Laissez-vous transporter ! Bateaux, petits trains et autocars dans le Calvados Avec l’avènement de la vapeur, grande révolution du XIXème siècle, les « bateaux du Havre » et les « petits trains du Calvados » connurent un immense succès populaire. Sous l’impulsion du Conseil général, un véritable réseau de chemin de fer couvrit le département, remplacé par la suite par les « Courriers normands », ancêtres de nos « Bus Verts ». Exposition réalisée par le service patrimoine du Conseil général du Calvados et présentée au chateau de Bénouville du 26 juin au 19 septembre 2010. Passer de l’autre côté de l’eau Les bateaux du Havre (1) Le Havre Seine Honfleur Trouville-sur-Mer e al Orn Can Caen 3 1 En bavardant avec le commandant Huon du temps ou le “Rapide” Les traversiers 2 faisait en cinq mois 756 traversées. Avant même la fondation du Havre, des barques traversaient la Seine. Des relations régulières s’établirent entre les ports de l’estuaire. On appelait “traversiers” ou encore “passagers” les bateaux à voile puis, Le Havre - Honfleur avec l’avènement de la vapeur, les bateaux à roues à aubes ou à hélice A la voile, il fallait, suivant les conditions météorologiques, entre 2 et qui effectuaient ces navettes. Trois lignes maritimes furent mises en 6 heures pour faire la traversée entre Le Havre et Honfleur. place : Le Havre - Honfleur, Le Havre - Trouville-Deauville et Le Havre - En novembre 1820, le Triton mû par une machine à vapeur anglaise Caen. Ce sont les fameux bateaux du Havre, petits paquebots côtiers entraînant deux roues à aubes, fut le premier bateau à vapeur à très prisés des Havrais et des Calvadosiens. Pendant près de 120 ans, desservir Honfleur. Il effectuait un service régulier pour la Compagnie ces bateaux assurèrent quotidiennement le transport des voyageurs et des Hospices du Havre et de Honfleur qui détenait alors le monopole des marchandises, et aussi des dépêches, à partir des années 1850. des traversées. La durée du trajet, qui était d‘environ 1 heure ½ avec les premiers bateaux à vapeur, fut petit à petit réduite à 20 minutes environ avec les améliorations techniques. 4 Deux fois par jour les bateaux du Havre accostaient entre la Lieutenance 1 Le Courrier quittant le port de Honfleur, bateau en et l’hôtel du Cheval Blanc. service de 1836 à 1866, peint par Louis Gamain en 1837. Coll. du musée maritime de Honfleur. Vers 1920, ce sont 150 000 passagers par an et 3 à 4 000 tonnes de 2 Dessin humoristique extrait du journal marchandises qui transitaient par cette ligne régulière. “Le Petit Havre”. Dimanche 13 mars 1938. Coll. Jean Moisy. Le Rapide fit la dernière traversée en 1939. 3 Départ du bateau du Havre de l’embarcadère de Honfleur. Carte postale du début du XXe siècle. Coll. Jean Moisy 4 Publicité de l’Almanach du Commerce du Havre, 1853. Archives de la ville du Havre. 5 Le départ du bateau du Havre de la jetée en bois de Trouville, 1877. Gravure d’après un tableau de Maurice Poirson. Coll. Hubert Moisy. Le Havre – Trouville-sur-Mer 6 La jetée-promenade Harding de Trouville construite En 1843 est inaugurée la liaison maritime régulière entre Le Havre et par Alexander B. W. Kennedy (1847-1928) , ingénieur anglais, spécialiste des machines à vapeur. Le Trouville, station balnéaire alors en plein essor à laquelle on accède financement de cette jetée semble d’ailleurslié aux bateaux à vapeur. D’après un livret touristique. depuis Paris en prenant le train jusqu’au Havre, puis le traversier qui Coll. Hubert Moisy. débarquait ses voyageurs auprès de l’ancienne poissonnerie (la liaison 7 L’arrivée du bateau du Havre près de la jetée-promenade Harding de Trouville. ferroviaire entre Trouville et Lisieux sera effective en 1863). Carte postale du début du XXe siècle. Coll. Jean Moisy. En 1874, les bateaux du Havre transportaient 71 000 voyageurs et 5 000 tonnes de marchandises. Le trafic augmenta très sensiblement après la construction, en 1890, de la jetée promenade Harding. Cette jetée métallique longue de 350 m, détruite en 1943, permettait aux 5 bateaux d’aborder presque à toute heure de marée. En 1913, quelques 300 000 voyageurs empruntèrent cette ligne qui reliait Trouville au Havre en une demi-heure. 6 7 L’embarquement à bord du bateau du Havre, port de Caen. Carte postale du début du XXe siècle. Coll. ABIM Passer de l’autre côté de l’eau Les bateaux du Havre (2) Le Havre Seine he nc Ma Ouistreham e al Orn Can Caen 1 Le Havre - Caen Un premier service régulier de bateaux à vapeur est établi entre Le Havre et Caen dès 1835. Les bateaux partaient du bassin Notre-Dame au Havre, pouvaient faire escale à Ouistreham et remontaient vers Caen soit par le canal, soit le plus souvent par l’Orne, pour atteindre l’embarcadère du quai de Juillet. A partir de 1910, suite à la construction du barrage de l’Orne, seul le canal 2 (ouvert en 1857 sur une longueur de 16 km) sera emprunté par le paquebot côtier, dont l’embarcadère est alors établi dans le bassin Saint-Pierre. Vers 1850, la compagnie Findago exploite cinq navires sur cette ligne : le Furet, le Cygne, l’Orne, la Manche et le Normandie. Cette compagnie est Succès et déclin rachetée en 1852 par la compagnie Vieillard. Des statistiques établies sur une période de 20 années d’exploitation, Armé par la Compagnie normande de navigation à vapeur du Havre, de 1863 à 1882, font apparaître les chiffres de 3 millions de voyageurs l’Emile Deschamps, mis en service en 1923, fut le dernier navire à assurer la transportés sur la ligne Le Havre - Honfleur, 1 700 000 sur la liaison Le liaison entre les deux ports (en quatre heures) jusqu’à sa réquisition en Havre - Trouville et 400 000 entre Le Havre et Caen. septembre 1939. La mise en service du bac du Hode en 1932, l’essor de l’automobile et des transports par autocars portent un coup fatal aux liaisons maritimes : le nombre de passagers chute ; les lignes deviennent déficitaires. En 1933, la liaison Le Havre - Honfleur n’est plus assurée que l’été. 1 Le bateau du Havre accosté à l’embarcadère du quai de Juillet. Détail du port de Caen vu du quai Caffarelli par Louis Le Breton (1818-1866). Bibliothèque de Caen. Fonds normand. Cliché P. Dartiguenave. 2 La descente des voyageurs du bateau du Havre au port de Caen. Carte postale du début du XXe siècle. Coll. Jean Moisy. Mouvements de voyageurs.- Il existe entre 3 Le bateau du Havre accosté à l’embarcadère du quai de Juillet Caen et le Havre un service régulier de (à comparer avec la gravure en haut, à gauche). bateaux à vapeur pour le transport des Et l’avenir ? Carte postale du début du XXe siècle. voyageurs et des marchandises. Coll. Jean Moisy. Le renforcement des liens entre la Haute et la Il y a tous les jours un départ du Havre 4 L’embarquement des animaux à bord du bateau du Havre au port de Caen. Basse-Normandie est plus que jamais d’actualité. Carte postale du début du XXe siècle. et un départ de Caen. Le service est fait Coll. Jean Moisy. par des bateaux à aubes, d’un tonnage de La recherche de moyens de transports autres que 5 L’arrivée du bateau du Havre par le canal au port de Caen. 55 à 75 tonneaux, qui vont et viennent l’automobile est devenue un impératif économique Carte postale du début du XXe siècle. par la rivière d’Orne, sauf dans Coll. Jean Moisy. certaines marées de morte-eau où ils et environnemental. Alors pourquoi ne pas empruntent le canal de Caen à la mer. relancer des rotations régulières entre les ports de Le nombre de voyageurs transportés sur la l’estuaire de la Seine ? L’idée en a été reprise par 3 ligne Caen - Le Havre a été : Année 1895 : 19 645 des élus et l’étude du projet a été confiée à Année 1896 : 17 781 l’agence d’urbanisme de la région havraise (AURH). Année 1897 : 18 458 Année 1898 : 17 448 Année 1899 : 16 990 Extrait du rapport du préfet devant le Conseil général du Calvados ; session d’août 1900. 5 4 A toute vapeur ! Des roues à aubes aux hélices Trente-six bateaux à vapeur différents ont été en service sur les lignes assurant le passage de l’estuaire entre le Havre et la côte du Calvados, la plupart étant des navires à roues. Les premiers bateaux à vapeur, comme Le Triton, qui faisait dès 1820 la liaison Le Havre-Honfeur, étaient propulsés par des roues à aubes construites sur le principe des roues hydrauliques à palettes planes et placées sur les deux flancs du navire. Le tout était actionné par une machinerie à vapeur établie perpendiculairement à l’axe principal du navire. Celle-ci transmettait le mouvement à ces roues par un système bielle-manivelle. Les traversiers à roues à aubes n’étaient pas d’ailleurs les navires les mieux adaptés aux conditions de navigation dans l’estuaire de la Seine, souvent agité. Ces navires avaient l’inconvénient majeur de déjauger au roulis. Ces navires furent l’objet d’une autre innovation importante à partir du milieu du XIXe siècle : la construction de coques en fer. Par ailleurs, en 1832, le Français Frédéric Sauvage déposa le premier brevet d’hélice, mais d’un modèle à vis entière. Les chantiers havrais Augustin-Normand contribuèrent à faire évoluer la forme des hélices et 1 diffusèrent l’utilisation des hélices à trois ou quatre pales qui permirent d’atteindre de meilleurs rendements.
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