La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les copies ou reproduc- tions strictement réservées à l'usage privé d'un copiste et non destinées à une utilisation collective et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans le but d'exemple et d'illustration, toute représentation et reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. HOLLYWOOD VILLAGE

COLLECTION DIRIGÉE PAR MAURICE BESSY Melrose Avenue (en 1910) doit son nom au pionnier E.A. Melrose. Au début des années 20, cette avenue, bordée d'eucalyptus, séparait les studios Robertson Cole et Robert Brunton (à gauche) des studios Clune (a droite). Les eucalyptus furent abattus en 1923 et Paramount reprit les studios Brunton trois années plus tard. ROBERTFLOREYi

HOLLYWOOD VILLAGE NAISSANCE DES STUDIOS DE CALIFORNIE

Pygmalion Gérard Watelet CHEZ LE MÊME ÉDITEUR Dans la même collection CHARLIE CHAPLIN par Maurice Bessy ORSON WELLES par Maurice Bessy ERICH VON STROHEIM par Maurice Bessy HUMPHREY BOGART par Alexis Tchernoff LOUISE BROOKS par Louise Brooks L'AVENTURE SPIELBERG par Tony Crawley Préface de François Truffaut VISCONTI par Monica Stirling JOHN HUSTON par John Huston JAMES DEAN par Marceau Devillers MARILYN SECRÈTE par Lena Pepitone

HISTOIRE DU CINÉMA SOVIÉTIQUE 1919-1940 par Luda et Jean Schnitzer LE THÉÂTRE DU MERVEILLEUX par Marian-Hannah Winter Préface de Marcel Marceau (Olivier Perrin) ÊTRE ACTEUR par Michael Chekhov Préface de Yul Brynner LA CONSTRUCTION DU PERSONNAGE par Constantin Stanislavski Préface de Bernard Dort LA FORMATION DE L'ACTEUR par Constantin Stanislavski Introduction de Jean Vilar

ISBN 2-85704-211-6 @ 1986 Éditions Pygmalion/Gérard Watelet 70, avenue de Breteuil, 75007 Paris Sur simple demande adressée aux Éditions Pygmalion/Gérard Watelet, 70, avenue de Breteuil, 75007 Paris, vous recevrez gratuitement notre catalogue qui vous tiendra au courantde^ , dernières publications. Aux pionniers Maurice Tourneur Émile Chautard George Archainbaud Louis Gasnier Albert Capellani In Memoriam

La plupart des photographies qui illustrent cet ouvrage ont un demi-siècle. Beaucoup n'ont jamais été publiées. Les épreuves du temps sont donc responsables des rides de cer- tains documents dont on appréciera plutôt la rareté et l'inté- rêt historique. Max Linder et , 1921. HOLLYWOOD CITIZEN

Le Moyen Age a vu fleurir en France une forme originale de l'Histoire. Des témoins des événements les ont rapportés dans des chroniques pittoresques et détaillées, des scènes vivantes où chaque personnage apparaît avec son caractère, ses vertus et ses faiblesses; les récits sont vifs, animés, riches d'informations. Il est inattendu, heureusement surprenant, qu'un Français, dans le sillage, soit leur successeur pour nous conter la légende d'un Hol- lywood médiéval, paradis trop tôt perdu du cinéma mondial. Arrivé à l'époque où un art s'éveille dans les champs d'orangers, Florey, l'ami de Delluc et de Max Linder, a le privilège d'être admis chaleureusement dans un monde nouveau de demi-dieux et de vestales. Il sera chef de publicité de Mary Pickford et de Dou- glas Fairbanks, secrétaire de Rudolph Valentino, intime de Cha- plin. Parce qu'il a goûté à la mise en scène en France comme assistant de Louis Feuillade, de grands réalisateurs font appel à ses services : King Vidor, von Sternberg, Henry King, Frank Borzage. Réalisa- teur du premier film d'avant-garde tourné aux États-Unis, sa car- rière est rapide et il est l'un des tout premiers metteurs en scène à s'attaquer au pailant; il fait débuter les frères Marx (), Edward Robinson et Claudette Colbert (Le Trou dans le mur); il retourne en France pour mettre en scène Le Blanc et le Noir de Sacha Guitry avec Raimu, L'Amour chante, La Route est belle. Il écrit le scénario de Frankenstein, dirige Meurtre dans la rue Mor- gue, fait débuter Bette Davis (Ex-Lady), Errol Flynn (Don't bet on Blondes), dirige Hollywood Boulevard, King of Alcatraz, Hotel Impe- rial, God is my Co-pilot, bref une centaine de films avant d'être engagé par Chaplin comme coréalisateur de Monsieur Verdoux. 7 La Californie, berceau du cinéma américain.

8 Hollywood en 1901. Photo prise à l'angle de Highland et Sunset. 1910. On vient d'agrandir le « Hollywood Hôtel » afin d'accueillir les « gens de cinéma » arrivant de New York pour opérer dans les environs.

Suivent trois cents mises en scène de films de télévision (Les Incorruptibles, La Caravane vers l'Ouest, Aventures aux Iles, Alfred Hitchcock présente... Hong Kong et Four Stars Theatre). De très nombreuses récompenses dont un Oscar du meilleur réa- lisateur T.V. Cette étonnante carrière se double d'une activité littéraire qui constitue une contribution capitale à l'histoire du cinéma améri- cain. Florey ne cesse d'observer les « gens » d'Hollywood. Avec curio- sité, avec malice, avec exigence. Il voit tout, il entend tout. Il ne prend jamais une note; sa mémoire est infaillible, ahuris- sante. Tout y est rangé avec une précision d'ordinateur. Quel que soit le sujet appelé, le récit se déclenche, spontané, amusant, d'un humour malicieux.

Ses différents ouvrages — documents essentiels — nécessitaient un balisage, une « exploration » des vestiges d'un monde disparu. D'où ce Hollywood Village, Naissance des studios de Californie auquel il a consacré les dix dernières années de sa vie. C'est donc Robert Florey, « le » Français d'Hollywood, qui a fixé pour l'avenir le charme de l'aventure réelle de la bourgade cali- 9 fornienne dont l'histoire — sans lui — ne serait pas contée comme elle peut l'être aujourd'hui. Les États-Unis n'ont jamais consacré beaucoup de temps à s'attendrir sur leur passé. Los Angeles ne fait pas exception à la règle et Hollywood a été dévorée aveuglément par cette cité tenta- culaire où la grande bouffe métropolitaine efface avec promptitude le moindre vestige. Los Angeles, ville sans fin, la plus étendue du monde... Veut-on, par le dessin, tracer un plan de ce conglomérat et l'on obtient la silhouette d'un homme qui aurait une jambe amputée et l'autre soutenue par une échasse géante. Avec, à l'inté- rieur de cette cartographie d'avant-garde, une multitude de taches aux protubérances lunaires — les collines — et ces hauts lieux aux appellations fabuleuses : Malibu, Santa Monica, Culver City, Bel Air, Beverly Hills, Hollywood... Art de fantômes, maître de l'illusion, le cinéma disparaît ici sans laisser de traces. Seuls subsistent des mots, nos pauvres mots de vent et de nuages pour que frissonnent parfois les ombres des grands morts. Pourtant, c'est de ce « village » que devaient jaillir les cow-boys, les sériais et les stars. Éloigné des studios par son état de santé, Florey s'est attaché à une œuvre de longue patience. Dix années durant il a recherché le souvenir des lieux où est né le cinéma américain et en a dressé l'inventaire.

1912. Une prise de vue de Queen Elisabeth, le second film de Paramount tourné dans l'est des États-Unis. De gauche à droite, Charles Ogles, Mrs James Neil et son mari, réalisateur et interprète. Sarah Bernhardt était la vedette du film.

10 Venu en Californie pour soigner sa tuberculose, le grand acteur Hobart Bosworth demanda à son blanchisseur chinois de l'autoriser à planter les décors dans sa vaste cour et produisit son premier film à Los Angeles (1908).

Vaste expédition, bicoques, hangars, fermes abandonnées, ces bivouacs ont abrité les pionniers du début du siècle, ceux qui soi- gnaient leurs poumons, ceux qui recherchaient le soleil, ceux, plus nombreux, qui fuyaient les détectives appointés par Edison. Que ces baraques du rêve aient été photographiées à l'époque, que ces documents aient été retrouvés après une longue traque, tout cela relève du miracle. De temps en temps ce cadastre du premier Hollywood prend l'allure d'un rapport de fouilles archéologiques. Nous ne sommes 11 D'authentiques Indiens vivaient à la fin du siècle dernier non loin du futur Hollywood Boulevard, là où se croiseront plus tard les avenues Cahuenga et Highland.

12 Hollywood village en 1905 : Au centre le « Hollywood Ilotel », à droite le Hollywood Boulevard. Le centre ville de Los Angeles en 1872 (photo Muséum of Los Angeles).

13 pourtant pas en Mésopotamie, mais sur la côte du Pacifique... Images rarissimes : seul un amoureux, un passionné du cinéma pouvait en entreprendre la quête. Ces grands paysages morts, Flo- rey les a animés par des légendes, dont il nous avait laissé les élé- ments essentiels; ils sont alors de surprenants messages, les pièces éparses d'un univers illusoire, fragile, éblouissant. On s'arrêtera avec surprise devant les photos aériennes (datant des années 20!) dont la froideur de cartes géographiques définit une époque et dénonce en même temps la boulimie, l'aveuglement d'une civilisation. Florey est mort le 16 mai 1979, mettant la dernière main, sur son lit d'hôpital, à cette « aventure » des studios de Californie, complé- tée de photographies de films tournés aux mêmes époques et de « stars » ayant paru dans ces films. Il repose désormais dans ce coin de terre où Griffith tourna Naissance d'une nation. Photographies en main, nous avions repéré l'emplacement de la tranchée où Nordis- tes et Sudistes s'affrontaient; image inoubliable et qui figure dans toutes les histoires du cinéma. Son emplacement était réservé dans ce champ de repos privilé- gié. Fleurissent alentour hibiscus et poinsetas. Et un petit bois de houx, celui-là même qui donna son nom au pays. Hollywood Boulevard n'est plus qu'une voie désolée; le Sunset n'a jamais mieux porté son nom de boulevard du Crépuscule. La Santa Monica Boulevard, devant le « palais » de la famille lIurd, le premier tramway d'Holly- wood.

14 Superproduction à Hollywood : Robin dos Rois, mis en scène par Allan Dwan. On reconnaît Douglas Fairbanks tenant le porte-voix géant, Wallace Beery en Richard Cœur de Lion et Florey, à l'extrême gauche (avril 1922). plupart des studios des premiers jours ont disparu. Ceux qui s'étaient transformés en usines monstrueuses ont été grignotés par les remous de l'industrie cinématographique; puis croqués par les promoteurs immobiliers, ou en voie de l'être. Fausses cathédrales en proie à l'implacable et désastreuse exigence des temps. Mais un jour viendra où quelque troubadour, à la lecture de ces pages, entreprendra de chanter la gloire surnaturelle et désespérée de la Cité disparue : cette « Reine des Anges », du nom de l'église qui en marqua l'emplacement sur le « Camino Real ». Cette mis- sion dont subsistent peut-être encore, à l'ombre des poivriers cente- naires, trois cloches vert-de-grisées, fixées par une potence de troncs d'arbres décharnés. Ces cloches que j'ai découvertes, il y a un demi-siècle, en compa- gnie de Robert Florey... Elles sonneront les nuits d'orage pour bat- tre le rappel des âmes de la ville engloutie. Maurice Bessy 15 16 Robert Florey à la caméra. 35 S tudios 18 Entrée de TAmerican Film Flying A Studio, à Santa Barbara. Hollywood

Y Village

Parisien d'origine, le metteur en scène Robert Florey (1900-1979), l'ami de Delluc et de Max Linder, a fait une importante carrière à Hollywood. Chef de publicité de Mary Pickford et de Douglas Fairbanks, secrétaire de Rudolph Valentino, intime de Chaplin et de bien d'autres vedettes, il a été également le chroniqueur le plus érudit, le plus fidèle de l'histoire de la ville où est né le cinéma américain. Eloigné des studios par son état de santé, Robert Florey s'est attaché à une œuvre de longue patience : dix années durant, il a recherché les vestiges d'un monde disparu et en a dressé l'inventaire... > - Vaste expédition. Bicoques, hangars, fermes abandonnées, ces bivouacs ont abrité les pionniers du début du siècle. Que ces baraques du rêve aient été photographiées en leur temps, que ces documents aient été retrouvés après une longue traque, tout cela relève du miracle. Florey les a réunis et commentés dans ce livre aux surprises multiples. La plupart des photographies qu'il propose sont ici publiées pour la première fois. Elles sont rarissimes et seul un amoureux du cinéma pouvait en entreprendre la quête avec la passion d'un archéologue. Ces grands paysages morts, Florey les a animés grâce à des textes qui sont autant de surprenants messages, pièces éparses d'un univers illusoire, fragile, éblouissant. Sur les lieux mêmes où s'est forgée la légende d'Hollywood, il a redonné vie aux personnages de l'époque en agrémentant chacune de ses séquences topographiques de photos de films tournés dans ces studios, de portraits de « stars » ayant paru dans ces films. Fixant pour l'avenir le charme évanoui d'un paradis perdu, Robert Florey en chante ici l'aven- ture, la fortune et la fable. Ouvrage capital de celui qu'on appela « le Français d'Hollywood » . Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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