TAS 2009/A/1828 Olympique Lyonnais C

TAS 2009/A/1828 Olympique Lyonnais C

Tribunal Arbitral du Sport Court of Arbitration for Sport Arbitrage TAS 2009/A/1828 Olympique Lyonnais c. US Soccer Federation (Sonia Bompastor) & TAS 2009/A/1829 Olympique Lyonnais c. US Soccer Federation (Camille Abily), sentence du 18 mars 2010 Formation: Me Olivier Carrard (Suisse), Président; Prof. Jean-Pierre Karaquillo (France); Me Jean- Jacques Bertrand (France) Football Délivrance d'un Certificat International de Transfert (CIT) Jonction de procédures Absence de qualité pour faire appel d'un club à l'encontre d'une décision du Juge Unique de la FIFA relative à la délivrance d'un CIT Qualité pour défendre dans le cadre d'un appel dirigé contre une décision du juge unique de la FIFA 1. En application de l'art. 23 al 3 RSTP, il est possible de recourir au TAS contre une décision du Juge unique de la FIFA relative à la délivrance d'un CIT, même si celle-ci n’est pas une décision au fond et ne constitue qu’une décision intermédiaire, c’est-à- dire une étape dans le litige entre les parties. L'alinéa 3 de cette disposition ne fait pas de distinction entre les décisions en matière de CIT et les décisions provisoires autorisant l’enregistrement du joueur. 2. Lorsque deux procédures sont fondées sur des faits identiques et que les deux décisions attaquées ont le même contenu, sous réserve de quelques spécificités mineures, il se justifie que la Formation se détermine au sujet des deux litiges en une seule sentence. Cette manière de procéder n’est certes pas prévue expressément par le Code, mais elle répond à un impératif d’économie de procédure, qui est un principe général du droit suisse, applicable à titre subsidiaire. 3. Les règlementations de la FIFA ne définissent pas clairement quelle entité doit revêtir la qualité d’appelant dans une procédure d’appel contre une décision du Juge unique. Cependant, la procédure d’émission des CIT est clairement définie dans le RSTJ comme se déroulant entre fédérations nationales. De ce fait, un club ne peut pas participer à la procédure devant le Juge unique. Il n’y a donc aucun motif pour qu'un club puisse ensuite faire appel de la décision du Juge unique dans ce domaine. En outre, même si selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, le droit suisse, applicable à titre subsidiaire, prévoit que dans le cas d’associations faîtières, le membre indirect peut aussi attaquer les décisions de l’association, selon la jurisprudence du TAS, la qualité de membre indirect ne peut être attribuée à des clubs de football en cas de réglementations claires de l’association. 4. Ni l’art. 23 du RSTJ, ni les Statuts de la FIFA, en particulier les art. 62 et suivants des Statuts, ne précisent qui a la qualité d’intimé dans un appel dirigé contre une décision TAS 2009/A/1928 & 1929 2 Olympique Lyonnais c. US Soccer Federation (Sonia Bompastor & Camille Abily),) sentence du 18 mars 2010 du Juge unique. Le droit suisse étant applicable à titre supplétif, l’art. 75 du CC prévoit le recours d’un membre contre les décisions d’une association. Dans un tel cas, le défendeur est l’association elle-même. Toutefois, selon la doctrine et certaines sentences rendues sous l’égide du TAS, une décision prise par l’association afin de trancher un différend entre deux clubs (membres) ne tombe pas dans la catégorie des décisions qui relèvent de l’art. 75 CC. En effet, dans un tel cas, l’association ne tranche pas une question relative à elle-même dans ses relations avec l’un de ses membres, mais agit en tant qu’organe décisionnel de première instance. Tel est le cas lorsque la FIFA agit comme autorité décidant de l’autorisation ou non d’enregistrer des joueurs de manière provisionnelle puisque la FIFA n'entreprend elle-même rien dans ces affaires, mais se contente d’autoriser une association nationale à procéder aux enregistrements provisoires. La FIFA ne semble ainsi pas devoir être partie aux procédures d’appel dans le cas particulier. Cette conclusion s’impose également en vertu de la définition générale de la légitimation passive (qualité pour défendre) en droit suisse. L’association Olympique Lyonnais (“OL” ou “l’appelante”) est un club de football disposant d’une équipe féminine qui évolue dans le championnat de France, dans la Coupe de France et dans la coupe de l’UEFA. L’US Soccer Federation (“USSF” ou “l’intimée”) est l’organisation faîtière regroupant les clubs de football aux Etats-Unis. Mmes Camille Abily et Sonia Bompastor (“les deux joueuses”) sont actives en tant que joueuses de football. Après avoir évolué au sein de l’OL, elles jouent depuis février 2009 dans deux équipes américaines. Les circonstances dans lesquelles ces deux joueuses ont quitté l’OL ont donné naissance au présent litige. Mme Camille Abily, née le 5 décembre 1984, a été recrutée au sein de l’OL dans le courant de l’été 2006. En effet, Mme Abily a été engagée par l’OL tout d’abord par une lettre du 14 juin 2006, contresignée par elle, puis par un “contrat de travail à durée indéterminée” du 1er août 2006, accompagné d’un avenant du même jour. Quant à Mme Sonia Bompastor, née le 8 juin 1980, elle a été recrutée par l’OL à la même période. Ainsi, Mme Bompastor a également été engagée par l’OL tout d’abord par une lettre du 14 juin 2006, contresignée par elle. Ensuite, les parties ont signé un “contrat de travail à durée indéterminée” du 1er août 2006, accompagné d’un avenant du même jour. De plus, Mme Bompastor a également été engagée par la société SAS OL Images par contrat séparé du 1er août 2006, accompagné d’un avenant. TAS 2009/A/1928 & 1929 3 Olympique Lyonnais c. US Soccer Federation (Sonia Bompastor & Camille Abily),) sentence du 18 mars 2010 Les lettres et contrats susmentionnés ont un contenu identique, dont les points suivants doivent être relevés. Dans ses lettres du 14 juin 2006, l’OL confirme “les propositions contractuelles que nous avons évoquées en date du 6 juin lors de notre rendez-vous” et précise que les joueuses sont engagées “dans le cadre du statut de joueuse amateur pour respecter la réglementation en cours pour le football féminin”. En outre, l’OL demande des deux joueuses un “engagement minimum de trois saisons”. Enfin, l’OL propose par ces lettres “un contrat de travail à durée indéterminée à temps partiel au sein de l’Association Olympique Lyonnais avec pour mission d’assurer la préparation physique et athlétique des sections sports études ouvertes aux joueuses de la section féminine du club” à Mme Abily et, pour ce qui est de Mme Bompastor, l’OL lui offre “un contrat de travail à durée indéterminée à temps partiel au sein de la filiale «Olympique Lyonnais Image» (OL TV)” et “un contrat de travail à durée indéterminée à temps partiel au sein de l’Association Olympique Lyonnais avec pour mission de participer aux travaux de secrétariat de la section amateur du club”. En outre, Mme Abily peut poursuivre son cursus universitaire. Il est enfin prévu dans le courrier du 14 juin 2006 qui lui a été adressé que Mme Abily reçoive un salaire mensuel brut de € […], une indemnité de logement de € […], ainsi qu’une prime annuelle de € […], et ce malgré le fait que son activité salariée soit uniquement à temps partiel. Quant à Mme Bompastor, il est prévu dans la lettre du 14 juin 2006 qu’elle reçoive un salaire mensuel brut de € […], au total (€ […] par poste), de même qu’une indemnité de logement de € […], ainsi qu’une prime annuelle de € […]. Ces rémunérations sont relatives à l’activité salariée des deux joueuses et non pas à leur activité footballistique. Les contrats du 1er août 2006 détaillent l’accord des parties. Le contenu des contrats concernant les attributions des deux joueuses (art. 2) et leurs salaires (art. 4) est identique à celui des lettres du 14 juin 2006. L’art. 6 des contrats précise que “le Salarié pourra être amené à effectuer des missions, en tout lieu en France ou à l’étranger, que l’Association lui indiquera”. De plus, l’art. 5 du contrat de Mme Bompastor avec l’Olympique Lyonnais Association prévoit que la durée du travail de celle-ci sera de 75,84 heures par mois, soit environ 17,5 heures par semaine, afin de “tenir compte des entraînements, des sélections et des compétitions, auxquels le salarié est susceptible de participer compte tenu de son statut de joueuse de football”. Enfin, selon le contrat de Mme Bompastor avec la SAS OL Images, l’activité à déployer devait être celle d’archiviste. TAS 2009/A/1928 & 1929 4 Olympique Lyonnais c. US Soccer Federation (Sonia Bompastor & Camille Abily),) sentence du 18 mars 2010 En outre, par l’avenant appelé “résiliation amiable du contrat de travail à durée indéterminée signé en date du 1er août 2006”, les parties ont expressément indiqué que l’embauche des joueuses en qualité de salariées “est liée au recrutement de l’intéressé dans l’équipe de football féminine de l’Olympique Lyonnais et ce afin de lui permettre d’assurer un revenu d’activité professionnelle”. Par conséquent, les parties ont prévu que “les relations contractuelles cesseront d’un commun accord à l’issue de la saison de football où le salarié décidera de s’engager avec un autre club”. Enfin, cet avenant prévoit également que “l’Association et le salarié s’engagent l’un envers l’autre à ne pas exercer d’action judiciaire pour tout motif lié à l’exécution et/ou à la rupture par consentement mutuel du contrat de travail”.

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