Deuxième article : La ‘‘phagocytose’’ urbaine : le phénomène et ses implications sur le plateau d’Allada au Sud-Bénin Par : C. C. Gnimadi, M. D. Toffi et S. M. I. Hoteyi Pages (pp.) 9-20. Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin (BRAB) - Numéro spécial Agro- biodiversité et Santé Publique – Septembre 2014 Le BRAB est en ligne (on line) sur les sites web http://www.slire.net & http://www.inrab.org ISSN sur papier (on hard copy) : 1025-2355 et ISSN en ligne (on line) : 1840-7099 Bibliothèque Nationale (BN) du Bénin Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) Centre de Recherches Agricoles à vocation nationale basé à Agonkanmey (CRA-Agonkanmey) Service Informatique Scientifique et Biométrique (PIS-B) 01 BP 884 Recette Principale, Cotonou 01 - République du Bénin Tél.: (229) 21 30 02 64 / 21 13 38 70 / 21 03 40 59 ; E-mail : [email protected] / [email protected] 1 Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin (BRAB) Numéro spécial Agro-biodiversité et Santé Publique – Septembre 2014 BRAB en ligne (on line) sur les sites web http://www.slire.net & http://www.inrab.org ISSN sur papier (on hard copy) : 1025-2355 et ISSN en ligne (on line) : 1840-7099 La ‘‘phagocytose’’ urbaine : le phénomène et ses implications sur le plateau d’Allada au Sud-Bénin C. C. Gnimadi4, M. D. Toffi4 et S. M. I. Hoteyi5 Résumé L’objectif de l’étude est d’analyser les facteurs et répercussions de la phagocytose urbaine sur le plateau d’Allada au Sud-Bénin indispensable à une proposition des perspectives pour le phénomène. L’approche méthodologique a été basée sur la synthèse bibliographique et des enquêtes semi- structurées auprès de 629 ménages agricoles avec un échantillonnage à choix raisonné. Les données des quatre recensements généraux de la population et de l’habitation du Bénin ont été utilisées. Les résultats ont montré que de 1921 à 2002, le taux d’accroissement de la population de la ville de Cotonou a été de 30.303% et sa fonction résidentielle a été récupérée par les communes environnantes d’Abomey-Calavi, de Ouidah, d’Allada, de Tori-Bossito, de Zè et de Toffo. Ainsi, le manque de terre suite à l’urbanisation sur le plateau d’Allada a contraint 52% des agriculteurs à ne plus pas pratiquer la jachère. Les 80% de la population sans revenus vivant sur le plateau d’Allada s’étaient éternisés sur les mêmes surfaces d’où la réduction de la jachère à 1,85 ± 0,702 années voire sa suppression. En somme, la population d’un million d’habitants dans la ville de Cotonou sur une superficie de 79 km² entraîne une congestion urbaine ainsi qu’un déversement de son trop plein dans les communes environnantes et crée le phénomène de ‘’phagocytose’’ urbaine. Mots clés : milieu rural, agglomération urbaine, terres agricoles, économie agricole. City ''phagocytosis'': the phenomenon and its impacts on the plateau of Allada in Southern Benin Abstract The study aims to analyze the factors and impacts of urban phagocytosis on Allada Shelf in Southern Benin and provide perspective for the phenomenon. The methodological approach is based on the literature review and the field survey near 629 farm households with a purposive sampling. Data from four general censuses of population and housing in Benin are used. The results showed that from 1921 to 2002, the increasing rate of the population of Cotonou was 30,303% and his residential function is recovered by surrounding municipalities of Abomey-Calavi, Ouidah, Allada, Tori-Bossito, Zè and Toffo. Thus the deficit of land caused by the urbanization on Allada Shelf was lead 52% of farmers to not more practice fallow. Also 80% of population without income living in Allada Shelf was immortalized on the same surfaces with the reduction of the fallow at 1.85 ± 0.702 years or the deletion of the fallow. In conclusion a million people in Cotonou city on an area 79 km2 causes an urban congestion and its overflow in the surrounding municipalities and creates the phenomenon of 'phagocytosis' urban. Keywords: rural, urban area, agricultural land, agricultural economy. INTRODUCTION L’explosion urbaine marque particulièrement l’Afrique subsaharienne (CSAO/OCDE, 2007). L’urbanisation de cette partie de l’Afrique évolue avec un taux qui est passé de 15% en 1960 à 40% en 1990 avec une projection démographique qui va atteindre les 60% pour 2030 (Bossard et al., 2007). L’Afrique subsaharienne comptait à peine 20 millions d’habitants en 1950, soit 11,50% de la population totale contre 330 millions d’âmes en 2005, soit 41,4% de la population totale (Dubresson, 1996). Le processus de transformation chronologique de l'espace et des sociétés (Coquery, 1993) est la conséquence de l’urbanisation. Les répercussions du processus d’urbanisation diffèrent selon les pays. Le plateau d’Allada au sud de la République du Bénin n’échappe pas à ce mouvement de forte croissance urbaine qui n’est pas récent au Bénin. 4 Dr Clément Codjo GNIMADI, Economie Locale et Développement Participatif, Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique, Tél. : (+229) 95 59 43 41/97 49 7 -34, E-mail : [email protected], République du Bénin Dr Mathias Dossou TOFFI, Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique, Tél. : (+229) 95 78 94 76/97 89 89 14, E-mail : [email protected], République du Bénin 5 Dr Sêmassa Mohamed Ismaël HOTEYI, Direction Départementale de la Santé de l’Ouémé & Plateau (DDS-OP), Tél. : (+229) 95 42 35 99/97 62 44 13, E-mail : [email protected], République du Bénin 9 Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin (BRAB) Numéro spécial Agro-biodiversité et Santé Publique – Septembre 2014 BRAB en ligne (on line) sur les sites web http://www.slire.net & http://www.inrab.org ISSN sur papier (on hard copy) : 1025-2355 et ISSN en ligne (on line) : 1840-7099 Au Bénin, le taux d’urbanisation est passé de moins de 10% en 1960 à 26,5% en 1979, puis à 35,9% en 1992 pour se situer à 36,7% en 2002 (INSAE, 2003). La mutation de l’espace se traduit par l’extension et l’étalement urbain caractérisant les espaces et les agglomérations périphériques (Toffi, 1980). La ville de Cotonou étend son aire d’influence à la campagne plus ou moins proche. A la périphérie de la ville de Cotonou, des bidonvilles s’observent et leur présence s’explique par la position excentrée de cette métropole Cotonou qui domine et polarise l’espace national. Le phénomène urbain s’est considérablement accéléré au cours des deux dernières décennies sur le plateau d’Allada. La phagocytose urbaine concrète ou processus de périurbanisation concerne les villes d’Abomey-Calavi, Allada, Ouidah, etc. sur le plateau d’Allada. La spatialisation disséminée des fonctions urbaines (zones d’activités économiques, zones d’habitat, infrastructures routières, etc.) est au centre des transformations spatiales actuelles dont le recul graduel de l’agriculture et des paysages agraires du milieu rural constituent la principale conséquence (Houimli, 2008). Le processus d’extension de la ville dans les campagnes proches de la métropole Cotonou conduit à la requalification fonctionnelle de l’espace rural et le passage de la terre agricole au sol urbanisable (Gnimadi, 2012). Le problème soulevé révèle que le processus informel de l’étalement urbain ne prend souvent pas en compte les besoins spécifiques des populations disposant d’un faible pouvoir d’achat et perdant leur capital productif qui est la terre. La forte urbanisation et la forte démographie soumettent le plateau d’Allada à la déstructuration de son espace et la disponibilité et l’accessibilité des terres engendre des conflits fonciers. Quels peuvent être les impacts de l’étalement urbain sur l’hinterland des villes où les populations du plateau d’Allada pratiquent des activités agricoles ? L’objectif de l’étude est de faire ressortir les répercussions de l’étalement urbain sur les espaces agricoles. MATERIEL ET METHODES Milieu d’étude et collecte des données Le plateau d’Allada situé dans le grand bassin sédimentaire côtier des pays du Golfe de Guinée entre 6° 21’ et 6° 50’ de latitude Nord, 2° et 2° 20’ de longitude Est (Figure 1). Il est limité administrativement au nord par le département du Zou, au sud par l’océan atlantique, à l’est par le département de l’Ouémé et à l’ouest par celui du Couffo. Conformément à la figure 1, le secteur d’étude est limité au nord par la dépression de la Lama, au sud par les cordons sableux du quaternaire, à l’ouest par le fleuve Couffo et le lac Ahémé le séparant du plateau de Bopa et à l’est par la vallée du fleuve Ouémé et de la Sô le séparant du plateau de Porto-Novo - Pobè. Il couvre une superficie de 2000 km² (Mondjannagni, 1977) soit 1,78% de la superficie du Bénin contre 62% pour le département de l’Atlantique (Gnimadi, 2012). C’est un milieu géographique qui a connu une évolution et des mutations dans le temps. La méthodologie adoptée pour mener à bien le travail est basée sur la recherche documentaire et les enquêtes de terrain menées dans les sept communes Abomey-Calavi, Allada, Ouidah, Kpomassè, Tori-Bossito, Toffo et Zè du département de l’Atlantique. La recherche documentaire a permis de cerner les contours du concept de l’urbanisation et d’évaluer son ampleur dans le milieu d’étude. A la documentation, se sont ajoutés les travaux de terrain menés en décembre 2010. L’enquête de terrain a pris en compte 1.230 chefs de ménages sur la base d’un échantillonnage aléatoire à choix raisonné dont 629 soit 38,78 % sont des exploitants agricoles de la région contre 17,80% qui pratiquent le commerce, 14,47% pour l’artisanat, 9,35% pour l’administration, 8,37% pour le transport et 1,14% pour l’élevage.
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