n°39 - Septembre 2016 Trimestriel - n° d'agrément : P914556 - Bureau de dépôt : 4099 Liège X Expéditeur : MdC, rue d'Orléans, 2 - 6000 Charleroi

Campagnes de la Force Publique congolaise

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m r A Editorial

près ces longs congés d’été, l’université de Coïmbra qui nous pré- nous reprenons nos activités sentera un projet d’étude soutenu par Sommaire qui, je l’espère, vous intéresse- la Commission Européenne. MÉMOIRES DU CONGO ront. Nous nous sommes ren- Nous nous attardons sur les orateurs et du RUANDA-URUNDI contrés le 7 juin dernier, avec et leur sujet de conférence de nos pro- Périodique n° 39 leA professeur Pierre de Maret. Il nous chaines “Journées de MdC”, afin de Septembre 2016 a entretenus du dieu égyptien Seth. vous permettre de réserver sur vos Editorial 2 Ce sujet inusité nous a tous ravis ! agendas les journées que vous jugerez Une toute autre causerie, bien plus ac- intéressantes. Programme des Journées MdC 2 tuelle, nous sera proposée en octobre Comme vous le verrez dans le cadre Echos de MdC 3 par le Pasteur et avocat Prosper Send- ci-dessous, nous avons dû revoir à la La Force Publique congolaise 3 4 we, fils de Jason. Si notre conférencier hausse le prix de votre participation à Opération périlleuse sur Matadi 8 se penche sur la vision “unioniste” de ces journées. Dès octobre, ce prix sera Esquisse de l’éducation au Congo 5 12 Léopold II dans les rapports entre la de 30 € que nous vous demandons de Le MRAC nouveau arrive 20 Belgique et le Congo, il nous entre- verser sur notre compte 5 jours avant Au-delà des mots 24 tient aussi de l’annexion du Congo l’événement. Les astuces d’un roi 26 par la Belgique et, sujet méconnu par Dans cette revue, vous retrouverez Statuaire publique congolaise 7 28 beaucoup, des Actes Fondateurs de la plusieurs thèmes abordés dans les Festiv’Africa 31 République démocratique du Congo : numéros précédents. A savoir la Force Coopération belge au Congo 1 32 résolutions des deux Tables Rondes, Publique, l’Education au Congo, la Sta- Associations : calendrier 2016 34 de la loi fondamentale du 19 mai 1960, tuaire coloniale, la Coopération mais du Traité d’amitié du 29 juin 1960 et aussi des nouvelles concernant l’état Tam-Tam - ARAAOM 35 du discours de l’indépendance du 30 d’avancement des travaux de rénova- Contacts - ASAOM 39 juin 1960. tion du Musée de Tervuren et deux Nyota - CRAA 43 En novembre, Pierre Meessen nous réflexions de Paul Roquet : “Au-delà Afrikagetuigenissen 47 parlera de la plantation de son père des mots” et “Les astuces d’un roi”. UROME-KBUOL 48 et, en décembre, ce sera Madame Mar- Bibliographie 3 50 garida Calafate Ribeiro, Professeur à ■ Paul Vannès En couverture : Carte © Col. Roger Lothaire

Programme des “Journées de Mémoires du Congo” Second trimestre 2016 Adresse : Leuvensesteenweg, 17 à Tervueren. Auditorium au 3ème étage. Prix à payer : 30 €uros. Moambe 23 € + part. location salle : 7 €. À verser sur le compte de MdC : IBAN – BE45 3630 0269 1889 - BIC BBRUBEBB. Ce paiement fait office de réservation. Mardi 11 octobre 10h00 : Témoignage de Pierre Wustefeld. Départ au Congo en 14h00 : “La Grande époque de Mobutu”. Le 16 mai 1997 marque 1954 comme ATA (Administrateur Territorial Assistant) jusqu’en le début de la fin du Léopard, qui mourra moins de quatre mois 1957 dans la région de Manono. De 1957 à 1960, il fut Conseiller plus tard. En réalité, il n’était plus le maître du Zaïre depuis ce juridique au Gouvernement général (Affaires Politiques). Docteur jour d’avril 1990 où il avait annoncé, la voix brisée par l’émotion, en droit, en 1960, il fut nommé Substitut du Procureur du Roi à la fin du parti-état, le Mouvement Populaire de la Révolution, à Elisabethville. la manière d’un père qui abandonne son enfant. 11h00 : Conférence : Vision “unioniste” du Roi Léopold II dans la Mardi 13 décembre définition des rapports entre la Belgique et le Congo, par Maître 10h00 : Témoignage de Henri de Chaunac de Lanzac de Mo. Né Prosper SENDWE-KABONGO. Cette vision constitue un héritage à Stanleyville en 1928. De 1950 à 1952, il travaille pour le FBI commun belgo-congolais qu’il revient aux Etats concernés de (Fonds du Bien-Être Indigène). Ensuite, il travaillera comme agent mettre en valeur et de consolider. Il abordera également le “Traité commercial au Katanga, au Kasaï et au Kivu. d’annexion” et les actes fondateurs de la RDC. 11h00 : Mme Margarida Calafate Ribeiro, Professeur à l’université 14h00 : Débat sur la vision de Léopold II animé par Maître portugaise de Coïmbra. Présentation d’une étude sur la transmission Prosper Sendwe. de la mémoire d’anciens coloniaux à leurs enfants et/ou petits- Mardi 8 novembre enfants. Six pays sont concernés : Le Portugal et l’Angola, La 10h00 : Témoignage de André Anne de Molina. Né en 1927, il partit France et l’Algérie et La Belgique et le Congo. en 1957 comme Officier parachutiste dans la Force métropolitaine. 11h50 : Présentation de l’association « Momentum-Belgique » par Il organisa, sous la conduite du Colonel Laurent, les opérations M. Eric Lannoy. Association qui propose des événements aux Dragon rouge et noir des 24 et 26 novembre 1964 qui permirent personnes de notre condition ! la libération des otages retenus à Stanleyville et Paulis. 14h00 : “Bernadette Kaimba et les autres”. Documentaire réalisé 11h00 : Conférence de Pierre Meessen « Souvenirs d’un planteur par le CHU de Liège qui présente la première mission au Katanga de café ». De la recherche d’une concession à la réalisation d’une de l’association belge des “Médecins du désert”. plantation.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 2 Echos de MDC MÉMOIRES DU CONGO et du Ruanda-Urundi asbl Le 16 juillet, notre président de notre Conseil d’Adminis- Périodique trimestriel Roger Gilson a épousé Mme tration du 31 août. Agrément postal : BC 18012 Michèle Van Sande. Nous - le 15 septembre, 100e anni- N° 39 - Septembre 2016 sommes heureux de vous versaire de la bataille de Ta- Editeur responsable : Paul Vannès. Coordonnateur : Fernand Hessel l’annoncer et leur souhai- bora. Hommage somptueux Comité de rédaction : tons à tous deux de vivre organisé par le CRAOCA et Thierry Claeys Boùùaert, André de Maere d’Aertrycke, de nombreux moments l’URFRACOL avec la parti- Françoise Devaux, Guy Dierckens, Nadine Evrard, Marc Georges, d’intense bonheur. cipation de la Musique des Fernand Hessel, Françoise Moehler-De Greef, Pascal Pruvost, Guides, Paul Roquet, Paul Vannès. Les activités suivantes ont en - le 17 septembre, nous Maquette et mise en page : New Look Communication outre occupé le trimestre : étions présents à Blanken- Conseil d’administration Président : Roger Gilson. Vice-Président : Guido Bosteels. berge pour le souvenir de la Administrateur-délégué : Paul Vannès. Trésorier : Guy Dierckens. - le 5 juillet, dépôt de fleurs mort héroïque du Lt Lippens Secrétaire : Nadine Evrard. Administrateurs : Patricia Van en notre nom par Françoise et du Sgt De Bruyne. Schuylenbergh, Fernand Hessel, José Rhodius, Guy Lambrette Devaux au monument dédié représentant aussi le CRAOM. C.B.L.-A.C.P., représentée par Thierry aux troupes des Campagnes Le même jour, concertation Claeys Boùùaert. Administrateur honoraire : Pierre Wustefeld. d’Afrique en commémora- avec M. Eric Lannoy en vue Siège social tion de la bataille de Saïo, d’une collaboration avec son avenue de l’Hippodrome, 50 - B-1050 Bruxelles - le 21 juillet, la préparation organisation “Momentum - [email protected] de la revue n° 39 de MdC Belgique” dans le cadre des Siège administratif nous a réunis à Sart-lez-Spa ; “Journées de Mémoires du rue d'Orléans, 2 – B 6000 Charleroi. Tél. 00 32 (0)71 33 43 73 - le 4 août, rencontre avec le Congo”. Nous vous en repar- Numéro d’entreprise : 478.435.078 pasteur et avocat, Prosper lerons le 13 décembre. Site public : www.memoiresducongo.org Sendwe Le 26 août la reprise de BIC : BBRUBEBB – IBAN : BE95 3101 7735 2058 - le 5 août, préparation du nos forums bimensuels du Secrétariat programme des activités du second semestre. Secrétaire : Andrée Willems troisième trimestre ainsi que Cotisations 2016 Membre adhérent : 25 €. Cotisation de soutien : 50 € des points à l’ordre du jour ■ Paul Vannès Cotisation d’Honneur : 100 €. Cotisation à vie : 1.000 € Tout membre cotisant reçoit la revue. Compte bancaire BIC : BBRUBEBB - IBAN : BE95 3101 7735 2058 N’oubliez pas la mention “Cotisation 2016”. Pour les dames, nous demandons, lors des versements, de bien vouloir utiliser le même nom que celui sous lequel elles se sont inscrites comme membres. Fichier d’adresses Si vous changez d’adresse, merci de nous communiquer vos nouvelles coordonnées. Cela nous permettra de rester en contact. Si vous connaissez des personnes susceptibles de devenir membres de MDC, communiquez-leur notre adresse ou mieux encore transmettez-nous leurs coordonnées afin que nous puissions leur envoyer notre documentation. Abonnement Pour recevoir la revue, virer la somme de 25 € (50 € pour les autres pays d’Europe) au compte de “MdC” avec pour mention “abonnement”. Publicité Tarifs sur demande, auprès du siège administratif © 2016 Mémoires du Congo et du Ruanda Urundi

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 3 Histoire coloniale La Force Publique congolaise 3 Deux articles sont déjà parus sous le même titre (voir MDC37 et 38). Le premier a décrit la naissance et la montée en puissance de la Force Publique (FP) sous Léopold II. Le second fut essentiellement axé sur les interventions de la FP dans la Grande Guerre, et sur la crise économique qui s’ensuivit. Le présent article est consacré à l’action de la FP sur les divers fronts congolais de la seconde guerre mondiale. n se rappellera que la 1937 Chamberlain aurait proposé considérait en état de guerre avec FP a occupé 200.000 de céder la moitié du Congo aux l’Italie, pour cause d’utilisation km2 dans l’Est-Afri- Allemands comme prix de la paix d’aéroports belges pour bombar- cain allemand durant en Europe. La perfide Albion se der l’Angleterre et la destruction la guerre 14-18. Le Roi Structure trouva vite confrontée aux rela- du cargo belge Kabalo par un AlbertO 1er autorisa les régiments de l’étude tions privilégiées existant entre sous-marin italien. La FP se trou- ayant combattu à Tabora et à complète Washington et Léopoldville. L’ef- vera progressivement engagée sur Mahenge à inscrire ces noms sur fort de guerre fourni par le Congo plusieurs fronts, comme la carte leurs étendards. 1. EIC et campagnes fut très important, d’autant qu’en ci-contre le résume on ne peut La fidélité des Congolais au dra- anti-esclavagistes 1942 le Japon prendra le contrôle mieux. peau et à leurs chefs avait été de la Birmanie et de la Malaisie, parfaite. Tant les soldats et offi- 2. Congo belge et ce qui aura pour effet de stopper La campagne d’Abyssinie ciers que les porteurs avaient campagnes de 14-18 net la fourniture de caoutchouc et (janvier 41 à février 42) affronté les dangers, privations d’huile de palme. Les Britanniques du Soudan pré- et fatigues avec un dévouement 3. Seconde L’Angleterre ne manqua pas voyant une action contre l’Ethiopie guerre mondiale et extraordinaire. Le traité de Ver- évolution sociale d’exiger une décote de 30% des Italienne où se trouvaient quelques sailles récompensa les vainqueurs. produits miniers et autres d’ori- 250.000 hommes aux ordres du Les anciennes possessions alle- 4. Indépendance gine congolaise, afin d’obtenir de duc d’Aoste, des contacts furent mandes furent divisées et mises et africanisation meilleurs prix que ceux pratiqués établis à Khartoum par un officier sous le contrôle des puissances des cadres dans leurs propres colonies. La mandaté par la FP, le Cdt Emile mandataires. La Belgique reçut menace se précise à partir du 10 mandat d’administrer le Ruanda et juin, date d’entrée en guerre de l’Urundi, enlevés par ses soldats à l’Italie. La FP ne tarde pas à se l’ennemi pour irrespect des traités. rendre utile. Déjà à partir du 15 Par la loi du 24 octobre 1924, notre mai 1940, le Gouverneur Général pays accepta cette mission, non Pierre Ryckmans avait conduit la dépourvue de difficultés. Une dis- FP à la mobilisation, laquelle abou- position législative du 25 août 1925 Revue du Diocèse tira à la création de trois brigades réglait l’organisation administrative aux Forces armées, de 10.000 hommes. de ce double territoire totalisant n°121, distinctions 53.000 km2, près du double de la honorifiques du Padre Le “putsch de Stanleyville” du 15 Belgique, et peuplé de 3,5 millions Coussée, Abyssinie, novembre fut suivi le 21 novembre d’habitants. Nigérie et Birmanie de l’annonce que la Belgique se Le Ruanda-Urundi fut rattaché au Congo Belge, tout en conservant son autonomie. Les règlements d’administration et de police de la colonie belge y étaient applicables dès lors qu’ils étaient sanctionnés par une ordonnance du gouver- neur du Ruanda-Urundi. La FP fut également concernée par ce mandat. Le XIVème bataillon de la FP, basé à Usumbura y garantira la sécurité territoriale, avec deux unités mises en place à Kigali et à Kitega jusqu’en 1960.

Entrée en guerre du Congo belge Contrairement à 1914, aucune menace directe ne pèse en 1940 sur le Congo Belge. Les relations avec les Anglais n’étaient pas des meilleures, d’autant plus qu’en

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 4 Janssens. En janvier, la décision de pionniers-pontonniers vinrent “Two other columns were on the est prise d’envoyer au Soudan en renfort. Mission est donnée de march from the west. The 2/6 une compagnie (BCS 1) puis un tenir Gambela et de rechercher le King’s African Rifles, solid black bataillon (BCS 2) des Troupes du contact sur l’axe Saio-Gimbi. A par- infantry lent to the by Nord-est afin de protéger la route tir du 12 avril, de nombreux com- Kenya, reoccupied Kurmuk the du Cap au Caire, principale voie bats sur la rivière Bortai avec replis day that the E.A.C. were at Sho- d’approvisionnement des alliés et contre-attaques aboutissent le 3 gali. The Belgian contingent from entre l’Abyssinie et la Lybie, sous juillet à la prise de Saio et à la red- the Congo moved into place to the contrôle italien. Le transport est dition de 9 généraux, 370 officiers, south. Asosa was directly threate- assuré par route et barges sur le 2574 militaires italiens et 1533 mili- ned from three angles. Nil vers Malakal au Soudan. Début taires indigènes. La FP s’empare To defend the chief town of the mars, le 11ème bataillon participe en sus d’un important butin (20 gold lands of Beni Shangul the avec deux bataillons britanniques canons, 197 mitrailleuses, 7.600 Italian commander of the 10th venant du nord et du sud à l’at- fusils, 2.000.000 de cartouches, Brigade put a force of about 1.500 taque du poste d’Asosa (à 2000 m 20 tonnes de matériels TSF, 250 men, with a battery of mountain d’altitude, depuis les marais souda- camions). artillery, on the sharp ridge of the nais) que les Belges occupent par Dès le 21 juillet 1941, l’Abyssi- Afodu escarpment to the north. des chemins muletiers, à la faveur nie est libérée de la présence de His banda protected the western du combat de Mahdi. L’ordre est toutes les troupes étrangères, le approaches. To no avail. donné de participer à l’attaque de pays étant replacé sous l’autorité The Eastern Arab Corps outma- Gambela, distant de 900 km au de l’empereur Hailé Sélassié. Le noeuvred, mangled and dispersed sud, que la FP occupe le 23 mars. retour des troupes, du charroi this force on 9th March by a cle- Les poussées des troupes britan- et du butin de guerre s’organisa ver flank attack across the ridge niques du nord (général Platt) et en 3 convois, par le Nil (25 juillet and an ambush in their rear, du sud (général Cunningham) ris- au 16 octobre 1941) et par route and two days later the Belgians quaient de faire refluer les Italiens (décembre à février 42). were in Asosa. What remained of vers Gambela, confié à la FP, car la Le 1er mars, les 5.500 Européens et the 10th Brigade fled across the saison des pluies allait isoler tout Congolais étaient rentrés au pays. Officier de l’ordre de Dabus River or deserted. Within a le secteur pendant des mois. En La contribution de la FP est parfai- l’étoile africaine fortnight the 2/6 K.A.R. had been avril, les 5e et 6e bataillons, trois tement résumée dans The Abyssi- switched to Gambela in the Baro batteries d’artillerie, une compa- nian Campaigns et dans la presse salient to the south, and had recap- gnie cycliste et une compagnie anglaise de l’époque. tured Britain’s old trading post in Abyssinia. On this line of the Dabus and Gambela the forces of the Sudan stood like an anvil until the ham- mer of Major-général Wetherall’s advance struck across Galla-Si- damo from Addis through Jimma Proclamation du and Nakamti and broke Gazze- Gouverneur général ra’s army to pieces. The 2/6 K.A.R. Ryckmans, le 28 mai 1940 garrisoned Beni Shangul, the Bel- gian Brigade Gambela; it was to these that the Italian commander, Général Gazzera, surrendered. 1940. Le Brigadier So ended General Cunningham’s Bikili à Gambela en campaign, in which over 30 Ita- Ethiopie à la garde des lian generals, 42 tanks and ar- prisonniers italiens (FB) moured cars, and 403 guns had

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 5 Histoire coloniale La Force Publique congolaise (3) been captured, and an army of hospitalisés. Le charroi effectue péen. Du reste les Anglais y étaient 170.000 men had been put out of le déplacement par voie de terre. opposés, au vu de l’insuffisance du action by a force not one-third as 850 véhicules et 2000 hommes cadre européen. Le 22 septembre numerous.” parcourent en deux mois près 1944, le retour au Congo s’orga- In the broad conception which de 6000 km, de Zaria (Nigérie) nisa : 3 contingents par la Médi- Gen. Sir Archibald P. Wavell, the jusqu’au Caire, par des pistes à terranée et l’Atlantique et 1 par la chief of the British Middle East peine connues. La 1re colonne Mer Rouge et l’Océan Indien. Le Command, had of the campaign, quitta Zaria le 18 mars et la 17e dernier rentra au Congo en janvier the Belgians were the anvil and arriva au Caire le 20 juillet. Seu- 1945. assorted Scot, South African, Gold lement 5% de pertes. Ce fût un Coast, Nigerian and Ethiopian “pa- authentique exploit. Sur le front intérieur, l’effort de triotic” troops were the hammers. Baptisée temporairement 1ère guerre eut quelque conséquence.

Les troupes sans charroi ni gros matériel sont transportées par deux navires de Lagos à Suez, par le cap de Bonne Espérance. Voyage pénible, 27 décès en mer, 75 débarqués à Aden, arrivés à Médaille de la guerre Suez le 27 avril, 200 hommes sont Moyen-Orient, Madagascar, Birmanie Les mitrailleurs de Philippe Brousmiche, mis brièvement en quarantaine, autour d’Abyssinie

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 6 • le rôle important des aumôniers brancardier volontaire en 1914 trale face aux multiples demandes militaires en Belgique puis affecté à la tant humaines et commerciales Relevons quelques hauts faits : Garde du Rhin à l’armistice, que militaires. Une souscription le Padre Van Hoef, à Asosa, nommé curé de la cathédrale au Congo permit la remise d’un ramène avec son escorte une de Coquilhathville en 1926, puis chèque de 250 millions de francs patrouille ennemie en train de engagé volontaire en 1940, par- (44 millions de livres) représentant se désaltérer ; le Padre Dujardin ticipe aux campagnes de 1941 la valeur de 50 Spitfire destinés à ramène sur son dos l’aspirant à 1945. Plusieurs dizaines de nos pilotes incorporés à la R.A.F. Dorgeo abattu à bout portant “Padre” apportèrent leur pré- Citations à l’ordre du Jour de la par un adversaire invisible ; le cieux concours aux cadres de FP et nombreuses décorations Padre Bruls s’infiltre audacieu- la FP. vinrent confirmer et reconnaître sement dans les lignes ennemies la grande efficacité de la FP, dans pour porter secours à l’adjudant Ce conflit mondial avait obtenu des conditions souvent héroïques. Stouffs; le Padre Jans, aumônier du Congo une réponse magis- Que le propo d’André Scohy, daté Médaille de la victoire du 1er mars 1945, serve ici de avec médaille en or conclusion : “Il ne faut pas que les 750 morts des trois campagnes de la Force Publique aient fait en vain le sacrifice suprême. Ni ceux tom- bés dans le choc des combats, ni ceux qui souffrirent pendant des mois sur des grabats d’hôpitaux. Ils méritent plus que notre respect et que notre souvenir : ils méritent de commémorer aux yeux des nations étrangères le long et obs- cur effort qu’accomplit le Congo à chacune des étapes de la guerre. Il faut que, le cas échéant, nos droits Détachement de la FP défilant à Bruxelles lors du centenaire de la Belgique. © MRAC dans la victoire soient appuyés par Africa Star, Burma Star la voix des morts eux-mêmes.” britannique ■ Jean-Marie Brousmiche

Photos des médailles Collection Ph. Jacquij

Bibliographie de référence : • Bavarelli, G., Le Dernier rempart de l’Escla- vage “l’Abyssinie”, Université • Brousmiche, P., Bortaï Brul, J., Vers les Hauts Plateaux d’Abyssinie), • Bulletin Militaire, De Nigérie en Egypte, Kalina • Delhaigne, G., La guerre dans les hautes En gare d’Agapa en Nigérie, en 1942. © MRAC herbes • Fonck, W., La Guerre Totale au Congo Médaille de l’effort de • Janssens, E., J’étais le Général Janssens guerre colonial • Kestergat, J., Quand le Zaïre s’appelait Congo • La conquête d’un Empire, Le Congo en guerre, Champion de la Belgique, Denuit • Les Aumôniers-Brancardiers de la FP, Regards et Rencontres, Om en Rondom • Musée royal de l’Armée, Lisolo ya Bisu • Nunneley, J., Tales from the King African Rifles • Ryckmans, P., Messages de Guerre Taupe, E., Congo Belge ? “Connais pas” ! • The Abyssinian Campaigns – The official story of the conquest of Italian , His Majesty stationery office, London,1942 • Werbrouck, La Campagne des Troupes Coloniales Belges en Abyssinie Chevalier Ordre du Lion avec palmes Le Maréchal Montgomery saluant un ancien de l’hôpital Thomas, en 1947. © MRAC

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 7 Histoire militaire Opération périlleuse sur Matadi En juin 1957, le ministère belge de la Défense nationale contacte la firme Sabca/Fairey de Gosselies pour étudier l’adaptation du système d’appui-feu français sur une vingtaine d’avions d’entraînement Harvard T-6 de Kamina Base (BAKA). Les monomoteurs T-6G Texan de l’Armée de l’Air Française ont subi d’importantes modifications dont le placement d’un poste radio SCR 300 pour les liaisons Air-Sol et un renfort de plaques de blindage qui protègent l’habitacle, le moteur et le réservoir. es Harvard armés de la de désarmer les mutins du d’intimidation sur les ports Force Aérienne Belge Bas-Fleuve. Il est impératif de Boma et de Matadi dès le forment quatre flights de remettre en marche les déclenchement de l’attaque de quatre appareils qui installations des ports de Matadi des troupes belges. Le QG de participent aux opéra- et Boma dont la garnison s’est Cométro à Léopoldville précise Ltions de maintien et de rétablis- également mutinée. La capitale que les survols doivent avoir sement de l’ordre public avant du Congo risque l’asphyxie. Les lieu en vol horizontal et à l’indépendance, notamment commandos belges agiront sur bonne hauteur, « sans exécuter dans le Bas-Congo. Ils reçoivent Boma. Le commandement du de simulacres d’attaques». des modifications moins oné- Task Group Naval est confié au L’ordre de mission précise reuses, qui se limitent à l’instal- Quelques capitaine de vaisseau Petitjean. que les pilotes des T-6/4KA lation du système d’armement jours après L’Etat-major opérationnel de ne peuvent pas faire usage de sous les ailes. Il comporte six Cométro a prévu d’appuyer leurs roquettes, même en cas rails pour roquettes Type 10, l’indépendance le débarquement de troupes de nécessité. deux lance-bombes Alcan type éclate la mutinerie belges à Matadi par l’appui Le feu vert pour l’opération 261, deux containers Samm 410 de la Force aérien de quatre Harvard Mangrove est envoyé au port avec chacun deux mitrailleuses Publique (FP). T-6/4KA, munis d’un système maritime de Banane par le MAC 52 de 7,5 mm d’une capa- A Matadi, les d’armement sous les ailes. QG/Cométro, le Task Group cité de 300 coups et l’installa- Le commandant local Air de Naval du capitaine de vaisseau tion d’un viseur de tirs SFOM. artilleurs du Kitona en est averti par radio Petitjean lâche ses amarres. Le Ce système d’armement est tes- bataillon à minuit et demi. Il confie la 11 juillet 1960 à 2h15 du matin, té sur le champ de tir de BAKA, Anti-Aérien (AA) mission au capitaine D’herdt il remonte le fleuve Congo vers mais il n’est pas employé lors se mutinent le qui commande le Flight Appui- Matadi avec une compagnie des opérations MROP (jargon 8 juillet 1960 Feu (FAF) de la base de Kitona de marche des Chasseurs militaire pour Maintien et Réta- et commettent (Baki). Issu de la chasse, il est Ardennais et une demi- blissement de l’Ordre public). un pilote téméraire. Il reçoit compagnie de marche du 12e des exactions. l’ordre d’effectuer des vols de Ligne. En début de matinée, Le bataillon AA, cantonné La population au camp Redjaf, compte 357 européenne se hommes. Il dispose de huit réfugie à bord canons Bofors 40 mm, de seize des navires de la canons Oerlikon 20 mm, de canons de 75 mm sans recul CMB amarrés et d’armes automatiques. Les au quai et les mutins mettent leur artillerie activités du port anti-aérienne en position sur les sont bloquées. collines qui entourent le port de Matadi, situé sur la rive gauche du fleuve Congo. Ils agissent comme ils le font d’habitude lors des manœuvres annuelles ou en cas d’alerte simulée contre une agression navale ou aérienne dans le Bas-fleuve. Le général-major Roger Gheysen, commandant en chef des Forces métropolitaines (Cométro), ne l’ignore pas lorsqu’il ordonne le Canon de DCA Bofor 10 juillet 1960 au soir l’exécution de 40 mm en batterie de l’opération Mangrove. à Matadi avec son équipe d’artilleurs Le but de cette opération est (collection Sonck)

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 8 les appareils du FAF de Kitona de tirs ont lieu avec la Police. à l’absence de poste de radio décollent de Baki et survolent Le paquebot Thysville chargé SCR 300 de liaisons Air-Sol, le fleuve vers leur objectif. Un de réfugiés est resté sur place toutes les communications des appareils passe au-dessus jusqu’à l’arrivée du Task Group. entre les pilotes et les navires de Boma, où les commandos Son commandant reçoit l’ordre doivent passer par Baki, en belges ont désarmé les mutins de lâcher les amarres et de Les Harvard du FAF, contact permanent avec le de la FP. La veille de l’opération, descendre le fleuve Congo vers confiés à des pilotes QG/Cométro. Le commandant les soldats congolais mutinés la haute mer. Les Chasseurs expérimentés, local Air de Kitona est averti et ont menacé sur le réseau radio Ardennais se dirigent vers le issus de la chasse autorise l’attaque du camp de de l’Armée nationale congolaise camp Redjaf et les hommes du ou des chasseurs- gendarmerie à la mitrailleuse. (ANC) de tirer sur tout avion 12e de Ligne ont pour objectif volant bas. le camp de gendarmerie. bombardiers, Celle-ci est effectuée par un sont des cibles de Harvard qui subit une riposte Les Harvard apparaissent Les policiers et les soldats choix pour l’artillerie violente. Afin d’assurer une dans le ciel de Matadi à mutinés opposent une forte des mutins placée présence continue d’avions 9h56 et l’adjudant Ingila, résistance à la progression sur les hauteurs d’appui sur le port de Matadi, remplaçant le major Pyro des troupes belges. A 10h50, entourant le port. le capitaine D’herdt ordonne comme commandant de la les servants des pièces de DCA au lieutenant Carpentier de place, alerte immédiatement installées sur les hauteurs à Le capitaine D’herdt Changy et au sergent De par radio le QG africanisé Fuka Fuka, à Kala Kala et à la et le sergent Brouwer de retourner à Baki de la FP à Léopoldville. En pointe Léopold II, ouvrent le De Pijpere essuient avec leur appareil pour faire l’absence du colonel Mobutu, feu sur l’Algérine Lecointe et le feu d’une le plein de munitions et de parti à Coquilhatville, le major sur les avions. DCA nourrie. carburant. Kiembe, promu depuis peu La position de Fuka Fuka est adjoint du chef d’Etat-major, rapidement réduite au silence Malgré les tirs, Pendant que deux monomoteurs hésite à donner l’autorisation par les canons de l’Algérine De le chef de flight T-6/4KA poursuivent leur ronde d’abattre les avions qui tournent Moor. Le navire répond aux tirs entraîne son ailier au-dessus de la ville, de furieux au-dessus du port. Il contacte avec son artillerie de bord et d’une manière combats se déroulent au sol. Louis de Gonzague Bobozo, prend à partie chaque batterie audacieuse Peu après, les appareils du un adjudant médaillé 40-45 anti-aérienne pour en disperser au-dessus d’une lieutenant Carpentier de promu commandant du camp les servants. Changy et du sergent De Hardy de Thysville. Ce vieux position de canons Brouwer reviennent de Kitona soldat organise une colonne Pendant ce temps, les anti-aériens en pour relever leurs camarades pour aller au secours de son troupes métropolitaines font batterie sur une dont la réserve de carburant collègue l’adjudant Ingila. mouvement vers les camps colline diminue. Le capitaine D’herdt militaires où se sont retranchés et son ailier retournent à la base Le Task Group Naval parvient les militaires congolais de Kitona pour faire le plein. à Matadi à 10h45 et le mutinés. Vers 14h00, le 12e Soudain, le Harvard du sergent débarquement des troupes de Ligne demande un appui De Pijpere est touché par des belges commence. Les fusiliers d’artillerie. L’Algérine Dufour éclats d’obus. Il signale par marins prennent position est incapable de le lui fournir radio que son moteur a des dans le port et des échanges et s’adresse à l’aviation. Suite Vue sur l’armement ennuis et qu’il perd de l’altitude. (Eric Bouzin) Son appareil est déjà trop bas pour qu’il puisse tenter un saut en parachute. Pendant que le capitaine D’herdt continue de voler vers Kitona, le sergent De Pijpere cherche d’atteindre l’aérodrome de Matadi-Tshimpi. Il est situé au sommet d’une colline sur l’autre rive du fleuve. Il perd de l’altitude et doit se poser dans la savane à quelques dizaines de mètres de la piste. Le choc est violent et un début d’incendie se déclare. Heureusement, le pilote réussit à s’extraire du Harvard assez rapidement, malgré une forte douleur dorsale et une blessure à la jambe.

Alertés par l’appel radio, le lieutenant Carpentier de Changy et son ailier, le sergent De Brouwer survolent la rive

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 9 Histoire militaire Opération militaire sur Matadi droite sans apercevoir l’épave redécolle avant l’arrivée des L’opération Mangrove est du Harvard, peu visible dans Le leader soldats congolais. un échec, car les troupes les hautes herbes. Guy De s’aperçoit qu’un métropolitaines sont freinées Pijpere s’en rend compte et Ils sont accueillis à Baki dans dans leur progression par une retourne à l’appareil pour groupe de soldats la joie que l’on devine par résistance acharnée. chercher son pistolet lance- se dirige vers le le commandant local Air de Aucune unité n’a atteint son fusées. Le pilote De Brouwer lieu du crash à Kitona. Le sergent De Pijpere objectif et la nuit va tomber. aperçoit une fusée rouge dans travers la piste est immédiatement évacué par Le capitaine de vaisseau le ciel et en informe par radio d’atterrissage. avion vers la Belgique. Lors de Petitjean, commandant du Task le lieutenant Carpentier de cette opération, les Harvard Group, décide d’abandonner Changy du Harvard H210. Le sergent De T-6/4KA des Flights d’Appui l’opération avec l’accord du QG/ Son leader croit que cette Pijpere risque de Feu de Baka démontrent qu’ils Cométro. Un message radio lui fusée provient de la tour de passer un mauvais sont des appareils vulnérables. annonce que des renforts de contrôle de Matadi-Tshimpi. quart d’heure. Le manque de blindage troupes mutinées descendent A ce moment, le sergent De et l’absence d’un poste de de Thysville vers Matadi. Il Pijpere tire une fusée verte. Le radio SCR 300 réduisent leur donne l’ordre aux troupes sergent De Brouwer en informe efficacité. Le flight d’appui- belges de regagner les navires le lieutenant de Changy et feu basé à Kitona est réduit à qui descendent le fleuve Congo décide de sa propre initiative trois appareils plus ou moins vers Banane. d’aller survoler l’endroit d’où endommagés par les tirs de sont parties les fusées. Il quitte DCA. ■ Jean-Pierre Sonck la formation et repère le pilote rescapé près de l’épave du Harvard H202. Il signale la position du crash au lieutenant L’épave du Harvard Carpentier de Changy et tourne H-202 est inspectée au-dessus de l’appareil, puis par des civils congolais il bat des ailes pour faire (collection Sonck) comprendre à Guy De Pijpere qu’il doit rejoindre la piste de l’aérodrome de Matadi-Tshimpi, cachée par une hauteur. Sources : Entretien avec Le leader renvoie le sergent De Guy De Pijpere Brouwer vers Kitona pour lui Récit du Général éviter de subir le feu de la DCA De Brouwer in et survole l’aérogare bondée Bulletin des Vieilles de mutins. Il s’aperçoit qu’un Tiges groupe de soldats se dirige Sonck, J.-P. et et vers le lieu du crash à travers la Brackx, D., piste d’atterrissage. Le sergent L’appui-feu de Baka De Pijpere risque de passer un Vanderstraeten, L.F., mauvais quart d’heure. L’officier Histoire d’une les survole en rase-mottes et mutinerie-Juillet les effraie par une manoeuvre 1960 téméraire. Les mutins regagnent l’aérogare dans une fuite éperdue. Pendant ce temps, l’audacieux aviateur effectue un Décolage d’un atterrissage en douceur sur la Harvard armé plaine d’aviation pour y prendre (collection Brackx) Guy De Pijpere. Le pilote rescapé est guidé par le bruit du moteur et se presse vers la piste d’aviation, progressant à travers les hautes herbes pour ne pas être aperçu de l’aérogare. Soudain, il se rend compte que le pilote remet les gaz pour reprendre ses recherches du haut du ciel. Il se précipite sur la piste d’atterrissage en battant des bras. Baudouin Carpentier de Changy stoppe son appareil Patrouille de Harvard et aide son camarade à prendre armés de roquettes place dans le cockpit, puis il (collection Brackx)

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 10 Festival Ishango milele

’histoire de l’os Voir : www.petitsdebrouil- 20-30 novembre d’Ishango fut pré- lards.org. Auderghem sentée dans notre Centre Culturel. revue 36 de dé- Création d’un Spectacle- cembre 2015. Pas- Octobre Concert de Geoffrey ORYE- Lcal Noël s’est fortement in- ISHANGO MILELE Night MA avec Zénon KASANZI téressé à cette découverte Date et lieu seront commu- et le Chœur Africain KA- et désire promouvoir l’idée niqués ultérieurement. RAVAN. Les 10 jours de de “partager ce savoir et les Présentation des objectifs résidence pour la création sciences qui en découlent du programme Ishango seront suivis d’une journée afin de créer une paix du- Milele. Dîner – Concert, soi- ISHANGO MILELE avec la rable entre les peuples”. rée “Charity Business” afin première représentation de de récolter des fonds pour Pour toute cette création au public + 2 Nous ne pouvons qu’encou- le développement du pro- prestations pour les écoles rager une telle initiative et gramme ISHANGO MILELE. information avec La Région Bruxelloise, ne manquerons pas de vous Inscription par virement sur complémentaire, INNOVIRIS, les Petits Dé- informer sur l’évolution de le compte de Ishango Milele veuillez consulter brouillards, TI SUKA et les ce projet. Un programme de BE71 6511 4976 4669. le site : Jeunesses Musicales. rencontres, de conférences www.ishango- et de festivités a été établi milele.com Avec le soutien du Cabinet sur trois ans. Nous vous en 20 au 25 octobre de Mme la Ministre Fadila livrons ci-après les premiers FLACS festival au Laanan, la Région Bruxel- événements. Théâtre VARIA loise, la ville d’Auderghem, (Festival des lettres les Petits Débrouillards et francophones, TI SUKA. 01 octobre 2016 des Arts et des Cultures Association Petits du Sud). Création d’un Concert-Spec- Débrouillards – 20 ans. Participation dans l’organi- tacle avec Zénon KASANZI Réseau d’éducation popu- sation par une programma- et sa formation LENKE sur laire à la science et par les tion artistique dont Geoffrey les thèmes : Eau – Feu - sciences. Un stand ISHAN- ORYEMA (Ambassadeur Énergie. GO MILELE participe aux Ishango Milele). Cette création est destinée activités pour les “20 ans” Ateliers scientifiques pour à sensibiliser les enfants du des Petits Débrouillards. enfants avec notre parte- dernier cycle primaire et Présentation du programme naire “Les Petits Débrouil- premier cycle secondaire et animations musicales. lards”. aux sciences.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 11 Histoire civile Esquisse de l’éducation au Congo 5 Deuxième république (1965-1997) Quand Mobutu prend le pouvoir au matin du 24 novembre 1965, le peuple sortant enfin d’une longue période de sécessions et de rébellions et aspirant à une paix réparatrice et à un retour à l’unité du pays se réveille dans la bonne humeur. Malgré son peu d’expérience politique, il éprouve cependant deux sentiments contrastés, celui de l’espoir en un bonheur retrouvé et celui de la crainte de voir l’armée imposer sa loi. La confiance finit par l’emporter jusqu’à la première grande alerte donnée par les pendus de la Pentecôte.

obutu voguant sur président de la République, On remarquera que, soixante la vague du suc- un certain nombre de fautes ans après l’indépendance, le cès, à l’intérieur majeures, telle celle de la système congolais est toujours et à l’extérieur du La politique politique d’authenticité radi- la copie fidèle de celui de l’an- pays, se met à ca- cale, qui en voulant balayer cienne métropole. d’authenticité resser des rêves de grandeur les séquelles de la colonisa- C’est une constante en édu- M radicale, en pour son pays. C’est ainsi qu’il tion gomma aussi certaines cation au Congo, sans doute fixera pour l’éducation un ob- voulant balayer de ses valeurs dont le respect parce que le secteur se situe jectif de scolarisation intégrale les séquelles de de la liberté, telle la nationa- au centre de toutes les pré- pour les écoliers en âge d’école la colonisation, lisation de l’enseignement qui occupations dans tous les primaire pour 1980. gomma aussi découragea les missionnaires secteurs de la vie productive, certaines de ses qui assuraient plus de 80% de la conscience des erreurs est Cela aurait pu être le plus gé- valeurs dont le l’effort éducatif, telle encore vive et l’imagination créatrice néreux de ses rêves, si dans le respect de la sur un plan économique, mais toujours prête à préconiser des même temps il n’avait pas omis liberté. qui ne fut pas sans effet sur remèdes (la Conférence natio- de dégager le budget néces- La nationalisation le plan éducatif, la zaïriani- nale souveraine sera dans cette saire à la réalisation de l’ambi- de l’enseignement sation des entreprises plon- optique le moment le plus fort tieux objectif, et pire encore si découragea les geant le pays dans une crise de l’histoire du Congo indé- une telle extension de la capa- missionnaires qui socioéconomique, aggravée de pendant), mais sans véritable cité d’enseigner était techni- assuraient plus surcroît par la crise pétrolière concrétisation, les obstacles quement réalisable, en termes de 80% de l’effort mondiale. décourageant rapidement les d’enseignants et de lieux édu- éducatif. bonnes volontés. Ainsi la situa- catifs, et enfin si obnubilé Certes les grand-messes pour tion insatisfaisante perdure, par le parti unique il n’avait l’éducation à la Nsele, dans les de génération en génération. pas infiltré progressivement années septante, réunissant les Les gouvernements passent, l’ensemble de l’appareil édu- cadres de tout le pays, par- le sous-enseignement reste. catif pour mieux l’assujettir. taient d’une bonne intention. Loin d’atteindre l’objectif 80, On y frôla même une réforme Cela dit, force est de recon- la scolarisation n’atteindra profonde du système éducatif naitre que quelques mesures pas le seuil des 50´% (loin pour enfin l’adapter à l’Afrique salutaires furent prises, qui en-dessous du celui de 1960 centrale, pour revenir assez témoignent de la volonté des Vente d’uniformes qui avoisinait les 80%). Taux scolaires dans une rue vite à la tradition remontant responsables politiques de cor- fatidique qu’elle dépassera à de Matadi au Congo belge. riger les erreurs et les dévia- peine trente ans plus tard. Non seulement le budget ne sui- vit pas l’accroissement de la population scolarisable, mais était en constant recul. Pas étonnant quand on sait par exemple que la présidence en 1977 absorbait à elle seule 17 % de celui-ci.

Mais le recul du budget n’ex- plique pas tout. Il y eut de la part du régime, surtout après 1970, année où Mobutu est élu

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 12 tions, et de promouvoir une Nyama en 1982 L’institut supé- nuer et l’on peut construire éducation saine, pertinente et rieur pédagogique technique une pyramide scolaire sur un productive. est créé à Kinshasa en 1976. nombre aussi restreint. De La problématique de la pé- Les cycles longs en pédagogie toute évidence la pyramide fi- riode est traitée par matière. (formation d’instituteurs - D6 nira par vaciller sur ses bases. ou humanités pédagogiques) De plus le métier d’enseignant ● Dans la course à l’ensei- se multiplient. Les cycles perd de son attractivité par gnement les écoles normales courts (D4 pour quatre années l’incapacité de l’Etat d’assu- partent perdantes. En 1960, post-primaires) continuent à rer au corps enseignant un l’effectif scolaire dans sa to- former le personnel ensei- salaire décent. C’est ainsi que talité (primaire, secondaire et gnant des premières années l’on observe dans les années supérieur) était de 1.682.195 du primaire. Mais la course septante que beaucoup de gra- unités, en 1975 il est déjà à l’enseignement est telle que dués, une fois le diplôme en de 3.410.634 unités. Autres l’on retrouvera bien vite dans poche, délaissent les estrades. nombres significatifs du boum la majorité des CO (pour cycle scolaire : en 1967 l’inspection d’orientation, soit les deux pre- Bien vite, ● On ne peut pas dire que homologue 2.272 diplômes mières années du secondaire), le régime, le budget de l’Etat alloué à d’humanités et 463 étudiants principalement ceux de l’inté- privilégie l’éducation est dérisoire. Il se décrochent en 1968 un di- rieur, des enseignants formés la quantité maintient plutôt bien au début plôme d’enseignement supé- pour le primaire. La perte de à la qualité. de la deuxième république. De rieur, dont 314 à l’université, qualité de l’enseignement est Trois types de 30% en 1960, il descend à 20% 142 à l’ISP et 7 à l’IST, alors en marche. sous-qualification en 1970 (0,5% en 94 et 0,9% qu’en 1986 ils seront 38.137 à s’insinuent dans seulement en1996 !). Mais la obtenir le diplôme à l’Examen ● Il apparaitra bien vite que, les écoles : la masse salariale en absorbe d’Etat (bac) et 3.263 au supé- le régime, dans sa course à sous-qualification 80% : 65% au primaire, 25% rieur Au niveau supérieur, les l’objectif 80, privilégie la quan- scientifique, la au secondaire, 10% au supé- bourses de doctorat en péda- tité à la qualité. Trois types de sous-qualification rieur. Quand on sait que la gogie se multiplient, en Europe sous-qualification s’insinuent pédagogique et la qualité n’est plus au rendez- et en Amérique du nord, aux dans les écoles : la sous-qua- sous-qualification vous, en dehors de quelques fins de pourvoir l’université lification scientifique (l’ensei- volontaire louables établissements sco- et les écoles supérieures en gnant maîtrise insuffisamment (l’enseignant ne laires, portés à bout de bras personnel enseignant. L’ouver- la science qu’il est sensé en- s’investit plus par des missionnaires ou ture d’écoles normales supé- seigner), la sous-qualification dans son job). aux mains d’expatriés, force rieures (ancienne appellation), pédagogique (l’enseignant est de constater que le jeune en charge de la formation des maîtrise insuffisamment la Etat investit de plus en plus enseignants du secondaire in- méthodologie de l’enseigne- massivement dans la sous- férieur (G3, pour trois années ment) et à mesure que le qualification. Certes ni l’école d’études post-secondaires), régime commence à lasser le ni les parents n’en portent la déjà créées durant la première peuple et que la politique sala- responsabilité. Le Père Ekwa, république, se poursuit, avec riale ne satisfait plus personne, grand chantre de l’éducation l’ambition de disposer à terme la sous-qualification volontaire de son pays jusqu’à son der- d’au moins un institut supé- (l’enseignant ne s’investit plus nier souffle, n’hésita pas à rieur pédagogique (nouvelle dans son job. donner pour titre à un de ses appellation) par province : livres L’école trahie. Mais cer- Kananga et Kikwit en 1966 L’Inspection ne tarde pas à se tains enseignants font preuve ; Mbandaka et Kisangani en rendre compte que les meil- de peu de moralité, dans tous 1967 ; Bunia et Mbuji-Mayi leurs enseignants sont les pro- les sens du terme. Et certains en 1968, Mbanza-Ngungu en mus de l’école coloniale. Mais parents ne comprennent pas 1972 ; Likasi en 1976 ; Wembo- ce groupe ne fera que dimi- toujours le sens de l’école mo- derne. C’est ainsi par exemple qu’à Kananga l’inspection, enquêtant sur la disparition mystérieuse des nouveaux bancs fournis par l’Etat à une école périphérique fut amenée à constater que c’étaient) les parents d’élèves eux-mêmes qui les avaient dérobés pour en faire ici un meuble domes- tique, là du charbon de bois.

Collège ● La réforme des programmes, de Gbadolite amorcée en 1961, poursuit ses

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 13 Histoire civile Esquisse historique de l’éducation au Congo : 5. Deuxième république travaux, mais sur un mode plus indiquée pour l’apprentissage l’effort n’est que peu récom- politique que pédagogique. Le de la culture, la seconde de pensé dans la mesure où les retour à l’authenticité, telle que la communication nationale parents perdent progressive- prônée par Mobutu à partir et internationale. Durant les ment la capacité d’acheter des des années septante, aura un deux premières primaires le livres pour leurs enfants sco- effet de stimulation sur les français est simple matière larisés, en sus de l’uniforme sous-commissions, surtout d’enseignement, et encore sur rendu obligatoire en 1972. Les celle du français, de l’histoire, le mode oral. A partir de la 3e écoles complètement dépour- du civisme…Les ordonnances primaire, le français devient la vues de manuels, fût-ce sous de 61-62 sur la réforme des langue de l’enseignement. La forme de prêt aux élèves, se programmes sont réactivées question reste délicate dans font de plus en plus nom- et complétées par les ordon- la mesure où le risque existe breuses, même parmi les plus nances de 82-83. Une commis- d’un enseignement à deux vi- prestigieuses. Il est loin le sion nationale de la réforme tesses, celle de la brousse où temps où les manuels étaient est instituée (CNR), avec pour le français est mal enseigné et remis gratuitement à chaque tâches de définir les finalités celle de la ville où le français écolier et à chaque élève, dans de chaque cycle, de spécifier est de rigueur dès la 1e pri- un grand geste paternaliste. les profils des enseignants, de maire. L’école maternelle offre Il est vrai que le budget du fixer les plans d’études, de réa- sans doute la meilleure oppor- jeune Etat ne pouvait plus se le liser la décentralisation admi- tunité pour assurer le passage permettre. Mobutu lui-même nistrative ; mesure louable qui entre la langue maternelle et la n’hésita pas à rappeler que Les écoles révèle que le régime mobutien langue importée, mais il reste l’Etat-providence était mort. veut placer le train de l’ave- complètement rare, a fortiori à la campagne. nir sur de bons rails, mais les dépourvues La loi-cadre de 1986 se borne ● Sur ces entrefaites la valse problèmes sont rapidement de manuels dans son article 120 à fonder des étiquettes continue, un encommissionnés, avec les se font de plus en les deux langues d’enseigne- régime qui se respecte doit lenteurs que cela laisse sup- plus nombreuses, ment, la langue nationale ou imprimer sa marque sur tout. poser. Il n’est pas rare dans même parmi les langue du milieu et le fran- Toutes les appellations en un régime qui se dit fort que plus prestigieuses. çais, laissant aux gouvernants usage dans le pays, y compris les réformes se réduisent à une Il est loin le temps le soin de fixer les modalités celle du pays lui-même et de simple valse des étiquettes. où les manuels d’utilisation. Dans la pratique, son grand fleuve, se modi- étaient remis la problématique reste grande. fient l’une après l’autre, pas ● La durée des cycles, héritée gratuitement à Pour couper court à toute que- toujours à la satisfaction plus de la colonisation et entérinée chaque écolier et à relle, la CNS proposera en 92 grand nombre. Mais un régime par la réforme de l’enseigne- chaque élève, dans le français comme unique totalitaire n’en a cure. On ne ment sous la première répu- un grand geste langue de l’enseignement. peut passer ici sous silence blique, reste inchangée malgré paternaliste. les démêlés du régime avec la velléité de quelques-uns de ● Les moyens d’enseigne- l’église catholique, principal l’adapter aux réalités africaines ment (manuels et matériel partenaire de l’effort éducatif : trois ans au maternel ; six ans didactique) ne connaissent zaïrois. Dans sa quête d’au- au primaire ; deux ans pour qu’un progrès rudimentaire. thenticité et de décolonisation les écoles artisanales, quatre Les manuels sont surtout le mentale (71-73), Mobutu s’en ans pour les écoles profession- fait des centres de recherche prend aux prénoms chrétiens nelles, six ans pour les huma- pédagogique par les mission- (dits étrangers), comme un peu nités. Les maxima des effectifs naires (Scheutistes, Jésuites…), plus tard dans la dénomina- sont fixés à 55 au primaire qui tiennent à équiper leurs tion des écoles gérées par des comme au secondaire, sauf classes des indispensables chrétiens (jusqu’à y interdire pour les deux terminales des manuels et qui disposent géné- le crucifix). Il impose aux humanités où ils sont limités ralement d’imprimeries. Mais grands séminaires une cel- à 50, mais ces plafonds restent souvent théoriques.

● La question de la langue d’enseignement, pendante au niveau primaire, est tranchée. Le colloque de Kananga sur l’enseignement en 1967 avait mis en évidence la nécessité de maintenir la pratique des lan- Elèves de Kananga gues nationales au primaire, et brandissant fièrement préconisé un passage progres- le calicot de leur établissement scolaire sif de la langue nationale vers lors d’un défilé le français, la première mieux

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 14 lule de la jeunesse du parti les acteurs de l’éducation, de réponse, sans doute à cause unique (JMPR). Mgr Malula a l’Etat aux parents, des écoliers, de la politique qui sous-tend l’outrecuidance de contester élèves et étudiants au person- la nation congolaise. le bien-fondé d’un retour à nel éducatif ; arrêtant les struc- l’authenticité, prétextant que tures et les compétences à tous ● Soulignons en passant l’ef- certaines pratiques anciennes les niveaux, du maternel au fort du secteur privé pour in- sont incompatibles avec le pro- supérieur et à l’universitaire, vestir dans la création d’écoles, grès de l’humanité en matière en passant par le primaire et allant souvent de pair avec des de droits de l’homme et du le secondaire; fixant les condi- constructions en dur, princi- peuple, et proposant un simple tions d’agrément, de fonction- palement dans les villes. La recours à l’authenticité. En nement et de sanction; préci- loi-cadre l’autorise, avec cette représailles la radio natio- sant le mode de financement obligation de se soumettre à nale entame une campagne dans le but d’en finir avec l’inspection d’Etat pour avoir le violente contre le prélat, et la l’état-providence hérité de la bénéfice des examens d’Etat. petite guerre commence entre colonisation ; précisant les mo- Certains fondateurs érigèrent l’église catholique et le régime. dalités administratives de l’en- Pendant ainsi des complexes impres- Dix ans plus tard l’église ad- semble du système, lesquelles les dix années sionnants (comme Masamba), mettra que l’idée d’authenticité seront réunies en un recueil (1990-2000), compensant habilement les ca- portait en elle un germe de de près de 500 pages, fort qui verront le rences de l’Etat en la matière progrès et de prise de res- utile aux opérateurs de tous départ sans gloire et un ralentissement progressif ponsabilité pour le Congo. La les niveaux. La promulgation de Mobutu de l’investissement des églises querelle accélérera l’étatisation d’une loi-cadre mérite certes et l’arrivée dans le secteur, sauf peut-être de l’enseignement, que le Père d’être soulignée comme évé- victorieuse dans un premier temps aux Ekwa n’hésite pas à qualifier nement historique et comme de Kabila, niveaux supérieur et universi- de “grave et tragique”. Il est un un pas en avant dans le sens l’enseignement taire. Dans certains quartiers fait que tout ce qui subsista de de l’indépendance de l’éduca- souffrira de ce de la capitale par exemple, bonne volonté et d’idéalisme tion. On se souviendra que la retrait brutal des certaines écoles privées atti- chez les Catholiques en prit un première convention de portée coopérants, raient davantage d’élèves que coup, difficile à chiffrer. La ré- nationale remonte à Léopold qui n’étaient plus les écoles officielles, nonobs- trocession, entreprise au bout II, en 1906. La seconde inter- que quelques tant le caractère souvent élevé de quelques années, comme vint en 1925 suivie de celle de centaines mais des frais scolaires. Au nombre dans le secteur économique, 1948 au temps où le Congo qui jouaient un rôle de ces écoles privées on peut n’en put effacer tous les effets était belge. Après l’indépen- compter également des écoles plus grand que néfastes. Les réseaux des pre- dance il y eut celles de 1977-79, de type consulaire, comme les mières heures se muèrent en sans cesse discutées et inaptes leur fonction écoles belge, française, por- système dit des écoles conven- à faire toute la clarté sur les permet de le laisser tugaise, libanaise, turque…En tionnées, selon la convention rapports entre l’Etat et les mis- supposer. principe elles sont réservées signée entre l’église et l’Etat ; sions religieuses, les écoles aux originaires des pays qui Ainsi l’on dénombra des écoles privées, les centres de forma- les subventionnent, d’autant conventionnées catholiques tion du secteur productif, sans que les programmes qu’elles (de loin les plus nombreuses), oublier les parents, faisant de pratiquent sont ceux de leur protestantes, kimbanguistes et l’enseignement national, grand métropole, mais progressi- sur le tard islamistes. acquis de la première répu- vement on y verra croître le blique, un concept flou. Mais nombre de Congolais. ● En 1986, la loi-cadre règle- il n’y a pas lieu de crier vic- mentant l’enseignement natio- toire, la question du profil du ● L’appui de la Coopération nal (fondé 25 ans plus tôt) est Congolais à former et de la so- belge, principal encadreur de enfin promulguée définissant ciété congolaise à promouvoir l’enseignement au Congo du- les droits et les devoirs de tous restant largement sans vraie rant la deuxième république, est tout logiquement fonction de l’évolution du secteur, la- quelle n’exclut pas quelques soubresauts, comme en 1967 où la coopération en ensei- gnants est réduite de manière significative, à la suite de la vive irritation de la Belgique provoquée par la profanation de la statue du Roi Albert 1er Ecole rurale et du sac de son ambassade au Shaba à Kinshasa. Mais la Belgique en 1974 n’était pas la seule à pourvoir aux besoins d’enseignants.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 15 Histoire civile Esquisse historique de l’éducation au Congo : 5. Deuxième république

Au secondaire on a assisté IGE, EXAMEN D’ETAT, CERE- diale, poursuivit tant bien que dès les premières années de DIP (centre de Recherche et mal son activité de contrôle l’indépendance à l’arrivée mas- de Diffusion de l’Information de la paye des enseignants, sive d’enseignants haïtiens, pédagogique), SECOPE (Ser- avec une paire d’expatriés à espagnols, canadiens…, dans vice du Contrôle et de la paie charge de l’Etat congolais. Pen- le cadre d’un contrat avec le des enseignants), IFCEPS (Ins- dant les dix années suivantes Gouvernement congolais lui- titut de Formation des cadres (1990-2000), qui verront le même (assistant technique de l’Enseignement primaire et départ sans gloire de Mobutu gouvernemental (ATG), par secondaire), SERNAFOR (Ser- et l’arrivée victorieuse de Ka- opposition à CTB, pour coo- vice national de la formation), bila, l’enseignement souffrira pérant technique belge) sans occupant ensemble près de de ce retrait brutal des coopé- que ceux-ci maîtrisent toujours 100 coopérants. Belle fin de rants, qui n’étaient pas plus de la langue d’enseignement (et mandat pour une coopération ! quelques centaines mais qui pour certains la matière d’en- En 1990 intervient une regret- jouaient un rôle plus grand seignement). Les coopérants table rupture qui portera un que leur fonction permet de le français sont également nom- coup sévère à tout le système laisser supposer. La rébellion breux, surtout dans les insti- éducatif congolais. Mobutu, qui éclatera dans la foulée de tuts supérieurs pédagogiques. vexé par les accusations de la prise de pouvoir de Kabila La CTB ira diminuant à partir “L’enseignement la Belgique en rapport avec ne fera qu’aggraver la situa- de 1967, jusqu’à ne plus comp- supérieur et le massacre d’étudiants sur le tion, budgétairement et péda- ter que quelques centaines universitaire campus de Lubumbashi remet gogiquement. Seuls quelques d’enseignants au moment de au Zaïre n’est pas la coopération belge, tous sec- projets de coopération indi- la rupture complète en 1990. en crise, teurs confondus, à la disposi- recte (projets d’ONG, appuis il est plutôt en voie tion de la Belgique. C’est le modestes d’université belge à ● La Coopération belge saisit retrait en bon ordre, sans autre université congolaise, micro- de disparition. la balle au bond et devient plus vexation du régime. Les coopé- interventions de l’ambassade) sélective dans l’envoi de ses La formation rants plient bagage, laissant du constitueront pendant dix coopérants. Dans cette nou- dispensée dans jour au lendemain, leur service ans un modeste supplément velle stratégie de coopération, ses instituts aux mains des seuls Congolais, à l’ordinaire, lequel se faisait en 1972, l’Inspection générale et facultés est pas toujours formés à cette fin, de plus en plus frugal. Ce fut de l’Enseignement (IGE) reçoit tombée en bien que les dernières années sans doute une erreur de part le renfort de 25 coopérants, dessous du seuil tout projet fût conduit bilaté- et d’autre : Mobutu n’avait pas revêtus des pouvoirs d’ins- qui permet de ralement, ayant à sa tête un imaginé qu’à l’exemple de le pecteur d’Etat et répartis dans prétendre à une directeur congolais et un co- Belgique toutes les coopéra- l’ensemble du pays, à charge qualification directeur belge au titre de tions bilatérales quitteraient de contrôler les écoles, d’orga- professionnelle chef de projet. Les grands le pays, et le Gouvernement niser les examens d’Etat, de ou scientifique de services d’appui connaîtront belge n’avait pas prévu qu’il parfaire sur le tas la forma- niveau supérieur. inévitablement un recul, et mettrait plus de dix ans à tion des inspecteurs nationaux pour plus d’un une quasi fer- reprendre sa coopération par jumelage, d’organiser dans meture, comme à l’IFECPS de structurelle avec son ancienne les établissements présentant Kisangani où l’argent n’arrivait colonie (30.06.2001). des lacunes des séances d’ani- plus pour payer la bourse des mation pédagogique. Deux inspecteurs en stage, comme ● L’Examen d’Etat, qui a un inspecteurs généraux succes- au SERNAFOR où le budget impact disproportionné sur sifs seront belges (il n’y a au indispensable à la produc- les parents d’élèves, mérite Congo qu’un seul inspecteur tion suivie des outils de for- une attention particulière. chef de corps). Devant l’énor- mation n’était plus alimenté. Son instauration en 1967 (à mité des lacunes relevées, le Seul le SECOPE, à la demande l’instar du baccalauréat en corps des inspecteurs se mue- expresse de la Banque mon- France) pour sanctionner les ra un moment en corps des animateurs-encadreurs des enseignants, mais le concept est assez vite abandonné, car dans la pratique il équivaut à une perte d’autorité. A mesure que les enseignants nationaux augmentent en nombre, les coopérants se font plus rares dans les écoles. Ils ne dépas- seront pas 1970 au primaire, Solide école tandis qu’au secondaire seront héritée de la colonisation concentrés dans les grands or- à Lisala ganes du ministère de l’EPSP :

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 16 études secondaires, en rem- contre-épreuve (test de 200 un coopérant fut mis en place placement de l’homologation questions à choix multiple dans chaque province en vue héritée des Belges laquelle, administrées en quatre jours d’assainir le système. De nom- vu le nombre croissant de la aux fins de valider ou d’inva- breuses écoles, fonctionnant population scolaire, était deve- lider les points accordés par Le nouveau projet en-dessous du seuil du ren- nue une mission impossible, l’école ; impression des ques- éducatif tracé par la dement (pas de bancs, pas pour un corps d’inspecteurs tionnaires en Belgique jusqu’à Conférence nationale d’enseignants qualifiés, pas de de l’enseignement sous-équi- ce que l’IGE dispose de sa moyens d’enseignement, pas souveraine en 1992 et pé en ressources humaines et propre imprimerie ; traitement de discipline de travail), furent techniques. Il est le baromètre de la totalité des copies dans corroboré par les Etats impitoyablement fermées. le plus indiqué de la marche un centre national unique à généraux de l’Education mais si la Banque Mondiale de l’enseignement sous la se- Kinshasa ; publication au jour en 1996, tels que s’en trouva fort satisfaite, d’un conde république, puisqu’il le jour des résultats dans la résumés par le R.P. point de vue financier, le pro- considère l’élève au moment presse locale). Le pourcentage Ekwa, in L’Ecole trahie : blème de la sous-scolarisation où il est prêt à accéder à l’en- de réussite chuta de 70 % en en fut aggravé. Passé le temps seignement supérieur. Et en 76 à 18 % en 78, et reflétait 1 l’éducation, priorité de la rigueur, l’agrément de outre, pour la petite histoire, la réalité de l’enseignement, des priorités ; nouvelles écoles reprendra de il est un moment fort de la vu la sous-qualification du plus belle. L’objectif de la fin carrière scolaire d’un enfant. corps enseignant, l’absence de 2 l’éducation pour tous ; du millénaire étant du reste Dans les quartiers, l’obtention moyens d’enseignement et de de scolariser la totalité des d’un diplôme d’Etat avec un médiocrité des lieux éducatifs. 3 le partenariat éducatif enfants, il faut bien accepter pourcentage qui sortait du lot Courageuse initiative du ré- avec notamment les que le ministère de l’éducation (le convoi comme on l’appe- gime, mais qui hélas ne dura différents réseaux de se mue en maints endroits en lait ironiquement pour tous pas longtemps. L’année sui- l’enseignement ; ministère des affaires sociales. les diplômés à 50%) pouvait vante, à la suite du renforce- conduire à des festivités plus ment des procédures anti-col- 4 la professionnalisation ● Sur un plan plus matériel, grandes que pour l’obtention laboration le taux de réussite de l’enseignement ; mais tout aussi dramatique, d’un titre universitaire. A l’op- baissa encore. Le ministre le pillage de 2001, suivi en posé on eut à déplorer des sui- refusa d’entériner, sous pré- 5 l’éducation aux valeurs 2003 d’un nouveau pillage cides pour échec à l’Examen texte qu’avec le Mouvement humaines, morales, de ce qui avait échappé au d’Etat. Cet examen a pourtant populaire de la Révolution spirituelles et civiques ; premier, portera un coup connu une dérive rapide, à (le parti-unique) on ne recu- sévère à certains établisse- mesure que les centres de lait pas. Le score remonta à ments scolaires sis dans les passation et de correction se 51%, pour remonter ensuite 6 l’intégration des villes, mais surtout le budget multipliaient, échappant à tout à 60 % vers la fin de la deu- valeurs culturelles ; de l’éducation connaîtra une contrôle et devenant une proie xième république. Il est vrai chute verticale, qui entraînera facile à la corruption. Le bud- que pour calmer les esprits, il 7 la décentralisation de pour une large part dans sa get occulte de l’examen d’Etat valait mieux distribuer un lot la gestion ; chute ce qui restait encore de était cinq fois plus élevé que de diplômes à bas pourcentage la qualité de l’enseignement, celui alloué par l’Etat. Fuite de que de révéler le vrai visage 8 l’éducation la moralité des enseignants, questionnaires, tricherie dans de l’école congolaise. permanente ; l’entretien des établissements, les salles d’examen, vente de ● A côté de l’Examen d’Etat, la production des moyens points devinrent monnaie cou- dans lequel la Coopération 9 la lutte contre les d’enseignement. Des privés rante. Pour frapper un grand belge s’investit particulière- inégalités en matière empiétèrent sur les parcelles coup, l’EPSP adopta la réforme ment, il y eut vers le milieu d’éducation ; scolaires, des bâtiments appar- proposée par un inspecteur des années 80 l’action menée tenant au parc immobilier sco- en poste à Kananga, dont les par le SECOPE, à travers tout 10 l’éducation physique laire furent confisqués par des mesures principales étaient le pays. A l’instar des projets et sportive. gens protégés par le nouveau de transformer l’épreuve en Inspection de 1972 et 1978, régime. Les examens d’Etat, le TENAFEP sanctionnant le cycle primaire et l’Examen d’Etat sanctionnant les huma- nités, survivront tant bien que mal, grâce à une poignée de responsables, aussi courageux qu’obstinés, lesquels ne réussi- ront pas pour autant à enrayer la tendance à la corruption, chez les parents comme chez les élèves, chez les chefs d’éta- blissement comme chez les ISP de la Gombe à Kinshasa encadreurs des épreuves. Quant à l’enseignement supé-

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 17 Histoire civile Esquisse historique de l’éducation au Congo : 5. Deuxième république rieur et universitaire, jusqu’en de l’université de relever les Il appartiendra au nouveau 1971 il ne subit pas de réforme défis du marché de l’emploi régime qui se profile à l’hori- profonde. Les corps professo- “Le pays paraît plus et du redressement du pays, zon de donner vie à ces nou- raux, des instituts supérieurs fourni en ressources le prof. B. Verhaegen aura ces velles résolutions, avec l’espoir pédagogiques et techniques humaines qualifiées mots très durs sur l’université partagé par tous que cette fois sont constitués pour l’essen- qu’à l’époque coloniale, congolaise : “L’enseignement sera la bonne. tiel d’expatriés, la plupart singulièrement supérieur et universitaire au belges, permanents et visi- au moment de Zaïre n’est pas en crise, il est ■ Fernand Hessel teurs confondus. La relève l’indépendance. plutôt en voie de disparition. Texte et photos congolaise, composée d’uni- On serait tenté de dire La formation dispensée dans versitaires formés à l’extérieur que les objectifs de la ses instituts et facultés est tom- Sources : pour le plus grand nombre réforme engagée dans bée en dessous du seuil qui - DEPS, Recueil des directives et mais promus également des les années 60 ont été permet de prétendre à une instructions officielles, 2e édition, universités congolaises, est atteints. qualification professionnelle CEREDIP, EDIDEPS, 1986 lente mais certaine. Quant Ce serait vrai si les ou scientifique de niveau su- - Ndaywel è Nziem, I., Histoire aux étudiants, passés sous indices objectifs de périeur. Il y a déjà quelques générale du Congo, de l’héritage la coupe du parti unique, développement qui lui années que l’enseignement ancien à la République comme tout citoyen depuis supérieur et universitaire ne démocratique, Duculot, 1998, Paris, étaient implicitement Bruxelles sa naissance, ils rongent leur associés et donc produit plus de nouveaux frein politique. En 1969 cepen- savants, de nouveaux profes- - Bavuidinsi Matondo, A., explicitement attendus, Le système scolaire au Congo- dant, ils passent à l’action. Ils pouvaient être seurs ou de nouveaux cher- descendent nuitamment du cheurs ; bientôt il ne produira Kinshasa, De la centralisation aussi lisibles que bureaucratique à l’autonomie des campus de Lovanium pour cette abondance plus de nouveaux universi- services, L’Harmattan, 2012, Paris une attaque spectaculaire du apparente des taires.” - Ekwa bis ISAL,M., s.j., L’école régime, mais ils tombent dans Et pendant ce temps les fina- ressources humaines. trahie, Cadicec,2004 un piège préparé dans le plus listes des humanités affluent, L’échec relatif est - Huybrechts A., Mudimbe V.Y., grand silence. Mobutu, averti rendant les campus irrespi- Peeters L., Vanderlinden J., Van Der par sa toute-puissante sécu- notamment imputable rables et les usant avant terme, à la zaïrianisation, aux Steen D., Verhaegen B., Du Congo rité, avait rangé nuitamment sa dans une sorte de pitoyable au Zaïre, 1960-1980,Essai de bilan, garde au bas de la colline, dite pillages et aux guerres.” fuite en avant. CRISP inspirée. Au petit matin près de quarante cadavres jonchent Martin EKWA Les Etats généraux de l’Educa- les chemins, jusqu’au cœur de bis Isal s.j. tion, dans la foulée de la CNS, la ville. Ce fut un jour triste réunis en 1996, ont la lourde pour la liberté et une tache tâche de fonder la nouvelle indélébile sur le costume du université. Ce fut la dernière président-fondateur. Parmi les Complexe scolaire privé grande manifestation de la morts on comptait plusieurs La Sagesse au Mont- deuxième république fils de grands du régime, Ngafula à Kinshasa ce qui mit celui-ci en grand péril. L’université est fermée pendant une paire d’années et les étudiants furent incorporés à l’armée. En 1971 intervient une réforme fondamentale, comprenant essentiellement le regroupement de tout l’ensei- gnement universitaire en une seule entité, supervisée par un seul recteur: l’Université natio- nale du Zaïre, l’élaboration de programmes répondant mieux aux besoins de la société, la structuration en trois cycles. En réalité, l’opération s’est avé- rée plus politique que produc- tive. Devant l’échec de celle de 1971, le régime procède à une nouvelle réforme en 1981, revenant à l’autonomie de ges- tion de chaque composante, sans plus de succès. Cinq ans plus tard, devant l’incapacité

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 18 MAISON DE REPOS ET DE SOINS

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MdC 02 333 31 10 Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 19

TDHP_aug_Memoires du Congo.indd 1 13/07/16 15:56 Culture Le MRAC nouveau arrive Fermé officiellement depuis le 1er décembre 2013 jusqu’en 2017, le Musée royal d’Afrique centrale (MRAC) a ouvert pour un bref moment ses portes le 18 mai 2016 afin de permettre à la presse et aux intéressés de se faire une idée de l’état d’avancement du chantier. Mémoires du Congo était là afin d’être à même de donner à ses lecteurs intéressés par tout ce qui touche à l’Afrique centrale, les dernières nouvelles du chantier et de les rassurer sur la bonne marche de la rénovation, images à l’appui. e MRAC, faut-il le rap- et institutions scientifiques. leurs environnements natu- peler, est plus qu’un L’objectif assigné au MRAC, rels en Afrique, et en parti- simple musée. Il est que la rénovation a pour but culier en Afrique centrale, une des grandes ins- affiché de mettre au goût du afin de stimuler l’intérêt et titutions scientifiques Le MRAC collabore jour, a conduit les décideurs d’assurer une meilleure com- Ldu pays et comme tel interna- chaque année à à affiner ses stratégies. préhension de cette partie du tionalement reconnu comme environ Il sied de garder à l’esprit monde par le grand public et dépositaire du patrimoine 25 expositions cette nouvelle approche, qui la communauté scientifique, africain et centre de référence ethnographiques ne doit occulter en aucune et de contribuer significati- pour l’Afrique centrale. de par le monde. manière le passé, pour bien vement, au moyen de parte- Il compte à comprendre la rénovation en nariats, à son développement Il est à la fois une vitrine pri- profondeur, dictée par les pro- durable. vilégiée du continent africain, demeure grès en matière de muséologie Les missions principales de par les prestigieuses collec- 90 chercheurs et par l’évolution des idées en cette institution centrée sur tions dont il est le dépositaire, qui publient bon an matière de colonisation. l’Afrique comprennent donc et un institut de recherche mal an plus de 300 On ne saurait mieux définir l’acquisition et la gestion dont l’expertise et les connais- articles celle-ci qu’en citant le MRAC des collections, la recherche sances dans les sciences ou ouvrages de lui-même dans son ambition scientifique, la valorisation humaines (archéologie, an- haut niveau. de devenir un : des résultats de celle-ci, la thropologie, ethnographie, “Centre mondial de recherche diffusion des connaissances, histoire, musicologie, linguis- et de diffusion des connais- et la présentation au grand tique) et naturelles (sciences sances, consacré au passé et public d’une partie de ses col- de la terre et biologie) sont au présent des sociétés et de lections.” appréciées de la communauté scientifique internationale. Photo aérienne du Il collabore chaque année à complexe avant transformation environ 25 expositions ethno- graphiques de par le monde, compte à demeure 90 cher- cheurs qui publient bon an mal an plus de 300 articles ou ouvrages de haut niveau et assure chaque année la for- mation d’environ 150 scienti- fiques, dont une majorité Maquette du d’Africains. nouveau complexe Son rôle est donc essentiel en matière de coopération au développement, sans connais- sance de la culture celle-ci s’avérant vaine. A ce titre il offre aux scien- tifiques du monde entier un accès digital à ses archives, collections et banques de don- nées, entretient des liens de coopération avec plus de vingt pays africains dont il contri- bue à développer les musées

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 20 Il importe également de tenir de régler l’accueil mais aussi mière naturelle et favoriser le à l’esprit que l’établissement, d’enrichir le complexe de pré- confort visuel. Une partie de la voulu par Léopold II afin de cieuses salles de conférences cour intérieure a été creusée, rendre permanente l’expo- et d’expositions temporaires. de manière à laisser passer sition coloniale organisée à la lumière dans les sous-sols. Tervuren dans le cadre de Il apparaît que les travaux l’Exposition universelle de de rénovation ont été extrê- L’amélioration de l’isolation 1897 et conçu par l’archi- mement bien pensés et que s’est faite dans le respect de tecte français Charles Girault l’architecte Girault ne pour- l’ouvrage existant grâce au (qui conçut également le Petit rait qu’apprécier la sauvegarde placement de contrechâssis Palais à Paris, dans le cadre de l’esprit originel qu’il avait et de contreportes. de l’Exposition universelle insufflé, avec ses larges baies Un travail extraordinaire a été de 1900, devenu musée dès ouvertes sur le parc ainsi que réalisé pour faire renaître les 1902), est protégé en tant que la délicatesse de ses fresques, Ce qui frappe très belles peintures murales monument et site depuis 1978. moulures, lambris, stucs et avant tout et frises ternies par les ans et marbres. dans le une restauration inadéquate L’intérieur du rez-de-chaussée musée restauré, en 1957. Les cartes géogra- est également protégé ainsi Ce qui frappe avant tout c’est la phiques, nettoyées et restau- que le mobilier originel. La dans le musée restauré, c’est luminosité rées, ont retrouvé tout leur rénovation a donc dû res- la luminosité retrouvée par retrouvée par la éclat. pecter l’intégrité du bâtiment la suppression des fausses suppression des Les portes monumentales en historique, érigé entre 1905 cloisons, le dégagement des fausses cloisons, bois ont été poncées et peintes et 1908, mais aussi son envi- fenêtres dissimulées et le re- et le dégagement dans leur couleur d’origine. ronnement direct. De prime nouvellement des lanterneaux Les vitrines historiques ont été abord on peut dire que le pari qui fournissent les puits de des fenêtres restaurées sur place, retrou- est réussi grâce à l’importante lumière. Les fenêtres sont do- dissimulées. vant leurs motifs décoratifs, extension souterraine (96m) tées de brise-soleil orientables et placées sur de nouveaux qui a non seulement permis pour optimiser l’apport de lu- socles intégrant les techniques modernes d’éclairage, de cli- matisation, d’applications multimédias et autres. De Gros œuvre nouvelles vitrines modulaires du bâtiment viennent s’y ajouter conférant de l’accueil. une grande flexibilité. Dans la grande rotonde deux escaliers ont été transformés en cages d’escaliers afin de faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite. En façade, les murs du bâti- Maquette ment muséal, du pavillon de la cour intérieure Stanley et du pavillon de la direction ont été nettoyés et restaurés et les menuiseries Phase du ravalement du extérieures repeintes dans bâtiment historique.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 21 Culture Le MRAC nouveau arrive leur couleur d’origine qui poraires. Elles pourront éga- relles, (d) Afrique centrale et se marie à merveille avec la lement, le cas échéant, être son histoire, (e) Journey of life. brique de parement. transformées en un seul grand Les visiteurs, et surtout les espace. enfants qui forment avec la Un tout nouveau pavillon, relié Les visiteurs, complicité des écoles une par- au musée par un vaste tunnel, et surtout tie non négligeable de ceux-là, est venu enrichir le complexe. les enfants, La scénographie de la nou- retrouveront avec plaisir les L’implantation choisie pour ce retrouveront velle exposition permanente spécimens zoologiques réha- nouveau pavillon destiné à ac- avec plaisir s’effectue en étroite colla- bilités après un traitement de cueillir les visiteurs renforce les spécimens boration entre l’équipe des jouvence entre les mains de la relation entre le musée et zoologiques muséologues et scientifiques taxidermistes. Autre attention le palais des Colonies voisin. du MRAC d’une part et les aux enfants, la cour intérieure La structure ne possède qu’un réhabilités scénographes externes N. dans sa partie rehaussée dotée étage de manière à s’intégrer après un traitement Kortekaas et J. Schelfhout de d’un kiosque à musique où ils harmonieusement dans l’envi- de jouvence l’association temporaire Sté- pourront s’initier aux instru- ronnement verdoyant. Le res- entre les mains phane Beel Architecten (TV ments ethniques. taurant/cafétéria au premier de taxidermistes. SBA) d’autre part. étage s’ouvre largement sur Celle-ci s’articulera en deux Le Parc, entièrement préservé, le parc environnant. volets étroitement liés, à sa- fournit un superbe écrin de voir (1) les caves : l’histoire, verdure pour le joyau que Le tunnel de 96 m comprend Deux détails le présent et les perspectives représente le Musée. Le jet une galerie d’exposition sou- de la restitution de l’institution, et (2) le rez-de- central de l’étang Fontaine, de la déco initiale terraine pourvue de deux chaussée divisé en cinq zones rénové dans le respect du mo- salles d’exposition et d’un Retour préventif thématiques : (a) langues et dèle d’origine, est programmé espace flexible pouvant être de la grande pirogue, musiques d’Afrique centrale, pour jaillir à 18 m dans des transformé en salle d’expo- au sous-sol. (b) Biologie, paysage et bio- conditions idéales mais un sition ou en auditorium. Les diversité, (c) Afrique source anémomètre permet d’adap- Rafraîchissement trois salles sont destinées à de la grande salle de matières premières et de ter sa hauteur en fonction du accueillir les expositions tem- d’exposition. ressources humaines natu- vent. Son éclairage apportera

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 22 une touche féérique à la nuit dra attendre mars 2017 pour risquent de fausser le regard tombée. l’achèvement des travaux dans Sources : posé sur la période coloniale. Le 3 février 2016, l’une des le pavillon d’accueil. L’inau- - Dossier de presse Ce qui rend la vigilance de pièces emblématiques du guration officielle du musée remis aux visiteurs du “Mémoires du Congo” d’autant musée, à savoir la grande pi- rénové aura lieu en octobre chantier, le 22 mai 2016 plus nécessaire afin que soit rogue, a réintégré le musée, 2017. - Site web du MRAC : transmise aux générations sa longueur et son poids ayant Reste à savoir si les anciens www.africamuseum.be futures la réalité de l’épopée imposé de l’installer aux sous- du Congo retrouveront “leur” - Photos 1, 3 et 10 de coloniale. sols avant l’installation de la musée et “leur” histoire. Fernand Hessel menuiserie extérieure. Faute d’avoir été associés, ils - Archives personnelles ■ F. Moehler – De Greef de l’auteur : Les travaux dans le bâtiment ne peuvent que craindre les Texte et photos [email protected] principal seront terminés d’ici effets de l’air du temps et du la fin 2016 tandis qu’il fau- politiquement correct, qui

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 23 Réflexion Au-delà des mots Après des siècles d’esclavage, les Belges sortant du Tombeau… C’est en ces termes qu’à chaque événement patriotique important les Belges entament en chœur leur hymne national. Qu’est-ce à dire ? sclavage ou domina- avec la régularité du métro- Ces destructeurs actuels ne tion tyrannique ou nome et faisant fi de toute sont que les émules des Bur- colonisation sont honnêteté intellectuelle. L’ima- rows, Casement, Morel, Twain des mots de même gination fertile de ces auteurs ou autre Hochschild, avec parenté. Haro donc Au cours mal intentionnés malmène cette différence que certains Esur ces affreux colons qui des siècles, la vérité historique pourtant d’entre eux furent condam- osèrent, sous la conduite de nous les Belges confirmée par une pléthore nés pour diffamation par les César, envahir les terres où n’avons pas craint d’historiens belges et congo- instances judiciaires de leurs vivaient en paix Astérix et les le paradoxe : lais de renom. A l’autopsie, ces pays, que Casement et Morel siens, pour les coloniser. Pour- nous louons tout propos infamants se révèlent furent condamnés par les tant, a contrario du propos aussi bien d’autres n’être qu’une tournure stylis- Britanniques pour haute tra- de notre clameur patriotique tiquement mercantile, argu- hison au profit de l’ennemi outragée, force est de consta- envahisseurs, mentée de scoops trompeurs. en 1914-1918 et pendu pour ter que ces esclavagistes béné- d’autres Stanley décidément ne s’était l’un d’entre eux à la Tour de ficièrent dans les siècles qui esclavagistes pas trompé lors de l’interview Londres. suivirent leur conquête d’une dont de grands qu’il accorda en 1903 au jour- mansuétude certaine et même voyageurs, nal Le petit Bleu, en affirmant Cela donne la mesure de la de la reconnaissance de ceux ces estafettes que ces histoires d’atrocités au perfidie et l’immoralité de qu’ils colonisèrent, eu égard à d’autres grands Congo n’allaient pas cesser ces individus et l’improbité l’empreinte civilisatrice qu’ils conquérants, qui et perdureraient longtemps de leurs assertions, avec la laissèrent en héritage. Deux participèrent à encore avec le peu de fonde- différence que les scribouil- mille ans plus tard ils sont la découverte ment qu’elles avaient quand lards modernes et les contre- toujours honorés, notamment du monde, il se trouvait encore là. “J’ai vérités qu’ils propagent sont dans les livres d’histoire. De confirmant sans entendu raconter d’effrayants commentés avec délectation Viris Illustribus Urbis Romae excès, d’innombrables sauva- par une certaine presse, est en somme un livre écrit la moindre gêne geries. Ce n’était jamais que voire récompensés pour leurs et commenté à la gloire des que nous sommes pure invention à des fins poli- “œuvres” par des prix litté- grands coloniaux romains. De tout à la fois ticiennes.” raires. plus, au cours des siècles, nous d’affreux colons les Belges n’avons pas craint et des esclaves le paradoxe : nous louons tout malheureux. aussi bien d’autres envahis- seurs, d’autres esclavagistes dont de grands voyageurs, Image extraite de l’album “Astérix et les ces estafettes d’autres grands jeux olympiques” conquérants, qui participèrent Merci aux ayants droit. à la découverte du monde, confirmant sans la moindre gêne que nous sommes tout à Frontière entre le Congo français et le Congo la fois d’affreux colons et des belge esclaves malheureux. Image du port de Il faut s’étonner dès lors de Banana au tout début la persistance de la hargne de la colonisation contre l’action colonisatrice belge au Congo, principa- lement celle de l’Etat indé- pendant. C’est un torrent de critiques nauséabondes qui déferle sur les colons, le roi Léopold II qui les commandait et leur action civilisatrice. Des accusations fausses, calom- nieuses, injurieuses, relancées

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 24 Ces valets de pique de la petite De leur côté les recrues Couverture du Guide mune, de Bia et de Stairs. Ce- histoire font aussi état d’actes congolaises affluaient pour officiel du Pavillon du lui-ci déclara victorieusement de sauvagerie, de rudesse bru- s’enrégimenter et participer Congo belge à la Foire en 1892 “le pays est délivré de tale, de contraintes cruelles, activement aux rudes com- internationale de 1935 la tyrannie arabe. Il n’y aura pratiqués par les troupes de bats engagés dans les mis- Affiche de la Section plus de têtes coupées plan- Léopold II à l’endroit de po- sions conquérantes de Paul Le coloniale de l’Exposition tées sur des pieux, d’oreilles pulations congolaises utilisées Marinel, d’Alexandre Delcom- universelle de ou de membres sectionnés, ni comme main-d’œuvre. Loin de Bruxelles, en 1910 de gens enterrés vivants.” prétendre excuser les excès de quelques individus égarés, il Malheureusement, la famine n’est pas inutile de rappeler en 1892 et les maladies en- qu’au XIXe siècle l’éthique, le démiques enlevèrent à Stairs respect des droits de l’homme, près de 50 % de l’effectif afri- la moralité étaient bien dif- cain de son expédition. Les férents des principes d’au- quatre expéditions menées jourd’hui. en deux ans par ces coura- geux capitaines ont permis la Autres temps, autres mœurs, signature de 53 traités de paix dit-on ! Il est un fait qu’en avec des chefs coutumiers et à ce temps-là ceux qui en Eu- la faveur de l’éradication des rope et en Belgique avaient esclavagistes la fondation d’un la charge du bon rendement Etat capable d’affronter son de l’outil ou l’obligation de destin. faire observer les règles de conduite d’une collectivité Délivré de la barbarie arabe, (armée-école-entreprises-jus- un Congolais facétieux aurait tice) ne mettaient pas de gants pu paraphraser, avec l’humour pour le faire savoir. dont tout Congolais est friand, l’hymne national belge en ces La vexation verbale, le ton termes : agressif, la rudesse du com- portement n’étaient pas rares. “Après des siècles Argumentum baculinum, l’ar- d’esclavage, gument du bâton. Au XIXe Venus au secours des siècle en Europe l’usage du Bantous, fouet, de la cravache, du Les Banokos ont reconquis knout, de la matraque, de la avec courage trique était chose courante. En Aux arabisés, leurs terres et Afrique il en alla de même leurs villages, avec la chicotte, pour les Leur honneur et mêmes motifs. tous leurs bintous. Après plus d’un siècle de Ce sont des hommes de même concubinage, culture, de même génération, Les Bantous ont estimé qu’il animés de la même menta- était plus sage lité, qui formèrent les contin- De se réserver l’entièreté gents de recrues volontaires du fromage, en partance pour le Congo. Et de renvoyer chez eux Avec cette circonstance ag- les Banokos. gravante qu’ils opéraient en Prions chaque nuit milieu hostile, tant pour ce les aïeux qui était de leur santé que De pardonner ce de leur sécurité. Ce sont ces prétentieux dérapage.” rudes gaillards qui garniront en 1886 les rangs de la Jeune La présente réflexion appelle Force Publique ; le courage, spontanément celle qui suit la bravoure ne leur faisaient consacrée à Léopold II, sous le pas défaut surtout quand il titre de “Les astuces d’un roi”. s’agissait de combattre la bar- barie arabe et l’esclavagisme ■ Paul Roquet au quotidien.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 25 Réflexion Les astuces d’un roi Il est tentant d’étendre la réflexion qui précède à Léopold II. Pourquoi ces attaques à répétition contre le chef de l’Etat indépendant du Congo ? Pourquoi pas contre César ou Charles-Quint ? Le débarquement des Belges au Congo ne ressemble pourtant en rien aux invasions pratiquées sans ultimatum ni consultations préliminaires des populations agressées par les grandes nations colonisatrices, comme par exemple celui des Anglais en Afrique du sud, en Australie et en Inde ou des Français et des Anglais en Amérique du nord. Autant de prises de possession traduites par des tueries et des massacres e roi Léopold II, plus comité central et de comités d’un sentiment philanthro- diplomate que guer- nationaux. Le but est de plan- pique. Celui-ci cachait d’autres rier, allie habilement ter l’étendard de la civilisation desseins plus lointains et plus en Afrique l’œuvre sur le sol de l’Afrique centrale secrets. Il faut dire cependant civilisatrice à la pré- et d’y abolir l’esclavage, en que les comités nationaux, à Loccupation économique. créant des bases d’opérations l’exception du comité belge, ne Son but était de fonder une sur la côte de Zanzibar et près témoignèrent jamais de réelles colonie capable d’accroître le de l’embouchure du Congo, en activités. Les hommes dont ils bien-être de son propre pays projetant d’ouvrir les routes étaient formés faisaient figure qu’il jugeait trop petit pour vers l’intérieur pour pacifier de groupe académique. Ils bien affronter l’avenir et celui Fonder un état la totalité des territoires et y n’avaient accepté que pour du Congo vivant jusque-là en modèle ne fut pas établir la concorde entre les porter quelques nouveaux marge du progrès. Et même de chose aisée pour chefs locaux par des arbi- titres et pour satisfaire le désir fonder un Etat modèle, par le le souverain d’un trages justes. d’un souverain qui tenait à se développement de la commu- petit pays, dont montrer « esprit éclairé » faute nication, de l’administration, la population ne Les comités nationaux pour- de pouvoir jouer sur la scène de l’éducation, de la défense… partageait que du suivraient l’exécution de européenne un important rôle bout des lèvres le projets, chacun en ce qui les politique. De cette courtoise Ce ne fut pas chose aisée pour concerne et exposeraient à indifférence, Léopold n’était le souverain d’un petit pays, rêve de grandeur leur public le but poursuivi, pas dupe. Elle lui laissait au dont la population ne parta- de son roi. chargés particulièrement de contraire les coudées franches geait que du bout des lèvres le miser sur les dispositions sans qu’on puisse lui repro- rêve de grandeur de son roi. humanistes favorables à la cher son souci de correction Qu’à cela ne tienne, il guettera libération des esclaves. Il ne internationale, car le comité les circonstances favorables faudrait pas déduire pour belge, lui, n’allait pas chômer. pour passer à l’action, sans autant de ce plan que l’idée En réalité, en convoquant s’empêcher pour autant de du Roi n’était empreinte que cette conférence, le roi traves- forcer le destin, en voyageant à travers le monde, en s’in- formant aux sources les plus sûres et auprès d’explorateurs qui depuis peu se multiplient en Afrique centrale. La région qui l’intéresse particulière- ment, c’est notamment ces terres inconnues traversées par le grand fleuve Congo. Nanti d’informations inté- ressantes, il décide de créer une conférence internationale de géographie à Bruxelles regroupant des spécialistes, des savants et des globe-trot- Vestige de ters issus de diverses nations l’administration coloniale européennes. Il préside lui- dans la rue Brederode à Bruxelles, empiétant sur même la séance inaugurale de le parc du palais royal. la conférence composée d’un

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 26 tit ses intentions d’expansion En novembre 1878, le roi invite tion indigène de manière paci- en Afrique. Personne ne doit l’explorateur anglais. L’accord fique, de village en village, de se douter de ses ambitions est vite conclu : celui-ci repar- tribu en tribu, le groupe Stan- de créer une colonie belge. tira pour le Congo sans tapage ley en contact avec les chefs Il ne fallut bien sûr pas long- et il s’efforcera d’établir avec fit signer les compromis d’ac- temps avant que la conférence les chefs indigènes des traités quisition de terres. Les Pères n’accouche d’une association d’abandon de souveraineté. blancs tout en répandant la internationale africaine (AIA) Pour soutenir financièrement parole de Dieu, construisirent dont Léopold en se faisant l’action, le roi forme un orga- des missions, des fermes, des prier accepta la présidence nisme nouveau : le Comité du Léopold II se écoles ou des chapelles. Les des comités nationaux. Haut-Congo, dont le capital montra astucieux, missions militaires de recon- d’un million de francs réparti téméraire, naissance consolidèrent par Le premier acte du président entre 19 bailleurs de fonds, négociateur et leur présence les avancées sur fut de toute évidence une la grosse part étant souscrite le terrain. Tel était le contin- prise de contact direct avec par Léopold II lui-même sous d’une habileté qui gent des troupes de Léopold l’Afrique. Il fallait agir et vite. couvert du banquier Léon frôle le génie. II, qui entreprit la conquête L’envoi d’une mission de re- Lambert. Le roi se contente du Congo : des prêtres mis- connaissance s’imposait. Le habilement de n’en être que sionnaires, un super agent Cpt Crespel et le Lt Cambier le président d’honneur. Le immobilier et quelques mili- furent du premier départ. comité érigea en principe de taires. Rien de bien agressif Le roi entretemps prend des n’entreprendre aucune action si on compare ce contingent nouvelles du petit journaliste susceptible de provoquer des avec les armadas anglaises anglo-saxon qui a pour nom difficultés politiques avec les ou françaises. Mais son mode Stanley perdu dans les pro- autres puissances. Le capital opératoire inédit démontre fondeurs de l’Afrique. était suffisant pour jeter les clairement le génie, l’astuce, bases de la construction d’un l’intelligence d’un roi dans sa Il s’intéresse aussi à Mgr Lavi- chemin de fer pour contourner volonté d’expansion de son gerie qui a exposé au pape les cataractes du Bas-Congo et petit pays. Pie IX son désir de prosély- financer les cinq expéditions tisme religieux dans la région de Crespel et Cambier, qui se Les banderilles, on s’en doute, du fleuve Congo. Ce souhait succéderont en 1878. ne tarderont pas à venir. Les est exaucé par Léon XIII, à la La même année, le cardinal autres membres de l’AIA en- mort subite de son prédéces- Lavigerie envoie une dou- trevirent eux aussi la possi- seur. Les missions d’Afrique zaine de Pères Blancs et un bilité d’étendre leurs posses- équatoriale sont fondées. Les corps de zouaves pontificaux sions africaines. La France, le premiers Pères blancs vont belges pour protéger les mis- Royaume-Uni, les Etats-Unis s’embarquer au moment où sionnaires. et le Portugal se muèrent en Stanley vient d’arriver à l’em- concurrents dans les plans bouchure du fleuve Congo Voilà mis en place le premier de Léopold II. La conférence Statue équestre de après avoir traversé l’Afrique contingent de colonisateurs du Léopold II, place du de Berlin en 1884-1885 qui d’est en ouest. Congo. En abordant la popula- Trône à Bruxelles s’ensuivra entérinera le par- tage de l’Afrique. Dans cette lutte d’influence entre nations, Léopold II se montra astu- cieux, téméraire, négociateur et d’une habileté qui frôle le génie. Se servant notamment des opportunités de son pres- tigieux arbre généalogique, il bouture, greffe, entrelace, cisaille avec art, oppose, convainc et gagne. L’Etat indépendant du Congo (EIC) voit le jour le 1er juillet 1885 et Léopold II en est nommé souverain.

■ Paul Roquet Photos Fernand Hessel

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 27 Culture Statuaire publique congolaise 7 Le “style Congo” L’exposition coloniale de Tervuren en 1897 s’était résolument inspirée de l’Art Nouveau pour la scénographie de ses différentes salles, à commencer par le salon d’honneur. Le dépaysement des visiteurs, qui n’étaient pas spécialement familiarisés avec cette nouvelle forme d’art, l’appelèrent dans un premier temps le style Congo. Si l’appellation n’a pas survécu à l’époque de l’exposition ce n’est certes pas par manque d’enthousiasme de la part de l’organisation pour une décoration résolument innovante. Il fallait par tous les moyens capter l’attention des Belges sur le Congo. éopold II avait, on immédiats le Musée royal de tiple : salle ethnographique, l’imagine facilement, Tervuren, rendant en quelque salle des importations, salle instruit le secrétaire sorte l’exposition congolaise des exportations, salle des d’Etat Van Eetvelde permanente. grandes cultures où le visiteur de l’Etat indépendant Rien n’avait été épargné pour pouvait goûter le chocolat et le Ldu Congo sur l’impérieuse né- conférer à l’événement le lustre café venus tout droit du Congo cessité de donner du Congo qui convenait à un état quatre- et même fumer un bon cigare. la meilleure image possible, vingt fois plus grand que la d’abord parce qu’il était in- C’est l’exposition Belgique. Le mot d’ordre était Parmi les statues exposées, il dispensable de convaincre coloniale d’éblouir, par l’audace de la y en a deux qui méritent une le commun des Belges de de Tervuren décoration et la richesse des particulière attention pour dif- l’énorme potentiel que présen- qui entrera dans pièces exposées. Van Eetvelde férentes raisons. Elles furent taient les terres africaines qu’il l’Histoire distribua auprès des artistes toutes deux réalisées spécia- avait conquises pour la Bel- en engendrant en vue (Paul Hankar, Gustave lement pour l’exposition colo- gique, ensuite parce que la cri- dans ses parages Serrurier-Bovy, Henry van niale de 1897 par Charles Van tique sur la gestion du Congo immédiats de Velde, Georges Hobé…) der Stappen (Saint-Josse-ten- commençait à égratigner sé- l’ivoire nécessaire à la réali- Noode,1843 - Bruxelles, 1910). rieusement le monarque, et le Musée royal sation de leurs œuvres, avec L’une est surtout connue pour enfin parce que le dévelop- de Tervuren. autorisation de vendre celles- le sort qui lui a été réservé, pement du pays où tout était ci pour leur propre compte, jusqu’en 2015 où elle entre- à faire réclamait de plus en une fois l’exposition terminée. ra, mais à moitié seulement, plus de bras et de têtes. L’opé- Grâce à cette tactique, on put dans la collection Art Nouveau ration dans son ensemble était admirer dans le salon d’hon- des Musées royaux d’Art et avant tout publicitaire avec neur la plus grande collection d’Histoire au Cinquantenaire. pour objectif affirmé d’éveiller de sculptures en ivoire jamais Cette collection, qui séjourna des vocations pour l’aventure exposée (plus de 80 pièces), d’abord pendant tout un temps congolaise. dans le style belge de l’Art au MRAC, a recréé en quelque Nouveau d’où l’appellation de sorte la richesse qui a dû être L’exposition coloniale, qui Salon d’honneur de style Congo. Outre le salon, celle de l’exposition coloniale se tenait en complément de l’exposition coloniale de l’espace à décorer était mul- de 1897. L’autre est l’énigma- l’exposition internationale 1897 à Tervuren tique sculpture dite Sphinx organisée dans le parc du Cin- mystérieux (ivoire et argent quantenaire à Bruxelles, ravit sur socle en onyx), élevée au rapidement la vedette, d’autant fil du temps au rang de chef- que Léopold II, en habile ur- d’œuvre. Elle a dû intriguer le baniste et stratège accompli, visiteur de 1897 et continue fit ouvrir une voie royale entre aujourd’hui à interpeller le vi- le Cinquantenaire et Tervuren, siteur du Cinquantenaire, avec afin de drainer les foules vers son couvre-chef qui ressemble le lieu qui lui tenait le plus à autant à une couronne qu’à un cœur. Et heureusement pour casque, avec son geste de la la postérité, c’est l’exposition main entre religieux et païen, coloniale de Tervuren qui sa cuirasse qui laisse nues les entrera dans l’Histoire en épaules, et surtout son regard engendrant dans ses parages intérieur qui accroît le mys-

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 28 tère. Sans aucun doute que rieuse. L’épée brandie en signe civilisation chrétienne contre dans l’esprit de son créateur de croix et la croix apparue à l’obscurantisme est manifeste. elle devait avoir quelque rap- Constantin en pleine bataille port avec l’Afrique profonde (qui en se convertissant ouvrit Qu’est-il arrivé pour qu’au- et sa conquête. l’empire romain au Christia- Sources : jourd’hui le visiteur doive se nisme) ressemblent à un appel Proposition de contenter d’une demie statue, Mais ce n’est pas le Sphinx de Léopold II aux mission- Robert Van Michel. heureusement fort bien faite mystérieux qui est pris sous la naires pour qu’ils viennent Article du Prof. Dr. et pleinement représentative loupe dans le présent article, l’épauler dans la construc- Werner Adriaenssens, du style Congo ? Comme les mais l’autre statue en bronze tion de son Etat. Il est inutile conservateur des traces se perdent dès 1897, celle-là, qui a pour nom In hoc hélas d’aller au musée pour collections XXe on n’a que la cupidité comme signo vinces (par ce signe tu voir la statue dans son entiè- siècle au Musée du explication. Il faut savoir que vaincras). Si le sculpteur ne reté. Dès la fin de l’exposition Cinquantenaire. la sculpture avait été comman- l’a pas définie comme mysté- la partie supérieure disparut. Photos empruntées à dée à l’artiste par l’EIC pour rieuse, le sort assez rocambo- Il ne reste plus que le socle l’article du professeur servir de premier prix d’une lesque qui lui sera réservé l’en- où se tortillent autour d’une Adriaenssens, avec les loterie organisée dans le cadre tourera d’une légende propre colonne les forces du mal. La remerciements aux de l’expo. Pour lui donner à la rendre à son tour mysté- symbolique de la lutte de la ayants droit. une valeur maximale l’artiste avait été invité à incruster des diamants dans l’épée en or et à placer dans la gueule Détail de la sculpture du dragon un énorme dia- In hoc signo vinces mant noir. La valeur totale de de Charles Van der l’œuvre était évaluée à 100.000 Stappen. Bronze. 1897 francs de l’époque. La crainte de voir l’œuvre détruite par le bénéficiaire pour monnayer l’or de l’épée, les diamants et l’ivoire de la femme debout existait déjà à l’époque. On pense donc que c’est ce qui a dû arriver, à moins qu’un autre Sphinx mystérieux de Charles Van der mobile ait opéré pour faire Stappen 1897 disparaître la femme bran-

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 29 Culture Statuaire publique congolaise - 7. Le style Congo dissant la croix chrétienne. Quoi qu’il en soit, plus aucune trace depuis 1897 de la partie supérieure

Heureusement le socle qui forme à lui seul une belle composition se trouve en lieu sûr au Musée du Cinquante- naire où il tient lieu, avec le Sphinx mystérieux, de plus beau témoin de l’Art Déco. Sa symbolique du mal, avec le démon qui chute, le dragon qu’on écrase et le serpent qui ondule, reste des plus sugges- tive. Et pour la partie supé- rieure il ne reste que l’espoir que le hasard agisse une fois encore comme il le fit pour le socle, mais vu sa grande valeur marchande rien n’est moins sûr.

■ Fernand Hessel

In hoc signo vinces de Charles Van der Stappen. Bronze. 1897 sculpture originelle complète

Socle retrouvé de In hoc signo vinces

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 30 Culture Festiv’Africa La MC Saint-Michel et l’asbl Vitrine africaine mettront l’Afrique à l’honneur le samedi 17 septembre au Curo Hall à Anderlecht

estiv’Africa !, orga- Sans l’adhésion de ces associa- nisé par la Mutualité tions au projet, Festiv’Africa ! Saint-Michel et l’asbl n’aurait pas pu éclore. Vitrine africaine, est “L’objectif de Festiv’Africa !, un événement festif, c’est avant tout de créer du Flieu de rencontres et de dé- lien entre les différentes na- couvertes multiculturelles aux tionalités présentes sur place, couleurs de l’Afrique, ouvert du réseau entre les différentes à tous, petits et grands. Pour organisations et des échanges cette 3e édition, 33 associa- entre le public et les asso- tions vous accueilleront. ciations. Au travers de Fes- tiv’Africa !, il s’agit aussi de C’est en effet le village asso- montrer combien la culture ciatif qui forme le cœur de africaine est bien représentée l’événement : les organisations en Belgique, de la valoriser viennent exposer leurs pro- et de souligner combien elle jets, proposer de l’artisanat ou est porteuse de richesses et encore vendre des spécialités d’espoir.” souligne Mercedes culinaires africaines. A côté Baurant, coordinatrice de Fes- de cela, des activités égayent tiv’Africa !. la journée et permettent au public d’entrer en contact di- L’événement est gratuit et ou- rect avec la culture africaine : vert à tous, jeunes et moins des concerts, des démonstra- jeunes, à la diaspora africaine tions culinaires, de la mode, évidemment mais également des activités pour enfants… à toutes les nationalités à L’année dernière, environ 800 Bruxelles et partout ailleurs personnes étaient venues visi- en Belgique. Rendez-vous le ter l’événement. 17 septembre à Festiv’Africa !

Festiv’Africa ! est né de l’envie Petit à petit, le projet de Fes- de la Mutualité Saint-Michel tiv’Africa ! a vu le jour en col- de promouvoir son projet de laboration avec l’asbl Vitrine Des activités coopération internationale au africaine. Cette asbl répertorie égayent la journée Entrée gratuite ! Nord-Kivu (RDC Congo). En les initiatives de la diaspora et permettent au Samedi 17 septembre 2016 effet, depuis 2009, un pro- africaine en Belgique, offrant public d’entrer de 12h à 20h. jet de partenariat a été initié aux associations un espace de en contact direct Au Curo Hall entre la MC Saint-Michel et la rencontre et de visibilité par avec la culture 7, rue Ropsy Chaudron Mutuelle de Solidarité pour l’intermédiaire de son portail africaine : à 1070 Anderlecht la Santé (MUSOSA) basée à web. Un partenaire idéal donc des concerts, Métro Clémenceau Butembo dans l’Est du Congo. pour promouvoir l’événement des En parallèle à ce projet au sud, auprès du public. Plus d’infos : la MC Saint-Michel souhaitait démonstrations www.mc.be/festivafrica également conscientiser la po- Ensemble, la Mutualité Saint- culinaires, 02 501 51 96 pulation belge à la solidarité Michel et l’asbl Vitrine afri- de la mode, [email protected] internationale et collaborer caine ont pu impliquer dans des activités avec les Africains résidant en l’événement de nombreuses pour enfants. Suivez-nous sur Belgique. ONG, associations et autres www.facebook.com /festivafrica.be asbl en lien avec l’Afrique.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 31 Coopération Coopération belge au Congo 1 Les partenaires La pratique de la coopération a évolué à mesure que l’on s’est éloigné du temps des colonies. L’intention s’est manifestée immédiatement après l’indépendance certes, mais elle ne démarrera sur le terrain qu’au début de 1963. L’Office de Coopération au Développement tout frais émoulu devait mettre en place une toute nouvelle administration, avec des contraintes émanant du service du personnel d’Afrique de l’ancien ministère des Colonies (44 emplois sur les 48 autorisés initialement devaient être attribués aux anciens de la colonie), avec des visées d’hégémonie du ministère des Affaires étrangères rêvant d’une coopération au service de la diplomatie, sans oublier le lobbying des groupes d’intérêts d’origine coloniale rêvant d’une coopération au service du commerce. Les trois départements (diplomatie, coopération et commerce extérieur) finiront inévitablement sous le même chapeau. a pratique de la coopé- public fédéral des Affaires étran- et quant aux bénéficiaires, à une ration a évolué à mesure Schéma gères, sous le sigle de DGD. Si pléthore de pays, dont après que l’on s’est éloigné du des articles la structure administrative n’a coup on peut se poser la ques- temps des colonies. L’in- (provisoire) cessé de se modifier, la pratique tion du pourquoi. La politique tention s’est manifestée Entrée en matière de la coopération sur le terrain a proprement belge n’était sans Limmédiatement après l’indé- connu des mutations beaucoup doute pas étrangère à cet épar- pendance certes, mais elle ne Les concepts plus fondamentales encore. De pillement peu productif. démarrera sur le terrain qu’au 1 Partenaires simple assistance à une admi- 2 Aide bilatérale début de 1963. L’Office de Coo- directe nistration congolaise en pleine A partir de la grande réforme de pération au Développement tout 3 Aide bilatérale construction elle est passée 1989 la théorie de la concentra- frais émoulu devait mettre en indirecte vers 1970, sous l’instigation de tion se fit de plus en plus impé- place une toute nouvelle admi- 4 Aide alimentaire l’OCDE, à une coopération aux rieuse. Elle acquerra force de loi nistration, avec des contraintes 5 Aide financière responsabilités bilatérales mieux en 1999. émanant du service du person- 6 Aide multilatérale affirmées et assumées et visant Le nombre de pays partenaires nel d’Afrique de l’ancien minis- 7 Frais administratifs plus explicitement la participa- passa des 50 qui ont bénéficié de tère des Colonies (44 emplois tion de la population-cible aux l’aide belge durant les premières sur les 48 autorisés initialement L’enveloppe programmes ; puis à partir des décennies à 25 en 2000, pour devaient être attribués aux an- congolaise années 1990 à un partenariat de descendre au nombre actuel ciens de la colonie), avec des 8 Secteur éducatif plus en plus pointu, basé sur des de 14, fixé par arrêté royal en visées d’hégémonie du ministère 9 Secteur sanitaire accords contraignants, ambition- 2004. La liste, établie en fonc- des Affaires étrangères rêvant 10 Secteur militaire nant ouvertement une coopéra- tion notamment du niveau de 11 Secteur tion de type gagnant-gagnant, pauvreté des populations visées, d’une coopération au service économique de la diplomatie, sans oublier 12 Secteur dans la perspective e par toutes de la disponibilité à la bonne le lobbying des groupes d’inté- humanitaire les parties d’un développement gouvernance de la part des rêts d’origine coloniale rêvant 13 Secteur financier durable. gouvernements partenaires et d’une coopération au service Dans les premières années, la des chances d’une bonne fin du commerce. Les trois dépar- Belgique, concentra tout natu- des actions entreprises, se pré- tements (diplomatie, coopération rellement son aide, en hommes, sente aujourd’hui comme suit : et commerce extérieur) finiront équipements et argent, sur ses Bénin - Burkina Faso - Burundi inévitablement sous le même trois anciennes possessions, à - Congo (Rép. Dém.) - Guinée chapeau. savoir le Congo depuis 1960, le - Mali - Maroc - Mozambique Durant les premières décen- Rwanda et le Burundi depuis - Niger - Ouganda - Rwanda - nies la coopération gardera une 1962. Cette priorité à l’Afrique Sénégal - Tanzanie - Territoire grande autonomie grâce à une centrale, qui remonte en défi- palestinien. administration autonome pla- nitive à Léopold II, n’a pas fon- L’AGCD n’est pas restée long- cée directement sous l’autorité damentalement changé jusqu’à temps seule pour mettre en exé- du ministre en charge, sous le ce jour, en dehors des années cution projets et programmes. nom d’Administration générale nonante qui connurent une dé- Au fil des années elle s’est de la Coopération au développe- saffectation certaine. Plus de la adjoint la collaboration de par- ment, popularisée sous son sigle moitié de l’aide publique belge tenaires, internationaux et na- AGCD, jusqu’à la grande réforme est allée à ces trois pays. L’autre tionaux. La préoccupation pre- de 1989 où elle devint la sixième moitié fut attribuée de manière mière en matière de recherche direction générale du Service variable, et quant aux montants de partenaires est d’optimiser la

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 32 contribution, grâce à l’expertise Au plan national l’éventail des mie de recherches et d’Ensei- des uns et des autres, grâce à partenaires s’est progressive- gnement supérieur, regroupant l’accroissement des moyens par ment agrandi, surtout depuis la l’UCL, l’UNamur, l’USaint-Louis, le partage du financement, grâce montée en puissance des ONG, Adresse utile l’ULB, l’UMons, l’ULg & Gem- au contrôle mutuel de la perti- à partir des années nonante. La Pour suivre les bloux Agro-bio Tech, opérant nence des actions entreprises. société civile qui regroupe l’en- activités de la via sa division CUD. En ces temps de mondialisation semble des intervenants autres Coopération belge, • Les institutions scientifiques, il semble évident que la coopéra- que gouvernementaux se par- trimestre par à savoir l’Institut de Médecine tion gagne à opérer en synergie tage une enveloppe qui n’a fait tropicale, le Musée royal de avec d’autres bailleurs. La DGD, que grossir avec les années, aux trimestre, l’Afrique centrale, l’Institut royal avec ses quatre directions (D1 dépens de l’enveloppe bilatérale un abonnement des Sciences naturelles de Bel- Direction géographique ; D2 Di- gérée directement par la DGD et à Globe-be, gique, apportent également leur rection thématique, comprenant son bras exécutif la CTB. Ainsi : magazine de la pierre à l’édification des pays en l’importante enveloppe de l’aide • Pour la mise en oeuvre de son DGD, s’impose. retard de développement. humanitaire ; D3 Direction de enveloppe bilatérale directe la Il est digital, • Les ONG de développement la Société civile ; D4 Direction Coopération compte par contrat à partir de 2017, agréées (105 en 2016), regrou- de la Gestion de l’organisation), de gestion sur la Coopération et gratuit. pées en Fédération des ONG de persévère bien entendu dans technique belge (CTB) (seul coopération en développement cette voie. organe à engager encore des Consulter : ACODEV, sont devenues par leur Un petit pays comme la Bel- coopérants à l’ancienne pour dg-d.be capacité à approcher le terrain gique a tout intérêt à adhérer le terrain, sous contrat à durée ou au plus près des partenaires à la politique des organisations déterminée), mise en place en incontournables. internationales pour donner 1989, devenue Agence belge de globe-be.be • Les asbl APEFE (Association un maximum de signification développement (BDA) en 2016. pour la Promotion de l’Éducation à son aide. Aussi ne s’est-elle Dans l’esprit du gouvernement il Il aborde toutes et de la Formation à l’Étranger) pas limitée à verser fidèlement ne s’agit pas d’un simple chan- les thématiques et VVOB (Vlaamse Vereniging ses contributions obligatoires gement d’étiquette, mais d’un à l’œuvre en voor Ontwikkelingssamenwer- à l’ONU (PNUD), à l’UE, au sursaut qui doit permettre à la matière de king en Technische Bijstand), Groupe Banque Mondiale… elle Belgique de mieux s’intégrer coopération, soutiennent avec l’appui finan- a procédé également, surtout à dans l’Agenda 2030 pour le Dé- avec une attention cier de l’Etat belge le renforce- partir des années septante (crise veloppement durable, approuvé particulière pour ment institutionnel des pays du Sahel) par contributions vo- à New York en 2015. les réalisations avec lesquels elles ont conclu lontaires à une série d’organi- • Pour soutenir le secteur privé belges. des conventions de coopération. sations plus sectorielles : OIT, dans les pays partenaires la Coo- • Les administrations commu- UNICEF, OMS, HCR, FNUAP, pération recourt aux services de nales, via l’UVCW, l’AVCB/VSGB, CICR, UNESCO, PNUE, FENU, la Société belge d’Investissement le VVSG, apportent à leur tour OIM, HCDH, UNIFEM… dont pour les pays en Développe- une contribution plutôt modeste le nombre a été fixé par AR en ment, BIO en sigle. au développement des pays avec 2008. • Les universités belges quant lesquels elles ont créé des liens. à elles, partenaires • Les organisations syndicales de première ligne, procèdent à d’utiles échanges se sont regroupées avec les associations sœurs des sous deux coupoles pays avec lesquels elles ont des qui ont pour nom : affinités, avec l’appui de la coo- - au nord le VLIR, pération. pour Vlaamse inte- • Les associations de migrants, runiversitaire Raad, les maisons d’accueil pour étu- institué en 1976, diants ressortissants des pays en regroupant la KUL, développement, bénéficient de l’UAntwerpen, l’appui financier de l’Etat. l’UGent, l’UHasselt et la VUB, opérant Tous ensemble, DGD et parte- en coopération via naires, tendent vers la réalisa- sa division UOS ; tion effective de l’objectif de la - au sud le CIUF, coopération belge qui est idéale- pour Centre univer- ment de 0.7 % du PIB, mais qui sitaire de la Com- ne dépasse guère 0,4 %. munauté française, devenu en 2013 la ■ Fernand Hessel Chambre des Uni- versités de l’Acadé-

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 33 Vie des associations

Calendrier des manifestations de 2016 Pour toute insertion ou correction, téléphoner au 0496 20 25 70 ou écrire à [email protected]

2016 Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc.

ABC (Alliance belgo-congolaise - Kinshasa) : 00 243904177421 - [email protected]

AFRIKAGETUIGENISSEN : [email protected]

AKIMA (Amicale des anciens du Kivu, du Maniema et d’Albertville) : 02 375 12.42 23J

AMI-FP-VRIEND Limburg – Hasselt 14U 11U 10U 14U 12U 9U 14U 11U 8U 14AW 10U 8U 21E 15E AMI-FP-VRIEND West-Vlaanderen : 050 31 14 99 6G 7A 2F 6F 4F 1Q 6V-21E 7PE 17E 5F 2F 11-15 E 7T

APKDL (Amicale des pensionnés des réseaux ferroviaires Katanga-Dilolo-Léopoldville) : 04 253 06 47 5AW 4B 10J 13J 3J

ARAAOM (Assoc. royale des anciens d’Afrique et d’outre-mer de Liège) : 04 867 41 94 31F 25M 1P 22L 19IE 16P 25E 23L 18D 27P 24AB 28Q ASAOM (Amicale spadoise des anciens d’outre-mer de Spa) : 0477 75 61 49 17AB 27M 22L 19REW 23

BOMATRACIENS (Les Bomatraciens et les amis du Bas-Fleuve) 02 772 02 11 - [email protected] 21Q

COMPAGNONS DE L’OMMEGANG 19M 5M, 7E, 8E 1E... 21E 6V 25M 11E-15E 12A 10M 26M 24J CONGORUDI (Association royaledes anciens du Congo belge et du Ruanda-Urundi) : 02 511 27 50 4AW 23G 23B

CRAA (Cercle royal africain des Ardennes de Vielsalm) : 080 21 40 86 19AW 19MF 19EW 19M

CRAOKA - KKOOA (Cercle royal des anciens officiers des campagnes d’Afrique) : 0494 60 25 65 28A 5E 15E

CRAOM – KRAOK (Cercle royal africain d’outre-mer) FONDÉ EN 1889 - WWW.CRAOM.BE 5G-19C 6X-16B 24C 19C 27C-27S 4P 20C

CRNAA (Cercle royal namurois des Anciens d’Afrique) : 061 260 069 17AB

CCTM (Cercle de la Coopération technique militaire)

FRATERNITE BELGO-CONGOLAISE [email protected]

IMJ (Anciennes de l’institut Marie-José) : 02 644 96 84 10A 15E

KKVL (Koninkelijke koloniale vereniging van Limburg) : 011 22 16 09 23I 12AB 8E 8B

LA MAISON AFRICAINE : 02 649 50 15 - [email protected]

MAN (Musée africain de Namur) 081 23 13 83 - [email protected]

MANONO Jean Thiriar 02 653 20 15 23J

MDC (Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi) : 02 649 98 48 2KB 8KB 15 O-26A 10K-13 O 7K 26 O 9&23 O 11K 8K 13K 25 O 29 O 27 O 7&21 O 4&18 O 2&16 O MOHIKAAN (DE) (Vriendenkring West-Vlaanderen) 059 26 61 67 - [email protected] 25P 23V 23B 18N

NIAMBO : 02 375 27 31 23AP 28P 5Q 21JV 18Q 25-27P

N’DUKUS na Congo : 02 346 03 31 - 02 251 18 47 - 02 652 58 33 24G 21P 30Q 22G

O REI DO CONGO Amis du Congo-Zaïre (Retrouvailles luso-congolaises) Fernâo Ferro – Seixal, Portugal 11J

REÜNIE CONGO-ZAÏREVRIENDEN : 09 220 69 93

SIMBA (Société d’initiatives montoises des Belges d’Afrique : 0475 42 25 29 19A 21G

URCB (Union royale des Congolais de Belgique) 11J

URFRACOL (Union royale des Fraternelles coloniales) 28A 5E 15E

UROME (Union royale belge pour les pays d’outre-mer) : www.urome.be 3M 14A

VÎS PALETOTS (Association du personnel d’Afrique de l’UMHK) 02 354 83 31

VOKDO (Vriendenkring van Oud Kolonialen van Diest en omstreken)

CODES : A = assemblée générale. B = moambe. C = déjeuner-conférence. D = bonana. E = journée du souvenir, hommage. F = gastronomie. G = cocktail /apéro. H = fête de la rentrée. I = invitation. J = rencontre annuelle K = projections. L = déjeuner de saison (printemps, été, automne). M = Conseil d’administration. N = fête anniversaire. O = forum. P = activité culturelle/historique. Q = excursion ludique. R = Office religieux.S = activité sportive. T = fête des enfants. U = réception. V = barbecue. W = banquet/déjeuner/lunch. X = conférence-expo. Y = jubilé. Z = biennale. MDC remercie d’avance toute association qui accepte de contribuer à la mise à jour et/ou à la rectification du tableau. En outre l’ accord est acquis d’office pour une large diffusion de celui-ci dans les publications propres aux associations, avec un remerciement anticipé pour la mention de la source : Extrait de Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi, n°..., du .../.../20... Il est à noter qu’en sus des activités des associations ici répertoriées il existe un grand nombre de rencontres informelles d’anciens qui, d’année en année, perpétuent leur passé africain, sans pour autant se structurer en association sur base de statuts. Il s’agit de rencontres purement amicales, ne publiant ni programme ni compte-rendu, et partant difficiles à reprendre dans le présent répertoire.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 34 Association Royale des Anciens d’Afrique et d'Outre-Mer de Liège

Solidarité sportive : RAFI’KIDS Une fois n’est pas coutume, le Tam-Tam ouvre ses colonnes à un appel à la solidarité, en appui à une initiative qui a germé sur les rives de la Vesdre à Verviers, en 2012, sous l’instigation de Benjamin Simonis, un ancien du RCB local, qui fit le constat à Kigali, où il avait débarqué pour raison professionnelle, que le basketball y comptait des terrains mais peu d’adeptes. uand on sait com- vint inéluctable. Le besoin de laquelle l’ARAAOM se fait un bien le sport est pérenniser l’action persuada devoir d’appuyer l’initiative. apte à consolider bien vite les deux bénévoles Depuis sa fondation l’asbl les valeurs dont les de se muer en association de organise des événements et pays d’Afrique cen- droit, avec pour objectif de des collectes d’équipement Q trale ont besoin développer le basket auprès dans les clubs de la région pour garantir la paix, des jeunes et collecter à cette Si tu as de de Liège, en vue de donner prioritairement auprès des fin des appuis extérieurs, nombreuses à l’entreprise les moyens de jeunes, l’Araaom se fait un surtout qu’après le départ de réaliser ses projets. devoir de contribuer par sa Benjamin Simonis, l’initiative richesses, revue à accroître la visibilité risquait de tourner court faute donne Déjà elle n’est plus seule de la louable action entreprise de moyens, comme souvent ton bien. puisque les entreprises sou- par l’asbl. Bien qu’il ne s’agisse en Afrique subsaharienne. cieuses d’aider l’Afrique dans pas en l’occurrence de l’his- L’asbl proprement dite vit le ses efforts de modernisation toire des anciens d’outre-mer, jour en 2013, par l’entremise Si tu se multiplient : Décathlon l’appui au développement des des trois fondateurs que sont possèdes peu, Verviers, Brussels Airlines, sports contribue à sa manière Benjamin Simonis, Jérôme Brucargo Air Freight, Voo, Tra- à l’œuvre belge en Afrique Thelen et Jean-Michel Belle- donne deConcept, Crowdfunders et centrale, laquelle fut de tous flamme, accompagnés au plan ton cœur. la plupart des clubs de basket temps, de l’Etat indépendant technique de Jérôme Jacque- de la province de Liège, sans du Congo, à la charnière min et Alain Denoël et rejoints oublier l’équipe nationale les entre le XIXe et XXe siècle, à en 2015 par le graphiste Manu Belgian Lions. La presse n’est l’Afrique indépendante d’au- Bouchoms. Le proverbe afri- d’ailleurs pas insensible à cette jourd’hui, en passant par la cain, inscrit au fronton de la initiative de jeunes belges colonisation, la préoccupation page sociale de Rafi’Kids, pour de jeunes rwandais, en des Belges engagés dans la démontre à suffisance qu’il ce compris Télévesdre. lutte des Africains pour un ne s’agit en aucune manière avenir meilleur. d’un racket humanitaire de Dans la DH, La Meuse, L’ave- Soixante jeunes Rwandais, is- plus, visant à faire payer le nir, les titres sont éloquents : sus du quartier pauvre de Nya- nanti : ”Si tu as de nombreuses Noël au Rwanda pour coaches mirambo et dépourvus pour richesses, donne ton bien; Si verviétois ; Des vareuses pour la plupart de tout équipement tu possèdes peu, donne ton les Rafi’kids ; Succès, engoue- adéquat, pris en mains par cœur.”. C’est la raison pour ment et émotion à Kigali… Benjamin Simonis et Crispin Pour plus d’information sur Gishoma, formèrent le premier les buts, les réalisations, les noyau de Rafi’Kids. La salu- programmes et les modalités taire entreprise ne tarda pas d’aide, consulter : à grandir et à enthousiasmer www.rafikids-basketball.be un grand nombre de jeunes, si bien qu’un appel à l’aide financière ou matérielle de-

MdC TamTam n°139 - I • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 35 Vie de l’association

Programme de fin du deuxième semestre 2016 A partir du présent numéro l’ARAAOM veillera à insérer son programme semestriel afin de permettre à ses membres d’inscrire à temps dans leur agenda les manifestations qu’elle organise à leur intention, espérant par-là accroître la participation. Ce programme vient en appui au Calendrier général des manifestations et aux Echos des revues partenaires. Rappel des modalités d’inscription valables pour toutes les manifestations payantes L’inscription se fait par mail au secrétariat : odette. Le remboursement de l’écot ne sera effectué que si [email protected] ou par téléphone au secréta- l’annonce de l’empêchement est faite au plus tard 3 riat : 04 227 74 74 ou auprès de la Commission des jours ouvrables avant la date de la manifestation. Les fêtes : 0486 83 88 76 de Jo Bay ou 0486 74 19 48 préférences pour une table ou une compagnie sont d’Odette François-Evrard à préciser lors de l’inscription. En cas de nécessité, Le versement se fait au compte de l’ARAAOM : les manifestations feront l’objet d’un rappel par mail BE69 0000 8325 3278 (BIC -> BPOTBEB1), au plus ou par lettre circulaire à l’approche de chaque date tard 6 jours ouvrables avant la date de la manifes- concernée, comprenant les précisions de dernière tation. Seul le payement vaut réservation ferme. minute. Les membres des cercles amis sont les bien- venus à toutes les manifestations.

La Pitchounette Les Cat’Prés Les Waides Juillet (Pour mémoire) Octobre Le samedi 16, à 11h30 : Journée de l’amitié au En fonction de la maturation des fruits, cueillette de Cat’Prés à Nandrin, rue Sotrez 39 ; déjeuner-confé- pommes dans le verger de M. et Mme Heins (membre rence (Education au Congo par Fernand Hessel) ; de l’ASAOM), comme en 2015, en vue d’en vendre 28 € ; inscription clôturée le 10 juillet. le jus pour assainir les finances, accompagné d’un repas champêtre sur place. Merci aux cueilleurs Août (Pour mémoire) bénévoles de se manifester par téléphone auprès Relâche. de la commission des fêtes ou par mail auprès du Les intéressés par une visite groupée de l’Expo Dali secrétariat, afin de recevoir toute indication utile. aux Guillemins sont invités à se manifester. Le dimanche 23 : Déjeuner d’automne (gibier) à la Prix Senior 10€ + 2,5 € pour l’audioguide. Pitchounette, Arbespine, 19, à Tiège/Sart-lez-Spa, conformément à la tradition. 37 €. Septembre Le jeudi 25, à 10h45 : Journée du Souvenir, Novembre dépôt d’une gerbe au cimetière américain, route Relâche. du Condroz, 164, 4121 Neupré ; suivi d’une visite guidée du cimetière et d’un déjeuner au Décembre menu exotique aux Cat’Prés. 33 € Le dimanche 18, Fête de la Bonana aux Waides, Inscription clôturée le 20 septembre. rue des Waides, 80, à Cointe-Liège, avec NB : Parking disponible dans l’enceinte du cimetière. tombola et accompagnement musical.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 • TamTam n° 139 - II 36 A la rencontre des Tchabots de Lessive (4 juin 2016) Pour renforcer l’ambiance par le nombre et la diversité, l’Amicale des Pensionnés des Réseaux ferroviaires Katanga-Dilolo-Léopolville (APKDL) n’est jamais à court d’imagination. Elle est même pionnière en matière de rapprochement entre les associations, même si certaines comme les Tchabots de Lessive n’ont pas de liens historiques avec l’Afrique centrale.

’est sans doute là Pourtant la météo incitait à la nouvelles pleines d’émotion, que réside le secret prudence, les médias s’ingé- évocations diverses dont celle, d’amener des jeunes niant, avec quelque retard sur portrait à l’appui, des services autour de nos tables la réalité du terrain, à annon- rendus par le président sor- vieillissantes. Le cer que Lessive était quasi L’observateur tant, Claude Bartiaux, dévoue- Cmouvement de mémoire de sous eau. attentif ment peu commun de l’initia- l’oeuvre belge sous les tro- Et en effet ceux qui vinrent remarquera trice de la rencontre, Angèle piques ne peut que s’en réjouir. par Rochefort se trouvèrent qu’il reste de Deseure. Et la dynamique d’APKDL ne devant un panneau d’accès la place dans se limite pas à l’ambiance. Au interdit, que le besoin de la grande salle. Les quelques instantanés plan de l’information, elle a moambe incita à contourner parmi les centaines qui furent réussi en l’espace de quelques avec toute la prudence néces- captés disent mieux que les années à faire de sa revue une saire. L’expérience de la piste mots l’art de créer l’ambiance référence. africaine fit le reste. dont l’APKDL, son équipe et Puis la salle est sise rue de les bénévoles qu’elle mobilise, Comme l’ARAAOM est fidèle la digue. ont le secret. L’observateur at- en amitié, elle se devait d’être tentif remarquera qu’il reste présente à la rencontre de Les- La récompense fut au bout du de la place dans la grande sive. Elle le fut du reste avec chemin : salle spacieuse ré- salle. plusieurs de ses membres, sonnant des habituels cris du A l’année prochaine donc à présidente en tête. Et renforça bonheur de se retrouver, table ceux qui hésiteraient encore. à sa manière le nombre de 124 accueillante assurée par un participants dont 72 full KDL, service plein de savoir-faire, comme ils disent. retrouvailles et connaissances

MdC TamTam n°139 - III • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 37 Vie de l’association Journée de l’amitié à Nandrin Amicale Spadoise des Anciens d’Outre-Mer Après avoir bougonné pendant une période interminable à l’abri des nuages, le samedi 16 juillet 2016 le soleil cachectique de Wallonie a daigné sortir de sa léthar- gie pour inonder de sa lumière bienfaisante les vastes campagnes condrusiennes, où l’ARAAOM avait décidé de planter sa tente.

eize anciens d’Afrique L’assemblée mit l’occasion à Tous les membres des diffé- se donnèrent ainsi profit pour renouer avec une rentes associations peuvent rendez-vous, pour vieille tradition, quelque peu trouver l’exposé complet de la seconde fois, au tombée en désuétude, qui est cette étude dans la revue de Cat’ Prés à Nandrin, d’insérer dans le menu une Mémoires du Congo, à partir Soù l’accueil fut assuré par La bonne humeur conférence, aux fins d’associer du n°34, sous le titre d’Es- un amphitryon charmant fut générale culture et nourriture. Dans le quisse historique de l’éduca- et attentionné, Catherine et les échanges déjeuner-conférence la par- tion au Congo. Degive, fille de Ninette Co- de souvenirs tie culturelle fut assurée par gniaux, la fidèle des fidèles de ne tardèrent Fernand Hessel, aussi brillant L’esprit satisfait de ce complé- l’ARAAOM. Confortablement pas à chauffer orateur que rédacteur, qui fit ment d’information, on savou- installés sur la vaste terrasse un exposé sur l’éducation au ra les délicieuses tartes, ser- l’ambiance. avec vue imprenable sur un Congo à travers les siècles. vies avec une tasse de café ou paysage bucolique, les hôtes Limité par le temps, il accom- de thé bien chaud. Avant de eurent tout loisir d’apprécier plit l’exploit de résumer, en se quitter, les amateurs d’art les amuse-gueules. termes clairs, brefs et précis, purent admirer les peintures et les grands épisodes qui mar- les bijoux, aussi beaux qu’ori- Le déjeuner, fait de délicieux quèrent l’enseignement durant ginaux, de Chantal Demou- boulets liégeois accompa- six siècles dans ce grand pays lin, fille d’Albert Demoulin, gnés de compote de pommes d’Afrique centrale, louant les sympathique porte-drapeau et de frites, arrosé de bons actions positives sans occul- de l’ARAAOM, exposés dans vins, ne manqua pas de titil- ter les erreurs et les manque- un coin de la salle à manger. ler les papilles gustatives des ments. convives, assemblés autour de Vers seize heures, joyeux et la grande table, sous la joviale comblés, les hôtes quittèrent présidence d’Odette François- par petits groupes, non sans Evrard. remercier chaleureusement le personnel qui s’était dévoué à Comme à l’accoutumée la satisfaire tout le monde, bien bonne humeur fut générale décidés à remettre le couvert et les échanges de souvenirs aux Cat’Prés à la première ne tardèrent pas à chauffer bonne occasion. l’ambiance. On se posa d’ailleurs la ques- ■ Louis DESPAS tion de savoir comment cer- L.Photo Despas tains “logodiarrhéiques”, tels Claude Bartiaux et Fernand Hessel, trouvèrent le temps de manger.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 • TamTam n° 139 - IV 38 des An e cie is n o s Amicale Spadoise des Anciens d’Outre-Mer d d a ’ O

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Cokaifagne à l’honneur Le modeste bourg de Cokaifagne, appartenant aujourd’hui à l’entité communale de Jalhay et anciennement au village de Sart-lez-Spa, n’est pas seulement entré dans l’histoire pour son ancien hôpital, parti en ruines à la fin du XVIe siècle, il a aussi hébergé un illustre vétéran du Congo.

harles Lemaire (1863- être tout entier se ressaisit; je 1926), originaire de me jurai de consacrer mes ef- Cuesmes, au service forts à la race noire. Il m’a fallu de l’Etat indépendant quatre ans pour ouvrir les yeux du Congo de 1889 à la réalité.” Cjusqu’en 1907, et premier direc- C’est ainsi qu’en 1907, las des teur de l’Ecole coloniale supé- exactions dans la collecte du rieure d’Anvers fondée en 1920, caoutchouc, il donnera sa dé- y acquit une propriété qu’il mission, tout en continuant à baptisa Les Sources, toujours défendre la grandeur de l’entre- connue sous le nom de Ferme prise coloniale belge au cœur rose, mais devenue depuis peu de l’Afrique noire, toujours l’Hôtel The Kottage. Durant la fidèle à la devise sertie dans Grande guerre les Allemands les armoiries de l’EIC : “Travail tracèrent dans sa propriété ar- et progrès3. dennaise une piste d’aviation C’est ainsi aussi que malgré son pour y camoufler sept avions commentaire dans les Annales énorme contribution au déve- d’observation en appui à leurs Aequatoria (n°7, 1986). Ce pré- loppement du Congo, comme troupes. De nombreux écrits cieux journal nous apprend, administrateur du district de parurent sous sa signature, dont ligne après ligne, comment les l’Equateur (1889), comme scien- un plaidoyer pour la construc- pionniers ont jeté les bases du tifique en matière de cartogra- tion d’un barrage sur la Hoëgne, grand Congo. Et nous permet phie, de botanique, d’ethno- la rivière qui arrosait ses terres de mieux comprendre comment graphie, comme fondateur de fagnardes, lequel hélas ne verra certains, pétris d’humanisme, la Villa coloniale à Watermael jamais le jour, au grand dam ont lutté pour alléger autant que Charles Lemaire pour les coloniaux convales- des villageois qui y perdirent faire se put le poids du travail courageux, cents (1897), comme prospec- une précieuse source d’énergie forcé. Lemaire lui-même s’en loyal, teur au Katanga (1898), comme électrique. La Biographie colo- expliquera après son retour désintéressé, chef officier engagé dans l’occu- niale résume sa personnalité en au pays : “Pour tout le monde, intrépide pation de l’enclave du Lado quelques qualificatifs élogieux : l’Afrique Centrale n’était qu’une et consciencieux, (1902) et dans la répression de “courageux, loyal, désintéressé, terre d’épouvante. Mon esprit éducateur, la révolte des Batetela (1905), chef intrépide et consciencieux, était tout disposé à accueillir les aimant l’indigène comme homme de culture et éducateur, aimant l’indigène”. Il dires de nos anciens. C’est ainsi d’éducation à l’Expo coloniale appartient de toute évidence à que mon éducation commença de Tervuren en 1897, comme la catégorie des pionniers qui dans les coups de canons et de pédagogue dans l’élaboration vécurent les pieds dans la boue fusils, dans les incendies des du programme des futurs ad- et la tête dans les étoiles. villages, en un mot dans les ministrateurs à Anvers, comme Il nous laissa des carnets, dépo- abus et les sur-abus de la force linguiste particulièrement en es- sés dans les Archives Charles avec tous ses excès... Pendant peranto, il connut une période Lemaire au MRAC, qui per- ce temps, je suivis les exemples de disgrâce que sa promotion mettent de le suivre au jour reçus, puis peu à peu j’en vins à la tête de la future UNITOM le jour sur le terrain dans le à douter de l’excellence de nos contribuera à gommer. district de l’Equateur. Le prof. procédés: Je relus avec horreur D. Van Groenweghe en fit un mes premiers rapports; mon

MdC Contacts n° 135 - I • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 39 Vie de l’association L’ASAOM se souvient S’il est une tradition à laquelle les cercles d’anciens d’outre-mer restent attachés, c’est la journée du souvenir où, par reconnaissance pour leurs aînés sous les tropiques, ils déposent une gerbe au pied du monument qui leur est dédié dans les villes où les cercles ont le culte de la mémoire, comme à Vielsalm, Spa, Liège, Namur, Hasselt, Blankenberge, Bruxelles. La pratique n’est pas générale. Rien dans ce sens ne se fait à Nivelles, Ostende … A l’opposé il y a des monuments pour lesquels il n’y a plus de cercle pour recevoir des fleurs, comme à Verviers. ue les membres messe à l’église paroissiale. du comité aillent L’ironie de l’histoire fit que, fleurir symbo- le 19 juin 2016, et l’officiant liquement les et la chorale et les membres monuments est d’une ONG venus commé- Q une chose, parti- morer leurs aînés fussent ciper à la cérémo- tous originaires du Congo. nie en est une autre. On ne Les optimistes diront que peut pas dire que les jours c’est là un bel exemple des consacrés au souvenir il y a bienfaits de la colonisation. foule autour des stèles qui rappellent l’engagement Puis comme à l’accoutumée des aînés en Afrique noire, les membres du cercle et les le plus souvent au prix de quelques invités se rendirent leur vie pour les pionniers. au restaurant de l’hôtel Sil- va pour l’apéro et le lunch, Et ne parlons pas des autres assaisonnés des évocations jours de l’année, et a fortiori de circonstances et l’échange pas des simples passants de souvenirs du temps déjà pour qui de manière géné- lointain pour la plupart où rale ils ne sont que les ves- le Congo était encore leur tiges d’un passé qui ne les seconde patrie. concerne plus. Il en va de même du reste des monu- ments aux héros de guerre dans nos villes et villages. Le bruit du canon s’est tu depuis longtemps !

A l’ASAOM, à Spa, le dépôt de la gerbe au modeste mo- nument dans le parc de Sept heures est précédé d’une

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 • Contacts n°135 - II 40 Vie de l’association Le rendez-vous d’Ostende C’est devenu une tradition pour les cercles du sud de participer aux manifestations organisées par les cercles du nord. Dans la bonne tradition belge d’Afrique qui a toujours prôné un esprit national, fédéral comme on dit maintenant, sans faire trop d’histoires autour de nos frontières et différences, l’aventure des Flamands, Bruxellois et Wallons, étant la même. Du reste le phénomène n’avait rien de particulier, les Belges n’étant jamais aussi unis que loin de leur pays.

’est ainsi que le 23 juin son dernier ouvrage compre- 2016 la rédaction a fait nant 68 témoignages exclusi- le déplacement à Os- vement de femmes (dont une tende pour participer partie prend la pose ci-contre), à la fête, traditionnelle sous le titre de Blanke vrouwen Cà pareille saison, de l’Indé- in Congo. pendance du Congo (Dipenda comme ils l’appellent), organi- Les épouses se plaignent sou- sée par Les Mohicans, les biens vent semble-t-il d’avoir vécu nommés puisqu’ils forment le dans l’ombre de leurs machos dernier carré des coloniaux, de maris. Les voilà mises en descendants et amis inclus, de lumière. la Flandre occidentale. Belle journée, pourtant loin Dans la bonne tradition natio- de la plage, qui se clôtura par nale, l’organisation prévoit en le verre de l’amitié offert aux bonne place une table des fran- membres qui fêtaient ce jour cophones. Par dernier carré il leur anniversaire. y lieu de comprendre un vaste ensemble de tables où cette fois Les liens entre Le Mohikaan et 110 anciens avaient pris place, d’autres cercles d’anciens sont heureux de passer un bon mo- solides, comme avec Congo- ment ensemble. Surtout que les Zaïre Ünie de De Pinte (Gand), convives se regroupent par ville et comme il y a peu avec la d’origine. On y trouve la table Fraternité belgo-Congolaise. des Knokkois, des Gantois … Mémoires du Congo, avec qui et il y a même la table des Mis- les échanges sont fréquents, sionnaires, délicate et originale estime qu’ils pourraient encore attention des Ostendais. s’intensifier, par l’adhésion de Mohikaan à l’UROME. Un peu moins de participants cette fois que pour la tradition- nelle moambe de fin d’année, d’abord parce que le cercle a changé le lieu de la rencontre (de Den Stuyver à Groeneveld), puis parce que la saison incite aux vacances, même à Ostende. Pour la petite histoire coloniale de la ville, le défunt cercle KU- KOK (Kustkolonialen) se réu- nissait déjà à cet endroit.

Au menu il y a toujours quelque nourriture spirituelle sous forme de communication, selon le talent des invités ou habitués, et quelque table de vente d’objets africains pour la bonne cause. Le président Van Hee ne man- qua pas non plus de présenter

MdC Contacts n°135 - III • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 41 Culture historique Le Congo en Belgique 3 Au Congo à Baelen Le tour des rues faisant référence au Congo en Belgique se poursuit et oblige à marquer un arrêt à Baelen où pas moins de trois voies portent la mention Congo dans leur dénomination : Au Congo à Baelen, Congogasse et Congo Alley à la frontière entre Baelen et Eupen. La découverte des rues continue à se faire par cercles concentriques de plus en plus éloignés de Spa, qui est détenteur de la rubrique.

ci encore les trois dé- nominations appar- tiennent à la tradition purement locale et sont dépourvues de contenu Ipolitique. Le nom naquit non pour honorer un valeureux habitant ayant mis le cap sur le Congo mais simplement parce qu’au milieu de vastes champs situés entre Baelen et Eupen, bordant la N62, se situait, à hauteur d’Overoth, une ferme tellement isolée des grands chemins que riverains et passants ont fini par appe- Par contre, en passant dans ler l’endroit Au Congo, afin le coin, il a été donné de dé- de mieux le caractériser, sur couvrir que la commune de le mode pittoresque. Baelen a envoyé au Congo quelques-uns de ses fils. Une A l’époque où le nom a pris plaque commémorative a été racine le Congo était encore apposée au mur de l’hôtel de synonyme de pays lointain ville en leur mémoire, paral- pour ne pas dire mythique, lèlement à celles dédiées aux tout en étant très présent dans fusillés et tombées au champ l’imagination populaire, car de d’honneur des deux guerres. partout en Belgique partaient des pionniers à la conquête Le texte qui introduit la cita- du pays mythique, mis sur les tion des cinq pionniers ne cartes par la grâce de Léopold laisse aucun doute sur la haute II et les voyages du journa- idée que les Baelinois avaient liste-explorateur Stanley. de leurs héros africains : “La commune de Baelen-sur- Le seul problème c’est qu’avec Vesdre à ses enfants morts le temps et la construction au Congo au service de la d’un grand zoning industriel civilisation“. entre Eupen et Baelen, les po- Et de citer les cinq noms : Ber- teaux indicateurs ont disparu. trand Adolphe, Göbbel Jean, Seuls quelques riverains et Hus Benoit, Kever Aloys, Kup- Google témoignent encore des per Auguste. trois dénominations. Les vrais amateurs ont à consulter les Que les lecteurs de l’associa- études faites sur la toponymie tion spadoise des Anciens de la commune de Baelen ou d’outre-mer et de Mémoires du tenter d’entrer en contact avec Congo aient une pensée pour M. Meessen, ancien échevin ces intrépides Ardennais qui de Baelen, passionné par tout ont accepté de mourir pour ce qui touche au patrimoine que le Congo vive, le temps de de sa commune. la lecture du présent article.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 • Contacts n°135 - IV 42 Cercle Royal Africain des Ardennes

VIELSALM

3 juillet 1941, victoire de la Force Publique congolaise à Saïo La Défense belge, qui se fait un point d’honneur de commémorer les exploits et les sacrifices de ses aînés, où qu’ils aient combattu dans le monde, ne pouvait passer sous silence le 75e anniversaire de la victoire de Saïo, remportée par la Force publique du Congo belge, impatiente d’en découdre avec l’ennemi, sur les Forces de l’Afrique orientale italienne à Saïo en Abyssinie (actuellement Ethiopie). ur le Square Riga à expatriés conçurent la straté- Il faut ajouter que les Ethio- Schaarbeek, un monu- gie, la troupe congolaise leur piens de souche harcelaient ment imposant com- emboîta le pas, raison pour sérieusement les Italiens dans mémore les campagnes laquelle Congolais et Belges le dos. Voilà en quelques mots glorieuses de la Force fêtent, chacun à sa manière, la la campagne dite campagne publique. Oeuvre du sculpteur victoire commune, en fleuris- d’Abyssinie, entamée en appui S Monument kinois belge Willy Kreitz (1903-1982), sant leur monument respectif, aux troupes britanniques qui il y fut érigé en 1970 à l’initia- à Bruxelles et à Kinshasa. Un peinaient à contenir les Italiens. tive de l’URFRACOL ; il porte à article dans la présente revue La FP et les colons craignaient gauche et en grand la tête d’un s’étend sur les péripéties de la confusément que dans cette officier belge et à droite celle bataille (voir Force Publique aventure planétaire le Congo d’un soldat congolais, les deux congolaise 3). La bataille fut n’échappe à la Belgique, sur- séparés par un gros plan sur rude et le nombre de morts éle- La Belgique tout que Léopold III avait, pour deux mains qui se serrent ; il vé, sur le chemin qui conduisit est meurtrie mais éviter une boucherie, déposé a pour titre Troupes des cam- les bataillons de la FP de Watsa reste vivante les armes. pagnes d’Afrique/Troepen der à Saïo, en remontant le Nil et partout où Puis le Gouverneur général Afrikaanse veldtochten, 1885- passant par Asosa (qui tombe flotte son Ryckmans ne cessait à Radio 1960, sous lequel s’alignent les le 8 mars 1941) et Gambela (qui Léopoldville d’en appeler au trois lieux de victoire, Redjaf tombe le 23 mars) ; elle combat drapeau. sursaut patriotique : ”… la Bel- (1890-1892), Tabora (1914-1918) durement à trois reprises sur gique est meurtrie mais reste et Saïo (1940-1945), percutants le rivière Bortaï qui coupe la vivante partout où flotte son de laconicité. Le monument route Gambela-Saïo. Le climat drapeau.”. belge a son pendant au Congo, est rude et les porteurs, épuisés Il y avait peu de monde, le 5 à quelques variantes près, et malades, meurent par cen- juillet 2016, pour honorer la comme le montre l’image ci- taines. Les Italiens reculent, mémoire des héros devant le contre. puis vont commettre l’erreur de monument de Schaarbeek ; à Les officiels La victoire de Saïo sera la quitter Saïo pour aller défendre en concertation peine une vingtaine de délé- seule que la Belgique rempor- le village de Mogi, ce qui per- devant le monument. gués des associations d’origine tera contre les Forces de l’Axe met à la FP d’entrer victorieuse coloniale entouraient le trio for- (Allemagne, Italie, Japon). Les à Saïo le 3 juillet 1941. Détail du monument mé de l’échevin de la commune de Faradje. de Schaarbeek, du président du CRAOCA, le Gén. Paelinck, et du président de l’URFRACOL, Philippe Jacquij.

Quant à la presse, mieux vaut l’oublier pour des manifesta- tions patriotiques de pareille inspiration, a fortiori si elles se rattachent au Congo belge. Elle est occupée ailleurs.

MdC Nyota n°167 – I • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 43 Vie de l’association Vielsalm honore ses pionniers Fidèles à la tradition, les membres du Cercle royal africain des Ardennes (CRAA) ont déposé, en date du 19 juin 2016, la gerbe de la reconnaissance au monument qui perpétue à Vielsalm la mémoire des pionniers qui leur ont ouvert le chemin de l’Afrique centrale.. e président Bonmariage qui avaient fait l’effort de ve- assisté du commandant nir jusqu’au monument, pour Choque déposèrent gagner la Table des Hautes les fleurs tandis que Ardennes, devenue au fil des le Baron Jacques de années le lieu de prédilection Dixmude,L dont le grand-père du CRAA pour la journée du est à l’origine du prestigieux Souvenir. monument, agitait la cloche, Cuisine succulente, dessert afin que soit entendus par les flamboyant, serveuse toute défunts et le silence respec- jeune prêtant déjà main forte tueux de ceux qui formaient à son papa, que faut-il de plus la haie autour de l’étoile du pour créer l’ambiance, régu- Congo en coticule jaune du ter- lièrement attisée de surcroît roir et le tintement religieux de par Guy, l’animateur de ser- l’instrument de musique qui vice, qui se fait un devoir de dans nos contrées accompagne donner à la fête le lustre qui les morts vers l’éternité. lui convient.

Aussitôt après vint le moment Le monument colonial de de la photo de famille sur Vielsalm, devenu sur ces les marches du monument. entrefaites le monument du Les drapeaux du CRAA et de Souvenir, surtout depuis que l’ARAAOM prirent ensuite le l’ambassadeur du Congo en chemin de l’ancienne caserne personne vint, le 19 novembre des Chasseurs Ardennais à 2010, y dévoiler une plaque à Rencheux, suivis de tous ceux la mémoire des Salmiens qui contribuèrent, jusqu’au sacri- fice de leur vie pour certains, au développement du Congo, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo. Beau geste et belle philoso- phie, et en même temps le plus cinglant désaveu de tous ceux qui s’ingénient à détruire l’image de la Belgique dans l’effort qu’elle fit, Léopold II en tête, d’élever des pays en retard de développement, comme le Congo, le Ruanda et l’Urundi, au rang des nations modernes.

Certains ont pu faire des erreurs. Le progrès dans ces contrées lointaines n’a-t-il pas été en définitive une succes- sion d’essais et d’erreurs ? Mais c’est manquer résolument d’esprit critique et d’honnêteté intellectuelle que de placer les erreurs au-dessus des réussites.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 • Nyota n°167 – II 44 Vie des associations internationales Sur les bords du Tage à Lisbonne Fidèle à une tradition déjà longue de plusieurs années, une délégation de membres d’associations belges participa à la rencontre annuelle des Portugais qui firent carrière au Congo, regroupés en association de fait sous la dénomination lourde d’histoire d’Os Amigos do Reino do Congo e o seu Grande Rio Zaire. Le peuple portugais à juste titre est fier de son passé maritime. e peuple portugais part pour l’incitation des hési- moins de 80 Belges, venus en est fier de son passé tants à tenter l’aventure. voisins ou venus de la mère- maritime. Le musée de patrie. la Marine, qui en té- Les Belges sont nombreux au moigne à Lisbonne, est Portugal, comme étaient nom- Au bout de la fête, Fernand eut uneL pure merveille, qui vaut à breux les Portugais au Congo même le privilège, au nom de lui seul de détour. Il est vrai que belge. De plus, aujourd’hui la délégation belge, de couper la découverte du fleuve Congo, comme avant l’indépendance en compagnie de la déléguée en 1482, est due à un intrépide du Congo, la relation entre portugaise le gâteau de circons- navigateur portugais du nom Portugais et Belges était des tance, orné des trois drapeaux à de Diogo Cao, qui planta sur meilleures, parmi toutes les l’honneur : congolais, portugais la berge angolaise du grand nationalités qui apportèrent et belge (photo de Françoise fleuve un padrao (une borne leur pierre à l’édification du Devaux). d’Etat surmontée d’une croix), Congo. attestant que les terres jusqu’à Les vrais amis du Portugal cette latitude venaient de passer La fête cette année se déroula ajoutent généralement quelques sous l’autorité du Roi du Portu- le 11 juin dans un palace de jours à leur voyage, pour par- gal. Les Hollandais n’hésiteront Lisbonne et fut comme les faire leur connaisance du pays, pas à la détruire. autres années en tous points comme en témoigne la photo exemplaire : organisation im- de Nadine, fêtée par surprise Comme chaque année une des peccacle, buffet abondant, ani- dans un bus. revues partenaires relate en mation du meilleur goût, am- Fabrice Schurmans (Université effet l’événement, d’une parrt biance garantie, avec en prime de Coimbra), bien connu des pour l’information de ceux qui la légendaire gentillesse des débatteurs du Forum, était de ne se laissèrent pas tenter par Portugais et des Portugaises. la partie et a établi à cette occa- une escapade au Portugal, pa- Notre compatriote, Cécile sion de nombreux contacts. rade pourtant idéale au déficit Nunes, pilota avec son talent de lumière au nord, et d’autre inné les 200 convives, dont pas Photo F. Devaux Photo F.

MdC Nyota n°167 – III • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 45 des An e cie is n o s

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m r A Echos ADMINISTRATION Nécrologie L’ARAAOM, l’ASAOM et le CRAA ont le regret Présidente et UROME : de porter à la connaissance de leurs membres le décès le 26.05.16 de Jean LUXEN de l’ARAAOM, Odette François-Evrard et de Renée WELTER-PETERS (09.03.1929- Vice-président : Fernand Hessel 07.07.2016 – voir photo), épouse du vice-président Secrétariat et trésorerie : Odette-François-Evrard, de l’ASAOM, et présentent aux familles éprouvées Monuments : André Gilman leurs très sincères condoléances. Fêtes : Jo Bay Mwamba Réalisations internes Vérificateur des comptes : André Gilman - 19.06.16 : CRAA Journée du Souvenir, à Vielsalm Porte-drapeau : Albert Demoulin - 19.06.16 : ASAOM Journée du Souvenir, à Spa Tam-Tam (Rédaction, MdC, NLC et SNEL) : - 16.07.16 : ARAAOM Déjeuner-conférence à Nandrin. Fernand Hessel : [email protected] Réalisations externes Siège : rue du Laveu, 97, 4000 Liège - 04.06.16 : AP/KDL aux Tchabots à Lessive tél. 04 253 06 43 ou 0486 74 19 48 ; - 11.0 6.16 : Convivio à Lisbonne odfranç[email protected] - 23.06.16 : MOHIKAAN, Barbecue Dipenda, à Ostende Secrétariat : tél. 04 227 74 74 - 02.08.16 : CRAOM à la Cité du Dragon à Bruxelles [email protected] - 21.08.16 : NIAMBO Retrouvailles d’été à Loverval - 27.08.16 : Congo-Zaïre ünie à De Pinte Compte : BPOTBEB1 – BE69 0000 8325-3278 - 03.09.16 : AP/KDL Clan des Ostendais à Raversijde. Membres au 31 décembre de l’année écoulée : 94

Projets

des An e cie is n o s

d d - 15.09.16 : URFRACOL-CRAOCA Hommage à Tabora a ’ O

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- 17.09.16 : Hommage à Lippens et Debruyne à Blankenberge i e

m r - 25.09 .16 : ARAAOM Souvenir & déjeuner aux Cat’Prés A Vice-président : José Welter - 23.10.16 : ASAOM & ARAAOM Déjeuner d’automne Secrétaire, trésorier et archiviste : - 18.12.16 : ARAAOM Bonana aux Waides. Reinaldo de Oliveira Porte-drapeau : Françoise Devaux Dispositions communes aux trois cercles Autre membre : René Dubois (past-president) - La cotisation annuelle pour les trois associations est de 20€. Contacts : (Rédaction, MdC, NLC, SNEL) : Toute majoration de la cotisation, comme tout don ou legs, sera reçue avec reconnaissance. La revue cesse d’être envoyée aux Fernand Hessel : [email protected] retardataires dès le troisième trimestre. - Les membres sont priés de communiquer leur adresse Siège : ASAOM, rue de Barissart, 205, 4900 Spa électronique au secrétariat. tél : 087 22 82 55 - Chaque membre est invité à collaborer à la rédaction de la revue, tant du tronc commun que des pages partenaires propres. - Les articles signés n’engagent que leur(s) auteur(s). Compte: GKCCBEBB - BE90 068-0776490-32 - Tous les articles sont libres de reproduction et de diffusion, Membres au 31 décembre de l’année écoulée : 85 moyennant mention de la revue-source (titre et numéro) et du nom de l’auteur/des auteurs. - A partir du présent numéro, les articles des 12 pages partenaires (Tam-Tam, Contacts et Nyota) ne porteront plus de Président : Freddy Bonmariage signature ni de mention de l’auteur des photos. Sauf indication Vice-président : Guy Jacques de Dixmude contraire tous les textes et toutes les photos sont de Fernand Secrétaire et trésorier : Herman Rapier Hessel. Porte-drapeau et fêtes : Denise Pirotte Vérificateur aux comptes : Paul Chauveheid Autre membre : Pierre Cremer Revue (rédaction, MDC, NLC et SNEL) et UROME : Fernand Hessel : [email protected]

Siège : c/o rue Commanster, 6, 6690 Vielsalm [email protected] : tél. 080 21 40 86 Compte : BE35-0016-6073-1037 Membres au 31 décembre de l’année écoulée : 55

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 46 Afrikagetuigenissen Twee eredoctors in Congo Onze vereniging is behoorlijk fier zich erop te kunnen beroemen dat zij onder haar leden twee doctores honoris causa telt. Deze hoge eer werd respectievelijk bewezen door de universiteiten van Kinshasa en van Lubumbashi. Vooral verheugt het ons dat deze onderscheidingen de bevestiging inhouden van de volgehouden wetenschappelijke assistentie vanuit ons land aan Congo, welke hiermee mooi in de bloemetjes wordt gezet. hronlogisch vermelden Aan de universiteit van Lubum- Bij gebrek aan geschriften moest wij in de eerste plaats bashi (de Unilu) viel eenzelfde eer dit opzoekingswerk worden ges- de promotie van pro- te beurt aan ons ander medelid, teund op mondelinge traditie. De fessor emeritus Fons Pater Léon Verbeek, historicus, resultaten van zijn arbeid zijn te Verdonck (faculteit van de orde der salesianen. vinden in een overvloedige reeks Cgeneeskunde), voorzitter van de Deze veelzijdige intellectueel, wetenschappelijke publicaties. vereniging Ontwikkelingshulp inmiddels 82 jaar oud, was on- La traduction française de cet Wat pater Verbeek grotelijks heeft Geneesheren en Apothekers dermeer ook professor in ker- article se trouve sur notre site verheugd is de erkentelijkheid www.memoiresducongo.be Alumni Leuven die werd ver- kelijke recht aan het salesiaans van de bevolking voor de arbeid leend door Unikin, de universiteit theologisch instituut. van hemzelf en zijn medewer- van Kinshasa. kers, die de waardevolle cultuur De genoemde vereniging wordt Naast zijn geschiedschrijving over van de plattelandsbevolking naar hiermee geëerd en bedankt voor de werking van de salesianen behoren heeft gevaloriseerd. de voortdurende inspanningen in Midden-Afrika, is hij vooral die zij levert om Congolese doc- bekend om zijn omvangrijk etno- Ondanks zijn leeftijd denkt Prof. Verdonck op de torandi in contact te brengen grafisch opzoekingswerk over de trappen van de UNIKIN pater Léon nog niet aan rusten. met Leuvense promotoren en gebieden waarin de salesianen (eerste rij links). De opbouw van een digitale hun onderzoekswerk financieel actief zijn. Zijn Luikse collega, prof. fototheek is nu in gang gezet. te ondersteunen. De Mol (eerste rij rechts). Uiteraard hebben wij de beide Praktisch alle Congolese doc- laureaten naar behoren gefeli- torandi die de jongste drie jaar citeerd. promoveerden of nog bezig zijn ■ Guido Bosteels met de voorbereiding van hun doctoraat ontvingen op een of andere wijze steun van de Alum- nivereniging : studiebeurzen, logies, financiering van onde- rzoek in Kinshasa, aanvulling Dankbetuiging aan pater van bestaande beurzen, bijwonen Léon Verbeek door de Universiteit van congressen, enz. van Lubumbashi Deze steun kan zich ook uitstrek- ken tot de postdoctorale fase om te vermijden dat het onderzoek- swerk voortijdig stilvalt, wat aan- leiding kan geven tot het ontstaan van een generatiekloof.

Dankzij de medewerking van Leuvense wetenschappers, die gepaard ging met de steun van de Alumnivereniging, konden sinds 2012 14 doctoraatstitels worden behaald.

Samen met professor Verdonck verkreeg ook professor Patrick De Mol, microbioloog aan de Universiteit van Luik een ere- doctoraat.

MdC Afrikagetuigenissen • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 47 UROME-KBUOL Union Royale belge pour les pays d’Outre-Mer Koninklijke Belgische Unie voor Overzeese Landen

Eloge de la colonisation belge Agenda trimestriel Paru dans la Pall Mall Gazette du 19 juillet 1897, Activités internes (principales) sous le titre de “A Word for the Congo State”. 08.06.16 : rencontre Prof. Philippe st-ce que tous les Belges, séjour sous des cieux torrides et dans Goyens, Secrétaire perpétuel de l’Académie qui chez eux, peuvent être les jungles pestilentielles de l’Afrique Royale des Sciences considérés comme des indi- tropicale. d’Outre-Mer (KAOW - ARSOM) vidus civilisés, doivent être C’est dans une large mesure à ces 22.06.16 : Funérailles Lt-Col. André Anne de Molina, Président ff. Bosteels dénoncés comme coupables, effets néfastes du climat que nous 05.07.16 : Commémoration Bataille Saio, dèsE qu’ils se trouvent en Afrique, de devons ces actes de férocité déplo- Président ff Guido Bosteels tous les crimes imaginables, parce rables d’Européens à l’égard des indi- 12.07.16 : Remise publications UROME au que des accusations de cruauté ont gènes, dont aucune nation blanche Prof. Goyens été formulées contre un ou deux n’est exempte et qui, lorsqu’ils se pro- 12.07.16 : Déjeuner de Travail organisé d’entre eux ? duisent, font que l’on se demande par Renier Nijskens avec le nouvel presque si l’Afrique ne se porterait ambassadeur de Belgique en RDC, En admettant même que certaines ac- pas mieux si on la laissait isolée dans Bertrand de Crombrugghe cusations soient fondées, quelle est la l’obscurité de sa nuit, quitte à la fois 20.07.16 : rencontre A. Schorochoff et P. nation européenne, ayant pris sur elle du missionnaire, du commerçant et Vannès avec Fabrice Magnée (projet film) la lourde responsabilité d’introduire de l’agent européen. 05.08.16 : Briefing Jos Ver Boven. à la fois les bienfaits et les vices de L’œuvre accomplie par les Belges en Activités externes (principales) la civilisation dans le continent noir, Afrique tropicale peut se comparer 30.06.16 : Conférence d’André qui peut de ce point de vue réclamer favorablement avec celle de n’importe Schorochoff sur l’EIC au Probus de l’immunité pour ses ressortissants ? quelle autre nation. En dépit de la Verviers à Spa conduite d’une demi-douzaine de 28.07.16 : CA Afrikagetuigenissen L’entreprise allemande en Afrique scélérats tels qu’on en trouve dans 02.08.16 : Déjeuner au CRAOM. doit-elle être condamnée sans plus n’importe quel pays, les Belges ont à cause des infamies de Leitz, Peters beaucoup de raisons d’être fiers. Associations membres et autres agents allemands ? Nous ne pouvons leur rendre pleine de l’Urome 1 ABC 14 CRAOCA justice ici. Nous ajouterons seulement 2 ABIA 15 CRAOM Ou bien ce qu’a fait la France à cause que lorsque viendra l’heure d’écrire 3 AFRIKA 16 CRNAA d’incidents qui se produisent de temps l’histoire de l’Afrique depuis son par- GETUIGENISSEN 17 FBC 4 AMACIEL-BAKA 18 MAISON AFRICAINE à autre dans le Soudan occidental ? tage entre les Puissances, l’une des 5 AMI-FP-VRIEND 19 MAN Nos propres états de service sont-ils pages les plus brillantes sera celle qui 6 AP-KDL 20 MDC si parfaitement irréprochables ? racontera la construction du Chemin 7 ARAAOM 21 N’DUKUS NA CONGO 8 ASAOM 22 NIAMBO Est-ce qu’actuellement nous n’avons de fer du Congo, qui a été menée avec 10 BOMATRACIENS 23 SIMBA pas un système fort proche du travail une hardiesse d’initiative, un zèle sans 11 CCTM 24 URCB forcé dans une grande partie de nos failles et une ardeur toujours soutenue 12 CONGORUDI 25 URFRACOL possessions sud-africaines ? qui n’ont pas été surpassés dans les 13 CRAA 26 VIS PALETOTS C’est un fait lamentable mais indis- annales de la colonisation. Appel réitéré à cutable que le climat de l’Afrique ■ sé G. Morel de Ville* tropicale a l’effet le plus nocif sur collaboration certaines natures. Nombre de voya- Oui, vous avez bien lu et il s’agit du Chaque membre de l’UROME est geurs africains bien connus ont admis même Edmund Dene Morel qui plus prié d’apporter sa contribution à la la propension à de violents emporte- tard deviendra le plus grand détrac- recherche des monuments et autres ments, quand l’organisme est affai- teur de l’œuvre belge. Comment expli- vestiges relatifs à l’œuvre belge en bli par une fièvre constante et que quer cette étonnante volte-face ? outre-mer (avec photos légendées) les nerfs sont atteints par suite de ■ Robert Devriese à travers la Belgique, comme à la fréquents et exaspérants tourments, défense de celle-ci (par articles et qui accompagnent inévitablement le *Georges Edouard Pierre Achille Morel de Ville est le nom originel d’Edmund Dene Morel lettres de protestation)..

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 • UROME - KBUOL – U4-I 48 Opération Monuments Siège de l’association 3. Monument dédié à la Force publique à Bruxelles rue de Stassart-Straat, 20-22, Dû au sculpteur anversois Willy Kreitz, il fut inauguré 1050 Bruxelles-Brussel en 1970, au square Riga à Schaarbeek. Il est ici fleuri www.urome.be à l’occasion de la commémoration du 75e anniversaire Contact : Robert Devriese, de la victoire de Saïo, le 5 juillet 2016 (photo J.-M. rue du Printemps, 96 1380 Lasne Brousmiche). Parmi les gerbes celle de l’UROME. Un [email protected] monument semblable fut érigé à Kinshasa en 2005. Et déjà en 1943, un monument pyramidal avait été érigé COMITÉ EXÉCUTIF PERMANENT (CEP) à Faradje (RDC), par le bataillon qui livra la bataille Robert Devriese, administrateur délégué victorieuse (voir page 43). Guido Bosteels, William De Wilde, Paul Vannès, vice-présidents André de Maere d’Aertrycke, Renier Nijskens, conseillers. Le pouvoir appartient de droit à l’AG, constituée des administrateurs délégués des associations membres. Le CEP est chargé de la gestion au quotidien.

CONDITIONS D’ADHÉSION 1) agrément de l’AG 2) payement de la cotisation annuelle, à raison de 0,25 € par membre de l’association, avec un minimum de 50 € par an.

4. Statue équestre de Léopold II (place du Trône) COMPTE BANCAIRE Œuvre du sculpteur Thomas Vinçotte et de l’archi- BE54 2100 5412 O897 tecte François Malfait. La souscription publique ayant généré un boni, une statue identique fut dressée à PAGES DE L’UROME DANS MDC Léopoldville. Ci-dessous la couverture de l’Illus- Editeur : Robert Devriese tration congolaise n°63, relative à l’inauguration, Rédaction des articles non signés, liaison avec MDC le 26 novembre 1936 (proposée par Robert Pierre). et New Look Communication pour le graphisme et photos : Fernand Hessel Adresse technique : [email protected] © les articles sont libres de reproduction moyennant mention de la source (voir au bas de chaque page).

5. Entrepôt du Congo à Anvers. Situé à Anvers-Sud, vestige du temps où tout le trafic maritime avec le Congo transitait par les vieux quais bordés d’entrepôts. La CMBC, qui donnera naissance à la CMB, fut fondée à l’initiative de Léopold II en 1895.

MdC UROME - KBUOL – U4-II • Mémoires du Congo n°39 asbl Septembre 2016 49 Bibliographie

’esquisse biographique de Jean Kes- de l’ONUC, assassinat de Lumumba, mort tergat ayant été faite dans le numéro d’Hammarskjöld, rébellion muleliste, montée précédent (voir Mémoires du Congo en puissance de Mobutu, rapt et mort de n°39, page 50), la présente notice se Tshombe, révolte des mercenaires, guerres limiteL à un bref commentaire du second du Shaba…autant de titres que les journaux opus de la trilogie que l’auteur a consacrée de l’époque n’ont pas manqué d’imprimer en au Congo. gras dans notre mémoire, mais pour lesquels Tous ceux qui se passionnent pour le Congo, Kestergat apporte l’éclairage indispensable à et particulièrement les Belges qui ont contri- leur bonne compréhension, avec les nuances bué à le façonner dans sa jeunesse, liront nécessaires et le zeste d’humour qui en faci- avec intérêt le livre qui porte sur le premier lite l’approche objective. quart de l’indépendance du pays ; et avec On y apprend par exemple que Lumumba plaisir également, car l’auteur, en journaliste n’est pas le démon que certains se plaisent Kestergat, J., du CONGO de Lumumba avisé et talentueux, qui a eu le privilège à imaginer, que l’ONU s’est dramatiquement au ZAÏRE de Mobutu, Editions Paul d’approcher les ténors des deux premières trompée, que Mobutu n’a pas enregistré que Legrain, Bruxelles, 1986, avec une intéressante série de photos d’époque républiques, sait comment éveiller le sens des succès… en NB, une chronologie et une de l’histoire auprès de ceux qui n’y sont pas Bref un livre à posséder dans sa bibliothèque bibliographie ; 320 pages, cartonné, experts. Les trente chapitres prennent sous si on aime le Congo. 150 x 220 mm. Bibliomania : 13 € la loupe et les événements et les acteurs José Rhodius : sécession katangaise, entrée en action

o Gérard (Anvers, le 29.04.29 – Bref un homme plutôt de droite, mais lucide. Bruxelles, le 15.01.06) était à la fois Le livre résume en quatre chapitres les me- historien et journaliste. C’est assez naces qui pèsent sur le Congo : dire qu’il a consacré sa vie profes- - description du mode de gouvernance, haute Jsionnelle à vulgariser l’histoire. Il fit finance et salariat, tels qu’ils sont en place ses humanités chez les Jésuites à An- en 1950 ; vers, puis une licence en histoire à l’UCL. - le danger des “folâtres onusiens” qui veulent On lui doit des dizaines d’ouvrages sur la libérer le Congo de l’emprise belge ; Belgique, la Wallonie, la monarchie… Il est - aperçu des réalisations sociales au Congo, resté jusqu’au bout un défenseur de l’unité par les entreprises belges ou Lever ; du pays. Un moment tenté par le rexisme, - le plan décennal, auquel il risque de man- il s’en était distancé dès 1937. Il signa d’ail- quer de la main d’œuvre belge et indigène. leurs des articles dans La Libre Belgique Par-dessus tout, il met en cause l’indifférence Gérard, J., Le Congo menacé, Edition clandestine sous l’occupation, et effectua des Belges de Belgique - “il ne mord pas, A.F.I., Bruxelles, 1951. 112 pages. des missions pour le réseau Socrate. Issu il ronfle” - laissant les agents coloniaux se 130 x 185 mm. Exemplaire trouvé d’un milieu conservateur, foncièrement anti- battre sur place avec les dures réalités. En chez un bouquiniste, comportant une dédicace de Jules Gérard-Libois, communiste, il fut un membre des plus actifs conclusion, un livre assez pessimiste. un des fondateurs du CRISP. dans la rédaction d’Europe Magazine, pério- José Rhodius dique regroupant plusieurs intellectuels de l’occupation, dont il se détachera également pour danger d’extrémisme.

ésiré Denuit (Couture-Saint-Germain, Au Congo également, beaucoup n’étaient pas le 16.04.05 – Ottignies, le 10.11.87) tentés par l’aventure jusqu’à ce qu’on sache était écrivain, journaliste et militant qui serait le vainqueur. D’où de nombreux wallon. conflits : Mgr de Hemptinne contre Tschof- DIl prend la direction du Soir après avoir fen, question royale, syndicats, affaire Hey- monté un à un les échelons du quotidien nen et Dutron, et “ceux de Londres” contre bruxellois, et notamment publié plusieurs “ceux restés à Bruxelles”, les deux contre les séries de reportages risqués sur ce qui était coloniaux et vice-versa. à l’époque le Congo belge. Il décrit la situa- tion de la Belgique, entrée en guerre le 10 Notons en passant qu’en fin de mandat, en mai 40 et celle du Congo à la même époque. 1946, Pierre Ryckmans fit un discours dans Avec d’un côté un personnage clef, Albert de lequel il souligna qu’on allait sans doute vers Vleeschauwer, qui doit pousser ses collègues la fin de la colonisation et épingla le besoin Denuit, D., Le Congo, Champion de la du gouvernement à rejoindre Londres - ils de rapatrier vers la colonie une part des Belgique en guerre, n’étaient pas tentés par l’aventure mais c’était biens exportés vers l’Europe. Editions Frans Van belle, Bruxelles, une nécessité pour Churchill si l’on voulait Un livre assez passionnant ! 1946. 192 pages. 145 x 225 mm. Exemplaire trouvé chez un bouquiniste que la Belgique existe - et de l’autre Pierre José Rhodius Ryckmans qui entre dans la guerre sans hésiter dès le 28 mai aux côtés des Anglais.

MdC Mémoires du Congo n°39 asbl Sepembre 2016 50 a publication, destinée prioritairement de l’autre école : l’approche par période et aux enseignants à qui il incombe par l’approche par thème. profession de transmettre l’histoire Enfin, dans son ambition d’être le plus diver- coloniale aux générations montantes, sifié possible, il suit le regard d’un nombre neL manquera pas d’intéresser également tous s’observateurs du fait congolais et tente de ceux qui ont laissé à l’école en la quittant une l’interpréter : le regard du Belge sur le pays bonne partie du bagage culturel qu’ils y ont qu’il colonisa comme celui du Congolais sur reçu. La mémoire fait ce qu’elle peut et il est son passé colonial, sans fuir la polémique conseillé de la rafraîchir régulièrement, en qui se manifeste par moments bruyamment CONGO : colonisation/décolonisation puisant aux sources claires alimentées par sur certaines tribunes. L’histoire par les documents, ceux qui ont vocation de veiller à ce que l’his- Pour rendre l’ouvrage le plus attractif pos- Publication pédagogique toire soit non seulement sauvegardée dans sible, et le plus lisible aussi, l’illustration est Musée royal d’Afrique centrale, les meilleures conditions mais sans cesse habile, variée et abondante, comme sont Tervuren, 2012 Coordination : Sara Géradin et Claire enrichie par les résultats de la recherche. constantes les mises en évidence des faits Poinas. Direction scientifique : Le livre, instructif de la première à la dernière les plus significatifs et des témoins les plus Patricia Van Schuylenbergh page, est facile à consulter dans la mesure où représentatifs. 100 pages. 300 x 210 mm. il place d’entrée de jeu les faits qui méritent Un livre d’étude autant que de consultation Augmenté d’un DVD. l’attention sur la ligne du temps. que tout ami du Congo a intérêt à garder à Il fait ensuite une double approche qui portée de main. devrait satisfaire les adeptes de l’une ou Fernand Hessel vant d’aborder le livre, il est utile d’évo- 1950, la maison se politise nettement et vise quer l’histoire de sa maison d’édition, l’indépendance congolaise qui s’approche. fondée à Élisabethville, le 8 mars 1928 A l’indépendance la société est vendue à par Jean Sepulchre, un ancien admi- des Congolais et deviendra dans un premier nistrateurA colonial belge, sous l’enseigne temps L’essor du Katanga . d’Editions de « L’Essor du Congo ». Dès 1929, Quant au livre proprement, il s’agit d’une la maison profite des premières linotypes compilation de textes pour la grande majorité d’Afrique Centrale pour pousser son activité. de la plume d’Antoine Rubbens. Le titre de À partir de 1945, le taux de scolarisation l’édition n’est pas à prendre au pied de la progresse rapidement, avec une croissance lettre, dans la mesure où les écrits traitent annuelle de l’ordre de 6 % dès 1946. de la problématique naissante entre Noirs et Antoine Rubbens y publie Dettes de guerre Blancs, la guerre ne servant le plus souvent en 1945, rassemblant des articles parus entre que d’amorce à la réflexion. Les titres sont 1944 et 1945 dans l’hebdomadaire éponyme. évocateurs de la situation qui prévalait et Les cahiers de la politique indigène, Y figurent entre autres deux textes de Placide commençait à se durcir, avec une mise en Rubbens, A., Dettes de guerre, Editions de L’Essor du Congo, Tempels : «La philosophie de la rébellion» cause assez sévère des autorités coloniales Elisabethville, 1945. 145 x 225 mm. et «Le travail des prolétaires», articles qui : L’ébranlement de la société indigène, La 258 pages. Exemplaire trouvé chez un préfigurent le célèbre La Philosophie ban- population rurale, Le prolétariat noir, Les in- bouquiniste. toue, édité en 1945 à Elisabethville, avant de digènes évolués, Le dépeuplement du Congo, figurer en 1949 en première place dans le La crise du service territorial, Reconstruc- catalogue de Présence Africaine. De socio- tions, Perspectives de démocratie congolaise. logique et littéraire, l’éditeur se fait de plus Eclairage intéressant sur une période de tous en plus politique, avec l’arrivée toujours plus les possibles. nombreuse des intellectuels noirs. A partir de José Rhodius é à Kindu en 1934, promu docteur en décortiquée affirmation par affirmation, pour droit à l’ULB en 1959, Claude Nemry en démontrer dans un grand nombre de cas a accompli une carrière internatio- la supercherie. La synthèse de la pensée de nale dans l’informatique de 1969 à Nemry se trouve en réalité dans le sous- N1988, ce qui ne l’empêcha pas de mener titre de l’ouvrage : “un règlement de contes”, parallèlement une carrière d’écrivain, dès par lequel il met en cause la subjectivité et 1972. En sus de l’ouvrage retenu, il a publié l’idéologie de Conrad et de Hochschild, qui une série de livres qui s’inspirent de sa terre finissent par fausser l’histoire et tromper le natale : Les tambours du Ruanda, Nyamula- lecteur. gira, Usubui, Bukavu, Mangaribi, tous parus Livre salutaire que chaque colonial devrait à L’Harmattan. Le titre de l’oeuvre qui retient avoir lu, pour que son passé reprenne de la ici notre attention est beaucoup plus qu’un couleur, grâce à Nemry qui a l’art de remon- habile jeu de mots; il évoque à lui tout seul ter du détail à la vérité, en y délogeant le son contenu. Pour l’essentiel l’auteur se limite diable qui se plaît à s’y cacher. Aux deux à analyser par le menu deux bestsellers met- chapitres fondamentaux s’ajoute un troisième tant sérieusement en cause l’Etat indépendant sur la parenthèse européenne, ses essais et Nemry, C., Le fantôme de Léopold au cœur des ténèbres, un règlement de du Congo, à savoir Au cœur des ténèbres, ses erreurs, mais aussi sa contribution à la contes. L’Harmattan, Paris, 2011. de Conrad, et Les fantômes du roi Léopold, construction du Congo. Un quatrième cha- 246 pages. 135 x 215 mm. 24 € de Hochschild. pitre livre sept annexes pleines d’informa- Chacune de ces deux œuvres, lourdes d’ac- tions sur l’ère léopoldienne. cusations contre le régime léopoldien, est Fernand Hessel

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