Théâtre du Voyageur CYCLE HERMAN MELVILLE MOBY DICK « Partir, partir, s'évader... traverser l'horizon, pénétrer dans une autre vie... C'est ainsi que Melville se retrouve au milieu du Pacifique, il a vraiment passé la ligne d'horizon. » D.H. Lawrence BARTLEBY I would prefer not to… Je préférerais ne pas… COCORICO L’essence du cri. De Melville à Kerouac, la littérature américaine, ouvre sur un monde de sensations nouvelles, une morale de la vie où l’âme ne s’accomplit qu’en prenant la route, exposée à tous les contacts, à toutes les subtiles sympathies de l’âme innombrable… On y découvre l’homme nouveau américain, au cœur de la nature et de la vie, sans attache, libre, fraternel, « original ». MOBY DICK Avec les quatre spectacles Moby Dick, nous nous consacrons à l’ensemble du roman, le roman d’aventure étant une porte d’accès à une œuvre tant philosophique que scientifique et poétique. TÉTRALOGIE « Mon Dieu ! Voici le chemin qu’emprunta Jonas. », s’exclame Ishmaël en parlant de la bouche de la baleine. Tel Jonas dans les entrailles de la baleine, le lecteur-acteur-spectateur est englouti par un livre-baleine encyclopédique, biblique, romanesque, épique, cétologique, 1 philosophique… 1, 2 Assez pleurniché ! 2, Baleine à Plume 3 3, Pippin tombe à l’eau 4 4, Moby Dick est une baleine blanche, un monstre marin insaisissable, et Lignes Achab, le capitaine du Péquod est un « chasseur » démoniaque. Il traverse les mers du globe à la recherche de l’animal. Avec son de fuite équipage qu’il expose à toutes les épreuves, il brave dangers et tempêtes, jusqu’au bout... MOBY DICK 1 / ASSEZ PLEURNICHÉ ! ASSEZ Tout homme à un moment PLEURNICHÉ ! ou à un autre ressent la même soif d’océan que moi. Pourquoi partir ? Pour conjurer une tristesse et retrouver la joie. Le départ d’Ishmaël est plus qu’un départ, c’est une rupture qui va changer sa vie. « Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le monde. » Gilles Deleuze et Félix Guattari Premières représentations du 1er au 19 mars 2016, au Théâtre du Voyageur. MOBY DICK 2 / BALEINE à PLUME Déjà nous sommes fièrement lancés loin en mer, mais bientôt nous allons être perdus dans les immensités sans côtes ni havres. Voilà un équipage embarqué en pleine rêverie océanique, en état second. Tout est délire, divagation, imagination, poésie. A travers ses yeux inexpressifs, étranges, je pensais apprendre des secrets concernant Dieu. Comme Abraham devant les anges, je m'inclinai… Cette chose blanche était si blanche, ses ailes si larges, elle avait l'air si irrémédiablement en exil… Le Pequod est un bateau ivre. Premières représentations du 26 avril au 14 mai 2017, au Théâtre du Voyageur MOBY DICK 3 / PIPPIN TOMBE À L’EAU Par temps calme, nager en plein océan est aussi facile pour un nageur exercé, que de déambuler à terre dans une voiture. Mais l’affreuse solitude est intolérable. Du milieu de la mer, le pauvre Pippin tourne sa tête frisée vers le soleil, cet autre naufragé solitaire malgré sa hauteur et son éclat. Au cœur du livre et de l’océan, dans les chapitres les moins fréquentés de Moby Dick, on partage la vie quotidienne sur le bateau-usine et les besognes dangereuses des ouvriers- baleiniers, on croise d’étranges équipages sur des bateaux étrangers, délirant au milieu de nulle part … et on approche de cet animal qui roule sa masse grosse comme une île et qui nous devient de plus en plus familier et cher. Premières représentations du 15 novembre au 10 décembre 2017 MOBY DICK 4 / LIGNES DE FUITE La fin approche, prédite et néanmoins imprévisible. Les lignes se nouent, se tendent et se rompent. En une course fulgurante, le roman de l’homme et le roman de l’animal, ces parents étrangers, donnent à sentir ce qui est à voir, à voir ce qui est invisible, à pressentir la forme, le sens, du spectacle du monde, fraternel et tragique... À la pointe extrême d’un frisson… Le quatrième et dernier volet de ce voyage est le plus shakespearien ; Melville progresse toujours plus loin, aux confins du Pacifique et de la littérature, jusqu’aux limites de l’intelligibilité du monde… jusqu‘à Moby Dick. Premières représentations du 24 mars au 8 avril 2018 Adaptation & mise en scène Chantal MELIOR François LOUIS Collaboration musicale et littéraire, piano, Carol Lipkind Lumières, Michel Chauvot Décors, Marine Porque Chant Nabila Attmane Chorégraphie, Ariane Lacquement Conseillère artistique Zette Cazalas Avec, Nabila Attmane, Mie de Pain, La Voix de la Nature, Achab / Ishmaël / Starbuck / Flask Bildad, Capitaine de La Rachel, Docteur Rubson, Queequeg / Fleece / Peleg / Bildad Matelot canadien… Sandrine Baumajs, Capitaine Peleg, Le Charpentier Véronique Blasek, Archy, Pippin, Madame Hussey Sophie Bonnet, Elie, La Servante, Cabaco, Tashtego, Olivier Courtemanche, Flask, Jonas, Gabriel, Capitaine du Bouton de Rose Marc Dumontier, Fleece, Capitaine Mayhew, Capitaine Derrick, Capitaine du Delice, Second du Bouton de Rose,… Ariane Lacquement, Starbuck Ariane Lagneau, La Conférencière, le Capitaine manchot, Marins, Dagoo Carol Lipkind, l’Homme de Man François Louis, Achab, Père Mapple Mathieu Mottet, Ishmaël Fabrice Tanguy, Queequeg Les personnages de Melville sont comme des Pippin / Capitaine Boomer / Jonas / Madame Hussey blocs de sensation… toujours modifiés à mesure qu’ils se font, comme des rives qui défilent... On ne dit pas : « Moi, voilà comme je suis ». C’est fini tout ça. Plus de fantasme, seulement des programmes de vie, des explorations : de fragment en fragment se construit une expérimentation vivante. Le Charpentier / Perth, Le Forgeron / Tashtego / Père Mapple Etc… SOURCES Lors de la création des Nomades, plusieurs textes philosophiques (Mille Plateaux, Critique et Clinique) ont jalonné notre parcours, et en premier lieu, le concept deleuzien de lignes de fuite. Un texte mène à un autre. Ainsi nous sommes nous tournés vers Melville et Moby Dick nous a paru l’œuvre désignée pour expérimenter théâtralement ce concept dans le monde où nous vivons. Notre pari est de déterminer les lignes de fuites se trouvant dans le roman, d’explorer des formes qui ont donc à voir avec le mouvement, le déplacement « hors ». Tout est départ, devenir, passage, danse, saut… De fragment en fragment, se construit une expérimentation vivante. Rien de plus actif qu’une fuite. C’est aussi bien faire fuir, pas forcément les autres, mais faire fuir quelque chose, faire fuir un système comme on crève un tuyau. Fuir c’est tracer une ligne, des lignes, toute une cartographie. On ne découvre des mondes que par une longue fuite brisée. LIVRE-BALEINE LITTERATURE ET SCIENCE… PHILOSOPHIE ET POESIE… La vie comme moyen de connaissance : (Melville-Spinoza-Nietzsche-Rimbaud-Baudelaire…) Melville méthodique entreprend d’initier le spectateur au monde des cétacés : histoire de la pêche et de la navigation, opérations de Les prodiges et les mystères du corps colossal du Léviathan transformation du gibier en huile de commerce, mise à la mer de la relèvent d’une science et d’un art, d’un processus d’écriture en baleinière, ligne à baleine, poursuite et jet du harpon, remorquage expansion continue. de la dépouille, dépeçage, fonte du gras, arrimage des barriques, Je déplore mon impuissance à l’exprimer comme il faudrait… courage et intelligence nautique de l’homme, industrie baleinière Toutes les extravagances de l’imagination sont sollicitées. et conditions de vie sur les navires usines… Et de quel prix se paie Ishmaël appelle cela « la sainte ivresse du jeu ». l’appropriation violente des richesses de la nature ? Et quelle représentation l’équipage du Péquod, avec ses marins venus des cinq continents, donne de l’Amérique-patchwork. Voilà le parcours à accomplir pour vivre pleinement - l’aventure - jusqu’au bout. La joie et la douleur sont les deux grandes passions dans Moby Dick. Cette campagne de pêche est une aventure, joueuse, incertaine, qui se déroule dans un univers de mots et de discours. Les questions qu’on y pose sont sans réponse assurée. Questions pertinentes et impertinentes, vraies et feintes révélations, vérités Je fais essai de tout et achève ce que je puis. et inventions se succèdent joyeusement sans souci de finir. C’est en réalité, plus qu’une méthode, un vrai programme de vie dans lequel l’expérimentation est érigée en principe. Je laisse mon système inachevé comme est demeurée inachevée Représenter pour Melville, ce n’est pas tant définir, exposer, la cathédrale de Cologne, avec sa grue oisive au sommet de la disséquer ce qu’on a sous les yeux mais susciter un dévoilement. tour incomplète… Dieu me garde de ne jamais rien parfaire… Son gai savoir ne débouche sur nulle vérité sinon celle de l’imagination, de la poésie. Du moins faut- il sentir que ce n’est pas la fin qui importe (comme dans l’œuvre de Shakespeare – King Lear), ce n’est pas la certitude à laquelle on croit atteindre, mais la suite des questions que l’on pose, au fil d’un parcours – continu, discontinu, zigzagant – qui nous fait connaître le mouvement sans fin de nos efforts… ADAPTATION, MISE EN SCENE Une première adaptation en quatre volets pour mettre en scène l’ensemble de l’œuvre. Abordée le plus souvent comme un roman d'aventures, les aspects philosophiques, scientifiques sont peu traités. Les adaptations cinématographiques sont les mieux connues ; et pourtant, il nous semble que le théâtre, avec les contraintes d'un espace clos, peut être ici mieux à même de traduire l'immensité, la beauté, la violence de la nature, en s’attachant à comprendre le parcours de l'écrivain et l’incandescence de son style.
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