95, avenue de France – 7e étage – Nord – 75650 Paris Cedex 13 http://www.injep.fr/-centre-de-ressources Contacts : 01 70 98 94 13 – [email protected] Ouverture : du mardi au vendredi de 9h30 à 17h (public interne) et de 13h à 17h (public externe) DOSSIER DOCUMENTAIRE JANVIER 2013 Un an de politiques de jeunesse JANVIER À DÉCEMBRE 2012 PAGE 1 UN AN DE POLITIQUES DE JEUNESSE DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Olivier TOCHE, directeur de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire INTRODUCTION : Francine LABADIE, chef de projet Observatoire de la jeunesse et des politiques de jeunesse RESPONSABLE ÉDITORIAL : Isabelle FIÉVET, coordonnatrice de la mission Documentation CONCEPTION RÉALISATION : Agnès COCHET, chargée de ressources documentaires - documentaliste ISSN : 1763-623X Injep - Etablissement public sous tutelle de la ministre des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative Centre de ressources - 95 avenue de France - 75650 Paris Cedex 13 - Tél : 01 70 98 94 13 - [email protected] - www.injep.fr PAGE 2 UN AN DE POLITIQUES DE JEUNESSE AVanT-PrOPOS année 2012 a été marquée par la tenue d’élections majeures et une alternance politique. C’est donc une période intéressante car propice à l’ouverture de « fenêtres d’opportunités »1 concernant, en l’occurrence, la mise à l’agenda de l’enjeu d’action publique que constitue l’avenir de la jeunesse. En effet, les conditions sont réunies pour des changements de politiques publiques dans la mesure où trois dynamiques convergent L’ pour favoriser des réformes2: La question jeune se pose avec encore plus d’acuité en période de crise (problem stream). On observe en effet un creusement des inégalités entre jeunes3 lié principalement à un déficit d’efficacité du système éducatif, au renforcement de la compétition entre jeunes dans l’accès au marché du travail, à la précarisation des conditions d’emploi et enfin à l’accroissement de la pauvreté juvénile. Ces inégalités intragénérationnelles ne font que renforcer les inégalités intergénérationnelles dans le partage de l’emploi et des transferts. Des pistes renouvelées d’action publique sont disponibles (policy stream), qui résultent tant des expériences des collectivités territoriales devenues des acteurs majeurs en ce qui concerne les parcours et les conditions de vie des jeunes, que des expérimentations sociales lancées par le précédent gouvernement. Par ailleurs, des solutions nouvelles ont été élaborées dans le cadre de l’intense débat qui a précédé l’élection présidentielle4. La perspective d’une action publique transversale en direction des jeunes en sort renforcée, qui se traduit par la relance du comité interministériel de la jeunesse (CIJ). Enfin la victoire du parti socialiste à l’élection présidentielle conduit à faire d’un thème de campagne, la jeunesse, une priorité politique, à l’aune de laquelle sera mesuré le succès du mandat du Président de la République François Hollande, selon ses propres déclarations (political stream). Dans ce contexte, il est intéressant d’analyser, à travers le recensement des textes, documents et méthodes du nouveau gouvernement, quels sont les premiers changements dans l’action publique en faveur des jeunes. La novation est encore peu visible en ce qui concerne les enjeux majeurs d’action publique à l’agenda. La continuité semble l’emporter, si on observe la similarité des priorités, en particulier le caractère central et permanent des questions d’éducation et d’emploi : décrochage scolaire, apprentissage/alternance, … mais aussi l’intérêt particulier porté à la participation des jeunes, en particulier à travers le service civique qui figuraient déjà à l’agenda de la précédente équipe. Un changement d’importance cependant mérite d’être relevé : l’un des enjeux fortement mis en avant durant la présidence Sarkozy -la délinquance juvénile et la sécurité -, n’est plus au premier plan de l’action publique gouvernementale, du moins en début de mandat5. S’y substitue une attention marquée du gouvernement aux conditions de vie des jeunes, à leurs droits sociaux (logement, santé, protection sociale en particulier), et en particulier, à la situation des jeunes précaires (emplois d’avenir, garantie jeune…), au nom du principe réaffirmé de justice sociale. Par conséquent, la philosophie d’action apparaît en rupture avec la perspective précédente – orientée vers la responsabilisation individuelle- et s’inscrit délibérément a contrario dans une visée égalitaire et solidaire. L’action publique en faveur de la jeunesse contribue à la cohésion de la société. Agir pour la jeunesse, c’est agir pour l’avenir 1 John Kingdon, Agendas, alternatives and public policies, Longman classics edition, 2011 [première édition, 1984] 2 John Kingdon, ibidem 3 Inégalités entre jeunes sur fond de crise, rapport de l’observatoire de la jeunesse 2012, Francine Labadie (dir.), INJEP, la Documentation française, décembre 2012. 4 Cf. Un an de politiques de jeunesse, INJEP, janvier 2012 (introduction : Francine Labadie). 5 L’année 2013 devrait voir s’ouvrir la refondation de la justice des mineurs. Injep - Etablissement public sous tutelle de la ministre des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative Centre de ressources - 95 avenue de France - 75650 Paris Cedex 13 - Tél : 01 70 98 94 13 - [email protected] - www.injep.fr PAGE 3 UN AN DE POLITIQUES DE JEUNESSE de la société dans son ensemble ; agir pour la jeunesse, c’est inscrire les interventions publiques en faveur des jeunes dans des politiques de droit commun. Partant, cette démarche conduit à faire de la jeunesse un usage métonymique, comme Patricia Loncle a pu déjà le souligner6 : « Pour l’Etat, il ne s’agit pas tant de développer des politiques substantielles en faveur de la jeunesse que de montrer qu’il place cette catégorie de population au centre de ses préoccupations ». La jeunesse a une fonction symbolique, elle désigne dans la production discursive du gouvernement la société toute entière. Cette posture débouche aussi sur une ambition réformatrice de forte ampleur, concernant des dimensions structurelles : refondation de l’école, de l’enseignement supérieur, sécurisation des parcours professionnels, effectivité des droits sociaux… Elle privilégie ainsi une approche générationnelle sur une approche catégorielle. Enfin, l’une des dimensions les plus explicites du changement réside dans la méthode. La concertation est revendiquée comme moyen « de restaurer la confiance indispensable dans l’action publique 7» . Il est ainsi signifié une rupture majeure avec le style politique précédent reposant sur une stratégie très offensive de communication du Président de la République, qui a pu être qualifiée de « carpet bombing »8. Un volontarisme sans précédent est affiché pour mettre en œuvre la concertation dans tous les champs de la politique gouvernementale : concertation sur l’école de la République, assises de l’enseignement supérieur, conférence sociale, conférence pauvreté, conférence « Quartiers, engageons le changement ! », concertation sur l’éducation artistique et culturelle, … Cette évolution n’a toutefois rien d’inédit. Comme le souligne Cécile Blatrix, spécialiste du sujet, « la mise en débat de l’action publique, au sens de possibilité donnée au(x) public(s) de participer à la formulation et à la mise en œuvre de la décision publique apparaît aujourd’hui comme une caractéristique incontournable de nos systèmes politiques »9. Il s’agit à la fois de renforcer l’efficacité de l’action publique (nécessité d’obtenir de meilleures décisions, d’accroître l’adhésion des acteurs à celles-ci), mais aussi de « démocratiser » la démocratie (notamment en développant la démocratie participative). Nouveau rituel de légitimation de l’action publique, la concertation n’est pas dénuée d’ambivalences : si, d’un côté elle peut favoriser des apprentissages favorisant le changement, de l’autre, elle peut, comme le montre la littérature scientifique, aboutir à des résultats « pas forcément bénéfiques en termes d’intérêt général10 » . Ce risque ne peut être mis de côté pour un observatoire de la jeunesse appelé à jouer un rôle dans l’animation de la concertation (alimenter la délibération) : il lui faut à la fois fournir des données objectives au système d’acteurs (non seulement l’Etat, mais aussi les groupes d’intérêts, les acteurs politiques infra-étatiques, la société civile dans ses formes structurées), et incorporer l’expertise socialement située des acteurs de jeunesse, en d’autres termes, garantir l’intérêt général, en assurant au cœur du triangle « magique » entre l’Etat, les acteurs et la recherche un équilibre entre le politique et l’expertise. Francine Labadie Chef de projet Observatoire de la jeunesse et des politiques de jeunesse 6 Loncle P. , Politiques de jeunesse, les défis majeurs de l’intégration, Presses universitaires de Rennes, 2010. 7 Valérie Fourneyron, discours de cérémonie des vœux aux corps constitués, janvier 2013. 8 Cahuc P., Zylberberg A., Les réformes ratées du président Sarkozy, Flammarion, 2010. Pour une analyse approfondie, voir surtout : Les politiques publiques sous Sarkozy, Maillard J., Surel Y. (dir.), Presses de Sciences-Po, 2012. 9 Blatrix C., « Concertation et débat public », chapitre 8, in « Politiques publiques, 2 Changer la société, Borraz O., Guiraudon V. (dir.), Presses de Sciences-Po, 2010. 10 Blatrix C. , ibide Injep - Etablissement public sous tutelle de la ministre des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative Centre de ressources
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