Patrick FRADET

Hydrogéologue Agréé en matière d’eau et d’hygiène publique pour le département de la

2 rue du Pré Pêcheur 52220 MONTIER EN DU DER Tél. 06 80 43 79 60 /// [email protected]

Département de la Marne

TEREOS SYRAL HAUSSIMONT

Avis d’hydrogéologue agréé concernant la demande d’autorisation d’exploiter l’usine TEREOS SYRAL d’Haussimont qui s’intègre au sein du Périmètre de Protection Eloignée (PPE) du captage AEP d’Haussimont.

Et

Avis provisoire d’hydrogéologue agréé concernant la création de trois bassins avec forage de prélèvement d’eau à 1500 m au SSE du captage AEP de Montépreux.

Avis N° 16-51-ICPE-501 En date du 21/12/2016 I – Préambule

Dans le cadre de la demande d’autorisation d’exploiter l’usine TEREOS SYRAL d’Haussimont, un avis d'hydrogéologue agréé a été demandé par l’ARS de la Marne ; le projet étant englobé dans le périmètre de protection éloignée du captage AEP d’Haussimont.

Lors de la réunion sur site effectuée le 09 Novembre 2016, il m’a également été signifié que la réalisation d’un forage de prélèvement d’eau, à proximité immédiate de bassins devant être réalisés sur le territoire de la commune de Montépreux, était à l’étude. En l’absence de données technique sur ce point, l’avis concernera uniquement les bassins.

Mon avis se base sur une visite commentée du site réalisée le 09/11/2016 en compagnie de représentants des TEREOS SYRAL, du bureau d’études GNAT, et de l’ARS 51.

Outre les données et renseignements fournis ce jour-là, mon avis se base sur les documents suivants :

 Demande d’autorisation d’exploiter / TEREOS / Féculerie / Etablissement d’Haussimont / GNAT INGENIERI / Dossier versio B – Octobre 2016.

 Commune d’Haussimont / Définition des périmètres de protection du captage AEP / P. MORFAUX – Janvier 1985.

 Préfecture de la Marne / Arrêté 28 Janvier 1988 – DUP / Commune d’Haussimont / Périmètres de protection du captage communal.

 Commune de Montépreux / Définition des périmètres de protection du captage d’alimentation en eau de la commune / R. PANEL – Mars 1988.

 Préfecture de la Marne / Arrêté 18 Juillet 2002 – DUP / Commune de Montépreux / Périmètres de protection du captage communal.

Les sites suivants ont également été consultés : Géoportail, Infoterre, Cadastre, Basias et Basols, Hydro, etc.

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II – Localisation des projets - Nature des travaux

L'usine actuellement en activité est implantée au Sud de la commune d’Haussimont et est située à environ 440 m au Sud du captage AEP de cette commune.

Les bassins seront créés à environ 5 km au sud de l’usine, sur le territoire communal de Montépreux, en zone agricole.

Le puits à créer sera sans doute proche de cette zone qui est située à environ 1500 m au SSE du captage AEP de Montépreux.

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Le forage privé qui alimente l’usine est situé lui à environ 450 m à l’Est de ce captage AEP.

L'usine actuellement en activité est réglementée par arrêtés préfectoraux autorisant une capacité de traitement de 400 000 t de pommes de terre. La féculerie devant gérer l’augmentation prévue des tonnages, une étude préliminaire a fait ressortir les besoins :

 d’augmenter la durée de campagne durant laquelle les pommes de terre sont traitées,

 d’augmenter les capacités instantanées d’évaporation des eaux rouges,

 d’augmenter les cadences instantanées de conditionnement (mise en sac et vrac),

 de créer des capacités nouvelles (cellule, cuves tampons ou de stockage...),

 d’améliorer la maîtrise des flux (effluents, consommations d’eau).

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Afin de satisfaire à ces besoins, des aménagements doivent donc être apportés à l'usine et des capacités de stockage d'effluents doivent être créées.

Ces projets présentés à l'administration ont été jugés comme substantiels d’où l’obligation de présenter une demande d'autorisation d'exploiter.

Le projet concerne donc :

 Dans l'usine d’Haussimont ; des extensions d'ateliers et d'aires de stockage.

 Sur le territoire de Montépreux ; la construction de bassins nécessaires à la gestion des effluents avec possibilité de prélèvements d’eau.

Ces équipements seront installés dans la continuité du réseau d'épandage.

L’exploitation du site ne pourra se faire que par des apports d’eau issus du forage privé existant de l’Usine et du réseau public d’Haussimont.

Dans l’arrêté préfectoral actuel n°2008-A-156-IC, il est stipulé les prélèvements et débit suivants :

Dans le cadre de la demande actualisée, les consommations sur le réseau public seront légèrement en hausse :

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Par contre les prélèvements maximums annuels au droit du forage de l’usine vont augmenter ; les débits de prélèvement étant en théorie moindre sur une période de pompage plus longue (en fait 24h/24 si on prend les données maximales) :

L'allongement de la période de campagne va conduire à une augmentation de la consommation en eau sur l'année.

Celle-ci atteindra 840 000 m3/an et 4 200 m3/j au maximum.

Le projet tel que présenté dans la demande indique :

 que les divers aménagements envisagés au droit de l’usine et des futurs bassins sont susceptibles, en cas d’accidents lors de la phase travaux et/ou en cas de dysfonctionnement lors de l’exploitation, d’induire des pollutions ponctuelles et/ou diffuses en aval écoulement des sites sachant que celui de l’Usine est de toute évidence en amont écoulement du captage AEP ;

 que les modes d’épandages (avec réseau de surveillance) resteront similaires ; les stockages temporaires augmentant cependant sensiblement ;

 que les prélèvements annuels d’eau augmenteront sensiblement ; les débits de prélèvement horaire étant cependant moindres mais sur une période plus longue ; le cône d’appel du forage de l’usine sera modifié.

Dans le dossier de demande, les volumes de restitution par bassin versant des eaux via les épandages ne sont pas spécifiés et l’on ne peut donc pas effectuer des bilans hydrogéologiques permettant d’estimer l’impact sur la réalimentation des nappes.

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III – Contextes géologique

Le substratum est principalement constitué par une puissante assise crayeuse attribuée au Sénonien inférieur (Santonien C5 d à f et Campanien C5 g).

Par places et dans les vallons, la craie est recouverte par des alluvions anciennes graveleuses (sables et gravillons crayeux) dont la puissance varie de quelques dizaines de centimètres à quelques mètres.

Les captages AEP et l’usine sont implantés dans l’assise crayeuse ; le puits de l’Usine captant lui les eaux au sein de la masse alluviale et de la craie sous-jacente.

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Coupe du puits de l’Usine.

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La lithologie au droit du puits de l’Usine serait la suivante :

• 00.00 m - 00.05 m : terre végétale. • 00.50 m - 04.50 m : alluvions poudreuses et graveleuses (en fait alluvions anciennes). • 04.50 m - 23.50 m : craie fissurée. • 23.50 m - 24.70 m : craie compacte.

L’ensemble de ces terrains présente un caractère de perméabilité marqué.

Il n’est pas donc pas exclu que la masse alluviale participe à l’alimentation de cet ouvrage quand elle est alimentée (rivière et/ou coteaux via l’axe drainant existant au Sud en direction de l’Usine).

De plus des mesures géophysiques réalisées lors de travaux de recherche en eau semblent indiquer la présence d’une zone de fracture majeure au droit du talweg.

L’examen de la carte géologique montre la présence d’une fracture majeure (faille de Montepreux – ) ; le compartiment Nord étant abaissé d’une vingtaine de mètres par rapport au compartiment Sud.

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IV – Contextes hydrogéologiques et périmètres de protection

Le captage AEP d’Haussimont créé en 1930 a une profondeur de 17.75 m et capte, via un tubage métallique de 200 mm (hauteur crépinée inconnue), les eaux de la nappe de la craie.

Le niveau statique (NS) a été mesuré à :

• 7.75 m/sol en Novembre 1966 (cote 163.55 m),

• 8.52 m/sol en Août 1983 (cote 152.78 m).

Pas de mesure actualisée dans le cadre de la demande.

La cote sol du forage étant de 161.30 m, la cote moyenne du NS est donc de l’ordre de 153 m ; ce qui correspond sensiblement à la cote des écoulements pérennes de la Somme, située à environ 400 m au Nord (niveau de base local).

Les paramètres hydrodynamiques concernant cet ouvrage sont inexistants.

De ce fait, le périmètre éloigné ne correspond pas à une délimitation calculée à partir d’un isochrone imposé.

En clair, le temps de transfert entre une pollution survenant en bordure de la N4, au droit de l’Usine ou au droit du puits de l’Usine est inconnu.

Le sens d’écoulement local de la nappe est considéré comme dirigé vers le NNO, dans le rapport préliminaire à la définition des périmètres de protection (rapport BRGM 83 GA 063 CHA).

Si l’on examine la carte synthétique « hydrogéologie de la région Champagne Ardenne (feuille de Vertus – Châlons – Vitry – Fère Champenoise / Inventaire Octobre 1966 /// Doc. BRGM) », on constate un drainage global des eaux de la nappe vers le NNO : hydroisohypse comprise entre 150 et 160 m.

En prenant comme références les puits AEP de Montepreux, Sommesous et Lenharrée, etc., et les travaux et essais réalisés sur le site de l’Europort de , la perméabilité de la craie productive est de l’ordre de 10-5 m/s.

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Grâce à ces données et à des données connues, le temps de transfert, en fonction des conditions d'exploitation, pour divers isochrones peut être calculé selon la méthode de Wyssling.

La méthode de Wyssling consiste à calculer dans un premier temps la zone d'appel du captage, puis à chercher la distance correspondant au temps de transfert souhaité, dans la direction de l'écoulement.

Cette méthode suppose un pompage d'essai et certaines données : porosité efficace, perméabilité, épaisseur de l'aquifère, gradient.

Les données utilisées sont les suivantes :

b = épaisseur de l’aquifère productif en m = 9.75

K = perméabilité en m/s (estimée) = 1 10-5 m/s

i = gradient = 0.035 (estimé en fonction de la topographie)

ω = porosité efficace = 0.05

Q = débit du puits m3/s = 0.001 (pour une production de 33 000 m3/an)

Si B est la largeur du front d’appel ; on a :

Q = K.B.b.i avec B = Q / K.b.i en m

La zone d’appel étant déterminée et la direction d’écoulement supposée étant définie (du SSE vers le NNO), on peut calculer les distances correspondant à des temps de transfert souhaités, en l’occurrence 10, 20 et 50 jours ( isochrones 10 j, 20 j et 50 j ).

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Ces distances sont calculées par la formule suivante :

So ou Su = ± l + √ l ( l + 8xo ) avec l = U t 2

Dans le cas présent, pour un temps de transfert de 50 jours (utilisé couramment pour la définition du périmètre rapproché), on obtient les valeurs suivantes :

So = 168 m et Su = 17 m

Feuille de calcul.

Le PPR actuellement défini par DUP a une dimension de l’ordre de 200 m vers l’Est en direction du puits de l’Usine et de 180 m vers le SSE.

Ces dimensions sont donc cohérentes avec les calculs ci-dessus.

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Pour informations, les valeurs calculées se devraient d’être modulées (méconnaissance du gradient exact et de la porosité efficace exacte) et dans un souci de protéger au maximum la ressource, la distance amont se devrait d'être volontairement augmentée.

En général, dans un cas semblable, un coefficient de sécurité de 1.5 à 2 est appliqué ce qui est un bon compromis quand on veut tenir compte du principe de précaution.

Dans le cas d’espèce si on devait appliquer cette mesure de précaution, la distance en amont écoulement serait de 250 m à 340 m vers le SSO et en latéral écoulement d’une centaine de mètres.

Le puits de l’Usine ne serait donc toujours pas englobé dans le PPR ; de même que l’Usine.

Dans le cadre de mon avis, je considérerai donc que le projet est uniquement soumis à des prescriptions de type PPE.

En fonction des calculs, on peut estimer que les temps de transfert seraient supérieurs à 50 jours, ceci permettant une intervention en cas de pollution en amont écoulement.

Le puits de l’Usine est certes situé en dehors du PPR mais il convient de calculer les effets pouvant être induits lors des pompages sur le captage AEP.

Les données fournies par le bureau d’étude PB Expertise chargé de l’étude hydrogéologique sont largement sujettes à caution : erreurs de distances - erreur d’unité - affirmations et présentation de résultats sans démonstration - prise en compte de données obsolètes – mauvaise interprétation de résultats - etc.

Dans ce document il est indiqué, page 4, sans aucune démonstration ou calcul :

La valeur de 280 m (ainsi que la courbe rabattement débit) semble issue du « bilan des essais de débit sur le forage d’essai SE 24 (du 18 au 21 Décembre 1967) » par le service du Génie Rural : confer document joint en fin de texte.

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Ce document indique l’emprise des rayons d’action fictifs lors des essais.

S’il est bien spécifié que le rayon d’action fictif moyen est de 280 m (axe E-O) en page 2 de ce document, il est également indiqué qu’il existe un rayon fictif de 600 m à l’aval de des Chers (donc dans le secteur du puits Usine et du captage AEP).

Dans l’étude hydrogéologique, il est indiqué que la distance entre le puits de l’Usine et le captage AEP de l’usine est de 250 m ; ce qui impliquerait que les pompages interfèrent depuis des années sur le captage AEP ! En fait la distance est de 460 m…

« Le rayon de rabattement » (? terme impropre) serait de 80 m à 175 m3/h selon PB Expertise sans que le calcul menant à cette valeur soit présenté où que l’origine de ce calcul soit indiquée.

Dans le cadre du dossier il est inadmissible qu’aucune étude hydrogéologique sérieuse ne soit présentée : pas de suivi à minima de la piézométrie lors des pompages par exemple.

Cependant, à partir des données de 1967 issues des essais de débit, on peut cependant estimer les impacts possibles.

La transmissivité calculée lors des essais au droit du puits de l’Usine était de :

T = 3 10–2 m²/s

On rappellera que :

Ces paramètres hydrodynamiques permettent d'estimer en première approche le rayon d’action du projet.

Le rayon fictif, Rf, est la distance à laquelle le rabattement, calculé par l'expression de C.E. JACOB, est nul.

Expression de JACOB : s = ( 0.183 Q ) / T . log [ ( 2.25 Tt ) / ( x² S ) ]

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avec

s = rabattement mesuré dans un piézomètre, en mètres.

Q = débit de pompage constant en m3/s.

T = transmissivité en m²/s.

S = coefficient d'emmagasinement. …/… Dans l'aquifère à nappe libre, le coefficient d'emmagasinement est égal en pratique, à la porosité efficace. …/… ( G. CASTAGNY 1982 )

t = temps écoulé, à un instant donné, depuis le début du pompage, en secondes.

x = distance du piézomètre à l'axe du puits en mètres.

Pour s = ( 0.183 Q ) / T . log [ ( 2.25 Tt ) / ( x² S ) ] = 0

L'expression devient :

Rf = 1.5 √ ( Tt / S )

Dans le cas d'espèce : T =3 10–2 m²/s

S = 0.0125

Ce qui permet d'élaborer le tableau suivant où figure le rayon d’action fictif ( Rf ) en fonction du temps de pompage :

TEMPS Rf JOURS HEURES SECONDES 1 3600 139 2 7200 197

4 14400 279

6 21600 342 8 28800 394 10 36000 441 12 43200 483 18 64800 592 1 24 86400 683 1,5 36 129600 837

2 48 172800 966

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En fonction de la distance entre le puits de l’Usine et le captage AEP (460 m environ) les interférences liées aux prélèvements sur le puits de l’Usine seraient effectives au bout d’environ 11 heures.

Vis-à-vis des écoulements de la Somme, sise à 460 m environ, la durée est similaire.

Or d’après les données du dossier, le pompage serait de 175 m3/h pour un volume journalier de 4200 m3 ce qui suppose un pompage 24h/24.

Dans ces conditions, la réalimentation de la nappe serait fortement perturbée avec des incidences notoires sur les captages.

En fait il conviendra de pomper à plus fort débit sur une durée moindre de manière à permettre une réalimentation au droit du puits de l’usine. A 280 - 300 m3/h, la durée maximale de pompage serait de 14 – 15 h ce qui théoriquement induirait déjà des interférences.

Dans le dossier de demande, il est indiqué page 107 « qu’aucun défaut d’alimentation du forage le plus proche (500 m environ) n’a par ailleurs été observé ces dernières années » : affirmation non démontrée.

Si l’on examine les données de l’essai de débit et le texte associé, on note que les paramètres hydrodynamiques entre le captage AEP (nappe de la craie en zone non fissurée en grand) et le puits de l’Usine (nappe de la craie fortement fissurée et nappe alluviale au droit d’un vallon S-N surimposé sur une fracture sans doute majeure) sont fort différents.

On peut raisonnablement penser que les cônes d’appel au droit des deux points de prélèvements sont sans doute parallèles : ouvrages en latéral écoulement.

En l’absence d’essai ou de suivi actualisés il est cependant impossible d’être affirmatif et en tout état de cause, en l’état actuel des connaissances, un pompage en continu est totalement à proscrire au droit du puits de l’Usine (car cela induirait une absence de réalimentation des nappes).

Du fait de l’absence apparente (ou réelle) d’incidence sur le captage AEP (pas de mesures confirmant ce fait) et du contexte hydrodynamique, on peut sans doute accepter un prélèvement de 4200 m3/j au droit du puits de l’Usine ; ceci devant cependant être confirmé par un suivi du niveau des eaux au sein du captage lors des pompages au droit du puits de l’Usine (confirmation avant exploitation impérative).

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V – Réglementations applicables au projet

1- Travaux et activités concernés.

L’Usine s’inscrit au sein du PPE du captage AEP d’Haussimont, de même que le puits de l’Usine.

Les bassins à créer (avec puits associé) se situent en dehors de tout périmètre de protection dont ceux d’Haussimont et de Montépreux ; idem pour les zones d’épandage.

Seuls les travaux au sein de l’Usine et les pompages au sein du puits de l’Usine sont soumis à avis d’hydrogéologue agréé dans le cadre de la demande.

Cependant, dans le cadre de protection des eaux souterraines, il convient de noter qu’une partie des zones d’épandage (au SE de l’Usine) est située dans l’Aire d’Alimentation du Captage (AAC) d’Haussimont.

L’examen des résultats analytiques portant sur la qualité de la nappe dans les zones d’épandage montre l’absence d’interférence sur le captage AEP d’Haussimont ; le bureau d’étude chargé du volet hydrogéologique indiquant (sans démonstration) que le forage de l’Usine constitue une barrière hydraulique qui protège le captage.

Pour mémoire, si le captage de l’Usine constitue une barrière hydraulique vis-à-vis du captage AEP, ceci veut dire que le puits est en amont écoulement du captage et dans ce cas l’induction d’interférences ne peut qu’être effective.

On notera que le volume des eaux pompées retourne, via les épandages, en grande partie dans le bassin de la Somme et pour partie dans le bassin de la Maurienne. Il n’y a donc pas restitution totale des volumes prélevés dans le bassin d’origine ; l’impact quantitatif n’est donc pas nul comme indiqué dans l’étude présentée en annexe 11 du dossier de demande sur les risques d’assecs de la Somme et sur l’assèchement du puits.

En ce qui concerne les bassins à créer, qui seront implantés sur le secteur de Montépreux, ceux-ci sont situés en aval écoulement de la nappe si l’on se réfère à la piézométrie (très ancienne) présentée par le pétitionnaire en annexe 11 de sa demande.

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Les impacts sur le captage de Montépreux ne peuvent qu’être nul.

Par contre pour le forage à créer, il conviendra d’estimer les impacts quantitatifs (liés au cône d’appel) sur le captage de Montépreux.

2- Réglementation au sein du PPE du captage d’Haussimont.

 Captage sous tour d’Haussimont.

N° BSS 000RVRX (02243X0001/FAEP)

Dans la DUP concernant le captage d’Haussimont, il n’existe pas de réglementations générales ou spécifiques concernant les diverses activités pouvant s’établir en son emprise (définition ancienne).

Confer article 4 de la DUP jointe dans le texte en pages suivantes.

Il est simplement spécifié que : .

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Réglementation DUP captage Haussimont

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Réglementation DUP captage Haussimont

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Réglementation DUP captage Haussimont

On constate dans ces tableaux que la DUP indique que toutes les activités futures listées sont uniquement réglementées sans qu’il existe un descriptif desdites réglementations si ce n’est les quelques rares spécifications figurant en page 17 de cet avis.

Dans le cadre du projet, on peut donc uniquement se baser sur la seule réglementation actualisée suivante (se basant sur celle figurant dans la DUP) :

« peuvent être interdits ou réglementés et doivent de ce fait être déclarés à l’Agence Régionale de Santé (ARS), toutes activités ou tous faits susceptibles de porter atteinte directement ou indirectement à la qualité de l’eau. »

Pour mémoire, aucun débit et/ou volume de dérivation des eaux n’est indiqué dans la DUP.

L’isochrone retenu pour la définition du PPR n’est pas spécifié.

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VI – Conditions à respecter dans le cadre du projet.

Rappel : toutes activités ou travaux susceptibles d’altérer la qualité des eaux souterraines sens large sont strictement interdits.

Vis-à-vis du projet, les prescriptions suivantes sont à prendre impérativement en compte.

Reconnaissance géotechnique.

Les forages de reconnaissances géotechniques sont à considérer comme activités susceptibles de porter atteinte directement ou indirectement à la qualité de l'eau.

Les travaux seront possibles sous réserve que toutes précautions soient prises pour ne pas porter atteinte à la qualité des eaux souterraines et que ne soient pas modifiés les mécanismes d'écoulements souterrains (bouchage de conduits karstiques ou de fissures alimentées par exemple).

 Les sondages seront réalisés à l'air (ou à l’eau claire) ; remontée des cuttings par soufflage ( 1 ).

 La lubrification des tubages provisoires et des tiges de forage sera réalisée à base de graisse végétale ( 2 ).

 Une bâche de protection (qui devra être étanche) sera installée sous la machine et le camion (avec ressaut périphérique et au droit du forage pour constituer une rétention en cas de fuites de fluides hydrauliques et/ou de carburants) ( 3 ).

Les points 1, 2 et 3 sont parfaitement adaptés à la protection des eaux souterraines.

Au terme de l'essai, chaque forage aura fait l'objet d'une coupe précise avec indication des zones perméables et imperméables.

Il sera également indispensable de repérer très précisément les zones fissurées et/ou les vides (phénomènes karstiques).

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Le rebouchage des forages se fera comme suit :

. Niveau imperméable : argiles

. Niveau perméable : sables grossiers

. Vide : sables fins à surmonter 10 cm plus haut par coulis ciment– bentonite de 0.50 m d'épaisseur. Ces sables pouvant être chassés ultérieurement dans les fissures.

Les échantillons de roche recueillis lors des forages seront conservés pour examen de contrôle éventuel (échantillons tous les mètres et à chaque changement de lithologie).

Ouverture d'excavations. - remblayage

La création d'excavation provisoire ou non doit être considérée comme une activité susceptible de porter atteinte directement ou indirectement à la qualité de l'eau.

Pour le remblayage des tranchées, celui-ci se fera exclusivement avec les terrains meubles décaissés.

En cas d’apports de matériaux, ceux-ci devront être impérativement issus d’une carrière déclarée aux ICPE.

Il devra être donné une préférence à l’utilisation d’une trancheuse par rapport à une pelle mécanique, chaque fois que cela sera possible.

Lors des terrassements (nivellement, remblayage localisé, mise en place des couches de forme, creusement des tranchées de fondation, etc.), des engins de terrassement seront présents et évolueront sur les divers sites.

Les risques de pollution seront donc liés à un apport de remblais non inertes et/ou à des fuites lors de l’évolution des engins et camions (fuites d’hydrocarbures et/ou d’huiles et/ou de fluides hydrauliques).

Des risques seront également présents lors du remplissage des réservoirs des engins et/ou lors de l’entretien de ceux-ci.

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Pour pallier ces problèmes 

Conformément à la législation concernant la protection des eaux souterraines, toute pollution devra immédiatement enclencher une série de mesures tendant à annuler la source de pollution et à traiter immédiatement les sols souillés avant que la pollution gagne la nappe.

Les risques de pollution de la nappe ne peuvent donc en aucune manière être exclus, sachant que les pollutions seront de type hydrocarbures (polluant pouvant être maîtrisé).

Dans le cadre du projet, les apports extérieurs de matériaux devront être strictement inertes ou provenir de carrières locales.

Pour les camions, le plein des réservoirs et l’entretien se feront hors PPE du captage d’Haussimont.

Le ravitaillement des engins pourra se faire à partir d’un réservoir homologué sur porteur équipé d’un kit antipollution dans le PPE. Le stockage fixe d’hydrocarbures lors de la phase travaux sera par contre à proscrire.

En cas de déversement accidentel sur le sol, les consignes seront les suivantes :

• fuite légère de quelques litres :

Utilisation du kit antipollution présent dans un véhicule de l’entreprise ; avec mise en place des absorbants, puis mise en sacs plastiques de ceux-ci ; recueil et mise en sacs étanches des sols souillés au point de fuite.

• fuite de quelques dizaines de litres :

Purge immédiate des terrains souillés à stocker dans une benne de camion rendue étanche par une bâche type géomembrane. Evacuation ultérieure du chargement vers un site agréé d’élimination.

Appel immédiat pour communication du sinistre à la DREAL et à l’ARS (51), pour mesures analytiques de contrôle de pollution au sein des écoulements de surface et/ou souterrains.

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En cas de pollution avérée, une dépollution sera à engager sous contrôle des Services compétents.

La mise en place des enrobés (bitume) se fera avec les mêmes précautions. Il conviendra cependant d’effectuer les travaux hors précipitations.

Construction ou modification des voies de communication ainsi que leur utilisation.

La création ou le renforcement des routes, chemins et voies ferrées doivent être considérés comme des activités susceptibles de porter atteinte directement ou indirectement à la qualité de l'eau.

Pour les VRD, seuls des matériaux inertes issus de carrières autorisées pourront être utilisés.

Autres réglementations liées à la protection des eaux souterraines.

Un réseau d'alerte et de secours se devra d'être mis en place en concertation avec les autorités compétentes et ce, avant travaux.

Le pétitionnaire veillera personnellement à ce que les engins utilisés soient en parfait état d'entretien et que des kits antipollutions soient présents dans ceux-ci.

Lors de la phase travaux, des analyses de contrôle seront à réaliser au droit du captage AEP d’Haussimont.

 une analyse avant travaux ;

 des analyses toutes les 2 semaines durant les travaux ;

 une analyse 15 jours après la fin des travaux ;

 une analyse 1 mois après les travaux.

Ces analyses porteront sur les hydrocarbures et éventuellement d’autres éléments à définir avec les autorités compétentes. En cas d'apparition d'interférences (à valider par une contre analyse), il conviendra d'en rechercher l'origine et de les traiter.

Durant toute la durée du chantier, l'entretien même minime des engins se fera hors périmètres et sur des aires spécifiques étanches.

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Dépôt d’ordures ménagères, immondices, détritus et produits radioactifs et de tous produits et matières susceptibles d’altérer la qualité de l’eau.

C’est durant la période de travaux que la production de déchets sera la plus importante.

Un tri sera réalisé par les entreprises présentes sur le chantier afin de traiter les déchets selon la législation en vigueur.

Un réseau d'alerte et de secours se devra d'être mis en place en concertation avec les autorités compétentes préalablement à la phase travaux.

Le pétitionnaire veillera personnellement à ce que les engins utilisés soient en parfait état d'entretien et que des kits antipollutions soient présents dans ceux- ci.

Des analyses de contrôle seront à réaliser au droit des captages AEP ; toute pollution détectée devant entraîner un traitement à la source.

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V – Avis

Au terme de l’examen des données actuelles, de la visite commentée du site et de l’examen de données complémentaires obtenues auprès de l’ARS 51 et du BRGM, j’émets un avis favorable au projet tels qu’il est défini actuellement sous réserve du respect des recommandations et réglementations figurant dans mon avis ; avec notamment :

 mise en place d’un réseau d’alertes et de secours ;

 vérification de l’absence d’incidence marquée induite par le puits de l’Usine sur le captage AEP d’Haussimont par un suivi piézométrique au sein du puits de captage d’eau potable et du puits de l’Usine lors des pompages.

Ce suivi (suivi de 72 heures à 300 m3/h) sera à réaliser au plus tôt par un bureau d’études qualifié et reconnu dans le domaine de l’hydrogéologie qui conclura quant à l’existence d’une liaison ou non entre ces deux points et définira un débit d’exploitation optimal pour le puits de l’Usine ainsi que les durées de pompage possibles.

Les résultats seront à me transmettre via l’ARS pour validation quant aux possibilités d’exploitation réelle du puits de l’Usine : avis complémentaire.

 Le bureau d’études pourra également étudier les données concernant la réalimentation des nappes via les épandages.

L’avis favorable, quant aux prélèvements d’eau, est subordonné aux résultats de l’essai de débit. Pour les travaux au sein de l’usine l’avis est favorable sans étude hydrogéologique spécifique.

Pour le projet de Montépreux, en l’absence de données suffisantes je ne peux émettre un avis quant au futur forage de prélèvement d’eau. Par contre j’émets un avis favorable pour la création des bassins.

P. FRADET Montier en Der, Hydrogéologue agréé en matière d’eau et le 21 Décembre 2016 d’hygiène publique pour le département de la Marne

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BILAN DES ESSAIS DE DEBIT

SUR LE FORAGE D’ESSAI SE24

DU 18 AU 21 DECEMBRE 1967

(Extrait des données figurant à la BSS du BRGM)

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Patrick FRADET

Hydrogéologue Agréé en matière d’eau et d’hygiène publique pour le département de la Marne

2 rue du Pré Pêcheur 52220 MONTIER EN DU DER Tél. 06 80 43 79 60 /// [email protected]

Département de la Marne

TEREOS SYRAL HAUSSIMONT

Avis d’hydrogéologue agréé concernant la demande d’autorisation d’exploiter l’usine TEREOS SYRAL d’Haussimont qui s’intègre au sein du Périmètre de Protection Eloignée (PPE) du captage AEP d’Haussimont.

Avis complémentaire

Avis N° 17-51-ICPE-502 En date du 10/02/2017

I- Rappel /

Dans le cadre de la demande d’autorisation d’exploiter l’usine TEREOS SYRAL d’Haussimont, un avis d'hydrogéologue agréé a été demandé par l’ARS de la Marne ; le projet étant englobé dans le périmètre de protection éloignée du captage AEP d’Haussimont.

Au terme de mon avis du 21 Décembre 2016, j’émettais l’avis suivant :

Suite à cet avis, TEREOS SYRAL a confié à anteagroup la réalisation de pompages d’essais.

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II- Examen des données et conclusion du dossier élaboré par anteagroup /

Réf. Dossier : Pompage d’essai sur le forage Usine de la féculerie d’Haussimont (51) dans le cadre du projet d’augmentation des volumes annuels d’eau du site / Février 2017 / A87775-A.

1. Pompage par paliers

Cet essai mené selon les règles de l’art amène anteagroup aux conclusions suivantes :

Ces conclusions semblent fondées.

Il convient de noter que, malgré la taille de l’ouvrage (diamètre du tubage crépiné de 1.60 m), le pompage à 175 m3/h entraîne un rabattement conséquent au bout de 30 mn seulement.

Ce dossier confirme le débit de prélèvement de 175 m3/h.

2. Pompage longue durée

Les conditions de réalisation de l’essai de pompage longue durée ont été modifiées par rapport à ma demande du fait apparemment de problèmes quant aux rejets des eaux dans le milieu naturel. Page : 2 Anteagroup précise dans son chapitre « 1. Contexte et objectifs » :

L’essai a été réalisé à 180 m3/h (au lieu de 300 m3/h) durant 60 heures (au lieu de 72 h) ; sans mesure au droit du captage (mesure au sein d’un piézomètre [non colmaté ?])

Cet essai (acceptable) amène anteagroup aux conclusions suivantes :

Les précipitations tombées le 27 janvier 2017 (1 mm) ne sont pas de nature à fausser les mesures. Page : 3 Cet essai est donc à considérer comme valable (sous réserve bien sûr que le piézomètre soit véritablement opérationnel).

L’examen de la courbe semi-log (page 13 du dossier anteagroup) permet de confirmer que l’on se trouve dans le cas d’un aquifère illimité (craie fissurée) à épontes imperméables (craie massive à la base).

3. Paramètres hydrodynamiques

Les paramètres hydrodynamiques calculés par anteagroup sont les suivants :

Ces différents paramètres sont cohérents par rapport au contexte hydrogéologique ; les écarts entre les données anciennes et actuelles n’étant pas significatifs.

4. Zone d’appel générée par les prélèvements au forage Usine.

A partir des données ci-dessus, parfaitement acceptables, la zone d’appel a été calculée par anteagroup :

Page : 4 Parmi ces données seule le sens d’écoulement pourrait être discuté, du fait de l’absence d’une étude piézométrique.

Globalement cependant cette direction semble la plus plausible et même en cas de variation conséquente (NS à EO) les interférences sur le captage AEP serait théoriquement non notables.

Pour mémoire, le captage AEP d’Haussimont est situé à 450 m du forage Usine.

Il convient de nuancer la conclusion anteagroup comme suit : « la zone d’appel générée par le pompage projeté au forage Usine n’atteint donc pas théoriquement le forage AEP d’Haussimont ».

Page : 5 5. Zone d’influence générée par les prélèvements au forage Usine.

Les données et conclusions suivantes ont été fournies par anteagroup :

Les pompages au droit du forage Usine induisent donc théoriquement un abaissement net du toit de la nappe au droit du captage AEP.

Anteagroup fait remarquer que selon cette hypothèse, une baisse des niveaux d’eau aurait dû être visible au droit du piézomètre M dès la première journée ; ce qui est exact. Page : 6 Anteagroup avance donc, en fonction de données obtenues et à juste raison, que les calculs sont pessimistes (probable) ; le coefficient d’emmagasinement pouvant être sous-estimés.

J’ajouterai que l’on doit également envisager un colmatage du piézomètre (possible).

Anteagroup conclu comme suit :

L’amplitude ne va-t-elle pas plutôt se cumuler avec celle induite par les variations saisonnières ?

« l’incidence ne devrait pas être dommageable » ; certes mais elle existe et quelle est son importance ?

« il conviendra néanmoins de vérifier la position des pompes du forage AEP d’HAUSSIMONT pour s’assurer qu’elles ne sont pas trop proches du niveau d’eau » : exact !

La détermination du positionnement des pompes suppose un suivi des niveaux de la nappe (ce suivi permettant également de valider la remontée de la nappe après arrêt des pompages du forage Usine).

En l’absence de mesure sur le captage AEP (et en l’absence total d’historique sur celui-ci) les effets réels de la campagne de pompages sur le niveau de la nappe captée restent incertains.

Page : 7 III- Avis /

Au terme de l’examen des données figurant dans le dossier anteagroup, j’émets un avis favorable sous réserve (voir paragraphes suivants) ; les données théoriques semblant montrer une absence d’effet net sur le captage AEP d’Haussimont.

Cependant, aucune mesure n’ayant pu être effectuée sur le captage même, des incertitudes subsistent quant aux effets réels notamment ceux liés aux prélèvements globaux lors des campagnes de pompages en continu.

Il est donc nécessaire de mieux appréhender les interactions réelles induites sur le captage AEP par les pompages en continu au droit du forage Usine.

Pour se faire, un suivi des fluctuations de la nappe est à effectuer au droit des deux ouvrages par mise en place d’enregistreurs de niveaux d’eau sur un cycle hydrologique (une année).

Les données obtenues seront à interpréter par un hydrogéologue qui définira les limites éventuelles d’exploitation du forage de l’Usine après repositionnement éventuel de la cote des pompes au droit du captage AEP.

Ces données permettront d’émettre un avis définitif.

P. FRADET Montier en Der, Hydrogéologue agréé en matière d’eau et le 10 Février 2017 d’hygiène publique pour le département de la Marne

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