Bibliothèques Anciennes & Modernes

Bibliothèques Anciennes & Modernes

LÉOPOLD NIEPCE Conseiller à la Cour d'appel de Lyon LES BIBLIOTHÈQUES ANCIENNES & MODERNES DE LYON Les Bibliothèques particulières et publiques avant et après la Révolution LA GRANDE BIBLIOTHÈQUE Les Bibliothèques dispersées LYON LIBRAIRIE GÉNÉRALE HENRI GEORG 65, Rue de la République, 65 Les pages intermédiaires sont blanches LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON Les pages intermédiaires sont blanchespagesLessont intermédiaires LÉOPOLD NIEPCE Conseiller à la Cour d'appel de Lyon LES BIBLIOTHÈQUES ANCIENNES & MODERNES DE LYON Les Bibliothèques particulières et publiques avant et après la Révolution LA GRANDE BIBLIOTHÈQUE Les Bibliothèques dispersées LYON LIBRAIRIE GÉNÉRALE HENRI GEORG 65, Rue de la République, 65 Les pages intermédiaires sont blanchespagesLessont intermédiaires LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON ANS deux publications récentes (l), je me suis attaché à faire connaître l'état regrettable dans lequel se trouvent nos archives municipales et le Palais-des- Arts. En signalant cette situation, j'ai cru faire acte de patriotisme, car les dangers d'imminente destruction que courent nos dépôts d'archives, si riches et si précieux à tous égards, et le délabrement dans lequel on laisse l'un des plus beaux palais de Lyon ne sauraient se prolonger plus longtemps... Cet état de choses, qu'il me soit permis de le dire, n'engage-t-il pas non plus la Commission municipale ? Celle-ci répond, il est vrai, que la ville, ruinée par les gaspillages des hommes sortis des douloureux événements de septembre 1870, n'a pas de quoi suffire à ses besoins les plus urgents, que les scien­ ces et les arts sont le luxe des temps heureux, et qu'il (1) Projet de création d'un musée historique à Lyon. (Lyon, Mai, 1874.) Le palais Saint-Pierre. Observation sur la réorganisation des musées et de l'école des Beaux-Arts de Lyon. (Juillet 1874.) 6 faut attendre que Dieu nous donne de meilleurs jours, après tant de jours de noirs orages, pour rendre aux sciences et aux arts leur éclat terni parles révolutions. Je comprendrais cette réponse si on demandais la créa­ tion d'un nouveau palais, la commande de statues de marbre ou de bronze pour orner quelque monument, ou la création d'un square aux vertes pelouses, aux eaux jaillis­ santes qui parent si bien une ville. Mais ma prière n'a pas été si loin... J'ai demandé seulement que la Commission municipale fît pour nos archives ce que chacun de ses membres fait individuellement pour ses propres affaires. Chacun n'a-t-il pas une caisse solide à l'abri du feu et de l'eau, dans laquelle il serre et conserve ses titres de fa­ mille et de propriété et ses valeurs personnelles afin de les transmettre un jour à ses enfants ? Que la Commission veuille donc bien songer, avant tout, à préserver, de même, les titres de la fortune de l'universalité de la fa­ mille lyonnaise qu'elle représente et dont elle gère les intérêts. Qu'elle ne croie pas, non plus, que les archives d'une ville ne sont, comme on se plait à le dire, qu'un amas poudreux de parchemins oubliés par les vers et de grimoires illisibles dont se plaisent à se repaître certaines gens qu'on traite dédaigneusement d'archéologues ; qu'on regarde même avec une certaine pitié comme de pauvres monomanes, dont le cerveau quelque peu malade, réclame les soins de la Faculté. Non, les archives ne sont pas des greniers de vieilleries ; si on daignait les visiter, de même qu'il serait si urgent de voir de ses propres yeux tant de choses qui appar­ tiennent à la ville et qui ont coûté si cher, on saurait qu'à côté des titres historiques, seuls monuments véridiques de l'histoire de la cité, se trouvent aussi ses titres de pro­ priété qui constituent sa fortune immobilière, le patri- 7 moine commun du pauvre et du riche. Que ces titres viennent un jour h être détruits par un accident ou dans une tourmente populaire, comment la ville pourra-t-elle justifier alors, devant la justice, de ses droits de propriété méconnus par des gens de mauvaise foi ? Et pourtant la Commission n'a encore rien fait alors que cependant M. le préfet a donné sa haute approbation et ses encouragements aux projets que la Commission des archives et des biblio­ thèques lui a soumis. En ce qui concerne le Palais-des-Arts, je me suis borné seulement aussi à demander qu'on n'attendît pas que la moitié des portiques de ce palais fussent tombées de vétusté, pour qu'on avisât enfin à leur consolidation. Mon humble requête, qui n'a pas été plus loin, est donc opportune, légitime, urgente même, et j'ose espérer qu'elle aura enfin l'avantage d'être prise en sérieuse considération par les hommes éminents qui ont à gérer aujourd'hui les intérêts de la cité. Toutefois, il me reste à ajouter un post-scriptum à mon placet. J'ai à parler encore des bibliothèques, car là encore on peut écrire, au-dessus de la porte de ces magnifiques dépôts, ces mots qui s'appliquent si bien à tant de choses à Lyon : « grandeur et misère », et je n'exagère pas... On me dira peut-être, mais de quoi vous plaignez-vous ? Entrez dans la bibliothèque du Lycée, n'admirez-vous pas le splendide vaisseau de la salle, œuvre de ces savants religieux qui ont formé, dans leur vaste collège, tant d'é­ lèves devenus, en partie, nos plus illustres concitoyens ? Ne voyez-vous pas ces milliers de volumes sur leurs éta­ gères sculptées, ornées, de tant de bustes de marbre ? Et votre patriotisme n'est-il pas natté à la vue de ces débris de bombes et d'obus qui ont troué et écrasé ce splendide vaisseau, le jour où nos pères, armés pour la défense de 8 la liberté opprimée par l'odieuse Convention (1), firent de cette salle une batterie et de ces livres des blindages ? Oui, tout cela est vrai, mais tout cela cache bien des mi­ sères. Sous cette robe si belle se trouvent des haillons, et ce sont ces haillons indignes de notre grande cité que je prie la Commission municipale de faire disparaître sans retard. Je lui dirai également que la maison fait eau de toute part, comme l'Hôtel-de-Ville, comme le Palais-des- Arts, que cette eau détruit lentement nos plus beaux ouvrages ; et j'ajouterai enfin que d'un jour à l'autre un immense incendie peut embraser la bibliothèque si mûre pour un incendie (1) Lorsqu'en 1795, Lyon envoya une adresse au gouvernement afin de faire arrêter l'exécution des mesures si désastreuses que nos proconsuls avaient prises pour ce qui restait de nos monuments, dont la démolition avait été décrétée pour punir Lyon de son héroïque résistance à la Convention, ses magistrats dirent : « Lorsque, pendant « deux mois d'un siège trop mémorable, livrés à nos propres « ressources, sans pain, sans secours, nous vîmes d'un œil sec tom- « ber nos maisons, périr nos femmes, nos enfants et le sang le plus « pur inonder nos remparts, était-ce pour un roi que nous combat- « tions ? » (Monfalcon, Hist. de Lyon. t. III, p. 1056.) En 1800, le premier président Vouty mandait aussi au gouverne­ ment, comme organe du Conseil général du Rhône, lorsqu'on voulut imposer au. commerce lyonnais des inspecteurs généraux : « Le « commerce est inquiet, ombrageux, il aime la '.liberté, et quand on « le gêne, il cherche un asile qui lui plaise. Venise, la Hollande, les « villes hanséatiques, Gênes, Genève en sont de frappants exemples, « Lyon même n'a fleuri sous les rois que parce qu'il avait une liberté « réelle, sous le nom de franchises, libertés, qu'il nommait ses ma- « gitrats municipaux, son prévôt des marchands et qu'il se gardait « lui-même. Ainsi, quoi qu'en dise la calomnie, la postérité saura que « Lyon, en 1793, ne s'est battu que pour la liberté, et que c'est pour « cela qu'il a montré une si rare énergie. » (Éloge du premier prési­ dent Vouty.) 9 On m'objectera peut-être également que mes doléances au sujet de la bibliothèque du Palais-des-Arts ne sont pas fondés davantage ; car ce dépôt, si bien administré par ses savants conservateurs, n'a-t- il pas un local digne de lui et ne répond-il pas à tous les besoins ? Sa salle est vaste et bien éclairée ; ses aménagements sont parfaits, Chaque année, il complète ses collections et les tient au niveau des sciences et des arts. Je concède tout cela, mais le local qu'occupe cette bibliothèque devrait-il lui appar­ tenir, alors que nos belles collections des antiques étouffent à côté dans leurs étroites galeries et ne peuvent môme pas exhiber tous leurs trésors au public studieux ? Ce local est-il, du reste, assez vaste lui-même pour tous ses livres ? car une bibliothèque ne demeure jamais stationnaire. Elle s'accroît journellement, sans cesse, toujours ; elle a besoin journellement de nouveaux espaces, de nouveaux rayons et de tables de plus en plus longues pour suffire à ses lecteurs dont le nombre s'accroît sans relâche. Enfin nos bibliothèques populaires répondent-elles à leur destination ? ou n'est-ce pas une création demeurée à l'état de germe et qui doit recevoir un prochain et prompt développement ? Ces diverses considérations m'ont donc engagé à signa­ ler à l'autorité compétente les imperfections de nos di­ verses bibliothèques, à lui exposer, en même temps, les améliorations qu'elles réclament si impérieusement, et le perfectionnement qu'on pourra leur donner le jour où la ville aura restauré ses finances et repris ses allures habi­ tuelles.

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