant la “complexité” de la pas forcément du beaujolais. et professions intermédiaires, et de la morphologie du territoire d’hiver – et, de surcroît, de ren- métropolisation et les “effets de passé en trente ans (en France) contre nationale de la FNAU –, réseau” n’aurait pas été si efficace Alors l’ambiance ? Pas facile à de trois à plus de huit millions de au cours de la séance d’ouverture sachant qu’un convoi roule rare- sans ces petites anicroches… raconter, encore moins en un seul Alain Bourdin personnes (passant ainsi de 16 % à Grenoble. ment sans motrice, que les trente- feuillet. Mais puisque vous insis- à 36 % de la population active). cinq heures sont toujours en D’anicroches, il n’y en eût en tez, j’ajouterai que l’équipe qui a 1/ Synthèse par Richard Quincerot vigueur et que les réserves de vin revanche aucune au cours du rédigé ces pages ne s’est pas Cf. Alain Bourdin, La Cette “métropole des individus”/1 génère, selon chaud finissent tôt ou tard par dîner de gala – aussi exotique que ennuyée. Mais elle s’est coupée en métropole des individus, Alain Bourdin, une demande sociale spécifique qu'il éditions de l', 2005 s’épuiser, comme le moral des somptueux – où, comme le résu- quatre pendant ces trois jours. Car, s'agit de prendre en compte. Confronté à une offre

troupes ? Réponse : un certain mait avec une pointe d’insolence comme le suggérait un participant 2/ considérable de biens et de services, disposant de temps. Il ne fallait manquer ni le synthétiseur en chef Martin facétieux, “une métropole, c’est un Centre d'études compétences de choix et d'accès très inégales, Gouvernance métropolitaine, politiques de l'Europe d’humour ni de patience. Heureu- Vanier, les directeurs d’agence traîneau avec beaucoup de rennes : latine, Université de exposé à une insécurité croissante, l'individu métro- espoirs et réalités sement, les cinq cents métropoli- ont pu découvrir en temps réel ça tire dans tous les sens”. Montpellier I. Emmanuel politain est en recherche permanente d'une meilleure À quoi conduit la métropolisation du point de vue de Négrier vient de publier tains d’un jour qui se sont trans- l’émergence de cultures urbaines Heureusement qu’il y a parfois La question maîtrise de ses conditions d'existence : “Aidez-moi la gouvernance ? Sans doute pas à l'institution d'un portés entre les trois sites de la apparues il y a près de trente ans... le père Noël aux commandes !. métropolitaine. Les à organiser mon environnement et ma vie quoti- nouvel échelon de gouvernement, estime Emmanuel politiques à l'épreuve du rencontre nationale n’en étaient Le temps passe si vite ensemble. l P.G. changement d'échelle dienne ! Voilà la demande à laquelle les acteurs poli- Négrier, chercheur CNRS au CEPEL /2. Économi- pas dépourvus, le premier soir Et si les péripéties passent, les territoriale, Presses tiques doivent aujourd'hui répondre en priorité, l'en- quement, les métropoles sont des ensembles universitaires de comme le second… Mais au fond, (bons) souvenirs demeurent. Car Grenoble, 2005. jeu central de la vie métropolitaine.” complexes, fragmentés et instables. Socialement, ̈ ̈ ̈

8/ URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 9 MÉTROPOLE ÉMERGENTE : APPRENDRE À VOIR LE RÉEL

elles sont traversées par des conflits irrésolus. Towards "community" Et politiquement, la gouvernance métropolitaine reste incertaine, n'émergeant qu'exceptionnellement des architectures institutionnelles préexistantes. metropolises?

“Depuis la loi Chevènement de 1999, analyse e n

Emmanuel Négrier, les agglomérations françaises e c s

ont presque atteint l'optimum avec près de deux Bringing together the metropolitan areas of Grenoble, urban culture – have been shaken. Choice and access e

cents structures. Mais elles couvrent à peine la St Etienne and Lyon, this first networked FNAU are unequally distributed and a sense of insecurity h t

moitié de leurs aires urbaines, c’est-à-dire les Congress put the spotlight simultaneously on the finds expression in numerous unresolved conflicts. g n

Emmanuel Négrier Yves Chalas i métropoles vécues par les populations et les possibilities and complexities the metropolisation Yet with the metropolis still taking shape, as CNRS t t

acteurs économiques. Il serait donc prématuré process represents for planners. researcher Emmanuel Négrier pointed out, it may e S

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d'annoncer l'aboutissement d'un cadre qui be too soon to start looking for the best form of e demeure globalement sous-optimal et bien plus aux pôles bien hiérarchisés. Quatrième caractéris- As Grenoble mayor Michel Destot pointed out, the governance. r u t

hétérogène qu'attendu.” Sur la base d'une enquête tique, elles sont polarisées sur des centralités qui single "city" of Los Angeles covers the same area as r e

menée à l'échelle européenne, Emmanuel Négrier se situent autant au centre qu'en périphérie. En the Congress's three hosts: what France needs are Grenoble planning professor Yves Chalas offered a v u

distingue quatre modèles de gouvernance : cinquième lieu, leurs frontières sont floues et truly international entities in addition to Paris, with ten-point summary of what makes the metropolis O “l'agglomération cosmétique”, la “confédération mouvantes. Sixième point, leurs paysages mêlent the appropriate, interrelated infrastructures in terms unique: it is not a city, but an alliance of cities; thus fantôme”, la “fédération sélective” et la “super- en agrégats enchevêtrés l'urbain, le péri-urbain et of transport, the new technologies, research and it is multicentral; varying in size and functioning, the municipalité”. Sa conclusion : “La diversité même le rural. Septièmement, L'urbain et le rural ne s'y higher education – plus the relevant social facilities. centralities form no clear hierarchy; the main cen- des gouvernances métropolitaines remet deux opposent pas comme deux “mondes” contrastés, Among the challenges here is the intricate business tralities may be found both in the centre and on the idées en question : la fatalité subsidiaire de la mais s'interpénètrent: les campagnes sont urbaines, of working together on metropolitan projects, and periphery; metropolitan borders are blurred and shif- coopération intercommunale et l'optimisme des la nature et l'agriculture ressurgissent au cœur des FNAU president André Rossinot stressed the role ting; the metropolis mixes the urban, the periurban réformistes métropolitains.” La question d'une villes. Huitièmement, la nature et le passé rural ont le played by town planning agencies in smoothing over and the rural; the urban and the rural interpenetrate; gouvernance métropolitaine serait-elle, par consé- statut d'une nouvelle monumentalité, ils fonctionnent technical and professional rivalries that can hamper nature and the rural past have become the focus of quent, prématurée ? /3 comme lieux de mémoire pour les habitants. what he described as "a fulltime adventure". residents' memory; space is defined more by the Neuvièmement, dans les territoires métropolitains, Interestingly, the mayor of St Etienne, Michel empty than by the built; and there is no longer any t t Le dépaysement métropolitain les vides sont plus structurants que les pleins : ils Thiollière, described how his city had launched its distinction between "city" and "non-city". c en dix leçons devancent, déterminent, façonnent les formes bâties. metropolitan development project without being fully "Metropolisation," Chalas says, "has produced the c a Sur la morphologie des territoires, la métropolisation Enfin, dixièmement, il n'y a plus de séparation entre aware of what was happening. The damage caused historically unprecedented situation of an entirely a r produit de l'inconnu, qu'il s'agit d'abord de recon- “ville” et “non-ville”. by the economic slump meant something had to urban society…The urban has become the yardstick r t naître pour ce qu'il est. Yves Chalas, professeur à be done and things just "went ahead naturally for all things…It is everywhere." Like God? t s l'Institut d'urbanisme de Grenoble, met en avant dix Et Yves Chalas de conclure sur cette totalisation : from there." s caractéristiques qui distinguent les métropoles des “La métropolisation a produit cette situation histori- b b formes antérieures d'occupation du sol. quement inédite d'une société entièrement urbaine, 3/ For Lyon mayor Gérard Collomb, the challenge also Ce point de vue est A Premièrement, les métropoles ne sont pas des villes, d'une co-extensivité de la ville et du territoire, d'une lies in the "world economy" and the need for cities A partagé par Bernard mais des alliances de villes interdépendantes. ville-territoire. Fin du dualisme entre ville et non-ville : Jouve et Christian to make themselves known in terms of such intan- Deuxièmement, elles sont polycentriques, associant l'urbain est devenu la mesure et la source de toute Lefèvre (dir.), Métropoles gibles as information and intelligence – and so ingouvernables. Les de grandes et de petites villes. En troisième lieu, elles chose. Il se trouve dans les centres, les périphéries, villes européennes entre achieve what is variously called "status", "competi- fonctionnent sur la base de réseaux de centralités les campagnes. Bref, il est partout.” Comme Dieu ? globalisation et tiveness" or "global performance". But all the actors décentralisation, d'importances diverses et non d'espaces aréolaires l P.G. Elsevier, 2002. concerned – public and private, institutional and civil society – must be mobilized if market forces are not to be the sole factor governing the metropolisation process, That process is a far from virtuous one, as Geneva mayor Manuel Tornare remarked, but this is no reason to refuse to get involved: to quote econo- mist Pierre Veltz, "When cities become boring, even the rich finally move out!"

One effect of metropolisation is perplexity: on the surface nothing seems to have changed, but in just a few years the well-known has somehow become unfamiliar. Above all, as sociologist Alain Bourdin stressed, some of our basic certainties – the omni- potence of the state, accepted notions of territory and

10 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avrilmars-avril 20062005 - - HORS HORS SÉRIESÉRIE n° n° 28 24 // URBANISMEURBANISME// 1111

E R U T

Agglomération grenobloise u R a E

RHÔNE-ALPES À LA RENCONTRE e V s U é O r

n e

DE SES MÉTROPOLES LA MÉTROPOLISATION s e l o p o r EN LIGNE DE MIRE t mutualisation et de mise en cohérence des projets” é

que sont les agences, selon l’expression utilisée par M La décision du Conseil régional le président de la FNAU. “L’évolution des modes de vie doit guider toute notre action, a d’ailleurs estimé À la fois métropole alpine et Développer la coopération métropolitaine Rhône-Alpes d’adhérer Marcel Doutre, président d’Epures, l‘agence d’urba- Plusieurs décennies de développement technopoli- simultanément aux trois agences nisme de l’agglomération stéphanoise, compte tenu métropole d’équilibre vis-à-vis de tain ont offert à Grenoble un socle de forces vives et de la “raréfaction des ressources”, de la nécessité de la capitale lyonnaise au sein de de reconnaissance, y compris à l’international, sur d’urbanisme de la région, prise construire “un développement plus durable” et du lequel repose en partie son potentiel d’évolution “besoin de cohésion sociale”. la région Rhône-Alpes, technopole métropolitaine. Sa situation géographique au pied le jour même où se déroulait la du Sillon Alpin/1 lui permet d’inscrire naturellement table ronde finale de la rencontre Le président de l’Agence d’ur- née du croisement historique de son territoire dans l’espace régional et européen, tan- banisme pour le développe- la formation, de la recherche et de tôt en complément, tantôt en concurrence, de l’aire nationale consacrée aux relations ment de l’agglomération lyon- métropolitaine lyonnaise. L’agglomération apparaît naise, Gilles Buna, a pour sa l’industrie, Grenoble est au carrefour en fait à la base d’un triangle essentiel comprenant entre régions et métropoles en part mis l’accent sur la “qualité les pôles de Lyon-Saint-Étienne et de Genève. Un urbaine”, indispensable à la de nombreux développements. positionnement susceptible d’être renforcé par la Europe/1, a grandement facilité réussite et au “rayonnement” Abondance de biens ne nuit pas, ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin et qui le travail des élus présents. du projet métropolitain : “La ne peut se passer du réseau de villes centres de dégradation des milieux de vie à condition de savoir les partager Rhône-Alpes. Par Pierre Gras n’est pas la condition de l’in- pour asseoir une dimension ternationalisation”, a-t-il pré- cisé. “Les phénomènes que métropolitaine que l’agglomération prennent en charge nos agences dépassent largement grenobloise n’a ni vocation ni Elle tombait en effet à pic pour montrer qu’il y a les frontières de nos agglo- capacité à atteindre seule. Le récit convergence d’intérêts, sinon de vues, entre la mérations respectives. Il est Région et ses trois grandes métropoles. Jean-Jack naturel et logique d’y tra- de cette ambition. Queyranne, président du Conseil régional, l’a vailler ensemble”, a-t-il affirmé rappelé avec force : si la Région a fait le choix de ensuite, au cours d’une confé- Par Olivier Réal s’impliquer dans les travaux et dans le fonctionne- rence de presse commune aux ment des trois agences, a-t-il souligné, c’est parce trois présidents et animée par André Rossinot. 1/ qu’elles réunissent une solide “capacité d’analyse Ce dernier a souligné “(qu’)il est impératif de sortir Lire la synthèse de cette Pour avoir durablement relevé les défis de l’ère table ronde en page 67. et de prospective” et qu’elles sont un bon exemple de l’isolement et d’unir nos savoir-faire si nous industrielle, puis ceux de l’ère moderne, plus de la “mise en réseau” des métropoles. voulons que notre travail soit réellement efficace”. scientifiques et technologiques, illustrés aujour- Munies de ce viatique consensuel, les agences d’hui par le concept Minatec (lire p.15), l’agglo- Annie Deschamps, présidente de l’Agence d’urba- n’avaient plus de doute sur la voie à suivre… celle 1/ mération grenobloise doit également assumer nisme de la région grenobloise, a pu exprimer du réseau. P.G. Le Sillon Alpin les responsabilités de premier pôle de recherche l représente, en incluant également sa satisfaction de voir les l’agglomération français en région (après l’Île-de-France). trois équipes collaborer étroitement franco-genevoise, Conséquence inéluctable d’une forte image, La modernisation de Grenoble lui a permis de s’inscrire dans le développement un bassin de près de régional et international. à la réussite d’un événement emblé- 2 millions d’habitants issue d’une culture d’innovation soigneusement matique pour toute la région. “En et 900 000 emplois. entretenue et peaufinée, car créatrice de 1983, a-t-elle rappelé, Grenoble richesses, la “métropole en devenir” attire. Cette Cette alliance stratégique, construite depuis une organisait l’une des premières ren- agglomération d’environ 400 000 habitants dizaine d’années et élargie aux grandes aggloméra- contres de la FNAU. Désormais, répartis sur vingt-six communes accueille en tions, correspond aux besoins d’internationalisation c’est ensemble que les agences des effet 60 % des habitants, 58 % des actifs ayant de la ville. Le processus de métropolisation, qui pri- trois grandes métropoles de Rhône- un emploi, mais 71 % des emplois et 72 % des vilégie l’ouverture et l’émergence d’un axe régional Alpes préparent l’avenir.” Préparer grandes surfaces commerciales de la région Saint-Étienne-Lyon-Grenoble reposant sur des inté- l’avenir n’est en effet pas la moindre urbaine grenobloise, au prix d’une très forte rêts communs en matière de développement et de

des préoccupations des “outils de Annie Deschamps Marcel Doutre Gilles Buna mobilité de la population de la ville centre. rayonnement (entre autres via l’économie et la ̈ ̈ ̈

12 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 13 LA MÉTROPOLISATION EN LIGNE DE MIRE u a

recherche), offre à l’agglomération grenobloise l’op- Grenoble, Michel Destot, très atta- mobilisatrice dans tous les secteurs et pourrait entraî- e s

portunité de ne plus s’enfermer dans une dualité pas- ché à la qualité de la “politique de ner des retombées bien plus larges que la simple é r 4/ séiste entre montagne et vallée du Rhône. peuplement” sont affichées : d’ici à commémoration du cinquantenaire des Jeux de n e

La ville de Grenoble

2020, la construction de 750 loge- occupait, en 1999, le 1968, qui ont tant concouru au développement de la s e ments par an est attendue sur la dix-huitième rang en ville. Plaque tournante entre Rhône et Alpes, l

Mieux organiser les déplacements o France avec 156 200 Plusieurs axes prioritaires se dégagent des politiques seule ville-centre, dont le tiers en Grenoble n’aura sans doute jamais la taille des p

habitants, o r

la Communauté t menées tant par la ville que par l’agglomération logements sociaux. Plusieurs pro- grandes métropoles européennes/4, mais semble d’agglomération le é

Grenoble Alpes Métropole. Concernant les déplace- jets d’urbanisme sont ainsi en ges- douzième avec 396 800 en revanche en situation, par ses acquis, ses projets, M habitants et ments, tout d’abord, le schéma directeur du tram- tation ou en partie réalisés, parmi lesquels la trans- 26 communes, ses ambitions et ses alliances, à générer une crédi- way conduit, selon l’Agence d’urbanisme de la région formation de la caserne de Bonne (8,5 hectares). la Région urbaine bilité métropolitaine dont nombre de grandes villes le septième rang avec grenobloise (Aurg), à “dépasser la logique de lignes” Cette ex-unité de chasseurs alpins, achetée par la 620 000 personnes se contenteraient largement. l O.R. par une politique de maillage de l’infrastructure per- commune et située à l’intersection des grands bou- et 157 communes. mettant de réaliser des “barreaux” créateurs de ser- levards, va faire l’objet d’aménagements en Haute vices. Il s’agit d’amorcer la réflexion sur la desserte qualité environnementale), avec une forte dominante des communes périurbaines à moins forte densité. habitat (850 logements de standing, sociaux et inter- Plus globalement, le Plan des déplacements urbains médiaires), comprenant également un centre com- Zoom prévoit une interconnection tramway-train sur plu- mercial (15 000 m2), une école, des bureaux et un parc sieurs sites de l’agglomération : après Grenoble et public (4,5 hectares). Le projet, qui devrait être entiè- Minatec voit grand autour Echirolles, la gare de Gières constituera ainsi au prin- rement achevé fin 2008, fait le pendant avec un autre temps le troisième pôle d’échanges intermodal/2. parc et une autre caserne déjà réhabilitée par le passé Conjointement aux démarches de l’agglomération, (l’opération Hoche). 2/ de l’infiniment petit celles de la Région en faveur d’une communauté de Ce programme comprend notamment transports (facilitant les échanges vers le national et Porter des engagements collectifs la réalisation du site de À la fois tête de réseau et joyau du d’ingénieurs. C’est aussi, entre gnants-chercheurs, et un millier l’international) se traduisent par un renforcement de L’engagement collectif dans une politique de déve- dépôt et de maintenance pôle de compétitivité mondial autres forces, plus de 16 500 pro- d’emplois dans les entreprises par- de la 3ème ligne de l’offre TER, incluant la poursuite du projet “ Laser “ loppement durable et d’environnement est le troi- tramway, d’un pôle Minalogic, qui fédère les milieux fessionnels dans la filière micro- tenaires. En lien avec les plates- de train RER sur les trois branches du ”Y” grenoblois. sième axe essentiel porté par l’agglomération. Il se d’échanges et d’un industriels, scientifiques et poli- électronique (dont 3 500 dans la formes de recherche avec “salles parc-relais de 160 places Sans oublier l’offre départementale de cars express traduit notamment par la signature, pour la première connectés à la rocade tiques d’une grande partie de recherche), trente compagnies blanches”, bâtiments de valorisa- en interurbain (lignes Voiron-Crolles par Grenoble et fois en France, d’un “Plan climat local” visant à Sud de Grenoble. Rhône-Alpes, Minatec relève le internationales et autant de start- tion industrielle et autres infra- Grenoble-Vizille), qui monte en charge. réduire la production de gaz à effet de serre, en lien défi de la miniaturisation extrême up innovantes de création récente. structures de formation initiale et avec le pôle recherche de l’agglomération. 3/ et place Grenoble dans la cour des continue, la Maison des Micro et Promouvoir l’habitat Lire page 43. grands sites internationaux. En La fertilisation s’est croisée depuis Nano Technologies comprendra et le développement durable Enfin Grenoble et son agglomération entendent s’ap- 2001, bien avant que l’on ne parle longtemps et la labellisation par 5 000 m2 de bureaux, des salles de L’amélioration de l’habitat est également l’un des puyer sur de grands événements internationaux, de “pôles de compétitivité”, le pro- la Datar, le 12 juillet dernier, du réunion, une médiathèque et un défis majeurs de l’agglomération. L’expérience notamment culturels et sportifs, pour rayonner jet Minatec, dédié à l’innovation pôle de compétitivité mondial auditorium de 400 places… Ce d’Echirolles montre que, dans ce domaine, la volonté davantage. Une candidature olympique pour 2018 dans les micro et nanotechnolo- Minalogic place plus que jamais sera le centre de vie, d’animation politique est décisive/3. Les ambitions du maire de n’est pas impossible. Elle constituerait une force gies, a été lancé à Grenoble à l’ini- Grenoble au cœur d’un réseau et de circulation entre les équipe- tiative du Commissariat à l’éner- technopolitain qui irrigue la région ments et leurs occupants. Elle aura gie atomique et de l’Institut Rhône-Alpes – en lien avec Lyon – aussi pour mission de créer des national polytechnique. Soutenu et rayonne à l’international. Mais “événements” et de promouvoir à par les collectivités territoriales (le avant de rayonner, Minatec doit l’étranger ce nouveau pôle intégré Conseil général de l’Isère en tant sortir de terre. Situé au centre du à la ville et largement ouvert sur le que maître d’ouvrage, la Région polygone scientifique de Grenoble, “nano-monde”. l O.R. Rhône-Alpes, Grenoble Alpes où est implanté le CEA-LETI, premier Métropole et la Ville de Grenoble), centre européen de recherche il s’appuie sur un bassin d’emploi appliquée en micro-technologies, historiquement dédié à la science, le projet est dans la dernière ligne aux technologies de pointe et à droite qui le conduit à une inau- l’industrie. Le site Grenoble-Isère, guration programmée le 1er juin c’est en effet, au sein d’une agglo- prochain. Implanté sur huit hec- mération de 420 000 habitants, tares d’un territoire qui en com- un socle scientifique et universi- prend une centaine en activité taire de 18 000 emplois dans la industrielle, Minatec va accueillir recherche, 220 laboratoires et cinq quelque 4 000 personnes dans Le développement des échanges intermodaux et la diversité de l’habitat constituent des priorités pour l’agglomération grenobloise. centres de recherche internationaux, 44 000 m2, dont mille étudiants, 60 000 étudiants et dix écoles deux mille chercheurs et ensei- Le site de Minatec accueillera bientôt 4 000 personnes.

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E R U T u

Agglomération de Saint-Étienne R a E e

Étienne Métropole, la ville n’avait guère le choix : V s U é

c’était relancer la machine ou disparaître. Pour relever O r

ce défi, une quinzaine d’années ont été nécessaires. n e ATTENTION, Des aménagements visibles – et notamment, depuis s e 1998, la reconfiguration d’une bonne centaine d’es- l o

paces publics, parfois de taille modeste, sous l’égide p o r

MÉTROPOLE EN CHANTIER ! t d’une petite équipe déterminée – et la réalisation de é

Une perspective du projet pour le siège social du groupe Casino, réalisé par Architecture Studio. la première ligne de tramway ont contribué à redonner M achevé. Le chantier de la seconde ligne de tramway au centre-ville et aux quartiers desservis une certaine Saint-Étienne bouge, se sera terminé d’ici à la fin de l’année ; les espaces fierté. Des démarches plus lourdes et moins specta- publics renaissent. Le quartier d’affaires de culaires, comme la préparation d’une ZPPAUP/6, le transforme, passe des alliances Châteaucreux (250 000 m2) s’amorce avec la réalisa- développement d’un important technopôle ou la tion du nouveau siège du groupe Casino, de même transformation des quartiers hérités des années 60, avec sa voisine lyonnaise, rivale 1/ que le processus de rénovation urbaine des quar- La Ville de Saint-Étienne ont contribué à préparer le terrain, à rapprocher les tiers populaires/1. a signé le 11 avril 2005 acteurs et à donner aux Stéphanois le désir de traditionnelle – en politique comme une convention de partenariat avec vaincre ce qui pouvait apparaître jusqu’alors comme en football. Dans l’agglomération, l’église Saint-Pierre-de- l’Agence nationale pour une fatalité. la rénovation urbaine, Firminy, qui viendra compléter le patrimoine Le la Région et le Mais “Saint-Étienne 2015”, c’est Corbusier le plus important d’Europe, est en cours Département de la , À la différence d’autres agglomérations de taille com- notamment, qui porte encore loin. La multiplication des d’achèvement/2. Les développements technolo- sur quatre quartiers parable, Saint-Étienne n’a entamé sa structuration giques sont sur la bonne voie à Saint-Jean-de- (Sud-Est, Montreynaud, intercommunale que récemment. Saint-Étienne Crêt-de-Roc et chantiers – grands et petits – Bonnefonds. Et demain, ce sera le tour de la Cité du Tarentaize-Beaubrun- Métropole est née il y a seulement treize ans, plutôt Sévérine) et un montant design, sur l’ancien site de GIAT Industries/3, et du et la structuration d’une de travaux de Zénith (premier équipement de ce type en Rhône- 171 millions d’euros du comité interministériel d’aménagement du terri- (dont 30 % à la charge intercommunalité de projet offrent Alpes, dû à l’architecte britannique Norman Foster), de l’ANRU). toire de juillet 2005, de mettre sur pied une “mission deux emblèmes de la nouvelle image culturelle de Le programme global de préfiguration” d’un établissement public d’amé- un visage désormais dynamique d’investissement, qui Saint-Étienne. inclut des opérations nagement, qui sera chargé de la mise en œuvre de non financées par l’ANRU, ce projet urbain. Et qui, pour l’heure, sous la houlette à un paysage stéphanois jadis atteindrait 212 millions La partie émergée du “projet urbain” d’euros sur cinq ans. de François Wellhoff, est chargée de définir les marqué par la crise et désormais Cette brutale immersion dans un programme de priorités et la méthode d’organisation. travaux qui semble colossal ne concerne en fait que 2/ à la recherche d’un projet Lire l’article page 55. la partie émergée de l’iceberg du “projet urbain” sté- Cet ambitieux programme de renouvellement urbain d’ensemble. Entre repères culturels phanois. Lequel peine à remonter à la surface. Pour 3/ s’annonce déficitaire (au moins 120 millions d’euros aider à sa réalisation, après plusieurs années de Lire l’article page 19. sur cinq ans, pour la première tranche). L’État est prêt et geste politique, un parcours réflexions, la Ville et l’État ont décidé, dans la foulée à en assumer la moitié dès lors que les collectivités édifiant. territoriales financent l’autre moitié. La constitution de l’établissement public qui, explique François L’analyse de Pierre Gras et le reportage photo Wellhoff, “n’aura pas vocation à tirer les tuyaux, mais de Serge Mouraret. à coordonner et à passer des conventions avec les partenaires ayant les compétences requises, comme

4/ l’Epora/4”, permettra à la fois de “créer le fil rouge” Établissement public entre les projets, de financer les études nécessaires foncier Ouest Rhône- Attention, métropole en chantier ! Ce pourrait être Alpes, créé en 1998. (1,5 million d’euros) et de tenir les rênes budgétaires le slogan du panneau d’information qui accueille le sur la durée. Dans l’immédiat, la petite équipe de visiteur à la sortie de la gare de Châteaucreux, tant préfiguration planche sur l’opération Châteaucreux, 5/ le nombre et l’ampleur des travaux en cours dans L’agglomération vitrine des projets de développement. toute la ville semblent devoir dominer le paysage stéphanoise a perdu 26 000 habitants entre les stéphanois pendant de longs mois. En réalité, recensements de 1990 et Une prise de conscience salutaire les chantiers évoluent au rythme de maturation de 1999. Dire que l’agglomération stéphanoise se réveille des projets eux-mêmes. Certains sont terminés : après des années de torpeur serait pour le moins 6/ Montchovet revit peu à peu depuis la démolition de Zone de protection du sévère, surtout si l’on considère d’où est partie la la “Muraille de Chine” et l’implantation d’un impor- patrimoine architectural, prise de conscience : une ville industrielle sinistrée, urbain et paysager. tant pôle de cliniques privées. Le réaménagement privée de moyens et dont la démographie fondait du cours du Furan, qui a entraîné l’éventrement comme neige au soleil/5. Comme le rappelle Michel La multiplication des chantiers, grands et petits, marque aujourd’hui le paysage d’une partie du centre-ville, est pratiquement L’ampleur et la diversité des travaux en cours dominent l’actualité stéphanoise. Thiollière, sénateur-maire et président de Saint- stéphanois (ici, le futur pôle d’affaires de Châteaucreux). ̈ ̈ ̈

16 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 17 ATTENTION, MÉTROPOLE EN CHANTIER ! u a

modestement, pour aboutir aujourd’hui à une seront de plus en plus dans les années qui viennent.” e s

communauté d’agglomération regroupant 390 000 Les équipes des deux agglomérations, qui partagent é r

habitants et 43 communes/7. Mais surtout, la rela- déjà un “extranet événementiel”, apprennent ainsi 7/ n e Dont 180 400 pour

tion complexe entretenue avec Lyon, faite d’un à travailler ensemble. Cet assaut de bonnes manières s la commune de e mélange de méfiance et d’attirance, a retardé la prise n’est pas sans arrière-pensées. Il repose sur une bonne Saint-Étienne Zoom l o

(RGP 1999). p de conscience de l’émergence d’un “phénomène compréhension des intérêts de chacun : l’alliance o r métropolitain” considéré aujourd’hui comme décisif avec Saint-Étienne permet à Lyon de constituer de t 8/ Saint-Étienne travaille son design é dans les deux villes. Le choc culturel a eu lieu en facto une conurbation de dimension européenne – Et bientôt de la M Communauté urbaine 2000, lorsqu’élus et décideurs économiques se près de deux millions d’habitants – et la saturation de Lyon, puisque celle-ci sont reconnus comme faisant partie intégrante de du marché immobilier lyonnais, dont les prix rejoi- devrait prochainement Symbole de la mutation de Saint- ments historiques et seront donc Il s’agit d’une rue protégée par une accueillir en son sein la “métropole lyonnaise”, entraînant l’adhésion gnent peu à peu ceux des métropoles européennes, et Grigny, Étienne, la Cité du design s’inscrit restaurés. sorte de “peau” active sur une à la Région urbaine de Lyon et la mise en place permet à Saint-Étienne d’espérer gagner des parts communes les plus dans le prolongement d’une tradi- double armature métallique, qui proches de la vallée de coopérations certes informelles, mais inimagi- de marché dans ce domaine. du Gier et de tion industrielle séculaire. Elle La force créatrice peut en modifier la transparence nables il y a seulement une génération. Une telle l’agglomération trouve une place d’autant plus de La Platine et permettra une activité de recherche stéphanoise. démarche, reconnaissent les élus, a rendu nécessaire Encore faut-il pouvoir mettre à niveau rapidement naturelle que c’est sur ce territoire La Cité du design regroupera sur le concept énergétique (photo- l’établissement d’un pacte politique dépassant les infrastructures de transport, offre immobilière et 9/ imprégné de la culture de l’objet l’École des beaux-arts (500 étu- voltaïque notamment). Cette struc- frontières de la “petite agglomération” pour niveau de service. Trois sujets qui sont autant de Cf. “Deux qu’est né le “design” français, tel diants et chercheurs) dans les bâti- ture légère et originale de 200 agglomérations, s’étendre jusqu’aux franges du département du préoccupations. Le doublement de l’autoroute Lyon- une métropole”, in qu’on le revendique dans l’agglo- ments industriels rénovés. L’orga- mètres de long sur 32 de large Rhône/8 et permettant la constitution progressive Saint-Étienne, la dégradation de l’habitat/10 ou la L’Agenda Métropolitain, mération en tout cas. C’est aujour- nisation de la Biennale du design comportera des espaces modu- hiver 2005. d’une forme de gouvernance adaptée. qualité des liaisons TER donnent encore du fil à d’hui le grand pari économique de (jusqu’à 200 000 visiteurs sur lables et une “agora” située face à retordre aux autorités. Mais cela n’est pas suffisant 10/ la période post-GIAT. Un concept quinze jours), la partie adminis- l’entrée, qui sera utilisée comme Un futur à partager… avec Lyon pour décourager la volonté politique : “Depuis main- 16 000 logements issu des réflexions qui ont suivi le trative, ainsi que des logements espace de vente, de rencontres, restaient vacants en Ce néo-tropisme lyonnais n’est pas totalement spon- tenant dix ans, nous menons une politique volonta- 2000 dans choc industriel majeur subi en pour artistes ou chercheurs seront d’exposition et comme vitrine tané. D’ailleurs les deux maires, présidents de leur riste de rénovation urbaine concourant à une l’agglomération. 2000 lors de la fermeture de l’unité localisés dans le bâtiment de l’hor- pour les entreprises. Alors que les intercommunalité respective, n’en font pas mystère : meilleure qualité de vie des Stéphanois, affirme de fabrication d’armes et, en corol- loge réhabilité. La cité sera égale- travaux doivent démarrer en juin “Les agglomérations ont à l’évidence un futur à Michel Thiollière. Nous n’allons pas nous arrêter en laire, la délocalisation de nom- ment dotée d’amphithéâtres, de prochain, pour une livraison pré- partager, écrivaient-ils ensemble récemment/9. si bon chemin, mais au contraire poursuivre nos breuses activités. Loin d’être un salles d’exposition, de lieux de ren- vue début 2008, des retombées La recherche d’une masse critique et d’une dynamique efforts notamment dans le domaine de l’habitat. Le musée, c’est, selon la Ville et Saint- contres et d’accueil d’entreprises, de première importance sont d’innovation sont deux objectifs incontournables bien-fondé de nos projets n’est pas étranger au fait Étienne Métropole, le seul projet d’une médiathèque, d’une “maté- espérées pour toute l’aggloméra- pour continuer à nous développer dans le contexte que nous soyons désormais entendus et reconnus actif –avec le “pôle optique vision” riauthèque” et d’un centre de res- tion en matière d’emploi et de d’hyper-concurrence qui se dessine à l’échelle mon- comme rarement Saint-Étienne l’a été…”. Au-delà et le programme immobilier – de sources. Le réaménagement de dynamisme économique. Renou- diale. Mailler nos réseaux, marier nos compétences, de l’intention, il reste à construire le projet global et requalification de cette friche deux espaces boisés, désormais velant le lien entre industrie, devient un enjeu au quotidien. Les rythmes de nos à en évaluer les résultats. Rendez-vous est d’ores et industrielle de vingt hectares. Aux classés en jardins publics, est éga- recherche, formation et culture, deux agglomérations sont à maints égards liés et le déjà pris pour 2015. l P.G. côtés de l’agglomération, qui lement prévu. Enfin, “La Platine” la Cité du design fait donc l’objet assume un tiers du financement est l’idée forte de Finn Geipel. de toutes les attentions. l O.R. global (32,3 millions d’eu- ros), ce projet ambitieux est soutenu par l’Europe (7,5 millions d’euros du Feder), l’État, via les ministères de la Culture et de l’Industrie (6,3 millions), le Conseil régional Rhône-Alpes (5 millions) et le Conseil géné- ral de la Loire (2,9 millions). Il est signé de l’architecte Finn Geipel, de l’agence berlinoise LIN. Le lauréat a su s’appuyer sur les carac- téristiques d’un site dont nombre d’éléments patri- moniaux ont été inscrits en juillet 2005 à l’inventaire supplémentaire des monu- Une vue d’ensemble de la Cité du design proposée par Finn Geipel. Le “choc culturel” permettant à Saint-Étienne de tourner la page industrielle au profit d’un futur tertiaire et culturel a eu lieu au tournant des années 90.

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E R U T u

Agglomération lyonnaise R a E e

où l'État pèse de tout son poids par ses ressources naise est la deuxième de France par ses “emplois V s U é

politiques, techniques et financières. En une quin- métropolitains supérieurs” (78 000 à Lyon contre O r

zaine d'années se concrétise un bouquet de réalisa- 800 000 à Paris, mais seulement 48 000 à Toulouse n e

QUARANTE ANS s tions majuscules : le plus grand centre commercial ou 47 000 à Marseille-Aix-en-Provence). Avec 10,6 % e de centre-ville d'Europe, la tour du Crédit Lyonnais, d'EMS (16,2 % à Paris), Lyon est la seule autre métro- l o

la Cité administrative d'État et l'Hôtel de la pole française à pouvoir offrir l'ensemble des p o r

D’INTERNATIONALISATION t Communauté urbaine (créée en 1966 par décision services experts au plan international. Et elle abrite é

de l'État et imposée aux élus sans concertation), puis deux des quinze pôles de compétitivité français M d'internationalisation de la métropole lyonnaise. – plus tard – l’une des deux gares TGV. “à visibilité internationale” labellisés en 2005 : “Lyon Vue de Lyon, la métropolisation L'heure est à l'élargissement des alliances : “Les che- BioPole” (pôle mondial) et “Chimie-environnement mins du rayonnement métropolitain passent par la La Chambre de commerce et d'industrie de Lyon joue Lyon et Rhône-Alpes” (pôle à vocation mondiale). apparaît moins comme une constitution de réseaux de villes, qu'ils soient natio- un rôle moteur à partir des années 1970. Elle est à naux, européens ou encore internationaux, pour faire l’origine de l'Agence pour le développement de la Mais l'internationalité lyonnaise s'affirme sur bien nouveauté que comme l'étape entendre la voix et faire reconnaître le rôle des villes région de Lyon (Aderly) et, pendant les années 80, d'autres plans. Avec l'aéroport international de Lyon supplémentaire d'un processus et des métropoles auprès des instances nationales inspire le premier “Plan technopolitain” visant à Saint-Exupéry (plus de six millions de passagers et internationales.” Dans cette dynamique, le Grand rapprocher industrie, enseignement et recherche. en 2004 et 7,7 millions attendus en 2006), la Cité d'internationalisation engagé de Lyon joue un rôle moteur. “La Communauté Urbaine Au début des années 1990, la ville s'embellit et les internationale en voie d'achèvement/3, de grands de Lyon a su initier avec les territoires voisins, les grands équipements se multiplient (Cité internatio- événements (Biovision, Lyon Mode City, conférences longue date. Depuis quarante ans, acteurs institutionnels et les autres agglomérations la capitale des Gaules a imaginé de la région, divers outils de coopération straté- gique”, explique ainsi son président. Les exemples et utilisé à peu près tous les types ne manquent pas : l'association Région urbaine de de procédures et d'outils Lyon, le réseau des villes centres et grandes agglo- mérations de Rhône-Alpes, les coopérations nouées 1/ Cf. Bernard Jouve, de gouvernement susceptibles avec l'Arc alpin et Genève d'une part, le réseau des «Le réseau de villes villes d'Auvergne d'autre part, et – plus récemment – comme territoire de la régulation : la métropole de valoriser les atouts d'une l'inter-Scot, invention lyonnaise… lyonnaise», in Bernard Jouve et Christian agglomération de 1,3 million Lefèvre (dir.), Métropoles À l'échelle de l'agglomération, la réussite est atten- ingouvernables, Elsevier, 2002, pp. 153-175, d‘habitants et d'une région urbaine due d'un “effet de milieu”, non de simples projets et David Guéranger isolés. Gilles Buna, vice-président du Grand Lyon et et Bernard Jouve, accueillant 2,6 millions de «De l'urbanisme à la président de l'Agence d'urbanisme, donne l’une des maïeutique : permanence nale, grands équipements culturels, développement internationales), des organismes de dimension clés de cette stratégie : “La qualité urbaine est un des et recomposition des de l’aéroport…). Avec le lancement de la démarche mondiale, européenne ou nationale (Interpol, personnes. politiques urbaines à atouts du rayonnement international d'une ville. Pour Lyon», in Bernard Jouve “Millénaire 3” et le Plan Technopolitain, en 1997-98, Euronews, OMS, École normale Supérieure Lettres Un parcours raconté et actualisé emprunter une formule de Pierre Veltz, cette qualité et Christian Lefèvre (dir.), le Grand Lyon resserre sa stratégie, mettant en avant et Sciences, École de management…), l'inscription Horizons métropolitains, par Richard Quincerot. urbaine fait partie des ‘’sucres lents’’ de l'attractivité Presses polytechniques un petit nombre de secteurs-phares : la santé, les du site historique de Lyon au Patrimoine mondial de nos métropoles. C'est la proximité de la nature, et universitaires sciences et technologies du vivant et les technolo- de l’humanité, des événements culturels de renom romandes, 2004, pp. la fluidité des déplacements, la préservation des iden- 209-239. gies de l'information et de la communication – une international (Biennale de la Danse, Biennale d'Art tités, les équilibres sociaux, l'accès préfiguration de la politique des pôles de compétiti- contemporain, Festival des Lumières...), des espaces Rompre avec le destin de “capitale de province”, aux équipements, la sécurité, le plai- vité. Rétrospectivement, le chemin parcouru est publics et paysagers réputés, Lyon présente les placer la région aux meilleures places dans l'écono- sir de la déambulation... C'est aussi impressionnant. Il y a quarante ans, analyse Bernard qualités d'effervescence et de créativité attendues mie d'archipel des villes mondiales : à Lyon, cet la traduction de valeurs comme l'ur- Jouve, “la SHON et les plans-masse constituaient la d'une métropole contemporaine. objectif général s'ancre sur un large consensus qui banité ou l'ouverture au monde.” grammaire de l'État s'exprimant par ses ingénieurs a traversé toutes les périodes politiques, écono- des Ponts et Chaussées et ses urbanistes. La ‘’conso- Actualité : les grands projets du jour miques et sociales. Il a suscité de nombreuses L’émergence d'une lidation des clusters’’ est devenue la nouvelle syn- Mais la compétition internationale ne laisse aucun démarches qui n'ont cessé de se renforcer, dans une métropole internationale taxe des développeurs locaux œuvrant dans les ins- répit. Pour tenir son rang, le Grand Lyon continue logique cumulative produisant ce bouillonnement Pour mesurer la nouveauté de ces titutions locales”/2. à investir. Lyon Saint-Exupéry se renforce d'une créatif qui fait la qualité enviée des “vraies métro- propos, il suffit de rappeler les débuts première tranche de 80 millions d'euros d'investis- poles”. À certaines conditions, toutefois. du processus d'internationalisation 2/ De l'art de gagner sur tous les tableaux sements privés immobiliers. L'hôpital de la Croix- de Lyon, qui s'était engagé sur de tout Bernard Jouve, 2004, Mais à vrai dire, toutes les méthodes sont bonnes à Rousse (architectes : J.-P. Pargade et Ch. de p. 220. Mettre en synergie les réseaux autres bases. Bernard Jouve en situe prendre. À Lyon, les démarches pour l'internationa- Portzamparc), l'hôpital pédiatrique (architecte : “Mettre en synergie et actionner les réseaux aux dif- l'origine à la fin des années 1960, avec 3/ lisation s'additionnent et finissent par composer un Adrien Fainsilber), les Halles de Lyon ou Eurexpo férentes échelles” : le mot d'ordre mis en avant par la politique des métropoles d'équi- Lire page 22. ensemble complexe et d'un dynamisme impres- (CRB architectes) sont engagés dans des pro- Gérard Collomb, sénateur-maire et président du libre de la Datar/1. Le grand projet sionnant. Comparable à l’ensemble Marseille-Aix- grammes lourds d'extension et de modernisation. Grand Lyon, témoigne de la maturité du processus d'alors est l'opération de la Part-Dieu, en-Provence par sa population, l'agglomération lyon- La transformation – fortement médiatisée – du quar- ̈ ̈ ̈

20 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 21 QUARANTE ANS D’INTERNATIONALISATION Rhône-Alpes tier de La Duchère est en cours/4, dans le cadre d’un (F. Grether, architecte-urbaniste, M. Desvigne, Grand projet de ville multisites. Les réseaux de trans- paysagiste), avec en figure de proue le musée des 4/ port connaissent des développements exemplaires Confluences de Coop Himmelb(l)au, promis à devenir Cf. “La Duchère reprend de la hauteur”,

encounters its metropolises g (tramway, Vélo'v). La reconquête des fleuves se pour- un nouvel emblème culturel, et le nouvel Hôtel de Urbanisme n° 339, n nov.-déc. 2004, i suit avec une traversée piétonne de 4,7 km au bord Région, qui sera livré à l’horizon 2008-09. R.Q. k l pp. 22-25 r du Rhône (In Situ, paysagistes et F. Jourda, archi- o w tecte). Une “centralité périphérique” se prépare à It was as the Congress closed that Jean-Jack t economic slump emerges from years of torpor, an e N Vaulx-en-Velin et avec le projet du Carré Queyranne, president of the Rhône-Alpes Regional advance-planning mission under the direction of /

de Soie, un pôle de loisirs sur 240 hectares avec, en Council, announced the Council's decision to François Wellhoff is currently working on establi- u a

première phase, 120 millions d'euros pour un pro- take up membership of the Region's three town shing the priorities. "It was regeneration or death," e s 2 gramme de 60 000 m de commerces et de loisirs. planning agencies, a move welcomed by Annie said mayor Michel Thiollière, and recent years have é r

Deschamps, Marcel Doutre and Gilles Buna, seen the reconfiguration of some 100 public spaces n e

Et enfin, au sud de la Presqu'île, le projet Confluence. respectively presidents of the agencies in Grenoble, and the creation of a tram route that has brought s e l

Celui-ci, à l’étude depuis plusieurs années, prend son St Etienne and Lyon. new life to the city centre and the districts served. o p

envol en 2006 et lance une extension du cœur de ville o r sur 150 hectares, programmant 340 000 m2 d'inves- Grenoble is a historic crossroads, a regional centre As in Grenoble, the relationship with Lyon is a com- t é

tissements publics et privés à l'horizon 2015 with significant international connections, a techno- plex one, the real "culture shock" coming in 2000 with M logy hub where education, research and industry formal recognition by local politicians and economic loom large, and a metropolitan area – 26 municipa- decision makers that their city was an integral part lities, 420,000 people – very much aware that going of the "Lyon Metropolis". The consequences include Zoom it alone is a thing of the past. The new jewel in its membership of the Lyon Urban Region, informal crown is the Minatec concept, decided on in 2001 and cooperative ventures that would have been unthin- Cité internationale : dedicated to innovation in the micro- and nanotech- kable a generation ago, and moves towards nology fields; scheduled to open on 1 June 2006, appropriate forms of governance and networking. Minatec will, of course, be part of the Rhône-Alpes Problems remaining include transport infrastruc- une machine à rayonner Region's technology network. tures, housing supply and levels of service, but, says a determined Michel Thiollière, "with things so well t t Vingt ans d'efforts, douze ans de fleuve, ce “quartier” (aujourd'hui Mondialisée dès 1996 par le som- Grenoble currently functions partly in conjunction under way, we're not stopping now." c travaux, 600 millions d'euros, 130 000 m2 de planchers) rassem- met du “G7”, la Cité internationale and partly in competition with Lyon, as a member of c a quatre maires et toujours le même ble, dans une suite de bâtiments accueille chaque année 350 000 a national/European strategic alliance that can only Things are different in Lyon, where the sights have a r architecte ! Pour se doter d'un presque identiques, un Palais congressistes, 1,5 millions de spec- be enhanced by the planned Lyon-Turin high speed been set internationally for forty years and the r t équipement à la hauteur de ses des Congrès, un Hôtel Hilton (200 tateurs au multiplex, un million de train. Built into this broad framework are local ambi- city of 1.3 million people (Urban Region: 2.6 million) t 2 s ambitions internationales, le Grand chambres et casino), 33 000 m de joueurs au casino et 100 000 visi- tions focusing on better public transport: a tram net- has the habit of making good use of its assets. The s Lyon a choisi Renzo Piano à sur bureaux, un multiplex, un Musée teurs au musée d'Art contempo- work, improved periurban services, and intermodal move from "provincial capital" to world-status metro- b concours à deux reprises : une pre- d'art contemporain, 34 000 m2 de rain. Le chantier de la dernière tram-train nodes. Housing is a major challenge and polis, however, means meeting certain very specific b A mière fois en 1984 comme archi- logements et des quelques com- étape touche à son terme. Il porte political will is going to be decisive for plans inclu- conditions. A tecte coordonnateur, une seconde merces. Cette mixité d'affectations sur près de 30 000 m2 de bureaux, ding 750 new units annually in Grenoble itself, a third fois en 2000, lors du marché de lui vaut d'être présentée comme un deuxième hôtel et une exten- of them social housing. The third main concern is the Among them, says mayor Gérard Collomb, is définition de la dernière étape. un véritable “morceau de ville”, sion de 28 000 m2 du Palais des environment and sustainable development, notably "synergy between urban networks functioning at dif- bien que son unité architecturale, Congrès, avec comme figure involving a "Local Climate Plan" aimed at large-scale ferent levels…national, European and international." Avec le paysagiste Michel Corajoud, reflet d’une certaine unanimité de proue la “salle 3000”, vaste greenhouse gas reduction. Another key to success, says Greater Lyon vice-pre- l’architecte génois a transformé politique, contraste fortement avec amphithéâtre d'ores et déjà consa- sident Gilles Buna, is urban quality: "Nature close at progressivement les vingt hectares la formidable diversité de la ville cré comme le nouveau symbole Meanwhile St Etienne – 43 municipalities, 390,000 hand, ease of transport, preservation of diverse iden- de l'ancienne Foire de Lyon en une de Lyon. de la cité internationale. l R.Q. people – is pushing ahead with "St Etienne 2015", tities, social balance, access to facilities, public formidable machine à gagner la even if the global urban project still lacks clear defi- safety…and receptivity to the world at large." Lyon's course à la métropolisation, à nition. All sorts of projects are under way – the city assets include a flourishing airport, world-scale rayonner. looks like a giant building site – or already comple- cultural and other events, two new tram routes, head- ted, with an emphasis on the Le Corbusier heritage quarters of numerous international bodies, inclusion Sur un site idyllique entre le Rhône and cultural/developmental highpoints like the Cité of the Old Town in the Unesco World Heritage listing et le Parc de la Tête d'Or, proche du Design (art school, lecture theatres, exhibition and the Cité Internationale. And the future, in our d'un accès autoroutier, l'ensemble spaces, etc.) and Norman Foster's Zenith concert hall. competitive world? Extension of the airport, impro- se présente comme une méta- vements to the hospital system, urban regeneration phore non urbaine de l'urbanité. Yet this is only the tip of the urban project iceberg, projects, the new "periurban centrality" at Echirolles Le long d'une “rue” couverte de in one of the few centres in France to lack a local and the vastly ambitious Lyon Confluence scheme Le chantier de la Cité internationale touche à son terme avec la réalisation 750 mètres reprenant la courbe du de la “salle 3000 “ (à dr.). development master plan. As a city ravaged by the are all pointers to a climate of vigorous resolve.

22 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avrilmars-avril 20062005 - - HORS HORS SÉRIESÉRIE n° n° 28 24 // URBANISMEURBANISME// 2323 Table ronde LA MÉTROPOLE PRENDRA-T-ELLE e u c é v e

LE “RISQUE” DE L’ALTÉRITÉ ? l o p o r t é La métropole est attractive, M car elle concentre les acteurs et les facteurs du développement. Elle est aussi sans pitié, discriminante envers les moins intégrés, à l’image de la société mondialisée. Et sa diversité sociale Une tendance à la polarisation sociale Une typologie simplifiée des catégories “métropoli- tient plus du saucissonnage que taines” peut ainsi s’établir. “À côté des centres et des quartiers historiques investis par les représentants d’une mixité pensée (et de pensée). de la bourgeoisie traditionnelle, les nouvelles élites Elle devra pourtant être mieux métropolitaines tendent à s’approprier les espaces agglomérés encore disponibles, anciens faubourgs organisée si l’on veut relever les ou quartiers populaires qui connaissent une ‘’gen- défis durables de la métropolisation trification’’. Celle-ci contribue à renforcer la tendance à la polarisation sociale du cœur de la métropole aux et répondre par la volonté politique deux extrêmes du spectre social. Citadines vivant dans le cœur urbain à l’incertitude. Car celle-ci conduit des métropoles, ces ‘’élites’’ souvent à l’insécurité. circulent à bien d’autres échelles, hors du local, développant des Le risque d’apartheid social est grand, alors que la métropole doit permettre à tous de “faire l’expérience de l’altérité”,a estimé Michel Destot. Synthèse entre les “in” et les “out” modes de vie de plus en plus de la métropole. nomades sans réelle inscription dans ont en commun, estime la chercheuse, l’insécurité munautariste’’ ou local qui est un frein au ‘’vivre une vie de quartier…”, souligne de leurs conditions matérielles de vie et l’espoir ensemble’’. On a peut-être rendu plus confortables Par Olivier Réal Marie-Christine Jaillet-Roman. d’améliorer leur condition en tirant profit des oppor- des lieux qui restent ‘’ghettoïsés’’, mais on a surtout Parallèlement à ces élites exigeantes, tunités métropolitaines. Les effets du tri social pensé réhabilitation sans penser peuplement, et du qui connaissent leur valeur mar- des populations métropolitaines les rejettent et coup, on a conforté la situation par les logiques de chande dans l’économie moderne, les confinent dans les espaces dévalorisés des déplacements et la mobilité, qui ne jouent pas for- La métropole est un univers adapté à l’individu dès “les classes moyennes salariées et banlieues que les politiques de la ville ont fini par cément en faveur du développement.” Et de donner lors qu’il maîtrise les moyens de la décoder. Dans le les ouvriers ou employés encore ins- Marie-Christine Jaillet-Roman désenclaver physiquement, mais pas socialement et au passage un coup de canif aux zones franches : cas contraire, il peut s’épuiser à y chercher une place crits dans le modèle salarial des Trente Glorieuses économiquement”. “Est-ce la solution de donner de l’emploi dans le ou à grappiller les restes. Malgré son caractère cos- vivent leur destinée dans une plus grande incerti- quartier à une population fragilisée, au lieu d’élargir mopolite, la métropole tend à “produire de l’archi- tude. Si l’emploi en a fait des ‘’métropolitains’’, leur Politique de peuplement… la question au reste de la ville et de casser la poli- pel urbain”, selon l’analyse de Marie-Christine Jaillet- aspiration à trouver un cadre de vie susceptible de Le “risque d’apartheid social” est grand, selon Michel tique de zonage ?” Roman, chercheuse au CNRS et directrice de participer à les ‘’réassurer’’ socialement, conjuguée Destot, député-maire de Grenoble, alors même que CIRUS-Cieu/1 à l’Université de Toulouse-Le Mirail. à leur difficulté à rester ‘’en ville’’ en raison de la la métropole devrait permettre de “faire l’expérience Pour le député-maire de Grenoble, il faut que les Lieu de prédilection de “l’hyper-choix” en théorie, cherté des logements, les conduit à investir les 1/ de l’altérité”, selon l’expression chère à Marie- habitants soient “partout les uns avec les autres Le CIRUS-Cieu est le cet univers contraint par le marché immobilier est espaces périurbains, de plus en plus loin à mesure Centre interdisciplinaire Christine Jaillet-Roman. Premier magistrat d’une ville et non à côté”, clé de voûte “d’une plus grande donc aussi le terreau de “l’hyper-sélection”... La que le foncier devient moins accessible…” de recherche urbaine où la croissance économique et démographique ne continuité dans le temps qui lisse les politiques et et sociologique. métropole est souvent vécue au quotidien comme Lire l’article de Marie- s’est pas démentie depuis un demi-siècle, Michel évite les ruptures” : “La politique de peuplement ne un accélérateur de décomposition – ou de recom- Quant aux populations sans qualification, françaises Christine Jaillet-Roman Destot met en avant la question du peuplement : “On doit pas être la conséquence, mais le primat poli- in “Métropole en position – de la société qui cherche à séduire ou à de souche, “primo-arrivantes” ou stigmatisées question, métropole en voit qu’il y a une sorte de regroupement de popula- tique…” Encore faut-il que l’organisation politique action”, supplément au rejeter, prêtant moins attention aux couches sociales par leur origine, au chômage ou bien ne connaissant magazine Technicités tions entre elles, en quartiers. Certains veulent main- elle-même le permette, sans sacrifier quelques intermédiaires. du travail que les formes les plus précaires, “elles daté du 23 octobre 2005. tenir dans ces quartiers un pouvoir territorial ‘’com- dogmes sur l’autel de la séduction de ces élites ̈ ̈ ̈

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LA MÉTROPOLE PRENDRA-T-ELLE LE “RISQUE” DE L’ALTÉRITÉ ? R U T

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Le point de vue de Marc Wiel E V U e O u c é v

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Mobilité = métropolité : l o p o r t une équation é impossible ? M

La question de la mobilité constitue l’un des enjeux place d’un réseau féroviaire assez lent. forts de la métropolisation. La métropolisation Pour la mobilité d’agglomération, ne doit pas pour autant être confondue avec la on ne sait pas poser les termes d’un périurbanisation même si, comme elle, elle résulte compromis permettant d’unifier suf- de facilités plus grandes de se mouvoir et d’échan- fisamment les bassins d’emploi des * Consultant, ancien ger. La périurbanisation est le redéploiement de métropoles sans accentuer la ségré- directeur de l’Agence ce qui, autrefois, n’existait que sous forme agglo- gation sociale. Trouver ce compromis La métropole ne produit de la cohésion sociale qu’à un certain nombre de conditions, a rappelé Fabien Tuleu… d’urbanisme du pays de Brest, Marc Wiel est mérée à l’échelle des aires urbaines ; tandis que la suppose de se réinterroger sur les notamment l’auteur de nomades qui contribuent à consacrer une ville Au quotidien, justement, Emmaüs affirme “prendre La transition urbaine métropolisation est la mise en synergie économique avantages et les inconvénients de la comme métropole. “Comment échapper à une forme le risque de faire confiance à quelqu’un que l’on ne ou le passage de la des territoires sur une aire de rayonnement régio- vitesse. Celle-ci ne permet pas de ville pédestre à la ville de croissance maîtrisée [Ndlr : s’appuyant en connaît pas”. Il s’agit en fait, selon son délégué géné- motorisée (Mardaga, nale infiniment plus vaste que les aires urbaines. gagner du temps, comme on le croit l’occurrence sur un fort apport de richesses scienti- ral, d’une question de volonté politique qui consiste 1999). Ce texte L’importance prise par l’innovation et la recherche souvent, mais de l’espace, ainsi que constitue une libre fiques et technologiques] quand on court le risque à placer les personnes les plus fragiles au centre du synthèse de son vient consolider les nouvelles économies d’échelle le choix du quartier et la meilleure d’une société à deux vitesses ?”, s’interroge-t-il pour dispositif contribuant à créer de intervention lors de autorisées par la mobilité facilitée. Le développe- maîtrise des coûts du logement (pour l’atelier-visite mieux souligner l’intérêt de “travailler sur les strates la solidarité : “Le modèle urbain “Métropole en ment et la redistribution spatiale des services – et les ménages) ou de la productivité intermédiaires de la population, afin de trouver actuel produit de l’indifférence et mouvement” organisé notamment les services aux entreprises, devenus (pour les entreprises). Mais, en retour, à Gières (Isère) à la synthèse économique et sociale des effets de des indicateurs d’hostilité. Si l’on l’occasion de la XXVIe ‘’stratégiques’’ – témoigne du degré de ‘’métropo- la vitesse gêne la métropolisation, la métropolisation”. peut produire des espaces de rencontre des agences lisation’’ des territoires. L’évolution des échanges déséquilibre les centralités, amplifie d’urbanisme. solidarité urbaine, la ville peut- téléphoniques en rend mieux compte encore que les problèmes d’environnement et … et politique humaniste être vecteur de cohésion. Ce qui l’évolution de la mobilité. La vraie difficulté est qu’il augmente l’échelle géographique des En guise de synthèse, justement, celle de Fabien est bon pour le reste de la société faut gérer la cohabitation des mobilités sur les ségrégations. Tuleu, délégué général d’Emmaüs France, fut dans aussi. La question de la dignité, mêmes infrastructures sans pénaliser les interac- Un compromis peut porter sur la ce contexte magistrale. “Cohésion ou exclusion ? c’est la nôtre, et pas seulement tions sociales métropolitaines. Il conviendrait d’avoir réalisation d’un réseau routier inter- Cela dépend de ce que l’on veut vivre. Je représente celle des 10 % d’exclus. Les des politiques d’urbanisme et des conditions de médiaire compatible avec les “modes ceux qu’on ne savait pas compter il y a peu, ceux métropoles seront davantage la mobilité permettant à quatre types de mobilité alternatifs”, des transports en com- pour lesquels la métropole n’a pas de sens, ne fières d’elles-mêmes si elles de ne pas se nuire mutuellement : la mobilité inter- mun assez puissants, une politique Fabien Tuleu produit pas d’attention, de santé, de travail ou ne savent prendre ce risque.” urbaine longue, la mobilité métropolitaine régio- foncière volontaire, un équilibre permet pas d’accéder à un logement digne. Non, nale, la mobilité urbaine d’agglomération (c’est-à- emploi-logement dans tous les la métropole ne produit pas de cohésion sociale ; Utopie ? Peut-être, mais une vision certainement dire les interactions internes à l’aire urbaine, sans secteurs, et la définition de priorités mais oui, sous certaines conditions, un petit peu plus humaniste que celle qui consiste à agiter choix de la destination) et enfin la mobilité urbaine d’accès (à finalité sociale ou écono- quand même ! Emmaüs travaille depuis cinquante constamment le thème de l’insécurité… Dès lors de proximité (avec choix de la destination). mique) sur les voies rapides urbaines.

ans avec des personnes qui n’ont plus leur place ou que la métropole attire – car elle laisse penser qu’elle 2/ Nous nous acheminons ainsi pro- pas de reconversion de valeur dans la métropole. présente suffisamment d’atouts pour que chacun Au travers de leurs La vitesse ne permet pas de gagner gressivement vers de nouvelles activités de Avec eux, nous avons créé une activité ayant une puisse s’en sortir –, “il faut effectivement prendre le récupération, du temps, mais de l’espace… conceptions de la fiscalité de la mobi- réalité économique, créant des emplois d’insertion risque de l’hospitalité”, a renchéri Marie-Christine de recyclage et de vente, On parie naïvement sur la promotion des transports lité et des localisations. Ces nouvelles les structures de la et générant de la solidarité”/2. Dans ces conditions, Jaillet-Roman, soulignant la nécessité de passer par branche “économie collectifs sans mesurer les coûts publics implicites conceptions pourraient très bien, un la métropole peut en effet générer de la cohésion. une lutte véritable, et surtout plus efficace, contre les solidaire et insertion” et sur la structuration volontariste des bourgs en jour, être les vrais guides de la d’Emmaüs mènent une Mais, corrige immédiatement Fabien Tuleu, “va-t- discriminations. Cette table ronde engagée sur le action d’insertion ‘’pôles secondaires’’ sans prendre les moyens poli- manière d’urbaniser, remplaçant (ou on organiser aussi une cohésion sociale à plusieurs thème de “l’hyper-choix” s’est donc conclue par sociale et tiques ou financiers qui les rendent possibles. Des composant avec) la planification professionnelle en vitesses pour faire cohabiter au mieux des mondes “l’hyper-besoin” d’équité et de citoyenneté entre employant des rythmes différenciés d’urbanisation au niveau com- urbaine traditionnelle, qui peut de personnes en difficulté, trop différents ? L’enjeu n’est-il pas plutôt d’agir sur métropolitains… exclues jusqu’alors du munal sont nécessaires, mais ils exigent la mise en moins en moins donner ce que nous la société et de prendre le risque de l’altérité ?”. l O.R. monde du travail. place d’une politique foncière commune et la mise en attendons d’elle.

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Le point de vue de Gabriel Jourdan * T R Zoom E V U e O u c é

Curitiba, ville durable et solidaire v Les spécificités de e l o

notamment l’ouverture de trente et Progressivement, les voies express p o r un parcs urbains – un domaine vert sont elles-mêmes repoussées t la métropolisation é 2 représentant 51 m en moyenne autour de la ville. La démarche M par habitant – et la mise en place collective et solidaire s’exprime d’actions en faveur la récupération aussi à travers la mise en place en Provence-Alpes-Côte d’Azur de déchets (qui sont recyclés aux d’un titre unique de transport, deux tiers sur l’ensemble de la ville). valable sur treize des vingt-six municipalités de la un contexte de forte croissance démographique, “Il est possible de région métropoli- d’attractivité touristique et de rareté relative du vivre la métropole en taine, proposant des foncier disponible. protégeant l’environ- tarifs modulés en nement”, a souligné fonction de la situa- La conurbation à ce propos Rosane tion des intéressés. Aix-Marseille-Étang de Berre Santos-Popp, direc- Cette approche s’ins- Elle comptait (en 1999) 1,6 millions d’habitants et trice de l’Institut crit dans le cadre 580 000 emplois, et s’organise autour de trois pôles. * Gabriel Jourdan est régional de la planifi- d’une politique plus docteur en géographie, Celui de Marseille, qui, à partir des années 1960, perd cation de Curitiba, générale d’accom- chargé d’études une part importante de ses fonctions portuaires à l’Agence d’urbanisme apportant aux dé- pagnement social, de l’aire toulonnaise et industrielles tout en développant son rôle admi- et membre du bats sur la “métro- associée à l’intégra- GIR-Maralpin. Il est nistratif et universitaire. La périurbanisation affecte pole vécue” une Rosane Santos-Popp tion des services également l’auteur de fortement la cité phocéenne (- 90 000 habitants entre Gouvernance, transports touche d’authenticité et d’effica- urbains et à la réduction des dis- et planification urbaine ; 1968 et 1999, + 400 000 pour la conurbation). Les cité. Mais il est également pos- tances de déplacement. Enfin, “la étude comparée de l’aire villes industrielles de l’Etang de Berre, ensuite, ont toulousaine et de la sible de la faire vivre au profit du politique d’industrialisation de la conurbation Nice-Côte connu un fort développement en lien avec la volonté plus grand nombre, via une offre région de Curitiba, conduite dans d’Azur, (L’Harmattan, étatique de créer un grand port industriel autour de 2003). Une version importante de transports bien les années quatre-vingt-dix de intégrale de cet article Fos. Enfin, le Pays d’Aix-en-Provence se prolonge reliée aux démarches d’aména- façon à fortifier économiquement est consultable sur le site vers le Val de Durance et l’Ouest Varois. Il bénéficie www.gir-maralpin.org Ville-centre d’un million sept cent gement urbain. Sur l’ensemble les villes autour de la capitale du desserrement des activités économiques et des mille habitants au sein d’une des axes structurants de la ville régionale, a permis d’augmenter populations, ainsi que du développement des hautes région métropolitaine d’environ par exemple, une voie centrale a la capacité collective à faire face technologies. L’économie de cette conurbation trois millions de personnes, été aménagée en faveur des aux problèmes sociaux et a réduit s’appuie sur les activités portuaires, l’organisation La métropolisation se combine souvent avec la rareté du foncier réparties dans vingt-six municipa- transports en commun (bus), tan- la croissance de la cité métropoli- (ici, Marseille). des échanges internationaux et les hautes technolo- lités, la métropole brésilienne de dis que les deux voies express taine”. Une solidarité qui s’est avé- gies (aéronautique, microélectronique, informatique, Curitiba/1 assoit son évolution étaient renvoyées dans un pre- rée payante, puisque le taux de Le processus de métropolisation traduit la concen- nucléaire, techniques marines). Deux projets leviers

durable et solidaire sur un plan mier temps à l’extérieur, en limite chômage (7,6%) y est actuellement 1/ tration des fonctions économiques supérieures et viennent renforcer la base économique métropoli- directeur adopté en 1966. du quartier traversé. l’un des plus faibles du Brésil. l O.R. Métropole-phare internationales dans un nombre limité de grandes taine : Iter (Cadarache) et Euroméditerranée (création de l'État du Parana, Affichant un taux de croissance Curitiba est situé villes. S’il ne se décrète pas, il peut être stimulé par d’un centre directionnel et redynamisation du centre- démographique de plus de 5 % par au centre de la région l’action publique : renforcement de la base écono- ville de Marseille). la plus industrialisée an jusqu’aux années quatre-vingt- d'Amérique du Sud. mique (pôles d’excellence), accueil de grands équi- dix, triplant ainsi sa population en Sa planification pements, mobilisation des acteurs... La métropoli- La conurbation azuréenne “historique”, quarante ans, Curitiba a voulu au moment de son pic sation se combine par ailleurs avec le passage de la Avec Monaco, la bande côtière des Alpes-Maritimes concilier le développement de de croissance, ville pédestre à la ville automobile. Cette combinaison comptait, en 1999, plus d’un million d’habitants et lui a permis d’intégrer 1/ la ville avec le respect de ses en amont nombre de Cf. François Ascher, donne naissance à des systèmes urbains multipo- 378 000 emplois. Elle se structure autour de noyaux Métapolis ou l’avenir habitants en maîtrisant, avant problèmes urbains. laires : les “métapoles”/1 qui englobent dans une historiques (Cannes, Grasse, Antibes, Nice, Monaco, Cette maîtrise du des villes, Odile Jacob, l’heure, le triptyque classique du développement lui 1995. même dynamique plusieurs agglomérations gardant Menton), complétés par l’émergence de pôles nou- développement durable : l’écono- a valu le prix une autonomie relative. veaux (Sophia-Antipolis, basse vallée du ). environnemental mique, le social et l’environne- de l'ONU en 1990, En raison des tensions sur le marché du logement, puis le titre de mental. Concernant ce dernier “capitale écologique La région Provence-Alpes-Côte d’Azur compte trois le développement s’étend vers l’Est du département point, elle est l’une des villes bré- du Brésil” à la des dix premières aires urbaines françaises (Aix- du Var. Fréjus, Saint-Raphaël et Draguignan regrou- conférence mondiale siliennes les moins polluées, avec Eco’92. Marseille, Nice et Toulon). Les processus de métro- pent ainsi 260 000 habitants et 84 000 emplois). polisation et de périurbanisation s’y combinent dans Le développement de la conurbation s’appuie ̈ ̈ ̈

28 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 29 LES SPÉCIFICITÉS DE LA MÉTROPOLISATION EN PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR Analyse e u c é v La métropole en Suisse : e l o p o r t

un concept en évolution lente é M

La montée en puissance des enjeux métropolitains Deux tendances lourdes inquiètent suscite une lente évolution politique en faveur d'une les décideurs suisses : une reconnaissance des villes et d'un soutien au déve- loppement. croissance économique inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, En Suisse, le thème de la métropole naît d'abord d'une problématique d'aménagement du territoire. La mondialisation étant ce qu'elle est, le problème Une plus forte coopération métropolitaine en matière de déplacements urbains et de logement est l’une des conditions de réussite de la métropolisation dans la région. qui conduit à un déclin tendanciel posé est d'en maîtriser les effets sur l'organisation historiquement sur le tourisme, conforté par l’accueil et au commandement économique (sièges sociaux). relatif, et une augmentation des des villes et des campagnes. Tout se passe comme de nombreux événements internationaux, mais Il s’agit ensuite de maîtriser les conséquences de la dépenses publiques, qui détériore si la prospérité économique était tenue pour un aussi, depuis les années 1960, sur les hautes tech- périurbanisation. La région se heurte aux limites d’un acquis, une “donne” dont les politiques publiques nologies (informatique, électronique, télécommuni- mode de développement basé sur l’étalement urbain des conditions-cadres jusqu'alors devraient seulement canaliser les impacts environ- cations, santé, chimie fine). Monaco accueille éga- et la généralisation de la mobilité automobile : mon- très attractives. Du coup, la montée nementaux, territoriaux et sociaux. Partant de ce lement des fonctions supérieures liées notamment tée irréversible des problèmes de circulation, raré- point de départ, le thème évolue ensuite dans deux à la finance. Avec plus de 41 000 emplois en 2002, la faction du foncier neuf aisément disponible, diffi- en puissance des enjeux directions. D'une part, les aléas de l'économie Principauté est un moteur essentiel de la dynamique cultés croissantes à répondre aux besoins de conduisent à une reconnaissance du rôle écono- métropolitaine. logement (le renouvellement urbain n’ayant pas pris métropolitains suscite une lente mique des villes et des agglomérations, événement le relais du développement extensif). évolution politique en faveur d'une hautement significatif dans un pays qui s'est long- L’aire toulonnaise temps identifié au monde rural. D'autre part, la moro- Elle regroupait, en 1999, 546 000 habitants et 177 000 Améliorer la gouvernance territoriale est le troisième reconnaissance des villes et d'un sité économique persistante incite à transformer les emplois et s’organise autour de la rade de Toulon et thème-clé. Les métropoles de PACA connaissent une anciennes politiques régionales redistributives en d’Hyères. Ses points forts sont le tourisme et les acti- situation de “balkanisation” politique qui rend diffi- soutien au développement. politiques de soutien à la compétitivité des territoires. vités de défense (25 000 emplois directs civils et mili- cile la gestion de dossiers comme les transports, le Non sans difficultés. taires). Alors que son système de gouvernance est développement économique ou des grands équipe- Du rural à l'urbain en pleine recomposition depuis 2001, l’aire toulon- ments. Le succès des trois candidatures à l’appel à L’analyse de Richard Quincerot et le reportage photo L'identité de la Suisse est ancrée sur un mythe pro- naise souhaite s’inscrire dans une stratégie de métro- projets de coopération métropolitaine de la Datar/2 de Serge Mouraret dans la métropole lémanique fondément rural. Dans de très petites communautés polisation qui s’appuie notamment sur le pôle de marque, à l’échelle de chaque métropole, une pre- 2/ – le pays comprend 2 900 communes –, de robustes compétitivité “Mer, sécurité et sûreté, développe- mière dynamique de rapprochement des acteurs Lire à ce propos montagnards réunis dans une clairière auraient l’analyse d’Anna ment durable”, la redynamisation des espaces de la (intercommunalités, conseils généraux, chambres Geppert en pages 44 rade de Toulon et le développement de l’université. consulaires, services de l’État). La coopération entre et s. La Suisse est l'héritière de plusieurs siècles d'inter- La stratégie métropolitaine de l’aire toulonnaise doit les métropoles est également émergente (notam- nationalisation Aujourd'hui, banques, horlogerie, prendre en compte la proximité marseillaise (péri- ment à travers le jeune réseau des agences d’urba- multinationales, tourisme, services... assurent à ses urbanisation, attractivité universitaire et commer- nisme de PACA), de même que l’association du 7,5 millions d'habitants une position enviée dans ciale) et l’influence économique azuréenne (de nom- Conseil régional aux réflexions. l'économie mondiale. En 2003, le solde positif des breuses sociétés ayant rattaché le Var à leur direction actifs suisses placés à l'étranger se montait à 340 Côte d’Azur, implantée dans les Alpes-Maritimes). Enfin, il faudra tirer parti de la future ligne TGV qui milliards d'euros/1, soit beaucoup plus que le pro-

reliera Marseille, Toulon et Nice à l’Italie, à l’Espagne 1/ duit intérieur brut annuel. Avec un taux de chômage Des défis communs et à l’Europe du à l’horizon 2020. Ce projet offre Données de la Banque de 3,8 % et une dette publique de 33 % du PIB (60 % nationale suisse Il s’agit tout d’abord pour les métropoles concernées l’opportunité de développer les coopérations straté- établies selon les en norme internationale), le pays aurait tout lieu de de développer les fonctions économiques supé- giques entre métropoles pour qu’elles parviennent normes européennes se satisfaire de sa situation, s'il n'observait deux ten- sur les années rieures. Les métropoles de PACA ont en effet un à jouer de concert à l’échelle européenne et interna- 1999-2003. dances inquiétantes : une croissance économique poids économique inférieur à leur importance démo- tionale. Il permettra également d’offrir des liaisons inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, qui graphique et à leur rayonnement international. Ce rapides et cadencées entre les métropoles, tout en conduit à un déclin tendanciel relatif, et une aug- déficit est particulièrement fort en ce qui concerne libérant le réseau ferroviaire classique au profit du mentation des dépenses publiques, qui détériore les emplois supérieurs liés à la recherche, à la finance développement d’une offre de type RER. des conditions-cadres jusqu'alors très attractives. ̈ ̈ ̈

30 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 31 LA MÉTROPOLE EN SUISSE : UN CONCEPT EN ÉVOLUTION LENTE e u c é v

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décidé d'unir leurs forces pour lutter contre l'op- de l'expansion urbaine, perçue comme une menace Suisse” se constitue en 1994 dans le but de “faire de projets d'agglomération (nombreux projets pression étrangère – Guillaume Tell et son arbalète pour l'identité collective, la nature et l'environnement. prendre conscience que notre pays est passé d'un en cours) et soutient financièrement des projets- en sont toujours les emblèmes. Ce récit d'origine est Économiser le sol, protéger les paysages et soutenir stade rural à un stade urbain, relié à l'Europe et au modèles, qui contribuent à renforcer l'échelon inscrit dans les structures politiques. La Suisse n'est l'agriculture sont les objectifs de base de la loi fédérale monde entier”. Elle constate la poursuite de l'étale- des agglomérations (vingt-cinq projets en cours). pas une nation forgée par un pouvoir central, mais sur l'aménagement du territoire qui, en 1979, donne ment urbain, en dépit de toutes les préconisations une fédération de vingt-six cantons, États souverains pour la première fois un cadre unifié aux législations de l'aménagement du territoire, et réaffirme de Le fédéralisme en question édictant vingt-six corps de législations différentes, correspondantes des cantons – en généralisant manière incantatoire les options de la loi fédérale : Parallèlement, le ralentissement persistant de la Confédération n'intervenant que dans un petit notamment une séparation stricte entre zones à bâtir plus que jamais, il faudrait concentrer le développe- l'économie suisse conduit à interroger la compétiti- nombre de domaines communs (affaires militaires, et zones agricoles et protégées où, sauf exceptions, ment dans les villes, économiser le sol et maintenir vité des territoires : à l'évidence, les espaces écono- étrangères, infrastructures de transport, etc.). l'on ne construit pas. Dans cette perspective, les des campagnes préservées. Ce groupe d'experts et miques réels dépassent largement les étroites limites 2/ Communes, cantons, Confédération : cette structure politiques publiques ont pour rôle de défendre le Joëlle Salomon Cavin, de chercheurs peine à sortir d'un cadre confidentiel/3, institutionnelles des vingt-six cantons. Et les à trois étages, telle qu'elle fut créée au XIXe siècle, territoire contre les emprises et les nuisances du La ville mal-aimée. 3/ mais renforce le lobbying engagé par les villes démarches intercantonales se mettent à foisonner. Représentations anti- ww.metropole-ch.ch accorde une nette prééminence au rural sur l'urbain. développement économique. urbaines et aménagement suisses pour obtenir une reconnaissance politique. Ainsi, le canton de Neuchâtel, conscient du handicap Aussi l'urbanisme se nomme plus volontiers, Cette longue et puissante tradition anti-urbaine/2 du territoire en Suisse: En 1996, un rapport du Conseil fédéral sur les de sa petite taille (170 000 habitants), multiplie-t-il analyse, comparaisons, 4/ en Suisse, “aménagement du territoire” (et les se fissure pendant la crise des années 1990. Ainsi, évolution, Lausanne, Conseil fédéral, Rapport “Grandes lignes de l'organisation du territoire les alliances avec d'autres cantons en matière de urbanistes des “aménagistes”) : son but est moins alors que les cantons se mobilisent pour faire face Presses polytechniques sur les Grandes lignes de suisse” consacre plusieurs chapitres au “réseau des promotion économique, de recherche, de pôles de et universitaires l'organisation du d'organiser les villes que de préserver les campagnes à la désindustrialisation, l’association “Métropole romandes, 2005. territoire suisse, du 22 villes suisses”, présenté comme “la réponse fédé- compétitivité, de formation, de santé, etc. De même, mai 1996, Berne, p. 43. raliste aux défis engendrés par une concurrence des réseaux intercantonaux d'instituts de recherche, économique accrue entre les régions urbaines d'universités et d'industries se créent, seul moyen 5/ Cité par J. Salomon d'Europe”/4. En 1999, le Conseil fédéral persiste d'atteindre une taille suffisante pour s'affirmer au Cavin, ibidem, p. 149. et signe, estimant que “le rôle des villes en Suisse plan international : ainsi, le réseau “BioAlps” créé en tant que moteurs de l'activité économique, en tant par cinq cantons romands/6 a été récemment 6/ Genève, Fribourg, que lieux de culture, d'innovation, d'ouverture sur reconnu par Science Magazine comme numéro un Neuchâtel, Valais et le monde et, avec leurs agglomérations, en tant que en Europe pour la recherche en biotechnologie. Ces Vaud sont les cantons membres de BioAlps, lieu de vie des deux tiers de la population, est aujour- initiatives sont soutenues par une Confédération de Lake Geneva BioCluster d'hui en voie de reconnaissance”/5. Formellement, plus en plus consciente des enjeux économiques Switzerland. Voir www.bioalps.org il saisit l'occasion d'une révision de la Constitution nationaux, mais limitée dans ses capacités d'action pour citer nommément les villes et les aggloméra- par le poids politique de cantons, peu disposés à 7/ tions. Une conférence tripartite sur les aggloméra- renoncer à leur souveraineté et qui continuent à se En janvier 2005, l'entreprise Amgen a tions est instituée en 2001, intégrant pour la première livrer une concurrence parfois féroce pour attirer les finalement opté pour fois les villes dans une plate-forme politique aux entreprises et les gros contribuables. Au printemps Cork en Irlande, dont la fiscalité et les soutiens côtés de la Confédération, des cantons et des 2005, “l'affaire de Galmiz” – un canton de Fribourg publics sont encore plus communes. Et une politique fédérale des agglomé- prêt à brader 55 hectares de terres agricoles pour atti- attirants. L'enjeu portait sur un milliard de dollars rations incite les communes urbaines à coopérer : rer une grosse entreprise américaine, alors que des d'investissement et la création de 1 100 emplois elle conditionne le soutien fédéral au financement terrains à bâtir sont disponibles dans d'autres can- d'ici 2010. des transports urbains et régionaux à l'élaboration tons/7 – a suscité un furieux débat national entre ̈ ̈ ̈

32 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 33 LA MÉTROPOLE EN SUISSE : UN CONCEPT EN ÉVOLUTION LENTE e u c é v

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8/ 12/ www.avenir-suisse.ch Xavier Comtesse et Cedric van der Poel (dir.), Le Feu cantonalistes et fédéralistes, partisans du dévelop- l'extrême morcellement politique du pays ? Les poli- au Lac. Vers la Région gement national. Premier constat : la gestion agglomérations non métropolitaines de même 9/ pement et de l'emploi et défenseurs de l'agriculture tiques redistributives des années 60-80 en faveur métropolitaine lémanique, de l'aménagement du territoire par les cantons n'a qu'aux centres ruraux); et le ménagement des res- Angelus Eisinger (ETHZ) Avenir Suisse / NZZ et du paysage. des régions défavorisées avaient visé à répartir et Michel Schneider (dir.), Verlag, mars 2006. pas réussi à freiner l'étalement urbain. Deuxième sources naturelles non renouvelables (d'où l'im- Urbanscape Switzerland. les bénéfices de la prospérité pour assurer un niveau Topology and Regional constat : l'organisation du pays ne respecte pas l'ob- portance accordée à la question de l'urbanisa- 13/ Pour sa part, l'association Avenir Suisse, “think tank” d'équipements et de services homogène sur Development inSwitzerland, jectif, pourtant maintes fois réaffirmé, d'un “déve- tion”/14. En conclusion, le rapport 2005 propose de Avenir Suisse / Birkhäuser, Office du développement du patronat helvétique/8, contribue à la mobilisation l'ensemble du pays. Depuis novembre 2005, elles 2003. territorial (are), loppement durable”. Une réflexion prospective en modifier la législation sur l'aménagement du terri- pour le développement économique en documentant ont cédé la place à une “Nouvelle politique régio- du Département fédéral quatre scénarios permet de repérer les principaux toire de façon à renforcer les pouvoirs de la de l'environnement, des 10/ le débat par diverses études et analyses. Ainsi, elle nale” guidée par une tout autre priorité : stimuler transports, de l'énergie problèmes des années à venir. L'exercice débouche Confédération sur les enjeux économiques et terri- Uwe Wagschal, Daniele publie en 2003 “Urbanscape Switzerland” , portrait l'innovation et améliorer la compétitivité des régions et de la communication sur un projet de territoire proposant une répartition toriaux majeurs qui dépassent de plus en plus l'en- /9 Ganser, Hans Rentsch, (DETEC), Rapport 2005 urbain du pays, et “Cavalier seul”/10, bilan comparatif – sans renoncer pour autant, au moins formelle- Cavalier seul. La Suisse, sur le développement équilibrée des rôles et des stratégies entre ces com- vergure des cantons. Cette proposition s'inscrit 10 ans après le non à l'EEE, territorial, Berne, de l'économie suisse avec dix-huit pays européens, ment, aux buts traditionnels d'occupation décen- Avenir Suisse/Labor et mars 2005. posantes territoriales. Pierre-Alain Rumley, directeur d'ailleurs dans un mouvement général de centrali- établi dix ans après le refus de la Suisse d'adhérer tralisée du territoire et de réduction des inégalités Fides, Genève, 2003. de l'Office du développement territorial, en brosse sation à petits pas, notamment dans les domaines 14/ à l'Union européenne et qualifié de “préoccupant”. régionales. 11/ un portrait synthétique en trois points : “la compé- de la formation, de la recherche, du marché intérieur Pierre-Alain Rumley, En 2005, une nouvelle publication, Le fédéralisme Hansjörg Blöchliger (BAK “Rapport 2005 sur titivité territoriale, de façon à favoriser le dévelop- ou de la santé, visant à réaliser une unité nationale en chantier ; régions métropolitaines face aux De même, au début de l'année 2005, un “Rapport Basel Economics), Le le développement pement du pays (d'où l'importance de l'approche largement inachevée. Comme on pouvait s'y fédéralisme en chantier. territorial: forces et cantons/11, s'en prend aux cantons : aux structures 2005 sur le développement territorial”/13 ouvre un Régions métropolitaines faiblesses”, Forum par les métropoles et les sites touristiques); la cohé- attendre, la publication de l'Office du développement face aux cantons; analyses politiques héritées du XIXe siècle, dénoncées comme large débat sur les buts et les moyens de l'aména- du développement sion nationale (d'où le rôle attribué aux villes et territorial a suscité des réactions diverses de la part et propositions pour une territorial n°2, 2005, battant tous les records de décentralisation et de frag- revitalisation du fédéralisme p. 55. suisse, Avenir Suisse, 2005. mentation, devrait succéder un découpage en six régions métropolitaines concentrant 84 % du PIB du pays. Aujourd'hui, Avenir Suisse développe ses propositions à un échelon régional en publiant Le Feu au Lac ; vers la Région métropolitaine lémanique/12, plaidoyer pour une gouvernance métropolitaine qui valorise des atouts intellectuels, institutionnels et industriels actuellement sous-exploités, sans illusions sur l'importance des handicaps à surmonter (un projet de fusion des cantons de Vaud et Genève a été refusé en votation populaire en 2002 et chaque canton est pour l'instant très occupé relever le défi de construire les agglomérations de Genève et de Lausanne).

Des politiques redistributives au soutien à la compétitivité ? Comment concilier l'objectif de compétitivité économique, la lutte contre l'étalement urbain et ̈ ̈ ̈

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The “risk” of alterity e i

des cantons, des villes et agglomérations et des Mais à nouveau, ce portrait est loin d'épuiser r e

associations : le débat politique est lancé et ne fait les questions que pose la métropolisation aux insti- p x e

que commencer. tutions et aux représentations du pays. Par exemple, The appeal of metropolisation lies in its concentration growth of Curitiba itself and kept the metropolis's n

il est plus intéressant de discuter du nombre des of the actors and factors that make for development. unemployment rate down to 7.6%. a t i Une Suisse qui s'interroge métropoles en Suisse que d'apporter une réponse But like today's globalised society, the metropolis is l o

Enfin, dans une série de petits livres carrés au gra- unique : le pays en compte-il une seule (Zurich pitilessly discriminatory towards the vulnerable, with Geographer Gabriel Jourdan took a look at the p o r

phisme branché, un groupe d'experts de renommée qui produit environ un tiers du PIB et a baptisé son a social diversity based more on division than on Provence-Alpes-Côte d'Azur Region, home to three t e

internationale/15 propose un “portrait urbain” du aéroport Unique), ou deux (Zurich-Bâle et Genève- considered variety. Only improved organisation and of France's ten largest urban areas – Aix-Marseille, m

pays finalement assez proche du “projet de territoire” Lausanne), ou trois (en comptant séparément Zurich 15/ political determination will enable it to meet the sus- Nice and Toulon – with metropolisation and periur- e h

Roger Diener, Jacques T de la Confédération – et très différent des images et Bâle), ou encore cinq (en ajoutant Berne et tainability challenge and counter the uncertainty that banisation combining in a context of strong popula- Herzog, Marcel Meili, /

rurales et montagnardes auxquelles de nombreux le Tessin, pour ne pas les marginaliser) ? Ou bien Pierre de Meuron, so readily generates a sense of insecurity. tion growth, tourist pulling power and a relative e Christian Schmid, u Suisses continuent de s'identifier. Trois métropoles les 7,5 millions d'habitants du pays doivent-ils être penury of housing. While substantially different in c

La Suisse. Portrait é v ont un rôle de locomotives économiques (Zurich, considérés comme formant une seule et même urbain, ETH Studio The metropolis is a great place when you've maste- history, size and economic makeup, the three enti- e

Basel / Birkhäuser, l

Genève-Lausanne, Bâle-Mulhouse-Fribourg-en- métropole – c'est après tout l'équivalent d'un gros 2005 (4 volumes). red its codes, but otherwise it can can be an exhaus- ties face similar challenges: development of high- o p

Brisgau), des réseaux de villes moyennes sont à la quartier de Shanghai ? Ou encore, la Suisse ne ting ordeal. "Hyper-choice", says CNRS researcher level economic functions – e.g. research, finance, o r remorque, des “zones calmes” servent d'intervalles compte-t-elle aucune métropole du niveau des 2,6 Marie-Christine Jaillet-Romain, also means "hyper- company HQs – to compensate for an economic t é

verts entre les métropoles, des “alpine resorts” millions d'habitants de la Région urbaine lyonnaise selection" and a daily exercise in social recomposi- weight currently inferior to their demography; control M forment un archipel de villes saisonnières et des ou des 3,9 millions d'habitants de l'agglomération tion – or decomposition. The trend towards polari- of the consequences of periurbanisation; improved “friches alpines” sont en voie de dépeuplement. de Milan ? l R.Q. sation is accentuated by gentrification, whose governance in a situation characterised by a politi- wealthy, increasingly nomadic practitioners have no cal "balkanisation" that impedes progress in fields real commitment to their neighbourhood; the sala- like transport, major public facilities and economic ried middle classes and skilled workers are driven development; and optimal use of the TGV line that by property prices into ever more distant tracts of by 2020 will link Marseille, Toulon and Nice to Italy, periurbia; and the unqualified, "precarious" and Spain and Northern Europe. unemployed see their scorned housing estates ope- ned up physically but not socially. Over the border in Switzerland, decision makers are worried by two significant factors: a level of econo- t t The answer to the risk of "social apartheid", sugges- mic growth lower than the OECD average, leading c ted Grenoble mayor Michel Destot, is "to experiment to a relative trend towards decline; and increasing c a with otherness". Identitarian groupings hamper the public spending, which is damaging formerly very a r business of real togetherness: residents need to live attractive framework conditions. r t with and not next to each other. The much-vaunted t s attracting of those nomadic elites is a trap to be avoi- The issue of the metropolis there has its roots in a s ded, he said, and transport plans do not necessarily highly specific form of politico-territorial organisa- b work in favor of balanced development. Planning tion: 7.5 million people living in 26 autonomous can- b A consultant Marc Weil agreed, pointing out that speed tons totalling in all 2900 (often tiny) municipalities, A gains space, but not time, and by hampering true with a powerful tradition of rural predominance that metropolisation only increases the geographical only began to crumble with the slump of the 1990s. scale of segregation. So, "cohesion or exclusion?" As it became clear that real economic zones largely asked Fabien Tuleu of the Emmaüs organisation. The overspilled the narrow limits of the cantons, the metropolis can only produce the former in the Federal Executive began urging inter-urban coope- context of a humanistic policy generating integrative ration, providing incentives and helping to finance jobs and a sense of solidarity: "Isn't the real issue model projects. The Avenir Suisse think tank's call being ready to take the risk of alterity?…Dignity for cross-canton metropolitan governance putting concerns us all, not just the excluded 10%." the accent on under-exploited intellectual, institu- tional and industrial assets was reflected in an Are there answers in the Brazilian metropolis of attempted merger – rejected by a local "votation" – Curitiba, with its 3 million people? Rosane Santos- of the Vaud and Geneva cantons; and the "New Popp, director of the planning institute there, stres- Regional Policy" aims at stimulating innovation and sed success in combating pollution and recycling regional competitiveness while respecting, formally refuse, but also in moving expressways to the per- at least, the country's decentralised structure. So the iphery in favor of bus lanes and a single-ticket sys- ball has been set rolling, but slowly; and maybe those tem with prices tied to users' financial situation. More 7.5 million people should be considered as forming notably still, a regional industrialisation policy aimed a single metropolis… at strengthening surrounding cities has limited the

36 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avrilmars-avril 20062005 - - HORS HORS SÉRIESÉRIE n° n° 28 24 // URBANISMEURBANISME// 3737 Table ronde t

Échelle de valeurs e ON IRA TOUS AU PARADIGME… j o

En Rhône-Alpes par exemple, le projet tiré par la capi- r p tale régionale complique-t-il celui de Saint-Étienne ? n e

Pour le sénateur-maire de cette cité, berceau de la e

DES POLITIQUES PUBLIQUES l révolution industrielle en France, “la présence de o

Lyon est une chance pour Saint-Étienne, une exi- p o r Certes, le cas de figure le plus célèbre, le Plan stra- gence supplémentaire de qualité, de savoir-faire, t Comment s’élaborent les projets é tégique métropolitain de Barcelone, “possède une sans avoir jamais les mêmes moyens. Notre PIB par M métropolitains ? Sur quels contenus ingénierie complexe, incluant des centaines d’ac- habitant est inférieur de 15 % à celui Lyon et de 30 % tions issues du monde économique et social”/1. à celui Grenoble. Il faut profiter de l’élan et donner et avec quelle ingénierie ? Est-ce Le “modèle” de développement de Montpellier a mis l’accent Sinon, on trouve des modes d’élaboration simples 1/ une image d’attractivité et de modernité en étant fier sur la ville-centre… le renforcement cannibale des villes avec sélection et cible du système d’actions en pre- Lire pages 59 et s. de ce que l’on fait, car nous avons besoin de cette nant les acteurs les plus représentatifs de la société fierté. C’est un ensemble qui doit avancer en misant centres ou bien la chance des (chambres consulaires, patronat, syndicats, société d’avantage sur les valeurs humaines qui guident la périphéries ? La métropole a-t-elle civile…) et en laissant le secteur public – les élus – ville. Ce n’est pas qu’une question d’argent. Nos aux commandes de pilotage. Pourquoi ? Parce qu’en valeurs sont attachées à la qualité du travail. Notre de véritables fondements ou ces parlant projets, “on parle enjeux de pouvoir, de passé industriel permet cette inventivité, cette dyna- nouvelles appellations sont-elles leadership sur la métropole, d’où la recherche de mique, cette compétence par tradition. Nous devons consensus”. Toujours renforcer l’identité propre, sachant que le fruit de l’évolution contemporaine, selon le professeur- la métropole lyonnaise nous apporte la à défaut de parler de marketing chercheur, la qualité de visibilité internationale.” Symbole de l’élaboration du projet cette identité modernisée, la Cité du urbain ? Comment les effets métropolitain est très Design/2, projet-phare et à valeur ajou- importante. Tout comme tée de l’agglomération stéphanoise sus- d’une économie mondialisée les questions clés asso- ceptible de la faire passer “du XIXe au … tandis que Rennes s’efforçait de développer la solidarité intercommunale. rejaillissent-ils sur le regroupement ciées, dont certaines font XXIe siècle”. Sur un tel projet, c’est la office de réponses : “À vocation métropolitaine qui est difficile d’entraînement extraordinaire. Le rôle de la ville des forces publiques, privées quoi et à qui sert-il ? Qui à cerner pour un architecte, reconnaît centre est à la fois d’investir dans l’excellence mais s’investit le plus ? Qui Finn Geipel, l’architecte de la Cité du également de faire attention à la concurrence qui n’a (et obligatoirement vives) ? Christian Lefevre Edmond Hervé Finn Geipel contrôle ? Qui pilote ? desgin. Il ne faut pas se focaliser sur de sens que dans la valeur de la solidarité. Nous Synthèse d’une table ronde Qui est sollicité ? Le projet métropolitain n’est-il pas l’échelle du lieu, mais prendre en compte le quartier, appartenons aussi à des mondes qui nous unissent. d’abord celui de la ville centre ? Quel est le poids des la ville, la périphérie, comprendre les forces en présence, Pour avoir un rayonnement européen, il faut coopé- stéphanoise où prospective rimait 2/ périphéries ? Y en a-t-elles qui s’opposent ? N’est-il Lire page 19. économiques, technologiques, industrielles, les rer, sachant que nous ne pouvons pas avoir des acti- parfois avec expectative. pas le projet d’une alliance politico-économique, car usages en place…” L’ingénierie du concept repose vités d’envergure internationale dans toutes les villes le paradigme est celui de la compétition, mais aussi ici sur l’articulation entre le local et le global, l’héri- et que la coopération entre chacune d’elles est Par Olivier Réal parce que les politiques publiques sont plus struc- tage et l’avenir. d’abord celle entre les personnes. Sur Loire- turées que la société civile ?” Bretagne, des relations entre élus existent depuis Il convient d’abord de définir le terme projet métro- Valeurs de coopération quinze ans. Les jalons étaient déjà posés. Concernant politain et surtout de savoir s’il en existe. Christian Dans ce contexte, peut-on parler de projet d’agglo- la culture par exemple, nous comptons deux opéras Lefevre, professeur à l’Université Paris VIII et mération ou de projet métropolitain ? C’est une travaillant entre Nantes, Angers et Rennes. Nous sub- chercheur au LATTS, répond par la nuance à cette question de vocabulaire d’époque plus que de posi- ventionnons ensemble la programmation et la créa- interrogation. “Nous sommes tous dans la même tionnement revendique pour sa part Edmond Hervé, tion dans le cadre d’une coopération de cinq ans.” galère, partout en Europe il n’y a pas véritablement député-maire de Rennes, président de Rennes de projet métropolitain, mais des réflexions qui Métropole et ancien ministre. “Il y a dix ans, nous Valeurs humaines peuvent déboucher sur des actions. Ce qui nécessite aurions parlé de projet d’agglomération. Aujourd’hui, Plus globalement et pour en revenir à la posture de un gros travail pour les élus et la société civile. il s’agit plus de coopération entre agglomérations la métropolisation à la française par rapport à d’éven- Les projets auxquels nous avons à faire s’inscrivent appartenant à un même ensemble géographique tel tuelles d’autres pratiques (à Londres par exemple, le tous dans la compétition territoriale entre métro- que définie par la Datar en 2003”. Concernant Loire- territoire métropolitain a été formaté par l’Etat), l’an- poles, paradigme des politiques publiques urbaines Bretagne, le projet – ou la coopération – rassemble cien ministre considère que le projet métropolitain où les notions d’environnement durable sont moins Rennes, Brest, Nantes, Angers, Saint-Nazaire autour national n’est pas transférable ou comparable avec présentes que l’on ne croit”. Comment s’élaborent de plusieurs thématiques dont l’économie, l’ensei- des expériences étrangères en raison d’une spécifi- les projets métropolitains, autoproclamés ou non ? gnement, la formation, la recherche, l’accessibilité, cité qu’il ne faut pas oublier : 36 000 communes (“ Sans pouvoir définir de modalités précises, quelques la culture, les événements promotionnels… “Il faut plus de la moitié des communes d’Europe à nous similitudes récurrentes apparaissent autour de la une vision claire de l’histoire de nos villes, poursuit seuls “) et 550 000 élus locaux, dont un grand Le “modèle barcelonais” a donné une place prépondérante aux grands équipements (ici, le musée notion de pouvoir. d’art contemporain réalisé par Richard Meier dans le Barrio Chino). Edmond Hervé, qui ont une capacité innovante et nombre de bénévoles. Ce qui explique que le contrat ̈ ̈ ̈

38 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 39 Table ronde ON IRA TOUS AU PARADIGME… DES POLITIQUES PUBLIQUES t

- ou projet - métropolitain ait un pilotage public pro- plus grands chantiers sont bel et bien dans les villes, e j

LA MÉTROPOLISATION RELANCE o

noncé comme l’évoquait Christian Lefevre, alors que justement. Il passe aussi (le bonheur toujours) par r p les pôles de compétitivité (voir par ailleurs) qui font un dialogue permanent entre les élus, les intellec- n e

partie de cette nouvelle coopération, autrement appe- tuels, les acteurs institutionnels et entrepreneurs. On e lée gouvernance, ont plutôt une tendance privée. Ce retrouve là d’ailleurs les valeurs humaines mises en LE DÉBAT INSTITUTIONNEL l o

serait donc une question structurelle et non pas un évidence par Michel Thiollière, qui offrent pour le p o r enjeu de pouvoir selon Edmond Hervé pour qui “le coup un aspect plus accessible à la notion de métro- limitant sévèrement les pouvoirs et les budgets de t é

but de l’homme politique est le bonheur des popu- polisation. Un vécu quotidien est toujours plus par- En quelques années, la France la nouvelle institution. La métropolisation peut aussi M lations !” Celui des villes (le bonheur) passe donc par lant qu’une vue de l’esprit, même si c’est par la vision a connu un formidable mouvement être gérée par des “méso-niveaux de gouverne- le projet, quelle que soit l’appellation qu’on lui donne, que l’on peut mener les transformations et, pourquoi ment” préexistants, comme le canton de Zurich ou métropolitain, intercommunal, coopératif, voire col- pas, aller au paradigme des politiques publiques de création de communautés la Communauté autonome de Madrid. Les “gou- laboratif, synonyme de croissance. D’autant que les urbaines... l O.R. vernances en réseau”, comme la d'agglomération, de communautés Région urbaine de Lyon ou la urbaines et de communautés Conférence des maires des villes centres de Rhône-Alpes, offrent des Zoom de communes, impulsée par la loi formes plus souples, mais aussi plus Chevènement de 1999. Sur la lancée, fragiles. Enfin, le modèle dit “de l'évi- Gouvernance culturelle : work in progress tement et du conflit”, tel qu'on le ren- l'émergence d'enjeux métropolitains contre à Milan ou à Montréal, est relles se sont dépolitisées, déterri- nécessité d’un maillage du terri- aussi, après tout, une manière de torialisées, désynchronisées. “La toire, avec dix-sept bibliothèques conduira-t-elle à l'institutionnalisation traiter – ou de maltraiter – les enjeux culture c’est où je veux, quand je publiques disposant d’un budget de métropoles ? métropolitains. veux. Je peux aimer à la fois de 5,5 millions d’euros et l’implan- Bernard Jouve l’opéra, le rap et le flamenco”, a tation d’au moins un équipement À entendre les participants à la table L'effet d'appel souligné Jean-Pierre Saez, décri- culturel dans chaque commune de de la mondialisation vant l’usager urbain nouveau. l’agglomération. ronde “Gouvernance, réseaux et “Il n'existe pas un modèle de métro- coopérations métropolitaines”, rien pole, mais une pluralité de situations Le véritable problème est de faire Les “cultures alternatives” trou- instables entre Etats, collectivités vivre cette diversité. Mais ce n’est vent également leur place dans la n'est moins sûr. La métropolisation locales et groupes économiques et pas simple dans des métropoles métropole, comme “La Bifurk”, un semble moins appeler la création sociaux”, estime Bernard Jouve. européennes segmentées avec “projet collectif permettant aux Autrement dit, les enjeux métropoli- MC2, la nouvelle maison de la culture de Grenoble. des espaces et des équipements associations et porteurs de projets d'un nouvel échelon de gouvernance tains sont à qui veut (et peut) les “rayonnants” destinés à une de disposer de locaux d’expres- prendre. La table ronde réunissait Comment initier et faire cohabiter population de centre-ville et des sion et d’activités dans un esprit qu'une redistribution des trois prétendants : l'État, les régions dans une même métropole une équipements “de proximité” de mutualisation, de partage, compétences entre les échelons et les agglomérations. Pour Mireille Mireille Ferri pluralité d’expressions et de pra- voués à la culture de l’expression, d’échange et d’implication dans la Ferri, vice-présidente du Conseil tiques ? C’est la question à laquelle bref une société culturelle “balka- gestion des lieux”, selon la défini- existants. Echos d'un débat (très) régional d'Île-de-France, sa région est ont cherché à répondre les acteurs nisée”. Une nouvelle tendance tion de Naïma Sayet, sa coordina- animé. seule à même de construire la métro- réunis à Grenoble autour du semble cependant se dessiner trice. Si cet espace, implanté sur pole francilienne : “Jusqu'à présent, thème “Culture en métropole”. avec des villes devenues “actrices une friche industrielle, reçoit Par Richard Quincerot l'État s'était occupé de la couronne “Le modèle culturel français est en autonomes” et reconnues comme aujourd’hui le soutien financier de de l'Île-de-France en la séparant de pleine évolution, voire en crise”, a telles dans l’espace européen. la Ville de Grenoble, les rapports Paris, traitée comme une ville à part. affirmé en préambule Jean-Pierre Cette tendance est ainsi perçue par ne sont pas pour autant faciles : “Il Il appartient à la Région de construire Saez, directeur de l’Observatoire Jérôme Safar, adjoint au maire de a fallu plus de cinq ans pour faire Quelles formes de gouvernance ont pris en charge la solidarité entre le centre et la cou- des politiques culturelles. Depuis Grenoble chargé de la culture : entendre notre projet. Les lieux en les enjeux métropolitains, aujourd'hui en Europe ? ronne pour que le cœur joue enfin les années 80, les politiques “Développer une politique cultu- marge reçoivent globalement peu Bernard Jouve, professeur à l'ENTPE et directeur de son rôle dans l'ensemble métropoli- Patrice Peugeot publiques sont placées sous le relle à travers un ou deux équipe- de soutien des institutions et pour- recherches au laboratoire Rives, en distingue cinq. tain”. Pour sa part, Patrice Peugeot, signe de la coopération entre les ments ne correspond plus à ce tant ce sont des lieux intermé- Des pays comme la Grande-Bretagne ou les Pays- président de la compagnie d'assu- collectivités territoriales, l’État et qu’il faut savoir mettre en œuvre”, diaires qui font partie intégrante Bas produisent des “villes-États” : l'État central est rances La Mondiale, milite pour les capacités d'or- l’Union européenne. Or, “ce analyse-t-il. D’où l’obligation pour de la notion de culture en métro- alors l'instance intégratrice qui adapte les règles du ganisation et de mobilisation des agglomérations. Il modèle est à bout de souffle, car il les collectivités de requalifier et pole”, estime Naïma Sayet. Une jeu politique, économique et social aux contraintes témoigne de l'expérience du Comité Grand Lille qui, ne convient pas au débat démo- de diversifier les équipements façon de rappeler qu’en matière de de la mondialisation. De “nouveaux Gargantuas” depuis plus de dix ans, a réussi à mobiliser 600 à 700 cratique”, d’autant plus que la conçus dans les années 70-80. La gouvernance culturelle, la métro- comme Londres ou Stuttgart sont également des personnes (entreprises, universités, élus, monde société a fortement évolué dans politique de Grenoble en matière pole reste, comme dans d’autres créations d'États opérant par fusions imposées d'en- associatif) sur des enjeux métropolitains. Il poursuit l’intervalle. Les pratiques cultu- de lecture publique illustre cette domaines, en chantier… l C.P. tités d'échelon inférieur (boroughs, communes), en aujourd'hui son action au niveau transfrontalier avec ̈ ̈ ̈

mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 41 LA MÉTROPOLISATION RELANCE LE DÉBAT INSTITUTIONNEL Zooms t

la Belgique : “L'essentiel est de créer une habitude “Les intercommunalités ont encore bien des progrès e j o de travail en commun qui dépasse largement le d'organisation à réaliser à l'échelon métropolitain”. Echirolles : une “centralité périphérique” ? r p découpage communal.” Le reste suit, en quelque sorte. Mais elles sont incontournables : “Les métropoles n e

ne se feront que si les élus se l'approprient.” Il appar- Ses 35 000 habitants font d'Echi- Une gageure au départ. Il y a vingt- sée. “Personne ne croyait qu'on e tient à l'État de les y inciter : “L'appel à coopération rolles la seconde ville de l'agglo- cinq ans, le centre du territoire pouvait commercialiser ici 5 l Comment l'appétit vient o métropolitaine/2 visait à faciliter l'émergence de mération de Grenoble (et de communal était occupé par 50 hec- à 6 000 m2 de commerces sur p aux agglomérations o r et aux régions projets dépassant les limites institutionnelles. La l'Isère). Non contente de créer des tares de prés où paissaient des une seule tranche !”, se rappelle t é

Mais, de fait, la métropolisation démarche a été bien reçue, suscitant un grand 1/ emplois (malgré ses 17 % de chô- vaches. Réservés dès 1975, les Renzo Sulli. M relance le débat politique sur l'en- nombre de candidatures. Pour la suite, l'État n'a pas Emmanuel Négrier, mage) et de réhabiliter ses quar- terrains accueillent progressive- La question semble de l'architecture institu- l'intention de tenir la plume, son rôle se borne à don- métropolitaine. tiers d'habitat social, qui consti- ment les composantes d'une cen- Porté par la population, fortement tionnelle et, notamment, sur le ner envie.” L'intervention se voulait rassurante, mais Les politiques à tuent 40 % de ses logements, elle tralité périphérique voulue de type impliquée au cours des quatre l'épreuve du rôle de l'État. Fort des compé- n'a pas réussi à refermer un débat passionné sur la changement d'échelle mène à bien la construction d'un urbain. Les premiers logements années d'une concertation appro- territoriale, tences acquises par les agglomé- décentralisation. Ni vraiment à convaincre les élus. Presses universitaires centre-ville significatif non seule- sont inaugurés en 1995. Le tram- fondie, le projet est aujourd’hui rations, Edmond Hervé, député- R.Q. de Grenoble, 2005, ment pour la commune, mais pour way arrive en 1996, en même une réussite. Sa réalisation a été l p. 69. Alain Rousset maire de Rennes et président de l'ensemble de l'agglomération. temps que s'ouvre un Institut de la facilitée par l'engagement du

Rennes Métropole, conteste la 2/ Une ambition affirmée dès 1989 communication et des médias groupe Nexity qui, comme en qualité de l'encadrement de l'État : Lire aussi pages 44 et s. avec l'une des premières réalisa- (Université Stendhal Grenoble 3). témoigne Jean-Luc Poidevin, éga- “Ce n'est pas à l'État, mais aux tions, la salle de concert “La Suivent un centre de loisirs, un lement président de Villes & autorités locales, que nous Rampe”, comme en témoigne lycée, un gymnase, la place des Projets, “a permis d'intégrer en devons la révolution des trans- Renzo Sulli, maire d'Échirolles : Cinq Fontaines due à Joan amont les points de vue des ports collectifs, les politiques du “Nous avons décidé de la consa- Busquets (qui a reçu le Trophée divers promoteurs d'opérations”. logement, la réforme des fiscali- crer à la musique classique pour de l'aménagement en 2005) et La démonstration est claire : il tés d'agglomération – qu'il faut en faire un équipement d'agglomé- plusieurs tranches de logements est possible de construire de la encore poursuivre en améliorant ration et faire venir les Grenoblois à (dont 35% de logements sociaux) ville en périphérie, encore faut-il la péréquation. Dans tous ces Echirolles…” avec commerces au rez-de-chaus- le vouloir ! l R.Q. dossiers, l'administration centrale Pierre Mirabaud a plutôt fonctionné comme un frein que comme un moteur.” Le Saint-Étienne : des quartiers anciens ton était donné. Sur la lancée, Bordeaux mise sur la qualité de son patrimoine et sur sa réputation Alain Rousset, président de l'Association des Régions internationale. en “gentrification”, mais sans exclusion ? de France et président de la Communauté urbaine de Bordeaux, a dénoncé une “recentralisation de fait” éventrées, grimpant la colline dans immobilier catastrophique. La par l'État et réclamé des pouvoirs renforcés pour les le plus grand désordre. Des portes recette est connue et appliquée de régions : “Depuis la loi de décentralisation de 1982, fermées, parfois murées ou griffées main de maître : politique ciblée l'architecture institutionnelle est devenue tellement de tags rageurs : “Non à l'urba- d'acquisitions foncières ; démoli- complexe que tout finit par se décider à Paris. De nisme bourgeois”, “Mon quartier tion d'immeubles pour desserrer même, l'État, qui devait théoriquement se désenga- n'est pas à vendre, va spéculer le tissu urbain et aménager jardins ger dans de nombreux domaines, a conservé tous ailleurs !” Hier frappé par le déclin, et places, en liaison avec le pro- ses services administratifs. En pratique, il reste par- aujourd'hui sous la loupe des gramme d'espaces urbains piloté tout. Il faut clarifier le partage des responsabilités et experts, le quartier prépare sa par Jean-Pierre Charbonneau ; donner des moyens aux régions : avec 5 % de la fis- régénération. Mais comment rega- obligation faite aux propriétaires calité totale, elles ont des budgets dérisoires par rap- Euralille constitue la “tête de pont” européenne de l’agglomération gner des habitants ? L’un des axes de rénover sous menace d'expro- port aux régions espagnoles, par exemple.” Souvent lilloise. forts de la stratégie est la rénova- priation, soutien financier aux tra- inférieurs à ceux des communautés urbaines et aux tion des quartiers centraux, bien vaux et gestion du logement social agglomérations, en tout cas/1. Et Alain Rousset d’in- Le quartier du Crêt-de-Roc placés par rapport aux transports pour maintenir sur place les habi- devient un secteur prisé. sister sur le fait de mettre davantage en relation les L'escalade de la montée du Crêt- et aux équipements, mais souf- tants. Les travaux ne font que com- ressources avec les compétences des collectivités. de-Roc est rude, même avec l'aide frant de conditions de logement et mencer, mais le processus d'une de l'élégante balustrade de fonte d'environnement désastreuses. “gentrification” sans exclusion – Un État purement “incitateur” ? 1900 plantée dans l'axe des Les quatre quartiers les plus dégra- un paradoxe assumé – paraît bien Serait-il temps de passer d'une France des départe- marches, témoin parmi bien dés (Montreynaud, Sud-Est, engagé. Un signe qui ne trompe ments et des communes à une France des régions d'autres du glorieux passé indus- Tarentaize-Beaubrun-Séverine et pas : le quartier du Crêt-de-Roc est et des agglomérations ? Pierre Mirabaud, délégué triel de Saint-Étienne. De chaque Crêt-de-Roc) font l'objet d'un “trai- d'ores et déjà investi par de jeunes interministériel à l'aménagement du territoire et à côté, des murs, des jardinets tement de choc” mobilisant toute architectes et designers, attirés par l'action régionale (Datar), a voulu réaffirmer la légi- minuscules, un enchevêtrement la panoplie des instruments dis- la qualité du lieu et la modestie des timité de l'État face au défi de la métropolisation. Londres apparaît, selon Bernard Jouve, comme l’un des “nouveaux de maisons vieillottes, certaines ponibles pour retendre un marché prix de l'immobilier... R.Q. Gargantuas” de la métropolisation. l

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Le point de vue de Anna Geppert U T R E t V e j U o O r p

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L’appel à coopération e l o p o r

métropolitaine : t é un décryptage M

Taille, puissance, centre d'un monde : l’Athènes de mondiales de plein exercice : Paris, Francfort et Périclès ou la Rome d'Auguste sont déjà des métro- Londres. Cependant, aucune autre ville française poles. L'urbanisation sans précédent du XXe siècle n'apparaît dans les niveaux suivants du classement, a introduit un changement d'échelle, mais l'essentiel tandis qu'en Allemagne, c'est le cas de Berlin, est ailleurs. L'explosion des échanges internationaux Düsseldorf et Hambourg. La métropolisation des et la fragilisation du niveau étatique entraînent le villes françaises n’est donc qu’incomplètement primat, au moins apparent, du pouvoir économique. engagée. Si le développement des emplois métro- * Anna Geppert est maître de conférences en En 1995, le produit urbain brut de Tokyo approchait politains supérieurs accrédite l'hypothèse d'une aménagement de le PIB de la France et celui de Paris dépassait celui dynamique à soutenir, le Conseil économique l’espace et urbanisme à l’Université de Reims de l'Inde. Pour conforter leur métropolisation, et social rappelle que, hormis la capitale et Lyon, (IATEUR). Elle est membre traduction urbaine de la mondialisation selon l'heu- nos grandes villes ne sont que des métropoles en du comité scientifique de la revue Pouvoirs locaux, reuse expression de Claude Lacour, l'appel à coopé- devenir, pâtissant de l'insuffisance de leur rayon- où elle a publié ration métropolitaine lancé par le Comité intermi- nement économique et scientifique. récemment sur le sujet une analyse intitulée nistériel d’aménagement et de développement “En quête de métropoles” du territoire du 18 décembre 2003 adresse aux Le pari du gouvernement (n°64, mars 2005). agglomérations françaises une invitation à agir. Le pari du gouvernement est de compenser la petite taille de nos métropoles par le développement L'enjeu métropolitain de leurs fonctions supérieures et par leur mise

La métropolisation résulte d'une combinaison de en réseau. Or, qu'est-ce qui fonde la métropole, sa R A T A

facteurs. Le choix des individus attirés vers ces lieux taille, ses fonctions, sa dimension internationale ? D

de “l'hyper-choix”, selon l'expression de Marie- Certains auteurs considèrent, comme Jacques Lévy, © Christine Jaillet, rencontre les logiques d'agglomé- qu'une masse critique est nécessaire pour produire ration des entreprises à la recherche d'espaces dotés la diversité caractéristique d'une métropole. d'une main d'œuvre qualifiée, de services spéciali- D'autres, avec Pierre Veltz, voient dans la taille sés et d'une accessibilité mondiale. Saskia Sassen un facteur important, mais non déterminant. La a montré comment la concentration des fonctions démarche engagée par le gouvernement s'appuie La mobilisation des acteurs locaux de commandement économiques engendre des sur la seconde vision, sur l'idée qu'il est possible de Le nombre de candidatures (22) témoigne de la villes globales. Ainsi, le processus transformant compenser l'effet de taille en jouant sur le déve- mobilisation des acteurs locaux. Parmi les 15 lauréats certaines grandes régions urbaines en métropoles loppement de fonctions supérieures et sur les com- figurent toutes les agglomérations de plus de est bien, comme le pense François Ascher, sélectif, plémentarités entre territoires voisins, à travers une 500 000 habitants – sauf Bordeaux, dont la candi- distinct de la toile de fond des mutations urbaines gouvernance renouvelée. dature n'a pas été retenue, et Paris, exclu de l'appel contemporaines. à projets. À ces “locomotives” s'associent les deux Le champ de l'appel à coopération est large : il tiers des unités urbaines françaises de plus de Malgré leur fragilité écologique et leur tendance à s'adresse aux espaces regroupant plus de 500 000 100 000 habitants, dans diverses configurations exacerber les inégalités sociales, illustrée en France habitants, comportant une aire urbaine d'au moins Avec cinq dossiers, la santé est bien présente dans les projets retenus par la Datar. spatiales : des régions urbaines structurées par par les violences urbaines de l'automne 2005, les 200 000 habitants et des villes moyennes. L'invitation une capitale (Nice, Toulon, Toulouse) ou par un métropoles sont les gagnantes de la mondialisa- à conforter les accélérateurs du rayonnement (éco- expérimentée par les agglomérations et pays issus système polynucléaire (Lille, Aix-Marseille, Côte tion. Elles ne sont pas seulement les lieux mais aussi nomie, emploi public, accessibilité, enseignement des lois Pasqua et Voynet. La première phase (2005- d'Opale...) ; des réseaux de villes discontinus (Rhin- les moteurs du développement. À l'échelle euro- supérieur et recherche, culture) rappelle les ana- 2006) conduit à l'élaboration d'un projet métropo- Rhône, Normandie, Loire-Bretagne, Sillon lorrain...). péenne, l'enjeu métropolitain rejoint l'objectif de lyses du niveau supérieur de l'armature urbaine litain. Elle est dotée de 200 000 euros Six territoires ont présenté des dossiers transfron- Lisbonne : construire l'économie de la connaissance française et la politique des métropoles d'équilibre de crédits d'ingénierie par projet. La phase opéra- taliers : Côte d'Azur, agglomération franco-valdo- la plus compétitive du monde. Peter Taylor compte des années 1960. En revanche, la méthode de tionnelle coïnciderait avec la prochaine période de genevoise, Sarrebrück- Est, Strasbourg trois villes européennes parmi les dix grandes villes travail s'inspire plutôt de la démarche de projet contractualisation. Euro District, Lille et Côte d'Opale. Les précédents ̈ ̈ ̈

44/ URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 45 L’APPEL À COOPÉRATION MÉTROPOLITAINE : UN DÉCRYPTAGE Reportage t

de coopération (réseau de villes) sont nombreux, économiques (chambres consulaires, voire organi- e j o

mais quelques clivages anciens ont pu être sations patronales) semble traduire un décloison- r p surmontés (Aix et Marseille, Metz-Nancy ou Nice et nement entre public et privé. Paradoxalement, la n

Birmingham : une métropole e son arrière-pays). présence des grandes entreprises et établissements e publics est plus discrète, à l'exception notable des l o

Quant aux programmes de travail, ils privilégient universités. Les modalités de gouvernance envisa- p o

régénérée par le commerce ? r économie et recherche-enseignement, notamment gées articulent trois dimensions : un pilotage poli- t é

autour des pôles de compétitivité (lire l’encadré tique, niveau décisionnel dominé par les exécutifs M ci-desous). Préoccupation importante, l'accessibi- intercommunaux et urbains ; un pilotage technique censés faire le bonheur des métropoles modernes. lité est abordée par les liaisons régionales. Tourisme où l'expertise des agences d'urbanisme est souvent Si le nom de Birmingham est sur Et le chômage a diminué des deux tiers, malgré la et culture véhiculent les identités métropolitaines. mobilisée ; et enfin une représentation de la société fermeture récente de plusieurs usines. Sur ce plan, Thématique nouvelle, la santé est présente dans civile (conseil de développement). toutes les lèvres, par la rapidité avec Birmingham revient assurément de loin : entre 1971 cinq dossiers associant Centres hospitaliers régio- et 1983, l’agglomération avait perdu un emploi sur naux et Agences régionales de l’hospitalisation. L'avenir des coopérations métropolitaines dépen- laquelle la Ville, en s’appuyant sur trois. Confrontée à une situation commune à la plu- dra au final de l'aptitude des acteurs en présence à le secteur privé et les subsides part des métropoles industrielles britanniques – Vers une gouvernance renouvelée produire un projet partagé et à soutenir une action Manchester, Liverpool et Glasgow en tête –, mais L'émiettement communal, l'empilement des collective à l'approche des échéances électorales et européens, a su redresser la barre, assurément moins marquée, la ville offrait l’image niveaux administratifs et la persistance des barrières dans un contexte de rigueur budgétaire. De même, principalement grâce au commerce, répulsive d’une cité sinistrée, abandonnée par ses entre public et privé posent la question de la gou- la place de la question urbaine dans les orientations élites et de surcroît subordonnée à un trafic auto- vernance des espaces métropolitains. Les compa- futures des politiques de l'Union européenne (cohé- la prise en compte de l’ensemble des routier aussi massif qu’inutile en plein centre-ville : raisons internationales montrent d'ailleurs qu'il ne sion, industrie, transports, recherche) demeure “Difficile d’attirer les investisseurs dans une ville s'agit pas, contrairement aux idées reçues, d'un mal incertaine. Néanmoins, la démarche engagée est paramètres urbains, environnementaux durement touchée par la crise, presque impossible spécifiquement français. Afin d'y remédier, l'appel potentiellement porteuse d'éléments positifs : l’iden- et sociaux semble poser problème lorsque les rares espaces à reconvertir sont isolés du à coopération insiste sur la mise en place de parte- tification d'une réalité métropolitaine, la réflexion centre par une route à deux fois deux voies”/2 et un nariats dont les dossiers de candidature devaient sur la dimension internationale des villes et le décloi- aux autorités. Le puissant projet de ensemble de highways, façon Los Angeles, plon- détailler les modalités (qualité et degré d'adhésion sonnement progressif du jeu des acteurs. geant jusqu’au cœur de la cité. des partenaires publics et privés, organisation). La développement britannique aurait-il réponse des pouvoirs d'agglomération instaure un des pieds d’argile ? La situation se prêtait à la caricature jusqu’à la fin des jeu de partenariats où les élus gardent la main. Le années 80, lorsque la municipalité réussit à définir, degré d'implication des régions et des départements Reportage et photos de Pierre Gras à travers la démarche City Vision, une véritable stra- est très inégal. La bonne représentation des milieux tégie de reconquête urbaine. Réhabilitation de quelques bâtiments emblématiques, comme les fameux Back to Back de l’époque industrielle – L’avion qui survole la plaine des West Midlands quelque chose de nos “courées” du Nord, les domine un océan de petits lotissements verdoyants, effluves de Guiness en plus – dont il ne reste que Les pôles de compétitivité composés en “S”, en “U” ou en “L” (et même par- quelques exemples offerts à la curiosité des touristes ; fois en “T” ou en “D”), où vit la majorité des classes démolition de la plupart des autres (entrepôts, L’appel à projets de pôles de com- autour de desseins communs d’af- régionale. Les concepts retenus moyennes. Ce n’est pas mal fait, et même plutôt fabriques, commerces tombés en désuétude…), on pétitivité lancé par la Datar à l’au- faires et d’attractivité territoriale a fixent, valorisent, attirent ou éten- agréable à l’œil, mais terriblement répétitif. De fait, n’y est pas allé de main morte. Toutefois, dès que tomne 2004 a remis d’actualité la séduit conjointement les acteurs dent la richesse technopolitaine, la région métropolitaine de Birmingham, qui l’on s’éloigne des secteurs “reconquis” – même de notion de “fertilisation croisée” économiques porteurs des projets contribuant au rayonnement regroupe près de trois millions d’habitants/1, est la entre les mondes de la recherche et les élus locaux partenaires de métropolitain des sites chefs de 1/ plus vaste de Grande-Bretagne et s’étend – au plus et de l’industrie. Il s’agissait aussi nouveaux modes de gouvernance file et des villes qui les accueillent. Birmingham compte large – sur près de cinquante kilomètres. En appro- environ un million pour le gouvernement de trouver qui ont ainsi émergé. La région l O.R. d’habitants et sa chant de la piste d’atterrissage, on distingue toute- une parade visible aux risques de Rhône-Alpes a plus que tenu son région urbaine près fois, sur une ligne d’horizon plombée de nuages de trois millions délocalisations engendrés par une rang avec quinze pôles labellisés (2,1 millions pour l’aire noirs, les tours et les formes d’un centre-ville à l’amé- mondialisation qui n’est jamais lors du CIADT du 12 juillet 2005, métropolitaine). ricaine, tertiaire et vertical.

aussi pugnace que lorsqu’elle est suscitant une mobilisation et une 2/ mal maîtrisée ou ignorée. La pers- attente à la hauteur des centaines Cf. l’analyse de La révolution tertiaire est en marche pective de formaliser des “clus- de projets couchés sur le papier, à Céline Gipoulon parue Depuis que Birmingham s’est pris au jeu de la révo- dans Diagonal n°148, ters” régionaux et interrégionaux vocation mondiale, nationale ou mars-avril 2001. lution tertiaire, après un siècle et demi de batailles industrielles – la dernière perdue contre Margaret Thatcher, pourtant originaire de la cité –, le business est de retour et, avec lui, le cortège de congrès, conventions et autres voyages d’affaires qui sont

46 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 47 BIRMINGHAM : UNE MÉTROPOLE RÉGÉNÉRÉE PAR LE COMMERCE ? t e j o r p

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e l o p o r t é M

quelques centaines de mètres –, comme dans l’East lantes” – ici, on les nomme commuters – qui tra- Paul Tisley, deputy leader adjoint du Birmingham gressive, compte tenu des espaces en jeu (plus de Side, derrière le centre commercial Bullring, que vaillent dans le centre, mais vivent dans des suburbs City Council, moins provocant, est néanmoins opti- 170 hectares), et dont ce bâtiment sobre et longi- domine la silhouette chavirée en forme de tatou tout aussi verts qu’élégants, prêts à réinvestir le centre- miste. “Birmingham est un bon exemple du principe ligne, constitue la tête de pont. aluminium du magasin Selfridges, et au-delà de ville – à quelques coûteuses exceptions près. Il reste selon lequel une ville n’est jamais terminée. Nous ce qui reste du Chinatown local, on tombe vite sur une certaine nostalgie de l’époque (révolue) où avons dû changer en très peu de temps notre tradi- Mais l’opération la plus emblématique est sans des quartiers sans charme, ponctués de terrain Birmingham constituait le cœur même de la puis- tion industrielle au profit d’une véritable révolution aucun doute celle de Bullring, en plein cœur de la “sans affectation”, pour ne pas dire vagues, aban- sance industrielle de l’Angleterre, pour ainsi dire son technologique et tertiaire”, explique-t-il devant un ville. Emblématique, elle l’est bien sûr par sa forme, donnés aux “communautés” – Irlandais, Gays ou berceau, dans une répartition intangible des rôles aréopage d’urbanistes français et anglais/3. Les qu’ont célébrée toutes les revues d’architecture, mais Pakistanais… –, où les lieux de nuit plus ou moins avec Londres : à la City le pouvoir financier, à 3/ fonds structurels européens n’y ont pas été pour rien, surtout par sa nature et par sa fonction. Doté de cent branchés et quelques ateliers d’artistes peinent à Birmingham le pouvoir manufacturier. L’un des édi- Ce reportage a été venant en quelque sorte abonder la nouvelle com- soixante boutiques sur trois niveaux surplombant facilité par l’organisation masquer les lenteurs de la reconversion périphé- torialistes du Birmingham Post n’hésite pas à affir- de l’atelier “Projet plicité entre les initiatives publiques et les finance- une voirie et une rue piétonne imbriqués, ce centre rique. Et partout ailleurs, la même dominante auto- mer, en invoquant la tutelle intellectuelle de Darwin urbain” proposé en ments privés qui sert de sésame à tout projet commercial est, depuis 2004, le plus visité de toute septembre 2005 par la mobile fait de la traversée piétonne de certaines voies et de Shakespeare, tous deux natifs de la région : DGUHC, en partenariat d’envergure de l’autre côté de la . l’Angleterre (plus de 36 millions de visiteurs par an) : une expérience humaine certes originale, mais pour “Les Midlands peuvent parfaitement revendiquer avec le Birmingham City il couvre une zone de chalandise de 4,3 millions d’ha- Council, sous la houlette le moins périlleuse… d’être l’un des endroits les plus riches de notre pays d’Ariella Masboungi. Millenium Point : bitants, soit deux fois et demie la population de l’aire lorsque s’y trouvent réunies l’industrie, la créativité, quand la technologie prend le dessus métropolitaine ! Si le succès est au rendez-vous, De la fin de l’ère industrielle l’imagination et l’audace…” À défaut de respirer la Le gros du travail a d’abord consisté, lorsque c’était l’échelle urbaine est impressionnante. Elle contribue à la métropolisation modestie, le message a le mérite d’être clair : l’heure possible du fait de la topographie ou des conditions d’ailleurs à couper, par une façade aveugle, la partie Bref, des années 60, Birmingham ne souhaite garder n’est plus aux pleurnicheries mais à la mobilisation économiques, à ramener la circulation automobile sud du quartier où se déploient tant bien que mal le que le meilleur (et encore) et des années 80 elle veut générale des talents… et des capitaux. Patrie des au niveau du sol en démolissant le Queensway, marché populaire et les vieilles halles de Bullring. oublier le pire. Mais le changement est plus physique ingénieurs et des moyens de transport modernes, autoroute urbaine traumatisante pour les résidents que social. On ne sent pas encore les “élites circu- Birmingham a conservé la fibre conquérante. comme pour les visiteurs, pour rétablir des traver- De Bullring à Brindley Place sées piétonnes et des circulations sécurisées. Dans À l’Ouest du centre-ville, Brindley Place et The le secteur de la gare de Moor Street, les commerces Mailbox offrent deux exemples de “reconquêtes” et les bureaux qui se trouvaient de l’autre côté de plus localisées, à partir d’une situation urbaine ce “périphérique intérieur” ont été reliés aux quar- disposant de certains atouts (présence du canal, tiers Est qui périclitaient. Au carrefour de bâtiments emblématiques, proximité immédiate de Masshouse, où le Queensway se connectait aux dif- l’hyper-centre). Ils ont nécessité de lourds investis- férentes voiries rapides locales par une sorte de sements, portés par le secteur privé. Avec toujours bretzel à étages, la démolition de l’ouvrage a per- les mêmes recettes : boutiques et logement haut de mis de dégager du foncier pour réaménager les gamme, restaurants “branchés”, immeubles de espaces publics alentour et entreprendre la réalisa- bureaux haut de gamme et espaces publics ultra- tion d’une vaste opération comportant logements, clean sous surveillance vidéo… Le résultat est spec- bureaux commerces et espace public, logiquement taculaire, mais en visitant placettes et rues un peu intitulée “Masshouse”. Un peu en contrebas, le pro- vides, on en vient à se demander quelle économie jet “Millenium Point”, déjà réalisé, associe un centre productive peut soutenir de tels investissements : les de recherche en technologie, une salle de cinéma bureaux des courtiers d’assurances, de la Royal Bank Imax et des équipements de formation. Il préfigure of Scotland ou d’entreprises employeuses de “cols la “reconquête” de l’East Side qui s’annonce pro- blancs” dominent manifestement l’ensemble. ̈ ̈ ̈

48 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 49 BIRMINGHAM : UNE MÉTROPOLE RÉGÉNÉRÉE PAR LE COMMERCE ? t

permettant de créer un contexte de croissance”. Pendant les travaux, e j o

Pour le moment, le tissu économique et social la gentrification continue… r p semble résister. Birmingham ne compterait “que” Le lendemain, une marche matinale me conduit n e

60 000 chômeurs, moins que dans certaines métro- de l’East Side “en devenir” au quartier traditionnel e poles de taille équivalente. Mais pour combien de des bijoutiers (Jewellery Quarter) sous rénovation l o

working poors, les statistiques ne le disent pas. La sélective. Elle offre un contrepoint nostalgique aux p o r croissance naturelle de la population reste un fac- assauts post-modernes du partenariat public-privé. t é e teur d’inquiétude : la moitié des habitants de l’aire Depuis le milieu du XIX siècle, ce quartier victorien, M métropolitaine a moins de dix-huit ans et le rajeu- jadis fréquenté par James Watt (inventeur de l’unité nissement se poursuit au bénéfice des communau- de mesure éponyme) et le Premier ministre tés étrangères qui constituent déjà la majorité de la Chamberlain, a connu des fortunes diverses. Mais population. depuis quelques années, il redresse la tête. Bijoutiers et horlogers y travaillent parfois en vitrine, pour la Cette situation est potentiellement explosive/4, joie des touristes et des couples en recherche d’une 4/ souligne Noha Nasser, architecte et enseignante bague de mariage originale, tandis qu’une multitude Les émeutes à l’University of Central England, qui a mené une de petits commerces associés – take away, pubs, interethniques qui ont eu lieu dans la banlieue étude, non publiée, pour le compte de l’Union euro- magasins de téléphones portables et de souvenirs – Quant aux luxueuses “boutiques de créateurs” pré- Council pendant les années 90 : “Il fallait inventer de Birmingham au cours péenne et de la Ville de Birmingham : “En termes poussent comme campanules au printemps. du mois d’octobre 2005 sentes au Mailbox, exemple d’immeuble hybride et une nouvelle économie. Mais c’était absolument corroborent cette de cohésion sociale, les conséquences des L’immobilier suit à marche forcée. parfaitement géré, on apprend à leur propos que le impossible dans un tel cadre urbain ! Il a donc fallu analyse, même si elles démarches de régénération urbaine sont com- n’avaient nullement pour niveau moyen de dépense des consommateurs à transformer une jungle de béton en centre-ville objet de contester les plexes, car elles contribuent à développer de nou- En remontant Graham Street, les appartements l’occasion d’une “visite” ne descend pas en dessous ouvert et tourné vers l’excellence…” Comme nos aménagements réalisés. velles exclusions. Ainsi, l’objectif de diversité du rénovés, aménagés dans des ateliers désaffectés, de 300 £ (450 euros). On ne risque guère d’y côtoyer interlocuteurs nous le rappellent sans cesse, “Good logement ne concerne pas le centre pour le côtoient un temple sikh fraîchement repeint en bleu une “mixité sociale non désirée”… “Le rôle du pro- design leads to good economy” (“une belle ville moment, mais uniquement la périphérie.” Certes, ciel et blanc, quelques entrepôts abandonnés et moteur, explique justement l’un d’eux, c’est d’ap- conduit à une bonne économie”). La transformation la législation prévoit une moyenne d’un quart de les sièges de jeunes sociétés performantes, que l’on porter une réalité à un rêve de transformation…” de la gare sera donc la nouvelle étape de cette logements à prix “accessibles” dans la réalisation devine d’informatique ou de conseil, installés dans Mais la question se pose globalement pour les nou- démarche. Confié à McCartland & Partners pour des programmes immobiliers. Ken Hardeman, des lofts sécurisés à faire pâlir nos start up. En pous- veaux équipements commerciaux. Les prix y sont la partie ferroviaire et à Ken Chattleworth pour la adjoint au maire chargé de la régénération urbaine, sant jusqu’au sommet de la colline de Summerhill, généralement très élevés et, selon les chiffres fournis partie routière, sur la base d’un financement public- admet que ce n’est pas toujours le cas, compte tenu on découvre un paysage désolé de maisons en par les gestionnaires du centre commercial Bullring, privé, le projet de nouvelle gare risque de détonner du coût élevé du foncier dans la ville “régénérée”. bande… abandonnées, d’usines en cours de démo- seule la moitié des personnes qui le parcourent davantage encore que le complexe Bullring dans le Mais la principale critique formulée par Noha Nasser lition et même un petit cimetière urbain dédié aux chaque année (70 % sont des femmes) dispose d’un ciel de Birmingham. Une vaste ellipse high-tech flot- porte sur la manière dont les urbanistes et les déve- victimes de la Grande Guerre, plein de dignité pous- emploi à plein temps. Si les espaces “publics” regor- tant entre deux eaux desservira des équipements loppeurs ignorent la “ diversité culturelle, ethnique siéreuse, qui donnent une idée de ce qu’était le gent de monde le week-end, les boutiques sont pour la plupart intégrés en sous-sol : une “machine et sociale “ des quartiers : “Dans l’East Side, par Jewellery Quarter avant le début du processus de souvent à moitié vides. Just for your eyes ? à circuler”, mais du troisième type. exemple, le fait de vouloir donner une spécificité “gentrification”. Lequel n’a touché pour l’instant que thématique aux projets, autour des technologies de la partie centrale, desservie par le rail. On sent La gare de New Street, Toutefois, les questions ne manquent pas à l’écoute la connaissance, risque de contrarier les objectifs comme un petit air de “renaissance”… Les galeries prochaine cible des perspectives radieuses de l’économie marchande de diversité sociale d’occupation.” d’art devraient bientôt s’y précipiter. l P.G. Le nouveau secteur dans le collimateur des autori- pour la population. Nos interlocuteurs s’en prému- tés est la gare de New Street, qui accueille chaque nissent en évoquant le consensus trouvé autour de année autant de voyageurs que l’aéroport de Roissy ! leur méthode de reconquête urbaine – ici, on emploie Sa mutation est devenue une nécessité tant le le terme, pourtant connoté “Vieille Europe”, de contraste avec les secteurs de Bullring, au Sud, et de “renaissance”. D’accord pour le centre-ville : la voie Brindley, à l’Ouest, est saisissant : c’est comme si semble tracée. Mais en périphérie ? Les projets béné- l’on était revenu au milieu des années 60. “Le sec- ficieront d’un effet domino, nous assure-t-on. Il est teur de la gare, explique Ariella Masboungi, a souf- plus vraisemblable que les banlieues risquent d’at- fert non seulement des bombardements de la tendre, tout comme le futur réseau de tramway. seconde guerre mondiale, mais aussi des modalités Logiques financières et logiques urbaines ne man- de la reconstruction, réalisée selon les concepts en queront pas de se heurter lorsqu’il s’agira de définir vigueur à l’époque, enserrant la ville dans un ‘’col- jusqu’à quel point les transports en commun sont lier de béton’’ (concrete collar) et coupant son cœur nécessaires au bon fonctionnement de la ville. en deux.” Dans une ville en proie à la disparition de son industrie manufacturière, “la contre-performance East Side : l’avenir ? du centre était totale”, poursuit Les Sparks, qui fut La municipalité se dit toutefois “confiante dans le directeur de l’urbanisme et de l’architecture du City l’avenir” et affirme “rechercher des investissements ̈ ̈ ̈

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URBANISME Abstract Métropole en projet / Projects that shape the metropolis OSSREn 28-mars-avril 2006 n° / HORS SÉRIE but of Lyon isanasset,incentivetogreaterquality; For researcher-academic momentum? economy impactoncities'publicandprivatesector i Who steersit?Doestheretail-drivenBirmingham u have anauthenticbasis,oristhetermjustanother o listic enhancementofexistingcity-centresorafresh what technicalapproaches?Dotheymeancanniba- politan projectsdrawnup?Usingwhatcontentand From theoutset,lotsofquestions.Howaremetro- and mayor local/global question.Ten yearsago,saidRennes a ventureinmetropolitanterms–thegoodold Design pointedoutthedifficultyofconceivingsuch ponsibilities among existingbodies,rather than sation processascallingfor redistributionofres workshop participantstended toseethemetropoli- the creationofveritablemetropolitan institutions, tan areas.Butregardingextension ofthistrendto nities: ofmunicipalities,urban areasandmetropoli France hasseenavastmovementtowardscommu- What aboutpublicinstitutions?Overrecentyears ties ofthe70s–80sneedupdating. diversity hastobecopedwith,as tive withoutsolidarity cooperation, forcompetitivenessiscounterproduc- been onindividualcities;nowtheissueisinter nisations, tradeunions,civilsociety commerce, industryandagriculture,employerorga simpler, involvingthestandardactors–chambersof hundreds ofmeasures;elsewherethingstendtobe wide-ranging MetropolitanStrategicPlan,withits The best-knownproject,ofcourse,isBarcelona's paradigm, partiallyattheexpenseofsustainability petitiveness betweencitiesremainstheurbanpolicy have alotontheirplate,especiallygiventhatcom lead toaction.Sotheauthoritiesandcivilsociety projects: whatwehaveareideasthatmayoneday blem istheabsence,inEurope,oftruemetropolitan St Etiennemayor The scaleofvaluescanbeaproblem,too.For ticians ultimatelyholdingthereins. Of paradigms andpolicies dol havefeetofclay?Andhowdoesaglobalised pportunity fortheperiphery?Doesmetropolis rban marketingproduct?Whoshapestheproject? Finn Geipel Jérôme Safar Edmond Her , architectofStEtienne'sCitédu both mentioned,andtheameni- Michel Thiollièr vé , theemphasiswouldhave . Meanwhile,metropolitan Christian Lefevre Jean-Pierre Saez Jean-Pierre , etc.–withpoli e the nearness the pro- -urban - - - - - . researcher creation ofanewechelongovernance.Professor- the State.TheDatar's having playedamorepositive,innovativerolethan free-for and economicsocialgroups."Intheresultant table situationsinvolvingStates,localgovernment, "there isnomodelmetropolis,onlyahostofuns- issues inMilanandMontreal.Inanycase,saidJouve, is awayoftreating–ormistreatingmetropolitan Community; andthe"avoidance/conflictmodel"that worked governance"practisedbytheLyon Urban o Canton ofZurichandtheAutonomousCommunity e Gargantuas" likeLondonandStuttgart;useofpre- t integrative body, asintheUKandHolland;obliga- of governanceintoday'sEurope:theStateas actors alike. been favourablyreceivedby economicandpolitical the loomingdelocalisationthreat, andassuchhas the Stateversion,thisisalsoanattempttoparry lising ofregionalandinterregionalclusters.Like tion betweenresearchandindustrytheforma- hubs ofcompetitivenessdrawingoncross-fertilisa- The Datarlauncheditsowncallin2004,thisonefor tourism, cultureandhealth. the emphasisoneconomics,research,education, responses, includingsixcross-borderproposals,with than 500,000inhabitants,thecalldrewavarietyof countering sizelimitations.Directedatzonesofmore of developinghigh-leveleconomicfunctionsandso has calledformetropolitancooperationasameans hardly anexclusivelyFrenchfailing.Thestate and academic the gradeonworldstage–although,asurbanist not fullyunderway, andnoothercitycurrentlymakes however, themetropolisationprocessinFranceis venues andmotorsfordevelopment.Parisaside, the winnersinglobalisationstakes,asboth Despite theirecologicalfragility politan development. play inprovidingpoliticalincentivesforsoundmetro- the implications:Statestillhasamajorpartto ory mergersoflowerechelonsgivingriseto"new xisting "centrallevelsofgovernment",asinthe f Madrid;theflexiblebutsomewhatfragile"net -all, EdmondHervésawlocalgovernmentas Bernard Jouve Anna Geppert Pier identified fivenewforms r e Mirabaud pointed out,thisis , metropolisesare nuanced - e l o p

Table ronde o r t é m a l

DE L’ART DE RAYONNER : e d t n e m

VOUS AVEZ VU MA MÉTROPOLE ? e n n o y a

Parler de “rayonnement R métropolitain” suppose une formidable capacité de décalage : à quoi ressemble ma ville vue de Shanghai, de Los Angeles ou d’Osaka ? La question est lourde d'enjeux : il y a beaucoup à gagner Vu de Shanghai, à quoi ressemble le développement urbain à être présent dans le réseau des “à la française” ? métropoles mondiales. Mais la réponse n'est pas très favorable aux villes françaises. Propos (lucides ou non) de la première table ronde de Lyon.

Par Richard Quincerot

Selon l'analyse de la Datar/1, la France ne compte Le défilé de la biennale de la danse contribue à accroître 1/ qu'une seule métropole de rang mondial (Paris), le rayonnement international de Lyon. Céline Rozenblat, aucune métropole européenne de second et troi- Patricia Cicille, Les villes européennes. sième rangs, comme Amsterdam, Madrid ou que dans une petite. “De ce point de vue, la politique Analyse comparative, Bruxelles, et seulement trois villes d'importance française des pôles de compétitivité paraît plutôt La Documentation française, 2003. européenne : Lyon, Marseille et Toulouse. Si les rétrograde, poursuit Jacques Lévy, car elle isole des positions des plus grandes métropoles mondiales pôles de leurs milieux, reprenant l'approche anti- changent peu, le jeu semble plus ouvert entre les urbaine de l'aménagement du territoire qui a long- métropoles moyennes. De son côté, Jacques Lévy, temps prévalu en France.” Ce critère de taille n'ex- géographe et professeur à l'École polytechnique clut pas les petites villes de la scène métropolitaine, fédérale de Lausanne, part d'une analyse largement mais il leur impose de fonctionner en réseau, en cul- partagée : “Ce qui fait une métropole, tivant des liens assez intenses pour atteindre à une c'est son urbanité : ce mélange de den- “métropolité” partagée. sité et de diversité qui fait l'avantage unique des concentrations urbaines sur Le deuxième facteur est la diversité, qui oppose net- tout autre occupation du territoire”. tement, par exemple, le monde fermé et stable du village traditionnel aux villes contemporaines, L’avantage comparatif ouvertes aux influences et riches de possibilités. des métropoles “C'est le problème des villes industrielles, poursuit Les facteurs susceptibles d'accroître le Jacques Lévy. Elles continuent de porter le fardeau rayonnement d'une métropole en d'un déficit de diversité – l'âge industriel apparaissant, découlent. D'abord, la taille compte : la après coup, comme une parenthèse malheureuse densité de liens tissés dans une grande dans l'histoire de l'urbanité.” Encore faut-il, pour que Jacques Lévy ville est incomparablement plus forte cette diversité soit productive, organiser la rencontre, ̈ ̈ ̈

mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 53

e l o p o

DE L’ART DE RAYONNER : VOUS AVEZ VU MA MÉTROPOLE ? r t é m

mêmes facteurs : les investissements des pays du a l

Golfe dans le foncier, les banques et les assurances. e d

Aujourd'hui, Beyrouth n'a jamais été aussi grande et t n

la reconstruction du centre bat son plein, entraînée e m

par une promotion immobilière internationale haut e n

de gamme. Les commerces de luxe et les touristes n o

reviennent : après l'enfer de la guerre civile et malgré y a

la persistance de tensions internes et externes, la R

Fabienne KellerJean-Michel Daclin Gilles Antier Rachid Jalkh renaissance du rayonnement de Beyrouth ne doit rien au miracle, mais témoigne au contraire d'une extra- l'exposition à l'altérité et la confrontation à l'imprévu 1870 et 1945. Mais c'est en 1949 qu'elle a gagné son ordinaire vitalité, d’un immense désir de vie. l R.Q. Beyrouth renaît de ses cendres, témoignant d’un immense désir de vie. qui fait l'avantage comparatif des villes – plus sûre- statut de capitale institutionnelle, avec la création du ment que toute programmation d'activités. Conseil de l'Europe.” Depuis, les atouts métropoli- tains se sont multipliés. Aujourd'hui siège de Zoom Le troisième facteur de rayonnement métropolitain l'EuroCorps, de la Fondation européenne de la est la cohérence qui doit régner entre société civile science et de la télévision franco-allemande Arte, et société politique, leur mise en résonance. notamment, Strasbourg est également un pôle de Firminy : Le Corbusier, icône rayonnante ? “Certaines métropoles sont des sociétés civiles très biotechnologie de rang mondial. En tant que ville, dynamiques, mais des nains politiques”, lance elle joue un rôle actif sur la scène internationale, Jacques Lévy, dénonçant “l'incessante inventivité créant par exemple en 2004 un “club de Strasbourg” tion du projet au début des années de Firminy a balayé les réticences institutionnelle des Français” – à peine les SCOT pour accueillir les grandes villes des nouveaux États 60, Aline Duverger et Yves Perret, éventuelles. “Nous nous sommes entamés, l'invention des “inter-Scot”, par exemple membres de l'Union. les architectes d’opération (aux- battus, avec Saint-Étienne Métro- – consistant à “faire de la gouvernance sans gou- quels il faudrait ajouter Jean- pole, maître d’ouvrage de l’achè- vernement véritable”, au risque de laisser échapper Le rayonnement : alchimie ou marketing ? François Grange-Chavanis, archi- vement de l’église, pour trouver des chances majuscules – comme en témoigne la “Le rayonnement d'une métropole, enchaîne Jean- tecte des Monuments historiques, les financements pour achever ce victoire de Londres sur Paris pour les Jeux olympiques. Michel Daclin, adjoint au maire de Lyon chargé du qui a restauré la partie existante). projet. Nous nous battons à présent, développement international, dépend d'avantages avec la Fondation Le Corbusier, physiques (autoroutes, aéroports, réseaux, etc.). Il José Oubrerie a évoqué en pre- pour faire reconnaître ce patri- nécessite impérativement une identité forte, une mier lieu “une histoire person- moine au niveau international.” fierté de la population ancrée dans une culture. Cette nelle autant qu’une histoire col- Il s’agit d’obtenir l’appui de la alchimie existe à Lyon comme à Barcelone”. Pour sa lective”. Elle révèle, “au-delà des France et des autres pays concer- part, Gilles Antier, directeur à l'international de problèmes de réglementation nés (notamment l’Inde, avec l'Institut d’aménagement de la région Île-de-France, et d’aménagement urbain, la Chandigarh) auprès de l’Unesco souligne l'importance de stratégies marketing adap- primauté de l’architecture qui, pour faire inscrire au patrimoine tées. “Les métropoles européennes sont engagées 1/ Le patrimoine Le Corbusier peut- affirme-t-il, réorganise déjà le pay- de l’Humanité l’ensemble de dans des promotions tous azimuts, mettant en avant 1/ L’essentiel de l’église il vraiment constituer un vecteur sage urbain de Firminy”. Aline l’œuvre de Le Corbusier/2. Cette Saint-Pierre-de-Firminy une qualité urbaine globale. Au contraire, des métro- sera réservé à une de développement pour le terri- Duverger a pour sa part souligné petite commune de la vallée de poles comme Shanghai ciblent sur un petit nombre antenne du Musée toire où il est implanté ? Long- la dimension mobilisatrice de ce l’Ondaine (à peine plus de mille d’art moderne de de secteurs d'excellence, en les accompagnant d'un Saint-Étienne, autour temps, à Firminy, la question a chantier pas comme les autres : hectares pour vingt mille habi- de la création, énorme effort de promotion internationale – chaque de l’architecture et de paru dénuée de sens, tant l’adhé- “Ce qui est fort dans ce projet, tants), située à quelques kilo- réalisation nouvelle est abondamment médiatisée l’urbanisme. Elle recevra sion des élus, des acteurs locaux c’est qu’il est encore en devenir. mètres de Saint-Étienne, en a fait des documents et par des pleines pages couleurs dans la presse mon- maquettes liés à l’œuvre et de la population à ce type de Les passants, les ouvriers, les visi- le pari. Un pari qui est celui de tout L’internationalité de Strasbourg passe par la forte présence des institutions de Le Corbusier. La européennes. diale, et Shanghai a d’ailleurs remporté l’organisa- démarche semblait loin d’être teurs du chantier contribuent à un territoire marqué au cours partie supérieure tion de l'Exposition universelle 2010…” accueillera diverses acquise. Pourtant, dans quelques faire émerger le projet dans le des dernières décennies par la Strasbourg, ville rayonnante manifestations mois, l’église Saint-Pierre-de- site.” Quant à Yves Perret, il a rap- désindustrialisation et le doute cultuelles ou culturelles. Des villes européennes de taille moyenne comme Beyrouth : la lumière retrouvée ? Achèvement des travaux Firminy, restée inachevée pendant pelé qu’un projet “ne rayonne que sur l’avenir. La sacralisation du Amsterdam ou Genève ont un rayonnement qui L'internationalisation de Beyrouth découle, pour sa part, au printemps, ouverture près de quarante ans, sera termi- dans la mesure de ce qu’il patrimoine Le Corbusier a le mérite au public en fin d’année dépasse nettement leur poids démographique. de facteurs sans doute plus basiques. Rachid Jalkh, 2006. née/1. Les participants à l’atelier contient” : “Les débats font partie d’apporter à ces doutes une Strasbourg est également de celles-là. Son agglo- adjoint au maire de la capitale libanaise, a rappelé “Culture en métropole” ont eu, en du projet. Ils constituent en réponse en béton pour se projeter mération de 450 000 habitants joue un rôle éminent les causes de la réussite urbaine d'avant la guerre : 2/ avant-première, l’occasion d’en- quelque sorte les marges d’inter- dans l’avenir. Mais, comme le dit Le patrimoine Le au plan européen et mondial. “L'internationalisme “La ville des années 1970 devait sa position de capitale Corbusier de Firminy gager directement le débat avec le prétation de l’œuvre”. sans ambages une locataire de de Strasbourg ne date pas d'aujourd'hui, rappelle du Moyen-Orient au secret bancaire et à la stabilité comporte, outre l’église maire, Dino Cinieri, et les trois longue date de l’Unité d’habitation et l’unité d’habitation, la Fabienne Keller, députée-maire de Strasbourg. “Ville politique, qui avaient attiré les pétrodollars des pays maison de la culture et le architectes protagonistes du chan- Le Corbusier, une icône rayonnante toute proche, “on n’avait pas besoin libre” et pôle universitaire européen depuis des arabes.” Ruinée par quinze ans de guerre civile, la stade. Tous sont classés tier : José Oubrerie, qui fut l’élève pour Firminy ? L’enthousiasme de nous l’expliquer. Nous on vit à l’inventaire des siècles, la cité a changé cinq fois de nationalité entre ville renaît de ses centres à partir de 1990 grâce aux monuments historiques. du “Corbu” et assura la concep- communicatif du député-maire dedans et on s’y sent bien…”. l P. G .

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Table ronde o r t é m

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LA MÉTROPOLE EUROPÉENNE e d

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VEUT RAYONNER AU-DELÀ e n n o y a DE SA CIRCONFÉRENCE R La table ronde “européenne” a mis l’accent sur les singularités du Vieux Continent (de g. à dr., Pierre Veltz, Fabrice Reynaud, Laurent Trupin, Gabrielle Goldfuss, Manuel Tornare et Véronique Auger, animatrice des débats).

Les villes se singularisent plutôt par le jeu est plus ouvert et il joue en faveur de la pre- les sociétés et leurs états-majors, qui complète voire et d’échelle mondiale. “On ne peut jamais jouer seul, mière division. Ce n’est pas fondamentalement une dépasse la question de la qualité de vie et de l’envi- soutient d’ailleurs Manuel Tornare”, maire de leur attractivité que par leur taille, question de taille, mais de projets. En Europe, des ronnement. Les métropoles doivent afficher claire- Genève, rappelant le souhait historique de complé- villes de taille moyenne accèdent à la ‘’D1’’. Souvent, ment leur stratégie – 1ère, 2e ou 3e division, pour mentarité avec Lyon (pas toujours suivi d’effets…) alors que c’est plutôt par leur taille d’ailleurs, par le biais de la culture, comme reprendre la formule de Pierre Veltz – qui constituera et vantant le rayonnement non moins historique de que l’on a pour habitude de les Manchester.” le différentiel d’un territoire par rapport à un autre. la cité de Calvin. “Depuis le 11 septembre 2001, Ce qui ne veut pas dire qu’elles doivent l’afficher “en Genève, ville internationale, joue un nouveau rôle, classer. La notion de compétition Paradoxe de la nouvelle donne, façon Pierre Veltz : solitaire” et uniquement sur leur périmètre, puisqu’il assure-t-il. Nous n’avons pas de passé colonial et pas revient inévitablement en fil rouge, les villes tirent le développement économique, mais est question d’un territoire aux contours aléatoires de présent impérial. Notre ville francophone ce qui tire les villes n’est pas forcément l’économie. regroupe 156 nationalités et comprend 40 % d’étran- sachant que pour être efficace, elle “Les gens se déplacent pour chercher des emplois. . On y trouve une diversité culturelle et linguis- Ce qui est important pour les villes, c’est d’attirer les tique plus large qu’aux États-Unis ou qu’en France. doit pouvoir se jouer en réseau. talents, et que les talents attirent d’autres talents. Cela aussi fait partie de l’attractivité.” Il est en effet, La notion de métropole “rayonnante” C’est la mobilité des personnes qui prime, mais la selon le maire de Genève, illusoire de parler de “ville qualité de vie compte aussi. Il ne faut pas générer moyenne ou grande” à l’heure d’Easyjet et du TGV. semble devoir se conjuguer des villes aseptisées, anonymes, à l’image de cer- “On raisonne toujours comme dans les années cin- taines villes américaines. Car la classe créative est quante. La réflexion doit être internationale, et non au pluriel pour exister réellement constituée de gens turbulents…” régionale, et il ne faut pas monopoliser les résultats sur l’échiquier mondial et générer pour soi-même.” Un rayonnement partagé, sinon rien un développement plus durable. Derrière les intentions, il y a bien sûr les faits. Ils repo- Nouvelles entrées, nouveaux entrants Regard sur les “singularités” des sent sur des critères bien précis d’appréciation et Quand il affirme : “Vu de Chine, Stockholm est au d’attractivité des villes-métropoles. Pour Fabrice cœur de l’Europe, donc potentiellement, toutes les métropoles européennes dans ce Reynaud, consultant chez Ernst & Young villes européennes sont au cœur de l’Europe”, Entrepreneurs Conseil, ces critères de localisation Laurent Trupin, directeur général de l’Agence fran- domaine. sont, pour les entreprises, essentiellement opéra- çaise des investissements internationaux, partage Par Olivier Réal tionnels (“comment j’accède à mon marché”), finan- un peu la même vision. Sauf qu’il situe son propos ciers (“comment j’optimise mes coûts et ma renta- par l’entrée “clients” et corrige le tir : “Nous ne fai- bilité”), mais cela touche également la gestion du sons pas de l’aménagement du territoire au sens des risque (“comment je gère la continuité de l’activité années cinquante. On respecte le choix du client. S’il Professeur à l’École nationale des ponts et chaus- quand je me relocalise”). Dans la compétition mon- veut aller à Saint-Étienne, on ne va pas lui dire d’al- sées, l’économiste Pierre Veltz a lancé le débat par diale, les villes ont ainsi un rôle rassurant à jouer pour ler en Corse, mais nos agences vont valoriser les deux constats et une interrogation. Tout d’abord, à ‘’plus’’ des territoires par rapport à des besoins expri- propos des ressources-clés qui, dans la société de més. Son premier critère est le marché, son la connaissance, apparaissent moins liées qu’aupa- deuxième la main d’œuvre et son troisième concerne ravant au territoire et à la géographie des matières les infrastructures de communication.” premières et de l’accessibilité : “Les ressources sont devenues mobiles par l’attractivité des entreprises, Une métropole, cela se construit – ou se reconstruit, des territoires et surtout des personnes.” Ensuite comme à Leipzig – grâce aux nouveaux entrants. sur la métropole, qui devient le moteur du déve- Seconde ville d’Allemagne au début du siècle der- loppement actuel : “C’est elle qui est insérée. La ville nier, ville de foires et de commerce, Leipzig a laissé profite en premier lorsque cela va bien.” Mais, dans une grande partie de ses forces dans la seconde le contexte de la mobilité, est-ce qu’il y a encore une guerre mondiale, passant de 700 000 habitants en place pour la deuxième, voire la troisième division ? 1939 à 550 000 en 1985, descendant même sous les Genève se veut toujours ville d’accueil et de rayonnement “Il y a un changement dans la hiérarchie des villes, Pierre Veltz Manuel Tornare international. 475 000 dans les années qui ont immédiatement suivi ̈ ̈ ̈

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LA MÉTROPOLE EUROPÉENNE VEUT RAYONNER AU-DELÀ DE SA CIRCONFÉRENCE r t

Analyse é m

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Barcelone, métropole e m e n n o

entre ombre et lumière y a R

les perspectives radicales et dispendieuses de

À Leipig, a expliqué Gabrielle Goldfuss, la stratégie de la ville consiste à assumer son rôle historique de «plaque tournante» à l’Est de l’Allemagne et à attirer de nouvelles l’Exposition universelle et, un peu plus tard, du génie activités de logistique. Barcelone, modèle abouti de la ville de Gaudi – et la bourgeoisie libérale “éclairée”, rayonnante, a construit pas à pas davantage imprégnée du désir de s’émanciper de la la chute du mur (actuellement, 490 000 selon les der- notamment à travers le programme Urban, il a fallu tutelle madrilène que de valoriser les miracles de nières statistiques disponibles). Engagée il y a une “adopter l’esprit européen pour réussir, s’installer son succès, à coup d’événements l’électricité ou les merveilles du cinématographe. dizaine d’années, sa recherche de “rayonnement” dans l’international”. Mais le développement tient Deux conceptions du monde s’affrontent. Elles per- se veut exemplaire. “Nous voulons redevenir une aussi à l’esprit de chacun, à ce qui fait son origina- mondiaux et de “plans stratégiques” durent peut-être aujourd’hui sous d’autres formes… métropole et en même temps donner un espoir aux lité : “Chez nous, se plait à rappeler Mme Goldfuss, savamment étudiés et négociés. autres villes de l’Est, confie Gabrielle Goldfuss, direc- c’est celui de la révolution et de la liberté…” Là Cosmopolite, mais tellement catalane trice des relations internationales à la Ville de Leipzig. encore – ou enfin –, l’élément humain dédramatise Cela n’exclut pas aujourd’hui Car, au fond, Barcelone est toujours la même : davan- C’est pourquoi nous avons essayé de revenir à notre la métropolisation. Pensée pour durer, attirer, réus- l’apparition de zones d’ombre dans tage cosmopolite mais tellement catalane, ouverte au spécificité de plaque tournante entre Est et Ouest et d’at- sir, elle peut rayonner également en faisant rêver et monde mais pétrie de nationalisme, avant-gardiste tirer de nouvelles entreprises autour de la logistique.” par des liens plus solidaires à l’intérieur et à l’exté- lesquelles s’engouffre la critique mais soucieuse d’une image propre… à séduire ses Si l’Europe a consenti à Leipzig une aide financière rieur du territoire. Et si la liberté partagée était la partenaires pour mener à bien d’ambitieux projets d’une ville “à l’américaine”, importante (qui s’arrêtera d’ailleurs cette année), grande ambition de la métropole européenne ? l O.R. de développement. Elle est toujours la même, et dont le prestige et le rayonnement pourtant tout a changé. Dans la foulée de 1992 et des Jeux olympiques, intelligemment préparés et utili- reposeraient sur quelques coupables sés au-delà de la seule dimension sportive par une Question à équipe municipale au sein laquelle urbanistes et abandons… La réalité, comme architectes exerçaient une forte influence, Barcelone toujours, est plus complexe. est sortie d’elle-même, multipliant les initiatives ori- Sergio Chiamparino, maire de Turin ginales, les opérations d’aménagement, les prises L’analyse de Pierre Gras et de risque, les liens avec le monde, notamment avec - Quels sont les principaux impacts dans un sens positif, tant pour la il faut que nous mobili- le reportage photo de Serge Mouraret l’Europe et avec l’Amérique latine. Tout cela est bien de la métropolisation sur une ville société italienne que pour la sions toutes les res- connu. Ce qui l’est sans doute moins en revanche, comme Turin ? société européenne dans son sources nécessaires c’est la méthode grâce à laquelle elle est parvenue à ensemble. L’immigration est à ce pour être plus forts ces résultats et à cette aura incroyable qui en a - Il existe beaucoup d’éléments titre un défi intéressant dans une dans la compétition découlé dès le milieu des années 90 et qui perdure communs à toutes les villes ville comme Turin. Mais il faut internationale. “Bien que ce fut déjà un lieu commun, à la fin du XIXe au début du XXIe siècle/2. confrontées à la métropolisation : constater que le risque reste entier L’Europe est une région siècle, de dire que Barcelone vivait ‘’dos tourné à la les infrastructures, la cohésion que se creusent les différences cul- du monde caractérisée mer ‘’, la réalité quotidienne ne corroborait pas cette sociale, la promotion touristique, turelles entre la population immi- par un phénomène affirmation. Barcelone avait été et demeurait à le développement de la recherche grée et la population modeste et d’urbanisation se tra- l’époque une ville portuaire : elle avait vécu de la mer et des technologies… Mais cha- âgée de la ville, qui n’est pas duisant par l’existence et pour la mer ; elle se nourrissait de la mer et lui 1/ cune l’aborde avec ses spécificités. ‘’mondialisée’’. de ‘’métropoles domestiques’’, de Ces propos ont été confiait le fruit de ses travaux ; c’est à la mer qu’al- Le premier impact de la métropo- taille moyenne, face aux ‘’métro- enregistrés en vidéo à lait ses pas qui foulaient les rues de Barcelone, c’est l’initiative de l’Agence lisation sur la vie de la ville est, en Pour répondre à ce défi et aux poles globales’’ que sont Londres 1/ par la mer qu’elle communiquait avec le reste du d’urbanisme pour le in La ville des prodiges, apparence, plutôt négatif : c’est la autres questions qui se posent, ou Paris. De ce point de vue, le développement de Le Seuil, 1988. Première monde…”/1 Sous la plume d’Eduardo Mendoza, la l’agglomération crainte que la population immi- notre objectif est de construire bassin méditerranéen apparaît de parution en espagnol en “ville des prodiges” est déjà, dans les années 1880, lyonnaise, dans le cadre 1986. grée ne ‘’prenne le travail’’ et ne une véritable gouvernance. Nous plus en plus stratégique face à du colloque Eurocités, une sorte de métropole baroque, cosmopolite, les 21 et 22 novembre mobilise les logements sociaux avons mis en place une associa- l’élargissement de l’Union et dans 2005, à Lyon, et diffusés 2/ ouverte sur les découvertes techniques, les grands destinés aux plus pauvres. Les tion, Torino Internazionale, formée une compétition à laquelle nous aux participants Lire notamment échanges maritimes et… les supercheries de pendant la rencontre “Le plan stratégique habitants de Turin sont plutôt âgés de plus de cent vingt acteurs sommes condamnés pour le futur. nationale des agences métropolitain de l’époque. Une ville en prise avec la Méditerranée et, d’urbanisme. Barcelone”, et l’immigration, par sa jeunesse, publics et privés issus de la société À nous de savoir utiliser tous ces Transcription et in Diagonal n°164, au-delà, avec le monde moderne. Déjà, les débats peut contribuer au changement civile, qui fonctionne bien. Car atouts…/1 adaptation : Pierre Gras. janv.-mars 2004. l’agitent, opposant les conservateurs – effrayés par ̈ ̈ ̈

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BARCELONE, MÉTROPOLE ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE r t é m

nageuse. Mais la Ville sait entourer ses décisions de entraîne dans son sillage une bonne partie des a l

précautions sociales, utiliser une communication entreprises de production et de la population active, e d

fédératrice et accompagner les rénovations par laissant le centre ancien vieillir et s’appauvrir. Le port t n

l’aménagement de dizaines d’espaces publics qui et l’aéroport ont besoin de s’étendre pour se déve- e m

feront bientôt sa réputation dans le monde entier. lopper. Les équilibres économiques et sociaux sont e n

“Le premier plan stratégique se caractérisait notam- menacés. “Tout se passe comme si les effets dyna- n o

ment par la volonté d’offrir un espace de participa- miques des Jeux olympiques s’arrêtaient aux portes y a

tion aux citoyens, reprend Francesc Santacana. La de Barcelone”, explique en 1998 Josep Acebillo, R consolidation de la démocratie espagnole dans les directeur de Barcelona Regional/4. Une nouvelle

4/ années 80 avait encouragé la demande de partici- étape devient donc nécessaire. Le deuxième plan Structure mixte pation des citoyens à la décision et, de ce point de stratégique, approuvé en 1994, a surtout cherché à publique-privée créée par la Ville de Barcelone vue, la préparation des Jeux olympiques a constitué mettre à profit le potentiel d’une Barcelone largement et associant les une occasion de satisfaire cette demande au niveau rénovée et dont la notoriété est déjà bien assise, “forces vives socio- Ce succès ne doit évidemment rien au hasard. clés de la Généralité de Catalogne. L’accession d’une économiques” pour local.” Forte de l’implication des forces sociales et pour “encourager son intégration dans le contexte L’histoire a certes forgé en Catalogne – dans des municipalité issue de l’opposition socialiste est dans appréhender les de l’appui de la majorité des institutions de la ville, international”, selon l’expression de Francesc projets à l’échelle conditions parfois très douloureuses – un tempéra- ce contexte politique un véritable choc. Et la candi- métropolitaine. Barcelone renaît et l’immense succès du réaména- Santacana. ment, une énergie, une capacité d’initiative indivi- dature de la ville aux Jeux olympiques, annoncée gement du Vieux Port et du nouveau littoral, d’où duelle et collective, et en même temps un esprit de dans la foulée, un incroyable défi ! Car la ville, 5/ émergent brusquement village olympique, centres La troisième étape, engagée en 1999, correspond à Le maire charismatique résistance et d’autonomie qui n’ont guère d’équiva- comme anesthésiée, avait laissé l’industrie enlaidir de la période commerciaux, espaces publics, restaurants, plages la fois à un changement d’hommes/5, de cap et lents en Espagne qu’au Pays basque. La géographie la cité, délaissé son patrimoine et privé Barcelone de “olympique”, et ports de plaisance, fait bientôt école. d’échelle. Parmi diverses mesures, le nouveau plan le socialiste Pasqual lui a fourni un site, amphithéâtre entre mer et collines, ses liens originels avec la mer. Maragall, laisse alors mise sur l’économie de la connaissance et sur un et un climat que lui envient bien d’autres métropoles. sa place au socialiste urbanisme davantage lié aux stratégies de dévelop- pragmatique Joan Clos Barcelone n’est plus dans Barcelone La capacité des entrepreneurs catalans a également C’est dans ce cadre que la nouvelle municipalité met pour briguer (avec Tout n’est pas rose pour autant. Après les Jeux, pement économique, capable de rapprocher l’amé- succès) la présidence soulevé des montagnes, sachant ne pas se limiter à en chantier un “plan stratégique” qui va s’avérer de la Généralité Barcelone découvre le revers de la médaille. Les prix nagement urbain, les politiques de transfert de l’industrie et au bâtiment pour mieux s’étendre à l’ar- décisif. Consciente du fait que les J.O. risquent de se de Catalogne, qu’il du mètre carré flambent et la population ne trouve technologies université-entreprise et la création d’in- dirige depuis 2003. chitecture, à la culture, à l’édition, aux médias. Mais trouver “plaqués” sur une ville qui ne serait pas prête pas toujours à se loger dans les programmes immo- frastructures de recherche publiques et privées. En cela n’est pas tout. L’alchimie barcelonaise repose sur à les accueillir, elle prend les projets en charge, biliers qui sortent de terre. Le territoire municipal com- outre, il est apparu que le territoire pertinent pour d’autres facteurs, plus complexes et plus souterrains. recherche les liens indispensables avec la société mence à être saturé. La périphérie se développe et faire face à ce type de développement n’est plus celui Et notamment une capacité à rechercher le “bien com- civile et porte à bout de bras un projet qui n’a pas mun”, l’espace collectif dans lequel les projets vont encore de nom, mais que l’on pourrait qualifier puiser à la fois leur substance et leur solidité, à partir aujourd’hui de “métropolitain”. L’Association du plan du moment où chacun se l’est approprié. stratégique est créée en 1988 et le premier plan approuvé deux ans plus tard. “Barcelone est alors, Le tournant des années 80 explique Francesc Santacana, coordinateur du Plan De ce point de vue, l’histoire commence dès le début stratégique métropolitain, l’une des premières villes 3/ des années 80. L’Espagne sort progressivement de au monde à intégrer cet instrument à la planification Lire son point de vue la léthargie où le franquisme l’avait plongée pendant urbanistique traditionnelle.”/3 dans “Barcelone : l’impact du plan quarante ans et entre dans l’Europe par la grande stratégique porte. Mais Barcelone, capitale héroïque de l’Espagne Sur le terrain, les quartiers anciens comme la métropolitain”, in “Métropole en question, républicaine, est devenue, après plusieurs décennies Barceloneta ou le Barrio Chino, typiques – chacun métropole en action”, supplément au magazine de “punition”, une simple grande ville de province, dans leur genre – de la mythologie portuaire barce- Technicités daté du 23 dominée par un pouvoir nationaliste qui détient les lonaise, résistent tant bien que mal à la furia amé- octobre 2005, pp. 32-35.

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de l’agglomération, ni même celui de l’aire urbaine, investisseurs, gagner du terrain sur la mer, pour- “effets pervers de la réussite.”/6 Oriol Bohigas, autre pas pour autant de villes ‘’à l’américaine’’(...).”/8 mais celui de l’aire métropolitaine, qui regroupe, sur suivre l’aménagement du littoral, travailler l’image figure de proue des années J.O., architecte en chef Les critiques portées sont avant tout formelles, selon six cents kilomètres carrés, trente-six municipalités de métropole internationale de Barcelone à partir de de la “renaissance barcelonaise”, n’est pas en reste, la municipalité, qui explique qu’en dépit des aspects et trois millions d’habitants, soit la moitié de la popu- la culture… dénonçant, à travers l’exemple de ce morceau de les plus visibles de son action – qui font principalement lation de la Catalogne ! Il est alors clair que le terri- De ce point de vue, les résultats apparaissent plus ville, l’absence d’articulation de la politique munici- l’objet des récriminations d’une partie du milieu pro- toire de l’aire métropolitaine, largement urbanisé, ne mitigés que dans les années 90. Les objectifs ont été pale avec l’aire métropolitaine, justement reconnue fessionnel –, elle agit en cohérence avec sa politique connaîtra plus de grands changements. Il est donc en partie atteints : le territoire concerné a été “récu- comme l’échelle pertinente pour organiser le déve- de reconquête du littoral au profit des Barcelonais et impératif de gérer le développement futur de façon péré”, un nouveau port de plaisance aménagé, des loppement. Plus récemment, la presse catalane a pris en conformité avec les principes du développement plus cohérente et surtout d’améliorer sa productivité centres commerciaux et des tours de bureaux le relais pour mettre en cause – schémas et simula- durable qu’elle revendique. Sous la fameuse espla- globale. En outre, la question de l’immigration et du construits. L’emblématique immeuble Agbar (pour tions en 3D à l’appui – l’attitude de la municipalité nade de quatorze hectares dessinée par Torres et logement social se pose d’une manière si aigue Aguas de Barcelona), dû à Jean Nouvel, a imposé sa qui, après avoir autorisé Jean Nouvel à porter à 144 Martinez Lapeña se trouvent dissimulés les bassins de qu’elle ne peut plus être contenue dans le cadre stric- curieuse silhouette bombée à toute cette partie de la mètres de hauteur un “immeuble-phare” pour toute traitement des eaux d’une usine d’épuration présente tement communal. Cette “vision large” est sanc- ville. D’immenses espaces publics, un peu vides et la ville, se prépare à l’encercler d’une série de tours antérieurement sur le site. La ville avait décidé de tionnée, dès mars 2003, par un quatrième plan stra- abandonnés aux caprices du vent, ont été réalisés. d’affaires aussi banales que disgracieuses qui feront ne pas les déplacer, mais il n’était pas question tégique, clairement positionné cette fois à l’échelle Mais les critiques commencent à pleuvoir. Le maire perdre à l’ensemble du site Diagonal-Gloriès l’ob- de construire des immeubles par-dessus... Et elle

métropolitaine. défend certes le modèle de la “ville compacte” contre 7/ jectif monumental qui était visé/7. Dans ce concert prévoit également la réalisation d’une station photo- la dispersion urbaine, mais il autorise dans le même Cf. le dossier consacré à de polémiques, certains n’hésitent plus à enterrer le voltaïque pour alimenter les principaux équipements “La Barcelone du futur” Forum universel des cultures : temps la mise en œuvre d’un modèle que certains dans El Periodico de fameux “consensus barcelonais”. du quartier, parmi d’autres mesures à caractère des résultats mitigés n’hésitent plus à qualifier de “néo-libéral” ou “à Catalunya du 11 août écologique/9. 2005. Cette inflexion dans la stratégie barcelonaise s’ac- l’américaine”. D’autres sont plus optimistes, comme le géographe

compagne d’un nouveau “grand projet” mobilisa- 8/ Jacques Lévy : “Barcelone est une réalité multiforme, Le “modèle barcelonais” n’est donc pas mort. La ville teur, le Forum universel des cultures 2004, qui doit Vers une ville “à l’américaine” ? Cf. Urbanisme n°339, et il faut faire attention à ce que l’on critique. Je pense a sans doute perdu un peu de la magie qui faisait op. cit. permettre, à l’instar des J.O. de 1992, d’irriguer la Jordi Borja, ancien adjoint au maire de Barcelone et que, globalement, avec l’extension pour les Jeux descendre les Ramblas à la moitié de l’Europe au ville par de nouvelles infrastructures et d’urbaniser urbaniste disposant d’une certaine notoriété, avait olympiques, la pertinence de la maille Cerdà a été milieu des années 90. Mais elle mérite toujours le 6/ 9/ le seul territoire non encore reconquis, situé en limite pourtant alerté l’opinion sur cette évolution dès 2003 : Lire l’article rendant Cf. Urbanisme n°339, démontrée jusque dans les prolongements du détour. Et la métropole a gagné en pragmatisme et op. cit. nord de Barcelone, en bordure du rio Besos. S’y trou- “La municipalité a d’abord cédé la meilleure zone à compte des débats village olympique et ceux qui ont suivi. On peut en capacité de leadership dans une compétition qui du Forum universel vent concentrés les équipements dont on ne voulait un groupe américain (Hines) qui développe une opé- des cultures dans le discuter, en revanche, du bouclage du périphérique s’annonce de plus en plus sévère – et pas seulement dossier “Villes pas ailleurs : centrale thermique, usine d’incinéra- ration plus que discutable, avec un ensemble de européennes : quels par une autoroute urbaine, en partie souterraine, tra- en Espagne, ni même en Europe. Barcelone, métro- tion de déchets, unité de traitement des eaux usées… tours, un centre commercial aussi énorme qu’hor- modèles ?”, versant le centre. Souvent les ‘’amoureux des villes’’ pole méditerranéenne, cosmopolite, rayonnante, in Urbanisme n°339, La tentation de “refaire le coup des J.O.” est bien sûr rible et une quasi-privatisation d’un nouveau parc nov.-déc. 2004, n’apprécient pas les quartiers faits de toutes pièces. “ville prodige” pour le meilleur et pour le pire… pp. 44-45. présente dans l’opération : séduire de nouveaux urbain”, écrivait-il dans un article vengeur sur les Il se peut qu’on ait du mal à y vivre, mais il ne s’agit comme l’avait prévu Mendoza. l P.G.

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URBANISME Abstract Rayonnement de la métropole / The fine art of status OSSREn 28 -mars-avril 2006 n° / HORS SÉRIE To havestatus,saidLyon deputy-mayor enhanced byrecentculturalandpoliticalinputs. centuries-old internationalcharacterhassimplybeen contenders. Forgeographer are alittlemoreflexibleamongthemedium-size upper echelonsdon'tseemtochangemuch,things E polises; andonlythreewithimportancewithin m According totheDatar, Francehasoneworld-scale work. Theoutlook,however, couldbebrighter. much togainfromfindinganicheintheworldnet- tion areconsiderableforFrance'scities,whichhave Los AngelesorOsaka?Theimplicationsoftheques- J Academic andeconomist updated versionofthesame thing. years ofcivilwar, thecountrycamebackwithan dollars andpoliticalstability –destroyedbyfifteen Middle East–basedonbankingconfidentiality, petro- forward affair internationalisation wasanaltogethermorestraight- Daclin Barcelona. Marketingisimportanttoo,asserted infrastructures –as,forinstance,inLyon and culturally confidentpopulationandthenecessary paradox inthat thegrowthpatternoftoday's metro- According toitsdeputymayor sectors ofexcellence. Shanghai targets–withgreatersuccessaveryfew cities tendtoemphasiseglobalquality, while And asmayor cities whosestatusoutstripsitsdemographicweight. looking goodasoneofthosemid-sizeEuropean Nonetheless, Strasbourg–450,000peopleis to London. real government"thathelpedParislosetheOlympics Lévy, beinghamperedbythe"governancewithout and politicalsociety;Francedoesnotexcelhere,said status istheunity–reciprocitybetweencivil territorial use."Thethirdfactornecessarytourban tions theiruniqueadvantageoverotherstylesof of densityanddiversitythatgivesurbanconcentra- "What makesametropolisisitsurbanity:themix the generallyacceptedpointofviewisrightone: Antier Hey, seenmymetropolis? ust whatdoesmycitylooklikeseenfromShanghai, urope –L etropolis –Paris;nosecondorthirdrankmetro- , butithastobetherightmarketing:European , youneedthealchemyofastrongidentity, a yon, MarseilleandToulouse. Butwhilethe . Afterseeingitsroleofcapitalthe Fabienne Keller -academic Pier Rashid Jalkh r e V reminds us,its eltz Jacques Lévy Jean-Michel signalled a , Beirut's Gilles , as thecity'sdirectorofinternationalrelations the EU'sUrbanprogrammepumpedmoneyin,but hub inacontextofmodernlogisticalservices.True, has optedforareturntoitsoldroleasanEast-W have toprovidenewentries:Leipzig,forinstance, business confidence.Iftheywantnewentrants, f have thewherewithal–accesstomarkets,available T c too: youhavetoavoidanonymous,sanitised of peopleisthemainfactor, butqualityoflifecounts is toattracttalentthatattractsmoretalent.Mobility reverse isnotnecessarilytrue:"Theimportantthing p far fromdead. may bealittlechippedaround theedges,butitis racter asa"multiformreality". The"Barcelonamodel" their doubtfulsideandinsisting onthecity'scha latter criticism,admittingthat someprojectshave Jacques Lévyremainsoptimistic, dismissingthis Americanisation. ture projectssetsomepeoplemutteringabout what erraticpublicspaceandinstitutionalarchitec- loss ofmomentuminthelastfewyearsassome- house pricesandurbansprawl,withaslight not withoutbringingsuchproblemsasrocketing in the1980sandisstillunderway–although productively togethertoproduceathrustthatbegan character andeconomicdynamicallfunctioned not amatterofchance,course:thelocalculture, as itmovedontotheinternationalstage.Thiswas nalistic, thecitymanagedtochangeyetremainitself and thoroughlyCatalan,receptivekeenlynatio- make themostofoldandnew. Cosmopolitan events andcarefullynegotiated"strategicplans"to med itselfstepbystep,usingacombinationofworld On atotallydifferentscale,Barcelonahastransfor- dustrialisation seemstobesayingyes. concerned, atownof24,000badlymarkedbydisin in findingthefinanceandcompletingprojects this kindoficon?GiventheskillmayorDinoCinieri an imagebasedonLeCorbusier. Canonemanbe tectural heritage,Firminy, nearStEtienne,isbuilding After alongperiodofpoliticalneglectitsarchi to succeedinternationally Gabrielle Goldfuss inance, riskmanagementfacilities–toinspire ities…creative peopleareunruly." o succeed,citieshavetodefineclearprioritiesand olis canboosteconomicdevelopment,whilethe said, "We hadtogoEuropean ." est - - -

s e n i

Synthèse a t i l o p o r t

LA VILLE é m

s e v i t

DONT VOUS ÊTES LE HÉRAUT c e p s r e Il n’est pas si facile de synthétiser, P même de façon impressionniste, trois journées de voyages, de visites au pas de charge, d’ateliers parfois juste esquissés, d’échanges serrés et de débats souvent parcourus de “contradictions globales”. Martin Vanier,

Le “cosmopolitisme” connaît un retour en grâce, a souligné dans sa synthèse professeur à l’Institut de Martin Vanier. géographie alpine, s’y est pourtant moyen métropolitain”, des précaires, un “proléta- riat des services”… Mais, évidemment, être côte à essayé en observateur attentif, côte dans la métropole, “reflet de nos égoïsmes et non dénué d’humour ni de capacité de nos surdités” (Fabien Tuleu), ce n’est pas le cos- mopolitisme souhaitable. Et contre le risque devenu d’interpellation. Pour une synthèse réalité, de la ghettoïsation, on s’en propose un autre : le beau risque de la dignité globale. Celle des subjective de la rencontre… exclus, comme des inclus, permettant de renouer avec une solidarité, une hospitalité que la métropole devrait signifier au plus profond.

Le mode littéraire qui me semble le plus approprié “Cosmopolitisme”, “hospitalité”, “dignité globale” : pour la synthèse de notre rencontre, c’est celui du ils ne sont pas si mal, les premiers mots de la ren- “livre dont vous êtes le héros”. L’histoire commence contre dont vous avez été les héros. Ne doutons pas à Grenoble, située quelque part entre Suzhou, capi- que la compétitivité, l’excellence et la concurrence tale de la soie, six millions d’habitants, ville indus- ne les rejoignent assez vite ! Si vous voulez retour- trielle de la grande région de Shanghai, et Minatec, ner à Suzhou, suivez Michel Destot en Chine. Si vous capitale des micro-technologies… Nous sommes en voulez ouvrir des départements de sociologie quête de “cosmopolitisme”, ce qui nous change de urbaine dans les agences d’urbanisme, appelez “l’international”. Car le “cosmopolitain”, citoyen du André Rossinot. Si vous préférez revenir à la poli- monde, connaît un retour en grâce. tique, répondez à la question de Véronique Auger : “ La métropolisation est-elle maîtrisée ? “ Le beau risque de la “dignité globale” - Réponse A (Alain Bourdin) : ce n’est pas la bonne Premier combat : comment réussir la métropole question. cosmopolite ? Les maires de Göteborg, Yaoundé, - Réponse B (Emmanuel Négrier) : au sens où il y a Phnom Penh, Porto-Novo, Turin et Casablanca nous beaucoup de maîtres, certes, mais… racontent, à l’écran, leurs doutes et leurs espoirs. Des - Réponse C (Yves Chalas) : notre société est celle de sociologues nous informent de nos contemporains : l’incertitude et du risque. On ne maîtrise pas l’in- ceux qui font Babel, la ville de “l’imaginaire mon- connu social, on le fait advenir… dialisé” par excellence, et ceux qui stigmatisent Bab El-oued, le géotype de tous les fantasmes. Il y a là, Tourner la page sans changer de livre ? parmi les uns et les autres, des “élites circulantes”, des Héros que vous êtes, vous voilà ensuite parvenus à salariés en quête de “réassurance”, un “conglomérat Saint-Étienne, cette ville post-industrielle qui veut ̈ ̈ ̈

mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 65 s e n Table ronde i LA VILLE DONT VOUS ÊTES LE HÉRAUT a t i l o p

“tourner la page”, mais non changer de livre (Michel o r Thiollière), cette ville qui ne s’est jamais tellement t QUAND LE COUPLE é m

aimée elle-même, mais qui apprend à le faire (Jean- s

Noël Blanc). Le tournoi du jour vise un mot-lige que e v i

chacun prend dans un sens différent pour éviter les t RÉGION/MÉTROPOLES c chocs frontaux (comme dans tout bon tournoi), e p s

le mot “ projet “ : projet urbain de la Cité du design ; r e projet d’aire urbaine métropolitaine ; projet de coopé- (RE)FAIT L’EUROPE… P ration entre agglomérations moyennes. On rompt quelques lances, le mot-lige pivote frénétiquement sur son axe, secoué dans tous les sens, mais résiste substance Sylvie Harburger. Même si l’intégration ! Pendant ce temps, quelques heureux rencontrent de la politique urbaine dans la “stratégie de un chevalier errant (Jean-Pierre Charbonneau), … ou à quelques “grands dragons” flamboyants. La table ronde finale de la rencontre Lisbonne” définie par les pays membres est finalement champion des espaces publics, qui pratique le projet nationale, sur le thème “Europe récente, elle apparaît comme l’une des priorités du en homme pressé de le voir transformer la ville : 170 commencé à créer un jeu des mille pistes du fait budget 2007-2013, ce qui était loin d’être le cas aupa- petits et grands aménagements, menés à bien en six métropolitain. Bien sûr, vous avez capturé le mot du des régions, Europe des ravant. “Les villes présentent en effet le paradoxe de à dix-huit mois, avec un atelier de jeunes “écuyers” jour. Après “cosmopolitisme” à Grenoble et “pro- créer davantage d’emplois que les autres territoires, stéphanois, urbanistes, architectes, designers, créa- jet” à Saint-Étienne, c’était “créativité” à Lyon. Alors, métropoles”, a permis de confronter tout en concentrant davantage de chômage, a sou- teurs, et l’appui des services de la ville. Une petite la synthèse ? La synthèse, c’est cette formidable deux approches de la relation à ligné Sylvie Harburger. Elles sont de ce fait très en fabrique de ville en , heureusement complé- contradiction, cette évidente tension, qui s’appelle retard par rapport aux objectifs de Lisbonne.” mentaire de la grande. “métropole”, dans laquelle nous vivons, nous nous l’Europe : celle de l’État et celle Chaque État-membre reste toutefois maître de ses débattons souvent, nous nous épanouissons parfois, des métropoles, la région jouant choix. Et c’est là que le bât blesse : si certains pays et pour laquelle nous entrons en politique comme consacrent aux villes plus de moitié des fonds struc- on entre dans l’arène. La tension de la contradiction, tantôt la carte de la décentralisation turels qui leur sont alloués, souvent via leurs régions, c’est la nôtre : celle de nos discours, qui auront tissé la France ne leur accorde qu’un peu plus de 15 % des un hymne à la coopération, au compagnonnage, à tantôt celle de la contractualisation moyens mis à la disposition de l’État par l’Union la mutualisation. Car, somme toute, la concurrence obligée. Et si c’était, au fond, le européenne. Tropisme de “la République contre la n’est pas le mode le plus fructueux de relation entre ville” ? /2 territoires ou métropoles… alors que nos choix même débat ? de société semblent plus que jamais guidés par Les métropoles Synthèse des échanges par Pierre Gras le principe de concurrence, de compétition, de et le “retard français” rivalité, certes policée et régulée, mais constam- Michel Thiollière, président de Saint-Étienne ment attisée. Métropole, a voulu nuancer le propos : “L’Europe nous a aidés pour la requalification des friches et des On doit sans doute admettre cette contradiction, dans Sylvie Harburger, chargée de mission “Actions sites industriels, et elle continue de le faire pour 1/ la métropole comme dans toute la société, à condi- Au 1er octobre 2005, Urbaines” à la Direction Politique Régionale de la la réalisation de grands équipements comme le Comme dans les histoires fantastiques, les citoyens s’en remettent, pour se faire tion toutefois de ne pas perdre de vue que “si toutes 185 partenaires sont Commission euro- péenne, a rappelé d’emblée un Zénith ou la Cité du design, c’est incontestable. Mais entendre, à de modestes “hérauts”… associés au programme celles (métropoles et sociétés) qui ont rêvé n’ont pas Urbact, dont 45 villes truisme : “La politique urbaine n’est pas une com- comme il n’y a pas de véritable politique publique Mais la grande, quel délice d’y revenir pour pouvoir réussi, beaucoup de celles qui ont réussi ont su s’ac- des nouveaux États- pétence européenne. Il a donc fallu trouver des européenne, il est plus difficile de dégager tous membres. 50 % des parler, en vrac, de la décentralisation inachevée, de corder le rêve” (Gilles Antier). La rencontre dont vous villes partenaires ont espaces au sein des institutions européennes pour les moyens nécessaires.” Jean-Jack Queyranne, la refonte de la fiscalité locale, de l’avenir incertain avez été les héros vous aura-t-elle fait rêver ? À cha- moins de 200 000 s’intéresser aux villes et pouvoir travailler avec elles président du Conseil régional Rhône-Alpes, a néan- habitants et ressentent de l’État territorial, de la “nécessaire-clarification- cun de vous d’en juger. Si vous voulez réduire la dis- d’autant mieux la à travers le prisme des politiques régionales.” De moins tiré la sonnette d’alarme… côté français : “La des-compétences” (en un mot), du besoin de chefs tance entre le rêve et la réalité métropolitaines, ne nécessité de s’inscrire fait, depuis 1998 et l’emergence du “développement France est en train de prendre un retard dramatique dans des réseaux de file, de l’indispensable coopération, coordination, regardez pas trop loin : aujourd’hui, la distance est à d’échanges urbain durable” au sein des institutions euro- métropolitains à articulation ! Cette forêt bien connue des rapports l’intérieur de nos métropoles plutôt qu’entre elles l’échelle continentale péennes, ces espaces se sont multipliés : dévelop- central-local, vous la connaissiez déjà plutôt bien, et (Fabienne Keller). Si vous avez l’ambition d’un pro- (cf. Urbanisme, pement du programme Urban, création du réseau hors série n°27, si vous y avez suivi quelques grands dragons en jet métropolitain cosmopolite et créatif, ne cherchez “Urbact 2005”). Urbact, utilisation plus ciblée des fonds structurels… pleine forme, c’était juste pour les voir rougeoyer de pas le livre déjà écrit dont vous serez le héros, - Ainsi le programme Urbact s’est-il imposé progres- plaisir et d’indignation renouvelée… chez plutôt de nouveaux héros (on dit aussi 2/ sivement comme lieu d’échanges privilégié entre Lire sur ce thème “acteurs”) et écrivez le livre avec eux. Et enfin, si vous l’analyse de François près de deux cents collectivités européennes /1. Réduire la distance voulez retrouver ces moments indéfinissables et Ascher in La République contre la ville ; essai sur entre le rêve et la réalité impossibles à synthétiser, où l’intelligence le dispute l’avenir de la France L’objectif d’un “développement intégré” prenant en Mais c’est souvent vers la fin que les histoires, même à la connaissance, et la découverte des autres à la ré- urbaine, éditions de compte l’ensemble des paramètres des politiques l’Aube, coll. Monde en confuses, se nouent et se dénouent. À Lyon, vous énonciation de valeurs communes, alors rendez-vous cours, 1998. urbaines (économiques, sociaux, urbains, culturels, avez, à propos de “métropole rayonnante”, peut-être à la prochaine rencontre de la FNAU à Dunkerque…” formation…) est désormais affirmé, a expliqué en Sylvie Harburger Jean-Jack Queyranne ̈ ̈ ̈

66 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 67 s e n i

QUAND LE COUPLE RÉGION/MÉTROPOLES (RE)FAIT L’EUROPE… a t i l o p

De son côté, le Grand Lyon, dont Jean-Jack Queyranne o r est aussi le 1er vice-président, est contraint de t LA FNAU SE “MANIFESTE” é m

se battre auprès des tribunaux “pour être autorisé à s

participer au développement de l’aéroport interna- e v i

tional de Saint-Exupéry, au prétexte que cet t ET ÉTEND SES AMBITIONS c équipement n’est pas situé sur le territoire de la com- 3/ e p

Structure souple de s munauté urbaine.” Est-ce le problème de Londres, r

partenariat créée dans e

de Stuttgart ou de Milan ? Au fond, a fait remarquer les années 90 et P Michel Thiollière, “les métropoles cherchent à faire associant le principes” que doivent respecter les agences Bade-Würtemberg , La vingt-sixième rencontre nationale ce que les Français (et une partie des Européens) la Catalogne, la Lombardie en matières de missions, de positionnement, de n’ont pas voulu assumer lors du référendum sur le et Rhône-Alpes. s’est achevée sur un “acte” politique programmes d’activités et de modalités de fonc- Michel Thiollière et Michel Issaindou traité constitutionnel : construire une Europe de projet.” tionnement. Il insiste notamment sur la notion de 4/ posé par les élus de la FNAU : Cf. notamment “programme partenarial”, sur “l’éthique de liberté en matière de régionalisation. L’État décline à grand La ville au cœur Urbanisme n°345 l’adoption à l’unanimité, par le et de responsabilité”, ainsi que sur la nécessaire (dossier “Quartiers peine ses politiques sans en avoir réellement les des politiques publiques ? sensibles”), “transversalité des réflexions et des projets” et le moyens. Il cherche même, sur certains dossiers, Jusqu’alors (volontairement ?) discret, le représen- nov.-déc. 2005. bureau élargi de la fédération, fonctionnement “en réseau”. Elle invite toutes les à recentraliser ! Ainsi l’écart se entre les tant de l’État pouvait difficilement aller à contre- d’un “manifeste” sur le rôle et agences membres de la FNAU à travailler également régions européennes : parmi nos ‘’quatre moteurs’’/3, courant. “Impliquer davantage l’État dans un certain dans le cadre d’un “réseau technique régional, inter- le différentiel de budget par habitant est d’un à huit nombre de politiques, c’est aussi impliquer les prin- le fonctionnement des agences régional ou transfrontalier”. Les conséquences avec la Catalogne, voire d’un à dix avec le Bade- cipaux acteurs locaux et non les priver d’initiative, d’urbanisme. Ce document propose juridiques éventuelles de ces orientations seront Würtemberg. En outre, les choses se présentent plu- par exemple dans le domaine social ou de l’habitat, tirées dans les mois qui viennent, indique la FNAU, tôt mal au niveau européen. Comme l’État n’a plus comme le fait l’Agence nationale pour le renouvel- six “ grands principes” organisant en liaison avec l’ensemble des partenaires et notam- que les fonds structurels à distribuer, il entend bien lement urbain /4, a souligné Pascal Lelarge, directeur ment avec l’État. Une rencontre est prévue à cette en garder le contrôle !” adjoint à la DGHUC du ministère de l’Equipement. le développement des agences, qui fin en mars avec le ministre de l’Équipement. Or, “le couple qui fait progresser aujourd’hui”, a L’agglomération est le lieu adapté pour répondre à sont invitées à travailler davantage estimé l’ancien ministre, ce n’est plus celui que ces enjeux, il y a consensus là-dessus et les blocages Lignes de fracture constitue – avec difficulté – l’Europe et l’État, mais sont identifiés.” Identifiés, mais pas résolus. en réseau. “Toute rencontre est faite pour l’échange et pour “le couple région/métropoles” : “C’est lui qui gère le dialogue ; c’est le premier acquis de cette mani- les évolutions liées à la métropolisation et qui agit festation”, a ensuite souligné le président de la FNAU sur les conditions du développement économique à Lyon, en conclusion de trois journées denses en et urbain.” L’une des grandes forces de Rhône-Alpes, La FNAU avait lancé, au printemps 2005, une débats et variés en moyens de transport (et en temps a poursuivi le président de l’exécutif régional, c’est “enquête nationale” sur les conditions dans d’attente sur les quais des gares) – à moins que ce d’avoir “un véritable réseau de villes qui savent lesquelles les agences travaillaient au service de ne soit l’inverse… Ces débats ont justement permis travailler ensemble, notamment pour agir sur les leurs membres et partenaires locaux. Elle en a tiré de montrer, selon André Rossinot, que le dévelop- disparités territoriales ou sociales. Mais cela ne suffit les enseignements lors du plus. Il faut développer notre action auprès de l’Union bureau élargi de la fédé- européenne. Or, les moyens sont, là encore, disparates : ration, qui s’est tenu à Rhône-Alpes a un simple bureau d’information à Grenoble le 13 décembre, Bruxelles alors que le Bade-Würtemberg y dispose au soir de la première de tout un immeuble ! Nous souffrons d’un retard journée de la rencontre avec nos voisins qui risque d’aller en s’aggravant si nationale. C’est ainsi nous ne décidons pas rapidement d’approfondir le En Rhône-Alpes, le différentiel de budget par habitant est d’un à dix avec la Catalogne, qu’elle a adopté un a rappelé Jean-Jack Queyranne. mouvement de décentralisation.” “manifeste des agences d’urbanisme” qui sera Construire une Europe de projet Car, de l’avis général, il y a loin de la coupe aux lèvres. largement diffusé en Les trois représentants des métropoles rhonalpines Ainsi Francis Ampe a-t-il conclu le débat, depuis la 2006. Ce texte développe ont approuvé, tout en cherchant à faire valoir leur salle, sur une note pessimiste. L’ancien directeur de les principales orienta- “petite musique” propre, non sans une pointe l’agence d’urbanisme de Lille-Métropole et conseiller tions de la charte signée d’amertume. À Grenoble, a expliqué Michel pour les villes de la Datar a expliqué : “La place des entre l’État et la fédéra- Issaindou, vice-président de Grenoble Alpes villes au sein de la Datar n’est pas meilleure qu’à la tion en décembre 2001 à Métropole, “nous cherchons à préserver la longueur Commission européenne. Or, nous avons besoin Nantes et actualise la d’avance que nous avons acquise en matière d’une intégration plus forte de la ville au sein des “charte des agences d’ur- d’innovation technologique. Mais nous rencontrons politiques publiques, mais aussi et surtout que la ville banisme” approuvée par deux difficultés : les limites de l’intercommunalité et soit placée au cœur de l’action républicaine.” Les la FNAU en octobre 2002. “Il faut être conscient des résistances à l’œuvre vis-à-vis de la décentralisation”,a affirmé le président le développement de l’exclusion sociale, qui nous réactions de la salle ont montré qu’il n’exprimait pas Il reprend les “six grands de la FNAU. préoccupe beaucoup.” là un point de vue solitaire. P.G. l ̈ ̈ ̈

68 / URBANISME / HORS SÉRIE n° 28 - mars-avril 2006 mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 69 s e n i

LA FNAU SE “MANIFESTE” ET ÉTEND SES AMBITIONS a t i Le point de vue de Dominique Perben l o p

territoriales, et en particu- o r lier avec les régions, et t é m

à amplifier le développe- s

ment du réseau /1, cela L’État répondra présent e v i contribuera assurément à 1/ t c

la formulation de réponses Le réseau de la FNAU e comportait, au 30 juin p s

fiables et durables aux 2005, quarante-six r agences d’urbanisme. e défis de la métropolisa- Le ministre de l’Équipement n’a pu banisme engagées par l’État et autour desquelles les P Trois nouvelles agences tion”, a souligné André (Amiens, Béthune et politiques d’image et de renouvellement urbain por- Rossinot. Et le président Caen) ont été créées au participer à la rencontre nationale tées par l’ensemble des acteurs, transforment la réa- cours de l’année écoulée de la FNAU d’évoquer, et devraient adhérer des agences d’urbanisme. lité physique, sociale, économique, bref la réalité au-delà du devenir des prochainement à la vécue et perçue des territoires.” fédération. Le seuil des agences, celui de la Datar, cinquante agences Il a toutefois souhaité adresser devrait être atteint ou dont le représentant avait “De ce point de vue, indique le ministre, l’apport des dépassé en 2006. un message aux congressistes, été quelque peu malmené agences est précieux en matière d’observation, de par les élus la veille et que 2/ par la voix de Pascal Lelarge. partage, de prospective, car il est incarné, nourri du On lira en page 71 les la fédération verrait bien principaux extraits du terrain et des regards divers des membres des comme un “grand bureau message du ministre. En voici quelques extraits. agences. Il se situe sur un autre champ que celui des d’études des territoires visions d’experts distanciés ou celui des techniciens Les aménagements réalisés dans les quartiers contribuent à «garantir la solidarité dans la proximité» et de la décentralisa- statisticiens froids. Faire le choix d’une agence, c’est (ici, à Villeneuve d’Ascq). tion”… à condition qu’elle une manière pour un territoire de choisir un outil pement métropolitain contribue à trois dimensions y prenne le pouvoir ! Boutade ou anticipation, le mot “L’une des questions centrales est celle de la gou- d’aide aux élus, aux services techniques des collec- de l’action publique : “faire cohabiter les sensibilités d’ordre a en tout cas été donné. Le texte de son vernance des métropoles, celle de notre capacité à tivités et des administrations, à la société civile, aux et les projets”, “développer les richesses” et “garan- allocution ne le prévoyant pas initialement, celui du en faire de réelles communautés de vie. Cette ques- citoyens pour mieux penser leur présent et leur tir la solidarité dans la proximité”. Toutefois, “ tous ministre de l’Équipement, lu en fin de séance par tion se pose parfois avec acuité en France, comme devenir. (…) En ce sens, l’outil agence n’est pas que les habitants des métropoles ne se reconnaissent pas Pascal Lelarge/2, n’y a pas fait allusion. Comme nous l’avons vu dans les derniers mois, indique technique, il est un moyen d’une gouvernance et forcément dans ces nouvelles configurations terri- l’avait souligné avec humour Martin Vanier dans son notamment le texte du ministre. Des phénomènes d’une préparation d’un débat démocratique au ser- toriales”. Comme l’a montré la récente et énième exercice de “synthèse subjective” des débats, à particuliers distinguent le processus de métropoli- vice de l’ensemble des membres de l’agence, mais “crise” des banlieues, “il existe des lignes de fracture défaut d’avoir vraiment une fin, la rencontre des sation du processus d’urbanisation des territoires en dans les métropoles entre ceux qui en bénéficient agences a proposé plusieurs issues… l P.G. termes de nouveaux modes de vie, de comporte- à plein et ceux qui en sont exclus”, a souligné le ments des acteurs économiques, de modes de président de la fédération. consommation, de mobilité, d’économie des savoirs. Tous ces phénomènes innovants convergent, pro- Il faut donc réagir, mais l’action publique en milieu duisent un potentiel de concentration de richesses urbain s’avère “de plus en plus complexe et de moins et de sophistication et créent un puissant moteur de en mois lisible”, a estimé André Rossinot. De nom- développement pour la société française. Mais ce breux changements s’avèrent encore nécessaires potentiel de richesse et d’excellence à l’œuvre dans dans les rapports entre l’État et les collectivités ter- le fait métropolitain a une contrepartie, parfois fatale ritoriales, et notamment les métropoles : “Le monde sur le plan social, les délaissés, les exclus, la “frac- ancien ne veut pas disparaître et le papillon métro- ture sociale” et, sur le plan spatial, le chaos, donc les politain a parfois du mal à sortir de la chrysalide des risques majeurs.” pouvoirs traditionnels qui l’enserrent, a-t-il affirmé. Pour comprendre les raisons pour lesquelles ce mou- Dans ces domaines, poursuit le ministre, “nous vement est relatif, il faut être conscient des résis- saluons les initiatives prises par les élus et leurs tances à l’œuvre vis-à-vis de la décentralisation. Cette efforts qui constituent la clé de la réussite. Il est frap- évolution nécessaire repose beaucoup sur la forma- pant à cet effet de voir que, pour conjuguer ‘’attrac- tion et la gestion des ressources humaines, non seu- tivité et équilibre’’, ‘’rayonnement et inscription dans lement celles de la fonction publique [le président de un réseau métropolitain’’, la voie pour les métropoles aussi de la société civile et du grand public. (…) L’État la FNAU n’oublie pas qu’il est également celui du européennes est souvent celle du projet urbain a voulu et il a accompagné les agences depuis leur CNFPT], mais aussi celles des agences d’urbanisme”. métropolitain. La gouvernance locale des métropoles création. Il répondra présent pour travailler sur la et en premier lieu les élus doivent trouver le moyen réaffirmation de cet équilibre et de cette exigence OPA sur la Datar ? de transformer l’espace de cette métropole, physi- d’outils partenariaux où les collectivités, les struc- Celles-ci sont, à n’en pas douter, appelées à un quement et concrètement, et incarner dans la durée, tures institutionnelles, l’État, la société civile, trou- bel avenir. “ Si elles parviennent à faire vivre le l’élan et la réalité du processus de métropolisation. vent place dans la logique du partage”, conclut le renforcement du partenariat entre les collectivités C’est aussi le cas pour les grandes opérations d’ur- message du ministre.

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URBANISME Abstract Perspectives métropolitaines / Metropolitan prospects OSSREn 28-mars-avril 2006 n° / HORS SÉRIE the Congress,saysalpinegeographer The literarymodemostappropriatetosummingup challenge ofgovernance forourmetropolises andof Perben tition isnotthemostfruitfulofinter of cooperationandsolidarity The contradictionthatisoursaswesingthepraises in, struggleandsometimesgrowdevelopin. diction called"metropolis",thecontradictionwelive the summing-up,andit'sbacktothatmightycontra- "project" inStEtienne,"creativity"Lyon. Andthen The conceptsfly:"cosmopolitanism"inGrenoble, fire ofpleasurableindignation. well, maybespottingadragonortwobreathingthe lost inthelocal-globalforestyoualreadyknowso liked itselfverymuchbutisnowlearningto."Y and that'sall.You visitStEtienne, "acitythatnever collisions aredeftlyavoided–afewbrokenlances are contradictory, butinthistournamentfront-on the hero.Lotsofquestionstoo,andallanswers Lots offinewordsatthisCongresswhichyouwere polis gonehospitable. ghettoisation –the"risk"ofdignityforallinametro- our selfishnessanddeafness",–asacounterto service proletariat,ametropolisthatisthe"mirrorof nary", fearsomeBabEl-Oued,nomadicelites,the academics andotherstalkaboutthe"worldimagi doubts andhopes;whileatthetablessociologists, Casablanca andalotofotherplacestalkabouttheir t cosmopolitan metropolisthatworks.Onthescreens, T m hero's questisforcosmopolitanism–whichatleast is "thebookofwhichyouarethehero".And on by the stateorviametropolis. Inamessagepassed two approachestotherelationship withEurope:via The closingroundtablesawa confrontationbetween Dunkirk… the bookalittleatnextFNAUencounter–in make ourownjudgments.Andmaybetrytorewrite So let'sadmitthecontradiction,Vanier urges,and choices aretakingussteadilyinthatdirection. tionships evenasweacknowledgethatoursocial Heroes oftheurbanbook he mayorsofGöteborg,PhnomPenh,T he battletheherohastowiniscomingupwitha akes achangefrominternationalism. Pascal Lelarge , unabletoattend,acknowledged thecrucial , planningminister , knowingthatcompe- -territorial rela Martin VanierMartin Dominique ou get urin, - - , the excluded. our citiesareatoncehome totheintegratedand as therecentviolenceinFrance's banlieuesshowed, today's changedterritorialconfiguration, andthat, out thatnotallmetropolisresidentsfeelathomein form forexchangeanddialogue,whilepointing and "networkedfunctioning".FNAUpresident the needfor"transversalityofthinkingandprojects" based programme",the"freedomofproject"ethic, ciples", withspecialemphasisona"partnership- Agencies' chartierandlaiddownsix"guidingprin- ved manifestofromtheFNAUthatupdated The 26 Brussels, Bade-Würtemberghasanentirebuilding. Rhône-Alpes hasasimpleinformationofficein ned, buttheregion+metropolisone;andwhile Europe +Statecouplethatdrivesthingsnow, hewar- France's lagintermsofregionalisation.Itisnotthe Rossinot St Etiennemayor sident is noteasy. HereRhône-AlpesRegionalCouncilpre- has notruepublicpolicy respect oftheLisbonStrategygoals.T ployment. Thustheyaredraggingtheirfeetin time astheyarehometohigherlevelsofunem create morejobsthanotherterritories,atthesame rity for2007–2013.Paradoxically, sheadded,cities social andenvironmentalrenewalisabudgetprio urban policyintotheLisbonStrategyforeconomic, ment" isnowagreedon,shesaid,andintegrationof via theRegions.Thegoalof"integrateddevelop- had tobefoundforEuropeapproachurbanissues as urbanpolicyisnotaEuropeanresponsibility, ways Regional PolicyDepartmentremindedeveryonethat At thesameroundtable institutional andsocialgoals. t since theircreation,canbecountedontocontinue c local government,civilsocietyandtheindividual s role oftheplanningagenciesisnowanindispen- in minimisingsocialexclusionandspatialchaos.The potential isenormous,hesaid,providedwesucceed making themintotrue,livingcommunities.Their o dosoinaspiritofpartnershipandsharedpolitical itizen; andtheState,whichhasworkedwiththem able aspectofsoundgovernanceforpoliticians, th Jean-Jack Queyranne Congress closedwithaunanimouslyappro stressed thesuccessofeventasaplat- Michel Thiollièr , findingthenecessaryfunds Sylvie Harbur called attentionto e , butsinceEurope ger rue, admitted of theEU's André - - - , g n i d a e * r r

REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES e h t r u F

FURTHER READING / e i h

Ouvrages de référence Études et documents de recherche p a r g o

Antier Gilles, Les stratégies des grandes métropoles ; Agences d’urbanisme de la région du Havre, de la i l

enjeux, pouvoirs et aménagement, Paris, Armand Colin région grenobloise et de Clermont-Métropole, L'offre b i

(coll. “U”), 2005. métropolitaine française vue par les emplois métropoli- B tains supérieurs ; pour un rayonnement européen des * Cette bibliographie Ascher François, Métapolis ou l’avenir des villes, Paris, métropoles françaises, Paris, Fnau/Datar, oct. 2004. sélective a été établie par Pierre Gras (PGC) Odile Jacob, 1995. avec le concours du Agence d’urbanisme de Lyon, Plan Urbanisme club documentation de Bonnet Jacques, Les grandes métropoles mondiales, Paris, Construction et Architecture, Différences et inégalités la FNAU. Une Nathan Université (coll. Géographie d’aujourd’hui), 1997. territoriales, quel lien avec la mobilité ? Réalités et per- bibliographie complète ceptions vues à travers la planification et les discours des ouvrages édités par les agences Bourdin Alain, La métropole des individus, La Tour d'acteurs dans l'aire urbaine de Lyon, Lyon, Agence d’urbanisme (avec d’Aigues, éditions de l’Aube, 2005. d’urbanisme, 2002. résumé des ouvrages) est disponible sur le Jouve Bernard, Lefevre Christian, Villes, métropoles : les Agences d’urbanisme de Rhône-Alpes, Les processus de site Internet de la FNAU nouveaux territoires du politique, Paris, Economica, 1999. métropolisation ; synthèse bibliographique, Agence (www.fnau.org). d’urbanisme de Lyon, Epures, Agence d’urbanisme de la Lacour Claude, Puissant Sylvette, La métropolisation ; région grenobloise, Lyon, éditions du Certu, 2001. croissance, diversité, fractures, Paris, Anthropos, 1999. Lire aussi Claude Lacour, “Métropolisation et métro- Association des maires de France, Association des poles : la boussole et le compas”, in “Métropole en maires ville et banlieue de France, Certu, Centralités question, métropole en action”, supplément au maga- dans la ville en mutation ; quelles perspectives d’action zine Technicités daté du 23 octobre 2005, pp. 7-9. pour les pouvoirs publics ?, Lyon, éditions du Certu, 2003. Lévy Jacques, L’Europe, une géographie, Paris, Hachette- Éducation (coll. Carré Géographie), 1997. Lire aussi l’ar- Bury Jean-Claude, Métropoles et structuration du terri- ticle “La ville, un bien situé dans la mondialisation” in toire, rapport au Conseil économique et social, avril “Métropole en question, métropole en action”, op. cit., 2003 (consultable sur le site www.ces.fr). pp. 46-48. Desjeux Dominique, Le territoire vécu : pratiques et Masboungi Ariella, Bourdin Alain, Un urbanisme des représentations des habitants du Pays de Rennes, modes de vie, Paris, Éditions du Moniteur, 2004. Centre de recherche sur les liens sociaux, Agence d'ur- banisme et de développement intercommunal de l'ag- Négrier Emmanuel, La question métropolitaine ; les glomération rennaise, Paris, Université Paris V, 2004. politiques à l’épreuve du changement d’échelle territo- riale, Grenoble, PUG, 2005. Lire aussi l’article Fédération nationale des agences d’urbanisme, Les “Gouverner quelle métropole ?” in “Métropole en ques- forces et les faiblesses de l’offre métropolitaine fran- tion, métropole en action”, op. cit., pp. 37-40. çaise, in Les Dossiers FNAU n°15, mai 2004 (consultable sur le site www.fnau.org). Roncayolo Marcel, Lectures de ville ; formes et temps, Marseille, éditions Parenthèses (coll. Eupalinos), 2002. Iaurif, Grands projets d'urbanisme en Europe : dix études de cas, Paris, Iaurif, 2004. Rozenblat Céline, Cicille Patricia, Les villes européennes, analyse comparative, Paris, La Documentation française, Iaurif, Les villes pôles dans leur métropole : attractivité, 2004. qualité et gouvernance ; contribution à la préparation du colloque européen des 23 et 24 septembre 2004 à Cergy- Sassen Saskia, La ville globale ; New York, Londres, Tokyo, Pontoise, Paris, Iaurif, 2004. Paris, Descartes & Cie, 1996. Lire aussi son entretien avec Th. Paquot dans Urbanisme n°345, nov.-déc. 2005, pp. 67-74. Iaurif, “Performances économiques des régions euro- péennes”, in Cahiers de l’Iaurif n° 135, 2002. Spector Thérèse, Theys Jacques (dir.), Villes du XXIe siècle ; entre villes et métropoles : rupture ou continuité ? Insee, France, portrait social (2005-2006), Paris, Insee Synthèse du colloque de La Rochelle, 19-21 octobre (coll. Insee - Références), 2005. 1998, Lyon, éditions du Certu, 1999. Négrier Hervé (dir.), “Gouverner Métropolis Veltz Pierre, Mondialisation, villes et territoires : l’écono- (Amsterdam, Athènes, Barcelone, Londres, Montréal, mie d’archipel, Paris, PUF, 1996. Lire aussi l’article “À la Rome)”, in Les Annales des Ponts n°102, Elsevier édi- source des dynamiques de métropolisation” in teurs, avril 2002. “Métropole en question, métropole en action”, op. cit., pp. 50-52. Osganian Patricia, Bacqué Marie-Hélène et alii, “Libérale ou libérée ? La ville monde”, in Mouvements Vieillard-Baron Hervé, Les banlieues, Paris, Hachette- n°39-40, La Découverte, mai-juin 2005. Éducation (coll. Carré Géographie), 1996. Lire aussi l’ar- ticle “Quel avenir pour les habitants des marges ?” in “Métropole en question, métropole en action”, op. cit., pp. 58-60. ̈ ̈ ̈

mars-avril 2006 - HORS SÉRIE n° 28 / URBANISME / 73 REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES / FURTHER READING

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Télécopie : (33) 01 45 45 60 37 monumentalité et renouveau de la voie publique”, www.urbanisme.fr article paru dans le dossier “Espace(s) public(s)”, [email protected] in Urbanisme n°346, janv.-fév. 2005, pp. 56-58. Jourdan Gabriel, “Le processus de métropolisation et ses spécificités en PACA”, conférence “Les défis du Hors série n° 28 de la revue développement durable” (CERAM), Toulon, Agence URBANISME, mars-avril 2006, Négrier Emmanuel, Tomas Mariona, “Temps, pouvoir, publié à l’initiative de la Fédération natio- d’urbanisme de l’aire toulousaine, 2005. espace ; la métropolisation de Barcelone”, in Revue nale des agences d’urbanisme (FNAU). Il française d’administration publique n°107, 2003, pp. est rappelé que les textes signés n’enga- 357-368. RHÔNE-ALPES gent que leurs auteurs, à l’exception des titres, chapeaux, intertitres et légendes Agence d’urbanisme de l’agglomération lyonnaise, qui sont du ressort de la rédaction. Santacana Francesc, “Barcelone : l’impact du plan stra- Livret inter-Scot pour l'aménagement du territoire tégique métropolitain”, in “Métropole en question, métropolitain : vers un aménagement coordonné de la Rédaction en chef et coordination métropole en action”, op. cit., pp. 32-35. région lyonnaise, Lyon, Agence d’urbanisme, 2003. du hors série : Pierre Gras Secrétariat de rédaction, documentation, BIRMINGHAM Agences d’urbanisme de Rhône-Alpes, Schéma régional choix iconographique : PGC European Urban Research, The Attractive City, catalyst d'aménagement et de développement du territoire : Rédaction : Pierre Gras, Richard for economic development and social revitalisation, réflexions prospectives "2020, imaginons Rhône-Alpes" ; Quincerot, Olivier Réal, Serge Mouraret contribution des trois agences d’urbanisme, Agence (reportages photographiques et illustration EUR, 2005 [cet ouvrage collectif fournit d’intéressantes du numéro), avec la collaboration d’Anna comparaisons entre les projets de développement d'urbanisme de l’agglomération lyonnaise, Epures, Geppert, Gabriel Jourdan, Catherine métropolitain de Birmingham, Lisbonne et Rotterdam]. Agence d’urbanisme de la région grenobloise, Saint- Payen, Martin Vanier et Marc Wiel. Étienne, 2001. Révision : PGC Traductions et résumés anglais : ÉTATS-UNIS John Tittensor SGAR Rhône-Alpes, Agence d’urbanisme de la région Ghorra-Gobin Cynthia, Les États-Unis entre local et stéphanoise, Pour une Directive territoriale d’aménage- mondial, Paris, Presses de Sciences politiques, 2000. Directrice de la publication : ment de l'aire métropolitaine Lyon-Saint-Étienne : Sylvie Harburger Lire aussi l’article “Métropolisation économique et coûts REMERCIEMENTS études préalables à une directive territoriale d'aménage- Éditeur : Thierry Paquot sociaux : quelles réponses politiques ?”, in “Métropole ment de l'aire urbaine de Lyon, Saint-Étienne, Epures, [email protected] en question, métropole en action”, op. cit., pp. 23-25. Rédacteur en chef : Antoine Loubière 1999. Ce numéro hors série de la revue Urbanisme, consacré au thème [email protected] MÉTROPOLE LILLOISE SUISSE “Métropole en question, métropole en action”, a été réalisé à partir Conception, réalisation : Atelier transfrontalier, SPIRE, IGEAT, ISRO, Proposition e PAKENKO - (Paris Art Contemporain) Agence d’urbanisme de la région mulhousienne, des travaux de la XXVI rencontre nationale des agences d’urbanisme, de stratégie pour une métropole transfrontalière / [email protected] Université de Haute-Alsace, Le positionnement straté- Création graphique : Ontwerp van strategie voor een grensoverschrijdende organisée à Grenoble, Saint-Étienne et Lyon en décembre 2005, à gique de la région mulhousienne par rapport à l’agglo- Caroline Hartley metropool, Lille, Agence de développement et d'urba- l’initiative de la Fédération nationale des agences d’urbanisme, par le mération bâloise, Mulhouse, AURM, Université de Maquettiste : nisme de Lille Métropole, 2001. réseau des agences d’urbanisme Rhône-Alpes. Pascale Millan Haute-Alsace, 2004. Création visuelle de l’image de Conseil de développement de Lille Métropole, Quelle couverture : Comtesse Xavier, Van der Poel Cedric (dir.) et alii, Stéphane Toraldo (Agence d’urbanisme vision pour la métropole lilloise ? Trois scénarios pour la Il a été élaboré sous la direction de Marcel Belliot, délégué général Le feu au lac ; vers la Région métropolitaine lémanique, pour le développement de l’agglomération métropole (t. 1 et 2), Lille, Agence de développement et lyonnaise) Genève, Avenir Suisse/NZZ Verlag, 2006. de la FNAU, en liaison avec les équipes de trois agences organisatrices. d’urbanisme de Lille Métropole, 2004. Crédit photos : Il a été conçu, rédigé et mis en œuvre par une équipe de journalistes Agence LIN (p. 19), Architecture Studio Kübler Daniel, La métropole et le citoyen ; les agglomé- (p. 17h), DR (pp. 28h et b, 39b, 53h, 55h, 58h), Sinn Bruno, Vandermotten Christian, Albrechts Louis, professionnels réunis autour de Pierre Gras (PGC). rations urbaines en Suisse, vues par leurs habitants, Pierre Gras (pp. 47 à 51, 55b).Toutes les “Une métropole en réseau”, Les Cahiers de l'atelier Lausanne, Presses polytechniques et universitaires autres photos sont de Serge Mouraret. transfrontalier n°12 / “Een netwerk-metrropool”, Cahiers romandes (coll. Logiques territoriales), 2005. Les organisateurs de la rencontre tiennent à remercier le ministère van het grensoverschrijdend atelier n°12, Conférence Gérante : Sylvie Harburger Service comptabilité : Christiane Bocat permanente intercommunale transfrontalière des Transports, de l’Équipement, du Tourisme et de la Mer (DGUHC), la Office fédéral du développement territorial (ARE), Service abonnements : Lille Métropole, 2001. Région Rhône-Alpes, le Conseil général de l’Isère, Grenoble Alpes Rapport 2005 sur le développement territorial, Berne, Marie-Christine Belloche Ligne directe : 01 45 45 40 00 ARE/DETEC, mars 2005 [disponible en français, en alle- Métropole, Saint-Étienne Métropole, le Grand Lyon, les Villes de PARIS - ÎLE-DE-FRANCE Télécopie : 01 45 45 60 37 mand et en italien]. Grenoble, Saint-Étienne et Lyon, ainsi que les partenaires publics et Publicité : à la revue Apur, Paris dans l'agglomération métropolitaine ; contribution privés, pour leur participation à la réussite de cette manifestation. pour la révision du Schéma de développement régional de Salomon Cavin Joëlle, La ville mal-aimée ; représenta- Diffusion : Dif’Pop 21ter, rue Voltaire, 75011 PARIS. l'Ile-de-France, Paris, Atelier parisien d’urbanisme, 2004. tions anti-urbaines et aménagement du territoire en Tél.: 01 40 24 21 31/Fax : 01 40 24 15 88 Suisse : analyses, comparaisons, évolution, Lausanne, La FNAU remercie les auteurs de contributions, cartes, documents RCS Paris : 572070175 Apur, Politiques urbaines, tendances et évolutions du cœur Presses polytechniques et universitaires romandes (coll. d’étude et autres éléments d’information utilisés pour réaliser ce numéro. de l'agglomération ; Paris et les vingt-neuf communes Logiques territoriales), 2005. Impression : Monterreina S.A., Madrid limitrophes, Atelier parisien d’urbanisme, Paris, 2004. Elle adresse également ses remerciements à toutes les personnes ayant Commission paritaire : numéro 58332 aidé à préparer cette publication, ainsi qu’aux collaborateurs des agences ISSN : 1240-0874 Lefevre Christian, Paris et les grandes agglomérations Code TVA : FR-1357-2070175 membres du réseau des agences d’urbanisme de Rhône-Alpes. Dépôt légal : mars 2005 occidentales : comparaison des modèles de gouvernance, Extramuros, Ville de Paris, 2004. Lire aussi l’article URBANISME est éditée par la SARL les Publications d’architecture “Gouverner les métropoles européennes”, in “Métropole et d’urbanisme au capital en question, métropole en action”, op. cit., pp. 28-30. de 532 500 euros (groupe CDC)

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