![Mardi 13 Janvier Nathalie Stutzmann | Inger Södergren N a Th a Lie S Tu](https://data.docslib.org/img/3a60ab92a6e30910dab9bd827208bcff-1.webp)
Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Mardi 13 janvier Nathalie Stutzmann | Inger Södergren Dans le cadre du cycle La fin du temps Du mardi 13 au jeudi 22 janvier 2009 Mardi 13 janvier Mardi 13 | Inger Södergren | Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Nathalie Stutzmann Cycle La fin du temps « Quand ils sentent approcher l’heure de leur mort, les cygnes chantent ce jour-là plus souvent et plus mélodieusement qu’ils ne l’ont jamais fait, parce qu’ils sont joyeux de s’en aller chez le dieu dont ils sont les serviteurs » : la légende, contée ici par Socrate dans le Phédon de Platon, a traversé les siècles et les frontières, de l’Antiquité d’Homère, Ésope ou Ovide à l’Angleterre de Shakespeare et Tennyson, l’Allemagne de Bürger et Brentano ou la Russie de Tchekhov. Cette prescience de la mort portée par l’espoir de la transfiguration, Schubert l’a évoquée au début des années 1820 avec un poème de son ami Johann Chrisostomus Senn (Die Schwanengesang D 744) ; mais le « chant du cygne » que retiendra la postérité, c’est celui des lieder composés durant les derniers mois, d’août à octobre 1828, organisés en recueil après la mort du compositeur par l’éditeur Tobias Haslinger, qui leur donna le titre sous lequel ils sont connus. Schwanengesang, interprété le mardi 13 janvier par Nathalie Stutzmann et Inger Södergren, est un album composite, pour la simple raison que Schubert ne l’avait pas pensé comme un ensemble mais prévoyait deux publications différentes, l’une pour les lieder d’après Rellstab, l’autre pour lesHeine-Lieder (à ces deux cahiers, Haslinger ajouta le léger Die Taubenpost, sur un poème de Seidl). Les premiers sont caractérisés par leur élan musical, dû en grande partie à un piano très présent, d’une grande richesse ; si les thèmes restent proches des préoccupations schubertiennes (chants d’amour pour la bien-aimée, adresses à la nature, douleurs de la séparation…), tout pathos en est absent. Les lieder d’après Heine paraissent, eux, bien plus testamentaires : tendus, au-delà du lyrisme, flirtant parfois avec le presque rien, jusqu’aux mirages de Die Stadt ou du Doppelgänger, ce double halluciné. La mort, qui « voue l’homme et tout ce qu’il entreprend à l’incomplétude » (Christian Godin), vint bien souvent mettre le point final à une œuvre ; rares furent les artistes, tel Rimbaud, qui choisirent délibérément la voie du silence et que la Faucheuse trouva sans projets ni brouillons. Pour un Rossini (et encore !) ou un Sibelius, combien de Mozart (Requiem), de Puccini (Turandot) et de Berg (Lulu, dont le compositeur, face à l’impossibilité d’achever, tira une suite l’année même de sa mort) – ou, du côté littéraire, de Novalis, de Stendhal et de Musil ! Ainsi de Debussy, qui ne réussit à arracher aux « usines du Néant » (selon son expression) que trois des « six sonates pour divers instruments composées par Claude Debussy, musicien français » prévues à l’été 1915. Ainsi de Purcell pour le semi-opéra de Thomas Durfey d’après Don Quichotte ; si les rushes du Don Quichotte d’Orson Welles ont attendu trente-cinq ans pour être finalement montés en 1994, presque dix ans après la mort du cinéaste, celui de Purcell, Eccles et Durfey se voit reconstitué par Philip Pickett et Peter Holman quelque trois cents ans après sa création. Angèle Leroy du mardi 13 au jeudi 22 janvier MARDI 13 JANVIER – 20H SAMEDI 17 JANVIER – 20H MARDI 20 JANVIER – 20H Franz Schubert Don Quixote – Version de concert Veli-Matti Puumala Drei Klavierstücke D 946 Seeds of Time, concerto pour piano et Schwanengesang D 957 Semi-opéra de Henry Purcell orchestre et John Eccles Alban Berg Nathalie Stutzmann, contralto Livret de Thomas Durfey d’après Cervantès Lulu Suite Inger Södergren, piano Reconstitution réalisée par Philip Picket et Peter Holman Ensemble intercontemporain Orchestre du Conservatoire de Paris MERCREDI 14 JANVIER – 15H New London Consort Susanna Mälkki, direction JEUDI 15 JANVIER – 10H ET 14H30 Philip Pickett, direction Hendrickje van Kerckhove, soprano SPECTACLE JEUNE PUBLIC Joanne Lunn, Une Bergère, Mellissa, Hidéki Nagano, piano Altisidora Carton Park Julia Gooding, Urganda, Marcella, Celida Concert électro-vidéo Dana Marbach, Une Bergère, La Dame, MERCREDI 21 JANVIER – 15H La Joie JEUDI 22 JANVIER – 10H ET 14H30 Juicy Panic / Gangpol und Mit Andrew King, Un Chevalier, SPECTACLE JEUNE PUBLIC Mami Chan, claviers, voix L’Amoureux, Hymen Norman Bambi, laptop, guitares Joseph Cornwell, Sancho, Saint-George La Boîte à joujoux Gangpol, laptop, ukulélé Michael George, Un Berger, Cardenio, Fantaisie lumineuse Guillaumit, graphisme, vidéo La Discorde Simon Grant, Montesmo, Jacques Musique de Claude Debussy Mark Rowlinson, Prologue, Texte d’André Hellé un Chevalier, un Galérien, Lissis Le Piano Ambulant François Salès, manipulations, caméra DIMANCHE 18 JANVIER – 16H30 et boniments Christine Comtet, flûte, orgue indien, Claude Debussy papier de verre Sonate pour violon et piano Antoinette Lecampion, violon, alto, Sonate pour violoncelle et piano crécelle, mélodica Sonate pour flûte, alto et harpe Joël Schatzman, violoncelle, cymbale Olivier Messiaen indienne Quatuor pour la fin du Temps Sylvie Dauter, piano, carillon, kazoo Olivier Charlier, violon Bénédicte Ober et André Fornier, Sabine Toutain, alto mise en scène Anne Gastinel, violoncelle Pierre-Yves Boutrand, lumière et Juliette Hurel, flûte scénographie Florent Héau, clarinette Michel Béroff, piano Christine Icart, harpe MARDI 13 JANVIER – 20H Salle des concerts Franz Schubert (1797-1828) Drei Klavierstücke D 946 entracte Schwanengesang [Le Chant du cygne] D 957 Nathalie Stutzmann, contralto Inger Södergren, piano Ce concert est surtitré. Fin du concert vers 21h45. 5 Franz Schubert (1797-1828) Drei Klavierstücke D 946 Allegro assai Allegretto Allegro Durée : environ 25 minutes. Les trois Klavierstücke D 946 sont d’une forme presque identique : une sorte de rondo (c’est-à-dire un thème-refrain initial entrecoupé de deux ou trois couplets différents). L’enchaînement de leurs tonalités, ainsi que la succession des tempos (vif-lent-vif), incite à les considérer comme une sorte de sonate. Mais chacun d’eux se présente aussi de façon fermée, comme un univers poétique et dramatique parfaitement indépendant. Le n° 1, en mi bémol mineur, d’une magnifique exaltation symphonique en son thème-refrain, voit se succéder deux couplets poignants de lumière et d’une sorte de mode « alpestre » et tyrolien… (On songe bien sûr ici au Pâtre sur le rocher, pour soprano, clarinette et piano, de la même année – 1828). Le n° 2, en mi bémol majeur, s’ouvre sur un thème d’une paix merveilleuse, semblant s’élever vers la joie en deux marches successives (par la densification de l’harmonie). Les deux « couplets » alternant avec ce thème ouvrent des mondes beaucoup plus tourmentés : martèlements, chevauchées, obsession, onirisme… Le n° 3, en ut majeur, avec sa vivacité, ses accents décalés et son caractère jubilatoire ouvre, en second thème, une sorte d’hymne germanique plein de ferveur (tout à la fois Volkslied et chant de gloire habsbourgeois). Au centre de ce finale du cycle, des tournoiements, des effets d’hypnose, de transe, avant le retour du thème fédérateur des cœurs… 6 Schwanengesang [Le Chant du cygne] D 957 Liebesbotschaft [Message d’amour] Kriegers Ahnung [Pressentiment du guerrier] Frühlingssehnsucht [Désir du printemps] Ständchen [Sérénade] Aufenthalt [Séjour] In der Ferne [Au loin] Abschied [Adieu] Der Atlas [Atlas] Ihr Bild [Son image] Das Fischermädchen [La Fille du pêcheur] Die Stadt [La Ville] Am Meer [Au bord de la mer] Der Doppelgänger [Le Double] Die Taubenpost [Le Pigeon voyageur] Durée : environ 45 minutes. Le recueil de lieder portant le titre apocryphe de Schwanengesang [Le Chant du cygne] a été publié par l’éditeur viennois Haslinger en mai 1829, quelques mois après la mort de Schubert. Il est constitué des tout derniers lieder du compositeur et comprend sept lieder sur des poèmes de Rellstab, six sur des poèmes de Heine et un sur un poème de Seidl. L’ensemble apparaît comme une sorte de condensé des modes expressifs qui caractérisaient les cycles de La Belle Meunière (1823) et du Voyage d’hiver (1828) : de la vivacité des évocations printanières à la fantasmagorie mélancolique du voyageur solitaire. Paysages sentimentaux Comme souvent chez Schubert, le paysage forme métaphore du sentiment. Ondoiements du ruisseau pour Liebesbotschaft, frémissement de la brise pour Frühlingssehnsucht, rochers menaçants pour Aufenthalt suscitent des figurations musicales d’une forme souvent strophique et régulière. Globalement, ce sont plutôt les poèmes de Rellstab qui relèvent de ce mode particulier, mais le lied Das Fischermädchen de Heine peut aussi y être associé, ainsi que Die Taubenpost, sur un poème de Seidl, qui clôt le recueil. Comme pour La Belle Meunière, la thématique du printemps, que l’on retrouve dans maintes productions schubertiennes (dont la séquence finale du Pâtre sur le rocher, contemporain de ce cycle), fait office d’ancrage bienheureux dont le poète comme le musicien vont se servir pour accentuer d’autant plus fortement les éclairages mélancoliques des autres pièces du recueil. La fameuse sérénade (Ständchen) constitue de ce point de vue une sorte de quintessence des deux modes : on ne sait si la musique exprime ici la paix de l’amour heureux, l’intensité anxieuse du désir ou déjà la nostalgie d’un bonheur passé. 7 Le funèbre aujourd’hui En grand contraste avec la légèreté bondissante des lieder printaniers, plusieurs des pièces du recueil proposent de véritables plongées dans un monde de ténèbres et de mélancolie. Kriegers Ahnung et In der Ferne, tous deux sur des poèmes de Rellstab, fonctionnent un peu sur le même mode : présentation d’un motif de caractère funèbre, au rythme régulier, qui va se voir ensuite animé par tout un système d’arpèges et d’intensification de l’accompagnement, associé à de savantes modulations.
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