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No 5 LES DISQUES Hiver 1978 REVUE MUSICALE 3Ie année VDE+GALLO de Suisse romande Organe de l'Association vaudoise des directeurs de chant Prochain numéro : ont pignon sur rue ! et de l'Association valaisanne des chefs de chœur Printemps 1979 au 46, rue de l'Ale Administration et service de publicité: 1003 Henri Cornaz, case postale 157, 1401 Yverdoo, 0024 1 21 23 27 . ... une petite boutique Secrétaire de rédaction : accueillante, bien achalandée, sympathique... Jean-Jacques Eigeldinger, Marnière 73,2068 Hauterive, 0 038133 32 36. consacrée essentiellement aux disques suisses (artistes et compositeurs) FOLKLORE- ENFANTS- ËDUCATIFS- RELIGIEUX - LITTËRAIRES (toutes marques) SOMMAIRE Une visite s'impose... Notes sur deux mélodies de Noël André Bourquin 216 En outre Georges Bizet, trois compositions d'adolescence Monique Muller 218 VDE + GALLO Frédéric Chopin Solange Clésinger 224 vient de créer Je Blanche Selva, artiste, pianiste et pédagogue Andrée Vidal 239 Hommage à Edgar Willems Valentino Ragoi 245 Entretien avec Jean Balissat Gilbert Bezençon 247 Chronique des livres François Brun 250 Courrier suisse du disque J. Viret, P. Gorjat, j CLUB DU DISQUE SUISSE j J. Matter 257 Notre couverture: Le Choral de l'Avent Nun Komm' der Heiden Heiland dans sa pre­ consacré à la mière version imprimée (Erfurter Enclziridion, 1524). défense et à l'illustration des enregistrements d'artistes de notre pays (classique - variétés) AVIS A NOS ABONNES! En adhérant au CLUB, vous bénéficierez de Le prix de l'abonnement à notre revue est resté le même depuis 1975. Si les nombreux avantages de prix et d'information frais d'impression se sont relativement stabilisés depuis quelques années, d'autres (obligation d 'achats très limitée)) charges ont augmenté. •••••••••••••••• • ••• •••••••• 111 ••••••••• • •••• 1111 •••••• 1 • • • • • ••• • ••••• • ••••••••••••• 11.1 •••••• •• Nous aimerions pouvoir continuer à défrayer- nous n'osons dire rémunérer A détacher et à adresser sous enveloppe à : - nos rédacteurs qui font, de l'avis de tous, un excellent travail. Aussi avons­ CLUB DU DISQUE SUISSE, 46, rue de l 'Ale, Caae 198, 1000 LAUSANNE 9 nous décidé de fixer les prix d'abonnement de la manière suivante : Veuillez me faire parvenir gratuitement et sans engagement : Suisse: Fr. 24.- : Fr. 27.- Autres abonnements : Fr. 33.­ 0 une documentation sur le CLUB DU DISQUE SUISSE Le bulletin annexé vo11s permettra de régler dès maintenant votre abonnement U votre catalogue général pour 1979. Nous vous remercions pour votre fidélité. L'administration

NOM: ...... Prénom : REVUE MUSICALE DE SUISSE ROMANDE, SOCI ~Ttl COOP~RATIVE. Conseil d'adminis· Adresse : ...... tration : Bernard Schulé, Genève, président ; André Nicolet, Morges, secrétaire ; Henri Cornaz, Yverdon, caissier; Aline Baruchet-Demierrc, Sion; Daniel Buffat, Lucens; }.-Roland Hippenmeyer, Localité : ...... N° postal : ...... Genève; Pierre Kaclin, Fribourg ; Jeanne Marthaler-Vuilleumie.r, La Chaux-de-Fonds; Louisa Meylan, Morges ; François Page, Fribourg; Paul Piguet, Lausanne; Constantin Regamey, Lausanne. Date: ...... Vous pouvez aussi téléphoner au (021) 22 80 24. A bonnement annuel, 5 numéros. CCP 10 - 159 91 Lausanne. 215 Viens maintenant, Sauveur des païens, Notes sur deux mélod.ies de Noël Recon;1u comme fils de la Vierge. C'est afin que le monde entier s'émerveille par André Bourquin Que Dieu lui a commandé de naître ainsi.

M. André Bourquin, organiste au temple du Locle et chef de chœur, :~ * * prépare un ouvrage sur l'origine et les transformations des textes et mélodies qui figurent dans Psaumes et Cantiques, l'actuel recueil de l'Eglise réformée romande (Lausanne 1976). Cet ouvrage est à paraître aux Editions de la D'un cœur joyeux, chantez; Psaumes et Cantiques No 266 Thièle. M. Bourquin a bien voulu nous en donner la primeur à travers ces (Nun singet und seid froh) notes sur deux mélodies, la première pour le temps de l'A vent, la seconde pour Noël.

Viens à nous, ô Rédempteur; Psaumes et Cantiques No 245 (Nun komm der Heiden Heiland) 1 } ~ 2 J ,J j J J J , r Ê r r ,). d ~ ' , ~ ' Il est l'Ad- mi - ra ble, Né la IS~U - vre - te.- r Un- sers Her-2en.s 'k0n - ne Jiegt der J'.np·pen b!o5s --- Jé.. /Ju:...Chri5t,r· \-vinf r Sau-veur!r r da-Jun!J.fmu- en Kind ~r-knnr; J r r r r A. A ' J J :J ,J J Jjdi&J Tré-.sor in - com- ~ - "' - ble Sa. lut im -.mé - ri - t~. --­ ~~ r r r r cmd h•urht' dtxh ..?!s ilù .5nn - .111 ' in ..lti- n,r Mut - ftr Scfu,.. $. -- Tou:; ~u-pi- rent a - P,~- toi. Viens ré-P<)ndre .i ~o - tre foi !i9 da$' .sien wun- der .al - le_ ~tt, Goff' .sokh Ge - burt ifzm_ be - .ste/Lt. >j <1'•~· l.S.'i'i.w~~. 1'3' J J J :J ,, Il Gloi.re au J)iJ!u très - haut !_ 6loirtb elu J)Aieu trh - haut ! (J:Op.'P.rMo"") Du bi:st Ji und 0, -- du i~t und O. L'origine de cette mélodie est l'hymne Veni redemptor gentium d'Am­ broise de Milan ( t 397) : L'origine de ce chant remonte au XJVc siècle. Il faisait partie d'un Mystère joué et dansé à la fête de saint Michel. Les anges dansaient au ..... son de cette musique. Le texte mi-latin, mi-allemand, était antiphoné :

, 1 • • • • • • • . • • • In du/ci jubilo Dans une douce joie Ve.- ni, re- demptor gen- ti- um, Os - ten-de par-tu'l1 v ir- gi - ni:~ Chantez maintenant et soyez heureux. Prae-se - ~ .iam fui- get tu - um lu-men qur. nox .5pt-r.at no - vum. Nun singet und seid froh! Unsers Herzens Wonne La félicité de notre cœur Leit in praesepio est couchée dans la crèche ' & • • , : ' • • -=- 2 • • • : -·<• ~ ::. • • -. '• Il Und leuchtet als die Sonne et resplendit comme le soleil Mi-re-tur om - nt -'Ge-cu - lum 'Id-lis de-cet par- tu~ De- urn. Matris in gremio dans le sein de sa mère. Quod nul-la no.x- in-ter-po - let Ti-de~que iu - gi _ lu- ce - at. Ergo merito, ergo merito Tu es alpha et omega. (changé plus tard en) Alpha es et 0 Martin Luther en a traduit le texte latin et adapté la mélodie. On remar­ quera, dans son adaptation, que les notes de la quatrième phrase sont reprises Au xvc siècle, ce chant (de quatre strophes) é~~i t connu dans toute de la première. l'Allemagne, et des manuscrits du XIV0 ~t du XVc Stecles a~parten~nt aux Traduction littérale de la première strophe de Luther : bibliothèques de Leipzig, Breslau, Mumch, montrent les dtvers dtalectes 216 217 dans lesquels il a été chanté. On connaît même une traduction hollandaise entre les deux morceaux, plusieurs points sont à relever : la forme lied, du xvcsiècle. ABA ; les deux mesures introductives de main gauche ; la tonalité de do La mélodie de Nun singet und seid /roh a paru pour la première fois majeur ; le départ de la mélodie à la tierce, mi (procédé qui s'inscrit de dans un psautier en 1533 : façon générale, chez Bizet, dans un affaiblissement tonal dû à l'évitement de la tonique au bénéfice de la tierce ou de la quinte) ; l'alternance majeur/ Geistliche Lieder, auffs new gebessert, Wittenberg, Joseph Klug. mineur ; l'emploi fréquent de pédales de basse ; l'écriture de la main gauche en accords répétés, dans la partie centrale ; la présence de deux codas, l'une La version mi-latin, mi-allemand a été utilisée jusqu'au XIXc siècle. terminant la partie B, l'autre concluant le morceau ; certaines analogies Mais auparavant, les Frères de Bohême avaient publié, en 1531, une version rythmiques : complète en allemand : celle utilisée de nos jours par les protestants de 2 langue allemande date de Hanovre, 1653. thème A de la Romance du Magasin des familles: (918) d. J J' \d. Georges Bizet thème B de la Romance inédite: (C) Trois compositions d'adolescence J.. } 1 d par Monique Muller Cependant, sur plusieurs points, et au travers même de certaines de ces Compulsant la collection partielle du Magasin des familles à la Biblio­ analogies, on constate l'évolution qui sépare ces deux Romances sans paroles. thèque Nationale de , le spécialiste français de Bizet, M. Michel Poupet, Bien que chacun des deux thèmes s'insère dans un ambitus relativement a découvert en 1977, au supplément Album musical, trois petites pièces de restreint, celui de la Romance inédite se libère dans de larges cadences à la Georges Bizet adolescent : une Romance sans parole et une Polka-masurka Chopin, alors que celui de la première Romance se meut prudemment en [sic] pour piano, ainsi qu'une Méditation religieuse pour grand orgue, har­ valeurs moyennes et toujours mesurées. Malgré la présence commune d'ac­ monium ou piano. Bizet étant désigné, en tête de ce dernier morceau, cords répétés à l'accompagnement, l'élément de contraste entre partie A comnie « 1er prix du », la publication doit dater du et partie B est beaucoup plus poussé dans la Romance inédite que dans début 1853 1, les trois morceaux - par ailleurs étroitement apparentés sur celle du Magasin des familles. L'on en jugera aux citations suivantes : plusieurs points - ayant toutefois pu être conçus antérieurement. C'est sans doute par l'entremise de son· père, Adolphe Bizet, qui avait collaboré 1. Romance inédite, thème A, quatre premières mesures : au Magasin des familles (cinq valses), que le jeune compositeur a été solli­ cité de publier ces pièces. Bien que ces œuvrettes de commande ne recèlent pas en. elles-mêmes un intérêt musical considérable, il est frappant d'y lire en _clau des tendances qui, au travers d'œuvres légèrement postérieures, dev1endront des lignes de force du langage de Bizet adulte. C'est probablement sous l'influence de Mendelssohn que le jeune auteur a choisi le titre de Romance sans paroles, qu'il devait donner encore à une 2. Romance inédite, thème B, deux premières mesures : autre pièce d'adolescence et faire réapparaître plus tard dans le sous-titre d~s Ch~nts du Rhin (1868) : Lieder sans paroles. Forte de quelque quatre­ vu;gt-.dtx mesures, la Ro'!101~ce sans paro_les du Magasin des familles appa­ ratt bten comme un prem1er Jalon de la demarche qui conduira Bizet à écrire la seconde œuvre du même nom, restée inédite, de dimensions plus modestes mais dont l'élaboration musicale et la liberté d'écriture attestent une maturité remontant vraisemblablement à l'année 1854. Au chapitre des ressemblances

2 1 Mètre et formule rythmique identiques à ceux du Th~me brillant, également des Bizet a obtenu son 1er prix de piano fin 1852. années d'adolescence. 218 219 3. Romance du Magasin des familles, thème A, quatre premières mesures : parmi les morceaux d'adolescence de Bizet, cette pièce porte un titre hété­ :- - - . ~ > ronome, c'est-à-dire suggérant un contenu extra-musical lié aux intérêts individuels du compositeur, à ses goûts ou sentiments personnels. D'ordi­ naire, le jeune Bizet utilise des titres autonomes, objectifs de nature et fai­ sant usage de termes ou d'expression familiers aux musiciens. Bien que le goût de Bizet pour ce qui touche à l'Espagne ait pu être éveillé déjà à ce moment-là, il est probable que le titre de « Casilda » relève plutôt d'une 4. Romance du Magasin des familles, thème B, quatre premières mesures : initiative de l'éditeur. Par contre, le sous-titre de Polka-masurka est certaine­ ment le fait de Bizet et révèle l'attitude souvent floue du compositeur con­ cernant l'adéquation entre titre et musique: le terme de polka (danse à 2/4 de tempo animé) n'a que faire dans cette petite valse au tempo modéré et dans laquelle le terme de mazurka doit se comprendre en hommage à Cho­ pin. De forme également ABA (B étant constitué de deux épisodes), cette L'on relèvera, dans l'exemple 2, l'effet produit par la conjugaison de pièce comporte un thème A banal, mais où apparaissent deux formules l'emploi du mode mineur, d'une plus grande tension rythmique par rap­ rythmiques port au thème A, et de la présence, juste à ce moment-là, de la pédale de basse. Les partis adoptés dans la Romance du Magasin des familles sont nettement plus faibles : présence de la pédale de basse (source de tension) pour accompagner un thème A relativement détendu. (cf. ex. mus ..3), guère plus de tension rythmique dans B que dans A, e~ploi ~u mode maJeur dans les deux thèmes (Bizet n'utilise l'alternance maJeur/mme.ur que dans deux mesures de tr~nsition). Sur le plan de l'écriture polyphomque - ~u travers que Bizet emploiera largement dans la Grande Valse brillante de 1854, de laquelle Bizet attestera tant de fois ses prédilectiOns schumamennes - ainsi qu'un goût pour les petites notes de passage dont abonde le Premier l'on note que la Romance inédite présente plusieurs exemples (notamment Caprice original (également des années d'adolescence). Contrairement à la dans la coda de la partie B) alors que l'autre n'en offre qu'une tentative R omance sans paroles du Magasin des familles, c'est ici la partie B qui est (cf. ex. mus. 3, mesures 2, 3, 4). En ce qui concerne. 1~. in~ications de la plus significative ; la première idée atteste une tendance qui deviendra nuances, la comparaison entre les deux morceaux est dtfftcile a établir, la un des atouts majeurs du langage de Bizet : l'emploi du chromatisme sur profusion de nuances qui jalonnent la Romance du Magasin des familles pédale harmonique. pouyant fort bien relever de l'éditeur : en effet, la production pianistique du 1:~e Bizet atteste, à cet égard, une grande sobriété, voire parfois de la negligence. Même remarque pour les indications de tempo et de pédale. Il faut relever cependant que le jeune compositeur précise sa pensée, dans la R?mance inédite, par des expressions telles que rapido brillante ou con grazra, et qu'il utilise à deux reprises le point d'orgue - éléments tous deux absen~ de l'autre Romance. Enfin, l'écriture pianistique montre une diffé­ rence 1D1portante entre les deux morceaux, la Romance inédite nécessitant Au travers d'œuvres lyriques (par exempté, fin de la scène 1 des Pêcheurs dans .les cad~nc_es~ une vélocité poussée, alors que l'autre se maintient dan~ de perles) vocales (Adieux de l'hôtesse arabe) ou pianistiques (Nocturne un ruveau pianistique moyen. en fa de l854 coda de l'Aurore, thème des Variations chromatiques), ce Si la partie B de la Romance inédite a laissé des traces importantes dans procédé sera p~ussé à son point extr~me dans la septième. Va:ia~~n chroma­ la production ultérieure de Bizet (Coupe du Roi de Thulé thème de Frederi tique (1868): le quadruple chromatisme en sens ~ontrru~e msere d ~s des d~ns L'Arlésienne), la Romance du Magasin des famill~s n'est pas tout à pédales de do provoque des rencontres harmomques echappant a toute ~att sans descendance : sa coda terminale rappelle, par le chromatisme analyse univoque. 1,nteme à la main gauche et l'écriture en arpèges, la coda terminale de Quant à la seconde idée de la. dans c,:tte Mazurka,. elle 1 Aurore (Chants du Rhin, No 1). partie~' d~note une tentative d'écriture polyphoru9ue qUI, pou,r n etre pas a~ssi. c~argee et ~a Polka-mas!trka publiée dans le supplément musical du Magasin des rapide que dans la Valse en ~o maJeur op. 1, n en est pas motr:t~ mteressante /amr/les porte le titre de « Casilda », sainte espagnole fêtée le 9 avril et dont en ce qu'elle recèle une éqUivoque, sauf dans les deux derrueres mesures, le portratt par Zurbarao figure au Prado de Madrid. II est suspect que, seule quant à l'identité de la voix mélodique : 220 221 Les manuscrits de Bizet ayant été disséminés à son décès, il est probable que des partitions, pianistiques entre autres, continuent à être découvertes au hasard des recherches en bibliothèques, de ventes aux enchères ou chez des marchands d'occasion. L'on ne saurait d'ailleurs trop le souhaiter, ne serait-ce qu'en vue de compléter un catalogue qui, en l'état actuel des con­ naissances, compte de notables lacunes. n est cependant peu vraisemblable que des découvertes ultérieures viennent apporter des modifications signi­ ficatives dans un développement esthétique qui, tel celui de Bizet (et peut­ être en fonction du court laps d'existence du compositeur), est marqué au li fa~t .noter enfin que .les nombreuses barres de reprises qui jalonnent sceau de la cohérence et de l'approfondissement. En effet, des morceaux chaque episode de ce petit morceau sont probablement dues à l'éditeur d'adolescence aux œuvres d'adulte, et, à l'intérieur même de ces derniers, Bizet n'ayant pas coutume de répéter sa pensée avec une telle insistance. ' au travers des grandes phases créatrices marquées par les Chants du Rhin, La Méditation religieuse parue dans le Magasin des familles s'inscrit dans les Variations chromatiques, le Nocturne en ré majeur et les Jeux d'enfants, un genre qui devait occuper Bizet tout au lono de sa vie tant au travers nul bouleversement, mais bien plutôt l'approfondissement de quelques sillons de transcrip~ions. (_qua}r~ ,motets et hymnes, q~elque cent' vingt morceaux dans lesquels le compositeur précise, t~ujo~rs. plus sa pensée. Ain~i, dans ~e pour le servtce dtv~n, edttes par Choudens en 1881) que d'œuvres originales domaine harmonique, les tendances a 1 affrubhssement tonal que BIZet marn­ (Te Deum pour soh, chœur et orchestre, 1858; un Hymne, 1867; un cantique feste dès ses premières compositions (voir plus haut le commentaire de la La_ mpr~ s'avance, 1869; une mélodie L'esprit saint). Le fait que le morceau Romance sans paroles du Magasin des familles) ne feront que s'affirmer, smt ecnt pou: grand orgue, harmonium ou piano n'a rien non plus pour tout au long de sa production, étayées par des moyens de plus en plus raf­ surprendre~ B1zet ~tant entré en 1852 encore, presque simultanément avec finés: chromatisme, ambiguïté de l'accord de septième diminuée, accords son le~ pnx de P.Ian~, .dans la classe d'orgue de Benoist au Conservatoire dont l'orthographe ne correspon~ pas} ~'.éc~ute. ou l_ai~sent ouve~e la pos­ ~e Pans.. Il devrut d ~Ue~. :onsacrer plus tard à l'orgue expressif (soit sibilité d'écoutes divergentes, et JUsqu a 1 mdicauon, a 1 armure, dune tona­ l harmoruum) ,la .preiOlere ed~b~:>n des Trois Esquisses musicales (1858 ?), lité sans que cette dernière apparaisse au cours du morceau. Dans le ~arue chez ~egruer-Ca?aux, editeur de musique religieuse (la seconde édi­ domaine mélodique, Bizet révèle, dès ses morceaux d'adolescence, que tiOn, pour piano, deva1t paraître chez Heugel en 1866). malgré quelques trouvaille~ he~reuses, il n'est pas le mélodi~te à la rép~ta­ tion fondée sur quelques a1rs celèbres. Dans tou~e sa pro.ductiOn. a?ulte, 1 on à . ?crite en style polyphonique quatre voix, la Méditation religieuse constate que la mélodie est souvent esclave de 1 harmome (Vanatwns chro­ reJomt. la Romance sans paroles et la Polka-masurka par sa tonalité de matiques, par exemple), Bizet all~t m~me jusqu:à un e~fr:ïtement mélo,~ique do maJeur, sa fo~e ABA (1~ partie B étant toutefois écrite en fa majeur), par petites bribes (Nocturne en re maJeur) ou a un ventable absenteisme, s~s cas de chrom atlsm~ sur pedale de basse (il y a également ici un chroma­ la « mélodie » n'étant suggérée que par une broderie ~emant ses contours ~sm~ de basse. sur pedale de soprano et d'alto), une formule mélodique («Bulles de savon », Jeux d'enf.a~~s, ~o 7). En ce qm co~~erne la fo~e, Identique à la fm de la partie A et à la fin de la Romance. On constate une Bizet atteste une certaine stab1hte liee aux formes traditionnelles : lied, X:Upture de, carrure dans le thème A, dont l'antécédent compte, comme à rondo variations. A J'intérieur de ces formes, cependant, les cas d'irrégu­ 1 ~ccoutumee, quatre mesures~ tandis que le conséquent n'en a que trois. larités' de carrure relevés plus haut se précisent et s'amplifient dans des B1en. que cette rupture .ne SOit pas exempte, ici, de maladresse, elle n'est œuvres de maturité comme le Nocturne en ré majeur ou les « Quatre Coins » certameme~t pas le fa1t du hasard, la production adolescente de Bizet (Jeux d'enfants, No 8). Dans Je .domaine rytbpùque, l'attitude convention­ comptant, a cet égard, d'autres cas d'irrégularités (Prélude op. 2 No 4, nelle du jeune compositeur ne !att qu~ se c:_onprmer plus !ard : la. recherche cadences de la Romance sans paroles inédite, coda du couplet deux dans en cette matière n'est pas le fa1t de B1zet, a 1 ~xceptton d Uf1 ca~ mtéressant la Grande Valse de concert, exposition thématique partielle de cinq mesures dans « Le Volant » (Jeux d'enfants, No 5), ou le ry~e a trOIS temps .est dans le ,Noctur?e en fa ~e 1854). Il faut relever, dans la partie B, la pré­ ressenti plutôt, à l'écoute, en .Péri,odicit~ binaire. ~nfin, ?ans l'adéquatiOn sence .d appoggt~tures, d un mordant et d'un gruppetto, procédés d'écriture entre titre et musique, les partis tres variables que 1 <;>n releve dan~ l,e~ ~or­ que Btzet, affectJOnn,era t~ute sa vie, et dont il ne craindra pas, jusque dans ceaux de jeunesse demeurent tels d~s 1~ p~od~ctwn de matunte . Sl 1~ les Jeux. d enfants, ?associer le caractère quelque peu vieillot à une recherche relation est généralement floue, subtile, difficile a cerne;, elle peut tout a ha~oru.que a~d~cteuse. L~ longs accords en blanches, qui terminent cette coup se révéler étroite(« Tro.mpett~ e~ tambour», ~eux d enfan.ts, N? 6) ou, Mé~Itatton reltg1euse et dotvent se jouer « le double plus lent » nécessitent au contraire toucher au défi (Vanatwns chromatiques, « Cohn-mrullard », m,antfestement ~' éclat d'un son tenu et ne sont pas sans presse~ tir la série Jeux d'enfa~ts, No 9). A cet égard, la ?écouverte des pièces. manquantes d a~ords subtJ!s que Bizet insérera plus tard dans la dernière page de d'un cycle sans doute inspiré par les F~tes gala~tes de Verlame (o.n pc:s­ Manne (1868 ?). sède les morceaux 3 et 5) ne manquerait pas d etre du plus haut mteret. 222 223 Frédéric Chopin Souvenirs inédits par Solange Clésinger

Le texte qu'on va lire constitue rm docu­ togruphe de Solange, qui est vraisembla­ ment curieux à plus d'un titre. JI a été blement tm brouillon partiel de notre rédigé sur le tard par Solange Clésinger, texte (No 348 du Catalogue: cc Notes de née Dudevant (1828-1899), la fille de Solange Clésinger sur Chopin. 1 f. recto George Sand. Pour situer ces souvenirs er verso. - A M. Pierre Monart »). 011 Y dans leur juste éclairage, il convient de relève en effet des phrases similaires ou rappeler les sentiments d'hostilité qui ont très voisines de celles qui se trouvent en fortement marqué les rapports de la mère fin de paragraphe 4 et début de paragra­ et de la ji/le, en qui le ressentiment ne phe 5 du texte publié ici. La page initiale s'était pas éteint, même après la mort de de celui-ci porte le titre Frédérick Chopiu, O. Sand. On sait éga/emellt que les pré­ tandis que le carton qui lui sert de cou­ mices du mariage de Solange avec le verture présente l'inscription, de la main sculpteur Clésinger ont servi d'élément de l'auteur. Notes sur la mort de Chopin 1 catalyseur dans la rupture survenue en par Solange Clésinger 1 document impor­ 1847 entre la romtlncière et Chopin, qui, tant 1 non èonnu. L'authenticité du docu­ lMs de dissensions familiales, avait osé se ment, confirmée par M. O. Lubin, est at­ ranger aux côtés de la fille contre la mère. testée par une note de Roger de Garate Solange ayant vécu plus de dix ans dans (ancien secrétaire de la Société des Amis l'entourage immédiat du compositeur, so11 de George Sand), qui précise : ce qui est témoignafle revêt un caractère assez pri­ coupé, c'est Aurore Sand [Mme Lauth, vilégié, fl condition d'être replacé dans petite-fi/le de O. Sand et nièce de Solan­ la perspective affective - et clrronolo­ ge] qui l'a coupé devant moi. Des ci­ gique - dans laquelle il a été écrit. JI seaux vigilants ont en effet découpé en renferme notamment des notations pré­ maints endroits du manuscrit, des phrases, cieuses sur le caractère de Chopin, sur fragmems de phrases, voire des paragra­ ses goûts artistiques et sur ses derniers phes emiers. Ces coupures sont précisé­ moments - objet de récits controversés. ment pratiquées dans des contextes qui ont Une lettre-souvenirs adressée par Solan­ trait de près à G. Sand et qui ont été ge Clésinger à Samuel Rocheblave en date jugés ft trop durs» par la petite-fille de la du 19 janvier 1896 a été publiée dafls 1111 romancière. Le premier fragment détruit article de S. et D. Chainaye («Chopin et porte même les traces de la flamme! la fille de George Sand. Documents iné­ Dans l'édition de ce texte_, nous avons dits», Revue des Deux-Mondes, Jer dé­ signalé ces amputations par des points de cembre 1957, pp. 500-503). Nous devons à suspension continus sur une ligne. Ortho­ l'amabilité de M. Georges Lubin, l'éminetll graphe et ponctuation de l'original ont été spécialiste de Sand, la communication de rétablies selon les normes en usage quand la phrase conclusive de cette lettre, phrase elles étaient fautives (noms propres en non reproduite dans l'article cité: ft L'an particulier) ou défectueuses; les arc/raïs• passé, j'ai écrit (pour une demande) une mes de l'auteur olll été respectés. Il nous 1·ingtaine de pages sur lui [Chopin]. Elles a paru utile de situer brièvement en notes ont été trouvées trop dures (vous devinez les personnages cités, dans la mesure oii pour qui [0. Sand]) et travaillées.» No­ ils ont principalement trait à /'entourage tre manuscrit comptallt vingt-six pages, de Chopin. L'autographe du texte de S. écrites recto seulement, peut être idelltifié Clésinger est conservé à la Bibliothèque avec ce texte, et donc daté de 1895. A Nationale de Paris, Départemelll de la l'exposition George Sand, Visages du Ro­ Musique, sous la cote: Rés. Vmc. ms. 23. mantisme présentée en 1977 par la Biblio­ thèque Nationale de Paris figurait 1111 au- Jean-Jacques Eigeldinger 225 224 Chopin âme d'élite, esprit char­ ! mière audition ? Les femmes, les en­ Il s ont été conservés sur un exem­ vite. La désolation de la patrie sacri­ mant, enjoué aux heures où la torture fans (le jeune Filtsch 4 mort si tôt!) plaire donné par lui s. fiée plane sur la plupart de ses œu• physique lui laissait quelque répit. apportaient un sens plus fin que les vres. Ses Mazurkas plus tristes que Distinction innée, manières exquises. TI était né à Varsovie à l'époque talents masculins à la traduction de joyeuses n'indiqu~nt-elle~ pas des Sublime et mélancolique génie ! La du désastre de la Pologne. Martyr cette musique céleste, même lorsque lui-même d'une santé perdue au ber­ souvenirs de la v1e rustique de la droiture, l'honnêteté la plus pure, la leurs doigts n'égalaient pas l'agilité Vistule ? Les Préludes ne sont-ils pas délicatesse la plus fine. La modestie ceau il associait sa propre souffran­ et la force d'une main plus exercée ce à' celle de la patrie déchue. II ra­ d'harmonieuses lamentations « Super de bon goût, le désintéressement, la et plus solide. Car il ne s'agissait pas flumina Babylonis... » ; les Noctur­ générosité, le dévouement immuable. contait qu'enfant et déjà produit dans de taper fort, de cavatiner avec har­ les salons comme un petit prodige, il nes des plaintes inconnues ? Les Po­ Une âme d'ange, jetée sur la terre diesse et dextérité. Liszt rendait maJ avait joué devant le ~ran~-Duc lon~ises ne représentent-elles pas le en un corps martyrisé pour y accom­ ces mélodies adorables. Il les sabrait. · Constantin o. Celui-ci l'avrut pns sur menuet solennel des vaillants ma­ plir une rédemption mystérieuse. Est­ Il fallait, sans cogner, sans frapper, gnats des superbes Palatines, inter­ ce parce que sa vie fut une agonie ses genoux pou~ _le , care~ser ~t le sans casser, tirer d'un instrument in­ complimenter. Srust. d ef~r~t et d ~or~ romp~es par des alertes, des départs de trente-neuf ans que sa musique est grat Je son terrible et vibrant de la pour le combat, de fiers élans de pa­ si élevée, si suave, si sublime ? On reur, le gamin avrut retire et brusse colère, de la détresse, de la victoire la tête pour éviter l'accolade mosco- triotisme? Sa Marche funèbre est di­ a mis une lenteur injuste et sotte à ou de la défaite. Sous les doigts sou­ gne d'un héros, avec son chant subli­ reconnaître en lui un grand Maître. ples et nerveux de la petite main me coupé par le roulement sourd d~ 3 Cet exemplaire n'a pas ~tE retrouv6 _jus­ Si l'on a trouvé à ses œuvres le tort pâle et frêle de Chopin le piano de­ qu'ici (renseignement aimablement communtfué tambour voilé de crêpe et le brutt de ne pouvoir être interprétées par le venait une voix d'archange, un or­ par le spécialiste de G. Sand, M ..Gè eorrcs 1!; pesant et sinistre du cortège guer­ premier industriel venu en doubles b'•n) G Sand est donc la prerru re av0 1 chestre, une armée, un océan en pourvu· · les Préludes d c Ch 0 P10· d' un commen-., rier? Elle est palpitante de détresse, • 1" ' • • ~nt par là une m:tmere croches, et comprises par le vulgaire, furie, une création de l'univers, une tatre ltteratre, m:tugu, ~ à Alfred cette Marche que l'on joue mainte­ c'est qu'elles étaient distinguées, ori­ fin du monde. Quelle majesté divi­ de tradition (on pense notamm~nt nta- nant aux enterremens de rencontre ginales, géniales (selon un mot mo­ Cortot, lui-même précédé par d autres te ne ! Quelle puissru1ce des élémens, tivcs analogues). l Clé • er et dans les régiments, sans la com­ derne). Ce blâme est un éloge. Qui quels cris de désespoir ! Quels chants Les diverses expressions de So an~c smg.. prendre absolument. La voix navrée (à artir de • [ ... ] le piano devenait une vbtx ne l'a entendu, lui, ou à défaut, une de triomphe ! Quelle grâce suave, cÏ'a~change [ •.. ] •) sont précisément au nom r; qui s'élève vers le ciel n'est-elle pas de ses élèves préférées : Madame la quelle tendresse angélique, quelles de vingt-quatre, soit celui des Préludes opd 28 · déchirante et grandiose ? La grâce Il princesse Marcelline Czartoryska 1, infinies tristesses ! Quelle marche fu­ sc pourrait que Sola!"'gc, . au momcÎt e sa élégante des Valses a_c~èv~ de .~on: rédaction eGt en mémoire smon soèus cs y~ux Melle O'Meara 2, Melle de Rozières 3 A A ) nèbre ou triomphaJe ! Quels rayons ccr~ains : titres • donnés par sa rn re, ct sen ner la mesure d'un geme st vane, st ne connrut meme pas le genre de sa de soleil sur les fleurs épanouies, sur soit • lus ou moins inspirée. En t?ut cas, o.n complet en sa brillante originali.té. musique. ne fut qu'~tre frappé par l'analog•e. de certat- C'est un génie à part, totalement m­ le fleuve scintillant, sur la vallée de nes P.1mnscs de Sol•nge" • pour c:tracténscr lad muG- Certainement la publication de citronniers embaumés Quelles lar­ si uc de Chopin, avec le fameux texte e . dividuel et précieux. C'est une âme q d é à l'c'"oCation des Préludes de S an consacr • • ] é · qui s'exprime. ~t qu_i s'ex~~me aussi l'éditeur ne rend pas complètement mes au fond du cloître humide ! Chopin : • Le cloître [de Valldcmosa [ tat t~~~ toute l'originalité et le charme que Quels hennissements impatients du lui plein de tcrteurs et de fantélmes ... o rtes bien avec la seduct~on dehcate que ses adeptes savaient en tirer. Beet­ cheval de guetTe, quels combats de là qu'il a composé les plus belles de ces c ud par la force magistrale. pages qu'•'1 •tntltu · 1 :tlt · mo d estcmcn 1 • t des pré 6 1ntenu es.t hoven et Bach sont-ils si simples à paladins ; quelles danses villageoises Cc sont des chefs-d'œuvre. p U~tcurs r sc é t Son caractère était celui d'un ma­ exécuter et toujours compris à pre- ou seigneuriales (quels menuets) in­ à la cns~e de: visions de momes tr _pass .s e Jade. Gai cordial, animé quand il i•audi~ion des chants funèbres qui l'ass•ég~al•enl t!t. terrompues par le cliquetis des ar­ d'amrcs sont mé1 anco 1 .tques .ct suaves d '• t és uu ne souffr~it pas trop. Mélancolique 1 MarceHna Czartoryska, née Radziwill mes ou le canon de la citadelle. Et vc113ient aux heures de solct\ cf ; san:u· s~ n et découragé l orsq u~ le m~l le ~erras­ (1817-1894) ; unanimement reconnue comme le quelles mélancoliques gouttes de br.uit ~u rire d ~s enfants sous d cnci~~~u·x sous sait. Comme sa mu s 1q~e, 1_1 étaJ_t ten­ plus fidèle reflet de son martre. lomtam des gwt:trcs, au ch:tnt d cs 0 • oses pluie tombant une à une sur les daJ­ la feuillée humide à la vue es petites r • dre et passionné. Il !russ~Jt V~>tr ?es 2 ' · [ J Sa compost- Camille O'Meara, plus tard Mme Dubois Ies du jardin de la cellule! George pâles épanouies sur la ne1ge. ··· d singularités, de_s partt ~ pns ne_s d u!l (1830-1 907) ; sans doute la meilleure élève tion de ~e soir-!:\ érait bien pleine . cs gouttes • française • de Chopin. Dans la deuxième moi­ Sand avait donné un titre à chacun de pluie qui résonnaient sur les twlcs. sondoress rien, des aversiOns voilees rna1s opi­ tié du XlXo siècle, die faisait autorité à Paris des préludes admirables de Chopin. de la Chartreuse. • ( Hzstolrc. · . de. ma vuue 'de an la niâtres, puis des engouements d_e comme dépositaire de la tradition chopénienne. Oeuvres autobiograpbiq11es, Dtbbothèq _ 419 toute la vie. Car il ne se reprenatt 3 Marie de Rozières (1805?-1865) élève de Pléi:tde, Paris, Gallimard, 1971, t. II, PP· Chopin (mais non des plus brillante; 1) qui la 4 Carl Filtsch (1830-1845) ; jeune prodige 421). d pas, une fois qu'il s'était donné. Cho­ transylvanien, génial élève de Chopin, dont il présenta vers 1840 à G. Sand comme professeur 6 Constantin Pawlovitch (1779-1831), s;'%11 pin goûtait peu l'entourage ~e ~e_?r­ de piano pour Solange. A la faveur d'une liai­ semblait une vivante réincarnation aux yeux fils du tsar Paul ter. Il fut lieutenant-& nd ra1 son avec Antoine Wodzinski, elle s'immisça des contemporains. Liszt aurait dit de lui : du royaume de Pologne de 1815 à 1831 • :tte ge Sand. A ~ec un. tac~ , ~ne mtutttO_n • Quand le petit voyagera, je fermerai bouti­ à laqu;llc il fut chassé par l'insurrection polo­ indiscrètement dans la vic privée de Chopin. que. • divinatoire, tl savatt demeler les vra1s 226 naise. 227 et rares amis sérieux des intéressés ni. Ru~en~ n.i Michel-Ange 9, Du pre­ barrer la porte, qu'il ne manquait mets, des amis polonais, ne le négli­ et des pleutres. Il marquait une ré­ illier tl d1srut : << C'est un peintre de point de gagner à son aspect, eUe s'y geaient pas. Les soirées passées près pulsion obstinée pour les gens de grosses fesses. » Du second : · « Ses évertuait gaiement. Un jour, à la de lui étaient pourtant à fendre l'âme théâtre, les communistes, les juifs. modèles ont des tranchées. Ils se tor­ suite d'une narration sur la passion la plus dure. Sa respiration haletante L:es _juif~ ! il les dépistait prestement, tillent sous des douleurs atroces 10. » d'une jeune femme pour un être peu n'était plus que cris entrecoupés et ams1 qu un chien d'arrêt, à l'odorat, Ainsi que pour celui de Delacroix, il estimable, elle s'écria : « On ne peut lamentables, que sanglots atroces. Il reconnaît si c'est poil ou plume que ne s'enflammait pas pour Je génie aimer que ce qu'on méprise ! n'est­ commença à enfler. On l'emporta recèle le buisson 1. On lui plaisait, de George Sand. Les doctrines socia­ ce pas, George? » Outré, affolé, Cho­ Place Vendôme plus mort que vivant. on lui était antipathique à première listes, les théories glorieuses de l'adul­ pin prit son chapeau et, sans saluer Par momens, il se faisait illusion sur vue et à tout jamais. Il faut avouer tère, les idées égalitaires l'ennuyaient ni prendre congé, il se sauva comme son état et communiquait ses projets que sa perspicacité ne se montrait à m~mrir , même au plus fort de sa d'art et d'aménagement de son logis . ~ ...... guère en défaut. S'il était bon et com­ passiOn pour la dame de Nohant. Il pour des concerts de chambre. La patissant, très secourable à la peine souriait en disant : « Il faut bien que En retenant la main de Solange princesse Marcelline Czartoryska, la réelle, il était difficile de Je tromper dans les siennes et en ajoutant: «Re­ la Maman s'amuse ! 11 » C'est tout comtesse Potocka, née Komar 19, ac­ 20 par rouerie ou pleurnicherie. Très ce qu'il voulait retenir des 'enthou­ viens ! ne me laisse pas seul ! » Par coururent. Un jeune abbé polonais poli, il avait une quinte de toux pour siasmes assommants pour les philoso­ seul ' il entendait : sans rien d.'e lle ! . vint le voir, le plaignit, se glissa ?ans s'esquiver lorsqu'une personne peu à phes sans chaussettes. [George Sand] . Car ses amts n~ son intimité en lui tenant asstdue son gré pénétrait dans le salon où il l'abandonnaient pas. En 1848 tl compagie. Le docteur Cruveilhier 21 Les .femmes, ô singularité ! dont se trouvait. II lui arrivait parfois d'ai­ avait passé en Angleterre. Il n'y avait le soignait. Mais la phtisie laryngée o~ avatt beaucoup parlé lui étaient mer un artiste dont le talent Je lais­ plus pour lui à Paris de moyen de ga­ accomplissait ·son œuvre impla~ab le. sait indifférent ou hostile. Ainsi Eu­ desagréables. Etincelante d'esprit, gner sa vie. Le climat britannique ag­ d'originalité, de hardiesse et de tri­ La victime ne pouvait plus se soule­ gène Delacroix s. Le contraire avec grava son mal. Il revint très délabré ''ialité, Mme Dorva112, ne lui plaisait ver sur son lit, ne mangeait, ne dor­ et s'installa rue de Chaillot chez Ma­ Henri Heine dont le cynisme judaï• nullement. Il ne goûtait même pas mait plus. Un soir d'octobre 1849, dame Hamilton qui lui avait cédé que lui répugnait, mais dont les son talent. Par malice la grande ar­ le 16, une vingtaine de personnes at­ le premier étage de son hôtel, au poësies délicieuses le charmaient tiste très expérimenté~ sentant cette tendaient anxieuses au salon, n'osru1t soleil sur les jardins. Sa sœur 13 ac­ dont J'esprit endiablé l'amusait. Pa; répulsion, l'avait surnommé : « Mon parler, car la porte du fond commu­ courut de Varsovie avec sa fille. Un impulsion naturelle et non raisonnée amoureux ». Lorsqu'elle pouvait lui niquait avec 1a chamb~e du malade. il s'avouait lngriste et Schefferiste. II élève particulièrement aimé, Mr Emi­ Chopin fit demander s~ la Comtess_e ~dmirait Raphaël, le Pérugin, Ange­ le Gaillard 14, venait le visiter. Melle Potocka était là et st elle voulrut • G ~f. l'assertion de G. Sand: • Michel-Ange bea, Sassoferrato. Il ne comprenait lut fart peur. Rubens l'horripile. Tout cc qui lui de Rozières, Gutmann 15, la vieille bien chanter. On roula le piano à paraît excentrique le scandalise. • (lmpussions Comtesse Obreskoff 10, Mr Gavard et portée, on ouvrit les deux battants, n souve11irs, p. 81 ). 1 ~ci l'a~teur .force quelque peu la note. Si 10 En surcharge : (So11 Moise se tient le son fils 11, M. Albrecht, Franchom- Chol?m avart hémé en effet d'un antisémitisme ventre). Revenant d'un séjour en Italie où elle te Auguste Fr~nchomm: (1808-! 884), violo!'· a ta vrque en Pologne au siècle dernier et si sa avait admiré les sculptures de Michel-Ange à 13 La sœur aînée de Chopin, Ludwika Jed­ celliste - le metlleur amr françars de Chopt.n Correspondance n'épargne pas les sarcasmes en­ Plorencc ct Rome, G. Sand écrit :\ Delacroix, avec Delacroix. Il collabora avec le com~osr­ vers. tels de ses éditeurs sémites, plusieurs Is­ le 27 juillet 1855 : • Je mc suis rappelé notre rzejewicz (1807-1855), accompagnée de sa fille Ludwika, plus rard Mme Ciechomska. teur ~ l'élaboration de deux œuvres pour p1ano raélues. ont COIT'pté parm! ses amis, connaissan­ longue station au palais des Beaux-Arts devant ct violoncelle, dont l'ultime Sonate op. 65· 14 Le banquier Emile Gaillard {1821- 1902), ces, ~orre protcct~urs, Amsi Chopin <'prouv:lit t~us ces m?delages en p l ~tre, que vous m'appr~· 10 Delfina Potocka (1807-1877) célèbre ~ar une stncère aHecuon pour le pianiste-composi­ ntez à vorr et que notre pauvre bon Choprn élève de Chopin ct dédicataire d'une Mazurka en l:t mineur (sans numéro d'opus) édiu!e ~ sa beauté et son talent voc.tl. Elève de Chopd, teur Alkan, ct une haute estime pour Mosche­ ne voulait pas voir. • (Correspondance, t. XIII, elle reçut la dédicace du Concerto op. 21 et e lcs; plus lointaincmcnt, Meyerbeer et Mendels· éd. par Georges Lubin, Paris, Garnier, 1978, p. Paris en 1841. No 1. Une pseudo·correspo!'· 268). 1a V 1 64 > sohn compmicnt nu nombre de ses relations cor­ 15 Adolf Gutmann (1819·1882), pianiste :Ille· d a scmour op. cuse sor-. d'1Sant a d ressoe' " Chopm. diales, Plusieurs de ses amis juifs ont reçu la 11 A rapprocher de cette déclaration de G. mand, élève favori de Chopin (mais non de anfc: a !er beaucoup d'encre chez les bro- dédicace d'une œuvre: l'attaché d'ambassade S:1nd : • Etranger :\ mes études, ;\ mes recher­ ses meilleurs 1). Il a reçu la dédicace du Sclur­ :t :ut cou · zo op. 39. grnp h~s. · k' ( 04 1877) t T. Albrccht (Scherzo, op. 20), le banquier Au­ ches. et, par suite, :\ mes convictions, enfermé !0 Aleksandcr Jelowtc '· 18 - reçu guste Léo (Polonaise, op. 53), des membres de qu'il ~tait dans le dogme catholique, il disait 16 La comtesse Obrcskoff (mère d'une élève l'ultime confess ion de Chopm. Il a relaté .à sa la fa mille Rothschild (Ballade op. 52 ; Valse de mor, comme la mère Alicia dans les derniers de Chopin, la princesse Souzzo, dédicataire de manière les derniers ~oments du composttcur op. 64 No 2). jours de sa vic : Bah 1 'bah ! je suis bien stlre la Fantaisie op. 49), de Saint-Pétcrsbourg, ac­ d rnc lettre reprodutte dans Correspondance 8 'l"' elle aime Dieu 1 • (Histoire de ma 11ic, t. q uitta à l'insu de Chopin une large part de son d~nF:Méric Cbopin, Paris, Richard-Masse, 1960, . George' Sand écri.t : • En fait d'art, Dela­ Il, p. 445). crorx comprend Chopm et l'adore. Chopin ne loyer :\ Chaillot. , . t. III, pp. 445-450. 1 ~ L'actrice Marie Dorval (1798-1849), gran· 17 Charles Gavard (1826-1893), frèr.e d Elrse comprend, pas Del~eroix. Il estime, chérit et de amie de G. Sand, maltrcsse de Vigny, puis 21 jean Cruveilh!er (1791-1874), prof~sseur rcspc~te 1 homme ; rl détcsre le peintre.• (/m­ Gavard, l'élève de Chopin ct dédicatarre de la d'anatomie pathologrque .et membre .de Aca· d'Alexandre Dumas. Elle créa d'importants Berceuse op. 57. Le jeune Charles Ç>avard ve· ~ prtsslons ct SOIWc'lirs, Paris, Calmann Lévy rôles dans les pikes de Hugo, Dumas ct Vigny démie de Médecine à. Pans. Ce fut lm qur p~a­ 1896, p. 80). • nait volontiers faire lecture à Choprn dans les tiqua l'autopsie paruclle du corps de Choprn. dans les années 1830. derniers mois de son existence. 228 229 Made Clésinger restèrent. L'une assi­ 5 Mars, dirruznche 1848 et la belle Comtesse chanta en s'ac­ - « Oui, oui, murmura le Maes­ s~ sur le bord du lit soutenait l'ago­ co~pagnant. Elle chanta l'âme dé­ tro, de~ain je ne souffrirai plus. msant dans ses bras et sur son épau­ Je suis allé hier chez Made Mar­ c~ée, la voix pleine de lannes ! Les ~ous n aurez pas la peine de reve­ le ; l'autre, l'abbé, réchauffait avec liani et en sortant je me suis trouvé ~s1stants tombèrent à genoux, en mr! >> dans la porte de l'antichambre avec etouffant leurs sanglots. Alors le prê­ ?es serviettes brûlantes ses pauvres Mme votre mère, qui entrait avec On ~~ releva, on s'en alla. Gut­ Jam~es enflées. Les pieds étaient déjà Lambert. J'ai dit bonjour à Madame n:e polonais s'approcha du lit, admi­ m'!lln s·etablit au salon avec un Polo­ glaces. Vers 2 heures, le matin du 17, rus~r~ les sacremens, dans un silence naiS pauv.re qui ne lâchait pas prise et votre mère. Ma seconde parole était il voyait difficilement, mais il avait s'il y avait longtems qu'elle eût reçu religteux et désolé. A peine l'extrême crayonnait d.e~ profils du mourant 22. toute sa raison. Il souleva la tête en o~ction donnée, le docteur Cruveil­ ~ sœur, bnsee de fatigue et d'émo­ de vos nouvelles. « Il y a une semai­ disant à Mme Clésinger : « Ne reste ne, m'a-t-elle répondu. -Vous n'en hier apparut et trouvant tout ce mon­ tion, alla se jeter sur un lit. On re­ pas là. Cela va être vilain. TI ne faut de en prière, il s'approcha du mori- aviez pas hier? -Non. -Alors je ferma les portes. Le jeune prêtre et pas que tu le voies. >> Son front re­ vous apprends que vous ête~ grand' bond, lui prit la main. . tomba plus lourd sur l'épaule amie. - « Allons ! mon bon Monsieur mère. Solange a une fillette et je suis ~! Teofil.~wi:ttkowsk i (1809-1891) _au­ La jeune femme n'avait jamais vu bien aise de pouvoir vous donner C~opin, lui dit-il, il ne faut pas vous tc~r du '?'agmfiquc portrait de Chopin qui fai­ mourir. Elle prit peur et appela Gut­ saJ.t parue de la collection Alfred Cortot _ a cette nouvelle le premier. » lrusser troubler par cette touchante mann. Grand et fort, ce pianiste, déjà pemt deux toiles. représentant les derniers mo­ J'ai salué et je suis descendu l'es­ cé~ém~nie ! Après tout, elle ne sau­ ments. dud compos}tcur. JI a laissé de nombreux célèbre, prit son maître dans ses bras ra~t faue de mal. Demain vous irez croqui_s e Chop!n sur son lit de mort, :tinsi calier. Combes l'Abyssinien (qui du 9ue _dé1vcrses esqUissc.s du Mahre ct compositions solides pour l'empêcher de suffoquer. mleUX! » Maroc est tombé droit dans la révo­ msp1r es par sa mus1quc. - « Qui est là ? >> demanda Cho­ lution) m'accompagnait, et comme pin. Il ne voyait plus! -«Votre j'avais oublié d'ajouter que vous vous élève. >> - « J'ai soif. Donne-moi à portiez bien - chose importante, boire. >> Mme Clésinger tendit un ver­ pour une mère surtout - j'ai prié re d'eau rougie dont il avala une Combes de remonter, ne pouvant pas gorgée. La tête s'en alla en arrière. grimper moi-même, et de dire que Gutmann la retint. Alors le regard vous alliez bien et l'enfant aussi. J'at­ fixé sur les yeux de Solange se voila tendais l'Abyssinien en bas, quand tout à fait, s'éteignit dans une lan­ Mme votre mère est descendue en guissante et dernière étreinte avec ce même temps que lui et m'a fait, avec qui était une parcelle de la grande . beaucoup d'intérêt, des questions sur ...... votre santé. Je lui ai répondu que . . . le hasard les avait mis en pré­ vous m'aviez écrit vous-même au sence [Chopin et G. Sand), rue de crayon deux mots le lendemain de la la Ville-L'Evêque No 10, dans l'es­ naissance de votre enfant ; que vous calier de Madame Marliani !!!l. Cho­ aviez beaucoup souffert, mais que pin sortait ...... la vue de votre fillette vous a fait ...... tout oublier. Elle m'a demandé si votre mari était près de vous. J'ai ré­ ... [cédons-] lui la place et lisons !!4: pondu que l'adresse de votre lettre me parassait être mise de sa main. 23 Charlotte de Folleville (1790?-1850), épouse d•Emmanucl Marliani, consul d'Espagne Elle m'a demandé comment je me :\ , puis :\ Paris. Confidente indiscrète portais. J'ai répondu que j'allais bien de G. San~, elle fut mêlée de près :\ s:t liaison avec Chopm ct facilita les modalités du séjour à Majorque, grace aux relations de son mari. Correspondance de Frédéric Chopin, t. III, A l'épo9ue de la vic Square d'Orléans où elle pp. 331-332. La transcription de Solange Clé­ demeurait également, elle réunissait souvent singer modifie quelques détails syntaxiques et Chopin ct G. Sand en compagnie d'autres hll­ la ponctUation d" l'original. Elle omet l'expres­ !-es. derniers moments de Chopin (de auch , d . . . , tcs de son salon. sion tous /es trois qui fait suite au deuxième JeWICZ, Chopin et la Princesse M ~zart~ a rolte. 1~bé JeloiiNCkl, Lrulwika Jedrze- 24 A~re~s~e :\ Sol:tnge, la lettre de Chopin • Soignez-vous • précédant la signature de Cho- tableau). Huile de Teofil Kwiatkow~ki 1849ryf:ta• . W~JCi ecll G_rzyma/a et l'auteur du reproduite ICI relate sa dernière rencontre avec pin. (photo Sociéti F ëheoep.te)/a Société F. Chopin, Varsovie G. Sand, le 4 mars 1848. Elle figure dans la 231 230 . Il. 1. et j'ai demandé la porte au concierge. que parole de Chopin est un mou­ l'ai salué et je me suis trouvé Squa­ vement pour la réconciliation. La re d'Orléans à pied, reconduit par mère avait voilé la vérité en assurant l'Abyssinien 2s. avoir reçu une épître la semaine pré­ Made votre mère est ici depuis cédente. Chopin savait le contraire. quelques jours, à ce qu'a dit Bocage Il savait aussi que la fillette fraîche• à Grzymala. Elle demeure chez Mau­ ment éclose était pour l'aïeule d'un rice, rue de Condé No 8, près du intérêt secondaire. Celle-ci était lan­ Luxembourg. Elle 'dîne chez Pinson cée dans une politique frénétique, (restaurant où nous étions une fois l'absorbant tout entière. Mais il feint avec Delatouche). C'est là qu'elle de croire cet incident de famille reçoit. C'est là qu'elle a dit hier à émouvant pour elle et de nature à Combes de venir la voir, en lui an­ l'enchanter. .. nonçant son prochain départ pour Du moins il l'écrit à sa fille et il vz:- &h ./~-r:- ~ #s<- n~ ~ Nohant. ajoute : « Je présume qu'une lettre Je présume qu'il y a une lettre de de vous l'attend à Nohant. » C'est-à• J---//~~~ l'ous à Nohant qui l'attend. Sa santé dire : si vous avez manqué à votre me paraissait bonne. Je pense qu'elle devoir, empressez-vous de réparer est heureuse du triomphe des idées cette faute grave. Et puis le pauvre républicaines et que la nouvelle que être ...... je lui ai donnée hier aura encore sent son cœur s'élancer vers elle. li augmenté son bonheur. réprime l'élan avec courage et rési­ Soignez-vous, soignez-vous! gnation. Il salue, il descend. Mais Votre dévoué. au bas de l'escalier son âme défaille. n ne peut s'arracher de cette maison Le calme continue. Mallefille n'est où elle vient d'entrer. Il envoie '"~ :z:- ./ / / 7 ~ ~i=- h;.J·-th:.~ . f4 , ~ plus à Versailles. Il n'a eu que trois l'Abyssinien .. . donner une seconde jours de gouvernement. bonne nouvelle « très importante, pour une mère surtout », celle de ~ ~ ~ J-> 1910) sœur cadette de la Maltbran. ChOJ?IO ap­ vait bien elle-même opérer les tria­ préci~it beaucoup son ~aient et paSrtagdca;; a:Jé: Le portrait ne fut pas aimable et, · • Autre détail. On lui demande si le ges, quand e1le le voulait ! Le salon II 0 ts mus1caux. G. an a quand le Capitaine fut parti, Mme epemtc ~ matn sousts gle su tra1ts . de l'héroïne de son ro· de la Cour d'Orléans 34 était donc mari était près de sa femme. Curio­ man Comuelo. ) · 't sité hostile. Chopin sait bien où est Sand dit à Delacroix : « Que dites­ choisi ; les amis étaient nombreux, 38 Luigi Calamatta 0801-1869 • J? CI ~t~c 1a - vous de cela? - C'est peut-être vrai. lien résidant alors à Pari~. otl on l:asSimtlalt a~x le mari : il l'a vu la veille. Une lettre illustres, remarquables ou très hon:o­ discirles d'Ingres. Il a !atSsé. plusieu rs portraits précédente le prouve 2a. Mais il com­ Mais bien vif et fort dur pour être rables et bien élevés. Henri Martin, de G. Sand ct un de Chopin (cr:tron). met un pieux mensonge, afin d'adou­ entièrement vraisemblable. Il faudra Louis Blanc s'y rencontraient sou­ 3~ Josef Dcssauer (1798-1876) •. p1an1ste-co!"· ! » osircur tchèque. Ami de Cbcpln en prenuer cir toutes les inimitiés de cette famille voir Chopin ajouta : « Dans le vent. Le Capitaine d'Arpentigny - tcu (dédicataire des Polonaises op. 26~ Il e_nlt;a doute, ille faut évincer. Ce sera plus ):1 G. d'Atrides. ll dit avoir cru reconnaître connu par son judicieux o~vr~ge sur ar suite dans l'intimité de San •. qut a » P • • é d s son roman Maitre FttfJI IIa. l'écriture du mari sur l'adresse de simple et plus prudent. la forme des mains comme md1ce des por!~aëh:p i~"' lui a dédié les Af azurkas op. 17 · instincts et des penchants - ~rr!­ 41 L pianiste Julian Fontana (1810-1869), d. .e le de Chopin au Lycée ct au Conser­ 28 vait avec le Vicomte d'Aure, 1 éle- con .Ise apd V· rsovie Emigré à Paris entre 1832 George Sand. 31 Le talent de Clésingcr avait été brusque­ vatotrc c .. · d · d f t - 0 1842 il servit souvent e coptste ct c ~c o ~ L'assertion de l'auteur semble inexacte : ment révélé au Salon de 18 47 par un m:ubrc ct 'compositeur qui lui a offert la déd1c.ace la précédente lettre de Chopin à Solange (3 qui fit scandale, Femme piq11éc par un serpent mars 1848 ; cf. Correspondance de Frédéric ~3 Gutmann. · d~~ p~/onaiscs op. 40. C'est Fontana qu1. 3 - lequel résultait en fait d'un moulage pratiqué 34 A partir de l'automne 1842, Chopm ct édité à titre posthume les op. 66-74 de Chopm. Chopin, t. III, pp. 329-330) ne mentionne pas sur la personne de Mme Sabatier, la c Prési­ G. Sand logent au Sq uare (ou Cour) d'Orlé.tns 42 Marcel Gaubert (1796-1839) e~ Paul ~au­ le nom de Clé.singer. dente • de Baudelaire. - qui existe toujours : entrée actuelle au d80, :10 Stanislas d'Arpentigny (1791-1861), mili­ bert (1805_1866), tous deux mé.decms de 1en · 3! Maurice Dudevant-Sand (1823-1889), fils rue Taitbout. On recevait chez G. Sa'?d a'!s rourage de G. Sand et de Chopm. . , taire de carrière; auteur de deux ouvrages sur de George Sand, a~né de Solange. Très doué l'appartement du No 5, tandis que .Cbo1n ava1t la Chirognomonie (1843) ct la Science dt la pour la peinture, il travailla notamment avec 43 Jan Matuszynski (1809-1~42~. am1 d Cf!· main (1865). au No 9 un petit logis pour travatller et don­ fan ee de Chopin. Emigré à Pam, 1l Y poursui· Delacroix dans les années 1840. ner ses leçons. 234 235 de l'Hôtel Lambert, le comte Grzy­ faisaient quelques apparitions de pas­ sion à Paris. Mais l'insubordonnée m.ala 45, le comte Komar 46, Mickie­ sage. Tout était pour le mieux, grâce s'insurgeait éternellement contre la wtcz, Henri Heine, Melle de Rozières, à l'aversion de Frédéric Chopin pour règle, la communauté, le travail quo­ le Comte Antoine Wodzinski 47. les personnages mal élevés, intrigants tidien. La pension était pour elle une Quant à la Comtesse Marliani qui ou douteux ...... geôle, un enfer. Les vacances, c'était demeurait à côté et passait par les la délivrance. Quand il fallait ren­ jardins, lorsqu'elle venait, elle ap­ trer, le désespoir la saisissait. Elle portait tout ce qui se trouvait chez Aussitôt la séparation résolue, ef­ comptait avec effroi les jours, les elle. Et son cercle était varié autant fectuée, le salon fut fermé, l'appar­ heures, les minutes finales de sa li­ que nombreux. Venait aussi quelque­ tement rendu G2 ; Nohant devint la berté ! Un dernier soir, elle dînait fois la baronne d'Auribeau, chez la­ demeure définitive. en famille chez Madame Marliani. quelle Mme Sand avait dîné à NÎII1es Après le repas, elle reçut l'ordre d'al­ (présentée par le brave Boucoiran, ler dormir afin d'arriver de bonne Il ne resta plus aucune trace des ancien précepteur des petits Dude­ heure le lendemain à la pension. fréquentations de la Cour d'Orléans. vant 48, devenu gouverneur des pe­ L'enfant partit dans une sombre tits d'Auribeau). Mme Marliani mourut...... consternation. Elle avait rêvé l'at­ Plus de bohêmes, ni de pantoufles tendrissement de la dernière heure lancées au nez des habitués ; plus La république qui s'annonçait plus pour la soustraire au supplice. Elle de mystifications de mauvais goût, terrible qu'elle ne demeura dispersa regagna par les jardins le gîte mater­ ni de gens d'éducation fâcheuse. Les tout ce monde. Delacroix resta l'ami nel. Le salon était ouvert. Elle pé­ manières distinguées de Mme de fidèle de Lucrezia Floriani et du nétra dans l'obscurité et, se jetant Francueil 49, les façons réservées des prince Karol ss. Beaucoup plus tard, sur un coussin, elle éclata en san­ Dames Anglaises so reparurent. Plus la femme de génie ...... glots. Tout à coup une musique cé­ 5, Square d'Orléans: domicile de G. Sand d'actrices ! Pas encore d'acteurs ! renoua avec Ste-Beuve ...... leste charme son oreille. Elle écoute, (1er étage, au-dessus de la voûte et fenêtres cesse de pleurer, se calme. C'est de gauche). Quelques dévoués amis du Berry, elle se lia avec le prince Napoléon, gens parfaits sous tous les rapports. Mme de Girardin, Alexandre Dumas Chopin! Chopin qui l'a devinée, sui­ Gustave Papet, François Rollinat, fils. Puis elle connut Renan, Flau­ vie, et qui, ne pouvant rien dire pour se croisaient avec MM. de Sémon­ M. Duvernet, le frère Hippolyte 51 bert, Théophile Gautier, le peintre la consoler, ne trouvant peut-être pas ville, de Vitrolles, de Rancogne, de Marshall, Tourguénieff. Elle fut pré­ les paroles, se sert du langage des Bonnechose, quatre gentilshommes 45 Comte Wojciech Grzymala (1793-1870), sentée à la princesse Clotilde, à la anges pour engourdir sa douleur. TI historiques, avec le général d'artille­ militaire et diplomate émigré à Paris en 1831. joua longtems. Qu'improvisa-t-il dans Grand ami de Chopin ct G. Sand, il fut l'un princesse Mathilde, elle entra en cor­ rie Duchamp. La baronne de Mon­ des témoins privilégiés de leur liaison, dont il respondance avec l'Impératrice Eu­ ce salon obscur? Sans doute un chef­ taran apportait sa tête et ses épaules a encouragé les prémices. génie pour des charités...... d'œuvre de tendresse et de charita­ de Montespan, la duchesse d'Escli­ 4° Comte Stanislas Komar vraisemblable­ ble amour. Car la petite se rappro­ ment, le père de Ddfina Potocka et Ludmilla correspondance suivie et des plus gnac, [sa] légèreté ... d'esprit et sa de Beauvau (dédicataire de la Polonaise op. H ) étendues avec des hommes de mérite cha, se blottit à ses pieds et l'écouta fille, Mme Sheppard, née de Brissac - toutes deux élèves de Chopin. avec ravissement. Quand il fut assu­ 47 Antoine Wodzinski, frère de la fiancée et de talent ...... · et sa chère Mina, leur égale et in~ de Chopin, Maria Wodzinska (1819-1896) à qui ré qu'elle ne pleurait plus, il lui prit comparable beauté ; Mme de Roche­ Chopin offrit la Valse op. 69 No 1, dite de la tête entre ses mains, posa un bai­ l'Adieu. A. Wodzinski fut quelque temps Un trait de lui [Chopin] qu'on ser sur ses cheveux. Une larme glissa mur, ex-duchesse de Caylus son l'amant de Mlle de Rozières. Il est l'auteur esprit et sa gracieuse bonté. Chopin d'une biographie mi-romancée mi-plagiat, Les nous révèle. La fille de George Sand sur le front de Ja fillette. 0 larme avait présenté la princesse Adam u Trois Romam de Frédéric Chopin. était une enfant difficile. Pour la ré­ sacrée d'un génie compatissant, lar­ 48 C'est-à-dire Maurice et Solange, les en­ fants de G. Sand. duire, sa mère l'avait mise en pen- me chrétienne, larme divine 1 - Au­ 49 cune parole ne fut échangée...... vit ses études ct,c médecine. On est mal rensei­ Mme Dupin de F.rancueil, née Marie-Au­ gné sur son frere, que la Correspondance de rore de Saxe (1748-1821), grand-mère de G. nées et son goClt immodéré du v~n •. il eut !'hel!r ...... Sand. Elle éleva en grande partie sa petite­ de plaire à Chopin, envers qut tl térnotgnatt G. ~and. atteste cependant comme architecte. fille. . Prmce ~da.m Czartoryski (1 770-1 861), d'une déférence inaccoutumée. Chopin ne laissa rien qu'un mo­ 50 C'est·à-dire les Dames Augustines anglai­ 5! Soit dès juillet 1847, pour l'appartement p:u~tarch~ de 1ans tocratie polonaise en exil à ses, dans le couvent-pension desquelles G. Sand bilier assez élégant pour cette épo~ Pans, qut $C regroupait autour de lui 1 l'Ha­ du S, Square d'Orléans. • re} !-ambert. i son épouse que Chopin a fut placée de 1818 à 1820. S3 Lire G. Sand et Chopm sous ces no~s que et 20 000 francs de dettes. A C'e~t 51 H ippolyte Chatiron (1799-1848). demi­ J ~ doé le Krakowzak op. 14. des protagonistes du roman à clef Lllcrtzta propos de ces dettes, il se produisit frère de G. Sand. Malgré ses façons débouton- Floriani, paru en volume dès 1847. 236 237 un bizarre incident 54. On rencontrait leur vénération se trouvait dans la aux heures des leçons, chez le Maî­ même gêne. Elles en furent surprises, Blanche Selva tre, deux longues personnes, de taille envoyèrent chez Mme Etienne s'in­ et d'origine Ecossaises, maigres, pâ• former de la lettre déposée. Celle-ci Artiste, pianiste et pédagogue les, sans âge, graves, vêtues de noir, ne se souvint de rien ! Miss Stirling ne souriant jamais. Sous ces envelop­ croyait à la double vue. Elle se ren­ par Andrée Vidal pes un peu lugubres gisaient deux dit chez Alexis, somnambule fort en cœurs élevés, généreux et dévoués. vogue alors. Ce que je raconte là Celle qui prenait la leçon se nommait est exact en tous points. Alexis leur Melle Stirling ss, l'autre qui l'accom­ dit : « La lettre contenant la somme lans, elle était allée s'in s~aller. Ell.e pagnait, sa sœur, Mme Erskine. Lors­ que vous cherchez est cachée derriè­ avait laissé là-bas ses amts, sa. mat­ qu'elles connurent par un ami la si­ re la ·pendule de la concierge. Elle son, ses partitio?s, ses souve,mrs, et tuation de Chopin, elles résolurent n'ose encore se l'approprier. E lle at­ s'était fixée, apres une hait~ a ~ou­ de le soulager de si misérables em­ tend un événement proche qui le lui lins-sur-Allier, dans ce petit vtllage barras, dans un moment où sa santé permette. » Melle Stirling et sa sœur de Saint-Saturnin, au cœur de l'Au­ ne lui permettait plus de faire face courent à l'endroit indiqué et retrou­ vergne. Dans le calme ?~ la nature, à ses affaires. Elles blottirent 25 bil­ vent l'enveloppe cachetée et intacte. recevant seulement la vtsite de 9uel­ lets de mille francs sous une enve­ L'événement attendu était la mort de ques rares disciples, el!e attendait se­ loppe à son adresse et la lui firent Chopin. Il avait la plus grande con­ reinement, dans la s~h,tude et 1 ~ tra­ porter par une personne sûre à la fiance en cette femme ; c'est elle qui vail, la fin de ses mtseres physiques Cour d'Orléans. Le paquet fut remis l'assista jusqu'au dernier moment[?]. aggravées par la guerre.. à la concierge, Made Etienne, qui On ne voulut pas l'avertir, parce Je revois encore ce peht apparte­ faisait le service matinal du Maestro, qu'elle le soignait bien. Que devin­ ment, combien simple en son dépouil­ et les Ecossaises, satisfaites de leur rent les 25 000 francs qu'il n'eût cer­ lement orné de fleurs des champs, ruse anonyme, ne s'occupèrent plus tainement pas acceptés ? Après sa en cett~ fin de juin 1940. Toutes les de rien. Elles partirent pour leur mort, ils servirent à régler ses det­ fenêtres donnaient sur une g~r~e pro,­ pays, revinrent l'année suivante et tes et ... les frais de son enterrement. fonde, harmonieuse et ~o t see, ou apprirent de nouveau que l'objet de La famille accepta cette générosité. courait un ruisseau tandts que, me Pour lui élever une tombe, il se fit montrant le paysage de. ce .ge~te. ex: s.& On pourra confronter le r~ci t de cet une souscription dont Delacroix, Photo Editions Arlana. pressif de la main qut lm et~tt . s~ • incident • avec les versions qu'en ont don­ Franchomme, M. Albrecht furent les particulier, Blanche Selva me dtsa t ~. nées Fr:1nchomme et Mme Rubio à Niedu, le­ quel les reproduit dans son Frtdtrick Cbopin dispensateurs. Clésinger fut chargé En ce sombre décembre 1942, « 11 n'y a pas const~ment besom as a Man and M11 sician, Londres, 1902 (3e éd.), po~~ du travail. Sur un piédestal où se . alors que la tourme~te dé ferla~t, hor­ d'un instrument fatre de la mu­ t. II, pp. 311-314. sique. Ici tous les elements chant:nt, M Jane Wilhelmina Stirling (1804-1859) et trouve le médaillon du Maître s'élève rible sur des contments entiers, la sa sœur Mrs Catherine Erskine appartenaient uné statue de la poésie. Pose brisée, pianiste Blanche Selva quittait ce l'eau, les arbres, le vent et meme à une noble famille écoss:lise. J. Stirling, qui mélancolique. Une lyre s'échappe de les nuages qui da~sent et passent fut élève de Chopin ct reçut la dédicace des monde aussi discrètement qu'elle Nocturnes op. 55, a • organisé • le séjour et la sa main. avait vécu, après une longue et dou­ d'une manière contmue - ]~Ur et tournée de concerts de Chopin en Grande-Bre­ C'est au Père-Lachaise que cette loureuse maladie. nuit _ c'est une chanson peyPetuelle tagne en 1848. La pieu~e vénération dans la­ e~oute-la quelle elle tenait son maître lui inspira maintes œuvre co~~re le pauvre grand hom- Une grande artiste, une des plus et sans cesse nouvelle ; aerions remarquables. . Ce chant porte en lm toutes me de geme ...... grandes pianistes de cette époq~e, un bten. ,. é . les grandes règles de lmterpr tat1on professeur incompara~ l e ':ena1t de disparaître, après avo1r éte, dur?nt musicale. >> les onze années précédentes, bten Cette interprétation vivante, sensi­ oubliée, bien méconnue, sauf de quel­ ble, colorée, en sa rigoureuse exac­ ques proches. titude de toutes les gran~~ œ?vres En 1936 la guerre d'Espagne de la musique du XVIe stecle a n.os l'avait obligée à quitter Barcelone jours, fut le principal but de l'ext~­ où, à l'appel d'amis musiciens cata- tence de Blanche Selva. Cette adm•- 238 239 rable pianiste, dont heureusement de cet instrument à clavier et mar­ réflexes qui, une fois acquis, devien­ quelques rares 78 tours existent en­ teaux, pour exprimer réellement la dront en leur facilité la base de la core, se dévoua à la diffusion de musique destinée à celui-ci, il faut technique journalière « sans piano;> centaines d'œuvres, redonnant à que les ressources du pia~iste so.i e~t de l'étudiant interprète. Donc techns­ chacune d'elles sa vie propre, son très connues de ce dernier, assimi­ que « à vide », faite de ~référence expression, son style avec un soin, lées et ordonnées par cette musique devant une glace et au metronome. une conscience et une perfection in­ même et que l'organisme humain Ensuite, ces diverses techniques égalés. Le labeur incessant de sa n'offre plus aucune résistance, au­ ·sont adaptées au clavier, où d'autres carrière de concertiste (ce fu t elle cune hésitation ou indifférence au éléments vont entrer en ligne -et s'y qui, à Paris, au début de ce siècle - courant artistique, différent ou sem­ ajouter : dépôt de la pensanteur ?u à la Schola Cantorum alors dirigée blable entre les deux bras de l'exé­ buste, du bras, du doigt pour « fa•.re par son maître Vincent d'Indy, et où cutant. D'où la nécessité d'une véri­ le son » avec l'intensité désirée ; dif­ elle enseignait - donna pour la pre­ table gymnastique afin de préparer, férentes formes de tenue qe la main, mière fois au piano l'audition inté­ d'adapter et de faire fonctionner par­ de l'avant-bras, du coude ; conduite grale des œuvres pour clavecin de faitement la mécanique humaine en de la ligne musicale grâce à ce do­ Jean-Sébastien Bach), ce labeur ne ses diverses parties. sage de la pesan~eur dépendant d.e l'empêcha pas de se vouer au pro­ Pour le jeu du piano, le concours la forme de la mam, du bras, du P?•• fessorat, en utilisant, non pas les de tout le corps est nécessaire. Car gnet, des doigts, associée à l'é!at d'JO­ formes étroites d'un métier routi­ c'est par la pesanteur que le pian~ste nervation ou de décontractiOn des nier et mécanique, mais en donnant «crée» le son désiré sur son clavter. muscles unis à la respi~ati on pour à cette profession son plus large C'est par les différences d'intensi~é la réalisation des phrases. Il y a aus­ sens de formation aussi bien musicale si le travail de l'articulation, doigts de chaque note des phrases mus~­ Notes manuscrites de Blanche Selva. qu'intellectuelle et spirituelle. Et, là arrondis et doigts allongés dans ~ou ­ ca1es que se révèle l'âme de la must­ Photo Ed itions Ariana. encore, l'artiste fut exceptionnelle. que, laquelle est l'expression des tes les positions du bras. En me~e L'enseignement de Blanche Selva sentiments au moyen de la langue des temps, il faut acquérir la. conn?.'s­ qu'à son ultim~ perfectio~mement , est basé sur la formation logique du sons. Toute technique est l'ensemble sance du réflexe des empremtes d t~­ pianiste par l'intime coopération des tervalles que la main peut couvnr, aboutissant au Jeu expressif sur le des moyens physiques nécessaires . à clavier en utilisant toutes ces formes exigences réelles de l'expression mu­ puis aux différentes zones du :Ja­ la plus parfaite réalisation d'une !m de technique suivant le caractère de sicale, de la mise en valeur des ri­ désirée par une volonté créatrice vier sans oublier pour les pehte~ l'œuvre envisagée. Voici tex~elle­ chesses instrumentales du piano et mai~s les exercices spéciaux d'exten­ (œuvre de compositeur) et cette tech­ ment les indications de travall de des ressources de l'organisme hu­ sion des doigts, travail en douceur nique ne sera donc qu'un moyen Blanche Selva, pour moi-même com­ main. et non une fin pour l'interprète. et décontraction afin de ne pas bles­ Cela s'obtient en délivrant l'élève me pour toutes ses élèves fidèles lors Moyen de permettre toutes les dis­ ser ou déchirer les muscles. de la refonte de son enseignement de toute entrave corporelle, en culti­ sociations possibles entre épaule, Ces divers exercices doivent être vant en lui les états et les mouve­ aux a1entours de 1918, refonte abou­ bras, doigts et même jambes (pour faits successivement en les alten:tant ments indispensables au jeu du pia­ tissant à la création de diplômes le bon fonctionnement des pédales) ; sans cesse afin d'éviter la fatigue no. Donc en le dotant de la diversité d'exécutants et de p~ofe~seurs. Le passage d'un état d'innervation à ce­ musculaire, au métronome, ~'abord programme comprenatt des la pre­ des moyens de notre corps, essen­ lui de décontraction musculaire, réa­ tiels à l'expression, au coloris, au très lentement, puis progressiVement mière année, en plus des étu?es 7t lisation simultanée ou opposée de plus rapidement. . , pièces d'études, des.œuvres obhgatm­ phrasé, à la vie artistique de l'in­ ces états dans les deux bras, etc. terprétation en correspondance di­ Les détails en furent exphques res de musique ancienne, Beethoven, Les progrès s'obtiennent non par ses prédécesseurs et s.es conte~po ­ recte avec l'assimilation des éléments répétition routinière, mais par un avec dessins à l'appui, après des musicaux. cours par correspondance pour les rains, musique romantique, mus1qu~ travail attentif, précis, intelligent du moderne et, naturellement, lecture a Le jeu du piano exige une mise cerveau qui commande, et des mem­ élèves éloignés, puis publiés par Blan­ en action du corps très puissante et che Selva sous le titre Enseignement vue sur .manuscrit si possible. A par­ bres qui obéissent de plus en plus tir du degré supérieur, il fallait ajou­ cependant cachée et très délicate. rapidement et aisément. Cela consti­ musical de la Technique du piano. Pour atteindre à la plénitude des Dans ces ouvrages, chaque élément ter la musique de chambre et l'ac­ tuant la période préparatoire du jeu compagnement d'œuvres vocales : effets musicaux artistiques au moyen pianistique, la mise en condition des est détaillé depuis son origine jus- 240 241 grés seuls étaient notés, il fallait mê­ pressives des œuvres associées à des lo Charpente rythmique à vide (os­ Blanche Selva et la méthode me parfois improviser en chantant connaissances générales de l'histoire sature de la pièce) Jaques-Dalcroze ou encore, ce qui était plus pénible, humaine, évolution des différents arts (architecture, sculpture, peinture, lit­ 2o Jeu à vide (préparation des for­ C'est pendant l'hiver 1917-1918 exécuter des cadences harmoniques mes diverses de jeux utilisés) dans tous les tons au clavier, et dans térature). Tout cela afin de pouvoir que vinrent à Genève deux person­ dégager le style et l'expression pro­ 3o Jeu au clavier (en évitant de re­ nalités du monde musical français. un rythme alerte ... Il fallait chanter garder les mains) les « polycordes » contenus dans les pre à l'œuvre interprétée. Ce sont Vincent d'Indy y donna sa version là les bases de la pédagogie de Blan­ de l'Orfeo de Monteverdi, œuvre jus­ accords, reconnaître ceux-ci par Métronome: l'oreille et non plus seulement sur le che Selva, bases qui s'obtiennent, et qu' alors inconnue dans nos régions, se développent en de longues annees et Blanche Selva fut applaudie dans papier, etc. , . . 4 battements ) de travail intensif. vitesse: 40 par une série de concerts en Suisse ro­ La rythmique, avec la reallsatwn 2 battements ( Durant mon enfance et mon ado­ note moyenne ou mande. corporelle des « cas rythmiques» les 1 battement ( lescence, les leçons avec elle ne fu­ rapide du texte plus perfides, était aussi un_e ~é~e'.'te, '/2 battement ) Cette dernière s'intéressait vive­ une libération de bien des mhzbztwns rent pas très nombreuses, mais régu­ ment à la méthode Jaques-Dalcroze, souvent insoupçonnées, et l'heure de lières environ six ou sept par an. et vint assister à plusieurs cours des Ses ~xpli cations et ses indications Puis il fallait ajouter les recherches la leçon passait trop vite... classes professionnelles dont je fai­ Ce furent donc, de 1921 à 1927 mises par écrit étaient si precteuses de modification des jeux et autres sais partie. Elle était convaincue que et si claires que le travail d'une élè­ éléments suivant l'interprétation à - en ce qui me concerne - de le jeu du piano tel qu'elle le préco­ drôles de vacances, des semaines de ve isolée, même très jeune, pouvait donner. Blanche Selva écrit textuel­ nisait devait se fonder sur une li­ se réaliser et se concrétiser en de lement : travail soutenu, mais surtout d'enri­ berté corporelle effective au service chissement merveilleux. La personna­ bons résultats, malgré quelques la­ « Il faut se souvenir que le travail de la technique pianistique. D'autre lité de Selva dominait tout cela, et cunes d'assiduité du travail person­ dans Je tempo le plus lent et avec part le solfège dalcrozien la séduisit quel privilège que ce c~ntact jou~na­ nel... les gestes les plus complets fortement par le développement des facultés lier avec elle 1 Et puzs les solzdes Puis les cours d'été de Brive fu­ caractérisés et immobilisés donne au auditives qu'il exigeait des élèves. amitiés nouées entre ces musicien­ rent une révélation. Les élèves ne jeu les qualités de stabilité et de Il y eut dnnc entente parfaite entre nes toutes de talent, qui n'hésitaient chômaient gu~re. Dès la seconde an­ force, base indispensable de toute ces deux musiciens, pédagogues avi­ pas à «revenir à l'école» en qu:lque née de ceux-ci, je suivis deux cours, sés s'il en fut. exécution. sorte. Ces années-là sont parmt nos matin et après-midi, soit un mini­ » Le passage dans le tempo pro­ Blanche Selva . voulut que désor­ plus beaux souvenirs. Je crois que mum de huit heures par jour, mais gressivement plus rapide conduit aux mais tous les professeurs de sa pro­ tous ceux qui suivent actuellement grâce à la diversité et à l'intéfêt ~e diminutions mathématiques de l'am­ pre méthode fussent initiés à celle des stages ou des cours d'été me l'enseignement, le temps passatt tres plitude des gestes et amène la mo­ de Jaques-Dalcroze, non pas certes comprendront 1• , vite. bilité et la souplesse. Mais ces qua­ pour l'enseigner eux-mêmes, mais C'est donc à la suite de cette expe­ Après ces cours d'été si enrichis­ lités ne deviendraient que confusion pour parfaire leur culture musicale rience genevoise que furent établis sants ce furent des semaines de le­ et impuissance si elles ne continuaient et celle de leurs élèves. les fameux programmes d'exécutant çons' particulières et journalières à pas à avoir pour base la stabilité et Elle organisa donc des cours d'été et professeur. ,A partir d~,de~r~ s~­ Barcelone. Ces leçons étaient entre­ la force. » à Brive, où elle possédait une petite périeur, aux eléments deJa ctte.s_, 11 coupées de longues conversa.ti?~S Il y a eu dans la vie de Blanche propriété. C'est dans son mas, amé­ fallait ajouter de nouvelles matteres évoquant sa jeunesse, ses act1v1tes Selva une circonstance qui a élargi nagé en conséquence, qu'eurent lieu complémentaires obligatoires. E~tre nationales et internationales, ses so~­ ses horizons artistiques et qui s'est des cours intensifs, de piano d'une autres : chant grégorien, contrepomt, venirs concernant tous les composi­ déroulée dans notre région, à Ge­ part, et d'autre part de rythmique harmonie, histoire détaillée de la mu­ teurs connus d'elle, c'est-à-dire tous nève exactement. Je laisse ici la pa­ dalcrozienne et de solfège, ceux-ci sique en insistant sur la musique les grands maîtres du début de notre role à Marie-Louise Sérieyx qui a m'ayant été confiés par elle. Les par­ pour piano seul, piano et o~chestr;, siècle, dont elle créa et continua à bien voulu m'en préciser les détails. ticipantes se montrèrent enthousias­ musique de chambre, caracteres g:­ jouer sa vie durant bon nom~re Je tiens à remercier tout spéciale­ tes, malgré l'effort que représentait néraux des époques, des compost­ d'œuvres avec toute la perfection ment Madame Sérieyx sans oublier pour elles l'adaptation à un solfège teurs, des formes, des tendances ex- technique et musicale qui était la le souvenir de son mari Auguste Sé­ qui n'avait rien de commun avec les sienne. rieyx, trop tôt disparu, et qui fut traités officiels en usage. Il fallait 1 Lettre signée M.-L. Sérieyx, professeur di­ Dès 1936, chaque été je la rejoi- pl6mé de la méthode Jaqucs-Dalcrozc. aussi un maître pour moi. déchiffrer des mélodies dont les de- 243 242

L-- -- gnais à Moulins-sur-Allier en de lon­ vouloir le prostituer, qui ne transigea gues semaines de travail passionnant. jamais avec sa conscience d'artiste, Hommage Puis ce fut son installation en Au­ a trouvé l'apaisement de ses misères vergne, où, pour la dernière fois, j'al­ terrestres et demeure bien injuste­ lai travamer plusieurs jours avec elle, ment oubliée. à Edgar Willems en juin 1940, lors de la période som­ Malgré le temps écoulé et les vides bre de cette époque. Au cours de creusés dans les rangs de tous ceux par Valentino Ragni ces années, les conseils de Blanche qu'elle a enseignés, puissent leurs Selva furent les grandes leçons d'in­ pensées, le chagrin de ceux qu'elle a terprétation avec le dialogue résul­ consolés, la joie qu'elle a dispensée centaines de conférences dans les grandes tant de celles-ci. Après des rapports sans compter autour d'elle, le sou­ villes d'Europe, ainsi qu'en Afrique et en amicaux entre professeur et élève, venir, l'affection et l'amitié de tous Amérique du Sud. les contacts permanents d'étude se ceux qu'elle a connus, venir unir leur lJ écrivit de nombreux articles et des livres d'une importance capitale, tou­ transformèrent en une véritable ami­ ronde légère et impalpable aux vo­ chant à tous les problèmes du rythme, de tié et une affection réciproque jamais lutes des dansants nuages et leurs J'oreille ct de l'éducation musicale. Ses démentie, illustrées par de nombreux voix fidèles et nostalgiques, à la gra­ ouvrages les plu~ -importants ont ét_é t~a­ écrits et lettres. ve, éternelle et incessante musique duits en portuga1s, en espagnol, en 1tahen et en allemand. Aujourd'hui Blanche Selva au de l'eau, des arbres et du vent, afin Cet homme exceptionnel mit également cœur droit, généreux, compréhensif, de continuer à la bercer dans son au point un très large matériel sonore. qui servit si bien son art sans jamais éternel sommeil. Certaines de ses inventions comme l'audi­ cultor et l'audiomètre lui valurent quatre brevets suisses. Edgar Willems étudia avant tout l'hom­ me et son fonctionnement intérieur. Ra­ massant en faisceaux toutes ses expé­ riences philosophiques, scientifiques, péda­ gogiques et artistiques, il .réalisa peu à peu cette merveilleuse synthèse contenue L'ASSOCIATION DES MUSICIENS SUISSES dans son dernier livre intitulé La valeur humaine de l'éducation musicale. (avec siège à Lausanne) Il ouvrit une voie nouvelle à l'enseigne­ ment de la musique ; une voie riche de cherche un promesses pour les professeurs désirant servir l'art musical et ap~liquer. les prirt: SECRÉTAIRE GÉNÉRAL cipes psychologiques,et pedagog1ques q~• établissent des liens etro1ts entre la mus•• Un homme exceptionnel, un chercheur que, l'être humain. et le cosmos.. L'éduca­ pour diriger son Secrétariat. Langue maternelle allemande ou française (maî• infatigable au service de l'éducation mu­ trise de l'autre langue). tion musicale ains1 conçue favonse gran­ sicale, un ami et un maître, tel était celui dement l 'épanouissem~nt de l'en_fant. En qui nous a quittés au mois de juin dernier. L'activité, particulièrement variée, consiste notamment à préparer les séances effet contrairement a un ense1gnement du Comité des Commissions et les Assemblées générales, à en exécuter les Né à Lanaken, petit village belge, le tradiÎionnel qui part trop sou-:en~ d'une décisions à prendre contact avec les membres et avec les organisations suisses 13 octobre 1890, il devint instituteur avant connaissance intellectuelle et theonquc de et étrangères ainsi qu'à surveiller la comptabilité. d'entrer à l'Ecole des Beaux-Arts de Bru­ Ja musique, les principes du pr~fesscur xelles pour y suivre des cours de pein­ Willems respectent un ordre évolutif natu­ Ce poste qui conviendrait particulièrement bien à un juriste, nécessite avant ture. Après une période très riche en ex­ rel qui tend à faire vivre les phénomènes tout Je s~ns de l'organisation, de l'initiative, des responsabilités ct des contacts périences humaines et artistiques, il quitta de la musique avant d'en prendre cons­ humains et un intérêt pour la vie musicale. Salaire et prestations sociales en Bruxelles pour Paris où il fit la connais­ cience. rapport. sance de nombreux peintres et poètes. Nous ne voulons p~ nou~ attarde~ sur C'est également à cette époque-là qu'il tes principes de cette educatJo~ musJcal.e, Les offres manuscrites accompagnées d'un curriculum vitae avec prétentions de fréquenta plusieurs milieux idéalistes et car il faut lire l'œuvre de W11lems afm salaire devront parvenir au Secrétariat de l'AMS, av. Grammont llbis, 1000 Lau­ spiritualistes. de pénétrer dans ce monde absolume~t sanne 13 (tél. 021/26 63 71), avant le 15 février 1979. Entrée en fonction : Nommé professeur d'éducation musi­ unique en son genre. Relevons toutefOIS 1er avril 1979 ou à convenir. cale et de solfège en 1929 au Conserva­ ici quelques aspects fondamentaux de cet toire de Genève, il commença une car­ enseignement en laissant parler WiJiems rière pédagogique intense et donna des lui-même : « n n'est nullement dans mon 244 245 intention de faire un système car la vie temps. Il faut tendre l'oreille, ouïr, pour ne se laisse pas limiter par 'des clichés Le rythme musical N° 28. Chansons d'intervalles, avec accom­ recevoir les sons. Ainsi, le langage musi­ Rythme, rythmique, métrique. Paris, 1954, pagnement de piano. i~teUectuels. Les schémas que je propose cal, quel qu'il soit, vient seul à vous. » Presses universitaires de France. N° 3. Les exercices d'audition. ~1en so.uve_nt ne sont c;~u'un aspect, qu'une Innombrables sont les musiciens péda­ Les bases psychologiques de l'éducatiotJ m11sicale N° 4. Les exercices de rythme et de métri­ mterpretallon de la v1e. Je les ai trouvés gogues, en Suisse et à l'étranger, qui tra­ Puis, 1956 ; 20 édition revue ct augmentée, que. pratiques pour résoudre différents pro­ vaillent selon les bases psychologiques et Pro Musica, Bienne. N° 4B. Les fr:1ppés ct l'instinct rythmique. blèmes qui étaient restés jusqu'à présent les principes pédagogiques de la méthode Quinze mélodies à harmoniser N° 4C. Le rythme musical et le mouvement sans solution. Bienne, 1970, Pro Musica. naturel dans les cours d'éducation Willems, et qui citent fréquemment son musicale. » Notre vie physique, notre vie affective nom en référence dans leurs écrits per­ Introduction à la m11sicothérapic N'S. Introduction :\ l'écriture et :\ la lec- et nos facultés mentales et intellectuelles sonnels. Bienne, 1970, Pro Musica. ture. seront les sources vives auxquelles s'ali­ En Suisse et en Suisse romande surtout, Solfège élémentaire N• SB. Les d~buts du solfège. m~nte~ont r~spective_ment le rythme, la l'essor de cette méthode est considérable. Livre du maître ct livre de l'élève. Bienne, N° 6. Les d~buu au piano. melod1e et 1harmome ; les conséquences Dans la plupart des Conservatoires, des 1970, Pro Musica. N" 7. Morcc:1ux très faciles pour piano. de ces rapports sont multiples. Pour le Ecoles de musique, dans des institutions Carnets pédagogiques N• 78. PetitS morceaux :\ 4 mains pour piano. rythme, elles découlent de notre activité Depuis 1956, Bienne, Pro Musica. N° 7C. Amusements au clavier. privées et dans deux Ecoles Normales, N• O. Initiation musicale des enfanu. N• 8. Douze morceaux faciles pour pi:1no. physique (musculaire ct nerveuse). Pour l'approche de la musique selon Edgar Wil­ N• 1. Chansons de deux :\ cinq notes. N• 9. Petites marches faciles pour piano. . la mélodie, nous faisons appel à la mé­ lems, au niveau pré-instrumental, pré­ N• 2. Chansons d'intervalles. N° 10. Petites danses, sauu et marches. moire mélodique qui découle directement solfégique puis instrumental et solfégique, de la vie affective. Pour l'harmonie nous est mis en pratique. touchons le domaine mental. Les ~êmes Dans le Jura, la création et le rayonne­ rapports se retrouvent encore entre les ment de l'Ecole Jurassienne et Conserva­ différents règnes de la nature et cette toire de Musique ont considérablement universalité d'application est une preuve accru la connaissance et l'influence de La page de l'A.V. D. C. Propos d'entracte éloquente de l'existence de ces rapports. » cette méthode. C'est à Delémont que se Tout est parti de là, et ces considéra­ créa, en 1968, l'Association internationale tions, datant d~jà de 192~ •. ont fait peu à des professeurs d'éducation musicale, et peu _leur chemm dans 1 h1stoire contem­ le Conservatoire de cette même ville Entretien avec Jean Balissat ~orame et la pratique de l'éducation mu­ abrite notamment l'Institut d'éducation ~lca l <:. Willems n'a-t-il pas été le premier musicale portant le nom d'Edgar Willems. a f~1re co~prendre aux professeurs de Tous les amis et disciples qui ont eu le La fête cantonale des chanteurs vaudois qui se déroula à Nyon au mois de mai mus1que qu d Y a une réelle distinction privilège et la joie de travailler avec l'émi­ vit pour la première fois coexister les formules ateliers et concours. à faire entt;e éduquer et enseigner ? Car, nent pédagogue qu'était Willems garde­ pour un pedagogue averti, la différence ront en eux, comme une continuelle pré­ La fête terminée, les rapports envoyés aux sections, il m'a semblé intéressant de est énorme. Quant aux recherches faites sence, le souvenir d'un homme humble, questionner Monsieur Balissat, chef du jury d'une des deux branches que comporte dans_ If domaine de l'oreille, elles sont animé d'un idéal peu commun et confiant la formule concours. Rappelons pour les non-initiés la structure de la fête. Les sociétés considerables. en l'avenir d'une pédagogie musicale plus avaient à choisir entre deux solutions : profonde, plus humaine et plus sincère. En effet, 1~ no~breux écrits que Wil­ Le concours qui insère L'atelier qui comprend lems a eu 1 occasiOn de recevoir de Ja BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES 1A Apprentissage d'un chœur inconnu 2A Travail choral d'une p1ece sous la par~ des mu~_iciens ou compositeurs té­ moignent de l1mportance énorme du déve­ D'EDGAR WILLEMS en cinquantes minutes et lecture 11 direction de chefs renommés (Il y loppement de la sensorialité auditive. Nouvelles idées philosophiqstes mr la m11siq11e vue d'un solfège en ·cinq minutes avait plusieurs choix avec ou sans Paris, 1934 ; 3• édition, 1966, Pro Musica, devant jury et auditeurs. orchestre). Ces exécutions qui re­ Cel ~ e-ci es~ un<: 9~alité. e_ssentielle qui fa­ Bienne. groupent chacune plusieurs sociétés vonse 1~ receptlVlte a~d1hve et qui permet L'oreilll' musicale, tome 1 donc d accro1tre la fmesse de perception lB Exécution d'un chœur de choix et ne sont pas jugées, mais écoutées (avant-propos d'E. jaques-Dalcroz.e). La pré­ d'un chœur imposé. lors d'un concert de gala. de l'oreille. paration auditive de l'enfant. Conches-Ge­ Ainsi l'espace intratonal, allant du quart n~ve, 1940 ; 20 édition, 1965, Pro Musica, A et B sont jugés séparément avec 28 Production et jugement sans classe­ de ton au deux centième de ton par Btcnne. distribution de cravate frange or ou ment de quelques chœurs choisis par exemple, l'écoute complexe d 'ac~ords L'éducation musicale nouvelle argent. .. chaque société prise séparément. d'agrégats et de clusters faisant parti~ (avant-propos d'Henri Gagnebin). Lausanne, intégrante de la musique du XXe siècle 1944; 2• édition, 1968, Pro Musica, Bienne. Le jazz et l'oreille musicale - Jean Balissat, vous /lites pour la avec les concours de fanfares qui me sont deviennent plus facilement accessibles si G_enève, 1945; 30 édition, 1968, Pro Musica, la sensorialité auditive est suffisamment Btenne. première fois membre du Jury des lec­ plus familiers, le résultat de Nyon me dével?ppée. Willems, ayant pressenti ce L'oreille musicale, tome Il tures à vues ct des chœurs de cinquante semble bon, voire étonnant. L'on sent une domame nouveau dans l'éducation musi­ (avant-propos d'Henri Gagnebin). La culture minutes (1 A). Quelles sont vos impres- tradition de la lecture chez les Vaudois. cale avait déclaré, après de nombreuses auditive, les intervalles et les accords. Con­ .~ions? · Cette tradition est précieuse, car de plus ex~ériences pratiques avec les enfants : ches-Genève, 1946 ; 2• édition 1965 Pro Mu- en plus de gens jouent ou chantent « S1 le musicien n'arrive pas à développer sic.a, Bienne. ' ' d'oreille ; or de bons lecteurs dans une la sensorialité auditive, il sera handicapé La préparation musicale des tout-petits - TI me manque des points de compa­ chorale sont une force considérable pour pour l'écoute de la musique de notre Lausanne, 1950; 30 édition 1968 M &. P. raison puisque c'est la première fois que une société. Ces « chefs de partie,. tirent Foetisch, Lausanne. ' ' · l'ensemble auquel ils appartiennent. 246 je juge des chorales mais, en comparant 247 - Ne serait-il pas plus judicieux de sibles plutôt que de chercher à repousser - Il est évident qu'après certains con­ acceptent de jouer le jeu sans renforts, ne faire comprendre la réelle valeur de la ses limites techniques et surtout expres­ cours, quelques directeurs sont remerciés, comptant que sur leurs forces habituelles. lecture à vue aux chanteurs afin qu'ils la sives. Le rôle d'un bon directeur consiste, peut-être injustement, mais cela me sem­ En résumé, je dirai qu'un concours, quel pratiquent régulièrement dans leur société en profitant d'un contexte amical, à en­ ble rare. Pour parler franchement, je qu'il soit, est monstrueux, inhumain, que ou cirez eux ? thousiasmer ses gens et à les convaincre, dirai que cette épuration est parfois bien­ les inconvénients sont multiples et consi­ presque malgré eux, de l'étendue de leurs venue. Le concours est cruel car la com­ dérables, que sa raison d'être est dans la - C'est une optique idéale, mais elle possibilités, lesquelles sont souvent sur­ paraison est vite faite, mais si l'on veut motivation et dans la possibilité qu'il est utopique. Tout le monde sait qu'un prenantes comme l'on a pu s'en con­ qu'il y ait un progrès, l'on ne doit pas donne, périodiquement, de faire le point concours, une compétition, où l'on se vaincre à Nyon. faire trop de sentiment. par rapport aux autres. mesure à d'autres devant un public et un jury qui comparent est un stimulant énor­ - Le concours admis, n'est-il pas ma­ - Mais n'est-ce pas une manière quel­ - Mais cette motivation est-elle assez me et ceci non seulement pour des cho­ laisé de juger un art quel qu'il soit ? que peu superficielle et trop rapide de forte pour compenser ces inconvénients? rales. juger de la valeur d'un directeur ou d'une -C'est l'éternel problème ; mais je chorale? - Tout à fait. Malgré ses tares, c'est - N'est-il pas attristant de constater dirai que c'est dans la lecture à vue que le meilleur des stimulants. Si tous les chefs qu'il faille ce genre d'échéance pour sti­ le jugement est le moins difficile parce - Oui et non. A l'exécution des chœurs étaient constamment exigeants et tous les muler les chanteurs? que la donnée et, partant, le résultat sont de cinquante minutes et de la lecture à membres des sociétés conscients de ce que plus concrets et tangibles. vue, on constate des résultats très diffé­ l'on attend d'eux, aussi bien en répétition - Non, c'est humain. Il faut dire que En revanche, il est plus malaisé de ju­ rents. Ces résultats dépendent pour une que pour une aubade, les concours se­ la lecture à vue est une discipline ingrate ger une exécution préparée pendant de bonne part du travail accompli toute l'an­ raient probablement révolus. qui demande la connaissance du solfège longs mois. La part de re-création liée !1 née et développant la qualité vocale, l'at­ bien sftr, mais aussi de la souplesse ct Je une véritable interprétation est très sub­ tention, la discipline d'ensemble, la sou­ - Pour conclure, trouvez-vous l'ac­ s:ns de l'an.ticipation. J'ai la nette impres­ jective ct échappe à tous les barêmes. plesse. A la tête d'une société bien stylée, trtellc répartition que propose le comité SIOn que SI on l'abandonnait, la baisse Mais on peut considérer la participation un directeur peut, en cinquante minutes, de la fête cantonale des chanteurs vau­ de qualité se ferait rapidement sentir dans à un concours comme une façon de effectuer un travail très fouillé. Durant cc dois bien équilibrée? beaucoup de sociétés. Par exemple Je s'aguerrir et de se présenter en public. même laps de temps, d'autres directeurs chœur de cinquante minutes est une e~cel­ moins exigeants pendant l'année ne par­ - Oui, je trouve l'alternative du choix lente chose, parce qu'il ne fait pas uni­ - Mais n'y a-t-il pas des lésés, des in­ viennent qu'à effleurer une partition. intelligente et je félicite le comité et la quement appel aux connaissances de sol­ justices? commission musicale d'avoir eu l'initia­ fège, mais aussi à la rapidité d'assimila­ - Si je parlais de superficialité, c'est tive et le courage de présenter cette nou­ tion, à la confiance dans Je directeur à - J'ai participé à beaucoup de jurys que certaines chorales se renforcent, pour velle formule. la discipline des choristes et évidemm~nt et j'avoue n'être jamais sorti d'un con­ l'occasion, d'éléments s1îrs qui les aident à la valeur du chef ainsi qu'à la qualité · cours sans avoir eu, à un moment ou à passablement. de son enseignement. un autre, le sentiment de l'injustice. Il faut que les participants à ce genre - Il paraît... Mais enfin, ces meneurs Propos d'entracte? Oui, puisque le pro­ - Le concours ne serait donc qu'une d'épreuves soient conscients de la part de jeu que s'arrachent certaines sociétés chain acte se déroulera vraisemblablement finalité. Dans quelle mesure cette idée importante des impondérables et accep­ viennent de quelque part ! Ils sont les à Vevey en 1982... suffit-elle à le conserver? "tent de leurs juges un subjectivisme inhé- fruits de cette belle tradition de déchif­ rent à leur personnalité. frage. Je profite de l'occasion que vous Propos recueillis par -:- C'est p~ut-être une finalité simpliste me donnez pour féliciter les sociétés qui Gilbert Bezençon mms, au moms tous les quatre ans elle - Les répercussions d'un jugement ne maintient, voire améliore l'acquis. Le ré­ font-elles pas des torts irréparables ? sultat de Nyon, ainsi que l'évolution posi­ tive de la qualité des chorales sont là pour - Aucune chorale ou fanfare ne s'est le prouver. dissoute après une mauvaise prestation. ÉCHOS ET NOUVELLES Mais, j'ai. aussi relevé que, parmi les Certains membres sont peut-être partis chorales qu1 se produisirent en atelier parce qu'ils n'en assumaient pas Je ris­ - La Fondation Géza Anda, présidée - Le compositeur genevois Bernard plusieurs n'auraient pas fait mieux si elle~ que ; c'est à mon avis la seule consé­ par Mme Hortense Anda-Bührle et M. Sclwlé a présenté, le 23 novembre, une s'étaient produites en concours. Pour ces quence regrettable d'un résultat sévère. Paul Sachcr, ouvre un Concours de piano causerie-audition de quelques-unes de ses gens scrupuleux, la musique est la plus Géza Anda, qui aura lieu tous les trois œuvres dans le cadre de la série (troi­ grande motivation ct le concours devient - Quant aux directeurs ? ans. L'l première session se tiendra à Zu­ sième année consécutive) Présence du inutile. Je dirais que si toutes les chorales rich du 19 au 29 juin 1979. Les concur­ compositeur, organisée par Je Conserva­ avaient cette conscience, les concours ne - C'est évidemment eux les plus visés ; rents (qui ne devront pas avoir dépassé toire Populaire de Genève. Au programme seraient plus nécessaires. mais citez-moi le nom d'un bon directeur la limite d'âge de trente-cinq ans au cours figuraient notamment trois Pièces pour Mais, pour beaucoup d'amateurs Je de fanfare ou de chorale dont la carrière de l'année 1979) peuvent obtenir tous ren­ flûte et guitare et un Air pour guitare plaisir de se retrouver entre amis est'une a été barrée par une mauvaise apprécia­ seignements auprès du Secrétariat du (créations) ainsi que des extraits du Petit motivation aussi importante, sinon plus tion dans un concours ? Concours Géza Anda, Tonhalle-Gescll­ livre de formes musicales pour flfite et que l'ambition et la curiosité musicales: schaft Zurich, Gotthardstrasse 1, 8002 Zu­ piano. Les interprètes en étaient Domi­ Et l'on préfère souvent chanter ou jouer - Il y a malgré tow certains « limo­ rich, tél. (01) 20115 57. nique Guignard (flûte), Francisco Herrera des pièces faciles et aisément compréhen- geages"· (guitare) et Andrée Vidal (piano). 248 249

j des problèmes passionnants à développer, tifie l'autonomie de la deuxième partie en CHRONIQUE DES LIVRES des rapprochements intéressants à effec­ alléguant la spécificité du musical et le tuer. Ne pouvant écrire des milliers de danger qu'il y a de réduire l'activité mu­ par François Brun pages, l'auteur encourage son lecteur à sicale à une autre activité humaine. Com­ continuer seul le voyage. Il souhaite que ment comprendre alors les principes gon­ son livre soit aussi un « instrument de sethiens de strucwralité et de solidarité Eric Emery: Temps et Musique (Lau­ ultime, c'est elle qui tranche entre le so­ travail ». De nombreux tableaux de réfé­ qui sont censés inspirer la démarche de sanne, L'Age d'Homme, 1975, 696 pages). nore et le musical. Elle est posée comme rences une bibliographie étendue et dé­ bout en bout? Solidarité, comme l'affir­ La critique de livre peut trouver deux « préalable obligé». taillée' et un index des noms cités per­ me d'ailleurs l'auteur lui-même, n'impli­ usages différents. Ou bien le lecteur n'a Temps et Musique est ensuite un livre mettent de continuer la recherche, de com­ que pas réduction. L'indépendance de la pas encore lu le livre en question et pros­ d'histoire, ou plutôt deux livres d'histoire: pléter certains points, ou simplement de deuxième partie vise, selon nous, à ra~­ pecte tout d'abord le terrain, ou bien il l'un sur « l'évolution de la notion générale réfléchir sur certains thèmes. courcir le livre de deux cents pages envt­ l'a déjà lu et aimerait confronter ses opi­ de temps dans la civilisation gréco-occi­ ron afin de ne pas dissuader le lecteur, nions avec celles du critique. Dans le pre­ dentale », l'autre· sur « le temps dans la Tous les registres sur lesquels sc déve­ hésltant à entreprendre la lecture d'un si .mier cas, il souhaitera avoir un bref aper­ musique de Pythagore à Xenakis ». L'in­ loppe cet ouvrage son~ nous l'avons dit, gros ouvrage. çu informateur qui lui donnera une idée vestigation historique «consonne» en quel­ solidaires. Toutefois Emery a prévu plu­ La synthèse des deux parties, Emery se générale, dans le second, il attendra peut­ que sorte avec le projet esthétique car il sieurs usages possibles de son livre. Temps réserve de ne l'effectuer qu'à l'extrême être une argumentation plus étoffée et répond au souci d'ordre méthodologique et Musique est un instrument d'informa­ fin de l'ouvrage. Jusque-là, il s'efforcera une discussion de l'ouvrage qui va au-delà de se mettre à l'écoute de tous les témoi­ tion critique, de travail et aussi un instru­ d'intervenir le moins possible dans l'ex­ d'une certaine superficialité. Il y a plus gnages qui peuvent apporter une lumière ment à l'usage spécifique des mu sicie~s posé des meilleurs penseurs et esthéticiens de trois ans que le livre d'Eric Emery sur l'homme dans son activité musicale, qui ne s'y entendraient pas trop en fmt de notre tradition, afin de ne point les Temps et Musique est sorti de presse. 11 c'est-à-dire sur le compositeur, l'interprète, de notions philosophiques. L'ouvrage est trahir. Toutefois, Je lecteur pressé, mais s'est donc écoulé un laps de temps suffi­ l'auditeur. présenté en deux parties. La première, déterminé à lire le livre en entier, aura sant pour qu'on puisse supposer que le Cette procédure d'épreuve el de témoi­ traitant de la notion générale de temps, loisir de faire pour lui la synthèse entre lecteur a déjà pris connaissance du livre. gnage fait partie d'un corpus de principes sert d'introduction à la deuxième, qui, la notion de temps dans l'esthétique mu­ Toutefois les dimensions et la technicité méthodologiques empruntés à la pensée elle · traite du temps dans la musique. sicale et la notion telle qu'elle apparaît de Temps et Musique auront peut-être de Ferdinand Gonseth, Temps et Musique· Cette deuxième partie est conçue de ma­ dans d'autres domaines de l'activité hu­ découragé certains... C'est pourquoi, nous étant encore une méthodologie appliquée: nière à ne pas nécessiter la première et maine grâce au « tableau de références aimerions nous adresser aux deux types « les principes gonsethiens inspirent de à permettre ainsi au lecteur-musicien d'en de pages » en annexe à la première partie, de lecteurs à la fois. Nous encourageons bout en bout notre démarche » (p. 20). faire l'économie. qui propose d'une façon très didacti~ue les uns à la lecture de l'ouvrage en leur Emery signifie encore par là que le philo­ Cette autonomie de la deuxième partie un certain nombre de thèmes de réflex10n. donnant un compte rendu introductif; sophe et mathématicien neuchâtelois n'a présente un aspect contradictoire, car, de L'extrême prudence et l'extrême discré­ nous proposons aux autres nos impres­ pas seulement livré un exemple de mé­ l'aveu même d'Emery, les écrits des mu­ tion d'Emery face aux textes de notre tra­ sions personnelles qu'il était impossible, thode mais encore une sagesse. En effet, siciens ne suffisent pas à élucider le pr~­ dition philosophique et esthétique .rendent vu les dimensions du livre, de définir et la pensée de Gonseth, d'une part, permet blème du temps dans la musique·: « tl non seulement difficile la réumon des de soutenir en trois colonnes. à Emcry de fonder les outils intellectuels serait difficile, sinon impossible, de JUg~r deux parties du livre, m~is en~ore ne ~er­ Temps et Musique n'est pas qu'un seul dont il va user pour bâtir son édifîce, et en connaissance de cause si nous n'envi­ mettent pas de percevOir !OUJOUIS . clli;'re­ livre, mais plusieurs en un. Non seule­ plus particulièrement son ouvrage Le Pro­ sagions pas de consulter égalem~nt .t~ ment à l'intérieur d'une meme partie 1 en­ ment il contient un nombre impression­ blème du temps (Neuchâtel, Le Griffon, penseurs et les savants, ct de votr ams• chaînement des chapitres, voire des para­ nant de pages, mais encore il tisse en 1964), d'autre part, fait figure de pièce se dessi ner l'évolution de la notion géné­ graphes. Le lecteur voit tout d'abord un_e « contrepoint» plusieurs discours super­ maîtresse permettant de tenir ensemble rale de temps au cours des siècles» (p. 11). mosaïque qu'il observe. à qu~lques centi­ posés, qui, en définitive, ne forment qu'un tous les éléments de la construction. L'indépendance de la deuxième. partie est mètres de distance, pUis, mats seulement seul et vaste propos : le temps dans la Et c'est là que, après avoir entendu les problématique à cause du chOIX métho­ dans le dernier chapitre, prend du recul musique. Temps et Musique est à la fois penseurs, les savants, les esthéticiens, les dologique l u i -m~m~., Le lecteur d.c l'~u­ et contemple la « fresque » dans son en­ un livre d'esthétique, un livre d'histoire, musiciens et même les théologiens les plus vrage entier est trnte de ne pouv?tr fat~e tier. une méthodologie appliquée, un essai et marquants de notre tradition occidentale le pont entre les deux parties qu à partir L'exigence de fidélité aux. auteurs a ~on enfin un instrument de travail. Mais le se prononcer sur le problème du temps, de la page 622. Par exemple, il est sur­ projet qui oriente tous ces discours est Eric Emery essayiste. pris que le commentaire du De Musica corollaire qui est le souct de ne ncn nous rencontrons omettre. Nous devons nous inclin~r devant d'ordre esthétique. L'essai consiste à établir une synthèse des de saint Augustin ne soit pas mis en rel~­ l'immense effort de lecture et d mforma­ La recherche scientifique (physiologi­ différentes conceptions du temps à l'aide tion avec l'exposé fait en première partie des six variantes gonsethiennes (nous en tion accompli par Emery. Aucun do­ que, psychologique) dans le cas de la mu­ sur le temps chez saint Augustin. Autre maine que le problème du temps to,uc~e sique est vite débordée du côté de la sub­ reparlerons plus loin) et à rechercher exemple : le chapitre IV de la deuxième par un biais ou par un autre n'est delats­ jectivité par les phénomènes de cons­ leurs racines communes afin d'en dégager partie est intitulé « Kant et les Post-kan­ sé. La métaphysique, .la physique, l.a phy­ cience, dès que l'on cherche à découvrir, la signification profonde pour l'homme tiens » et s'ouvre par un paragraphe appe­ vivant l'expérience musicale. lé très justement : « Age critique : Chaba­ siologie, ta psychologte, la théologte sont « au-delà de la matière sonore ct de ses toutes passées en revue. En out~e, ?ul lois, au-delà des réactions physiologiques Eric Emery, esprit curieux, conscien­ non » Malheureusement à aucun moment détail, pour chaque auteur en et psychologiques, la qualité intrinsèque dans ~ premier paragraphe n'est explicit.é parttc~her, cieux et soucieux de ne rien omettre, n'a n'est épargné. Citons l'exposé sur Hetde~­ du message perçu » (p. 12) et surtout son ce terme si juste et si important de « en­ mis un point final à son livre qu'à regret. ger, par exemple, qui restitue ~es re­ sens. C'est la conscience musicale qui Son voyage à travers notre tradition lui tique», ce qu' une référence à la prem!ère flexions du penseur sur la notton ·de donne ce sens, c'est elle qui est l'autorité a fait découvrir des régions inexplorées, partie aurait permis de faire. Emery JUS- 251 250 temps en un raccourci remarquable par ticulièrement de l'esthétique musicale, et qu'il est seul à mener. Concernant la tives temporelles, qui n'est pas quelcon­ la richesse des éléments rapportés. Une mais, comme il le dit lui-même c'est le première affirmation, une incursion chez que. Cette spécificité n'est hélas pas carac­ remarque semblable doit être faite pour « témoignage», c'est le docum~nt isolé tous les auteurs mentionnés dans la se­ térisable. Elle est de l'ordre du mystère. le paragraphe concernant Rameau. Toute­ de son contexte, pris pour lui-même et conde partie dévoile que presque tous Tout ce que l'on peut en savoir, c'est fois cette exigence d'intégralité a aussi utiUsé après coup, lorsque le dossier envisagent la musique sous trois horizons qu'elle réussit ou ne réussit pas. Dans le son revers. Emcry conduit parfois son est complet, comme pièce justificative de réalité que Willems peut-être a seul su premier cas, elle accomplit le miracle de lecteur par des chemins tout à fait im­ d'une « dialectique de la durée dans l'art le mieux dégager: le sensoriel, l'affectif la communication et associe le musicien prévus et inopinés. L'auteur de Temps et musical » qui, elle-même, présuppose une et le memal. Sur ces trois horizons de et autrui dans l'expérience de la beauté. Musique veut tout dire, même lorsque notion déjà achevée de la notion de temps. réalité se dessinent trois versants de la Il est à parier alors que le musicien a dans l'histoire de l'esthétique musicale le temporalité dans l'expérience musicale suivi les préceptes de sa conscience musi­ problème du temps dans la musique n'est c:t!e dialectique est celle du temps du mus1C1en en tant qu'homme doué de fa­ que la conception gonsethienne permet cale. Dans le deuxième cas, le miracle pas central. Dans la seconde partie, le cultés sensorielles, affectives et mentales d'interpréter comme suit : les aspects sen­ ne se produit pas et la faute en i~combe lecteur chemine parfois sans très bien sa­ dans son « projet de durer au monde et soriel, affectif ct mental du temps dans la au musicien qui n'a alors pas su ecout.er voir où il va et traverse des étapes où il musique se laissent englober respective­ sa conscience musicale. Nous reconnais­ n'est pas ou peu question du temps dans avec autrui ». Quant à la conception du temps, elle est empruntée Gonseth. Sur ment par les variantes existemielle, cons­ sons ici l'influence d'Ansermet et de la musique. La raison en est qu'Emcry, à la base d'un examen de cette notion à tra­ cientiel/e et idéelle du temps. Concernant Frank Martin dont les noms occupent répondant à cette double exigence de dis­ une place très' vénérée dans ce point cul­ vers l'usage .qu'on en f~it dans la langue la deuxième affirmation, la conception crétion ct d'intégralité dans la restitution gonsethienne permet encore de mieux minant de Temps et Musique qu'est son des témoignages, a voulu offrir un miroir de tous les JOurs, le ph•losophe distingue deux aspects du temps, l'un subjectif et apprécier les différences entre les points dernier chapitre. le moins déformant possible de l'histoire de vue sur la notion générale de temps, ou plutôt, plus généralement dit, a voulu l'autre objectif, ~ui, à. leur tour, suppor­ L'histoire nous l'avons relevé, est utili­ tent encore tJ·o•s variantes. Donc trois rencontrés dans la première partie - 1aisser parler l'a utre. sée pour démontrer une vér!té q~i n'est variantes, su bj~ctives (nous ne pouvons ici selon que les auteurs insistent sur l'une pas historique. Il y a .une ~·m~ns1on du Une vue d'ensemble sur l'histoire, la que les enumerer), le temps conscientie/ ou l'autre des variantes ou les subordon­ temps qui joue un role. tres 1mpo!tant présentation des grandes lignes et un dis­ le !emps. existentiel et le temps idéel, et nent d'une certaine manière - et égale­ dans la philosophie occ•dentale, d1sons cours plus serré sur le problème du temps trt qu'ex­ soprano ct l'alto alors que les ~t app:trtiennent donc au pour nous une révélation. Le gramme aussi riche que varié. Jeune Beethoven - une étape prcmvc. Cependant décoratif Haydn : « Il Mondo Della On y trouvera, outre quelques voix d'hommes donnent en­ ne signifie pas, précisons-le, Bartok de trente ans qui l'a tière satisfaction. Au total une où celui-ci • se fait la main ,. Luna», Auger, Mathis, Von conçu n'est pas encore le morceaux connus tels l'Introït :i la technique instrumentale • cérébral ou insensible .•• Tech­ Stade, Valentini, Terrani, Nos auum du Jeudi·S:~int et édition de qualité, mais qui nique excellente, avec une créateur puissamment original ne fait pas oublier les ver­ elles préludent ainsi :i l'avè~ Alva, Rolfe Johnson, Tri­ ct un peu tourmenté de la les lmpro#res de: Vendredi­ nemcnt des symphonies avec mention spéciale pour la prise marchi, Orchestre de Saint, plusieurs autres qui le sions prestigieuses des Klem­ de son, :i la fois nette, bien Musiqtte po11r cordes. On le perer, Bohm ou Karajan. Le un.e certaine ingénuité e;, par­ chambre de Lausanne, dir. sent imprégné de romantisme sont moins, ct notamment les dosée ct d'une remarquable troisième disque du coffret est fon, une force d'invention Antal Dorati (Philips 6769 ct d'impressionnisme dcbuss)•s• trois solos (magnifiquement q ui annonce la mattrisc ulté­ ampleur sonore. ]. V. 003, coffret de quatre dis­ exécutés) : un extrait de la consacré à la Messe en 11t, té­ tc, mais déjà le génie est là, moignage du • second style • rieure. L'Oct:~or op. 103 ques avec texte ct traduc­ tout entier : quelle maîtrise Passion selon saint Jean ct les (1792), plein de jovialité ct Ansermet, Binet, Strawln­ tion française). Leçons I ct IX de J érémie. prHigurant sous une forme d'écrit.ure et de pensée, et plus modeste l'esthétique du de bonne humeur, a été par sky: Chansons pour voix L~ Monde de la l~tne, com­ surtout quelle force d'expres­ Si le style des chanteurs bava­ ailleurs, transposé ct ;etra­ c t instruments sur des posé en 1777, est le quatrième rois ne possède pas la sou­ grandiose chef-d'o!uvre des an­ sion 1 Bartok retrouvera-t-il nées 1820. ] . V. vaillé pour les cordes dans le poèmes de Ramuz, Basia opéra de Haydn. Le livret jamais une veine lyrique aussi plesse de ligne, l'aérienne flui­ Q:~intettc op. 4. La Marcbc Retchitzka, soprano, Phi­ relate l'hsitoire fort plaisante dité que cultivent les schola~ lippe Huttenlocher, bary­ directe, aussi puissante ? Une miniature en si b (1807), con­ d'un père intraitable qui se telle musique ne nous semble bénédictines - celle de So­ çu.e pour les grenadiers du ton, membres du Colle­ fait berner par les préten­ lesmes au premier chef - il gium Academicum de Ge­ pas indigne de Pelléas ou pnnce Esterhazy, appartient dants de ses filles : ceux-ci Woz~eck, qu'elle évoque par l'emporte nettement sur le plan Divers seule :i une autre époque. Le nève, dir. Robert Dunand finissent par arriver :i leurs vocal et son approche, moins (Gallo 3().214). certams aspects ct entre les­ Rondino (1797), où domine un fins grice à un struagème quels elle se situe chronologi­ subtile, n'en apparaît peut-être thè'!'~ ma~tial, très assagi, Ansermet, Strawinsky, Jean assez énorme dans lequel le quement. L'interprétation il que plus authentique. Un dis­ Jack Trommer, bande ori· ant1c1pe F1delio. Le Sextuor Binet•: voilà un bien curieux vieux donne tête baissée, aveu­ faut le dire, sert admira'bte­ que précieux, donc, parfaite­ ginale du film Roméo et op. 71 (1796), a été écrit en trio si l'on précise que le pre­ glé qu'il est par son amour de ment l'œuvre. Les deux solis­ ment enregistré ct accompagné Juliette au village (1941), une nuit, assure Beethoven, mier nommé y figure :i titre l'astronomie ; mais tout se ter­ tes ont des voix splendides :i d'un intéressant commentaire de Hans Trommer et Va· non sans exagération peut­ de compositeur.•. Trio dont le mine bien, un peu trop même la fois nobles et chaleur~u­ en français avec reproduction lerian Scbmidely, par le être, ce qui ne l' empêcha pas dénominateur commun, si l'on selon les normes de la vrai­ des textes latins et de leur Schweizerisches Tonfilm· scs, exactement appropriées et Orchester, dir. Dolf Zin· d'être très favorablement ac­ peut dire, est fourni par la semblance• .• Ne cherchons dans sc complétant :lU mieux. Quant traduction française. cueilli à Vienne en 1805. poésie de Ramuz : excellente cet amusant scénario, pour­ à la partie orchestrale, Boulez ]. v. stag (Adraiano records Quant au Quintette inachevé idée que de réunir ainsi, à tant signé Goldoni, ni ressort lui communique u11c intensité P.O. Box !018 CH- 8022 Zu· (1795 ?) (trois mouvements), il l'occasion d'un centenaire dont dramatique ni intér8t psycho­ poignante, sans qu'ici la pré· Beethoven : Mlssa Solem­ rich). n'a été complété qu'au milieu on parle, quelques pièces ins­ logique véritables. Et la mu­ cision qu'il recherche engendre nls, messe en u t, op. 86, Romto ~~ ]11litttt au çjl/agt, du siècle dernier. Sa forma­ pirées par le grand écrivain sique est à l'avenant : spiri­ cette froideur qu'on lui a re­ A. Tomova-Sintow, C. Eda­ chcf-d'ccuvrc insurpassé du ci­ tion (pour hautbois, trois cors vaudois, en laissant de cllté tuelle, élégante et même riche prochée parfois : il obtient des Pierre soprani, P. Payne, néma helvétique, a été réa­ et banon) est pour le moins les morceaux de plus vaste d'invention tant qu'on voudra, sonorités constamment somp­ alto! R. Tear, ténor, K. lisé en pleine guerre d'après insolite, sa sonorité également. envergure issus de la célèbre mais sans néanmoins dépasser tueuses, envoCitantes. Un grand Mol , basse, London Sym­ l:l célèbre nouvelle de Gott­ L'ensemble des vents néerlan­ collaboration Strawinsky-Ra­ le niveau d'un divertissement disque, réussi sur tous les phony Orchestra and Cho­ f ri cd Keller, tirée des Gms dais ne manque pas d'agré­ m~z: Il en ré su l~e un disque de bon ton. L'invention, d'ail­ plans, que l'on peut recom­ rus, dir. Colin Davis (Phi· dt Se/dwy/a. Jack Trommer ment ; c'est dans les mouve­ ongmal ct réussi, tout plein leurs, ne se soutient pas de mander sans réserve. ]. V . lips 6769 001, trois disques (né :i Zurich en 1905) a com­ ments vifs aux nnte_ç riquées d•une- s:avoureuce rusticité os­ Lu ut en bout : n'dit-on pu en coffret). posé la musique du film de H. Trommer et V. Schmidely, que la gravure le favorise sur­ cillant entre la cocasserie et condenser quelque peu en éla­ L'atout majeur de cette nou­ tout, ainsi que dans le plaisant la mélancolie, selon la meil­ guant dans les longues sé­ sans pouvoir assister au tC?ur­ velle version de la Missa So­ nage ni au montage du f1lm, Rondino. · ]. M . leure veine populaire. Chacun quences ac récitatifs ? Les bel­ lenmis nous paraît résider dans Musique d'après des plans fixes et les des trois compositeurs a su à les pages - car il y en a de la partie orchestrale, tant en Schubert: Quatuor en sol sa manière se mettre au dia­ nombreuses - n'en eussent été religieuse rushes de quelques scènes. majeur op. 161 ; par le ce qui concerne l'interpr~ta­ pason et trouver le ton juste, que mieux mises en valeur. tion que la prise de son. Non Dans une telle réalisation, ce Quartetto Italiano (Phi­ Ansermet y compris qui ré­ Mais l'interprétation, merveil­ que les chœurs ne soient pas qui détermine le travail du lips 9500 409). vèle ici un authentique don leusement vivante et sensible, Chant gréaorlen: Chants compositeur, c'est la durée des de la Semaine Sainte, par beaux, mais ils semblent moins Le plus grand ct peut-être le créateur. Quant à l'interpré­ tient l'auditeur en haleine. La soignés quant la mise au épisodes qui comportent de la tation, dans l'ensemble très la " Capella Antiqua» de à plus beau des quatuors de distribution, très homogène, sc point ct quelque peu prétéri­ musique. Le disque n'a donc Schubert est abordé ici avec soignée ct spirituelle à souhait, Munich, dir. Konrad Ruh­ rév~lc unanimement excellente land (Philips 6575 076). tés quant i l'équilibre des pu être réalisé que d'après la un souci constant de clarté, la seule réserve s'adresse rait et l'on peut en dire autant de 261 260 bande originale du film qui, pla::ing mono, est sortie sur reprise, d'un ou deux leitmo­ au départ, en 1941, a fait disque la musique de film d'un tive de nature populaire. La l'objet d'un transfert sur ma­ compositeur suisse. La parti­ palette orchestrale a parfois ALOIV gnétophone. Sans doute, le tion de Jack Trommcr pour­ la transparence de l'air ct le Crédit découpage technique ct la qua­ rait relever de la • musique à flou de la torpeur estivale ; Schallplatten-Neuheiten lité du son n'étaient pas tou­ programme • , puisqu'elle s'ap­ elle utilise volontiers des soli jours satisfaisants. Quelques plique à suivre directement ce instrumentaux (sans oublier KAMMERMUSIK épisodes ont dû être emprun­ qui sc passe sur l'écran ; mais l'accordéon d'une fête villa­ ~:oncier

Andrâ von T6sztghî, Viola 1 Hamish Milne. Klavier 1 Ecole jurassienne et Conservatoire de Musique Emission d'obligations BBC Northtfn Symphony Orc:hesua unter der leitung von à long terme Raymond Loppard Institut Edgar Willems · Delémont Gérance de titres Zu be:iehen von: ALOIV RECORDS. POI1foch. 8953 Dietil

262 Disques et musicassettes PHILIPS

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