PRÉFACE Le but que, de tout temps, les Comités Arméniens ont poursuivi vis-à-vis du Gouvernement Ottoman, se tmuve aujourd'hui nettement établi par des preuves et des documents irréfutables. La Question Arménienne, surgis à une &poque où le Gouverne- ment Ottbman se tliouvait aux prises aves des difficultés intérieures et extérieures, fut soulevée en 1878, après la guerrie turico - russe, et fit l'objet de l'article 16 du traité de San - Stéfano et de l'article 61 du traité de Berlin. Elle fut ensuite mise en avan.t à chaque occasion et, tantôt en perdant de sa gravité, tantôt en servant à l'Europe de prétexte à intervention dans les affair-es de l'Empire, elle s'est prolongée jusqu'à ces derniers temps. mais c'est surbut après la guerre balkanique, qu'elle est entrée dans sa phase la plus aigiie. Des aomités arméniens, les uns, *tels que le Hintchak, le Tachnaktzoutioun, le Ramgavar et le Veragazmial Hintchak, lavaient un caractère es~slen'tiellementpolitique. D'autrels, tels que le Paré - Kourzagan, le Miatzial, etc. travaillaient, en appalwnce, dans des buts philantropiques pour assurer, soi-disant, le bien-être de leurs conationaux, mais, au fond, ne différaient nullement des premiers; et tous avaient dans leur sein des nationalistes exaltés dépourvus de tlout bon sens, et des gens sans aveux embauchés par l'or russe, anglais et franqais. L'histoire de ces comités, les phases par lesquelles ils ont passé depuis un demi siècle, sont pleines d'évènements tragiques et de crimes horrilbles et répugnants, abusant des dispositions bienveillantes du Gouvernement Impérial à l'éigard des Arméniens et de la confiance toute fraternelle que les Musulmans n'aivaient jamais cessé de leur tçmoigner les considérant comme sincèrement attachés à la patrie commune, ces comités n'ont jamais cessé de profiter de toute occasion pour saper les baises de l'Etat, mettre le pays à fieu et à sang et créer et entretenir la haine et la discorde entre l'es deux élem~ents.Tous les moyens leur paraissaient bons pour y arriver. Aussi, n'hésitèrent-ils pas à se servir de leurs Chefs religieux, pmfess~eurset hommes de lettres, comme instruments de leurs visées et, tout en se p&Wadt hypocritement d'une face de compatriotes innocents, ils ne se faisaient nul scrupule d7eimpiéter sur les droits les plus naturels du Gouverne- ment et des Turcs, et, conformément à un programme des mieux ordonnés, de semer, jusque dans les plus petites localit6s, le germe de la destruction de l'Ébat. Ils étaient secondés dans leur tache par bous ceux qui, travaillant en apparence, pour donner corps aux aspirations des Arméniens, n'agissaient en réalité que dans un ibut de vilse et basse politique. Tels, Gladstone, qui proclamait que «Aider les Arméniens, c'est servir l'humanité» et Pierre Gaillard, et d'autres enoore. Ceci a été pleinement confirmé par les preparatifs auxquels se sont livrés les Arméniens avant la guerre générale - sans parler de plus loin - et les évèlnanents et agissements qui ont suivi l'entrée de la Turquie dans cette guerre Les Russes qui, après les inci~àerrtspmvoqucs par l'administmtion de Galitzine au Caucase, voulaient détourner l'attention des Arméniens de cette contrée pour pouvoir lmi~euxy appliquer leur système de russifioation; les Anglais et les Franqais, dont les Armeniens croyaient obtenir leur indépendance, s'assurèrent leurs services en faisant miroiter à leurs yeux la réalisation de leurs aspirations. Aussi, dès le début de la )guerre générrale, les Arméniens, embrassant sans hésitation le parti de l'Entente, et s'imaginant que le moment de voir prendre oorps à leur idéal national étai4 arrivé, se livrèrent - ils, ouvertement, là des menées hostiles contre le Couvernem~entIimpérial en s'inscrivjant aomlme volontaires dan's les (armées russw, organisant des «R&gimentsde vengeanGe», faisant de l'espionnwge, attaquant les convois militaires et s'insungeant publiquement en plusieurs villes, notamment à Van, Bitlis, Mouche, Cara-Hissar' 1-Charki, Ze'itoun, Marache et Ouda. Ces héros, dont la presque totalité était de Turquie, armés et équipés aux frais et par les soins des lConsuls russes, anglais et français, et 'bénis par leur Cathfolicos, furent exp6diés A la frontière du Caucase. Les journaux français et anglais célébrèrent leurs mérites et publièrent leurs portraits, et les communiqués officiels russe's mentionnèrent lanreic élages et gratitude l'activité et les succès de ceux qui, tout en délivrant leur patrie, se sacrifiaient pour le compte de l'Entente. Naturellement on ne puwait s'arrêter en si bon chemin. Comme de coutume, il fallait, par la pmpargation de fausses nouvelles, intervertir les rôles, poser les assailllants en victimes innocentes, et faire moire à des attentants et des massacres contre une malh1eureuse population calme et paisi'ble, pour attirer sur elle la compassion de 1'Etranger. C'est ce qu'on ne manqua pas de faire. Le Gouvernement Impérial, jusque bien longtepms lapré8 son entrée en guerre, ne prilt oontre l'insurrection que des mesures préventives locales. Ce n'est que lorsque les attaques révolutionnaires, exécutées conlformément à un plan déteminé, furent dirigées contre ses points vitaux les plus sensibles que, dans le (but,bien lé,gitime, de rendre le mouvernient stérile, il se décida à [adopter,spécialtement dans lles zônes de guerre, des dispsiti~onsen rapport avec lia gravité exceptionnelle des circonstances. C'est abrs que s'élevèrent de nouvell'es clameurs et que ceux qui avaient oompté sur les Arméniens se livrèrent 6 toutes espèces d'alleigations et d'imputations contre le Oouverneiment Turc. Des publicistes ententistes ignomnt tout des conditions sociales et de l'histoire de la Turquie et des Arméniens, se mirent à écrire sur les atnocités arméniennes. Les Anglais, qui, ouibliant l'Egypte, les Indes, l'Irlande et l'Afrique #dusud, prétendent aomibattre pour le droit des petites nations; les Russes qui trouvaient autrefois leur plaisir à envoyer les Arméniens à la potence ou aux steppes de Sibérie et que ceux-ci qualifiaient de «ravi~sseursde leur âme», s'érigèrent cette fois en champions des opprimés et portèrent la Question Arménienne jusqu'aux triibunes de la Douma et des Communes. Que les Arméniens aient trahi, cela est plus qu'évidant. Et, cette triahison, ils l'ont-par des compl~otset des attentats r&gulièrement oflganisés, et au cours d'une guerre terriible ioù l'existence et l'ind6pendance du pays sont en cause-dirigée contre 1'Etat sous l'&gildeduquel ils ont pu conserver leur langue, leur religion et leur nationlalité, qui les a toujlours traités avec égards et bienveill~ance,a toujours respecte ieos 'droits, et leur a laislsé pleine liberté dans leurs afflaires nationales et religieuses, tout en leur octroyant de larges privilèges. Avant, aussi bien qu'après, la pnoclamation de la constitu- tion, le parti Unilon et Pmgrès tout spécialement, avait convié les comités arméniens à une action commune. Ils jugèrent plus opportun de servir d'instrument aux visées étrangères et de propager la mésintelligence et la discorde entre les éléments Ottomans. Pendlant la guerre balkanique, ils se rendirent uoupables des !méfaits les plus abominables à Malgara, Kéchan, Rodosto, et Andrinople; dans la question des réformes des paovinces orientales de l'Asie Mineure, ils se livrèrent à toute espèce )de démarohes 'blessantes pour l'amour propre nationla1 des Ottomans et, dans la guerre générale, au lieu de défendre le pays qui, pendant des siècles, avait assuré leur prospérité et leur bien-être, ils préférèrent l'attaquer !par des coups lâches et perfiides. Ce sont des faits oonnus set que, les pikes qui vont suivre, établissent d'une façon incontestable. Four bien juger de la Question Arménienne, et surtout des derniers évènements, il faut examiner l'action des comités dans les différentes phases d~eleur activité, ainsi que les agissements des Patriarches, Chefs religieux et autres ~persannalitésjouissant d'une certaine influenoe auprès de leurs conationaux et appelés par leur autorité à !diriger et à rélgler les mouvements 'et les affaires de ces comités. Cet exlamen compriendra conséquemment deux parties : la première se ~iapporteraaux personnalités en jeu pendant la période prilmitive de la Question Arménienne et à l'actiwité des ccunités jusqu'à la guerre générale; la seconde traitera de l'époque ultérieure. PREMI~REPARTIE Les Armeniens de Turquie sont, depuis le quatamihe siècle, sous l'administration et la sujétion de l'Empire Ottoman. Le Gouvernement Impérial a, de tout temps, traité avec bienveillance l'élément arménien, respectant ses droits en matières nationale et religieuse et lui octroyant des privilèges spécilaux aptes à assurer sa prospérité et ses pmgrès intellectuels et sociaux. 11 témoigna en outre sa confiance aux Arméniens en les appellant aux fonctions les plus importantes de l'Empire. Mahommet II le Conguérant, qui, aprèis la prise de Cons- t'antin~ople,avait fait venir un certain nombre d'Arméniens d'Asie dans sa nouvelle capitalle, institua en leur fmeur un Paitriarcat en 1461. Ils (bénéficièrent, en outre, des droits octroyés 6 différentes &poques par les Firmans Impériaux de réfoiïmes et, en 1860, il leur fut accordé l'lautorisation de constituer un consleil spécial qui, sous le nom d'Assemblée Nationale Arménienne devait discuter et régler leurs affaires relirgiuses, nationales et sooiiales. Comme conséquences de ces priviléiges, et, tandis que dans les autries pays, et particulièrement en Russie, les Arménilens, en butte. aux pires avfanies, gémissaient sous le joug du despoibsme tserien, voyaient leur Caîholioos dejstitué et ses biens confisqués, l'ouverture des écoles, même él&mentaires, interdite, l'enseignement en langue arménienne prohibé, la liberté de voyage et de circulation limitée, les droits de réunion et de publication, soumis à mille restrictions, leurs oonationaux, un peu en vue, traités en criminels politiques et déportéls avec leurs familles en Sibérie ou au Cauclase, ceux de Turquie, sous le regard pateralel de l'Autorité, tenaient ouvertement leurs assises, let discutaient en pleine liberté, les questions naltionales.
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