FONTEVRAUD-L’ABBAYE ET MONTSOREAU

SOMMAIRE L’architecture domestique L’habitat troglodytique

Les sites troglodytiques sont très est présente dans tous les secteurs Sur les hauteurs qui bordent la , notamment aux Roches ou à nombreux à Fontevraud et habités des deux communes. à Montsoreau, s’alignent de la Socraie, à Fontevraud. Montsoreau où l’on dénombre près L’écart de la Maumenière (a), nombreux troglodytes de coteau, de deux cent cinquante caves à Montsoreau, présente même creusés de plain-pied dans la roche Fréquent en sud-Saumurois, demeurantes sur le cadastre l’originalité de n’offrir presque depuis une chaussée, comme le troglodytisme de plaine est ici napoléonien dressé en 1813, soit que des habitations de ce type le chemin du Coteau, la ruelle des exceptionnel. Dans une cave Un regard sur le Saumurois un petit tiers des habitations. et dans son prolongement ouest, Perreyeurs (a) ou le chemin dit « des demeurante de la fin du xve siècle, Si l’on ajoute à ces cavités habitées au Saut-aux-Loups (b), certaines Caves » (b). Ces voies furent sans aux Écoteries (c), à Fontevraud, celles utilisées comme dépendances, sont même superposées sur deux doute elles-mêmes ménagées à un site plat a ainsi été excavé pour c’était à cette date près de six cents niveaux, les caves hautes étant mi-coteau précisément le long des former une cour aux parois latérales - La formation du territoire parcelles, soit les deux cinquièmes autrefois accessibles par un escalier strates les plus favorables à percées d’entrées de caves ; l’accès du foncier non agricole, qui extérieur. l’exploitation de la pierre ou depuis la surface se fait par une comportaient un élément au percement de telles demeures. rampe inclinée. troglodytique, habité ou non. Les deux communes proposent Si nombre de falaises naturelles Du fait d’une topographie - La constitution du paysage rural Ces données, très homogènes une grande variété de types des deux communes comptent aussi généralement vallonnée on trouve entre les deux communes, attestent d’habitations troglodytiques, selon des troglodytes de coteau, il est très de nombreux cas, intermédiaires d’un phénomène plus généralement la configuration topographique probable que quelques pentes, entre ces deux premiers, de a caractéristique du Saumurois et l’accès aux strates géologiques initialement plus douces, furent troglodytes de pente (d) où une au sud de la Loire. propices à de telles installations, retaillées pour offrir des parois déclivité naturelle est aménagée b et architectural à savoir la présence d’une roche rocheuses à coloniser ainsi, par excavation. À l’exclusion du centre-bourg qui puisse être facile à creuser, g de Fontevraud où l’on ne compte mais qui dispose d’un plafond pratiquement que des caves de — ou « ciel » — résistant. - Ruptures et transformations, stockage, la demeure troglodytique e c

Certaines maisons, bâties à flanc sans prise de lumière. Plus rarement, de la fin de l’Ancien régime à nos jours de coteau et fréquemment couvertes elles peuvent compter un étage (g) d’un toit en appentis, disposent séparé de la salle basse par la roche, d’arrière-salles, de resserres plus un plancher ou les deux. ou moins amples, voire d’escaliers - Épilogue intérieurs creusés à même la roche : Ces demeures pouvaient être ce sont donc des habitations semi- précédées d’auvents charpentés troglodytiques (e). — dont la trace se perçoit aux trous de fixation laissés dans la roche — Enfin, sur les hauteurs du bourg et environnées d’autres caves à usage de Montsoreau et à la Maumenière, de dépendances agricoles : abris à les larges galeries d’entrée des bétail, pressoirs ou lieux de stockage. carrières voire, un peu plus en f profondeur, des effondrements ont Un patrimoine en images permis l’installation de quelques maisons sous roche (f). d Ce type d’habitation ne dispose souvent que d’une ou deux parois en - Au cœur des villages roc, les autres murs étant maçonnés, mais il est couvert d’un plafond rocheux, comme une cave demeurante.

- L’architecture religieuse et publique Ces abris troglodytiques n’ont souvent qu’un seul niveau, avec dans de nombreux cas une pièce unique à alcôves. Lorsqu’ils en - L’architecture domestique comptent davantage, ces pièces sont, selon leur usage — chambre ou lieu de stockage —, soit alignées en façade pour disposer d’une baie, - L’activité économique soit percées en partie postérieure,

- Regards 90 91

Annexes - Iconographie - Bibliographie L’activité économique Les moulins - Crédits photographiques

a b Les moulins à eau. Les moulins à vent. e En 1093, l’usage des eaux de l’abbaye. Situés entre Rest et Rabâté, Plus tard venus, les moulins à vent la Loire à la hauteur de Montsoreau deux moulins, enfin, ne sont connus ne semblent pas attestés avant est concédé à l’abbaye Saint-Florent que par des textes : celui de le xvııe siècle à Montsoreau et de pour y établir des Graboteau, attesté au xve siècle, Fontevraud-l’Abbaye. Mentionné moulins, sans doute sur une et celui de Mocquesoury, mentionné comme existant déjà en 1676 chaussée dotée d’une écluse. au xvııe siècle. Plus aucun de ces à Montsoreau, le premier moulin Plus tard, la Loire accueille aussi moulins n’est en service aujourd’hui. dit « de Monsieur » est des moulins-bateaux, dont le dernier, vraisemblablement antérieur à Montsoreau, semble avoir été en Un plan de 1747 permet de repérer à celui construit à Fontevraud activité à la fin du xvııe siècle. la manière dont s’agençaient trois par l’architecte René Mauberger de ceux dont les vestiges sont encore en 1667 pour l’abbesse Jeanne- C’est sur le cours de l’Arceau, en partie visibles (a). La maison du Baptiste de Bourbon, au lieu-dit cependant, que les moulins dernier meunier et ses dépendances « des Moulins-à-Vent . hydrauliques sont le plus sont encore en place à Rabâté où Ce site élevé et bien exposé aux régulièrement mentionnés. ne reste du moulin qu’un massif de vents accueille un second moulin h Deux sont déjà en place au début maçonnerie près du cours d’eau (b). en 1712, puis un troisième, bâti par du xııe siècle. Les moulins de Rabâté À Maumoine (c) des éléments l’entrepreneur Antoine Rouiller en et Maumoine sont attestés du xve ou xvıe siècle demeurent, 1791-1792 et qui ne nous est connu partie de son mécanisme ce qui g respectivement peu avant 1125 mais très remaniés (à gauche). que par le plan qui accompagne le permet d’en comprendre le f et vers 1250 et leurs noms renvoient Le moulin de Mestré (d) fut marché de construction (e) ; deux fonctionnement. Les ailes actionnent à des familles vassales du seigneur transformé lorsqu’en 1842 y fut autres moulins y sont encore édifiés un arbre moteur horizontal qui, d de Montsoreau. En amont, le moulin installée la colonie pénitentiaire des vers 1840. De ces cinq moulins, par un système d’engrenage transmet de Mestré est déjà en activité en jeunes détenus de la Maison centrale seuls deux sont encore entièrement dans la cabine son mouvement rotatif 1207. Au siècle suivant, on trouve de Fontevraud, mais il barre encore en élévation (f), élégamment reliés à une longue barre métallique mention du moulin de Lovant, aux de sa silhouette le cours de l’Arceau entre eux par une arche qui verticale, le gros-fer. La cabine, Roches, et au xve siècle du moulin et des eaux qui sourdent là des permettait au meunier d’ajuster ou hucherolle, pivote pour être de la Courvoiserie, aux abords de nappes phréatiques environnantes. au plus vite les ailes des moulins exposée au vent. Elle est juchée sur lorsque le vent tournait. un massereau, cône maçonné qui c abrite l’armature en bois enveloppant Tous ces moulins à vent sont du le gros-fer. Plus bas, dans la salle type cavier, formés d’une imposante des meules (h) au cœur de la masse base maçonnée, la masse, formée du cavier, l’extrémité du gros-fer de salles voûtées qui accueillent le est arrimée à la meule courante qui, mécanisme du moulin, les espaces tournant contre la meule dormante, de stockage et les pièces où vit réduit le blé en farine. le meunier. Plusieurs autres moulins à vent À Montsoreau, le moulin de la sont construits entre la fin du xvıııe Tranchée (ISMH, 1978) fut construit et le milieu du xıxe siècle où l’on vers 1750-1780 et restauré en en compte douze pour les deux www.revue303.com 1984 (g). Il conserve une bonne communes.

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L’activité économique Les carrières: le réemploi des galeries

Les galeries des carrières l’arche qui permet l’accès au premier profondément, des galeries exploitées abandonnées furent souvent fontis accueille un grand entrepôt, par piliers longs au xıxe siècle furent réutilisées. Dans une acception construit sans doute au xıxe siècle réutilisées comme caves à vin (c) large, les habitations ou dépendances en assemblage de planches (a). — réemploi fréquent — et l’on y troglodytiques étaient, en quelque Il en existait un autre, sans doute trouve encore les alignements de sorte, des sites où l’extraction, limitée plus vaste encore, bâti sous l’arche pierres, ou « chantiers » qui parfois à quelques mètres cubes de suivante. Le second fontis est équipé permettaient de caler les barriques. tuffeau, laissait place à un réemploi. d’un bel ensemble de fours à prunes Toutefois, les carrières de grande (b), attesté au xvıııe siècle et sans Lorsqu’au début du xxe siècle ampleur ont généré de véritables doute en place dès le siècle l’exploitation du tuffeau cessa logiques de réappropriation de précédent. La technique consistait progressivement, les carrières ces galeries. alors à faire se dessécher les fruits, abandonnées accueillirent sans les cuire, dans des fours principalement des L’ancienne carrière qui forme préalablement chauffés. champignonnières. aujourd’hui les exceptionnelles Tout risque d’incendie était évité Les champignons de couche dépendances de la maison dans un tel environnement, sont alors produits dans l’obscurité de Bellevue, sur les hauteurs de entièrement minéral. À l’abri des des galeries sur du compost disposé Montsoreau, connut plusieurs sortes précipitations, les plateaux qui en longues meules ou, plus tard, de réemploi. Elle est constituée surplombent la plupart de ces fours en sacs. Des chaufferies permettent d’une galerie qui traverse deux devaient permettre la préparation d’entretenir une température fontis successifs. Ces gouffres ou le refroidissement des fruits. constante et l’humidité des carrières d’effondrement, probablement La présence de neuf fours dans de tuffeau convient idéalement

ENAUDIE éboulés avant le xvııe siècle, ce site témoigne de la grande au développement des champignons. composent de larges coupoles quantité de pruneaux que Progressivement, la production s’est de tuffeau qui bénéficient ainsi produisaient ici les fourniers pour diversifiée vers des variétés comme c R d’un éclairage zénithal naturel. ensuite les diffuser par la marine de le pleurote, le shiitaké et autres. d Les parois latérales, abritées, Loire. Bellevue conserve aussi les À Montsoreau, au Saut-aux-Loups, peuvent alors servir au stockage et vestiges d’un pressoir et, plus extrémité ouest des carrières de la a Maumenière, deux champignonnistes font encore vivre cette activité (d) b dans des galeries dont certaines

: ont dû être percées aux xvııe et xvıııe siècles ; l’un a même développé

06 25 28 92 un itinéraire touristique au sein De nos jours, le coteau saumurois de ses installations. connaît de nombreux sites carriers ainsi mis en valeur et de nouvelles , rue de la Loire , / Quelques cavités plus à l’est, toujours réflexions sont en cours sur les

1 le long du chemin des Caves, un possibilités de réemploi des autre site d’extraction, du xıxe siècle, immenses galeries souterraines accueille aujourd’hui un qui restent à reconvertir, notamment établissement de vente de vins pour leur potentiel foncier,

Ghislaine de Loire (e). énergétique et touristique. e IFFUSION D 303 - 02 28 20 50 21 02 28 20 63 07

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